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Projet de loi no 28
(Quatorze heures)
Le Président (M. Dussault): La commission permanente de la
justice se réunit pour faire l'étude article par article du
projet de loi no 28, Loi sur la protection des personnes et des biens en cas de
sinistre.
Ce matin, au début de nos travaux, je présidais la
commission et, pour les fins du journal des Débats, je voudrais
répéter le nom des membres de la commission.
Sont membres de cette commission: M. Alfred (Papineau), M. Bédard
(Chicoutimi), M. Ciaccia (Mont-Royal) en remplacement de M. Blank
(Saint-Louis), M. Fallu (Terrebonne) en remplacement de M. Charbonneau
(Verchères), M. Clair (Drummond), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska)
remplacé par M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M. Desbiens (Dubuc) remplace
M. Lacoste (Sainte-Anne), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Samson
(Rouyn-Noranda) et M. Marquis (Matapédia) en remplacement de M.
Vaillancourt (Jonquière).
M. Alfred: Alfred est présent.
Le Président (M. Dussault): Merci.
Peuvent aussi intervenir: M. Duhaime (Saint-Maurice), M. Lavigne
(Beauharnois), M. Léger (Lafontaine), M. Marois (Laporte), M.
Pagé (Portneuf) et M. Tardif (Crémazie).
Au moment où je rappelais aussi ce matin qu'il y avait un
rapporteur nommé pour cette commission, je pense avoir dit que
c'était M. Charbonneau (Verchères), mais mes notes me rappellent
qu'il s'agit de M. Jolivet (Laviolette).
Au moment où nous avons ajourné les travaux de cette
commission à sa dernière séance complète...
M. Lalonde: ...
Le Président (M. Dussault): ... Si vous me permettez, M.
le député de Lalonde... M. le député de
Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: ... laissez tomber.
Le Président (M. Dussault): C'est peut-être que je
vous reconnais de la noblesse, M. le député. Si vous permettez,
avant de faire des remarques, je voudrais rappeler à la commission qu'au
moment où nous avons ajourné les travaux, à la
dernière séance complète, nous avions suspendu l'article
1, même si nous avions adopté les sous-articles 1a, 1b et 1c nous
avions adopté les articles 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9. Nous avions suspendu
les articles 10, 11 et 12 et la commission faisait un débat sur la
motion de M. le député de Marguerite-Bourgeoys que je pourrai
relire, si on m'en fait la demande.
Cela dit, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, j'aurais une question de
règlement à soulever, qui est directement reliée aux
événements qui ont obligé cette commission d'ajourner ses
travaux ce matin jusqu'à cet après-midi, c'est-à-dire
l'absence de service de transcription des débats à la suite d'un
acte de grève, d'après ce qu'on peut entendre, selon les rapports
que nous en avons.
On nous a annoncé un peu plus tard dans la matinée qu'un
service temporaire d'enregistrement serait mis sur pied pour permettre à
la commission de poursuivre ses travaux. M. le Président, je pense que
ces dispositions qui ont été prises par le gouvernement et toute
la situation qui a été créée par l'absence de
service d'enregistrement, ce matin, soulèvent un principe fondamental
qui est la souveraineté du Parlement, qui a été
violée ce matin par l'incurie du gouvernement qui n'a pas pu assurer les
services nécessaires à son bon fonctionnement. Ce n'est pas la
première fois, c'est la deuxième fois dans ce même
gouvernement que l'Assemblée nationale directement pour la
première fois, maintenant c'est par sa créature que sont les
commissions parlementaires voit ses travaux mis en péril par
l'indécision, les hésitations du gouvernement.
Je ne pense pas qu'on soit justifié de porter un jugement sur le
geste des syndiqués, à ce stade-ci. On doit tout de même
reconnaître que leur convention collective est expirée depuis
selon ce qu'on me dit, quinze à dix-huit mois. En ce qui nous concerne,
nous sommes les serviteurs du Parlement et, à ce titre, nous devons
respecter sa nature inviolable et souveraine. C'est pourquoi nous, l'Opposition
officielle, allons faire l'impossible pour agir dans le sens de son
fonctionnement. Mais il y a quelques questions qui sont soulevées par
les événements de ce matin et l'installation temporaire des
services d'enregistrement.
Est-ce que le président de la commission peut nous assurer du
caractère absolument efficace des services d'enregistrement temporaire?
Est-ce qu'ils sont actuellement mis en fonction et mis en marche par des
syndiqués d'autres unités de négociation? Est-ce qu'ils
sont actuellement mis en marche par des gens compétents en la
matière, qui peuvent nous assurer l'authenticité des
résultats?
Là aussi, il me semble, de la part du ministre de la Justice, que
des questions méritent des réponses. Comme protecteur de nos
institutions politiques, le ministre de la Justice devrait nous faire un
rapport, dans les plus brefs délais, sur l'action qui a mis en danger le
fonctionnement de l'institution parlementaire. Dans les circonstances,
étant donné le caractère non urgent de l'étude de
ce projet de loi 28, et malgré notre disposition comme
député, la mienne en tout cas, de conti-
nuer les travaux si c'est l'ordre du gouvernement, cet
après-midi, est-ce que le ministre de la Justice ne considérera
pas désirable de suspendre les travaux de cette commission pour ne pas
créer une situation qui pourrait, soit affecter la validité
je ne porte pas de jugement, je pose la question de nos travaux,
soit mettre en jeu d'autres principes extrêmement importants dans les
négociations actuelles avec les syndiqués du gouvernement?
Est-ce que le ministre ne trouverait pas simplement prudent d'attendre
à demain ou jusqu'à ce que les services usuels de transcription
soient rétablis, pour que nous revenions ici afin de continuer
l'étude article par article du projet de loi 28?
Ce sont les questions que je pose d'abord à vous, M. le
Président, sur les services eux-mêmes, puis au ministre de la
Justice.
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez, comme
président, je voudrais faire remarquer que le fait que j'aie ouvert les
travaux de cette séance, constitue en soi une décision du
président de poursuivre nos travaux, dans les circonstances que l'on
connaît. Je pense que c'est important de le dire, puisque le
président a comme premier devoir d'assurer que les travaux de la
commission, quand la commission est convoquée, se déroulent.
Les services puisque c'est l'objet de vos questions qui
sont assurés, qui sont, en soi des services aux députés et
à la population, se feront à partir de l'équipement
technique qui sert habituellement aux travaux d'une commission. Puisque l'on
doit quand même devoir compter sur quelqu'un pour ouvrir les micros, nous
allons compter sur un membre cadre travaillant habituellement autour des
commissions parlementaires. Cela me donne l'occasion de demander aux membres de
cette commission, de nous assurer leur collaboration je pense bien que
ça ne fera pas tort à ce cadre de dire qu'il n'a pas toute
l'expérience qu'a habituellement celui qui fait ce travail afin
de l'aider à remplir ce travail.
Quant à moi, comme président, je ferai, autant que
possible, les interventions qui permettront à ceux qui font la
transcription de ces débats, de pouvoir la faire le plus clairement
possible. Je vous demande donc votre collaboration pour que vous ne preniez la
parole que lorsque le président le permettra, comme ça devrait
d'ailleurs se faire normalement.
Cela dit, il y avait une question à M. le ministre, mais
peut-être que M. le leader...
M. Charron: Je pense que, pour le moment, une partie pourrait
être répondue par le ministre de la Justice, mais je voudrais
préciser une chose tout de suite, c'est que nous en sommes
arrivés à une solution encore plus heureuse que celle que
j'espérais, au moment de l'ajournement ce matin, c'est-à-dire
qu'il n'y a pas d'installation temporaire, non habituelle, mais c'est
effectivement, comme vous l'avez dit, M. le Président, exactement la
même console que d'habitude. Des membres cadres du secrétariat des
commissions et du journal des Débats certains ayant
déjà fait ce métier dans le passé, mais ne
l'occupant plus maintenant ont accepté, pour quelques heures, de
revenir aux fonctions qu'ils ont jadis connues; ce qui fait que les
débats peuvent se poursuivre exactement comme à
l'accoutumée.
J'ai dit "pour quelques heures", M. le Président, parce que je
souhaite que ces travailleurs puissent retourner là où ils sont
maintenant, le plus rapidement possible. J'ai aussi la conviction que, d'ici
quelques heures, le Syndicat des fonctionnaires du Québec, ceux qui sont
en grève aujourd'hui comprendront qu'il est urgent, en ce qui les
concerne, de respecter l'entente qu'ils ont eux-mêmes signée
à cet égard.
Je veux dire un mot tout de suite sur "l'impré-vision et
l'incurie" du gouvernement, selon le député de
Marguerite-Bourgeoys, pour ne répéter devant la commission que la
vérité, en ce qui nous concerne, document à l'appui s'il
le faut: Le protocole d'entente du rapport amendé du sous-comité
des services essentiels soumis à la direction générale des
relations de travail et au Syndicat des fonctionnaires de la province de
Québec, concernant l'Assemblée nationale où, en
période de grève, les deux parties acceptent de considérer
comme services essentiels, onze employés affectés à
l'enregistrement et à la transcription du journal des Débats,
excluant la composition et la révision, avec les personnes
mentionnées, elles sont ici... ce document est signé depuis le 12
octobre 1978.
D'autre part, le préambule à l'entente intervenue entre le
syndicat et le gouvernement du Québec, je sais que cette entente
n'a pas encore été ratifiée par les membres en
fonction du respect de l'article 75 de la Loi de la fonction publique qui dit
que la grève est interdite, à moins que les services essentiels
et la façon de les maintenir ne soient déterminés par
entente préalable... Cette entente a été signée le
15 novembre 1978. En ce sens, je l'ai dit à une autre commission,
ce matin, M. le Président pour nous, il ne s'agit pas d'incurie
ou d'imprévision, nous étions convaincus je pense que
n'importe qui autour de cette table l'aurait été que les
gens qui ont signé cette entente la respecteraient. Nous avons fait de
notre mieux ce matin pour parer au manque de respect à l'entente par la
partie syndicale, en sollicitant de certains un coup de main additionnel, mais
nous n'en sommes pas vraiment, comme on dit, pris sans y avoir pensé,
nous fonctionnions selon cette entente tout à fait légale, faite
en fonction des lois adoptées par l'Assemblée nationale. C'est ce
qui est arrivé.
Je propose uniquement à la commission de reprendre ses travaux
sans plus, en espérant que tout le monde sera revenu au respect de la
loi demain matin.
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez, M. le
député de Saint-Hyacinthe, je pense qu'il se doit que je donne la
parole à M. le ministre, à qui on posait des questions tout
à l'heure et je vous la donnerai ensuite. M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, concernant l'ensemble
des questions qui ont été soulevées par le
député de Marguerite-Bourgeoys, au sujet du déroulement
des travaux de l'Assemblée nationale, cela relève uniquement du
président de l'Assemblée nationale. Je ne vois pas pourquoi je
m'inscrirais dans ce débat, en tant que ministre de la Justice; le
leader du gouvernement vient d'expliciter la situation quant au
gouvernement.
L'imprévision dont parlait le député de
Marguerite-Bourgeoys n'existe que dans sa tête, parce qu'il est normal
dans des relations de bonne foi qu'un gouvernement ou une partie qui forme une
entente, présume que l'autre partie respectera ladite entente
signée. Dans le cas présent, on ne peut sûrement pas parler
d'imprévoyance de la part du gouvernement, parce que, tel que l'a dit le
leader du gouvernement, dès le mois d'octobre, la préoccupation
du gouvernement de voir à ce que la souveraineté du
fonctionnement de l'Assemblée nationale soit respectée
était présente à l'esprit du gouvernement, puisque nous
avons procédé dès ce moment-là à une entente
avec la partie syndicale. (14 h 15)
Le Président (M. Dussault): Merci, M. le ministre. M. le
député de Saint-Hyacinthe, en vous rappelant cependant que, si
nous tenons les propos que nous entendons présentement, c'est que le
président a pensé qu'il allait de soi qu'on permette aux membres
de cette commission de faire des remarques pendant quelques minutes sur la
situation. Il faudra cependant réduire au maximum le temps qu'on y
mettra. M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci, M. le Président. Je voudrais vous
demander s'il est possible d'avoir copie du document auquel a fait allusion
tantôt le ministre délégué au Haut-Commissariat
à la jeunesse, aux loisirs et aux sports aux membres de la commission.
Il serait bon que nous possédions ce texte. Egalement...
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez, je vais
demander au président de l'Assemblée nationale, puisque c'est un
texte qui est relatif à l'Assemblée nationale, de vous fournir ce
document. Si un problème se pose, je vous en parlerai à nouveau
au cours de notre séance de cet après-midi. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Cordeau: J'ai une autre question, M. le Président, si
vous permettez.
Le Président (M. Dussault): Oui.
M. Cordeau: Pouvez-vous nous assurer aussi que les
employés qui s'occupent de la transcription des débats vont faire
le travail? Est-ce qu'ils reviendront pour faire le travail à
l'Assemblée nationale, étant donné que ces enregistrements
auront été faits durant leur absence du travail?
Le Président (M. Dussault): Je pense bien que vous allez
comprendre que je ne peux que présumer que ces employés de
l'Assemblée nationale feront, au moment où ils le pourront, le
travail qu'ils doivent faire normalement. Je ne pense pas pouvoir donner une
réponse plus précise. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je fais appel à votre
indulgence. Je sais que vous voulez procéder aux travaux le plus
rapidement possible, mais je pense que les principes soulevés par
l'événement de ce matin méritent qu'on s'y attarde quelque
peu. Cela affecte le fonctionnement même de la commission, c'est donc une
question de règlement que j'ai soulevée.
Vous avez remarqué, M. le Président, que j'ai
refusé de porter un jugement sur les actions des syndiqués,
aujourd'hui. J'aurais souhaité que le gouvernement fasse de même.
Puisque le leader du gouvernement a même accusé le syndicat
d'avoir violé une entente, je pense que la question doit se poser de
façon tout à fait privilégiée et je demande une
réponse. Premièrement, le ministre de la Justice, comme
jurisconsulte du gouvernement, accorde-t-il une valeur légale quelconque
à cette entente? Deuxièmement, a-t-il l'intention de prendre
toutes les mesures que la loi prévoit pour faire appliquer cette entente
qui est la protection du fonctionnement de notre institution?
M. Bédard: Encore une fois, M. le Président, je
constate que le député de Marguerite-Bourgeoys mêle les
responsabilités, lorsque cela fait son affaire. Cette situation qui
crée un problème sera étudiée par des ministres,
mais quant aux ministres responsables qui rendront publique leur
décision, s'il y en a une et, si une partie de leur décision doit
être orientée en termes de recommandations au ministre de la
Justice, nous en aviserons.
M. Lalonde: Le ministre est-il prêt à prendre toutes
les dispositions de la loi pour faire appliquer cette entente?
Remarquez que la fermeté du ministre, celle dont il pourra faire
preuve est passablement handicapée par la position qu'il a prise,
concernant les lois 23 et 253, étant donné qu'il a
déjà retiré des poursuites qui avaient été
prises dans le but de faire maintenir les services essentiels dans d'autres
secteurs.
Vous me permettrez, M. le Président, de prendre avec un grain de
sel les déclarations du ministre. Mais est-ce que cette commission
parlementaire, étant donné que le débat est ouvert par le
leader du gouvernement, à l'effet que ce sont les syndiqués qui
ont violé l'entente...
Ici, on n'est pas du tout autorisé à faire le
procès de cette situation, M. le Président. On irait à
l'encontre du règlement. Mais M. le Président, vous avez quand
même...
M. Bédard: Non, M. le Président, l'ordre de la
Chambre...
M. Lalonde: ... laissé le ministre et leader du
gouvernement faire ses accusations sans vous plaindre, alors qu'il allait
à rencontre du règlement. C'est une question de simple justice,
d'au moins donner la chance aux deux parties de faire valoir leurs points de
vue dans n'importe quelle tribune. Ce n'est pas le cas ici et je le
déplore, parce que...
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, je me permets de vous
interrompre.
M. Lalonde:... s'il vous plaît, M. le
Président...
Le Président (M. Dussault): II ne faudrait pas aller plus
loin. Si on admettait que le président ait fait l'erreur de laisser
parler quelqu'un sur un sujet, alors qu'il n'aurait pas dû le faire, le
président ne pourrait pas donner le même droit à un autre
membre. Si on reconnaît une erreur, il s'agirait de la reconnaître
et de mettre fin, ensuite, au débat sur cette erreur.
M. Lalonde: Vous dites que c'était une erreur...
Le Président (M. Dussault): Je ne le reconnais pas, M. le
député...
M. Lalonde: ... alors pourquoi ne me laissez-vous pas parler?
Le Président (M. Dussault): Je dis tout simplement que
vous alléguez qu'il y a peut-être eu une erreur de la part du
président. Je vous dis que si on devait la reconnaître, le
président ne pourrait pas reconnaître à un autre membre de
faire la même erreur.
M. Lalonde: Si vous ne reconnaissez pas l'erreur, vous allez me
laisser continuer?
Le Président (M. Dussault): Non, ce que je voudrais, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, c'est que l'on mette fin, le plus
tôt possible, aux propos que nous tenons sur les événements
qu'on connaît, de façon que le mandat de la commission puisse
être rempli le plus tôt possible.
M. Lalonde: M. le Président, je vais terminer ma
question...
Le Président (M. Dussault): Je vous demanderais donc
d'abréger, s'il vous plaît.
M. Lalonde:... de règlement qui est très courte, si
on la compare à la gravité de la situation qui a
été créée ici par l'incurie du gouvernement qui n'a
pas réussi à assurer les services nécessaires, les
services techniques aux bons travaux de cette commission.
Je vais terminer de la façon suivante, M. le Président, je
ne veux pas me faire le porte-parole de qui que ce soit, mais le gouvernement,
ayant eu l'occasion de porter des accusations, je veux simplement rapporter ce
qui m'a été dit, savoir que l'entente prévoit quatre
techniciens et sept transcriptrices ou transcripteurs, alors que ce matin, le
gouvernement a émis des laisser-passer pour sept techniciens et quatre
transcripteurs, donc, la conclusion du syndicat, c'est que le gouvernement ne
respecte pas l'entente sur les services essentiels. Je mets un point ici. Je
veux quand même que les deux points de vue soient exprimés. Je ne
me fais pas l'avocat d'une partie ou de l'autre, mais il me semble que c'est
une question de justice essentielle, une justice fondamentale qu'au moins, on
ait les deux points de vue qui soient rendus publics.
Le Président (M. Dussault): Je permettrai donc une
dernière intervention sur la question et nous passerons ensuite à
l'étude de la motion.
M. Bédard: M. le Président, mon intention n'est
surtout pas d'allonger les débats. La constatation que nous devons
faire, c'est que l'Assemblée nationale par le biais de la commission
parlementaire peut continuer ses travaux. Mais je pense que c'est l'ordre de
l'Assemblée nationale que nous continuions nos travaux sur un sujet
précis qui est le projet de loi que vous connaissez. Je constate
simplement que l'Opposition essaie de retarder indûment les travaux. Je
dirais que l'indécence des propos du député de
Marguerite-Bourgeoys est sans bornes, parce qu'il se permet de reprocher au
leader du gouvernement d'avoir fait état non pas d'avoir
porté des accusations d'une...
M. Lalonde: Je vous ai accusé d'avoir violé une
entente.
M. Bédard: ... entente. Vous tirerez vos conclusions comme
vous voudrez. Il n'y a pas d'accusation...
M. Lalonde: La proposition...
M. Bédard: ... d'une entente qui avait été
signée au mois d'octobre et, du même souffle, le
député de Marguerite-Bourgeoys, lui, se permet des accusations
d'imprévision et d'incurie à l'endroit du gouvernement, alors que
cette imprévision et cette incurie, je le dis encore, n'existent que
dans la tête du député de Marguerite-Bourgeoys. Tant mieux
si cela fait son affaire politiquement de vouloir exprimer ses propos.
Mais, au contraire, nous sommes à même de constater que le
gouvernement avait, comme préoccupation, que les travaux de
l'Assemblée nationale ne soient perturbés en aucune façon
puisque, dès le mois d'octobre, il s'assurait, par l'entremise d'un
protocole, que les travaux de l'Assemblée nationale, en fonction du
respect du principe de la souveraineté de l'Assemblée nationale,
ne soient pas perturbés.
M. le Président, ce sont mes seuls propos et je pense que nous
avons un devoir très précis,
comme membres de la commission parlementaire, d'étudier un projet
de loi, et nous sommes prêts à le faire.
Le Président (M. Dussault): Je remercie les intervenants
et j'appelle à nouveau la motion de M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Voulez-vous la lire, M. le Président, s'il
vous plaît?
Motion mise aux voix
Le Président (M. Dussault): Oui, elle consiste en ceci:
"En raison des réserves sérieuses de la Commission des droits de
la personne sur le projet de loi no 94 dont la commission parlementaire vient
de prendre connaissance, il est proposé qu'un rapport spécial
soit fait à l'Assemblée nationale, l'invitant à convoquer
les groupes et les individus intéressés à donner leur avis
à la commission parlementaire de la justice sur le projet de loi no 28
qui reproduit plusieurs principes et de nombreuses dispositions du projet de
loi no 94."
Je tiens à rappeler aux membres de cette commission que sur cette
motion, dans ce débat, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys avait utilisé 25 minutes, donc il avait
épuisé le temps mis à sa disposition; le
député de Verchères, qui est aujourd'hui remplacé
par le député de Terrebonne, avait utilisé 21 minutes,
donc son temps était aussi épuisé; le député
de Nicolet-Yamaska, qui est remplacé aujourd'hui par le
député de Saint-Hyacinthe qui devra assumer le temps de parole du
député de Nicolet-Yamaska, avait utilisé 17 minutes, il
lui reste donc trois minutes, s'il veut en disposer. M. le député
de Jean-Talon avait parlé pendant à peine une minute; M. le
député de Papineau avait parlé quelques minutes, si peu
que je n'en ai pas pris le minutage; M. le député de Mont-Royal
avait utilisé 16 minutes.
Ceci dit, je laisse la parole aux membres de cette commission qui
peuvent encore utiliser leur droit de parole.
M. Bédard: M. le Président, une minute...
Le Président (M. Dussault): Alors, le vote est
demandé. Oui, M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Je suis pour cette motion, car je crois qu'il serait
dans l'intérêt de cette commission d'entendre ceux qui voudraient
présenter des mémoires ou se faire entendre. Etant donné
que mon prédécesseur s'était exprimé sur cette
motion, je n'ajouterai pas autre chose.
Le Président (M. Dussault): Merci, M. le
député de Saint-Hyacinthe. Nous allons donc procéder au
vote. Je demande aux membres de cette commission de me dire s'ils sont pour ou
contre cette motion.
M. le député Alfred (Papineau)?
M. Alfred: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. le député
Bédard (Chicoutimi)?
M. Bédard: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. Ciaccia (Mont-Royal)?
Absent. M. le député Fallu (Terrebonne)?
M. Fallu: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député
Clair (Drummond)? Absent. M. le député Cordeau
(Saint-Hyacinthe)?
M. Cordeau: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député
Desbiens (Dubuc)?
M. Desbiens: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. le député
Lalonde (Marguerite-Bourgeoys)?
M. Lalonde: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. le député
Samson (Rouyn-Noranda)? Absent. M. le député Marquis
(Matapédia)?
M. Marquis: Contre.
Le Président (M. Dussault): II y a cinq voix contre, deux
voix pour. Cette motion est donc rejetée.
M. le ministre.
Amendements proposés
M. Bédard: Nous avons déjà eu plusieurs
heures de débat concernant ce projet de loi no 28. Depuis la suspension
des travaux de cette commission en juin dernier, j'ai eu l'occasion de
réfléchir à nouveau aux amendements qui pourraient
être apportés au projet de loi no 28 dans le but, surtout, de
restreindre la portée de certains articles, tout en conservant au projet
l'efficacité requise. En cela, je faisais suite à certaines
remarques qui avaient été formulées par les membres de la
commission. (14 h 30)
Ces amendements portent sur la définition du mot "sinistre", sur
les fonctions du bureau, sur l'exercice de certains pouvoirs en cas d'urgence,
sur la vérification du rapport annuel du fonds de secours aux personnes
sinistrées et également sur certaines règles
d'indemnisation. Ils prévoient également préciser
certaines règles relatives à l'exercice peut-être de
pouvoirs municipaux, ainsi que le régime de retraite du directeur.
Concernant la portée c'est un des éléments
essentiels quand même du projet une grande partie de nos
discussions ont porté là-dessus, il s'agit de la
définition du mot "sinistre". Lors de
l'étude de l'article 1 du projet, j'ai déjà
proposé un amendement à la définition du mot "sinistre"
afin d'en circonscrire un peu plus la portée dans le temps. Le seul
qualificatif acceptable était l'addition du mot "prochainement". Je
souhaiterais m'en tenir à cet amendement puisque, bien qu'il restreigne
encore un peu plus la portée de la définition, il n'empêche
pas quand même de prendre les mesures et c'est notre
préoccupation préventives pour éviter un sinistre
ou encore en diminuer l'intensité.
En ce qui a trait aux fonctions qui sont dévolues au bureau, les
articles 11 et 12 du projet indiquent les fonctions du bureau. Or, une des
fonctions que remplit le bureau, telles que prévues dans la loi, est
celle de porter secours et assistance aux personnes dont la vie est en
péril et ceci, même en l'absence de sinistre. C'est le cas, par
exemple, lorsque le bureau organise une battue pour rechercher une personne
perdue en forêt. Il n'est pas question, et je pense que tous les membres
de la commission le comprendront, de déclencher le mécanisme d'un
décret à ce moment-là, alors, c'est un cas
d'espèce. Lorsqu'une battue est organisée pour rechercher une
personne perdue en forêt, ou encore pour ce qui concerne le transport de
personnes blessées dans une région éloignée, il
faut prévoir des choses bien spécifiques pour protéger
ceux qui ont à remplir cette responsabilité. Alors, afin de
faciliter l'administration de la loi, il serait opportun de préciser
cette fonction-là du bureau lui-même. Nous avons apporté un
amendement nous les déposerons d'ailleurs tous tout à
l'heure pour pallier dans les cas que je viens de mentionner.
En ce qui a trait à l'exercice de certains pouvoirs en cas
d'urgence, ce vers quoi une grande partie de nos discussions se sont
orientées, lorsque l'état d'urgence est
décrété, certaines interventions, on le sait, deviennent
nécessaires pour permettre de prendre toutes les dispositions utiles
pour diriger et coordonner les mesures d'urgence et assurer la protection des
biens et des personnes. Or, ces interventions peuvent entraîner, on le
sait, l'exercice de certains pouvoirs ou l'accomplissement de certains actes
qui sont nécessaires en raison de la situation d'urgence, mais qu'il y
aurait avantage à énoncer et à circonscrire clairement
dans la loi, car ils sont évidemment "exorbitants", entre guillemets, de
ce qui peut se faire en situation normale.
Il faut bien se rendre compte que ce n'est pas tant le décret
d'état d'urgence qu'il importe de contrôler, que l'exercice des
pouvoirs qui en découlent. Ainsi, le projet prévoit que plusieurs
personnes peuvent intervenir dans une situation d'urgence; par exemple, le
conseil ou le maire d'une municipalité, le directeur du bureau, le
ministre et le gouvernement possèdent tous certains pouvoirs. Toutefois,
afin d'en mieux cerner l'exercice, il pourrait être utile de distinguer
le type de pouvoirs selon les intervenants.
Certains pouvoirs, tels ceux de demander de l'aide, de diriger ou
d'interdire la circulation, de pourvoir au rétablissement des services,
doivent, pour être efficaces je pense bien qu'il n'est pas
nécessaire de faire une longue démonstration là-dessus
pouvoir être exercés rapidement. Comme ces mesures ont un
caractère temporaire, il n'est pas nécessaire de les soumettre
à un contrôle. Cependant, un mécanisme de contrôle
pourrait être prévu lorsque le maire doit utiliser et
requérir des biens et des services. Dans ce cas, il ne pourrait le faire
qu'après avoir reçu l'autorisation du ministre.
Je souligne ici, qu'un autre amendement sera soumis pour prévoir
une formule d'indemnisation dans le cas précis où le maire, le
ministre ou le gouvernement en arrive à exercer le pouvoir de
réquisitionner des biens et des services de la part d'un citoyen.
C'était d'ailleurs un point, une préoccupation qui avait
été soulevée par l'Opposition pour que ce soit très
clairement exprimé dans la loi et un amendement est prévu en ce
sens.
Par ailleurs, les pouvoirs dont l'exercice pourrait causer un
préjudice d'une certaine importance ne pourraient être
exercés par le ministre, le directeur, la municipalité ou le
maire qu'avec l'autorisation d'un juge de la Cour supérieure ou de la
Cour provinciale. Il s'agit de pouvoirs plus importants à leur
énoncé même, on s'en rend compte de faire
évacuer des lieux ou des pouvoirs de procéder à la
démolition ou à l'enlèvement de bâtiments ou de
biens.
Tels sont, de façon générale, les amendements que
j'entends proposer à l'article 20 pour réaliser, je
l'espère, un meilleur équilibre entre les principes
d'efficacité et la protection des droits et libertés des
personnes.
En ce qui a trait à la vérification du rapport annuel du
fonds, l'article 35 du projet prévoit que le rapport annuel du fonds
doit être vérifié par un comptable agréé.
Certaines personnes m'ont souligné avec à propos que cette
rédaction reconnaît des droits exclusifs aux comptables
agréés, droits qui sont d'ailleurs remis en question dans le
cadre des législations professionnelles. Le rôle de cette
commission, lors de l'étude du projet de loi 28, n'est pas de
régler une situation litigieuse entre des membres de professions ou de
prendre parti; j'entends donc déposer un amendement pour supprimer la
difficulté soulevée à cet article.
Concernant l'indemnisation des personnes dont les biens j'en ai
touché un mot tout à l'heure sont utilisés ou
réquisitionnés lors d'un sinistre, l'article 36 du projet
prévoit que le gouvernement pourra indemniser les victimes d'un sinistre
en établissant un programme d'aide financière. Cet article vient
consacrer une pratique suivie depuis plusieurs années. Par ailleurs,
l'article 27 prévoit la création d'un fonds de secours aux
personnes sinistrées dans le but de distribuer à ces personnes
les sommes qu'il aura recueillies auprès du public. De plus, une
personne subissant une blessure lors de sa participation à un cours de
formation en matière de mesures d'urgence pourra être
indemnisée par le biais de la Loi des accidents du travail.
