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Étude du projet de loi no 55
(Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de la justice se réunit pour
étudier article par article le projet de loi no 55, Loi sur les permis
d'alcool.
Sont membres de cette commission: M. Alfred (Papineau), M. Bédard
(Chicoutimi) remplacé par M. Godin (Mercier); M. Blank (Saint-Louis),
Mme LeBlanc-Bantey (Îles-de-la-Madeleine), M. Boucher
(Rivière-du-Loup), M. Cordeau (Saint-Hyacinthe) remplace M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska); M. Marquis (Matapédia), M. Forget (Saint-Laurent), M.
Samson (Rouyn-Noranda), M. Vaillancourt (Jonquière). Lui, il n'a plus
d'affaire là; il est vice-président.
Les intervenants...
M. Marquis: Un instant, M. le Président! Richard Guay.
Le Président (M. Laplante): M. Guay (Taschereau)
remplace...
M. Marquis: Le député de Jonquière.
Le Président (M. Laplante): M. Guay (Taschereau) remplace
M. Vaillancourt (Jonquière).
Les intervenants sont: M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Duhaime
(Saint-Maurice), M. Lavigne (Beauharnois), M. Léger (Lafontaine), M.
Marois (Laporte), M. Pagé (Portneuf), M. Tardif (Crémazie).
M. Cordeau: M. Fontaine est un intervenant aussi qui peut
venir.
Le Président (M. Laplante): M. Fontaine (Nicolet-Yamaska)
intervenant à la place de...
M. Cordeau: Cordeau (Saint-Hyacinthe).
Le Président (M. Laplante): Un rapporteur, s'il vous
plaît. M. Boucher (Rivière-du-Loup). Avant d'appeler l'article 1,
M. l'adjoint parlementaire, si vous avez des remarquez préliminaires sur
le projet de loi no 55.
Remarques préliminaires M. Gérard
Godin
M. Godin: Mes remarques seront très brèves, M. le
Président. Nous allons tenter de faire en sorte que l'esprit qui a
régné hier en Chambre soit maintenu ici en commission
parlementaire. Nous concevons cette commission comme étant un lieu de
réflexion sur une nouvelle loi, enfin, sur des nouvelles dispositions
d'une loi fort ancienne. Certaines dispositions sont fort nouvelles et toute
suggestion, en fait, sera la bienvenue, parce que vous avez une
expérience, dans vos comtés probablement, de cette
réalité relative au commerce des boissons alcooliques aussi
grande que la mienne. De plus, je transmettrai toute question qui
m'apparaîtra trop compliquée à nos quatre collaborateurs
que je veux identifier tout de suite: Mme Anne-Marie Bilodeau, M. Louis
Sormany, M. Charles Grenier et il en viendra un autre tout à l'heure, M.
Daniel Jacoby. Ils sont à la disposition de la commission pour donner
tout renseignement plus approfondi ou plus technique quant à certains
aspects de ce projet de loi. Ce sont mes remarques, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. l'adjoint
parlementaire. M. le député de Saint-Laurent.
M. Claude Forget
M. Forget: Même si ce n'est plus le jour anniversaire de
l'adjoint parlementaire, nous allons également nous efforcer de
maintenir le dialogue dans un contexte le plus cordial possible.
Il y a deux ou trois observations que j'aimerais faire à ce
moment-ci. Hier, à l'Assemblée nationale, on a soulevé la
question que soulève nécessairement le fait que ce projet de loi
soit défendu et piloté en commission parlementaire par l'adjoint
parlementaire. Je crois que le problème ne se pose pas comme tel au
niveau de la deuxième lecture. Je pense que la leçon qu'on va
tirer de l'expérience et je le dis en toute candeur comme en
toute amitié envers le député de Mercier
dépendra, bien sûr, de l'étude article par article. Si nous
constatons que l'adjoint parlementaire a suffisamment d'autorité et de
liberté pour accepter à l'occasion des modifications, je pense
que l'expérience sera très concluante. Si, d'un autre
côté, nous étions dans une situation où et
ça, on ne peut pas le savoir d'avance l'adjoint parlementaire
bénéficie d'un mandat très restrictif, je pense que
l'expérience serait nécessairement assez négative parce
qu'une commission parlementaire a, entre autres, pour but d'améliorer la
loi, dans toute la mesure du possible, quand on réussit à
créer un consensus. Si ce n'était pas possible à cause de
la formule utilisée, je pense que le jugement qu'on porterait sur
l'expérience en découlerait de lui-même.
J'aimerais dire à l'adjoint parlementaire que si, de toute
façon, certains des raisonnements que nous tiendrons
l'ébranlaient personnellement, mais qu'il voulait
bénéficier d'un délai de réflexion ou même
d'une possibilité de consulter son collègue et en particulier le
ministre de la Justice, il a à sa disposition des moyens pour le faire.
Il peut facilement demander la suspension d'un article, nous n'avons pas
d'objection. Evidemment, si on suspendait tous les articles, ce que je disais
tout à l'heure deviendrait difficile, mais je ne pense pas que ce soit
le cas. Je voudrais cependant l'assurer que ce moyen-là existe, on ne
posera pas d'obs-
tacle à son utilisation, si jamais il voit qu'il y a des sujets
sur lesquels un délai de réflexion lui est nécessaire.
Le deuxième point que je voudrais soulever c'est que parmi tout
ce que nous allons dire, il y a évidemment des distinctions à
faire qui sont légitimes, il y a une distinction qui est
légitime. Il y a des propositions, même des motions d'amendement
qui ont pour but de placer les parties qui sont représentées
autour d'une table de commission parlementaire, comme les Américains
disent, "on the record', pour être bien sûr qu'on se comprend et
que, si on diffère d'avis, on le fait de façon très
explicite et très claire. C'est une catégorie de motions, c'est
une catégorie de positions qui sont défendues et cela n'appelle
rien d'autre chose, pour chacun, que d'articuler son point de vue le plus
clairement possible.
Il y a cependant d'autres motions d'amendement qui sont
véritablement faites dans le but de produire des amendements et pas
simplement d'être "on the record", pas simplement d'établir une
position. Parmi celles-là, je voudrais tout de suite avertir l'adjoint
parlementaire qu'il y aura des motions d'amendement relatives à la
question des mineurs, la présence des mineurs dans les
établissements détenteurs de permis.
J'ai écouté dans la réplique très
brève d'hier soir de l'adjoint parlementaire la raison pour laquelle on
ne retenait pas une méthode plus rigoureuse de contrôle et je dois
avouer ne pas avoir été convaincu, M. le Président.
L'adjoint parlementaire, si j'ai bien compris, nous a dit: La constitution d'un
fichier, l'établissement d'une carte de travail pour des personnes qui
participent à des spectacles dans des bars, etc., ce n'est pas pratique
à cause d'un roulement du personnel trop considérable. Je pense
que si c'est cela la raison c'est presque nous annoncer d'avance que la loi ne
sera pas appliquée, quelles que soient ses dispositions, parce qu'un
roulement considérable pose des problèmes analogues, quelle que
soit la méthode d'application de la loi.
Si, au moment où on fait une poursuite, déjà la
personne qui se livrait à un spectacle est disparue et n'en fait plus,
etc., on se rend compte qu'on va se heurter, quand les causes viendront devant
les tribunaux, devant un double obstacle, un obstacle qui est inscrit dans la
loi à l'effet que le tenancier de bonne foi, qui croyait
véritablement qu'il avait affaire à une personne majeure et qui
était mineure, etc., va pouvoir plaider l'ignorance, la bonne foi, etc.
D'autre part, les causes vont venir au moment où les gens qui sont
visés ne sont plus dans le circuit, sont disparus, ne sont plus
retraçables ou Dieu sait quoi.
Je pense que, de ce côté-là, si on veut
véritablement enrayer le phénomène qui, d'après les
remarques qu'on a entendues hier, alarme les porte-parole de tous les partis ou
les membres dans toutes les formations politique représentées
à l'Assemblée nationale, il va falloir être beaucoup plus
efficace que ça et consentir des coûts significatifs pour la mise
en vigueur des prohibitions qui devraient paraître dans la loi. Nous
allons revenir là-dessus avec des motions d'amendement. J'avertis
d'avance le ministre parce que c'est un point auquel j'attache tellement
d'importance que je serais même prêt, si nous n'obtenons pas
quelque chose d'absolument à toute épreuve dans la loi, à
recommander à mes collègues du Parti libéral de voter
contre l'adoption en troisième lecture de la loi.
Je pense que c'est la pierre d'achoppement. Si on n'est pas capable de
faire un bon travail sur le seul véritable problème qui existe
dans ce domaine, parce que tout le reste, dans le fond, c'est du ménage
administratif et bureaucratique plus ou moins important c'est le
véritable problème sur le plan humain si on n'est pas
capable de donner des garanties absolument à l'épreuve de toute
espèce de doute là-dessus, je pense que nous devrions voter
contre l'adoption de la loi.
Je le fais, sachant très bien que c'est tout à fait
à la fin du texte. On ne se rendra pas là aujourd'hui,
probablement, mais je pense que je devais donner cet avertissement à
l'adjoint parlementaire.
Un dernier point, M. le Président, sur la présentation du
texte. Il y a des notes, non seulement explicatives, mais dans le corps
même des projets de loi, maintenant, depuis quelque temps
d'ailleurs, j'en fais compliment à ceux qui assument cette
responsabilité depuis quelques années des
références aux textes antérieurs, aux lois qu'on remplace
ou qu'on modifie. Cela aide considérablement le travail des
députés, c'est tout à fait louable.
Ce contre quoi j'en ai, c'est la mention qui apparaît au tout
début de la loi, où on dit que les articles 1 à 117 sont
de droit nouveau. C'est une affirmation qui est erronée, ce ne sont pas
tous des articles de droit nouveau, il s'en faut largement.
Je pense bien que la moitié ou plus des textes qu'on retrouve, de
1 à 117, sont même des copies littérales de textes qui
existent déjà dans la loi de contrôle des permis
d'alcool.
Je ne sais pas pourquoi on a fait ça, je ne veux pas en faire une
cause célèbre, mais il reste que cela aurait aidé que l'on
procède de façon beaucoup plus systématique. J'ai dû
moi-même, c'était inévitable, vis-à-vis des articles
les plus importants, faire les références aux textes
antérieurs. Les textes antérieurs existent. Je ne vois vraiment
pas pourquoi on a pris ce raccourci. Cela donne l'impression qu'on est en face
d'une nouvelle loi. Ce n'est pas du tout le cas; c'est une refonte des lois
existantes avec un certain nombre de modifications plus ou moins importantes.
Il aurait été bien commode qu'on nous souligne d'où venait
chacun des textes pour l'étude des 117 premiers articles. Quand on part
d'une affirmation aussi catégorique que cela et qu'on se rend compte que
ce qui se trouve maintenant à l'article 11 se trouvait anciennement
à l'article 48, par exemple, il faut jouer avec les deux textes et c'est
vraiment un exercice acrobatique assez remarquable au-
quel il faut se livrer pour vraiment provoquer la bonne intelligence du
texte.
J'espère qu'à l'avenir on sera un peu plus soigneux de ne
pas prendre de raccourci de cette nature, parce que, si on veut être
utile je pense que c'est l'intention et elle est louable on ne
l'a pas du tout été dans ce cas-là. M. le
Président, c'étaient des remarques préliminaires; je n'en
ai pas d'autres.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député de Saint-Laurent. M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Fabien Cordeau
M. Cordeau: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir,
moi aussi, d'apporter ma collaboration à l'étude de ce projet de
loi. Présentement, je dois remplacer le député de
Nicolet-Yamaska qui est retenu à une autre commission parlementaire, au
salon rouge, pour l'étude du projet de loi no 9. Je vais essayer
d'apporter ma collaboration à l'adjoint parlementaire qui occupe ses
fonctions pour la première fois. Nous ne sommes pas ici pour lui
créer des embêtements, loin de là.
Par contre, j'ai peut-être quelques observations au début
de cette commission pour demander au gouvernement s'il entend apporter des
amendements à ce projet de loi. Si oui, serait-il possible de nous les
déposer en une seule fois et non de nous les présenter un par un,
lorsqu'on arrive à l'étude de tel article? C'est plus facile
à comprendre pour les participants et cela nous permet également
de nous préparer à l'avance afin d'étudier les amendements
qui peuvent être déposés devant cette commission lors de
l'étude du projet de loi article par article.
Nous aussi, nous apporterons une attention tout à fait
spéciale, comme l'a spécifié le député de
Saint-Laurent, aux mineurs dans les établissements, ainsi qu'au
contrôle, afin qu'il y ait dans la loi les dispositifs nécessaires
pour ce contrôle des mineurs au travail, etc.
Un autre point aussi que je voudrais souligner à la commission,
c'est que les articles 1 à 117 sont intitulés Loi sur les permis
d'alcool et, à l'article 118, chapitre VII, on dit: Loi sur les
infractions en matière de boissdns alcooliques. Y a-t-il deux lois?
Est-ce que cela comporte deux lois tout à fait distinctes? Pourquoi deux
lois? Pourquoi est-ce un autre chapitre à l'intérieur du projet
de loi que nous étudions actuellement, le projet de loi 55? J'aimerais
qu'on nous explique un peu le pourquoi de cette présentation,
étant donné que c'est le chapitre VII. (10 h 30)
Egalement hier, notre porte-parole à l'Assemblée
nationale, notre nouveau leader, le député de Richmond, a
mentionné qu'il aurait aimé entendre différentes personnes
et, entre autres, le juge Trahan, le président actuel de la Commission
de contrôle des permis d'alcool. Dans sa réplique, l'adjoint
parlementaire a spécifié que le président avait
été consulté et que peut-être plusieurs amen-
dements avaient été apportés ainsi que des articles
ajoutés, à la suite de ces consultations.
Nous aimerions quand même entendre le juge Trahan à cette
commission pour qu'il nous exprime ses commentaires et réponde
également aux questions que nous pourrions lui poser concernant l'aspect
général de ce projet de loi. Bien sûr, il a peut-être
été entendu, consulté, mais, par contre, a-t-il
été entendu et compris par le gouvernement? C'est une autre
chose. La consultation n'a été faite qu'en un sens. Afin de
bonifier ce projet de loi il n'y a pas d'arrière-pensée
dans ce que je dis j'ajouterais simplement que nous aimerions que le
président de la commission vienne ici. Bien sûr, s'il n'a que des
louanges à faire envers ce projet de loi tel que présenté,
tant mieux. Nous n'avons absolument rien contre. Par contre, si, par son
témoignage, on pouvait bonifier le projet de loi tel que soumis, je
crois que ce serait à l'avantage de la commission de l'entendre, non pas
ce matin, mais à une séance subséquente.
À cet effet, j'aimerais peut-être entendre les observations
parce que nous avons une proposition à faire, à savoir que la
commission de la justice est d'avis que les membres de la Commission de
contrôle des permis d'alcool et, notamment, son président, le juge
Trahan, se présentent devant elle pour se faire entendre dès la
prochaine séance de cette commission ou une séance
subséquente.
Le Président (M. Laplante): Est-ce une motion que vous
faites?
M. Cordeau: S'il vous plaît.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous pouvez me
donner... Est-ce que vous voulez que les travaux se déroulent assez
vite, assez bien?
M. Cordeau: Oui.
Le Président (M. Laplante): Je ne prendrai pas 14 heures
pour juger de la recevabilité de votre motion. Je ne m'appliquerai
même pas à la corriger non plus, mais, telle qu'elle est
formulée actuellement, elle est irrecevable. Le but de la commission est
d'étudier article par article le projet de loi 55 tel que voté
à l'Assemblée nationale. Maintenant, si je refuse la motion, je
vais vous donner un petit peu plus d'explications. Votre motion ordonne la
parution du juge Trahan.
M. Cordeau: Je peux changer la phraséologie. Je n'ai
aucune objection à un amendement de la part du gouvernement, s'il
l'agrée.
Le Président (M. Laplante): Vu que vous avez un sens tout
particulier à votre premier énoncé, j'aimerais, si vous
avez une correction à faire, que vous la fassiez vous-même si vous
en avez une à faire, parce que ce n'est pas un voeu actuellement, c'est
un ordre à ses membres.
M. Cordeau: C'est une motion voulant que... De toute
façon, si les gens veulent s'exprimer, ils connaissent le but.
Le Président (M. Laplante): Je veux être correct
avec tout le monde.
M. Cordeau: Habituellement, vous l'êtes.
Le Président (M. Laplante): Oui, si vous voulez
répondre en attendant. Il présentera à nouveau sa motion
lorsqu'il aura le droit de parole. M. l'adjoint parlementaire à la
justice.
Réponse de M. Gérald Godin
M. Godin: J'ai préféré attendre d'être
en commission pour répondre à certaines des critiques
spécifiques que vous avez faites hier, plutôt que de
répéter, parce que j'ai subi moi-même cette torture
d'entendre plusieurs fois les mêmes arguments. Je voudrais
l'éviter à ceux qui sont ici ce matin.
Sur le point que vous appelez fondamental et que nous estimons aussi
très important, relativement aux mineurs et surtout aux jeunes filles
mineures, nous faisons une distinction entre un mineur qui consomme de l'alcool
et un mineur qui donne un spectacle. Je pense que pour le mineur qui consomme
de l'alcool, souvent, ces personnes qui décident d'aller dans ces lieux
disposent de faux papiers ou de personnalités doubles qui leur
permettent de répondre à n'importe quelle question posée,
de sorte que ce serait un fardeau très lourd à porter pour le
détenteur d'un permis que de devoir prouver que, dans chaque cas, il y
avait des pièces qui étaient valides ou valables. Donc, nous
faisons une distinction entre ça et la question des mineurs qui donnent
des spectacles.
Sur le deuxième point, les mineurs qui donnent les spectacles,
nous sommes très ouverts à tout amendement ou à toute
suggestion qui permettra de donner encore plus de dents à la loi. Nous
avons fait notre boulot, nous, mais comme il y en a plus dans plusieurs
têtes que dans une, nous serons très disposés à
étudier attentivement les suggestions qui iraient dans ce
sens-là. Je peux en donner l'assurance au député de
Saint-Laurent.
Quant aux reproches que le député fait sur le droit
nouveau, il y a effectivement des coins qui ont été
tournés un peu carré à l'égard de cette mise dans
le même sac des articles 1 à 117 qui ne sont pas tous de droit
nouveau, mais qui sont nouveaux en ce sens qu'ils sont tous marqués
d'une volonté de simplification. Dans ce sens-là, on peut dire
que c'est le fil d'Ariane qui les relie entre eux, mais je dois me dire
d'accord avec le député, à savoir que peut-être dire
qu'ils sont tous de droit nouveau est un excès verbal, à tout le
moins. Je prends bonne note des suggestions et je pense qu'effectivement,
ça faciliterait le travail des membres d'une commission ou des membres
du Parlement qu'il y ait une ventilation plus précise à l'avenir,
au lieu d'imposer le fardeau de faire cette espèce de concordance aux
députés.
Une voix: ...
M. Godin: Oui, d'accord, cela aurait pu être fait
effectivement. Mais ce qui distingue les articles 1 à 117, je le
répète, ce qui fait que nous les appelons nouveaux, à
partir d'un commun dénominateur assez bas quant à la
nouveauté, je suis d'accord avec vous c'est qu'il y a une
volonté de simplification et de clarification afin de rendre la
compréhension plus simple, d'une part, pour les personnes qui liraient
cette loi. D'autre part, il y a une volonté de "streamliner" on
me permettra d'utiliser cet anglicisme tout cet aspect de la loi. Donc,
c'est la raison pour laquelle on les a appelés, un peu brutalement si
vous voulez, en tordant le bras des mots jusqu'à un certain point, de
droit nouveau.
D'autre part, quant aux recommandations ou aux suggestions du
député de Saint-Hyacinthe, qui reprend, d'ailleurs, la suggestion
faite par son collègue, hier, j'attendais ce matin pour les
commenter.
S'il y a un chapitre VII qui ressemble à une nouvelle loi, c'est
qu'il y a une partie qui touche purement l'administration, la délivrance
et le contrôle des permis qui est la première partie, jusqu'au
chapitre VII. Le chapitre VII lui-même s'inscrira c'est la raison
pour laquelle on l'a séparé dans une réforme du
droit pénal qui est actuellement en cours. C'est la raison pour laquelle
on peut dire qu'on l'a inscrit comme ça dans la loi et qu'il fera partie
éventuellement qu'il sera extrait, si vous voulez, de cette loi
d'un ensemble plus vaste, plus complexe et plus long dans sa
genèse, dans son aboutissement. La réforme du droit pénal,
donc, est en gésine, si on peut dire, et cette partie est une des
étapes. C'est la raison pour laquelle on l'a séparée de
l'autre. Cela s'inscrit dans un cheminement à plus long terme.
L'objectif visé par votre collègue hier et par vous ce matin sera
atteint, mais à un autre niveau, dans une réforme plus
globale.
Quant à votre suggestion... Est-ce qu'on peut parler dès
maintenant, M. le Président, de la motion du député de
Saint-Hyacinthe ou si on doit attendre?
Le Président (M. Laplante): Elle n'est pas
présentée encore.
M. Godin: Alors, nous allons attendre que la motion soit
officiellement déposée.
Le Président (M. Laplante): C'est mieux.
M. Cordeau: Et les amendements?
M. Godin: Oui, les amendements. Excusez-moi. Sur ce
point-là, effectivement, nous prévoyons déjà, dans
la partie de droit nouveau, soit les articles 1 à 117, cinq ou six
amendements qui seront déposés en bloc dans quelques jours.
Une voix: Quand seront-ils déposés?
M. Godin: II y en a cinq qui sont déjà prêts;
il en reste peut-être deux à venir. On peut déposer
les cinq maintenant. Nous déposons les cinq amendements qui sont
d'ordre technique et il en reste peut-être deux à venir qui sont
également d'ordre technique que vous aurez à la première
occasion, dès qu'ils seront dactylographiés au propre.
Est-ce qu'il y aurait d'autres points?
Motion
Le Président (M. Laplante): D'accord. Il y a une nouvelle
motion présentée par le député de Saint-Hyacinthe,
qui se lirait comme suit: "Que la commission de la justice souhaite que les
membres de la Commission de contrôle des permis d'alcool et, notamment,
son président, l'honorable juge Trahan, aient la possibilité de
se faire entendre dès la prochaine séance ou à une
séance subséquente de cette commission". À ce moment-ci,
je peux la juger recevable, M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Sur la motion?
M. Godin: M. le député de Saint-Laurent, est-ce que
vous avez des arguments à faire valoir à l'appui de cette
motion?
M. Forget: Je souhaiterais qu'on entende, bien sûr, les
commissaires, au moins brièvement. D'ailleurs, ce n'était pas
nécessairement restreint à ça dans mon esprit, mais c'est
sans aucun doute le groupe qui est le plus pertinent. Oui.
M. Godin: Sur cette question-là, le député
de Saint-Laurent disait tout à l'heure: Nous voulons être "on the
record". En français, je dirais; Nous voulons savoir si on a fait notre
lit. Je pense que notre lit est fait, M. le député de
Saint-Hyacinthe. Le président de la commission, ainsi que le
vice-président et le secrétaire général, M. le juge
Trahan, M. le juge Bossé, qui est, d'ailleurs, l'auteur du rapport que
vous avez entre les mains dans votre dossier, ainsi que M. Gariépy ont
été consultés, reconsultés, vus et revus. Chacune
des modifications à la loi leur a été
présentée; chacune des versions intermédiaires de la loi
actuelle leur a été soumise pour critique, analyse,
évaluation et suggestions. À chaque étape, ils ont donc
été intimement associés à la rédaction de ce
projet de loi, aussi bien qu'aux principes qui sous-ten-dent cette loi. Par
conséquent, nous ne croyons pas nécessaire de les recontacter, de
les revoir, parce que ça n'a pas été fait en cachette,
ça n'a pas été fait du tout dans un esprit de vindicte
à leur égard. Cela a été fait en collaboration avec
eux à chacune des étapes. Nous estimons, par conséquent,
qu'il serait superfétatoire de les réentendre ici, de les revoir
et de leur faire redire ce qu'ils nous ont dit et qui, d'ailleurs, fait partie
pour l'essentiel des modifications que nous apportons.
Nous estimons par conséquent que la commission aurait peu
à apprendre ou à gagner. Les légistes, et entre autres mon
voisin de droite, M. Daniel Jacoby, ont travaillé en étroite
collaboration avec eux à chacune des étapes, du début
à la fin de la préparation et de la présentation du projet
de loi. Pour cette raison, nous avons fait notre lit et nous n'avons pas
l'intention de les entendre en commission.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Le ministre admettrait-il, cependant, de
considérer des questions de notre part relativement à ce sujet,
puisqu'il nous dit qu'il s'est fait, en quelque sorte, si je comprends bien,
notre porte-parole auprès des commissaires, qu'il est satisfait que les
commissaires ont été consultés. C'est bien joli, je veux
bien admettre qu'il les a consultés. Evidemment, le but d'une
consultation, ce n'est pas la consultation elle-même, c'est de savoir ce
que les gens ont à dire à l'occasion de la consultation. Est-ce
que le ministre accepterait alors de nous dire quels sont les points du projet
de loi, dans sa version définitive, au sujet desquels les commissaires
ou le président de la commission persiste à être en
désaccord, s'il y en a?
