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Etude des projets de loi nos 52, 48, 238 et
252
(Dix heures vingt-six minutes)
Le Président (M. Bordeleau): A l'ordre, messieurs!
La commission parlementaire de la justice se réunit aux fins
d'étudier, article par article, les projets de loi 48 et 52. Le projet
de loi no 48, Loi modifiant la Loi de police. Le projet de loi no 52, Loi
modifiant la Loi des constituts ou du régime de tenure.
S'il n'y a pas d'objection, on pourrait peut-être commencer par le
projet de loi no 52.
Les membres de la commission pour l'étude de ce projet de loi
sont: M. Marcoux (Rimouski) remplace M. Alfred (Papineau), M. Bédard
(Chicoutimi); M. Lalande (Maisonneuve) remplace M. Blank (Saint-Louis); M.
Charbonneau (Verchères); M. Godin (Mercier) remplace M. Clair
(Drummond); M. Fontaine (Nicolet-Yamaska); Mme Leblanc-Bantey
(Iles-de-la-Madeleine) remplace M. Lacoste (Sainte-Anne); M. Forget
(Saint-Laurent) remplace M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys); M. Samson
(Rouyn-Noranda), M. Vaillancourt (Jonquière).
Les intervenants sont: M. Marx (D'Arcy McGee) remplace M. Ciaccia
(Mont-Royal); M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M. Duhaime (Saint-Maurice), M.
Lavigne (Beauharnois), M. Léger (Lafontaine), M. Marois (Laporte); M.
Picotte (Maskinongé) remplacerait M. Pagé (Portneuf) et M. Tardif
(Crémazie).
Il y aurait lieu à ce moment-ci de nommer un rapporteur de la
commission. Est-ce que j'aurai des suggestions?
Une Voix: Le député de Mercier.
Le Président (M. Bordeleau): Le rapporteur sera donc M.
Godin (Mercier). Tel qu'entendu, nous aborderons l'étude du projet de
loi no 52.
M. Bédard: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le ministre.
Projet de loi no 52
M. Bédard: C'est très technique. Vous me permettrez
tout simplement de donner les renseignements qui, je l'espère, sont
complets. La Loi des constituts ou du régime de tenure a son origine
dans une loi privée de 1924 qui avait été adoptée
par la seule ville de Hull, sauf que le principe en fut repris dans une loi
publique qui s'est appliquée d'abord à certains districts du
Québec et ensuite, à toute la province. Cette disposition permet,
par dérogation aux dispositions du Code civil sur la
propriété et l'accession, au locataire d'un terrain, qui y
érige une construction ou y apporte des améliorations dont la
valeur égale ou dépasse celle du lot, de l'acquérir en
payant au propriétaire un prix qui ne peut excéder 20 fois le
loyer annuel payé au moment de la signification de la requête.
Ainsi, le prix payé pour le terrain peut être de beaucoup
inférieur au prix du marché surtout dans le cas d'un bail
à long terme, sans clause de rajustement du loyer et dont la
durée correspond à une période de forte augmentation de la
valeur des terrains.
Dans un tel cas, un locataire a récemment acquis pour $100 un
terrain qui en valait au-delà de $3000. Je pense qu'on pourrait
protéger les droits du locataire qui a apporté des
améliorations à un terrain sans léser à ce point
les droits du propriétaire. Une modification au mécanisme de
détermination du prix de vente semble donc s'imposer. Cette nouvelle
règle devrait prendre effet à compter de la date du
dépôt du projet de loi afin d'éviter que des transactions
inéquitables ne surviennent entre ce moment et la date de la sanction.
C'est l'essentiel des explications.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Sur un point de règlement. Avant de parler du
projet de loi, il y a eu des substitutions de noms. Je pense qu'on va
peut-être restaurer l'ordre antérieur relativement au
député de Saint-Louis. (10 h 30)
Le Président (M. Bordeleau): Malheureusement, j'avais
remplacé le député de Saint-Louis par le
député de Maisonneuve, mais de toute façon on peut faire
un autre échange. On avait mis M. Marx à la place de M. Ciaccia,
comme intervenant cependant. On mettrait, à la place de M. Marx, M.
Blank (Saint-Louis).
M. Forget: M. le Président, je remercie le ministre pour
ses explications. Cette loi des régimes de tenure est une loi
très curieuse. Je dis très curieuse parce que, effectivement, il
s'agit d'une loi d'expropriation pour fins privées. Comme le ministre
l'a dit, elle est intervenue dans notre droit il y a de nombreuses
années comme exception au Code civil ou une dérogation au Code
civil. Cela amène une remarque très certainement. Je ne sais pas,
bien sûr, où en est rendu le ministre dans le projet d'adoption
d'une révision du Code civil, on se souviendra qu'il a
déposé lui-même à l'Assemblée nationale le
rapport de la Commission de révision du Code civil. C'est maintenant
devant nous depuis plus d'un an, je crois. Il serait intéressant de
savoir si l'Assemblée nationale aura bientôt l'occasion
d'être saisie d'un projet de révision du Code civil sous forme de
projet de loi. Relativement à cette question du constitut, j'ai
consulté justement le rapport de la Commission de révision du
Code civil et j'ai été étonné de ne pas y voir de
recommandations à l'effet d'incorporer dans le Code civil les
dispositions de ce statut. On y fait référence.
On semble créer un régime distinct, dans le fond, de la
location du bail de terrain proprement dite, il y a l'emphytéose, il y a
le droit de superficie qui serait consacré dans le projet de
révision du Code civil et il y a une catégorie très
spéciale de droit de superficie qui est le bail de terrain pour fins de
construction. Il semblerait que c'est dans cette section que devrait être
incorporée la loi du régime de tenure, si même on doit la
conserver. Je ne sais pas quelles étaient les raisons sociologiques ou
économiques qui ont présidé à l'inscription de
cette loi dans nos statuts en 1924, mais je pense qu'on doit se demander si
notre droit peut s'accommoder d'un droit d'expropriation pour fins
privées, parce que c'est de cela qu'il s'agit.
Après tout, s'il n'y a pas lésion et là, la
révision du Code civil va reconnaître la lésion même
pour les adultes on peut s'interroger à savoir si les adultes
consentants, qui consentent un bail de terrain pour un délai de moins de
99 ans, pourraient, dans le fond, voir leur contrat, qui est un contrat
légitime, moyennant considération, complètement mis de
côté par une disposition qui peut être invoquée de
façon tout à fait unilatérale.
Maintenant, ceci étant dit, l'opposition de principe étant
soulevée, et me permettant de soulever la question à savoir si
c'est compatible avec l'esprit général de notre droit, surtout le
droit privé, il reste que, si on doit le conserver, les amendements
apportés par le projet de loi no 52 semblent appropriés. Si je
comprends bien, il y a deux amendements majeurs. On permet un appel à la
Cour d'appel de la décision de la Cour supérieure et,
étant donné qu'il s'agit justement d'un droit d'expropriation,
c'est le moins qu'on puisse faire. D'autre part, on supprime la règle
qui voulait que le maximum que l'on puisse offrir et le maximum que la Cour
supérieure puisse adjuger, c'était 20 fois le loyer.
M. Bédard: C'est cela.
M. Forget: Au taux actuel d'intérêt, c'est
évidemment inapproprié. Il est clair que cela demande
d'être révisé. Même cettre remarque est assez
ambiguë parce qu'au taux actuel d'intérêt, c'est plutôt
dix fois et peut-être même sept fois la valeur du loyer. Le
problème, dans le fond, ne vient pas tellement du multiple qu'on utilise
relativement au loyer. Il tire son origine du fait que ces conventions, ces
baux de terrain sont consentis pour de très longues périodes.
Avec l'inflation, ce n'est pas tellement le prix lui-même qui
cause un problème, le prix auquel on peut faire l'expropriation
forcée, c'est le loyer, dans le fond. On peut se demander si le
remède approprié ne serait pas de permettre un ajustement du
loyer plutôt que de consacrer le droit d'expropriation, quel que soit le
multiple utilisé pour en déterminer le coût d'extinction.
Quand on regarde ce qui a été fait au niveau de la Régie
des loyers et d'un nouveau régime de détermination des baux et
des termes des baux, la question se pose véritablement: Est-ce qu'il ne
serait pas plus raisonnable de regarder cela comme un problème de
propriétaire-locataire plutôt que d'envisager le mécanisme
de l'expropriation?
Il y a énormément de problèmes juridiques qui sont
posés par une loi de ce genre. Je ne sais pas combien de fois elle a
été utilisée, peut-être que le ministère de
la Justice a des données là-dessus. Est-ce qu'elle est
invoquée fréquemment?
M. Bédard: Pour une cause.
M. Forget: II y a une cause qui est venue en Cour
supérieure depuis combien d'années?
M. Bédard: II y a une cause. M. Forget:
Pendante?
M. Bédard: Oui. Il y a une cause à laquelle on
s'est référé d'une façon spéciale et le fait
de permettre à l'article 1 qu'il y ait un appel à la Cour
supérieure va peut-être nous permettre d'avoir la solution au
problème complexe qui est devant nous. Par exemple, si la Cour
supérieure décidait qu'on doit considérer cela comme un
bail à rente, cela réglerait le problème. Maintenant, on
n'a pas à préjuger d'un jugement devant être rendu. Ce qui
est intéressant, c'est que nous voulons au moins permettre un appel de
manière à clarifier la situation parce qu'il y a vraiment, le
député de Saint-Laurent l'a souligné tout à l'heure
comme moi, d'ailleurs, possibilité que l'application de la loi telle
qu'elle existe maintenant amène des injustices flagrantes.
M. Forget: II n'y a pas de doute. M. Bédard: C'est
dans ce sens.
M. Forget: Devant le si faible nombre de cas où la loi a
été utilisée, mon interrogation du début, à
savoir si c'est un principe qu'il faut conserver dans nos lois, se pose
très sérieusement.
M. Bédard: Cela se pose très sérieusement;
nous n'avons pas encore pris de décision par rapport à la refonte
du Code civil qu'on aura à faire. Je pense que cela se comprend puisque,
il y a à peu près un an, il y a eu le dépôt de la
Commission de refonte du Code civil. Nous avons procédé le plus
rapidement possible à des consultations en commission parlementaire sur
un chapitre en particulier, parce qu'il fallait concentrer nos efforts sur un
chapitre qui est celui du droit de la famille, le chapitre II. Je puis dire que
d'ici parce que c'était une des questions du député
de Saint-Laurent...
M. Forget: Oui.
M. Bédard: ... très rapidement, après les
fêtes, je suis convaincu que nous serons en mesure de déposer la
législation concernant le chapitre II traitant du droit de la famille.
Pour ce qui est des
autres chapitres, je pense qu'il serait prématuré
d'exprimer une orientation très claire. On n'a pas commencé
encore l'étude de ces chapitres.
M. Forget: II y a ce problème que certains juristes nous
soulignent. Le rapport de la Commission de révision du Code civil a
été conçu comme un tout cohérent qui a des
concordances nombreuses, implicites, parce que cela ne se fait pas sous la
forme d'un statut, ce ne sont pas des renvois. Il reste qu'il y a des
correspondances dans différents chapitres et que l'adoption, sur un trop
grand nombre d'années, ou l'étude par le législateur sur
un trop grand nombre d'années et l'adoption chapitre par chapitre, est
susceptible de causer certaines difficultés. Je me demande si...
M. Bédard:... particulier. Nous avons eu, à un
moment donné, une réunion informelle de la commission de la
justice avec les légistes du ministère, c'est à ce
moment-là qu'on avait eu l'opinion qu'il était indiqué de
commencer par un des chapitres...
M. Forget: Cela, j'en...
M. Bédard: ... tout en étant conscient des
interrelations qu'il peut y avoir à partir du moment où on
légifère dans un chapitre particulier. Il est évident
qu'il y a des interrelations avec les autres chapitres; ces interrelations
seront couvertes dans la mesure du possible.
M. Forget: Je ne doute pas que, sur le plan de la convenance, ou
de la commodité à la fois des légistes du gouvernement et
des parlementaires, il y ait toutes sortes de choses qu'on peut dire, soit que
c'est plus commode de le faire morceau par morceau sur une longue
période de temps.
Il reste que je parle surtout de certaines opinions que nous avons
reçues de légistes en pratique et il nous disent que si on est
pour modifier le Code civil en commençant à une date X et avec
une perspective très confuse du moment où cela va se
compléter, c'est un processus de torture chinoise pour ceux qui sont en
pratique.
M. Bédard: C'est très technique.
M. Forget: On se demande si, à un moment donné, on
ne se trouvera pas dans des situations difficiles où un chapitre a
été modifié, mais l'autre ne l'a pas été et
il y a des choses qui devraient l'être en même temps. Je rapporte
cette opinion qui est une opinion considérée et écrite qui
nous a été communiquée. Je me demande si le ministre de la
Justice je le fais et je n'ai pas l'intention de prolonger
indûment le débat sur le projet de loi 52, mais cela offre une
occasion parce que c'est vraiment un problème de droit civil dans le
sens strict du mot qui est du droit statutaire un peu par accident ne
pourrait pas considérer, étant donné qu'il est de toute
façon chargé de la réforme parlementaire et qu'il a
été parfois question...
M. Bédard: Electorale.
M. Forget: Electorale... Non pas parlementaire?
M. Bédard: Non.
M. Forget: Désolé, mais de toute façon,
c'est peut-être un titre qu'on pourra vous ajouter pour les besoins de la
cause. Il a été parfois suggéré que le Parlement du
Québec adopte le mécanisme de ce qu'on appelle "a select
committee", qui est un comité ad hoc, qui aurait une composition
spécifique de membres affectés de façon permanente, pour
la durée de l'exercice, à la révision du Code civil. Il me
semble qu'on pourrait, de la part des différentes formations politiques,
affecter à ce travail nos meilleurs juristes parmi les
législateurs, donner certaines ressources techniques de conseillers
juridiques à un tel comité parlementaire et lui donner vraiment
un mandat qui serait de faire la révision du Code civil.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre. M.
Bédard: Moi...
M. Forget: II me semble que ce serait une suggestion constructive
qui permettrait de nous sortir de la formule traditionnelle.
M. Bédard: C'est une suggestion qui nous a
déjà été faite par le représentant de
l'Opposition officielle, le député de Marguerite-Bourgeoys
à ce moment-là. Il y avait eu une discussion, effectivement, qui
s'en était suivie avec certains des experts que nous avons autour de
nous. Il avait été jugé plus approprié de commencer
par un chapitre particulier; celui qui était tout indiqué
était le chapitre 2 concernant le droit de la famille qui est, en
quelque sorte, assez entier, demande certaines corrélations avec les
autres chapitres du code, mais très peu et, cette première
étape étant faite, nous allons être en mesure
d'évaluer l'efficacité du processus que nous avons adopté.
Je pense que ce sera toujours le temps de faire cette évaluation.
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: ... je désire simplement signifier qu'on va
adopter sans autres discussions l'ensemble des articles du projet de loi.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. L'article 1 est-il
adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. L'article 2
est-il adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. L'article 3
est-il adopté? Adopté. L'article 4 est-il adopté?
Adopté. Le titre et les sous-titres, s'il y a lieu, sont-ils
adoptés? (10 h 45)
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté.
M. Bédard: Nous aurions, M. le Président, une
motion qui se lirait comme suit: Remplacer, dans le présent projet de
loi, les références à des dispositions législatives
abrogées par la mise en vigueur des Lois refondues du Québec par
des références aux dispositions correspondantes de ces Lois
refondues.
M. Forget: C'est heureux que vous le souligniez. Le même
problème se pose avec la loi no 48. La consultation des statuts est
rendue difficile.
Le Président (M. Bordeleau): La motion d'amendement...
M. Forget: Alors, si je comprends bien, dans les deux lois, on
discute évidemment, je vais baser souvent mes
références sur la nouvelle classification et on va se
débrouiller de la loi, telle qu'elle est imprimée.
M. Bédard: Telle qu'elle est imprimée.
M. Forget: Après, par cette disposition omnibus, le
secrétariat des commissions et de l'Assemblée nationale va faire
les concordances.
M. Bédard: Exactement. M. Forget: D'accord.
Le Président (M. Bordeleau): L'amendement sera-t-il
adopté? Le projet de loi no 52, Loi modifiant la Loi des constituts ou
du régime de tenure, est donc adopté, tel qu'amendé.
Une Voix: Adopté.
Projet de loi no 48
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce qu'on est prêt
pour l'autre?
La même commission parlementaire de la justice va maintenant
étudier le projet de loi no 48, Loi modifiant la Loi de police. Pour
permettre de faire deux rapports de commission indépendants, je
reprendrai donc la liste des membres, qui devrait être la même s'il
n'y a pas de changements à suggérer. Alors, les membres de la
commission pour cette séance sont: M. Marcoux (Rimouski), qui remplace
M. Alfred (Papineau); M. Bédard (Chicoutimi), M. Lalande (Maisonneuve),
qui remplace M. Blank (Saint-Louis); M. Charbon- neau (Verchères); M.
Godin (Mercier), qui remplace M. Clair (Drummond); M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska); Mme LeBlanc-Bantey (Iles-de-la-Madeleine), qui remplace M.
Lacoste (Sainte-Anne); M. Forget (Saint-Laurent), qui remplace M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys); M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Vaillancourt
(Jonquière).
Les intervenants sont: M. Blank (Saint-Louis), qui remplace M. Ciaccia
(Mont-Royal); M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M. Duhaime (Saint-Maurice), M.
Lavigne (Beauharnois), M. Léger (Lafontaine), M. Marois (Laporte); M.
Picotte (Maskinongé) qui remplace M. Pagé (Portneuf); M. Tardif
(Crémazie).
Comme rapporteur de la commission, est-ce que vous suggérez le
même? Le rapporteur de la commission sera encore M. Godin (Mercier).
M. le ministre, est-ce qu'il y aurait d'abord des commentaires d'ordre
général ou si on procède immédiatement à
l'article 1?
M. Bédard: Je crois que la manière la plus efficace
serait de commencer l'étude article par article.
Le Président (M. Bordeleau): C'est le mandat de la
commission. J'appelle donc l'article 1. M. le ministre.
Définition de municipalité
M. Bédard:A l'article 1, il y a une modification au
paragraphe f) de la Loi de police existante, qui est à l'effet d'amener
une définition plus large du mot "municipalité". Cette
modification au paragraphe f) vise tout simplement à ajuster la Loi de
police à la nouvelle réalité municipale, qui compte
maintenant des communautés urbaines et régionales. Quant à
la modification au paragraphe h), elle remplace tout simplement l'expression
"directeur ou chef", qui était en fait une redondance à notre
avis.
M. Forget: Est-ce qu'en vertu de cette définition, les
nouvelles corporations de comté créées ou
instituées en vertu du projet de loi 125 sont incluses?
M. Bédard: Non, on se limiterait à parler des
corporations ou des communautés régionales.
M. Forget: Ce qui veut dire que même s'il y avait entente
à cet effet, les corporations de comté je ne suis pas
sûr si c'est la désignation technique appropriée mais il me
semble que ce sont des municipalités de comté dans la loi 125, je
n'ai pas le texte sous la main n'auraient pas le droit de prendre en
charge, par exemple, les services policiers.
M. Bédard: Si on ne l'a pas indiqué, c'est parce
que celles-ci n'ont pas de pouvoirs en matière de police. Cela nous
amène à prévoir le cas des communautés urbaines ou
régionales.
M. Forget: Et vous ne prévoyez pas donner aux
municipalités ordinaires le pouvoir de déléguer à
d'autres qu'à des corporations intermunicipales, mais non pas à
des corporations de comté?
M. Bédard: Je ne m'avancerai pas en disant si on le
prévoit ou non, mais on est obligé...
M. Forget: C'est parce que vous avez un amendement plus loin dans
la loi qui permet la délégation, mais c'est la
délégation à des communautés ou à des
corporations intermunicipales créées en vertu de la loi 74 qui a
été adoptée ou modifiée à cette
session-ci.
M. Bédard: C'est cela. Nous nous en tenons à la
situation juridique existante qui fait en sorte que les corporations de
comté auxquelles on se réfère n'ont pas de pouvoirs en
matière de police.
M. Forget: Cela clarifie le sens de la loi 48. Quant à
l'intention du ministre, est-ce qu'il y a une raison qui l'amène
à écarter les corporations de comté des organismes de
caractère municipal ou quasi municipal qui pourraient assumer ce
rôle?
M. Bédard: Cela ne doit pas être
interprété dans le sens d'une décision qui serait prise de
les écarter...
M. Forget: C'est un peu cela.
M. Bédard: Non, je pense que cela prendrait une
étude un peu plus approfondie avant de voir s'il y a lieu de les
insérer puisqu'on s'en remet quand même à une situation
juridique qui est assez nouvelle.
M. Forget: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que cela va pour
l'article 1?
M. Bédard: Je n'ai pas d'autres commentaires. M.
Forget: M. le Président, la définition...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: ... de "directeur: le directeur d'un corps de police
municipal"; cela inclut le directeur d'un corps de police d'une
communauté urbaine aussi, mais on ne le dit pas comme tel. Dans la
définition de directeur, il semble qu'on ne fait pas la modification de
concordance. On parle de directeur d'un corps de police municipal, mais on ne
parle pas du directeur d'un corps de police d'une communauté urbaine ou
régionale.
M. Bédard: Vous n'avez pas d'objection à ce que
certaines explications soient données du côté
technique.
En fait, la Loi de police définit corps de police municipal comme
un corps de police établi par une municipalité. Donc, lorsque
dans la notion de municipalité on inclut ces communautés par
renvoi, elles se trouvent incluses également dans la définition
de directeur.
M. Blank: ... le directeur d'un corps de police d'une
municipalité.
M. Fontaine: Donc, corps de police municipal est
déjà défini au paragraphe a).
M. Bédard: II est employé couramment dans la loi
aussi, il serait peut-être dangereux de le modifier ici.
M. Forget: D'accord. Cela semble se compléter.
Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Article 1, adopté.
Article 2, nouvel amendement.
M. Forget: Ici vous avez une nouvelle rédaction.
Le Président (M. Bordeleau): Nouvelle rédaction
complète de l'article 2.
M. Forget: Est-ce qu'il est possible d'en avoir des copies
additionnelles, M. le Président?
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que vous avez une
copie additionnelle?A l'article 2, M. le ministre.
M. Bédard: Oui.
Responsabilité civile du policier
Le Président (M. Bordeleau): Pour le journal des
Débats, il faudrait pratiquement le relire.
M. Forget: Sur cette question de règlement, est-ce que la
nouvelle rédaction de 2a, 2b et 2c ne peut pas être
considérée comme faisant partie du projet de loi sans être
considérée comme un amendement simplement?
Le Président (M. Bordeleau): Je pense qu'il faut
l'accepter comme amendement quand même.
M. Forget: Une tradition veut que l'on accepte des amendements
présentés par le ministre d'office.
M. Bédard: Bon.
M. Forget: Sans les considérer comme une motion
d'amendement. Cela simplifie le travail de la commission, je pense.
M. Bédard: Jusqu'à maintenant, c'est la ligne de
conduite qui a été suivie.
Le Président (M. Bordeleau): On peut l'accepter comme
étant le nouvel article 2.
M. Bédard: II y a peut-être des commentaires
généraux sur l'ensemble de l'article.
Disons que l'article 2 édicte trois articles qui sont de droit
nouveau. Concernant l'article 2a, il propose tout simplement de clarifier, de
simplifier les règles de responsabilité civile des policiers.
C'était une demande de clarification qui avait été faite
par tous ceux qui ont été entendus par la commission
parlementaire. Dans l'état actuel du droit, les règles de
responsabilité civile des policiers sont relativement complexes car
suivant une très vieille règle jurisprudentielle, un policier qui
agit comme agent de la paix est un officier public indépendant qui
n'engage que sa seule responsabilité personnelle.
Ainsi, lorsqu'un policier municipal agit pour l'application de
règlements municipaux, il est un préposé de la
municipalité qui l'emploie et engage la responsabilité de
celle-ci. Par contre, lorsqu'il agit pour l'application du Code criminel, il
agit en sa qualité d'officier public et il n'est le proposé de
personne. Des règles similaires s'appliquent ce que nous
prévoyons aux membres de la Sûreté du Québec.
En principe, le Procureur général ne sera responsable pour les
actes posés par un membre de la Sûreté que s'il est
démontré que ce policier agissait directement sur les ordres d'un
supérieur, d'où les difficultés d'un recours en
responsabilité civile. Il faut d'abord déterminer si le policier
agissait comme sergent de ville ou comme agent de la paix; deuxièmement,
si le policier agissait comme agent de la paix, le recours risque d'être
illusoire, car il n'engage pas alors la responsabilité de son
employeur.
Alors, la modification que nous proposons réglerait ce
problème. Je pense qu'elle constituerait une nette amélioration,
tant pour les policiers que pour le public qui a le droit de savoir qu'il y a
des recours très précis.
M. Forget: C'est une excellente mesure. La nouvelle
rédaction, comme elle restreint la portée aux fins de
déterminer la responsabilité civile, est de nature à
dissiper tous les doutes qui pourraient exister dans l'esprit des
municipalités quant à la prise en charge de leur corps de police
par le Procureur général.
M. Bédard: Oui. Disons que l'article 2a est amendé
pour préciser aussi que cette règle ne vaut qu'en matière
de responsabilité civile à l'égard des tiers.
M. Forget: C'est cela.
M. Fontaine: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: J'ai eu l'occasion de me prononcer pour cette mesure
en deuxième lecture. Je pense qu'elle sera de nature à clarifier
un très grand nombre de procédures judiciaires qui ont
été prises contre des policiers ou des corporations municipales
depuis plusieurs années. Je pense que cela va être un apport
considérable dans le domaine des poursuites civiles contre des
policiers.
M. Bédard: D'accord. Pour ce qui est de l'article 2b, cela
permettrait... Est-ce que cela va pour...
M. Forget: On peut les adopter paragraphe par paragraphe, si vous
voulez, M. le Président, pour plus de clarté, je ne le sais
pas.
M. Bédard: II n'y a pas d'autres commentaires à
faire sur l'ensemble des articles.
M. Forget: A l'article 2a), non.
Le Président (M. Bordeleau): Alors l'article 2a est
adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. L'ar-cle 2b.
M. Bédard: L'article 2b permettrait à la Commission
de police de tenir un registre des personnes qui exercent au Québec des
fonctions d'agent de la paix. Cet instrument, à mon sens, paraît
indispensable pour permettre à la commission d'assumer ses
responsabilités accrues en matière d'enquête, mais toujours
dans le cadre du respect des juridictions. Je pense que l'article 2b aussi
précise les renseignements qui peuvent être demandés et qui
se doivent d'être liés au statut d'agent de la paix. Etant
donné que la notion d'agent de la paix est fort imprécise, le
gouvernement déterminera par règlement les catégories
d'agents de la paix qui devront fournir les renseignements.
M. Forget: Est-ce que le ministre, M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: ... pourrait préciser ce qui se rattache au
statut, les renseignements qui se rattachent au statut, dans son esprit? (11
heures)
M. Bédard: Cela tourne autour de l'identification et
autour des gestes qu'ils peuvent poser.
M. Forget: Le statut n'a rien à voir avec le comportement,
a priori. Quand on parle de statut, on parle évidemment du nom, de
l'âge, du sexe, du statut civil, marié ou célibataire, du
numéro matricule, j'imagine, du poste, de la fonction occupée,
des responsabilités administratives. Jusqu'où on va?
M. Bédard: II ne faut surtout pas donner plus de
portée à l'article qu'il n'en a. Cela tourne tout simplement
autour de la nécessité d'avoir un recensement de l'ensemble des
policiers qui oeuvrent sur le territoire du Québec.
M. Forget: Je comprends, mais le statut peut viser bien des
choses; on peut demander un curriculum vitae à chaque policier:
où a-t-il étudié, quelle a été son
expérience, à quelle unité a-t-il été
rattaché, etc.? Dans le fond, on va lui donner une définition au
statut d'agent. Elle n'est pas dans l'article 1 ; elle va être dans le
règlement, mais est-ce que le règlement va comprendre, par
exemple...
M. Bédard: Le règlement, c'est la Commission de
police qui va avoir à le rédiger.
M. Forget: Oui, mais il va être approuvé par le
gouvernement, finalement. Donc, il y a là une responsabilité du
ministre et du Conseil des ministres d'approuver ou de ne pas approuver les
règlements de la Commission de police. C'est le législateur,
c'est le gouvernement qui prend l'initiative de nous proposer le mot "statut"
d'agent. Il doit y avoir un contenu à cela assez clair, je pense.
M. Bédard: II y a aussi un autre article, l'article 23,
où on modifie l'article 47.
M. Forget: L'article 23 du projet?
M. Bédard: Du projet de loi no 48. On y prévoyait
un pouvoir réglementaire pour permettre de déterminer les
modalités de tenue du registre et également le contenu des
renseignements ou le type de renseignements qui devront être fournis. La
notion d'agent de la paix, très souvent, est en fonction d'un type de
fonction selon le Code criminel. Alors, cela peut servir pour cette
identification. Est-ce un agent de la paix parce qu'il est gardien dans une
prison? Est-ce un agent de la paix parce qu'il est policier? C'est ce type de
renseignements qu'on voudrait obtenir pour recenser, avoir une vue d'ensemble
des agents de la paix.
M. Forget: On est appelé à demander une
définition des tâches de chaque personne qui peut être
considérée ou non comme agent de la paix de manière
à appliquer les critères. C'est une définition. Le statut
implique donc, dans l'esprit du gouvernement, une description des tâches
et des responsabilités même administratives de l'agent de la paix
dans le corps de police dont il est membre. Par exemple, s'il est chef de
division ou responsable de section, etc., cela va faire partie de son statut.
On va lui demander de définir et de décrire les tâches
qu'il doit assumer, un peu comme la fonction publique quand elle fait un
organigramme où on trouve un professionnel, un agent de bureau, classe
II...
M. Bédard: La définition des tâches.
M. Forget: ... etc., qui fait telles et telles choses. C'est une
description de tâche, le statut.
M. Bédard: En fait, c'est simplement pour ajouter le
statut d'agent de la paix qui, juridiquement, demeure le même en fonction
du Code criminel. En pratique, cependant, l'agent de la paix qui est
conservateur de la faune a une réalité qui est passablement
différente de l'agent de la paix de détention, dans nos
établissements de détention. Dans ce sens, la structure de
contrôle administratif peut varier selon qu'on est dans une
catégorie ou l'autre, de sorte que le type de renseignements pourra
aussi varier selon les catégories.
Il tourne essentiellement autour de la tâche.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: Justement, est-ce que dans l'esprit du ministre,
cette description de tâches, le statut peut aller dans le sens de
personnifier davantage la personne, vraiment dans le sens de l'identification
du policier, pour savoir vraiment quelle personne, surtout au niveau de
l'identification, est-ce que le statut peut aller dans ce sens?
M. Bédard: C'est essentiellement une identification
matérielle, pour savoir qui ils sont, oui. Autrement dit, pour que ce
soit bien clair, il n'y a pas de preuve de caractère
là-dedans.
M. Lalande: D'accord.
M. Forget: Dans la description des tâches aussi bien
aborder la question très directement, très ouvertement il
est clair dans l'esprit de tout le monde et on a indiqué d'ailleurs, au
niveau de la deuxième lecture, que nous concourions quant aux principes
que cela impliquait que, dans le registre, figurent les agents de la
Gendarmerie royale au Québec. Jusque-là, tout va bien, si on leur
demande leur nom, leur adresse, leur âge, leur numéro de
téléphone, leur numéro de matricule, le moment où
ils sont devenus policiers, depuis combien d'années et quelle est leur
formation académique, ainsi de suite, je pense qu'il n'y a aucun
problème là-dessus.
Au moment où on va leur demander quel est leur statut dans la
structure de la Gendarmerie royale, quel poste ils occupent, quelle
responsabilité ils exercent et quel est le contenu de leur tâche,
la question qui se pose, eu égard au jugement récent de la Cour
suprême, c'est: A partir de quel moment le règlement
édicté en vertu de cette loi, à l'article 23, relativement
au statut pour lequel on va demander, dans une espèce de demande
officielle de la commission, donnez-nous des détails, jusqu'où
peut-on aller tout en demeurant à l'intérieur de ce que le
jugement de la Cour suprême a déterminé comme des
renseignements permissibles.
M. Bédard: II faut toujours avoir à l'esprit le
jugement de la cour, qui a été rendu par la cour, et c'est dans
le cadre de cette juridiction que s'exercera l'application de cet article. Il
semble...
M. Forget: Cela semblerait exclure donc, de la définition
de tâches, des renseignements qui porteraient en quelque sorte sur
l'organigramme
interne de la Gendarmerie royale puisqu'on a dit: Toutes les questions
d'organisation des services sont des questions de compétence
fédérale. On peut demander à quelqu'un: Que faites-vous
à la Gendarmerie royale, mais on ne pourrait peut-être pas aller
beaucoup au-delà de cela pour savoir quelle est la structure de commande
d'autorité et de responsabilité au-delà de cela.
M. Bédard: II ne faut pas que ce soit une intrusion dans
la gestion même d'un corps policier. Je pense que c'est dans ce sens
qu'il faudra toujours tenir compte des balises qui ont été
édictées par le jugement de la cour là-dessus.
M. Forget: Alors, cela va, M. le Président, je pense que
c'est clair.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que l'article 2b sera
adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
2c.
M. Bédard: L'article 2c, tout simplement, permettra au
Procureur général d'être mieux informé des
situations perturbatrices de l'ordre ou, encore, de la situation de la
criminalité sur le territoire du Québec. Je pense que cela
permettrait de mieux assumer les responsabilités que la loi confie au
ministre de la Justice.
C'est la possibilité parce qu'on a à répondre, en
Chambre, à certaines questions très légitimes qui,
à un moment donné, demandent au ministre de la Justice d'avoir la
possibilité d'obtenir les renseignements pour pouvoir effectivement
donner les réponses. Cela clarifie cette situation en permettant
très clairement au ministre de la Justice de s'informer, non seulement
de s'informer, mais d'obtenir les réponses.
M. Forget: Ce paragraphe fait des policiers municipaux, des
préposés du Procureur général dans un sens
différent des exigences de la responsabilité civile. Cela
n'exclut rien, si je comprends bien; c'est-à-dire que toute situation
perturbatrice de l'ordre et de la sécurité publique, même
si elle se caractérise par une violation à des règlements
municipaux seulement, donne ouverture à une demande de renseignements du
Procureur général, autrement dit, toute espèce de
situation. Cela n'exclut pratiquement rien. Le Procureur général,
semble-t-il, peut demander des rapports sur l'administration policière
municipale en général.