Afin de compléter ces diverses mesures, j'entends soumettre des
amendements pour indemni-
ser une personne dont l'intégrité physique, par exemple,
sera atteinte alors qu'elle apporte gratuitement son aide dans l'application de
mesures d'urgence pour que le gouvernement ou, le cas échéant, la
corporation municipale indemnise le propriétaire d'un bien
réquisitionné ou utilisé pour préserver la vif, la
sécurité ou l'intégrité physique de personnes lors
d'un état d'urgence.
Les possibilités d'indemnisation que je viens
d'énumérer ont pour objet de démontrer que c'est le
désir du gouvernement d'indemniser, dans des limites raisonnables, toute
personne subissant un dommage en raison d'un sinistre.
Enfin, M. le Président, il s'avère nécessaire de
prévoir que le régime de retraite des employés du
gouvernement et des organismes publics s'appliquera, par exemple, au directeur
du bureau. Nous avons un amendement en ce sens.
En terminant, je désire souligner qu'à mon avis, ces
amendements démontrent l'intention du gouvernement d'améliorer ce
projet de loi. J'ose espérer qu'ils seront tout au moins de nature
à faciliter l'étude article par article du projet de loi en
question. Je demanderais, si ce n'est déjà fait, que les
amendements auxquels je me réfère, concernant les sujets dont je
viens de parler, soient distribués, si ce n'est pas fait.
M. le représentant de l'Union Nationale, on va trouver le moyen
de vous les donner rapidement, de même qu'à tous les membres de la
commission.
Le conseiller juridique me dit qu'il y aura peut-être quelques
petits changements, mais ça ne concernera pas le fond; c'est simplement
au niveau de la rédaction.
Le Président (M. Dussault): Quand nous aurons en main ces
amendements, je vérifierai auprès de la commission pour savoir de
quelle façon elle entend travailler avec ces amendements, s'ils
remplacent des articles ou non. Pour le moment, je voudrais savoir de la
commission dans quel ordre elle entend travailler. Si je n'ai pas de directive,
je devrai revenir à l'article 1, pour suivre l'ordre habituel des
travaux d'une commission.
M. Lalonde: On était rendu à l'article 12 ou 13 je
pense. On continue tout simplement l'étude telle qu'entamée, je
ne vois pas pourquoi on reviendrait à l'article 1.
Le Président (M. Dussault): Si la commission me dit
qu'elle a l'intention de laisser suspendus les articles qui ont
été suspendus, je respecterai le désir de la commission,
mais, comme président, je me dois de vous poser la question: Revient-on
à l'article 1?
M. Lalonde: Oui, est-ce qu'on pourrait...
M. Bédard: Je crois que c'est la meilleure marche à
suivre.
M. Lalonde: C'est qu'il y a un décalage de quelques mois,
depuis le début de nos travaux. J'ai relu seulement une partie de la
transcription; il y a un tas de raisons pour lesquelles on a suspendu ces
articles. Dans l'article 1, il s'agissait de laisser mijoter encore notre
réflexion sur la définition d'un sinistre. Il me semble que
c'était ça.
M. Bédard: Oui, mais ça fait deux ou trois
mois.
M. Lalonde: Oui, ça a mijoté pas mal. M.
Bédard: Je l'espère; nous, c'est fait.
M. Lalonde: Cela me prend un peu par surprise, mais si c'est le
désir de la commission d'y revenir tout de suite, oui, on va
s'adapter.
Si je comprends bien, il y a un amendement du ministre pour
ajouter...
M. Bédard: Après le mot "attendu"... M. Lalonde:
... le mot "prochainement". M. Bédard: C'est ça.
Interprétation et application (suite)
Le Président (M. Dussault): Nous revenons donc à
l'article 1, précisément au paragraphe d). M. le ministre avait
proposé un amendement qui consistait à ajouter, après le
mot "attendu", le mot "prochainement". C'est sur cet amendement que le
débat se fait maintenant.
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je ne sais pas si le ministre veut refaire son
argumentation, je pense qu'il avait expliqué sa proposition au mois de
juin. J'avais et j'ai encore des réserves, mais avant, si vous le
permettez, je voudrais réagir à ce que le ministre nous a
annoncé.
Ma motion a été défaite, tantôt, pour
retourner à l'Assemblée nationale; sans refaire le débat,
c'était pour que ce projet de loi soit repensé en profondeur
à la lumière des consultations. La commission en a
décidé autrement.
Il reste toutefois, M. le Président, que le débat et les
demandes répétées de l'Opposition officielle, en
particulier, ont produit des fruits et j'accueille avec beaucoup d'optimisme,
quant au sort de ce projet de loi, la déclaration du ministre, tout
à l'heure, concernant un certain nombre d'amendements au projet de loi
qui répondent en partie, au moins, à plusieurs garanties que nous
avons demandées, que ce soit au niveau du contrôle de l'exercice
des pouvoirs exorbitants créés par la loi, que ce soit au niveau
de l'indemnisation des personnes qui sont victimes non pas des sinistres, mais
des mesures d'urgence. Il reste d'autres questions qu'on va aborder
nécessairement, qui
auraient pu être évitées par une reprise
complète, une rationalisation de ce projet de loi, mais je pense que,
compte tenu de ce que le ministre vient de nous annoncer, on peut aborder avec
beaucoup plus d'efficacité l'étude article par article du projet
de loi.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je voudrais que vous approchiez votre micro, on me dit
que ça pose des problèmes.
M. Lalonde: Notre expert a des problèmes!
Le Président (M. Dussault): Je vais faire l'invitation
générale d'approcher vos micros.
M. Lalonde: M. le Président, je ne peux quand même
pas parce qu'il y a certaines choses injustes qui ont été
dites, qui sont enregistrées, je veux simplement passer quelques
secondes à les corriger m'empêcher, en constatant cette
attitude nouvelle du gouvernement, aux derniers propos du ministre, lors des
dernières minutes de notre commission parlementaire, je pense que c'est
le 20 juin dernier, où il a accusé l'Opposition, et surtout
l'Opposition libérale, des pires qualificatifs
d'irresponsabilité, en particulier dans une diatribe qui était un
petit peu hystérique. (14 h 45)
Je n'étais pas habitué de voir le ministre comme cela. Je
comprends que, parfois les frustrations trouvent leurs débouchés
dans de telles manifestations. M. le Président, on a été
accusé d'irresponsabilité et d'exploiter les droits individuels
par un ministre du gouvernement. Quand c'est un député qui dit
cela, parfois on dit: II faut absolument qu'il dise quelque chose, mais, quand
c'est un ministre de la Justice, je veux dire quand c'est un
député ministériel, quand c'est un ministre, ce n'est pas
parce que c'est lui, ce n'est pas parce que c'est le député de
Chicoutimi, mais j'ai pour la fonction beaucoup de respect et je pense qu'on
doit prendre avec beaucoup plus de sérieux de telles accusations,
surtout lorsqu'il s'agit du ministre responsable de l'application de la Charte
des droits et libertés de la personne. Comme exploiteurs des droits
individuels et irresponsables, nous avons réussi à forcer le
gouvernement à remettre ce projet sur le métier pendant les beaux
mois d'été et à nous apporter quelques amendements qui
vont au moins améliorer le projet de loi. Je voulais relever cela, parce
que je pense que ce sont des accusations tout à fait injustes, comme il
était injuste d'accuser l'Opposition d'avoir fait abstraction
complète d'un rapport que j'aurai l'occasion, j'espère, avec
pertinence, sans aller à rencontre du règlement, lors de
l'étude article par article, d'étudier ou auquel j'aurai
l'occasion de faire référence, rapport qui, tout en étant
un excellent plaidoyer pro domo, ne peut pas et n'a pas d'ailleurs la
prétention d'être le dernier mot d'une étude de situation
des sinistres et de la protection civile au Québec.
Je pense que ces choses doivent être rele- vées. Nous
aurons l'occasion d'y revenir. Pour ce qui me concerne, concernant
l'amendement, l'addition du mot "prochainement", quant à la
définition du mot "sinistre", j'aurais préféré
quelque chose de plus imminent que cela, comme le ministre lui-même l'a
dit. C'est un peu déplorable, parce que je pourrais relever la
déclaration du ministre, au tout début de l'étude article
par article du projet de loi 28, alors qu'il nous a dit verbatim qu'il
s'agissait d'un événement attendu de façon imminente.
Comme déjà le mot "attendu" me créait des
problèmes, j'en ai pris note et j'ai voulu le proposer comme amendement
et le ministre a reculé, a changé d'idée, il nous offre
"prochainement". Vous remarquerez que "prochainement" a un caractère
moins urgent. On peut attendre, je ne sais pas, de la visite prochainement. On
peut attendre un événement qui, prochainement... Cela peut
être cette semaine, cela peut être la semaine prochaine, tandis
que, de façon imminente, cela donne justement le caractère
exceptionnel qu'on veut donner aux pouvoirs exorbitants créés par
le projet de loi. C'est pour cela que je mets le ministre en garde contre la
trop grande largeur peut-être, l'espace trop large, trop étendu
qu'il accorde à la définition de "sinistre" en utilisant
seulement le mot "prochainement". Il s'agit quand même de faire la
meilleure loi possible, d'éviter qu'il y ait des abus de droits, parce
que ce seraient réellement des abus de droits et, les droits et les
pouvoirs étant exceptionnels, étant exorbitants, comme
gouvernement, comme législateurs qui avons le pouvoir de créer
ces droits-là, de créer tout un niveau de pouvoirs, en fait, qui
n'existent pas actuellement, il me semble qu'on doit être très
prudent et le circonscrire le plus possible.
M. Bédard: Je pense que c'est la préoccupation que
nous avons à l'esprit lorsque nous ajoutons en amendement le mot
"prochainement". Nous voulons effectivement essayer de circonscrire le plus
possible dans le temps. Maintenant, un sinistre, on ne peut pas toujours le
prévoir, il me semble que ça fait partie de la définition
d'un sinistre. Il y en a qui peuvent être prévisibles
prochainement et je pense qu'il sera de la responsabilité de ceux qui
auront à faire l'administration de cette loi de se servir de leur
jugement. D'un autre côté, il faut quand même employer une
définition qui rende la loi efficace aussi, et c'est en ayant en
tête ces deux préoccupations que nous en sommes arrivés
à proposer l'amendement que nous suggérons.
Je ne relèverai pas les propos du député de
Marguerite-Bourgeoys, tout à l'heure, concernant la fin de nos travaux
de la commission; au contraire, je l'ai ici, je savais que vous y
référeriez.
M. Lalonde: Cela vous fait honte.
M. Bédard: Au contraire, je n'en ai pas honte, parce que
peut-être que cet appel que j'ai fait... Ce que je proposais à ce
moment-là, c'était d'avoir une discussion qui nous permette
d'avancer efficacement dans l'étude du projet. Nous étions
très
ouverts à toutes les suggestions qui nous étaient faites,
en ayant à l'esprit qu'il fallait quand même que ce soit un projet
de loi efficace, applicable pour répondre à des situations. Pour
qui se rappelle l'atmosphère et l'ambiance peut-être que
l'Opposition officielle ne s'en rappelle pas des derniers jours des
travaux de la commission, il était très clair qu'il était
impossible d'avoir une discussion efficace. Moi-même, j'avais
déjà en tête l'esprit des amendements que nous avons
conciliés d'une façon plus formelle aujourd'hui, mais nous
n'avions aucune possibilité d'en arriver à une discussion
formelle, étant donné les attitudes que je décelais de
l'autre côté de la table.
Ce qui est important, ce n'est peut-être pas le passé comme
de constater aujourd'hui que l'Opposition se dit heureuse du résultat de
certains amendements qui sont apportés. C'est le propre de l'Opposition
de toujours être malheureuse, j'imagine.
M. Lalonde: ... vous avez l'air heureux.
M. Bédard: Non, vous vous trompez toujours dans vos
appréciations; d'ailleurs, il y a bien d'autres appréciations sur
lesquelles vous vous trompez aussi.
M. Rivest: Une chance qu'il est modeste.
M. Bédard: Attendons les résultats. Je suis
très heureux que l'Opposition soit disposée et nous dise qu'elle
a les moyens de poursuivre une discussion efficace pour l'adoption de ce projet
de loi qui est fait uniquement en fonction de situations qui, nous le savons,
existent, à savoir des sinistres où des biens doivent être
préservés et, encore plus, souvent, des citoyens sont en danger.
Je pense que même si ça implique que certains pouvoirs qui peuvent
être exorbitants par rapport aux situations normales doivent être
prévus, il faut quand même toujours réaliser que ces
pouvoirs ne doivent être utilisés qu'en fonction d'un objectif
très précis qui est celui de protéger des biens et la vie
de personnes en danger et qu'ils ne peuvent s'exercer que dans ces situations
non pas normales, mais tout à fait exceptionnelles.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, est-ce que vous voulez terminer votre intervention? Oh!
je m'excuse!
M. Bédard: Je n'ai pas d'autres remarques concernant la
définition.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que vous aviez
terminé votre intervention, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, sur cet amendement?
M. Lalonde: J'ai demandé au ministre de resserrer
davantage, il ne veut pas le faire. Alors, je n'ai rien d'autre à
dire.
M. Bédard: II faudrait quand même avoir une
discussion. Ce n'est pas que je ne veuille pas le faire, j'en ai discuté
longuement avec les principaux conseillers et ils me disent que si on veut que
la loi soit efficace, à ce moment-là, il faut quand même
qu'on y retrouve des mesures qui lui permettent d'être efficace, un
libellé qui lui permette d'être efficace et c'est le
consensus.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Certainement que cet amendement proposé par le
gouvernement améliore l'article 1, paragraphe d). Un
"événement attendu prochainement" est-ce que, par cette
définition, vous entendez... Qu'est-ce que vous entendez exactement?
Avez-vous quelque chose à l'esprit pour clarifier cette expression?
M. Bédard: Je pense que l'expression parle par
elle-même. Nous essayons surtout de limiter dans le temps. On donnait un
exemple tout à l'heure qui pourrait peut-être s'appliquer au mot
"prochainement". Par exemple, tout le monde savait, et c'était
annoncé d'avance que le Skylab allait tomber. Il n'y avait pas de
précision suivant laquelle il tomberait de façon imminente au
Québec; il y avait peut-être quand même lieu de
prévoir certaines mesures d'urgence, mais ça ne veut pas
nécessairement dire, par exemple, de décréter un
état d'urgence.
M. Cordeau: Je voulais savoir si vous aviez quelque chose
à préciser davantage...
M. Bédard: ... de situation précise à
l'esprit. On sait que le propre d'un sinistre, c'est que ça nous arrive
assez souvent au moment où on ne s'y attend pas. Maintenant...
M. Cordeau: ...
M. Bédard: ... je pourrais peut-être vous apporter
un exemple. Disons qu'il y a des choses qu'on peut prévoir prochainement
qui peuvent revêtir un caractère d'urgence, par exemple, un
barrage où il y aurait suffisamment d'indications qu'il y a un danger
que, prochainement, soit à cause de la construction... Par exemple le
barrage du Petit-Saguenay. Cela s'est présenté il n'y a pas
tellement longtemps. Soit par un défaut de construction ou encore par
des difficultés au niveau de l'âge même du barrage, il y
avait un danger réel et, à ce moment-là, le niveau de
l'eau augmentait. Il y avait lieu de prévoir que, pour assurer une
sécurité, il fallait demander à certaines personnes de
déménager. Ce n'est pas toujours nécessairement
évident et ce n'est pas toujours nécessairement imminent, mais il
y a un ensemble de facteurs qui est de nature à inciter à une
extrême prudence et, à ce moment-là, à poser des
gestes pour la sécurité des biens et la sécurité
des personnes, comme, par exemple, de demander à des personnes de
déménager, d'évacuer pour un certain temps.
Le Président (M. Dussault): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement? Est-ce que l'amendement à l'article 1d
est adopté?
Une Voix: Sur division.
Le Président (M. Dussault): L'amendement est adopté
sur division. L'article 1 tel qu'amendé est-il adopté?
M. Lalonde: Sur division, nécessairement.
Le Président (M. Dussault): Adopté sur
division.
M. Bédard: ... M. le Président, que, dans ma
poursuite d'une réflexion sur la définition, je pense que nous
avons fait preuve de beaucoup d'ouverture d'esprit. Je comprends que tout ce
que l'Opposition a à nous dire, c'est que l'on n'est pas encore
satisfait complètement, mais je dois noter quand même que j'aurais
peut-être aimé que certaines suggestions nous soient faites pour
qu'il nous soit permis au moins de faire certaines comparaisons.
Le Président (M. Dussault): J'appelle maintenant
l'article... Oui, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... un voeu qui est adressé à
l'Opposition?
M. Bédard: On n'a pas adressé un voeu à
l'Opposition...
M. Lalonde: J'ai pensé que vous aviez dit que vous auriez
souhaité que certaines suggestions soient faites. J'en ai fait, "de
façon imminente..."
M. Bédard: Mais on vous a dit que le mot "imminente"...
(15 heures)
M. Lalonde: Si vous ne voulez pas l'accepter, ne l'acceptez pas,
vous avez la majorité. Je vous dis que...
M. Bédard: On veut simplement vous expliciter que,
justement, le mot "imminent" enlève à peu près 75% de
l'efficacité de la loi.
M. Lalonde: C'est votre opinion. M. Bédard:
Oui.
Constitution du bureau (suite)
Le Président (M. Dussault): J'appelle maintenant l'article
10 qui avait été suspendu.
M. Lalonde: M. le Président, voulez-vous nous rappeler
dans quel but cet article 10 a été suspendu? Vous n'en avez pas
fait la lecture. Vous savez, après deux mois et demi.
M. Bédard: On sait pourquoi, au nom de quel principe, elle
s'oppose...
M. Lalonde: Je pense que c'était peut-être...
M. Bédard:... avec autant de virulence qu'elle l'a
fait.
M. Lalonde: Parce que c'est une question strictement
administrative. C'est une copie d'un document qui est certifié conforme
par le ministre ou le directeur; il pouvait y avoir une confusion entre le
directeur et le ministre, c'est peut-être pour ça qu'on l'avait
suspendu.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je pense que mes vacances m'ont paru aussi longues que
les vôtres.
M. Bédard: Je vais vous rappeler le pourquoi de votre
opposition; je pense que vous vous opposez parce que vous voulez que tous les
documents soient rendus publics, ce qui était pratiquement
impossible.
M. Lalonde: II a été suspendu, l'article, il n'y a
pas eu de décision.
M. Bédard: Non, non.
M. Lalonde: II n'y a pas eu de décision.
Le Président (M. Dussault): Sur l'article 10, il n'y a pas
d'intervention? Est-ce que l'article 10 est adopté?
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... c'est parce que la suspension de l'article n'a
pas réglé le problème. Quels sont les documents qui font
partie des archives? Qui décide?
M. Bédard: C'est le directeur du service.
M. Lalonde: Ce qui est certifié conforme par le ministre,
ça devient authentique. Qui décide? C'est le directeur qui va
décider que c'est le ministre qui signe tel document? Il n'y en a pas un
autre ou si c'est le ministre lui-même?
Je ne veux pas faire un gros débat là-dessus, c'est
strictement administratif...
M. Bédard: On a justement les renseignements.
M. Lalonde: ... simplement.
M. Bédard: C'est une clause usuelle, on l'a adaptée
simplement à la situation, c'est ce qu'on retrouve également dans
la loi du ministère.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 10 est
adopté. J'appelle l'article 11 qui avait été suspendu.
Fonctions du bureau (suite)
M. Bédard: A l'article 11, il y a un amendement, une
modification.
M. Lalonde: Votre modification a pour but d'ajouter un autre
alinéa. On n'est pas rendu là, parce que j'aurais des questions
à poser.
M. Bédard: Sur le premier alinéa,
naturellement.
M. Lalonde: Sur le premier alinéa, justement...
M. Bédard: Est-ce que je pourrais le formuler? Cela nous
permettrait une discussion sur l'ensemble. Nous aurions, à l'article 11,
un amendement à l'effet d'ajouter l'alinéa suivant: "En outre,
même en l'absence d'un sinistre ou d'un décret d'état
d'urgence, il peut porter secours à toute personne dont la vie est en
péril en lui apportant l'aide physique nécessaire et
immédiate que les circonstances justifient."
Cet amendement est pour faire suite à des situations que j'ai
mentionnées tout à l'heure dans mon exposé. Par exemple,
c'est le cas où le bureau est obligé d'organiser une battue pour
rechercher une personne perdue en forêt ou encore le transport de
personnes blessées dans une région éloignée. Je
pense que ce sont des situations qui se présentent
régulièrement et, de l'avis même de ceux qui sont
responsables de la protection civile, ils voulaient voir inséré
très spécifiquement cet amendement, avec raison. Ils le font
déjà d'ailleurs. Ce n'est que...
M. Lalonde: Quant à l'amendement, M. le Président,
je suis parfaitement d'accord. Il s'agit on n'est pas rendu là,
par exemple du premier alinéa...
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez, si vous
dites que vous êtes d'accord, est-ce que l'amendement à l'article
11 est adopté?
M. Lalonde: ... quand on va y arriver, on va adopter les deux
premiers alinéas. On ne l'a pas adopté encore.
Le Président (M. Dussault): D'accord, mais on ne doit pas
adopter un amendement après avoir adopté un article.
M. Lalonde: Au moins les deux premiers alinéas. Si vous me
permettez, on va l'adopter, tout de suite, si ça peut vous faire
plaisir.
Le Président (M. Dussault): C'est dans les règles.
L'amendement à l'article 11 est-il adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Nous revenons
donc à l'article 11 tel qu'amendé. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: II y a une question que j'avais posée en juin
et qui avait trait surtout à l'ambiguïté qui
m'apparaît exister entre le rôle de maître d'oeuvre et le
rôle de "coordinateur" du bureau. C'est inscrit au premier alinéa:
"Le bureau a pour fonctions d'élaborer et de proposer au gouvernement
une politique de prévention des sinistres et de mesures d'urgence,
il s'agit d'un rôle de conseil de mettre en oeuvre cette
politique et d'en coordonner l'exécution". Est-il maître d'oeuvre
ou "coordinateur"?
M. Bédard: Je ne crois pas que ça donne lieu
à confusion. Le bureau a pour fonction c'est normal
d'élaborer et de proposer au gouvernement une politique de
prévention pour les mesures d'urgence. Le gouvernement, lorsqu'il
reçoit cette politique, l'adopte, l'accepte et, une fois que le
gouvernement l'a acceptée, le bureau a pour fonction de mettre en oeuvre
cette politique et d'en coordonner l'exécution. Ce n'est quand
même pas le ministre qui va s'en aller sur le terrain pour mettre en
oeuvre la politique adoptée.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: Une précision; le député de
Marguerite-Bourgeoys a dit coordonnateur ou "coordinateur"? Je n'ai pas trop
compris.
M. Lalonde: Est-ce que ça vous inquiète
beaucoup?
M. Alfred: Non, mais j'aime bien la précision de
terme.
M. Lalonde: Je vous le dirai plus tard, un peu de suspense!
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, vous avez la parole.
M. Lalonde: Je vois que, dans le but de coordonner
l'exécution, on fait appel à d'autres maîtres d'oeuvre et
on agit comme entremetteur pour coordonner je n'ai pas dit
coordonnateur, mais coordonner l'exécution; à ce moment,
la responsabilité de faire, d'agir concrètement et de
décider appartient à d'autres, tandis que celui qui coordonne
fait le lien entre certains acteurs dans le champ. Mais si, il met en oeuvre la
politique, est-ce qu'il n'est pas le maître d'oeuvre?
M. Bédard: Je comprends le député de
Marguerite-Bourgeoys de s'interroger sur le sens précis de la fonction
d'élaborer et de proposer, pas d'adopter. Le bureau, c'est pour
élaborer. Si vous voulez avoir un éclairage là-dessus, je
pense
qu'en lisant le deuxième paragraphe, on a quand même un
éclairage bien clair, on dit: Le bureau conseille...
M. Lalonde: ... également! M. Bédard: ...
également.
M. Lalonde: En plus, c'est un rôle de conseiller au
deuxième alinéa.
M. Bédard: ... "... les ministères, les organismes
gouvernementaux," regardez qui il conseille quand même - "les
corporations municipales et toute autre personne sur la prévention des
sinistres et sur les mesures d'urgence et il les assiste en cas de
sinistre".
M. Lalonde: Cela ne règle pas du tout le premier
alinéa, parce que, dans le deuxième alinéa, il a un
rôle de conseil et d'assistance.
M. Bédard: La mettre en oeuvre, à partir du moment
où il y a un état d'urgence qui est décrété
ou encore qu'il y a lieu de procéder à des actions en fonction
d'une situation d'urgence ou de sinistre, il est évident que la mise en
oeuvre des décisions je comprends difficilement les
interrogations du député de Marguerite-Bourgeoys, c'est l'ABC
dans un premier temps, à partir du moment où certains
organismes conseillent le gouvernement sur des politiques précises, le
gouvernement adopte ces politiques ou ne les adopte pas, mais à partir
du moment où il les a adoptées, il faut nécessairement un
organisme pour les mettre en oeuvre. C'est le cas présentement du bureau
lorsqu'il s'agit des mesures en cas de sinistre.
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, avant de continuer, ce n'est pas que je veuille faire du
formalisme, mais je pense qu'il est de mon devoir d'informer la commission que,
lors des dernières séances, à cet article 11, vous aviez
utilisé 39 minutes. La commission l'avait probablement permis
implicitement, puisque...
M. Lalonde: 39?
Le Président (M. Dussault): 39 minutes.
M. Lalonde: Deux fois l'article 160.
Le Président (M. Dussault): ... vous avez utilisé
deux fois le temps prévu, mais je vous dis comme cela, en passant: S'il
n'y a pas d'intervention de la commission, je vais vous laisser continuer.
M. Lalonde: Merci beaucoup.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Non, c'est une question à part. Cela ne
concerne pas le sujet auquel on fait allusion.
Le Président (M. Dussautt): A moins de remarques de la
commission, je laisse continuer M. le député de
Marguerite-Bourgeoys. Vous avez la parole.
M. Lalonde: Merci beaucoup du consentement de la commission, M.
le Président. Je voudrais simplement bien... Ce n'est pas de la
sémantique qu'on fait ici, parce qu'on a vu, dans d'autres lieux et dans
d'autres temps, des projets qui ont capoté à cause justement d'un
manque de définitions précises des fonctions. Lorsqu'on se rend
à l'article 20, on voit que c'est d'autant plus pertinent, parce
qu'à l'article 20, le directeur quand on parle du directeur, on
parle du bureau autant que le maire peut prendre toutes les dispositions
nécessaires pour ordonner, diriger, coordonner l'application des
mesures, assurer la protection des personnes. Il peut notamment, par
lui-même ou par une autre personne qu'il autorise spécialement...
Là, il a tous les pouvoirs qui viennent. C'est important de savoir qui
ordonne, qui prend la décision d'une mesure d'urgence, parce que,
surtout si vous arrivez un peu plus tard avec un amendement pour
l'indemnisation des victimes des mesures d'urgence, c'est celui qui va prendre
la décision, j'imagine, d'après le principe général
de la responsabilité, qui sera responsable de payer les dommages
à la victime. Si vous avez deux ou trois personnes dans le champ
d'ailleurs, je vais le soulever rendu à l'article 20 qui sont
autorisées à prendre cette décision-là,
concurremment, qui va la prendre, premièrement? Il est possible, surtout
s'il y a une responsabilité civile, si une décision
entraîne une responsabilité d'indemniser, que chacun attende que
l'autre prenne la décision. C'est pour cela que c'est important de dire
qui et d'avoir seulement une autorité qui prend la décision. En
tout cas, c'est un reproche que je fais à l'article 20, mais je vois que
cette ambiguïté commence à l'article 11. C'est pour cela que
je la soulève ici, mais je ne ferai pas plus de débat que cela,
M. le Président, surtout que vous avez eu la patience de m'endurer 39
minutes et quelques poussières là-dessus.
M. Bédard: Le député de Marguerite-Bourgeoys
s'est rendu compte que, quand nous parlons de l'article 11, nous parlons d'une
politique de prévention.
M. Lalonde: Pour en venir à l'exécution.
M. Bédard: Oui, mais c'est pour prévenir. Ce n'est
pas une politique d'exécution, d'action alors que le sinistre se...
M. Lalonde: Si vous avez un incendie comme il y en a eu il y a
plusieurs années dans des villages entiers et qu'il y a une
décision de démolir tout un pâté de maisons, c'est
de la prévention.
Vous prévenez. Cela peut être de la prévention. Je
ne sais pas si j'ai convaincu tout le monde, mais cela peut être de la
prévention. La prévention à long terme, l'éducation
des gens et tout cela, le contrôle des cours d'eau, l'entraînement
et la formation, tout cela, cela va, mais, quand on parle d'exécution
d'une politique, il y a des décisions qui sont prises, il y a des
dépenses qui sont engagées, mais il faut savoir qui les fait.
C'est cela. Je veux simplement essayer de porter un peu de rationalisation
à l'article.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: J'aurais une question à poser, M. le
Président. De combien de personnes sera composé le bureau? Parce
que pour faire tous ces travaux-là, tout effectuer...
M. Bédard: On va revenir un peu plus tard
là-dessus, la composition.
M. Cordeau: ...
M. Bédard: On a déjà indiqué, on a
même déjà adopté certains articles concernant la
constitution du bureau. M. le député, vous retrouverez cela aux
articles 2, 3, 4, 5, etc.
M. Cordeau: A 4, le secrétaire et les autres membres du
personnel du bureau sont nommés... Y a-t-il des assistants au bureau
directeur pour l'étude... J'imagine qu'il peut y avoir des
secrétaires, des dactylographes et d'autres personnes, mais pour faire
ces études...
