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Etude des projets de loi privés nos 207, 239,
228, 234,
248 et 262
(Douze heures et cinq minutes)
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît! Nous allons commencer les travaux de la commission élue
permanente de la justice qui a le mandat de faire l'étude de
différents projets de loi privés de même que du projet de
loi no 28. Je pense qu'il faut dire immédiatement que les projets de loi
privés feront l'objet d'un rapport distinct du rapport sur la loi 28. Si
vous me le permettez, M. le ministre, avant de commencer notre étude, je
vais donner la liste des membres participants à nos travaux.
Seront membres: M. Alfred (Papineau), M. Bédard (Chicoutimi), M.
Blank (Saint-Louis), M. Charbonneau (Verchères), M. Clair (Drummond), M.
Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Lacoste (Sainte-Anne), M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys), M. Samson (Rouyn-Noranda) et M. Pa-quette (Rosemont) en
remplacement de M. Vaillancourt (Jonquière).
Pourraient aussi intervenir: M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe), M. Laplante (Bourassa) en remplacement de M. Duhaime
(Saint-Maurice); M. Lavigne (Beauharnois), M. Léger (Lafontaine); M.
Godin (Mercier) en remplacement de M. Marois (Laporte), et M. Pagé
(Portneuf), de même que M. Tardif (Crémazie). Il y aurait M.
Marcoux (Rimouski), qui interviendrait en remplacement de M. Léger
(Lafontaine). Il n'y en a pas d'autres.
M. Lalonde: Je veux simplement savoir une chose. Après les
projets de loi privés, on revient à la loi 28. Serait-il possible
d'avoir un consentement maintenant pour changer les membres et les intervenants
au besoin, au moment où on abordera la loi 28, parce que c'est possible
que ce ne seront pas les mêmes?
Le Président (M. Dussault): C'est acquis. Je vais, au
départ, entendre M. le ministre.
M. Bédard: Tout simplement une remarque, M. le
Président. Avec votre permission, je voudrais proposer qu'on
étudie les différents projets de loi dans l'ordre suivant: les
projets de loi nos 207, 239, 228, 234, 248 et 262. Il y a certains changements
par rapport à la liste qui est là, que nous avions
proposée, étant donné certaines disponibilités dont
il faut tenir compte.
Le Président (M. Dussault): D'accord. Je voudrais
vérifier si les requérants sont présents. Il y aurait
donc, dans l'ordre, le projet de loi no 207, Loi concernant la succession de
Malvina Beau-champ. Le requérant est-il présent? Merci. Ensuite,
le projet de loi privé no 239, Loi concernant la succession de Nicholas
(Nicolas) Minailo. Le requérant est-il présent? D'accord, merci.
Ensuite, le projet de loi privé no 228, Loi concernant la succession de
Pierre-Victor Rougier. Le requérant est présent. Le projet de loi
no 234, la Loi concernant la succession de Julien Levasseur. Merci. Le projet
de loi no 248, Loi concernant la succession de Charles Frenette. D'accord,
merci. Le projet de loi privé no 262, la Loi concernant Claude
Desfossés. Merci.
Nous allons d'abord entendre la requête du projet de loi
privé no 207. Me Jacques Laurent est présent. Je demande à
Me Laurent de nous expliquer brièvement le sens de la requête.
M. Laurent: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Vous pouvez rester assis.
Projet de loi no 207
M. Laurent (Jacques): II s'agit d'un projet de loi qui demande la
modification partielle d'un testament qui date de 1956, testament qui a
été fait par une dame Malvina Beauchamp,
décédée en 1967. La disposition qui nous intéresse
est la suivante. Mme Beauchamp a laissé 18 héritiers. Il y a
trois exécuteurs testamentaires dont les deux premiers sont incapables
d'agir et le troisième est une personne âgée qui maintenant
doit administrer le seul actif valable de la succession, soit deux maisons
d'appartements situées boulevard Saint-Joseph à Montréal.
Une des clauses du testament dit que les exécuteurs testamentaires ne
pourront pas vendre ou autrement aliéner ces immeubles ce sont
deux maisons d'appartements, avant la fin du terme de 20 ans, à partir
de son décès.
Pendant ce terme, les exécuteurs devront bien entretenir ces deux
propriétés et les peinturer à tous les deux ou trois ans.
Or, il appert que cette dame avait voulu geler un actif pour une période
de 20 ans après son décès. Elle est
décédée en 1967, ce qui nous mène à 1987.
Elle voulait protéger cet actif et assurer certains revenus aux
héritiers.
Or, cet actif sans hypothèque qui est évalué par la
ville de Montréal à environ $325 000 n'est aucunement rentable.
Au contraire, même sans hypothèque, même sans frais
d'hypothèque, en 1978, selon les états financiers
déposés, il a créé un déficit de $729, sans
frais d'administration, puisqu'il est administré par la troisième
exécutrice testamentaire. C'est que les revenus n'augmentent pas depuis
nombre d'années, alors que les dépenses augmentent
substantiellement. Bien qu'on cherche à améliorer la situation
des logements, on ne peut pas le faire puisqu'on manque de revenus, on manque
de fonds.
Ce qu'on demande par cette loi, on ne veut pas affecter le voeu de la
testatrice de ne pas distribuer l'actif pendant vingt ans, on demande que cette
prohibition d'aliéner soit levée pour permettre la vente de cet
actif non rentable pour la succession, qui va procurer des deniers qui seront
conservés en fiducie par l'exécutrice testamentai-
re jusqu'en 1987 et qui, alors, seront partagés entre les
héritiers qui seront survivants à ce moment. Dans l'intervalle,
au moins les héritiers auront des revenus, alors que, cette
année, en particulier, ils n'ont eu aucun revenu; au contraire, ils ont
un petit déficit de $729. Cela ne procure aucun revenu. Le voeu de la
testatrice sera bien protégé, sera bien respecté, il n'y
aura pas d'aliénation, il n'y aura pas de distribution avant 1987. On
gèlera un actif et en 1987 on procédera au partage de cet
actif.
Le Président (M. Dussault): Merci. Y a-t-il des remarques
préliminaires avant que j'appelle l'article 1?
M. Bédard: M. le Président, je n'aurais que trois
petites questions. Vous avez mentionné, si j'ai bien compris, qu'il y
avait trois exécuteurs testamentaires dont deux dans l'incapacité
d'agir. Vous pourriez peut-être nous dire les raisons pour lesquelles ils
sont...
M. Laurent: II y en a une qui est devenue incapable à
cause de son âge, c'est une vieille dame. Le deuxième est
décédé.
M. Bédard: Je pense qu'il y a une bonne raison pour le
deuxième. Vous dites également que les revenus tirés de
l'exploitation des immeubles sont inférieurs aux dépenses
entraînées par son exploitation. Est-ce que vous avez des
chiffres?
M. Laurent: Au 30 juin 1978, ce sont des états financiers
vérifiés, il y a eu des revenus de location de $53 852, alors que
les dépenses, sans frais d'hypothèque, il n'y en a pas, sans
amortissement, il n'y a pas de dépenses d'amortissement, se sont
élevées à $55 000, ce qui a fait une perte de $729,
puisqu'il y a eu un petit revenu de la succession de $421. Vous avez donc des
revenus globaux de $54 273 contre des dépenses d'exploitation de $55
002.
M. Bédard: Dernière question, est-ce que tous les
héritiers ont été informés du fait que vous vouliez
présenter ce projet de loi?
M. Laurent: Oui, les héritiers ont été
informés, il n'y a aucune objection et les avis ont été
donnés forcément dans les journaux.
M. Bédard: Non seulement ils ont été
informés, mais vous nous dites qu'il n'y a eu aucune objection qui ait
été formulée.
M. Laurent: Aucune objection.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je ne veux pas étendre le débat sur ce
projet de loi en particulier, mais je voudrais en profiter pour indiquer de
quelle manière on est appelé à travailler dans une
commission parle- mentaire comme celle-ci. Les documents qui pourraient
être pertinents pour que les députés se fassent une
idée ne sont pas disponibles ou ne sont disponibles qu'à un
certain nombre de députés. J'imagine que des tractations ou des
communications ont eu lieu entre le requérant dans ce cas ou dans
d'autres avec le ministère de la Justice, avec des fonctionnaires du
ministère de la Justice, mais là on nous parle d'un testament,
d'un bilan qui a été remis à quelqu'un et on ne l'a pas
vu.
M. Bédard: Je ne sais pas si cela fonctionnait avec des
tractations...
M. Lalonde: Des tractations non pas dans le sens
péjoratif, je parle des communications, des échanges.
M. Bédard: ... dans le sens positif du mot. Dans le cas
présent, je crois qu'il y a eu communication seulement du
requérant avec le greffier...
M. Laurent: Avec le greffier adjoint en loi, Me D'Amour.
M. Bédard: De telle sorte que nous n'avons pas plus
d'information du côté ministériel en main que du
côté de l'Opposition.
M. Lalonde: Mais comment peut-on changer, passer une loi sur un
testament dont on n'a même pas vu l'exemplaire? Il me semble que c'est un
peu imprudent.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mercier.
M. Godin: Je voudrais quand même ajouter quelques nuances.
D'abord, le ministre a raison, le mot "tractation", dans le dictionnaire Le
Petit Robert, implique louche...
M. Lalonde: Je voulais dire échanges.
M. Godin: Alors...
M. Lalonde: Je retire ce mot...
M. Godin: Vous retirez ce mot, d'accord.
M. Lalonde: Je l'échange. (12 h 15)
M. Godin: Deuxièmement, j'ai eu une conversation
brève, mais qui m'a satisfait personnellement, avec le procureur qui est
ici présent. J'ai pris connaissance verbalement et je viens de prendre
connaissance visuellement des documents qui existent. Je m'en satisfaits
personnellement quitte à ce que, si vous voulez, les consulter vous
aussi, Me Laurent les mette à votre disposition.
M. Blank: Je pense qu'on doit consulter le dossier pour chaque
projet de loi et on devrait nous donner ça au moins une journée
avant la
séance de la commission pour l'étudier. On faisait
ça avant 1976, on le faisait. On avait des dossiers
préparés sur chaque projet de loi.
M. Lalonde: C'est parce qu'on passe une loi ici.
M. Blank: ... au moins du côté ministériel.
M. le ministre, au moins si le côté ministériel avait les
dossiers.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, je suis également
d'accord avec ce que demande le député de Marguerite-Bourgeoys.
Il n'y a pas un tribunal qui accepterait de rendre un jugement, et c'est ce que
nous faisons ici...
M. Lalonde: Même pas d'écouter. Le tribunal...
M. Fontaine:... sans que le tribunal puisse au moins prendre
connaissance du testament en question, des bilans dont on a parlé. Je ne
mets pas en doute, loin de là, la parole du procureur qui est là.
Ce n'est pas ça du tout. Je suis assuré que ce qu'il nous dit est
vrai. Mais on est obligé de le croire.
M. Blank: Combien d'héritiers y a-t-il dans...
M. Laurent: 18.
Une Voix: 18 dont 12 survivants.
M. Blank: L'âge du plus jeune? Est-ce qu'il y a des
mineurs?
M. Laurent: Non, il n'y a aucun mineur.
Si vous me permettez de répondre, les documents en question, le
testament, les états financiers, les avis dans les journaux et d'autres
renseignements qui ont pu m'être demandés ont été
fournis à mon interlocuteur qui était le greffier adjoint.
M. Lalonde: Merci. Pouvez-vous étant donné
qu'on ne les a pas de toute évidence et pour ne pas retarder la marche
des travaux nous lire le paragraphe du testament qui crée
l'interdiction et peut-être même les avenants ou les attendus, s'il
y en a, qui donnent ouverture à cette interdiction pour tenter de
connaître l'intention de la testatrice?
M. Laurent: La disposition importante: "Elle ne pourra",
puisqu'on parle de l'exécutrice testamentaire, la première, Mme
Beauchamp, qui est devenue incapable, "aura la saisine. Jusqu'au partage final
de mes biens, mon exécutrice testamentaire gardera mes biens en fiducie,
les gérera et les administrera. Elle placera les capitaux de ma
succession sans être restreinte par les articles 980...(?) et suivants du
Code civil. Elle ne pourra pas vendre ou autrement aliéner mes deux
immeubles, portant les numéros civiques 2005 est, Saint-Joseph à
Montréal et 5025, rue Bordeaux à Montréal, avant la fin du
terme de vingt ans ci-devant stipulé. Pendant ce terme, elle devra bien
entretenir ces deux propriétés et les peinturer tous les deux ou
trois ans." C'est tout pour les immeubles.
M. Lalonde:... interdiction. Alors, ce que vous demandez
essentiellement, c'est d'échanger à l'intérieur d'un
capital gelé un actif pour un autre.
M. Laurent: Exactement.
M. Lalonde: Ce qui est étonnant, c'est que cet actif ne
soit pas rentable. C'est fort possible de ne pas rentabiliser une maison
d'appartements, comme on le dit, une conciergerie, mais est-ce que des efforts
ont été faits pour rentabiliser? Vous mettez devant nous le choix
que l'exécutrice testamentaire doit faire, à savoir comment
bonifier la situation des légataires qui, éventuellement, en
1987, vont toucher aux biens.
M. Laurent: C'est à partir des états financiers
vérifiés, puisqu'on a nommé des vérificateurs.
Aucun revenu en 1974, $1600 en 1975...
M. Lalonde: Est-ce que les loyers ont été
augmentés depuis le décès survenu en 1967?
M. Laurent: Je ne l'ai pas depuis 1967, mais de 1974 à
1978, c'est passé de $50 100 à $53 800.
M. Lalonde: C'est une bonne... Je pense que c'est là
qu'est le problème: les dépenses augmentent, les assurances
augmentent et les taxes augmentent.
M. Laurent: Oui, mais il y a des dispositions législatives
publiques qui empêchent... si vous voulez modifier ces dispositions,
peut-être que...
M. Fontaine: ... la loi no 37.
M. Lalonde: Ce que je veux dire, c'est que si ces actifs, si ces
maisons étaient conservées dans le patrimoine de la succession
jusqu'en 1987, il est fort possible, quand on connaît l'inflation et la
tendance depuis dix ans que la valeur marchande dans huit ans soit,
sinon doublée, du moins augmentée, si l'entretien est fait et que
les loyers sont augmentés aussi. Il faut de l'administration. En
échangeant ça pour un prix de vente qui va être
déposé dans une compagnie de fidéicommis, on se trouve
à ne pas aider les légataires.
M. Laurent: On les aide, d'une part, en leur fournissant des
revenus, dans l'intervalle, pendant les huit ans, le prix de vente va
générer des revenus, 10% ou 11% des placements, et,
deuxièmement, l'évaluation foncière de ces deux immeubles,
telle qu'établie par la ville de Montréal,
contrairement à ce qu'on peut croire, a été
diminuée, parce que la succession n'a pas les fonds nécessaires
pour les entretenir d'une façon convenable. Cette année, il faut
faire une dépense, me dit-on, pour changer les fenêtres, parce que
cela coule. C'est une dépense, avec les revenus qu'ont ces gens, qu'ils
ne pourront pas faire.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Je voudrais dire que l'exécuteur
testamentaire est malade aussi en plus.
M. Laurent: Malade, c'est une personne qui n'a pas de
santé, elle a soixante-sept ans.
M. Laplante: Elle ne peut plus elle-même administrer ces
choses logiquement.
M. Laurent: Elle ne se sent pas en santé, mais je n'ai pas
de certificat médical. C'est une personne âgée, qui doit
administrer 29 logements, percevoir les loyers, voir aux réparations,
à l'entretien. Elle se sent incapable de faire cela. Si on nomme un
administrateur, cela va coûter encore des sous.
M. Laplante: Concevez-vous, dans vos termes d'avocat, que dans un
testament de ce genre, la première préoccupation de
l'exécuteur testamentaire est de conserver au moins les biens qui sont
là jusqu'en 1987, d'une façon ou d'une autre, soit en les vendant
et en gardant l'argent jusqu'en 1988...
M. Laurent: C'est essentiel. Le voeu de la testatrice va
être respecté. C'est de geler l'actif pendant vingt ans et de le
distribuer au bout de vingt ans.
M. Laplante: D'accord.
M. Fontaine: Tout cela à cause d'une autre disposition du
testament qui dit que ce soit...
M. Laurent: Oui, pas de partage avant 1987.
M. Fontaine: Est-ce que vous avez des acheteurs éventuels
qui ont fait des offres d'achat?
M. Laurent: Non, pas à ma connaissance. Il y avait une
prohibition d'aliéner, on ne pouvait pas la mettre en vente.
M. Lalonde: M. le Président!
M. Fontaine: II n'y a pas eu de demande de faite...
M. Laurent: II n'y a eu aucune démarche.
Le Président (M. Dussault): Un instant, s'il vous
plaît, si vous me permettez, je voudrais faire appel de l'article 1,
parce que nous sommes sur le fond actuellement. Je voudrais auparavant faire en
sorte que nous nommions un rapporteur. Nous ne l'avons pas fait au début
de nos travaux, tout à l'heure. Est-ce qu'on peut me faire une
suggestion de rapporteur? Il serait souhaitable, évidemment, que cela
soit fait par un membre peut-être. Puis-je me faire...
M. Godin: M. Alfred est prêt.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. Alfred (Papineau),
est-ce que la commission est d'accord?
M. Fontaine: D'accord.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Papineau sera le rapporteur.
M. Fontaine: Je donne mon accord pour que ce soit M. Alfred qui
soit le rapporteur, c'est d'ailleurs l'un des rares députés qui
est assidu aux commissions parlementaires, il reste jusqu'à la fin.
M. Lalonde: II ne vient pas seulement mettre le trouble.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Nicolet-Yamaska, j'aimerais évidemment que vous ne fassiez pas ce genre
de remarque, parce que vous savez qu'on ne peut pas faire de question de
privilège en commission parlementaire.
M. Bédard: Non, je pense que M. le député de
Nicolet voulait manifester par sa remarque, pour sa part et au nom de sa
formation politique, qu'il est le seul qui non seulement reste jusqu'à
la fin, mais aussi le seul qui vient au commencement.
M. Fontaine: Non, M. le Président, cela n'est pas ce que
je voulais dire, le ministre l'interprète comme cela...
Le Président (M. Dussault): Voyez-vous, M. le
député de Nicolet-Yamaska, pourquoi je disais que cela ouvrait
des portes à des questions de privilège qui ne peuvent se faire
en commission parlementaire.
M. Fontaine: Je voudrais faire remarquer qu'actuellement il y a
une autre commission parlementaire qui siège, il y a également
l'Assemblée nationale, et que l'Union Nationale n'a que dix
députés, présentement.
Une Voix: II va y en avoir plus que cela à la prochaine
élection.
Le Président (M. Dussault): Vous avez au moins la
sympathie de la présidence, M. le député de
Nicolet-Yamaska. J'appelle l'article 1 et, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, vous avez la parole.
M. Lalonde: Seulement une remarque, il est fort possible que la
prohibition d'aliéner soit quelque chose dont l'on doive se
départir dans ce cas-ci, pour un tas de raisons. Mais j'ai beaucoup
de difficultés, pour ma part, à accepter les raisons que
vous invoquez, à savoir que l'immeuble n'est pas rentable, parce que
l'exécuteur testamentaire est une vieille personne, parce que les loyers
n'ont pas été augmentés, parce que les fenêtres
coulent et des choses comme celles-là. Autrement dit, je suis convaincu
que si l'exécuteur testamentaire n'est pas en mesure d'administrer le
testament que mon collègue est en train de lire, la loi contient des
dispositions pour remplacer un exécuteur testamentaire. Surtout, j'ai
cru comprendre que cet immeuble n'est pas hypothéqué. C'est
facile d'emprunter pour améliorer l'actif et le rendre rentable. Le fait
que l'immeuble soit tellement mauvais, cet argument ne me paraît pas
tellement pertinent. J'aimerais mieux que tous les héritiers soient
d'accord.
M. Laurent: C'est le cas aussi. Je vous fais ma
démonstration à partir des états financiers des quatre ou
cinq dernières années qui démontrent une augmentation de
$3800 des revenus. Je suis sûr que tout propriétaire cherche
à augmenter le prix de ses loyers, mais il y a des lois qui existent et
qui gouvernent ces immeubles et les propriétaires ne peuvent pas
augmenter les loyers... il ne semble pas. En quatre ou cinq ans, cela a
augmenté de $3800.
M. Lalonde: Je suis d'accord que les lois rendent difficile
l'augmentation des loyers, mais, si vous aviez raison dans votre
dernière proposition, à savoir que c'est à cause des lois,
tout le monde serait ici pour vendre ses immeubles. Il y en a qui sont encore
rentables, d'après ce qu'on peut voir, même si c'est plus
difficile, même s'il y a des contrôles. Je ne veux pas
défendre les politiques du gouvernement actuel, mais...
M. Bédard: Surtout que, là-dessus, on vit surtout
suivant les lois du gouvernement précédent.
M. Lalonde:... même si le Parti québécois est
au pouvoir, il y a encore des choses qui se passent. Il y a de l'espoir.
M. Bédard: II n'y a sûrement pas de quoi faire un
débat. On va essayer d'apporter certaines corrections.
M. Fontaine: On a apporté des amendements l'an
dernier.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Messieurs, sur le fond, s'il
vous plaît!
M. Lalonde: C'est pour cela que je me demande si les
légataires, étant donné que tous les héritiers
peuvent être d'accord, peuvent dire: On peut passer à
côté du désir du testateur... Au fond, ce qu'on recherche,
c'est respecter sa volonté. Mais le fait que ce ne soit pas rentable,
à mon sens, n'apparaît pas tellement.
M. Laurent: On respecte sa volonté, monsieur, en partie
tout au moins, puisqu'on gèle un actif pendant 20 ans. Il n'est pas
question de partager le produit de la vente avant le terme de 20 ans. Au bout
de 20 ans, en 1987, on ne sait pas ce qui peut se produire.
L'exécutrice, l'exécuteur testamentaire d'alors, qui est aussi
fiduciaire, aura l'obligation de vendre l'immeuble, quelles que soient les
conditions.
M. Bédard: Vous nous affirmez qu'il n'est pas question de
partager le produit de la vente avant la date impartie par le testament.
M. Laurent: C'est une autre disposition du testament.
M. Bédard: Et que les héritiers sont tous d'accord
pour lever l'interd'ction.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mercier.
M. Fontaine: Tout à coup on deviendrait
indépendant, cela pourrait perdre de la valeur.
M. Lalonde: Ah! C'est cela.
M. Godin: M. le Président, je ne pense pas que les
députés ici puissent ou doivent se substituer à la
volonté des héritiers. Or, nous avons devant nous les
renseignements qui nous permettent de croire que les héritiers
eux-mêmes veulent réaliser l'actif, quitte à le laisser en
fiducie jusqu'à la fin de la période en question. Le seul cas
où on pourrait se substituer, c'est s'il y avait une injustice pour
l'une ou l'autre des parties. Or, il ne semble pas que ce soit le cas. C'est la
raison pour laquelle j'ai parrainé et je vais appuyer ce projet de
loi-là.
M. Blank: Parrainer une loi, il n'y a pas obligation de
l'appuyer, le règlement ne dit pas cela. C'est seulement pour donner une
chance au requérant de venir devant cette assemblée.
M. Godin: Ce que je dis, M. Blank, c'est que non seulement je le
parraine, mais je l'appuie.
M. Blank: D'accord.
M. Godin: Est-ce que je peux dire cela?
M. Blank: Oui, certainement, vous pouvez dire cela, mais le fait
que vous parrainiez un bill n'est pas...
M. Lalonde: Ne vous sentez pas mal à l'aise.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mercier, je vous rappelle que vous devez appeler votre collègue par le
nom de son comté et non par son nom...
M. Godin: M. le député de mon comté.
Le Président (M. Dussault): Du nom de son comté,
vous avez raison. M. le député de Mont-Royal.
M. Blank: Je ne suis pas certain qu'il ait voté pour
moi.
M. Godin: Cela est secret, M. le député.
Une Voix: Vous ne restez pas dans votre comté?
M. Ciaccia: En réponse aux remarques du
député de Mercier, vous semblez dire qu'on ne peut pas se
substituer à la volonté des légataires, mais vous demandez
à cette commission de se substituer à la volonté du
testateur. Oui, parce que la volonté du testateur était que, pour
une période de X années, la propriété ne devait pas
être vendue.
M. Godin: M. le député puisque vous
interprétez ce que je dis, la volonté du testateur ou de la
testatrice, c'est de ne pas aliéner un actif sous une forme ou sous une
autre et votre collègue de Marguerite-Bourgeoys a été
très clair là-dessus.
M. Ciaccia: Non, si vous permettez...
M. Godin: Vous m'avez posé une question. Laissez-moi y
répondre.
M. Ciaccia: Je ne vous ai pas posé de question.
M. Godin: En bonne courtoisie, il me semble que, quand on pose
une question, cela appelle une réponse.
M. Ciaccia: M. le Président, est-ce que j'avais le droit
de parole?
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mercier, il semble qu'on ne vous pose pas de question et le
député voudrait terminer son intervention.
M. Godin: Alors, c'est une nouvelle définition des
questions. Il y a un nouveau dictionnaire libéral qui vient d'être
écrit.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal, vous avez la parole.
M. Ciaccia: Je vais essayer d'être un peu plus constructif.
La volonté de la testatrice était de ne pas aliéner cet
immeuble pour une période de X années. Vous dites: On va geler le
produit. On protège les légataires, les héritiers. (12 h
30)
Ce n'est pas exactement cela, parce que, par exemple, si vous aviez
aliéné après cinq ans, avec le même raisonnement que
celui que vous avez aujourd'hui, vous auriez aliéné cette
propriété après cinq ans. Aujourd'hui, tenant compte de
l'inflation, les légataires auraient été perdants. C'est
une des raisons qui motivent une personne à dire, dans le cas
d'immeubles, d'attendre X années parce que la croissance, le jeu du
marché, etc, oeuvrent en faveur des locataires. On a l'impression
qu'à moins qu'il y ait vraiment des raisons urgentes, ce serait dans
l'intérêt des héritiers d'attendre la fin de la
période parce que, certainement, il va y avoir une augmentation de la
valeur de l'immeuble. Si vous prenez seulement l'argent, il n'y aura pas
d'augmentation de la valeur de l'argent dans cinq ans, je peux vous en assurer,
cela va aller en diminuant avec l'inflation. Ils vont avoir moins dans cinq ans
qu'ils n'auront aujourd'hui, tandis qu'une propriété, même
si cela ne rapporte pas pendant les cinq prochaines années... Je prends
vos déclarations, à savoir que cela ne rapporte pas pour le
moment. L'augmentation de la valeur peut être beaucoup plus que les
intérêts de 6%, 7% ou 8% de ce qui pourrait être vendu
aujourd'hui.
Sans faire de partisanerie politique mais il faut prendre
certains faits en considération s'il y a un changement de
gouvernement dans deux ans, cela va augmenter beaucoup. Alors, on doit porter
cela à votre attention.
C'étaient quelques remarques que j'avais à faire au sujet
de ce problème.
M. Bédard: M. le Président, on va essayer...
M. Ciaccia: Cela a baissé en 1976 et, en 1981, seulement
dans deux ans, cela va...
