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Etude des crédits du ministère de la
Justice
(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de la justice se réunit à nouveau pour
étudier les crédits du ministère de la Justice. Les
membres de la commission sont: M. Alfred (Papineau), M. Bédard
(Chicoutimi), M. Blank (Saint-Louis), M. Charbonneau (Verchères), M.
Clair (Drummond), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Lacoste (Sainte-Anne), M.
Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Vaillancourt
(Jonquière).
Au moment où nous nous sommes quittés hier soir, nous en
étions au programme 15: La Sûreté du Québec. M. le
ministre.
M. Bédard: M. le Président, avant que le directeur
de la Sûreté du Québec continue ses remarques au programme
que nous avons à étudier, je voudrais donner une information qui
m'avait été demandée hier par le député de
Marguerite-Bourgeoys concernant M. Laurier Boutin. Les accusations qui
étaient portées contre lui, la première consistait en une
tentative de détournement d'avion, la sentence sera prononcée le
20 avril. Il y a quatre causes de fraude, obtention de logement et de
nourriture de façon frauduleuse; le début du procès sera
le 30 avril. Concernant son séjour...
M. Lalonde: II aura sa sentence le 20 avril et le début du
procès sera le 30?
M. Bédard: Sur d'autres accusations.
M. Lalonde: Ah! sur les autres accusations.
M. Bédard: Sur les autres accusations. M. Boutin a
été admis au centre Parthenais le 23 août 1978.
Entre-temps, il était en liberté ayant eu un cautionnement. Il y
a eu une violation de certaines conditions du cautionnement, ce qui a
provoqué le fait qu'il soit amené à Parthenais mais non
pas depuis un an et demi ou deux ans mais à partir du 23 août
1978.
M. Lalonde: Je remercie le ministre de ces renseignements mais
j'aimerais savoir comment il se fait que cela a quand même pris deux ans
pour avoir son procès. Le fait qu'il ait été en
liberté une bonne partie de ce temps-là...
M. Bédard: C'est une des...
M. Lalonde: Est-ce que c'est devenu la période normale
entre...
M. Bédard: Non, ce n'est pas la période normale
parce qu'on sera à même...
M. Lalonde: ... et l'introduction des plaintes? Il me semble que
c'est plus court que cela.
M. Bédard: Oui, beaucoup plus court.
M. Lalonde: Même quand cela va devant les Assises.
M. Bédard: On aurait pu être en mesure de vous
donner dès l'étude du premier programme...
M. Lalonde: Les statistiques.
M. Bédard: ... les statistiques concernant les
délais. A la Cour des sessions, cela se situe autour de six mois
généralement.
M. Lalonde: Et aux Assises?
M. Bédard: Dans cette cause, il y avait des témoins
de New York dont il était assez difficile d'obtenir la présence.
Lorsque nous en serons à l'étude de la Direction de probation et
de détention, je pourrai donner aux députés de
l'Opposition les statistiques concernant les moyennes de séjour à
Parthenais qui se sont de beaucoup améliorées suite à
certaines décisions administratives, entre autres de la part du juge en
chef Mayrand.
On y reviendra. Nous en étions à l'étude concernant
le taux de criminalité. Je pense que M. le directeur de la
Sûreté du Québec aurait des choses à ajouter. Je lui
laisse la parole.
Sûreté du Québec (suite)
Criminalité
Merci. Je pense qu'on avait terminé hier soir sur la question
suivante: 3,1% par rapport à la moyenne des cinq dernières
années, comment peut-on expliquer cette hausse? Déjà, 1,9%
est explicable de la façon suivante; c'est qu'antérieurement, en
1978, la loi ne créait pas d'infraction criminelle pour le fait qu'un
individu ne se présentait pas pour faire prendre ses empreintes
digitales lorsqu'il était requis de le faire par voie de sommation ou
par voie d'une citation à comparaître. La loi exigeait à ce
moment que l'individu fasse prendre ses empreintes digitales, mais il n'y avait
aucun article de la loi qui prévoyait qu'on puisse l'accuser. Il n'y
avait pas de pénalisation. On était régi par le chapitre
144, la Loi de l'identification. A la fin de 1977 et en 1978, nos membres ont
commencé à faire appliquer cette nouvelle disposition de la loi
et ainsi, en 1978, au-delà de 654 infractions similaires ont
été constatées comparativement à seulement 135
l'année précédente et aucune pour les années
antérieures.
Donc, des 3,1%, il y a 1,9% qui s'applique à ce nouveau type
d'infraction. De plus, en 1978, profitant entre autres des facilités
plus grandes du
Centre de renseignements policiers, nos membres ont accentué leur
surveillance relativement à certains individus sous le coup de diverses
ordonnances émises par des juges, soit des ordonnances à la suite
d'un jugement, pour garder la paix, assorti de conditions, soit l'ordonnance
d'un juge demandant à un accusé d'observer certaines conditions
alors qu'il est sous caution. Donc, cela nous place devant le fait qu'on doit
ramener un individu qui n'a pas observé les conditions demandées
par le juge et cela nous amène quelques infractions. Ceci est
peut-être minime. Nos policiers, donc, c'est 1,9%. (10 h 15)
Toujours, aussi, concernant l'augmentation générale de la
criminalité, on peut également en imputer une petite partie au
fait que depuis deux ans 32 municipalités du Québec ont aboli
leur service de police. C'est que lorsque, à un service de police, il y
a un chef, il y a toujours la responsabilité de rapporter les
infractions qui surviennent dans son territoire, et on intervient en
assistance. Mais, lorsqu'il n'y a plus personne, on prend l'entière
responsabilité de comptabiliser les statistiques. Ces services
totalisaient 70 policiers. Evidemment, la Sûreté du Québec
a dû progressivement prendre ces responsabilités depuis deux ans,
responsabilité totale des territoires de ces municipalités
où la criminalité était auparavant comptabilisée
par les chefs de police en poste.
On sait aussi que nos effectifs n'ont pas tellement augmenté. De
façon générale, on peut dire que, comparativement à
la moyenne des cinq dernières années, mises à part les
raisons ci-haut invoquées, la criminalité est demeurée
plutôt stable. Il y a aussi une explication. Dans le cadre des 21,1%
d'assistance dont on a parlé tout à l'heure par rapport à
1977, il y a la diminution des effectifs policiers municipaux au cours des
dernières années qui nous amène à intervenir en
assistance plus fréquemment auprès des corps policiers
municipaux. Donc, cela a créé une certaine augmentation.
Je veux mentionner il est peut-être superflu de le faire
lorsqu'on parle du taux de criminalité qui est avancé par
la Sûreté du Québec, que c'est seulement en fonction des
territoires desservis par la Sûreté du Québec. Cela ne
tient pas compte d'autres municipalités d'importance. Je pense, entre
autres, à Montréal.
M. Lalonde: Québec. M. Bédard:
Québec.
M. Lalonde: Toutes les municipalités qui sont desservies
par une police municipale, si je comprends bien, sont en dehors de cela.
M. Bédard: L'an passé, lorsque j'avais
annoncé une baisse du taux de criminalité, c'était sur
l'ensemble de la criminalité au Québec.
M. Lalonde: En tenant compte de toutes les situations dans les
villes en particulier.
M. Bédard: C'est cela.
M. Lalonde: Sur les crimes avec violence, est-ce que vous avez
été témoin d'une augmentation en nombre ou en importance
des crimes qui impliquent la violence?
M. Bédard: Je peux vous donner quelques explications
là-dessus. Evidemment, nous savons que de façon
générale dans la province la question des vols qualifiés
dans des institutions financières ou dans des commerces continue
d'être un fléau assez important. Par contre, en ce qui a trait aux
territoires uniquement desservis par la Sûreté du Québec,
cette recrudescence n'est pas aussi marquée qu'on pourrait le croire.
Par exemple, en 1978, on a dû déplorer 348 attaques à main
armée sur notre territoire. Ceci représente une augmentation de
2,7%, toujours sur une courbe de cinq ans. Aussi, il faut dire que seulement 57
de ces attaques sur les 348 ont été faites dans des institutions
bancaires ou financières.
Dans les autres cas, il s'agissait plutôt d'attaques visant
certains établissements commerciaux tels que les dépanneurs ou
les stations-service. Aussi, dans 40 cas sur les 348, il s'agit de tentatives
qui ont avorté même avant la commission du crime, mais on les
compte comme des crimes effectivement survenus.
Par ailleurs, la solution de ces crimes a été assez bonne
puisque, en 1978, nous avons résolu 45,7% de ces attaques, près
de la moitié. Je ne peux pas vous donner les chiffres exacts, on aura un
rapport de statistiques beaucoup plus détaillé plus tard. Il y a
de nombreux vols, dans les dépanneurs et dans les garages, qui sont
commis par des jeunes. On a éclairci une douzaine de vols à main
armée faits par des jeunes de 16 ans et 17 ans.
M. Lalonde: Concernant les autres crimes avec violence, les
assauts, viols, etc., est-ce qu'il y a eu une recrudescence?
M. Bédard: Non, cela a été tranquille; quand
on parle d'assauts conventionnels, entre personnes qui,
généralement, se connaissent, cela a été à
peu près stable. Pour ce qui a trait au crime sexuel, en ce qui a trait
au viol...
M. Lalonde: A quelle page?
M. Bédard: Pardon?
M. Lalonde: A quelle page?
M. Bédard: A la page 36, monsieur. Nous avons connu, en
1978, 84 cas de viol comparativement à 68 pour l'année
dernière. Le nombre des victimes, chez les adultes et les mineurs,
s'équivaut. 65 de ces 84 cas ont été résolus par la
mise en accusation de 71 personnes. Il y avait des infractions où il y a
eu deux ou trois accusations. Je me rappelle Côteau-du-lac, entre autres,
où des motards ont assailli des jeunes filles; ils étaient
plusieurs. C'est un peu la raison pour laquelle on a plus de personnes
accusées. Pour le vol qualifié, vous avez le commentaire, dans le
haut, que je vous ai donné tout à l'heure.
M. Lalonde: II y a les meurtres, naturellement. Je peux vous
laisser la parole.
M. Bédard: Le meurtre est toujours la chose la plus grave
et il n'y a pas grand-prévention à faire. Il y a un seul
phénomène: Cela survient toujours les fins de semaine. La
société se repose et on semble profiter de la fin de semaine pour
soit se livrer à des actes de brutalité ou à des meurtres.
Si vous remarquez, les journaux en sont remplis le lundi. Cela va un peu de
pair avec la sécurité routière.
Au cours de 1978, on a enquêté sur 37 dossiers de meurtres
totalisant 42 victimes comparativement à 43 victimes pour l'année
77. 21 de ces meurtres ont été éclaircis par la mise en
accusation de 23 personnes. 3 autres meurtres ont été
classés sans mise en accusation, pour diverses raisons, notamment parce
que l'accusé éventuel s'est donné la mort. Nous avons
également éclair-ci, en 1978, 4 autres meurtres qui avaient
été commis en 1977. Aussi en 1978, la Sûreté du
Québec a porté assistance à divers corps policiers
municipaux dans 62 autres cas de meurtre. Dans 37 de ces cas, la
Sûreté du Québec a conservé l'initiative totale du
dossier et on a déjà résolu 25 cas.
Dans tous les cas d'homicide où la Sûreté du
Québec a enquêté en 1978, les motifs qui ont poussé
les personnes à commettre de tels crimes sont, par ordre d'importance,
les querelles diverses, les querelles de nature familiale, les
règlements de compte, les meurtres commis lors de la perpétration
d'autres crimes. La moitié des meurtres ont été
perpétrés à l'aide d'armes à feu diverses et 13% du
total, à l'aide de diverses armes blanches, couteaux, etc. 42% des
meurtres ont été commis dans la région de Montréal
et 21% dans la Mauricie. Nos districts du Bas-Saint-Laurent et de la
Côte-Nord n'ont eu aucun homicide à déplorer. Bien entendu,
cela va un peu en fonction des bassins de population; où la
démographie est plus intense, il y a de plus grandes
possibilités.
M. Lalonde: Je vous remercie de ces renseignements sur
révolution de la criminalité. Il ne semble pas qu'il y ait de
changements majeurs sur les années précédentes. J'aimerais
que vous expliquiez votre pourcentage d'augmentation en tenant compte de la
courbe de cinq ans. Peut-être que les statisticiens se comprennent mais
je constate que chaque fois qu'on tient compte de la courbe on a un taux moins
élevé d'augmentation remarquez que c'est commode
j'aimerais savoir comment vous vous y prenez.
M. Bédard: Ce qui arrive c'est que pour mesurer une chose
on pourrait mesurer sur l'année antérieure, mais on tente
toujours de mesurer sur une période de cinq ans. C'est un
procédé, une règle qui est considérée par
les statisticiens et par Statistique Canada. Les dernières années
ayant été de bonnes années, on se trouve à en
bénéficier.
M. Lalonde: Si l'année précédente est aussi
bonne que cela au niveau de la lutte à la criminalité, cela va
être difficile de rejoindre ce plancher. Cela peut jouer contre vos
statistiquesl
M. Bédard: Oui, par contre c'est la même chose en
termes de rendement d'argent c'est une chose que tout le monde
connaît vous avez la fluctuation des courbes économiques.
Par contre, si vous les prenez dans un tout et que vous faites la moyenne de
ces cinq dernières années, on va dire: Votre argent a
rapporté 10% ou 12%, alors que certaines années, il a
peut-être rapporté 8%; d'autres années, il a
rapporté plus.
M. Lalonde: Tenez-vous compte de l'augmentation de la population
ou de la diminution de la population dans vos statistiques?
M. Bédard: On aimerait bien en tenir compte, mais la
population du Québec ne bouge pas beaucoup, vous savez. C'est pour cela
que parfois, lorsqu'on a des demandes de personnel, on est très
méticuleux pour les octroyer, la population du Québec
étant assez stable. On a des régions où la population n'a
pas augmenté. Des régions comme la Gaspésie, la
Côte-Nord, l'Abitibi, ce sont des régions qui sont très
stables alors que les concentrations se font vers Québec et
Montréal.
M. Lalonde: Comment se fait-il qu'il y a des concentrations, un
mouvement de population vers les grandes villes si la population des
régions ne diminue pas? J'essaie de comprendre ce que vous dites parce
que l'an dernier, en particulier, les démographes ont calculé
qu'il y a eu une diminution de la population de la province, une diminution
nette dans les déplacements interprovinciaux.
M. Bédard: II y a de la petite croissance. Je vais vous
donner seulement un exemple pour expliciter ma pensée: ce sont les
Iles-de-la-Madeleine. C'est une population qui n'augmente pas tellement, qui
n'augmente pas. Les jeunes s'en vont vers l'extérieur pour trouver du
travail, mais le peu de natalité qui survient durant l'année
continue à garder à peu près le même niveau. C'est
ce qui survient dans les régions que je vous ai nommées.
M. Lalonde: Je vous remercie. Je ne sais pas s'il y en a d'autres
qui ont des questions sur l'évolution de la criminalité. Je vais
leur laisser la parole.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: J'aurai des questions, mais j'aurai surtout des
commentaires. On constate qu'il y a une augmentation à peu près
constante du taux
de criminalité et même si on nous donne certaines
explications...
M. Bédard: L'an dernier, cela avait diminué. M.
Fontaine: Oui, mais...
M. Bédard: Par rapport à l'an dernier, cela a
augmenté.
M. Fontaine: Par rapport à l'an dernier. Si on regarde
l'an dernier, on a connu une diminution de 5% par rapport à la moyenne
des cinq dernières années. On garde toujours la moyenne des cinq
dernières années. Cette année, on a une augmentation
réelle de 7,7% et si on fait la moyenne des cinq dernières
années, on a une augmentation de 3,1%. Même si on nous donne
certaines explications, entre autres, une qui nous dit que les personnes qui
avaient des conditions à respecter à la suite de jugements sont
ramenées devant les tribunaux plus régulièrement, je pense
que c'est plus ou moins valable parce que les infractions étaient quand
même commises, mais on ne les ramenait pas devant les tribunaux parce
qu'on n'avait pas les moyens de les rechercher, de les trouver.
M. Bédard: On a affaire aux mêmes personnes.
M. Fontaine: Oui.
M. Bédard: La même chose concernant les empreintes
digitales.
M. Lalonde: C'est considéré comme une autre
infraction.
M. Bédard: Oui, c'est considéré comme une
autre infraction, sauf que...
M. Lalonde: C'est toujours la même personne. M.
Bédard:... cela regarde la même personne.
M. Bédard: ... cela regarde la même personne.
M. Fontaine: Oui, mais ce sont quand même des
infractions.
M. Bédard: Je suis bien d'accord. M. Lalonde: Elles
sont là. M. Bédard: Elles sont là.
M. Fontaine: C'est une augmentation du taux de
criminalité.
M. Bédard: Enfin, on vous l'explique.
M. Fontaine: Je pense que c'est quand même
inquiétant de voir qu'au fil des années on s'achemine toujours
vers une augmentation du taux de criminalité, une augmentation
constante. Je ne pense pas que le fait de nous comparer, par exemple, à
d'autres sociétés comme les Etats-Unis ou à d'autres
provinces canadiennes, en disant: On n'est pas pire qu'ailleurs, nous justifie
de ne rien faire.
M. Bédard: Ce n'est pas une consolation.
M. Fontaine: Non, je ne pense pas que ce soit la solution.
M. Bédard: On essaie d'intensifier...
M. Fontaine: Je pense qu'il est important pour le ministre de la
Justice c'est son devoir et c'est son rôle; cela devrait
être une préoccupation constante chez le ministre de la Justice
de faire en sorte que le taux de criminalité puisse se maintenir
de façon stable et, idéalement, diminuer. On constate
également qu'à la suite de nombreuses infractions qui sont
commises à l'endroit des policiers ces mêmes policiers commencent
à en avoir ras le bol de la façon dont les crimes sont commis
à l'endroit des policiers eux-mêmes. On a vu dernièrement,
entre autres, à la Communauté urbaine de Montréal, que des
policiers ont fait des déclarations. (10 h 30)
J'ai un titre de journal ici qui dit: "La colère gronde chez les
policiers". Je pense qu'il serait important que le ministre de la Justice
tienne compte de ces situations pour ne pas en arriver, comme cela s'est
déjà produit ailleurs, à la situation où les
policiers ont pris en main la façon de régler ces cas-là.
Je pense que cela n'est pas bon pour une société d'en arriver
à cette situation. Je ne veux pas être un prophète de
malheurs, mais je demande au ministre de la Justice de se préoccuper
je ne sais pas de quelle façon, mais de trouver un moyen
de cette situation qui fait que les policiers trouvent de plus en plus de
difficultés à exercer leur métier face aux crimes qui sont
commis à leur endroit. Il y aurait certainement une façon,
peut-être dans la formation des policiers, de trouver un moyen
d'éducation dans ce sens-là et également un moyen
d'éduquer la population. J'espère que le ministre n'attend pas
que les policiers en aient véritablement par-dessus la tête et
décident de s'occuper eux-mêmes de régler des cas
semblables.
M. Bédard: Vous faites allusion à un article de
journal mentionnant que des policiers ont été...
M. Fontaine: Oui, l'affaire de l'agent Lecava-lier.
M. Bédard: Un est décédé et deux
autres ont été blessés.
M. Fontaine: II y en a eu plusieurs depuis...
M. Bédard: Je pense bien qu'au lendemain
d'événements tragiques comme ceux-là, il y a toujours des
réactions de la part des policiers.
M. Lalonde: Surtout que... M. Fontaine: Non, mais
c'est...
M. Bédard: Je pense que c'est très
compréhensible.
M. Lalonde: ... ce cas-là, pour comble de malheur
c'était un policier attaqué à l'hôpital
même...
M. Bédard: Qui surveillait un autre confrère qui
avait été attaqué.
M. Lalonde: ... qui veillait son collègue qui
était...
M. Fontaine: On a eu plusieurs cas au cours de l'année
1978 où des policiers ont été tués froidement, en
arrivant sur les lieux. Je ne me rappelle pas des noms. Je pense qu'il y aurait
quelque chose à faire de ce côté. Il y a également
de l'éducation à faire dans la population et j'espère que
le ministre de la Justice a des commentaires à formuler sur ce qu'il
envisage comme solution de cette situation.
M. Bédard: A l'heure actuelle, nous essayons de
perfectionner le plus possible les policiers en fonction du travail qu'ils ont
à accomplir. Vous savez qu'à l'Institut de Nicolet qui est
situé dans votre comté il y a beaucoup de travail en
formation qui est fait. On peut prévoir également que certaines
options ayant été ouvertes dans des CEGEP, ceci contribuera aussi
à l'augmentation de la formation des policiers pour faire face aux
difficultés qu'ils ont à rencontrer dans l'exécution de
leur travail.
M. Fontaine: II y a également un autre point sur lequel on
n'a pas tellement insisté, c'est sur le taux de solutions. L'an dernier,
on avait un taux de solutions de 35,4% alors qu'en 1976 cela s'était
maintenu à 35,8%. Cette année, on est rendu à 38,6%.