M. Bédard: On a spécifié que
c'étaient des rapports circonstanciés sur des situations
pas n'importe quelles qui peuvent être perturbatrices de l'ordre
ou encore qui peuvent viser directement la sécurité publique.
M. Forget: Est-ce que, par exemple, le Procureur
général pourrait demander à une municipalité de
produire je ne sais pas comment, techniquement, on appelle cela
une espèce de programme de patrouille préventive d'une
municipalité? C'est une question de sécurité publique.
Pourrait-il faire produire des rapports de routine, sur la fréquence des
patrouilles nocturnes dans le ter-titoire d'une municipalité et
l'importance des forces qui sont consacrées à cela sur le plan de
la prévention de la criminalité, autrement dit, des rapports qui
n'ont rien à voir avec un vol ou un crime en particulier, une
émeute ou des troubles sociaux?
M. Bédard: II demande des renseignements sur des
situations perturbatrices identifiées, quand même.
M. Forget: Oui. Ah bon! Alors, seulement... M. Bédard:
Ce n'est pas administratif.
M. Forget: ... quand cela donne ouverture des
événements particuliers, spéciaux.
M. Bédard: Des événements qui amènent
le Procureur général à être dans l'obligation
dans l'exécution de sa tâche de demander des renseignements
pour pouvoir...
M. Forget: II est totalement exclu, donc, que des rapports de
routine soient demandés des forces policières municipales, de
leur dire à tous les mois la fréquence des patrouilles, si les
membres du personnel étaient tous là, s'il y avait des
congés de maladie en nombre tel que les patrouilles n'ont pas pu se
faire, etc.
M. Bédard: C'est l'inspection par la Commission de
police.
M. Forget: C'est l'inspection par la Commission de police.
M. Bédard: Dès qu'il s'agit de l'ensemble d'une
situation qui touche très directement la paix et la
sécurité publiques, aussi le taux de criminalité, parfois,
il y a certains rapports qui peuvent être demandés par le ministre
de la Justice pour pouvoir mieux évaluer le taux de la
criminalité.
M. Lalande: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: ... est-ce que cela implique que les policiers, les
agents de la paix du Québec peuvent s'interroger sur les agissements de
la GRC ou d'autres corps policiers qui ne relèvent pas du Québec
à l'intérieur du territoire et en soumettre des rapports?
M. Bédard: Je pense...
M. Lalande: Evidemment, on précise bien...
M. Bédard: ... qu'on essaie trop, peut-être, de
définir. C'est globalement, en fait, une préoccupation et
même un devoir du ministre de la Justice de s'enquérir de la
situation, par exemple, du taux de criminalité. Aun moment donné,
il y a peut-être certaines statistiques ou certaines données qui
peuvent être fournies au Procureur général par la
Sûreté du Québec. Il peut y avoir nécessité
aussi de demander, pour faire une meilleure évaluation, aux corps
policiers provinciaux de nous donner des renseignements aussi sur le sujet,
mais... (11 h 15)
M. Blank: Quand vous parlez des agents de la paix, vous couvrez
même la Gendarmerie royale. Les agents de la paix sont dans la
catégorie des agents de la paix dans la province. Aun moment
donné, disons qu'il y a une descente par une centaine d'agents de la
Gendarmerie royale à tel endroit. Cela a un peu l'air de perturber
brusquement l'ordre, la paix ou la sécurité publique. Avez-vous
le droit d'aller demander à ces gens-là ce qu'ils font et
pourquoi ils le font?
M. Bédard: Cela se fait déjà à
l'heure actuelle lorsqu'il y a des situations comme celle que vous pouvez
évoquer.
M. Forget: Je pense que la distinction qu'il faut faire ici...
Evidemment, si la Gendarmerie royale, par exemple, applique le Code criminel,
question de répression du trafic des stupéfiants, elle fait une
descente ou une saisie à l'aéroport de Dorval, je pense que cela
tombe tout à fait dans le cas. Il s'agit de l'administration de la
justice.
M. Bédard: Absolument.
M. Forget: Je pense qu'il n'y a aucun problème de principe
de ce côté-là. On pourrait concevoir idéalement que
ce serait entièrement la responsabilité de la Sûreté
du Québec, par exemple. Donc, c'est une question de convenance et de
tradition. Cependant, parmi les agents de la Gendarmerie royale, il y a une
section spéciale, comme vous le savez, qui s'occupe des questions de
sécurité nationale, le contre-espionnage, si vous voulez. Est-ce
que des agents de contre-espionnage de la GRC tombent ou tomberont plutôt
sous la catégorie d'agents de la paix? Ace moment-là, est-ce que
cela devient une question pour laquelle vous pourriez demander des
informations?
M. Bédard: On a bien qualifié dans l'article qu'il
s'agissait de rapports circonstanciés, pas sur n'importe quoi, mais sur
des situations perturbatrices de l'ordre, de la paix ou de la
sécurité publique. A ce moment-là, je pense que cela
indique des limites et, dans le cadre des juridictions, des limites très
précises. Cela se fait aussi dans le respect du cadre des juridictions
qui existent à l'heure actuelle.
M. Forget: Je vois.
M. Blank: Un terroriste qui arriverait à
l'aéroport, ils ont connaissance qu'il arriverait à
l'aéro- port avec une bombe atomique dans sa poche. S'ils commencent
à faire la surveillance pendant un jour, deux jours, trois jours, quatre
jours, une semaine, est-ce qu'ils doivent faire rapport de cela au Procureur
général du Québec?
M. Bédard: A partir du moment où une situation peut
être, comme vous le dites, perturbatrice de l'ordre, je pense qu'il va de
soi c'est même son devoir que le ministre de la Justice
puisse s'informer de l'état de la situation.
M. Blank: Parfois, plus il y a de gens qui sont au courant de
l'affaire, moins la protection du public est grande.
M. Forget: Si je comprends bien le ministre, c'est dans la
mesure...
M. Bédard: Je ne ferai pas de discussion sur cette
dernière remarque du député, mais il me semble qu'on ne
personnifie pas; quand on parle du ministre de la Justice, c'est quand
même celui qui a la responsabilité dans un secteur...
M. Blank: Si c'est le ministre de la Justice lui-même, je
n'ai aucune objection. Mais avant que cela arrive au ministre de la Justice,
cela doit passer par une vingtaine d'autres. C'est là qu'est le
problème.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: J'aurais seulement un autre éclaircissement
à demander et je vais comprendre. Dans la définition d'agent de
la paix, si on revient à la désignation qui est au Code criminel,
est-ce que les shérifs seront compris? En d'autres mots, est-ce que le
Procureur général pourrait demander à un shérif de
lui donner un rapport circonstancié de ce qui se passe dans son
territoire? L'on sait très bien que les shérifs sont dans la
catégorie des agents de la paix, mais ce sont aussi des officiers de
justice qui relèvent du judiciaire aussi. Est-ce que c'est la
compétence qu'on leur donnerait directement au niveau du judiciaire?
Habituellement, ce n'est pas utilisé, je suis bien d'accord, mais, en
pratique, est-ce que cela...
M. Bédard: Prenons un exemple bien pratique. Si des
questions en Chambre sont posées sur un événement
donné, il se doit d'y avoir des réponses et les réponses
les plus précises possible. A ce moment-là, il y a la
nécessité de s'informer auprès des personnes qui sont les
mieux habilitées à donner ces renseignements. C'est ce que cela
confirme, comme portée de l'article.
M. Lalande: Est-ce que cela voudrait dire, en pratique, que, si
un shérif avait à saisir un navire ou je ne sais quoi dans des
circonstances, le Procureur général pourrait évidemment,
même dans l'état de sa préenquête, si je puis dire,
l'amener à déposer et à lui faire un rapport
circonstancié là-dessus?
M. Bédard: Là, on s'embarque dans des cas
individuels. Tout doit se faire dans le cadre de la signification de l'article
qui ne réfère pas à n'importe quelle situation.
M. Forget: C'est la réponse que vous avez donnée
tantôt. Ce sont toujours des cas individuels. Ce sont des circonstances
bien identifiées.
M. Bédard: Oui, mais qui ont comme effet qu'il y a une
situation qui est perturbatrice de l'ordre, de la paix ou de la
sécurité publique. Je pense que le cadre est bien
défini.
M. Lalande: Ma seule réserve, M. le Président,
justement à ce niveau, porterait sur ceux qui agissent comme agents de
la paix. C'est très peu clair au Code criminel; il est agent de la paix
et, en même temps, il est officier de justice. Est-ce qu'il n'y aurait
pas lieu d'exclure justement cette catégorie je pense à
shérif; il y en a peut-être d'autres de ce pouvoir
qu'aurait le Procureur général? On comprend qu'au fond vous visez
les policiers, les agents de la paix qui font vraiment oeuvre d'agents de la
paix. N'y aurait-il pas lieu d'exclure les officiers de justice de cela?
M. Bédard: Sauf que le tout va être
précisé, quand même, pas un règlement du
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Forget: Un dernier point, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je comprends que le ministre de la Justice du
Québec a juridiction totale en matière d'administration de la
justice en vertu de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique...
M. Bédard: Je le dis souvent.
M. Fontaine: ... et qu'en adoptant cet article 2c il veut jouer
son plein rôle dans ce domaine. Est-ce qu'on interprète bien cet
article en disant que, par exemple, si le ministre de la Justice demandait
à la GRC de lui rendre compte des activités de la GRC à
l'intérieur du Québec qui auraient pour but, par exemple, le
contre-espionnage, à ce moment-là, la GRC pourrait lui
répondre qu'il ne peut pas demander de renseignements sur ces
activités puisqu'il s'agit d'activités qui sont de juridiction
fédérale?
M. Bédard: II me semble que, quelle que soit la
catégorie d'agents de la paix, Sûreté du Québec,
Gendarmerie royale ou toute autre catégorie, à partir du moment
où il y a une situation qui pourrait être perturbatrice au niveau
de la paix et de la sécurité publique, il doit être clair
qu'on peut, comme Procureur général, demander les renseignements
appropriés.
M. Fontaine: Même si ces renseignements touchent des
activités qui sont de juridiction fédérale?
M. Bédard: Je prends toujours la précaution de
dire: Tout cela dans le cadre et tenant compte des balises d'un jugement qui a
été rendu et tenant compte également du respect des
juridictions.
M. Forget: Je pense qu'on essaie de découvrir ce que cela
veut dire.
M. Fontaine: D'accord.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que cela va pour
l'article 2c?
M. Forget: J'aimerais y revenir, M. le Président, une
autre fois pour être bien sûr qu'on se comprend.
Le Président (M. Bordeleau): Oui. M. le ministre, vous
avez un complément de réponse?
M. Bédard: Non.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Saint-Laurent, vous aviez quelque chose à ajouter.
M. Forget: M. le Président, les questions du
député de Nicolet-Yamaska et les miennes, ainsi que celles du
député de Saint-Louis visent précisément cette
question. On nous dit: Oui, dans la mesure où... etc. Mais je pense
qu'il y a un problème très concret. A l'intérieur de la
GRC, il y a une section bien identifiée. D'ailleurs, elle n'appartiendra
peut-être pas toujours à la GRC: tout dépend des
conclusions de la commission McDonald, une des possibilités, c'est
qu'elle soit détachée de la GRC. Je pense bien que, si on regarde
cela sur un plan général, les activités de
contre-espionnage n'ont rien à voir avec un corps de police comme tel.
Mais, pour l'instant, elles y sont. Certains de ceux qui fonctionnent à
l'intérieur de cette unité ne sont même pas des officiers
de la Gendarmerie royale; ce sont des civils, si on veut.
Il faudrait être bien clair que l'on s'entend, que l'on comprend
l'intention du ministre, que ce sont les membres d'un service de
sécurité, de contre-espionnage, même si cela fait partie de
la Gendarmerie royale, ils ne sont pas des agents de la paix, ils ne sont pas
tenus à des rapports au Procureur général. Si on franchit
cette limite, on vient carrément en contradiction, à mon humble
avis, avec le jugement de la Cour suprême. Pour ce qui est des autres
membres, ils sont beaucoup plus nombreux de toute façon, les membres de
la Gendarmerie Royale qui s'occupent, par exemple. de la répression du
trafic des stupéfiants, des entrées illégales au pays, du
trafic des visas, des faux passeports; ce sont des agents de la paix.
M. Bédard: Ils s'occupent d'une façon
générale de l'application du Code criminel, il me semble que
c'est très clair qu'un ministre de la Justice peut...
M. Forget: Là-dessus, il n'y a pas de désaccord. La
question, c'est que, dans cette section, ils
sont peut-être 100, ils sont peut-être 500, je n'en sais
rien, mais ce sont des membres de la Gendarmerie Royale, parce qu'ils sont
payés par la Gendarmerie Royale, ne serait-ce que cela. Ils ne sont pas
nécessairement des policiers, mais ils sont des agents de la Gendarmerie
Royale, ils travaillent dans le cadre d'une activité, d'un service
particulier, qu'on appelle sécurité nationale et, en bon
français, cela s'appelle du contre-espionnage. Est-ce que ces gens sont
considérés comme des agents de la paix en fonction de la loi 48?
Est-ce qu'ils seront tenus à faire des rapports?
M. Bédard: C'est pour cela que je prends toujours la
précaution, sans me référer à des situations bien
particulières, de dire que ce pouvoir ou ce devoir du ministre de la
Justice doit s'exercer dans le cadre d'un accord des juridictions
définies, en tenant compte également des balises...
M. Forget: Est-ce que c'est oui ou non à la question? Le
ministre doit avoir une opinion là-dessus, même une position
officielle, à titre de ministre de la Justice au Québec?
M. Bédard: II y a déjà eu des positions qui
ont été prises par les Procureurs généraux des
provinces sur l'ensemble de ce sujet.
M. Forget: Quelle est la position qui a été prise
par le Procureur général du Québec?
M. Bédard: Je pense que la GRC doit nécessairement
répondre au Procureur général, s'il y a une violation de
la loi par un membre de la GRC sur le territoire.
M. Forget: II ne s'agit pas de violation de la loi, il s'agit
d'activités.
M. Bédard: Non, s'il y a des opérations dans le
cadre des activités normales au domaine des enquêtes criminelles,
si c'est une opération qui regarde uniquement la sécurité
nationale, évidemment, il y a là un problème de
juridiction.
M. Forget: Est-ce que ces gens sont des agents de la paix?
M. Bédard: Ce sont des agents de la paix, mais
affectés à des opérations policières
précises, là où se situent les limites des juridictions
provinciales-fédérales et où on doit tenir compte de ces
limites.
M. Forget: M. le Président, quand le ministre dit que ce
sont des agents de la paix, il franchit le Rubicon. Ce ne sont pas des agents
de la paix dans le sens d'une loi de police du Québec. Ce sont des
agents qui sont des agents autres, qui ne sont pas des agents de la paix dans
le sens de cette loi. Si, d'un autre côté, il nous dit que la
Commission de police et la réglementation qui va être
adoptée en vertu de la loi vont classer tous les employés, ceux
qui sont payés par la Gendarmerie royale au Québec, sauf les
employés de bureau, je m'imagine, et les portiers, mais tous ceux qui
ont des activités professionnelles qui s'identifient aux tâches
essentielles au pluriel de la Gendarmerie royale, tous ces gens, sans
exception, sont des agents de la paix. Je pense que là il franchit le
Rubicon et il va se placer dans une situation de contestation. Nous ne sommes
pas d'accord avec une telle extension. Nous sommes d'accord pour que dans ce
que comporte toute la mise en vigueur du droit criminel, toutes les
activités d'enquête criminelle sur des lois
fédérales, parce que le Code criminel est fédéral,
soient dans leur acception la plus large celles d'agents de la paix et soient
redevables de rapport au Procureur général. (11 h 30)
Mais il y a une exception qui doit être faite, encore une fois,
parce qu'il y a des gens qui ne sont pas des agents de la paix dans ce sens,
qui sont des employés spécialisés de la Gendarmerie
royale. Je pense qu'une exception devrait être faite dans la loi pour
prévenir des conflits inévitables.
Parce qu'il est évident qu'un service de sécurité
nationale ou de contre-espionnage n'acceptera pas de faire ficher ses membres
par la Commission de police et encore bien moins de fournir sur demande des
rapports au Procureur général du Québec sur des
activités de cette nature. Cela me semble assez évident.
M. Bédard: Mais là on est...
M. Forget: Si on était dans un Etat unitaire, je dirais
que la même chose vaudrait. Ils n'accepteraient pas de donner des
rapports au ministre de la Justice, à moins que le ministre de la
Justice soit en même temps responsable de la sécurité
nationale, ce qui n'est pas toujours le cas.
M. Bédard: Mais là, le député de
Saint-Laurent admettra qu'on parle des problèmes de juridiction.
L'essence de cette loi n'est pas de dépasser les juridictions, c'est
d'occuper toutes celles qui nous sont imparties, à partir de la loi.
M. Fontaine: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: De la façon que la loi...
M. Bédard: Autrement dit, on ne veut pas se donner une
juridiction qu'on n'a pas.
M. Fontaine: On est d'accord là-dessus.
M. Bédard: On veut pouvoir exercer toutes celles que nous
avons concernant le...
M. Fontaine: Mais de la façon dont la loi est
rédigée à l'article 2c, on permettrait au ministre de
la Justice de demander ces renseignements qui, je pense, ne sont pas de
juridiction provinciale. Il s'expose, malheureusement, encore une fois,
à avoir un jugement de la Cour suprême qui pourrait
déclarer ces articles anticonstitutionnels.
M. Bédard: Non, mais si c'est illégal de demander
les renseignements qui peuvent être demandés par le ministre de la
Justice, ils ne seront pas fournis.
M. Fontaine: D'accord, mais l'article lui-même pourrait
être déclaré inconstitutionnel.
M. Bédard: Bien non, parce que l'exercice de cette
discrétion se fait à l'intérieur d'une juridiction qui est
la nôtre et non pas en indiquant qu'on empiétera sur une autre
juridiction.
M. Fontaine: Je suis prêt à l'adopter, mais je mets
le ministre en garde là-dessus.
M. Lalande: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: II y aurait une autre balise que je voudrais signaler
au ministre de la Justice à cet égard. De prime abord, cela peut
paraître une question simplement de juridiction, mais elle ne l'est pas.
Quant aux militaires, surtout dans le corps de "l'intelligence", ceux qui sont
préposés aux renseignements généraux, qui font des
rapports régulièrement...
M. Blank: Comme la police militaire.
M. Lalande: Oui, jusqu'à un certain point la police
militaire aussi. Mais où cela se complique un peu, c'est en vertu de la
Loi des forces armées qui dit bien que dans les cas de crime commun ou
de quoi que ce soit, la préséance est toujours accordée au
Procureur général des provinces, de poursuivre ou de ne pas
poursuivre, et les cours martiales ont lieu dans les cas où le Procureur
général des provinces décide de ne pas intervenir et de
laisser intervenir.
Mais dans ce cadre des renseignements généraux, il y a de
l'information qui est au niveau du droit criminel commun et aussi au niveau de
l'information internationale de contre-espionnage et d'espionnage, etc.
M. Bédard: L'information doit se situer au niveau de
l'acte criminel qui aurait pu être commis.
M. Lalande: C'est là la question que je voudrais poser. Le
Procureur général pourrait-il assujettir ces agents de
renseignement ou ces agents de la paix, qui n'en sont pas véritablement,
à son pouvoir et demander des rapports circonstanciés justement
sur les activités qui pourraient se passer au Québec, par
exemple? Je ne sais pas si vous comprenez le danger qu'il pourrait y avoir,
parce que la ligne n'est pas claire entre les deux. Est-ce qu'il oeuvre au
niveau international...
M. Bédard: Cela va peut-être permettre à la
ligne de se clarifier. J'avoue que ce n'est pas très clair d'ailleurs si
nous légiférons, dans un premier temps, nous le faisons et de
toute évidence en disant que c'est dans le cadre de nos juridictions. Je
pense que l'exercice de ce pouvoir permettra à l'ensemble de la
situation de se clarifier.
M. Lalande: Mais pour être bien précis, à
l'heure actuelle, est-ce que dans votre esprit il y aurait lieu que le ministre
de la Justice demande à un militaire qui enquête au Québec
relativement à une situation de criminalité au Québec, de
l'assujettir à son pouvoir de produire un rapport circonstancié
sur certaines activités qu'il pourrait y avoir, pas
nécessairement dans un camp militaire, mais...
M. Bédard: Si c'est d'ordre criminel, non seulement je
pense, mais c'est très clair que le ministre de la Justice doit pouvoir
avoir les informations nécessaires.
M. Lalande: Dans un cas de subversion appréhendée,
d'émeute ou quoi que ce soit, le Procureur général de la
province pourrait assujettir tel militaire à lui faire un rapport
circonstancié, c'est ça que ça veut dire?
M. Bédard: Si le ministre de la Justice est informé
qu'il peut y avoir une situation perturbatrice de l'ordre ou de la
sécurité publique, il me semble très clair que c'est non
seulement le devoir, mais la responsabilité du ministre de la Justice de
demander les renseignements appropriés.
M. Forget: Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 2c est
adopté sur division. Le nouvel article 2 est donc adopté.
M. Forget: Adopté.
M. Fontaine: Sur division.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté sur division.
Article 3.
M. Bédard: C'est de concordance avec l'article 35 du
projet.
M. Fontaine: M. le Président, à l'article 3...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: D'accord, ça va.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que l'article 3 sera
adopté?
M. Bédard: Adopté. M. Forget:
Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article 4.
M. Forget: C'est remplacé par autre chose, cela?
M. Bédard: II y a un amendement à l'effet
d'insérer, après l'article 4 du projet...
M. Fontaine: M. le Président, je m'excuse. Je regardais
l'article 3 de la Loi de police et c'est l'article 3 de la loi actuelle qui
modifie l'article 6. Je voudrais poser une question au ministre de la Justice.
Cet article concerne les activités politiques prohibées des
membres de la Sûreté du Québec, des cadets ou des agents de
la paix, qui ne peuvent se porter candidats à une élection
fédérale, provinciale, municipale ou scolaire, et le ministre de
la Justice sait sans doute qu'une élection fédérale a
été déclenchée depuis quelques jours et qu'elle
aura lieu le 18 février. On sait qu'il y a peut-être des
personnes, qui exercent ces activités comme membres de la
Sûreté du Québec ou comme cadets, qui seraient
intéressées à se porter candidats à
l'élection fédérale; le même problème
survient avec l'adoption de la loi 9 alors que des avocats de l'aide juridique,
en vertu de la loi actuelle, ne peuvent être candidats. La loi 9 abolit
l'article 45 de la Loi d'aide juridique leur permettant d'être candidats
et d'avoir un congé sans solde en vertu de la Loi de la Fonction
publique. Le ministre aurait peut-être une déclaration à
nous faire quant à savoir s'il a l'intention de faire proclamer ces
articles dès le début du mois de janvier. On sait que la loi que
nous étudions présentement entrera également en vigueur
à une date qui sera fixée par proclamation du gouvernement.
Je pense que dans l'intérêt des citoyens du Québec,
pour essayer d'avoir la meilleure représentation possible au Parlement
du Canada, il serait peut-être urgent que le ministre de la Justice
regarde la possibilité de faire proclamer ces articles dans les
meilleurs délais.
M. Bédard: Je prends note des représentations
faites par le député de Nicolet-Yamaska. Tel que je l'ai dit au
moment de l'étude de ces articles, toute décision devra
être prise après avoir avisé les chefs de parti. Si le
député de Nicolet-Yamaska me demande si je m'engage à ce
que ce soit en application dès le début de janvier, je dois lui
dire que la Loi électorale venant juste d'être adoptée, il
n'y a, honnêtement, pas encore eu de discussion sur les dates
d'application de certains articles, mais cela se fera selon la procédure
et les assurances que j'ai données en troisième lecture du projet
de loi.
M. Fontaine: Mais il y aurait certainement possibilité de
proclamer certains articles de façon rapide, des articles qui ne sont
pas contentieux au point de vue de leur application. Je demande cela dans
l'intérêt de tous les partis politiques. Ce n'est pas une demande
partisane.
M. Bédard: C'est dans ce sens que je prends, d'ailleurs,
les remarques du député de Nicolet-Yamaska. Je dois vous dire
qu'il n'y a pas eu de décision de prise quant à l'application de
certains articles de la Loi électorale, puisqu'elle vient juste
d'être adoptée. Maintenant, si certaines proclamations arrivent
rapidement, elles devront se faire avec les assurances que j'ai données,
à savoir que les chefs de parti seront avisés en
conséquence.
M. Fontaine: D'accord, mais vous n'avez pas d'objection de
principe.
M. Bédard: Nous allons nous pencher sur cette suggestion
que nous fait le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que cela va? On avait
déjà adopté l'article 3.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, article 4?
M. Forget: J'ai posé une question au ministre. L'article 4
prévoit que c'est une infraction que de faussement se présenter
comme un agent de la paix. Est-ce qu'on fait disparaître l'infraction ou
si on la replace ailleurs dans le cadre de la loi?
M. Bédard: Elle ne disparaît sûrement pas. Je
ne sais pas à quel article elle se retrouve. C'est à l'article
82b qui se situe à la section VII A, qui traite des infractions et des
peines.
M. Forget: D'accord, adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Article 4 adopté.
Article 5?
M. Bédard: II y a l'article 4.1 aussi.
Le Président (M. Bordeleau): Ah oui! un nouvel
article.
M. Bédard: Nous avons proposé un amendement visant
à insérer, après l'article 4 du projet de loi, l'article
que vous avez en main.
Le Président (M. Bordeleau): C'est cela, un nouvel
article. Il y aurait lieu d'avoir une nouvelle numérotation. L'article
4.1?
M. Bédard: L'effet de ce nouvel article serait de porter
à onze le nombre des membres de la Commission de police et de un
à deux membres le
nombre de vice-présidents. Il propose également qu'au
moins un membre de la Commission de police soit choisi parmi les personnes qui
n'exercent pas des fonctions d'agent de la paix ou qui ne sont membres ni de la
magistrature, ni du Barreau. On a la préoccupation que le public soit,
en quelque sorte, représenté étant donné le genre
de juridiction qu'a la Commission de police qui est très importante en
termes de crédibilité non seulement vis-à-vis des
policiers, mais vis-à-vis de la population aussi.
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: ... il y a énormément de tribunaux qui
sont fort actifs, qui font des tâches importantes. Neuf personnes, c'est
déjà beaucoup. Combien d'instances ou de causes la Commission de
police a-t-elle examinées au cours d'une année?
M. Bédard: Nous avons donné tous ces renseignements
lors de l'étude des crédits, mais je serais en mesure de dire
que, même à l'heure actuelle, il y a beaucoup de causes qui sont
en retard et, souvent, l'effet de cela, c'est que le citoyen se pose des
questions sur l'objet du retard. Cela ne contribue pas à
améliorer la crédibilité de la Commission de police. Je
pense que nous devons faire en sorte d'augmenter le plus possible cette
crédibilité, puisque l'ensemble des activités
policières a toujours une relation très étroite avec la
protection des droits et libertés individuelles. On doit faire en sorte
que le plus de célérité possible soit donnée aux
cas qui sont soumis à la Commission de police, que cela ne retarde pas
indûment.
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Fontaine: C'est à moi...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: Ecoutez, la Cour suprême du Canada a neuf
membres et la Cour suprême des Etats-Unis a à peu près le
même nombre. Selon le raisonnement du ministre de la Justice, il faudrait
que la Cour suprême américaine ait à peu près 250
à 300 juges. C'est vraiment pousser le ridicule à sa limite. (11
h 45)
Au Québec, dès qu'on a plus que 50 causes par
année, faut-il penser qu'il faut 20 personnes pour les faire? Je ne peux
absolument pas accepter ce raisonnement, M. le Président. Je suis
sûr...
M. Bédard: Oui, sauf que si on prenait...
M. Forget: Je ne vous ai pas interrompu. Si vous me le
permettez...
M. Bédard: Oui.
M. Forget: M. le Président, je suis sûr qu'il y a
peut-être un problème d'efficacité et d'organisation aux
fins de la commission, mais il n'y a absolument aucune justification pour faire
passer le nombre de neuf à onze, absolument aucune. Il n'y a vraiment
pas de raison. Ce n'est pas un organisme qui est débordé de
travail. Il y en a d'autres que je pourrais citer qui entendent des milliers de
causes par année et qui n'ont pas beaucoup plus de gens que la
Commission de police.
Si, vraiment, ils sont débordés, je pense que le vrai
remède que devrait considérer le ministre de la Justice, c'est
d'amincir ou de faire maigrir un peu le menu des tâches de la commission,
qui a été jugé entre autres par la commission Saulnier,
mais aussi par beaucoup d'autres personnes qui se sont exprimées en
commission parlementaire comme étant déjà trop
plantureux.
S'ils ne peuvent pas digérer tout cela, c'est probablement qu'ils
mangent trop. Ce serait la vraie solution, les aider à digérer
plus facilement en diminuant la quantité de nourriture qu'on met sur
leur table plutôt que d'essayer de leur gonfler l'estomac
artificiellement. Il y a là-dedans des tâches qui sont des
tâches d'administration, de contrôle et qui devraient être
assumées par le ministère de la Justice.
C'est la fonction d'un gouvernement de s'assurer que les services de
l'ordre fonctionnent avec efficacité et de faire la vérification
là-dessus. On leur donne des tâches administratives, en plus de
leurs tâches quasi judiciaires, et on veut augmenter le nombre de ces
juges pour perpétuer une confusion des tâches, une confusion des
rôles.
Nous ne pouvons certainement pas, M. le Président, accepter ce
raisonnement. On s'en va dans la mauvaise direction. Pourquoi deux
vice-présidents, de toute façon? Ce n'est pas évident.
Est-ce qu'on veut les faire siéger en deux divisions, une division
à Montréal et une division à Québec? Ordinairement,
c'est la raison qu'on nous donne. Quand on a révisé la Loi sur la
régie des permis d'alcool, l'ancienne commission de contrôle, on a
dit: II y a une division à Montréal et une division à
Québec. Alors, il y aura un vice-président à chacun des
endroits. C'est la même chose pour la Commission des Affaires sociales et
pour un certain nombre d'autres organismes.
Mais là, si j'imagine bien, ils vont avoir leur bureau à
Québec essentiellement. On ne nous a pas dit que c'était pour
décentraliser les activités, et même là, je pense
qu'il y a un problème qui se pose. C'est qu'il n'y a pas un volume
suffisant de causes. Il y a des activités administratives qui peuvent se
faire.
M. Bédard: Ce ne sont pas seulement les causes.
M. Forget: Oui, c'est cela. Les activités administratives
se font de Québec. Il n'y a pas de raison d'augmenter le nombre. Je ne
veux pas prêter d'intention au ministre de la Justice. Je m'abstiens
soigneusement de le faire. Evidemment, on peut bien imaginer des choses de ce
côté-là, qu'on veut absolument nommer des personnes et
qu'on multiplie les postes pour pouvoir le faire. Il n'y a pas d'autre
justification.
M. Bédard: Vous faites...
M. Forget: On va être en désaccord avec cela
complètement, M. le Président.
M. Bédard: Vous faites bien de ne pas me prêter
cette intention, car ce n'est pas cette intention que j'ai. L'intention que
j'ai très précisément, c'est qu'il y ait un
représentant, entre autres, du public.
M. Forget: Mais ce n'est pas assez, neuf, pour faire cela?
M. Bédard: C'est parce qu'à ce moment-là, si
nous gardons le nombre de membres à neuf et que nous voulons avoir un
représentant du public, nous nous obligeons à destituer quelqu'un
qui est déjà là.
M. Forget: Ont-ils des mandats éternels, les gens de cette
commission?
M. Bédard: Ce sont des mandats qui sont assez longs,
même...
M. Forget: Quel est le prochain membre qui vient à
échéance?
M. Bédard: A la fin de la prochaine année. M.
Forget: Ce n'est pas un mal de dents.
M. Bédard: Non, mais ils sont quand même
nommés pour des périodes assez longues. Il y en a qui le sont
pour des périodes de cinq à dix ans...
M. Forget: Oui, oui. Dès l'an prochain, vous avez une
chance de remplacer un membre.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre. Est-ce que
cela va pour l'article 4.1? L'article 4.1 sera-t-il adopté?
M. Forget: M. le Président...
M. Bédard: Celui...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bédard: ... en fait, on entre dans des problèmes
pratiques, mais je pense que c'est important de le faire celui qui peut
venir à échéance d'ici la fin de 1980 sans donner
de nom peut être un membre qui est reconnu comme très
efficace, comme très important au niveau de l'ensemble du fonctionnement
de la commission. Nous nous obligeons...
M. Forget: ...
M. Bédard: Non, je le dis au député de
Saint-Laurent, je n'ai vraiment pas de nom en tête. J'essaie simplement
d'évoquer des situations. La situation, sans personnaliser le
débat, fait que peut-être, d'ici 1980, il y aurait la
possibilité de remplacer quelqu'un. Si cette personne fait très
bien son travail, est très efficace et que nous nous obligeons à
mettre fin à son mandat, cela peut devenir un peu injuste, à mon
sens.
Une Voix: On s'est entendu pour dix.
M. Bédard: Je trouve très important le fait qu'il y
ait c'est aussi pour la crédibilité de la Commission de
police un représentant du public. Je pense qu'il doit y en avoir
un le plus rapidement possible.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que cela va pour
l'article 4.1?
M. Forget: Si je comprends bien, M. le Président...
M. Bédard: Je voudrais mentionner que s'il n'en tenait
qu'aux causes, je pense que ce serait sûrement un nombre suffisant.
Tenant compte de ce que le projet de loi dit, il y a des
responsabilités. On peut être d'accord ou non sur le partage des
responsabilités. Mais il y a beaucoup d'autres responsabilités,
comme vous le savez, qui sont le fait des membres de la Commission de police,
entre autres, l'inspection des corps policiers. Ce travail mobilise
énormément d'énergie. Je vous le dis, si j'avais
l'impression qu'il y en a qui chôment, autrement dit, à la
Commission de police au niveau des membres, je n'adopterais pas l'attitude que
j'adopte présentement. Le but que nous poursuivions, c'est qu'il y ait
très rapidement un représentant du public de
nommé à la Commission de police, ce qui serait de nature à
améliorer la crédibilité de la Commission de police par
rapport aux citoyens. C'est un objectif louable.
M. Forget: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Je pense qu'il est un objectif louable de vouloir
mettre des gens qui ne sont pas des professionnels de l'administration de la
justice dans une Commission de police qui, en effet, a à arbitrer, en
quelque sorte, des conflits entre le public en général et les
forces policières. Je trouve que c'est une idée louable. Je pense
que la loi
actuelle ne l'interdit pas du tout. Il n'y a aucune restriction dans la
Loi de police actuelle qui empêche le lieutenant-gouverneur en conseil de
désigner déjà des membres du public.
