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Etude des crédits du ministère de la
Justice
(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de la justice est réunie pour étudier
les crédits budgétaires du ministère de la Justice. Les
membres de cette commission sont M. Alfred (Papineau), M. Bédard
(Chicoutimi), M. Blank (Saint-Louis), M. Charbonneau (Verchères), M.
Clair (Drummond), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Lacoste (Sainte-Anne), M.
Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Vaillancourt
(Jonquière). Le rapporteur de cette commission sera M. Lacoste de
Sainte-Anne. D'accord? Nous sommes donc prêts à débuter. M.
le ministre.
Remarques générales
M.
Marc-André Bédard
M. Bédard: M. le Président, vous me permettrez de
vous présenter quelques-uns de mes proches collaborateurs qui sont ici
ce matin. Ici, à ma droite, Me René Dussault, sous-ministre en
titre au ministère; Me Aubert Ouellet, qui est sous-ministre à la
probation et à la détention et qui a remplacé M. Maurice
Gauthier qui a été nommé, depuis, président de la
Commission des libérations conditionnelles; Me Michel Décarie
qui arrive sous-ministre associé aux affaires civiles et
pénales et qui a succédé à Me Lyse Lemieux qui a
été nommée juge de la Cour supérieure;
également, M. Germain Halley, sous-ministre associé à
l'administration et sous-registraire. M. Halley a succédé
à M. René Langevin qui a été nommé, depuis,
président de la Régie des loteries et courses; également,
M. Jacques Beaudoin, directeur de la Sûreté du Québec; M.
Jacques Lachapelle, directeur général des greffes, qui
succède à Me Pierre Dorion qui a été nommé,
comme vous le savez, juge du Tribunal de la jeunesse. Antérieurement, M.
Lachapelle était directeur du greffe de Montréal.
Je voudrais également signaler la nomination de Mme Lyne
Fournier, adjointe au directeur du personnel, qui a été
nommée membre de l'office de recrutement. Il y a également M.
Jacques Dubois, ici à ma gauche, directeur du budget et de la
vérification interne; M. Jacques Cayer, directeur des communications; M.
le juge Guy Dorion, président du Tribunal de l'expropriation; M. le juge
Gosselin, président de la Commission de police du Québec et M.
Paul Brown, qui est responsable de la protection civile; M. Jacques Tellier,
qui vient d'arriver, est le président du Comité de la protection
de la jeunesse.
M. le Président, comme vous le savez, le ministère de la
Justice constitue un imposant appareil administratif avec un effectif de 14 113
postes, incluant la Sûreté du Québec et ses 400 bureaux
locaux et régionaux. L'ampleur de cet appareil administratif ne doit
toutefois pas empêcher le ministère d'être au service des
citoyens pour leur offrir une justice plus humaine et plus efficace. Depuis
maintenant plus de deux ans, nous avons tenté de relever ce défi
par une amélioration de la crédibilité de la justice, par
une meilleure accessibilité, par une action peut-être plus
personnalisée et par l'intervention de la communauté à
différentes étapes du processus judiciaire.
A ces fins, le ministère a principalement axé son action
autour de trois grandes orientations au cours de la dernière
année, soit la famille et la jeunesse, la réinsertion sociale des
contrevenants, ainsi que la magistrature et le support administratif à
être apporté aux différents tribunaux.
De plus, plusieurs nouvelles lois et décisions administratives
ont également marqué l'action des autres secteurs d'intervention
du ministère. Les thèmes de la jeunesse et de la famille ont
particulièrement retenu notre attention. L'implantation des aspects de
la Loi sur la protection de la jeunesse, qui relèvent du
ministère a constitué une action prioritaire au cours de
l'année qui vient de se terminer.
De concert avec leurs collègues du ministère des Affaires
sociales, les fonctionnaires du ministère ont participé
activement à la mission d'implantation de cette nouvelle Loi de la
protection de la jeunesse. Cette mission avait pour but de coordonner la mise
sur pied de structures requises par cette nouvelle loi et de sensibiliser
également les travailleurs sociaux, les avocats, les policiers et les
juges impliqués dans son application aux nouveaux principes qui y sont
incarnés pour assurer une saine protection de la jeunesse. (10 h 15)
De façon plus particulière, la Cour du bien-être
social a été transformée en Tribunal de la jeunesse et les
ajustements administratifs qui découlaient de cette transformation ont
été effectués tant à la Direction
générale des greffes qu'à la Direction des affaires
criminelles ainsi qu'à la Direction des affaires civiles et
pénales. Par ailleurs, nous avons voulu également faire
intervenir les citoyens dans l'application de cette nouvelle loi, les
insérer le plus possible dans le déroulement et l'application de
cette loi. Ainsi, au lieu de nommer des fonctionnaires, par exemple, pour agir
à titre de personnes désignées par le ministre de la
Justice, tel que c'est spécifié dans le projet de loi no 24, au
lieu de nommer des fonctionnaires comme représentants du ministre de la
Justice, plus de 600 citoyens ont été nommés à ce
titre, pour collaborer avec les directeurs de la protection de la jeunesse
à la détermination des mesures à prendre à
l'égard des jeunes.
Ces citoyens ont été choisis parmi les personnes
d'expérience qui s'intéressent à la jeunesse ou qui
remplissent des fonctions les amenant à vivre quotidiennement au contact
des jeunes. La mise sur pied du système des personnes dési-
gnées par le ministre de la Justice a de plus constitué un
élément important je crois qu'on peut accentuer
là-dessus dans la formation d'un nouveau service d'aide
socio-économique et familial qui est en voie de développement au
sein de la Direction des greffes.
Nous aurons probablement l'occasion d'en parler plus lorsque nous
arriverons à ce programme, mais cette unité administrative
comprend déjà les services d'expertise en matière de garde
des enfants, dans les cas de séparation, de divorce, et réunira
entre autres les services conseils auprès du Tribunal de la jeunesse, un
nouveau service de conciliation en matière de séparation et de
divorce, ainsi qu'un service d'accueil et d'orientation auprès des
personnes qui se prévalent des dépôts volontaires.
Il a également été nécessaire de
restructurer le nouveau Comité de la protection de la jeunesse et
d'augmenter de façon sensible ses effectifs pour lui permettre de
remplir le nouveau mandat qui lui a été confié par la loi
24.
Enfin, ce comité s'est également vu confier la
coordination des activités gouvernementales reliées à
l'Année internationale de l'enfant. Il doit, notamment, susciter
à travers tout le Québec des projets organisés par des
organismes locaux et impliquant c'est un des critères importants
directement les jeunes dans la réalisation de ces
activités.
Par ailleurs, nous avons attaché une importance de premier ordre
au droit de la famille. L'instauration d'un tribunal de la famille, par
exemple, constitue selon nous une réforme essentielle dans le cadre
d'une politique cohérente et complète visant à apporter
une solution aux problèmes familiaux dont découlent largement
ceux des jeunes. C'est dans l'optique de l'instauration d'un véritable
tribunal de la famille que s'inscrivent les représentations du
Québec vis-à-vis du gouvernement fédéral en vue
d'apporter des modifications à la Loi sur le divorce et à
l'article 96 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique.
Compte tenu du récent accord de principe intervenu à ce
sujet, lors de la dernière conférence constitutionnelle des
premiers ministres, je suis présentement à mettre sur pied, au
sein du ministère, un groupe de travail ayant pour mandat de me faire
des recommandations précises sur la nature et l'organisation d'un
tribunal de la famille qui pourrait prendre en charge l'ensemble de la
juridiction dans ce domaine. Nous avons également agi à
l'intérieur de notre champ actuel d'intervention ou de juridiction.
L'urgence d'adapter le droit de la famille à la société
contemporaine, de reconnaître de façon complète
l'égalité de l'homme et de la femme devant la loi et de
légiférer sans retard dans le domaine de l'adoption nous ont
incité à engager le processus d'étude du nouveau Code
civil en commençant, justement, par le livre II, intitulé "De la
famille", proposé par l'Office de révision du Code civil, ainsi
qu'à préparer des modifications à d'autres lois touchant
ces problèmes.
Cette commission, comme vous le savez, a récemment tenu des
audiences publiques sur cette question précise dont le résultat
nous permettra, du moins je l'espère, de déposer à
l'automne un projet de loi sur la famille. C'est également dans ce
contexte qu'un projet de loi est en préparation touchant la perception
des pensions alimentaires.
La deuxième grande orientation de l'action du ministère
touche aux secteurs regroupant les services de probation et de détention
dans un effort pour personnaliser notre action auprès des contrevenants
de façon que, dans la mesure du possible, le problème de chacun
d'eux puisse être résolu en fonction de son cas particulier.
Cela s'est fait par l'adoption de deux lois majeures, par la
révision de la réglementation de ce secteur et par la mise en
oeuvre de programmes administratifs et d'équipement nous dotant de
moyens novateurs pour atteindre cet objectif de réinsertion sociale.
Ainsi, en vertu de la Loi modifiant la Loi de la probation et des
établissements de détention, nous avons mis sur pied au sein des
établissements des programmes d'activités
rémunérées pour les détenus. Cette loi donne aussi
au directeur général de la probation et des établissements
de détention le pouvoir de conclure des ententes avec des tiers pour
procurer du travail aux détenus. Par ailleurs, la loi 95,
sanctionnée le 8 juin dernier, a créé la Commission des
libérations conditionnelles québécoise permettant au
Québec, pour la première fois, d'assumer la responsabilité
des libérations conditionnelles pour les personnes ayant
été condamnées à moins de deux ans de
détention et celles condamnées à plus de deux ans qui sont
dans des établissements du Québec, à la suite d'une
entente avec le gouvernement fédéral.
C'est en vertu de cette loi qu'un régime de réduction de
peines fondé sur le mérite a été instauré
dans les établissements de détention du Québec. En ce qui
concerne la réglementation, l'ensemble des règlements
reliés à la réinsertion sociale des délinquants a
été refait. Déjà, depuis le 1er juillet 1978, un
règlement concernant la réduction de peine des personnes
incarcérées régit la réduction de peine
fondée sur le mérite. Ce règlement sera refondu à
l'intérieur d'un tout nouveau règlement sur les
établissements de détention qui sera soumis, incessamment, au
Conseil des ministres pour approbation. Ce règlement
général vise notamment à corriger certaines lacunes
déjà soulignées par le Protecteur du citoyen et à
préciser le régime disciplinaire régissant la conduite des
détenus. La réglementation concernant le travail
rémunéré des détenus y sera également
incluse.