J'aimerais avoir des explications soit du ministre de la Justice ou du
directeur de la Sûreté du Québec. Je sais qu'il nous a
donné certaines explications tantôt concernant les interventions
dans les municipalités, mais il y a peut-être d'autres facteurs
qui font que ce taux de solutions ait augmenté.
M. Bédard: Je pense que, continuellement, les
méthodes policières s'améliorent, se perfectionnent et
cela nous donne le résultat très important d'un taux de solutions
de crimes plus élevé que ce ne l'était dans le
passé. Peut-être que le directeur voudra ajouter autre chose.
M. Lalonde: La détection a quelque chose à faire
avec cela aussi. Dans le cas de meurtre, on trouve le corps, il n'y a pas trop
de problèmes, mais dans d'autres crimes, il y a une question aussi de
détection. Il y a beaucoup de crimes qu'on ne connaît pas, les
crimes économiques, par exemple.
M. Bédard: II y a trois volets, à mon avis, au
problème que vous soulignez. Je tiens à vous préciser que
la dernière revue que vous recevez tous traite éloquemment de
cette partie. Il y a d'abord la sélection de nos enquêteurs.
Avant, il y avait une question de seniorité; celui qui était le
plus longtemps en poste, mais ce n'est pas cela maintenant. On a maintenant des
comités de sélection; on établit un profil, et avant qu'un
individu quitte la patrouille routière, comme généraliste,
pour devenir enquêteur, il doit répondre à des
critères précis. Donc, je pense que c'est d'ores et
déjà un gage de succès.
Le deuxième volet, c'est que tous nos gens qui sont
affectés à une fonction d'enquêteur sont maintenant
dirigés vers l'Institut de police de Nicolet où ils suivent un
cours de police judiciaire qui leur donne déjà des rudiments pour
muter de la fonction de patrouilleur à la fonction
d'enquêteur.
Il y a aussi le travail d'équipe. C'est que la base du
succès d'un corps de police, ce sont ses policiers en uniforme. Les
policiers en uniforme sont les yeux, les oreilles du corps de police pendant 24
heures alors que les enquêteurs travaillent simplement par
périodes de jour ou en soirée. La diffusion de l'information par
les patrouilleurs, leur travail préventif d'interception, la
prévention qu'ils font apportent beaucoup d'eau au moulin, si on peut
dire, pour les enquêteurs. Vous savez, quand à 2 heures du matin
on intercepte des gens avec du matériel volé, qu'on a tout
simplement à remettre cela à l'enquêteur le lendemain matin
pour prendre des versions, étiqueter cela et aller porter les plaintes
au procureur de la couronne ou encore aller faire identifier de la marchandise
par le plaignant, cela devient une enquête assez rapide.
C'est cet ensemble de données qui nous amène à
cela. J'ose croire que c'est cela parce que l'année prochaine, s'il faut
qu'on ait moins, mes explications ne tiendront pas.
M. Fontaine: Je vous souhaite que cela continue à
augmenter.
M. Bédard: Je fais une mise en garde, vous savez. Mais,
fondamentalement, c'est cela. D'ailleurs, cette année, on va tenir des
séminaires internes pour les enquêteurs spécialisés
de façon à les développer encore plus, de façon
à leur donner une image à peu près
stéréotypée, tous, sur la façon de procéder.
Il y a de l'individualité, il y a de la créativité
individuelle, mais il y a des règles de base qui doivent être
suivies. Si on parvient à avoir un modèle type d'enquêteur
qui travaille selon les mêmes procédés, selon les
mêmes méthodes, etc., donc, cela nous amènera à une
meilleure uniformité d'ensemble.
M. Fontaine: Est-ce que le service de renseignements sur la
sécurité collabore avec les enquêteurs dans ce domaine?
M. Bédard: Oui. Les deux parties des services de
renseignements, sécurité et criminel; la sécu-
rité, c'est en matière de maintien de l'ordre. Vous avez
des dommages à la propriété, méfaits, tapage, etc.,
troubler la paix. D'autre part, vous avez aussi le renseignement criminel dans
le cadre d'enquêtes criminelles proprement dites, de crimes
économiques, vols à main armée, etc. 80% du travail des
renseignements scientifiques, qui est communément l'écoute
électronique et les unités de surveillance, qu'on appelle
filature, sont faits en support à l'opération. Donc, il reste 20%
pour d'autres projets particuliers.
M. Fontaine: J'aurais une autre question concernant les
contraventions pour le port de la ceinture.
M. Lalonde: M. le Président, je ne veux pas interrompre
mon collègue, mais j'avais cru qu'on se dirigeait vers un tour de table
sur l'évolution de la criminalité.
Le Président (M. Jolivet): C'est cela.
M. Lalonde: J'avais un tas d'autres questions à poser.
Le Président (M. Jolivet): Oui. C'est ainsi que je l'avais
compris tout à l'heure aussi.
M. Fontaine: Je reviendrai plus tard, M. le Président.
M. Lalonde: Si vous permettez...
Le Président (M. Jolivet): Donc, vous parlez sur le
deuxième volet.
M. Lalonde: Sur l'évolution de la criminalité.
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Lalonde: Sur l'évolution de la criminalité.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: D'abord, je voudrais faire une ou deux remarques
préliminaires. Par formation, je me méfie des statistiques sur la
criminalité parce que cela ne veut pas toujours dire grand-chose. Il y a
une réalité qui est bien évidente en criminologie. On
appelle cela le chiffre noir de la criminalité. Dans certains domaines,
par exemple les crimes économiques et d'autres types de
criminalité, il y a moins souvent de plaignants et, finalement, la
réalité, la vraie, dans le domaine de la criminalité,
n'est pas traduite par les statistiques. Quand on parle des meurtres, on dit
généralement qu'on a un meilleur profil de la
réalité parce que, règle générale, on finit
par trouver les corps. Encore là, on se rend compte que des fois,
après quelques années, des disparitions deviennent des meurtres
parce que, trois ou quatre ans après, on a trouvé des corps.
Donc, je trouve qu'il faut faire bien attention aux interprétations des
statistiques sur la criminalité.
D'autre part, il y a aussi cela peut paraître curieux
que parfois le taux de criminalité augmente en fonction de
l'amélioration des services de police. A mesure que les policiers
deviennent plus efficaces, il y a un plus grand nombre de crimes qui sont
détectés, qui sont l'objet d'enquêtes, qui sont
résolus. Le chiffre noir, autrement dit, diminue et le taux de
criminalité augmente. En fait, c'est aussi en fonction du taux
d'efficacité des services de police.
Par ailleurs, j'aurais deux questions à poser au directeur de la
Sûreté du Québec en fonction de problèmes
spécifiques de criminalité. On a vu, la semaine dernière,
dans la Presse, une série d'articles sur le problème particulier
des motards au Québec. Non pas des gens qui aiment la motocyclette
j'en étais un quand j'étais plus jeune, il y a quelques
années mais des gens qui, en bande, utilisent la moto comme moyen
de transport, dont les principales activités ne sont pas de faire de la
motocyclette, mais plutôt de faire autre chose.
La belle saison va reprendre bientôt. Ce qui est assez
inquiétant c'est de voir comment ces groupes sont de plus en plus
structurés, de plus en plus organisés. On dit même dans les
reportages, notamment dans ceux de Michel Auger de la Presse, que dans certains
cas, on peut craindre que ces groupes soient plus puissants que la fameuse
mafia. En passant, la mafia ce n'est pas l'ensemble de la pègre, mais
c'est une organisation bien spécifique, qui existe d'ailleurs. La
Sûreté du Québec, est finalement le principal corps de
police qui peut intervenir contre ces groupes, étant donné que la
plupart se manifestent à l'extérieur de Montréal. Il y a
quelques groupes qui sont à Montréal, mais leurs activités
souvent sont dans le milieu rural ou semi-rural. On a vu, avec l'enquête
sur le crime organisé, comment, par exemple, certaines bandes avaient
carrément pris le contrôle de certaines municipalités au
Québec et avaient imposé leur loi.
Je me demande si on prévoit des mesures spéciales pour
faire en sorte que ces groupes soient contrôlés; qu'ils ne
terrorisent plus, comme ils l'ont fait et comme ils continuent de le faire dans
certains coins du Québec, des populations entières. Est-ce qu'au
cours des prochaines semaines, au cours de la belle saison qui s'en vient, on
prévoit un plan d'action particulier pour faire en sorte que le monde
vive en paix au Québec et qu'on ne voie pas ces bandes, ces hordes de
Huns, finalement, déferler sur certains coins du Québec et
imposer leur loi? Ce que je trouve, c'est que vraiment dans certains cas, un
contrôle... On a utilisé le terme de "pillards" dans les
reportages journalistiques et je vous jure que pour certains de ces individus,
ce n'est pas un terme qui est exagéré. On aurait pu parler de
"barbares", quand on regarde les actes que ces individus commettent. Ce qui est
grave, c'est que ces populations sont souvent sans défense parce
qu'elles n'ont pas de corps de police particulier. Dans certains cas, le corps
de police est tellement minuscule qu'il préfère coexister
pacifiquement en faisant le
moins de bruit possible et en essayant de heurter de front le moins
possible ces groupes.
Ma première question, c'est de demander au directeur de la
Sûreté du Québec si on a une approche particulière
vis-à-vis de ce problème. Ou au ministre de la Justice.
M. Bédard: Nous sommes très conscients de cette
réalité. C'est pourquoi la CECO, comme vous le savez, a fait
porter une partie de son travail sur des enquêtes qui ont
été menées sur certains groupes de motards.
Déjà des résultats ont été obtenus, des
plaintes ont été portées. Dans le nouveau mandat de la
CECO qui a été donné aux commissaires au mois de
décembre, il y a une partie de ce mandat qui porte également sur
des problèmes de cette nature.
Au moment où on se parle, il y a un travail d'enquête qui
se fait par une équipe d'enquêteurs de la CECO et qui va
déboucher normalement, comme ce fut le cas dans d'autres cas, sur des
accusations qui seront portées. Maintenant, je pense qu'à la
CECO, c'est une préoccupation particulière puisqu'une partie du
mandat de la CECO est orientée vers des dossiers de cette nature.
M. Charbonneau: Ce que je voudrais souligner au ministre, c'est
que la CECO fait, dans le fond, une espèce de travail de renseignement,
qui devient un travail de renseignement public à partir du moment
où, par la suite, les faits sont exposés publiquement. (10 h
45)
Dans le cas de Saint-Michel-de-Bellechasse, le résultat, c'est
que le travail de la CECO, par l'identification d'un problème
particulier concernant une municipalité, avait permis à cette
municipalité de se libérer de cette bande. Mais il faut se rendre
compte d'une chose: la bande n'a pas été démantelée
pour autant; du moins, si celle-là a été
démantelée, on se rend compte qu'il y en a d'autres plus
puissantes. Ce qui est de plus en plus inquiétant, c'est qu'il se tisse
une espèce de réseau continental à l'intérieur de
ces bandes de motards. De la même façon que la mafia, qui est une
organisation clandestine, fonctionne aussi avec une espèce de
réseau de contacts et d'affinités, eux font ce réseau plus
ouvertement. Alors que la mafia n'a pas de cartes de membre, eux, ils en ont
quasiment; dans certains cas, il y a des clubs, des cartes de membre, des
identifications et cela se fait au vu et au su de tous. Ce qui est
inquiétant, c'est de voir comment tout ce réseau, finalement,
peut relier les bandes à travers le Québec. C'est par ces canaux
de liaison que se fait une partie des crimes, notamment le trafic de la
drogue.
M. Bédard: Mais il y a un travail très
précis qui se fait dans ce domaine. Je demanderais au directeur de la
Sûreté du Québec d'ajouter quelques mots qui vont vous
permettre de le constater.
En ce qui a trait à la Sûreté du Québec, on a
une opération qui se déroule de cueillette de ren- seignements,
d'identification des situations dans cinq de nos districts, les districts
surtout à connotation urbaine. Il y a un programme d'échange de
renseignements avec les autres provinces sur le plan national pour suivre leurs
allées et venues parce que ces gens voyagent entre les provinces, d'une
part, et vont aux Etats-Unis, d'autre part, aussi. On tente de contrôler
ces situations à l'extérieur des villes. Il y a un programme
d'échange de renseignements avec la Communauté urbaine de
Montréal où vous avez une grande concentration. Aussi, quand des
gens de l'extérieur viennent, on les contrôle.
Pour vous donner un exemple, l'été dernier, on a eu les
funérailles d'un motard qui a été tué dans la
région de Sorel et qui a été enterré à
Drummondville. Des gens sont venus d'une quinzaine d'Etats américains.
Ils ont tous été contrôlés. On les a
cantonnés à un endroit et cela a été une
opération conjointe avec la police municipale de Drummondville. Quand
ils sont repartis, on a fouillé tout ça et on a retrouvé
un paquet d'objets volés, de motocyclettes volées, etc.
Quelques-uns étaient recherchés sur mandat tant au Canada qu'aux
Etats-Unis. Je pense que cela peut répondre.
C'est un phénomène qui a été pire qu'il
l'est actuellement, à mon humble avis. Le phénomène de
groupes a pris naissance aux Etats-Unis. Je ne dis pas que c'est en train de se
calmer, mais ce n'est pas pire que c'était. Il faut que ce soit
contrôlé si on veut... Parce que c'est florissant, la marchandise
volée. Il faut essayer de contrôler des endroits, des
hôtels, les batailles intergangs. Vous avez connaissance
fréquemment qu'on s'élimine; d'ailleurs, les articles de journaux
sont éloquents à cet effet.
Donc, c'est la nature qui s'équilibre un peu, mais la police
essaie de faire que cela se déroule dans toutes les règles de la
société.
M. Lalonde: J'aurais une sous-question. Les hordes apocalyptiques
qui descendent en deux-roues sur notre population à la façon dont
le député de Verchères nous a décrit cela, c'est
combien de personnes à peu près?
M. Bédard: On parle de 700 à 800 motards au
Québec. Il y a des groupes qui sont bien structurés, qui sont
assez disciplinés, mais il y en a d'autres qui sont affiliés. Il
y a des chapitres, vous savez. C'est aussi compliqué que les
francs-maçons ou les Chevaliers de Colomb. Il y a des chapitres.
M. Lalonde: Vous avez de ces comparaisons!
M. Bédard: Je comprends que ce n'est pas tout à
fait de même nature; vous parlez de la structure.
C'est parce que, habituellement, dans toute comparaison, on doit prendre
les deux extrêmes de façon que ce soit bien clair. C'est en termes
de structures.
M. Lalonde: Avez-vous réussi à les infiltrer, les
motards?
M. Bédard: C'est parce qu'on ne peut pas s'acheter de
moto! Ils ont une structure assez complexe, comme le disait M. Charbonneau tout
à l'heure, un peu du style du crime organisé, avec des chapitres
qui se rapportent à d'autres chapitres américains, etc.
Le principal est de les contrôler, d'éviter qu'ils ne
commettent des crimes et de faire certaines razzias de façon à
leur rappeler qu'ils vivent dans une société. On en a eu une, en
ce qui a trait à la Sûreté du Québec, il y a deux
ans. On a eu un groupe de motards qui est allé prendre un hôtel
d'assaut, dans la région de Papineau, Papineauvil-le, et on a
arrêté ces gens-là parce qu'ils contrôlaient les
lieux. On a eu une affaire de viol à Coteau-du-Lac où on a
réussi à résoudre le cas. Quand ils sentent qu'on les
ébranle comme cela, finalement... Vous savez, c'est une période
de trois ou quatre ans du stade de l'adolescence. Quand ces gens-là
atteignent une certaine maturité, ils disparaissent dans un circuit qui
est un circuit criminel généralement mieux connu.
M. Lalonde: La drogue là-dedans? Avez-vous
découvert des réseaux?
M. Bédard: II y a de la drogue dans cela. Nous travaillons
cela au niveau local, mais la Gendarmerie travaille au niveau national et
international. Il y a certainement des problèmes de drogue.
M. Charbonneau: J'aurais juste une autre question au sujet,
justement, du trafic de la drogue. On se rend compte que la Sûreté
du Québec n'a pas encore de brigade spécialisée uniquement
dans la répression du trafic de la drogue. Cela se fait encore dans
l'escouade alcool-moralité. Je me demande s'il n'y aurait pas lieu...
Cela prend de plus en plus d'importance. Il y a des gens qui s'imaginaient, il
y a quelques années, que c'était un phénomène
passager, qu'à un moment donné on reviendrait aux drogues
traditionnelles, c'est-à-dire l'alcool et l'héroïne, mais
pour une petite minorité. C'est bien plus le problème, de toute
façon, de la Colombie-Britannique que le problème du
Québec, en termes de consommation. Mais on se rend compte qu'il y a bien
d'autres drogues, y compris des drogues chimiques ou des drogues pour bourgeois
en mal de sensations, c'est-à-dire la cocaïne, ce sont des
phénomènes qui, finalement, sont là pour demeurer pas mal
longtemps. On se demande s'il n'y aurait pas avantage à ce que la
Sûreté du Québec ait une escouade spécialisée
uniquement dans la répression du trafic de la drogue, ce qui ferait
qu'une partie du travail qui est fait actuellement par la police
fédérale pourrait être accomplie par la Sûreté
du Québec. Et éventuellement, cela pourrait aussi avoir
l'avantage qu'une fois certains autres problèmes réglés,
la Sûreté du Québec serait plus à même
d'assumer le reste des responsabilités qui lui incomberont le moment
venu. On se demande si, déjà, à l'heure actuelle, il n'y
aurait pas avantage à ce qu'une brigade spécialisée dans
tout le trafic inter-régional autant que local puisse être
constituée au Québec.
M. Bédard: A ce moment-ci, il se développe une
expertise au niveau de la Sûreté du Québec. Elle a à
agir dans bien des dossiers de cette nature. Il y a aussi certaines
décisions de cour que nous attendons qui seront peut-être de
nature à nous donner certaines indications sur l'à-propos
d'intensifier les efforts dans ce domaine particulier qui est
déjà couvert, pour une grande partie, par l'activité
policière de la Gendarmerie royale.
Le Président (M. Jolivet): Cela va?
M. Lalonde: Sur l'évolution de la criminalité, le
seul souhait que je ferais serait que le gouvernement entende d'une oreille
favorable les demandes que la Sûreté lui fait relativement
à son escouade sur les crimes économiques. Cette
escouade-là est encore au même nombre depuis deux ou trois ans et
on sait que c'est un fléau. Je pense qu'un des points noirs...
M. Bédard: Le chiffre noir...
M. Lalonde: ... le chiffre noir de la criminalité est
sûrement là. La Sûreté a déjà un
effectif qui a pris de l'expérience depuis le début. Quand cela
a-t-il commencé? En 1972, 1973?
M. Bédard: Cela a commencé en 1974.
M. Lalonde: Je me souviens, en 1972, quand la Commission des
valeurs mobilières avait des problèmes de fraude, on cherchait
autour pour savoir qui pourrait nous aider, et la Sûreté du
Québec n'avait absolument aucune expérience. La Gendarmerie
royale en avait un peu. Il fallait faire appel à un squelette
d'effectifs et, depuis ce temps-là, cela a été
développé, de 1974 à 1976, à peu près au
niveau de 75 membres; le personnel est en majorité à
Montréal, et d'autres sont à Québec. Il me semble que
l'accent devrait être mis là-dessus.
M. Bédard: Nous en sommes très conscients.
D'ailleurs, nous avons indiqué qu'au moment où on se parle il y a
des discussions avec le Conseil du trésor aux fins d'obtenir une
augmentation significative du nombre d'effectifs policiers dans ce domaine
précis du crime économique.
M. Charbonneau: Le député de Marguerite-Bourgeoys
me permet-il une question additionnelle sur le même sujet du crime
économique? Est-ce qu'on peut nous dire si, actuellement, il y a une
collaboration particulière entre l'escouade des crimes
économiques et d'autres services gouvernementaux qui ont un rôle
d'enquête dans le domaine de la criminalité économique, par
exemple le service des enquêtes de la Commission des valeurs
mobilières? Il y a les faillites. Le ministère
des Institutions financières a aussi un groupe d'enquêteurs
qui travaillent dans certains domaines. Il y a également le
ministère du Revenu qui a des services d'enquête
spécialisés. La criminalité sur laquelle on enquête
là est également de la criminalité à col blanc, de
la criminalité économique. Quand j'étais journaliste, ce
qu'on constatait il y a quelques années, c'est qu'il n'y avait pas
tellement de collaboration, d'échanges de renseignements et de plans
d'action parfois concertée vis-à-vis de certains groupes
d'individus ou certains actes qui avaient été commis. Est-ce que
les échanges et les relations entre les services, finalement, d'un
même Etat se sont améliorés au cours des récentes
années?