Je voudrais m'assurer cependant que la consultation qui sera faite
il pourrait peut-être y en avoir parce que je ne propose pas
d'amendement formel auprès du Conseil consultatif de la justice
porte sur plus d'un nom. Qu'on donne la possibilité au Conseil
consultatif de la justice, étant donné qu'il s'agit de
non-spécialisés, donc, il y a six millions de candidats possibles
à cette nomination, cela fait beaucoup de monde... Comme on ne peut pas
se reposer sur des qualifications d'un juge, d'un policier, que le ministre
s'engage, s'il y a un poste à pourvoir, à suggérer plus
d'un nom, et que s'il y a deux postes à pourvoir, de cette
façon-là, plus de deux noms et, de fait, plus de trois
même, je dirais, pour qu'il y ait effectivement un choix offert au
Conseil consultatif de la justice, de manière que la consultation soit
authentique.
M. Bédard: Je pense que c'est nécessaire, si on
veut parler de véritable consultation et non pas d'imposition d'un
nom.
M. Forget: C'est cela.
M. Bédard: Ce serait le cas si on arrive seulement avec
une candidature.
M. Forget: Autrement, on met le fardeau de la preuve sur le
conseil consultatif de trouver une raison dirimante pour faire la nomination,
ce qui peut être très difficile à faire
évidemment.
M. Bédard: C'est dans cet esprit que sera faite une
proposition au Conseil consultatif de la justice.
M. Forget: Bon!
M. Bédard: Je peux en assurer les membres de la
commission.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que cela va pour
l'article 4?
M. Forget: Oui, cela va pour l'article 4, sur division, M. le
Président...
Le Président (M. Bordeleau): L'article 4.1, sur
division.
M. Forget: ... quant à nous, malgré tout.
M. Fontaine: J'ai une question concernant le paragraphe b). A la
fin, à la dernière ligne, on parle des honoraires.
Habituellement, ne parle-t-on pas plutôt de rémunération?
Les honoraires, ce n'est pas la même chose.
M. Forget: Ils sont habitués à ce terme, c'est un
terme rassurant.
M. Fontaine: Mais quand ils y sont nommés, ils sont
nommés à temps plein, donc, ce ne sont pas des honoraires, mais
une rémunération.
Une Voix: C'est un traitement, en fait, plutôt que des
honoraires.
M. Fontaine: C'est un traitement.
M. Bédard: Le député de Saint-Laurent
pourrait peut-être vérifier que dans le texte actuel, qui existe
déjà, qui n'a pas été proposé par nous, par
le présent gouvernement, on parlait d'honoraires. Alors, on a
pensé employer le même terme.
M. Forget: Je ne blâme pas le ministre.
M. Fontaine: Si cela ne pose pas de problème.
M. Bédard: Ce n'est pas le fruit des habitudes du
présent gouvernement. C'est simplement le fait qu'on a tenu compte de la
manière dont fonctionnaient les gouvernements précédents
aussi.
M. Fontaine: Vous pourriez peut-être profiter de l'occasion
pour corriger ces erreurs.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, l'article 4a est
adopté?
M. Forget: Adopté sur division. Des Voix:
Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté sur division.
L'article 5.
M. Forget: Ici, M. le Président, c'est louable,
étant donné sa surcharge de travail, de lui permettre
d'être plus efficace et plus expéditive en ayant un quorum moins
important. Est-ce que dans d'autres cas que les fins d'enquête, la notion
d'un quorum réduit ne serait pas appropriée? Je pense en
particulier lorsqu'elle approuve les règlements d'ententes
intermunicipales, tel que prévu dans la loi. Il y a des fonctions
presque du bureau d'enregistrement, me semble-t-il.
M. Bédard: On augmente le quorum actuellement.
M. Forget: Oui.
M. Bédard: II était de deux et nous l'augmentons
à quatre lorsque la commission siège autrement que pour des fins
d'enquête.
M. Forget: Quand elle siège pour des fins d'enquête,
c'est le banc au complet?
M. Bédard: C'est déjà prévu. C'est un
banc de deux membres désignés par le président.
M. Forget: C'est cela; c'est ce que je disais aussi. Je pense que
j'avais bien lu. C'est quatre,
sauf que cela peut être deux dans une circonstance, le cas d'une
enquête.
M. Bédard: C'est exact.
M. Forget: La question que je posais est la suivante: Est-ce
qu'il n'y a pas d'autres circonstances où un banc réduit pourrait
aider la commission à accomplir sa tâche sans porter atteinte aux
droits de quiconque, en particulier des tâches administratives
d'entériner des règlements d'ententes intermunicipales? C'est un
exemple, mais il y en a peut-être d'autres. Est-ce qu'il est
nécessaire de siéger à quatre?
M. Bédard: Nous nous sommes basés sur les
recommandations qui nous ont été faites par la Commission de
police dans le but d'améliorer leur efficacité.
M. Forget: Elle ne demandait pas un assouplissement
au-delà de cela.
M. Bédard: II n'y avait pas de demandes au-delà de
celle qui est reproduite par le libellé de l'article.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va pour l'article 5; il
est adopté. L'article 6 sur lequel nous avons un amendement.
Fonction de la Commission de police
M. Bédard: L'article 6 du projet tel qu'amendé
propose une nouvelle définition des fonctions de la Commission de police
qui découlent d'une nouvelle répartition des
responsabilités entre la commission et le ministère de la
Justice, d'une façon plus particulière, de la Direction
générale de la sécurité publique. Cet amendement,
comme je l'ai dit en deuxième lecture, fait suite aux nombreux
commentaires formulés lors de l'étude du projet de loi en
commission parlementaire. Essentiellement, la commission conserve ses pouvoirs
d'enquête en matière de criminalité, d'activités
policières ainsi que ses responsabilités d'inspection et de
conseil en matière policière. Elle se voit également
chargée de tenir on l'a vu tout à l'heure un
registre des agents de la paix. Maintenant, tous les domaines reliés
à la sécurité publique et à !a prévention de
la criminalité relèveraient de la Direction
générale de la sécurité publique.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va pour l'article 6?
M. Forget: M. le Président, il y a, malgré tout,
concrétisée dans la dernière version la notion du service
général d'inspection. Plusieurs avant nous ont souligné
qu'il s'agit d'un organisme quasi judiciaire, il y a plusieurs fonctions de
type quasi judiciaire à exercer qui sont entièrement
appropriées pour un organisme de ce genre: plaintes de citoyens à
l'endroit de policiers, vérifications si certaines municipalités
assument de façon conve- nable leurs obligations de protéger
leurs citoyens, etc., congédiement de policiers par des autorités
municipales. On a là toute une liste de fonctions quasi judiciaires
absolument appropriées. D'un autre côté, le service
général d'inspection, c'est une fonction administrative. (12
heures)
Le groupe d'étude ou de travail je ne me souviens pas de
son titre officiel présidé par M. Saulnier avait
suggéré un troisième organisme. Je ne suis pas sûr
qu'un troisième organisme, c'est une idée emballante en soi. Je
pense qu'il y en a bien assez dans le paysage. Il reste que, s'il ne doit pas y
avoir un troisième organisme et, là-dessus, on est
d'accord avec le ministre on doit quand même se demander si le
Service d'inspection est assimilable aux fonctions quasi judiciaires qui
constituent le noyau et la raison d'être de la commission ou si ce n'est
pas une fonction qui est beaucoup plus assimilable aux devoirs et aux
responsabilités de la Direction générale de la
sécurité publique du ministère de la Justice. Il me
semblerait, humblement, que c'est une fonction gouvernementale; ce n'est pas
une fonction quasi judiciaire.
Il me semble qu'il serait plus logique de confier au Procureur
général le soin d'inspecter les forces policières à
la grandeur du territoire, de faire des observations et s'il découvre,
par exemple, qu'une municipalité ne vit pas à la hauteur des
obligations que lui font le Code municipal et le Code des cités et
villes, surtout le Code des cités et villes, à ce moment, de
loger lui-même en quelque sorte une plainte auprès de la
Commission de police en disant: Voici nos constatations, voici les mises en
demeure, les rappels et les conseils que nous avons prodigués à
la municipalité, mais il y a vraiment là défaut de se
conformer. Là, on demande que la loi soit appliquée, qu'il y ait
des mesures appliquées. On autorise, par exemple, la Sûreté
du Québec à prendre en charge la protection des citoyens sur le
territoire, quitte à faire une facture à la municipalité
ou on enjoint la municipalité, etc., d'assumer ses
responsabilités. Là, le Procureur général se
placerait carrément dans la situation d'un requérant ou d'un
demandeur en quelque sorte devant la Commission de police. La Commission de
police agirait comme un arbitre entre la municipalité et le
ministère de la Justice.
Dans la situation qui est prévue par la loi, l'initiative de
faire l'inspection appartient à la commission sur plainte de citoyens,
etc. Il y a, bien sûr, dans le mécanisme de plainte aussi, des
choses sur lesquelles nous reviendrons et dont s'est plainte l'Union des
municipalités. Je ne veux pas parler de la procédure de la
question. Il reste que c'est comme si on faisait dépendre les services
de police dans le fond vis-à-vis de la population en
général des tribunaux. Ce sont des fonctions bien
différentes, me semble-t-il, l'inspectorat et les fonctions quasi
judiciaires. On aurait tout avantage à les distinguer et je trouve
malheureux que le ministre se soit retenu sur la voie qu'il a en partie suivie
de clarifier les fonctions de la Com-
mission de police face au ministère de la Justice. J'aurais
pensé qu'il serait allé un cran plus loin, qu'il nous aurait
vraiment présenté un projet de loi qui aurait incorporé,
au moins à l'égard de la Commission de police, les
recommandations du rapport Saulnier. Je comprends qu'il y a de nombreuses
hésitations sur les districts, etc. On pourrait mettre tout cela de
côté et, malgré tout, conserver la notion d'une Commission
de police, organisme quasi judiciaire dans son sens strict.
M. Bédard: Je ne crois pas que cela crée un conflit
d'intérêts évident si on garde quand même le Service
d'inspection à la Commission de police. D'autre part c'est une
préoccupation que nous avions si nous rattachons l'inspection
policière à la Direction générale de la
sécurité publique, il peut y avoir le danger aussi d'une
intrusion trop grande du ministère dans les activités
policières. Je sais que ce n'est pas facile à trancher, mais il y
a deux dangers. Il peut y avoir certaines situations de conflit, quoique,
encore une fois, je ne croie pas qu'il y ait de conflits majeurs sur le plan
des principes si on le laisse à la Commission de police. D'autre part,
il y a le danger d'un trop grand contrôle gouvernemental si nous
référons le tout à la Direction générale de
la sécurité publique.
Nous avons cru qu'il était peut-être
préférable d'y aller par étapes. La Direction
générale de la sécurité publique améliorant
son fonctionnement, il y aura lieu peut-être de se reposer la question
à plus ou moins brève échéance, si c'est
indiqué d'aller complètement dans le sens, comme le dit le
député de Saint-Laurent, de certaines recommandations ou
représentations qui ont été faites par les groupes qui
sont venus se faire entendre au niveau de la commission parlementaire.
Ce sont ces deux dangers qui existent. Aun moment donné, il faut
faire un choix. Le choix que nous faisons n'empêche pas
éventuellement que d'autres dispositions peuvent être prises, mais
je crois qu'il est prudent d'y aller par étapes.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: Evidemment, le ministre l'a souligné, il y
avait un choix et j'imagine, avec l'éclairage qu'il a, qu'il a pris le
meilleur choix qu'il pouvait y avoir. Mais il est évident qu'en confiant
des fonctions carrément administratives à la Commission de
police, cela lui permet de faire des règles au niveau de
l'administration et, par ailleurs, en quelque sorte, d'agir comme juge et
partie. Les règles administratives qui seront données ou
dictées, la commission aura à les interpréter par la
suite, ces règles qu'elle aura elle-même mises sur pied.
C'est en quelque sorte agir un peu, comme je le disais, comme juge et
partie, je ne dis pas que ce soit nécessairement conflictuel, mais il
est évident que si, dans ces règles administratives, la
Commission de police suggère et rend exécutoires certaines
règles, elle aura intérêt sûrement à
être plus sévère, si on ne les respecte pas, que si
c'était une autre partie, si c'était, par exemple, le Procureur
général qui les avait mises sur pied. En toute
impartialité, il est certain que, avec la Commission de police, je le
pense, cela n'empêcherait pas l'efficacité de l'administration de
ceci. Le ministre a bien expliqué qu'il avait évalué les
deux parties, il a peut-être fait la balance des
inconvénients.
M. Bédard: C'est exact, et c'est dans ce sens que je dis
que je respecte beaucoup toute opinion, sauf que entre cette opinion et
l'opinion qui est dans le sens contraire de celle que nous évoquons dans
le projet de loi, de la direction que nous évoquons dans le projet de
loi, à un moment donné, il faut faire un choix. Je pense qu'il y
a quand même deux dangers qui existent et il y a un choix à
faire.
Tout à l'heure, nous discutions des renseignements, quel genre de
renseignements pouvaient être demandés par le Procureur
général concernant les corps policiers municipaux. On voulait
s'assurer que cela n'aille pas jusque dans le domaine de la gestion, dans le
domaine presque de l'inspection en bonne et due forme, dans le domaine de la
routine des opérations policières. Si nous donnons tout le
domaine de l'inspection des corps policiers à la Direction
générale de la sécurité publique, à un
moment donné, nous nous donnons un peu ce pouvoir dont, tout à
l'heure, on voulait être bien clair que cela n'aille pas
jusque-là.
M. Lalande: Mais le ministre n'a pas peur que, justement, par le
projet de loi, il l'a dit tout à l'heure il est revenu disant
qu'on voulait donner une plus grande crédibilité à la
Commission de police le fait d'amener un simple citoyen à
participer à tout cela, il n'a pas peur que, dans cette situation, cela
ne contribue pas à donner plus de crédibilité à la
Commision de police? On comprendra très vite qu'elle est, encore une
fois, juge et partie. Si elle avait un rôle et c'est
peut-être là où nous nous inscrivons en faux et où
nous ne sommes pas d'accord, c'est l'objection de principe qu'a soumise le
député de Saint-Laurent de ne consacrer à la
Commission de police qu'un rôle quasi judiciaire, il l'a vraiment
dégraissée de tout le fardeau administratif et là, on
assiste quand même à une surcharge qui fait qu'on est
obligé d'augmenter le nombre des participants, des commissaires.
Justement, au niveau de cette crédibilité de la Commission de
police, n'y aurait-il pas lieu plutôt de la consacrer uniquement et
substantiellement à son rôle quasi judiciaire?
M. Bédard: Peut-être que, juste sur le plan
technique, dans le cadre du choix dont a parlé le ministre, qui est un
choix de ne pas avoir un organisme tellement quasi judiciaire, parce que le
pouvoir réglementaire, notamment, demeure à la Commission de
police. Je voulais tout simplement, sur le plan technique, dire que la fonction
d'inspection est essentielle à l'exercice du pouvoir
réglementaire, en bonne partie parce que c'est par là qu'on
connaît vraiment la réalité pour
confectionner les normes. Partout où on a fait des
réformes pour déconnecter la fonction d'inspection et repasser le
pouvoir réglementaire à une autre partie, on a un problème
de réalisme dans la confection des normes.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Sant-Laurent.
M. Forget: Je suis tout à fait d'accord avec ce qui vient
d'être dit. Evidemment, c'est le feed-back, on complète le cercle,
on fait des règlements et, par l'inspection, de la façon dont ils
sont appliqués, on voit s'il faut changer les règlements ou si
c'est un problème de mise en application. Je suis tout à fait
d'accord que cela appartient... Mais la réglementation, à mon
avis, est une fonction gouvernementale. On n'est pas en régime
américain pour avoir des organismes de régulation
complètement détachés du jeu parlementaire et de la
responsabilité ministérielle. D'ailleurs, formellement, on donne
un coup de chapeau au principe en disant que, de toute façon, ce n'est
pas la commission qui fait les règlements, mais c'est le
lieutenant-gouverneur qui les promulgue et leur donne une valeur juridique.
Il reste donc qu'on donne un coup de chapeau au principe, mais on fait
faire le travail par un autre organisme qui est divorcé du pouvoir
politique responsable. Le dernier point que je veux mentionner est que la
Sûreté du Québec, dans tout cela, se trouve
déchirée entre deux loyautés, en quelque sorte. Elle est
d'abord comptable à la Direction générale de la
sécurité publique, et, via cette structure, au ministre
lui-même, ce qui, bien sûr est approprié. Elle est aussi
comptable à la Commission de police, et je suis sûr qu'au niveau
de la Sûreté du Québec, ce n'est pas le meilleur
arrangement possible.
Si, justement, on veut préserver de toute possibilité
d'interférence politique, dans le mauvais sens du mot, le fontionnement
des corps policiers et cela vaut également pour la Sûreté
du Québec, je pense que c'est dans le renforcement de la Commission de
police, c'est dans son rôle quasi judiciaire, dans l'indépendance
de ses membres, de la façon dont ils sont désignés qu'on
peut obtenir cet effet parce que, éventuellement, si jamais une
Direction générale de la sécurité publique,
dotée des pouvoirs d'inspection, et avec aussi la tâche de
préparer les projets de règlements, la réglementation,
sentait qu'ils allaient trop loin, on peut envisager un régime qui leur
permette d'invoquer la juridiction d'une Commission de police
véritablement indépendante. On aurait là une
possibilité de sauvegarde, beaucoup plus réelle que dans
l'espèce de situation confuse dans laquelle on place la
Sûreté du Québec actuellement.
On pourrait même envisager que la Commission de police, si on
voulait lui donner vraiment ce rôle de protecteur à la fois des
forces policières face aux interventions politiques et des citoyens face
aux policiers, voie à préparer ces nominations un peu comme on le
fait pour le Protecteur du citoyen, par un vote formel de l'Assemblée
nationale, un processus de consultation publique, quelque chose qui en fasse
véritablement un organisme au-dessus de toute espèce de doute et
d'influence partisane ou politique. J'ai l'impression qu'on est en face d'un
cheval dessiné par un comité, face à cette loi. Je ne fais
que le mentionner; je ne peux même pas présenter un amendement,
c'est toute la loi, je pense, qui est à refaire. Je vais me limiter
à cela pour montrer clairement que ce n'est pas une orientation qu'on
partage.
Sans vouloir prétendre qu'on a établi tous les
points-virgules relativement à cette orientation, ce qui n'est pas le
cas, il demeure qu'il y a énormément de progrès qu'on peut
imaginer dans la question de la relation entre le citoyen, les forces
policières et le pouvoir politique et on est quand même à
une bonne distance d'une solution dans ce projet de loi no 48.
M. Bédard: Comme l'a dit le député de
Saint-Laurent je partage son appréciation nous nous
engageons quand même dans une direction, nous n'allons peut-être
pas au bout de cette direction qui ferait que la Commission de police ne serait
qu'un organisme quasi judiciaire, mais je pense que, sur un plan
réaliste, tout en respectant les opinions de l'Opposition, à
partir du moment où on donne le pouvoir réglementaire à la
Commission de police, on a intérêt que les règlements
soient les plus réalistes possible. (12 h 15)
Et de manière à avoir les règlements les plus
réalistes possible, tenant compte des vraies situations, il y a la
nécessité d'y ajouter l'inspection policière. Je pense
bien que ceux qui ont à faire l'inspection policière sont les
mieux habilités à faire les règlements les plus
réalistes possible pour améliorer la situation.
M. Forget: "There is order in this madness".
M. Bédard: II est évident qu'à un moment
donné, si nous allons au bout de l'autre direction, il faudra que non
seulement le pouvoir d'inspection, mais également pour être
logique et efficace le pouvoir réglementaire soit rapatrié
à la Direction générale de la sécurité
publique, avec le danger que cela peut représenter ou les tentations que
cela peut représenter d'intrusion au niveau de la gestion même des
corps policiers de la part des autorités gouvernementales. C'est un
danger.
M. Lalande: Je voudrais tout de même atténuer un
petit peu les prétentions du ministre là-dessus quand il
déclare que le fait que la Commission de police en fasse les
règles, cela lui permet justement de juger avec plus
d'efficacité, de connaître de plus près les
problèmes. Je voudrais atténuer un peu. C'est peut-être un
principe d'efficacité, mais ce n'est sûrement pas un principe
très démocratique, au fond, parce que ce serait remettre en
question toutes les cours de justice qui ne préparent quand même
pas les lois et qui les jugent, j'imagine, de façon assez bien. La seule
cho-
se que les cours de justice font, ce sont les règles de pratique
et puis là, on peut douter sérieusement de l'efficacité de
ces règles dans bien des cas. Je voudrais quand même
atténuer ce principe.
Au fait, il est sûr que les règlements colleront
peut-être plus à la réalité et on sera d'autant plus
au courant qu'on aura fait ces règles pour mieux les juger. Cependant,
il ne faudrait pas l'établir, à mon avis, en forme de principe et
dire que c'est la façon dont on devra fonctionner.
M. Bédard: Je ne pense pas avoir parlé ex cathedra.
J'ai parlé de relations assez normales, dont il faut tenir compte sur le
plan de l'efficacité.
M. Lalande: Oui, oui, sûrement.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va pour l'article 6?
M. Lalande: Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Article 6, adopté sur
division. C'est-à-dire que le nouvel article 6 est adopté sur
division. Article 7, sur lequel nous avons un autre amendement, ou un nouvel
article 7.
Code de discipline
M. Bédard: En fait, cet autre article, je pense que
l'élément majeur c'est de permettre à la Commission de
police d'étendre aux policiers municipaux le code de déontologie
qui sera applicable aux membres de la Sûreté du Québec.
M. Forget: Qu'est-ce qui pousse le ministre à vouloir
appliquer nécessairement un code de déontologie unique? Est-ce
que cela ne risque pas de produire une absence d'intérêt de la
part des municipalités à adopter leur propre code
d'éthique et à l'appliquer? Est-ce que ce n'est pas une
espèce de prise en charge par la Commission de police de fonctions
qui... parce qu'il y a une dimension de démocratie locale dans cette
question aussi. Les moeurs et les expectatives face au comportement de tous les
participants dans ces scénarios ne sont pas les mêmes à
Montréal de ce qu'ils sont dans certaines municipalités rurales,
ainsi de suite. Les moeurs sont différentes et les problèmes sont
différents.
Est-ce que c'est vraiment essentiel? Qui a vraiment fait pression pour
cela? Il ne me semble pas évident qu'il y ait eu une forte pression pour
pro-vincialiser un code d'éthique, pour qu'il y en ait un qui serve au
moins en l'absence d'une action appropriée par les municipalités
qui négligeraient de le faire ou de l'appliquer, d'appliquer le leur,
mais on écarte tout ce qui se fait même de valable, pour le
substituer à un code de déontologie provincial. Est-ce que c'est
indispensable?
M. Bédard: A l'heure actuelle, je pense que le but de cet
article est conditionné par l'évaluation de la situation
actuelle. Apart Montréal, il n'y a pas un corps policier qui a un code
de déontologie officiel.
M. Forget: Est-ce qu'actuellement ils sont obligés d'en
avoir un?
M. Bédard: Non, non, ils ne sont pas obligés d'en
avoir un.
M. Forget: Bien...
M. Bédard: Non mais...
M. Forget: ... c'est un peu pourquoi on se demandait pourquoi on
n'a pas inventé l'avion au 18e siècle.
M. Bédard: Je pense qu'il y a eu bien des débats en
Chambre disant qu'il serait approprié qu'il y ait un code de
déontologie et de discipline pour l'ensemble des policiers du
Québec.
M. Forget: On est unanime là-dessus. M. Bédard:
Bon! Alors?
M. Forget: Unanime pour qu'il y en ait un à chaque
endroit, mais que ce soit nécessairement le même partout, c'est
une notion entièrement différente.
M. Bédard: Uniformisé dans la mesure du possible
parce qu'il est bien clair qu'on ne peut pas comparer la réalité
de petits corps policiers avec, par exemple, l'ampleur du corps de police de la
Communauté urbaine de Montréal. C'est un minimum.
M. Forget: Je pense, par exemple, à...
M. Bédard: Quand on parle d'uniformiser, c'est
d'uniformiser un minimum de règles de déontologie ou de
discipline, qui peut s'appliquer à tous les policiers qui ont à
faire un travail qui est le même partout, à savoir assurer la
protection de l'ordre et la sécurité publique.
M. Forget: Nous pensons, par exemple, aux relations avec les
groupes des minorités raciales. On sait que cela s'est posé assez
tragiquement à la fois dans la région de Montréal et dans
la région de Toronto, soit dans le cas des Amérindiens, soit dans
le cas des Noirs. Les grandes villes, avec un pluralisme racial et culturel,
ont besoin de règles d'éthique, je pense, assez
détaillées relativement à cela. Je ne sais pas si ce sera
le cas pour la Sûreté du Québec. Etant donné qu'elle
n'a pas une responsabilité, dans le fond, quotidienne et
générale sur le territoire de la communauté urbaine, elle
peut être tentée de considérer que c'est un problème
parmi d'autres, mais pas un qui mérite une attention
particulière.
Si on fait des extensions comme cela à toutes les forces de
police, même des communautés urbaines, etc., et rien ne
l'interdit, d'un code
d'éthique qui est fait pour une situation générale,
ne risque-t-on pas, dans le fond, d'appauvrir ce que pourrait être un
code d'éthique qui serait mieux adapté? Je suis tout à
fait d'accord qu'on devrait exiger qu'il y ait un code d'éthique. Le
problème n'est pas là. Prenons, par exemple, la
réglementation professionnelle. On dit bien qu'il doit y avoir un code
de déontologie pour chaque corporation professionnelle, mais on ne dit
pas que c'est le même code qui va servir pour toutes les professions. On
dit que, si une profession négligeait d'en adopter un, l'Office des
professions pourrait le faire pour cette corporation professionnelle. Donc,
l'approche est tout à fait différente. Ici, l'approche, c'est que
personne n'est vraiment obligé et cela continue comme cela, aucune
municipalité n'est vraiment obligée d'avoir un code
d'éthique. Mais, en l'absence d'un code d'éthique et même
si elles en ont un, de toute façon, on peut décider
d'étendre à l'ensemble du Québec le code d'éthique
de la Sûreté du Québec.
M. Bédard: Le but de l'article, c'est de permettre
à la Commission de police d'étendre et...
M. Forget: Oui. On ne peut pas l'obliger. Cela veut dire
pratiquement "doit", dans le fond.
M. Bédard: ... je pense qu'il va de soi qu'elle doit tenir
compte des réalités différentes d'un corps de police
à l'autre, de la nature de certains corps de police par rapport à
d'autres.
M. Forget: Mais est-ce que son pouvoir n'est pas d'étendre
tout simplement le code d'éthique de la Sûreté du
Québec, énoncé par le directeur de la Sûreté
du Québec? Il me semblait que c'était un pouvoir d'étendre
le champ d'application à d'autres corps policiers, mais est-ce qu'il
peut le faire varier aussi?
M. Bédard: C'est cela. Ils peuvent varier selon
l'importance. Les éléments de b), c) et d) peuvent varier selon
l'importance.
M. Forget: C'est à l'article 47, je pense.
M. Bédard: Oui. "La commission peut également, par
règlement et après consultation des organismes municipaux et
représentatifs cela ne se fait pas comme cela
étendre l'application d'un règlement visé dans l'article
47a à l'ensemble ou à une partie des policiers municipaux du
Québec. Ce règlement peut prévoir que les
éléments visés dans les paragraphes c), d), e) de
l'article 47a peuvent varier selon l'importance des corps de police municipaux
et le nombre de policiers qu'ils comptent." Je pense qu'on tient compte du fait
que la réalité peut ne pas être la même d'un corps de
police à l'autre. Dans ce sens, on laisse une certaine latitude à
la Commission de police d'adapter des règles de déontologie avec
la réalité policière à laquelle ils ont à
faire face. Il me semble que cela donne toute la latitude possible.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Paragraphes c), d), e). Le code de déontologie
n'est pas... C'est clair que la classification et les échelles de
traitement, cela peut être varié, mais c'est l'ancien... C'est
parce qu'il y a un problème de concordance. C'est le nouvel article 57
des statuts refondus, si je comprends bien, qui permet de faire par
règlement un certain nombre de choses. Je comprends que le paragraphe
a)... J'essaie de me retrouver, ce n'est plus l'article 47, ni l'article
57...
M. Bédard: Habituellement, il n'y a pas de code...
L'article auquel on se réfère ici est nouveau, c'est 47a.
M. Forget: II est nouveau, c'est cela.
M. Lalande: C'est certain qu'on le retrouve dans...
M. Bédard: C'est l'article 24, page 9.
M. Forget: Oui, c'est cela.
M. Bédard: On remplace d'ailleurs l'article 47.
M. Forget: Regardez. Le paragraphe a), lui, n'est pas variable
par la Commission de police, si je comprends bien, "c) Constituer un
comité d'examen des plaintes, en déterminer les pouvoirs et la
composition et préciser le mode de nomination". Cela peut varier selon
les municipalités... "Constituer un comité de discipline,
déterminer les pouvoirs et la composition et préciser le mode de
nomination de ses membres". Cela peut varier. "Déterminer les
règles de procédure et de preuve applicables", cela aussi peut
varier. Mais le paragraphe a) de l'article 47, "Déterminer les devoirs
des cadets et des membres de la Sûreté de même que les actes
et omissions qui constituent des fautes disciplinaires", c'est le code de
discipline et il n'est pas mentionné à l'article 47 de l'article
7 comme étant des choses qui peuvent varier selon l'importance des corps
de police municipaux et le nombre de policiers qu'ils comptent.
M. Bédard: On dit aussi que la Commission de police...
M. Forget: Donc, c'est uniforme.
M. Bédard: ...peut étendre ce code à une
partie. Il faut oublier...
M. Forget: Oui, il peut étendre l'application à une
partie des policiers municipaux.
M. Bédard: Elle en a la possibilité, à une
partie des policiers municipaux du Québec ou à l'ensemble.
M. Forget: Mais elle ne peut pas étendre une partie
seulement des dispositions du code de déontologie. Elle l'étend
globalement, in toto.
M. Bédard: Oui.
M. Forget: La seule chose qui peut varier, ce sont les
règles de preuve, la formation du comité de discipline et la
forme de nomination des membres du comité de discipline. Je comprends
cela, mais supposons qu'on voudrait faire des règles
particulières par exemple pour le Grand-Nord, la municipalité de
la Baie James, où il y a des Indiens, etc., le problème de
l'intégration de forces policières autochtones, donc des
problèmes de déontologie particuliers que cela peut soulever. Je
ne sais pas, mais, conceptuellement, il y a certainement des comportements, des
règles d'une vision de l'éthique sociale qui doit être
différente dans ces milieux.
M. Bédard: Mais n'oublions pas que le code de
déontologie ou de discipline s'applique par rapport à un statut
qui est celui d'agent de la paix, qui est quand même le même pour
tout le monde, parce qu'on parle de déontologie et de discipline.
M. Forget: Oui, si on prend la vue que cela doit être
uniforme, c'est bien sûr que la logique est parfaite.
M. Bédard: C'est-à-dire que la fonction
elle-même d'agent de la paix est uniforme. Lorsqu'on parle de discipline,
lorsqu'on parle de déontologie, cela se réfère au statut
lui-même, qui est uniforme pour tous les agents de la paix au
Québec.
M. Forget: Ce qui veut dire que si la commission
décide...
M. Bédard: Je ne vois pas comment on pourrait
mettre...
M. Forget: ... de prendre le code de déontologie de la
Sûreté du Québec et de le rendre applicable aux policiers
ou à la SPCUM, le service de police de la CUM, ce sera son code de
déontologie.
M. Bédard: La CUM a déjà un code de
déontologie qui lui est propre.
M. Forget: Oui, mais est-ce que cette loi-là ne
prévaut pas sur la loi spéciale de la CUM? Non?
M. Bédard: Non.
M. Forget: Ce sera la Loi de la CUM même vis-à-vis
du code de déontologie.
M. Bédard: C'est cela.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que cela va pour
l'article 7? L'article 7 est adopté. L'article 8?
M. Lalande: Je m'excuse. A l'article 7, au paragraphe k), "La
commission peut également, par règlement et après
consultation des organismes municipaux...", qu'est-ce qu'il y a dans l'esprit
du ministre par "après consultation des organismes municipaux
représentatifs"?
M. Bédard: Cela rejoint le respect de l'autonomie...
M. Lalande: La préoccupation que nous avons...
M. Bédard: ... municipale qui exige au moins que les
autorités municipales soient consultées lorsque la Commission de
police entend étendre ou appliquer certaines règles de discipline
ou de déontologie...
M. Lalande: Evidemment, le ministre ne serait pas lié
par...
M. Bédard: ... qui lui permettent de tenir compte de la
situation.
M. Lalande: ... une représentation, par exemple, des
organismes municipaux?
M. Bédard: Non.
M. Lalande: II n'est quand même lié. C'est
simplement un rôle consultatif. D'accord.
M. Bédard: On dit bien qu'il s'agit de consultation.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 8, M. le
ministre.
M. Bédard: II y a un amendement.
Le Président (M. Bordeleau): Effectivement.
M. Bédard: En fait, cela reprend...
M. Forget: La concordance.
M. Bédard: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Bordeleau): Le nouvel article est-il
adopté?
M. Forget: Attendez un peu, M. le Président! Juste une
minute.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, M. le
député de Saint-Laurent. (12 h 30)
M. Forget: C'est parce qu'on vient de me donner une
réponse relativement à la CUM. A l'article 18a, on dit bien: "Un
règlement adopté en vertu de l'article 17 prévaut sur un
règlement municipal au même effet". Donc, un règlement
étendant le code de déontologie à la CUM
prévaudrait sur le code de déontologie de la CUM.
M. Bédard: Dans la loi de la CUM, il y a une disposition
particulière qui prévoit l'adoption d'un code de
déontologie par le conseil de sécurité publique. En soi,
ce n'est pas un règlement municipal.
M. Forget: Vous venez de définir "municipalité" au
début de la loi par des communautés urbaines. Evidemment, le
conseil de sécurité, je ne sais pas quel animal c'est exactement,
mais ce n'est pas intégré à la CUM comme tel. C'est
intégré à la CUM; cela émane de la CUM, c'est un
organisme de la communauté urbaine.
M. Bédard: Dans la loi, c'est le directeur qui soumet,
pour adoption, au conseil de sécurité publique et, ensuite, c'est
soumis au gouvernement pour approbation.
M. Forget: Cela devient un règlement du
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Bédard: C'est cela, sauf sur la recommandation du
conseil de sécurité publique.
M. Forget: D'accord.
M. Bédard: II y a des protections.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, l'article 8
amendé sera adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. L'article
9.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 9 est
adopté. L'article 10.
