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Etude du projet de loi no 28
(Onze heures cinquante-huit minutes)
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous allons commencer les travaux de la commission élue
permanente de la justice qui a le mandat de faire l'étude article par
article du projet de loi no 28, Loi sur la protection des personnes et des
biens en cas de sinistre.
Sont membres de cette commission: M. Alfred (Papineau), M. Bédard
(Chicoutimi), M. Ciaccia (Mont-Royal) à la place de M. Blank
(Saint-Louis); M. Charbonneau (Verchères), M. Lavigne (Beauharnois) en
remplacement de M. Clair (Drummond); M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Lacoste
(Sainte-Anne), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Samson (Rouyn-Noranda) et
M. La-berge (Jeanne-Mance) en remplacement de M. Vaillancourt
(Jonquière).
Pourraient aussi intervenir: M. Blank (Saint-Louis) à la place de
M. Ciaccia (Mont-Royal); M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M. Duhaime
(Saint-Maurice), M. Léger (Lafontaine), M. Marois (Laporte), M.
Pagé (Portneuf) et M. Tardif (Crémazie).
Interprétation et application (suite)
Au moment où nous avions mis fin à nos travaux, lors de la
dernière séance de cette commission, nous en étions
à l'étude de l'article 1 et les définitions a), b), et c)
avaient été adoptées, et nous en étions à
l'étude de d). M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, à la fin, tel
que vous l'avez exprimé...
M. Fontaine: Voulez-vous me dire, M. le Président, s'il y
avait eu un amendement formel de proposé ou si on en était
simplement à des discussions?
Le Président (M. Dussault): Vous vous rappelez que j'avais
dit que j'attendais toujours l'amendement qui avait été
annoncé.
M. Bédard: ... nous étions à discuter de la
définition du mot "sinistre" et notre attention se portait surtout sur
le mot "attendu", et l'analyse de ce mot. A la suite des discussions que nous
avons eues, je serais en mesure de proposer un amendement qui aurait
peut-être pour effet de mieux clarifier et qui consisterait à
ajouter, à la première ligne du paragraphe d), après le
mot "attendu", le mot suivant: "prochainement".
Le Président (M. Dussault): II s'agirait donc d'ajouter,
après le mot "attendu", à la première ligne de d), le mot
"prochainement"; à moins qu'on ne donne immédiatement le
consentement pour cet amendement, je vais...
M. Lalonde: Non, M. le Président. J'attendais que vous
demandiez des commentaires.
Le Président (M. Dussault): Je reçois cet
amendement. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, on a déjà
abordé l'étude de cette définition et il est bon parfois
de remettre sur le métier notre ouvrage. J'ai eu l'occasion, depuis
qu'on a ajourné les travaux de cette commission, cela fait quand
même plusieurs jours, de réfléchir davantage sur la
portée de la loi en général, dont le principe a
été accepté, et sur cet article en particulier et aussi
sur la façon de procéder.
A quelques reprises, dans le passé, on s'est aperçu,
après avoir terminé l'étude d'un projet de loi, à
mesure qu'on abordait des articles dans le corps de loi, qu'on devait revenir
aux définitions. A quelques reprises aussi, les commissions ont eu la
sagesse de suspendre l'étude des définitions pour ne pas
être obligées de les modifier à mesure, pour être en
mesure de les étudier en ayant réellement bien saisi toute la
portée des modalités de la loi. Je n'en fais pas une motion, mais
cela m'est revenu à la mémoire lorsque j'examinais ce projet. On
peut se buter actuellement sur une définition qu'on pourrait adopter
plus facilement une fois qu'on aura fait le tour de la loi.
M. Bédard: Je n'ai pas à argumenter sur notre
amendement. Je suis disposé à suspendre momentanément
l'étude du paragraphe d) de l'article 1. Je crois également
qu'à la lumière de ce que nous aurons adopté concernant la
loi, concernant les autres articles, on aura peut-être un
éclairage qui nous permettra d'en arriver à une conclusion plus
facile et plus exacte, plus rapide aussi sur cette définition.
Le Président (M. Dussault): Y a-t-il consentement de la
commission pour suspendre l'étude de l'amendement annoncé par M.
le ministre, de même que l'article 1?
M. Fontaine: Consentement.
Le Président (M. Dussault): Alors il y a consentement de
la commission. J'appelle maintenant l'article 2.
M. Bédard: Cet article...
Le Président (M. Dussault): Un instant, M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je ne voulais que demander au ministre si, depuis
que le projet de loi est déposé, des ministres du cabinet ou des
commissions, comme la Commission des droits et libertés de la personne,
lui ont fait des représentations, quant à ce projet de loi.
M. Bédard: Le ministre des Affaires municipales a
suggéré quelques amendements dont on fera état plus
tard.
M. Fontaine: D'accord.
M. Bédard: Je n'ai pas eu d'autres représentations,
sauf, naturellement, celles qui ont été émises lors que la
discussion au Conseil des ministres. Je ne pense pas que ce soit le but du
député de Nicolet-Yamaska de me demander de relater la
discussion.
M. Fontaine: Non; des recommandations spécifiques qui ont
été faites par le ministre des Affaires municipales.
M. Bédard: Oui, dont nous allons tenir compte,
d'ailleurs.
Le Président (M. Dussault): Le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je voudrais donner suite
à la question du député de Nicolet-Yamaska. On sait que la
Commission des droits de la personne a exprimé, dans un bulletin, des
réserves relativement au projet de loi 94, le frère
aîné de celui-ci. Je lis dans le bulletin de février 1979,
le bulletin de la Commission des droits de la personne, volume II, no 1,
première page: "Quant au projet de loi no 94, sur la protection des
personnes et des biens en cas de sinistre, il pose d'énormes
problèmes en ce qui concerne le respect de plusieurs droits
fondamentaux. Il y a tout lieu de souhaiter qu'il soit révisé en
profondeur."
Dans sa réponse, le ministre a parlé du ministre des
Affaires municipales, est-ce qu'il n'a reçu, de la Commission des droits
de la personne, d'autres communications que celle-là, directement, avec
une copie au président de l'Assemblée ou non, pour nous
éclairer dans l'étude ici? Je pense qu'il serait désirable
et tout indiqué que le ministre en fasse part à la
commission.
M. Bédard: On n'a pas eu d'autres remarques de la
Commission des droits de la personne sur ce projet de loi que nous
étudions. On en avait eu sur le projet de loi 94.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre ne trouve pas que les
remarques autres que celles que l'on retrouve dans le bulletin, concernant le
projet de loi 94, conservent leur pertinence et qu'on doit en faire part
à la commission pour voir dans quelle mesure le gouvernement les a
acceptées, de quelle façon il a traité ces remarques?
M. Bédard: Vous nous permettez quelques instants pour
vérification?
Nous avions reçu un avis de la commission concernant le projet de
loi no 94. Personnellement, je n'ai aucune objection, si les membres de
l'Opposition n'ont pas une copie de cet avis, à leur en donner une, de
manière qu'on soit en mesure de constater jusqu'à quel point on a
tenu compte de certaines de ces représentations, en fonction de la
nouvelle rédaction du projet de loi no 28.
Les remarques de la commission c'était capital
portaient entre autres sur la définition du mot "sinistre". Nous avons
essayé d'en tenir compte dans le projet de loi 28. Elles portaient
également sur les pouvoirs qui étaient donnés dans la loi,
pouvoirs exceptionnels. Nous en avons tenu compte également en
prévoyant un encadrement tel que défini dans la loi 28.
Pour avancer les discussions, je vais vous en faire distribuer une
copie.
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: En attendant pour savoir dans quelle mesure ce
document pourra contribuer à l'étude par l'Opposition, en ce qui
nous concerne en tout cas, de ce projet de loi, j'aurais une autre question
à poser. Il s'agit des amendements. J'ai déjà
indiqué au ministre, soit publiquement, soit privément, que
j'avais des amendements à proposer. J'ai même envoyé une
lettre, qui n'est peut-être pas aussi expresse qu'on l'aurait
souhaité, indiquant au moins dans quels secteurs...
M. Bédard: Dans quel sens.
M. Lalonde: ... dans quel sens les amendements que nous avons
devraient être faits. C'est une lettre du 15 juin. Je pense que c'est
vendredi dernier que je l'ai fait parvenir. Le deuxième paragraphe est
le principal.
M. Bédard: Que vous avez fait parvenir à Me
Jacoby.
M. Lalonde: Oui, on s'était entendu. Le ministre m'avait
dit de faire parvenir cela directement à Me Jacoby. Je ne sais pas s'il
l'a reçue vendredi. J'ai eu de la difficulté à avoir un
messager pour la lui faire parvenir. On dit que ces amendements visent à
introduire un contrôle judiciaire de l'exercice des pouvoirs d'urgence
prévus par la loi et aussi un droit d'indemnisation des victimes
innocentes de l'application de ces mesures. Ces amendements se trouveraient
dans le chapitre III.
Naturellement, je ne pense pas qu'on puisse me faire reproche de ne pas
avoir pu soumettre ou voulu soumettre le texte même des amendements au
moment où j'ai écrit la lettre. J'ai des projets. J'en ai
même montré un à Me Jacoby la semaine dernière, mais
je ne voulais pas m'enferrer dans un texte; je voulais poursuivre ma
réflexion jusqu'au moment de cette commission, de cette
réunion.
Il y a aussi les amendements que nous allons proposer aux articles 42 et
44. J'ai laissé la porte ouverte naturellement à d'autres
amendements. Je
ne veux pas non plus me limiter, mais le ministre vient de parler
d'amendements qu'il aurait à proposer lui aussi, à la suite d'une
conversation ou de représentations du ministre des Affaires municipales.
Est-ce qu'on pourrait lui demander de les déposer ou de nous en indiquer
un peu plus? Là, c'est rendu que c'est l'Opposition qui donne toute sa
salade. D'habitude, le ministre n'a pas d'objection à nous aider dans
l'étude de ses projets de loi. J'ai vu aussi d'autres de ses
collègues distribuer aux membres de la commission, au début de
l'étude article par article d'un projet de loi, le jeu d'amendements qui
sont déjà prêts. Cela ne l'empêche pas d'en apporter
d'autres plus tard, à mesure que l'étude se déroule, mais
j'aimerais que le ministre nous communique ces amendements-là au
début. On aborde l'article 2 et, si ces amendements-là sont
prêts, est-ce qu'il aurait la bonté de nous en faire part, sinon
de nous les remettre aussitôt qu'ils seront prêts?
M. Bédard: Je n'ai aucune objection à les
déposer maintenant, quitte à en faire la discussion quand ces
amendements viendront à l'étude.
M. Lalonde: Oui.
M. Bédard: De la même manière, à la
suite de remarques et d'analyses qui ont été faites et dont nous
avons pris connaissance, nous avions également à l'esprit
certains autres amendements qui, à un moment donné, pourront
peut-être rejoindre ceux du député de Marguerite-Bourgeoys.
Je vais déposer...
M. Lalonde: J'aimerais en faire faire des photocopies. Il n'y a
pas de dépôt.
M. Bédard: ... le texte de deux amendements que nous
apporterons à la suite de représentations faites par le ministre
des Affaires municipales. Je demanderais qu'on en fasse des copies pour les
distribuer aux membres de la commission.
Le Président (M. Dussault): Le président va
demander au personnel du secrétariat d'en faire des photocopies.
Bureau de la protection civile
M. Lalonde: Maintenant que nous avons suspendu la
définition de l'article d), on aborde, avec l'article 2, le corps du
projet de loi. J'aimerais faire une petite rétrospective. On sait que le
projet de loi 94 avait créé d'énormes difficultés.
Il posait d'énormes problèmes, disait la Commission des droits de
la personne, qui souhaitait qu'il soit révisé en profondeur.
Jusqu'à ce qu'on reçoive copie des recommandations
particulières de la commission, ce que je vais dire est sous toute
réserve. Il reste que, lors de l'étude en deuxième lecture
de ce projet de loi, le ministre avait indiqué que les problèmes
qu'il voyait exprimer par l'Opposition pourraient se régler lors de
l'étude article par article et il avait déclaré être
très ouvert à toute suggestion qui serait faite par l'Opposition.
(12 h 15)
M. le Président, les amendements que nous allons proposer et la
façon dont nous allons aborder l'étude de ce projet de loi,
article par article, se trouvent énormément influencés par
les étapes qui ont été ou n'ont pas été
franchies jusqu'à maintenant.
Quand on parle d'un projet de loi qui doit être
révisé en profondeur, on s'attend qu'un ministre ou un
gouvernement procède d'une façon classique, à savoir une
exposition des problèmes dans un livre de quelque couleur que vous
voulez, une consultation large de la population ou des groupes
intéressés, que ce soit par tournée ou par commission
parlementaire et, ensuite, le dépôt d'un projet de loi dans un
cadre où les définitions ont été faites, où
les problèmes ont été identifiés, où les
conséquences pratiques ont été mesurées sur les
interrelations entre la structure qu'on impose et ce qui existe actuellement.
En quelque sorte, il s'agit ici d'un projet de loi organique qui crée
une structure, qui crée des pouvoirs, et ce travail n'a pas
été fait.
En deuxième lecture quand même, on a cru à
l'ouverture proposée par le ministre et on n'a pas fait de débat
plus avant que celui qu'on avait fait sur le projet de loi 94 et sur les
questions que j'ai posées lors de l'étude en deuxième
lecture, à savoir quels sont les besoins? Est-ce que le ministre a
prouvé que ce projet de loi est nécessaire et,
deuxièmement, est-ce qu'il ne va trop loin?
Vous conviendrez donc, M. le Président, que l'étude
article par article va s'en trouver influencée. On n'arrive pas
simplement à des articles ou à des modalités. Notre but,
de l'Opposition, est de faire en sorte que soit révisé en
profondeur le projet de loi no 94 et que le projet de loi no 28, lorsqu'il sera
devenu loi, soit le résultat de cette révision en profondeur.
J'ai indiqué à quel titre nos efforts seront faits, à
savoir sur le contrôle judiciaire, sur l'indemnisation des victimes et
aussi sur la définition plus serrée des pouvoirs qui peuvent
être donnés.
Alors, nous allons donc aborder ce projet de loi dans cet esprit. Si
nous ne voyons pas... Ce n'est pas une menace, parce que je pense qu'il faut...
Les circonstances et la manière de procéder du ministre imposent
à l'Opposition actuellement une charge quasiment injuste, presque
injuste, parce que, n'ayant pas traversé ces étapes, on demande
à quelques députés de l'Opposition réellement
d'être les seuls dépositaires des questions, d'être les
témoins d'un tas de gens qui n'ont pas été appelés
à témoigner, mais qui détiennent les vérités
qu'on ne connaît pas.
Alors, si nous ne voyons pas, de la part du gouvernement, cette
ouverture, cette volonté de réviser en profondeur lors de
l'étude article par article, nous aurons des propositions à faire
qui, malheureusement, pourraient retarder l'adoption de ce projet de loi
pendant cette session. Il nous reste seulement quelques jours. En ce qui me
concerne, ce ne serait pas un désastre de savoir que ce projet de
loi ne serait pas adopté avant vendredi.
On a passé des décennies sans avoir ces pouvoirs et il
m'apparaît que la Commission des droits et libertés de la
personne, en particulier, mérite qu'on prenne un peu plus de temps, des
fois, lorsqu'on crée des pouvoirs qui posent d'énormes
problèmes, comme le disait le bulletin de la Commission des droits de la
personne.
Alors, c'est dans ce cadre que j'aborde actuellement, que nous abordons,
nous, de l'Opposition officielle, l'étude article par article du projet
de loi no 28.
M. Bédard: M. le Président, je tiens à dire
aux membres de la commission que je ne suis pas pressé non plus pour
passer le projet de loi. Je veux qu'on en fasse la discussion avec le plus de
maturité possible et je dois dire au député de
Marguerite-Bourgeoys qui se réfère à un article de journal
où la Commission des droits et libertés de la personne parle de
repenser en profondeur le projet que je l'invite préalablement à
lire l'avis de la commission qui exprime qu'à partir du moment où
la définition du sinistre est bien cadrée même chose
concernant les pouvoirs exceptionnels qu'à ce moment, le reste du
projet de loi ne pose pas de problèmes majeurs. Vous aurez
l'occasion...
M. Lalonde: En tout cas, on lira ce que la commission a à
dire. On n'est pas lié, parce que la commission nous le suggère,
le suggère au gouvernement, mais ça nous donne quand même
un certain cadre d'intervention. Si j'ai cru bon faire ces remarques à
ce moment, M. le Président même si on avait fait des
remarques préliminaires c'est qu'on n'a pas siégé
depuis plusieurs jours et je vois la fin de la session arriver à grands
pas. Nous sommes mardi, trois jours avant la fin de la session et je ne
voudrais pas que ce soit interprété comme étant une
pression sur l'Opposition d'aller plus vite, parce qu'il m'apparaît que
si on avait siégé vendredi, si on avait siégé
lundi, hier, on aurait pu être rendus à un moment donné,
où le débat aurait normalement abouti à un consensus. Je
ne suis pas sûr de pouvoir arriver à ce moment-là, avant
vendredi c'est ça que je veux dire si on ne peut pas
siéger plus souvent.
M. Fontaine: On siège seulement jusqu'à 18
heures.
M. Bédard: La meilleure manière d'avoir des champs
déterminés, ce serait de commencer.
M. Lalonde: D'accord.
Le Président (M. Dussault): L'article 2 avait
été appelé. Sur l'article 2.
M. Bédard: L'article 2, M. le Président,
prévoit la constitution d'un organisme administratif sous le nom de
Bureau de la protection civile du
Québec. Il a pour but essentiellement de créer une
entité administrative et de lui donner certains pouvoirs. Dans les faits
ceci constitue une sorte de reconnaissance légale de l'actuel Bureau de
la protection civile qui s'est développé autour du coordonnateur
de la protection civile nommé en vertu de la Loi de la protection
civile.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: J'ai seulement une question ici. C'est l'emploi du
qualificatif administratif, un organisme administratif. Lorsqu'on regarde les
pouvoirs de cet organisme et de ses membres qui sont compris dans la loi, on se
demande dans quelle mesure on emploie bien le mot "administratif". Est-ce que
c'est à dessein qu'il a été mis là? Est-ce que
maintenant, on a des catégories d'organismes dans le gouvernement qu'on
qualifie au moment de la création? Je ne me souviens pas, naturellement,
de toutes les lois et de tous les organismes, mais il me semble que c'est assez
rare qu'on qualifie l'organisme au moment de sa création.
M. Bédard: C'est parce que cela n'est pas un organisme
avec un président et un vice-président; c'est tout simplement un
organisme avec un directeur. C'est dans ce sens que cela cadre avec ce que nous
voulons, c'est-à-dire un service administratif bien cadré.
M. Lalonde: Le rapport de l'organisme à l'égard du
ministre est à peu près celui d'une direction
générale, qui n'exige pas sa création législative,
de toute façon. Est-ce que le ministre n'a pas le droit de créer
des directions générales dans son ministère sans
être autorisé par une loi spéciale?
M. Bédard: Cela n'est pas un précédent; pour
ce qui est des droits de la justice, on a déjà la Loi des
établissements de détention où on crée une
direction générale et on parle du directeur
général.
M. Lalonde: Cela n'est pas un précédent,
mais...
M. Bédard: Non.
M. Lalonde: Vous croyez qu'on doit le faire par loi actuellement,
pour lui donner des pouvoirs spéciaux.
M. Bédard: Je pense que ce serait beaucoup plus
convenable.
M. Lalonde: Très bien, je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Dussault): L'article 2 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté, j'appelle
l'article 3.
M. Bédard: Cet article précise qu'il appartient au
gouvernement de nommer le directeur du bureau, et ce, pour un mandat
n'excédant pas cinq ans. Le gouvernement fixe également la
rémunération, les avantages sociaux et les autres conditions de
travail du directeur. De plus, afin qu'il y ait en tout temps une personne
à la direction du bureau, il est prévu que le directeur demeurera
en fonction à l'expiration de son mandat jusqu'à ce qu'il soit de
nouveau nommé ou encore remplacé. Ceci équivaut à
dire que le mandat du directeur qui serait nommé serait
renouvelable.
M. Lalonde: Seulement une question, est-ce qu'il y a concours
pour nomination de ce directeur?
M. Bédard: Non, il n'y a pas de concours... M. Lalonde:
C'est comme... M. Bédard: ... de prévu...
M. Lalonde: C'est comme pour les autres hauts fonctionnaires au
niveau de sous-ministre ou sous-ministre adjoint.
M. Bédard: C'est cela.
M. Lalonde: Très bien, adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 3 est adopté,
j'appelle l'article 4.
M. Bédard: Cette disposition propose que le
secrétaire et les autres membres du personnel du bureau de la protection
civile soient nommés et rémunérés suivant la loi de
la fonction publique.
M. Lalonde: Adopté.
M. Bédard: Actuellement...
M. Lalonde: Excusez-moi, je pensais que vous aviez
terminé.
M. Bédard: Actuellement, les employés qui agissent
auprès du coordonnateur sont nommés directement par le
gouvernement. Cette formule de nomination tend de plus en plus à
disparaître de nos lois, surtout lorsqu'on traite des employés
d'un organisme, et il m'apparaît souhaitable qu'il en soit ainsi dans le
cas de tous les employés du Bureau de la protection civile.
Le Président (M. Dussault): L'article 4 est
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté, j'appelle
l'article 5.
M. Bédard: Cet article décrit les devoirs et les
fonctions du directeur du bureau et précise que ce dernier sera
chargé de l'administration du bureau et qu'il en surveillera et dirigera
le personnel, qu'il exercera également, sour l'autorité du
ministre, les fonctions que la loi sous étude attribue au bureau. Par
ailleurs, cet article consacre l'autorité du directeur et précise
que ses ordres devront être exécutés de la même
manière que les ordres du ministre et que sa signature officielle
donnera force et autorité à tout document du bureau, comme dans
le cas des sous-ministres.
M. Lalonde: Est-ce qu'on retrouve cette formulation...
M. Bédard: Exactement comme dans le cas des
sous-ministres.
M. Lalonde:... dans le cas des sous-ministres, je pense...
M. Bédard: Oui. Dans la Loi de constitution de
ministères. Je lisais justement ce matin dans la loi qui a
été déposée constituant le nouveau ministère
de l'Environnement.
M. Lalonde: Tantôt, qu'est-ce que ça va changer?
M. Bédard: II y a un bon ministre.
M. Fontaine: Ce n'est pas sûr que ça reste comme
ça.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, je voudrais demander au
ministre s'il entend augmenter considérablement le personnel du bureau
à la suite de l'adoption de cette loi ou s'il va conserver le personnel
actuel de la protection civile.
M. Bédard: Pour le moment, on ne prévoit pas
d'augmentation considérable. Peut-être un
réaménagement à l'intérieur.
M. Fontaine: Quel est l'effectif du personnel actuellement?
M. Bédard: 98. M. Fontaine: 98.
Le Président (M. Dussault): L'article 5 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Article 6.
M. Bédard: Cette disposition prévoit que le
gouvernement pourra, au cas d'absence ou de maladie du directeur, lui nommer
temporairement
un remplaçant. Je ne pense pas que ça crée de
problème.
M. Fontaine: Non.
M. Lalonde:... une absence de fin de semaine. M. Fontaine:
Cela ne crée pas de problème. M. Lalonde: Pour le
mettre de côté.
M. Fontaine: Cela ne crée pas de problème, M. le
Président, sauf que dans d'autres lois, par exemple, la Loi sur la
qualité de l'environnement, il y a un directeur qui est nommé et
un directeur adjoint et, au cas d'incapacité du directeur, c'est le
directeur adjoint qui prend la relève automatiquement. Cela s'est
d'ailleurs produit aux Services de protection de l'environnement, alors que le
directeur a été muté à une autre fonction. Le
directeur adjoint a alors pris la place et a rendu les décisions
immédiatement.
M. Lalonde: II n'y a pas de directeur adjoint; à ce
moment-là, il faut que ce soit le gouvernement...
M. Bédard: A ce moment-là, il y a quand même
en place toujours le sous-ministre qui est responsable de cette direction.
M. Fontaine: Sauf qu'il n'a aucun pouvoir dans cette loi.
M. Lalonde: Je pense que ce que le ministre veut dire, il est
d'accord avec le député, s'il y avait un directeur adjoint dans
la structure, ce serait normalement le directeur adjoint qui le remplacerait,
mais il n'y en a pas.
M. Bédard: Ce serait automatique.
M. Lalonde: Que ce soit le gouvernement qui nomme un
remplaçant temporaire ou qui nomme le directeur adjoint, ça
revient exactement au même.
M. Fontaine: Je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Dussault): L'article 6 est-il
adopté? Adopté. Article 7.
M. Bédard: Cet article décrète que le
directeur ne pourra exercer aucune fonction incompatible avec celles
prévues par le projet de loi qui est à l'étude. (17 h
30)
M. Fontaine: Ce serait quoi, les fonctions incompatibles?
M. Lalonde: Mettre le feu.
M. Bédard: A un conseil municipal, il pourrait y avoir une
incompatibilité entre une décision à prendre, lui, comme
directeur responsable du bureau, et une décision à prendre en
fonction de la municipalité où il occupera un poste de
responsabilité.
M. Fontaine: A ce moment-là, ce serait le gouvernement, le
conseil exécutif, le Conseil des ministres qui déciderait s'il y
a, oui ou non, incompatibilité avec l'exercice de ses fonctions.