M. Bédard: Assurément. L'accent a été
mis sur des échanges entre différents groupes qui se
spécialisent dans le domaine des faillites et fraudes. Il y a une
collaboration continuelle entre le service des faillites et fraudes et la
section des crimes économiques de la Sûreté du
Québec. Il y a également une collaboration constante avec
certaines institutions financières.
M. Charbonneau: Ce que je peux seulement ajouter, c'est que ce
serait à l'honneur du Québec de développer ce secteur
parce que je pense que c'est peut-être un des secteurs qui ont
été les plus négligés. Cela faisait dire à
bien des études par des criminologues que les forces de police
traditionnelles enquêtaient sur le petit monde dans la
société et que les gens qui avaient les moyens, la
société ne se donnait pas les instruments pour surveiller
l'application des lois de la façon dont ces gens se comportaient
vis-à-vis de la société. Il est peut-être temps
qu'au Québec on mette l'importance où elle doit être mise,
c'est-à-dire sur les gens qui volent sur une grande échelle le
public en général et les individus. Souvent, ces crimes font des
victimes bien plus nombreuses parce que les consommateurs qui sont victimes de
ces individus, parfois, on peut les dénombrer par centaines.
M. Bédard: M. le directeur de la Sûreté du
Québec pourrait peut-être donner quelques indications qu'il peut
avoir concernant les statistiques du crime économique. D'ailleurs, cela
avait été demandé hier par le député de
Marguerite-Bourgeoys. Ce ne sont pas des statistiques complètes, mais
cela va donner un aperçu.
En matière de statistiques sur le crime économique, en
1977, nous avions accompli 1210 enquêtes. De ce nombre, il y avait eu 733
mises en accusation, représentant 795 individus parce qu'il y en
a quelques-uns qui ont eu deux chefs et, pour faire cela, on avait 77
policiers. En 1978, on a eu 1425 enquêtes, ce qui représente
déjà une augmentation de 17,7%, et 994 mises en accusation; c'est
une augmentation de 35,6% par rapport à l'année dernière.
Il est probable que l'expertise de nos gens devient meilleure. Nous avons
arrêté 1086 individus, toujours avec 77 policiers. M. Charbonneau
parlait tout à l'heure du point noir. On peut partir d'un point
zéro où il y avait quelques enquêtes qui se faisaient, mais
pas tout à fait de façon aussi systématique et intense
avec une attaque concertée dans ce domaine. Donc, on est parti d'un
point X pour atteindre les chiffres que je vous donne. (11 heures)
Peut-être une petite parenthèse sur la coopération.
Quand on explore un cas et qu'on fait le survol des données disponibles
au départ pour amorcer l'enquête, le premier principe, c'est:
quels sont les ministères qui sont impliqués et qui peuvent
participer? Donc, on travaille avec tous ceux-là et on fait de grands
efforts pour impliquer tous ceux qui peuvent apporter une contribution. On
travaille beaucoup avec les institutions financières.
M. Lalonde: Votre escouade a quasiment été
formée à même...
M. Bédard: C'est cela.
M. Lalonde: ... l'expertise du service des fraudes et faillites
au début, en 1974.
M. Bédard: C'est cela. Ensuite, vous avez aussi le
consommateur...
M. Lalonde: Oui.
M. Bédard: ... parce que vous avez beaucoup de fraudes qui
touchent le consommateur. Hier, je vous ai parlé de l'éducation
qu'on tentait de faire parce qu'il y a des formes de prévention qui
peuvent se faire dans ce domaine. Je remets au ministre une série de
petits dépliants qui ont été faits dans un programme dont
l'objectif, la cible, c'était l'âge d'or, les gens de l'âge
d'or surtout, parce que ce sont des personnes fort vulnérables. Donc,
vous avez une série de dépliants qui ont pour objectif ce
sont nos objectifs la prévention du crime et la
sécurité routière. On prétend qu'en
prévention du crime, mieux le citoyen est informé, plus il va
collaborer avec la police. D'abord, on parvient à enrayer une certaine
catégorie de crimes parce que les victimes potentielles sont mieux
éclairées, donc, d'ores et déjà, cela nous
enlève des problèmes. On a développé cette approche
depuis plusieurs années et on tend à l'intensifier de plus en
plus. Je pense que cela va valoir la peine. Vous allez trouver ces petits
dépliants fort intéressants, assez bien conçus. C'est fait
par notre service des communications.
M. Lalonde: M. le Président, je serais prêt à
passer à la sécurité routière s'il n'y a pas
d'autres questions sur l'évolution de la criminalité.
Le Président (M. Jolivet): Quant aux dépliants, on
pourrait les distribuer cet après-midi. On va s'organiser pour les
distribuer cet après-midi. Cela va?
M. Charbonneau: Juste un dernier point sur la question de la
criminalité qui me préoccupe pas mal; c'est au niveau des
renseignements crimi-
nels. On a eu la Commission d'enquête sur le crime organisé
qui nous a brossé le tableau, il y a deux ou trois ans, de certaines
puissantes organisations criminelles, surtout dans la région de
Montréal. Depuis ce temps-là, on a eu des enquêtes sur les
motards, des enquêtes publiques sur une série de fraudeurs, la
publicité sympathique. Mais des gens ont l'impression que, finalement,
par exemple, l'organisation de la mafia au Québec, en particulier dans
la région de Montréal, n'existe plus, qu'on a réglé
le problème. J'ai l'impression que cela n'est pas exact. On a eu une
série d'émissions télévisées il y a une
semaine ou deux au réseau anglais de Radio-Canada où un
journaliste du Québec d'ailleurs le même qui a écrit
la série d'articles dans la Presse sur les motards Michel Auger,
a collaboré pour l'aspect du Québec. On constatait que ces
organisations criminelles étaient encore assez puissantes au
Québec. La Sûreté du Québec est-elle en mesure de
nous dire l'importance de certains de ces groupes actuellement? Est-ce que
parce que dans certains cas on a cette impression les policiers
ont perdu de vue la situation? Certains disent que les moyens d'enquête
ont varié avec les années, particulièrement
l'écoute électronique qui est plus réglementée.
Donc, on ne fait plus d'écoute de renseignements, mais on fait de
l'écoute opérationnelle sur des actes criminels précis, et
on arrive avec le problème qu'on sait peut-être moins ce qui se
passe dans le milieu.
Je voudrais savoir l'état du renseignement criminel sur ces
groupes particuliers, sur ces organisations criminelles particulières.
On n'a qu'à penser à la mafia à Montréal, mais il y
avait aussi la fameuse bande des frères Dubois et d'autres organisations
comme celle-là. Est-ce qu'on a un portrait, la Sûreté du
Québec a-t-elle un portrait de la situation de ce qu'on appelle le crime
organisé? Je trouve que c'est un mauvais mot parce que, finalement, il
n'y a pas beaucoup de crimes qui ne sont pas organisés. A-t-elle un
portrait de la situation du milieu criminel et des organisations qui oeuvrent
dans ce milieu-là?
M. Bédard: On a effectivement une organisation qui se
relie... Tout à l'heure, ce que je vous ai dit pour les motards, cela se
travaille selon le même principe. On a 25 policiers actuellement dans le
renseignement criminel. Nous avons une demande pendante au Conseil du
trésor de quinze policiers additionnels pour pouvoir déployer nos
efforts en province. Nous travaillons en collaboration avec les divers corps
policiers; cela se fait à travers le bureau de recherche sur le crime
organisé où il y a un partage de l'information. Le but est
d'essayer de garder toujours à jour un portrait des organisations sur le
plan local, sur le plan provincial, sur le plan interprovincial et sur le plan
national. Vous savez par expérience je pense que vous avez
travaillé dans ce domaine avec la CECO que c'est assez lourd,
mais, au lieu de tenter de couvrir de multiples facettes à la fois, on
tente de s'attaquer à une cible, à un problème et on prend
le temps de le circonscrire comme il faut. Après que ce problème
est circonscrit, on s'attaque à un autre. Vous savez, c'est toujours
relatif; on pourrait faire plus en ayant plus. Mais il faut qu'on tienne compte
aussi des exigences de la société et les citoyens ne nous en
donnent pas plus qu'on ne leur en demande.
La CECO
M. Lalonde: M. le Président, j'avais l'intention de poser
des questions sur la CECO et la lutte au crime organisé à un
autre programme, mais je vais le faire ici étant donné que la
question est posée. Il ne s'agit pas d'un fardeau qu'on doit faire
porter à la Sûreté du Québec seule.
M. Bédard: II y a d'autres corps policiers qui...
M. Lalonde: II y a d'autres corps policiers qui sont
impliqués, qui travaillent là-dessus.
M. Bédard: ... travaillent en collaboration, la GRC et
celui de la Communauté urbaine de Montréal.
M. Lalonde: Mais quand même, puisque le sujet a
été lancé, j'aimerais savoir, étant donné la
nouvelle méthode de mandat précis, limité dans le temps et
dans le sujet, qui a été adoptée par le gouvernement
à l'égard de l'enquête de la Commission de police sur le
phénomène, si cela vous permet, comme corps policier qui est
quotidiennement dans le champ, soit dans le domaine du renseignement criminel,
dans la lutte à la criminalité de cette nature, d'avoir autant de
force, d'influence sur la répression de cette criminalité. Quand
on donne un mandat limité et qu'on dit les motards, je ne sais pas
prenons trois cas, je ne les ai pas de mémoire; ils ont
été publiés, mais de façon très
générale naturellement; on ne pouvait pas les détailler
trop trop ou envoyer des avis aux personnes concernées à
ce moment-là, les autres milieux qui ne se sentent pas frappés
par cela disent: Bien, on a congé. Est-ce qu'il n'y a pas une
espèce de laisser-aller possible, pas de la Sûreté du
Québec parce qu'elle ne peut faire que ce que la loi lui donne comme
pouvoirs? Vous n'avez pas les pouvoirs d'interroger des témoins sous
serment, de les assigner devant vous. Je ne parle pas de la Sûreté
du Québec, mais de la lutte au crime organisé en
général.
M. Bédard: Peut-être que je ne me suis pas
exprimé d'une façon suffisamment claire. La nouvelle politique de
donner des mandats précis à un banc en particulier sur des
dossiers précis pour une durée limitée ne constitue pas le
seul travail de la CECO. En même temps, il y a un groupe
d'enquêteurs qui continuent de travailler d'une façon permanente
sur d'autres dossiers sur lesquels il peut leur être indiqué de
travailler. A la CECO, autrement dit, il y a les commissaires qui
siègent pour étudier des dossiers précis; durant ce temps,
il y a une structure d'enquête qui, elle, est permanente et qui justement
nous permettra
d'évaluer dans quel secteur un autre banc de commissaires
pourrait fonctionner à partir du travail qu'ils auront effectué
au niveau de leurs enquêtes qui continuent comme auparavant.
M. Lalonde: Ce que le ministre décrit, si je comprends
bien, c'est que, s'il avait une demande demain soit des commissaires ou de la
Sûreté du Québec ou, enfin, des enquêteurs
j'imagine que ce serait canalisé par le coordonnateur du ministre
...
M. Bédard: Exactement.
M. Lalonde: ... il pourrait ouvrir le mandat.
M. Bédard: Un coordonnateur à la CECO, à la
Commission de police.
M. Lalonde: A la commission de police.
M. Bédard: Pas un coordonnateur au ministère.
M. Lalonde: Un coordonnateur à la commission de police. A
ce moment, il pourrait ouvrir le mandat de façon...
M. Bédard: C'est-à-dire, au niveau de
l'enquête, il peut orienter le travail des enquêteurs sur des
dossiers qui lui semblent indiqués, pendant que des commissaires qui ont
été nommés jusqu'à maintenant font leur travail sur
des dossiers précis pour une durée de temps limitée.
M. Lalonde: C'est dans le domaine des possibilités que la
commission de police soit invitée à former un autre banc pour un
cas particulier, s'il y a urgence et s'il y a une raison de faire une
enquête.
M. Charbonneau: Une chose que je trouve bien importante. Comme M.
Beaudoin signalait qu'il y a une demande pendante au Conseil du trésor
pour augmenter les effectifs du service des renseignements criminels,
j'espère, en tout cas, c'est une opinion personnelle, qu'il va y avoir,
parmi ces nouveaux effectifs qui pourraient être accordés, des
gens qui vont travailler en permanence sur certains groupes criminels qui, eux,
sont en permanence. Par exemple, si on prend l'organisation de la mafia
à Montréal, le clan en particulier, bien sûr que, dans le
temps, il y a des variations d'activités, il y a des problèmes
internes à l'intérieur de cette organisation, mais ce qu'on
constate, c'est que depuis 40 ans cette organisation à une permanence
constante. Il y a une affiliation dans les dirigeants et c'est une histoire,
j'en ai écrit une partie, j'ai travaillé, à la CECO,
à la rédaction du rapport qui a concerné
particulièrement la mafia. On se rend compte que cette organisation est
permanente dans ses activités, dans sa façon de procéder,
tandis que la police, elle, pas uniquement la Sûreté du
Québec, par exemple, la Communauté urbaine de Montréal,
n'a pas la même permanence d'intérêt sur cette
organisation.
Parfois, pendant un an, deux ans, on va mettre des enquêteurs pour
vérifier les activités de l'organisation et, par la suite, on se
rend compte que, pendant quelques autres années, on met moins
d'intérêt. On se dit: II ne se passe pas grand-chose à
l'intérieur de l'organisation et on met moins d'intérêt.
Mais c'est pendant ces années que les organisations se restructurent,
reprennent pied dans d'autres secteurs, changent leurs dirigeants. Et on arrive
avec une situation où on se retrouve quelques années après
et on ne connaît plus les dirigeants de l'organisation. On prend des
mois, finalement, pour essayer de faire le portrait de la situation, alors que
si on avait été constamment à l'écoute ou si on
avait eu constamment une oreille attentive, des yeux attentifs sur ce qui se
passe dans le milieu, on aurait peut-être pu avoir un meilleur portrait
de la situation au moment où des choses se passent qui sont plus
spectaculaires, qui amènent la société à se rendre
compte que l'organisation n'est pas encore morte.
M. Lalonde: M. le Président, si vous le permettez, dans la
même veine. C'était la raison de ma question. Je me souviens que
le député de Verchères, le 19 mai 1977, lors de la
première étude des crédits du ministère de la
Justice après la prise du pouvoir, avait exprimé son avis sur les
mandats courts dans le temps.
M. Charbonneau: Je vous vois venir.
M. Lalonde: Autrefois, on avait un mandat très large. Mais
à cause de la réflexion qu'on avait commencé à
faire, dans les années soixante-quinze, soixante-seize, sur l'avenir de
la CECO, je ne sais pas si le député se souvient, la CECO avait
produit un rapport ne recommandant pas encore la permanence, mais une
période d'essai de cinq ans, je crois, et on reconduisait le mandat
d'année en année. Même le député disait:
J'oserais dire qu'il était confié au compte-gouttes à
cette commission d'enquête. Le mandat était confié au
compte-gouttes. Je voudrais être sûr, et c'est pour cela que j'ai
posé la question, que la façon choisie par le ministre ne recevra
pas les foudres du député de Verchères.
M. Charbonneau: Ecoutez, je n'ai pas changé d'idée
depuis ce temps. Je pense que ce qui est important, c'est qu'à
l'intérieur de la commission d'enquête, il y ait une espèce
de structure permanente et surtout qu'il y ait une attention permanente. Cela
pourrait être au niveau du bureau de recherche du Québec sur le
crime organisé. Ce que je constatais à ce moment, c'est que ni
dans les services policiers, ni à la CECO on n'avait un
intérêt permanent sur des groupes qui, eux, avaient une vie
permanente dans notre société. Eventuellement, qu'on change de
banc pour des facettes, c'est un autre problème. Ce que je
considère, c'est que l'Etat, qui a une responsabilité de
sécurité publique, se donne les moyens de
savoir d'une façon permanente ce que des groupes, qui eux, ont
une vie permanente, font comme activité criminelle dans la
société. (11 h 15)
M. Lalonde:... une question de morale, je dirais de
productivité, que le député de Verchères avait
soulignée. C'est tout à fait naturel que des gens qui travaillent
dans une enquête et qui ne savent pas si dans six mois ils vont continuer
cette enquête ne travaillent pas aussi bien. Je veux être sûr
que j'interprète bien les propos du ministre que l'enquête sur le
crime organisé, la lutte au crime organisé ne se termine pas le
30 novembre 1979.
M. Bédard: En aucune façon.
M. Lalonde: Deuxièmement, la seule différence c'est
qu'au lieu que ce soit la commission d'enquête qui choisisse
elle-même les sujets sur lesquels on fait une enquête
spéciale, publique cela va être le ministre. On pourrait discuter
de la sagesse de ce choix. Jusqu'à maintenant, le mandat était
tellement large que la commission d'enquête choisissait elle-même
ses mandats ou enfin les dossiers particuliers sur lesquels elle mettait la
pression. Tandis que, là, il va falloir que ce soit, si je comprends
bien, une recommandation de la commission d'enquête ou des
enquêteurs ou de quelqu'un d'autre. On pourrait en faire des
recommandations, la Sûreté pourrait en faire: Nous vous
recommandons de soumettre tel cas particulier à l'attention de la
Commission d'enquête sur le crime organisé, et c'est le choix du
ministre seulement. Il y a une différence.
M. Bédard: II y a une certaine...
M. Lalonde: Dans l'ancienne méthode, il n'y avait pas
d'implication politique possible.
M. Bédard: Je ne vois pas d'implication politique non
plus, puisqu'il est bien évident que le ministre de la Justice ne
prendra pas de décision sans avoir été
éclairé par l'ensemble des travaux qui auront été
effectués par ce groupe d'enquêteurs et que c'est en collaboration
avec la Commission de police et la structure d'enquête sur le crime
organisé que vont se terminer les secteurs où il y aurait lieu de
constituer un banc.
Justement pour répondre à l'interrogation du
député de Verchères, afin d'atteindre un objectif qu'il a
à coeur d'avoir toujours une écoute attentive sur l'ensemble du
secteur du crime organisé, nous avons laissé en place une
structure permanente d'enquête qui fonctionne, avec un coordonnateur qui
est en charge du niveau de la Commission de police. Durant que ces
enquêteurs font leur travail, comme ils le faisaient auparavant, il y a
un banc qui est constitué pour enquêter d'une façon
spéciale dans certains dossiers.
M. Lalonde: Si je peux demander au ministre, il avait
été souhaité dans ces milieux que le Bureau de recherche
sur le crime organisé, le BRCO, ait une permanence, une
institutionalisation, ce qui avait été proposé dans le
projet de loi no 41 qui est mort de sa belle mort en 1976. Est-ce que ce serait
l'intention du ministre de créer cette permanence?
M. Bédard: II existe à l'heure actuelle, par
arrêté en conseil, et non pas d'une façon
législative.
M. Lalonde: Oui, mais un arrêté en conseil, c'est le
gouvernement et la loi est l'institution qui est suprême en
démocratie.
M. Bédard: Nous prenons note des représentations du
député de Marguerite-Bourgeoys sur l'opportunité,
peut-être, de lui donner une permanence législative plutôt
qu'une permanence par voie d'arrêté en conseil.
M. Charbonneau: Personnellement, je n'aurais aucune objection
à ce qu'il y ait une permanence d'assurée à ce niveau.
M. Lalonde: C'est important dans la présentation, je sais
que ce gouvernement porte beaucoup d'attention à son apparence. Je me
souviens, quand on avait mis cela dans le projet de loi no 41, qu'avec le mot
"bureau" il y avait toutes sortes de réactions et qu'on parlait d'un
deuxième, d'un troisième bureau, je ne sais pas à combien
on en est rendu, le nième bureau. Il y a une question de
présentation.
M. Bédard: ... référant au système
français, j'imagine.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Charbonneau: II y a le deuxième bureau et le
troisième bureau et les cinquièmes colonnes aussi.
M. Lalonde: Ils sont aux Etats-Unis en quelque part, je
pense.
M. Fontaine: Tout à l'heure, le directeur
général de la Sûreté du Québec a
demandé de distribuer des dépliants. Le ministre, je ne sais pas
pour quelle raison, a demandé que ce soit retardé.
M. Bédard: Je n'ai pas demandé que ce soit
retardé.
Le Président (M. Jolivet): C'était pour ne pas
retarder les travaux.
M. Fontaine: Je ne sais pas si c'était pour éviter
des questions.
M. Bédard: Non.
Le Président (M. Jolivet): On peut les distribuer, ils
sont là.
M. Bédard: Franchement, il y a un bout à être
méfiant!
M. Lalonde: Non, on peut dire qu'on...
M. Bédard: Le directeur de la Sûreté du
Québec m'en a acheminé un, intitulé Le puits de sagesse.
En même temps, il m'indique qu'il y en a beaucoup d'autres contenant de
l'information sur des secteurs concernant le crime.
M. Lalonde: C'est peut-être que le ministre a besoin de
plus de sagesse que nous comme titulaire.
