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Étude du projet de loi no 55
(Vingt heures vingt et une minutes)
Le Président (M. Laplante): Reprise des travaux de la
commission permanente de la justice pour l'étude article par article du
projet de loi no 55, Loi sur les permis d'alcool.
Les membres de cette commission sont: M. Alfred (Papineau)
remplacé par M. Marquis (Matapédia); M. Bédard
(Chicoutimi) remplacé par M. Godin (Mercier); M. Blank (Saint-Louis), M.
Charbonneau (Verchères) remplacé par Mme LeBlanc-Bantey
(Îles-de-la-Madeleine); M. Clair (Drummond), M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska) remplacé par M. Cordeau (Saint-Hyacinthe); M. Lacoste
(Sainte-Anne), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys) remplacé par M. Forget
(Saint-Laurent); M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Vaillancourt (Jonquière)
remplacé par M. Boucher (Rivière-du-Loup).
Les intervenants sont: M. Ciaccia (Mont-Royal) remplacé par M.
Lalonde (Marguerite-Bourgeoys); M. Cordeau (Saint-Hyacinthe) remplacé
par M. Fontaine (Nicolet-Yamaska); M. Duhaime (Saint-Maurice), M. Lavigne
(Beauharnois), M. Léger (Lafontaine), M. Marois (Laporte), M.
Pagé (Portneuf) remplacé par Mme Lavoie-Roux (L'Acadie).
Est-ce qu'il y avait des articles en suspens?
Une voix: Oui.
Réglementation (suite)
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'on appelle
l'article 115 ou avez-vous des articles en suspens?
M. Godin: 114...
Le Président (M. Laplante): L'article 114 est en suspens?
C'est écrit adopté ici.
M. Godin: Non, il y avait une modification au paragraphe 12 de
l'article 114.
Le Président (M. Laplante): Le paragraphe 12,
d'accord.
M. Godin: II y avait également l'article 115.
Le Président (M. Laplante): L'article 115 n'a pas
été adopté, d'après le papier. Le paragraphe
12...
M. Cordeau: 60 et 76.
Le Président (M. Laplante): 60 et 76. D'accord. M.
l'adjoint parlementaire, si vous voulez déposer les amendements pour les
futurs articles.
M. Godin: Oui. Conformément à la tradition
établie depuis le début des sessions de cette com- mission, nous
déposons en liasse les amendements, les révisions, enfin, tout ce
qu'on avait promis de déposer. Cela touche...
Le Président (M. Laplante): Avant de passer à
l'article 114, douzième paragraphe, on me demande d'éclaircir ce
qui a déjà été adopté mais qui ne
paraît pas clair dans la transcription. Le dixième paragraphe
devrait se lire: "Prescrire les normes auxquelles doivent répondre les
dispositifs visés dans l'article 63 et le deuxième alinéa
de l'article 76." C'est comme cela qu'il devrait se lire.
M. Forget: Pourriez-vous relire cela, M. le Président?
M. Godin: Page 25.
Le Président (M. Laplante): Le dixième paragraphe
devra se lire dorénavant comme suit: "10. prescrire les normes
auxquelles doivent répondre les dispositifs visés dans l'article
63 et le deuxième alinéa de l'article 76." D'accord?
Adopté?
M. Forget: C'est entièrement nouveau.
Le Président (M. Laplante): Non. C'est parce qu'on avait
mal transcrit l'amendement qui avait été apporté.
C'était pour faire une correction.
M. Forget: D'accord. C'est le dixième alinéa. Je
m'excuse, M. le Président, je suis maintenant.
Le Président (M. Laplante): Maintenant, on va au
douzième alinéa. M. l'adjoint parlementaire.
M. Godin: À la suite des discussions et des suggestions,
nous proposons de remplacer le douzième alinéa par le suivant:
"12. établir des normes relatives à la publicité sur la
vente de boissons alcooliques", au lieu de "régir toute publicité
relative à la vente de boissons alcooliques". Au lieu de "régir"
- je le lis, vous l'aurez bientôt... Est-ce que les copies s'en viennent,
M. le secrétaire? ...
Le Président (M. Laplante): II m'en faut une.
M. Godin: ... nous aurons: "12. établir des normes
relatives à la publicité sur la vente de boissons
alcooliques."
M. Forget: II s'agit du contenu. On s'entend bien sur le fait
qu'il s'agit du contenu et non de l'interdiction ou de la réglementation
de l'activité publicitaire comme telle.
M. Godin: C'est le contenu. Autrement dit, cela s'inscrit dans le
mandat du comité qui existe présentement au sein de la
commission, qui, on l'a vu précédemment, a analysé 1400
messages publicitaires, se réunit toutes les trois semaines et passe
à travers toute publicité relative aux alcools.
M. Forget: Est-ce que c'est un pouvoir nouveau?
M. Godin: Non.
M. Forget: II existait dans l'ancienne loi.
M. Godin: L'article 104 de l'ancienne loi. D'ailleurs, c'est en
vertu de l'article 104 de l'ancienne loi que le comité avait
été créé. Comme le mot "régie" avait
semblé à la commission et en particulier à vous, M. le
député de Saint-Laurent, ne pas être conforme à
l'esprit, nous l'avons modifié en conséquence.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que le paragraphe 12 de
l'article 114 est adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article 114 tel
qu'amendé est-il adopté? Amendé dans tous ses paragraphes,
il y avait seize paragraphes.
M. Forget: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 115 où il y a un amendement à apporter par
M. l'adjoint.
M. Cordeau: Est-ce qu'on peut l'avoir?
M. Forget: Je pense que cela n'a pas été
distribué encore.
M. Cordeau: M. le Président, serait-il possible de revenir
à l'article 63, qui a été adopté en notre absence?
C'est l'article concernant la vente d'alcool le Vendredi saint.
Mme LeBlanc-Bantey: Les absents ont toujours tort.
M. Cordeau: Avoir été ici, je regrette, on aurait
adopté l'article sur division.
Le Président (M. Laplante): II a été
adopté à l'unanimité. C'est difficile de revenir en
arrière.
M. Cordeau: On reviendra en troisième lecture, en
commission plénière.
Le Président (M. Laplante): Ce sera votre droit, M. le
député.
M. Lalonde: Le député de Gaspé n'est pas
d'accord?
M. Cordeau: II y en a d'autres qui ne sont pas d'accord.
Mme LeBlanc-Bantey: Vous avez peur de perdre votre
popularité à la messe?
M. Cordeau: On ne peut pas revenir, M. le Président, sur
l'article.
Le Président (M. Laplante): II faudrait l'unanimité
des membres. Comme c'est un article voté à l'unanimité,
ça me surprendrait qu'on revienne unanimement à cet article.
M. Cordeau: On reviendra en troisième lecture, à
l'adoption du rapport.
M. Godin: Est-ce qu'on pourrait avoir votre opinion, pour qu'on
puisse en prendre note?
M. Cordeau: Je n'ai aucune objection à ce que l'on
interdise, la vente des alcools le Vendredi saint. C'est peut-être par
principe, mais ça reflète aussi l'opinion de plusieurs membres de
notre caucus.
M. Godin: Nous notons que...
M. Cordeau: Je pense qu'une journée de tempérance
par année ne fait tort à aucun système.
M. Godin: Nous notons que ce principe... M. Blank: C'est
abrogé! M. Lalonde: C'est abrogé!
M. Godin: L'article 63 a été abrogé, M. le
député!
M. Lalonde: II a été abrogé! C'est
épouvantable! Je comptais sur vous, je n'étais pas là;
alors, je comptais sur vous.
M. Godin: M. le député de Marguerite-Bourgeoys,
l'article 63, sur vote unanime des gens présents, y compris ceux de
votre parti, je sais qu'il y a une ligne de parti là-dessus, a
été abrogé.
M. Cordeau: II a été abrogé.
M. Lalonde: On appellera ça le "Black Tuesday".
Le Président (M. Laplante): On va suspendre deux minutes
en attendant les copies. (20 h 30)
M. l'adjoint parlementaire, si vous voulez bien expliquer votre
amendement à l'article 115, s'il vous plaît!
M. Godin: À l'article 115, M. le Président, c'est
qu'à la demande du consensus de la commission, nous avons
modifié, en l'allongeant, le délai qui sépare la
publication des règlements découlant de ce projet de loi et leur
application. Les articles 115, 116 et 117 font partie d'un tout. Nous passons
en fait de 30 jours à 60 jours, mais répartis de la façon
suivante.
Vous avez la nouvelle version sous les yeux: "115. Une
prépublication de 45 jours, avant que le gouvernement ne l'approuve, de
tout règlement touchant les détenteurs de permis."
"117. Un règlement entre en vigueur à l'expiration des
quinze jours qui suivent celui où le gouvernement le publie à la
Gazette officielle du Québec accompagné du décret qui l'a
approuvé ou à une date ultérieure que le règlement
indique."
Donc, vous avez 60 jours au lieu de 30 jours, étalé sur 45
jours avant et 15 jours après. Et dans certains cas, la régie ou
le gouvernement peut décider d'allonger le délai encore plus.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: II y a une idée qui disparaît dans cette
reformulation des textes, je ne sais pas si c'est par inadvertance. C'est
l'idée que le règlement adopté par la régie doit
être soumis à l'approbation du gouvernement. Si vous vous
référez à la nouvelle rédaction de l'article 116,
c'est: "lorsqu'un règlement lui est soumis pour approbation, le
gouvernement peut le modifier."
L'article 115 ne prévoit pas d'obligation stricte de soumettre au
gouvernement pour approbation. Il prévoit simplement qu'il y a une
publication qui doit être faite, encore une fois cette
fois-là sous-entendue si c'est soumis au gouvernement pour
approbation. Mais il n'y a nulle part d'obligation stricte qui est faite. Je me
demande si c'est voulu ou si c'est par inadvertance.
M. Godin: L'article 115 disait "doit", effectivement.
M. Forget: C'est cela.
M. Godin: Je pense que l'esprit, c'était bien "doit".
M. Forget: Une obligation ne se présume pas, si la loi ne
la précise pas.
Mme Lavoie-Roux: Cela semble évident. M. Forget:
Merci, chère collègue.
M. Godin: L'obligation, en strict recours au dictionnaire et
à la grammaire, l'obligation réside dans la formulation avant que
le gouvernement ne l'approuve.
M. Forget: Oui, lorsqu'il l'approuve.
M. Godin: II ne nous apparaît pas nécessaire de dire
"avant que le gouvernement ne doive l'approuver."
M. Forget: Non, bien sûr, il faudrait une périphrase
différente.
M. Godin: Enfin, là, c'est une question de...
M. Forget: Je pense que vous n'avez plus d'obligation stricte,
c'est une invitation à la faire approuver par le gouvernement, mais si
jamais il y avait, par exemple, un vice de procédure quelconque et qu'on
voulait alléguer que, dans le fond, le délai n'est pas
nécessaire, etc.