M. Cordeau: Je voudrais renchérir sur cela aussi, parce
que tantôt, M. le député de Mercier, l'adjoint
parlementaire, a dit que le gouvernement avait fait son lit. Bien sûr,
mais peut-être que vous n'avez pas acquiescé à toutes les
demandes ou les observations du président ou des commissaires.
Peut-être que pour le bien général, on aurait
intérêt à entendre les observations qui vous ont
été faites de bonne foi. Peut-être que cela nous
éclairerait et que cela éclairerait toute la population aussi, et
la population sera en mesure de juger après. (10 h 45)
M. Godin: Je vais passer la parole à M. Daniel Jacoby, qui
a été l'émissaire du gouvernement et du ministère
dans ces rencontres. Il pourra vous faire un portrait encore plus
détaillé que je puis le faire du genre de rencontres qui ont eu
ieu et de ce qui s'est discuté à ce moment-là. Mais je
dois dire, avant cela, que les deux principes en cause, c'est de moderniser,
d'accélérer l'efficacité, premièrement, et les
commissaires que nous avons vus étaient parfaitement d'accord sur ce
principe. L'autre, c'est d'assurer la protection des mineurs qui sont
appelés à travailler et que nous voulons empêcher de
travailler dans ces lieux. Sur ces deux objectifs fondamentaux et tout
tourne autour de cela, au fond les commissaires sont parfaitement
d'accord, donc il n'y a pas de conflit sur l'essentiel entre eux et nous. C'est
la raison pour laquelle personnellement je vois peu d'intérêt
à les revoir. Enfin, je vais passer la parole à M. Jacoby.
Le Président (M. Laplante): M. Jacoby, vous êtes
conscient que vous parlez comme si c'était le ministre qui parlait.
M. Godin: Oui, j'ai l'habitude.
M. Forget: C'est ce qu'on appelle une
sous-sous-délégation.
Le Président (M. Laplante): Je suis venu près de le
dire, M. le député de Saint-Laurent, mais j'ai eu peur de
dépasser...
M. Godin: C'est le troisième niveau. Nous en sommes au
troisième niveau de délégation. La
délégation au cube...
Effectivement, dans la préparation de cette loi, nous avions
déjà le rapport du groupe de travail et nous avions aussi
certaines des recommandations du rapport Thinel laissé en suspens et
nous avons préparé les avant-projets de loi. Quand nous sommes
arrivés à un stade où les avant-projets de loi
étaient suffisamment avancés, nous avons transmis les textes
mêmes, au président, au vice-président et au
secrétaire général de la commission.
Ils ont eu plusieurs semaines pour les examiner et dans l'ensemble, sauf
sur des questions de détail, bonification sur le plan juridique,
technique, les projets qui leur ont été soumis la
dernière version n'a pas été soumise, parce qu'on est pris
par le temps dans l'ensemble, je dirais qu'à 90% ce qu'il y avait
dans les projets qui leur ont été soumis se retrouve aujourd'hui
dans le projet de loi qui a été déposé.
Je peux faire état des remarques d'une manière
générale. D'une part, comme le projet s'inspire grandement du
rapport du groupe de travail dont faisait partie le juge Bossé et dont
avait pris connaissance le président de la commission, on a
constaté que les interventions venant de MM. Bossé et Trahan
consistaient essentiellement en des interventions pour améliorer le
projet de loi sur le plan de l'efficacité. Dans l'ensemble, sans entrer
dans les détails, il est certain que nous avons suivi, de
mémoire, peut-être 80% ou 90% des recommandations qui ont
été faites par MM. Bossé et Trahan. Ce qui fait que,
même sur la question du changement d'organisme comme tel, où pour
des raisons techniques et juridiques, on remplace la commission de
contrôle par la régie, le projet de loi qui leur avait
été soumis contenait déjà ces projets de
modification.
En somme, ce que je peux dire, constatant l'évolution du dossier,
c'est que, substantiellement, ils ont été consultés. Nous
avons reçu leurs commentaires et la plupart de leurs commentaires, nous
les avons retenus dans le projet. Au niveau des principes de la loi, il n'y a
jamais eu, à ma connaissance, de problèmes, de conflits ou de
prises de position différentes de la part de MM. Trahan et Bossé.
Evidemment, je ne peux pas parler en leur nom, mais je vous fait état de
ce qui s'est passé dans nos rencontres.
Le Président (M. Laplante): Avant de continuer, M. le
député de Saint-Laurent, je m'excuse de vous interrompre, j'ai
commis un petit impair tout à l'heure; pour le journal des
Débats, je voudrais rectifier, c'est que M. Jacoby parlait au nom de
l'adjoint parlementaire à la Justice. Déjà, l'adjoint
parlementaire parle en son nom, mais sous la responsabilité du ministre.
D'accord? Pour que ce soit clair, aux fins du journal des Débats.
M. Forget: Je vous remercie.
M. Godin: Moi, c'est le...
M. Cordeau: Les responsabilités aussi.
M. Forget: C'est grisant. M. le Président,
essentiellement, le but d'entendre les commissaires, ce n'est pas seulement de
leur faire une politesse, c'est de constater personnellement les points sur
lesquels ils demeurent en désaccord. On nous dit que, sur les principes,
ils sont d'accord; est-ce qu'on doit comprendre que le gouvernement nous dit
que, sur les principes de la loi, quelle que soit la façon dont on
définisse les principes de la loi, il y a un accord, ce qui veut dire
que, sur certaines questions de détail ayant trait à
l'efficacité des processus de contrôle des permis, il y a donc des
différences de points de vue qui subsistent? Je ne veux pas
prétendre que les commissaires ont nécessairement raison et que
le gouvernement a tort; ça peut, de façon tout à fait
plausible, être l'inverse.
Je pense que ce qui intéresse les membres de la commission est
l'interrogation qui serait présente dans nos esprits si les commissaires
étaient devant nous, ce serait de déterminer sur quels points ils
sont en désaccord. Les points sur lesquels ils sont en accord, disons
que cela n'a aucun intérêt. Mais pour les points sur lesquels ils
sont en désaccord, cela alerterait notre attention sur des jugements que
porte le gouvernement quant à l'efficacité des mécanismes.
Puisqu'on nous dit que les consultations ont eu lieu et qu'il n'y a pas lieu de
les recommencer, le moins qu'on pourrait s'attendre d'obtenir de la part du
ministre, c'est une indication claire: Voici, nous avons pris telle et telle
décision malgré que les commissaires préféraient
que l'on prenne telle et telle autre décision sur des points
précis.
M. Cordeau: M. le Président, sur le même sujet.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Tantôt vous avez dit que le gouvernement nous a
informés qu'il avait soumis environ 90% du texte à la commission,
aux commissaires et au juge Trahan. Par contre, il reste 10% dont ils n'ont pas
pris connaissance avant l'impression de cette loi. Vous savez que dans 10% d'un
ensemble, on peut changer beaucoup de choses, même sur ce qui a
été modifié, des articles qui ont été
acceptés préalablement. Ce serait certainement intéressant
que les membres de la commission nous fassent connaître leur opinion sur
le 10% qui ne leur a pas été soumis.
Vous nous avez informés tantôt que 90% avait
été soumis. Peut-être que 95% du texte soumis avait
été accepté de part et d'autre, après amendements.
Par contre, il y a 10% de ce projet de loi qui n'a pas été soumis
aux commissaires. C'est peut-être sur ce 10% qu'ils ont des points de vue
à nous faire connaître. Ce serait bénéfique pour la
commission. D'ailleurs, vous connaissez notre esprit, ce n'est pas dans un but
critique que nous faisons cela, mais bien pour bonifier ce projet de loi. S'ils
viennent et qu'ils disent: On accepte tout cela en bloc, tout est très
bien, on n'a pas d'objection. Par contre, cela nous rassurerait, et cela
rassurerait la population également. C'est simplement dans ce but. Ce
n'est pas une séance de deux ou trois jours. On demande tout simplement
à les entendre et on jugera après.
M. Godin: M. le Président, je voudrais revenir j'ai
oublié cela au début de mes remarques et cela rejoint un peut ce
que vous venez d'aborder à la question que vous avez posée
à savoir si je suis ici pieds et poings liés relativement
à la volonté du ministre. Je n'ai pas de camisole de force ici,
je vous le dis tout de suite, M. le député de Saint-Laurent. J'ai
une certaine marge de manoeuvre, effectivement, sinon je ne serais pas venu.
Jouer les marionnettes ne m'intéresse pas plus que vous ni que le
député de Saint-Hyacinthe. Ne soyez pas inquiets. Il ne s'agit
pas ici de présenter un bloc de ciment que je n'aurais pas le loisir de
modifier. Il s'agit au contraire de discuter honnêtement de tous les
aspects de ce projet de loi.
Mais sur le fond de ce que vous dites, M. le député de
Saint-Hyacinthe, nous allons tenter de retracer pour vous
démontrer notre ouverture dans nos documents, nos échanges
de correspondance et les notes de conversations prises avec les commissaires
actuels, les points où il y a eu litige. S'il y en a eu, ce dont je ne
suis pas sûr, nous allons les faire connaître à la
commission et la commission jugera, après avoir pris connaissance des
points de litige qui auraient pu se présenter, si elle estime toujours
que nous devrions entendre les commissaires. Dans notre esprit, ce seraient les
trois personnes que nous avons vues, le commissaire Trahan, le
président, le commissaire Bossé et le secrétaire
général de la commission. Si vous estimez, après avoir
pris connaissance des documents et si nous les retrouvons, que vous avez
toujours l'intention de les entendre, nous le ferons et, si nous ne retrouvons
pas les documents, nous serons ouverts à votre suggestion.
M. Cordeau: Ils ont certainement pris connaissance des 10% qui
n'vaient pas été soumis avant l'impression du texte de loi
définitif tel que présenté. Peut-être que ce serait
bon de les consulter, si vous ne voulez pas leur permettre de venir ici
à la commission, afin qu'ils fassent parvenir à la commission
leurs suggestions sur la partie du texte de loi qui ne leur a pas
été soumise.
M. Godin: Entendons-nous. Il y a des points sur lesquels il n'y
avait pas un accord total, mais c'étaient des points tellement
techniques dans certains cas qu'il ne nous apparaît pas que cela remet en
cause le fondement même du projet de loi. C'est la raison pour laquelle
nous sommes peu enclins à les entendre. Enfin, si vous y tenez, et si,
après avoir pris connaissance des points où il y avait eu des
discussions, vous estimez toujours utile qu'on les entende, on est ouvert
à cela. Cela va?
Le Président (M. Laplante): D'accord? M. Cordeau:
Cela va.
Le Président (M. Laplante): Dans ce cas-là,
retirez-vous votre motion ou considérez-vous qu'elle est rejetée
sur division?
M. Cordeau: Ne peut-on pas la présenter autrement? Si elle
n'est pas acceptée, actuellement, je crois qu'on ne peut pas y revenir
après, n'est-ce pas? On ne peut pas la présenter à un
autre moment?
Le Président (M. Laplante): Dès que j'appelle
l'article 1, il n'y a plus de motions de ce genre-là qui peuvent
être présentées. C'est pour cela que je vous mets en garde
tout de suite.
M. Cordeau: Parce que là, c'est conditionnel. Je crois que
M. l'adjoint nous a dit qu'il était prêt à nous donner des
informations et tout cela et même à aller plus loin. Il va y avoir
plusieurs personnes qui vont parler. Peut-être qu'il serait bon
d'entendre les commissaires tout de suite ou à un moment donné,
peut-être demain ou après demain. Cela prendrait peut-être
moins de temps de les entendre que de commencer à faire des recherches.
Si vous en oubliez, on pourra apprendre après qu'il y a eu telle chose,
etc. Si les commissaires venaient...
M. Godin: Si vous avez des informations sur des reproches qu'ils
auraient... Vous posez le principe qu'il faudrait les inviter, mais vous n'avez
pas dit les raisons pour lesquelles vous croyez que, selon vous, ils auraient
des choses à dire sur des points très précis. C'est la
raison pour laquelle pratiquement, en ne me situant pas au niveau
théorique, vous ne m'avez pas encore convaincu qu'il faudrait les
inviter. C'est cela, la question, parce que je voudrais que cela
déboule. Il faudrait trouver les moyens pour que l'objectif soit
atteint.
M. Cordeau: Oui, c'est cela.
M. Godin: Je ne sais pas quel moyen technique on peut prendre
pour que la motion puisse être présentée à
nouveau.
M. Cordeau: On peut la retirer.
M. Forget: Le ministre s'est exprimé, M. le
Président, très clairement. Il a dit: On va vous donner les
points sur lesquels il semble y avoir désaccord. Si cela semble manquer
de clarté ou être manifestement incomplet, il a dit qu'il
n'était pas opposé, en principe, à ce moment-là,
à ce qu'on les entende, si les points semblent suffisamment importants.
Quant à moi, je me satisferais de cet engagement du ministre de
collaborer au maximum avec la commission.
Le Président (M. Laplante): Je crois que le plus sage, M.
le député de Saint-Hyacinthe...
M. Cordeau: II me semble que la motion n'est pas radicale. Je
souhaite qu'on puisse entendre le juge Trahan à une séance
subséquente.
Le Président (M. Laplante): C'est parce que, si vous
exprimez un souhait, on est obligé de les faire venir, on est
obligé de les inviter. Pourriez-vous tout simplement retirer votre
motion et obtenir l'engagement du ministre? À ce moment-là, vous
l'auriez par les deux bouts. Préféreriez-vous faire battre votre
motion...
M. Cordeau: Non, il a dit tantôt qu'il me laisserait
peut-être le loisir de revenir sur le sujet, si on a d'autres
informations à lui communiquer. Pour le bien de cette commission, non
pas pour le bien, mais enfin, je peux la retirer.
Le Président (M. Laplante): Vous la retirez. Le
député de Saint-Hyacinthe retire sa motion...
M. Cordeau: Après la paroles de l'adjoint parlementaire
qui m'a fait part de son ouverture d'esprit.
Le Président (M. Laplante): ... après avoir entendu
les explications de l'adjoint parlementaire.
Une voix: C'est consigné au journal des Débats.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Cette motion du
député de Saint-Hyacinthe est retirée. Avez-vous d'autres
remarques avant l'appel de l'article 1? Je vous remercie. J'appelle l'article 1
du projet de loi 55, Loi sur les permis d'alcool. M. l'adjoint parlementaire.
(11 heures)
Projet de loi
Interprétation
M. Godin: L'article 1 nous renvoie à l'article 2 de la Loi
sur les infractions en matière de boissons alcooliques. Je rappelle
qu'en vertu de l'article 118 du projet de loi, la Loi sur les infractions en
matière de boissons alcooliques est le nouveau titre de la Loi sur la
Commission de contrôle des permis d'alcool, et qu'en vertu de l'article
118 du projet de loi, certaines de ses définitions sont
modifiées.
M. Forget: Je pense qu'on abroge les définitions qui
apparaissent dans le dictionnaire, essentiellement. C'est ce que j'ai cru
comprendre.
M. Godin: On modernise, en fait.
M. Forget: Je n'ai pas d'objection.
M. Godin: On a utilisé le Robert.
Le Président (M. Laplante): Article 1, adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 2?
Constitution et fonctions de la Régie des
permis d'alcool du Québec
M. Forget: Je ne sais pas si le ministre a des observations
à faire, mais j'en aurai, s'il n'en a pas.
Le Président (M. Laplante): M. l'adjoint.
M. Godin: Allez-y, je n'en ai pas.
Le Président (M. Laplante): Vous n'en avez pas?
M. Forget: M. le Président, je m'exprimerai d'abord
là-dessus de façon interrogative. On change le nom d'un organisme
en lui conservant ses caractéristiques essentielles. Essentiellement, il
s'agit d'un organisme qui a pour but d'émettre, de modifier, de
renouveler, de révoquer des permis d'alcool. L'organisme, jusqu'à
maintenant, s'est appelé la Commission de contrôle des permis
d'alcool. On veut maintenant lui donner un nouveau nom, la Régie des
permis d'alcool du Québec. Bien sûr, on peut s'amuser à
changer les noms de tous les organismes tous les ans. Tout ce que cela va
faire, c'est d'augmenter les frais de papeterie du gouvernement. Il doit y
avoir autre chose que cela derrière un tel changement. Ce n'est pas
évident dans le texte de la loi. Une régie, cela doit, selon
l'expression normale de ce mot, administrer quelque chose, semble-t-il. Cela
doit avoir une fonction administrative importante plutôt qu'une fonction
quasi judiciaire, mais ce n'est pas du tout évident, ce qu'ils vont
administrer. Effectivement, ils administrent seulement leur propre budget,
autant qu'on peut comprendre. Comme ils sont six régisseurs plus le
personnel de soutien, ce n'est quand même pas une grosse administration.
On se demande bien pourquoi appeler cela une régie. Ce n'est pas
évident, d'après les travaux faits il y a quelques années
par un groupe de travail sur la réforme de l'administration publique,
que ce soit une régie dans ce sens, du moins, me semble-t-il. Il s'agit
davantage presque d'un tribunal administratif qui a certains critères
pour l'attribution et le retrait des permis d'alcool, et qui doit
décider selon des procédures presque judiciaires ou quasi
judiciaires.
Pourquoi appelle-t-on une chose une commission? Pourquoi l'appelle-t-on
une régie? Il ne semble pas y avoir de véritable raison, sauf le
désir peut-être un petit peu gratuit de changer pour changer.
À mon avis, il n'y a rien qui justifie le changement de nom dans le
texte de loi. Je voudrais bien connaître, de la part de l'adjoint
parlementaire, quelle est la philosophie de l'administration publique qui les
oriente dans ce domaine. On a une Régie des rentes, par exemple. La
Régie des rentes, c'est bien connu, administre quelque $200 millions de
prestations par année. Elle maintient des fichiers de
bénéficiaires, un registre des gains, des bureaux
régionaux pour donner des services à la population et pas
simplement agir comme tribunal. Il y a là toutes sortes... On
gère. Le mot "régie" suggère le mot "gestion". On
gère donc un régime de prestations sociales. La Régie de
l'assurance-maladie administre des ententes entre l'État, d'une part, et
des syndicats de professionnels de la santé, et là aussi, il y a
plusieurs centaines de millions de dollars qui sont administrés. Il y a
un immense service d'informatique. On traite quelque $50 millions de
réclamations par année. On a 2000 employés. Ce sont des
régies.
Quand on arrive avec un groupe de six personnes qui décident si
oui ou non l'attribution d'un permis est justifiée, je pense qu'on
introduit une confusion déplorable dans le vocabulaire en disant: La
Régie des permis d'alcool et la Régie d'assurance-maladie, ce
sont deux régies. Ce sont deux animaux complètement
différents. Il n'y a aucune espèce de parenté entre les
deux. Peut-être qu'on n'aime pas le mot "commission". Cela fait XIXe
siècle, je ne sais pas. Qu'on l'appelle un tribunal, qu'on l'appelle...
Pourtant, "commission" suggère que, justement, il y a l'idée d'un
mandat que l'État confie à des commissaires pour
interpréter et appliquer une loi.
Dans le fond, quand on regarde les fonctions exécutées par
les régisseurs, ça pourrait bien être une direction
générale à l'intérieur du ministère de la
Justice aussi. Il n'y a rien qui s'opposerait à ce qu'à
l'intérieur du ministère de la Justice on désigne trois
fonctionnaires, dans la loi du ministère, qui ont la charge de
délivrer des permis. Il n'y a vraiment rien là. Le permis de
conduire, par exemple, c'est important, un permis de conduire. C'est
émis par le Bureau des véhicules automobiles, à
l'intérieur du ministère des Transports. On n'a pas
créé la Régie des permis d'automobiles. Qu'est-ce que
c'est ça, cette histoire? Pourquoi le ministère de la Justice
n'est-il pas capable d'émettre des permis d'alcool? Pourquoi faut-il
créer une structure? La seule raison, à mon avis, pour laquelle
on crée une structure, c'est qu'on veut donner le statut de tribunal
à cette commission, régie, appelez-la comme vous voudrez, on veut
lui donner un statut indépendant. On ne veut pas que ce soient des gens
qui soient aux ordres du ministre. On veut qu'ils soient un peu comme un
tribunal. Alors, qu'on crée un tribunal administratif avec,
évidemment, des pouvoirs d'enquête, etc., tout ce qu'on veut,
parce que le concept de tribunal administratif se prête à
ça. Un tribunal administratif, ce n'est pas une régie.
Personnellement, M. le Président à moins de
recevoir des réponses, ce sera le sens de mes remarques je
suggérerais qu'on conserve l'ancien titre, à défaut
d'avoir des raisons vraiment valables pour en adopter un nouveau, parce qu'on
va créer plus de confusion avec ça que c'est utile. On dit:
Pourquoi une régie? Est-ce un nouvel organisme? Faut-il s'adresser
ailleurs? Y a-t-il une commission plus une régie? Pourquoi une
régie? Qu'est-ce qu'ils administrent? Ils n'administrent rien, bon!
C'est changer... C'est une distinction sans différence, comme disent les
Américains.
Le Président (M. Laplante): M. l'adjoint
parlementaire.
M. Godin: Je trouve que le député de Saint-Laurent
tourne à son tour les coins rond. Il ne s'agit pas pour la commission de
nommer quelques personnes. Il y a 200 fonctionnaires qui travaillent à
ce qu'on appelle actuellement la commission. Deuxièmement, il y a quand
même des raisons pratiques et bien précises qui font que nous
voulons l'appeler régie. Il y aura maintenant dorénavant une
juridiction enfin, si la loi est adoptée exclusive qui
sera donnée au président de la régie, alors que cette
juridiction est actuellement partagée entre le président de la
commission et le sous-procureur général de la province de
Québec. Je pense que c'est une des raisons fondamentales pour lesquelles
nous appelons ça une régie. De plus, il y a des changements assez
importants qui sont apportés à l'ancienne commission. Entre
autres, la réduction de la durée maximale du mandat de dix
à cinq ans, l'abolition d'un des deux postes de vice-président et
surtout je reviens là-dessus la juridiction exclusive
accordée au président quant à l'administration et la
direction de la régie. Enfin, sur le plan du dictionnaire, aussi bien
que sur le plan juridique, il est maintenant généralement admis
ou accepté que les organismes qui exercent des fonctions d'adjudication
comme, par exemple, délivrer un permis de contrôle et de
régulation, devraient s'appeler régie. C'est la raison pour
laquelle nous avons...
M. Forget: ... pour acquis par trois ou quatre personnes que vous
avez consultées...
M. Godin: Les plus...
M. Forget: ... mais ça ne fait pas la commune
renommée, ça.
M. Godin: Enfin, dans notre livre, c'est le terme "régie"
qui recouvre le mieux le fonctionnement de ce...
M. Forget: Mais pourquoi?
M. Godin: Nous sommes plus dans le droit administratif, en fait,
que dans toute autre forme de droit et...
M. Forget: Je suis bien d'accord là-dessus, au
départ, c'est sûr.
M. Godin: ... en droit administratif, nous appelons ça une
régie. Dans le dictionnaire...
M. Forget: Ce n'est qu'une affirmation... M. Godin: ...
dans le dictionnaire, monsieur... M. Forget: ... M. l'adjoint
parlementaire. M. Godin:... dans le Robert...
M. Forget: Comment décrit-on "régie" dans le petit
Robert, à supposer que ce n'est pas une autorité pour une
question de droit, mais...
M. Godin: Je peux vous passer le dictionnaire et même en
faire le dépôt.
M. Cordeau: M. le Président?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Vous avez dit tantôt, M. l'adjoint, qu'un
organisme qui accorde des permis, c'est une régie, des permissions. Mais
la Commission de protection du territoire agricole, ce n'est qu'une
comparaison, elle ne fait qu'accorder des permis et c'est une commission. C'est
une loi qu'on vient d'accepter dernièrement. La Commission de protection
du territoire agricole n'accorde que des permis et c'est une commission.
M. Forget: Dans le petit Robert, je ne pensais pas trouver une
aussi bonne confirmation. On dit: "Dr., Admin. Mode de gestion d'une entreprise
publique ce n'est pas une entreprise, c'est bien clair que c'est
n'importe quoi, sauf une entreprise par les fonctionnaires d'une
collectivité publique. Régie d'Etat, Régie communale.
Régie simple ou directe, entièrement dirigée et
organisée par les fonctionnaires. Régie intéressée,
dirigée par une personne ou une société
intéressée aux recettes et aux bénéfices." Des
contrats en régie, par exemple, des travaux en régie, par
opposition à des travaux à forfait, ça ne s'applique
pas... "Entreprise publique ainsi gérée. Régies d'Etat
avec monopole." Par exemple, en France, la Régie des tabacs et
allumettes, la Régie des poudre et salpêtres, la Régie
autonome des transports parisiens...
M. Godin: On peut dire, M. le député de
Saint-Laurent, que la Régie des tabacs en France a des points communs
avec notre régie des alcools.
M. Forget: Non, elle fabrique.
M. Godin: Elle administre également l'émission des
permis. Pour vendre du tabac en France, ça prend un permis...
M. Forget: Selon cette définition-là, ce serait un
terme approprié pour la Société des alcools. On pourrait
appeler ça la régie des alcools au Québec. Selon la
définition française, c'est une régie. On gère un
commerce, une entreprise, c'est une régie. Ici, il ne s'agit pas de
gérer quoi que ce soit, il s'agit de faire une adjudication des permis.
Une adjudication, c'est un travail de tribunal, ce n'est pas un travail de
régie, jamais, dans aucun pays. Enfin, on peut bien définir les
mots comme on veut, le législateur est tout puissant. On peut bien
appeler ça une école maternelle si on y tient absolument, mais ce
n'est pas du tout une régie.