M. Bédard: Je ne veux pas faire de publicité indue,
vous serez à même de le constater. D'ailleurs, le
député de Nicolet-Yamaska parle pour rien, il a
déjà un exemplaire entre les mains.
M. Fontaine: J'ai vu sursauter le ministre lorsqu'il a pris le
dépliant intitulé Le puits de sagesse, où c'est inscrit
"faux représentants du gouvernement".
M. Bédard: Franchement! Vous interprétez n'importe
quoi, là.
M. Fontaine: J'ai une question à poser
là-dessus.
M. Bédard: Je trouvais que c'était une assez bonne
dénomination, Le puits de sagesse.
M. Fontaine: C'est à l'intérieur.
M. Bédard: Je ne l'ai même pas lu, je vais le
lire.
M. Fontaine: J'ai une question à poser
là-dessus.
Le Président (M. Jolivet): Allez, posez votre question. En
passant, on devait les mettre en ordre et le secrétaire, ici, vous les a
distribués, pour les besoins du journal des Débats.
M. Fontaine: Merci, M. le secrétaire. Est-ce que le
directeur général de la Sûreté du Québec
pourrait nous informer s'il a été à même de
découvrir qu'il existait un réseau de personnes qui se faisaient
passer pour des représentants du gouvernement ou si des fonctionnaires
du gouvernement auraient utilisé leur titre de fonctionnaires du
gouvernement pour leur permettre des ventes comme on en fait ici la
suggestion de plans de pension? Y a-t-il eu des recherches de faites ou
des renseignements recueillis à ce sujet?
M. Bédard: C'est essentiellement pour prévenir la
population de la possibilité qui existe que certains individus se
fassent passer pour des fonctionnaires du gouvernement; c'est pour attirer
l'attention des citoyens sur ce point précis. Autrement dit, avec un
vrai gouvernement, on ne peut pas avoir de faux fonctionnaires.
M. Fontaine: Ce que je veux savoir du directeur
général, c'est s'il a été à même de
constater que plusieurs cas ont été portés à sa
connais- sance concernant de faux représentants ou des fonctionnaires du
gouvernement qui se seraient présentés en tant que
représentants du gouvernement pour effectuer des ventes.
M. Bédard: On peut dire, généralement, qu'il
n'y a pas de fonctionnaires du gouvernement, d'une part. D'autre part, il y a
effectivement des personnes qui se présentaient et qui s'identifiaient
comme mandatées par le gouvernement, par exemple, par la Régie
des rentes du Québec, incitant les gens à prendre des plans de
pension pour compenser la hausse du coût de la vie et des choses comme
cela. Dans la publicité sympathique je ne sais pas si vous avez
suivi ce dossier à travers la CECO il y a effectivement beaucoup
de vendeurs qui, par exemple, se sont identifiés à la police.
C'est là qu'on s'est aperçu qu'à la police nous
étions fort aimés. On faisait même l'envie d'autres
secteurs de la société.
M. Fontaine: J'ai même fait une demande de subvention pour
les policiers de l'Ecole de police de Nicolet qui organisent une
compétition sportive et j'attends toujours la réponse du ministre
de la Justice.
M. Bédard: C'est ce genre de trucs. Par exemple, pour
vendre des annonces, on se dit "représenter un parti politique"
quelconque pour obtenir de l'argent. On dit qu'on a accès au
gouvernement ou des choses comme cela. C'est de la fausse représentation
pure et simple. C'est ce contre quoi on voulait mettre les gens en garde.
M. Fontaine: Ma question était dans le sens de savoir s'il
y a un réseau organisé de ces personnes ou si ce sont tout
simplement des individus qui se servent de cela comme méthode de
vente.
M. Bédard: II y a les deux. Il y a des cas individuels de
gens qui travaillent de façon isolée. Dans le cas de la
publicité sympathique, il y avait un réseau bien organisé
avec un bureau principal à Montréal et des lignes qu'ils
appellent "inwatt lines" à travers la province qui permettent d'appeler
en direct à Sept-lles, etc. L'approche se faisait par
téléphone et la seconde approche, pour recueillir l'argent, se
faisait sur place. C'était systématisé.
M. Fontaine: Merci.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
Sécurité routière
M. Lalonde: A ce sujet, j'aimerais passer à la
sécurité routière, simplement quelques
considérations. Je pense qu'on doit féliciter la
Sûreté de l'accent qui a été mis, en particulier,
sur le port de la ceinture. Les 48 299 victimes de votre surveillance n'en sont
pas toutes heureuses, mais je
pense que c'était réellement le temps de mettre l'accent
là-dessus après cette période que vous appelez
d'éducation. Le défi qui a été relevé par le
gouvernement et l'Assemblée nationale, unanimement à ce
moment-là, était justement de réduire les coûts
sociaux, les coûts économiques du fléau des accidents
d'automobiles et on comptait beaucoup sur cette mesure qui avait même
été examinée et adoptée à la lumière
de l'expérience faite sur d'autres territoires.
M. Bédard: Lors de nos travaux à la dernière
étude des crédits du ministère de la Justice, nous avions
indiqué qu'à la suite des représentations qui avaient
été faites de part et d'autre nous demanderions à la
Sûreté du Québec de porter une attention
particulière au secteur de la sécurité routière. Il
y a plusieurs programmes de prévention au niveau de la
sécurité routière qui ont été mis de l'avant
par la Sûreté du Québec et je suis convaincu que tout ce
travail de sensibilisation donne des résultats encourageants que nous
sommes à même de constater.
M. Lalonde: Ce sont encore les mesures ponctuelles que vous avez
mises sur pied il y a quelques années en choisissant les endroits et le
temps en particulier et aussi une surveillance continuelle?
M. Bédard: Oui. C'est l'application sélective du
Code de la route où tous les accidents sont analysés. On
étudie les causes, les endroits, les heures, etc., et finalement on fait
des tableaux de cela et ces tableaux nous permettent d'identifier les points
noirs. On a parlé de points noirs en termes de criminalité; il y
a aussi des points noirs en termes d'accidents. On s'aperçoit d'une
chose. Les gens vont généralement dire: Sur la route 20, on ne
voit pas de policiers. Mais vous avez rarement des accidents sur la route 20,
un très faible taux d'accidents.
M. Lalonde: Le député de Verchères, non?
Vous ne l'avez pas vu? Je l'ai vu passer très rapidement l'autre
fois!
M. Charbonneau: J'ai rencontré le député
d'Outremont, M. Raynauld, qui m'a dit qu'il m'avait dépassé.
Donc, il y a encore de la place...
M. Fontaine: Moi, c'est le député de Drummond qui
me dépasse régulièrement!
M. Bédard: A notre déploiement policier,
systématisé, sur une période de 24 heures, on ajoute
sporadiquement des campagnes de sécurité routière. Au
printemps, nous allons avoir une campagne avec les Optimistes et l'Association
des chefs de police. L'année dernière, on peut dire qu'en prenant
la même période témoin que l'année
précédente parce que cette fois-ci on peut prendre des
périodes spécifiques on a eu 25 personnes de moins
décédées sur les routes. C'est assez intéressant
comme résultat. On a des périodes à l'automne. Il faut
rappeler constamment aux gens les principes de base. Nous avons notre
opération policière conventionnelle et, ensuite, des campagnes de
sécurité routière qui se déroulent sporadiquement
à des périodes de l'année. On en aura à l'automne,
car l'automne coïncide avec la saison de la chasse; la saison de la chasse
amenant le déplacement de beaucoup de gens qui vont dans la forêt,
cela nous amène des vols dans les chalets. Quand on parle de
sécurité routière en faisant une dichotomie totale avec la
prévention du crime, à mon humble avis, c'est une erreur
monumentale parce que c'est un tout. Donc, on essaie de faire cette approche
globale là.
M. Lalonde: Merci. J'enfreins peut-être le règlement
vous me le direz en parlant du port de la ceinture. Le ministre
a-t-il des statistiques pour tout le secteur qui n'est pas couvert par la
Sûreté du Québec? On sait qu'il y a des statistiques qui
disaient que c'est à un demi-mille du foyer que se produisait la
majorité des accidents graves, avec blessures corporelles. Ceux qui
pensent qu'on porte la ceinture seulement quand on s'en va sur la route 20
doivent savoir qu'apparemment c'est encore plus important de la porter en
sortant de chez soi, quand on va chez le dépanneur. D'abord, parce qu'il
y a...
M. Bédard: C'est ce que bien des gens pensent... (11 h
30)
M. Lalonde:... une majorité de véhicules qui sont
justement dans ce genre de périple et en minorité sur les grandes
routes. Le ministre a peut-être des statistiques pour qu'on ait une vue
un peu plus grande.
M. Bédard: On m'indique que des statistiques plus
spécifiques, plus détaillées se trouvent au
ministère des Transports, au Bureau des véhicules automobiles. Je
pourrais peut-être informer mon confrère dès maintenant, le
ministre des Transports, de l'opportunité qu'il y aurait de fournir ces
détails, ces renseignements.
M. Lalonde: Lors de ses crédits, le député
de Charlevoix, qui était le parrain de cette loi, va sûrement lui
poser des questions.
M. Bédard: II va sûrement aller au fond des
choses.
M. Lalonde: Je vous remercie.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Nicolet-Yamaska, avez-vous des questions?
M. Fontaine: J'aurais également une question en rapport
avec la ceinture de sécurité. On a dit qu'il y avait 48 299
contraventions distribuées. Le directeur de la Sûreté du
Québec pourrait-il nous dire combien de personnes là-dessus se
sont avouées coupables ou ont payé l'infraction? Combien y a-t-il
eu de poursuites et sur le nombre de poursuites, combien de personnes ont
été condamnées?
M. Bédard: Le problème... Je ne peux pas vous le
dire pour la raison suivante. C'est dirigé vers le bureau juridique du
Code de la route. Il s'écoule assez de temps entre le moment où
la contravention est distribuée et le moment où vous recevez
votre avis sommaire chez vous. Entre la période où vous recevez
votre avis sommaire et vous décidez de l'ignorer et le moment où
les poursuites sont prises, cela peut aller jusqu'à huit mois. Donc, ce
sera probablement avec le bureau juridique du Code de la route. L'année
prochaine, on pourra isoler cette donnée beaucoup plus
spécifiquement, mais je ne peux pas vous dire, non.
M. Fontaine: Concernant le problème des corps policiers
municipaux qui diminuent leurs services ou qui abandonnent tout simplement, on
a dit hier, dans le discours d'introduction...
M. Bédard: Je me proposais de vous donner des statistiques
assez détaillées sur ce problème particulier lorsque nous
procéderions à l'étude des crédits de la Commission
de police.
M. Fontaine: Ah! bon. D'accord. M. Bédard: On
pourrait peut-être... M. Fontaine: Parce qu'on y touchait ici.
M. Bédard:... attendre.
M. Lalonde: Est-ce qu'on en est encore à la
sécurité routière?
M. Bédard: Non.
M. Lalonde: II y a une chose que j'aimerais savoir, c'est votre
taux d'augmentation de 8% de la flotte. Je ne sais pas si vous savez
cela a sûrement été porté à votre attention,
vous êtes sûrement bien informé que depuis
l'implantation de l'assurance automobile, le nouveau programme d'assurance
automobile, on se serait aperçu d'un nombre moins élevé
que prévu de véhicules qui sont en fonctionnement ou qui sont
utilisés. Est-ce que votre taux de 8% d'augmentation ne semble pas
contredire cette réalité qui est venue à nos oreilles il y
a à peu près un an?
M. Bédard: Je m'aperçois que vous êtes aussi
bien informé que je peux l'être. Effectivement, j'ai
rencontré M. De Coster, le président de la Régie de
l'assurance automobile, et on a discuté de sécurité
routière. Il me disait que leurs données actuarielles pour les
probabilités futures, cela ne coïncidait pas avec... On a toujours
eu de la difficulté à avoir des données. Si vous remarquez
l'historique de nos rapports annuels, on dit toujours: Le parc automobile
approximativement... On dit toujours: Selon l'historique. Il y a un historique;
il semblerait que cela a arrêté cette année ou cela a
été moindre, l'augmentation du parc automobile, mais on n'a
jamais été capable de l'avoir au moment précis. Mais
effectivement, notre donnée de 8% est peut-être moindre que
cela.
M. Lalonde: La diminution d'accidents, en fait, on se retrouve
dans le dédale des statistiques. Je veux seulement vous poser la
question, je ne veux pas que vous tiriez de conclusions parce qu'il n'y a pas
assez de données.
M. Bédard: C'est effectivement possible, mais le
problème, ils l'ont. La Régie de l'assurance automobile l'a, elle
aussi. C'est d'ajuster leurs données, leurs probabilités
actuarielles avec ce que les véhicules à moteur sont
censés leur donner parce que ce sont eux qui ont les données
véridiques de base.
M. Lalonde: Des enregistrements.
M. Bédard: C'est cela. Et à cause du fait qu'il y a
un tel roulement dans cela, théoriquement on enregistre un
véhicule jusqu'à la fin de l'année. Donc, il y a toujours
un roulement et c'est simplement l'année suivante qu'on peut l'avoir.
Donc, cette année, on pourra savoir, à la fin de 1979, par
l'année de calendrier, l'année financière.
M. Fontaine: Quand on dit que le 1er avril, par exemple, tous les
véhicules doivent être immatriculés pour l'année en
cours, à ce moment-là, si on prenait la statistique, cela
donnerait environ...
M. Bédard: C'était cela les autres années.
L'historique nous donnait une hausse générale annuelle de 8%.
Cette année, il semblerait que cela a diminué.
M. Bédard: Je pense bien, comme le faisait remarquer le
député de Marguerite-Bourgeoys, en ce qui regarde les
statistiques, qu'on est toujours dans un domaine assez imprécis.
M. Lalonde: C'est relatif.
M. Bédard: C'est très relatif. Quand on parle de
hausse du taux de criminalité, c'est relatif puisque la
conséquence de tout cela, c'est peut-être que l'action
policière est mieux organisée, mieux systématisée.
Cela amène plus d'arrestations. Donc, les statistiques en sont
influencées un peu; par exemple, la loi 24 sur la protection de la
jeunesse. Cela donne l'impression de plus de criminalité chez les jeunes
parce qu'il y a un taux de signalement beaucoup plus élevé qui
n'existait pas auparavant, qui n'était pas comptabilisé
auparavant.
M. Fontaine: C'est quand même inquiétant de voir
qu'un pourcentage de crimes se commet qu'on ne connaît pas, qui n'est pas
calculé dans les statistiques.
M. Bédard: C'est cela. Ecoutez! On ne peut pas les...
M. Lalonde: Cela a toujours été de cette
façon.
M. Bédard: ... comptabiliser quand on ne les connaît
pas.
M. Fontaine: Non, je sais bien, mais... M. Bédard:
Oui.
M. Charbonneau: On les a de toute façon. Cela a toujours
été vrai.
M. Fontaine: Oui, je le sais bien.
M. Charbonneau: Le problème, c'est que, dans le fond,
c'est assez difficile d'évaluer ce que c'était avant quand
c'était moins connu.
M. Bédard: Si vous me le permettez. C'est pour cela que
nos expériences, on tente toujours de les faire. Comme exemple,
l'opération volcan; si vous me le permettez. On essaie de le faire avec
une zone témoin. C'est la seule façon qu'on peut mesurer deux
pommes avec d'autres pommes, vous savez. Si on prend nos données et on
les mesure à travers le Canada, l'Ontario a des données
démographiques sociales et des organisations policières
différentes des nôtres. Dans les autres provinces, la
démographie est fort différente, le système routier est
fort différent.
M. Lalonde: ... population.
M. Bédard: Distribution de la population. Quand vous
essayez de comparer cela sur le plan canadien, cela ne va pas, vous savez.
C'est pour cela qu'il faut essayer de mesurer notre propre performance avec nos
performances antérieures. C'est peut-être là où on
est plus près de la vérité parce que, si on veut charrier,
on peut dire: 38%, on est plus fin que l'Ontario. Cela n'est pas vrai. Sur
chiffres, cela peut l'être. Mais il faut être plus honnête
que cela intellectuellement. C'est toujours cela le problème de la
statistique. D'ailleurs, les économistes se perdent dans les
théories qui sont toujours basées sur des statistiques.
Je propose qu'il y ait des statistiques peut-être plus à
point concernant le parc automobile dont nous allons acheminer la
préoccupation également au ministère des Transports. Je
pense bien que c'est là que doit se discuter plus à fond cet
aspect.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur...
M. Lalonde: Pas sur la sécurité
routière.
Le Président (M. Jolivet): ... d'autres secteurs?
Renseignement
M. Lalonde: J'aimerais parler du renseignement pendant quelques
minutes. On a eu une question avec débat vendredi dernier qui nous a
essentiellement fait conclure que les deux balises je ne parle pas du
renseignement criminel; je parle du renseignement préventif surtout dans
le domaine des relations de travail, donc à l'égard de groupes ou
d'individus qui sont en fonctionnement tout à fait légitime. La
légalité est la norme que le ministre nous a
réaffirmée vendredi dernier; je pense que personne n'a à
discuter contre le principe; au contraire, c'était prévu,
c'était présumé. Il y a aussi la neutralité. Je
pense que c'est surtout en fonction de l'opération dans les relations de
travail. On peut parler de neutralité comme balise ou, enfin,
objectif.
Quant à la légalité, si on s'en tient aux lois qui
s'appliquent à la Sûreté du Québec, comme tous les
citoyens vous êtes assujettis à l'application du Code criminel, il
y a cela d'abord. Deuxièmement, aux autres lois statutaires, que ce soit
le Code de la route et votre loi constitutive qui est quand même un
mandat très général et qui ne contient pas de normes de
fonctionnement. Ce que je voudrais vous demander, c'est: Est-ce que vous avez,
à l'intérieur de la Sûreté, un code de comportement
qui serait un peu un chapitre spécialisé de la
légalité? Parce que quant à la légalité, si
on s'en tient seulement au Code criminel et à ces autres lois, on
n'ajoute pas grand-chose; on présume et ce ne sont pas toujours
des présomptions bien fondées, on a vu cela dans les
enquêtes actuellement que les corps policiers, de façon
générale, respectent la loi, le droit commun, disons. Mais quand
il s'agit de renseignements pour faire l'équilibre entre la protection
des droits collectifs et celle des libertés individuelles, des droits
individuels, on entre dans un secteur d'activité plus délicat. Je
suis convaincu que les autorités de la Sûreté sont fort
conscientes de cela.
Est-ce que vous avez des détails à nous donner
là-dessus? Quelles sont les normes de fonctionnement quant aux
méthodes de cueillette d'information, surtout dans le domaine des
relations de travail? Le ministre nous avait promis des directives, je ne sais
pas si vous en avez reçu mais il me semble qu'après cela il nous
a dit que ce n'était pas ses directives mais que ce seraient
peut-être les vôtres. Est-ce que la Sûreté a
émis des directives à son service de renseignement?
Je voyais dans le volume de février 1979 qui porte sur la
Direction des renseignements, à la page 8, que la Direction des
renseignements est décrite, mais il semble que ce soit... D'ailleurs, si
vous remarquez, tous les autres chapitres portent sur le Service des
renseignements criminels. Vous avez cela, par exemple, pour l'inspecteur
Coutel-lier qui est le chef du Service des renseignements criminels. A la page
8, on dit: "La Direction des renseignements est convaincue de la
nécessité absolue de spécialiser son personnel. Elle sait
pertinemment bien que ses membres assignés au Service des renseignements
criminels encore ..." Je voudrais spécifiquement parler du
renseignement de prévention, ce que vous avez appelé tantôt
le maintien de l'ordre public. On voit en haut, au niveau de la formation, dans
la colonne médiane de cet article, à la page 8: "Le premier
objectif de la Direction des renseignements consiste à dispenser
à ses membres actuels et futurs une formation de base. Actuellement,
cette étape a été franchie pour les premiers lors de notre
ses-
sion de formation l'an dernier." Donc, c'est quelque chose d'assez
récent. Un peu plus bas, dans les objectifs généraux,
comme troisième objectif, on dit: "Expliquer le mandat et les objectifs
de la Direction des renseignements et de chacun de ses services." Cette
formation de base contient-elle une série, un code de fonctionnement
pour tenter de protéger les droits individuels des gens?
M. Bédard: Quelques propos, peut-être, avant que le
directeur de la Sûreté enchaîne. Pour bien se comprendre, je
pense qu'il faut faire une distinction entre, d'une part, l'action
policière au niveau des conflits ouvriers et, d'autre part,
peut-être, une discussion sur la Direction des renseignements de
façon générale.
