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Etude des projets de loi nos 35, 31, 11, 38, 40 et
28
(Dix heures seize minutes)
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, messieurs!
Nous allons commencer les travaux de la commission élue
permanente de la justice qui a le mandat de faire l'étude article par
article des projets de loi nos 11, 28, 31, 35, 38, et 40.
Sont membres de cette commission: M. Alfred (Papineau), M. Bédard
(Chicoutimi), M. Blank (Saint-Louis), M. Charbonneau (Verchères), M.
Clair (Drummond), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Lacoste (Sainte-Anne), M.
Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Samson (Rouyn-Noranda) et M. Vaillancourt
(Jonquière).
Pourraient aussi intervenir: M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe), M. Jolivet (Laviolette), en remplacement de M. Duhaime
(Saint-Maurice), M. Lavigne (Beauharnois), M. Léger (Lafontaine), M.
Marois (Laporte), M. Pagé (Portneuf) et M. Tardif (Crémazie).
Il faudrait nommer un rapporteur pour les travaux de cette commission.
Quelqu'un a-t-il une suggestion à faire au président?
M. Clair: Je suggérerais le député de
Papineau.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que M. le
député de Papineau est consentant?
M. Alfred: Oui, j'accepte.
Le Président (M. Dussault): La commission est
d'accord.
M. Lalonde: Oui, j'accepte d'emblée, avec enthousiasme,
avec beaucoup d'optimisme.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Papineau sera rapporteur de cette commission. Je voudrais savoir de la
commission dans quel ordre elle entend faire l'étude des projets de
loi.
M. Bédard: M. le Président, si vous n'avez pas
d'objection, on va commencer dans le même ordre, on va essayer de suivre
le même ordre qu'à l'Assemblée nationale. Alors, on
commencerait par le projet de loi no 35, la Loi corrective.
M. Lalonde: Est-ce que c'est dans le projet de loi 35 qu'on a un
problème concernant la Loi de l'immigration? Je pense que oui.
M. Bédard: Je pense que oui et s'il le faut, on suspendra
l'article, parce que l'esprit de la loi est que ça ne suscite pas de
changements fondamentaux et de discussions.
M. Lalonde: Si j'ai bien compris, le ministre a une consultation
à faire avant de passer à l'étude article par article, ou
enfin, de cet article.
M. Bédard: ... de cet article. J'ai déjà
informé les membres de l'Opposition de certains autres amendements qui
sont purement correctifs. S'ils ne font pas l'objet de discussions,
après que l'Opposition en aura pris connaissance, on les ajoutera.
M. Lalonde: Est-ce qu'on pourrait me rappeler l'ordre dans lequel
on les a présentés en Chambre? C'est 35...
Le Président (M. Dussault): Ce serait 35, 31, 38, 11,40,
et 28.
M. Lalonde: Le Code de procédure, c'est le numéro
40. Cela arriverait vers l'avant-dernier.
Le Président (M. Dussault): L'avant-dernier, oui.
M. Lalonde: Cela fonctionne. Mon collègue, le
député de Mont-Royal, est dans une autre commission
parlementaire, les richesses naturelles, et il voudrait être ici
lorsqu'on abordera l'étude article par article de la loi qui crée
la police des villages naskapis.
Le Président (M. Dussault): Le no 38.
M. Lalonde: C'est le troisième; on pourra lui faire signe
à ce moment.
M. Bédard: Sûrement. M. Lalonde: Très
bien.
Projet de loi no 35
Le Président (M. Dussault): Nous débutons donc par
le projet de loi no 35, Loi modifiant ou abrogeant certaines dispositions
législatives. Y a-t-il des remarques préliminaires, M. le
ministre, avant que j'appelle l'article 1 ?
Remarques préliminaires
M. Bédard: Une petite remarque préliminaire sur
l'article en question. L'abrogation qui est suggérée par cet
article s'inscrit dans un processus d'épuration de nos lois. En effet,
les articles abrogés ne sont plus d'aucune utilité. D'une part,
le sens des articles 1 à 4 de cette loi est reproduit aux articles 94
à 94k du Code de procédure et à l'article 16 de la Loi du
ministère de la Justice. D'autre part, l'article 6, qui établit
la possibilité pour les Quakers de faire une affirmation solennelle au
lieu de prêter serment, est désuet, compte tenu de l'article 299
du Code de procédure civile et du paragraphe 27 de l'article 61 de la
Loi de l'interprétation.
Les articles 7 et 8, qui concernent respectivement le bref de "capias ad
respondendum" et la saisie d'un train de bois, sont du siècle dernier et
ne sont plus utilisés; je ne pense pas qu'il y ait une longue discussion
là-dessus.
Enfin, les articles 9 à 15 de cette loi visaient à valider
certaines ventes et on peut considérer que l'objet de ces articles est
désormais accompli. Ces articles n'ont d'ailleurs pas été
reproduits dans les lois refondues du Québec de 1977 pour ces
raisons.
Le Président (M. Lacoste): L'article 1 est donc
appelé.
M. Lalonde: Avant d'adopter l'article 1, je pensais que
c'étaient des remarques préliminaires que le ministre voulait
faire. Je comprends que le caractère de ces articles ne justifie pas de
longs discours. Je voudrais cependant dire deux choses.
On a reçu vendredi du ministre des amendements au projet de loi
35. Je voudrais remercier le ministre de nous les avoir envoyés quelques
jours avant d'aborder l'étude article par article. Si son exemple
était suivi par ses collègues, on serait déjà en
vacances probablement d'ici quelques jours.
M. Bédard: Je vais transmettre le message, je ne suis pas
certain.
M. Lalonde: Etant donné que le pot va suivre les
fleurs...
M. Bédard: Oui, c'est ce que je pensais.
M. Lalonde: Ce que je voudrais vous dire, c'est ceci: je vois
qu'il y a des amendements à la Loi de la protection de la jeunesse que
vous voulez inclure dans le projet de loi.
M. Bédard: C'est cela.
M. Lalonde: Je sais que vous m'en avez fait part privément
il y a quelques jours. Cependant, je ne me souviens pas si le ministre en a
fait part à l'Assemblée nationale lors de son discours de
deuxième lecture.
M. Bédard: Non, je n'en ai pas fait part à
l'Assemblée nationale au discours de deuxième lecture, parce que
ces amendements devaient être préalablement
entérinés par le Conseil des ministres, ce qui est fait à
l'heure actuelle, et ce qui permettra d'en informer les membres de
l'Opposition.
M. Lalonde: En principe, M. le Président, je n'ai pas
d'objection à en considérer l'adoption, l'étude. Je
voudrais simplement qu'on ne commette par un impair, étant donné
que l'Assemblée nationale n'a pas adopté le principe de ces
amendements, parce qu'il semble que ce soit une série d'amendements,
surtout concernant la Loi de la protection de la jeunesse.
M. Bédard: Et certaines corrections à la loi
40.
M. Lalonde: Aussi, des ajustements au régime de retraite
des juges. A ce moment-là, ça peut être un peu plus
technique. Dans quelle mesure, M. le Président, considérez-vous
que ces amendements sont recevables? Je vais vous laisser
réfléchir là-dessus.
Le Président (M. Dussault): J'avais commencé
à le faire.
M. Lalonde: Vous avez commencé à le faire. M.
Bédard: M. le Président...
M. Lalonde: Est-ce que votre décision est favorable? Je ne
veux pas en faire un débat, je veux absolument être bien sûr
qu'on n'arrive pas avec des reproches de l'Assemblée qui nous sont
transmis parce qu'on a étudié une loi qui n'a pas
été adoptée en principe.
M. Bédard: Je serai très bref, M. le
Président. Je pense que, comme politique générale, les
amendements à une loi corrective doivent être le moins nombreux
possible, il n'y a aucun doute là-dessus; ces amendements doivent
être d'ordre technique, non susceptibles de soulever un long
débat. Je proposerais à mes collègues la
possibilité de fonctionner avec le projet de loi tel que
présenté à l'Assemblée nationale. Nous aurons
peut-être l'occasion de regarder l'essentiel de ces nouveaux amendements
que j'apportais, s'ils ne semblent soulever absolument aucun débat,
puisque je suis à même de constater que ce sont des dispositions
d'ordre correctif et que cela n'a pas pour effet de changer un vote qui a
été donné, une acceptation de principe qui a
été donnée au niveau de l'Assemblée nationale. On
avisera en conséquence, au moment voulu.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Drummond. Je demanderais, s'il vous plaît, au personnel du ministre de
remettre au président les amendements dont il est question.
M. Clair: M. le Président, je ne sais pas si je dois le
faire maintenant, c'est simplement que j'aimerais plaider en faveur de la
recevabilité des amendements proposés par le ministre.
Peut-être qu'il vaudrait mieux attendre que la commission en soit
saisie.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, je voudrais simplement dire
que, quant à moi, j'ai reçu les amendements du ministre vendredi
dernier, vendredi après-midi; cependant, je viens seulement d'en prendre
connaissance parce quand je les ai reçus, j'étais
déjà parti dans mon comté. Je n'aurais pas d'objection de
principe à les adopter immédiatement quitte à les faire
ratifier par l'Assemblée nationale s'il y a lieu, par la suite. Je pense
que ce sont des amendements d'ordre technique et qu'il y aurait avantage que
tous les membres de l'Assemblée nationale voient ces amendements
adoptés.
M. Bédard: Alors, est-ce que vous acceptez la suggestion
qu'on commence avec le projet de loi
tel que rédigé et, qu'à la fin, s'il faut en
suspendre l'étude pour passer à d'autres projets, entre-temps, on
le fera.
M. Lalonde: D'accord. L'article 1, en ce qui me concerne, est
adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 1 est adopté.
J'appelle l'article 2.
Semaine de l'arbre et de la forêt
M. Bédard: L'article 2 a pour effet que la période
fixée au début du mois de mai pour la tenue de la semaine de
l'arbre et de la forêt est considérée comme trop tôt
en saison pour que cette semaine atteigne l'objectif visé. L'effet de
cet article est tout simplement de fixer une autre date pour cette semaine et
de la faire commencer le dernier dimanche de mai, en raison de la
température qui est généralement plus clémente dans
tout le Québec et qui permet aussi de donner suite à des
manifestations qui sont organisées dans le cadre de cette semaine.
M. Lalonde: Adopté, M. le Président. Cela va
très bien...
Le Président (M. Dussault): L'article 2 est donc
adopté. J'appelle l'article 3.
Correction au Code du travail
M. Bédard: Le paragraphe c) de l'article 21 du Code du
travail prévoyait avant sa modification par le chapitre 41 des lois de
1977 qu'une association de salariés pouvait demander
l'accréditation à la place d'une association déjà
accréditée six mois après la date d'acquisition du droit
à la grève, sauf dans trois circonstances. Le fait que le
différend ne fasse pas l'objet d'une grève ou d'un "lockout"
était une de ces circonstances. Or, à la suite d'une erreur
d'impression, l'expression "ne fait pas", a été remplacée,
dans le chapitre XIV des lois de 1977, par l'expression "n'a pas fait". Cette
erreur a comme effet d'empêcher une association de salariés de
déloger une association accréditée qui a fait une
grève à une époque quelconque du différend et cette
interprétation, d'ailleurs, a été récemment
confirmée par une décision du Tribunal du travail.
L'article 3 vise donc le redressement de cette situation, puisqu'il est
bien clair que l'interprétation dont je viens de traiter n'a jamais
été voulue ou souhaitée par le gouvernement ou par les
membres de l'Assemblée nationale.
M. Lalonde: M. le Président, chaque fois que le ministre
de la Justice aura l'intention de corriger les erreurs de son gouvernement,
nous serons ici tous les lundis matin pour appuyer ses corrections ou ses
améliorations, mais il me semble que ça fait un programme un peu
trop chargé. On va commencer par celui-là. Je suis d'accord avec
le changement. C'est évident que ce n'était pas l'intention du
législateur, parce que, de toute façon, il n'y avait même
pas de limite dans le temps. Il ne l'a pas fait; c'était dans le
passé et ça aurait pu être 20 ou 10 ans; on ne le savait
pas.
Le Président (M. Dussault): L'article est...
M. Bédard: Je dois dire que ce n'est pas, à
proprement parler, une erreur gouvernementale. J'ai bien dit que c'était
une erreur d'impression.
Le Président (M. Dussault): ... Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 4.
M. Bédard: Cet article propose de remplacer le titre de la
Loi des clubs de pêche et de chasse pour le faire correspondre à
l'expression courante: Clubs de chasse et de pêche. Cette modification
est accessoire à celle proposée par l'article...
M. Fontaine: Adopté.
M. Lalonde: M. le Président, c'est sans
conséquence, sauf qu'on donne préférence aux chasseurs
actuellement. Enfin, adopté.
M. Bédard: II n'y a pas de quoi en faire un débat,
j'imagine?
M. Lalonde: Non.
Le Président (M. Dussault): L'article 4 est adopté.
J'appelle l'article 5.
Obligation abrogée
M. Bédard: L'article 5. L'actuel article 3 oblige le
ministre des Consommateurs, des Coopératives et Institutions
financières à approuver les statuts, règles et
règlements de tous les clubs de chasse et de pêche du
Québec. Bien que le maintien de l'obligation permettra un contrôle
théorique de la légalité des statuts, règles et
règlements en regard de la Loi des compagnies, cette procédure
n'offre aucune garantie quant à l'observance des statuts, règles
et règlements. Cette procédure peut également placer le
ministre concerné dans une position délicate, voire l'obliger
à se substituer aux tribunaux, lorsqu'il doit se prononcer sur la
légalité des documents soumis. Au surplus, cette procédure
exige beaucoup de temps, retarde l'entrée en vigueur des statuts,
règles et règlements et gonfle les dossiers du ministère
concerné.
Le contrôle effectué dans le cas des règlements des
clubs est le même que celui qui existait dans la Loi des compagnies,
puisque les clubs sont assujettis à cette loi. Or, cette pratique a
été abandonnée dans la Loi des compagnies pour les
corporations sans but lucratif. C'est pour ces raisons que l'on propose
l'abrogation de cette obligation.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre peut simplement me dire s'il y
a d'autres lois qui exigent cette espèce de paternalisme de
contrôle direct du gouvernement sur des procédures aussi simples
que des règlements de compagnies ou des règlements de
sociétés ou d'associations? Il reste encore...
M. Bédard: II semble que...
M. Clair: La loi existe toujours à ma connaissance... (10
h 30)
M. Lalonde: Pourquoi ne le ferait-on pas en même temps?
M. Bédard: Egalement dans le domaine des transports... on
va les prendre une par une. On n'est vraiment pas en train de corriger notre
législation.
M. Clair: Les erreurs, l'ancien gouvernement veut s'en garder
quelques-unes.
M. Lalonde: M. le Président, je suis parfaitement d'accord
qu'on soulage la population, y compris les membres des clubs de chasse et de
pêche de la lourde présence et du paternalisme constant du
présent gouvernement. Je suis prêt à adopter l'article
6.
Le Président (M. Dussault): Vous voulez dire l'article
5.
M. Lalonde: Les articles 5 et 6. L'article 6 est de
concordance.
M. Bédard: L'article 6, oui, c'est vraiment de
concordance.
Le Président (M. Dussault): Donc, l'article 5 est
adopté. J'appelle l'article 6 et il est aussi adopté.
M. Lalonde: Adopté, oui.
Modification au Code de la route
Le Président (M. Dussault): J'appelle l'article7.
M. Bédard: M. le Président, la modification qui est
suggérée par cet article ajoute aux infractions pour lesquelles
le greffier devait donner avis au Bureau des véhicules automobiles,
certaines infractions à la Loi sur l'assurance automobile. Le motif de
cette addition est de fournir au bureau une information rapide puisque, dans
ces cas, assurance obligatoire de responsabilité, remise d'attestation
d'assurance ou utilisation d'attestation annulée, résiliée
ou expirée, le directeur du bureau doit être informé dans
les meilleurs délais. Par ailleurs, compte tenu du nombre de ces avis,
l'article 7 propose, pour alléger le fardeau administratif des
greffiers, de permettre l'apposition mécanique de leur signature sur ces
avis. C'est juste en fonction d'une meilleure information.
M. Lalonde: Quel est le but de cette information?
C'est-à-dire que le Bureau des véhicules automobiles
reçoit cette information du greffier...
M. Bédard: Oui.
M. Lalonde:... et c'est pour la tenue à jour des points de
démérite?
M. Bédard: Entre autres, oui. M. Lalonde: Entre
autres.
M. Fontaine: Ce sont des infractions à la Loi sur
l'assurance automobile.
M. Lalonde: Non, il y a aussi le Code criminel, articles 233
à 238.
M. Fontaine: Oui, mais cela y était
déjà.
M. Lalonde: Alors, les articles 186, 187, 191, 192 de la Loi sur
l'assurance automobile.
M. Fontaine: C'est cela. Je pense que c'est tout simplement
d'ordre administratif pour permettre de suspendre, d'annuler des permis...
M. Bédard: C'est parce que le Bureau des véhicules
automobiles avait le droit à une information rapide de la part des
greffiers, et simplement pour que cela se fasse le plus rapidement possible, il
y a une disposition concernant la possibilité de l'apposition
mécanique de leur signature sur ces avis et également...
M. Lalonde: Au deuxième alinéa, la question des
signatures, ce n'est pas trop grave, mais au premier alinéa, on ajoute
les infractions...
M. Bédard: On ajoute les infractions à la Loi sur
l'assurance automobile parce que cela peut avoir des effets au niveau de la
preuve d'assurabi-lité pour le directeur et ainsi de suite, pour les
points de démérite et les permis.
M. Lalonde: Pour la preuve d'assurabilité et le
permis.
M. Bédard: Oui.
M. Lalonde: De toute façon, c'est une information
publique; les condamnations, qu'ils aillent les chercher ou qu'ils les
reçoivent par avis, cela revient au même.
M. Bédard: C'est tout simplement...
M. Lalonde: Pourvu qu'ils ne mettent pas cela dans le fichier des
électeurs, on va s'arranger pour que cela n'arrive pas. A ce
moment-là...
M. Fontaine: ... de la réciprocité, cela va y
être.
M. Lalonde: Oui, mais on ne l'adoptera pas. C'est entendu, c'est
réglé.
M. Bédard: Aucune réciprocité.
Le Président (M. Dussault): L'article 7 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 8.
M. Bédard: Article 8. A l'instar d'autres ministres, il
serait opportun que le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre ne soit plus
tenu d'autoriser spécialement chacun des fonctionnaires pouvant, par
leur signature, engager le ministère. L'article 8 propose donc que la
signature des documents des fonctionnaires n'engage le ministère que
dans la mesure prévue par règlement. C'est un ajustement de ce
qui se fait là par rapport à ce qui se fait dans les autres
ministères.
M. Lalonde: Plusieurs ministères ont déjà
fait ces changements.
M. Bédard: Exactement, l'an passé on en a
accepté plusieurs.
M. Lalonde: II y a une coquille, M. le Président, à
la cinquième ligne. C'est lieutenant-gouverneur, il y a un "u" au lieu
du "n".
Le Président (M. Dussault): La correction sera faite.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 8 est adopté.
J'appelle l'article 9.
M. Lalonde: Est-ce qu'on peut suspendre, M. le
Président?
M. Fontaine: Oui, on peut suspendre.
Le Président (M. Dussault): On suspend l'article 9?
M. Bédard: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): J'appelle l'article 10.
M. Lalonde: C'est la même chose, c'est dans la même
veine.
M. Bédard: II faut le suspendre aussi. M. Lalonde:
Et 11.
Le Président (M. Dussault): Les articles 10 et 11 sont
suspendus; j'appelle l'article 12.
Droit de vote des procureurs de la couronne
M. Bédard: L'article 12 propose un amendement de
concordance à la Loi des substituts du procureur général,
pour y supprimer l'interdiction de voter des substituts permanents, puisque
cette interdiction a été supprimée dans la Loi
électorale de 1978. Comme vous le savez, le droit de vote est maintenant
accordé aux juges. Je ne vois vraiment pas quel serait le fondement
d'une argumentation voulant que les procureurs de la couronne aient moins de
droits dans ce domaine.
M. Lalonde: J'ai dit ce que j'avais à dire
là-dessus en deuxième lecture. Je suis d'accord avec...
M. Bédard: Vous nous avez déjà
exprimé. M. Fontaine: Egalement, M. le Président.
M. Lalonde: ... la formalité en point de vue de
l'étude article par article.
Le Président (M. Dussault): Donc, l'article 12 est
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 13.
Diverses modifications
M. Bédard: L'article 13 propose une correction mineure
à la Loi de la conservation de la faune. En effet, lors d'une
modification de cette loi en 1978, une peine plus lourde était
prévue pour une infraction à l'article 60 et ce, par l'article
64. Il aurait donc fallu supprimer à l'article 62 la
référence à l'article 60 et c'est le but de l'article 13
en question.
M. Lalonde: Que ceux qui ne comprennent pas... C'est l'article 62
qui est changé? D'accord, cela va.
M. Fontaine: On enlève l'article 60... M. Lalonde:
C'est cela. M. Fontaine: ... auquel on faisait
référence. M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 13 est
adopté. J'appelle l'article 14.
M. Bédard: L'article 14 vise la solution d'un
problème technique soulevé par l'application de l'article85 de la Loi de l'aide juridique et par
l'article 52 de cette même Loi de l'aide juridique. L'article 85
de cette loi interdit à la Commission des services juridiques, ainsi
qu'à chaque corporation d'aide juridique de faire des dépenses,
assumer des obligations ou contracter des engagements, sauf dans la mesure
où les deniers qui leur sont versés annuellement sont suffisants
pour ce faire. Il s'agit d'une comptabilité d'exercice. J'ai eu
l'occasion d'en discuter plus longuement au cours de la deuxième
lecture.
M. Lalonde: D'accord.
M. Bédard: Je ne sais pas si mes collègues de
l'Opposition sont d'accord.
M. Lalonde: Pas de problème, cela va, adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 14 est
adopté. J'appelle l'article 15.
M. Lalonde: C'est à peu près le même
problème.
M. Bédard: C'est une concordance. Les modifications
apportées par l'article 15 aux articles 86 et 87 de la Loi de l'aide
juridique sont de concordance et complètent celles proposées par
l'article 14. Elles visent à indiquer clairement que l'état des
obligations assumées ou des engagements contractés en vertu de
l'article 52, auquel je faisais référence tout à l'heure,
constitue un élément dont la description dans le rapport annuel
peut ne pas être précise.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 15 est
adopté; j'appelle l'article 16.
M. Bédard: La modification que propose l'article 16
précise que la référence contenue à l'article 37 de
la Loi sur les droits successoraux est une référence à la
partie 1 de la Loi sur les impôts.
M. Lalonde: Cela ne change rien.
M. Bédard: Cela ne change absolument rien; c'est qu'il y
avait une mauvaise référence et on la corrige avec cet
article.
M. Fontaine: Adopté. M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 16 est
adopté; j'appelle l'article 17.
M. Bédard: Cet article a pour but de corriger une erreur
typographique en remplaçant, dans la dernière ligne du premier
alinéa de l'article 19 de la Loi concernant les villages cris, le mot
"de" par le mot "a".
M. Lalonde: Cela ne change pas le sens.
M. Bédard: Cela ne change pas le sens. M. Lalonde:
Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 17 est
adopté.
M. Bédard: Même le député de
Mont-Royal n'a pas fait de remarque.
M. Lalonde: Non, c'est ce que je cherchais, je ne l'ai pas
vu.
Le Président (M. Dussault): Donc, l'article 17 est
adopté; j'appelle l'article 18.
M. Bédard: La Loi concernant les villages cris a
été proclamée le 28 juin 1978. Or, les articles 25 et 81
de cette loi réfèrent à l'article 610 de la Loi des
cités et villes telle que modifiée par l'article 21 du chapitre
52 des Lois de 1977 et aux articles 610a à 610c de la Loi des
cités et villes édictée par l'article 22 de ce chapitre.
Cependant, les articles 21 et 22 de la Loi modifiant la Loi des cités et
villes ne sont entrés en vigueur que le 1er août 1978, alors qu'on
y référait depuis le 28 juin 1978. L'article 18 a pour effet de
corriger cette situation et donne suite à la volonté du
législateur puisqu'il comble le vide existant entre le 28 juin 1978 et
le 1er août 1978. Alors, ça ne change rien.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 18 est
adopté. J'appelle l'article 19.
M. Bédard: L'article 19 corrige simplement une erreur dans
l'accord du mot "autorisé" à la troisième ligne du
deuxième alinéa de l'article 435, tel que remplacé pour
les municipalités de villages cris ou du village naskapi.
M. Lalonde: C'est pas mal...
M. Bédard: II y a une petite erreur typographique à
corriger: "toute servitude".
Le Président (M. Dussault): Oui, "toute servitude". C'est
cela. La correction sera faite. C'est le mot "toute" à la
deuxième ligne.
M. Fontaine: M. le Président, dans le deuxième
paragraphe, à la troisième ligne: "la corporation
autorisés", on a mis un "s". Est-ce que ça réfère
aux employés peut-être?
M. Lalonde: C'est sûrement les fonctionnaires ou
employés. Ce n'est sûrement pas la corporation qui est
autorisée par résolution du conseil.
M. Bédard: C'est ça, l'effet de l'amendement. C'est
pour bien indiquer qu'on vise les fonctionnaires et non pas la corporation.
Alors, ça explique le pluriel de "autorisés".
Le Président (M. Dussault): L'article 19 sera-t-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 20.
M. Bédard: L'article 20 vise à corriger la
description des limites du territoire de la ville de Buckingham, qu'on retrouve
à l'annexe I de la Loi constituant certaines municipalités dans
l'Outaouais, pour y préciser que le cadastre du canton de Buckingham
comprend aussi le cadastre du village du Buckingham. Alors, il s'agit...
M. Fontaine: D'accord.
M. Lalonde: Je m'excuse, M. le ministre, si vous aviez des
explications brillantes là-dessus, mais...
M. Bédard: Non, quand c'est adopté, je n'ai plus
d'explications. Je pars du principe que l'Opposition a très bien compris
la nécessité de cet amendement.
Le Président (M. Dussault): L'article 20 est
adopté. J'appelle l'article 21.
M. Lalonde: Nous le réclamions depuis longtemps.
M. Bédard: L'article 21 vient préciser que
l'article 18 prend effet le 28 juin 1978. Cette rétroactivité a
pour effet de donner un sens à l'article 18 qu'on a adopté tout
à l'heure.
M. Lalonde: C'est étrange de l'avoir mis à 21 au
lieu de 19. On y a pensé à ce moment.
M. Bédard: Tous les articles de mise en vigueur sont avant
la sanction.
Le Président (M. Dussault): L'article 21 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté et l'article 22 également.
Le Président (M. Dussault): L'article 22 est
adopté.
M. Lalonde: A moins que le ministre n'ait des explications
à nous donner là-dessus.
M. Bédard: A moins que vous n'ayez des objections; je n'ai
pas d'objection.
M. Fontaine: Là, il y a un article qui est suspendu.
Le Président (M. Dussault): Trois articles ont
été suspendus: 9, 10 et 11.
M. Bédard: II commence à être
brûlé, M. le Président, suite au sinistre au
ministère.
M. Lalonde: Un sinistre? Est-ce que vous avez des suspects?
L'Opposition officielle n'est pas en cause?
M. Bédard: Ne me donnez pas d'idées, vous!
Le Président (M. Dussault): Le projet de loi no 35 ne peut
donc pas être adopté pour le moment, puisqu'il reste trois
articles en suspens.
M. Lalonde: Un dossier brûlant.
Le Président (M. Dussault): J'appelle maintenant le projet
de loi no 31, Loi modifiant...
M. Lalonde: A 35, il y a les amendements du ministre.
M. Bédard: Les amendements.
Le Président (M. Dussault): Je croyais que vous vouliez y
revenir plus tard. D'accord.
M. Lalonde: Si vous êtes prêt à rendre votre
décision sur la recevabilité des amendements.
Le Président (M. Dussault): Je vais vous dire, M. le
député, ce que j'avais l'intention de vous offrir: c'est à
la suite de la suggestion de M. le député de Nicolet-Yamaska. Je
serais consentant à recevoir, sous réserve de l'acceptation des
principes concernés par l'Assemblée nationale, les amendements en
question et je vous dirais tout de suite qu'il ne faudrait pas prendre
ça comme un précédent.
M. Lalonde: Cela en serait un.
M. Bédard: Je suis d'accord avec vous que ce ne devrait
pas être pris comme un précédent, même si cela en a
toute l'allure.
M. Lalonde: On n'a pas ce mandat. A moins que le président
ne nous dise que c'est à l'intérieur de notre mandat, on ne l'a
pas du tout. On peut le regarder. D'ailleurs, c'est la même chose que si
on se réunissait au Parlementaire et qu'on disait: On va se regarder
ensemble. On n'a aucun mandat.
M. Clair: Le principe du projet de loi, c'est d'apporter des
corrections mineures à un bon nombre de lois. C'est un projet de loi
omnibus. En conséquence, dans la mesure où les corrections
additionnelles apportées à d'autres lois sont également
mineures, je penserais que ça peut faire partie de notre mandat. Cela ne
m'énerverait pas plus que ça, en tout cas.
Le Président (M. Dussault): C'est dans cet esprit que je
vous offrais de les recevoir sous réserve de l'acceptation de
l'Assemblée nationale, parce qu'il est quand même difficile pour
le président, qui n'a pas suivi les travaux de cette commission, de les
juger mineures ou majeures.
M. Lalonde: C'est ça.
M. Bédard: On pourrait procéder à leur
adoption en commission parlementaire. Si mes collègues de l'Opposition
ont d'autres remarques, on verra en temps et lieu.
M. Lalonde: Je ne veux pas faire mon difficile, mais je pourrais
les regarder en ce qui me concerne. Mais quel est le processus qu'on va suivre
à l'Assemblée nationale pour les faire adopter? Est-ce que c'est
une motion non annoncée? Est-ce que ce sont des déclarations
ministérielles? Qu'est-ce que c'est? Enfin, on va les regarder sous
cette réserve, M. le Président.
M. Bédard: Je pense que... (10 h 45)
M. Fontaine: II faudrait retourner au stade de la deuxième
lecture.
Le Président (M. Dussault): Je vais vous dire ce que j'en
pense. J'ai l'impression que si aucun parti ne soulève la question
à l'Assemblée nationale, on va vraiment pouvoir conclure que les
principes étudiés ici d'une façon conditionnelle seraient
acceptés par l'Assemblée nationale. On ne pourra pas revendiquer
que le président a reçu quelque chose qui n'était pas
recevable.
M. Lalonde: Naturellement, je suis d'accord avec vous pour
protéger l'intégrité de la décision du
président, pour qu'il ne se fasse pas reprocher d'avoir reçu
quelque chose qui n'est pas recevable, mais je ne suis pas prêt à
assumer que tous les députés de ma formation politique, par
exemple et il y a des députés indépendants qui ne
sont pas représentés par les partis ne feraient pas
d'objection, si je n'en fais pas. Il me semble que ce serait très
présomptueux de ma part de dire: Le député de
Pointe-Claire et le député de Rouyn-Noranda, tant pis pour eux,
moi, je décide qu'ils n'ont pas besoin de le revoir en deuxième
lecture.
M. Bédard: On pourra peut-être les sensibiliser
également.
M. Lalonde: Gardons-les et on verra comment on corrigera cela
à l'Assemblée nationale, on laissera cela à l'initiative
du leader du gouvernement.
Le Président (M. Dussault): Pour éviter un
imbroglio autour de cette question, je vais tout simplement revenir à la
stricte application de notre règlement et dire qu'un amendement qui a
pour effet d'apporter un principe nouveau qui n'a pas été
adopté par l'Assemblée nationale lors de la deuxième
lecture ne peut pas être reçu par le président et cela aura
pour effet, tout simplement, de suspendre l'étude de ce projet de loi
jusqu'à cet après-midi, alors que l'Assemblée nationale va
siéger, ce qui va permettre défaire reconnaître ces
principes qui n'étaient pas inclus dans le projet de loi avant de
revenir en commission parlementaire.
M. Bédard: M. le Président, il me semble que le
principe de ce projet de loi est d'en arriver à la modification ou
à l'abrogation de certaines dispositions législatives. La
discussion est à savoir si on peut ajouter d'autres articles.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Drummond.
M. Clair: M. le Président, d'une part, je partage l'avis
du ministre voulant que, le principe du projet de loi étant d'apporter
des modifications mineures, dans la mesure où vous considéreriez
qu'il s'agit effectivement d'amendements mineurs, je pense qu'on peut
valablement prétendre que cela respecte le principe du projet de loi.
Ceci dit et je ne veux pas me battre là-dessus plus longtemps
qu'il ne le faut au moment de la prise en considération du
rapport, quand on fait prendre en considération le rapport par
l'Assemblée nationale, on dit, à l'article 123.3: "Au cours de la
séance où le rapport est déposé, un
député a le droit de proposer des amendements au rapport et au
projet de loi dont il remet copie au secrétaire avant 22 heures le jour
où a lieu le dépôt du rapport."
Je pense que si on veut faire des fleurs, il suffirait que le ministre
propose ses amendements en même temps que l'Assemblée
considère le rapport et l'Assemblée nationale pourrait adopter
ces amendements et ratifier notre travail en plus. En tout cas, je ne veux pas
en faire un débat.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je vous invite à ne pas suivre l'invitation
que vous avez reçue, à savoir que si ce sont des amendements
mineurs, vous pouvez les accepter. A ce moment-là, sur ce critère
seulement, on pourrait apporter deux pouces d'épaisseur d'amendements
mineurs à toute notre législation. Cela ne me paraît pas
être le principe du projet de loi. Il me semble qu'il faut qu'ils soient
inclus, même si ce sont des amendements mineurs, il faut que ce soit
compris dans l'étude en deuxième lecture. Si le ministre tient
à ces amendements en ce qui me concerne, je n'ai pas eu le temps
de les regarder en profondeur, ce sont des amendements à la Loi sur la
protection de la jeunesse et si c'est pour améliorer la loi, je
suis parfaitement d'accord pour qu'on le fasse le plus rapidement possible.
Mais je ne peux pas, comme simple député, et le ministre ne peut
pas comme ministre, dire qu'on va escamoter, même pour la meilleure des
raisons, l'Assemblée nationale. A ce moment-là, s'il
dépose un projet de loi pour amender la Loi sur la protection de la
jeunesse, on va l'étudier de façon accélérée
à l'Assemblée nationale, mais je ne peux pas dire que les autres
députés ne sont pas intéressés à cela, c'est
bien de valeur, même pour ceux de ma formation.
M. Clair: C'est pour cela, M. le Président...
M. Bédard: Je serais d'accord qu'on suive la suggestion
que vous avez faite, qu'on passe à l'étude, quitte à voir
par quel mécanisme on doit le soumettre à l'Assemblée
nationale. Cela pourrait être lors de la prise en considération de
la part de la commission ou encore cela pourrait être à l'occasion
de la troisième lecture, où je pourrais en faire état,
mais plutôt que d'essayer de trouver tout de suite le moyen, on pourrait
peut-être comme l'a dit le député de
Marguerite-Bourgeoys procéder à leur adoption et on verra
ensuite.
M. Lalonde: Je ne ferai pas de difficulté, si vous voulez
absolument les étudier, on va les étudier, mais je vous mets en
garde contre le fait que le Président, à l'Assemblée
nationale, peut refuser les amendements que vous allez proposer et qui ne sont
pas compris dans le principe. Ce n'est pas parce qu'on est retourné
à l'Assemblée nationale pour la prise en considération du
rapport en troisième lecture que ces articles deviennent recevables. Ils
ne sont pas plus recevables qu'ici.
M. Clair: C'est à l'Assemblée nationale, cependant,
si l'Assemblée est souveraine, si tous les partis sont d'accord...
M. Lalonde: A ce moment, il pourrait y avoir, par exemple...
M. Clair: C'est cela.
M. Lalonde: ... distribution des amendements à tous les
députés...
M. Clair: C'est cela.
M. Lalonde: ... et un consentement ou quelque chose comme
cela.
M. Clair: En vertu de 123.3, il y a moyen de régler cela
très facilement.
Le Président (M. Dussault): Si je comprends ce que disait
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, il s'agissait de les
étudier ici. Il ne disait pas de les adopter. C'est là que vous
créez un dilemme au président, parce que le président, en
disant qu'il permet de les étudier, ne dit pas qu'il permet de les
adopter. En les jugeant recevables, j'ouvre la porte à l'adoption. C'est
dans ce sens que j'ai trouvé intéressante la suggestion de M. le
député de Nicolet-Yamaska, puisqu'il est effectivement possible
de déposer des amendements lorsque l'on considère le rapport.
S'il est possible de le faire là, il sera donc possible de faire
remarquer à ce moment que la commission a adopté sous condition
d'acceptation de l'Assemblée nationale certains amendements au projet de
loi. Dans ce sens, je sais qu'une porte est ouverte à la
considération de cette question par l'Assemblée nationale. Dans
ce sens, je suis prêt à recevoir, sous réserve de
l'acceptation, les amendements en question.
Quant au reste, cela dépendra de ce que les membres de cette
commission voudront faire à l'Assemblée nationale.
M. Lalonde: Peut-être que, M. le Président,
pour...
Le Président (M. Dussault): D'ici quelques secondes, je
vais rendre ma décision.
M. Lalonde: Oui, pour protéger l'intégrité
de votre fonction, il est extrêmement important... L'autre suggestion
à savoir je pense que c'est vous qui l'aviez faite de
suspendre jusqu'à cet après-midi la considération,
m'apparaît encore plus prudente. Cela ne retardera pas de beaucoup, c'est
quelques heures. On vient ici vers 16 heures, 16 h 30; d'ici ce temps, les
lumières du gouvernement, du leader et de toute la présidence
auront pu trouver une façon de procéder pour permettre de nous
donner un mandat.
Le Président (M. Dussault): C'est encore ce qui serait le
plus sage et pour le président et pour les membres de cette
commission.
M. Lalonde: C'est cela. Nous ne sommes que des élus, on ne
peut pas inventer la loi, on ne peut pas inventer...
Etude suspendue
Le Président (M. Dussault): Est-ce que j'ai l'accord de la
commission pour que nous suspendions l'étude et l'adoption du projet de
loi no 35...
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Dussault): ... jusqu'à la
prochaine séance?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): C'est accepté par la
commission. J'appelle maintenant le projet de loi no 31.
M. Jolivet: Cela veut dire, M. le Président, que nous ne
discutons même pas des amendements possibles actuellement?
Le Président (M. Dussault): C'est cela, cela veut dire que
nous mettons sur la glace le projet de loi 35 et les amendements
annoncés par le ministre.
M. Jolivet: Je reviendrai d'abord. M. Lalonde: Vous
étiez pour cela...
M. Jolivet: II y a des membres qui étaient ici en
particulier pour les deux lois au niveau du régime de retraite et des
employés gouvernementaux, des enseignants, qui sont des
technicités. C'est pour cela que j'étais venu...
M. Lalonde: II n'y a pas de problème à revenir cet
après-midi, j'imagine?
M. Jolivet: Non, on s'organisera.
Projet de loi no 31
Le Président (M. Dussault): J'ai appelé le projet
de loi no 31, Loi modifiant le Code civil. S'il n'y a pas de remarques
préliminaires...
Une Voix: II n'y a pas de remarques préliminaires.
Le Président (M. Dussault): II n'y en a pas, j'appelle
l'article 1.
M. Bédard: Concernant l'article 1, on sait que la
convention de la baie James et du Nord québécois et celle du
Nord-Est québécois, prévoient respectivement à leur
chapitre III l'enregistrement des actes d'état civil dans chacune des
communautés cries, inuit ou naskapie. Précisément pour
donner suite à ces dispositions, la présente modification
autorise la tenue de registres de l'état civil pour chacune des
communautés concernées.
M. Lalonde: Adopté en ce qui me concerne.
Le Président (M. Dussault): L'article 1 est adopté.
J'appelle l'article 2.
M. Bédard: A l'article 2, c'est une modification qui est
rendue nécessaire par l'adoption de l'article 1.
Le Président (M. Dussault): L'article 2 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté, j'appelle
l'article 3.
M. Bédard: Concernant l'article 3, l'autorisation de tenir
des registres d'état civil dans les communautés crie, inuit et
naskapie, rendait nécessaire l'habilitation d'un officier
compétent pour ce faire. La modification proposée prévoit
que les agents locaux d'inscription seront ces personnes habilitées. Ces
agents nommés en vertu de la Loi concernant les autochtones cris et
inuit, tiennent déjà à jour la liste des membres de la
communauté. La modification proposée permet également,
dans le cas de l'Eglise catholique, que les registres puissent être tenus
par les diacres ou toute autre personne qui y est autorisée par le
pouvoir ecclésiastique compétent.
M. Lalonde: Cela se trouve à venir avant le
troisième alinéa actuel. C'est ça?
M. Bédard: Cela va s'insérer entre le
deuxième et le troisième.
M. Lalonde: C'est entre le deuxième et le troisième
et le troisième devient le quatrième, en ce qui concerne le
district de Hauterive. D'accord, c'est adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): L'article 3 est adopté.
J'appelle l'article 4.
M. Bédard: C'est un article de concordance, vu les
articles 1 et 3.
M. Lalonde: Adopté.
M. Bédard: L'article 5, M. le Président.
M. Lalonde: L'article 4 est adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 4 est adopté.
J'appelle l'article 5.
M. Bédard: Cette modification à l'article 5 permet
au ministre de la Justice d'exercer le pouvoir, auparavant détenu par le
lieutenant-gouverneur en conseil, d'indiquer au protonotaire la façon de
corriger les irrégularités commises lors de l'authentification
des registres. Il m'apparaît que ce type de problème n'a pas
à être réglé nécessairement par le
gouvernement, vu qu'il s'agit de procédures de nature purement
administratives. Le processus est trop compliqué. En fin de compte, on
en vient à ne pas procéder aux corrections.
M. Lalonde: Mais lorsque le ministre si vous me le
permettez M. le Président dit qu'il s'agit de corrections de
nature purement administratives, je serais parfaitement d'accord
d'alléger le processus de décisions et de transmettre au ministre
ce qui appartient au gouvernement actuellement. C'est ça qui est
recherché. Mais est-ce que le ministre peut nous donner des exemples,
parce qu'il m'apparaît que les registres de l'état civil sont
d'une importance capitale pour chaque...
M. Bédard: Primordiale.
M. Lalonde: ... individu. C'est un peu comme la preuve de son
existence et de son nom. Qu'est-ce qu'une correction purement administrative
dans un cas comme ça? Est-ce qu'on ne pourrait pas...
M. Bédard: Je vais essayer de donner quelques exemples
peut-être. Je pourrais faire état d'une correction qui a
été faite, qui selon l'ancienne loi doit être
adoptée par le Conseil des ministres et qui maintenant le serait par le
ministre de la Justice et qui concerne une irrégularité. Il
s'agit d'une irrégularité qui concerne le district de
Montréal et qui se lisait comme ceci: "II est ordonné sur
recommandation du ministre de la Justice que le protonotaire de la Cour
supérieure du district judiciaire de Montréal soit
autorisé à authentiquer, numéroter, et parafer ledit
registre
des actes de l'état civil de la municipalité du village de
Coteau-du-Lac, tenu pour l'année 1978 par le greffier de cette
municipalité, en y apposant le sceau de la Cour supérieure sur
les deux bouts d'un ruban passé à travers tous les feuillets du
registre et arrêtés à l'intérieur de la couverture,
en numérotant chaque feuillet en toutes lettres et en inscrivant, sur le
premier, une attestation signée par le protonotaire, spécifiant
le nombre de feuillets contenus dans le registre, sa destination et la date
d'attestation, afin que ledit registre ait la même authenticité,
la même validité et le même effet que s'il avait
été originairement authentiqué, numéroté et
parafé, conformément aux prescriptions de la loi".
M. Lalonde: Si je comprends bien l'article 45a, ce...
M. Bédard: Je pourrais donner d'autres exemples, en temps
et lieu. ( 11 heures)
M. Lalonde: ... il ne s'agit pas de corriger les inscriptions, il
s'agit simplement de corriger le défaut d'authentification, de
numérotage, de paraphe ou, enfin, d'un registre qui a été
tenu autrement, correctement, mais que le greffier ou l'officier en cause n'a
pas authentiqué, paraphé, numéroté
conformément à ce qu'il aurait dû faire.
M. Bédard: C'est cela.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: J'aurais deux remarques sur la rédaction de
l'article 45a qu'on veut amender. On dit, d'abord, au premier paragraphe, que
"le ministre de la Justice peut"... Est-ce qu'on ne devrait pas ajouter "par
décret"? Si on regarde l'article 6, au deuxième paragraphe, on
dit: "Lorsqu'une paroisse est passée d'un district judiciaire à
un autre, le ministre de la Justice peut, par décret..." A l'article 15
du projet de loi, on dit la même chose, alors qu'à l'article 45a,
il n'y a rien de mentionné dans ce sens.
M. Bédard: On pourrait le faire, si cela répond
à une préoccupation.
M. Fontaine: Cela pourrait porter à interprétation
à savoir: Est-ce que le ministre de la Justice pourrait le faire
simplement par une lettre?
Egalement, au deuxième paragraphe, on dit: "Tout registre de
l'état civil irrégulièrement authentiqué,
numéroté ou paraphé auquel il a été ainsi
remédié... ' Est-ce qu'il ne faudrait pas ajouter
"conformément au mode indiqué dans le décret du ministre
de la Justice"? Cela répéterait à peu près ce qui
était indiqué dans l'ancien article 45a alors que c'était
le lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Bédard: Nous l'avons formulé tel quel pour
essayer de simplifier la rédaction, mais cela se réfère
nécessairement à la suggestion qui est faite par le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Alors, on ajouterait tout simplement "par
décret".
M. Bédard: Par décret. M. Fontaine:
D'accord.
M. Bédard: "Le ministre de la Justice peut, par
décret".
M. Fontaine: Est-ce que vous êtes d'accord, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys?
M. Lalonde: Oui, que le ministre de la Justice fasse des
décrets, cela ne me dérange pas, si c'est seulement pour cela.
S'il peut décréter des états d'urgence, il peut
décréter autre chose.