M. Bédard: Pour faire la mise en oeuvre.
M. Cordeau:... en oeuvre, oui. Aux articles 11, 12, etc., pour
faire les études, etc., ce n'est certainement pas seulement le directeur
qui peut faire cela. Le bureau...
M. Bédard: A l'heure actuelle, au niveau de la protection
civile, il y a aux alentours de 98 personnes et nous ne prévoyons pas la
nécessité d'une augmentation de ce nombre de personnes, mais nous
pensons qu'avec une loi plus explicite, cela va leur permettre d'être
beaucoup plus efficaces par rapport à cette préoccupation
normale. (15 h 15)
Une Voix: 98 personnes sont actuellement au Service de la
protection.
M. Bédard: C'est cela. Environ 98. Une Voix:
98.
Le Président (M. Dussault): L'article 11 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Bédard: Une seconde, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le ministre.
M. Bédard: On va apporter plus d'éléments
aux questions posées par le député de Maisonneuve.
Je vais essayer de clarifier un peu la situation à l'article 11
par rapport à l'article 20. A l'article 11, on dit que le bureau
élabore et propose des politiques de prévention d'une part et,
d'autre part, des politiques de mesures d'urgence. Il s'agit de
l'établissement de ne pas laisser de mesures d'urgence mais pas devant
un sinistre particulier... Ce sont des études, des recherches. On peut
planifier et dire: Devant tel genre de sinistre, on va développer telle
mesure d'urgence, ainsi de suite. C'est vraiment du travail de planification,
l'établissement... Tandis qu'à l'article 20, c'est
l'exécution de mesures d'urgence après le décret de
l'état d'urgence qui lui est pris soit par le gouvernement, par le maire
d'une municipalité, ou par le ministre. A ce moment, au niveau de la
responsabilité, ce sera la personne qui aura ordonné le
décret et qui verra à l'application de l'article 20 qui sera
civilement responsable des dommages qui peuvent être causés
à des tiers. Quant à l'article 11, à mon point de vue, son
application n'affecte en rien le problème de la responsabilité
qui découle d'un décret d'état d'urgence et de
l'application de mesures d'urgence.
M. Lalonde: Je vous remercie de votre réponse, mais avouez
que le libellé de l'article au premier alinéa, lorsqu'on dit que
le bureau a pour fonction d'élaborer une politique de mesures d'urgence
et d'en coordonner l'exécution, est assez ambigu, à savoir si
c'est l'exécution de la politique des mesures d'urgence ou
l'exécution des mesures d'urgence. C'est pour cela que je pense que le
point d'interrogation...
M. Bédard: Cette ambiguïté-là... le
sens est bien clair. Le bureau aura pour fonctions d'élaborer et de
proposer au gouvernement une politique de prévention des sinistres et
des mesures d'urgence à prendre en cas de sinistre, afin surtout de
permettre au gouvernement d'agir promptement lors d'un sinistre. C'est de
prévenir. Il y a tel genre de sinistre qu'on peut, par exemple,
prévoir sans qu'il n'en existe au moment où on en parle. Je pense
entre autres aux inondations. C'est durant toute l'année que le Bureau
de la protection civile conseille, élabore certains gestes qu'on devrait
poser dans des situations pour prévoir des situations. Il y a tout le
problème de la collaboration, par exemple, avec les
municipalités. Cela se fait durant toute l'année, cette approche
des membres du bureau ou des membres de la protection civile avec les
différentes instances municipales. Ce qu'ils font également de
manière à pouvoir mieux conseiller le gouvernement en fonction
d'événements à venir ou prévisibles.
M. Lalonde: M. le Président, si vous permettez, au premier
alinéa, je vais me convaincre, me persuader que l'ambiguïté
dans le libellé peut être expliquée. Quant au
deuxième alinéa, je crains qu'il y ait une contradiction entre
les derniers mots, "il les assiste en cas de sinistre" et le pou-
voir que le bureau a par le directeur de prendre des décisions
concrètes dans le cas de sinistre.
Autrement dit, on donne dans sa fonction un droit d'assistance et
lorsqu'on décrit les états d'urgence au chapitre 3, on donne au
directeur c'est le bureau fatalement le pouvoir de prendre des
décisions concrètes, d'exercer des pouvoirs concrets dans le
champ tel que décrit aux paragraphes a) à h). Est-ce qu'on peut
expliquer ce changement dans le niveau, dans le degré des
responsabilités, l'assistance quand on décrit sa fonction et
quand on arrive au pouvoir, on lui donne le pouvoir concret de faire des choses
et non pas seulement d'assister. Lorsqu'on dit qu'on assiste quelqu'un, on lui
offre son aide et c'est ce quelqu'un qui prend les décisions, il est
responsable de la direction.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre.
M. Bédard: En fait, cette partie de l'article avait pour
but de prévoir une fonction qu'exerce déjà le bureau,
c'est-à-dire, que volontairement dans un quelconque sinistre les gens
reçoivent de l'aide, le bureau offre de l'aide et tout se fait
volontairement et de concert, sans qu'ils aient besoin d'exercer des pouvoirs
spéciaux que prévoit l'article 20.
M. Lalonde: Je comprends. Je vous remercie. Peut-être qu'on
a voulu reproduire l'état actuel, en disant que le bureau de protection
civile fait déjà ce rôle d'assistance, on va continuer, on
va l'inscrire dans la loi. Mais, est-ce que vous ne trouvez pas qu'il y a,
sinon une contradiction, du moins, une ambiguïté importante entre
la fonction, parce que c'est à la section II que l'on détermine
la fonction du bureau et les pouvoirs qu'on lui donne dans le chapitre III?
S'il y a une fonction d'assistance seulement, les pouvoirs qu'on lui donne
à l'article 20 vont au-delà de la fonction qu'on lui a
donnée. Il semble y avoir au moins, sinon une contradiction, du moins
une ambiguïté sérieuse.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre.
M. Bédard: La forme d'assistance, l'assistance à
l'article 20, il y a la direction, coordonner l'application des mesures
d'urgence lorsque le décret est fait et qu'on a besoin, pour mettre en
application les programmes, d'obtenir certains pouvoirs spéciaux, donc,
on a besoin du décret. L'assistance aussi qui peut consister à
prêter du matériel ou...
M. Lalonde: Je regrette de vous interrompre, mais "les assiste en
cas de sinistre".
M. Bédard: Oui.
M. Lalonde: Donc, on présume qu'il y a déjà
un état, un décret, il y a un sinistre.
M. Bédard: II peut y avoir un sinistre en l'absence d'un
décret.
M. Lalonde: Y aurait-il moyen d'être plus clair? Un cas de
sinistre, il me semble...
M. Bédard: Vous admettrez que le sujet vous permet de vous
interroger. Ce n'est quand même pas un sujet si clair que cela.
M. Lalonde: En cas de sinistre, en dehors d'un état
d'urgence...
M. Bédard: On est en train de prévoir l'avenir.
M. Lalonde: Je vous le demande gentiment.
M. Bédard: Oui. C'est ce que j'allais vous demander, de
nous le demander gentiment.
M. Lalonde: Oui.
M. Bédard: Sans accuser qui que ce soit... pour ceux qui
m'accompagnent; je vous comprends. Tant que vous respecterez l'institution,
d'accord. Moi je vous respecte aussi.
Je pense qu'il est assez clair qu'il peut y avoir un sinistre, sans
qu'il y ait nécessairement un état d'urgence. C'est cela qu'on
prévoit. C'est de cela qu'on tient compte. Il peut y avoir des
inondations qu'on peut qualifier de sinistres. C'est toujours sinistre une
inondation, d'une certaine façon, mais cela ne veut pas dire que toutes
les inondations amènent nécessairement l'obligation de
décréter un état d'urgence. Il reste que lorsque ces
situations se présentent, même s'il n'y a pas d'état
d'urgence, il y a quand même une certaine aide qui peut être
apportée, soit au maire, soit au ministre ou au gouvernement pour
pallier cette situation.
M. Lalonde: Ne trouvez-vous pas que l'article 11 décrit
quand même seulement partiellement la fonction ou les fonctions du
bureau, étant donné... Admettons que j'accepte la distinction,
avouons-le, assez mince entre un cas de sinistre sans état d'urgence et
un cas de sinistre avec état d'urgence. Quand même, si on coupe le
cheveu en quatre, vous avez raison. Ne trouvez-vous pas que l'article 11 oublie
la fonction importante du bureau en cas d'urgence? Parce que, si on s'en tient
seulement à l'article 4, à la section II, le bureau
jusqu'à maintenant, dans ses fonctions, n'intervient pas, n'a pas pour
fonction d'intervenir dans un cas d'urgence. Tout à coup, on lui donne
ce pouvoir alors qu'on ne l'a pas décrit dans sa fonction. On devrait
peut-être dire aussi dans l'article 11 que, dans un état
d'urgence, le bureau a des choses à faire. A moins qu'on ne veuille pas
qu'il fasse quoi que ce soit. A ce moment, il faudrait enlever l'article
20.
M. Bédard: II n'est pas besoin de le mentionner parce que
c'est un pouvoir très spécial et, lorsqu'on use de ce pouvoir
spécial, il y a des pouvoirs qui en découlent et qui sont
explicités dans l'article 20, non pas tel que libellé dans le
projet, mais tel que nous en avons annoncé la modifica-
tion. Ecoutez, il me semble que c'est assez clair qu'on parle de
sinistre sans état d'urgence puisqu'il y a un chapitre III qui est
spécifique pour exprimer ce qui se passe lorsqu'il y a un état
d'urgence. Je pense que, de la loi, il faut conclure...
M. Lalonde: C'est une situation de sinistre sans état
d'urgence. Je vais un peu plus loin, je m'aperçois que le bureau ou le
directeur exerce un tas de pouvoirs concrets en vertu de l'article 20, en
particulier, et on n'a pas décrit cela dans ses fonctions. Il me semble
que c'est important. Ce n'est pas parmi ses fonctions d'exercer ces pouvoirs?
Ce n'est pas dans ses fonctions.
M. Bédard: Cela l'est du fait qu'il y a un décret
d'état d'urgence.
M. Lalonde: ...
M. Bédard: Qui découle. Ce n'est pas une fonction
habituelle du bureau d'exercer ces pouvoirs. C'est une chose qui arrive d'une
manière extraordinaire et exceptionnelle parce que le gouvernement,
à un moment donné, a décidé qu'il y avait une
situation d'urgence, qu'il fallait que certains pouvoirs spéciaux
s'exercent. En dehors de cela, toute sa fonction est d'assister ou d'aider le
monde. Mais il n'a pas pour fonction de réquisitionner des biens.
M. Lalonde: Ces pouvoirs sont tellement exceptionnels qu'on
devrait...
M. Bédard: On a fait une section spéciale.
M. Lalonde: On devrait pouvoir les décrire dans ses
fonctions.
M. Bédard: M. le Président, vous voyez, on n'a pas
voulu qu'il y ait d'ambiguïté sur certains pouvoirs quand
même extraordinaires qui peuvent être le fait, en termes d'exercice
du bureau comme tel ou des gens de la protection civile; c'est pour cela que
nous avons prévu un chapitre, l'état d'urgence, où
spécifiquement ces pouvoirs peuvent être exercés.
M. Lalonde: Remarquez que je n'accepte pas maintenant, je
n'en ferai pas une bataille qu'on exclue des fonctions un certain nombre
de pouvoirs même exceptionnels qui sont dans les fonctions du bureau
à exercer en cas d'urgence. Si c'est cela, l'art spécial de la
législation, je vais vous laisser aller avec.
Le Président (M. Dussault): Pour les fins du journal des
Débats, je dois dire que M. le député de Papineau n'est
pas encore intervenu. A vous la parole, M. le député de
Papineau.
M. Alfred: On a répondu à mes interrogations. Je
pense que le député de Marguerite-Bourgeoys a confondu deux
moments et deux choses. Il pense que le bureau ne travaille qu'en cas d'urgence
seulement alors que, dans l'article 11, il y a un terme important que je vois,
le terme "prévention", et dans l'article 20 auquel il a relié
l'article 11, je vois que c'est l'état d'urgence qui est
décrété. Donc, j'ai l'impression qu'il confond deux
choses.
M. Bédard: II ne faudrait peut-être pas oublier que,
lorsqu'il n'y a pas d'état d'urgence, lorsqu'il n'y a pas de
décret d'urgence, mais seulement des situations de sinistres ou des
situations qui exigent des mesures d'urgence, il y a quand même tous les
pouvoirs on n'est quand même pas pour les reproduire ici
qui sont ceux d'un maire d'une municipalité en fonction de la loi qui le
ré-git, disons, des pouvoirs dont ils peuvent user. Ce n'était
pas notre intention de les... (15 h 30)
M. Lalonde: On ne crée pas cela dans cette loi. Vous
créez les bureaux, vous ne créez pas les maires.
M. Bédard: C'est cela. C'est pour cette raison qu'on ne
voit pas l'occasion de rééditer ou de redire des pouvoirs qui
sont déjà dans d'autres lois qu'ils peuvent exercer selon leur
bon jugement.
Le Président (M. Dussault): L'article 11 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Lalonde: Sur division.
Le Président (M. Dussault): Adopté sur division tel
qu'amendé. J'appelle l'article 12 qui avait été
suspendu.
M. Bédard: L'article 12.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre.
M. Bédard: Je n'ai pas de remarque particulière. Je
ne sais pas si l'Opposition en a.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys...
M. Bédard: Cet article précise les fonctions du
bureau qui lui permettront de jouer pleinement le rôle qui lui est
attribué en vertu de l'article 11 en précisant les
activités qu'il doit poursuivre. C'est ainsi que le bureau pourra
effectuer des inventaires, des enquêtes et des études sur les
risques et les moyens de prévention des sinistres, sur les ressources
disponibles en cas de sinistre, sur les mesures d'urgence. Ceci lui permettra
de mieux planifier ses activités et celles des tiers, d'instaurer des
mesures préventives et de mieux prévoir ces interventions.
D'abord, le bureau devra aussi préparer en collaboration avec les
ministères et les autres organismes mentionnés à l'article
11 un plan national de prévention des sinistres et des mesures d'urgence
ainsi que des plaintes, des programmes régionaux ou locaux de
prévention de sinistres ou de mesures d'urgence. Ce rôle
complète le précédent.
Ainsi, s'il survient un sinistre dans une région, les plans et
programmes devraient permettre une action concrète rapide et efficace.
Le rôle du bureau sera également d'informer la population sur les
mesures d'urgence et de voir à l'établissement de cours de
formation en matière de mesures d'urgence.
De plus, le bureau devra recruter des personnes qui assisteraient
bénévolement la population, par exemple, en cas de sinistre.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre pourrait simplement me donner
une précision sur le paragraphe e) quant au recrutement: Les personnes
qui bénévolement assistent la population en cas de sinistre.
S'agit-il de sinistre en état d'urgence ou en état de
non-urgence.
M. Bédard: II s'agit de sinistre en général.
Ces bénévoles oeuvrent à l'intérieur des
municipalités et sont indiqués dans les plans de mesures
d'urgence municipale.
M. Lalonde: Le sinistre en général. Cela comprend
les sinistres qui sont en état d'urgence ou hors d'état
d'urgence?
M. Bédard: Cela comprend tous les sinistres.
M. Lalonde: Donc, le recrutement des personnes qui
bénévolement assistent la population en cas de sinistre en
état d'urgence, on voit un rappel de ce pouvoir dans le 20a où il
peut requérir ou autoriser l'aide et le concours d'une personne selon
ses moyens.
M. Bédard: C'est bien différent là. Dans
l'état d'urgence, il peut requérir, tandis que dans la section
II, la phraséologie indique que le bureau voit au recrutement. Il n'est
pas question d'aller requérir. Autrement dit, cela se fait sur une base
volontaire. Il y a des gens qui sont intéressés des fois à
s'insérer, comme des sauveteurs, des pompiers volontaires, des
policiers, ceux qui aiment faire des recherches en forêt, et
d'autres.
M. Lalonde: Ma question était posée de cette
façon. Est-ce que sinistre dans le programme e) c'est seulement sinistre
en dehors de l'état d'urgence? Il m'apparaît que la réponse
est affirmative, contrairement à ce que j'ai cru. Ce n'est pas
général. C'est seulement en dehors de l'état d'urgence,
parce que dans un état d'urgence, ce que vous allez faire, c'est la
réquisition. Vous allez faire du recrutement.
M. Bédard: En état d'urgence, on ne fera pas de
recrutement. On va se servir des personnes qui bénévolement sont
inscrites dans le plan de mesures d'urgence et s'il y a lieu, d'aller chercher
d'autres compétences qui n'existent pas, c'est à ce
moment-là qu'on va se servir de l'article 20...
M. Lalonde: 20a.
M. Bédard: Mais, dans chaque plan de mesures d'urgence
municipales, il y a toute une série de personnes qui,
bénévolement, indiquent leur intention d'aider la
municipalité en cas de sinistre.
M. Lalonde: D'accord. Merci de votre réponse.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-Hyacinthe. Oui?
M. Cordeau: Dans le même ordre d'idées...
Le Président (M. Dussault): Oui, il y aurait
peut-être le paragraphe f). M. le ministre.
M. Bédard: Oui. Egalement, ce paragraphe est prévu
afin de permettre au bureau de mieux réaliser les objectifs
décrits. Le bureau va pouvoir acquérir, construire ou
opérer sur une partie du territoire du Québec l'équipement
nécessaire à cet effet. Cet article important vient combler un
vide qui existe à l'heure actuelle. Il vise à assurer une
meilleure protection de la population du Québec lors de l'arrivée
éventuelle d'un sinistre et ce, au moyen d'une préparation
adéquate.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Que va-t-il advenir des personnes qui seront
recrutées et qui agiront bénévolement dans un cas de
sinistre s'il leur arrive un accident? La CAT...
M. Bédard: C'est prévu je l'ai dit tout
à l'heure par un amendement que nous allons déposer qui
leur permettra, en vertu de la Loi des accidents du travail, de...
M. Cordeau: En plus de ceux qui suivent des cours?
M. Bédard: C'est cela. Il y a la Loi sur le sinistre aussi
qui peut s'appliquer.
Le Président (M. Dussault): L'article 12 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 13. M. le ministre.
M. Bédard: Dans le but de permettre au bureau de remplir
les fonctions décrites aux articles 11 et 12, l'article 13 nous permet
de requérir d'un ministère, d'un organisme gouvernemental, d'une
municipalité ou de toute autre personne qu'il identifie les risques...
Il peut exiger de ces organismes... C'est-à-dire qu'il identifie les
risques qui peuvent découler de leurs activités et qui peuvent
survenir sur un territoire qui est soumis à leur juridiction. Il peut
exiger qu'ils soumettent leurs plans et leurs programmes de
prévention des sinistres et de mesures d'urgence et enfin qu'ils
désignent un responsable pour l'application de ces plans de programmes.
En outre, dans le but d'assurer la cohérence du plan national de mesures
d'urgence, le bureau pourra, après examen, approuver les plans qui lui
auront été transmis et les programmes en y apportant les
modifications qu'il jugera utile. L'article 13 consacre donc la fonction de
coordination du bureau et lui octroie les pouvoirs nécessaires à
la réalisation de cette fonction.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, le ministre peut-il nous dire
quelle est la pénalité pour celui qui ne se rend pas à la
réquisition du bureau? Premièrement, est-ce une infraction en
vertu de...
M. Bédard: Cela se retrouve à l'article 52... Une
Voix: A l'article 42.
M. Bédard: 42? Une minute! A l'article 45, il est
spécifié que quiconque enfreint l'une des dispositions de la
présente loi ou d'un règlement adopté sous son
autorité ou incite une personne à le faire commet une infraction
et est passible, en outre du paiement des frais, d'une amende d'au plus $1000,
s'il s'agit d'une personne physique, et d'une amende d'au plus $10 000 s'il
s'agit d'une corporation.
M. Lalonde: M. le Président, c'est bien ce que je
pensais.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Donc, le bureau, par cet article, a le pouvoir de
requérir d'un ministère, d'un organisme gouvernemental, d'une
corporation municipale ou de toute autre personne qu'il identifie les risques
de sinistre qui peuvent découler de ces activités, etc. Quelles
personnes vise cet article autres qu'une corporation municipale, organisme
gouvernemental, etc.? Toute autre personne, c'est-à-dire tout citoyen
peut recevoir une demande du bureau pour identifier des risques de sinistre qui
peuvent découler de ces activités. S'il ne le fait pas, il est
soumis à une amende.
Le Président (M. Dussault): Pour M. le ministre.
M. Bédard: Ce sont les entreprises qui, par leurs
activités, peuvent apporter des risques, par exemple, les fabricants
d'explosifs, les fabricants de produits chimiques toxiques. Cela peut aller
jusqu'à, je pense, un organisme comme l'Hydro-Québec qui
construit des barrages et qui devrait collaborer avec le bureau dans la mise
sur pied de plans de mesures d'urgence en cas de rupture de barrage.
M. Lalonde: Allez-vous vous intéresser à la
question de la sécurité au travail, par exemple, les grands
chantiers comme l'Hydro-Québec, la confection de barrages?
M. Bédard: Non, ce n'est pas nécessairement une
question de sécurité au travail. C'est une question de voir si
les activités de l'entreprise ou de la personne en question peuvent
provoquer, dans le territoire immédiat où elle est située,
des risques...
M. Lalonde: ... de sinistre. M. Bédard: ... de
sinistre.
M. Lalonde: Vous dites que ce n'est pas nécessairement de
la sécurité au travail. Est-ce que cela n'est pas du tout de la
sécurité au travail...
M. Bédard: Ce n'est pas du tout...
M. Lalonde: ... qui est régie par une autre loi.
M. Bédard: Ce n'est pas du tout... D'ailleurs, j'ai fait
un amendement.
M. Lalonde: Pardon?
M. Bédard: II n'a jamais été dans notre
intention...
M. Lalonde: Non, non.
M. Bédard: ... que cela regarde la sécurité
au travail.
M. Lalonde: ... questions à cela. M. Bédard: Non,
non. Je le sais. M. Lalonde: ... mauvaises intentions. M. Bédard:
Non, non. Je le sais.
M. Lalonde: C'est parce qu'il s'agit d'un pouvoir très
grand qui entraîne une responsabilité pénale et qui est
décrit d'une façon très large. Autrement dit, le bureau
il ne s'agit pas non plus de prêter de mauvaises intentions au
bureau et à ceux qui vont occuper les fonctions de directeur, il s'agit
de faire une loi qui circonscrit bien les pouvoirs qu'on crée.
M. Bédard: Qui ne donne pas plus de pouvoirs qu'on va en
donner.
M. Lalonde: Oui. Qu'on n'en donne pas plus... M. Bédard:
Qu'on veut en donner.
M. Lalonde: ... qu'on pense que c'est nécessaire.
M. Bédard: Oui, oui.
M. Lalonde: N'y aurait-il pas lieu de circonscrire davantage le
terme "personne". "Personne", c'est un terme très large. C'est personne
physique, morale. Donc, cela comprend vos industries d'explosifs. Parfait.
C'est efficace, mais il me semble que cela va un peu trop loin. Un bureau qui
me demandait d'identifier les risques de sinistre qui peuvent découler
de mes activités...
M. Bédard: Parlementaires. M. Lalonde: ...
parlementaires...
M. Bédard: Je pourrais faire un traité
là-dessus.
M. Lalonde: Ce n'est pas grave. Le seul sinistre qui pourrait
arriver, c'est la défaite du gouvernement et ce n'est pas un
sinistre.
M. Bédard: Et vous le dites comme si cela n'arrivera
jamais. Vous le savez, d'ailleurs.
M. Lalonde: Si le bureau va voir un simple citoyen et lui demande
d'identifier les risques de sinistre qui découlent de ses
activités, il ne le fait pas tout simplement. A ce moment-là,
vous pouvez le poursuivre. Le seul fait qu'il ne l'ait pas fait, qu'il ait
refusé d'obtempérer à votre réquisition enfreint
l'une des dispositions de la présente loi. Il est susceptible de payer
une amende. Il me semble que c'est un peu large. Y aurait-il moyen de dire
d'identifier les industries à caractère de dangero-sité ou
quelque chose comme cela?
M. Bédard: Pourrait-on suspendre quelques instants et nous
verrions quelle formulation pourrait répondre à un objectif
poursuivi par le député de Marguerite-Bourgeoys que j'endosse
également?
Le Président (M. Dussault): Avant d'en convenir, M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: J'appuie la proposition du député de
Marguerite-Bourgeoys. Je proposerais également qu'on regarde aussi
l'article 45 en même temps, auquel on a fait allusion. Là encore,
il y a de l'imprécision: Quiconque enfreint un règlement... Vous
savez que les règlements, à un moment donné...
M. Bédard: Mais si on en arrive à une heureuse
précision à l'article 13, cela va être assez facile de
savoir à qui s'applique l'article 45.
M. Cordeau: 45...
M. Bédard: II n'y aura plus d'ambiguïté
à ce moment-là. D'accord?
Le Président (M. Dussault): M. le ministre,
suggérez-vous de suspendre les travaux quelques minutes à
l'article 13 ou de suspendre...
M. Bédard: Nous pourrions continuer. Nous savons quelle
est la préoccupation qui anime tous les membres de cette commission et
nous allons demander à nos légistes de trouver la formulation
heureuse qui rejoint cette préoccupation.
Le Président (M. Dussault): D'accord. Y a-t-il
consentement de la commission pour suspendre l'article 13?
M. Lalonde: Consentement.
Le Président (M. Dussault): II y a consentement. L'article
13 est suspendu. J'appelle l'article 14.
M. Bédard: Article 14. Cette disposition s'inspire de
l'article 2 de la Loi de la protection civile et édicte que le bureau
pourra coopérer avec un gouvernement, un ministère ou un autre
organisme gouvernemental ou une autre personne soit au Québec, soit
ailleurs, et qui soient intéressés aux mesures d'urgence. Cet
article octroie également au bureau le pouvoir de conclure des ententes
avec eux. Il est clair que l'extension d'un sinistre n'est pas une chose
prévisible en soi. (15 h 45)
Dès lors, le bureau devra, s'il veut réaliser les
objectifs poursuivis, conclure des ententes ou tout au moins coopérer
avec d'autres gouvernements ou organismes, dans le cadre de la
réalisation d'un plan des mesures d'urgence qui corresponde aux besoins
du Québec et qui tienne compte de la réalité
géographique du Québec et de l'efficacité qu'on veut
donner à ces mesures, surtout si le sinistre s'étend
au-delà des frontières.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, seulement une remarque. Je
vais peut-être commencer par une approche un peu plus
générale. On emploie souvent les mots "peut" ou "doit" et j'ai vu
aussi le libellé suivant: "Pour remplir ses fonctions, le bureau
coopère avec un gouvernement, ministère, etc." Y a-t-il des
règles...
M. Bédard: Oui.
M. Lalonde: ... que le ministre ou ses adjoints peuvent nous
expliquer là-dessus, parce qu'il m'apparaît que le pouvoir de
coopérer... Moi, j'aurais mis "doit" dans mon ignorance de cet art tout
à fait spécial qu'est la législation. Il me semble que
j'aurais donné un devoir au bureau de coopérer.
M. Bédard: II peut...
M. Lalonde: On pourrait peut-être dire qu'il
coopère.
M. Bédard: II y a des obligations très
spécifiques qui sont faites au bureau, où on emploie la
phraséologie "doit". Par exemple, le bureau, à l'article
15 doit au plus tard au 30 juin de chaque année faire au ministre un
rapport des activités de l'année précédente. A
l'article 14, on emploie l'expression "peut coopérer". Ce n'est pas dans
le sens de...
M. Lalonde: S'il décide de ne pas coopérer, il dit:
Moi, je peux, mais je ne coopère pas.
M. Bédard: Ce n'est pas dans ce sens-là. Il me
semble qu'on n'a pas à lui faire l'obligation nécessairement de
coopérer avec un gouvernement, un ministère, un organisme
gouvernemental. Il peut le faire s'il le juge à propos.
M. Lalonde: Si c'est le désir du législateur de
n'en faire qu'un pouvoir. C'est une décision politique, mais je pose
justement la question: Ne devrait-on pas faire une obligation au bureau de
coopérer, alors qu'on lui en fait une de faire rapport, on lui en fait
une d'élaborer et de proposer une politique de prévention de
sinistre, etc. Je vous pose simplement la question. On a voulu rappeler
l'article 2 de la loi actuelle. On sait qu'elle était seulement... La
loi actuelle, il n'y en a pas dedans, alors qu'on veut faire une loi à
caractère positif. A ce moment-là, peut-être devrait-on en
faire une obligation.
M. Bédard: Je vous ferai remarquer qu'il y a des ententes
avec la Nouvelle-Angleterre, certains Etats limitrophes à l'heure
actuelle. On ne peut pas forcer le bureau à faire...
M. Lalonde: Une entente.
M. Bédard: ... des ententes avec eux s'ils ne veulent pas
en faire.
M. Lalonde: Excusez-moi. Cela va seulement pour le premier
alinéa, pas le deuxième. Qu'ils puissent conclure des ententes,
c'est parfait. On ne peut pas les obliger à conclure des ententes, mais
quand il s'agit de coopérer, il m'apparaît que la
coopération est une vertu qu'on doit encourager. En tout cas, je n'en
fais pas un cas. Si vous pensez que c'est inutile de...
Le Président (M. Dussault): L'article 14 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 15.
M. Bédard: L'article 15 est un article usuel.
M. Lalonde: Oui. J'ai seulement une question. Vous n'avez pas
beaucoup d'explications à donner là-dessus. C'est le rapport
annuel. Mais pourquoi le 30 juin, alors que l'Assemblée nationale
on le sait très bien ne siège pas avant le mois d'octobre
suivant et qu'on a une obligation de le sou- mettre dans les 30 jours? Si on
peut mettre le 30 avril, cela, donnerait au ministre l'occasion de le
déposer à l'Assemblée nationale immédiatement.
M. Bédard: De montrer rapidement tous les effets
bénéfiques d'une loi comme celle-là.
M. Lalonde: C'est cela.
M. Bédard: L'année financière se terminant
le 31 mars c'est l'année financière cela donne au
bureau le temps de préparer un rapport qui est habituellement
imprimé et on va au service des achats et aux soumissions. C'est un
délai assez rapide. Cela va?