M. Godin: Enfin, il ne faudrait pas charrier non plus.
M. Forget: Non, mais enfin, le législateur peut tout
faire.
M. Godin: Pour un éclairage technique je vais passer la
parole à M. Jacoby.
Effectivement il est vrai que le vocabulaire que l'on emploie en
matière d'organismes, de tribunaux, est loin d'être uniforme. Par
ailleurs on tente de plus en plus depuis quelque temps d'avoir une typologie
des organismes gouvernementaux, que ce soient des organismes de
régulation ou des organismes administratifs. Il est certain que, d'une
part, je ne pense pas qu'on puisse tellement s'inspirer du dictionnaire Robert
en matière de droit administratif québécois parce que le
droit administratif français et le nôtre sont très
très différents. On hérite beaucoup du droit administratif
d'inspiration anglaise et américaine. Il y a plusieurs auteurs qui se
sont penchés sur la question, notamment Gélinas qui a
écrit, il y a quelques années, un livre sur les organismes
centraux et décentralisés et qui essaie d'établir une
typologie des organismes suivant leur vocable. Il constate lui aussi qu'il y a
une disparité dans nos lois.
C'est vrai qu'il y a des exceptions, vous en avez noté une, mais
dans l'ensemble le mot "commission" n'est pas utilisé pour ce type
d'organisme. Prenons, par exemple, la Commission de police. La Commission de
police actuellement est un organisme qui a un certain pouvoir de
régulation, mais c'est un organisme qui n'a aucun pouvoir
d'adjudication. Elle ne fait que des recommandations, qui sont suivies ou non.
Elle n'a absolument aucun pouvoir quasi judiciaire, d'une part. Ce sont des
recommandations, par exemple, quand il s'agit d'enquêtes sur les corps de
police ou d'enquêtes sur les membres de corps de police. Tout ce qu'elle
peut faire et tout ce qu'elle fait ce sont des recommandations.
Si on prend par ailleurs la Commission des droits de la personne, la
Commission des droits de la personne qui a été
créée en 1975 n'a pas de pouvoir d'adjudication non plus. Tout ce
qu'elle fait, c'est des enquêtes à partir des plaintes en
matière de discrimination, d'une part, et, ensuite, d'essayer de
concilier les parties, de faire des
recommandations; si elles ne sont pas suivies, la commission n'a
absolument aucun pouvoir d'émettre une ordonnance. Il faut s'adresser au
tribunal.
Si on prend la Commission des affaires sociales, maintenant, qui est un
autre organisme bien connu, la Commission des affaires sociales a
été créée pour siéger en appel de certaines
décisions administratives, certaines lois, comme, par exemple, la Loi
sur les accidents du travail, la Loi sur les victimes d'actes criminels, et
ainsi de suite, cette commission a un strict pouvoir d'adjudication. (11 h
15)
Alors, on voit déjà, si on compare la Commission des
affaires sociales, la Commission des droits de la personne, la Commission de
police avec la fameuse Commission de contrôle des permis d'alcool, qu'il
y a vraiment un monde de différence entre les deux.
Effectivement, on constate, par exemple, que, dans un organisme comme
celui-ci, il y a des fonctions d'adjudication, mais aussi des fonctions de
régulation. Cet organisme a le pouvoir d'adopter des règlements
qui, bien sûr, sont approuvés par le gouvernement. Ce sont des
fonctions de régulation. C'est un organisme qui se trouve à
appliquer sa propre législation en partie, pour ce qui est du pouvoir
délégué. Alors, il y a des fonctions de régulation
et, dans le fond, si on s'en tient à Gélinas c'est
peut-être l'auteur québécois qui s'est le plus
penché sur la question la régie, c'est l'organisme qui
exerce des fonctions de régulation. D'ailleurs, c'est ce que dit
l'article 3: "La régie a pour fonctions de délivrer, de
renouveler, de suspendre ou de révoquer les permis visés dans la
présente loi et d'en contrôler l'exploitation." Donc, elle a une
fonction de régulation dans la consommation, la vente au détail,
l'exploitation des établissements qui servent de l'alcool ou encore des
épiceries.
Donc, il y a une fonction de régulation, mais il y a aussi une
fonction d'adjudication parce qu'on émet des permis, on révoque
des permis. Or, d'après nos études, il semblerait que le terme le
plus approprié pour un organisme qui exerce ce type d'interventions,
c'est le terme régie. Je dois admettre, par ailleurs, qu'actuellement le
vocabulaire n'est pas tout à fait fixé, sauf qu'au
ministère de la Justice, à la Direction de la recherche et de la
législation, nous tentons de plus en plus d'accoler aux organismes le
terme qui convient le plus à leurs fonctions et à leur
vocation.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Bien sûr, vous avez fait plusieurs
comparaisons, mais pouvez-vous me faire la comparaison avec la Commission de
protection du territoire agricole qui a à peu près les
mêmes fonctions que celles définies à l'article 3? Elle
accorde des permis, elle suit les exploitations de sablières, ainsi de
suite, l'exploitation des terres noires, elle peut enlever le permis et ainsi
de suite.
Là, on a dit "commission" et ici on dit "régie". Ce n'est
pas clair, c'est loin d'être clair. Je ne sais pas si la loi 90 a
été soumise au comité de législation ou si elle a
été faite tellement à la hâte qu'on l'a votée
comme cela sans que ce soit bien défini et bien pris en
considération. J'aimerais que vous apportiez un éclaircissement
sur la Commission de protection du territoire agricole et la régie que
nous sommes en train d'établir actuellement.
M. Godin: Supposons, M. le député de
Saint-Hyacinthe, que nous estimions que l'erreur a été faite au
moment du baptême du premier enfant dont vous parlez et que nous ne
voulions pas répéter cette erreur. Ce que nous visons, c'est
qu'il y ait une uniformisation du vocabulaire, une meilleure cohérence
dans le vocabulaire. J'estime, à titre personnel, que la Commission de
protection du territoire agricole aurait dû s'appeler la régie;
c'est une opinion personnelle. C'est la raison pour laquelle j'estime que le
mot régie s'applique dans ce cas-là et qu'on n'est pas pour
partir d'une erreur récente pour en faire une autre, dans ma logique
à moi.
M. Cordeau: On peut toujours présupposer aussi que la Loi
sur la protection du territoire agricole avait été
bâclée et présentée assez vite, mais, de toute
façon...
M. Godin: Ce n'est pas parce que l'enfant n'a pas
été baptisé du bon prénom que la loi a
été bâclée, entre vous et moi. Ce n'est pas le nom
de l'enfant qui fait sa qualité.
M. Cordeau: De toute façon...
M. Godin: Vous, vous vous appelez Fabien et, pourtant, je sais
que vous ne faites pas toujours bien, pour employer une blague utilisée
souvent avec M. Fabien Roy dans le passé. Donc, le nom a peu à
voir avec...
M. Cordeau: Je ne fais pas toujours bien, mais je fais quelque
chose.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Je voudrais dire que j'apprécie le commentaire
du député de Saint-Hyacinthe relativement au titre de la
Commission de protection du territoire agricole. Je pense qu'on touche
là du doigt, dans une loi récente, que cette fameuse
symétrie dans l'utilisation des mots n'existe pas même pour un
même gouvernement. Donc, on ne s'approche pas plus d'une solution en
changeant "commission" par "régie" dans ce cas-ci. On va être tout
aussi confus.
Pour vraiment changer le sens des mots, il faudrait le faire
systématiquement et il faudrait qu'on nous explique quel titre on va
donner aux deux régies que je viens de décrire tout à
l'heure, la Régie de l'assurance-maladie et la Régie des rentes.
S'il faut un pouvoir de régulation pour
qu'on s'appelle régie, il va falloir immédiatement changer
le titre de ces deux régies, parce qu'elles n'ont pas de pouvoir de
régulation, elles n'en ont aucun. Elles n'ont pas de pouvoir
d'adjudication, donc, on ne pourra pas les appeler commission non plus. Elles
ont simplement un pouvoir de gérer des lois.
Dans le cas de la Régie des rentes, elle a un certain pouvoir
d'adjudication, si on veut, des rentes d'invalidité, sujet cependant aux
décisions de ta Commission des affaires sociales. Dans ce cas-là,
comment va-t-on appeler la Régie des rentes? Est-ce que ça va
être la société des rentes du Québec? Et la
Régie de l'assurance-maladie, la société
d'assurance-maladie? Non, parce que ce ne sont pas des opérations
commerciales et industrielles. Alors, elles n'auront pas de nom, probablement
qu'il faudra se contenter de ne pas les appeler...
Plus fondamentalement que ça, je crois qu'on fait une très
grave erreur de lier la notion de régie à la notion de
régulation. Bien sûr, il y a, en droit américain, mais dans
le contexte de la constitution américaine, du régime politique
américain qui est bien différent du nôtre, ces organismes
qui ont des pouvoirs de régulation. Il faut comprendre que le pouvoir
législatif est constitué bien différemment aux Etats-Unis
de ce qu'il l'est dans un État avec un régime parlementaire et
qu'il y a un besoin beaucoup plus évident, dans un tel régime,
pour qu'à l'intérieur de la branche exécutive, il y ait
des pouvoirs de régulation qui soient exerçables de façon
autonome du Congrès.
Mais ce n'est pas du tout le cas dans notre droit parlementaire, si ce
n'est par une certaine négligence ou un abus, le pouvoir de
régulation n'est jamais effectivement délégué
totalement. La preuve en est que, dans les dispositions de la loi 55, ce n'est
pas la régie qui va faire des règlements, qui va donner
autorité à des règlements, c'est le lieutenant-gouverneur
en conseil. Il y a une seule autorité, dans le fond, dans le droit
parlementaire, c'est la première autorité, c'est le Parlement
lui-même qui adopte les lois et il y a une autorité
déléguée au Conseil des ministres.
Maintenant, qu'un projet de règlement soit préparé
par une régie, par une société d'Etat ou un fonctionnaire
d'un ministère, ça n'affecte en rien la source de sa
légitimité qui est l'approbation par le lieutenant-gouverneur en
conseil. Donc, il n'y a pas de pouvoir de régulation, ce sont des
pouvoirs d'élaborer des textes. Le pouvoir de régulation repose
essentiellement dans le Conseil des ministres, point. À moins que vous
nous disiez que, dans les articles subséquents, vous allez faire des
modifications pour que ce soit la régie qui adopte' les
règlements, sans même référence au Conseil des
ministres. Si vous ne voulez pas leur donner un pouvoir de régulation,
n'entretenez pas la confusion en disant qu'elles ont des pouvoirs de
régulation, elles n'en ont pas. Elles préparent des textes, elles
sont consultées, plus ou moins intensément, mais effectivement le
pouvoir de régulation appartient au Conseil des ministres. Donc
qu'est-ce qui leur reste, au net? Il leur reste l'adjudication. Ce sont des
tribunaux administratifs, et dans le droit parlementaire britannique, tout ce
que l'on peut avoir, ce sont des tribunaux administratifs. On ne peut pas avoir
des "authorities", comme les Américains en ont, ça ne s'ajuste
pas dans notre droit parlementaire.
Si jamais on allait jusque-là, on changerait notre constitution
interne, c'est ça qu'on ferait. Il n'y a qu'un détenteur du
pouvoir législatif, c'est l'Assemblée nationale, elle peut le
déléguer au Conseil des ministres, mais c'est tout. Donc, si on
fait reposer la définition de régie sur le pouvoir de
régulation, on la fait reposer sur un pouvoir qui n'existe pas à
ce niveau, il existe à un autre niveau. Donc, on se retrouve devant un
tribunal administratif qu'on appelle une régie, qu'on appellera
tantôt une commission, sur la base d'une distinction qui n'est
présente nulle part, et qui ne devrait pas d'ailleurs s'incorporer dans
nos moeurs. On ne doit pas, étant donné le principe de
responsabilité ministérielle, donner à un organisme autre
que le Conseil des ministres le pouvoir d'adopter des règlements.
Les seuls organismes qui peuvent adopter des règlements à
part le Conseil des ministres, ce sont les administrations municipales, qui
sont des administrations élues. Elles peuvent adopter des
résolutions qui sont finales, qui n'ont pas besoin d'être
entérinées ou avalisées par le Conseil des ministres. Mais
il n'y a aucun organisme gouvernemental qui est capable de faire cela. Je n'ai
jamais entendu personne qui suggère qu'on donne des pouvoirs de
régulation en dehors du Conseil des ministres. Ce serait une
aberration.
Pour ce qui est de savoir jusqu'à quel point les
règlements sont préparés par la Commission des transports
ou par la Commission de contrôle des permis d'alcool, bien sûr,
s'il y a des connaissances spécialisées dans ces milieux, c'est
tout à fait normal qu'elles préparent des textes. Mais ce ne sont
pas elles qui les adoptent dans le fond. Ils deviennent en vigueur quand ils
sont adoptés par le Conseil des ministres et publiés dans la
Gazette officielle. C'est la règle uniforme. J'espère qu'on aura
bientôt une loi si ce n'est pas celle que j'ai
présentée, ce sera probablement celle du gouvernement qui
viendra consacrer des principes fermes dans ce domaine, qu'on ne peut pas
déléguer à n'importe qui un pouvoir de
légiférer.
On ne peut pas les appeler des régies à cause de cela.
J'attends toujours une raison et je n'en ai pas.
M. Godin: On a appelé, vous avez raison, un peu
indifféremment, sans réfléchir plus avant, autant sous
l'ancien régime que sous le régime précédent et
même sous le régime Lesage, un organisme d'Etat régie ou
commission. Je pense que là où le député de
Saint-Laurent, involontairement, sûrement, glisse, c'est quand il dit
que, de toute façon, comme cela doit passer par le lieutenant-gouverneur
en conseil, l'adoption d'un règlement, la régulation, ou tout ce
qui touche les règlements, la régie n'a pas le droit,
jusqu'à un certain point, de s'appeler régie. Mais cela vient
de
sa propre initiative, ce règlement. C'est elle appelons-la
la base, la régie qui fait des suggestions de nouvelles
réglementations au gouvernement, et le gouvernement ne fait que les
entériner, au fond. Mais l'initiative vient d'elle.
Deuxièmement et c'est l'aspect sur lequel je veux insister
maintenant nous voulons marquer la volonté de réforme, la
volonté de changement. Nous voulons qu'il y ait une nouvelle couche de
peinture, si vous voulez, sur la maison. Et le meilleur moyen, dans notre
esprit, pour que les gens voient qu'il y a un changement, c'est dans une
nouvelle appellation. Et comme la différence est très technique,
est très théorique et qu'il n'y a à l'appui de l'une ou de
l'autre thèse d'arguments qui soient convaincants, l'argument de fond,
quant au changement de nom, c'est la volonté de marquer un changement,
la volonté de marquer qu'il y a une réforme qui se fait et que,
pour le citoyen, ce soit clair dans son esprit.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Forget: Non, M. le Président. Je vais présenter
une motion pour amender l'article. Je vais vous la donner tout de suite. Cela
consiste à remplacer, dans l'article 2, les mots "Régie des
permis d'alcool du Québec" par "Commission de contrôle des permis
d'alcool du Québec".
L'article amendé se lirait comme suit: "Un organisme est
institué sous le nom de Commission de contrôle des permis d'alcool
du Québec."
Je ne suis absolument pas convaincu qu'on a des raisons valables de
faire le changement. On ne s'approche pas plus près d'une
uniformité dans l'utilisation des termes. Si on n'est pas pour avoir un
système complet...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent, je dois vous arrêter immédiatement, pour juger de
la recevabilité de votre motion, étant donné qu'elle est
déjà présentée. Je la juge recevable pour tout ce
qui s'est dit auparavant, vous pouvez maintenant parler sur votre motion.
M. Forget: Merci, M. le Président. Je ne suis pas du tout
convaincu, comme je le disais, qu'on a des raisons valables de le faire.
Même en faisant ce changement, on n'est pas plus près d'une
utilisation uniforme des termes dans la désignation des organismes
officiels.
J'hésite à le faire, surtout vis-à-vis d'un adjoint
parlementaire qui commence dans ce métier.
M. Godin: N'ayez aucune réserve à ce sujet.
M. Forget: Mais je pense qu'il y a là une intention de
relations publiques beaucoup plus qu'une intention d'harmonisation des lois. Je
peux comprendre que, lorsqu'on parle de permis d'alcool, on veuille donner
l'impression de plus de rigueur et de sévérité et que le
mot "régie" est peut-être plus convaincant dans ce texte-là
que le mot "commission". De la même façon, lorsqu'on a voulu
intervenir pour la protection du territoire agricole, ne voulant effrayer
personne, on n'a pas voulu utiliser un mot chargé
d'émotivité comme "régie", mais on a utilisé un mot
neutre comme "commission". (11 h 30)
Dans le fond, soyons honnêtes pour deux minutes et admettons que
tout ce fatras de rationalisation, parce que ce n'est que cela pour l'instant
malheureusement, cela pourrait être davantage, mais ce n'est que
cela pour l'instant est dicté, malheureusement, par des
considérations de relations publiques. Cela ne vaut que ce que cela
vaut.
On ne peut pas s'attendre qu'on y concoure, d'où cette motion
d'amendement, M. le Président. Je n'ai pas l'intention d'insister
davantage là-dessus. Je pense qu'on a déjà couvert le
terrain. Il est très clair qu'on change des mots sans changer les
réalités et que même les justifications qu'on cite pour
changer les mots ne sont pas valables, ne sont pas basées sur la
réalité.
L'adjoint parlementaire dit: Regardez dans le texte de loi, la
régie pourra prendre l'initiative de proposer des règlements au
Conseil des ministres. C'est bien joli cela, mais il y a des gens qui proposent
des initiatives sans qu'on leur donne des titres officiels. Il reste que le
Conseil des ministres conserve son pouvoir de changer les textes qu'on lui
soumet, à moins qu'on ne nous indique que ce n'est plus le cas. Le
Conseil des ministres, à qui la Régie des permis d'alcool va
présenter un règlement, n'est-il qu'une espèce de chambre
d'enregistrement? Va-t-on se borner à dire: Oui, cela vient de la
régie; on va adopter cela sans le regarder, simplement en mettant le
sceau, on n'est là que pour faire du "rubber stamping" au Conseil des
ministres? Ou a-t-on véritablement encore le pouvoir de dire: Non, ce
projet de règlement présenté par la Régie des
permis d'alcool, à tel chapitre, n'est pas recevable, n'est pas bon, il
ne répond pas au problème; on va le renvoyer à la
régie de manière qu'elle le retouche, le modifie et qu'elle
continue de le modifier jusqu'à ce qu'il soit acceptable?
C'est très important, parce que certaines régies ou
commissions, dans le passé, ont prétendu que le Conseil des
ministres n'avait pas le pouvoir de modifier les textes qui lui étaient
envoyés. C'est une affirmation que je n'ai jamais acceptée. Je
pense qu'elle est inacceptable. Le pouvoir de faire les règlements, il
faudrait qu'il soit délégué dans des termes beaucoup plus
clairs à un organisme pour que cet organisme-là prétende
que les textes qu'il produit sont sacrés et que personne n'a le droit
d'y toucher, même pas le Conseil des ministres. C'est vouloir ravaler le
Conseil des ministres au rang, encore une fois, d'une chambre d'enregistrement
de décrets promulgués par des organismes quelconques
vis-à-vis desquels le gouvernement sera obligé de plaider
l'incapacité de faire quoi que ce soit. Pensons-y sérieusement.
Je pense que personne ne recherche cela. On veut, bien sûr, que les
textes émanent de ceux qui ont l'expertise technique, mais pas au point
d'abdi-
quer la responsabilité politique, décisionnelle du Conseil
des ministres. Si le Conseil des ministres peut modifier le texte, il en est
véritablement l'auteur, parce que, qu'il le modifie ou pas devient
secondaire à ce moment-là. S'il a ce pouvoir de le modifier, il
reste que, dans son entier, le texte devient son texte. Ce n'est pas un pouvoir
de la régie cela. Le pouvoir de la régie, ce n'est pas plus,
à ce moment-là, que le pouvoir d'envoyer une lettre à
votre député pour dire: J'aimerais donc cela qu'on adopte une
loi. Je peux bien vous envoyer le texte de loi que j'aimerais qu'on adopte.
Cela ne fait pas du citoyen qui vous écrit un instrument
législatif ou un organisme législatif. Cela demeure à
l'Assemblée nationale d'adopter le projet de loi. Même si elle
l'adopte mot à mot, selon la suggestion du citoyen, le citoyen ne
devient pas un législateur pour autant; c'est celui qui a
l'autorité qui est législateur.
M. le Président, comme on ne veut pas créer,
j'espère, de confusion, j'insiste pour que cet amendement-là soit
considéré sérieusement par la commission de la justice de
manière à garder à la Commission de contrôle des
permis d'alcool du Québec son titre et sa papeterie.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, moi aussi j'aimerais qu'il y
ait un peu de concordance au sein du gouvernement. On crée une
commission, la Commission de protection du territoire agricole ce sont
à peu près les mêmes attributs qu'à l'article 3 du
présent projet de loi et là, on crée une
régie. Je ne sais pas qui a raison d'un côté comme de
l'autre, quel ministère a eu raison...
M. Godin: Abstenez-vous de voter, si vous ne le savez pas.
M. Cordeau: Pardon?
M. Godin: Abstenez-vous de voter.
M. Cordeau: J'aimerais aller à la Cour d'appel. J'aimerais
qu'un tribunal de plus grande instance juge ce problème qui est
réellement un problème gouvernemental dans toute son ampleur. Je
ne sais pas pourquoi on appelle cela "régie" ou "commission", mais je
voudrais qu'il y ait un peu de cohérence de la part du gouvernement
à un moment donné. Si on veut aller à droite, qu'on aille
à droite; si on veut aller à gauche, qu'on aille à gauche,
mais qu'on aille dans la même direction lorsqu'il s'agit de
présenter des textes de loi accordant les mêmes pouvoirs ou
à peu près. Si Commission de protection du territoire agricole
était correct, on devrait appeler cela la Commission de contrôle
des permis d'alcool du Québec. C'est logique, il y a de la suite, parce
que ce sont les mêmes attributions, les mêmes pouvoirs qui sont "de
délivrer, de renouveler, de suspendre ou de révoquer les permis
visés et d'en contrôler l'exploitation." C'est absolument ce que
fait la
Commission de protection du territoire agricole. Je ne peux pas
m'opposer à la motion qui est présentée par le
député de Saint-Laurent, parce qu'il faut être
conséquent entre nous vu qu'on a adopté un autre projet de loi.
Il y aurait peut-être une petite correction à faire: Le permis
d'alcool du Québec, dans la résolution, je ne sais pas si cela
prend un petit "p" ou un grand "P".
M. Godin: Est-ce que vous m'autorisez à m'absenter cinq
minutes?
Le Président (M. Laplante): À la demande de M.
l'adjoint, la commission suspend pour cinq minutes.
M. Cordeau: Nous suspendons cinq minutes.
Le Président (M. Laplante): Suspension de cinq
minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 37)
(Reprise de la séance à 11 h 52)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! Reprise de la séance. M. l'adjoint parlementaire de la
Justice, vous aviez la parole.
M. Godin: Oui.
M. Cordeau: II y a une question que j'aimerais poser avant.
Le Président (M. Laplante): Oh! M. le député
de Saint-Hyacinthe, allez-y!
M. Cordeau: C'est que dans le rapport Bossé, est-ce qu'on
recommande de changer le nom de "commission" à "régie" ou
de...
M. Godin: Non, le groupe de travail ne s'est pas
préoccupé de ces questions. C'est plutôt le travail des
légistes, ça, de voir dans quelle mesure l'appellation de
l'organisme peut être changée ou non.
M. Cordeau: Je voulais m'enquérir si c'était une
recommandation du rapport...
M. Godin: Non, ce n'était pas une recommandation comme
telle.
Le Président (M. Laplante): Vous avez changé de
dictionnaire?
M. Godin: C'est à moi que vous parlez? Le
Président (M. Laplante): Oui. M. Godin: Non.
Le Président (M. Laplante): Non, d'accord, allez-y!
M. Godin: Écoutez! J'ai deux arguments à l'encontre
de la motion du député de... j'allais dire le
député de Forget, le député de Saint-Laurent...
M. Forget: Cela viendra.
M. Godin: Premièrement, j'avais cru noter hier une sorte
de consensus à l'appui de la réforme que contient ce projet de
loi. J'avais cru noter ça, en toute bonne foi, et je m'en
réjouissais. Je l'ai dit d'ailleurs en Chambre, hier. Or, dans notre
logique à nous, la réforme doit s'appliquer également au
nom pour que ce soit clair et précis et connu de tous qu'il y a une
réforme. C'est donc beaucoup pour des raisons de cohérence par
rapport à l'esprit de réforme que nous modifions le nom ou
l'appellation de cet organisme, premièrement.
Deuxièmement, on a beaucoup parlé de la Commission de la
protection du territoire agricole et le député de Saint-Laurent a
donné à entendre qu'il y avait certains mots qui pouvaient faire
peur, certains qui ne faisaient pas peur. Quant à moi, pour être
un poète de profession, je m'étonne de voir que le
député de Saint-Laurent puisse dire qu'il y a un coefficient de
peur qui peut être attaché à certains mots ou de
non-peur je pense que les mots sont peut-être des êtres
vivants, mais pas au point que certains mots feraient peur et certains mots ne
feraient pas peur. Donc, cet argument-là me convainc peu.