M. Fontaine: La motion d'amendement, M. le Président,
serait d'ajouter, après...
M. Bédard: Je ne peux pas décréter que le
député de Marguerite-Bourgeoys est un bon ou un mauvais
député.
M. Lalonde: Non? Vous aimeriez bien cela, par exemple.
M. Bédard: Vous seriez surpris de la cote.
M. Lalonde: J'en suis convaincu, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): L'amendement consisterait
à ajouter, à la troisième ligne de l'article 45a,
après le mot "peut", les mots "par décret".
M. Fontaine: C'est cela, virgule.
Le Président (M. Dussault): "par décret". Est-ce
que cet amendement est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 5 tel
qu'amendé est adopté?
M. Lalonde: Adopté. M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 6.
M. Bédard: Comme la modification précédente,
celle-ci transfère un pouvoir du gouvernement au ministre de la Justice.
Dorénavant, le transfert des doubles des registres de l'état
civil sera décrété par le ministre de la Justice, non plus
par le lieutenant-gouverneur en conseil. Il s'agit là, encore, d'une
question purement administrative, dans le même esprit que l'article
précédent.
Le Président (M. Dussault): L'article 6 est-il
adopté?
M. Fontaine: Adopté. M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 7.
M. Bédard: C'est un article de concordance avec l'article
3, la possibilité pour les diacres ou autres personnes autorisées
par l'église de tenir les registres. Cela fait suite, comme on le verra
à d'autres articles, à certaines demandes spécifiques qui
nous ont été faites par les autorités religieuses,
demandes auxquelles il nous fait plaisir de donner suite.
Le Président (M. Dussault): L'article 7 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté. M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 8.
M. Bédard: M. le Président, puisqu'on a
restauré le diaconat dans l'ordre hiérarchique de l'Eglise
catholique romaine, il convenait de permettre aux diacres d'exercer certaines
fonctions actuellement dévolues aux prêtres. Ainsi, la
modification proposée à l'article 3 les habilite à tenir
les registres de l'Etat civil alors que la présente modification les
reconnaît comme personnes compétentes à
célébrer les mariages.
Le Président (M. Dussault): L'article 8 est-il
adopté?
M. Fontaine: Adopté. M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 9.
M. Bédard: C'est un article de concordance avec l'article
8.
M. Fontaine: Adopté.
M. Lalonde: Sauf qu'il est très formaliste. Le ministre
n'a-t-il pas été tenté d'enlever un peu de formalisme dans
la publication des bans?
M. Bédard: On a eu cette tentation-là, mais cela ne
s'avérait pas facile. On n'a pas voulu s'engager dans cette
voie-là, étant donné qu'il y a certaines modifications,
comme on le sait, qui vont nécessairement être apportées
avec la mise en vigueur du chapitre 2 du Code civil qu'on a eu l'occasion
d'étudier en commission parlementaire.
M. Fontaine: M. le Président, je pense que le
député de Gaspé a eu l'occasion, en tant que
député de Gaspé et prêtre également, de faire
certaines remarques quant à la publication des bans. Je pense que
même aujourd'hui, il est encore nécessaire de laisser ces
publications se faire tel que prévu.
M. Bédard: Probablement que le débat
là-dessus va se faire, si débat il y a, à partir de la
nouvelle loi concernant le chapitre 2 du Code civil, qui traite, comme vous le
savez, de la famille.
M. Lalonde: Au cas où mes propos auraient
été mal interprétés, en particulier par le
député de Nicolet-Yamaska, je ne suggérais pas
d'éliminer la publication des bans, mais simplement de... On sait que
dans le cas de personnes de religion juive, il faut que ce soient trois samedis
ou jours de fête, avec intervalles convenables. Dans le cas des autres
personnes, c'est au service divin du matin ou, s'il n'y en a pas le matin,
à celui du soir à trois dimanches ou jours de fête. On sait
que de plus en plus la messe du dimanche est remplacée par celle du
samedi. De plus en plus de catholiques fréquentent l'église pour
la messe hebdomadaire, la fête du dimanche, le samedi. La loi
empêche, en fait, la publication des bans le samedi parce que ce n'est
pas un jour de fête.
M. Fontaine: C'est vrai, vous avez raison.
M. Lalonde: C'est ce formalisme-là que je voulais
simplement tenter, sinon d'éliminer, du moins d'ajuster à la
réalité. Si le ministre préfère...
M. Bédard: C'est dans cet esprit que j'ai pris les
remarques du député de Marguerite-Bourgeoys. Nous avons
préféré nous en tenir, pour le moment, au fait de donner
suite aux demandes spécifiques des autorités religieuses.
M. Lalonde: Ce que vous faites, à ce moment, c'est ajouter
un diacre au prêtre, curé ou ministre. Cela va, adopté.
M. Bédard: Leur donner la possibilité, la
capacité de tenir les registres de l'état civil et de
célébrer les mariages.
M. Lalonde: Cela va.
Le Président (M. Dussault): L'article 9 est adopté.
J'appelle l'article 10.
M. Bédard: C'est un article de concordance avec l'article
8, où on insérera nécessairement le diacre comme
étant apte à faire ce qui est prescrit par l'article... à
dispenser les publications de bans. A faire les mêmes dispenses...
M. Fontaine: Que le prêtre. M. Bédard: ...
que le prêtre. M. Lalonde: Cela va. Adopté.
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 10 est
adopté, j'appelle l'article 11.
M. Bédard: La modification proposée à
l'article 11 transfère au ministre de la Justice le pouvoir du
lieutenant-gouverneur en conseil de réglementer la
célébration du mariage et d'approuver les endroits où ils
peuvent être célébrés.
M. Lalonde: Je n'ai pas d'objection à ce que le ministre
étende son emprise...
M. Fontaine: Ses tentacules.
M. Lalonde:... se crée une chapelle c'est le cas de
le dire ...
M. Bédard: C'est carrément administratif et
j'apprécie que le député de Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: II est en train d'enlever au gouvernement tout sens,
toute substance et ce sera lui maintenant qui va tout mener. On va le
surveiller de plus près, M. le Président, on sera plus
vigilant.
M. Bédard: ... fasse ses remarques. M. le
Président, comme vous êtes à même de le constater,
c'est carrément administratif. Je remarque même que le
député de Marguerite-Bourgeoys fait ces remarques avec le
sourire.
Le Président (M. Dussault): L'article 11 est
adopté?
Des Voix: Adopté.
M. Lalonde: C'était pour le journal des Débats.
M. Bédard: Carrément pour le journal des
Débats.
Le Président (M. Dussault): C'est ce que le
président avait compris. L'article 12 est appelé.
M. Bédard: L'article 95 de la Charte des droits et
libertés de la personne et l'article 79 de la Loi assurant l'exercice
des droits des personnes handicapées qui est en vigueur depuis le 2
avril 1979, ont modifié ces lois, l'article 1664t du Code civil, sans
que cette disposition ne soit reproduite conformément aux changements
législatifs intervenus. En effet, on y fait référence
à l'article 1664s alors que celui-ci a été abrogé
par l'article 94 de la charte des droits et libertés de la personne. La
modification proposée est donc de concordance avec les articles
précités. C'est pour que la référence soit non pas
un article qui est déjà abrogé, mais un article
existant...
M. Lalonde: On remplace s) par r) autrement dit, parce que s) est
disparu, de toute façon, en 1975. Cela va, adopté.
M. Bédard: On ne peut rien apprendre au
député de Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Dussault): L'article 12 est
adopté, j'appelle l'article 13.
M. Bédard: Des modifications apportées aux articles
16641, s) et t) du Code civil par l'adoption des articles 94 et 95 de la Charte
des droits et libertés de la personne et 78 et 79 de la Loi assurant
l'exercice des droits des personnes handicapées ont rendu
nécessaire la correction de la formule type de bail. La modification
proposée est de concordance et permettra que la formule type de bail
reflète l'état du droit en la matière.
M. Lalonde: C'est l'article "28. Est-ce que vous êtes
sûr que c'est l'article "28 qui est remplacé, dans la section II
de l'annexe?
M. Bédard: Oui, "28 est rendu dans la Charte des droits et
libertés de la personne.
M. Lalonde: Le texte est tellement différent. Vous
remplacez, dans la section II, la clause numéro "28 par celle que vous
proposez. Celle-là est rendue dans la Charte des droits et
libertés de la personne. Vous incluez celle-ci... Très bien.
Le Président (M. Dussault): L'article 13 est
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté, j'appelle
l'article 14.
M. Bédard: La modification proposée permet la
rédaction en langue anglaise des actes énumé-rés.
Elle vise à dissiper l'ambiguïté qu'a fait naître
l'adoption de l'article 57 de la Charte de la langue française en ce qui
concerne la valeur des quittances unilingues anglaises entraînant
radiation d'un droit réel.
M. Lalonde: C'est assez symptomatique; au moment où on
étudie cela ici, le 11 juin 1979, les corrections à la Charte de
la langue française, la Cour suprême est en train d'étudier
un appel du ministre qui, en dernier recours, après s'être vu
débouté à deux reprises, en première instance et en
Cour d'appel, tous par des juges bien québécois...
M. Bédard: Vous semblez heureux de cela.
M. Lalonde: ... après s'être vu
débouté des excès inutiles de la loi 101. Je ne veux pas
en faire un débat, mais tout simplement souligner une façon, qui
m'apparaît habile mais qui n'est pas franche, de corriger la loi 101 par
le biais d'une
correction au Code civil. L'article 2151 du Code civil, actuellement, se
lit comme suit: "Le consentement à la radiation, la quittance ou
certificat de libération peuvent être en forme authentique ou sous
seing privé". C'est le premier alinéa qu'on veut remplacer par
celui qu'on nous propose au projet de loi 31. Le deuxième alinéa
est donc moins pertinent.
Ce qu'il y a de pas correct dans cet article 2151, premier
alinéa? "Le consentement à la radiation, la quittance ou
certificat de libération peut être en forme authentique ou sous
seing privé". Est-ce qu'on enlève sous seing privé? Non.
Est-ce qu'on enlève "en forme authentique"? Non. Est-ce qu'on ajoute une
troisième forme? Pas du tout. Est-ce qu'on ajoute un processus de
consentement, de vérification de consentement? Non. Ce qu'on fait, c'est
qu'on modifie la loi 101, mais on est gêné d'ouvrir la loi 101 aux
débats publics. On arrive ici et on ajoute que cela peut être
rédigé en langue anglaise. (11 h 15)
Jamais le Code civil n'a mis en doute que cela pouvait être
rédigé en langue anglaise. Ce qui met cela en doute, c'est la loi
101 qui parle de quittances peut-être ayant simplement dans son intention
les quittances, les factures comme on dit, les quittances courantes dans le
commerce et non pas les quittances qui doivent être enregistrées.
C'est fort possible, mais on aurait dû ouvrir le débat sur la loi
101 et accepter que les députés se prononcent sur toute la
question.
Je pense que cette façon de procéder de la part du
ministre n'est pas franche et je le regrette. J'aurais pensé que cette
correction est quand même assez importante, parce qu'il faut corriger un
effet peut-être imprévu, peut-être non désiré
de la part du législateur. Cela nous fait mesurer jusqu'à quel
point la guillotine qu'on a imposée sur l'étude de ce projet de
loi, en août 1977, a pu créer d'inconvénients, parce qu'on
ne s'est jamais rendu à cet article-là, à mon souvenir. Si
ma mémoire est bonne, on ne s'y est pas rendu, ou si on s'y est rendu,
on a probablement proposé des amendements qui n'ont pas
été acceptés.
M. Bédard: Je pense que vous ne vous étiez pas
rendus à cet article-là. Si vous aviez pu vous y rendre, vous
auriez sûrement fait des amendements qui auraient eu pour but de corriger
ou de prévenir certaines situations, cela aurait fait plaisir au
gouvernement et au législateur de les accepter. Je ne veux pas entrer
dans le débat.
M. Lalonde: J'avais la parole, M. le Président.
M. Bédard: Vous voulez la reprendre? D'accord.
M. Lalonde: Ah oui. Le ministre confirme qu'on ne s'était
pas rendu à cet article-là. C'était mon sentiment, je n'ai
pas vérifié dans le journal des Débats. Je suis convaincu
que le ministre s'est levé comme un seul homme lorsque le vote
enregistré a été pris sur la motion de clôture du
leader du gouvernement d'alors pour ordonner à la commission
parlementaire qui étudiait le projet de loi 101 article par article de
faire rapport dans les meilleurs délais. Ce n'est pas à lui de
nous reprocher ou de regretter que cette commission ne se soit pas rendue au
point d'étudier l'article qui concerne les quittances dans la loi 101.
Il reste que c'est bon que ce soit dit, c'est bon que ce soit reconnu, c'est
bon que ce soit répété que le ministre d'Etat ou enfin le
ministre responsable de l'application de la loi 101 a passé le fardeau
au ministre de la Justice qui a accepté de corriger la loi 101 par le
biais du Code civil. Il faut le faire, M. le Président.
M. Bédard: M. le Président... Oui.
M. Fontaine: Je voudrais ajouter quelques mots tout simplement
pour demander au ministre de la Justice d'où vient cette demande
d'amendement à l'article 2151 du Code civil en rapport avec la loi 101?
Y a-t-il eu une jurisprudence, y a-t-il eu des jugements qui ont...
M. Bédard: II y a eu des doutes qui ont été
exprimés sur le fait que la loi pourrait être
interprétée autrement et contrairement à l'esprit du
législateur. Ce que nous faisons aujourd'hui, c'est essentiellement un
travail de prévention législative. Cela regarde
spécifiquement certains types de quittances. Cela n'a en aucune
façon pour effet de remettre en cause le principe de la Charte de la
langue française, comme essaie de le laisser croire le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Fontaine: Mais ces doutes-là ont été
exprimés par qui?
M. Bédard: Par la Chambre des notaires, entre autres, et
nos légistes du ministère.
M. Fontaine: Cela va.
M. Bédard: C'est pour contrer une interprétation
possible qui serait contraire, nous le disons d'avance, à l'intention du
législateur.
M. Lalonde: J'aurais une autre question, M. le Président.
Le ministre n'a-t-il pas cru bon aussi, dans sa loi omnibus, de corriger
d'autres défectuosités de la loi 101, comme l'affichage unilingue
français qui est contesté en cour actuellement et qui semble
affecter les principes fondamentaux de la liberté d'expression des
gens.
M. Bédard: Je ne repartirai pas le débat... M.
Lalonde: Vous l'ouvrez.
M. Bédard: ... dans lequel essaie de m'entraî-ner le
député de Marguerite-Bourgeoys. Je dois lui dire que, pour le
moment, c'est l'essentiel de la législation que nous avons cru bon
d'introduire en termes d'amendements, qui, encore une fois, n'a pas pour effet
de remettre en cause le principe de
la Charte de la langue française, mais simplement constitue un
travail de prévention législative pour contrer des
interprétations qui pourraient êtreà l'encontre de
l'intention du législateur.
M. Lalonde: Mais le ministre est conscient qu'il n'y a pas
beaucoup d'endroits, en ce bas monde, où on interdit à un
épicier du coin d'annoncer son épicerie dans sa langue, en plus
des autres langues qui peuvent être imposées par la loi.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Drummond.
M. Clair: Je ne veux pas être désagréable
pour mon collègue de Marguerite-Bourgeoys, mais je pense qu'on est ici
pour...
M. Lalonde: Mais vous allez l'être.
M. Clair: Le moins possible. Je veux simplement, M. le
Président, vous demander de demander au député de
Marguerite-Bourgeoys de s'en tenir à la pertinence du débat,
quant à l'article 14 qui vise à apporter une correction bien
limitée. Ce serait intéressant. De notre côté, on
aurait bien le goût de reparler encore de l'excellence de la loi 101,
mais je pense que ce serait non pertinent, même impertinent, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Effectivement, M. le
député de Drummond, j'en étais à regarder la
portée de l'article 14 et je demande au député de
Marguerite-Bourgeoys de s'en tenir vraiment à l'article 14.
M. Lalonde: M.le Président, je pense qu'il est
tout à fait pertinent, lorsqu'on étudie un projet de loi qui
introduit un principe, de demander au gouvernement s'il n'a pas pensé
d'étendre à d'autres champs d'application ce principe qui revient
maintenant, qu'il avait nié dans une autre loi, mais qu'il reprend. Si
vous remarquez à l'article 14, M. le Président, et si vous lisez
l'article 2151, premier alinéa du Code civil actuellement,
essentiellement, ce qui est ajouté, c'est que "peuvent être
rédigés en langue anglaise", pas italienne, pas grecque, mais
anglaise... Il a dû y avoir des ministres qui se sont tordu les doigts en
adoptant ce projet de loi, lors de l'étude de ce projet de loi au
cabinet.
M. le Président, c'est ça qu'on ajoute. On permet donc et
le gouvernement péquiste actuellement ajoute au Code civil cette
permission que les radiations peuvent être faites en langue anglaise.
Alors, je dis: Est-ce que le ministre ne croit pas qu'il devrait aussi
étendre ce principe, que le gouvernement du Parti
québécois vient de découvrir, tout à coup,
après deux ans et demi de pouvoir, à l'affichage, lui, le
ministre qui est responsable de l'application de la Charte des droits et
libertés de la personne à l'Assemblée nationale? Il me
semble que c'est tout à fait pertinent, M. le Président...
M. Bédard: Non, j'ai donné...
M. Lalonde:... de dire: Ecoutez, vous introduisez un nouveau
principe dans la loi, dans le Code civil. A ce moment-là,
étendez-le.
M. Bédard: Disons que la question est pertinente et j'ai
déjà répondu au député de
Marguerite-Bourgeoys, encore une fois, qu'il ne s'agit pas de changer de
quelque façon le principe de la Charte de la langue française et
que, pour le moment, c'est l'amendement que le gouvernement propose. Il n'y a
aucune indication pour d'autres amendements.
M. Lalonde: Mais, comme ministre responsable de l'application de
la Charte des droits et libertés de la personne, est-ce que le ministre
est d'avis qu'un gouvernement est bien reçu, bien fondé
d'interdire à l'épicier du coin d'annoncer son épicerie
dans sa langue, en plus des autres langues qui pourraient être
imposées par la loi?
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys...
M. Bédard: Je suis d'avis qu'on doit apporter toutes les
corrections nécessaires et lorsque le moment vient la
nécessité se présente, à ce moment-là, comme
je l'ai toujours fait et comme le gouvernement le fait nous nous
orientons, le plus rapidement possible, vers des amendements tels que celui que
nous présentons aujourd'hui.
M. Lalonde: Maintenant, je vous remercie, M. le ministre, de
cette réponse. Quand le moment sera-t-il venu de permettre aux citoyens
d'exercer leurs droits fondamentaux en matière d'expression sur
l'affichage?
M. Bédard: M. le Président, je n'entrerai pas dans
le débat que veut susciter le député de
Marguerite-Bourgeoys. Ce que je lui dis, c'est très clair. Si d'autres
amendements, aux yeux du gouvernement, semblent nécessaires, ils seront
présentés en conséquence. Je pense que jusqu'à
maintenant, s'il y a un gouvernement qui a été respectueux des
droits et libertés individuels, respectueux de la Charte des droits et
libertés de la personne, c'est bien le gouvernement actuel.
M. Lalonde: Cela vous fait bien mal d'entendre parler un peu de
liberté et de droits fondamentaux autour de la table.
M. Clair: J'ai hâte de demander un vote enregistré
là-dessus.
M. Lalonde: II me semble que c'est extrêmement important.
C'est une nouveauté. Le gouvernement péquiste vient d'introduire
dans la loi le principe qu'on peut rédiger des choses en langue
anglaise, pas dans une autre langue, pas dans la version, comme on a vu ici
vendredi dernier, on
parlait de version, pas anglaise, mais une version. Ici, on a mis le mot
"anglaise" dans la loi. Il me semble que le député de Chicoutimi,
comme parrain de ce projet de loi, vient d'ouvrir une porte extrêmement
fondamentale. J'espère que son parti l'a appuyé là-dessus,
le Conseil des ministres sûrement, mais le conseil national, je ne sais
pas si cela a été soumis au conseil national, la dernière
fois. Cela n'a pas été soumis.
M. Bédard: Vous cherchez des problèmes?
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, puis-je vous rappeler que l'encadrement du débat,
à l'article 14, se trouve dans la note sur la page gauche du projet de
loi. C'est à cela qu'il faudrait s'en tenir actuellement.
M. Lalonde: Je regrette, mais vous ouvrez une autre porte. Je ne
pense pas que les notes à gauche fassent partie de la loi,
premièrement.
Le Président (M. Dussault): Je suis d'accord avec vous, ce
n'est pas ce que j'ai dit.
M. Lalonde: Ce n'est même pas un encadrement. Je ne sais
pas si c'est le vôtre, mais ce n'est pas le mien certainement. Jamais je
ne vais me laisser encadrer par les notes souvent laconiques et en langage
sibyllin. On se demande parfois si on n'est pas sur la lune quand on lit ces
notes; elles n'ont aucun contenu. Jamais je ne vais me laisser encadrer pas ces
notes.
Le Président (M. Dussault): On y parle, M. le
député, d'une ambiguïté relative à la langue
de certains actes qui entraîne la radiation de l'enregistrement de droit
réel. C'est là qu'est la question que l'on doit discuter à
l'article 14. C'est à cela que je vous demande de vous en tenir, s'il
vous plaît!
M. Lalonde: Oui, mais là où je ne suis pas
d'accord, c'est quand on parle d'une ambiguïté relative à la
langue, ou bien non, c'est peut-être cela, même en tenant pour
acquis que vous avez raison, c'est cela l'encadrement qui m'est
imposé.
M. Clair:... que ce n'est pas cela.
M. Lalonde: Oui, mais qu'est-ce que vous voulez? Je ne suis pas
pour me chicaner avec le président. Je me chicane déjà
avec vous autres. Le président, c'est mon protecteur comme
député de l'Opposition.
Le Président (M. Dussault): Et pas uniquement le
vôtre, M. le député.
M. Lalonde: II est mon protecteur et celui de tous les autres
députés aussi.
M. Bédard: Vous n'avez pas l'air de suivre les
instructions de votre protecteur qui vous dit de vous en tenir à cet
article tel que libellé.
M. Clair: Vous feriez mieux d'arrêter cela, votre
traîneau est mal parti.
M. Lalonde: L'ambiguïté relative à la langue,
ce n'est pas seulement celle-là qu'il y a dans la loi.
Le Président (M. Dussault): Ce n'est pas de
celle-là dont on parle, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys. On parle de la loi... Comment dites-vous?
M. Clair: Du Code civil.
Le Président (M. Dussault):... du Code civil, à
toutes fins utiles. On n'est pas dans la loi 101.
M. Lalonde: Oui. Ecoutez, on peut faire une petite conversation
à deux, si vous voulez... Non, on n'en fera plus.
Le Président (M. Dussault): Non, on n'en fera plus, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. Nous allons fermer cette porte.
Je vous demande, s'il vous plaît, de vous en tenir au contenu de
l'article 14.
M. Lalonde: Je vous dis que l'ambiguïté relative
à la langue ne vient pas de l'article 2151 qui n'avait aucune
référence à la langue. L'ambiguïté, si on veut
adopter ce cadre que vous m'avez suggéré, vient de la loi 101. Le
ministre l'a admis, je ne sais pas s'il l'a admis en autant de mots. Je ne sais
pas s'il a osé dire 101 dans son discours de deuxième lecture; je
pourrai vérifier, j'ai la transcription ici. Je pense qu'il sera
prêt à admettre que c'est un article de la loi 101 qui parle de
quittance, de façon générale, qui a introduit cette
ambiguïté dans l'application de l'article 2151. Appelons un chat un
chat. C'est la loi 101 qu'il faut préciser, ce n'est pas le Code civil.
Etant donné qu'on ouvre la loi 101, il me semble que vous n'allez quand
même pas trouver impertinent ou non pertinent les propos que je vous
tiens, à savoir pourquoi ne pas corriger aussi d'autres
défectuosités, fondamentales celles-là.
Le Président (M. Dussault): C'est là que votre
impertinence commence, M. le député.
M. Bédard: II n'y a pas d'autres...
M. Lalonde: Vous savez que l'impertinence et la non-pertinence,
ce n'est pas la même chose.
Le Président (M. Dussault): Vous avez raison. C'est
là qu'est votre non-pertinence.
M. Lalonde: Merci, mon protecteur, M. le Président. (11 h
30)
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 14 est
adopté?
M. Lalonde: Je voudrais seulement, avant de l'adopter, demander
au ministre quand il va per-
mettre ou examiner la possibilité de permettre l'expression libre
par voie d'affichage dans la langue des gens, contrairement à ce que la
loi 101 prévoit actuellement?
M. Bédard: M. le Président, la loi 101 a
été reçue et accueillie favorablement par une très
large proportion de la population du Québec. Les dangers dont parle le
député de Marguerite-Bourgeoys se trouvent seulement dans sa
manière de raisonner ou d'apprécier la loi 101 et l'urgence qu'il
y avait de légiférer dans ce domaine. Encore une fois, je
n'entrerai pas dans le débat et je m'en tiendrai à votre
directive, M. le Président. Cet article n'a pour but que de contrer,
c'est une loi préventive le gouvernement précédent
aurait dû en faire pas mal de ces lois, on aurait peut-être moins
de corrections à faire de manière à contrer une
interprétation possible de l'article 57 de la Charte de la langue
française qui serait contraire à l'esprit du
législateur.
M. Lalonde: M. le Président, je suis surpris que le
ministre invoque l'acceptation de la majorité. Même en assumant
qu'il ait raison, je suis surpris qu'il l'invoque, alors que ma question
s'adressait à lui comme responsable de l'application de la Charte des
droits et libertés de la personne. On sait, M. le Président, que
ce sont les minorités souvent qui font appel à cette charte. La
majorité, généralement, ne se plaint pas; c'est justement
parce que la majorité ne connaît pas certaines situations de
conflit dans l'exercice des droits fondamentaux des membres de la
minorité que j'invite le ministre à employer d'autres arguments.
Il me semble qu'il devrait avoir beaucoup plus d'attention, être beaucoup
plus inquiet qu'il ne semble l'être actuellement de l'esprit de certaines
dispositions de la Charte des droits et libertés de la personne qui sont
battues en brèche constamment, et par le gouvernement on n'a
jamais vu autant d'opinions de la commissionà l'encontre des projets du
gouvernement et par les lois adoptées par le gouvernement.
M. le Président, ma question reste sans réponse. Je
regrette que le ministre fasse preuve de si peu de conscience de ses
responsabilités comme ministre responsable de l'application de la Charte
des droits et libertés de la personne, en ce qui concerne en particulier
la question de la langue.
Je demande un vote à main levée, M. le Président,
ou l'appel des noms.
Le Président (M. Dussault): Lequel choisissez-vous, M. le
député?
M. Lalonde: L'appel des noms, parce que c'est ce qui est
couramment adopté ici.
Le Président (M. Dussault): D'accord.
M. Bédard: M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M.le ministre.
M. Bédard: Je voudrais quand même relever les
assertions du député de Marguerite-Bourgeoys sur le respect des
membres du gouvernement face à la Commission des droits de la personne.
Je tiens simplement à lui faire remarquer que, beaucoup plus que ceux
qui nous ont précédé, beaucoup de ministres ou de membres
du gouvernement prennent l'initiative de demander les opinions de la Commission
des droits de la personne. Celle-ci existant, elle est apte à recevoir
des revendications qui pourraient être faites par rapport à ce
qu'a allégué le député de Marguerite-Bourgeoys et,
à l'heure actuelle, la seule action législative que nous croyons
devoir prendre, c'est dans le sens de l'article que nous soumettons à
l'attention des membres de la commission.
Pour ce qui est du souci des droits et libertés de la personne du
député de Marguerite-Bourgeoys, on pourrait en parler longtemps,
il s'agirait simplement de revenir au libellé de certains articles du
projet de loi 41 ; je crois qu'il l'avait présenté et qu'il n'a
jamais été adopté. Cela constituait, d'une façon
très claire, une atteinte aux droits et libertés individuelles,
mais je n'ai pas l'intention d'entrer dans ce débat, M. le
Président.
M. Lalonde: II n'a pas l'intention d'y entrer, mais il
commence.
M. Bédard: Non. A un moment donné...
M. Lalonde: Si votre regard... Je suis sûr que vous
étiez fâché, d'ailleurs, de le voir entrer dans ce
débat qui est tout à fait impertinent.
Le Président (M. Dussault): Ma préoccupation
était davantage de donner le droit de parole à M. le
député de Papineau qui l'avait demandé avant vous, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Alfred: M. le Président, je ne veux pas être long
parce qu'on va prendre le vote là-dessus. Je dois dire au
député de Marguerite-Bourgeoys que samedi et dimanche derniers,
j'ai assisté à un colloque sur les minorités dans
l'Outaouais québécois et je dois lui dire que la loi 101 est
très acceptée par les groupes ethniques qui étaient
présents au colloque.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys avait demandé, un vote enregistré sur
l'article 14. La commission est prête à prendre le vote sur cet
article. Je demande aux membres de me dire s'ils sont pour ou contre l'article
14. M. le député de Papineau.
M. Alfred: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Chicoutimi.
M. Bédard: Pour.
M. Lalonde: Ecrivez ça, M. le Président.
M. Bédard: Je suis convaincu que le député
de Marguerite-Bourgeoys sera pour.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Verchères... Excusez, de Drummond.
M. Clair: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Lacoste: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: En faveur.
M. Bédard: Une grosse nuance!
Le Président (M. Dussault): II y a donc unanimité
sur l'article 14 qui est adopté. J'appelle l'article 15.
M. Bédard: La modification qui est proposée
à cet article vise à transférer un pouvoir du gouvernement
au ministère de la Justice. Il s'agit des heures d'ouverture des bureaux
d'enregistrement.
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 15 est-il
adopté?
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 16.
M. Bédard: C'est de concordance, parce qu'il importe que
la modification proposée à l'article 14 rétroagisse
à l'entrée en vigueur de la disposition d'où provient
l'ambiguïté qu'elle vient de corriger; soit le 26 août 1977,
seule cette rétroaction permettra de garantir la valeur juridique des
quittances unilingues anglaises enregistrées depuis cette date.
Le Président (M. Dussault): L'article 16 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 17.
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 17 est
adopté. Est-ce que le projet de loi no 31, Loi modifiant le Code civil,
tel qu'amendé est adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté.
M. Lalonde: Avant de passer à un autre projet de loi,
est-ce que le ministre a lu les journaux, les quotidiens? C'est
épouvantable les premiers titres qu'on a: Patients en danger de mort ou
inopérables...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, s'il vous plaît!
M. Lalonde: A un siège de la mort, c'est effrayant avec ce
gouvernement-là...
Le Président (M. Dussault): N'ouvrez pas une seconde
porte! J'appelle maintenant le projet de loi no 38, Loi sur les corps de police
des villages cris et du village naskapi.
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Dussault): Y a-t-il des remarques
préliminaires?
M. Lalonde: Est-ce qu'on peut suspendre pour trois minutes, je
vais aller chercher M. Ciac-cia.
Le Président (M. Dussault): D'accord, nous suspendons les
travaux de cette commission...
M. Lalonde: Passez à la division territoriale...
Suspension de la séance à 11 h 38
Reprise de la séance à 11 h 40
Le Président (M. Dussault): Je proposerais que nous
passions plutôt au projet de loi no 11. Est-ce que c'est exact?
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Dussault): Nous ne considérerons
pas le projet de loi no 38 comme appelé. J'appelle le projet de loi no
11, Loi modifiant la Loi de la division territoriale. Y a-t-il des remarques
préliminaires sur le projet de loi no 11?
Projet de loi no 11
M. Bédard: M. le Président, comme vous le savez, le
présent projet de loi modifie certains districts judiciaires à
partir de la description faite par le chapitre VII des lois de 1975 et corrige
certaines erreurs techniques qui s'y étaient glissées. De plus,
il prévoit la création de deux nouveaux districts judiciaires, le
district de Laval qui desservira la ville de Laval, et le district de Longueuil
qui desservira certaines municipalités de la rive sud. Enfin, il apporte
certaines modifications de con-
cordance à la Loi des tribunaux judiciaires et au Code de
procédure civile. A l'article 1...
Le Président (M. Dussault): L'article 1 est
appelé.
Districts judiciaires
M. Lalonde: C'est là-dedans qu'on crée les nouveaux
et qu'on corrige les anciens, n'est-ce pas?
M. Bédard: C'est cela.
M. Lalonde: Je suis convaincu que pour les anciens districts
judiciaires surtout les modifications que l'on voit au district
judiciaire de Drummond, par exemple, le député de Drummond
soulignait les bienfaits de ces changements en deuxième lecture
il y a eu des consultations, mais pour les nouveaux districts judiciaires, pour
Laval, c'est toute l'île, j'imagine, étant donné que c'est
la ville de Laval.
M. Bédard: C'est cela.
M. Lalonde: Pour Longueuil, est-ce qu'il y a eu des consultations
au niveau des populations concernées, à savoir jusqu'où
cela irait et qui serait exclu ou inclus?
M. Bédard: Pour la rive sud, les consultations ont eu
lieu. Il y avait différentes municipalités de la rive-sud qui
voulaient être rattachées au district judiciaire de
Montréal, qui avaient fait cette demande et cette demande avait
été considérée favorablement.
Quand on crée Longueuil, on prend la rive-sud, donc, on les a
rattachées à Longueuil plutôt qu'à Montréal,
parce que c'est naturellement le centre qui se développe.
M. Lalonde: Excusez-moi, j'ai cru comprendre que certaines
municipalités de la rive-sud avaient...
M. Bédard: ... déjà exprimé le...
M. Lalonde:... déjà exprimé le désir
de rester dans le district de Montréal?
M. Bédard: Non, de venir dans Montréal, comme
Chambly, par exemple, qui, en 1975, avait été
référé à un autre district.
M. Lalonde: Ah bon! vous les incluez dans Longueuil?
M. Bédard: C'est cela. M. Lalonde: A mi-chemin?
M. Bédard: C'est cela.
M. Lalonde: Mais il n'y a pas de municipalité qui ait
exprimé le refus, qui ait indiqué sa désapprobation
d'être incluse dans le district de Longueuil.
M. Bédard: Non.
M. Lalonde: En adoptant l'article 1, M. le
Président...
M. Bédard: J'aurais un amendement à l'article 1 qui
se lirait comme suit: "Au paragraphe f), changer, à la première
ligne, les mots "le suivant" par les mots "les suivants"; b), ajouter à
la fin du paragraphe f) le texte du paragraphe j) commençant par 16;
c)...
Le Président (M. Dussault): Nous pourrions les prendre un
après l'autre étant donné que ce sont des amendements
différents, M. le député, au même article.
M. Lalonde: Je suis complètement perdu.
M. Bédard: Une seconde, M. le Président.
On peut expliquer que c'est très technique, cette
énumération. Le district de Mégantic est actuellement le
numéro 16 dans rénumération des districts judiciaires qui
sont situés par ordre alphabétique, on suggère de changer
le titre de Mégantic par Frontenac, ce qui nous oblige à replacer
complètement la description de Mégantic un peu plus avant,
après le paragraphe 8. Donc, ça vise à transférer
le paragraphe 16 au paragraphe 8a en changeant le titre.
M. Lalonde: Ah bon! Ce qui paraît dans le paragraphe 16,
sous le paragraphe j) je ne sais pas si on les appelle paragraphe
qui est Mégantic, vous voulez le faire venir un peu plus avant...
M. Bédard: Après le mot Drummondville...
après Drummond, c'est-à-dire.
M. Lalonde: Après le mot Drummondville. Cela va devenir un
paragraphe 8a ou quoi?
M. Bédard: Paragraphe 8a, dans la loi de 1975.
M. Lalonde: Cela va rester au paragraphe f). M. Bédard:
Oui.
Le Président (M. Dussault): C'est l'objet du
quatrième amendement. M. le ministre, vous nous aviez donné un
premier amendement qui consistait à changer, à la première
ligne, les mots "le suivant" par les mots "les suivants".
M. Bédard: C'est ça, pour concorder avec les
articles 8 et 8a.
Le Président (M. Dussault): En fait, c'est un amendement
qui irait au paragraphe f). je n'étais pas à la bonne place.
M. Lalonde: Vous changez le mot "Mégantic" par le mot
"Frontenac" aussi. Ce ne sera plus Mégantic, ça va s'appeler
Frontenac.
M. Bédard: Et le député de...
M. Lalonde: De Mégantic-Compton.
M. Bédard: C'est parce que le district n'a plus rien
à voir avec Mégantic. C'est vraiment dans Frontenac...
M. Lalonde: A cause des changements, vous l'avez
transporté dans Frontenac. Est-ce que Mégantic va rester
district? Vous faites disparaître...
M. Bédard: Toute la description du district de
Mégantic est la même, on change le nom.
Il s'agit simplement de changer le nom pour être conforme au
territoire concerné par ce district, qui est clairement le territoire de
Frontenac. (11 h 15)
M. Lalonde: Parfaitement, mais le territoire du comté de
Mégantic-Compton reste dans un district judiciaire quelconque. Non,
Mégantic disparaît...
M. Clair: ... ou dans Frontenac.
M. Lalonde: Dans Frontenac...
M. Clair: II n'y a plus de district de Mégantic.
M. Lalonde: Les gens de Mégantic sont d'accord avec
ça. ... de Mégantic était Thetford Mines, et le demeure,
tout en étant le chef-lieu de Frontenac.
Le Président (M. Dussault): Pour les fins du journal des
Débats, je voudrais répéter en quoi consiste l'amendement.
D'abord, l'amendement est à l'article 1, au paragraphe f), ce qui
n'était pas clair au départ. Le premier amendement du paragraphe
f) consiste à changer à la première ligne les mots "le
suivant" par les mots "les suivants." D'abord, est-ce que cet amendement est
adopté?
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. L'amendement
suivant consiste à ajouter à la fin du paragraphe f) le texte du
paragraphe j) commençant par le numéro 16.
M. Lalonde: Est-ce qu'on peut amender de cette façon en
transportant un texte qui n'est pas encore adopté? C'est seulement une
question de technique.
Le Président (M. Dussault): Nous sommes toujours à
l'article 1, M. le député. C'est à l'intérieur de
l'article 1, cela ne devrait pas poser de problème.
M. Lalonde: Mais, ce que je veux dire, c'est qu'on dit: "en
ajoutant le texte du paragraphe j)" sans le mettre dans l'amendement, sans le
répéter. C'est une question de technique simplement. Remarquez
que c'est commode.
M. Bédard: C'est simplement qu'on ne voulait pas
répéter.
M. Fontaine: Pourquoi le transporte-t-on comme cela?
M. Bédard: Les districts judiciaires, dans la Loi de la
division territoriale, sont tous situés par ordre alphabétique.
Comme on change l'ordre du paragraphe m) au paragraphe f), on
ramène...
M. Fontaine: Ah bon! d'accord! M. Alfred:
Adopté.
M. Lalonde: La seule question qu'il me reste, c'est concernant le
changement de "Mégantic" par "Frontenac". Le ministre nous assure
à la commission parlementaire que les consultations ont eu lieu, qu'il
n'y a aucune objection, ni de la part du député de
Mégantic-Compton, ni de la part des autres représentants de la
région de Mégantic.
Le Président (M. Dussault): En fait, au lieu de dire
"ajouter", il faudrait, pour éviter le problème que vous posez,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, dire "placer à la
fin du paragraphe f) le texte du paragraphe j) commençant par 16. Cela
n'a pas de conséquence pour le contenu pour le moment. Nous pourrons
ensuite voter sur le contenu.
M. Lalonde: "Déplacer", vous avez à ce moment la
connotation de "déplacement".
Le Président (M. Dussault): D'accord, étant
donné l'ordre alphabétique.
M. Bédard: Pour répondre peut-être à
une des questions du député de Marguerite-Bourgeoys, c'est que le
comté politique de Mégantic, du point de vue judiciaire, se
retrouve dans Saint-François.
M. Lalonde: J'ai demandé au ministre... Il nous dit,
à la commission parlementaire...
M. Bédard: Manifestement, cela ne collait pas à la
réalité.
M. Lalonde: Je lui demande ceci: Le député de
Mégantic-Compton et les représentants de la région de
Mégantic sont-ils d'accord avec la disparition du titre
"Mégantic" pour le district judiciaire qui va s'appeler maintenant
"Frontenac"?
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez, messieurs
de la commission, auparavant, je vous suggère d'aborder plutôt, au
départ, l'amendement qui est intitulé d). A la première
ligne du premier alinéa du paragraphe 8a, changer le mot
"Mégantic" par le mot "Frontenac". Dès le mo-
ment où vous aurez reconnu ce principe, le reste découlera
de ce principe.
M. Bédard: D'ailleurs, les amendements
précédents, à d), sont la conséquence de d), de
même que le e).
Le Président (M. Dussault): Le débat pourra porter
sur le fond à ce moment-là. J'ai le consentement de la commission
pour considérer d'abord l'amendement d). On dit: A la première
ligne du premier alinéa du paragraphe 8a, changer le mot
"Mégantic" par le mot "Frontenac".
M. Lalonde: Je n'ai pas encore eu la réponse du ministre
sur la question.
M. Fontaine: Justement là-dessus, M. le Président,
si vous me le permettez...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine:... je sais que le député de Frontenac,
la semaine dernière, m'a fait certaines représentations à
cet effet, mais, jusqu'à maintenant, je n'avais pas compris que le
ministre de la Justice proposerait cet amendement et je n'ai pu consulter le
député de Mégantic-Compton. Cependant, je sais qu'il est
en commission présentement et j'ai envoyé quelqu'un lui demander
s'il était d'accord avec cette modification. Je pense qu'il a
déjà fait des représentations au ministre de la
Justice.
M. Bédard: II a déjà fait des
représentations. Il y a exprimé son opinion, selon les
informations que j'ai au député de...
M. Fontaine: Frontenac.
M. Bédard: ... Frontenac. Il a donné son accord
à une telle disposition.
M. Fontaine: Dans deux ou trois minutes, M. le Président,
je saurai s'il est d'accord ou non.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Drummond.
M. Clair: Une petite indication que je peux donner au
député de Marguerite-Bourgeoys, c'est que je ne sais pas
si mon collègue de Nicolet-Yamaska pourra me confirmer cela les
districts judiciaires de Drummond, Arthabaska et l'ancien district de
Mégantic forment au point de vue du Barreau une section et, à
quelques occasions, dans des conversations privées, même si je ne
me souviens pas qu'à l'assemblée générale du
Barreau de section il en ait été question, je me souviens que
dans des conversations privées, c'est arrivé, à quelques
occasions que des avocats, surtout les nouveaux arrivants, se demandaient
comment il se faisait que le district s'appelait Mégantic alors que cela
n'avait pas grand-chose à faire avec la ville de Lac Mégantic, de
Mégantic comme tel. Si on veut, cela peut être une petite
indication à savoir que le nom ne correspondait pas tellement au
territoire desservi par le chef-lieu, le palais de justice de Thetford
Mines.
M. Lalonde: Je comprends qu'il y a toutes sortes d'anomalies
comme cela sur les noms des lieux ou des endroits des régions. Je n'en
fais pas un problème...
M. Clair: Je n'avais pas l'intention de...
M. Lalonde: Je veux être sûr que... Quand on fait un
changement, il y a des gens qui sont sensibles à cela. Je veux
être sûr que ces sensibilités ont été
portées à votre attention et que le député de
l'endroit qui porte le même nom je n'ai pas vérifié
si c'était le même territoire qu'on ne lui passe pas cela
dans le dos tout simplement, qu'il revienne ensuite...
M. Bédard: Peut-être que le représentant de
l'Union Nationale, le député de Nicolet-Yamaska, pourrait nous
dire quel est le résultat de sa consultation avec son collègue
qui est concerné.
M. Fontaine: M. le Président, après consultation
avec mon collègue, le député de Mégantic-Compton,
celui-ci m'informe qu'effectivement il a déjà fait des
représentations auprès du ministre de la Justice pour demander ce
changement et avait également demandé que la municipalité
de Lamb-ton soit incluse dans le district de Mégantic qui s'appellera
dorénavant Frontenac. Ses représentations ont été
écoutées.
M. Bédard: Oui, nous y avons donné suite. M.
Lalonde: D'accord, adopté.
Le Président (M. Dussault): Pendant que vous
échangiez, j'ai regardé vraiment les amendements. Je pense que,
pour que la lumière se fasse complètement, on va lire tous les
amendements. Vous aviez commencé comme cela et c'était correct
aussi.
M. Bédard: A l'article 1, au paragraphe f), nous
proposons: a) changer à la première ligne "le suivant" par "les
suivants".
Le Président (M. Dussault): Qui a été
adopté, d'ailleurs.
M. Bédard: b) ajouter à la fin du paragraphe f) le
texte du paragraphe j) commençant par seize. Adopté, M. le
Président?
M. Lalonde: II faudrait mettre les guillemets des deux
côtés de seize.
M. Bédard: c) remplacer l'intitulé de ce texte par
le suivant: 8a) Frontenac, chef-lieu: Thetford Mines...
M. Lalonde: Vous fermez les guillemets quelque part.
M. Bédard: Après Thetford Mines, d) à la
première ligne du premier alinéa du paragraphe 8a, changer
Mégantic par Frontenac; e) les paragraphes k) à q) deviennent j)
à p). C'est tout.
Le Président (M. Dussault): Je reçois ces
amendements.
M. Lalonde: Ils sont reçus, lus et adoptés.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que les quatre
amendements, b), c), d) et e) sont adoptés?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté.
M. Bédard: J'aurais un autre amendement...
Le Président (M. Dussault): L'article 1 tel
qu'amendé... Oui, M. le ministre.
M. Bédard: Un autre amendement, à savoir
insérer après l'article 1...
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez, je vais
donc demander si l'article 1 est adopté, puisqu'il s'agit d'ajouter un
nouvel article. Est-ce que l'article 1 tel qu'amendé est
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. M. le
ministre.
M. Bédard: Ma demande serait d'insérer,
après l'article 1, le suivant, et je cite: "2. Le paragraphe 80 de
l'article 12 de ladite loi, remplacé par l'article 67 du chapitre 10 des
lois de 1965, est modifié par le remplacement de l'intitulé de ce
paragraphe par le suivant: 80. Verchères, bureau à
Sainte-Julie."