M. Lalonde: Cela va.
Le Président (M. Dussault): L'article 15 est-il
adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 16.
M. Bédard: Article 16. Le Président (M.
Dussault): M. le ministre. Etat d'urgence
M. Bédard: Cette disposition a pour but de permettre au
gouvernement en cas de sinistre de décréter l'état
d'urgence dans l'ensemble ou dans une partie du Québec pour une
période qu'il indique, mais qui ne pourra excéder 30 jours. De
plus, le ministre de la Justice pourra décréter seul
l'état d'urgence, mais pour une seule période n'excédant
cependant pas deux jours. Le décret d'urgence permettra au gouvernement
ou au ministre de la Justice d'intervenir à l'intérieur de la
zone sinistrée pour y protéger les personnes et les biens, y
appliquer les programmes d'urgence et les mesures extraordinaires
prévues à l'article 20, mais cependant, avec les nuances que j'ai
apportées par les amendements annoncés, à savoir qu'il y a
certaines mesures extraordinaires dont le ministre ne peut demander
l'application qu'après une autorisation judiciaire conformément
aux amendements que je vous ai soumis tout à l'heure. Cet article est
important s'il est essentiel pour permettre la mise en oeuvre efficace des
plans et programmes de mesures d'urgence lorsque survient un sinistre.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde:... j'aurais une question sur les 30 jours. On peut
fort bien imaginer une situation qui ne peut être corrigée, donc,
qui requiert l'application de programmes de mesures d'urgence pendant 30 jours.
Mais au moment de...
M. Bédard: On pourrait vous donner le cas de
Saint-Jean-Vianney, par exemple. Cela a duré plus de 30 jours
l'état d'urgence sur un territoire donné, parce que...
M. Lalonde: Oui... Ma question est la suivante, si vous me le
permettez. Au moment où le décret est fait, on ne sait pas
combien de temps cela va prendre pour corriger ou pour protéger, ou pour
combien de temps la menace du sinistre doit demeurer, soit une inondation ou
quelque chose de semblable. Le gouvernement, au moment où il passe un
décret, n'est-il pas dans l'inconnu, en fait, pour savoir si c'est 30
jours?
M. Bédard: Oui. Je pense que c'est assez normal de
prévoir qu'il est un peu dans l'inconnu...
M. Lalonde: Oui, oui.
M. Bédard:... parce que le sinistre, l'état
d'urgence arrive tout d'un coup. On n'est pas des devins. Quelque gouvernement
que ce soit peut difficilement prévoir combien de temps durera un
état d'urgence. Il faut mettre un délai, à un moment
donné. Je pense qu'un délai d'un mois, c'est le délai sur
lequel nous nous sommes arrêtés. Nous sommes toujours conscients
du fait qu'il y a d'autres dispositions dans la loi qui permettent, par
exemple, à un député, en temps de session, d'obliger
d'abord le ministre à déposer, dans les trois jours, à
l'Assemblée nationale le décret et d'amorcer un débat sur
le décret en question.
M. Lalonde: Oui.
M. Bédard: Ce qui veut dire que si le gouvernement a
émis un décret pour 30 jours, et que, après quinze jours,
il est manifeste à l'idée d'un député que
l'état d'urgence devrait être arrêté et que le
gouvernement ne le fait pas, il y a toujours la possibilité de la part
dudit député d'amener la question en discussion à
l'Assemblée nationale.
M. Lalonde: Je n'ai pas terminé. Je n'ai pas eu l'occasion
de présenter ma question. Ne serait-il pas plus sage, étant
donné le caractère exorbitant des pouvoirs qui sont
créés par ce décret, de prévoir un délai,
une période plus courte? On sait qu'elle est renouvelable. Même
les 30 jours sont renouvelables. Etant donné le caractère urgent
attendu prochainement, c'est moins urgent que je pensais, mais enfin
le caractère relativement urgent de cette décision, ne
devrait-on pas prévoir une période plus courte, mettons dix
jours? Dans les dix jours qui suivent, le gouvernement a amplement le temps de
se retourner et dire: C'est moins grave qu'on le pensait et les pouvoirs qu'on
a mis en vigueur, on n'aura pas à les...
M. Bédard: Sauf...
M. Lalonde: Une minute, s'il vous plaît!
M. Bédard: D'accord.
M. Lalonde:... exercer, à les maintenir plus de dix jours.
C'est parfait. Ou bien, si c'est plus long qu'on pensait, on donne une
prolongation de dix ou vingt jours additionnels.
M. Bédard: Sauf que la loi ne dit pas que le gouvernement
est obligé de fixer 30 jours.
M. Lalonde: Non, mais il peut.
M. Bédard: Le gouvernement peut dire, après une
évaluation sommaire: Normalement au bout de dix jours, on devrait voir
clair dans le cas de tel sinistre, par exemple.
M. Lalonde: On ne peut pas lui donner le pouvoir de 30
jours...
M. Bédard: S'il y a un sinistre, plutôt que
d'être obligé de revenir indûment et décréter
ou continuer à nouveau, en fait, des mesures... L'article est bien
précis. C'est le gouvernement qui indique la durée. Maintenant,
il ne peut pas aller au-delà de 30 jours.
Une Voix: Après 30 jours?
M. Bédard: II peut y avoir renouvellement, mais il
faudrait que les circonstances soient telles que le gouvernement soit capable
de justifier s'il y a lieu de renouveler. Il peut indiquer qu'il y a un
décret pour dix jours, dès que le gouvernement, quel qu'il soit,
se rend compte qu'il n'y a plus lieu d'avoir un état d'urgence, c'est
à lui d'agir rapidement, comme c'est à lui d'agir rapidement
lorsqu'il y en a un.
M. Lalonde: M. le Président.
M. Bédard: Je pense qu'il faut laisser un peu de place au
bon jugement, quand même.
M. Lalonde: Naturellement, on laisse de la place au bon jugement,
mais ce n'est pas la question. La question est la suivante. Comme
législateur, si on veut faire la meilleure loi possible et si le
gouvernement est prêt à vraiment démontrer sa
préoccupation de ne créer ces situations exceptionnelles de
pouvoirs exorbitants qu'avec beaucoup de circonspection, il me semble que ce
serait un endroit où le ministre pourrait facilement être
d'accord...
M. Bédard: Ce n'est pas...
M. Lalonde: ... pour démontrer encore l'avantage que cela
n'enlève aucune efficacité. On le sait on ne
légifère pas sur la lune. On sait très bien que le
gouvernement du Québec, il y a 50 ans, probablement, se
réunissait une fois tous les mois, mais traditionnellement, le
gouvernement du Québec, en 1979/1980, se réunit toutes les
semaines, bon an mal an.
M. Bédard: Je veux bien être cornpréhensif
à cet égard. Je veux être réaliste également.
On
prévoit déjà que pour un maire, ce sera seulement
une journée, pour le ministre de la Justice, ce n'est que deux jours.
Cela commence à être déjà assez près des
instances gouvernementales, quand même. Pour un gouvernement, qu'on lui
donne la possibilité de se servir de son jugement sur une période
de 30 jours, ce qu'il juge le mieux à propos, il me semble qu'il faut se
garder une certaine marge de manoeuvre. Je n'en fais pas une question de vie ou
de mort, mais je serais certainement plus réceptif au fait de raccourcir
le délai maximal s'il n'y avait pas les amendements que nous apportons
concernant l'exercice des pouvoirs. On est à même de constater,
d'après les amendements que nous avons apportés, qu'il y a
seulement certains pouvoirs qui pourront être exercés par le maire
ou encore par le ministre, mais dès que ce sont des pouvoirs pas mal
plus importants, plus exigeants, cela prend une autorisation judiciaire. Je
pense qu'avec cette protection additionnelle que nous nous sommes donnée
au niveau de l'exercice des pouvoirs, on pourrait permettre une plus grande
marge de manoeuvre à un gouvernement.
M. Lalonde: Le contrôle par l'Assemblée nationale
est relatif, parce que tout d'abord, l'assemblée ne siège pas
durant toute l'année et, hors session, c'est illusoire. Pendant la
session, c'est beaucoup plus efficace, oui, quoique c'est encore relatif. C'est
le débat politique. Ce n'est pas la révision judiciaire
objective.
M. Bédard: Si cela peut amener une information
supplémentaire au député de Marguerite-Bourgeoys, on s'est
reféré à la Loi de la protection de la santé
publique, on y prévoit un délai de 30 jours. Alors, je me dis: On
est pas mal...
M. Lalonde: ... en cas d'épidémie?
M. Bédard: Les pouvoirs sont beaucoup plus extraordinaires
dans la Loi de la protection de la santé publique. Cela se comprend
aussi. Je pense que c'est une situation, dans la Loi de la protection de la
santé publique, comme ailleurs, qu'on ne peut pas prévoir. On se
donne une marge de manoeuvre.
Le Président (M. Dussault): L'article 16 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté. (16 heures)
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 17.
M. Bédard: L'article 17 est similaire à l'article
16 en ce qui concerne l'application des règles d'état d'urgence
sur un territoire municipal. Il permet au conseil d'une municipalité ou
au maire de décréter l'état d'urgence j'ajoute la
possibilité d'exercer certains pouvoirs, mais tels que balisés
par les amendements dont j'ai fait état tout à l'heure
seulement pour une période de 24 heures.
Cependant, l'article édicte que le maire doit aviser le ministre
au plus tôt de l'état d'urgence et lui transmettre une copie
certifiée du décret, pour ses besoins de...
M. Cordeau: M. le ministre, après 24 heures, si
l'état d'urgence persiste encore, et que c'est le maire qui l'a
décrété, que va-t-il advenir?
M. Bédard: Un ministre peut...
M. Cordeau: Si vous avez 24 heures pour rejoindre le
ministère et agir...
M. Bédard: Je pense que dans de pareils cas, c'est
évident que toute loi a ses...
M. Cordeau: ... j'essaie un peu de... M. Bédard: Je
vous comprends. M. Cordeau: Lorsque le...
M. Bédard: D'ailleurs, ce sont les mêmes
interrogations que nous nous sommes faites, concernant l'exercice de certains
pouvoirs, parce qu'on veut assurer le plus possible le respect des droits et
libertés individuels. D'un autre côté, il faut quand
même... les citoyens ont le droit d'exiger que nous soyons efficaces dans
un cas de sinistre lorsque la vie de personnes est en danger.
M. Cordeau: Le vendredi, le samedi et le dimanche, les...
M. Bédard: On doit communiquer avec le bureau. Le bureau
trouvera toujours le moyen de communiquer avec le ministre. Il y a des agents
de liaison sur le territoire aussi qui sont en contact avec le maire dès
qu'il y a un décret. Il y a également des préposés
d'urgence 24 heures par jour à la Protection civile. Alors, il y a tout
ce qu'il faut pour que le ministre ou son représentant soit
informé rapidement.
M. Cordeau: Le maire qui va recevoir cela, si c'est dangereux, il
va se demander...
M. Bédard: II connaît son agent de liaison et son
directeur de région. Alors, il va être même en relation avec
lui continuellement, assez fréquemment, c'est-à-dire, dans la
préparation des plans et mesures, les programmes et mesures
d'urgence.
Le Président (M. Dussault): L'article 17 est-il
adopté?
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 18.
M. Bédard: Cet article précise les
éléments qu'un décret d'état d'urgence doit
contenir. Ainsi, un tel décret doit identifier le sinistre et les
principales mesures d'urgence dont l'application est
envisagée; il doit indiquer la partie du territoire
québécois ou municipal qui est déclarée une zone
sinistrée et la durée prévue de l'état d'urgence.
Compte tenu que le décret entraîne des effets importants et permet
l'utilisation de certains droits, hors de ceux octroyés par le droit
commun, il est important qu'il contienne certains éléments
d'information essentielle à la conduite des personnes concernées
par ce décret.
Soulignons que cet article est complété par les articles
24 et 25 qui indiquent les règles de publicité du décret,
et par l'article 22 concernant le dépôt d'un décret
adopté par le gouvernement devant l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Dussault): L'article 18 est-il
adopté?
M. Bédard: Cela devait être sommaire. Ce sont des
indications je pense qu'on peut en convenir tout de suite qui
vont être sommaires, parce que...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: On va voir à l'article 20, plus tard, qu'il y
a une ambiguïté possible, à savoir qui prend les
décisions. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, dans le décret, de
déterminer... parce que le décret est fait, soit par le ministre,
par la corporation municipale, par le maire, ou le gouvernement; et ensuite, on
voit, à l'article 20, que c'est soit le ministre, le directeur du bureau
ou le maire.
M. Bédard: C'est parce qu'on essaie de tenir compte que
cela peut être l'une ou l'autre de ces personnes.
M. Lalonde: J'ai beaucoup de difficulté, M. le
Président, à terminer mes phrases.
M. Bédard: Mon Dieu! Allez.
M. Lalonde: Je comprends que le ministre bondit devant mes
désirs...
M. Bédard: Vos traits de génie.
M. Lalonde: II faudrait quand même qu'on me laisse
terminer.
Vous voyez, à l'article 20, que, dès que l'état
d'urgence est décrété, c'est le ministre de la Justice, le
directeur du bureau ou le maire qui prend toutes les dispositions
nécessaires pour ordonner, diriger, coordonner l'application des mesures
d'urgence, assurer la protection des personnes, la sauvegarde des biens. A
cette fin, il peut c'est l'un ou l'autre par lui-même ou
par une personne autorisée, etc... Là arrivent tous les
pouvoirs.
Est-ce qu'il ne serait pas bon que ce soit bien dit qui a les pouvoirs
et non pas de laisser cela entre deux ou trois personnes qui peuvent prendre ou
peuvent ne pas prendre les décisions? L'ambiguïté dans la
décision que je crains, quand cela va être dans le champ, dans un
cas d'urgence, c'est de savoir est-ce qu'on démolit la maison? Si le
bureau est là, le directeur est là et dit: Oui, je veux la
démolir, et le maire dit: Non, je ne veux pas la démolir, et le
ministre n'est pas là.
M. Bédard: Je ne crois pas qu'il y ait
d'ambiguïté... S'il y a une démolition de maison, si c'est
le maire qui a décrété l'urgence, il est obligé,
d'abord, d'avoir l'autorisation du pouvoir judiciaire.
M. Lalonde: C'est toujours ça.
M. Bédard: Si c'est le ministre, c'est la même
chose, le gouvernement également.
M. Lalonde: ... une mobilisation, là.
M. Bédard: Si l'état d'urgence ne dure qu'une
journée, en fonction de la loi décrétée par un
maire, c'est durant cette journée que le maire a les pouvoirs.
Autrement, si c'est plus qu'une journée, c'est parce que le ministre
aura accepté de prolonger à deux jours. A ce moment-là, il
y aura nécessairement un transfert de responsabilité, à
mon humble avis.
M. Lalonde: Vous venez de répondre à une question,
mais, avant d'aller plus loin, consultez; je ne suis pas sûr que, dans
l'article 20, c'est ce que cela dit. Lorsque le décret, quiconque a fait
le décret... Dès que l'état d'urgence est
décrété, que ce soit le ministre, que ce soit le maire, ou
le maire prolongé par le ministre ou le ministre prolongé par le
gouvernement, c'est le ministre, le directeur et le maire qui ont la
responsabilité de prendre des décisions. C'est là que
vient l'ambiguïté. L'état d'urgence peut aussi bien avoir
été décrété par le gouvernement sur le
territoire d'une municipalité, et le maire décide de prendre cela
en charge. Il semble y avoir une ambiguïté dans la
responsabilité et il me semble que c'est cela qu'on doit éviter
dans l'action concrète, immédiate. Qui fait quoi? Qui prend
quelle décision?
M. Bédard: Nous prenons bonne note de ces
représentations en fonction de l'article 20 qui s'en vient.
M. Lalonde: C'est juste au cas où on croirait bon
d'indiquer dans le décret qui a le pouvoir. Ce serait peut-être
une façon de le faire. Ou bien de dire, à l'article 20, que c'est
celui qui fait le décret qui a le pouvoir.
M. Bédard: C'est cela, à l'article 20.
Le Président (M. Dussault): L'article 18 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 19.
M. Bédard: L'objet de cet article, M. le Président,
est de donner au ministre le pouvoir de requérir d'un ministère,
d'un organisme gouvernemental, d'une municipalité ou de toute autre
personne, lorsque l'état d'urgence est décrété, que
ces intervenants mettent en application leur plan ou leur programme de mesures
d'urgence dont il a été question lors de l'étude de
l'article 13. Cet article permet également au ministre et ce,
dans le but d'assister une municipalité de prendre en charge
l'application de mesures d'urgence visées à l'article 17 ou
même d'ordonner au bureau de prendre en charge l'application desdites
mesures. Il faut bien considérer dans ce cas que le bureau est un
organisme spécialisé dont le rôle est d'assister les
municipalités et la population en cas de sinistre.
Cet article n'a pas pour objet d'enlever leurs droits aux
municipalités mais de donner au ministre la faculté d'intervenir
lorsqu'une municipalité n'est pas en mesure de le faire.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: J'aurais seulement une question. Pourquoi le ministre
et non pas le bureau? La loi crée un bureau, lui donne, en fonction des
budgets qui pourront y être consacrés, les ressources
nécessaires pour faire ce qu'on a décrit à l'article 11,
à l'article 12. On donne aussi, à l'article 20, le pouvoir au
directeur... Encore là, pourquoi le directeur et non pas le bureau?
C'est peut-être une question de rapidité de décisions, pour
ne pas être obligé de consulter le conseil d'administration du
bureau, etc. Pourquoi, tout à coup, le ministre? Quels pouvoirs...
M. Bédard: ... arrive dans le portrait.
M. Lalonde: ... c'est lui qui, d'abord, ira dire à une
municipalité ou à un organisme gouvernemental: Mettez en action
votre plan, qu'il ne connaît pas, de toute façon, parce que c'est
le bureau qui fait le quotidien. On ne peut pas demander au ministre de
connaître le plan.
Deuxièmement, si l'état d'urgence a été
décrété suivant l'article 17, c'est le conseil d'une
corporation municipale ou un maire, le ministre peut prendre en charge
lui-même l'application. Il me semble que cela devrait appartenir au
bureau. Non?
M. Bédard: Je pense qu'il y a une responsabilité
ministérielle et une discussion entre hommes qui est nécessaire
lorsque...
M. Lalonde: C'est la loi qui est le patron ici, ce n'est pas le
ministre ni le bureau, c'est la loi qui dit que le bureau a le pouvoir de dire
à une municipalité: Mettez votre plan d'urgence en application.
Dans le cas où c'est fait en vertu de l'article 17, le bureau dit: Bon,
je prends en charge l'application des mesures d'urgence, admettons que la
municipalité ne l'a pas fait. Enfin, le ministre pourra se mettre les
pieds là-dedans s'il le veut, mais, à sa place, je confierais
cela au bureau.
M. Bédard: Je vous remercie de protéger ma
fonction. Je pense qu'il s'agit, à ce moment-là, d'un
échange sur un même pied entre élus du peuple; le maire de
la municipalité est un élu de la population; normalement, le
ministre aussi. C'est bien pratique, ces difficultés de communication
qu'il y a souvent entre l'organisme technocratique tel quel et le maire qui,
lui, a plutôt tendance à vouloir discuter avec la personne en
autorité.
M. Lalonde: A l'article 13, on n'a pas eu ces
velléités et ces appréhensions. On dit que c'est le bureau
qui peut requérir, sous peine d'amende on le verra plus tard
d'une corporation municipale qu'elle identifie les risques de sinistre,
etc., et qu'elle soumette son plan. Le bureau établit ses lignes de
communication avec la municipalité en général, cela
va très bien sauf que cela entraîne des coûts et il
va y avoir une certaine résistance dans certains cas; il peut y avoir
des coûts rattachés à cela, quand même...
M. Bédard: Très minimes. M. Lalonde: Assez
minimes.
M. Bédard: Dans un cas, nous sommes à une
époque où l'état d'urgence est
décrété, tandis que, dans l'autre, où le bureau
demande aux municipalités de collaborer, non seulement demande, mais
exige d'une municipalité... Il n'y a pas d'état d'urgence
décrété, ce sont des pouvoirs spécifiques qu'on
doit donner au bureau si on veut vraiment qu'il soit efficace et si on veut,
d'autre part, que les municipalités aient cette préoccupation de
préparer, en collaboration avec le bureau, les plans et programmes
d'urgence en cas de sinistre.
M. Cordeau: Mais l'article 19 ne fait allusion qu'au cas
où l'état d'urgence est décrété.
M. Bédard: On est dans l'action à l'article 19.
M. Cordeau: L'article 19 ne fait allusion qu'au cas où
l'état d'urgence est décrété.
M. Bédard: Oui, dans l'action.
Le Président (M. Dussault): L'article 19 est-il
adopté?
M. Bédard: Ce n'est pas une préoccupation, pour le
ministre qui occupe la fonction présentement, de se voir dans le
portrait, loin de là, mais...
M. Cordeau:... je vous vois fort bien...
M. Bédard: C'est plutôt une expérience
vécue jusqu'à maintenant, la suite que je donne à des
représentations qui ont été faites par les membres
de la protection civile eux-mêmes, par le sous-ministre responsable de la
protection civile.
Le Président (M. Dussault): Je redemande si l'article 19
est adopté.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté.
Etant donné qu'il est 16 h 26 et que, dans quatre minutes, nous
devrons suspendre la séance pendant ? dix à quinze minutes pour
permettre le changement d'un ruban pour l'enregistrement, je suggère
à la commission de suspendre immédiatement la séance pour
ne pas couper le débat sur l'article 20.
Une Voix: Oui, parce que cela va être un article
important.
Le Président (M. Dussault): Parfait. La commission suspend
ses travaux pour dix à quinze minutes.
Suspension à 16 h 13
Reprise à 17 h 5
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, messieurs!
Nous allons reprendre les travaux de la commission. Avant d'entamer
l'étude des autres articles, pour faire suite à la demande de
remise de documents qu'a faite ce matin, M. le député de
Saint-Hyacinthe, le président de l'Assemblée nationale, M.
Clément Richard, consent à ce que soit remise aux membres de la
commission copie du protocole d'entente. Je vais voir à ce qu'elle vous
soit distribuée. Ceci dit, nous revenons au projet de loi...
Une Voix: ...
M. Lalonde: Oui, mon cher, je me fais pousser un "pinch"
d'abord.
Le Président (M. Dussault): Je tiens à vous faire
remarquer que tout cela est enregistré.
M. Lalonde: Ne vous réjouissez pas.
M. Bédard: Je n'ai rien dit, sauf de constater que...
Une Voix: ...
Le Président (M. Dussault): Au moment de la suspension des
travaux, nous avions adopté l'article 19. J'appelle maintenant l'article
20.
M. Bédard: Tel que je l'ai mentionné dans mon
propos au début des travaux de cette commission, nous aurions un
amendement à l'article 20 pour remplacer l'article 20 par les suivants:
"20. Dès que l'état d'urgence est décrété,
le ministre, le directeur ou le maire prend toutes les dispositions
nécessaires pour ordonner, diriger ou coordonner l'application des
mesures d'urgence, assurer la protection des personnes et la sauvegarde des
biens dans la zone sinistrée. 20.1 Pour l'application de l'article 20,
le ministre, le directeur ou le maire peut, notamment, par lui-même ou
par une personne qu'il autorise spécialement: a) demander ou autoriser
l'aide et le concours d'une personne selon ses moyens; b) diriger ou interdire
la circulation des véhicules ou des personnes; c) pourvoir, le cas
échéant, au maintien ou au rétablissement des services
qu'il indique; ou d) utiliser et requérir les biens et services
nécessaires pour préserver la vie, la sécurité ou
l'intégrité physique des personnes, déterminer ou
coordonner l'utilisation de ces biens et, le cas échéant,
déterminer le prix de ces biens. Le maire ne peut accomplir les actes
visés dans le paragraphe d) qu'après avoir reçu
l'autorisation du ministre. 20.2Une personne visée dans l'article 20
peut aussi, par requête instruite et jugée d'urgence, obtenir
l'autorisation d'un juge de la Cour provinciale ou d'un juge de la Cour
supérieure d'accomplir les actes suivants: a) enjoindre des personnes,
dans le délai qu'il leur fixe, d'évacuer un lieu qu'il indique;
ou b) procéder totalement ou partiellement à la démolition
ou à l'enlèvement de bâtiments ou d'autres biens ou
enjoindre à des personnes de le faire."
Le Président (M. Dussault): M. le ministre, je remarque
que... J'avoue n'avoir jamais vu, dans ma courte carrière de
président de commission, une numérotation comme celle-là.
Habituellement, nous faisons 20a et 20b.
M. Lalonde: II faut innover.
M. Bédard: S'il y a un impair qui a été
commis, avec la refonte des lois, ce sera corrigé à ce
moment-là.
Le Président (M. Dussault): Je vous pose la question
puisque votre expérience est évidemment plus grande que la
mienne. Vous avez été président de commission...
M. Bédard: Je vous remercie de votre prérequis.
Le Président (M. Dussault): De toute façon,
ça ne porte quand même pas à faire la renumérotation
du projet de loi.
M. Bédard: C'est une idée de la manière
qu'on va procéder peut-être...
Le Président (M. Dussault): Vous nous annoncez des
nouvelles.
M. Bédard: La justice est à l'avant-garde, comme
d'habitude.
Le Président (M. Dussault): Je reçois cet
amendement que nous propose M. le ministre de la Justice. Sur l'amendement.
M. Bédard: Cette disposition-là fait état
des moyens que le ministre, le directeur ou le maire peut prendre lorsqu'un
état d'urgence est décrété, pour ordonner, diriger
ou coordonner l'application des mesures d'urgence et assurer la protection des
personnes et la sauvegarde des biens dans les zones sinistrées. Je ne
pense pas qu'il soit nécessaire, l'article étant suffisamment
explicite, d'aller plus avant, à moins qu'il n'y ait des questions
précises de la part de l'Opposition.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Si vous me permettez, j'aurais quelques
précisions à demander. Entre autres, le sens du mot "notamment".
Je voudrais qu'on me rassure à savoir si c'est limitatif ou si c'est un
exemple; autrement dit, s'il y a d'autres pouvoirs qui ne sont pas
écrits, mais on a notamment le droit.
M. Bédard: Ce n'est pas limitatif comme tel, de par le
libellé. Il est évident qu'il pourrait exercer d'autres pouvoirs.
Je pense que l'article est suffisamment explicite concernant l'ensemble et la
structuration des pouvoirs et des possibilités pour les uns et pour les
autres, personnes responsables, de les exercer, pour les guider sur les
pouvoirs dont ils peuvent se prévaloir à l'occasion d'une
urgence.
M. Lalonde: Vous comprenez le sens de ma demande?
M. Bédard: Oui.
M. Lalonde: L'article 20.1 est lu en liaison avec l'article 20.
Dans 20, on dit ceci: "Dès que l'état d'urgence est
décrété, le ministre, le directeur ou le maire il y
aurait peut-être une ambiguïté à enlever, j'en ai
parlé tout à l'heure prend toutes les dispositions
nécessaires pour ordonner, diriger ou coordonner l'application des
mesures d'urgence on parle des mesures d'urgence, suivant les plans qui
ont déjà été inscrits et adoptés
assurer la protection des personnes et la sauvegarde des biens dans la zone
sinistrée..."
Pour l'application de l'article 20, dit-on à l'article 20.1, le
ministre peut notamment demander ou autoriser l'aide... Autrement dit, si les
mesures d'urgence qui sont contenues aux plans exigent des pouvoirs
exorbitants, des pouvoirs qui ne sont pas usuels, autres que ceux qui sont
décrits à l'article 20.1, est-ce que ces pouvoirs existent,
est-ce qu'ils sont créés par la loi? C'est ça, ma
question.
M. Bédard: Normalement, il doit agir en fonction des
programmes, comme vous l'avez spécifié, mis au point pour les
mesures d'urgence. On ne peut pas localiser l'endroit où va se produire
le sinistre; quand des travaux préparatoires de prévention se
font en collaboration avec la municipalité, à ce
moment-là, on ne peut pas prévoir où il va y avoir un
sinistre. Il est évident qu'il y a peut-être certains plans qui
sont prévus, qui vont être susceptibles de changer, selon que le
sinistre est à une place plutôt qu'à une autre. Il va
falloir, à un moment donne, que les autorités concernées
s'ajustent aux événements.
M. Lalonde: M. le Président, je vais interrompre
maintenant le ministre, parce que je pense que je n'ai pas été
assez clair dans ma question.
On donne, à l'article 20, le pouvoir au ministre de prendre
toutes les dispositions nécessaires pour ordonner, diriger ou coordonner
l'application des mesures d'urgence, assurer la protection des personnes
c'est très, très large et la sauvegarde des biens"...
"Pour l'application de l'article 20, le ministre peut notamment", et suivent
des pouvoirs assez extraordinaires.
Est-ce que ça veut dire que le ministre a aussi d'autres pouvoirs
extraordinaires, mais qui ne sont pas écrits dans la loi, à cause
de l'emploi du mot "demande"?
M. Bédard: Je ne verrais pas qu'il puisse user de pouvoirs
extraordinaires, autrement que dans le cadre et dans l'esprit de ce qui est
édicté par l'article 20.1. On ne peut pas tout
prévoir.
M. Lalonde: Non, mais il y a des pouvoirs usuels...
M. Bédard: C'est ça...
M. Lalonde: ... on comprend...
M. Bédard:... si vous permettez, c'est qu'avec
l'expérience, on en est arrivé à cette liste,
premièrement, à la lumière des lois adoptées pour
le même objet dans d'autres provinces et, également à la
suite de l'expérience acquise par ceux qui sont sur le terrain, au
niveau de la protection civile, depuis plusieurs années et qui ont
réussi à identifier les endroits et les situations où ils
ont des difficultés particulières. Entre autres, leur
expérience les amène à conclure que lorsqu'il s'agit
d'évacuer des gens, c'est vraiment une difficulté
particulière qui se présente très souvent et il faut
prévoir des choses dans la loi là-dessus. Lorsqu'il s'agit de
démolir des propriétés, ils font souvent face à des
objections et ça se comprend de la part des
propriétaires concernés. A ce moment, on assujettit ces deux
pouvoirs à l'autorisation judiciaire, mais on ne peut pas identifier
tous les pouvoirs. (17 h 15)
M. Lalonde: Je vais en identifier un, si vous le permettez. Vous
avez enlevé, dans le nouveau libellé, ce qui existe ou existait
jusqu'à maintenant à l'article 20b: "Autoriser une personne
à pénétrer en tout lieu pour assurer la
sécurité d'un sinistré ou pour protéger les biens
qui s'y trouvent." Vous l'avez enlevé. C'est une opinion que je vous
demande, mais je pense bien que comme ministre de la Justice et avec les
conseillers que vous avez, vous pouvez me répondre, parce que c'est
important.