M. Bédard: L'amendement proposé vise
essentiellement à dissiper un doute en précisant que les pouvoirs
et l'immunité prévus s'étendent à toutes les
enquêtes tenues par la commission, non seulement à celles qu'elle
tient en vertu de la Loi de police. Je pense que cela va de soi.
M. Forget: D'accord.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 10 est-il
adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. L'article
11.
M. Bédard: L'article 11 propose d'encadrer davantage les
pouvoirs de perquisition de la Commission de police.
M. Forget: Tout à fait approprié.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté?
M. Forget: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 12.
M. Bédard: L'article 12 fait disparaître la
possibilité de perquisitionner sans mandat.
M. Forget: Adopté avec félicitations.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 12 est
adopté. L'article 13.
M. Bédard: Est-ce que nous pourrions avoir un petit
ajournement de 30 secondes.
Le Président (M. Bordeleau): L'audience est suspendue
pour...
M. Forget: M. le Président, est-ce que le ministre n'avait
pas dit qu'on arrêtait à 12 h 30?
Le Président (M. Bordeleau): Effectivement, c'était
ce qui était prévu. Il semble qu'on pourrait continuer
jusqu'à 13 heures.
M. Bédard: L'option que les leaders nous offrent, c'est de
continuer jusqu'à 14 heures si on pense qu'on va terminer
l'étude. Si ce n'est pas pour terminer, on reviendrait après la
période de questions.
Une Voix: Cela peut être long.
M. Bédard: Donc, ce soir. Le caucus peut siéger
ailleurs.
M. Dussault: Vous pourriez quand même continuer pendant que
le caucus se tient ailleurs.
M. Blank: Cela ne nous...
Le Président (M. Bordeleau): Alors, la séance est
suspendue pour quelques secondes.
On reprend les travaux, mais pour suspendre jusqu'à...
M. Bédard: C'est l'Assemblée nationale qui doit
nous en donner l'ordre.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va prendre un autre
mandat.
Alors, la séance est suspendue sine die.
Suspension de la séance à 12 h 35
Reprise de la séance à 17 h 39
Le Président (M. Bordeleau): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de la justice reprend ses travaux de la séance de
ce matin. Maintenant, à la demande du ministre, et du consentement
des
membres de la commission, on suspendrait les travaux, tout en
étant conscients que nous reprendrions nos travaux à la salle
81-A à 22 h 30.
M. Blank: A 22 h 30.
Une Voix: Adopté.
M. Blank: A 20 h 30. Anciennement, 8 h 30.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, à 20 h 30,
cela a plus de bon sens.
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Les travaux sont suspendus
jusqu'à 20 h 30.
Suspension de la séance à 17 h 40
Reprise de la séance à 20 h 46
Le Président (M. Bordeleau): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de la justice reprend ses travaux pour une
nouvelle séance.
Les membres de la commission pour cette séance sont: M. Marcoux
(Rimouski), M. Bédard (Chicoutimi); M. Lalande (Maisonneuve) remplace M.
Blank (Saint-Louis)... Non, M. Blank veut demeurer à la commission.
Une Voix: On ne lui fera pas l'insulte de le remplacer.
M. Blank: Même si je suis "blank", on peut me voir.
Le Président (M. Bordeleau): On oublie M. Lalande.
D'accord.
M. Charbonneau (Verchères), M. Godin (Mercier) remplace M. Clair
(Drummond); M. Fontaine (Nicolet-Yamaska); Mme LeBlanc-Bantey
(Iles-de-la-Madeleine) remplace M. Lacoste (Sainte-Anne); M. Forget
(Saint-Laurent) remplace M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys); M. Samson
(Rouyn-Noranda), M. Vaillancourt (Jonquière).
Les intervenants sont: M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe), M. Duhaime (Saint-Maurice), M. Lavigne (Beauharnois), M.
Léger (Lafontaine), M. Marois (Laporte); M. Picotte (Maskinongé)
à la place de M. Pagé (Portneuf).
M. Blank: ... M. Ciaccia, comme intervenant. M. Marx (D'Arcy
McGee) remplace M. Ciaccia.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. M. Marx (D'Arcy
McGee) remplace M. Ciaccia (Mont-Royal). Pour le reste, cela va.
Au moment de la suspension des travaux, ce matin, nous en étions
à l'article 13. L'article 12 a été adopté, nous en
étions à l'article 13. M. le ministre.
M. Bédard: A l'article 13, il y a un amendement qui est
purement une concordance. Dans le premier libellé, nous avions
oublié l'article 21 qui est également remplacé par
l'autre, et nous voulons simplement l'inclure.
L'article se lisait: L'article 21d de ladite loi, édicté
par l'article 2 du chapitre 16 des lois de 1972, est remplacé par le
suivant... Il faut lire également l'article 21d et 21e.
Le Président (M. Bordeleau): L'amendement à
l'article 13 sera-t-il adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Le nouvel article 13, tel
qu'amendé, adopté? Adopté. L'article 14.
M. Bédard: A l'article 14, essentiellement, l'amendement,
on a eu l'occasion de vous le dire en deuxième lecture...
M. Forget: Nous ne l'avons pas dans notre cahier
d'amendements.
M. Blank: Nous n'avons pas l'amendement ici. M. Bédard:
Non, non, je m'excuse. Le Président (M. Bordeleau): L'article
14... M. Forget: Ah! le projet de loi.
M. Bédard: Le projet de loi, qui est effectivement un
amendement des articles déjà existants, parce que les autres, ce
sont des suramendements. L'amendement en question accorderait une meilleure
protection aux personnes appelées à témoigner devant la
Commission de police lorsqu'elle tient des enquêtes sur le crime
organisé. Ces personnes seraient protégées, sans qu'elles
aient à le demander, contre toute déclaration incriminante.
Autrement dit, ipso facto, la protection de la cour est accordée
à ces personnes qui, souvent, ne sont pas au courant de tous leurs
droits et ne peuvent donc... Cependant, il y a des obstacles d'ordre
constitutionnel qui nous empêchent d'accorder cette protection devant les
tribunaux relevant de la compétence fédérale. Pour assurer
la meilleure protection possible, la loi créerait l'obligation, pour les
commissaires, d'informer un témoin de son droit de requérir la
protection prévue par la Loi de la preuve du Canada.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va, article 14?
M. Forget: M. le Président?
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: En deuxième lecture, j'ai fait l'observation
que les protections auxquelles nous applaudissons, bien sûr, mais je
reviendrai là-
dessus, parce que j'ai également dit qu'il me semblait qu'il y
avait un grand élément d'arbitraire ou de discrétion dans
l'exercice de ces protections pour les personnes mises en cause par une
commission d'enquête. Mais je veux laisser ça pour un autre
moment.
Il reste que le champ d'application des articles 14, 15 et suivants, qui
incorporent ces protections pour les personnes mises en cause, ne s'applique
que dans le cas de l'ancien article 19, qui est maintenant l'article 20 des
statuts révisés, c'est-à-dire dans les commissions
relatives aux activités d'une organisation ou d'un réseau, les
enquêtes relatives au crime organisé.
Dans certains mémoires, on a exprimé la même
préoccupation que celle que j'ai exprimée moi-même en
deuxième lecture, à savoir comment se fait-il que l'on ne donne
pas, dans les enquêtes sur les activités policières ou les
autres enquêtes couvertes par l'article suivant, dans la Loi de la
Commission de police, la même protection pour les personnes mises en
cause?
Par exemple, supposons qu'on se plaigne de la conduite d'un policier.
Celui-ci, dans sa défense, donne des explications qui mettent en cause
soit des collègues, soit d'autres corps policiers, soit des
supérieurs. Ces personnes qui sont mises en cause, qui ne sont
formellement accusées de rien devraient, selon l'opinion de ceux qui se
sont exprimés là-dessus, et me semble-t-il qu'ils ont raison,
pouvoir intervenir, contre-interroger, par exemple, la personne ou demander
à la commission d'être entendues elles-mêmes. Comment se
fait-il qu'on limite aussi étroitement des protections qui semblent des
protections pratiquement de droit naturel?
M. Bédard: J'ai écouté avec beaucoup
d'attention les propos du député de Saint-Laurent, lors de la
deuxième lecture, qui, essentiellement j'espère l'avoir
bien interprété souhaitait que les règles que nous
édictions, l'essentiel des amendements que nous apportions, comme ceci
augmente la protection des droits et libertés individuels, que cette
direction-là s'oriente vers d'autres sortes d'enquêtes qui sont
cependant régies par la Loi des commissions d'enquêtes.
Une Voix: ... plus large que cela.
M. Bédard: Exactement, élargir... Cependant, j'ai
la même préoccupation, je ne dirai pas que j'ai tous les
éléments en main qui me permettent d'être très
catégorique, mais il est certain que ce n'est pas via la Loi de police
qu'on peut corriger certaines situations qui devraient l'être, mais c'est
plutôt par des amendements qu'on devrait apporter au niveau de la Loi des
commissions d'enquête.
Je n'irai pas jusqu'à dire que notre idée est faite au
point d'être capables de légiférer dans un délai que
je pourrais mentionner, mais, du point de vue pratique, ce n'est pas via le
projet de loi que nous avons à étudier qu'il est indiqué
de procéder dans cette direction-là.
M. Forget: Le ministre a raison, M. le Président; nous ne
sommes pas en train d'étudier un amendement à la Loi des
commissions d'enquête. Cependant si un remède
général avait été trouvé par ce
moyen-là, on se serait exempté la peine de faire un amendement
à cette loi-ci. Disons que c'est une question hypothétique. Mais,
si on regarde seulement la loi qui est devant nous, il reste que la Commission
de police est autorisée à faire deux types d'enquêtes: les
enquêtes en vertu de l'article 20 si je prends les statuts
révisés qui sont devant moi et relativement à ces
enquêtes-là on apporte un remède, et les enquêtes
relativement à l'article 21, mais relativement à celles-là
on n'apporte pas de remède. Il me semblerait que les mêmes
règles pourraient jouer. Je comprends qu'il y a eu
énormément d'attention et de pression de certains milieux, y
compris le Barreau, en particulier le Barreau, mais aussi de certains groupes
qui défendent les droits fondamentaux des personnes, relativement
à ce qui s'est passé devant la CECO. Il est bien clair que c'est
surtout là que le problème s'est posé, mais il n'y a pas
de différence de nature entre le genre de problèmes qui s'est
posé devant la CECO et le genre de problèmes qui a pu se poser
à l'occasion, mais qui peut, de toute façon, à l'avenir,
à tout moment, se poser quant aux enquêtes faites en vertu de
l'article 21.
Il me semblerait que, tant qu'à être parti avec un bon
naturel et un bon mouvement, comme il s'agit seulement d'insérer
l'article 19 et l'article 20 c'est seulement deux petits mots, cela
n'est pas très coûteux cela pourrait régler des
problèmes. Dans cet ordre d'idées, est-ce que ce n'est pas
possible de l'envisager tout de suite?
M. Bédard: Je pense qu'on se comprend. Je ne crois pas
qu'il serait indiqué c'est ce que me disent les légistes
qui sont autour de moi de faire les correctifs dont on parle, autrement
dit de toucher à la Loi des commissions d'enquête. Je pense qu'on
s'entend sur ce côté?
M. Forget: Sur les commissions d'enquête, je suis tout
à fait d'accord. Cela, c'est d'un côté.
M. Bédard: Sur les enquêtes visées par
l'ancien article 20, en principe, je n'ai pas d'objection; ces personnes ont
certains privilèges qui leur sont reconnus en vertu de l'article 22
concernant les immunités auxquelles elles ont droit. Mais je reconnais
qu'elles ne bénéficient pas de l'amélioration qui est
apportée par le paragraphe a) de l'article 22, c'est-à-dire
on est tout mêlé dans les numéros parce qu'il y en a
tellement l'article 15 du présent projet de loi. Je ne le dis pas
comme cela pour le plaisir de le dire: nous y avions même pensé et
nous étions orientés vers la rédaction d'un amendement qui
apporterait une correction dans ce sens.
M. Forget: Excellent, parce qu'il y a des
références à l'article 19 dans le fond, dans l'article 14
du projet de loi, dans l'article 15 du projet de loi qui modifie l'article 22c
et dans l'article 16 égale-
ment. Si je comprends bien, le ministre, chaque fois qu'il y a une
référence à l'article 19, dirait l'article 19 et l'article
20.
M. Bédard: Notre amendement se lirait comme suit:
"L'article 14 du projet est modifié en supprimant, à la
première ligne du premier alinéa du texte qui est proposé,
les mots "dans le cas d'une enquête visée par l'article 19".
L'article 15 du projet est modifié; a) en supprimant, à la
première ligne de l'article 22a proposé, les mots "visée
dans l'article 19"; b) en remplaçant les deux premières lignes du
deuxième alinéa de l'article 22b proposé par le texte
suivant: "La commission peut, notamment, tenir une partie de ses enquêtes
à huis clos si elle l'estime".
M. Forget: Cela va bien. M. Bédard: Cela va?
M. Forget: Cela va bien. C'est dans l'article 14 et il y a
concordance dans les autres. Je remercie le ministre pour cette
libéralisation et cet élargissement.
Le Président (M. Bordeleau): L'amendement à
l'article 14 sera-t-il adopté? (21 heures)
M. Forget: Oui, adopté, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord.
M. Bédard: C'est une question qu'on pouvait se poser, mais
je suis convaincu que cela n'amènera pas la Commission de police
à s'orienter d'une façon trop assidue vers le huis clos.
M. Forget: Vous faites allusion à l'article 22b?
M. Bédard: C'est évident que c'est toujours
délicat, ce genre d'enquêtes. Maintenant, d'un autre
côté, il y a la population qui demande que cela se fasse avec le
plus de transparence possible, tout en se faisant dans le respect des droits et
je suis convaincu que les deux impératifs peuvent se concilier avec
beaucoup de bonne volonté.
M. Forget: M. le Président, si je comprends bien,
l'article 14 est adopté?
Le Président (M. Bordeleau): Alors, l'article 14 tel
qu'amendé est adopté.
M. Forget: Sur l'article 15, M. le Président, il n'y a pas
d'amendement?
M. Bédard: Sauf que je l'ai modifié d'avance par
l'amendement que je viens de proposer parce que j'ai donné une extension
aux propos tenus en deuxième lecture.
M. Forget: Alors, il faudrait adopter cet amendement à
l'article 15.
Le Président (M. Bordeleau): II faudrait adopter d'abord
l'amendement à l'article 15, tel que proposé. Alors, l'amendement
sera-t-il adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Et le nouvel article 15 tel
qu'amendé?
M. Forget: Là-dessus, il va y avoir une petite discussion,
M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: II y a ici des droits que l'on confère pour la
première fois à des personnes qui sont mises en cause. Il y a une
périphrase qui est plus longue que cela mais, pour éviter de la
répéter, c'est "une personne dont le nom ou les activités
ont été mentionnés au cours d'une audience publique."
Disons qu'on emploie l'expression une personne mise en cause. On prévoit
que la commission puisse l'autoriser à témoigner ou à y
produire des témoins "pour expliquer sa conduite ou rapporter un fait de
nature à éclairer la commission." Cela va très bien. On
autorise "un témoin qui s'estime lésé à la suite de
son propre témoignage à témoigner de nouveau et à
produire des témoins et c) on autorise l'interrogatoire d'un
témoin par son avocat ou le contre-interrogatoire d'un témoin par
l'avocat d'une personne" mise en cause.
Mes remarques s'appliquent, dans le fond, au paragraphe a) et au
paragraphe b) parce que le reste de cet article qualifie passablement les
droits qu'on vient de reconnaître. Ce ne sont pas des droits stricts. Une
personne qui est mise en cause dans une audience publique n'a pas
véritablement le droit d'exiger d'être entendue, ni n'a-t-elle le
droit de contre-interroger immédiatement la personne dont le
témoignage l'a mise en cause. Au contraire, dans l'avant-dernier
alinéa de l'article 22a, on impose des barrières assez
significatives en exigeant qu'une demande soit "faite par écrit et
qu'elle indique les raisons pour lesquelles l'autorisation doit être
accordée, ainsi que, le cas échéant, les noms et les
prétentions des témoins que la personne entend produire. " Les
noms et les prétentions; cela veut dire qu'on a besoin de toute une
argumentation, de toute une plaidoirie en quelque sorte écrite qui est
soumise à la commission. Cette plaidoirie est prise en
délibéré présumément, cela peut être
le cas, de sorte que, d'abord, la permission peut être refusée,
car ce n'est pas un droit strict et, entre le moment où une personne est
mise en cause et le moment où elle a l'occasion de corriger des faits,
il peut s'écouler une semaine, un mois, deux mois, trois mois. En fait,
il n'y a pas de limite de temps.
On sait que ces commissions, souvent, fonctionnent avec un entourage de
publicité considérable. M. Untel, qui est présenté
plus ou moins comme un caïd de la pègre locale, va dire: "J'ai
rencontré M. Untel tous les jours pendant deux mois". Mais, si M.
Untel veut dire: "Je ne l'ai jamais vu et je peux démontrer que je ne le
connais pas, etc.", s'il n'est entendu que trois ou quatre mois après, a
vraiment souffert un dommage. Ce sont ces situations qu'on veut
prévenir.
M. Bédard: Ce sont des situations qui peuvent arriver,
j'en conviens, qui n'arrivent heureusement pas trop souvent puisque, la plupart
du temps, les enquêtes publiques sont précédées de
certaines enquêtes à huis clos qui permettent
d'évaluer...
M. Forget: Oui, mais cela ne prévient pas les personnes
mises en cause.
M. Bédard: Oui, cela ne prévient pas toujours les
personnes mises en cause. Amoins d'être pris par surprise, cela peut
permettre, par exemple, de corriger très rapidement des choses. Je ne
veux pas mentionner de cas particuliers, mais, dans certaines enquêtes de
la CECO qui se sont produites, des personnes ont été
mentionnées et on a pu constater que, sans même que la personne
dont le nom a été mentionné soit entendue, la CECO a
trouvé le moyen très rapidement, dans les journaux, presque
simultanément, de rendre témoignage de la non-implication de
certaines personnes qui pouvaient être mentionnées. Pour autant
qu'ils ont, naturellement, la preuve pour se permettre de dire publiquement
que, même si certains noms sont mentionnés, cela ne doit en aucune
façon porter préjudice à la réputation de ces gens,
ils sont en mesure, dès qu'ils se sont prononcés, via leur
enquête, de faire les rectifications qui sont nécessaires. Mais il
arrive des situations surprises.
M. Forget: Mais là le ministre de la Justice fait allusion
à des cas où il n'y a pas de problème, dans le fond.
M. Bédard: Oui, j'ai commencé en disant: II arrive
des cas-problèmes.
M. Forget: Oui, c'est cela. Si vraiment c'était toujours
le cas, on n'aurait même pas besoin de considérer cet amendement.
Evidemment, il faut faire des distinctions. Le droit de demander de faire
entendre des témoins qui ne sont pas devant la commission, qui doivent
être convoqués, etc., cela je pense que cela demande d'être
considéré et d'être présenté de façon
systématique. Mais, quand un témoin est devant la commission et
qu'une personne a des raisons de croire qu'elle va être mise en cause,
pourquoi ne permettrions-nous pas, comme question de droit strict, qu'une
personne, qui est présente et même représentée par
un procureur à ce moment devant la commission d'enquête, puisse
immédiatement, par une requête verbale pas une
requête écrite avec des motifs et le résumé du
témoignage, etc. au tribunal, demander le droit de
contre-interroger le témoin, de manière à faire ressortir
des contradictions ou des faiblesses dans le témoignage de
manière à atténuer, dès le moment où il est
prononcé, un témoignage qui porte atteinte à sa
réputation?
Je pense qu'il faudrait faire une distinction entre cette situation,
encore une fois, et l'autre situation où une personne mise en cause
demande de faire entendre quelqu'un qui n'est même pas présent
devant la commission. Là, c'est une autre enquête ou c'est un
supplément d'enquête et je pourrais imaginer que la
procédure soit peut-être un peu plus complète à ce
moment. Mais quand les gens sont sur place, quand ils sont mis en cause,
pourquoi ne pas simplifier et donner un droit strict à la commission?
Dans les cas où il faut faire entendre des témoins, où la
personne mise en cause veut elle-même témoigner, peu importe, n'y
aurait-il pas lieu de baliser cela un peu plus clairement pour que cela ne soit
pas une matière de pure discrétion pour la commission?
Actuellement, si la commission dit non, avec cette rédaction, il n'y a
vraiment aucun recours. Enfin, il y a peut-être des recours
d'évocation, oui, mais des recours d'évocation, finalement, pas
sur le fond de la décision.
M. Bédard: A ce moment-là, c'est public, c'est
connu, il y a des recours. Tel qu'on l'a dit, il y a des cas-problèmes,
mais il y a aussi une autre réalité qu'il ne faut pas mettre de
côté, c'est le danger que certaines personnes, par l'utilisation
de certains moyens, trouvent la possibilité de bloquer presque des
enquêtes sur le crime organisé. Des mesures de diversion, cela
existe.
Ce n'est pas le milieu, on le sait tous, qui a le plus de
répugnance concernant l'utilisation des moyens de diversion. Ce n'est
pas facile de baliser cela, mais je pense qu'à partir du moment
où ceux qui ont la responsabilité de ces enquêtes sont
quand même des juges...
M. Blank: Oui, des enquêtes, mais pas des inquisitions. Je
pense que le ministre confond; c'est simplement une enquête, pas une
inquisition. Il y a une grande différence. Dans l'enquête, on doit
protéger le public des témoins, des personnes visées, pas
seulement ceux qui, de l'avis de la commission, peuvent profiter de cette
affaire. Cela doit être plus que cela.
M. Bédard: On a dit qu'il y avait des
cas-problèmes, mais la lutte contre le crime organisé, ce n'est
pas une lutte facile. Tout en prenant le plus de précautions possible,
ce n'est pas une lutte qui peut être couronnée de succès en
donnant toutes les possibilités au milieu de la pègre d'utiliser
les moyens de diversion qu'ils veulent, de retarder indûment des
procédures qui se doivent d'aboutir. A un moment donné, il faut
quand même exercer, tout en ayant une grande prudence, un certain
degré de confiance envers les commissaires qui, effectivement je pense,
n'ont pas intérêt à salir impunément qui que ce
soit.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, pour avoir assisté
longtemps à des séances de la commission d'enquête sur le
crime organisé, il y a un élément qu'on oublie facilement,
c'est le revers de la médaille, l'effet d'intimidation qui peut se
produire quand un témoin est appelé, dénonce des individus
qui pourraient être dans la salle pourtoutes sortes de raisons ou parce
qu'ils auraient été avertis. Non seulement il devrait donner son
témoignage devant ces gens, mais ces gens pourraient venir, par la
suite, tenter de le démolir. J'en ai trop vu, de gens qui ont finalement
essayé de manoeuvrer avec la commission d'enquête, pour penser
qu'il n'y a pas des dangers à ce que le député de
Saint-Laurent affirme.
D'autre part, il faut peut-être faire la distinction entre les
droits et libertés individuels sur papier et dans la
réalité. Ce qu'on oublie souvent, ce sont les victimes. J'en ai
vu, des gens qui ont témoigné à la Commission
d'enquête sur le crime organisé et ce qu'ils
dénonçaient permettait de corriger un certain nombre
d'injustices, permettait de libérer des gens de l'emprise de certains
personnages. Si on ne tient pas compte de cela, on pourra mettre toujours les
droits et libertés individuels sur papier, mais cela ne donnera pas
grand-chose dans la réalité du monde en vie.
M. Blank: Qui va décider cela? C'est la loi qui va
décider cela.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Saint-Louis.
M. Charbonneau: Ce sont les commissaires.
M. Blank: C'est la loi qu'on a votée pour définir
certaines libertés. On ne peut pas la mettre de côté parce
qu'on pense que, peut-être, des gens seraient visés.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bédard: On admet tous que c'est un sujet assez
délicat. Tant mieux si c'était possible de dire qu'on a toutes
les solutions qui règlent les problèmes d'un bord et de l'autre.
On sait qu'il y a à baliser, en fait, entre, d'une part, un grand
respect pour les droits et libertés individuels et, d'autre part, la
nécessité de lutter contre le crime organisé. Je pense
qu'on ne lutte jamais assez contre le crime organisé parce que, quand on
regarde les effets du crime organisé, cela brusque ou cela annihile bien
des droits individuels.
M. Marx: Je pense qu'il y a un problème, c'est qu'on a
déjà lutté conre le crime organisé sans avoir des
commissions d'enquête. On veut protéger les libertés des
Québécois tout en faisant des enquêtes, mais il y a un
équilibre. Où est-ce qu'on trouve l'équilibre?
M. Bédard: C'est cela, il y a un équilibre qui
n'est pas...
M. Marx: Je pense que ce que mon collègue veut dire, c'est
qu'il ne faut pas déséquilibrer l'affaire. Le problème
ici, c'est l'équilibre; c'est difficile de l'atteindre.
M. Bédard: C'est, d'ailleurs, dans ce sens que je prends
les propos de votre collègue. Il arrive manifestement qu'on est à
même de constater que certaines enquêtes ne peuvent
déboucher si on n'emploie que les moyens usuels et qu'on se doit
d'employer des moyens plus péremptoires si on veut vraiment arriver
à démembrer certains réseaux du crime organisé. (21
h 15)
On a vu, par expérience, des réseaux qui existaient depuis
un certain temps, qu'il était presque impossible de démembrer si
on ne prend que le moyen de l'enquête policière usuelle.
M. Marx: Est-ce qu'il y a moins de crime organisé depuis
qu'on a ces commissions d'enquête? Est-ce qu'on a vraiment moins de crime
organisé depuis qu'on a instauré ce système
d'enquêtes? C'est cela, ma question.
M. Charbonneau: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): A l'ordre, s'il vous
plaît, tout le monde! Je voudrais juste vous rappeler, M. le ministre
aussi, que, pour permettre que tout le monde se comprenne bien, que tout le
monde ait le droit de parler en temps et lieu, il faudrait peut-être que
vous me demandiez la parole. C'est pour permettre d'alterner un peu et que
chacun puisse parler à son tour. Alors, j'ai reconnu le
député de Verchères.
M. Blank: Et moi?
Le Président (M. Bordeleau): Bon, c'est parce que c'est
votre collègue qui a pris la parole à votre place; c'est pour
cela.
M. Blank: Mon collègue, c'est séparé de
moi.
Le Président (M. Bordeleau): C'est vous qui aviez la
parole et c'est lui qui vous l'a prise. De toute façon, le
député de Verchères et, après cela, M. le
député de Saint-Louis.
M. Charbonneau: En toute humilité, je pense
connaître cela un peu, le crime organisé. On pose la question:
Est-ce qu'il y a moins de crime organisé? Il faudrait peut-être,
d'abord, en arriver à la définition du crime organisé.
M. Blank: Très bonne question.
M. Charbonneau: Moi, j'ai toujours dit que crime organisé,
c'est un mot qui ne voulait rien dire. Quand on parle de crime organisé,
on parle finalement de la criminalité du milieu de la pègre. La
pègre, c'est une réalité, c'est un monde; c'est un milieu
de criminels professionnels. Certains fonctionnent seuls, plusieurs
fonctionnent en associations parfois temporaires, d'autres sont plus
permanentes. Il est important d'avoir un moyen extraordinaire de lutter contre
ces associations parce que, justement, le Code criminel, outre le crime de
conspiration, ne prévoit pas et ne tient pas compte de cette
réalité qui existe, la criminalité d'associa-
tions permanentes. Et quand on pose la question: Est-ce qu'il y a moins
de crime organisé, ce n'est pas le problème.
Il y a des associations de malfaiteurs qui existent d'une façon
temporaire et, parfois, d'une façon permanente. Quand vous parlez de la
mafia, vous parlez d'une association permanente qui a ses hauts et ses bas
comme n'importe quelle organisation. Ce qui est important, c'est de faire en
sorte que, dans notre société, ces associations de malfaiteurs,
ces organisations criminelles n'arrivent pas à prendre une importance
telle que, par exemple, dans un petit village, des motards réussissent
à faire peur au chef de police, au maire et à tout le monde pour
faire en sorte que c'est une loi de terreur qu'on impose. Il faut faire en
sorte que ces associations n'arrivent pas à prendre l'importance
qu'elles avaient à Montréal il y a une vingtaines d'années
au point où on contrôlait l'appareil politique et peut-être
aussi une bonne partie de l'appareil politique provincial.
Quand on analyse la performance de la Commission d'enquête sur le
crime organisé, ce n'est pas en fonction de: Est-ce qu'on a
éliminé le crime organisé? C'est: Est-ce qu'on a
éliminé ou surtout réduit l'importance et l'influence d'un
certain nombre de personnages du milieu criminel dans notre
société? Je pense qu'on peut dire, pour un certain nombre
d'individus, qu'on a, au cours des dernières années,
réduit leurs activités, pertubé considérablement le
fonctionnement de leurs organisations.
Prenons juste un exemple; cela fait longtemps que, dans les journaux au
Québec, on n'a pas entendu parler de la mafia à Montréal.
Elle existe encore; on n'a pas éliminé l'organisation de la mafia
à Montréal, mais il y a un sacré problème
d'organisation à l'intérieur de la mafia depuis quelques
années. Pourquoi? Notamment à cause du travail de la Commission
d'enquête sur le crime organisé. Les gens qui pensent que, parce
qu'on n'en parle plus, elle n'existe plus ou parce qu'on ne parle plus de
certains autres gangs qui ont fait l'objet d'enquêtes devant la CECO, ces
gens n'existent plus et n'opèrent plus au Québec, se font des
illusions.
M. Forget: C'est ce que nous disions.
M. Charbonneau: Ce qui est important, ce n'est pas de les faire
disparaître. Ce sont des gens qui conspirent continuellement, ce sont des
criminels professionnels. Ils se lèvent le matin et la seule chose
qu'ils pensent, c'est comment ils vont faire de l'argent illégalement.
Ils se couchent le soir en faisant la même chose. Comment on lutte contre
ces gens? Est-ce que vous pensez à éliminer ces gens? La seule
façon de les éliminer, c'est de prendre la méthode un peu
radicale que certains proposent et je pense que ce n'est pas le genre de
société qu'on veut. Apartir du moment où vous acceptez que
ces gens continuent d'exister et que vous ne pouvez pas continuellement
ramasser le genre de preuves qui permettraient à la
société de les inculper et de les mettre à l'ombre pour un
cer- tain temps, il faut que vous vous donniez les moyens pour perturber le
plus possible le fonctionnement de leurs organisations pour faire en sorte que
cesse l'emprise que ces organisations ont sur certaines personnes, certains
groupes de la société.
Par exemple, la CECO a réussi à libérer de
l'emprise d'un gang de motards de Bellechasse, je crois, un village entier. Il
n'y a peut-être pas beaucoup de gens qui sont aujourd'hui derrière
les barreaux, mais le monde de ce village, aujourd'hui, vit en paix alors que,
dans le temps, le chef de police et le maire avaient eu la chienne. C'est la
réalité du crime organisé.
M. Blank: Vous avez un autre article de la loi que vous amendez
aujourd'hui pour régler...
M. Charbonneau: Ce n'est pas le crime organisé, je
m'excuse...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Saint-Louis, je vous donnerai la parole tantôt, vous me l'avez
demandée mais, pour le moment, c'est le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Je m'excuse mais la définition du crime
organisé, ce n'est pas juste la haute pègre. La pègre,
c'est un milieu, comme le milieu de la politique, où il y a des gangs,
des organisations, comme, dans le milieu politique, il y a des associations, il
y a des partis politiques. C'est cela le monde de la pègre.
Peut-être qu'on devrait parler plutôt d'une enquête presque
permanente sur le milieu de la pègre au Québec. Parce que les
mots "crime organisé", cela ne veut rien dire.
Le Président (M. Bordeleau): Bien, M. le
député de Verchères. M. le député de
Saint-Louis, à moins que le ministre ait une réponse ou un
commentaire.
M. Bédard: Le député de D'Arcy McGee
semblait avoir trouvé la question embêtante en me demandant:
Est-ce que les commissions d'enquête font en sorte que le crime
organisé diminue? Je ne pense pas que cela puisse s'évaluer comme
cela, si on veut être honnêtes entre nous, parce que je pourrais
vous retourner la question: Si elles n'étaient pas là,
êtes-vous capable de m'assurer que le crime organisé ne serait pas
plus florissant? Vous n'êtes pas capable de me l'assurer, comme moi, je
ne peux pas jouer dans les statistiques avec ce genre de problème. Je
sais une chose: dans n'importe lequel domaine, comme dans le crime
organisé, si on le combat et qu'on emploie le plus de moyens possible
à le combattre, on a des chances d'avoir plus de résultats que si
on ne fait rien. Il me semble que cela va de soi. Faire quelque chose et
cela j'en suis conscient cela ne veut pas dire faire n'importe quoi.
C'est pourquoi, je vais vous le dire, ce n'est pas pour rien... Je vois devant
moi, à part le député de D'Arcy McGee, des figures qui
représentent l'Opposition officielle qui sont là depuis quelques
an-
nées, qui, effectivement, ont dû avoir ce même genre
de préoccupations qu'ils nous reconnaissent aujourd'hui, qui auraient pu
être en mesure de faire les changements ou les améliorations, au
moins, que nous apportons aujourd'hui, mais qui ne les ont pas apportés.
Je ne porte pas de jugement parce que chaque époque peut avoir...
M. Marx: Je ne suis pas responsable pour le passé de
mes...
M. Bédard: Je n'ai même pas parlé de
péchés de ceux qui vous ont précédé.
M. Blank: M. le Président, je n'ai rien à faire
avec...
M. Fontaine: Ils ont tous les mains nettes.
M. Forget: Je ne peux pas vous dire ce qui s'est passé au
Conseil des ministres, vous le savez.
M. Bédard: Je n'emploie pas cet argument
méchamment, parce que je n'ai porté aucune accusation. C'est
simplement pour essayer de réaliser ensemble qu'il y a certaines
améliorations qu'on doit apporter. Il y a des fois où cela prend
pas mal de temps avant de se décider à apporter ces
améliorations. D'autre part, il faut prendre garde d'aller à un
rythme tel que vous enlevez des moyens qui sont extrêmement importants
dans la lutte contre le crime organisé. Alors, il y a une balance des
avantages et des inconvénients qui doit être faite. Je pense que
les améliorations que nous apportons sont significatives. Je ne me
refuse pas à réfléchir sur d'autres améliorations
qui pourraient être apportées, mais après en avoir
discuté de long en large et à maintes reprises avec l'ensemble
des membres de la Commission de police, les commissaires, je...