M. Godin: En vertu du principe que trop fort ne casse pas, vous
voudriez qu'on l'indique.
M. Forget: Oui.
M. Godin: II y a moyen de...
Donnez-nous trente secondes, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): La séance est suspendue
deux minutes.
Suspension à 20 h 34
Reprise à 20 h 36
M. Godin: M. le Président, le député de
Saint-Laurent avait raison. Nous gardons l'article 115 tel qu'il est. Le nouvel
article 116...
Le Président (M. Laplante): Une minute! L'article 115,
c'est le nouvel article.
M. Godin: Non. L'article 115 modifié.
Le Président (M. Laplante): Modifié. Tel qu'il est,
vous le gardez.
M. Godin: Nous proposons qu'il soit tel quel.
Le Président (M. Laplante): On va adopter l'article 115,
si vous voulez.
M. Godin: C'est parce que les trois se tiennent. Nous allons
donner une explication sur les trois, quitte à revenir à
l'article 115 pour les votes.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Godin: L'article 116 serait remplacé par l'article 115
de la version originale de la loi. Donc, on garde l'obligation, on garde le mot
"doit". Cela va? L'article 117 reste tel quel, à moins qu'il y ait des
discussions sur l'article 117. Les articles 115 et 116 sont les jumeaux tels
que nous les présentons.
Une voix: Article 115, adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article 115 est
adopté avec une nouvelle version. C'est un nouvel article. L'article
116...
M. Godin: Ce serait peut-être bien, pour que tout le monde
comprenne, de dire que l'article 115 du projet tel que déposé est
remplacé par cet article 115 ici. Est-ce clair, M. le
député de Saint-Hyacinthe?
Le Président (M. Laplante): Le papillon, d'accord.
M. Godin: II se lit comme suit: "La régie siège en
séance plénière lorsqu'elle adopte un règlement et
elle le publie à la Gazette officielle du Québec au moins 45
jours avant que le gouvernement l'approuve. Un avis indiquant que le
règlement sera soumis à l'approbation du gouvernement accompagne
cette publication." C'est le nouvel article 115 proposé.
Le Président (M. Laplante): C'est adopté. J'appelle
l'article 116.
Des voix: Adopté.
M. Godin: L'article 116 se lirait ainsi: "Un règlement
adopté par la régie doit être soumis à l'approbation
du gouvernement qui peut alors le modifier."
M. Cordeau: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Le nouvel article 116 est-il
adopté?
M. Godin: Adopté. M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. J'appelle
l'article 117. Le nouvel article 117 est modifié par le papillon.
M. Godin: J'en fais lecture: "Un règlement entre en
vigueur à l'expiration des quinze jours qui suivent celui où le
gouvernement le publie à la Gazette officielle du Québec
accompagné du décret qui l'a approuvé ou à une date
ultérieure que le règlement indique".
M. Forget: La dernière phrase de l'ancien article 117
est-elle omise?
M. Godin: Non.
M. Forget: Elle est omise. Elle était fort utile. Non?
M. Godin: On va demander à notre juriste...
M. Forget: Une deuxième publication des modifications ou
du texte modifié.
M. Godin: C'est que, présentement, il y aura une
deuxième publication, mais de tout le règlement, tel que
modifié, le cas échéant, ou tel qu'il avait
été publié la première fois. Même s'il n'y a
aucune modification, on va republier le règlement au complet. Parce
qu'il y a un problème souvent, c'est que les délais entre la
première publication et la deuxième publication sont très
longs. C'est quand même une législation
déléguée, mais une législation. C'est très
important, pour la refonte des règlements aussi, ça aide le
repérage.
M. Forget: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Article 117 adopté tel
que selon le papillon?
M. Forget: Adopté.
Loi sur les infractions en matière de boissons
alcooliques
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 118. M.
l'adjoint, 118?
M. Godin: Pas de problème. Adopté.
Le Président (M. Laplante): Pas de problème.
Adopté.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 119.
M. Forget: Pas de problème là, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Pas de problème.
Adopté.
M. Godin: À l'article 119, la dernière fois, nous
avions soumis une modification. Vous avez sûrement dans vos papiers, M.
le député de Saint-Laurent...
Le Président (M. Laplante): Vous avez une modification
à l'article 119?
M. Godin: Oui, on l'a soumise à la dernière
séance.
Le Président (M. Laplante): On ne l'a pas ici. En
avez-vous une?
M. Godin: C'était pour fins de concordance. En fait, ce
que ça change, en un mot, c'est que nous ajoutons la définition
de "corporation".
M. Forget: Quant à moi, je pense que je ne l'ai pas.
Le Président (M. Laplante): On n'a pas l'amendement
ici.
M. Forget: Je ne l'ai pas non plus.
M. Godin: Alors, on va vous faire des copies. Est-ce qu'on peut
suspendre l'article 119 et poursuivre?
Le Président (M. Laplante): Nous suspendons l'article 119.
120.
M. Godin: D'accord.
M. Forget: Si j'ai bien compris...
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 120.
M. Forget: Excusez-moi, M. le Président. Si j'ai bien
compris, l'effet de l'article 120, c'est d'enlever de l'ancienne loi sur la
Commission de contrôle des permis d'alcool tous les articles constitutifs
de la commission, qui sont désormais remplacés par la
régie, et d'attribuer, en particulier, certains pouvoirs qui
étaient... Il y a un autre article, une concordance. C'est ce sur quoi
je veux attirer l'attention. C'est que, plus loin, à l'article 168, on
attribue à la Société des alcools... c'est-à-dire
qu'on attribue au gouvernement un pouvoir d'imposer à la
Société des alcools la perception de certains droits sur les
détenteurs de permis. C'est bien ça? C'est bien le sens qu'il
faut donner à ça, parce que...
M. Godin: On va demander à notre juriste. C'est bien
ça.
M. Forget:... en vertu de l'article 67, c'est bien ça.
C'est un pouvoir qui, dans les deux cas, appartient au gouvernement mais qui
est énoncé maintenant en vertu de la Loi sur la
société des alcools plutôt que dans la Loi sur la
Commission de contrôle des permis d'alcool.
M. Cordeau: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: J'aimerais que...
M. Godin: Avant, le juriste, M. Sormany, a un commentaire
à faire, ça va peut-être éclairer votre...
M. Cordeau: Sur le même article, les explications vont
peut-être répondre aux questions de M. le député de
Saint-Laurent et aux miennes.
M. Godin: D'accord.
M. Cordeau: Pourquoi y a-t-il deux dates différentes dans
l'article? C'est-à-dire qu'une partie entrera en vigueur le 1er avril
1980, et celle prévue au paragraphe 2, le 1er janvier 1981! Pouvez-vous
nous donner quelques explications?
M. Godin: Oui. En vertu de l'article 177 du projet de loi, la loi
entrera en vigueur en deux étapes. Dans une première
étape, on va remplacer la commission par la régie, ce qui va lui
permettre de s'organiser administrativement, de préparer les nouveaux
règlements et, après coup, la nouvelle loi entrera en vigueur
avec les nouveaux règlements. C'est pour ça qu'on est
obligé de passer en deux paragraphes dans cet article-là.
Quant à la question du député de Saint-Laurent,
l'article 37 décrit un pouvoir réglementaire du gouvernement. Ce
qui est renvoyé à l'article 37 c'est un droit que la
société doit percevoir, donc, ça concernait plus la
Société des alcools que la commission ou la régie
maintenant. Deuxièmement c'est un droit qu'elle percevait non seulement
des détenteurs de permis en vertu de la Loi sur la Commission de
contrôle des permis d'alcool mais, aussi, des détenteurs de permis
dits industriels en vertu de la Loi sur la société des alcools.
On s'est dit que c'était beaucoup plus logique qu'il revienne dans cette
loi-là que de rester dans la loi actuelle.
M. Forget: Cela montre le caractère un peu paradoxal de
l'attribution des pouvoirs au lieutenant-gouverneur dans des lois sur des
organismes qui n'ont rien à voir comme tels avec le
lieutenant-gouverneur ou le gouvernement. Enfin, je pense qu'on comprend la
logique dans la mesure où il y a une logique là-dedans.
Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): L'article 120 est
adopté. On revient à l'article 119. Amendement proposé par
M. l'adjoint.
M. Godin: II s'agirait tout simplement de réinsérer
la définition du mot "corporation". Toutefois, cette définition
couvre également maintenant une association coopérative, une
société coopérative agricole ou un syndicat
coopératif. Dans les cas où ces organismes détenaient des
permis, nous voulons être certains que les droits acquis sont
protégés.
(20 h 45)
M. Forget: Je vois. D'accord.
Le Président (M. Laplante): L'article 119 tel
qu'amendé au papillon est-il adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. J'appelle
l'article 122.
M. Forget: 121?
Le Président (M. Laplante): 121, excusez-moi.
M. Forget: Concordance. Adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article 121 est
adopté. J'appelle l'article 122. Concordance aussi.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 123.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. J'appelle
l'article 124.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté.
M. Blank: Avant d'adopter l'article 124... Je parle en tant
qu'avocat. Dans ma pratique, j'ai toujours essayé de trouver pourquoi on
a au deuxième paragraphe: ... "lorsqu'un contenant est entamé, ne
peut le remplir entièrement ou partiellement afin de servir de la
boisson alcoolique". Cela veut dire que si on a deux bouteilles d'alcool de la
même sorte, on doit garder les deux. On ne peut pas mettre... C'est
l'interprétation que donnent les cours de cet article. C'est un peu
ridicule. Je parle de la même substance, je ne parle pas des autres
différences. Je comprends qu'on ne peut pas mettre de l'alcool dans de
la vodka ou du rye dans le scotch, mais si vous avez deux bouteilles de
V.O...
Mme Lavoie-Roux: On peut mettre de l'eau. M. Godin: C'est
cela le problème.
M. Blank: Si on a deux bouteilles de V.O. remplies chacune
à la moitié, pourquoi ne peut-on pas mettre les deux
ensemble?
M. Godin: Je vais vous donner une explication, M. le
député de Saint-Louis, mon député d'ailleurs. Dans
le cas du vin, vous savez que le vin, dès qu'il est ouvert, peut perdre
une partie de sa qualité après quelques heures. Alors, si on
modifiait la loi, cela pourrait permettre à quelqu'un de transvider du
bon vin, enfin, du vin fraîchement ouvert, dans du vieux vin. Pour
éviter ce genre de situation... Je suis d'accord qu'il y a
peut-être des inconvénients mineurs, mais les inconvénients
seraient plus grands si on ne modifiait pas...
Mme Lavoie-Roux: Cela ne reste pas beaucoup sur les
tablettes.
M. Godin: En principe, madame. Parlez pour vous. En fait, c'est
pour éviter le transvidage.
M. Blank: Suivant la même pensée, on peut prendre
une demi-bouteille de vin et la vendre en carafon.