Fondamentalement, l'expert André Gélinas, qui s'est
penché sur l'administration publique au Québec, s'est posé
la question. Quand la Régie des alcools est devenue la Commission de
contrôle des permis d'alcool, il s'est posé la question. Pour
quelle raison change-t-on de nom? Pour quelle raison appelle-t-on maintenant
commission ce qui s'appelait régie? D'après lui, le mot
régie s'appliquait mieux. C'est une autre des raisons à l'appui
de notre thèse.
La troisième raison, c'est que cette régie est
chargée du bon fonctionnement d'une partie importante de
l'économie du Québec. C'est elle qui régularise en fait ce
commerce qui touche des centaines et des centaines, sinon des milliers de
personnes, premièrement, et qui touche des centaines et des centaines de
millions. C'est une des raisons à l'appui de ce changement de nom ou de
ce nouveau baptême, si vous voulez. Nous l'appelons régie en
particulier parce qu'elle s'occupe d'un aspect important de l'économie
tertiaire au Québec, le marché des boissons alcooliques. Pour
cette raison-lâ, nous croyons qu'elle doit s'appeler régie, mais
je reviens à mon argument premier. Dans l'esprit de réforme qui
nous anime à l'égard de cette loi, à l'égard de
cette commission, nous croyons que la réforme doit également
s'appliquer au nom pour que, dans l'esprit des gens, ce soit bien clair qu'il y
a eu un changement.
Je m'étonne que cette logique-là, que j'avais cru hier
sous-jacente aux interventions des partis de l'Opposition, semble disparue ce
matin. Je ne sais pas si la nuit a été de mauvais conseil au
député de Saint-Laurent, mais je ne retrouve plus la bonne
volonté à l'égard de la réforme qui animait nos
collègues hier.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, on peut procéder au
vote, étant donné que chacun reste sur ses positions. De toute
façon, au rythme des changements de nom des organismes, je serais de
bien mauvaise grâce de m'opposer à cette fantaisie du
gouvernement. Sait-on jamais, d'ici quelques années, on aura
peut-être d'autres changements. C'est devenu un passe-temps favori de
l'Assemblée nationale de changer les noms de ces organismes-là
à tous les trois ou quatre ans, selon un cycle qui est peut-être
prévisible. On votera là-dessus tout simplement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Tantôt, M. l'adjoint a mentionné que
cette régie aura l'administration de certaines lois concernant
l'économie du Québec, mais je pense bien que la Commission de
protection du territoire agricole doit aussi voir au secteur de
l'économie du Québec, parce que, si M. Garon était ici, il
n'aimerait certainement pas faire comparer la Commission de protection du
territoire agricole à un secteur qui ne regarde pas l'agriculture ou
l'économie du Québec.
Bien sûr ce sont des mots, ce sont des expressions, j'ai dit
ça sans malice; d'ailleurs, M. l'adjoint a reconnu que peut-être
le mot "régie" aurait été préférable
à "commission" en ce qui regarde les terres agricoles. Cet aveu me fait
dire qu'on est prêt à passer au vote.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que la motion du
député de Saint-Laurent sera adoptée?
M. Godin: Avant de voter, il y a un bout qui me retrousse dans
l'esprit au sujet de ce que vous dites. La Régie des marchés
agricoles s'appelle Régie des marchés agricoles parce qu'elle
touche l'économie et la mise en marché, la qualité des
produits, un certain nombre de choses qui sont reliées au commerce des
produits de la terre.
M. Cordeau: Mais la terre aussi...
M. Godin: Entendons-nous, vous m'avez ouvert une porte sur une
régie qui touche une partie de l'économie importante du
Québec et avec laquelle vous êtes plus familier, d'ailleurs,
qu'avec les boissons alcooliques, tel que je vous connais.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Est-ce que la motion
du député de Saint-Laurent sera adoptée?
Une voix: Adopté.
M. Cordeau: Adopté. Une voix: Vote
enregistré.
Le Président (M. Laplante): M. Alfred (Papineau), M. Godin
(Mercier).
M. Godin: Contre. (12 heures)
Le Président (M. Laplante): M. Blank (Saint-Louis)? Mme
LeBlanc-Bantey (Îles-de-la-Madeleine)?
Mme LeBlanc-Bantey: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Boucher
(Rivière-du-Loup)?
M. Boucher: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe)?
M. Cordeau: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Marquis
(Matapédia)?
M. Marquis: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Forget (Saint-Laurent)?
M. Forget: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Guay (Taschereau)?
Contre: 4 Pour: 2. La motion est rejetée.
M. Forget: L'adjoint parlementaire doit se réjouir
de...
Une voix: Première victoire.
M. Forget: ... cette première victoire parlementaire.
Mme LeBlanc-Bantey: Cette solidarité.
M. Godin: Cela ne me réjouit pas tellement, M. le
député de Saint-Laurent, parce que je trouve qu'il y a un
changement d'attitude et qu'on se bat sur les virgules et des coefficients de
peur ou des coefficients de... Cela m'étonne. Enfin!
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Forget: Triomphez avec grâce, M. l'adjoint
parlementaire.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'article 2 est
adopté sur division ou adopté, M. le député de
Saint-Laurent?
M. Forget: L'article 2? Oui, adopté sur division.
Le Président (M. Laplante): Sur division. Article 3.
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. l'adjoint.
M. Godin: L'article 3 sert à indiquer les fonctions de la
régie et chacune de ces fonctions fait l'objet de dispositions
spécifiques à l'intérieur du projet de loi. Donc, c'est un
article qui décrit ce qu'il y a à faire.
M. Forget: C'est l'article qui décrit, c'est l'article
attribuant la compétence à la régie. C'est donc un article
très important, malgré sa brièveté, parce que c'est
à cet article qu'on doit se référer pour savoir si la
régie, éventuellement, agira intra vires ou ultra vires. On dit
ce qu'elle peut faire. Alors, chaque mot est susceptible d'être
interprété avec beaucoup de soin et peut-être avec beaucoup
de rigueur par les tribunaux éventuellement, si on conteste devant les
tribunaux l'exercice d'un pouvoir par la régie.
Il me semble qu'étant donné le pouvoir qui est
donné ou le rôle qui est donné à la régie de
contrôler l'exploitation mais c'est un mot qui est à la
fois très vague et pas très précis il y aurait
avantage à ajouter un mot additionnel dans l'énumération
des pouvoirs, dans le fond, parce que chaque mot est un pouvoir: le pouvoir de
délivrer des permis, de les renouveler, de les suspendre, de les
révoquer. L'addition à laquelle je pense c'est le mot "modifier".
Je ne sais pas dans quelle mesure... Par exemple, dans certaines autres
dispositions de la loi, on dit: La commission peut changer l'endroit, peut
autoriser ou non autoriser ou interdire des spectacles, par exemple. Des
modifications au permis qui auraient ces effets, modifier le lieu, modifier
l'utilisation que le détenteur peut faire de son permis pour tenir des
spectacles ou non, est-ce que ce n'est pas un concept additionnel à
l'idée de délivrer un permis? Si je comprends bien, supposons
qu'on a un permis de bar et qu'il n'y a pas de spectacle et, tout à
coup, on fait une demande à la régie d'autoriser les spectacles.
On ne retirera pas le permis pour en donner un nouveau. On ne révoquera
pas l'ancien non plus. Alors, il y a peut-être un mot qui manque. On va
modifier son permis, dans le fond. On va lui donner un permis de bar avec
spectacle alors qu'avant il avait un permis de bar sans spectacle. À
moins qu'il n'y ait une espèce de permis accessoire qui soit
imaginé ce n'est pas mentionné dans la loi il me
semble qu'on devrait prendre la précaution d'avoir une motion pour
modifier le permis.
C'est la même chose pour le changement de lieu. Si on remarque, M.
le Président, l'article 14 de la loi actuelle, chapitre C-33, il se lit
comme suit: La commission est chargée de délivrer, de
renouveler, de suspendre, d'annuler les permis, d'en autoriser le
transfert et de permettre le changement de l'emplacement de
l'établissement ou de la pièce où un permis est
exploité.
Quand les tribunaux seront appelés à interpréter le
nouvel article, ils vont dire: Le législateur a voulu enlever à
la régie le pouvoir d'autoriser le transfert et de permettre le
changement de l'emplacement de l'établissement ou de la pièce
où un permis est exploité, parce que ces mots-là se
trouvent, dans le moment, parmi les pouvoirs de la régie ou de la
commission. On les lui enlève. Je me demande quel sens on va donner
à cette soustraction. La question d'autoriser le transfert, si je
comprends bien, ça ne se pose pas de la même façon, parce
que dans un cas de transfert, il y a abrogation du permis et émission
d'un nouveau permis, transfert de propriété.
Alors, on ne transfère pas le permis comme tel, on cède
l'édifice où est le bar, le restaurant, etc. et le nouveau
propriétaire ou le nouveau locataire obtient un permis nouveau. Alors,
il n'y a pas de transfert de permis, il y a seulement le transfert de
l'établissement commercial. Donc, ce n'est pas grave d'enlever ce
pouvoir à la régie parce que, dans le fond, elle n'a pas besoin
de l'exercer. Mais le changement de lieu, c'est une modification qui ne
s'accompagne pas d'une abrogation du permis et de l'émission d'un
nouveau permis, simplement, on modifie. À mon avis, on devrait ajouter
et j'ai préparé un amendement pour être très
précis après le mot "délivrer", le mot "modifier".
L'article amendé se lirait comme suit: "La Régie a pour fonctions
de délivrer, de modifier, de renouveler, de suspendre ou de
révoquer les permis visés dans la présente loi et d'en
contrôler l'exploitation."
Le Président (M. Laplante): Motion recevable, M. le
député de Saint-Laurent. M. l'adjoint parlementaire, est-ce que
vous avez des remarques à faire?
M. Godin: Je vais lire d'abord l'amendement. Je pense que
l'argumentation de l'Opposition, du député de Saint-Laurent, ne
tient pas compte du nouvel esprit du projet de loi. Je pense, par exemple, au
permis de réunion. Là, nous avons réduit de 14 à 10
le nombre de catégories de permis et, à l'intérieur de ces
10 catégories, il n'y a pas de nouveau permis émissible, il y a
des autorisations temporaires. Prenons l'exemple d'un hôtelier de
campagne ou de ville, mais c'est surtout à la campagne que ça se
passait, dans le passé, pour qu'un hôtelier puisse tenir une
assemblée, une réunion ou une noce où il y aurait
consommation de boissons alcooliques, il devait formuler une demande de permis
supplémentaire à la commission. Il doit toujours le faire en
vertu de la loi actuelle, mais, à l'avenir, il n'est plus obligé
de faire ça. Du fait qu'il soit hôtelier, il y a une sorte de
parapluie qui lui permet de réduire la procédure à
afficher, de son propre chef, à l'entrée de la salle où se
tient la réunion en question, qu'il y a la réception pour la noce
de telle personne ou enfin de n'importe quel genre de réunion. La
régie, en l'occurrence, n'interviendra plus pour émettre un
permis.
Donc, il n'y aura pas de modification du permis, il n'y aura que des
accommodements, je dirais administratifs qui seront, dans certains cas, de
l'initiative de l'hôtelier et, dans certains cas, de l'initiative des
citoyens qui voudront demander le permis. Donc, le mot "modification" est
couvert, en ce qui nous concerne, par les termes "en contrôler
l'exploitation". Ce que vous avez à l'esprit, il s'agit de
modalités d'exploitation du permis, au fond. Ces modalités ne
font pas l'objet de permis supplémentaires, ni de modification du genre
de permis.
Comme nous voulons déterminer assez précisément
chacune des catégories de permis, une personne devra changer de permis
en passant de taverne à brasserie, par conséquent, elle fera une
demande pour un nouveau permis, non pas une modification de son permis, mais un
nouveau permis, dans la mesure où ça pourra modifier, en vertu de
l'esprit de la loi, le rapport par rapport à d'autres, par rapport au
règlement de zonage ou par rapport à toutes sortes de choses
comme ça. Donc, nous voulons que la procédure parte à
zéro. C'est la raison pour laquelle le mot "modifier", en
l'occurrence...
M. Forget: Je comprends très bien l'explication que le
ministre a donnée relativement à ça, mais je pense par
exemple à l'article 73, où on dit: "Un détenteur d'un
permis autorisant la vente de boissons alcooliques pour consommation sur
place... ne peut permettre, dans une pièce ou sur une terrasse où
il exploite son permis, la présentation d'un spectacle... s'il n'y a pas
été autorisé par la Régie".
D'accord, on peut dire que c'est contrôler l'exploitation. Mais
est-ce qu'il n'est pas souhaitable que le permis qui est affiché et qui
a pour but d'avertir le public qu'effectivement, il y a eu une autorisation de
spectacle soit modifié quand on donne une telle autorisation? Autrement,
cela va être le même permis de bar, mais le public ne pourra pas
prendre connaissance, de visu, en inspectant le permis affiché dans le
bar, qu'effectivement, il y a une autorisation de produire un spectacle. Ne
serait-il pas souhaitable que cette disposition de l'article 73 prenne la forme
d'une modification au permis? C'est une chose. L'autre, c'est la modification
d'adresse. S'il y a une modification d'adresse, à supposer qu'il y ait
un feu et qu'on déménage dans l'édifice voisin, cela va
paraître au permis. Ou allons-nous annuler le permis à l'ancienne
adresse et émettre un nouveau permis à la nouvelle adresse? Ce
sont des modifications. Cela doit apparaître au permis. Ce n'est pas
simplement régir l'exploitation. C'est vraiment un permis modifié
qui est émis à ce moment-là.
M. Boucher: M. le Président, sur le même sujet.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Rivière-du-Loup.
M. Boucher: Je prends une modification comme l'augmentation de la
capacité d'un établissement, comme une brasserie qui s'agrandit,
par exemple. Il s'agit d'une modification. Il y a déjà eu une
ordonnance rendue pour un permis de 200 places et le propriétaire
augmente la capacité à 400 ou 450 places. Actuellement, il faut
une nouvelle ordonnance pour modifier le permis à 450 places. Est-ce que
la régie pourrait avoir des pouvoirs, sans nécessairement rendre
une autre ordonnance, de modifier le permis tout simplement à 450 au
lieu de 200 places?
M. Godin: Cela entre dans les termes "et en contrôle
l'exploitation". Nous parlons vraiment de la façon dont cela fonctionne,
de la façon dont le permis ou le lieu où le permis s'applique est
exploité, et la régie a le pouvoir en tout temps de faire les
modifications qui s'imposent, en vertu du principe de contrôle de
l'exploitation.
À l'article 47, M. le député de Saint-Laurent et
MM. les députés, on répond un peu beaucoup aux questions
que se pose le député de Saint-Laurent. C'est à la page
12.
M. Forget: On y répond sans y répondre. On
précise que, sur le permis, il y a la date, l'endroit, et si la
présentation de spectacles, la projection de films, la pratique de la
danse est autorisée. Cela apparaît sur le permis. Ceci veut dire
que si on veut prendre des décisions modifiant cette partie de
l'exploitation, il faut aussi pouvoir modifier le permis. Autrement, on va
dire: D'accord, on prend cette décision de permettre la danse, mais
comme votre permis indique maintenant qu'il y a 200 places et que vous en avez
maintenant 400, vous n'aviez pas le droit de faire de la danse et vous avez
maintenant le droit d'en faire, on abroge votre ancien permis. Faites une
nouvelle demande pour un nouveau permis.
Je comprends, l'intention est la même. Mais est-ce qu'on ne
suscite pas une difficulté inutile qu'on pourrait résoudre en
ajoutant un mot? Cela mettrait les choses très claires. J'attire encore
une fois l'attention que c'était dans l'ancien texte. On peut
très bien se trouver devant une interprétation en disant: Si le
législateur l'a enlevé dans l'ancien texte, c'est qu'il voulait
vraiment que cela disparaisse.
M. Godin: Je fais appel aux lumières de ma lanterne.
Effectivement, l'article 14 de la loi actuelle parle expressément
du changement de l'emplacement de l'établissement ou de la pièce
pour un permis à exploiter, sauf que, comme on introduit à
l'article 3 les fonctions générales de la régie, nous
sommes restés dans les généralités, d'autant plus
que nous pensons qu'il n'y a pas de problème sur le plan juridique
à partir du moment où la loi spécifie partout, d'une
manière plus expresse, les pouvoirs ou les modalités d'exercice
de ces pouvoirs-là.
Or, les autorisations, par exemple, pour la danse sont prévues
spécifiquement ailleurs. Je ne vois pas un tribunal, dans une
évocation, qui irait dire que le pouvoir n'est pas là et que
c'est ultra vires, parce que, finalement, ce qu'on retrouve à l'article
3 et qu'on ne trouve pas à 14, c'est la notion de contrôler
l'exploitation, ce qui veut dire soumettre à un contrôle
l'utilisation du permis. Pour nous, cela vise strictement ces modalités
d'utilisation. (12 h 15)
Pour les questions que vous posiez, par exemple, pour ce qui est d'avoir
un changement d'autorisation quant à la pratique de la danse, c'est
strictement un acte administratif. Quand on va retirer l'autorisation ou
accorder une autorisation, en pratique, ce qui va se produire, c'est que la
régie va transmettre un document faisant état de sa nouvelle
décision qui va remplacer le permis. Il ne s'agit pas
véritablement d'une modification au permis, parce que le permis de base
demeure. Ce sont vraiment ses modalités d'application, quant à la
projection de spectacles, à la danse, quant à l'adresse aussi, si
temporairement il faut changer d'adresse. Les fonctions
générales, les indications générales se retrouvent
à l'article 47 de la loi.
M. Forget: Physiquement, supposons qu'un détenteur de
permis reçoit la visite d'un inspecteur. Il va devoir évidemment
exhiber son permis et il va devoir, si je comprends bien, d'après ces
explications-là, exhiber aussi la correspondance qu'il a eue avec la
régie qui lui permet de faire de la danse ou non, de présenter un
spectacle ou non, ou même de modifier sa capacité, contrairement
à ce qui apparaît sur son permis.
M. Godin: Non, cela va aller plus loin que cela. Ce sont des
questions purement administratives qui seront réglées par le
règlement, mais, dans un cas comme cela, s'il y a des modifications
à des conditions d'utilisation du permis, la régie va
certainement enfin, c'est ce que nous allons proposer transmettre
un nouveau document, un nouveau permis, à toutes fins utiles.
C'est-à-dire, ce n'est pas un nouveau permis, c'est un document qui va
consigner...
M. Forget: C'est cela, ce sera...
M. Godin: Non, le permis n'est pas modifié, cela ne change
absolument rien quant au type de boissons alcooliques qui peuvent être
consommées dans l'établissement. Le permis de base n'est pas
modifié.
M. Forget: Ce serait plus simple, à ce moment-là,
qu'il n'y ait pas d'adresse et qu'il n'y ait pas de capacité
d'indiquées sur le permis.
M. Godin: II faut que ce soit indiqué pour faciliter le
travail des policiers, par ailleurs.
M. Forget: Oui, mais, d'un autre côté, on dit qu'on
peut le modifier par une correspondance sans nécessairement modifier le
permis.
M. Godin: Entendons-nous, M. le député de
Saint-Laurent...
M. Forget: Le permis, c'est un document, c'est un document
physique, n'est-ce pas?
M. Godin: Je m'excuse, mais je n'ai pas dit qu'on le modifierait
par une correspondance. Il y aurait une nouvelle décision, par exemple,
quant à une autorisation et, à ce moment-là, la
régie, à mon point de vue ce sont des questions qui seront
réglées par le pouvoir réglementaire; c'est de la
régie interne, à toutes fins utiles va transmettre un
permis qui fera état de la nouvelle décision. On va le substituer
dans l'établissement, tout ceci pour faciliter le travail policier et en
même temps pour protéger les droits de l'exploitant du
débit.
M. le Président, je pense que modifier le permis dans le sens
où vous l'entendez, cela veut dire modifier les conditions
d'exploitation. En d'autres termes, si une personne veut... La modification
d'un permis au sens où vous l'entendez, c'est quelqu'un qui veut avoir
"brasserie" au lieu de "taverne".
Est-ce ce sens ou le sens d'une taverne qui présenterait un
spectacle? Là, on ne modifiera pas le permis. On ne va modifier que les
conditions d'exploitation du permis que la personne a déjà. Par
conséquent, il ne faut pas confondre les deux niveaux d'activité
ou de fonctionnement de la régie. Modifier un permis, cela veut dire
changer la nature d'un établissement. Dans l'esprit du
législateur, si quelqu'un veut changer la nature d'un
établissement, il doit se présenter à nouveau devant la
régie et faire valoir des arguments.
M. Boucher: M. le Président...
M. Godin: Je termine, M. le député de
Rivière-du-Loup. Tandis que ce à quoi vous faites allusion, c'est
de modifier les conditions d'exploitation du type de permis qu'il a. C'est une
mesure qui relève beaucoup plus des fonctionnaires de la régie
que des régisseurs. Cela entre parfaitement dans les termes "en
contrôler l'exploitation". C'est davantage un aspect administratif qu'un
aspect qui relève de la définition des permis ou des
catégories de permis, en ce qui me concerne. Je pense qu'en
l'occurrence, je me référerai à Rédaction et
interprétation des lois, de Louis-Philippe Pigeon. C'est un terme qui,
loin d'éclairer les tâches de la régie, pourrait contribuer
aussi à jeter de la confusion, dans la mesure où il y a deux
aspects: les conditions d'exploitation et les catégories de permis. On
ne doit pas mélanger les deux choses.
M. Forget: L'adresse fait partie du permis, par exemple. Si vous
changez l'adresse, vous pouvez bien dire que vous ne changez pas le permis,
vous changez les conditions d'exploitation, sauf qu'à un moment
donné, il faut bien que cela se traduise par une inscription sur un
permis. Donc, le permis, ce n'est pas simplement un acte de raison. C'est un
document qui manifeste l'autorisation dans des termes explicites et complets,
de manière que le public et les inspecteurs chargés de
l'application de la loi puissent constater de visu s'il y a conformité
entre ce qui se fait dans un établissement et la permission
donnée de le faire à cet endroit, de cette façon.
Là, vous allez vers un régime d'un permis officiel qui ne veut
peut-être pas dire grand-chose, et de toute une correspondance avec la
régie qui va devoir être utilisée pour interpréter
ce que veut dire un permis donné. Ce n'est pas la clarification.
M. Boucher: M. le Président, dans le cadre de l'ancienne
loi, j'ai en mémoire un exemple récent. Une brasserie qui avait
été incendiée, qui avait un permis d'exploitation de 200,
a demandé un nouveau permis. Son permis était effectif, elle
l'avait renouvelé au mois de mars, et à partir de ce moment, elle
avait le droit d'exploiter pour 200 avec la nouvelle bâtisse. Il a fallu
qu'elle demande un nouveau permis, une modification de son permis, qui a
été accordée dans une nouvelle ordonnance de la
commission. La commission mentionne que la nouvelle ordonnance annule tout
permis antérieur, quitte à émettre un nouveau permis de
450 de capacité. Il y a déjà, dans l'ordonnance, un
changement de capacité qui annule le permis antérieur de 200 de
capacité. Il y a une annulation réelle de la capacité du
permis de l'établissement dans l'ordonnance de la commission. On repart
avec une capacité de 450. À ce moment, c'est une modification
permise, mais quand même, qui annule l'ancien permis.
M. Godin: C'est un bon exemple où la lumière vient
de l'Opposition, M. le député de Saint-Laurent. Je vais vous
faire une contre-proposition, si vous me permettez, qui dirait: La régie
n'a pas fonction de délivrer, de renouveler, de suspendre ou de
révoquer les permis visés dans la présente loi et d'en
modifier et d'en contrôler l'exploitation. Accepteriez-vous cette
modification à votre bébé? "D'en modifier les conditions
d'exploitation", excusez-moi.
M. Forget: Oui.
M. Godin: Ou quelque chose comme ça, enfin...
M. Forget: Oui, d'accord.
M. Godin: Parce que je pense que c'est ça, votre
idée. Vous faites la distinction entre un permis qui change de
catégorie, qui est une opération, et les conditions
d'exploitation, qui sont une autre... C'est la deuxième partie que vous
visez. Êtes-vous d'accord avec moi?
M. Forget: C'est ça. Je pense que oui. M. Godin:
Dieu soit béni!
Le Président (M. Laplante): Est-ce que les mots seraient
"et de modifier" ou "d'en modifier et d'en contrôler"...
M. Godin: Est-ce qu'on peut suspendre...
M. Forget: Oui.
M. Godin: ... quitte à arriver avec une...
M. Forget: ... je pense que l'esprit de vraiment dire que
ça peut se faire et que c'est une modification, que ce n'est pas une
reprise d'instance en quelque sorte, avec un nouveau permis,
complètement nouveau, Dieu sait tous les avis, etc., qui pourraient
être nécessaires à ce moment-là, je pense qu'on veut
être bien sûr que c'est possible de le faire avec un minimum de
formalités.
M. Godin: Concrètement, vous retirez votre... M.
Forget: C'est ça.
Le Président (M. Laplante): On va l'écrire et le
relire. La motion du député de Saint-Laurent est retirée
pour amender l'article 3, qui se lirait comme suit...
M. Cordeau: ... ou on le suspend?
Le Président (M. Laplante): "La Régie a pour
fonctions de délivrer, de renouveler, de suspendre...