M. Lalonde: II y a une jurisprudence là-dessus, il y a des
critères qui sont pas mal établis, par exemple, au Barreau, dans
les faits, les critères sont relativement bien définis. Mais
c'est le gouvernement qui doit prendre la décision d'en nommer un autre,
lorsqu'il y a incompatibilité, j'imagine.
M. Bédard: Toute personne intéressée
pourrait s'adresser à la cour pour obtenir un jugement
déclaratoire sur l'incompatibilité de certaines fonctions du
directeur, un jugement déclaratoire sur requête.
Le Président (M. Dussault): L'article 7 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 8.
M. Bédard: Cet article, que l'on retrouve dans plusieurs
lois, prévoit le cas où un conflit d'intérêt
pourrait surgir entre l'intérêt personnel du directeur et celui du
bureau. Il précise que le directeur ne pourra, sous peine de
déchéance de sa charge, avoir un intérêt direct ou
indirect dans des entreprises mettant en conflit son intérêt
personnel et celui du bureau. Une exception à ce principe est toutefois
prévue si cet intérêt lui est dévolu par succession
ou donation, à condition toutefois qu'il y renonce ou s'en
départisse le plus rapidement possible.
M. Lalonde: II s'agit d'un intérêt pécuniaire
ici, n'est-ce pas?
M. Bédard: Plus précisément.
M. Lalonde: Parce que dans la loi 25 qui est encore devant
l'Assemblée, je pense, où on amende la Loi des CEGEP, on retrouve
une disposition concernant les conflits d'intérêts et je me
demande si on avait précisé qu'il s'agissait d'un
intérêt pécuniaire.
M. Bédard: On ne dit pas dans l'article qu'il s'agit
nécessairement d'un intérêt pécuniaire.
M. Lalonde: C'est cela. Mais dans la loi 25, il me semblait qu'on
le disait.
M. Bédard: Là, on met son intérêt
personnel. C'est plus large.
Cela pourrait viser le cas où, par exemple, le directeur
siégerait au conseil d'administration ou
serait actionnaire d'une entreprise qui fabriquerait ou vendrait des
appareils ou de l'équipement pour parer aux mesures d'urgence ou des
choses comme cela.
M. Lalonde: On retrouve cette disposition dans un grand nombre de
lois. Peut-être que ma question est à rencontre du
règlement, mais est-ce que ce n'était pas l'intention du
gouvernement je ne sais pas dans quelle mesure le ministre de la Justice
était intéressé à cela de définir un
code d'éthique pour les fonctionnaires, qui couvrirait naturellement le
cas actuel?
M. Bédard: II y a eu des directives qui ont
été données par le premier ministre concernant les
ministres.
M. Lalonde: Je ne parle pas des ministres, je parle des
fonctionnaires. Tout le monde a lu le traité des droits administratifs
du sous-ministre de la Justice qui en définit les tenants et
aboutissants. Mais je ne sais pas s'il n'y avait pas eu un projet actuellement
au gouvernement...
M. Bédard: Pas à ma connaissance. M. Lalonde:
Pas à votre connaissance.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 8 est
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 9.
M. Bédard: Cet article vise à accorder au directeur
et aux membres du personnel du bureau une immunité relativement aux
actes officiels accomplis de bonne foi dans l'exercice de leurs fonctions et
d'empêcher toute poursuite contre eux en raison de tels actes. Compte
tenu des fonctions du directeur et du personnel du bureau, surtout du fait que
très souvent ils devront intervenir rapidement et dans des situations
d'urgence, cette disposition m'apparaît nécessaire pour l'exercice
de leurs fonctions.
M. Lalonde: On ne peut pas lire cet article sans rappeler
l'article 40 qui englobe les personnes qui participent à l'application
des mesures d'urgence, ou à l'application d'un plan ou d'un programme de
prévention des sinistres et des mesures d'urgence.
Je ne sais pas si...
M. Bédard: On retrouve cet article-là dans la loi
actuelle. Présentement, c'est l'article 5 de la Loi de la protection
civile qui se lit comme suit: "Le coordonnateur de la protection civile et les
officiers et employés nommés en vertu de la présente loi
ne sont personnellement responsables d'aucun acte accompli de bonne foi dans
l'exercice des fonctions qui leur sont confiées en vertu de la
présente loi."
M. Lalonde: Oui, d'ailleurs, on retrouve cette
disposition-là dans à peu près toutes les lois
constitutives d'organismes. C'est dans ce sens-là.
M. Bédard: Autrement, c'est difficile d'intervenir,
surtout dans ce secteur d'activité, d'une façon plus
précise.
M. Lalonde: Non, je ne veux pas faire le débat de 40 sur
cet article 9. Je pense qu'on retrouve cet article-là dans à peu
près tous les actes constitutifs d'organismes pour protéger les
fonctionnaires qui travaillent de bonne foi dans l'exercice de leurs fonctions
et pour éviter des mesures d'entraves de la part de justiciables ou
d'autres personnes. On abordera à l'article 40 le problème qui
est soulevé par l'article 40.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: L'article 9 en soi, je crois que c'est une clause
normale qu'on retrouve dans les projets de loi de cette nature. Je ne pense pas
que le problème se situe à l'article 9. Le problème va se
situer aux articles qui donnent les pouvoirs. C'est bien beau de dire: Dans
l'exercice de vos fonctions...
M. Bédard: C'est cela.
M. Ciaccia: ... de bonne foi, vous allez être
exonérés de poursuites, mais quand on viendra, je crois, à
l'article 18...
M. Bédard: Le député de Mont-Royal a
raison.
M. Ciaccia: ... là, on va leur donner tellement de
pouvoirs qu'on va voir vraiment qu'il faut restreindre. Le principe
d'exonération est valable, mais la question sera le genre de pouvoirs
qu'on va leur donner.
Le Président (M. Dussault): L'article 9 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 10.
M. Bédard: Cet article vise à donner à une
copie d'un document faisant partie des archives du bureau certifiée
conforme par le ministre ou le directeur du bureau la même valeur que
l'original.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Le ministre dit que cela vise à donner des
copies, mais il n'y a rien dans la loi qui dit que le bureau sera obligé
de délivrer des copies.
M. Bédard: Non, ce n'est pas donner des copies, c'est
donner à une copie la valeur de l'original.
M. Fontaine: Ah! d'accord. Excusez-moi, j'avais mal compris.
Est-ce que ces documents-là seront publics? Est-ce que n'importe qui va
pouvoir obtenir une copie certifiée conforme?
M. Ciaccia: II n'y a rien dans la loi qui donne ce pouvoir.
M. Bédard: Normalement, ce sont des documents publics.
Une Voix: C'est un article qu'on retrouve dans tous les
ministères.
M. Fontaine: Est-ce qu'on ne serait pas mieux de dire que les
documents sont publics?
M. Bédard: C'est le libellé qu'on retrouve dans la
plupart des lois. Je ne vois pas jusqu'à quel point il est bon de
spécifier à cet article-là, qui traite d'un sujet bien
particulier, le problème de la mise en disponibilité de tous les
documents. Il y a peut-être des documents qui ne sont pas
nécessairement publics. Je ne le sais pas, je ne vois pas pourquoi on
s'engagerait tout de suite.
M. Fontaine: A ce moment-là, ce serait le directeur du
bureau qui déciderait si cela doit être rendu public ou non.
M. Bédard: C'est cela, en tenant compte de
l'intérêt public naturellement.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je pense que le
problème soulevé par le député de Nicolet-Yamaska
mérite qu'on s'y arrête un peu plus. Qu'on accorde le
caractère d'authenticité à une copie signée par le
ministre ou le directeur, je veux bien. Cela évite les contestations
dilatoires en cour, etc., mais je pense que dans un gouvernement moderne,
surtout qui se veut transparent, le ministre devrait sauter sur l'occasion pour
inscrire dans la loi tout d'abord le caractère public des archives et
l'obligation du directeur ou du ministre d'en délivrer des copies
à la demande de quiconque est prêt à en payer un tarif ou
un coût établi par tarif. On retrouve cela dans d'autres lois.
A ce moment-ci, je n'ai pas d'amendement à proposer
particulièrement, quoique je pourrais en préparer un pendant la
suspension.
M. Bédard: ... des explications
supplémentaires.
M. Lalonde: Oui, je pose la question. J'aimerais qu'on discute
d'abord, à savoir si ces archives devraient être publiques ou non.
Il m'apparaît que oui. Des archives, c'est tout le travail qui est fait
pour la définition d'une politique de prévention des sinistres,
qu'on va retrouver à l'article 11: mesures d'urgence, mise en oeuvre et
coordination de ces mesures. Il m'apparaît que tous les citoyens, surtout
compte tenu des pouvoirs énormes qui sont accordés ensuite, sont
intéressés de savoir ce qui se passe dans cette boîte:
comment on se conduit, quelles décisions on prend. A la demande d'un
citoyen qui est prêt, naturellement, à payer un montant nominal
pour une copie, soit le coût du Xerox, essentiellement pour éviter
les abus...
M. Bédard: Est-ce qu'on pourrait suspendre cet
article?
M. Lalonde: Oui, soit qu'on suspende et ensuite...
M. Bédard: On pourrait voir s'il y a des raisons
particulières, parce que...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Avant qu'on suspende, j'aimerais ajouter quelque
chose. On a vu dernièrement, dans les journaux, que le gouvernement
s'apprêterait à proposer l'adoption d'une loi-cadre, concernant
les renseignements que le gouvernement s'apprête à
présenter un projet de loi dans ce sens, il serait peut-être bon
qu'on commence immédiatement, dès l'adoption d'un projet de loi
comme cela, à voir à ce que les renseignements qui seront
recueillis ou les documents qui feront partie des archives du bureau puissent
être rendus publics. A moins qu'on ne me démontre qu'il y...
M. Bédard: Disons que ce n'est pas conforme à la
réalité que de parler d'un projet de loi au moment où on
s'en parle, mais, effectivement, il y a une préoccupation au
ministère de la Justice. Les officiers du ministère de la Justice
se penchent sur l'ensemble de ce problème évoqué par le
député de Nicolet-Yamaska. Me Jacoby va ajouter certaines
remarques concernant l'article et les préoccupations exprimées
par le député de Nicolet-Yamaska.
Effectivement, sur la question des dossiers, on est encore au stade des
études techniques, des études juridiques. On est en train
d'examiner la législation dans d'autres juridictions. Or, le dossier
n'est pas complété, au moment où on se parle, sur le plan
technique. C'est encore au niveau du travail des fonctionnaires. Par ailleurs,
vous référiez...
M. Fontaine: C'est déjà rendu dans la presse, par
exemple.
M. Bédard: C'est-à-dire qu'il y a eu un
congrès international d'administration récemment, où on a
évoqué cette possibilité.
Maintenant, sur l'autre question dont vous parliez, la
possibilité d'obtenir des copies de documents, on retrouve cela dans
certaines lois, mais il s'agit, dans la plupart des cas, de documents de nature
judiciaire et non pas de documents administratifs. Le problème que vous
soule-
vez, c'est tout le problème de l'accessibilité des
documents administratifs. Il y a quelques juridictions qui ont commencé
à aborder le problème. Pour l'instant, d'après les
principes juridiques, ce serait encore une prérogative de la couronne
que de garder confidentiels les documents administratifs. Ce serait
l'état du droit en ce moment. On est en train de réexaminer tout
cela.
M. Lalonde: Quand Me Jacoby dit la couronne, est-ce qu'il veut
dire le pouvoir exécutif?
M. Bédard: Le pouvoir exécutif.
M. Lalonde: Ah bon! Cela n'a pas de relation avec le pouvoir
judiciaire.
M. Bédard: Non.
M. Lalonde: Bon! M. le Président, si vous permettez, je
constate, avec le gouvernement, avec le ministre que la réflexion n'est
pas encore terminée là-dessus. Je pense que ce genre de
réflexion se justifie, les délais qu'on invoque aussi peuvent
être bien fondés, mais, dans ce cas-ci, dans une loi qui
crée tout un système de pouvoirs, c'est un nouveau système
de pouvoirs qu'on introduit dans notre société.
Je pense qu'on doit prendre l'occasion d'ouvrir la porte à ces
principes dont on étudie actuellement les problèmes techniques,
dont on étudie les problèmes de portée concrète,
mais je crois que j'y tiens assez pour faire un amendement que je vais proposer
lorsque la suspension de cet article sera terminée, lorsqu'on reviendra.
Je sais que le ministre a semblé vouloir suspendre l'étude de cet
article laissez-moi terminer, s'il vous plaît! parce qu'on
crée des pouvoirs exceptionnels ici. C'est une nouvelle avenue qu'on
ouvre. Je ne suis pas sûr qu'on soit prêt à le faire, qu'on
en ait étudié tous les tenants et aboutissants, comme dit la
Commission des droits de la personne, à la page 6. (12 h 45)
Ajoutons à ces remarques que la nécessité de
l'adoption au Québec d'une loi comme celle qui est
présentée ne nous semble nullement démontrée.
Raison de plus d'innover, et j'avais proposé que communication des
documents puisse être donnée, sinon copie faite, parce que
peut-être qu'il y a des plans d'urgence, que ce soit, je ne sais pas,
moi, sur des documents difficiles à reproduire ou coûteux, mais,
au moins, que communication soit faite, qu'on trouve une façon, en tout
cas, d'ouvrir la porte là-dedans. Parce que là, nos droits
individuels à tous nous autres, à tous nos concitoyens, peuvent
être défavorablement affectés par une application ne
serait-ce qu'un petit peu abusive, pas l'abus du tyran, simplement l'abus du
pouvoir quasiment inévitable de la fonction publique, de la
bureaucratie.
A ce moment-là, M. le Président, je vais proposer,
lorsqu'on reviendra à cet article, un amendement pour qu'on puisse avoir
communication de ces documents.
M. Bédard: M. le Président, le député
de Marguerite-Bourgeoys a fait allusion tout à l'heure à
l'ampleur du problème dont on parle, à la nécessité
d'une étude approfondie qui explique et justifie très bien les
délais qu'on peut y mettre avant d'en arriver à une conclusion.
Disons que, sur le plan des principes ou de la logique, même si je suis
porté dans le sens exprimé par l'Opposition, je me pose
simplement la question: Jusqu'à quel point est-on logique, d'une part,
de dire que ça prend une étude approfondie, d'autre part, de
l'ouvrir sans étude approfondie?
M. Lalonde: Si votre étude n'est pas assez approfondie,
remettez le projet de loi aux calendes grecques. On reviendra quand ce sera
approfondi.
M. Bédard: Je pense que c'est une manière de
discuter qui n'avance pas à grand-chose. J'avais proposé tout
à l'heure, M. le Président, qu'on suspende l'article. Il y a
peut-être des éléments qui peuvent être portés
à la connaissance des membres de la commission qui peuvent amener une
certaine restriction. Mais on pourra l'étudier en revenant sur
l'article.
Le Président (M. Dussault): Est-ce qu'il y a consentement
de la commission pour suspendre l'article? M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Avant de suspendre l'article, peut-être que le
ministre pourrait réfléchir sur la portée exacte de cet
article, non seulement de cet article, mais du fait qu'il n'y a aucunement,
dans le projet de loi, un article qui oblige, qui donne accès aux
documents et ce bureau ou les pouvoirs qui sont donnée dans ce projet de
loi, dans certains cas, sont quasi judiciaires. Alors, il ne faudrait pas que
cela ait l'effet d'un tribunal secret, parce que ces gens prennent des
décisions et ils vont prendre des décisions dans des cas
très extraordinaires avec des pouvoirs extraordinaires. Alors, il ne
faut pas fermer l'accès à des documents...
M. Bédard: Personne n'a interprété qu'on
veut fermer l'accès, loin de moi est cette pensée. Je me dis
simplement...
M. Ciaccia: Non, il faut que ce soit complètement ouvert,
que le public et les citoyens aient accès à toute la
documentation.
M. Bédard: Oui, suspendons tout simplement l'étude
de l'article; on verra.
M. Ciaccia: Alors, je voudrais seulement qu'il prenne ça
en considération.
M. Bédard: J'ai la même préoccupation.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: J'aimerais que le ministre nous dise... Il y a
peut-être des cas où l'intérêt public veut que ce
soit rendu public. Il faudrait peut-être énumérer ces cas.
Cependant, je
ne vois pas, à première vue, comment un document officiel,
faisant partie des archives du bureau, ne pourrait pas être rendu public.
C'est le point sur lequel nous devrons nous pencher, je pense.
M. Bédard: Sur le point que vous avez soulevé, on y
reviendra quand on reprendra l'étude de l'article.
Le Président (M. Dussault): II y a suspension de l'article
10 sur consentement de la commission. J'appelle l'article 11.
Fonctions du bureau
M. Bédard: L'article 11 édicte que le bureau aura
pour fonctions d'élaborer et de proposer au gouvernement une politique
de prévention des sinistres et de mesures d'urgence à prendre en
cas de sinistre, afin, entre autres, de permettre au gouvernement d'agir
promptement lors d'un sinistre. En outre, le bureau sera chargé de
l'application de cette politique et de la coordination de son exécution.
Ceci permettra au bureau d'intervenir pour assister des municipalités ou
toute autre personne dans le besoin en raison d'un sinistre.
L'article 11 prévoit également que le bureau devra
conseiller les ministères, les organismes gouvernementaux, les
municipalités et toute autre personne sur la prévention des
sinistres et sur les mesures d'urgence et il indique que le bureau les
assistera en cas de sinistre.
En bref, le bureau aura donc un rôle de conseil et d'assistance
auprès du gouvernement et des autres autorités susceptibles
d'agir pour prévenir ou régler une situation d'urgence, ainsi
qu'un rôle d'organe central de coordination.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, on n'en est qu'aux fonctions
du bureau...
Une Voix: M. le Président...
M. Lalonde: Oui, naturellement, on arrive un peu plus
spéficiquement à 12, mais, si on reste à 11, on aborde les
fonctions du bureau. Il y a peut-être une petite confusion qu'une
réponse brève du ministre pourrait éliminer. Il s'agit de
la différence entre le rôle de maître d'oeuvre qu'on demande
au bureau de jouer, de mettre en oeuvre la politique donc, le bureau est
maître d'oeuvre et la fonction de coordination qu'on retrouve tout
de suite après. On sait que le maître d'oeuvre et le
coordonnateur, ce n'est pas la même chose. Est-ce que je comprends mal ou
est-ce que, dans les faits... On pourrait peut-être donner plus de
détails là-dessus?
M. Bédard: Je demanderais à M. Brown d'y aller de
quelques explications.
Le bureau serait maître d'oeuvre, en collaboration avec les
municipalités, les ministères et les organismes gouvernementaux
quand il s'agirait de mettre sur pied des mesures d'urgence. Il deviendrait
coordonnateur lorsqu'il s'agirait d'aller chercher des ressources qui
n'existent pas dans les municipalités et qui peuvent exister ailleurs,
ou dans d'autres ministères, pour venir en aide à une
municipalité lorsqu'il y a un sinistre.
M. Lalonde: Cela n'est pas tout à fait ce que dit
l'article. Je comprends votre réponse mais là, on dit que le
bureau est maître d'oeuvre de la politique...
M. Bédard: Non...
M. Lalonde: Oui, "de mettre en oeuvre cette politique", mais il
est coordonnateur de l'exécution de la politique.
M. Bédard: Mais sa première fonction, c'est
d'élaborer et de proposer.
M. Lalonde: Oui, pour cela, il n'y a pas de problème.
M. Bédard: Un fois ses propositions faites et
acceptées par le gouvernement, il devient le coordonnateur de
l'application de ces mesures acceptées par le gouvernement, le
maître d'oeuvre de l'application de ces mesures, l'exécutant,
autrement dit. Il me semble que c'est...
M. Lalonde: Oui, mais la fonction... M. Bédard: ...
dans l'ordre.
M. Lalonde: ... de coordonnateur et de maître d'oeuvre
n'est pas la même. Le maître d'oeuvre c'est lui qui décide,
et le coordonnateur aide les maîtres d'oeuvre à
exécuter.
M. Bédard: Oui, mais il décide à partir de
décisions prises par le gouvernement.
M. Lalonde: La première fonction "... élaborer,
proposer au gouvernement une politique de prévention des sinistres, de
mesures d'urgence à prendre, en cas de sinistre...", la
définition du gouvernement de cette politique n'est pas là. C'est
pour cela que je ne l'ai pas encore abordée. J'aurai des questions
à poser là-dessus, parce que c'est assez obscur dans la loi.
Quand même, on abordera cela, éventuellement. Cette étape,
je présume qu'elle est franchie. On a élaboré, on a
proposé et on a adopté...
M. Bédard: Le gouvernement a adopté.
M. Lalonde: ... une politique. Maintenant, on en arrive à
la mise en oeuvre de la politique. Il me semble que la mise en oeuvre de la
politique, c'est l'exécution de cette politique dans la coordination de
l'exécution. Il me semble y avoir une confusion. Je sais que quand M.
Brown nous a parlé, tantôt, il nous a donné deux exemples.
C'est vrai, c'est probablement comme cela que cela va se passer,
mais il semble y avoir une confusion. Je crois que le rôle de la
commission parlementaire c'est d'éliminer toute confusion, d'injecter
plus de clarté, surtout avec les pouvoirs qu'on crée
là-dedans.
M. Bédard: Je vais vous dire honnêtement que le sens
me semble quand même assez clair, le libellé assez clair en
fonction des explications que nous avons données et des exemples que M.
Brown a donnés. Je ne sais que si le député de
Marguerite-Bourgeoys aurait une suggestion qui serait de nature à
clarifier plus en fonction de ses préoccupations, je n'ai pas
d'objection. Je dois avouer que je n'en ai pas présente à
l'esprit. Il me semble que l'article traduit ce que nous voulons,
effectivement, à savoir que le bureau a des fonctions très
précises qui sont d'élaborer et de proposer au gouvernement une
politique de prévention, le gouvernement l'accepte, une fois qu'ila
accepté ces propositions, il en fait sa politique et la mise en oeuvre
de cette politique acceptée se fait par le bureau et toute la
coordination nécessaire pour la mise en oeuvre de cette politique se
fait par le bureau.
M. Lalonde: Je n'ai peut-être pas été assez
clair. Non seulement on ouvre la porte à la confusion ici, mais on la
retrouve partout. Vous allez me permettre, pour répondre à la
question du ministre qui me demande des suggestions, d'aller un peu plus loin,
à l'article 20, non pas pour l'étudier, mais pour faire
simplement une démonstration de ce que je tente de faire comprendre au
ministre. Dès que l'état d'urgence est
décrété, le ministre, le directeur ou le maire, prend
toutes les dispositions nécessaires et peut notamment procéder
à la démolition d'un bâtiment. Jusqu'à maintenant,
je présume que tout le monde a lu le projet de loi, on sait que
l'état d'urgence peut être décrété, soit par
le ministre, 2 jours, le gouvernement, 30 jours au maximum, la
municipalité ou le maire, mais que le gouvernement peut prendre charge
des mesures d'urgence, qui que ce soit... On arrive à savoir, est-ce
qu'on démolit la maison, c'est le maire qui l'a
décrété. Est-ce que le gouvernement a pris charge ou non,
je ne le sais pas.
Mais que le gouvernement ait pris charge ou non, le bureau a le pouvoir
de démolir la maison et personne ne peut prendre la décision,
parce qu'il ne sait pas qui est réellement responsable à cause de
la confusion. Qui est responsable de l'exécution? Est-ce que c'est le
bureau, est-ce que c'est le maire? On est dans les mesures d'urgence à
ce moment-là. Je pense qu'il faut éliminer toute confusion et
bien définir la responsabilité de qui ça va être
dans un cas particulier, de prendre la décision, quelles que soient les
conséquences, justement à cause des conséquences, parce
que j'ai l'intention et je présume que mon amendement ou ma proposition
va être accueillie favorablement, de proposer un système
d'indemnisation des mesures d'urgence et j'ai bien dit des victimes des mesures
d'urgence et non pas des victimes des sinistres.
On y reviendra. Peut-être qu'il y aurait lieu d'être plus
précis que simplement le pouvoir, à l'article 36, du
gouvernement, d'indemniser les victimes. On pense aux inondations, etc.
Actuellement, le gouvernement ne veut pas indemniser. Mais, au moins, qu'on
indemnise les victimes des mesures d'urgence. Quand on décide de
démolir la première maison sur le coin, pour sauver toute la
municipalité en arrière, il me semble que la collectivité
cet examen n'a pas été fait encore qu'on a oublié
des étapes précédentes devrait se réunir
pour payer la maison. D'ailleurs, Me Jacoby disait qu'il y a eu des causes dans
le passé, même sans loi particulière, où on a permis
à quelqu'un de recouvrer un remboursement de dommages et
intérêts dans des cas comme cela.
M. Bédard: Cela s'infère, le recours de ceux qui
sont victimes d'actes posés.
M. Lalonde: On ne le retrouve pas ici, dans le projet de loi.
Compte tenu du fait qu'il y aura indemnisation des mesures d'urgence,
que quelqu'un va être responsable de payer pour la maison qu'on va
démolir, il faut définir qui va avoir le pouvoir de le faire. Si
on est trois à avoir le pouvoir, la municipalité, le bureau et le
ministre, qui va attendre que l'autre démolisse la maison, pour ne pas
avoir à la payer? A moins qu'on ait défini que c'est toujours le
gouvernement qui est responsable. Mais le gouvernement va dire: Un instant!