M. Alfred: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Papineau.
M. Alfred: M. le Président, je m'excuse auprès des
gens qui sont là, parce que tout ce que le député de
Mont-Royal vient de dire a déjà été dit. C'est son
absence qui explique son intervention parce que toutes les explications ont
été données.
Le Président (M. Dussault): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'article 1? M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: On n'a pas indiqué les numéros de lots
dans l'article 1. Vous ne pensez pas qu'il serait préférable de
les indiquer? On indique seulement les numéros civiques.
M. Blank: ...
M. Laurent: Oui, je vous remercie de cette suggestion, mais cette
difficulté me semblait mise de côté par le fait que
l'article 1 mentionne le numéro d'enregistrement du testament, lequel
mentionne le lot en question. Dans le testament lui-même, on ne donne pas
les désignations.
M. Lalonde: On donne la même adresse dans le testament.
M. Laurent: Je ne voulais pas créer de confusion.
M. Fontaine: D'accord.
Une Voix: Adopté.
M. Lalonde: Sur division.
Le Président (M. Dussault): L'article 1 est adopté
sur division.
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Dussault): J'appelle l'article 2.
M. Bédard: Ce n'est pas comme cela que ça
fonctionne. Est-ce que je dois comprendre que... M. le Président, sur le
débat de fond...
M. Lalonde: Je ne me sens pas capable de voter en faveur de cet
article, c'est pour cela que j'ai exprimé ma division.
M. Ciaccia: ... les expériences que j'ai eues dans des cas
similaires, cela n'a pas oeuvré en faveur des héritiers, cela a
travaillé contre eux.
M. Lalonde: C'est cela.
M. Ciaccia: Si les héritiers avaient été
conseillés différemment, ils auraient attendu la période
voulue dans le testament et ils auraient eu beaucoup plus d'avantages. Pour ces
raisons, je ne pourrai pas voter en faveur de l'article.
M. Fontaine: M. le Président, quant à moi, les
explications qui m'ont été fournies par le procureur me
satisfont. Etant donné le consentement de tous les héritiers
exprimé par l'entremise du procureur, je serais prêt à
donner mon accord pour l'acceptation de ce projet de loi.
M. Bédard: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le ministre.
M. Bédard: Depuis que, comme ministre de la Justice... je
pense que mes prédécesseurs fonctionnaient de la même
manière. En tout cas, c'est ma manière de procéder
concernant les projets de loi privés, on essaie d'arriver à un
consensus. S'il n'y a pas de consensus, la lecture du projet de loi va
être reportée ou devra être présentée de
nouveau. Je ne sais pas si l'Opposition veut que ça aille dans ce
sens.
M. Lalonde: M. le Président, naturellement, c'est au
ministre et aux autres députés de prendre leurs
responsabilités, à savoir s'ils doivent voter en faveur...
M. Bédard: Cela marche par consensus, vous le savez.
M. Lalonde: Oui, c'est-à-dire que c'est la décision
du ministre, d'après ce que je comprends, de ne pas prendre de
décision autre que celle qui serait unanime de la part de la commission.
C'est son droit. C'est comme ça qu'il a agi jusqu'à maintenant
pour les projets de loi privés et il y en a quelques-uns qui ont
été reportés à cause de ça, parce qu'il y
avait des doutes qui étaient exprimés, et je respecte cette
approche. Mais c'est sa décision et non la mienne. Je pense que
ça ne m'oblige pas d'être en faveur d'une majorité autour
de la table à cause de cette approche.
Etant donné ceci, étant donné que le ministre
j'imagine que d'autres députés ministériels seront
influencés par la décision du ministre... Je dois expliciter les
raisons pour lesquelles, raisons que j'ai déjà un peu
exprimées dans mes questions, je ne suis pas en mesure comme membre de
cette commission de dire que je suis d'accord.
Le Président (M. Dussault): M. le député, si
vous me le permettez, si l'on doit continuer la discussion sur l'article 1, je
vais revenir sur l'écriture et dire que, pour le moment, l'article 1
n'est pas encore adopté. Je vous écoute, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Cela ne porte pas réellement sur le plaidoyer
fait par Me Laurent. Je pense que c'est au gouvernement, qui est
l'interlocuteur, enfin, ce n'est sûrement pas l'Opposition, de la
population, des membres de la population, qui ont des voeux, des demandes
à faire ici par projets de loi privés, de préparer des
dossiers, de s'assurer que les choses qui sont représentées par
les partis ou leurs procureurs... Que ce soit l'Assemblée nationale, Me
Laurent dit que c'est le greffier en loi. Parfait. Mais le greffier en loi
répond à quelqu'un, à l'Assemblée nationale.
L'Assemblée nationale nous convoque: il y a une décision qui est
prise quelque part de nous convoquer. On reçoit un avis de la Chambre ce
matin de venir ici pour étudier des projets de loi privés.
M. Bédard: Je vous donne ma politique, ma manière
de fonctionner, lorsqu'il s'agit de l'étude des projets de loi
privés qui nous sont déférés par l'Assemblée
nationale, à savoir essayer d'en arriver à un consensus et, s'il
n'est pas accepté, à moins de raisons très
particulières...
M. Lalonde: Etant donné que le ministre a un peu plus
d'influence que moi sur l'Assemblée nationale, pas comme
assemblée délibérante, politique, mais comme organisme,
comme structure faisant partie de l'ensemble du gouvernement, je lui
demanderais, si c'est possible, pour éviter d'autres cas comme
ça, avant d'accepter de réunir la commission parlementaire, de
voir à ce que des dossiers soient faits. Si l'élément, qui
est important, qui est capital, à savoir que les héritiers sont
tous d'accord avec ceci, est représenté, si c'est un
élément important qui est offert au greffier en loi ou aux autres
députés, à ce moment, ces documents devraient nous
être fournis.
Je crois Me Laurent, que je connais personnellement depuis plusieurs
années, quand il me dit que les héritiers sont d'accord, je le
crois personnellement, parce que je le connais. Mais c'est assez pauvre, vous
allez quand même l'admettre, de nous obliger à nous fonder
simplement sur cette déclaration pour changer ce qui est la loi entre
les parties, c'est-à-dire la volonté d'un testateur dans un
testament notarié.
Il m'apparaît que, si les héritiers sont parfaitement
d'accord, le minimum qu'on aurait pu avoir distribué autour de la table,
c'est cet accord des héritiers. Après ça, c'est leur
problème. On est obligé, à cause de cette absence, de se
mettre dans la position du testateur, à savoir si ce serait mieux de
vendre ou de ne pas vendre. Je ne veux pas jouer ce jeu.
C'est pour ça que j'ai dit sur division et, si vous le voulez, je
vais m'abstenir. Mais je ne pourrai pas voter, parce que je n'ai pas les
éléments nécessaires.
M. Bédard: M. le Président, j'aurais une suggestion
à faire. Je ne crois pas que mes propos en tout cas, ce
n'était pas mon intention doivent être
interprétés comme une critique vis-à-vis de l'Opposition
officielle, qui ne se sent pas prête à donner son
consentement.
Le député de Marguerite-Bourgeoys exprime l'intention et
le désir d'avoir plus d'explications sur l'ensemble des questions qui
ont été soulevées. Je proposerais de suspendre
l'étude de ce projet de loi et peut-être que, d'ici à ce
qu'on ait adopté les autres, certaines des interrogations qu'a le
député de Marguerite-Bourgeoys pourront être satisfaites.
Il y aura peut-être aussi la possibilité de demander au greffier
en loi jusqu'où il peut donner des réponses aux questions
soulevées.
Dans ce sens, je ne pense pas que ce soit l'intention de personne,
à moins qu'on ait des raisons très importantes, de vouloir
bloquer quoi que ce soit, que ce soit du côté ministériel
ou du côté des oppositions. Je proposerais qu'on suspende
l'étude de ce projet de loi, qu'on passe à un autre, et on verra
s'il y a lieu de revenir à l'étude de ce projet de loi.
M. Lalonde: Avant de suspendre, si vous permettez, ce que je veux
éviter... vous avez sûrement consulté, ou votre client vous
a sûrement dit: J'ai consulté les légataires et ils sont
d'accord.
M. Laurent: Je les ai consultés moi-même.
M. Lalonde: Vous les avez consultés vous-même.
M. Laurent: Ils m'ont consulté. Oui.
M. Lalonde: Est-ce que vous leur avez parlé
personnellement à tous et chacun?
M. Laurent: Tous.
M. Lalonde: Est-ce que ce serait possible d'avoir de leur part
une signature attestant qu'ils sont parfaitement d'accord avec le projet de
loi?
M. Laurent: D'une part, oui. D'autre part, je vous soulignerai
ceci, pas en défense...
M. Lalonde: Est-ce que ce sont ceux qui sont dans la liste du
testament ou y en a-t-il d'autres?
M. Laurent: II y en a six qui sont décédés.
M. Lalonde: A ce moment-là, cela ne va pas...
M. Laurent: II y en a que je n'ai pas vu mais à qui j'ai
parlé au téléphone. Mme Beauchamp, la première
exécutrice testamentaire, que voulez-vous, elle n'est pas tout à
fait "composée". Ce sont de vieilles personnes. Tout le monde
était d'accord. Ce que je voulais vous dire, M. le député,
c'est que je me suis plié à toutes les exigences du
règlement. Il y a eu des publications dans un journal français et
dans un journal anglais, dans la Gazette officielle du Québec, les
quatre publications. J'ai fourni tous les documents qu'on m'a demandé de
fournir. J'avais un interlocuteur valable, qui est là depuis nombre
d'années, c'est un greffier en loi. Tout ce qu'on m'a demandé, je
l'ai fourni, et on me demande aujourd'hui douze consentements écrits.
Dans un autre projet de loi privé qui vient, le projet de loi 234, des
consentements écrits, j'en ai.
M. Lalonde: Ah bon!
M. Laurent: C'est parce qu'il y a une personne qui est
impliquée directement, tandis que ces personnes ne sont pas
impliquées directement, elles n'habitent pas ces logements.
M. Lalonde: Je sais, mais ce sont elles qui vont recevoir le
produit de la vente.
M. Laurent: Les revenus qu'elles n'ont pas dans le moment, elles
n'ont aucun revenu.
M. Lalonde: Et le produit de la vente.
M. Laurent: Oui, mais ce sont des gens assez âgés
qui n'ont aucun revenu dans le moment.
M. Lalonde: Ce que je veux éviter, c'est que, le lendemain
de l'adoption de cette loi on reçoive une lettre d'un des
légataires qui dise: Oui, Me Laurent m'a appelé, mais ce n'est
pas cela que je voulais dire. Vous seriez dans une aussi mauvaise situation que
nous.
M. Laurent: Oui, mais ces gens ont donné leur
consentement. D'abord, ils sont venus me consulter; d'autre part, ils ont lu
les avis dans les journaux.
M. Lalonde: Oui, mais écoutez...
M. Laurent: Je comprends, mais ce sont les exigences du
règlement.
M. Lalonde: Qu'est-ce qu'ils disent, les avis? Vous voyez comme
on est dépourvu comme député, on n'a même pas la
copie des avis qui nous sont remis.
M. Godin: Vous avez le téléphone à votre
bureau, M. le député?
M. Bédard: Là, il ne faudrait pas exagérer.
J'ai été trois ans dans l'Opposition et j'ai eu à
étudier des projets de loi privés de cette nature. En toute
honnêteté... les remarques du député de
Marguerite-Bourgeoys, il ne faudrait pas qu'elles soient en dehors de la
stricte réalité qui existait auparavant. Nous aussi, lorsque nous
étions dans l'Opposition, nous n'avions pas tous les papiers que
requiert le député de Marguerite-Bourgeoys. Si nous les
demandions... on est très ouvert pour les offrir, mais c'est le greffier
en loi qui peut fournir ces documents.
M. Lalonde: En fait, j'aurais probablement pu avoir eu la copie
des avis, comme le dit le député de Mercier, si je l'avais
demandé, mais je n'avais aucune idée que cette question serait
soulevée ce matin.
M. Laurent: M. le député, dans le projet de loi 234
que je présenterai tantôt, c'est justement à la suggestion
d'un greffier adjoint en loi, Me Reed, que j'ai des affidavits des deux
personnes. Pour cela, on ne m'en a pas demandé. Je ne veux blâmer
personne, mais on ne m'a pas dit... Les avis ont été
publiés quatre fois dans le Devoir, je pense qu'à l'époque
la Presse était en grève, et c'était très
clair.
Une Voix: Dans le Devoir? (12 h 45)
M. Laurent: Dans le Devoir et dans la Gazette officielle de
Québec, en caractères un peu plus gras: "Succession de Dame
Malvina Beauchamp, veuve de..." avec les numéros des
bâtisses "avis est par la présente donné que telle
personne s'adressera à l'Assemblée nationale pour obtenir
l'adoption d'une loi privée lui permettant la vente ou
l'aliénation de deux immeubles portant les numéros que vous
connaissez, rue Saint-Joseph et rue Bordeaux, district de Montréal,
nonobstant toute prohibition d'aliéner d'iceux contenus dans le
testament de Mme Beauchamp fait tel jour devant Me Guy Girard, notaire. Cela a
paru quatre fois.
Le Président (M. Dussault): Si vous me le permettez,
j'aimerais faire le point. M. le ministre nous suggère de suspendre.
J'avais, avant qu'il nous fasse cette suggestion, trois demandes de parole. Il
y avait M. le député de Nicolet-Yamaska, M. le
député de Bourassa et ensuite M. le député de
Mercier.
M. Fontaine: M. le Président.
M. Laplante: Vous pouvez enlever mon nom...
M. Fontaine: J'ai donné mon accord et, à la suite
de la lecture des avis qui ont été publiés quatre fois
dans le journal Le Devoir, je pense que ça nous donne les garanties
suffisantes pour nous permettre d'adopter ce projet de loi.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre, est-ce que
vous retenez votre suggestion?
M. Bédard: Etant donné qu'il y avait certaines
interrogations qui avaient été formulées par le
député de Marguerite-Bourgeoys et que d'autres réponses
ont été fournies depuis quelques minutes, on peut suspendre
l'étude, si l'Opposition officielle est désireuse d'avoir
d'autres informations qui lui permettaient de...
M. Lalonde: J'ai cru comprendre de Me Laurent qu'il serait
difficile physiquement d'obtenir le consentement écrit de tous les
locataires.
M. Laurent: II y en a une, en tout cas. Je ne sais pas si elle
est en mesure de lire et de signer son nom. Elle sera peut-être morte
d'ici à ce que je l'obtienne. Les autres, c'est plus facile. Il y a des
nièces dans le testament. On parle d'une nièce, Mme
Cléroux. Ce ne sont pas des jeunes filles.
M. Lalonde: Qu'est-ce que vous avez contre les jeunes filles?
M. Laurent: La nièce, Dame Gilberte Cléroux, qui
est l'exécutrice testamentaire, a 67 ans. Alors, ce sont tous des gens
passablement...
M. Lalonde: Ils sont capables de donner un consentement.
M. Bédard: Le député de Marguerite-Bourgeoys
est dans les 60 ans. Ce n'est pas grave!
Le Président (M. Dussault): Est-ce que je peux poser la
question: Est-ce qu'il y a consentement de la commission pour suspendre
l'étude du projet de loi no 207?
M. Lalonde: On peut suspendre au moins jusqu'à cet
après-midi.
M. Bédard: On suspend jusqu'à cet
après-midi.
Le Président (M. Dussault): L'étude du projet de
loi privé no 207 est suspendue.
M. Lalonde: De toute façon, Me Laurent, je pense que vous
deviez rester pour un autre projet de loi qui ne passera pas avant cet
après-midi. Cela ne vous retardera pas?
M. Bédard: On pourra aviser à ce moment.
Le Président (M. Dussault): Merci, Me Laurent, pour le
moment. J'appelle maintenant le
projet de loi no 239, Loi concernant la succession de Nicholas (Nicolas)
Minailo.
Je suppose, monsieur, que vous êtes le procureur de la
requérante?
Projet de loi no 239
M. Mullaly: Je suis Me James E. Mullaly, CR, de Montréal,
l'avocat et procureur des parties intéressées par le projet de
loi.
Le Président (M. Dussault): Vous êtes
accompagné de Mme...
M. Mullaly: Avec l'indulgence, M. le Président, des gens
de la commission...
Le Président (M. Dussault): Vous pouvez rester assis.
M. Mullaly: Merci. Est-ce que madame, ma secrétaire, qui
est plus au courant, qui est aussi au courant que je le suis du dossier... tant
que vous aurez besoin de documents, ma secrétaire, Mme Lemay, sera
disposée, avec votre permission...
Le Président (M. Dussault): Soyez bien à
l'aise.
M. Mullaly: Elle n'est pas une partie interrogée.
Le Président (M. Dussault): Me Mullaly, je vous
demanderais d'expliquer brièvement le sens de la requête.
M. Mullaly: Oui, la demande est exposée très
brièvement dans le projet de loi, mais elle concerne, au fond, la
succession d'une personne morte...
Le Président (M. Dussault): Je ne vous entends pas
très bien.
M. Mullaly: Est-ce que je suis assez près? Le Président
(M. Dussault): Très bien.
M. Mullaly: La succession est celle d'un homme d'origine
ukrainienne qui est venu à Montréal quand il était
très jeune. Pas longtemps après son arrivée à
Montréal, il a épousé une veuve qui avait cinq enfants. En
1920, il s'est marié à cette veuve; les enfants, à cette
date, étaient âgés de deux à douze ans; il y en
avait cinq, tous des jeunes. Il a élevé ces enfants et les
considérait toujours comme faisant partie de son ménage
évidemment; il les a envoyés à l'école, il les a
fait travailler, il les considérait au fond comme étant ses
propres enfants. En 1943, lui et sa femme, la mère de ces cinq enfants,
ont fait des testaments réciproques, l'un en faveur de l'autre,
c'est-à-dire que le défunt a tout laissé à sa
femme, évidem- ment exécutrice testamentaire; elle, de son
côté, a fait un testament tout à fait en faveur de son
mari. Je dois signaler au début que c'était son premier et son
seul mariage. Il est venu ici passer toute sa vie, comme on pourrait dire,
à Montréal où il a travaillé assez fort pour
élever la famille, ces enfants qu'il considérait comme les
siens.
Je souligne qu'il s'est présenté devant un notaire en 1943
pour faire des testaments réciproques. Elle, la veuve, la mère de
ses enfants, l'a précédé par à peine un an; le
dossier démontre qu'elle est morte au mois de mars 1976 tandis que lui,
à l'âge de 88 ans, est mort au mois de février suivant,
février 1977. Les enfants, les bénéficiaires, qui se
pensaient évidemment bénéficiaires, ceux qui
étaient à l'extérieur sont venus à Montréal;
il y en a trois qui demeurent dans la province de Québec. Avant de venir
me voir, ils ont trouvé les deux testaments de leurs parents, si vous
voulez; ils sont allés voir le notaire devant qui les deux testaments
ont été faits, espérant toujours trouver qu'il avait,
à la suite du décès de leur mère, ou de sa femme,
peut-être fait un testament devant le même notaire. D'après
ce que j'ai pu constater par la suite, il ne connaissait aucun autre notaire.
Malheureusement, à l'étude du notaire, il n'y avait pas de
testament postérieur à celui fait en faveur de sa femme; ils ont
fait des recherches, mon bureau a fait des recherches auprès de la
Chambre des notaires dans l'espoir de trouver un testament, sans
succès.
Finalement, les enfants, un des enfants a trouvé, dans la maison
où il habitait, où il est mort subitement, un bloc-notes, un
calepin. Si les membres de la commission sont intéressés, j'ai
l'original. J'ai examiné ce papier, c'est tout à fait dans
l'écriture du décédé. La seule chose qui manquait
c'était sa signature complète.
Il y avait une distribution de faite parmi ces enfants, les cinq enfants
qu'il a élevés et il partageait la succession: 10%, 8%, 5%, 60%,
excepté que la deuxième page sur le calepin contient seulement
l'initiale du défunt. N'ayant pas trouvé d'autres testaments plus
formels, si vous voulez, j'ai fait une étude du document et j'ai dit:
Pour moi, ça peut être considéré par la cour, pour
fin de vérification, comme étant un testament en bonne et due
forme.
En tout cas, j'ai présenté une requête pour
vérification, me basant sur le document qui avait été
trouvé parmi les papiers du défunt. J'ai passé une
journée à la cour, en témoignant qu'il avait toujours
considéré, toute sa vie, que ces enfants étaient les
siens. J'ai suggéré au juge qui présidait l'enquête
pour vérification qu'à cause de son ignorance de la loi
québécoise, étant âgé, étant,
d'après les témoignages, un homme pas trop instruit il avait
peut-être eu l'impression qu'en faisant un testament en faveur de la
mère des enfants c'était au bénéfice de ces enfants
qu'il considérait comme étant les siens.
En tout cas, je n'ai pas réussi devant la Cour supérieure,
mais je voudrais signaler que le juge, qui a été obligé,
d'après lui, à cause de la juris-
prudence de refuser la vérification, a exprimé au moins
quatre ou cinq fois dans son jugement qu'il renvoyait la requête avec le
plus profond regret, visant tout le temps... Partout dans son jugement, on voit
que le juge voulait faire vérifier le testament. Par exemple, dans son
jugement, il dit à un endroit: "Si l'initiale du défunt avait
paru sur la première page du calepin, j'aurais pu le considérer
comme étant la signature du défunt".
Evidemment, c'est clair qu'il n'y avait aucune autre personne que ces
cinq enfants qu'il aurait pu considérer comme étant les
bénéficiaires de sa succession. Alors, soulignant- la sympathie
qu'a exprimée le juge en faveur des bénéficiaires
j'espère qu'ils vont être les bénéficiaires de
la succession j'ai décidé que la seule solution
évidemment, c'est la raison pour laquelle je suis ici aujourd'hui
était d'essayer de faire voter un projet de loi.
Au fond, et en substance, le projet de loi dit tout simplement...
Le Président (M. Dussault): Me Mullaly, si vous me le
permettez, j'ai l'impression, parce que j'écoute autour de moi, que les
membres de la commission seraient disposés à aller au fait
immédiatement. Je pense que nous pourrions gagner un peu de temps si
vous pouviez conclure rapidement.
M. Mullaly: Alors, c'est simplement ceci, nous avons fait tous
les efforts possibles pour essayer de trouver un testament plus formel si vous
voulez, sans succès. Le seul document qui aurait pu passer comme
testament est celui que je viens de décrire, que malheureusement la cour
n'a pas accepté pour fin de vérification à cause d'un vice
de forme. Je demande que cette commission accepte le projet dans les
circonstances. C'était un homme âgé de 88 ans, cinq
enfants, marié à une femme qui a été sa femme
à lui, la mère de cinq enfants. Je demande que cette initiale
équi-vaille à une signature pour fin de vérification. Je
dois souligner encore une fois que c'est une succession très modeste;
ils sont cinq intéressés. (13 heures)
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie. J'appelle
l'article 1.
M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, nous avons
écouté avec beaucoup d'attention M. le requérant. Je dois
dire que nous avons également eu l'occasion de lire le jugement auquel
vous avez référé, et nous sommes également
très sympathiques à l'orientation du jugement rendu par le juge
Nolan. Vous nous avez également exprimé que tous les efforts
avaient été faits pour vérifier s'il n'y avait pas un
testament antérieur; il semble très clair qu'il n'y en a pas
d'autre et que vous avez également pris tous les moyens pour essayer de
retracer des héritiers potentiels autres que ceux que vous avez
mentionnés.
M. Mullaly: ... pas rencontré...
M. Bédard: Je dois vous dire je ne veux pas
discuter plus longtemps que, du côté gouvernemental, nous
avons examiné l'ensemble de vos représentations et nous sommes
sympathiques à l'idée d'y donner suite.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que... M. Lalonde:
Adopté.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. L'article 2
est-il adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Est-ce que le
projet de loi 239, Loi concernant la succession de Nicholas Minailo, est
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Je remercie Me
Mullaly. Il est maintenant passé 13 heures. La commission suspend ses
travaux...
M. Bédard: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le ministre.
M. Bédard: J'aurais une petite requête à
faire, sans pression aucune. On sait que, cet après-midi, nous allons
avoir à continuer l'étude des projets de loi privés et,
également, pour autant qu'il reste du temps nous espérons
qu'il en restera le plus possible continuer l'étude de la loi 28.
Est-ce que mes collègues auraient objection que nous recommencions les
travaux de la commission à 14 h 30 plutôt qu'à 15
heures?
M. Lalonde: J'ai des engagements jusqu'à 15 heures.
M. Bédard: Je ne me formaliserai pas... M. Lalonde:
J'ai un caucus spécial...
M. Bédard: Je le dis bien, c'est sans pression.
M. Lalonde: ... pour tenter de comprendre où le
gouvernement s'en va avec ses lois de rouleau compresseur de fin de
session.
M. Bédard: M. le Président, je suis bien d'accord.
On ne demandera pas de délai parce que je suis sûr que, si le
député de Marguerite-Bourgeoys se donne le temps de
réfléchir sur le sens des lois gouvernementales, on aura moins
d'obstruction qu'on en a eu jusqu'à maintenant.
Le Président (M. Dussault): La commission suspend ses
travaux jusqu'à cet après-midi, 15 heures.
Suspension de la séance à 13 h 3
Reprise de la séance à 15 h 10
Le Président (M. Dussault): Messieurs, nous allons
reprendre les travaux de la commission de la justice.
Projet de loi no 207 (suite)
Au moment où nous avons suspendu nos travaux ce matin, nous
avions aussi suspendu l'étude du projet de loi no 207. Il y a accord des
parties à la commission pour revenir immédiatement sur le projet
de loi no 207.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, vous savez que, lors de la
suspension de l'étude de ce projet de loi, on avait un tas de points
d'interrogation de soulevés. Pendant la suspension des travaux, j'ai
fait des consultations et j'ai reçu, en particulier, un
téléphone de Me Philippe Roberge, le notaire de la succession.
D'ailleurs, Me Laurent me l'avait dit ce matin. A la suite de ces
conversations, j'aurais quelques questions à poser pour être bien
sûr où le débat se situe.
Est-il vrai que non seulement les deux immeubles sont non rentables et
que non seulement les fenêtres, comme vous l'avez dit, coulent, mais que
même le toit est à réparer? Ces immeubles sont donc dans un
état assez avancé de vétusté qui pourrait en faire
des taudis à moins que des réparations très
sérieuses ne soient faites par l'entreprise.
M. Laurent: C'est tout à fait vrai, M. le
député.
M. Lalonde: Est-ce aussi le cas que mettre en bon état ces
immeubles prendrait des réparations de plusieurs milliers de dollars que
la succession n'a pas?
M. Laurent: Que la succession n'a pas. M. Lalonde: Qu'elle
devrait emprunter? M. Laurent: Qu'elle devrait emprunter.
M. Lalonde: Je pense qu'il faut aussi bien souligner que la
prohibition d'aliéner c'est une chose qu'on a peut-être
oubliée ce matin entraîne une prohibition
d'hypothéquer. Donc, la succession serait dans l'impossibilité
d'emprunter sur hypothèque de ces immeubles. Est-ce exact, Me
Laurent?
M. Laurent: C'est exact, M. le député.
M. Lalonde: Donc, la succession se trouve dans un cul-de-sac, si
je comprends bien.
M. Laurent: C'est exact.
M. Lalonde: Ceci étant démontré, toutes nos
questions sur les possibilités de rendre rentable cet immeuble
deviennent caduques. Ce sont des questions qu'on posait ce matin.
