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Étude du projet de loi no 55
(Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Reprise des travaux de la commission de la justice pour l'étude
du projet de loi no 55 article par article. M. Alfred (Papineau), M.
Bédard (Chicoutimi) remplacé par M. Godin (Mercier); M. Blank
(Saint-Louis) remplacé par M. Caron (Verdun); M. Charbonneau
(Verchères) remplacé par Mme LeBlanc-Bantey
(Îles-de-la-Madeleine); M. Clair (Drummond) remplacé par M.
Marcoux (Rimouski); M. Fontaine (Nicolet-Yamaska) remplacé par M.
Cordeau (Saint-Hyacinthe); M. Lacoste (Sainte-Anne) remplacé par M.
Marquis (Matapédia); M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys) remplacé
par M. Forget (Saint-Laurent); M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Vaillancourt
(Jonquière) remplacé...
M. Desbiens: Desbiens (Dubuc).
Le Président (M. Laplante): ... par M. Desbiens
(Dubuc).
Intervenants: M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Cordeau (Saint-Hyacinthe)
remplacé par M. Fontaine (Nicolet-Yamaska); M. Duhaime (Saint-Maurice),
M. Lavigne (Beauharnois), M. Léger (Lafontaine), M. Marois (Laporte), M.
Pagé (Portneuf), M. Tardif (Crémazie). Excusez. M. Marois
(Laporte) remplacé par M. Boucher (Rivière-du-Loup) dans les
intervenants.
Nous étions rendus à l'article 17. M. l'adjoint
parlementaire.
Constitution et fonctions de la Régie des
permis d'alcool du Québec (suite)
M. Godin: Sur l'article 17, d'abord, je veux préciser que
13 c'est bien 13 suspendu, avec votre permission, on aimerait
mieux attendre à cet après-midi pour soumettre une version encore
plus précise et plus claire parce qu'il y a des implications
relativement à une ouverture éventuelle de bureau ou de
délégation de fonctionnaires dans les régions pour remplir
certaines fonctions.
Donc, à l'article 17, le permis de réunion, il faut le
voir comme un privilège, un permis exceptionnel qui, s'il allait trop
loin, pourrait nuire à l'économie générale de ce
commerce. Lors d'une réunion, c'est le permis qu'on émet pour des
assemblées, à des groupes sans but lucratif, des partis
politiques qui sont, d'ailleurs, les principaux consommateurs de tels permis,
ou des organismes de charité. La loi vise à
accélérer l'émission d'un tel permis. Cela prend un mois
actuellement et nous voulons réduire cela à une semaine à
peu près. Pour le faire, un fonctionnaire, désigné par le
président, aura le droit d'émettre de tels permis. Est-ce un
amendement ou une proposition?
M. Forget: Cela a été une proposition, mais j'ai
l'intention d'en faire un amendement formel.
M. Godin: L'amendement du député de Saint-Laurent
visait à confier aux municipalités le soin d'émettre ces
permis de manière à décentraliser et à faciliter
encore plus l'émission, tel que l'objectif fondamental de la loi le
souhaite. Sauf que nous devons, comme gouvernement, envisager ce genre de
permis, je le répète, comme un privilège qui risquerait,
s'il n'était pas concentré entre les mains d'un organisme
centralisé, de modifier considérablement le rapport de force,
pour parler ainsi, au point de vue économique, dans une
municipalité donnée, entre les hôteliers existants, les
cabaretiers et les taverniers du coin qui risqueraient de perdre une partie de
leur clientèle s'il y avait une surabondance de tels permis.
Donc, en même temps, l'État, en tant que père de
famille qui doit voir à ce que... Eh oui! en tant que bon père de
famille, je dirais même, en tant que Dr Welby, doit voir à ce que
ce qui est, je dirais, le fond même de ce commerce, les institutions, et
par institutions, j'entends: tavernes, hôtels, cabarets et autres, ne
soit pas menacé par une surabondance de concurrence qui viendra de tels
permis. Et, fondamentalement, c'est la raison pour laquelle nous voulons que la
régie garde son oeil ouvert sur la quantité de permis
émis, de manière que la structure même du marché ne
soit pas compromise.
M. Forget: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Je vais présenter formellement un amendement,
mais j'en profite pour distribuer quelques autres amendements, comme je l'ai
fait hier, qui couvrent la prochaine vingtaine d'articles. J'ai réussi
malgré tout à faire cela la nuit dernière.
M. Godin: C'était un contexte qui se prêtait
à cette loi.
M. Forget: Mais, relativement à l'article 17, l'amendement
dont je vais faire la lecture, je pense, anticipe un certain nombre
d'objections que vient de formuler l'adjoint du ministre. Ajouter après
les mots "un membre du personnel", les mots "ou le greffier d'une
municipalité." L'article amendé se lirait comme suit: "Un membre
du personnel ou le greffier d'une municipalité désigné par
le président peut connaître seul pour la régie, etc.," le
texte demeure inchangé.
Ce qui est visé par là je vais en dire quelques
mots seulement.
M. Godin: Cela va.
Le Président (M. Laplante): Recevable, M. le
député.
M. Forget: Merci, M. le Président. Je suis sûr que
mon collègue, député et maire de Verdun, aura des choses
à dire à la commission qui seront d'autant plus
intéressantes qu'il les dira non seulement à titre de
député, mais à titre de maire. Avant de lui céder
la parole, j'aimerais expliquer que dans ce texte, ainsi donc dans cet
amendement tel que rédigé, le greffier d'une municipalité
est désigné par le président. Donc, le président de
la régie conserverait un droit de surveillance sur la façon dont
le greffier d'une municipalité s'acquitte de son rôle, de sorte
que si un greffier se permettait, tout à coup, un comportement dans
l'émission de ces permis qui est en contradiction avec les politiques
déterminées par la régie, il pourrait lui retirer cette
autorisation.
N'oublions pas qu'en tout état de cause, ce n'est qu'un service
additionnel à la population. Si quelqu'un, dans la population, se heurte
à un greffier qui, au lieu d'être trop libéral est trop
restrictif, il peut quand même s'adresser aux fonctionnaires de la
régie pour obtenir un permis de réunion ou un permis
d'épicerie, ce qui fait que finalement le contrôle demeurerait
entre les mains de la régie par son pouvoir de surveillance, de faire
des enquêtes, d'obtenir des rapports périodiques sur
l'émission des permis, etc., de recevoir des plaintes de la population,
à l'occasion; ce serait donc plus accessible. La régie
conserverait son plein contrôle, elle pourrait retirer cette autorisation
si elle est exercée d'une façon mal avisée, elle pourrait
émettre elle-même des permis en même temps que le greffier
pour le même territoire visé. Il ne s'agit pas de créer un
monopole dans une municipalité en disant: Seul le greffier peut
émettre des permis. C'est simplement un service à la population
qui est exercé durant bon plaisir, tant et aussi longtemps que le
greffier le fait de manière à respecter les règles de la
régie.
Il me semble que cela répond aux inquiétudes
légitimes du ministère, de l'adjoint du ministre et cela rend
plus accessible une chose que tout le monde souhaite rendre plus accessible et
sans coût. Je suis à peu près persuadé, quoique je
ne veuille pas parler pour les municipalités je pense qu'il
serait facile de les consulter là-dessus je suis à peu
près sûr que la plupart des municipalités se feraient un
plaisir de rendre ce service sans frais. Mais si, de toute façon, elles
demandent des honoraires de $1.50 par permis, ce serait encore moins cher que
d'ouvrir des bureaux régionaux pour faire cela. Cela pourrait
coûter au plus $60 000, si je comprends bien, si tous les permis
étaient émis par les greffiers des municipalités, ce qui
n'est pas une grosse somme; c'est ce que ça coûterait pour un
bureau régional dans une région du Québec.
C'est un mécanisme économique, ça conserve à
la régie le pouvoir de contrôler ce qui se fait, de retirer cette
facilité si elle est mal utilisée. Il me semble que ce serait
avantageux. Mais je ne veux pas parler pendant une heure là-dessus. Le
but n'est pas de bloquer l'adoption de la loi; c'est de faire une suggestion
constructive.
Là-dessus, je n'ai rien à ajouter. Peut-être que mon
collègue de Verdun voudrait donner des précisions.
M. Caron: M. le Président, je pense que tout le monde se
réjouit du fait que le projet de loi no 55, qui est
présenté par l'adjoint du ministre, le député de
Mercier, va rendre la tâche plus facile à tous ceux qui vont faire
une demande à la régie. Le fait que le gouvernement nous apporte
ce projet de loi, je pense qu'il devrait laisser aux municipalités, la
chance au greffier, parce que s'il y a des gens qui sont au courant de ce qui
se passe dans la municipalité, ce sont bien les greffiers...
Cela va donner une chance aux gens de sauver le déplacement.
Imaginez-vous qu'aller à Montréal, faire la queue-leu-leu au
palais de justice, ce n'est agréable pour personne. Les gens qui font
cela, s'occupent d'organismes à but non lucratif qui ont du travail
à faire le jour; ils sont obligés de partir de leur travail pour
aller chercher un permis soit pour les majorettes, soit pour le club de hockey.
En plus, les municipalités, surtout sur l'île de Montréal,
vont surveiller pour la taxe d'amusement. Elles peuvent faire rapport au
greffier si c'est réellement la vraie façon dont le permis a
été demandé; en plus, copie pour aller directement
à la régie dans les sept jours qui suivent la demande. Cela se
fait avec les amendes du Code de la route; les municipalités
perçoivent les amendes qu'elles envoient une fois par mois au ministre
de la Justice. Je ne vois pas pourquoi on n'ajoute pas cela, vu qu'on est de
bonne foi en disant qu'on veut rendre la tâche plus facile.
Je suis même convaincu qu'on le fait actuellement. Combien y
a-t-il de gens qui viennent voir? Cela prend une lettre pour confirmer que
telle ou telle organisation est à but non lucratif. Souvent, soit le
maire ou le greffier, ou le directeur de police, émet une lettre pour
confirmer. Et l'argent serait retourné à la commission de
contrôle, comme on le fait avec les amendes pour le Code de la route. Je
pense que ce serait rendre un grand service à la petite classe de gens
qui se donnent bénévolement pour les organismes. Je le
perçois comme cela.
Le Président (M. Laplante): M. l'adjoint.
M. Godin: Je dois dire qu'étant donné les objectifs
poursuivis par la loi, cette proposition est logique avec les propos que j'ai
tenus et que je tiens depuis toujours. Le député-maire de
Montréal opine du bonnet. Je suis content de voir qu'il y a au moins un
membre de notre côté qui reçoit son approbation et sa
bénédiction de temps en temps, mais cela pose des
problèmes. Je veux le préciser. Cela pose deux ordres de
problèmes. Premièrement, ce ne serait pas très
sérieux d'ouvrir, en commission un débat et d'acquiescer
immédiatement à votre demande parce que, d'une part, quel lien
d'autorité y aurait-il entre le président de la régie et
le greffier? Quel est le statut juridique d'un greffier dans une
municipalité par
rapport au statut qu'il aurait vis-à-vis du président de
la régie? Il faudrait étudier cela et il faudrait... (10 h
30)
M. Forget: Ce n'est pas mandataire. Dans le Code civil, n'est-ce
pas...
M. Godin: ... M. le député de Saint-Laurent
étudier cela. Il faudrait étudier, deuxièmement, si
les municipalités, dans leur ensemble, sont sympathiques à cela.
Il faudrait voir si on aurait des municipalités qui diraient oui,
d'autres qui diraient non, de sorte qu'on aurait deux niveaux de...
M. Forget: Elles ne seraient pas obligées
d'accepter...
M. Godin: À ce moment-là, cela compliquerait les
choses. Troisièmement, le ministère des Affaires municipales
lui-même aurait peut-être un mot à dire là-dessus et
ce n'est peut-être pas le lieu ici, en commission, pour faire toutes ces
consultations et toutes ces études, d'une part.
M. Forget: Non, pas en commission. On pourrait peut-être
suspendre.
M. Godin: Mais enfin... Bon! L'ampleur des travaux que cela
commanderait fait que la solution que je vous proposerais là-dessus
serait peut-être de confier au ministère le soin de se pencher
là-dessus et éventuellement, de faire un amendement à la
loi, ce qui peut se faire assez rapidement dans l'avenir, après que la
loi sera adoptée. Mais fondamentalement, au-delà de ces
problèmes techniques sur lesquels nous devrions nous pencher, il y a la
question je le répète pour ceux qui n'en seraient pas
saisis ou conscients que malheureusement, dans bien des cas, ces permis
qui sont des privilèges je le répète sont
l'occasion, dans les petites municipalités, de concurrence au
réseau existant des gens qui ont pignon sur rue, qui paient souvent des
taxes lourdes et qui ne veulent pas voir leur clientèle et leur
marché menacés par la multiplication de tels permis. Les milliers
de municipalités au Québec peuvent-elles déterminer dans
un plan d'ensemble à quel moment cela va mettre en danger l'existence du
réseau commercial qui, lui, a fait des investissements?
Vous allez peut-être trouver bizarre que je me fasse le
défenseur d'entreprises privées, mais en l'occurrence, il y a
déjà un risque, il y a déjà une inquiétude
de la part de certains hôteliers dans certaines régions parce
qu'ils subissent le contrecoup de la multiplication de tels permis et la
définition assez vague de "association sans but lucratif", "association
de charité" fait que, à l'occasion, certains de ces permis de
réunion servent à des fins qui ne sont ni charitables uniquement,
ni à but non lucratif uniquement. Là, cela pose des
problèmes et nous croyons que la régie est la mieux placée
pour trancher et pour administrer. D'autre part, je tiens à dire que
dans un autre article, un peu plus loin, nous autorisons les hôteliers,
sur simple avis de leur part, à tenir de telles réceptions sans
demander un permis ni à un greffier ni à la régie.
Pour ces deux ordres de motifs, je suggérerais que nous confiions
l'étude de ce dossier plus en profondeur, vu les implications qu'il y a,
aux Affaires municipales, sur la définition du statut de greffier, sur
la définition de liens qui devraient exister entre le président
de la régie et le greffier, donc, une étude technique qui n'est
pas encore faite et qu'on ne peut pas faire dans le délai imparti
à la commission. Deuxièmement, même si les études
étaient concluantes, je me poserais encore des questions. Je voudrais,
sur un point comme celui-là, consulter vraiment sérieusement les
associations d'hôteliers, de cabaretiers et de taverniers.
Alors en ce qui me concerne, pour ces raisons, temporairement, je
voterai contre cet amendement.
M. Forget: Veux-tu ajouter quelque chose?
M. Caron: M. le Président, je ne suis pas d'accord avec
l'adjoint du ministre. Je respecte son opinion mais je ne suis pas d'accord. Je
pense que, s'il y a quelqu'un qui est plus près des gens, ce sont bien
les municipalités. Même, à certains moments, la
régie a émis des permis à des groupes qui n'étaient
pas réellement sérieux et valables. Je suis convaincu que toutes
les municipalités... Par exemple, chez nous, où c'est une ville
"semi-sec", les gens sont obligés de partir, d'aller au palais de
justice et de faire la queue. M. l'adjoint du ministre, je pense que les
municipalités, que ce soit Verdun ou ailleurs, savent bien plus ce qui
se passe dans leurs municipalités.
Je sais qu'une fois par année, la régie émet un
permis à un organisme je ne la dis pas pour faire des
personnalités un groupe de Noirs qui font... Je me pose vraiment
la question à savoir à quel point cet organisme est
réellement sérieux dans ses buts non lucratifs. Je me demande si
vous ne pourriez pas suspendre et aller plus en profondeur, parce que le fait
que votre projet de loi soit plus ouvert, le greffier de la Cour municipale le
fait pour les amendes au Code de la route. L'argent va vous être remis
avec un duplicata. Si vous dites que vous allez revenir amender la loi,
ça va être quand? Cela va être dans la semaine des trois
jeudis.
M. Godin: M. le député et maire de Verdun, ce n'est
pas uniquement une question d'argent. Les droits que peut toucher la
régie là-dessus, ce n'est pas fondamental dans les revenus de la
régie. Les deux aspects fondamentaux, je les ai évoqués
tout à l'heure. Le premier point, surtout, qui est une étude
technique, ne peut pas nous permettre, ne fait que suspendre; nous devrons
voter non, en ce qui nous concerne, mais en confiant le soin au
ministère de la Justice d'étudier les implications qui peuvent
être très complexes, les implications juridiques d'un tel
amendement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Très brièvement, M. le Président,
l'adjoint du ministre a utilisé trois arguments. Il a dit: D'abord, il y
a des consultations. Je suis sûr que d'ici ce soir, il est possible de
téléphoner à l'Union des municipalités et au
ministère des Affaires municipales ou de parler à son
collègue, le ministre des Affaires municipales pour dire: Qu'est-ce que
vous pensez de cela? C'est permissif, ce n'est pas une obligation, c'est un
service, ce n'est pas trop lourd, ça va rendre service aux gens;
avez-vous des objections sérieuses? S'ils en ont, on retirerait notre
amendement avec empressement, mais on ne peut pas imaginer pourquoi ces
organismes auraient... D'une façon, c'est facile, ce sont deux
téléphones à faire, dans le fond. Ce n'est pas une
consultation, on n'a pas besoin de demander des mémoires
là-dessus.
Le problème juridique, vous avez des situations analogues quand,
dans les caisses populaires, on émet les permis de conduire. Je suis
sûr qu'on a étudié la relation entre un commis d'une caisse
populaire et le ministère des Transports; on n'a pas adopté une
grande loi sur le statut des employés des caisses populaires pour savoir
quel était leur statut juridique face au gouvernement; ils
émettent les permis, et tout va très bien merci. Je pense que
ça n'a pas posé de grand problème, personne n'a fait de
procès là-dessus. Il ne faut quand même pas chercher de
midi à 14 heures.
Finalement, la question de la concurrence, je comprends qu'il y ait de
la concurrence, mais les municipalités perçoivent les taxes
d'affaires. Si, à un endroit, on est conscient qu'il y a des commerces
qui sont détenteurs de permis et qu'on multiplie d'une façon
inconsidérée les permis de réunions, on va peut-être
provoquer la faillite de ces commerces qui paient des taxes d'affaires, qui
sont des contribuables municipaux importants.
C'est bien sûr que les municipalités sont conscientes de
cela encore plus que la régie et vous avez introduit dans la loi un
moyen pour les hôteliers, par exemple, de faire concurrence aux permis de
réunion en facilitant la tenue de réceptions dans les
hôtels, dans les motels, etc. parce qu'il y a plus de formalités.
Ils sont dans une position de plus grande égalité face à
ce nouvel élément de concurrence. C'est plus facile pour eux. Si
on conserve les permis de réunion, on les conserve, le problème
n'est pas à l'occasion d'une "extension" au greffier de reposer tout le
problème des permis de réunions. Cela a été
discuté dans le rapport Bossé. Si on dit: Est-ce qu'on devrait
supprimer le permis pour vendre et garder le permis pour servir et des
histoires dans ce genre? Ils ont dit: On ne peut pas faire cette distinction.
On va conserver le permis de réunion pour vendre et pour servir et, dans
le fond, pourvu qu'un organisme est bona fide il va y avoir des
règlements qui vont dire pas plus de tant de fois par année pour
un même organisme, etc., c'est de sens commun. C'est facile à
respecter et c'est plus facile pour un greffier qui connaît son monde que
pour un fonctionnaire de la régie qui est à des centaines de
milles de distance et est obligé de juger sur pièces
justificatives.
Il me semble que tout cela fait que si vous voulez faire les
consultations et regarder cela avec les conseillers juridiques, il me semble
que ce soir on pourrait en venir à une conclusion. On ne vous pousse pas
à prendre la décision tout de suite, mais si vous
résistez, nous, on va demander un vote parce que je pense que c'est une
affaire de sens commun. Cela devrait être une chose où on s'entend
facilement.
M. Godin: Je trouve assez étonnant que l'invocation, par
exemple, de la délégation demandant aux caisses populaires pour
vendre les permis, vienne de vous; vous avez voté contre. Vous
étiez contre, c'est-à-dire.
M. Forget: Peu importe, c'est fait. Écoutez, cela veut
dire que c'est juridiquement possible.
M. Godin: Entendons-nous. Je ne vous dis pas que c'est
juridiquement impossible. Je trouve étrange que vous invoquiez à
l'appui de votre thèse un exemple contre lequel vous étiez il y a
quelques mois. En tout cas, c'est un autre problème.
M. Forget: Cela n'a rien à voir. On était contre le
fait que des gens aux moyens...
M. Godin: M. le Président...
M. Forget: ... modestes, M. le Président, avaient un
supplément de revenu qui rendait service aux gens et qu'on a voulu en
faire une guerre de religion et on l'a confié à d'autres gens
pour qui cela représentait un problème additionnel et beaucoup
plus un embêtement qu'autre chose. Ce n'était pas
nécessairement une bonne solution, je pense bien, mais il reste que la
solution sur le plan juridique...
M. Godin: Les chiffres sont là.
M. Forget: ... n'a jamais posé de difficulté. On
n'a jamais dit: C'est juridiquement une impossibilité.
M. Godin: Les chiffres sont là pour démontrer que
le nouveau système est beaucoup plus efficace que l'ancien, enfin, si on
s'en tient à la date du renouvellement des permis. C'est un autre
problème. On s'est déjà dit au début que sur
certains points nous dirions, d'un bord et de l'autre: Là-dessus j'ai
fait mon lit. Là-dessus vous avez fait votre lit que nous confierons
l'étude, les implications de toute cette question à un
ministère et nous allons l'examiner sérieusement parce que cela
va dans le sens d'objectifs à poursuivre pour le projet de loi, mais
nous le rejetterons.
M. Forget: On va demander le vote enregistré.
M. Godin: Par ailleurs, je tiens à dire, avant de
terminer, comme preuve de bonne foi que si avant la troisième lecture
nous avons recueilli les opinions que nous recherchons, d'une part, et si nous
avons terminé nos travaux là-dessus, nous ferons rapport.
D'accord? Juste pour illustrer à quel point...
Le Président (M. Laplante): La motion d'amendement du
député de Saint-Laurent sur l'article 17, sera-t-elle
adoptée?
M. Forget: Vote enregistré.
Le Président (M. Laplante): Vote enregistré. M.
Alfred (Papineau), M. Godin (Mercier)?
M. Godin: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Caron (Verdun)?
M. Caron: Pour.
Le Président (M. Laplante): Mme LeBlanc-
Bantey (Îles-de-la-Madeleine)?
Mme LeBlanc-Bantey: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Marcoux (Rimouski)?
Une voix: Cela me fait de la peine. M. Marcoux:
Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Cordeau (Saint-Hyacinthe)?
M. Marquis (Matapédia)?
M. Marquis: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Forget (Saint-Laurent)?
M. Forget: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Desbiens (Dubuc)?
Quatre contre, deux pour. Motion rejetée. J'appelle maintenant
l'article 17.
Article 17 adopté sur division?
M. Forget: Sur division.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 18.
Article 18, adopté?
M. Forget: Oui, c'est adopté, M. le Président.
J'aimerais quand même faire la remarque suivante: C'est tout à
fait légitime de prêter assistance à la rédaction
des demandes de permis. Il reste que cela aussi demande d'être
interprété avec un certain soin. Il est clair que des demandes de
réunions, des permis d'épicerie, etc., c'est tout à fait
légitime. Je pense que quand quelqu'un fait un investissement de $500
000 dans l'installation d'un restaurant, d'un hôtel ou d'un bar, il peut
faire l'investissement aussi de se payer les services d'un conseiller juridique
pour s'assurer que les procédures soient régulières. Je
pense que cet article 18 devrait être restreint dans les cas où il
s'agit de personne physique. En pratique, là, je ne suggère pas
un amendement formel, mais dans le cas d'une personne physique et surtout des
organismes sans but lucratif qui, évidemment, n'ont pas les moyens de se
payer des conseillers juridiques... Si un hôtelier vient faire une
demande de permis, etc., qu'il s'organise. Je pense que le contribuable n'a pas
à subventionner des installations commerciales qui ont vraiment les
moyens de se payer tous les services juridiques requis, pour être
sûr que le dossier soit complet. Ce serait de l'aide sociale ou de l'aide
juridique mal placée que de l'étendre plus au-delà d'une
clientèle qui, véritablement, a besoin de cette assistance et de
qui on ne devrait pas exiger un formalisme trop grand. Dans le cas où un
formalisme est inévitable, qu'on l'aide à s'y conformer. Mais je
pense que c'est important de spécifier cela, à ce moment-ci,
parce qu'après tout il y a une profession qui est là, qui existe
pour cela.
Le Président (M. Laplante): ... la requête.
M. Forget: Écoutez, une personne physique, oui cela peut
évidemment être aussi des personnes physiques qui sont
propriétaires non incorporés d'un hôtel ou d'un motel, je
ne sais pas, quoique c'est peut-être difficile. Je pense que c'est
surtout au niveau de l'intention du gouvernement et des directives qui seront
données. Il faut être bien sûr qu'on se comprend
là-dessus. (10 h 45)
M. Godin: En fait, notre expérience à nous tous
comme députés, c'est que...
Avez-vous quelque chose à dire?
Mme LeBlanc-Bantey: ...
M. Godin: Parce que vous pouvez y aller, sans contrainte. Il n'y
a pas d'autocensure ici...
Les cas que nous avons vus entre nous des fois on s'en parle
en tout cas les cas que j'ai vus dans mon comté, c'est souvent
uniquement pour les questions de transfert de permis d'une personne à
une autre et là, une personne qui a peut-être un permis simple,
qui ne s'applique pas à un permis d'hôtel et qui implique un
investissement, vous avez raison, la plupart du temps ces gens ont les moyens
et d'ailleurs ont des conseillers juridiques. Ils ont les moyens de se les
payer et ils les ont. C'est pour régler le cas...
M. Forget: ... la vente d'une épicerie ou...
M. Godin: Des cas simples où les gens vraiment sont des
dépanneurs, détenteurs de permis de vente, enfin, une
licence...
M. Forget: ... de bière.
M. Godin: Des dépanneurs licenciés, si vous voulez.
Ce sont surtout des cas comme ceux-là que nous avons constatés,
qui étaient souvent en peine, dont les permis étaient
refusés ou dont l'émission était retardée parce
qu'il y avait un vice de forme. Enfin, c'est le gros bon sens qui s'applique,
en fait, dans une affaire comme celle-là.
M. Forget: Est-ce que ce ne serait pas préférable,
pour être sûr qu'il n'y a pas de confusion et qu'on ne crée
pas non plus d'attente injustifiée, de spécifier je le
fais à titre de suggestion seulement parce que je n'ai pas
préparé à ce sujet un amendement précis que
les demandes de permis d'épicerie, de réunion sont celles
auxquelles on s'adresse et que les autres, les bars, les tavernes et les
brasseries, même les restaurants, auraient à se pourvoir
eux-mêmes?
M. Godin: Je ne pense pas qu'on ait à dire aux gens ce
qu'ils doivent faire.
M. Forget: Non, mais on leur promet un service.
M. Godin: II n'y a rien qui empêcherait...
M. Forget: On leur promet un service, on fait une promesse
à la clientèle qu'on va leur donner les services d'assistance
juridique pour préparer leur demande. À qui fait-on cette
promesse? Est-ce qu'on la fait à tout le monde?
M. Godin: À toute personne qui...
M. Forget: ... qui en a besoin, bien oui.
M. Godin: ... en principe... On ne fera pas d'exceptions dans la
loi, M. le député de Saint-Laurent, pour dire qu'à partir
de tel revenu... Cela peut être un millionnaire.
M. Forget: Je ne parle pas des revenus, mais des types de
permis.
M. Godin: II peut y avoir un millionnaire ou une personne
très riche...
M. Forget:... qui serait dépanneur? C'est rare!
M. Godin: Peut-être par pour un dépanneur, mais qui
demanderait un permis de réunion. Par conséquent, où
allez-vous tracer la ligne? Là, on entrerait... Si vous avez bien lu
Pigeon, ces affaires-là...
M. Forget: Oui, mais est-ce que les fonctionnaires, eux, vont
demander quel est leur revenu?
M. Godin: Non, pas du tout.
M. Forget: Bon, c'est ça, c'est en fonction de la
catégorie de permis.
M. Godin: Pas nécessairement.
M. Forget: Quelqu'un qui arrive et qui demande un hôtel de
500 chambres avec des bars, etc., ils vont pouvoir décider que ce n'est
peut-être pas approprié de lui donner de l'assistance
juridique.
M. Godin: Vous ouvrez encore une fois... Toute exception dans une
loi ouvre la porte à des emmerdements, vous le savez beaucoup mieux que
moi. Là, vous voulez en faire une alors qu'il est de commune
notoriété que les cas où il y a vice de forme ou des
retards à émettre les permis à cause de tels
problèmes, dans la majorité des cas, ce sont ceux que le
député de Verdun appelle du petit monde mal pris. Il n'est jamais
arrivé, à ma connaissance... Alors, n'allons pas trop loin dans
la broderie!
M. Forget: Vous avez une audience publique, à un moment
donné. On fait une objection pour un hôtel de 500 chambres avec un
bar, une discothèque, etc. Il a pu y avoir plusieurs permis,
probablement. La régie refuse d'émettre le permis pour un vice de
forme, une demande incomplète, etc. Cela entraîne des coûts.
Disons que l'édifice est presque prêt et avec des retards...
Est-ce que celui qui fait la demande ne pourra pas se prévaloir de
l'article, 18 en disant: Écoutez, messieurs de la régie, vous me
refusez cela parce que tel document est incomplet? Vous aviez le devoir, dans
la loi, de prêter assistance dans la rédaction. Il pourrait
demander une injonction pour que la régie délivre le permis
indépendamment des vices de forme. C'est dans la loi, ce ne sont pas que
des voeux pieux. On fait la promesse d'aider tout le monde. Si on n'aide pas
les gens et qu'après on leur refuse le permis, ils vont dire: C'est
votre faute, vous aviez l'obligation de nous aider. C'est cela. Vous pouvez
rire tant que vous voulez, mais c'est ça! C'est comme ça que les
gens vont raisonner!
M. Godin: M. le député de Saint-Laurent, je ris
parce que vous avez un os et qu'il est bon, votre os, je peux vous le dire.
M. Forget: Ah bon!
M. Godin: C'est pour cela que je ris.
M. Forget: D'accord. Pourvu que je sache pourquoi vous riez, cela
me rassure.
M. Godin: D'accord. Je ris parce que vous avez un os et que vous
ajoutez de la lumière à nos débats. Je me réjouis
de voir que vous êtes productif, tout simplement. Peut-être est-ce
dans la foulée de ce qui s'est passé hier soir, je ne le sais
pas. Nous allons, si vous permettez, suspendre l'article 18 et
réfléchir là-dessus.
M. Forget: D'accord.
M. Godin: Encore une fois pour vous montrer à quel
point...
M. Forget: S'il y a quelque chose, on est plus fatigué
qu'on se dirait normalement.
M. Godin: Des fois, c'est stimulant.
Le Président (M. Laplante): Article 18, suspendu.
M. Godin: Effectivement, vous avez un point. On va se pencher
là-dessus. Nous espérons que la solution qu'on proposera vous
satisfera. Est-ce que vous aviez autre chose, Mme la députée des
Îles-de-la-Madeleine?
Mme LeBlanc-Bantey: ... qui vont peut-être avoir à
l'administrer; alors, ils prévoient déjà les coups qui
pourraient venir.
M. Caron: II y a un danger aussi d'ouvrir une porte pour
corrompre certains fonctionnaires avec cela aussi.
M. Godin: On est tous...
M. Caron: Je vous dis cela et...
M. Godin: Non, mais là on entrerait dans...
M. Forget: ... sous la table.
M. Caron: Peut-être.
M. Godin: Entendons-nous...
M. Forget: II y a un élément de discrétion;
il faut que ce soit bien encadré.
M. Godin: Nous allons réfléchir là-dessus.
Mme LeBlanc-Bantey: D'autre part, par...
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'article 18 est
suspendu?
M. Godin: Excusez, M. le Président...
Mme LeBlanc-Bantey: Je veux juste ajouter que, par
expérience, depuis trois ans une petite expérience
à côté du député de Verdun, mais quand
même le fait de recourir aux soins des services juridiques d'un
avocat, dans le cas de demande de permis d'alcool, d'après
l'expérience que j'ai vécue c'est que cela allonge les
délais souvent d'une façon inacceptable parce que les avocats
sont débordés, dans les régions rurales il y a peu de
services juridiques. Finalement, les gens vont attendre le permis d'alcool six
mois alors qu'ils pourraient l'avoir beaucoup plus rapidement.
M. Forget: II y a les délais des avocats et il y a les
délais de la régie, les deux s'ajoutent, mais en confiant les
deux fonctions au même organisme, on ne raccourcit pas
nécessairement la durée totale des deux délais.
Mme LeBlanc-Bantey: Au moins on sait sur quel clou cogner.
M. Forget: Ouais, si on trouve le responsable.
M. Godin: En ce qui nous concerne, cela part d'un bon naturel,
l'article 18.
M. Forget: Remarquez qu'on n'est pas en désaccord avec le
principe.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous avez suspendu
l'article 18?
M. Godin: Alors, est-ce que...
Le Président (M. Laplante): D'accord. Article 18...
M. Godin: ... on peut proposer tout de suite une modification? La
modification que nous proposerions ou l'amendement...
Le Président (M. Laplante): On revient à l'article
18.
M. Godin: ... si vous n'avez pas d'objection. Le
Président (M. Laplante): Non, aucune.
M. Godin: L'amendement serait de réduire l'assistance
à une demande de permis de réunion. Est-ce que cela
répondrait à vos inquiétudes, à vos
aspirations?
M. Forget: Oui, oui, sûrement.
Le Président (M. Laplante): Ce serait quoi?
M. Godin: Alors, cela se lirait comme suit: "Les membres du
personnel de la régie doivent prêter leur assistance pour la
rédaction d'une demande de permis de réunion" et
l'amendement consisterait à insérer les mots "de réunion"
après les mots "de permis" "à toute personne qui le
requiert." Est-ce que cela répond...
Le Président (M. Laplante): C'est au pluriel que vous
marquez...
M. Godin: Permis de réunion, non, c'est au singulier.
M. Forget: Cela évite...
Le Président (M. Laplante): Une réunion,
d'accord.
M. Godin: Un permis de réunion.
M. Forget: Cela évite sûrement les dangers qu'on a
soulignés...
M. Godin: Parfaitement. Il est rare que...
M. Forget: Je pense que ce sont ces organismes qui ont besoin
d'aide, effectivement.
M. Godin: Je ne pense pas que General Dynamics formule une telle
demande, par exemple.
M. Forget: Non, je ne pense pas.
Le Président (M. Laplante): L'article 18 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Forget: Adopté.
M. Godin: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 19.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 20. M.
le ministre, si vous voulez en donner l'explication parce qu'il y a une motion
d'amendement présentée par le député de
Saint-Laurent.
M. Godin: L'article 20 a trait aux dossiers qui sont devant la
régie. Il établit un greffe et il prévoit que le public
peut consulter ces dossiers, à l'exception des rapports d'enquêtes
et des pièces à l'appui de ces rapports. Cela va donc totalement,
de front, à l'encontre de votre amendement et nous aurons des
explications, éventuellement, à vous donner. C'est mon
explication, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Alors, M. le Président, j'ai noté dans
le rapport Bossé qu'on recommandait que les dossiers soient accessibles
et on est à 100 milles à l'heure en faveur de cela.
Effectivement, si la régie doit effectuer un contrôle sur
l'exploitation des permis, c'est une opération beaucoup plus
significative que de contrôler simplement l'émission des permis.
Ce qui est le plus important c'est de savoir ce qui se passe une fois que le
permis est émis. À mon avis, c'est donc un rôle qui peut
être rempli seulement si on rend public non seulement le dossier de la
demande initiale, à savoir si les gens sont qualifiés ou non et
qu'on permet la consultation à tout le monde, mais qu'on permette en
cours de route un accès général et libre à tout ce
qui permet de découvrir si oui ou non le genre d'exploitation à
laquelle le détenteur se livre est conforme à
l'intérêt public et à l'intérêt de quiconque
peut vouloir se pencher sur le fonctionnement d'un établissement qui
détient un permis. C'est le sens de l'amendement qu'on fait.
On dit: D'accord, que les dossiers soient publics contenant la demande,
les décisions de la régie, etc., mais qu'on puisse
également de droit, n'importe qui est intéressé puisse
également, de droit, avoir accès aux résultats de
l'enquête. Après tout, ce sont des enquêtes faites en vertu
de la loi par les inspecteurs de la régie qui vont déterminer si
oui ou non l'exploitation est conforme à la loi et aux
règlements. Il n'est question de rien de nature confidentielle. Il ne
s'agit pas de s'intéresser à la vie privée. Il s'agit d'un
établissement public qui fonctionne en vertu d'un permis. Il est tout
à fait normal pour un citoyen intéressé de dire: Comment
la régie a-t-elle jugé le fonctionnement de cet
établissement public? Je ne vois pas ce qu'il peut y avoir de dangereux
là-dedans parce que les inspecteurs, par exemple, ne fonctionneront pas
à partir de dénonciations privées, etc. Ils vont agir
proprio motu dans leurs enquêtes. Il ne s'agit donc pas de
protéger l'anonymat de personnes qui auraient fait des
dénonciations ou qui auraient apporté des témoignages. Je
pense que tout cela se fait en public. Ce sont des établissements
accessibles au public. Si jamais il y a des audiences qui veulent remettre en
question un permis, les gens qui se sont plaints ou qui ont porté des
témoignages devront témoigner en public de toute
façon.
Il me semble que ce serait normal pour cet aspect tellement important et
sur lequel le gouvernement, dans cette loi, insiste, avec raison, pour
surveiller l'exploitation beaucoup plus que d'être tatillon sur
l'émission du permis. On reviendra d'ailleurs sur cette question. Je
pense que tout l'intérêt d'une régie est de surveiller
l'exploitation. Ce n'est pas du tout au moment de l'émission, à
mon avis. C'est de rendre ce dossier accessible à tout le monde, aux
journalistes, aux membres de la population locale qui va se dire: Dans ce bar,
il me semble qu'il se passe des choses. On va aller voir ce que les inspecteurs
de la régie en disent. On va consulter le dossier et si on
découvre... D'ailleurs, c'est un contrôle sur l'inspecteur
lui-même, comme vous le savez. Je le dis avec beaucoup de
réticence, mais il faut quand même appeler les choses par leur
nom. Que le travail des inspecteurs soit un travail qui se fasse aux yeux du
public et que les conclusions de leurs enquêtes soient publiques ne peut
qu'améliorer les standards professionnels des inspecteurs. À mon
avis, cela va être un contrôle. Il y a des tentations dans ces
secteurs. Dès qu'on parle d'inspecteurs, il y a des tentations.
M. Godin: On l'a vu récemment, dans certaines villes.
M. Forget: Les problèmes de l'inspectorat gouvernemental
sont les mêmes, quel que soit le ministère. Il y a de l'argent
impliqué pour les détenteurs de permis et la décision de
l'inspecteur est importante pour le détenteur. Donc, il y a des
tentations et on n'a pas besoin d'élaborer. Tout le monde comprend ce
que je veux dire. Si l'inspecteur est obligé de faire son rapport et de
le verser dans un dossier qui est public, eh bien, mon Dieu, il y a cette
pression qu'il sent, qu'il va devoir au moins être fidèle dans la
façon dont il rapporte les événements et ce qu'il a
constaté quand il a fait des visites. C'est ce qui fait le sens de
cet
amendement où on dit: "Remplacer le troisième
alinéa par l'alinéa suivant: Les rapports d'enquête et les
pièces à l'appui de ces rapports seront conservés dans ces
dossiers." Etant donné que les deux premiers alinéas disent
déjà que les dossiers sont accessibles au public, on veut
être bien sûr par le troisième alinéa, plutôt
que de dire qu'on peut les consulter sur permission, que ces dossiers sont
complets, dans le fond, et que ce qu'on peut consulter comprend tout le dossier
de la régie sur un établissement donné.
M. Godin: D'autres interventions là-dessus?
Mme LeBlanc-Bantey: Je ne sais pas s'il y aurait des
réticences de la part du ministère de la Justice, mais je trouve
que...
Une voix: Pardon?
Mme LeBlanc-Bantey: Je dis: Je ne sais pas si l'adjoint
parlementaire va nous apporter des réticences du côté du
ministère de la Justice, mais je suis portée à être
d'accord avec l'argumentation du député de Saint-Laurent.
M. Godin: Moi aussi, sauf qu'il y a un "oui, mais". Je suis
d'accord avec vous sur le principe que vous énoncez que l'inspectorat,
comme vous le dites, public au Québec et, d'ailleurs, ailleurs qu'au
Québec c'est universel doit être... Il doit y avoir
un recours du citoyen face à cet inspectorat. Je suis d'accord avec vous
en principe là-dessus. D'ailleurs, je suis tellement d'accord que je
souhaite que la loi fédérale sur l'accès à
l'information puisse permettre un large accès à ces rapports
d'inspecteur et je souhaite que le Québec, dans la foulée du
gouvernement Clark, laisse ce droit à ses citoyens tôt ou tard,
premièrement. Deuxièmement, je dois dire, avant d'en venir
à mon argument contre, sur le fond, qu'il y a quand même un
recours qui est laissé aux citoyens dans le troisième
alinéa tel que formulé, dans ce sens qu'un régisseur peut
autoriser à la consultation et un citoyen qui serait lésé
ou qui s'estimerait lésé et qui irait voir son
député aurait sûrement un très bon appui de la part
de son député pour l'avoir et cela pourrait aller jusqu'à
les lettres au ministre. Cela pourrait aller jusqu'à des recours
à l'opinion publique. Cela pourrait aller assez loin, ce recours et
surtout l'exercice de ce recours. (11 heures)
Mais là où il y a une objection de fond, c'est un milieu
dans lequel cela peut se poser comme problème, les rapports de police.