Est-ce que moi je vais être responsable de tout ce que les
municipalités vont démolir dans leurs mesures d'urgence, sans
avoir le contrôle sur l'application?
Je vous fais un tableau simplement. Et ce n'est pas de l'imagination.
J'ai simplement sorti de la loi les possibilités concrètes pour
vous dire que, lorsqu'on arrive aux fonctions du bureau, il faut définir
exactement ce qu'il y a à faire, soit coordonner, soit exécuter
la politique.
M. Bédard: Le député de Marguerite-Bourgeoys
mentionnait l'article 20 où on voit le ministre, le directeur ou le
maire prendre, toutes les dispositions nécessaires. Là-dedans, on
prévoit que, dans des circonstances où une municipalité ne
réagira pas au sinistre, le ministre peut réagir. Cela s'est
produit dans le passé; dans des municipalités, le conseil
municipal se sent impuissant et ne réagit pas de façon à
protéger des personnes et à sauver des biens. (13 heures)
M. Lalonde: Mais, à ce moment-là, compte tenu de la
possibilité que la loi force, oblige à l'indemnisation des
victimes des mesures d'urgence, est-ce que le gouvernement est prêt
à assumer chaque fois le coût de ces mesures? A ce
moment-là, il devrait en avoir le contrôle. Ou est-ce que cela va
être la municipalité qui va indemniser? A ce moment-là, la
municipalité va être tentée d'attendre que le gouvernement
intervienne, pour ne pas être obligée elle-même de payer la
maison?
M. Bédard: Sur ce point de l'indemnisation, je dois dire
que des représentations nous ont été
faites par le député de Marguerite-Bourgeoys et par
d'autres députés et que notre intention est de leur donner suite.
Je pense qu'on aura à l'étudier en temps et lieu. Nous avons
préparé un amendement en ce sens.
Sur la clarté de l'article 11, je ne sais pas si on a des
suggestions à faire pour le rendre plus clair, mais il me semble que le
déroulement des événements, la responsabilité des
décisions est assez claire. Il y en a qui ont les pouvoirs et les
fonctions de faire des propositions, d'élaborer certaines propositions.
C'est très clairement le gouvernement qui a à prendre une
décision sur ces propositions-là. Une fois qu'il en a fait sa
politique, il doit confier la mise en oeuvre de cette politique et la
coordination de cette politique à un organisme qui est le bureau.
M. Lalonde: Mais on retrouve souvent le ministre, le bureau ou le
maire, ou le ministre et le bureau.
M. Bédard: On clarifiera.
M. Lalonde: On retrouve tout le temps cela. Y a-t-il moyen de
resserrer cela pour voir qui est responsable?
M. Bédard: On pourra clarifier article par article.
Peut-être qu'on a des explications plus spécifiques à
donner dans les autres articles, comme dans l'article 20 auquel se
réfère le député de Marguerite-Bourgeoys, mais sur
l'article 11, je ne vois vraiment pas comment on peut amener d'autres
clarifications.
M. Lalonde: Non? M. Bédard: Non.
Le Président (M. Dussault): Messieurs, de toute
façon, il est passé 13 heures. Nous devons mettre fin à
nos travaux pour cette partie de la journée. La commission suspend ses
travaux jusqu'à 15 heures.
Suspension de la séance à 13 h 3
Reprise de la séance à 15 h 25
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, messieurs! Nous
reprenons les travaux de la commission élue permanente de la justice. Au
moment de la suspension des travaux, nous en étions à
l'étude de l'article 11. M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, avant de revenir à la
loi 28, avec le consentement de la commission, on pourrait permettre au
député de Mégantic-Compton de prendre la parole et revenir
au projet de loi sur la division territoriale. Un amende- ment a
été proposé, dont nous avons saisi le ministre et son
cabinet et qui, je pense, serait acceptable pour tout le monde.
M. Lalonde: M. le Président...
M. Bédard: ... réserve, dans le temps.
M. Lalonde: ... je serais très heureux de permettre au
député de Mégantic-Compton de faire valoir son point de
vue, mais je me demande si on n'est pas un petit peu à rencontre du
règlement, étant donné qu'on n'a pas le mandat
actuellement d'étudier ce projet de loi qui est rendu à une autre
étape, d'ailleurs. Est-ce que le rapport a été fait?
M. Bédard: Non. Le rapport n'a pas été fait.
Il est encore en commission.
M. Lalonde: Oui, mais il a été adopté.
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez, au moment
où nous avions été convoqués à cette
commission, il était prévu que nous étudierions certains
projets de loi et le projet de loi 28. Ce qui fait que l'ordre du jour, si on
peut dire, de cette Assemblée, n'avait pas été
terminé.
M. Lalonde: Quand on a reçu le mandat ce matin,
c'était simplement pour le projet de loi 28.
Le Président (M. Dussault): C'est la question que je me
posais, quand tout à l'heure, j'ai entendu dire que...
M. Lalonde: Ce que je suggérerais au ministre, c'est de
s'entendre avec le député de Mégantic-Compton. Quant
à nous, on n'aurait pas d'objection à apporter un amendement au
niveau du rapport ou de la troisième lecture, si c'est possible.
M. Fontaine: C'est ce qu'on avait proposé, nous, au
début. Le bureau du leader nous a dit qu'il aimait mieux qu'on le fasse
ici.
M. Bédard: D'accord, au rapport.
M. Lalonde: Je ne voudrais pas qu'on remette en doute le pouvoir
de la commission, étant donné qu'elle s'est réunie
seulement pour le projet de loi 28 ce matin, de se transférer à
un autre projet de loi.
M. Bédard: De se pencher sur d'autres projets de loi.
M. Fontaine: D'accord.
M. Grenier: Si cela va avec l'Opposition officielle et le parti
ministériel, on n'a pas d'objection. Le bureau du leader nous avait
conseillé de ramener cela devant la commission ce matin, mais si on est
assuré d'avance qu'il n'y a pas d'objection, on le fera au niveau du
rapport.
M. Lalonde: I! s'agit...
M. Grenier: De changer un village, une municipalité...
M. Lalonde: C'est un village, pour le changer de district. C'est
dans votre comté.
M. Grenier: C'est cela.
M. Lalonde: Cela nous fera plaisir de l'accepter en
troisième lecture.
M. Grenier: D'accord. Merci.
M. Bédard: Nous ferons les amendements nécessaires
au rapport.
Le Président (M. Dussault): D'accord. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, il me semble qu'il y a eu
accord sur cette question. On revient donc à l'article 11. Lors de la
suspension, à 13 heures, j'avais posé deux questions qui
m'apparaissent très importantes pour la cohérence même de
la loi, pour son efficacité. Si le ministre n'a pas d'autre
réaction que de dire qu'il n'a plus rien à dire, qu'il n'a pas de
réponse à donner à nos interrogations, M. le
Président...
M. Bédard: Je ne sais pas si je dois soulever une question
de règlement, mais quand je dis que je n'ai plus rien à ajouter,
je ne pense pas qu'on doive honnêtement interpréter ça
comme si on n'avait pas donné d'explication. Ce que j'ai
expressément dit, je ne sais pas si c'est nécessaire de le
répéter, c'est qu'il me semblait que l'article était
très clair, qu'il indiquait les fonctions précises du bureau,
à savoir d'élaborer et de proposer une politique de
prévention des sinistres au gouvernement. Le gouvernement a une
décision à prepdre concernant cette proposition et, une fois
qu'une décision gouvernementale serait à l'effet d'accepter cette
proposition, donc, d'en faire une politique gouvernementale, le bureau
deviendrait le maître d'oeuvre, aurait pour fonction de mettre en oeuvre
cette politique gouvernementale et d'essayer de coordonner sa mise en
application. J'avais simplement formulé, j'avais énoncé
l'idée que si le député de Marguerite-Bourgeoys pense
qu'il y a une manière plus précise d'expliciter ce que je viens
de dire, s'il y a une manière plus précise de l'expliciter dans
un texte de loi, on est très ouvert à un amendement en
conséquence et qui aurait pour but de clarifier, mais c'est exactement
ce que le gouvernement entend dire par le libellé de cet article. (15 h
30)
M. Lalonde: M. le Président, j'ai posé une question
qui m'apparaît, je le répète, très importante, quant
à la cohérence de la loi et surtout de son application quant
à l'identification des responsabilités. Je n'ai pas eu des
réponses satisfaisantes. Au contraire, le ministre croit que le premier
alinéa de l'article 11 est tout à fait conforme à la
volonté du gouvernement. Or, cet alinéa de l'article 11 ouvre la
porte à toute l'incohérence ou à la confusion que l'on
voit dans les autres articles. J'ai mentionné l'article 20 en
particulier, qui contient des pouvoirs très exceptionnels, et je pense
que l'on voit là, encore une fois, l'illustration du manque de
préparation de cette loi, du manque de consultation avec les groupes
intéressés, avec les structures en place, qui fait qu'on innove
dans l'obscurité et on est en train, à mon sens, de créer
une situation où on ne saura pas qui est responsable de quoi.
De plus, le ministre nous a dit dans sa réponse, juste avant 13
heures, qu'il y aurait un amendement en ce qui concerne l'indemnisation et je
veux lui demander de me corriger si je fais erreur, j'ai compris qu'il aurait
un ou deux amendements à proposer pour prévoir l'indemnisation
des victimes de l'application des mesures d'urgence. C'est un
élément important, d'autant plus important, de l'identification
des responsabilités, si on prévoit l'indemnisation, que je crois
importante aussi et nécessaire, des victimes non pas des sinistres, mais
de l'application des mesures d'urgence.
Est-ce que le ministre ne pourrait pas, en plus des deux petits
amendenents qu'il nous a distribués ce matin et dont je ne veux pas
réduire l'importance, mais qui ne m'apparaissent pas quand même
vouloir changer l'histoire du Québec, ni de cette loi, il
m'apparaît qu'en plus de ces deux petits amendements qui lui auraient
été inspirés par des interventions du ministre des
Affaires municipales, le ministre devrait maintenant nous communiquer tous les
amendements qu'il a l'intention d'apporter, parce qu'on est dans
l'obscurité la plus totale?
De plus, ce refus du ministre de reconnaître la confusion que l'on
trouve au premier alinéa de l'article 11, son défaut de nous
avoir communiqué...
M. Bédard: C'est loin d'être un refus, si
c'est...
M. Lalonde: Laissez-moi terminer, c'est moi qui ai le droit de
parole.
M. Bédard: Terminez...
M. Lalonde: Vous parlerez tout à l'heure.
M. Bédard: Si c'est si confus que cela, apportez-en un
amendement...
M. Lalonde: Un instant! C'est justement là-dessus que je
veux en venir.
M. Bédard: Moi, je vous dis que cela n'est pas confus.
M. Lalonde: Est-ce votre loi ou n'est-ce pas votre loi?
M. Bédard: Oui, mais je vous dis que cela n'est pas
confus.
M. Lalonde: Ecoutez, vous avez dit que vous étiez
prêt à corriger cette loi pour répondre à toutes les
attentes de ceux qui ont exprimé des doutes sérieux. A ma demande
il a fallu le demander encore, la quêter, alors que le ministre a
reçu cet avis de la Commission des droits de la personne, daté du
15 décembre 1978, sur le projet de loi 94, avec des verdicts aussi
sérieux que, par exemple, à la page 4, en parlant d'un pouvoir
qu'on retrouve à l'article 20 de la loi 28, qui se trouvait
peut-être à un autre article de la loi 94, je cite: "Cette mesure
apparaît davantage de nature inquisitoriale que protectrice". La
nécessité d'une atteinte à la liberté
protégée par l'article 1 de la charte nous échappe,
ici.
Ce sont toutes des citations de l'avis de la Commission des droits de la
personne. On retrouve, par exemple, au niveau de l'exonération, à
la page 5, des questions extrêmement sérieuses posées par
la commission qui n'ont pas trouvé réponses dans le projet de loi
28 et dont je n'ai pas eu d'amendements encore, au moment où l'on aborde
même le corps sérieux de la loi.
M. le Président, les questions...
M. Bédard: ... explications de ces articles-là.
M. Lalonde: Non, je ne veux pas que le ministre mette sur les
épaules de l'Opposition le fardeau de faire de cette loi une loi qui se
tient. Si le ministre a des amendements à apporter pour que cette loi
commence à avoir l'air d'une loi qui respecte les droits de la personne,
compte tenu des urgences, compte tenu des sinistres, c'est à lui de nous
proposer ces amendements.
J'ai posé des questions ce matin. J'ai exprimé des
appréhensions sérieuses. J'ai dit que la façon du ministre
de procéder avec cette loi, qui n'a pas eu de définition de
politique au départ, qui n'a pas eu de consultations, que ce soit par
des tournées on sait que les ministres de ce gouvernement sont
friands de tournées ou par une commission parlementaire, qui a
reçu l'accueil le plus défavorable qui soit au niveau du projet
de loi 94... Je dis que ces appréhensions-là, qui étaient
fondées justement sur l'escamotage de ces étapes importantes,
faisaient reposer sur les épaules de l'Opposition un fardeau qui
m'apparaissait injuste. Mais là, il faut ajouter à ces
appréhensions que j'ai exprimées ce matin, l'avis de la
Commission des droits de la personne que le ministre n'a même pas eu la
décence de communiquer à l'Assemblée nationale, ou au
moins aux membres de la commission parlementaire, avant aujourd'hui, avant ce
midi, alors que c'est daté du 15 décembre 1978.
Compte tenu du fait que le projet de loi no 28 ne répond pas
à toutes les questions, des questions fondamentales, comme celles que
j'ai mentionnées ce matin et que je vais répéter, à
savoir, et je lis... A la page 6, en conclusion, la commission dit: "Le
gouvernement du Québec nous semble en outre violer, par le
présent projet de loi, des obligations qu'il a prises au plan
international, notamment en adhérant au pacte international relatif aux
droits civils et politiques et dépasser largement ici les balises
fixées par ce pacte quant à la possibilité de recours
à des mesures dérogatoires."
Je sais que la nouvelle définition de "sinistre" corrige en
partie cette déclaration, mais pas entièrement. La commission
continue: "Ajoutons à ces remarques que la nécessité de
l'adoption au Québec d'une législation comme celle qui est
présentée ne nous semble nullement démontrée".
C'était daté du 15 décembre 1978. Or, depuis le retrait ou
le décès du projet de loi 94 au feuilleton, en décembre
1978, jusqu'au dépôt du projet de loi 28, le ministre n'a pas fait
un geste, pas une déclaration, pas une consultation, pas une seule
étude pour démontrer la nécessité d'adopter au
Québec une loi comme celle qui est présentée.
La commission continue, à la fin de sa présentation: "La
preuve ne nous semble pas faite que des mesures additionnelles soient
nécessaires." Et ça, c'est après avoir fait un tour
d'horizon des mesures actuelles qui existent pour la protection individuelle
des personnes. La commission se réfère à l'article 2 de la
charte, à la récente loi visant à favoriser le civisme, au
code criminel permettant de mettre fin à une émeute, aux pouvoirs
que les municipalités possèdent, qui viennent d'être
confirmés par la Cour suprême du Canada, et la commission se
réfère à la cause du procureur général du
Canada contre Dupont, 1978, rapport de la Cour suprême 770.
Je pourrais ajouter une loi que la commission a oubliée, c'est la
Loi sur la protection de la santé publique qui contient des dispositions
pour protéger la santé des gens. M. le Président, dans ces
conditions, je pense qu'il est non seulement injuste, mais qu'il est
intolérable que le gouvernement ne se mouille pas et qu'il compte sur
l'Opposition, qui n'a pu participer à aucune consultation parce que le
gouvernement n'en a pas préparé, n'en a pas tenu, pour bonifier
une loi que le ministre a déjà déposée, dans un
geste d'ouverture, peut-être, mais aussi dans un aveu que sa loi n'est
pas complète et mérite d'être modifiée en
profondeur, comme le disait la Commission des droits de la personne, dans son
bulletin de février 1979.Je pense que le ministre impose à
l'Opposition officielle un fardeau que je ne peux pas accepter, en ce qui me
concerne.
J'ai tenté, par des projets d'amendement, par des questions,
d'injecter à cette loi une cohérence, de trouver ce que le
ministre veut y ajouter. Il y a encore des amendements dont il ne nous a pas
parlé, c'est-à-dire qu'il nous a annoncés, mais sans nous
les communiquer ce matin. Je pense que le ministre n'est pas plus prêt
que nous à aborder l'étude d'un projet de loi qui va affecter les
droits et libertés des personnes dans ce que ces droits et
libertés ont de plus sacré et de plus fondamental.
Je pense que le ministre devrait y songer très
sérieusement. Je suis sur le point de proposer une motion pour faire
rapport à l'Assemblée nationale ou pour inviter à cette
commission les groupes qui pourront faire au moins un semblant de consulta-
tion, que ce soit l'Union des municipalités, que ce soit le
Barreau, ou enfin, les groupes qui peuvent se pencher sur des questions aussi
fondamentales qui sont soulevées par le rapport de la Commission des
droits de la personne. J'attends encore la réaction du ministre. On a
été extrêmement patients, on a suivi son invitation
jusqu'ici, on a abordé le mieux possible, de la façon dont le
ministre nous a invité à le faire, l'étude de ce projet de
loi, mais c'est rendu à un point que cela va être le projet de loi
de l'Opposition. Je ne veux pas cela. Je ne suis pas prêt à le
faire. Je n'ai pas fait cette consultation. Le gouvernement non plus ne l'a pas
faite. Il me semble que le ministre devrait profiter de l'été
pour réellement soumettre sa politique d'intervention en matière
de sinistre à une large consultation, à une étude. Aucune
étude ne nous a été présentée qui
détermine, qui mesure les besoins. On a un certain nombre de moyens,
mais on ne connaît pas les besoins. C'est facile de dire: En cas de
sinistre, on ne peut obliger personne à sortir de chez lui. Et la
Commission des droits de la personne pose la question: Pourquoi une loi
devrait-elle obliger une personne à sortir de chez elle, même en
cas de menace d'inondation? Je réfère au paragraphe c), où
on fait la liste des pouvoirs spéciaux: "Enjoindre une personne, dans le
délai qu'il lui fixe, d'évacuer un lieu qu'il indique".
Et la commission fait le commentaire suivant: "Cette mesure
apparaît davantage de nature inqui-sitoriale que protectrice. En effet,
dans le cas d'un sinistre au sens propre du terme" et la commission,
à ce moment-là, faisait référence à un
véritable sinistre, tel qu'on le retrouve dans la loi 28, elle
s'était déjà élevée contre la
définition de sinistre, telle qu'on la retrouvait dans l'article 94,
mais cela est changé.
Je reprends la citation: "En effet, dans le cas d'un sinistre au sens
propre du terme, nous ne connaissons pas de cas où l'on a senti le
besoin d'obliger il y a peut-être une faute ici, "légales
personnes" légalement les personnes à veiller à
leur propre sauvegarde".
C'est un problème fondamental que toute société
doit se poser à un moment donné. Il y a peut-être des
précédents. On va peut-être nous invoquer une loi en
Alberta ou ailleurs, mais quand une société comme le
Québec actuellement se pose des questions à savoir si,
légalement, on doit maintenant, pour protéger les personnes, les
obliger à sortir de chez elles, cela touche à un principe
fondamental qui est reconnu par la Charte des droits et libertés de la
personne à savoir que la demeure est inviolable, par exemple. C'est un
problème fondamental qui mérite qu'on s'y attache, qu'on se
penche dessus, mais qui exige par exemple une méthode d'étude, de
recherche, d'examen autre que simplement nous proposer un projet de loi sans
qu'on ait eu l'occasion d'examiner tout l'ensemble, d'examiner
l'évolution socio-économique de notre droit, l'implication aussi
de ces mesures sur le milieu, la juxtaposition et l'interrela-tion des
structures qu'on impose actuellement.
On crée en fait tout un système de pouvoirs actuellement.
Il y en a qui existent. Comment cela va-t-il marcher dans le champ? On n'a rien
fait de cela, M. le Président, on arrive avec l'article 11 et on y
trouve une confusion qui se répète dans les articles qui suivent
et le ministre dit: que tout ce qu'il y a à dire, c'est qu'il a tout dit
de ce qu'il avait à dire.
M. le Président, je vais demander au ministre...
M. Bédard: Vous allez me laisser parler?
M. Lalonde: Oui, je vais demander au ministre, avant qu'il me
réponde, s'il tient mordicus à adopter ce projet de loi tel qu'il
est actuellement. A ce moment-là, a-t-il des propositions, une autre
impression du projet de loi ou des amendements à nous proposer qui vont
répondre aux attentes de la Commission des droits de la personne et de
l'Opposition? Sinon, on devra prendre les dispositions... (15 h 45)
M. Bédard: Si le député de
Marguerite-Bourgeoys avait commencé par sa question de la fin, il
n'aurait pas eu besoin de dire tout ce qui a précédé,
parce que je pars toujours du principe, en toute humilité, M. le
Président, que n'importe quelle loi peut être
améliorée. C'est dans ce sens que nous sommes en commission
parlementaire des législateurs en fonction d'améliorer ce qui
peut l'être. Si, au début des travaux de la commission, comme en
deuxième lecture, j'ai fait preuve d'ouverture d'esprit en disant que
j'étais disposé à accepter des amendements, je pense que
c'était nécessaire. Il semble que, l'Opposition, parce qu'on fait
une telle affirmation, interprète le tout dans le sens que nous ne
sommes pas préparés à présenter le projet de loi,
que le travail nécessaire d'approfondissement n'a pas été
fait. Si l'Opposition nous impute une telle disposition d'esprit, M. le
Président, il faudra éviter de dire que l'on aborde un projet de
loi avec ouverture d'esprit.
On comprend très bien que l'Opposition puisse apporter des
amendements qui méritent d'être analysés, auxquels on ne
donne pas nécessairement suite, mais je pense bien que c'est notre
travail à tous ici de faire une étude critique du projet de loi
tel qu'il est là. Le député de Marguerite-Bourgeoys se
réfère continuellement à l'avis de la Commission des
droits de la personne. Il faudrait s'y référer sur l'essentiel de
ce que la commission a dit, et l'essentiel des remarques de la commission porte
sur la définition de "sinistre". C'est là l'Opposition l'a
dit en deuxième lecture qu'il y a un amendement majeur au niveau
de la définition du mot "sinistre". La Commission des droits de la
personne disait, dans son avis, que cette disposition, c'est le noyau de ce
projet de loi et que "l'on comprendra l'importance de la signification
donnée au mot "sinistre" dans le projet. Or, celui-ci continuait
la commission est défini comme un événement grave,
réel ou appréhendé qui cause ou est susceptible de causer
la mort de personnes, une atteinte à leur sécurité ou
à leur intégrité physique ou des dommages aux biens". La
commission se posait des questions très sérieuses sur le mot
"appréhendé". Nous-mêmes, à la suite non seulement
de cet avis de la commission, mais des
représentations faites par les partis d'opposition à la
fin de 1978, nous nous sommes repenchés sur ce qui est le noyau du
projet de loi, à savoir la définition de "sinistre". L'Opposition
l'a admis, nous arrivons avec une définition qui est
définitivement différente, beaucoup plus cadrée que celle
du projet de loi 94.
Sur la nécessité des mesures d'un tel projet de loi, j'ai
eu l'occasion de dire, et je ne vois pas pourquoi, à chaque article, il
faudrait que je le répète, la nécessité de ce
projet de loi. J'ai bien dit également que je n'étais pas
pressé au point de vouloir exercer quelque pression que ce soit sur les
membres de la commission. Je prétends simplement qu'on doit l'analyser
en se donnant le temps de le faire, de la façon la plus sérieuse
et la plus positive possible. J'ai bien indiqué l'importance de ce
projet de loi qui introduit la notion de décret d'état d'urgence
et qui vise à restreindre l'utilisation de ce concept à des
situations d'urgence critique très rares et qui nécessitent un
encadrement législatif.
J'ai également expliqué que le projet visait à
éliminer une certaine période d'indécision, d'incertitude
et de recherche d'un leadership lorsque survient un sinistre, parce que cette
perte de temps est une perte de temps précieuse qui peut être de
nature à mettre en danger soit des biens ou, ce qui est encore plus
important, la sécurité des citoyens.
Je ne voudrais pas revenir sur tous ces arguments auxquels j'en ai
ajouté plusieurs autres. Le député de Marguerite-Bourgeoys
disait tout à l'heure que la Commission des droits de la personne a
exprimé, c'est exact, le fait qu'elle ne sentait pas l'urgence de cette
loi. Je n'en fait pas une urgence. C'est un projet de loi. On
l'étudié normalement sans aucune pression de quelque
manière que ce soit. On l'étudie comme un projet de loi normal.