M. Bédard: D'accord.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre qui a, notamment, les pouvoirs
de a), b), c), d) etc., aurait le pouvoir d'autoriser une personne à
pénétrer ou à pénétrer lui-même,
peut-être pas le ministre, mais ses représentants, en tout lieu
pour assurer la sécurité d'un sinistré, puisque, dans
l'article 20, on vient de dire que le ministre prend toutes les dispositions
nécessaires pour assurer la protection des personnes et la sauvegarde
des biens? Autrement dit, étant donné surtout l'emploi du mot
"notamment", est-ce qu'on n'a pas conservé ce pouvoir et d'autres que
j'ignore?
M. Bédard: Non, je ne crois pas. Si c'est le mot
"notamment" qui vous inquiète, on peut l'enlever.
M. Lalonde: Est-ce que c'est exact de dire que "notamment"
enlève le caractère limitatif qu'on aurait dans l'article si on
ne l'avait pas?
M. Bédard: Cela se pourrait, oui.
M. Lalonde: Cela ouvre la porte à autre chose, c'est un
peu comme "par exemple".
M. Bédard: Disons que vous avez un incendie et pour
circonscrire le lieu cela arrive régulièrement à
des pompiers il faut pénétrer dans des immeubles voisins,
à proximité; c'est évident qu'on n'a pas besoin de parler
de ces pouvoirs dans la loi, les pompiers les ont. En soi, le désir de
circonscrire un sinistre doit nécessairement permettre de prendre les
moyens pour le circonscrire raisonnablement.
M. Lalonde: Dans quelle loi ce pouvoir d'un pompier d'aller
pénétrer sans permission dans un immeuble voisin existe-t-il?
M. Bédard: C'est en vertu de la sécurité
publique... La Loi d'interprétation.
M. Lalonde: La Loi d'interprétation, bon, alors c'est
déjà créé dans une loi; on n'a pas besoin de le
mettre ici. Si on enlève le mot "notamment", on circonscrit les pouvoirs
à ceux qui sont décrits là. Il me semble que c'est le
temps d'émettre tous les pouvoirs extraordinaires, c'est le temps de les
étudier, non que je sois contre le fait qu'il y ait des pouvoirs
extraordinaires, c'est une loi exception- nelle, mais il ne faut pas ouvrir la
porte à n'importe quoi.
M. Bédard: Non et ce n'est pas notre intention non plus.
Enfin, on n'est jamais trop prudent, le "notamment", on va tout simplement le
biffer; il n'y a aucune objection, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): II y a consentement de la
commission pour biffer le mot "notamment" sans passer par le processus
d'amendement. Le mot "notamment" ainsi que la virgule qui précède
et la virgule qui suit disparaissent.
M. Lalonde: Mon autre question, M. le Président, si on me
le permet.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: On a remplacé le mot "requérir", dans
le paragraphe a) actuel de l'article 20, par le mot "demander". Est-ce que
ça affaiblit l'article ou est-ce que ça fait bien comprendre que
celui qu'on demande d'aider n'a pas le choix, que c'est une mobilisation et que
le refus est une infraction à la loi et entraîne la
pénalité de l'article 45?
M. Bédard: On l'a atténué, "demander"
constitue une atténuation. On essaie de concilier, ça rejoint les
deux préoccupations qu'on doit toujours avoir à l'esprit, ce
n'est pas facile de faire une loi des mesures d'urgence. D'un autre
côté, il existe des sinistres, il existe des situations d'urgence
et je pense qu'en termes de société responsable et de
gouvernement responsable, on se doit de les prévoir. Les citoyens ont le
droit de s'attendre à ça. Ils ont le droit de s'attendre qu'on
fasse une loi qui soit la plus efficace possible, de la même façon
que l'ensemble des citoyens ont le droit de s'attendre qu'on fasse la loi en
ayant toujours à l'esprit la sauvegarde des droits et libertés
individuels, mais je pense que c'est un des exemples qui montrent que ce n'est
pas toujours facile à concilier, l'efficacité dans une loi. Je
pense que, si on se place sous l'angle des mesures d'urgence où quand
même il peut y avoir des vies en cause, il serait sûrement plus
indiqué d'employer le mot "requérir", si on se place sous l'angle
des droits et libertés individuels. On peut s'orienter vers une
atténuation qui est de remplacer "requérir" par "demander".
M. Lalonde: Je pose ma question... D'abord, la signification
politique, d'accord, mais il y a aussi à savoir... Si on ne requiert
plus, ce n'est plus une réquisition à ce moment-là, ce
n'est plus un pouvoir extraordinaire. Tout le monde a le droit de demander
à quelqu'un de l'aider, alors pourquoi mettre ça dans les
pouvoirs extraordinaires?
M. Alfred: M. le Président, puis-je apporter une
lumière pour le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Eblouissez-moi.
M. Alfred: Le Petit Robert définit le mot "demander"
ainsi: "Faire connaître à quelqu'un ce qu'on désire obtenir
de lui, exprimer un désir, un souhait, etc." Et il est dit plus loin,
dans le Petit Robert: "Implorer, prier, supplier; quémander, presser,
solliciter." Et on va encore plus loin: "Prétendre à,
réclamer, requérir, revendiquer". Donc, le mot "demander" a un
sens plus large.
M. Lalonde: Donc...
M. Alfred: M. le Président, comme M. le
député a fait son droit, il est avocat, il sait manier le verbe,
je suis sûr qu'il va accepter la définition donnée par le
Petit Robert.
M. Lalonde:...
M. Alfred:... Oui, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: J'accepte tout ce que le Petit Robert me dit, sauf
que, dans la définition du mot "demander", on a le mot "requérir"
et le ministre, je pense, est d'accord avec d'autres pour dire que le mot
"demander" est plus faible et moins exceptionnel. Dans le mot
"requérir", il y a le sens de réquisition, d'exiger. On peut
difficilement être condamné à une amende pour refuser une
demande, alors qu'on pourrait être condamné à une amende
pour ne pas obéir à un ordre de mobilisation.
Une Voix: ...
M. Lalonde: ... à savoir est-ce que, si c'est maintenant
demandé, est-ce que ça appartient à la catégorie
des droits exceptionnels?
M. Bédard: J'écoute justement avec beaucoup
d'attention les représentations du député de
Marguerite-Bourgeoys et si on veut le placer, et c'est l'esprit de la
législation dans des pouvoirs exceptionnels, si on veut penser aussi
à l'efficacité de la loi, je pense qu'il y aurait lieu de changer
le mot "demander" par "exiger". Le droit d'exiger...
M. Lalonde: Sans cela, on ne pourrait pas faire condamner
quelqu'un pour avoir refusé une demande.
M. Bédard: Cela me semble... On en est à chaque mot
et je pense que c'est très important. Alors, je demanderais, M. le
Président, de remplacer le mot "demander" par "exiger".
M. Lalonde: Alors, vous allez plus loin que requérir.
C'est exceptionnel, si on est dans la catégorie des droits
exceptionnels.
Le Président (M. Dussault): II s'agirait de changer,
à l'article 20.1a), le mot "demander" par "exiger".
M. Lalonde: M. le Président, est-ce que...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, oui... Est-ce qu'il y a...
M. Lalonde: On demande quelques secondes.
M. Bédard: Si nous hésitons, c'est parce que nous
nous posons une question à l'effet de savoir si l'objectif que nous
tentons de poursuivre, d'être efficace avec la loi lorsqu'il s'agit de
demander les services d'une personne, si on ne retrouve pas ce pouvoir au
paragraphe d), lorsqu'on parle d'utiliser et de requérir les biens et
services nécessaires. Est-ce que...
Le Président (M. Dussault): Souhaiteriez-vous que l'on
suspende la séance quelques secondes, M. le ministre, le temps de
clarifier la question?
M. Bédard: Parfait.
Le Président (M. Dussault): Alors, nous suspendons les
travaux pour quelques secondes. M. le ministre.
M. Bédard: Au paragraphe a), l'esprit du
législateur était de mettre l'accent sur le mot
"autorisé"; il est bien clair qu'à partir du moment où
quelqu'un a le droit d'autoriser l'aide et le concours d'une personne, il a
sûrement le droit, cela se fait même préalablement, de lui
demander. Je pense que... A ce moment-là, il y aurait lieu de biffer
"demander ou".
Le Président (M. Dussault): II s'agirait de biffer les
mots "demander ou".
M. Bédard: Le paragraphe a) se lirait comme suit:
"autoriser l'aide et le concours d'une personne selon ses moyens". Au
paragraphe d), on retrouve la possibilité pour une personne responsable,
en autorité de requérir les biens et les services
nécessaires pour préserver la vie, la sécurité",
etc. Quand on requiert les services, cela implique nécessairement que ce
sont les services d'une personne.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que la commission est
d'accord pour biffer à a) les mots "demander ou".
Une Voix: Pour remplacer par quoi? M. Lalonde: Par
rien.
Le Président (M. Dussault): C'est accepté, biffer
les mots "demander ou" au paragraphe a). Y a-t-il d'autres interventions sur
l'amendement, c'est-à-dire de remplacer l'article 20 par les
suivants?
M. Lalonde: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: II s'agirait de la question de déterminer le
prix des biens qui ont été réquisitionnés, en fait.
Est-ce qu'il ne devrait pas y avoir un appel, un peu comme dans
l'expropriation? Parce que c'est une expropriation. Je comprends que ça
peut être relativement...
M. Bédard: Votre préoccupation se retrouve à
l'amendement que nous allons apporter à l'article 40...
M. Lalonde: II y a un appel là-dessus.
M. Bédard: ... où on prévoit que ce sont les
règles de droit commun qui s'apliquent. "Le gouvernement ou, le cas
échéant, la corporation municipale, indemnise, en tenant compte
du préjudice subi, le propriétaire d'un bien utilisé ou
réquisitionné, conformément à l'article 20.1" Le
libellé de cet article veut implicitement dire que ce sont les
règles du droit commun, ce qui veut dire que, s'il veut faire appel
d'une décision gouvernementale ou municipale, il peut le faire.
M. Lalonde: II me paraîtrait que les derniers mots du
paragraphe d) sont un peu superflus. Si on a un principe, dans un article tout
à fait séparé, comme quoi il y a un droit à
l'indemnisation, aux dommages, que ce soit le ministre qui détermine le
prix ou non, cela me paraît superflu; en fait, cela a probablement
été ajouté alors qu'on n'avait pas le paragraphe 40. (17 h
30)
Le Président (M. Dussault): Pour les fins du journal des
Débats, les travaux ne sont pas suspendus, c'est qu'il ne se passe rien
pour le moment.
M. Lalonde: Non, il se passe quelque chose, le ministre
réfléchit! Mais ça ne s'imprime pas.
Le Président (M. Dussault): Je parle de ce qui devra se
dire officiellement. M. le ministre.
M. Bédard: Nous préférons le garder, M. le
Président.
M. Lalonde: Je sais bien que vous préférez le
garder, puisque vous l'avez mis, mais, quand même, c'est un peu court
comme disait...
M. Bédard: Comme disait Cyrano de Bergerac: c'est un peu
court, jeune homme!
M. Lalonde: II est évident que si, d'un côté,
vous donnez le pouvoir à l'article 40...
M. Bédard: C'est que, dans l'article 40, on parle d'un
préjudice; au paragraphe d), on parle de requérir un service,
celui qui requiert le bien ou le service peut d'office dire très
précisément ce qui va être offert. Si le prix offert en est
un qui est raisonnable, ça règle la question. L'article 40
s'appliquera, une fois la détermination du prix ou de l'offre faite; si
ce n'est pas suffisant, il y a toujours la possibilité pour le citoyen
d'avoir recours en vertu du droit commun.
M. Lalonde: Je regrette, M. le Président, mais je pense
que le ministre fait erreur. Vous avez, d'une part, un principe à
l'article 40.1, nouvel article offert en amendement par le ministre, le
principe suivant, à savoir que le gouvernement ou, le cas
échéant, la corporation municipale indemnise le
propriétaire d'un bien utilisé ou réquisitionné
conformément à l'article 20.1. On arrive à l'article 20.1
et, justement, dans le paragraphe d) où on parle de biens
utilisés ou réquisitionnés, on dit que c'est le ministre
qui détermine le prix. Il va arriver devant le juge et il va dire: J'ai
le droit d'être indemnisé, l'article 40.1 me le dit, mais c'est le
ministre qui fixe le prix et le juge ne peut pas aller plus loin que ce que la
loi dit. Il ne pourra pas dire: Suivant la valeur marchande ou le
préjudice, la perte encourue, la valeur de remplacement... Il n'y a
même pas de principe, c'est le ministre qui décide combien. Votre
appel est tout à fait illusoire, c'est le ministre qui dit combien
ça vaut. Cela me paraît plus court. Si vous enlevez les
dernières phrases...
M. Bédard: "... et, le cas échéant,
déterminer le prix de ces biens...".
M. Lalonde: Si vous enlevez ça, le principe qui est
inscrit au nouvel article 40.1 donne le loisir à la victime de
s'adresser aux tribunaux pour être dédommagée.
M. Bédard: Au lieu de "déterminer", "offrir un prix
pour ses biens." C'est parce que le citoyen, quand même, qui, à un
moment donné, voit utiliser son bien ou dont on requiert les services a
quand même le droit au départ d'avoir une offre et il faut que ce
soit très clair qu'il ne le fait pas gratuitement. Il doit avoir une
assurance très précise que, si on prend son bien, il va y avoir
une indemnisation. Il faut se mettre dans la situation que ce ne sont pas tous
ceux dont on va requérir les biens ou les services qui sont au courant
de tout l'ensemble de la loi. Ils n'ont pas la loi 28 dans leur poche. On
voudrait, dès le départ, que ce soit clair que les citoyens
auront une compensation pour le bien dont on requiert l'usage et qu'ils auront
aussi une compensation pour leurs services. Plutôt que d'employer le mot
"déterminer", nous allons le changer par les mots "pour offrir un prix
pour ces biens".
M. Lalonde: M. le Président, je comprends que les citoyens
ne connaissent pas nécessairement tous les détails de la loi,
mais le bureau aura comme fonction d'informer la population s'il y a une
urgence.
M. Bédard: D'informer, oui.
M. Lalonde: Je pense que le ministre devrait faire confiance un
peu au service de...
M. Bédard: Je lui fais confiance, mais je sais que,
même si on y met des efforts et de la bonne
volonté, on ne peut jamais complètement informer tout le
monde.
M. Lalonde: D'accord, admettre qu'il y en a qui ne le savent pas.
Il reste qu'il m'apparaît dangereux, qu'il m'apparaît
indésirable que, dans une loi, on donne le pouvoir soit au ministre,
soit au bureau... C'est le directeur qui peut offrir... Il peut engager le
gouvernement pour $100 000 d'un seul trait. Pour une maison démolie, on
offre $100 000 dans le feu de l'action, sans jeu de mots.
M. Bédard: La situation contraire peut se
présenter, j'en conviens.
M. Lalonde: J'ai absolument besoin de démolir ta maison,
sans cela, le feu, l'incendie va se propager au reste de la ville. Je t'offre
$100 000. Le directeur, le ministre ou le maire sont-ils réellement bien
qualifiés pour faire cette offre-là dans l'excitation du moment,
pour engager la corporation municipale ou le gouvernement? Cela ne donne rien
de plus, parce qu'il ne sera pas payé maintenant. Son droit d'être
payé, il est à l'article 40. On peut facilement dire: J'ai besoin
de démolir ta maison. Je vais demander au juge cet après-midi. A
16 heures, j'ai la permission. Voici: La loi te permet d'être
indemnisé, mais ce ne sera pas demain que tu auras ton chèque.
Même si je t'offrais $100 000, cela ne veut pas dire que tu auras $100
000. Peut-être que le juge va dire $50 000. Cela m'apparaît...
M. Bédard: J'admets que, dans le feu de l'action, il peut
y avoir aussi le danger de surévaluation soit des services ou
soit...
M. Lalonde: On pourrait, à l'article 40.1, préciser
davantage la façon de déterminer le dommage. Cela pourrait
être les mêmes principes que ceux de l'expropriation, par
exemple.
M. Bédard: A ce moment-là, il faudrait s'en tenir
à ce que les personnes responsables qui connaissent la loi vont trouver
le moyen d'assurer la personne dont on requiert les biens et les services
qu'elle sera indemnisée convenablement, c'est tout. Ce n'est pas
nécessaire que ce soit dans la loi, autrement dit. J'imagine que ceux
qui auront la responsabilité de l'application de la loi, s'ils
requièrent les services ou les biens d'une personne vont trouver le
moyen de l'informer qu'elle pourra être indemnisée et que la loi a
des dispositions dans ce sens-là. Ce n'est pas nécessaire, je
pense, de le mettre dans la loi.
M. Lalonde: On enlèverait tout simplement
"déterminer le prix de ses biens".
M. Bédard: D'accord.
M. Lalonde: J'ai une autre question, si vous me permettez. On va
passer...
M. Alfred: M. le Président, sur la même
question...
Le Président (M. Dussault): D'accord, mais avant que vous
passiez à une autre question, sur ce qui était en débat,
M. le député de Papineau.
M. Alfred: J'allais dire que je partage les mêmes
interrogations sur ce chapitre-là que le député de
Marguerite-Bourgeoys concernant la fixation du prix.
M. Lalonde: ... sérieusement.
Le Président (M. Dussault): Ce ravissement passé,
je céderai la parole à M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je pense que le ministre vient de proposer d'enlever
les derniers mots du paragraphe d) qui commencent par "et, le cas
échéant, etc." jusqu'à la fin.
M. Bédard: C'est exact.
Le Président (M. Dussault): II s'agirait de rayer les mots
"déterminer le prix de ces biens".
M. Lalonde: Non...
Le Président (M. Dussault): II y aurait donc un point
après les mots "le prix de ces biens".
M. Bédard: C'est cela. M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Dussault): II s'agit de soustraire "et,
le cas échéant, déterminer le prix de ces biens". Il y a
accord de la commission?
M. Lalonde: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Ces mots seront
rayés.
M. Lalonde: J'ai une autre question. Excusez-moi.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: J'aurais des explications à demander au
ministre concernant le paragraphe d). Vous dites: "Utiliser et requérir
les biens et services nécessaires pour préserver la vie". En bas,
vous dites, en plus de cela: "Le maire ne peut accomplir des actes visés
dans le paragraphe d) qu'après avoir reçu l'autorisation du
ministre. " Pour préserver la vie, s'il faut qu'il prenne une
décision assez rapide. S'il faut qu'il s'adresse... Cela ne doit pas
être dans ce cas-là.
M. Bédard: On essaie de faire une loi. Vous revenez avec
le dilemme dans lequel on est toujours placé.
M. Cordeau:... cela va bien, mais pour préserver la
vie...
M. Bédard: D'avoir une loi efficace, au point que cela
peut amener à des abus et, d'autre part, d'avoir une loi pour
éviter des abus et faire des obligations...
M. Cordeau: Parce que la vie, c'est autre chose que de
préserver des biens matériels. La vie, c'est quelque chose. La
personne a le temps de mourir avant d'avoir l'autorisation du ministre.
M. Lalonde: Vous dramatisez, le ministre...
M. Bédard: Vous êtes en train...
M. Cordeau:... à côté de vous, M. le
député...
M. Bédard: Je trouve cela assez drôle, parce que
vous êtes en train de dramatiser comme on dramatisait au début de
l'étude de ce projet de loi.
M. Cordeau: Préserver la vie, cela me semble...
M. Bédard: Enfin, il y a des choix à faire, des
règles et des précautions qui se doivent d'être
prises...
M. Cordeau: ... préserver la vie, il y a seulement ce
bout-là.
M. Bédard: ... au nom de la sauvegarde des droits. J'ai la
même préoccupation que vous.
M. Cordeau: Le reste, c'est très bien... J'accepte le
reste, mais cela aussi...
Le Président (M. Dussault): Y a-t-il d'autres
interventions sur l'amendement à l'article 20? M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président...
M. Bédard: Si la commission... Je ne veux pas me donner
plus de...
M. Lalonde: ... je voudrais féliciter le ministre d'avoir
restreint un peu l'exercice de ses pouvoirs exceptionnels. Il n'y a aucun doute
que pour l'interrogation du député de Saint-Hyacinthe, avant de
réquisitionner au fond c'est cela, on a changé le verbe
avant d'obliger quelqu'un à mettre à la disposition des
services d'urgence ses biens et ses services, ce qui est une exception assez
brutale à la règle générale, il faut que le
ministre se soit impliqué, que ce soit une espèce de garantie de
police d'assurance pour la population que ce ne soit pas n'importe quel maire,
celui d'une municipalité de 1500 âmes, qui soit capable de faire
cela même souvent sans préparation. Je suis parfaitement d'accord
avec cela. Il s'agira pour le ministre d'établir des services efficaces
pour que, lorsqu'il y a un décret d'urgence, il ait son
représentant sur place pour ne pas qu'il y ait délai.
L'autorisation pourrait venir par télégramme, appel
téléphonique. Vous allez trouver des... (17 h 45)
M. Bédard: Enfin, cela peut être verbal; c'est
évident.
M. Lalonde:... la preuve. Puisque je réponds à
votre question, M. le Président, s'il y a d'autres remarques, je pense
aussi que 20.2 répond à une des interrogations les plus
sérieuses que nous ayons exprimées lors de la deuxième
lecture, entre autres un contrôle sur l'exercice de ces pouvoirs
exceptionnels.
Le ministre a décidé de suggérer de contrôler
non pas l'émission du décret, à savoir s'il est bien
fondé ou non, ce qui aurait pu être une façon de le faire,
m'a-t-on expliqué, à cause du fait que c'est une décision
administrative qui ne doit pas nécessairement encourir la
révision d'un juge ou être soumise à la décision
d'un tiers.
Je suis prêt à accepter cette façon de voir les
choses. Alors, à la place de ce contrôle du décret, on
contrôle l'exercice du pouvoir lui-même, ce qui est, en fait...
M. Bédard: C'est le problème...
M. Lalonde: ... c'est là qu'est notre problème,
c'est le recours à l'exercice. Je pense que cet article 20.2 change
considérablement la portée de la loi sans la restreindre trop. Il
donne à tous les citoyens une garantie que les abus seront probablement
très exceptionnels, si jamais il y en a.
M. Bédard: C'est cela. Disons que l'exercice de la loi
elle-même, on ne désire pas de sinistre pour la mettre en
application. Loin de moi est cette pensée, mais j'imagine qu'il reste
quand même que ce sont des choses possibles. On est à même
de le constater continuellement. L'exercice de la loi elle-même, dans des
situations bien précises nous permettra peut-être
d'évaluer, de faire une évaluation qui nous amènera
à certains amendements, s'il y a lieu.
Le Président (M. Dussault): L'amendement avec les
modifications à l'article 20.1 est-il adopté?
M. Lalonde: II est adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Est-ce que le
nouvel article 20 est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Merci. Est-ce que le nouvel
article 20.1 est adopté, tel que modifié?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Est-ce que
l'article 20.2, le nouvel article 20.2 est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 21.
M. Lalonde: M. le Président, avant d'aller à
l'article 21, je voudrais simplement dire qu'étant donné que le
ministre lui-même a fait référence au nouvel article 40.1,
je lui ferais remarquer que l'article 41 ne fait référence
qu'à l'article 20.1, c'est-à-dire l'indemnisation des services et
des biens.
M. Bédard: Nous allons vérifier.
M. Lalonde: II ne parle pas du tout de l'article 20.2, où
vous avez des démolitions de maisons. Est-ce que c'est l'intention du
législateur de ne pas indemniser?
M. Bédard: Non, c'est voulu, cela.
M. Lalonde: Alors, il n'y aura pas d'indemnisation pour la
démolition d'une maison?
M. Bédard: Non, cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas
d'indemnisation, mais je pense que vous avez pu voir au début de la loi
que nous prévoyons la possibilité pour le gouvernement dans des
situations, selon l'évaluation des situations, d'indemniser, parce que
là, on ne sait pas trop où on va, en termes d'utilisation de
deniers publics.
Il y a des compagnies d'assurance qui peuvent être
impliquées. Je comprends que, si c'est seulement un sinistre pour une
maison, c'est une chose, mais là, on a une loi qui va s'appliquer
à toutes les situations qui vont se présenter. Si, demain, il y a
la moitié d'une ville qui passe au feu, quelles sont les
capacités gouvernementales? Je ne parle pas de notre gouvernement, au
moment où on est là. Il faut penser également en fonction
de l'avenir; quelles sont les capacités d'indemniser? Je pense que ce
sont des choses qui s'évalueront en tenant compte des situations.
M. Lalonde: En tout cas, M. le Président, je ne veux pas
faire de débat sur l'article 41.1 maintenant. Je voudrais simplement
faire remarquer au ministre, dans ses remarques de ce matin, qu'à la
page 3 du texte qu'il nous avait remis, il disait ceci: "Les
possibilités d'indemnisation que je viens d'énumérer ont
pour objet de démontrer que c'est le désir du gouvernement
d'indemniser" il me semble que c'est déjà pas mal fort
"dans des limites raisonnables".
M. Bédard: C'est cela.
M. Lalonde: Je poursuis la lecture. "Toute personne subissant un
dommage en raison d'un sinistre". Ce n'est même pas jusque-là que
je lui demande de réfléchir. Ce sont les personnes subissant un
dommage en raison de l'application d'une mesure d'urgence. Il y a une
différence entre la maison qui passe au feu par hasard, et la
décision d'en démolir une.
M. Bédard: II reste quand même que...
M. Lalonde: Dans la société, ce qui donne le droit
de démolir une maison n'a pas l'obligation correspondante d'indemniser
celui qui va perdre son bien pour sauver le bien des autres. C'est une question
de philosophie qu'on devrait se poser avant de prendre une décision.
Enfin, je ne veux pas aller là tout de suite.
M. Bédard: En fait, on a voulu quand même
prévoir qu'il y aura des cas où le jugement des autorités
gouvernementales devra se faire. Je sais bien que, s'il s'agit d'une maison, il
n'y a pas de problème. Si, demain, c'est 40 maisons dont la
démolition est requise à l'occasion d'un sinistre, c'est une
autre chose. Demain, si une évacuation... Je ne peux pas imaginer le
sinistre, mais il faut quand même tout prévoir. Cela peut
être 10 000 personnes qu'il faut faire évacuer, une ville. C'est
arrivé dernièrement en Pennsylvanie. Est-ce qu'on doit, dans une
loi, engager d'avance le gouvernement à indemniser? Je pense que ce
sera, à ce moment, tenant compte de l'évaluation du sinistre, aux
autorités gouvernementales à prendre une décision globale
en tenant compte des capacités financières gouvernementales.
M. Lalonde: En tout cas, je ne vous réponds pas
maintenant. On va attendre d'arriver à l'article 40.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 21...
M. Bédard: C'est pour cela d'ailleurs que j'ai bien
spécifié "dans les limites". C'est l'intention du gouvernement
d'indemniser dans les limites raisonnables.
Pour ce qui est de l'article 21, le délai très court
pendant lequel le conseil d'une municipalité ou le maire d'une
municipalité peut décréter l'état d'urgence
nécessite la rédaction du présent article pour permettre
au gouvernement de prolonger l'état d'urgence que le conseil ou le maire
aurait décrété, si le gouvernement estime qu'à
l'expiration du délai de rigueur, la protection des personnes et des
biens requiert une prolongation du délai. Cette prolongation ne peut
cependant excéder trente jours. Egalement, pour ces raisons, le ministre
pourra décréter seul la prolongation d'un tel décret, mais
pour une période qui ne pourra en aucun cas excéder deux
jours.
M. Lalonde: J'avais préparé un amendement, mais,
compte tenu du contrôle judiciaire, des pouvoirs particuliers assez
exorbitants qui sont introduits, je suis prêt à accepter cet
article.
M. Bédard: D'accord.
Le Président (M. Dussault): L'article 21 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 22.
M. Bédard: Cet article a pour objet de permettre la
discussion à l'Assemblée nationale d'un
décret adopté en vertu de l'article 16. Cet article
s'inspire, tout en les simplifiant, de textes similaires déjà
inscrits dans la Loi de police et la Loi sur la protection de la santé
publique, lois qui comportent certains pouvoirs d'urgence.
M. Lalonde: Encore là, c'était un article qu'on
n'avait pas vu dans le projet de loi no 94. Je pense que, lors du débat,
il avait été fait mention de l'existence d'un tel contrôle
dans la Loi sur la protection de la santé publique.
M. Bédard: C'est cela. Nous reproduisons
l'intention...
M. Lalonde:... cet article dans la loi 28. Le Président
(M. Dussault): Adopté? M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 22 est
adopté. J'appelle l'article 23.
M. Bédard: Cet article permet au gouvernement par
décret de mettre fin en tout temps à l'état d'urgence
décrété, suivant les articles 16 ou 17, et ce, même
si la période fixée au décret initial d'état
d'urgence n'est pas expirée. Cet article permettra une meilleure
adaptation aux circonstances. Je pense qu'on a déjà eu une
discussion là-dessus.
M. Lalonde: Oui.
M. Bédard: Le gouvernement se donne une certaine marge de
manoeuvre. Maintenant, si, après dix jours, il n'y a plus d'état
d'urgence, je pense qu'il doit agir.
Le Président (M. Dussault): L'article 23 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 24.