C'est là-dessus que nous avons fait notre nid, en fin de compte. Encore
une fois, c'est une question dans la ligne qui est tracée. Pour tout ce
qui touche les rapports de police, malheureusement, nous ne voulons pas que ce
soit accessible pour l'instant au public parce que cela pourrait être
révélateur des méthodes d'enquêtes d'un certain
nombre de choses qui sont du ressort du Procureur général. C'est
la raison pour laquelle nous avons cette restriction, si vous voulez. C'est une
raison de fond et surtout, je dirais, dans certains cas, dans ce
milieu-là.
M. Forget: Oui. Écoutez! Disons que je ne chercherais
pas...
M. Godin: Vous me suivez?
M. Forget: ... un principe général de
l'accès à tous les rapports d'enquêtes parce qu'il y en a
au ministère de la Justice...
M. Godin: Voilà.
M. Forget:... qui portent sur des individus, sur leur vie
privée, etc. Il y a là-dedans, évidemment, des
insinuations ou des hypothèses de travail que les policiers doivent
mettre de l'avant. Ce serait, évidemment, très
préjudiciable à la vie privée des gens. Mais dans ce
cas-ci, si on essaie de détacher cela du concept général,
même les rapports de police, en quoi peuvent-ils consister, ceux qui
seront versés dans le dossier d'un établissement détenteur
de permis? Ce peut être des rapports de police sur le détenteur
lui-même du permis, à savoir s'il a été ou non
l'objet de condamnations criminelles, etc., si c'était un rapport
factuel où il a été l'objet de condamnations ou il n'a pas
été l'objet de condamnations. Le public a le droit de savoir cela
parce que c'est une condition attachée à la détention du
permis. Ou ce peut être des rapports sur les activités qui s'y
déroulent.
M. Godin: Vous n'avez pas un os. M. Forget: Pardon?
M. Godin: Vous n'avez pas un os cette fois-là. Quand on va
toucher aux mineurs tout à l'heure...
M. Forget: Oui.
M. Godin: ... je pense que nous devrons prendre les mesures qui
s'imposent pour éviter que les abus qui se sont produits se produisent
à l'avenir. Dans toute demande de permis émanant d'une personne
qui aurait des liens avec quelque réseau que ce soit, nous devrons
être très prudents dans l'accès à ces dossiers.
C'est peut-être là que la charnière se ferait entre le
contrôle que nous souhaitons. Si nous ouvrons sur ce qui se passe dans le
cas des mineurs dans certains établissements... La commission ou la
régie travaille étroitement avec les corps policiers. Je ne sais
pas si vous voyez là, encore une fois, les portes...
M. Forget: Oui. Là, il peut y avoir un
problème.
M. Godin: ... de grange que vous ouvrez.
M. Forget: II peut y avoir un problème
peut-être.
M. Godin: II va y avoir un problème. Déjà,
quand on dit que les rapports d'enquêtes ne peuvent être
consultés qu'avec l'autorisation d'un régisseur, il y a un
recours qui est très généreux.
M. Forget: Oui, d'accord.
M. Godin: Imaginez-vous. Non, mais je ne sais pas si vous
voyez...
M. Forget: Oui, il y a un recours, mais...
M. Godin: Les organismes qui ont des avocats...
M. Forget: ... qui est très arbitraire. Vous voyez?
M. Godin: ... et auxquels on pense...
M. Forget: Ne serait-il pas possible que le régisseur,
parce qu'il y a là une discrétion complète, puisse refuser
de donner accès à des dossiers qui ne contiennent rien, dans le
fond, de compromettant, sauf qu'ils présenteraient le travail de la
régie et de ses inspecteurs sous un jour défavorable? Supposons
que la régie ait été négligente. Il faut examiner
cela. Elle a été négligente. Quelque chose se passait dans
un établissement. Ils étaient occupés, il y avait des
vacances, il y avait des gens de malades, etc. Il y a toujours de très
belles raisons dans l'administration. À un moment donné, on a
oublié de faire les enquêtes qu'il fallait faire. Un journaliste,
ou un membre du public, ou le curé vient consulter les dossiers de la
régie et on se rend compte, avant de les lui passer, qu'ils sont vides.
Il n'y a rien. On n'a pas fait d'enquête. On n'a rien fait. On a fait une
enquête il y a deux ans et on ne s'est pas donné la peine de
retourner, etc. Alors, le régisseur, qui est quand même partie
à l'administration de tout cela, ne veut pas faire la
démonstration de sa propre turpitude, dit: Non, vous ne pouvez pas
consulter ces dossiers; c'est confidentiel. Là, c'est fini. Je comprends
qu'on peut faire appel au ministre, mais souvenons-nous de notre grande
discussion d'hier. Je sais à quel point le ministre va donner des
directives à des régisseurs qui sont censés jouer un
rôle indépendant. Je pense que là, c'est...
M. Godin: Une question en Chambre, par exemple.
M. Forget: Oui, une question en Chambre qui va dire:
Écoutez! Ce sont des régisseurs, ils sont autonomes, ils sont
indépendants et moi, je ne leur donne pas de directives. On a
déjà entendu cela dans le passé. Alors, il faut se
prémunir contre cela.
Est-ce qu'il ne serait pas possible que ce refus soit motivé par
le régisseur, de manière qu'un autre organisme comme la Cour
supérieure, etc., puisse dire: On a regardé le dossier, il n'y a
vraiment rien de confidentiel là-dedans, que le régisseur le
rende public.
M. Godin: Oui, mais je tiens à revenir sur... Vous savez
très bien, avec l'expérience que vous avez, que les cas
contentieux ne sont pas les cas d'une épicerie qui n'a pas son permis
à temps. Les vrais cas contentieux qu'on peut prévoir, ce sont
ceux qui seront reliés tôt ou tard à la deuxième
partie fondamentale qui a été évoquée dans votre
intervention.
M. Forget: II peut y avoir des questions sur les heures de
fermeture, les permis d'épicerie ou Dieu sait quoi. Cela peut être
n'importe quoi.
M. Godin: Ce n'est pas tellement là-dessus, non... Je
pense au rôle de la police dans la protection du public au sens large du
terme. Je ne suis pas hostile à l'idée, mais... Mme la
députée des Îles-de-la-Madeleine, est-ce que vous avez des
opinions là-dessus avant que je fasse lecture de l'amendement?
Mme LeBlanc-Bantey: Quand j'ai dit que j'étais d'accord
avec l'argumentation du député de Saint-Laurent, très
honnêtement, je pensais davantage à la question des mineurs,
à l'exploitation des mineurs et des femmes dans ces
établissements. Vous semblez m'assurer que dans la deuxième
partie de la loi, on règle ce problème par d'autres articles qui,
justement, ont trait à ce genre d'exploitation. Alors, je suis bien
prête à réserver...
M. Godin: Ce que je voudrais expliquer, c'est que la raison pour
laquelle nous ne voulons pas que tout soit accessible au public, c'est
précisément parce qu'il y a des gens peu recommandables qui
formulent des demandes de permis et qui seraient les plus heureux du monde
d'avoir accès à leurs dossiers de police. La porte que le
député de Saint-Laurent voulait ouvrir pouvait mener jusque
là, de sorte que ça pourrait jeter par terre toute la protection
du public jusqu'à un certain point dans ce secteur.
Mme LeBlanc-Bantey:... l'argumentation, que j'étais
portée à être d'accord avec celui du député
de Saint-Laurent.
M. Godin: On va quand même apporter un amendement qui,
j'espère, saura vous satisfaire.
Le Président (M. Laplante): M. l'adjoint parlementaire,
cette motion d'amendement a été jugée recevable du fait
que je ne me suis pas prononcé dessus, mais est-ce que le
député de Saint-Laurent retire son amendement?
M. Forget: Je ne serais pas porté à le retirer, M.
le Président, avant de savoir s'il y a quelque chose comme alternative,
et on nous dit qu'il y a quelque chose. J'ai l'esprit ouvert, je peux bien
considérer l'alternative, mais je voudrais savoir ce que c'est avant de
retirer le mien.
M. Godin: D'accord, on a déjà un amendement sur la
table.
Le Président (M. Laplante): Parce que je ne peux pas
accepter que... Mais vous pouvez faire une suggestion quand même.
M. Godin: Qu'est-ce que je peux faire, selon la
procédure?
Le Président (M. Laplante): Vous pouvez lire votre texte,
sans en faire une motion d'amendement.
M. Godin: Je lis mon texte.
Le Président (M. Laplante): C'est pour permettre au
député de Saint-Laurent de décider ce qu'il va faire avec
son amendement.
M. Godin: Ajouter à la fin du troisième
alinéa tel que formulé ce qui suit après le mot
"régisseur;": "celui-ci ne peut refuser cette autorisation que pour un
motif raisonnable, et sa décision doit alors être écrite et
motivée."
M. Forget: Excellent. Je retire.
Le Président (M. Laplante): La motion du
député de Saint-Laurent est retirée.
M. Godin: Présentation d'un amendement...
Le Président (M. Laplante): Présentation d'un
amendement par M. l'adjoint parlementaire, qui se lirait comme suit...
M. Godin: II se lirait comme suit: Après le mot
"régisseur", à la fin du troisième alinéa, ajouter
"; celui-ci ne peut refuser celui-ci ne s'applique pas au point-virgule,
mais au régisseur cette autorisation que pour un motif
raisonnable, et sa décision doit alors être écrite et
motivée."
M. Forget: Si vous me permettez une question: Est-ce que
ça permet un recours en évocation ou quelque chose
d'analogue?
M. Godin: Cela permet un recours aux citoyens; c'est souhaitable.
Cela va?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article 20 est adopté
avec amendement. L'article 21.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. L'article
22.
M. Forget: II y a un amendement ici.
Le Président (M. Laplante): M. l'adjoint
parlementaire.
M. Godin: À l'article 22, c'est tout simplement que le
ministre de la Justice, en vertu de l'article 176 du projet de loi que nous
étudions présentement, est chargé de l'application de la
présente loi. C'est la raison pour laquelle c'est à lui que le
président doit faire rapport, ou fournir les renseignements
demandés.
Vous avez un amendement?
M. Forget: J'ai un amendement, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Motion d'amendement
présentée par le député de Saint-Laurent.
M. Forget: Merci. Je vais en faire la lecture tout de suite. Cet
amendement a pour but d'ajouter à la fin de l'alinéa le texte
suivant: Toutefois, relativement à une demande de permis, un
détenteur ou son établissement, le ministre peut exiger seulement
les renseignements contenus au dossier mentionné à l'article 20
ou copie de la décision de la régie rendue conformément
à l'article 107.
La raison de cet amendement, M. le Président, est la suivante:
c'est que, bien sûr, le ministre de tutelle de la régie devrait
pouvoir demander à cet organisme des rapports de caractère
général sur son activité, les statistiques sur son
fonctionnement, la fréquence des visites de ses inspecteurs, etc. Je
pense que cela est tout à fait d'intérêt public et respecte
d'ailleurs la compétence et l'indépendance de la régie
dans son fonctionnement quand elle joue son rôle d'adjudication.
Je ne pense pas que le ministre de la Justice doive avoir le pouvoir
d'obtenir des informations privilégiées et exclusives portant sur
des matières précises faisant l'objet d'adjudication, pas plus
qu'il ne peut demander à un juge de la Cour provinciale: Écoutez,
donnez-moi votre impression personnelle, le jugement, et il peut obtenir copie
du dossier. Il n'a pas à demander un rapport au juge disant pourquoi il
a décidé cela dans le fond, quels sont ses motifs cachés
ou Dieu sait quoi. Il a le jugement, il a le dossier et, pour le ministre comme
pour les membres du public, c'est tout ce qu'il a le droit de connaître.
Il me semble que c'est de nature à protéger le caractère
indépendant de la régie quand elle s'acquitte de son devoir
d'adjudication, de sa tâche d'adjudication, de décision
particulière dans des cas particuliers. Il me semble que c'est dans
l'esprit du rôle quasi judiciaire qui est parmi les fonctions... il y a
le rôle de régulation qu'on a décrit hier et sur lequel
d'ailleurs on ne s'entend pas tout à fait. Il reste qu'il y a quand
même certaines fonctions administratives, d'une part. D'autre part, il y
a des fonctions de tribunal et, dans la fonction de tribunal, je ne vois pas
pourquoi le ministre de la Justice aurait des pouvoirs plus grands
vis-à-vis de ce tribunal qu'il n'en a vis-à-vis des autres
tribunaux.
M. Godin: Sur cette question, je laisserais le juriste. On va
attendre que le caucus soit terminé. Cela va? Cela va. Il y a une
question de con-
cordance à l'article 85. On prévoit que la régie
peut révoquer un permis ou le suspendre pour une période
déterminée de sa propre initiative, à la suite d'une
demande présentée par le détenteur, le Procureur
général, la corporation municipale sur le territoire de laquelle
est exploité le permis ou par toute personne intéressée.
L'objectif de cet article, c'est de donner au Procureur général,
au nom de l'intérêt public, à la corporation municipale, au
nom de l'intérêt public aussi, le pouvoir comme personne
représentant l'intérêt public de demander la
révocation ou la suspension d'un permis. Pour ce faire, il faut
nécessairement donner les pouvoirs accessoires dont le droit au
Procureur général de consulter les dossiers. À partir du
moment où on limite relativement à une demande de permis aux
renseignements contenus au dossier mentionné à l'article 20, on
ne permettrait pas au Procureur général d'exercer sa juridiction,
si jamais il y avait des dossiers relatifs à une demande qui contenaient
des... En somme, si j'ai bien compris le but de l'amendement, c'est que
finalement le Procureur général, pour ce qui est des rapports
d'enquête et des choses comme cela, serait obligé d'obtenir une
autorisation du régisseur.
M. Forget: Je ne pense pas. Écoutez, on fait simplement
référence au dossier. On présume qu'il y a un dossier pour
une demande de permis ou pour un détenteur de permis. C'est ce que l'on
dit dans ce texte, mais peut-être qu'il y a un problème de
rédaction, quoique cela ne m'apparaisse pas évident. (11 h
15)
Le ministre peut exiger les renseignements contenus au dossier
mentionné à l'article 20. Enfin, c'est le dossier du
détenteur de permis. Dans le cas de l'autorisation, je pense que c'est
assez clair non, ce n'est pas clair qu'ils peuvent être
consultés seulement avec l'autorisation d'un régisseur. Dans le
fond, s'il y a une clarification à apporter, c'est que le ministre de la
Justice a le pouvoir de connaître le dossier en tout temps, même
sans l'autorisation du régisseur. C'est ce que vous voulez dire. Mais,
quel que soit ce problème d'autorisation, ce que l'amendement cherche
à dire, c'est qu'il y a un dossier, et tout ce que le ministre peut
savoir, c'est de connaître le dossier de la régie. Il ne peut pas
demander des choses qui seraient dans un deuxième dossier, si vous
voulez, à l'intention du ministre seulement. Il peut connaître
tout ce qui concerne un permis ou une demande de permis, de la même
façon que la régie, de la même façon que les membres
du public, dans le fond, mais il n'y a pas un pouvoir d'enquête indirect.
Il y a les pouvoirs d'un commissaire enquêteur pour la régie,
etc., et, par le biais de cet article 22, finalement, le ministre de la
Justice, comme ministre de la Justice, finirait par avoir les pouvoirs d'un
commissaire d'enquête, mais qui seraient exercés via la
régie, qui pourrait lui transmettre des informations qui sont pour ses
yeux seulement et qui ne sont pas déposés dans le dossier
général qui est disponible au public.
Si ce n'est pas cela, je pense qu'il faut le restreindre de
manière à être bien sûr que, dans l'application de
l'article 85, il peut demander de voir le dossier, tout comme la corporation
municipale peut demander de voir le dossier. On ne lui prépare pas un
dossier spécial. Je pense que c'est important de dire que c'est de ce
dossier qu'il s'agit, non pas d'une espèce de dossier secret ou d'un
dossier préparé spécifiquement à l'intention du
ministre avec le résultat d'une enquête spéciale,
ordonnée par le ministre. Ce n'est pas impossible.
M. Godin: Cela va? M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. l'adjoint.
M. Godin: Je peux difficilement concilier deux choses dans votre
argumentation, votre souci par rapport au recours du public quant à une
inspection ou à un dossier et votre souci que ces dossiers soient
accessibles et tous les dossiers en fait.
M. Forget: Tous les dossiers.
M. Godin: Tous, même ceux qui seraient "for eyes only",
comme on dit à la CIA et peut-être ailleurs, on ne le sait pas.
Vous voudriez que le jurisconsulte de l'État québécois,
lui, puisse subir des "exclusives " à cette loi.
M. Forget: Bien non, qu'il soit soumis à la même
règle. Le dossier public, c'est le dossier.
M. Godin: D'accord.
M. Forget: Un dossier, il faut s'assurer qu'il y ait un seul
dossier.
M. Godin: D'accord. C'est un argument.
M. Forget: Dans le moment, vous n'assurez pas qu'il y a un seul
dossier, vous dites: II y a un dossier, vous ne dites pas qu'il y a un seul
dossier.
M. Godin: Mais le citoyen, lui, en vertu de l'amendement qu'on
vient d'apporter, à la suite de votre suggestion, à l'article
20...
M. Forget: II a accès à ce dossier. M. Godin:
Tous les dossiers. M. Forget: Tous ces dossiers.
M. Godin: Si le citoyen apprenait qu'il existe un dossier "for
eyes only", il pourrait aller le chercher. Or, le citoyen n'a pas de compte
à rendre à la population, ni en Chambre. Ce que vous mettez en
cause, c'est... Écoutez, prenez un cas concret, vous avez vent qu'il y a
quelque chose qui s'est passé dans le cas d'une demande de permis, vous
posez une question en Chambre au ministre, et le ministre serait forcé
de dire, si on accepte votre amendement: Écoutez, là-dessus,
je
n'ai pas de recours, je n'ai pas le moyen de vous donner ce
renseignement, vous seriez les premiers à lancer les hauts cris et
à dire: Quoi, le ministre a abdiqué sa responsabilité
ministérielle, c'est lui qui est élu par le peuple pour rendre
compte de ce qui se passe dans ce qui relève de lui?
M. Forget: Laissez faire ce qu'on dirait.
M. Godin: Voilà qu'il aurait les mains coupées.
Vous seriez les premiers à dénoncer le fait qu'il ait les mains
en arrière du dos dans un tel cas.
Le Président (M. Laplante): C'est de la
présomption.
M. Forget: Oui, c'est une présomption. C'est de la
présomption.
M. Godin: Et je m'étonne que vous vouliez que nous nous
mettions nous-mêmes les menottes pour répondre à vos
questions, éventuellement en Chambre.
M. Forget: Écoutez, arrêtez de nous faire un
spectacle.
M. Godin: Ce n'est pas un spectacle. En quoi ce que je dis est-il
un spectacle?
M. Forget: Ne répondez pas à ma question en
m'imputant des paroles dans une circonstance hypothétique future.
M. Godin: En quoi, ce que je dis est-il un spectacle et ce que
vous dites ne l'est-il pas? Avez-vous une aune pour mesurer cela, M. le
député de Saint-Laurent? Je n'accepterai pas vos commentaires de
critique d'art dramatique ici ce matin.
M. Forget: C'est vrai, ce n'est peut-être pas... M.
Godin: C'est vous qui l'avez fait. Enfin...
M. Forget: Je vous reconnais une autorité que je n'ai pas
dans le domaine.
M. Godin: Si vous voulez participer au concours du Conseil des
arts pour la meilleure critique de l'année, inscrivez-vous, mais ne le
faites pas ici.
Revenons sur le fond de la question. Nous ne voulons pas que le ministre
ne soit pas responsable en Chambre de toute décision prise par un
organisme qui relève de lui par la loi. Je pense qu'on créerait
des précédents qui seraient extrêmement dangereux.
M. Forget: Ne jouez pas sur les deux tableaux, M. l'adjoint du
ministre. Vous insistez pour créer ou perpétuer un organisme,
auquel vous voulez donner un statut d'indépendance dans l'application de
la loi. Cet organisme a des pouvoirs d'enquête...
M. Godin: D'accord.
M. Forget:... ce qui constitue un dossier pour chaque
détenteur de permis.
M. Godin: D'accord.
M. Forget: Nous disons: Ce dossier doit être public. S'il
est public, à plus forte raison, il sera accessible au ministre.
Jusqu'à ce moment-là, tout va très bien. D'un autre
côté, étant donné que cet organisme a des pouvoirs
d'enquête très considérables, nous ne voulons pas qu'en
dehors et abstraction faite du dossier qui peut exister sur un détenteur
ou sur une personne qui demande un permis, le ministre se serve d'un pouvoir
pour demander des rapports. Rien n'indique que ces rapports devraient
être versés au dossier, ce sont des rapports qui seraient
préparés par des enquêteurs de la régie ou par la
régie elle-même, relativement à un détenteur de
permis, en vertu d'un article bien spécifique. Il n'y a rien qui dit que
ça doit être versé nécessairement dans le dossier.
Ce n'est pas obligatoire. On pourrait toujours dire: Nous avons les dossiers de
l'administration de la loi, nous avons les dossiers de l'article 22. À
l'article 22, ce sont des renseignements demandés spécialement
par le ministre et il n'y a rien qui empêcherait une pratique comme
celle-là, absolument rien, parce que l'article 22 est une disposition
très spécifique qui devrait être respectée
très restrictivement comme donnant un pouvoir spécial.
À ce moment-là, vous donnez au ministre, par la
régie, le pouvoir de faire des enquêtes spéciales. S'il
peut le faire par le ministère de la Justice, qu'il le fasse, mais il y
a un danger particulier qu'il le fasse par une régie parce que la
régie doit vraiment être autonome dans tout son fonctionnement et
être là pour appliquer les lois et non pas pour être une
espèce de bras ou d'exécutant des volontés
ministérielles dans l'utilisation de ses pouvoirs d'enquête. Il y
a un certain danger. Je ne veux pas faire de drame avec cela, mais il reste
qu'il y a une porte qu'on ouvre de façon imprudente. Je sais qu'on veut
que le ministre soit bien informé, mais s'il a la possession de tout le
dossier, il va être bien informé.
M. Godin: On veut que le public soit bien informé, que
l'Opposition soit bien informée, que la Chambre soit bien
informée.
M. Forget: Bon, si tous les dossiers sont publics, selon
l'article 20, comme vous le prétendez et comme je pense que c'est le cas
avec l'amendement, pourquoi avoir un article particulier qui donne un pouvoir
supplémentaire au ministre d'exiger des choses qui sont
déjà publiques? Il n'a qu'à envoyer un commissionnaire
pour chercher une copie du dossier. Ce n'est pas cela. Vous ne dites pas, dans
l'article 22: Le ministre a le droit d'engager un commissionnaire pour aller
consulter les dossiers de la régie. Vous dites: II a le pouvoir d'exiger
des enquêtes spé-
ciales, des renseignements spéciaux. C'est quelque chose d'autre.
Ce sont donc des renseignements qui ne sont pas dans les dossiers. Cela va de
soi parce que, autrement, s'ils sont publics et qu'ils lui sont accessibles, il
n'a pas besoin de demander des enquêtes.
Si ce sont des renseignements sur le fonctionnement
général, sur l'efficacité, le taux d'absentéisme
chez les inspecteurs, la fréquence de visite de différentes
classes d'établissements, que cela ne paraît pas dans le rapport
annuel et que le ministre doit justement répondre à une question
posée en Chambre donnez-nous les statistiques sur le nombre de
fois que les établissements hôteliers dans la région de
Montréal ont été visités en moyenne dans les
derniers douze mois, ou depuis le 15 novembre 1976 si ce n'est pas dans
le rapport annuel, qu'est-ce qu'on fait? Evidemment, le ministre va demander ce
genre de renseignements sur les activités générales et qui
ne paraissent pas dans les dossiers, à moins de les consulter tous et de
faire les relevés des visites, etc.
Ce n'est pas ce qu'on veut faire. Il faudrait que ce soit restreint
à des demandes d'intérêt général, de
caractère général, des statistiques et autres pour des
fins de recherche, d'analyse, etc.
C'est une chose, mais c'est une chose entièrement
différente que de donner le pouvoir au ministre de demander les
renseignements qui ne se trouvent pas dans les dossiers. S'ils se trouvent dans
les dossiers, encore une fois, il n'a pas besoin de ce pouvoir. Quels sont ces
renseignements? Le seul but de notre amendement est de dire: Non, justement,
une fois qu'il a eu ces renseignements, statistiques, etc., les choses
opérationnelles de la régie, il doit se contenter comme tout le
monde de ce qu'il y a dans les dossiers parce que, présumément,
ils sont complets, et de la copie des jugements. Il ne peut pas demander des
enquêtes policières par la régie pour des permis d'alcool.
Vous avez eu, dans d'autres pays, des gouvernants qui se sont servi...
M. Godin: En tout cas, c'est non.
M. Forget: ... de l'administration de la loi fiscale...
M. Godin: II continue à parler, mais c'est non.
M. Forget: ... ou des choses dans ce genre pour harasser des
citoyens, les intimider, etc. Ce sont des choses qui existent, on a le droit
dans les lois d'empêcher ce genre de manoeuvre. L'amendement a justement
pour but d'éviter la tentation, de la part d'un ministre pas
nécessairement le ministre actuel, n'importe quel ministre
éventuel de dire: J'aimerais bien qu'on fasse peur à M.
Untel qui a un permis; on va lui envoyer un inspecteur spécial. Mais
comme on ne veut pas que ce soit le ministère de la Justice, etc., on va
demander à la régie, on va lui donner la directive de faire des
enquêtes, et à tous les jours s'il le faut. On va bien voir
comment il va aimer cela après un mois.
C'est ce genre de chose, dans le fond, qui peut exister. C'est un abus
du pouvoir exécutif. Pourquoi ne pas l'empêcher? Alors que ce ne
serait pas par inadvertance cette fois, on attire votre attention sur cette
possibilité. Alors on ne pourrait pas plaider après cela qu'on
n'avait pas pensé que cela pourrait être utilisé à
mauvais escient.
M. Godin: Je voudrais vous faire réfléchir, M. le
député de Saint-Laurent, sur un cas théorique. Supposons
qu'il y a un réseau de jeunes filles mineures qui exercent le
métier de danseuses nues dans des établissements et qu'un membre
d'un gouvernement est actionnaire dudit réseau. Le ministre pourrait se
réfugier éventuellement derrière la clause que vous
proposez, pour dire: Je ne peux pas donner de renseignements là-dessus,
c'est confidentiel. C'est ce que vous voulez? Nous ne voulons...
M. Forget: S'il y a un réseau...
M. Godin:... restreindre, en aucune manière...
M. Forget: ... cela va apparaître dans les rapports
relativement aux établissements où ce réseau est
actif.
M. Godin: Laissez-moi terminer, M. le député de
Saint-Laurent. Nous ne voulons restreindre en aucune manière, et surtout
dans ce secteur, le pouvoir du ministre de répondre aux questions en
Chambre car c'est là...
M. Forget: ... que si votre hypothèse se réalisait,
à défaut de l'article 22, une enquête est impossible.
M. Godin: Ce n'est pas ce que je dis.
M. Forget: Ah!
M. Godin: En tout cas, ce que je dis...
M. Forget: Si ce n'est pas ce que vous dites, alors ce n'est pas
la peine d'en parler.
M. Godin: Ce que je dis, M. le député de
Saint-Laurent, vous pouvez bien faire de la théorie tant que vous
voulez, mais...
M. Forget: Ce n'est pas de la théorie. Vous savez
très bien que ce n'est pas de la théorie.
M. Godin: Est-ce que le fait de demander un rapport constitue une
ingérence?
M. Forget: Oui.
M. Godin: Ah! bon. Alors, tous les gouvernements...
M. Forget: L'Etat ne peut pas tout faire, contrairement à
ce que vous croyez.
M. Godin: Laissez-moi terminer.
M. Forget: Quand on vit dans un régime
démocratique, il faut donner certaines balises à l'exercice du
pouvoir exécutif.
M. Godin: L'Etat doit répondre à toutes les
questions, par exemple!
M. Forget: Autrement, on n'a pas besoin des lois, on n'a
qu'à se fier à la bonne foi des gouvernants.
M. Godin: Qui a la parole, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): Monsieur l'adjoint.
M. Godin: L'Etat doit répondre à toutes les
questions...
M. Forget: Non.
M. Godin: ... qui lui sont posées...
M. Forget: Non.
M. Godin: ... en Chambre.
M. Forget: C'est faux! Vous le savez très bien. Le
ministre de la Justice...
M. Godin: En tout cas, en ce qui me concerne...
M. Forget: ... la plupart du temps refuse de répondre
à des questions de ce genre.
Le Président (M. Laplante): Là, il ne faudrait
pas...
M. Forget: Et à juste titre.
Le Président (M. Laplante): Je veux être bien...
M. Godin: Ah! tiens.
M. Forget: À juste titre, vous le savez très
bien.
Le Président (M. Laplante): ... ouvert là...
M. Godin: Sauf qu'il peut justifier sa décision s'il a
tous les faits.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous fini votre
intervention?
M. Forget: On peut citer le ministre Bédard
là-dessus et tous les ministres de la Justice qui se sont
succédé. En tout cas...
Le Président (M. Laplante): Monsieur l'adjoint.
M. Godin: M. le Président, je demande le vote
enregistré sur l'article 22 et je voterai contre.
M. Marcoux: Le vote est demandé?
M. Godin: Enfin, non, je peux retirer ma...
Le Président (M. Laplante): Avant, il avait demandé
la parole.
M. Marcoux: Est-ce que l'adjoint parlementaire pourrait donner
quelques exemples qui illustreraient vraiment l'intérêt de
conserver l'article tel qu'il est proposé actuellement? En principe, on
veut que le ministre puisse répondre à toutes les questions; on
ne veut pas l'empêcher de répondre aux questions de la Chambre.
L'utilité de cet article, est-ce par rapport au fait de répondre
aux questions des députés en Chambre?
M. Godin: Ce n'est pas que cela. C'est un exemple concret que je
donne parce que nous sommes dans un Parlement. Je vais vous donner un exemple
précis. Supposons que le bureau de Québec, ou un bureau de la
régie, est tellement encombré de demandes que le fonctionnement
normal est freiné et qu'un député de la région de
Québec est saisi de ce problème par ses directeurs et doit
demander un rapport là-dessus. Nous voulons que le ministre puisse,
puisqu'il est "accountable for", obtenir tout renseignement ou tout rapport des
activités de la régie. C'est le principe du projet de loi.
Est-ce qu'on peut suspendre cinq minutes, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): Pour quelle raison?
M. Godin: Pour des raisons de santé.
Le Président (M. Laplante): Vous me mettez dans un
drôle d'embarras actuellement. Le député de Rimouski n'a
pas encore fini son intervention.
M. Marcoux: Non, j'ai terminé ma question.
Le Président (M. Laplante): Alors, c'est suspendu pour
cinq minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 30)
(Reprise de la séance à 11 h 39)
Le Président (M. Laplante): Reprise des travaux. On vote
maintenant sur la motion d'amendement du député de Saint-Laurent
à l'article 22. Sera-t-elle adoptée? M. l'adjoint parlementaire
à la Justice a demandé un vote enregistré.
M. Godin: Non. Je n'ai pas demandé le vote
enregistré.
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur.
M. Forget: S'il ne le demande pas, je vais le demander.
Le Président (M. Laplante): S'il ne le demande pas, vous
allez le demander?
M. Forget: Oui.
Le Président (M. Laplante): C'est un vote
enregistré, dans ce cas. M. Alfred (Papineau), M. Godin (Mercier).
M. Godin: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Caron (Verdun).
Une voix: ...
Le Président (M. Laplante): Mme LeBlanc-Bantey
(Îles-de-la-Madeleine).
Mme LeBlanc-Bantey: Contre.
Le Président (M. Laplante): C'est drôle. M. Marcoux
(Rimouski).
M. Marcoux: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe).
M. Cordeau: Je m'abstiens.
Le Président (M. Laplante): Abstention. M. Forget
(Saint-Laurent).
M. Forget: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Desbiens (Dubuc). Cela veut
dire qu'il y a trois contre, un pour et une abstention. Motion rejetée.
J'appelle maintenant l'article 22.
M. Forget: Sur division.
Le Président (M. Laplante): Adopté sur division.
Article 23.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 24.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article 24 est
adopté. Chapitre III, division des permis. Article 25. M. l'adjoint, des
explications parce qu'il y a une motion qui vient là-dessus.
M. Godin: Oui.
Le Président (M. Laplante): L'article 13 est toujours
suspendu...
Catégories de permis
M. Godin: L'article 25 est l'un des articles où s'incarne
la volonté de réforme ou de dégraissement et de
simplification de la loi par rapport à ce qui existait auparavant. Il y
a peut-être des explications à donner sur certains permis qui
disparaissent, entre autres, les permis de transporteurs publics, de postes de
commerce, de pavillons de chasse ou de pêche et de réception. Les
dispositions transitoires contenues dans les articles 151, 152 et 158
prévoient ce qu'il adviendra de ces permis. Le permis du stade olympique
est actuellement un permis de parc olympique à la suite d'une demande de
la RIO, la Régie des installations olympiques. La réalité
a permis de constater que le permis du stade ne permettait pas de
répondre à toutes les demandes. Il a donc été
préférable d'ouvrir le parapluie à tout le parc
plutôt que de le réserver au stade seulement.
Ce sont à peu près mes explications pour l'instant, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: J'aurais d'abord quelques questions. Il ne
m'apparaît pas évident, et je n'ai pas retrouvé non plus
d'explications dans le rapport Bossé, pourquoi le permis de transporteur
public est éliminé. Est-ce qu'il sera simplement remplacé
par le permis de bar ou s'il est absolument éliminé?
M. Godin: Non. Le permis est effectivement aboli, mais pas la
possibilité pour un transporteur public d'avoir un permis. Il aura,
à ce moment-là, ou il demandera un permis de bar utilisable par
un transporteur public.
M. Forget: N'y a-t-il pas une difficulté technique, parce
qu'on dit, dans la loi, que c'est un problème de langage que, quand on
demande un permis, il faut décrire l'endroit où il sera
utilisé? Alors, dans le cas d'un transporteur public, dans le fond,
c'est bien difficile de décrire l'endroit, parce que, par
définition, il n'est pas tout le temps au même endroit. C'est
plutôt le véhicule, à ce moment-là. Est-ce que le
mot "endroit" s'applique au mot "véhicule"?
M. Godin: Oui.
M. Forget: Cela s'applique à véhicule. Je vois.
Alors, il pourrait et il devrait...
M. Godin: Dans les pouvoirs réglementaires de la
régie, il est prévu que la régie peut spécifier
où sera utilisé le permis de bar et que le lieu fasse partie du
document public qui est affiché dans le lieu en question.
M. Forget: Je vois.
M. Godin: Alors, ce peut être un...
M. Forget: Les restrictions, à ce moment-là, qui
étaient imposées au permis de transporteur public, par exemple,
ce devait être par chemin de fer ou par avion?
M. Godin: C'était uniquement par chemin de fer.
M. Forget: C'était uniquement par chemin de fer.
M. Godin: C'est-à-dire que c'était le Code de la
route, en fait. (11 h 45)
M. Forget: Oui.
M. Godin: C'était le Code de la route qui empêchait
la consommation de boissons alcooliques sur les réseaux routiers.
M. Forget: Est-ce que cela veut dire que le gouvernement a
l'intention d'émettre des permis de bar pour les lignes
aériennes, dans le cas de routes à l'intérieur du
territoire du Québec, par exemple? Il y a actuellement une cause dans
l'Ouest du pays à ce sujet. Je pense que c'est le Manitoba qui
réclame le droit de percevoir des taxes sur l'alcool qui est servi dans
les avions qui traversent l'espace aérien du Manitoba.
M. Godin: Peut-être qu'on va ramasser les verres.
M. Forget: Oui. Mais le problème pourrait se poser sur les
vols de Quebecair ou de lignes aériennes comme celle-là.
M. Cordeau: N'y a-t-il pas également des autobus? On a
aménagé des autobus aujourd'hui un peu du genre...
M. Godin: Non, précisément, c'est pour...
M. Forget: Ceux qui utilisent le grand express pourraient
peut-être vouloir un bar. Est-ce que ce serait permis?
M. Godin: C'est pour de tels cas. Ce qui est exclu, actuellement,
c'est la route. Le bateau est permis dans la loi actuelle, l'avion est permis,
le train est permis. Ce qui est exclu, c'est la route.
M. Cordeau: Dans la loi actuelle?
M. Godin: Dans la loi actuelle.
M. Cordeau: Et cela va être permis dans...
M. Godin: La loi actuelle ajoute la route aux trois moyens de
transport déjà permis. Le cas concret du grand express, par
exemple; on pourra dorénavant demander un permis de bar et la
réglementation de la régie permettra de dire: Lieu où le
permis pourra être utilisé, ou l'autobus tel numéro, ou je
ne sais quoi.
En fait, au chapitre VI, à la page 25, sur la
réglementation, l'article 114, alinéa 14, dit: "La régie
peut, par règlement, déterminer, dans le cas d'un permis
exploité dans un moyen de transport public... les dispositions de la
présente...
M. Forget: Je m'excuse, mais est-ce qu'on peut nous
éclairer à savoir ce qu'est un poste de commerce?
M. Godin: On va vous dire cela. L'article 27 définit le
permis de poste de commerce. "Le permis de poste de commerce peut être
accordé à toute personne ayant des postes de commerce ou des
établissements industriels ou miniers dans le Nouveau-Québec,
dans l'île d'Anticosti ou dans les autres territoires du nord du
Québec désignés par le gouvernement. Ce permis autorise la
vente de boissons alcooliques aux seuls endroits indiqués dans le
permis." C'est pour répondre à la diversité
géographique et à l'organisation territoriale qui est propre aux
territoires du Québec.
M. Forget: Est-ce que le gouvernement a effectivement l'intention
de le faire ou s'il émet actuellement des permis de bar dans les avions,
par exemple?
M. Godin: Si les demandes étaient formulées,
effectivement, on pourrait le faire maintenant, déjà.
M. Cordeau: Mais les avions qui ont présentement leur port
d'attache à Mirabel ou à Dorval, partant de Dorval...
M. Godin: Un avion dont les points sont à
l'intérieur du Québec.
Est-ce qu'ils détiennent des permis du Québec ou des
permis de... On peut vous donner la réponse. Donnez-moi une seconde, je
vais m'informer.
On va s'informer, parce qu'il y a peut-être des problèmes
de juridiction fédérale-provinciale.
M. Cordeau: Sur les lignes à l'intérieur du
Québec, bien sûr; par contre, il y a d'autres lignes qui vont
à New York et...
M. Godin: Oui, mais qui peuvent également... Supposons un
charter Quebecair Québec-Cuba, d'où vient son permis? On pourra
vous donner des explications...
M. Forget: II faudrait, à ce moment-là, des permis
pour des lignes, non pas pour des avions. Pour desservir la ligne
Montréal-Schefferville, par exemple, il pourrait y avoir un permis pour
cette ligne. Mais, quand ce même avion s'en va à Miami, ce permis
n'est pas applicable.
M. Cordeau: Actuellement, le transport public est bien
défini dans la loi actuelle; par contre, il semble que...
M. Forget: ...
M. Cordeau: ... il semble abandonné dans le texte de loi
qu'on étudie présentement.
M. Godin: Qu'est-ce qui est abandonné? M. Cordeau:
... par réglementation.
Le Président (M. Laplante): Approchez votre micro.
M. Cordeau: Merci, M. le Président.
M. Caron: C'est pour rendre la tâche plus facile au journal
des Débats.
Le Président (M. Laplante): Nous ne voulons pas perdre la
richesse de vos interventions.
M. Godin: L'hydrolat lacrymal, comme disait Rimbaud, qui coule de
vos lèvres.
M. Cordeau: Vous êtes quand même bien disposé
ce matin, M. l'adjoint.
M. Forget: Ce sont de simples questions d'information pour savoir
ce qui arrivait de...
M. Godin: Je présume que comme c'est "duty free" ou franc
de port, que cela relève plutôt du fédéral, mais
nous donnerons des explications plus précises cet après-midi,
dès qu'on les aura.
M. Forget: Les remarques de fond, si l'on peut dire, qui
s'adressent à la question des permis sont de deux types. J'ai,
d'ailleurs, deux amendements à l'article 25, mais je vais les aborder
l'un après l'autre pour être plus intelligible.
D'abord, il y a la question du permis de taverne. L'adjoint
parlementaire a dit que, malgré les condamnations prononcées
contre le permis de taverne et la notion de taverne par la Commission des
droits de la personne qui s'est exprimée à cet égard, l'on
maintient le permis de taverne à cause des coûts de
réaménagement physique qui serait rendu nécessaire par
l'abolition de la taverne. Je me demande si on ne mélange pas deux
choses qui sont essentiellement différentes; parce que lorsqu'on regarde
finalement les droits ou les obligations auxquels sont astreintes les
brasseries et les tavernes, on se rend compte qu'il n'y a pas finalement de
différence essentielle. Il y a une heure de différence dans les
heures de fermeture. Dans le cas des brasseries, elles seraient
autorisées à demeurer ouvertes jusqu'à une heure du matin
et, dans le cas des tavernes, jusqu'à minuit seulement. Dans le cas des
brasseries, on aurait l'autorisation de vendre du vin en fût, ce que les
tavernes n'auraient pas le droit de faire; mais c'est une distinction bien
mince. C'est comme si on voulait désespérément trouver des
moyens de faire des distinctions entre ces deux installations pour permettre de
perpétuer le concept d'une taverne réservée exclusivement
à la clientèle masculine.