M. Marx: Vous avez les pleins pouvoirs toujours.
M. Bédard: Je ne serais pas prêt à vous dire
cela. La meilleure preuve, M. le député de D'Arcy McGee, c'est
que la loi n'est pas adoptée et que déjà certaines
améliorations que nous apportons, même si elles ne sont pas lois,
ont déjà été appliquées par le juge Dionne,
entre autres. Je pense que ces gens sont là pour essayer, en ayant comme
objectif vraiment de lutter contre le crime organisé, tout en sachant
qu'ils ont entre les mains des moyens qu'il faut utiliser avec beaucoup de
précautions.
C'est pour cela que dans les amendements dont nous parlons, il y a quand
même des balises. Prenez l'article 15, où on dit: "Une demande est
faite par écrit et elle indique les raisons pour lesquelles
l'autorisation doit être accordée..." C'est pour prévoir ce
qui pourrait être des opérations de diversion de la part du milieu
de la pègre. Il y a certaines conditions qui sont imposées.
L'article continue en disant: "...ainsi que, le cas échéant, les
noms et les prétentions des témoins que la personne entend
produire". Il faut lire l'autre paragraphe aussi: "Cette demande est entendue
publiquement, à moins que le requérant ne demande ou que la
commission n'ordonne qu'elle soit présentée à huis clos.
Si la demande est accueillie, la commission peut exiger que la preuve soit
recueillie à huis clos afin d'en vérifier la pertinence..." C'est
important pour voir... Vous permettez, je vais terminer rapidement, je
m'excuse, c'est peut-être long. Cela va résumer un peu ma
pensée et peut-être ce pour quoi nous allons dans le sens de
l'amélioration, ce pour quoi nous y allons prudemment aussi, en ayant
toujours à l'esprit de ne pas, pour présenter patte blanche, en
arriver au résultat qu'on enlève tous les moyens de lutter
peut-être plus efficacement dans certains cas contre certains types de
crimes. Il me semble qu'avec ces balises et ces protections dont nous entourons
la demande, l'audition, etc., si des commissaires, d'une façon indue,
incorrecte et injustifiée, refusaient des demandes, très vite ce
serait à leur discrédit. Je pense qu'ils utilisent ce moyen qui
est entouré de certaines précautions et je crois que les
commissaires ont à coeur, tout en étant efficaces, de le faire en
respectant le plus possible l'ensemble des droits.
M. Blank: Je veux dire quelques mots sur un autre aspect du
même article. Le député de Saint-Laurent couvrait la
question des personnes qui étaient mentionnées, qui veulent
apporter des témoignages, témoigner. Le témoin
lui-même qui est dans la boîte, en public, pour deux jours a le
droit d'être assisté par un avocat, mais l'avocat, quel pouvoir
a-t-il? Il ne peut même pas poser des questions à son propre
client après deux jours de témoignage, à moins qu'il ne
fasse une requête par écrit...
M. Bédard: Mais non, lisez l'article, on apporte des
amendements, "c) autoriser l'interrogatoire d'un témoin par son avocat
ou le contre-interrogatoire d'un témoin par l'avocat d'une personne dont
le nom ou les activités ont été mentionnés par ce
témoin ou l'avocat de ce dernier, si elle estime que cet interrogatoire
ou que ce contre-interrogatoire permet de mieux servir les fins poursuivies par
l'enquête".
M. Blank: Oui, mais après cela vous dites qu'il devra
faire une demande par écrit pour avoir ce privilège.
M. Bédard: Non, écoutez, je vous ai dit tout
à l'heure qu'il faut essayer de baliser, d'une part, certaines
protections et, d'autre part, l'efficacité de la lutte contre le crime
organisé, prévenir la diversion qui pourrait être faite par
certains milieux et je pense que...
M. Blank: Oui, mais les diversions dont vous parlez peuvent faire
venir une vingtaine de témoins pour essayer de faire quelque chose. Je
ne parle pas de cela du tout. On me prend dans la boîte, je
témoigne pendant deux jours. Mon avocat à côté,
après deux jours d'interrogatoire, a deux ou trois questions qu'il veut
me poser pour donner un éclairage sur l'affaire. Il n'a pas le droit
de
poser des questions avant qu'il ait fait une demande écrite. Cela
pourrait être un mois après et tout le monde me voit dans la
boîte depuis deux jours.
M. Bédard: Mais non, cette demande est entendue
publiquement.
M. Blank: Mais quand? Par écrit.
M. Forget: II faut d'abord la rédiger par
écrit.
M. Bédard: Franchement, il y a des choses qui peuvent se
faire très rapidement. Votre exemple du témoin...
M. Blank: Ce n'est pas l'accusé, c'est le
témoin.
M. Bédard: Une minute, il ne faut pas exagérer. Je
suis pour la prudence, essayer de baliser des choses mais les
exagérations... Quand un témoin est durant deux jours dans la
boîte, qu'il a son avocat à côté de lui, cela fait
longtemps que c'est possible, parce qu'il se fait une idée avant la fin
de l'interrogatoire à savoir s'il veut l'interroger ou pas, s'il veut
faire la demande à la commission pour l'interroger ou pas. Il
peut...
M. Blank: Pourquoi n'a-t-il pas le droit absolu de le faire? (21
h 30)
M. Bédard: Ce ne sont pas toujours les mêmes cas.
Dans le cas dont vous parlez, si cela fait deux jours que votre client est dans
la boîte, cela fait longtemps que vous vous êtes formé une
idée si vous voulez le contre-interroger ou si vous voulez faire une
demande. Et cette demande peut être préparée, donnée
sur place aux commissaires et les commissaires jugeront...
M. Blank: Mais quand vient le jugement.
M. Bédard: ... de l'opportunité, à savoir
s'ils doivent donner suite ou pas à la demande.
M. Blank: Pourquoi moi, comme son avocat, n'ai pas le droit
absolu de décider quelles questions on veut lui poser si elles sont
pertinentes à la cause? Si la question n'est pas pertinente, le juge
peut m'arrêter, cela n'a rien à faire avec la cause, il peut
m'arrêter. Cela arrive dans toutes les causes comme cela.
M. Marx: Oui mais l'idée, M. le ministre, c'est pire que
d'être accusé que d'être témoin dans une affaire
comme celle-là.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
D'Arcy McGee, j'avais déjà reconnu le député de
Verchères, je peux vous reconnaître après.
M. Charbonneau: En fait, M. le Président, je pense... Je
peux le laisser aller.
Le Président (M. Bordeleau): II s'agit simplement de
parler un à la fois, ce n'est pas plus grave que cela.
M. Charbonneau: M. le Président, j'ai vu fonctionner la
commission à plusieurs reprises et il y a des avocats qui, séance
tenante, ont demandé un ajournement de la commission, ont
présenté leur demande à la commission. La commission a
déjà permis, en l'espace de quelques minutes, aux avocats soit de
contre-interroger ou encore de donner leurs questions au procureur de la
commission pour qu'il les pose. Les compléments d'information qu'on
voulait apporter, on les a apportés dans l'espace de quelques minutes,
le temps de demander à la commission sur les lieux...
M. Blank: C'est un privilège mais pas un droit.
M. Charbonneau: C'est un droit, c'est reconnu...
M. Forget: Non, sur demande et aux conditions qu'elle fixe.
M. Charbonneau: C'est une enquête que la commission fait.
Elle cherche à établir un certain nombre de faits. Ce n'est pas
un tribunal d'exception. Trouvez-nous une façon de réduire
l'importance de ces groupes criminels dans la société autrement
que de les placer souvent sur les...
M. Blank: On ne peut pas prendre tous ces gars, les tuer et c'est
fini l'affaire, pas besoin.
M. Charbonneau: Oui, mais je vais vous dire une chose, à
New York il y avait des défenseurs des droits et libertés
individuels...
M. Bédard: Des moyens du genre de l'ayatollah.
M. Charbonneau: Mais, l'envers de la médaille, il y avait
la Ligue de défense des droits des Italos-Américains à New
York qui était contrôlée Joe Columbo, qui était un
des chefs de la mafia new-yorkaise. Les droits et libertés, oui,
c'était tellement beau que ceux qui les défendaient les premiers,
c'était ceux qui avaient intérêt à ce que,
justement, les services d'ordre et les commissions d'enquête aient le
moins de pouvoirs possible. On en faisait un plat dans les journaux, on faisait
des déclarations sur les droits et libertés individuels et les
premiers qui faisaient ces déclarations c'étaient les plus grands
bandits que l'Amérique pouvait porter. Il ne faut toujours bien pas
être niaiseux.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Je pense que le problème c'est que le gars dans
la boîte pendant deux jours, il est à la télévision
deux jours, il fait les manchettes pendant deux jours et peut-être la
demande sera accordée trois jours plus tard, une semaine plus tard, une
fois que les manchettes sont publiées, une fois qu'il a
été vu à la télévision pendant deux jours.
C'est déjà arrivé; c'est pourquoi je pense
que je député de Saint-Louis demande que ce soit un droit
et non un privilège. C'est que l'avocat ait le droit d'interroger. Si
vous êtes d'accord pour dire que la demande sera accordée,
même le député de Verchères a dit que souvent c'est
accordé tout de suite, si c'est comme cela toujours pourquoi...
M. Charbonneau: Parce que c'était pertinent à
l'enquête et c'était la commission qui jugeait parce...
M. Blank: M. l'avocat pose une question et, si cela n'est pas
pertinent, le juge va l'arrêter; c'est comme cela qu'il faut qu'il
procède.
M. Marx: Si c'est un privilège qui est toujours
accordé, on peut l'entériner dans la loi et faire de ce
privilège un droit. C'est déjà arrivé à
Montréal; les gens étaient entre guillemets
"diffamés" à la télévision pendant une semaine et
la contre-interrogation peut arriver une ou deux semaines plus tard. C'est trop
tard. C'est sur le moment...
M. Bédard: Je ne veux pas juger le passé plus qu'il
ne le faut mais je pense que vous avez été à même de
constater que la CECO, depuis deux ou trois ans, débouche rapidement sur
des plaintes qui sont portées pas un an, deux ans, trois ans
après dès que les audiences publiques sont
terminées et cela...
M. Blank: Les gens sont toujours acquittés.
M. Bédard: Franchement, vous dites n'importe quoi, si vous
voulez en faire le genre de débat...
Une Voix: A Sorel, qu'est-ce qu'il est arrivé?
M. Charbonneau: ... a été acquitté que tout
le monde a été acquitté.
M. Blank: Chacune de ces plaintes a été
rejetée.
M. Bédard: Si vous voulez en faire le genre de
débat politique...
M. Blank: II y a eu le cas de... qui a été
condamné.
M. Charbonneau: Son influence dans la région de Sorel a
diminué aussi.
M. Blank: Peut-être oui, je ne connais pas le gars du tout.
Est-ce que le ministre...
M. Bédard: Si vous voulez en faire un débat
partisan...
M. Blank: Ce n'est pas partisan. Il s'agit des
libertés...
M. Bédard: II ne faut pas charrier. Vous, qui voulez vous
faire le défenseur des droits et libertés vous devriez savoir que
c'est votre gouvernement qui a mis sur pied la CECO avec un ministre de la
Justice qui était du gouvernement dont vous faisiez partie. On essaie
d'améliorer...
M. Blank: Depuis trois ans que vous améliorez? Si
c'était apparent autant que cela, pourquoi trois ans?
M. Bédard: Trois ans? M. Blank: Oui, trois ans.
M. Bédard: Vous avez l'air d'oublier les années qui
ont suivi le temps où la CECO a été mise en place et
où il se faisait le plus de télévision, où se
faisaient, d'une façon systématique peut-être, les
exagérations dont vous parlez...
M. Blank: A ce moment, c'était l'enquête du vrai
crime organisé, pas de petites patates comme maintenant.
M. Bédard: Si vous voulez parler tout seul, M. le
député de Saint-Louis, parlez tout seul. Il y a un bout à
dire des bribes de phrases; on sait que c'est un sujet délicat, on
essaie de baliser les avantages et les inconvénients tout en
ayant...
M. Blank: Pas sûr...
M. Bédard: Voulez-vous parler tout seul? Parlez.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: M. le ministre, quels sont les inconvénients de
prévoir que c'est un droit au deuxième paragraphe? Au lieu de
dire une demande, on dirait: II a le droit de le faire. Est-ce qu'il y a des
inconvénients, c'est cela...
M. Bédard: Oui, il y en a des inconvénients,
justement...
M. Marx: Quels sont les inconvénients?
M. Bédard: Justement pour prévenir des moyens de
diversion de la part du crime organisé, qui peut avoir
intérêt à y aller avec un genre de diversion qui ne
satisfait pas les besoins ou les objectifs de l'enquête. Je pense que les
commissaires qui sont là sont en mesure souvent cela se fait
publiquement d'évaluer rapidement s'il y a lieu de
procéder tout de suite, de donner suite à la demande
immédiatement ou d'y donner suite un peu plus tard parce qu'ils ont
autant, je pense, à coeur l'objectif que leur enquête ne soit pas
une enquête de salissage mais une enquête qui, effectivement,
rejoint des buts.
M. Marx: C'est cela le problème, ils vont avoir la
discrétion de permettre le salissage de quelqu'un ou de ne pas le
permettre. Il y a cela aussi, c'est cela l'aspect. S'ils peuvent refuser des
demandes
pour des raisons que vous avez données, et je comprends bien
cela, ils ont la discrétion de les refuser ou de les accorder, il n'y a
pas de contrôle sur cette discrétion. Si, comme cela a
été dit par le député de Verchères, cela
était toujours ou presque toujours accordé, pourquoi ne pas le
mettre dans la loi?
M. Charbonneau: II y a une nuance que vous avez oubliée,
M. le député de D'Arcy McGee. Quand cela a été
accordé, les questions d'abord ont été posées
à huis clos devant les commissaires, qui ont pu évaluer les
réponses du témoin et voir si ces réponses elles aussi ne
portaient pas à diffamation. L'avocat d'un truand ou d'un témoin
qui se retrouve devant la CECO et qui lui-même a été
impliqué dans un certain nombre de crimes pourrait peut-être,
surtout si ce n'est pas vérifié avant, comme le reste de
l'interrogatoire a été vérifié avant à huis
clos, lui aussi de prendre son bout de contre-interrogatoire et lancer à
peu près n'importe quoi. Pourquoi, alors que tout le reste de
l'interrogatoire est toujours précédé d'un interrogatoire
à huis clos où on peut vérifier tous les faits? Tous les
faits sont, en règle générale, vérifiés dans
la mesure du possible. Et c'est pour cela qu'il y a toujours des
interrogatoires à huis clos. Il n'y a jamais eu, à ma
connaissance, des interrogatoires publics de la Commission d'enquête sur
le crime organisé qui n'ont été
précédés des mêmes interrogatoires à huis
clos. Or, le problème et le danger c'est que vous auriez un
témoin en public qui aurait donné son témoignage à
huis clos; la commission lui pose des questions, sait très bien en bonne
partie ce qu'il va répondre et un moment donné vous avez son
avocat qui lui fait dire des choses qui n'ont pas été
vérifiées par la commission d'enquête. On n'a pas pu
affecter des enquêteurs pour aller vérifier si les faits, si les
dénonciations, si les contre-dénonciations de l'individu sont
exacts ou si ce n'est pas un tas de diffamations pour essayer d'enlever le
"focus" sur ce qu'ils viennent de dire pour le mettre sur autre chose.
M. Marx: Je pense que vous comprenez le problème.
M. Bédard: Je le comprends et, quand on en discute d'une
façon posée, je pense que je suis...
M. Marx: Parce que je pense qu'on veut protéger les
mêmes droits et je ne vois pas qu'il y ait une différence
entre...
M. Bédard: Exactement, tout en sachant qu'il y a d'autres
considérations aussi dont il faut tenir compte, je pense qu'on oublie,
justement, par rapport aux questions qui viennent d'être posées,
trop souvent le fait que les audiences publiques sont
précédées toujours d'audiences à huis clos qui
permettent aux commissaires d'avoir non seulement une partie du problème
mais d'avoir la connaissance de l'ensemble de la situation. Les cas surprises,
parce qu'il peut y en avoir, qui n'ont pu être prévus par le huis
clos sont quand même très restreints et je pense que, lorsque ces
cas se présentent, la commission use de son jugement pour accorder avec
célérité la demande qui peut être faite. Je ne veux
pas me faire le défenseur outre mesure d'un moyen exceptionnel
d'enquête mais je suis conscient que si on veut véritablement
lutter contre le crime organisé, embêter l'ensemble de la machine
du crime organisé, à certains moments, il faut employer des
moyens exceptionnels tout en le faisant avec beaucoup de prudence.
M. Marx: Ce n'est pas...
M. Bédard: Je crois que les commissaires ont les
mêmes préoccupations que nous pouvons avoir. Je ne pars pas du
principe que les commissaires sont des gens qui cherchent des têtes pour
le plaisir d'en chercher, je ne crois pas.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre. M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Je suis en grande
partie d'accord avec le côté ministériel pour une fois. Je
pense qu'il ne faut quand même pas essayer de trouver des moyens pour
empêcher que les enquêtes puissent se faire et qu'elles soient
bloquées de façon systématique par des gens qui auraient
intérêt à ce qu'elles ne fonctionnent pas. Maintenant, il y
aurait peut-être des accommodements à essayer de trouver pour
qu'il y ait le moins d'injustice possible parce qu'il est possible qu'il y ait
des gens qui soient mentionnés dans ces enquêtes, et on l'a
déjà vu, sans qu'ils aient affaire en fin de compte à un
crime quelconque. Je ne suis pas tellement familier avec ce genre
d'enquête mais est-ce qu'il n'y aurait pas possibilité de
prévoir qu'au niveau du huis clos la personne qui est interrogée,
qui peut être assistée d'un avocat, pourrait à ce moment
avoir un droit de produire des témoins et de contre-interroger les
témoins qui sont là?
M. Bédard: Elle a le droit. A l'article 14, dernier
paragraphe: "Un témoin ainsi qu'une personne qui fait une demande
prévue par l'article 22a ou qui est entendue en audition privée
ont droit d'être assistés d'un avocat."
M. Fontaine: Cela ne veut rien dire. Si l'avocat est assis
à côté du témoin, cela ne donne pas grand-chose. Il
faut lui donner le droit de contre-interroger ou de faire une preuve qui irait
à l'encontre de celle qui est faite devant la commission.
M. Charbonneau: Un avocat qui assiste, qu'est-ce qu'il fait?
M. Blank: Oui mais c'est limité après par l'article
15.
M. Forget: Oui mais l'article 15 ne dit-il pas que ces droits
s'appliquent seulement dans le cas des audiences publiques? L'article est
libellé en
termes tout à fait généraux, et cela vaut
également pour les audiences à huis clos. Même à
huis clos, l'avocat ne peut rien dire à moins de présenter une
demande écrite.
M. Fontaine: C'est cela, si le ministre, comme il l'a dit
tantôt, dit qu'il y a intérêt à ce que la commission
connaisse l'ensemble de la situation à huis clos avant qu'elle ne soit
présentée en public, il y aurait certainement
intérêt à ce que les personnes qui sont appelées
à aller témoigner et qui peuvent être assistées d'un
avocat aient un droit reconnu dans la loi de faire entendre les témoins
ou de contre-interroger. A ce moment, cela se ferait à huis clos;
ensuite, de façon publique, on pourrait garder le même
système.
M. Bédard: Enfin, je peux le prendre en
considération parce que j'ai comme préoccupation dans tous les
amendements que j'ai apportés d'améliorer la situation, je le dis
très sincèrement. Je le fais avec prudence en pensant quand
même à l'ensemble des éléments dont il faut tenir
compte, d'une part les droits individuels, d'autre part l'efficacité de
la lutte contre le crime organisé. (21 h 45)
M. Marx: Si c'est contre?
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Si c'est contre, les avocats vont "staller", comme on
dit, l'affaire. Mais il y a toutes sortes de façons de "staller"
l'affaire. On ne dit pas qu'on ne permettra pas des brefs d'évocation le
cas échéant parce qu'on ne veut pas que les gens fassent de
tergiversation. Il faut équilibrer cela; qu'est-ce qui est plus
important? Qu'on protège des gens peut-être innocents ou qu'on
laisse aux commissaires de décider qui on va protéger et qui on
ne protégera pas et quand? C'est cela.
M. Bédard: Comme vous le dites, il y a toujours le pouvoir
d'évocation. D'une façon générale, vous faisiez
allusion à ce pouvoir et...
M. Marx: Qu'on protège les droits.
M. Bédard: Je vais le prendre en considération.
M. Marx: C'est évident qu'on protège les droits de
la personne, les commissions vont avoir moins de pouvoir, cela c'est
évident. C'est à vous de décider qu'est-ce que vous voulez
protéger davantage dans cet article.
M. Bédard: Je ne crois pas que ce soit sous cet angle, je
pense que personne ici présent autour de la table ne veut faire des
représentations dans le sens de diminuer l'efficacité dans la
lutte contre le crime organisé. Je pense que tout le monde est conscient
aussi qu'on n'y va pas d'amendements comme cela sur le bout de la table dans
des sujets aussi délicats. Personnelle- ment, je crois, depuis
déjà 1972 que la CECO fonctionne...
M. Marx: Oui mais, ce droit était demandé souvent
depuis des années. Vous n'avez qu'à lire la page cinq du Devoir,
on a vu des articles quelquefois...
M. Bédard: Comme vous le dites, c'était
demandé depuis des années, je ne crois pas que mon
prédécesseur ou mes prédécesseurs, depuis 1972,
aient eu d'autres préoccupations...
M. Marx: Je pense que c'était votre devoir de rectifier
les erreurs de l'ancien gouvernement et non pas de les continuer.
M. Bédard: II me semble que c'est facilement dit, mais les
corrections, ce n'est pas aussi facile de les faire que cela.
M. Marx: Cette modification qu'on demande c'est de ne pas rendre
impossible le travail de la commission.
M. Bédard: Pas impossible, mais si vous la rendez
tellement difficile qu'elle devient inefficace. Je sais que cela ne rend pas
impossible mais j'ai déjà vu et il y a des exemples, autant comme
autant, d'avocats qui, si vous leur donnez ce droit d'interroger tant qu'ils le
désirent, vont trouver le moyen, à chaque témoin,
d'interroger des deux jours et des trois jours de temps. Ce ne sont pas des
exemples qui se présentent rarement quand des avocats veulent
interroger. Les avocats, c'est leur droit d'interroger. Tout ce que j'essaie de
vous dire c'est qu'il y a une balise et vous le savez, vous le dites
vous-même, M. le député de D'Arcy McGee. A la suggestion du
député de Nicolet-Yamaska, j'ai dit que je prendrais cela en
considération. Je ne crois pas que c'est quelque chose que je peux
changer sur le bout de la table comme cela avec un amendement.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Si c'est fait à huis clos, on ne pourra pas
dire qu'on va interroger des jours de temps parce que la commission a seulement
à dire: "Je suis suffisamment informée" et c'est fini. C'est elle
qui mène l'enquête.
M. Bédard: Quand vous êtes devant un tribunal...
M. Fontaine: Ce n'est pas un tribunal, c'est une commission
d'enquête.
M. Bédard: Une commission d'enquête régie
quand même par des règles de droit qui sont très strictes,
une seconde, pas des commissions d'enquête qui ont le droit de faire
n'importe quoi.
M. Fontaine: Au niveau du huis clos, elle est maîtresse de
la procédure.
M. Bédard: Elle n'a pas le droit de faire n'importe quoi,
même au niveau du huis clos. Si des personnes se sentent
lésées, il y a des recours pour des personnes qui peuvent se
sentir lésées, ne l'oublions pas, parce que lorsque les
interrogatoires se font à huis clos, ils ne se font pas en public.
L'aspect diffamation dont vous parlez etc. n'existe pas, et les
témoins qui pensent avoir été lésés dans un
interrogatoire ont toute la latitude possible pour prendre les moyens qu'ils
croient indiqués pour essayer de corriger la situation.
M. Fontaine: Pas s'ils ne peuvent pas présenter une
contre-preuve.
M. Bédard: Nous ne sommes pas devant le public à ce
moment, c'est bien différent.
M. Fontaine: Non, mais cela empêcherait, par exemple, que
des preuves qui ne devraient pas être faites publiquement le soient.
M. Charbonneau: Cela se fait actuellement. A ma connaissance, la
commission, quand elle entend des gens à huis clos... Je peux vous
donner pas des noms, mais des cas célèbres où on a ouvert
d'autres enquêtes à la suite des révélations d'un
témoin qui disait: Là, vous m'avez interrogé, vous m'avez
posé un certain nombre de questions, j'ai maintenant des choses à
vous dire pour me disculper, d'une part, et en même temps pour vous
montrer que vous n'avez peut-être pas regardé à la bonne
place. Dans ce sens, la commission a pris note des informations qu'on lui avait
données, elle n'a pas interdit aux gens de témoigner et d'essayer
d'expliquer leur comportement ou de donner d'autres informations. En plus de
cela, ces gens étaient assistés d'avocats, et quand on dit
assistés d'avocats, ce ne sont pas des spectateurs, les avocats, ce sont
des participants; ils posent des questions de droit, ils interviennent au nom
de leur client.
M. Fontaine: Ils n'ont pas le droit de l'interroger.
M. Bédard: C'est en ayant présentes à
l'esprit ces interrogatons très légitimes que non seulement les
membres de l'Opposition se posent mais également les membres du
côté ministériel que, d'une part, on a apporté
certains amendements qui sont de nature, je crois, à améliorer la
situation. Quant à la CECO, je l'ai déjà dit, il n'est pas
question d'en faire une institution permanente qui aurait le danger de se
fonctionnariser rapidement, danger d'aller surtout dans des enquêtes dans
toutes les directions simplement en ayant la préoccupation de demeurer,
de continuer d'exister. C'est pour cela que, récemment, j'ai fait nommer
un juge coordonnateur qui est en mesure d'évaluer les enquêtes qui
se font, qui est en mesure de mieux conseiller les autorités politiques
sur l'à-propos ou non de faire certaines enquêtes. J'ai cru bon
aussi de faire en sorte que, main- tenant, on procède avec des bancs
distincts en fonction de mandats précis pour une durée de temps
précise aussi, pour que cela vienne à se terminer, autrement dit.
Je sais que toutes ces améliorations ne donnent pas l'impression que la
CECO n'est pas permanente parce que régulièrement il y a des
bancs qui sont en place et qui fonctionnent. Mais on essaie que ces bancs
fonctionnent à partir de critères qui me semblent plus rigoureux
que ceux qui existaient auparavant.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Une chose est certaine, M. le Président,
c'est que, bien sûr, la loi ne satisfait pas ceux qui veulent que la
commission d'enquête disparaisse et qu'il n'y ait plus de ce genre
d'enquête, cela c'est sûr. Je ne dis pas que c'est
nécessairement cela que vous cherchez avant tout. Dans les articles dont
vous parliez, M. le député, beaucoup de ces gens ont
demandé que la commission disparaisse, notamment des avocats de
témoins. Personnellement, je vais me faire un défenseur
acharné de l'existence et du maintien de ce type de moyen pour lutter
contre le crime organisé.
M. Marx: Le débat porte sur une question, c'est
très simple. Si on veut protéger les droits et libertés de
la personne, cela va toujours rendre plus difficile le travail du policier.
M. Charbonneau: Est-ce qu'on est d'accord que les droits et
libertés de la personne ce ne sont pas seulement ceux des témoins
ou des personnes nommées, que c'est aussi ceux des victimes?
M. Marx: Je suis d'accord à 100%, il faut protéger
les deux. Mais ici, tout ce qu'on veut, c'est que l'interrogatoire des
témoins par l'avocat soit un droit. Si on me dit, comme cela a
été dit, que ce droit sera toujours accordé, qu'on le
mette dans la loi. Si on dit, d'autre part, qu'il y a des avocats qui abusent,
les commissaires ne permettront pas à ces avocats d'interroger leurs
témoins. Cela veut dire que c'est six d'une ou une demi-douzaine de
l'autre. Personnellement, je pense que mettre cela comme un droit dans la loi
n'empêcherait pas la police de fonctionner d'une façon efficace.
C'est une question d'opinion, peut-être pas une question
vérifiable.
M. Bédard: Je pense que c'est une question d'opinion.
C'est la question d'essayer de baliser le mieux possible les avantages et les
inconvénients. Nous nous sommes engagés, je pense que c'est
évident, par le projet de loi, dans une direction. Nous le faisons
prudemment, parce que si, d'une part, nous avons la préoccupation de la
protection des droits et libertés individuels, nous avons aussi la
préoccupation que la lutte contre le crime organisé soit la plus
efficace possible. C'est dans ce sens et je pense pouvoir le dire
très correctement que je prends en considération les
représentations qui ont été faites de part et
d'autre, et la représentation très précise aussi du
député de Nicolet-Yamaska. Je pense aussi que vous comprendrez
que ce n'est pas sur le coin de la table que, d'une façon responsable,
je peux régler tous les problèmes.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Saint-Louis.
M. Blank: Selon la suggestion du député de
Verchères, il y a des gens qui veulent éliminer la CECO, mais le
ministre, dans ses remarques, dit qu'il veut faire des banques ici et
là, cela veut dire l'élimination de la CECO et peut-être
doit-on l'éliminer. J'ai ici un éditorial de la Gazette du 7
décembre 1979, où on dit que, lorsqu'on a établi la CECO,
c'était pour essayer de régler les cas des gros canons du crime
organisé, la mafia, comme on l'appelle, ou le "brotherhood", je ne sais
quoi. Maintenant, ces gens sont rendus dans un autre domaine, celui des
"motorcycle gangs", le crime organisé. Vous avez l'article 19 dans la
loi on y reviendra dans quelques minutes qui règle ce
problème. S'il y a vraiment un scandale... Je vais lire les deux
derniers paragraphes de cet éditorial: "If any scandal is exceptional
enough to warrant an inquiry with such exceptional power, such an inquiry
should be established from scratch as was with the Keable probe into police
activities and the Malouf inquiry into Olympic costs." "The time and
inconvenience of setting up an inquiry and hiring staff is more likely to
inhibit abusive use of this power than is the existence of a standing
inquisition which can be pointed at whatever target the government of the day
finds interesting."
Ce sont les deux dernières choses. On ne dit pas qu'on va
éliminer les enquêtes s'il y a quelque chose de majeur dans le
crime organisé; mais pour aller chercher un gang de motards qui a
terrorisé un village, l'article 19 dit maintenant que, à un
moment donné, le Procureur général ou la
Sûreté du Québec peut prendre le contrôle de la
police de ce village pour régler l'affaire. On n'a pas besoin d'une
"standing" enquête pour faire cela.
M. Bédard: Vous n'avez vraiment pas la connaissance de la
situation.
M. Blank: Mais lisez-le.
M. Bédard: Plutôt que de lire et de faire de la
littérature, il y a aussi...
M. Blank: Expliquez-moi, je suis prêt à
l'entendre.
M. Bédard: Je peux vous expliquer très facilement
que des corps policiers ont tout fait pour essayer de mettre fin aux
activités de clubs de motards ou de gangs organisés et qu'ils
n'ont jamais été capables de le faire. Cela ne veut pas dire
qu'ils n'étaient pas bien disposés et qu'ils ne voulaient pas en
arriver à des résultats concrets. La CECO a pu le faire parce
que, justement, elle a certains moyens qui lui permettent d'être plus
efficace dans certains cas que ne le sont les voies plus normales.
M. Blank: La Sûreté du Québec n'avait pas ces
pouvoirs?
M. Bédard: Non, elle n'avait pas ces pouvoirs.
M. Blank: II y a quelque chose qui n'est pas bon, dans ce cas. Il
y a d'autres pays, d'autres provinces au Canada, d'autres Etats aux Etats-Unis
qui avaient des problèmes avec des motards et qui ont
réglé cela avec les corps policiers. (22 heures)
M. Bédard: C'est trop facile, vous le savez. Je pense que
le député de Saint-Louis le sait très bien, c'est trop
facile de dire: Ailleurs, on a réglé cela, ailleurs; c'est trop
facile de dire cela. Amenez-moi donc des preuves qu'ailleurs, ils ont tout
réglé, amenez-moi aussi les preuves des choses qu'ils n'ont pas
réglées, c'est trop facile de faire des affirmations gratuites
comme cela.
M. Blank: Je demande: Est-ce qu'il y a d'autres commissions
d'enquête semblables dans les autres provinces du Canada?
M. Bédard: Ce que je vous dis, je ne suis pas le seul
à le dire; bien d'autres ministres de la Justice qui m'ont
précédé ont été à même de
constater que cela pouvait être très efficace dans certains cas
où des enquêtes policières, par les moyens usuels, ne
pouvaient pas réussir. Je pense que les ministres de la Justice qui
m'ont précédé avaient les mêmes dispositions, non
pas pour brimer les droits et libertés individuels, mais pour les
respecter tout en étant efficaces par rapport à la lutte contre
le crime organisé. Ce n'est pas facile de baliser. Il y a eu des essais,
prenez le projet de loi 41 qui a été déposé par
votre gouvernement et qui n'a pas été adopté. Il a
essayé de baliser, il prévoyait, à l'article 30, qu'une
personne dont le nom et les activités ont été
mentionnés au cours d'une audience publique peut demander au commissaire
l'autorisation de témoigner à l'enquête et d'y produire des
témoins pour expliquer sa conduite ou rapporter un fait de nature
à éclairer les commissaires et lui rendre justice; il permettait.
D'autre part, il balisait cette possibilité ou cette plus grande
facilité par un autre article qui était l'article 40. L'article
40 disait: "Si une personne appelle d'une décision des commissaires ou
de l'un d'eux..." Dans un premier temps, il donne la permission, mais dans un
deuxième temps, c'est balisé par un autre article qui dit: "Si
une personne appelle d'une décision des commissaires ou de l'un d'eux ou
exerce tout autre recours ayant pour effet de retarder, d'entraver ou de
suspendre le déroulement de l'enquête, le tribunal saisi de
l'appel ou du recours, s'il le rejette, peut, de sa propre initiative"; ce
n'est pas moi qui l'ai rédigé, c'est le projet de loi 41 par le
gouvernement libéral qui...
M. Blank: C'est la Cour supérieure, pas la CECO.
M. Bédard: Bien non, attendez... M. Blank: Quel
intérêt...
M. Bédard: Vous avez l'air de vouloir m'em-pêcher de
vous dire ce qui en est. Je ne le ferai pas en essayant de faire une charge
contre le Parti libéral du temps ou quoi que ce soit; tout ce que
j'essaie de vous faire comprendre et je pense que vous le comprenez, à
moins que vous ne vouliez...
M. Blank: Je pourrais voter sur l'article.
M. Bédard: ... à moins que vous ne vouliez
indûment poursuivre les débats.