M. Godin: Pour le vin en carafon, les gens savent très
bien qu'ils n'ont pas tout à fait la même qualité, parce
que c'est du vin en fût maintenant, de plus en plus, ou du vin au gallon.
C'est pour éviter le transvidage.
M. Blank: Je comprends, mais...
M. Godin: C'est pour la protection du public, en fait, M. le
Président. C'est pour s'assurer que les commerçants ne joueront
pas sur du vieux stock et du stock plus jeune. Par conséquent, tout
transvidage est interdit. Il s'agit de protéger le public.
Mme Lavoie-Roux: Vous êtes bien sûr de cela.
M. Godin: Écoutez, on prend les moyens qu'on peut.
M. Blank: Savez-vous qu'il y a une autre affaire qu'on lit dans
cet article-là? Si vous achetez un John Collin's, on y met du citron, de
la limonade ou des choses comme cela. On n'a pas le droit de mettre cela dans
l'ancienne bouteille, même s'il n'y a pas d'étiquette. On n'a pas
le droit de mettre cela dans...
M. Godin: De deux maux, nous choisissons le moindre. Je pense que
pour garantir une meilleure protection du public, le maintien... Remarquez que
ce n'est pas un article nouveau, vous le savez mieux que moi.
M. Blank: La raison pour laquelle je dis cela, c'est que je
trouve que souvent les policiers utilisent ces articles pour faire du chantage
auprès de détenteurs de permis. Ils cherchent à trouver
des petites affaires qui n'ont rien à voir avec la réalité
pour essayer de condamner des détenteurs de permis pour des raisons
autres que le but de la loi.
M. Godin: Je suis d'accord que cela peut exister. Il y a des
pommes de toutes sortes dans n'importe quel panier, mais vous n'étiez
pas ici au début de nos discussions et la partie sur laquelle nous
sommes actuellement penchés espérons que nous n'y
tomberons pas le chapitre VII, sera intégrée à une
révision de tout l'aspect pénal de la loi qui touche les alcools.
C'est la raison pour laquelle, comme nous sommes dans une phase première
de ce travail, les propositions que vous faites seront les bienvenues à
ce stade de la discussion, ultérieurement. Mais nous sommes dans une
longue marche, comme dirait...
M. Blank: Comme je n'étais pas ici à ce
moment-là, j'espère que vous avez l'intention d'avoir seulement
un tribunal qui jugera sur la même offense? Pas comme aujourd'hui,
où il y a deux tribunaux qui prononcent un jugement sur la même
offense.
M. Godin: Je ne peux pas dévoiler des secrets que je ne
sais pas.
M. Blank: Parce qu'une personne peut être acquittée
à la Cour des sessions et être coupable devant la Régie des
alcools. Moi, je vois ça comme ça.
M. Godin: Je pense que votre longue expérience, M. le
député de Saint-Louis, lors de l'étude de cette refonte,
sera la bienvenue. J'espère que vous serez ici de façon
permanente.
M. Blank: La seule raison pour laquelle je n'étais pas ici
la semaine dernière, c'est qu'il y avait un décès dans la
famille.
M. Godin: Je ne vous fais aucun reproche.
M. Blank: Ce n'est pas parce que je ne suis pas
intéressé à cette loi.
M. Godin: Je suis convaincu, M. le Président, que le
député de Saint-Louis était voué à des
tâches nobles, que ce soit au Parlement ou ailleurs. Ce n'est pas un
reproche que je fais. Je dis seulement qu'il y a une explication que je donne,
qui peut s'appliquer d'ailleurs à Mme la députée de
L'Acadie, pour bien comprendre que sur certains aspects, surtout dans cette
section...
M. Blank: La présence de Mme la députée
était plus plaisante que la mienne. Elle a gagné une
partielle.
Mme Lavoie-Roux: Dans Maisonneuve, à part ça.
M. Godin: ... les modifications sur les questions de concordance
ne vont pas aussi loin qu'elles iront dans une réforme plus fondamentale
de tout ce qui est pénal dans le domaine des alcools.
M. Forget: M. le Président, est-ce que je peux,
brièvement, ajouter une suggestion pour l'adjoint parlementaire? C'est
qu'un article comme celui-là, il l'a souligné avec raison, vise
à protéger la clientèle. D'abord, il n'est pas du tout
certain que la loi soit appliquée rigoureusement, parce qu'on entend
toutes sortes d'histoires et il est possible que les mécanismes
utilisés, d'abord pour faire les enquêtes, soient
inappropriés. Dans le fond, il y a peut-être des expertises
chimiques même, qui seraient nécessaires de façon
routinière. Mais ce que je veux dire, surtout, se rapporte à la
pénalité. Au lieu de viser des amendes dans les cas où
l'infraction aurait été prouvée, est-ce qu'il ne serait
pas prudent ou plus sage parce que des amendes, on peut en payer
probablement une fois par mois, si on fait suffisamment de mélanges,
ça peut même être payant d'imposer, dans les cas
où il y a une infraction ou une récidive, que la vente d'alcool,
au moins des spiritueux, se fasse sous forme de doses unitaires, dans des
bouteilles scellées qui seraient décachetées,
individuellement, devant le client? Cela pourrait remplacer utilement les
amendes et être imposé, par la loi aux détenteurs de bars
qui ont un "track record", une expérience peu souhaitable.
M. Godin: Pour que je comprenne bien, pourriez-vous me
répéter ça?
M. Forget: Tout le monde est au courant des petites bouteilles
qui représentent une dose unitaire, une once ou une once et demie, je ne
sais pas.
M. Godin: On a ça en avion.
M. Forget: C'est ça. Si on veut vraiment être
sûr, dans les cas où on a des raisons de croire qu'il y a une
histoire d'infraction à cette partie de la loi, au lieu d'avoir des
amendes ou de suspendre le permis, d'avoir des pénalités
exagérées, inappropriées ou inefficaces, la régie
imposerait comme condamnation, de servir en doses unitaires dans cet
établissement. Je pense qu'à ce moment-là, la loi
s'administre toute seule. N'importe qui peut entrer et dire: Écoutez,
vous êtes sensés servir ici... ça pourrait être
indiqué au permis. C'est facile à contrôler à ce
moment-là.
M. Godin: C'est noté. De toute façon, j'ajouterais
que la pénalité serait un peu plus lourde que celle que vous
imaginez, parce que ça coûte plus cher.
M. Forget: C'est fort possible.
M. Godin: Oui, parce que l'emballage...
M. Forget: Cela ne permet pas de remplir les coffres de
l'État, mais de vraiment protéger le public.
M. Godin: Et de pénaliser doublement le...
Mme Lavoie-Roux: Vous seriez plus sûr de ce que vous
buvez.
M. Godin: Voilà.
M. Forget: Parce que les deux peuvent se faire. On peut imposer
des amendes et ne jamais réussir à protéger le public,
selon la facilité qu'on a à obtenir les condamnations et
l'importance de l'amende.
M. Godin: Remarquez que certains Etats américains ont
évité ce problème. Les établissements ne servent
pas de boisson, les gens apportent leur propre boisson dans un sac en papier
brun. Ils appellent ça le "brown bagging". Je suis sûr que le
député de Saint-Louis est au courant de ces pratiques. Les gens
apportent leur propre boisson, donc ils sont sûrs qu'ils ne se font
rouler par personne.
Le "brown bagging", c'est une expression que vous ne connaissez
peut-être pas, Mme la députée de L'Acadie.
Le Président (M. Laplante): L'article 124 est
adopté. Article 125.
M. Forget: C'est "ou sur la terrasse", le seul changement de cet
article. C'est de concordance, si je comprends bien.
M. Godin: C'est une question de concordance, exactement. C'est
par rapport aux articles 68 à 76.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article
126.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article
127.
M. Blank: À l'article 127, il y a l'obligation d'acheter
la boisson de la Régie des alcools qui vient avec des étiquettes.
Si la Régie des permis d'alcool vend de la boisson avec des
étiquettes qui ne comportent pas toute cette information, est-ce que ce
ne serait pas mieux de dire qu'on ne peut pas changer l'étiquette?
M. Forget: Vous condamnez le détenteur pour un
délit commis par la Régie des alcools, semble-t-il. C'est
déjà une infraction, d'après l'article 124.
M. Blank: De toute façon, on ne peut pas changer
l'étiquette, d'accord.
M. Forget: Mais on le dit déjà en disant que cela
doit être dans le contenant original. Tant que les contenants portent la
marque ou étiquette qu'ils portaient lors de la livraison, il est
défendu d'y mettre aucune autre... Il y a peut-être une
distinction à faire. Le deuxième alinéa dit: "Tant et
aussi longtemps que les contenants portent la marque ou étiquette qu'ils
portaient lors de la livraison. " Tout ce qu'on défend, c'est d'y mettre
un autre produit. On n'interdit pas, dans le fond c'est assez curieux
au détenteur de changer l'étiquette, pourvu que
l'étiquette soit complète.
M. Godin: Les marques et les étiquettes sont l'objet d'un
"copyright" et ce "copyright" est respecté par la Société
des alcools, qui est le fournisseur. Par conséquent, il ne pourrait pas
apparaître une étiquette qui ne soit pas autorisée par la
Société des alcools, qui dirait bagosse, par exemple.
M. Forget: Peut-être pas après une autre loi, mais,
d'après cette loi, si on la lit très attentivement, le
deuxième alinéa de l'article 84.1 dit tout simplement qu'on ne
peut pas transvaser les liquides d'un contenant à un autre contenant. Et
on dit: "tant que ces contenants portent la marque ou étiquette qu'ils
portaient lors de la livraison" ce qui laisse supposer implicitement qu'ils
peuvent changer d'étiquette. Et là, on dit: "La nouvelle
étiquette doit être une étiquette complète." Je
trouve que ce sont deux articles assez curieusement rédigés. On
n'a pas besoin de cela, dans le fond. On devrait dire qu'il ne faut pas
seulement ne pas faire de transvasage d'un contenant à l'autre, mais
qu'il faut conserver l'étiquette originale. Et on n'aurait pas besoin de
l'interdiction que l'étiquette doit être conforme et doit
être complète. C'est comme si c'était hériter d'une
période avant la création de la Société des
alcools.
M. Godin: Ce que cela vise, c'est pour éviter que
quelqu'un mette une étiquette de Cointreau sur une bouteille de
Triple-Sec. Comme le Cointreau se vend plus cher, il pourrait arrondir ses fins
de mois et surtout rouler le client. C'est cela que cela vise. C'est le
transfert d'étiquettes.
M. Forget: Je suis d'accord, mais cela devrait être dit
plus directement, dans un seul article, qui interdirait de changer le liquide
de contenant...
M. Godin: Premièrement.
M. Forget: Et aussi de laisser les contenants dans la forme sous
laquelle ils arrivent de la Société des alcools, de leur laisser
leur étiquette et ne pas laisser croire qu'on peut changer les
étiquettes ou changer les contenants, ou Dieu sait quoi. On emploie une
voie indirecte pour en arriver à un résultat qui serait pourtant
tellement simple.