M. Cordeau: Vous n'avez pas demandé la suspension, M. le
Président, de l'article 3?
Le Président (M. Laplante): ... ou de révoquer les
permis visés dans la présente loi et d'en modifier et d'en
contrôler l'exploitation". C'est comme ça que vous voulez qu'il se
lise?
M. Godin: Pour être plus précis, M. le
Président, j'aimerais qu'on suspende cet article jusqu'à cet
après-midi...
M. Cordeau: C'est ça. M. Godin: ... si on
siège...
Le Président (M. Laplante): Ah! je suis bien d'accord pour
ça.
M. Godin:... de façon que nous ayons une
formulation...
M. Cordeau: C'est ça que j'avais entendu, que j'avais
compris tantôt.
M. Godin: ... par les juristes, libre à vous ensuite de
l'évaluer.
Le Président (M. Laplante): Article 3 suspendu. D'accord.
J'appelle maintenant l'article 4, la composition.
M. Godin: La régie est composée de six
régisseurs. Donc, c'est l'article qui porte sur le nombre de
régisseurs, ainsi que sur le régisseur supplé- mentaire.
Cet article, donc, indique le nombre de régisseurs, leur mode de
nomination et la durée maximale de leur mandat. Il prévoit aussi
la possibilité de la nomination d'un régisseur
supplémentaire. Les différences entre ce texte et celui de la loi
actuelle sont les suivantes là, je réponds au voeu du
député de Saint-Laurent, qui aurait voulu s'épargner cette
difficulté il y a maintenant un seul et non plus deux
vice-présidents et ceci va, d'ailleurs, dans le sens de la
recommandation 94 du groupe de travail dans le document que vous avez, je
souhaite. Deuxièmement, la durée maximale du mandat a
été ramenée de dix à cinq ans, ce qui va dans le
sens de la recommandation 95 du rapport du groupe de travail. Par ailleurs, la
possibilité de nommer un régisseur supplémentaire est
déjà prévue par l'article 6 de la loi actuelle.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Cordeau: J'aurais une question à poser. Que deviennent
les commissaires actuels?
M. Godin: C'est prématuré comme question, M. le
député de Saint-Hyacinthe. Il n'y a pas de décision de
prise à cet égard au moment où nous nous parlons.
M. Cordeau: L'épée de Damoclès est suspendue
sur la tête des...
M. Godin: Ce n'est pas l'épée de Damoclès ou
de Périclès, comme on disait dans le Nouvelliste dans le temps.
J'ai déjà entendu ça à la radio à CHLN,
l'épée de Périclès. Il n'y a aucune décision
prise relativement à cette question.
M. Cordeau: Je veux bien croire qu'il n'y a pas de
décision gouvernementale encore prise, mais j'aimerais savoir si...
Une voix: ... ils vont garder leur "job".
M. Cordeau: Non, mais quel genre de nomination ont actuellement
les commissaires? Quelle est la durée de leur mandat?
M. Forget: Vous voulez sûrement dire quelle est
l'échéance de leur mandat?
M. Cordeau: Oui, c'est ça.
M. Godin: L'échéance du mandat des commissaires,
sous l'empire de la loi actuelle, c'est de dix ans. C'est
l'échéance, le maximum.
M. Cordeau: Demeureront-ils en fonction jusqu'au terme de leur
mandat?
M. Godin: Je vous ai dit qu'il n'y avait aucune décision
de prise à ce sujet, M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Forget: Non, mais, légalement, quelle est la situation
des gens qui ont été nommés en vertu d'une loi? Disons
pour un mandat de dix ans?
M. Godin: Les règles habituelles s'appliquent dans chacun
de ces cas.
M. Forget: C'est l'équivalent d'un contrat... M. Godin:
C'est ça, voilà.
M. Forget: ... et ils ont droit à leur
rémunération jusqu'à l'expiration du terme?
M. Godin: Suivant ce qui apparaît dans leur contrat,
effectivement, ils sont protégés par la loi.
M. Forget: Mais certains prétendent que même
l'arrêté en conseil les nommant a en droit un effet
équivalant à un contrat et qu'ils pourraient poursuivre le
gouvernement, supposons, pour recevoir paiement de leur
rémunération jusqu'à l'expiration des dix ans. C'est le
but de la question à savoir combien il reste de temps à courir
sur le mandat respectif des six commissaires qui sont là... Est-ce
qu'ils ont sept ans à courir, un an à courir?
M. Godin: C'est une bonne question. Les juges Moe Moscovitch et
Gérald Bossé sont de la Cour provinciale, et le juge Jacques
Trahan est de la Cour des sessions de la paix. Donc, en ce qui concerne ces
trois commissaires, il n'y a pas de problème, ils sont couverts par une
autre loi. Quant aux autres commissaires, nous pouvons déposer cet
après-midi l'échéance de leur mandat, à savoir
quand il viendrait à échéance dans chacun des cas.
M. Forget: II y en a trois sur six qui ne sont pas juges et qui
pourraient avoir vraisemblablement une créance face à la
reine.
M. Cordeau: Ils ne sont pas nommés dans la nouvelle
régie.
M. Forget: Ils ont droit à des pensions aussi, je suppose,
après dix ans?
M. Godin: Ils ont droit aux garanties prévues...
M. Cordeau: Si le ministre peut nous fournir des
explications...
M. Godin: Nous allons vous donner une ventilation. Est-ce qu'on
pourrait avoir des questions très précises, pour qu'on ait des
réponses précises et non pas arriver cet après-midi en
disant...
M. Cordeau: Oui, on les fournira...
M. Forget: La question précise que j'aurais, c'est pour
chacun de ceux qui ne sont pas juges, parce que les juges vont prendre leur
salaire de juge s'ils ne sont pas nommés à la nouvelle
régie; donc, il n'y a aucune dette de l'État face à
eux.
M. Godin: Cela n'affectera pas leur pouvoir d'achat.
M. Forget: Mais, face aux autres commissaires, quelle est
l'importance des obligations financières que l'État a face
à eux s'ils décidaient de mettre fin à leur mandat
dès la publication de la loi? Est-ce qu'on leur doit trois ans de
salaire comme commissaires, plus, à la fin de ces trois ans, le droit
à une pension, etc.? Où est-ce qu'on en est avec ces
gens-là?
M. Godin: Est-ce que c'est la même question, M. le
député de Saint-Hyacinthe?
M. Cordeau: Bien sûr que je serai satisfait des
réponses que vous fournirez aux interrogations du député
de Saint-Laurent, mais... On va continuer et je vais...
Mme LeBlanc-Bantey: Supposons qu'il restera trois ans ou un an
à certains commissaires pour remplir leur mandat. En vertu de la loi, il
faut les nommer pour cinq ans. Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen de dire: On va
les laisser compléter leur mandat d'un an et, au bout d'un an, on peut
nommer un autre commissaire, par exemple, pour quatre ans... (12 h 30)
M. Godin: Le mandat de la commission ne pourrait-il pas se
poursuivre ou se prolonger dans le mandat de la régie...
Mme LeBlanc-Bantey: Exactement. Ou si on est obligé de le
nommer encore pour cinq ans, compte tenu de la nouvelle loi.
M. Forget: Non, je pense que "n'excède pas cinq ans"... Si
le gouvernement, par exemple, est face à des possibilités de
créances par un commissaire pour cinq ans ou sept ans encore, supposons
qu'il a été nommé il y a deux ans et il a encore huit ans
à courir, plutôt que de lui payer un salaire pour huit ans
à ne rien faire, il est mieux de le nommer de nouveau pour cinq ans et
même de le nommer pour une autre période de trois ans. Dans le
fond, il aura un régisseur gratuit pendant huit ans ou, s'il reste un an
à courir, il peut faire la nomination pour un an...
Mme LeBlanc-Bantey: ... tout au plus cinq ans, je ne savais
pas.
M. Forget: ... après un an, continuer avec un autre ou le
même.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'article 4 sera
adopté avant d'ajourner pour le dîner?
M. Cordeau:... des informations plus tard. S'il y a des
commissions supplémentaires, est-ce qu'il y en a qui ont certains
contrats également, quelle est l'obligation du gouvernement envers
eux?
M. Godin: C'est noté comme question, à savoir s'il
y a des commissaires supplémentaires
qui existent actuellement. Est-ce là votre question?
M. Cordeau: Oui.
M. Godin: Au moment où on se parle, est-ce qu'il y a des
commissaires supplémentaires nommés et quelles sont les
obligations du gouvernement à leur égard?
M. Cordeau: ... du gouvernement envers eux.
Le Président (M. Laplante): Les travaux de cette
commission sont ajournés sine die.
Fin de la séance à 12 h 32
Reprise de la séance à 16 h 25
Le Président (M. Laplante): À l'ordre,
messieurs!
La commission parlementaire de la justice se réunit pour
étudier le projet de loi 55, article par article. Les membres de cette
commission sont: M. Alfred (Papineau); M. Bédard (Chicoutimi)
remplacé par M. Godin (Mercier); M. Blank (Saint-Louis); M. Charbonneau
(Verchères) remplacé par Mme LeBlanc-Bantey
(Îles-de-la-Madeleine); M. Clair (Drummond) remplacé par M.
Boucher (Rivière-du-Loup); M. Fontaine (Nicolet-Yamaska) remplacé
par M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M. Lacoste (Sainte-Anne) remplacé par
M. Marquis (Matapédia); M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys)
remplacé par M. Forget (Saint-Laurent); M. Samson (Rouyn-Noranda); M.
Vaillancourt (Jonquière) remplacé par M. Guay (Taschereau).
Les intervenants sont: M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe) remplacé par M. Fontaine (Nicolet-Yamaska); M. Duhaime
(Saint-Maurice), M. Lavigne (Beauharnois), M. Léger (Lafontaine), M.
Marois (Laporte), M. Pagé (Portneuf), M. Tardif (Crémazie).
Le rapporteur de la commission est toujours M. Boucher
(Rivière-du-Loup).
Lorsque nous avons ajourné nos travaux ce matin, nous
étions rendus à l'étude de l'article 4. M. le
ministre.
M. Godin: J'avais fait deux promesses et il y en a au moins une
que je peux remplir. La nouvelle rédaction, conformément à
la suggestion du député de Saint-Laurent, de l'article 3, on
attend les copies mais je vais vous la lire: "La régie a pour fonction
de délivrer, de renouveler, de suspendre ou de révoquer les
permis...
Le Président (M. Laplante): Je m'excuse, M. l'adjoint
parlementaire. J'ai appelé l'article 4. On va le terminer et, ensuite,
on retournera à l'article 3.
M. Godin: À votre convenance, M. le Président.
Veuillez m'excusez.
M. Forget: D'accord, M. le Président.
M. Godin: Est-ce qu'il est "obstineux" avec tout le monde comme
cela ou...
Mme LeBlanc-Bantey: II est si content d'annoncer cette bonne
nouvelle.
M. Godin: Nous pouvons effectivement poursuivre l'article 4. Au
sujet de l'article 4 il y avait des renseignements que je devais soumettre
à notre collègue de Saint-Hyacinthe. Est-ce qu'il sera ici plus
tard? Demain? Est-ce qu'on vous donne les renseignements dès maintenant
ou si vous préférez attendre à demain, au cas où il
y aurait des questions?
Le Président (M. Laplante): Demain, si vous voulez, ou cet
après-midi. C'est vous qui décidez.
M. Godin: Probablement qu'il aura des questions.
Le Président (M. Laplante): Je vous ferai remarquer que le
député de Saint-Hyacinthe n'est pas ici comme membre de la
commission.
M. Godin: Voilà pour les commissaires non juges. Le mandat
de M. Jacques Dupuis se termine en avril 1983, alors qu'il aura 65 ans. Quant
à sa sécurité, il participe au Régime de retraite
des employés du gouvernement et des organismes publics, ce qu'on appelle
le RREGOP dans notre jargon administratif, et seulement au RREGOP. S'il ne fait
pas dix ans, il aura droit au remboursement de ses cotisations. De toute
façon, même s'il terminait son mandat en 1983, il n'aurait pas
fait dix ans.
D'autre part, quant à M. Joseph Vallières, son mandat se
termine en mai 1985. Il aura, à l'époque, 62 ans. Il aura fait
ses dix ans. Il aura le droit à une pension différée
à 65 ans ou au remboursement de ses contributions. Pour M. Marcel
Vézina, à ce moment-là, cela se termine en octobre 1981.
Il aura, à l'époque, 67 ans et cinq mois. Il participe au
Régime de retraite des fonctionnaires. Quant au principe de la
compensation, il s'appliquera évidemment, comme dans chaque cas
semblable, s'il avait à s'appliquer, entendons-nous bien.
M. Forget: Cela représente une créance
vis-à-vis de l'État de combien?
M. Godin: Le chiffre total dans le cas des trois commissaires non
juges?
M. Forget: Des trois.
M. Godin: Au 1er juillet, leur rémunération
était de $39 500 par année.
M. Forget: Au 1er juillet dernier?
M. Godin: À l'occasion du renouvellement de la
convention.
M. Forget: Ce qui fait une dette d'environ $360 000.
M. Godin: Ce qui ferait...
M. Forget: Cela en est une, aujourd'hui même. D'accord.
M. Godin: Est-ce que cela répond à la question?
M. Forget: Oui, je vous remercie.
Le Président (M. Laplante): L'article 4 sera-t-il
adopté?
Une voix: Adopté.
M. Forget: Non, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, comme on a un texte qui est en
partie nouveau et comme j'ai posé la question au tout début,
à savoir pourquoi, comme il s'agit d'administrer un régime de
distribution d'alcool, le commerce d'alcool, selon les mots de l'adjoint
parlementaire, comme il s'agit plus que simplement attribuer des permis, mais
de surveiller tout un commerce, il doit y avoir une raison pour laquelle on ne
confie pas cette activité-là au ministère de la Justice.
Je présume qu'on veut que ce soit une activité
indépendante du ministre. Autrement, il me semblerait tout à fait
acceptable que ce soit fait par la direction générale des permis
d'alcool, le ministère de la Justice. Il n'y a rien d'impossible
là-dedans. On pourrait désigner des fonctionnaires dans la loi du
ministère qui auraient pour fonction de décider dans certains
cas. On trouve, dans la loi d'un certain nombre de ministères, des
inspecteurs qui peuvent déclarer que tel ou tel édifice est
salubre ou insalubre, qu'il est conforme au règlement d'incendies ou
non, etc. Il n'y a rien de terriblement différent là-dedans. (16
h 30)
Si on décide de faire une régie, c'est qu'on veut
constituer un organisme qui soit, de façon très évidente,
à bout de bras par rapport au gouvernement, très distinct,
très autonome. Si c'est le cas, il me semble qu'on n'est pas très
logique parce que, dans le fond, les régisseurs ne sont pas très
différents des autres fonctionnaires. Ils sont nommés pour un
mandat très court, renouvelable, ce qui veut dire que s'ils ont la
moindre intention de rester en poste, ils vont s'arranger pour anticiper les
voeux ou satisfaire ceux de leurs patrons. C'est un terme court et
renouvelable. C'est un terme qui peut être abrégé en cours
d'exercice, contrairement à la loi actuelle par laquelle on ne peut pas
réduire la durée du terme. Dorénavant, on pourra nommer un
régisseur pour trois ans, mais après un an, décider que
cela fera, qu'on n'en veut plus, parce qu'on n'aime pas le genre de
décision qu'il a rendu.
On dit bien que la rémunération une fois
déterminée ne peut pas être réduite, mais dans une
période d'inflation comme celle qu'on vit, il s'agit justement de ne pas
majorer une rémunération pour pénaliser quelqu'un, dans le
fond. On ne dit pas du tout que leur rémunération va augmenter au
même rythme que celle des cadres de la fonction publique. Ce sont des
gens qui sont beaucoup plus dépendants de la bonne volonté du
prince que les fonctionnaires habituels, ordinaires qui, eux, sont
protégés par la sécurité d'emploi,
bénéficient d'un régime d'indexation de leur revenu. Ils
ne sont pas "remerciables", sauf dans des circonstances très
exceptionnelles. Ce sont des créatures gouvernementales dans un sens
très frappant. Loin de rendre ces gens indépendants du pouvoir,
on les met dans une situation de très grande dépendance, beaucoup
plus, encore une fois, que les fonctionnaires. Ils ne peuvent pas invoquer la
Loi de la fonction publique vis-à-vis d'un renvoi
immérité, à leurs yeux. Je me demande pourquoi on veut en
faire des créatures aussi dépendantes du pouvoir. Ce sont des
créatures du pouvoir. Elles sont là au bon plaisir du prince. Si
elles veulent... Je vois que le député des
Îles-de-la-Madeleine a un langage sexiste et raciste; elle insiste pour
attribuer à un mot un sens sexiste à certains
éléments de notre vocabulaire.
M. Godin: ... de notre vocabulaire. Je pense qu'à
l'époque, on disait les "criatures".
M. Forget: C'est possible, oui.
M. Godin: II y avait une nuance dans l'accent.
Mme LeBlanc-Bantey: Est-ce qu'on peut soulever des questions de
privilège en commission parlementaire?
Le Président (M. Laplante): Non.
M. Forget: Non.
M. Godin: Non, des directives seulement.
M. Forget: C'est malgré tout un illogisme que je ne
comprends pas. On prétend en faire un organisme indépendant, mais
il est moins indépendant que les fonctionnaires mêmes le sont face
au ministre. Il serait beaucoup mieux d'intégrer cela au
ministère de la Justice.
Je pense que ce serait la véritable solution. On
protégerait davantage l'exercice de leur pouvoir décisionnel en
procédant de cette façon qu'en créant une régie. Ou
alors, si on tient absolument à créer des structures ou à
les perpétuer sous un autre nom, il faut prendre ça au
sérieux et il y a tout un tas de mesures qu'il est possible de prendre,
par exemple, comme on fait pour les juges. On prétend que les juges sont
indépen-
dants, à juste titre, je pense, du pouvoir exécutif, parce
qu'ils sont nommés non pas pour un mandat fixe, mais
indéfiniment. Mais il y a d'autres formules possibles. Je ne
suggère pas qu'on nomme ces gens-là pour des mandats
indéfinis, mais d'interdire qu'ils soient nommés à
nouveau. Cela, c'est une autre mesure qu'on retrouve dans certains statuts. On
nomme des gens. On dit, à l'origine: Vous ne pourrez pas être
nommés pour une deuxième fois. Faites ce que vous voulez. De
toute façon, ça ne peut pas vous bénéficier. Votre
comportement ne peut pas vous bénéficier d'aucune façon,
vous êtes dehors de toute manière après l'expiration du
mandat. Cela, ça donne de l'indépendance. Bien sûr,
ça crée des conditions particulières et peut-être
que les gens ne veulent pas s'installer dans un régime comme
celui-là pour trois ans seulement, mais, de toute façon,
ça, c'est un autre problème. Il y a effectivement des lois qui
assurent l'indépendance des gens en interdisant qu'ils soient
nommés une deuxième fois.
Relativement à la durée du mandat, je pense qu'elle ne
devrait pas être réductible. On devrait s'en tenir au statu quo
là-dessus. Le texte actuel de la loi dit que le mandat ne peut pas
être abrégé. Je ne vois pas pourquoi on le rend
vulnérable de ce côté maintenant. Je pense que sur le plan
de la rémunération, on devrait avoir une clause qui indique que
ces régisseurs bénéficieront des augmentations
régulières, de la même façon que les cadres de la
fonction publique ou que les juges de la Cour provinciale. À ce
moment-là, on soustrait leur rémunération à toute
espèce d'arbitraire. Le ministre ne sera pas en mesure de leur imposer
une pénitence et, évidemment, une ligne possible de
réplique à ça, ça va être de protester de ses
bonnes intentions, de dire que le ministre de la Justice n'a aucune intention
d'utiliser les pouvoirs qu'il se donne, par contre, que ce sont les motifs les
plus purs qui l'animent, etc.
Si tel est le cas, qu'il les intègre au ministère. Dans le
fond, ce serait plus clair. Mais s'il veut donner non seulement
l'indépendance à ces gens-là, mais que ce soit visible et
apparent à tous que ces régisseurs sont indépendants, il
ne peut pas retomber simplement sur le plan des intentions et de ces
dispositions du coeur du ministre, etc.
C'est fort remarquable et c'est louable, le ministre doit être
louangé d'avoir de bonnes dispositions. Je serais prêt à
voter des félicitations au ministre, s'il a vraiment de si bons
sentiments, c'est parfait, mais le problème n'est pas là. Ce
n'est pas un problème sentimental dont on parle, on parle d'un
problème de loi et on crée une structure qui veut être
indépendante. Qu'on la fasse indépendante et que ce soit visible
que les gens ont une indépendance.
Dans le moment, les régisseurs, ce n'est rien d'autre, à
la limite, qu'un prolongement du cabinet du ministre. Ce n'est rien d'autre
à la limite qu'une extension du personnel politique qui entoure le
ministre. Ce sont des nominations au bon plaisir du ministre, pour la
durée qu'il veut bien, aux conditions de traitement qu'il veut bien
déterminer.
Écoutez, c'est comme ça qu'on définit le personnel
des cabinets ministériels. Est-ce parce qu'ils ont un autre titre?
Est-ce simplement la magie verbale qui fait qu'on les intitule
régisseurs et qu'ils deviennent indépendants? Je pense qu'il
faudrait dire ça à d'autres, ce n'est certainement pas moi qui
vais le croire.
M. le président, je pense qu'on a des possibilités d'en
faire véritablement un organisme indépendant, si le
ministère y tient absolument. Encore une fois, il n'est pas
évident que ce soit là l'orientation qui est prise. Ce n'est pas
évident que les fonctionnaires ne pourraient pas très bien faire
cette tâche sans structure additionnelle. Je verrais très bien la
Direction générale des permis d'alcool procéder à
tout ça, comme on émet les permis des véhicules
automobiles, comme on émet bien d'autres autorisations au sein de
l'administration publique.
Comme je ne veux pas faire une motion de ce genre, parce que ce ne
serait sûrement pas recevable, le but de la loi étant de
créer une structure quelconque, mais différente de
l'administration publique, il faut donc s'inscrire dans ce contexte-là
et, dans ce contexte, je proposerais une série d'amendements qui
poursuivent le but que je décrivais tout à l'heure et que je vais
vous... J'en ai une copie ici, je m'excuse...
M. Godin: M. le Président... Avez-vous terminé, M.
le député de Saint-Laurent?
M. Forget: Je vais en faire la lecture...
Le Président (M. Laplante): II prépare une
motion.
M. Forget: ... et je termine tout de suite après. Le but
serait le suivant: Remplacer cinq ans par dix ans et ajouter à la fin:
"Ce terme, une fois fixé, ne peut être réduit. Nul ne peut
être nommé pour un second terme." L'article amendé se
lirait comme suit: "La régie est composée de six
régisseurs, dont un président et un vice-président,
nommés par le gouvernement pour un terme d'au plus dix ans. Ce terme une
fois fixé ne peut être réduit. Nul ne peut être
nommé pour un second terme.
Le gouvernement peut, s'il juge que l'expédition des affaires de
la régie l'exige, nommer tout régisseur supplémentaire
pour le temps qu'il détermine." Ce qui est le texte actuel, bien
sûr.
Le Président (M. Laplante): Sur la recevabilité, on
dit toujours qu'on donne le bénéfice du doute à celui qui
propose la motion. Je suis obligé de vous le donner, parce que je ne
suis pas certain que cela rejoint l'objet même de la régie tel que
formulé. Vous proposez six régisseurs nommés pour dix ans,
l'implantation financière qu'il y a au bout de cela, à cause des
cinq ans, je ne la connais pas, les salaires ne sont pas fixés
là-dedans. Est-ce que ce sera au même prix, à des prix plus
élevés? On ne le sait pas. Mais, tout de même, vu que j'ai
un grand doute dans mon esprit, je suis obligé de la juger recevable. M.
le député de Saint-Laurent.
M. Forget: Je ne plaiderai pas pour ne pas prendre du temps sur
cette question.
M. Godin: J'ose espérer qu'en vertu du principe de
l'échange de bons procédés que je tente paisiblement
d'établir ici, comme nous avons déposé une liasse
d'amendements, nous pourrons bénéficier du même traitement
de la part de l'Opposition.
M. Forget: J'accepterais volontiers, M. le Président, si
ce n'est qu'avec la meilleure volonté du monde, je ne pourrais pas
m'exécuter, parce que nous terminons les amendements, en quelque sorte,
un peu au fur et à mesure. J'ai commencé l'étude du projet
de loi, à ma courte honte, mais j'en ai été
empêché par les circonstances, hier matin, dans la journée
d'hier, la nuit et le matin, je n'ai pas pu faire plus de sept ou huit
amendements. J'en ai déjà déposé trois ou quatre.
Il n'en reste pas beaucoup, mais pour ceux qui restent et pour montrer que je
partage l'esprit de bonne entente, je n'ai pas d'objection à les
déposer. Il y en a un à l'article 5, à l'article 8 et
à l'article 13.
Le Président (M. Laplante): II est rare, M. le
député de Saint-Laurent, que l'Opposition les distribue; c'est la
première fois depuis que je préside, en trois ans, que
l'Opposition distribue ses amendements. C'est bien.
M. Forget: C'est rare, mais je n'ai aucune réticence
à le faire cette fois-ci.
Le Président (M. Laplante): Je trouve cela bien.