M. Blank: Je suis prêt à voter.
M. Bédard: L'article en question... Vous me permettez
juste de terminer mon intervention? Quand on essaie de baliser, des fois, on
tombe dans un autre extrême qui était le suivant. L'article 40
disait: "Si une personne appelle d'une décision des commissaires ou de
l'un d'eux ou exerce tout autre recours ayant pour effet de retarder,
d'entraver ou de suspendre le déroulement de l'enquête, le
tribunal saisi de l'appel ou du recours, s'il le rejette, peut, de sa propre
initiative ou à la demande des commissaires, déclarer l'appel ou
le recours abusif ou dilatoire. La déclaration rend la personne coupable
d'outrage au tribunal et passible d'une amende qui ne peut être
inférieure à $25 000 et d'un emprisonnement qui ne peut
être inférieur à trois mois ainsi que du paiement de tous
les frais résultant de l'appel ou du recours".
M. Blank: C'est la Cour supérieure qui fait cela.
M. Bédard: Nous nous sommes inscrits en faux contre cela
lorsque nous étions dans l'Opposition...
M. Blank: Et aujourd'hui?
M. Bédard: Au contraire, nous n'arrivons pas avec un moyen
comme celui-là. Ce n'est pas vrai parce que ce serait abusif. Ce que je
vous dis, c'est que nous essayons d'y aller dans le sens d'une
amélioration, tout en étant prudents sur les améliorations
apportées, c'est tout.
Le Président (M. Bordeleau): J'avais reconnu M. le
député de Verchères; tout de suite après.
M. Charbonneau: M. le Président, d'abord, je pense que le
ministre nous disait qu'il fallait être prudent pour ne pas arriver avec
des amendements sur le coin de la table; je pense que la loi propose des
amendements par rapport à la situation actuelle. Il n'y a personne de la
commission qui peut nous conseiller et nous expliquer comment cela fonctionne.
Je préfère qu'on utilise les amendements qui sont
déjà une amélioration par rapport à ce qui existe
et, si c'est nécessaire, on y reviendra. Mais je pense que moi, en tout
cas...
M. Marx: On reviendra.
M. Charbonneau: Ne vous cassez pas la tête, ne vendez pas
la peau de l'ours avant de l'avoir tué.
M. Bédard: Tu t'en allais vers une victoire et, dans
l'espace d'un mois, tout a changé, M. Carter est parti de 30% et est
monté à 61%.
M. Charbonneau: Parfois, les ayatollahs ont de grandes
surprises.
M. Forget: En attendant, on s'excuse d'être là,
mais, qu'est-ce que vous voulez, on ne peut pas accepter toutes les lois comme
venant de...
M. Charbonneau: Nous ne sommes pas non plus obligés
d'accepter toutes vos remarques.
M. Forget: Vous n'en acceptez aucune, alors ne vous en faites
pas.
M. Charbonneau: Vous avez l'air frustré. Vous avez l'air
frustré.
M. Forget: Vraiment! Il ne faut pas charrier. On vous entend
depuis le début nous déclamer des choses, qu'il faut absolument
donner tous les pouvoirs aux commissions d'enquête. Quant à cela,
on perd notre temps.
M. Charbonneau: Oui, mais j'ai une balle dans le bras. La CECO,
je connais cela un peu. Je vais vous dire une affaire. Je vais me battre encore
pour que cette commission existe...
M. Forget: Cela fait quatre fois que vous le dites.
M. Charbonneau: ... et continue de faire les efforts qu'elle a
faits au cours des dernières années. Je rends hommage aux
ministres de la Justice sous votre gouvernement qui ont créé la
commission et qui l'ont appuyée, malgré un certain nombre de
ministres et de députés de votre parti qui leur rendaient la vie
pas mal difficile. Compte tenu de tout ce qui s'est passé, je pense que
la commission a eu de bons résultats. Elle n'a pas eu le résultat
de faire disparaître... Mais c'est un mythe qu'on a voulu créer.
On évaluait la performance selon quelque chose qui n'existait pas et qui
n'existerait pas. Si on s'imaginait que la commission d'enquête sur le
crime organisé au Québec ferait disparaître cette
réalité, on s'illusionnait et on s'illusionne encore. On part
d'un faux principe chaque fois qu'on fait des analyses de la CECO. Quant
à la structure, je peux vous dire que celle qu'il y a actuellement est
une structure qui permet à un juge coordonnateur...
M. Marcoux: Le député de Maisonneuve et moi sommes
d'accord pour l'adopter.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, mais, M. le
député de Rimouski, il y a des gens qui veulent encore parler.
Alors, je vais leur permettre de parler.
M. Charbonneau: Non, mais est-ce qu'on a le droit de parler
ici?
M. Fontaine: Ah oui! vous avez le droit. On va parler nous
aussi.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Verchères, vous pouvez continuer.
M. Fontaine: On l'adoptera en février. Ce n'est pas
grave.
M. Charbonneau: C'est cela. M. le Président, je vais
terminer. Je m'excuse, mais...
M. Fontaine: N'oubliez pas que vous avez besoin de
consentement.
M. Marcoux: Bel effort, M. le député.
M. Charbonneau: Les menaces, cela ne me fait pas peur. Donc, la
nouvelle structure qu'on a, M. le Président, va permettre d'avoir un
banc qui va être créé selon les besoins, mais il va y avoir
un organisme permanent, qui est le bureau de recherche du Québec sur le
crime organisé, qui va continuer de coordonner les enquêtes qui
sont faites par les différents services policiers. Je pense que c'est
une garantie, à mon avis, suffisante, avec la présence d'un juge
coordonnateur, pour faire en sorte que le caractère de permanence auquel
je crois soit conservé et que le danger, par ailleurs réel, que
le ministre soulignait, c'est-à-dire d'avoir une commission qui se
fonctionnarise, puisse être évité.
Quant aux autres provinces, en terminant, je vais vous dire une affaire.
Allez faire un tour à Toronto et allez faire un tour à Vancouver.
Allez voir la réalité de la pègre dans ces deux villes et
je vais vous dire une affaire: Les gens de ces municipalités, de ces
agglomérations urbaines et de ces provinces voudraient bien avoir, en
tout cas, dans certains milieux, une commission d'enquête comme celle
qu'on a au Québec depuis un certain nombre d'années. Parce que,
toute proportion gardée, je peux vous dire une chose: Si, jadis,
Montréal était peut-être le centre du monde interlope
canadien, aujourd'hui, ce n'est plus le cas. C'est peut-être Toronto et
Vancouver.
M. Marx: J'ai seulement une question.
Le Président (M. Bordeleau): II y avait d'abord le
député de Nicolet-Yamaska. Je ne sais pas s'il avait encore un...
Non? Cela va? Alors, M. le député de D'Arcy McGee.
M. Blank: J'ai peut-être une suggestion, parce que je pense
qu'on vise les mêmes choses.
M. Bédard: Je crois sincèrement que oui.
M. Marx: Peut-être peut-on renverser l'article, dans le
sens que l'avocat ait le droit d'interroger, sauf si la commission le refuse.
Comprenez-vous? Cela veut dire qu'il a le droit... Je vais dans la ligne de
votre pensée parce que vous avez dit souvent qu'il y a des avocats qui
vont "staller" des affaires et ce n'est pas vraiment pour protéger leurs
clients qu'ils vont poser des questions et faire des interrogatoires et ainsi
de suite. Donc, on peut peut-être viser que le droit existe, sauf si la
commission en décide autrement. Comprenez-vous ce que je veux dire?
C'est-à-dire que certains avocats vont vite comprendre qu'en faisant des
interrogatoires seulement pour prolonger et tout cela, cela va être
refusé. C'est une autre façon d'atteindre votre but et de
protéger le témoin.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bédard: Je crois que c'est le genre de suggestion qui
peut assurément être évaluée et...
M. Marx: Oui, c'est cela, être évaluée.
M. Fontaine: Non pas sur le coin de la table.
M. Marx: Non, mais je pense que c'est un peu difficile...
M. Bédard: Non, je pense que...
M. Marx: ... de formuler cela au bout de la table.
M. Bédard: ... vous êtes d'accord...
M. Marx: Non, mais je pense qu'il serait utile de discuter cela
avec vos légistes et de voir s'il y a moyen d'améliorer, le cas
échéant, le paragraphe.
M. Bédard: Ce n'est pas avec amertume que je le dis, mais
nous nous sommes risqués à amener certaines améliorations
dans la situation qui existait auparavant...
M. Fontaine: M. le Président, je ne comprends plus le
ministre de la Justice.
M. Bédard: ... et devant cette tentative que nous faisons,
qui me semble être positive, certains propos de l'Opposition sont presque
dans le but de nous faire regretter d'y avoir touché pour
l'améliorer. Je comprends que tout n'est pas réglé. J'en
suis convaincu. Je comprends que cela aurait peut-être été
plus facile de ne pas y toucher du tout et d'avoir peut-être une
demi-heure de discussion sur le sujet, mais, en fin de compte, il n'y aurait
pas d'améliorations qui y seraient apportées. J'ai
préféré y aller prudemment j'en conviens
mais d'une façon significative. Pour ce qui est des autres suggestions
qui ont été faites, elles font l'objet d'une
évaluation.
M. Forget: Je propose l'adoption, M. le Président, de
l'article 15 sur division.
M. Fontaine: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député,
l'article 15...
M. Marx: J'ai une question sur l'article 22b. Cela fait partie de
l'article 15? C'est cela?
Le Président (M. Bordeleau): Oui, effectivement.
M. Marx: Je me demande et je ne suis pas certain du tout
si l'article 22b est valide à cause de l'article 23 de la Charte
des droits et libertés de la personne, parce que l'article 23 de cette
charte prime cet article et que la charte prévoit que toute audition
d'une commission doit être publique, sauf quand le tribunal ordonne le
huis clos dans l'intérêt de la morale ou de l'ordre public. Ici,
on prévoit le huis clos pour d'autres raisons. Je me demande s'il ne
serait pas nécessaire de mettre "malgré la Charte des droits et
libertés de la personne" à la fin de cet article. Je pose
seulement la question.
M. Bédard: Tous les motifs qui sont mentionnés
peuvent facilement se rattacher à l'intérêt public.
D'ailleurs, prenez l'article 22b. Il dit: "Les enquêtes de la commission
sont publiques à moins que la commission, dans l'intérêt
public, n'ordonne le huis clos.
M. Marx: Oui, mais il dit aussi "qu'il est nécessaire de
vérifier la pertinence d'un témoignage en regard des fins
poursuivies par l'enquête", sauf si l'ordre public et...
M. Bédard: Oui, c'est toujours en ayant... Ces moyens plus
explicites doivent être évalués toujours avec la
préoccupation de la protection de l'intérêt public.
M. Marx: Paragraphe b): "qu'un témoignage peut comporter
des éléments personnels, financiers ou autres de nature telle
qu'il est important, dans l'intérêt du témoin...
M. Forget: Du témoin. Pas l'intérêt du
public, mais d'une personne...
M. Marx: Je pose la question.
M. Bédard: On essaie justement... Revenons à
l'autre discussion. Quand on essaie de protéger les droits individuels,
on nous dit: Que faites-vous de l'intérêt public?
M. Forget: Vraiment, M. le Président! Si on arrêtait
de faire de la rhétorique et si on s'attaquait au problème, cela
aiderait énormément les choses.
M. Bédard: Quand on essaie de protéger...
M. Forget: On prolonge inutilement les discussions en prenant des
attitudes partisanes de cette façon-là.
M. Bédard: Je suis prêt à accepter...
M. Forget: On pose un problème de compatibilité
avec la Charte des droits et libertés de la personne. Si le
problème n'est pas réglé ici, quelqu'un peut le soulever
en cour et déclarer invalide l'article 22b. Ce n'est pas dans le but de
faire de l'obstruction. On soulève simplement un problème de
comptabilité de textes.
M. Bédard: Je le prends dans cet esprit. Ce que je vous
dis, c'est que lorsque nous regardons le paragraphe b), qui dit "qu'un
témoignage peut comporter des éléments personnels,
financiers ou autres d'une nature telle qu'il est important dans
l'intérêt du témoin, d'une autre personne ou du public en
général, de ne pas les rendre publics", il me semble que
cela...
M. Marx: Si vous pensez que c'est compatible... C'est votre
responsabilité; si vous pensez que c'est compatible et qu'il n'y a pas
de danger, d'accord.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va, l'article 15?
M. Bédard: Enfin... Il y a toujours la possibilité
qu'évoque le député de Saint-Laurent. J'en conviens. Si
une personne... On oublie qu'il n'y a pas seulement les commissions
d'enquête qui existent. Il y a d'autres droits qui existent. La Charte
des droits et libertés de la personne existe. Si elle est violée,
il y a des recours qui sont possibles. Il y a d'autres recours qui sont
possibles lorsque les tribunaux excèdent leur juridiction ou que les
commissions d'enquête excèdent leur juridiction.
M. Marx: Non, ce n'est pas cela, M. le ministre. C'est dans
beaucoup d'autres lois, peut-être une douzaine ou une demi-douzaine. Le
gouvernement a déjà prévu dans les articles, malgré
la charte, pour...
M. Charbonneau: Si vous pouviez relire l'article vous vous
rendriez compte que...
Une Voix: L'ordre public...
M. Marx: Le tribunal peut toutefois ordonner le huis clos dans
l'intérêt de la morale ou de l'ordre public. (22 h 15)
M. Charbonneau: J'ai l'impression, quand je lis les articles qui
sont là, que l'ordre public et la morale publique, à moins que ce
soit défini clairement dans la Charte des droits et libertés de
la personne, quand on regarde les éléments qui sont là,
c'est vraiment relié...
M. Forget: II y a redondance alors parce que, dans le paragraphe
a), on dit: "... des éléments touchant l'ordre public". Si tout
le reste, c'est de l'ordre public, le législateur, aux paragraphes b),
c) et d) parle pour ne rien dire parce que c'est déjà couvert au
paragraphe a). Si on disait...
M. Charbonneau: Trop fort ne casse pas.
M. Forget: ... qu'un témoignage peut comporter des
éléments touchant l'ordre public et notamment", ce serait
différent. Ce serait expliquer la notion d'ordre public telle
qu'applicable sous cette loi, mais là, on dit: II y a l'ordre public,
d'une part, et il y a, d'autre part, trois autres motifs implicitement qui ne
sont pas d'ordre public. Ce serait certainement une façon logique de
lire cet article.
M. Marx: Même dans la Loi d'interprétation, on va
dire...
M. Bédard: On vient de le modifier. C'est plutôt une
illustration de certains cas qu'on peut évoquer parce qu'on dit: "De
plus, la commission peut, notamment dans les cas visés dans l'article
19, tenir une partie de ces enquêtes à huis clos si elle
estime..."
M. Marx: J'ai soulevé le point comme un point
technique...
M. Bédard: Oui.
M. Marx: ... vous comprenez?
M. Bédard: D'accord.
M. Marx: S'il faut mettre "malgré la charte", comme on l'a
mis dans d'autres lois ou si vous pensez que non...
Le Président (M. Bordeleau): Cela va pour l'article
15?
M. Lalande: Au sujet de l'article 22b, pour revenir un peu
à ce que disait le député de Saint-Laurent, il semble
qu'il y ait de la redondance. On dit, au paragraphe a), qu'un témoignage
peut comporter des éléments touchant l'ordre public. Si on disait
"notamment" en enclenchant dans les paragraphes b), c) et d), on aurait
peut-être tout complété et on n'aurait pas de redondance.
C'est la question que je pose à ce stade-ci. C'est tout.
M. Fontaine: ... sur le coin de la table.
M. Bédard: II peut y avoir redondance, mais on n'est pas
à une heure où on va soulever des points techniques?
Une Voix: Non, non.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 15, tel
qu'amendé, sera-t-il adopté?
M. Fontaine: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Adopté?
M. Fontaine: ... je ne reconnais plus le ministre de la Justice.
Il ne veut pas faire des amendements sur le coin de la table, mais quand on a
étudié la loi no 9, c'était seulement cela, des
amendements sur le coin de la table.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 15, tel
qu'amendé, est-il adopté?
M. Bédard: M. le Président, je m'inscris en faux
parce que tous mes amendements il le sait étaient
préparés d'avance. Il y avait même le remplacement
d'articles, non pas par des demi-articles, mais des articles complets
préparés d'avance.
M. Fontaine: On en a fait plusieurs sur le coin de la table.
M. Bédard: Les amendements avaient été
livrés à l'Opposition.
M. Fontaine: On en a fait plusieurs sur le coin de la table.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 15, tel
qu'amendé, sera-t-il adopté? Sur division?
M. Forget: Sur division.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté sur division.
Article 16.
M. Forget: On n'ose rien dire, M. le Président.
Adopté sur division.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 16 est
adopté sur division. Article 17.
M. Bédard: On ne fera rien de mieux, mais je ne prends pas
cela comme étant contre les améliorations.
M. Blank: Le premier ministre a manqué notre
débat.
M. Forget: On va recommencer. M. Blank: On va
recommencer.
M. Lévesque (Taillon): ...
Le Président (M. Bordeleau): Article 17. M. Forget:
II y a une modification.
Une Voix: On a arrêté le député de
Verchères, lui qui a une balle dans un bras, à part cela.
Le Président (M. Bordeleau): II y a effectivement une
modification à l'article 17.
M. Bédard: C'est un amendement afin de donner un permis de
préenquête à la Commission de police et de supprimer
l'article 24b. Dans certains cas on sait que c'est délicat, ce
genre de plaintes-là il y a avantage à ce qu'une
préenquête soit faite de manière à pouvoir
évaluer le sérieux des prétentions qui peuvent être
portées à l'attention des membres de la Commission de police.
Le Président (M. Bordeleau): L'amendement à
l'article 17 sera-t-il adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va pour l'amendement.
L'article 17 tel qu'amendé sera-t-il adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
18.
M. Bédard: Une seconde!
M. Forget: C'est l'ancien article 19. C'est l'article 20.
M. Bédard: Oui. L'article vise à assurer une plus
grande indépendance à la Commission de police lorsqu'elle tient
une enquête en vertu de l'article 19 de la Loi de police.
M. Forget: C'est-à-dire que cela devient des
crédits statutaires. Est-ce ce que cela veut dire? Cela n'a pas besoin
d'être voté annuellement par la Législature.
M. Bédard: A un moment donné, il y a certaines
enquêtes plus nombreuses que d'autres qui peuvent être
nécessaires.
M. Forget: En est-il de même pour les budgets
consacrés au fonctionnement des tribunaux ordinaires? Ce sont des
crédits statuaires?
M. Bédard: Oui. C'est cela, à même le fonds
consolidé.
M. Forget: Bon! Adopté.
M. Blank: Le salaire des juges, pas le greffe, les témoins
et les autres affaires. Ce sont seulement les juges. Ici, on donne une carte
blanche, comme je l'ai déjà dit en Chambre. Ici, on donne le
pouvoir à d'autres qu'aux députés de voter l'argent du
peuple. C'est une façon de taxer sans représentation. C'est une
carte blanche qu'on donne à des fonctionnaires de dépenser
l'argent de l'Etat sans passer par le Parlement.
M. Bédard: Non. On oublie qu'il y a des comptes à
rendre. Ce n'est pas parce qu'on parle de fonds consolidé qu'il n'y a
pas de comptes à rendre au niveau de l'utilisation des formes...
M. Blank: A qui va-t-on rendre compte? Pas à
l'Assemblée nationale.
M. Bédard: Prenez le directeur général des
élections. Il y a un débat prévu où il doit
expliquer l'essentiel des dépenses qu'il a faites.
M. Blank: Vous avez eu le problème du projet de loi no 3
avec cela.
M. Bédard: On a réglé le
problème.
M. Blank: Oui, mais il y a seulement une chose. Vous avez fait la
même chose avec le projet de loi no 10 et j'ai fait la même
objection. On n'a pas le droit de déléguer l'autorité de
la taxation à des fonctionnaires. Ici, on donne aux fonctionnaires le
droit de dépenser de l'argent. C'est un droit de taxation.
M. Bédard: Une autre raison technique si vous me le
permettez est...
Le Président (M. Bordeleau): Vous pouvez vous exprimer au
nom du ministre.
M. Bédard: ... qu'avec l'approche d'avoir des bancs avec
des mandats spécifiques est limitée dans le temps. Il se peut
fort bien, comme le ministre l'a mentionné, qu'il y ait des situations
où il n'y a pas de banc qui siège à une période
donnée. Donc, la prévision budgétaire n'est pas facile
à faire de la même façon que lorsque c'était
renouvelé à tous les 31 décembre
régulièrement.
M. Blank: Si on donne une suite à cela...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Saint-Louis.
M. Blank: ... cela veut dire qu'on n'a pas le droit de
questionner le ministre durant les crédits parce qu'il n'y aura pas de
crédit pour cela.
Une Voix: Non. Il n'y a pas de crédit. M. Blank: II
n'y a pas de crédit?
M. Bédard: Non, non. Cela apparaît au livre des
crédits et il y a possibilité de...
M. Blank: Comment? Comment?
M. Forget: Non. Ce n'est pas un vote. C'est statutaire.
M. Blank: C'est statutaire.
M. Bédard: II y a la possibilité, je pense, de
questionner sur l'essentiel des enquêtes qui peuvent être
faites.
M. Forget: Pas plus qu'on peut questionner sur les
sociétés d'Etat, à moins que le ministre y consente bien,
s'il n'apparaît rien aux crédits.
M. Bédard: Ce qui arrive, c'est qu'on n'est pas capable de
prévoir d'une façon très précise...
M. Blank: II y a des budgets supplémentaires.
M. Bédard: ... avec la formule de banc spécifique
pour des mandats précis d'une durée déterminée, il
peut se présenter la situation, durant une certaine période,
où il y a deux bancs qui vont
siéger, comme il peut se présenter la situation que durant
une année complète, il peut ne pas y avoir de banc qui va
siéger s'il n'y a pas d'enquêtes qui sont
nécessitées.
M. Blank: Oui, mais il peut y avoir des limites... Si vous avez
de gros problèmes policiers durant l'année, ce n'est pas une
raison pour donner carte blanche à la police provinciale pour
dépenser l'argent.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: II y a possibilité d'avoir un mandat du
ministère des Finances. Il y a possibilité de budget
supplémentaire, mais cela veut dire qu'une commission qui décide
d'embaucher un nombre infini d'enquêteurs, il n'y a pas de limite, elle a
le droit de le faire. Le ministre des Finances n'a qu'à
s'exécuter. Cela n'existe même pas pour les tribunaux
ordinaires.
M. Bédard: C'est toujours possible quand quelqu'un veut
exagérer, mais je pense que tout le monde y va avec l'idée
d'administrer le mieux possible les deniers publics.
M. Forget: Oui, c'est pour cela qu'on a une Loi sur
l'administration financière. On pourrait dire cela de tout le monde.
M. Bédard: En fait, la difficulté, on vous
l'exprime. C'est de ne pouvoir prévoir.
M. Blank: La seule fois qu'on a trouvé des choses
semblables, c'est quand on a étudié le financement des partis
politiques où les députés, l'Assemblée nationale
peuvent avoir un intérêt direct. Pour des raisons de conflit
d'intérêts, c'est peut-être mieux de donner carte blanche
à ce moment-là, mais ici, ce n'est pas du tout cela.
M. Bédard: Me donnez-vous une seconde? Ce n'est pas dans
le sujet dont on parle.
M. Blank: Non, non. Vous parlerez de votre objection à M.
Parizeau?
Le Président (M. Bordeleau): C'est seulement pour quelques
secondes. Cela va, M. le ministre?
M. Bédard: Cela va toujours M. le Président. M.
Forget: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, sur cette question nous nous
opposons à cette mesure parce que nous voyons que c'est la
troisième loi, et il y en a une autre qui, actuellement, est en train de
subir sa troisième lecture... Il y a un système qu'on est en
train d'installer je ne peux pas lui donner un autre nom dans
plusieurs lois où des choses qui devraient aller...
M. Bédard: Aquelle loi vous référez-vous
s'il vous plaît?
M. Fontaine: La loi de SIDBEC.
M. Bédard: D'accord, je comprends.
M. Forget: II y a un phénomène assez
extraordinaire...
M. Bédard: Vous me permettez de vous demander quelle
loi?
M. Forget: Oui, d'accord. C'est un phénomène assez
extraordinaire où on est en train d'adopter un système
complètement différent pour le contrôle des deniers
publics. C'est un système d'autorisation ouverte de dépenser,
à un moment indéfini, des montants considérables qui
apparaîtront comme des crédits statutaires dans le budget des
dépenses au lieu de paraître comme des crédits qui doivent
être votés annuellement. Dans le cas de SIDBEC, ce sont des sommes
très importantes qui sont autorisées et qui peuvent aussi bien
être payées le premier janvier de l'an prochain que le premier
janvier de 1983. Il y a une discrétion totale du ministre des Finances
quant au moment où il prélève à même le fonds
consolidé du revenu, sans se faire voter des crédits, les sommes
nécessaires. Ici, on retrouve le même genre d'attitude. On est en
train, effectivement avec cette loi, la loi de l'an dernier,
c'est-à-dire parce que c'est seulement en examinant la loi de SIDBEC
qu'on s'est aperçu que la loi de l'an dernier qu'on nous a fait voter
sur la SGF comportait le même précédent, une autorisation
de dépenser à même le fonds consolidé du revenu sans
que cela apparaisse dans le budget... Ce sont des principes de gestion
financière absolument inacceptables pour un Parlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Je pense qu'il y a une
réponse du ministre.
M. Bédard: M. le Président, comme d'habitude, des
fois le député de Saint-Laurent ne dépasse pas sa
pensée mais se laisse aller à voir des systèmes, à
grossir les situations...
M. Forget: Trois lois, cela commence à être
systématique.
M. Bédard: On parle de trois lois. Franchement, avant de
parler de système...
M. Forget: Vous nous dites que vous êtes bien
coordonnés, que vous avez des ministres d'Etat, etc., on est
porté à présumer que cela est voulu.
M. Bédard: Ayant de parler de système lorsqu'on
parle de trois lois, il y a quand même le sens des mesures qu'il faut
respecter. Dans la loi 3 nous avions... Dans la Loi électorale, c'est
différent, sauf que lorsque nous avons commencé la discussion
concernant la Loi électorale, je me rappelle que l'Opposition trouvait
inacceptable que le directeur général des élections soit
dans une situation comme celle-là.
M. Fontaine: Pas seulement l'Opposition, le ministre des Finances
aussi.
M. Bédard: Et le ministre des Finances. Si on veut être
correct, après: analyse de la situation, nous en sommes tous venus
d'accord sur le fait qu'il valait mieux que le directeur général
des élections fonctionne à partir du fonds consolidé. Il y
a des fois qu'on s'avance rapidement dans ce qui peut paraître de la
rigueur en termes d'administration, mais il y a des fois où on va trop
rapidement. (22 h 30)
Pour ce qui est de SIDBEC, je ne peux me prononcer, parce que je ne suis
pas un expert concernant les activités de SIDBEC. J'imagine qu'il doit y
avoir certaines considérations qui ont été
apportées par les ministres concernés. Je pense que c'est un
débat différent.
M. Forget: Non, il n'y en a pas eu. On nous a simplement dit
qu'on voulait faire cela comme cela. C'est le même principe.
M. Bédard: Je veux montrer jusqu'à quel point il
arrive, des fois, que le député de Saint-Laurent exagère
la situation. Dans le cas présent, si nous arrivons avec cette
disposition, c'est à la demande du Barreau, demande qui avait
été faite lors de l'étude du projet de loi no 41, en
faisant valoir qu'il se pourrait, à un moment donné, qu'une
enquête soit nécessaire sur le gouvernement. On serait
placé dans la situation que pour faire cette enquête, les fonds
dépendraient de la personne qui doit être enquêtée.
Il pourrait y avoir un drôle de conflit d'intérêts. C'est
dans cet esprit, et non avec l'idée de créer un système,
que nous avons apporté cette disposition qui me semblait partir d'une
base sérieuse.
M. Forget: M. le Président, j'aimerais que le ministre de
la Justice suive avec autant de fidélité les recommandations du
Barreau quand elles portent sur des points de droit. Quand le Barreau prend sur
lui de faire des recommandations sur l'administration financière, qu'il
traite cela un peu plus légèrement.
Je pense qu'il y a un problème de choix. Tantôt, on a
discuté pendant une heure et demie des questions de droit, de protection
des droits des témoins, des droits de leur procureur devant une
commission d'enquête et à ce moment, le ministre, assez
remarquablement, n'a jamais cité les représentations du Barreau.
Maintenant qu'on en vient sur une disposition financière, il nous dit:
C'est le Barreau qui nous a demandé cela.
M. Bédard: Je ne sais pas si le député de
Saint-Laurent est fâché parce que je dis que c'est suite à
une suggestion qui nous a été faite.
M. Forget: M. le Président, j'avais encore le droit de
parole. Je n'ai pas interrompu le ministre de la Justice.
M. Bédard: Vous aviez terminé. Si vous voulez
recommencer, allez-y.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Saint-Laurent, vous avez maintenant la parole.
M. Forget: Merci, M. le Président. Il me semble, M. le
Président, que le ministre pourrait nous dire autre chose que de nous
dire que, parfois, on a changé d'idée ou qu'il n'est pas au
courant des problèmes de SIDBEC. Il reste que sur le fond, à part
de nous dire que parfois la Commission de police voudrait faire des
enquêtes sur le gouvernement ce qui est très
éclairant ...
M. Bédard: Ce n'est pas vrai. Soyez donc honnête.
J'ai dit: II se pourrait que.
M. Forget: Apparemment, on ne s'interrompt jamais. J'ai
déjà entendu cela de la part du ministre de la Justice.
M. Charbonneau: Surtout pas moi...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Saint-Laurent, vous pouvez continuer.
M. Forget: II reste, M. le Président, qu'on nous dit ici
que l'Assemblée nationale n'aura plus rien à dire sur la
dépense de fonds publics tout simplement la raison qui a
été invoquée par le ministre parce qu'on a des
difficultés de prévision. Des difficultés de
prévision, vous en avez dans bien d'autres domaines dans
l'administration financière. Que ce soit le nombre d'assistés
sociaux, les variations sont de l'ordre de $35 millions à $50 millions
par année. Cela n'a jamais été une raison pour dire: On va
mettre cela sur le fonds consolidé sans le voter annuellement. Si un
gouvernement avait suggéré d'enlever cela des crédits
annuels pour éviter une discussion au Parlement sur le programme d'aide
sociale, cela aurait été un scandale. C'est la même chose
ici. On dit: On va donner le pouvoir à des fonctionnaires de prendre
à même le fonds consolidé, sans aucune autorisation de
l'Assemblée nationale, les sommes qui leur apparaissent
appropriées. Où allez-vous arrêter avec une histoire comme
cela?
M. Bédard: Est-ce que vous avez terminé? M.
Forget: Oui, j'ai terminé.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, c'est
à votre tour de parler.
M. Bédard: Sauf que le député de
Saint-Laurent on le voit dans son argumentation oublie un autre
élément que j'ai mentionné, les représentations qui
avaient été faites par le Barreau sur une base qui me semblait
sérieuse. Ce n'est pas parce qu'on donne suite à certaines
recommandations faites par le Barreau qu'on s'engage nécessairement a
donner suite à toutes les recommandations du Barreau. Le
député de Saint-Laurent, qui revient sur les améliorations
qui ont été apportées concernant la CECO, a le scandale
facile parce que s'il avait l'épiderme sensible j'imagine qu'il
l'avait dans le temps où il était au gouvernement et qu'à
ce moment, c'était
son ministre de la Justice qui fonctionnait avec la CECO, avec des
règles qui n'étaient pas améliorées par rapport
à la situation que nous voulons créer avec les amendements que
nous apportons. Le député de Saint-Laurent...
M. Forget: ...
M. Bédard: ... Vous permettez aux autres de parler
maintenant?
M. Forget: Je fais la même chose que vous faisiez
tantôt.
M. Bédard: Ah! vous faites la même chose et vous
pensez que c'est une excuse.
M. Forget: N'est-ce pas une excuse?
M. Bédard: J'avoue que cela peut être un
exemple...
M. Forget: Je vous cite comme vous citez l'ancien ministre de la
Justice.
M. Bédard: ... mais ce n'est pas une excuse. M. le
Président, je ne veux pas...
Le Président (M. Bordeleau): ... le ministre. Après
cela, je vais peut-être vous donner la parole, messieurs.
M. Bédard: M. le Président, je ne veux pas
poursuivre le débat indûment. Je dis ce pourquoi nous avons
apporté cette disposition. En ce qui me regarde, je n'en fais pas une
question de principe, mais si j'en ai parlé plus longuement, c'est parce
que le député de Saint-Laurent, à partir d'un exemple,
essaie de laisser entendre qu'il y a un système au gouvernement, ce qui
est non seulement grossièrement exagéré, mais
complètement en dehors de la réalité. Si nous nous ne
parlons...
Une Voix: ... les trois lois...
M. Bédard: Bien, oui, les trois lois dont on parle...
Apropos de SIDBEC, je vous ai dit que je n'étais pas habilité
à en discuter et vous n'êtes peut-être pas si
habilité que cela à en discuter. Pour ce qui est de la
présente loi, de la présente disposition, je vous donne les
raisons pour lesquelles nous avons mis cette disposition. Si vous pensez que ce
n'est pas une base sérieuse, la représentation du Barreau,
dites-nous le.
M. Blank: ... la représentation du Barreau, d'accord?
M. Bédard: Elle n'est pas sérieuse. Alors,
admettez, comme cela, que ce n'est pas parce qu'on suit certaines
recommandations du Barreau qu'on n'est pas justifié de ne pas en suivre
d'autres.
M. Blank: Sur la question du Barreau, s'il doit être
logique, il doit dire les mêmes choses.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Louis, le député de Nicolet-Yamaska m'a demandé la
parole, j'aimerais reconnaître le député de Nicolet-Yamaska
auparavant.
M. Fontaine: Enfin, un président qui me reconnaît,
M. le Président! Merci beaucoup. Je m'excuse, M. le député
de Saint-Louis. Vous pourrez revenir dans quelques minutes. Je ne parlerai pas
longtemps.
Je comprends mal l'argument du ministre de la Justice qui nous dit que
le Barreau dit qu'il y aurait peut-être un conflit
d'intérêts s'il y avait une enquête qui pourrait être
faite par la Commission de police sur le gouvernement. Je ne vois pas quel
genre d'enquête pourrait être faite par la Commission de police sur
le gouvernement. Maintenant, il y a peut-être des cas que je ne connais
pas. D'un autre côté...
M. Bédard: Non, c'est...
M. Fontaine: Est-ce que je peux terminer, M. le
Président?