M. Godin: Cela se situe encore dans le statu quo temporaire. Nous
voulons que la régie continue à appliquer cette loi, surtout en
ce qui concerne cet aspect pénal, telle qu'elle est actuellement,
quitte, dans un deuxième temps à venir...
M. Forget: Mais vous reconnaissez que c'est curieusement
rédigé.
M. Godin: Oui. Ce serait mieux qu'il y ait effectivement plus de
précision. Mais l'objectif est atteint quand même. Et il est connu
de la part des détenteurs de permis.
M. Forget: Oui.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'article 127 est
adopté?
M. Forget: Adopté, M. le Président.
Mineurs
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article
128.
M. Forget: Ici, M. le Président, je vous ferais la demande
de bien vouloir procéder à adopter l'article 128 paragraphe par
paragraphe.
Le Président (M. Laplante): Oui, d'accord. Article 128,
paragraphe 103.1. (21 heures)
M. Forget: II n'y a pas de problème là-dessus, M.
le Président, c'est une restriction un peu plus grande à
l'interdiction qu'il y avait déjà de vendre à des mineurs,
puisqu'on ne peut pas non plus vendre à une personne majeure dont on
sait qu'elle va revendre à des mineurs. Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 103.1, adopté.
Article 103.2.
M. Forget: Ici, M. le Président, on arrive à un
article au sujet duquel on a beaucoup de choses à dire, en particulier
au sujet duquel on aura un amendement à présenter. C'est tout le
problème de l'emploi de mineurs. Il y a deux éléments dans
l'article. Il y a, premièrement, un élément qui interdit
la présence des mineurs dans des établissements de
détenteurs de permis d'alcool. Là-dessus, il n'y a
évidemment aucune difficulté. Il est bien clair que nous sommes
d'accord avec le gouvernement pour continuer une interdiction traditionnelle en
la précisant, puisqu'il y a l'idée de
terrasse, etc. Là-dessus, il y a très peu de choses sur
lesquelles je vais m'arrêter si ce n'est sur la façon dont c'est
formulé à l'alinéa 1 de l'article 103.2. C'est
légèrement plus restrictif que ce que l'on retrouve dans le
rapport Bossé, me semble-t-il, de mémoire.
On disait, par exemple: Une famille se rend dans un hôtel pour
prendre un repas dans un restaurant. Le restaurant est plein. On demande
à la famille d'attendre, de bien vouloir patienter jusqu'à ce
qu'une table soit libre. Il peut y avoir un enfant de quatre ans qui est avec
ses parents et ses frères et soeurs plus âgés. Le seul
endroit pour s'asseoir, pour attendre une place, c'est le bar. Techniquement
parlant, c'est illégal. Il faudrait que les parents attendent dans le
corridor ou dans la rue qu'une table soit prête. Parce qu'il y a un
enfant de quatre ans, ils ne peuvent pas l'amener au bar. Cependant, s'il y
avait une terrasse adjointe au restaurant, d'après la formulation, ils
auraient le droit d'y aller. Je pense que c'est plus restrictif que c'est
vraiment utile. S'ils sont admis sur une terrasse, il me semble qu'ils
pourraient être admis dans le bar de l'hôtel. Enfin, je peux
imaginer des tas de circonstances où c'est pleinement approprié.
C'est la seule question que je me poserais, parce que je pense que c'est fait
dans le but justement de prévoir des situations comme celle-là
où une famille est dans un établissement. Cela ne pose pas le
problème de mineurs seuls qui sont admis dans des bars ou des
restaurants. C'est un point mineur. Je le mentionne comme cela.
M. Godin: Remarquez que, sur ce point-là, le
problème, si un amendement découlait de la réflexion du
député de Saint-Laurent, c'est que cela ouvrirait une porte. La
pratique, la coutume veut qu'actuellement, par exemple, il y a des restaurants
japonais à Montréal où effectivement les familles
attendent au bar en buvant du saké avant d'aller prendre leur repas, et
il y a une espèce de gros bon sens qui s'applique en vertu d'une
certaine tolérance. Mais si vous ouvriez une porte disant que les bars
sont également accessibles aux enfants, vous pourriez avoir trois ou
quatre jeunes de 16 ou 17 ans dans le bar ensemble qui diraient: J'attends,
j'attendais mes parents qui devaient venir me rejoindre, premièrement.
Cela ouvrirait peut-être une porte pour régler un problème
qui se règle déjà dans la pratique sur la foi du gros bon
sens. Cela risquerait d'annuler un peu l'article 103.1. Enfin, c'est
l'inquiétude que j'ai. Je ne sais pas si...
M. Forget: M. le Président, ma réaction à
cela, ce serait de dire: On s'embarque sur un terrain encore plus glissant
quand la loi dit une chose et que le gros bon sens nous permet de mettre de
côté la lettre de la loi et de faire autrement, parce qu'on pense
deviner l'intention du législateur. Il reste qu'on dit bien ici:
"accompagné de son père ou de sa mère". Je pense qu'il
faut donner leur importance aux mots. S'ils attendent les parents ou s'ils
prétendent les attendre, ils ne sont certai- nement pas
"accompagnés de". À mon avis, c'est une situation exclue, s'ils
sont accompagnés. D'un autre côté, je pense que ce n'est
pas au législateur à dire: Ces parents-là ne devraient pas
amener leurs enfants dans un bar. S'ils sont vraiment négligents comme
parents, la Loi sur la protection de la jeunesse y pourvoira, mais ce n'est pas
à la Loi sur les permis d'alcool de veiller à l'éducation
des enfants en général. Encore une fois, M. le Président,
peut-être que le ministre veut y penser, mais je n'ai pas d'amendement
formel à proposer là-dessus. C'est un point mineur, quant
à moi.
M. Godin: Je vais noter.
M. Forget: Ce sur quoi je voudrais insister, c'est sur la
question de l'emploi des mineurs. Je vais distribuer ici deux amendements dont
je ferai la lecture tout à l'heure, mais qui visent le problème
de l'emploi des mineurs, pas l'emploi des mineurs en général,
parce que c'est déjà exclu par la première partie de
l'article. Leur présence est exclue à titre de consommateurs,
à titre de visiteurs et à titre d'employés. Quel que soit
le titre qui justifie leur présence, ils sont exclus de toute
façon. Cependant, s'ils sont employés pour donner des spectacles
ou pour être serveurs ou serveuses, dans certaines circonstances, on sait
que cela a donné lieu à des problèmes majeurs. D'ailleurs,
l'adjoint du ministre s'est adressé dans ses remarques... Nous avions
dit à ce moment qu'il nous paraissait que le remède qui est
adopté ici n'était pas suffisant. Le remède qui est
adopté ici, c'est la création d'une infraction. Donc, il y a
possibilité de poursuites pénales, d'amendes, avec toutes les
incertitudes et les délais qui entourent une démarche comme
celle-là. D'ailleurs, à l'article 103.4, que je mentionne
seulement en passant, on permet une défense de bonne foi du
détenteur qui, par erreur, aurait engagé des mineurs en croyant
qu'ils sont majeurs, qu'ils sont adultes. C'est donc une défense qui est
assez élastique parce qu'on peut présumer que la production de
faux papiers d'identité qui circulent abondamment chez ceux qui veulent
bien s'en procurer, étant donné que les exigences ne sont quand
même pas de produire un passeport, etc. ce sont des documents qui
se fabriquent malheureusement assez facilement dans bien des milieux le
plaidoyer de bonne foi pourrait être opposé avec succès,
croyons-nous, à des pratiques, à des abus qui sont
malheureusement beaucoup trop fréquents.
Que les abus soient fréquents, je n'en veux pour preuve que ce
que l'on peut retrouver dans des documents publics, dans des articles de
journaux qui, au cours de la dernière année, ont
démontré abondamment que le problème existe. Je ne citerai
que les deux premiers paragraphes d'une lettre ouverte adressée à
M. Marc-André Bédard, ministre de la Justice, qui est dans le
Devoir du 15 mai dernier sous la signature de Micheline Carrier.
Cela se lit ainsi: "Le 13 février 1979, un éditorial de la
Gazette révélait que depuis mai 1977, 275 bars et
discothèques situés sur le territoire de la
Communauté urbaine de Montréal ont engagé comme
danseuses nues des jeunes filles, parfois des adolescentes, et les ont
poussées à la prostitution."
Le même quotidien écrivait que dans toute la province,
sous-entendu en dehors de Montréal, 325 discothèques ont
employé des jeunes filles de la région montréalaise qui
avaient déserté leur foyer. Durant la même période,
20 danseuses, dont des adolescentes, ont été retrouvées
mortes.
Le 24 avril 1979, l'émission "Femme d'aujourd'hui" consacrait
toute son émission à ces jeunes danseuses et présentait le
témoignage de deux d'entre elles et celui de policiers qui oeuvrent
depuis huit ans dans le domaine de l'aide à la jeunesse. Selon ces
policiers, 4000 jeunes filles travaillent actuellement dans ce réseau de
prostitution que sont devenus certains bars, cabarets, hôtels et
discothèques du Québec; 2000 changent de régions presque
chaque semaine et 10% d'entre elles sont des adolescentes en fugue. 10% de
4000, il s'agit donc de 400 adolescentes.
Les 142 mineures repérées à ce jour par la police
ont entre 11 et 17 ans. Si l'on en croit les policiers, il ne se passe pas deux
jours sans qu'une de ces enfants ne soit impliquée dans un crime majeur
au Québec.
Dans une nouvelle parue à peu près au même moment,
quelques jours plus tard, on relate un de ces événements: Une
jeune fille dont le cadavre a été découvert dans une
caisse de bois sur un terrain commercial de Côte de Liesse. C'est une
espèce de fait divers dont s'abreuvent certains journaux, mais qui
effectivement c'est dans la Presse ... Une jeune fille de 17 ans
était partie de chez elle, 21e avenue à Saint-Michel, le vendredi
précédent pour aller danser dans les discos de l'ouest de
Montréal où elle était connue sous le surnom de Lolita.
Elle devait être retrouvée sans vie au fond d'une boîte de
bois cinq jours plus tard, etc.
Des événements comme ça se répètent,
malheureusement, et il nous apparaît que si l'on veut
véritablement mettre une fin à ce genre d'exploitation des jeunes
qui, pour toutes sortes de raisons, sont en fugue, trouvent là un moyen
de vivre, puisqu'on offre des salaires très alléchants pour des
jeunes de cet âge qui, tout à coup, se voient impliqués
dans un réseau de prostitution et de drogue auquel il n'y a pas
d'issue... Cela se termine parfois très violemment, comme on vient de le
voir, à en croire au moins cet article.