Je pense qu'il y a deux problèmes que l'on confond, parce que la
seule raison que l'on invoque pour cela, c'est le coût des
aménagements physiques. C'est le seul qui semble être
allégué dans le rapport Bossé en particulier, par exemple.
Il y a sûrement un problème de coût dans le
réaménagement des tavernes. C'est bien clair que quand les lois
changent, on doit s'arrêter sur le problème. Est-ce qu'on doit
imposer du jour au lendemain à certains établissements
commerciaux des réaménagements physiques qui impliquent plusieurs
milliers, même des dizaines de milliers de dollars? C'est un
problème qui peut être réglé de bien des
façons. Il peut être réglé sur une période
d'années. On peut donner plusieurs années pour que les tavernes
réaménagent physiquement leurs locaux. Aussi, on peut revoir un
certain nombre d'exigences réglementaires de manière à
imposer un minimum d'exigences de rénovation, de
réaménagement. Ce que je veux dire, c'est que les autres
distinctions qui existent entre les deux, quant aux heures de fermeture, quant
à la vente du vin en fût, ne justifient pas le maintien de deux
catégories de permis. Essentiellement, on pourrait avoir une seule
catégorie quitte à permettre au détenteur du permis de
s'appeler indifféremment brasserie ou taverne.
Dans le fond, une catégorie pourrait s'appeler bistro, estaminet
ou n'importe quoi probablement aussi. Je ne pense pas qu'il y ait d'obligation,
de toute façon, pour que le mot brasserie ou taverne figure dans la
raison sociale d'un établissement qui est détenteur d'un permis
de l'une ou l'autre catégorie. Donc, l'appellation a relativement peu
d'importance. Les différences réglementaires ou légales
quant aux heures de fermeture, etc., semblent très secondaires. Dans le
fond, tout ce qui reste comme raison, c'est le désir d'un certain nombre
de tenanciers de tavernes de ne pas réaménager physiquement leurs
locaux. Il semble qu'on pourrait tenir compte de cela par la
réglementation en permettant un "phasing out" sur dix ans, s'il le faut,
de ces installations et le réaménagement sur une période
de temps.
Il y a quand même un principe fondamental qui est en cause, c'est
la disparition d'installations commerciales qui sont ouvertement et
carrément sexistes. Je pense que c'est une pratique qui est ridicule.
Tout simplement parlant, c'est ridicule, à la fin du XXe siècle,
de maintenir dans nos lois une distinction comme celle-là.
Les problèmes financiers, encore une fois, c'est une chose, mais
on peut donner aux gens le temps de s'ajuster, pourvu que l'intention soit
fermement déclarée dans la loi que cela n'a plus de raison
d'être cette affaire. Il y a un permis de brasserie, ou de taverne, ou de
bistro, n'importe quoi, qui permet d'exploiter les deux types de commerces sous
la raison sociale qu'on veut bien se donner. Eventuellement cela va converger
vers un seul type d'établissement qui pourra vendre
indifféremment de la bière et du vin en fût, en plus,
évidemment, des boissons alcooliques en bouteille. La distinction
essentielle serait donc, entre le bar et cela, la possibilité de vendre
du vin et de la bière en fût. Il n'y en a pas d'autres.
Alors, je pose la question au ministre et j'ai un amendement d'ailleurs
à cet effet, soit de regrouper en une seule catégorie brasseries
et tavernes. Ce serait une catégorie de permis de brasserie ou de
taverne et d'unifier les autres réglementations. Dans la
réglementation, il faudrait prévoir une période de temps
suffisante. S'il faut dix ans, on prendra dix ans, mais en dix ans on peut
amortir n'importe quel investissement, je pense bien, dans le commerce, de
façon à éliminer une catégorie qui n'a plus sa
raison d'être. Il y a un reliquat. Encore une fois, si un
commerçant veut même dans 20 ans appeler un établissement
une taverne, il pourra le faire. Il n'y aura rien qui l'empêchera de le
faire. Il faudra lui donner un caractère particulier, pourvu que sa
raison d'être ne soit pas essentiellement d'exclure une partie de la
population, ce que la Charte des droits et libertés de la personne
interdit.
M. Caron: Pour ma part, je pense que beaucoup de gens veulent
garder la taverne telle quelle. Vous autres, vous semblez un peu favoriser le
fait que ce soit une brasserie, si je comprends bien.
M. Godin: Nous voulons le maintien de la taverne.
M. Caron: Parfait.
M. Godin: Que ce soit qualifié de sexiste ou non...
M. Caron: C'est bien important, parce qu'il y a une classe de
gens qui veut que cela reste taverne.
M. Godin: Est-ce que le droit à la dissension existe dans
le Parti libéral?
M. Forget: II y a peut-être de l'autre côté
des différences d'opinion.
Sur cet aspect, cela semble assez évident qu'on n'a pas le
même point de vue.
M. Caron: ... taverne.
M. Cordeau: Moi, je n'ai aucune objection.
M. Caron: C'est pour cela.
M. Cordeau: Personnellement, je n'ai aucune objection à ce
qu'il y ait un établissement taverne et établissement
brasserie.
M. Godin: Je pense que la question va se poser ici à cette
table et elle va se refléter ailleurs aussi. Il y a des gens qui vont
être pour le maintien de la taverne telle qu'elle est actuellement par
rapport à la discrimination ainsi qualifiée par vous, par rapport
à l'exclusion des femmes de ces lieux. Il y a des gens qui vont vouloir
le maintien des tavernes réservées aux hommes. Il y a même
des lieux à Montréal, non encore détenteurs de permis, qui
ne sont couverts par aucune loi, des petits cafés ou n'importe quoi, qui
excluent maintenant les hommes et qui sont réservés aux femmes.
Par conséquent, c'est un domaine où il y a une nuance
d'opinion.
M. Forget: II y en a peut-être d'ailleurs qui vont
s'installer et qui vont exclure les deux.
M. Godin: Cela existe peut-être déjà dans
certains clubs privés, mais, en tout cas, c'est une autre question.
M. Caron: II y a une chose que je ne vois pas bien, c'est
pourquoi une va être obligée de fermer à minuit et l'autre
à une heure. Je ne vois pas pourquoi les deux ne seraient pas...
M. Forget: C'est pour justifier qu'il y ait deux types de permis.
Autrement, il n'y aurait plus de distinction.
M. Godin: Ce n'est pas seulement cela, c'est à cause des
repas.
M. Forget: Les gens peuvent manger jusqu'à une heure,
s'ils ont faim à cette heure-là.
M. Godin: Non, mais la brasserie sert des repas, ce qui n'est pas
le cas de la taverne. C'est parce que la brasserie sert des repas que nous
ouvrons jusqu'à une heure, tandis que la taverne...
M. Caron: Oui, mais on ne servira pas des repas jusqu'à
une heure du matin.
M. Godin: Tandis que la taverne...
M. Cordeau: II y a des tavernes qui servent des repas.
M. Caron: Oui, mais pas jusqu'à une heure du matin.
M. Forget: La seule distinction, c'est qu'il y a un endroit pour
les hommes et l'autre est pour les deux sexes.
M. Caron: C'est cela.
M. Forget: C'est la seule distinction. Il ne faut pas se voiler
la face.
M. Godin: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Mme la députée
des Îles-de-la-Madeleine.
Mme LeBlanc-Bantey: Je vais peut-être faire une
intervention qui va surprendre tout le monde. C'est évident que, comme
tout le monde, j'admets qu'il y a dans cette discussion une forme de sexisme en
maintenant les tavernes. (12 heures)
Je suis une des femmes du Québec qui, à l'occasion,
défend fortement le droit des femmes à
l'égalité des chances un peu partout. D'autre part, je
suis aussi consciente, pour y être allée moi-même, qu'il
existe aussi des tavernes simplement réservées aux femmes. Au
Québec, ce n'est peut-être pas très populaire, mais je sais
entre autres, pour y avoir été quelques fois, que, dans les
Maritimes, cela existe. On pourrait dire que le sexisme existe dans les deux
sens et je sais qu'il y a des femmes qui ne détestent pas l'idée
de pouvoir aussi se parler entre femmes.
La loi vise éventuellement à exclure totalement ce genre
d'établissement, parce que, si je comprends bien, les nouveaux permis
permettront que les deux types de sexe soient admis. Je vais vous dire
honnêtement, en tant que femme, que je ne vois pas la
nécessité de faire une bataille pour éliminer dès
maintenant les tavernes réservées aux mâles, dans la mesure
où je ne crois pas que ce soit une des mesures les plus urgentes pour
arriver justement à l'égalité de la femme. On sait fort
bien qu'il existe mille et une formes de sexisme dans la société.
Les tavernes en étant une, on tend à la réduire
progressivement et je pense que l'intention du gouvernement est excellente.
D'autre part, on ne se fera pas d'illusion, ce n'est vraiment pas ce
dossier qui va, au cours des prochaines années, faire avancer la cause
des femmes. Si cela fait bien plaisir aux hommes de se réserver certains
endroits qui leur appartiennent, mon Dieu! c'est peut-être le seul
endroit où ils pourront encore exercer leur forme de sexisme d'ici 25
ans si les femmes continuent à être aussi agressives qu'elles le
sont pour revendiquer leurs droits, et on est bien prêtes à leur
faire cette concession.
M. Cordeau: Actuellement, à Toronto, il existe une banque
où seules les femmes ont le droit d'être là.
M. Forget: II y en a une à Montréal aussi.
M. Cordeau: II y en a une à Montréal aussi, alors
c'est du sexisme, si vous voulez!
Mme LeBlanc-Bantey: On vit dans une société
où le sexisme a toujours été dans un sens, vous ne pouvez
toujours pas nous reprocher d'avoir des réflexes socio-historiques
profonds; souvent, les femmes, dans un type de réflexe de
défense, vont réagir de la même façon que les hommes
ont réagi depuis des millénaires.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Caron: C'est parce que, parfois, les hommes veulent aller
à la taverne pour avoir la paix et ne pas avoir la femme qui suit en
arrière!
M. Cordeau: À part ça, il y a des femmes qui vont
permettre à leur mari d'aller à la taverne, mais elles ne leur
permettront pas d'aller à la brasserie.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Verdun a peur d'être dérangé! M. le député de
Saint-Laurent.
Mme LeBlanc-Bantey: Ce n'est pas parce que les hommes veulent
avoir la paix, c'est parce que les comportements sociaux ont fait que des
hommes entre hommes ne se comportent pas de la même façon que
quand il y a quelques femmes dans le décor, ce qui, semble-t-il, incite
à une certaine retenue. Ce n'est pas pour avoir la paix.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Saint-Laurent.
M. Godin: Cela peut aussi être le contraire!
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! Le député de Saint-Laurent.
M. Forget: Deux observations. Il reste que, quelles que soient
les lois, les établissements commerciaux, les bars, etc., vont
établir des clientèles particulières. Il n'est pas besoin
que les lois le fassent, il y a probablement des bars où on retrouve
seulement des courtiers d'assurances ou en grande majorité, parce qu'ils
sont dans le secteur où il y a des compagnies d'assurances. Il y en a
d'autres où il va y avoir surtout des chauffeurs de camion, dans
certaines tavernes, parce que c'est approprié, ou des chauffeurs de
taxi. Il y a toutes sortes de clivages sociaux, mais je pense bien qu'il ne
viendrait à l'esprit de personne de dire: II faut être un
employé manuel pour entrer dans telle taverne, etc. Les affinités
se font naturellement. Est-il besoin que la loi dise: Dans tel
établissement, tel type de personne n'a pas le droit d'entrer? Encore
une fois, la Charte des droits et des libertés de la personne se
prononce là-dessus. C'est bien clair qu'il y a des affinités de
toutes sortes, que ce soit sur une base sexiste ou sur une base
professionnelle, il va y en avoir et personne ne veut empêcher cela, mais
la question est de savoir si ce doit être imposé par la loi. C'est
entièrement une autre question.
Je suis bien sûr que si, demain, on changeait la loi, il y aurait
encore des tavernes. Le but de l'amendement que je proposerai n'est pas de
supprimer les tavernes, mais c'est de ne pas les imposer non plus par la loi.
C'est une autre affaire. Dans le moment, il y a un genre de permis qui impose
un certain type d'établissements et ce n'est peut-être pas
nécessairement nécessaire.
Je serais intéressé et je pourrais même
suspendre cet article à entendre la ministre d'Etat à la
Condition féminine venir témoigner devant la commission de son
opinion relativement à cette question. Je serais personnellement
fasciné d'entendre son témoignage. Je pense qu'elle est
directement impliquée. Je ferais le voeu, et j'espère être
appuyé en cela par tous mes collègues de la commission, que la
ministre d'Etat à la Condition féminine soit invitée
à venir nous exposer son point de vue sur la question des tavernes.
Mme LeBlanc-Bantey:... à la ministre d'Etat à la
Condition féminine, mais comme je vis la même expérience
qu'elle et comme je vis à longueur de semaine avec des hommes,
peut-être bien que la ministre d'Etat à la Condition
féminine n'aura pas d'objection non plus à maintenir des tavernes
où seules les femmes sont admises.
M. Forget: Peut-être pas, mais ce serait intéressant
de le savoir, je peux vous le dire.
M. Godin: Je peux vous dire son opinion ou vous la faire
connaître. Avant de tirer des conclusions...
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Non, ce n'est pas cela. C'est
parce que vous avez annoncé une motion. Est-ce que vous présentez
votre motion?
M. Forget: Enfin, j'aimerais... M. Godin: On peut...
M. Forget: ... on peut peut-être différer de
quelques minutes et laisser l'adjoint du ministre compléter sa
pensée.
M. Godin: À moins que monsieur...
M. Cordeau: Est-ce qu'on termine à 12 h 30?
Le Président (M. Laplante): À 13 heures.
M. Cordeau: On commence à 14 heures.
M. Forget: Vous avez dit 12 h 30 tout à l'heure.
Le Président (M. Laplante): Lui, il est gras, il n'a pas
besoin de manger.
M. Forget: C'est bien 12 h 30, M. le Président? Le
Président (M. Laplante): Oui, 12 h 30.
M. Cordeau: Vous cherchez des sujets de distraction ce matin?
Le Président (M. Laplante): Oui, cela va bien, cela va
mieux.
M. Cordeau: Vous avez passé une bonne nuit?
Le Président (M. Laplante): Oui. M. Cordeau: Tant
mieux!
M. Godin: Est-ce que vous avez d'autres commentaires, M. le
député de Saint-Hyacinthe, sur cette question vitale pour nos
traditions de la taverne?
M. Cordeau: Je suis un type assez conservateur, je n'ai rien
contre les tavernes!
M. Godin: Alors, il faut bien préciser que seules les
tavernes qui existent au moment où nous nous parlons seront maintenues
et que, dans l'avenir, toute nouvelle demande de permis de taverne,
conformément d'ailleurs à la Charte des droits et libertés
de la personne, mettra un terme à la discrimination homme/femme. Il faut
bien le dire, premièrement.
Deuxièmement, il n'y a rien qui empêche tout
propriétaire de taverne de demander la modification de son permis en
permis de brasserie. Troisièmement, il n'y a rien qui empêche,
dans un quartier donné, si le marché est là, les gens de
conseiller au tavernier de demander son permis. De toute façon, si le
marché est modifié pour un tavernier, il y va de son
intérêt de faire modifier son permis en conséquence.
Fondamentalement, nous croyons qu'il s'agit là de deux
institutions différentes et il y a une tradition de la taverne au
Québec, il y a une nouvelle tradition de la brasserie. La brasserie est
de plus en plus une institution qui se dirige vers la restauration et c'est la
raison pour laquelle il y a l'amendement de rester ouverte jusqu'à 1
heure.
Moi, en tout cas, je veux être "on the record" comme vous disiez,
comme étant pour le maintien des tavernes existantes telles qu'elles
sont, si les propriétaires décident de les maintenir comme
telles. Je me suis fait rabrouer vertement par ma collègue, la
députée de Dorion, le ministre d'Etat à la Condition
féminine, par rapport à mon idée là-dessus. Elle
m'a dit que cela l'étonnait de voir que, bon, etc., même moi.
Mais, effectivement, j'en ai plusieurs dans mon comté et il y en a qui
sont devenues brasseries entre-temps, depuis quatre ou cinq ans. Il y en a qui
veulent rester tavernes et les deux ont une clientèle différente
et sont l'incarnation d'un esprit différent.
La députée des Îles-de-la-Madeleine a raison; cela
modifierait quelque chose qui n'est pas fondamental, remarquez bien, mais qui
est, dans nos traditions, assez profondément ancré. Il y a le
principe du droit acquis qui existe aussi, d'une part. S'il n'y avait, dans une
ville donnée, aucun endroit où les femmes pourraient aller
prendre une bière, je dirais qu'effectivement, ce serait inacceptable du
point de vue de la soif.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Godin: Je n'ai pas terminé, excusez-moi. C'est parce
que je fais des pauses...
M. Cordeau: J'ai...
M. Godin: ... étanchées.
Une voix: II parle par vers, des vers de...
M. Godin: Des vers...
M. Marcoux: Des vers qui ne sont pas... des fûts.
M. Godin: Donc, nous avons été sensibles aux
recommandations de la Commission des droits de la personne en ce sens que, pour
l'avenir, d'une part... D'autre part, sensible aussi aux opinions
exprimées par l'Association des taverniers et des brasseries. Il s'agit
donc de deux genres de marché. Il y a une clientèle pour les deux
et il n'appartient pas à l'État de s'ingérer dans la
façon dont un commerçant accepte à ce niveau, en
tout cas vu la tradition qui existe, de se mettre les pieds
là-dedans, à notre avis.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci, M. le Président. M. l'adjoint, je crois
que le projet de loi prévoit que le propriétaire actuel d'une
taverne peut maintenir son établissement taverne. Par contre, le
propriétaire d'une taverne pourra-t-il vendre à son fils ou
à un autre individu la taverne tout en conservant son privilège
de taverne?
M. Godin: Oui.
M. Cordeau: Ah! bon.
M. Godin: C'est le même principe que la loi 101 par rapport
au droit à l'école anglaise. C'est que...
M. Cordeau: D'accord. Par contre, la loi ne prévoit pas
d'émission d'un nouveau permis de taverne.
M. Godin: Entendons-nous. Il pourrait y avoir de nouvelles
tavernes, mais mixtes et ce qui distinguera... Toute nouvelle taverne ne pourra
être que mixte, ce qui la distinguera de la brasserie, c'est ce qui
apparaît... C'est la vente de vin en fût et l'heure de la
fermeture.
M. Cordeau: Et une indication à la porte.
M. Godin: Donc, en taverne mixte dans l'avenir, il y aura
bière et cidre qui seront autorisés.
M. Cordeau: D'accord.
M. Godin: Mais pas le vin en fût.
M. Cordeau: Une taverne mixte fermera-t-elle ses portes à
minuit?
M. Godin: À minuit.
M. Cordeau: Tandis que la brasserie peut aller jusqu'à 1
heure.
M. Godin: Jusqu'à 1 heure.
Une voix: Je ne suis pas d'accord avec cela.
M. Cordeau: II y a des tavernes exclusivement
réservées aux hommes qui servent des repas.
Tantôt, vous avez dit qu'une brasserie pouvait rester ouverte
jusqu'à 1 heure à cause des repas. Pourquoi une taverne où
l'on sert des repas ne pourrait-elle pas rester ouverte jusqu'à 1
heure?
M. Godin: Mon expérience des tavernes, c'est que la
tendance n'est pas vers la restauration. Quant à la brasserie, elle a
tendance à la restauration. Une taverne sert les repas aux heures des
repas, mais après telle heure vous le savez aussi bien que moi
la langue de mouton ou de porc marinée, les "smoked meat"
gelés et passés au four, les saucisses marinées et les
oeufs dans le vinaigre. C'est le menu en dehors des heures de repas dans les
tavernes. M. Jacoby a peut-être d'autres notions que moi
là-dessus? Non? Donc, on peut dire que la tendance n'est pas à la
restauration. C'est une buvette, une place pour boire. Il y a peut-être
des statistiques qu'on peut donner. Depuis 1972, date de la création de
la brasserie... Écoutez cela, M. le député de
Saint-Hyacinthe. Il y a peut-être des chiffres qui...
M. Cordeau: Excusez-moi.
M. Godin: Non. Ne vous excusez pas. C'est seulement parce que le
chiffre peut vous intéresser. Le nombre de tavernes n'a presque pas
diminué et il s'est stabilisé depuis quelques années aux
environs de 600, alors que le nombre de brasseries est stabilisé
à 416, à peu de choses près. Donc, on peut dire que le
chiffre de 600 est le maximum historique des tavernes au Québec. Cela ne
pourra aller qu'en diminuant.
M. Forget: Avez-vous songé à invoquer la Commission
des biens culturels...
M. Marcoux: Oui, c'est cela. M. Forget: ... dans certains
cas?
M. Marcoux: Je pense qu'il y a un consensus là-dessus.
M. Godin: Dans certains cas, je pense qu'on devrait le faire. Je
ne donnerai pas de détail, mais il y en a une qui devrait être
classée.
M. Forget: M. le Président, on va y revenir au moment de
l'adoption de l'article, mais il reste que, mettant de côté la
question sexiste...
M. Godin: Oui, d'accord.
M. Forget: ... même en supposant que les deux formules, une
formule sexiste ou une formule discriminante et une formule non
discriminante...
M. Godin: Une formule traditionnelle, disons, pour être
poli.
M. Forget: Oui. ... continuent d'exister, indépendamment
de cela, ne serait-il pas plus avanta-
geux et plus conforme à la notion, à savoir que c'est la
clientèle qui va décider de l'évolution, de créer
une seule catégorie, un seul permis qui, indistinctement, pourrait
être utilisé comme permis de brasserie ou de taverne, qui
comporterait le droit de vendre les mêmes alcools, en fût, etc., et
qui comporterait les mêmes heures d'ouverture, laissant à
l'évolution sociologique le soin de régler le problème du
choix entre les deux et ne permettant pas, bien sûr, à une
brasserie de se transformer en une taverne unisexe, mais permettant le
mouvement inverse la réglementation pourrait prévoir cela
pour minimiser autant que possible les différences au niveau de
la réglementation dans les exigences d'aménagement physique? (12
h 15)
Dans l'aménagement physique des tavernes, il y a quelque chose
d'un peu puritain. Je ne sais pas jusqu'à quel point cela est
déterminé par les lois. Vous avez ces espèces
d'établissements secrets avec les murs les plus hauts possible, etc. Je
comprends que les hommes seulement y aillent si c'est si important. Mais il y a
une évolution et aérer cela un petit peu ne ferait pas de mal. Je
pense qu'il y a intérêt à avoir une seule catégorie
malgré tout. S'il faut que révolution sociologique se fasse avant
que la loi change, ce n'est peut-être pas mauvais, mais au moins qu'on
enlève tous les autres éléments de distinction dans la
mesure du possible.
M. Godin: Alors, ma conclusion là-dessus sera que le
milieu concerné, l'Association des brasseries et taverniers du
Québec, recommande la différenciation des deux concepts,
premièrement.
M. Caron: Les taverniers sont d'accord pour fermer à
minuit le soir.
M. Godin: Oui. Les taverniers sont d'accord pour avoir un concept
différent et ne pas avoir de vin et qu'il y ait un élargissement
du fossé entre les deux même, de manière que ce soit bien
clair qu'une taverne donne tel service à telle clientèle et
qu'une brasserie... La brasserie, d'ailleurs, est en évolution vers
autre chose parce que c'est un nouveau concept qui évolue plus
rapidement que la taverne.
M. Caron: Vous l'avez consultée. M. Godin:
Consultée. Écoutez! Oui.
M. Caron: Est-ce qu'elle vous a écrit? Est-ce que vous
avez de la documentation là-dessus?
M. Godin: Est-ce qu'on a de la documentation sur l'opinion de
l'Association des brasseries? On a un mémoire.
M. Caron: Vous avez un mémoire.
M. Godin: On a un mémoire qu'on peut...
M. Caron: Est-ce qu'on pourrait en prendre connaissance?
M. Godin: Oui, on va vous montrer cela immédiatement.
M. Forget: C'est dire que les taverniers ne sont pas favorables
à ouvrir une heure plus tard et à pouvoir vendre du vin en
fût.
M. Godin: Je n'ai pas dit cela. Je dis que par rapport au concept
général...
M. Caron: Oui, mais l'heure... D'accord, mais...
M. Godin: ... les deux sont pour le maintien...
M. Forget: II y a un élément de décoration
et de présentation qui ne concerne pas le législateur.
Mme LeBlanc-Bantey: Pour être conséquent avec votre
"désexisme"...
M. Forget: Oui.
Mme LeBlanc-Bantey:... il ne faudrait pas rendre les tavernes
trop confortables non plus si on veut qu'éventuellement
l'évolution se fasse le plus rapidement possible et que cela devienne
plus avantageux d'aller dans une brasserie où les deux sexes sont
acceptés. Alors, laissons les tavernes avec le moins de
privilèges possible.
M. Forget: Là, il faut se brancher: ou on laisse la
société évoluer, ou on pense que le législateur
prend l'initiative. Mais on ne peut pas jouer sur les deux tableaux. On nous
dit: Laissons la clientèle décider dans quelle direction cela va
évoluer. Je veux bien, mais à ce moment-là qu'on ne
crée pas de distinctions artificielles dans les heures de fermeture,
etc. Finalement, les gens décideront en fonction du concept
lui-même, pas en fonction d'accidents géographiques comme les
heures de fermeture. Les gens ne deviendront pas...
Mme LeBlanc-Bantey: Strictement sur le plan de l'amendement que
vous voulez mettre de l'avant, vous n'êtes pas prêt, non plus,
à laisser la société évoluer toute seule, et je
pense que c'est très sain de votre part, et le gouvernement a un
rôle d'animation dans l'évolution d'une société.
M. Forget: En quoi est-ce que ça va changer l'opinion des
gens sur l'opportunité des établissements à un seul sexe,
qu'ils vendent du vin en fût ou pas? Ce n'est qu'un embêtement
artificiel.
M. Caron: Que la brasserie ou la taverne ait deux classes de
fonctionnement, je ne vois rien d'anormal à cela, mais quand vous dites
que la taverne va être obligée de fermer à minuit, je
trouve que c'est charrier, aller trop loin. Le gouvernement ne devrait pas
décider des heures, les deux devraient être traités sur le
même pied.
M. Godin: Entendons-nous, je pense que, quand on sera à
l'article sur les heures, on pourra en parler. La question de fond, c'est le
maintien de la taverne ou non. Nous avons...
M. Forget: Sa raison d'être, c'est la différence des
heures...
M. Godin: Entendons-nous.
M. Forget: ... et le type de boisson qui s'y vend.
M. Caron: Êtes-vous prêt à être flexible
sur les heures, par la suite?
M. Godin: L'Association des taverniers et brasseries du
Québec nous a fait parvenir un mémoire dans lequel elle s'oppose
à la disparition de la taverne, comme concept. Le "trimming", si vous
voulez, les heures et tout cela, c'est une autre question qu'on abordera
à d'autres articles. Il va y avoir un vote à prendre
bientôt sur l'amendement du député de Saint-Laurent. Nous
attendrons qu'il soit déposé.
Une voix: Ce n'est pas fait encore.
M. Cordeau: M. l'adjoint, concernant le "trimming", comme vous
dites, les heures et...
M. Forget: Cela permettrait d'avoir une
réglementation...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Concernant le "trimming", comme vous dites, et les
heures de fermeture, est-ce que, dans le mémoire que l'Association des
brasseries et tavernes vous a fait parvenir, il en est question, aussi?
M. Godin: Je pourrai vous répondre à cela un peu
plus tard.
M. Cordeau: Serait-ce préférable, aussi,
étant donné que...
M. Godin: Non, dans le mémoire, il n'en est pas
question.
M. Cordeau: Non?
M. Godin: Dans le mémoire, le point fondamental, qui est
relié à l'article 25, l'Association s'oppose... Je voudrais
m'adresser au député de Verdun, là-dessus... M. le
député de Verdun, comme nous avons, semble-t-il, le même
cheminement social, à peu de choses près, le mémoire de
l'Association des taverniers et brasseries du Québec s'oppose
carrément à la disparition de la taverne.
M. Caron: Je suis bien d'accord; moi aussi, personnellement, je
tiens à ce que la taverne reste.
M. Godin: Quant aux heures, on pourra...
M. Caron: Moi-même, j'ai signé une pétition,
dernièrement...
M. Desbiens: Je pense que le député de...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: M. l'adjoint, vous avez mentionné
tantôt le nombre de 600 permis de taverne qui vont être
bloqués. Est-ce que ce sont des permis comme tels ou si c'est quand un
propriétaire de taverne discontinue son activité que le permis
tombe avec? Peut-il vendre son permis?
M. Godin: II peut le transférer.
M. Desbiens: II peut transférer son permis.
M. Godin: S'il répond aux conditions exigées par la
régie, il peut obtenir un transfert du permis en son nom.
M. Desbiens: D'accord. Merci. Est-ce qu'un amendement a
été déposé?
Une voix: Non, non. M. Marcoux: Adopté?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je vais faire lecture de mon
amendement: Insérer après le mot "brasserie", les mots "ou de".
L'article amendé se lirait comme suit: "Les permis
délivrés en vertu de la présente loi sont des permis de
brasserie ou de taverne, de restaurant, de bar, de club, d'épicerie, de
vendeur de cidre et de réunion ainsi que les permis Terre des hommes et
Parc olympique."
L'idée, c'est de ne pas faire disparaître le permis de
taverne. Au niveau de la réglementation, il pourrait y avoir une
réglementation qui ferait la distinction si c'est absolument
nécessaire et permettant que les tavernes... D'ailleurs, ce serait au
niveau de la réglementation seulement que ce serait mentionné. Ce
n'est pas dans la loi. Il n'y a plus rien dans la loi qui dit qu'une taverne
est nécessairement seulement pour les hommes. C'est au niveau de la
réglementation que cela va venir. La réglementation relative aux
permis de brasserie ou de taverne pourrait prévoir les mêmes
dispositions, mais, quant aux restrictions qui sont dans la loi, ces deux
établissements sur un pied d'égalité pourraient vendre la
même sorte d'alcool, c'est-à-dire, dans les mêmes
présentations, et seraient astreints aux mêmes heures. Les autres
différences, dans le fond, sont soit des questions de
réglementation sur l'agencement physique, soit des questions de
créer une image de commerce. Cela, pourvu que ce ne soit pas aboli, que
ce ne soit pas interdit; cela ne le serait pas en créant une
catégorie unique. C'est une question de publicité, de
fabrication d'une image de commerce.
Il n'y a rien qui empêcherait les tavernes de continuer à
exister, mais elles seraient sur un pied d'égalité, sur le plan
de la concurrence, avec les brasseries. La réglementation s'occuperait
des autres éléments distinctifs.
M. Godin: ... M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: Ce que vous avez cité n'est pas du tout
contraire à cela. Ils veulent pouvoir demeurer des tavernes. On dit:
Oui, d'accord, demeurez des tavernes, mais, que vous soyez des tavernes ou des
brasseries, de toute façon, le législateur n'y voit aucune
différence pour ce qui est des heures de fermeture et des types d'alcool
que vous pouvez vendre. Dans le fond, on n'enlève rien à
personne. On permet aux tavernes de continuer à fonctionner. On permet
aux brasseries de continuer à fonctionner. On vous permet quand
même, dans la réglementation, de faire des réglementations
différentes pour la taverne et la brasserie. Au niveau de la
réglementation seulement, mais pas au niveau des éléments
essentiels que vous avez mis dans la loi comme les distinguant dans le moment
et qui nous apparaissent artificiels relativement aux heures de fermeture et
relativement à l'interdiction de vendre du vin en fût. Cela
pourrait évoluer aussi de ce côté, du côté des
tavernes. Pourquoi les restreindre du côté des repas, etc.? Tout
cela est en évolution. On n'a pas de raison d'ordre public de
restreindre cette évolution ou de dire que c'est vraiment un
compartiment étanche. Il me semble que ce sont des formules qui, dans le
fond, ne se différencient que par la clientèle à laquelle
elles s'adressent. La taverne s'adresse à une clientèle
traditionnelle qui préfère une ségrégation selon
les sexes. On veut permettre cette continuation, mais essentiellement;
autrement, ce sont des établissements identiques, mais qui pourront
s'annoncer sous des noms différents et qui pourront d'ailleurs prendre
des noms qui ne sont ni taverne, ni brasserie si elles le veulent bien, qui
pourront s'appeler Le Bistro, n'importe quoi. Enfin, peu importe.
Le problème n'est pas de réglementer la publicité.
Il s'agit de leur permettre de fonctionner à certaines heures pour
vendre certains alcools. On dit qu'on ne voit pas les raisons de la
différence dans le projet de loi.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Rimouski.
M. Marcoux: J'aurais une question à poser à
l'adjoint du ministre de la Justice, le député de Mercier. Si on
supprime la distinction entre les deux permis, c'est-à-dire qu'il y ait
un seul permis au lieu de deux, ne serait-il pas à craindre qu'on puisse
contester que la réglementation qui s'applique aux deux soit
différente? S'il y a un seul permis, je ne vois pas le substrat
législatif pour permettre d'avoir des réglementations
différentes... cela vient de disparaître. N'importe qui pour- rait
contester légalement le fait qu'il y ait des réglementations
différentes pour le même permis. Je pense que s'il n'y a pas
d'appui légal à la distinction entre les deux permis, vaut mieux
dire qu'on fait carrément disparaître les deux types
d'institutions. On ne fait pas disparaître, on développe un
seul...
Le Président (M. Laplante): La motion du
député de Saint-Laurent, je vais la juger recevable tout de suite
pour ne pas avoir d'ambiguïté.
M. Cordeau: J'avais une question à poser. M. Godin:
Une seconde là. M. Marcoux: Je n'ai pas fini. M. Godin:
Excusez.
M. Marcoux: C'est cette question que je voudrais poser au
député de Mercier, à savoir, si on fait disparaître
la distinction entre les deux permis c'est un seul type de permis, en
somme est-ce que c'est possible de maintenir deux réglementations
différentes ou s'il ne pourrait pas y avoir une contestation juridique
facilement, disant que ce n'est pas possible? Il n'y a pas d'appui juridique
à des réglementations différentes pour un seul type de
permis. Je pose une question, ce n'est pas une affirmation. Je ne suis pas
comme le député de Saint-Laurent, je ne suis pas avocat.
M. Forget: Dans le texte actuel, il n'y a pas de base juridique
pour permettre à la réglementation de faire une distinction de
caractère sexiste même avec les deux permis.
M. Godin: En fait, l'association je me
réfère au groupe qui est le premier concerné veut
le maintien d'un permis de taverne différent du permis de brasserie,
parce que dans son esprit, il s'agit de deux concepts différents de
services au public et, selon elle, il n'est pas question de les mettre dans le
même sac ou de remplacer "et" par "ou". Par conséquent,
après consultation longue avec ces gens et, d'ailleurs, nous leur avons
parlé hier, ils n'ont pas changé d'avis depuis que la loi est
déposée, depuis qu'on a eu des discussions il y a plusieurs mois.
Ils veulent le maintien des deux concepts. Maintenant, n'étant pas un
juriste, je ne peux pas répondre à votre question, sauf que la
solution la plus simple, c'est de maintenir les deux permis. C'est la raison
pour laquelle je voterai contre l'amendement, au risque d'avoir des
scènes de ménage.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous l'intention de voter
avant l'ajournement?
M. Cordeau: M. le Président, j'aurais une très
courte question à poser.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Est-ce que les droits à payer pour une
brasserie ou une taverne sont les mêmes?
M. Godin: Oui. Au moment où on se parle, c'est le
même montant.
M. Cordeau: Alors, quelqu'un qui est ouvert jusqu'à 1
heure...
M. Godin: Une révision des tarifs est prévue pour
l'avenir.
M. Cordeau: Est-ce qu'il va y avoir une différence de
tarif entre une brasserie et une taverne?
M. Godin: Oui. La règle qui s'applique est que, si votre
délai d'ouverture est plus long, vous payez plus cher.
M. Cordeau: Et les tavernes mixtes, est-ce que ce sera
différent?
M. Godin: Non. De toute façon, une taverne au sens de la
loi, à partir de la date où la loi sera adoptée, sera
mixte automatiquement, mais ce sera une taverne pareil.
Le Président (M. Laplante): L'amendement du
député de Saint-Laurent est-il adopté?
M. Godin: Donc, on paiera le même prix pour la même
chose.
M. Forget: Vote enregistré.
Le Président (M. Laplante): Vote enregistré?
M. Forget: Oui.
Le Président (M. Laplante): M. Alfred (Papineau).
Une voix: Absent.
Le Président (M. Laplante): M. Godin (Mercier).
M. Godin: Contre l'amendement.
Le Président (M. Laplante): M. Caron (Verdun).
M. Caron: Pour l'amendement.
Le Président (M. Laplante): Mme LeBlanc-Bantey
(Îles-de-la-Madeleine).
Mme LeBlanc-Bantey: Abstention.
Le Président (M. Laplante): M. Marcoux (Rimouski).
M. Marcoux: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe).
M. Cordeau: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Marquis
(Matapédia).
M. Marquis: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Forget (Saint-Laurent).
M. Forget: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Desbiens (Dubuc).
M. Desbiens: Contre.
Une voix: Vous avez convaincu votre collègue de Verdun.
(12 h 30)
Le Président (M. Laplante): Pour: 2 Contre: 5
Abstentions: 1.
La motion est rejetée. L'article 25 est-il adopté?
M. Forget: Adopté sur division, M. le Président. Si
j'ai bien compris, l'adjoint parlementaire a déclaré que si la
ministre d'Etat à la Condition féminine était venue
témoigner devant nous, elle se serait opposée à l'adoption
de l'article.
M. Godin: Ou elle se serait abstenue, mais sûrement qu'elle
n'aurait pas été pour.
M. Forget: Je vous remercie.
Le Président (M. Laplante): Les travaux sont
ajournés sine die.
M. Godin: Remarquez bien que je ne veux pas répondre
à sa place. J'imagine que la règle de la solidarité
ministérielle aurait joué dans son cas comme dans d'autres.
(Fin de la séance à 12 h 31)
(Reprise de la séance à 15 h 44)
Le Président (M. Laplante): Ouverture de la séance,
commission parlementaire sur la justice. Étude du projet de loi 55,
article par article.
Membres de la commission: M. Alfred (Papineau) est remplacé par
M. Guay (Taschereau); M. Bédard (Chicoutimi) est remplacé par M.
Godin (Mercier); M. Blank (Saint-Louis) est remplacé par M. Caron
(Verdun); M. Charbonneau (Verchères) est remplacé par Mme
LeBlanc-Bantey (Îles-de-la-Madeleine); M. Clair (Drummond) est
remplacé
par M. Marcoux (Rimouski); M. Fontaine (Nicolet-Yamaska) est
remplacé par M. Cordeau (Saint-Hyacinthe); M. Lacoste (Sainte-Anne) est
remplacé par M. Marquis (Matapédia); M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys) est remplacé par M. Forget (Saint-Laurent); M.
Samson (Rouyn-Noranda), M. Vaillancourt (Jonquière) est remplacé
par M. Boucher (Rivière-du-Loup).
Les intervenants sont M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe) est remplacé par M. Fontaine (Nicolet-Yamaska); M.
Duhaime (Saint-Maurice), M. Lavigne (Beauharnois), M. Léger
(Lafontaine), M. Marois (Laporte) est remplacé par M. Desbiens (Dubuc);
M. Pagé (Portneuf) et M. Tardif (Crémazie).
Nous étions à l'article 26.
M. Forget: M. le Président, est-ce que je pourrais
solliciter l'indulgence du ministre, quoi que l'article...
M. Godin: Oui, d'autant plus que je tiens à m'excuser de
mon retard, M. le Président, j'ai été retenu par quelques
appels. J'ai une autre petite correction à faire, avant de céder
la parole et d'accorder l'autorisation demandée pour un retour à
l'article 25, j'imagine, si j'ai bien compris?
M. Forget: Oui, c'est pour aborder une question, car c'est le
seul endroit où je pourrai l'aborder. Après ça, on va
aller assez vite.
M. Godin: D'accord. Je ne voudrais pas qu'une blague que j'ai
faite à la toute fin, puisqu'elle n'apparaît pas au journal des
Débats, ce qu'on appellerait le point d'ironie ou l'intention
humoristique, que la citation que j'ai pu donner des paroles d'un ministre soit
prise pour du "cash", en ce sens que je ne suis pas autorisé à
donner à entendre que tel ou tel ministre a dit ou n'a pas dit telle
chose. Par conséquent, je voudrais qu'il soit consigné au journal
des Débats, que, quand j'ai attribué des paroles à ma
collègue à la Condition féminine, il ne s'agissait pas de
ses paroles à elle, mais bien d'une blague, quant à une chose
qu'elle pourrait peut-être dire éventuellement.
Cela étant dit, je vous redonne la parole ou je demande au
président de reprendre le pouvoir de distribuer la parole.
M. Forget: Dans la même veine, est-ce qu'on pourrait lui
demander de venir parler elle-même à la commission sur le
sujet?
M. Godin: Je ne pense pas que ce soit utile.
M. Forget: On pourra toujours le faire en troisième
lecture.
M. Godin: II y a eu un vote de pris.
M. Forget: On pourra toujours le faire en troisième
lecture.