M. Laurent: C'est exact.
M. Lalonde: II y a une chose, par exemple, la question de
l'accord des locataires. Me Roberge me disait qu'il n'avait pas d'objection
je vous l'ai rapporté tantôt, lors d'une conversation
privée qu'on soumette la vente de ces immeubles à l'accord
écrit d'une partie moi, je dirais de la majorité
des légataires. Si on pouvait faire un amendement après le mot
"vendre", à la quatrième ligne du paragraphe 1, en y ajoutant les
mots "avec l'accord écrit de la majorité des légataires",
serait-il utile d'ajouter "vivants au moment de la vente"? Je ne pense pas,
parce qu'on ne peut pas avoir l'accord de quelqu'un qui n'est pas là.
Les légistes qui sont ici, Me Jacoby, par exemple, pourraient nous
corriger sur le langage approprié, mais c'est à peu près
l'idée.
M. Bédard: Je n'ai aucune objection à cette
formulation.
M. Lalonde: Très bien.
M. Bédard: Je n'ai pas d'autres questions à poser
à Me Laurent puisque, dès ce matin, j'avais la conviction que la
prohibition d'aliéner incluait nécessairement la prohibition de
l'obtention d'un prêt sur hypothèque, ce qui amenait la succession
dans un cul-de-sac, c'est pour cela que nous n'avions pas posé la
question.
Le Président (M. Dussault): II s'agirait donc d'ajouter
à la quatrième ligne de l'article 1, après les mots
"à vendre", les mots "avec l'accord écrit de la majorité
des légataires". C'est cela?
M. Lalonde: C'est cela.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 1 tel
qu'amendé est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Est-ce que
l'article 2 est adopté?
M. Lalonde: Adopté. M. Bédard:
Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Est-ce que le
projet de loi no 207 tel qu'amendé est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté.
M. Bédard: Je remercie, d'une façon tout à
fait particulière, le député de Bourassa de sa
collaboration.
M. Lalonde: Le député de Mercier.
M. Bédard: Le député de Mercier.
Une Voix: Bourassa, c'est le gars qu'il a battu.
M. Bédard: C'est vrai, il a battu M. Bourassa, oui.
M. Lalonde: Est-ce qu'il va changer de comté encore la
prochaine fois? Non? Vous êtes bien là?
M. Godin: Je voudrais remercier le Saint-Esprit qui a
éclairé nos collègues du Parti libéral.
M. Lalonde: C'est un notaire.
M. Blank: C'est un notaire qui l'a fait.
M. Lalonde: Ce n'est pas le Saint-Esprit.
M. Bédard: C'est parce que l'Opposition ne savait pas que
la prohibition d'aliéner entraîne la prohibition de consentir des
hypothèques. Maintenant, ils sont éclairés.
M. Lalonde: Le ministre peut faire des gorges chaudes tant qu'il
le veut.
M. Bédard: Je peux faire mes remarques, le projet de loi
est adopté.
M. Lalonde: Oui, mais il reste que j'ai eu des informations sur
l'état de l'immeuble et peut-être que le député de
Mercier n'était pas là quand... Il relira le journal des
Débats, c'est adopté de toute façon.
M. Godin: A la fin de la première, oui, j'étais
là.
M. Lalonde: Tantôt?
M. Godin: Non, je n'étais pas là, tantôt. (15
h 15)
M. Bédard: Cela rejoignait des choses qui ont
été dites ce matin.
M. Blank: C'est arrangé, il a promis des bills en
anglais...
Le Président (M. Dussault): On remercie Me Laurent.
Projet de loi no 228
J'invite à se présenter devant nous les requérants
relativement au projet de loi privé no 228, Loi concernant la succession
de Pierre-Victor Rou-gier.
M. Bédard: M. le Président, on pourrait
peut-être informer le représentant de l'Union Nationale que le
projet de loi auquel il était consentant a effectivement
été adopté, étant donné certaines
lumières additionnelles qui ont été portées
à l'attention des membres de l'Opposition officielle.
M. Fontaine: Cela me fait réellement plaisir, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): J'invite les requérants
à se présenter.
M. Lefrançois (Jean): Jean Lefrançois, avocat des
requérants.
Le Président (M. Dussault): Pourriez-vous aussi nous
présenter les gens qui vous accompagnent;
M. Lefrançois: Avec le concours de Me Maurice Laurendeau,
et M. Marcel Dubois, de Rougier Inc., et M. Mireault, du Trust
général du Canada.
Je dois dire que cette requête à cette commission est faite
avec le concours unanime de Rougier Inc., et du fiduciaire, Trust
général du Canada; il n'y a aucune divergence entre ces deux
parties...
Le Président (M. Dussault): D'accord. M.
Lefrançois:... qui sont devant vous.
Le Président (M. Dussault): Merci. Est-ce que je peux vous
inviter à nous expliquer brièvement le sens de la
requête?
M. Lefrançois: Certainement.
Il s'agit de donations et d'un testament faits par Pierre-Victor
Rougier, qui était un commerçant spécialisé dans
les produits pharmaceutiques. Il venait de France et a fondé, ici, au
Québec, des entreprises très connues et très rentables; il
est devenu un homme très fortuné. Il est
décédé en 1946. En 1932,1933 et 1934, il a fait des
donations et il a également fait un testament en 1934 avec les
codicilles subséquemment.
En gros, ces donations et ce testament comportaient des fiducies et
comportaient possiblement, aussi, des legs particuliers dont je ne parlerai
pas, parce qu'ils sont distribués, réglés, etc., mais il y
avait des biens qui étaient laissés en fiducie à la
Société d'administration et de fiducie ou au Trust
général du Canada. Aujourd'hui, ces deux institutions ont
été fondues par une loi et sont devenues le Trust
général du Canada, aux droits des deux anciennes compagnies de
fiducie, de sorte qu'on a un seul fiduciaire, même si c'est
issu de deux compagnies, aux termes de ces différents actes de
donation.
Il y a eu peut-être sept actes de donation, le testament et les
codicilles. Les biens en fiducie actuellement administrés par le Trust
général du Canada se situent à environ $600 000 avec des
revenus de l'ordre de $55 000 par année. La demande ne concerne pas
l'ensemble des biens administrés en fiducie, mais elle concerne un
capital de l'ordre de $200 000 environ et des revenus de l'ordre d'à peu
près $20 000 par année. Les autres biens qui font l'objet
d'autres donations ou qui font partie de ces donations ne sont pas
affectés par la requête. Il y a des legs, par exemple, à la
faculté de médecine de l'Université de Montréal,
à la faculté de droit ou à la faculté de pharmacie
ou au sanatarium Puy-de-Dôme ou à différentes institutions
qui ne sont nullement affectées, ou même à la caisse de
retraite des employés de Rougier Inc., qui a déjà fait
l'objet, d'ailleurs, d'un projet de loi privé, il y a peut-être 20
ans de cela, devant cette assemblée, et cela ne fait pas l'objet de la
requête.
Donc, on parle substantiellement d'une partie seulement de ces
donations. Pour les deux parties qui sont concernées par la
requête, c'étaient des avantages aux hôpitaux catholiques de
langue française de la ville de Montréal. Dans trois donations et
dans le testament, on a des avantages qui étaient créés en
faveur des hôpitaux catholiques de langue française de la ville de
Montréal.
D'autre part, dans deux donations, il y a des avantages directs ou
indirects qui sont créés en faveur de l'hospice de
Saint-Germain-Lembron, qui se trouve dans le Massif central, en France, c'est
un hospice pour vieillards. Cette requête devant vous ne concerne que ces
deux dispositions, les donations qui étaient faites pour les
hôpitaux catholiques de langue française de la ville de
Montréal et pour l'hospice de Saint-Germain-Lembron.
Quant aux hôpitaux catholiques de langue française de la
ville de Montréal, depuis 1971, année de l'adoption de la Loi sur
les services de santé et les services sociaux, on doit dire que le
caractère confessionnel de tous les hôpitaux de la région
de Montréal et de tous les hôpitaux de la province a
été considérablement affecté. Effectivement, si on
regarde cette loi, on voit que sur les quatorze membres du conseil
d'administration, il y en a quatre au maximum qui peuvent être
nommés par les représentants de l'ancienne corporation qui
était une corporation religieuse et, pour le reste, ce seront des
représentants du gouvernement, des patients, des médecins, de
ceci, de cela. Enfin, le conseil d'administration est devenu en très
grande majorité non confessionnel. La nouvelle corporation qui
administre les hôpitaux doit se conformer à cette nouvelle loi,
elle doit faire ses budgets, elle est assujettie constamment à des
approbations gouvernementales et, à toutes fins utiles, elle est devenue
une corporation laïque, même si l'ancienne corporation qui
contrôlait les immeubles a le droit de nommer jusqu'à concurrence
d'un peu moins du tiers des administrateurs. c'est la limite de la
confessionnalité de ces hôpitaux.
En pratique, j'ai même lu un article sur ce sujet, à savoir
que c'était assez clair que, maintenant, nous avions des hôpitaux
qui étaient laïques. Tous les hôpitaux connus de la
région de Montréal, sont devenus à toutes fins utiles des
hôpitaux laïques. Il y a un motif de modification, parce qu'il y
avait une intention d'avantager des oeuvres de la santé de la part du
donateur et du testateur et cette intention ne peut plus être
réalisée.
Pour ce qui est de ces dispositions, qui représentent
peut-être $14 000 par année de revenus actuellement, ce que nous
demandons dans la requête, c'est qu'étant donné ce
changement et cette impossibilité d'atteindre uniquement le but et,
d'autre part, le fait qu'il y a eu depuis 1930 une extension substantielle de
la recherche en dehors de l'île de Montréal, autrefois on peut
dire que tout ce qui se faisait au point de vue développement
était surtout concentré à Montréal, mais
actuellement cela n'est pas le cas, cela se fait à Sherbrooke et un peu
partout, ce que nous demandons c'est donc que cela soit donné à
toute corporation à but non lucratif de langue française oeuvrant
dans la province dans le domaine de la santé. C'est la première
demande du projet de loi.
Le Projet de loi affecte également des dispositions à
l'hospice de Saint-Germain-Lembron, qui est un hospice pour vieillards dans le
Massif central en France. Quant à cette disposition, ce qui est
arrivé, c'est que le donateur a fait une donation de $20 000, c'est la
donation du 19 novembre 1931, en disant que les revenus devaient être
administrés par le fiduciaire, le Trust Général, et que
les revenus nets devaient être versés à l'hospice mais ne
devaient jamais dépasser 25 000 francs.
Or, il y a eu une dévalutation de l'argent français, 25
000 francs sont devenus 250 francs nouveaux, aujourd'hui, cela
représente $60. En pratique, l'hospice reçoit actuellement $60
par année et il y a eu une accumulation considérable, les $20 000
valent peut-être $29 000 ou $30 000, parce qu'il y a eu quand même
quelques investissements de capital, ces obligations ont pris un peu de
plus-value et cela vaut à peu près $30 000 aujourd'hui, ce
capital rapporte peut-être $2 800 environ, et on distribue $60 par
année. Il y a donc accumulation considérable. Il s'est
créé, de cette façon, avec les années, un capital
de $50 000 qui ne sert à aucune fin.
Non seulement cela, le donateur avait tellement peur que cette donation
de 25 000 francs français ne soit pas suffisante, que le capital ne soit
pas suffisant, qu'il a créé dans une autre donation une
sécurité pour assurer ce qui est aujourd'hui $60 par
année. Cette sécurité n'a plus d'objet. C'est simplement
comme une garantie, il n'y a pas d'argent qui sort de cette autre donation.
C'est une garantie pour payer ce qui, aujourd'hui, est évalué
à $60 000.
Nous suggérons, quant à ce deuxième aspect, de
dire: Voici, vous avez une donation qui vaut
$30 000, en gros, les revenus nets de ces $30 000, à l'avenir,
pour être plus simple, on va les verser à l'hospice de
Saint-Germain-Lembron chaque année. Au lieu de $60, il va recevoir $2800
ou $2700, ce qui est déjà une amélioration
considérable, par rapport aux $1000 à peu près que
représentait le legs du testateur à l'époque, si on tient
compte de l'inflation et de différents facteurs; c'est
déjà une plus-value assez importante.
Quant au capital accumulé de $50 000, on a dit qu'on ne pouvait
pas l'utiliser, on n'avait pas le droit, il ne fallait pas donner plus que 25
000 francs français ou 250 nouveaux francs, on demande qu'il soit
versé au legs universel et pour être évidemment
administré de la même façon, c'est-à-dire pour les
oeuvres de santé à but non lucratif de langue française
dans la province de Québec. C'est le but de la requête.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie. Y a-t-il,
avant l'appel de l'article 1, des remarques préliminaires?
M. Bédard: Peut-être pas des remarques
préliminaires, mais sûrement quelques questions.
M. Lalonde: Seulement une remarque pour établirMe
Lefrançois et moi étions associés à l'ancien bureau
où j'étais, chez Geoffrion et Prud'homme que les clients
que vous représentez n'étaient pas là à ce
moment?
M. Lefrançois: Non, en aucune façon, et les
procureurs initiaux dans la requête, tel qu'il apparaît au dossier,
n'étaient pas à notre bureau.
Le Président (M. Dussault): J'appelle l'article 1. M. le
ministre.
M. Bédard: Je voudrais savoir de Me Lefrançois,
à l'heure actuelle, à quels hôpitaux sont versées
des sommes.
M. Lefrançois: Actuellement, l'argent est versé
à l'hôpital Sainte-Justine, à l'Hôtel-Dieu, à
l'hôpital Notre-Dame. Principalement, ces récentes années,
cela a été versé à l'hôpital
Sainte-Justine.
M. Bédard: Ces sommes sont utilisées à
quelles fins, au niveau de ces hôpitaux, selon votre... connaissance?
M. Lefrançois: Elles sont utilisées par
l'hôpital Sainte-Justine aux fins qu'il désire, parce que...
M. Bédard: C'est bien clair qu'il peut l'utiliser comme il
le veut de par les dispositions du testament, mais je vous demande si vous avez
l'information pour nous dire à quelles fins il sert et quels sont les
montants aussi.
M. Lefrançois: Je sais en pratique qu'une partie de
l'argent a été utilisée pour transporter des enfants
infirmes jusqu'à l'hôpital Sainte-Justine, parce qu'il y avait un
problème de transport de ces enfants. Je sais que c'est une des parties
de l'argent. Quant à l'hôpital, il a créé une
fondation. L'autre partie de cet argent a été utilisée
pour fins de recherche, je crois, je ne pourrais pas vous le dire
spécifiquement. Je sais que l'argent n'a pas été
dépensé autrement qu'en le versant aux hôpitaux. Ce que les
hôpitaux en ont fait, c'est très difficile de vous en rendre
compte, parce que je ne le sais pas personnellement.
M. Bédard: Vous comprendrez que je dois poser la question.
Si vous ne pouvez pas y répondre, ce n'est pas moi qui vais vous en
faire reproche. Si vous le pouvez, ça apporte un éclairage de
plus pour les membres de la commission.
Pouvez-vous me dire quels sont les montants versés pour
l'année présente à Sainte-Justine, à
l'hôpital Notre-Dame et à l'Hôtel-Dieu?
M. Lefrançois: M. Mireault, du Trust
Général, m'informe que les derniers versements ont
été de $7000 à l'hôpital Sainte-Justine et de $5000
à l'hôpital Notre-Dame de Montréal.
M. Bédard: Pouvez-vous me dire si les hôpitaux en
question, les conseils d'administration, etc., les autorités sont au
courant de la présentation de ce projet de loi et s'ils sont d'accord
avec ce projet qui aurait pour effet, à première vue, de les
rendre moins certains d'obtenir certaines sommes qui leur étaient
dévolues dans le passé?
M. Lefrançois: Spécifiquement, non, je ne peux pas
dire qu'il y a eu d'avis en ce sens. Evidemment, il y a eu des avis
généraux, mais il n'y a pas d'avis spécifique. Mais je
dois dire qu'aucun de ces hôpitaux n'a de droits acquis; en aucune
façon spécifique, ils n'avaient de droits acquis. Cela pouvait
tout être donné en vertu des donations à un même
hôpital pendant quinze ans et à aucun autre hôpital.
M. Bédard: Sauf, que globalement, ces hôpitaux, sans
les identifier, ceux que vous avez identifiés, ont quand même un
droit acquis de penser pouvoir recevoir des montants, de savoir qu'il y a au
moins un fonds qui peut être à leur disposition. (15 h 30)
M. Lefrançois: C'est cela. Si je peux me permettre...
M. Blank: Je pense que l'explication de l'avocat établit
que, maintenant, on ne peut pas suivre les termes du testament, parce qu'il n'y
a plus d'hôpitaux catholiques. C'est là le problème.
M. Lefrançois: Effectivement, si je peux me permettre, M.
le ministre...
M. Bédard: Sauf qu'à l'heure actuelle, votre projet
de loi a pour effet de faire passer cet argent qui était donné
à des hôpitaux à une faculté de médecine.
M. Lalonde: Ou à une corporation à but non lucratif
de langue française oeuvrant dans le domaine de la santé, cela
peut être les mêmes hôpitaux.
M. Lefrançois: Cela peut être les mêmes
hôpitaux, mais, si je peux me permettre...
M. Bédard: Je voudrais terminer mes questions et
peut-être que l'Opposition pourra ensuite poser les miennes. Je dois vous
dire que je pose ces questions simplement pour avoir plus
d'éclairage...
M. Lalonde: On veut vous aider.
M. Lefrançois: Si je peux me permettre, M. le ministre,
sur ce point, je conçois que si, actuellement, les hôpitaux
avaient un droit acquis, même comme groupe, et, à ce
moment-là, il s'agissait de changer le bénéficiaire de
telle partie à telle autre, je crois qu'on pourrait me demander un
consentement, parce qu'on dirait: Ces gens ont un droit acquis. Je prends la
position ferme que ces gens n'ont, même comme groupe, aucun droit acquis,
parce qu'il existe plus d'hôpitaux catholiques, et cela semble
très clair. Ce n'est pas comme si quelqu'un avait un legs et qu'on
essayait de le diminuer. Il n'a plus de droit, actuellement, même comme
catégorie, même comme classe. Je pourrais vous signaler les
dispositions de la Loi des services qui, carrément, affectent le droit,
de sorte qu'on n'a plus, en aucune façon, des
bénéficiaires inscrits devant nous.
M. Bédard: Pourquoi élargissez-vous la
possibilité jusqu'à faire des dons à une faculté de
médecine plutôt que de laisser cela dans le réseau des
hôpitaux?
M. Lefrançois: D'une part, à l'origine, il
s'agissait d'hôpitaux catholiques de langue française de
Montréal. Or, je pense...
M. Bédard: J'aurais peut-être une petite question
sous-jacente, si vous me permettez. Vous dites des hôpitaux catholiques
de Montréal. Pourquoi, alors que c'était circonscrit à
Montréal, élargissez-vous cela à l'ensemble du
Québec?
M. Lefrançois: II y a deux raisons. D'une part, c'est
parce que, comme je le dis, actuellement, le but de la fondation, comme tel, ne
peut plus être rempli; c'est une chose qui nous semble assez claire,
puisqu'il n'y a plus de bénéficiaire devant nous. Donc, il s'agit
de trouver une autre fin à ces sommes. Pourquoi une faculté de
médecine de langue française du Québec? Quel était
le but du donateur? Je pense qu'il y avait deux buts: d'une part,
c'était d'encourager la santé, la recherche, et aussi, dans une
certaine mesure, je crois qu'il voulait que la compagnie qu'il avait
édifiée, la compagnie Rougier Inc., par son conseil
d'administration, ait un certain pouvoir au point de vue prestige et soit
associée à des oeuvres du domaine de la santé.
Au point de vue recherche, il se fait de la recherche dans les
universités tout autant que dans les hôpitaux; cela, c'est la
raison d'étendre les hôpitaux aux universités. Je
considère que les facultés de médecine font de la
recherche, elles ont même des hôpitaux associés, on est donc
vraiment dans ce domaine de la recherche médicale. D'autre part,
pourquoi sortir de la région de Montréal? Comme je l'ai
mentionné et comme c'est allégué dans la requête, en
1930 et 1931, ce qui se faisait au point de vue recherche et
développement en médecine il faut considérer
l'intention du donateur, qui voulait associer sa compagnie aux
développements médicaux se faisait surtout à
Montréal. On peut dire qu'à peu près 90% ou 95% de tout ce
qui se faisait au point de vue développement était
concentré dans la métropole. A cause, évidemment, des
subsides gouvernementaux, à cause de toutes sortes de
développements, on peut dire que les centres universitaires en dehors de
Montréal, soit Sherbrooke, soit Laval, se sont considérablement
développés au point de vue médecine, et leur travail peut
être aussi valable que ce qui se fait à Montréal.
Pourquoi se limiter maintenant uniquement à ce qui se fait dans
la région de Montréal? Je pense que si le docteur vivait
aujourd'hui, si on pouvait appliquer son but intégralement, on ne serait
pas ici devant vous, on n'aurait pas le droit de le changer. Mais on est devant
une situation où le but poursuivi comme tel ne peut pas être
atteint, parce que le legs a carrément pris fin, parce que le
bénéficiaire comme tel ne peut plus le recevoir. Il faut donc se
placer un peu dans l'intention du donateur et voir la recherche, voir les
développements qui se font dans le domaine de la santé. Je crois
que les limiter à la région de Montréal, vu les
développements depuis les années trente, serait avoir une vue un
peu étroite du problème.
M. Bédard: Si le projet de loi n'était pas
accepté, à qui seraient données les sommes pour
l'année qui vient, ou l'an prochain?
M. Lefrançois: A mon humble opinion, elles ne pourraient
pas être données.
M. Bédard: Vous les avez données, je ne comprends
pas.
M. Lefrançois: Ecoutez, c'est...
M. Bédard: Est-ce que vous voulez nous dire que,
jusqu'à maintenant, elles ont été données
illégalement? Cela n'est pas le cas du tout.
M. Lefrançois: Depuis 1971, depuis que je me suis
penché sur ce problème, mon opinion, avec la doctrine que je peux
citer, M. le ministre, il semble clair que ces corporations sont devenues des
corporations laïques, donc, comme telles ne peuvent pas recevoir...
M. Bédard: Vous savez, il y a le domaine purement
légal, juridique...
M. Lefrançois: Si on peut jouer technique...
M. Bédard: II y a aussi, je pense, au niveau des membres
de la commission parlementaire le souci, cela n'est jamais très facile,
d'essayer d'identifier le mieux possible la volonté du testateur.
M. Lefrançois: Je le reconnais...
M. Bédard: II semble que, jusqu'à un certain temps,
quand même, c'est votre opinion, entre parenthèses
jusqu'à la Loi des services sociaux, la volonté du testateur est
très clairement exprimée. C'est votre prétention que la
nouvelle Loi des services sociaux a eu pour effet de changer la volonté
au testateur d'une certaine façon, de venir en contradiction avec la
volonté du testateur. Je pense que c'est ce que nous avons à
analyser aujourd'hui, les membres de la commission. D'autre part, vous nous
dites que le testateur voulait voir son nom associé au domaine de la
santé. Ce n'est peut-être pas spécifique, vous dites plus
spécialement au domaine de la recherche, dans le domaine de la
santé. Est-ce que vous voulez dire par là qu'il ne se fait aucune
recherche dans les hôpitaux?
M. Lefrançois: Certainement pas et...
M. Bédard: Non, les sommes comme il s'en fait
dont vous avez fait état peuvent être données,
à ce moment, en tenant compte de cet aspect, je ne parle pas de l'aspect
confessionnel et de l'aspect francophone, mais elles peuvent être
orientées vers les départements de recherche qui peuvent encore
exister quand même dans nos hôpitaux.
M. Lefrançois: Si la requête était
accordée, il n'y a rien qui empêcherait évidemment le
fiduciaire, avec le conseil d'administration, de donner des sommes aux
hôpitaux, sous la seule réserve qui suit. Je dois simplement
mentionner qu'en même temps que la Loi des services de santé a
été adoptée, il y a toutes sortes de règlements qui
ont été adoptés, à savoir que l'hôpital ne
peut pas accepter d'argent, de donations sans l'approbation du gouvernement,
sans dire ce qu'il va en faire. Autrement dit, les hôpitaux ont perdu un
contrôle, indépendamment du caractère laïque. Quand
vous dites: On pourrait donner, mais on pourrait donner avec des
mécanismes beaucoup plus lourds que ce qui existait avant 1971 et parce
qu'il y a des fonds spéciaux qui doivent être créés,
je peux me référer aux règlements adoptés en vertu
de la Loi des services de santé et à la loi elle-même.
M. Blank: II y a une chose à ce moment. Il y a un
précédent pour cette sorte de projet de loi privé. En 1974
ou 1975 cette commission a passé une loi un peu dans le même sens.
L'ancien ministre qui était en charge est ici actuellement. Je dois
dire...
M. Bédard: Je suis très heureux de saluer mon
ancien collègue, M. Choquette, mais, avant de dire que tel projet de loi
était semblable à celui qu'on discute...
M. Blank: C'est de la jurisprudence.
M. Bédard: Non, j'aimerais bien que vous nous disiez
d'abord quel projet de loi c'est, pour que les membres de la commission aient
l'occasion de le voir et constatent jusqu'à quel point c'est
semblable.
M. Blank: Oui, je vais vous l'expliquer, c'est pour cela que j'ai
demandé la parole. Je ne me souviens pas du nom, mais je vais vous dire
exactement ce qui était dans la loi et je suis certain que votre
ministère va le trouver.
C'était un monsieur de la ville de Québec, qui a
créé une donation avec le Royal Trust, qui donnait un revenu
annuel de $100 000. Dans son testament, il disait que c'était pour
accorder des bourses aux jeunes étudiants anglophones protestants de la
ville de Québec pour aller à l'Université Queen's. Dans la
loi privée, présentée par Me Stein, de Québec, cela
était changé pour inclure tous les enfants de n'importe quelle
langue et de n'importe quelle religion pour toute la province de Québec.
Ceci s'est passé ici.
M. Bédard: Je n'en ai pas à l'ensemble du
Québec...
M. Blank: L'ensemble du Québec... la langue et la religion
aussi.
M. Bédard: ... ou aux questions de langue et tout cela,
mais permettez-moi de vous dire que, durant les trois ans que j'ai
été dans l'Opposition, je sais une chose...
M. Blank: Peut-être que...
M. Bédard: ... et je vais vous ajouter quelque chose, par
exemple, que vous n'avez pas ajouté, c'est que, lorsqu'on avait à
passer un projet de loi privé qui pouvait toucher des
intérêts de légataires, comme c'est le cas
présentement, je ne me rappelle pas en avoir accepté un seul, si
nous n'avions pas la conviction que les intéressés étaient
informés. D'ailleurs, ce matin, on a eu une discussion dans ce sens, la
question était très importante. Il faut avoir la preuve, autant
que c'est possible, que, d'une part, les personnes intéressées
ont été informées et que, deuxièmement, elles sont
consententes.
Or, dans le cas présent, on nous dit: les personnes
intéressées ont été informées, les
légataires intéressés ont été
informés, mais les hôpitaux en question savaient-ils par avis, que
vous présentiez ce projet? Vous n'êtes pas en mesure de nous dire
s'ils auraient des objections à formuler.