M. Forget: J'ai peut-être d'autres copies, mais je ne suis
pas sûr.
M. Godin: On a cassé beaucoup de glace en deux jours.
Le Président (M. Laplante): Ça augure bien pour une
démocratie...
M. Forget: Parlementaire.
Le Président (M. Laplante): ... parlementaire.
M. Forget: Je vais m'en garder une série complète
et, pour le reste, je les abandonne.
M. Godin: Est-ce que je peux prendre la parole, M. le
Président?
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Godin: Sur l'amendement aussi bien que sur le préambule
qui en a été fait, vous posez deux principes qui me semblent un
peu contradictoires, M. le député de Saint-Laurent. D'un
côté, vous dites qu'au fond, puisque ce n'est que cinq ans,
pourquoi ne pas tout donner ça au ministère, créer une
espèce de direction du ministère, je ne sais trop, d'autre part,
vous vous inquiétez de la question de l'autonomie des régisseurs.
Je pense que nous devons tenir compte des deux aspects de cette question et
c'est ce que nous avons tenté de faire. Le mandat de cinq ans, c'est une
jeune tradition, nouvelle, mais une tradition quand même qui,
j'espère, va être maintenue et qui s'est appliquée...
M. Forget: Cela a été l'objet, à chaque
fois, d'objection de notre part.
M. Godin:... dans le cas de la Commission des droits de la
personne, dans le cas de la Commission québécoise des
libérations conditionnelles. Ce sont les deux que je connais, il y en a
peut-être d'autres. C'est une application du principe de la rotation,
aussi simplement que ça. Cela permet au gouvernement de voir à ce
que si une modernisation s'impose, qu'elle soit faite, en principe, je dis bien
au niveau des principes, d'une part. D'autre part, quant à votre
suggestion contradictoire par rapport à l'objectif poursuivi de
l'autonomie, je dirais... j'ajoute un troisième exemple, à la
Commission de protection du territoire agricole, le mandat est également
de cinq ans. (16 h 45)
Sur le fond, il y a une chose que je dois peut-être
préciser, c'est que, quand on dit un terme d'au plus cinq ans, ça
ne veut pas dire que le gouvernement pourrait réduire le mandat de cinq
ans attribué à un régisseur à moins de cinq ans,
mais le mandat peut être d'un an à cinq ans. Quand il est
donné, il ne peut pas être modifié. Si un commissaire a un
mandat de trois ans, il vaut pour trois ans et ne peut être
modifié en cours de route, si c'est un mandat de cinq ans, il vaut pour
cinq ans.
Je veux qu'il soit bien clair qu'il n'est pas question, par les mots
"d'au plus cinq ans", de signifier qu'un mandat, quand il sera attribué
à une personne pour au plus cinq ans, pourrait être réduit
à la volonté du gouvernement. Ce n'est pas vrai.
M. Forget: M. l'adjoint parlementaire, j'aimerais bien pouvoir
vous suivre dans votre raisonnement, sauf qu'on modifie, même si on veut
lui donner un titre nouveau, une loi existante. Et la loi existante interdit
explicitement la réduction du mandat. Or, si on modifie la loi pour
enlever cette prohibition, il n'y a qu'une interprétation qui vient
à mon esprit. On va comparer les deux textes et on va dire: Le
législateur est intervenu. Il y avait une interdiction. Il a fait sauter
l'interdiction. Donc, il se donne le pouvoir de réduire le mandat.
M. Godin: Je vais passer la parole à M. Jacoby.
En fait, la raison pour laquelle on n'a pas réintroduit cette
clause, parce que maintenant, on ne la réintroduit plus, c'est que,
d'une part, lorsqu'on met cette indication dans la loi, il n'en demeure pas
moins que le gouvernement si c'est lui qui a le pouvoir de la nomination
peut, pour cause, révoquer la nomination avant l'expiration du
mandat, d'après la jurisprudence.
Par ailleurs, lorsqu'une personne est nommée pour une
période, si le gouvernement, sans cause valable, réduit le
mandat, de la même manière, la personne a un recours en dommages
contre le gouvernement.
Ceci fait qu'à toutes fins utiles, compte tenu de l'état
actuel du droit et de la jurisprudence, cette clause est absolument superflue
dans nos lois. C'est ce qui fait que depuis quelque temps, dans les
créations d'organismes, il n'y a plus cette clause, parce que le droit
s'est fixé sur la question.
Le fait qu'on ne le mette pas, ce n'est pas parce qu'il y a une
différence d'intention par rapport à la loi actuelle. C'est tout
simplement parce que le droit, à l'époque où ces clauses
avaient été insérées dans la loi, était
beaucoup moins fixé qu'aujourd'hui.
Dans tous les cas, même s'il y a une clause, cela n'empêche
pas le gouvernement de révoquer pour cause. Et lorsqu'il n'y a pas de
clause et qu'on réduit le mandat, si on le fait sans cause, l'individu
peut quand même obtenir des dommages et être indemnisé.
M. Godin: Je voudrais poursuivre mes brèves remarques
là-dessus. Le mandat de cinq ans, je le répète, je l'ai
dit ce matin, était une des recommandations d'une personne qui ne
l'était pas, en l'occurrence, mais qui est également
vice-président de la commission actuelle du contrôle des permis,
le juge Bossé, d'une part.
D'autre part, vous dites: Pourquoi ne pas confier à des
fonctionnaires le soin d'administrer cette nouvelle régie, puisque leur
mandat est si court que le ministre, en tout temps, pourra en quelque sorte les
manipuler, si je vous ai bien lu entre les lignes...
M. Forget: Ou carrément s'arranger pour que ce soit sa
volonté qui prévale plutôt que celle des
régisseurs.
M. Godin: Là-dessus, je vous dirai que le régisseur
a les pouvoirs d'un sous-ministre. Il a plein droit sur son personnel. Il a un
pouvoir d'adjudication quasi judiciaire. À mon avis, il ne peut pas
relever du ministère pour deux raisons. Il y a quand même une
expertise ou un "know how" qui est relié à l'administration d'une
telle loi qui, traditionnellement, est entre les mains de ce qui fut la
commission, après avoir été la régie, et qui
redevient la régie, d'une part.
D'autre part, c'est le Procureur général qui poursuit, en
vertu du chapitre VII. Si, sous l'empire du même Procureur
général, il y avait des fonctionnaires qui administraient la loi,
il y aurait un risque de conflit d'intérêts et c'est la raison
pour laquelle il y a, traditionnellement, la création de cette
régie que nous maintenons. C'est pour éviter qu'il y ait un
conflit d'intérêts entre le Procureur général qui
poursuivra, en vertu du chapitre VII, tout l'aspect pénal et un
fonctionnaire qui relèvera de la même personne, du même
ministre, si vous voulez.
J'ajouterais que vous soulignez quand même un problème
important quant à la sécurité d'emploi des personnes qui
seront commissaires ou qui seront régisseurs, ou toute personne membre
d'une des commissions que j'ai citées plus haut: le droit de la personne
humaine, la libération conditionnelle, la protection du territoire et
les autres éventuellement. Notre intention au gouvernement est de faire
une refonte et de créer un corps d'adjudicateurs. Nous travaillons avec
la fonction publique sur cette question-là. Nous voulons faire en sorte
que ces personnes jouissent d'une certaine sécurité d'emploi et
qu'elles puissent être transférées d'une commission
à une autre de manière à éviter le risque que vous
soulevez que ces personnes deviennent des marionnettes entre les mains d'un
ministre, à la suite d'un changement de régime ou de tout autre
changement semblable. Ce mandat de cinq ans s'intègre, par
conséquent, dans une phase ou dans une réflexion sur la notion
même d'adjudicateur et la notion de la protection de ces personnes et de
leur sécurité d'emploi. Je tiens à le dire, parce que je
pense que votre crainte est fondée jusqu'à un certain point.
Par ailleurs, sur le mandat de cinq ans, nous estimons qu'un tel mandat
de cinq ans ne brime en rien la liberté d'une personne à
l'égard du gouvernement. C'est faire de l'imputation de motifs et faire
du procès d'intention au gouvernement que de croire que nous avons un
mandat de cinq ans plutôt que de dix uniquement pour pouvoir mieux
manipuler, à mon avis. C'est du pur procès d'intention que de
présumer cela.
J'ajoute qu'il y a un quatrième organisme on me "feed" au
fur et à mesure de mes besoins l'Office des handicapés du
Québec, dont les membres aussi ont un mandat de cinq ans. C'est une
tendance...
M. Forget: Les organismes que vous avez créés
depuis trois ans sont comme cela, je ne le nie pas, je le déplore.
M. Godin: D'accord, mais nous voulons être fidèles
à notre tendance, M. le député, parce que les raisons pour
lesquelles nous l'avons fait dans chacun des cas précédents nous
semblent toujours bonnes. Vous pouvez avoir une autre opinion que nous
là-dessus, mais je serais malvenu de ne pas respecter cette ligne de
pensée que je partage en plus, d'autant plus, je le
répète, que cela s'inscrit dans une réflexion faite avec
la fonction publique relativement au statut, si vous voulez, d'employés
de l'État de ces personnes. C'est la raison pour laquelle je voterai
contre votre amendement.
M. Forget: Evidemment, je ne m'attends pas que le gouvernement
adopte ce genre d'amendement, mais je pense qu'il est important que
l'Opposition en souligne justement le caractère déplorable,
chaque fois que cette pratique se généralise, parce que c'est une
pratique, à mon avis, tout à fait déplorable. Encore une
fois, on est assis entre deux chaises. On prétend faire le jeu de la
création d'organismes indépendants, alors
qu'on fait tout ce qu'il faut pour diminuer leur caractère
d'autonomie face au pouvoir exécutif sous prétexte qu'on est en
train de faire des discussions avec la fonction publique qui, un jour, va
régler le problème par la façon favorite évidemment
de la fonction publique, de la sécurité d'emploi. Le
problème n'est pas un problème d'emploi ou de conditions de
travail.
M. Godin: C'est vous qui l'avez évoqué, M. le
député.
M. Forget: Non, jamais de la vie. Vous ne l'avez pas compris, je
pense bien, ou vous n'avez pas écouté attentivement. Le
problème est une question d'indépendance. Si on a un organisme
quasi judiciaire, on veut lui donner l'allure d'un organisme quasi judiciaire.
Le problème de l'indépendance des tribunaux, ce n'est pas
simplement un problème de fonds de retraite pour les juges, ce n'est pas
un problème de sécurité au sens de la Loi de la fonction
publique, c'est un problème d'indépendance d'un pouvoir face
à un autre pouvoir. Ce n'est pas du tout une solution que de dire qu'on
est en train d'élaborer des règles à l'intérieur de
la fonction publique pour régler le problème.
C'est vouloir délibérément considérer le
problème sur le plan de l'intérêt des individus qui
détiennent ces fonctions, mais ce n'est pas du tout le plan que je
soulève. Les gens qui occupent ces fonctions... La question de savoir
s'ils ont droit à des fonds de pension, si leur avenir financier est
assuré ou non, cela ne m'intéresse strictement pas. S'ils
deviennent régisseurs ou commissaires, ce sont des adultes consentants,
ils savent ce qu'ils font. Le problème de savoir s'ils ont une
sécurité financière ou non pour leurs vieux jours ne
m'intéresse strictement pas. Ce qui m'intéresse...
M. Godin: J'avais cru comprendre que c'était une de vos
préoccupations.
M. Forget: Pas du tout. Ce qui m'intéresse, c'est de
savoir si on a véritablement des régies qui exercent un pouvoir,
indépendamment du pouvoir exécutif du Conseil des ministres, ou
si ce sont des instruments du Conseil des ministres. La voie que vous avez
prise, que votre gouvernement a prise depuis trois ans, c'est d'en faire des
organismes qui sont visiblement, par toutes les caractéristiques
d'organisation, de composition, de durée de mandat, de
possibilité de faire fixer par le gouvernement leur traitement, de les
réviser, etc., en fait quelque chose d'assez analogue à n'importe
quelle autre catégorie de fonctionnaires. D'ailleurs, la réponse
que vous nous faites, c'est-à-dire que vous êtes en train de
penser avec la Fonction publique à des façons de leur donner la
sécurité d'emploi, tend à confirmer cette notion, puisque,
dans le fond, ce sera une classe d'emploi parmi d'autres dans la fonction
publique; on aura des régisseurs, comme on a des opérateurs de
machines fixes. Ces gens seront dans un corps d'emploi avec certaines
règles de rémunération, d'embauche, etc., mais ce n'est
pas sur le plan du droit public. C'est pratiquement sur le plan du droit du
travail que vous abordez le problème. Ce n'est pas du tout l'aspect qui
m'intéresse. Ce que je vous dis, c'est que, si vous en êtes rendus
à en faire un corps d'emploi et à chercher du côté
de la fonction publique des solutions aux problèmes, intégrez-les
dans les ministères, ce sera plus vite fait et on sera rendu au
même point.
M. Godin: M. le député de Saint-Laurent, vous
voilà galopant dans une direction qui n'a rien à voir avec les
intentions du gouvernement, ni du ministère. Un régisseur ou un
président d'une régie ou d'une commission ne peut recevoir
vous le savez très bien pour avoir occupé un poste de ministre
vous-même aucune directive d'un ministre et il est souverain
j'emploie le mot à dessein en ce qui touche l'application
de sa loi.
M. Forget: ... révision. Il est astreint à fournir
tous les rapports que le ministre juge bon de lui demander.
M. Godin: Cela fait partie de n'importe quel...
M. Forget: Est-ce que vous demandez cela à des juges de la
Cour provinciale? Est-ce qu'un juge de la Cour provinciale est astreint,
d'après la Loi des tribunaux judiciaires, à fournir tous les
documents et les rapports à la demande du ministre de la Justice? Vous
avez pris une filière qui vous amène vers un pouvoir de
directives éventuelles, comme il y en a vis-à-vis des
sociétés d'Etat. C'est la logique de tout ce que vous faites.
Vous avez là des gens qui sont aux ordres du ministre. Je n'ai pas
d'objection, si vous voulez en faire une responsabilité
ministérielle. Mais il ne faudra pas nous dire, si on pose des questions
en haut, à l'Assemblée nationale: Comment cela se fait-il que la
régie a refusé ou accordé un permis? Avec tout cela, il ne
faudra pas que le ministre dise: Écoutez, cela ne me regarde pas. Ce
sont des régisseurs indépendants. Jamais de la vie! Ce sont des
régisseurs qu'il nomme, qu'il rémunère, qu'il engage et
qu'il renvoie selon son bon plaisir, à qui il peut demander tous les
rapports qu'il veut bien demander. À ce moment, ce sont ses
employés, ce n'est rien d'autre que cela. Il ne faudra pas
prétendre à l'indépendance après, dans un autre
contexte! Il n'y en a plus!
M. Godin: M. le député de Saint-Laurent, vous nous
avez reproché d'avoir coiffé du parapluie de droit nouveau les
articles 1 à 117, vous coiffez également du parapluie de droit
nouveau des choses qui sont de tradition sous les quatre régimes que
j'ai pu observer de l'extérieur aussi bien que de l'intérieur de
ce Parlement. Ce n'est pas nouveau que le ministre demande des rapports aux
membres des commissions qu'il crée ou qui relèvent de lui. Cela
fait partie de son mandat, parce que c'est lui, en dernière analyse, qui
a à répondre
au Parlement de ce qui se passe dans une commission, dans une
régie. Vrai ou faux? Par conséquent, on n'a rien inventé
là-dessus. Ce n'est pas parce que le ministre a le pouvoir d'exiger
d'eux des rapports sur les activités normales d'une institution
parapublique qu'on les contrôle, au contraire!
M. Forget: Est-ce qu'il peut le faire vis-à-vis des
tribunaux judiciaires?
M. Godin: Non, mais il y a une nuance importante.
M. Forget: Vous avez votre réponse.
M. Godin: À ce moment, comment expliquez-vous que, depuis
vingt ans, les choses se passent ainsi?
M. Forget: Est-ce qu'on réforme la loi ou si on ne la
réforme pas? Il ne faut pas appeler cela du droit nouveau si votre seule
argumentation, c'est de dire que cela se fait comme cela depuis vingt ans. On
perd notre temps alors! On ne fait que changer le titre. Aussi louable que cela
soit, ce n'est pas substantiel. (17 heures)
M. Godin: Enfin, il y a les frontières très nettes
que vous connaissez aussi bien que moi entre le judiciaire et le
législatif et là, nous sommes dans le droit administratif et, par
conséquent, ça relève beaucoup plus, à mon avis, de
ce qui se passe au Parlement que de ce qui se passe devant les tribunaux. C'est
la raison pour laquelle le ministre n'a pas exigé les rapports; mais qui
pourra exiger les rapports, si ce n'est pas le ministre, entre vous et moi, les
citoyens?
M. Forget: Quand un tribunal fait une adjudication, quand il
applique une loi, ses rapports sont constitués par les décisions
qu'il rend. Il n'a pas besoin de produire d'autres rapports. Il n'est comptable
que des décisions qu'il rend. Autrement, il est comptable de quoi? Il
est comptable d'une administration, d'un "policy-making". Il est
évident, à ce moment-là, que si vous insérez un
organisme comme celui-là dans le "policy-making", il doit être
l'instrument du ministre. Mais c'est justement. Plus vous faites de ça,
c'est encore... On revient à l'argument de l'article 2. Le pouvoir de
régulation, dans notre régime parlementaire, ne peut pas reposer
entre d'autres mains qu'entre les mains du ministre. Là, vous êtes
assis entre deux chaises. Vous êtes en train de me dire: Ils font du
"policy-making", donc, ils doivent relever du ministre. Bien oui, mais s'ils
doivent relever du ministre, mettez-les dans le ministère. On ne peut
pas jouer sur tous les tableaux comme ça, indéfiniment. Ou ils
sont responsables devant le ministre, et le ministre est responsable de leurs
gestes à l'Assemblée nationale, ou ils ne le sont pas. Une porte
est ouverte ou fermée. Vous savez ça; c'est une vieille
expression. C'est vrai autant là-dedans que dans autre chose. On ne peut
pas jouer sur tous les tableaux, dire: Ils sont indépendants quand
ça fait notre affaire et ils ne sont pas indépendants quand
ça fait notre affaire. C'est l'un ou l'autre.
M. Godin: M. le député de Saint-Laurent... Une
voix: Une porte entrouverte...
M. Forget: Oui, mais une porte entrouverte, ça ne veut
rien dire. Un courant d'air la fait fermer ou ouvrir, à un moment
donné.
M. Godin: ... à partir d'un amendement qui porte sur "de
cinq à dix ans", vous en êtes rendu à remettre en question
tout l'édifice, je dirais, du public, du parapublic, du judiciaire et du
législatif...
M. Forget: Je demande d'être conséquent avec une
décision que vous prenez.
M. Godin: Entendons-nous! Ce que nous voulons faire et,
fondamentalement, ce projet de loi ne vise pas à réformer les
rapports entre l'exécutif et le judiciaire en profondeur. Il vise
à accélérer l'émission des permis et à
protéger les mineurs qui sont appelés à travailler dans
des endroits où ils n'ont pas d'affaire à travailler. Ce sont ses
deux objectifs fondamentaux. Il ne s'agit pas, par le biais du projet de loi no
55, d'aborder l'immense et vaste question que vous soulevez, à savoir si
ce sont des tribunaux plus administratifs. Est-ce que ce sont des adjudicateurs
qui sont plus près du législatif que du judiciaire? Enfin, on
ouvre là une porte de grange et, je m'excuse, mais je n'entrerai pas
dans votre grange...
M. Forget: Oui, mais alors, pour accélérer...
M. Godin: ... parce que là, ça va nous mener
très loin.
M. Forget:... l'émission des permis, on n'a pas besoin de
réduire le mandat de dix ans à cinq ans. On n'a pas besoin de
changer le titre de la commission des permis d'alcool. On a besoin de faire
certains changements techniques pour les transferts de permis, etc., qui sont
faits. D'accord, c'est là-dedans, c'est bon, c'est beau... Mais ce n'est
pas de cette façon que vous avez introduit votre loi en deuxième
lecture. Vous l'avez introduite comme une révision, une réforme,
quelque chose qui est de droit nouveau, 117 articles de droit nouveau...
M. Godin: Nous nous sommes entendus ce matin...
M. Forget: Attention là...! On s'est entendu...
M. Godin: Nous avons vidé cette question ce matin.
Écoutez, si vous voulez revenir sur chacun des points déjà
discutés, nous allons tourner en rond comme le chien qui mord sa queue
et, si
c'est ce que vous voulez faire, vous tournerez tout seul. Pour ma part,
j'aimerais bien qu'on s'arrête et qu'on regarde les choses objectivement.
Il s'agit de réduire la durée d'un mandat de dix à cinq
ans. Le gouvernement actuel l'a fait depuis le début et il n'a pas
l'intention de modifier sa politique à ce sujet-là, parce qu'il
l'a fait pour des raisons...
M. Forget: C'est ça et il a tort depuis le
début.
M. Godin: Bon! vous pouvez être en désaccord. Vous
avez le droit d'être en désaccord, parfaitement.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'article 4,
amendé par le député de Saint-Laurent, est
adopté?
M. Godin: Pardon?
Le Président (M. Laplante): On va voter sur l'amendement
avant. Sur l'amendement du député de Saint-Laurent, c'est ce que
j'ai dit.
M. Godin: Vous avez dit: Article 4, tel qu'amendé...
M. Boucher: M. le Président, vous avez demandé si
l'article 4, tel qu'amendé, était adopté. On n'a pas
voté sur l'amendement encore.
Le Président (M. Laplante): Sur l'amendement. Est-ce que
l'amendement du député de Saint-Laurent est adopté?
Une voix: Non. M. Godin: Rejeté.
Le Président (M. Laplante): Rejeté sur
division?
M. Forget: Sur division.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'article 4 sera
adopté?
M. Godin: Adopté.
M. Forget: Adopté sur division.
Le Président (M. Laplante): Adopté sur division. Je
reviens à l'article 3 où vous aviez, M. l'adjoint...
M. Godin: Oui, est-ce que tout le monde a obtenu copie dudit
amendement?
Le Président (M. Laplante): C'est un nouvel article qui
est proposé.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Le nouvel article 3
adopté tel qu'au papillon.
M. Godin: Nous allons le lire, M. le Président, pour qu'il
soit consigné. Article 3 modifié suite aux suggestions des deux
côtés de la Chambre: "La régie a pour fonctions de
délivrer, de renouveler, de suspendre ou de révoquer les permis,
de fixer et de modifier les conditions qui y sont attachées et de
contrôler l'exploitation de ces permis."
Le Président (M. Laplante): Adopté. J'appelle
l'article 5.
M. Godin: Quant à l'article 5, il s'agit d'une clause
plutôt usuelle ou standard sur la rémunération et les
autres conditions de travail des régisseurs.
Le Président (M. Laplante): Je vois qu'il y a un
amendement proposé par le député de Saint-Laurent. M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Oui, c'est dans le même esprit que mon
intervention relative à l'article 4. Je vais faire la lecture de
l'amendement: "Remplacer au premier alinéa les mots "la
rémunération, une fois fixée, ne peut être
réduite" par les mots "la rémunération des
régisseurs, une fois fixée, doit être augmentée de
temps à autre, de la même manière que l'est la
rémunération des cadres de la fonction publique ou, le cas
échéant, celle des juges de la Cour provinciale".
Le Président (M. Laplante): Sur cette mention d'amendement
du député de Saint-Laurent, j'aurais une question à poser.
S'il arrivait que, comme en Norvège, on réduise tous les salaires
de 30%, qu'est-ce qui arriverait avec ça? Parce qu'on engage des sommes
actuellement pour le gouvernement sur des augmentations futures de salaires. Je
ne sais pas s'il n'y aurait pas une autre façon de rédiger
l'amendement sans que ce soit un engagement de fonds.
M. Forget: Oui, on peut dire, au lieu d'augmentée,
modifiée. Je ne sais pas si ça peut aller.
Le Président (M. Laplante): Doit être
modifiée au lieu d'augmentée?
Une voix: À la hausse ou à la baisse? M. Forget:
De la même manière.
Le Président (M. Laplante): Cette motion est recevable, M.
le député de Saint-Laurent.
M. Godin: Est-ce que vous avez fait un sous-amendement?
Le Président (M. Laplante): Non, à la place du mot
"augmentée", c'est le mot "modifiée". Est-ce que vous avez, M.
l'adjoint, des commentaires sur la motion du député de
Saint-Laurent?
Une voix: En avez-vous?
M. Forget: Non, je pense qu'il parle par lui-même.
M. Godin: Je pense que le reproche que je ferais à votre
amendement, c'est qu'il dénote une certaine ignorance de ce qui se passe
à l'égard des cadres et des juges. Il n'y a strictement rien dans
les lois qui prévoit une augmentation du salaire des cadres, ni des
juges. La Loi des tribunaux judiciaires ne prévoit aucune indexation ou
augmentation du revenu des juges.
M. Forget: Je pense que ce n'est plus vrai. Il y a
désormais dans la loi une clause qui permet un ajustement. Cela n'a plus
besoin de venir à l'Assemblée nationale.
M. Godin: D'accord.
M. Forget: C'est ça, il y a un pouvoir
réglementaire pour déterminer les salaires des juges.
M. Godin: Mais ça ne prévoit pas
d'augmentation.
M. Forget: Peu importe, il y a un pouvoir qui est donné de
modifier les salaires.