Le point sur lequel je demandais l'indulgence du ministre,
c'était pour soulever une question dans l'énumération des
permis. Si je ne la soulève pas là, je pourrais toujours
incidemment la soulever ailleurs, mais elle va avoir l'air d'un canard boiteux
dans un autre contexte.
C'est le problème des spectacles. Dans le fond, c'est un peu la
porte d'entrée à une discussion ultérieure sur l'emploi
des mineurs. Mais c'est dans un cadre un peu plus large, malgré
tout.
Il n'y a plus, dans les permis tels qu'énumérés,
d'autorisation automatique ou de catégorie de permis qui permet
automatiquement la présentation de spectacles. Il n'y en a pas. De toute
façon, je pense que, dans une certaine mesure, les définitions
antérieures donnaient une certaine ouverture à cela dans le cas
d'un permis en particulier. En vertu d'un article subséquent, il y a
l'article 47 et, un peu plus loin, il y a l'article 73, je pense, qui
contiennent des dispositions pour autoriser tout détenteur d'un permis
quelconque de la Régie des alcools à donner des spectacles.
Ne serait-il pas préférable, M. le Président, qu'il
y ait un permis distinct, sans modifier en rien les autres clauses, permettant
à un bar, à un restaurant, à une brasserie, de
présenter des spectacles sur autorisation spéciale, mais d'en
faire une catégorie bien distincte qui, elle, automatiquement,
entraînerait l'autorisation de présenter des spectacles? Le but
étant que, dans les autres cas, il s'agirait d'une autorisation
exceptionnelle, mais que, dans le cas de cette catégorie de permis
et on pourrait appeler cela un permis de cabaret; je pense que ce serait
le mot qui serait le plus approprié, parce que, dans le dictionnaire, on
dit qu'un cabaret, c'est un débit de boisson où on
présente des spectacles on donnerait avis, dans le fond, à
la fois au public, dans un premier temps, que tel permis est émis
spécifiquement dans le but de présenter des spectacles, en plus
de vendre de l'alcool. Cela désignerait plus clairement l'intention du
propriétaire, cela permettrait d'avoir, dans le pouvoir
réglementaire, des dispositions spécifiques relativement à
cette catégorie de permis et cela permettrait probablement un
contrôle, à la fois de la part du public et de la part de la
régie, qui serait peut-être plus approprié, plus
spécifique.
Evidemment, on peut obtenir certains des mêmes effets par des
permissions spéciales qui se greffent aux permis, en quelque sorte.
Mais, d'un autre côté, il y a tout le problème. Un
établissement qui est conçu pour donner des spectacles,
physiquement, ce n'est pas juste un bar, ce n'est pas seulement une brasserie
ou une taverne, c'est véritablement une salle de spectacle.
Je pense que, si on a à prendre des sanctions, par exemple,
vis-à-vis d'infractions à la loi, il est beaucoup plus efficace
d'avoir comme sanction non pas seulement le retrait de l'autorisation de
présenter des spectacles, mais le retrait du permis comme tel. C'est un
"package deal" en quelque sorte, cette notion de cabaret. Il me semble que cela
améliorerait les possibilités de contrôle, étant
donné d'autres dimensions qu'on veut donner à cela relativement
aux mineurs. On saurait qu'un
cabaret, c'est une chose bien particulière. Quand on ferait une
demande de permis, le public saurait qu'on fait une demande de permis de
cabaret. Il y aurait donc des spectacles. Ce serait mieux compris. On pourrait
concentrer un effort de contrôle plus grand sur cette
catégorie-là en étant beaucoup plus restrictif quant aux
spectacles dans les autres cas. Il faudrait, pour qu'un bar ou qu'un restaurant
offre un spectacle, qu'il le fasse dans un cadre beaucoup plus restrictif. Ce
seraient des situations exceptionnelles et on aurait une catégorie qui
serait beaucoup mieux déterminée.
Il y a aussi d'autres éléments comme probablement
l'imposition de la taxe d'amusement, etc., qui pourraient entrer en ligne de
compte là-dedans. J'avais préparé un amendement formel. Je
pense que je ne le présenterai pas, parce que, techniquement, cela
poserait des problèmes, l'article ayant été adopté,
mais le but de tout cela, c'était de créer une catégorie
spéciale de cabaret. J'y verrais, a priori je n'ai pas le
bénéfice de toute l'expertise de la régie un
certain avantage.
M. Godin: M. le Président, la notion de cabaret ou la
catégorie de permis cabaret a existé jusqu'en 1974, n'est-ce pas?
Vous savez cela, n'est-ce pas?
Elle a été supprimée et nous nous sommes
retrouvés à l'aube d'étudier ce nouveau projet de loi avec
quatorze catégories de permis. Dans le passé, il y en avait
encore plus. Nous avons réduit cela à dix pour des raisons de
"manageabilité", si on peut utiliser cet anglicisme, d'une part.
D'autre part, pour sortir de son doute le député de
Saint-Laurent, à l'article 47 du projet de loi, si on peut sauter un peu
plus loin, jouer un peu à saute-mouton, on dit que la régie
indique dans un permis, l'endroit, dans quelle pièce ou sur quelle
terrasse, la date d'expiration, le nombre de personnes, etc., mais, en plus,
elle indique, "le cas échéant: si la présentation de
spectacles, la projection de films ou la pratique de la danse y est
autorisée".
Je dois dire que j'ai sous les yeux dans le rapport annuel de la
commission, neuf sous-sections qui touchent l'addition au permis, aux anciennes
catégories, mais cela va s'appliquer à la majeure partie des
nouvelles catégories ou celles qui sont maintenues.
Par exemple, vous avez la section taverne avec oeuvres musicales. Cela
veut dire que cela apparaîtra au permis, brasserie avec oeuvres
musicales, restaurant avec oeuvres musicales, restaurant avec danse, restaurant
avec oeuvres musicales et danse, bar avec oeuvres musicales, bar avec danse,
bar avec spectacles, bar avec danse et spectacles. La notion de cabaret comme
telle ne pourra pas recouvrir toutes ces nuances. C'est la raison pour laquelle
nous voulons nous en tenir au même tronc commun de dix permis avec toutes
les nuances. À ces nuances peuvent s'en ajouter d'autres, mais vous
voyez, après l'énumération que je viens de faire... Je
découvre qu'il y en a beaucoup plus que je ne l'avais imaginé,
premièrement.
D'autre part, quand un permis est demandé, la personne dans sa
demande de permis doit mentionner le genre de permis qu'elle veut et ajouter la
clause, conformément à celles que je viens
d'énumérer. Cela apparaît dans la demande de permis qui est
publiquement affichée dans les journaux ou ailleurs, de sorte que les
citoyens peuvent exprimer leurs opinions là-dessus. C'est le premier
point que je veux amener ici, parce qu'il peut y avoir une incidence quant
à la tranquillité publique, s'il y a de la musique, de la danse
ou non.
Le but visé par le député est atteint, mais par des
voies différentes, tout en ne revenant pas sur la question ou le
principe d'une réduction du nombre de catégories pour faciliter,
d'une part, l'administration de la loi, et, deuxièmement, pour tenir
compte de l'évolution qui s'est faite. Le cabaret comme tel, qu'est-ce
que ce serait dans les circonstances? À partir des neuf subdivisions que
je vous donne, où commencerait et où se terminerait la
frontière du cabaret? Je pense qu'il est plus facile d'administrer les
catégories telles que nous les avons que d'en créer une
nouvelle.
M. Forget: C'est possible. Je pensais à une
catégorie de cabarets où serait intimement liée la notion
de spectacle...
M. Godin: Des imprévus, par exemple.
M. Forget: ... où des acteurs, où des chanteurs,
où des danseurs participent en chair et en os. Pas des films, pas des
disques, pas simplement un orchestre, etc., mais un spectacle dans le sens
étroit du mot, de manière à en faire une cible mieux
circonscrite et entièrement en termes des nécessités de
contrôle et peut-être aussi des nécessités
d'appliquer des critères d'attribution de ces permis différents
des autres.
M. Godin: Est-ce que vous pensez aux problèmes des mineurs
plus tard?
M. Forget: Oui...
M. Godin: D'accord.
M. Forget:... j'inscris ça là, parce que, rendu
à la fin...
M. Godin: Oui.
M. Forget:... on va dire: On aurait dû en parler au
début. C'est parce que je pense qu'il y a une logique à suivre si
on veut faire un contrôle très strict de l'engagement des mineurs
pour des spectacles, est-ce qu'on n'a pas besoin d'un permis qui va donner une
base juridique pour appliquer des règles assez sévères et
différentes des autres catégories sans qu'on se fasse accuser que
la réglementation est ultra vires à un moment donné?
M. Godin: Oui. Je me demande s'il n'y a pas des manières,
M. le Président, de revenir... M. le Président?
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Godin: Ah! vous m'écoutez sans me regarder.
Le Président (M. Laplante): Oui. M. Godin:
D'accord, c'est possible...
Le Président (M. Laplante): J'étais en train de
penser à ce que le député de Saint-Laurent disait.
M. Godin: Oui. Je me demande si... Supposons, en pensant à
l'amendement qu'apportera, j'imagine, le député de Saint-Laurent
quand on abordera la question des mineurs donnant des spectacles, si on
n'aurait pas un moyen dans notre règlement qui nous permettrait de
revenir éventuellement à l'article 25...
M. Forget: D'un commun accord, je pense qu'on peut toujours faire
ça.
Le Président (M. Laplante): Vous pouvez toujours revenir
sur un article, même s'il a été adopté d'un commun
accord.
M. Godin: D'accord. Bon! Il est adopté... M. Forget:
II est adopté... M. Godin: ... en principe...
M. Forget: Disons qu'on le laisse comme ça, que, pour
mémoire, on y reviendra, si ça paraît utile.
M. Godin: Oui. Si on pouvait articuler mieux...
Le Président (M. Laplante): S'il y avait quelque chose, on
peut revenir.
M. Godin: ... la question de la protection des mineurs avec la
notion que vous amenez, on le fera.
Le Président (M. Laplante): D'accord? Article 25
adopté, quitte à y revenir si le besoin s'en fait sentir. Article
26.
M. Forget: Je n'ai pas de... Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Adopté.
M. Forget: La seule chose, le point a déjà
été fait à l'occasion de la discussion de l'amendement sur
25, 27 également.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Les
définitions des permis, article 27.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 28.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 29.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 30.
M. Forget: Ici, une demande d'explication, M. le
Président. On ajoute un élément nouveau, si je comprends
bien. Ce sont les membres et leurs invités, et je pense que ça
correspond à une notion courante, à savoir que ce ne sont pas
seulement les membres qui sont dans les clubs, mais aussi leurs invités.
Cela peut couvrir bien du monde. Comment faut-il interpréter ça,
"leurs invités"? Ce sont les membres et les invités qui
accompagnent les membres ou ce sont des gens qui auraient un "standing
invitation", avec une invitation à y aller quand ça fait leur
plaisir...
M. Godin: Un membre honoraire, mettons?
M. Forget: ... un membre honoraire ou Dieu sait quoi? Comment
est-ce que ça va fonctionner, ça?
M. Godin: Oui, remarquez qu'il y a un certain nombre de cas, que
je ne qualifierais pas d'abus, parce que le mot serait peut-être excessif
dans la circonstance, mais...
Mme LeBlanc-Bantey: Exagéré.
M. Godin: Exagéré, oui, mais où les
invités sont peut-être plus nombreux que les membres de plein
droit, ce qui affecte l'ensemble des autres institutions ou des autres pignons
sur rue qui touchent ce commerce.
Remarquez que le groupe de travail recommandait qu'on couvre les
invités, de manière que ce qui est de commune
notoriété soit légalisé, si vous voulez, parce
qu'au fond, il y a une sorte de tolérance là-dedans et vous avez
d'ailleurs manifesté vous-même une volonté de
tolérance plus grande que celle que la loi mentionne, vous avez
même remis en question les heures de fermeture. Pourquoi pas? Cela
viendra peut-être éventuellement. La boisson n'est plus vue comme
étant reliée au diable ou à Satan comme quand nous
étions à la petite école chez les Filles de Jésus,
mais... Est-ce que c'est votre cas, M. Jacoby? Il reste effectivement des
traces de ça, mais je pense que l'article 30 va justement dans le sens
de la tolérance...
M. Forget: Ce sont les invités qui accompagnent le membre,
cependant, c'est essentiellement ça. Ce ne sont pas des invités
qui ont l'habitude d'être invités, mais qui peuvent arriver seuls
de temps à autre.
M. Godin: De toute façon, le club a intérêt
à ce qu'un invité qui serait trop fréquemment... (16
heures)
M. Forget: Devienne membre.
M. Godin: Oui, alors j'imagine qu'il prendrait les mesures pour
le taxer d'une façon ou d'une autre.
M. Forget: Si c'est un club de bonne foi, si c'est un club qui
agit comme un club pour éviter les heures de fermeture, par exemple, ou
des choses de ce genre, le problème se pose.
M. Godin: Dans de tels cas, remarquez bien que ce que j'appelle
les institutions voisines sont les premières à protester et il y
va de leur intérêt; d'ailleurs, elles s'en occupent...
M. Forget: Mais ces gens prétexteront avec succès
dans la mesure où la loi leur donne une prise. On dit que, dans le fond,
les invités, ça veut dire telle chose, c'est pour ça que
j'essaie de cerner si ce sont toujours des invités qui accompagnent un
membre et s'il doit y avoir une certaine proportion entre le nombre
d'invités et le nombre de membres. Je ne sais pas si on veut être
aussi spécifique que ça. À ce moment-là, des
concurrents pourraient se plaindre que, dans le fond...
M. Godin: Peut-être que, dans la réglementation,
ça pourrait être...
M. Forget: Précisé. M. Godin: ...
précisé.
M. Forget: II y aura le même problème... Des clubs
qui demandent de payer la cotisation en entrant...
M. Godin: Au fur et à mesure...
M. Forget: II faut que ce soit un vrai club, autrement dit. Je
n'ai pas d'objection...
M. Godin: Comme certaines coopératives d'alimentation.
M. Forget: Oui.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'article 30 est
adopté?
Mme LeBlanc-Bantey: Adopté.
M. Forget: Oui, adopté sous réserve de ces
remarques-là.
M. Godin: On réfléchit à une solution
à ça dans l'article 114.
M. Forget: À l'article 114, bon.
Le Président (M. Laplante): L'article 31 est
adopté. J'appelle l'article 32.
M. Forget: Adopté. À l'article 32, les vendeurs de
cidre, ce sont les vendeurs... Ce ne sont pas les vendeurs à la
clientèle de détail nécessairement. On vise à
autoriser la vente du cidre en gros, etc.
M. Godin: C'est l'article 28 de la loi actuelle.
M. Forget: Oui, je vois, qui vendent à la régie et
qui vendent à des fabricants, mais aussi qui vendent le long de la route
à des particuliers.
M. Godin: Les grandes chaînes qui ne peuvent pas vendre de
bière peuvent vendre du cidre.
Une voix: Elles en vendent encore?
M. Godin: Les chaînes qui ont plus de cinq magasins ne
peuvent pas vendre de bière.
M. Forget: C'est une bonne question.
M. Godin: Le député de Rouyn-Noranda d'ailleurs
veut qu'on se penche là-dessus aussi. Il veut qu'on porte cela à
sept ou huit. On y viendra plus tard, mais le vendeur de cidre c'est le
vendeur, pas ambulant, mais temporaire sur le bord du chemin et
également les chaînes qui ont plus de cinq magasins.
M. Forget: Je vois. Adopté.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous répondu si
les grandes chaînes en vendent encore?
M. Forget: Les grandes chaînes d'alimentation.
M. Godin: Si les grandes chaînes vendent encore du
cidre?
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Godin: Je sais qu'elles ont le droit d'en vendre encore. Si
vous demandez les chiffres sur la quantité de cidre qu'elles vendent, je
pourrai vous donner cela plus tard. Je ne l'ai pas.
Le Président (M. Laplante): C'est intéressant.
M. Godin: Quelle est votre autre question? M. Forget:
C'était cela.
M. Godin: C'est vous, excusez-moi. Quelle est la question? Votre
question porte-t-elle sur le droit de vente ou sur la quantité qu'elles
vendent?
M. Forget: Ce n'était pas ma question. C'est une question
que j'ai formulée à la demande du président, pour
être tout à fait honnête.
M. Godin: On a peut-être le rapport de... En tout cas.
Le Président (M. Laplante): C'est parce qu'on me dit que
les chaînes ont diminué beaucoup,
même certaines chaînes auraient cessé d'en
vendre.
Article 33.
M. Forget: À l'article 33, j'ai une question, M. le
Président, c'est le permis de réunion. On a fait allusion
à cela. Il y a eu beaucoup de discussion à savoir qui pourrait
émettre le permis, mais le permis de réunion, lui-même, je
pense que c'est ce qu'il faut conclure essentiellement du raisonnement du
rapport Bossé, relativement au permis de vente et au permis de servir,
il n'y a pas de restriction ou, est-ce que, dans la réglementation, on a
l'intention d'apporter des changements dans tout cela?
M. Godin: Je vais passer la parole à M. Jacoby à ce
sujet.
Les règlements vont aller dans le sens du rapport Bossé,
resserrer un peu les permis de réunion, parce que cela crée
parfois certains problèmes.
M. Forget: Quel genre de resserrement a-t-on à l'esprit,
dans le rapport Bossé ou au ministère à cet égard?
Le nombre par année qu'une même personne peut demander ou...
M. Godin: On vise éventuellement une légère
augmentation du coût du permis, des frais d'obtention du permis.
M. Forget: Ah bon!
M. Godin: Comme les principaux utilisateurs sont, le vôtre
et le nôtre, des partis, en fait, me dit-on, de plus en plus, la
Fédération de l'âge d'or aussi et les organismes à
but non lucratif, avec la nouvelle Loi sur le financement des partis, c'est un
moyen qui a été souvent utilisé, et de plus en plus par le
vôtre d'ailleurs, pour prévenir les gens et assurer un chapeau
resplendissant à la fin de la soirée.
M. Forget: ...
Le Président (M. Laplante): Article 33, adopté.
M. Godin: Je vous en apprends, même sur votre parti.
Le Président (M. Laplante): Article 34. M. Forget:
Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Avant de
prendre la section II, est-ce qu'on pourrait revenir à l'article 13?
Vous l'aviez demandé tout à l'heure.
M. Godin: Oui, excusez-moi, j'allais l'oublier. On avait une
formulation nouvelle.
Le Président (M. Laplante): II y avait une motion
là-dessus.
M. Godin: Est-ce qu'on a des copies pour tout le monde? Je vais
faire lecture de la nouvelle version pour que vous puissiez méditer
dessus: "Remplacer le deuxième alinéa de l'article 13 par les
suivants: Toutefois, le gouvernement peut, pour l'application de la
présente loi, modifier la liste des districts judiciaires qui forment
l'une ou l'autre division de la Cour d'appel. Le gouvernement détermine
l'emplacement des bureaux de la régie et lequel en constitue le
siège social. Un avis d'une décision prise par le
gouvernement..." Enfin, le reste, c'est de concordance. La Gazette officielle
publie ledit avis.
Donc, on pose le principe que le gouvernement sera en mesure de
répondre aux besoins des citoyens quand il le jugera acceptable.
M. Forget: C'est mon texte à moi. Est-ce que vous avez le
texte de votre amendement?
M. Godin: II est à la photocopie.
Mme LeBlanc-Bantey: Est-ce qu'on pourrait proposer...
M. Forget: C'est parce que je ne voudrais pas vous demander...
j'essayais de me retrouver dans les deux textes.
M. Godin: Je vais vous le montrer.
M. Forget: D'accord, merci.
Mme LeBlanc-Bantey: Est-ce qu'on peut poser comme
réflexion que vous posez le principe de la décentralisation?
M. Godin: Non, pas vraiment. Ce qu'on pose, c'est le principe du
réajustement des districts par rapport aux modifications
apportées au système de transport. D'ailleurs, le
président de la commission, le juge Trahan, me racontait
récemment que la raison pour laquelle l'Abitibi relevait de
Québec, c'était que le seul chemin de fer qui existait à
l'époque, pour sortir de l'Abitibi, c'était celui qui allait
à Québec. Maintenant, ça ne se pose plus avec l'extension
des lignes aériennes. Par conséquent, ça ne s'applique
plus.
Par ailleurs, à l'article 15, qui a déjà
été adopté, on précise que la régie peut
siéger à tout endroit du Québec, de sorte que, s'il y a un
tapon, comme on dit chez nous, de permis à étudier, la
régie précisera, établira, si vous voulez, sa feuille de
route et décidera de se déplacer dans telle ou telle
région.
Mme LeBlanc-Bantey: Je posais la question, surtout dans le cas
des permis de réunions. On peut décider assez rapidement de faire
une réunion et on a besoin d'un permis. Quand on est
éloigné comme aux Îles-de-la-Madeleine, on n'a pas le temps
d'avoir le permis que la réunion est passée.
M. Godin: Dans le cas des permis de réunion, le
fonctionnaire qui aura reçu le mandat du président pourra se
déplacer éventuellement.
M. Forget: Juste une chose. Je vais évidemment retirer ma
motion. Les deux textes sont tellement semblables que j'aurais mauvaise
grâce d'insister sur le mien. Je pense que c'est essentiellement la
même chose.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'amendement
à l'article 13, présenté par l'adjoint au ministre, est
adopté?
M. Forget: Oui, mais je m'interroge encore sur la
nécessité de substituer une motion à l'autre. C'est une
simple question de rédaction.
M. Godin: Si vous voulez en avoir la paternité, remarquez
bien.
M. Forget: Non, pas du tout. Il n'y a aucune fatuité de ma
part, de ce genre.
M. Godin: On peut vous l'attribuer. Je ferais une suggestion, M.
le Président. J'espère que vous l'agréerez, afin que la
paternité soit donnée à papa le député de
Saint-Laurent.
Le Président (M. Laplante): Pas de problème. La
motion d'amendement présentée par le député de
Saint-Laurent à l'article 13 est adoptée.
M. Forget: Très bien. Je n'en demandais pas tant.
Le Président (M. Laplante): On va au chapitre II?
M. Forget: À la section II.
Délivrance du permis
Le Président (M. Laplante): À la section II,
article 35.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 36.
M. Godin: Une seconde.
Mme LeBlanc-Bantey: Je poserai ma question un peu plus tard.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 37.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 38.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 39.
M. Forget: M. le Président, je vais poser ma question tout
de suite, parce qu'elle a trait à la fois à la relation qui
existe entre l'article 39 et l'article 40. Je me demande vraiment pourquoi il y
a deux articles. Je les ai relus attentivement et je ne vois pas de
différence essentielle. On a l'impression qu'il y a une
différence quand on lit le début des articles, parce qu'on a
l'impression que les conditions de l'article 39 sont des conditions qu'il faut
satisfaire en permanence et que les conditions de l'article 40 sont des
conditions qu'on doit satisfaire seulement au moment de la demande.
Mais, d'un autre côté, quand on regarde plus attentivement,
on se rend compte que ce n'est pas vraiment cela, parce que le paragraphe 2 de
l'article 40 dit qu'on doit indiquer l'endroit. Donc, il doit y avoir une
désignation de l'endroit, sauf que si, une fois le permis
accordé, on change d'endroit, cela devient une cause
d'invalidité, tout comme si on cesse d'être
propriétaire.
Dans le fond, je ne vois pas la distinction entre les deux articles. Il
serait peut-être utile qu'on clarifie pourquoi on en fait deux, parce que
ce sont des articles importants, qui s'adressent à ceux qui formulent
les demandes, et il y a peut-être quelque chose qui a été
omis dans la rédaction ou que je ne comprends pas, tout simplement.
M. Godin: Remarquez que vous avez raison, il n'y a pas tellement
de différence, à ce que me dit le rédacteur. C'est celui
qui, cartésiennement, a divisé ces choses-là. Lui, il
établit une distinction, à l'article 39, si une personne veut
savoir si elle remplit les conditions. Maintenant qu'elle remplit les
conditions, il ne lui reste qu'à remplir la formule et à donner
plus de détails.
Vous avez raison de dire qu'il ne devrait y en avoir qu'un, sauf que, si
on le modifiait, cela entraînerait un problème de
numérotation qui n'est pas énorme, remarquez bien...
M. Forget: Oui, je suis conscient de cela. Si c'est tout ce qu'il
y a là-dedans... C'est ce que j'avais compris, que cela revenait au
même, mais il y a peut-être une distinction psychologique.
M. Godin: Je pourrais peut-être passer la parole à
M. Sormany qui n'a pas encore dit un mot, notre jeune Descartes. Allez-y, M.
Sormany.
De fait, il n'y a pas de différence comme telle, si l'on veut,
entre l'article 39 et l'article 40. Il doit satisfaire à tout cela. Il
n'y a pas de subtilité juridique.
M. Forget: Et constamment, à part cela.
M. Godin: Et constamment, sauf qu'on s'est dit, à
l'article 39, que ce sont les conditions objectives. Il doit être
propriétaire, aménager l'établissement, détenir un
permis, afficher, payer le droit requis. À l'article 40, c'est un peu ce
qu'il doit faire une fois qu'il est rendu devant la régie, ce
qu'il doit démontrer. C'était pour faire
référence avec tout ce qu'il y avait devant.
Je suis d'accord qu'on aurait peut-être pu intégrer,
particulièrement, les deuxième et troisième paragraphes
dans l'article 39, mais là, cela pourrait entraîner des
problèmes de concordance dans le reste de la loi.
M. Forget: Cela me satisfait. Je pensais que j'avais
peut-être mal lu et qu'il y avait peut-être une distinction qui
m'échappait. Si c'est cela, on est d'accord.
Le Président (M. Laplante): Article 39, adopté.
Article 40. Vu que c'est la même chose, adopté.
M. Forget: Adopté aussi. (16 h 15)
Le Président (M. Laplante): Article 41.
M. Forget: II y a de la substantifique moelle dans
celui-là. C'est l'article qui vaut, dans le fond, pour l'attribution des
permis. On change le langage. Il y a, dans l'article équivalent dans la
loi actuelle, que la Commission de contrôle des permis d'alcool doit
exiger qu'on fasse devant elle la démonstration de l'utilité du
permis. Le rapport Bossé conclut, après une discussion de ce
critère-là, que, finalement, cela ne veut strictement rien dire.
L'utilité, cela se prouverait seulement par le fait qu'il y a de la
clientèle qui va y aller. Si ce n'est pas utile, de toute façon,
le commerce va fermer. Il est bien superflu pour la commission de juger
d'avance de la rentabilité présumée, dans le fond, d'un
permis d'alcool. On n'a qu'à faire l'expérience comme pour
n'importe quel commerce. Je suis tout à fait d'accord avec cela.
On n'a pas à essayer de faire un "second guess" de ce que le
marché peut tolérer en fait de nombre de permis. Cela va bien. Je
me dis: Jusque-là, on s'en va bien. On a supprimé un
critère qui n'avait pas de sens et, d'ailleurs, qui n'est pas
codifié. On a demandé à nos recherchistes d'essayer de
trouver une codification des décisions de la Commission de
contrôle des permis d'alcool pour nous aider à comprendre ce
qu'était l'utilité publique selon la commission. La
classification des décisions est par ordre numérique, je pense,
par ordre de date. Il n'y a pas moyen de retrouver un ratio decidendi
quelconque dans tout cela. Ce sont des cas d'espèce.
Est-ce qu'on veut vraiment substituer d'autres critères et
lesquels? Je dois vous avouer que le critère d'intérêt
public est aussi mystérieux que celui de l'utilité publique. Ce
que je crois déceler là-dedans, c'est qu'on renverse le fardeau
de la preuve, mais de la façon que c'est exprimé, ce n'est pas
sûr que ce soit cela.
Autrement dit, la régie pourrait prendre la situation suivante:
elle délivre des permis à toute personne qui en fait la demande,
sauf si un opposant démontre que l'attribution du permis est contraire
à l'intérêt public. Le fardeau de la preuve est donc aux
opposants et non pas aux requérants. Cela me satisferait assez. Entre
nous, cela voudrait dire, en toute franchise et à 99,9% des cas, que
l'attribution du permis est automatique. Je pense que cela a une grande
importance pour le fardeau de travail de la commission et les
délais.
Je ne serais pas en désaccord avec cela. Je ne suis pas sûr
que c'est une forme d'interprétation, parce que ce n'est pas absolument
clair que l'effet de cette substitution de mots, surtout la façon dont
c'est exprimé, constitue un renversement du fardeau de la preuve. C'est
une question d'interprétation du texte, d'autant plus... Sur
l'interprétation du texte et le langage utilisé, après
avoir relu plusieurs fois ces deux lignes du paragraphe 1, on constate que
c'est l'exploitation du permis qui serait contraire à
l'intérêt public. Ce n'est pas l'attribution du permis. Cela me
cause de nouveaux problèmes, parce qu'on peut difficilement juger si
l'exploitation d'un permis sera contraire à l'intérêt
public avant de l'avoir octroyé, parce que dans le fond, c'est faire un
jugement complètement hypothétique sur la façon dont il va
être exploité. Il y a toutes sortes de points d'interrogation. Je
ne sais pas où on s'en va. Je pense qu'on a franchi une très
bonne étape en abandonnant l'idée d'utilité publique. Ce
n'est pas un regret si on impose simplement aux gens de démontrer que ce
n'est pas contre l'intérêt public au requérant.
Si on veut renverser le fardeau de la preuve, je suis d'accord, mais le
fardeau de la preuve sur l'attribution du permis, le contrôle sur la
surveillance, c'est un autre chapitre et c'est un autre article. On ne devrait
pas employer le mot "exploitation" là-dedans, à mon avis. Cela
pourrait prendre la forme d'un premier paragraphe qui dirait que la
régie doit refuser de délivrer un permis si elle juge qu'il a
été démontré que son attribution serait contraire
à l'intérêt public, ou quelque chose à cet effet,
démontrant assez clairement que la démonstration doit être
faite par d'autres que le requérant, mais par des opposants
éventuels. Il me semble qu'on clarifierait pas mal la situation si on
faisait cela.
M. Godin: II y a deux notions: attribution, d'une part, et
exploitation, d'autre part.
M. Forget: C'est cela. C'est l'article sur l'attribution. On ne
contrôle pas l'exploitation parce que c'est prématuré de
contrôler l'exploitation à ce stade, à moins de faire des
hypothèses et de demander aux gens: Quelles sont vos intentions?
Allez-vous respecter l'ordre? Allez-vous vous assurer qu'il n'y a pas trop de
bruit, etc.? Evidemment, on va avoir un chapelet de bonnes intentions. Les gens
vont le faire la main sur l'évangile. Vous allez voir, cela va
être calme, cela va être beau, cela va être parfait.
M. Godin: Comme pour les permis du CRTC sur le contenu...
M. Forget: Oui, c'est cela. Cela ne veut rien dire à ce
stade.
M. Godin: II y a deux notions là-dedans...
M. Forget: Le fardeau de la preuve et l'exploitation par rapport
à l'attribution.
M. Godin: II y a un bout qu'on veut garder, c'est la question de
l'exploitation relativement à la tranquillité. On peut le
déterminer en demandant où c'est situé. Quand les
témoins viendront témoigner, on n'a qu'à leur demander
s'ils ont des opinions là-dessus.
M. Forget: Si vous voulez, sur la question de la
tranquillité publique on aurait une discussion à tenir
là-dessus, mais je pense que cela nous fait aborder d'autres
problèmes aussi: II y a le problème du zonage municipal et des
histoires comme cela. Je voudrais être bien sûr qu'on se
comprend.
Mme LeBlanc-Bantey: Est-ce que l'intérêt public a
une notion vraiment différente, comme le député de
Saint-Laurent l'a souligné, de l'utilité publique?
M. Godin: L'utilité publique n'a jamais été
une notion... Cela a toujours été l'intérêt public,
dans l'ancienne loi.
M. Forget: Non, c'était l'utilité publique pour
l'attribution, mais il y avait une autre clause qui disait qu'il fallait qu'il
y en ait le moins possible...
M. Godin: L'intérêt public est relié à
la tempérance.
M. Forget: Oui, c'est cela. On fait sauter cela
entièrement.
Mme LeBlanc-Bantey: Ce qui est excellent aussi.
M. Godin: La question de tempérance saute.
M. Forget: II n'y a pas de querelle là-dessus. Personne ne
se fait d'illusion sur cet élément.
M. Godin: Est-ce qu'on peut suspendre cet article et
réfléchir?
M. Forget: Oui. Si on suspend, M. le Président, si vous le
permettiez, j'ai d'autres questions, peut-être que cela pourrait
alimenter votre réflexion. C'est exactement sur le même
article.
M. Godin: Sur le même, d'accord, la
tranquillité.
Le Président (M. Laplante): L'article 41 est suspendu.
M. Forget: Oui. Alors, si on le suspend, M. le Président,
si vous le permettez, par exemple, j'ai d'autres interrogations.
Peut-être que ça pourrait alimenter votre réflexion...
M. Godin: Sur le même? D'accord.
M. Forget: Sur le même article, exactement.
M. Godin: Bon! La tranquillité.
Le Président (M. Laplante): L'article 41 est suspendu,
dans ce cas-là.
M. Forget: C'est-à-dire...
M. Godin: C'est-à-dire que non...
M. Forget: ... pas encore. Si vous me donnez encore quelques
minutes...
M. Godin: II est dans l'antichambre de la suspension et, avant de
le faire passer dans la chambre, nous voulons poursuivre notre
réflexion.
Le Président (M. Laplante): Là, je suis perdu.
M. Forget: Non, on le suspendra tantôt...
Le Président (M. Laplante): Oui...
M. Forget: ... c'est parce qu'il y a une autre interrogation que
je voudrais exprimer de façon que cela alimente les réflexions de
l'adjoint du ministre et de son conseiller juridique.
La question de la tranquillité publique, je suis tout à
fait d'accord sur cette notion si on la comprend comme étant un concept
à développer dans la fonction de surveillance de l'exploitation.
Qu'il y ait du bruit ou pas de bruit, qu'il y ait des rixes ou des batailles en
dehors de la taverne tous les samedis soirs, etc., ce sont des problèmes
sur la façon dont le tenancier administre son commerce, avec quel sens
de responsabilité civique. Mais ça c'est après coup. Une
fois que le permis est émis, c'est impossible à mon avis d'en
juger au moment de l'émission, sauf si je pense que vous aviez
cette idée, mais là, j'ai un problème, j'ai même une
objection vous interprétez le critère de
tranquillité publique comme un critère de zonage, en quelque
sorte. Vous dites: On ne peut pas donner le permis de bar ou de taverne
à cause de l'adresse au coin de telle et telle rue, parce que c'est un
quartier résidentiel. À ce moment-là, j'ai l'impression
qu'on entre en conflit, comme législateurs du Québec, avec les
devoirs, les responsabilités des autorités municipales qui ont le
devoir de s'assurer, par des règlements de zonage, etc., qu'il n'y a pas
un cinéma en plein air en face de l'église...
M. Godin:...
M. Forget: ... ou quelque chose de ce genre. Cela, c'est leur
responsabilité et elles doivent décerner un permis de commerce,
de débit d'alcool en vertu des règlements de zonage, de la Loi
des cités et villes, etc.
Alors, là, vous avez deux organismes, un provincial et un
municipal, qui vont juger de l'implantation d'un commerce en fonction d'une
notion de respect du voisinage, etc. Pour ma part, j'ai l'impression qu'on va
avoir des conflits inutiles. Dans le fond, pourquoi ne pas laisser les
municipalités se débrouiller avec ce problème
d'implantation du site et dire simplement, une fois qu'il est
implanté... Ça ne veut pas dire qu'une taverne, même si on
juge que c'est une bonne rue pour la placer, etc.. le diable peut
éclater tous les soirs là-dedans, c'est ça. Une fois que
c'est l'exploitation, dans le chapitre qui traite du contrôle de
l'exploitation, on pourrait intervenir avec le concept de la
tranquillité publique et dire: C'est une question de modalité
d'exploitation, et ne pas toucher au problème de zonage, parce que si
vous vous en souvenez, dans le rapport Bossé, il y a une recommandation
qui dit: Les permis d'alcool ne devraient pas être utilisés pour
assurer l'application des règlements municipaux.
Là, j'ai l'impression qu'on ne favorise pas l'application des
règlements municipaux, on entre en conflit possiblement avec eux.
Mme LeBlanc-Bantey: J'aimerais ouvrir une parenthèse, M.
le Président, et dire que les règlements de zonage, ça
n'existe pas dans toutes les municipalités.
M. Forget: Non, mais...
Mme LeBlanc-Bantey: Jusqu'à maintenant.
M. Forget: C'est vrai, mais, écoutez, dans le fond, elles
ont le pouvoir...
Mme LeBlanc-Bantey: J'ai vécu le cas chez nous. On a une
municipalité qui a un règlement de zonage.
M. Forget: C'est vrai. Non, mais elles ont le pouvoir. C'est
presque une tutelle de dire: Si elles ne le font pas, on va le faire. Je parle
suivant l'optique actuelle, même sur le plan fiscal, de leur donner leurs
responsabilités et de respecter leurs choix sur le plan local. Il me
semble que ce serait mieux de dire: On n'en a pas, mais ce serait
peut-être une bonne raison pour en avoir un justement. Vous savez,
après tout...
Mme LeBlanc-Bantey: L'incitation ne sera pas assez forte pour les
pousser à en avoir un si elles ne veulent pas s'en donner.
M. Forget: Oui, mais en général j'aime mieux faire
confiance à la démocratie locale pour régler des
problèmes, dans le fond, d'implantation de commerces locaux, il me
semble.
Mme LeBlanc-Bantey: Logiquement, oui.
M. Godin: Une des raisons pour lesquelles on inscrit la notion de
tranquillité publique, qui sera d'ailleurs en partie
précisée par règlement, nous allons donner des
détails éventuellement sur ce que nous entendons par ça,
est que cela s'articule avec un article précédent où,
d'ailleurs, vous avez apporté un amendement qui a été
agréé, je pense, sur la justification des motifs.
M. Forget: Oui.
M. Godin: Autrement dit, la régie doit se donner un
certain nombre de critères à l'appui de ses décisions,
d'une part...
M. Forget: Oui.
M. Godin: Et là, on en a un critère. Je suis
d'accord avec vous que ce n'est pas encore très bien
précisé, nous sommes dans du droit nouveau, n'est-ce pas, M.
Jacoby? La tranquillité publique...
Mme LeBlanc-Bantey: II y a peut-être moyen de
spécifier "en accord avec le règlement de zonage de la
municipalité celles qui en ont?"
M. Godin: D'une certaine manière, M. le
député... À moins que... Je ne veux pas interrompre une
conversation...
Mme LeBlanc-Bantey: Je m'excuse. M. Godin: Non,
allez-y!
Mme LeBlanc-Bantey: Je disais simplement je n'ai pas la
formulation juridique, mais pour répondre au besoin
qu'éprouve le député de Saint-Laurent de préciser
ou en tout cas de ne pas empiéter sur le droit municipal et les pouvoirs
municipaux, il serait peut-être possible de spécifier que, dans le
cas où il y a des municipalités qui ont des règlements de
zonage, la régie, en consultation avec la municipalité...
M. Godin: Justement, vous avez lu dans mon esprit et dans celui
de Me Jacoby. Effectivement, la réglementation pourra dire que les
critères relatifs à la tranquillité publique que nous
utiliserons seront ceux des municipalités, là où il y en
a. Voyez-vous? C'est là où il n'y en aurait pas que nous voulons
créer un peu cette notion en ce qui concerne l'arsenal de la
régie. Remarquez que ce à quoi on pense, ce sont les voies
d'accès, les aires de stationnement disponibles et des zones de silence
autour d'institutions d'enseignement, des services sociaux et près des
centres hospitaliers.
M. Forget: C'est très raisonnable, ce que vous dites, je
ne peux pas dire qu'il ne faille pas prévoir ces choses-là, je ne
suis pas contre l'idée de la tranquillité publique...
M. Godin: Non, vous n'êtes pas contre l'idée de la
tranquillité publique, surtout vous connaissant...
M. Forget:... sur toutes ces histoires-là, je suis bien
d'accord qu'il ne faut pas que ça gêne la tranquillité
publique...
M. Godin: Mais il ne faudrait pas qu'il y en ait dans la cour
chez vous.
M. Forget: Mais je me dis: Est-ce à nous à
Québec de faire ça? Il y a des lois pour ça, il y a des
gens qui se font élire pour ça, bon Dieu, prévoir des
aires de stationnement dans une loi sur les permis d'alcool...
M. Godin: La loi ne prévoit pas les aires, mais...
M. Forget: Je ne veux pas ridiculiser ce que vous dites, au
contraire, je suis complètement d'accord, mais tout ça...
M. Godin: Je dis que la réflexion...
M. Forget: ... il me semble que ce n'est pas notre rôle de
législateurs sur les permis d'alcool. Les municipalités sont
là pour ça. Ils doivent obtenir un permis de place d'affaires,
ils paient une taxe d'affaires. La municipalité va dire: Écoutez,
vous n'avez pas de stationnement, ça va créer un embouteillage
permanent, vous n'avez pas le droit... Cela ne viendra pas à la
régie. Le propriétaire ou le tenancier va être
obligé de se trouver un autre site et, quand il l'aura trouvé et
que la municipalité sera satisfaite, il viendra chercher son permis.
Encore une fois je pense que vous avez un argument très fort quand vous
dites qu'il faut contrôler l'exploitation, mais on n'est pas rendu
à l'exploitation, on est rendu juste au moment antérieur à
l'exploitation. Dans le fond, on ne sait pas comment le bonhomme va se
comporter.