Je pense qu'on a été clair là-dessus. Il y a
peut-être certaines personnes qui sont versées en la
matière, qui ont des responsabilités en termes de protection
civile. Je pense, entre autres, au sous-ministre associé de la Justice,
M. Brown, qui, lui, pourrait mentionner plusieurs cas qui nécessitent
qu'un cadre législatif soit arrêté concernant l'ensemble du
problème que représentent les sinistres ou les situations
d'urgence. Je pourrais lui laisser la parole quelques minutes pour qu'il fasse
état de certaines de ces situations auxquelles on a à faire face,
quitte à ajouter quelques mots. Même s'il n'y a pas eu de
commission parlementaire, M. le Président, il est très clair,
tant dans la définition du mot "sinistre" que dans d'autres dispositions
de changements au niveau de cette loi, que nous avons fait les études
nécessaires avant de présenter la présente loi,
peut-être pas avec des commissions parlementaires au niveau de l'ensemble
du Québec, mais, je pense, à partir d'une réflexion
très correcte sur l'ensemble des représentations qui nous ont
été faites concernant le projet de loi no 94 auquel on se
réfère.
Je voudrais toujours rappeler le cadre de l'étude de cette loi,
qui est en fonction des états d'urgence, qui prévoit des mesures
d'urgence, qui prévoit des mesures exceptionnelles à des
situations exceptionnelles. Je voudrais faire remarquer que même
l'article 4 du Pacte international relatif au droit civil reconnaît la
nécessité de prendre des mesures exceptionnelles lorsqu'il y a un
sinistre. J'ai bien l'impression... On peut charrier si on veut, mais je pense
qu'en termes de maturité on doit reconnaître, comme le fait
l'article 4 du Pacte international, que la nécessité de prendre
des mesures exceptionnelles existe lorsqu'il y a des situations exceptionnelles
comme un sinistre, par exemple. Je demanderais à M. Brown de nous
indiquer quelques-unes des situations avec lesquelles il est aux prises et qui,
à mon humble avis, peuvent nécessiter un encadrement
législatif, de manière que ceux qui oeuvrent dans ce domaine le
fassent avec toutes les contingences nécessaires en fonction du respect
des droits et libertés individuels, mais en même temps avec toute
la latitude nécessaire pour pallier rapidement et efficacement des
situations d'urgence. Alors, M. Brown...
M. Lalonde: M. le Président, question de règlement
avant, s'il vous plaît!
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je suis prêt à entendre M. Brown qui va
nous décrire des cas particuliers, des situations, mais la suggestion du
ministre illustre bien le problème que j'ai soulevé. On en est
rendu à l'étude article par article et on fait appel à un
expert pour décrire à la commission des cas particuliers, pour
tenter de l'informer. Le ministre vient de parler d'études qui ont
été faites. Aucune n'a été communiquée
à la commission, ni à l'Assemblée nationale. Je suis bien
prêt à écouter les experts du ministre toute la
journée, s'il le faut. Il m'apparaît que c'est réellement
ne pas prendre le problème du bon bout. On est rendu qu'on doit
écouter des témoignages partiels nécessairement, on n'a
pas eu communication des études et c'est la seule proposition que le
ministre a à faire pour tenter d'informer la commission. Cela
m'apparaît très pauvre.
M. Bédard: Question de règlement, j'ai parlé
d'études à partir de représentations qui nous ont
été faites tant par la Commission des droits de la
personne...
M. Lalonde: De qui sont-elles ces études?
M. Bédard: L'étude des documents, le projet de loi
28 remanié, tel que nous le présentons, c'est suite à une
réflexion qui a été faite par rapport à des
représentations qui ont été acheminées à
notre connaissance, tant par l'Opposition que par d'autres.
M. Lalonde: Est-ce qu'il y a des études, des documents de
travail qui ont été faits?
M. Bédard: Non, il ne s'agit pas... M. Lalonde:
...
M. Bédard: Non, mais il ne s'agit pas... Comme si, quand
on réfléchit...
M. Lalonde: Non, on va réfléchir...
M. Bédard: ... sur des moyens à apporter, il
faudrait toujours que cela se traduise par des études et des volumes. Je
pense qu'il y a moyen d'étudier une opinion légale sans
nécessairement aboutir à un volume. C'est ce que nous avons fait
en toute responsabilité. Je pense que si on permettait, au moins, de
pouvoir dénoncer certaines des situations auxquelles ont à faire
face ceux qui sont responsables de la protection civile, telle qu'on la
connaît, telle que constituée aujourd'hui, si on leur permettait
d'exprimer...
M. Lalonde: Oui, je n'ai pas d'objection...
M. Bédard: ... certaines des situations auxquelles ils ont
eu à faire face, ce serait de nature à éclairer chacun des
membres de la commission.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je voudrais également mentionner... le
député de Marguerite-Bourgeoys et le ministre de la Justice ont
fait allusion à des consultations qui auraient eu lieu lors de la
présentation du mémoire que le ministre de la Justice a faite au
Conseil des ministres, consultations qui auraient dû avoir lieu suite
à la présentation de ce mémoire. Est-ce que le ministre de
la Justice pourrait nous dire si, effectivement, il y a eu des consultations?
Par exemple, on a dit ce matin que le ministre des Affaires municipales avait
fait des propositions d'amendement au ministre de la Justice. Est-ce que le
ministre des Affaires municipales a fait ces propositions d'amendement suite
à des consultations qu'il y a eu au ministère des Affaires
municipales ou si le ministre des Affaires municipales a été
placé devant un fait accompli à savoir qu'un projet de loi avait
été déposé à l'Assemblée nationale et
qu'il devait, par la suite, faire des commentaires sur un projet de loi qui
avait déjà été déposé?
M. Bédard: Le ministre des Affaires municipales, comme
tous les autres ministres, a été à même de faire
part de ses commentaires, suite à l'étude du mémoire
présenté au Conseil des ministres. Cela fait suite à
certaines de ces représentations. Je ne vois pas jusqu'à quel
point cela aurait été nécessaire. Il n'y a pas eu, que je
sache, de travaux spéciaux faits au ministère des Affaires
municipales. C'est une responsabilité du ministère de la Justice
de présenter le projet de loi.
M. Fontaine: Est-ce que le ministre n'aurait pas, lors de la
présentation de son mémoire au
Conseil des ministres, dit qu'il voulait effectuer certaines
consultations avant de présenter le projet de loi? (16 heures)
Lors de la présentation de son mémoire au Conseil des
ministres, est-ce que le ministre n'aurait pas dit aux autres membres du
Conseil des ministres que des consultations devaient être
effectuées avant la présentation du projet de loi? Quand je parle
de consultations, à mon avis, cela doit être des consultations
publiques, j'imagine...
M. Bédard: II n'a pas été question de
consultations publiques. Nous avons présenté le projet de loi
à la deuxième lecture. Vous savez que pour le projet de loi 98,
c'était la fin de la session, et il n'a pas été
adopté. Des représentations ont été faites par
l'Opposition. Nous avons apporté certaines corrections sur ce que la
Commission des droits et libertés de la personne a identifié
comme étant le noyau du projet, à savoir la définition du
mot "sinistre". Je pense qu'il est de la responsabilité des membres de
la commission de faire leurs commentaires sur les amendements apportés
à cette définition du mot "sinistre".
M. Fontaine: Est-ce que le ministre des Affaires municipales,
lorsqu'il a proposé des amendements comme on nous l'a dit ce matin,
n'aurait pas fait certaines remarques au ministre de la Justice selon
lesquelles il n'avait pas été suffisamment consulté?
Non?
M. Bédard: Absolument aucune remarque dans ce
sens-là. On a parlé, tout à l'heure, d'un pouvoir qu'on
retrouve à l'article 20, d'enjoindre une personne d'évacuer un
lieu dans un délai qui lui est fixé. Mon expérience dans
le domaine de la protection civile et des mesures d'urgence n'est pas tellement
longue, elle date de janvier 1976. Tout de même, dans ce court laps de
temps, il y a trois incidents qui se sont produits où, si la protection
civile avait eu ce pouvoir-là, les difficultés auraient
été évitées. Le premier s'est produit à
Lachenaie, lorsque, à 3 heures de l'après-midi, on essayait
d'évacuer une trentaine de personnes parce que les spécialistes
des richesses naturelles et de l'Hydro-Québec savaient que le niveau des
eaux augmenterait continuellement. Ces personnes-là ont refusé
d'évacuer. Il a fallu le faire aux risques des sauveteurs à 3
heures du matin, alors qu'un courant de 30 milles à l'heure...
L'opération était très périlleuse. On courait le
risque non seulement de mettre en danger la vie des personnes qu'on voulait
évacuer, mais, aussi, la vie des sauveteurs. C'est ce qui se produit
dans la plupart des cas.
Il y a aussi l'exemple de Saint-Fabien, il y a quelques années,
où il y a eu un glissement de terrain et, d'après les
spécialistes des Richesses naturelles qui avaient installé, comme
le disait le député de Drummond, des instruments dans la
résidence d'un père de famille de cinq enfants, ils lui
conseillèrent fortement, pour sa propre sécurité, celle de
son épouse et de ses enfants, d'éva-
cuer les lieux, mais ils essuyèrent un refus. A ce
moment-là, j'ai demandé au directeur général de se
rendre visiter la personne en question, en compagnie d'un agent de la
Sûreté du Québec, pour essayer de les convaincre. Ils ont
fait trois visites sans aucun résultat.
Je regardais tout à l'heure, lorsque le député de
Marguerite-Bourgeoys mentionnait l'Alberta, un commentaire du docteur Panting
qui est un professeur de sociologie à l'Université de Calgary et
un ancien membre de l'Organisation des mesures d'urgence du Canada
auprès du Centre de recherche sur les désastres à
l'Université de l'Etat de l'Ohio. Il mentionne que la plupart du temps,
d'après ses constatations, le personnel chargé de
l'évacuation des zones sinistrées se plaint de ce que certaines
personnes refusent d'évacuer malgré un danger imminent. Il dit:
"Ces personnes qui refusent d'évacuer ne le font pas uniquement par
ignorance, mais pour des raisons sociales, culturelles et psychologiques
précises. Par exemple, leur perception du danger diffère quelque
peu de celle des autorités responsables de l'évacuation. Ou
encore, l'identification avec leur propriété peut être
tellement forte, qu'elles ne peuvent supporter l'idée de l'abandonner
définitivement ou, du moins, jusqu'à ce que le danger soit
passé. Ou encore, l'évacuation peut représenter, pour
certains, un acte de lâcheté, et les hommes refuseront de s'y
soumettre pour ne pas paraître lâches aux yeux de leur famille ou
de leurs amis. Une dernière raison, c'est souvent l'aîné du
groupe qui donne l'exemple et qui décide d'adopter une attitude
fataliste devant la menace d'un désastre." Il dit encore: "Un autre
avantage de cette disposition qu'on retrouve dans la loi de l'Alberta, c'est de
ne pas avoir à retourner dans la zone sinistrée dans des
conditions beaucoup plus dangereuses, comme, par exemple, au moment le plus
critique d'une inondation, pour évacuer ceux qui sont demeurés
sur place, mais qui ont changé d'idée trop tard. Ainsi, en
accordant le pouvoir d'exiger l'évacuation, la loi remplace par
l'évacuation ordonnée, les opérations dangereuses de
sauvetage au plus fort du désastre ou la longue recherche des victimes
à la suite d'un désastre".
Je pourrais citer des exemples, et je pense qu'il serait
prématuré de le faire. Ce serait peut-être plus opportun
lors de l'article 20, dans chacun des cas où nous avons des situations
où ces pouvoirs-là sont nécessaires.
M. Lalonde: Si je peux vous inviter à le faire, on est en
train de faire un petit commencement de consultation qui aurait dû
être fait auparavant, alors, vous pouvez continuer, en ce qui me
concerne, avant d'aborder l'article 20, parce que j'ai une motion à
présenter.
M. Fontaine: M. Brown vient de citer certains cas. Est-ce que la
protection civile ne détenait pas déjà certains pouvoirs?
J'ai à l'esprit un exemple, dans mon comté, chez moi, à
Saint-François-du-Lac, où on a fait évacuer trois maisons
et on avait interdit à ces gens de réintégrer leur
maison...
M. Bédard: Légalement, ça ne pouvait pas se
faire, ça ne peut pas se faire dans le moment. Les spécialistes
des Richesses naturelles et ceux de la protection civile vont tenter de
persuader la personne, dans le cas d'un glissement de terrain...
M. Fontaine: S'il y a eu des lettres à l'effet que
c'était interdit de retourner, ça veut dire que c'était
illégal?
M. Bédard: Ce n'était pas basé sur un texte
législatif, c'était illégal. Le plus bel exemple de
ça est celui de Saint-Eustache, où le maire de Saint-Eustache a
procédé à l'évacuation complète d'un
quartier, et l'Assemblée nationale a dû légiférer
pour légaliser le geste qu'il avait posé.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: II arrive souvent que le refus des parents
d'évacuer mette en danger d'autres personnes. On parle de la
liberté individuelle et des droits de l'homme, mais le choix que des
adultes peuvent faire porte également à conséquence sur
d'autres personnes, sur les enfants qui ne sont pas en mesure d'exercer leur
propre choix ou encore sur des adolescents, qui sont peut-être en mesure,
parce qu'ils ont atteint au niveau de maturité, d'exercer certains
choix, mais parce qu'ils ne sont pas majeurs, finalement, les parents peuvent
ordonner de rester sur les lieux dangereux. Je pense que les gens qui veulent
utiliser l'argument des libertés individuelles devraient y penser
également.
M. Bédard: Dans chacun des cas que j'ai cités, il
était question d'enfants, tant à Lachenaie qu'à
Saint-Fabien. Il y a un cas plus récent qui s'est produit, le 6 juin
dernier, d'un glissement de terrain et de la résidence qui est en cause.
Le propriétaire de la résidence qui est affectée, qui est
en danger, non seulement refuse de l'évacuer, mais refuse aussi aux
spécialistes du ministère des Richesses naturelles de se rendre
sur les lieux pour voir s'ils ne peuvent pas apporter des actions
correctives.
Le Président (M. Dussault): Le député de
Papineau.
M. Alfred: Je risquerais une question, je ne sais pas si j'aurai
une réponse de la part de l'Opposition...
M. Ciaccia: C'est à vous de répondre, demandez
à votre ministre...
M. Lalonde: Non, non, ça ne fait rien.
M. Alfred: On rabat souvent cette notion de liberté
individuelle et collective, liberté de ceci, liberté de cela,
d'après tout ce qu'on a dit... De toute façon, le
député de Marguerite-Bourgeoys va encore me
répéter: liberté individuelle; ça n'a pas de sens.
Pas de question.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai un droit individuel de
recevoir une question, liberté fondamentale d'écouter.
Le Président (M. Dussault): Puis-je vous rappeler que nous
sommes toujours à l'article 11 du projet de loi? M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, on était
à l'article 11, je conçois qu'à l'article 20, il peut y
avoir... On a eu des représentations du député de
Marguerite-Bourgeoys et j'ai dit que nous essaierions de faire l'étude
de ce projet de loi avec le plus d'ouverture d'esprit possible. Même s'il
peut y avoir des relations, je me demande lesquelles, entre les articles 11 et
20, quand nous arriverons à l'article 20, s'il y a des amendements
très spécifiques à présenter, nous allons les
présenter. C'est là que se situe une partie des
représentations du député de Marguerite-Bourgeoys. Mais
à l'article 11, je voudrais quand même savoir de l'Opposition,
très précisément, comment ils peuvent en venir à la
conclusion que le libellé n'est pas conforme à ce que j'ai
exprimé tout à l'heure, à savoir que le bureau a pour
fonction d'élaborer et de proposer au gouvernement une politique de
prévention des sinistres?
Lorsque cette proposition est faite, il y a une acceptation ou non de la
part du gouvernement; s'il y a acceptation, à ce moment-là, il y
a la nécessité de mettre en oeuvre cette politique adoptée
par le gouvernement et je ne vois pas comment on peut demander à
quelqu'un d'autre, à un organisme que le Bureau de la protection civile,
de mettre en oeuvre cette politique et de coordonner l'application ou
l'exécution de cette politique.
Ce n'est quand même pas nous qui l'avons rédigée. La
loi actuelle de la protection civile dit spécifiquement: "Le
lieutenant-gouverneur en conseil est autorisé à nommer un
coordonnateur de la protection civile." C'est un directeur du bureau pour la
province de Québec. "Le lieutenant-gouverneur en conseil peut
généralement ou spécialement autoriser ce coordonnateur
nous parlons de directeur, étant donné que nous mettons en
place un bureau à diriger, ordonner et coordonner, dans la
province, la préparation et l'exécution de toute mesure relative
à la protection civile des personnes et des biens."
C'est ce qui se retrouve dans la loi déjà existante, la
Loi de la protection civile. Cet article est en relation avec ce qui existait
déjà dans la Loi de la protection civile. Je sais fort bien que
l'Opposition soulève en toute bonne foi, des questions, à savoir
pourquoi cette formulation. Je vous dis tout simplement que c'est la
traduction, en termes différents, de ce qui est contenu dans la Loi de
la protection civile existante.
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Le ministre m'a posé des questions. Je ne sais
pas si vous calculez le temps.
J'espère que je vais en avoir assez pour lui répondre.
Le Président (M. Dussault): Cela me plaît, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, que vous me teniez ces propos,
parce que je me demandais si je devais vous faire part du temps que vous avez
pris sur l'article 11.
M. Lalonde: II me pose une question qui va m'obliger à
reprendre à peu près tous mes arguments.
Le Président (M. Dussault): Jusqu'à maintenant,
vous avez pris 30 minutes sur l'article 11.
M. Bédard: Je ne vois vraiment pas en quoi cela vous
oblige à reprendre tous les arguments.
M. Lalonde: Est-ce que vous me laissez la liberté de
répondre ou si vous voulez simplement procéder? Si vous voulez
procéder, je vais vous faire une petite motion, M. le Président
et je vais avoir encore 20 minutes, si le ministre veut tenir mon temps. S'il
me donne le consentement de refaire le cheminement, je vais prendre un peu plus
de temps que le député de Papineau tantôt et je vais
essayer d'être un peu plus conséquent.
M. le Président, le ministre me dit: Qu'est-ce que le
député de Marguerite-Bourgeoys, qu'est-ce que l'Opposition a
à proposer? Il réfère à la loi actuelle qui ne
crée aucun pouvoir. Le ministre reconnaîtra qu'à cause des
pouvoirs extraordinaires, exceptionnels, qui sont créés par ce
projet de loi, on doive se pencher, de façon beaucoup plus
serrée, sur la façon dont ces pouvoirs seront exercés.
J'ai posé des questions...
M. Bédard: Ne croyez-vous pas qu'on devra faire cette
discussion très approfondie, que je trouve fort à propos, il n'y
a aucun doute, lorsque nous en viendrons à l'élaboration des
pouvoirs? Je pense qu'il y a une discussion de fond qui doit être faite
là.
M. Lalonde: Je vais rappeler au ministre le cheminement que cette
commission a suivi. Tout d'abord, cela précède la commission, le
projet de loi 94, qui est changé, qui est modifié surtout par la
définition de sinistre.
Au moment de l'étude en deuxième lecture, j'ai posé
deux questions, à savoir: Est-ce que le ministre va nous
démontrer la nécessité de cette loi? Deuxièmement,
est-ce que cette loi ne va pas trop loin? (16 h 15)
Le ministre nous a invités à venir en commission
parlementaire pour avoir toutes les réponses à ces questions. On
a commencé l'étude de très bonne foi et on arrive à
l'article 11 où il y a une ambiguïté. Elle commence à
l'article 11, à savoir entre le rôle de maître d'oeuvre et
le rôle de coordonnateur du bureau qui se transpose à l'article 20
en particulier, où dans un cas donné, c'est soit le ministre,
soit le directeur, soit le maire qui peut décider de procéder
à la démolition d'un bâtiment, par exemple.
J'ai donné cet exemple et je l'ai tiré de l'article 20.
J'ai dit: Compte tenu d'un amendement que je voudrais proposer, qui est
d'ailleurs je l'ai revu non pas touché de la même
façon, mais d'une certaine façon par la commission, à
savoir entre l'exonération qui est contenue dans la loi et
l'indemnisation que je voudrais prévoir pour les victimes des mesures
d'urgence, je dis que c'est d'autant plus important d'avoir une
cohérence rigoureuse à savoir qui a le pouvoir de faire quoi,
parce que c'est lui qui va payer les dommages.
A la minute qu'il y a une responsabilité de dollars et de cents,
les responsables se demandent s'ils devraient procéder à la
démolition du bâtiment. Si c'est flou dans la loi, on va avoir des
situations qui ne sont pas meilleures que celles décrites tantôt
par le sous-ministre associé en matière de protection civile,
à savoir si on peut faire ceci, si on ne peut pas faire cela. En ce
moment, il n'y a pas de pouvoir, j'en conviens.
Je pose des questions et le ministre nous répond: Oui, justement,
on a un amendement à ce sujet. Je venais, à peine dix minutes
auparavant, de lui demander les amendements qu'il avait en sa possession, il me
dit qu'il y en a deux qui lui sont proposés par le ministre des Affaires
municipales. Dix minutes plus tard, il dit: Oui, on a un amendement concernant
l'indemnisation des victimes. Je trouve que ce n'est pas sérieux.
Il y a donc cette ambiguïté des pouvoirs. Je ne suis pas en
mesure de faire la loi, nous sommes simplement l'Opposition.
Deuxièmement, il y a l'annonce d'un amendement qui nous avait
été sinon complètement refusé, du moins
passé sous silence auparavant. En même temps, on reçoit
l'avis de la Commission des droits de la personne qui pose des questions et,
après cela, il y a l'exposé du sous-ministre qui nous dit: Voici,
il y a le cas de Lachenaie et il y a le cas de Saint-Fabien. Très
honnêtement et très franchement, il nous dit: Si on avait eu tel
pouvoir, on n'aurait pas eu tel problème. J'en conviens. J'ai
employé le terme qu'il a lui-même employé. Il disait: Des
difficultés auraient été évitées. C'est
parfait, mais là où, je pense, on a évité de faire
réellement l'examen, c'est de savoir quelle difficulté on veut
éviter.
Pour le coordonnateur ou le sous-ministre en charge, avec qui j'ai
d'ailleurs travaillé quand j'étais coordonnateur et dont je ne
mets pas en doute du tout l'honnêteté et la franchise, au
contraire, ce n'est pas comme personne en charge de la coordination de la
protection civile... Plus il va avoir de pouvoirs, c'est tant mieux, il va
éviter un paquet de problèmes. Mais il arrive qu'on mette en
jeu... Si le sous-ministre me permet, je vais m'adresser au ministre, parce
qu'il s'agit d'un problème politique qui va au-delà de la
préoccupation strictement de serviteur de l'Etat, de serviteur
fidèle de l'Etat que le sous-ministre est. Je veux revenir au ministre.
Il y a une question fondamentale. Quels sont les problèmes qu'on veut
éviter? Est-ce qu'on veut éviter le problème qui a
été décrit par le sous-ministre ou est-ce qu'on veut
éviter aussi des violations des droits de la per- sonne? Cela exige un
examen en profondeur. Cela exige d'abord une définition de la
problématique qui peut être faite parfaitement par les services du
ministère avec les connaissances qu'on y a du milieu. Ensuite, cela
exige une diffusion du problème. Peu de gens connaissent ces
problèmes, sauf ceux qui en sont victimes de temps à autre. C'est
souvent très local. Que ce soit un glissement de terrain, que ce soit la
grêle, que ce soit un ouragan, que ce soit une inondation, c'est
relativement local. Il y a beaucoup de gens dans la population qui n'ont jamais
été victimes de ce genre de sinistre. Là, cela prend la
réaction de la population.
L'examen des principes en jeu... Il y a les droits individuels. Quand la
Commission des droits de la personne nous dit: Le gouvernement du Québec
nous semble, en outre, violer, par le présent projet de loi on
parlait de 94, j'en conviens, avec une définition différente,
mais avec des pouvoirs identiques.
M. Bédard: C'est justement. Prenez, par exemple...
M. Lalonde: Le gouvernement du Québec nous semble, en
outre, violer, par le présent projet de loi, des obligations qu'il a
prises au plan international. Le gouvernement du Québec a l'obligation
de prendre des précautions autrement plus sérieuses que celle de
simplement arriver avec un projet de loi sans nous donner aucune étude.
J'ai posé la question. Le ministre a dit tantôt: Les études
qu'on a faites... Ensuite, j'ai demandé: Quel est le résultat de
ces études? C'est dans sa tête. Cela a peut-être
donné lieu à un mémoire au Conseil des ministres, mais si
le ministre a des études qui définissent le problème, qui
proposent des solutions alternatives j'espère qu'il n'y en a pas
seulement une, il y a des hypothèses de solution qui ont
donné lieu à un choix du ministre ou à un choix du
gouvernement au Conseil des ministres, qu'il nous donne ces études pour
qu'au moins, on s'informe, parce que là, il vient de faire peser sur
l'Opposition le fardeau de faire de cette loi qui, d'après la Commission
des droits de la personne, viole des obligations que le gouvernement a prises
au plan international...
M. Bédard: Question de règlement. Je ne sais pas si
on peut faire des questions de privilège. Le député de
Marguerite-Bourgeoys se réfère toujours à ce que dit la
Commission des droits de la personne en fonction du projet de loi no 94. Il
faut quand même avoir un minimum d'honnêteté
là-dedans. La Commission des droits de la personne dit que la
définition du mot "sinistre", c'est le noyau du projet de loi et que sa
signification est très importante, sa définition est très
importante. Les remarques auxquelles se réfère le
député de Marguerite-Bourgeoys, concernant la Commission des
droits de la personne, ce sont des remarques en fonction de la
définition de "sinistre" telle qu'elle apparaissait dans la loi 94, qui
n'est pas du tout l'Opposition l'a admis la même que celle
qui apparaît
dans le projet de loi no 28. La meilleure preuve en est celle-ci:
Prenez, par exemple, concernant les pouvoirs exceptionnels, à la page 4,
un des pouvoirs exceptionnels qui consiste à autoriser une personne
à pénétrer en tout lieu pour assurer la
sécurité d'un sinistré ou pour protéger les biens
qui s'y trouvent. Qu'est-ce que dit la Commission des droits de la personne?