Concernant les conflits ouvriers, j'ai affirmé et je
réaffirme qu'il n'y a pas d'infiltration de membres de la
Sûreté du Québec dans les syndicats, qu'il n'y a pas
d'écoute électronique sur les activités syndicales et que,
même si aucun cas d'illégalité ne m'a été
soumis, on reste avec la préoccupation entière d'essayer de
relever le défi de concilier, d'une part, le respect du caractère
démocratique des syndicats et, d'autre part, le devoir des policiers de
remplir leur mandat tel que cela leur est imparti par la loi. (11 h 45)
Je pense que c'est un débat qui est sain et qui est
nécessaire dans une société adulte concernant les conflits
ouvriers. J'ai également ajouté qu'il y avait un cadre d'action
très bien déterminé. Je ne me suis peut-être pas
exprimé d'une façon suffisamment claire pour que cela ressorte,
mais c'est ma conviction : il y a un cadre d'action très
déterminé où il y a des principes directeurs et des lignes
de fond très précises, à savoir qu'ils doivent fonctionner
dans la légalité, le respect de la légalité. Je
pense que ce n'est pas superflu de l'affirmer à bien des reprises,
surtout avec ce dont on est à même de se rendre compte dans
certaines enquêtes qui sont en cours, Keable ou encore McDonald.
Egalement, une autre des règles était la
neutralité. Je pense m'être exprimé d'une façon
suffisamment claire. Je ne veux pas reprendre tout le débat que nous
avons eu vendredi. L'autre règle, c'est la neutralité. J'ai
également indiqué que l'action policière au niveau de
l'information se situait d'une façon plus approfondie dans les cas
où les situations étaient particulièrement tendues. J'ai,
de plus, énuméré et porté à la connaissance
des membres de la commission l'essentiel des informations préventives
qui sont demandées par des policiers dans cette opération
publique. J'ai indiqué que toutes ces informations préventives ne
sont demandées qu'en fonction d'un intérêt et d'un objectif
qu est celui de prévenir toute situation où il pourrait y avoir
potentiellement de la violence ou la commission d'actes criminels.
A partir du moment où on donne ces lignes de fond, à
savoir la légalité, la neutralité, le fait que la
Sûreté s'en préoccupe dans les cas où les situations
sont particulièrement tendues, vu que j'y ai ajouté
également les informations préventives qui sont demandées,
je pense bien que le policier avec ce cadre d'action est capable de faire son
travail. Je ne pense pas que ce soit au ministre de la Justice, quand
même, de tenir la main du policier pour faire son travail. Ce n'est pas
le travail, non plus, du
direc-teurdelaSûretéduQuébec.àpartirdu moment
où il y a un cadre d'action qui est bien déterminé. Je
pense que c'est le cas si on parle de l'opération publique ou encore de
l'action policière préventive concernant les conflits
ouvriers.
Pour ce qui est de l'autre aspect du problème, à savoir
l'ensemble des principes qui président au niveau de l'ensemble de la
Direction générale des renseignements, je pense qu'il y a quand
même déjà un cadre d'action déterminé
à partir de préoccupations particulières. Je vous
réfère à la première revue qui a été
publiée par la Sûreté du Québec dans ce domaine
où on dit très clairement qu'une des balises, c'est que la
Direction générale des renseignements doit fonctionner dans le
respect intégral des libertés fondamentales du citoyen.
Je crois que c'est une ligne de fond importante, et le
député de Marguerite-Bourgeoys le sait autant que nous. Il est
préoccupé, c'est normal, de savoir que cette action se fait en
ayant toujours très présent à l'esprit le respect
intégral des libertés fondamentales du citoyen et il est libre
à tout le monde. C'est la première fois que cela se fait au
Québec, dans l'histoire des corps policiers, qu'un corps policier trouve
le moyen d'une façon très publique de donner une idée
précise de l'ensemble de ce service que représente la Direction
générale des renseignements.
Dans ce secteur, comme dans le secteur des conflits ouvriers, il y a une
directive fondamentale qui a été donnée également,
que vous retrouvez d'ailleurs dans la revue de février 1979, où
il est clairement spécifié, à la page 5, que le ministre
de la Justice et la Direction générale de la Sûreté
du Québec ont sans équivoque informé les policiers que
jamais il ne sera question de cautionner les policiers qui pourraient
volontairement commettre des actes illégaux dans l'accomplissement de
leurs fonctions.
Encore une fois, on va nous dire: C'est bien le strict minimum qui
fonctionne dans la légalité, mais ce n'est pas superflu par
exemple de le rappeler constamment, étant donné certains exemples
que nous avons présents à l'esprit. Cela fait partie
également du code d'éthique des policiers.
Je voulais quand même expliquer ces propos pour nous permettre
d'avoir la discussion la plus équilibrée possible ou la moins
confuse possible en distinguant, d'une part, l'action policière au
niveau des conflits ouvriers, opérations publiques, et une discussion
sur l'ensemble de ce qu'on appelle la Direction générale du
service de renseignements.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai évité
à dessein de reprendre, de mon côté, lors de ma question,
tout le débat de vendredi dernier. Le ministre a cru bon rappeler
l'essentiel de sa contribution à ce débat, je vais donc
simplement moi aussi rappeler, au cas où on l'aurait oublié, que
je crois là-dessus je pense qu'on s'entend que les
corps policiers doivent être le mieux informés possible.
Question d'efficacité.
Je crois et je parle pour l'Opposition officielle que la
légalité doit être la règle plancher. Je suis
d'accord avec le ministre qu'il faut le rappeler. Le rappel qui est contenu
à la page 5 n'est qu'un rappel.
Ma question va un peu au-delà de cela. A cause de la situation
plus délicate à laquelle on fait face dans une opération
qui n'est quand même pas faite à l'égard du crime
organisé ou de "gang" c'est un terme, je pense, accepté
dans le milieu en ce qui a trait aux relations de travail, même si
on est fort conscient qu'il y a probablement des éléments qui
recherchent des situations conflictuelles pour créer des conflits, des
affrontements, je suis parfaitement d'accord que ce soit sous contrôle.
Mais le ministre se rappelle que, dans une revue, on a dit que cela se dressait
dans le respect intégral des libertés fondamentales des citoyens.
Je ne sais pas si c'est textuel. Mais dans le numéro de février,
on voit une prise de position, peut-être philosophique, mais
sûrement de philosophie politique, du directeur de la Sûreté
à l'effet que les droits de la société priment sur ceux de
l'individu.
Dans une introduction, au début de son article, il dit: "Diverses
organisations se sont donné pour mission de sauvegader les droits des
citoyens et les libertés humaines dans nos démocraties". Cela
comprend un tas de gens, y compris la Commission des droits de la personne,
qu'on a eue devant nous hier. Là, on continue: "Sous le manteau de cette
mission, elles exercent des pressions sur le législateur et le
gouvernement". Tout le monde peut exercer des pressions. On appelle cela
l'opinion publique. Il y en a qui, péjorativement, appellent cela du
"lobbying". C'est tout à fait naturel et souhaitable dans une
société démocratique.
Je continue la citation: "Et multiplient auprès d'eux
recommandations et dénonciations". On a le droit de dénoncer des
choses, je pense, dans une saine mesure de communication. On continue et je
cite encore: "Alléguant que la police porte atteinte aux droits des
citoyens, elles l'accusent de rechercher à contrôler les
allées et venues des personnes innocentes". Là, ce que je
déplore et je n'en cherche pas noise au directeur de la
Sûreté c'est qu'on a un paragraphe qui a l'air de faire
porter la mort d'AIdo Moro, les prises d'otage sur le dos de ceux qui se sont
inquiétés du traitement des libertés individuelles dans le
passé, que ce soit à Washington, que ce soit en Italie. A la
suite de leurs "dénonciations" et de leurs "recommandations", pour
employer deux termes du deuxième paragraphe, dans ces
démocraties, en vertu du principe du pendule où parfois on va
trop loin et on revient peut-être trop en arrière, on aurait
détruit des fiches qui auraient pu aider. Quoiqu'on est dans le domaine
de la spéculation la plus totale, la police italienne, en particulier,
aurait retrouvé les auteurs de la prise d'otage d'AIdo Moro avant qu'il
soit tué".
Remarquez que cette prise de position m'a fait sursauter un peu. Je l'ai
bien analysée. Je ne l'ai pas soulevée vendredi dernier, parce
que je ne me suis pas rendu là, mais il faut tenir compte de ce qui a
été décrit par le ministre tantôt comme étant
une balise absolument essentielle, c'est-à-dire le respect
intégral des libertés fondamentales des citoyens. Au risque de
passer pour un de ceux qui sont décrits dans le premier paragraphe, je
pense qu'on doit s'inquiéter ou au moins poser des questions. Je ne veux
pas être alarmiste, mais on doit au moins se poser des questions.
Je suis content que ce débat ait lieu, et j'espère qu'on
ne fera pas comme vendredi dernier. A la fin, je disais qu'au fond, ce qu'on
faisait, c'est rendre service à nos corps policiers en soulevant le
débat, lorsqu'on me disait: II veut se racheter. Non. Ce n'est pas
contre la police que j'en ai, au contraire. Je sais que son travail est
extrêmement difficile. Je sais que, lorsqu'il arrive des cas, comme celui
que le député de Nicolet-Yamaska relevait tantôt, où
des policiers se font assassiner, littéralement tout le monde participe
au deuil de nos policiers qui sont là pour nous protéger,
d'accord. Au-delà de cela, il me semble que c'est notre devoir de
législateurs de se pencher avec le plus de sérénité
possible sur cette question. Si, dans d'autres lieux, il y avait eu l'occasion
d'avoir ce genre de débat, d'examen ou de réflexion publique, on
n'aurait peut-être pas actuellement des commissions d'enquête. Des
balises auraient peut-être pu être décrites là aussi.
J'ai participé, une fois, à une émission de
télévision avec le député de Verchères, en
anglais. Non, en français. Je pense que tout le monde était
d'accord pour dire que la sécurité nationale, qui a à peu
près les mêmes critères que l'ordre public, au fond, n'a
jamais été définie. Pourquoi ne la définit-on pas
actuellement? Pourquoi la légalité en question? Pourquoi le
gouvernement ne fait-il pas un effort additionnel de définition de
comportement dans cette recherche importante de renseignements en ce qui
concerne la légalité? La légalité, dans les lois,
sauf le Code criminel... Là, on le répète encore pour la
nième fois aujourd'hui, et j'espère que cela va devenir un motto
dans la tête de tout le monde, que ce n'est pas négociable. (12
heures)
Mais, les lois qu'on adopte, vous le savez, sont toujours suivies de
règlements qui déterminent de façon beaucoup plus
précise les modalités d'application et qui déterminent les
comportements. C'est cela que je veux dire. On a parlé de directives
à un moment donné. Je pense que c'est le ministre qui en a
parlé le premier. Je ne sais pas s'il posait une question au sujet des
directives, mais en tout cas cela a été lancé dans le
débat. On a parlé de directives et qu'est-ce que je vois comme
directives? Le ministre nous souligne un rappel à la
légalité à la page 5. Ce n'est pas cela que je veux dire.
Je parle de directives qui disent: Ecoutez, le ministre nous a dit qu'il
était contre l'infiltration et qu'il n'y en avait pas. Je le crois. Je
prends sa parole et je pense que c'est bon que cela soit su. Je ne veux pas
revenir sur vendredi, mais il soulevait le cas d'un policier qui donne sa carte
à quelqu'un... A la blague, hier, le directeur m'a donné sa carte
et m'a demandé si je me sentais infiltré. Non. L'infiltration de
l'Opposition officielle, ce n'est pas difficile!
M. Bédard: Cela doit être la même chose pour
le gouvernement!
M. Lalonde: Non, c'est l'addition et le système. Je ne
vous répéterai pas ce que Marc Lau-rendeau a écrit, ce
n'est pas un alarmiste non plus. Je pense que plusieurs le respectent, autour
de cette table, comme étant bien informé et bien
documenté. C'est dans ce sens que je pense que cela protégerait
le citoyen et le travail du policier. Cela ne doit pas être bien
drôle aujourd'hui d'être dans le renseignement en ce qui concerne
les relations de travail depuis que cela est sorti dans les journaux. Cela ne
doit pas être bien "le fun" pour les policiers de continuer leur travail.
S'il y avait un cadre d'opérations plus précis, probablement que
ce serait plus facile.
M. Bédard: M. le Président, j'aime bien la
manière avec laquelle le député de Marguerite-Bourgeoys
aborde la discussion sur ce sujet. Je suis d'accord, je l'ai déjà
dit et je le redis: c'est un débat nécessaire et sain pour une
société adulte. C'est beaucoup mieux de le faire avec le plus de
sérénité possible afin d'essayer de dégager
l'essentiel du cadre d'action à l'intérieur duquel les
autorités de la Sûreté du Québec ont à
fonctionner. Je dois dire, concernant les directives dont j'ai fait état
vendredi passé, que c'était l'essentiel des directives
relativement aux conflits de travail. Je pense qu'on s'entend bien
là-dessus.
Maintenant, on a une discussion aussi très valable sur l'ensemble
du cadre d'action qui devrait régir les activités de la
Sûreté du Québec dans le domaine du renseignement. J'ai
déjà indiqué que, en termes de balises, il faut que cela
se fasse dans le respect des libertés individuelles et, naturellement,
dans la légalité. Je crois aussi qu'à partir d'un
débat sain, il y a lieu d'essayer de toujours préciser davantage
le cadre d'action des policiers dans un domaine aussi délicat pas
seulement pour les policiers, mais pour une société que
celui des renseignements.
Le député de Marguerite-Bourgeoys a fait
référence à un article qu'on retrouve dans une revue de
février 1979, signé par le directeur de la Sûreté du
Québec. Alors, je vais demander au directeur de la Sûreté
du Québec, puisqu'il s'agit d'un écrit de sa main, de
répondre à certaines interrogations du député de
Marguerite-Bourgeoys qui se situaient au niveau de ses préoccupations
sur la philosophie de l'ensemble de l'action policière et sur les
balises qu'il devrait y avoir autour de cette action policière
délicate mais nécessaire.
Peut-être me permettrez-vous de faire une brève
rétrospective qui va nous amener à nous placer dans le contexte
actuel? En 1973 survenait une affaire désormais appelée
"l'affaire Saint-Jean-Baptiste". Le député de Verchères,
M. Charbon-neau, a évoqué cette affaire vendredi dernier. A la
suite de cette chose, le directeur du temps, M. Benoît, a dû vivre
cette expérience et a réalisé la nécessité
d'avoir des structures organisationnelles à l'intérieur des
renseignements définissant bien le cadre d'action. Il a fait
entreprendre une étude organisationnelle interne par notre service
d'organisation en 1973, étude qui a pris une couple d'années
à être réalisée parce que ce n'est pas facile; il
faut regarder ce qu'il y a ailleurs et on est peut-être devenu les
champions des écrits dans ce domaine. On n'a pas trouvé
grand-chose d'écrit ailleurs. Il y a seulement un livre officiel qui a
été écrit par un docteur Harris aux Etats-Unis et qui
s'appelle "Elements of criminal intelligence".
Donc, cela nous amène en 1976 où, à la suite de
cette étude, on a défini le mandat de la Direction des
renseignements, le mandat des services de sécurité
préventifs comme vous les appelez, le mandat du service de
renseignements criminels, la description de tâches, etc. M. Aubin s'est
amené à ce moment-là, en 1976, et on lui a donné
une mission de mettre en application ce mandat qui avait pour but de clarifier
et d'établir un encadrement, des balises découlant de la
prévention du crime, de la sécurité publique et du
maintien de l'ordre qu'on retrouve à l'article 29 de la Loi de police.
Donc, c'est un commentaire général des efforts qui ont
été fats pour essayer de donner un encadrement.
Vous avez parlé, M. Lalonde, des normes de fonctionnement.
D'abord, peut-être pour classer cet aspect, on a un code de discipline
à la Sûreté du Québec qui est bien
spécifique, qui défend toute illégalité contraire
aux lois. Toute chose qui n'est pas conforme à l'éthique qui doit
guider l'action des policiers, c'est là et des enquêtes sont
faites en conséquence. Donc, je pense que cela établit une autre
borne quant à l'éthique.
Quant à notre action en matière de sécurité
préventive, cela découle du mandat du service. On travaille en
fonction de situations, d'événements ou d'individus
d'intérêt. Généralement, l'expérience nous
démontre que c'est à partir de la recherche
d'éléments de conspiration pour commettre des actes criminels.
C'est notre balise de base. La conspiration, c'est possible dans n'importe
quoi. C'est possible pour perturber l'ordre. C'est possible pour alimenter une
manifestation. C'est possible pour commettre des dommages de façon
à faire monter le climat de tension qui peut exister. Donc, les premiers
principes de base sont la recherche d'éléments constitutifs
d'infractions présumées où on conspire pour commettre des
infractions au Code criminel.
Il y a des programmes. Quand on fait la cueillette du renseignement, on
fait un programme. On ne laisse pas les gens aller, à tort et à
travers, à travers la province, dépenser les deniers publics sans
que cela soit articulé autour d'un programme précis. Ce programme
précis comporte un objectif, comporte une série de choses
à rechercher et une ligne d'action aussi, parce qu'on rappelle toujours
dans nos programmes d'action que cela doit se faire dans la
légalité et selon les règles de l'art. Ces règles
de l'art doivent exister autant dans le domaine du renseignement parce que
c'est la police qui fait cela et que la police doit opérer selon les
lois. Sans cela, cela ne peut pas fonctionner. Donc, on a un programme de
travail.
La cueillette de l'information se fait et est traitée à la
Sûreté du Québec. On codifie les situations. Vous aviez
demandé vendredi: Est-ce qu'on surveille tous les conflits ouvriers?
Non, on ne le peut pas; c'est impossible. On les regarde tous au départ,
mais, tout de suite au bout d'une journée, on laisse tomber. Je vais
vous donner un exemple: quand vous allez dans la région de Joliette, il
n'y a pas un conflit ouvrier qui s'est déroulé là sans
qu'il y ait eu de la pagaille et de la casse. Automatiquement, quand il y a des
conflits ouvriers à Joliette, on les regarde. A Murdochville, on les
regarde parce qu'il y a une longue histoire à Murdochville et vous savez
que le proverbe dit que l'histoire se répète. On les regarde. A
la suite de l'analyse de l'information qu'on fait, cela devient
intéressant ou pas intéressant. A ce moment-là, on fait
tomber les sujets ou les programmes. Il y a un tamisage qui se fait. Il y a des
cotes qui sont données: A, B, C, etc. Donc, cela nous permet de jauger
les efforts qu'on doit fournir.
Si vous me le permettez, j'essaie d'être constant un peu dans ma
pensée, même si parfois je vous semble un peu radical.
M. Lalonde: Je n'ai pas fait d'appréciation. M.
Bédard: Non, c'est une interprétation.
M. Lalonde: Excusez-moi de vous interrompre. Votre article fait
état d'une philosophie politique. Malheureusement, quand on met le pied
dans la politique, on est assujetti à la discussion.
M. Bédard: Non, je m'en garde. D'autre part, je dois vous
dire qu'il est précisé dans notre mandat qu'il est de mon
rôle en tant qu'administrateur de la Sûreté du Québec
d'informer le ministre de la Justice sur les situations sociales, le potentiel
que cela peut représenter. Cela est assez important parce que je vais
vous dire aujourd'hui: Si je ne suis pas capable de lui dire ce qui peut
survenir à Murdochville face à la situation qui prévaut
actuellement, je ne fais pas mon devoir. Et le ministre de la Justice, qui est
mandataire des citoyens, ne pourra pas faire le sien, ne pourra pas vous
informer. Donc, c'est assez important de savoir si la situation sera
tranquille, de savoir qu'il n'y a pas de problème. On a refusé
les offres, oui. Il faut le regarder. On a refusé les offres. On va
attendre. Qu'est-ce qui va arriver? Il y a eu quelques petits actes criminels.
Il n'y en a pas de petits; ce sont toujours des actes criminels ou des
infractions criminelles. Il y en a eu quelques-unes. C'est assez isolé
actuellement, mais c'est assez important.
Je vous réfère à la revue de l'année
dernière, celle du 11 novembre, dans laquelle je disais ceci: "En
premier lieu, l'aspect sécurité grâce auquel la
Sûreté du Québec tente d'anticiper certaines perturbations
sociales et de prévenir certaines catégories de crimes." Quand je
parle de catégories de crimes, c'est limité aux coups de feu, aux
coups et blessures, aux dommages à la propriété, aux
émeutes, mais c'est très rare, les émeutes, les menaces
également, l'intimidation, beaucoup d'intimidation...
M. Lalonde: Intimidation et violence.
M. Bédard: L'ancien article 367 qui est maintenant
l'article 384, c'est bloquer des routes et empêcher la jouissance d'un
bien, l'accès. Autour de l'article 42, d'occuper des locaux.
Une Voix: L'accès.
M. Bédard: C'est cela, l'accès. Elle engage alors
des opérations de maintien de l'ordre cohérentes, efficaces et
saura assigner d'avance des effectifs proportionnés au nombre de
manifestants. Ce ou ces renseignements, facteurs importants du processus de
décision, lui permettra de minimiser des coûts d'opération.
Je vous cite un exemple seulement. Il y a quelques années, alors que
nous travaillions ensemble, cette fois-là...