M. Godin: On revient au débat qui se poursuit dans les
coulisses.
M. Forget: Oui, c'est ça.
M. Godin: Mais je pense que tranquillité publique inclut
aussi le risque de rixe et non pas le "rixe" de rixe, comme on disait dans
certaines régions du Québec. C'est parce que si, effectivement,
il y avait tous les soirs des rixes à la porte d'un
établissement, nous tombons carrément sur la notion de
tranquillité publique et ça ne relèverait pas
nécessairement de la municipalité, mais la régie pourrait
révoquer le permis. Voyez-vous?
M. Forget: Mais en vertu d'un autre article.
M. Godin: C'est-à-dire quand on aura raffiné la
notion "explication et attribution"...
M. Forget: Peut-être. Là, c'est refuser de
délivrer... C'est un premier permis. Il y a une section sur les
révocations...
M. Godin: Effectivement, il n'y a pas de risque de rixe au stade
où nous en serions. D'accord.
M. Forget: Dans l'article 86, je pense, on donne objectivement
des critères d'annulation et la tranquillité publique, ce serait
parfait, là. Mais quand on attribue, ça peut n'être que
dans le sens des règlements de zonage à mon avis. (16 h 30)
Mme LeBlanc-Bantey: D'autre part, avec une municipalité
où il n'y a pas de règlement de zonage et, s'il n'y a pas de
règlement de zonage dans beaucoup de municipalités, c'est parce
que c'est très difficile, justement, pour les élus municipaux,
surtout en région rurale, de ne pas céder aux pressions du
milieu, alors, dans ces cas-là, cela soumet les élus municipaux
à des pressions qui, éventuellement, pourraient être des
pressions très fortes pour, justement, construire des
établissements alcooliques dans des régions tranquilles.
M. Forget: À la limite, je serais prêt à
admettre cela, mais il me semble qu'à ce moment-là, il faudrait
dire que, dans les cas où il y a des règlements de zonage, ce
sont les règlements de zonage et l'autorité de la
municipalité qui prévalent. Je pense qu'il vaut beaucoup mieux,
même si on raisonne en termes assez égoïstes de
législateurs provinciaux, ne pas prendre plus de responsabilité
qu'on est vraiment obligés d'en prendre, après tout, parce que
toutes ces décisions sont délicates; elles peuvent faire des
mécontents. Dans le fond, si, localement, les gens veulent se
débrouiller avec cela et assumer leurs responsabilités, on n'a
pas besoin de courir au-devant des coups.
Mme LeBlanc-Bantey: Je suis parfaitement d'accord et, dans la
mesure où on spécifie que, dans le cas où il y a des
règlements de zonage, on est obligé finalement d'y recourir,
éventuellement, on peut laisser supposer qu'à moyen terme, la
régie n'aurait plus à s'occuper d'ailleurs de ce
critère.
M. Boucher: Et dans les cas où il y a des
règlements de zonage et des règlements de construction, parce
que, quand on parle d'aires de stationnement, c'est prévu dans les
règlements de construction. Un édifice commercial de tant de
pieds carrés doit avoir tant de stationnements par...
M. Forget: Imaginez une situation où, en vertu d'un permis
municipal de construction, quelqu'un construit une taverne, une brasserie et
prévoit tant de places de stationnement et son permis est en ordre avec
la municipalité. Il se dit: On s'en va chercher notre permis à la
régie et la régie dit: Écoutez, notre règlement
vient de changer et vous n'aurez pas assez de places de stationnement.
Mme LeBlanc-Bantey: Cela peut aussi être le cas d'une
municipalité qui donne un permis de construction de bar et qui, à
un moment donné, a changé son règlement alors qu'elle
avait donné un permis de construction six mois auparavant.
M. Forget: C'est cela.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'on suspend l'article
41?
M. Forget: Je pense que ce serait bon qu'on le suspende, si on
veut bien.
M. Boucher: ... la remarque par laquelle on prévoit que
les règlements de zonage et les règlements de construction soient
respectés dans les municipalités, s'il en existe.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est comme les tavernes...
M. Boucher: Où il n'en existe pas, la régie
pourrait intervenir.
M. Godin: La municipalité est saisie de toute demande de
permis et elle peut faire opposition, et la régie est sensible à
des oppositions qui seront basées sur des règlements
existants.
Le Président (M. Laplante): L'article 41 est suspendu.
J'appelle l'article 42.
M. Godin: Est-ce que vous aviez quelque chose à dire avant
de le suspendre? Alors, on s'entend pour suspendre l'article 41.
M. Forget: Oui, on s'entend.
Le Président (M. Laplante): Article 42, adopté?
M. Forget: À l'article 42, je poserais des questions.
L'article 44 de la Loi sur la protection de la santé publique, je sais
ce que c'est, ce sont les débiles mentaux. Je pense que c'est cela.
L'article 135 de la Loi sur la protection de la jeunesse, de quoi s'agit-il? Je
m'excuse, j'aurais pu faire ces vérifications, mais je n'ai pas eu le
temps de les faire.
M. Godin: Je sais que vous avez raison.
M. Forget: Oui, 44, ce sont les "freak show".
M. Godin: C'est la santé mentale et physique d'un mineur,
c'est une infraction au sens de la Loi sur la protection de la jeunesse.
M. Forget: Indépendamment des circonstances et du lieu,
même si l'offense n'a rien eu à voir avec l'exploitation d'un
premier permis.
M. Godin: À l'article 42, c'est une discrétion de
la part de la régie.
M. Forget: Peut retirer.
M. Godin: Ce n'est pas une obligation. Elle va pouvoir
apprécier les circonstances. Chaque cas a son espèce.
M. Forget: Je vois. Et l'article 33 de la Loi sur les jeunes
délinquants, corruption de jeunes, etc. D'accord, cela va bien. Article
42, adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 43?
M. Forget: À 43, M. le Président, on a fait
allusion à cela tantôt dans les permis de clubs. On dit qu'il faut
qu'il y ait au moins 100 personnes. On ne dit pas que les membres doivent avoir
été membres depuis un certain temps. Il y a un pouvoir
réglementaire là-dessus? Un délai d'attente de 48 heures,
une semaine.
M. Godin: On va introduire les modifications au niveau des
pouvoirs réglementaires pour cerner toute cette
réalité.
M. Forget: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Article 43, adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 44? M. Forget:
Attendez, M. le Président. Oui. Le Président (M.
Laplante): Adopté.
M. Godin: À l'article 44, je veux apporter la
réflexion du député de Rouyn-Noranda, à sa demande
d'ailleurs...
M. Forget: Pardon?
M. Godin: À la demande du député de
Rouyn-Noranda, je voudrais que la limite de 5 soit haussée à 7 ou
8. Malheureusement, il n'est pas ici pour la défendre
lui-même.
Mme LeBlanc-Bantey: Pourquoi?
M. Godin: Ce n'est pas le cas dans les grands centres, mais dans
certaines régions éloignées comme Rouyn-Noranda ou
l'Abitibi en général, en l'absence de grandes chaînes, il y
a de petites chaînes dont nous freinons l'essor. Remarquez qu'on ouvre la
porte à des modifications à chaque année, si la
chaîne en question décide de passer à 9 l'an prochain, je
vois bien le député de Rouyn-Noranda revenir à la
charge.
Il n'avait qu'à être là. La demande est
transmise.
Mme LeBlanc-Bantey: Ici, ça permet 5 magasins ou plus.
M. Godin: Ou plus, il voudrait qu'on monte à 8.
Mme LeBlanc-Bantey: Au plus.
M. Godin: II voudrait qu'on étende à 8 au plus.
Mme LeBlanc-Bantey: D'accord.
M. Godin: De manière à ne pas freiner l'essor, mais
là...
M. Forget: Est-ce qu'il y a une chaîne dans ce
cas-là ou si ça vise plus d'un établissement?
M. Godin: J'avoue que je n'en sais rien. Je sais que le
député de Rouyn-Noranda avait à l'esprit une chaîne
en particulier.
M. Boucher: C'est "ou plus" dans le texte de loi.
M. Godin: Au plus.
M. Boucher: Ou plus, si je lis bien.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est "ou plus".
M. Godin: "Ne peut délivrer de permis s'il y a 5 ou plus",
donc, c'est 4.
M. Boucher: Quand il en demande 9, c'est correct?
M. Godin: Non.
M. Boucher: Quand il y en a 9.
M. Godin: Non, il n'y a pas de permis s'il y a 5...
M. Forget: Steinberg ou Dominion, par exemple, n'ont pas de
permis de bière.
M. Godin: La régie ne peut délivrer s'il y a cinq
ou plus.
M. Boucher: Ou plus, d'accord.
M. Godin: Donc, c'est 4 le maximum.
M. Forget: Un petit commerce familial, avec deux succursales,
peut en avoir un.
M. Boucher: Ce n'est pas, au plus. M. Godin: Un maximum de
4.
Le Président (M. Laplante): ... qu'ils veulent l'avoir,
eux autres.
M. Forget: II y a des changements là-dessus, M. l'adjoint
au ministre, je n'ai pas fait de consultation et j'ai noté moi aussi
cette demande du député de Rouyn-Noranda. Je pense qu'il serait
imprudent de le faire à moins de consulter, parce qu'on ne sait pas
où on s'en va. Il y a une espèce de statu quo établi,
protection du petit commerce, etc.
Mme LeBlanc-Bantey: Je pense qu'il y a une loi pour...
M. Godin: La même chose.
M. Forget: La même chose, il n'y a pas de changement
là-dessus.
Mme LeBlanc-Bantey: II n'y a pas eu de protestation
générale.
M. Godin: Non.
M. Forget: Le rapport Bossé ne suggère pas de
modification non plus. Pour faire plaisir peut-être à un
commerçant en Abitibi, dont je peux reconnaître le
bien-fondé et, si on éclaire et qu'on consulte, il n'y a pas
d'objection, je serais bien disposé à reconsidérer, mais
je pense qu'on n'en a pas suffisamment pour...
M. Godin: Je m'étais engagé à le mentionner
au journal des Débats, c'est fait, je suis couvert quant à ma
parole.
Le Président (M. Laplante): Article 44. Adopté.
Article 45.
M. Forget: C'est dans le cas des transferts, c'est pour faciliter
les transferts quand l'acheteur putatif, le nouveau détenteur putatif
veut tester d'avance la température de l'eau avant de faire le "closing"
sur son achat.
M. Godin: Oui, c'est ça. C'est parce que dans le
passé, il y a eu des cas où une personne faisait des
investissements, dans certains cas, même assez massifs et attendait six
mois avant d'avoir ledit permis, ce qui lui imposait des charges de taux
d'intérêt surtout à 15% ou 16%, qui les ont mis en
faillite.
M. Forget: Avant d'acheter, ils vont pouvoir obtenir le permis,
une promesse d'émission de permis, en quelque sorte.
M. Godin: Cet article vise à assurer une personne qui veut
faire un investissement que les chances sont relativement bonnes qu'elle
l'obtienne.
Le Président (M. Laplante): Article 45. Adopté.
Article 46.
M. Forget: Ici, on a la référence à la Loi
de tempérance qui demeure. C'est une loi qui permet, par
référendum municipal, de prohiber l'émission de permis ou
d'en limiter le nombre. Cela existe dans la ville de Verdun en particulier, qui
est une ville sèche. Cela demeure dans les statuts.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'article 46 est
adopté?
Mme LeBlanc-Bantey: Est-ce qu'on peut savoir pourquoi le
ministère de la Justice a senti le besoin de maintenir...
M. Forget: II n'a pas ressenti le besoin de le modifier.
M. Godin: C'est dans le droit nouveau de la
souveraineté-association.
M. Forget: À part cette référence, quelles
que soient les prohibitions ou les restrictions d'un règlement
municipal, il semble pouvoir être possible d'émettre des permis.
Qu'est-ce qu'on vise par cela? Quel genre de règlement met-on de
côté? Il ne faut pas oublier que cet article sera là quand
on rediscutera éventuellement de l'article 41 qu'on a mis de
côté. Dans le fond, même un règlement de zonage, on
peut le violer en vertu de l'article 46. La régie peut le violer, peut
le mettre de côté.
M. Godin: ... les permis de réunion, entendons-nous. C'est
le cas limitatif... 46.
M. Forget: Ah! les permis de réunion. Qu'est-ce qu'on
vise?
M. Godin: Ce sont les articles 24 et 45 de la loi actuelle. C'est
traditionnel comme...
M. Forget: Je sais, mais, enfin, est-ce qu'il y a des
règlements municipaux qui empêchent de délivrer des permis
de réunion, ou qui pourraient l'empêcher?
M. Godin: En fait, il nous était impossible de faire
l'inventaire de ce qui pouvait exister. Or, pour des raisons simplement de
sécurité, comme on ne le sait pas, on a reproduit les
dispositions de la loi actuelle.
M. Forget: C'est la ceinture et les bretelles.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'article 46 est
adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 47.
M. Forget: À l'article 47, c'est la question des cabarets.
Dans le permis que la régie délivre, il y a justement cette
mention de spectacles, de projections de films, ce qui amène la
modification qu'on a faite à l'article 2. Il est important qu'elle
puisse modifier les conditions d'exploitation. Cela se réfère
à cela. Adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article 47 est
adopté. Article 48.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 49.
M. Forget: C'est un excellent article aussi. M. Godin:
J'ai un renseignement à vous donner relativement à une
demande formulée par le député de Saint-Hyacinthe. On nous
a demandé de préciser sur quel point il y avait litige avec les
commissaires qui ont été consultés. Cela en était
un.
M. Forget: ... en particulier.
M. Godin: Ils étaient contre cette modification. Ils
préfèrent garder un délai...
M. Forget: À la même date et un an seulement,
ou...?
M. Godin: Ils préféraient un an pour des raisons
strictement administratives, parce que c'est informatisé, qu'il faut
refaire le programme et ainsi de suite. Nous avons considéré que,
pour le bien des administrés, c'était préférable de
l'allonger sur deux ans.
Une voix: On a tranché. M. Forget:
Adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article 49 est
adopté. Article 50. Il y a un papillon présenté par
l'adjoint parlementaire.
M. Godin: Est-ce que vous l'avez eu?
Le Président (M. Laplante): Oui, j'ai le papillon.
M. Godin: Est-ce que tout le monde l'a eu?
Le Président (M. Laplante): Oui, tout le monde l'a eu dans
les amendements. C'est l'ajout d'un paragraphe.
M. Forget: Oui, cela va de soi, en effet.
Le Président (M. Laplante): Adopté.
Renouvellement du permis
Article 51. Adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 52.
Mme LeBlanc-Bantey: J'aurais une question à poser
concernant l'article 51. Pourquoi le permis de réunion n'est-il pas
renouvelable? Supposons, par exemple, que les clubs de l'âge d'or, qui
font des danses tous les samedis soirs, décident de demander un permis
de réunion pour chaque samedi soir de l'année.
M. Godin: C'est un privilège. On ne peut pas donner de
privilège annuel. On le donne pour chacune des circonstances.
(16 h 45)
Par voie de règlement, nous pouvons prévoir, avec
l'association à but non lucratif en question, délivrer un permis
qui couvrira un certain nombre d'activités, mais on ne veut pas donner
un permis permanent permettant à n'importe quelle date à un club
de l'âge d'or ou à n'importe quel organisme, de faire autant de
réunions qu'il le voudrait, parce que, s'il n'y a pas de contrôle,
on revient, en fait, au problème de l'harmonie, si vous voulez, qui doit
exister entre chacun des intervenants dans ce secteur.
Mme LeBlanc-Bantey: D'accord. Je comprends qu'il faut qu'il y ait
des restrictions, mais, d'autre part, quand on prend des gens de régions
éloignées, par exemple, qui font des rencontres hebdomadaires et
qu'on leur demande, chaque semaine, de refaire une demande...
M. Godin: Justement, pour résoudre ce problème, les
règlements seront assouplis de manière à prévoir un
certain nombre de réunions d'avance, mais on ne peut pas émettre
un chèque en blanc ou un permis en blanc pour des réunions, parce
qu'on peut se retrouver devant des abus.
Mme LeBlanc-Bantey: Cela répond à ma question, M.
l'adjoint au ministre.
Le Président (M. Laplante): Article 51, adopté.
Article 52.
M. Forget: À l'article 52, M. le Président, comme
les permis viennent à échéance aux deux ans, c'est dire
que les droits exigés pour le renouvellement des permis viendront en
plus gros morceaux tous les deux ans. Est-ce que ce sont des montants
très considérables?
M. Godin: Premièrement, je n'ai pas à
répondre à votre question. Deuxièmement, on peut
étaler maintenant. On pourra étaler le paiement.
M. Forget: On pourrait étaler les paiements.
M. Godin: On va vous donner le montant, mais je vous
réponds dès maintenant qu'il sera possible d'étaler le
versement.
Le Président (M. Laplante): Y a-t-il d'autres questions?
Article 52, adopté.
M. Godin: Je veux préciser tout de suite qu'il est
sûr que, là comme ailleurs, il y a une certaine indexation qui
doit jouer, mais elle sera modérée, très
modérée. Le Conseil du trésor n'a pas l'intention de
profiter de cette nouvelle loi, comme certaines personnes peuvent le craindre,
pour prendre à la gorge, si vous voulez, de petits exploitants, ou des
gros d'ailleurs.
Les droits actuels vont de $50 à $1000. Le bar, dans une piste de
courses, par exemple, le plus élevé, c'est $1000, et, pour
l'épicerie, $50. La moyenne, c'est à peu près $200:
taverne $200, brasserie $200, restaurant $200, bar seulement $200, bar avec
danse $400; bar, danse et spectacle $500, bar dans un
amphithéâtre, $350, bar dans un théâtre $150,
pavillon de chasse et pêche, $100 ce sont les anciennes divisions
qui n'existeront plus, mais je les lis toutes poste de commerce $500,
transporteur public $100, Terre des hommes, $100, club sans réception,
$100, réunion, $15.11, vendeur de cidre $50.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Matapédia.
M. Forget: Excusez-moi, juste une petite question. Est-ce qu'il y
aura malgré tout, avec la simplification pour les réceptions, un
droit qui sera payable par les ateliers à chaque réception?
M. Godin: Non. Un atelier qui affiche, qui se tient dans une des
salles de son établissement, une...
M. Forget: Ce droit va disparaître?
M. Godin: II est peut-être trop tôt pour
répondre, mais, comme il n'y a pas de contrôle de la régie,
je m'étonnerais qu'on ait à le percevoir.
M. Forget: Oui.
M. Godin: Enfin! on va faire des études.
M. Forget: C'est cela, à l'aide du Conseil du
trésor, sûrement.
M. Godin: Logiquement, comme il n'y a plus de demande, il n'y a
plus de contrôle. Vous avez un beau problème sur les bras.
M. Forget: II n'y a plus de support physique ou administratif
pour imposer le droit, puisqu'il n'y a plus de permis.
M. Godin: C'est cela.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Matapédia.
M. Godin: Si nous perdions $1 milliard par année avec
cela, peut-être que...
M. Forget: Oui.
M. Marquis: M. le Président, pour ce qui concerne les
pistes de courses, est-ce qu'il y a une différence entre Blue Bonnets et
une piste de courses de province au point de vue des tarifs? Est-ce qu'il y a
une seule catégorie?
Le Président (M. Laplante): M. l'adjoint, est-ce que vous
avez compris la question?
M. Godin: J'étais...
Mme LeBlanc-Bantey: Ce ne sont pas les pistes de courses qui
demandent de participer au budget hors normes.
M. Godin: Oui, M. le député de
Matapédia.
M. Marquis: J'ai demandé s'il y avait deux tarifs pour les
pistes de courses, s'il y avait une différence...
M. Godin: Effectivement, il y a $1500 et $200, je pense. Il y en
a un de $1000 et un de $200.
Une voix: Quel est le critère?
M. Godin: On va pouvoir s'informer de la différence de
critère qui se reflète dans... Avez-vous des lumières
là-dessus?
Je sais qu'on a des demandes dans ce sens, mais il serait bon de le
savoir.
Alors, on s'informera. C'est noté.
Mme LeBlanc-Bantey: Pensez aux régions
éloignées où il y a moins de clientèle.
Le Président (M. Laplante): D'accord? M. Forget:
D'accord.
Le Président (M. Laplante): Article 52, adopté.
Article 53?
M. Forget: Article 53, d'accord. C'est un très bon article
aussi. Cela donne suite aux recommandations de la commission Bossé, si
je me souviens bien, où on avait dit que la révocation de permis
devait se faire selon des modalités différentes, si
c'était simplement pour le non-paiement des droits plutôt que pour
une atteinte aux bonnes moeurs.
Le Président (M. Laplante): Article 54, adopté?
M. Forget: Oui, adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 55?
M. Forget: Attention, M. le Président. Je voudrais le
relire attentivement. On dit qu'il n'y a de renouvellement de permis que pour
un des motifs prévus à l'article 86. L'article 86 contient
effectivement des raisons pour la révocation et la suspension. Les
raisons qui sont suffisantes pour révoquer un permis sont les seules
raisons qui peuvent être invoquées pour ne pas renouveler. Donc,
il n'y a pas d'arbitraire à ce niveau. La régie ne fait
qu'appliquer l'article 86 dans le renouvellement. Il n'y a pas d'autres raisons
qui peuvent être invoquées.
M. Godin: Cela rejoint, au fond, la préoccupation que vous
posiez avant, celle de l'autonomie plus ou moins grande...
M. Forget: C'est cela, la nature judiciaire du processus.
M. Godin: Voilà. C'est très précis, au
fond.
Le Président (M. Laplante): Article 55, adopté.
Heures et jours d'exploitation
On va à la section IV, conditions attachées à un
permis, heures et jours d'exploitation. Article 56, adopté?
M. Forget: Oui, c'est la définition de "jour
férié", je n'ai pas d'objection. Cela va bien.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 57?
M. Godin: II y a même parfois des 15 novembre qui sont des
jours fériés, pour une raison ou pour une autre, soit à
cause de l'octave...
M. Forget: Oui, pour une raison...
Le Président (M. Laplante): Article 57?
M. Forget: Dans les articles 57 et 58, on a cette fameuse
distinction contre laquelle, de ce côté de la table, nous en
avons. Je fais une modification à l'article 58 pour que les deux
articles se lisent de la même façon. Article 57, adopté,
puisqu'il faut faire cela d'abord.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 58?
Mme LeBlanc-Bantey: II ne faut pas oublier que les hommes passent
au moins les jours fériés avec leur famille! Qu'ils sortent de la
taverne un peu!
M. Forget: Les hommes sont aussi admis dans les brasseries.
Mme LeBlanc-Bantey: Les brasseries sont fermées...
M. Forget: Non, c'est ouvert jusqu'à une heure du matin, y
compris la première heure d'un jour férié.
Mme LeBlanc-Bantey: Parce que, dans les brasseries, ils
amènent leur femme, ce n'est pas grave! Au moins, ils sont deux.
Le Président (M. Laplante): Article 58?
M. Forget: J'ai déjà prédit ce que je dirais
ici. Il devrait, à mon avis, y avoir un article 58 qui se lirait
exactement de la même façon que l'article 57. Malheureusement, je
n'ai pas d'amendement rédigé en bonne et due forme, noir sur
blanc, à ce sujet. Je ne sais pas comment vous me suggérez de
procéder.
Le Président (M. Laplante): Non, faites-la verbalement,
parce qu'elle est minime, la motion. C'est "à une heure le lendemain",
c'est ce que vous voulez ajouter, après le mot huit heures.
M. Forget: C'est cela. Remplacer le mot "minuit" par les mots
"à une heure le lendemain, à l'exception d'un jour
férié," et en ajoutant un deuxième alinéa qui
serait identique au deuxième alinéa de l'article 57.
Le Président (M. Laplante): C'est recevable.
Mme LeBlanc-Bantey: II ne doit pas être un amateur de
taverne.
M. Forget: Non, je n'y vais jamais.
M. Godin: Nous avons un appui massif. Nous pourrons d'ailleurs
déposer des pièces à cet effet de la part de l'Association
des taverniers et des brasseries sur les articles 57 et 58. Ces gens se sont
entendus entre eux pour qu'il y ait cette distinction d'une part.
M. Forget: Cette différenciation du produit. M. Godin:
En gros, ce sera ma réponse.
M. Forget: Mon amendement est rejeté sur division, si je
comprends bien.
Le Président (M. Laplante): Motion rejetée sur
division. J'appelle maintenant l'article 58 tel qu'inscrit.
M. Forget: Adopté sur division.
Le Président (M. Laplante): Adopté sur division.
Article 59.
M. Forget: Ce sont les restaurants et les tavernes, en termes
clairs, qui sont visés ici, qui peuvent être exploités tous
les jours de huit heures à trois heures le lendemain matin.
M. Godin: À l'exception des brasseries et des bars.
Le Président (M. Laplante): À l'exception...
M. Forget: C'est ça, mais ce qu'on vise donc à
l'exception d'un permis de brasserie ou de taverne, ce sont les restaurants et
les bars.
M. Godin: C'est ça.
D'accord, mais parce que vous aviez dit...
M. Forget: ... et les permis de clubs. Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 59 adopté?
M. Forget: Oui.
M. Godin: Cela va?
Le Président (M. Laplante): 60? Adopté?
M. Forget: Ici, M. le Président, je pense qu'il pourrait
être intéressant qu'au moins dans cette catégorie... il y a
un problème de concordance, me semble-t-il. Les établissements en
question, on dit qu'ils pourront servir entre 8 heures et 23 heures, tous les
jours où ils ont le droit d'être ouverts, selon la Loi des heures
d'affaires des établissements commerciaux. Mais, effectivement, ils
peuvent être ouverts en des heures autres que de 8 heures à 23
heures. Je pense qu'ils peuvent être ouverts 24 heures par jour. Il
s'agit des dépanneurs, par exemple.
Pourquoi cette distinction entre les choses qu'ils peuvent vendre de 8
heures à 23 heures et les choses qu'ils peuvent vendre 24 heures par
jour? Est-ce qu'il ne serait pas approprié, tout simplement, de leur
permettre de vendre pendant les heures d'ouverture? Parce que là, on
crée une infraction bien futile. Quel inspecteur va s'asseoir chez un
dépanneur pour voir si on en vend à 23 h 30?
Le Président (M. Laplante): Article 60 suspendu?
M. Godin: On va méditer là-dessus. Non, parce
qu'effectivement...
M. Forget: Ce n'est pas administrable, cette affaire-là,
de toute façon.
Le Président (M. Laplante): Article 61 ?
M. Forget: Cela, c'est un pouvoir d'accord, pas de
problème; adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 62? M. Forget:
Oui, pas de problème.
Le Président (M. Laplante): Article 62, adopté.
Article 63?
M. Forget: 63? non. Il y a un petit problème ici.
Le Président (M. Laplante): À l'article63?
Mme LeBlanc-Bantey: Pour ma part, je me demandais quelle
était l'utilité de cet article en dehors d'un traditionalisme
certainement dépassé, parce que même l'Eglise permet de
manger de la viande le vendredi et il n'y a personne qui s'en porte plus mal.
Je me demandais pourquoi la régie et le ministère avaient senti
le besoin de maintenir l'exclusion du Vendredi saint, d'autant plus qu'on
permet le jour de Noël, le jour de l'An, le dimanche où les gens
vont à la messe, ça n'empêche pas qu'il y a des bars
d'ouverts et ça ne dérange personne.
M. Forget: Le rapport Bossé concluait aussi dans le
même sens relativement à l'élimination, si ma
mémoire est bonne, de l'interdiction de vendre le Vendredi saint.
Mme LeBlanc-Bantey: Quant à moi, je proposerais tout
simplement de supprimer cet article.
M. Forget: Oui, et j'appuierais l'amendement du
député des Îles-de-la-Madeleine.
Mme LeBlanc-Bantey: Merci. M. Godin: Est-ce que...
Le Président (M. Laplante): II y a l'article 63 qu'on veut
supprimer.
M. Godin: Oui.
M. Forget: Quant à moi, j'appuie la motion
d'abrogation.
M. Godin: Voulez-vous consulter votre chef là-dessus?
M. Forget: Non. Allez-vous consulter le vôtre?
Mme LeBlanc-Bantey: II doit ignorer que c'était
déjà fermé le Vendredi saint.
M. Forget: C'est bien possible. Ou si on leur fait une
surprise?
M. Godin: Bon! D'accord. Une seconde. (17 heures)
Mme LeBlanc-Bantey: Unanime. Merci, M. l'adjoint.
Le Président (M. Laplante): Unanimité sur la motion
de biffer l'article 63. Il faudra renuméroter le projet. D'accord?
M. Godin: Une autre suggestion: le deuxième alinéa
de l'article 62 deviendrait 63, si vous le permettez, ce qui
éviterait...
Le Président (M. Laplante): 62 deviendrait 63...
M. Godin: Concrètement, le deuxième paragraphe de
62 devient l'article 63 et on remplace les trois premiers mots du nouvel
article 63 par les mots "l'article 62 ne s'applique pas à une
pièce". Est-ce que cela vous convient, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): Un instant! Dans "exception",
le premier alinéa ne s'applique pas à une pièce ou
à une terrasse...
M. Godin: Non, on remplace les trois mots "le premier
alinéa" par les deux mots "l'article 62" ne s'applique pas...
M. Forget: Vous ne serez peut-être pas au bout de vos
problèmes, par exemple, relativement à la
numérotation.
M. Godin: On sauve les meubles, tant qu'on peut.
Le Président (M. Laplante): Nouvel article
amendé... Article 64.
Mme LeBlanc-Bantey: La question que je me pose... Excusez-moi, M.
le député de Saint-Laurent, je suis bien bavarde aujourd'hui,
n'est-ce pas?
M. Forget: Allez, allez, madame.
Mme LeBlanc-Bantey: Est-ce que cet article-là indique
qu'on ne peut exploiter de permis de boisson durant les heures de votation?
Autrement dit, à minuit la veille, on n'est pas obligé de quitter
les bars et les brasseries parce qu'il y a des élections le
lendemain.
M. Godin: Excusez-moi, j'ai un amendement. Mme LeBlanc-Bantey:
D'accord.
M. Godin: Donnez-moi une seconde pour que... Aviez-vous l'article
64 en main?
Le Président (M. Laplante): On ne l'a pas en main.
M. Forget: 64, il y a un amendement, excusez. Je ne suis pas
sûr de ça.
M. Godin: Je vais vous le lire avant que les photocopies
n'arrivent. "Aucun permis..." Conformément au voeu du
député des Îles-de-la-Madeleine qui encore là a une
intuition, je ne dirais pas délirante, mais frappante... "Aucun permis
ne peut être exploité durant les heures d'ouverture des bureaux de
votation le jour d'une élection générale tenue en vertu de
la Loi électorale (L.R.Q., c.E-3) ni le jour d'un
référendum tenu en vertu de la Loi sur la consultation populaire
(1978, c. 6)."
M. Forget: J'aurais quelque chose de plus radical à
proposer. Encore que ça, c'est...
Mme LeBlanc-Bantey: Vous êtes radical!
M. Forget: Oui, ça m'arrive. Ce serait
l'élimination complète de cet article.
Il y a eu des débats, entre parenthèses, dans une autre
commission parlementaire, celle de la présidence du conseil et de la
constitution, et le sentiment...
M. Godin: Est-ce 92? La réforme électorale? La Loi
électorale?
M. Forget: Oui, projet de loi 9 ou 10, je ne me souviens pas
lequel. On avait dit que de toute façon on n'y tenait pas mais qu'on
allait s'occuper de ça dans l'autre loi, qui est celle que nous
étudions maintenant. Le sentiment que nous avons de notre
côté, c'est que le temps est venu d'abolir cette restriction. On
sait qu'au niveau fédéral, par exemple, c'est aboli aussi. Cela
ne correspond plus beaucoup à nos moeurs. Peut-
être qu'en 1915 les élections se faisaient en achetant de
l'alcool etc., ou en saoulant les gens, mais les partis n'ont plus les moyens
de faire ça et ce n'est plus dans les moeurs.
Cela crée des problèmes d'interprétation qu'on m'a
soulignés. Par exemple, même s'il y a une élection
générale et qu'un candidat est élu par acclamation, c'est
seulement dans son comté, dans un comté, par exemple, que les
bars vont être ouverts parce qu'il n'y a pas d'élection dans ce
comté-là. Alors, dans une ville vous pouvez avoir un bar qui est
fermé d'un côté de la rue parce que c'est dans le
comté où il y a une élection et de l'autre
côté, parce qu'il y a une acclamation, c'est le contraire. Alors,
là où il y a une véritable élection les bars sont
fermés et là où il y a une acclamation, de l'autre
côté de la rue, les bars sont ouverts.
Mme LeBlanc-Bantey: Est-ce que c'est déjà
arrivé, un député élu par acclamation?
M. Forget: Oui, c'est déjà arrivé et je dois
dire que je tiens cette information de l'Association des hôteliers, cela
les a placés, à l'occasion, dans des cas où le
Ritz-Carlton, par exemple, était fermé, parce qu'il était
dans le comté de Saint-Louis, disons, et que les Quatre-Saisons, qui est
à deux coins de rue, était ouvert, parce qu'il n'y avait pas
d'élection. C'est l'exemple qu'on ma cité. Je n'ai pas
vérifié. C'est un problème d'interprétation de la
loi. Il y avait le problème des élections partielles. Là,
c'est strictement à propos des élections
générales.
M. Godin: On ne parle ici que d'une élection
générale. Les élections partielles...
M. Cordeau: Est-ce que c'est ouvert?
M. Godin: Oui, c'est ouvert.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est changé.
M. Cordeau: C'est ouvert. Hier, c'était ouvert,
partout.
M. Godin: Hier, on était dans l'ancienne loi. M.
Forget: Hier, c'était fermé. M. Cordeau: Ah bon!
M. Godin: Cela n'a pas affecté le résultat, je
pense.
M. Forget: Cela n'a pas affecté le résultat. Il n'y
a pas de problème non plus, finalement, personne, aucun parti n'a
souligné de problème avec cela depuis...
Mme LeBlanc-Bantey: II faut remarquer qu'ils ont toujours moins
peur quand ils ont pris un verre.
M. Godin: Sur les partielles, c'est réglé. Je tiens
à le dire au député de Saint-Hyacinthe,
premièrement. Deuxièmement, nous avons quand même
modifié la loi dans le sens que vous indiquez. Avant, c'était la
veille. Avant, c'était à partir de minuit la veille.
Maintenant...
M. Forget: Ce sont les heures elles-mêmes.
M. Godin: Nous sommes étapistes là comme dans
d'autres choses. En ce qui nous concerne, on veut maintenir cet article.
M. Forget: Vous voulez maintenir cela?
M. Godin: Pour la simple raison qu'il y a quatre heures de
délai pour voter et on veut s'assurer que ces quatre heures soient
consacrées à la réflexion avant le vote ou au voyage et
non pas aller mouiller une victoire qui peut-être ne viendra jamais de
toute manière, dans certains cas, alors...
M. Forget: Vous n'êtes pas dans une atmosphère de
célébration, à ce que je vois. Vous pouvez comprendre
qu'on a des sentiments différents dans le moment, mais entre...
M. Godin: Tout dépend des circonstances.
M. Forget: De toute façon, la question de
célébrer ou pas, c'est après les heures de fermeture. Cela
ne gêne rien.
M. Godin: D'accord, il n'y a pas de problème.
M. Forget: Écoutez, on ne fera pas une guerre
là-dessus, mais je ne peux pas dire que je suis d'accord, parce que
j'avais un mandat de ma formation politique de chercher à
éliminer cela. Nous n'en voyons plus l'utilité, mais, enfin, on
va dire: Adopté sur division.
Le Président (M. Laplante): L'article 64 est adopté
sur division. Article 65?
M. Godin: Excusez. Il y a un amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, l'amendement tel que le
papillon...
M. Forget: C'est incorporé automatiquement.
Le Président (M. Laplante): ... est incorporé
automatiquement dans le projet. D'accord? Article 65.
M. Godin: Pour fins de concordance, M. le Président, je
proposerais que nous fassions sauter les mots "et 63" après le mot "59"
pour mettre...
Une voix: L'article et non les articles.
M. Godin: Oui, c'est cela. Merci beaucoup, M. Descartes.
L'article 59, sans "s".
Le Président (M. Laplante): Malgré l'article...
l'article 63 est biffé.
M. Godin: Oui, puisqu'il n'y a plus de 63, les articles
étant réduits à un, on le met au singulier.
M. Forget: Autrement dit, c'est remplacer les mots "les articles
59 et 63" par les mots "l'article 59".
M. Godin: C'est bien cela.
Le Président (M. Laplante): D'accord, tel
qu'amendé. L'article 65 est adopté?
M. Forget: Adopté.
Affichage
Le Président (M. Laplante): Article 66. Il y a un
papillon. Un deuxième alinéa. Article 66. Vous avez un
papillon?
M. Godin: Est-ce qu'on doit le lire? Le Président (M.
Laplante): Allez-y.
M. Godin: Deuxième alinéa. Après les mots
"sur place", à la troisième ligne, nous ajouterions: ", ou de la
bière qu'il vend, s'il détient un permis d'épicerie." Le
reste est la même chose.
Le Président (M. Laplante): D'accord?
M. Forget: Je n'ai pas de forte objection, mais je n'ai jamais
entendu parler de personne qui avait été vraiment dupé par
des épiciers.
M. Godin: Je vais vous dire ce que... On prévoit un
affichage des prix, parce que celle-ci est vendue surtout en caisses
réutilisables, ce qui en empêche l'étiquetage; les caisses
servent quelquefois plusieurs mois et se promènent d'une place à
l'autre et il y aurait une confusion, éventuellement, sur le prix.
M. Forget: Sur le prix.
M. Godin: Surtout, cela rendrait les caisses inutilisables; on
pourrait voir dans certaines épiceries des inscriptions au gros crayon
noir et ce serait tellement dégueulasse que le brasseur devrait les
jeter...
M. Forget: La compagnie devrait jeter ses cartons.
M. Godin: ... en vertu du respect des lois de l'environnement et
de l'économie de l'énergie et des ressources, aussi bien
renouvelables que non renouvelables.
M. Forget: Qu'est-ce qui arrive? Les prix sont affichés,
je ne sais pas jusqu'à quel point...
M. Godin: À la vue.
M. Forget: ... à la vue, non, d'accord, mais je veux dire
que les prix qui sont affichés sont les prix maximaux, en ce sens que,
pour un épicier qui fait un rabais ou qui vend moins que le prix
affiché, il n'y a rien là, il n'y a pas de problème, il
n'enfreint aucune loi.
M. Godin: C'est-à-dire que c'est plutôt le contraire
qui se produit.
Il n'y a pas de prix maximal.
M. Forget: C'est un prix maximal, il ne peut pas exiger plus que
le prix affiché, mais il pourrait exiger moins, s'il veut bien donner un
rabais; il fait une vente et il dit: 10% de moins sur la bière.
M. Godin: II n'y a pas de contrôle des prix. On affiche un
prix maximal...
M. Forget: C'est un prix maximal, il ne peut pas le
dépasser, mais il peut vendre en bas de ça. Dans le fond, au
plus...
M. Godin: II peut consentir...
M. Forget: Écoutez, je me fais le porte-parole
d'interrogations multiples.
M. Godin: Excusez-moi, ce qu'il affiche, c'est son prix à
lui.
M. Forget: C'est ça. Il peut l'afficher n'importe
où, il peut l'afficher en autant d'exemplaires qu'il veut, il peut faire
de la publicité dans les journaux là-dessus, etc.
M. Godin: Voilà, les dimensions qu'il veut... M.
Forget: Mais ça doit au moins apparaître...
M. Godin: Non, excusez-moi. Pouvoir réglementaire, article
114, paragraphe 9.
Le Président (M. Laplante): L'article 66 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Cordeau: La liste des prix, paragraphe 9, vous dites aussi,
contrôler...
M. Godin: Article 114.
M. Cordeau: Tantôt, vous avez fait allusion à
l'article 114, paragraphe 9, et on a aussi parlé de prix et on indiquait
le prix maximal, c'est pour ça que je vous dis que l'article 114,
paragraphe 9...
M. Godin: Là, effectivement, il y a source de confusion
dans ce que je vous ai dit, je me penche vers Me Jacoby.
Ce qu'il affiche, le prix maximal, son prix à lui; au fond, il
doit afficher son prix, point.
Même dans certains établissements, on a des prix qui
varient suivant le moment où on consomme. Il y a des prix de jour et il
y a des prix de soir. S'il le fait, il doit indiquer ses listes de prix, tant
pour le jour que pour le soir.
Il y a des gens qui ont été moyennement surpris de payer
la bière tel prix jusqu'à 18 heures et, à 20 h 30, elle
est rendue $1 de plus et le gars dit: Penses-tu que je suis "paqueté",
tu me charges plus cher ou je ne sais pas quoi. C'est pour éviter ce
genre de situation, M. le Président, "d'ores et navant", comme on
disait; dorénavant, ce sera affiché.
Le Président (M. Laplante): Article 67. Adopté.
Article 68. Adopté?
M. Forget: M. le Président, attendez un peu ici; dans
l'avis en question, on n'a pas besoin de décliner les nom, profession,
âge et adresse de la personne qui fait la réunion, pourvu qu'on
dise réunion privée, entrée interdite ou quelque chose de
ce genre.
M. Godin: ... de telle personne et telle personne.
M. Forget: Ah, il faut dire le nom.
M. Godin: On le donne, par voie de règlement, article 114,
paragraphe 9, page 25. Le règlement permet de déterminer, pour
l'application des articles 66 à 69, la forme et la teneur des avis.