Elle dit ceci: "Si le terme "sinistre" avait dans ce projet de loi son sens
normal d'événement catastrophique naturel, une telle disposition
nous apparaît fort acceptable et serait, croyons-nous, une restriction
légitime aux libertés fondamentales consacrées par les
articles 5 et 7 de la charte ci-haut mentionnée. Dans le présent
contexte continue la Commission des droits de la personne
toutefois" contexte du projet de loi et de la définition du
projet de loi no 94 "l'on peut se demander si le sinistré sera
toujours une personne dans une situation telle qu'une atteinte au droit,
à la vie privée et à l'inviolabilité de la demeure
soit justifiée." Or, nous avons corrigé ce qui est le noyau pour
la Commission des droits de la personne. Nous avons apporté une
modification majeure à la définition du mot "sinistre".
A ce moment, il faut quand même ne pas citer seulement des bouts
de phrase de l'avis de la Commission des droits de la personne, concernant le
projet de loi no 94, alors qu'on est à l'étude du projet de loi
no 28, qui a une différence fondamentale avec le projet de loi no 94,
à savoir que la définition est changée. Elle est beaucoup
plus restrictive. Dans ce sens, comme le dit la Commission des droits de la
personne, quand il s'agit d'événements catastrophiques naturels,
une disposition telle que celle d'autoriser une personne à
pénétrer en tout lieu pour assurer la sécurité d'un
sinistré ou pour protéger les biens qui s'y trouvent peut
apparaître fort acceptable et serait même une restriction
légitime aux libertés fondamentales qui sont consacrées
par les articles 5 et 7 de la charte.
Peut-être qu'on a de la difficulté à se comprendre,
parce que je ne veux pas faire une discussion générale à
chaque article. J'en suis à l'article 11. L'article 11 dit on l'a
accepté dans les articles précédents qu'il va y
avoir un bureau dont la responsabilité va être assumée par
un directeur. La fonction de ce bureau, ce sera d'élaborer et de
proposer au gouvernement une politique de prévention des sinistres et
des mesures d'urgence à prendre en cas de sinistre.
Quand le bureau aura rempli cette responsabilité, le gouvernement
va prendre une décision en termes d'acceptation ou de refus de cette
politique. S'il accepte les propositions faites par le bureau, il en fait une
politique qui doit être mise en oeuvre et dont l'exécution doit
être coordonnée. Qui doit mettre en oeuvre et coordonner cette
politique, sinon le bureau et le directeur responsable, en fonction de la loi?
Il me semble que c'est difficile d'arriver à une autre conclusion que
celle-là. Peut-être qu'on a de la difficulté à se
comprendre. Je ne veux pas faire la discussion générale à
chaque article.
Lorsque nous arriverons aux autres articles suivants où on parle
des pouvoirs, je pense qu'il y a une étude approfondie qui doit
être faite sur ces pouvoirs. Le député de
Marguerite-Bourgeoys, en deuxième lecture, a parlé
peut-être de l'à-propos qu'il y ait un contrôle judiciaire
sur les pouvoirs définis par cette loi et je ne me suis pas
montré fermé à cette possibilité, de même que
je ne me suis pas montré fermé à la possibilité
d'indemnisation de certaines victimes de la mise en oeuvre de la politique
d'urgence.
Le reproche qu'on nous fait, à l'heure actuelle, c'est
qu'après nous avoir fait certaines demandes, on n'ait pas, avant
même d'arriver à ces articles, déposé les
amendements. Je pense que c'est vouloir courir après la critique ou
chercher la critique. Lorsque nous arriverons à ces articles, dans le
sens des représentations qui nous ont été faites, on sera
en mesure de dire à quelles conclusions nous en sommes arrivés,
et l'Opposition sera en mesure de voir et d'évaluer jusqu'à quel
point ce que nous avons à proposer répond à certaines de
leurs préoccupations ou de leurs exigences. Mais, tout ce que je
demande, simplement, c'est qu'on procède article par article lorsque
c'est possible.
M. Lalonde: Vous n'avez pas fait vos classes... Allez faire vos
devoirs et, ensuite, vous ferez quelque chose.
M. Bédard: Nos devoirs sont faits.
M. Lalonde: Vous n'avez pas fait vos devoirs. Vous n'avez
même pas une étude à nous donner.
M. Bédard: Si, tactiquement, vous ne voulez pas l'adopter
et si vous...
M. Lalonde: Non, mais c'est épouvantable, créer un
pouvoir comme ça sans avoir fait vos devoirs.
M. Bédard: Non, mais vous avez parlé tant que vous
avez voulu. A mon sens, on ne fait plus preuve de la maturité et de
l'ouverture d'esprit dont on s'était assuré au début de
l'étude de ce projet de loi. Je sais fort bien qu'il est facile de
charrier. Ce qui est surprenant, c'est qu'on charrie sur les pouvoirs
exorbitants avant même d'y arriver, aux pouvoirs.
M. Lalonde: A l'article 11...
M. Bédard: La Commission des droits de la personne le
reconnaît. La charte internationale le reconnaît également.
On sait très bien que dans des situations exceptionnelles, il faut qu'il
y ait des pouvoirs exceptionnels, mais le tout doit être le plus
cadré possible, législativement, d'une part, si c'est
nécessaire et ça, on l'évaluerait je dirais même
judiciairement. Mais on l'étudiera quand les articles traitant de ces
aspects se présenteront. Là, on en est à l'article 11.
M. Lalonde: Le ministre, M. le Président, n'a pas fait
preuve de franchise en nous donnant ce rapport de la Commission des droits de
la personne seulement à midi, alors qu'il l'a depuis le 15 ou le 20
décembre la date, c'est le 15 décembre 1978...
M. Bédard: C'est la première fois qu'on me demande
ce rapport-là.
M. Lalonde: Bien oui, mais un instant! On ne sait pas ce que vous
recevez tous les jours!
M. Bédard: Et nous avons, M. le Président, à
la suite de ce rapport, présenté le projet de loi no 28 qui
donne, à la suite d'une des recommandations expresses de la
commission...
M. Lalonde: Une seulement, il y en a... M. Bédard:
... mais c'est le noyau! M. Lalonde: Non, il y en a d'autres.
M. Bédard: A une des recommandations... On a le droit de
terminer. Une des recommandations... S'il y a d'autres recommandations
auxquelles...
M. Lalonde: II y en a d'autres.
M. Bédard: ... on ne donne pas suite...
M. Lalonde: Retournez à votre pupitre.
M. Bédard: ... on sera en mesure de les étudier
à mesure que ça vient. C'est bien trop facile de charrier...
M. Lalonde: Non, on ne charrie pas. C'est vous qui charriez avec
un projet de loi que vous ne connaissez pas.
M. Bédard: Non, je ne charrie pas, pour la bonne et simple
raison...
M. Lalonde: Vous n'avez même pas une étude à
votre ministère là-dessus.
M. Bédard: ... M. le Président, que j'ai...
M. Lalonde: II y a quand même une maudite limite! (16 h
30)
M. Bédard: ... très bien dit que je n'étais
pas pressé d'adopter ce projet de loi. Il n'était aucunement de
notre intention de faire quelque pression que ce soit, mais simplement notre
devoir, comme membres d'une commission, d'étudier article par article le
projet de loi.
M. Lalonde: Demandez un autre mandat.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Quand le ministre a parlé de la bonne foi
de l'Opposition, j'ai peut-être voulu y croire, mais je viens d'entendre
les exclamations du député de Marguerite-Bourgeoys et je suis
convaincu qu'il n'y a pas de bonne foi. Ce que les gens d'en face essaient de
faire, comme ils ont essayé de le faire à l'occasion de
différents projets de loi depuis deux ans et demi, c'est leur leitmotiv,
en particulier à ces deux là en face, de faire passer ce
gouvernement-ci pour un gouvernement dictatorial qui, à chaque fois
qu'il a l'occasion d'augmenter...
M. Lalonde: On n'a pas de misère, c'est facile.
M. Charbonneau: ... ses pouvoirs, un gouvernement fasciste.
M. Lalonde: c'est facile.
M. Charbonneau: Un gouvernement qui, à chaque fois qu'il a
l'occasion...
Le Président (M. Dussault): s'il vous plaît,
messieurs, à l'ordre!
M. Bédard: Pour un député qui a
présenté la loi 41, qui permettait les perquisitions sans
mandat!
M. Charbonneau: ... de mettre...
M. Lalonde: C'est ce que vous faites actuellement à la
CECO.
M. Bédard: Dans des cas exceptionnels...
Le Président (M. Dussault): Messieurs, s'il vous
plaît! Le député de Verchères avait la parole,
laissez-le parler.
M. Blank: II doit parler sur le sujet.
M. Charbonneau: Je vais parler sur le sujet, mais vous allez me
laisser parler par exemple!
M. Blank: On ne vous empêche pas de parler.
M. Charbonneau: Vous allez écouter ce que j'ai à
dire, comme j'ai écouté ce que vous aviez à dire.
M. Blank: Je n'ai pas dit un mot encore.
M. Charbonneau: Ce que je veux dire c'est que les gens d'en face,
les mêmes d'ailleurs, le député de Mont-Royal, le
député de Marguerite-Bourgeoys, le député de
Saint-Louis, sont des gens qui, depuis deux ans et demi, à chaque fois
qu'ils ont l'occasion de le faire, essaient d'utiliser des projets de loi qui
ont des objectifs louables pour faire croire à la population que ce
gouvernement-ci est un gouvernement dangereux pour les libertés
individuelles et fondamentales.
Or là, on discute d'un projet de loi qui concerne la plus
importante des libertés fondamentales et le plus important des droits
fondamentaux, le droit à la vie.
M. Ciaccia: La Commission des droits de la personne dit la
même chose. Avez-vous lu le rapport de la commission?
M. Charbonneau: Un instant, cela fait assez longtemps que vous
parlez, vous allez me laisser parler.
M. Lalonde: Ne nous faites pas brailler!
M. Charbonneau: Vous n'impressionnerez personne, vous non
plus.
M. Ciaccia: J'ai demandé si vous aviez lu le rapport de la
Commission des droits de la personne.
M. Charbonneau: Cela fait assez longtemps que vous énervez
tout le monde.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Verchères a la parole.
M. Charbonneau: On est en train de discuter d'un projet de loi
qui concerne le droit le plus important, le droit fondamental le plus
important, c'est-à-dire le droit à la vie. Quand des sauveteurs
ont affaire à des gens dans une famille qui, pour toutes sortes de
raisons le sous-ministre tantôt a invoqué des études
scientifiques d'un sociologue d'une université en Alberta se
butent à refuser de voir le danger qui est là et mettent en cause
non seulement leur vie, mais la vie des autres, ces gens ne sont pas en mesure
de choisir si oui ou non ils voudraient quitter la zone dangereuse. Je pense
qu'on est en face d'une nécessité pour un Etat, pour un
gouvernement qui a une responsabilité collective et même
individuelle envers le droit à la vie, droit premier, de faire en sorte
que, finalement, des gens ne risquent pas leur vie, soit des sauveteurs, soit
des victimes, parce que dans des groupes d'individus on parle de la
cellule familiale certains refusent de voir le danger et l'imminence du
danger.
On pourra faire n'importe quoi en face, mais si jamais on continue de
charrier sur cela, ce qu'on remet en cause, c'est le droit fondamental à
la vie. Vous pourrez faire toutes les pirouettes intellectuelles que vous
voudrez, vous n'en sortirez pas. Ce qu'on vise par ce projet de loi, c'est de
faire en sorte d'être en mesure de sauver des gens malgré eux,
parfois, de sauver des enfants malgré leurs parents parfois, de sauver
des individus qui ne sont pas en mesure, parce qu'ils n'ont pas les
connaissances et les instruments, d'évaluer le danger de certaines
situations. Vous ne nous en avez pas parlé du tout depuis que vous
êtes ici et depuis que vous intervenez. Ce qui vous intéresse,
vous, le député de Marguerite-bourgeoys, le député
de Mont-Royal, le député de Saint-Louis, c'est de faire ce que
vous faites depuis deux ans et demi, faire passer le gouvernement du Parti
québécois comme un gouvernement qui met en cause les
libertés individuelles au Québec.
M. Ciaccia: C'est vrai.
M. Charbonneau: Je suis content de votre attitude, M. le
député de Mont-Royal, je savais que c'était cela, vous
venez de nous le dire clairement. On n'en attendait pas moins de vous. Le monde
n'est pas dupe. C'est le droit à la vie qui est en cause actuellement.
Dites-nous comment on va faire pour sauver des gens, autrement que par les
mesures qui sont là. Votre mauvaise foi est d'autant plus
évidente que les recommandations et les analyses de la Commission des
droits de la personne sont effectuées sur un projet de loi qui n'est
même pas devant nous, un projet de loi qui a été
amendé justement pour tenir compte de ces recommandations. Le
député de Marguerite-Bourgeoys nous reproche de ne pas lui avoir
remis les rapports. C'est bien dommage, mais le député de
Marguerite-Bourgeoys n'est plus solliciteur général. Il n'est
plus membre du gouvernement.
Les rapports sont faits au gouvernement, au ministre de la Justice. Le
ministre de la Justice n'est pas pour passer ses journées à vous
refiler des documents que vous allez interpréter malhonnêtement
comme vous le faites depuis le début de la journée. Vous
n'êtes pas près de toute façon de retourner au
gouvernement. Quand vous y étiez j'étais journaliste dans
le temps ce n'était pas vous, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys solliciteur général, qui vous pourfendiez
à remettre les rapports des organismes sur des situations à
l'Opposition ou aux journalistes.
Aujourd'hui, vous allez nous reprocher à nous de ne pas vous
remettre un rapport qu'on sait que vous allez utiliser malicieusement. Depuis
qu'il a été déposé, vous l'avez effectivement
utilisé malhonnêtement? Un instant! Il ne faudrait peut-être
pas nous prendre pour des naïfs.
M. Bédard: Cela ne vient pas de nous autres.
M. Charbonneau: Oui, et le débat d'hier sur le CAD? Vous
saviez très bien ce qu'il y avait dedans. Vous saviez très bien
qu'il n'y avait aucun danger. Ce qu'il y avait de dangereux, c'est votre
pratique à vous, à l'époque où vous essayiez de
constituer un service de renseignements qui était sous l'autorité
politique et qui est disparu depuis que nous sommes là. Alors, pour les
droits individuels et libertés individuelles, s'il y a un parti qui n'a
pas de leçon à donner, c'est le Parti libéral.
M. Lalonde: Vous avez déjà fini?
M. Charbonneau: Oui. Si ça ne fait pas votre affaire, on
reviendra à la charge.
M. Lalonde: Continuez donc! M. Charbonneau: Est-ce
clair?
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): S'il vous plaît! Oui...
Il y avait M. le député de Saint-Louis qui avait demandé
la parole.
M. Blank: Une courte intervention seulement sur la question sur
laquelle le ministre fait une question de règlement, la question qu'on
discute, du rapport de la Commission des droits de la personne, à
l'article 11. Mais on nous a donné ce rapport seulement quand nous
sommes arrivés à l'article 11...
M. Bédard: ...
M. Blank: ... Une minute, je n'ai pas fini. Sans l'article 11, il
n'y a plus de loi, parce que cet article donne tous les pouvoirs au bureau. Une
des recommandations...
M. Bédard: Vous êtes complètement dans le
tort.
M. Lalonde: C'est la fonction du bureau.
M. Blank: Ce sont les fonctions du bureau. Sans ces fonctions,
vous n'avez pas de bureau.
M. Bédard: C'est évident, il va avoir les
fonctions... Ce que je veux dire au député de Saint-Louis, quand
on aura adopté cet article, il va avoir les droits qu'on va
déterminer par après...
M. Blank: Oui, mais une minute, j'arrive, j'arrive...
M. Bédard: ... on n'est est pas encore arrivé
à ces droits et à ces pouvoirs exceptionnels.
M. Blank: Une des recommandations, une des questions que se pose
la Commission des droits de la personne, ici, une des conditions
élémentaires, c'est: "Est-ce qu'on a besoin de cette loi?" C'est
la question qu'elle se pose. Quand le sous-ministre me donne des exemples, des
études et me cite le cas de l'Ohio, je me pose des questions. C'est
là qu'est arrivée l'affaire de Kent State, dans l'affaire de...
C'est ça qu'on veut pour le Québec?
M. Charbonneau: Ce n'est même pas ça qui est
marqué dans la loi. Ce ne sont pas des sinistres politiques.
L'Université de Kent, vous le savez très bien, c'était
relié à la guerre du ViêtJ'ai Nam. Vous ne viendrez pas me
dire que c'est un sinistre naturel. Mon Dieu Seigneur!
Une Voix: II a donné l'exemple.
M. Blank: Oui, oui... Il a donné l'exemple... Pas pour
l'étude. C'est ça, les études ont été faites
sur les mesures de guerre, pas sur une loi semblable...
M. Charbonneau: Lisez le projet de loi et l'article 1, M. le
député de Saint-Louis.
Le Président (M. Dussault): S'il vous plaît! S'il
vous plaît, messieurs! M. le député de Saint-Louis, est-ce
que vous aviez terminé votre intervention?
M. Blank: Non. Je veux dire qu'il semble que les
études...
M. Alfred: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Dussault): Un instant, si vous permettez.
Question de règlement, M. le député de Papineau.
M. Alfred: M. le Président, le drame justement avec ces
députés d'en face, c'est...
Le Président (M. Dussault): En quoi consiste votre
question de règlement?
M. Alfred: Attendez, M. le Président, avant
d'intervenir...
Le Président (M. Dussault): Je voudrais, s'il vous
plaît, que vous me spécifiez le plus tôt possible en quoi
consiste votre question de règlement.
M. Alfred: Ma question de règlement consiste à
rectifier certaines choses. Le député de Saint-Louis et le
député de Mont-Royal ne comprennent pas tout à fait le
sens des mots français, donc, ils interprètent les mots comme ils
veulent.
M. Blank: Excusez-moi.
M. Lalonde: Je vous remercie beaucoup de votre contribution.
Le Président (M. Dussault): II n'y a rien dans notre
règlement, M. le député de Papineau, qui vous permette de
type d'intervention.
M. Alfred: Vous interprétez mal les mots. Vous ne
comprenez pas le sens des mots.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-Louis, est-ce que vous avez terminé votre intervention?
Une Voix: Est-ce qu'on peut prendre des cours du soir avec
vous?
M. Alfred: Vus ne comprenez pas...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Papineau, s'il vous plaît!
M. Blank: Le député de Marguerite-Bourgeoys a
parlé des études, il a dit qu'on veut avoir des études...
Quand j'entends parler le sous-ministre, qui le fait de bonne foi, des
études passées, il semble que ces études étaient
pour des cas d'urgence qui ne sont pas couverts par ce projet de loi. On veut
avoir ces études pour savoir si ces études sont faites sur les
urgences politiques, comme le député de Verchères l'a
mentionné, ou si elles sont faites sur les urgences naturelles. Il y a
une
grande différence, et on n'a jamais vu ces études. On nous
demande de légiférer sans les avoir. Il y a aussi, une chose
très importante dans mon esprit. Vous dites qu'on accuse les
ministériels d'avoir une tendance dictatoriale. Il y a peut-être
des gens chez vous qui veulent sauver les droits et les libertés de la
personne. Est-ce possible que des gens de votre parti qui ont voté pour
ce projet de loi en deuxième lecture, auraient le même vote, s'ils
avaient vu ce rapport de la Commission des droits de la personne?
M. Charbonneau: Est-ce que vous me permettez une question?
M. Blank: Pourquoi était-ce caché? C'est ce que je
vous demande.
M. Charbonneau: Est-ce que vous me permettez une question?
M. Blank: Oui.
M. Charbonneau: Est-ce que vous êtes d'accord avec moi pour
dire que le rapport, que, vous le présumez, certains n'auraient pas vu
de notre côté, concernait un projet de loi qui comportait une
définition ambiguë, et on l'a reconnu, du mot "sinistre" et que,
maintenant, on a devant nous une définition claire du terme
"sinistre"?
M. Blank: D'accord. Il semble que vous n'ayez pas lu le rapport
de la Commission des droits de la personne; on parle dans deux pages de cette
définition, mais les six autres pages sont sur le reste du projet de
loi.
Une Voix: Oui.
M. Blank: C'est ça, le problème.
M. Charbonneau: Un instant! M. le député, je pense
que le ministre a été très clair tantôt. La
Commission des droits de la personne a dit que, si on changeait la
définition, il y a bien autre chose par la suite qui paraîtrait
moins dangereux pour les libertés, justement parce que cela ne
s'appliquait plus à une définition.
M. Lalonde: D'accord.
M. Blank: Lisez tout le rapport.
M. Lalonde: D'accord, mais pas tout.
M. Charbonneau: Suffisamment, M. le député.
M. Blank: Pas assez.
Le Président (M. Dussault): S'il vous plaît,
messieurs; M. le député de Saint-Louis avait donné la
permission à M. le député de Verchères de poser une
question. Vous avez terminé?
M. Blank: Oui.
Le Président (M. Dussault): Alors, M. le ministre.
M. Bédard: II faudrait effectivement, M. le
Président...
Le Président (M. Dussault): Jusqu'à maintenant, je
n'avais pas votre nom inscrit.
M. Bédard: Effectivement, je pense que l'avis de la
Commission des droits de la personne auquel on se réfère
était en fonction du projet de loi 94 et il est clair que cet avis
était pour attirer l'attention sur la définition trop large du
mot "sinistre" dans le projet de loi no 94, d'où l'importance de
restreindre cette définition, de mieux la cadrer, de manière
qu'elle ne puisse donner ouverture à quelque interprétation que
ce soit. C'est dans ce sens que la Commission des droits de la personne disait
que, si le terme c'est dans son avis "sinistre" est défini
dans son sens normal d'événement catastrophique, une telle
disposition, à savoir autoriser une personne à
pénétrer en tout lieu pour assurer la sécurité d'un
sinistré ou pour protéger les biens qui s'y trouvent,
paraîtrait fort acceptable. Ce serait, c'est la commission qui le dit,
croyons-nous, une restriction légitime aux libertés fondamentales
consacrées par les articles 5 et 7 de la charte.
Les mêmes remarques s'appliquent aux autres pouvoirs exceptionnels
dont il est question dans le projet de loi no 28. C'est pour ça,
essentiellement, que nous sommes allés au noyau de l'argumentation,
à savoir changer la définition du mot "sinistre" et l'Opposition
a même été d'accord pour dire qu'il y avait vraiment un
changement fondamental de cette définition.
Je voudrais faire remarquer que ce que nous essayons de faire, c'est de
concilier, d'une part, le respect des droits et libertés individuelles
et, d'autre part, l'obligation d'assurer la sécurité, la
protection des biens et des personnes, dans le cas des sinistres, et que ceci
rejoint la Charte des droits et libertés de la personne qui dit,
à l'article 1... Il ne faut quand même pas oublier qu'on essaie de
concilier des situations où des vies peuvent être en danger avec
la charte elle-même, qui a des dispositions très
spécifiques sur les droits des citoyens à avoir leur
sécurité et leur vie protégées.
L'article 1 de la Charte des droits et libertés de la personne
dit: "Tout être humain a droit à la vie ainsi qu'à la
sûreté, à l'intégrité physique et à la
liberté de sa personne." Article 2: "Tout être humain dont la vie
est en péril a droit au secours." Essentiellement, quel but cette loi
veut-elle atteindre? C'est de porter secours, le plus rapidement possible, le
plus efficacement possible, à des êtres humains dont la vie peut
être en danger, de le faire dans le cadre législatif le mieux
déterminé possible et, s'il le faut, avec même ou
l'exercice des pouvoirs exceptionnels qui vont de soi dans une loi comme
celle-là, qui traite de situations exceptionnelles. (11 h 45)
C'est cela qu'on essaie de concilier. C'est facile de charrier, mais ce
n'est pas facile d'essayer de concilier cela. Je pense que le nouveau projet de
loi 28, qui est susceptible d'amélioration comme n'importe quel projet
de loi, va dans le sens de concilier ces deux objectifs, à savoir
assurer la sécurité des citoyens et, d'autre part,
préserver, encadrer, le plus possible, une loi qui tienne compte du
respect des droits et libertés individuels.
M. le Président, je proposerais qu'on suspende l'article 11 pour
le moment, quitte à y revenir. Et peut-être qu'à la
lumière de l'étude des autres articles, l'Opposition sera en
mesure de mieux en voir l'à-propos et la non-nécessité de
changer quoi que ce soit au libellé de cet article.
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal et ensuite M. le député de Verchères.
M. Bédard: Etes-vous d'accord pour suspendre?
Le Président (M. Dussault): Est-ce que c'est sur cette
question de suspension, M. le député de Mont-Royal?
M. Ciaccia: Non.
Le Président (M. Dussault): Je dois dire, au
départ, M. le ministre, que le président aura des
réticences à accepter la suspension parce que c'est quand
même un article essentiel à l'étude des autres articles de
la section II. Je vais quand même vous entendre là-dessus.