M. Lalonde: Est-ce que vous aviez des directives?
M. Bédard: C'est que...
M. Lalonde: Nous autres on n'a pas eu de problème.
Une Voix: Faites attention.
M. Lalonde: Nous autres, on n'a pas eu de problème.
M. Bédard: On ne commencera pas la discussion sur le
climat social dans ce temps-là.
M. Bédard: L'incident est assez...
M. Lalonde: Donc, vous étiez dans la rue et disiez: Ne
lâchez pas, les gars!
M. Bédard: L'incident est assez pénible mais il y a
eu une manifestation si on peut l'appeler ainsi de
handicapés face au parlement. Ils étaient 25 handicapés et
on avait 25 policiers. Je n'étais pas bien content de la dose d'efforts;
c'est ce qu'on essaie de jauger à travers tout cela.
Une Voix: Les motards.
M. Bédard: La même chose peut s'appliquer dans
divers domaines mais surtout cette fois-là où on avait
brûlé une chaise roulante. Cela me restera toujours présent
à l'esprit. On avait 25 policiers en avant. Ce n'est pas correct. Donc,
c'est pour éviter de telles choses, bien jauger notre degré
d'intervention, c'est assez important. (12 h 15)
Maintenant, l'article est peut-être mal titré. L'exemple
des motards dont on parlait tout à l'heure, les funérailles qui
ont eu lieu à Drummondville où je vous mentionnais qu'il y avait
eu un travail préventif de fait, cela a été fait par
les
unités d'urgence et leur travail a été
orienté en fonction du renseignement qui avait été
recueilli. On n'a pas attendu que les motards soient à Drummondville
pour savoir, on a commencé à les dénombrer à la
frontière américaine et à la frontière ontarienne.
On avait une bonne idée du nombre qui était là.
M. Lalonde: Je suis sûr que ce n'est pas votre intention,
en acceptant la suggestion du ministre de mentionner cela comme exemple, de
comparer la situation des motards avec les relations de travail.
M. Charbonneau: M. le député, je pense qu'il y a eu
une erreur. Ce que le ministre voulait souligner c'est une autre manifestation
de motards, celle devant le parlement. On attendait X personnes, il en est venu
une trentaine. Ce n'est pas la même chose que l'incident de
Drummondville.
M. Lalonde: A Drummondville.
M. Bédard: Je demandais au directeur de la
Sûreté du Québec de parler peut-être de l'exemple
précis d'une manifestation où normalement on annonçait
2000 motards devant le parlement du Québec.
Je lui demandais d'évoquer cet exemple pour montrer qu'il y a un
besoin d'information nécessaire pour pouvoir mieux cadrer l'action
policière.
M. Lalonde: Tout le monde est d'accord là-dessus. La seule
chose à laquelle je voudrais, si c'est possible pour ne pas faire perdre
le temps de personne, qu'on s'en tienne, c'est le secteur des relations de
travail. Là on a affaire à des organismes fort légitimes
et qui peuvent se sentir un peu assujettis à un traitement
défavorable de surveillance.
M. Bédard: C'est pour cela qu'il faut donner tous les
renseignements.
M. Lalonde: C'est cela. Je m'excuse de vous avoir interrompu.
M. Bédard: Comme je l'ai fait d'ailleurs pour toutes les
informations préventives qui sont demandées.
Donc, ce que le ministre mentionnait comme élément, c'est
une manifestation qui était prévue sur la colline parlementaire
où on attendait 2000 motards pour protester contre les coûts
exorbitants de l'assurance-motocyclette. Il en est venu une trentaine.
Voyez-vous, à prime abord on ne peut s'attendre que les media
d'information nous informent; effectivement ils nous informent, mais ce n'est
pas toujours cela qui survient.
M. Lalonde: II ne faut pas croire tout ce qui est marqué
dans les journaux.
M. Charbonneau: En 1973, j'ai l'impression que l'article que
j'avais écrit a eu de bons résultats, par exemple.
M. Lalonde: Etiez-vous si bien informé? Oui?
M. Bédard: Ceci est également vrai, M. Lalonde,
dans le cadre des relations de travail. Finalement cela finit, les relations de
travail il ne faut pas se faire d'illusion par des
manifestations. Quand il y a des manifestations, le rôle de la police est
de s'assurer que cela se déroule dans le calme et la
sérénité.
On n'a qu'à penser au cas de la Commonwealth Plywood où
vous aviez 90 personnes là et vous en aviez trois qui étaient
salariées. Ce sont des gens qui viennent d'autres secteurs qu'on
mentionne, des secteurs où on tente de s'infiltrer et de perturber le
climat de relations.
Pour revenir à mon article, vous savez, je n'ai rien
inventé, je n'ai pas cette prétention. C'est que, partant
toujours du principe que l'histoire se répète, j'ai essayé
d'illustrer les choses à partir de l'expérience
américaine. Tout ce qui survient aux Etats-Unis, il ne faut pas se faire
d'illusions, on est dans un contexte nord-américain, cela déborde
ici. Les manifestations de 1963, 1964, cela a commencé aux Etats-Unis et
finalement cela a débordé ici au Québec. Quand on fait
allusion à l'affaire de Washington, vous vous rappelez tous
l'enquête du sénateur Church sur le renseignement aux Etats-Unis
à partir d'expériences malheureuses qui étaient
arrivées là-bas et qui sont arrivées un peu de la
même façon au Québec et, finalement, aux Etats-Unis on en
est venu... Vous savez qu'aux Etats-Unis, c'est tellement libre que finalement
la liberté, on ne sait plus où elle finit et où elle
commence.
Les corps policiers ont dû détruire tous leurs dossiers qui
ne comportaient pas d'éléments criminels. Donc, l'individu
présent dans une manifestation, qui était présent à
une autre manifestation, et qui, finalement, est un professionnel de la
manifestation, mais qui réussit à ne pas se faire arrêter,
il a fallu qu'ils détruisent tous ces dossiers. C'est cette allusion.
C'est entendu que dans ce petit article, je ne pouvais pas écrire tout
le fond.
L'autre partie de l'article sur l'affaire Aldo Moro, c'est la
détérioration du climat social en Italie. Je me suis
inspiré d'un article qui a paru dans le Business Week en janvier 1978
qui s'appelait "Shackling the police". On faisait allusion justement à
la pression constante relative aux libertés, disant qu'on a tout
laissé tomber. Effectivement, l'année dernière, en
commission parlementaire, je vous avais dit qu'on avait un groupe qui allait en
mission en Italie pour voir un peu comment ils pouvaient composer avec les
enlèvements parce que quand ils sont arrivés sur les lieux, il y
en avait une cinquantaine en marche. On n'en entend pas toujours parler.
Leur carence principale, c'était l'absence de renseignements
parce qu'ils avaient dû les laisser tomber. C'est dans ce sens que j'ai
écrit cet article. Maintenant, que les libertés, les droits de la
société priment sur ceux de l'individu, cela a
été
dit en commission sénatoriale à Washington par Clarence
Kelly et cela a été redit à Montréal à un
congrès du Barreau. Je ne sais pas si vous vous rappelez, il y a deux
ans, il y a eu un congrès du Barreau à Montréal où
le Barreau américain est venu et cela a été redit encore
par Clarence Kelly.
Tout à l'heure, j'émettais comme principe
général que le climat des relations de travail, cela
débouche sur les manifestations. Ce n'est pas toujours le cas, bien
entendu, parce qu'il y a peut-être de 400 à 500 grèves
annuellement au Québec et, finalement, il y a peut-être une
cinquantaine de manifestations, une soixantaine de manifestations. C'est
à titre de principe général qu'il faut penser, mais je
pense avoir précisé ma pensée quand je dis qu'on fait une
catégorisation du potentiel.
En ce qui a trait aux renseignements, on a donné des cours
à nos gens, des cours qui, d'abord, leur expliquaient le mandat de la
Direction générale des renseignements, le mandat organisationnel
interne. C'est assez important qu'ils sachent dans quel cadre d'action.
C'est toujours le même processus quel que soit le domaine; c'est
la cueillette de l'information, l'évaluation de l'information, la
collation de l'information, l'analyse de l'information et cette
dissémination de l'information de façon
qu'opérationnellement on puisse l'utiliser.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Lalonde: Peut-être, si vous me le permettez.
Le Président (M. Jolivet): Je voudrais juste vous avertir
qu'on termine vers midi trente.
M. Lalonde: Je voudrais d'abord remercier le directeur de ces
opérations. Je voudrais savoir, concernant le mandat de la
sécurité préventive c'est un document interne,
j'imagine s'il a été publié, le mandat de cette
section particulièrement.
M. Bédard: II est dans notre cahier d'organisation
interne.
M. Lalonde: Est-ce que cela fait partie des documents qui sont de
nature confidentielle?
M. Bédard: L'essentiel est à la page 7 de la revue
de l'année dernière.
M. Lalonde: D'accord. Je voulais simplement pouvoir
l'identifier.
M. Bédard: A la page 7, sous la plume de l'inspecteur
Turner.
M. Lalonde: Et votre code de discipline, est-ce que c'est aussi
un document public?
M. Bédard: Oui, il a été signé par le
procureur général du temps, qui était M. Bertrand.
M. Lalonde: C'est connu. Ceux qui veulent le consulter sont
libres de le faire. Ce sont les deux...
M. Bédard: La nouvelle Loi de police va, d'ailleurs, aller
dans ce sens.
M. Lalonde: Oui, naturellement.
M. Bédard: Non, je ne fais que le mentionner, ce n'est pas
le remède àtous les maux, mais c'est parce qu'on a parlé
du code de déontologie, du code de discipline. Je veux mentionner que
déjà, dans des amendements éventuels à la Loi de
police, une des préoccupations qu'on aurait, c'est qu'il y ait un code
d'éthique, de déontologie applicable à tous les
policiers.
M. Lalonde: J'ai justement la déclaration du ministre
là-dessus. Je voulais la faire préciser.
M. Bédard: Ce serait peut-être une
responsabilité de la Commission de police.
M. Lalonde: Alors, ce à quoi le ministre faisait allusion
vendredi, c'est un amendement à la Loi de police. Il a dit
"prévoira un code de déontologie". Si j'ai bien compris...
M. Bédard: Par règlement.
M. Lalonde:... ce serait "donnera le pouvoir à la
Commission de police de préparer un code de déontologie"?
M. Bédard: A la commission de police, à la
Sûreté aussi.
M. Lalonde: A la Sûreté aussi.
M. Bédard: Par exemple, à l'heure actuelle, depuis
quelque temps, la police de la Communauté urbaine de Montréal a
un code d'éthique. Nous avons demandé à la Commission de
police d'accentuer les efforts dans ce sens. Il y a un code d'éthique
qui a été approuvé par le gouvernement qui, à
l'heure actuelle, régit l'activité des policiers de la CUM sur
cet aspect.
M. Lalonde: Les méthodes d'enquête. Vous dites que
votre mandat et les programmes d'action précis énoncent les
méthodes de collation de renseignements. Ce sont les méthodes,
j'imagine conventionnelles. On a parlé d'infiltration. C'est ce qui
semble avoir le plus préoccupé les syndicats qui ont
demandé des précisions sous forme d'enquêtes. Il semble que
ce soit cela. Cela a été déclaré publiquement par
le ministre à l'effet qu'il n'y en a pas.
M. Bédard: Je peux vous dire qu'il n'y a pas
d'infiltration.
M. Lalonde: II n'y a pas de cas et lui-même n'est pas
d'accord qu'il y en ait, c'est-à-dire avec
cette méthode. Ce n'est pas prévu dans vos méthodes
d'enquête, concernant la collation de l'information, l'infiltration?
M. Bédard: Au niveau des conflits ouvriers? M. Lalonde:
... seulement.
M. Bédard: II n'y a pas d'infiltration de membres de la
Sûreté du Québec.
L'infiltration, ce n'est pas possible, pas avec nos contingences
syndicales. Ce n'est pas possible. C'est impossible d'avoir des policiers
infiltrés. Regardez notre convention collective. Cela coûterait
des fortunes.
M. Charbonneau: Si le député de
Marguerite-Bourgeoys me permet, j'ai l'impression qu'on se méprend sur
le terme "infiltration". Ordinairement, on utilise le terme "infiltration"
lorsqu'un agent officiel se fait passer pour quelqu'un d'autre, alors qu'un
agent peut très bien avoir des informateurs qui sont même
officiels. Quand des policiers sont rendus à se présenter
publiquement en uniforme ou tout au moins à présenter leur carte
et qu'ils laissent leur carte, il peut finir par se développer des
relations de contact. Cela se fait de la même façon dans le milieu
journalistique également. J'étais journaliste et mes
méthodes pour avoir de l'information n'étaient pas bien
différentes de celles des policiers à l'exception que je ne
faisais pas d'infiltration. Je n'en avais pas les moyens. La police fait
parfois de l'infiltration, par exemple, dans le domaine de la drogue. On voit
cela régulièrement des policiers qui, pendant des mois et parfois
des années, sont infiltrés carrément, ce sont des agents
officiels.
M. Lalonde: Oui, dans le domaine criminel.
M. Charbonneau: Quand on parle de contacts ou d'informateurs ou
d'indicateurs ou de gens qui nous donnent de l'information, est-ce qu'on doit
parler à ce moment-là d'infiltration?
M. Lalonde: Je ne suis pas policier. La conception
générale des gens, quand on parle d'infiltration, c'est quelque
chose qui est subreptice. On se fait passer pour quelqu'un d'autre.
M. Charbonneau: Dans ce cas, on s'entend sur la
définition. C'est un policier mandaté, c'est un agent de la paix
qui se fait passer pour quelqu'un d'autre.
M. Lalonde: II se fait passer pour quelqu'un d'autre, oui. Un
autre aspect a été mentionné à plusieurs reprises.
J'oublie pour l'instant le cas des négociations dans le domaine public
et parapublic. C'est la présence policière dans les diverses
étapes du déroulement d'une négociation avec tous les
heurts qu'une négociation peut comprendre. Plusieurs observateurs
intéressés je parle des chefs syndicaux, des journalistes
ont soulevé cette question. Est-ce que vous êtes cons-
cients j'en suis sûr que cela peut apporter une couleur
différente, que cela peut être considéré par des
gens qui ne font qu'exercer des droits tout à fait prévus dans
nos lois négocier et même le droit de manifester existe
le fait d'être un peu partout dans toutes ces étapes et
très présent peut provoquer une réaction de
surveillance?
M. Charbonneau: ... à l'intimidation que vous souleviez
l'autre jour.
M. Lalonde: C'est cela. L'intimidation, naturellement, quand
c'est rendu un système, on peut parler d'un système
d'intimidation dans un cas particulier, mais je ne voudrais pas aller au
système pour tout de suite. J'aimerais qu'on s'en tienne à un cas
pour voir comment cela se déroule. Est-ce que vous êtes conscient
de cela? (12 h 30)
M. Bédard: Si vous me permettez d'abord de rectifier ou de
préciser. Dans le secteur des conflits ouvriers, je disais tout à
l'heure que cela finit dans la rue. Ils ne finissent pas tous dans la rue,
c'est une infime partie; c'est la première chose que je veux dire. La
deuxième chose que je veux dire c'est qu'on catégorise les
situations et on en laisse tomber peut-être 75%. La troisième
partie de votre question est qu'on n'est pas présent. C'est impossible.
Premièrement, ce n'est pas notre préoccupation. Notre
préoccupation est qu'il y a un conflit. A un moment donné les
négociations sont rompues; on ne se parle plus et il y a une
manifestation prévue. On n'est pas dans tout le processus. On n'est pas
capables. Vous savez comment cela se déroule, la négociation.
C'est interne. Je vais vous dire aussi que 80% de nos informations
là-dedans sont basées sur l'analyse qu'on recueille à
travers les media d'information. Je pense que c'est très important. Il y
a des gens pas mal mieux informés que nous. Quand on regroupe tout cela,
on a un portrait de la situation. Ce qui nous intéresse, c'est qu'il y a
un conflit. Cela se déroule, il n'y a" pas de problèmes, les gens
négocient. On ne s'en occupe plus, et tout d'un coup les
négociations sont rompues et on décide de faire une
manifestation. C'est là que cela commence à nous
intéresser. Cela va-t-il être paisible, est-ce que cela va se
dérouler dans la sérénité?
Maintenant, ce qui sera bien important, parce que nous sommes pris avec
ce problème ensuite, l'image qu'on développe à travers les
media se propage rapidement, positivement ou négativement. Les relations
de travail sont une infime partie de la mission des services de renseignements
de la sécurité. On dépense bien plus d'efforts sur les
gens qui ne travaillent pas et qui sont des professionnels de la manifestation
que sur les structures syndicales dûment reconnues pour faire
reconnaître les droits des citoyens. Je pense que cela devrait être
bien clair. Personnellement, en tant que mandataire du gouvernement et en tant
que responsable de la Sûreté du Québec, de cette
institution-là, c'est ma préoccupation et je ne pourrai jamais
tolérer que
l'objectif c'est les syndicats. Vous savez, je lisais l'histoire,
pensons à la commission Cliche, c'étaient tous des syndicats
honnêtes. Mais quand on a tourné la baie James à l'envers,
ce n'est certainement pas un syndicat qui a ordonné cela à un
individu. Il y a d'autres secteurs où, à un moment donné,
la pagaille prend, où les gens tirent. L'été dernier, on a
tiré dans un hélicoptère. Ce n'est pas le syndicat qui a
fait cela. Ce sont des gens qui n'ont pas affaire là. C'est cela
qu'on... A la Kenworth, quand la chicane prend, ce ne sont pas les bons
travailleurs qui vont détruire leur gagne-pain! Vous avez eu une
émission de Télé-Mag dernièrement, M. Charbonneau a
brandi un volume qui a été écrit et qui a fait l'objet
d'une longue recherche. Je pense que le gars avait beaucoup plus de
crédit que la Sûreté peut en avoir dans ce
domaine-là. Cela vous illustre le cas suivant: Vous arrivez dans un
CEGEP et vous avez un professionnel du CEGEP qui n'est au CEGEP que depuis huit
ans! Je ne sais pas s'il aime cela là ou s'il double ses années.
Personne ne double ses années aujourd'hui. Ce sont ces individus
isolés... J'espère avoir été assez clair.
M. Lalonde: Je pense que vous affirmez que cette impression qui a
été véhiculée dans la population par les media et
par les réactions publiques à certaines situations, vous affirmez
que cette impression n'est pas fondée, que la Sûreté du
Québec ne se trouve pas, à toutes les étapes,
présente au-dessus de l'épaule de quiconque, que ce soit le
patronat ou le syndicat, pour littéralement envelopper une
situation.
M. Bédard: C'est pour surveiller.
M. Lalonde: C'est ce que je comprends de votre...
M. Bédard: Si vous me permettez d'ajouter simplement un
mot. D'ailleurs, on se rend compte dans la liste des cas qui ont
été explicités dans les journaux ou encore rappelés
à l'attention du public par les différentes centrales syndicales,
lorsqu'on en regarde la liste, ce sont tous des cas où une grève
a lieu, que cette action policière s'est faite pendant la grève,
la plupart du temps pendant que le conflit se déroule et toujours selon
un objectif et une préoccupation qui a été, je pense,
assez bien explicitée par le directeur de la Sûreté du
Québec, soit d'avoir les informations nécessaires pour
prévenir certaines situations qui pourraient être potentiellement
orientées vers la violence.
M. Lalonde: J'essaie de...
Le Président (M. Jolivet): Compte tenu de l'heure, parce
qu'on pourrait encore... Je pense qu'on va ajourner sine die en sachant que
nous reviendrons après la période des questions vers 16 h 40
environ, ici, normalement, à moins de changement.
Fin de la séance à 12 h 36
Reprise de la séance à 17 h 57
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de la justice est réunie pour étudier
les crédits du ministère de la Justice pour l'année
1979/80.
Les membres de la commission sont: M. Alfred (Papineau), M.
Bédard (Chicoutimi), M. Blank (Saint-Louis), M. Charbonneau
(Verchères), M. Clair (Drummond), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M.
Lacoste (Sainte-Anne), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Samson
(Rouyn-Noranda), M. Vaillancourt (Jonquière).
Les intervenants sont: M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe), M. Duhaime (Saint-Maurice), M. Lavigne (Beauharnois), M.
Léger (Lafontaine), M. Marois (Laporte), M. Pagé (Portneuf), M.
Tardif (Crémazie).
A l'ajournement de 13 heures, nous en étions si mes
informations sont bonnes au programme 15 de la Sûreté du
Québec et on ne m'a pas signalé qui avait la parole. M. le
député de Nicolet-Yamaska, allez-y.