M. Bédard: Cet article prévoit l'entrée en
vigueur du décret au moment de l'adoption. Il ne peut entrer en vigueur
à un délai fixe, ou même lors de la publication, puisqu'en
cas de sinistres graves, l'impression de la Gazette officielle du Québec
pourrait être retardée. De plus, cet article doit être lu de
concert avec l'article 25.
Le Président (M. Dussault): L'article 24 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté, étant donné justement le
caractère d'urgence...
M. Bédard: C'est ça.
M. Lalonde:... d'un décret, on ne peut pas en attendre la
publication dans la Gazette officielle.
M. Bédard: C'est ça.
M. Lalonde: Alors, exceptionnellement, je pense que c'est
acceptable que l'entrée en vigueur...
M. Bédard: ...
M. Lalonde: ... soit au moment de l'adoption, quitte à le
publier plus tard.
M. Bédard: C'est ça.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau:...date de publication dans un journal local?
M. Lalonde: A l'article 25, c'est ça qu'on...
M. Bédard: Le but de l'article 25, c'est qu'il est
nécessaire de prévoir que le ministre, le directeur, le maire ou
toute personne spécialement autorisée par l'un deux à
cette fin rende le décret public et ce, en utilisant le meilleur moyen
pour informer rapidement et efficacement la population de la zone
sinistrée.
Je pense que ça répond à votre interrogation.
M. Cordeau: Oui.
Le Président (M. Dussault): L'article 24 est-il
adopté?
M. Lalonde: II est adopté... Celui-là, c'est 25.
Le Président (M. Dussault): Adopté. M. Bédard:
25.
Le Président (M. Dussault): Je n'avais pas dit que
l'article 24 était adopté. Alors, adopté. J'appelle
l'article 25.
M. Bédard: Adopté. M. Lalonde:
Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 26.
M. Bédard: Cette disposition consacre la
préséance des articles 16 à 26 sur toute autre loi
générale ou spéciale ou tout règlement
adopté en vertu d'une telle loi. Cette préséance est
nécessaire compte tenu du fait que, lors d'un état d'urgence, ces
articles doivent recevoir leur application pleine et entière et ce,
même s'ils dérogent à certaines lois ou règlements
existants.
Le Président (M. Dussault): L'article 26 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 27.
M. Lalonde: A l'article 27, M. le Président, avec la
permission...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, oui.
M. Lalonde: ... de la commission, on a procédé
à l'adoption d'un nouvel article 20. J'avais posé des
questions... Je ne veux pas revenir là-dessus, naturellement, à
moins d'avoir la permission de la commission, mais j'avais posé des
questions sur l'ambiguïté, à savoir qui a le pouvoir, le
maire, le ministre ou le directeur?
M. Bédard: Oui...
M. Lalonde: Je pense qu'on a escamoté ça à
la fin. Est-ce que cela a été réglé?
M. Bédard: Oui, c'est... Il y aurait lieu... De
consentement, nous allons revenir à cet article.
M. Lalonde: Oui.
M. Bédard: Justement pour faire suite à la
discussion que nous avons eue sur ce sujet, nous aurions un amendement à
l'article 18 qui aurait pour effet d'insérer, dans la troisième
ligne, après le mot "urgence", les mots "la personne responsable des
mesures d'urgence".
Le Président (M. Dussault): La personne responsable des
mesures d'urgence?
M. Lalonde: Est-ce qu'on est responsable des mesures ou de
l'application des mesures? Je ne sais pas, là. Peut-être est-ce
inutile. Cela va sans dire.
Le Président (M. Dussault): II s'agirait donc
d'insérer, dans la troisième ligne, après le mot
"urgence", les mots "la personne responsable des mesures d'urgence", avec une
virgule avant les mots "la personne responsable des mesures d'urgence".
M. Lalonde: D'accord, adopté. M. Bédard:
D'accord?
Le Président (M. Dussault): Cet amendement est
adopté?
M. Lalonde: Adopté. M. Bédard:
Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. L'article 18,
tel qu'amendé, est adopté?
M. Bédard: Adopté. M. Lalonde:
Adopté.
Le Président (M. Dussault): Nous revenons maintenant
à l'article 27, à moins que la commission ne soit prête
à revenir à l'article 13 qui a été suspendu.
M. Bédard: Oui, nous sommes prêts.
Le Président (M. Dussault): Alors, nous revenons à
l'article 13.
Fonctions du bureau (suite)
M. Bédard: Encore là, pour faire suite aux
discussions sur cet article, l'amendement à l'article 13 aurait pour
effet de remplacer le premier... L'amendement a pour but de remplacer, à
l'article 13, le premier alinéa par les suivants, et je cite: 13: "Le
bureau peut, dans le délai qu'il fixe, requérir d'un
ministère, d'un organisme gouvernemental, d'une corporation municipale
ou de toute autre personne dont les activités sont susceptibles de
causer un sinistre, d'identifier les risques de sinistre par rapport à
leurs activités ou par rapport au territoire soumis à leur
juridiction. "Le bureau peut requérir également de l'un d'eux
qu'il lui soumette son plan et son programme de prévention des sinistres
et de mesures d'urgence et qu'il désigne un responsable pour
l'application de ce plan et programme."
Autrement dit, nous avons qualifié les personnes par le biais des
activités. C'est pour ça que nous avons indiqué "de toute
autre personne dont les activités sont susceptibles de causer un
sinistre".
M. Lalonde: Autrement dit, s'il y avait une telle
réquisition... (18 heures)
M. Bédard: L'individu qui se promène dans la
rue...
M. Lalonde: ... il est poursuivi en vertu de l'article 45. Il se
défend en démontrant que ses activités ne sont pas
susceptibles de causer un sinistre.
Il y a seulement une chose, au deuxième alinéa: "Le bureau
peut requérir également de l'un d'eux...", en fait, c'est de l'un
ou de l'autre.
M. Bédard: On parle d'un ministère, d'un organisme
gouvernemental ou d'une corporation municipale.
M. Lalonde: Est-ce que l'expression "l'un ou l'autre" ne serait
pas plus... Il me semble que c'est limitatif "de l'un d'eux", c'est seulement
de l'un d'eux.
M. Bédard: II s'agit qu'il fasse plusieurs
réquisitions.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que cet amendement
à l'article 13, qui consiste à remplacer le premier alinéa
par deux paragraphes que je ne relirai pas, est adopté?
M. Bédard: Adopté. M. Lalonde:
Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Est-ce que
l'article 13 tel qu'amendé est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté tel
qu'amendé. J'appelle maintenant l'article 27.
Fonds de secours aux personnes
sinistrées
M. Bédard: M. le Président, c'est un des
éléments importants du projet de loi qui est de protéger
les personnes en cas de sinistre. Outre les moyens prévus par les
articles que nous venons d'étudier, il peut être utile de
prévoir un mécanisme de distribution de fonds aux personnes qui
auraient subi un préjudice en raison d'un sinistre. Ceci permet de mieux
atteindre les objectifs poursuivis. L'article 27 a donc pour but de
prévoir la constitution d'un fonds de secours aux personnes
sinistrées qui serait chargé de recueillir les dons du public et
de les distribuer aux personnes qui, au Québec ou ailleurs, auraient
subi un préjudice en raison d'un sinistre.
Ce fonds aurait par ailleurs l'avantage, si tout fonctionne bien,
naturellement, de pouvoir disposer rapidement de biens et pourrait apporter aux
sinistrés une aide efficace et rapide, ce qui n'est pas toujours le cas
présentement, vous le savez. J'ai des cas à l'esprit je ne
veux pas particulariser où cela prend des délais
énormes avant que les sinistrés aient quelque forme
d'indemnisation que ce soit, et je pense qu'il y a lieu de prévoir un
mécanisme très expéditif de ce
côté-là. Je pensais à Saint-Jean-Vianney, entre
autres.
M. Lalonde: M. le Président, je pense que c'est...
M. Bédard: Vous m'avez fait personnaliser, ce que je ne
voulais pas faire.
M. Lalonde: Je pense que ce serait sûrement
désirable...
M. Bédard: C'est peut-être parce que c'est un cas de
ma région que je l'avais particulièrement à l'esprit, mais
je pense que l'expérience qui a été vécue là
nous permet de penser qu'elle ne doit pas se renouveler ailleurs. Les
difficultés qu'on a rencontrées dans ce sinistre peuvent
être les difficultés qu'on rencontre dans d'autres sinistres;
c'est pour cela que nous pensons à un mécanisme plus rapide pour
disposer des biens du public.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, vous nous disiez que vous étiez prêt
à adopter l'article 27?
M. Lalonde: Oui, justement, parce que je pense qu'il est bon
qu'il y ait une certaine rationalisation parce que dans ces cas,
généralement, la sympathie du public se trouve provoquée
de façon soudaine et s'il n'y a pas de véhicule, souvent, il y a
beaucoup de gaspillage ou d'inefficacité.
M. Bédard: C'est cela. Il y a plusieurs petits fonds qui
se font ici et là et, à la fin du compte, la coordination n'est
pas là.
M. Lalonde: A LaSalle, il y a un sinistre qui s'est produit il y
a plusieurs années et les gens ne savent même pas encore quoi
faire de ce qui reste, parce qu'il n'y a pas de loi qui détermine de
quelle façon ça doit se faire.
M. Bédard: On pourrait peut-être formuler le souhait
que tous ces fonds qui traînent à l'heure actuelle, et qui ne sont
pas utilisés soient versés au fonds officiellement
créé par cette loi.
M. Lalonde: Est-ce que cela va être administré par
le gouvernement?
M. Bédard: Non.
M. Lalonde: Donc, cela va être efficace. M.
Bédard: Si vous faites référence à... M.
Lalonde: ...
M. Bédard: J'imagine que vous faites
référence à votre temps.
M. Lalonde: Je fais confiance au fonds. M. Bédard:
C'est inefficace.
Le Président (M. Dussault): L'article 27 est-il
adopté? Adopté. J'appelle l'article 28.
M. Bédard: Cette disposition fait du fonds une
corporation, au sens du Code civil, avec les implications usuelles que cela
entraîne. L'article accorde au fonds l'autonomie nécessaire
à la réalisation des buts fixés par le projet. Alors, il
s'agit d'une corporation au sens du Code civil.
Le Président (M. Dussault): L'article 28 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 29.
M. Bédard: Cet article concerne l'endroit où doit
être établi le siège social du fonds et les endroits
où le fonds pourra tenir ses séances. L'endroit, c'est celui
déterminé par le gouvernement.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 29 est
adopté. J'appelle l'article 30.
M. Bédard: L'article 30 confie l'administration du fonds
à trois personnes, dont le directeur du Bureau de la protection civile
et deux autres administrateurs nommés pour un mandat renouvelable de
cinq ans.
M. Lalonde: Est-ce que le gouvernement ne pourrait pas faire
preuve d'un peu plus d'imagination? Etant donné que ce sont des fonds
recueillis de dons du public, est-ce qu'on ne pourrait pas faire nommer les
administrateurs par les donateurs, un peu comme les actionnaires du fonds, les
membres du fonds?
M. Bédard: C'est parce qu'il y a une permanence au niveau
de la constitution des administrateurs du fonds. Peut-être, en prenant
note de la suggestion du député de Marguerite-Bourgeoys, y
aurait-il lieu de penser à une présence d'un représentant
du public qui pourrait être nommé, sans être
nécessairement permanent.
M. Lalonde: Excusez-moi; ce n'est pas un poste à temps
plein, si je comprends bien?
M. Bédard: Non.
M. Lalonde: Je ne vois pas comment ça pourrait
l'être, administrer un fonds à trois, il y a déjà un
directeur qui...
M. Bédard: Non, le seul permanent va être le
directeur.
M. Lalonde: Oui, donc, c'est à temps partiel; il va
peut-être y avoir des émoluments attachés à la
fonction, mais il pourrait y avoir une forme de proposition spécifique
à faire de consultation du public ou un représentant du
public.
M. Bédard: Comme je l'ai fait dans bien des organismes que
nous avons instaurés jusqu'à maintenant je pense au
Conseil de la magistrature où le gouvernement a pensé à ce
que le public soit représenté; je pourrais apporter d'autres
exemples également dans ce genre de fonds, je pense qu'il y aura
lieu d'avoir la préoccupation, pour le ministre responsable, que le
public y soit représenté.
M. Lalonde: Si on ajoutait tout simplement " ... dans la mesure
du possible, un représentant des donateurs "?
M. Bédard: C'est parce que...
M. Lalonde: Un représentant des donateurs, ça ne
veut pas dire...
M. Cordeau: Est-ce que, à l'intérieur de ce fonds,
il peut y avoir un certain fonds distinct pour certains sinistres? Il peut y en
avoir un au Lac-Saint-Jean, où ce seront plutôt les gens de cette
région qui y contribueront, il peut y en avoir un...
M. Bédard: Disons que si on a affaire au règlement
d'un sinistre en particulier, peut-être serait-il à propos que le
représentant du public soit quelqu'un de l'endroit. C'est pour ça
qu'il faut se garder pas mal de souplesse là-dessus.
M. Cordeau: A l'intérieur de ce fonds global, il peut y
avoir plusieurs fonds, s'il y a eu quatre sinistres durant l'année?
M. Bédard: C'est...
M. Lalonde: Je pense que la question du député de
Saint-Hyacinthe est très pertinente; les gens vont donner en fonction de
soulager une misère qui est très près d'eux, de leur
région.
M. Bédard: Oui, bien spécifique.
M. Lalonde: Alors, même sans dire qu'il faudrait avoir des
fonds, mais en le disant ici à la commission parlementaire et en le
souhaitant, je me joins au désir du député de
Saint-Hyacinthe qu'on considère la possibilité de faire des fonds
distincts pour représenter le désir d'une population
régionale donnée.
M. Bédard: Le désir d'un donateur de donner pour
une fin spécifique?
M. Lalonde: Pour une fin spécifique, oui.
M. Cordeau: Si vous le donnez au fonds global...
M. Lalonde: ...
M. Bédard: C'est pour ça que nous nous sommes
gardé beaucoup de souplesse; ça permettra à ceux qui ont
l'administration du fonds et au gouvernement en place de tenir compte de tous
ces facteurs que vous énoncez. D'accord?
M. Cordeau: Parfait.
Le Président (M. Dussault): L'article 30 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté, mais si, d'ici à la fin de
l'étude, le ministre pouvait arriver avec une suggestion pour le
représentant du public, on serait prêt à revenir à
cet article.
M. Bédard: Personnellement, j'ai toujours eu la
préoccupation, dans les organismes, de faire une représentation
du public. ... malheureusement pour vous. En tout cas.
M. Lalonde: ... liste électorale.
M. Bédard: Tout ce que je sais c'est que vous partez avant
moi du secteur de la justice, puisqu'on m'a dit qu'il y avait eu un remaniement
qui
affecte vos capacités à d'autres secteurs
d'activités.
M. Lalonde: ... le député de Saint-Laurent va me
remplacer à la commission parlementaire. On se retrouvera.
M. Bédard: Je sais que vos possibilités seront
affectées d'une façon particulière à d'autres
responsabilités. C'est dit très gentiment.
M. Lalonde: Mais je sais.
Le Président (M. Dussault): Les travaux de la commission
sont suspendus jusqu'à 20 heures.
Puisqu'il y a consentement de la commission pour continuer
jusqu'à 19 heures, j'appelle l'article 31.
M. Bédard: Cet article a pour but de permettre au
gouvernement de remplacer temporairement un administrateur devenu incapable
d'agir par suite d'absence ou de maladie afin que le fonds puisse en tout temps
remplir le rôle qui lui a été confié.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Article 31, adopté.
J'appelle l'article 32.
M. Bédard: Etant donné que le fonds est
administré par trois personnes, l'article 32 fixe le quorum du fonds
à deux membres et consacre la prépondérance du vote du
président en cas de partage égal des voix.
Le deuxième alinéa de cet article prévoit le cas
où un administrateur aura un intérêt personnel en rapport
avec une demande d'aide et lui impose de déclarer cet
intérêt et de s'abstenir de voter sur ladite demande. Cet
alinéa vise donc à préserver l'intégrité des
décisions du fonds.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 32 est
adopté. J'appelle l'article 33.
M. Bédard: Cet article vient préciser les
conditions d'authenticité des documents du fonds.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 33 est
adopté. J'appelle l'article 34.
M. Bédard: Cette disposition détermine la date de
la fin de l'exercice financier du fonds.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 34 est
adopté. J'appelle l'article 35. L'amendement est annoncé?
M. Bédard: Oui. L'amendement à l'article 35 est
pour remplacer le premier alinéa par le sui- vant: "Le Fonds doit faire
au ministre, au plus tard le 30 juin de chaque année, un rapport de ses
activités pour l'exercice financier précédent. Ce rapport
est vérifié par un vérificateur désigné par
le Fonds et comprend notamment le bilan et le compte de revenus et
dépenses."
Le Président (M. Dussault): Cet amendement est
reçu.
M. Bédard: C'est pour les motifs que j'ai exprimés
dans mes propos d'introduction aux travaux de cette commission.
M. Lalonde: N'y a-t-il pas, M. le Président, une
expression reconnue, "expert vérificateur"? Non. On la retrouve souvent,
pour être bien sûr que le vérificateur soit un expert.
M. Bédard: C'est la formulation qui nous permet de...
M. Lalonde: Non, parce que vous suggérez de remplacer
"comptable agréé" vous avez changé aussi la
formulation
M. Bédard: Oui.
M. Lalonde: ... par "vérificateur" seulement.
M. Bédard: C'est cela.
M. Lalonde: Ce n'est pas n'importe qui, j'imagine.
M. Bédard: Non, ce n'est pas nécessairement...
C'est en vertu des lois qui permettent aux gens de vérifier.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'amendement à
l'article 35 est adopté. L'article 35 tel qu'amendé est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 36.
Assistance financière
M. Bédard: A l'article 36, y a-t-il un amendement?
Le Président (M. Dussault): II y a un amendement
d'annoncé.
M. Bédard: L'amendement a pour but, à l'article 36,
d'ajouter à la sixième ligne, après le mot "Bureau", les
mots suivants: "ou à une corporation municipale".
M. Lalonde: Excusez-moi, votre amendement.
Le Président (M. Dussault): L'amendement consiste à
ajouter, à la sixième ligne de l'article 36,
après le mot "Bureau", les mots suivants: "ou à une
corporation municipale".
M. Bédard: Cela tient compte de la représentation
de deux municipalités.
M. Cordeau: Une corporation municipale, M. le ministre, doit
peut-être aussi comprendre les nouvelles corporations qui peuvent
être créées à la suite de l'adoption de la loi 125
sur l'aménagement du territoire.
M. Bédard: Oui, c'est cela.
M. Lalonde: Le ministre pourrait-il nous dire quel est le statut
des personnes qui ont apporté leur aide et leur concours lors d'un
sinistre pour ce qui concerne l'indemnisation? De par un amendement qui s'en
vient, je pense qu'il y a une nouvelle disposition, alors que le texte de
l'article 36 les traite encore comme étant possiblement les
récipiendaires d'un programme possible de secours? N'y a-t-il pas une
contradiction?
M. Bédard: C'est de l'assistance financière dont on
parle, en fait, des subventions.
M. Lalonde: Oui, mais il s'agit d'une aide financière aux
personnes qui ont subi un préjudice à l'occasion d'un sinistre ou
à celles qui ont apporté leur aide et leur concours lors d'un
sinistre. Etes-vous bien sûr que cette assistance financière ne
vient pas en contradiction avec la décision, d'autre part, d'indemniser
les personnes qui auraient apporté leur aide et leur concours, lors d'un
sinistre. (18 h 15)
M. Bédard: Le programme d'assistance financière est
laissé à la discrétion du gouvernement. Une personne qui
aurait subi un préjudice ou une autre personne pourrait, en cas de
dommage, réclamer une indemnité du gouvernement, même si
celui-ci ne donne pas une assistance financière.
M. Lalonde: Pouvez-vous me rappeler à quel article se
trouve cette indemnisation?
M. Bédard: L'indemnisation, ce sont les modifications
qu'on va...
M. Lalonde: Qui ne sont pas apportées encore.
M. Bédard: Elles ne sont pas apportées
encore...
M. Lalonde: C'est ce que je veux savoir.
M. Bédard: C'est l'article 40.1 pour ce qui est des
propriétaires de biens utilisés ou réquisitionnés.
Ensuite, il y a la loi visant à favoriser le civisme, 40.2, et 37 pour
l'application de la Loi des accidents du travail plus le droit
civil.
M. Lalonde: Vous ne voyez pas de contradiction entre ce nouvel
article 40.2 qui fait bénéficier ces personnes de la loi visant
à favoriser le citoyen...
M. Bédard: Ce n'est pas une cumulation.
M. Lalonde: ... et les dispositions d'aide financière.
M. Bédard: En fait, cela ne vient pas en contradiction,
c'est plutôt complémentaire. Quelqu'un peut avoir offert des
services, des biens peuvent avoir été requis de sa part, mais en
même temps il peut être un sinistré aussi.
M. Lalonde: C'est-à-dire, il ne s'agit pas de savoir si
c'est un sinistré. Par ma question je veux savoir si une personne qui a
aidé et qui a subi un préjudice dans l'exercice de son
assistance... Alors, l'article 40.2 ne couvre que la loi visant à
favoriser le civisme.
M. Bédard: Prévoit l'indemnisation.
Cela peut être complémentaire. On peut être en face
d'un individu qui a subi des dommages à ses biens, alors que ses biens
n'ont pas été réquisitionnés comme tels, donc pour
lesquels il n'y aurait pas d'indemnisation. La loi sur le civisme permet
l'indemnité jusqu'à concurrence de $1000 pour les biens. Il
pourrait se trouver des situations où quelqu'un, par exemple, sans
être réquisitionné aurait utilisé un bien d'une
valeur beaucoup plus considérable, l'aurait endommagé, ainsi de
suite, qui permettrait à la discrétion du gouvernement de
l'indemniser.
En somme, c'est complémentaire aux mesures de base qui sont
prévues par d'autres lois. Mais cela est laissé à la
discrétion du gouvernement.
M. Lalonde: Merci.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'amendement
à l'article 36 est adopté?
M. Lalonde: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté.
M. Lalonde: Tout en disant qu'on aura à discuter des
indemnisations plus loin, à l'article 42.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 36 tel
qu'amendé est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 37.
M. Bédard: Cet article vise à assurer une
protection de revenu ou une indemnité aux personnes qui, pour
prêter leur concours dans l'application de Sa loi, participent à
des cours de formation en matière de mesures d'urgence établies
ou approu-
vées par le bureau. Il prévoit donc que la Loi des
accidents du travail s'appliauera à cette personne et que le
gouvernement sera l'employeur présumé, à moins que
d'autres personnes ne soient alors l'employeur. Je pense que cela
s'inférait...
M. Lalonde: On ne couvre que les personnes qui participent
à un exercice, à un cours de formation.
M. Bédard: Oui, dûment accepté et
approuvé par le bureau.
M. Lalonde: Pourriez-vous nous expliquer la raison pour laquelle
vous n'avez pas couvert les personnes qui subissent un dommage dans l'exercice
de cette fonction par la Loi des accidents du travail, mais plutôt par la
Loi visant à favoriser le civisme? Quelle est la différence? Il
me semble que la Loi sur les accidents du travail est beaucoup plus
complète, beaucoup plus utile pour une personne, par exemple, qui est
blessée non pas au moment d'un cours de formation, mais au moment de
l'exercice d'une mesure d'urgence pendant un sinistre, pendant un état
d'urgence. Est-ce que cela pourrait pas être apparenté à un
accident de travail?
M. Bédard: La philosophie de la Commission des accidents
du travail est de s'appliquer aux travailleurs dûment
rémunérés.
M. Lalonde: Oui, je sais, habituellement, c'est fait pour
ça.
M. Bédard: Non, mais...
M. Lalonde: Mais on ne pourrait pas assimiler le travail du
volontaire bénévole même pas bénévole
à celui qui a été requis, qui a été
réquisitionné. Il n'a même pas le choix. S'il dit non, il a
une amende; s'il dit oui et qu'il se casse la hanche ou s'il devient
paralysé pour le reste de ses jours, que reçoit-il? Il a
$1000.
M. Bédard: C'est prévu dans la loi du civisme, M.
le député.
M. Lalonde: Bon, c'est ce que je voulais vous demander. Quelle
est la différence?
M. Bédard: Pour le civisme, c'est le régime
d'indemnisation de la Loi des accidents du travail. Si on les passe par ce
biais, c'est que la personne qui vient assister, finalement, fait un acte de
civisme et la procédure peut être plus avantageuse pour elle dans
sa réclamation.
M. Lalonde: Bon, c'était la question que je posais. Est-ce
que cette personne, cette victime, peut profiter des dispositions de la Loi des
accidents du travail? Vous me dites: Oui, par le biais de la loi...
M. Bédard: La loi du civisme qui débouche
sur...
M. Lalonde: ... qui tend à favoriser le civisme. M.
Bédard: ... la Loi des accidents du travail.
M. Lalonde: Donc, une telle personne qui, après avoir
été réquisitionnée et après avoir
donné son concours, serait blessée gravement avec une
incapacité permanente pourrait bénéficier d'une pension,
d'une indemnité en vertu de la Loi des accidents du travail qui serait
équivalente, qui serait calculée suivant le deuxième
alinéa...
M. Bédard: C'est cela.
M. Lalonde: ... que je trouve un peu discrétionnaire et
arbitraire, dans les dernières lignes. Y a-t-il des
précédents à cela?
Une Voix: C'est déjà dans la Loi des accidents du
travail.
M. Lalonde: Oui, il y a eu un autre précédent.
M. Bédard: C'est aussi dans la loi sur la détention
et la probation des établissements de détention pour le travail
rémunéré. C'est le critère qui a été
utilisé.
Avec la Loi du civisme, nous avons une bonne loi.
M. Cordeau: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Lalonde: Je ne vous demanderai pas qui l'a faite,
celle-là.
M. Bédard: ...
M. Cordeau: Je crois que vos explications ont répondu
à mes préoccupations et aux questions que j'avais posées
précédemment.
M. Bédard: Oui, tout à l'heure.
M. Cordeau: Par contre, selon la Loi des accidents du travail, le
patron ou l'employeur paie une partie, à un moment donné, et
l'employé paie une autre partie. Par la loi du civisme, la personne va
être rémunérée, mais est-ce que la corporation
municipale ou le maire qui aurait décrété l'état
d'urgence sera appelé à payer une partie de l'indemnisation
à la CAT?
Le Président (M. Dussault): Pour le ministre.
M. Bédard: En fait, il y a deux possibilités. La
personne qui va porter l'aide agit gratuitement, auquel cas on la
réfère à la loi sur le civisme, ou elle agit en tant que
préposée de la corporation, disons dans l'application du plan de
mesures d'urgence; si elle est proposée, elle effectue son travail,
auquel cas c'est vraiment un accident de travail et non pas un acte de
civisme.
M. Cordeau: Comme cela, la loi du civisme je regrette, je
ne la connais pas...
M. Bédard: C'est une autre réalisation du
présent gouvernement.
M. Lalonde: Elle était déjà sur les...
M. Bédard: C'est sûr, on vit avec toutes les lois
qui étaient sur les tablettes depuis dix ans.
M. Cordeau: A ce moment-là, même si c'est le maire
qui l'a décrété, la municipalité ne sera pas
obligée de payer une quote-part pour un volontaire et non pour un
employé régulier de la corporation qui travaillerait, qui
remplirait sa tâche quotidienne.
M. Bédard: C'est le ministre des Finances qui va
rembourser la commission, normalement.
M. Cordeau: Merci, cela répond à ma question.
Le Président (M. Dussault): L'article 37 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté. Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 38. M. le ministre.
Réglementation
M. Bédard: Cet article concerne le pouvoir de
réglementation du gouvernement et précise les matières
pouvant en être l'objet. Ainsi, le gouvernement pourra prescrire par
règlement les normes relatives à la confection, au contenu,
à la mise à jour, à la publication des plans et des
programmes de prévention des sinistres et des mesures d'urgence qui lui
seront soumis par le Bureau de la protection civile du Québec. Par
ailleurs, il pourra prescrire les normes minimales nécessaires en
équipement et en services pour l'application d'un plan ou d'un programme
de prévention des sinistres et des mesures d'urgence, déterminer
les critères devant guider le bureau dans l'établissement,
l'organisation et l'approbation des cours de formation en matière de
mesures d'urgence, les normes d'administration du fonds de secours aux
personnes sinistrées ainsi que les normes de gestion et de distribution
des dons recueillis. Enfin, le gouvernement pourra prescrire par
règlement toute mesure qu'il jugera utile pour l'application du projet
sous étude.
On constate donc que le pouvoir de réglementation qui est
accordé au gouvernement par l'article 38 a pour but de lui permettre de
préciser la portée et les modalités d'application de
certains articles du projet et de donner au projet un sens plus
précis.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... ce pouvoir réglementaire, j'aurais
préféré qu'il soit précédé de la
définition des normes et des critères dans la loi. Il me semble
que c'est le principe de la législation déléguée;
elle ne crée pas de principe, elle ne fait que déterminer des
modalités d'application.
M. Bédard: Oui.
M. Lalonde: Alors que le gouvernement se donne le pouvoir par
règlement de déterminer des normes.
M. Bédard: Oui.
M. Lalonde: Cela peut aller assez loin. Quand on dit, par
exemple, dans b), les normes minimales nécessaires en équipement
pour l'application d'un plan ou d'un programme de prévention des
sinistres et de mesures d'urgence, cela veut dire que ce sont des normes qui
seront applicables au plan d'urgence de toutes les municipalités qui
seront requises de faire un plan d'urgence, mais j'imagine qu'en principe, tout
le monde devra atteindre cette fin...
M. Bédard: Oui.
M. Lalonde: ... après une période de temps. Cela
veut dire qu'on s'implique beaucoup par la voie de la législation
déléguée dans l'autonomie municipale, en fait, la
décision de dépenser. Si, par règlement, vous dites que
les normes minimales pour un équipement, je ne sais pas, une machine, un
camion de sauvetage dernier cri, dernier modèle, ce qu'il y a de plus
cher et de plus automatisé, enfin...
M. Bédard: C'est pour cela...
M. Lalonde: Le gouvernement pourrait le faire en vertu de la
loi.