M. Forget: Vous n'avez pas l'intention d'avoir...
M. Godin: Non, de décliner...
M. Forget: ... des choses trop détaillées.
M. Godin: Pas de photo de chacun des invités.
M. Forget: II s'agit d'avertir les gens qui ne sont pas
invités qu'ils n'ont pas d'affaire là.
M. Godin: Remarquez que c'est laxiste comme...
M. Forget: Oui.
M. Godin: ... parce que, vraiment... Mais ça répond
à un besoin, parce que les hôteliers dans le passé
étaient obligés de formuler une demande de permis. (17 h 15)
M. Forget: C'est beaucoup plus simple. Cela sera pour
éviter de mettre des détails personnels du client, à la
vue du public.
M. Godin: La régie n'a pas l'intention de reprendre du
poil de la bête qu'elle perd ailleurs. Donc, cela va être le plus
simplifié possible. Cela va?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 69.
M. Forget: C'est quoi, le paragraphe 7? Je n'ai pas eu le temps
de faire la concordance.
M. Godin: On entre dans la distinction entre les 600 tavernes
préhistoriques, comme le dirait le député des
Îles-de-la-Madeleine, ou archaïques. Je ne sais pas comment les
qualifier maintenant.
M. Forget: C'est la clause interdisant l'entrée des
femmes.
M. Godin: C'est cela.
M. Forget: Pour revenir à ce point de la clause
interdisant l'entrée des femmes dans certains établissements,
quelle est la base légale, pour permettre de faire cela par
règlement? Autrement dit, supposons qu'une militante féministe
décide d'entrer dans une taverne dite réservée aux hommes
et qu'on la poursuit, et qu'elle répond que ce règlement est
ultra vires... Vous ne pouvez pas, dans le règlement, avoir une
prohibition, à mon avis, qui n'est pas autorisée très
explicitement par la loi.
M. Godin: Ce n'est pas par règlement.
Ce n'est pas cela, c'est que l'indication va porter sur les nouvelles
tavernes. En d'autres termes, pour les nouvelles tavernes, il y aura une
indication précisant que les femmes et les hommes sont admis, et non pas
sur les établissements pour lesquels on maintient le statu quo.
M. Forget: Je comprends, mais l'effet est le même. Les
anciennes tavernes impliquent une prohibition d'accès aux femmes. Et
cette prohibition n'apparaît nulle part dans le texte de la loi comme
tel, seulement de façon très implicite dans le permis de taverne
et dans le pouvoir réglementaire. Mais vous ne pouvez pas, par pouvoir
réglementaire... Article 134?
M. Godin: Page 35.
Là-dessus, je vais passer la parole à M. Jacoby.
M. Forget: Je vous assure qu'il faut être bon en droit pour
savoir de quoi on parle là-dedans.
M. Godin: L'article 110.1 procède par
référence au paragraphe 7 de l'article 110, qui, lui, n'est pas
modifié. Le paragraphe 7 de l'article 110 énonce que quiconque
étant muni d'un permis pour vendre de la bière et du cidre
léger dans une taverne, y emploie comme commis un mineur ou une femme
qui n'est pas son épouse, ou y permet un jeu intéressé, ou
pendant que la taverne est ouverte, y permet la présence d'une personne
du sexe féminin autre que son épouse... On ne modifie pas la
prohibition, dans les tavernes actuelles, à l'égard des
femmes.
Et le nouveau paragraphe 1 de 110 dit que finalement, cette prohibition
ne s'applique pas à l'égard du détenteur d'un permis de
taverne qui l'exploite dans un établissement où aucun permis de
taverne n'est exploité le... la date du dépôt. Donc, cela
ne vise que l'avenir.
M. Forget: D'accord. C'est subtil.
M. Godin: Est-ce que vous vous attendiez à autre chose de
nous, M. le député de Saint-Laurent?
M. Forget: Permettez-moi de rester silencieux sur cette
question.
M. Godin: Adopté?
M. Forget: Adopté. Sur division, peut-être. Ce
serait logique avec ce que j'ai dit déjà.
Le Président (M. Laplante): Adopté sur
division.
Dispositions diverses
Article 70, adopté? Ce sont les dispositions diverses.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 71.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 72.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 73.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 74, adopté?
M. Forget: Avant d'adopter l'article 73, avant de quitter
l'article 73, je regarde le dernier alinéa: "Le présent article
n'a pas pour effet d'empêcher l'utilisation, dans une pièce ou sur
une terrasse où est exploité un permis, de la radio, de la
télévision ou d'un appareil permettant de reproduire un son."
Cela veut dire, si je comprends bien, qu'un détenteur de permis peut
faire ces choses-là sans autorisation. Quand on pense à
l'exploitation et à la surveillance de l'exploitation et au
problème de la pollution par le bruit...
M. Godin: La tranquillité publique.
M. Forget: ... la tranquillité publique, est-ce qu'on ne
ferme pas un peu hâtivement la porte à des appareils permettant de
reproduire un son sur une terrasse? Je peux imaginer des cas où cela
devient gênant.
M. Godin: L'article 75 va vous sortir de ce doute,
j'espère.
M. Forget: Oui. Autrement dit, il a le droit de le faire, mais il
ne doit pas le faire de façon à nuire à la
tranquillité publique. S'il le fait de façon à nuire
à la tranquillité publique, l'article 75 est compris comme une
des raisons d'abrogation. D'accord, parfait. Cela va très bien.
Le Président (M. Laplante): Parfait, article 74? Article
75?
M. Cordeau: J'aurais un mot à dire. C'est très bien
cet article 75, parce que, quelquefois, il y en a qui...
M. Forget: Oui.
M. Godin: L'article 74 a-t-il été
adopté?
Le Président (M. Laplante): II a été
adopté. L'article 75 est-il adopté?
M. Godin: Allez-y, M. le député.
M. Cordeau: Surtout l'article 75, s'il peut être bien suivi
et mis en force... Certains débits... Non. À un moment
donné, quelqu'un a un permis pour...
Le Président (M. Laplante): Demeurez-vous à
côté d'une taverne?
M. Cordeau: Non.
M. Godin: Ce sont surtout les terrasses, n'est-ce pas?
M. Cordeau: II y en a qui y demeurent depuis longtemps et ils ne
sont pas...
M. Godin: II y en a même qui tiennent bureau dans des
tavernes, j'en connais.
Le Président (M. Laplante): Article 75, adopté.
Article 76.
M. Forget: L'été, par exemple, il y en a qui
ouvrent les fenêtres.
M. Cordeau: Ah oui!
M. Forget: Le bruit qui règne à l'intérieur,
c'est agréable.
M. Godin: C'est cela, ils pourront se plaindre.
Le Président (M. Laplante): Article 75, adopté?
M. Forget: Non, à l'article 76, il y a des questions
ici.
Le Président (M. Laplante): À l'article 76, il y a
des questions. Il faut y aller.
M. Cordeau: À l'article 76, on a fait mention du mot
"auberge" en deuxième lecture et je crois que j'ai même vu
l'adjoint prendre note de ce terme.
M. Forget: D'autant plus que, selon le service de
l'hôtellerie du ministère du Tourisme, on décourage
maintenant l'utilisation du mot "motel". C'est en train de tomber en
désuétude, mais, les auberges, cela représente un
problème.
M. Godin: D'ailleurs, j'ai entendu l'expression hier, vers 23
heures: On n'est pas sorti de l'auberge. Je ne sais pas à quoi les gens
se référaient.
M. Forget: C'est une figure de style, c'est sûr.
M. Godin: Est-ce qu'on peut le suspendre? Auberge et motel...
M. Forget: Oui. Il y a un autre élément, si vous
permettez. Attendez un peu, il faut que je fasse un lien. Il y a la question de
la distribution dans les chambres.
M. Godin: Oui.
M. Forget: La distribution dans les chambres, c'est
essentiellement une distribution dans un endroit privé.
M. Godin: Oui.
M. Forget: II n'y a pas d'heure pour cela, c'est difficile
d'imaginer des heures.
M. Godin: C'est-à-dire 24 heures sur 24.
M. Forget: Quand c'est un appareil automatique. Quand ce n'est
pas un appareil automatique, là, il y a des heures.
M. Cordeau: Le service aux chambres?
M. Forget: Le service aux chambres. C'est automatique.
M. Godin: Est-ce qu'il y a des heures?
M. Forget: Oui, mais on fait une vérification.
M. Godin: Est-ce que le service aux chambres peut fonctionner 24
heures sur 24? C'est la question du député.
Si je peux prendre la parole, le service aux chambres qu'on fait en
partant du bar, ce n'est pas 24 heures sur 24. Par contre, le seul service
à l'intérieur d'une chambre, c'est le "Bell Captain", je pense,
comme on l'appelle. À ce moment-là, c'est 24 heures sur 24, parce
qu'on ne pourrait pas permettre des heures et éveiller les gens en
pleine nuit pour venir barrer l'appareil, vu que c'est dans la chambre.
M. Forget: Oui.
M. Godin: Cela donne un "lead" commercial à ceux
qui...
M. Forget: Je pense qu'il est assez difficile d'imaginer autre
chose, sauf évidemment la su-pression complète des heures de
fonctionnement...
M. Godin: II y a aussi une question de rentabilité.
M. Forget: Ce qui est permis dans les chambres n'est pas permis
dans le bar de l'hôtel, dans le fond. Cela repose seulement sur la
distinction que l'un est un endroit public et l'autre est un endroit
privé. La distribution d'alcool n'est pas permise à certaines
heures dans une chambre, mais il peut y avoir un "party" qui se continue dans
une chambre, et il n'y a pas d'heure. Cela montre un peu le caractère,
à la limite, invivable et presque impossible des restrictions sur les
heures, pratiquement, avec l'introduction d'histoires comme les
mécanismes de distribution automatique. On finit par passer pratiquement
à côté.
M. Godin: II y a aussi une question de rentabilité pour un
hôtel, au nom des clients qui auraient dépassé telle heure.
C'est pour des raisons de commodité souvent.
M. Forget: Oui.
M. Godin: II n'y a pas de pressions qui ont été
formulées par eux pour qu'on modifie cela.
M. Forget: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Article 76, suspendu. Article
77, adopté?
M. Forget: On va y arriver.
M. Godin: Cela va pour l'article 77?
M. Forget: À l'article 77, l'intention est louable.
Evidemment, il y a des trous là-dedans aussi larges que des portes de
grange. On se rend bien compte qu'on peut passer à côté en
prétendant qu'une personne n'est pas un employé, mais est
à commission, et Dieu sait quoi! Il y a tous les artifices imaginables
là-dedans. Ce peut être un entrepreneur indépendant ou Dieu
sait quoi! Ce qu'on veut éviter, je pense bien... Dans le cas des
spectacles, etc., cela va assez bien, c'est plus clair. Même là,
si c'est une agence qui organise le spectacle en vertu d'un contrat entre
l'agence et le tenancier, les membres de la troupe, danseurs ou danseuses, ne
seront pas des employés de l'établissement. Ils vont pouvoir se
mêler au public. C'est donc une question de changer la formule juridique
pour passer à côté de cet article. Cela ne semble pas
très difficile à faire. Ils n'ont qu'à organiser une
compagnie, une espèce de filiale et de faire engager par la filiale de
spectacles les
danseuses, si c'est le cas qu'on a à l'esprit, et les danseuses
ne seront pas à l'emploi du détenteur, elles vont être
à l'emploi d'une agence de spectacles et cela va continuer comme
avant.
M. Godin: Si c'est un spectacle. La loi dit bien: Toute personne
qui participe à un spectacle. Ce n'est pas la notion du lien
employé-employeur. C'est la notion de...
M. Forget: Oui, il y a les membres du personnel et toute personne
qui participe à un spectacle.
M. Godin: C'est cela. Cela veut dire que même si elle
n'était pas payée, elle tomberait sous le coup.
M. Forget: Même si elle n'est pas payée. Oui, vous
avez raison.
Exploitation temporaire du permis
Le Président (M. Laplante): Article 77, adopté.
Section V. Exploitation temporaire et changement d'endroit. Exploitation
temporaire du permis. J'appelle l'article 78.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 79?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 80?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 81?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 82?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 83?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Il y a un petit
amendement. L'article 41 s'applique avec l'interprétation
nécessaire à cette demande. (17 h 30)
M. Forget: Ah oui! Cela, c'est la question... Dans le fond,
l'article 41 est en suspens sur ce point-là. Il y aura une concordance
à faire ici, si jamais vous faites des changements à l'article
41.
Le Président (M. Laplante): L'article est suspendu?
M. Forget: Ce serait peut-être plus sage. Le
Président (M. Laplante): 83?
M. Godin: À l'article 41, on a une formulation à
vous soumettre, messieurs.
Le Président (M. Laplante): À l'article 41,
d'accord.
M. Godin: Pour fins de concordance, puisqu'on est dans...
Le Président (M. Laplante): Non, on va le terminer tout de
suite, celui-là. On revient à l'article 41.
Une voix: On revient à l'article 41.
M. Godin: Page 11.
Le Président (M. Laplante): Page 11.
M. Godin: "La régie doit refuser de délivrer un
permis si elle juge que:". Le premièrement est modifié dans le
sens suivant: "1. La délivrance du permis est contraire à
l'intérêt public ou nuit à la tranquillité
publique;" ou, deuxièmement... Ce serait le nouvel article 41.
Le Président (M. Laplante): As-tu...
M. Godin: Le manuscrit? Est-ce que vous acceptez une photocopie
du manuscrit?
M. Forget: Oui, ça va...
Le Président (M. Laplante): Non, le manuscrit va
être bon.
M. Forget: ... je n'ai pas besoin de copie. Je l'ai
noté.
Le Président (M. Laplante): ... modifier l'article 41 par
"1. La délivrance du permis est contraire à
l'intérêt public ou nuit à la tranquillité
publique." C'est la nouvelle version du premièrement. D'accord?
M. Forget: Je suis content, quant à la délivrance.
Je pense que ça clarifie cet aspect, plutôt que l'exploitation. Je
préférerais, si c'était possible, qu'on mette "sous
réserve". Evidemment, peut-être que ce n'est pas l'expression
appropriée, "sous réserve", mais qu'on exclue
spécifiquement les cas où des règlements de zonage ou des
autorités municipales ont assumé leurs responsabilités
relativement à la tranquillité publique, c'est-à-dire
qu'on ne juge de la tranquillité publique comme critère de refus
au moment de l'attribution de la délivrance du permis que dans les cas
où les municipalités ne s'en chargent pas. Si on pouvait mettre
ça dans le texte de la loi, pour être bien sûr qu'on
n'empiète pas sur cette responsabilité, même par
inadvertance.
M. Godin: En fait, il est vrai que, dans le rapport Bossé,
on mentionnait que la régie n'est pas là pour voir à
l'application des règlements municipaux. Lorsque cette proposition a
été faite par le groupe de travail Bossé, il était
entendu que, lorsqu'il y aurait des règlements municipaux sur le zonage,
on pourrait, par la voie réglementaire, légiférer par
référence.
Si on le mettait dans la loi comme tel, on restreindrait de beaucoup la
notion de tranquillité publique, parce que la notion de
tranquillité publique, c'est peut-être autre chose. Il peut y
avoir, par exemple, des règlements de zonage, mais il se peut
très bien qu'il y ait des rixes ou des batailles continuellement devant
tel ou tel établissement et, à ce moment-là, on va
restreindre la notion de tranquillité publique. Mais l'idée...
Cela, c'est au niveau de la réglementation que ça va se faire.
C'est de préserver les règlements de zonage là où
il y en a, mais la difficulté, c'est que nous n'avons pas fait
l'inventaire, d'une part. D'autre part, on sait qu'il y a des
municipalités qui n'ont pas de règlement de zonage sur toutes ces
questions.
M. Forget: D'accord. Je suis d'accord avec l'argumentation de ne
pas restreindre la notion de la tranquillité publique, d'en faire
seulement une question de zonage. Mais, à mon avis, il y a peu de
risques de faire ça, parce que, dans l'article qu'on vient d'adopter
tout à l'heure, 75, vous avez instauré le principe de pouvoir
refuser le renouvellement ou retirer un permis quand ça nuit à la
tranquillité publique, dans le sens d'une modalité
d'exploitation, des batailles, du bruit, etc. Cela, c'est
préservé, cette notion de tranquillité publique, comme
modalité d'exploitation.
Maintenant, quand elle apparaît à l'article 41, n'oublions
pas qu'il s'agit de la délivrance et qu'il est impossible de juger a
priori s'il va y avoir des batailles ou quoi, parce qu'il s'agit d'un nouveau
permis. Alors, à ce moment-là, la seule façon dont on peut
appliquer la notion de tranquillité publique, c'est sur le site
physique. On n'a rien d'autre. Mais c'est pour ça que je voudrais, dans
ce contexte, qu'on dise: Quand il y a des règlements de zonage et des
règlements sur la construction, ils ont préséance sur les
règlements de la régie.
Evidemment, s'il n'y en a pas, c'est la régie qui décide.
Je ne pense pas que vous handicapiez la fonction de surveillance, parce que
vous l'avez préservée très clairement à l'article
75. Il est approprié et c'est là qu'on veut l'avoir. Parce qu'on
veut l'avoir une fois que le permis est accordé. Cinq ans après,
dix ans après, c'est toujours pertinent.
M. Godin: II y a un autre élément je me
rappelle les discussions lors de la préparation du rapport du groupe de
travail on se disait aussi que les règlements de zonage peuvent
varier d'une municipalité à l'autre, c'est bien évident.
Il se pourrait aussi que dans certains cas, le règlement de zonage soit
tellement plus restrictif qu'à toutes fins utiles il constituerait une
atteinte à la tranquillité publique. Ce qu'on s'est dit aussi,
c'est que si on le mettait dans la loi, on ne pourrait même pas demander
aux municipalités de faire des règlements de zonage qui seraient
un peu plus appropriés.
M. Forget: Vous le pourrez encore moins là, parce que
selon le raisonnement des municipalités, elles diront: On ne touche plus
à ça.
M. Godin: Non.
M. Forget: Écoutez, il me semble que si j'étais
maire ou échevin je dirais: Vous trouvez que ça fait trop de
bruit, toute la question de l'implantation a été
décidée par Québec. Allez vous plaindre à
Québec, allez voir votre député. Alors que si vous dites
dans la loi: On juge de ça seulement quand la municipalité n'a
pas de règlement de zonage et de construction, là c'est
incitatif, parce que si elles le font, ça devient leur affaire.
Même en étant plus large, il se peut que le niveau de
tolérance sur le bruit, etc., varie d'une communauté à
l'autre. Je pense bien que ce qui serait permis aux Îles-de-la-Madeleine
pourrait ne pas l'être, ou vice versa, dans le centre-ville de
Montréal. Les gens n'ont pas le même niveau de tolérance.
Justement, les règlements de zonage, quant à l'implantation,
etc., si c'était une question d'un cabaret ou d'un bar avec spectacles,
danseuses nues, etc., que voulez-vous. Cela va aller dans certains endroits,
mais ça n'ira pas du tout dans d'autres.
Justement, les règlements de zonage peuvent peut-être, dans
une certaine mesure, parce qu'ils sont locaux, refléter les
préoccupations locales et les moeurs locales, alors qu'un
règlement provincial ne le permet pas.
C'est beaucoup plus incitatif, mais si on dit: On le fait au niveau
provincial par la régie, s'il y a des troubles quelque part, la
réaction du maire le poussera à dire: allez voir le
député, c'est la régie provinciale qui détermine
les questions de tranquillité publique. Pour nous, c'est un commerce
comme un autre, que ce soit Perrette ou une taverne, pour nous, c'est un
commerce. Quant à nous, ça s'arrête là, parce que
vous voyez, dans la loi, il est dit que la tranquillité publique,
relativement à des permis d'alcool, c'est provincial. Alors ça va
finir là.
M. Godin: II y a une question de principe jusqu'à un
certain point, dans la mesure où c'est la régie qui adjuge
lesdits permis et qui doit motiver un refus; elle doit avoir un arsenal de
motifs à donner, et parmi les motifs qu'elle peut donner, certains
relèveront de la tranquillité publique dans une ville où
il y a déjà des règlements, mais qui ne couvriraient pas
de façon satisfaisante, par rapport aux critères de la
régie, la procédure d'audition de témoins contre ou des
gens d'une opposition contre l'émission d'un tel permis, c'est la
régie...
Alors la régie doit avoir des arguments, des motifs à
donner.
M. Forget: II y en a toujours. Ils seraient de deux sortes. Dans
une ville où il y a des rè-
glements qui existent sur le zonage, on dirait: on refuse parce que vous
êtes... Enfin, ils n'auraient même pas besoin de refuser à
ce moment-là, par définition, la ville aurait refusé avant
la régie. Et si la ville a accepté, ce n'est plus un motif
acceptable.
Si la ville n'a pas de règlement de zonage...
M. Godin: ... parce que c'est peut-être ça le
problème.
M. Forget: Je ne voudrais pas...
M. Cordeau: La loi 125 va obliger toutes les municipalités
à avoir des règlements de zonage, des plans d'aménagement
et de zonage aussi tantôt. La loi 125 va amener ça. Je pense que
c'est bon qu'il y ait quelque chose, parce que dans d'autres projets de loi, je
ne me souviens pas lesquels, dernièrement le ministre a fait incorporer
une clause à l'effet que si la ville a des règlements de zonage
c'est plus restrictif que la loi elle-même ce sont les
règlements de la municipalité qui prévalent dans ces
cas.
Lorsqu'il y a des règlements de zonage, habituellement, avant
d'émettre un permis pour de la construction ou de l'aménagement,
il faut que le citoyen s'adresse à la municipalité pour voir si
son débit ou sa place d'affaires est conforme aux règlements de
la municipalité. Cela prend un permis de la municipalité.
M. Godin: Je pense, M. le député de Saint-Laurent,
qu'en principe nous sommes pour une décentralisation. C'est parfaitement
logique, mais le même principe s'appliquerait éventuellement pour
les monuments historiques et il y a des expériences récentes dans
le Vieux-Québec où la régie a été le dernier
recours des citoyens. La municipalité a un règlement de zonage.
La municipalité a des dents à cet égard, mais les citoyens
et je les comprends parfaitement alors qu'ils assistaient
à la transformation d'un quartier historique en un quartier hautement
commercialisé qui meurt après telle heure et où il n'y a
plus de gens qui vivent, parce que l'exploitation d'une taverne ou d'un
restaurant est tellement rentable que les logements au-dessus de ces
choses-là montent à des prix que même un ministre ne
pourrait pas se payer, encore moins un député... Par
conséquent, nous pensons que vu le caractère de certaines villes
au Québec et le glissement vers la commercialisation de certains de ces
quartiers, il est peut-être mieux d'avoir une double ceinture et
bretelles.
M. Forget: Dans le cas des monuments à valeur collective,
tout le monde est affecté, à la limite, c'est-à-dire que
tous les Québécois sont affectés si une partie de notre
patrimoine est détruit, mais, dans le fond, la tranquillité
publique cela n'existe que pour les voisins immédiats. Si quelqu'un fait
beaucoup de bruit dans le comté de Mercier, cela ne me dérange
pas du tout où je vis. Dans le fond, si c'est un règlement
municipal, c'est fait par les gens qui sont concernés et les habitants
de Québec, par rapport à ce qui se passe à
Montréal, diront: S'ils veulent tolérer le bruit, c'est leur
affaire. Mais dans le cas des monuments historiques, les citoyens de
Montréal ne voudraient pas voir démolir tous les monuments
historiques de Québec parce que cela fait partie de leur patrimoine,
cela les gênerait, mais le bruit ne gêne que les voisins.
M. Godin: Sur le principe de décentralisation, si vous
décentralisez sur des questions délicates qui touchent la
qualité de la vie, les citoyens préfèrent avoir une double
garantie plutôt qu'une seule. Aussi bien pour la protection de la
tranquillité du Vieux-Québec, pour ne pas le nommer, du
Vieux-Trois-Rivières ou du Vieux-Montréal, nous estimons
qu'à cause de ces exemples récents où la
municipalité a un règlement de zonage, où la
municipalité, qui a pour objectif premier de voir ses revenus de taxes
augmenter, n'aura pas les mêmes moyens de révoquer le permis ou
d'empêcher l'ouverture d'un nouvel établissement, les citoyens
veulent avoir une garantie qu'il y aura quelque part un père de
famille... Remarquez que...
M. Forget: Je pense qu'on ne s'entendra pas là-dessus. Je
pense qu'on peut le faire en disant: Toutefois la régie n'a pas à
juger de la tranquillité quant à l'implantation d'un
établissement lorsque la municipalité, où sera
situé l'établissement, a édicté des
règlements de zonage et des règlements de construction
relativement à des établissements commerciaux de cette
nature.
M. Cordeau: Est-ce qu'il serait possible de faire un paragraphe
à savoir que la régie peut refuser de délivrer un permis
si le demandeur ne s'est pas conformé au règlement de la
municipalité ou quelque chose comme ça? Il faut que le demandeur
ait obtenu un permis de la municipalité pour la construction,
l'aménagement ou la transformation d'un local en taverne, ainsi de
suite, ou en brasserie, parce qu'il n'y aurait plus de tavernes, avant que la
régie accorde un permis, avant de considérer même la
demande.
M. Forget: Cela a été couvert, si vous permettez,
avant, en ce sens que le rapport Bossé l'a dit, je pense qu'on est
d'accord que la Régie des permis d'alcool ne devrait pas être un
moyen pour faire assurer l'application des règlements municipaux. Parce
que là, on pourrait faire une liste de toutes sortes d'exigences. (17 h
45)
M. Cordeau: C'est parce qu'habituellement, si un type veut faire
une transformation à un édifice, il faut qu'il ait obtenu un
permis.
M. Forget: Oui, mais s'il ne le fait pas, il est soumis à
des amendes, en vertu du Code municipal ou de la Loi des cités et
villes. Il peut même être forcé à la
démolition.
M. Cordeau: Si, dans la loi, il n'est pas spécifié
qu'il faut qu'il obtienne son permis de la
municipalité avant que la régie accorde un permis,
à ce moment-là, il peut dire: la Régie m'a donné
mon permis, il n'y a pas de règlement municipal qui puisse intervenir
dans l'émission des permis, au point de vue de zonage et ainsi de
suite.
M. Forget: C'est de juridiction...
M. Cordeau: Comme je l'ai expliqué tantôt, question
de zonage et des municipalités, ça se rejoint à un moment
donné.
M. Forget: On ne peut pas présumer qu'on abroge les
règlements de zonage dans cette loi.
Le Président (M. Laplante): La députée des
Îles-de-la-Madeleine.
Mme LeBlanc-Bantey : Je dois dire que je suis sympathique
à l'argumentation du député de Saint-Laurent, d'autant
plus que j'ai moi-même suggéré un amendement dans ce sens
tout à l'heure. D'autre part, après réflexion, je
comprends les réticences de la régie, parce que, tant que
l'application des règlements de zonage ne sera pas plus
sévère, il n'y a rien qui empêche une municipalité
de changer ce règlement de zonage au gré des demandes et des
besoins, de céder à des pressions indues du milieu; dans certains
cas, il se manifeste un laxisme absolument effarant. J'ai vu des cas dans une
municipalité aux Îles, entre autres, où le règlement
de zonage, finalement, selon certains citoyens qui s'en sont plaints, est
modifié selon des pressions de certains individus qui décident
d'ouvrir un commerce dans une zone résidentielle. Je ne connais pas les
règlements de la Commission municipale dans ce sens, mais semble-t-il
que c'est très facile.
M. Cordeau: C'est-à-dire que lorsqu'il y a un amendement
à un règlement de zonage dans une municipalité, le
règlement est soumis à l'approbation des citoyens
concernés.
Mme LeBlanc-Bantey: D'accord, mais on n'en est pas rendu au point
où on peut compter sur une participation très dense de la part
des citoyens d'une municipalité aux affaires de la municipalité.
J'espère que la loi sur l'aménagement va changer cette
mentalité de participation des citoyens aux affaires municipales, mais
il y a relativement peu de citoyens qui s'intéressent aux affaires
municipales, ce qui fait que, quand il arrive des changements dans les
règlements de zonage, c'est un état de fait. Il est trop tard
pour faire le référendum.
M. Cordeau: II faudra que la municipalité avertisse
dorénavant les citoyens concernés par le règlement de
zonage, par avis, s'il y a un règlement de zonage et qu'ils veulent
s'opposer, ils n'ont qu'à venir.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est nouveau?
M. Cordeau: Oui.
Mme LeBlanc-Bantey: Parce que ce n'était certainement pas
ce qui existait dans le passé.
M. Cordeau: C'est toujours publié, une modification
à un règlement de zonage, c'est publié dans les journaux
locaux.
Le Président (M. Laplante): Qu'est-ce qu'on fait avec
l'article 41 ? Adopté avec amendement?
M. Godin: Nous sommes "on the line" là-dessus, pour les
raisons que j'ai mentionnées tout à l'heure...
M. Forget: On va l'adopter sur division. Je reconnais qu'il y a
eu une amélioration, mais elle ne va pas aussi loin que je pense qu'il
serait souhaitable. Je pense qu'on a exploré assez abondamment les
raisons qui nous font opiner dans un sens ou dans l'autre.
Le Président (M. Laplante): L'article 41 avec amendement
est adopté sur division. Article 83. Vous ne donnez aucune indication
dans votre papillon. Cela se place-t-il au début de l'article? C'est
quoi, cela?
M. Godin: C'est un deuxième alinéa. Si vous aviez
lu au-dessus de vos lunettes. Article 83, deuxième alinéa.
Le Président (M. Laplante): Oui, mais il n'y a pas
d'amendement là-dedans. On ne dit pas qu'on ajoute, qu'on fait ceci,
qu'on fait cela.
M. Godin: On ajoute. Excusez-moi.
Le Président (M. Laplante): C'est important pour le
journal des Débats et pour le secrétaire de la commission.
M. Godin: Je suis tout à fait d'accord. Je retire mes
allusions perfides.
Le Président (M. Laplante): II s'agit d'ajouter un
deuxième alinéa.
M. Godin: Voilà.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'article 83 sera
adopté tel qu'amendé?
M. Forget: Sur division.
Le Président (M. Laplante): Sur division. J'appelle
l'article 84. Est-il adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Sur division?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté.
Révocation et suspension du permis
Article 85, section VI. Révocation et suspension.
M. Forget: M. le Président, il est 17 h 50. Ce serait un
bon endroit pour stopper. On est en bonne marche.
Le Président (M. Laplante): Pas de problème. Les
travaux sont suspendus jusqu'à 20 heures.
M. Forget: Est-ce que ce serait possible jusqu'à 20 h
15?
Le Président (M. Laplante): Je ne serai pas ici ce soir,
ce sera M. Boucher qui sera président. Est-ce que vous avez l'intention
de finir le projet ce soir?
M. Forget: Je n'ai pas l'intention de ne pas le finir. C'est un
double négatif que je pourrais employer. Je pense que c'est cela qui
serait le plus approprié.
Le Président (M. Laplante): Vous savez que le leader n'a
pas reconvoqué le projet pour mardi. Il s'attendait que ce serait
fini.
M. Forget: Oui. Je dois vous avouer que c'est raisonnablement
clair jusqu'à l'article 117, mais, à partir de l'article 118,
c'est très laborieux et je pense que j'aimerais bénéficier
de plus d'explications. C'est difficile à suivre à certains
moments. Je ne suis pas sûr qu'on puisse terminer en deux heures ce soir,
mais on fera notre possible.
M. Godin: II va sans dire, M. le Président, que nous
tenterons de fournir les explications, telles que demandées lors du
discours du député de Saint-Laurent en Chambre, dans la mesure de
nos moyens qui sont modestes.
Le Président (M. Laplante): Les travaux sont suspendus
jusqu'à 20 h 15.
(Suspension de la séance à 17 h 52)
(Reprise de la séance à 20 h 24)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre,
messieurs!
Article 85. M. l'adjoint parlementaire.
M. Godin: II n'y a rien de spécial en ce qui me
concerne.
Le Président (M. Boucher): L'article 85 est-il
adopté?
M. Forget: Adopté, M. le Président. Le
Président (M. Boucher): Article 86?
M. Godin: Un instant! Je voudrais en profiter pour déposer
d'abord un résumé et ensuite une liasse d'amendements à
venir. Je les dépose. On retire l'amendement déposé
à l'article 90.
Le Président (M. Boucher): À l'article 86.
M. Godin: À l'article 90.
Le Président (M. Boucher): Ah bon!
M. Godin: II reste à faire la photocopie. Vous les aurez
dès que...
Le Président (M. Boucher): L'article 86 est-il
adopté?
M. Godin: Vous veillez à la distribution des amendements,
M. le Président?
Le Président (M. Boucher): C'est la même chose?
M. Godin: Non, on veut des photocopies pour que tout le monde
puisse en prendre connaissance dès maintenant.
M. Forget: Je pense que cela va, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 87?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 88? Il y
a un amendement à l'article 88.
M. Godin: On peut attendre que les copies... Il a
été déposé cet amendement.
Le Président (M. Boucher): Les copies ont
été distribuées, M. l'adjoint parlementaire.
M. Cordeau: Nous l'avons celui-là. M. l'adjoint, nous
l'avons celui-là.
M. Godin: Ah! merci.
C'est d'ajouter "ou suspendre".
Nous ajouterions à la deuxième ligne, entre le mot
"révoquer" et le mot "autorisation", les mots "ou suspendre".
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté, tel
qu'amendé. Article 89?
M. Forget: C'est un article curieux. On permet à la
régie d'agir sur un simple soupçon dans le fond, en l'absence de
condamnation. C'est pres-
que condamner quelqu'un avant qu'il ne soit trouvé coupable, dans
un certain sens, le pénaliser avant qu'il ne soit condamné.
Evidemment, tout ce qu'on lui demande, c'est de respecter la loi et les
règlements. Il reste que cela apparaît à son dossier
public, et toute l'histoire.
M. Godin: Allez-y! M. Forget: Non.
M. Godin: Cela se situe presque sous le parapluie de la
déjudiciarisation. Les poursuites sur les infractions de ce type sont
souvent longues et hasardeuses. Aussi le mécanisme de l'engagement
volontaire peut-il s'avérer plus efficace en pratique. J'ajoute que
l'article 314 de la Loi sur la protection du consommateur prévoit aussi
cette possibilité d'engagement volontaire. Je vous le lis: "Lorsque le
président de l'office croit qu'une personne a enfreint ou enfreint une
loi ou un règlement dont l'office doit surveiller l'application, il peut
accepter de cette personne un engagement volontaire de respecter la loi ou le
règlement en question." En général, ce serait une
infraction très mineure à un règlement, par exemple. C'est
l'intention du législateur si...
M. Forget: Ce ne sont pas des choses mineures, les choses du
paragraphe 9. Ce sont des choses graves, mais pour lesquelles il n'y a pas eu
de condamnation. S'il y a acquittement, cela tombe automatiquement. Je n'ai pas
d'objection. C'est effectivement du droit nouveau.
M. Godin: En fait, c'est pour éviter qu'une entreprise ne
soit fermée pour une chose mineure. C'est pour laisser une sorte de
marge à la discrétion des régisseurs.
M. Cordeau: Une erreur involontaire.
M. Forget: D'accord.
M. Cordeau: Un manquement.
Le Président (M. Boucher): Adopté? À
l'article 90, il y a un amendement?
M. Godin: Cela fait partie des amendements qui... Des articles 90
à 94, on a de nouvelles formulations qui sont dans le premier.
M. Forget: Bon.
Le Président (M. Boucher): On va attendre les
amendements.
M. Forget: Je suis heureux je ne sais pas si c'est le
même problème parce que cela me paraissait très
radical. Il y a une solution de continuité à trouver.
Suspendu.
M. Godin: Jusqu'à l'article 94 inclusivement. (20 h
30)
Le Président (M. Boucher): Alors, les articles 90, 91, 92,
93 et 94 sont suspendus temporairement en attendant les amendements?
M. Godin: Évidemment, si la commission est d'accord.
M. Forget: Oui, certainement.
Procédure et preuve
Le Président (M. Boucher): Chapitre IV, procédure
et preuve, article 95.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 96?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 97?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 98?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 99?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 100?
M. Forget: Qu'est-ce qu'on veut dire par ça? On veut dire
qu'on va forcer des avis dans quel autre cas?
M. Godin: Dans le cas d'une demande qui ne serait pas
visée par l'article 96.
M. Forget: Une demande qui n'est pas une demande pour changer
l'endroit, pour obtenir le permis, pour augmenter le nombre de personnes ou
pour obtenir l'autorisation de présenter un spectacle, de projeter un
film ou de pratiquer la danse dans cet endroit.
M. Godin: Les demandes, disons, qui seraient à 97.
M. Forget: Terre des hommes, mais, relativement aux autres types
de permis...
M. Godin: Un permis de réunion aussi. M. Forget: Un
permis de réunion aussi. M. Godin: Oui, à 97.
M. Forget: Et même la reprise de: raison
d'aliénation de l'établissement?
M. Godin: On me précise que cela existe dans la loi
actuelle.
M. Forget: Que cela a déjà été
utilisé.
M. Godin: Malheureusement pour les mêmes raisons que vous,
comme il n'y a pas de cas de décision, je ne peux répondre
à cette question. Cela existe déjà donc, d'une part.
Deuxièmement, dans des cas d'exceptions, ça peut arriver que ce
soit souhaitable qu'il y ait des avis et des oppositions.
M. Forget: Bon! Bien, écoutez, je peux difficilement
argumenter que ce n'est pas souhaitable, parce que je ne sais même pas de
quoi il s'agit dans le fond. Mais on va dire que si ça n'a jamais
été utilisé, ça ne fait pas de mal à
personne et si c'est utilisé, peut-être que c'est utile.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 101.
M. Forget: C'est une règle de droit naturel, ça va
de soi.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 102.
M. Forget: II me semble qu'il manque un paragraphe à cet
article-là. On ne retrouve nulle part l'obligation de tenir une audience
publique s'il y a opposition. Vous pouvez dire que ça s'infère du
contexte, mais ce n'est pas absolument limpide que ça s'infère du
contexte. On dit que s'il n'y a pas d'opposition, la régie peut
procéder sur simple examen du dossier. S'il y a opposition, par contre,
la loi est muette et ce n'est qu'indirectement qu'on peut dire a contrario
qu'elle ne peut pas procéder par simple examen du dossier, mais
ça ne veut pas dire que toutes les façons de procéder
autres que par simple examen du dossier sont nécessairement des
audiences publiques.
Je pense qu'il manque un chaînon dans la chaîne et il me
semble que s'il y a opposition, étant donné les groupes qui sont
en jeu, il devrait être normal que ce soit une audience publique. Dans
l'ancienne loi, il y avait une disposition beaucoup plus explicite sur la tenue
d'audiences publiques. Cela n'apparaît plus et je me demande s'il n'y a
pas un dernier paragraphe ou un dernier alinéa à l'article 102
qui dit: dans les autres cas, la régie doit tenir des audiences
publiques ou quelque chose du genre.
M. Godin: Remarquez que 101 couvre les audiences publiques. Ce
n'est...
M. Forget: Non, 101 ce ne sont pas des audiences publiques. Elle
dit qu'elle doit entendre les personnes, elle ne dit pas qu'elle doive les
entendre en public.
M. Godin: II y a un recours... de la Charte des droits et
libertés...
M. Forget: Qui se lit de quelle façon?
M. Godin: Les auditions n'ont pas lieu à huis clos. On va
vous donner la formulation exacte. La charte prévoit qu'une personne ou
des personnes puissent se faire entendre.
M. Forget: Oui, mais se faire entendre in camera et se faire
entendre en public, ce sont deux choses.
M. Godin: Voilà, j'ai le document, je vous le lis: Article
23 de la Charte des droits et libertés de la personne. Chapitre 3,
article 23. Toute personne a droit en pleine égalité à une
audition publique et impartiale de sa cause par un tribunal indépendant
et qui ne doit pas préjuger qu'il s'agisse de détermination de
ses droits et obligations ou du bien-fondé de toute accusation
portée contre elle. Le tribunal peut toutefois ordonner le huis clos
dans l'intérêt de la morale et de l'ordre public... Et le reste,
les enfants, les divorces, etc., mais c'est déjà couvert.
M. Forget: Je ne suis pas sûr que cela s'applique à
ça. C'est l'attribution d'un privilège. Ce n'est pas une
accusation et ce n'est pas une adjudication par un tribunal
nécessairement. Une régie n'est pas un tribunal. Ce n'est pas
clair que ce soit un tribunal. C'est l'attribution d'un privilège par
une régie et ce n'est pas absolument clair que ce soit couvert par cet
article. Je ne pense pas qu'on ait encore de jurisprudence
là-dessus.
M. Godin: On est dans du droit relativement nouveau avec la
Charte. On ne peut pas inférer de cela que ça ne couvre pas la
régie.
M. Forget: Je n'infère rien. Tout ce que je dis, c'est que
j'observe qu'il n'y a pas de dispositions sur les séances publiques. Il
y en avait dans l'ancienne loi et on les a enlevées. Dans l'ancienne
loi, il y avait quelque part je pense que c'était même au
début du texte...
M. Godin: Je reviens avec ma Charte.
M. Forget: Vous l'avez à l'article 14 de l'ancienne loi,
la loi C-33. Lorsqu'il y a opposition à la délivrance ou au
transfert d'un permis ou au changement du site de l'établissement dans
lequel un permis est exploité, la commission ne peut prendre une
décision qu'après avoir appelé les parties en audience
publique pour leur permettre de se faire entendre. Donc, il y a l'idée
qu'ils se font entendre, et il y a l'idée qu'ils se font entendre en
public et ce sont deux notions. Ici, on dit: II faut qu'ils se fassent
entendre, à l'article 101, s'il y a
des opposants, sauf que, quand il n'y a pas d'opposition, la
régie peut procéder sur examen du dossier. Mais nulle part on ne
dit qu'il doit se faire entendre en public s'il y a opposition.