L'amendement que nous présentons pour remédier à
ça est très certainement radical, puisqu'il vise à
établir un motif de révocation irréfutable du permis pour
un détenteur qui emploie une personne dans un établissement pour
y présenter un spectacle ou pour y agir comme serveuse "topless",
puisque, évidemment, il ne s'agit pas toujours de véritable
spectacle sur une scène, mais il y a évidemment aussi ce genre
d'activité mi-spectacle, mi-service, qui est une autre façon de
soulever ce problème. Si cette personne n'a pas déposé
auprès du détenteur son permis de travail, qui serait émis
conformément à la loi, selon des modalités à
être déterminées, bien sûr, par la Régie des
permis d'alcool... Là-dessus, je laisse entièrement la
discrétion au gouvernement. Il y a plusieurs possibilités qui
peuvent venir à l'esprit. Cela pourrait être la régie
elle-même qui émet les permis, mais comme elle n'a que deux
bureaux, on pourrait imaginer que ce soit les bureaux de la Sûreté
du Québec qui le fassent. On pourrait imaginer que ce soit les greffiers
des palais de justice qui le fassent. Enfin, je ne sais pas,
administrativement, ce qui est le plus facile et le plus pratique.
Il existe déjà, M. le Président, dans la loi, mais
non promulgué, un article qui est l'article 87... Je pense que c'est
l'article 87. Non, ce n'est pas l'article 87, je m'excuse.
M. Godin: L'article 86.
M. Forget: L'article 86...
M. Godin: Révocation pour cause de violation de la loi de
protection...
M. Forget: Non, ce n'est pas l'article auquel je faisais
allusion. C'est l'article 78, un article qui n'a jamais été
promulgué, que nous ne proposons pas de faire revivre, cependant, et qui
prévoyait que... Cela avait été proposé, si ma
mémoire est bonne, par le juge Prévost dans son mémoire
sur l'administration de la justice, de manière à éliminer
de ces emplois dans les bars, les brasseries, les tavernes, etc., tous les
éléments avec un dossier judiciaire. Je pense que le
remède était presque pire que le mal, parce que c'est nier, dans
le fond, les possibilités de réadaptation. Si des gens qui ont
purgé des peines de prison ne peuvent pas être chauffeurs de
taxis, ne peuvent pas être employés dans un bar, ils ne pourront
pas tous être notaires, avocats ou ingénieurs. Alors, il y a quand
même un problème de réhabilitation et je pense que ce n'est
pas une solution que de leur fermer tous les emplois relativement peu
spécialisés qui s'offrent dans la société.
Nous suggérons quelque chose qui est analogue à l'ancien
article 78, mais qui vise seulement ceux qui veulent s'employer ou être
employés directement par un détenteur de permis ou par une agence
peu importe, nous ne faisons pas de distinction soit pour donner
des spectacles dans des établissements qui possèdent des permis
ou y servir comme serveurs, serveuses "topless", puisque c'est aussi une
catégorie qu'il nous apparaît essentiel de couvrir. Si le
détenteur, au moment d'une visite d'inspection de police, ne peut pas
produire, pour chacune de ces personnes, un permis de travail émis selon
la loi, alors, il y aurait une sanction automatique: perte du permis. C'est
bien sûr que ça ne se produira pas, à ce moment-là.
C'est essentiellement préventif. L'importance de la
pénalité est telle que ça mettrait fin d'une façon
absolument radicale à ces pratiques. Je ne vois pas d'autres moyens, M.
le Président... (21 h 15)
Encore une fois, la voie des infractions va nous amener dans des
procès interminables, des années après ou des mois
après, alors que tout le monde est disparu. On a même de la
misère à retrouver les témoins. Le détenteur dira:
Écoutez, j'ai usé de toute la diligence raisonnable pour
m'assurer que j'avais affaire à des personnes majeures et elles m'ont
produit une carte d'identité ou un permis de conduire, etc. Je ne savais
pas que c'était un faux, ça ressemblait à un vrai. Que
voulez-vous, je ne peux pas faire des enquêtes policières pour
tous mes employés, ça change, j'ai un "turn-over" rapide. Toutes
les semaines, il y a du monde nouveau. Finalement on va aboutir exactement
à la situation actuelle.
Je vais lire de façon plus systématique l'amendement en
question qui va comme suit: "Supprimer dans le premier alinéa les mots
"un mineur, permettre sa présence, l'employer et lui permettre de
présenter un spectacle ou d'y participer" et les remplacer par les mots
"ni permettre la présence d'un mineur". Ajouter à la fin de
l'article les deux alinéas suivants: "La régie doit
révoquer le permis d'un détenteur qui emploie ou qui permet la
présence dans son établissement pour y présenter un
spectacle ou pour y agir comme serveuse "topless" d'une personne qui n'a pas
déposé auprès du détenteur son permis de travail
émis conformément au présent article.
Le gouvernement détermine par règlement les
modalités d'émission des permis de travail exigés par le
présent article. Toutefois, aucun permis ne peut être émis
au nom d'une personne de moins de 18 ans." L'article tel qu'amendé se
lirait donc comme suit: "Un détenteur de permis de brasserie, de taverne
ou de bar ne peut admettre, ni permettre la présence d'un mineur dans
une pièce ou sur une terrasse de son établissement où des
boissons alcooliques peuvent être vendues. Toutefois, le détenteur
de l'un de ces permis peut admettre un mineur ou permettre sa présence:
1. Sur une terrasse, avant 20 heures, si le mineur est accompagné de son
père, de sa mère ou du titulaire de l'autorité parentale;
2. Dans une pièce ou sur une terrasse, afin que le mineur puisse
uniquement la traverser; 3. Dans une pièce ou sur une terrasse dont
l'accès est limité à un groupe de personnes à
l'occasion d'une réception, si le mineur fait partie du groupe. "La
régie doit révoquer le permis d'un détenteur qui emploie
ou qui permet la présence dans son établissement pour y
présenter un spectacle ou pour y agir comme serveuse "topless" d'une
personne qui n'a pas déposé auprès du détenteur son
permis de travail émis conformément au présent article.
"Le gouvernement détermine par règlement les modalités
d'émission des permis de travail exigées par le présent
article. Toutefois, aucun permis ne peut être émis au nom d'une
personne de moins de 18 ans."
Je dois signaler tout de suite, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Recevable.
M. Forget: Merci. Je dois signaler tout de suite que nous avons
également je l'ai fait distribuer en même temps un
amendement à l'article 103. Je sais que ce n'est pas strictement
pertinent, mais pour fermer une possibilité que l'excuse de bonne foi,
la défense de bonne foi, soient utilisées pour écarter
cette révocation, il s'agirait donc d'une infraction stricte qui n'est
repoussable par aucun moyen de défense, puisqu'il serait constaté
au moment même d'une inspection qu'il a ou non en sa possession les
permis qui sont requis par la loi.
Evidemment, le seul moyen qui pourrait exister pour la défense,
c'est de dire qu'une employée a été engagée pour
donner un spectacle ou pour servir de danseuse "topless", mais si on a
constaté qu'effectivement c'était le cas, c'est une
défense qui aurait bien peu de chance de réussir. Ce n'est pas
par hasard que les gens donnent des spectacles ou sont des serveuses "topless"
dans des établissements. Donc, il y a peu de chance de confusion
là-dessus, M. le Président.
Je voudrais rappeler encore une fois en terminant qu'il nous semble que,
dans tous ces réaménagements à la loi, dont certains sont
pour faciliter l'administration de la loi, il y a beaucoup d'amendements qu'on
a signalés avec plaisir, on l'a dit au ministre d'ailleurs que
c'étaient des améliorations. Il reste qu'il n'y a aucun
problème majeur, il n'y a aucun mal de tête considérable
dans l'administration des permis d'alcool, ce n'est pas un désastre
national. On va améliorer un certain nombre de choses, tant mieux, mais
s'il y a une chose que le législateur devrait faire à ce
moment-ci et qui représente la solution à un véritable
problème social, c'est bien dans le domaine de l'exploitation des
personnes mineures.
Notre attitude face à la troisième lecture du projet de
loi tourne largement autour de cette question.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Oui, Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je ne serai pas très longue. J'imagine
que, déjà, l'adjoint du ministre s'apprête à
recevoir cet amendement avec beaucoup de sympathie, mais je voudrais quand
même dire que la raison principale de ma présence ici, c'est
justement parce que je considérais cet aspect de la loi peut-être
le plus important, à mes yeux, enfin, le plus important, et mon
collègue de Saint-Laurent a quand même passé sous silence
la façon violente dont se termine trop souvent le travail de ces jeunes.
Cela est peut-être une raison de plus pour que l'adjoint du ministre
l'examine avec beaucoup de sérieux et accorde toute la sympathie
possible. J'y reviendrai si on n'a pas convaincu l'adjoint du ministre.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe...
M. Cordeau: À mon tour, je ne veux pas évoquer tous
les arguments que le député de Saint-Laurent a employés
tantôt, mais sans hésiter, je suis prêt à appuyer cet
amendement, car je crois que la loi concernant les mineurs doit avoir certaines
dents afin de protéger réellement ces jeunes qui souvent sont
sans défense, sinon la loi. Car si le détenteur n'a pas une
pénalité importante à subir, c'est un laisser-aller. Ce
sont les jeunes qui sont exploités par tous ces commerçants.
Alors, sans hésiter, M. le Président, j'appuie cet
amendement.
Le Président (M. Laplante): Mme la députée
des Îles-de-la-Madeleine.
Mme LeBlanc-Bantey: Avant de discuter la révocation du
permis etc., je veux entendre l'argument de l'adjoint là-dessus. Je ne
comprends pas encore très bien les implications. Je dirais que je serais
portée à être beaucoup plus sévère que ne
l'est le gouvernement et que ne l'est l'Opposition sur l'admissibilité
des mineurs, même en présence des parents. J'écoutais,
cette semaine, l'entrevue à Radio-Québec où ils avaient
des statistiques absolument effarantes sur le taux d'alcoolisme chez les
jeunes, précisément parce que les parents sont devenus beaucoup
plus permissifs sur l'alcool qu'ils l'étaient à cause de cette
espèce de fantôme de drogue. Ils ont l'impression que si les
jeunes boivent de l'alcool, à côté de la drogue cela ne
veut rien dire, et on se retrouve avec un taux d'alcoolisme absolument
effrayant dans les CEGEP et des les écoles secondaires.
Par exemple, au deuxième alinéa on dit: On peut permettre
la présence d'un jeune dans une pièce ou sur une terrasse afin
que le mineur puisse uniquement la traverser. N'importe quel mineur qui est
pris, en cas de délit, dans une salle peut toujours alléguer le
fait qu'il traversait la salle ou la terrasse. Allez donc prouver le contraire.
C'est très facile de dire: Bien sûr, je traversais la salle ou la
pièce, à l'occasion d'une réception, si le mineur fait
partie de ce groupe. Je crois bien que c'est absolument et probablement
essentiel qu'on le laisse. Je voudrais qu'on réexamine, en tout cas,
cette permissibilité de ce deuxième alinéa. Le premier,
à la rigueur, je serais prête à l'accepter.