Enfin, le Conseil des ministres vient d'adopter un règlement
permettant l'application de la Loi des libérations conditionnelles.
L'ensemble de la réglementation de ce secteur aura donc
été revu d'une façon cohérente et constitue
maintenant un cadre permettant aux détenus et à l'administration
d'agir à l'intérieur de règles du jeu précises et
connues.
Sur ce plan administratif, un programme de sensibilisation des
directeurs d'établissements de détention a été mis
sur pied pour favoriser juste-
ment une utilisation optimale du programme des absences temporaires.
Enfin, la direction de la probation a favorisé le remplacement de
l'emprisonnement par d'autres mesures. Ainsi, un programme de
dédommagement par les criminels des victimes du crime touchant les biens
et un programme de travaux communautaires ont été mis sur pied
à titre de programmes pilotes. Ce dernier programme de sentences de
travaux communautaires sera maintenu sur une base permanente à la
grandeur du territoire du Québec. L'accent a aussi été mis
sur le programme d'équipement des établissements de
détention. L'année 1978 a vu se terminer la construction du
centre de détention d'Amos et débuter la première phase de
construction d'un complexe régional de détention
multi-sécuritaire à Saint-Jérôme. Dans le cadre de
la politique suggérée par le Comité consultatif sur le
secteur correctionnel adulte dont j'ai rendu le rapport public en
février 1978, les programmes de besoins de nouveaux
établissements à Sherbrooke et à Trois-Rivières ont
été préparés en vue de favoriser le plus rapidement
possible le début de leur construction. Un cadre général
de la planification, de la construction et de la rénovation des
établissements de détention est également en voie de
préparation.
M. le Président, afin de maintenir la confiance que les citoyens
portent à l'endroit du système judiciaire, une loi d'importance a
été adoptée, comme vous le savez, au cours de la
dernière année. Je viens également de former un groupe de
travail sur le support administratif des tribunaux, tel que je l'avais promis
l'an dernier. La loi 40 modifiant la Loi des tribunaux judiciaires et le Code
de procédure civile et instituant le Conseil de la magistrature a
apporté plusieurs modifications au statut de la magistrature. En premier
lieu, un Conseil de la magistrature a été établi pour
pallier l'absence d'un organisme officiel jusqu'à maintenant, permettant
d'établir un lien entre l'administration et les juges nommés par
le Québec. Ce conseil a un pouvoir d'adopter par règlement un
code de déontologie de la magistrature déterminant les
règles de conduite et les devoirs des juges envers le public, les
parties à une instance et les avocats et indiquant notamment les actes
ou les omissions dérogatoires à l'honneur, à la
dignité ou l'intégrité de la magistrature et les fonctions
ou les activités qu'un juge peut exercer à titre gratuit.
Le conseil est également mandaté pour veiller à
l'application de ce code. Le Conseil de la magistrature assumera cette
responsabilité d'élaborer et d'administrer des programmes de
formation et de perfectionnement des juges. A cette fin, il se verra confier
l'administration autonome de certains montants déterminés par
arrêté en conseil et dont le total s'élèvera
à $325 000 pour l'année 1979/80.
Par ailleurs, cette loi 40 a établi un nouveau régime
contributoire de retraite pour les juges, qui est entré en vigueur le
1er janvier dernier. De plus, il permettait l'adoption, ce qui a
été fait au cours de l'été 1978, de
règlements concernant le traitement et les avantages sociaux des
juges.
Enfin, cette loi a établi un pouvoir réglementaire du
gouvernement sur la procédure de sélection des personnes aptes
à être nommées juges. Un projet de règlement
à cet effet a déjà été publié dans la
Gazette officielle et fait présentement l'objet de consultations
auprès du Barreau et de la Magistrature et d'un certain nombre de
personnes intéressées.
Comme je l'ai déjà mentionné lors d'un débat
tenu devant cette commission, j'estime important d'associer le plus possible et
de plus en plus la Magistrature à la solution des problèmes qui
nuisent au bon fonctionnement administratif des tribunaux. Je viens donc de
former un groupe de travail réunissant les fonctionnaires
supérieurs du ministère et des représentants du Conseil de
la magistrature ainsi que de la Cour d'appel et de la Cour supérieure.
Ce groupe de travail a pour mandat d'examiner un certain nombre de
problèmes précis qui existent présentement dans
l'administration des tribunaux et de faire les recommandations qui pourront
être mises en oeuvre au fur et à mesure qu'elles me seront
transmises.
En plus des lois déjà mentionnées,
l'Assemblée nationale a adopté quatre autres projets de loi
relevant du ministère de la Justice. D'abord, la Loi modifiant la Loi
sur la refonte des lois permet deux innovations majeures concernant
l'accessibilité aux lois et règlements. Elle prévoit que
les lois devront maintenant être refondues sur une base permanente en
permettant un mécanisme de mise à jour annuelle de ces
dernières. De plus, cette commission a également reçu le
mandat de mettre en oeuvre la refonte depuis longtemps souhaitée de
l'ensemble des règlements en vigueur au Québec et de maintenir
également cette refonte des règlements à jour.
L'Assemblée nationale a également modifié le Code
civil afin de rendre plus souples les règles de la société
en commandite. En outre, l'entente franco-québécoise que
l'entraide judiciaire en matière civile, commerciale et administrative a
été approuvée par la loi 76, ce qui a permis à
cette entente de prendre effet, enfin.
Enfin, les modifications législatives apportées par la loi
20, bien que de portée limitée, contribuent à plusieurs
égards à régler un certain nombre de problèmes qui
s'étaient posés dans l'application d'une vingtaine de lois ainsi
qu'à y prévoir certaines dispositions jugés opportunes.
Par exemple, les ministères qui n'étaient pas encore
obligés de déposer un rapport annuel devant l'Assemblée
nationale y sont maintenant contraints. Par ailleurs, je viens de
déposer devant l'Assemblée nationale un projet de loi modifiant
la Loi sur la division territoriale qui créera ce qui
n'était pas le cas pour celle que nous avions déposée
auparavant les nouveaux districts judiciaires de Laval et de Longueuil.
Les légistes du ministère travaillent aussi à la
préparation des dossiers nécessaires à l'adoption de
divers projets de loi, entre autres une loi modifiant la Loi de police, une loi
sur la police en milieu autochtone, ainsi qu'une loi modifiant la Loi sur le
contrôle des permis d'alcool préparée à la suite
d'un rapport qui m'a été remis au cours de la dernière
année
par un groupe de travail que j'avais formé sur cette
question.
Des études sont également en cours sur la question de
l'injonction en droit du travail, sur une éventuelle loi sur les textes
réglementaires et sur certaines modifications de la Charte des droits et
libertés de la personne. Enfin, je tiens à souligner que le
ministère poursuit l'étude de la révision des chapitres du
Code civil qui ne concernent pas le droit de la famille afin d'être en
mesure de continuer, la première étape franchie, la
révision du Code civil. (10 h 30)
Du point de vue administratif, je pense important de souligner ici
quelques-unes des principales réalisations administratives d'autres
secteurs du ministère. En décembre 1977, la Direction
générale des affaires législatives a été
réorganisée par la création de deux unités
administratives distinctes, soit la direction de la législation
ministérielle et celle de la législation gouvernementale, la
première étant chargée de rédiger les projets de
loi du ministère de la Justice et la seconde, de fournir sur demande un
support technique au comité de législation ainsi qu'aux
ministères et organismes du gouvernement. Dans ce contexte, la direction
générale a dû, au cours de la dernière année,
concentrer ses efforts sur le recrutement et la formation d'un personnel
spécialisé, tout en étant fort active dans la
rédaction et la préparation de projets de loi et la formulation
de nombreux avis juridiques en matière de rédaction
législative et de problèmes reliés à la
préparation des projets de loi.
La direction de la recherche a, pour sa part, oeuvré dans plus de
40 dossiers de recherche fondamentale et amorcé la préparation
d'un important manuel de rédaction de lois et de règlements qui
sera publié au cours de la prochaine année. Ce manuel constituera
un élément de formation essentiel à tous les
légistes du gouvernement et permettra d'ajouter aux efforts majeurs
entrepris depuis plus d'un an pour doter le gouvernement de services de
législation les plus compétents.
La Direction générale des affaires législatives a
participé en outre aux activités de plusieurs groupes de travail
mandatés pour effectuer des réformes législatives à
plus long terme. La Commission de refonte des lois et des règlements a
maintenant complété la refonte des lois jusqu'au 31
décembre 1977; les lois refondues, accompagnées des tables de
concordance, des annexes abrogatives et de la table des matières, seront
prochainement rendues publiques et déposées à
l'Assemblée nationale.
Concernant la direction générale des affaires civiles et
pénales, l'année 1977 avait été marquée par
la création, à la direction générale des affaires
civiles et pénales, d'une direction des contentieux regroupant les
avocats représentant le procureur général dans les
contestations judiciaires où celui-ci est impliqué tant en
matière civile que pénale. La dernière année a
permis, à la suite de cette première étape, de
procéder à une opération majeure d'analyse des besoins
juridiques des ministères du gouvernement, tant sur le plan de la
représentation que de la rédaction des opinions juridiques. On
effectue aussi une analyse des tâches requises des avocats et des
notaires et du fonctionnement des services juridiques des ministères et
on élabore des programmes d'action permettant d'accroître la
productivité des avocats et notaires et l'acquisition d'une expertise de
qualité, ce qui était un des buts de cette réforme,
l'acquisition d'une expertise de qualité dans les principaux secteurs du
droit touchant l'administration de l'Etat.
Je souligne, par exemple, la mise sur pied d'un système
permettant de rendre accessibles pour fins de consultation différents
avis juridiques importants. Présentement, 1400 avis sont
enregistrés et peuvent être consultés par les juristes du
gouvernement; la direction générale prévoit à court
terme en enregistrer 8000. De plus, environ 5500 décisions
jurisprudentielles seront enregistrées par la suite par le même
système. Cette initiative rendra plus accessible l'information juridique
et permettra à nos juristes du gouvernement de bénéficier
des travaux de leurs collègues, augmentant ainsi la cohérence des
opinions au sein de l'ensemble du gouvernement. M. le Président,
j'attache beaucoup d'importance au rôle de ces avocats et notaires. La
première conférence des avocats et notaires tenue en septembre
dernier leur a permis, ainsi qu'à certains milieux externes, de mieux
prendre conscience de ce rôle.
Concernant la Direction générale des affaires criminelles,
le rôle des substituts du Procureur général s'est accru de
façon importante au cours des dernières années.