D'un autre côté, je vois mal cet article, parce que quand
on fait des comparaisons avec le président ou le directeur
général des élections, ce n'est absolument pas la
même chose. Si on inclut un tel article dans les lois qui concernent le
président ou le directeur général des élections,
c'est qu'on veut lui donner toute la latitude voulue, toute
l'indépendance qui est attachée à sa fonction.
Or, la Commission de police n'a pas besoin de cette même
indépendance qu'on accorde au directeur général des
élections. On a vu également, dans le cas du directeur
général des élections, qu'il y a des ministres du
gouvernement, entre autres, le ministre des Finances, qui ont fait des
déclarations à savoir que cette personne avait effectué
des dépenses somptuaires. Alors, il ne faudrait pas se mettre dans le
même bourbier avec la Commission de police. Je ne veux pas porter de
jugement sur les personnes qui sont là. Je ne les connais pas, mais il
est fort possible que des gens puissent être nommés, qu'ils aient
des idées de grandeur et qu'on en arrive à des dépenses
que le gouvernement ou le ministre des Finances n'aurait pas voulues. Alors, je
ne vois pas pourquoi on ne ferait pas comme dans les autres cas, en inscrivant
tout simplement ces crédits. Si les crédits ne sont pas
votés de façon suffisante au printemps, avec les autres
crédits, on revient avec des budgets supplémentaires et le
ministre de la Justice a eu un budget supplémentaire dernièrement
qui a été voté par l'Assemblée nationale.
Alors, son argument de dire qu'on n'est pas capable de prévoir,
bien essayez de prévoir un certain montant et si vous n'en avez pas
assez, vous en demanderez d'autre, et si vous en avez trop, vous le
remettrez.
M. Bédard: J'ai dit tout à l'heure que je n'en
faisais pas une question de principe. Si la discussion se poursuit, c'est parce
qu'à partir d'une disposition qui est là, on essaie de faire des
exagérations que je n'accepte pas. On parle de système et de tout
ce que vous voudrez. Je ne
peux pas laisser passer cela comme cela. C'est complètement en
dehors de la réalité.
La représentation qui a été faite par le Barreau,
c'est une représentation qui se situe au niveau des principes et ce
n'est pas en fonction du présent gouvernement que se situaient leurs
préoccupations au moment où la représentation a
été faite, puisque celle-ci a été faite par le
Barreau, lors du projet de loi no 41, alors qu'un autre gouvernement
était en place.
M. Fontaine: D'ailleurs, M. le Président, j'ajoute,
à la décharge du ministre, que l'ancien gouvernement avait
adopté un article semblable à celui-là dans la loi 41.
M. Bédard: Enfin, si je commençais à relever
toutes les contradictions qu'il y a de la part de l'Opposition officielle, par
rapport à des positions qu'elle a elle-même prises et
défendues avec conviction...
Une Voix: ...
M. Bédard: Vous n'êtes pas là, vous
êtes dans l'Opposition officielle jusqu'à nouvel ordre; si vous
voulez vous dissocier de l'ancienne Opposition officielle, vous avez toujours
le loisir de le faire, mais faites-le, ne vous cachez pas derrière.
M. Fontaine: A quel député vous adressez-vous?
M. Bédard: Je parle au député de Maisonneuve
qui ne semble pas d'accord avec les dispositions qui étaient
prévues par le gouvernement libéral dans le projet de loi no
41.
M. Fontaine: Non, mais il était dedans! M.
Bédard: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre de la
Justice.
M. Bédard: ... comme je n'en fais pas une question de
principe, on peut peut-être suspendre l'article, voir s'il y a lieu
d'aller dans un autre sens; moi, je vous ai dit très simplement les
raisons qui ont motivé cela, ça se retrouvait dans le projet de
loi no 41 et, en plus de cela, il y avait les représentations, que j'ai
évoquées tout à l'heure, qui m'ont été
faites.
M. Blank: ...
Le Président (M. Lacoste): Je m'excuse auprès du
député de Saint-Louis, je reconnais le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: Si c'est suspendu, mon intervention...
Le Président (M. Lacoste): II y a accord pour suspendre
l'étude de l'article 18, celui-ci est donc suspendu. L'article 19, M. le
ministre.
M. Bédard: II y a un amendement, M. le
Président.
M. Forget: L'amendement est adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): L'amendement à l'article
19...
M. Bédard: A l'article 19.1, on ajoute également un
amendement; insérer, après l'article 19 du projet, le suivant...
Je pense que vous l'avez?
Des Voix: Oui.
Service central de renseignements
M. Bédard: Alors, ce nouvel article ne fait que maintenir
le service central de renseignements que l'article 16, paragraphe a),
prévoyait; c'était déjà adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'amendement est-il
adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 19 est
adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 19 est adopté
tel qu'amendé. Article 20.
Sûreté du Québec
M. Bédard: Cet article fait tout simplement
disparaître la catégorie sous-inspecteurs qui n'existe plus dans
les faits.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 20 est
adopté.
M. Bédard: II y a l'article 20.1 que nous ajoutons; cette
modification permettrait aux agents de la Sûreté du Québec
de se livrer, hors service, à certaines activités
autorisées par le directeur général pour des raisons
d'ordre social, culturel et humanitaire.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 20.1 est
adopté, tel qu'amendé. Article 21.
M. Bédard: A l'article 21, il s'agit d'une modification de
concordance par rapport à l'article 35 du projet de loi.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 21 est adopté.
Article 22.
M. Bédard: L'article 22 représente une modification
de concordance avec l'article 24 du projet de loi.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 22 est adopté.
Article 23.
M. Bédard: L'article 23 reproduit substantiellement
l'actuel article 47 en y ajoutant divers éléments de
concordance.
Le Président (M. Lacoste): L'article 23 est-il
adopté?
M. Forget: M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: II y a une modification que nous voudrions
suggérer afin d'astreindre ceux qui sont les gardiens du registre,
visés dans l'article 16, à une règle de
confidentialité; en bon français, de respecter le
caractère confidentiel du registre. (22 h 45)
M. Bédard: On me dit que les gens qui sont à la
Commission de police sont à la fonction publique et ont, de ce fait, un
devoir de confidentialité, en vertu de la Loi de la fonction
publique.
M. Forget: Alors, je vais poser une question au ministre de la
Justice. Comment se fait-il que certaines lois qui comportent la
création de registre ou de fichier font une obligation additionnelle
à ceux qui sont les gardiens de ces registres et de ces fichiers de n'en
pas donner communication à qui que ce soit, etc.? Est-ce que ce serait
purement redondant ou est-ce que, en plus du serment d'office, il n'y a pas la
nécessité... Parce que quelqu'un qui viole son serment d'office
est passible de certaines pénalités qui sont différentes
de celles de celui qui viole une disposition statutaire, quant au
caractère confidentiel des données. Je pense qu'il y a une
différence à ce niveau.
M. Bédard: La majorité des lois qui
prévoient des dispositions spéciales quant à la
confidentialité, ce sont des lois qui ont des caractères
très personnels, ce sont les questions d'assurance-maladie,
principalement, les questions de revenus, les questions...
M. Forget: C'est ça.
M. Bédard:... j'en oublie. Comme on en a discuté ce
matin, le statut ici, ce sont des questions d'identification, de noms et de
fonctions; alors, on n'avait pas cru nécessaire de faire un serment de
confidentialité additionnel.
M. Forget: D'accord.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 23 est
adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 23, adopté.
Article 24. M. le ministre, vous avez un amendement.
M. Bédard: C'est exact. Il aurait pour effet... vous
l'avez, M. le Président?
Le Président (M. Lacoste): C'est le liminaire de l'article
47a.
M. Bédard: C'est pour bien spécifier que le
lieutenant-gouverneur en conseil peut également, mais sur recommandation
du directeur général, après que celui-ci a consulté
la commission, adopter un règlement sur la déontologie et la
discipline des membres de la Sûreté.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'amendement...
M. Bédard: On y ajoutait l'élément
consultation de la commission.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'amendement est adopté.
Est-ce que l'article 24 est adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 24, adopté tel
qu'amendé. Article 25.
M. Bédard: Nous avons des modifications. M. Forget:
C'est un autre sujet.
Corps de police municipaux
Le Président (M. Lacoste): A l'article 25, vous avez aussi
un amendement, M. le ministre.
M. Bédard: Le premier amendement, c'est pour permettre le
calcul de la population, ce qu'on prévoit à l'article 52, 5000
habitants. A l'article 25, c'est à l'article 52b également, on
prévoit la possibilité d'accorder un délai à la
municipalité pour se conformer à la proposition de la
commission.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Forget: L'amendement au premier alinéa de l'article 52
est adopté, oui, mais j'aimerais poser une question au ministre
relativement à la règle nouvelle qu'il introduit,
c'est-à-dire l'exemption inconditionnelle pour les municipalités
de moins de 5000 âmes. Nous avons reconnu, au moment de la
deuxième lecture, qu'il pouvait être difficile à une petite
municipalité d'organiser et de se pourvoir elle-même d'un service
policier. Etant
donné les taux d'encadrement qui sont usuels, avec 5000
âmes, ça ne fait pas beaucoup de place pour un vrai service
policier et il est tout à fait exact que cela peut poser des
problèmes considérables.
Cependant, il me semble qu'il y a une distinction importante à
faire entre la responsabilité d'une municipalité, quelle que soit
sa taille, de voir à ce que des services policiers soient fournis ou
soient disponibles sur son territoire, d'une part, et d'autre part, le devoir
d'organiser elle-même de tels services. Par l'amendement qui est devant
nous, on exempte la municipalité des deux aspects de l'obligation. Non
seulement n'a-t-elle pas à organiser elle-même le service, mais
elle n'a plus aucune espèce de responsabilité face à ses
résidents, à ses citoyens relativement aux services de police.
Elle s'en remet entièrement à des tiers. Cela pose un
problème d'équité fiscale qui n'est résolu d'aucune
façon. Cela pose également un problème sur le plan de
l'organisation du territoire, puisqu'on peut comprendre que, dans le cas de
municipalités rurales, isolées les unes des autres de plusieurs
milles, il n'y a pas véritablement d'autre solution que celle-là.
Mais plusieurs municipalités au Québec de moins de 5000
âmes sont à proximité ou voisines de municipalités
plus importantes.
Mon collègue de Maskinongé soulevait, par exemple, la
situation de Louiseville et d'une petite municipalité, dont
malheureusement j'oublie le nom, qui est de l'autre côté du pont.
Les deux municipalités ensemble regroupent 9000 ou 10 000 habitants,
mais il y en a une qui, au 1er janvier, dès la promulgation de cette
loi, la sanction de cette loi, pourra congédier ses policiers. C'est une
situation qui va rendre difficile, à l'avenir, une organisation
rationnelle et un regroupement rationnel si c'était
éventuellement la politique qu'adoptait le gouvernement des
forces policières et des services policiers dans les
agglomérations urbaines, parce qu'il va y avoir des trous. Il va y avoir
des municipalités qui vont dire: Nous ne sommes pas
intéressées. On n'a absolument aucune responsabilité face
aux services policiers. On reçoit les services gratuitement de la
Sûreté du Québec. Pourquoi est-ce qu'on se donnerait la
peine de se joindre à un plan quelconque d'organisation et de
financement municipal d'un service policier municipal? Vous démotivez
complètement et rendez, dans certains milieux semi-urbains ou urbains,
une organisation plus rationnelle des forces policières municipales
pratiquement impossible. Ce ne sera possible que dans la mesure où un
gouvernement décide de se substituer sur le plan financier aux
municipalités de moins de 5000 âmes sur le plan du financement des
services policiers. Dès qu'un gouvernement va financer seulement les
petites municipalités dans de telles aventures, il va évidemment
créer et rendre encore plus évidents les problèmes
d'iniquité fiscale qu'il crée par cette décision-ci. Je
suis absolument d'accord je l'ai dit au ministre en deuxième
lecture sur le fait qu'il y a un problème d'organisation, mais il
faut distinguer un problème d'organisation de services policiers de
l'abandon du principe lui-même d'une responsabilité municipale
pour toutes les municipalités. La modalité étant une
question qui se discute, est-ce que cela devrait être
délégué à une espèce de contrat de services
avec la Sûreté du Québec? Est-ce qu'il devrait y avoir, par
des ententes intermunicipales ou par une décision ou un programme
provincial à venir, la formation de ces fameux corps policiers de
districts qui ont été suggérés par la commission
Saulnier, ou toute autre formule à développer?
Là encore on crée un précédent, on
crée un trou et on va se compliquer la vie pour l'avenir. C'est bien
sûr que cela soulage certaines municipalités qui ont des
problèmes... Mais oui, écoutez, il y a des municipalités
de 5200 habitants qui ne seront pas particulièrement heureuses de voir
que, s'il y avait seulement 200 personnes de moins ou même 125 personnes
de moins, elles épargneraient 25% de leur compte de taxe municipale.
Vous allez avoir, l'an prochain, et nous aurons tous comme
députés des télégrammes de la municipalité X
avec 5200 habitants ou 6400 qui diront: Pourquoi est-ce que ce n'est pas 10 000
habitants plutôt que 5000? Une fois rendu à 10 000, le
problème va se poser à nouveau parce que toutes ces
barrières-là sont absolument artificielles. Cela ne repose sur
rien. Est-ce qu'on ferait la même chose pour l'épuration des eaux,
l'approvisionnement en eau, etc.?
Il y a certaines fonctions municipales qui sont des fonctions
essentielles. Il n'y a pas de territoire organisé qui devrait être
laissé sans une protection policière, sans que des mesures soient
prises pour que tous les habitants, toutes les maisons d'habitation soient
alimentées en eau potable, qu'il y ait des systèmes
d'évacuation des eaux usées. Il y a un certain nombre de
fonctions municipales de base. Pour la première fois, bien sûr,
poussés par les événements je suis bien conscient
que le ministre va dire qu'il y a une situation de fait, il y a des
disparités, mais je ne suis pas sûr que ce soit la solution
on se résigne à accepter l'état de fait actuel
plutôt que de chercher à le corriger. Mais en prenant une mesure
comme celle-là, on ne fait que repousser le problème d'une
année ou deux et de rendre sa solution véritable
éventuelle plus difficile.
Il me semble que cette décision soit malheureuse. Encore une
fois, il y a des pressions, il y a des problèmes réels. C'est un
cataplasme sur une jambe de bois. Cela ne guérira absolument rien. Cela
va contribuer à effriter les responsabilités municipales dans un
secteur et augmenter les responsabilités de la Sûreté du
Québec.
Au même moment où le gouvernement procède à
une réforme de la fiscalité municipale, cela peut avoir des
implications assez considérables sur une période de quatre, cinq,
six ou sept ans. Je pense qu'il faudrait être conscient qu'on met le pied
dans l'étrier ce soir, avec un article comme celui-là! Tout le
reste qui va venir au cours des années futures est prévisible et
pratiquement inévitable, à partir d'aujourd'hui.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, je ne mets pas en doute
la cohérence de l'argumentation, des préoccupations du
député de Saint-Laurent. Mais comme il l'a dit lui-même, il
y a un choix à faire. Et je ne crois pas qu'à partir du moment
où on fait un choix, ce choix puisse être taxé de
cataplasme sur une jambe de bois. Je ne le crois pas puisque pour ce qui est de
la norme de 5000, celle-ci est arbitraire, comme toute norme est arbitraire.
Aun moment donné, il faut en fixer une à partir de la meilleure
évaluation possible de la situation. Cette norme de 5000 âmes est
celle que l'on retrouvait dans le projet de loi 41 du gouvernement qui nous a
précédé. Nous ne l'avons pas inventée. Nous avons
fait nous-mêmes l'évaluation et il nous semble que, dans une
première étape, cette norme est indiquée, tenant compte de
la situation de l'ensemble des municipalités du Québec.
A partir du moment où on prend cette direction encore une
fois, je ne veux pas parler de cataplasme sur une jambe de bois puisque,
contrairement à ce que dit le député de Saint-Laurent, on
est loin de démotiver les municipalités. Au contraire, on vient
en aide à certaines municipalités qui, malgré leur bonne
volonté, ne sont pas capables, n'ont pas les moyens financiers pour
s'assurer la protection policière adéquate. C'est loin
d'être un cataplasme.
Il aurait pu y avoir d'autres solutions. Mais dans la logique de celles
que nous avons adoptées, je pense qu'elle peut se justifier. Le
député de Saint-Laurent dit que c'est le temps de mettre de
l'ordre. Justement, c'est le temps de mettre de l'ordre, si l'on veut s'y
comprendre en fonction d'une réforme plus significative dans l'avenir.
Ce qui existe à l'heure actuelle, la situation que nous avons, c'est une
situation de désordre, de municipalités qui abandonnent leur
corps policier, alors qu'elles n'ont pas le droit de le faire. Les moyens sont
très restreints, on le sait, au niveau gouvernemental, pour assurer la
bonne surveillance de toutes ces situations. (23 heures)
Nous essayons même de mettre fin à certaines injustices de
municipalités qui violent la loi et qui, d'une certaine façon,
sont récompensées par le fait que la Sûreté du
Québec assume la relève sans frais, alors qu'il y a des
municipalités qui respectent la loi et qui sont pénalisées
parce qu'elles doivent assumer les coûts de leur protection
policière.
Ce que nous avons en main, c'est vraiment une situation de
désordre et c'est dans un effort d'y mettre de l'ordre que nous arrivons
à cette solution, qui n'est sûrement pas parfaite mais qui,
à mon sens, va régler pas mal de situations.
Je ne veux pas dire par là que la direction qu'énonce le
député de Saint-Laurent ne réglerait pas plusieurs
solutions, mais je pense que la direction que nous empruntons est de nature
à clarifier la situation pour ensuite, peut-être, permettre,
à partir d'une meilleure lecture, de s'orienter vers une réforme
plus en profondeur, plus majeure.
Ce sont mes commentaires, je ne veux pas être plus long qu'il ne
le faut.
M. Forget: Cela aiderait peut-être, M. le
Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: ... si le ministre nous aidait à comprendre
dans quelle direction il se dirige. Si je comprends bien, d'après ses
remarques, il dit que c'est un premier pas, que ça va évoluer
dans un sens qui va nous permettre de mettre de l'ordre...
M. Bédard: Non, qui pourra permettre peut-être d'y
aller de réformes plus majeures...
M. Forget: Est-ce qu'on ne peut rien envisager à ce
moment-ci...
M. Bédard: ... mais je pense qu'à ce moment-ci, les
dispositions que nous prévoyons dans la loi sont de nature, sans aucun
doute, à améliorer la situation. Elles n'ont pas
été prises à la légère, on a eu des
rencontres avec les municipalités, même avec l'Union des
municipalités, et sur bien des points, nous nous sommes mis d'accord que
c'est dans cette direction qu'il faudrait aller. C'est ce que nous faisons.
M. Forget: Si, dans les agglomérations urbaines, il y
avait eu une exception, si cette loi n'était pas absolue. Prenez, par
exemple, la rive sud de Montréal, si vous regardez la liste des
municipalités sur la rive sud de Montréal, vous avez des
municipalités comme Longueuil, Saint-Lambert, qui ont une taille
appréciable, etc. Quand vous descendez le long de la liste, prenez
Otterburn Park ou une municipalité comme ça, vous avez tout
à coup une, deux ou trois municipalités qui sont
imbriquées dans un territoire urbain, qui n'ont pas 5000 de population.
Il est difficile d'imaginer...
M. Bédard: C'est bien difficile d'avoir un critère
objectif.
M. Forget: Peut-être, mais il y en a une qui a 5000...
M. Bédard: II s'applique pour tout le monde. M. Forget:
II s'applique pour tout le monde.
M. Bédard: Vous nous parlez de situations
particulières, je ne dis pas que vous n'avez pas raison dans les
situations que vous évoquez...
M. Forget: II y en a dans toutes les régions
urbanisées.
M. Bédard: Vous dites...
M. Forget: Prenez la région de Saint-Jérôme,
prenez la région de Saint-Hyacinthe, la région de
Sherbrooke, vous avez, dans ces centres urbains, deux, trois, quatre
municipalités qui ont une taille appréciable, une de 35 000, une
de 25 000 et une autre de 8000, une autre de 12 000, vous en avez deux ou trois
ou quatre qui sont juste accolées là-dessus, qui ont 3800, 4200,
4950. Celles-là, vont être même des enclaves dans un
territoire urbanisé; ça peut arriver et ça arrive dans
certains cas, quand on regarde la liste qui est en annexe ou même
intégrée dans le rapport de M. Saulnier.
Vous avez de ces villes qui sont des enclaves dans un territoire
urbanisé. Toutes les municipalités ont plus que 5000, sauf une,
deux ou trois. Dans ces municipalités, vous allez voir la
Sûreté du Québec. Après ça, qu'est-ce qui va
arriver? Cela va créer une situation où les citoyens vont se
dire: Comment se fait-il que la Sûreté du Québec est de
l'autre côté de la rue? Ah oui! ça, c'est la
municipalité Unetelle, c'est une petite municipalité, elle a la
Sûreté du Québec et ça ne lui coûte rien en
taxe. Elle paie une fois pour la police, nous, on paye deux fois pour la
police.
M. Bédard: Vous conviendrez avec moi que vous tenez pour
acquis, dans vos exemples, que c'est le choix que les municipalités vont
faire. On ne crée pas l'obligation pour elles de maintenir un corps
policier, mais on n'empêche pas le fait qu'elles puissent en avoir un.
Vous seriez peut-être surpris de voir jusqu'à quel point,
même la loi étant ce qu'elle sera, il y aura des
municipalités qui tiendront à avoir leur propre protection
policière. C'est une évaluation qui peut se faire avec le
temps.
M. Forget: Cela peut arriver. Mais je prendrais un pari avec le
ministre que, sur une période de deux ans, il n'en restera plus
beaucoup. Lorsque les gens vont se rendre compte que leur compte de taxes
pourrait être réduit de 20% ou de 25% en supprimant le service de
police, ils ont parfaitement le droit de le faire sans demander la permission
à personne.
A la prochaine élection municipale, vous allez avoir des gens qui
vont dire: Ecoutez donc, on a réalisé une façon de
diminuer vos taxes. J'ai hâte de voir la viabilité de ces forces
de police. Encore une fois, si c'est cela qu'on veut, que la
Sûreté du Québec les prenne graduellement en charge, sauf
dans les grandes communautés urbaines, cela nous aiderait à
comprendre la logique du ministre. On dirait: C'est un pas dans une
direction.
Mais si, au contraire, on cherche un jour à consolider et a
professionaliser des forces municipales d'une taille telle qu'elles puissent
vraiment avoir des activités complètes à un niveau
satisfaisant, je pense que là, on va ramer à reculons pendant une
partie du voyage.
Mais enfin, le ministre dit que ce n'est pas une étape dans une
réforme, c'est simplement un geste qu'on pose pour régler des
problèmes ad hoc. Très bien. Sur cette base, M. le
Président, je pense qu'on n'a plus rien à se dire sur le sujet,
sauf qu'on n'est pas d'accord et qu'on va l'adopter sur division, pour les
raisons que j'ai indiquées.
M. Bédard: Je me rappelle que le Procureur
général du temps, lorsqu'il avait apporté cette norme de
5000, la présentait comme une réforme.
M. Forget: C'est cela.
M. Bédard: Je vous dis que c'est une étape pour
répondre à des situations sur l'ensemble du territoire. C'est
impossible de penser avoir la prétention de la solution qui règle
tous les problèmes policiers.
M. Forget: Non, mais quand on a une commission d'enquête et
qu'on n'est pas capable de savoir quelle est l'attitude officielle du
gouvernement vis-à-vis d'une recommandation majeure, vous comprenez que
cela commence à être un peu inquiétant.
M. Bédard: Nous avons dit que le rapport Saulnier avait
des choses très valables.
M. Forget: Oui. Nous sommes bien avancés avec cela.
M. Bédard: Remarquez une affaire. C'est vrai que ce
n'était pas vous qui étiez critique du ministère, dans
l'Opposition, à ce moment-là. Mais nous avons entendu tous les
groupes. Et ce qui était assez intéressant, c'est que tous les
groupes disaient qu'ils étaient pour le rapport Saulnier, sauf un point
particulier sur lequel ils étaient en désaccord.
Vous aviez les municipalités qui nous disaient: Le rapport
Saulnier, c'est parfait, sauf que la régionalisation, on n'en veut pas.
Mais la régionalisation, c'est un des éléments essentiels
du rapport Saulnier.
Vous aviez certaines autres associations qui nous ont dit: Nous sommes
d'accord avec le rapport Saulnier, mais il ne faut pas que les polices
municipales deviennent de la gendarmerie. Or, c'est une des recommandations
essentielles du rapport Saulnier. Je pourrais vous apporter bien d'autres
exemples de représentations qui nous ont été faites par
des groupes qui sont tous d'accord ils ont ceci de particulier, ils sont
tous d'accord avec le rapport Saulnier sauf qu'ils ne sont pas d'accord
avec la recommandation principale qui les touche plus particulièrement.
Quand vous êtes réaliste, quand vous écoutez l'ensemble de
ces représentations, vous constatez tout au moins que sous des dehors
d'acceptation du rapport Saulnier, c'est essentiellement un désaccord
avec le rapport Saulnier. C'est un accord avec les choses qui font leur affaire
et un désaccord avec les choses qui ne font pas leur affaire. Or, il
arrive que les points avec lesquels ils sont en désaccord sont les
points principaux qui les concernent et les points principaux des
recommandations du rapport Saulnier.
Ceci étant constaté, cela ne nous justifie pas de ne rien
faire. C'est pour cela que nous y allons avec des solutions qui peuvent
paraître ponctuelles mais qui, à mon sens, répondent
à certains
problèmes qui sont existants au moment où on se parle, qui
sont de nature, quand on applique la norme de 5000 encore une fois, on
ne démotive pas les municipalités, on leur vient en aide. On ne
crée pas le désordre, parce que le désordre, il existe
à l'heure actuelle.
On essaie d'y mettre de l'ordre avec des normes qui sont de nature
à mettre fin à des injustices, auxquelles je me
référais tantôt, de municipalités qui respectent la
loi et qui sont pénalisées et de celles qui violent la loi qui
sont récompensées. Je pense que ce sont des situations avec
lesquelles il faut en finir. C'est dans cet esprit-là que nous apportons
les amendements qui sont proposés.
Le Président (M. Lacoste): L'amendement est-il
adopté?
M. Forget: Sur division.
Le Président (M. Lacoste): Adopté, sur division.
L'article 25 est-il adopté?
M. Blank: Sur division.
Le Président (M. Lacoste): L'article 25 est adopté,
tel qu'amendé, sur division.
M. Forget: C'est cela.
Le Président (M. Lacoste): L'article 26.
M. Blank: II y a un amendement qui supprime l'article.
Le Président (M. Lacoste): Ah! A l'article 26, M. le
ministre, il y a un amendement.
M. Bédard: II s'agit de supprimer l'article 26. Oui, on le
supprime. C'est cela.
M. Forget: L'article 26 lui-même supprimait les codes
d'éthique locaux. On a cela...
Le Président (M. Lacoste): En fait, l'amendement à
l'article 26 c'est de supprimer l'article 26 du projet. L'amendement est-il
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'amendement est
adopté.
M. Forget: L'article est rejeté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 27.
M. Bédard: L'article 27, il s'agit d'une abrogation de
concordance avec l'article 7 du projet. Est-ce que cela va pour cela?
Le Président (M. Lacoste): L'article 27 est-il
adopté?
M. Bédard: Adopté, M. le Président.
L'article 27.1...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent, est-ce que l'article 27 est adopté?
M. Forget: L'article 27, oui, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): L'article 27 est adopté.
M. le ministre, vous avez un article 27.1.
M. Bédard: L'article 27.1 vise à mieux
définir le rôle du directeur de police par rapport au
gérant municipal. Le directeur de police possède une
autorité absolue sur tout ce qui concerne les enquêtes
policières. Le gérant conserve cependant pour toute autre
matière son pouvoir de supervision générale. Je pense que
c'est un problème qui existait depuis longtemps. Je vois ici
présents à nos travaux M. Marcil et M. Nadon, président de
l'Association des policiers provinciaux. Cette situation était l'objet
de conflits continuels. Durant des années, des représentations
ont été faites pour apporter les correctifs nécessaires.
Nous les apportons.
M. Forget: Les médecins appellent cela la liberté
thérapeutique.
M. Bédard: Je ne sais pas comment ils appellent cela,
mais...
M. Forget: C'est la même chose.
M. Bédard: ... je sais que par rapport à un
problème, c'est une solution...
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'amendement...
M. Bédard: ... qui sera de nature, je pense, à
valoriser le directeur de police qui a quand même besoin d'une
autorité absolue, lorsqu'on parle d'enquêtes policières,
qui ne doit en aucune façon être, je pense, influencé par
l'autorité municipale en place.
M. Forget: On est d'accord, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): D'accord. Est-ce que le nouvel
article 27.1 est adopté?
M. Forget: Oui, c'est adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article
28.
Utilisation de la Sûreté du Québec
dans les municipalités
M. Bédard: L'article 28, il s'agit du droit nouveau qui va
dans le sens d'autoriser une municipalité à conclure une entente
avec le Procureur général aux fins d'autoriser la
Sûreté du Québec à lui fournir certains services.
Encore là,
c'est suite à beaucoup de représentations qui ont
été faites dans ce sens.
M. Forget: Ces ententes-là n'ont pas nécessairement
une durée limitée.
M. Bédard: Non, on n'a pas prévu de durée
limitée. Je pense que cela dépendra des désirs des
parties.
M. Forget: Si une municipalité n'est pas satisfaite des
services donnés par la Sûreté du Québec en vertu
d'une telle entente, quel est son recours? (23 h 15)
M. Bédard: J'espère avoir bien répondu au
député de Saint-Laurent, lorsqu'il demande si nous avons
prévu une durée limitée. Nous n'en avons pas prévu,
de façon spécifique, mais il est clair qu'il peut y avoir une
durée limitée concernant l'acquisition de services.
M. Forget: De même qu'une durée très longue
aussi, on peut faire ça pour 25 ans.
M. Bédard: De même qu'une durée très
longue, oui. C'est ça, ça dépend essentiellement du
consentement des parties.
M. Forget: Parce qu'une durée limitée, ça
rouvre l'entente et ça permet de renégocier une entente.
M. Bédard: C'est ça.
M. Forget: Dans le cas où la durée est très
longue, et comme il n'y a pas de durée limite de droit public qui est
décrétée par cet amendement, la durée pourrait
concevablement être très longue, 10 ans, 15 ans, 20 ans. Mettons
seulement 10 ans...
M. Bédard: Par hypothèse, elle peut...
M. Forget: ... une municipalité qui, tout à coup,
supprime son service de police et pense faire une bonne affaire, fait une
entente avec la Sûreté du Québec et se rend compte que
finalement, ça ne satisfait pas ses besoins, les citoyens se plaignent,
le conseil municipal est alerté, ils se disent: on a un contrat de cinq
ans, on a un contrat de sept ans. Il n'y a rien qu'il puisse faire, il faut
attendre le renouvellement du contrat ou est-ce que la commission de police
peut intervenir?
M. Bédard: II peut y avoir des clauses dans ces ententes
qui prévoient les réouvertures aux fins de
renégociations.
M. Forget: Parce qu'il n'y a pas de symétrie, quand une
municipalité donne des mauvais services, le Procureur
général, les citoyens, tout le monde et son frère peuvent
demander des enquêtes. Mais si c'est la Sûreté qui ne donne
pas satisfaction, dans le cas où elle donne des services municipaux ou
de niveau municipal, ça peut se faire aussi, là, il n'y a pas le
recours symétrique à la Commission de police.
M. Bédard: Je pense qu'il y a toujours le recours civil
qui résulte des obligations des contrats. Que le contrat se fasse entre
le Procureur général et la municipalité, c'est comme si
ça se faisait entre deux individus, effectivement, deux corporations; il
y a obligation de livrer la marchandise, de donner les services. Dans ce
sens-là, les règles usuelles s'appliquent sûrement.
M. Forget: L'Union des municipalités suggérait une
renégociation annuelle de ces ententes parce que, évidemment, le
contrat, dans la mesure où il est explicite, ça veut bien
sûr, ouvrir des recours devant la Cour supérieure, mais dans la
mesure ou c'est de fournir des services, un contrat un peu naïf et
simpliste, mais malgré tout, quand on le signe, on a l'impression que
tout le monde s'entend sur ce que ça veut dire et ça ne donne
presque aucun recours.
M. Bédard: Je ne voudrais pas avoir l'air du protecteur
plus qu'il ne le faut des municipalités, mais je ne suis pas sûr
que si nous donnions suite à leur suggestion de renégocier
à tous les ans, ce serait de nature à leur rendre service
à ce point.
M. Forget: La Sûreté du Québec étant,
à ce moment-là, en position de monopole pourrait imposer les
conditions qu'elle juge bon...
M. Bédard: Enfin je n'explique pas plus qu'il ne le faut,
mais même si, spécifiquement, nous ne donnons pas suite à
leurs représentations telles qu'exprimées, on sait qu'il y a la
possibilité, pour chaque municipalité, de négocier pour un
an, si tel est son désir. Ou d'exiger une renégociation à
toutes les années.
M. Forget: C'est qu'il y a probablement des clauses escalatoires
qu'on peut imaginer, disant que, selon l'évolution des coûts, la
Sûreté du Québec pourra majorer, parce que j'imagine que
c'est contre paiement, ce ne sont pas des contrats gratuits, ce sont des
contrats à titre onéreux...
M. Bédard: A titre onéreux.
M. Forget: A ce moment-là, la municipalité
qui...
M. Bédard: Très onéreux, parce qu'on a dit
que les services de la Sûreté du Québec...
M. Forget: Ce n'est pas pour rien.
M. Bédard: ... nous n'aurions pas le coût des
services de la Sûreté du Québec qui seraient tels qu'ils ne
constitueraient pas un engagement à requérir les services de la
Sûreté du Québec pour remplacer les corps policiers.
M. Forget: II reste qu'au niveau de cette tarification, si l'on
veut, une fois qu'une munici-
palité a supprimé son service de police, elle ne peut pas
du jour au lendemain, le rétablir. Même si son contrat est annuel
ou si c'est un contrat de deux ou trois ans, lorsque la période du
renouvellement arrive, cela prend beaucoup d'audace à des
administrateurs municipaux d'une ville de taille modeste pour dire: Cela a mal
été, finalement, nos gens sont insatisfaits de ces services et on
met sur pied une force policière simplement au cas où notre
négociation ne donnerait pas les fruits désirés.
Il y a vraiment un pouvoir de la Sûreté du Québec
assez grand d'imposer ses conditions je ne dis pas dans la première
négociation, mais éventuellement. Est-ce qu'il ne serait pas sage
que la Commission de police, dans son rôle quasi judiciaire, justement,
puisse arbitrer en quelque sorte, ces contrats, les différends qui
émergent de l'application des contrats, y compris les problèmes
relatifs à des charges qui apparaîtraient disproportionnées
aux services offerts là, il y a une certaine expertise qui est
nécessaire et il y a seulement la Commission de police qui l'a en
disant: Démontrez que les coûts sont raisonnables et en entendant
les parties. Autrement, c'est assez unilatéral comme pouvoir.