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Le ministre nous cite certains termes de l'opinion de
la Commission des droits de la personne, à l'effet que certains
commentaires s'appliquent à la définition élargie du mot
sinistre, définition qui était dans le projet de loi 94 qui n'est
pas dans le projet de loi 28.
Je voudrais faire remarquer au ministre qu'il y a d'autres dispositions
de cette opinion de la Commission des droits de la personne qui s'appliquent
aussi à la définition restreinte du mot sinistre. Par exemple,
à la page 4 de l'opinion de la Commission des droits de la personne, on
parle du pouvoir d'enjoindre à une personne, dans le délai qu'il
lui fixe, d'évacuer un lieu qu'il indique. Je cite l'opinion de la
Commission des droits de la personne: "Cette mesure apparaît davantage de
nature inquisitoriale que protectrice. En effet, dans le cas d'un sinistre au
sens propre du mot c'est-à-dire au sens restrictif, au sens tel
que la commission aurait voulu l'avoir au mois de décembre et dont le
ministre a changé la définition dans son projet de loi
nous ne connaissons pas de cas où on a senti le besoin d'obliger les
personnes à veil- ler à leur propre sauvegarde. La
nécessité d'une atteinte à la liberté
protégée par l'article 1 de la charte nous échappe
ici."
C'est un exemple de critique assez sévère des termes qui
peuvent s'appliquer au présent projet de loi. Et les conclusions
mêmes de la Commission des droits de la personne disent: "Ajoutons
à ces remarques que la nécessité de l'adoption au
Québec d'une loi comme celle qui est présentée ne nous
semble nullement démontrée." Je ne pense pas que le ministre nous
en ait démontré, de plus, depuis le dépôt du projet
de loi 94, la nécessité. Et la Commission des droits de la
personne se réfère à certaines protections qui existent
déjà dans la loi pour répondre aux objectifs du ministre
dans le projet de loi. Il y a la question de la protection individuelle des
personnes. Rappelons l'article 2 de la charte. Sur le plan collectif du
maintien de l'ordre et de la paix, champ qui, répétons-le, semble
aussi visé par le projet de loi, il y a des dispositions qui existent
déjà dans le Code criminel. Et quand on parle des
municipalités, il se réfère à un jugement de la
Cour suprême.
Je crois que l'opinion de la Commission des droits de la personne
s'applique au projet de loi actuel. Il y en a un autre, l'article 39 du projet
de loi 94 qui est maintenant l'article 40, qui parle de l'immunité dans
certains cas et l'immunité conférée ici nous
apparaît excessive. Les conditions requises pour que l'on puisse parler
d'urgence ne me semblent pas réunies ici, justifiant une
exonération complète des dommages pouvant résulter d'une
violation des droits fondamentaux.
M. le Président, je crois que si on avait eu l'occasion
d'examiner cette opinion... Je ne pense pas que ce soit à nous de
demander constamment des documents au ministre. Je crois que c'est
d'intérêt public, c'est un cas extraordinaire. Je crois qu'il y a
une obligation du ministre de nous fournir les documents. Cette opinion, vous
auriez dû vraiment nous la fournir avant qu'on ait entrepris la
deuxième lecture du projet de loi. En toute sincérité,
c'est quelque chose de fondamental.
Quand le député de Verchères nous accuse de
reprocher au gouvernement d'être trop autoritaire, il confirme nos
critiques en disant: Le ministre a des rapports, oui, mais il ne devrait pas
les laisser à l'Opposition, on va mal les interpréter. Vous venez
seulement de confirmer nos préoccupations. Vous seulement avez le droit
d'avoir les rapports, de les interpréter à votre façon.
Cela s'appelle de la dictature. La démocratie, c'est que chacun de nous
ait le droit...
M. Charbonneau: C'est ce que vous faisiez quand vous étiez
au pouvoir. C'est exactement ce que vous faisiez quand vous étiez au
pouvoir, vous n'avez pas de leçon à donner à personne,
franchement!
M. Ciaccia: Un instant! Un instant! M. le Président, j'ai
le droit de parole.
M. Charbonneau: On se rappelle la crise d'octobre nous
autres.
M. Ciaccia: La démocratie, cela veut dire qu'on a tous le
droit de voir les documents, surtout ceux d'intérêt public. La
Commission des droits de la personne, cela n'appartient pas au Parti
québécois, cela n'appartient pas au gouvernement. C'est un
organisme pour tous les Québécois, pour toute la population. Des
rapports sur un projet, des études qui vont nous enlever les droits
fondamentaux...
M. Bédard: J'ai fait une motion pour suspendre.
Le Président (M. Dussault): Un instant! s'il vous
plaît!
M. Ciaccia:... je crois qu'on a le devoir de les voir avant de se
prononcer sur un projet de loi.
M. Charbonneau: C'est le démagogue no 1 de l'Opposition
officielle.
M. Ciaccia: J'invoque l'article 99, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): S'il vous plaît! M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Non, j'invoque l'article 99.
Le Président (M. Dussault): Je m'excuse, M. le
député de Mont-Royal.
M. Bédard: M. le Président, est-ce que... M.
Lalonde: II a invoqué l'article 99. M. Ciaccia: J'invoque l'article
99.
Le Président (M. Dussault): Un instant, s'il vous
plaît! M. le député de Mont-Royal soulève une
question de règlement.
M. Ciaccia: Oui, et je demande au député,
d'après l'article 99... Vous l'avez devant vous?
Une Voix: Oui.
M. Ciaccia: Des insultes à l'endroit des autres
députés, des paroles...
M. Lalonde: Personne ne le prend au sérieux. M. Ciaccia:
Franchement, je m'y oppose. M. Lalonde: N'importe quoi.
M. Ciaccia: Le député de Verchères peut dire
n'importe quoi, mais au moins qu'il respecte...
M. Lalonde: Le règlement.
M. Ciaccia: ... le règlement. Le restant, les niaiseries
qu'il peut dire, c'est son problème à lui.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-Louis, je vous ai entendu et je pense que M. le député de
Verchères vous a entendu. Je pense que, de toute façon, si on
revenait à la question qui doit être débattue, on n'aurait
pas les problèmes qu'on a.
M. Lalonde: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez, M. le
ministre a offert à la commission, il y a quelques minutes, de suspendre
l'article 11.
M. Ciaccia: C'est la troisième fois qu'on suspend un
article.
Le Président (M. Dussault): II en a fait une suggestion,
du moins c'est comme cela que je l'ai pris. Je vais redonner la parole à
M. le ministre pour qu'il explicite très clairement ses intentions et je
vais ensuite rendre une décision là-dessus. Je vous entendrai
ensuite, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Bédard: M. le Président, je vois qu'une grande
partie de la discussion porte toujours sur les pouvoirs, alors qu'on n'est pas
encore arrivé à l'étude des pouvoirs spécifiques
qui sont donnés dans la loi. Cela pourrait être fondamental de
procéder, dans un premier temps, à l'étude de chacun de
ces pouvoirs, d'en voir la nécessité ou l'à-propos, parce
qu'il y a d'autres lois qui ont été faites par d'autres
gouvernements... Je pense, entre autres, à l'Alberta où un
pouvoir comme celui de l'évacuation a été analysé
par des experts qui ont opiné dans le sens... En soi, cela peut nous
paraître un pouvoir exorbitant, mais quand on sera rendu à
l'étude de ces pouvoirs-là, je pense qu'on pourra donner les
explications, chose qui n'est pas possible à l'heure actuelle, puisqu'on
discute des pouvoirs alors qu'on n'en est pas rendus à cette
tranche-là.
Concernant le pouvoir d'évacuation, entre autres, le
spécialiste J. Rick Ponting, auquel on s'est référé
tout à l'heure, disait que cette disposition constituait un autre
avantage, c'est qu'elle évite aux personnes chargées de
l'évacuation d'avoir à retourner dans la zone sinistrée
dans des conditions beaucoup plus dangereuses, par exemple au moment le plus
critique d'une inondation, pour évacuer ceux qui sont demeurés
sur place, mais qui ont changé d'idée trop tard.
Ainsi, en accordant au gouvernement le pouvoir d'exiger
l'évacuation, la nouvelle loi remplace par l'évacuation
ordonnée les opérations dangereuses de sauvetage au plus fort du
désastre ou la longue recherche des victimes à la suite d'un
désastre.
Quand on sera rendu à l'étude de chacun de ces pouvoirs,
nous sommes préparés, du point de vue gouvernemental, à
vous donner des explications ou des analyses qui ont été faites
par des experts et qui sont dans le sens de là-propos
d'inclure ces pouvoirs dans une loi concernant les sinistres, mais nous
ne sommes pas rendus à ce stade. C'est pourquoi je me demande si
j'aurais l'accord de l'Opposition de suspendre, non seulement l'article, mais
le chapitre pour passer à l'autre chapitre, le II où on parle des
pouvoirs. A ce moment, on va les examiner un par un. On va vous donner des
explications sur là-propos de l'inclusion de chacun de ces pouvoirs. Je
pense que la vraie discussion aura lieu au vrai moment, si je peux compter sur
l'accord des membres de l'Opposition.
Le Président (M. Dussault): Sur la suspension, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, j'avais soulevé une
question de règlement avant la suspension.
Le Président (M. Dussault): Vous avez raison.
M. Lalonde: C'était pour vous demander si vous alliez
demander au député de Verchères de retirer le qualificatif
de démagogue qu'il a adressé au député de
Mont-Royal.
Le Président (M. Dussault): Vous m'embêtez un petit
peu, M. le député, pour la raison qu'au moment où les
propos ont pu se tenir, si je me fie à votre parole, j'étais en
train de discuter avec un conseiller du président. Il me semble
difficile de m'ériger en juge dans cette question, pour le moment en
tout cas.
M. Lalonde: Si le député de Verchères
reconnaît ne pas les avoir prononcées, je vais retirer ma question
de règlement.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que vous reconnaissez,
M. le député de Verchères...
M. Charbonneau: M. le Président, si cela peut permettre
que la discussion s'engage immédiatement sur le chapitre important!
Malheureusement, je n'ai pas l'expérience parlementaire de ruse du
député de Mont-Royal. Ordinairement, je préfère
entrer tout de suite dans le sujet plutôt que de tourner autour.
Autrement dit, au lieu de dire que quelqu'un est comme cela, il y en a qui
préfèrent faire le tour, sans jamais utiliser le mot, mais,
finalement, tout le monde comprend ce qu'on veut dire. Vous savez,
ordinairement, j'entre tout de suite dans la porte! On peut peut-être
sortir, mais de toute façon, vous savez ce que je pense.
M. Lalonde: Est-ce que vous l'avez prononcé ou si vous ne
l'avez pas prononcé?
M. Ciaccia: Est-ce que vous le retirez? L'avez-vous
prononcé?
M. Charbonneau: Non, je l'ai prononcé. On peut
peut-être le retirer, mais vous ne me ferez pas dire ce que je n'ai pas
dit. On ne jouera pas aux fous, et les gens qui sont là ne nous
prendront pas pour des caves non plus!
M. Lalonde: C'est correct. Ma question de règlement est
terminée. Il a retiré ses paroles avec une
générosité exemplaire. Sur la question de la suspension de
l'article... Une fois engagé... Oui?
Le Président (M. Dussault): Si vous me permettez, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, je vais considérer les
paroles que vous allez employer dans les prochaines minutes comme étant
un éclairage que vous apportez au président sur cette demande de
suspension. D'accord?
M. Lalonde: Oui, c'est cela. Naturellement, étant
engagé dans le labyrinthe incohérent de l'étude d'un
projet de loi en commençant par la queue, on pourrait suivre la demande
du ministre et commencer par le dernier article. On ne serait pas beaucoup plus
avancés. Il m'apparaît quand même que si on essaie, si on
tente de conserver un peu de cohérence, on va s'apercevoir qu'à
l'article 11, on définit non pas les pouvoirs, mais les fonctions. Les
pouvoirs doivent découler des fonctions. Si le bureau a des fonctions de
maître d'oeuvre, à ce moment, les pouvoirs qu'on étudierait
dans l'autre chapitre, le chapitre suivant, en découleraient. On verrait
si, comme maître d'oeuvre, il y a nécessité de lui donner
un pouvoir ou un autre. Si c'est une fonction de coordonnateur, il n'a pas
besoin d'autant de pouvoirs. Il m'apparaît illogique d'aller aux pouvoirs
avant la fonction. Maintenant, si c'est le voeu du ministre de suspendre, je
vais vous dire la raison pour laquelle je vais être en faveur de la
suspension. C'est qu'immédiatement après la suspension, j'ai une
motion à présenter. Cela va ouvrir la voie à ma
motion.
M. Bédard: Vous avez la parole. Je demanderai la parole
après.
Le Président (M. Dussault): Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires sur la suspension qui éclaireraient le
président?
M. Bédard: Je remercie l'Opposition de son accord.
J'aurais une motion à présenter à ce stade, quitte
à continuer par après l'étude du projet de loi no 28. (17
heures)
Le Président (M. Dussault): Un instant, M. le ministre.
Est-ce que vous comprenez, des propos de M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, qu'il serait d'accord pour la suspension...
M. Bédard: C'est ce qu'il vient de dire.
Le Président (M. Dussault):... et c'est à la suite
de ça... Est-ce que le consentement de la commission est pour suspendre
l'étude de l'article 11?
M. Lalonde: Oui.
M. Fontaine: ... suspendre, oui.
M. Bédard: Oui.
M. Lalonde: M. le Président...
M. Bédard: J'aurais...
Le Président (M. Dussault): Oui, un instant!
M. Fontaine: Qu'est-ce que ça va donner?
M. Lalonde: J'ai demandé la parole.
M. Bédard: J'aurais une motion.
Le Président (M. Dussault): Un instant!
M. Bédard: J'avais la parole.
Le Président (M. Dussault): Je voudrais... Si vous
permettez, c'est que, s'il y a suspension de l'article 11, je pense que le
président doit aussi vous demander, puisque l'article 12 est
conséquent de l'article 11, qu'il y ait suspension de l'article 12.
M. Lalonde: M. le Président...
M. Bédard: M. le Président, avant...
M. Lalonde: ... suspendons l'article 12.
M. Bédard: ... de passer à l'article 12 ou de
penser à passer à l'article 12, j'aurais une motion à vous
présenter.
Le Président (M. Dussault): Oui, si vous permettez, M. le
ministre. Vous comprendrez que le président, s'il accepte la suspension
de l'article 11, c'est parce qu'il pense que la commission... Il doit
présumer que la commission veut continuer à étudier le
projet de loi, puisque c'est quand même le mandat de cette commission,
c'est l'ordre de la Chambre.
M. Fontaine: Question de règlement.
Le Président (M. Dussault): Dans cette logique, je demande
à la commission, étant donné la conséquence, si
l'article 12 sera aussi suspendu.
M. Bédard: D'accord, M. le Président.
M. Lalonde: Avec la même logique, M. le
Président...
M. Fontaine: 13, 14 et 15 également.
Le Président (M. Dussault): L'article 12 sera
suspendu.
Maintenant, la question des pouvoirs intervient par la suite. M. le
ministre et M. le député de Marguerite-Bourgeoys veulent avoir la
parole.
M. Bédard: M. le Président...
M. Lalonde: On va laisser M. le ministre nous éclairer
davantage.
Le Président (M. Dussault): D'accord; M. le ministre.
M. Bédard: ... avant de passer à l'étude
d'autres articles du projet de loi, je voudrais faire une motion voulant que la
commission fasse un rapport distinct concernant les projets de loi nos 11, 31,
35, 38 et 40...
M. Lalonde: Parfait!
M. Bédard:... de telle façon que ça nous
donnera la chance de pouvoir discuter autant qu'on le veut et aussi à
l'aise qu'on peut le désirer de ce projet de loi, sans penser que
ça peut contenir ou nuire à certains projets que nous avons
acceptés et dont nous avons reconnu la nécessité.
M. Fontaine: Certainement.
M. Lalonde: Sur cette motion, M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde:... je n'avais pas perçu la subtilité du
règlement qui veut que le rapport sur ces autres projets de loi
dépendait un peu...
M. Bédard: Cela vous éclaire.
M. Lalonde: ... de l'avenir ou du sort qu'on réserverait
au projet de loi no 28. Il n'y a aucun doute que l'"embourbement" dans lequel
on se trouve, en vertu du projet de loi no 28, semble, d'après la motion
du ministre, vouloir...
Le Président (M. Dussault): Cette demande du ministre, en
fait, découle de l'article 161.2 où une commission peut demander
de faire un rapport intérimaire à l'Assemblée
nationale.
M. Lalonde: Mais j'amenderais quand même, M. le
Président, parce que je suis convaincu que c'est le désir de la
commission de faire rapport sur les projets de loi qu'on a déjà
étudiés et qui ont été adoptés...
M. Bédard: 11, 31, 35, 38 et 40.
M. Lalonde:... que le ministre vient de décrire, mais,
étant donné que j'avais l'intention de faire, justement, une
motion pour faire rapport à l'Assemblée sur le projet de loi no
28 et que l'article 161.2, grâce à la vivacité et à
la compétence de mes collègues ici, le député de
Saint-Louis et le député de Mont-Royal, qui attirent mon
attention sur cet article, dit qu'une commission peut, en tout temps, faire
à l'Assemblée des rapports spéciaux ou intérimaires
et c'est, je pense, dans ce cadre qu'entre la motion du ministre
et je poursuis, sur une motion qui ne peut être faite qu'une fois au
cours d'une séance...
Alors, si on adoptait seulement cette motion, je serais mal venu, ou
enfin je serais dans l'impossibilité de faire moi-même une motion
de rapport, alors que je veux faire un amendement.
Le Président (M. Dussault): Je vous arrête, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, parce que le président va
faire vraiment la distinction entre les deux questions.
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Dussault): Je vous dis
immédiatement qu'en acceptant une motion de rapport intérimaire,
je ne vous empêcherai pas de faire une motion de rapport spécial
si c'est votre intention.
M. Lalonde: Spécial, oui.
Le Président (M. Dussault): D'accord?
Une Voix: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Parce que ce sont deux objets
différents. D'accord?
Est-ce que la commission consent, d'une façon unanime, à
faire un rapport intérimaire à l'Assemblée nationale sur
les projets de loi qui ont été étudiés avant le
projet de loi no 28?
M. Lalonde: Oui, adopté.
M. Fontaine: M. le Président...
M. Bédard: Les projets de loi nos 11, 31, 35, 38 et
40.
Le Président (M. Dussault): D'accord. Il s'agirait donc de
ces projets de loi. Il y a donc consentement de la commission...
M. Lalonde: Consentement.
M. Fontaine: Dans cet esprit de collaboration de l'Opposition, M.
le Président.
Le Président (M. Dussault): ... c'est ce qui se fera...
Merci. ... et le rapporteur qui avait été nommé au
début des travaux de cette commission fera un rapport intérimaire
à l'Assemblée nationale.
M. Bédard: Maintenant, on va prendre tout le temps qu'il
faut pour le reste.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: En raison des réserves sérieuses de la
Commission des droits de la personne dont la commission parlementaire vient de
prendre connaissance, il est proposé qu'un rapport spécial
je viens d'ajouter le spécial, un peu à votre suggestion, M. le
Président soit fait à l'Assemblée nationale,
l'invitant à convoquer les groupes et individus intéressés
à donner leur avis sur le projet de loi no 28 à la commission
parlementaire de la justice. J'ai ici griffonné ma motion.
Le Président (M. Dussault): Merci, si vous permettez, je
vais relire. En raison des réserves sérieuses de la Commission
des droits de la personne dont la commission parlementaire vient de prendre
connaissance, il est proposé qu'un rapport spécial soit fait
à l'Assemblée nationale, l'invitant à convoquer les
groupes et individus intéressés à donner leur avis sur le
projet de loi no 28 à la commission parlementaire de la justice.
M. Bédard: J'ai ici une remarque, je ne voudrais pas qu'on
induise personne en erreur. Je pense bien que ce n'est pas l'intention du
député de Marguerite-Bourgeoys. Je crois qu'il y a lieu de
mentionner "en raison des réserves sérieuses" je lui
laisse son vocabulaire de la Commission des droits de la personne sur le
projet de loi 94.
M. Lalonde: S'il veut faire un amendement, qu'il fasse un
amendement.
M. Bédard: C'est là qu'on voit jusqu'à quel
point vous voulez simplement mêler plutôt qu'éclairer.
M. Lalonde: Non, vous ferez l'amendement.
M. Bédard: Non, mais est-ce que vous nous indiquez des
réserves sur le projet de loi 94 ou non? Dites-le donc...
M. Fontaine: Toutes les deux...
M. Bédard: ... soyez donc honnête dans votre
motion.
M. Fontaine: Elles touchent le principe d'un tel projet de
loi.
Le Président (M. Dussault): C'est une motion formelle qu'a
faite le député de Marguerite-Bourgeoys. Je me dois de...
M. Bédard: Est-ce que le député de
Marguerite-Bourgeoys on discutera de ce projet de loi accepte
d'inclure, ce qui est conforme à la réalité, que les
réserves de la Commission des droits de la personne concernent le projet
de loi 94?
M. Lalonde: II n'y a aucun doute, c'est à ce rapport que
je fais référence. Si vous voulez me remettre ma motion, cela
semble le désir du ministre, je l'ajouterais dans ma motion. Mais
j'ajouterais aussi, à la fin de la motion, quand je parle de loi la 28,
qu'elle contient un libellé qui a rapport aux dispositions de la loi 94
qu'on retrouve dans la loi 28.
M. Ciaccia: Autrement dit, même les commentaires de la
Commission des droits de la personne sur la loi 94 s'appliquent aussi à
beaucoup d'articles qui sont présentement dans le projet de loi 28.
M. Fontaine: M. le Président!
Le Président (M. Dussault): Un instant, si vous me
permettez...
M. Bédard: Sur le noyau, qu'ils appellent, du projet de
loi qui est la définition du mot "sinistre".
Le Président (M. Dussault): Si vous me permettez,
seulement une petite minute, M. le député de Nicolet-Yamaska, le
temps que je reçoive à nouveau le texte de M. le
député de Marguerite-Bourgeoys pour que je puisse juger de ce que
je ferai.
M. Fontaine: Je pense que cela pourrait vous éclairer, ma
question de règlement.
Le Président (M. Dussault): Je vais vous le demander,
votre éclairage; je vais peut-être vous le demander, mais à
la lumière de ce que je vais savoir du nouveau texte. Si vous me
permettez seulement une petite minute.
M. Fontaine: Cela va vous aider à connaître le
nouveau texte.
Le Président (M. Dussault): Je n'en doute pas.
M. Fontaine: II n'y aura peut-être même pas besoin de
le changer.
M. Lalonde: Allez-y, éclairez-moi.
M. Fontaine: La Commission des droits de la personne, lorsqu'elle
fait des commentaires sur le projet de loi 94, fait dans ses conclusions un
commentaire général sur l'opportunité d'adopter un projet
de loi qui touche une loi présentée: "Ajoutons à ces
remarques que la nécessité de l'adoption, au Québec, d'une
loi comme celle qui est présentée la loi 94 ne nous
semble nullement démontrée. "C'est le principe en tant que tel
d'un projet de loi concernant la protection des personnes et des biens en cas
de sinistre.
M. Bédard: L'opportunité politique de
présenter des projets de loi n'appartient pas à la
commission.
M. Fontaine: Non, non, la nécessité n'est pas
démontrée.
M. Bédard: La nécessité ou
l'opportunité. M. Lalonde: Non, la nécessité.
Le Président (M. Dussault): Pourriez-vous me relire, s'il
vous plaît, M. le député de...
M. Lalonde: En raison des réserves sérieuses de la
Commission des droits de la personne sur le projet de loi 94 dont la commission
parlementaire vient de prendre connaissance, il est proposé qu'un
rapport spécial soit fait à l'Assemblée nationale,
l'invitant à convoquer les groupes et individus intéressés
à donner leur avis à la commission parlementaire de la justice
sur le projet de loi no 28 qui reproduit plusieurs principes et de nombreuses
dispositions du projet de loi no 94.
M. Bédard: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Si vous me permettez, une
minute!
M. Bédard: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Je suspends pour deux
minutes.
Suspension de la séance à 17 h 10
Reprise de la séance à 17 h 12
Le Président (M. Dussault): Je suis prêt à
reprendre les travaux, mais avant de rendre une décision sur la
recevabilité, je vais, très brièvement, entendre un membre
par parti reconnu sur la recevabilité.
M. Charbonneau: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Vous allez parler au nom du
parti ministériel, M. le député de Verchères?
M. Bédard: On va commencer par écouter nos amis
d'en face.
M. Lalonde: Vous voulez m'entendre, ça va. M. le
Président...
M. Bédard: Vous permettez une remarque avant...
M. Lalonde: On ne veut plus m'entendre.
M. Bédard: Non, si vous permettez une remarque sur la
motion, c'est seulement au niveau du libellé. Je vois que c'est ambigu,
comme le député de Marguerite-Bourgeoys lui-même, puisqu'on
réfère...
M. Fontaine: Pas plus que votre loi, par exemple...
M. Bédard: ... qu'elle donne l'impression qu'on
étudie le projet de loi 94. Relisez, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Je vais relire le
libellé de la motion de M. le député de
Marguerite-Bourgeoys. "En raison des réserves sérieuses de la
Commission des droits de la personne sur le projet de loi no 94, dont la
commission parlementaire vient de prendre connaissance..."