L'augmentation des effectifs qui, du 31 décembre 1976 au 1er avril 1979,
sont passés de 105 à 172 avocats, je pense, reflète bien
cette situation. La nécessité d'assumer la poursuite dans le
secteur du droit pénal et dans des dossiers de plus en plus complexes,
notamment dans le domaine du crime économique, et la hausse du volume
des affaires criminelles ont contribué, entre autres, à cette
évolution. Je souligne également qu'à la suite de
décisions de la Cour d'appel de l'Alberta et de la Cour
supérieure du Québec jugeant inconstitutionnel le pouvoir du
Procureur général du Canada d'intenter des poursuites dans les
causes relatives à la Loi sur les stupéfiants, j'ai
été en mesure de confier à nos substituts, sauf pour les
districts judiciaires de Montréal et de Hull, ce type de causes qui sont
maintenant prises au nom du Procureur général du
Québec.
A Montréal et à Hull, j'ai mandaté des procureurs
du gouvernement fédéral pour agir en mon nom après entente
avec le Procureur général du Canada. Par ailleurs, un plan de
formation et de perfectionnement à l'intention des substituts a aussi
été mis en marche au cours de cette année de même
qu'un examen de leur plan de carrière. Concernant la Direction
générale des greffes, l'accessibilité aux tribunaux,
déjà facilitée par la hausse de $400 à $500 de la
compétence des cours d'accès à la justice depuis le 1er
avril 1978, a
encore été améliorée sur un autre plan par
des décisions d'autoriser les cours à siéger à de
nouveaux endroits pour rendre effectivement la justice plus accessible, entre
autres, Port-Cartier, Fort George, Obedjiwan, Forestville, les quatre places
où la Cour des sessions de la paix siège.
Par ailleurs, afin d'offrir un support plus significatif aux juges sur
le plan de la recherche juridique, la Direction générale des
greffes a mis sur pied un nouveau programme de recherche. En effet, dix
recherchistes seront affectés à Montréal auprès de
certains tribunaux à compter du mois de mai 1979. Quatre le seront
à la Cour d'appel, trois à la Cour supérieure et trois
à la Cour provinciale. Engagés par contrat pour une
période d'un an, ils seront principalement recrutés chez les
étudiants en droit qui désirent effectuer leur stage de formation
professionnelle tout en bénéficiant d'un contrat particulier avec
la Magistrature.
Au niveau des équipements du réseau
québécois des greffes, le palais de justice de Granby est en
construction. Il fait partie d'un centre administratif, tout comme celui de
Hull. La construction du palais de justice d'Alma débutera au cours de
l'année 1979/80. Enfin, un concours d'architecture vient d'être
lancé pour entreprendre le processus de préparation des plans et
devis du palais de justice de Québec.
Concernant les activités de la Sûreté du
Québec, deux dossiers d'importance retiennent particulièrement
l'attention. L'application de la loi C-51 adoptée par le Parlement
fédéral a nécessité la mise en place de tout un
système administratif permettant l'application de nouvelles dispositions
du Code criminel touchant le contrôle des armes à feu. Les
préposés aux armes à feu répartis sur l'ensemble du
territoire sont maintenant chargés de l'examen des demandes et de la
délivrance des autorisations d'acquisition d'une arme à feu. Les
préposés sont des agents de la Sûreté du
Québec relevant du chef provincial des préposés qui, lui,
est rattaché à la Direction générale de la
sécurité publique.
Par ailleurs, la Sûreté assure maintenant l'encadrement et
la formation de policiers autochtones dans les communautés cries du
territoire de la baie James dans le cadre des engagements pris par le
Québec dans la Convention de la baie James et du Nord-Ouest
québécois. L'objectif recherché est de leur permettre de
développer une autonomie suffisante pour prendre en charge leur corps de
police au même titre que les autres municipalités du
Québec. La même démarche est entreprise auprès des
Inuit.
Au chapitre de l'équipement, le nouveau quartier
général du district de l'Estrie a été
inauguré officiellement en octobre 1978 à Sherbrooke, alors que
les effectifs des districts de Québec et du Nord-Ouest ont
été récemment aménagés dans de nouveaux
locaux. De même, on a procédé à la relocalisation de
postes locaux à Gaspé, L'Etape, Saint-Prosper,
Sainte-Anne-de-Beaupré, Amos, Chibougamau, La Malbaie et Matane, ainsi
qu'à la construction de nouveaux postes à Saint-Romuald et
à Saint-Raymond.
Les quartiers généraux de district de Chicoutimi et de
Rimouski débuteront au cours de l'année 1979/80. Il en est de
même pour les postes locaux suivants: Roberval, Lachenaie, Marieville,
Tracy, Weedon, Candiac et le poste de Low.
La direction des communications. Conscient qu'un citoyen informé
est plus en mesure de faire valoir ses droits et de profiter des services mis
à sa disposition, j'ai demandé à la direction des
communications du ministère d'organiser des campagnes d'information
à travers le Québec sur la Loi sur la protection de la jeunesse
et la Loi sur le recours collectif et, en collaboration avec la
Sûreté du Québec, sur les exigences de la loi C-51 sur le
contrôle des armes à feu. Par ailleurs, je tiens à
souligner ici que le ministère vient de publier le premier numéro
du magazine Justice destiné à promouvoir l'information dans notre
secteur de l'administration. On pourra en mettre un exemplaire à la
disposition de mes collègues et de la presse; je ne sais pas s'il a
été remis.
M. Lalonde: Est-ce qu'il y aurait...
M. Bédard: En tout cas, ce magazine est destiné au
grand public et sera publié tous les deux mois. D'ici peu, je serai
également en mesure de déposer à l'Assemblée
nationale le premier rapport d'activités du ministère depuis
l'exercice financier 1969/70. La publication de ce rapport, dont la
préparation annuelle sera dorénavant obligatoire en vertu d'une
disposition de la loi 20 que j'ai parrainée, l'automne dernier,
constitue une autre manifestation de notre volonté de valoriser
l'information sur l'administration de la justice.
Dans le secteur de la Commission des services juridiques, je tiens
à souligner la conclusion, avec le gouvernement fédéral,
d'un nouvel accord général de financement en ce qui touche l'aide
juridique du secteur criminel. Cet accord modifie les règles de
financement du gouvernement fédéral qui verra sa contribution
passer de $5 152 000 à $5 706 000 pour l'année 1978/79, soit une
augmentation de $554 000, et à $6 096 700 pour l'année 1979/80,
soit une augmentation additionnelle de $390 700.
Par ailleurs, le gouvernement a approuvé deux règlements
importants adoptés par la commission. Premièrement, la commission
a adopté un règlement déterminant les critères
permettant d'établir qu'une personne est admissible à l'aide
juridique en matière de recours collectif; en second lieu, je souligne
l'adoption d'un mécanisme d'indexation automatique des barèmes
d'admissibilité à l'aide juridique. Basés sur le salaire
hebdomadaire moyen du Canada, ces barèmes seront ajustés
annuellement au 1er janvier.
En vertu de ce mécanisme, le taux d'admissibilité d'une
personne seule, par exemple, est passé de $135 à $145 au 1er
janvier dernier. Les taux des autres personnes ont subi une augmentation
proportionnelle. Une telle formule d'indexation permettra à 1 600 000
personnes bénéficiant des services de l'aide juridique de
continuer à y être admissibles malgré l'augmentation du
coût de la vie.
Au niveau des ressources financières et humaines,
évidemment, la réalisation de ces activités implique des
ressources financières et humaines importantes. Sur le plan des
ressources financières, pour l'année 1979/80 le total des
crédits du ministère de la Justice s'établit à $402
639 500. Si on compare ces chiffres au budget des dépenses pour 1978/79,
on constate une augmentation de $38 800, soit une augmentation de 10,7%.
Toutefois, il y a lieu de noter qu'une partie de cette augmentation
résulte de la comptabilisation des contributions du ministère au
régime de retraite des policiers, un montant de $18 900 000, et des
juges, $800 000, dont les contributions s'établissent à $19 700
000 pour l'année 1979/80, ce qui veut dire que l'augmentation
réelle du budget des dépenses est donc de $19 100 000, soit une
augmentation de 5,3%. La majeure partie de cette augmentation des
dépenses est consacrée à l'application des conventions
collectives, soit un montant de $16 300 000.
Enfin, le solde de l'augmentation du budget du ministère, $2 800
000, auquel on ajoute un montant de $4 100 000 qui provient d'un
réaménagement budgétaire, constitue une marge de manoeuvre
de $6 900 000 pour de nouveaux projets et l'amélioration des services
existants. Les principaux chiffres à ces titres sont les suivants: $1
925 000 pour l'implantation de la Loi sur la protection de la jeunesse; $1 600
000 pour l'implantation de la Loi sur les libérations conditionnelles;
$1415 000 pour assurer les services policiers autochtones prévus dans la
convention de la baie James; $625 000 pour le fonds d'aide au recours collectif
et pour l'aide juridique; $1 350 000 pour l'amélioration d'autres
services dont ceux des coroners et les substituts du Procureur
général. (10 h 45)
Concernant les ressources humaines, les effectifs du ministère de
la Justice s'établissent au 1er avril 1979 à 13 342
employés permanents et 771 employés occasionnels, soit un total
de 14 113 en tout. Si l'on examine l'évolution récente du nombre
d'employés permanents, on constate une augmentation d'effectifs de 100
postes depuis le 31 décembre 1978, date où l'effectif
régulier était de 13 242, comme l'indique le livre officiel des
crédits qui est entre vos mains. De plus, 109 postes
supplémentaires ont été créés au
ministère entre le 1er avril 1978 et le 31 décembre 1978.
L'augmentation des effectifs du 1er avril 1978 au 1er avril 1979 a donc
été de 209 postes.
A la Sûreté du Québec, 39 postes ont
été nécessaires pour l'administration de la loi
fédérale sur les armes à feu et six postes seront
affectés au service policier autochtone. Pour le reste du
ministère, 52 postes permettront d'améliorer la qualité
des services existants et d'en offrir de nouveaux à la suite de
décisions administratives. 20 postes pour des secrétaires de
juges, 12 substituts du Procureur général, 5 coroners, 15 agents
de probation pour la mise sur pied d'un programme de sentence de travaux
communautaires. Par ailleurs, l'implantation de nouvelles lois a, au cours de
la dernière année, requis la création de 107 autres postes
dont, notamment, 43 à la suite de la Loi sur la protection de la
jeunesse, au Comité de la protection de la jeunesse, 39 postes, et au
service des personnes désignées par le ministre de la Justice, 4.