M. Fontaine: Nous étions en train de parler de la question
de renseignements et je n'avais pas eu l'occasion d'exprimer mon opinion
àce sujet. Je voudrais rappeler au ministre de la Justice que lors de la
question avec débat, j'avais fait deux suggestions quant à cette
question. Aujourd'hui, dans le journal Le Soleil, le journaliste Gilles Lesage
reprenait ces deux arguments. Il disait ceci: Le député unioniste
de Nicolet, M. Serge Fontaine, a fait une suggestion intéressante: "que
la commission parlementaire de la justice se réunisse afin d'entendre
les principaux dirigeants de la Sûreté du Québec, les
centrales syndicales, CSN, FTQ et CEQ en rapport avec cette gigantesque
opération policière"... là il parle d'infiltration mais on
en a parlé ce matin. ... "Le député s'appuie même
sur un article du Soleil..." ensuite il dit:...
M. Lalonde: II vous a cité.
M. Fontaine: Oui, oui. C'est vous qui aviez fait la question avec
débat...
M. Lalonde: Je n'ai pas lu cela.
M. Fontaine: ... et il m'a cité. Il a trouvé que
j'avais fait deux belles suggestions. L'autre suggestion c'était
concernant une loi-cadre qui devrait être adoptée pour mettre des
balises, afin de savoir le rôle que doit jouer cette entreprise
policière. Il disait ceci: "Ces balises, ces paramètres, ces
garde-fous ne doivent pas être laissés à la
discrétion des chefs policiers.
M. Lalonde: C'est vous qui parlez de garde-fous?
M. Fontaine:... si prudents et démocrates... non
c'est...
M. Lalonde: Ah! bon.
M. Fontaine: Vous aimez cela rire des journalistes, je sais que
votre confrère a fait exactement la même chose hier dans son
comté lorsqu'il a dit...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Fontaine:... qu'une journaliste de la Presse s'était
dépêchée de demander son changement de poste après
que M. Lévesque ait été élu à
l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Clair: Est-ce que c'était écrit dans le Devoir,
M. le député de Nicolet-Yamaska?
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! M. le
député de Drummond, à l'ordre.
M. Fontaine: Oui, oui. Il a dit que c'était une feuille de
chou à part cela.
M. Clair: Oui? Cela me surprend, il a déjà dit
qu'il n'y avait plus rien là-dedans.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: C'est dans le Soleil.
M. Fontaine: Le journaliste disait: "Ces balises, ces
paramètres, ces garde-fous ne doivent pas être laissés
à la discrétion des chefs policiers, si prudents et
démocrates soient-ils, mais prendre leur source au parlement
lui-même. On s'étonne d'ailleurs que le député
journaliste Charbonneau ne soit pas d'accord avec la suggestion de son
collègue de Nicolet". J'aimerais bien que le ministre de la Justice nous
dise quelles sont ses réactions, suite à ces commentaires faits
par les journalistes. On sait également que le journaliste Marc
Laurendeau était allé à peu près dans le même
sens lorsqu'il a écrit des articles à ce sujet-là.
M. Bédard: J'ai eu l'occasion de parcourir rapidement
l'article en question qui est très intéressant en passant. Je
pense que concernant une rencontre avec les hautes autorités de la
sûreté, nous avons l'occasion d'en avoir une ici, et je pense que
jusqu'à maintenant, on a discuté d'une façon très
libre et très détendue de ce problème qui est
délicat mais demeure quand même un débat de fond, un
débat sain pour n'importe quelle société.
Concernant des rencontres avec les chefs syndicaux, j'ai indiqué
que j'ai déjà eu des communications avec certains et des
rencontres sont prévues sur ce sujet-là et sur d'autres. Sur le
sujet particulier de l'action policière, de l'opération publique
et de l'action policière en général vis-à-vis les
conflits ouvriers et sur d'autres points aussi.
Concernant la loi-cadre, j'ai eu l'occasion... Peut-être que cela
n'a pas ressorti très clairement. Je l'ai exprimé ce matin,
peut-être parce que je me suis mal exprimé, le débat de
vendredi m'a permis d'expliquer le cadre d'action qui régissait l'action
policière en regard des conflits ouvriers où j'ai indiqué
les lignes de fond, les lignes directrices de cette action, à savoir la
légalité, la neutralité, le fait et cela a
été confirmé aujourd'hui par le représentant de la
Sûreté du Québec que ça représentait
même si on parle "d'opération gigantesque", entre
guillemets une infime partie de la préoccupation et de
l'activité policière de la Sûreté du Québec.
Je suis même allé plus loin, j'ai indiqué quel était
l'essentiel des informations préventives qui étaient
demandées dans le cas de l'opération publique, dans le cas de
conflits ouvriers. Il me semble que quand on prend l'ensemble de tout cela, il
y a suffisamment de balises, si on parle du secteur particulier des conflits
ouvriers, d'indications pour qu'un policier puisse bien faire son travail dans
un cadre d'action précis et déterminé.
Concernant l'ensemble du problème de la Direction
générale des renseignements j'ai peut-être
donné cette impression, mais je l'ai dit ce matin je crois qu'il
faut toujours être attentif, comme société, sur ce genre
d'activités et qu'il y a toujours lieu de repréciser le cadre
d'action. J'ai continuellement cette préoccupation. On est cependant
à même de constater qu'il y a certaines lignes directrices qui
sont quand même très bien expliquées dans les documents ou
les revues qui ont été mis à la disposition du public par
la Sûreté du Québec, une chose qui n'avait jamais
été faite dans ce secteur par quelque corps policier que ce soit,
afin que ça cesse d'être un mystère, mais, au contraire, un
sujet, d'accord, délicat, mais sur lequel il ne faut pas avoir peur
d'engager une discussion comme l'a indiqué ce matin le
député de Marguerite-Bourgeoys sereine, une discussion la
plus positive possible. (17 h 15)
Parmi ces lignes directrices, si on parle de l'ensemble de
l'activité de la Direction générale des renseignements, il
y a déjà des lignes de fond, à savoir encore une
fois, ce n'est pas superflu, ce n'est pas un luxe de le répéter
le respect de la légalité et, également, le respect
des droits et libertés individuelles je pense que c'est une ligne
directrice très importante, cela dépasse le cadre de la
légalité et, également, avoir toujours la
préoccupation que même si des actions se situent dans le cadre de
la légalité, il faut toujours essayer de préciser le plus
possible, afin de ne pas assister à des abus dans ce domaine plus
particulier et dans tous les autres secteurs de l'activité
policière.
Je pense que quand on discute des deux sujets séparément,
à savoir, d'une part, les conflits ouvriers, d'autre part, une
discussion de fond sur l'ensemble de la direction générale des
renseignements, il y a déjà certaines balises, certaines lignes
directrices qui sont très claires, mais qui
sont de nature à guider le policier qui est attentif à ces
lignes de fond et à ces lignes directrices. Mais il faut toujours rester
ouvert à préciser et repréciser davantage, que ce soit par
un cadre législatif ou encore via une réglementation très
suivie au niveau de la direction de la Sûreté du Québec,
pour toujours garder cette préoccupation prioritaire. C'est ce que je
fais comme ministre de la Justice.
M. Fontaine: M. le Président, je ne doute pas que le
mandat qui est donné par le directeur de la Sûreté du
Québec, à son service de renseignements, soit un mandat qui
respecte les normes dont vient de faire état le ministre de la Justice,
sauf qu'il serait peut-être important que le ministre pense à
établir des normes précises dans une loi, de sorte que, quelle
que soit la personne qui sera en place à la direction de la
Sûreté du Québec, cette personne doive suivre des balises
qui auront été déterminées par le
législateur. C'est le sens de mon intervention.
M. Bédard: Je comprends très bien le sens de votre
intervention. Je vous ai dit que cela faisait partie de mes
préoccupations, mais que contrairement à ce que certains ont
pensé ou encore ont laissé croire, c'est qu'à l'heure
actuelle, il y a quand même on est à même de le
constater à l'intérieur de la direction
générale de la sécurité publique, des lignes
directrices dans ce domaine, un Code d'éthique qui puisse permettre une
action efficace de la part de la Sûreté du Québec dans ce
secteur et en même temps, une action qui respecte la
légalité et qui respecte aussi la préservation des droits
et libertés individuelles. Je crois que la discussion de fond peut
continuer; avant de vous dire aujourd'hui il faut en arriver à une loi,
je crois qu'il y a lieu que le débat continue et je demeure ouvert.
M. Fontaine: II y a eu un...
M. Bédard: Je suis bien prêt à faire preuve
d'ouverture d'esprit.
M. Fontaine: II y a eu un cri d'alarme qui a été
lancé par les syndicats face à des actions concernant
l'information à la suite de conflits syndicaux.
M. Bédard: Cette action concernant les conflits syndicaux,
c'est pour cela qu'on a parfois de la difficulté à se comprendre,
parce qu'on mêle quelquefois l'opération publique à
l'ensemble de ce que peut être la direction générale des
renseignements ou les renseignements au sens où ils sont perçus
par la population. Dans le cadre des conflits ouvriers, à moins de
penser que le ministre de la Justice ou le directeur de la Sûreté
du Québec va prendre par la main les policiers pour faire leur travail,
il me semble qu'il y a suffisamment de lignes directices et le cadre d'action
est suffisamment clair pour permettre aux policiers de faire leur travail de
prévention et de remplir leur mandat correctement.
M. Fontaine: C'est pour votre propre protection que je vous
demande cela, parce que...
M. Bédard: D'ailleurs, c'est pour ma propre protection
aussi que d'une certaine façon pas seulement pour ma propre
protection, mais pour la protection du public qui a droit à ce que
l'activité policière soit respectueuse des droits
démocratiques, entre autres, respecte le caractère
démocratique des syndicats et des organismes j'ai justement
étali un cadre d'action avec la collaboration de la Sûreté
du Québec, qui permette, avec des lignes suffisamment claires... On est
allé jusqu'à dire quelles étaient les informations
préventives qui devaient être demandées à
l'intérieur de cette opération, on peut difficilement
préciser plus que cela. Il faut espérer que chaque policier,
étant bien au fait des instructions, comprenne bien et remplisse son
travail de façon responsable.
Dans le cas des conflits ouvriers, on a parlé de plusieurs cas,
on a eu l'occasion d'en discuter lors du débat de vendredi, je ne veux
pas reprendre ce débat; on sera toujours ouvert à la discussion,
si vous le voulez. Encore une fois, dans le cas des conflits ouvriers, un
policier bien informé la direction de la Sûreté du
Québec s'occupe de remplir son devoir, de bien informer ses policiers
a tout ce qu'il faut pour agir correctement et pour éviter des
abus, même dans le cadre du respect de la légalité.
Concernant l'ensemble de ce qu'on appelle le Service de direction
générale des renseignements, on est déjà à
même de constater qu'il y a des lignes de fond. Je crois qu'on doit
continuer à être très ouverts, comme ministre et comme
gouvernement, à toutes les suggestions qui peuvent être faites de
bonne foi j'en suis convaincu de part et d'autre, de la part de
l'Opposition, de la part d'autres organismes.
M. Fontaine: Voici, M. le Président, où je veux en
venir. Je dis qu'un cri d'alarme a été lancé, suite
à ce qui s'est produit dans le domaine syndical. Le directeur de la
Sûreté du Québec nous a dit, cet avant-midi, qu'il
procédait à la surveillance...
M. Bédard: Pas à la surveillance. Dans des cas
particuliers...
M. Fontaine: ... de renseignements qu'on obtient à
l'égard de manifestations qui se produisent au Québec.
Ce à quoi je veux en venir, c'est qu'on aura possiblement
bientôt, peut-être à l'automne prochain, comme on l'a dit
dans certains journaux aujourd'hui, un référendum au
Québec. Je ne veux pas être alarmiste, mais c'est un débat
qui va susciter beaucoup de discussions, avec beaucoup de vigueur et il y aura
peut-être des manifestations qui seront prévues à
l'occasion de ce débat. A ce moment-là, la Sûreté du
Québec sera obligée de recueillir des renseignements à
l'égard de ces manifestations et, par conséquent, elle sera
peut-être obligée, également, d'obtenir des renseigne-
merits des partis politiques qui feront partie de ces manifestations,
soit d'un côté ou de l'autre. A ce moment-là, s'il n'y a
pas de loi-cadre...
M. Clair: ...
M. Fontaine: Voulez-vous répéter, M. le
député de Drummond?
M. Bédard: Dans ce...
M. Clair: Je disais que... ce ne sera pas une grosse
manifestation.
M. Fontaine: Si vous connaissez la loi sur les
référendums, M. le député de Drummond, nous serons
certainement du côté des fédéralistes et ce sera
peut-être là où il y aura le plus de manifestants.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Lalonde: Cela va être pacifique.
M. Bédard: Sur ce point précis, M. le
député de Nicolet-Yamaska, je serais porté à vous
dire tout de suite que c'est la même ligne de conduite qui s'applique
concernant les conflits ouvriers, à savoir la neutralité, la
ligne de la neutralité. Dans les conflits ouvriers c'était une
des lignes directrices et même j'ai été jusqu'à dire
que si, par hasard, en faisant leur devoir normal de prévention, les
membres de la sûreté venaient à être informés
de certains points au niveau des négociations, à ce
moment-là, ils ne devaient les communiquer à personne. C'est une
ligne très claire que j'ai exprimée dans le débat que nous
avons eu vendredi concernant les conflits ouvriers. C'est la même ligne
concernant quelque manifestation que ce soit par des partis politiques. Les
policiers ne sont pas intéressés aux négociations comme
telles et leur présence n'est là qu'en fonction d'un objectif qui
est la prévention.
Je pense que le directeur de la Sûreté du Québec l'a
bien expliqué ce matin. Concernant des manifestations à
l'occasion du référendum, ma réponse est bien claire. Les
policiers ne doivent pas être intéressés aux partis
politiques non plus et ils ne doivent avoir comme objectif que celui de
maintenir la paix et l'ordre public, pas autre chose.
M. Fontaine: Mais le ministre est bien conscient qu'à ce
moment-là, il va être obligé de faire face à la
susceptibilité assez évidente des mouvements en cause et s'il n'y
a pas de loi-cadre, il sera facilement attaquable à ce
moment-là.
M. Bédard: Je ne vois pas comment on serait facilement
attaquable s'il y a une loi-cadre ou non. Il y a simplement des gens dans la
société qui respectent les lois ou qui ne les respectent pas et
des membres de la Sûreté du Québec qui respectent les
directives données par leur directeur ou qui ne les respectent pas. Que
ce soit dans une loi ou dans un cadre d'action précis ou dans des
directives, à un moment donné je pense que dans l'action
policière comme dans n'importe quelle autre, que ce soit dans l'action
politique ou dans n'importe quel secteur d'activité que ce soit, il faut
en venir à avoir confiance dans ceux qui ont un travail
spécifique à accomplir et croire en la bonne foi possible des
gens qui ont un travail précis à accomplir et ne pas se laisser
gouverner simplement par la méfiance ou se laisser influencer simplement
par un sentiment de méfiance.
M. Fontaine: D'accord. J'ai une dernière question. Est-ce
qu'à l'intérieur des services de renseignements, de
sécurité, où à l'extérieur, est-ce qu'il y a
des personnes, soit du cabinet du ministre ou du cabinet du premier ministre,
qui ont accès à ces renseignements?
M. Bédard: II n'y a absolument personne du cabinet du
ministre ou du premier ministre qui sont dans le service de renseignements.
M. Fontaine: II n'y a pas d'agent de liaison qui fait le lien
entre le cabinet et...
M. Bédard: Quand la Sûreté du Québec a
des rapports à formuler, elle les oriente vers le sous-ministre de la
Justice qui en prend connaissance et informe le ministre en conséquence
s'il le juge à propos.
M. Fontaine: II n'y a personne attitré en
permanence...
M. Bédard: C'est la voie normale qui doit être
adoptée, à savoir la communication d'une structure à
l'autre. Il y a la structure du ministère de la Justice, entre autres,
les sous-ministres et la structure au niveau de la Sûreté du
Québec, avec le directeur en tête, et la communication
s'établit entre ces deux structures. (17 h 30)
M. Fontaine: Merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Marg uerite-Bou rgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, laissez-moi revenir sur ce
qui s'est dit ce matin. On a établi que le cadre d'opération se
retrouverait au-delà des lois...
M. Bédard: Me permettriez-vous... Prenez le cas de
l'opération publique: ce sont des rapports généraux qui
sont envoyés, qui sont acheminés au sous-ministre de la Justice
et qui indiquent simplement que la situation est calme concernant certains
conflits, qu'il n'y a pas de violence après...
M. Fontaine: Les renseignements recueillis ne sont pas
disponibles.
M. Bédard: Cela a été une des bases de
l'opération publique. J'espère qu'on peut terminer
sur cette opération en particulier. C'est une des bases de
l'action, à savoir la neutralité, ce qui veut dire que, si des
renseignements sont obtenus ou sont portés à la connaissance des
policiers en ce qui a trait au contenu des négociations, ils ne doivent
les communiquer à personne. Quand on dit à personne, cela veut
dire à personne, même pas au ministre de la Justice, parce que ce
n'est pas pour cela que cette opération existe. Elle a un but
précis, normal, établi par la loi, celui de faire le travail de
prévention, avec les informations nécessaires, des situations qui
pourraient être de nature à perturber l'ordre public.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Est-ce qu'on va terminer? Du mandat en question, on
m'a dit que l'essentiel se retrouvait dans le numéro de novembre dernier
de la revue de la Sûreté...
M. Bédard: Vous parlez de l'ensemble de la direction
générale?
M. Lalonde: Le mandat de la direction générale des
renseignements. Donc, si l'essentiel a été rendu public,
j'imagine que le ministre n'aura pas d'objection à le déposer
formellement. On m'a dit que l'essentiel y était. Est-ce que tout le
mandat est là?
M. Bédard: C'est le mandat officiel...
M. Lalonde: Je ne l'ai pas devant moi. Est-ce que cela comprend
les méthodes d'enquête, les méthodes de cueillette?
M. Bédard: Vous avez toutes les responsabilités,
les moyens... je vais donner la revue en question au député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Puisque l'essentiel est là, est-ce qu'il y
aurait moyen simplement de le déposer comme document
séparé, formel?
M. Bédard: Le mandat en question, qui a été
donné à la direction générale du service des
renseignements, en date du 25 septembre 1976 et qui n'a pas été
retouché, je n'ai pas d'objection à le déposer.
M. Lalonde: Et le code de discipline, le code d'éthique.
Ce code d'éthique aurait été adopté en vertu d'un
arrêté en conseil, il y a plusieurs années. Il me semble
qu'il y aurait lieu de...
M. Bédard: Sur ces autres éléments...
Cela a été signé par le procureur
général, M...
M. Lalonde: Oui, mais signé par le procureur
général; ce n'est pas nécessairement publié. C'est
pour cela que je voulais savoir si cela avait été
publié.
M. Bédard: C'est disponible. Chaque personne qui vient
à la Sûreté du Québec et qui dit: Avez-vous un code
de discipline, tout le monde sait qu'on en a un et on en envoie à tout
le monde qui en veut une copie.
M. Lalonde: Alors, le ministre n'aura pas d'objection à le
déposer non plus?
M. Bédard: A partir du moment où le directeur dit
que c'est public, toute personne qui y est intéressée peut en
prendre connaissance. Vous voudriez un dépôt formel?
M. Lalonde: Le problème c'est que cette histoire...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je vous ferai remarquer quand...
M. Bédard: Je suis d'accord pour le déposer... Cela
peut enlever...
Le Président (M. Boucher): En commission parlementaire, il
n'y a pas de dépôt officiel.
M. Lalonde: Non, non, déposer à l'Assemblée
nationale je veux dire.
Le Président (M. Boucher): A l'Assemblée nationale,
ah bon!
M. Lalonde: Parce que tout cela a trouvé écho
à l'Assemblée nationale, il me semble que cela pourrait
simplement aider, contribuer à la réflexion que...
M. Bédard: Démystification de l'affaire.
M. Lalonde: Démystifier les choses simplement pour dire:
Voici, c'est cela. Il me semble qu'il n'y a rien de secret, de confidentiel,
relié à la sécurité de l'Etat là-dedans, je
ne pense pas.
M. Bédard: Oui, et pourvu que ces choses ne soient pas
reliées à des opérations, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: Non, non, il n'est pas question...
M. Bédard: ... sait très bien que cela n'est pas
vouloir jouer à la cachette...
M. Lalonde: II n'est pas question de révéler
l'opération...
M. Bédard: Mais il y a certaines choses qu'on ne peut pas
rendre publiques parce que cela peut mettre en danger des opérations
policières normales.
M. Lalonde: D'accord, mais cela devrait couvrir les
méthodes, parce qu'au fond, c'est au niveau des méthodes
que...
M. Bédard: ... déposer ici à la commission
on va trouver le moyen...
M. Lalonde: Distribuer...
M. Bédard: ... de les distribuer aux membres de la
commission, pas à l'Assemblée nationale, je vais les distribuer
aux membres de la commission.