M. Lefrançois: Non.
M. Bédard: Cela me semble, par l'expérience du
passé, un élément de toute première importance.
J'étais presque disposé à vous dire dès le
début, à partir du moment où vous nous avez dit que vous
n'étiez en mesure de nous dire si les hôpitaux en question
consentaient ou pas ou avaient des représentations à faire ou
pas, j'ai été tenté de vous suggérer de suspendre
le projet de loi de manière que nous sachions ce que ces institutions
peuvent avoir à dire, si elles sont d'accord avec ce projet de loi.
M. Lefrançois: Comme je le mentionnais à M. le
ministre, si ces gens étaient légataires aujourd'hui et s'il
s'agissait de leur enlever des biens, je serais entièrement d'accord
avec votre position.
M. Bédard: Je comprends, mais on en est sur la position
juridique, je respecte votre position juridique, et il reste que, dans le
passé, il y a des institutions très précises qui ont
reçu des sommes. Il me semble qu'il y aurait eu je vous le dis
parce que je le pense avantage pour les requérants à ce
qu'au moins les institutions qui ont déjà
bénéficié d'une aide quelconque, à partir de ce
fonds, soient informés du changement et qu'on s'assure si, oui ou non,
elles avaient des objections à formuler. Cela me semble fondamental.
Le Président (M. Dussault): II y avait M. le
député de Rosemont qui avait demandé la parole. Il est le
parrain du projet de loi, le pilote en tout cas.
M. Paquette: M. le Président, sur...
Le Président (M. Dussault): C'est une question de
règlement.
M. Bédard: M. le Président, avec votre permission,
le député se référait à un projet de loi
tout à l'heure, la succession Frank Carel. La décision consistait
à adopter cette loi, parce que portant sur un projet de loi
privé. Le comité protestant du Conseil supérieur de
l'éducation a jugé, après l'entrée en vigueur de la
loi, que cette modification était contraire aux intérêts
des protestants.
M. Blank: Cela ne change rien. Il est intéressant de noter
que, dans ce projet de loi, les ministériels n'étaient pas
prêts à accorder le projet de loi. Cela s'est fait après
les pressions de l'Opposition, dirigée par le député de
Maisonneuve, qui a convaincu le ministre de l'adopter.
M. Bédard: Mais ça revient à dire que chaque
cas doit s'évaluer à son propre mérite et l'on ne doit pas
essayer de faire de la politique avec ça ou parler de
discrimination.
M. Blank: Mais il faut dire que les moeurs et les idées en
matière de religion ont changé depuis 1931. On ne parle pas de
discrimination, c'est le contraire, on veut ouvrir l'affaire. C'est le
comité protestant, qui ne prête pas à la discrimination qui
veut l'ouvrir.
M. Bédard: Je puis vous dire que les hôpitaux qu'on
vient de mentionner, les légataires seraient les hôpitaux
anglophones et de religion protestante, ou encore, français et de
religion catholique, ça ne change en aucune façon le fond de la
question elle-même, qu'on doit évaluer à sa juste mesure.
(15 h 45)
M. Lefrançois: Sauf qu'il y aurait une question
d'intention du testateur, évidemment, à ce niveau. Est-ce que je
peux me permettre d'ajouter que c'est, d'une part, le règlement auquel
je me référais tout à l'heure où on parlait de
fonds de dotation. "Tout établissement public qui désire
inscrire, ou continuer à inscrire je lis le règlement
à ces états financiers un fonds de dotation ou à
destination spéciale ou qui sollicite l'autorisation de
transférer l'administration en tout ou en partie d'un tel fonds, doit
obtenir l'autorisation du ministre." Il y a cet aspect particulier dans la loi
et je citais un article très volumineux sur la responsabilité
hospitalière paru dans le cahier de droit de l'Université Laval,
où on dit: "Donc, ce qu'il faut retenir ici, après analyse de
toute la loi, c'est que la corporation hospitalière d'un
établissement public est, selon l'expression adoptée, une
corporation publique et laïque par opposition à une corporation
privée et religieuse."
Il me semblait assez clair que nous n'avions plus de corporations
religieuses devant nous, à la suite de la loi et je pourrais ensuite
citer, évidemment, tous les articles de la loi qui disent
carrément qu'on a une corporation publique.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Rosemont, je vous donne la parole, parce que votre nom apparaît sur le
projet de loi et, dans l'esprit de notre règlement, on donne la parole
habituellement à celui qui parraine un projet de loi au départ.
M. le député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je suis sensible aux
préoccupations du ministre, quant à ce projet de loi.
Personnellement, j'aurais souhaité qu'on ait un accord des institutions
concernées. Cependant, je pense qu'elles sont au courant de l'existence
du projet de loi et il n'y a pas d'opposition qui s'est manifestée. Il y
a quand même ça.
J'ai l'impression qu'on doit juger de ce projet de loi sur trois
facteurs principaux: la question de légalité et
d'applicabilité, du respect de la volonté du testateur et la
question d'opportunité et d'utilité des fonds. Je commence par ce
dernier point. Vous allez constater que je suis tout à fait absent de
conflit d'intérêts dans ce projet de loi, puisque, parmi les
hôpitaux qui reçoivent actuellement des fonds, on a
remarqué une absence, celle de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont.
M. Lalonde: C'est le genre de conflit d'intérêts
qu'on aime bien quand on est député ou qu'on recherche.
M. Paquette: D'autre part, M. le Président...
M. Marcoux: Peut-être qu'ils ensevelissent le projet de
loi, une fois adopté!
M. Paquette: Pas plus. M. Marcoux: Peut-être.
M. Paquette: Je n'en sais rien, ça dépendrait de la
volonté des fiduciaires et je pense que ça doit rester de la
volonté des fiduciaires. D'autre part, M. le Président, je suis
encore moins en conflit d'intérêts, puisque l'article 1 a pour
effet d'étendre le nombre d'organismes susceptibles de recevoir les
fonds au-delà de la région de Montréal. Sur le plan de
l'utilité des fonds je peux me tromper, mais je fais le pari
je pense que les fiduciaires voudront orienter les fonds en termes de
complément aux fonds que reçoivent déjà les
institutions.
La région de Montréal n'est pas parmi les moins
privilégiées en termes d'institutions de santé et
d'institutions de recherche. On peut penser je tombe sur l'autre point
que la volonté du fiduciaire était de jouer un rôle
complémentaire à ce qui existait dans le temps. Dans le temps, la
situation n'était pas la même qu'aujourd'hui. Aujourd'hui, les
institutions de santé se sont développées dans la
région de Montréal et on peut supposer qu'enfin, il y aurait
peut-être lieu de donner la chance aux fiduciaires d'orienter les fonds
vers d'autres régions ou d'autres institutions qui pourraient en avoir
plus besoin.
D'autre part, dans le testament, on parlait d'hôpitaux catholiques
de langue française. Il faut dire qu'à ce moment-là, les
deux termes étaient à peu près synonymes, mais aujourd'hui
il est bon de conserver, dans le projet de loi, qu'il s'agit d'institutions de
langue française. Encore là, il y a un argument
d'opportunité et d'utilité, parce que je pense que,
généralement, les hôpitaux de langue anglaise sont bien
pourvus en termes d'organismes de dotation qui peuvent compléter les
fonds de l'Etat mis à leur disposition. Par conséquent, je pense
que c'est aussi une question de respect de la volonté du testataire. Il
y a l'argument de légalité et d'applicabilité aussi qui
amène à faire des changements. Je ne sais pas si le
requérant serait d'accord. Je suis assez peu, n'étant pas
moi-même de formation juridique, à l'aise dans ces choses, M. le
Président, je le dis en toute humilité, à plus forte
raison, puisque c'est connu, si ce n'était pas connu, peut-être
pas.
M. Ciaccia: II est humble seulement quand...
M. Paquette: En termes d'applicabilité, est-ce qu'il ne
serait pas possible actuellement, pour quelqu'un, de contester une
décision des fiduciaires? J'aimerais le demander au requérant. Je
pense que vous avez continué à verser des fonds depuis
l'application de la nouvelle Loi des services de santé, mais est-ce
qu'il ne pourrait pas arriver qu'à un moment donné un organisme,
se sentant défavorisé, disant: Nous n'en avons pas eu et l'autre
organisme l'a eu, pourrait contester et bloquer l'action des fiduciaires?
M. Lefrançois: Sur ce plan, si je peux me permettre de
répondre à cette dernière question du
député, évidemment la loi parle pour l'avenir. La loi n'a
pas l'effet de ratifier quoi que ce soit.
Le Président (M. Dussault): Me Lefrançois,
pourriez-vous avancer le micro, s'il vous plaît?
M. Lefrançois: La loi parle pour l'avenir, elle n'a pas
pour effet de ratifier quoi que ce soit qui ait pu être fait depuis 1971.
On ne demande pas à cette Assemblée un blanc-seing pour ce qui a
été fait, pour déclarer que telle chose a
été... Ce serait une autre chose. On demande, à partir de
ce jour, d'autoriser de distribuer. S'il y a eu des donations qui ont
été faites dans le passé, pendant les derniers six ans,
à une fin qui n'était pas tout à fait celle imposée
par le testateur, qui n'était pas tout à fait permise, c'est une
autre chose. Mais je soumets que la loi est pour l'avenir et n'a aucun but de
ratification. Je peux me permettre simplement de me référer une
fois de plus à la Loi des services de santé, qui dit clairement
que tout établissement est public ou privé, et qu'est un
établissement public tout établissement constitué, etc.
Alors, les corporations religieuses, les corporations qui existaient autrefois,
sont toutes modifiées et sont assujetties à l'application de
cette loi, d'une façon globale. Là, on a le conseil des centres
hospitaliers tous ces hôpitaux de Montréal sont des centres
hospitaliers qui est administré par un conseil formé des
membres suivants, et là, on a toute la désignation: deux
personnes majeures élues par l'assemblée des usagers, deux
personnes nommées par le lieutenant-gouverneur en conseil, etc., deux
personnes élues par le conseil consultatif. Il y a toute une
série de dispositions qui fait que le contrôle religieux est
complètement disparu de ces organismes et, en pratique, c'est ce que,
d'ailleurs, messieurs Boucher, dans leur article, ont constaté.
Le Président (M. Dussault): Je sens que Me
Lefrançois aimerait être entendu de M. le ministre et de M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. Je vais suspendre trente
secondes, si vous...
M. Bédard: Je dois vous dire très honnêtement
qu'en politique on apprend à faire deux choses à la fois.
J'écoutais quand même très bien, mais j'avais quelques
propos à tenir au député de Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Dussault): Pendant ce temps-là, je
constatais un peu de malaise chez Me Lefrançois. J'essayais de trouver
la solution à tous les problèmes.
M. Bédard: Nous aussi, nous essayons de trouver une
solution, M. le Président.
M. Lefrançois: Je dois dire à M. le ministre et
à M. le Président qu'évidemment, si cette Assemblée
trouvait qu'elle désirait le restreindre, parce qu'elle a
évidemment ce pouvoir au stade de la présentation d'un projet de
loi privé, par exemple, à toute oeuvre située dans les
limites de l'île de Montréal, de l'île Jésus et dans
un rayon de 25 ou de 50 milles de la ville pour couvrir le Montréal
métropolitain, je n'ai aucune espèce d'objection. Le souci du
fiduciaire et de la compagnie devant vous est effectivement la situation
suivante: ce n'est pas un problème litigieux, selon nous, c'est un
problème très clair suivant la loi, suivant les
règlements, suivant la doctrine, qu'il n'y a plus d'hôpitaux
catholiques et qu'on doit trouver une autre fin à ces revenus.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, j'aimerais donner mon
opinion. Je pense qu'on a posé plusieurs questions qui nous ont
éclairés sur l'ensemble de la situation. La première chose
que je voulais dire, c'est que, face à un tel projet de loi, le premier
élément qu'il faut retenir, je pense que c'est le respect de la
volonté du testateur. Dans vos attendus, dans votre projet de loi, au
deuxième paragraphe, vous nous dites: Qu'il a stipulé dans ces
actes que le revenu de tout excédent ou surplus, détenu par ses
légataires fiduciaires sera versé annuellement aux hôpitaux
catholiques de langue française de la ville de Montréal... Le
seul élément qui n'existerait plus serait le fait que ces
hôpitaux ne seraient plus catholiques.
Vous ajoutez cependant que, selon vous, cela devrait être
donné pour de la recherche. Or, cela ne semble pas clair dans le
testament, ou du moins dans les attendus que vous nous donnez, quoique je pense
qu'on pourrait toujours, en donnant aux hôpitaux, spécifier que ce
sera pour de la recherche en milieu hospitalier.
M. Lefrançois: Si je peux me permettre, M. le
député, quand je parlais de recherche, évidemment, il faut
considérer qu'on avait la compagnie Rougier Inc., qui était
contrôlée par le donateur, et que le donateur voulait associer
cette compagnie à ses dons. Il y a deux buts.
M. Fontaine: C'est indiqué dans le testament?
M. Lefrançois: Non, c'est une compagnie de produits
pharmaceutiques, c'est dans cet esprit. Evidemment, cela allait aux
hôpitaux sans fins spécifiques.
M. Fontaine: Je constate que, depuis 1932 ou 1933, on a toujours
donné ces sommes aux hôpitaux de la ville de Montréal, et
vous nous disiez encore tout à l'heure que $12 000 ont été
donnés l'an dernier à l'hôpital Sainte-Justine et à
un autre hôpital dont je n'ai pas retenu le nom. Partant de là, je
pense que la volonté du testateur est encore respectée
aujourd'hui, sauf que vous nous dites que, légalement, les
hôpitaux ne sont plus des hôpitaux catholiques. Je pense encore que
la majorité des usagers des hôpitaux de langue française de
la ville de Montréal sont probablement encore des catholiques et,
partant de là, la volonté du testateur est peut-être encore
respectée aujourd'hui.
Ce qu'il y aurait peut-être comme suggestion, plutôt que de
demander de donner cela à d'autres organismes, ce serait peut-être
de faire modifier les termes, par cette loi que vous présentez, en
enlevant le mot "catholique" pour s'accorder avec la loi d'aujourd'hui.
Peut-être qu'à ce moment-là, on respecterait et la loi
actuelle et la volonté du testateur. C'est mon opinion.
Il y a également le fait que les hôpitaux en question
n'aient pas donné leur opinion et qu'on n'ait pas pris le soin, comme on
l'a vu ce matin, de demander aux légataires de nous donner un
écrit de leur consentement. J'aurais aimé que les hôpitaux
en question nous donnent leur opinion quant à ce projet de loi.
Pour ce qui est des autres articles, je pense qu'il n'y aurait pas
d'objection.
M. Lefrançois: M. le député, si vous me
permettez, en soi, je n'ai aucune objection à ce que ce soit
donné aux hôpitaux de langue française de Montréal,
de la ville de Montréal, on pourrait laisser "la ville de
Montréal", même si on a un nombre très restreint
d'hôpitaux. Je dois signaler, comme je l'ai signalé à M. le
ministre tout à l'heure, que les règlements alourdissent
maintenant le mécanisme, parce que les dotations devront être
approuvées par le ministre, le budget devra être approuvé
par lui. Evidemment, on a des contraintes sur ce plan. Personnellement, le but
principal du fiduciaire, c'est que, légalement, suivant la loi, suivant
la doctrine, suivant tout le monde, il ne semblait pas qu'il s'agissait d'un
cas de jugement déclaratoire, ici; s'il avait été question
de jugement déclaratoire, on serait allé devant les tribunaux. Il
s'agit d'un cas où c'était parfaitement clair d'après la
loi que c'était une institution publique. (16 heures)
M. Bédard: Une question de profane, si c'était si
clair que cela juridiquement, comment se fait-il que cela fait sept ans qu'on
vit avec cette situation et qu'aujourd'hui on pense qu'il y a une urgence
à la changer?
M. Lefrançois: Si je peux me permettre, je n'ai pas
été consulté il y a sept ans sur ce problème, je
n'ai pas été appelé à regarder la Loi des services
de santé à ce niveau, mais je peux dire à M. le ministre
que, selon moi, les dispositions sont claires; on dit que c'est une corporation
publique, il n'y a plus de corporation laïque.
M. Bédard: Je suis d'accord que c'est bien difficile
d'essayer d'évaluer vraiment ce qu'a été la volonté
du testateur au moment...
M. Lefrançois: C'est une autre chose, M. le ministre.
M. Bédard: ... où il a fait...
M. Lefrançois: Si je peux me permettre, d'une part, il me
semble qu'aujourd'hui le legs, tel que défini, ne peut pas être
appliqué.
M. Bédard: Je vous le dis très honnêtement,
vous pouvez continuer, j'écoute quand même.
M. Lefrançois: En Angleterre, on a une doctrine: les
tribunaux peuvent appliquer ce qu'on appelle le "si près", ils peuvent
modifier pour trouver le but le plus près. Cela n'existe pas ici. Si
nous n'avons pas le but, le legs ne peut plus être utilisé comme
tel. Evidemment, le rôle des projets de loi privé est de remplacer
ce rôle judiciaire qui existe en Angleterre, mais qui n'existe pas chez
nous. C'est d'appliquer les sommes au but le plus près, tel que le
donateur le ferait.
Je ne m'oppose pas à ce que cela soit donné aux
hôpitaux de langue française de la ville de Montréal, en
autant que cela puisse être appliqué.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Rimouski.
M. Marcoux: Je vais être très bref, parce que je
suis essentiellement d'accord avec ce que le député de
Nicolet-Yamaska a dit. Quand on regarde l'intention du légataire, je
pense que c'était clair. Dans ce temps-là j'ai vécu
dans la région de Montréal quand on parlait des
hôpitaux de Montréal, on parlait des hôpitaux catholiques.
L'objet était bien identifié. Je pense que, suite à la
modification qu'il y a eu à la loi de 1971, il serait normal que vous
demandiez un amendement faisant en sorte que la loi vous permette de les verser
aux mêmes institutions qui étaient catholiques et ne le sont plus.
Surtout par rapport à la quantité des sommes impliquées,
il y aurait lieu de les remettre possiblement à une
société sans but lucratif, étendre cela aux
universités, possiblement aux hôpitaux qui les reçoivent
déjà. Je pense que c'est étendre l'objet inutilement. Il
suffit de dire que les hôpitaux visés, l'objet qui était
visé, même s'ils ne sont plus catholiques je ne sais pas la
formulation juridique pour le donner, mais je suis entièrement d'accord
avec le député de Nicolet-Yamaska.
M. Lefrançois: Comme je l'ai mentionné, le but
principal de ma requête, c'est que les sommes soient utilisées et
ne restent pas en l'air, qu'elles soient utilisées à une fin
utile ou à une autre fin utile, cela n'est pas le but principal.
M. Marcoux: II y a un autre aspect qui n'a pas été
touché jusqu'à maintenant. Vous avez dit: La loi 71, la Loi de la
santé et des services sociaux, fait des contraintes nouvelles aux
hôpitaux qui reçoivent des dons ou des choses comme cela. Je pense
que c'est à l'hôpital, à ce moment, à trouver la
solution sous forme de fondation, de service, de société sans but
lucratif, parce que les hôpitaux ont des pouvoirs de ce
côté. Mais je pense que le but principal ne doit pas être
écarté.
M. Fontaine: Cela me surprendrait d'ailleurs que le ministre des
Affaires sociales refuse un don.
M. Lalonde: M. le Président!
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Marcoux: Ce serait masochiste un peu.
M. Lalonde: Surtout dans ces temps difficiles où les
services essentiels...
M. Marcoux: Oui, vous nous avez bien
préparés...
M. Lalonde: ... ne sont pas toujours assurés dans nos
hôpitaux.
M. Bédard: II ne faudrait peut-être pas commencer la
discussion.
M. Lalonde: M. le Président, je viens à peine de
prendre la parole.
Le Président (M. Dussault): Sur la question de fond, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Ayant établi...
M. Marcoux: Revenons à l'amendement, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, nos invités nous ont dit
qu'ils étaient d'accord avec la proposition. On pourrait leur demander
de nous proposer un amendement illustrant...
M. Lalonde: Je verrai un peu plus loin, parce que... Si vous
permettez que je... Ayant établi qu'il n'y a pas de conflit
d'intérêts entre l'avocat, Me Lefrançois, et ceux qui vous
parlent, j'ai quand même été très sensible aux
questions soulevées par le ministre. C'est justement la première
question qu'on doit se poser, ici, quand on a un projet de loi privé:
Est-ce qu'il s'agit d'un cas qui peut être réglé d'autres
façons, par les lois générales, les lois
particulières, devant les tribunaux?
Deuxièmement, est-ce qu'on est en train de changer une situation
juridique de droits acquis? C'est dans ce sens-là qu'il posait ses
questions.
Je serais tenté de demander les lumières juridiques de Me
Jacoby qui est à nos côtés et qui a sûrement
examiné le dossier, à savoir: Est-ce que l'inquiétude
exprimée par les questions du ministre trouve réponse dans ce que
prétend Me Lefrançois lorsqu'il dit qu'il n'y a pas de droits
acquis pour deux raisons? D'abord, à chaque année, c'est à
la discrétion du conseil d'administration de Rougier Inc., à
savoir quel hôpital va l'avoir et, deuxièmement, personne ne peut
réclamer le paiement, d'année en année, d'autant plus que
la catégorie d'hôpitaux catholiques de langue française
n'existe pas.
Autrement dit, est-ce que cette inquiétude est réellement
fondée, compte tenu des spécificités?
M. Bédard: II est certain que la volonté du
testateur était de restreindre ces legs aux hôpitaux catholiques
de langue française de la ville de Montréal. On peut parler de
droits acquis non pas envers un hôpital en particulier, mais envers
l'ensemble des hôpitaux qui se trouvent sur le territoire de la ville de
Montréal.
Dans la mesure où on vient toucher la volonté du
testateur, le principe, même si on était en Angleterre, je pense
que la théorie que vous avez mentionnée tout à l'heure,
indiquant que le tribunal collerait le plus possible à l'intention du
testateur... si on pouvait régler cela devant un tribunal, je pense
qu'on devrait adopter la même attitude pour respecter l'intention du
testateur qui était, à tout le moins, de restreindre ses legs aux
hôpitaux de langue française qui sont situés dans la ville
de Montréal. Il me semble que c'est avec cette formule qu'on respecte
davantage ce type de droits acquis.
M. Lalonde: Je vous remercie. Dans ce contexte, la suggestion du
député de Nicolet-Yamaska, qui semble avoir été
appuyée par un député ministériel, à savoir
de changer le moins possible, de conserver aux hôpitaux seulement le
bénéfice de ces dons, aux hôpitaux de la ville de
Montréal, et, pour être encore plus près de la
volonté du testateur, aux hôpitaux de langue française.
J'aimerais ouvrir une parenthèse pour parler du cas qui a
été soulevé par le député de Saint-Louis,
soit un projet de loi privé de 1974, je crois. On reconnaîtra
qu'à cause des changements démographiques et de toutes autres
sortes ici, dans la ville de Québec, l'objet même était
impossible à réaliser, c'est-à-dire de faire profiter des
enfants anglophones protestants de la ville de Québec. Mais il n'en
restait plus. Il a été démontré qu'il n'en restait
presque plus, ce qui n'est pas le cas pour les hôpitaux de langue
française de la ville de Montréal.
Pourquoi ne pas coller le plus possible à la volonté du
testateur, en restreignant aux hôpitaux ils en ont besoin
étant donné que le testateur n'a pas parlé de recherche,
peut-être que vous avez raison, à savoir, si on veut faire de la
recherche, ce serait peut-être mieux dans des facultés de
médecine, c'est peut-être là que la recherche, quoique je
ne connais pas personnellement toute la situation... il m'apparaît qu'on
devrait plutôt aller vers la suggestion du député de
Nicolet-Yamaska, à savoir, restreindre cela aux hôpitaux de langue
française de la ville de Montréal.
M. Bédard: Si vous me permettez. Lorsque l'on se rend
compte qu'entre autres, l'hôpital Sainte-Justine a employé une
bonne partie du montant qui lui a été donné pour assurer
le transport des handicapés, je suis convaincu que le testateur serait
très heureux de cette utilisation et que cela l'associe vraiment au
domaine de la santé.
M. Lefrançois: II ne l'a pas restreint à la
recherche.
M. Bédard: Je le sais.
M. Lefrançois: Je pense qu'on ne devrait pas créer
une restriction additionnelle dans ce sens-là.
M. Bédard: Est-ce que l'amendement vous irait?
M. Lefrançois: Je n'ai aucune objection à ce que le
projet soit modifié en conséquence des remarques de la
majorité.
M. Bédard: Je vais proposer au député de
Nicolet-Yamaska, qui a proposé...
M. Fontaine: Si le président veut appeler l'article 1,
j'aurai un amendement à proposer qui, je pense, pourrait aller dans ce
sens-là.
Le Président (M. Dussault): Si je me rappelle bien,
l'article 1 était appelé.
M. Fontaine: II était appelé. Alors je propose, M.
le Président, qu'à l'article 1, on enlève, à la
septième ligne, les mots "à une faculté de médecine
d'une université de langue française au Québec ou à
une corporation à but non lucratif de langue française oeuvrant
dans le domaine de la santé au Québec, conformément aux
mêmes modalités" pour les remplacer par les mots "aux
hôpitaux de langue française de la ville de Montréal".
M. Lefrançois: Si je peux me permettre, il faudrait
peut-être garder les mots "conformément aux mêmes
modalités" quand même, qui sont la répartition par le
conseil d'administration.
M. Fontaine: Oui, d'accord.
M. Blank: Est-ce que je peux annoncer ici qu'il y a trois
hôpitaux de langue française dans mon comté?
Saint-Luc...
M. Lalonde: J'en ai un.
M. Blank: ... Jeanne-D'Arc et Hôtel-Dieu.
Le Président (M. Dussault): Y a-t-il d'autres
annonces?
Pour bien clarifier ce sur quoi portera dorénavant le
débat, je vais reprendre l'amendement de M. le député de
Nicolet-Yamaska. Il nous dit:
Pourriez-vous me dire à partir de quel mot, s'il vous
plaît?
M. Fontaine: "à une faculté".
Le Président (M. Dussault): II s'agit de soustraire
à l'article 1, à partir de la septième ligne, les mots
"à une faculté de médecine d'une université de
langue française au Québec ou à une corporation à
but non lucratif de langue française oeuvrant dans le domaine de la
santé au Québec" et remplacer ces mots par les mots "aux
hôpitaux de langue française de la ville de Montréal".
M. Fontaine: C'est cela.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Quelle est la loi de 1971? Est-ce qu'on peut
conserver le mot "hôpital" dans la loi sans créer un autre vide
juridique? "hôpitaux, centres hospitaliers", premièrement...
M. Bédard: Je ne crois pas que cela crée un
problème, c'est trop bien identifié.
M. Lalonde: Deuxième question. C'est à Me
Lefrançois que je la pose. Est-ce que la disposition concernant les
indications du conseil d'administration de la compagnie Rougier Inc.
demeure?
M. Lefrançois: Oui, elle demeure. C'est pour cela que
j'avais mentionné "conformément aux mêmes
modalités". Il faudrait peut-être le répéter et cela
pour éviter toute ambiguïté à ce niveau-là,
parce que dans le projet que j'avais envoyé avant qu'il ne soit
modifié, j'avais dit "et en particulier en suivant les indications du
conseil d'administration de la compagnie Rougier Inc." Ce serait
peut-être utile de le préciser à nouveau à ce
stade-là.