M. Bédard: Ah, "vient de prendre connaissance..."
ça peut être interprété, vient de prendre
connaissance du projet de loi 94...
M. Lalonde: Vous ne savez même pas que c'est un projet de
loi qu'on étudie.
M. Bédard: ... et non pas de l'opinion
elle-même.
M. Lalonde: Ne faites donc pas de formalisme.
M. Bédard: Je connais les facilités
d'ambiguïté du député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Vous me prêtez des mauvaises intentions.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, est-ce que vous aviez des commentaires à faire sur
la recevabilité?
M. Lalonde: Voici, M. le Président, je me reporte à
l'article 161, 2e alinéa qui dit: "Une commission peut, en tout temps,
faire à l'Assemblée, des rapports spéciaux sur une motion
qui ne peut être faite qu'une seule fois au cours d'une séance.'
Les dispositions de l'article 161, alinéa 2, sont très larges, ne
définissent pas de formalisme particulier. Il s'agit de faire un rapport
spécial. Mais pour la compréhension du rapport, j'aurais pu
simplement dire, faire un rapport spécial, mais il faut quand même
qu'il y ait un contenu dans le rapport, alors je suggère que le contenu
soit de demander à l'Assemblée nationale d'inviter les groupes et
individus intéressés à faire valoir leur opinion sur le
projet de loi. La seule chose que la référence au projet de loi
94 m'a forcé de faire, c'est de dire que le projet de loi 28 reprend des
principes et des dispositions du projet de loi 94, parce que j'ai fait
référence au projet de loi 94 en ce qui concerne l'avis de la
Commission des droits de la personne.
Maintenant, si, proprio motu, vous préférez qu'aucune
référence ne soit faite au principe, je n'aurais pas d'objection
à ce que vous l'enleviez simplement, comme l'article 65, je pense, vous
permet de le faire et de parler simplement des dispositions... "reproduit de
nombreuses dispositions du projet de loi 94", sans référence au
principe, si du fait que la deuxième lecture a eu lieu vous créez
des difficultés pour la recevabilité de la motion.
Le Président (M. Dussault): Y a-t-il d'autres
commentaires, M. le député de Nicolet-Yamaska?
M. Fontaine: M. le Président, c'est simplement pour vous
dire que c'est la véritable motion modèle dans ce sens,
prévue à l'article 161, paragraphe 2, qui dit qu'une commission
peut, en tout temps, faire à l'Assemblée des rapports
spéciaux sur une motion qui ne peut être faite qu'une seule fois
au cours d'une séance. (17 h 15)
Vous avez annoncé tout à l'heure que vous ne prendriez pas
le paragraphe 2 de l'article 161 au pied de la lettre, puisque
déjà une motion intérimaire avait été faite
par le ministre de la Justice. Je pense qu'actuellement la motion, telle que
présentée, même si on pouvait considérer qu'elle
présente certaines ambiguïtés, est parfaitement receJ'ai
vable, selon notre règlement.
Le Président (M. Dussault): Merci, M. le
député de Nicolet-Yamaska. M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, je vous fais remarquer
qu'à notre avis la motion du député de
Marguerite-Bourgeoys est irrecevable parce que, d'une part, elle est dilatoire.
Deuxièmement, nous sommes à l'étape de l'étude,
article par article, en deuxième lecture. Ce n'est pas lorsque la
commission a commencé l'étude article par article qu'on doit
entendre des groupes. D'autant plus que cette motion remet en cause le principe
même, c'est cela qui est le plus grave, du projet de loi qui a
été adopté en deuxième lecture et à la suite
duquel il y a eu un ordre de la Chambre de venir étudier les
modalités de ce principe, article par article.
Ce sont les raisons pour lesquelles on croit que cette motion devrait
être rejetée.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie. Je pense au
départ que l'on doit dire qu'en tant que telle cette motion du
député de Marguerite-Bourgeoys ne remet pas en cause le principe
qui a été voté par l'Assemblée nationale en
deuxième lecture. Je pense aussi que cette motion n'a pas pour effet de
mettre fin aux travaux de cette commission. L'effet de cette motion est tout
simplement... Donc, ce n'est pas dilatoire, contrairement à ce que me
suggérait le député de Verchères. Elle a, si je le
comprends, pour effet tout simplement de faire rapport à
l'Assemblée nationale, pour lui dire que la commission souhaiterait,
voudrait fermement, peu importe comment cela pourra être
interprété, que des gens puissent venir dire à la
commission ce qu'ils pensent du projet de loi no 28. Et M. le
député de Marguerite-Bourgeoys relie le projet de loi no 94 et le
projet de loi no 28.
Je pense que l'Assemblée nationale recevra forcément ce
rapport spécial et ce sera à l'Assemblée nationale de dire
ce qu'elle veut bien faire de ce rapport spécial que la commission
pourrait lui faire. Encore faut-il que ce soit la commission qui dise si elle
est d'accord ou pas avec la motion que vient de faire le député
de Marguerite-Bourgeoys.
Pour ces raisons, je reçois la motion du député de
Marguerite-Bourgeoys. Le temps de débat sur cette motion est celui que
prévoit l'article 160 de notre règlement.
M. Lalonde: A l'article 161, c'est 20 minutes, n'est-ce pas?
Le Président (M. Dussault): C'est cela. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je pense que je dois quand
même expliquer aux membres de cette
commission les raisons pour lesquelles j'ai fait cette motion. J'avais
très rapidement passé le plus loin possible au-dessus ce
ne sera pas difficile de l'intervention du député de
Verchères qui, tantôt, a voulu faire sa marque dans les travaux de
cette Chambre en traitant les députés de l'Opposition officielle
je pense que l'Union Nationale n'était pas incluse de
mauvaise foi, de malhonnêteté, de malice. Ce sont tous des termes
qu'il a employés. Je n'ai même pas pensé invoquer le
règlement là-dessus.
Mais il a charrié un peu quand il a dit que c'était le
droit à la vie que les membres de l'Opposition, littéralement,
par leur attitude, refusaient de reconnaître à la population du
Québec.
M. le Président, c'est assez difficile de faire concorder cette
façon d'aborder le problème par le député de
Verchères... Le ministre lui-même nous a
répété qu'il n'était pas particulièrement
pressé de faire adopter ce projet de loi, à n'importe quel prix,
au prix de n'importe quel compromis, non, il a dit qu'il était
prêt à l'étudier, à apporter les amendements
nécessaires, mais qu'il n'était pas particulièrement
pressé. Je ne vois pas comment on peut justifier une attitude comme
celle du député de Verchères tantôt, alors que le
Québec a quand même vécu pendant des décennies avec
les lois qui le régissent, qui régissent la population, avec les
moyens qu'il s'est donnés pour assurer la qualité de vie la
meilleure possible, moyens qui se sont améliorés au cours des
âges, à mesure que la société se développait.
Il n'y aucun doute que je rejette de la façon la plus vigoureuse cet
argument que l'attitude de l'Opposition, que l'intention de l'Opposition, c'est
d'assujettir le droit à la vie des Québécois à des
intentions partisanes inavouables, et je pense qu'il est fort possible que les
paroles du député de Verchères aient dépassé
sa pensée, du moins, je l'espère.
Il n'y a aucun doute que, lorsque le ministre a déposé son
projet de loi 94, en décembre 1978, il n'y avait pas de vie
accrochée à son projet de loi, il l'a même laissé
mourir au feuilleton. La seule vie qu'on a perdue à ce moment-là,
c'est la vie du projet de loi. Depuis ce projet de loi, je ne sache pas que la
vie d'aucun Québécois ait été perdue, ait
été sacrifiée à l'inaction du ministre de
déposer son projet de loi 28 ou de demander à la Chambre de
l'étudier.
Là-dessus, M. le Président, je pense que j'ai passé
assez de temps.
M. le Président, je vais reprendre ici les principaux arguments
qui me forcent actuellement à présenter une motion pour demander
à l'Assemblée nationale de faire le travail que le ministre n'a
pas fait. Le ministre n'a pas consulté, n'a pas fait d'études,
dit-il, du moins il n'en a pas à nous présenter, et tous ceux qui
se sont penchés le moindrement sur le problème soulevé par
le projet de loi 94 ou le projet de loi 28 disent que la
nécessité de ce projet de loi n'a pas été
démontrée et que, lorsqu'on crée une structure de pouvoirs
de toutes pièces dans une société, le minimum qu'on doive
exiger d'un gouvernement responsable, c'est de définir la
problématique. Si, comme le député de Verchères le
suggère, cette définition doit rester dans les tiroirs du
ministre, inutile de venir consulter la commission parlementaire ou
l'Assemblée nationale. A ce moment-là, gouvernons par
décret. Mais si le ministre, le gouvernement et le député
de Verchères j'espère qu'il reste un peu d'espoir de ce
côté-là veulent jouer le jeu de la
démocratie, qu'ils informent les membres de cette commission,
l'Assemblée nationale et la population en général des
tenants et aboutissants de leurs politiques, de ces politiques.
Les besoins n'ont pas été mesurés publiquement. La
problématique n'a pas été offerte à la population.
La réaction de la population n'a pas été recueillie de
façon logique, de façon méthodique, comme on le fait dans
d'autres domaines qui sont beaucoup moins importants, qui affectent beaucoup
moins les droits des gens, qui créent beaucoup moins de pouvoirs que ce
projet de loi. On fait des livres blancs, des livres verts. On offre à
la population de les étudier, de donner sa réaction. Ensuite, on
fait un projet de loi, on invite les gens à s'exprimer en commission
parlementaire...
M. Bédard: ... avec 41.
M. Lalonde: ... de sorte qu'on arrive à un moment
donné avec des données claires. On peut demander aux
députés de cette commission, autant ministériels que de
l'Opposition, de discuter en toute connaissance de cause. Dans ce cas, on
crée une structure de pouvoirs exceptionnels. Je ne sais pas si les
députés se rendent compte que les policiers, les centaines et les
milliers de policiers qui sont en fonction 24 heures par jour n'ont pas autant
de pouvoirs, et de loin, que ceux qui sont accordés par ce projet de
loi. Vous savez que les pouvoirs, en vertu de la Loi des commissions
d'enquête, sont accordés. J'ai déjà dit au ministre,
par la voie de son sous-ministre, que j'allais demander d'enlever cet
alinéa, mais je n'ai pas eu la réaction du ministre à
savoir si cela va être fait. Les pouvoirs de démolition, il n'y a
pas un policier qui a cela!
Les pouvoirs qui sont compris dans l'article 20, c'est donc
exceptionnel. Je dis cela simplement pour essayer d'imprimer... J'ai
essayé d'éveiller un peu l'imagination des députés
ministériels sur ce qu'on est en train de faire actuellement. Donc, on
fait quelque chose d'absolument exceptionnel. Deuxièmement, on ne donne
pas simplement ces pouvoirs au ministre ou à ses fonctionnaires. Ce sont
des pouvoirs qu'on étend à travers toute la structure municipale.
Je sais que le ministre des Affaires municipales, à un moment
donné, a sûrement eu des réactions, peut-être de
surprise, d'étonnement, enfin, assez pour qu'il revienne au ministre et
lui propose des amendements qui ne semblent pas tellement majeurs, de toute
façon.
Toute la structure municipale, des centaines de municipalités ont
ces pouvoirs. Est-ce qu'on a étudié les besoins? Non, on ne les a
pas définis. Est-ce qu'on a étudié les moyens qu'on a
actuellement, dont un certain nombre sont mentionnés
dans l'avis de la commission? Pas que je sache. On n'en a pas fait la
mesure, on ne les a pas pesés, on n'a pas dit: On a cela ici, inutile de
recommencer. On n'a pas fait cela. Est-ce qu'on a étudié
('interrelation entre toute la structure qu'on va mettre sur pied, structure de
pouvoirs, et ce qui existe actuellement? Comment tous les organismes actuels
vont-ils se situer dans ce nouveau système de pouvoirs? On ne l'a pas
fait. On va imposer cette structure sur ce qui existe actuellement et on va
dire: On va voir ce que cela va donner. Cela ne m'apparaît pas
responsable, mais, quand même, étant donné que le ministre
avait apporté un changement majeur dans le projet de loi 28,
c'est-à-dire la définition de "sinistre", et étant
donné l'ouverture immense qu'il semblait vouloir nous faire en
commission parlementaire sur l'étude du projet de loi, de façon
à l'améliorer, on a suivi son invitation à venir ici.
Qu'est-ce qui nous est arrivé? Premièrement, on n'a pas eu
les amendements du ministre. Il nous dit: Faites-en, on va voir. On va les
regarder avec sympathie. C'est au ministre à faire son lit,
premièrement. Deuxièmement, on vient d'apprendre ce midi que le
ministre était en possession d'un avis de la Commission des droits de la
personne qu'il nous a remis seulement ce midi, et qui soulève des
problèmes. Remarquez, on n'a pas eu le temps de l'étudier en
profondeur. On l'a eu il y a quelques heures à peine, mais il
soulève des problèmes fondamentaux. Il s'agit de mesurer
jusqu'à quel point le changement de la définition réduit
les périls qui sont définis par la commission. Dans une certaine
mesure, j'en conviens, mais, dans d'autres, non. Lorsque la commission nous dit
qu'on viole des conventions internationales, je me dis: Ecoutez, il s'agit
quand même, comme commission parlementaire, d'agir en adultes. On va y
regarder à deux fois avant d'aller plus loin.
M. Bédard: ... la commission.
M. Lalonde: En plus de cela, le ministre nous a offert un
exposé de quelques cas par le sous-ministre associé, qui s'occupe
des questions de protection civile. C'est fort bien, mais cela m'apparaît
incomplet. Cela m'apparaît justement l'illustration de
l'incohérence du ministre dans son approche qui devrait être plus
globale en ce qui concerne la réforme importante qu'on veut apporter ici
par ce projet de loi. (17 h 30)
Autre illustration, à mesure qu'on aborde un article, on passe au
suivant, on suspend l'article, sauf ce qui est arrivé pour les articles
2, etc., strictement de définition, ce qu'est un bureau, comment on
nomme le président. Quand on arrive à un article de tond, on
suspend. Pourquoi? Parce qu'on n'est pas prêt. On n'est pas prêt
à prendre une décision. On ne connaît pas les balises. On
ne connaît pas le problème. Il me semble que c'est le minimum
qu'on devrait faire, et je ne comprends pas que le ministre accroche
là-dessus, lui qui nous avait promis la plus grande ouverture. Le
minimum qu'il devrait nous permettre, c'est de consulter la population, de
consulter ceux qui sont au courant des faits, comme le sous-ministre nous a
donné son billet à lui, son témoignage à lui, mais
il y a d'autres témoignages qui pourraient nous éclairer,
à savoir quels sont les pouvoirs, parce qu'on est dans le domaine de
l'exception, on est dans le domaine des pouvoirs exceptionnels.
M. le Président, si le ministre refuse, à ce stade-ci,
alors que lui-même a déclaré qu'il n'était pas
pressé, qu'il n'y avait aucun péril en la demeure, s'il refuse,
à ce stade-ci, d'aller plus loin dans sa consultation, de permettre aux
membres de cette commission d'être informés, je me dis, M. le
Président, que c'est une attitude qui va faire que sa loi ne sera pas
bonne, ne répondra pas aux véritables besoins. Je présume
qu'à son ministère, les fonctionnaires experts en la
matière lui ont fait une présentation au meilleur de leur
connaissance. C'est parfait. Mais il ne s'agit pas simplement de créer
ici le Conseil des collèges. Il s'agit de créer toute une
structure de pouvoirs, ce que seule l'Assemblée nationale peut faire,
au-delà des pouvoirs des policiers, et très exceptionnelle. Il me
semble que le minimum qu'on devrait faire, c'est de nous informer et de
demander à l'Assemblée nationale de nous permettre de faire
venir, par exemple l'Union des municipalités, qui va dire: Ecoutez,
ça, oui, ces pouvois, mais, un instant! regardez-y à deux fois!
On a un tas de municipalités qui ne sont pas organisées pour
ça. Il y a des dépenses qui sont liées à ces
pouvoirs que vous nous donnez. Comment allez-vous nous permettre d'exercer ces
pouvoirs? Vous nous donnez des pouvoirs. Ce sera un cadeau de Grec. On ne
pourra pas les exercer, on n'en aura pas les moyens. Il va y avoir, je ne sais
pas, moi, l'Ambulance Saint-Jean, ceux qui sont dans le champ actuellement, qui
ont des expériences quotidiennes à nous faire connaître, la
Croix-Rouge, l'Association des chefs de police du Québec. Tous les corps
policiers sont impliqués dans les opérations de sauvetage et les
opérations exceptionnelles de protection civile. Il y a l'armée
aussi qui est impliquée, qui a des instruments, qui à des moyens,
qui peut nous donner réellement une bonne idée de son rôle
là-dedans.
M. Bédard: Regardons la loi et on va en parler.
Regardez-là donc, la loi.
M. Lalonde: M. le Président, c'est avant de regarder
l'article 21.3 qu'il faut savoir de quoi il retourne.
M. Bédard: Regardez...
M. Lalonde: Le ministre nous dit: On va arriver à tels
pouvoirs. Vous allez regarder avec des petites lunettes par le mauvais bout et
vous allez dire: II n'y a rien là. On va continuer.
M. Bédard: Bien oui.
M. Lalonde: Bien oui, mais c'est ce qu'il nous invite à
faire.
M. Bédard: Non...
M. Lalonde: II nous empêche actuellement de connaître
le problème de A à Z.
M. Bédard: Vous avez peur de prendre vos
responsabilités, c'est ça, essentiellement.
M. Alfred: II n'a pas lu la loi.
M. Lalonde: M. le Président, oui, je l'ai lue, la loi. Je
l'ai lue et relue.
M. Bédard: C'est du "filibuster ".
M. Lalonde: D'ailleurs, lorsque... Je ne sais pas si le
député de Papineau, qui me pose la question, était ici
lorsque j'ai fait une très courte démonstration de
l'incohérence et surtout de l'ambiguïté...
M. Alfred: ...M. le Président...
M. Lalonde: ... qui est inscrite dans le projet de loi aux
articles... d'abord, on commence par 11 et, ensuite, quand on va à 20,
on ne sait plus qui est responsable de quoi? Mais vous allez avoir dans le
champ le résultat de cette ambiguïté. Personne ne va vouloir
prendre ses responsabilités et vous allez avoir des situations
d'incertitude, des situations où des dommages pourront être
causés alors que personne ne prendra ses responsabilités.
Pourquoi? J'ai lu la loi, et c'est très clair qu'avec des pouvoirs comme
on a à l'article 20, on ne sait pas qui prend quoi, qui fait quoi, qui
doit faire quoi. Est-ce que c'est le bureau qui le fait, si la
municipalité ne le fait pas? Quand est-ce que la municipalité ne
le fait pas? On donne autant de pouvoirs au ministre qu'au bureau, au bureau
qu'au ministre, aux municipalités qu'au ministre et au bureau. A ce
moment-là, M. le Président, c'est la cacophonie la plus
complète, alors, que dans une situation d'urgence, il faut que les
décisions se prennent rapidement.
J'ai lu la loi le député de Papineau peut se
rassurer j'ai lu parfaitement la loi, et j'ai fait le maximum. J'ai
suivi l'invitation du ministre jusqu'ici pour apprendre quoi? Qu'il y avait un
avis de la Commission des droits de la personne qui posait des réserves
très sérieuses, que le ministre n'était pas prêt
à nous présenter ses amendements, que le sort des nôtres
est incertain et, enfin, qu'on ne connaît à peu près rien
de la situation parce que les besoins n'ont pas été
définis, la nécessité de la loi n'a pas été
démontrée. C'est pour cela, M. le Président, que je pense
que si on est responsable et non pas partisan... Ecoutez, l'avenir du Parti
québécois n'est pas attaché à cela, ce n'est pas un
référendum qu'on fait là, ce n'est pas la loi 101.
M. Bédard: De votre gouvernement, de votre Opposition?
M. Lalonde: Nous disons ceci: Si le gouvernement doit intervenir
là-dessus, il doit le faire en toute connaissance de cause. Comme le
gouvernement demande aux législateurs, comme le député de
Papineau l'est et comme le sont mes collègues, nous sommes seulement des
législateurs, on n'est pas le gouvernement, c'est le ministre qui est le
gouvernement, mais il nous demande de comprendre cela et de lui donner
une...
M. Alfred: Je n'ai rien compris.
M. Lalonde: ... autorisation. On a un certain nombre de principes
auxquels on doit s'attacher...
M. Alfred: J'ai compris.
M. Lalonde: ... parmi ces principes, il y a des droits
fondamentaux et des libertés fondamentales des gens.
M. Alfred: De la personne.
M. Lalonde: II y a des droits, et c'est bien dommage, même
si le député de Verchères n'aime pas qu'on le mentionne,
c'est dommage mais cela reviendra toujours. A chaque intervention du
gouvernement...
M. Bédard: Vous auriez dû y penser quand vous avez
proposé le projet de loi 41.
M. Lalonde: Je l'ai retiré aussi.
M. Bédard: Vous ne l'avez pas retiré, il n'est
même pas passé.
M. Lalonde: II n'est pas passé. M. Bédard:
Vous donniez...
M. Lalonde: Je vous dis ce que je faisais avec la loi 41...
M. Bédard: Dans la lutte pour la criminalité dans
ce projet de loi, vous donniez des pouvoirs exceptionnels...
M. Lalonde: Est-ce que j'ai droit de parole, M. le
Président?
M. Bédard:... qu'on donne en cas de sinistre. M.
Lalonde: J'ai le droit de parole, bon!
M. Bédard: Cela va bien de poser aux défenseurs des
droits et libertés des individus.
Le Président (M. Oussault): M. le ministre, s'il vous
plaît, il reste deux minutes au député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Bédard: C'est de l'hypocrisie.
M. Lalonde: Je vais répondre au ministre, parce que vous
avez permis qu'il fasse référence à la loi 41. Je vais lui
dire ce que je faisais. Je transportais simplement les pouvoirs de la CECO,
qui
était dans la Loi de police, à la Loi des commissions
d'enquête...
M. Bédard: Un droit de perquisition...
M. Lalonde: ... premièrement. Je le faisais
conformément à un rapport de la CECO, lui-même signé
par le juge Dutil et les autres juges. Je le faisais aussi, en principe, avec
l'appui du député de Maisonneuve, qui avait dit que cela
n'appartenait pas à la Loi de police, il fallait que ce soit à la
Loi des commissions d'enquête.
M. Bédard: Pardon...
M. Lalonde: Oui, je vous...
M. Bédard: ... c'est complètement faux.
M. Lalonde: Non, c'est vrai.
M. Bédard: Parce que le député de
Maisonneuve vous l'a remis sur le nez...
M. Lalonde: Le député de Maisonneuve avait
dit...
M. Bédard:... il n'y a pas tellement longtemps.
M. Lalonde: ... que la CECO n'avait pas d'affaire dans la Loi de
police, qu'elle devrait être dans la Loi des commissions d'enquête.
C'est tout ce que je faisais.
M. Bédard: Grand défenseur des droits et
libertés individuelles.
M. Lalonde: Lorsque le ministre va essayer de réveiller
des cadavres comme cela, je vous assure qu'il n'est pas fort...
M. Alfred: Oui, des libéraux...
M. Lalonde: ... c'est la seule chose...
M. Bédard: On va vous en parler de votre cadavre.
M. Lalonde: Mais, d'un autre côté, le Barreau s'est
opposé et a fait à l'égard du projet de loi 41 de cette
fois...
M. Bédard: Le Parti québécois s'est
opposé...
M. Lalonde: Le Barreau, oui, mais le Parti
québécois n'avait pas grand-chose à faire
là-dedans...
M. Bédard: Non, on était l'Opposition
officielle.
M. Lalonde: Mais le Barreau s'est opposé et a fait le
débat qu'il aurait dû faire en 1972, lorsque cette loi avait
été adoptée, les amendements à la Loi de la police.
Fort bien, on les a regardés et on a dit: On va faire la discussion. On
a fait la discussion, mais le sort électoral est arrivé et autre
chose est arrivé. De toute façon, le ministre de la Justice me
reproche actuellement d'avoir créé des droits dans la loi 41.
Bien, qu'il regarde la Loi de police, ils sont là, ces droits, le droit
d'aller faire des perquisitions, ils sont là...
M. Bédard: Sans mandat? Sans mandat à la... M.
Lalonde: Oui, vous les avez. Vous les avez.
M. Bédard: Alors, pourquoi aviez-vous un article
spécialement pour cela?
M. Lalonde: Vous les avez et cela fait deux ans et demi que vous
dormez dessus. Vous venez me reprocher d'avoir fait... Bien, voyons donc! M. le
Président, ce n'est pas sérieux. C'est à peu près
la seule chose qu'ils sont capables de répondre aux arguments
très sérieux qu'on soulève actuellement sur des questions
du respect des droits de la personne.
M. Alfred: II faut conclure, il a assez parlé, M. le
Président.
M. Lalonde: M. le Président, je conclus là-dessus.
C'est une motion qui vise à éclairer la commission et les
députés qui ne veulent pas être éclairés,
bien qu'ils votent contre.