M. Bédard: II va avoir intérêt à y
penser deux fois avant d'exiger des besoins, des normes minimales trop
élevées concernant les municipalités. D'ailleurs, c'est
pour cela que nous avons prévu parce que la question du
député de Marguerite-Bourgeoys est fort à propos
c'est dans cet esprit que nous avons prévu, à l'article 39, qu'un
projet de règlement devra être publié dans la Gazette
officielle et un délai de 30 jours est prévu avant qu'il ne soit
en application, ce qui me permettra...
M. Lalonde: L'article 39 est excellent d'ailleurs...
M. Bédard: Oui.
M. Lalonde: ... il est de plus en plus d'usage au gouvernement,
depuis...
M. Bédard: C'est cela.
M. Lalonde: ... plusieurs années, de prévoir une
période de consultation pour même le contenu des
règlements. Mais il me semble que, dans l'article 39, on donne au
gouvernement beaucoup de pouvoirs qui affectent non seulement le comportement
des gens, qui leur créent non seulement des obligations personnelles,
disons, d'attitude vis-à-vis des sinistres, mais des dépenses
directes qu'on impose à des élus qui sont là pour faire
des choix, pour établir des priorités; ils n'auront pas le choix
à ce moment-là. En tout cas, il me semble que cela peut
être une atteinte à l'autonomie municipale et j'aurais
préféré que le gouvernement, dans la loi, au moins
détermine les principes, décrive les principes, quitte à
en déterminer les modalités par règlement.
M. Bédard: On serait allé un petit peu... Je
comprends très bien la préoccupation du député de
Marguerite-Bourgeoys, mais on y serait quand même allé un petit
peu à l'aveuglette, on n'est pas des experts là-dedans. Quand on
parle de mesures d'urgence, je pense... Surtout que cela n'existe pas en ce
moment, ce pouvoir et l'obligation des municipalités. (18 h 30)
Peut-être qu'avec une expérience très rapidement
acquise, on sera plus en mesure de déterminer des critères. Quand
bien même on dirait qu'on a toutes les données par rapport
à quelque chose qui n'existe pas, mais qui, je l'espère, va
commencer à exister, à savoir des programmes de
prévention, quand bien même je dirais qu'on a toutes les
données, on ne les a pas.
M. Lalonde: C'est seulement le b) de cet article, parce qu'on se
lance dans un domaine de dépenses plus considérables. Pour le
contenu, la confection du plan, cela peut entraîner des dépenses
beaucoup moindres.
M. Bédard: Lorsqu'on parle de normes minimales
nécessaires en équipement et en service, on ne s'adresse quand
même pas à des citoyens qui, souvent, ont plus ou moins de
défenses vis-à-vis de la machine de l'Etat. On s'adresse à
des municipalités qui sont quand même capables de véhiculer
leur point de vue rapidement. Si un gouvernement s'avançait à
formuler des normes minimales d'équipement qui ne seraient pas
raisonnables, il ne tiendrait pas compte de la capacité de payer des
municipalités. On est quand même en face de corps
organisés, les municipalités, qui ont tout le loisir de faire
valoir leur point de vue, d'autant plus qu'on leur permet, avec l'article 39,
un délai de 30 jours.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: J'appuie les préoccupations du
député de Marguerite-Bourgeoys en ce qui concerne le paragraphe
b), parce qu'il pourrait arriver qu'il y ait des normes minimales
imposées à la suite des besoins d'une certaine région,
parce qu'une ville est souvent entourée de petites municipalités,
et les normes prévoiraient peut-être aussi des services aux autres
municipalités. C'est toujours la municipalité la plus populeuse
qui va recevoir les instructions de s'équiper, mais en vue aussi de
rendre service aux autres. C'est toujours la grosse municipalité qui
paie, souvent pour rendre service à des municipalités
satellites.
M. Bédard: C'est justement tous ces problèmes que
nous ne pouvons honnêtement déterminer d'avance, puisque le
service en question que nous voulons créer n'a jamais existé.
C'est à la lumière de ces expériences qu'un gouvernement
verra comment il doit agir, précisera, s'il y a lieu de préciser,
et c'est pour cela que nous gardons... Je pense que la rédaction de
l'article 38 est évidemment très souple, mais c'est très
souple parce que nous sommes face à une situation que nous ne
connaissons pas vraiment.
M. Cordeau: Ce serait peut-être plus facile d'appliquer
cela lorsque la loi de l'aménagement du territoire, le projet de loi
125, existera. A ce moment-là, ce sera le bien d'une collectivité
qui entrera en jeu pour sa protection. On pourra partager au pro rata de la
population d'une région.
M. Bédard: Au moment où on en parle, on parle de
centaines et de centaines de municipalités. Comme vous le dites,
peut-être que, quand certaines structures régionales seront en
place, il sera plus facile de tenir compte des différences.
M. Cordeau: C'est toujours un danger d'imposer à certaines
municipalités des...
M. Bédard: Je pense qu'il n'y a pas un gouvernement qui
n'est pas conscient de la prudence qu'il faut avoir avant d'imposer des charges
additionnelles à des municipalités. C'est déjà une
bonne sauvegarde.
Le Président (M. Dussault): L'article 38 est-il
adopté?
Une Voix: Adopté.
M. Bédard: L'article 39 prévoit que le gouvernement
devra prépublier tout règlement adopté en vertu de
l'article 38 au moins 30 jours avant de l'adopter. Il prévoit
également que le règlement n'entrera en vigueur que le jour
où le gouvernement publiera dans la Gazette officielle du Québec
un avis de son adoption ou à une date ultérieure que l'avis
indiquera. Cet article, essentiellement, comme je vous l'ai dit tout à
l'heure, a pour but de permettre aux personnes intéressées de
donner leur avis au gouvernement sur les règlements, avant que ceux-ci
entrent en vigueur.
Le Président (M. Dussault): L'article 39 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 40. Il y a un amendement apporté.
Dispositions générales et diverses
M. Bédard: II y a un amendement.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre. Effectivement,
c'est un amendement qui viendrait après l'article 40. Donc, pour le
moment, on doit considérer l'article 40.
M. Bédard: Cette disposition étant l'article 40 tel
que libellé... C'est cela?
M. Lalonde: Oui.
M. Bédard: Cette disposition est une mesure incitative,
puisqu'elle exonère toute personne ayant participé à
l'application de mesures d'urgence, de plans ou d'un programme national,
régional ou local de prévention de sinistres et de mesures
d'urgence, de toute responsabilité pour dommages et
intérêts causés de bonne foi à autrui,
résultant de l'exécution de cette participation. Je pense que
cela...
M. Lalonde: C'est une incitation pour vrai, M. le
Président. Quand on élimine la responsabilité, on incite
à toutes sortes de choses, mais si ce n'est pas une personne qui
participe qui paiera, qui va payer? Le gouvernement?
M. Bédard: Les comettants: le gouvernement, la
municipalité.
M. Lalonde: Bon, on a des amendements qui s'en viennent voulant
qu'il va prévoir pour les services et les biens qui sont
réquisitionnés, mais cela ne prévoit pas le paiement des
dommages causés par les paragraphes a) et b), à l'article
20.2.
M. Bédard: Oui, mais on dit bien "les dommages
causés de bonne foi".
M. Lalonde: Alors, je présume que si on a un vandale dans
le tas, il va payer.
M. Bédard: II va payer comme tout vandale.
M. Lalonde: Même si la décision de démolir la
maison du voisin va être prise de bonne foi, le voisin n'aura plus de
maison.
M. Bédard: Est-ce qu'on doit présenter les cinq
amendements, M. le Président?
Le Président (M. Dussault): Oui, d'accord.
M. Bédard: Cela permettra une discussion globale sur
l'ensemble de ces articles. Le premier amendement aurait pour but d'ajouter
après l'article 40, le suivant: "Le gouvernement ou, le cas
échéant, la corporation municipale, indemnise, en tenant compte
du préjudice subi, le propriétaire d'un bien utilisé ou
réquisitionné, conformément à l'article 20.1."
Deuxième amendement, ajouter après l'article 40.1, le
suivant: "La loi visant à favoriser le civisme" (chapitre c) 20),
"s'applique, en faisant les adaptations requises à une personne qui
subit un dommage à son intégrité physique si,
gratuitement, elle apporte son aide pour l'application de mesures
d'urgence."
Un autre amendement qui aurait pour but d'ajouter après l'article
42.2, le suivant: 40.3, "En cas de sinistre, le maire peut
décréter toute dépense qu'il juge nécessaire et
octroyer tout contrat nécessaire pour remédier à la
situation. Dans ce cas, le maire doit faire un rapport motivé au
conseil, dès la première assemblée qui suit, cependant, si
la municipalité est dotée d'un comité exécutif ou
si ce comité siège avant la première séance du
conseil qui suit, le maire fait un rapport motivé à ce
comité. Le rapport du maire est alors déposé au conseil
dès la première séance qui suit".
Je pense que tout le monde sait à quoi on se
réfère, entre autres, dans le cas de Saint-Eustache, qui nous a
obligés à faire une législation, parce qu'il n'y avait pas
d'article semblable.
M. Lalonde: Sauf que j'ai bien appris ma leçon
tantôt. Quand on dit: en cas de sinistre, cela ne veut pas dire
nécessairement en cas de mesure d'urgence.
M. Bédard: D'accord, on y reviendra dans la
discussion.
M. Lalonde: ... lieu de dire "en cas de décret" et non pas
de sinistre, un sinistre qui n'entraîne pas de décret. On n'a pas
d'affaire à donner tant de pouvoirs au maire, je pense, enfin, à
moins que le ministre veuille le couvrir...
M. Bédard: On reviendra à la discussion.
Peut-être adopterait-on les autres amendements. Il y aurait un autre
amendement: ajouter après l'article 40.3 le suivant, 40.4: "Le conseil
d'une corporation municipale peut conclure une entente avec le bureau,
relativement à l'application de la présente loi."
Enfin, un autre amendement qui aurait pour but d'ajouter après
l'article 40.4, le suivant, 40.5: "Les pouvoirs accordés à un
maire ou au conseil d'une corporation municipale, en vertu de la
présente loi, peuvent être exercés par le conseil d'une
corporation de comté ou son préfet pour tout territoire non
érigé en municipalité ou dont le conseil n'est pas
organisé."
Le Président (M. Dussault): Je peux dire que je
reçois ces amendements sous réserve que la numérotation
existe après l'adoption de chacun.
M. Bédard: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Maintenant, nous revenons
à l'article 40.
M. Lalonde: M. le Président, je pense que c'est là
que s'inscrit la suggestion du ministre, si je me souviens bien, lorsque j'ai
écrit à Me Jacoby au mois de juin. J'avais, dans le
deuxième paragraphe, indiqué que je proposais l'amendement visant
à introduire un contrôle judiciaire de l'exercice des pouvoirs
d'urgence. On a accepté ce que le ministre a apporté comme
amendement.
Il y a aussi un droit d'indemnisation des victimes innocentes de
l'application de ces mesures. Je pense que l'article 40.1 fait seulement la
moitié du chemin et ne vise à indemniser que ceux qui sont requis
de fournir des services ou des biens, alors qu'à l'article 20.2, il y a
un contrôle judiciaire quant à l'opportunité de le faire,
mais quand même, il y a des dommages considérables qui peuvent
être causés, surtout au paragraphe b) de l'article 20.2, à
savoir, la démolition ou l'enlèvement de bâtiments ou
autres biens.
Il me semble que l'on doit s'imposer le choix politique à savoir
que si on décide d'organiser une société au point
où il va y avoir une loi organique de mesures d'urgence de protection
des biens et des personnes, si on prend la décision de démolir un
bien qui appartient à une personne pour protéger les biens qui
appartiennent à d'autres personnes, cette société doit
aussi penser à indemniser la victime des mesures d'urgence.
M. Bédard: Absolument. C'est un choix politique de limiter
cela, tel que vous le faites remarquer puisque, essentiellement, le
gouvernement a prévu une assistance. Tout le programme d'assistance
financière est justement le fait de pouvoir prévoir les
possibilités d'indemniser des personnes en tenant compte de l'ensemble
des circonstances. C'est pour cette raison qu'on a prévu un programme
d'assistance financière gouvernementale. D'un autre côté,
il ne faut quand même pas faire une loi qui mettrait fin à tout
bénévolat et à toute...
M. Lalonde: C'est tout un bénévolat quand vous avez
votre maison détruite.
M. Bédard: Non, non. Vous savez très bien que quand
je parle de cela je me réfère à des services rendus.
M. Lalonde: Vous les indemnisez?
M. Bédard: Oui. Comme vous le dites, c'est un choix
gouvernemental que nous avons fait. J'ai tantôt cité des exemples.
On parle de sinistres dont on ne peut pas déterminer l'ampleur. Il faut
user d'une certaine prudence. Si on parle d'une maison en particulier qui est
détruite, c'est bien facile d'en arriver à la conclusion que le
gouvernement indemnise. Si, demain, il y a un sinistre qui fait qu'il y a 50,
qu'il y a 100 maisons qui doivent être détruites, qu'il y a 1000,
10 000 ou 15 000 personnes qui doivent être relocalisées, vous
admettrez avec moi qu'il y a une autre sorte de problème qui se pose aux
autorités gouvernementales qui sont en place. Ce n'est pas
nécessairement nous autres. Cela peut en être d'autres. Tout en
prévoyant ce qui est contenu dans l'article 40, quand il s'agit de
réquisition de biens, où on prévoit une indemnisation, le
gouvernement y ajoute un programme d'assistance financière pour tenir
compte de l'ensemble de la situation.
M. Lalonde: M. le Président, j'aurais un amendement
à proposer. Je n'ai pas eu le temps de l'écrire parce qu'on vient
seulement d'avoir l'article 20.2 qui a changé un peu la structure de la
loi.
Le Président (M. Oussault): Alors, vous le lisez
lentement.
M. Lalonde: Je vais vous le lire. Il s'agit d'amender le
paragraphe 40.1 en ajoutant, à la fin...
Le Président (M. Oussault): Un instant! Si vous me le
permettez, nous n'avons pas encore disposé de l'article 40. Alors, nous
ne pourrions pas...
M. Lalonde: Je croyais qu'on était rendu aux
amendements.
Le Président (M. Dussault): Non, pas encore. M. Lalonde:
Je m'excuse.
Le Président (M. Dussault): L'article 40 est-il
adopté?
M. Lalonde: On va regarder cela.
M. Bédard: II y a peut-être un autre
élément. Je demanderais à Me Jacoby de...
Le Président (M. Dussault): D'accord.
M. Bédard: ... donner l'éclairage le plus large
possible quant aux questions posées par le député de
Marguerite-Bourgeoys et le député de l'Union Nationale. (18 h
45)
Actuellement, pour ce qui est des démolitions de maisons, qui
surviennent à l'occasion de conflagrations ou d'incendies, il y a
plusieurs arrêts de jurisprudence qui ont décidé, d'une
manière unanime, que le propriétaire d'un bien ou d'une maison
qui a été démolie à la suite d'une directive du
chef des pompiers ou quelqu'un de similaire est indemnisé sur la base de
l'enrichissement sans cause du Code civil. Il y a des affaires qui sont
allées devant la Cour suprême. C'est clairement établi en
jurisprudence. Maintenant, c'est la théorie en droit de l'enrichissement
sans cause qui n'est pas tout à fait fixée. Ce qu'on a voulu
faire ici, c'est viser des cas qui n'avaient pas été comme tels
prévus par les arrêts judiciaires, à savoir la
réquisition de biens et l'utilisation de biens. Pour
le reste, on laisse subsister le droit commun, la possibilité
pour un propriétaire dont on doit démolir la maison de se faire
indemniser pour la valeur de cette maison. Cela est reconnu par la
jurisprudence depuis le début du siècle.
M. Lalonde: Je remercie Me Jacoby. M. le Président, cet
éclairage nouveau ne fait que confirmer l'opportunité de
prévoir. On ne fait pas de droit nouveau mais, de par la jurisprudence,
c'est un secteur du droit, comme Me Jacoby disait tout à l'heure, qui
n'est pas parfaitement fixé. On doit recourir à un concept
juridique assez exceptionnel ou exceptionnellement utilisé,
c'est-à-dire l'enrichissement sans cause. Etant donné qu'on
légifère ici pour prendre soin de toutes les situations
possibles, indemnisation de tel cas, non-indemnisation d'un autre cas, Loi des
accidents du travail dans un autre cas, si le législateur reste muet
c'est la question que je pose à Me Jacoby, au ministre
quant à l'indemnisation du propriétaire de bâtiments ou
autres biens démolis ou enlevés, conformément à
l'article 20.2 est-ce qu'il n'est pas dangereux, est-ce qu'il n'est pas
prévisible que les cours vont dire désormais: Maintenant,
l'intention du législateur, c'est de ne pas indemniser? Est-ce que le
recours à l'enrichissement sans cause ne devient pas encore plus
illusoire ou aléatoire, sinon illusoire? Etant donné que le
principe est déjà là, appliqué par la jurisprudence
mais par le biais de l'enrichissement sans cause, pourquoi ne pas le dire
carrément dans la loi? On ne crée pas d'obligation additionnelle,
puisque c'est déjà reconnu par la jurisprudence, mais on le fait
de façon beaucoup plus propre. C'est pour cela que j'aurais l'intention,
une fois qu'on aura... Je reviens à l'article 40.1, on m'y
entraîne encore, alors que je ne peux pas proposer mon amendement.
M. Bédard: Oui, mais on en passe, de toute
façon.
M. Lalonde: Oui, mais je voudrais faire mon amendement
formellement. Il faut disposer de l'article 40, apparemment, avant.
Le Président (M. Dussault): De toute façon, M. le
député, je peux vous permettre de le lire pour éclairer la
commission.
M. Lalonde: Mon amendement aurait pour effet d'ajouter à
la fin de l'article 40.1 les mots suivants: "et le propriétaire d'un
bâtiment ou d'un autre bien démoli ou enlevé,
conformément à l'article 20.2." J'ai utilisé le même
libellé, de sorte que, s'il était adopté, le gouvernement
ou, le cas échéant, la corporation municipale indemniserait, non
seulement le propriétaire d'un bien utilisé ou
réquisitionné, conformément à l'article 20.1, mais
aussi le propriétaire d'un bâtiment ou d'un autre bien
démoli ou enlevé, conformément à l'article 20.2, ce
qui ne fait que confirmer la règle établie par la jurisprudence.
Donc, on ne crée pas de contrainte additionnelle au droit, mais on le
fait de façon beaucoup plus propre.
M. Bédard: Je comprends très bien la
préoccupation du député de Marguerite-Bourgeoys. Encore
une fois, je lui dis que c'est un choix qui a été fait
gouvernementalement parlant. Je sais très bien que le
député de Marguerite-Bourgeoys est animé de bons
sentiments, l'Opposition au complet, mais je ne me vois pas
présentement, par un article de loi, risquer d'engager le gouvernement
pour des dommages et de créer l'obligation légale pour des
dommages qui pourraient être des montants astronomiques. C'est pour cela
que le gouvernement a prévu un système d'assistance
financière qui, à un moment donné, pourra s'appliquer,
mais en permettant une meilleure évaluation de la situation et des
capacités financières de payer. Il y a lieu d'être
prudent.
Encore une fois, si on ne parlait que de sommes qui sont de l'ordre de
$50 000, $100 000, $10 000, je comprendrais très facilement, mais,
demain, ça peut être le genre de sinistre ce n'est pas moi
qui connais l'avenir; je ne suis pas un devin si on met une telle
disposition légale, qui amène légalement un gouvernement
à débourser des sommes astronomiques. Je pense qu'on doit
faire... Je ne pense pas seulement à notre gouvernement, à nous
qui sommes en place, mais à tous ceux qui ont à administrer les
deniers publics. Je pense qu'on doit faire preuve d'une énorme prudence,
tout en ayant à l'esprit la préoccupation de la meilleure justice
distributive possible dans le cas d'un sinistre qui serait vraiment une
catastrophe très importante.
Le Président (M. Dussault): De toute façon, je
rendrai une décision...
M. Bédard: Je ne suis pas autorisé à...
Le Président (M. Dussault): M. le ministre, si vous
permettez...
M. Bédard: ... dans ce sens-là.
Le Président (M. Dussault): Je rendrai une décision
quand le moment sera venu, au moment où j'aurai à juger de la
recevabilité. Je peux vous dire au départ que j'ai
déjà des doutes, parce que cela engagerait des fonds publics.
M. Lalonde: ... Une Voix: C'est ça.
Le Président (M. Dussault): De toute façon, nous
revenons à l'article 40.
M. Lalonde: A l'article 40, M. le Président, est-ce qu'on
ne pourrait pas s'inspirer des principes qui sont à la base de la Loi
d'indemnisation des victimes d'actes criminels, pour prévoir une
certaine indemnisation pour ceux qui subissent des dommages qui sont
causés de bonne foi, à autrui, par des personnes qui participent
à l'application de mesures d'urgence?
Je suis bien d'accord avec le principe de protéger ceux qui
participent à ces mesures pour
protéger l'intérêt général, mais il
reste les principes de l'indemnisation et de la responsabilité. On
essaie d'être protégé le mieux possible, sans cela, on a
une situation où personne n'est responsable de quoi que ce soit.
M. Bédard: Ce qu'on me fait remarquer, à bon
escient, c'est que le droit commun s'applique.
M. Lalonde: Pourquoi pas à 40 actuellement? Le droit
commun ne s'applique pas: Quiconque, de bonne foi, cause un dommage à
autrui n'est pas obligé de l'indemniser.
M. Bédard: L'objectif de l'article 40, c'est de
créer une immunité à l'égard de la personne qui
participe, comme telle. Alors, contre elle, il n'y a pas de recours personnel,
mais ça n'enlève pas les recours en vertu du droit commun,
notamment les recours contre le commettant, suivant les principes de la
responsabilité. Le commettant, dans les circonstances, va être la
personne qui aura décrété les mesures d'urgence, soit le
gouvernement, par le biais du ministre ou par le biais du directeur, soit la
corporation municipale, par le biais du maire ou du conseil de
municipalité. Cela n'enlève pas les recours de droit commun.
C'est simplement une immunité personnelle.
M. Lalonde: Je vous remercie. Je suis prêt à adopter
l'article 40.
M. Bédard: D'accord.
Le Président (M. Dussault): L'article 40 est
adopté. J'appelle maintenant l'amendement au projet de loi.
M. Bédard: Je ne veux pas faire un... Le
Président (M. Dussault): L'article 41.
M. Bédard: ... long débat, mais je me posais la
même question que vous, à savoir jusqu'à quel point, en
fait, l'Opposition peut initier un amendement qui représente une
dépense d'argent.
M. Lalonde: Je peux discuter un petit peu là-dessus. En
fait, ce qu'on fait, c'est simplement créer une responsabilité,
comme on le fait dans le Code civil.
M. Bédard: Oui, mais une responsabilité, si on est
logique, qui va avoir comme conséquence une dépense...
M. Lalonde: Pas nécessairement du gouvernement.
M. Bédard: Pas nécessairement du gouvernement, mais
je ne vois pas comment on pourrait à plus forte raison, engager les
municipalités...
Le Président (M. Dussault): Je pense que nous sommes
actuellement sur la recevabilité de l'amendement annoncé par le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Dussault): Je vous dis tout de suite,
sans avoir besoin d'éclairage supplémentaire à celui qui
m'est venu déjà, que cette motion d'amendement est irrecevable.
Elle va à l'encontre de l'article 64 de notre règlement qui dit:
"une motion ne peut être présentée que par un
représentant du gouvernement, après recommandation du
lieutenant-gouverneur en conseil, lorsqu'elle a pour objet direct et
c'est l'alinéa 3 qui est concerné l'imposition d'une
charge additionnelle sur les revenus publics ou sur les contribuables ".
M. Lalonde: M. le Président, je ne veux pas en appeler de
votre décision, je veux simplement souhaiter que le ministre apporte
lui-même cet amendement. Je ne peux faire autre chose que de le
souhaiter, je vous invite à le faire.
M. Bédard: Je ne répéterai pas mon
argumentation de tout à l'heure, j'ai la même préoccupation
que le député de Marguerite-Bourgeoys, mais, d'un autre
côté, il faut quand même, en termes de législateur,
faire preuve de prudence; je pense que c'est normal dans les circonstances.
Le Président (M. Dussault): Nous en sommes à
l'amendement présenté par le ministre, qui deviendrait l'article
40.1.
M. Bédard: Adopté?
M. Lalonde: Sur division.
Le Président (M. Dussault): L'article 40.1 est
adopté sur division.
J'appelle l'amendement suivant qui deviendrait l'article 40.2.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Si vous le permettez, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, on annonce une correction de la
parenthèse dans laquelle on retrouve "chapitre C-20"; cela devrait
être remplacé par le contenu suivant: "(1977, chapitre 7)".
M. Bédard: C'est cela. M. Lalonde:
Adopté.
Le Président (M. Dussault): D'accord. Le nouvel article
40.2 est adopté.
J'appelle le nouvel article 40.3, ce qui est un amendement au projet de
loi.
M. Lalonde: II y a peut-être un changement: Est-ce que
c'est un cas de sinistre ou un cas d'état d'urgence?
M. Bédard: C'est la Loi des cités et villes qui
s'applique.
Je reconnais la pertinence des remarques du député de
Marguerite-Bourgeoys. Il y aurait peut-être lieu de changer "en cas de
sinistre", au début du nouvel article 40.3, par "dans l'application de
mesures d'urgence, le maire peut décréter..."
Le Président (M. Dussault): II s'agirait de remplacer les
mots "en cas de sinistre" par "dans l'application de mesures d'urgence".
M. Lalonde: Est-ce que c'est seulement en état d'urgence
qu'on applique les mesures d'urgence?
M. Bédard: Quand il y a un décret, parce qu'on dit
"dès que l'état d'urgence est décrété". Il
peut y avoir des sinistres pour lesquels il y a eu un décret, il peut y
avoir des sinistres pour lesquels il n'y a pas eu de décret; de la
même façon pour...
M. Lalonde: Je pense que vous avez raison, les mesures d'urgence
ne sont appliquées que lorsqu'il y a eu un état d'urgence
décrété, d'après l'article 19. Cela va.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que cette modification
est adoptée?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que le nouvel article
40.3 tel qu'amendé est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
maintenant l'autre amendement au projet de loi, qui porterait le numéro
40.4.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle le
suivant, l'article 40.5. (19 heures)
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 41.
M. Bédard: Cet article prévoit que la grève
est interdite aux membres du personnel du bureau. Cette disposition interdisant
la grève aux membres du personnel du bureau résulte du principe
que le Bureau de la protection civile du Québec doit, en tout temps,
être en mesure de remplir les obligations que le présent projet de
loi lui impose. Il est clair que le sens du projet sous étude ne saurait
être atteint si, au cas d'un désastre, le bureau ne pouvait
intervenir parce que les membres de son personnel sont en grève. Cette
disposition, bien que dérogeant au droit actuel, s'avère
nécessaire et légitime dans le contexte actuel.
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Cordeau: Est-ce qu'on pourrait appliquer le même texte
de loi à plusieurs groupes de syndicats?
M. Lalonde: Le préjugé favorable du gouvernement en
prend un peu pour son rhume.
M. Bédard: En aucune façon.
M. Lalonde: M. le Président, le ministre a reçu,
j'en suis convaincu, et il a pris connaissance des demandes qui lui ont
été faites par le SFPQ concernant cet article en particulier.
Est-ce que cette correspondance a donné lieu à d'autres
représentations de la part du syndicat?
M. Bédard: Non, pas à ma connaissance, il n'y a pas
eu d'autres représentations. Effectivement, nous avons eu des
représentations, nous avons répondu à ces
représentations et nous n'avons pas eu d'autres consultations à
ma connaissance. Mais je peux difficilement imaginer que, lorsqu'on parle de
sinistres et de mesures d'urgence, on puisse être placé devant
je pense aux citoyens dont la vie peut être en danger ou qu'on
doit préserver une situation où on ne puisse pas apporter
cette aide aux citoyens en danger ou encore apporter la protection concernant
des biens, parce qu'il y aurait une grève. Il me semble que ça va
dans le sens contraire...
M. Lalonde: Le ministre se rend-il compte que, dans la fonction
des membres du personnel du bureau, il se trouve à y avoir deux
situations totalement différentes? A l'encontre, par exemple, de la
situation du policier, qui est constamment en devoir, qui est constamment en
état de répression du crime, de prévention du crime et de
maintien de l'ordre? Est-ce qu'il ne considère pas que, quand il n'y a
pas d'état d'urgence, le travail, qui est décrit à
l'article 11 "d'élaborer et de proposer une politique de
prévention des sinistres et de mesures d'urgence, de mettre en oeuvre
cette politique, d'en coordonner l'exécution, de conseiller les
municipalités, de préparer le plan national d'information...",
tout ça, c'est ce que font les autres organismes du gouvernement, ce que
font les employés des hôpitaux, de façon moins directement
reliée à des situations d'urgence que même les infirmiers
et infirmières dans les hôpitaux? Est-ce qu'il a bien
analysé que, dans des états d'urgence, il pourrait être
tout à fait justifiable de suspendre un droit d'absence par la
grève, par les congés de maladie, les vacances, etc., mais que,
dans l'état normal du travail quotidien, il pourrait fort bien
être traité comme un autre fonctionnaire. Les
députés autour de la table qui ont un préjugé
favorable pourraient peut-être parler un peu là-dessus.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Papineau.
M. Lalonde: Si vous votez pour nous autres... M. Alfred:
M. le Président...
M. Bédard: Je pense qu'il y a le risque de compromettre
l'efficacité de mesures d'urgence, l'efficacité de certaines
aides qu'on doit apporter dans un cas de sinistre à des personnes dont
la vie peut être en danger. Si au moment où il y a la
déclaration d'un état d'urgence, vous faites face à une
grève, pensez simplement au temps qu'il faut pour que tout recommence
à fonctionner avec célérité et avec
efficacité. A ce moment-là, vous pouvez risquer de ne pas
être en mesure d'apporter l'aide efficace à laquelle les citoyens
ont droit quand ils sont placés dans des situations où leur
sécurité, même leur vie peut être en danger. Il me
semble que, quand on se rapproche aussi clairement du concept de la
sécurité des citoyens, il faut en tenir compte.