M. Bédard: Sauf que ce n'est pas un contrat avec la
Sûreté du Québec. C'est un contrat avec le Procureur
général et avec le gouvernement. Je me demande jusqu'à
quel point il serait indiqué que la Commission de police commence
à être l'arbitre entre le gouvernement et les municipalités
sous cet aspect.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 28 est
adopté?
M. Bédard: Une chose qui est certaine, c'est que nous
tenons à ce que les municipalités fassent en sorte de maintenir
leur corps policier lorsque requis. C'est dans ce sens-là que j'ai
exprimé notre position, à savoir que les services de la
Sûreté du Québec non seulement ne seraient pas gratuits,
mais seraient tels qu'ils ne représenteraient pas une incitation des
municipalités à se départir de leur corps policier. C'est
dans ce sens-là que nous allons agir.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 28 est
adopté?
M. Forget: Oui, M. le Président. "The proof of that
pudding is in the eating", comme d'habitude.
Le Président (M. Lacoste): L'article 28 est adopté.
Article 29?
M. Forget: C'est de concordance, me dit-on.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 29 est
adopté?
M. Forget: Ici, on note que l'Association des chefs de police et
de pompiers du Québec recom- mande que le nouvel article 62 s'applique
également aux policiers qui poursuivent un stage de formation
policière à l'institut de Nicolet, c'est-à-dire que le
Procureur général soit réputé son employeur
à ce moment-là.
M. Bédard: Nous avons fait certaines
vérifications...
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Bédard: ... avec la Commission des accidents du travail
pour savoir si effectivement les personnes qui étaient à
l'Institut de police étaient dans toutes les situations couvertes et on
nous assure qu'elles l'étaient. En vertu des modifications qui ont eu
lieu par le chapitre 57 des Lois de 1978, on couvre les étudiants en
stages. Ensuite, une partie des étudiants de l'institut qui sont
à contrat avec leur municipalité, donc qui sont encore des
salariés, donc protégés. Il n'y avait pas de
problème.
M. Forget: II ne semble pas y avoir de problème.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 29est
adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 29 est adopté.
L'article 30?
M. Bédard: II est remplacé.
Le Président (M. Lacoste): Oui, il y a un amendement.
M. Bédard: Nous remplaçons l'article 30 au
complet.
Ces modifications qui sont proposées fixent de nouvelles
règles d'appel à la Commission de police et portent le
délai d'appel à 30 jours. De plus, si une municipalité
congédie un policier qui n'est pas un salarié au sens du Code du
travail ou réduit son traitement suite à une recommandation de la
commission, il y a appel, mais devant trois juges de la Cour provinciale. Ce
dernier amendement garantit une plus grande impartialité et est plus
conforme aux règles de justice naturelle.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Le nouvel article 30 est
adopté. Article 31 ?
Constables spéciaux
M. Bédard: L'article 31, c'est une modification qui permet
aux municipalités d'embaucher, sur une base saisonnière, des
constables spéciaux. Cela fait suite à des recommandations faites
par les municipalités.
Je vois, M. le Président, que quand ce sont des articles
très intéressants, on demande de passer vite...
M. Forget: Quand on n'a pas de question, c'est qu'on les
comprend.
M. Bédard: ... et on perd du temps sur des
considérations qui souvent sont moins importantes pour les
municipalités et les policiers.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 31 est
adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 32?
M. Bédard: Adopté. M. Forget:
Adopté.
M. Bédard: M. le Président, l'article 33 est aussi
adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 32, adopté.
Article 33, adopté. Article 34? L'article 34 est-il adopté?
M. Bédard: Adopté. M. Forget: Un
instant.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Comme on parle du ministre de l'Education, il y
a...
M. Bédard: Je ne l'ai pas sous la main!
M. Forget: Non, je ne veux pas faire une motion pour qu'il
vienne, M. le Président, que le ministre de la Justice se rassure!
M. Bédard: Je n'étais pas inquiet!
M. Forget: Cela prolongerait peut-être un peu les travaux,
d'ailleurs, s'il acceptait! Mais il y a le problème des
débouchés pour les diplômés des options de technique
policière des CEGEP et de l'Institut de police de Nicolet. Est-ce que le
but d'amener le ministre de l'Education dans le tableau parce que
j'imagine que c'est un peu le but c'est d'assurer...
M. Bédard: C'est une des préoccupations que nous
avons.
M. Forget: ... une meilleure coordination avec les besoins
prévisibles, dans la mesure où ils sont prévisibles?
M. Bédard: Exactement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Etant donné que j'ai déjà
été commissaire à la Commission des droits de la
personne...
M. Bédard: Qui est un organisme non partisan.
M. Marx: Organisme non partisan, mais je ne suis pas partisan
aujourd'hui non plus!
A l'article 78 sur les programmes de formation, ce serait bon,
peut-être, de prévoir que ces programmes soient aussi
élaborés en collaboration avec la Commission des droits de la
personne pour sensibiliser les policiers aux droits et liberté de la
personne. Cela existait déjà, mais est-ce que ce sont les
policiers ou le ministre qui décident?
M. Bédard: Je ne comprends pas. Est-ce que le ministre a
encore le droit de regarder un policier? Je l'espère. Il a le droit de
le respecter aussi.
M. Marx: Pas de clignoter.
M. Bédard: Je vous vois clignoter depuis un petit bout de
temps là.
M. Marx: Peut-être est-ce une bonne idée de
prévoir un "input" de la Commission des droits de la personne, parce que
le président de la commission est déjà allé
à l'Institut de police à Nicolet pour donner des cours, etc.
C'est une suggestion, parce qu'on a eu des problèmes...
M. Bédard: Je vais vous donner ma position tout de
suite.
M. Marx: Les policiers sont de bonne foi, mais je pense que
c'est...
M. Bédard: Oui, il ne s'agit pas de le mettre dans la loi,
mais sur une base volontaire, il est évident que ce serait une
très bonne initiative de la part de la Commission des droits de la
personne d'aller rencontrer les policiers, que ce soit à l'Institut de
police de Nicolet ou dans les postes de police. Le dialogue peut être
très fructueux.
M. Marx: ... à Montréal...
M. Forget: Vous allez le rendre partisan à force de le
conseiller.
M. Marx: Est-ce qu'il a le "O.K." maintenant? Il a le "O.K.",
bon!
Le Président (M. Lacoste): L'article 34 est-il
adopté?
M. Forget: Oui, M. le Président, je m'excuse, M. le
Président.
M. Bédard: On a le "O.K." de la Commission des droits de
la personne aussi, je pense.
Le Président (M. Lacoste): L'article 34 est adopté.
Article 35?
M. Forget: Lui, il est long, par exemple, on ne pourra pas
l'adopter tout de suite comme ça.
M. Bédard: Ce ne sont pas les articles qui sont longs,
c'est le député de Saint-Laurent parfois!
M. Forget: Non, mais celui-là a quatre articles dans un
seul. Ce sont les infractions et peines.
Une Voix: Et il y a des amendements en plus de ça.
M. Forget: Et il y a des amendements en plus de ça.
M. Bédard: Oui.
M. Forget: Vous voyez, je vous ai aidé, et si on l'avait
adopté trop vite, on serait obligé de le "désadopter".
M. Bédard: Quelques commentaires généraux.
Il s'agit effectivement de droit nouveau. On prévoit un mécanisme
d'appel devant trois juges de la Cour provinciale à l'encontre d'une
décision d'une municipalité congédiant un policier qui
n'est pas un salarié au sens du Code du travail ou réduisant son
traitement si la municipalité a agi à la suite d'une
recommandation de la commission. (23 h 30)
Les policiers municipaux qui ne sont pas des salariés au sens du
Code du travail bénéficient actuellement d'un appel à la
Commission de police en cas de congédiement ou de réduction de
traitement. Toutefois, les règles actuelles sont assez surprenantes, il
y a appel à la commission même si une municipalité ne fait
que donner suite à une recommandation de la commission. Le projet de loi
no 48 veut corriger cette situation en prévoyant que, lorsqu'une
municipalité agit suite à une recommandation de la commission, il
n'y a appel que si la sanction imposée par la municipalité est
plus sévère que celle qui était recommandée. Dans
les deux cas, toutefois, les règles apparaissent manifestement
contraires au principe de justice naturelle, mais je pense que cela est de
nature à corriger la situation qui existe à l'heure actuelle.
M. Forget: Je suis d'accord, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le nouvel article en
fait...
M. Bédard: Nous avons l'article 35.1, M. le
Président...
Le Président (M. Lacoste): Cela va faire un nouvel
article?
M. Bédard: Nous avons adopté l'article 35, avant
de...
Le Président (M. Lacoste): En fait, c'est le nouvel, pour
bien...
M. Bédard: Avant de passer à l'article 35.1,
nous...
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le nouvel article
35, pour les fins du journal des Débats, est adopté.
M. Bédard: Adopté.
M. Forget: Est-ce qu'on ne devrait pas ajouter un mot, M. le
Président, lorsqu'on dit: "Le gérant n'a pas accès
à la correspondance, aux communications ni au dossier concernant..."
Est-ce qu'on ne devrait pas dire "ni aux sources"?
Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Le nouvel article 35 est
adopté. C'est bien un nouvel article, c'est bien cela, c'est tout
nouveau?
M. Bédard: M. le député de Saint-Laurent a
l'art de répondre à ses interrogations.
Le Président (M. Lacoste): Le nouvel article 35 est
adopté.
M. Bédard: Après l'article 35, on
insère...
M. Forget: C'est de concordance avec les modifications au
rôle de la Commission de police.
M. Bédard: Oui. Alors, on va être au paragraphe 3,
d'accord?
Le Président (M. Lacoste): Vous avez un amendement, M. le
ministre, à l'article 35.1 ?
M. Bédard: Une seconde, M. le Président, c'est
parce que nous avons, tel qu'annoncé dans le discours de deuxième
lecture, la solution concernant la police des autoroutes, tout ce qui concerne
l'intégration. Alors, nous avons préparé des amendements,
il s'agit de les bien situer. L'article 35.1 serait le suivant: ...
Le Président (M. Lacoste): Je ne l'ai pas. M.
Bédard: Oui vous l'avez.
Le Président (M. Lacoste): Cela va. Insérer
après l'article 35 du projet... d'accord.
M. Bédard: Article 35.1, article 35.2, c'est adopté
aussi.
Le Président (M. Lacoste): Article 35.1 adopté.
Article 35.2 adopté.
M. Bédard: Nous avons le nouvel article 35.3 qui se lirait
comme suit: Insérer, après l'article 35
du projet, l'article 35.3 qui se lirait comme suit je cite:
"L'article 15 de la Loi des autoroutes (Statuts refondus, 1964, chapitre 134),
modifié par l'article 1 du chapitre 37 des lois de 1974, est de nouveau
modifié par la suppression du paragraphe g) et du dernier
alinéa."
Le Président (M. Lacoste): 3, la présidence, 3; 3,
M. le Ministre.
M. Bédard: Cela a l'air correct à ce qu'on me dit.
Cela va régler le problème.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 35.3 est
adopté?
M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: J'aimerais avoir malgré tout, par acquit de
conscience, une explication, parce que le ministre a dit: C'est une
intégration sans être tout à fait une intégration,
si je comprends bien.
M. Bédard: C'est une intégration radicale.
M. Forget: Pure et simple, radicale. Les policiers de l'autoroute
des Laurentides et des autres autoroutes deviennent des policiers de la
Sûreté du Québec.
M. Bédard: La question n'est pas une erreur.
M. Blank: Ce n'est pas une erreur pour nous, c'est une erreur
pour vous.
M. Bédard: On verra cela plus tard.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent, l'article 35.3?
M. Forget: Oui, c'est sibyllin, mais c'est adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 35.3, adopté.
L'article 36, avec des amendements qui deviendront de nouveaux articles.
M. Bédard: M. le Président, vous avez
déjà en main, je crois, un remplacement de l'article concernant
l'article 36.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent, est-ce que le nouvel article...
M. Bédard:... c'est un changement de certaines
tâches qui avaient été prévues pour...
M. Forget: C'est de concordance avec les modifications de la
Commission de police. On est d'accord, M. le Président.
M. Bédard: C'est cela. L'article 36 serait
adopté?
Le Président (M. Lacoste): L'article 36, adopté.
Nouvel article 36.1. Est-ce que le nouvel article 36.1 est adopté?
M. Bédard: Les articles 36.1 et 36.2, il s'agit de
modifications que nous proposons à la loi concernant le régime
syndical applicable à la Sûreté du Québec qui visent
essentiellement à permettre l'arbitrage de griefs par des personnes
autres que des juges désignés. Dorénavant, ces griefs
pourraient être confiés à l'arbitrage d'une personne
choisie parmi la liste constituée sous l'autorité du Code du
travail.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Est-ce que le syndicat a été
consulté sur cette modification?
M. Bédard: Ils ont été consultés.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le nouvel article
36.1 est adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Est-ce que le
nouvel article 36.2 est adopté?
M. Bédard: L'article 36.2 également, parce que
c'est le même sujet. Maintenant, nous avons un nouveau 36.3 qui touche,
d'une façon spéciale, la police des autoroutes. Je ne sais pas si
c'est nécessaire que je lise tout l'article. Est-ce que l'Opposition en
a une copie?
M. Lalande: Oui.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le nouvel 36.3 est
adopté? Adopté. Nous avions...
M. Bédard: ... le régime de transfert, etc.
M. Blank: Qu'est-ce qui arrive avec l'article 36.3?
M. Bédard: Le tout entrera en application sur
proclamation, parce qu'il y a bien des choses à ajuster, simplement du
point de vue administratif, avant que du point de vue affectif
l'intégration se fasse.
M. Blank: Cela devient l'article 36.4.
M. Forget: M. le Président, l'ancien article 36.3 des
modifications distribuées la semaine dernière devient l'article
36.4?
Le Président (M. Lacoste): C'est cela. L'ancien article
36.3 devient 36.4.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 36.4 est
adopté.
M. Bédard: L'article 37 est une disposition transitoire
qui préserverait certains règlements existants jusqu'à ce
qu'ils soient remplacés ou abrogés.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 37, adopté.
L'article 38.
M. Bédard: L'article 38 est de concordance par rapport
à l'article 1.
Le Président (M. Lacoste): L'article 38, adopté.
L'article 39. Avez-vous un amendement, M. le ministre?
M. Bédard: Oui, qui est d'ajouter à la fin de
l'article 39 ce qui suit... C'est une concordance.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Forget: Oui.
Le Président (M. Lacoste): L'amendement est adopté.
Est-ce que l'article 39 est adopté, tel qu'amendé?
M. Forget: M. le Président, un instant.
Le Président (M. Lacoste): On est à l'article 39
qu'on a amendé.
M. Forget: On est toujours à l'article 39. Dans la Loi des
cités et villes, là on pourra me dire qu'on était dans
l'illégalité. Je comprends, mais...
M. Bédard: Vous avez déjà votre
réponse. Je le dis en souriant.
M. Forget: Comme on a sanctionné
l'illégalité de certaines à 4800 habitants, pourquoi ne
pas donner le même délai de deux ans pour celles qui
étaient dans l'illégalité à 5200 habitants et qui
maintenant sont confrontées par une obligation renouvelée par le
législateur? Finalement, sur le plan pratique, il reste qu'un service de
police ne s'organise pas comme cela. Techniquement, le lendemain de la sanction
de loi, on commet une nouvelle infraction, en quelque sorte.
Il a dû y avoir une espèce de moratoire depuis trois ans,
puisque c'est dans l'air qu'on est en train de réviser la situation.
Alors, tant qu'on ne connaissait pas la décision du législateur,
on pouvait dire: On va attendre.
M. Bédard: Sauf qu'on avait une très bonne
idée de la décision du législateur à partir du
moment où on a déposé le projet de loi. Il y aurait lieu
d'être pratique aussi.
M. Forget: D'accord, on va être pratique.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 39, tel
que nous l'avons amendé, est adopté?
M. Forget: On va l'adopter.
Le Président (M. Lacoste): Adopté, tel
qu'amendé. A l'article 40, avez-vous un amendement, M. le ministre?
M. Bédard:A l'article 40, il y a un amendement qui a pour
effet de remplacer le premier alinéa de l'article 40 du projet par celui
que vous avez en main, M. le Président. Cet article aurait pour effet
d'obliger une municipalité de ville à maintenir son service de
police, même si elle compte moins de 5000 habitants.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Bédard: L'amendement oblige la municipalité
à recourir au comité de reclassement prévu par l'article
52a également.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Forget: Adopté.
M. Bédard: C'est un très bon projet de loi...
Le Président (M. Lacoste): Adopté.
M. Bédard:... comme dit le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: II y a quelques bons articles. Il y a beaucoup
d'amendements et de sous-amendements.
M. Bédard: II y a beaucoup de bons articles.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 40, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Bédard: Adopté. Article 41. Cela va?
Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Les articles 40 et 41,
adopté. L'article 42.
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 42, adopté.
Nous avions suspendu un article tantôt.
M. Marx: A l'article 42, quelqu'un m'a dit que c'est normal. Mais
c'est une façon de faire adopter une loi qui n'est pas tellement
normale. Cela veut dire qu'on peut mettre en vigueur un ou deux articles, et
pas les autres. Cela veut dire de contourner, d'une certaine
façon...
M. Fontaine: C'est un autre système.
M. Marx: C'est cela. Mais c'était
déjà...
M. Bédard: Si ce n'est pas normal, cela fait presque des
centaines d'années que ce n'est pas normal.
M. Fontaine: C'est encore un système du gouvernement.
M. Bédard: Cela doit encore être un système
du Parti québécois, du "PQuiou", comme dirait M. Bellemare. Mais
cela fait 100 ans que cela existe. (23 h 45)
M. Marx: Est-ce que c'est toujours dans les lois?
M. Bédard: Oui, mais pas toutes les lois. Il y en a qui
sont en vigueur dès leur sanction.
M. Marx: C'est dans la flexibilité administrative, mais
cela pourrait arriver qu'on mette en vigueur...
M. Bédard: Avec l'expérience, vous allez voir que
c'est important de se donner une certaine flexibilité administrative
parce que dans la loi, du jour au lendemain... Le député de
Saint-Laurent a soulevé, il y a quelques instants, un point qui nous
incite à être prudent.
M. Forget: Je pense que c'est une disposition qu'on retrouve dans
les lois qui supposent des modifications à des organismes administratifs
qui, à cause de toutes sortes de difficultés, ne peuvent pas tous
devenir opérationnels le même jour.
M. Marx: On a des droits substantifs dans cette loi. On peut
mettre en vigueur une partie de la loi et laisser de côté un
certain nombre d'articles, en en excluant d'autres. Par le truchement de la
mise en application de la loi, on peut détourner le voeu de
l'Assemblée nationale.
M. Bédard: Je suis prêt à servir d'arbitre
entre le député de Saint-Laurent et le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Tout ce que je veux dire, M. le ministre, même si
c'est normal, cela ne veut pas dire que c'est de bon droit. Mais qu'est-ce
qu'est la normalité?
M. Bédard: C'est une normalité relative, je
pense.
M. Marx: Si vous voulez des exemples des lois qui ont
été appliquées de façon truquée, je peux
vous en fournir.
Une Voix: Evidemment, elle pourrait ne jamais être
proclamée.
M. Fontaine: Si, demain, le gouvernement est renversé,
elle pourrait ne pas être proclamée.
M. Bédard: Comme cela n'arrivera pas, il n'y a pas de
problème.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 42 est
adopté? L'article 42 est adopté. L'article 18.
M. Bédard: Vous avez changé d'idée pour
l'article 18?
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: Evidemment, cela dépend de l'amendement que le
ministre a. Je suis peut-être mieux d'attendre que le ministre propose
son amendement avant de dire un mot.
M. Bédard: Je n'ai pas d'objection à le supprimer,
si vous le voulez. J'ai dit que je n'en faisais pas une question de principe.
Probablement que dans 20 ans, quand vous reprendrez le pouvoir, vous nous
demanderez de le remettre. A ce moment, si on se le rappelle, on se servira du
même argument.
Le Président (M. Lacoste): L'article 18 du projet est
supprimé. Adopté?
M. Bédard: Nous avons une dernière motion. La
fatigue est en train de prendre le dessus, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre! M. le ministre, vous
avez une motion.
M. Bédard: Oui, une motion aux fins de remplacer, dans le
présent projet de loi, les références à des
dispositions législatives abrogées par la mise en vigueur des
lois refondues du Québec par des références aux
dispositions correspondantes de ces lois refondues, tel qu'il appert à
l'annexe au projet de loi, en tenant compte des amendements.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que la motion est
adoptée?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): La motion est
adoptée.
M. Bédard: Plus la motion assez usuelle de
renuméroter les articles du projet de loi no 48 pour tenir compte des
amendements.
M. Blank: Qu'est-ce qu'il arrive des bills privés?
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le projet de loi no
48... M. le député de Saint-Louis, s'il vous plaît.
M. Bédard: Est-ce qu'on peut avoir une suspension?
Le Président (M. Lacoste): Auparavant, est-ce que le
projet de loi no 48, Loi modifiant la Loi de police, est adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté tel
qu'amendé.
M. Bédard: M. le Président, est-ce que nous pouvons
avoir une suspension de cinq minutes pour voir ce qu'il adviendra des projets
de loi privés que nous étions censés étudier?
Suspension à 23 h 50
Reprise à 23 h 55
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre Messieurs.
La commission permanente de la Justice est réunie pour
étudier les projets de loi no 238, Loi concernant la succession de
Joseph L. Green-spon, ainsi que le projet de loi no 190, Loi sur la commune de
la seigneurie Yamaska, ainsi que le projet de loi no 252, Loi concernant
certains immeubles du cadastre de la paroisse de Saint-Jean Chrysostome,
division d'enregistrement de Châteauguay.
Les membres de cette commission sont M. Marcoux (Rimouski) qui remplace
M. Alfred (Papineau); M. Bédard (Chicoutimi), M. Blank (Saint-Louis), M.
Charbonneau (Verchères); M. Godin (Mercier) remplace M. Clair
(Drummond); M. Fontaine (Nicolet-Yamaska); Mme LeBlanc-Bantey
(Iles-de-la-Madeleine) remplace M. Lacoste (Sainte-Anne); M. Forget
(Saint-Laurent) remplace M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys); M. Samson
(Rouyn-Noranda), M. Vaillancourt (Jonquière); M. Marx (D'Arcy McGee)
remplace M. Ciaccia (Mont-Royal); M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M. Duhaime
(Saint-Maurice), M. Lavigne (Beauharnois), M. Léger (Lafontaine), M.
Marois (Laporte); M. Picotte (Maskinongé) remplace M. Pagé
(Portneuf) ainsi que M. Tardif (Crémazie).
J'aimerais que les membres de la commission parlementaire choisissent un
rapporteur. Le député de Maisonneuve.
M. Bédard: Le député de... Le même
rapporteur, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Le même rapporteur, donc,
M. Godin (Mercier) sera donc le rapporteur pour la commission. Nous allons
appeler le projet de loi no 238, Loi concernant la succession de M. Joseph L.
Greenspon.
Projet de loi no 238
M. Bédard: M. le Président, nous n'avons aucune
objection concernant le contenu du projet de loi, nous aurions cependant
à vérifier certains éléments, entre autres, est-ce
qu'il s'agit vraiment, lorsqu'on parle d'Anita et de Marjorie, est-ce que,
effectivement, ce sont ses deux soeurs ou ses deux filles?
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Louis.
M. Blank: Ce sont les soeurs de Norman, c'est cela.
M. Bédard: C'est cela qui est écrit, mais nous
avions des indications à savoir que cela pourrait être les deux
filles. Nous allons vérifier, parce qu'il y a déjà un
projet de loi qui a été passé concernant cette
succession...
M. Blank: Oui, déjà passé...
M. Bédard: Nous allons retracer le projet de loi en
question.
M. Blank: II y a un projet de loi déjà passé
pour avoir une hypothèque.
M. Bédard: L'ancien texte parlait des deux soeurs. Alors,
si ce sont les deux soeurs, il nous faudrait un amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): II faudrait appeler l'article 1
à ce moment. Un amendement à l'article 1.
M. Bédard: Un amendement à l'article 1 qui aurait
pour effet d'ajouter après le mot "unanime"...
Le Président (M. Lacoste): Quelle ligne? Une Voix:
Dernière ligne, en bas.
Le Président (M. Lacoste): Dernière ligne,
après le mot "unanime".
M. Bédard: Les mots "de ses deux soeurs Anita et
Marjorie".
Le Président (M. Lacoste): II faut peut-être le
faire par écrit. (Minuit)
M. Blank: Mais "les enfants", ça ne couvre pas les deux
soeurs, M. le ministre?
M. Bédard: Pardon?
M. Blank: Ce sont les soeurs de Norman, mais les soeurs de Norman
doivent être les enfants de Joseph? Ce n'est pas nécessaire, parce
qu'elles font partie des enfants, il y a trois enfants, Norman, Anita et
Marjorie.
Une Voix: Ce ne sont pas les soeurs...
M. Blank: Oui, ce sont les soeurs de Norman, l'exécuteur
testamentaire.
Une Voix: Peut-être que la version anglaise est
meilleure!
M. Blank: Le père a laissé un cinquième au
fils et quatre cinquièmes à ses deux filles, c'est ce qui est
arrivé.
M. Bédard: Vous permettez un instant, malgré la
clareté de vos explications?
M. Blank: Certainement.
Le Président (M. Lacoste): Pour les fins du journal des
Débats, y a-t-il consentement pour poursuivre nos travaux après
minuit?
Des Voix: Oui.
Le Président (M. Lacoste): II y a consentement.
M. Bédard: Cela va.
M. Blank: Sans amendement, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): L'article 1 est-il
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 1 est
adopté.
M. Bédard: Le député de Saint-Louis pourrait
peut-être nous dire en quelle année ils vont revenir avec cette
succession-là?
M. Blank: Demain matin, à 9 heures, je vais
téléphoner pour être certain et, avant la troisième
lecture, on peut le changer si c'est nécessaire.
M. Bédard: On leur a déjà
téléphoné leur disant que ce serait accepté!
M. Blank: Non, comment pourrai-je percevoir mes honoraires si je
ne téléphone pas?
Le Président (M. Lacoste): L'article 2 est-il
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 2 est adopté.
L'article 3 est-il adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 3 est adopté.
L'article 4 est-il adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 4 est adopté.
Le préambule est-il adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Le préambule est
adopté. Le projet de loi no 238, Loi concernant la succession de
Joseph-L. Greenspon, est-il adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté.
J'appelle le projet de loi no 190, Loi sur la commune de la seigneurie
d'Yamaska. Est-ce que l'absence des personnes concernées...
M. Forget: Qu'est-ce qui arrive dans ce cas, M. le
Président, procède-t-on ex parte? Il est plus normal d'attendre
les représentations des intéressés.
M. Fontaine: M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): On pourrait peut-être
demander qu'un complément d'enquête soit fait et attendre pour
étudier le projet de loi.
M. Fontaine: De toute façon, je me suis informé et
au moins une des personnes qui sont touchées par l'acquisition de cette
commune a des représentations à faire; on n'a pas pu les aviser
à temps.
M. Bédard: M. le Président, dans les circonstances,
nous allons remettre l'étude de ce projet de loi à plus tard.
Le Président (M. Lacoste): D'accord, nous remettons
à plus tard l'étude du projet de loi no 190, Loi sur la commune
de la seigneurie d'Yamaska.
Projet de loi no 252
Projet de loi no 252, Loi concernant certains immeubles du cadastre de
la paroisse de Saint-Jean-Chrysostome, division d'enregistrement de
Châteauguay.
M. Blank: Je pense que M. Dubois a dit l'autre jour que ça
impliquait un projet d'une trentaine de millions de dollars ou quelque chose du
genre.
Le Président (M. Lacoste): Le procureur du
requérant est Me Michel Delorme.
M. Blank: II n'y a aucune objection?
Le Président (M. Lacoste): II n'y a aucun opposant.
M. Bédard: Peut-on l'appeler et accorder quelques minutes
pour essayer de le retracer, s'il a été vu tout à
l'heure?
Une Voix: II y avait un procureur ici tantôt.
Une Voix: Ils sont probablement dans le hall.
Le Président (M. Lacoste): En l'absence des procureurs du
requérant, nous ne pouvons étudier le projet de loi no 252.
M. Bédard: L'étude en est remise à plus
tard.
Le Président (M. Lacoste): L'étude en est remise
à plus tard. La commission parlementaire...
M. Bédard: Ils sont venus...
Une Voix: On est à vérifier s'ils étaient
là.
Une Voix: Est-ce qu'on ajourne?
Le Président (M. Lacoste): On suspend nos travaux pour
deux minutes.
Suspension à 0 h 6
Reprise à 0 h 11
Le Président (M. Lacoste): Lors de la suspension, nous en
étions à la recherche du procureur du requérant qui est
maintenant ici. C'est Me Michel Delorme, de Viau, Bélanger et
associés. Me Delorme.
M. Delorme (Michel): M. le Président, je vous prie
d'excuser mon retard. J'étais au salon rouge, il y avait là
l'étude d'un autre projet de loi pour laquelle j'avais été
appelé. C'est ce qui explique mon absence.
M. Bédard: C'est une bonne soirée. M. Delorme:
Oui.
Le Président (M. Lacoste): On étudie donc le projet
de loi no 252, Loi concernant certains immeubles du cadastre de la paroisse de
Saint-Jean-Chrysostome, division d'enregistrement de Châteauguay.
Si vous avez des commentaires, M. le ministre ou Me Delorme.
M. Bédard: Je préférerais que...
Le Président (M. Lacoste): Nous pourrions aborder
immédiatement l'article 1.
M. Delorme: Je peux vous expliquer un peu quelle est la
difficulté et comment elle se pose.
Le Président (M. Lacoste): Un instant!
M. Bédard: Le texte n'a pas été
imprimé. Est-ce que tous les avis ont été
donnés?
M. Blank: Toutes les... de la loi ont été
passées.
M. Bédard: Mais cela ne va pas...
M. Delorme: Deux avis ont été donnés, qui
ont été modifiés en cours de route étant
donné que le texte du projet de loi a été, quant à
lui, modifié à la suite de certaines recommandations qui avaient
été faites par les officiers du ministère. Je pense que la
dernière publication se fait aujourd'hui, le 21.
M. Bédard: Est-ce que vous vous êtes informés
qu'il pourrait y avoir d'autres personnes qui seraient
intéressées à faire des représentations?
M. Delorme: Non, M. le Président, les avis publics qui
étaient très explicites d'ailleurs, indiquaient que toute
personne qui était intéressée pouvait obtenir une copie du
projet de loi en s'adressant à nos bureaux à Montréal et
personne n'a demandé de copie du projet de loi.
M. Blank: Quels sont les dates des autres avis?
M. Delorme: Les avis ont été donnés au cours
du mois de novembre et au cours du mois de décembre.
M. Bédard: Quelle est la date du dernier avis en
décembre?
M. Delorme: Le dernier avis a été donné
vendredi dernier et je pense qu'il reste un avis qui doit être
publié dans la Gazette officielle. Dans les journaux, le dernier est
paru lundi dernier.
M. Bédard: Quelles sont les représentations que
vous vouliez nous faire?
M. Delorme: Ma cliente, Concorde Enterprises, a acquis l'immeuble
qui est désigné dans les différentes annexes du projet de
loi no 252, sur lequel elle entend installer et procéder à
l'exploitation d'une nouvelle entreprise, ou vendre, plus
précisément, une entreprise qui entend exploiter une mine de
silice et d'investir un montant considérable, il va de soi. Comme elle
devra évidemment hypothéquer ces immeubles au moment de
l'étude des titres de propriété, les notaires de ma
cliente se sont rendu compte qu'il y avait eu des ventes pour taxes au cours
desquelles, c'est-à-dire en 1967 et en 1976, la procédure
prévue par le Code municipal n'avait pas été suivie
intégralement, en ce sens que l'on doit normalement décrire dans
les avis les immeubles ou les parties de lots qui sont vendues en se
référant à ses tenants et aboutissants, ce qui n'a pas
été fait. C'est ce qui s'est produit.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Louis.
M. Blank: Si vous regardez l'article 4 couvre tous les
réclamants qui peuvent faire une réclamation. (0 h 15)
M. Bédard: Sauf que la réclamation est convertie en
une réclamation personnelle.
M. Blank: Oui, mais c'est la clause normale dans des cas
semblables.
M. Oelorme: M. le Président, il y a un cas type. Je pense
que ce projet de loi, quant à cette clause, s'apparente au projet de loi
no 266 qui a été adopté. Du moins, cet article est la
reproduction exacte du contenu du projet de loi no 266 adopté dans le
cas de la cité de Hull l'an dernier, où, finalement, on ne fait
que transformer en une réclamation personnelle une réclamation
réelle.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Bédard: L'article 752 du Code municipal permet de
résilier et d'annuler une vente pour défaut de paiement de taxes
avec le consentement des corporations municipales intéressées, du
propriétaire et de l'adjudicataire. Pourquoi ce moyen ne peut-il pas
être pris?
M. Delorme: A cause, M. le Président, des
différentes ventes qui ont eu lieu par la suite. Si on annulait cette
vente qui a eu lieu en 1967, par exemple, comme il y a eu une série
d'autres ventes qui sont survenues postérieurement, cela créerait
un imbroglio auquel on ne pourrait pas remédier. C'est une solution,
d'ailleurs, qui avait été tout d'abord envisagée, comme le
jugement déclaratoi-re.
M. Bédard: Je n'ai pas d'autres
représentations.
Le Président (M. Lacoste): J'appelle donc l'article 1.
Est-ce que l'article 1 est adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 1 adopté.
L'article 2?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. L'article 3?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 3 adopté.
L'article 4?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 4 adopté.
L'article 5?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le préambule
et les annexes sont adoptés?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Est-ce que le
projet de loi no 252, Loi concernant certains immeubles du cadastre de la
paroisse de Saint-Jean-Chrysostome, division d'enregistrement de
Châteauguay, est adopté?
Une Voix: Adopté.
M. Blank: Au nom du député de Huntingdon, M. Claude
Dubois, je remercie la commission.
Le Président (M. Lacoste): Je tiens à remercier Me
Michel Delorme, de Viau, Bélanger et Associés.
M. Delorme: Merci infiniment.
Le Président (M. Lacoste): La commission ajourne ses
travaux sine die.
Fin de la séance à 0 h 20