M. Lalonde: Cela revient au même, j'imagine que cela va
être aussi public. Il faut se rendre bien compte que le débat,
cela vaut peut-être la peine de prendre un autre trente secondes pour le
répéter, cela n'est pas à savoir est-ce qu'il devrait y
avoir du renseignement? Cela n'est pas est-ce que la Sûreté ne
devrait pas obtenir les renseignements sur ce genre de situations qui sont
susceptibles de créer des affrontements et de la violence? A mon sens,
le débat c'est sur les méthodes. Est-ce que ces méthodes
employées peuvent arriver à un système qui mette en
conflit les droits individuels, ou en danger, en péril les droits
individuels? C'est strictement cela. Il me semble que cela devrait toucher
aussi...
M. Bédard: Je crois que...
M. Lalonde: ... les méthodes de...
M. Bédard: D'ailleurs, je suis très heureux qu'on
ait ce débat serein sur ce sujet délicat, parce que cela
contribue, je pense, à démystifier des choses.
M. Lalonde: Je n'ai pas vu le mandat, je suis un peu sceptique
quant à son contenu, en ce qui concerne les méthodes et les
balises. Je ne suis pas satisfait encore du débat, je n'étais pas
satisfait du tout du débat de vendredi dernier, je l'ai dit. On a
répété que c'est la légalité, j'ai
demandé de poursuivre la légalité, de la définir au
niveau des méthodes, est-ce que cette demande va trouver réponse
dans le mandat et dans le Code d'éthique? Je l'ignore.
M. Bédard: II n'y a pas de méthode dans le mandat,
ce sont des objectifs et des responsabilités précises qui
sont...
M. Lalonde: Cela sera au moins cela.
M. Bédard: ... contenues et sur les méthodes
policières, on peut continuer la discussion...
M. Lalonde: Non.
M. Bédard: Je n'ai pas d'objection.
M. Lalonde: Je pense que le ministre devrait faire davantage. Il
dit qu'une loi sera déposée qui va prévoir l'adoption d'un
code de déontologie éventuellement. Il me semble que ce serait
relativement facile à faire maintenant, que le ministre qui a
sûrement les pouvoirs de le faire, en ce qui concerne la
Sûreté au moins devrait définir le cadre
d'opération en ce qui concerne les méthodes.C'est ce que j'ai
demandé, c'est ce que, à la suite de notre débat,
plusieurs ont demandé, puisqu'on a fait la revue de presse des
éditorialistes. On peut parler, par exemple, dans la Presse, d'un
éditorial de Jean-Guy Dubuc; même l'article de Gilles Lesage dans
le Soleil d'aujourd'hui témoigne de certaines insatisfactions
vis-à-vis du gouvernement, le ministre en particulier, sur cette
question.
M. Bédard: Je comprends, j'ai lu l'article en question. Je
l'ai dit tout à l'heure, c'est peut-être qu'on n'a pas eu
suffisamment de temps pour discuter de long en large d'un sujet aussi
intéressant, même s'il est délicat. Je n'ai peut-être
pas réussi à faire ressortir qu'au niveau du débat de
vendredi, je voulais donner surtout le cadre d'action concernant l'action
policière à l'occasion de conflits ouvriers. Je m'étais
astreint, volontairement, à traiter de ce sujet particulier,
étant donné que cela avait fait l'objet de beaucoup de
publicité.
Je le dis encore parce que je le crois, on avait quand même
dramatisé beaucoup l'opération en question qui, au bout du
compte, en représentait qu'une infime partie du travail policier. On
était loin d'une opération gigantesque, au contraire. On l'a dit,
c'est une opération qui se faisait dans le cas où la situation
pouvait être particulièrement tendue et non d'une façon
générale et universelle. On aurait aimé avoir le temps
d'aborder dans ce débat, tout l'ensemble du problème de la
direction générale des renseignements. On le fait aujourd'hui; la
discussion est plus élargie et je pense que cela amène encore de
nouveaux développements. Il reste un point, qu'a soulevé le
député de Marguerite-Bourgeoys, c'est la question des
méthodes policières. Peut-être que le directeur de la
Sûreté du Québec voudrait dire quelques mots.
Merci. Au niveau des méthodes, c'est fort simple, vous savez. Ces
méthodes ne sont pas différentes des méthodes qu'on
emploie dans l'enquête conventionnelle. On part avec l'objectif suivant,
à savoir; Est-ce qu'il y a un potentiel de violence possible dans X
conflit. Donc, la première chose qu'on va voir, ce sont les parties en
présence. On va les voir ouvertement. Les gens qui sont
mêlés au milieu, on va les voir ouvertement. Même à
nos membres on fait faire des cartes; ils laissent leur carte et disent; Si
vous avez de l'information, expédiez-la-nous. On regarde les coupures de
journaux, parce que cela se recoupe en fin de compte. Parfois, les journalistes
peuvent avoir de l'information de façon plus objective et bien plus
facilement que nous pouvons l'avoir.
Donc, ce sont les témoignages des parties en cause recueillis
ouvertement; il n'y a pas de filature, il n'y a pas d'écoute
électronique, ce serait illégal.
M. Lalonde: A moins d'une autorisation.
M. Bédard: Si c'est un acte criminel, cela sort de leurs
mains, cela s'en va à l'opération propre-
ment dite. J'ai l'intention, par la voix du ministre, de vous offrir de
venir faire une opération avec nous et vous allez dire: Cela n'a pas de
bon sens, on n'aurait jamais dû poser de questions sur des affaires
semblables.
M. Lalonde: Peut-être justement qu'on aurait dû poser
des questions. Peut-être que ce sera un bon résultat aux questions
posées.
M. Bédard: C'est fort simple, c'est le témoignage
conventionnel des parties en cause. C'est une enquête en fonction des
possibilités: Est-ce que des gens vont aller dans la rue... Comme je
vous le disais ce matin, si à un moment donné on
s'aperçoit que c'est tranquille, on se retire du secteur
d'activité et on laisse filer. D'autres fois, c'est plus actif, on suit
cela sporadiquement. Il faut bien se placer dans le contexte: on ne met pas des
agents sur le conflit X pour qu'ils se collent aux gens; c'est impossible, cela
coûterait les yeux de la tête, d'abord, et ils ne pourraient pas le
faire. En principe, ils s'occupent de plusieurs choses en même temps.
Finalement, ils jouent le rôle qui est celui de tout policier,
à savoir obtenir les informations en fonction de la prévention
des crimes ou en fonction des crimes qui ont été commis. Il reste
que, quand il y a de l'intimidation qui se fait à l'intérieur de
certains conflits, il faut recueillir des informations pour savoir de la part
de qui. Quand vous arrivez et que vous rencontrez des groupes de
fiers-à-bras quand l'intimidation se fait, elle ne se fait pas
par des gens locaux, elle se fait par des gens de l'extérieur il
faut essayer de savoir d'où ils viennent. C'est le genre d'enquête
bien conventionnelle. J'essaie de l'expliquer aussi candidement...
M. Lalonde: Vous avez bien fait jusqu'à maintenant.
M. Bédard: Merci.
M. Lalonde: Je vous remercie.
M. Bédard: Ce n'est pas plus compliqué que cela. Je
pense que si on pouvait siéger en commission à huis clos, on
pourrait prendre le ballot de directives et simplement passer au travers.
M. Lalonde: Vous parlez des opérations
particulières?
M. Bédard: Je me dis que ça peut aller
jusque-là, mais c'est le fait que si on lance nos directives dans le
champ, c'est fini.
M. Lalonde: Qu'est-ce que vous appelez directives?
M. Bédard: C'est l'ABC de la procédure. Vous avez
trois niveaux de directives: d'abord, le mandat qui explicite les
responsabilités. L'exemple du mandat de responsabilité, c'est
contrôler les acti- vités reliées au processus des
renseignements, en particulier celle de l'analyse, s'assurer du maintien d'un
système de dossiers sur toute l'information recueillie. (17 h 45)
Chacune de ces responsabilités vient se préciser par une
directive pour le membre dans le champ. C'est important qu'on ne laisse pas
l'individualité il y a toujours place à
l'individualité mais que chaque membre opère selon un
processus bien déterminé à l'avance.
M. Lalonde: Vous ne pouvez pas le rendre public? Il ne s'agit pas
de dire: Allez voir Untel, il s'agit de directives de comportement, de
méthode d'enquête.
M. Bédard: Dans la police, il ne reste plus grand-chose.
Si vous nous enlevez nos quelques petites confidences... je ne dirais pas des
secrets, mais des confidences par exemple, les techniques qu'on prend
pour faire les perquisitions, etc. il ne nous restera plus rien.
M. Lalonde: Vous avez déjà commencé à
ouvrir la porte avec vos...
M. Bédard: Imaginez-vous qu'on est en train
d'établir un record d'écritures là-dessus.
M. Lalonde: Oui.
M. Bédard: II reste qu'aussi...
Il n'y a pas seulement les membres de l'Assemblée nationale qui
vont lire cela, il y a aussi ceux, parfois, qui sont concernés par
certaines opérations.
Il y a aussi le fait que ces procédures sont interreliées
l'une à l'autre, ce sont des éléments, mais reliés
en un ensemble; cela va se relier à la perquisition, à
l'arrestation il y a des méthodes d'arrestation cela va se
relier à l'interrogatoire l'interrogatoire selon toutes les
règles de l'art cela va se relier aux exhibits, à la
préparation de la preuve devant le tribunal, et tout cela.
M. Lalonde: On tombe facilement dans le domaine du renseignement
criminel.
M. Bédard: Et de l'enquête criminelle proprement
dite.
M. Lalonde: L'enquête criminelle. C'est pour cela que vous
dites que...
M. Bédard: La démarcation...
M. Lalonde: ... est très difficile à faire.
M. Bédard: C'est interrelié. On dit prévenir
le crime, je donnais un exemple: Vous avez des patrouilleurs qui, à 3
heures du matin, interceptent un véhicule avec de la marchandise
volée, c'est un acte de prévention. Mais, dès qu'ils ont
les individus entre les mains, qu'on soupçonne et qu'on
établit que c'est de la marchandise volée, cela devient
une enquête judiciaire, une enquête criminelle conventionnelle et
le processus se met en cours selon nos procédures, de façon
à présenter devant le tribunal... Vous savez, ce qui est
important, on a 4000 policiers qui présentent des causes devant les
tribunaux avec beaucoup de procureurs de la Couronne et c'est important
d'arriver avec un standard de rapport, de présentation et de cueillette
de preuves qui puissent permettre d'atteindre une uniformité. C'est cela
qu'on vise.
M. Lalonde: Je vous remercie. Je pense qu'il est clair que vous
considérez que ces directives sont de nature confidentielle et que cela
nuirait à l'action policière, à son efficacité, de
les rendre publiques comme telles.
M. Bédard: Dans le cas des conflits ouvriers, on a
donné l'essentiel.
M. Lalonde: Je vais passer à un autre aspect. J'ai ici,
par exemple, un affidavit que j'ai déposé à
l'Assemblée nationale où un simple citoyen il ne s'agit
pas d'une question syndicale qui avait manifesté à Boston
s'est vu visité, comme il dit, par des officiers de la
Sûreté du Québec, soit les agents Brunet et Fournier,
lesquels ont dit être des envoyés du ministre de la Justice et du
FBI pour faire enquête relativement au voyage fait par le petit
propriétaire membre de l'Association des propriétaires de
Val-Martin à Boston.
Il continue, dans son affidavit: "J'ai été
interrogé sur le motif de notre visite à Boston, sur mes
allégeances politiques et sur nos intentions futures quant à
toute démonstration." Je vais un peu plus loin: "J'ai été
également prié de communiquer avec eux dans le futur pour toute
autre manifestation." Au paragraphe suivant: "J'ai également
été rappelé par le même membre de la
Sûreté du Québec au cours du mois de juin 1978 afin de
savoir s'il était de mon intention et de celle de l'association d'aller
manifester à New York puisque le premier ministre devait s'y rendre." Au
paragraphe suivant, c'est assez ironique: "J'ai également
été questionné sur mes sources de renseignement quant au
voyage du premier ministre."
M. Bédard: Vous voyez, on n'en a pas
l'exclusivité.
M. Lalonde: "J'ai également été
questionné sur mes sentiments quant aux ministres Tardif et Landry." Il
termine en disant: "Je considère que ces interrogatoires constituent
nettement une forme de pression afin que moi-même et les
propriétaires membres de l'association nous abstenions de manifester
pour faire valoir les droits des membres de l'association dans le futur."
C'est un affidavit qui a été, j'imagine, bien
étudié et assermenté. J'ai soulevé cela à
l'Assemblée nationale. Le ministre, à ce que j'ai pu comprendre,
dans les circonvolutions et dans les réponses, c'est qu'il pouvait y
avoir des erreurs de jugement là-dedans.
M. Bédard: Non, non.
M. Lalonde: Quand on parle d'allégeances politiques...
M. Bédard: Non, on peut s'expliquer. M. Lalonde: Si
le ministre...
M. Bédard: Cela dépend en fonction... je vais vous
l'expliquer.
M. Lalonde: II n'y a pas de fonction de rien. Quand on parle
d'allégeances politiques, j'espère que le ministre est d'accord
que ce n'est pas le...
M. Bédard: Je vais vous donner la réponse. En tout
cas, continuez votre exposé.
M. Lalonde: En tout cas, ce que j'ai compris, c'était
peut-être parce que j'espérais comprendre ça,
c'était que le ministre n'allait pas souscrire à ce genre
d'action policière, c'est-à-dire d'interrogations sur des
allégeances politiques, premièrement. Maintenant, si ce n'est pas
cela, s'il est prêt à... j'ai compris qu'il avait
considéré que c'étaient peut-être des erreurs de
jugement. Bon, il veut se reprendre; je vais le laisser parler.
M. Bédard: Non, non, ce n'est pas une question de vouloir
me reprendre. Le naturel revient au galop pour le député de
Marguerite-Bourgeoys. Il essaie de mélanger encore une fois. Il
s'aperçoit quand on va au fond des choses, soit l'action
policière ou autrement et qu'on en discute d'une façon
détendue, il y a moyen, au bout de la ligne, de se comprendre et de
compendre des choses, comme c'est très facile de confondre toute
situation. Dans ce cas précis de Val-Martin, premier point: on sait que
la demande avait été formulée par un corps de police
extérieur au Québec, étant donné qu'il y avait la
visite du premier ministre aux fins de savoir si les manifestants en question
étaient vraiment les gens qu'ils prétendaient être.
C'était une demande formulée par les autorités
américaines. Je crois que c'était tout à fait normal de
répondre à leur demande.
Deuxième point, dans ce dossier, il y a eu des menaces qui ont
été proférées à l'endroit de deux ministres:
le ministre Landry et le ministre Tardif. On sait qu'il y a eu certaines
législations qui ont soulevé certaines protestations. Je ne suis
pas là pour me prononcer, pour passer un jugement sur l'à propos
des protestations, mais les faits sont qu'il y a eu des menaces qui ont
été faites à l'endroit du ministre Tardif et du ministre
Landry. Dans le cas du ministre Landry, il y a même eu des dommages qui
avaient été causés à sa propriété et
à ce moment, il y a sous le présent gouvernement comme sous
l'ancien gouvernement, une certaine protection qui est nécessaire
auprès des ministres et des membres de l'Assemblée nationale,
étant donné leurs fonctions et c'est dans ce cadre qu'on a
demandé à la Sûreté du Québec
d'évaluer jusqu'à quel point étaient sérieuses
ces
menaces proférées à l'endroit du ministre Landry et
du ministre Tardif et je vais laisser le directeur de la Sûreté du
Québec, vous expliquer le genre d'action qu'ils font, lorsque de telles
demandes sont portées à leur attention.
M. Lalonde: Excusez-moi, on sonne une cloche.
Le Président (M. Boucher): II y a un vote en Chambre, M.
le député.
M. Lalonde: II y a un vote en Chambre. Maintenant, est-ce qu'on
continue après 18 heures ou est-ce que...
M. Bédard: Pouvez-vous faire... M. Lalonde:
Non.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, messieurs.
Ml. Fontaine: Ne serait-il pas raisonnable de penser qu'on puisse
terminer ce soir?
M. Bédard: Ce n'était pas avec l'intention de
terminer ce soir, c'était avec l'intention de terminer demain midi,
comme l'avait exprimé le député de Marguerite-Bourgeoys.
On recommencera demain à 10 heures, en espérant terminer à
18 heures, si c'est possible.
M. Lalonde: ... il est nécessaire de faire venir, je ne le
pense pas.
M. Bédard: Sur ce point particulier, j'aimerais quand
même que le directeur de la sûreté... parce que le
député de Marguerite-Bourgeoys revient souvent avec cet
exemple.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, je regrette, le
vote est demandé; on doit se rendre en Chambre, alors...
M. Bédard: On n'en a que pour deux ou trois minutes.
Le Président (M. Boucher): D'accord.
M. Lalonde: Strictement sur les allégeances politiques.
C'est pour cela que je veux être sûr que...
M. Bédard: Je demanderais au directeur de la
Sûreté du Québec d'expliquer le genre de travail qu'il doit
faire pour évaluer le sentiment d'animosité ou le degré de
danger qu'il peut y avoir à l'endroit d'un membre de l'Assemblée
nationale.
Disons qu'avant 1970, à cause du contexte du temps on ne
s'occupait pas de cela. Mais après 1970, avec la crise d'octobre, on
nous a confié la responsabilité de protéger des ministres
et de s'occuper de faire un travail de détection des menaces. Donc
depuis 1970, on a mis en place un système à cet effet. La
situation en cause c'est relativement à une visite du premier ministre
à Boston, où on a reçu... il y a eu une manifestation et
les gens de Boston ont communiqué à travers la filière
américaine, et nous ont dit ceci: Qu'est-ce qui arrive, il y a telle,
telle personne. Est-ce que vous êtes au courant que votre premier
ministre vient ici et ces gens partent du Québec pour venir manifester.
On n'aime pas bien cela, et on aimerait que vous vérifiiez cela,
peut-être aurez-vous des problèmes avec ces gens, dans un souci de
passer l'information. Autre chose qu'on nous dit aussi: Quand votre premier
ministre viendra, si vous avez des données relativement à des
gens qui veulent manifester, dites-le nous; on aimerait cela le savoir à
l'avance.
Suite à cette information, nous sommes allés rencontrer
ces gens, et l'idée était de savoir un peu quels étaient
leurs motifs. L'allégeance politique du policier a été
posée comme partie de l'ensemble et cela se rejoint également
avec les cas de M. Landry ou encore on le fait pour les députés.
Le député Fernand Grenier nous avait parlé, l'année
dernière, d'un cas où on avait proféré des menaces
à son endroit. On le fait, quel que soit le parti, vous savez. Si un
homme public, un homme d'Etat reçoit des menaces et qu'il nous le
signale, on le fait. On enquête à la suite d'un paquet de lettres
anonymes à l'endroit de certains membres du Parlement et je pense que
c'est nécessaire qu'on le fasse, parce que vous avez toujours des gens
qui... Vous avez d'abord des gens qui sont, la majeure partie du temps,
désaxés. Vous ne savez pas ce que peuvent faire ces gens. Dans le
cas du ministre Landry, il y avait eu des dommages à sa
propriété, il était assez important d'établir le
potentiel de violence, pourquoi on faisait cela à son endroit, et
prendre des mesures pour prévenir des attaques semblables.
M. Lalonde: Est-ce que le lien a été fait entre ces
personnes et celles qui avaient fait les menaces à M. Landry, ou les
dommages à sa propriété?
M. Bédard: Non.
M. Lalonde: C'est cela. Je ne suis pas d'accord avec vous, je
vous le dis tout de suite, M. le directeur, sur le fait de poser des questions
sur l'allégeance politique, parce qu'on touche un sujet très,
mais très nerveux.
M. Bédard: Egalement, je ne crois pas que les policiers
doivent se préoccuper de l'allégeance politique.
M. Lalonde: Non, le comportement...
M. Bédard: S'ils s'en...
M. Lalonde: ... de menaces...
M. Bédard: S'ils s'en préoccupent...
M. Lalonde: ...
M. Bédard: ... c'est seulement dans l'objectif
d'évaluer sur quoi porte l'animosité. si elle porte sur le fait
qu'une personne n'a pas les mêmes opinions politiques, je pense bien
qu'il n'y a pas lieu de continuer l'enquête, si elle porte sur...
M. Lalonde: Je pense qu'il faut être très prudent
là-dessus.
Le Président (M. Boucher): Messieurs, la commission
ajourne à six heures, vous pourrez continuer le sujet à dix
heures demain matin.
M. Bédard: Est-ce qu'on peut compter, M. le
Président, qu'on en a terminé avec le directeur de la
Sûreté du Québec.
M. Lalonde: Oui, oui, le restant peut se faire... Je vous
remercie infiniment de votre contribution aux travaux.
Le Président (M. Boucher): Le programme 15 est-il
adopté? C'est celui de la Sûreté du Québec.
M. Lalonde: On y retournera.
Le Président (M. Boucher): La commission ajourne ses
travaux à dix heures demain matin.
Fin de la séance à 17 h 59