M. Lalonde: Est-ce que quelqu'un d'autre avait demandé la
parole?
M. Alfred: C'est-à-dire que...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: ... M. le Président, je partage les arguments
du ministre là-dessus. Quand le député de
Marguerite-Bourgeoys confond ce qu'il vient de dire avec un
préjugé favorable pour les travailleurs, je ne veux pas dire
qu'il charrie; mais je pense que les arguments du ministre sont assez
convaincants là-dessus.
M. Lalonde: Vous ne voulez pas le dire, mais vous le dites.
Le Président (M. Dussault): Y a-t-il d'autres
interventions sur l'article 41? L'article 41 est-il adopté?
Une Voix: Oui.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 42.
M. Bédard: Le but de l'article 42 est de protéger
un employé ayant participé à l'exécution des
mesures d'urgence face à son employeur. En effet, l'article 42 interdit
à un employeur de congédier, suspendre ou déplacer un
employé, ou de modifier ses conditions de travail pour le motif que ce
dernier a participé à l'exécution de mesures
d'urgence.
Cela peut paraître aléatoire que de prévoir cette
situation-là dans la loi, mais je tiens à vous dire que,
malheureusement, nous...
M. Lalonde: Bien superflu.
M. Bédard: Oui, cela peut paraître superflu de le
prévoir, mais, malheureusement, nous avons des cas où des
employés ont pu être pénalisés par leur employeur,
parce qu'ils avaient apporter leur aide dans des situations d'urgence, avaient
participé à l'exécution de mesures d'urgence. On
prévoit que si l'employeur ne se conformait pas aux dispositions du
premier alinéa de l'article 42, l'employé aurait, en vertu du
deuxième alinéa, un recours auprès d'un commissaire du
travail, nommé en vertu du Code du travail, recours ayant pour but
d'autoriser l'employé à faire valoir ses droits comme s'il
s'agissait d'un congédiement pour activité syndicale, en vertu
des articles 40 et... Là, on les a changés.
Je pense que le but de cet article est bien clair.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, j'aurais simplement une... Je
comprends la préoccupation exprimée par le premier alinéa,
mais il me semble qu'il mérite d'être un peu plus ramassé,
parce qu'il faudrait aussi éviter que l'employé puisse partir,
par exemple, d'Arvida pour aller participer à des mesures d'urgence
à Québec, quitter son lieu de travail et rester ici pendant une
semaine et ensuite dire: Tu n'as pas le droit de me mettre à la porte.
Je pense que ce que le ministre veut dire, c'est qu'il aurait peut-être
un amendement afin qu'on restreigne avec cette interdiction dans les nouveaux
cas où l'employé a participé à l'exécution
des mesures d'urgence à l'endroit de sa résidence ou de son lieu
de travail.
M. Bédard: C'est dangereux, parce que souvent on a des
gens...
M. Lalonde: Bien oui, mais écoutez, on n'est pas pour
aller se promener dans toutes les municipalités et laisser son travail
pendant ce temps.
M. Bédard: Non, je pense, par exemple... Non, je comprends
votre préoccupation, je la partage; on doit essayer d'être plus
clair de ce côté. Il faut évidemment éviter que des
spécialistes des mesures d'urgence se promènent partout dans le
Québec dès qu'ils ont vent qu'il y a des sinistres.
Maintenant, quant à votre proposition qui réfère au
domicile, il peut arriver, par exemple, des situations où quelqu'un
d'une région en particulier travaille dans une autre région, n'a
pas par conséquent son domicile...
M. Lalonde: Et j'ai ajouté de son lieu de travail.
M. Bédard: ... et de son lieu de travail.
M. Lalonde: J'ai commencé par l'endroit de sa
résidence et j'ai ajouté aussi de son lieu de travail, autrement
dit il faut qu'il ait une bonne raison pour être là.
M. Bédard: C'est pourquoi le commissaire prévu en
fonction du Code de travail...
M. Alfred: Est-ce que je peux donner un exemple au
député?
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Papineau.
M. Alfred: A supposer que le député de
Marguerite-Bourgeoys quitte Québec et s'en va dans mon comté de
Papineau, par exemple, chez son frère...
M. Lalonde: Bien là, ce sera vous qui...
M. Alfred: ... il arrive un sinistre et le député
de Marguerite-Bourgeoys est présent, sur place. Parce que le
député de Marguerite-Bourgeoys qui est trop loin de son domicile
et qui est capable d'apporter appui, apport, à toute personne de la
ville de Gatineau... Je me demande dans quelle mesure...
M. Bédard: II y aurait peut-être un moyen. Je sais
quel but nous poursuivons tous. Peut-être que si on apportait un
amendement au premier paragraphe de l'article 42, cela répondrait
à cette préoccupation, un amendement qui aurait pour but
d'ajouter après le mot "urgence" les mots suivants: "à la demande
d'une personne autorisée en vertu de la présente loi". Autrement
dit: "II est interdit à un employeur de congédier, suspendre ou
déplacer un employé ou modifier ses conditions de travail pour le
motif que ce dernier a participé à l'exécution de mesures
d'urgence, à la demande d'une personne autorisée en vertu de la
présente loi." Il faut quand même que la personne...
M. Lalonde: C'est déjà une bonne garantie.
M. Bédard: II faut quand même que ses services aient
été requis. Il ne faut pas que ce soit un bénévolat
bien pensé.
Le Président (M. Dussault): L'amendement consisterait donc
à ajouter après le premier paragraphe de l'article 42,
c'est-à-dire après le mot "urgence" les mots "à la demande
d'une personne autorisée en vertu de la présente loi". Cet
amendement est reçu. Est-ce que cet amendement est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
M. Bédard: Une seconde.
M. Lalonde: Le ministre veut le retirer.
Le Président (M. Dussault): Cet amendement n'est pas
adopté.
M. Bédard: Je suis bien heureux quand l'Opposition est
rapidement d'accord. Maintenant, mes conseillers me font remarquer qu'il y a
peut-être une certaine difficulté qui se pose.
Est-ce qu'on pourrait, M. le Président, suspendre l'étude
de cet article? Nos légistes savent quel but nous poursuivons et il y a
toujours moyen de faire une nouvelle rédaction.
Le Président (M. Dussault): Nous allons suspendre
l'étude de l'article 42.
M. Bédard: L'article 43.
Le Président (M. Dussault): Oui, j'appelle l'article
43.
M. Bédard: L'article 43 est une mesure qui vise à
permettre la réalisation complète des buts du projet. Il interdit
d'entraver l'exercice des fonctions d'une personne visée dans l'article
20 et impose obéissance à un ordre que le ministre, le directeur,
le maire ou une personne qu'ils autorisent, peuvent donner en vertu de la
présente loi. Cependant, afin d'éviter toute situation pouvant
donner lieu à des erreurs, une telle personne devra, cependant, si elle
en est requise, exhiber un certificat attestant ses qualités. (19 h
15)
M. Cordeau: Si on lui demande d'accomplir un travail dangereux,
la Loi sur la santé et la sécurité au travail, ce n'est
pas en...
M. Bédard: On est dans un cas de sinistre.
M. Cordeau: Oui, mais si, à un moment donné, la
personne dit: C'est dangereux, si je fais cela.
M. Bédard: On a toujours dit "selon ses moyens".
Rappelez-vous l'article.
M. Lalonde: C'est à l'article 43. Cela va plus loin que
les pouvoirs qui sont accordés de demander à quelqu'un de
travailler, par exemple. Là, on a prévu cela dans un ordre. S'il
dit: Ecoute, jette-toi dans la rivière et va sauver...
M. Bédard: Si un ordre n'a pas d'allure, je pense
que...
M. Lalonde: Cela a de l'allure.
M. Bédard: Non, on parle toujours de la bonne foi...
M. Cordeau: Cela aura de l'allure pour celui qui le demande, mais
l'autre...
M. Bédard: Non, mais si en soi...
M. Cordeau: ... ça va lui demander un effort pour dire
ça!
M. Bédard: Mais soit un ordre susceptible
d'évaluation, si c'est raisonnable ou non. Si on demande a quelqu'un
d'entrer dans un immeuble qui est en feu...
M. Lalonde: C'est drôle, je pense que vous n'avez pas
besoin de cela. D'abord, II va très loin.
M. Bédard: Moins j'ai d'ordres à donner, mieux
c'est.
M. Lalonde: Je le sais, mais il va très loin et vous avez
déjà des pouvoirs qui comprennent des devoirs correspondants
d'obéir, de répondre à une demande, d'évacuer le
milieu, etc. et l'article 45 prévoit que c'est une infraction que
d'enfreindre l'une des dispositions de la présente loi. On n'a pas
besoin de l'article 43. Il m'apparaît difficile, à part cela,
à fignoler pour le faire travailler avec les autres articles. Ou
peut-être enlever seulement "ni négliger d'obéir à
un ordre". Gardez l'interdiction à l'entrave plus l'obligation d'exhiber
un certificat, mais enlevez "ni négliger d'obéir à un
ordre", à ce moment, ce serait moins militaire.
M. Bédard: Oui, cela va. Une seconde. La rédaction
pourrait être la suivante, pour limiter le caractère militariste
dans la rédaction actuelle...
M. Lalonde: On le fait depuis le début de
l'étude... C'est vrai que l'Opposition est bonne.
M. Bédard: Pour une fois que l'Opposition est
positive.
M. Lalonde: La loi des mesures de guerre, c'est
écrit...
M. Bédard: Parlez-vous des mesures de guerre?
M. Lalonde: C'est une loi des mesures de guerre, c'est
écrit...
M. Bédard: Ce n'est rien. Pensez à ceux qui ont
appliqué la Loi des mesures de guerre, la vraie. "Nul ne doit entraver
l'exercice..." l'article 43 se lirait comme suit "... des
fonctions d'une personne visée dans les articles 20, 20.1 et 20.2. Une
personne ainsi autorisée doit cependant, si elle en est requise, exhiber
un certificat attestant sa qualité et portant la signature de la
personne qui l'a autorisée". Il faudrait ajuster cela.
Le Président (M. Dussault): On le suspend? M.
Bédard: D'accord.
Le Président (M. Dussault): L'étude de l'article 43
est suspendue, du consentement de la commission.
M. Lalonde: M. le Président, je ne veux pas être
formaliste; on avait donné le consentement jusqu'à 19 heures et
il est 19 h 15. Je ne voudrais pas abuser surtout du personnel temporaire des
commissions. Alors...
M. Bédard: II semble qu'ils soient bien disposés
à ce que nous continuions nos travaux. Je les vois d'ailleurs me faire
un signe affirmatif dans ce sens.
Le Président (M. Dussault): II semblait y avoir l'accord
implicite de la commission pour continuer. Le président n'a pas fait de
remarque. Donc, nous avons suspendu l'article 43. J'appelle l'article 44.
M. Lalonde: M. le Président, sur l'article 44 j'ai
déjà donné avis au gouvernement que je demanderais
d'enlever le deuxième alinéa. Je ne sais pas quelle est
l'intention du ministre mais je trouve que ces pouvoirs du
commissaire-enquêteur sont exorbitants et inutiles.
M. Bédard: Je crois que cela rejoint une ronclusion
à laquelle nous venons. Il n'est pas essentiel.
M. Lalonde: Non...
M. Bédard: Bon.
Le Président (M. Dussault): II y aurait donc consentement
de la commission pour retirer le deuxième alinéa de l'article 44
qui se lit comme suit: "Aux fins d'une enquête, ces personnes
possèdent les pouvoirs et l'immunité d'un commissaire
nommé en vertu de la Loi des commissions d'enquête (Statuts
refondus, 1964, chapitre 11), sauf celui d'imposer l'emprisonnement." Est-ce
que l'article 44 tel que modifié est adopté?
Une Voix: Adopté.
M. Lalonde: Oui, il est adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté tel que
modifié. J'appelle l'article 45.
M. Bédard: Cet article, M. le Président,
prévoit que toute personne enfreignant l'une des dispositions de la loi
sous étude ou d'un règlement qui aurait été
adopté sous son autorité ou incitant une personne à le
faire commettra une infraction et sera passible, en outre du paiement des
frais, d'une amende d'au plus $1000, s'il s'agit d'une personne physique, et
d'une amende d'au plus $10 000, s'il s'agit d'une corporation.
La nécessité d'un tel article est évidente si l'on
veut que les dispositions du projet et des règlements qui seront
adoptés sous son autorité soient respectées. Les montants
maximaux d'amende assez élevés permettront au juge d'exercer une
discrétion lors de leur imposition en fonction de la gravité de
l'infraction et constitueront, nous l'espérons, une mesure efficace pour
prévenir les infractions à la loi.
M. Lalonde: M. le Président, je trouve que les amendes
peuvent être un peu fortes.
M. Bédard: Un peu... fortes?
M. Lalonde: Fortes. Ma première réaction... M.
Bédard: Ce sont des maximums. M. Lalonde: Pardon?
M. Bédard: Ce sont des maximums. C'est pour cela, le juge
a discrétion pour aviser en conséquence.
M. Lalonde: Oui, c'est le maximum mais c'est une indication de
l'importance que le législateur attache à cela.
M. Bédard: Bien, écoutez, il peut y avoir des
infractions telles qui, sans mettre en danger carrément et très
explicitement la vie d'une personne, peuvent représenter des
délits très graves. C'est pour cela qu'il y a beaucoup de
latitude que nous prévoyons pour le juge qui évaluera selon les
circonstances.
M. Lalonde: D'accord, adopté.
Le Président (M. Dussault): Alors, l'article 45 est
adopté. J'appelle l'article 46.
M. Bédard: Cet... M. Lalonde: Adopté. M.
Bédard: Bon.
Le Président (M. Dussault): L'article 46 est
adopté. J'appelle l'article 47.
Dispositions transitoires et finales
M. Bédard: C'est un article de nature transitoire, ce qui
aura pour effet d'appliquer la loi de la fonction publique, au personnel.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Alors, l'article 47 est
adopté. J'appelle l'article 48.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Oussault): L'article 48 est
adopté. J'appelle l'amendement soumis par le ministre mais qui a
été changé. Le premier que vous avez reçu n'est
plus le bon. Le deuxième remis dit ceci: Ajouter, après l'article
48, le suivant: 48.1 L'article 2 du Régime de retraite des
employés du gouvernement et des organismes publics (1973, chapitre 12),
modifié par l'article 1 du chapitre IX des Lois de 1974, l'article 47 du
chapitre XLI des Lois de 1975, l'article 9 du chapitre Ll des Lois de 1976,
l'article 1 du chapitre XXI et l'article 232 du chapitre LXVIII des Lois de
1977 et par l'article 105 du chapitre VII et par l'article 25 du chapitre
XVIII, l'article 31 du chapitre XXIV, l'article 31 du chapitre XXXVIII et
l'article 53 du chapitre LXIV des Lois de 1978, est de nouveau modifié
par l'addition, après le paragraphe 15 du premier alinéa, du
suivant: 16. au directeur du Bureau de la protection civile du Québec.
L'amendement est reçu.
M. Lalonde: Qu'est-ce que cela veut dire? Le Président
(M. Dussault): M. le ministre.
M. Bédard: C'est tout simplement de la protection civile.
C'est ce qui va remplacer...
C'est pour bien identifier que le régime de retraite qui va
être applicable au directeur sera le régime de retraite des
employés du gouvernement et des organismes publics. C'est la seule
modification.
M. Lalonde: ... cet article parce que je ne le sais pas par
coeur.
M. Bédard: Un citoyen a de quoi se poser des questions
quand il lit un article semblable.
M. Cordeau: M. le Président, pouvez-vous nous assurer que
ce qui était indiqué dans l'amendement est...
Le Président (M. Dussault): Je ne vous assure de rien, M.
le député de Saint-Hyacinthe.
M. Lalonde: Vous savez ce qui me fait peur?
M. Bédard: Vous avez souvent peur, n'est-ce pas?
M. Lalonde: C'est parfois sinistre.
M. Bédard: Ah oui! Vous êtes du parti de la
peur.
Le Président (M. Dussault): De toute façon, je
pense que l'essentiel de l'amendement, ce sont les derniers mots. Donc...
M. Lalonde: Mademoiselle nous a donné l'explication
à savoir que le directeur du Bureau de la protection civile va
bénéficier du même régime...
M. Bédard: Du régime...
M. Lalonde: ... de retraite que les autres employés...
M. Bédard: C'est cela, tel que je l'ai indiqué.
M. Lalonde: ... qui sont...
M. Bédard: Tel que j'en avais fait mention d'ailleurs dans
mes notes...
M. Lalonde: C'est très clair.
Le Président (M. Dussault): Cet amendement qui deviendra
l'article no 48.1 est-il adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Donc, forcément,
l'article 48.1 est en même temps adopté. J'appelle l'article
49.
M. Bédard: Cet article prévoit que les sommes
nécessaires au gouvernement pour l'application du chapitre concernant
l'état d'urgence et comprenant les articles 16 à 26 de même
que du chapitre concernant l'assistance financière seront prises
à même le fonds consolidé du revenu. Quant aux autres
dépenses qui seront nécessaires à l'application du
présent projet de loi, elles seront payées, pour les exercices
1979/80 et 1980/81, à même le fonds consolidé du revenu et,
par la suite, à même les sommes accordées annuellement
à cette fin par la Législature.
Le Président (M. Dussault): L'article 49 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 50.
M. Bédard: Afin de s'assurer que toute entente conclue en
vertu de l'actuelle Loi de la protection civile soit maintenue en vigueur,
l'article 50 prévoit qu'une telle entente demeurera en vigueur
"jusqu'à ce qu'elle soit remplacée par une autre entente conclue
en vertu de la présente loi."
M. Cordeau: L'article 49.1...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-Hyacinthe, je disais tout à l'heure que cet amendement a
été remplacé par un autre amendement. Nous ne l'avons pas
considéré. Nous ne devons pas le faire non plus. Est-ce
que...
M. Lalonde: L'article 50 est adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 50 est donc
adopté. Article 51.
M. Lalonde: On va l'adopter aussi, sans adopter le ministre
nécessairement.
M. Bédard: J'espère, parce que je pourrais prendre
de mauvaises habitudes de mes parents adoptifs.
M. Lalonde: Voyez ce que dit le ministre. Il est
déjà contestataire.
Le Président (M. Dussault): L'article 51 est
adopté. J'appelle l'article 52.
M. Lalonde: Adopté.
M. Bédard: II y a deux articles en suspens.
Le Président (M. Dussault): II faudrait étudier les
deux articles suspendus.
M. Lalonde: On va adopter les articles 50 et 52.
Le Président (M. Dussault): D'accord. M. Bédard:
Cela va.
Le Président (M. Dussault): L'article 52 est
adopté. Nous revenons donc à l'article 42.
Dispositions générales et diverses (suite)
M. Bédard: A l'article 42, nous ajouterions, à la
fin du premier paragraphe, ce qui suit: "... pourvu que cette participation ait
été demandée par une personne autorisée."
M. Lalonde: A la fin du premier alinéa?
M. Bédard: Oui. Je pense que cela rejoint la
préoccupation que nous avions tout à l'heure.
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Dussault): Vous dites, M. le ministre,
qu'il faudrait ajouter, à la fin du premier alinéa de l'article
42, "... pourvu que cette participation ait été demandée
par...
M. Bédard: Par une personne autorisée.
Le Président (M. Dussault): ... une personne
autorisée." Et ces mots seraient précédés d'une
virgule. Cet amendement est d'abord reçu. Cet amendement est-il
adopté?
M. Bédard: Adopté? L'article 42 est-il
adopté? M. Lalonde: L'article 42 est adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. L'article 42
est adopté tel qu'amendé. J'appelle maintenant l'article 43.
M. Bédard: L'article 43 se lirait comme suit. Nous aurions
un amendement afin de remplacer l'article 43 par le suivant: "Nul ne doit
entraver l'exercice des fonctions du ministre, du directeur, du maire ou d'une
personne autorisée par l'un deux; cette dernière doit cependant,
si elle en est requise, exhiber un certificat attestant sa qualité et
portant la signature de la personne qui l'a autorisée." (19 h 30)
Le Président (M. Dussault): Est-ce que votre texte est
lisible, M. le ministre?
M. Bédard: Oui, difficilement.
Le Président (M. Dussault): Merci. Il s'agirait donc de
remplacer l'article 43 tel qu'il paraît au projet de loi par le suivant:
"Nul ne doit entraver l'exercice des fonctions du ministre, du directeur, du
maire ou d'une personne autorisée par l'un d'eux; cette dernière
doit cependant, si elle en est requise, exhiber un certificat attestant sa
qualité et
portant la signature de la personne qui l'a autorisé".
Est-ce que la commission est d'accord pour, d'abord, considérer
le nouveau texte?
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Dussault): D'accord. Est-ce que le
nouveau texte de l'article 43 est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
M. Bédard: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le ministre.
M. Bédard: ... je tiens à remercier les
membres.
Le Président (M. Dussault): L'article 43 est
adopté, si vous me le permettez, M. le ministre.
M. Bédard: Oui, il y a la motion pour la
renumérotation.
Le Président (M. Dussault): Oui, je vais y revenir. Est-ce
que le projet de loi no 28, Loi sur la protection des personnes et des biens en
cas de sinistre, tel qu'amendé est adopté?
M. Bédard: Adopté. M. Lalonde:
Adopté.
Le Président (M. Dussault): II y aurait lieu,
évidemment, de considérer la motion...
M. Bédard: La motion usuelle concernant la
renumérotation.
Le Président (M. Dussault): Oui, qui ferait que l'article
20.1 deviendrait 21, l'article 20.2 deviendrait 22, l'article 21 deviendrait
23, l'article 22 deviendrait 24, etc.; l'article 40.1 deviendrait 42, etc.;
l'article 41 deviendrait donc 47, etc.; l'article 48.1 deviendrait 55,
l'article 49 deviendrait 56, etc. et le dernier article porterait le
numéro 59.
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Cette motion serait
adoptée.
M. Bédard: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le ministre.
M. Bédard: ... seulement quelques mots pour remercier les
membres de l'Opposition de leur contribution très positive à
l'amélioration de ce projet de loi qui constituait quand même un
sujet délicat à aborder, parce qu'on a toujours j'ai eu
l'occasion de le dire et je le redis à l'esprit le plus grand
respect possible des droits et libertés individuels; en même
temps, on doit avoir la préoccupation d'en arriver à une loi qui
soit la plus efficace possible, surtout dans un domaine comme celui-ci,
où la vie ou la sécurité des citoyens peut être en
danger de même que leurs biens.
Je voudrais également remercier d'une façon tout à
fait particulière le personnel qui nous a permis de tenir nos travaux
réguliers au niveau de cette commission.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Malgré l'incurie du gouvernement, qui a mis en
péril les travaux de notre commission ce matin...
Une Voix: Ah, ah, ah!
M. Lalonde: C'est une situation très grave que nous avons
vécue.
Une Voix: Ah, ah, ah!
M. Lalonde: J'espère, M. le Président, que le
journal des Débats n'enregistre pas les rires que je trouve
déplacés.
M. Bédard: II pourrait enregistrer les sueurs qui perlent
sur le front du député de Marguerite-Bourgeoys quand il dit avoir
eu peur à ce point-là.
M. Lalonde: Lorsqu'une institution comme la nôtre, dont
nous sommes seulement les serviteurs, qui a été traitée de
cette façon par le gouvernement ce matin on m'a accusé,
pendant une demi-heure, alors que j'ai fait une question de règlement,
d'avoir retardé les travaux de la commission alors que le gouvernement,
par sa mauvaise gestion, nous a enlevé trois heures de travail.
M. Bédard: Vous vous améliorez.
M. Lalonde: Ceci dit, j'accepte d'abord les remerciements du
ministre qui, je le sais, sont sincères. Je ne veux pas refaire le
débat, j'aurais préféré qu'une loi organique d'une
telle portée soit précédée d'un examen beaucoup
plus articulé, beaucoup plus exigeant et rigoureux que ce que nous avons
été appelés à faire. Ce sont des dispositions qui,
généralement, dans d'autres domaines, sont
précédées par un livre blanc, par une tournée
on sait que ce gouvernement aime beaucoup tourner ...
M. Bédard: Sauf autour de vous.
M. Lalonde: ... par de la publicité, par un avant-projet,
par une consultation en commission parlementaire et enfin par une
décision gouvernementale bien pensée, bien pesée. On n'a
pas eu le loisir de faire cela, M. le Président. C'est peut-être
une des raisons pour lesquelles le débat que nous avons eu en
deuxième lecture... On ne peut ignorer d'ailleurs, même si cela ne
s'est pas passé ici, le débat qui avait
précédé le projet de loi 94,
retiré par le ministre, ni la deuxième lecture de ce
projet, contre lequel nous avons voté, étant donné
l'étape où il était à ce moment-là. C'est
peut-être une des raisons pour lesquelles ce débat a
été si orageux, si difficile. Ayant été
traité d'irresponsables et pas de profiteurs, mais d'exploiteurs de la
Charte des droits et libertés de la personne, nous avons quand
même réussi à amener le ministre à s'imposer une
réflexion additionnelle pour prendre au sérieux nos
problèmes, nos appréhensions, nos réserves et même
nos objections quant au projet de loi. Je suis particulièrement
satisfait du travail que l'Opposition officielle libérale, en
particulier, a fait relativement à ce projet de loi. Je pense que
malgré les gros mots que cela nous a valus, nous avons fait oeuvre
utile. Nous avons d'ailleurs décidé d'adopter toujours la
même attitude vis-à-vis de chaque décision du
gouvernement.
Je suis donc particulièrement satisfait étant donné
que la très grande majorité des demandes que nous avons faites
sauf la consultation, qu'on nous a refusée a
été acceptée, que ce soit le contrôle judiciaire de
l'exercice de certains pouvoirs exorbitants, que ce soit le retrait des
pouvoirs inutiles, exorbitants et non nécessaires de la Loi des
commissions d'enquête, que ce soit l'indemnisation. On a eu satisfaction
partielle dans ce domaine-ci. Quand même, je ne suis pas
nécessairement satisfait, mais j'espère que nos
délibérations, qui sont enregistrées, pourront servir
à démontrer à un juge qui serait inquiet de la
signification de nos décisions, que le fait de ne pas inclure
l'indemnisation de la démolition des maisons ne veut pas dire que le
législateur, par son silence, veut faire maison nette c'est le
cas de le dire de la jurisprudence qui permet d'être
indemnisé en vertu du concept juridique de l'enrichissement sans
cause.
Donc,d ans l'ensemble, après un très laborieux
début, on a eu la réponse que nous voulions du ministre,
c'est-à-dire qu'il nous offre, qu'il nous propose des choses. Il
n'attend pas simplement que nous arrivions avec un projet de loi refait. Vous
savez très bien que c'est à peu près impossible pour un
membre de l'Opposition de faire ce boulot.
Je remercie donc le ministre de nous avoir écoutés,
même si cela a été un peu en retard. Dans l'ensemble, sans
présumer du vote que nous donnerons en troisième lecture, je suis
convaincu que les amendements qui ont été apportés vont
nous influencer grandement dans la décision que nous aurons à
prendre quant à ce vote.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Au nom de l'Union Nationale, aussi, je ne veux pas
féliciter le gouvernement pour les inconvénients qu'a eu à
subir la commission ce matin. J'espère qu'il prendra les dispositions
nécessaires pour que cela ne se renouvelle pas. Je tiens à
remercier les personnes qui ont accompli un travail qu'elles n'accomplissent
pas habituellement, qui servira à l'enregistrement des
débats.
Il m'a fait plaisir de participer à cette commission. Je crois
bien que mon confrère, le député de Nicolet-Yamaska, a
certainement apporté aussi une franche collaboration dans la
première partie de l'étude de ce projet de loi. Quant à la
deuxième partie, il m'a fait plaisir de le remplacer et d'apporter aussi
ma contribution à l'étude de ce projet de loi.
M. Bédard: M. le Président, il faudrait simplement
relever le fait que, lorsque les députés de l'Opposition
blâment le gouvernement pour les quelques heures où nous n'avons
pu siéger, ils le font un peu à l'aveuglette et ce n'est en
aucune façon justifié. Le gouvernement n'a pas fait preuve
d'incurie ou d'imprévision. Au contraire, il a fait preuve d'un grand
souci de prévention puisque, dès octobre, nous avions
signé un protocole d'entente pour permettre que les travaux des
commissions de l'Assemblée nationale ne soient pas perturbés par
des décisions des parties qui sont en négociation
présentement.
Je pense que ce n'est pas très juste d'imputer au gouvernement
une responsabilité qu'il n'a pas. Ce n'est pas nous qui prenons les
décisons. Nous prenons nos décisions; nous ne sommes pas
là pour prendre les décisions des autres parties qui peuvent
être concernées par un protocole d'entente.
Je ne veux pas allonger la discussion sur ce point. Je suis heureux que
les oppositions c'est le cas de le dire soient heureuses et je
les remercie encore une fois de leur collaboration...
M. Lalonde: ... font pas.
M. Bédard: Cela ne présume pas de votre vote, c'est
votre responsabilité comme c'était votre responsabilité
d'accepter d'étudier ce projet de loi avec sérieux; lorsque j'ai
dit, dans les notes sténographiques de la fin des travaux de la
commission, que l'Opposition ne prenait pas ses responsabilités, c'est
qu'à ce moment-là nous faisions face à un barrage
d'interventions de 20 minutes en 20 minutes qui nous empêchaient de
passer à d'autres articles.
M. Lalonde: Ce qui vous a forcés à
retravailler...
M. Bédard: La preuve en est tellement claire
qu'aujourd'hui je reconnais avec plaisir que l'Opposition a
décidé de travailler très sérieusement, et les
résultats sont là, nous avons terminé l'étude du
projet.
Le Président (M. Dussault): Merci, messieurs. Le
rapporteur nommé à cette commission fera rapport à
l'Assemblée nationale. Je vous remercie de votre collaboration. Je le
dis d'autant plus à l'aise qu'il semble que la mission du
président était devenue périlleuse. J'ajourne les travaux
de cette commission sine die.
Fin de la séance à 19 h 43