M. Godin: Je reviens avec la Charte, l'article 23 que j'ai
cité tout à l'heure, mais à 56, quand on se
réfère à 23, le mot "tribunal" je cite l'article 56
de la Charte inclut un coroner, un commissaire enquêteur sur les
incendies, une commission d'enquête et une personne ou un organisme
exerçant des fonctions quasi judiciaires. Donc, le parapluie de la
Charte nous couvre et ce n'est peut-être pas la peine de...
En plus, on a ajouté, on a consacré, par l'article 101,
l'article 23 de la Charte. On a consacré le droit d'audition dans
l'article 101. D'après les recherches que nous avons effectuées,
les distinctions entre l'expression audience publique qu'on retrouve dans la
loi actuelle de la commission de contrôle et le droit d'audition qu'on
connaît, de par la charte et de ce qu'on connaît dans la plupart
des lois qui créent des organismes et qui exercent des fonctions
judiciaires au Québec, on en a conclu qu'il n'y avait pas de
distinction. C'est pour cette raison qu'on ne parle que du droit de se faire
entendre. On n'emploie plus la notion d'audience publique.
M. Forget: De sorte que si on voulait insister pour se faire
entendre en privé, il faudrait dire explicitement: doit entendre en
chambre ou à huis clos les parties.
M. Godin: Remarquez, je vais attendre que madame... Excusez-moi,
je ne vous ai pas présentée. Anne-Marie Bilodeau, si je me
souviens bien.
M. Forget: Oui, la présentation a été faite
hier.
M. Godin: Je le répète au cas où votre
mémoire aurait fait défaut.
Si vous me permettez d'ajouter sur le droit d'audition qui prend sa
source dans la charte, on parle à l'article 23 d'audition publique et
impartiale. On dit: "Toute personne a droit, en pleine égalité,
à une audition publique et impartiale de sa cause par un tribunal
indépendant et qui ne soit pas préjugé...", etc.
L'expression tribunal comprend un organisme qui exerce des fonctions
judiciaires et même quasi judiciaires. En plus de ça, on a voulu
consacrer ce droit d'audition par l'article 101 dans tous les cas où il
y a opposition. C'est simplement l'article 102 qui fait les exceptions
où on peut procéder sur simple examen du dossier, ce qui facilite
la procédure.
M. Forget: Vous m'avez convaincu. Vous devriez parler plus
souvent.
M. Godin: Puisque vous êtes convaincu, tant mieux. En fait,
si vous y aviez tenu... je peux vous dire que je ne porte pas mes bottines de
scaphandrier sur cette question. Je pense que c'est convaincant, mais...
M. Forget: Oui, ça va.
M. Godin: ... si vous aviez mieux aimé avoir une
définition...
M. Forget: Si vous n'êtes pas convaincu vous-même,
vous êtes libre de l'amender pour être plus précis.
M. Godin: Non, moi, je suis convaincu, remarquez bien, je
l'étais avant.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 103.
M. Forget: Oui.
M. Godin: En fait, ça vise un peu la souplesse par rapport
à la règle de preuve.
M. Forget: Oui, ce n'est pas nécessairement la meilleure
preuve, autrement dit.
D'accord. C'est approprié à un tribunal de
caractère administratif.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 104.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 105.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 106.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 107.
M. Forget: D'accord. M. le Président, je pense que je vais
énoncer une évidence, c'est-à-dire qu'il n'y a pas d'appel
sur le fond, mais il y a des recours en évocation.
M. Godin: En cas d'excès de juridiction.
M. Forget: C'est cela, en cas de violation des règles de
justice naturelle, en procédure, etc. Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 108.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 109.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
Révocation et suspension du permis
(suite)
Avant de passer au chapitre V, on pourrait peut-être revenir aux
articles 90 et suivants, si les membres sont d'accord. Les articles 90 et 93
sont abrogés et l'article 91 est renuméroté 90.
M. Forget: En abrogeant, en éliminant l'article 90 du
projet, à quelle disposition faut-il se référer pour
connaître ce qui arrive quand il y a aliénation?
M. Godin: Je vais demander à un ordinateur vivant.
M. Forget: Vous allez lui donner des complexes.
M. Godin: En fait, on peut se référer au nouvel
article 94 qui est dans l'amendement, si vous consultez la feuille
d'amendement. Je vais vous laisser le temps de le lire.
M. Forget: Autrement dit, il y a saisie seulement quand c'est une
mesure punitive?
M. Godin: C'est cela, ou si c'est un abandon de commerce, par
exemple. Mais si un détenteur...
M. Forget: Mais s'il y a vente, tout simplement, on remet
à la personne qui était détenteur la partie qu'elle a
payée de ses droits et on lui retire le permis. Mais cela ne donne pas
ouverture à la procédure de saisie?
M. Godin: Non, parce que les boissons alcooliques sont
vendues.
M. Forget: Elles sont vendues avec le fonds de commerce.
M. Godin: C'est cela.
M. Forget: Cela répond à toutes mes questions,
parce que je me disais qu'il devait y avoir un moment critique où il
fallait agir bien vite, autrement on perdait tout.
M. Godin: Le reste, c'est un peu de la technique de
renumérotation.
M. Forget: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Alors, on va procéder
article par article. L'article 91 renuméroté 90 sera-t-il
adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Le premier
alinéa de l'article 92 devient l'article 91.
(20 h 45)
M. Forget: Cela va devenir une technique de rédaction. On
va faire des articles à plusieurs alinéas de façon
à pouvoir éviter la renumérotation.
Est-ce que cette mesure de saisie, si je comprends bien, est automatique
dans tous les cas de révocation énumérés à
l'article 86 ou est-ce qu'il y a une discrétion?
M. Godin: Non.
M. Forget: II n'y a aucune discrétion. Quand on met en
branle l'article 86, effectivement, on enclenche le mécanisme de saisie.
C'est une pénalité terrible, n'est-ce pas? C'est une amende de
plusieurs dizaines de milliers de dollars d'un coup sec.
M. Godin: À l'article 86, allez-y donc, M. Sormany.
En fait, l'article 86 prévoit aussi la suspension du permis.
C'est peut-être une nuance qu'il faut apporter. Ce n'est pas uniquement
la révocation. La régie n'est pas tenue, si quelqu'un a commis
une faute, de révoquer le permis. Elle peut le suspendre pour une
période.
M. Forget: Si elle le suspend et qu'il y a des stocks
accumulés, par exemple, si on s'attend à une grève
à la Régie des alcools et qu'on accumule $100 000 de stock et que
le lendemain de l'arrivée du stock, le permis est suspendu, est-ce
qu'à ce moment-là, le détenteur du permis qui se dit:
Finalement, cette affaire-là, cela va traîner longtemps. Mon
permis est suspendu pour un an. Peut-il vendre son stock à un autre
détenteur de permis ou le retourner à la Société
des alcools?
M. Godin: Lorsqu'il y a suspension, il y a mise sous
scellé, en pratique.
M. Forget: II ne peut plus y toucher.
M. Godin: II ne peut plus y toucher. Des suspensions, en
général, ce ne sont pas des choses qui durent des mois ou des
années.
M. Forget: Non.
M. Godin: Surtout dans l'ancienne loi, à venir
jusqu'à maintenant, les permis étaient renouvelables
annuellement.
M. Forget: II reste que, si on enlève le permis à
quelqu'un, on détruit la valeur économique du bien, du commerce.
Le commerce n'existe plus. On détruit donc la valeur économique
du commerce et, en plus de cela, on saisit le stock qui constitue 99% de la
valeur du commerce.
M. Godin: Je voudrais attirer votre attention... M. Forget:
Cela fait une grosse pénalité.
M. Godin:... sur le deuxième alinéa de l'article 92
actuel qui est devenu le nouvel article 92. La société remet une
partie de la valeur.
M. Forget: Ah oui! dans le fond, elle fait les frais de transport
et d'administration et elle remet le produit.
Pourquoi ne procède-t-on pas plus simplement en disant que celui
dont le permis a été révoqué doit retourner... Dans
le fond, c'est une question à ce moment-là, à quelle
condition la Société des alcools reprend-elle son stock? Il doit
payer le transport. Est-ce que ce ne serait pas un peu moins gendarme que de
dire: Vous n'avez plus le droit de le vendre, mais vous pouvez le retourner au
grossiste, parce qu'il y a une double pénalité. Il y a des
amendes qui peuvent être imposées. Il y a des infractions à
la loi qui ont pu être commises. C'est une première
pénalité. On démolit le commerce, dans le sens qu'on
abolit la possibilité de faire commerce pour cet individu. Est-ce qu'on
a besoin d'ajouter à cela une procédure? (20 h 45)
M. Godin: La philosophie qui est un peu sous-jacente à
cela, c'est que la possession de boissons alcooliques est très
réglementée. On ne peut pas en traîner et en boire dans
notre auto. Lorsque quelqu'un a un gros stock de boissons alcooliques comme
cela, s'il n'y a plus de permis, il est dans l'illégalité. C'est
pour cela qu'il faut qu'il y ait une saisie. C'est toute la philosophie.
Lorsque la partie pénale sera refondue, peut-être qu'à ce
moment, il y aura des ajustements qui vont se faire.
Est-ce que c'est sur la saisie que vous en avez ou sur...
M. Forget: Comme on remet le montant, dans le fond, on demande
à la régie, qui est un organisme de contrôle, de faire une
opération qui a les allures d'une opération de reprise de
commerce. La Société des alcools est celle qui est
habilitée. Elle a des camions, etc. De toute façon, on va
rembourser la valeur moins les frais de transport. Dans le fond, c'est
l'équivalent de cela, mais en plus simple. C'est dire: Vous n'avez plus
le droit de vente, mais vous avez quinze jours pour retourner votre produit
à la Société des alcools, qui va vous donner un
crédit, moins le coût de transport, etc. Cela va revenir au
même et cela n'embourbera pas la régie d'une activité qui
est un peu étrangère à sa raison d'être, qui est
d'émettre des permis, d'avoir des inspecteurs, mais pas de transporter
de l'alcool. Dans le fond, ils vont se retourner et ils vont demander à
la Société des alcools d'envoyer ses camions, qui vont
n'être que des intermédiaires en affaire.
M. Godin: II y a aussi un autre problème. M. Forget:
S'il ne le fait pas?
M. Godin: Supposons une entreprise qui se met à mal
fonctionner, il faut qu'on assortisse d'une pénalité le retour du
stock; autrement, la société va se retrouver avec des gars ou
quelqu'un qui veut avoir du "cash" pour un "stock" qu'il a.
M. Forget: Une créance douteuse.
M. Godin: Enfin! Il faut qu'il y ait un coût
supplémentaire sur les droits pour...
M. Forget: Oui, à la limite, cela peut s'expliquer.
M. Godin: En plus d'une dépréciation
éventuelle sur les vins rares et précieux qui pourraient
être dans un "stock". On est moins sévère que la loi
actuelle, de toute façon.
M. Forget: Oui.
M. Godin: Le principe était dans l'ancienne.
M. Forget: Je n'en fais pas un problème.
Adopté.
Le Président (M. Boucher): Le premier paragraphe de
l'article 92 renuméroté article 91, c'est adopté. Le
deuxième paragraphe de l'article 92...
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): ... renuméroté 92
est-il adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 93...
M. Forget: Est abrogé.
Le Président (M. Boucher): ... est abrogé.
M. Forget: Est retiré, parce qu'il n'a jamais
été adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 94
renuméroté 93...
M. Forget: II est adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
M. Forget: Attention! Ce n'est plus l'article 94 qui était
là. Vous en avez un autre en plus de cela, un nouvel article 94.
Le Président (M. Boucher): II y a un nouveau texte
inséré après l'article 94, renuméroté 93,
l'article suivant, l'article 94. On va se rejoindre.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Le nouvel article 94 est
adopté.
M. Godin: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Nous revenons au chapitre
V.
M. Godin: M. le Président, pour fins de concordance des
numéros, est-ce qu'on peut
revenir à l'article 55, s'il vous plaît? À la
dernière page de la liasse déposée... Non, la
deuxième page de la liasse déposée, il faudrait modifier
le deuxième alinéa de l'article 55 en remplaçant les mots
et numéros "91, 92 et 94", par les mots et numéros "90 à
93".
Le Président (M. Boucher): Alors, l'amendement à
l'article 55 enlevant 91, 92 et 94 et les remplaçant par 90 et 93...
M. Godin: À 93.
Le Président (M. Boucher): 90 à 93.
M. Godin: Cela va?
M. Forget: Cela va bien.
Enquête et inspection
Le Président (M. Boucher): On revient au chapitre V,
article 110.
M. Cordeau: M. le Président?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: J'aimerais demander quelques explications concernant
la dernière phrase du deuxième paragraphe, où on dit: Dans
le cas d'un détenteur de permis d'épicerie, ce rapport peut
porter sur tout produit acheté et vendu dans l'épicerie.
Est-ce que ce rapport de tout produit vendu concerne toutes les
boîtes de conserves, ainsi de suite, et quel est le but de cette
obligation ou de ce pouvoir qu'aurait un enquêteur d'aller aussi loin
dans son inquisition?
M. Godin: C'est que les règlements actuels disent qu'il
faut que le détenteur d'un permis d'épicerie ou dépanneur
fasse 51% de ses ventes dans l'alimentation. Donc, ça veut dire qu'une
tabagie, dont 60% ou 51% des ventes seraient purement de tabac et de produits
connexes, ne pourrait pas bénéficier d'un permis. Donc, il faut
que ce soit relié à l'agroalimentaire, si vous voulez...
M. Cordeau: Oui.
M. Godin: ... et 51% d'un chiffre qui n'est pas inférieur
à $2000 environ par semaine. Excusez-moi, l'inventaire ne doit pas
être inférieur à environ $2000...
M. Cordeau: L'inventaire. M. Godin: ... au moment
où le... M. Cordeau: Pas les ventes. M. Godin: Non,
l'inventaire.
M. Cordeau: Mais...
M. Godin: Les ventes, c'est $400 par semaine.
M. Cordeau: ... ce que vous avez mentionné tantôt,
51% des ventes dans l'épicerie...
M. Godin: C'est ça.
M. Cordeau: ... en épicerie...
M. Godin: Non, 51% de l'inventaire. Au moment où
l'inspecteur passe, il a le pouvoir de vérifier s'il y a 51% de
l'inventaire qui comprend de l'alimentation.
M. Cordeau: Ah bon!
M. Godin: Donc, nous voulons vérifier...
M. Cordeau: Cela ne concerne pas les ventes, mais simplement
l'inventaire.
M. Godin: L'inventaire. C'est-à-dire qu'il y a deux sortes
de critères: 1% majorité plus 1% alimentaire, plus les ventes
d'environ $400 par semaine et un inventaire d'environ $2000.
M. Cordeau: Vente de $400 par semaine en épicerie.
M. Godin: Environ. En épicerie.
M. Cordeau: En définitive, cela veut dire que son
inventaire d'épicerie doit être supérieur à
l'inventaire de la bière et des vins à l'intérieur de son
établissement.
M. Forget: Ce pourcentage de 51% a été
établi à une période où c'était seulement de
la bière. Maintenant, il y a la bière et les vins.
M. Godin: Entendons-nous bien, c'est l'inventaire autre que celui
des boissons alcooliques.
M. Forget: Oui, mais par rapport au total composé des
deux.
M. Godin: Oui. Donc, ça peut modifier le rapport.
M. Forget: D'accord, mais supposons qu'il y avait... J'imagine
que le chiffre de 51% a été choisi au hasard...
M. Godin: Non, non, pas au hasard.
M. Forget: Trouvez une petite épicerie qui vendrait de la
bière, qui en a toujours vendu. Son inventaire de bière
représentait 45% de son inventaire d'épicerie. Depuis un an ou un
an et demi, elle a aussi le droit de vendre du vin. Cette épicerie,
alors qu'elle était parfaitement légale, parce qu'elle vend du
vin, ce qui est une décision gouvernementale, tout à coup, elle
ne vend plus assez d'épicerie.
M. Godin: C'est pour ça qu'il y a le mot environ.
M. Forget: Oui, environ, mais c'est ça et ce n'est pas
ça.
M. Marcoux: On l'a déjà. C'est maintenu. M.
Forget: Non, on peut le perdre...
M. Godin: Cela peut être révoqué. Supposons
que quelqu'un décide de se débarrasser de sa section de fruits et
légumes. Ses 51% n'existeraient plus et il pourrait y avoir une
révocation.
M. Marcoux: En pratique, est-ce qu'il y a beaucoup de cas qui se
produisent comme ça ou est-ce qu'il y en a... C'est l'inverse: avec
l'argent qu'on fait avec la bière et le vin, etc., on en profite pour
essayer de fournir davantage de services pour attirer plus de monde aussi.
Les cas de régression en termes de vente d'épicerie
doivent être limités. (21 heures)
M. Forget: II n'est pas question de régression. Les ventes
d'épicerie ont pu se maintenir; c'est la même population, le
même quartier. On vend autant de patates, de carottes et de boîtes
de vermicelle qu'avant, sauf qu'on vendait de la bière jusqu'à ce
moment-là dans une proportion qui était égale, disons,
à 40% de l'inventaire du commerce d'épicerie. La population ne
s'est pas accrue. Il n'y a pas de raison qu'on vende plus de soupe, plus de
tomates, plus de patates, plus de salade et plus de pain qu'on en vendait
avant. Maintenant, une certaine partie de l'alcool... les vins qui se vendaient
à la Société des alcools se vendent maintenant à
cette population par l'intermédiaire de ce distributeur-là. C'est
susceptible pour un certain nombre d'entre eux de rendre la limite plus
contraignante qu'avant.
M. Godin: Oui, d'accord, mais je peux vous annoncer dès
maintenant que nous allons réviser la réglementation en tenant
compte de la présence des vins dans les épiceries. Ce qu'on veut
préserver, c'est que ce soit dans l'alimentation.
M. Forget: Oui, que ce soit de vrais dépanneurs ou de
vraies épiceries, je suis tout à fait d'accord...
M. Godin: Oui, tout à fait d'accord.
M. Forget: Mais s'il fallait réduire le pourcentage
à 30%, étant donné que les vins représentent une
valeur quand même assez élevée, et selon les politiques de
distribution de la société dans les petits villages, le camion de
la Société des alcools ne passe pas nécessairement
là deux fois par semaine, ils sont obligés d'acheter une certaine
quantité et cela peut les faire sauter au-dessus de la limite.
M. Godin: Remarquez qu'il y a une certaine souplesse aussi. En
général, là où cela se passe, d'après ma
pratique dans un bureau de député, ce sont des gens qui veulent
avoir un permis et qui, s'attendant que l'inspecteur passe, rentrent un stock
de boîtes de conserve et de fruits et légumes pour sauver les
apparences; en fait, c'est un vendeur de journaux. J'ai eu un cas sur la rue
Papineau, pour ne pas le nommer, et il a essayé de décrocher un
permis à l'époque de la grève de la SAQ, d'ailleurs; donc,
il ne faut pas non plus permettre à United Cigar Stores de vendre des
vins.
M. Forget: Non, c'est sûr. Il ne faut pas, mais comme il y
a des inspecteurs, il y a une loi et il faut qu'ils la fassent respecter et
cela ne peut pas devenir complètement discrétionnaire. La venue
du vin a pu compliquer les choses, surtout dans des centres
éloignés où, peut-être en raison des habitudes de
distribution de la société, et c'est unilatéral, le petit
épicier n'a qu'à prendre cela ou le laisser; si le camion de la
Société des alcools passe deux fois par mois, il va être
obligé de s'acheter un stock de deux semaines et demie, trois semaines,
et cela peut être un gros montant d'argent.
M. Godin: Entre vous et moi, cela peut...
M. Forget: Si c'est dans des villages touristiques, par exemple,
je pense à des villes, les fins de semaines, ils vendent des
quantités faramineuses de vin et de bière, etc. Malgré
tout, leur clientèle de toute la semaine est minuscule.
M. Marcoux: Je ne sais pas si cela peut répondre à
l'inquiétude du député de Saint-Laurent. À ma
connaissance, je viens de le vérifier pour établir
le montant de 51%, on exclut la bière, les montants qui sont vendus pour
la bière, et la même chose pour le vin. C'est 51% dans une
épicerie. Il y a les cigarettes, les boissons gazeuses, etc. qui se
vendent, les aliments. 51% c'est sur le chiffre d'affaires excluant la
bière et le vin.
M. Forget: Ah! bon.
M. Marcoux: C'est pour cela que je vous disais tantôt, je
me suis mal exprimé, ce n'est pas sur l'inventaire complet, c'est sur le
chiffre d'affaires excluant la bière et le vin. Et le problème
qu'ils rencontrent souvent pour se faire qualifier, c'est qu'il se vend
beaucoup de boissons gazeuses, de cigarettes, etc. et ils n'ont presque pas
d'aliments.
M. Forget: Le problème ne se pose pas. Merci. M.
Marcoux: C'est cela.
M. Godin: En fait, sur le caractère agroalimentaire de
l'endroit.
M. Marcoux: Le député de Mercier a peut-être
moins de visites d'épiciers que nous autres qui ne satisfont pas
à ces normes-là, mais...
M. Godin: Non, ne prenez pas, mon cher collègue...
M. Marcoux: Je sais que vous en avez beaucoup parlé en
discours de deuxième lecture. C'était simplement pour vous
taquiner.
M. Godin: Je suis très bien informé. En taquinerie,
moi-même je vous répondrai que Mercier est un village.
Le Président (M. Boucher): Alors, l'article 110 est
adopté?
M. Forget: Un instant.
M. Godin: Est-ce que cela répond à vos
inquiétudes, M. le député?
M. Forget: Très bien.
M. Marcoux: Cela m'étonne que le député de
Saint-Hyacinthe ne soit pas au courant de ces détails.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 111?
M. Cordeau: Chez nous, ils suivent les lois. Le
Président (M. Boucher): Article 111? M. Forget: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 112?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 113?
M. Forget: Adopté.
Réglementation
Le Président (M. Boucher): Article 114, il y a un
amendement.
M. Godin: Oui, dans le paragraphe 2 de l'article 114,
après le mot "exploitation", il faudrait ajouter "d'un permis de club";
entre exploitation et un permis de réunion, ajouter: "exploitation d'un
permis de club, d'un permis de réunion."
Le Président (M. Boucher): Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. Cordeau: À quel endroit, M. le Président? Je
m'excuse, j'ai...
Le Président (M. Boucher): Article 114.
M. Forget: Deuxième ligne du deuxième alinéa
après le mot "exploitation".
M. Godin: Je tiens à dire que ça fait suite
à votre remarque quant aux invités...
M. Forget: C'est ça, les invités et la durée
de temps pendant laquelle ils doivent être membres avant d'être
considérés comme des membres.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est
adopté?
M. Forget: L'amendement à cet alinéa est
adopté.
M. Godin: Ce qui n'inclut pas que l'alinéa l'est, le
paragraphe 10, je présume. Au paragraphe 10, encore là, c'est une
question de concordance, au lieu de 62, les trois derniers mots, 62 et 76, il
faut remplacer 62 par 63, question de concordance.
M. Forget: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Amendement adopté?
M. Forget: Cet amendement est adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Article 114. M. Cordeau:
M. le Président...
M. Godin: Au paragraphe 10, toujours?
M. Cordeau: À l'article 114, il y a des amendements
aussi.
Le Président (M. Boucher): C'est ça, ils sont
adoptés. M. le député de Saint-Hyacinthe, vous ne suivez
pas.
M. Cordeau: Mon attention a été attirée par
un autre point du projet.
Le Président (M. Boucher): Un autre amendement?
M. Godin: C'est-à-dire que c'est un amendement de pure
concordance toujours. Alinéa 10: "prescrire les normes je vais
relire la nouvelle version auxquelles doivent répondre les
dispositifs visés dans l'article 63 et le deuxième alinéa
de l'article 76." Je répète, alinéa 10: "prescrire les
normes auxquelles doivent répondre les dispositifs visés dans
l'article 63 et le deuxième alinéa de l'article 76."
Le Président (M. Boucher): De l'article 67.
M. Godin: 76.
Le Président (M. Boucher): 76.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est
adopté.
M. Forget: M. le Président, on a là des
questions...
M. Cordeau: J'aurais une observation moi aussi.
Le Président (M. Boucher): Sur l'article 114.
M. Forget: Sur l'article 114, je pourrais peut-être
proposer qu'on adopte chacun des alinéas pour être sûr
où on en est rendu dans la discussion, parce qu'il y a tellement
d'affaires là-dedans. Si on se met à discuter de tout l'article,
ça va être mêlant.
M. Godin: D'accord, pas de problème.
Le Président (M. Boucher): D'accord, alinéa 1.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Alinéa
2.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Alinéa
3.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Alinéa 4.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Alinéa
5.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Alinéa 6.
M. Forget: Alinéa 6, est-ce que vous envisagez, dans la
réglementation à venir, des modifications sensibles aux exigences
actuelles des règlements là-dessus? C'est à
l'étude, ce n'est pas exclu?
M. Godin: Non, ce n'est pas exclu, mais si vous avez des...
M. Forget: Est-ce qu'il y a des principes généraux
qui vous guident dans la révision des règlements ou s'il s'agira
davantage de faire la concordance avec le nouveau texte de la loi?
M. Godin: M. Sormany m'annonce une révision de fond des
règlements.
Mais est-ce qu'on peut connaître la perspective de cette
révision?
On n'a pas voulu faire d'autres erreurs qui ont été faites
ailleurs, se mettre à faire des analyses et des dépenses alors
que la loi n'est même pas encore adoptée.
M. Forget: Cela n'a pas toujours été des erreurs,
au contraire.
M. Godin: II reste que pour la régie, effectivement, l'un
de ses premiers mandats ou de ses premiers rôles sera de rajeunir,
réviser, moderniser, "streamliner" tous ses règlements.
Dans l'esprit même du projet de loi qui est de simplifier,
d'accélérer le service, d'éliminer les tracasseries, de
rajeunir le projet de loi et les règlements qui en découlent.
M. Forget: Je reviendrai à l'article 116. Il y a un
délai de pré-publication avant que ce soit soumis au
lieutenant-gouverneur en conseil. Etant donné qu'il y a des milliers de
commerces qui peuvent être affectés par la révision de ces
règlements, y compris des règlements... Je pense bien que les
questions d'exploitation, cela va encore, mais là, si on change par
exemple les normes d'aménagement physique, les normes de superficie,
d'éclairage, cela implique des frais considérables. Cela peut
être des choses très difficiles à faire dans certains
établissements. Il me semble qu'il devrait y avoir un engagement de la
part du ministre à faire une consultation, même à tenir une
commission parlementaire, sur un projet de règlement de ce genre, ou
à inviter la régie à tenir des audiences publiques sur des
projets de règlement. Ce devrait peut-être être une
obligation dans la loi que la régie tienne des audiences sur les
modifications à ses règlements.
Je reviens à ce que Me Jacoby nous disait par la bouche du
ministre, ou vice versa, hier. Si on veut accréditer la notion de
régulation par la régie, il est bien connu que tous les
organismes qui font de la régulation donnent l'occasion, avant de
publier des règlements et des normes nouvelles, par des audiences
publiques, aux parties intéressées, de s'exprimer.
Il me semble que cela fait peut-être défaut dans ce texte.
Je reconnais qu'il y a un délai de publication. Mais trente jours, c'est
vite passé. Et ce n'est pas tout le monde qui lit la Gazette officielle
tous les jours. Cela peut se faire à un moment donné, au mois de
juillet, alors que personne n'est en session et que les gens sont en
vacances.
Il me semble que c'est un sujet sur lequel le législateur
pourrait astreindre la régie à des audiences publiques, sur des
projets de règlement, avant qu'il ne soit soumis au
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Godin: Remarquez qu'il y aura, de toute façon, des
dispositions transitoires prévues en cas de changement de
règlement, premièrement...
M. Forget: Mais cela peut être changé de temps
à autre, une fois la loi adoptée.
M. Godin: Cela, c'est premièrement. Et
deuxièmement, les 30 jours, vous savez aussi bien que moi que c'est un
peu élastique. L'intention de la régie n'est pas de prendre qui
que ce soit les
culottes à terre, comme on dit, ou par surprise. Mais votre
suggestion est...
M. Forget: Vous pouvez peut-être y réfléchir.
On n'est pas rendu là, mais on pourrait peut-être voir si ce n'est
pas possible.
La Commission des transports, par exemple, ou la Commission nationale de
l'énergie, ou enfin, différentes commissions de
régulation, ont des audiences publiques comme cela et c'est très
utile.
M. Cordeau: M. le Président, je tiens à appuyer les
remarques du député de Saint-Laurent en ce qui regarde la
réglementation. Je crois que les citoyens sont en droit d'en être
informés avant que cette réglementation n'ait force de loi. Si
vous regardez, maintes fois, dans les textes de loi, la réglementation
est plus importante que la loi elle-même. Je pense que le
député de Saint-Laurent a touché un point capital en ce
sens, parce que je crois que les citoyens se doivent d'être
informés et surtout avoir assez de temps pour pouvoir faire
connaître leur opinion, soit en commission parlementaire ou par
dépôt de documents à la régie ou au
ministère, afin que leurs demandes puissent être prises en
considération, surtout que la loi spécifie la loi ou le
règlement. (21 h 15)
Si un citoyen enfreint la loi et le règlement... Vous allez voir
le règlement. On est rendu à 16. Le dernier, à 16, c'est
de prévoir toute autre mesure utile à l'application de la
présente loi. À un moment donné, la réglementation
est presque beaucoup plus importante pour le citoyen que la loi elle-même
au point de vue d'obligation de sa part.
Il y a également des ministères... Le ministère de
l'Environnement publie la réglementation et il a soixante jours. Ici, on
arrive, à un moment donné, à trente jours. Je me demande
si tous les projets de loi passent devant le même bureau de...
M. Godin: Retenons soixante. Nous retenons soixante jours comme
amendement à l'article 116. D'accord?
M. Cordeau: Oui, c'est une amélioration.
M. Godin: Premièrement. C'est noté, monsieur. On
n'est pas encore rendu à l'article 116, mais c'est pour répondre
tout de suite à cela.
Deuxièmement, l'exemple de la Commission des transports est
intéressant pour ce qui nous concerne. Comme il s'agira de
déterminer sur quel règlement elle consulte ou sur quel
règlement elle ne consulte pas, la Commission des transports n'a pas
établi de règle par rapport à l'adoption d'un "red line",
comme on dit aux Etats-Unis ou, à la limite, entre une
réglementation qui exigerait une consultation et celle qui n'en
exigerait pas. La Commission des transports prend sur elle de consulter, quand
elle estime que c'est important, et on pourrait s'inspirer de cela
éventuellement pour les travaux de la régie.
Je ne sais pas si cela vous satisfera de vous entendre dire que le
ministère est ouvert à cela, premièrement.
Deuxièmement, il y a le délai de soixante jours qui sera
apporté à l'article 116.
M. Forget: En tout cas, on peut peut-être revenir à
cela plus spécifiquement. Je voulais le soulever dans le contexte du
paragraphe 6, parce que c'est le premier et peut-être le plus important
qui soulève le problème des intérêts
affectés.
M. Godin: Effectivement.
M. Forget: Les autres, ce sont vraiment des questions de
modalité d'exploitation. C'est peut-être moins crucial à
cet égard.
M. Cordeau: Normalement, est-ce que la régie informe les
détenteurs de permis de la nouvelle réglementation ou des
modifications qui sont apportées à des règlements,
à la réglementation, ou est-ce qu'il faut absolument que les
citoyens lisent la Gazette officielle pour en prendre connaissance, surtout
qu'il va y avoir toute cette nouvelle réglementation qui sera faite,
parce que je pense que...
M. Godin: Je vais demander à Me Jacoby de...
M. Cordeau: C'est pour savoir la politique suivie. Il me semble
qu'il y a 600 détenteurs. Ce n'est pas une charge énorme de les
informer.
M. Godin: II y a 600 tavernes, mais il y a beaucoup plus de
détenteurs de permis que cela.
M. Cordeau: Oui, mais enfin!
M. Godin: Je peux vous donner le chiffre, si vous voulez. On
aura...
M. Cordeau: Je pense bien que les gens
préféreraient payer $10 de plus par année de permis pour
être avisés en temps et lieu du changement à la
réglementation, pour ne pas se faire prendre les culottes
baissées, à un moment donné. C'est l'expression courante,
quand le gars est en défaut, parce qu'il n'a pas lu la Gazette
officielle.
M. Godin: II y a 18 000 établissements. Il y a 28 000
détenteurs de permis.
M. Cordeau: Cela rapporte combien?
M. Godin: Cela rapporte quelques millions, plus de $5
millions.
M. Cordeau: Bon. Si c'est une réglementation qui touche
les clubs, il y a seulement les clubs qui vont recevoir la
réglementation.
M. Godin: Les profits sont de $1 million par année.
M. Cordeau: C'est que les détenteurs d'un permis
spécifique pourraient recevoir les modifications à la
réglementation les concernant, à un
moment donné, quand la nouvelle réglementation va sortir
concernant les détenteurs de permis actuels.
M. Godin: Je ne suis pas sûr que cela doive figurer dans
une loi.
M. Cordeau: Non, mais une politique à suivre. M. Godin:
Oui.
M. Cordeau: Non pas la loi, mais la réglementation
pourrait prévoir qu'à un moment donné, la régie
doit informer.
M. Godin: Nous le notons.
Le Président (M. Boucher): Alinéa 6,
adopté?
M. Forget: L'alinéa 6 est adopté, oui.
Le Président (M. Boucher): Alinéa 7?
M. Forget: Ici, j'aimerais comprendre comment est faite la
concordance entre ces règles-là et les règles relatives
à la sécurité dans les édifices publics. Par
exemple, si on exploite un cinéma, on a une règle de
capacité. Ce ne sont pas les permis d'alcool qui vont déterminer
cela, c'est présumément le ministère du Travail. Je ne
sais pas s'il fait cela.
C'est peut-être quelqu'un d'autre pour ce genre de choses, mais il
y a sûrement quelqu'un au gouvernement qui détermine sur le plan
de la sécurité incendie la capacité maximale des
établissements publics, que ce soient les salles paroissiales pour les
fins de bingo, que ce soit un cinéma ou que ce soit n'importe quoi
d'autre. Est-ce que c'est municipal?
M. Godin: On va vérifier.
M. Forget: C'est un autre exemple.
M. Godin: C'est le Travail. Cela dépend. Dans certains
cas, c'est la municipalité.
M. Forget: Les sorties d'urgence, c'est sûrement le
ministère du Travail; pour la capacité, je ne suis pas sûr;
les sorties d'urgence, les systèmes de gicleurs, etc.
M. Godin: ...
M. Forget: Oui, mais dans le cas où c'est
supérieur, c'est plus exigeant. Par exemple, la ville de Montréal
a des règlements sur la sécurité incendie qui sont plus
exigeants que les règlements provinciaux. Les deux règlements
s'appliquent, mais en pratique, c'est seulement celui de la ville de
Montréal, puisqu'il est plus exigeant. On a une troisième source
de réglementation sur l'installation physique en tant qu'installation
physique. Il n'y a rien de plus compliqué que dans un bar et un
cinéma, c'est obscur dans les deux lieux.
Il faut des lumières rouges pour indiquer les sorties, j'imagine.
Est-ce qu'il n'y aurait pas avantage de s'entendre entre ministères et
de ne pas tous avoir les mains dans les mêmes assiettes en même
temps? On assiste à quelque chose dans ce genre. La Régie des
permis d'alcool qui fait de la réglementation sur ce qui est
sécuritaire et ce qui est prudent, etc.; le ministère du Travail
qui revient par la suite avec un autre inspecteur. C'est cela que les gens
pensent quand on dit: Les maudits gouvernements, vont-ils arrêter
d'achaler le monde avec les réglementations contradictoires? On ne sait
jamais quelle semaine, quel inspecteur va venir avec quel maudit
règlement. On a une occasion de dire au ministère du Travail:
Prenez le "bag" complètement et la sécurité des
édifices publics. Ils ont soi-disant des gens qui sont
entraînés dans la prévention des incendies. C'est un autre
"bagging" complètement que le contrôle des permis d'alcool. Il me
semble que cela n'a pas d'affaire là.
M. Godin: Je dois dire, pour avoir été
coincé entre l'arbre et l'écorce dans un cas semblable, il y
avait trois ministères, une municipalité, qui empêchaient
l'ouverture, pas volontairement, mais dont le chevauchement en actions
combinées...
M. Forget: L'action combinée et non coordonnée.
M. Godin: ... ralentissait considérablement l'ouverture
d'un établissement commercial. Le ministère du Tourisme, division
hôtellerie, voulait savoir s'il se servirait des repas chauds ou non,
parce que c'est un autre genre d'équipements, de ventilation. Cela les
concerne, parce qu'ils savent qu'on expertise quant au genre de poêle et
la quantité d'expulsion d'air chaud ou de fumée ou je ne sais
quoi. C'est eux qui ont cette expertise, c'est eux qui sont allés pour
cela. La ville de Montréal se préoccupait des sorties d'incendie.
Le Travail se préoccupait du nombre de places, pas de l'environnement,
en l'occurrence. En tout cas, il y avait deux ministères et la ville de
Montréal qui se pilaient sur les pieds. La régie n'a pas
été... C'est un prisme, cette question.
M. Forget: Oui, c'est un prisme. C'est bien semblable. Il y
aurait vraiment, avec les superministères que vous avez, une occasion de
faire quelque chose qui rendrait vraiment service au monde, et peut-être
de regrouper cela aux Affaires municipales plutôt qu'au ministère
du Travail. Je n'ai jamais compris ce que cela faisait au ministère du
Travail parce que, dans le fond, cela n'a rien à voir avec les
conditions de travail principalement. Cela vise le public autant que les
employés, et l'évacuation a lieu en cas d'incendie. Si on est
dans un cinéma, qu'il y a trois employés et cinq cents personnes,
je ne sais pas si c'est un problème de travail ou un problème de
public. Cela me paraît qu'en fonction du nombre, c'est plutôt le
public qui est intéressé. Indépendamment de cela, que ce
soit un ministère qui s'occupe de
cela, mais qu'on n'aille pas, au moment où on change cette loi,
encore geler dans le béton avec les fonctionnaires qui vont dire: On a
notre loi et on va se lancer encore plus qu'avant, parce qu'on est sûr,
le législateur ne change pas cela souvent. C'est un manque de
coordination flagrant.
M. Cordeau: Est-ce que cela a été porté
à l'attention du ministère du Travail?
M. Godin: Je tiens à dire qu'il n'y a rien de nouveau
là-dedans. Cela existait déjà avant, premièrement.
Deuxièmement, chaque ministère a son expertise
particulière. On peut souhaiter je le souhaite moi-même
qu'il y ait des corps d'inspecteurs publics, si vous voulez, qui
auraient le "know-how", qui regrouperaient tous les gens qui ont une expertise
relative aux instruments de chauffage pour aliments, etc., hygiène
publique, incendie, capacité pour une superficie donnée, mais,
comme ça n'existe pas encore, je doute même qu'il y ait une
réflexion sur la création de tels corps d'inspecteurs qui
regrouperaient, si vous voulez, tous les inspecteurs existants dans chacun des
ministères et, connaissant la volonté domaniale de chacun des
ministères, je doute que ça se fasse demain, mais je ne suis pas
sûr que l'étude de ce projet de loi soit l'occasion d'ouvrir
cette...
M. Forget: Oui, mais on dit toujours ça. Cela fait 50 ans
qu'on dit ça. Chaque fois qu'on fait une loi, on dit: C'est pour l'an
prochain. Et, si vous faites une autre loi sur un autre sujet, qui va
être des permis pour je ne sais quoi, ce seront les mêmes
établissements, vous aurez encore les inspecteurs pour les
capacités, etc. Quant à moi, ça fait des années que
je vois des gens qui se succèdent au gouvernement et qui disent: Ah!
oui, c'est vrai, c'est un gros problème, mais on ne s'en occupe pas,
nous autres. Cela ne nous intéresse pas.
M. Godin: Non, je n'ai pas dit qu'on...
M. Forget: En pratique, c'est ça que ça veut
dire.
M. Godin: Je ne dis pas qu'il ne faut pas s'en occuper, M. le
député.
M. Forget: Écoutez, en pratique, je sais que c'est ce que
ça veut dire, et il n'y aura pas de solution au problème tant
qu'on raisonnera de cette façon. Ce n'est pas une question de mettre des
inspecteurs de santé et des inspecteurs d'incendie, mais là, vous
avez... À moins que je ne comprenne pas, le paragraphe 7, ce sont des
normes d'incendie, ou je ne comprends rien. Fixer le nombre de personnes qui
peuvent être admises simultanément dans une pièce, c'est en
fonction du fait qu'étant donné les lieux, les sorties, ça
ne peut pas contenir plus de monde, parce que je n'ai jamais vu des gens qui
s'étaient physiquement écrasés à force d'être
trop nombreux dans une pièce, parce qu'à un moment donné,
les gens arrêtent de rentrer quand c'est trop plein...
M. Godin: Entendons-nous...
M. Forget: Ce n'est pas ça, le problème.
M. Godin: Ce n'est pas ça, la limite.
M. Forget: Le problème n'est pas là. Le
problème, c'est de ne pas admettre trop de monde, parce que c'est payant
pour le propriétaire, étant donné qu'il peut avoir des
nécessités d'évacuation rapide. C'est le seul raisonnement
possible et je voulais essayer d'en imaginer un autre.