M. Lalonde: Quel est le changement là-dedans?
M. Bédard: Cette modification a pour objet le transfert
à Sainte-Julie du bureau d'enregistrement de Verchères. A cause
du volume croissant des actes enregistrés dans cette division, le local
qu'occupe actuellement le bureau d'enregistrement est nettement exigu et un
agrandissement des lieux pourrait susciter certains problèmes, puisqu'il
semble acquis que l'édifice en question sera dans un avenir plus ou
moins rapproché classé monument historique. De plus, le bureau
n'est pas facilement accessible. Devant ces faits, il est clair qu'une
relocalisation du bureau s'impose.
Sainte-Julie serait l'endroit le plus approprié, tant en raison
de cette division d'enregistrement qu'en raison de son expansion
considérable.
Afin de permettre que cette relocalisation s'effectue, il y a donc lieu
d'effectuer une modification à la Loi de la division territoriale. Les
municipalités intéressées, je tiens à le dire, ont
été consultées sur la question et ont manifesté
leur accord, parce que ce n'est jamais facile de changer un bureau
d'enregistrement de place.
M. Lalonde: Quand le ministre dit que les municipalités
ont été consultées, il veut dire le conseil municipal, le
maire, les notaires, les notables ou le monde ordinaire?
M. Clair: Le député de Verchères... M.
Fontaine: Un petit référendum...
M. Lalonde: Le député de Verchères, c'est le
dernier de mes problèmes. Lui ne va pas au bureau d'enregistrement
souvent, j'imagine.
M. Clair: Parce que vous nous demandiez si le
député avait été consulté.
M. Bédard: Au-delà des autorités
municipales, il y a eu des organismes, tels la Chambre de commerce, qui ont
exprimé leur opinion dans ce sens-là, selon les informations que
j'ai.
M. Lalonde: Quelle est la distance entre Verchères et
Sainte-Julie? Excusez-moi, je n'ai pas posé la question. Laissez faire!
C'est comme si j'avais demandé la lune.
M. Bédard: Environ une quinzaine de milles.
M. Lalonde: Ah bon!
M. Bédard: C'est très loin de la lune.
M. Lalonde: En kilomètres, non? Je pensais que vous
l'aviez kilométré, vous.
M. Fontaine: Est-ce que les notaires ont été
consultés?
M. Bédard: Spécifiquement, je ne le sais pas. M.
Fontaine: Vous ne le savez pas.
M. Bédard: Je ne voudrais m'engager plus que... Je ne
voudrais pas en dire plus que ce que je suis capable d'en dire.
M. Fontaine: Dans mon comté, à un moment
donné, il a été question de transférer un bureau
d'enregistrement et j'ai eu un tollé de protestations de la part des
notaires. Je ne sais pas si...
M. Lalonde: Combien y a-t-il de notaires dans votre
comté?
M. Fontaine: II y en a plusieurs.
M. Lalonde: C'est vrai. Il y a les notaires et le monde
ordinaire.
M. Bédard: Je sais pertinemment...
M. Fontaine: II n'y a pas seulement à Montréal
qu'il y a des notaires. Il y en a en province.
M. Lalonde: Ah oui!
M. Bédard: Je sais pertinemment à quel débat
donne lieu...
M. Fontaine: Avec la Loi du zonage agricole, ils font de
meilleures affaires que...
M. Bédard: Verchères est en
périphérie et Sainte-Julie est au centre.
M. Lalonde: Que les avocats.
M. Fontaine: ... les notaires et les avocats aussi.
M. Lalonde: C'est épouvantable.
M. Bédard: Je sais à quel débat donnent lieu
les transferts de bureaux d'enregistrement. Mes prédécesseurs y
sont allés tranquillement dans ce domaine et je n'ai pas l'impression
d'y aller en vitesse non plus.
M. Lalonde: On ne s'attendait pas à ça de vous.
M. Bédard: Lorsqu'un ensemble de facteurs semble assez
favorable...
M. Fontaine: Adopté.
M. Lalonde: Vous n'avez pas trouvé d'immeubles ou de
possibilité de construire un immeuble à Verchères ou
est-ce parce que Sainte-Julie se développait à un point tel que
c'était là que ça devait aller? C'est ça
votre...
M. Bédard: Sainte-Julie, tel qu'on l'a dit, est en plein
développement et Verchères est en périphérie.
M. Lalonde: Périphérie de? M. Bédard:
Sainte-Julie. M. Lalonde: ... Sainte-Julie. M. Bédard:
De la division.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que le nouvel article 2
est adopté?
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 2 devenu l'article 3.
M. Bédard: A cet article, j'aurais un amendement à
présenter afin de remplacer, à la première ligne,
dès le début, la lettre "k" par la lettre "j". C'est de
concordance avec...
Le Président (M. Dussault): Les amendements qui ont
été adoptés.
M. Bédard: ... ce que nous venons d'adopter comme
amendements.
Le Président (M. Dussault): C'est ça. M.
Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Est-ce que le
nouvel article 3, tel que modifié, est adopté? (12 heures)
M. Lalonde: Est-ce le 4 ou le 3 qu'on fait?
Le Président (M. Dussault): C'est l'article 2 devenu
3.
M. Lalonde: Bon, d'accord.
M. Bédard: Adopté, M. le Président?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté.
M. Bédard: L'article 3 devenu 4.
Le Président (M. Dussault): Vous avez un amendement
d'annoncé, M. le ministre, à l'article 3 renuméroté
4?
M. Bédard: Ce serait de remplacer l'article 3,
renuméroté 4, par le suivant: "4. Les articles 23 et 24 de la Loi
des tribunaux judiciaires (statuts refondus 1964, chapitre 20) sont
remplacés par les suivants...
M. Lalonde: Excusez-moi, mais, tout de suite, avant d'aller plus
loin, dans l'article 3, actuellement, on a "modifié par l'article 2 du
chapitre 13 des lois de 1973", vous laissez tomber ces...
M. Bédard: II arrive que, lorsqu'on remplace deux
articles, on ne fait pas l'historique des deux.
M. Lalonde: Bon, merci. Une Voix: On apprend.
M. Lalonde: Non, mais il y a des choses qu'on ne sait pas, vous
savez.
Le Président (M. Dussault): On en apprend toujours.
M. Lalonde: Oui.
M. Bédard: Vous êtes très humble, ce matin,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Vous allez continuer?
M. Lalonde: Je sais que, dans le journal des Débats, ces
dernières paroles qu'on a entendues vont être au nom du ministre,
mais c'était son conseiller juridique très compétent qui
vient de parler.
M. Bédard: Oui, celle qui est là pourra
m'é-clairer, parce que je suis assez humble pour savoir, contrairement
au député de Marguerite-Bourgeoys, qu'on a besoin
d'éclairage de temps en temps.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que ce nouvel article
4... On n'en a pas terminé la lecture, je crois.
M. Bédard: On n'a pas terminé à la suite de
l'interruption du député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: On ne l'a pas lu en fait.
M. Bédard: Est-ce que je vais recommencer? Ce n'est pas
nécessaire, M. le Président?
Le Président (M. Dussault): "... ces articles 23 et 24
seraient remplacés par les suivants:
M. Bédard: "23. Lorsque le juge en chef de la Cour
supérieure réside dans la ville de Québec, le juge en chef
associé remplit ses fonctions dans la division de Montréal,
formée des districts judiciaires de Beauharnois, Bedford, Drummond,
Hull, Iberville, Joliette, Labelle, Laval, Longueuil, Montréal, Pontiac,
Richelieu, Saint-François, Saint-Hyacinthe et Terrebonne, et il doit
résider dans la ville de Montréal ou ses environs."
M. Lalonde: J'avais demandé que ce soit changé.
M. Bédard: "24. Lorsque le juge en chef de la Cour
supérieure réside dans la ville de Montréal, le juge en
chef associé remplit ses fonctions dans la division de Québec,
formée des districts judiciaires d'Abitibi, Arthabaska, Beauce,
Bonaventure, Chicoutimi, Frontenac, Gaspé, Hauterive, Kamouraska,
Mingan, Montmagny, Québec, Rimouski, Roberval, Rouyn-Noranda, Saguenay,
Saint-Maurice, Témiscamingue et Trois-Rivières, et il doit
résider dans la ville de Québec ou ses environs."
Le remplacement des articles 23 et 24 de la Loi des tribunaux
judiciaires est de concordance avec l'article 1 du présent projet de
loi, avec l'article 24a de la Loi des tribunaux judiciaires, qui définit
les fonctions du juge en chef associé, et avec l'article 75b de cette
dernière loi, qui introduit la notion de division.
M. Lalonde: M.le Président, je suis parfaitement
d'accord avec les amendements, qui semblent d'ailleurs d'un libellé plus
clair que ce qui était dans la loi. C'est difficile à comprendre,
ce qu'on avait dans le projet de loi. Aussi, le fait d'étendre l'endroit
de résidence de la ville de Montréal à ses environs et de
la ville de Québec à ses environs, je pense que c'est
sûrement réaliste, parce que je ne sais pas jusqu'à quel
point le juge en chef, actuellement, à Montréal ou à
Québec, réside dans la ville même, soit de Montréal,
soit de Québec.
M. Bédard: C'est exact.
M. Lalonde: Je suis prêt à l'adopter.
Le Président (M. Dussault): L'amendement au nouvel article
4 article 3 renuméroté 4 est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que le nouvel article
4, tel qu'amendé, est adopté?
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 4, qui devient 5.
M. Bédard: Adopté.
M. Lalonde: Mais il y aurait peut-être des
résidences à changer. Je ne sais pas s'il y a une concordance. On
dit au dernier alinéa: "des juges nommés avec résidence
dans la ville de Montréal". On vient de changer ça pour ajouter
"et ses environs". Il me semble que c'est inutile, parce que Longueuil et
Laval, c'est sûrement dans les environs de Montréal. On peut
enlever le dernier alinéa.
M. Fontaine: Les jugesl Mais lorsqu'on parle des juges...
M. Lalonde: Mais les juges...
M. Bédard: Nous pourrions le laisser là, M. le
Président, étant donné que nous n'avons pas fait encore
toutes les concordances avec la Loi des tribunaux judiciaires.
M. Lalonde: Est-ce que la lecture du dernier alinéa laisse
penser que les juges, non seulement le juge en chef ou le juge en chef
associé, ont une exigence de résidence dans la ville de
Montréal? Est-ce qu'on ne devrait pas élargir cela aux environs
aussi?
M. Bédard: En fait, actuellement, les juges sont
nommés avec une résidence dans une municipalité.
Maintenant, ce n'est pas tout à fait respecté. On l'a fait
à 23 et 24 parce qu'on avait l'occasion aujourd'hui de le faire, parce
qu'on touchait à ces articles. On est en train de revoir la Loi des
tribunaux judiciaires pour vérifier toute cette question de
résidence et l'élargir, parce qu'elle ne correspond vraiment pas
à la réalité.
M. Lalonde: Non, il y a sûrement une majorité de
juges qui ne vivent pas dans la ville de Montréal.
M. Bédard: Cela demanderait des concordances à
plusieurs articles de la Loi des tribunaux judiciaires, dans la section de la
Loi de la Cour des sessions de la paix et de la Cour provinciale, etc.
M. Lalonde: Le ministre de la Justice prend ici l'engagement de
ne pas invoquer les rigueurs de la loi contre ces juges pour violation de la
Loi des tribunaux judiciaires?
M. Bédard: Ce serait à l'endroit du
député de Marguerite-Bourgeoys que j'aurais à donner cette
assurance, il en a besoin. Je sais que je n'ai pas besoin de donner cette
assurance-là aux juges concernés, qui peuvent toujours compter
sur la compréhension normale.
M. Lalonde: Notez que, là, il n'avait pas le sourire.
Le Président (M. Dussault): Le nouvel article 5a ou
plutôt l'article 4 devenu 5 est-il adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 5 devenu 6.
M. Bédard: Je n'ai pas d'amendement. Cet article 5 corrige
une erreur qui s'était glissée lors de l'adoption du chapitre 7
des Lois de 1975. L'article 37 de la Loi des tribunaux judiciaires,
modifié par l'article 3 du chapitre 7 des lois de 1975, établit
une juridiction concurrente des districts de Québec et Montmagny sur
certaines municipalités. Or, la municipalité de
Saints-Gervais-et-Protais a été omise de cette
énumération. L'article 5 apporte tout simplement la correction
requise.
M. Lalonde: Est-ce que Saint-Gervais prend un "s" à Saint?
Est-ce qu'il y a plusieurs Saints-Gervais?
M. Bédard: Comme vous pouvez le voir, on ne corrige pas
seulement nos erreurs, on corrige aussi celles de l'ancien gouvernement.
M. Lalonde: Je suis en train de corriger votre correction. Dans
le mot "Saint" de Saint-Gervais...
M. Bédard: II y a deux saints, Saint-Gervais et
Saint-Protais, donc, la toponymie, c'est Saints-Gervais-et-Protais.
M. Lalonde: C'est une municipalité? M. Bédard:
Oui.
M. Lalonde: Qui s'appelle Saints-Gervais-et-Protais.
M. Bédard: Et Protais. M. Lalonde: Merci.
M. Bédard: On a été mieux de s'en tenir
à notre libellé, parce qu'on aurait fait une autre erreur.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 5 devenu
6 est adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 6, qui devient 7.
M. Bédard: L'article 45 de la Loi des tribunaux
judiciaires, remplacé par l'article 10 du chapitre 7 des lois de 1975,
établissait une juridiction concurrente des districts d'Arthabaska et
Saint-François sur certaines municipalités, dont Saint-Julien.
Or, le présent projet de loi fait passer Saint-Julien du district de
Saint-François à celui de Mégantic.
M. Lalonde: II faudrait changer pour Frontenac.
M. Bédard: II n'y a plus de Mégantic. C'est pour
Frontenac?
M. Lalonde: J'imagine. Il semble y avoir dans l'encadrement que
vous m'invitiez à respecter tantôt, c'est-à-dire les notes,
une différence...
Le Président (M. Dussault): II y avait donc quelque chose
de bon dans ce que je vous disais, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: Oui, mais ça confirmait ma réponse
à savoir que l'article 6 ne parle pas du district de Mégantic et
pourtant la note en parle. Est-ce qu'on pourrait m'expliquer ça?
Le Président (M. Dussault): Parce que l'amendement du
ministre n'était pas prévu au moment où le projet de loi a
été imprimé, M. le député.
M. Lalonde: L'article actuel, non pas l'amendement, dans le
projet de loi imprimé, dit: "Le tribunal, dans le district d'Arthabaska"
et dans la note, on parle du district de Saint-François
transporté à celui de Mégantic. Comme vous voyez,
l'encadrement, parfois, est une invitation qu'il faut refuser.
M. Bédard: M. le Président, comme je le disais tout
à l'heure, le présent projet de loi fait passer Saint-Julien du
district de Saint-François à celui de Frontenac et,
conséquemment, cette municipalité doit être rayée de
l'énumération de l'article 45.
Le Président (M. Dussault): C'est la municipalité
de Saint-Julien.
M. Bédard: Vous aviez raison, M. le Président, si
nous avions mentionné Mégantic dans un premier temps, c'est parce
que l'amendement de changer Mégantic par Frontenac n'était pas
prévu.
M. Lalonde: Je comprends la note; à ce moment-là,
on ne peut pas le savoir. Mais il me semble qu'il y aurait des façons
différentes d'expliquer un amendement, surtout quand on enlève
d'un article de loi une disposition et qu'on explique simplement la
conséquence dans la note. A ce moment-là, c'est assez difficile
de présumer des subtilités de la rédaction et ce serait
peut-être plus facile pour la compréhension des membres de dire
qu'on le fait en l'enlevant plutôt qu'en l'ajoutant. La note dit qu'on
fait passer la municipalité de Saint-Julien, de Saint-François
à Mégantic; or, quand on lit le projet de loi, c'est la
conséquence du fait que vous l'avez enlevé ailleurs.
M. Bédard: C'est exact.
M. Lalonde: Adopté.
Comme député, je n'ai aucune façon de m'as-surer
que la conséquence de ce qu'on fait, c'est ce que le ministre vient de
nous dire. Alors, je ferme les deux yeux et je dis adopté.
M. Bédard: L'amendement a pour but d'insérer,
après l'article 6, renuméroté article 7, les suivants:
"Article 8, ladite loi est modifiée par le remplacement du mot
"Mégantic" par "Frontenac"; à la cinquième ligne de
l'article 58, remplacer par l'article 16 du chapitre 7 des lois de 1975, de
même que dans l'intitulé de la sous-section A de la section III,
de la première partie."
M. Lalonde: J'ai la sous-section IV et non pas A. Est-ce A ou
IV?
M. Bédard: Sous-section IV de la section III de la
première partie. "Article 9, l'article 59 de ladite loi est
abrogé."
M. Lalonde: Le ministre pourrait-il nous expliquer les
conséquences de ces deux articles?
Le Président (M. Dussault): Est-ce que vous voulez dire,
M. le ministre, que la préoccupation de M. le député de
Marguerite-Bourgeoys trouve sa réponse dans le nouvel article qui
viendra tout à l'heure?
M. Bédard: II s'agit de deux concordances avec la Loi des
tribunaux judiciaires où on crée la section IV aux articles 58 et
59, une juridiction concurrente entre Arthabaska et Mégantic. On change
le mot "Mégantic" par "Frontenac".
Le Président (M. Dussault): Peut-on procéder
à l'adoption de l'article 6 devenu l'article 7?
Une Voix: II est adopté.
Le Président (M. Dussault): Je n'ai jamais dit qu'il
était adopté; c'est pour cette raison que je posais la
question.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Cet article est adopté.
Il y a ce nouvel article que vous annonciez, M. le ministre, article 6
renuméroté article 7.
M. Bédard: II a essentiellement pour but de remplacer
Mégantic par Frontenac et de faire les concordances appropriées.
(12 h 15)
M. Lalonde: II y a un article, je ne sais pas, nous en sommes
à l'article 8.
M. Bédard: C'est-à-dire qu'on est encore à
l'article 6.
Le Président (M. Dussault): On insère après
l'article 6, renuméroté 7, le texte suivant qui devient l'article
8.
M. Lalonde: Donc, nous en sommes à l'article 8. D'accord.
C'est pour changer Mégantic par Frontenac, si je comprends bien,
quoique, étant donné qu'on vient de nous remettre cet amendement
et que je n'ai pas tous mes statuts devant moi, je peux difficilement faire la
concordance. Je tiens pour acquis que les conseillers du ministre l'ont
assuré et assurent la commission que c'est le seul effet de cet
amendement.
M. Bédard: Pour le premier, oui.
M. Lalonde: Pour le deuxième, j'aimerais savoir ce qu'on
abroge.
M. Bédard: L'article 59...
M. Lalonde: II faudrait peut-être nous le lire, tout
simplement.
M. Fontaine: M.le Président, si nous, on fait des
actes de foi, le ministre a l'air d'en faire lui aussi.
M. Bédard: Sur ces amendements proposés à la
dernière minute, je vous avoue que...
L'article 59 de la Loi des tribunaux judiciaires dit ceci: "Les juges de
ces tribunaux et les juges de paix siégeant dans le district de
Mégantic maintenant Frontenac ont juridiction concurrente avec ceux du
district judiciaire de Beauce suivant leurs compétences respectives, sur
le territoire de la municipalité de Saint-Méthode-de-Frontenac et
sur le canton Price.
D'après les amendements qu'on fait à l'article 1...
M. Lalonde: Pouvez-vous expliquer...
M. Bédard: Ces municipalités, maintenant, ne sont
plus à la limite des deux districts judiciaires. D'habitude, une
juridiction concurrente se donne sur des municipalités
frontalières, si je peux dire. Avec le nouveau Frontenac,
Saint-Méthode et le canton de Price sont maintenant inclus à
l'intérieur du nouveau district de Frontenac.
M. Lalonde: On élimine la juridiction concurrente.
M. Bédard: La juridiction concurrente est
supprimée.
M. Lalonde: Parfait.
Le Président (M. Dussault): Ces amendements qui consistent
à ajouter un nouvel article 8 et un nouvel article 9 sont-ils
adoptés?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Nous avons donc
un nouvel article 8 et un nouvel article 9. J'appelle maintenant...
M. Lalonde: L'article 7 qui devient l'article 10. M.
Bédard: L'article 7 qui devient l'article 10.
Le Président (M. Dussault): ... l'article 7 qui devient
l'article 10.
M. Bédard: Cet article 7 qui devient l'article 10 apporte
une modification de concordance à l'article 30 du Code de
procédure civile. Il faut, en effet, prévoir une juridiction
d'appel pour les deux nouveaux districts judiciaires. Pour des raisons
évidentes, la Cour d'appel siégeant à Montréal
entendra les appels des jugements rendus dans les district de Laval et de
Longueuil.
M. Lalonde: D'accord, partait. M. Fontaine: D'accord.
Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 7 devenu l'article
10 est adopté. J'appelle l'article 8 qui devient l'article 11.
M. Fontaine: Adopté.
M. Lalonde: Un instant, pour l'article 11.
M. Bédard: L'article 8 devenu l'article 11 prévoit
l'entrée en vigueur de la présente loi. Et un fait à
remarquer: "La présente loi entrera en vigueur à la date
fixée par proclamation du gouvernement, pour l'entrée en vigueur
du chapitre 7 des lois de 1975." Cette loi de 1975 ne pouvait, à ce
jour, être proclamée, car, comme nous l'avons vu, elle contenait
plusieurs erreurs qui devaient nécessairement être
corrigées. Cela sera maintenant possible, le présent projet de
loi ayant apporté les corrections requises.
Ensemble, ces deux lois constitueront, je pense qu'on peut le dire, une
importante réforme des districts judiciaires. Premièrement, elles
adoptent un nouveau mode de description des districts judiciaires. Au lieu de
procéder par référence aux districts électoraux,
chaque district judiciaire sera délimité par une description de
périmètres et par une énumération des
municipalités qu'il comprend.
Deuxièmement, elles donnent effet à une partie de la
Convention de la Baie James, le district d'Abitibi étant chargé
de desservir l'ensemble de la population du Grand-Nord
québécois.
Et enfin, la création des nouveaux districts de Laval et de
Longueuil qui, nous l'espérons, permettra une meilleure justice pour
l'ensemble des populations concernées.
M. Clair: Si je comprends bien, M. le Président, c'est
qu'en plus de faire une bonne loi on corrige des erreurs du gouvernement
précédent.
M. Lalonde: M. le Président, j'espère que les
corrections qu'on fait dans ce projet de loi, nous ne devrons pas les reprendre
dans quatre ans.
M. Bédard: Nous l'espérons.
M. Lalonde: II y a simplement une question que je voudrais poser.
La proclamation dont on parle à l'article 8 devenu l'article 11, je
crois...
Le Président (M. Dussault): C'est cela, oui.
M. Lalonde: Comment cela s'accorde-t-il avec la proclamation dont
on parle à l'article 2 qui est devenu l'article 3? Autrement dit, ma
question est la suivante: Est-ce que le gouvernement pourra proclamer en
vigueur de ce projet de loi quasi immédiatement, sauf en ce qui concerne
les districts de Laval et de Longueuil dont l'entrée en vigueur nous a
été expliquée par le ministre à son discours de
deuxième lecture comme étant progressive, à savoir, pour
l'entrée en vigueur de ce projet de loi, créer les services
à mesure que les structures seront prêtes soit pour le Tribunal de
la jeunesse, la Cour des sessions de la paix, etc., tel que mentionné
à l'article 2? Je voulais être bien sûr qu'il n'y avait pas
de contradiction entre l'ancien article 2 devenu l'article 3 et l'article 8,
parce qu'on a vu dans des projets de loi que l'article concernant
l'entrée en vigueur mentionnait que certains articles pouvaient entrer
en vigueur par proclamations et d'autres par proclamations
différées.
M. Bédard: Ce qui arrive, c'est qu'avec la proclamation de
l'article 8, Laval et Longueuil ne sont pas des districts judiciaires
établis, mais passent à Montréal. Il y a quelques
municipalités qui sont prévues dans le nouveau district de
Longueuil, qui étaient ailleurs et qui s'en vont dans Montréal. A
mesure qu'on proclame par cour ou par service certains services, on proclame le
district, mais c'est une proclamation tout à fait indépendante,
parce qu'avec l'article 8, ce qui arrive, c'est que Laval, Longueuil et
Montréal sont toutes englobées jusqu'à ce qu'on arrive
à dire, par exemple: La Cour des sessions de la paix est établie
pour Longueuil, auquel cas le district de Longueuil sera
créé.
M. Lalonde: Vous êtes sûr, vous êtes bien
sûr que, si on laisse l'article 11, l'ancien article 8, tel quel, on
pourra avoir l'entrée en vigueur par étapes pour les districts
judiciaires de Longueuil et
de Laval, parce que l'article 11, anciennement l'article 8, ne parle que
d'une proclamation? Je le lis: "La présente loi entrera en vigueur
à la date qui sera fixée par proclamation", non pas aux
dates.
M. Bédard: Oui, si on prend l'ancien article 2, devenu
l'article 3, on spécifie que, malgré les paragraphes i) et k) de
l'article 1, le district judiciaire de Montréal comprend toutes les
municipalités énumérées aux paragraphes 15a, Laval,
15b, Lon-gueuil, et 19, Montréal, jusqu'à ce que le gouvernement
décrète par proclamation...
M. Lalonde: Etant donné qu'on parle déjà de
proclamation dans l'article 3, l'ancien article 2, vous êtes sûr
qu'on pourra faire différentes proclamations pour l'entrée en
vigueur progressive de cette loi, pour les districts judiciaires de Laval et de
Longueuil? C'est cela, c'est la seule préoccupation que j'avais.
M. Bédard: II s'agira d'une proclamation. Quand cette
proclamation-là sera faite, elle sera sujette quand même aux
réserves qui sont faites dans certains articles, dont l'article 2...
M. Lalonde: Qui parle aussi de proclamation. M.
Bédard:... qui parle aussi de proclamation.
M. Lalonde: C'est d'accord. Si vous êtes sûr qu'il
n'y a pas de problème, je suis d'accord. Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'ancien article 8 devenu
l'article 11 est-il adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Le projet de loi no 11, Loi
modifiant la Loi de la division territoriale, tel qu'amendé, est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté.
Projet de loi no 38
M. Lalonde: On peut en venir au projet de loi no 38?
Le Président (M. Dussault): S'il y a consentement de la
commission, nous pouvons maintenant effectivement en venir au projet de loi no
38. Le projet de loi no 38, il s'agit du projet de loi sur les corps de police
des villages cris et du village nas-kapi.
M. Lalonde: On devait l'aborder tantôt et j'avais
demandé au député de Mont-Royal de se joindre à
nous à ce moment-là.
Le Président (M. Dussault): J'appelle l'article 1. M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, avant d'aborder
l'étude de l'article 1, le ministre pourrait-il nous expliquer pourquoi
il y a certains termes du chapitre XIX qui ne sont pas inclus dans le projet de
loi? Je comprends que le projet de loi no 38 doit donner effet au chapitre XIX
de l'entente de la baie James et du Nord québécois. Au chapitre
XIX, il y a deux sections: La première section parle de l'unité
crie de la Sûreté du Québec, et la deuxième section
parle des corps policiers des communautés cries. Je remarque que dans le
projet de loi, les seuls termes de la première section qui sont inclus,
le seul article qui est inclus, c'est l'article 19.1.12 créant le
comité consultatif de police.
M. Bédard: On ne donne pas suite à l'article 19.1,
concernant les unités cries de la Sûreté du Québec,
parce que c'est plutôt du point de vue administratif, et non par
législation qu'on doit y donner suite. Nous donnons suite à 19.2
qui prévoit la création d'un corps policier des
communautés cries, ce qui doit être fait par législation.
La première partie, il y a déjà des programmes en cours,
mais cela va se faire d'une façon administrative et non d'une
façon législative.
M. Ciaccia: La position que vous prenez, c'est que vous avez un
engagement contractuel dans l'entente. Vous respectez cet engagement. Vous
êtes d'opinion que cet engagement n'a pas besoin d'être inclus dans
le projet de loi. Face à cet engagement, vous n'avez pas besoin de loi,
vous pouvez le faire strictement par des mesures administratives que vous avez
déjà commencées.
M. Bédard: Exactement, les discussions sont
commencées déjà dans ce sens.
M. Ciaccia: Est-ce que vous avez reçu certains
amendements, certains changements que les représentants des autochtones
vous ont suggérés au projet de loi? Si oui, est-ce que vous
pourriez les déposer?
M. Bédard: II y a un amendement qui a été
suggéré par les représentants cris, qu'on dépose ce
matin. C'est une précision à apporter à un paragraphe,
à un article.
M. Ciaccia: Seulement un?
M. Bédard: On peut peut-être vous en donner... C'est
simplement une précision à apporter à un paragraphe.
Le Président (M. Dussault): Sur l'article 1 ?
M. Bédard: L'article 1 remplace le second alinéa de
l'article 52 de la Loi de police, de façon à permettre aux
corporations de villages cris et à la corporation du village naskapi
d'établir un corps de police. Il ne les y oblige pas, cependant,
mais
conformément à l'entente, il en donne la permission. Il
donne suite également au pararaphe 6 de l'article 19.2 de la Convention
de la baie James, et au paragraphe 6 de l'article 13.1 de la convention du
Nord-Est.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: D'après l'entente de la baie James, au lieu
d'avoir seulement les conseils de bandes sur ce qui était auparavant des
réserves, on a créé des municipalités de villages
cris, et la même chose pour la municipalité du village naskapi
dans l'entente que nous devons encore adopter en deuxième lecture
à l'Assemblée nationale. Ce sont ces municipalités qui ont
une certaine juridiction. Pour les intégrer aux lois du Québec,
on leur a donné une juridiction municipale. Dans ce projet de loi, les
constables, les corps de police vont être créés sous la
juridiction de cette municipalité. Celle-ci aura juridiction non
seulement sur les terres de certaines catégories où il y a une
juridiction provinciale, mais aussi d'autres terres qui, normalement, auraient
été sous juridiction fédérale. (12 h 30)
M. Bédard: Conformément à l'entente...
M. Ciaccia: Oui.
M. Bédard:... et il fallait faire un amendement à
la Loi de police pour donner suite à ce que nous faisons dans l'article
1.
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 1 est adopté.
J'appelle l'article 2.
M. Bédard: Cet article insère dans la Loi de police
une section IV-A spécialement consacrée aux corps de police des
villages cris et à celui du village naskapi.
Le Président (M. Dussault): C'est ici qu'on doit
introduire votre amendement, M. le ministre, à l'article 63d...
M. Lalonde: Y aurait-il moyen d'appeler chacun des articles 63a,
63b...
M. Ciaccia: J'aurais quelques commentaires sur les autres...
Le Président (M. Dussault): D'accord, je n'y vois pas
d'objection. J'appelle l'article 63a.
M. Bédard: Cet article donne suite au paragraphe 6 de
l'article 19.2 de la convention de la Baie James et au paragraphe 6 de
l'article 13.1 de la Convention du Nord-Est.
M. Ciaccia: M. le Président... Vous avez
terminé?
M. Bédard: Oui.
M. Ciaccia: Je remarque à l'article 19.2 de l'entente
qu'on prévoit que les policiers spéciaux doivent être des
Cris. On limite la composition de ces corps de policiers spéciaux.
Est-ce que cet article est inclus dans votre projet de loi? Je ne pense pas
l'avoir vu.
M. Bédard: On a voulu éviter une
spécification sur les questions ethniques ou raciales, en fonction de la
Charte des droits et libertés de la personne. D'après les
consultations qui ont eu lieu au préalable avec les procureurs cris et
les procureurs naskapis, ça ne leur causait pas de difficulté de
ne pas voir apparaître cette mention dans le projet tel quel.
M. Ciaccia: Alors, cela a été accepté par
les représentants des autochtones d'enlever la référence
à l'origine ethnique de ces policiers.
M. Bédard: II y a eu des discussions avec les
procureurs.
La difficulté peut être réglée sans que cela
apparaisse dans le texte de loi.
M. Ciaccia: Excusez, je n'ai pas entendu.
M. Bédard: Sans que cela apparaisse dans le texte de loi
précisément, d'après les normes spéciales
d'embauché qu'ils peuvent faire pour engager des Cris, il n'était
pas nécessaire de créer spécifiquement dans la loi une
condition ethnique à l'embauche.
M. Lalonde: Est-ce que ce n'est pas, d'ailleurs, à 63b,
quand vous donnez à la municipalité le pouvoir de
déterminer non seulement les caractéristiques physiques
ça, j'imagine que c'est la grandeur ou je ne sais pas... et le niveau de
scolarité, mais aussi les autres qualités requises?
M. Bédard: Indirectement, ça se trouverait
là, oui.
M. Lalonde: Est-ce que vous voulez dire que la
municipalité pourrait, à même ces pouvoirs de
déterminer les autres qualités requises, dire que les candidats
devront être d'origine crie?
M. Bédard: En fait, il s'agirait de savoir si ce serait
valide face à la charte, cet article, mais ils peuvent sans doute
demander, par exemple, que les policiers aient une connaissance de la langue
crie ou être membres du corps de police crie, compte tenu du fait que les
contacts quotidiens se font avec des personnes de cette langue.
M. Ciaccia: II n'y en a pas beaucoup qui ont tenu compte de
l'objection que c'était contre la Charte des droits et libertés
de la personne. Je pense qu'il y a un article dans l'entente, justement pour
prévoir le cas où il y avait d'autres termes, d'autres lois,
parce que ce ne serait pas seulement
la charte des droits de la personne, il pouvait exister d'autres lois
qui auraient pu être en contradiction ou en conflit avec l'entente. Nous
avions inclus un article selon lequel, s'il y avait un conflit entre les termes
de l'entente et d'autres lois, les termes de l'entente
prévaudraient.
M. Bédard: Prévaudraient sur... D'accord.
M. Ciaccia: Mais si vous dites que c'est acceptable pour les
représentants des autochtones, je crois bien, d'une façon
pratique, que ça va être la municipalité du village qui va
faire les règlements et engager. Alors...
M. Bédard: C'est d'autant plus vrai à l'article
63b.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que 63a est
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Est-ce
que...
M. Bédard: Justement, 63b autorise la corporation du
village cri et la corporation du village naskapi à adopter des
règlements sur les normes d'embauche des membres du corps de police. Il
ajoute que ces règlements prévalent sur les règlements au
même effet adoptés par la Commission de police; il donne suite au
paragraphe 2 de l'article 19.2 de la Convention de la Baie James et au
paragraphe 2 de l'article 13.1 de la Convention du Nord-Est
québécois.
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 63b est
adopté. J'appelle 63c.
M. Bédard: Cet article donne suite au paragraphe 3 de
l'article 13.1 de la Convention du Nord-Est québécois.
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 63c est
adopté. J'appelle 63d et, ici, il y a l'amendement de M. le ministre,
qui dit, à l'article 63d: "Ajouter, à la deuxième ligne,
après le chiffre 54, ce qui suit: "..., en outre du territoire de la
municipalité,...".
M. Bédard: Cet article est destiné à
déterminer la compétence territoriale des corps de police de
village cri, il tient compte de l'article 54 de la Loi de police qui indique
qu'un corps de police est chargé de maintenir l'ordre, la paix et la
sécurité publique sur le territoire de la corporation municipale
pour laquelle il est établi, ainsi que sur tout autre territoire sur
lequel cette municipalité a compétence. Il tient compte aussi de
la situation particulière qui découle du régime des terres
destinées aux Cris.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que cet amendement
à 63d est adopté?
M. Ciaccia: A 63d, vous étendez la juridiction sur les
terres de catégorie 1A. Normalement, il y aurait eu juridiction
seulement sur les terres de catégorie 2 et catégorie 3, parce que
la municipalité n'avait pas de juridiction sur les terres 1 A,
c'était de juridiction fédérale. Dans le projet de loi,
vous l'étendez à 1A.
On a soulevé la question des règlements, sur 1 A, qui sont
adoptés par le conseil de bande. Il y a certains règlements qui
seront adoptés, par le conseil de bande, dans les territoires 1A,
où les autochtones habitent majoritairement. Il y a toujours eu un
problème dans le passé, quand on fait un règlement de
cette nature, qui est adopté par le conseil de bande. Comment peut-on le
mettre en vigueur? Supposons que quelqu'un enfreigne le règlement. Un
des moyens serait de donner, au corps de police municipal, la juridiction de
mettre en vigueur les règlements qui sont adoptés par le conseil
de bande.
Je remarque que ce n'est pas inclus dans le projet de loi. Est-ce qu'il
y aurait une possibilité de le faire? Quelle est votre avis à cet
égard?
M. Bédard: Cela va découler de 63g, qui
prévoit la possibilité de faire... Le projet part des
institutions municipales et rattache les corps policiers à l'institution
municipale. Donc, pour rattraper effectivement les territoires de la
catégorie 1A et faire appliquer les règlements de la bande,
parce que c'est ce qui intéresse les autochtones on
procède par le biais d'une entente, à 63g, entre la bande et la
municipalité.
M. Ciaccia: Vous dites qu'il peut y avoir une entente entre
l'administration régionale crie et le corps policier municipal
pour...
M. Bédard: II me semble que cela doit répondre
à votre préoccupation.
M. Ciaccia: Oui.
Le Président (M. Dussault): L'amendement est-il
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 63d, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Ciaccia: Adopté. M. Bédard:
Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
63e.
M. Bédard: D'après l'article 13.1, paragraphe 1, de
la Convention du Nord-Est, le corps de police du village naskapi n'est
censé avoir compétence que sur les terres de la catégorie
1A-N. Cela
est dû au fait que les terres de la catégorie 1B-N sont
situées au nord du 55e parallèle et que, d'après l'article
369 de la Loi concernant les villages nordiques et l'Administration
régionale Kativik, c'est cette administration régionale qui a
compétence en matière de police sur les terres situées au
nord du 55e parallèle. Il convient d'ajouter aussi que les terres de la
catégorie 1B-N ne sont pas contigùes aux terres de la
catégorie 1A-N et que l'Administration régionale Kativik est une
municipalité au sens de la Loi de police.
La corporation du village naskapi étant une municipalité
au sens de la Loi de police, l'article 54 de cette loi s'y applique, et le
corps de police qu'elle établit est censé avoir compétence
sur son territoire. Afin d'éviter que les deux corps de police
municipaux soient chargés de maintenir l'ordre sur le même
territoire, il est précisé que, sauf les pouvoirs de la
Sûreté du Québec, les corps de police établis par
l'Administration régionale Kativik ont compétence exclusive sur
les territoires de la corporation du village naskapi.
M. Ciaccia: Quand vous dites, à l'article 63e, que
l'Administration régionale Kativik a compétence exclusive en
matière de police sur le territoire de la municipalité du village
naskapi, est-ce que c'est tout à fait exact? Qu'arrive-t-il à la
Sûreté du Québec?
M. Bédard: C'est sous réserve de l'article 29.
M. Ciaccia: C'est dans l'article 29 où...
M. Bédard: C'est l'article 29 de la Loi de police, qui
prévoit que la Sûreté du Québec est chargée
de maintenir l'ordre, la paix et la sécurité publique dans tout
le territoire du Québec.
M. Ciaccia: Alors, cet article le prévoit. Très
bien.
M. Lalonde: M. le Président, seulement une question pour
les travaux de la commission. Etant donné qu'il est presque 12 h 45,
est-ce qu'on pourra considérer, lorsque ce projet de loi aura
été adopté, s'il est adopté avant 13 heures, qu'on
aura fait notre boulot pour ce matin et qu'on pourra aborder les autres projets
de loi quand on reviendra cet après-midi?
M. Bédard: II me semble que oui.
M. Lalonde: On aura déjà adopté trois lois
complètement, plus une presque complètement, le projet de loi 35.
Est-ce qu'on pourra aborder les autres cet après-midi?
M. Bédard: De toute façon, je pense bien qu'on en a
jusqu'à 13 heures avec celle-ci.
M. Lalonde: C'est juste au cas, parce que je veux savoir.
Le Président (M. Dussault): Alors, si le cas se produit,
il y a consentement pour que la commission mette fin à ses travaux
après l'adoption du projet de loi 38. Est-ce que l'article 63e est
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 63f.
M. Bédard: Cet article est destiné à
résoudre le problème des enclaves dans les terres de la
catégorie 1A-N. Il n'y a pas de terre de catégorie 11-N à
l'intérieur du périmètre des terres de la catégorie
1A-N.
M. Ciaccia: Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de se
référer... A l'article 63f, au deuxième alinéa,
vous vous référez à la Loi du régime des terres
dans le territoire de la Baie James et du Nouveau-Québec. Est-ce qu'on
ne devrait pas se référer aussi à celle des Naskapis.
C'est à celle du Nord-Est québécois? Les terres de
catégorie 1A-Nne se trouvent pas dans le régime des
terres, dans les territoires de la Baie James et du Nouveau-Québec,
elles se trouvent dans l'ensemble du Nord-Est québécois.
M. Bédard: Les amendements pour mettre en vigueur la
Convention du Nord-Est sont contenus dans le projet de loi 26, qui a
été déposé. On présume que le projet de loi
26 sera adopté au cours de la présente session. C'est pour cela
qu'on se réfère plutôt à la Loi du régime des
terres, telle qu'elle sera amendée par le projet de loi 26, plutôt
qu'à la convention.
Il va falloir y revenir avec un autre amendement.
M. Ciaccia: Dans d'autres articles, vous vous étiez
référé à la Loi concernant... Ne croyez-vous pas
qu'il est nécessaire de se référer à la Loi
concernant le régime des terres dans les territoires du Nord-Ouest
québécois? D'après vous, c'est une description suffisante
pour inclure les définitions et les délimitations des terres dans
le projet de loi 26. (12 h 45)
M. Bédard: La référence dont vous parlez
n'est-elle pas contenue dans le deuxième alinéa de l'article 63f:
Sont délimités, conformément à la Loi concernant le
régime des terres...? Cette loi concernant le régime des terres
sera amendée au cours de la présente session par le projet de loi
26 et contiendra des dispositions sur la Convention du Nord-Est.
Le Président (M. Dussault): L'article 63f est-il
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 63g.
M. Bédard: Le premier alinéa de cet article est
destiné à assurer une transition graduelle entre la situation
actuelle où la Sûreté du Québec est responsable du
maintien de l'ordre sur les terres de la catégorie 1, et les autres
articles de la section 4a où cette responsabilité serait
assumée par les corporations de village cri. La situation est semblable
pour les Naskapis.
Le deuxième alinéa permet notamment aux corporations
visées dans la section 4a de conclure des ententes avec les bandes
établies sur des terres de catégorie 1A ou 1A-N. Il est
destiné à permettre aux corps de police des villages cris ou du
village naskapi de veiller à l'application des règlements des
bandes établies sur les territoires de catégorie 1A ou 1A-N. Afin
d'éviter des difficultés constitutionnelles, le projet ne dit pas
explicitement que le corps de police d'un village cri ou du village naskapi
doit veiller à l'application des règlements de la bande
correspondante; il fait plutôt dépendre ce pouvoir d'une entente
avec cette bande étant donné qu'une corporation de village et la
bande correspondante sont dirigées par les mêmes personnes.
Le Président (M. Dussault): L'article 63g est-il
adopté?
M. Ciaccia: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
63h.
M. Bédard: Cet article donne suite aux articles 19.1,
paragraphe 12 et 19.2, paragraphe 5 de la Convention de la Baie James, ainsi
que l'article 13.1, paragraphe 5 de la Convention du Nord-Est. Le conseil sera
probablement un organisme tripartite composé à parts
égales de représentants des Cris du Québec et du
Canada.
M. Ciaccia: Ce conseil n'a pas encore été
formé, à ce jour.
M. Bédard: Non.
M. Ciaccia: Est-ce que vous prévoyez une date à
laquelle il sera formé? Je sais que beaucoup de cours de formation,
beaucoup de travaux ont été commencés par votre
ministère.
M. Bédard: Je ne suis malheureusement pas en mesure de
donner le renseignement. Vous le demandez d'une façon précise,
banalement, je pourrais bien dire...
M. Ciaccia: Est-ce qu'il y a eu une demande, à ce jour,
pour former ce conseil?
M. Bédard: Dès que la loi sera adoptée, on
fera les démarches nécessaires pour mettre en place le conseil
consultatif après toutes les consultations, comme vous le savez, qui
sont nécessaires.
Le Président (M. Dussault): L'article 63h est-il
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 63i.
M. Bédard: Cet article donne suite aux articles 19.3 de la
Convention de la Baie James et 13.2 de la Convention du Nord-Est.
M. Ciaccia: Dans le budget, l'entente prévoit que le
fédéral va payer 60% des frais encourus. Cela doit comprendre le
budget auquel vous référez à l'article 63i. Le
fédéral paie 60% et le Québec paie 40%.
M. Bédard: C'est le contenu des ententes, jusqu'à
maintenant. A moins de changement, cela va s'appliquer.
M. Ciaccia: Vous aurez dû l'inclure dans la loi. Ainsi, on
aurait plus...
M. Bédard: Non, je ne crois pas qu'on devrait l'inclure
dans la loi.
M. Ciaccia: Parce que ça peut augmenter, ça peut se
négocier, sans changement à la loi. Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 63i est
adopté. Par conséquent, l'article 2 est adopté?
M. Ciaccia: Tel qu'amendé.
Le Président (M. Dussault): II y a eu amendement.
Adopté tel qu'amendé. J'appelle l'article 3.
M. Bédard: La section 4a de la Loi de police...
Le Président (M. Dussault): L'article 3 est adopté;
j'appelle l'article 4.
M. Bédard: Cet article assure une transition sans heurts
entre la situation actuelle où les pouvoirs en matière de polices
de corporations municipales visées dans la section 4a de la Loi de
police découlent de l'article 102 de la loi 4a, concernant les villages
cris et la situation future où ils découleront de la section 4a
de la Loi de police. Il s'agit de concordance.
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 4 est adopté.
J'appelle l'article 5.
M. Bédard: Je n'ai aucun commentaire. Les sommes requises
pour l'application de la présente loi sont prises pour l'exercice
financier 1979/80 à même les fonds consolidés du revenu, et
pour les années subséquentes, à même les sommes
accordées annuellement à cette fin par la Législature.