D'autre part, quand le député de Saint-Laurent dit: On
doit révoquer le permis d'un détenteur qui emploie ou qui permet
la présence, pour y présenter un spectacle ou pour y agir comme
serveuse "topless"... Cela veut dire que s'il y a d'autres types de
serveuses... Il n'y a pas seulement des serveuses "topless", dans un bar.
Est-ce que cela laisse entendre que finalement d'autres types de serveuses
mineures pourraient être acceptées?
M. Forget: Non. Cet alinéa, si vous permettez une
brève explication, n'abroge pas le premier alinéa qui dit qu'un
détenteur ne peut pas tolérer la présence, à
quelque titre que ce soit, d'un mineur dans son établissement, comme
employé, comme serveuse, comme n'importe quoi et comme client, comme
passant ou comme observateur ou Dieu sait quoi. Il n'a pas le droit, sauf les
exceptions spécifiquement mentionnées. Mais la
nécessité d'obtenir un permis de travail, c'est pour ces deux
occupations-là seulement. Alors là, la sanction est beaucoup plus
sévère. Elle n'est pas seulement une amende, c'est la perte
automatique du permis.
Mme LeBlanc-Bantey: D'accord. Dans ce sens-là, vous visez
à régler les problèmes auxquels vous faisiez directement
allusion tout à l'heure.
M. Forget: C'est cela.
Le Président (M. Laplante): M. l'adjoint
parlementaire.
M. Godin: Nous sommes totalement d'accord sur le fond, à
110%, qu'il faut trouver une solution à ce problème. Je vous
avais invités d'ailleurs à y réfléchir de votre
côté. Je vous remercie de l'avoir fait. On est beaucoup plus
strict que l'ancienne loi l'était par rapport aux mineurs. C'est
certain. D'autre part, on est d'accord avec vous pour prendre les moyens pour
qu'il y ait un lien direct entre la présence d'un mineur à
l'emploi d'une entreprise ou d'un établissement et la révocation
du permis.
Qu'il soit absolument clair que la personne qui a de telles pratiques
perde son permis presque sans autre forme de procès. C'est ça, au
fond, que vous visez, que ce soit très strict pour éviter la
chaîne d'événements que l'on connaît de mieux en
mieux maintenant.
À cet égard, on achèterait une partie de votre
proposition. Là où nous avons des hésitations, c'est sur
l'émission du permis de travail, parce que cela ne s'appliquerait qu'aux
majeurs, au fond, les mineurs n'ayant pas de permis. Toute personne qui
voudrait travailler dans ce secteur comme serveuse, danseuse, serveur, danseur,
ou je ne sais trop quoi, devrait obtenir d'une autorité quelconque un
permis de travail. C'est là-dessus que nous ne sommes pas sûrs que
ce soit une solution acceptable ou à intégrer à la loi, en
tout cas. Si vous le permettez, on va réfléchir un peu sur la
manière... Sur le permis, je doute qu'on lâche là-dessus,
parce que ça nous amène devant des problèmes qui touchent
un peu les principes qui vous sont très chers, les droits de la
personne.
Pourquoi exigerait-on d'une personne qui fait tel boulot d'avoir un
permis alors qu'on ne l'exigerait pas de tous les autres métiers
reliés de près ou de loin à des lieux qui côtoient
éventuellement des secteurs où il y a déjà eu,
où il y a encore et où il y aurait éventuellement des gens
peu recommandables. Cela ouvre la porte, au strict point de vue des principes
et du droit...
Ceci dit, d'autre part, je pense qu'il faut effectivement faire une
modification dans le projet de loi actuel pour être sûr... La porte
qu'on avait prise, c'est une porte par le biais de la Loi de la protection de
la jeunesse. Toute personne qui viole la Loi de la protection de la jeunesse...
Entre
autres, il y a l'article 38 qui cite nommément, "pour se produire
en spectacle de façon inacceptable, eu égard à son
âge". Nous disons dans notre loi que toute infraction à l'article
38 de la loi indique la révocation du permis.
Mais je suis d'accord dans ce cas-ci que, "bis repetita placent," il ne
faudrait pas se contenter de référer à une autre loi, mais
vraiment intégrer à la loi existante la punition. Nous avons
peut-être une solution.
Je vous fais remarquer que l'article 103.2 est quand même clair:
Un détenteur de permis de brasserie, de taverne, etc., ne peut lui
permettre de présenter un spectacle. À l'article 86, nous disons
très clairement que c'est une cause de révocation de permis que
de présenter ce spectacle, parce qu'on contreviendrait alors à la
présente loi.
M. Forget: Là-dessus, vous avez raison, mais il reste
que...
M. Godin: Mais pour éviter toute...
M. Forget: ... quand vous l'approchez, je pense que c'est
inévitable. Je peux me tromper là-dessus, mais je pense qu'il est
inévitable que si vous l'approchez par le biais de la création
d'une infraction qui entraîne une poursuite de caractère
pénal, vous devez nécessairement admettre des défenses
face à une infraction. Je pense que c'est pratiquement inévitable
de permettre de plaider qu'on a utilisé la diligence raisonnable. Or,
c'est ça la grande faiblesse de la réglementation, ça
suppose une action devant les tribunaux. On sait que ça se passe des
mois, quand ce n'est pas des années, après les
événements. C'est une bien faible consolation, parce que la jeune
fille en question va être majeure quand ça va venir en cour.
Mme Lavoie-Roux: Ou elle peut être disparue.
M. Forget: Ou alors elle peut-être disparue. (21 h 30)
M. Godin: Oui, mais elle ne l'est pas au moment où... La
cause portera là-dessus.
M. Forget: II reste que cela atténue la portée,
quand cela vient deux ans plus tard. Cela atténue singulièrement
la portée. En plus de cela, les témoins peuvent être
très difficiles à trouver dans des causes comme celle-là,
des années après. Mais ce qui est le plus dommageable, par-dessus
tout cela, c'est qu'il est facile de plaider la bonne foi dans des histoires
comme cela, parce qu'il n'y a aucun document qui, à sa face même,
nous assure qu'une personne est véritablement majeure.
M. Godin: Mais un faux permis de travail? Vous ouvrez une porte
au propriétaire de l'établissement en question qui dira: J'ai en
main un permis de travail. S'il est faux, je l'ignorais. Il était
très bien copié.
La solution n'est peut-être pas documentaire, entendons-nous bien.
Le noeud n'est pas facile à dénouer.
M. Forget: À ce moment-là, c'est la création
d'un faux document officiel.
M. Godin: Oui, il y a deux causes.
M. Forget: C'est plus grave, à ce moment-là, pour
tous ceux qui sont impliqués que simplement la production d'un permis de
conduire. Là aussi, c'est la même chose. Vous savez, il y a de ces
cartes d'identité qu'on émet aux étudiants pour obtenir
des billets moins chers dans les autobus, etc. Il y a toutes sortes de choses
dont en entend parler. Cela ne semble pas être un grand problème,
de donner un début de preuve qu'on est majeur ou mineur, selon que
l'avantage est dans un sens ou dans l'autre.
M. Blank: Dans la cause que j'ai actuellement, la fille a produit
un certificat de naissance qui n'était pas à elle, mais à
une amie. On ne sait pas son nom.
M. Forget: II n'y a pas de photographie?
Le Président (M. Laplante): Aimeriez-vous suspendre
l'article?
M. Godin: Non, on a quelque chose à vous suggérer,
à l'article 86. C'est à l'article 86.11, révocation et
suspension. On rédigerait un nouvel article qui permettrait, de
façon très claire, de dire que toute personne qui permet à
un mineur de présenter un spectacle dans son établissement perd
son permis. La rédaction définitive reste à être
fignolée.
M. Cordeau: Est-ce que l'article 86 a été
adopté à l'unanimité?
Le Président (M. Laplante): On a le droit d'y revenir pour
autant que les membres de la commission soient unanimes pour y revenir.
M. Cordeau: Tantôt, lorsque vous l'avez
demandé...
M. Godin: Nous sommes souverains ici, M. le député
de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Tantôt, vous avez dit que l'article avait
été adopté à l'unanimité. Vous n'avez pas
voulu y revenir.
Le Président (M. Laplante): Je m'excuse...
M. Cordeau: Vous n'avez pas demandé si
c'était...
Le Président (M. Laplante): Pardon. Les membres de
l'Opposition ont parlé eux-mêmes; ils ont dit que l'article
était adopté et ils n'ont pas exprimé le désir de
revenir sur l'article.
M. Godin: M. le Président, je voudrais réentendre
le député de Saint-Louis. Il avait commencé une phrase
tout à l'heure, qui jetait de la lumière
sur la situation dont nous parlons. Vous êtes au courant d'une
cause?
M. Blank: Oui, j'ai actuellement une cause devant les tribunaux;
celle d'une mineure qui a travaillé dans un établissement. La
jeune fille est venue avec un certificat de naissance...
M. Godin: MM. les membres de l'Opposition, votre collègue
a un cas précis.
M. Blank: ... pour avoir un emploi de danseuse. En voyant cette
fille, on ne sait pas quel âge elle a. Dans le métier, on dit
qu'elle était bien faite. Elle est venue avec un certificat de naissance
et le propriétaire lui a demandé quel était son nom. Le
nom qu'elle a donné, c'était le même nom que celui du
certificat de naissance. Le certificat de naissance était officiel, en
règle, mais ce n'était pas à elle. À un moment
donné, les policiers ont fait une descente pour une raison ou pour une
autre. La jeune fille commence à pleurer et dit: Ce n'est pas mon nom,
c'est une autre. Ils ont porté plainte relativement à la Loi sur
la délinquance juvénile. C'est devant les tribunaux à
l'heure actuelle. Et comme madame l'a dit il y a deux minutes, la fille a
disparu. À ce moment-ci, les policiers la recherchent pour entendre la
cause. On ne peut pas entendre la cause sans la fille. Ce sont des filles qui
travaillent ici une journée et un autre jour à Chicoutimi et un
autre jour peut-être aux Îles-de-la-Madeleine. Je ne sais pas s'ils
ont des clubs là.
M. Godin: M. le Président, est-ce que je pourrais demander
au député de Saint-Louis, avec l'expérience qu'il a de ce
secteur, si, d'après lui, un moyen existerait permettant à la
justice d'empêcher la présence des mineurs qui donnent des
spectacles dans des établissements comme cela?
M. Blank: Vous avez parlé de cartes; on a
déjà eu cela. La ville de Montréal a eu des cartes de
santé. Si vous vous en souvenez, toutes les serveuses et les
garçons de table avaient besoin d'une carte de santé. Cela a
été aboli. À un moment donné dans la Loi de
la Régie des alcools, qui a été amendée depuis
c'était inscrit que personne ne pouvait être engagé
sans cette carte de santé.
M. Godin: Est-ce que cela avait été aboli pour de
bonnes raisons ou de mauvaises raisons? J'entends par là...