M. Godin: Oui, mais votre amendement mentionne bien d'augmenter
la rémunération de temps à autre de la même
manière...
M. Forget: Modifier de la même façon... M. Godin:
II y a eu un changement? M. Forget: Oui.
M. Godin: Excusez-moi. C'est ça que je demandais au
président.
Le Président (M. Laplante): C'est ce que j'ai dit tout
à l'heure.
M. Forget: Remplacer le mot "augmentée" par
"modifiée".
Le Président (M. Laplante): II faudra maîtriser
votre nervosité, monsieur.
M. Godin: C'est peut-être la vôtre, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: J'avoue que c'est la première fois
évidemment, on peut toujours innover; ça n'a rien de malsain en
soi, bien au contraire que je vois un article rédigé comme
ça et qui, finalement, manque un peu de rigueur, parce qu'on dit qu'elle
devrait être modifiée comme l'est la rémunération
des cadres ou, le cas échéant, celle des juges. C'est l'un ou
c'est l'autre? Il n'y a aucun article...
M. Forget: C'est selon les régisseurs.
M. Guay: D'accord, mais, même à cela, il n'y a rien
dans les lois, à ma connaissance, je peux me tromper, à l'heure
actuelle, qui dit cela pour des fonctions analogues. Je pense que le
député de Saint-Laurent sait comme moi que le but de l'article 5,
tel qu'il est, qu'on retrouve dans toutes les lois où il est question de
personnel nommé à des organismes de cette nature... "La
rémunération une fois fixée ne peut être
réduite"... Evidemment, il pourrait être tentant de
procéder d'une manière arbitraire à l'occasion et de
réduire les traitements, ce qui serait une façon comme une autre
de faire démissionner des gens et, par conséquent, de les menacer
dans l'exercice indépendant de leurs fonctions.
M. Forget: Ne pas les augmenter, à l'époque
actuelle, cela revient au même.
M. Guay: À ce moment-là, ce que dit le
député...
M. Forget: Avec un mandat de cinq ans et un salaire qui n'est pas
augmenté pendant cinq ans, cela a le même effet.
M. Guay: Ce que dit le député de Saint-Laurent, que
si on ne les augmente pas, cela revient au même, ce n'est pas tout
à fait exact, mais ce genre de disposition devrait se retrouver dans une
loi de portée générale. Pourquoi est-ce qu'on l'applique
aux régisseurs de la Régie des alcools et qu'on ne le retrouve
pas, par exemple, dans la loi 107 sur la Régie du logement et qu'on ne
le retrouve pas dans d'autres lois portant... On ne peut pas modifier chaque
loi?
M. Forget: C'est ce que vous faites. Ce n'est pas une loi
générale qu'on adopte sur les régies d'Etat, voyons
donc!
M. Guay: Mais c'est justement ce que je dis au
député de Saint-Laurent, c'est qu'une disposition comme
celle-là devrait se retrouver dans une disposition d'ordre
général, pas dans chaque cas d'espèce.
M. Forget: Alors, laissez-la comme elle était. Pourquoi la
modifiez-vous? Allons donc, soyez logiques avec vous-mêmes. C'est une loi
qui modifie la loi de la commission des permis d'alcool. Alors, si on ne peut
rien y changer à moins de changer tout le reste, arrêtez de le
faire vous-mêmes.
M. Guay: On peut modifier l'existence, la composition, la
nature...
M. Forget: Vous parlez d'une sornette.
M. Guay: Non, mais je comprends que le
député...
M. Forget: Vraiment, faites-nous l'économie de remarques
comme celles-là.
M. Guay: Si le député de Saint-Laurent veut nous
faire l'économie de sa suffisance pour trente secondes...
M. Forget: C'est que, du député de Taschereau, on
n'entend jamais que des contibutions d'un brio comparable à
celles-là.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Taschereau.
M. Guay: M. le Président, si le député de
Saint-Laurent n'apprécie pas ma contribution, cela me passe comme de
l'eau sur le dos d'un canard...
Le Président (M. Laplante): II ne faudrait pas continuer
dans les mêmes règles.
M. Guay:... et je ne le fais d'ailleurs pas pour sa propre
compréhension, je suis sûr qu'il est parfaitement incapable de
saisir. Cela étant, il n'en demeure pas moins que, si on veut, on peut
modifier des lois, créer des régies, modifier des régies
quant à leur composition, quant à leurs fonctions. Si on veut
parler d'indexation, c'est un peu cela que ça vise, l'indexation du
salaire de régisseur, quelle que soit la nature de la régie, il
me semble que c'est dans une loi de portée générale
s'appliquant à tout le personnel de régies gouvernementales qu'on
devrait la faire, mais non pas sur un cas d'espèce, alors que cela ne
s'appliquerait pas à chaque autre cas d'employés de
régies. Je suis sûr, M. le Président, que même le
député de Saint-Laurent est capable de comprendre cela.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y a
d'autres...
M. Godin: Le député de Saint-Laurent, en plus
d'apporter un amendement qui impliquerait des dépenses, d'une
part...
M. Forget: Cela a déjà été
décidé par le président.
M. Godin: Je ne discute pas la recevabilité, je dis que
tel est le cas quand même, d'une part. D'autre part, il introduit des
notions qui peuvent être contradictoires, entre autres entre la
rémunération des cadres ou, le cas échéant, celle
des juges, qui va trancher, qui va décider? Laissez-moi terminer, M. le
député de Saint-Laurent. Vous ouvrez la porte à...
D'abord, il y a la création d'un précédent que nous
ferions, si nous adoptions votre amendement, premièrement, et,
deuxièmement, vous laissez je ne sais trop qui devoir trancher entre les
cadres, ou les juges de la Cour provinciale, et on peut fort bien voir les
régisseurs ou les commissaires de toute autre commission ou régie
invoquer le même précédent, d'une part, et imaginez la
canne de vers, comme on dit en américain ou "the can of worms" que nous
ouvririons, si nous disions: Suivant le cas échéant, ce seraient
les juges, le cas échéant, ce seraient les cadres, et tout le
monde va essayer de "barguiner" l'un contre l'autre ou l'un avec l'autre pour
voir sur qui on va s'aligner, sur quel chef d'orchestre on va aligner nos
violons. Cela me semble inacceptable comme remarque pour cette raison.
De plus, et c'est là au fond l'argument fondamental, il y a
déjà une tradition que vous connaissez mieux que moi vous
êtes ici depuis plus longtemps que moi une coutume qui veut que le
gouvernement, pour garder ses régisseurs, ou ses commissaires, augmente
leur traitement progressivement et cycliquement. Sans injustice, il y a une
tradition. J'ai rarement entendu des régisseurs ou des commissaires se
plaindre qu'ils n'étaient pas bien traités par le gouvernement et
que le gouvernement les avait exploités. (17 h 15)
Par conséquent, soyons pragmatiques, je ne vois pas
l'utilité, je ne vois aucun exemple concret dans le passé qui
pourrait nous amener à nous convaincre qu'il faut absolument avoir cette
garantie pour les régisseurs de cette région, je ne vois aucun
cas.
Faute d'en voir, je ne peux pas accepter la création d'un tel
précédent dans une loi comme celle-ci.
M. Forget: Cela démontre, M. le Président, assez
abondamment, que le réflexe du ministre est toujours le même, le
problème va être réglé par le gouvernement selon son
bon plaisir. C'est tout à fait vrai, il l'a été dans le
passé, il va continuer de l'être dans l'avenir. Il demeure que
ça démontre que ce n'est pas un organisme qui est à l'abri
de toute espèce d'intervention du pouvoir exécutif. C'est une
créature gouvernementale plus dépendante du ministre que ne le
sont les fonctionnaires qui ont une convention collective, que ne le sont les
cadres supérieurs pour lesquels il y a des traditions absolument
axées sur ce qui se passe pour les employés syndiqués.
Dans ce cas-ci, il s'agit de l'arbitraire le plus complet, c'est la
réponse du ministre; ça démontre assez bien qu'on n'est
pas en face d'un organisme indépendant, pas du tout, pas du tout. On est
en face d'un organisme doté d'un personnel, qui aura des augmentations
si le gouvernement le juge bon, pas nécessairement au même taux
pour tout le monde, mais selon les préférences qui peuvent
être celles du ministre, etc.; tout est possible, la loi le dit. La loi
dit: il n'y aura pas de diminution, c'est la seule restriction. Le gouvernement
ne pourra rien diminuer. Dans une période où on a un taux
d'inflation de 10% par année, on peut s'asseoir sur son siège et,
de toute façon, la rémunération en termes réels
diminue de 10% par année. C'est parfais, ça donne
énormément de liberté de manoeuvre, mais ce n'est pas
ça un organisme autonome du pouvoir exécutif.
C'est bien sûr, c'est prévisible que le ministre
était pour s'y opposer, parce qu'il s'est opposé à tout le
reste qui tendait à asseoir l'indépendance des membres de ces
régies. Il n'en veut pas, il veut qu'il y ait, comme il dit, selon
l'euphémisme qu'il a utilisé, la rotation. Il y aura la rotation
et il y a
maintenant les incitatifs pour favoriser la rotation, parce qu'il y a le
taux de rémunération.
Il peut bien protester de ses bonnes intentions et c'est effectivement
vrai que ces gens ont de bonnes intentions, je suis prêt à lui
faire le crédit de toutes les bonnes intentions sur la terre. C'est
parce que les gouvernements qui se sont succédé ont eu des bonnes
intentions que le ridicule de ces situations, sur le plan juridique, n'est pas
devenu plus évident qu'il ne l'est. Parce qu'un gouvernement qui
voudrait utiliser les pouvoirs qu'il a... Finalement, ça n'existe pas la
régie, ça existe au bon plaisir du gouvernement, tant qu'il veut
bien la laisser fonctionner, un peu comme les commissions parlementaires. On
n'a pas de véritables commissions parlementaires au Québec,
contrairement à la plupart des autres Parlements, parce que ça
existe selon le bon plaisir du leader du gouvernement: le moment des
convocations, les sujets. Dans la plupart des Parlements, le ministre n'est
même pas membre des commissions parlementaires. Je ne sais pas si on se
rend compte de ça ici, parmi les parlementaires québécois.
Il est invité, si on juge bon de l'avoir.
M. Godin: Est-ce que je pourrais ramener mon collègue
à la pertinence...
M. Forget: C'est une philosophie de gouvernement... C'est aussi
pertinent que de dire...
M. Godin: ... parce que là, vraiment...
M. Forget: ... ce que vous m'avez dit au sujet du fait que
c'était pour augmenter les dépenses alors que, dans la phrase
suivante, vous m'avez dit: De toute façon, on les augmente quand
même, les salaires.
M. Godin: D'accord, mais ça nous appartient à nous,
comme gouvernement, et non pas à l'Opposition de faire ça.
M. Forget: Justement, c'est pour ça, ça vous
appartient...
M. Godin: Entendons-nous, il y a une ligne qui est
tracée.
M. Forget: C'est un pouvoir discrétionnaire que vous
voulez conserver. Fort bien. C'est ça l'essentiel du débat.
M. Godin: Je vous vois sauter comme un feu follet d'une logique
à l'autre, perpétuellement, et ça commence à...
M. Forget: À vous agacer...
M. Godin: Pas du tout, mais je voudrais qu'on joue au hockey avec
une rondelle et non pas avec un ballon de basket-ball, parce que là,
indifféremment, vous jouez avec une raquette de tennis au hockey ou
à je ne sais trop quoi; je ne vous suis plus, M. le député
de Saint-Laurent.
M. Forget: Je vous fais plus de crédit que ça.
M.Godin: Vous nous reprochez d'évoquer la
possibilité qu'éventuellement, leur sécurité
d'emploi sera protégée par une prochaine réforme et, en
même temps, vous nous dites: Après tout...
M. Forget: C'est une réforme salariale que vous voulez
faire.
M. Godin: ... ce sont des fonctionnaires, au fond, il faudrait
qu'il y ait une logique cohérente dans ce que vous dites, de
façon qu'on puisse avoir des arguments, mais nous voilà
déboulant sur la question des commissions parlementaires et de leur
statut temporaire dans le Parlement que nous avons ici.
M. Forget: C'est un exemple d'analogie.
M. Godin: C'est un exemple d'analogie, mais ça peut nous
mener très loin, encore une fois.
M. Forget: Je suis sûr que vous pouvez suivre ça,
une analogie.
M. Godin: Je suis l'analogie, mais...
M. Forget: C'est peut-être moins imaginatif que les
métaphores que vous utilisez, mais c'est malgré tout une
façon de raisonner qui n'est pas inaccessible.
M. Godin: Si vous adoptez une logique au début d'une
argumentation, j'espère que vous allez vous y tenir au moins
jusqu'à la fin.
En ce qui nous concerne, ce sur quoi vous revenez
perpétuellement, c'est la question de l'autonomie ou de
l'indépendance des régisseurs. L'article 8 qui porte
là-dessus, nous en avons parlé tout à l'heure, dit bien
que le président est responsable de l'administration de la direction
générale des affaires de la régie et il n'est pas, dans la
nouvelle loi, plus souverain qu'il ne l'était dans l'ancienne, puisque
dans l'ancienne, une partie des attributions relevait du sous-procureur
général et une partie relevait de lui. Nous étendons son
territoire. Nous étendons sa souveraineté.
Et en ce sens-là, cela confirme notre intention de l'autonomie,
de l'indépendance de ces régisseurs. Et nous pouvons rediscuter
du délai de cinq ans, rediscuter de la volonté du gouvernement de
leur laisser l'autonomie ou non pendant longtemps. Mais là aussi, nous
pouvons tomber aussi dans l'imputation de motif, dans le procès
d'intention. Vous voyez, c'est une porte, encore une fois, dans laquelle je ne
m'engagerai pas.
M. Forget: Vous ne reconnaissez pas les intentions des gens qui
vont vous succéder. Vous ne serez pas toujours là.
M. Godin: C'est possible.
M. Forget: II faut faire des lois pour l'avenir. Il ne faut pas
faire des lois pour soi.
M. Godin: C'est ce que nous faisons. M. Forget: Je ne
pense pas.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'amendement du
député de Saint-Laurent à l'article 5 sera
adopté?
M. Godin: Je suis contre.
M. Forget: Vote enregistré, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. Alfred (Papineau). M. Godin
(Mercier).
M. Godin: Contre.
Le Président (M. Laplante): Mme LeBlanc-Bantey
(Îles-de-la-Madeleine). M. Boucher (Rivière-du-Loup).
M. Boucher: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Cordeau (Saint-Hyacinthe).
M. Marquis (Matapédia).
M. Marquis: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Forget (Saint-Laurent).
M. Forget: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Samson (Rouyn-Noranda). M.
Guay (Taschereau).
M. Guay: Contre.
Le Président (M. Laplante): Pour: 1 Contre: 4
La motion est rejetée.
J'appelle maintenant l'article 5. Est-il adopté sur division?
M. Forget: Adopté sur division.
Le Président (M. Laplante): Article 6.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 7.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 8. Je
pense qu'il y avait quelque chose.
M. Forget: Le ministre a dit qu'il y avait une très grande
responsabilité qui est donnée au président.
M. Godin: Est-ce que je pourrais défendre l'article tel
que déposé, avant de...
M. Forget: Je vous invitais à détailler
là-dessus.
Le Président (M. Laplante): Pas de problème
là-dessus, monsieur.
M. Godin: À l'article 8, c'est une clause également
usuelle qui accorde au président le statut de diriger un organisme avec
tout ce que cela peut impliquer et qui prévoit qu'il peut être
remplacé par le vice-président en cas d'absence ou
d'incapacité temporaire.
Il s'agit ici d'une différence importante avec l'organisation
interne de la commission de contrôle. En effet, en vertu de la loi
actuelle, les pouvoirs de sous-chef sont exercés par le sous-procureur
général. Il y a donc un partage de juridiction entre le
président de la commission et le sous-procureur général,
le premier contrôlant les aspects quasi judiciaires, l'article 4, et le
second les responsabilités administratives.
Compte tenu de la difficulté de distinguer un acte administratif
d'un acte quasi judiciaire, surtout dans la pratique quotidienne, il en est
résulté une dualité de responsabilités qui est
devenue une source de conflits et qui a suscité des difficultés
administratives. C'est pourquoi, conformément à la recommandation
90 du groupe de travail, l'article 8 confie au président l'ensemble de
l'administration et de la juridiction générale des affaires de la
régie. Et par administration, nous couvrons bien du terrain. Je ne veux
pas répondre immédiatement à l'amendement du
député de Saint-Laurent qu'il n'a pas encore
déposé, mais cela couvre du terrain.
M. Forget: J'imagine, M. le Président, que cet article a
été largement influencé par la distinction entre les deux
parties de la loi. Evidemment, comme on fait des questions pénales un
sujet entièrement distinct dont n'aura plus à s'occuper de la
régie, il est plus facile, bien sûr, de confier l'administration
de la régie aux régisseurs eux-mêmes, puisqu'ils n'auront
plus de rôle à jouer, si je comprends bien, dans la mise en marche
du processus pénal. C'est bien cela? C'est bien cela, je comprends bien
le sens?
Une voix: Les régisseurs n'auront plus le droit...
M. Forget: Désormais, les régisseurs n'auront plus
rien à faire dans l'enclenchement du processus pénal, c'est le
ministère de la Justice qui s'en occupera, alors que, dans la situation
actuelle, ils ont un rôle à jouer de ce
côté-là, ce qui a permis de clarifier les rôles.
Comme vous pouvez le deviner à l'amendement que j'ai
préparé, il y a un doute qui subsiste dans l'esprit du lecteur du
projet de loi quand on le compare à l'article 4 de la Loi sur la
commission de contrôle des permis d'alcool. On parle de l'administration
et de la direction générale des affaires de la régie.
L'adjoint du ministre vient de dire: L'administration, cela comprend bien des
choses. Oui, cela peut comprendre bien des choses ou cela peut ne pas en
comprendre beaucoup. Il n'y a pas de définition absolument
acceptée de ce qu'est l'administration. Dans bien des secteurs
professionnels
j'en veux pour exemple les secteurs de la santé
ceux qui sont responsables de l'administration, il y a toute une théorie
dans le sens qu'ils ne sont pas responsables de l'activité
professionnelle. Là, on s'engage dans un débat, mais que veut
dire exactement "administration"? Est-on absolument sûr et que cela ne
fait aucun doute que l'administration comprend ce qui était dans
l'ancien texte qui donnait au président un rôle très grand
sur ses collègues régisseurs ou commissaires, à
l'époque, la surveillance et les ordres? Enfin, il surveillait leurs
activités, il pouvait leur donner des ordres pour ce qui concernait la
distribution des causes et la tenue des séances. Est-ce que
l'administration inclut cela ou n'y a-t-il pas des chances que l'administration
soit interprétée par certains comme étant l'entretien des
bureaux, la préparation des chèques de paye, tout ce genre de
choses-là, l'impression de la papeterie, le paiement des factures de
téléphone et Dieu sait quoi? Est-ce que c'est l'administration au
sens large ou au sens étroit? Le ministre dit: Nous voulons dire
l'administration au sens large.
M. Godin: II y a deux termes à l'article 8. M. Forget:
Oui, la direction générale.
M. Godin: La direction générale,
entendons-nous...
M. Forget: Oui, mais ce sont des termes vagues.
M. Godin: Ce n'est pas la peine d'énumérer tout ce
que peut faire dans une journée le président de la régie.
C'est encore une fois le glissement que vous voulez nous faire faire. Si nous
nous mettons à définir en détail, le détail qu'on
oubliera pourra être invoqué comme ne relevant pas du
président, alors qu'en mettant les termes "administration et direction
générale" au sens communément admis, nous couvrons
beaucoup plus de terrain que si on se mettait à dire, comme vous le
proposez: II va être chargé de la distribution des causes et de la
tenue des séances, d'une part. D'autre part, M. Jacoby aurait un
éclaircissement ou un éclairage à donner.
La raison pour laquelle on a l'article 4 dans la loi actuelle, c'est
que, finalement, la Commission de contrôle des permis d'alcool est
dirigée d'une manière assez bizarre. Toutes les fonctions quasi
judiciaires relèvent du président et les fonctions
administratives relèvent du sous-procureur général. C'est
vraiment un cas unique. Or, si tel est le cas, on a dû se poser la
question, lors de la rédaction de la loi, si la tenue des rôles,
la distribution des causes, c'était une fonction administrative ou une
fonction quasi judiciaire. Personnellement, je pense que c'est une fonction
strictement administrative. Le fait de pouvoir donner des ordres aux membres de
la commission, il fallait le dire aussi à l'article 4, parce que, par
ailleurs, par d'autres dispositions, théoriquement, juridiquement,
c'eût été le sous-procureur général qui
aurait pu donner des ordres. Mais, maintenant qu'on fait disparaître
cette distinction, à mon point de vue, il est absolument inutile
d'ajouter cela. (17 h 30)
Cela n'ajoute rien. Quand on parle de direction générale,
il est responsable de la direction générale de l'organisme, entre
autres, étant donné que c'est un organisme quasi judiciaire en
partie, la confection du rôle, la distribution des causes, le droit de
donner des ordres, des directives, appartiennent nécessairement aux
présidents, aux dirigeants d'organismes.
M. Forget: La raison pour laquelle j'avais un doute
j'accepte évidemment la version officielle et c'est celle à
laquelle je souscrirais moi-même c'est que, par exemple, dans
l'organisation des tribunaux, il y a une distinction. On pourrait dire que,
dans le fond, l'adminstration et la direction générale
appartiennent au directeur général des greffes, mais que c'est
seulement le juge en chef qui peut donner des ordres et exercer un pouvoir de
surveillance, et même la distribution du rôle. On est tous
conscients de ce qui s'est passé depuis quelques années à
la Cour supérieure, en particulier, où le juge en chef a
exercé une responsabilité beaucoup plus grande, mais le juge en
chef, et non pas le directeur des greffes. Or, évidemment, on ne sait
pas exactement, l'analogie est difficile à faire, mais on pourrait
prétendre que, quand on parle de l'administration et de la direction
générale des affaires, c'est dans le sens de l'administration des
greffes et pas dans le sens du juge en chef. Evidemment, il n'y a pas deux
personnages. On doit tenir compte aussi du fait qu'un certain nombre de
régisseurs seront probablement toujours des juges ou il y en aura
toujours un certain nombre qui seront des juges et qui pourront
prétendre, à cause de leur statut de membres de la judicature,
à une certaine indépendance dans leur fonctionnement, etc. Je
pensais qu'il fallait être extrêmement clair là-dessus.
M. Godin: C'est vrai que, pour les tribunaux judiciaires, on l'a
dit expressément dans la Loi des tribunaux judiciaires, le juge en chef
peut donner des ordres, mais c'est pour des raisons strictement historiques,
à cause de ce fameux principe de l'indépendance judiciaire. On
s'est posé des questions à une époque, à savoir si
le juge en chef pouvait donner des directives à ses juges, d'une part.
Le problème ne se pose pas, parce que même un juge qui serait
nommé à l'organisme, il est personne désignée. Ce
n'est pas tant en tant que qualité de juge que membre d'organisme.
À ce titre, il est soumis aux mêmes normes et directives que les
autres régisseurs qui ne sont pas juges.
M. Forget: Je suis bien prêt à retirer mon
amendement, si le ministère est absolument satisfait de cette
rédaction. Après tout, c'est un point de détail.
Le Président (M. Laplante): L'amendement du
député de Saint-Laurent à l'article 8 est retiré.
Est-ce que l'article 8 est adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 9,
adopté?
M. Godin: L'article 9 est clair, il va de soi.
M. Forget: Peut-être avec quelques explications... Il est
clair. Cela vient d'un texte qui existait déjà. Est-ce qu'on est
moins explicite qu'avant ou est-ce qu'il y a un changement de ce
côté? Il y avait une règle aussi d'incompatibilité
de fonctions. Je ne me souviens plus où elle est. Je ne sais même
pas. Est-ce que c'est défini quelque part? C'est défini dans la
Loi de la Législature. Je ne veux rien recevoir d'autre comme
émolument que...
M. Godin: C'est l'article 7, non, je m'excuse. L'article 7 va
plutôt se référer au suivant.
M. Forget: C'est du droit nouveau.
M. Godin: Nous voilà sous le parapluie.
M. Forget: Quelles sont les fonctions incom-patibles dans ce cas?
Je comprends qu'il ne peut pas être propriétaire de taverne, c'est
le cas clair. Jusqu'où s'arrête-t-on?
M. Godin: C'est un principe, au fond. Nous posons un principe qui
est plus large que ce qu'il y a dans l'article 10. Dans le suivant, c'est le
conflit d'intérêts.
M. Forget: Est-ce qu'il peut être actionnaire de Dominion
Glass, qui fabrique des bouteilles de bière?
M. Godin: Cela, c'est 10. Non, mais on pense surtout à un
conflit d'intérêts d'ordre de représentation ou d'ordre
éthique, si vous voulez, beaucoup plus que d'ordre pécuniaire ou
financier. Par exemple, un régisseur ne pourrait pas être le
porte-parole temporaire ou non rémunéré de l'Association
des brasseries, par exemple, ou des brasseurs. Il ne pourrait pas être
policier, bon, pour donner un autre exemple. Donc, c'est plutôt au niveau
du principe même qu'au niveau du conflit d'intérêts
proprement dit qui apparaît à 10, parce que le 10 est très
spécifique aux conflits d'intérêts.
M. Forget: Oui, ce ne sont pas des intérêts, c'est
une fonction, oui.