Le Président (M. Dussault): L'article 5 est adopté.
J'appelle l'article 6.
M. Clair: Adopté. M. Alfred: Adopté.
M. Bédard: II est nécessaire que certaines
dispositions du projet de loi no 26 sur la Corporation du village naskapi et le
régime des terres destinées aux Naskapis, entrent en vigueur pour
que la section 4 de la Loi de police puisse s'appliquer sans problème
aux Naskapis. Le projet de loi no 26 entre en vigueur sur proclamation.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Un dernier commentaire, M. le Président. Dans
les autres projets de loi qui avaient été introduits pour donner
application à l'entente de la Baie James, on avait eu certaines
difficultés, parce que tous les termes de l'entente n'avaient pas
été inclus dans le projet de loi. Même, dans certains cas,
il y a eu des omissions assez substantielles. Je remarque que ce projet de
loi-ci répond intégralement aux termes et conditions qui sont
dans l'entente. Alors, je veux remercier et féliciter le ministre de ne
pas avoir essayé de faire des changements dans l'entente. J'ai eu
l'impression, l'année dernière, que certains autres
ministères, soit par omission ou autrement, ont fait des changements
assez substantiels à l'entente.
M. Bédard: Si cela est arrivé dans d'autres
ministères, c'est sûrement par omission et sans mauvaise foi;
parce que je pense bien que l'essentiel est de fonctionner en s'en tenant aux
ententes. C'est la seule manière de pouvoir raisonnablement
régler le problème.
M. Ciaccia: Les commissions parlementaires sur les autres projets
de loi étaient assez longues. Il a fallu se battre pour vraiment
réinclure dans le projet de loi tous les termes de l'entente. Alors, je
suis heureux de voir qu'on n'a pas eu cette difficulté ce matin.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 6 est
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Est-ce que le
projet de loi no 38, Loi sur les corps de police des villages cris et du
village naskapi, est adopté tel qu'amendé?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Tel que
convenu, par la commission, nous allons mettre fin ici à nos travaux. Il
est possible que nous revenions cet après-midi à la suite d'un
ordre de la
Chambre. J'ajourne les travaux de cette commission sine die.
Suspension de la séance à 12 h 54
Reprise de la séance à 16 h 45
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît! Messieurs, nous allons reprendre les travaux de la commission
élue permanente de la Justie, qui a le mandat de faire l'étude
article par article de différents projets de loi.
Sont membres de cette commission: M. Alfred (Papineau), M. Bédard
(Chicoutimi), M. Blank (Saint-Louis), M. Charbonneau (Verchères), M.
Clair (Drummond), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Lacoste (Sainte-Anne), M.
Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Samson (Rouyn-Noranda), et M. Vaillancourt
(Jonquière).
Pourraient aussi intervenir: M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe), M. Duhaime (Saint-Maurice), M. Lavigne (Beauharnois), M.
Léger (Lafontaine), M. Marois (Laporte), M. Pagé (Portneuf), M.
Tardif (Crémazie).
Au moment où nous avons ajourné nos travaux, vers 13
heures, nous avions suspendu...
M. Lalonde: M. Pagé (Portneuf) pourrait-il être
remplacé par M. Forget (Saint-Laurent)?
Le Président (M. Dussault): M. Forget (Saint-Laurent) en
remplacement de M. Pagé (Portneuf).
Projet de loi no 35 (suite)
Nous avions, comme je disais, suspendu le projet de loi no 35. Avant de
demander à la commission ce qu'elle entend faire, suite à cette
suspension, je voudrais faire remarquer à la commission une erreur, il y
a une petite correction à faire à l'article 20, à la
cinquième ligne, il faudrait mettre un "s" au mot "cadastre", à
la loi no 35, page 13, article 20. La correction sera faite? Y a-t-il autre
chose sur la loi 35?
M. Bédard: Avec votre permission, M. le Président,
dans l'article précédent, il y aurait une petite modification,
qui aurait pour effet...
Le Président (M. Dussault): A l'article 19?
M. Lalonde: Cela prend un consentement pour revenir à un
article adopté.
Le Président (M. Dussault): C'est la question que je vais
poser. Je vais d'abord écouter...
M. Lalonde: On va regarder d'abord ce qu'il a à nous
apporter. On en est rendu à corriger déjà ce que le
gouvernement a fait ce matin.
M. Ciaccia: Cela n'a pas pris deux ans.
M. Bédard: Au niveau de la formulation de l'article 64 qui
se lisait comme suit: "L'article 435 de ladite loi est remplacé par le
suivant...". On voudrait faire la modification qui aurait pour objet que cela
se lise comme suit: "L'article 435 de ladite loi est remplacé, pour la
municipalité, par le suivant...".
Le Président (M. Dussault): II s'agirait donc, d'ajouter
les mots: "pour la municipalité" après le mot
"remplacé".
M. Lalonde: Est-ce qu'on peut avoir l'explication?
M. Bédard: C'est parce qu'il s'agit d'une modification
à la Loi concernant les villages cris, on remplace les articles de la
Loi des cités et villes pour la municipalité. Alors, les
épreuves n'ont pas été corrigées.
M. Lalonde: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Alors, il y a consentement de
la commission pour rouvrir l'article 19...
M. Bédard: On remercie le député de
Marguerite-Bourgeoys de son consentement.
M. Lalonde: Vous ne savez pas à qui j'ai donné mon
consentement?
M. Bédard: Un amendement aussi important...
peut-être à ma conseillère.
Le Président (M. Dussault): Cet amendement est
adopté?
M. Lalonde: Sans aucun doute.
Le Président (M. Dussault): M.le
député de Nicolet-Yamaska. Je vous rappelle qu'il s'agit
d'ajouter, après le mot "remplacer", à l'article 19, l'article
64, plus précisément, les mots "pour la municipalité".
M. Fontaine: Ah oui!
Le Président (M. Dussault): II y avait consentement pour
ouvrir l'article. Cet amendement est adopté?
M. Lalonde: Oui, il est adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté, et l'article
19, tel qu'amendé, est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Maintenant, je voudrais savoir
de la part des membres de cette commission leurs intentions quant à la
poursuite des travaux sur le projet de loi no 35.
M. Lalonde: II semblerait, M. le Président, qu'on n'a pas
d'intention. On enregistre le silence.
Le Président (M. Dussault): Je vous rappelle aussi qu'il y
avait suspension de trois articles les articles 9, 10 et 11.
M. Fontaine: C'est encore une suggestion, M. le
Président.
M. Lalonde: Est-ce qu'on revient à la loi 35? C'est la
question.
Le Président (M. Dussault): Nous sommes revenus à
la loi 35. La question serait: Est-ce que nous suspendons encore l'étude
du projet de loi 35?
M. Bédard: Le but de l'article 9 était de
préciser tout simplement qu'un ressortissant étranger qui
désire s'établir à titre permanent au Québec doit
non seulement présenter une demande en ce sens au ministre, mais
également être détenteur du certificat de sélection
délivré par le ministre. Cette modification a simplement pour but
de clarifier la situation, puisque l'actuel article peut être
interprété de telle sorte que la détention du certificat
de sélection n'est pas obligatoire et que le fait d'en faire la demande
est suffisant.
Le Président (M. Dussault): L'article 9 est appelé.
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président...
M. Bédard: L'article 10 était à l'effet de
préciser que, pour séjourner temporairement au Québec,
pour y travailler, étudier ou recevoir un traitement médical, un
ressortissant étranger doit non seulement faire une demande de
certificat d'acceptation, mais également en être aussi
détenteur. L'article 11 spécifiait que les pouvoirs
réglementaires qui sont conférés au gouvernement par le
paragraphe f) de l'article 3c de la Loi du ministère de l'Immigration
lui permettent de déterminer la forme et la teneur d'une demande de
certificat visée aux articles 9 et 10 de la loi sous étude, de
même que la procédure à suivre pour obtenir ces
certificats.
Or, ces certificats sont reliés, dans plusieurs cas, à la
détention d'un emploi au Québec. Actuellement, le
ministère de l'Immigration ne dispose d'aucun moyen de vérifier
si l'emploi concerné est toujours disponible après que le
ressortissant ait obtenu le certificat. Dans le but de rendre possible cette
vérification, ce contrôle, il est administrative-rnent
nécessaire, aux yeux du ministère concerné, d'être
en mesure de réévaluer la disponibilité de l'emploi
à tous les six mois, ce qui aurait également pour effet
d'accorder au certificat l'utilité qui est propre à son
existence.
C'est l'essentiel du contenu de ces trois articles, mais je comprends
que le député de Mont-Royal ait certaines remarques à
faire.
M. Ciaccia: M.le Président...
Le Président (M. Dussault): D'abord, sur l'article 9, M.
le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Nos objections se rapportent à l'article 9.
Nous n'avons pas d'objection aux articles 10 et 11.
M. Bédard: Est-ce qu'on pourrait les adopter tout de
suite?
M. Ciaccia: Oui, on peut adopter les articles 10 et 11.
M. Bédard: Les articles 10 et 11 sont adoptés.
Le Président (M. Dussault): Je suspends l'article 9.
L'article 10 est adopté. L'article 11 est adopté. J'appelle
à nouveau l'article 9. M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, à l'article 9, nous
avons des objections. Quant à la définition de tout ressortissant
étranger ayant besoin d'un certificat de sélection
délivré par le ministre, nous croyons, pour deux raisons, que ce
n'est pas conforme à la lettre de l'entente; de plus, nous avons
d'autres réserves, quant à cet article, pour des raisons d'ordre
politique. Il y a des raisons légales et des raisons d'ordre
politique.
Premièrement, les raisons légales. J'ai pris connaissance
de l'avis juridique que le ministre nous a fait parvenir. Je viens de l'avoir,
il y a à peu près une demi-heure. Je l'ai lu brièvement.
Les conclusions de votre avis juridique nous portent à conclure qu'il
devrait y avoir des changements à l'article 3a. Nous prétendons
que le Québec peut exiger d'émettre un certificat de
sélection pour un ressortissant étranger, tel que défini
dans la loi, mais cela exclut certaines catégories. Le droit de veto que
vous avez dans l'entente Cullen-Couture n'est pas un droit de veto pour tous
les immigrants, c'est seulement pour la catégorie des
indépendants. Il y a d'autres catégories ou
sous-catégories d'immigrants. Par exemple, les réfugiés,
ceux qui sont parrainés mariés. S'ils font une demande au
gouvernement fédéral, vous ne pouvez pas refuser d'émettre
un certificat, ils sont admis par le fait même; s'ils sont
acceptés par le fédéral, c'est une acceptation pour le
Québec.
Dans votre conclusion, à la page 6 de votre avis juridique, vous
dites: "A partir des textes mentionnés plus haut, on peut donc conclure
que: 2) Dans le cas de la sous-catégorie des parents aidés, la
grille de sélection du fédéral a
prépondérance sur la grille de sélection du
Québec."
Si la grille fédérale a prépondérance, votre
article 3a est mal rédigé. Si elle a prépondérance,
vous ne pouvez pas dire, dans l'article 3a: Tout ressortissant étranger
a besoin d'un certificat de sélection délivré par le
Québec, même à la conclusion de votre mémoire.
Vous dites aussi au troisième paragraphe, à la page 7: "Le
Québec décide si le garant d'un parent aidé se conforme
à la réglementation québécoise." Ceci est exact,
mais pas pour les gens mariés qui sont parrainés et pas pour les
réfugiés. Alors, il y a une exception même à cette
catégorie. Pour que l'article 3a soit conforme à l'entente, il
devrait y avoir ces exceptions, parce qu'il y a certaines catégories
d'immigrants qui n'ont pas besoin, par la loi, de la permission. Autrement dit,
le Québec ne peut pas refuser un certificat et, si le Québec ne
peut pas refuser un certificat, cela vaà l'encontre de l'article 3a,
parce que l'article 3a implique qu'ils en ont besoin et que vous pouvez dire
oui ou non. Ce sont les raisons légales.
Il y a d'autres raisons politiques aussi. Dans la deuxième
lecture du projet de loi 77, le ministre n'a pas caché ses objectifs
politiques et ses objectifs politiques étaient d'avoir tous les pouvoirs
au Québec dans le domaine de l'immigration. L'article 3a donne effet
vraiment aux objectifs politiques du ministre et nous ne sommes pas d'accord.
Nous sommes encore dans un système fédéral et je crois que
la loi devrait le refléter. L'article 3a, tel que rédigé,
ne reflète pas le fait que le pouvoir en immigration est un pouvoir
partagé. Dans certains cas, le fédéral a encore certains
droits même pour ceux qui viennent au Québec et l'article 3a vous
donne totalement le pouvoir. On peut même conclure de l'article 3a que
vous pouvez émettre les visas pour tout immigrant sans exception. Alors,
même si vous pouvez essayer d'en faire un argument légal si
je comprends bien, avec votre argument légal, vous vous donnez le droit
de faire indirectement ce que vous n'avez pas le droit de faire directement
vous n'avez pas le droit de veto sur certaines catégories. De la
façon dont vous avez émis votre opinion, vous dites: Parce qu'il
faut donner notre approbation, par exemple, à ceux qui sont
parrainés et décider par réglementation si celui qui
parraine un parent qui n'est pas marié a assez de biens, de valeurs
matérielles pour pouvoir parrainer, puisque c'est à nous de
décider cela, nous pouvons aussi décider si l'immigrant a le
droit de venir au pays ou non. Je crois que c'est faire indirectement ce que
vous ne pouvez pas faire directement. Pour ces raisons, nous ne sommes pas
d'accord sur la rédaction de l'article 3a. J'admets que l'article 3a,
tel que rédigé, continue le projet de loi actuel. Vous allez un
peu resserrer l'article existant, mais, puisque nous n'étions pas
d'accord sur l'article existant et puisque vous présentez maintenant un
amendement, nous sommes, pour les mêmes raisons, et encore plus, contre
la rédaction de votre présent article 3a.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre. (17
heures)
M. Bédard: M. le Président, le député
de Mont-Royal a soulevé une certaine argumentation juridique. Je vais
demander à mon conseiller juridique de donner la réplique aux
interrogations du député de Mont-Royal. Ensuite, nous verrons,
sur l'aspect politique auquel se réfère le député
de Mont-Royal, s'il y a lieu de continuer la discussion.
Je pense qu'en conformité avec l'entente il y a trois
catégories que vous avez mentionnées: les parents aidés,
les réfugiés, les parrainés mariés. Dans le cas des
parrainés mariés, quand la personne est déjà ici,
la réglementation québécoise, à l'article 41,
reconnaît, à ce moment-là habituellement, ces gens
sont détenteurs d'un document qui s'appelle un permis
fédéral, un permis du ministre fédéral
clairement qu'un détenteur de permis, pour fins de sélection,
obtiendra automatiquement, si l'intention des autorités
fédérales est de lui accorder la résidence permanente, un
certificat de sélection.
M. Ciaccia: Est-ce que je peux vous interrompre? Vous confirmez
mon interprétation. Si c'est automatique, l'article 3a doit être
changé. Si une personne, qui est ici avec un permis du ministre, peut
automatiquement parrainer un marié, vous ne pouvez pas dire, dans
l'article 3a, que tout ressortissant étranger doit obtenir un certificat
de sélection délivré par le ministre parce qu'à
l'article 3a le ministre peut le refuser. Tout de suite, il y a un conflit.
M. Bédard: II n'y a pas de question de conflit; il y a
simplement une question de collaboration entre les autorités
fédérales et les autorités québécoises en
matière d'immigration lorsque les autorités
fédérales et les autorités québécoises
s'informent mutuellement de leurs décisions et de leur volonté
d'accepter telle personne qui ne répond pas aux grilles ou aux normes de
sélection de l'autre partie. A ce moment-là, c'est tout à
fait dans la logique du système de collaboration. De même que,
lorsqu'il y a certains cas qui sont admissibles en vertu de notre grille de
sélection, mais qui ne seraient pas admissibles en vertu de la grille de
sélection du fédéral, nous informons le
fédéral de notre volonté d'aller plus loin; de même,
au niveau de certaines catégories qui seraient admissibles de
façon particulière selon la grille ou le mécanisme
d'admission fédéral, les autorités fédérales
nous informent et, à ce moment-là, on émet un certificat
de sélection. Il y a collaboration et participation conjointe à
ce niveau.
Le même processus existe par rapport aux réfugiés
et, en ce qui concerne les parents aidés, ils sont une
sous-catégorie, ce qu'on appelle la catégorie des
indépendants. Dans leur cas, il y a deux mécanismes. De
même que, dans le cas des personnes appartenant à la
catégorie de la famille, il y a/un processus d'engagement, et non de
sélection, et que cet engagement est régi par le Québec en
fonction des dispositions de l'entente, de même, dans la catégorie
des parents aidés, il y a à la fois un mécanisme de
sélection en vertu de la grille fédérale et de la grille
québécoise et, de plus, il y a un processus d'engagement qui doit
se faire à l'égard du Québec. C'est le Québec qui
décide, à ce moment-là, selon la situation de garant, de
celui de qui la personne va dépendre en venant ici, si cette personne
peut venir. La politique de contrôle du garant est strictement
québé- coise. Les autorités fédérales
reconnaissent cette disposition tant à travers la définition du
terme "s'engager" dans le règlement fédéral qu'à
travers les dispositions des conditions présidant à
l'émission d'un visa dans le cas d'un parent aidé, en
reconnaissant la part de responsabilités du Québec et la part de
responsabilité de l'engagement. Cette disposition dans la
législation fédérale se retrouve aussi dans la
réglementation québécoise à l'article 38, lorsqu'on
dit... Là, je pense que c'est important de lire cet article; d'ailleurs,
cet article est cité dans l'avis qu'on vous a transmis.
M. Blank: Est-ce qu'il serait possible d'avoir une copie de la
réglementation québécoise? C'est difficile de les
obtenir.
M. Bédard: Cela se trouve dans la Gazette officielle, M.
le député de Saint-Louis.
M. Blank: Oui, mais dans 20 copies différentes.
M. Bédard: Je regrette, il n'y a eu des modifications
qu'au mois d'avril; il y adonc le texte original et des
modifications.
M. Blank: Oui, mais où peut-on se procurer cette
réglementation?
M. Bédard: Je pense que c'est auprès de l'Editeur
officiel, M. le député de Saint-Louis.
M. Blank: II dit non. Même à votre ministère,
on dit: Non, on ne l'a pas.
M. Lalonde: Une "consolidation". M. Blank:
"Consolidation".
M. Bédard: Si vous parlez d'une "consolidation", c'est un
peu l'éternel problème au niveau de...
M. Blank: Oui, mais on n'a pas...
M. Bédard: Etes-vous en mesure d'avoir une codification
fédérale où il y a eu huit amendements?
M. Blank: Avec les amendements, mais on ne peut pas avoir cela
chez vous. On a une page d'un tel légiste, une page d'un autre. Si on
veut avoir la réglementation du Québec, où peut-on
s'adresser pour l'obtenir sans fouiller dans la Gazette officielle?
M. Bédard: Si vous le voulez, je pourrai vous fournir une
codification administrative.
M. Blank: Merci beaucoup.
M. Bédard: Vous serez privilégié par rapport
aux autres.
M. Ciaccia: C'est la seule raison pour laquelle il est venu en
commission.
M. Blank: C'est la seule raison.
M. Bédard: Si je peux continuer, M. Blank, la lecture, je
cite l'article 36 du règlement québécois qui
reconnaît la priorité, la prépondérance de la grille
de sélection fédérale dans le cas des parents
aidés, lorsqu'on dit je cite l'article 38 : "A l'exception
d'un retraité visé à l'article 37, le ministre on
parle du ministre de l'Immigration du Québec" délivre..."
On ne dit pas "peut délivrer", mais "délivre", c'est un geste
automatique...
M. Ciaccia: C'est un règlement cela?
M. Bédard: L'article 38 du règlement
québécois qui découle du pouvoir qui est accordé
par le lieutenant-gouverneur à la Loi du ministère de
l'Immigration. Je continue, "... un certificat de sélection à un
ressortissant étranger qui appartient à la catégorie des
immigrants indépendants... d) si dans le cas d'un parent aidé,
celui-ci se conforme aux conditions du règlement concernant l'admission
au Canada et le renvoi du Canada des personnes qui ne sont pas citoyens
canadiens en un mot, la réglementation fédérale
et si, dans le cas d'un parent aidé, le garant se conforme aux
conditions énoncées à l'article 36..." L'article 36 du
règlement québécois est l'article sur l'engagement d'un
garant par rapport à un parent aidé. En un mot, on dit: La
personne doit ou bien se conformer à la réglementation
québécoise ou bien se conformer aux conditions du
règlement fédéral. Lorsqu'on parle de conditions du
règlement fédéral, cela implique aussi la
nécessité pour cette personne de s'engager par rapport au
Québec. Il y a la grille de sélection fédérale et
l'engagement par rapport au Québec, les deux choses ici. Peut-être
que dans ce sens, la réglementation a voulu être redondante et
insister sur le fait qu'il y a deux conditions au niveau du
fédéral: la grille de sélection et l'engagement par
rapport au Québec. C'est, comme tel, clair au niveau de la
réglementation. Cette réglementation, M. Blank pourra en obtenir
une copie.
Mais il y a aussi un autre élément, je pense, au niveau de
l'entente, qui est assez important. Il y a une disposition dans l'entente
où on dit que le mécanisme d'application de l'entente, ce sont
des directives d'application. Ces directives d'application disent que si
vous me permettez, je pourrai vous lire le passage de l'entente sur les
directions d'applications conjointes "... les procédures selon
lesquelles seront mises en oeuvre les conventions contenues dans le
présent chapitre seront l'objet de directives communes du Canada et du
Québec. Ces directives seront élaborées par le
comité d'application et entérinées par le comité
mixte."
Il y a eu une directive émise au mois de janvier dernier par le
comité d'application sur la catégorie des parents aidés
où on détaillait tout le mécanisme. On reconnaissait
encore, dans cette directive, le fait que si une personne n'a pas un garant
accepté par le Québec, cette personne ne peut obtenir de
certificat de sélection du Québec. En un mot, collaboration entre
les deux gouvernements. Même, les autorités
fédérales reconnaissent qu'une personne doit à la fois
répondre à une des deux grilles de sélection et avoir un
engagement envers le Québec. Dans ces cas, un certificat de
sélection est émis.
M. Blank: Je suis 100% d'accord avec ce que vous avez dit, sauf
que cette directive couvre les parents aidés qui ont besoin d'avoir un
garant acceptable ou par le fédéral ou par le provincial. Mais
est-ce qu'il y a une directive de ce comité-conjoint pour les
procédures où la situation du garant n'est pas nécessaire?
Comme dans le cas de personnes mariées, le réfugié n'a pas
besoin de garant. Est-ce qu'il y a des directives semblables?
M. Bédard: II existe des directives qui ont rapport et aux
réfugiés et aux personnes appartenant à la
catégorie de la famille. Je n'ai pas...
M. Blank: Non, pas la famille, je parle des cas de gens
mariés où il y a une exception. Ils n'ont pas besoin de la preuve
financière.
M. Bédard: M. Blank, quand je parle de cas de la famille,
j'englobe à ce moment...
M. Blank: Oui, mais vous avez lu la directive où on parle
de gens qui doivent établir la validité ou la situation de
garant. Mais il y a des situations où on n'a pas besoin de cela,
où c'est automatique. Le gros argument du député de
Mont-Royal c'est qu'il a parlé du côté légal de son
argument et du côté politique. Mais je trouve que quand on
décide qu'on doit avoir un certificat de sélection où
c'est automatique, cela veut dire que le fédéral décide.
La province doit suivre. Si on dit: On doit avoir un certificat de
sélection, on tombe nettement dans le côté politique. On
veut montrer à des gens, même si cela n'est pas vrai, que le
Québec a le dernier mot. Cela n'est pas vrai dans certaines
catégories. C'est là où est l'objection du
député de Mont-Royal. Votre règlement dit que chaque
personne a besoin d'un certificat de sélection du Québec quand ce
certificat de sélection est basé sur la décision
fédérale. C'est ridicule de forcer une personne à avoir
cela.
M. Bédard: M. Blank, sur l'objection que vous soulevez par
rapport aux personnes appartenant à la catégorie de la famille et
à une sous-catégorie qui s'appelle les conjoints mariés,
c'est vrai qu'il existe, tant au niveau de la réglementation
fédérale que de la réglementation
québécoise, des dispositions qui disent du garant, dans un tel
cas, non pas qu'il n'est pas obligé de s'engager, mais qu'il n'est
pas...
M. Blank: De s'engager, mais pas de...
M. Bédard: ... évalué en fonction des
critères d'admissibilité.
M. Blank: Du moment qu'ici c'est automatique.
M. Bédard: D'accord, mais les conséquences comme
telles d'un tel engagement, par contre, sont existantes, c'est-à-dire
que le Québec pourrait poursuivre le garant, le conjoint qui s'est
engagé par rapport à l'autre conjoint; il pourrait le poursuivre
pour le forcer à remplir ses obligations. C'est une des raisons qui fait
qu'on a insisté pour que la personne signe quand même une
procédure d'engagement par rapport au Québec et s'engage à
respecter les besoins essentiels de la personne.
M. Blank: Si c'est automatique, pourquoi signer? Pourquoi? Je
pose une autre question. Vous parlez des réfugiés. Disons qu'une
personne, pas un réfugié qui vient du Vietnam, du Chili ou de
pays comme ceux-là, mais une personne ici, au Canada, à un moment
donné, décide de faire une demande de réfugié. Elle
passe par le comité interministériel à Ottawa et le
comité dit: Vous êtes un réfugié, vous avez le droit
absolu de rester au Canada. A ce moment-là, il a besoin de votre
approbation aussi?
M. Bédard: Dans ces cas, cette personne serait
détentrice d'un permis du ministre et, dans les cas où le
ministre fédéral a l'intention d'accorder la résidence
permanente, il en informe le ministre québécois, qui, lui,
émet un certificat de sélection. Et c'est aussi couvert par
l'article 41.
M. Blank: Pourquoi? C'est ridicule, parce que, si le
fédéral décide que vous n'avez pas un mot à dire
dans cette affaire, vous devez suivre ce qu'il dit.
M. Ciaccia: Ecoutez, l'article 3a, c'est un terme...
M. Bédard: M. le Président, si vous permettez,
avant de continuer la discussion, est-ce que je dois comprendre, j'en ai
l'impression, que c'est beaucoup plus une discussion qui est axée en
fonction de motifs politiques qu'au niveau du fond? Mais si le
député de Mont-Royal et le député de...
M. Ciaccia: Les deux.
M. Blank: Les deux. Une utilise l'autre...
M. Bédard: Pour ne pas poursuivre indûment le
débat, s'il est de l'intention des deux députés de
l'Opposition de continuer à s'opposer à l'article et de
poursuivre la discussion, je voudrais le savoir, parce qu'on va tout simplement
le retirer, car ce n'est pas le propre de cette loi de faire des débats
à n'en plus finir sur ce que nous croyons être, et c'est notre
conviction par rapport à cet amendement, des correctifs à
apporter à certaines lois. Si, manifestement, l'Opposition officielle,
par ses représentants, entend continuer la discussion et s'opposer
à cet article, nous allons tout simplement le retirer.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M.le Président, le
député de Mont-Royal m'avait déjà exprimé
des réserves très sérieuses quant à cet article, au
moment de l'étude en deuxième lecture, et j'en avais fait part au
ministre. Le député de Mont-Royal s'est d'ailleurs exprimé
en deuxième lecture là-dessus. Je crois comprendre,
d'après la discussion qui s'est engagée, qu'il y a en effet des
députés de l'Opposition officielle qui ont des réserves
très sérieuses et qui ont donc l'intention de s'opposer à
l'adoption de cet article. Je comprends la situation dans laquelle le ministre
de la Justice se trouve. Il est invité par des collègues à
inclure dans un bill omnibus des dispositions qui n'appartiennent à ce
genre de projet de loi que dans la mesure où il s'agit de corrections
techniques. D'habitude, c'est assez facile de s'entendre. On peut être
contre, mais c'est assez facile de s'entendre.
M. Bédard: Cela ne fait pas l'objet d'un débat.
M. Lalonde: Mais ce n'est pas le genre de dispositions qu'on met
dans un projet de loi omnibus qui soulève un débat de fond. A ce
moment, il faudrait que ce soit le ministre de l'Immigration qui soit ici, et
je comprends fort bien la réaction du ministre de la Justice de dire:
Ecoutez, ce n'était pas l'intention du gouvernement d'ouvrir un
débat là-dessus. Mais moi, je m'aperçois, pour
répondre à la question du ministre de la Justice, qu'il semble y
avoir un débat de fond au niveau du caractère politique et
légal.
M. Bédard: M. le Président, effectivement, lors du
débat en deuxième lecture, le député de Mont-Royal
avait soulevé une certaine opposition qu'il avait concernant cet
article, cet amendement, et j'avais cru bon, dans l'intervalle
peut-être que c'est arrivé à la dernière minute,
mais on nous comprendra de faire parvenir une opinion juridique au
député de Mont-Royal qui conclut que c'est plus technique
qu'autre chose. (17 h 15)
Mais si la conviction du député de Mont-Royal continue
d'être une opposition de fond, malgré l'opinion juridique à
l'effet contraire, concernant cet article, nous allons le retirer, M. le
Président, pour être conforme à l'esprit d'une loi
corrective. Il sera toujours loisible au ministre de l'immigration de reprendre
la discussion avec le député de Mont-Royal.
M. Lalonde: C'est sur consentement, M. le Président,
à ce qu'il soit retiré.
Le Président (M. Dussault): L'article 9 sera
retiré.
M. Lalonde: L'article 10.
Le Président (M. Dussault): Ce sont les articles 10 et 11
qui avaient été adoptés, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys?
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Dussault): Cela complète
l'étude du projet de loi no 35.
M. Lalonde: Un instant, M. le Président. Vous dites que
ça complète l'étude du projet de loi no 35, mais on avait
eu l'indication ce matin du ministre de la Justice de proposer d'autres
amendements au projet de loi no 35. Il y avait des questions, des
réserves qui avaient été exprimées sur la
façon de procéder. Je ne suis pas sans ignorer qu'il y a eu aussi
des conversations à l'extérieur de cette commission j'en
ai fait partie immédiatement avant cette séance de cet
après-midi. Est-ce qu'on pourrait savoir quand même
officiellement, pour les fins du journal des Débats, ce que le ministre
entend faire?
M. Bédard: Concernant ces nouveaux amendements que nous
voulions apporter, nous avons eu, comme le mentionnait le député
de Marguerite-Bourgeoys, des discussions tant avec l'Opposition officielle
qu'avec le député de Nicolet-Yamaska, de même qu'avec le
leader du gouvernement. Je pense qu'il serait préférable
c'est ce vers quoi nous allons nous diriger de rédiger, de
déposer un nouveau projet de loi qui ferait état de nouvelles
corrections que nous voulons apporter, qui serait dans le même esprit que
le projet de loi 35, mais portant sur d'autres correctifs à d'autres
lois. A ce moment, nous solliciterons le consentement de l'Opposition
officielle et de l'Union nationale de même que des deux autres
députés: celui de Rouyn-Norande et celui de Pointe-Claire, afin
de pouvoir procéder à l'étude de ce projet de loi, en
deuxième lecture et article par article, afin qu'une troisième
lecture soit adoptée, avant la fin de nos travaux prévue pour le
22 juin.
M. Lalonde: M.le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: On doit faire les remarques suivantes: il s'agit de
dispositions qui tendent à amender des lois qui n'ont pas
été ouvertes par le projet de loi 35, tel qu'il a
été étudié à l'Assemblée nationale.
Il s'agit de lois pour lesquelles, d'après les indications que j'ai
eues, l'Opposition officielle partage avec le gouvernement la même
préoccupation, à savoir que des amendements au besoin ce
serait prématuré de vous dire si je suis en faveur des
amendements proposés soient apportés dans les meilleurs
délais pour en permettre une application plus efficace, plus juste pour
les clientèles et la population en général.
Donc, là-dessus, il faut bien comprendre que l'Opposition
officielle ne s'objecte pas, mais pas du tout, à ce que le gouvernement
propose à l'Assemblée nationale des amendements de nature
à permettre la meilleure application de ces lois.
Toutefois, le principe était soulevé vous vous en
souvenez, M. le Président; je pense que vous partagiez également
les inquiétudes à ce point de vue à savoir si la
commission parlementaire peut, à ce stade, connaître les
amendements à des lois qui n'avaient pas été ouvertes, qui
n'avaient pas du tout été soulevées lors de l'étude
en deuxième lecture. On pourrait même invoquer des
précédents qui m'étaient rappelés où des
présidents de commission et je me souviens que le
député de Vanier, lors de l'étude du projet de loi sur
l'assurance automobile, avait été appelé à rejeter
un amendement que Mme le ministre avait proposé pour ajouter à la
loi, parce que ce n'était pas un principe qui avait été
accepté en deuxième lecture. Comme membres de cette commission,
on doit s'inquiéter de ne pas profiter du fait et ce
n'était pas l'intention du ministre, j'en suis convaincu qu'on
ait un projet de loi qu'on appelle omnibus, c'est-à-dire qui touche
à plusieurs lois, pour escamoter involontairement une étape
extrêmement importante, c'est-à-dire l'étude des
amendements à cette loi. Je suis convaincu qu'il y a plusieurs
députés de ma formation politique en particulier, et
sûrement d'autres, probablement des députés
ministériels aussi, qui seraient intéressés, lorsque
ça viendra à l'Assemblée nationale, à poser des
questions, à faire des suggestions sur d'autres aspects de la loi
ouverte qui ne sont pas soulevés par les amendements.
C'est seulement dans ce but que nous avons posé sinon les
objections, du moins les réserves que nous avions soulevées ce
matin. En ce qui concerne l'intention du ministre de proposer ce projet
à l'Assemblée nationale d'ici l'ajournement d'été,
vous savez que le gouvernement ne peut pas forcer, à moins d'urgence,
l'Assemblée nationale à adopter des lois qui n'auraient pas
été déposées avant le 1er juin. Considérant
qu'il s'agit de questions urgentes, au nom de l'Opposition officielle, de ma
formation politique, je vais consentir à ce qu'un projet de loi dans le
sens des amendements que nous avons soit déposé globalement et
que l'étude en soit provoquée par l'Assemblée nationale et
les commissions parlementaires, visant à le faire adopter pour
l'ajournement d'été. C'est l'engagement que je peux prendre pour
l'Opposition officielle.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, j'avais déjà
annoncé ce matin que je serais favorable à ce qu'on emploie une
procédure parlementaire acceptable pour adopter ces amendements le plus
rapidement possible, du moins avant l'ajournement de la session.
A ce qu'on me dit, le leader du gouvernement préférerait
qu'un nouveau projet de loi soit présenté devand
l'Assemblée nationale, afin d'être adopté avant la fin de
cette partie de la session, avant la Saint-Jean-Baptiste. Pour ma part, je
n'ai
pas d'objection de principe à étudier ces amendements
à diverses dispositions législatives. Cependant, je dois vous
faire part de la réticence de certains membres de mon caucus de
l'adopter avant la fin de la session. Tout ce que je peux vous dire, M. le
Président, c'est que je m'efforcerai, en tant que membre du caucus, de
convaincre mes collègues du bien-fondé de l'adoption de ces
amendements le plus rapidement possible.
M. Bédard: Je remercie le député de
Marguerite-Bourgeoys et le député de Nicolet-Yamaska de leur
acceptation de principe et de leur offre de collaboration. Je sais très
bien que les objections qu'ils avaient soulevées n'étaient pas
dans le sens de faire de l'obstruction, loin de là, mais d'essayer
ensemble d'adopter un cheminement qui ne soit pas de nature à
créer des précédents qu'on aurait à regretter par
après. Alors, je procéderai, tel que je l'ai mentionné
tout à l'heure, au dépôt d'un nouveau projet de loi, en
espérant que les consentements ayant été obtenus, d'ici le
22 juin, nous puissions procéder à son adoption.
M. Lalonde: M. le Président, un dernier mot, pour
être bien sûr de quoi on parle: il s'agit d'amendements qui
touchent la Loi sur la protection de la jeunesse...
Le Président (M. Dussault): II y a trois amendements.
M. Lalonde: ... la création d'un poste
supplémentaire de juge à la Cour supérieure, certains
ajustements au "régime de retraite des juges des dispositions relatives
à certaines retraites et, aussi, certaines dispositions diverses, y
compris la modification au régime de retraite des enseignants et des
modifications au régime de retraite des employés du gouvernement
et des organismes publics.
M. Bédard: II y aurait possiblement un article sur les
constituts. Entre-temps, je vais quand même...
M. Lalonde: Vous avez reçu la correspondance
là-dessus, récemment.
M. Bédard: Oui, beaucoup de correspondance. Il y a un peu
un caractère d'urgence là-dedans. Préalablement, je vais
en discuter avec mon contentieux, naturellement avec mes collègues du
Conseil des ministres, également. Il y aurait peut-être
l'adjonction...
M. Lalonde: Ils seraient très intéressés par
le problème, j'en suis convaincu.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que le projet de loi 35
tel qu'amendé est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. M. Fontaine:
M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Nicolet-Yamaska.
Projet de loi no 11
Districts judiciaires (suite)
M. Fontaine: Avant d'aborder l'étude d'un autre projet de
loi, j'aimerais, dans cet esprit de collaboration que nous avons offert au
gouvernement et que nous voudrions réciproque, demander au ministre de
la Justice et aux autres membres de la commission, s'ils consentiraient
à revenir sur le projet de loi 11 que nous avons adopté ce matin,
la Loi modifiant la division territoriale.
Si vous vous rappelez, M. le Président, le contexte dans lequel
nous étions ce matin, il nous a été demandé de
modifier cette loi afin de changer le nom d'un district judiciaire et, à
ce moment-là, j'avais dit aux membres de la commission, que le
député de Mégantic-Compton était d'accord avec ce
changement de nom, et c'est le cas, je veux le répéter.
Cependant, j'avais également ajouté que le député
de Mégantic-Compton était également consentant aux
modifications de certaines municipalités qui devaient être
incluses dans le nouveau district judiciaire de Frontenac.
Or, après consultation avec mon collègue à l'heure
du dîner, il m'informe qu'il préférait que la
municipalité de Lambton demeure dans le district judiciaire de
Saint-François, au lieu du district judiciaire de Frontenac, et il a
certaines représentations à faire à la commission à
cet égard.
M. Bédard: M. le Président, cette suggestion faite
par le député de Nicolet-Yamaska au nom du député
de Mégantic-Compton, nous pourrions la prendre en considératin,
faire les consultations nécessaires avec l'Union Nationale auprès
des autorités municipales concernées et si nous en arrivons
à une solution, cela pourrait se situer au niveau d'un amendement en
troisième lecture...
M. Fontaine: M. le Président...
M. Bédard:... si on a l'accord de l'Opposition
officielle.
M. Lalonde: On n'est pas sûr. On verra.
M. Fontaine: M. le Président, je voudrais quand même
demander, au nom du député de Mégantic-Compton, si les
membres de la commission accepteraient d'entendre ses représentations
sur ce point précis, ce ne sera pas très long. A ce
moment-là, le gouvernement pourrait prendre une décision plus
éclairée.
M. Bédard: Je n'ai sûrement pas d'objection à
entendre les représentations du député de
Mégantic-Compton.
Le Président (M. Dussault): II y a consentement de la
commission pour entendre le député de
Mégantic-Compton.
M. Lalonde: Généreusement, oui.
M. Grenier: Je m'excuse de ne pas avoir été ici ce
matin, j'étais à une autre commission et je n'aurais pas dû
faire faire le message; j'aurais dû quitter pour venir ici. Le fait
d'avoir changé le nom du district posait des problèmes qui ne
sont pas nés de cette année, comme vous le savez. Alors que
j'étais député de Frontenac, j'avais la ville de
Lac-Mégantic, Marc Bergeron était député de
Mé-gantic et avait la ville de Thetford, si vous vous en souvenez, ce
qui avait bien fait rire l'ancien député d'Outremont, M.
Choquette, dans une répartie qui avait été assez
intéressante en Chambre. Cela continue toujours de poser des
problèmes et on a justifié cela.
M. Bédard: Sauf qu'il n'avait rien corrigé.
M. Grenier: On a réglé une certaine partie du
problème en appelant le comté Mégantic, avec la ville et
on a appelé Frontenac, comme conseil. On demeure encore avec des
difficultés et les comtés municipaux s'appellent encore
Frontenac, chez nous, et Mégantic à Thetford. C'est un autre
problème dont on devra discuter. Le cas précis de Lambton est
à la limite, c'est dans la circonscription de Mégantic-Compton,
c'est séparé de Thetford par le lac Saint-François que
tout le monde connaît, il n'y a pas encore de route, on n'est pas encore
en mesure d'en avoir, non plus, et même s'il y en avait une, on serait
à une distance à peu près égale avec
Lac-Mégantic. (17 h 30)
J'avais l'information pour l'avoir prise dans le journal la semaine
dernière que cela semblait assez fondé que Lac-Mégantic
aurait une cour qui viendrait siéger, une Cour supérieure qui
pourrait siéger là deux fois par mois. Cela veut donc dire qu'il
y aurait les autres cours également, à cause de la grande
distance qu'il y a jusqu'à Sherbrooke. A partir de là,
l'école des citoyens de Lambton est à Lac-Mégantic, leur
place d'affaires est à Lac-Mégantic et il y a un très
faible pourcentage de citoyens qui font affaires ou bien à
Saint-Georges-de-Beauce ou bien à Thetford-Mines. Mais je pense pouvoir
affirmer pour avoir vécu là pendant six années,
avant de travailler à Lambton, pour m'être mêlé
à des activités sociales, le Club Optimiste et tout ça
je pense pouvoir affirmer clairement que Lambton fait affaires avec
Lac-Mégantic et la région de Sherbrooke à peu près
à 95%. On peut bien déménager à Thetford si vous le
voulez, mais dans le moment, ce sont peut-être des avocats qui viennent
faire du bureau, qui ont un pied-à-terre dans la région de
Thetford ou dans ce coin, mais il y a aussi les avocats de Lac-Mégantic
qui ont une majorité de clients de Lambton qui font affaires à
Sherbrooke. Je pense que pour tout ça, ça vaudrait
peut-être la peine.
Si vous me le permettez, un autre petit point également que je
veux vous signaler. Je voulais attirer l'attention du ministre sur une
municipalité qui lui est bien chère et je ne l'ai pas
découverte dans le district de Saint-François: c'est la
municipalité de Gould. Cela vous dit quelque chose? Gould-Lingwick qui
n'apparaît pas dans le district de Saint-François. Je me demande
si c'est une erreur. Cela mériterait probablement d'être
vérifié et ça s'appelle légalement la
municipalité de Ling-wick-Gould.
M. Marion s'en plaindrait si ce n'était pas inclus dans le
district Saint-François.
M. Forget: II a trois votes.
M. Bédard: Nous prenons note des représentations du
député de Mégantic-Compton. Nous allons faire les
consultations appropriées, en espérant de part et d'autre, si
nous en venons à un consensus, en espérant de part et d'autre, le
consentement de l'Opposition officielle, nous verrons s'il y a lieu de faire
les amendements en question.
M. Fontaine: Pourquoi est-ce que ça prendrait le
consentement de l'Opposition officielle?
M. Lalonde: Je ne pense pas que ça prenne un consentement
si on l'ouvrait ici. Cela prendrait...
M. Bérubé: C'est parce qu'il voulait donner une
autre chance au député de Marguerite-Bourgeoys. J'aime bien
ça quand il est généreux.
M. Lalonde: Je trouve que c'est une des interventions les plus
posées et les plus sereines que j'aie entendues du député
de Mégantic-Compton depuis longtemps. On devrait en profiter pour
l'écouter.
Le Président (M. Dussault): L'intervention de M. le
député de Mégantic-Compton est-elle terminée?
M. Grenier: Oui.
Projet de loi no 40
Le Président (M. Dussault): J'appelle le projet de loi no
40, Loi modifiant le Code de procédure civile et d'autres dispositions
législatives. Y a-t-il des remarques préliminaires?
M. Bédard: M. le Président, je proposerais qu'on
commence l'étude article par article, parce que les notes des propos
préliminaires auraient pour effet simplement de redire en substance ce
qui a été dit lors de la deuxième lecture.
Le Président (M. Dussault): D'accord, j'appelle l'article
1.
M. Lalonde: On n'a pas de remarques préliminaires non
plus, pour les mêmes raisons, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): L'article 1.
M. Bédard: L'article 1 fait suite à une demande du
juge en chef de la Cour provinciale et vise à lever une
ambiguïté. Il modifie la définition de protonotaire
spécial, afin de préciser qu'il est possible de nommer pour la
Cour provinciale un greffier ayant des pouvoirs équivalant à ceux
du protonotaire spécial de la Cour supérieure.
Le Président (M. Dussault): L'article 1 est-il
adopté?
M. Bédard: Une seconde, M. le Président. Il y
aurait un amendement...
M. Blank: Mais est-ce qu'il n'y a pas une...
M. Bédard: ... qui aurait pour effet, à la
quatrième ligne du paragraphe k), de changer "ses", pour "leur".
M. Lalonde: Leurs autres...
M. Blank: Si je me souviens bien je ne sais pas si c'est
dans le Code de procédure ou dans le Code civil, on en appelle d'une
décision de ce protonotaire spécial à la Cour,
siégeant en cour pratique. Mais est-ce qu'on n'a pas besoin de montrer
cet article? Quel article, le code...
M. Lalonde: Ce n'est sûrement pas...
M. Blank: Je voudrais savoir si cela inclut le greffier.
M. Bédard: Le deuxième alinéa de l'article
44. M. Blank: L'article 44? M. Bédard: Oui.
M. Blank: On n'a pas besoin d'amender ces articles pour couvrir
le greffier aussi.
M. Bédard: Non, si on entre ce greffier dans la
définition du protonotaire spécial.
M. Blank: Je comprends. M. Bédard: D'accord.
M. Blank: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'amendement qui
consiste à remplacer le mot "ses" par le mot "leur" est
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
M. Blank: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté.
M. Bédard: L'article tel qu'amendé, M. le
Président?
Le Président (M. Dussault): L'article 1 tel
qu'amendé, adopté?