M. Alfred: Est-ce qu'on peut voter tout de suite?
Le Président (M. Dussault): J'avais sur ma liste M. le
député de Verchères, mais je dois admettre
qu'habituellement nous faisons au moins un premier tour des partis.
M. Charbonneau: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Verchères.
M. Fontaine: Question de règlement.
M. Charbonneau: M. le Président, il y a la tradition et il
y a le règlement...
M. Fontaine: Question de règlement...
M. Charbonneau: J'ai demandé la parole le premier.
M. Fontaine: Question de règlement.
M. Charbonneau: Un instant! J'étais en train de parler sur
l'intervention du...
Le Président (M. Dussault): Un instant! C'est parce qu'il
a appelé une question de règlement.
M. Fontaine: Je n'avais pas compris qu'il avait appelé une
question de règlement.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Verchères, sur une question de règlement, rapidement.
M. Charbonneau: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Non, il ne l'avait pas dit,
mais, en fait, comme président, on développe une certaine
habileté à reconnaître des choses, M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Ah oui! Ah oui! Je vous le reconnais, M. le
Président...
Le Président (M. Dussault): Alors, rapidement, M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: J'ai demandé la parole le premier. Je
pense que notre règlement est très explicite là-dessus. Je
pense que si on veut me servir la tradition, on se l'est fait faire assez
souvent, l'application stricte du règlement, j'ai demandé la
parole le premier, M. le Président, et je pense...
M. Fontaine: Sur la question de règlement. M. Charbonneau:
Je pense que...
Le Président (M. Dussault): Ce ne sera pas
nécessaire, M. le député de Nicolet-Yamaska, je vais vous
reconnaître le droit de parole.
M. Fontaine: Je tiens à parler sur la question de
règlement.
Le Président (M. Dussault): Je veux simplement
expliquer...
M. Fontaine: Non, je tiens à parler sur la question de
règlement.
Le Président (M. Dussault): Je vais expliquer à M.
le député de Verchères, si vous permettez, que,
effectivement...
M. Alfred: Question de règlement.
Le Président (M. Dussault):... M. le député
de Papineau, si vous voulez me laisser terminer mon explication, ça
devrait clore la question rapidement.
M. Alfred: ... s'il parle avant, oui.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Verchères, vous avez raison de dire que le règlement permet
à un député de revendiquer que, quand il a demandé
le droit de parole, particulièrement à l'Assemblée
nationale, c'est clair quand il dit: M. le Président, mais la tradition
est très bien établie en commission parlementaire que, pour un
premier tour d'interventions du moins, on reconnaît le droit de parole
à chacun des partis dans l'ordre suivant: c'est-à-dire le parti
minis- tériel, quand ça commence avec le parti
ministériel, ensuite le parti de l'Opposition officielle et, ensuite, le
parti de l'Union Nationale. Nous en sommes au premier tour de parole et c'est
dans ce sens que je vais donner le droit de parole à M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Charbonneau: M. le Président.
M. Alfred: Question de règlement, M. le
Président
M. Fontaine: M. le Président, j'avais posé une
question de règlement, est-ce que je peux?
Le Président (M. Dussault): Si vous voulez vraiment
prendre plus de temps, M. le député de Nicolet-Yamaska sur cette
question, je vous le donne, parce que vous étiez le premier à le
demander.
M. Alfred: Question de règlement.
Le Président (M. Dussault): Un instant, s'il vous
plaît! M. le député de Nicolet-Yamaska sur la question de
règlement.
M. Fontaine: Sur la question de règlement, je n'invoque
pas la tradition que vous avez si bien mentionnée et qui est fort bien
établie ici en commission parlementaire et à l'Assemblée
nationale. Cependant, je voudrais vous faire remarquer, M. le Président,
que, conformément au règlement, et c'est simplement ce que je
vous demande d'appliquer, j'ai dit le premier: M. le Président. Je ne
sache pas que vous deviez tenir compte des personnes qui lèvent la main.
Ce n'est pas dans le règlement.
M. Alfred: Ce n'est pas vrai.
M. Charbonneau: Je m'excuse, j'ai de petites nouvelles pour
vous.
Le Président (M. Dussault): A ce compte, M. le
député de Nicolet-Yamaska, si on prend vraiment la tradition sur
laquelle vous vous reposez aussi, vous savez très bien que la plupart du
temps les droits de parole ne sont pas distribués à partir du
fait qu'on dise: M. le Président, mais bien par des signes
préalables qu'on a faits au président. Le président prend
note de tout ça et c'est dans cet ordre qu'on fonctionne
habituellement.
M. Fontaine: Vous savez fort bien que ce n'est pas le
règlement, que ce sont des habitudes que les parlementaires ont
prises.
Le Président (M. Dussault): Et c'est peut-être
très bien comme ça, M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. le député de Papineau. Question de règlement,
brièvement, s'il vous plaît!
M. Alfred: Normalement, c'est le ministre de la Justice qui
aurait dû parler. Dans ce cas-là, après
l'Opposition officielle, c'est le ministre qui doit parler. Avant
l'Opposition officielle, c'est le député de Verchères qui
avait demandé la parole. Que je sache, la loi a priorité sur la
tradition.
M. Lalonde: On critique votre décision, M. le
Président.
M. Alfred: J'ai le droit de critiquer votre décision,
même si vous me flanquez dehors.
Le Président (M. Dussault): Non, vous n'avez même
pas ça, M. le député de Papineau. Je pense que je ne
pourrai pas vous reconnaître ça. Vous ne pouvez même pas en
appeler de la décision du président, même s'il se
trompait.
M. Lalonde: Je ne voudrais pas qu'on vous flanque dehors.
M. Fontaine: Ne le mettez pas dehors, M. le Président, on
en a besoin.
Le Président (M. Dussault): Non, je ne le ferai pas
ça, j'ai trop d'estime pour le député de Papineau. M. le
député de Verchères.
M. Lalonde: Non, je ne veux pas que vous le flanquiez dehors, on
veut le garder.
M. Charbonneau: Je crois non seulement que le
député de Papineau avait raison, que si, effectivement, on
reconnaît le tour de piste, on reconnaît également que
lorsqu'une motion vient de l'Opposition officielle, le premier droit de
réplique revient au parti ministériel et d'abord à son
porte-parole premier. Je pense que si on veut appliquer la tradition, c'est
effectivement la tradition.
Le Président (M. Dussault): Bon! Vous savez aussi qu'un
président, s'il pense avoir fait erreur, peut aussi rectifier son
erreur. Je me suis trompé effectivement, tout en disant quand même
les choses telles qu'elles auraient dû être dites, puisque j'ai
reconnu que, quand c'était une motion du parti de l'Opposition
officielle, on allait ensuite au parti ministériel. C'est effectivement
ce qui se passe actuellement. La motion est venue de M. le député
de Marguerite-Bourgeoys, je devrais normalement aller maintenant au parti
ministériel et ensuite continuer dans le sens de l'Opposition.
Malgré que je vous aie reconnu le droit de parole, je pense que vous
avez le "fair play" qu'il faut, M. le député de Nicolet-Yamaska
pour admettre que, le Président s'étant trompé, il peut
maintenant reconnaître à M. le député de
Verchères son droit de parole. C'est ce qui se fera...
M. Fontaine: Question de règlement.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Tout en reconnaissant et en acceptant votre
décision, M. le Président, je vous ferai remarquer que, lorsque
ça se passe ainsi, c'est le ministre lui-même qui prend le droit
de parole à ce moment-là et il ne peut transférer ou
prêter son droit de parole à qui que ce soit du côté
ministériel. Il faut que ce soit le ministre lui-même qui effectue
son droit de réplique. Je serais bien aise de vous offrir cette
collaboration, M. le Président, si le ministre de la Justice veut
lui-même exercer son droit de parole.
Sinon, je vous demanderais, M. le Président, de reconnaître
la tradition habituelle.
Le Président (M. Dussault): D'abord...
M. Charbonneau: M. le Président... (17 h 45)
Le Président (M. Dussault): ... s'il vous plaît, si
vous permettez, plus tôt cela sera réglé, plus tôt
vous pourrez parler, M. le député de Verchères. Je dois
vous dire d'abord qu'il n'est pas question de droit de réplique et je ne
pense pas qu'on reconnaisse spécifiquement une priorité à
un membre d'un parti quand nous faisons un premier tour de parole. M. le
ministre peut fort bien reconnaître que celui qui parle pour le parti
ministériel, c'est un autre député. Je n'ai pas fait de
vérification et je pense bien qu'en disant que M. le
député de Verchères a le droit de parole, si M. le
ministre se sentait lésé d'une certaine façon, je pense
bien qu'il l'aurait dit lui-même.
Ceci dit, je pense que continuer sur cette voie, je le sens de plus en
plus, serait vraiment remettre en question la décision du
président. M. le député de Verchères.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président...
M. Bédard: Comme d'habitude, ils parlent à tort et
à travers.
Le Président (M. Dussault): Brièvement, M. le
député de Mont-Royal.
M. Charbonneau: Je comprends que vous ne voulez pas qu'on parle.
Vous nous avez reproché ça la dernière fois.
Le Président (M. Dussault): S'il vous plaît.
M. Ciaccia: Est-ce qu'après que le député de
Marguerite-Bourgeoys aura terminé son exposé sur la motion qu'il
vous a soumise, le ministre de la Justice vous a indiqué qu'il avait
l'intention d'intervenir sur la motion?
Le Président (M. Dussault): D'aucune façon encore.
Ma liste est close pour le moment; le seul que j'ai sur ma liste, c'est le
député de Verchères; ensuite, M. le député
de Nicolet-Yamaska. Vous avez la parole, M. le député de
Verchères.
M. Fontaine: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: ... de directive... N'est-il pas exact, M. le
Président, qu'immédiatement après que le
député de Marguerite-Bourgeoys eut terminé son
intervention, vous avez entendu un député dire: M. le
Président, et que ce député était le
député de Nicolet-Yamaska?
Le Président (M. Dussault): Non. Au moment où M. le
député de Marguerite-Bourgeoys a terminé, M. le
député de Verchères avait depuis longtemps demandé
le droit de parole; il était inscrit et c'est à ce titre que je
pensais devoir lui reconnaître le droit de parole. J'ai eu des
hésitations que je n'ai plus maintenant; vous avez la parole, M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: Je voudrais répondre à certains
arguments qui ont été invoqués par le député
de Marguerite-Bourgeoys à l'appui de sa motion. Une des raisons
premières qui vont nous amener à rejeter cette motion, c'est
l'argument de la nécessité. Ce sont des arguments qui, en
d'autres lieux... On a utilisé l'expression servir comme une
crêpe, c'est le genre d'arguments qui pourrait être utilisé
de la façon suivante, à notre point de vue. On ne nous a pas
démontré à notre satisfaction, on n'a répondu
d'aucune façon aux interventions qu'on a faites, quant à savoir
comment il faudrait en arriver à assurer le droit fondamental qu'est le
droit à la vie, dans des cas d'urgence et dans des interventions
particulières lors de sinistres, autrement que par le projet de loi
actuel.
L'article premier de la Charte des droits et libertés de la
personne se lit comme suit: "Tout être humain a droit à la vie
ainsi qu'à la sûreté, à l'intégrité
physique et à la liberté de sa personne." Deuxième
article: "Tout être humain dont la vie est en péril a droit au
secours." Ce sont les deux premiers articles de la Charte des droits et
libertés de la personne. On ne trouve qu'aux 6e, 7e et 8e articles des
articles qui font état des appréhensions des
députés de l'Opposition; quand on parle du droit de la jouissance
paisible, la libre disposition de ses biens, la demeure est inviolable, et nul
ne peut pénétrer chez autrui.
Je pense que le législateur, s'il a considéré
qu'avant ces articles 6, 7 et 8 de la Charte des droits et libertés de
la personne, il y avait lieu de mettre par ordre d'importance, d'abord le droit
à la vie et, deuxièmement, le droit pour tout être humain
dont la vie est en péril au secours... Je pense qu'actuellement, c'est
ce que le projet de loi tente de faire.
On veut essayer de nous convaincre qu'on a besoin d'entendre des
dizaines d'organismes ou de personnes et qu'on aurait besoin de faire des
études considérables pour savoir comment il faut procéder
dans ces cas-là. M. le Président, c'est un peu de la tartufferie.
L'expérience est là. Il y a eu suffisamment de cas de sinistres
dans le passé historique du Québec récent pour être
convaincus qu'il n'est pas nécessaire de commander encore des
études...
M. Bédard: Quand vous aurez vécu des
tragédies comme Saint-Jean-Vianney, vous allez comprendre des
choses.
M. Lalonde: Oui et puis?
M. Bédard: II n'est pas nécessaire, M. le
Président, de commander des études...
M. Lalonde: Comme d'habitude, vous comprendrez toujours trop
tard.
Le Président (M. Dussault): S'il vous plaît!
M. Charbonneau: ... des études, des commissions
parlementaires, et de vérifier l'authenticité et le
bien-fondé des conclusions de ces études pour savoir comment il
faut agir lorsqu'il y a des cas de sinistres et qu'on doit protéger la
vie des gens malgré eux. Et on n'a pas répondu à
l'argumentation que j'ai servie tantôt: Que faites-vous des droits
fondamentaux, le premier, le droit à la vie, des enfants qui sont pris
dans des situations particulières lors de sinistres et qui voient leur
vie menacée parce que des parents ne sont pas en mesure de prendre les
bonnes décisions et les empêchent d'évacuer les lieux? Que
faites-vous de la liberté de ces individus, des droits fondamentaux de
ces gens-là?
Vous nous parlez de la demeure qui est inviolable, vous nous parlez du
droit de jouissance de la propriété et du droit que nul ne
pénètre chez soi. Mais que faites-vous du droit fondamental
à la vie de ces enfants, lors de ces situations? Entre autres, ce sont
particulièrement ces cas-là que la loi veut régler. On
veut donner le pouvoir à des gens d'intervenir, de sauver des personnes
malgré elles, de sauver des familles malgré la volonté des
chefs de famille, parfois, malheureusement. Et cela, c'est le vécu
quotidien. On n'a pas besoin des commissions d'enquête et des
études, et des gens qui vont venir témoigner devant le Parlement
pour nous dire ce qu'il faut faire dans ces cas-là. Cela ne prend pas un
cours classique et un diplôme universitaire pour savoir ce qu'il faut
faire. Le simple bon sens le dit. Il y a des milliers de
Québécois et de Québécoises qui ont
participé, au cours des années récentes et depuis
très longtemps, à toutes sortes d'opérations de secourisme
et qui savent très bien que cela ne prend pas un diplôme
universitaire, que cela ne prend pas des études à tout casser
pour savoir ce qu'il faut faire dans ces cas-là. Ils ont
été confrontés à des situations d'urgence et ont
dû intervenir par des subterfuges, comme le député de
Nicolet-Yamaska nous en a mentionné un tantôt, pour faire croire
aux gens qu'ils avaient des pouvoirs et qu'ils étaient obligés de
faire des choses. Aujourd'hui, on pense qu'il serait préférable
de clarifier la situation et les pouvoirs des secouristes qui interviennent
à ces occasions.
Une autre chose, M. le Président. On a dit qu'on voudrait imposer
des structures. On ne veut pas imposer des structures, on veut greffer à
ce
qui existe déjà des pouvoirs additionnels d'intervention
pour compléter ce qui existe déjà.
Si on avait les pouvoirs d'intervenir, si on avait les pouvoirs de
sauver les gens malgré eux, si on avait le pouvoir de sauver des enfants
dans des cas de sinistres, malgré la volonté de leurs parents, on
n'aurait pas besoin d'être ici devant l'Assemblée nationale pour
discuter de ce projet de loi. Ce que vous faites par votre motion, qui est
uniquement une motion dilatoire, c'est retarder l'adoption de mesures qui vont
permettre d'agir efficacement dans des cas dramatiques. Si jamais il y avait un
cas dramatique demain, la semaine prochaine, dans un mois, et qu'on
n'était pas équipé et s'il survenait des incidents
malheureux, qu'est-ce que vous auriez à répondre à la
population? Que vous avez sauvé le droit à l'inviolabilité
de la demeure, que vous vous êtes préoccupés de la
jouissance paisible des biens des gens avant le droit à la vie, avant le
droit de tout être humain à recevoir le secours...
M. Fontaine: Vous ferez comme dans le cas de Saint-Eustache, vous
présenterez un projet de loi spécial tout simplement.
Le Président (M. Dussault): S'il vous plaît! M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Charbonneau: Les projets de loi spéciaux...
M. Bédard: C'est intelligent!
M. Charbonneau: ... pour répondre à cette
interjection, ils arrivent toujours après que les cas se sont produits.
On va avoir l'air fin d'adopter des...
M. Fontaine: Quand il y a une tornade quelque part, pensez-vous
arriver avant?
M. Charbonneau: S'il y a une tornade quelque part, surtout, par
exemple, s'il y a un incendie, s'il y a un glissement de terrain ou s'il y a
une inondation... On voit venir l'inondation, l'eau ne monte pas de trente
pieds du jour au lendemain dans l'espace de cinq minutes. Les cas qui nous ont
été mentionnés entre autres par le sous-ministre,
c'étaient entre autres des cas d'inondation, des cas d'incendie. Je vous
disais, M. le Président...
M. Fontaine: On a été en danger de mort pendant
longtemps.
M. Charbonneau: ... que je suis convaincu chaque minute plus
convaincu que jamais que l'objectif premier de l'Opposition officielle et
également de l'Union Nationale, malheureusement, dans certains cas,
c'est de faire croire que ce gouvernement-ci est un gouvernement fasciste qui
utilise chaque occasion pour augmenter ses pouvoirs et diminuer les
libertés individuelles. On n'a pas parlé du
référendum, mais le député de Marguerite-Bourgeoys
en a parlé dans son interven- tion. Il ne faut pas être dupe, il
ne faut pas se conter des histoires. Ce que vous voulez, c'est de
démolir la crédibilité du gouvernement, du porte-parole
qu'il y aura lors du prochain référendum à promouvoir une
thèse particulière. Vous êtes contre cette thèse.
C'est la première chose qui vous anime dans cette Chambre depuis le 15
novembre 1976. Ce que vous voulez, c'est qu'on débarrasse le plancher.
Ce que vous voulez, c'est que les gens cessent de croire qu'on est un bon
gouvernement et qu'on protège le bien collectif des
Québécois. Ce que vous voulez ce sont eux qui ont
parlé du référendum, ce n'est pas nous .
M. Ciaccia: La pertinence.
M. Charbonneau: ... c'est de détruire cette
crédibilité qu'on a acquise depuis dix ans et qu'on consolide
chaque jour.
M. Ciaccia: C'est vous qui le faites, vous vous détruisez
vous-mêmes, ce n'est pas nous.
M. Charbonneau: Ce n'est pas le député de
Mont-Royal, ce n'est pas le député de Marguerite-Bourgeoys qui
vont essayer de nous faire croire qu'ils ne sont pas intéressés
à cela. La seule chose qui vous intéresse, c'est de nous battre
au référendum, de dire non. Pour que les gens disent non, il faut
que ceux qui vont essayer de convaincre les gens à dire oui ne soient
pas crédibles.
M. Ciaccia: On vous a appuyés sur plusieurs projets de
loi. Quand cela avait du bon sens, on vous appuyait. Quand cela n'a pas de bon
sens, on ne vous appuie pas. C'est aussi simple que cela.
M. Charbonneau: Celui qui intervient pour essayer de
m'empêcher de parler, c'est le député de Mont-Royal.
M. Fontaine: Le député de Mont-Royal, sur le
référendum, vous pouvez vous battre, moi, c'est à
l'élection.
M. Charbonneau: C'est le premier député, c'est le
no un, je n'utiliserai pas l'expression que j'ai utilisée tantôt,
mais c'est le champion de l'utilisation de l'argument des droits et
libertés...
M. Ciaccia: De la tolérance! Le champion de la
tolérance!
Le Président (M. Dussault): S'il vous plaît, M. le
député de Mont-Royal!
M. Charbonneau: C'est le champion de l'Opposition officielle
quant à l'utilisation de l'argument des libertés et des droits
individuels pour démolir la crédibilité du gouvernement
actuel. Le champion no 2, c'est le député de
Marguerite-Bourgeoys. On avait le privilège incommensurable de les avoir
tous les deux aujourd'hui devant nous. Le ministre a tantôt fait allusion
au projet de loi no 41...
M. Ciaccia: Pour le même prix!
M. Charbonneau: Le député de Marguerite-Bourgeoys a
essayé par des pirouettes verbales de s'en sortir tantôt. Il ne
fera pas oublier aux gens que c'est lui qui parrainait un projet de loi qui
proposait de permettre à des policiers de perquisitionner sans mandat.
La lutte à la criminalité, c'était tellement vague qu'on
pouvait également faire de la lutte aux adversaires politiques, alors
que ce projet de loi parle de sinistres naturels. Non, vous ne l'avez pas
retiré. Ce sont les électeurs qui vous ont retirés du
décor, ce n'est pas pareil. C'est bien différent.
M. Ciaccia: On l'a retiré.
M. Charbonneau: Ce n'est pas vous qui avez retiré cela de
votre propre gré, ce sont les électeurs qui vous ont
retirés du circuit. Il ne faut pas charrier, non plus!
M. Ciaccia: Ils vont faire la même chose avec vous sur le
projet de loi 28, faites attention!
M. Charbonneau: J'ai l'impression qu'il va falloir que, de ce
côté de la Chambre, de plus en plus, on dise clairement à
la population les intentions de l'Opposition officielle. On va cesser
d'être dupe de vos petits larmoiements sur les libertés et les
droits individuels. Les premiers droits, vous n'êtes même pas
prêts à les reconnaître. La charte des droits et
libertés de la personne parle du droit à la vie, parle du droit
de tout être humain à avoir du secours lorsque sa vie est en
péril.
Malheureusement je termine avec cela les motions
dilatoires de l'Opposition vont nous empêcher d'adopter rapidement des
articles qui parlent de fonds de secours aux personnes sinistrées et
d'assistance financière aux municipalités lors de sinistres. Ce
que vous empêchez actuellement, c'est que des gens soient
indemnisés efficacement, qu'ils reçoivent rapidement l'aide
financière nécessaire. C'est cela que vous allez empêcher
de faire par votre motion dilatoire, simplement parce que votre objectif, c'est
de convaincre la population que le gouvernement du Parti
québécois, c'est un gouvernement qui lutte contre les
libertés individuelles, que c'est un gouvernement fasciste. Vous n'avez
pas réussi, M. le député de Marguerite-Bourgeoys, ni le
député de Mont-Royal à faire croire cela à la
population du Québec. Vous pouvez toujours continuer, mais je vous jure
une chose, c'est que, de plus en plus, on va vous dénoncer, on va
dénoncer, à chaque occasion qu'on aura, vos petites tactiques
malhonnêtes pour essayer de faire croire à la population que vous
êtes les sauveurs des droits et libertés.
M. Ciaccia: Comme vous l'avez fait dans Argenteuil et
Jean-Talon?
M. Charbonneau: Le Québec des libertés, je vais
vous dire une affaire, ce n'est certainement pas...
Le Président (M. Dussault): S'il vous plaît!
M. Charbonneau: ... le Québec libéral qui a permis
la crise d'octobre.
Le Président (M. Dussault): S'il vous plaît, M. le
député de Mont-Royal!
M. Charbonneau: Le Québec des libertés, c'est
seulement le Parti québécois, dans toute l'histoire du
Québec, qui a démontré, par ses lois, qu'il était
vraiment préoccupé par les droits fondamentaux des citoyens, les
droits à la vie, les droits au travail, les droits de vivre
décemment dans cette société. Il n'y a pas un parti, dans
toute l'histoire du Québec, qui s'est autant préoccupé des
droits et libertés individuelles. M. le Président, lors de notre
dernier congrès, le premier ministre du Québec a fait un
important discours sur les droits et libertés individuelles.
Malheureusement, les media d'information n'en ont pas parlé, en
particulier les media d'information avec lesquels vous avez une ligne
directe...
M. Fontaine: Les journalistes sont comme nous autres.
M. Charbonneau: Les media anglophones, entre autres. Personne
n'en a parlé et les trois quarts du discours ont traité des
droits et libertés individuelles...
M. Fontaine: Tout le monde est contre le Parti
québécois.
M. Charbonneau: ... et personne n'en parle. Mais, quand des gens
qui ont passé la crise d'octobre, quand des gens qui étaient au
pouvoir, qui ont emprisonné 500 personnes et qui ont permis à des
policiers de saisir des livres qu'on retrouvait dans toutes les
bibliothèques...
M. Ciaccia: M. le Président, il est 6 heures.
M. Charbonneau:... eux, se lèvent comme défenseurs
des droits et libertés, là, on fait des manchettes à tout
casser sur ces prétendus défenseurs et leurs déclarations.
M. le Président, pour ces raisons, vous pouvez être sûr
d'une chose, c'est qu'on va se battre avec acharnement contre ce genre de
motion dilatoire.
M. Fontaine: M. le Président, est-ce qu'on peut demander
la suspension?
Le Président (M. Dussault): Messieurs, il est
présentement 18 heures. Vous n'avez pas terminé votre
intervention, M. le député de Verchères...
M. Charbonneau: Non, M. le Président...
Le Président (M. Dussault): ... alors, au retour, à
la prochaine séance, vous aurez droit de parole et j'ajourne les travaux
de cette commission sine die.
Fin de la séance à 18 heures