M. Godin: Oui, mais entendons-nous. La limite, ce n'est
pas...
M. Forget: Donc, les inspecteurs qui font ça pour la
sécurité incendie, les seuls experts qui existent on peut
se poser la question, à savoir s'ils ont vraiment un cours et une
formation, mais ils ont peut-être une certaine expertise ils se
trouvent au ministère du Travail dans le moment. Ils ont un corps
important, et je suis sûr que même si vous mettez ça dans
cette loi, ça change quoi à la juridiction du ministère du
Travail? Ils vont aller dans les tavernes, et ils vont aller dans les
hôtels, et ils vont faire leurs inspections. Ils vont dire:
D'après moi, le bar que vous avez ici ne doit pas avoir plus de 75
personnes, ou alors, ils ne feront pas leur travail complètement.
Là, la Régie des permis d'alcool va arriver et va dire: Non, ce
n'est pas 75, c'est 82.
M. Godin: Non, mais écoutez un peu. Je veux
préciser qu'on ne refera pas le monde ici, d'abord, M. le
député de Saint-Laurent, et que là...
M. Forget: Bien, les législateurs sont là un peu
pour le refaire. Écoutez, il ne faut pas, quand on propose quelque
chose...
M. Godin: Soyons modestes!
M. Forget: On nous dit, d'une part: On fait une grande
réforme. On change la loi. On change les titres. C'est la
réforme, ce sont les changements. C'est le gouvernement qui va innover,
etc. Quand on propose un changement, on dit: Écoutez, on ne refera pas
le monde. Si on ne refait pas le monde, est-ce qu'on s'est trompé? On
devrait faire autre chose.
M. Godin: Non, mais entendons-nous, M. le député de
Saint-Laurent. Oui, M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Sans le refaire, on pourrait l'améliorer.
M. Forget: C'est ça.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rimouski.
M. Marcoux: Je ne sais pas si c'est possible d'arriver à
un consensus aujourd'hui sur ça. Mais, pour ma part, je partage
volontiers la préoccupation du député de Saint-Laurent.
Dans plusieurs autres secteurs... Je vais vous donner un exemple, M. l'adjoint
ministériel, qui va vous convaincre que c'est peut-être utile,
à un moment donné, d'avoir la volonté de changer cette
question.
M. Godin: ...
M. Marcoux: Je prends l'exemple de la
sécurité-santé au travail.
M. Godin: Un autre front commun.
M. Marcoux: Cela fait combien d'années qu'on dit que
ça n'a pas de sens, cette loi, 26 règlements, etc., un service
à l'Environnement, un autre au ministère du Travail, l'autre aux
Affaires sociales, en tout cas, combien de ministères, de groupes
impliqués dans l'application des normes, la surveillance, etc., la
prévention.
Il y a une chose qu'on constate. Je ne sais pas si c'est le pire, mais,
en tout cas, c'est un exemple, là où il y a des permis de
boisson, où il y a une multiplication en ligne des inspecteurs et
souvent, les inspecteurs des mêmes services se contredisent.
J'ai un exemple. Il y a un an et demi, dans mon comté, un
inspecteur était passé pour dire: Vous allez séparer votre
petit restaurant c'est un relais où il y a beaucoup de
camionneurs qui arrêtent en une section avec boisson et l'autre
section ne le sera pas. C'était un restaurant qui servait des repas.
Je ne sais pas pour quelle raison, en tout cas, un autre inspecteur est
venu... Cela a changé de propriétaire, c'est ça. Il y a
quelqu'un qui a vendu et la chose n'était pas faite, mais l'autre est
revenu à la charge. Un autre inspecteur revient et les instructions qui
sont données, ce n'était pas du tout la même chose, il
fallait que ce soit juste une pièce.
Le gars dit: Quant à moi, je n'ai pas d'objection à faire
ce que vous voulez faire, mais il faudrait que vous vous entendiez pour
être sûrs que je n'aie pas à recommencer... (21 h 30)
Vous ne semblez pas avoir abordé cet aspect avant de
présenter le projet de loi. C'est peut-être difficile ce soir de
dire: Oui, je m'engage au nom du ministère à examiner la
possibilité de regrouper, de m'arranger pour qu'il n'y ait pas cinq ou
six services d'inspection différents. Avant de dire que quelqu'un a le
permis ou non et qu'il l'a pour tant de places, etc., il faut qu'il satisfasse
à l'ensemble des normes minimales pour pouvoir exploiter un permis de
bar. Je suis convaincu... Ce qui est fantastique, c'est combien pour de petites
"bineries", souvent, on peut imposer de visites d'inspecteurs, de gens
spécialisés dans les nor- mes. Souvent, ils sont tous
centrés à Québec ou à Montréal... D'obtenir
la visite, c'est déjà tout un record, évidemment, c'est un
exploit. C'est combien de semaines et combien de mois?
Il serait présomptueux pour moi de penser que vous pouvez vous
engager ce soir à changer ça.
M. Godin: Vous lisez dans mon esprit.
M. Marcoux: Oui, c'est probablement la solidarité
ministérielle qui me fait lire dans votre esprit. J'aimerais quand
même noter une certaine volonté politique d'arriver à faire
quelque chose. On parle beaucoup, on fait de grands discours. "Bâtir le
Québec", je l'ai presque tout lu, il me reste quelques chapitres, mais
il y a de belles pages sur la simplification qu'on va apporter à toutes
sortes de services qui vont cesser d'écoeurer les petites et les
moyennes entreprises. On parle tous des petites et des moyennes entreprises.
J'aimerais que vous marquiez votre volonté dans ce sens-là, M.
l'adjoint ministériel. Je suis convaincu, je vous connais, que si vous
marquez votre volonté, vous allez la faire passer à travers le
ministère.
M. Godin: Effectivement, nous rêvons d'un inspecteur qui
soit le Pic de la Mirandole de l'inspection et qui puisse tout
régler...
M. Marcoux: Parlez à vos collègues des autres
ministères aussi.
M. Godin: ... d'un coup. Je tiens à dire, M. le
Président, qu'il y a quand même une expertise particulière
pour ce qui est des permis de taverne et les gens qui sont à la
commission actuellement, parce qu'ils sont déjà là,
remarquez bien... Les gens du Travail en ont une et les gens de
l'hôtellerie en ont une autre. L'idéal serait de regrouper tout ce
monde-là dans un superministère de l'inspection ou je ne sais pas
trop, enfin. On peut imaginer ce qu'on veut...
M. Marcoux: C'est un service, ce n'est pas
nécessairement...
M. Godin: ... premièrement. Mais, deuxièmement, je
pense qu'il faut revenir au fond de la question, les gens savent
déjà où s'adresser. Ils se sont adaptés aux
imperfections du système...
M. Forget: Une vieille loi est une bonne loi, disent les
conservateurs.
M. Godin: Exactement. Il est présomptueux celui qui,
bâtissant dans son cerveau des structures parfaites, croit qu'elles
seront parfaites. La période d'adaptation à un tel nouveau
système, à mon avis, provoquerait autant de revendications des
petites et moyennes entreprises du secteur que le système actuel,
auquel, malgré tout, avec le temps... La réalité a pris la
forme du moule et je me méfie des grandes réformes qui sont plus
organigrammatiques... Non, mais entendons-nous.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Godin: Je ne suis pas mandaté ce soir pour créer
ou pour parler de la création du superministère de
l'inspection...
M. Marcoux: Adopté sur division.
M. Forget: Je vais inciter l'adjoint du ministre à faire
une expérience personnelle. J'aimerais bien qu'il la fasse,
indépendamment de ce qui va se décider ici ce soir.
M. Godin: Je l'ai peut-être déjà faite.
Laquelle?
M. Forget: Allez rencontrer les inspecteurs, peut-être dans
une brasserie ou dans une taverne, selon leur sexe, et faites-les parler de
leurs normes, de ce sur quoi ils se basent pour déterminer la
capacité des établissements. Ils vont pouvoir le décrire
parce qu'ils vont décrire la logique interne des décisions qu'ils
ont rendues dans le passé et probablement qu'ils ont réussi
à rationaliser ça d'une certaine façon. Essayez de savoir
quelles preuves ils ont que ces normes-là sont bonnes, quel avantage
résulte pour qui que ce soit sur la terre d'avoir ces normes-là
plutôt que d'autres. Faites juste l'expérience, je pense que
ça vaut la peine.
M. Godin: Je peux prendre un engagement personnel
là-dessus.
M. Forget: Vous devriez faire l'expérience et je peux vous
prédire que vous allez ressortir de là convaincu que, si on
enlevait le paragraphe 7, personne ne s'en apercevrait jamais, sauf des
inspecteurs, parce que je suis persuadé qu'il est impossible de faire la
preuve que c'est utile à qui que ce soit. Je suis persuadé de
cela. Le grand problème de la discussion que nous avons en ce moment
c'est qu'on met le fardeau de la preuve du mauvais côté. Parce
qu'on a décidé à un moment donné, peut-être
un homme politique qui a vu un feu dans une taverne quelque part en 1914 et qui
a dit: II faut mettre dans la loi qu'on va mettre une capacité maximale,
parce qu'un journaliste ou quelqu'un a dit: S'il y avait eu moins de monde dans
la taverne, cela aurait mieux été ou il y aurait eu moins de
morts. C'est à peu près sûr, c'est une vérité
de La Palice, alors, il s'est dit: Oui, c'est vrai. Il a montré sa
responsabilité envers le public et il a dit: On va mettre dans la loi
qu'il faut maintenant des capacités maximales sans se demander si dans
le fond c'est un problème réel ou pas, et on a cela depuis ce
temps-là. Maintenant, il faut prouver pourquoi on devrait l'enlever
alors que je suis sûr que celui qui l'a mis là n'a jamais
été obligé de prouver pourquoi c'était
nécessaire. La preuve que vous recherchez, avant de l'enlever, vous ne
l'aurez jamais, parce que prouver l'inutilité de quelque chose, c'est
une preuve négative, c'est impossible à faire. C'est impossible
de prouver que c'est inutile. On peut simplement dire: C'est inutile,
prouvez-nous que c'est utile. Avec cet esprit, allez...
M. Godin: Expliquer la confédération.
M. Forget: Cela peut s'appliquer à bien des choses. Avec
cet esprit-là, allez rencontrer des inspecteurs et demandez-leur de vous
faire la preuve que les décisions qu'ils ont rendues dans le
passé ont sauvé des vies, ont amélioré la
qualité de vie de qui que ce soit. Vous allez voir, vous avez le
néant de ce côté-là. Au-delà simplement du
fait que c'est mal coordonné, il reste que c'est inutile aussi. Je
pense, M. le Président, qu'on ne s'entendra pas là-dessus, mais
certainement je ne peux pas concourir à l'adoption du paragraphe 7.
M. Godin: Je tiens quand même à réhabiliter
un peu les inspecteurs. Entendons-nous, les portes qui ouvrent par
l'extérieur ont contribué à sauver bien des vies dans bien
des endroits où il y a eu des paniques ou des incendies.
M. Forget: Oui, mais c'est vrai pour les cinémas, pour
tout. Vous n'avez pas besoin des inspecteurs de la Régie des permis
d'alcool pour cela.
M. Godin: Entendons-nous, je ne parle pas des inspecteurs en
particulier. Je vous donne l'exemple des portes. Il en viendra d'autres
éventuellement pour justifier l'existence des inspecteurs.
M. Forget: Oui, mais pas propres aux brasseries et aux tavernes.
À part cela la bière n'est pas inflammable, alors c'est moins
dangereux que bien d'autre chose, que dans d'autres commerces.
M. Godin: Les boissons alcooliques le sont. Le cognac. Vous ne
connaissez pas les crêpes suzettes flambées aux boissons
alcooliques. Donc, si on essaie...
M. Marcoux: M. le député de Mercier, je pense que
cela libérerait aussi les policiers le samedi soir. Ils pourraient
arrêter les "gars chauds", au lieu de courir les hôtels pour savoir
s'il y a trop de monde dans chacun des hôtels.
M. Godin: Alors, l'article 7 est adopté sur division?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: ... auparavant, mais est-ce qu'actuellement...
lorsqu'un citoyen veut obtenir un permis pour l'aménagement d'un bar, je
crois qu'il doit présenter ses plaques au ministère du
Travail.
M. Forget: Sûrement.
M. Godin: Hôtellerie. Tourisme, Chasse et Pêche.
M. Cordeau: Au ministère du Travail. Maintenant, est-ce
que dans leurs fonctions ils doivent définir combien de personnes
peuvent être dans l'édifice en même temps, étant
donné le plancher, parce que le plancher peut supporter X personnes.
M. Godin: Non. La réponse est non. Peut-être que M.
Jacoby peut la ventiler.
Pour ce qui est de la capacité comme telle, la Loi sur la
sécurité dans les édifices publics ne prévoit la
capacité que pour les salles de spectacles, comme telles, le nombre de
sièges. Pour ce qui est maintenant des établissements auxquels on
délivre des permis d'alcool, la capacité est fixée
exclusivement par la Commission de contrôle des permis d'alcool en vertu
de son règlement.
M. Forget: Sauf dans les cas où ce sont des bars avec
spectacles. Alors, les deux ministères vont déterminer la
capacité.
M. Godin: II faudrait peut-être faire des modifications de
concordance avec la Loi sur la sécurité dans les édifices
publics.
M. Forget: La plus belle concordance ce serait de leur passer le
paquet.
M. Godin: En fait, vous auriez l'inspecteur
spécialisé dans un secteur qui irait... même si on relevait
du même ministère, l'autre inspecteur spécialisé qui
irait...
M. Forget: L'idéal serait d'en enlever un. Parce qu'eux
n'ont pas besoin d'inspecteur pour les mêmes fins. Enfin.
M. Godin: Sur division? M. Forget: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
Alinéa 8.
M. Forget: L'alinéa 8, M. le Président, c'est
exactement la même ligne de pensée que celle qu'on a
développée relativement à l'article 41, premier
alinéa, c'est essentiellement des règlements de zonage
provinciaux, en partie du moins. Pour ce qui est du paragraphe 1 de l'article
41, ce sont des règles de comportement relativement à l'article
74. Je me demande d'ailleurs si ce n'est pas l'article 75. Êtes-vous
sûr que c'est l'article 74?
M. Godin: Ah, 74, c'est ça, il en est question dans les
deux effectivement...
M. Forget: Ce sont les articles 74 et 75, non?
M. Godin: C'est aux fins de délivrance d'un permis.
M. Forget: Oui, strictement. Les normes ne viseront pas les
comportements dans les modalités d'exploitation des permis, les normes
viseront seu- lement les conditions qui permettent d'émettre des permis
de danse et de spectacle. Il n'y aura pas de norme pour rendre
opérationnelle la règle de l'article 75.
M. Godin: On ajoute l'article 75. M. Forget: Vous ajoutez
l'article 75. M. Godin: Oui, si vous êtes d'accord.
Le Président (M. Boucher): L'amendement serait d'ajouter,
après les articles 74 et 75...
M. Godin: Voilà. Les articles, ce serait plus simple de
mettre les articles 74 et 75, en ajoutant un "s" à article.
M. Forget: Le dernier membre de phrase, "les articles 74 et 75",
ça va; ce sont des modalités d'exploitation que l'on va
déterminer dans des normes par règlement. Mais les normes de
tranquillité publique relativement à l'implantation d'un
établissement, à mon avis, ce sont des règlements de
zonage et je comprends que vous avez voulu préserver la
possibilité d'avoir des règlements de zonage provinciaux, mais
j'insisterais encore ici pour dire que les règlements de zonage dans ce
cas-là devraient exister seulement si les municipalités dans
lesquelles l'établissement sera situé n'ont pas pourvu, par leurs
propres règlements, à ces questions.
M. Godin: Je constate l'existence du syndrome dit de boomerang en
ce qui concerne cette suggestion. J'ai mis ma tête sur le billot et je me
suis mis "on the record" tout à l'heure pour dire que vu l'existence, au
Québec, de trois arrondissements peut-être pas historiques, au
sens de la loi de la Commission des monuments historiques, mais
d'arrondissements anciens, les citoyens, par expérience, souhaitent
qu'il y ait le bon père de famille provincial au-dessus des
municipalités, devant lequel ils puissent intercéder, ou
intervenir, ou avoir un recours. Je pense, entre autres, au
Vieux-Québec, où le cas s'est posé souvent, les citoyens
avaient peu de recours, sinon aucun recours devant la municipalité, en
avaient devant la commission pour faire valoir des principes autres
qu'uniquement des principes d'augmenter les taxes perçues par une
municipalité ou autrement.
M. Forget: Est-ce que c'est seulement un exemple que vous me
donnez là ou si vous prétendez que c'est seulement dans les
arrondissements historiques que cette règle va s'appliquer?
M. Godin: C'est un exemple.
M. Forget: C'est la même raison pour laquelle le
fédéral intervient dans les matières provinciales, c'est
parce qu'ils disent, à un moment donné, que dans les provinces,
ils n'ont pas de recours. C'est le même principe.
M. Godin: Donnez-moi donc un exemple.
M. Forget: L'assurance-santé, c'est en train de se
discuter. On dit que les provinces ne sont pas capables de discuter ça
convenablement, donc on va faire une enquête fédérale.
Une voix: Sauf au Québec.
M. Forget: Sauf au Québec parce qu'on n'a pas le
problème.
M. Godin: Ah oui, mais justement.
M. Forget: Oui, mais c'est ça. Faites-le comme ça,
c'est ça qu'on vous suggère...
M. Godin: En l'occurrence...
M. Forget: ... quand il y en a des règlements de zonage,
n'en faites pas au niveau provincial.
M. Godin: Vous posez un principe qui peut vous mener loin. Je me
demande si les directives s'appliqueront encore à vous si vous posez ce
principe jusqu'à son terme.
M. Forget: Répondez donc à la question. M.
Godin: Je vous ai répondu tout à l'heure.
M. Forget: Je ne sais même pas de quoi vous parlez dans le
moment.
M. Godin: Je vous ai répondu tout à l'heure sur
cette question de la nécessité, en ce qui nous concerne,
d'avoir...
M. Forget: Des règlements qui ont le pas sur tous les
règlements de zonage municipaux...
M. Godin: ... une sorte de cour d'appel.
M. Forget: ... relativement aux permis de taverne, de restaurant,
de bar, de brasserie. C'est avec ça qu'on n'est pas d'accord, je le dis
encore une fois. Je m'excuse, mais...
M. Godin: En tout cas...
M. Cordeau: M. le Président, est-ce qu'il serait possible
d'avoir une réglementation spécifiant que, dans les
municipalités où le règlement est plus restrictif que la
loi concernant le zonage, c'est le règlement municipal qui
s'applique.
M. Godin: On a eu le débat tout à l'heure
là-dessus, M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Oui, mais là, on est dans la
réglementation.
M. Godin: On a eu le débat...
M. Forget: Le pouvoir est plus large si ça fait leur
affaire, plus restrictif si ça fait leur affaire, mais pas
lié.
M. Godin: Le principe a été posé il y a
déjà plusieurs heures dans un autre cas semblable et le
ministère n'a pas changé d'idée.
M. Cordeau: Oui, mais vous ne l'avez pas inclus.
M. Godin: Le ministère n'a pas changé
d'idée.
M. Cordeau: Mais dans la réglementation vous pouvez
l'écrire.
M. Godin: On ne le veut pas. On veut que la commission...
M. Forget: On s'est bien dit que dans la réglementation
vous feriez une exception pour cela.
M. Godin: On veut que la commission et la régie...
M. Cordeau: Dans la réglementation... Cela va être
le premier projet de loi que j'étudie...
M. Godin: Effectivement, ce n'est pas exclu qu'on aille
jusque-là.
M. Forget: Ce n'est pas exclu, mais c'est non, dans le fond.
M. Godin: Cela entraîne aussi une consultation
auprès des instances.
M. Forget: C'est un principe et ce n'est pas un principe. Non,
cela n'inclut pas des consultations. Vous ne vous consultez pas, vous allez
faire vos règlements sans le dire à personne, vous voulez
être au-dessus des règlements municipaux là-dessus. Ne
venez pas me dire que vous allez consulter les municipalités, vous
voulez les mettre de côté.
M. Cordeau: Je crois que le zonage c'est un pouvoir municipal,
à l'intérieur d'une municipalité, bien sûr. C'est la
municipalité qui, habituellement, fait son règlement de zonage
à l'intérieur de la municipalité. La loi no 125 sur
l'aménagement n'est pas faite encore, elle n'a pas été
acceptée, elle n'est pas passée. (21 h 45)
Dans tous les projets de loi auxquels j'ai participé, lorsqu'il
s'agit de zonage ou de choses comme cela, il y a toujours un article dans le
projet de loi qui spécifie qu'advenant le cas où une
municipalité a un règlement identique ou à peu près
aux normes que le gouvernement édicte, si les restrictions, les normes
sont plus restrictives dans le règlement municipal, c'est le
règlement municipal qui a préséance.
M. Godin: Enfin, le problème qui a été
posé cet après-midi et le député de
Saint-Laurent
s'en souvient certainement - c'est qu'une municipalité peut
changer son règlement de zonage à volonté.
M. Cordeau: Elle peut le changer, mais c'est toujours soumis aux
citoyens. Elle est obligée de le soumettre aux citoyens et à la
Commission municipale.
M. Forget: II n'y a rien de sacré dans les
règlements de la régie. Ils peuvent être changés
à volonté aussi.
M. Godin: Ce que je veux dire, c'est qu'il y a un recours
à la régie des citoyens, en vertu des règlements
existants...
M. Forget: Oh! Un recours aux citoyens.
M. Godin: On affiche.
M. Forget: C'est du paternalisme.
M. Godin: On affiche. Il y a un avis d'affiché ce
qu'une ville ne fait pas d'après les règlements existants,
qui sont traditionnels d'ailleurs. Il y a traditionnellement un recours des
citoyens de se faire entendre. Vous vous êtes battus tout à
l'heure pour que l'audience soit publique. Les citoyens peuvent se faire
entendre devant la régie pour le cas précis...
M. Forget: Oui, mais quand vous allez publier les
règlements pour toute la province à la fois, qui pensez-vous va
avoir un recours contre cela? Les gens ne pourront pas prévoir des
années à l'avance les cas qui vont se passer dans leur
localité. Cela va passer comme une lettre à la poste. Cela ne
signifiera rien pour personne.
M. Godin: Ce sont des règlements très
généraux.
M. Forget: C'est cela. Cela ne signifie rien pour personne.
M. Godin: C'est comme n'importe quelle loi. Cela posera des
principes.
M. Forget: Et après, quand la régie va les
appliquer, cela va s'appliquer comme la loi et cela va être
déterminé à Québec. Il n'y a aucun recours possible
là-dedans.
M. Godin: Non, je ne dis pas que le citoyen a des recours sur ses
propres règlements.
M. Forget: Vous voulez décider pour eux.
M. Godin: Je dis que l'existence de règlements permet au
citoyen d'avoir un endroit où s'adresser pour
l'intérêt...
M. Forget: C'est le seul endroit où s'adresser
d'ailleurs.
M. Godin: D'accord, c'est la commission. Vrai ou faux?
M. Forget: C'est cela. C'est centralisé. M. Godin:
C'est ce qu'on veut maintenir. M. Forget: C'est pour cela qu'on s'y
oppose.
M. Godin: D'accord. Nous serons "on the record"
là-dessus.
M. Forget: Adopté sur division.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division tel
qu'amendé. Alinéa 9.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Alinéa 10 tel
qu'amendé.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Alinéa
11.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Alinéa
12.
M. Forget: J'aimerais bien savoir ce que vous voulez dire par
cela.
M. Godin: Ce pouvoir relève déjà de la
commission actuelle.
M. Forget: Quelle est la référence?
M. Godin: Article 105. Il serait peut-être bon...
M. Forget: Oui, on pourrait... D'accord, excusez-moi, mais ce
n'est pas tout à fait le même texte, n'est-ce pas?
M. Godin: ... de préciser là-dessus qu'il existe,
au sein de la commission actuelle, un comité consultatif sur les
réclames qui concernent les boissons alcooliques. Il comporte un
sous-comité dont les fonctions consistent à apprécier le
contenu d'un message publicitaire, donc à visionner
éventuellement des vidéos, des films, ou des placards
publicitaires.
Un des membres du contentieux de la commission fait partie dudit
comité à titre de secrétaire. Voilà une description
du boulot, une énumération du travail que ces gens-là ont
fait. Ils ont pris connaissance de 1180 messages. Ils en ont approuvé
1040 sur 1180. J'ai une ventilation des chiffres. Ils ont tenu 43
réunions. Ils ont pris connaissance de 27 messages par réunion.
Ils se réunissent 3 ou 4 fois par mois. C'est donc un comité
très actif de la commission actuelle.
M. Forget: Ce à quoi vous faites allusion, c'est à
une espèce d'évaluation du style de la réclame
publicitaire portant sur des boissons alcooliques, je pense, n'est-ce
pas?
M. Godin: En fait, c'est une prévention.
M. Forget: C'est pour savoir si c'est de bon goût. Il y a
des espèces de standards de goûts.
M. Godin: Ce n'est pas seulement pour le goût, il y a aussi
une question de prévention, de ne pas inciter trop... Cela s'inscrit
dans la politique dont vous étiez peut-être le parrain à
l'époque.
M. Forget: Enfin, quelque chose du genre. Non, cela existait
avant mon temps. C'était le groupe Domrémy, je pense, qui s'est
fait le protagoniste de cette histoire-là, il y a une quinzaine
d'années. Est-ce qu'il y a d'autres activités de
réglementation de la publicité que cette espèce
d'application d'un code d'éthique pour la publicité?
M. Godin: Non. Remarquez bien que c'est fait en vertu des
règlements.
M. Forget: Est-ce que c'est tout ce que vous visez alors par cet
article de pouvoirs réglementaires?
M. Godin: Une seconde! Si je comprends bien la commission ne peut
pas interdire une publicité. Il y a un règlement effectivement
qui concerne la promotion de la vente des boissons alcooliques ainsi que la
publicité sur les boissons alcooliques.
Il s'agit, en fait, si vous voulez, d'encadrer les activités,
entre autres, des brasseries ou de tout autre fabricant de boissons alcooliques
pour éviter que la construction d'une église, par exemple, soit
financée par une brasserie. Nous voulons que ce soit relié
à des activités traditionnelles et nous voulons restreindre,
jusqu'à un certain point, les pratiques de certaines brasseries à
l'égard de certains...
M. Forget: Oui. Je peux comprendre cela, mais je m'interroge sur
le langage utilisé. D'abord, on change le libellé de ce pouvoir
réglementaire. Quand on regarde l'actuel article 105, l'impression qui
se dégage de cela est très différente de l'impression qui
se dégage du paragraphe 12. Vous avez, premièrement, "prohiber ou
réglementer toute réclame." Une réclame, à mon
avis, sujet à vérification, c'est un message publicitaire
particulier. Ce n'est pas une campagne de publicité. C'est une annonce,
c'est un "spot" télévisé. C'est un texte et une
illustration pour publication dans une revue ou dans un journal, c'est un
document précis, particulier et isolé. On peut l'interdire et
dire: Cette annonce est dans un tel style que vous n'avez pas le droit de la
publier ou vous devez changer le style, le coloris, enlever tel et tel
élément qui est trop incitatif, etc.
Quand on parle de régir la publicité, d'abord il y a le
mot "régir", je ne sais pas quel sens lui donner exactement. Ce n'est
plus prohiber ou régle- menter, c'est régir. Le mot
"régir" semble donner l'impression qu'on va pratiquement contrôler
les programmes de publicité, les campagnes de publicité des
brasseries, des distilleries, etc. Est-ce qu'on veut aller jusque là?
Est-ce que ce mot s'interprète dans ce sens? C'est beaucoup plus
large.
M. Godin: II y a idée de règlement. M. Forget:
Oui.
M. Godin: Avec la régie, il y a l'idée d'adopter
des règlements, parce que...
M. Forget: ... dit réglementer.
M. Godin: Non, réglementer, c'est parce que la
régie peut, par règlement. On ne peut pas dire
"réglementer". L'article 114 le dit: "La régie peut par
règlement: régir toute publicité relative à la
vente de boissons alcooliques." Nous sommes au chapitre de la
réglementation, M. le député de Saint-Laurent. C'est le
mot qui nous a semblé le mieux décrire l'idée qu'on
avait.
M. Forget: Oui, sauf qu'anciennement, on disait: Peut adopter des
règlements pour prohiber ou réglementer. Est-ce que c'est
seulement stylistique tout cela ou est-ce qu'on est en train de changer le sens
du pouvoir réglementaire? C'est le sens de ma question. Je n'ai pas
d'objection à ce qui s'est fait dans le passé, mais si on veut
des pouvoirs très grands pour dire à Seagrams ou à Molson:
Soumettez-nous votre campagne publicitaire pour 1980 et on va voir si vous
dépensez trop d'argent pour la publicité, si vous donnez trop
d'importance au media électronique par rapport à la presse
écrite.
M. Godin: Ce n'est pas de cela qu'il s'agit.
M. Forget: Peut-être pas, mais je donne un exemple. Moi
aussi, je donne des exemples. C'est un exemple. On pourrait dire: C'est
régir la publicité. C'est englobant, alors qu'on avait des choses
très précises: Prohiber des manoeuvres tendant à favoriser
la vente d'une boisson. Les manoeuvres, c'est une vente ou je ne sais pas quoi,
en disant: $1 pour le premier verre et $0.01 pour le deuxième, ou
quelque chose dans ce genre. Peut-être que des choses de ce genre, cela
pourrait être prohibé, mais ce sont des manoeuvres, des pratiques
très particularisées, ayant une identité très
concrète, alors qu'ici c'est beaucoup plus large. J'ai l'impression que
cela dépasse l'intention du législateur, encore que je ne la
connaisse pas.
M. Godin: Au point suivant, nous allons tenter de vous la
dévoiler. À l'alinéa suivant, nous mentionnons
précisément, nous faisons état du problème que vous
soulevez. "Prohiber ou régir l'octroi d'un avantage tendant à
favoriser..." Bon! Cela, ça répond exactement à votre
inquiétude, telle que vous venez de l'exprimer, si je ne me trompe pas,
n'est-ce pas? Cela, c'est le paragraphe 13.
Le paragraphe 12, lui, c'est beaucoup plus un régime
d'autorégulation, si vous voulez, que nous tentons de maintenir.
M. Forget: Je vous inviterais à le rédiger de
façon plus modeste.
M. Cordeau: Est-ce qu'on pourrait dire, au lieu de
"régir", "avoir regard sur" ou quelque chose comme ça?
M. Forget: Oui.
M. Cordeau: Une surveillance?
M. Forget: Définir des normes d'éthique dans la
publicité...
M. Godin: Une déontologie.
M. Forget: ... un code de déontologie et l'appliquer en
collaboration avec des organismes avec lesquels vous avez collaboré dans
le passé. Je pense que ça, ça correspondrait à
l'esprit de la disposition.
M. Godin: II ne faudrait quand même pas régresser
par rapport à ce que le paragraphe 12 dit. Est-ce que votre intention
est d'aller plus loin?
M. Forget: La réalité actuelle, si c'est
ça... M. Godin: Plus précisément.
M. Forget: ... plus précisément, mieux circonscrire
ce pouvoir, qui me semble excessif.
M. Godin: Alors, si on disait: Etablir des normes relatives
à toute publicité relative. Non, établir des normes...
M. Forget: Au contenu, oui.
M. Godin: Au contenu. Nous sommes en plein travail. Vous
m'excuserez de faire ça publiquement. Etablir des normes relatives au
contenu de toute publicité. On a une répétition de
"relatives", mais ça...
M. Forget: Au contenu d'une publicité.
M. Godin: Au fond, on peut aller jusqu'à vous demander si
vous avez l'intention de... Quelle serait votre intention par rapport à
la publicité des boissons alcooliques? Ou l'intention de
l'Opposition?
M. Forget: II me semble que ce serait ça, à savoir
d'établir une espèce de code de déontologie, si on
veut...
M. Godin: II ne s'agirait pas de l'interdire, quoi?
M. Forget: Ce n'est pas d'interdire...
M. Godin: Bon!
M. Forget: Cela peut être d'interdire des choses qui
enfreignent un code de déontologie. Je pense que c'est comme ça
que cela a été appliqué dans le passé.
M. Godin: Oui.
M. Forget: Par exemple, un industriel ou un commerçant qui
ne veut pas se conformer gâte la sauce, dans le fond, pour tous les
autres qui voudraient bien le faire. Je pense que non, le pouvoir d'obliger de
s'y conformer est valable, pourvu qu'il soit relié à un code de
déontologie et au contenu, ou au style, ou à la
présentation d'une publicité relative à des boissons
alcooliques. Je pense que ça décrit bien la fonction du
rôle de cette espèce de comité facultatif qui fonctionne
depuis une quinzaine d'années. Encore que je ne prétende pas que
ce soit la meilleure rédaction.
M. Godin: On peut peut-être travailler à une
rédaction qui vous convienne. On peut suspendre le 12.
Le Président (M. Boucher): Alinéa 13.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Alinéa 14.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Alinéa
15.
M. Cordeau: J'aimerais savoir quelle est la signification d'un
poste de commerce.
Le Président (M. Boucher): À l'alinéa
14?
M. Godin: On l'a défini hier, mais on peut le
redéfinir.
M. Cordeau: Je n'ai peut-être... M. Godin: Vous
n'êtes pas le seul...
M. Cordeau: J'ai dû m'absenter pour des raisons
valables.
M. Godin:... ce n'est pas votre faute. Le poste de commerce,
c'est pour tenir compte du territoire québécois qui est vaste et
qui n'est pas totalement urbanisé. Ça s'applique par exemple
à des postes de commerce à la Baie James, ou dans le Nord, ou
à l'île d'Anticosti, à des endroits de ce genre-là.
Est-ce que ça répond à votre question?
M. Cordeau: Oui.
M. Forget: Ce sont effectivement des bars, dans le fond. Non? Ce
sont des bars dans des chantiers, des bars dans des...
M. Godin: On a des besoins différents. Par exemple,
à l'île d'Anticosti...
M. Forget: On vend en bouteilles en plus de servir sur
place...
M. Godin: On a jusqu'à un certain point une
définition particulière qui est adaptée au milieu et qui
est d'ailleurs traditionnelle, historique, on peut dire.
Le Président (M. Boucher): Paragraphe 14, adopté.
Alinéa 15.
M. Forget: Est-ce qu'il n'y a pas un pléonasme là?
On a déjà adopté un article qui détermine que la
régie peut adopter des règlements pour sa régie interne,
les procédures, etc., quelque part précédemment, et que
ça entre en vigueur seulement sur approbation du ministre.
M. Godin: Article 24, M. le député. (22 heures)
M. Forget: C'est la régie interne.
M. Godin: Cela touche uniquement la régie interne.
M. Forget: Ce sont des formulaires destinés à
faciliter l'application de la présente loi et des règlements, et
là ce sont les procédures applicables à ces audiences.
M. Godin: Ce peut être le mode de signification. À
l'article 15, ce à quoi nous pensons, c'est au mode de signification par
exemple.
M. Forget: C'est curieux d'avoir ça dans deux articles
différents. Il me semble que, quand on a déjà des
règlements sur des formulaires, ce n'est pas simplement de la stricte
régie interne, de l'administration interne, ce sont aussi les relations
avec la clientèle. À un moment donné, ça se fait en
vertu d'un article à condition que le ministre l'approuve. Dans l'autre
article, c'est par des règlements adoptés par le
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Godin: C'est compte tenu de l'importance des règles.
Pour ce qui est de la régie interne, ce qui se passe derrière le
comptoir, et les formulaires qui ne peuvent pas déroger à la loi
de toute façon, ils doivent être conformes à la loi, on a
pensé qu'une approbation par le ministre était suffisante. Pour
les règlements de procédure, en somme ça leur permet
d'avoir...
M. Forget: Des règles de pratique.
M. Godin: ... leurs règles de pratique et de
procédure qui est un petit code de procédure applicable à
la régie. On pense que cela doit être par règlement et
approuvé par le gouvernement.
M. Forget: D'accord. Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Alinéa
16.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
M. Forget: M. le Président, avant de terminer cet article,
il y a un problème que je voudrais soulever auprès de l'adjoint
du ministre. Peut-être que je vais l'étonner, mais je vais lui
suggérer qu'il n'a peut-être pas inclus certains pouvoirs qui
devraient être inclus. Ce à quoi je me réfère c'est
qu'on a ici un organisme de régie, de réglementation ou de
régulation, si le mot est français, des activités
commerciales affectant les boissons alcooliques. On aurait l'impression que
cette régie va régir toutes les transactions commerciales
relatives à toute la réglementation, déterminer toute la
réglementation relative aux transactions commerciales portant sur les
boissons alcooliques. Or, ce n'est pas le cas. C'est assez curieux que ce ne
soit pas le cas. La Société des alcools a un pouvoir de
régulation, pas seulement sur ses activités à elle, mais
sur des activités d'autres personnes ou d'autres sociétés
commerciales.
L'exemple que je veux vous donner est le suivant: Des commerçants
ou des intérêts financiers, je ne sais pas, je ne sais pas de qui
il s'agit, mais disons un groupe, a fait la demande auprès de la
Société des alcools pour pouvoir faire venir des pinardiers
à Montréal, faire l'embouteillage à Montréal,
créer une entreprise d'embouteillage et exporter les produits aux
Etats-Unis. La Société des alcools a refusé parce qu'il
lui arrive de temps à autre de vendre des surplus de vins qu'elle
importe de France ou d'Europe et de les exporter aux Etats-Unis sous sa marque
de commerce. Cela n'affecte pas du tout la vente de boissons alcooliques sur le
territoire du Québec. C'est cependant le geste d'une
société commerciale sur un marché étranger qui dit
à un concurrent possible: Non, vous n'avez pas le droit de faire cela.
C'est notre marché. Nous voulons le garder. Cela n'a rien à voir,
dans le fond, avec la Société des alcools, à mon avis, et
c'est un abus du monopole qu'elle a, relativement au commerce, aux
résidents du Québec.
Il me semble que ce pouvoir, s'il doit être
réglementé, si on doit donner des permis... Ce serait
peut-être un permis à créer, un permis de négociant,
on pourrait très bien avoir un permis de négociant en vins ou en
alcools qui permettrait à des sociétés de s'installer
à Montréal pour faire l'importation et l'exportation, cela
créerait des emplois et je pense qu'il n'y a rien de terrible
là-dedans.
Il me semble que ce pouvoir devrait appartenir, non pas à la
Société des alcools, mais il devrait appartenir à la
Régie des permis d'alcool, de permettre de licencier, dans le fond, des
négociants. Il peut très bien y avoir, étant donné
la situation de Montréal comme port d'entrée, des
négociants qui s'établiraient, qui vendraient du vin en gros aux
provinces de l'Ouest, etc...
M. Godin: Avantage géographique.
M. Forget: C'est ça. Il n'y a pas de raison de fermer la
porte, mais il y a des grandes chances que tant que ce pouvoir laisse entre les
mains de la Société des alcools... ils sont dans une situation de
conflit d'intérêt. J'aimerais que le ministre regarde cette
question et considère la possibilité de présenter un
amendement, même au niveau de la troisième lecture, parce que s'il
s'agit de prendre, dans le fond, dans la Loi de la Société des
alcools, un paragraphe ou un article, de le transplanter dans cette loi, de
faire quelques concordances mineures...
M. Godin: Nous avons été saisis de quelques cas
semblables effectivement, et la décision a été prise de
laisser le ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, de qui
ça relève juridiquement, se pencher sur ça pour
éviter effectivement que la position de monopole de la SAQ empêche
l'expansion de l'industrie dans son ensemble. Vous avez raison de dire qu'il y
a une sorte de conflit d'intérêt. Je vous réponds
là-dessus que le ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme est saisi de ce genre de problème et veut trouver une solution,
je le répète, parce que ça nous semble effectivement
aberrant que...
M. Forget: II me semble que la solution va passer
nécessairement par la création d'un permis de négociant
parce que, quand même, ce sont des gens qui achètent et revendent
de l'alcool, les contrats... le site du contrat aura lieu, très souvent,
par exemple, à Montréal, pour l'achat ou pour la revente. Il est
important qu'ils puissent juridiquement le faire, parce qu'autrement, ils ne
peuvent pas posséder de l'alcool, ils ne peuvent pas le vendre, avec
cette loi-ci.
M. Godin: La question que vous posez c'est, est-ce que le permis
de négociant devrait relever de la régie ou du ministère
de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, ou de la SAQ?
M. Forget: Oui, mais je pense qu'on n'a presque pas le choix
parce que c'est une loi qui est très stricte, qui dit, c'est ça
qui régit le commerce.
M. Godin: Mais j'ai l'impression que cela va être sous le
parapluie de la Société des alcools, modifié par le
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme.
Le Président (M. Boucher): L'heure de l'ajournement est
déjà passée.
M. Godin: Est-ce qu'on peut se rendre jusqu'à la fin de ce
chapitre?
Le Président (M. Boucher): L'article 114...
M. Cordeau: Est-ce qu'il y a des amendements pour les articles
suspendus?
Le Président (M. Boucher): II y a deux articles
suspendus.
M. Godin: Nous avons des... enfin, si tout le monde était
d'accord.
M. Forget: Malheureusement, j'ai un rendez-vous et je ne peux
vraiment pas prolonger plus longtemps. Je suis déjà en
retard.
M. Godin: II n'y a personne qui vous en tiendra rigueur.
Le Président (M. Boucher): La commission de la justice
ajourne ses travaux sine die.
Fin de la séance à 22 h 8