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 2.
M. Bédard: Cet article fait suite à une demande du
directeur général des greffes. Il fait en sorte que les 26
décembre et 2 janvier deviennent des jours non juridiques. Ceci aura
pour effet d'empêcher l'exécution forcée des jugements et
d'éviter l'ouverture des greffes durant ces jours où
l'activité judiciaire est carrément au ralenti.
M. Lalonde: Est-ce qu'il aurait un effet sur les conventions
collectives, si, dans les conventions collectives, on se réfère
aux congés par l'expression "jours juridiques"?
M. Bédard: Dans les conventions on se réfère
généralement aux jours fériés plutôt qu'aux
jours juridiques.
M. Lalonde: Oui, je pense que c'est cela, on ne prend pas de
chance.
Le Président (M. Dussault): L'article 2 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté, oui.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 3.
M. Bédard: Cet article établit une concordance
nécessitée par l'article 2.
Le Président (M. Dussault): L'article 3 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 4.
M. Bédard: Cet article fait suite à une suggestion
de la Commission de refonte des lois. L'article 86 du chapitre 83 des lois de
1975 prévoyait déjà la possibilité de remplacer,
dans certains cas, l'utilisation de la poste par un autre moyen de
signification dans les cas où le service postal était interrompu.
Comme cet article se retrouve à la fin d'une loi d'amendement dont la
refonte abroge la majeure partie, la commission recommande d'en faire une
règle plus accessible en l'introduisant au Code de procédure
civile. Par ailleurs, l'application du nouvel article sera étendue
à l'ensemble des situations où la loi ou les règlements
prévoient l'utilisation du courrier.
Substantiellement, cette stipulation se retrouvait dans une autre loi
qui, pour le reste, est abrogée, alors il s'agit de la reproduire en
définitive et de l'élargir, dans le sens que j'ai dit tout
à
l'heure, dans un endroit plus accessible qui est le Code de
procédure civile.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: C'est le lieutenant-gouverneur en conseil qui
pourra, si le service postal est interrompu, autoriser l'utilisation suivant
les modalités qu'il fixe, d'un autre moyen de communication. Est-ce que,
lorsqu'il y aura une interruption des postes, on va émettre un
arrêté en conseil immédiatement pour dire que cela va se
produire de telle ou telle façon, ou si on va le faire dans chaque
cas?
M. Bédard: Selon la loi, cela va s'appliquer seulement
lorsqu'il y aura interruption.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: De plus en plus, on a remplacé la terminologie
"lieutenant-gouverneur en conseil" par "gouvernement". Est-ce que c'est
simplement pour être en concordance avec d'autres dispositions du Code de
procédure civile qu'on conserve l'expression "gouverneur en
conseil"?
M. Bédard: C'est exact.
M. Lalonde: "Lieutenant-gouverneur en conseil", plutôt.
M. Bédard: C'est exact.
Le Président (M. Dussault): L'article 4 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 5.
M. Bédard: Cet article établit une concordance avec
la Loi sur la cour fédérale en corrigeant une
référence à la Cour de l'échiquier.
M. Lalonde: Cela va, adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 5 est
adopté.
Seuil des appels de plein droit porté à
$6000
J'appelle l'article 6.
M. Bédard: Le paragraphe a) où se situe
l'amendement a pour effet de porter de $3000 à $6000 le plancher des
appels de plein droit en cour d'appel. Ceci équivaut à une
indexation, puisqu'entre septembre 1969 et avril 1979, l'augmentation du
coût de la vie a été de 98%, ce qui porterait le montant
à $5940, des demandes de hausse plus substantielle de ce seuil ont
été faites afin de réduire le fardeau de la cour d'appel
qui est actuellement surchargé.
Comme je l'ai dit en deuxième lecture, nous avons
préféré procéder autrement pour alléger la
charge de la cour. Certains moyens sont prévus par le présent
projet de loi, entre autres l'utilisation de l'exposé, la sanction des
appels abusifs, etc. Déjà, l'augmentation à $6000
réduira de 12.5% le nombre des appels civils. D'autre part, le
paragraphe b) de l'article 6 prévoit une mesure pour assurer une
meilleure protection des droits. de ceux qui ne peuvent en appeler que sur
permission.
Ce sont des remarques sur le paragraphe a) qui est amendé.
M. Lalonde: M. le Président, les $6000, quant à
nous, nous apparaissent un rattrapage désirable. Cela n'a pas pour effet
d'innover beaucoup, étant donné que, comme le dit le ministre,
seulement en appliquant le taux d'inflation depuis le temps où cette
disposition est dans le code, on arrive à peu près à
$6000. Mais pour l'instant, je pense qu'on doit appuyer cette demande. Alors,
le sous-paragraphe a) de l'article 6, on est prêt à l'adopter.
Le Président (M. Dussault): Le sous-paragraphe a) est
adopté.
M. Bédard: Le sous-paragraphe b)... M. Fontaine: M.
le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: J'aurais une question à poser ici, je serai
très bref. On a dit qu'on veut enlever un surplus de travail à la
cour d'appel. J'espère qu'on ne verse pas dans l'excès contraire
en surchargeant trop la Cour provinciale. Je ne sais pas quel est le nombre de
causes qu'il y a entre $3000 et $6000 qui sont actuellement pendantes. Est-ce
que le ministre pourrait nous donner ces renseignements?
M. Bédard: Non, cela ne surchargera pas la Cour
provinciale, puisque nous avons prévu d'ailleurs, c'est dans le
projet de loi cinq juges additionnels pour répondre à la
demande.
M. Fontaine: D'accord.
M. Lalonde: Ce n'est pas dans le paragraphe qu'on augmente...
M. Bédard: C'est dans un autre...
M. Lalonde: ... le niveau de compétence de la Cour
provinciale. Ce n'est pas là, ici, c'est seulement pour l'appel.
M. Bédard: Oui. Cela va? Cela répond à votre
question?
M. Fontaine: De toute façon, on y arrive quand même
parce qu'en haussant le montant à $6000, on sait bien que, comme
conséquence, ce sera la Cour provinciale qui va en hériter.
M. Bédard: Pour ce qui est du sous-paragraphe b), ce
dernier fait trois choses. Premièrement, il apporte une modification de
concordance nécessitée par l'article 44, c'est-à-dire
réduction de deux à un du nombre de juges qui statuent sur la
permission d'appel; deuxièmement, il modifie le critère en vertu
duquel le juge doit décider s'il accorde ou non la permission d'en
appeler; la suppression des mots "suivant l'opinion des juges en changeant une
question de discrétion en question de fait" devrait permettre à
celui qui considère que le juge de la Cour d'appel a erré dans la
détermination de la question de pouvoir en appeler plus facilement de
cette décision; troisièmement, il clarifie le droit d'appel en
matière d'outrage au tribunal.
Auparavant, il n'était pas certain qu'il existe d'autre moyen que
l'évocation pour faire réviser une telle décision dans
certains cas. Dorénavant, l'appel de tous les jugements finals sera
permis.
M. Lalonde: Qu'on enlève le caractère
discrétionnaire, je veux bien, mais comment le rempla-ce-t-on? Est-ce
qu'on le remplace par l'arbitraire? Si on ne met aucun critère sur
lequel le juge de la Cour d'appel va se fonder pour accepter que la Cour
d'appel entende un appel, à ce moment-là, est-ce qu'on est plus
avancé? Entre l'arbitraire et le discrétionnaire, je choisirais
le discrétionnaire. En enlevant les mots "suivant l'opinion de ces juges
" ou le juge en question, puisqu'on a réduit le nombre de deux à
un... (17 h 45)
M. Bédard: II y a un critère: celui de l'importance
de la cause. On le voit à partir du libellé de l'amendement
lui-même, où on dit: "Avec la permission d'un juge de la Cour
d'appel, les autres jugements finals de la Cour supérieure et de la Cour
provinciale, lorsque la question en jeu en est une qui devrait être
soumise à la Cour d'appel".
M. Lalonde: Mais lesquelles? Les questions importantes? Les
questions litigieuses?
M. Bédard: II va se faire une certaine jurisprudence.
M. Lalonde: D'accord, il y a une jurisprudence qui se fait
à l'expérience, en testant les faits, mais il m'apparaît
que si on enlève la discrétion je suis d'accord avec la
ministre là-dessus le texte actuel de l'article 26,
quatrième alinéa, donne aux deux juges de la Cour d'appel,
maintenant un seul juge, un critère de discrétion strictement.
C'est l'opinion du juge.
M. Bédard: Comme ce l'était auparavant.
C'était l'opinion des juges.
M. Lalonde: Oui, ce l'est dans la loi. Dans la loi actuellement,
on dit: C'est suivant votre opinion. C'est totalement discrétionnaire.
En enlevant cette discrétion, sur quels critères, quelles normes,
le juge va-t-il se fonder pour décider quel cas doit être soumis
à la Cour d'appel. Vous dites: Cela dépend de l'importance. Il me
semble que si c'est un critère d'importance, on le met dans la loi. Si
c'est un critère d'intérêt de la question juridique
soulevée, qu'on le mette. Si c'est un critère de controverse
publique, qu'on le mette dans la loi. Là, on ne met rien du tout. Alors,
tout ce qu'on a c'est: "Lorsque la question en jeu en est une qui devrait
être soumise à la Cour d'appel." Mais pourquoi devrait-elle lui
être soumise? Parce que c'est intéressant?
M. Blank: On peut avoir une opinion...
M. Bédard: Non, du tout. C'est à l'effet de la
question en jeu.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: J'ai de la difficulté à comprendre
l'argument du député de Marguerite-Bourgeoys, puisque le
paragraphe 4 qu'on nous propose est exactement le même qu'on a
actuellement...
M. Lalonde: Dans l'opinion...
M. Bédard: Mais oui.
M. Fontaine: Non, non.
M. Bédard: Mais c'est encore plus large.
M. Fontaine: On change tout simplement deux juges pour un
seul.
M. Lalonde: ... dans l'opinion des juges. M. Blank: On
enlève le mot...
M. Fontaine: Dans l'article actuel c'est: "avec la permission de
deux juges de la Cour d'appel, les autres jugements finals de la Cour
supérieure et de la Cour provinciale, lorsque, suivant l'opinion de ces
juges..."
M. Lalonde: Vous enlevez "suivant l'opinion de ces juges".
M. Fontaine: D'accord.
M. Lalonde: Je comprends jusqu'à maintenant,
c'était discrétionnaire, c'est souvent l'opinion et on ne disait
pas comment ils allaient se former une opinion, mais au moins on disait que
c'était discrétionnaire. Là, le ministre dit: On va
enlever la discrétion, mais il faut la remplacer par quelque chose, si
ce n'est pas discrétionnaire, ça va devenir arbitraire, si on ne
donne pas de critères. C'est ma question: Comment le juge va...
M. Fontaine: Ils vont probablement se prononcer suivant leurs
opinions.
M. Lalonde: On ne le dira pas, mais ça ne leur donne
absolument rien. Est-ce qu'ils vont tirer...
M. Fontaine: Ils vont tirer au sort.
M. Bédard: C'est une interprétation.
Si le député de Marguerite-Bourgeoys veut bien me le
permettre, essentiellement, il s'agit d'un problème qui posait une
certaine complexité, parce que, d'une part, on voulait pour des raisons
évidentes relever le plancher monétaire des appels sans, d'autre
part, se retrouver dans la situation actuelle, ce qui fait en sorte que les
juges refusent presque systématiquement les permissions d'appel en bas
de $3000 sans jamais donner de motifs, sans jamais donner d'explications.
D'autre part, on a bien tenté de mettre sur papier des critères
qui nous permettraient de voir exactement la façon dont on voulait
fonctionner. Le problème, je pense que le député l'a bien
illustré quand il a commencé à citer des critères;
ils sont tous aussi bons les uns que les autres, mais parfois ils peuvent
devenir contradictoires.
Alors, ce sur quoi on s'est basé, ce sont essentiellement des
principes qui retrouvent leur parallèle en droit administratif et qui
ont fait l'objet d'une élaboration assez constante à ce niveau.
Si vous mettez dans un texte de loi: Suivant l'opinion de, vous donnez à
quelqu'un, qu'il y ait des critères ou pas, une plus grande
discrétion que si vous ne mettez pas ces mots. En enlevant ces mots,
d'une part, il faut insister sur le fait que les enlever est significatif et
les juges vont probablement se baser là-dessus pour apprécier le
fait que, maintenant, on insiste beaucoup sur le caractère raisonnable
des critères, peu importent les critères que la Cour d'appel
utilisera et voudra bien élaborer, ce sur quoi il faut insister, c'est
que ces critères pour accepter ou refuser devront être des
critères raisonnables.
M. Lalonde: Oui, pourquoi ne met-on pas dans la loi: "suivant des
critères raisonnables"?
M. Bédard: Parce que ce n'est pas nécessaire. A
partir du moment où on supprime ce critère d'opinion, le juge se
doit de prendre une décision selon des critères raisonnables.
S'il ne le fait pas, la Cour suprême sera beaucoup plus portée
à exercer un contrôle sur ses permissions d'appeler, ce qu'elle
n'a jamais fait jusqu'à aujourd'hui.
M. Lalonde: Vous parlez de la Cour suprême. Justement, il y
a quelques années, la loi de la Cour suprême a été
modifiée pour justement établir un nouveau processus de
permission d'appeler. Est-ce que vous vous êtes inspirés de cette
loi-là pour tenter d'emprunter l'expérience dans le cas de la
Cour d'appel?
M. Bédard: Non.
M. Lalonde: Quels sont les critères qui sont dans la Loi
de la Cour suprême.
M. Bédard: Discrétion pure. Pure discrétion
et, d'autre part, il ne faut jamais oublier qu'évidemment la Cour
suprême n'est sujette au contrôle de personne.
M. Lalonde: D'autant plus qu'elle ne donne jamais de motifs ou
à peu près jamais dans le cas d'acceptation ou surtout de refus
de la permission d'appeler.
M. Bédard: On peut espérer, par les dispositions
ici, que cela va amener le fait de donner des raisons. Il y a
déjà une jurisprudence en droit administratif, entre autres, qui
tend à forcer les gens à donner des raisons et à dire: Si
vous ne donnez pas de motifs, on va présumer que vos motifs
étaient mauvais. En supprimant ces mots, justement, on permet à
la Cour suprême, si elle le désire toujours
malheureusement, on n'a pas de contrôle là-dessus de
contrôler la qualité des motifs sur lesquels les juges de la Cour
d'appel se basent pour accorder ou refuser les permissions d'appeler.
M. Lalonde: Alors, vous vous accrochez à un principe que
je présume...
M. Bédard: Bien établi.
M. Lalonde:... bien établi, mais que j'aimerais que vous
décriviez ou que vous trouviez une expression quelconque pour dire que,
lorsqu'on n'inclut pas des critères dans la loi, il va de soi que le
législateur a désiré que ce soient des critères
raisonnables. Où trouverait-on ce principe?
M. Bédard: Dans la jurisprudence. Le problème est
le suivant: si on le précise ici, il faut appliquer les principes
d'interprétation. Si on s'est donné la peine de le
préciser à un endroit, cela veut dire qu'il ne s'applique pas aux
autres endroits où on ne l'a pas précisé. Alors, on se
retrouverait devant le problème de réexaminer la situation pour
tous les tribunaux administratifs, entre autres.
M. Lalonde: Alors, à ce que je sache, le principe que vous
mentionnez, que vous invoquez... Il y a toutes sortes de principes de droit,
parexemple, "de minimis non curat praetor" ou des choses comme
cela.
M. Bédard: C'est un principe qui a été
appliqué, entre autres, je dirai, dans les arrêts Howard, dans les
arrêts Martineau, dans l'arrêt Pergamon Press en Angleterre et au
Canada, dans l'arrêt Saulnier. Des choses comme cela.
M. Lalonde: Lorsqu'il n'y a pas de critères, il faut que
les critères soient raisonnables.
M. Bédard: La raisonnabilité s'applique
automatiquement.
En outre, on peut dire que le fait qu'on enlève la question
d'opinion va permettre de prendre une position pour la cour en entier, que la
question qui lui est soumise en est une qui normalement devrait venir devant
elle. Elle va pouvoir développer des critères de
raisonnabilité: l'importance de la question, l'intérêt pour
un ensemble de personnes à faire déterminer tel point pour
assurer une certaine coordination.
M. Lalonde: Je suis d'accord pour enlever le caractère
discrétionnaire. A ce moment-là, vous n'avez pas de
différence d'opinion, de différence d'appel dépendant du
juge ou des juges qui décident. Donc, ce n'est pas strictement une
question d'opinion personnelle. Mais je ne voulais pas qu'on le remplace par
l'arbitraire et vous dites que ce n'est pas remplacé par l'arbitraire en
fonction de la jurisprudence.
M. Bédard: Le critère qu'il y a là est plus
restrictif que le critère discrétionnaire.
M. Lalonde: Cela va.
M. Blank: J'espère que vous suivrez cela pendant un an
pour voir s'il y a plus d'appel; sinon, on va revenir ici avec un autre
changement. Je pense que la tendance de la Cour d'appel du Québec et de
la Cour suprême est très restrictive.
M. Bédard: Surtout voir à ce que les jugements
soient motivés. C'est un droit, il me semble, de la part du justiciable
de savoir au moins pourquoi.
M. Blank: Pourquoi ne mettez-vous pas que le jugement doit
être motivé, ici dans la loi? Est-ce qu'il n'est pas possible
d'ajouter ici que ce jugement doit être motivé?
M. Lalonde: Vous savez qu'il ne le fera pas. Il va faire comme un
juge de la Cour suprême; il va rendre des jugements non motivés.
Tout ce qu'on a, c'est un sentiment qu'on a des chances ou qu'on n'a pas de
chances, en Cour suprême. Il n'y a pas de motifs.
M. Bédard: On ne veut pas avoir l'air trop directif, non
plus.
M. Blank: C'est notre travail de diriger un peu la
procédure.
M. Bédard: On peut être très incitatif et je
pense que les remarques que nous faisons vont dans le même sens d'inciter
pour que les jugements soient motivés dans l'intérêt du
justiciable.
M. Fontaine: Vous espérez que les juges de la Cour d'appel
lisent le journal des Débats.
M. Lalonde: C'est la dernière chose qu'ils font. On ne
peut pas les blâmer, non plus. On ne peut pas leur en faire reproche.
M. Bédard: Mais je pense qu'ils sont très
intéressés par ce projet-ci non seulement par le libellé
des amendements que nous apportons, mais également par l'esprit dans
lequel nous apportons ces amendements.
M. Lalonde: Espérons que l'expérience que vous
tentez sera heureuse. Adopté.
Le Président (M. Dussault): Petit b) est donc
adopté.
M. Lalonde: Oui, 4 et 5 aussi.
Le Président (M. Dussault): C'est cela. Alors, l'article 6
est-il adopté?
M. Fontaine: II reste un paragraphe, M. le Président.
M. Lalonde: 5, c'est dans un petit b).
Le Président (M. Dussault): J'ai demandé si petit
b) était adopté.
M. Fontaine: Adopté. M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): J'appelle l'article?.
M. Bédard: L'amendement qui se situe au paragraphe a),
c'est pour établir tout simplement une concordance
nécessitée par l'article 44. A petit b), ce paragraphe fait suite
à une demande des juges en chef de la Cour d'appel et de la Cour
supérieure. Selon les représentations qui nous ont
été faites, plusieurs plaideurs abusent du droit d'appel d'un
jugement interlocutoire qui porte sur une question dont la détermination
est à l'entière discrétion du juge pour forcer en pratique
des remises injustifiées ou obtenir des délais. En vertu de ce
nouvel alinéa, l'appel des jugements qu'il mentionne ne suspendra
l'instance que si un juge de la Cour d'appel l'ordonne.
M. Lalonde: M. le Président, si vous me permettez une
parenthèse, il reste deux minutes avant 18 heures. Je ne me souviens pas
que le ministre nous ait décrit, soit en deuxième lecture, soit
ici aujourd'hui, quelles consultations il avait faites, quoique, de temps
à autre, il dise: C'est une demande qui a été faite soit
par les juges, soit par le Barreau. Est-ce que le projet de loi tel quel a
été soumis à l'attention du Barreau de façon
détaillée ou du Conseil consultatif de la justice?
M. Bédard: L'essentiel des amendements que nous apportons
a été porté à l'attention du comité
tripartite, juges, Barreau et ministère de la Justice.
M. Lalonde: Sur le texte même du projet de loi 40, est-ce
qu'ils ont fait des représentations?
M. Bédard: Ils ont fait des représentations sur le
projet tel que déposé.
M. Lalonde: Est-ce que vous avez tenu compte des
représentations?
M. Bédard: Sûrement.
M. Lalonde: Est-ce que vous avez des amendements à
apporter pour tenir compte de leurs représentations ou si vous
voulez...
M. Bédard: Vous serez à même de constater
à plusieurs endroits que c'est suite à des
représentations.
M. Lalonde: Je comprends cela, mais est-ce qu'on peut avoir
l'ensemble des représentations du comité tripartite, de sorte
qu'on puisse se rendre compte des cas que le ministre aura acceptés et
de ceux qu'il aura refusés? Sinon, on est dans l'obscurité la
plus totale.
M. Bédard: En fait, juste avant que le projet soit
déposé pour impression et soit accepté, on a tenu une
réunion avec le comité magistrature, justice, Barreau pour
l'étude article par article du projet. Les modifications qui ont
été faites ou celles qui sont apportées en deuxième
lecture ont été soumises également à l'attention
des différents intervenants. Globalement, ils étaient d'accord
avec l'orientation, même si ce n'est pas tout à fait avec les
textes, des modifications et amendements.
M. Lalonde: II n'y a pas de texte qui a émané de ce
comité tripartite disant: Nous voudrions changer tel article ou tel
article?
M. Bédard: On a toujours discuté à partir
des textes...
M. Lalonde: Excusez-moi de vous interrompre, parce qu'on va
ajourner dans une seconde. Est-ce que le comité tripartite, un membre ou
un groupe, magistrature, Barreau, ou l'autre partie...
M. Bédard: Le ministère de la Justice?
M. Lalonde: Le ministère est représenté par
le ministre... Barreau, magistrature, a émis des demandes par
écrit pour qu'on apporte des changements au projet de loi tel quel?
M. Bédard: Nous avons eu des communications avec le juge
en chef de la Cour d'appel au sujet de deux articles du projet et, à la
suite de cette communication, on apporte certains amendements.
M. Lalonde: Qui répondent aux demandes?
M. Bédard: Oui.
M. Lalonde: Pour le Barreau?
M. Bédard: Le Barreau a fait connaître son
opinion.
M. Lalonde: Oui, mais c'est sur les $3000 ou $6000 surtout. (18
heures)
M. Bédard: Oui, mais je pense qu'étant au courant
lui aussi, comme on vous l'a dit, cela a fait l'objet de consultation. J'ai
l'impression que s'il y avait eu des objections majeures sur d'autres articles,
le Barreau nous aurait fait tenir son opinion.
M. Lalonde: Je comprends du ministre qu'il n'a reçu du
Barreau aucune objection, aucune représentation écrite, sauf le
télégramme appuyant l'augmentation de $3000 à $6000.
M. Bédard: Plus les représentations qui ont
été faites à l'intérieur du comité
tripartite, dont on a tenu compte.
M. Lalonde: Dont vous avez tenu compte.
Le Président (M. Dussault): II est passé 18 heures,
alors nous suspendons nos travaux jusqu'à 20 heures.
Suspension de la séance à 18 h 1
Reprise de la séance à 20 h 22
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Messieurs, nous reprenons les travaux de la commission élue
permanente de la justice. Au moment de la suspension des travaux, l'article 7
avait été appelé et l'article 7a était en
débat.
M. Bédard: M. le Président, je n'ai pas d'autres
remarques à faire sur l'article 7a; sur l'article 7b non plus, je pense
que nous en avons amplement discuté.
Le Président (M. Dussault): Y a-t-il d'autres remarques
sur l'article 7? L'article 7 est-il adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 8.
M. Bédard: Cet article porte de $3000 à $6000 le
plafond de la compétence de la Cour provinciale. Ceci équivaut
à une indexation calculée suivant les mêmes critères
que ceux utilisés en regard du seuil de l'appel. Certains avaient
proposé, là aussi, une augmentation plus importante.
D'une part, nous n'avons pas voulu rouvrir le débat
constitutionnel sur cette question. D'autre part, l'usage veut que ce montant
s'ajuste sur celui du plancher des appels de plein droit à la Cour
d'appel. Cette modification aura pour effet, je crois, d'alléger la
charge de la Cour supérieure d'environ 15% de ses dossiers, ce qui
devrait permettre de réduire les délais devant cette cour. Le
nombre de juges de la Cour provinciale sera augmenté de cinq pour tenir
compte de cet ajustement de la juridiction.
M. Lalonde: L'Opposition officielle est prête à
accepter cet article, M. le Président, et à l'adopter
maintenant.
Le Président (M. Dussault): L'article 8 est adopté.
J'appelle l'article 9.
M. Bédard: Cet article modifie les règles de
compétence territoriale en matière d'outrage au tribunal, afin
que le tribunal "outragé", entre guillemets, ne soit plus seul à
pouvoir se prononcer sur la question, même lorsque l'outrage est commis
hors sa présence. Accorder une juridiction concurrente au tribunal du
lieu où l'outrage est commis permettra des économies
substantielles dans certains cas où il serait très
onéreux, par exemple, de rendre jugement à Montréal sur un
outrage commis à Gaspé. Les autres corrections qui sont
apportées dans cet article sont d'ordre purement technique.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, la raison pour laquelle on
requérait, jusqu'à maintenant, à l'article 53, que
l'outrage au tribunal soit entendu dans un district différent,
c'était pour accorder une mesure d'indépendance indispensable,
toutefois, avec l'appel maintenant, qu'on prévoit dans les amendements
qui sont proposés, je pense qu'on peut permettre d'entendre la
procédure de l'outrage dans le même district sans diminuer pour
autant, la mesure d'indépendance de la dépendance qu'on doit
exiger dans de telles circonstances. Alors, on est prêt à adopter
l'article 9.
Le Président (M. Dussault): L'article 9 est adopté.
J'appelle l'article 10.
M. Bédard: A l'article 10, nous avons un amendement, je
crois, qui aurait pour effet à la cinquième ligne de l'article
97, de changer "arrêtée" pour "suspendue". Cet article, de
façon générale, supprime l'obligation de signifier toutes
les requêtes du genre que l'article 97 mentionne pour y substituer la
possibilité pour un juge d'ordonner cette signification. Nous recevons
chaque année 1800 de ces requêtes dans lesquelles le
ministère n'intervient qu'exceptionnellement, le plus souvent pour des
motifs que le juge pourrait soulever de sa propre initiative. Ce dernier est,
autant que le Procureur général, le gardien de l'ordre public. La
modification supprime donc une source inutile de paperasserie et de frais.
Le Président (M. Dussault): L'amendement est-il
adopté?
M. Lalonde: M. le Président, cet article 97 exigeait la
signification au Procureur général, parce qu'il s'agit d'une
demande en nullité d'un acte public extrêmement important, l'acte
de mariage, en nullité de mariage, en déclaration de
décès ou en rectification des registres de l'état civil.
Naturellement, les raisons pratiques invoquées par le ministre sont
percutantes. Il a mentionné plusieurs centaines...
M. Bédard: Au-delà de 1800.
M. Lalonde: 1800 significations qui sont faites par année,
mais est-ce qu'il y aurait d'autres raisons pour ça, parce que je
comprends que ça peut être un peu embarassant d'avoir 1800
demandes qui sont faites au ministère. Cela prouve seulement une chose,
c'est qu'il y a beaucoup de demandes en nullité. Mais ça ne
prouve pas nécessairement que le Procureur général devrait
s'en désintéresser.
M. Clair: ... que le Procureur général est
intervenu?
M. Lalonde: Oui mais la décision d'intervenir ou de ne pas
intervenir, c'est une décision du Procureur général. Cela
ne reflète pas nécessairement sur l'importance que le Procureur
général soit au courant des demandes, parce...
M. Bédard: Mais on se...
M. Lalonde: ... que laissez-moi terminer si vous le
permettez par exemple, si on avait eu l'article qu'on nous propose
depuis quelques années, on ne saurait pas qu'il y a 1800 demandes. Si on
acceptait l'article 97, c'est un pouvoir que le juge a tout simplement. On dit
"un juge peut, d'office ou sur demande, ordonner la signification." Est-ce
qu'on pourrait nous dire dans quelles circonstances le juge devrait ordonner la
signification au Procureur général dans les cas, justement, de
demandes en nullité de mariage, de déclarations de
décès ou de rectification des registres de l'état
civil?
M. Bédard: Je dirais de façon
générale, le juge peut faire la demande, lorsqu'il n'est pas
certain ou qu'il a un doute sur une nullité prononcée, une
déclaration de décès ou une rectification des registres de
l'état civil... je pense qu'il est en mesure d'évaluer s'il peut
y avoir place à un doute dans l'acte qu'il pose. Il est assez bien
placé pour évaluer l'acte qu'il a à poser. S'il a certains
doutes, à ce moment, la loi lui permet de demander la signification au
Procureur général qui, lui, statuera.
Je suis bien d'accord avec le député de
Marguerite-Bourgeoys que ce n'est pas simple-
ment le nombre qui doit nous inciter à amener un amendement.
C'est également la constatation que ce n'est qu'exceptionnellement que
le Procureur général a à intervenir. Je suis
convaincu...
M. Lalonde: Combien de fois, par exemple, dans la dernière
année, les 1800... peut-être que le ministre pourrait nous donner
une idée si... (20 h 30)
M. Bédard: Je suis convaincu que dans les cas où on
a eu à intervenir, c'étaient des cas où un doute aurait pu
être décelé, aurait pu venir à l'esprit du juge qui
a posé l'acte et que, de toute façon, il y aurait probablement eu
une demande du juge pour avoir une signification au procureur
général pour demander un avis.
M. Fontaine: Est-ce que le ministre pourrait avoir une estimation
du coût de signification des 1800 demandes? Cela doit faire un bon
montant.
M. Bédard: Avec les frais des avocats, cela devrait
s'élever à environ $100 000 par année.
M. Lalonde: Comment les frais d'avocats? Est-ce qu'à
chaque fois il y a une comparution?
M. Bédard: II n'y a pas nécessairement une
comparution comme le contribuable qui peut demander l'aide d'un avocat.
M. Lalonde: Oui, mais les 1800 cas vont continuer de se
présenter.
M. Fontaine: Non, mais au niveau du ministère...
M. Lalonde: C'est seulement la signification qui va
être...
M. Fontaine: Au niveau du ministère, s'il reçoit
une signification...
M. Clair: Pour répondre au député de
Marguerite-Bourgeoys, au niveau des bureaux d'aide juridique, je sais que des
requêtes en rectification des registres d'état civil, on en avait
un grand nombre au bureau où j'étais, c'étaient des frais
qui étaient supportés par l'Etat, finalement, inutilement dans
bien des cas. C'étaient des choses évidentes, bien simples au
niveau des rectifications des registres de l'état civil. Je ne me
souviens plus à combien s'élevaient les frais de signification,
mais si on regarde seulement du côté de l'aide juridique, je suis
certain que cela représente un montant important.
M. Lalonde: Oui, mais les frais de signification, c'est cela la
question du député.
M. Clair: Les frais d'avocat, il y a le temps de l'avocat, du
permanent de l'aide juridique, quand c'est un permanent, il y a le temps...
M. Lalonde: Cela ne coûte rien pour le faire signifier,
comme temps d'avocat, ce sont les frais de signification, c'est cela qui est la
question.
M. Fontaine: Ce que le député a voulu dire,
c'est...
M. Clair: Non, préparation de l'avis.
M. Fontaine: ... l'étude que doit en faire le
ministère lorsqu'il reçoit une signification par un
employé du ministère.
M. Bédard:... au ministère de la Justice, il y a un
notaire qui est affecté uniquement à cela. Selon les informations
que j'ai, il n'y aurait pas eu de cas où il a fallu que le procureur
général intervienne.
M. Lalonde: Pour qu'il y ait réellement économie,
est-ce que le ministre veut dire qu'il va abolir le poste du notaire, si jamais
on adoptait la loi telle quelle?
M. Bédard: Si le poste n'est pas aboli, il peut
sûrement être affecté à d'autres occupations.
M. Lalonde: Donc, il n'y aura pas d'économie. M.
Bédard: II y a de l'économie.
M. Lalonde: Les frais de signification, c'est quoi? La moyenne,
c'est de $5 chaque fois?
M. Bédard: Dans le moins.
M. Lalonde: Environ $10 000. D'accord. Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'amendement en vue de
remplacer le mot "arrêté" par le mot "suspendu" est adopté,
et l'article 10 tel qu'amendé est-il adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 11.
M. Bédard: Cet article établit une concordance qui
est nécessitée par l'article 10. Le procureur
général conserve le droit d'intervenir à tout moment,
même si la requête ne lui a pas été
signifiée.
M. Alfred: Adopté.
M. Lalonde: Ce que vous ajoutez à l'aticle 98,
actuellement, c'est le cas où il n'y aurait pas eu signification, mais
que, proprio motu, le procureur général veut intervenir.
M. Fontaine: Comment le procureur général serait-il
informé?
M. Bédard: II peut être informé par une des
parties.
M. Fontaine: Cela va.
Le Président (M. Dussault): L'article 11 est-il
adopté?
M. Lalonde: Excusez-moi, dans le deuxième alinéa,
que prévoyez-vous particulièrement à l'article 98?
M. Bédard: Dans les cas visés aux articles 95 et
96...
M. Lalonde: Cela, c'est de la constitutionna-lité.
M. Bédard: ... le protonotaire transmet sans délai
une copie de jugement au procureur général. Dans les cas
visés par l'article 97, il le fait seulement si le juge a ordonné
la signification au procureur général de l'acte qui contient la
demande... ce dernier est intervenu dans la cause.
M. Lalonde: Autrement dit, dans les cas de l'article 95, c'est la
constitutionnalité, dans les cas de l'article 96, c'est la
navigabilité ou la flottabilité d'un lac ou d'un cours d'eau. A
ce moment-là, le protonotaire transmet sans délai une copie du
jugement, de toute façon, automatiquement. L'article 97, ce sont les cas
qu'on vient de voir. Si le procureur général a reçu
signification, à ce moment-là, il reçoit aussi une copie
du jugement. D'accord. Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 11 est
adopté.
Signification
J'appelle l'article 12.
M. Bédard: Cet article fait suite à une demande de
la Corporation des huissiers. Il modifie la règle du huissier le plus
proche devenue inapplicable. En effet, dans les districts urbains, l'officier
taxateur ne peut calculer méticuleusement la distance entre le lieu de
signfication et le huissier le plus rapproché, d'autant plus que les
bureaux de huissiers déménagent assez fréquemment.
D'autre part, il arrive souvent qu'un bureau d'avocats prenne l'habitude
de faire affaires avec un seul huissier. Par contre, la règle impose
à l'avocat qui veut récupérer ses frais de répartir
ses requêtes en fonction de leur distribution géographique. Ceci
peut provoquer une sérieuse perte de temps en plus de rendre difficile
la mise en place de relations du genre dont nous venons de parler. La
règle proposée est simple d'application, sur la base du tarif
actuel, elle n'impose qu'un maximum de $6 de frais de déplacement avant
que la règle du huissier le plus proche reprenne son application.
M. Blank: Un minimum.
M. Bédard: Un maximum de $6.
M. Lalonde: Où voyez-vous cela $6? M. Bédard:
C'est dans le règlement.
M. Lalonde: C'est dans le règlement, mais cela peut
être changé. Ce n'est pas dans la loi. La loi, c'est 15
kilomètres.
M. Bédard: Sur la base du tarif actuel, en tenant compte
du nombre de...
M. Lalonde: Oui, mais si le tarif change, cela ne peut être
que $6. Donc, $6 n'est pas dans la loi.
M. Bédard: Ce sont mes explications au moment où on
se parle. C'est évident que si, à un moment donné, cela
change au niveau de la réglementation, cela va s'accorder avec la
distance de 15 kilomètres dont on fait état dans l'article
120.
M. Blank: Est-ce que c'est le bon mot? J'ai vu le mot taxe pour
les frais de huissier? C'est une taxe?
M. Lalonde: C'est le gouvernement qui taxe.
M. Bédard: Et cela n'a pas commencé le 15 novembre
1976. On va être au moins d'accord là-dessus.
M. Lalonde: Non, mais cela a augmenté.
M. Blank: Je n'ai jamais vu que les mots "les frais de
huissier"...
M. Bédard: Oui, c'est dans la loi actuelle. M. Blank:
Ils sont taxés. M. Bédard: Article 120.
M. Blank: Oui, mais je parle des frais taxés. On parle de
frais taxés. Ici, on parle de taxe seulement. Le mot taxe...
M. Bédard: Je pense que pour celui qui paie...
M. Fontaine: Non, ce sont les frais de signification.
M. Blank: A moins que la taxe demandée... M.
Bédard: On parle de frais de taxation.
M. Blank: C'est la première fois que je vois ce
mot-là, mais peut-être que, maintenant, cela va entrer dans nos
moeurs.
M. Lalonde: Adopté. M. Blank: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 12 est
adopté. J'appelle l'article 13.
M. Bédard: Cet article fait suite à une
décision de la Cour d'appel qui a donné au mot "endroit" une
interprétation qui rend difficile l'application de l'article 122. La
nouvelle règle proposée est claire et simple d'application. Elle
permet de rejoindre par huissier environ 99,5% de la population du
Québec et ne suppose pas de frais supplémentaires pour le
justiciable.
M. Lalonde: En changeant le mot "endroit" par le mot "lieu".
M. Bédard: Etant donné le jugement rendu par la
Cour d'appel.
M. Lalonde: Alors, le ministre est satisfait que le mot "lieu"
est beaucoup plus précis et plus circonscrit.
M. Bédard: Je m'en tiens à la décision.
M. Lalonde: Je n'ai pas de problème. Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 13 est
adopté. J'appelle l'article 14.
Services d'interprète
M. Bédard: Cet article donne suite à l'article
12.3.3.1 de la Convention du nord-est québécois intervenue entre
le gouvernement du Québec et les Naskapis. Cela concerne
l'interrogatoire d'un témoin.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre n'a pas eu des
problèmes avec un cas qui lui a été soumis
récemment à propos, justement, non pas d'un Cri ou d'une personne
assujettie à l'entente, mais d'un Québécois demeurant ici,
qui se plaignait d'avoir dû répondre en anglais, ou dont l'avocat
avait dû interroger un témoin qui ne parlait qu'anglais.
Le ministre ouvre la porte...
M. Bédard: Je n'ouvre pas de porte, je m'en tiens...
M. Lalonde: Oui.
M. Bédard: Le député de
Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: Non, parce que j'avais écrit au
ministre...
M. Bédard: ... voit des ouvertures un peu partout.
M. Lalonde: ... à ce propos. Je sais que le ministre
d'Etat au développement culturel avait été impliqué
là-dedans aussi. C'est un Québécois qui se plaignait du
fait qu'un témoin anglophone avait dû être interrogé
en anglais par l'avocat de la personne qui se plaignait. Il y avait la question
d'interprète qui était soulevée. Ici aussi, c'est une
question d'interprète, dont le ministre de la Justice...
M. Bédard: Cela n'est pas...
M. Lalonde: ... assume la rémunération.
M. Bédard: Cela n'est pas une question
d'interprète, c'est une question de traduction à laquelle se
réfère le cas dont parle le député de
Marguerite-Bourgeoys. Là, on parle d'interprète et
d'interrogatoire.
M. Blank: Non, mais...
M. Bédard: Non, mais si on commence la discussion sur
différents sujets...
M. Blank: Non, mais, dans ce cas, le monsieur a demandé un
interprète et le juge l'a exigé.
M. Bédard: Dans le cas que vous soulevez, il a
été refusé que cela fasse partie des frais de la cause,
mais il n'y a pas d'interprète qui a été
refusé.
M. Lalonde: Mais je parle du fait que le ministre assume la
rémunération de l'interprète dans le district judiciaire
de l'Abitibi, si l'une des parties bénéficie...
M. Bédard: Bénéficie de la convention...
M. Lalonde: ... de la convention visée dans le chapitre 46
des lois de 1976, dans le district judiciaire de Mingan; si l'une des parties
bénéficie de la convention visée dans le chapitre 98 des
lois de 1978, le ministre assume les frais de la rémunération
dans ces cas, mais un Québécois francophone lui a soumis un cas
tout à fait analogue et se plaignait du fait qu'il n'avait pas pu...
M. Bédard: Est-ce que ce Québécois
francophone bénéficiait de la convention visée dans le
chapitre 46 des lois de 1976?
M. Lalonde: Cela n'est justement pas le cas. C'est pour cela que
je dis que le ministre devrait peut-être élargir l'article dont le
principe, naturellement, a été adopté à
l'Assemblée nationale, mais l'élargir pour faire profiter tous
les Québécois francophones de cette nouvelle
générosité, de cette magnanimité du ministre.
On peut vous attendre. (20 h 45)
M. Bédard: Non, mais, M. le Président, il me semble
que le but de l'article est très clair au niveau de l'amendement
proposé. Pour ce qui est des autres cas, entre autres, celui dont parle
le député de Marguerite-Bourgeoys, c'est la règle
générale qui s'applique.
M. Lalonde: Quelle est la règle
générale?
M. Bédard: La règle générale est au
premier alinéa. Les parties n'ont jamais droit à
l'interprète. C'est un témoin qui a droit à un
interprète. Alors, le cas qui s'est présenté est le
suivant: un témoin anglophone s'est fait traduire les questions en
français d'une partie et a répondu en anglais. Il
avait droit à ce que les questions lui soient traduites en
anglais. Il avait le droit d'y répondre en anglais et la partie n'avait
pas droit à ce que les réponses lui soient traduites en
français, c'est-à-dire qu'il n'avait pas le droit de demander que
les frais de l'interprète à ce niveau, fassent partie des frais
de la cause. C'est une règle qui existe au moins depuis 1965.
M. Lalonde: Ah oui, je sais qu'elle existe depuis longtemps,
mais, étant donné qu'on a un gouvernement qui...
M. Bédard: Ce n'est pas depuis la loi 101.
M. Lalonde: ... prétend vouloir changer les choses et
qu'un Québécois s'est plaint du fait qu'il ne comprenait pas les
réponses du témoin, qui répondait en anglais aux questions
qui lui étaient traduites en anglais par un avocat qui lui posait des
questions en français, c'est-à-dire qu'une partie et son avocat
comprenaient la question qui, une fois posée en français,
était traduite en anglais par le témoin, mais on n'aurait pas
compris la réponse qui était donnée par le témoin
en anglais seulement. Je me demande comment le ministre peut défendre
une politique selon laquelle son gouvernement refuserait aux francophones du
Québec de se voir fournir ce service aux frais du gouvernement, puisque
le gouvernement le donne aux Cris et à tous les autres qui profitent de
l'entente du Nord et du Nord-Ouest, enfin, les deux ententes dont on fait
état dans le deuxième alinéa, le 305 proposé par le
ministre. Alors, comment se fait-il que le ministre ne donne pas ce même
service aux francophones?
M. Bédard: M. le Président, on vient juste de dire
au député de Marguerite-Bourgeoys que c'est simplement
l'application d'une règle générale qui n'existe pas depuis
la loi 101, mais qui existe depuis 1965. Je pourrais m'interroger sur le fait
que le député de Marguerite-Bourgeoys, qui semble très
préoccupé ce soir, n'ait pas trouvé le moyen, dans les
quatre ou cinq ans qu'il a été là, de corriger quoi que ce
soit. Pour ma part, je suis très conscient que ce n'est pas dans un
premier projet de loi omnibus qu'on va corriger tout ce qu'il y a à
corriger des lois des autres gouvernements. On est limité par un certain
nombre de corrections qu'il nous semble important d'apporter. D'autres suivront
en temps et lieu.
M. Lalonde: M. le Président, le ministre dit qu'il est
limité par les corrections qu'il apporte. Il est fort conscient que
c'est lui-même qui se limite par les corrections qu'il apporte. C'est lui
qui propose le projet de loi actuellement. Il dit qu'après deux ans et
demi d'exercice de ses fonctions comme ministre de la Justice, après la
loi 101, qui prétend donner aux francophones tous les droits de pouvoir
utiliser leur langue, de la voir utiliser par d'autres, de se faire traduire
dans leur langue, en fait, tout ce qui peut être d'intérêt
pour les citoyens, il refuse d'étendre aux Québécois ce
qu'il donne aux autres citoyens du Québec, qui profitent des ententes
dont on parle dans le deuxième alinéa de l'article 305. Alors,
j'en prends acte, M. le Président.
M. Bédard: M.le Président, je n'ai jamais
vu tant d'hypocrisie de la part du député de Marguerite-Bourgeoys
et je vais m'abstenir de continuer le débat. Tout simplement, je ne
refuse rien. Pour le moment, c'est l'application de la règle
générale qui existe, pas depuis qu'on est là, qui
était celle qui existait auparavant.
M. Blank: Mais ça a attiré votre attention
récemment.
M. Lalonde: M. le Président...
M. Bédard: Attirer l'attention et "vaser" comme le fait le
député de Marguerite-Bourgeoys sont deux choses.
M. Lalonde: Le ministre refuse le débat et je comprends
pourquoi: il n'a pas de réponse. Il peut m'accuser d'hypocrisie, s'il le
veut. Naturellement, quand on est sans réponse, on a recours à
toute la démagogie...
M. Bédard: Je connais assez le député de
Marguerite-Bourgeoys pour savoir que, lorsqu'il veut être sourd, il l'est
longtemps.
M. Lalonde: Lorsque le ministre n'a pas de réponse, il
fait appel à toute la démagogie dont il est capable, M. le
Président. Mais il reste une chose, je ne parle pas du ministre, je
parle des députés, le ministre, apparemment, a refusé,
mais les députés ministériels, le député de
Drummond, le député de Papineau ont voté à deux
mains pour la loi 101. C'est important.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, s'il vous plaît, est-ce que je peux vous rappeler
à l'ordre? J'aurais pu le faire avant, je pensais que l'insistance du
ministre allait vous amener dans le même sens. Je vous demanderais, s'il
vous plaît, d'en rester à la pertinence de l'article 14, s'il vous
plaît.