30 postes ont été créés à la suite de la Loi
sur les libérations conditionnelles, 16 à la commission et 14 au
Service de probation. 22 postes à la Commission de refonte des lois et
règlements, 3 postes au Conseil de la magistrature. Enfin, 5 postes ont
été obtenus à la suite de transferts d'autres
ministères. Cette augmentation totale représente une augmentation
de 1,6% de l'effectif.
Au chapitre de ressources humaines, je tiens à souligner l'aide
qui m'a été apportée par mes principaux collaborateurs et
tout le personnel qui oeuvre au sein du ministère de la Justice. Si nous
avons pu maintenir notre taux de croissance des effectifs à 1,6% et
consacrer des ressources pour des nouveaux projets, c'est grâce au souci
de nos gestionnaires, en collaboration avec leurs employés,
d'améliorer les méthodes de travail et d'évaluer leur
activité. Ainsi, nous avons pu maintenir la qualité des services
à la population par une utilisation efficace des effectifs du
ministère.
M. le Président, j'ai voulu, par cet exposé,
présenter aux membres de la commission parlementaire de la justice un
portrait des grandes orientations de l'action du ministère, des
réalisations administratives et des secteurs d'activité du
ministère et vous faire état, sommairement, des crédits
que nous soumettons à votre attention pour analyse et approbation. Je
vous remercie.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: Je vous remercie, M. le Président. Je voudrais
d'abord saluer les fonctionnaires qui accompagnent le ministre. Il nous est
donné l'occasion de les voir en si grand nombre seulement au cours de
l'étude des crédits et c'est avec plaisir que je leur transmets
les hommages de l'Opposition officielle. Sans plus! Et mon amitié
personnelle pour ceux que je connais depuis plusieurs années.
Je veux remercier le ministre pour son discours inaugural qui, comme les
discours inauguraux, M. le Président, nous laisse sur notre
appétit à cause du style général qu'il adopte.
C'est un discours inaugural qui, au niveau administratif des activités,
nous renseigne, nous donne des détails que nous n'avions pas, mais qui
nous laisse sur notre appétit sur beaucoup de questions qui se posent
actuellement quant à la mission justice du gouvernement du
Québec. J'aimerais, avant de passer ces questions une à une
on aura l'occasion de le faire, il n'y a aucun doute, en examinant les
crédits de chaque programme, mais je voudrais en rappeler plusieurs ici,
dans cette première intervention. Je voudrais tout d'abord donner tout
l'appui de l'Opposition officielle au gouvernement quant à la mise en
oeuvre de la Loi sur la protection de la jeunesse.
J'ai eu l'occasion de discuter avec des gens qui sont impliqués
dans le quotidien de cette application et à qui la loi confie un effort
d'imagination assez spécial. J'ai trouvé parmi eux, que ce soient
des avocats de la pratique privée, que ce soient des membres de
l'appareil administratif, un désir très grand de faire un
succès avec cette loi malgré les difficultés
inhérentes aux concepts nouveaux. Par exemple, la représentation
de l'enfant crée, de toutes pièces, une nouvelle institution
qu'il faut roder et dont on va naturellement mesurer les inconvénients
comme les avantages. J'invite le gouvernement, le ministre en particulier,
à accorder son appui je suis sûr qu'il le fera; c'est quand
même une loi qu'il a parrainée à même les
crédits en particulier.
Au début de la mise sur pied de cette nouvelle loi, on a senti un
certain tâtonnement, naturellement. C'était assez
prévisible, mais on a cru, à un moment donné, que ce
serait au niveau des budgets que la difficulté se situait. Je vois,
d'après les montants qui nous sont proposés, qu'il y a $1 925 000
pour l'implantation de la Loi sur la protection de la jeunesse. Vous
comprendrez, M. le Président, que, n'étant pas au courant
naturellement de toutes les difficultés quotidiennes, nous allons
demander au ministre de nous donner des détails sur ces montants pour
nous assurer que c'est suffisant.
Il en va de même, M. le Président, sur l'accord de principe
intervenu au sujet du tribunal de la famille. Le ministre voit notre
satisfaction la plus grande dans ses efforts pour rendre le
fédéralisme le plus accommodant pour le Québec. Nous
soulignons son succès qui il le reconnaîtra lui-même
est l'aboutissement d'années d'efforts par lui-même et ses
prédécesseurs. Il n'y a aucun doute que cet accord de principe
permettra au Québec de jouer son rôle le plus efficacement
possible au niveau de tout le droit de la famille qui doit être
chapeauté par un tribunal bien constitué et bien adapté
aux problèmes inhérents à ce droit.
Cet accord on peut aussi souligner cette coïncidence
vient à peu près en même temps où nous
étudions aussi toute une réforme du droit de la famille. Nous
souhaitons que, de part et d'autre, tout en reconnaissant les
difficultés particulières quant à l'amendement de la
constitution, ces difficultés ne retardent pas la législation que
le ministre nous a promise quant au droit de la famille, qui a fait l'objet
d'études de la commission parlementaire de la justice il y a quelques
semaines. Le ministre nous a indiqué à ce moment-là,
quoique j'aurais souhaité que cela arrive un peu plus tôt, qu'il
serait prêt à l'automne à proposer les solutions retenues
par le ministère de la Justice là-dessus. Nous lui offrons
d'avance notre appui le plus entier pour l'étude de cette
législation. Nous réservons naturellement notre appui quant aux
mesures retenues par le ministre, mais il sait toute la collaboration qu'il a
eue de l'Opposition officielle, en particulier, jusqu'à maintenant, sur
cette question et aussi sur la question je peux en profiter pour le
souligner de toute la révision du Code civil. J'aimerais que le
ministre nous indique de façon beaucoup plus précise quel est son
programme de travail sur les autres chapitres qui sont proposés par
l'Office de révision du Code civil. Nous connaissons une partie du
calendrier seulement et, naturellement. en tenant compte de toutes les autres
contraintes du ministère et du ministre en particulier, je souhaiterais
que l'expérience que nous avons vécue dans l'étude du
droit de la famille se répète pour les autres chapitres qui
pourront être choisis comme étant prioritaires par le
gouvernement.
Nous accueillons aussi les efforts que le ministre et le gouvernement
font concernant la mise en oeuvre de la Loi modifiant la Loi de la probation et
des établissements de détention. La réinsertion sociale
des personnes ayant eu des conflits avec la justice est une question qui nous a
toujours préoccupés. Déjà, des mesures moins
peut-être articulées, moins encadrées, moins
institutionnalisées existaient; le ministre en est sûrement au
courant. Tout d'abord, il y a la loi 95 qui permet la création de la
Commission québécoise des libérations conditionnelles et
aussi toutes les mesures qui sont prises, y compris le travail des
détenus. On sait que et je cite le ministre "cette loi
donne aussi au directeur général de la probation et des
établissements de détention le pouvoir de conclure des ententes
avec des tiers pour procurer du travail aux détenus". J'aimerais que le
directeur général, lorsqu'il aura trouvé toutes les
manières de procurer du travail aux détenus, conseille le
gouvernement pour trouver du travail aux 327 000 chômeurs du
Québec. Je suis parfaitement d'accord qu'on trouve du travail aux
détenus, mais il ne faut pas oublier les autres.
M. le Président, je suis l'ordre choisi par le ministre dans son
discours. J'aurai d'autres questions à ajouter. Le règlement dont
parle le ministre à la page 5 l'ensemble des règlements
reliés à la réinsertion sociale a été refait
concernant la réduction de peines sera refondu à
l'intérieur de ce tout nouveau règlement sur les
établissements de détention qui sera soumis incessamment au
Conseil des ministres pour approbation. Si le ministre le trouve utile, je
pense qu'il pourrait, compte tenu de la perspective d'un tel
règlement... S'il s'agit seulement d'amendements ponctuels, cela ne
serait peut-être pas nécessaire, mais, s'il s'agit de toute une
institution, de l'application pratique d'une institution, il serait
peut-être utile de soumettre un projet de règlement à la
commission parlementaire de la justice. On pourra offrir au ministre notre
collaboration à ce sujet-là.
Quant au pouvoir réglementaire sur la procédure de
sélection des personnes aptes à être nommées juges,
j'espère que cette consultation qui est faite auprès du Barreau
va régler le problème qui a été soulevé par
le Barreau, alors que le ministre a nommé des gens qui n'étaient
pas des représentants du Barreau, qui étaient des membres du
Barreau, mais qui n'étaient pas ceux que le Barreau aurait ou avait
nommés comme tels.
(11 heures)
J'ai une liste; en fait, la lettre du bâtonnier au ministre avait
été publiée, soulevant cette question, dans le journal du
Barreau dont j'ai une copie. Je voulais soulever cette question. Si le ministre
veut y répondre dans sa réplique, cela pourrait régler ce
problème.
Dans cette déclaration, à la fin de la page 7, je cite:
"J'estime important d'associer de plus en plus la Magistrature à la
solution des problèmes qui nuisent au bon fonctionnement administratif
des tribunaux." Le ministre nous annonce la constitution d'un autre
comité ou groupe de travail. Je lui demanderais d'être plus
explicite sur le mandat confié, sur les coordonnées
confiées par le ministre à ce groupe de travail. Par exemple,
est-ce que l'autonomie administrative, à l'égard de laquelle le
ministre a eu des mots favorables dans le passé j'ai
retrouvé cela dans le journal des Débats, je pourrai vous donner
la référence en détail, si vous vouez, lorsque vous
étiez ministre, c'est dans l'étude des crédits quelque
part qui est réclamée ce n'est pas une question
facile, je l'admets par plusieurs milieux, y compris des membres de la
Magistrature, fait partie des coordonnées qui font elles-mêmes
partie du mandat confié, par le ministre à ce groupe de
travail?
Là où je pense que l'étude des crédits va
nous permettre d'aller plus loin que le discours ou l'introduction du ministre,
c'est en ce qui concerne la Loi de police, en ce qui concerne toute la solution
que le ministre semble être prêt enfin, j'espère
à nous proposer concernant les amendements à la Loi de
police, concernant surtout la fonction policière, la suite du rapport
Saulnier. Est-ce qu'il y aura une suite et laquelle? Là-dessus, le
discours du ministre est très peu bavard. Etant donné que c'est
un discours bien structuré, et rarement on en voit d'aussi bien faits au
début de l'étude des crédits, j'ai été
déçu quand il a consacré seulement un paragraphe à
toute cette question, à la page 9. Il s'agit de savoir, pour l'avenir de
la police, ce qui arrive au rapport Saulnier, ce qui va arriver aux policiers
des autoroutes qui réclament, depuis plusieurs années, ce qui
leur avait été en fait accordé par le projet de loi no 41
qui est mort au feuilleton en 1976, un statut... Je ne sais pas, le
ministre...