M. Fontaine: Cela était inscrit dans le testament?
M. Lefrançois: Dans le testament et les donations.
M. Fontaine: On n'a pas besoin de le répéter?
M. Lefrançois: Je ne vois pas tellement
d'ambiguïté, surtout si l'attendu de la loi demeure, je pense que
l'intention est assez claire à ce moment-là.
M. Lalonde: Oui.
M. Fontaine: D'accord.
M. Lefrançois: Si je peux me permettre, M. le
Président, dans cette même optique, est-ce qu'on ne pourrait pas
couvrir, puisqu'on reste avec le même groupe de
bénéficiaires que celui de 1971 et qu'il n'y a pas de
préjudice, est-ce qu'on ne pourrait pas éviter un problème
en disant que les revenus ont été versés ou seront
versés par le fiduciaire depuis 1971 pour couvrir ce problème des
revenus distribués depuis 1971?
M. Lalonde: Vous nous avez dit tantôt que vous ne vouliez
justement pas vous servir de la commission pour couvrir le passé.
M. Lefrançois: Ce n'était pas mon intention, mais
maintenant qu'on reste avec exactement le même groupe de
bénéficiaires, sauf qu'on l'adapte, c'est ce que la commission
fait.
M. Lalonde: Ah bon.
M. Lefrançois: Je me demande si cela pourrait être
fait.
M. Bédard: Je pense qu'il n'y a pas eu de problème
jusqu'à maintenant. Je pense que vous comprendrez facilement que c'est
difficile au niveau d'un bill privé d'y aller en plus avec un effet
rétroactif.
M. Lalonde: Même dans un bill public, on l'évite
quand on peut.
M. Bédard: Oui. Cela n'a pas créé de
problème jusqu'à maintenant.
M. Lefrançois: Personne n'a soulevé de
problème, mais je me demandais si cela ne pouvait pas se
régler.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'amendement
à l'article 1 est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, pour être
conséquent, dans le préambule, au troisième
paragraphe...
Le Président (M. Dussault): Normalement, nous devrions
étudier le préambule à la fin. (16 h 15}
M. Bédard: C'est drôle, parce que, quand on a
étudié le projet de loi 22, on avait argumenté trois jours
de temps pour dire qu'il fallait commencer par le préambule.
M. Lalonde: Vous étiez tout à l'envers dans ce
temps-là, vous vous en souvenez?
Une Voix: C'est-à-dire que c'était le contraire, on
voulait l'étudier après.
Une Voix: Vous n'aviez pas eu raison.
M. Bédard: Non, on n'avait jamais raison dans ce
temps.
Le Président (M. Dussault): De toute façon, cela a
peut-être servi à clarifier la question, M. le ministre. Est-ce
que cet amendement est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 1 tel
qu'amendé est adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté tel
qu'amendé. J'appelle l'article 2.
M. Bédard: Pour ce qui est de l'article 2, nous n'avons
pas de remarque à faire. Nous sommes
prêts à l'adopter, puisqu'il est ressorti des propos de Me
Lefrançois que l'institution en question recevrait plus. Je ne vois pas
comment une institution n'ayant même pas été
consultée peut refuser d'avoir plus. Le problème de consultation
ne se pose pas.
Le Président (M. Dussault): L'article 2 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 3.
M. Lefrançois: M. le Président, si je peux me
permettre, au niveau des attendus, une simple correction au deuxième
paragraphe...
M. Lalonde: On n'est pas rendu là encore.
M. Lefrançois: D'accord.
M. Lalonde: On fait le préambule après.
M. Lefrançois: C'est simplement parce qu'il me semblait
qu'on parlait de légataire fiduciaire et il faudrait que ce soit
précisé.
Le Président (M. Dussault): Nous allons y revenir quand
même à la fin, si vous permettez, Me Lefrançois. Sur
l'article 3, il n'y a pas d'autres interventions. L'article 3 est-il
adopté? Adopté. J'appelle l'article 4.
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Nous revenons
au préambule.
M. Bédard: Au préambule, à la suite des
amendements qui sont intervenus dans l'étude du projet de loi, je pense
qu'il y aurait avantage, en termes de concordance, au troisième
paragraphe, à retrancher les mots "et que la recherche médicale
au Québec à l'extérieur de la ville de Montréal
s'est considérablement accrue".
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Dussault): II s'agirait d'enlever, au
troisième paragraphe du préambule, à la cinquième
ligne, les mots "et que la recherche médicale au Québec à
l'extérieur de la ville de Montréal s'est considérablement
accrue". Est-ce que ce retrait est accepté par la commission?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Il y aurait
donc un point après les mots "les services sociaux", c'est-à-dire
un point virgule pour respecter la ponctuation.
M. Lalonde: C'est cela.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que ce préambule
tel que modifié est adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que le projet de loi no
228...
M. Bédard: Une seconde...
M. Paquette: Avant le préambule, je pense que Me
Lefrançois avait une remarque.
M. Lefrançois: Je ne sais pas si vous en êtes au
deuxième paragraphe du préambule actuellement ou au
troisième...
M. Bédard: D'accord. Allez-y!
M. Lefrançois: Au deuxième, on avait parlé
de "détenu par ces légataires fiduciaires". Je pense qu'il
faudrait, soit parler de ces fiduciaires, même si c'est la même
compagnie aujourd'hui et qu'autrefois, c'était le Trust
Général et la Société d'administration en fiducie,
mais enlever de tout événement le mot "légataires" parce
qu'on a des donations aussi. Il y a un testament et il y a plusieurs donations.
Le mot "légataires" devrait être enlevé, et on devrait
peut-être même écrire "détenu par ces fiduciaires"
parce que c'est un fiduciaire, mais il administre en différentes
qualités.
Le Président (M. Dussault): II s'agirait donc de retirer
à la deuxième ligne du deuxième paragraphe le mot
"légataires". Est-ce que c'est aussi accepté par la
commission?
M. Lalonde: Adopté. M. Bédard:
Adopté.
Le Président (M. Dussault): Le préambule est
adopté. Est-ce que le projet de loi no 228, Loi concernant la succession
de Pierre-Victor Rougier est adopté tel qu'amendé?
M. Lalonde: Adopté. M. Bédard:
Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté tel
qu'amendé.
M. Bédard: On vous remercie, Me Lefrançois.
Le Président (M. Dussault): Merci, Me
Lefrançois.
Projet de loi no 234
J'invite les requérants relativement au projet de loi 234, Loi
concernant la succession de Julien Levasseur, à se présenter
devant nous. Me Jacques Laurent, je vous demande à nouveau de nous
expliquer brièvement le sens de votre requête.
M. Laurent: Merci, M. le Président. Je vais être le
plus bref possible. La requête qui est devant vous a trait à un
testament rédigé en 1970 par un homme d'affaires de
Montréal, M. Julien Levas-seur, qui est décédé en
1972.
Au testament, apparaissent les noms de trois exécuteurs
testamentaires, le Trust général du Canada, son fils, Jean-Paul
Levasseur et son frère, André Levasseur, le frère du
défunt. Par la suite, André Levasseur, le frère du
défunt, a été remplacé par une des filles du
défunt, héritière, Mlle Claudette Levasseur.
Ce testament ne touche que trois personnes: le fils et les deux filles
du de cujus. La disposition qui nous intéresse particulièrement
est la suivante: Au testament, à la page 4, le testateur dit: qu'en ce
qui concerne mes deux filles, Claudette et Lorraine, leur part de capital des
biens de ma succession ne leur sera remise que lorsqu'elles auront atteint
l'âge de 55 ans. Elles ont actuellement 39 ans, pour une, Claudette et 37
ans, pour l'autre, Lorraine. Jusqu'à cette date, mes exécuteurs
testamentaires leur serviront une rente mensuelle rétroactive à
mon décès de $500 chacune, à même les revenus de
leur part de succession leur appartenant.
Quant au fils, Jean-Paul, les dispositions qui s'appliquent à lui
sont plus précises. Il a droit de toucher à ses parts de capital,
la moitié à l'âge de 25 ans, et l'autre moitié
à l'âge de 40 ans. Comme il a 31 ans, il a déjà
touché la moitié de sa part.
Les actifs de cette succession, dont le principal exécuteur
testamentaire est le Trust général du Canada, s'élevaient,
au 31 mai 1978, à $683 000 et ne comprenaient que les parts des deux
filles. Donc, à la base, il est évident que les parts de capital
de la succession revenant aux deux filles requérantes sont suffisantes
pour demander une augmentation de leur rente. Pourquoi le font-elles? C'est en
raison forcément de l'augmentation du coût de la vie. Le
père, probablement, au moment de son testament en 1970, ne se sachant
pas aussi fortuné, a donc inscrit des rentes mensuelles de $500. Quand
la succession s'est ouverte, on s'est aperçu qu'il y avait assez de
capital pour payer des rentes beaucoup plus substantielles, puisque,
calculées à 10% par année, sur des parts de quelque $300
000, chacune des filles pourrait retirer un revenu de $30 000 à $35 000,
grosso modo. Elles n'en retirent, dans le moment, que $6000 par année.
Le fils est à l'écart. Il a déjà
hérité de la moitié et, pour me soumettre aux directives
ou plutôt aux suggestions du greffier en loi de l'Assemblée
nationale dans ce cas-ci, j'ai obtenu, en date d'hier, pour qu'il n'y ait pas
changement d'idée, deux affidavits sous serment du colégataire,
Jean-Paul Levasseur, et de l'exécuteur testamentaire, le Trust
général du Canada. Donc, vous avez deux consentements
écrits de deux des trois exécuteurs et du colégataire,
Jean-Paul. Les deux filles n'ont pas consenti par écrit, puisque,
forcément, elles sont avantagées par la disposition que l'on
recherche.
C'est à peu près tout ce que j'ai à vous dire, en
tout cas, pour être précis et concis.
M. Lalonde: Est-ce que c'est la première fois que de
telles demandes sont faites à l'Assemblée nationale?
M. Laurent: C'est la première... Dans le cas de cette
succession?
M. Lalonde: Oui.
M. Laurent: Ah oui! A ma connaissance...
M. Bédard: Non... Ah oui! Il y en a eu d'autres...
M. Fontaine: II y en a eu d'autres, mais pas pour cette
succession.
M. Lalonde: On en a eu une...
M. Bédard: Tancrède Bienvenue, pour cette
succession.
M. Fontaine: Non, celle-là, c'est Julien Levasseur.
M. Lalonde: Julien Levasseur et Tancrède Bienvenue, c'est
une autre affaire qu'on avait...
M. Blank: Tancrède Bienvenue, c'est une autre affaire.
C'est un ancien président de la Banque provinciale...
M. Lalonde: Oui, l'an dernier, on a eu un...
Le Président (M. Dussault): Alors, avant l'appel de
l'article 1, y a-t-il des remarques préliminaires sur ce projet de loi
no 234?
M. Lalonde: Oui, moi, j'en ai. M. Bédard: Moi
aussi.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je ne sais pas si on pourrait... ce serait
peut-être rendre nos pouvoirs exorbitants, parce que notre devoir c'est
de s'approcher le plus possible de l'intention du testateur. Mais quand je vois
une discrimination évidente entre le garçon et les deux
filles.
M. Laurent: II n'y a pas de discrimination.
M. Bédard: II a mentionné, tout à l'heure,
que le garçon avait eu lui...
M. Lalonde: Oui, il y a une discrimination, le garçon
avait le droit d'avoir la moitié de sa part à 25 ans et l'autre
moitié à 40 ans, et les filles à 55 ans seulement.
M. Bédard: Oui, c'est vraiment de la...
M. Lalonde: Je ne sais pas si ça ne devrait pas être
vraiment notre devoir de corriger ce genre de bisbille.
M. Fontaine: On va soumettre ça à Mme Payette!
M. Lalonde: Je trouve absolument... Tout en respectant la
mémoire de M. Julien Levasseur c'était son intention, il
n'y a pas de doute je me demande même si ce ne serait pas une
question d'ordre public que de changer ça. Je vais voir ce que les
autres en pensent autour de la table.
M. Laurent: Je suis sûr que les requérantes
n'auraient pas d'objection à diminuer le délai pour toucher
à leur part-capital; mais je n'ai pas leur consentement écrit
là-dessus.
M. Blank: La suggestion que j'aurais à faire dans cette
affaire, c'est de respecter la volonté du testateur et de garder la
succession ouverte jusqu'à 55 ans, mais jusqu'à cette date elles
pourraient avoir tout le revenu.
M. Lalonde: II n'y a personne qui puisse être
lésé du fait qu'elles toucheraient leur revenu; c'est à
elles.
M. Laurent: Le seul qui pourrait être lésé,
ce serait Jean-Paul, le fils colégataire, puisqu'il lui reste à
toucher un sixième.
M. Lalonde: Dans les $600 000 il a encore un
intérêt?
M. Laurent: Non, dans les $683 000, ça ne comporte pas...
c'est seulement la part des deux filles.
M. Lalonde: A ce moment-là, il n'y a personne qui a de
l'intérêt dans la part des deux filles, à part elles.
M. Laurent: Là, je vous dis $683 000, parce qu'on a fait
une répartition. Il y a $683 000 qui reviennent aux deux filles.
M. Blank: Qu'est-ce qui arrive si une des deux filles
décède?
M. Laurent: Pardon.
M. Lalonde: Si une des deux filles décède,
qu'est-ce qui arrive? Cela s'accroît?
M. Laurent: Non, sa représentation...
M. Lalonde: Alors il n'y a personne qui est lésé si
elles touchent tout le revenu?
M. Laurent: Non, d'ailleurs, Jean-Paul, par souci, a signé
un consentement; il consent à ça.
M. Lalonde: II a consenti seulement à ce que vous
proposez?
M. Laurent: A ce projet de loi.
M. Lalonde: Ce que vous proposez c'est $1500 par mois
chacune.
M. Laurent: C'est encore, grosso modo, seulement 60% de leur
part-capital.
M. Fontaine: Pourquoi demandez-vous que ce soit
rétroactif?
M. Laurent: Parce que ce projet a été amorcé
en 1977.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre.
M. Bédard: A l'heure actuelle, elles reçoivent
$6000 par année.
M. Laurent: C'est ça.
M. Bédard: Avec votre projet de loi, ces $6000
deviendraient $18 000. Je ne veux pas dire par là que ce soit un montant
très élevé, $18 000, mais au niveau du principe il nous
faut essayer de rester conforme le plus possible à la volonté du
testateur. Quelles étaient ses raisons pour agir de la sorte? Je ne le
sais pas, mais elles sont quand même exprimées assez clairement
dans son testament pour que, à l'heure actuelle, on ne puisse en
déroger, à moins que le législateur y aille de son
consentement par projet de loi privé.
Chose certaine, c'est que, qu'on soit d'accord ou pas avec la
volonté du législateur, avec peut-être la forme de
discrimination dont il a pu faire preuve dans la répartition de ses
biens, c'est une chose. Maintenant, nous avons à respecter quand
même et à être le plus proche possible de cette
volonté du testateur.
Il y aurait peut-être la possibilité d'insérer le
principe de l'indexation depuis 1970.
M. Laurent: Depuis 1972, lors de son décès.
M. Bédard: Ce qui aurait pour effet de passer de $6000
à $10 000 ou $12 000, mais pas à partir d'un montant qu'on soumet
de notre propre chef, mais à partir d'une réalité qui
existe et qui est celle de l'augmentation continuelle du coût de la vie.
(16 h 30)
M. Laurent: Voici, M. le ministre, j'ai cherché comme vous
à découvrir les intentions du testateur. Les intentions du
testateur étaient que les deux filles ne touchent pas à leur
part-capital avant l'âge de 55 ans; ceci est totalement respecté.
Sa deuxième intention, me semble-t-il, était que dans
l'intervalle elles bénéficient des revenus de leur part-capital.
Dans le moment, leur part-capital croît l'année
passée de $16 000 pour chacune d'elles par année. Or, par
cette requête, nous demandons au législateur de consacrer le fait
qu'elles puissent toucher les revenus de leur part sans affecter le capital. Je
peux vous dire qu'avec toutes sortes de calculs, même à $18 000,
elles ne touchent même pas tous les revenus de leur capital.
M. Bédard: On n'a quand même pas affaire à un
testament qui a été fait il y a 30 ans. On a affaire à un
testament qui a été fait en 1970, il y a seulement neuf
ans...
M. Laurent: II y a dix ans, neuf ans.
M. Bédard: Le testateur avait ses raisons propres de
déterminer ce qu'il a déterminé de façon
très précise dans son testament, de façon tellement
précise qu'on ne peut pas en sortir. C'est pour ça que nous, au
niveau de la commission, on n'a pas à être d'accord avec des
motifs que nous pouvons déceler... Avec les motifs du testateur... Nous
avons à respecter légalement, pas moralement, mais
légalement, ses intentions exprimées dans son testament. C'est
pour ça que la formule...
M. Laurent: Sa première intention, M. le ministre,
était de geler le capital pour X années jusqu'à
l'âge de 55 ans. Ceci est totalement respecté.
M. Bédard: ... d'indexation... Oui, oui.
M. Laurent: Voici, il s'agit de deux dames. Une est mariée
Lorraine et elle en a moins besoin. Pour être
honnête, elle a manifesté qu'elle en avait moins besoin, elle est
mariée et son mari a des revenus. L'autre, Claudette, la plus
âgée, est seule, sans emploi, elle a été très
sérieusement malade, elle a subi deux opérations je n'ai
pas de certificat médical, mais elle a subi deux opérations
très importantes; elle est actuellement sans emploi, elle n'a
aucun revenu actuellement. Non seulement n'a-t-elle aucun revenu, mais elle
emprunte du Trust Général du Canada sur son capital. Donc, elle
paie au trust des intérêts sur son propre argent.
M. Johnson: Me Laurent, j'aimerais vous demander quel âge
avait le signataire du testament au moment de sa mort, à peu
près.
M. Laurent: Je n'ai aucune idée.
M. Johnson: Enfin, vos clientes, les personnes que vous
représentez, ont quel âge en ce moment à peu
près?
M. Laurent: La plus vieille a 39 ans.
M. Johnson: C'est ça, il s'agit d'une succession ouverte
en 1970...
M. Laurent: 1972.
M. Johnson:... en 1972, le testament a été fait en
1970. S'agissait-il d'une personne, qui, par sa formation ou son occupation,
connaissait, d'après vous, les vertus d'un capital, c'est-à-dire
qu'un capital pouvait produire 10% dans les années 1970 ou...
M. Laurent: En 1970, ça ne produisait pas... M.
Johnson: ... ça produisait 6% ou...
M. Laurent: ... alors qu'aujourd'hui ça en produit plus.
Donc, ça ne fait qu'augmenter la part-capital qu'elles toucheront
à l'âge de 55 ans. Dans l'intervalle, il a gelé à
$500 par mois leurs revenus de cette succession-là.
M. Johnson: Et ces $500 par mois correspondaient à quel
pourcentage à peu près du capital à l'époque?
Seulement pour savoir, en gros, si ça correspondait au...
M. Laurent: Quand il est décédé, j'estime
qu'il ne devait pas connaître l'étendue de sa fortune, puisqu'il
a...
M. Johnson: II ne devait pas en connaître la valeur,
carrément...
M. Laurent: ... inclus une clause dans son testament qui peut
vous éclairer là-dessus: "A chacune d'elles un montant de $500
à même les revenus de telle part de succession leur appartenant,
avec réduction proportionnelle au cas d'insuffisance de tels
revenus.
M. Johnson: Ah...
M. Lalonde: II pensait qu'il n'avait pas les moyens. C'est
drôle, on a discuté un peu de la suggestion du ministre. Je trouve
que si on injecte une indexation dans le testament, on est aussi loin de
l'intention du testateur que si on lui donne tous les revenus.
Et au lieu de simplement tenter de sauver un pseudo enfin, il
n'est pas pseudo, c'est un principe important principe d'être bien
fidèle à l'intention du testateur, j'aimerais mieux y aller
carrément et si on peut déceler qu'au fond, s'il a dit $500 c'est
parce qu'il n'était pas sûr même que ses biens seraient
suffisants pour produire ces revenus, je verrais strictement une question
d'équité, au nom de l'équité, de leur donner tous
les revenus.
C'est peut-être délicat la question, mais on a eu des cas
comme ça ici. Est-ce qu'au moment de son décès ou de son
testament, dans cette période, de 1970 à 1972, ses filles ou
l'une de ses filles avait un problème quelconque qui aurait pu inspirer
au père une prudence quant à lui permettre de toucher l'argent:
prodigalité ou autre chose semblable?
M. Laurent: Je ne saurais vous répondre. M. Lalonde:
Pas à votre connaissance. M. Laurent: Pas à ma
connaissance.
M. Lalonde: Si on essaie de prendre les $500 et qu'avec une
espèce de formule à la fixation on
justifie $12 000, on intervient autant dans l'intention du testateur que
si au nom de l'équité, en s'assurant très bien qu'il n'y a
personne qui perd de droit, d'autres tiers qui pourraient être
lésés, une fois ça assuré, je disais que la
règle la plus élémentaire, c'est qu'elles aient le
revenu.
M. Laurent: Je suis sûr que les requérantes
partageraient avec plaisir votre point de vue.
M. Lalonde: Je sais, j'en suis convaincu, surtout qu'il y a eu
assez des discriminations dans ce testament, alors que les filles ne sont pas
capables d'avoir leur argent avant 55 ans et que le garçon l'a à
40 ans, la moitié à 25 ans et l'autre à 40 ans.
Il faut dire que je suis un peu inspiré par ça pour tenter
de trouver une solution qui va essayer de faire disparaître la
discrimination, au moins en partie.
C'est presque d'ordre public.
Le Président (M. Dussault): Puisque nous sommes sur le
fond, j'appelle l'article 1.
M. Bédard: II faut se faire une idée. M. le
Président, vous êtes à même de constater qu'une fois
que les membres de la commission se sont fait une idée, ça va
vite pour l'adoption; alors je pense qu'il y a avantage à être le
moins formaliste possible.
Je comprends, c'est une demande que je fais au président,
étant très respectueux...
Le Président (M. Dussault): C'est parce qu'habituellement,
on ne discute pas du fond, si on n'a pas appelé l'article 1. Ce sont les
règles élémentaires que le président doit
connaître.
M. Bédard: Si vous en faites une question de principe,
d'accord, M. le Président. On peut appeler l'article 1.
Le Président (M. Dussault): II est appelé, M. le
ministre.
M. Johnson: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le ministre du Travail.
M. Johnson: Me Laurent, pourriez-vous citer de nouveau le bout de
phrase que vous avez lu tout à l'heure? En d'autres termes, vous avez
cité un bout de phrase, tout à l'heure, du testament qui, si je
l'ai bien compris, laissait entendre que ce que craignait le testateur,
c'était que le capital ne soit pas suffisant pour produire $500
d'intérêts par mois pour chacune des filles? Est-ce que c'est bien
ça, est-ce que vous pourriez relire le bout?
M. Laurent: Sûrement. "A chacune d'elles, au moment... en
ce qui concerne mes filles, mes exécuteurs leur serviront une rente
mensuelle de $500 à même les revenus de telle part de succes- sion
leur appartenant, avec réduction proportionnelle au cas d'insuffisance
de tels revenus de leur part et, dans le cas contraire, tout surplus devrait
être ajouté à leur part de capital".
Mais la première restriction, la première crainte,
c'était qu'il n'y aurait pas assez de revenu pour leur servir une rente
de $500. Il ne connaissait pas sa fortune, je présume. Je crois
qu'à $18 000, on est encore dans les limites d'un grand conservatisme,
parce qu'au moment où je vous parle, après avoir payé
toutes les dépenses, après avoir fait payer les
mensualités...
M. Bédard: Est-ce que vous pourriez...
M. Laurent: C'est un homme d'affaires, il avait des
entreprises.
M. Fontaine: Son niveau de scolarité, vous ne savez
pas?
M. Laurent: Je ne saurais vous dire. Il était agent
d'affaires, lors de son testament.
M. Bédard: Est-ce que des légataires travaillent
présentement? Pouvez-vous nous le dire?
M. Laurent: II y en a une qui ne travaille pas. Il y en a une qui
était professeur, qui a enseigné pendant dix ans, qui s'est
retirée de l'enseignement c'est la requérante principale
et qui a subi, au cours de cette année, deux interventions
chirurgicales d'importance, de très grande importance, elle était
en danger, elle ne travaillera pas pour un bout de temps.
M. Bédard: Et l'autre?
M. Laurent: L'autre est dans une situation financière
moins désavantagée; elle a un mari qui a des revenus. Ce qu'on a
voulu faire dans cette loi, c'est respecter la volonté du père,
à savoir que des deux filles soient toujours sur le même pied. Le
gars d'un côté, et les deux filles sur le même pied
d'égalité.
Le Président (M. Dussault): Limitez...
M. Laurent: On ne peut pas demander une pension de $1800 à
une et de $2000 à l'autre, je pense que ce serait... Si on veut toujours
respecter le plus possible...
M. Bédard: Je vais essayer aussi... Des demandes
semblables à la vôtre ont déjà été
portées, par voie de projet de loi privé à l'attention de
l'Assemblée nationale, à l'attention de la commission, et des
décisions ont été prises. Par exemple, plusieurs projets
de loi concernant la succession de Tancrède Bienvenue ont
été adoptés au cours des quinze dernières
années. Tous ces projets avaient pour but d'augmenter une rente. De 1970
à 1978, elle a été portée par l'Assemblée
nationale de $10 000 à $15 000, soit une augmentation de 50%, puis
indexée par le projet de loi 265, en 1978.
A l'heure actuelle, ce que vous nous demandez, c'est une hausse
de $500 à $1500 de 300%, dans le cas présent. Vous nous
demandez cette hausse pour un testament qui n'a quand même pas
été rédigé il y a 20 ans ou 30 ans; il a
été rédigé il y a moins de dix ans. Lorsque je
mentionnais tantôt l'idée de l'indexation, c'est parce que ce
principe je me rappelle certaines discussions concernant la succession
Tancrède Bienvenue est celui qui a été
envisagé, surtout, lorsqu'il s'agissait de voir s'il y avait lieu
d'augmenter certaines rentes, et c'est dans ce sens que je faisais la
proposition d'une augmentation, en tenant compte de la date du testament, de
$500 à $1000, parce que c'est à peu près dans les limites
de ce que donnerait l'indexation si elle avait été donnée
au moment du testament et que, d'autre part, dans le cas de Tancrède
Bienvenue, le principe de l'indexation avait été retenu par un
comité tel que le nôtre.
M. Laurent: J'ai pris connaissance de la dernière loi
concernant la succession de Tancrède Bienvenue. D'une part, je voudrais
éviter d'avoir à revenir devant vous, puisque selon vos propres
dires, M. le ministre, il y a eu plusieurs projets de loi privés
concernant la succession. On ne veut pas revenir. On veut se placer au-dessous
de la limite, au-dessous du revenu des parts de capital, qui est de $30
000.