M. Blank: C'est à cause de la tuberculose. Depuis que la
tuberculose est devenue moins dangereuse, on a éliminé la
carte.
M. Forget: C'était une prévention contre la
tuberculose. C'est disparu comme danger pour la santé publique.
M. Godin: Mais, est-ce que, d'après votre
expérience, la même solution pourrait être appliquée
dans le cas des mineurs?
M. Blank: Non, je ne connais pas la réponse. Je suis
contre la carte d'identité. Pour les autres, ce n'est pas
nécessaire.
M. Forget: M. le Président, il y a deux choses que
j'aimerais dire sur cette question. L'adjoint parlementaire a soulevé la
question de droits fondamentaux. Il reste qu'un permis de travail, ce n'est pas
une innovation. Vous avez un permis de travail dans l'industrie de la
construction, vous en avez, dans le fond, pour les chauffeurs de taxi, vous en
avez pour les enseignants, vous en avez pour bien des gens. Les permis pour
faire des activités spécifiques, il n'y a rien de contraire aux
lois que de les prévoir, surtout quand l'objectif est d'empêcher
un phénomène comme celui qu'on a d'une exploitation massive
d'adolescentes.
Ce n'est pas un produit de l'imagination. On est en face de situations
qui impliquent des centaines de jeunes filles mineures, qui résultent
dans des assassinats dans le fond, on ne peut pas les appeler autrement
de plusieurs douzaines de jeunes filles depuis un certain nombre
d'années. C'est un phénomène social important qui, je
pense, mérite d'être pris en considération quand on
pèse cela en regard d'autres solutions. Je ne pense pas que, par
ailleurs, on puisse trouver une façon de régler le
problème qui soit plus efficace que celle-là. Souvenons-nous
qu'on peut avoir un permis de travail qui comporte toutes les
possibilités d'identification même visuelle, c'est-à-dire
une photographie, etc., un document. Je pense que si l'adjoint au ministre
consulte le juge Trahan et les membres de la Commission de contrôle des
permis d'alcool, il trouvera de ce côté-là une confirmation
ou un appui pour le genre d'amendement que nous lui proposons, parce que c'est
la seule solution, si je me fais leur interprète correctement, que le
président de la commission, entre autres, voit au problème, une
vérification a priori du fait que ces jeunes filles sont mineures ou
majeures.
J'ai évidemment pensé, M. le Président, qu'on
pourrait dire: Seulement les majeurs doivent avoir un permis de travail. Mais
dès qu'on fait des restrictions, que seulement les mineurs aient un
permis de travail, ce n'est évidemment pas le cas, on veut les
interdire, seulement les majeurs non plus, il faut vraiment que tout le monde
soit visé. Evidemment, cela suppose que tous les gens qui sont dans
l'industrie du spectacle et qui se produisent dans des bars, dans des
cafés-concerts ou dans des situations comme celles-là obtiennent
ce genre de permis, mais, dans le cas des adultes, c'est finalement une simple
formalité. Ce sera présumément renouvelable un peu
automatiquement dans leur cas, comme les permis de conduire le sont. Ce ne sont
évidemment pas eux qui sont visés, mais, si on se met à
faire des distinctions, on va tout de suite ouvrir la porte à des abus
possibles, quoiqu'on pourrait toujours dire, je pense bien, que les gens en
haut de cinquante ans n'en ont pas besoin. Il faut que ce soit très
évident à l'oeil nu en quelque sorte qu'on n'a pas affaire
à la clientèle qu'on veut protéger. Il pourrait y avoir
de
vieux pianistes ou de vieux chanteurs, je ne sais pas.
M. Godin: Votre citation en exemple des permis de taxi et de
construction, etc., c'est qu'ils sont émis pour de toutes autres
raisons, des raisons qui visent à protéger dans une
activité économique X pour empêcher l'arrivée
massive sur le marché de nouveaux chauffeurs de taxi ou de personnes non
compétentes dans la construction. C'est pour d'autres raisons.
M. Forget: Je suis tout à fait d'accord, la justification
est différente, mais elle est encore moins forte, si vous voulez, dans
ces cas-là.
M. Godin: Je tiendrais à préciser qu'à
l'article 103.7, à la page suivante, M. le député de
Saint-Laurent, la preuve de diligence du propriétaire, on parle du
passeport, d'une copie d'acte de naissance, d'un permis de conduire d'un
véhicule automobile ou d'une carte d'identité. On ne demande pas
simplement l'âge de la personne qui doit le dire verbalement. On demande
de produire un document qui est relativement officiel.
M. Forget: Oui, mais il reste que le député de
Saint-Louis a indiqué que l'acte de naissance, il est impossible de
savoir si c'est le bon qu'on nous produit. Le passeport, ce serait
peut-être un très bon document, effectivement, parce qu'il y a la
photo, il y a l'âge, etc. et il y a l'identité. Prenez par exemple
c'est un instrument de prévention aussi le cas où
le nom des parents est là, si on est en face d'une jeune fille en fugue,
c'est quand même un rôle social aussi. Les autres, les cartes
d'identité, les permis de conduire et les actes de naissance, à
mon avis, ne permettent pas une identification positive des personnes. Cela va
très bien si on pense que les gens sont de bonne foi et n'ont pas
intérêt à tromper qui que ce soit, mais le problème
qu'on a, c'est que les victimes sont, dans une certaine mesure, consentantes.
Il faut les protéger contre elles-mêmes, contre leurs propres
fausses déclarations.
M. Boucher: En fait, quand vous demandez les permis de travail
pour ces gens qui donnent des spectacles, est-ce que cela couvre en même
temps tous les artistes?
M. Forget: Les artistes qui veulent se produire dans des
bars.
M. Boucher: Est-ce que l'Union des artistes actuellement ne
contrôle pas la question des spectacles?
M. Forget: Sur le plan syndical.
M. Boucher: Sur le plan des cachets?
M. Forget: Ils n'ont pas le droit de produire des membres mineurs
dans des bars.
Mme Lavoie-Roux: ... qui donnent les permis de travail.
M. Boucher: II reste quand même que du moment où
vous commencez à demander des permis de travail à tous les
artistes, l'Union des artistes ne sera pas d'accord avec cela demain matin.
M. Forget: La seule interdiction... Tout le monde a
automatiquement droit à un permis pour aller travailler dans un bar,
pourvu qu'il fasse la preuve qu'il a plus de 18 ans. Ce n'est pas très
restrictif. On pourrait le mettre encore plus clairement, que c'est un droit
absolu de n'importe quel citoyen ou n'importe quel étranger, n'importe
quel être humain d'obtenir un permis pour aller s'exhiber dans un bar
s'il le veut, pourvu qu'il fasse la preuve qu'il a 18 ans. Cela ne restreint
les droits de personne, mais cela permet d'administrer une loi de façon
à protéger les mineurs.
M. Godin: Remarquez qu'en fait, la carte ne sera exigée
que des personnes dont l'âge serait à la limite, à la
frontière. Il est sûr que si je vais travailler dans une place
comme cela, on ne me posera pas de question, pas plus que le président,
d'ailleurs.
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Godin: Est-ce que vous me permettriez d'abord une question?
Puisqu'on tient à cette carte, normalement ce serait aux services
policiers à émettre une telle carte, puisque ce sont eux qui sont
les plus près de ce genre d'activités. J'aimerais savoir si votre
suggestion irait jusque-là, que la carte soit émise par les
services policiers.
M. Forget: Je n'ai pas d'idée préconçue
là-dessus. Ce sont les règlements qui détermineront cela.
Comme je vous dis, c'est une question... Je vois mal que la régie soit
la seule source d'émission. Il peut y avoir des artistes locaux qui
veulent se produire, par exemple un chansonnier dans un bar, à Val d'Or.
Il me semble qu'ils ne devraient pas être obligés d'aller à
Montréal pour obtenir un permis. Comment vit-on ce problème?
Est-ce que c'est le greffier de la Cour supérieure à Amos qui
émet le permis? Je ne sais pas. C'est un problème
administratif.
M. Godin: Si vous nous permettez, nous allons suspendre l'article
103.2 et poursuivre... Excusez-moi.
Mme LeBlanc-Bantey: Avant de suspendre, est-ce que je pourrais
proposer un autre amendement à l'adjoint qui ne m'écoutait pas
tout à l'heure quand je parlais? Je trouve que le deuxième
alinéa laisse beaucoup trop de place à l'interprétation
quand on dit que le détenteur de ce permis peut admettre un mineur dans
une pièce ou sur une terrasse afin que le mineur puisse uniquement la
traverser? N'importe quel mineur pourra...
M. Godin: Quel était votre amendement?
Mme LeBlanc-Bantey : Mon amendement était
d'éliminer totalement le deuxième alinéa. (21 h 45)
M. Godin: Le problème, c'est que dans certains
hôtels, dans certains établissements, le restaurant n'est pas la
première pièce après la porte.
Mme LeBlanc-Bantey: Je ne parle pas du restaurant, dans un...
M. Godin: Enfin, entendons-nous, que ce soit un bar ou n'importe
quel lieu, ou une terrasse, le mineur accompagné peut être
obligé de traverser, de passer de la porte, autrement dit, à
l'endroit où il va. Il traverse le bar en étant accompagné
de son tuteur ou de ses parents.
Mme LeBlanc-Bantey: Peut-être, d'autre part...
M. Godin: Vous l'empêchez de passer. Il va falloir qu'il
passe par où?
Mme LeBlanc-Bantey:... vous admettez aussi que n'importe quel
mineur pris dans un bar peut invoquer qu'il ne faisait que traverser?
M. Godin: Non, mais accompagné de ses parents. Il faut
qu'il soit accompagné de ses parents.
Mme LeBlanc-Bantey: Ce n'est pas indiqué dans le
deuxième alinéa.
M. Godin: oui.
Mme LeBlanc-Bantey: Non, ce n'est pas clair.
Le Président (M. Laplante): Article 103.2, suspendu?
Mme LeBlanc-Bantey: Ce n'est pas indiqué.
M. Blank: Comme le député de Saint-Laurent l'a dit,
s'il arrive que l'enfant doive aller aux toilettes, est-ce qu'il aura besoin de
son père ou sa mère avec lui?
M. Godin: L'amendement résulterait dans le port de couches
de plastique, à mon avis.
Mme LeBlanc-Bantey: D'autre part, vous avez dit vous-même
que de deux maux on prenait le moindre. Alors, vous admettrez que cet
article...
M. Forget: À l'appui de l'amendement du
député des Îles-de-la-Madeleine, je voudrais souligner
qu'il y a aussi des règles d'aménagement physique et je pense que
l'adjoint parlementaire a raison de dire qu'il se peut que, physiquement, dans
certains hôtels, par exemple, le restaurant soit de l'autre
côté du bar et il n'y ait pas moyen, sauf de passer par la porte
de service, par derrière, d'aller dans le restaurant sans passer par le
bar. À ce moment-là, interdire de traverser le bar, c'est
interdire aux mineurs d'aller au restaurant, même accompagnés
après 20 heures, ce qui est évidemment odieux. Mais il faudrait
peut-être prévoir dans les règlements d'aménagement
physique que, justement, dans les endroits où il y a un accès non
restreint aux mineurs, ils puissent y avoir accès, justement, sans
passer par des zones interdites. C'est peut-être un problème
d'aménagement physique puisqu'il y a des règlements de la
régie qui doivent prévoir les aménagements physiques.