M. Bédard: L'intégration.
M. Lalonde: Oui, c'est cela, l'intégration des policiers
des autoroutes soit à la Sûreté du Québec ou, enfin,
la reconnaissance d'un statut policier, sinon l'intégration pure et
simple. Qu'est-ce qui arrive aux polices municipales dont on a
déploré des fermetures à plusieurs endroits; est-ce que ce
problème est résorbé, est réglé? Est-ce que
le ministre a des solutions à apporter et est-ce que ces solutions vont
faire partie de mesures administratives ou législatives? Si oui, quand?
Il y a toutes sortes de questions qui intéressent le public puisqu'il
annonce simplement qu'il y aura un projet de loi. C'est pour cela que
j'appelais cela le discours inaugural parce que ce paragraphe, à la page
9, si j'étais journaliste, réellement, je mettrais le ministre
sur ma liste noire parce que je n'aurais rien appris.
M. Bédard: J'ai dit que cela va au Conseil des
ministres.
M. Lalonde: Oui, mais je pense que le débat du discours
inaugural, c'est une chose. L'étude des crédits nous permet, nous
demande en fait d'aller plus loin, non seulement de savoir à quoi on
consacre $10 ou $10 millions qui sont inscrits à quelque part, mais
aussi sur les orientations du ministre, où il en est rendu dans sa
réflexion. Si ses décisions ne sont pas prises, qu'il nous le
dise.
La Loi sur le contrôle des permis d'alcool; je pourrais citer le
ministre; je pense que c'est le 19 mai 1977, il y a presque deux ans. Je
comprends qu'il nageait dans l'inexpérience, et c'étaient de
bonnes intentions, je ne mets pas en doute ce qu'il disait à ce moment,
à la page 2872: Enfin, j'ai l'intention de procéder à
l'examen de la loi, des règlements et procédures administratives
de la Commission de contrôle des permis d'alcool. On souhaiterait que
cette bonne intention trouve une forme beaucoup plus élaborée
dans les réponses qu'il va nous donner là-dessus. Il en va de
même quant à la question de l'injonction du droit du travail.
C'est une question qui intéresse au plus haut point le gouvernement dans
cette période où les négociations dans les secteurs publ
ic et parapublic sont amorcées et qui intéresse aussi toute la
population quant aux conflits de travail. Est-ce qu'il pourrait nous donner un
peu plus que simplement dire: Des études sont également en cours?
Quels sont les paramètres qui ont été établis dans
le mandat qui a été confié par le ministre à ceux
qui font les études? Est-ce que le ministre du Travail est
impliqué, par exemple? On aimerait savoir qui fait ces études et
quand on peut s'attendre à avoir les rapports.
Question peut-être un peu plus spécifique. Je trouve
intéressante la suggestion de codifier ou ficher les avis juridiques. On
sait que le contentieux du ministère de la Justice est un immense bureau
d'avocats, comme on l'appelle, une immense étude, et c'est
sûrement une initiative qui est bienvenue. Maintenant, je me demandais
s'il serait possible de mettre à la disposition du public, sinon tous
ces avis, car certains ont peut-être un caractère confidentiel, du
moins ceux qui pourraient ne pas avoir un caractère confidentiel. Ces
études sont payées par les fonds publics et est-ce qu'elles ne
pourraient pas constituer une contribution importante dans l'évolution
de notre droit, à savoir comment telle ou telle disposition juridique ou
réglementaire a été interprétée par les
avocats du ministère? C'est une question que je pose sans en faire une
réclamation parce que je veux en savoir un peu plus
là-dessus.
Sur les questions plus spécifiques, la CECO. Quel est sont sort?
Lorsque le ministre a renouvelé son mandat pour onze mois à peu
près, la dernière fois, en réduisant le mandat qui
existait depuis 1972, si je ne m'abuse c'était un mandat
très très large qui permettait des initiatives de la part
de la commission d'enquête le ministre nous a indiqué une
certaine orientation. J'aimerais qu'il soit plus spécifique. On nous a
fait des reproches dans le passé, et je pense que je pourrais citer
aussi le député de Verchères, l'ex-limier journaliste, qui
exprimait un désappointement quasiment chronique devant ce qu'il
appelait le compte-gouttes où on augmentait à l'année ou
au mois, on prolongeait le mandat. Tout à coup, je m'aperçois que
depuis deux ans c'est ce que le ministre a continué à faire. Je
sais et je ne l'ai pas pressé là-dessus. Il en conviendra. Depuis
deux ans, je ne pense pas lui avoir posé une seule question en Chambre
mais, après deux ans, il me semble que sa réflexion devrait
être complétée et qu'il devrait nous dire quel est le sort
de la lutte au crime organisé. Quelle forme cette lutte prendra-t-elle?
Est-ce que le dernier mandat confié est la position définitive du
gouvernement? A ce moment, on pourra faire un débat là-dessus.
Maintenant, j'ai compris que cette dernière prolongation de mandat
était encore à l'intérieur de la période de
réflexion que le ministre s'imposait sur la CECO.
Il me semble qu'après deux ans il faudrait qu'il nous dise si
c'est cela son choix. A ce moment, on pourrait en faire un débat et se
poser des questions sur l'opportunité de réduire le mandat de
cette façon. Je n'ai pas voulu faire de politique avec cela, mais c'est
un problème politique sur lequel il faudrait se pencher. Est-ce que
c'est la meilleure façon d'attaquer le crime organisé, de mettre
en échec le crime organisé que de confier des mandats bien
spécifiques, ou est-ce qu'on ne devrait pas offrir ou assurer à
ceux à qui on confie cette tâche difficile un plus large corridor
pour leur permettre des initiatives dans le champ?
M. le Président, est-ce que le ministre considère
il n'en parle pas dans son discours la possibilité de la mise sur
pied d'une commission permanente de réforme du droit? Après la
disparition, j'imagine qu'il est disparu, je ne sais pas si formellement il
l'est, de l'Office de révision du Code civil... ayant remis son mandat,
ses activités sont sûrement en suspens. Enfin, le ministre pourra
peut-être nous donner des nouvelles là-dessus. On n'en parle pas
dans son discours. Présumant donc de la disparition de l'Office ou enfin
par défaut de mandat, est-ce que le ministère
considérerait la possibilité de mettre sur pied une commission
permanente de la réforme du droit, tel que nous l'avions
préconisé depuis plusieurs années et que nous nous
apprêtions à le faire?
Où en est le code de déontologie? Il en fait état,
mais il dit simplement que le Conseil de la magistrature a pour but, pour
tâche en particulier d'élaborer un code de déontologie.
Où est-il? Où en est-on dans cette réflexion? Quel est le
calendrier de travail là-dessus?
Il y a un poste où l'augmentation est considérable, mais
où le ministre est assez muet. A la page 17 lorsqu'il fait état
des principaux postes d'augmentation, il y en a un cinquième j'en
aurais ajouté un sixième c'est la publicité. On
voit une augmentation considérable concernant la publicité. Nous
voulons avoir, en cette année préréférendaire, des
détails sur cette publicité, jusqu'au contenu si possible. Quels
sont les programmes spécifiques qui seront prévus dans cette
publicité?
Le rapport Duchaîne. J'ai attendu l'étude des
crédits pour pouvoir avoir une discussion "virile", dirait Mme le
ministre du Statut de la femme, avec le ministre là-dessus. Sur le
rapport Duchaîne, on le sait, j'ai posé des questions, mais j'ai
attendu depuis quelques mois le développement des affaires, le
développement de ce dossier. Maintenant, c'est le temps de dire
exactement ce que le ministre a l'intention de faire. Nous avons demandé
et je le répète une enquête publique sur la
crise d'octobre. Je préfère une enquête publique à
l'enquête maison, actuellement. Ce qui a été
colligé, recueilli par le ministre n'est connu que de lui actuellement,
peut-être de ses collègues, peut-être de ses assistants,
mais la crise d'octobre et les problèmes qu'elle soulève sont de
nature à intéresser tout le public, toute la population. J'invite
le ministre à prendre une décision dans les plus brefs
délais à cet égard.
Qu'arrive-t-il d'un secteur qui était assez urgent et assez
important, il y a quelques mois, pour qu'un projet de loi soit soumis au
législateur, qu'arrive-t-il de la protection civile? Où sont nos
sinistres?
M. Bédard: Ils vont revenir.
M. Lalonde: J'espère que le ministre aura
écouté, aura entendu.
M. Bédard: Faites attention à vos
représentations. (11 h 15)
M. Lalonde: Pas seulement les nôtres. Les nôtres
étaient très modestement suggérées, avec insistance
peut-être, mais c'est parce qu'il était tard un peu dans la nuit.
D'autres milieux ont aussi fait valoir leur opinion à cet égard.
Nous pensons qu'on doit articuler l'action du gouvernement dans ce secteur
d'activités, oui, mais soyons extrêmement prudents. J'invite le
ministre à nous dire ce qu'il a l'intention de faire à cet
égard.
Je reviens à la police ou à la mission policière.
Quels sont les rapports entre la Direction générale de la
sécurité publique et la Commission de police? Tout le monde sait,
et le ministre sûrement aussi, qu'il y a une zone grise entre ces deux
missions. Cette zone grise existait avant l'arrivée du ministre actuel.
Il y avait une tentative, dans le projet de loi no 41, de clarifier les
différentes fonctions. Enfin, c'est en suspens depuis deux ans et
j'aimerais que le ministre nous dise quelle est son intention là-dessus.
Est-ce que cela va faire partie du projet de loi modifiant la Loi de police?
J'aimerais qu'il soit plus spécifique.