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement. Vous me dites que ce n'est pas pertinent de ma part de
demander au ministre...
Le Président (M. Dussault): Je n'ai pas dit, cette
fois-ci, que c'était impertinent.
M. Lalonde: Vous m'avez dit qu'il n'était pas pertinent de
demander au ministre d'étendre le principe qu'on retrouve au
deuxième alinéa du paragraphe 305 qui est remplacé par le
paragraphe 14, à tous les Québécois. C'est tout ce que je
lui demande, et il me semble que c'est très pertinent dans
l'étude article par article d'un projet de loi. Le principe qu'on
introduit ici, M. le Président, c'est que le ministre de la Justice
assume la rému-
nération d'un interprète pour faciliter l'interrogatoire
d'un témoin. J'ai un cas très concret.
M. Bédard: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre.
M. Bédard: Je pense qu'il est important de dire que nous
assumons, conformément à l'entente et à la convention qui
a été signée. Pour ce qui est de l'autre article dont il
est fait question, nous continuons simplement d'appliquer la règle
générale qui existe, on l'a mentionné tout à
l'heure, depuis 1965.
M. Lalonde: C'est tout? C'est un peu court, M. le ministre.
M. Bédard: C'est court pour quelqu'un qui ne veut pas
comprendre, c'est évident.
M. Lalonde: Je comprends, vous aviez déjà dit que
vous refusiez de le faire, mais je me demande jusqu'à quel point...
M. Bédard: Ne jouez pas à la vierge
offensée, vous auriez été mieux d'avoir des
réactions quand c'était le temps.
M. Lalonde: Je suis offensé, oui, pour l'offense, mais
pour le reste, M. le Président, je vous laisse juger vous-même. Il
reste quand même très évident que le ministre n'a pas de
réponse quand je lui demande de justifier le fait qu'il refuse
d'introduire dans cet article le même traitement pour les
Québécois que celui qu'il donne à ceux qui sont assujettis
aux ententes décrites dans le deuxième alinéa de l'article
305. Cela veut dire que les six millions de Québécois n'auront
pas le droit de se faire traduire les réponses d'un témoin aux
frais du ministre qui paie d'ailleurs pour ceux qui sont assujettis aux
ententes; ils n'auront pas le droit de se faire rembourser par le ministre les
frais des interprètes. C'est cela, au fond, que le ministre refuse de
faire ce soir, contrairement à l'esprit de la loi 101, au moins à
l'esprit.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Drummond.
M. Clair: Je vais laisser tomber, M. le Président.
Le Président (M. Dussault); M. le ministre.
M. Bédard: Je n'ai rien à ajouter, M. le
Président.
M. Lalonde: Je comprends, il n'a pas de réponse.
M. Bédard: Faites les remarques que vous voudrez.
M. Alfred: Adopté.
M. Lalonde: Vous voulez adopter cela rapidement, vous avez honte
de votre ministre, je comprends.
M. Alfred: ...
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 14 est
adopté?
M. Lalonde: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): L'article 14 est adopté
sur division.
M. Bédard: Enfin, le député de
Marguerite-Bourgeoys s'affirme.
Le Président (M. Dussault): J'appelle l'article 15.
M. Bédard: Cet article corrige une erreur de
français commise en 1965, M. le Président. Je m'attends à
un long débat de la part du député
Marguerite-Bourgeoys.
M. Blank: II n'était pas en politique à ce
moment-là.
M. Bédard: Tel qu'il se lit actuellement, l'article
n'impose pas que le consentement à l'origine de la rétractation
ait été non autorisé ou désavoué puisque
l'utilisation du féminin ne permet de référer qu'aux
offres non autorisées ou désavouées. Ceci est contraire
à l'intention des commissaires de 1965 telle qu'elle se voit dans leur
rapport.
M. Fontaine: Adopté. M. Blank: ...
M. Bédard: Vous êtes d'accord pour qu'on vous
corrige?
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Dussault): L'article 15 est-il
adopté?
M. Lalonde: C'est sûrement une des meilleures
décisions du ministre ce soir, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté? M. Lalonde:
Adopté.
Le Président (M. Dussault): J'appelle l'article 16.
Copies de l'inscription en appel
M. Bédard: Cet article établit une concordance
nécessitée par l'article 19 en précisant le
nombre de copies de l'inscription en appel qui doivent être
déposées au greffe, une pour le greffe de première
instance, une pour le juge de première instance et une pour le greffe
des appels.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 16 est
adopté, j'appelle l'article 17.
M. Bédard: Cet article ajoute aux renseignements que
contient l'inscription en appel la mention de la durée de
l'enquête en première instance on est à l'article
17?
Le Président (M. Dussault): C'est cela.
M. Bédard: Vous avez un amendement, M. le
Président. La mention de la durée de l'enquête en
première instance et des moyens que l'appelant prévoit utiliser
en appel devrait permettre à la cour d'appel de planifier plus
efficacement son travail. J'aurais un amendement: à la quatrième
ligne de l'article 496, changer "exposé" pour
"énoncé".
M. Lalonde: Est-ce que le ministre indique par là qu'il
veut remplacer le mot "exposé" par "énoncé" dans tout le
processus nouveau? Parce que je le retrouve dans un drôle d'amendement,
le mot "exposé".
M. Bédard: C'est pour éviter la confusion avec le
nouvel "exposé".
M. Lalonde: Ah bon!
M. Bédard: Et pour marquer la différence.
M. Lalonde: Cet énoncé sommaire n'est pas
l'exposé qu'on retrouvera un peu plus tard.
M. Bédard: Traditionnel...
M. Lalonde: Qui n'est pas traditionnel encore, mais qui va le
devenir...
M. Bédard: Le traditionnel qu'on connaît. M.
Lalonde: II n'y en a pas, de tradition. M. Bédard: Non,
non.
M. Lalonde: C'est-à-dire que l'exposé va devenir
traditionnel après beaucoup de temps.
M. Bédard: Je parle de l'ancien, ce qu'on entendait par
"exposé".
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'amendement est
adopté? Alors l'amendement est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté, est-ce que
l'article 17 tel qu'amendé est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté, j'appelle
l'article 18.
M. Bédard: Cet article fait suite à une demande du
juge en chef de la cour d'appel. Le deuxième alinéa de l'article
497 du code permet l'imposition d'un cautionnement en appel dans certaines
circonstances. Si l'article fait allusion à la possibilité du
rejet de l'appel dans le cas où le cautionnement ne serait pas fourni,
il ne préconise pas comment cela peut se faire, ni qui peut le
faire.
Le troisième alinéa qui sera ajouté à
l'article 497 répondrait à ces questions.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre pourrait nous donner des
détails ou des précisions sur les quelques autres raisons
spéciales? Il nous a dit tantôt que c'est à la suite d'une
demande du juge en chef de la Cour d'appel. Il semble, d'après le
libellé de l'amendement qu'on propose, que cela accorde à la Cour
d'appel un certain nombre de pouvoirs, lorsque l'appel paraît dilatoire.
Déjà là, il y a une certaine mesure d'arbitraire, mais en
tout cas faisons confiance. "Pour quelque autre raison spéciale," est-ce
que ie juge en chef lui a donné un aperçu des quelques autres
raisons qu'on pourrait...
M. Bédard: Non...
M. Lalonde: ... prévoir dans ce projet.
M. Bédard: C'est parce qu'il s'agit de la formulation
actuelle que nous avons reproduite.
M. Blank: Je pense que la raison pour laquelle le juge en chef a
demandé cela, c'est pour une raison très pratique. La motion pour
rejet d'appel doit venir devant le tribunal complet; maintenant il change cela
pour un juge, c'est le but de son affaire.
M. Lalonde: Cela n'est pas un rejet d'appel, c'est une
motion...
M. Blank: Oui.
M. Lalonde: Tout ce que cela peut donner, c'est d'ordonner
à l'appelant de fournir.
M. Blank: Oui.
M. Lalonde: Bien oui.
M. Blank: C'est cela. Avant, il n'y avait pas ce troisième
alinéa. Cela veut dire que cela prend une motion devant le tribunal au
complet pour faire rejeter l'appel. Maintenant, il limite cela à un
juge.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que cela va?
M. Lalonde: Cela va.
Le Président (M. Dussault): L'article 18 est
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté, j'appelle
l'article 19.
M. Bédard: Avec cet article, en plus d'établir une
concordance nécessitée par l'article 21 à savoir la
suppression de la dernière phrase de l'article 498, cet article fait en
sorte que le juge dont on appelle de la décision reçoive copie de
l'inscription. Cette modification fait suite, également, à une
suggestion du juge en chef de la Cour d'appel. Elle devrait, selon lui,
accélérer la transmission des transcriptions de jugements rendus
oralement, dans les cas où il y a appel. (21 heures)
M. Lalonde: C'est bon.
Le Président (M. Dussault): L'article 19 est
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté, j'appelle
l'article 20.
M. Lalonde: Qui a provoqué l'hilarité soudaine du
député de Papineau?
M. Fontaine: Ce doit être la fatigue.
M. Lalonde: Vous vous réjouissez de la coopération
de l'Opposition officielle? Vous n'avez pas fini.
M. Alfred: J'en suis fier.
M. Fontaine: Vous n'avez pas fini de rire.
M. Lalonde: C'est la deuxième fois, M. le
Président, que je vois le terme "frappé d'appel"; la
première fois, cela m'a frappé, et la deuxième fois,
réellement, je ne peux pas résister à la tentation de vous
dire ceci. Cela semble péjoratif, être frappé d'appel,
comme on est frappé d'une odieuse condamnation...
M. Bédard: Frappé d'une calamité comme
l'Opposition.
M. Lalonde:... comme on est frappé de l'élection du
Parti québécois, par exemple.
M. Bédard: Oui, vous n'en êtes pas revenu, cela
paraît.
M. Lalonde: Les électeurs en sont revenus, pensez à
Jean-Talon et à Argenteuil. Enfin! "Frappé d'appel", cela a l'air
d'une calamité épouvantable, un jugement en appel. Les juges de
première instance qui vont recevoir cela vont faire une
dépression.
M. Bédard: ... que l'expression puisse paraître, je
pense qu'on n'a pas le choix, actuellement.
M. Lalonde: C'est cela... bon.
M. Bédard: L'économie lexicologique du code, si
vous me permettez l'expression, fait en sorte que si on le changeait là,
encore une fois, on serait obligé d'aller le chercher à dix ou
douze autres endroits et que ce serait mieux dans le cadre d'une
révision complète.
J'espère que la sensibilité du député de
Marguerite-Bourgeoys va s'accommoder de cette explication.
M. Lalonde: Je vais tenter de faire de mon mieux.
M. Fontaine: Quelle est la raison pour laquelle on veut joindre
une copie du jugement?
M. Bédard: Une seconde. A l'article 20, on le retire.
M. Fontaine: Est-ce qu'on est rendu à l'article 20?
M. Bédard: L'article 20, M. le Président... est-ce
que l'article 19 est adopté?
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 19 est
adopté?
M. Lalonde: Oui, l'article 19 est adopté.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 20 est
adopté?
M. Bédard: Non, l'article 20, M. le
Président...
M. Lalonde: On était rendu à l'article 19, on n'est
pas rendu à l'article 20.
M. Bédard: Le député de Nicolet-Yamaska
était rendu à l'article 20, je pense.
M. Fontaine: Le député de Marguerite-Bourgeoys
parlait de "frappé d'appel" et on en parle également à
l'article 20.
M. Lalonde: On en parle aussi à l'article 18.
M. Fontaine: Cela m'a induit en erreur.
M. Lalonde: On est à l'article 19, actuellement.
M. Bédard: Je pense que c'est réglé, la
question de "frappé"?
A l'article 20, il s'agirait de retirer la modification de l'article 499
et la remplacer par ce qui suit: "L'article 500 dudit code est remplacé
par le suivant: "500. Sans préjudice de son droit d'interjeter
lui-même appel à la manière et dans le délai
prévu par les articles 494 et 495, l'intimé peut former appel
incident sans autre formalité qu'une déclara-
tion signifiée à la partie adverse et produite en
même temps que son acte de comparution, qu'il demande la
réformation en sa faveur du jugement frappé d'appel. Cette
déclaration doit contenir les conclusions recherchées par
l'intimé et un énoncé sommaire des moyens qu'il
prévoit utiliser."
M. Fontaine: L'article 498, on n'y touche pas.
M. Lalonde: Pourquoi a-t-on retiré l'amendement à
l'article 499 qu'on recherchait par l'article 20?
M. Bédard: C'est pour donner suite à une demande du
juge en chef de la Cour d'appel.
L'amendement proposait de joindre le jugement et la comparution et on
arrivait un peu plus tard avec les notes, le cas échéant, s'il y
en avait au niveau de l'exposé de fait. Après discussion avec le
juge en chef, ils ont jugé plus opportun de tout mettre en même
temps. Donc, on va produire avec l'exposé, dans les amendements qu'on
apporte à l'article 21.
M. Lalonde: Excellent. Maintenant, l'article 500, vous le
changez? On vient de recevoir les amendements, alors il faudrait
peut-être avoir quelques secondes pour voir la différence,
à moins que le ministre nous dise exactement où est la
différence.
M. Bédard: II y a seulement les deux dernières
lignes qui sont nouvelles: "Cette déclaration doit contenir les
conclusions recherchées par l'intimé et un énoncé
sommaire des moyens qu'il prévoit utiliser."
M. Lalonde: Les seuls mots que vous ajoutez, c'est...
M. Bédard: "et un énoncé".
M. Lalonde: "Par l'intimé et un énoncé
sommaire des moyens qu'il prévoit utiliser".
M. Bédard: C'est ça. C'est exactement la même
rédaction que l'article 17, celui qu'on vient d'incorporer, qui
prévoit l'ajout de certains renseignements. Alors, on a pensé que
s'il était utile d'obliger l'appelant qui interjette appel de fournir un
énoncé de ses moyens, il faudrait faire la même chose pour
celui qui fait contre-appel.
M. Lalonde: Oui, il s'agit de moyens dans le sens de motifs.
M. Bédard: C'est ça. Cela va. M. Lalonde:
Cela va.
Le Président (M. Dussault): L'amendement visant à
retirer la modification à l'article 499 est adopté et le nouvel
article 500 est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 21...
M. Lalonde: C'est un nouvel article?
M. Bédard: Oui, il y a également un amendement
visant à remplacer les articles 503 et 503a proposés par les
suivants: 503. Dans les 30 jours du dépôt de l'inscription ou du
jugement rendu sur une demande faite en vertu de l'article 501, l'appelant doit
signifier à l'intimé deux exemplaires d'un exposé. Si les
parties s'entendent sur le contenu de l'exposé, elles le signent et
l'appelant en produit sept exemplaires au greffe. Sinon, l'appelant produit
sept exemplaires de l'exposé au greffe, et l'intimé sept
exemplaires de ses commentaires après en avoir signifié deux
à l'appelant. Dans tous les cas, ces documents doivent être
produits dans les 30 jours de la signification faite en vertu du premier
alinéa. L'appelant doit produire avec l'exposé le jugement
frappé d'appel et, le cas échéant, les notes produites par
le juge ou la transcription ou la traduction des motifs du jugement s'ils ont
été donnés oralement. 503a. Les parties peuvent joindre
à l'exposé une entente détaillée sur la production
et le contenu d'un dossier conjoint. A défaut d'entente, l'une d'elles
peut joindre à l'exposé, ou l'intimé à ses
commentaires, une demande afin qu'un juge de la Cour d'appel ordonne la
production d'un dossier conjoint dont il détermine le contenu. Si une
entente ou une demande relative à la production d'un dossier conjoint
n'accompagne pas l'exposé ou les commentaires, l'appel n'est soumis que
sur cet exposé et ces commentaires." b) "Retirer l'article 503b; c)
l'article 503c est renuméroté 503b; d) l'article 503d est
renuméroté 503c.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre pourrait nous expliquer
brièvement les changements qu'il y a entre l'article 503 qu'il nous
proposait dans son projet de loi et le nouveau?
M. Bédard: Pour ce qui est de l'amendement proposé,
il précise le nouveau mécanisme d'appel afin de minimiser les
chances qu'une partie puisse être surprise par l'autre. Les délais
ne sont pas plus longs que dans la proposition originelle et la demande est
plus clairement énoncée. Les amendements à l'article 503a
proposé et la suppression de l'article 503b proposé sont de
concordance. Pour ce qui est de l'ensemble de cet article, c'est la plaque
tournante du nouveau régime d'appel. Les modifications proposées
ont pour but de réduire considérablement le fardeau de la Cour
d'appel à l'égard des documents qu'elle est appelée
à consulter. Il arrive déjà que le juge en chef de cette
cour, lorsqu'il constate qu'un dossier conjoint risque d'être très
volumineux, convoque les parties et tente de les convaincre de se limiter
à la reproduction des pièces nécessaires.
Ceci a récemment permis de réduire de 103 volumes à
quelques pages un dossier conjoint en
matière criminelle. Inutile de dire que les dossiers conjoints
d'une telle ampleur coûtent très cher, prennent du temps à
produire, encombrent les greffes des appels et nécessitent des juges un
temps de lecture démesuré.
Les juges de la Cour d'appel et le comité tripartite à
leur suite, ont suggéré la recherche de moyens pour
réduire à l'essentiel le fardeau documentaire. La méthode
retenue, qui s'apparente à ce qui existe déjà ailleurs,
consiste à poser le principe que l'appel est soumis à un simple
exposé préparé par l'appelant et approuvé ou
commenté par l'intimé. Les parties pourront s'entendre sur la
production d'un dossier conjoint. Toutefois cette entente devra être
détaillée. Ceci empêchera les avocats d'utiliser les
formules distribuées par les compagnies productrices de fac-turn qui
demandent simplement de reproduire tout le dossier et les incitera à
revoir chacune des pièces avant de les faire reproduire. Une partie
pourra demander au juge la constitution d'un tel dossier conjoint si elle
n'arrive pas à s'entendre avec l'autre partie. S'il n'est pas joint
à l'exposé une entente ou une demande relative à un
dossier conjoint, l'appel procédera sans ce dossier sous réserve
que l'article 503b qui protège l'intimé au cas où il
serait pris par surprise. Cela est tombé.
Nous avons corrigé cette partie par les amendements
apportés. Ceci oblige les parties à se décider tôt
sur l'utilité du dossier conjoint permettant ainsi à la cour,
encore une fois, de mieux planifier son travail. La seule pièce du
dossier dont nous avons cru bon d'obliger la production dans tous les cas est
l'énoncé des motifs du juge de première instance qui devra
accompagner l'exposé. Dans certains cas, la lecture de ces notes et de
l'entente ou de la demande permettra au juge, selon le cas, d'encourager ou de
forcer les parties à éliminer du dossier conjoint d'autres
pièces inutiles.
A l'égard de l'article 21, il faut noter deux autres mesures.
Premièrement, afin de réduire les frais, le nombre de copies de
l'exposé du dossier produites au greffe et sont réduites de dix
à sept, les délais de production de l'exposé du dossier
sont portés de 30 à 60 jours. Ceci est plus réaliste.
D'autre part, la mise en place du nouveau mécanisme devrait faire en
sorte que les parties puissent maintenant respecter les délais
prévus par le code. La Cour d'appel aurait d'ailleurs l'intention de se
montrer beaucoup plus stricte à cet égard dans l'avenir de sorte
que, même si les délais paraissent plus longs, ceux-ci devraient,
dans la pratique, être réduits. C'est l'essentiel.
M. Lalonde: M. le Président, d'abord, inutile de dire que
nous sommes en faveur de toute mesure qui réduira les coûts et la
lourdeur administrative de l'appel tel que nous le connaissons jusqu'à
maintenant et surtout au niveau de la confection du dossier conjoint. A ce
point de vue-là, nous sommes parfaitement d'accord avec les objectifs
recherchés par cet amendement.
J'aimerais être bien sûr, par exemple, que je comprends le
passage de l'amendement du projet de loi 40 avec celui qui nous est
proposé ce soir. Jusqu'à maintenant, il y avait 60 jours pour
préparer l'exposé, le soumettre à l'intimé et le
produire. Là, c'est un peu différent. On inscrit dans la loi la
méthode, à savoir que non seulement dans les 60 jours il faut que
ce soit fait, mais que dans les 30 jours l'appelant doit signifier à
l'intimé son projet d'exposé ou son exposé en deux
exemplaires. C'est dans les 30 jours de l'inscription. On poursuit en disant
que, si les parties s'entendent, il sera convenu d'exposer, elles le signent,
et l'appelant en produit cet exemplaire au greffe, et c'est encore dans les 30
jours de la signification de l'exposé à l'intimé. Cela
peut être au maximum 60 jours de l'inscription en appel, cela peut
être moins. On peut racourcir le délai à ce
moment-là.
En pratique, qu'est-ce qui arrive si l'intimé ne répond
pas à la signification qui lui est faite de l'exposé de
l'appelant? A ce moment-là, le trentième jour l'appelant se
trouve à être forcé de produire au greffe l'exposé
qu'il a fait signifier à l'intimé et à propos duquel il
n'a reçu aucune réaction. C'est cela?
M. Bédard: C'est cela. L'intimé, pendant ce
temps-là, peut ou non avoir préparé des commentaires qu'il
doit signifier dans le même délai. S'il ne signifie pas ses
commentaires, à ce moment-là l'appel va procéder seulement
sur l'exposé. (21 h 15)
M. Lalonde: Très bien. Il y a une autre question que je
voudrais poser. Je pense que l'amendement proposé ce soir est encore
mieux, c'est une amélioration sur ce qu'il y avait dans le projet de
loi.
Quand on parle de la traduction des motifs du jugement, je sais que le
mot "traduction" est un terme qu'on retrouve dans le Code de procédure,
ce dont on veut parler, c'est de la transcription, j'imagine. Est-ce qu'on
continue d'utiliser l'expression "traduction des motifs"?
M. Bédard: Le problème, c'est qu'il y a deux
notions: il y a la notion de transcription qui s'applique aux enregistrements
mécaniques et il y a la notion de traduction qui s'applique à la
prise en notes sténographiques. Au niveau de la langue française,
les notes sténographiques sont un langage. Donc, ce qu'on fait, c'est
qu'on traduit.
M. Lalonde: Ah bon! C'est pour cela que cela se trouvait
déjà dans le Code de procédure.
M. Bédard: Entre autres, à l'article 324.
M. Lalonde: J'ai eu un cas récemment où le juge de
première instance, ayant rendu son jugement oralement, motifs ou
à peu près, a été appelé à donner des
motifs pour être produits devant la Cour d'appel. Cela n'est pas ce que
cela recherche. On parle seulement de traduction des motifs qui ont
déjà été donnés oralement. S'il n'y en a pas
eu, on ne demande pas au juge de première instance d'en donner d'autres.
Donc, on n'est pas
assujettis à la bonne volonté ou à la mauvaise
volonté du juge de première instance d'aller au-delà de ce
qu'il a fait à l'audition.
M. Bédard: Lorsqu'il a rendu son jugement.
M. Lalonde: Une dernière question. A l'article 503a, on
dit: "A défaut d'entente, l'une d'elles peut joindre à
l'exposé, ou l'intimé à ses commentaires, une demande afin
qu'un juge de la Cour d'appel ordonne la production d'un dossier conjoint dont
il détermine le contenu." On veut bien dire le juge de la Cour d'appel,
n'est-ce pas?
M. Bédard: Oui.
M. Lalonde: Et ce n'est pas l'intimé. Vous êtes
sûr que cela ne peut pas s'accorder à l'intimé?
M. Bédard: Non, c'est le juge qui ordonne la production ou
la non-production. C'est lui qui va déterminer ou non le contenu de
cela.
M. Lalonde: Cela veut dire que vous forcez le juge de la Cour
d'appel à repasser tout le dossier en première instance pour voir
ce qui serait pertinent ou non à l'appel?
M. Bédard: Ce sont eux qui le demandent. M. Lalonde:
Ce sont eux qui le demandent? M. Bédard: Oui. M. Lalonde:
C'est assez inusité.
M. Bédard: Est-ce que cela ne fonctionne pas un peu
à la Cour suprême? Cela rejoint le principe de la
conférence préparatoire. Les juges indiquent l'essentiel.
M. Lalonde: Mais ce que je veux bien qu'on constate, c'est que le
juge de la Cour d'appel va déterminer le contenu du dossier conjoint.
Donc, il doit prendre connaissance de toute la preuve pour déterminer ce
qui est pertinent ou non à l'appel, en fonction de
l'énoncé... Non, il a l'exposé à ce
moment-là.
M. Bédard: En pratique, ce qui va se passer, c'est qu'il y
a le jugement, il y a l'exposé, il y a un énoncé des
moyens.
M. Lalonde: C'est au début, avant l'exposé.
M. Bédard: Au tout début, il y a
l'énoncé des moyens, il y a l'exposé, il y a le
jugement.
M. Lalonde: II y a l'exposé après...
M. Bédard: Et, évidemment, ce à quoi on peut
s'attendre, c'est que les parties, au départ, ne demanderont pas que
tout le "kit" soit produit. D'ailleurs, s'ils se présentent pour
demander que tout le dossier soit produit, ils risquent fort de se retrouver
devant un juge très peu sympathique.
Alors, ils vont demander ce qu'ils pensent être les pièces
essentielles. A ce moment-là, c'est à partir d'un examen de ces
pièces qui sont dites essentielles par les parties que le juge va
déterminer si, oui ou non, il les accepte. Il n'aura pas
nécessairement à revoir tout le dossier.
On parlait tout à l'heure de 103 volumes réduits à
quelques pages. C'est un exercice auquel le juge en chef de la Cour d'appel
s'est livré dans une affaire criminelle, l'affaire Valence,
dernièrement, qui n'a pas pris énormément de temps et qui
a évité beaucoup de temps de lecture.
M. Lalonde: Très bien. Etes-vous sûr que dans la
première ligne du dernier alinéa de l'article 503a, le mot
"relatives" doit être au pluriel? Quand on dit: "Si une entente ou une
demande relatives", est-ce que le "ou" est conjonctif? Pardon, c'est
singulier?
M. Bédard: C'est l'un ou l'autre.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Seulement un bref commentaire, je pense, moi aussi,
que cette procédure qu'on veut utiliser va alléger de beaucoup la
procédure d'appel. En ce sens, cela va être favorable à une
meilleure administration de la justice, également aux justiciables.
Je voudrais revenir sur le point soulevé par le
député de Marguerite-Bourgeoys tout à l'heure. Au tout
début de l'article tel qu'amendé, on dit: Si les parties
s'entendent sur le contenu de l'exposé, elles signent et l'appelant en
produit sept exemplaires au greffe; là-dessus, il n'y a pas de
problème. Sinon l'appelant produit sept exemplaires de l'exposé
au greffe et l'intimé sept exemplaires de ses commentaires.
En pratique, ce qui va probablement arriver, c'est que l'intimé
va peut-être retarder à envoyer ses commentaires et l'appelant va
se retrouver à la dernière minute, à l'expiration des
trente jours, pour faire signifier son exposé.
M. Bédard: II n'a pas besoin de le signifier, il n'a
qu'à le...
M. Fontaine: Produire.
M. Bédard: ... produire.
M. Fontaine: Vous ne craignez pas que si on ne met pas un
délai limite pour l'intimé de produire ses commentaires,
l'appelant peut être pris à la dernière minute et se
trouver hors délai.
M. Bédard: La dernière phrase du deuxième
alinéa prévoit ce dont vous parlez, ce sur quoi vous vous
inquiétez: "Dans tous les cas, ces documents doivent être produits
dans les trente jours de la signification faite en vertu du premier
alinéa."
M. Fontaine: C'est sûr que ce qui va se passer en pratique,
c'est que l'intimé va retarder et
essayer d'étirer le délai jusqu'à la
dernière minute. A ce moment, l'appelant va se trouver pris à
l'expiration du délai de trente jours pour produire son exposé.
S'il ne le fait pas à temps, l'appel va être rejeté.
M. Bédard: Si l'appelant s'aperçoit que
l'intimé tergiverse, tout ce qu'il a à faire c'est de
réaliser qu'il ne s'entendra pas avec lui, parce que lui aussi doit
s'entendre et produire son exposé. A ce moment, cela force
l'intimé à produire ses commentaires.
S'il n'a pas de communication avec celui avec lequel il doit s'entendre
dans un délai raisonnable, je pense qu'il est mieux de prévoir
d'avoir à produire lui-même son exposé.
M. Lalonde: Dans le projet de loi imprimé, on
prévoyait à 503b que l'intimé pouvait recevoir la
permission du juge de la Cour d'appel de modifier l'exposé avant qu'il
n'ait produit son mémoire. Cela peut être remplacé par le
nouvel amendement qui dit que s'il y a entente sur le contenu, naturellement
pas question que l'intimé produise son mémoire. Sinon l'appelant
produit sept exemplaires de l'exposé au greffe et l'intimé sept
exemplaires de ses commentaires.
Il n'est pas question de modifier l'exposé, cela n'est pas une
modification à l'exposé, ce sont ses commentaires sur
l'exposé. Cela a l'air pas mal plus clair. Je ne voyais pas comment
l'intimé pouvait modifier l'exposé d'un autre s'il ne s'entendait
pas sur le contenu.
L'autre question concerne 503c: "Le cas échéant,
l'appelant doit, dans les soixante jours de la production de l'exposé ou
du jugement qui permet la production du dossier conjoint, produire..." Dans le
nouveau texte, on n'a pas de délai pour la production du dossier
conjoint. On dit que les parties peuvent joindre à l'exposé une
entente détaillée sur la production et le contenu du dossier
conjoint. Mais si l'entente dit qu'on le produit dans six mois...
M. Bédard: 503c dit: Le cas échéant,
l'appelant doit, dans les soixante jours, produire le dossier conjoint.
C'est soixante jours de l'entente ou du jugement ordonnant la production
d'un dossier conjoint que ce dossier doit être produit.
M. Lalonde: Alors le 503c demeure.
M. Bédard: Oui, il demeure quand même.
M. Lalonde: Le 503b demeure-t-il aussi?
M. Bédard: Non, 503b est retiré.
M. Fontaine: 503c demeure et 503b est retiré.
M. Lalonde: D'accord. Alors 503c du projet de loi demeure.
J'avais pensé que c'était 503c de la loi. Je ne sais pas dans
quelle mesure c'était clair pour vous, M. le Président, mais
quand on disait...
M. Fontaine: Proposé par...
M. Lalonde: Oui, qui est proposé par... ça
fonctionne.
A 503c, le délai de 60 jours reste.
M. Bédard: Est-ce que ça répond à
votre question?
M. Lalonde: Cela va, merci.
Le Président (M. Dussault): Dans l'ordre des amendements
proposés par le ministre, est-ce que l'amendement a, qui consiste
à remplacer les articles 503 et 503a par 503, tel qu'il apparaît
au nouveau document et 503a avec une correction au mot "relative",
c'est-à-dire en enlevant le "s", est adopté?
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Deuxième amendement,
retirer l'article 503b. Est-ce que cet amendement est adopté?
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'amendement consistant
à renuméroter 503c en 503b est-il adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Et celui de renuméroter
503b en 503c est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article no 21,
tel qu'amendé est adopté?
M. Lalonde: Adopté. M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 22.
M. Lalonde: II y a encore un changement.
M. Bédard: A l'article 22, nous aurions un amendement en
vue de remplacer la première phrase de la modification proposée
par la suivante et je cite: La partie qui inscrit en appel la première,
doit préparer un exposé qui doit être signifié
à toutes les autres parties aux appels. Chacune d'elles peut signer
l'exposé ou produire ses commentaires.
Alors, il s'agit, M. le Président, d'un amendement qui
établit une concordance nécessitée par l'amendement
à l'article 21 qu'on vient d'adopter. L'article lui-même,
globalement, est de concordance avec l'article 21.
M. Lalonde: Autrement dit, vous...
M. Bédard: II établit les modalités du
nouveau régime d'appel, lorsqu'il y a plus d'un appel d'un même
jugement.
M. Lalonde: D'accord, ça fonctionne. Je pensais que vous
enleviez la deuxième phrase, mais vous la laissez là.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'amendement
à l'article 22 est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Est-ce que
l'article 22, tel qu'amendé, est adopté?
M. Lalonde: Adopté. M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 23.
M. Bédard: Nous avons une modification à 23,
à l'effet suivant: a) à la première ligne de l'article
505, ajouter après "exposé", les commentaires, b) à la
troisième ligne de l'article 505, ajouter après "même",
"refuser d'entendre une partie ou". L'ensemble de l'article...
M. Lalonde: Pourquoi est-ce qu'on a ajouté "refuser
d'entendre une partie"? On avait déjà le pouvoir de
déclarer l'appel déserté?
M. Bédard: Dans la mesure où le nouveau
régime d'appel proposé prévoit, au niveau de la production
de l'exposé des commentaires, des obligations pour les deux parties, la
sanction habituelle, dans le cas de l'intimé, c'est de refuser
d'entendre une partie. L'article, tel qu'il est libellé actuellement,
comme on imposait avant toutes les obligations à l'appelant, la seule
sanction possible, c'était de déclarer l'appel
déserté. Alors, l'article devenait
déséquilibré par rapport au nouveau régime d'appel.
C'est pour ça qu'on a voulu prévoir expressément la
sanction dans le cas de l'intimé.
M. Lalonde: La sanction est le refus d'être entendu?
M. Bédard: C'est ça, de la même façon
que ça existe s'il y a défaut de produire le mémoire, dans
le cas du deuxième alinéa de l'article 507. (21 h 30)
M. Lalonde: La question de refuser d'entendre une partie
m'apparaît superfétatoire. M. le ministre tient à refuser
d'entendre les parties...
M. Bédard: Cela fait partie d'un ensemble de remarques qui
nous ont été faites.
M. Lalonde: Parce que la règle "audi alteram partem" est
quand même une règle fondamentale dans notre droit. Je me demande
jusqu'à quel point on peut allègrement inscrire cela dans la
loi.
M. Bédard: Sauf que, lorsqu'on veut se faire entendre, il
reste quand même qu'il y a des prérequis à remplir. On
n'introduit pas une pénalité exorbitante qui se retrouve pour la
première fois, puisqu'à l'article 507, suite à un
amendement, on mentionnait que, si l'appelant ne produisait pas son
mémoire dans le délai fixé, un juge de la Cour d'appel
pouvait, sur requête, rejeter l'appel.
M. Lalonde: Oui.
M. Bédard: Si c'est l'intimé qui est en
défaut, la cour peut refuser de l'entendre. Ce n'est pas une nouvelle
notion.
M. Fontaine: Cela a été adopté en 1965.
M. Lalonde: En 1975.
M. Bédard: Ce refus d'entendre a été
introduit en 1975.
M. Lalonde: En 1975, oui, oui, oui!
M. Bédard: Cela doit rappeler des souvenirs au
député de Marguerite-Bourgeoys!
M. Lalonde: C'est l'ancien député d'Outremont.
M. Fontaine: II a mal tourné!
M. Bédard: Qui, dans le temps, était bien solidaire
du député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Oui, il y a tellement de choses qui se passent.
D'accord, ça fonctionne.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'amendement petit
a est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Est-ce que
l'amendement petit b est adopté?
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 23, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 24.
M. Bédard: M. le Président, avec votre permission,
est-ce qu'il y aurait possibilité de revenir à l'article 21?
Le Président (M. Dussault): Nous revenons à
l'article sur consentement de la commission. Oui?
M. Lalonde: On verra, oui, allez-y. M. Fontaine:
Voulez-vous l'amender?
M. Lalonde: On est encore en train de corriger une erreur du
gouvernement.
M. Bédard: Pour être conséquent avec ce qui
se retrouve à 503 où on parle de transcription et de traduction,
il faudrait, à 503d, mentionner également, à la
deuxième ligne...
Le Président (M. Dussault): 503d qui est devenu 503c.
M. Bédard: C'est ça, où on peut lire
"l'appelant doit lui-même obtenir la traduction", il s'agirait d'ajouter
également "la transcription".
Le Président (M. Dussault): Ce serait donc...
M. Lalonde: On a eu une démonstration savante tantôt
de la différence qu'il y avait entre traduction et transcription.
J'aimerais savoir de laquelle on veut accoucher?
M. Bédard: Non, le problème, c'est que, quand on
est obligé de traîner une expression, si on fait des amendements
par la suite, on essaie de faire les corrections pour avoir des expressions
cohérentes et concordantes partout. Comme 503c prévoit que
l'appelant doit obtenir la traduction de la partie des notes recueillies
à l'audience qui doit être incluse au dossier conjoint, ces notes
peuvent être recueillies aussi bien par enregistrement mécanique
que par notes sténographiques. Alors, il faudrait prévoir
expressément que la transcription ou la traduction de la partie des
notes recueillies à l'audience doit être obtenue par l'appelant.
Autrement, on va se retrouver avec des problèmes
d'interprétation.
M. Lalonde: Bon, si le ministre, M. le Président, veut
être conséquent pour une fois, ce ne sera pas nous qui l'en
empêcherons. Il n'y a aucun doute. Mais s'il prend cette habitude, par
exemple, ça entraînera des conséquences. Je l'avertis
déjà.
M. Fontaine: Cela va être traduit.
Le Président (M. Dussault): Si vous le permettez, à
l'article 503d devenu 503c, à la deuxième ligne, après le
mot "traduction", ajouter les mots "et la transcription".
M. Lalonde: "ou". Cela ne peut pas être les deux.
M. Bédard: "La traduction ou la transcription".
Le Président (M. Dussault): Je recommence. A la
deuxième ligne, il faudrait ajouter, après le mot "obtenir", les
mots "la transcription ou".
M. Lalonde: Exactement. Brillant. Le Président (M.
Dussault): Merci.
M. Lalonde: Si le ministre était comme vous, M. le
Président, on n'aurait pas de problème.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté.
M. Lalonde: Puisque c'est vous qui nous le proposez, on va
l'adopter.
M. Bédard: Si on n'avait pas toujours à vous
corriger!
Le Président (M. Dussault): Nous revenons à l'ordre
des articles. J'appelle l'article 24.
M. Bédard: II s'agit d'une concordance
nécessitée par l'article 21. On porte aussi de 15 à 30
jours le délai de production des mémoires des parties, pour les
mêmes raisons qui motivent l'ajustement des autres délais en
matière d'appel. Cela va?
M. Lalonde: Cela va.
Le Président (M. Dussault): L'article 24 est-il
adopté?
M. Lalonde: Oui, adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 25.
M. Bédard: Cet article fait suite à une demande des
juges de la Cour d'appel. Il impose au greffier une obligation de diligence
pour l'inscription des appels au rôle de l'audience; l'article 507a. Ceci
devient nécessaire dans la mesure où le manque de diligence des
parties pourra entraîner la désertion de l'appel, même sans
qu'une partie le demande; l'article 507b. On libérera ainsi le
rôle provisoire d'un grand nombre d'appels qui traînent depuis trop
longtemps, dont la présence empêche une planification efficace du
travail de la cour et qui, très souvent, restent là parce que les
parties ont réglé l'affaire et n'en ont pas avisé le
greffier. L'article offre aux parties des garanties suffisantes pour la
préservation de leurs droits. Un avis d'au moins 30 jours leur est
donné; la désertion n'est pas automatique, mais elle est
prononcée par un juge; il y a audience au cours de laquelle les parties
peuvent soumettre une excuse valable, auquel cas le juge rend l'ordonnance
appropriée, par exemple, ordonner aux sténographes de faire la
transcription dans un certain délai si c'est ce qui retarde
l'inscription au rôle de l'audience.
M. Lalonde: Excellent. Très bien. M. Fontaine:
Très bien.
M. Bédard: Un bon ministre!
M. Lalonde: Un bon juge en chef de la Cour d'appel qui a
indiqué cela au ministre.
M. Bédard: Avec un bon ministre qui a de l'ouverture
d'esprit.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 25 est
adopté?
M. Lalonde: J'espère que le ministre comprend.
Le Président (M. Dussault): L'article 25 est
adopté. J'appelle l'article 26.
M. Bédard: II s'agit d'une concordance
nécessitée par l'article 21. Le contenu de cette disposition se
retrouve maintenant à l'article 503 du code.
M. Fontaine: Adopté. M. Lalonde: Cela va.
Le Président (M. Dussault): L'article 26 est
adopté. J'appelle l'article 27.
M. Bédard: II y avait un amendement au paragraphe a):
Remplacer le paragraphe 1 proposé par les suivants: 1. l'exposé
doit être signifié dans les 15 jours du dépôt de
l'inscription en appel; 1a. l'exposé doit être produit dans les 15
jours de la signification faite en vertu du paragraphe 1. Le cas
échéant, les commentaires de l'intimé doivent être
signifiés et produits dans ce même délai. 1 b)
renuméroter 1 a 1 b.
On peut voir, M. le Président, qu'il y a une question de
concordance qui est nécessitée. Pour ce qui est de c), ce
paragraphe fait suite à une demande du comité tripartite et fait
en sorte que l'appel de mesures provisoires en séparation de corps ou en
divorce, de même que l'appel d'une injonction interlocutoire ne suspende
pas l'instance, à moins qu'un juge de la Cour d'appel n'en décide
autrement.
Ces mesures sont des mesures accessoires à un litige principal
dont la disposition n'influence pas le sort de la cause. Ainsi, le droit
à la garde des enfants durant l'instance peut fort bien être
déterminé pendant que la cour statue, d'autre part, sur le droit
à la garde des enfants une fois le divorce prononcé. L'un
n'empêche pas l'autre. Si des circonstances spéciales faisaient en
sorte qu'il soit préférable, par exemple, de ne pas se prononcer
sur l'injonction permanente durant l'appel de l'injonction interlocutoire, ce
qui est peu probable, un juge de la Cour d'appel pourra toujours ordonner que
l'instance soit suspendue. Cette mesure devrait permettre de réduire le
nombre des appels; d'une part, elle rend l'appel inutile pour celui qui ne veut
qu'obtenir du délai; d'autre part, même dans les cas des appels
faits de bonne foi, le jugement sur la mesure permanente rendra parfois
inutile, le cas échéant, la poursuite du litige sur la mesure
provisoire.
M. Lalonde: On voit que le nouvel amendement remplace le mot
"produit" par le mot "signifié" dans le paragraphe 1. Ce qu'on nous
suggérait dans le projet de loi 40, c'est ceci: "L'exposé doit
être produit dans les quinze jours du dépôt de l'inscription
en appel." Ce qu'on nous demande actuellement, c'est de dire: "L'exposé
doit être signifié dans les quinze jours du dépôt de
l'inscription en appel." Quelle est la raison?
M. Bédard: C'est que maintenant cela se passe en deux
phases. Il y a une première étape qui est la signification
à notre ami...
M. Lalonde: A l'intimé? M. Bédard: A
l'intimé.
M. Lalonde: D'accord, cela va. Alors, on réduit de trente
à quinze jours dans le cas d'un jugement interlocutoire.
M. Bédard: C'est la règle actuelle. M. Lalonde:
D'accord.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'amendement
à petit a) est adopté?
M. Lalonde: Un instant, il y a 1a dans petit a) aussi. On a ici:
"Le cas échéant, le dossier conjoint doit être produit au
greffe". Le nouvel amendement dit que c'est l'exposé qui doit être
produit dans les 15 jours de la signification.
M. Bédard: L'amendement petit b) prévoit que 1a
sera renuméroté 1b. Il va subsister. Alors, on aura 1, 1a et
1b.
M. Lalonde: Ah bon! Alors, le nouveau 1a ne remplace pas l'ancien
1a.
M. Bédard: Non.
M. Lalonde: Alors, cela va.
Le Président (M. Dussault): L'amendement à petit a)
est-il adopté?
M. Lalonde: Adopté.
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Est-ce que
l'amendement consistant à renuméroter 1a 1b est
adopté?
M. Fontaine: Adopté. M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Est-ce que les
interventions sont terminées sur l'article 27?
M. Fontaine: Oui. M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 27 tel
qu'amendé est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 28.
M. Bédard: Cet article fait suite à une demande de
la Cour d'appel. Celle-ci se croit mal équipée pour
déterminer le montant des dommages et suggère, tout en lui
laissant la détermination du droit, de transférer à un
tribunal de première instance la responsabilité de statuer sur
les sommes impliquées.
La procédure proposée est la suivante. La Cour d'appel
peut, même d'office, déclarer qu'un appel est dilatoire ou abusif.
Si le montant des dommages apparaît au dossier ou est admis par les
parties, la Cour d'appel se prononce sur ce sujet; sinon, l'intimé doit
demander au tribunal de première instance, la Cour d'appel se prononce
sur ce sujet; sinon, l'intimé doit demander au tribunal de
première instance, la Cour supérieure ou provinciale selon le
montant des dommages, de se prononcer. Le délai pour faire la demande
est cour, 60 jours, parce que, d'une part, la Cour d'appel s'est
déjà prononcée sur le droit et, d'autre part, il ne s'agit
pas de permettre qu'une mesure incidente à un recours traîne en
longueur après que la décision sur le droit de ce recours a
été rendue. L'audience devant le tribunal de première
instance n'est qu'un prolongement de la décision de la Cour d'appel.
M. Lalonde: Je suis parfaitement d'accord avec cela.
Le Président (M. Dussault): Alors, l'article 28 est
adopté.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 29.
M. Bédard: Cet article rend insaisissables les biens
nécessaires pour pallier un handicap. Actuellement, ces biens ne font
pas l'objet d'une telle protection, ce que nous croyons devoir corriger dans le
même esprit que celui qui a mené à l'adoption de la Loi
assurant l'exercice des droits des personnes handicapées.
M. Lalonde: C'est dans le même esprit, M. le
Président, que l'Opposition officielle appuie cet amendement.
Le Président (M. Dussault): L'article 29 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 30.
M. Bédard: Cet article opère à l'article 554
du code une modification équivalente à celle que l'article 12
apporte à l'article 122 du code.
Si la formulation de ces nouvelles dispositions n'est pas identique,
c'est qu'il a fallu tenir compte de différences qui existent
déjà entre les régimes qui prévoient ces deux
articles du code et qui sont justifiés par le fait qu'en matière
de saisie, contrairement au cas de la signification, le shérif
possède certains pouvoirs à l'exclusion de l'huissier.