M. Bédard: Cette proposition que je vous fais, dans mon
esprit, aurait... Je vous la fais parce qu'il y a des décisions qui ont
déjà été rendues dans le même sens par la
commission précédente sur d'autres projets de loi et cette
proposition aurait pour effet de ne pas toucher à l'article 2, de
l'adopter. Vous demandez l'indexation dans l'article 2. Je n'y aurais pas
d'objection, parce que d'autres commissions comme nous ont décidé
dans ce sens par rapport à des demandes similaires à la
vôtre. J'essaie de demeurer dans la ligne de certaines décisions
qui ont été rendues tout en demeurant le plus collé
possible à la décision du testateur. (16 h 45)
M. Laurent: Si vous me permettez, M. le ministre, pour conclure,
parce que je comprends votre point de vue. D'ailleurs, cet article 2, nous
l'avons ajouté à la suggestion des greffiers en loi de
l'Assemblée nationale. Le montant de $1500 que nous avons
inséré, c'est un peu discrétionnaire, forcément,
comme le testateur avait dit $500. Mais nous y sommes arrivés
après avoir consulté le Trust général du Canada qui
est l'administrateur de la succession, qui nous a démontré
et c'est à sa suggestion que c'était encore en
deçà des revenus de chacune des parts de capital. Cela permettra
encore aux parts de capital de s'accroître d'année en année
jusqu'à l'âge de 55 ans des deux enfants.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, toujours dans l'esprit du
respect de la volonté du testateur, étant donné surtout le
paragraphe que vous avez lu tantôt, à mon avis, je pense que vous
avez raison de dire que le testateur ne connaissait pas exactement sa fortune
et ce qu'il avait dans l'esprit c'était d'assurer le bien-être de
ses deux filles pour une certaine période. Etant donné le fait
que vous nous garantissez que ça n'entame pas le capital, je pense que
les montants demandés peuvent être raisonnables. Si on veut que
ces gens puissent profiter de la succession qui leur est dévolue, sans
entamer le capital, je ne vois pas pourquoi on leur refuserait ce montant.
M. Bédard: Je ne veux pas nécessairement avoir
raison. Je pense qu'on essaie tout simplement de trouver la meilleure
formulation. J'essaie de trouver la solution et d'améliorer une
situation à partir de deux barèmes on l'a dit celui
du respect de la volonté du testateur, d'autre part, la logique aussi,
avec certaines décisions qui ont déjà été
prises dans le passé pour des cas semblables par des commissions comme
la nôtre. Je n'ai pas d'hésitation à dire oui sur la
question de l'indexation. Déjà, des commissions
précédentes l'ont acceptée et, à ce moment, ce
principe d'indexation qui a été accepté, accordé
à partir du moment où le testament a été fait,
donne une augmentation de 100% de la rente mais il y a toujours cet
élément du testament qui dit, où le testateur dit que le
surplus devrait être ajouté au capital. C'est là.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai bien
réfléchi à ce cas très particulier et c'est vrai
que la liberté de tester est un principe fondamenta dans notre droit
civil. Mais il y a d'autres principes qui prennent de l'importance et qui
à mon sens sont aussi fondamentaux. Il y en a un que je trouve aussi
fondamental, c'est qu'il n'y ait pas de discrimination entre les sexes. S'il
était apparent qu'à cause d'un cas bien particulier... Je vous ai
posé la question; vous avez dit qu'à votre connaissance il n'y a
pas de particularité au niveau de la santé des
héritières. Ce qui est tellement apparent c'est qu'il y a deux
filles et toutes deux vont avoir leur capital à 55 ans et le
garçon en a eu 50% à 25 ans. Quel est le montant total de la part
du garçon?
M. Laurent: A l'époque, quand ils ont fait le partage, il
y avait $900 000 dans la succession.
M. Lalonde: Disons autour de $300 000...
M. Laurent: II lui en reste un sixième à
recevoir.
M. Lalonde: Je pense que ces principes se corrigent, et on est
ici pour le faire. Lorsque pour la première fois une commission
parlementaire a
injecté dans un projet de loi privé le principe de
l'indexation, ils ont dû se trouver extrêmement nouveaux,
extrêmement modernes, et innovateurs. Tout ce qu'on fait, c'est de suivre
ça. Mais il me semble qu'on devrait innover encore plus dans ce cas
parce qu'on n'enlève rien à personne. Il n'y a pas un tiers qui
est lésé. Si elles avaient eu, comme le garçon, la
moitié de leur part à 25 ans... il y en a une de 39 ans, vous
dites?
M. Laurent: Oui.
M. Lalonde: Et l'autre?
M. Laurent: 37 ans.
M. Lalonde: Elles auraient donc touché
immédiatement la moitié au moment du décès, parce
qu'elles avaient toutes les deux au-dessus de 25 ans et elles toucheraient
l'autre moitié, donc à peu près $150 000, qui à 10%
à peu près, produit $15 000, ce qui est encore plus que ce qu'on
suggère ici pas vous-même mais le ministre
suggère de prévoir. Je pense que c'est un cas particulier qui
doit être jugé sur l'équité et même si on fait
un accroc à la liberté de tester, on se trouve au moins à
corriger la situation en faveur d'un autre principe qui, à mon sens, est
aussi important, celui de la discrimination des sexes.
M. Bédard: J'ai bien dit tout à l'heure qu'on
n'avait pas à se prononcer sur la moralité de la volonté
d'un testateur. Que voulez-vous?
M. Lalonde: C'est un principe, cela n'est pas de la morale.
M. Bédard: Celui qui avait de l'argent à ce moment
et qui pouvait en disposer, il est connu. Ce ne sont pas les membres de la
commission qui avaient à décider.
M. Laurent: Ce que ces personnes demandent, c'est d'avoir les
revenus de leur patrimoine.
M. Bédard: Vous comprendrez, j'essaie de ne pas
tout en essayant d'améliorer une situation créer non plus
un précédent dont on ne peut évaluer les
conséquences, parce que la décision qu'on prend ici en commission
servira nécessairement pour d'autres demandes, d'autres successions dans
l'avenir. Je comprends que nous aurons à évaluer, à ce
moment, cas par cas. Comme je vous l'ai mentionné, nous essayons de
demeurer dans des barèmes et des lignes qui ont déjà
été établis par une commission semblable, à la
suite de demandes similaires à la vôtre.
Si vous n'avez pas d'objection, je demanderais peut-être de
suspendre momentanément, M. le Président, l'étude du
projet. Nous allons en entamer un autre et nous allons essayer de voir de
quelle façon on pourrait, parce que je suis convaincu que c'est le
désir de tous les membres de la commission, accommoder le plus possible
les vivants, tout en respectant ceux qui avaient le pouvoir de tester.
M. Lalonde: M. le Président, j'aurais une demande à
faire au ministre, en attendant, pendant qu'il va réfléchir. Il a
invoqué le précédent de la succession de Tancrède
Bienvenue. De mémoire, je ne pourrais pas dire, mais il me semble que
des tiers avaient des intérêts dans le résidu du capital
qui était appelé à payer la rente. C'est pour cela qu'il
fallait y aller d'une façon beaucoup plus prudente, parce
qu'éventuellement ce capital devait aller à d'autres personnes.
Il y avait une espèce de rente ou de pension créée par le
testament qui était devenue illusoire, à cause justement du
changement, de l'inflation, et le législateur a tenté simplement
de mettre un peu de justice là-dedans. Mais, dans ce cas-ci, c'est
à elles, éventuellement, ou à leurs enfants ou leurs
descendants.
M. Bédard: Si tout le monde est d'accord, il n'y a pas
d'objection...
M. Lalonde: Tout le monde est d'accord. M. Bédard:
Alors, nous allons suspendre.
Le Président (M. Dussault): S'il y a consentement de la
commission de suspendre le projet de loi no 234, il est suspendu.
L'étude est suspendue et nous allons passer immédiatement au
projet de loi privé no 248, Loi concernant la succession de Charles
Frenette.
Projet de loi no 248
Je suppose que nous avons devant nous Me Jean Pelletier, procureur de la
requérante.
M. Pelletier (Jean): Oui, c'est bien cela.
Le Président (M. Dussault): Et vous êtes
accompagné de...
M. Pelletier: Je suis accompagné de M. Benoît
Mercier, qui est représentant du Trust général du Canada,
un des exécuteurs testamentaires de la succession Charles Frenette.
Le Président (M. Dussault): D'accord. Me Pelletier, je
vous demande de nous expliquer brièvement le sens de la
requête.
M. Pelletier: M. le Président, M. le ministre, messieurs
les députés, il s'agit d'un projet de loi qui concerne la
succession Charles Frenette. M. Frenette a fait un testament notarié,
sous la forme authentique, le 13 février 1941. Ce testament a
été modifié par un codicille ultérieur, au mois de
novembre 1941 également. Le codicille n'apporte pas de changement de
fond au testament, il s'agit tout simplement d'apporter des précisions.
Il apporte des précisions en ce qui concerne les rentes quinquennales
à être versées à ses enfants.
L'article du testament qui concerne le projet de loi no 248 se rapporte
à l'article 13, qui contient une prohibition d'aliéner des
immeubles du testateur situés à Saint-Charles-de-Bellechasse.
Si
nous lisons l'article 13, au troisième alinéa, à la
page 5 du testament, le testateur prévoit, "en ce qui concerne les
quatre propriétés suivantes, situées dans le village de
Saint-Charles-de-Bellechasse, savoir celle dont l'usufruit est ci-dessus
légué à mon épouse c'était sa
résidence celle acquise par moi de Joseph Leclerc sur le chemin
principal et presque en face de la route conduisant à la gare, celle
dont le terrain a été acquis par moi de M. Joseph Ruel, sur la
route conduisant à la gare, et celle acquise par moi d'Alfred Bruneau,
je veux et entends que mes exécuteurs testamentaires n'aient pas le
droit de les vendre ou autrement aliéner tant qu'un des enfants issus de
mon mariage avec mon épouse susnommée vivra, et que, en
attendant, ils louent de préférence à tous autres,
d'année en année seulement, l'une ou l'autre de ces
propriétés à celui ou ceux de mes enfants
sus-désignés qui voudront les louer, et je les autorise, à
cet effet, de leur faire un prix de loyer de faveur, et le ou les plus
âgés ayant préséance, le tout sujet, quant à
l'une de ces propriétés, à l'usufruit légué
à mon épouse".
Mme Frenette est décédée le 9 avril 1971. Les
exécuteurs testamentaires nommés au testament à l'article
13, au testament de M. Frenette sont son épouse: Dame Graziella
Prévost, et son frère, M. Joseph Frenette, et Trust
général du Canada. En raison du décès des deux
exécuteurs testamentaires individus, ils ont été
remplacés aux termes du testament par les deux fils plus
âgés du testateur, soit MM. Donat et Charles Frenette. Il s'agit
d'immeubles situés à Saint-Charles-de-Bellechasse. Ce ne sont pas
des immeubles à rapport ou des immeubles à revenus; il s'agit de
résidences. Une de ces résidences, d'ailleurs, a
été détruite lors d'un incendie l'hiver dernier. Ce sont
des résidences de bois, des constructions de bois, tant à
l'intérieur qu'à l'extérieur, et les réparations
à être effectuées sur ces immeubles sont telles que les
revenus qu'ils procurent sont insuffisants pour permettre ces
réparations qui ne peuvent, par conséquent, être
effectuées.
Ce sont les seuls actifs de la succession de M. Frenette, qui est
déficitaire depuis de nombreuses années, puisque les revenus et
les recettes provenant de l'exploitation des immeubles qui sont loués ne
suffisent pas à défrayer les coûts d'entretien et de
réparation, bien qu'ils ne soient grevés d'aucune
hypothèque.
Au 31 décembre 1975, le déficit ou le découvert de
caisse de la succession s'élevait à $6 673. au 31 décembre
1976, à $9501.94 et au 31 décembre 1977 à $10 000. Donc,
le déficit s'accumule d'année en année. Il n'y a
évidemment pas d'argent dans la succession pour effectuer les
réparations qui sont rendues maintenant nécessaires. D'ailleurs,
il y a eu un rapport de préparé par un expert, un
évaluateur du Trust général, au mois de janvier 1977, et,
sur ce rapport, il indique les réparations qui doivent être
effectuées sur ces immeubles de bois, dont un, d'ailleurs, est un
immeuble centenaire. Les deux autres qui existent encore sont des immeubles de
60 à 65 ans. Selon le rapport de l'expert du Trust
général, il en coûterait, dans le cas de l'immeuble
situé au 60, avenue Royale, Saint-Charles-de-Bellechasse, $17 183 pour
remettre ça à neuf. C'est une construction de bois, une vieille
construction, il y a donc beaucoup de réparations à faire au
niveau de la menuiserie, de la peinture extérieure, de la peinture
intérieure, de l'électricité, et de la couverture.
Pour un autre immeuble, celui situé au 73, avenue Royale, c'est
$9 800. La même chose encore, la peinture extérieure, la
menuiserie, la peinture intérieure et ainsi de suite, et c'est $5000
pour l'immeuble situé au 107, avenue Royale. C'est celui qui a
été détruit par l'incendie, et au 8, rue de la Gare, il y
aurait $1300 de réparations à effectuer, mais il n'y a plus
d'argent dans la succession présentement. Bien entendu, comme on le
mentionnait tout à l'heure, la prohibition d'aliéner emporte la
prohibition d'hypothéquer et, encore là, si on pouvait
hypothéquer, les possibilités de louer ces maisons à
Saint-Charles-de-Bellechasse à un prix qui permettrait de faire face aux
dépenses, sont à peu près nulles, puisque les deux
immeubles, celui du 60, avenue Royale, n'est pas loué
présentement, mais les deux qui sont loués rapportent un loyer
mensuel de $165 dans un cas et $150 dans l'autre. Il n'y a plus d'autre actif
dans la succession. (17 heures)
Quant aux intentions du législateur, si nous regardons l'article
9 de son testament, il est prévu...
Le Président (M. Dussault): Je m'excuse, si vous
permettez, on souhaiterait que vous abrégiez parce qu'on pense
comprendre suffisamment la requête pour pouvoir y arriver rapidement.
M. Pelletier: Au niveau du legs résiduaire ou des rentes,
les six enfants de M. Frenette qui sont encore vivants doivent toucher une
rente quinquennale de $2500 par année. Le testateur indique bien: Leur
vie durant et jusqu'à chaque épuisement de mes biens,
c'est-à-dire qu'on peut puiser sur les revenus de la succession, et
ensuite, sur le capital. Par la suite, on revient aux petits enfants de M.
Frenette, au paragraphe b), il dit: En second lieu, et, pour le cas où
il y aurait ainsi un résidu, c'est un partage entre les petits enfants
de M. Frenette. Nous avons obtenu le consentement écrit pour la
présentation du présent projet de loi de la part des six enfants
de M. Frenette et de la part de tous les petits enfants de M. Frenette qui ont
consenti à ce que les exécuteurs testamentaires obtiennent
l'autorisation.
M. Bédard: C'était la question que je voulais vous
poser, si ceux qui peuvent être affectés par votre demande ont
été avisés, puisqu'ils étaient consentants.
M. Pelletier: Nous avons obtenu des consentements
écrits.
M. Bédard: Vous nous dites qu'ils le sont. Je n'ai pas
d'autre question à vous poser là-dessus.
M. Lalonde: Moi non plus. Je pense que vous avez bien
démontré que les bénéficiaires éventuels,
soit comme locataires à prix privilégié, comme le dit le
testateur, soit comme légataires, sont d'accord pour vendre ces
immeubles. Je pense bien qu'on doit suivre leur volonté. Je serais
prêt à voter en faveur du présent projet de loi.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Est-ce que ce sont des immeubles contigus?
M. Pelletier: Non. Ils sont situés à
différents endroits dans le village de Saint-Charles-de-Bellechasse.
M. Fontaine: D'accord.
Le Président (M. Dussault): J'appelle l'article 1.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 1 est adopté.
J'appelle l'article 2.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 2 est adopté.
J'appelle l'article 3.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 3 est adopté.
Est-ce que le projet de loi no 248, Loi concernant la succession de Charles
Frenette, est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Merci, Me
Pelletier.
Projet de loi no 262
Nous allons maintenant passer à l'étude du projet de loi
no 262, Loi concernant Claude Desfossés. Je demande au requérant
de se présenter devant la commission.
Une Voix: Nous sommes présents.
Le Président (M. Dussault): Je demande aux personnes
présentes de s'identifier.
M. Bouliane (Michel): Michel Bouliane.
M. Landry (Charlemagne): Charlemagne Landry.
Le Président (M. Dussault): Me Charlemagne Landry, le
dernier qui s'est présenté. Ensuite.
M. Desfossés: M. Desfossés.
Le Président (M. Dussault): M. Desfossés, oui. Et
Me Péloquin?
M. Péloquin (Jean): Jean Péloquin, avocat. Je
représente la ville de Montréal.
Le Président (M. Dussault): D'accord. Je demande d'abord
au procureur du requérant de nous expliquer brièvement le sens de
la requête.
M. Bouliane: Tout d'abord, nous avons remis un projet de
modification qui ajoute, à la fin de l'article 1, les mots
suivants je ne sais pas si des copies suffisantes ont été
remises "avec intérêt à compter de leur
échéance respective", et à la fin du paragraphe 2 de
l'article 2 les mots: "sur présentation d'une requête".
Le Président (M. Dussault): D'accord. De toute
façon, pour ce qui est des amendements, nous allons les regarder bien
spécifiquement au moment de l'étude des articles. Pourriez-vous
nous expliquer plus généralement le sens de la requête?
M. Bouliane: Voici! Il s'agit d'une requête qui a trait
à un individu qui, le 12 mai 1966, a été
congédié ou suspendu par le comité de discipline de la
ville de Montréal, à la suite d'une plainte qui avait
été formulée contre lui pour vol et recel, en un mot, qui
disait, si vous permettez: Parce qu'il avait été
arrêté par la police de la ville de Jacques-Cartier et
accusé d'introduction par effraction dans une place d'affaires et
qu'ensuite la police de Montréal avait porté une seconde
accusation de vol et recel d'un camion. Le comité de discipline l'a
congédié. Il a cessé de travailler à partir de ce
moment et le procès s'est déroulé devant le juge
Sylvestre. Il a été acquitté sur les deux chefs et,
à la suite de ça, un grief a été logé. Ce
grief a été entendu avec une requête pour
non-arbitrabilité du grief, tout d'abord, à savoir que le grief
aurait été prescrit.
Cette motion préliminaire a été rejetée. Le
grief a été entendu sur le fond devant l'honorable Louis-Philippe
Gagnon qui a maintenu le grief, et je cite les conclusions du grief: "Dans les
circonstances, il y a lieu d'ordonner que Desfossés soit
réintégré dans ses fonctions, avec tous les avantages
prévus à la convention collective et ce, rétroactivement
depuis le 7 juin 1967."
Je vous ferai remarquer immédiatement ça peut
sembler bizarre lorsqu'on le regarde de près qu'il avait
été congédié le 12 mai 1966, mais c'était
rétroactif alors que c'était rendu en 1968 au 7
juin 1967, de sorte qu'il a effectivement, à l'intérieur de la
décision arbitrale, perdu un an de salaire mais c'est la disposition de
l'article 18.04 de la convention collective je
crois que ça n'existe plus aujourd'hui dans les conventions
collectives qui stipulait que la décision arbitrale ne pouvait
rétroagir au-delà de douze mois de la date de sa reddition et
elle a été rendue le 7 juin 1968. Cela ne pouvait
rétroagir au-delà du 7 juin 1967.
A la suite de cette décision arbitrale, il y a eu un refus par la
ville de Montréal de réintégrer le pompier Claude
Desfossés dans ses fonctions. Il y a eu une mise en demeure à cet
effet. Le 6 novembre 1968, une action a été prise en Cour
supérieure par M. Claude Desfossés contre la ville de
Montréal. Action, et je fais référence, entre autres, au
paragraphe 7, où on dit: Au terme de cette décision, le demandeur
a droit au montant ci-après indiqué en salaires et autres
avantages prévus à la convention collective, en plus de son
recours en dommages-intérêts, tels que ci-après
stipulés.
Aux deux paragraphes suivants, il détaille le salaire et les
avantages qu'il a perdus. Salaires, qui relèvent strictement de la
convention collective, qui vont, pour une première période, au
paragraphe 8, du 7 juin 1967 au 7 juin 1968, c'est-à-dire, à
compter de la sentence arbitrale et rétroactivement douze mois en
arrière, et, ensuite, du 8 juin 1968 jusqu'à la date où
l'action a été intentée, c'est-à-dire le 6 novembre
1968.
L'honorable juge André Demers, de la Cour supérieure, a
rendu sa décision le 22 avril 1970. Sa décision si vous
voulez en prendre connaissance, elle pourra vous être remise
accorde le plein montant, sauf $960, période durant laquelle l'individu
aurait eu des gains ailleurs. Mais il les accorde à la fois en salaires
et dommages-intérêts, ce qui, à mon humble avis, n'avait
pas été réclamé comme tel, puisque les
dommages-intérêts dans l'action n'avaient pas été
détaillés. De toute façon, il accorde les dix mois en
question, c'est-à-dire l'année de douze mois
c'est-à-dire les $10 000 et les cinq mois et deux jours
jusqu'à la date de la prise de l'action, de sorte qu'en
réalité les dommages équivalent au salaire qu'il a perdu
jusqu'à la date où l'action a été intentée,
où l'émission du bref a eu lieu.
En 1970, la décision est rendue. Cette décision a
été portée en appel. La Cour d'appel a rendu une
décision favorable, c'est-à-dire qu'elle a rejeté le
recours en appel de la ville de Montréal en 1972. Je n'ai pas la
décision de la Cour d'appel ici.
A la suite de ce rejet, il s'est écoulé un laps de temps
sur lequel je reviendrai tout à l'heure, entre toutes ces
procédures et, ensuite, en 1975-1976, on a commencé à
brasser cette espèce de recours sur un projet de loi spécial qui
permettrait, comme les articles le disent, de faire fixer, par la Cour
supérieure, sur requête, l'indemnisation additionnelle à
laquelle pourrait avoir droit M. Desfossés.
La première question que, je pense, on peut se poser, c'est
pourquoi, tout d'abord, il n'y a pas eu d'autre recours et, jointe à
cette question, quelle était la décision arbitrale et quel
était son effet.
Je me permettrais tout d'abord de vous sou- ligner qu'à cette
période, en droit du travail, je pense que je n'apprends rien
à personne, surtout pas au ministre et à M. Johnson, qui est
parti tout à l'heure il n'y avait pas de "specific performance",
on ne pouvait pas exécuter, c'est-à-dire qu'il n'y avait pas de
moyens comme tels pour forcer la ville de Montréal à reprendre M.
Desfossés et à faire un recours en
dommages-intérêts. Le recours en dommages-intérêts
lui-même était extrêmement difficile à exercer pour
le futur, ce n'était pas comme une réclamation, une
incapacité totale permanente de 25%, parce qu'on ne savait pas quel
serait ce recours, quels seraient les dommages qui seraient encourus dans le
futur et ce qu'il perdrait, s'il travaillait, etc., s'il recevrait du
bien-être social, s'il aurait d'autres revenus additionnels, comme il en
a eu, et le juge Demers l'a spécifié, lorsqu'il a gagné
$960.
Ce qu'il est important de spécifier aussi, c'est que, toujours,
après chaque recours, M. Desfossés s'est adressé à
la ville de Montréal pour dire: Quand me reprenez-vous? Après
l'audition au comité de discipline, comité de discipline dont il
est amplement traité d'ailleurs dans la sentence arbitrale... Je me
permets de vous relater certains faits qui relèvent de la sentence
arbitrale, brièvement, où on reproche, entre autres, à la
ville de Montréal, d'être allée un peu trop vite, alors
qu'il n'avait pas été représenté par procureur, et
on lui dit: Dans ces circonstances, quel était le devoir des membres du
comité? L'avocat de la ville prétendait, à ce moment,
ce n'était pas Me Péloquin à ce moment que
M. Desfossés aurait pu demander un ajournement. On reproche à la
ville de Montréal, alors qu'elle a un individu devant son comité
de discipline, de ne pas avoir respecté ses droits en partie. Plus loin,
on ajoute ceci: M. Desfossés était seul devant ses pairs, on
avait refusé à son avocat de l'assister devant le comité
de discipline; pourtant, rien dans les règlements ne prohibait sa
présence. Plus loin, on ajoute ceci: Dans l'espèce, il ne
s'agissait pas d'une infraction mineure au code de discipline, comme dormir en
devoir ou être absent du domicile, bien qu'étant dûment
inscrit sur la liste des malades, mais d'une infraction majeure, on l'accusait
de vol et recel. L'arbitre, seul et unique, à ce moment, ajoute ceci: En
somme, le principe audi alteram partem a été violé, M.
Desfossés, n'a vraiment pas été entendu. Si on va au fond
des choses, on constate, abstraction faite du jugement d'acquittement qui
était survenu dans l'intervalle, que M. Desfossés n'était
coupable de rien, sauf d'avoir été imprudent, ainsi que ses amis,
en accordant leur aide à un personnage qu'ils connaissaient à
peine.
Tout ceci pour vous dire que même en dépit de
l'acquittement, le comité de discipline aurait pu dire que
c'était une conduite déshonorante, mais l'arbitre en vient
à la conclusion que ce n'est même pas le cas, parce que, prima
facie, il n'y avait pas de preuve.
Alors, après la décision du juge Sylvestre, qui
l'acquittait en Cour des sessions de la paix, M. Desfossés a tout fait,
par l'intermédiaire de ses
procureurs, pour dire à la ville: Vous voyez, vous n'aviez pas
raison, rengagez moi. La ville n'en a rien fait.
Le grief a été logé, et c'est à ce moment
qu'il y a eu une motion préliminaire pour non-arbitrabilité du
grief, et, encore là, ça été rejeté. Tout de
suite après, on s'est adressé à la ville de
Montréal en disant: Pourriez-vous à nouveau nous
réintégrer? Vous voyez que le grief, on va l'entendre; en
principe on devrait le gagner. La ville a dit: Non.
Le grief a été entendu, la décision arbitrale est
survenue le 7 juin 1968. On a dit: Ecoutez, la décision est là,
réintégrez-nous, on est prêt à travailler, on perd
un an de salaire, du 12 mai 1966 au 7 juin 1967, puisque ça ne
réagit pas plus d'un an antérieurement à la
décision arbitrale. On a dit: Non. Il y a eu des négociations
pendant ces cinq mois, cela n'a pas marché. On a pris en Cour
supérieure l'action dont je vous parlais tout à l'heure, et
à la suite du jugement qui a été rendu en 1970, c'est donc
qu'il s'était écoulé plus de deux ans, à ce moment,
et ça tombe dans la prescription pour les salaires. Lorsque la
décision de la Cour d'appel a donc été rendue et
ça vous montre cette espèce de progression
géométrique dans les réclamations pour l'exécution
spécifique de la décision arbitrale le 13 février
1973, le procureur de M. Desfossés écrivait au maire Drapeau, de
Montréal: Ecoutez, nous avons eu une rencontre, nous avons
épuisé tous les recours, nous sommes rendus à la Cour
d'appel, on n'a pas été engagé, on pense que ce serait
temps de faire quelque chose, il y aurait lieu, pour la ville de
Montréal, de réparer cette injustice et ce tort énorme, en
le réintégrant dans le service des incendies de la ville de
Montréal et en lui payant les sommes d'argent qu'il a perdues depuis son
congédiement illégal, décidé par le juge Gagnon,
dans une sentence arbitrale. Nous faisons appel à vos bons offices,
etc., pour qu'il soit traité suivant les normes que vous avez
appliquées dans le cas du policier Courval. Il ne s'est absolument rien
produit par la suite. (17 h 15)
C'est pour ça qu'aujourd'hui on prétend que même si
la décision du juge Demers se réfère à des
dommages-intérêts, ce sont des dommages-intérêts qui
qualifient le salaire qui se prescrit par deux ans, parce que, lorsqu'il n'y a
pas la fourniture d'un travail, ça devient du
dommage-intérêts. Ce ne sont pas des
dommages-intérêts qui résultent, par exemple, de
l'exécution d'un travail. Lorsque quelqu'un reçoit une
indemnité de 25% à la suite d'un accident d'automobile, ce sont
des dommages-intérêts qu'on peut qualifier, qu'on peut identifier
et qu'on peut liquider pour le futur. Dans le cas présent, ce n'est pas
ça.