Qu'arrive-t-il de la réforme des coroners? Le ministre, à
la fin de l'étude des crédits de l'an dernier, nous a
indiqué que ce n'était pas une priorité. C'est quand
même une étude qui va dater
de sept ans bientôt. Il ne faudrait pas être obligé
d'en faire une autre pour rajeunir celle-ci. Les coroners se sont
collectivement exprimés; ils ont exprimé collectivement leurs
inquiétudes il y a quelques semaines. Je vois que le ministre a
l'intention d'ajouter cinq coroners probablement pour régler les
problèmes spécifiques de distribution de charge de travail, mais
c'est l'institution elle-même, ses moyens, ses pouvoirs qui sont remis en
question dans une réforme qui devrait être apportée, je
pense, dans les meilleurs délais. J'ai donné quelques exemples
des questions que nous allons poser, mais il y en a d'autres, naturellement. Je
vais terminer ici mon intervention au début de l'étude des
crédits et laisser la parole à un tiers parti, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Serge Fontaine
M. Fontaine: Avant de commencer mes commentaires sur
l'étude des crédits du ministère de la Justice, je
voudrais à mon tour saluer tous les fonctionnaires et les proches
collaborateurs du ministre de la Justice qui, en général,
accomplissent un excellent travail en tant que serviteurs de l'Etat. C'est
toujours difficile de parler en troisième position après avoir
entendu tous les commentaires qui ont été faits. Le ministre de
la Justice a fait un bon tour de la question. Le député de
Marguerite-Bourgeoys a posé plusieurs questions intéressantes que
j'avais également notées et que je voulais poser.
Je voudrais quand même revenir sur deux thèmes importants
que je ministre de la Justice a touchés, mais sur lesquels je voudrais
qu'on s'étende un peu plus. Ce sont deux thèmes que j'avais
touchés l'an dernier, mais qui n'ont pas encore trouvé toutes les
solutions. Il y a eu, bien sûr, des améliorations, mais tout n'a
pas été réglé. L'année dernière, lors
de l'étude des crédits de la Justice, j'avais insisté sur
deux points particuliers. Le premier concernait le système
pénitentiaire québécois et le deuxième concernait
l'organisation et les fonctions policières au Québec.
Cette année, je commencerai l'étude des crédits en
revenant sur ces deux points primordiaux, parce que, d'une part, dans un cas,
il y a eu une certaine amélioration, mais il demeure tout de même
que le système pénitentiaire suscite toujours plusieurs points
d'interrogation. Le deuxième point, quant à lui, malgré
une nécessité de nos temps modernes, n'a pas suscité de la
part du ministre de la Justice des actions concrètes. Je parle ici de
l'organisation et des fonctions policières au Québec.
A un moment de notre histoire où la criminalité est de
plus en plus présente dans notre société, il est de notre
droit et de notre devoir de nous interroger sur le rôle du système
pénitentiaire comme outil de réhabilitation et de
réinsertion sociale. Nous savons qu'actuellement les prisons du
Québec ont innové beaucoup sur le plan de la
réhabilitation dans le but de rechercher un maximum de
réinsertion sociale.
Dans certaines prisons, par exemple, les détenus apprennent un
métier, travaillent à la fabrication de différentes
choses, à un point tel que, même actuellement, certains
propriétaires de commerces avoisinants se plaignent que les
détenus leur enlèvent une partie de leur gagne-pain. Quoi qu'il
en soit, si ce genre d'expérience peut profiter à certains
détenus à se tracer une voie meilleure et plus juste, j'en suis.
Cependant, il ne faudrait pas voir là la fin du problème.
Je pense que l'on peut résoudre une partie du problème par
ce travail des détenus, mais il est très souvent difficile de
réhabiliter les détenus une fois que le mal est fait, surtout
qu'on le place dans un milieu qui laisse peu de place à une
véritable prise en main de l'individu. D'une part, une bonne partie de
la solution relèverait davantage du domaine social que du domaine de la
justice. En effet, il serait opportun de concentrer plus nos énergies
sur un programme de prévention axé sur la jeunesse
délinquante, car on sait très bien que dans cette jeunesse on
retrouve un taux élevé de propension à la
criminalité future. Donc, parler de réhabilitation, c'est d'abord
mettre un accent particulier sur la prévention, sur la détection
de futurs détenus qui coûte des millions à la province
actuellement. Ce n'est un secret pour personne qu'un détenu coûte
actuellement $50 par jour, et on en recense actuellement 1500 pour un total
d'environ $75 000 par jour que nous coûtent nos prisonniers
québécois. Si on peut prévenir plutôt que
guérir, ce sera déjà une victoire en soi.
Il y a également un autre point important qui mérite
d'être souligné et sur lequel il vaut la peine de
réfléchir un peu. Je mentionnais précédemment
l'expérience du travail des détenus qui semble vouloir être
imité dans certaines autres provinces. C'est un pas dans la bonne
direction mais qui devrait être accompagné d'une revalorisation de
l'image de l'ex-détenu. En effet, même si on lui trace une voie,
qu'on lui apprend un métier, mais que son ancienne image le suit comme
son ombre, il ne faut pas penser à la réhabilitation ni à
la réinsertion sociale de ce détenu. Il y aurait donc lieu de
s'attarder plus longuement à essayer de changer la perception du citoyen
face à l'ex-détenu qui tente de se tailler une place honorable
dans notre société.
Il serait utile que le ministère de la Justice contribue à
changer la perception du citoyen face à l'ex-détenu par
l'organisation de débats publics sur le rôle de l'ex-détenu
dans notre société. Il ne faut pas que nous ne prenions qu'une
semaine par année pour penser et tracer des solutions pour les
détenus et les ex-détenus. Le ministère de la Justice
devrait susciter la concertation de tous les organismes et groupes voués
à cette cause afin d'atteindre une véritable
réhabilitation et insertion sociale par le biais d'une meilleure
perception des différents secteurs de notre société.
Le rôle de la prison doit en être un de préparation
à une vie sociale normale, tandis que
notre rôle à nous tous, en tant que citoyens responsables,
doit être celui de faciliter cette nouvelle orientation que
l'ex-détenu s'est tracée, en oubliant nos préjugés
sur ces personnes qui ont payé fort cher à la
société pour leurs erreurs. Ainsi, on cherchera à
détecter et à enrayer à la source la propension au crime,
en ayant un programme de préparation à la vie en
société. Si on peut arriver à changer quelque peu la
mentalité des citoyens, afin de faciliter la réinsertion sociale
de ceux qui sont prêts à vivre en citoyens responsables, je pense
que ce sera un grand pas de franchi.
Cependant, il faudrait essayer de trouver également des solutions
afin de changer la situation des détenus dans les prisons. On sait
qu'actuellement, lorsqu'un détenu est envoyé en prison, il se
trouve en contact avec d'autres citoyens et détenus qu'on pourrait
qualifier de détenus d'habitude. Il y aurait peut-être lieu de
penser, au ministère de la Justice, à essayer de trouver la
façon pour que ces détenus d'occasion ne soient pas mis en
contact avec des détenus d'habitude.
Maintenant, M. le Président, je voudrais aborder le sujet des
forces policières. On sait qu'en janvier 1978 le comité Saulnier
remettait son rapport. Le ministre a clairement indiqué l'an dernier que
le rapport Saulnier constituait un outil de réflexion et qu'il
n'était pas question de mettre immédiatement en application les
recommandations du rapport Saulnier. Il y a déjà plus d'un an
d'écoulé et j'aimerais demander au ministre où il en est
rendu dans sa réflexion. Est-ce qu'on peut s'attendre à des
actions concrètes de sa part dans un avenir rapproché dans ce
domaine? Je suis parfaitement conscient qu'il faut beaucoup de temps avant
d'entreprendre une telle réforme, mais la situation actuelle exige du
ministre une réorganisation des forces policières afin qu'elles
soient plus efficaces.
Lorsqu'on pense que plus de vols à main armée ont
été commis sur le territoire de la CUM, soit 709, qu'à New
York, 628, pour une population six fois supérieure, il faut se demander
où on s'en va. Alors que 73% de tous les vols à main armée
commis au Canada le sont à Montréal, force est de constater que
notre métropole constitue pour un voleur armé un territoire de
prédilection. Consciente du changement à apporter aux forces
policières, la conférence des maires de banlieue de
Montréal a consacré une journée à un débat
sur le thème "La police et le citoyen". Un des points importants sur
lequel s'entendent le président du Conseil de sécurité de
la CUM, M. Yves Ryan, et le directeur de la police de la CUM, c'est de
bâtir une force policière avant tout efficace,
caractérisée par la professionnalisation et enfin
débarrassée de tâches comme l'application de
règlements municipaux sur le stationnement, sur l'eau, sur les ordures
ménagères, qui pourrait être confiée à plus
bas coût à une sorte de gendarmerie municipale. Cette idée
d'une gendarmerie municipale me semble séduisante à
première vue puisqu'elle permettrait à la police judiciaire de se
spécialiser davantage dans la solution des hauts taux de
criminalité que nous connaissons.
On doit rechercher une police qui, en même temps, est efficace
à résoudre la criminalité, de plus en plus présente
dans notre société et qui doit également tendre à
se rapprocher des citoyens. Je pense que cette formule de spécialisation
des tâches mérite d'être étudiée. En terminant
sur ce sujet, je demanderai au ministre de la Justice s'il entend demander que
la commission parlementaire de la justice siège pour connaître les
désirs des citoyens sur l'organisation de la police au Québec,
bref, d'ausculter les attentes de la population face aux forces
policières.
J'ai également noté quelques points sur lesquels le
ministre a sauté assez rapidement dans son allocution. On sait que le
ministre a déjà présenté une loi sur
l'investigation et la sécurité privées. Cette loi
à moins que je ne me trompe est morte au feuilleton. Je demande
donc au ministre ce qu'il a l'intention de faire à ce sujet.
On a également parlé tout à l'heure de la Loi de la
Commission de contrôle des permis d'alcool. Je me rappelle que, lors de
l'étude des crédits en 1977, le ministre de la Justice, comme l'a
dit tout à l'heure le député de Marguerite-Bourgeoys,
avait insisté sur le fait qu'il était urgent de procéder
à un réaménagement de cette loi. Or, il y a eu un
comité qui a été formé le comité
Bossé et qui a étudié cette loi. Il a fait des
recommandations. Le rapport a été déposé il y a
déjà plusieurs mois. Nous attendons encore une loi qui viendrait
faire des modifications dans ce domaine. Je me rappelle que le
député de Verchères avait insisté avec
véhémence sur le besoin le plus urgent de procéder
à ce réaménagement. Encore une fois, nous n'avons rien eu
de concret dans ce domaine.