C'est un peu comme l'accès aux édifices publics pour les
handicapés. Si les jeunes n'ont pas accès à certains
endroits, il faut peut-être, à moins de les interdire radicalement
de tout l'édifice, leur assurer qu'il y a un accès sans passer
par le bar. Ce n'est peut-être pas mauvais pour les adultes, pour les
encourager à la sobriété aussi, de pouvoir aller au
restaurant sans nécessairement passer par le bar.
M. Godin: Remarquez que je voudrais citer à l'intention du
député des Îles-de-la-Madeleine un paragraphe du rapport
Bossé (recommandation 56 du groupe de travail): "Le seul fait, pour un
mineur de traverser une pièce où il n'a pas droit d'accès
ne devrait pas constituer une infraction".
Donc, là, il y aurait éventuellement...
Mme LeBlanc-Bantey: Je comprends tout ça...
M. Godin: ... un juge qui déciderait: Est-ce qu'il ne
faisait que passer? Je ne fais que passer.
Mme LeBlanc-Bantey: Voilà...
M. Godin: Quelqu'un qui est vraiment installé avec deux
bières devant lui dans un lieu où, disait-il, il ne faisait que
passer, ce serait, enfin...
Mme LeBlanc-Bantey: ...
M. Godin: ... les juges décideraient, mais on ne peut pas
dans une loi, remarquez bien, vous le savez plus que personne...
Le Président (M. Laplante): L'article 103.2 est
suspendu?
M. Godin: Oui, mais avant de suspendre, je voudrais...
Mme LeBlanc-Bantey: Vous êtes bien pressé, M. le
Président!
M. Godin: ... faire un peu de philosophie. On ne peut pas, dans
une loi, ad infinitum, prévoir toutes les possibilités qui
peuvent arriver. On a une présomption d'innocence dans notre
régime et c'est essentiel qu'elle soit maintenue, premièrement.
Deuxièmement, on a un problème avec les mineurs. Donc, il faut le
régler, mais je ne suis pas sûr, donc, encore, que ce soit par
l'émission d'une carte qu'on puisse le faire, mais nous suspendons, si
vous êtes d'accord, 103.2 pendant que notre "think think"s'acharne
là-dessus.
Article suivant, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 103.3.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): On va suspendre l'article
103.4 aussi et on le reprendra...
M. Forget: J'imagine qu'on va le suspendre aussi, M. l'adjoint
parlementaire, parce que là, il y a le problème de la
défense de bonne foi qui est lié essentiellement aux mêmes
difficultés.
M. Godin: D'accord.
Le Président (M. Laplante): L'article 103.4 est suspendu.
J'appelle l'article 103.5.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. J'appelle
l'article 103.6.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. J'appelle
l'article 103.7.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article
103.8.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article
103.9.
M. Forget: Se trouver présent ou acheter, etc.
Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. L'article 128
est suspendu temporairement. J'appelle l'article 129.
M. Forget: Cela pose un problème un peu. Il me semblait
qu'on avait convenu que c'était le contenu d'une publicité, des
messages publicitaires adressés aux media d'information, etc., à
large circulation. Est-ce que ça veut dire que même les
panneaux-réclame individuels fabriqués à la demande d'un
seul détenteur de permis sont frappés par les règlements
du paragraphe 12? Que l'affichage de chaque établissement doit
être approuvé par la régie?
M. Godin: Précisément. L'ancien article 104 b de la
loi sur laquelle nous vivons toujours précisait: "On interdit d'annoncer
une boisson alcoolique au moyen d'affiches qui ne sont pas conformes aux
règlements adoptés en vertu de l'article 105". Cela se
référait aux dimensions et à la forme et non pas au
contenu. Ce sont des normes sur l'affichage au sens large du terme.
M. Forget: Oui, je vois. Vous visez le même but que les
anciens articles 104 et 105. La nouvelle rédaction n'a pas gagné
en clarté. Quand on lisait les anciens articles 104 et 105 on savait
exactement de quoi on parlait. Là, ça laisse place à
énormément d'interprétation et...
M. Godin: Ce que nous ajoutons comme notion, c'est la notion des
normes.
Le Président (M. Laplante): L'article 129 est-il
adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. L'article 130,
de concordance, est-il adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. L'article 131,
de concordance aussi, est-il adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. J'appelle
l'article 132.
Une voix: Concordance.
Le Président (M. Laplante): Non, il n'y a pas de
concordance.
M. Godin: Oui, M. le Président, c'est exactement de
la concordance. Il s'agit de modifications de concordance, étant
donné que les règles relatives aux heures et aux jours
d'exploitation des permis ne se retrouvent plus à l'article 69 de la loi
actuelle, mais aux articles 56 à 65 du projet de loi.
Le Président (M. Laplante): 132, adopté? M.
Forget: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Vous avez un amendement aussi,
à l'article 132.
M. Godin: Oui, nous allons vous extraire... Nous l'avons
déposé, vous devez l'avoir dans vos goussets.
M. Forget: Oui.
M. Godin: M. Sormany va ventiler cela.
Le Président (M. Laplante): Oui, allez-y.
M. Godin: L'amendement sur l'article 132, c'est tout simplement
que, présentement, dans la présente loi, à
l'intérieur du paragraphe 7, on est donc à ce moment-là
à l'intérieur de la Loi sur les infractions en matière de
boissons alcooliques. Or, les règlements sont adoptés en vertu de
la Loi sur les permis d'alcool. C'est une erreur dans les bleus
d'imprimerie.
M. Forget: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Amendé tel que selon le
papillon. L'article 132 est adopté avec amendement. J'appelle l'article
133.
M. Godin: Une modification de concordance, encore une fois.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): 134? Il y a un amendement.
M. Forget: C'est la concordance pour permettre la survie des
tavernes sexistes.
M. Godin: L'amendement, c'est qu'on remplace tout simplement le
numéro 90 par 94, parce qu'on avait changé la numérotation
dans le projet de loi.
M. Forget: D'accord.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on a conservé des tavernes
sexistes, M. le Président?
M. Forget: Comme le président ne peut pas faire de
commentaire, oui, sur division.
M. Godin: Le député de Verdun ne sait pas dans quel
guêpier il s'est peut-être mis.
Le Président (M. Laplante): L'article 134 est
adopté au complet.
M. Forget: Oui.
Le Président (M. Laplante): L'article 135?
M. Forget: Article 135, adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): 136?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): 137?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): 138?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): 139?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): 140?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): 141?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): 142? M. Forget:
Adopté.
Le Président (M. Laplante): 143? M. Forget:
Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Vous ne devez pas reconnaître le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: On vous gâte.
Le Président (M. Laplante): C'est parce que ce sont
toutes... Je le comprends. Adopté. Article 144?
M. Godin: ... jusqu'aux oreilles.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): 145?
M. Forget: Adopté. C'est un article qui est reproduit
à l'article 174, effectivement. Il n'est pas vraiment abrogé,
mais renuméroté, dans le fond.
Le Président (M. Laplante): Article 133, adopté
sans amendement, mais, à l'article 134, il y a un amendement. Article
146?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 147? M. Forget:
Adopté.
Dispositions transitoires et finales
Le Président (M. Laplante): Dispositions transitoires,
chapitre VIII. Article 148?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 149?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 150?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 151?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 152?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 153?
M. Forget: Adopté.
M. Cordeau: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Lorsqu'un permis est émis, est-ce qu'il y a
des frais d'administration ajoutés au permis?
M. Godin: Lorsqu'un permis est émis, il y a un droit qui
s'attache au permis. Lors de la demande de permis, il y a des frais
d'étude qui ne sont pas remboursables. Donc, même si le permis
n'est pas émis, il y a des frais d'étude qui sont
présentement de $50, je pense, en vertu des règlements. Ce sont
des frais administratifs.
M. Cordeau: Des frais administratifs. M. Godin: Oui.
M. Cordeau: Par contre, si les permis, parce que la loi le
prévoit, ne sont émis que pour une certaine période et
qu'ils peuvent être renouvelés par la suite?
M. Godin: Ces frais administratifs ne s'appliquent pas lors du
renouvellement.
M. Cordeau: Merci.
Le Président (M. Laplante): Article 154?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 155?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 156?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 157?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 158?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 159? (22 heures)
M. Forget: Ici, on dit: "Les règlements qui ne sont pas
incompatibles continuent à être en vigueur". Pour l'information
des intéressés, est-ce qu'on pourrait expliquer ce que cela veut
dire en pratique? Est-ce qu'il y a effectivement des règle- ments qui,
une fois cette loi-ci en vigueur, vont devenir incompatibles avec la nouvelle
loi?
M. Godin: Si je peux essayer de répondre, j'avoue que je
n'ai pas fait le tour des règlements en ce sens-là. C'est une
clause qui est usuelle en général, qu'on rencontre pour
éviter les incompatibilités.
M. Forget: Je comprends qu'elle soit usuelle, mais...
M. Godin: Dans ce cas-là, je ne peux pas répondre
précisément à la question. Je voulais juste faire
remarquer que la régie va entrer en fonction le 1er avril 1980. Elle va
pouvoir adopter les règlements à ce moment-là. Les
règlements entreront probablement en vigueur en même temps. Cette
clause-là, finalement, on n'en aura peut-être pas tellement besoin
comme telle. Mais on l'a mise quand même. Je ne pense pas qu'il y ait un
problème d'incompatibilité. Je n'ai pas fait le tour des
règlements et il me serait difficile de répondre à
brûle-pourpoint.
M. Forget: Dans la modification des pouvoirs
réglementaires, il n'y a eu aucun retrait de pouvoir, d'adopter de la
législation déléguée qui existait
déjà. Mais il y a eu des additions. Est-ce que c'est exact?
M. Godin: C'est cela.
M. Forget: Ceci veut dire qu'il n'y a rien qui ait
été fait avant qui ne devienne ultra vires, a priori.
M. Godin: II y a peut-être eu des retraits, par exemple,
pour définir oeuvre musicale, ou spectacle, ou des choses du genre. Ce
sont des définitions qui sont à peu près inutiles. Il y en
avait aussi sur le renouvellement des permis, mais on a des mesures
transitoires là-dessus. Ce qui n'a pas été retenu, c'est
vraiment ce qui nous est apparu dans les règlements, soit qu'ils
n'avaient pas été appliqués ou qu'ils étaient
vraiment rendus...
M. Forget: Superfétatoires.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'article 159 est
adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Les travaux de
la commission sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 22 h 3)