M. Godin: Cela touche la déontologie plus que toute autre
chose.
M. Forget: Cela suggère une chose assez curieuse. Il peut
exercer une fonction compatible. C'est donc qu'il n'a pas d'obligation
d'exclusivité. Quelqu'un peut être nommé régisseur
et avoir un commerce, exercer une profession, continuer à être
membre d'un bureau d'avocats, par exemple. Il n'y a pas de contrat
d'exclusivité.
M. Godin: Un bureau d'avocats? Quant à nous, un bureau
d'avocats pourrait être... La compatibilité... C'est ça,
s'il plaide devant la régie...
M. Forget: Non, supposons qu'il ne plaide pas, mais il est
associé dans un bureau d'avocats et, à l'occasion, certains de
ses associés peuvent venir plaider devant lui. Cela, c'est
incompatible.
M. Godin: Voilà!
M. Forget: Mais il pourrait continuer...
M. Godin: C'est pour couvrir des cas comme celui-là.
M. Forget: ... d'exercer sa profession d'avocat le soir ou les
fins de semaine, seul ou dans un bureau qui ne fait aucune affaire devant la
régie. Il n'y a aucune obligation d'exclusivité. Entre les
lignes, c'est ça qu'il faut lire.
M. Godin: Au fond, c'est pour permettre aux régisseurs de
ne pas nécessairement être à temps plein au service de la
régie.
M. Forget: C'est ça. Il y a des régisseurs qui
peuvent être à temps partiel.
M. Godin: Ils pourraient être pilotes d'avion, par
exemple...
M. Forget: ...
M. Godin: On pourrait prendre un cas...
M. Forget: On ne parle pas des régisseurs
supplémentaires. On parle des vrais régisseurs qui pourraient
détenir un autre emploi.
M. Godin: L'exemple que nous donne M. Ja-coby est
éclairant. Ils ne pouvaient pas, dans le passé, par exemple,
être présidents d'une campagne Centraide, dans les anciennes
clauses, voyez-vous? Alors, nous voulons ouvrir la porte afin qu'ils puissent,
par exemple, participer à une émission de
télévision ou être présidents d'une campagne de
charité ou être présidents d'un club Kiwanis.
M. Forget: Sauf que si la campagne de charité demande un
permis de réunion, c'est embêtant.
M. Godin: Effectivement, et là, ce serait incompatible.
C'est ce que la loi prévoit.
M. Forget: Oui.
Le Président (M. Laplante): Article 9 adopté?
M. Forget: Oui, c'est...
M. Godin: Avez-vous d'autres inquiétudes à ce
sujet? On pourrait raffiner encore plus...
M. Forget: Non, mais enfin, je suis étonné qu'on
suggère que...
M. Godin: On fait de la broderie un petit peu, mais je n'ai pas
d'objection.
M. Forget: Non, mais il ne semble pas y avoir de... Il me
semblerait que des régisseurs ne doivent faire que ça, mais,
enfin...
M. Godin: Pas nécessairement. Dans le passé, un
régisseur, de l'avis de tous, était beaucoup trop restreint et
beaucoup trop contraint. Là, maintenant, nous lui enlevons toute
contrainte.
M. Forget: C'est un louable libéralisme.
M. Godin: Alors, vous devriez applaudir à deux mains.
M. Forget: Oui...
M. Godin: Jusqu'à récemment, la clause usuelle,
c'est qu'on disait qu'un membre d'un organisme doit s'occuper exclusivement des
devoirs de sa fonction, ce qui était beaucoup trop hermétique, ne
permettait pas d'être assez nuancé, selon les circonstances. Nous
pensons maintenant que cette clause devrait permettre un peu plus de
liberté, dans la mesure où ce n'est pas incompatible.
M. Forget: Oui, mais vous savez, on est tous conscients qu'il y a
des emplois officiels et ça devient très gênant quand des
gens ont deux emplois et que l'un est rémunéré à
même les deniers publics. Je suis tout à fait d'accord qu'on
permette à des gens qui sont régisseurs d'être
présidents de campagnes de charité, pas de problème, mais
le mot "fonctions" peut être interprété beaucoup plus
largement que ça, jusqu'à inclure la détention d'un autre
poste rémunéré à temps plein en disant: Quelqu'un
se débrouille.
M. Godin: Je pense qu'il ne peut pas y avoir deux "temps plein".
Le mot "incompatible" implique bien qu'il ne peut y avoir double temps
plein.
M. Forget: Mais ce n'est pas légalement incompatible.
M. Godin: Non.
M. Forget: D'accord.
M. Godin: C'est parce que ça permet d'étendre, au
fond, la piscine, si vous voulez, de gens chez qui on pourrait aller chercher
des régisseurs.
M. Forget: Pour les fins de rotation. M. Godin: Ou
autres.
Le Président (M. Laplante): Article 9 adopté.
Article 10.
M. Godin: L'article 10 a pour but précisément
d'éviter cela.
M. Forget: Un nouveau langage plus simple. C'est tout à
fait louable. Adopté.
M. Godin: D'accord.
Le Président (M. Laplante): L'article 11,
adopté?
M. Forget: Un instant!
Le Président (M. Laplante): C'est à l'article 13
que vous avez quelque chose.
M. Forget: C'était l'article 48 dans l'ancienne loi.
M. Godin: Je pourrais peut-être donner une explication. La
Loi sur les commissions d'enquête il faut peut-être le
préciser accorde aux commissaires "tous les pouvoirs d'un juge de
la Cour supérieure siégeant en termes". C'est ce que ça
dit. Cela implique, notamment, le pouvoir de forcer un témoin à
comparaître et de l'obliger à répondre ou à produire
les documents. Quant à l'immunité des commissaires, elle est
exactement la même que celle des juges de la Cour supérieure.
L'article 48 de la loi actuelle accorde ces pouvoirs et cette immunité
à la commission de contrôle. Donc, nous ne sommes pas dans le
droit nouveau.
M. Forget: Oui, c'est reconduit, sauf le pouvoir d'ordonner
l'emprisonnement. On veut éviter le mépris de cour, les gens qui
se font justice eux-mêmes, les régisseurs qui se font justice
eux-mêmes. S'ils émettent une ordonnance et qu'elle n'est pas
respectée, ils devront porter plainte auprès d'un vrai tribunal.
C'est bien.
M. Godin: C'est bien?
M. Forget: C'est très bien. Je félicite le
gouvernement de faire cette louable distinction.
M. Godin: Nous vous remercions.
Le Président (M. Laplante): Article 11, adopté.
J'appelle l'article 12.
M. Godin: À l'article 12, encore là, c'est une
clause assez usuelle relative aux actes officiels accomplis de bonne foi.
L'immunité en question est accordée aux commissaires de la
commission de contrôle en vertu de l'article 12 de la loi actuelle. Donc,
nous ne sommes pas dans le droit nouveau. Elle est plus large, par ailleurs,
que celle qui est prévue par l'article précédent du projet
de loi, en ce sens qu'elle s'applique même lorsque la régie ne
siège pas.
M. Forget: C'est l'article 13 de la loi actuelle, pas l'article
12.
M. Godin: Alors, il y a une erreur de frappe probablement.
M. Forget: C'est formulé assez différemment,
cependant. Avant, c'était sur permission; on pouvait les poursuivre sur
permission, avec l'autorisation du juge en chef du Québec ou, s'il est
empêché d'agir, par le doyen des juges en chef de la Cour d'appel.
Ces clauses d'indemnité, je connais quelqu'un qui s'y opposait
vigoureusement anciennement et qui interdisait leur apparition dans les textes
de loi, en disant: II s'agit là de quelque chose de très
exceptionnel. C'est devenu presque des clauses de style. Il n'y a pas un
organisme qu'on ne crée pas sans lui donner l'immunité propre aux
juges de la Cour supérieure.
Dans le fond, on peut dire deux choses: II n'y a jamais un fonctionnaire
qui a été poursuivi pour des actes qu'il a posés de bonne
foi. Donc, ça va de soi, d'une part. Et, si ça va de soi,
pourquoi le mettre dans les lois? La loi du rasoir, Occam, si vous vous
souvenez vos anciens jours de philosophie, voulait qu'on enlève toutes
les choses qui n'étaient pas strictement nécessaires dans un
raisonnement. On devrait utiliser ça plus souvent au Parlement.
M. Godin: J'allais vous le dire.
M. Forget: Non, je ne suis pas sûr, surveillez bien les
vôtres.
M. Godin: Vous nous faites planer très haut en certaines
circonstances, pas toujours, mais...
M. Forget: Oui, en effet, on revient au treizième
siècle, mais on y reviendra, au treizième siècle, un de
ces jours, si ça continue. Pardon?
M. Godin: Ce n'était pas Louis XI à
l'époque? Louis IX?
M. Forget: Je ne sais pas, je ne suis pas assez...
M. Godin: Rutebeuf.
M. Forget: Mais, pour revenir à nos oignons, qu'est-ce qui
pousse le gouvernement, si ça va de soi, à reproduire constamment
cette clause-là à toutes les sauces? Est-ce vraiment
nécessaire?
M. Godin: Effectivement, nous sommes en train d'examiner
globalement toutes les immunités que l'on retrouve dans les lois, aussi
bien contre les brefs de prérogative que contre ce type
d'immunité. En fait ce n'est pas si clair que cela, parce que si on n'a
pas cette clause, on peut se demander à 1053 si une personne peut
commettre une faute, même si elle est de bonne foi. Alors, si on retombe
dans le régime général, on ne connaît pas tout
à fait les implications, parce qu'on peut être de bonne foi et
être responsable au sens de la responsabilité civile. Alors, comme
actuellement le dossier est à l'étude globalement pour toutes les
clauses d'immunité, on a préféré reproduire cela
jusqu'à ce qu'il y ait une politique plus générale sur ce
plan...
(17 h 45)
M. Forget: Et cela apparaît sans l'autorisation du juge en
chef. Pourquoi cette modification si c'est à l'étude?
M. Godin: Parce que c'est tellement une vieille loi, la
Commission de contrôle des permis d'alcool. Ces clauses relèvent
véritablement d'une autre époque, d'autres moeurs. On ne trouve
plus cela depuis très longtemps. D'ailleurs, il y a une
différence quand même par rapport à l'article 13 où
l'article 13 ne faisait pas de distinction entre les actes accomplis de bonne
ou de mauvaise foi
M. Forget: Avant, c'était le rôle du juge en chef de
décider s'il y avait bonne foi ou non.
M. Godin: C'est cela et à mon point de vue c'était
très discrétionnaire de la part soit du juge en chef, soit du
gouvernement, de laisser aller une poursuite ou pas. Je pense que c'est une
amélioration par rapport au texte actuel.
M. Forget: Evidemment, les poursuites sont toujours possibles,
quitte au demandeur à faire la preuve que ce n'était pas en
raison d'un acte officiel, qu'il a outrepassé, en quelque sorte, sa
juridiction ou qu'il n'y avait pas de bonne foi. Là, il y a toutes
sortes de moyens de prouver qu'il a ignoré
délibérément des faits qu'il devait connaître, etc.
Adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article 12 est
adopté. Article 13. M. l'adjoint.
M. Godin: Le premier paragraphe ou alinéa prévoit
que la régie a deux bureaux, chacun desservant un territoire bien
défini. Le deuxième alinéa constitue une clause usuelle
permettant au gouvernement de déterminer l'emplacement de ces bureaux et
lequel constituera le siège social. Cet article va dans le sens de la
recommandation 91 du guide de travail. Celui-ci proposait d'établir les
bureaux de la régie en fonction des divisions de la Cour d'appel
conformément à l'article 30 du Code de procédure civile.
Présentement, il y a deux bureaux, un à Montréal, l'autre
à Québec. Cependant, le territoire est délimité en
fonction des districts électoraux et non des districts judiciaires.
Certains dossiers qui devraient relever d'un bureau sont traités par
l'autre. De plus, je veux préciser qu'en vertu de l'article 30 du Code
de procédure civile, le territoire de chacune des divisions de la Cour
d'appel est le suivant: les appels des jugements rendus dans les districts de
Beauharnois, Bedford, Drummond, Hull, Iberville, Joliette, Labelle,
Montréal, Pontiac, Richelieu, Saint-François, Saint-Hyacinthe et
Terrebonne sont portés devant la Cour d'appel siégeant à
Montréal, et les appels des jugements rendus dans les autres districts
sont portés à Québec. C'est l'idée qu'il y a
derrière cette...
M. Forget: Vous vous souviendrez, M. le Président, que le
député de Rouyn-Noranda a fait un ardent plaidoyer, mais je
voudrais, même s'il n'est pas présent, reprendre son
argumentation. Il a voulu démontrer que les gens d'Abitibi ont des
communications beaucoup plus directes et faciles avec Montréal qu'avec
Québec. Or, si on se fie aux districts des divisions de la Cour d'appel,
ces gens-là devront faire leurs demandes à Québec. J'ai
fait circuler l'amendement tout à l'heure, qui aurait pour but
d'assouplir cette règle, parce que, dans le fond, quand on
présente un appel devant la Cour d'appel, de toute façon on ne le
fait pas soi-même, mais il y a déjà tellement de frais de
toute manière que c'est peut-être assez secondaire qu'on vienne
à Montréal ou à Québec.
Mais là, il s'agit d'administrer une loi, on veut le faire de la
façon la plus efficace et la moins coûteuse possible. Je
suggérerais qu'un alinéa additionnel soit inséré
après le premier pour permettre au lieutenant-gouverneur en conseil de
faire des exceptions. On aurait pu être plus spécifique, mais il y
a le cas de l'Abitibi qui a été mentionné, il y en aura
peut-être d'autres, une certaine souplesse serait peut-être
souhaitable.
Le Président (M. Laplante): C'est une motion que vous
présentez, M. le député de Saint-Laurent. Pour la corriger
tout de suite, est-ce qu'il ne faudrait pas ajouter à la fin du premier
alinéa, parce que c'est un premier alinéa que vous avez
là...
M. Forget: Oui, du premier alinéa, excusez-moi, ce n'est
pas de la présente loi.
Le Président (M. Laplante): Je ne sais pas si c'est une
faute de frappe, "toutefois le lieutenant-gouverneur en conseil peut, pour les
fins de la présente loi, modifier". Est-ce que...
M. Forget: Oui, effectivement. Cela démontre la
précipitation avec laquelle on l'a fait.
Le Président (M. Laplante): C'est enlever le mot "peut"
à la deuxième ligne?
M. Forget: C'est ça. "Peut, pour les fins de..." Attendez
un peu, "peut, pour les fins de la présente loi...
Le Président (M. Laplante): Virgule.
M. Forget: ... modifier la liste des districts judiciaires qui
forment l'une ou l'autre division de la Cour d'appel."
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. Forget:
À la fin de l'alinéa suivant.
Le Président (M. Laplante): Acceptez-vous cette
motion?
M. Godin: Cet amendement, j'avais noté effectivement hier,
en Chambre, la suggestion du député de Rouyn-Noranda. Elle
faisait déjà partie de nos préoccupations et vous avez
raison d'ajouter qu'il peut se poser d'autres cas et suivant la demande, il
faudrait que la loi puisse prévoir de telles modifications, d'une part.
D'autre part, dans notre réflexion, depuis que la loi est
imprimée, s'ajoute la notion suivante: peut-être que la
régie devra envisager l'ouverture de bureaux supplémentaires.
C'est la raison pour laquelle, en vue de donner suite à votre amendement
ainsi qu'à la suggestion du député de Rouyn-Noranda et
d'intégrer notre notion de prévoir l'ouverture de nouveaux
bureaux, nous vous demanderions de suspendre l'étude de l'article
13.
M. Forget: Bon, excellent.
M. Godin: II y aura vraisemblablement... nous donnerons
satisfaction à l'Opposition...
M. Forget: La loi actuelle, là-dessus, donne ouverture
à presque toute la souplesse qu'on veut, parce que et elle est
beaucoup plus précise sur l'endroit du siège social elle
dit qu'il y a un siège social à Montréal et des bureaux
dans d'autres districts, divisions, je ne sais pas comment on appelle
ça, aussi nombreux que le gouvernement en décide. À ce
moment-là, ils doivent déterminer le district qui se rapporte
à chaque bureau.
Le Président (M. Laplante): Motion et article 13
suspendus. Article 14.
M. Godin: L'article 14 porte sur le secrétaire et autres
membres du personnel.
M. Forget: Adopté.
M. Godin: Ils feront partie du personnel de la fonction publique,
d'accord.
Le Président (M. Laplante): Article 14, adopté.
Article 15.
M. Godin: Cet article établit le principe de la
collégialité des décisions de la régie et lui
permet de siéger simultanément en divisions d'au moins deux
membres. Il établit aussi le quorum de la régie lorsqu'elle
siège en séance plénière et prévoit enfin
que la régie peut siéger à tout endroit du Québec.
Il s'agit là d'un changement qui peut signifier, pour le citoyen, le
consommateur et toute personne qui demande un permis, un progrès
considérable.
M. Forget: Excellent, c'est un excellent article.
Le Président (M. Laplante): Adopté.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 16.
M. Godin: À l'article 15, excusez-moi, il y a une petite
modification du français. M. Jacoby
étant sensible à ces questions, il propose d'enlever, pour
cause de redondance, le mot "égal " après le mot "partage". Il
s'agit là d'une formule qui tient du pléonasme, si vous
êtes d'accord, M. le député.
Le Président (M. Laplante): Vous voulez que cela se lise:
En cas de partage des voix.
M. Forget: Dans le premier alinéa de l'article 15?
M. Godin: Dans le premier alinéa de l'article 15, nous
enlèverions le mot "égal" qui tient du pléonasme.
M. Forget: D'accord. Il aurait probablement fallu dire
d'égal à égal.
M. Godin: C'est vous qui le dites, M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Vous n'avez pas osé le mettre dans une loi, si
je comprends bien.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'article 15 tel
qu'amendé est adopté? Article 16.
M. Godin: L'article 16 vise à assouplir la règle de
la collégialité dans le cas de requêtes strictement
procédurales ou dans le cas de requêtes urgentes. Ces cas
d'urgence, ils sont voulus par les articles 79 et 84 du projet de loi et ils
touchent respectivement l'exploitation temporaire d'un permis par un tiers en
cas de décès ou de faillite du détenteur, et le changement
temporaire de l'endroit d'exploitation du permis en raison de circonstances
exceptionnelles telles que la force majeure ou l'incendie cités ce matin
par le député de Rivière-du-Loup. Je pense que nous sommes
au coeur même de l'esprit de réforme que nous avons exposé
hier. Il s'agit de simplifier, d'accélérer et de faire en sorte
que...
M. Forget: D'accord.
Le Président (M. Laplante): L'article 16 est
adopté. Article 17.
M. Godin: L'article 17 est encore une autre réincarnation
concrète de l'objectif poursuivi. L'article prévoit qu'un membre
du personnel désigné par le président peut prendre
connaissance seul de certaines décisions lorsque celles-ci n'impliquent
aucune discrétion. C'est habituellement le cas de demandes de permis de
réunion. Et je précise qu'il y en a 40 000 par année qui
sont demandés au Québec. C'est la raison pour laquelle nous
voulons simplifier au maximum les procédures pour les obtenir. Il s'agit
également des demandes de permis d'épicerie et de vendeurs de
cidre présentées en raison de la vente de
l'établissement.
La disposition a donc pour but d'augmenter l'efficacité dans le
traitement des demandes.
M. Forget: Relativement à cela, M. le Président,
l'adjoint du ministre se rappellera sans aucun doute que j'ai soulevé
une autre possibilité. J'aimerais y revenir ici, parce que je pense que
c'est une possibilité qui conserve son intérêt, même
si elle n'a pas été accueillie d'emblée par le
ministère.
Il me semble qu'on est là en face, dans le fond, d'un acte
administratif de routine. D'ailleurs, on le reconnaît en confiant
à un membre du personnel le soin de l'exécuter.
On dit: II n'y a pas d'adjudication là-dedans, il n'y a pas
d'élément d'évaluation, de quoi que ce soit, c'est
automatique, une épicerie, c'est une épicerie. Elle demande un
permis. On lui accorde le permis, un permis de réunion également.
Oui, un permis de réunion est couvert aussi par cela. Il y a des
exigences, dans le fond, qui sont objectives. On en constate la présence
ou l'absence. Tout ceci se fait sur présentation de pièces, de
toute façon. Il y a un grand intérêt. Plutôt que de
multiplier les bureaux dont le rôle sera presque essentiellement de faire
cela à un coût très considérable, ne serait-il pas
plus simple de demander aux municipalités, même si on veut le
limiter aux municipalités d'une certaine taille, qui ont un bureau, un
greffier, etc., et pour qui cela va représenter, dans le fond, un
service à leur population locale tellement plus simple, tellement plus
accessible, sans faire d'appel interurbain, sans envoyer les choses par la
poste, sans attendre quoi que ce soit, quitte à ce que ces
gens-là soient assermentés comme fonctionnaires pour ces fins
propres... Après tout, on a l'émission des permis de conduire,
etc., dans un réseau, les Caisses populaires, etc. Qu'on le fasse par
les Caisses populaires, si on veut, peu importe. Est-ce que ce ne serait pas
tellement plus accessible? Au lieu de se lancer dans une opération de
déconcentration des bureaux de la régie, il me semble qu'on a
d'autres mécanismes beaucoup plus souples. On' pourrait payer des
honoraires très simples, je ne sais pas, de $2 par permis émis
pour compenser les coûts d'administration, si on pense cela absolument
nécessaire, mais je suis sûr que la plupart des
municipalités se feraient un plaisir de donner ce service-là
à leur clientèle, surtout pour les permis de réunion.
Après tout, il n'y a rien là. Il me semble qu'un bon mouvement de
la part du ministre serait fort apprécié de tout le monde. Cela
s'inscrit tout à fait dans l'esprit de faciliter les choses.
Les utilisateurs, même les députés probablement. Je
ne sais pas, je n'ai jamais été ennuyé par cela dans mon
comté, mais certains collègues me disent qu'il y a des
problèmes parfois, surtout dans les régions excentriques.
M. Godin: ...
M. Forget: Les périodes de grève, les
périodes de grève dans les postes. On a connu des périodes
de grève dans les postes où les choses ne se transmettaient pas,
etc. Ce serait simple. Les municipalités apprécieraient beaucoup
recevoir cela.
M. Godin: ... une grève dans la municipalité. M.
Forget: Enfin, il y en a d'autres.
M. Godin: Enfin, entendons-nous, ce sont des exemples.
M. Forget: D'accord, mais ce n'est jamais
systématique.
M. Godin: Je vous laisse terminer.
M. Forget: Justement, je finis mon plaidoyer. Je voudrais me
faire le plus persuasif possible, parce que, dans le fond, j'ai l'impression
que c'est une chose de rien du tout pour le gouvernement de consentir à
cela et cela rendrait grandement service.
M. Godin: M. le Président, je dois dire, d'une part, que
les municipalités n'ont pas été consultées d'aucune
manière à ce sujet à ce stade-ci, ni le ministère
des Affaires municipales, pour voir si cela ne pose pas des problèmes.
C'est un point. Le point principal, c'est que certaines municipalités
pourront refuser, comme elles ont déjà refusé d'autres
propositions de même type, si vous voulez, de reprendre en main la
perception de certains permis et autres. Nous risquerions de nous retrouver
avec une discordance absolument extraordinaire.
M. Forget: Oui, mais permettez-le, une disposition
permissive.
M. Godin: Oui, mais entendons-nous! Qu'est-ce qu'un citoyen va
faire s'il se présente à sa municipalité? Il va avoir le
même problème. La cohérence administrative exige qu'il y
ait une règle générale qui s'applique partout. Comme, au
stade où nous en sommes, nous n'avons pas encore sou- levé le
bout du tapis qui peut mener à une telle décision, je me demande
si c'est le lieu d'une telle... Nous pouvons décider en ce qui nous
concerne, mais ce que vous nous demandez de faire, c'est d'ouvrir une large
consultation avec toutes les municipalités, avec le ministère des
Affaires municipales. Nous risquerions aussi de nous retrouver non seulement
devant une discordance, mais devant des problèmes. Supposons qu'une
municipalité décide d'accorder, tel que la loi le dit, un permis
d'épicerie quelque part et le refuse à l'autre, cela peut
créer, à l'intérieur de la municipalité, des
tensions que vous pouvez fort bien imaginer et qui pourraient avoir des
conséquences politiques pour les élus. On ouvre, encore une fois
c'est votre tendance cet après-midi des portes de grange
qui vont permettre de laisser échapper un grand nombre d'hirondelles. Je
ne suis pas sûr que vous ayez bien réfléchi à toute
la portée de votre suggestion. (18 heures)
Par ailleurs, comme elle loge à l'enseigne de
l'efficacité, je ne peux pas dire que le gouvernement la rejette et je
ne suis pas sûr qu'elle ne doive pas faire l'objet,
éventuellement, d'une deuxième étape de la réforme
que nous entreprenons aujourd'hui. Elle va dans ce sens. Je vous remercie de
vous situer dans la perspective du gouvernement pour une fois, mais cela
poserait des problèmes que nous ne saurions résoudre à
court terme, M. le député de Saint-Laurent, vous le savez
très bien.
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Là-dessus, on
n'entamera pas une discussion. Ce sont de belles paroles d'avenir que l'adjoint
parlementaire vient de prononcer. J'ajourne les travaux à demain, 10
heures.
Fin de la séance à 18 h 1