Et, dans le cas des salaires, on ne pourra toujours pas reprocher
à M. Desfossés de ne pas s'être exécuté,
c'est-à-dire d'avoir poursuivi tous les ans ou tous les deux ans en
vertu de l'article 2260 du Code civil, parce que je pense que ces salaires se
prescrivent par deux ans, mais il y avait quand même une action pendante,
et les possibilités d'amender une action en 1968 étaient
différen- tes d'aujourd'hui, de même que l'exécution
spécifique est différente aujourd'hui, parce que le projet de loi
45 permet l'exécution spécifique et on peut forcer aujourd'hui la
réintégration de l'individu dans le corps de travail où il
est syndiqué et dont il fait partie, lorsque la sentence arbitrale,
évidemment, l'ordonne aussi.
De sorte qu'en 1973, il y a eu une prescription des conditions
salariales. Autre question qu'on peut se poser: Est-ce qu'il aurait pu à
ce moment-là dire: Si les quatre autres années sont prescrites,
je vais commencer à poursuivre pour 1972. Encore là, je pense que
même si c'était le cas, on ne pouvait pas... on demeure toujours
quand même où il y a une période de quatre ans où on
ne serait pas couvert. On ne demande pas ici de pouvoir faire fixer par la Cour
supérieure pour un nombre spécifique d'années, on dit tout
ce qu'on pourrait réclamer depuis 1968, on voudrait pouvoir le
réclamer sans le préciser à l'heure actuelle, parce qu'il
faudrait quand même déterminer tout le travail qu'il a pu
exécuter dans l'intervalle et toutes les prestations dont il a pu
bénéficier.
Je pense que c'est en deçà des pouvoirs de cette
Assemblée de pouvoir accorder les choses que nous réclamons
aujourd'hui. L'accord d'un projet de loi privé évidemment peut
passer pardessus toute loi, toute décision, je n'ai pas à le
cacher à ceux qui ont déjà siégé ou
même ceux qui ne sont plus nouveaux et qui ont eu l'occasion de le
constater. On se réfère à la décision de Courval.
Je pense que cette décision va conjointement avec celle du cas de M.
Pacifique Plante, entre autres, et je soumets ici que même s'il y avait
eu une négligence, parce que c'était déjà devant
les tribunaux, s'il y avait déjà eu une négligence de
poursuite, si on peut, par un projet de loi privé, une
législation spéciale, passer outre à une loi comme la
prescription, qui est prohibitive, et c'est un défaut au-delà
duquel on ne peut aller, c'est ce qu'on appelle des délais de
déchéance, la bonne foi n'a rien à voir
là-dedans.
Dans le cas de Pacifique Plante, à l'article 101 du projet de
loi, on avait dit: le montant de la pension alimentaire... Passons pardessus
ça. Deuxièmement, l'article disait ceci, au paragraphe 2:
"Pacifique Plante peut, dans les douze mois de la date d'entrée en
vigueur de la présente loi, par requête à la Cour
supérieure ou à l'un de ses juges, demander un jugement
déclaratoire pour faire déterminer tout droit et je vous
souligne les quatre mots qui suivent même éteint par
prescription qu'il aurait pu faire valoir à titre d'employé ou
d'ancien employé de la ville de Montréal." Ce jugement a les
mêmes effets et est sujet aux mêmes recours en appel que tout autre
jugement final de la Cour supérieure.
C'est le même cas pour Courval, auquel nous faisions allusion dans
notre mémoire. Les deux étaient assez liés d'ailleurs. Je
ne l'ai pas devant moi, je vais me référer à un autre,
où non seulement on avait permis de passer à côté
d'une loi, mais permis d'allerà l'encontre d'une décision de la
Cour d'appel. Je vous réfère ici à une décision qui
implique la ville de Saint-Laurent, chapitre 167,
IV, V, Elizabeth 11, page 797, et je pense qu'il est peut-être
important de le résumer en quelques mots.
Un individu qui était échevin de la ville de Saint-Laurent
avait acheté un terrain alors qu'il n'avait pas le droit de l'acheter,
de par ses fonctions. Il avait construit un édifice d'à peu
près $40 000 sur ce terrain. Un citoyen, qui à un moment
donné, par quo warranto, a demandé de faire annuler cette vente,
a dit: monsieur, vous n'avez pas le droit. La Cour supérieure, pour
résumer, a maintenu la position de ce citoyen, a déclaré
nulle la vente du terrain intervenue en faveur de l'échevin. C'est
allé en Cour d'appel, la Cour d'appel a dit: La vente est nulle, donc
elle a rejeté l'appel. A ce moment-là, elle a
procédé par requête pour permission d'appeler en Cour
suprême. Il a dit: Non monsieur, vous n'avez pas le droit d'appeler. Se
retournant, le même échevin qui était M. Paul-Emile
Laperrière a fait un appel de plans croyant qu'il pouvait avoir droit,
sans requête, à faire un appel de plein droit à la Cour
suprême.
Il y a eu une requête pour rejet d'appel par l'autre partie, et la
requête a été maintenue, de sorte que vous aviez une
décision équivalant à une décision du plus haut
tribunal du pays qui disait: Monsieur, la vente est nulle. Par bill
privé, on l'a déclaré propriétaire absolu et
irrévocable, par législation spéciale.
C'est vous dire jusqu'à quel point peut aller la
législation des bills privés lorsqu'on regarde les notes
explicatives que l'on retrouve dans les règlements annotés de
l'Assemblée nationale. Je ne réfère pas aux articles qui
ont pu être amendés, je réfère aux notes
explicatives. Dans l'ancien volume, à la page 117, l'édition de
1941, on dit, entre autres, en parlant des bills privés: "font partie
des bills privés les bills dont l'objet est de déroger à
une loi générale dans l'intérêt de quelque individu,
compagnie, corps, association, municipalité." On va plus loin que
ça lorsqu'on dit quels sont les critères qu'on doit
considérer. Je réfère à ce moment-ci à la
page 189, à certaines explications sur l'article 638, où on dit:
"Au nom des raisons généralement invoquées par le
comité à l'appui de sa décision, on peut citer les
suivantes, que l'adoption du bill compromettrait des droits acquis ou des
poursuites pendantes". Dans le cas présent, il n'y a pas de poursuites
pendantes. Cela a déjà été rejeté dans des
cas où il y avait des poursuites pendantes ou des possibilités
qui existaient encore à ce moment-là. "Lorsque les promoteurs
peuvent obtenir en vertu d'une loi générale tous les pouvoirs
qu'ils demandent et que le bill est conséquemment inutile." Ce qui n'est
pas le cas, on n'a plus de recours à l'heure actuelle. En plus, je pense
que fondamentalement, c'est l'équité qui est concernée et
l'équité, envers un individu... et je prétends que la
ville de Montréal ne peut soulever aujourd'hui le fait que tous les
droits soient éteints parce que ce qui se passe aujourd'hui, c'est une
conséquence directe d'une corporation qui est la ville de
Montréal. Elle ne peut blâmer un tiers parce qu'elle a
refusé. Elle peut toujours dire aujourd'hui: Nous n'étions pas
obligé de l'exécuter, on s'asseoit, poursuivez-nous. Dans le cas
présent, elle a refusé d'exécuter une décision
où elle était strictement concernée, où la
décision de l'arbitre dit: Vous n'auriez pas dû faire
ça.
Deux ans après, probablement pour éviter des remous
probablement, on ne l'a pas réengagé. Alors, la seule personne
responsable de tout ce qui se passe aujourd'hui et responsable du non-recours,
c'est la ville de Montréal. Si on comprend la position de M.
Desfossés qui voulait, en définitive, être
réintégré, c'est d'abord ce qu'il a visé,
être réintégré... Je vous lisais tout â
l'heure différentes lettres, à chacune des étapes, il a
demandé à être réintégré. Il n'a pas
cru qu'en poursuivant, année après année, ça
réglerait le problème. A chacune des étapes qu'il a
gagnées, il a demandé la réintégration.
On ne pouvait pas, en 1968 et en 1969, exiger cette
réintégration parce que si on était dans le contexte
d'aujourd'hui, nous ne serions pas devant vous. Nous aurions exigé ce
qu'on appelle "a specific performance".
Alors, nous demandons, vu l'absence de tout recours et même si,
à mon avis, il y avait eu négligence, si on en venait à la
conclusion en disant: comment cela se fait-il qu'il n'a pas poursuivi, etc. Je
pense que même ça peut être couvert par une loi
spéciale lorsque l'équité vient primer le droit d'un
individu à une indemnisation adéquate. On peut vous dire:
Ecoutez, les dommages ont été liquidés. Je m'excuse, ils
n'ont pas été liquidés, sinon jusqu'à la prise de
l'action. Ce serait quand même une drôle de coïncidence si les
dommages liquidés arrivaient justement au 6 novembre 1968.
J'ajoute ceci: II n'en serait pas de même si vous vous retrouviez
devant une action prise, supposons en juin 1970 alors que le juge aurait dit:
C'est pris en juin 1970, la sentence artibrale est en 1968, j'accorde dix mois
de dommage, même si l'action a été prise huit mois plus
tard, encore.
Mais à l'heure actuelle, tout ce que le juge a accordé, ce
sont les dommages, le salaire, jusqu'à la date de l'émission du
bref. Il appelle cela dommages, à mon avis, parce qu'au point de vue
juridique, lorsqu'il n'y a pas une fourniture de travail, lorsque la
main-d'oeuvre, lorsque la contrepartie n'est pas donnée, cela s'appelle
des dommages. C'est du salaire en réalité et cela se prescrit par
deux ans. Aujourd'hui, il est trop tard pour cela. Et même si on disait:
Encore aujourd'hui, mais en dépit du laps de huit ans qui s'est
passé, vous pouvez le réclamer, on ne pourrait pas
réclamer plus que pour deux ans en arrière. A ce
moment-là, nous pourrions demander la législation spéciale
pour les six ans pour lesquels nous n'avons pu les réclamer.
M. Bédard: Est-ce que vous avez consulté la ville
de Montréal? Et est-ce que celle-ci vous a exprimé une opinion
récemment?
M. Bouliane: Récemment? Elle a été
contactée à maintes reprises. Je ne pourrais pas vous donner
toutes les périodes. Je m'excuse, mais un projet a été
envoyé à la ville de Montréal, il y a au-delà de
six mois et je pense des représentants avaient été
invités, s'ils le voulaient, à négocier. Je ne crois pas
que M. Desfossés ou M. Landry aient entendu parler de la ville de
Montréal depuis ce temps-là.
Le Président (M. Dussault): Me Landry.
M. Landry (Charlemagne): M. le Président, j'ai rendu
visite à Me Péloquin une fois que les annonces ont paru dans les
journaux, annonçant qu'un projet de loi privé serait
présenté ici devant l'Assemblée nationale. Nous avons
discuté un peu du cas, mais la ville de Montréal ne m'a pas fait
d'offre. Je pense bien que dans les circonstances, le chef du contentieux ne
pouvait pas non plus me faire d'offre, sans en parler aux autorités de
la ville.
M. Bédard: Nous allons attendre le chef du contentieux,
nous aurons l'occasion...
M. Paquette: J'aimerais ajouter qu'au mois de décembre,
j'ai moi aussi envoyé une copie du projet de loi à Me
Péloquin lui disant que j'avais l'intention de présenter un
projet de loi concernant M. Desfossés et que s'il voulait s'entendre
à l'amiable, il n'avait qu'à m'en avertir. Je n'ai pas eu de
réponse à cette démarche.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que la commission veut
entendre d'autres personnes?
M. Bédard: II y a un représentant de la ville de
Montréal. Il serait sûrement indiqué de l'entendre.
Le Président (M. Dussault): Me Jean Péloquin, vous
avez la parole.
M. Péloquin: M. le Président, je représente
la ville de Montréal. Evidemment, la ville de Montréal est
intéressée à venir ici et elle conteste ce projet de loi
parce que des sommes considérables sont en jeu, si on fait l'addition,
si on prend les conclusions du projet de loi.
Mais c'est un aspect secondaire de ma présence ici. Je pense que
derrière l'opposition de la ville de Montréal, il faut voir une
question de principe et une question de principe fondamentale. Evidemment,
l'argument principal de mon confrère que j'ai écouté
très religieusement, c'est un argument d'équité. Et c'est
difficile de ne pas être sympathique au cas qui est devant nous.
Mais dans notre système, on sait que la justice prime
l'équité. Evidemment, on veut permettre à une personne
d'avoir droit de s'adresser aux tribunaux. On veut permettre à une
personne, suivant l'expression anglaise "to have his day in Court". Le
requérant a pu s'adresser aux tribunaux à l'époque. Le
requérant a eu ce qu'il demandait. Il était
représenté par des procureurs très avisés dans le
domaine du droit des relations du travail à l'époque. Je crois
qu'il était bien conseillé. Non seule- ment a-t-il eu "his day in
Court", mais il en a eu deux, parce que la ville de Montréal est
allée en appel. Lui n'a pas été en appel. Il était
satifait de conclusions du jugement de première instance Son procureur
l'a dit lui-même dans le mémoire qu'il a présenté
à la Cour d'appel, que je me permets de lire: "Pour toutes ces raisons,
nous soumettons respectueusement que le savant juge de première instance
a rendu un jugement en toute conformité avec le droit." (17 h 30)
Ceux parmi vous qui sont avocats savent qu'il existe des principes, des
règles de droit qui sont d'un côté, la prescription, d'un
autre côté aussi Ie res judicata. Evidemment, on a parlé
ici de précédents. On a parlé du cas de Armand Courval, on
a parlé du cas de Pacifique Plante. Si le requérant obtenait gain
de cause ici aujourd'hui, nécessairement, on parlerait de dizaines et de
dizaines d'autres cas de personnes qui n'ont pas eu satisfaction parce qu'un
jugement a pu être erroné parce qu'il y a eu erreur de leur part,
parce qu'elle ont laissé prescrire des droits ou, encore, parce qu'il y
aurait eu erreur professionnelle de la part des personnes qui étaient
chargées de les conseiller.
Evidemment, les conséquences sont énormes ici dans
l'appréciation de ce projet de loi. J'ai remarqué que votre
commission se faisait fort, Iors de l'étude des projets de loi
antérieurs, de bien être certaine que toutes les parties en cause
étaient consentantes. Evidemment, je ne peux pas demander le
consentement de ceux qui sont partis, mais toutes les parties qui pouvaient
être impliquées par une décision de la commission
parlementaire ou de l'Assemblée nationale étaient
consentantes.
Je ne sais pas si je devrais et si vous allez me laisser le temps de
faire des parallèles entre les cas Plante, Courval et Desfossés.
Ce serait peut-être trop long. On peut peut-être s'en tenir
simplement à la question de principe. Evidemment, on pourrait aussi
parler longtemps de droit...
M. Bédard: Pouvez-vous, pour le bénéfice des
membres de la commission, faire rapidement le parallèle entre des cas,
pour être plus pratique les cas Courval et Plante, par rapport à
ce qui est devant nous.
M. Péloquin: Je ne connais pas le cas que mon
confrère a cité de la ville de Saint-Laurent qui remonte à
plusieurs années et qui a trait d'ailleurs à l'acquisition d'un
terrain. Tout de même, je ne crois pas que ce soit de la même
importance, mais je connais les cas Plante et Courval pour en avoir entendu
parler et pour avoir également examiné leurs dossiers qui se
trouvent dans notre service, parce que la ville était impliquée
dans ces deux cas-là.
C'est le cas de Courval qui est arrivé en premier lieu. Courval
était un officier de police. Je vais passer vite sur les détails.
On sait qu'il y a je vois qu'il y a des membres de la commission qui
connaissent bien son cas eu énormément de publicité
à l'époque. Il a été congédié du
service de
police parce qu'il avait été trouvé coupable par
les tribunaux de parjure. Evidemment, ayant été
congédié pour cause, il ne pouvait réclamer absolument
rien de la ville de Montréal. Les années ont passé,
plusieurs années et, finalement, la police a trouvé tout à
fait par hasard un commencement de preuve qui a permis de faire accorder
à Courval son pardon et le déclarer, je pense que Courval
n'aurait jamais dû être condamné, qu'il avait
été condamné injustement, qu'il avait été
condamné parce que certains policiers subalternes s'étaient
parjurés devant les tribunaux. Tout le monde était sympathique au
cas de Courval. Je ne pense pas que le cas de Courval se compare à celui
de M. Desfossés, parce qu'il ne pouvait exercer aucun recours.
Il y avait, je pense, un point fondamental dans le cas de Courval et
aussi dans le cas de Plante.
M. Bédard: Dans le cas de Courval, est-ce que c'est un
projet de loi privé ou public?
M. Péloquin: C'est un projet de loi privé.
M. Blank: Non, il est passé par l'Assemblée
nationale, c'est un projet de loi du gouvernement.
M. Péloquin: Oui, je sais, le 280.
M. Lalonde: Cela doit être privé alors.
M. Péloquin: II n'apparaît pas de parrain à
ce projet-là ici sur la copie que j'ai. Non, il n'y a pas de nom en
première page de la personne qui aurait pu être responsable du
projet de loi. Je crois que c'était un projet de loi public,
présenté en 1971.
Une Voix: ...
M. Péloquin: 280.
M. Lalonde: Cela doit être privé alors.
M. Blank: Non, je pense que c'est public. Le greffier en loi me
dit que c'est public.
M. Bédard: M. le greffier en loi nous dit que c'est un
projet de loi public.
M. Paquette: II n'est pas sûr, il va aller
vérifier.
M. Péloquin: Si vous me permettez, lisons simplement les
deux premières lignes de l'article 1 : "La ville de Montréal est
autorisée à verser à M. Armand Courval une
indemnité en raison du pardon qui lui a été
accordé." Alors, c'était une autorisation que l'Assemblée
nationale donnait à la ville de Montréal d'effectuer un paiement
que la ville de Montréal reconnaissait et qu'elle devait lui faire.
Evidemment, ce cas en a amené un autre. On a le troisième
aujourd'hui, mais il en a amené un deuxième qui était le
cas de M. Plante. Le cas de M. Plante se distingue de celui de M. Courval. Je
ne suis pas certain qu'il était aussi justifié, mais je ne ferai
pas plus de commentaires que ça. Je pourrais dire, toutefois, que M.
Plante n'avait exercé aucun recours, mais je ne crois pas qu'il n'ait
pas été en mesure d'exercer un recours à ce moment, parce
qu'il avait été congédié, dit-on injustement ou
illégalement, mais, tout de même, il n'avait pas été
condamné par les tribunaux comme M. Courval. Alors, il n'a pas
exercé de recours; on sait que son histoire est assez longue. Il s'est
exilé dans un autre pays et, évidemment, quand il est revenu
quelques années plus tard, après avoir vu l'Assemblée
nationale autoriser la ville à accorder une indemnité, il a
demandé une indemnité et la ville s'est adressée à
la Législature ici. Il y a eu, évidemment,
énormément de pourparlers. C'était le ministre Choquette
qui était alors ministre de la Justice et cette Assemblée a
résolu tout simplement de lever la prescription des droits de M. Plante
et de lui permettre de s'adresser à la Cour supérieure.
M. Plante s'est adressé à la Cour supérieure; il a
obtenu $11 800. Il est allé à la Cour d'appel; il a obtenu $115
000. Evidemment, pour un avocat, ça ne surprend pas. Il y a des
tribunaux d'appel, parce que les tribunaux de première instance peuvent
se tromper. Il y a même un deuxième palier d'appel, parce que les
tribunaux d'appel peuvent se tromper.
Alors, si on reprend les deux cas simplement en restant du
côté des principes, je crois que la première distinction
c'est qu'il y a un consentement de toutes les parties dans les deux premiers
cas. Dans ce cas-ci, il n'y a pas de consentement de la part de la partie qui
est impliquée et qui devrait payer ce qui est réclamé.
Deuxièmement, Courval n'était pas en mesure de
réclamer à l'époque et je pense que c'est très
important. Plante, lui, ce n'était peut-être aussi certain que
Courval. Il n'a pas réclamé, il était en exil, il avait la
crainte de la pègre, il est revenu quelque temps après. Le
requérant a réclamé, il avait un procureur, il a eu ce
qu'il demandait, il n'est pas allé en appel. Au surplus, il n'a pas non
plus cherché par la suite à exercer aucune action en justice.
Alors, de deux choses l'une: on sait que dans le cas d'un congédiement
légal, la personne qui a été congédiée a
deux recours. C'est très clair dans la doctrine et dans la
jurisprudence. Il peut se déclarer disponible vis-à-vis de son
employeur et réclamer périodiquement les montants de salaire que
son employeur doit lui payer. Je pourrais vous citer Pothier, je pourrais vous
citer Duvergier, je pourrais vous citer les plus vieux auteurs français.
Ils vont vous dire que dans le cas d'un contrat avec un terme
déterminé, l'employeur ne peut pas se libérer; il est
obligé de payer le salaire. Maintenant, quel recours a-t-il
exercé? Cela peut être ce recours.
Il avait un autre recours qu'il pouvait exercer: les dommages et
intérêts. Evidemment, c'est difficile de dire lequel des recours
il a exercé, mais je pense qu'il ressort du jugement de la Cour
supérieure que le juge a voulu mettre fin au contrat et condamner la
ville définitivement à payer des
dommages et intérêts. Cela apparaît assez clairement
aux dispositifs du jugement et le requérant n'en a pas appelé de
cette décision, quoiqu'il ait pu le faire.
On dit que ce n'était pas possible de liquider les dommages
entièrement à ce moment. On a fait allusion à un accident
d'automobile. Je vous soumets respectueusement que dans des cas d'accidents
d'automobiles, il peut y avoir, plusieurs années après le
jugement, aggravation de la santé et des dommages subis par le demandeur
et, évidemment, s'il fallait que dans chacun de ces cas, le demandeur
vienne devant cette assemblée pour demander qu'en équité
on lui accorde les dommages auxquels il a droit, je pense qu'on n'en finirait
plus. C'est pour ça, d'ailleurs, qu'on a institué ces principes
qui sont la prescription et la chose jugée.
La troisième distinction entre les deux cas c'est que, dans les
cas de Plante et Courval, je crois que tous les recours avaient
été exercés à l'époque où les projets
de loi ont été demandés. Je ne suis pas certain toutefois
qu'il ne subsiste pas encore d'autres recours de nature judiciaire en faveur de
M. Desfossés. Je ne me prononce pas là-dessus, mais je ne suis
pas certain qu'il n'en existe plus. On a parlé de prescription tout
à l'heure pour une période de six mois. On a laissé
entendre qu'il y aurait peut-être d'autres années qui ne seraient
pas prescrites et on a dit: A tout événement, même si on
pouvait avoir un recours, on voudrait avoir les huit premières
années. Mais je pense qu'on devrait commencer par épuiser tous
les recours judiciaires avant de s'adresser à l'Assemblée
nationale. Je ne veux pas entrer là-dedans, mais si on compare les deux
cas, il y aurait la question des états de services aussi. Ce sont des
questions personnelles et je ne peux pas entrer là-dedans, mais
peut-être que cela a pesé lourd dans la décision à
ce moment, parce que la ville a donné son consentement dans deux cas,
elle n'a pas donné son consentement dans l'autre. Ce sont des questions
d'appréciation. C'est très délicat.
M. Bédard: M. le Président, avec le consentement
des membres de la commission, on vient d'entendre les avocats, les procureurs
des deux parties. Je comprends qu'ils ont encore des éléments
à ajouter, même encore plus, étant donné les
exposés réciproques. Je demanderais la possibilité
peut-être de suspendre nos travaux quelques minutes au niveau du
présent projet, pour terminer, si cela peut se faire rapidement, celui
que nous avions suspendu précédemment. Je commence à
croire qu'étant donné les arguments, tout est en place
peut-être pour une discussion plus longue, qui a très peu de
chance de se terminer avant 18 heures. A ce moment-là, Me Laurent, qui
avait des représentations à faire devant nous, en subirait un
préjudice. Je pense bien que vous n'avez aucune objection.
M. Lalonde: Vous pouvez rester là.
M. Bédard: Vous pouvez même rester là.
M. Lalonde: II peut s'approcher simplement.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Rosemont?
M. Paquette: M. le Président, je voudrais simplement
savoir quand la commission de la justice pourra siéger sur ce projet.
Est-ce que nous continuons en soirée?
M. Bédard: Nous ne continuons pas en soirée, selon
les éléments d'information que j'ai. Les horaires de fin de
session, comme vous le savez, sont très flexibles. A moins
d'éléments très contraires, nous terminerions à 18
heures, quitte à recommencer, ce n'est pas certain, lundi matin.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Avant de suspendre,
étant donné que, probablement, on ne pourra pas terminer le
projet de loi, j'aimerais qu'entre-temps, entre le moment présent et le
moment où nous pourrons reprendre la discussion, les procureurs du
requérant fassent parvenir aux membres de la commission une copie des
décisions qui ont été rendues dans cette affaire.
M. Bouliane: Voulez-vous parler du jugement de la Cour
supérieure et de la décision arbitrale?
M. Fontaine: Les deux, oui.
M. Bouliane: il y en aura des copies pour tout le monde.
M. Bédard: Si vous le voulez bien, je pense que nous n'en
avons pas plus que pour cinq minutes dans le cas du projet de loi que nous
avons suspendu, et il sera possible de continuer avant six heures sur le
présent projet de loi.
Projet de loi 234 (suite)
Le Président (M. Dussault): II y a consentement de la
commission pour suspendre temporairement l'étude du projet de loi no 262
et revenir au projet de loi no 234. Me Laurent est devant nous à
nouveau, et l'article 1 avait été appelé. M. le ministre.
(17 h 45)
M. Bédard: M. le Président, je pense que tout avait
pas mal été dit, il y a quelques minutes, concernant ce projet.
L'ensemble, sinon la grande majorité des membres de la commission,
étaient d'opinion de donner suite au projet de loi privé tel que
rédigé. J'avais exprimé certaines réserves en
fonction surtout de décisions déjà rendues dans des cas
similaires par d'autres commissions. Dans l'intervalle, j'ai été
informé de l'état précaire d'une des
bénéficiaires qui sont concernées directement par la
décision que nous aurons à prendre. Je n'ai aucune objection
à me rallier à ce qui se dessinait comme consensus, de donner
suite au projet de loi
privé tel que rédigé, tel que la demande en
était faite.