M. Lalonde: C'est le même critère qu'on emploie,
qu'on retrouve pour la signification, un peu plus tôt.
M. Bédard: Exactement, c'est cela. M. Lalonde:
Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): L'article 30 est
adopté. J'appelle l'article 31.
M. Bédard: Cet article supprime la réquisition du
bref de saisie, rendu inutile en pratique, du fait que le bref même est
préparé par le saisissant et présenté au
protonotaire pour signature. La modification consacre législativement
cette pratique déjà existante.
Le Président (M. Dussault): L'article 31 est
adopté. J'appelle l'article 32.
M. Bédard: Cet article fixe à dix jours le
délai de comparution en matière de saisie-arrêt de salaire
et permet que cette comparution se fasse par la poste. Ceci consacrerait une
pratique qui existe déjà et qui évite au tiers-saisi
d'avoir à se déplacer puisque, dans la grande majorité des
cas, ce dernier fait une déclaration qui n'est le sujet d'aucune
discussion. Les parties seront tenues au courant par courrier de cette
déclaration. S'il y a lieu d'interroger le tiers-saisi, une contestation
de la déclaration en vertu de l'article 635 permettra de le faire.
M. Lalonde: La date de la signification est alors la date de
réception du courrier? Il n'y a pas de signification, à ce
moment-là, sur la date de réception du courrier?
M. Bédard: Normalement, oui.
M. Lalonde: C'est parce qu'on sait que cela peut prendre du temps
parfois, surtout par le courrier que vous appelez recommandé ou
certifié.
M. Bédard: Surtout s'il y a une grève des
postes.
M. Lalonde: Même quand il n'y a pas de grève, cela
peut prendre trois ou quatre jours, cinq jours.
M. Bédard: L'article 140, alinéa 2, stipule que
cette signification est réputée avoit été faite
à la date où a été signé par le destinataire
ou par l'une des personnes mentionnées à l'article 123 l'avis de
réception présenté par le postier au moment de la
livraison.
M. Lalonde: C'est la réponse à ma question.
Le Président (M. Dussault): L'article 32 est
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 33.
M. Bédard: Cet article procède du même esprit
que l'article 32. Il permet de simplifier le mécanisme d'opposition tout
en préservant les droits des parties.
M. Lalonde: Adopté. Excusez.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, c'est justement à cet
article que j'ai fait des représentations en deuxième lecture
concernant le serment. Je peux me tromper, mais ma prétention est qu'en
ajoutant l'article 641a et en disant que le débiteur peut, en personne
ou par courrier recommandé ou certifié, former opposition
à la saisie-arrêt dans les cinq jours de la signification de la
copie de la première déclaration du tiers-saisi. Il fait
parvenir, dans le même délai et de la même façon,
copie de l'opposition au saisissant et au tiers-saisi. En aucun endroit, dans
cet article, on indique que l'opposition doit être faite sous forme
d'affidavit.
M. Bédard: Nous avons pris en considération les
remarques qui avaient été faites par le député de
Nicolet-Yamaska sur ce sujet et nous en venons à la conclusion que la
nécessité de faire la déclaration sous serment reste
prévue par la règle générale contenue à
l'article 625 du Code de procédure civile, la mention faite du serment
dans le texte actuel est inutile, et c'est pourquoi nous ne l'avons pas
reproduite, parce que cette nécessité de faire une
déclaration sous serment, la production d'un affidavit, cela demeure la
règle prévue par la règle générale.
M. Fontaine: Vous dites à 625?
M. Bédard: La réponse est peut-être à
l'article 627, qui prévoit que cela se fait par requête et une
requête est toujours accompagnée d'un affidavit.
M. Fontaine: D'accord, cela va.
Le Président (M. Dussault): Alors, l'article 33 est
adopté?
M. Blank: J'espérais que seule la formule envoyée
avec la saisie... Normalement, les avocats connaissent... Si un débiteur
veut le faire lui-même, j'espère qu'on va donner des instructions
sur le bref, peut-être en cinq copies des articles 627 et 641 pour
savoir, comment le faire.
M. Bédard: Cela peut se régler
administrati-vement.
M. Blank: Parce que l'article 641 n'est pas fait pour les
avocats, mais pour les greffiers.
M. Bédard: Le message du député sera fait
aux greffes et aux greffiers.
M. Blank: Merci.
Le Président (M. Dussault): Alors, l'article 33 est
adopté. J'appelle l'article 34.
M. Bédard: Cet article établit une concordance qui
aurait dû être faite en 1977, lors de la modification de l'article
280 du code.
M. Lalonde: Une autre correction.
M. Bédard: Cela va?
M. Lalonde: Oui.
M. Bédard: 35, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): 34 est adopté.
J'appelle 35.
M. Bédard: A l'article 35, il y a un amendement afin de
retirer l'article 35, puisque des recherches plus poussées sur la nature
et la portée de ces articles et leur rapport avec les articles 878
à 880 nous portent à vouloir revoir la technique
utilisée.
M. Lalonde: Avant qu'il ne soit retiré, M. le
Président, à la lecture de l'amendement, je pense que les
députés, en ce qui me concerne du moins, ont été
très intéressés par la nouvelle façon de traiter
les cas de demandes qui sont fondées sur l'ivrognerie ou l'usage abusif
de narcotiques. C'est une approche plus humaine; ce n'est pas ce que le langage
de l'article 882 laisse entendre actuellement. On parle d'ordonner
l'internement actuellement, alors que dans le nouvel article on parle de cure
fermée. Est-ce que le ministre a l'intention de simplement le retirer ou
de revenir le plus tôt possible à l'Assemblée nationale
pour continuer cette démarche qui semblait une amélioration par
rapport à la situation actuelle?
M. Bédard: Notre préoccupation... la formule a
peut-être l'air plus gentille, mais on s'interroge, à
savoir si, en fin de compte, ça n'ira pas plus loin que ce qui
existe dans le code actuellement.
M. Lalonde: Oui? Alors, la cure fermée, ce n'était
pas plus gentil que l'internement.
M. Fontaine: M. le Président...
M. Lalonde: Le résultat est le même, sauf que le
langage est changé.
M. Bédard: On a des doutes sur la certitude d'atteindre
l'objectif poursuivi. Il y a également certains problèmes qui
doivent être étudiés avec les institutions, d'une part, et
avec les personnes concernées au niveau des institutions, d'autre part.
Alors, nous préférons nous donner un petit délai avant
d'apporter les amendements qui nous satisfassent quant à la conviction
d'atteindre l'objectif visé.
M. Fontaine: II y a une loi qui permet de demander la cure
fermée.
M. Bédard: C'est la Loi de protection du malade
mental.
M. Lalonde: A propos de laquelle loi la Commission des droits de
la personne a produit un rapport récemment. Est-ce qu'on peut en
profiter, même si j'enfreins un peu le règlement, parce que la
porte y est ouverte, pour demander au ministre s'il a l'intention de donner
suite à ce rapport? J'avais d'ailleurs préparé une
question à ce sujet pour l'Assemblée nationale. Mais, s'il me
donne l'occasion actuellement de voir quelle suite il va donner à ce
rapport...
M. Bédard: C'est à l'étude
présentement.
M. Lalonde: Est-ce qu'il y a un délai que le ministre peut
nous indiquer?
M. Bédard: Je n'avais pas fixé de délai pour
avoir le plaisir de répondre à la question, mais le plus
rapidement possible. D'ailleurs, notre attitude est très claire. Les
représentations faites par la Commission des droits de la personne
méritent attention et c'est la raison pour laquelle nous en faisons une
étude qui nous permettra peut-être d'arriver avec certaines
modifications le plus rapidement possible.
M. Lalonde: Est-ce qu'il peut nous le promettre au moins pour
l'automne?
M. Bédard: Je n'aime pas m'embarquer dans les promesses;
j'aime plutôt arriver...
M. Lalonde: Je le sais.
M. Bédard: ... avec quelque chose de pratique.
M. Lalonde: Mais, au moins, les promesses donnent un peu d'espoir
à tous ceux qui sont touchés par cela.
M. Bédard: Sans promesse, depuis qu'on est en place,
regardez le nombre de lois et de modifications apportées, vous allez
voir que c'est pas mal plus productif que les promesses qu'on nous faisait
auparavant auxquelles il n'y avait jamais de suite.
M. Lalonde: Le ministre ne veut pas s'engager; ça veut
dire que ça va aller plus vite que s'il faisait une promesse.
M. Bédard: Une promesse ne m'engage pas à aller
plus vite. On va faire le nécessaire pour aller le plus rapidement
possible, tenant compte des circonstances et de la délicatesse du
sujet.
M. Blank: II y a beaucoup de mots pour rien.
M. Lalonde: M. le Président, on n'est pas plus
avancé.
M. Bédard: II y a beaucoup de questions pour rien, aussi,
d'une certaine façon.
M. Blank: C'est très important, les questions.
M. Bédard: La question était: Est-ce qu'on donne
une attention particulière aux remarques qui ont été
faites? La réponse, c'est oui. La meilleure preuve, c'est qu'à
l'heure actuelle on est en train d'étudier comment on pourrait y donner
suite, et cela le plus rapidement possible.
M. Lalonde: Une autre question là-dessus. Est-ce que le
ministre peut nous dire si cette étude est faite sous la gouverne du
comité interministériel présidé par le ministre
d'Etat au développement social?
M. Bédard: C'est fait au niveau du contentieux du
ministère.
M. Lalonde: Ce n'est pas que je n'ai pas confiance au
ministère, au contraire, mais c'est une préoccupation à
caractère social qui pourrait sûrement profiter des
lumières de tout ce comité.
M. Bédard: Je pense que le député de
Marguerite-Bourgeoys comprendra que, dans un premier temps, il y a un certain
travail de déblaya-ge qui se fait. Cela n'exclut en aucune façon
la possibilité que nous en discutions au niveau du comité
interministériel.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'amendement visant
à retirer l'article 35 est adopté?
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 36 qui deviendrait l'article 35.
M. Bédard: C'est cela. M. Lalonde:
Adopté.
M. Bédard: II s'agira de renuméroter en
conséquence, M. le Président. J'imagine qu'il n'est pas
nécessaire de...
Le Président (M. Dussault): On ne va pas présumer
de ce qui arrivera, je vais l'indiquer chaque fois, M. le ministre.
M. Bédard: Parfait.
Alors, l'article 36 qui devient l'article 35...
M. Lalonde: Adopté.
M. Bédard: Accordé?
M. Lalonde: C'est une concordance.
M. Bédard: Oui.
Le Président (M. Dussault): L'article 36 devenu l'article
35 est adopté. J'appelle l'article 37 qui devient l'article 36.
M. Bédard: Cet article permet la signification par
courrier en matière de convention qui modifie le régime
matrimonial. Pour ce genre d'affaires, la signification personnelle aux
créanciers du ménage et aux parties au contrat de mariage
n'apporte rien de plus que n'offrirait la signification par la poste et
entraîne donc des frais inutiles.
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 37 devenu
l'article 36 est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 38 qui devient l'article 37.
M. Bédard: Cet article a le même but que l'article
37.
M. Lalonde: Concordance. Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 38 devenu l'article
37 est adopté. J'appelle l'article 39 qui devient l'article 38.
M. Bédard: C'est là qu'il y avait une... M. le
Président?
M. Lalonde: Oui, à l'article 38, il y a un changement.
M. Bédard: A l'article 38 renuméroté 37,
nous aurions un amendement afin que dans la première ligne de l'article
1266a soient supprimés les mots "ou le greffier".
M. Lalonde: Pourquoi?
M. Bédard: C'est parce qu'il n'y a pas de greffier qui
agisse en ces matières. Seul le proto- notaire de la Cour
supérieure a compétence. La référence est donc
inutile.
M. Lalonde: D'accord. Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Cet amendement consiste
à enlever les mots "ou le greffier" à la première ligne de
l'article 1266a. Cet amendement est-il adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. L'article tel
qu'amendé est adopté.
M. Fontaine: Dans l'ancien article du Code de procédure
civile, on parlait du greffier du tribunal. C'était une autre
erreur.
M. Bédard: L'article 39 devenu l'article 38, M. le
Président? Est-ce que vous posiez une question, M. le
député de Nicolet-Yamaska?
M. Fontaine: Non, c'est d'accord.
M. Bédard: On me dit que c'était une erreur de
l'Union Nationale, à l'époque.
M. Lalonde: Ce n'est pas la moindre.
M. Bédard: On n'arrête pas de corriger les erreurs
du Parti libéral et de l'Union Nationale.
M. Fontaine: Si on se met à faire le calcul des erreurs du
Parti libéral... Il y en a au moins une...
M. Lalonde: Mathématiquement, c'est inévitable, on
a été au pouvoir tellement plus longtemps que vous.
M. Fontaine: II y en a au moins une qui a coûté $700
000 dernièrement.
Le Président (M. Dussault): S'il vous plaît,
messieurs, j'appelle l'article 39 qui devient l'article 38.
M. Lalonde: Ce n'est peut-être pas une erreur. M.
Fontaine: Non, c'était bien calculé.
M. Bédard: Cet article augmente de cinq le nombre des
juges de la Cour provinciale pour tenir compte de l'augmentation de juridiction
engendrée par l'article 8.
M. Blank: Est-ce que vous avez les noms de ces cinq personnes?
(22 heures)
M. Bédard: Est-ce que je dois prendre cela comme une offre
de services du député de Marguerite-Bourgeoys et du
député de Saint-Louis? Non, pas tout de suite?
M. Lalonde: Non, pas du tout, mais il n'y a pas de ministre
actuel qui serait candidat? A part de rire, est-ce que le ministre peut nous
dire si...
M. Bédard: Je n'ai aucune information en ce sens.
M. Lalonde: Non? Il n'y a pas de demande formelle de la part de
ministres actuels pour devenir membres...
M. Bédard: Comme vous le savez, il y a un
mécanisme, depuis le 15 novembre 1976, qui est prévu et c'est le
même pour tout le monde.
M. Lalonde: Même pour un ministre...
M. Fontaine: Mais c'est toujours le ministre qui choisit.
M. Bédard: Pour tout le monde.
M. Fontaine: C'est toujours le ministre qui choisit sur la
liste.
M. Bédard: J'ai dit qu'il y a un mécanisme qui
était prévu, contrairement à ce qui existait
auparavant.
M. Blank: Cela ne change pas grand-chose.
M. Bédard: Cela change pas mal de choses. Vous aurez
simplement à lire les remarques faites par le juge en chef de la Cour
supérieure, le juge Deschênes.
M. Blank: Mais j'ai lu les remarques du Barreau dans cette
affaire. Ils sont plus impliqués.
M. Bédard: Oui, qui sont plus impliqués, dans tous
les sens du mot, d'accord.
M. Blank: Le juge Deschênes n'a pas grand-chose à
dire dans la Cour provinciale.
M. Lalonde: Qu'est-ce que vous avez contre le Barreau? Je pensais
que vous étiez encore membre?
M. Bédard: Je n'ai rien contre le Barreau, au contraire. A
la suite de la nouvelle réglementation, il y a eu beaucoup de
consultations, comme vous le savez, avec le Barreau, parce qu'il y avait
certains points qui faisaient l'objet de discussions. Alors, à la suite
de ces consultations, ces discussions avec le Barreau, une nouvelle
réglementation est entrée en vigueur au moment où on se
parle.
M. Lalonde: Les représentants du Barreau, c'est
réellement les représentants du Barreau maintenant.
M. Bédard: Oui, selon le sens que le Barreau demandait,
oui.
M. Lalonde: Le sens commun.
M. Bédard: Que demandait le bâtonnier dans une
lettre qu'il m'adressait.
M. Lalonde: Dans le sens commun. Je n'ai pas à insister
là-dessus, mais ce n'était pas la conséquence la plus
grande de la part du ministre. Est-ce que le ministre peut nous dire, dans le
cas des cinq juges additionnels...
M. Bédard: Je peux vous dire bien des choses.
M. Lalonde:... dans quels districts ils seraient
affectés?
M. Bédard: Disons que l'augmentation va surtout avoir lieu
à Montréal, à Québec et on verra s'il y a lieu
aussi...
M. Lalonde: Les régions.
M. Bédard: Non, j'ai dit surtout à Montréal,
Québec. Il me semble que c'est clair.
M. Fontaine: Dans quel délai est-ce que le ministre entend
nommer ces juges-là?
M. Bédard: Selon les besoins pour lesquels ils ont
été demandés.
M. Fontaine: C'est assez précis.
M. Bédard: Je ne peux pas vous donner d'autre
réponse que cela au moment où vous me posez la question.
M. Fontaine: Est-ce que cela va être pendant
l'intersession?
M. Lalonde: Voulez-vous intercéder?
M. Bédard: Vous n'avez rien contre ce temps-là,
j'imagine? Non?
M. Lalonde: Vous pouvez faire de l'intercession.
M. Bédard: Vous pouvez faire votre demande d'emploi durant
ce temps-là.
M. Fontaine: Non, je ne peux pas faire cela. Je n'ai pas dix ans
de pratique.
M. Bédard: Je pensais que vous aviez plus d'années
de pratique que le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M.le Président, cela fait huit ans que
je suis en politique.
M. Fontaine: A 31 ans, M. le Président, on ne peut pas
avoir bien des années de pratique.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 39 qui
deviendrait 38 est adopté?
M. Bédard: II faut dire que la politique et la pratique ce
n'est pas la même chose.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 39 devenu 38 est
adopté. J'appelle l'article 40 qui deviendrait 39.
M. Bédard: Cet article simplifie la rédaction de
l'article 232 de la Loi des tribunaux judiciaires. Il permet aussi
d'établir un tarif sur la prise ou la transcription de l'enregistrement
mécanique des dispositions. Le Code de procédure permet
déjà l'enregistrement mécanique, et comme il existe
déjà des tarifs de sténographie, ceci n'est en fait qu'un
ajustement.
M. Blank: Est-ce qu'on peut me dire ce qu'est une
insinuation?
M. Lalonde: Qu'est-ce que cela veut dire une insinuation.
M. Bédard: Des recherches terminologiques sont en
cours.
M. Lalonde: En Cour provinciale ou...
M. Blank: J'ai même demandé l'opinion d'un juge de
la Cour d'appel avec qui j'ai déjeuné l'autre jour. J'ai dit:
Qu'est-ce que c'est une insinuation? Il m'a dit: Je n'ai jamais entendu ce
mot-là.
M. Bédard: Une insinuation c'est quand même une
inscription dans certains registres. On a analysé la pertinence des
procédures qui étaient prévues par l'article 232 en regard
des règles générales. Le problème c'est qu'à
partir de ce qu'on a pu trouver comme définition d'insinuation, on n'est
pas encore en mesure de déterminer que cet énoncé est
inutile. Alors, plutôt que de le supprimer, on l'a laissé
là, pour le moment, sous réserve de vérifier.
M. Lalonde: C'est bon, un peu de questions, un peu de vague
à l'âme dans la terminologie juridique qui est si sèche
d'habitude.
M. Bédard: Le député de Marguerite-Bourgeoys
aime ce mot-là.
M. Lalonde: Cela me fait penser à... M. Bédard:
Insinuation...
M. Lalonde: Si cela demeure un terme accepté, on s'en
servira.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 40 qui
devient 39 est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 41 qui devient 40.
M. Bédard: Cet article porte de 8 à 30 jours le
délai d'appel des décisions de la Cour municipale,
réconciliant ainsi cette loi avec les dispositions équivalentes
du Code de procédure.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 41 devenu 40 est
adopté. J'appelle l'article 42 qui devient 41.
M. Bédard: Cet article établit une concordance
nécessitée par l'article 2.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 42 qui devient 41
est adopté. J'appelle l'article 43 qui devient 42.
M. Bédard: Cet article établit une concordance
nécessitée par l'article 4 que nous avons déjà
étudié. C'est l'abrogation de la règle qu'on rapatrie
à l'article 20a concernant les conflits postaux.
M. Lalonde: Ah bon! M. Bédard: Cela va? M.
Lalonde: Cela va.
Le Président (M. Dussault): L'article 43 devenu 42 est
adopté. J'appelle l'article 44 qui devient 43.
M. Bédard: Cet article réduit de deux à un
le nombre des juges de la Cour d'appel qui doivent siéger lorsqu'une
décision n'a pas à être rendue par le tribunal, mais par
deux juges de la cour. Cette disposition qui vise, avant tout, des cas de
permission d'appeler et d'application de clauses privatives permettra de
réduire le fardeau de la cour sans affecter la qualité de la
justice.
M. Lalonde: M. le Président, le libellé de
l'article est quand même général. On dit: Dans les lois,
les mots "un juge de la Cour d'appel" remplacent les mots "deux juges de la
Cour d'appel", c'est assez évident. Mais, est-ce qu'on a une idée
de toutes ces lois, est-ce qu'on en a fait l'inventaire?
M. Bédard: L'inventaire a été fait à
partir des listes mécanographiées des lois du Québec.
M. Lalonde: Combien de lois, d'un seul geste, vient-on de
modifier?
M. Bédard: Je dirais à peu près une
quarantaine. La concordance sera assurée par la Corn-
mission de réforme des lois dont l'existence nous permet de
procéder de cette façon.
M. Lalonde: En effet, il y a beaucoup de lois qui
prévoient que deux juges de la Cour d'appel peuvent annuler un bref de
prérogative. Cela va.
M. Blank: ...
M. Lalonde: ... c'est à peu près...
M. Fontaine: C'est la loi 126.
M. Bédard: Toutes les clauses ont été
examinées une à une avant de faite cet amendement.
M. Lalonde: Cela va. Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 44 devenu 43 est
adopté.
M. Fontaine: M.le Président, je vous dirai que
dans une autre commission étudiant le projet de loi 126, on a suspendu
un article parce qu'on avait indiqué deux juges de la Cour d'appel.
M. Lalonde: Ils veulent en mettre trois.
M. Blank: Est-ce que cela va s'appliquer à des lois qui
seraient adoptées après celle-ci?
M. Bédard: Non.
M. Blank: Si on pense, dans l'autre commission étudiant le
projet de loi 126, deux juges...
M. Bédard: II y aura des raisons tout à fait
spéciales, mais la loi ne s'applique pas pour les lois
ultérieures. Il s'agira d'user de la loi corrective, s'il y a lieu.
M. Lalonde: Un autre projet de loi omnibus.
M. Fontaine: C'est un manque de concordance de la part des
ministres.
Le Président (M. Dussault): L'article 45 devenu 44 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté. M. Fontaine: Non, 44...
Le Président (M. Dussault): L'article 45 qui devient
44.
M. Bédard: Cet article prévoit les modalités
de transition nécessitées par la hausse du seuil des appels de
plein droit à la Cour d'appel.
M. Blank: Cela veut dire que ces gens qui ont un droit d'appel
jusqu'au 1er décembre garderaient leur droit d'appel.
M. Bédard: C'est exact.
Le Président (M. Dussault): L'article 45 qui devient 44
est adopté. J'appelle l'article 46 qui devient 45.
M. Bédard: L'article 46 renuméroté 45,
à la première ligne, nous aurions un amendement à l'effet
d'ajouter un "e" à "commencé".
Le Président (M. Dussault): Nous allons tenir pour acquis
que c'est une correction qui est faite.
M. Bédard: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 46 devenu
45 est adopté?
M. Lalonde: Oui.
M. Bédard: Cela prévoit les modalités de
transition nécessitées par la hausse du plafond de
compétences pécuniaires de la Cour provinciale.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 47 qui deviendrait 46.
M. Lalonde: Adopté.
M. Bédard: Nous n'avons aucun commentaire.
Le Président (M. Dussault): Alors, l'article est
adopté. Est-ce que le projet de loi no 10, Loi modifiant le Code de
procédure civile et d'autres dispositions législatives est
adopté tel qu'amendé?
M. Lalonde: Adopté. M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce que je pourrais
demander une suspension de cinq minutes?
M. Fontaine: Avant qu'il ne se produise un sinistre.
M. Lalonde: Ne serait-ce que pour se dégourdir un peu.
M. Bédard: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Après consentement, il
y a une suspension de cinq minutes.
Suspension de la séance à 22 h 11
Reprise de la séance à 22 h 27
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît. Nous reprenons les travaux de la commission.
Projet de loi no 28
Nous devons maintenant aborder le projet de loi no 28, Loi sur la
protection des personnes et des biens en cas de sinistre. J'appelle l'article
1. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: A moins que le ministre n'ait des remarques
préliminaires à faire.
M. Bédard: M. le Président, je pense que
conformément à l'avis de la Chambre, on va commencer par
l'article 1.
Remarques préliminaires
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: M. le Président, conformément à
l'usage, j'aurais des remarques préliminaires à faire concernant
le projet de loi no 28. Vous savez que ce projet de loi répète
dans une large mesure le projet de loi no 94, je crois, qui avait
été déposé en première lecture et dont la
deuxième lecture avait été entamée à la
session précédente, au mois de décembre, l'an dernier.
Cette loi avait subi l'opposition la plus vigoureuse possible de la part des
députés de l'Opposition et aussi avait provoqué, soit de
la part de journalistes ou d'autres personnes intéressées, des
remarques tout à fait défavorables. Le gouvernement avait cru
bon, à ce moment-là, de mettre fin au débat et ne l'avait
pas rappelé jusqu'à la fin de la session, donc le projet de loi
94 est mort au feuilleton. Le ministre a déposé un nouveau projet
de loi, celui qui est ici actuellement devant nous pour étude article
par article, le projet de loi no 28, dont la deuxième lecture s'est
faite il y a quelques jours à l'Assemblée nationale. Lorsque j'ai
eu l'occasion de faire une intervention au nom de l'Opposition officielle, il y
a quelques jours, à l'Assemblée nationale, j'avais posé
deux questions. Est-ce que le ministre va nous démontrer,
premièrement, que cette loi est nécessaire, et
deuxièmement, qu'elle ne va pas trop loin? On doit dire tout de suite
qu'une des principales raisons de l'objection provoquée par le projet de
loi 94, c'était la définition de sinistre qui est
extrêmement large.
On doit dire immédiatement que cette défectuosité
fondamentale a été en grande partie corrigée par la
définition de sinistre que l'on retrouve au projet de loi no 28. Mais il
reste qu'au niveau des pouvoirs qui sont accordés par la loi, les
défectuosités que l'on retrouvait au projet de loi no 94 ont
été répétées en grande partie dans le projet
de loi no 28. Le ministre a cru bon ne pas profiter de sa réplique lors
de l'étude article par article pour faire la démonstration du
bien-fondé de sa loi et pour répondre aux interrogations que
j'avais exprimées lors de mon intervention. C'est la raison pour
laquelle nous avons voté contre en deuxième lecture.
Nous avons donc l'intention, au nom de l'Opposition officielle,
d'examiner le projet de loi article par article, tout en respectant,
naturellement, le principe qui a été adopté par
l'Assemblée nationale, à savoir créer un Bureau de
protection civile et donner des pouvoirs à ce bureau. Nous avons
l'intention d'en faire l'étude dans le but de réduire les
pouvoirs au niveau de ce qui est nécessaire pour l'application de la
loi, pour l'exercice d'une protection civile en cas de sinistre pour la
protection des gens et de leurs biens. Nous avons donc l'intention de proposer
des amendements dans ce sens et dans le sens d'un contrôle judiciaire de
l'exercice des pouvoirs qui sont dévolus par cette loi, non seulement au
gouvernement, mais également à des centaines et des centaines de
municipalités du Québec.
Nous avons l'intention de ramener, au niveau du raisonnable, les
pouvoirs qui sont prévus par le projet de loi. Nous avons l'intention
également de réintroduire dans la loi des mesures
d'indemnité, de réparation envers ceux qui pourraient être
victimes de l'exercice de ces pouvoirs. Je fais appel au ministre et aux
députés ministériels pour accepter et accueillir avec
ouverture d'esprit les amendements que nous allons proposer.
Les amendements que nous voulons proposer sont dans le sens de donner
à la population du Québec, par le biais du gouvernement et des
municipalités, un instrument d'action qui permettra de réduire
les dommages qui pourraient être causés dans les cas de sinistre,
mais de le faire à l'intérieur de ce qui est raisonnable, de le
faire en protégeant, dans la mesure du possible, les droits et
libertés fondamentales.
Nous ne sommes pas les seuls, M. le Président, à voir dans
ce projet de loi les exagérations qui sont réintroduites,
malgré les avertissements que nous avions donnés l'an dernier. Si
je peux faire référence seulement à un article qui
paraissait samedi le 9 juin sous la signature de Gilles Lesage, journaliste du
Soleil. Il disait ceci, et je lis: "Une autre illustration de ce danger"
il parlait du danger pour les droits et libertés des individus
"est fourni par l'étude aussi en cours à l'Assemblée
nationale du projet de loi 28 sur la protection des personnes et des biens en
cas de sinistre". Je poursuis la citation: "C'est une version modifiée
du projet de loi 94 que le ministre de la Justice avait laissé mourir au
feuilleton en décembre dernier, à la suite des objections de
l'Opposition. Le nouveau projet précise et limite ce qu'est un
sinistre".
Je poursuis toujours la citation: "En décembre dernier,
c'était "un événement grave, réel ou
appréhendé". "C'est devenu un événement grave,
réel ou attendu causé par un incendie, un accident, une
explosion, un phénomène naturel ou une défaillance
technique découlant d'une intervention humaine ou non, et le journaliste
poursuit: "Le sinistre est bien cerné cette fois. Voilà, à
mon sens" dit-il, "une bonne définition qui prouve que
l'Opposition avait raison d'inviter ces messieurs de la Justice à
remettre leur ouvrage sur le métier. Le mot attendu n'est
peut-être pas le meilleur, mais appréhendé n'y est plus.
Mais il subsiste un gros problème", poursuit le journaliste. "Dans le
but louable de protéger la vie et les biens de la population, le
gouvernement s'arroge les pouvoirs d'urgence qu'il accorde même aux
municipalités, à certaines conditions. On peut mobiliser des gens
en cas d'urgence. Par exemple: autoriser une personne à
pénétrer en tout lieu pour assurer la sécurité d'un
sinistré ou protéger les biens qui s'y trouvent".
C'est toujours M. Gilles Lesage qui parle, et il poursuit: "Le ministre
n'a pas encore réussi à démontrer que la loi est
nécessaire, si ce n'est pour créer un Bureau de la protection
civile du Québec qui existe déjà, de toute façon,
et son projet va trop loin. Il se donne des pouvoirs énormes,
exorbitants même, sans mesure de contrôle efficace."
Dans le même article de M. Gilles Lesage, sous le titre "Mesures
de guerre?", on dit ceci: "Le contrôle, après l'effet prévu
pour l'Assemblée nationale, est tout à fait illusoire, ainsi que
l'a souligné un député. Un autre député
il parlait du député de Nicolet-Yamaska estime,
pour sa part, que les mesures d'urgence prévues équivalent
presque à une confiscation des droits et libertés de la personne,
à une espèce de répétition en plus petit de la Loi
des mesures de guerre".
Le journaliste poursuit toujours, il parle du ministre. "M.
Bédard a beau protester de sa bonne foi et de sa prudence, il n'en reste
pas moins qu'ici encore il faut prendre garde à la moindre entorse aux
fragiles droits et libertés de la personne. Bravo pour la
définition plus serrée de sinistre, mais pour le reste, il faudra
repasser. Un peu comme pour le registre des électeurs, on veut mettre en
oeuvre des moyens qui dépassent largement l'objectif visé."
M. Gilles Lesage continue toujours: "Ainsi que le notaient en
décembre des professeurs au département des sciences juridiques
de l'UQUAM, non seulement les pouvoirs conférés par l'état
d'urgence sont exorbitants, mais il n'existe aucune mesure de contrôle
judiciaire de l'exercice des mesures d'urgence. Il n'existe aucun recours pour
les personnes qui seraient lésées par les mesures d'urgence. Il
n'y a aucune garantie quant au maintien des libertés
démocratiques, individuelles et collectives."
Voilà, M. le Président, que sont partagées nos
inquiétudes par des observateurs indépendants. Non seulement ce
journaliste avait déjà écrit à propos du projet de
loi no 94, mais aussi ces professeurs au département des sciences
juridiques de l'UQUAM écrivaient le 13 décembre 1978, sous le
titre "Une loi des mesures de guerre", à propos toujours du projet de
loi no 94, des propos très pertinents en ce qui concerne les pouvoirs.
Ces gens sont tout à fait objectifs, je pense, en ce qui concerne la
partisanerie politique; ce ne sont pas des représentants de partis
politiques, que je sache. Ils se posent des questions et concluent de la
façon suivante, et je cite: "Ce projet de loi est inacceptable et
antidémocratique, parce que, premièrement, la définition
de sinistre est beaucoup trop vaste et trop subjective". Il faut
reconnaître que cela a été corrigé par la loi no 28.
Ils poursuivent: "Les pouvoirs conférés par l'état
d'urgence sont exorbitants."
Le projet de loi no 28, M. le Président, n'a pas corrigé
en grande partie cet aspect du projet de loi no 94 et les auteurs continuent en
disant, et je cite: "II n'existe aucune mesure de contrôle judiciaire de
l'exercice d'un tel pouvoir. Il n'existe aucun recours pour les personnes qui
auraient été lésées par l'application de
l'état d'urgence. Il n'y a aucune garantie quant au maintien des
libertés démocratiques, individuelles et collectives."
Ils poursuivaient de la façon suivante, en conclusion de
l'article: "Nous invitons en conséquence tous les démocrates et
tous les organismes préoccupés du maintien des libertés
civiles à s'opposer à ce dangereux projet de loi et nous
aimerions signaler à ceux qui seraient portés à faire
confiance au présent gouvernement que celui-ci n'est pas éternel
et qu'il sera un jour remplacé par un autre."
M. Bédard: C'est vrai.
M. Lalonde: Or, le blanc-seing qui est aujourd'hui
sollicité par le gouvernement sera aussi donné à ceux qui
lui succéderont."
M. le Président, je pense que ce dernier propos mérite
d'être souligné. Lorsqu'on s'oppose à des dispositions d'un
projet de loi présenté par le gouvernement, il ne faudrait pas
que le gouvernement prenne cela comme une attaque personnelle ou partisane.
C'est vrai que les gouvernements passent, mais la loi reste. C'est dans cette
perspective que nous allons proposer des amendements de fond qui ne changent
pas le principe qui a déjà été adopté par
l'Assemblée nationale, mais qui vont s'adresser à
l'étendue des pouvoirs, au contrôle de ces pouvoirs et aussi
à la façon d'indemniser les victimes de l'application de la loi;
trois catégories de critiques, trois secteurs de cette loi qui, à
mon sens, pèchent beaucoup par le caractère exorbitant des
mesures proposées.
C'est dans ce sens que nous abordons l'étude de ce projet de loi,
M. le Président. Encore une fois, je pense que les propos du ministre,
en deuxième lecture, en ce qui concerne l'étude article par
article, nous laissent l'espoir qu'il aura une oreille attentive aux demandes
de l'Opposition, qui seront faites simplement dans le but d'améliorer la
loi et de faire qu'elle ressemblera aux besoins qui pourront avoir
été identifiés. On pourra évoquer qu'il y a
d'autres lois, en d'autres lieux, qui ont été adoptées
dans ce sens. Mais il ne faut quand même pas penser qu'on peut importer
en vrac tout ce qui se fait ailleurs; il faut reconnaître que le
processus de législation se fait chaque fois dans un contexte
donné.
Ici vous permettez, M. le Président, que l'Opposition
exprime un certain nombre de motivations il se fait dans un contexte
où, à
plusieurs reprises, depuis quelques années, le gouvernement a
proposé des lois qui allaient à l'encontre des principes
fondamentaux reconnus, non seulement reconnus, mais dont on fait la promotion
dans la Charte des droits et libertés de la personne. A plusieurs
reprises, le gouvernement a été rappelé à l'ordre
par la commission. C'est un des devoirs de la commission. On ne doit pas
reprocher au gouvernement de se faire rappeler à l'ordre une fois ou
deux fois, mais on doit prendre les leçons du passé. On doit, je
pense, nous de l'Opposition, prendre ces appels à l'ordre par la
commission comme une inspiration de faire notre devoir de façon plus
vigilante encore à l'égard du gouvernement.
Ce projet de loi contient des pouvoirs on y viendra qui
sont extrêmement exceptionnels. On dira que dans les mesures d'urgence,
dans les cas de sinistre, naturellement, on ne peut pas recourir aux pouvoirs
quotidiens qu'ont, par exemple, les corps policiers de maintenir l'ordre, de
diriger la circulation, ou les pompiers d'éteindre les feux. Justement,
je pense que comme législateurs, nous devons avoir une
préoccupation particulière à l'égard de toute
situation qui pourrait donner lieu à des abus, et faire appel à
nos institution. (22 h 45)
Dans ce cas-ci, dans l'amendement que nous allons proposer, nous allons
faire appel au pouvoir judiciaire, donc à toute la kyrielle
d'institutions, à toute la structure institutionnelle pour faire en
sorte que le projet de loi soit un acquis pour la société et ne
sont pas un péril, au contraire, pour ses droits et les droits et
libertés de ses citoyens. C'est dans ce sens que nous allons aborder le
projet de loi. Nous allons y mettre toute la vigueur nécessaire, tout le
temps nécessaire et le temps sera déterminé beaucoup plus
par l'accueil que le ministre et les ministériels pourront faire
à nos amendements que par nos amendements eux-mêmes. Mais il n'y a
aucun doute que, même si au niveau de la deuxième lecture nous
n'avons fait qu'une intervention, étant donné que nous avons cru
avoir donné notre message lors de l'étude du projet de loi no 94,
il n'en reste pas moins que notre opposition aux exagérations, aux
excès que nous trouvons dans ce projet de loi est aussi complète,
aussi entière. C'est au niveau de l'étude article par article que
nous allons tenter de l'améliorer. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Serge Fontaine
M. Fontaine: M. le Président, je voudrais également
faire quelques commentaires préliminaires. Je me rappelle
également qu'en deuxième lecture, lors du discours, nous avions
posé plusieurs questions au ministre quant à l'opportunité
d'aller plus avant dans l'adoption de ce projet de loi. J'aimerais, pour ma
part, que le ministre réponde à ces questions le plus rapidement
pos- sible. La Commission des droits de la personne, à mon avis, s'est
vu demander à plusieurs reprises, depuis 1976, depuis que le
gouvernement du Parti québécois est au pouvoir, des opinions
quant à l'opportunité de l'adoption de certains articles de
projets de loi. Je pense que la Commission des droits de la personne n'a jamais
eu autant de travail à faire pour donner des opinions à un
gouvernement que depuis 1976.
M. Bédard: C'est assez normal.
M. Fontaine: C'est arrivé à plusieurs reprises
qu'elle a dû, en quelque sorte, faire des remontrances...
M. Bédard: Les premiers à tester...
M. Lalonde: II faut dire en toute honnêteté qu'elle
n'était pas là avant.
M. Bédard: S'il avait fallu que la Commission des droits
de la personne se prononce sur le projet de loi 41 présenté avant
les dernières élections par le député de
Marguerite-Bourgeoys, qui préconisait des mesures extraordinaires, non
pas dans des situations extraordinaires, la Commission des droits de la
personne en aurait eu long à dire.
M. Lalonde: Elle était en vigueur à ce moment. Elle
était là.
M. Bédard: Oui, mais vous ne lui avez pas demandé
d'avis, par exemple.
M. Fontaine: On a actuellement à juger des opinions
qu'elle a sur les projets de loi du gouvernement actuel.
M. Bédard: On appliquait ces pouvoirs extraordinaires
à la CECO, alors...
M. Lalonde: C'est drôle, vous avez gardé ces
pouvoirs pour la CECO. C'est drôle, vous les avez gardés.
M. Clair: M.le Président, sur tous les projets de
lois de l'année 1969...
M. Bédard: Attendez, vous allez voir.
M. Lalonde: Cela fait deux ans et demi que vous gardez cette
loi.
M. Bédard: La prochaine loi que nous allons
présenter va être bien différente de ce que vous
présentiez, vous, le respectueux des droits et libertés
individuelles.
M. Fontaine: M. le Président, on a actuellement à
juger des opinions de la Commission des droits de la personne face au projet de
loi du gouvernement actuel.
M. Clair: Vous vous permettez de juger la commission!
M. Fontaine: Je pense que la Commission des droits de la personne
a eu, à plusieurs reprises, depuis 1976, à se prononcer sur les
projets de loi du gouvernement...
M. Bédard: C'est normal.
M. Fontaine: ... et, à plusieurs reprises
également, a forcé le gouvernement à réviser son
tir à différents endroits.
M. le Président, la loi qu'on nous présente, on a eu
l'occasion de le dire en deuxième lecture, représente, sous
certains aspects, des pouvoirs exorbitants, des pouvoirs extraordinaires. Les
simples remarques des professeurs de science juridique de l'Université
du Québec à Montréal qui disaient en décembre
dernier que la loi n'offrait aucune mesure de contrôle judiciaire dans
l'exercice des mesures d'urgence... Le député de
Marguerite-Bourgeoys a dit tout à l'heure qu'il voulait présenter
des amendements pour corriger cet aspect. Il n'existe également aucun
recours pour les personnes qui seraient lésées par les mesures
d'urgence. Je pense qu'il faudrait vérifier pour savoir s'il n'y aurait
pas possibilité d'adopter des amendements de ce
côté-là.
Lorsque le ministre de la Justice a fait ses commentaires en
deuxième lecture, je pense qu'il a parlé justement des recours
des personnes qui seraient lésées par les mesures d'urgence et
j'ai été fort surpris d'apprendre que le projet de loi visait
à éliminer ces recours. (22 h 30)
Actuellement, sans le projet de loi actuel, les personnes qui pourraient
subir des dommages à la suite de mesures d'urgence pouvant être
prises, par exemple, par le Bureau de la protection civile, auraient des
recours en dommages et intérêts, si elles étaient
lésées dans leurs droits. Alors, la loi qu'on nous
présente vient tout simplement annuler ces droits et il faudrait que le
ministre nous démontre la grande nécessité qu'il y voit
avant qu'on puisse donner notre accord à une telle situation.
Les professeurs nous disaient également qu'il n'y a aucune
garantie quant au maintien des libertés démocratiques
individuelles et collectives. De ce côté, également, le
ministre devra certainement nous apporter des arguments de valeur pour que nous
puissions changer d'opinion quant aux principes de ce projet de loi, parce que
si je ne me trompe pas, les deux partis de l'Opposition ont voté contre
le principe de ce projet de loi en deuxième lecture.
M. Marc-André Bédard
M. Bédard: M. le Président, vous me permettrez
sûrement, étant donné que les membres de l'Opposition y
sont allés de quelques commentaires, d'en faire quelques-uns
également.
Tout d'abord, les membres de l'Opposition me demandent de faire preuve
d'ouverture d'esprit dans l'étude de ce projet de loi article par
article. J'ai déjà dit en deuxième lecture que c'est avec
beaucoup d'ouverture d'esprit et de prudence que nous présentions le
projet de loi et que nous avions l'intention de l'étudier article par
article. Je demanderais la même ouverture d'esprit de la part des membres
de l'Opposition dont les remarques ont trait à des articles je
pense, entre autres, aux professeurs d'université qui ont
été écrits à partir d'une première version
de la loi où il y avait une définition du sinistre que nous avons
corrigée dans le présent projet de loi qui est pour étude
devant les membres de la commission parlementaire.
Je ne pense pas qu'on puisse avancer beaucoup dans cette étude et
c'est dans ce sens que je demande aux membres de l'Opposition de faire preuve
d'ouverture d'esprit, en revenant sur un projet qui est mort au feuilleton. Il
faut plutôt orienter notre bonne foi et nos énergies en fonction
de ce projet de loi qui est devant nous présentement.
Je suis parfaitement d'accord que nous devons aborder l'étude de
ce projet de loi en adoptant un critère de raisonnabilité par
rapport aux mesures qui sont prévues, en ayant toujours à
l'esprit le respect des droits et libertés individuels; de la même
manière, nous devons aborder l'étude de ce projet de loi avec
également suffisamment de maturité pour, au départ,
accepter la réalité qui fait que, lorsqu'il y a des situations
exceptionnelles, il est évident que nous devons, en termes de
responsabilité et de maturité, prévoir des mesures
exceptionnelles pour contrer ces situations qui ne sont pas
désirées par personne.
On a parlé également de la nécessité de ce
projet de loi. Je voudrais tout d'abord dire que le Québec n'innove pas
pour l'essentiel avec cette loi, c'est-à-dire que cette loi que nous
avons étudiée article par article, pour l'essentiel, rejoint le
contenu de lois semblables qui ont été adoptées, il n'y a
pas si longtemps par le Nouveau-Brunswick, l'Alberta. Toutes les provinces du
Canada ont des lois prévoyant certaines mesures exceptionnelles qui
doivent être prises lorsqu'il y a des situations d'urgence. Dans ce sens,
je ne pense pas que les autres provinces aient moins que nous sur certains
rapports c'est-à-dire la précaution ou le souci du respect du
critère de raisonnabilité et du respect des droits et
libertés individuels.
C'est dans ce sens que je dis que, s'il faut l'aborder sous le
critère de la raisonnabilité je suis d'accord, c'est dans
ce sens que j'aborde l'étude de ce projet de loi et
également ayant toujours à l'esprit le respect des droits et
libertés individuelles. Mais il faut aussi avoir la maturité
politique; je pense bien que ce n'est pas le sujet à essayer d'exploiter
politiquement, pour toutes sortes de raisons. C'est plutôt un effort de
maturité que nous allons essayer de faire ensemble en fonction de
prévoir qu'il peut arriver des situations
exceptionnelles, des sinistres, entre autres, qui font que le
législateur, dans son devoir de prévenir certaines situations,
doit également prévoir certaines mesures d'urgence, lorsque ces
situations se présentent.
Quant à la nécessité de ce projet de loi, en
premier lieu, il importe de préciser que, contrairement à ce qui
a été dit en Chambre et à ce qui a été
écrit dans certains articles, il n'existe pas, actuellement, un
organisme de protection civile. En effet, le chapitre 53 des lois de 1964 ne
traite que de la nomination d'un coordonnateur de la protection civile. Ce
chapitre ne comporte que sept articles. Le projet de loi donne donc, en termes
de nécessité, une existence juridique au Bureau de la protection
civile.