On avait également parlé à un moment donné
de modifications aux lois pénales afin que le justiciable puisse
être jugé dans le district où il a sa résidence,
modifications à la Loi des convictions sommaires. Je pense que ce serait
important pour le ministre de la Justice de se pencher également sur
cette question. On sait qu'actuellement les citoyens qui sont poursuivis pour
des infractions où parfois l'amende n'est que de $10 ou $20 doivent se
rendre dans des districts judiciaires très éloignés afin
de pouvoir subir un procès. Bien souvent, les citoyens, au lieu d'aller
subir un procès, sachant qu'ils ne sont pas coupables et qu'ils auraient
une bonne défense, préfèrent plutôt payer l'amende
que de se défendre. Je ne pense pas que cela soit une bonne façon
d'administrer la justice. Il y aurait certainement possibilité de faire
des réaménagements de cette Loi des convictions sommaires afin
que le citoyen, le justiciable, puisse subir un procès adéquat
dans le district judiciaire où il a sa . résidence. (11 h 30)
Le ministre ne nous a pas parlé non plus des cas de
brutalité policière. Bien sûr, dans ce domaine-là,
il ne faut pas généraliser. Je pense que l'ensemble des forces
policières effectue un excellent travail, mais il y a eu des cas de
brutalité policière et il y en aura encore. Il y a eu
également des émissions de télévision et de radio
qui ont informé la population sur certains cas. J'aurais
aimé que le ministre de la Justice nous dise quelles solutions il
envisage afin de prévenir de tels cas de brutalité
policière.
On a également parlé tout à l'heure de
l'enquête Duchaîne. Je pense que le ministre de la Justice a,
à plusieurs reprises, fait état du fait qu'il avait
demandé des renseignements au gouvernement fédéral et
qu'il attendait toujours ces renseignements. Il nous donnait toujours des dates
limites disant: Si, à telle date, nous n'avons pas obtenu les
renseignements, nous verrons à procéder autrement. Je pense qu'il
faudrait se demander si le ministre n'a pas abdiqué face aux
renseignements qu'il demande au gouvernement fédéral. J'aimerais
que le ministre nous dise quelles solutions il entend apporter et nous dise ce
qu'il entend faire du rapport Duchaîne.
Le député de Marguerite-Bourgeoys a posé plusieurs
questions concernant la CECO. Je pense que c'est un point important aussi.
C'est une commission d'enquête qui a pris beaucoup d'importance au
Québec et dont nous ne connaissons pas l'avenir. Je pense qu'il serait
important pour le ministre de la Justice de nous faire état de la
situation concernant cette commission d'enquête. Egalement, concernant la
commission d'enquête Keable, le ministre pourrait nous dire s'il entend
procéder je sais qu'un mandat nouveau a été
accordé... Est-ce que le ministre veut que cette commission devienne
permanente? Oui ou non? Le ministre pourrait nous donner des détails
à ce sujet.
M. le Président, ce sont les quelques commentaires du
début que je voulais faire. Bien sûr, nous aurons plusieurs
questions à poser quand on reviendra sur chacun des
éléments.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Louis.
M. Harry Blank
M. Blank: Une courte intervention seulement. Le
député de Marguerite-Bourgeoys et le député de
Nicolet-Yamaska n'ont pas touché un point que je trouve important. Il
s'agit de l'avenir des avocats dans notre système judiciaire. De plus en
plus, on essaie d'éliminer des avocats dans le système
judiciaire.
M. Clair: Conflits d'intérêts.
M. Blank: Oui, ce sont peut-être des conflits
d'intérêts, mais tous les gens assis autour de cette table sont
des avocats. Il y en a trois de l'autre côté et trois de ce
côté-ci. Quand on parle de justice, il y a des avocats. Suivant la
loi, les avocats sont des officiers de la cour. Ils font partie du
système judiciaire. Les avocats ont toujours été la
première ligne de défense des droits et libertés des
personnes. De plus en plus, tout laisse croire qu'on ait tendance d'essayer
d'éliminer les avocats, en particulier ceux de la pratique
privée, du système judiciaire. Je veux savoir quelle est la
pensée du ministre à ce sujet. Hier, j'étais au palais de
justice de Montréal et des rumeurs circulaient dans les corridors
voulant qu'avec la nouvelle cour de la famille, on va éliminer des
avocats. Je vais vous dire franchement qu'il y a des rumeurs sérieuses
au sujet desquelles les avocats se posent des questions.
Particulièrement, hier matin, au palais de justice de Montréal,
j'ai été interpellé par au moins cinq ou six avocats sur
le même sujet. Est-ce qu'on a...
M. Lalonde: Un rôle.
M. Blank: Est-ce que les avocats vont se voir confier un
rôle dans le système judiciaire ou non? C'est cela. Sinon, qu'on
ferme les universités et qu'on ne forme plus d'avocats. Je pense que,
à mon avis, les avocats ont un rôle à jouer. Je pense que
le ministre de la Justice doit se pencher sur ce problème.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre. M.
Marc-André Bédard
M. Bédard: M. le Président, évidemment, dans
le contexte d'ouverture, il y a des sujets que j'ai traités moins en
profondeur parce que je ne voulais quand même pas faire toute l'analyse
des crédits avant que les questions se posent. S'il y a certains points
sur lesquels nous sommes passés rapidement, on ne doit pas en conclure
que l'attention du ministre est moins grande à l'égard de chacun
des problèmes que cela peut représenter. Maintenant, au niveau de
la réponse aux différentes interventions des
députés de l'Opposition, je vais le faire de la façon la
plus explicite et peut-être la plus courte possible parce que toutes ces
questions se situent à l'intérieur de programmes où nous
aurons l'occasion d'en discuter peut-être plus en profondeur. Je vais
suivre l'ordre des questions qui ont été posées. Si j'en
ai oublié, on aura toujours l'occasion d'y revenir.
Concernant la Loi sur la protection de la jeunesse qui a
été adoptée à l'unanimité par
l'Assemblée nationale, il est heureux de constater qu'en aucune
façon les principes fondamentaux contenus dans cette loi ne sont remis
en question. Evidemment, il y a certaines difficultés qui se
présentent au niveau de l'application, difficultés du point de
vue administratif, difficultés aussi du point de vue des
mentalités. Justement à ce sujet, nous avions dit dès
l'adoption du projet de loi que nous ne nous faisions pas d'illusions:
l'adoption d'une loi n'opère pas automatiquement le changement des
mentalités que cela implique. Je dois dire qu'à partir du moment
où les principes fondamentaux de la loi ne sont pas remis en question on
assiste quand même à des dialogues et à des échanges
très constructifs entre tous les intervenants, que ce soit du
ministère des Affaires sociales, du ministère de la Justice ou
d'autres intervenants, tels que juges et avocats.
Je pense bien qu'étant donné l'ampleur de cette
législation et les changements de mentalités que cela comporte,
on peut prévoir ce qui est
assez normal que cela prendra peut-être une période
d'une année avant d'être vraiment à l'aise au niveau de
l'application de cette législation. Il y a certains problèmes
légaux, certains problèmes administratifs dans le sens qu'on
n'avait pas la prétention de mettre au point une législation
parfaite. Il y a donc, à l'heure actuelle, certaines contestations qui
sont devant les tribunaux concernant l'interprétation de quelques-uns
des principaux articles de cette loi, à savoir les articles 58, 57, 86
et 79 surtout, où les différents intervenants ou les avocats de
la pratique privée qui sont admis au niveau du Tribunal de la
jeunesse... Non seulement ils sont là encore cela répond,
je pense au député de Saint-Louis mais la loi a eu pour
effet justement d'intensifier leur présence à partir du moment
où on a très clairement identifié les droits des enfants
à requérir les services d'un avocat, ce qui n'était pas le
cas auparavant.
M. Blank: Merci.
M. Bédard: Dans les crédits qui sont
affectés à l'article de la Loi de la protection de la jeunesse,
$1 million le député de Marguerite-Bourgeoys demandait
plus de détails il y a un montant de $1 925 000. Cela
représente les salaires de 43 employés du Comité de
protection de la jeunesse. Egalement, il y a les services des personnes
désignées par le ministre de la Justice. Ces personnes
désignées représentent des déboursés
d'environ $481 000. Comme on le sait, l'essentiel des sommes budgétaires
qui sont consacrées à l'application de cette loi se retrouve
surtout au ministère des Affaires sociales. Etant donné les
nouvelles responsabilités des DPJ, directeurs de la protection de la
jeunesse, on sait que ceci a représenté, je pense, pas loin de $8
millions, si ce n'est plus, d'affectation budgétaire par le gouvernement
au ministère des Affaires sociales en fonction de l'application de la
Loi de la protection de la jeunesse.
Il y a certaines difficultés, par exemple, qui se sont
présentées et qui dépendent du fait que le nombre de
signalements a augmenté considérablement plus que nous avions
prévu. Je pense que ceci fait ressortir d'autant plus l'urgence qu'il y
avait de l'adoption de la Loi de la protection de la jeunesse. Ceci,
nécessairement, a occasionné un certain engorgement qui
amène des délais qu'il faudra réduire le plus possible
concernant le traitement des différents cas signalés. Maintenant,
même s'il y a eu la mission, dans l'année précédant
l'application de la loi, la mission d'implantation, il reste quand même
qu'il y a encore un rodage nécessaire qui doit être mené
à terme entre les différents intervenants au niveau de cette loi.
Dans l'ensemble, malgré certaines difficultés qui se
présentent, il n'y a évidemment pas lieu de remettre en question
de quelque manière que ce soit l'importance qu'il y avait d'adopter une
telle loi, mais, au contraire, de travailler avec encore plus
d'intensité à son application au niveau de l'ajustement des
mentalités.
Concernant le tribunal de la famille, c'est très clair, nous
voulons déboucher, à la suite des auditions en commission
parlementaire et de l'étude du chapitre 2 du droit de la famille du Code
civil, nous voulons déboucher vers le dépôt d'une
législation à l'automne. Là-dessus, disons que je ne crois
pas avoir donné l'impression que nous voulions retarder indûment,
même s'il y avait certaines difficultés qui pourraient se
présenter concernant les problèmes juridictionnels. En tout cas,
nous espérons, et c'est dans ce sens d'ailleurs que nous avons fait
l'étude du chapitre 2 du Code civil, nous espérons que ces
ajustements au niveau des juridictions fédérales et provinciales
deviendront une réalité très rapidement et c'est à
partir de cette conviction que nous avons procédé à
l'étude du chapitre II. (11 h 45)
Vous savez très bien qu'il y a énormément de points
sur lesquels nous n'aurions même pas à engager la discussion si
nous le faisions en tenant pour acquis que les amendements constitutionnels
seront apportés, je pense, par exemple, à toutes les questions
concernant le divorce, le mariage, l'union de fait, où on est parti du
principe que ces amendements se concrétiseraient rapidement. Par sens du
réalisme, je le dis encore aujourd'hui, je l'ai explicité
à plusieurs reprises, si ces amendements constitutionnels ne se
concrétisent pas rapidement, on ne peut pas en arriver à la
formation d'un tribunal de la famille qui soit vraiment significatif, parce
qu'un véritable tribunal de la famille comporte le fait que, devant un
même tribunal, on puisse régler, on puisse aborder tous les
problèmes de la famille, à partir des difficultés... des
enfants en difficulté, en passant par les problèmes de couples,
les pensions alimentaires, etc.. Pour qu'un tribunal de la famille soit
cohérent, dynamique, il faut nécessairement que toutes les
juridictions qui sont à l'heure actuelle exercées par d'autres
cours provinciales ou par la Cour supérieure, se retrouvent devant un
même tribunal qui serait ce tribunal de la famille.