M. Lalonde: M. le Président, étant donné que
j'étais prêt à aller plus loin pour rétablir un peu
de justice et d'équité dans cette situation, il n'y a aucun doute
que nous sommes parfaitement justifiés, je crois, de tenir compte aussi
de la santé chancelante d'une des bénéficiaires, pour
être encore plus généreux que ce que la commission semblait
prête à faire. Il n'y a aucun doute que je suis prêt
à appuyer l'article 1 tel que demandé. Donc, j'appuie la demande
qui est faite.
M. Fontaine: Je suis également heureux, M. le
Président, d'adopter cet article tel que proposé, puisque,
moi-même, j'avais déjà manifesté cette
intention.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 2.
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. L'article 2 est
adopté. J'appelle l'article 3.
M. Bédard: Adopté. M. Lalonde:
Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 3 est adopté.
Est-ce que le projet de loi no 234, Loi concernant la succession de Julien
Levasseur est adopté?
Des Voix: Adopté. Le Président (M. Dussault):
Adopté. M. Bédard: Merci, Me Laurent. M. Laurent:
Je vous remercie, messieurs.
Projet de loi no 262 (suite)
Le Président (M. Dussault): Nous revenons au projet de loi
no 262, Loi concernant Claude Desfossés.
M. Bédard: Pour répondre à certaines
questions qui ont été posées tout à l'heure, il
semble que nous avons deux choix: celui de prolonger notre séance
au-delà de 18 heures, avec le consentement des membres de la commission,
une prolongation d'une demi-heure ou d'une heure, selon les circonstances;
sinon, la continuation du projet de loi, selon les indications du leader du
gouvernement, l'étude en serait reportée à l'automne.
M. Lalonde: M. le Président, je suis prêt à
consentir à prolonger la séance jusqu'à 18 h 30, en
espérant personnellement je n'ai pas consulté mes
collègues pouvoir en disposer avant l'automne. Si c'est possible,
je comprends que c'est le leader qui est le patron, étant donné
que la commission de la justice va se réunir, de toute façon,
pour étudier le projet de loi 28, dont l'étude est entamée
article par article, je prierais le ministre, si c'était possible,
d'inviter les parties à se joindre à la commission à la
prochaine occasion. Je suis sûr que ce sera probablement lundi matin
qu'on va revenir.
M. Bédard: Peut-être qu'il y aurait la
possibilité aussi que l'Opposition accepte pour ce cas que nous
puissions y aller d'une troisième commission, on verra. Les fins de
session comportent des accommodements pour mieux servir les citoyens.
M. Lalonde: Pour ce cas-ci, en particulier, je n'ai pas
d'objection, mais pas pour les autres lois.
M. Fontaine: M. le Président...
M. Bédard: Je comprends très bien la
réserve...
M. Fontaine: C'est justement la remarque que je voulais faire. Si
le leader du gouvernement veut nous faire siéger à trois
commissions, spécifiquement pour ce projet de loi privé, je
n'aurais aucune espèce d'objection. Cela me ferait plaisir de le
faire.
M. Lalonde: Parfait!
M. Fontaine: Cependant, je ne voudrais pas qu'il associe une
motion pour faire siéger la commission avec un autre projet de loi qui
pourrait être le projet de loi no 28, par exemple.
M. Lalonde: Non, mais, en fait, parce qu'il prête des
intentions sinistres au ministre.
M. Bédard: Non, je ne veux pas commencer un débat.
Je vous dis... Vous prêtez... Oui. Il y a assez des députés
sinistres...
M. Lalonde: A la mine triste.
M. Bédard: A la triste mine, chevaliers à la triste
mine, dont parlait le premier ministre, il n'y a pas si longtemps.
M. Paquette: Alors, M. le Président...
M. Bédard: Mais il n'est pas question de commencer un
débat. Nous verrons comment nous pouvons accommoder.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, j'aimerais simplement
remercier mes collègues de l'Opposition de leur collaboration dans ce
dossier.
Est-ce qu'on continue jusqu'à 18 h 30 ou 19 heures?
M. Lalonde: Etant donné le consentement de siéger
à trois commissions qu'on a donné, je pense qu'il ne faudrait pas
ambitionner. On recommence à 20 heures. On va peut-être passer la
nuit là, comme on a passé la nuit il y a deux jours. Laissez-nous
au moins dîner.
M. Paquette: Oui, en fait, il s'agirait peut-être de faire
un premier temps où on s'informerait suffissamment...
M. Lalonde: Oui, si on pouvait régler ça pour 18 h
30. A ce moment-là, on n'est pas obligé de se réunir.
Sinon, on reviendra...
M. Paquette:... quitte à... Bon, allons-y! Une Voix:
Allons-y!
M. Bédard: C'est parce qu'il y a des caucus qui se
tiennent à l'heure actuelle.
M. Bouliane: Si vous permettez de souligner un fait, je pense que
M. le député de Nicolet-Yamaska a demandé des copies des
jugements. C'est quand même assez volumineux. Je ne sais pas, si
une simple suggestion on prévoit ne pas terminer à 18 h
30, je pense que l'examen de ces pièces est important. Je vous laisse
libres. Je me mets à la disposition de la commission. Je ne sais pas ce
qui en est pour mon confrère. Parce que vu qu'il faut que je fasse ces
photocopies, quand même...
M. Lalonde: Est-ce que les services...
M. Bédard: Est-ce que je dois comprendre que le procureur
de la ville de Montréal a terminé pour le moment ses
représentations?
M. Péloquin: Oui, j'aurais simplement deux points à
ajouter, mais, ce n'est pas long.
M. Bédard: Non, mais terminez, de la même
manière que votre confrère a...
M. Bouliane: J'aurais à répondre, moi,
brièvement, à ce qui...
M. Bédard: Après ça, il y aurait
peut-être une petite période de questions aussi des membres de la
commission.
M. Bouliane: C'est ça. D'accord.
M. Bédard: C'est à vous de voir comment vous allez
utiliser le mieux votre demi-heure.
Le Président (M. Dussault): Alors, nous allons d'abord
entendre Me Péloquin pour terminer.
M. Péloquin: Simplement deux points sur lesquels j'avais
pris des notes pendant que mon confrère parlait. Il a parlé de
l'exécution spécifique, il a parlé du projet de loi no 45,
qui forcerait maintenant les employeurs à reprendre les
employés.
Je me demande si on peut revenir comme ça et invoquer une loi
nouvelle pour demander qu'un employeur, dans un cas particulier, se conforme
à cette loi nouvelle. Je pense que c'est l'équivalent de donner
un effet rétroactif à une loi seulement dans un cas. Je pense que
ce serait un principe tout à fait erroné s'il fallait que cette
commission se base là-dessus.
Voici une autre remarque que je voulais faire. Si l'on prend le projet
de loi, à la page 4, le quatrième alinéa, on dit: "Que,
devant ce refus persistant de la ville, il a été réduit
à demander des dommages-intérêts et que, par jugement du 22
avril 1970, la ville a été condamnée à lui verser
le salaire et autres avantages qu'il aurait gagnés s'il avait
occupé ses fonctions..." Et, deux alinéas plus loin, on dit:
"Qu'il est dans l'intérêt de Claude Desfossés que des
dommages-intérêts lui soient versés." Mais là, je ne
comprends pas. Pour moi, il y a une contradiction.
Il a été réduit à demander des
dommages-intérêts; le tribunal lui en a accordés. Il en
demande encore. On n'a même pas marqué des
"dommages-intérêts additionnels." C'est peut-être du laxisme
dans la rédaction, mais je vous fais la remarque.
M. Bouliane: Je m'excuse, Me Péloquin... Le
Président (M. Dussault): Me Bouliane.
M. Bouliane: ... en matière d'équité
je m'excuse d'employer une expression populaire il ne faut pas
s'enfarger dans les fleurs du tapis. L'équité, c'est
parallèle au droit, aussi bizarre que ça puisse paraître,
comme consonnance, jusqu'à un certain point, vous n'avez pas de Cour
d'équité et l'équité, évidemment, passe
à côté de certains principes de droit ou va dans des
avenues où ces principes n'ont jamais été
dirigés.
Je vais commencer par la fin. Je vous réfère aux
conclusions de l'honorable juge Demers, dans les trois derniers paragraphes.
"Considérant qu'il appert des admissions" la ville avait admis
également "que le demandeur a gagné $960 qui doivent
être déduits de son salaire la conclusion ne parle que de
salaire considérant que le montant réclamé, moins
l'argent gagné laisse un solde de $10 027.39 qui représente le
salaire et autres avantages et non pas autres dommages que le
demandeur aurait gagnés, s'il avait occupé ses fonctions du 7
novembre 1967 au 6 novembre 1968. Par ces motifs, le tribunal maintient
l'action du demandeur et condamne à payer ladite somme de $10 027.39. On
ne réfère, en conclusion et c'est le dispositif qui est
important qu'au salaire et aux avantages.
De plus, lorsque mon confrère dit qu'en vertu d'une nouvelle loi,
on ne pourrait pas revenir dix ans en arrière, je m'excuse, mais nous ne
deman-
dons pas l'exécution spécifique de la sentence arbitrale,
nous demandons que nous puissions nous adresser à la Cour
supérieure, sur requête, pour qu'elle fixe les dommages, non pas
qu'elle réintègre M. Desfossés au sein du service des
pompiers de la ville de Montréal. Nous ne le demandons pas, nous
n'essayons pas de faire réagir la loi 45. Nous voulons avoir le droit de
nous adresser à la cour pour faire déterminer ces dommages.
Ce sont les deux derniers points qui ont été
soulevés par mon confrère. Si je reviens maintenant au
début, je pense qu'il y a des choses que cette commission ne doit pas
considérer, comme, entre autres, l'exemplarité et la
multiplicité éventuelle des autres cas. Je pense que dans les cas
de projets de loi privés, des lois spéciales, chaque cas est un
cas d'espèce et doit être analysé à son
mérite. Contrairement à ce qu'on dit, je serais surpris, je
serais énormément surpris que, en droit du travail, vous vous
retrouviez devant pour employer l'expression de Me Péloquin
10 000 autres cas semblables où des gens vont dire: On n'en a pas
eu assez. Dans le cas présent, nous ne disons pas que nous n'en avons
pas eu assez, et nous ne disons pas, comme dans le cas des dommages: II y a eu
aggravation. Il n'y a pas eu aggravation, on n'a pas réclamé ce
montant. Ce n'est pas une aggravation, ce n'est pas comme si on nous avait
accordé $25 000 de dommages pour le futur et que nous revenions
aujourd'hui et disions: Ecoutez, on aurait voulu avoir $50 000. On le savait
dans le temps, mais on n'en a pas eu assez, il y a eu une erreur. Il n'y a pas
eu une erreur, on ne pouvait pas la déterminer. Le salaire constituait
le dommage et on ne savait pas si, au lendemain du jugement,
c'est-à-dire, le 7 novembre ou le 23 avril 1970, l'individu
recommencerait à travailler. C'est aussi simple que ça. On
réfère à du salaire, les dommages équivalent
à du salaire, parce que la prestation humaine n'a pas été
fournie à ce moment-là, ça devient du dommage. Je vous
rappelle que c'est exactement en salaire que c'est accordé dans le
dispositif du jugement du juge André Demers.
Autre chose qui ne doit pas être considérée,
à mon avis, par cette commission; que ce soit une question de principe.
Au nom des principes, ce n'est pas la base des lois spéciales les
principes; c'est justement pour allerà l'encontre ou couvrir les espaces
non couverts, les zones grises des lois, que ça couvre même
jusqu'à des délais de déchéance, comme je vous le
disais tout à l'heure, dans le cas de Pacifique Plante, que ça
aille même jusqu'à dire: Indépendamment du recours qui a pu
être exercé ou non. C'est là que je vais tomber dans les
deux cas que l'on vous a cités je laisse celui de M.
Laperrière de côté, dont on ne vous a pas parlé
qui annulaient une décision de la Cour d'appel. Il avait
exercé tous ses recours et on étaità l'encontre de la
décision d'un citoyen. On a dit: Monsieur, vous avez acheté un
immeuble, vous n'aviez pas le droit de l'acheter; c'est illégal, on
déclare que c'est légal.
Dans le cas de Pacifique Plante, là, vous tombez dans
l'équité. M. Plante était un avocat, ancien chef de police
de la ville de Montréal, qui connaissait ses droits. Il a dû
siéger, à un moment donné au comité de
discipline.
M. Bédard: II n'était pas maire, mais il
n'était pas loin.
M. Bouliane: Toujours est-il qu'on lui a permis... c'est quand
même curieux; quels que soient les motifs. Qu'on vienne nous dire
aujourd'hui: La ville était d'accord, c'est curieux qu'elle ait
été d'accord aussi rapidement que ça. Elle n'a pas
été d'accord pour $11000, je m'excuse, elle a été
d'accord pour qu'il s'adresse à la cour pour que ce soit fixé.
Cela a été fixé à $11 000; il a été
en appel et ça été à $115 000. C'est curieux! Un
individu qui était conscient de tous ses droits... Je m'excuse, mais M.
Plante n'a exercé aucun recours. Il n'en a exercé aucun et on lui
a permis, après ça, de les exercer et ça a
été fixé par la Cour d'appel. Je pense que
l'unanimité des parties concernées ou des différents
intéressés... c'est évident que
l'intéressée, la ville de Montréal, c'est elle qui peut
être appelée à débourser un montant d'argent. Je
vous assure que je n'aurais pas besoin d'avoir une autre motivation que
celle-là pour venir m'opposer à une loi spéciale. (18
heures)
Ce n'est pas comme une ville qui dirait: Ecoutez, c'est dû
à des tiers, on va être... Ici, ils subissent un préjudice,
dans le fond, éventuellement, uniquement parce qu'ils ne se sont pas
conformés à une décision, sous prétexte qu'ils
n'avaient pas à s'y conformer, en disant: On s'assoit, maintenant, venez
nous voir. Poursuivez-nous, faites n'importe quoi, maintenant, on ne
s'exécute pas.
Dans le cas de M. Plante, vous aviez un individu qui s'y connaissait et
vous avez entre les mains une sentence arbitrale qui va très loin. Elle
dit: c'est un individu qui n'est pas représenté. On a pris une
sanction contre lui, ses pairs sont devant lui et, en raison du fait que cela a
dû d'abord aller devant la Cour des sessions de la paix, il a perdu un an
de salaire en raison de la disposition 18.04 de la convention collective de
l'époque, qui ne permettait pas une rétroactivité
supérieure à douze mois.
On dit que ça va créer un précédent, c'est
évident que ça crée toujours un précédent,
c'est de la totologie, ça crée toujours un
précédent, un projet de loi privé, mais cela ne veut pas
dire que, parce qu'il y en a un qui est accordé, on va accorder le
suivant. Cela crée un précédent, il y a des avocats
ici.
Lorsque, par un projet de loi privé, on admet quelqu'un au
Barreau sans qu'il passe les examens, dans des cas bien spéciaux,
lorsqu'on l'admet à une Chambre professionnelle, je pense que c'est
extrêmement important, et ça s'est déjà produit. On
le fait passer à côté d'une loi. Il n'a pas besoin d'avoir
nécessairement exercé des recours.
On lui dit: monsieur, par loi spéciale, on vous y autorise. Le
but d'une loi spéciale, d'un projet de loi privé, c'est de
créer un précédent. Le précédent ne veut pas
nécessairement dire que tous les cas qui vont ressembler à
ça, on les accorde automatiquement. C'est évident et c'est une
question de principe. Le principe d'équité en est un qui est
très fort.
On mentionne les autres cas que nous avons cités. On a consenti,
dans le cas de M. Plante, à ce que la prescription soit levée. On
va consentir à ce que la prescription soit levée dans le cas d'un
individu qui exerçait une fonction spécifique, ou c'était
lui qui aurait pu y consentir dans le cas d'un autre individu, donc, qui
connaissait ses droits, quelles que soient les raisons pour lesquelles il ne
les a pas exercés.
Dans le cas d'un simple individu qui n'a même pas
été représenté par un avocat, on ne le lui permet
pas. Je pense que ceci répond aux arguments qui ont été
soulevés. Nous ne demandons pas par cette loi spéciale
l'exécution spécifique de la sentence arbitrale, parce que nous
ne pouvons pas rétroagir, je suis d'accord avec Me Péloquin sur
ce point. Nous voulons pouvoir exercer des droits que nous ne pouvons plus
exercer aujourd'hui, et si nous ne pouvons plus les exercer, c'est parce que
nous avons passé par toutes les étapes, cinq étapes
différentes: Cour des sessions de la paix, motion préliminaire
sur le grief, dépôt du grief, gain de cause sur le grief, on va en
Cour supérieure et on gagne, on va en Cour d'appel... A chaque
étape, on gagne. La dernière, je vous l'ai citée, c'est
une lettre adressée au maire de Montréal. On dit: Cela a assez
traîné, ça fait cinq ans, M. le maire, ce serait
peut-être le temps qu'on se retourne de bord et que l'on dise: Ce
gars-là, il serait peut-être temps qu'il commence à
travailler.
Je peux vous donner la réponse que j'ai oublié de citer
tout à l'heure, ce n'est pas par Me Péloquin, par l'ex-directeur
Côté, Péloquin, Normandin et Bouchard, Law Office of the
City. Je ne connais pas la traduction, mais, enfin... On nous dit ceci en
réponse à notre lettre, on nous dit ceci le 20 mars 1973, sans
préjudice: "Nos instructions sont de vous informer que, selon notre
opinion, il n'existe pas de liens de droit entre M. Desfossés et la
ville de Montréal et qu'au surplus la ville n'a pas l'intention de
retenir M. Desfossés à son service à quelque titre que ce
soit. Bien à vous..." C'est la seule lettre que je peux vous produire de
la ville de Montréal après dix ans de procès. C'est la
seule lettre... Si ce n'est pas de l'équité, je ne suis pas
capable de vous donner d'autre définition que ça de
l'équité.
Le Président (M. Dussault): Nous suspendons deux minutes
les travaux de cette commission.
Suspension de la séance à 18 h 4
Reprise de la séance à 18 h 46
Le Président (M. Dussault): Nous allons reprendre les
travaux de la commission, si vous voulez retourner à vos places, s'il
vous plaît. M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, je voulais
m'en-quérir, à la reprise de nos travaux, si les deux procureurs
des différentes parties avaient autre chose à ajouter.
M. Péloquin: Je n'ai pas autre chose à ajouter.
M. Bédard: Me Bouliane.
M. Bouliane: Non, je n'ai pas autre chose.
M. Bédard: Je ne sais pas s'il y a des membres de la
commission qui ont des questions particulières à poser.
M. Lalonde: Compte tenu des conversations qu'on a eues...
M. Bédard: Nous allons avoir un amendement à
proposer.
M. Lalonde: ... pendant la suspension, je pense que le ministre a
un amendement à proposer. On parlera là-dessus.
M. Bédard: Nous avons un amendement à proposer qui
remplacerait...
Le Président (M. Dussault): Les articles 1, 2 et 3.
M. Bédard: ... par article 1 qui se lirait comme suit:
"Malgré toute prescription applicable et malgré le jugement rendu
à son sujet par la Cour supérieure, en date du 22 avril 1970,
dans le district de Montréal, Claude Desfossés a le droit, d'ici
le 1er janvier 1980, de s'adresser au tribunal compétent pour exercer
les recours qui pourraient découler de l'inexécution, par la
ville de Montréal, de ses obligations à son égard."
Article 2, "la présente loi entre en vigueur le jour de sa
sanction."
Le Président (M. Dussault): Est-ce qu'il y a des
interventions? D'abord, est-ce que la commission consent à remplacer
pour les fins de la discussion, les articles 1, 2 et 3, par l'article 1 que
nous a lu le ministre?
M. Lalonde: Consentement.
Le Président (M. Dussault): Consentement. Est-ce qu'il y a
des interventions sur le nouvel article 1?
M. Lalonde: Peut-être que le ministre veut expliquer les
raisons qui l'ont inspiré.
M. Bédard: Je voudrais demander au requérant qui a
pris connaissance de l'amendement...
M. Bouliane: J'aurais peut-être...
M. Bédard: ... s'il a des remarques à faire.
M. Bouliane: ... une chose à ajouter, à la fin des
mots, "obligations à son égard lui résultant de la
sentence," soit que la source de la réclamation éventuelle vient
de la décision de l'arbitre Gagnon, Louis-Philippe Gagnon. Je pense que
cela fait simplement préciser "de ses obligations à son
égard pouvant lui résulter ou lui résultant de la
décision de l'honorable Louis-Philippe Gagnon siégeant comme
président unique du tribunal d'arbitrage le 7 juin 1968.
M. Lalonde: Je ne sais pas, mais il me semble que, s'il y a des
droits, ce n'est pas seulement ou nécessairement à cause de la
sentence arbitrale, c'est à cause du lien de droit qui existait au
départ.
M. Bouliane: D'accord.
M. Lalonde: C'est son engagement.
M. Bouliane: D'accord, oui.
M. Bédard: Je pense que la formule que je propose est
beaucoup plus générale.
M. Lalonde: Oui, plus générale.
M. Bouliane: Je suis d'accord avec vous. L'autre point,
c'était notre article 3 qui nous tenait à coeur. Il est relatif
aux frais, honoraires, déboursés encourus. Est-ce que la
suggestion est à l'effet que cet article tombe?
M. Lalonde: Oui. M. Bédard: Oui.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je ne sais pas jusqu'à quel point les
démarches de M. Desfossés ont pu être faites au niveau de
l'aide juridique. Mais je pense que, de toute façon, on ne peut pas
s'embarquer dans une telle chose avec l'article 3.
M. Bédard:... porter un jugement, a priori.
M. Péloquin: Je ne sais pas si les membres de la
commission s'en rendent compte, mais c'est l'équivalent de demander la
"spécific performance". C'est l'exécution spécifique. Je
ne pense pas que ma cliente va payer M. Desfossés à ne rien
faire. A ce moment-là, elle va le réengager.
M. Bouliane: II n'y a aucune objection à cet égard,
qu'il y ait de la "spécific performance" et que, dans l'intervalle, il y
ait éventuellement des dommages équivalents en salaires qui
soient payés.
M. Péloquin: Je veux bien que les membres de la commission
pensent à cet aspect, à l'équivalent pratique de cela.
Evidemment, on ne va pas laisser un bonhomme à ne rien faire et le
payer. Je pense que l'employeur va le réengager. Est-ce que l'employeur
a le choix dans de telles conditions.
M. Lalonde: Si l'employeur n'a pas de bonnes raisons de ne pas
l'engager... C'est un des aspects, je vous l'ai dit, de ce cas-là, qui
inspire les membres de la commission de lever la prescription, d'écarter
la chose jugée, dans la mesure où cela pourrait l'empêcher,
autrement, de faire valoir ses droits en cour. C'est le fait que nulle part, on
voit, dans ce dossier, une justification de la ville de ne pas avoir suivi la
sentence arbitrale. Il y a peut-être des raisons. A ce moment-là,
la ville les dira en cour. Cela m'apparaît un hiatus dans le dossier, qui
nous justifie, dans ce cas-là en particulier, de faire ce qu'on fait. On
ne juge pas. On ne dit pas que la ville doit les dommages. On fait bien
attention de ne pas se substituer à la cour. On dit simplement: Etant
donné les faits qu'on connaît, essayez de faire valoir vos droits
en cour.
Votre question, Me Péloquin, vient-elle du fait que, dans le
texte proposé, il y a les mots "exercer les recours en
dommages-intérêts"? Est-ce cela qui vous fait dire qu'on ouvre la
porte...
M. Péloquin: Non, cela ne tient pas au texte. Je dois
m'empêcher de parler, je pense que je nuirais aux droits de ma cliente
devant le tribunal lorsque la cause viendra.
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez, M. le
ministre souhaite que l'on suspende encore pour quelques minutes. Y a-t-il
consentement?
M. Lalonde: Pas trop longtemps.
Le Président (M. Dussault): Nous suspendons pour de
très brèves minutes.
Suspension de la séance à 18 h 57
Reprise de la séance à 19 h 3
Le Président (M. Dussault): Messieurs, nous reprenons les
travaux de la commission. M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, nous avons eu certains
ajournements, des discussions avec des membres de la commission. J'ai lu tout
à l'heure; j'ai porté à la connaissance des membres de la
commission, et de la partie requérante, et du procureur de la ville de
Montréal, les amende-
merits, un texte en deux articles. Il me semble bien que la commission,
les membres de la commission sont prêts unanimement à accepter ce
texte, mais naturellement à condition que vous le fassiez vôtre.
On est ici pour répondre à une de vos requêtes.
M. Bouliane: En ce qui me concerne, au nom du requérant,
je suis disposé à l'accepter comme tel. Je l'accepte comme
tel.
M. Bédard: Et d'en faire votre requête?
M. Bouliane: C'est ça. Je le déclare
officiellement, M. le Président et M. le ministre.
Le Président (M. Dussault): Le nouvel article, l'article
1, est-il adopté? Je m'excuse, je vais le relire: L'amendement
consistait à remplacer les articles 1, 2 et 3 du projet de loi no 262
par le nouvel article 1 : "Malgré toute prescription applicable et
malgré le jugement rendu à son sujet par la Cour
supérieure, en date du 22 avril 1970, dans le district de
Montréal, Claude Desfossés a le droit, d'ici le 1er janvier 1980,
de s'adresser au tribunal compétent pour exercer les recours qui
pourraient découler de l'inexécution par la ville de
Montréal de ses obligations à son égard." Ce nouveau texte
remplaçant les articles 1, 2 et 3 est-il adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 4 du projet de loi
serait renuméroté 2. Est-ce que cet amendement est
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Le nouvel article 2 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Maintenant, relativement au
préambule. Si vous voulez le retirer, je vous suggère
l'amendement suivant: Le préambule est retiré.
M. Lalonde: Je pense bien que c'est inutile de toute
façon.
M. Bouliane: C'est inutile à ce moment.
Le Président (M. Dussault): Le préambule est
retiré. C'est adopté.
M. Bouliane: Je pense qu'il y a peut-être lieu,
néanmoins, M. le Président, que je dépose les documents
qu'on m'a demandés en dix copies, s'il vous plaît, pour le
bénéfice de chacun.
M. Bédard: Vous pourrez les faire parvenir à chacun
des membres de la commission.
M. Bouliane: On m'a donné l'adresse à qui je dois
les faire parvenir.
Le Président (M. Dussault): Le projet de loi no 262, Loi
concernant Claude Desfossés tel qu'amendé est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Je remercie Me
Bouliane, Me Landry ainsi que Me Péloquin de leur participation à
nos travaux, de même que M. Desfossés, évidemment.
M. Bouliane: Merci.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je voudrais dire juste un mot avant de terminer.
Cela me fait plaisir d'avoir participé à ce projet de loi, celui
d'une personne démunie face à une situation qui a pu se rendre
jusqu'à l'Assemblée nationale et être entendue de
façon unanime par tous les membres d'une commission parlementaire, et je
pense que si on avait rendu en tant que députés seulement ce
service, même pendant quatre ans, ça aurait déjà
été pas mal.
Le Président (M. Dussault): II n'y a pas d'autres
intervenants? La commission a terminé l'étude des projets de loi
qui étaient prévus, sauf le projet de loi 28, mais de toute
façon il aurait fait l'objet d'un rapport séparé. Le
rapporteur de cette commission, M. Alfred, de Papineau, fera rapport à
l'Assemblée nationale.
J'ajourne les travaux de cette commission sine die.
Fin de la séance à 19 h 7