Le projet de loi vise également à accorder des pouvoirs
d'urgence aux municipalités, sous réserve de certains
contrôles. Je pense qu'il est important de prévoir cette
nécessité. Le projet de loi vise aussi à obliger certains
organismes à identifier les risques de sinistre, d'où la
nécessité d'un tel projet de loi, chose qui est actuellement
facultative. Le projet introduit également la notion d'état
d'urgence et vise ainsi à restreindre l'utilisation de ce concept
à des situations d'urgence critique et d'urgence rare nécessitant
un encadrement législatif, d'où l'importance et la
nécessité d'un tel projet de loi.
On peut penser que certaines municipalités, par exemple, ne
décréteront plus, dorénavant, l'état d'urgence
à l'annonce d'une tempête de neige, comme cela se fait et s'est
déjà fait. Le projet de loi vise également à
éliminer une certaine période et cela, c'est très
important lorsque nous sommes face à un sinistre ou à un
état d'urgence d'indécision, d'incertitude, de recherche
d'un leadership lors de la survenance d'un sinistre, parce que cette perte de
temps est la perte du temps le plus précieux. Souvent il peut y avoir
des vies humaines qui sont concernées selon la
célérité avec laquelle on procède lorsque la
situation se présente, et cette célérité est
souvent grandement conditionnée par le leadership dont on fait preuve.
Le projet de loi vise à éliminer, comme je le disais tout
à l'heure, cette période d'incertitude qui existe à
l'heure actuelle, cette période d'indécision lorsqu'il y a un
sinistre. Il va falloir très précisément et je
pense que c'est important, parce que cela peut concerner la protection de vies
humaines, en fonction du futur qu'on ait une loi qui précise
très bien qui va assumer le leadership lorsque de telles situations se
présenteront. (23 heures)
Le projet de loi vise également l'instauration de mesures
palliatives et compensatoires, prévoit l'éventuelle instauration
d'un mécanisme d'aide financière et crée un fonds de
secours. Enfin, il a pour but d'éviter l'adoption de lois
particulières pour des sinistres particuliers, tel que le gouvernement a
dû le faire dans le cas de Saint-Eustache. On a eu peut-être
pas le cas de plusieurs à vivre la réalité de
sinistres importants. Je pense, entre autres, à Saint-Jean-Vianney dans
la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, et je suis convaincu que d'autres
députés ont d'autres exemples à l'esprit;
Saint-Bonaventure, me fait remarquer le député de
Nicolet-Yamaska, Cabano, et on pourrait en ajouter bien d'autres. Il est donc
important d'avoir une loi, comme je l'ai dit tout à l'heure, qui fixe
bien les règles du jeu et qui, essentiellement, vise à
éliminer l'incertitude et l'indécision qui existent,
jusqu'à maintenant, lorsque de telles situations se
présentent.
Tout en ayant une ouverture d'esprit et cela, je suis prêt
à en faire preuve de la même façon que je demande la
contrepartie aux membres de l'Opposition il faut, en même temps,
faire preuve d'une certaine maturité qui le passé en est
la preuve nous indique que des situations d'urgence, cela peut arriver,
des vies peuvent être en danger. Il est important d'avoir un cadre
législatif qui nous permette d'agir le plus efficacement possible quand
de telles situations se présentent.
Pour ce qui est des pouvoirs extraordinaires et le fait de savoir si ces
pouvoirs dépassent les bornes, je l'ai dit tout à l'heure, le
principe qui a présidé à la présentation de ce
projet de loi, c'est qu'il existe des situations extraordinaires, des
situations exceptionnelles. La maturité nous fait concevoir, en termes
de prévoyance que le législateur doit avoir, qu'il nous faut
prévoir des moyens exceptionnels et des moyens qui peuvent
paraître exorbitants, pris en eux-mêmes, mais il ne faut pas
oublier qu'ils ne s'appliquent que lorsqu'il y a des situations d'urgence et
des situations exceptionnelles.
Concernant ces pouvoirs, comme je l'ai souligné devant
l'Assemblée, le gouvernement est conscient, et ce de la même
manière que les membres de l'Opposition, que le projet contient des
mesures extraordinaires, et je suis très disposé à
étudier le plus attentivement possible chacun de ces pouvoirs et
à évaluer ensemble jusqu'à quel point ils sont
nécessaires. Peut-être que la discussion nous fera nous rendre
compte jusqu'à quel point c'est peut-être facile de faire de la
politique, c'est peut-être facile de faire des exagérations sur
l'interprétation d'un projet de loi ou de pouvoirs, mais, lorsqu'on
place le tout dans un contexte bien particulier, je pense que la
maturité nous oblige à ne pas exagérer dans les
commentaires et à ne pas tomber dans la démagogie pure et
simple.
Tous ces pouvoirs, nous allons les étudier et nous verrons
jusqu'à quel point ils peuvent être justifiés à la
lumière de certains exemples que nous pourrions soumettre à
l'attention des membres de la commission.
Tel qu'on me l'a demandé je l'avais d'ailleurs
déjà dit en deuxième lecture c'est avec beaucoup
d'ouverture d'esprit, de responsabilité et d'esprit de collaboration que
je veux entreprendre l'étude de ce projet de loi article par
article.
Interprétation et application
Le Président (M. Dussault): L'article 1 a
été appelé.
M. Lalonde: M. le Président, à l'article 1...
M. Bédard: Pour ce qui est de l'article 1, cette
disposition a pour objet de définir les mots "directeur, ministre et
sinistre", de même que l'expression "mesures d'urgence".
M. Lalonde: Ce n'est pas la même chose, le ministre,
etc.?
M. Bédard: Comment... si vous voulez commencer comme
ça l'étude du projet de loi, vous qui demandez l'ouverture
d'esprit...
M. Lalonde: Vous nous promettez l'ouverture d'esprit tout en nous
accusant de faire de la démagogie et d'être
exagéré...
M. Bédard: Non, je ne vous ai pas dit que vous faisiez...
pardon, M. le Président.
M. Lalonde: ... alors que votre projet de loi l'est. Vous vous
préparez à un petit débat pas facile.
M. Bédard: Je n'ai en aucune façon mentionné
l'Opposition officielle. J'ai dit que dans l'étude de ce projet de loi,
il est facile de faire de la démagogie. Je ne vous accuse pas d'en
faire, mais je pense que vous êtes aussi conscient que moi qu'il est
facile d'en faire et qu'en fait ce qu'on doit avoir à l'esprit c'est,
tel que vous l'avez mentionné, le critère de
raisonnabilité, le critère du respect des droits et
libertés individuels et, également, le critère de la
maturité politique pour voir jusqu'à quel point se situe le
bien-fondé du projet de loi en question.
Alors, l'expression, M. le Président, "mesures d'urgence"
recouvre l'ensemble des moyens d'intervention que le Bureau de la protection
civile peut mettre en oeuvre lorsque survient un sinistre et il recouvre
également les moyens mis en oeuvre pour atténuer les effets du
sinistre. Il peut s'agir de moyens permettant l'évacuation d'une zone
sinistrée, la destruction d'un bien qui constitue un péril, la
fourniture de vivres ou d'hébergement de sinistrés, etc., la
réparation ou le nettoyage des dégâts survenus afin
d'éviter des contaminations ou des dangers ultérieurs. Il faut
souligner également que ces mesures d'urgence pourront être
établies de concert avec les autorités locales et les
intéressés puisque l'on prévoit la préparation de
plans de mesures d'urgence à l'article 12 de ce projet de loi.
Le mot "sinistre" recouvre une réalité multiple. Le seul
mot vise les cas où un événement grave survient ou est
attendu de façon imminente. La définition du sinistre veut
couvrir une réalité souvent imprévisible, tels un
incendie, une inondation, une explosion, une tornade, une tempête, une
chute d'avion, une émanation de gaz, un épandage de substances
dangereuses, etc. Selon leur ampleur, ces événements peuvent
être susceptibles de cause la mort ou de porter atteinte à la
sécurité ou à l'intégrité physique des
personnes ou de causer des dommages étendus à des biens et,
dès ce moment, une action concertée est requise pour assujettir
ces personnes ou ces biens à certaines règles en vue de les
protéger.
Il nous apparaît important que la loi prévoie une
intervention rationnelle dans ces cas, non seulement lors de la survenance du
sinistre, mais également avant, lorsque la chose sera possible. Si un
glissement de terrain est attendu, il faut pouvoir faire évacuer la zone
touchée de la même manière qu'il faut pouvoir agir
lorsqu'une fuite d'essence survient avant même une explosion.
Ce serait l'esprit des commentaires qui prévaut dans la
définition des termes contenus à l'article 1.
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, à l'article 1,
naturellement, la définition de directeur au paragraphe a) ne cause pas
de problème.
Le Président (M. Dussault): Est-ce qu'on peut adopter le
paragraphe a) tout de suite.
M. Lalonde: Vous pouvez l'adopter tout de suite si vous
voulez.
Le Président (M. Dussault): Le paragraphe a) est
adopté. Le paragraphe b).
M. Lalonde: En ce qui concerne les mesures d'urgence, j'aurais
seulement une question à poser, c'est concernant les derniers mots de la
définition: "les moyens d'intervention pour remédier à des
pertes". On sait que lorsqu'on va prendre ou faire des interventions, on prend
des mesures pour remédier aux pertes, quand il n'y a plus urgence
je ne parle pas des mesures qui seraient prises pour réparer des
situations physiques; par exemple, déblayer un lieu qui a
été sinistré, mais la responsabilité de
remédier à des pertes m'apparaît plutôt relever du
fonds de secours que du bureau. Je me demande si cela appartient
réellement à la définition de mesures d'urgence, parce que
je ne pense pas qu'on ait besoin de tous les pouvoirs d'intervention, les
pouvoirs de démolition et les pouvoirs de pénétrer dans
les lieux, d'enrôler du monde pour remédier à des pertes.
Il me semble que cela n'appartient pas à des mesures d'urgence. J'aurais
cette question-là à poser pour b).
Je vais attendre la réponse avant d'aller à la
définition de sinistre, M. le Président, la définition de
ministre ne créant pas de problème non plus.
M. Clair: II faudrait imaginer, M. le Président, je pense,
un cas où les pertes seraient continues dans le sens que, je suppose sur
une rivière, en amont se produit un phénomène naturel ou
un accident quelconque. Je suppose que, sur la rivière
Saint-François, à Windsor Mills, où il y a
une usine de pâtes et papiers, se produit un accident qui fait que
cela endommage de façon régulière l'usine de filtration de
la ville de Drummondville située en aval. Ce sont des pertes qui peuvent
être continues, avoir une durée. Une perte, à mon sens
n'est pas nécessairement très limitée dans le temps. Je
risque cette interprétation. Cela peut être une perte qui peut
durer dans le temps. Peut-être que dans ce sens-là, pour
remédier à des pertes...
M. Blank: Pour sauvegarder des biens.
M. Lalonde: Pour sauvegarder des biens, atténuer les
effets du sinistre, c'est déjà là. Remédier
à des pertes m'apparaît plutôt après le fait,
après la fin du sinistre, après la fin de l'état d'urgence
et j'aimerais qu'on puisse ne pas avoir à faire appel aux mesures
d'urgence, aux pouvoirs qui sont définis à l'article 20 dans le
cas de remèdes simplement, d'indemnisation.
M. Clair: Le député comprend sûrement ce que
je veux dire.
M. Lalonde: Oui, mais c'est couvert par les autres, sauvegarder
les biens.
M. Clair: Je suppose un cas où la perte dure, où la
perte peut s'étendre dans le temps.
M. Blank: Mais vous avez "sauvegarder des biens".
M. Lalonde: Vous les avez ici: Sauvegarder des biens ou
atténuer les effets du sinistre, pendant que le sinistre a lieu.
M. Bédard: Vous prenez, par exemple...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: Par exemple après une tornade, qu'est-ce qu'on
fait pour quelqu'un qui a perdu totalement sa maison, qui a une famille de cinq
enfants et que la maison est dévastée? Il n'y a plus de maison.
Une tornade, une pluie, par exemple...
M. Lalonde: Ils vont leur apporter secours. M. Alfred:
Bien sûr.
M. Lalonde: C'est cela, c'est marqué: Apporter secours,
ils vont les loger ailleurs, mais ils ne répareront pas la perte pendant
le sinistre; ils vont attendre après.
M. Clair: Messieurs, au moins vous êtes d'accord
sûrement pour dire qu'il peut y avoir des pertes qui s'étendent
dans le temps, qui ne durent pas l'espace d'un instant, comme une tornade,
qu'il peut y avoir des sortes de pertes, si on me permet l'expression, qui
s'étendent dans le temps et, dans ce cas-là, ça peut
être urgent d'y remédier.
M. Fontaine: On pourrait avoir l'exemple d'é-boulis
progressifs, mais à ce moment-là sauvegarder des biens, cela peut
certainement s'appliquer. (23 h 15)
M. Bédard: Si je comprends bien, ce n'est pas une
discussion de fond puisque l'argumentation de l'Opposition, c'est que,
remédier à des pertes, quelque exemple qu'on apporte, cela se
retrouve dans le fait d'apporter secours, soit en sauvegardant des biens ou en
atténuant les effets d'un sinistre.
M. Ciaccia: Oui, mais il y a une règle
d'interprétation. Chaque mot doit...
M. Bédard: Peut-être que l'enlever ne
représente pas une grande difficulté, mais la
réalité va demeurer la même par rapport à ce qui est
contenu dans l'essentiel de l'article.
M. Ciaccia: Parce qu'il y a une règle
d'interprétation selon laquelle il faut donner un sens à chaque
mot qui est dans la définition. Si vous dites que remédier
à des pertes, c'est la même chose qu'apporter secours, je ne le
pense pas. A ce moment-là, il faudrait l'enlever; autrement, il faudra
que quelqu'un donne une interprétation. Remédier à des
pertes, c'est plus qu'apporter secours.
M. Bédard: M. le Président, je n'ai pas
d'objection, si c'est la demande de l'Opposition, de biffer "ou remédier
à des pertes". Je suis convaincu qu'il y a des exemples qui peuvent se
rapporter précisément au fait de remédier à des
pertes, mais j'ai la conviction qu'on pourrait les couvrir de toute
façon par le libellé du début de l'article. Je n'en ferai
pas une question de principe.
Le Président (M. Dussault): Alors, il y a donc
consentement pour éliminer, à la fin du paragraphe b), les mots
"ou remédier à des pertes".
M. Lalonde: Consentement.
Le Président (M. Dussault): Les mots "ou remédier
à des pertes" sont enlevés de cet article.
M. Lalonde: Je ne sais pas si vous avez d'autres... moi, je n'ai
plus d'autres...
Le Président (M. Dussault): Je ne considère pas
cette question comme réglée, M. le député. M. le
ministre me fait signe qu'il n'a pas complété son intervention
sur cette question.
M. Lalonde: J'avais consenti, mais on peut recommencer, si vous
voulez; on a le temps, on n'est pas pressé.
M. Fontaine: Cela fait deux fois qu'on adopte cet amendement.
M. Bédard: Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): II y a consentement pour
éliminer les mots "ou remédier à des
pertes". Cet amendement est donc adopté. Le paragraphe b) tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté.
M. Bédard: Notre hésitation à l'enlever
était due au fait qu'il peut ne pas y avoir de décret d'un
état d'urgence et que des mesures d'urgence soient quand même
prévues par le Bureau de la protection civile de concert avec une
municipalité dans un plan. Je pense, par exemple, à une
tempête de neige...
M. Lalonde: Si le ministre peut me permettre de l'interrompre, il
va s'apercevoir que la définition, c'est lors d'un sinistre. C'est lors
d'un sinistre qu'un état d'urgence peut être
décrété et c'est lorsque l'état d'urgence est
décrété que les pouvoirs qui sont prévus par
l'article 20 entrent en jeu. C'est pour cela qu'il faut être
extrêmement...
M. Bédard: Vous le voyez en fonction des pouvoirs de
l'article 20.
M. Lalonde: C'est cela. Les mesures d'urgence, je lis cela en
fonction des pouvoirs.
M. Bédard: D'accord, M. le Président.
M. Lalonde: Dans le but de réduire le caractère
exorbitant, on commence là.
M. Bédard: Alors, l'article 1...
M. Lalonde: C'est-à-dire que le paragraphe b) est
adopté...
M. Fontaine: Le paragraphe c), on peut l'adopter.
M. Lalonde: On peut adopter c). "le ministre", adoption
temporaire?
Le Président (M. Dussault): Petit "c" est
adopté?
M. Fontaine: Tout dépend du ministre. M. Bédard:
Vous en savez quelque chose?
M. Lalonde: Je n'ai jamais été ministre de la
Justice.
M. Bédard: Non.
M. Lalonde: L'article d), M. le Président...
M. Bédard: Cela ne me surprend pas.
M. Lalonde: ... un sinistre... oh! Vous me peinez. Quelle
méchanceté!
Le Président (M. Dussault): Nous en sommes à
d).
M. Ciaccia: C'est en bas de la ceinture cela.
M. Lalonde: Non, le ministre connaît ma modestie.
M. Bédard: Non, je pense que la discussion se fait
calmement.
M. Lalonde: Autrement dit, vous voulez me provoquer et, ensuite,
réparer tout de suite?
M. Bédard: Non.
M. Lalonde: Provoquer un sinistre et mettre fin a l'état
d'urgence immédiatement.
M. Bédard: J'avoue qu'on a des tentations parfois.
M. Lalonde: M.le Président, dans la
définition de sinistre, qui est beaucoup plus acceptable, naturellement,
que celle qu'on avait dans l'article 94 qui a fait appeler le projet de loi
"loi des mesuras de guerre", il y avait le mot "appréhendé". On
l'a remplacé par le mot "attendu". En plus de réduire de beaucoup
le concept de sinistre, en ce qui me concerne, pour le reste de la
définition, je suis prêt à l'accepter. Mais le mot
"attendu" m'apparaît un effort louable de la part des rédacteurs
pour, s'il vous plaît, définitivement et éternellement,
oublier le mot "appréhendé" et le faire oublier par toute la
postérité. Comme résultat, ça ne m'apparaît
pas tout à fait heureux, parce que si vous regardez la définition
du mot "attendre", M. le Président, vous allez voir qu'il y a une
connotation d'espoir à ce que ça arrive. Je vais le triturer de
tous les bords. On attend sa fête, on attend quelqu'un. Il y a une
connotation qui fait qu'on a hâte que ça arrive. Ce n'est
sûrement pas l'intention du ministre et j'espère que ce ne sera
pas l'intention du législateur non plus.
M. Bédard: Si vous allez jusqu'au bout de la
définition "attendre", il y a également la notion de "redouter,
dont on redoute la venue".
M. Lalonde: C'est très exceptionnel.
M. Bédard: On peut attendre sa fête, mais je ne vois
pas jusqu'à quel point on peut la redouter.
M. Lalonde: Naturellement, on peut attendre la chaise
électrique aussi.
M. Bédard: On peut attendre la chaise, on peut la
redouter, mais ça veut dire que c'est le dernier sinistre.
M. Lalonde: Mais on l'appréhende beaucoup plus qu'on ne
l'attend dans ce cas.
M. Bédard: C'est votre dernier sinistre.
M. Fontaine: On peut redouter sa fête, aussi, selon son
âge.
M. Lalonde: Le ministre, tantôt, dans ses... M.
Bédard: On peut compter sur l'Opposition.
M. Lalonde:... explicationsje pense que je le cite au texte
a dit attendu de façon imminente. Il peut relire ses notes; il va
retrouver ça dans ses notes. C'est un événement grave qui
est attendu de façon imminente. Donc, il y a le caractère non
seulement de ce qui peut arriver très bientôt, presque maintenant,
mais aussi un caractère d'i-névitabilité. Alors, pour
réellement faciliter la tâche aux juges, à ceux qui auront
à appliquer cette loi, aussi au bureau, aux fonctionnaires, aux
ministres, au gouvernement, il me semble qu'on devrait faire un effort
additionnel sur la définition de sinistre et remplacer le mot "attendu"
soit par "inévitable", soit au moins, par "probable". Mais "attendu" ne
m'apparaît pas très heureux comme choix. Je n'ai pas vu la
définition du mot "imminence"; à l'oreille ça
m'apparaît comme quelque chose qui est presque inévitable, qui va
arriver presque tout de suite, mais qui n'est pas évitable. Pour le mot
"réel", naturellement, c'est ce qui est arrivé. Il n'y a pas de
doute que la définition de "réel" je l'ai
vérifiée est correcte. Au lieu de "soit attendu de
façon imminente" comme le ministre l'a dit tantôt, il me semble
que "inévitable" ou "probable", serait beaucoup plus juste pour rendre
le caractère réellement important d'adopter des mesures qui vont
donner ouverture à des pouvoirs comme ceux qu'on connaît.
Avant de faire une proposition d'amendement formel, je voudrais avoir la
réaction des autres députés, peut-être le
député de Nicolet-Yamaska ou d'autres députés. Le
député de Papineau a sûrement réfléchi
à ça depuis un bon moment.
Le Président (M. Dussault): D'accord, M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, moi aussi le mot "attendu"
me faisait un peu réfléchir. Je ne sais pas lequel des termes
proposé par le député de Marguerite-Bourgeoys pourrait
être le plus acceptable, mais...
M. Lalonde: Je peux vous donner un exemple. Je suis attendu en
Chambre à minuit...
M. Bédard:... mais ils disent qu'ils peuvent se passer de
vous.
M. Lalonde: Cela, c'est le gouvernement qui appréhende
cela, ce n'est pas moi.
M. Fontaine: II faut que vous alliez faire vos petits dix
minutes?
M. Bédard: Non, on n'appréhende pas cela parce que
l'appréhension fait place à un vague sentiment de crainte et il
n'y a aucune crainte de la part du gouvernement que le député de
Marguerite-Bourgeoys aille en Chambre à minuit.
M. Lalonde: Bon. Merci, cela me rassure.
M. Bédard: Ce n'est pas un sinistre, le
député de Marguerite-Bourgeoys, que je sache.
M. Fontaine: Ce qu'il veut dire, c'est...
M. Bédard: On a pensé remplacer le mot
"appréhendé" par le mot "attendu" parce que selon le dictionnaire
Robert, dictionnaire alphabétique et analogique de la langue
française, il y a une nuance quand même assez importante qui
distingue l'attente de l'appréhension. L'appréhension fait place
à un vague sentiment de crainte pouvant s'étendre sur une longue
période puisque l'appréhension peut ne reposer que sur ce
sentiment. Par ailleurs, l'attente renferme une quasi-certitude qu'un
événement surviendra dans un laps de temps relativement
court.
Par exemple, on peut dès maintenant appréhender la rupture
d'un barrage, mais on est loin de s'y attendre. C'est suite à la
définition qu'en fait le dictionnaire Robert que nous croyons que le
changement de "appréhendé" par "attendu" est un changement
heureux.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Drummond et, ensuite, M. le député de Papineau.
M. Clair: M.le Président, sur le mot "attendu",
j'aurais un exemple à donner avant la discussion et j'aimerais que le
député de Marguerite-Bourgeoys m'écoute. J'ai vécu
une petite expérience qui concernait trois résidents voisins de
la rivière Saint-François, non loin de chez nous. Cela concernait
trois couples. Un des couples, visiblement appréhendait, dans le sens
qu'il se serait passé n'importe quoi. La dame était toute
énervée, elle ne voulait plus rester sur le bord de la
rivière parce qu'il y avait eu un petit éboulement, il n'y avait
plus rien à faire, elle appréhendait. Si on s'était
basé sur un critère d'appréhension, je pense que,
effectivement, c'était plus de la crainte incontrôlée, cela
faisait longtemps qu'elle voyait de petits éboulements, et là,
elle n'en pouvait plus, elle voulait s'en aller.
Un autre cas, un couple de vieux résidents, alors que le
ministère des Richesses naturelles avait planté une espèce
de système de sécurité avec une sonnerie d'alarme, un peu
comme il y a dans les vitrines de magasin c'est l'application,
sur-le-champ, de cela...
M. Lalonde: Une mesure d'urgence.
M. Clair: Le ministère avait installé cela dans le
but de déclencher une sonnerie d'alarme au cas où le terrain
glisserait trop. Même si le ministère leur disait: Cela peut
être dangereux, le vieux couple disait: C'est notre seul bien, c'est
notre seule propriété, il n'est pas question qu'on
déménage, cela fait des années qu'on a cela. Même si
on s'y était attendu, même si le ministère leur disait: II
faut que vous vous y attendiez, il n'y
aurait rien eu pour les faire partir de là parce qu'ils disaient:
C'est tout ce qu'on a, on reste là.
Je pense que, dans la mesure où on a besoin de mesures d'urgence
dans un cas de sinistre, la notion de "attendu" m'apparaît être
dans le langage normal pour les profanes, être une notion... Quand on
dit: II fallait s'y attendre, je pense que cela correspond pas mal au mot
"attendu" et je pense que c'est une notion qui est susceptible d'être
comprise partout le monde.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: M. le Président, l'exemple que j'allais donner
a été donné par mon collègue de Drummond. Donc, je
n'en donne plus.
Le Président (M. Dussault): Y a-t-il une autre
intervention?
M. Lalonde: M. le Président, je voulais simplement dire
que "attendu", même si on peut lui donner un caractère
d'appréhension ce qui m'apparaît assez exceptionnel
n'a pas de caractère d'imminence. Si je n'ai pas plus de
réactions de l'autre côté, je vais faire une motion. Je
vais attendre d'autres interventions. Peut-être que le
député de Mont-Royal peut convaincre les députés de
façon plus éloquente que moi. (23 h 30)
J'ai l'intention de présenter une motion d'amendement pour
ajouter au moins les mots que le ministre lui-même a employés dans
son intervention tantôt, ajouter les mots "de façon imminente,
après le mot "attendu". Au moins là on aura le caractère
urgent.
M. Clair: Est-ce que le député me permettrait de
lui poser une toute petite question? Il a dit: Le mot "attendu" comporte une
certaine dimension d'appréhension. Est-ce que ce n'est pas plutôt
une certaine dimension de prévisibilité?
M. Lalonde: C'était mon point de vue: on prévoit
que quelque chose va arriver, on l'attend.
M. Clair: Attendu, c'est cela.
M. Lalonde: On attend sa fête, une femme attend son enfant.
Ce n'est pas nécessairement quelque chose de mauvais qui peut arriver.
On l'espère. Cela a un caractère d'espoir, de désir. Le
ministre dit: Dans le Petit Robert, quelque part, on dit aussi qu'il y a un
caractère d'appréhension. Admettons que je l'accepte, même
s'il m'apparaît assez exceptionnel, mais au moins qu'on ajoute le
caractère d'urgence que je ne trouve pas dans le mot "attente".
M. Ciaccia: Même dans l'exemple que le député
de Drummond a donné, "attendu", cela confirme l'interprétation
qu'on donne et cela confirme que c'est exactement cette signification qui ne
devrait pas être dans le définition de sinistre, parce que, dans
le temps, votre exemple n'était pas nécessairement imminent. La
personne s'attendait à, mais cela pouvait être dans un mois, deux
mois, trois mois. Cela pouvait être dans un an. Alors, il ne faudrait pas
avoir une définition de sinistre si vous vous attendez que le
désastre peut se produire dans deux ans, dans deux mois ou dans trois
mois. Je pense qu'alors l'exemple que le député de Drummond a
donné démontre qu'il faudrait limiter le mot "attendu".
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: Je me demande si le député de
Marguerite-Bourgeoys situe l'argumentation dans son vrai contexte. Est-ce qu'il
s'amuse quand il dit: Par exemple, j'attends la fête de mon enfant, etc.?
Ici on parle de sinistre. Donc, je pense qu'il faut situer le raisonnement dans
son contexte. J'ai argumenté sur votre intervention.
M. Lalonde: Je ne fais sûrement pas de blague.
M. Alfred: Je me suis demandé si vous...
M. Lalonde: Si je voulais faire des blagues, je dirais, par
exemple...
M. Alfred: Non, excusez-moi. Je me suis demandé, M. le
Président, si le député de Marguerite-Bourgeoys s'amusait.
On définissait le mot sinistre et il nous a amené comme exemple:
J'attends mon enfant, j'attends la fête de ceci ou de cela. Je pense que
le mot "attendu" se situe dans un contexte bien précis de sinistre; une
inondation, par exemple.
M. Lalonde: Mais il faut quand même donner au terme son
sens général. La Loi de l'interprétation...
M. Alfred: Mais il est défini en fonction du mot, dans la
loi.
M. Lalonde: Si vous permettez, la Loi de l'interprétation
dit qu'on doit d'abord donner à chaque mot le sens courant, le sens
empirique.
M. Alfred: La langue française, monsieur.
M. Lalonde: II faut aller chercher cela dans le dictionnaire. Si
j'avais voulu faire des blagues, j'aurais dit, par exemple: Le mot attendre
peut, si on dit: J'attends l'autobus à Québec, avoir un sens
sinistre. D'accord, mais là je m'amuserais si c'était cela.
Quoique les 50 000 citoyens qui manquent d'autobus à Québec ne
s'amusent pas en attendant l'autobus. Eux ne trouvent pas cela drôle.
Mais, quand même, je dis qu'il faut donner un caractère d'urgence
au mot "attendre". Le mot "appréhender" semblait l'avoir,
peut-être que non, mais le mot "attendre", sûrement pas.
M. Clair: Moi, je ne suis pas d'accord avec le
député. Dire qu'il faut un caractère d'urgence, je pense
que le député va trop loin, parce que l'urgence peut être
drôlement difficile à déterminer. Je pense que le mot
"attendu" comporte une dimension de prévisibilité,
d'objectivité suffisante. Je reconnais la bonne foi du
député de Marguerite-Bourgeoys là-dedans. On peut trouver
plusieurs mots qui se ressemblent dans ce domaine-là, mais je pense que
le député va avoir de la difficulté à trouver un
mot aussi juste que "attendu". Qu'il cerne cela comme on veut.
M. Lalonde: C'est dans la définition de sinistre. Il faut
bien comprendre cela. Ce n'est pas pour le plan général de
mesures d'urgence qui pourrait être fait par le gouvernement ou une
municipalité. Admettons que, le printemps arrivant, les neiges ayant
été énormes, dans l'ensemble la fonte arrivant de
façon subite et désordonnée, on peut prévoir que
dans une ou dans deux semaines on aura des inondations et là prendre des
mesures, mais qui ne donneraient pas ouverture au pouvoir de
pénétrer dans les maisons sans permission, aux pouvoirs qui sont
très forts de l'article 20. C'est pour cela que je veux circonscrire, de
façon très rigoureuse, la définition de sinistre et que je
dis que, pour que ce soit un sinistre, il faudrait que ce soit au moins attendu
de façon imminente, qu'on ne peut pas se mettre à
pénétrer partout dans les maisons sans permission et
enrôler tout le monde sans permission six mois avant que ne se produisent
les inondations qu'on attend dans six mois, probablement.
M. Bédard: Mais ce me semble évident. M. Clair: ...
amendement.
M. Alfred: Avez-vous un terme plus précis que le terme
"attendu"?
M. Lalonde: Oui, "de façon imminente". Ajouter,
après le mot "attendu", "de façon imminente".
Le Président (M. Dussault): Si vous me le permettez, je
vais demander au député de Marguerite-Bourgeoys s'il fait d'une
façon formelle l'amendement qu'il a annoncé.
M. Lalonde: Je ne sais pas si le ministre va... Il a l'air de
chercher quelque chose.
M. Clair: Vous ne craignez pas qu'en ajoutant les mots "de
façon imminente" au bout de "attendu" on limite à un point tel la
notion... Je reprends mon exemple de tantôt, où le
ministère des Richesses naturelles a installé un système
d'alarme, à quel moment... Cela m'apparaît que, si on emploie
l'expression "attendu de façon imminente", c'est beaucoup plus exigeant
pour l'individu qui regarde fonctionner le système. Cela me paraît
être beaucoup plus exigeant avant de décider qu'il peut y avoir
lieu d'appliquer les mesures d'urgence que de simplement avoir les mots
"attendu"; "attendu" comporte, à mon sens, une dimension objective de
prévisibilité suffisante et en même temps moins limitative,
compte tenu de la sécurité des gens, que "attendu avec
imminence". Avez-vous la définition d'imminence?
M. Alfred: M. le Président, le sinistre peut ne pas
arriver et, par précaution, on a procédé à
l'évacuation.
Le Président (M. Dussault): Brièvement, M. le
député de Saint-Louis.
M. Blank: Je veux répondre aux députés de
Drummond et de Papineau. Ici, on parle de pouvoirs exorbitants,
exagérés... Laissez-moi finir. Vous parlez du fonctionnaire, la
personne en charge de l'alarme qui va attendre jusqu'à la
dernière minute avant de sonner l'alarme. C'est exactement ça
qu'on veut, parce qu'il y aura des pouvoirs qui vont entrer en jeu qui sont
énormes. On dit que peut-être on va avoir un sinistre demain, le
lendemain ou dans trois jours; on va sonner l'alarme et on va organiser tous
ces pouvoirs. Ce n'est pas ça qu'on veut dans cette loi.
M. Bédard: Mais ce que le député... On a
tous la même préoccupation. II...
M. Blank: II faut trouver quelque chose...
M. Bédard: ... faut vraiment que ce soient des situations
très exceptionnelles, parce qu'il y a des pouvoirs exceptionnels de
prévus. On a également la préoccupation il faut
l'avoir de ne pas limiter à ce point qu'il n'y ait pas de mesures
de prévention qui puissent être prises en temps opportun. Si un
glissement de terrain est attendu à cause de tous les signes
avant-coureurs qui sont à la connaissance du Bureau de la protection
civile, quel est le délai dans lequel on doit agir? Il faut
également garder le sens de la responsabilité à l'effet
d'agir au bon moment. Si le fait d'agir trop à la dernière minute
fait qu'on augmente la situation de mettre en danger des vies humaines, influe
sur la possibilité de prendre des moyens pour préserver des vies
humaines qui pourraient être affectées par un glissement de
terrain, je pense bien qu'on a tous à l'esprit que ça ne doit pas
limiter au point qu'on doive accepter de ne fonctionner que lorsque les risques
sont à un degré tel que ça devient presque de
l'irresponsabilité de trop attendre.
Je n'ai pas fondamentalement d'objection à l'idée
d'introduire "attendu de façon imminente" mais je voudrais bien qu'on se
comprenne. En termes de responsabilités de législateurs, il ne
faudrait pas que l'imminence soit telle que, par irresponsabilité, on
mette du monde en danger jusqu'à l'extrême limite non plus. Je
pense bien que le député de Saint-Louis a la même
préoccupation que moi.
M. Blank: Oui, exactement.
Le Président (M. Dussault): Je tiens à vous faire
remarquer que j'attends toujours un amendement; je ne l'appréhende pas,
bien sûr, mais je l'attends toujours.
M. Bédard: Vous le souhaitez?
M. Lalonde: II est imminent, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Je ne le souhaite pas, je
tiens à vous le faire remarquer. Il y avait le député de
Nicolet-Yamaska et le député de Mont-Royal. Etant donné
que j'essaie de donner, au moins dans le premier tour, la parole dans un ordre,
M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. J'hésite
à accepter la proposition du député de
Marguerite-Bourgeoys parce que cela pourrait, comme l'a dit le
député de Drummond tantôt, créer des
problèmes dans les cas où on pourrait prévoir qu'un
événement va se produire éventuellement, mais dont on ne
pourrait pas prévoir l'imminence. Dans ce sens, je pense que, si un
événement est attendu, il est également prévisible.
Si on n'aime pas le mot "attendu", on pourra le changer par le mot
"prévisible". Si ce n'est pas prévisible, ce sera un
événement qui va survenir comme cela et, automatiquement, la loi
va s'appliquer.
Je pense que le meilleur amendement qu'on pourrait trouver, si on veut
en trouver un, ce serait de changer le mot "attendu" par le mot
"prévisible". Encore là, M. le Président, il n'y a pas
d'amendement formel sur la table, alors on peut se permettre d'en discuter.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: L'exemple que le ministre a donné...
Premièrement, je pense que si on écrit le mot
"prévisible", c'est pire que le mot "attendu" parce que,
prévisible, cela peut être dans six mois, neuf mois, un an. Le
ministre a dit: II faut permettre une action si on s'attend qu'il va y avoir un
éboulement ou quelque sinistre que ce soit. Je crois que l'exemple que
vous avez donné est couvert par l'article 11 qui dit que le bureau a
pour fonction d'élaborer et de proposer au gouvernement une politique de
prévention des sinistres. Vous pourriez toujours agir pour
prévenir les sinistres. Le but de définir le sinistre, c'est de
mettre en oeuvre les mesures extraordinaires. C'est seulement à ce
moment-là que les mesures extraordinaires peuvent être mises en
application. Si vous vous attendez à un sinistre dans un mois ou deux
mois, vous ne voulez pas avoir les mesures extraordinaires
immédiatement, vous avez d'autres mesures, vous avez d'autres moyens.
L'article 11 dit de mettre en oeuvre cette politique et d'en coordonner
l'exécution.
Le Président (M. Dussault): On va vous laisser terminer,
et ensuite on va revenir.
M. Ciaccia: L'exemple que le ministre a donné, à
savoir qu'il craint de ne pouvoir agir... je pense qu'il peut agir dans ces
circonstances, d'après l'article 11. Le but de définir "sinistre"
comme étant quelque chose d'imminent, c'est de mettre en application les
mesures extraordinaires.
M. Fontaine: M. le Président, pour continuer suivant
l'argumentation du député de Mont-Royal, si on veut que la loi
ait une application, par exemple, quant au fonds d'indemnisation, il faut que
ce soit un sinistre, il faut que la personne soit une personne
sinistrée. Dans ce sens, si on le limite trop, on ne pourra pas
l'appliquer.
M. Alfred: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: Je pense, M. le Président, que je suis en
accord avec l'argumentation du ministre. D'après moi, le terme "attendu"
qui est employé ici est le terme important de l'article d) parce qu'il
implique la notion de responsabilité. Prenons, par exemple, l'incident
de Three Mile Islands où le président Carter a
procédé. On suivait l'événement, ce qui se passait,
ce qui allait arriver, etc. On s'attendait que cet événement se
produise et en même temps on prenait les moyens pour que cela n'arrive
pas. D'après moi, la notion de responsabilité est
éminemment liée à la notion du mot "attendu"
employé ici. L'enlever, ce serait une erreur grave.
M. Clair: M. le Président... (23 h 45)
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Drummond.
M. Clair: M. le Président, je pense qu'il y a une chose
qu'on doit bien considérer; on le sait tous, mais on ne l'a pas dit
encore, c'est que dans un cas comme celui-là je reviens à
mon exemple de tantôt on s'imagine bien souvent que les gens, face
au danger, ont deux façons de réagir. Il y a des gens qui vont
prendre panique, il y en a d'autres qui, au contraire, vont crâner, comme
on dit parfois. Le couple de vieillards que j'ai vu, effectivement, face au
danger, loin de prendre panique, disait: Non, on ne part pas. On l'a vu, si je
me souviens bien, un soir au téléjournal, concernant l'inondation
au Manitoba. C'est la même situation, des gens sont menacés par
l'inondation, tout le monde leur dit, mais personne ne veut le croire. Ils
disent: Non, cela ne se passera pas, ça ne peut pas se produire parce
que je n'accepte pas de perdre mes biens dans un sinistre. Avant l'ultime
échéance, les gens n'acceptent pas le fait. J'aimerais que les
députés de l'Opposition livrent leurs commentaires.
Pour répondre au député de Saint-Louis, je reprends
mon cas de vieillards. Si le ministère des Richesses naturelles dit:
Compte tenu de la nature du sol, compte tenu de la quantité d'eau qui se
trouve dans le sol, de la pesanteur des arbres qu'il y a au bord de la
rivière, on peut s'attendre, sans qu'il soit imminent, à un
glissement de terrain, on peut s'y attendre. Les deux personnes
âgées qui sont là, le député de Saint-Louis
en est responsable. Est-ce qu'il aime mieux avoir le critère pour
décider qu'il peut, à la limite, les sortir par la force?
Préfère-t-il attendre? Préfère-t-il disposer
du critère pour décider de prendre des mesures pour les
protéger? Ou, est-ce qu'il aime mieux avoir un événement
attendu avec imminence pour les protéger, ou s'il aime mieux,
simplement, avoir le critère d'attendu? Je lui pose ces questions.
M. Blank: Oui, j'observe cette situation.
M. Clair: II vit cette situation. Il y a deux personnes
âgées qui ne veulent pas perdre leurs biens, elles sont
convaincues que cela ne s'est jamais produit et que ça ne se produira
pas, pour décider de leur protection, est-ce que le député
aime mieux avoir le critère "attendu avec imminence" que le
critère "attendu"?
M. Blank: J'ai obtenu un baccalauréat en géologie
avant d'étudier le droit. Je peux affirmer que l'on peut trouver des
centaines d'endroits au Québec où cela peut arriver. Est-ce qu'on
va déplacer tous ces gens?
M. Bédard: Le député sait très bien
qu'il n'est pas question...
M. Blank: Oui, mais c'est ce que je dis.
M. Clair: Vous n'avez pas répondu à ma
question.
M. Blank: Si cela arrive au moment où on le dit, c'est
imminent. A ce moment-là...
M. Bédard: Je pense bien que ce n'est pas ce à quoi
réfère le député de Drummond.
M. Blank: Oui, mais c'est exactement cela, le mot "imminent". La
ville de Montréal est dans une zone de danger pour les tremblements de
terre. Est-ce qu'on va vider la ville?
M. Clair: C'est imminent...
M. Bédard: Vous savez très bien que ce n'est pas le
cas dont on discute présentement.
M. Blank: Oui, mais le cas dont on discute, c'est un cas
imminent; c'est exactement ce que le député de
Marguerite-Bourgeoys disait, un cas imminent où l'eau coule, où
il peut se produire quelque chose aujourd'hui ou demain, pas dans six mois.
M. Clair: La meilleure preuve...
M. Ciaccia: Quitter West Island pour le
référendum.
M. Clair: La meilleure preuve que ce n'était pas imminent
dans ce cas, justement, alors que tout le monde au ministère des
Richesses naturelles prévoyait l'éboulis, il n'a pas eu lieu et
les maisons sont encore là.
M. Bédard: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le ministre. M. Blank:
Parfaitement, si les maisons...
Le Président (M. Dussault): S'il vous plaît! M. le
ministre.
M. Bédard: Je pense bien que la préoccupation de
tous les membres de la commission, c'est, d'une part, d'avoir la
définition la plus rigide possible, la moins élastique possible;
d'autre part, de ne pas avoir la définition qui fait qu'il n'y a presque
pas d'application de l'article en question ou de la loi. Il y aurait
peut-être je le soumets à la discussion la
possibilité de remplacer "attendu" par "prochain" puisqu'on veut surtout
insister sur l'imminence de la situation qui peut se produire. Peut-être
que si on s'en tient à une situation imminente au point qu'on attend que
les risques augmentent pour les personnes dont la vie peut être en danger
à un point tel que cela devient de l'irresponsabilité, je pense
bien que ce à quoi on veut en venir, c'est que cet
événement doit être grave, c'est bien clair, réel ou
prochain, dans le temps.
M. Alfred: M. le Président, est-ce que ce ne serait pas le
mot "anticipé"? Parce que le mot "prochain" enlèverait tout le
sens de responsabilité, de prévision.
M. Lalonde: II n'y a pas d'urgence à anticiper. On peut
anticiper votre défaite aux prochaines élections, mais ce n'est
pas nécessairement urgent. Cela peut être dans deux ans, dans un
an.
M. Alfred: Vous "décontextualisez" les choses, M. le
Président.
M. Lalonde: Non, mais cela vous donne quand même une bonne
idée de ce que veut dire "anticiper".
M. Alfred: Vous "décontextualisez" les choses.
M. Bédard: Le mot "prochain" veut quand même dire:
Qui est dans un avenir proche, c'est peut-être cela...
M. Lalonde: J'aimerais examiner le sens du mot prochain. J'avais
l'intention de faire une motion d'amendement pour ajouter les mots "de
façon imminente" et je vais vous dire pourquoi. Le ministre a dit ces
mots dans sa présentation, alors je pouvais invoquer le meilleur auteur
qui soit, celui qui présente le projet de loi et je pouvais m'attendre
que, étant conséquent avec lui-même, il soit le premier
à défendre mon amendement. Je suis fort déçu de
trouver que les mots que le ministre a prononcés tantôt n'ont pas
assez de valeur pour que lui-même les défende. C'est
décevant. Je vais examiner ce que veut dire le mot "prochain" et on peut
suspendre sine die il reste sept minutes ou suspendre l'article,
si
vous voulez, et revenir à la prochaine séance
là-dessus.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, le député
de Marguerite-Bourgeoys est exactement l'illustration de l'esprit qu'on ne doit
pas avoir et qu'il souhaitait qu'on n'ait pas dans l'étude de ce projet
de loi. Il est évident qu'il y a bien des mots qui ont été
employés, tant par moi que par les membres de l'Opposition et il s'agit
simplement de voir la discussion qu'on a ce soir pour imaginer le nombre de
discussions que nous avons eues, au ministère de la Justice, pour
essayer d'en arriver à un mot qui représente une
réalité qui peut être acceptée par chacun dans un
esprit de responsabilité par rapport aux objectifs que poursuit la loi.
Le député de Marguerite-Bourgeoys me dit qu'il va faire l'analyse
de cette nouvelle suggestion d'employer le mot "prochain" dans un avenir
proche. Peut-être que cela peut répondre à une
préoccupation que nous avons tous.
M. Lalonde: Vous pouvez être sûr que si cela
circonscrit suffisamment la notion de sinistre pour justifier les pouvoirs
très larges qui sont donnés dans le cas de mesures d'urgence,
dans un état d'urgence, à ce moment-là, je vais me ranger
dans ce sens-là. Si cela ne le fait pas...
M. Bédard: On continuera la discussion, la recherche.
M. Lalonde: Cela va.
Le Président (M. Dussault): Alors, si je comprends bien,
la commission consent à suspendre l'étude de l'article 1d et
à ajourner ses travaux.
M. Lalonde: Sine die.
Le Président (M. Dussault): Oui, sine die.
Fin de la séance à 23 h 53