Pour l'automne, il est évident que nous voulons en arriver
à déposer deux lois: une première loi concernant la
réforme du droit de la famille, par rapport au Code civil, et une
deuxième loi qui serait la mise en place d'un véritable tribunal
de la famille. Ce sont les remarques concernant une autre question posée
par le député de Marguerite-Bourgeoys sur la réforme du
Code civil. Nous n'avons pas l'intention de retarder indûment, une fois
le chapitre II étudié. En commission parlementaire
déjà, il y a un groupe de travail qui s'occupe d'analyser
l'ensemble des autres chapitres et qui verra à nous faire le plus
rapidement possible des suggestions sur l'opportunité de commencer
d'aborder tel chapitre par rapport à tel chapitre en deuxième
lieu. Nous voulons, autrement dit, y aller avec le plus de
célérité possible et nous ne prendrions pas
prétexte que la législation n'étant pas
complètement adoptée en ce qui a trait au chapitre II,
qu'à ce moment, on décide de ne pas aborder d'autres chapitres.
C'est clair que dès que le groupe de travail en question me fera des
suggestions, à ce moment, je les communiquerai
comme je l'ai fait dans le passé à l'ensemble des membres
de la commission parlementaire.
Maintenant, nous avons déjà une certaine indication dans
ce sens. Si vous vous rappelez les discussions que nous avons eues lorsque la
décision a été prise, à commencer par le chapitre
II, c'est que Me Guy et Me Rioux avaient indiqué que le deuxième
chapitre du Code civil qu'on pourrait aborder, une fois le chapitre II
terminé, ce serait probablement le chapitre premier, concernant la
personne. Alors à moins d'indication contraire, normalement, nous
devrions continuer avec l'étude en commission parlementaire du chapitre
I du Code civil.
M. Lalonde: A l'automne.
M. Bédard: Je ne pourrais pas...
M. Lalonde: Vous n'êtes pas en mesure de le dire.
M. Bédard: ... être très explicite. Nous ne
voulons pas retarder indûment.
Le député de Marguerite-Bourgeoys a parlé de la
réinsertion sociale. Il s'est dit d'accord, comme cela a
été le cas pour les autres partis d'Opposition, avec l'esprit des
projets de loi que nous avions présentés et qui concernaient,
d'une façon tout à fait spéciale, le secteur de la
probation et de la détention. Le député de
Marguerite-Bourgeoys a exprimé son contentement à savoir que nous
avions des programmes qui étaient de nature à fournir du travail
aux détenus. Concernant le rendement pratique de ce projet de loi
reconnaissant le travail rémunéré, je peux vous dire qu'il
y a eu déjà $304 695 versés à des détenus
à la suite de l'application de ce principe du droit du détenu
à un travail rémunéré.
M. Blank: Du travail en prison pour l'administration de la
justice ou pour des gens de l'extérieur?
M. Bédard: Des travaux à l'intérieur de
l'établissement et des travaux à l'extérieur de
l'établissement. Par exemple, des contrats de buanderie. Enfin, je
pourrai peut-être vous donner le détail...
M. Lalonde: Quand on arrivera au programme.
M. Bédard: ... de tous les travaux qui ont
été exécutés et qui se traduisent par le
déboursé d'une somme de $304 695. Cela part du déneigement
en passant par la buanderie, les travaux de peinture, etc. On aura l'occasion
d'en parler. C'est déjà à votre disposition.
Le député de Marguerite-Bourgeoys a parlé du plan
de la probation, de la détention dans le système de
pénitencier, etc. Le député de Nicolet-Yamaska a
abordé l'ensemble du problème de la réorganisation du
système de détention à l'intérieur du
Québec. Vous savez qu'on a déjà fait des
représentations auprès du fédéral dans le sens que
nous étions prêts à assumer l'entière
responsabilité de l'administration de toutes les prisons et maisons de
détention du Québec à condition, naturellement, qu'il nous
transfère les crédits budgétaires que cela
représente pour la partie administrée à l'heure actuelle
par le fédéral.
Je crois, et je n'ai pas changé d'idée, que ceci
représenterait un moyen de fonctionner avec beaucoup plus de
cohérence du point de vue administratif si le Québec avait
l'administration entière dans ce secteur. Je dois dire qu'il y a,
à l'heure actuelle, des échanges, un dialogue régulier
échange de correspondance, etc. entre les fonctionnaires
du ministère de la Justice du Québec et ceux du
fédéral afin de mieux planifier la construction de maisons de
détention à travers le Québec. Je pense que cette
coordination, que cet échange avec les autorités
fédérales est nécessaire parce qu'on arrive à des
résultats qui n'ont aucun sens du point de vue administratif si, d'une
part, le Québec planifie tout seul et le fédéral
aussi.
Au niveau de la construction de maisons de détention, cela peut
donner le résultat que, dans certaines régions, on en arrive avec
des constructions qui ne répondent pas aux besoins qui sont
exprimés. Dans d'autres régions, on en arrive à un
résultat qu'il y a trop de constructions pour les besoins qui existent.
Nous avons engagé le dialogue avec les autorités
fédérales là-dessus.
Le député de Marguerite-Bourgeoys a parlé des
comités de sélection des juges; je pense que ce processus
c'est ma conviction a contribué à l'augmentation de la
crédibilité dans ce secteur particulier de la justice,
l'instauration des comités de sélection a fonctionné
très bien. Il y a eu certaines remarques qui ont été
faites par le Barreau concernant deux nominations où il n'y avait pas eu
consultation du Barreau ou du bâtonnier. La raison en est très
simple. Dans un cas, c'est que le membre du comité de sélection
était l'ex-bâtonnier, M. Viateur Bergeron, et je n'avais pas cru
bon de reconsulter le nouveau bâtonnier avant de le nommer au
comité de sélection! Il me semble que ce n'était pas
nécessaire. Concernant l'autre cas, il s'agissait d'un avocat qui a
été nommé après consultation du bâtonnier
précédent, qui avait été nommé à un
comité de sélection et qui, tout simplement, a continué
d'agir dans un autre comité de sélection, sans que nous ayons
reconsulté le nouveau bâtonnier. Je pense bien qu'à partir
du moment où il y a une acceptation par rapport à un
représentant du Barreau, cela vaut pour accepter sa présence dans
différents comités et qu'il n'y a pas lieu de recommencer le
processus de consultation chaque fois.
De toute façon, le problème de fond était qu'il y
avait une différence d'interprétation entre le ministère
de la Justice et le Barreau sur le vrai sens qu'il fallait donner aux mots
"représentant du Barreau". J'ai eu des rencontres avec le nouveau
bâtonnier puisqu'avec le bâtonnier qui l'avait
précédé il n'y avait pas eu de problèmes. On
s'entendait sur le sens qu'il fallait donner à "représentant du
Barreau". Mais, comme il y en avait avec le
nouveau bâtonnier nommé, on a eu une rencontre et certaines
suggestions nous ont été faites par ce dernier. Dans les
règlements qui ont été soumis à l'attention du
public, nous sommes allés dans le sens même des
représentations qui nous avaient été faites par le
bâtonnier.
Au niveau du Conseil de la magistrature, j'ai parlé,
conformément à une promesse que j'avais faite, que dès que
le Conseil de la magistrature commencerait à fonctionner il y aurait un
groupe de travail qui serait constitué aux fins d'étudier les
moyens à prendre pour améliorer l'ensemble des rapports
administratifs entre les tribunaux et le ministère de la Justice. Il y a
eu la mise en place de ce comité, la création d'un comité
sur le support administratif fourni aux tribunaux. Je suis, au niveau du
mandat, disposé à déposer une lettre que j'ai
écrite en ce sens, non seulement au président du Conseil de la
magistrature, mais également aux juges en chef de la Cour
supérieure et de la Cour d'appel, que nous voulons voir insérer
dans ce comité pour nous faire certaines recommandations. (12
heures)
Je ne sais pas si vous voulez que je... Je ne pense pas qu'il soit
nécessaire de lire l'ensemble de ce document...
M. Lalonde: Si vous le déposez...
M. Bédard: ... à cause des corrections.
M. Lalonde: Vous pouvez le distribuer cet après-midi, si
vous voulez, étant donné qu'il est midi et qu'on doit s'en aller.
Midi et demi...?
M. Bédard: Le mandat du comité, c'est le mandat
d'étudier des problèmes spécifiques qui pourront faire
l'objet d'un rapport particulier susceptible d'être mis en oeuvre pendant
que le comité poursuit ses travaux sur d'autres aspects du support
administratif fourni aux travaux par le ministère, et je donne la liste
des problèmes qui devraient être étudiés par le
comité en question.
Le Président (M. Jolivet): Donc, on fera les photocopies
et on vous donnera cela cet après-midi.
M. Bédard: Concernant les amendements majeurs à la
Loi de police, qui sera déposée je puis vous l'assurer,
nous travaillons dans ce sens-là avant la fin des travaux de
cette première partie de la session, j'ai déjà eu
l'occasion d'indiquer que nous poursuivions le but qu'un code de
déontologie soit mis en place, qui s'adresserait à tous les
policiers du Québec et qui les régirait, d'une certaine
façon. Nous avons déjà fait du travail dans ce sens
puisque la police de la Communauté urbaine de Montréal a
maintenant un code de déontologie que nous avons adopté, qui
avait été mis au point par la Commission de police, et il y aura
aussi une augmentation des responsabilités de la Commission de police.
Je l'ai d'ailleurs indiqué, je crois, au cours du débat de
vendredi.
On a eu l'occasion d'en parler. Concernant le rapport Saulnier,
premièrement, j'avais établi comme principe qu'il n'était
pas question de procéder d'une façon forcée;
deuxièmement, qu'il n'était pas question de l'implanter,
puisqu'on parlait de régionalisation sur l'aspect
régionalisation, il n'était pas question de l'imposer, mais nous
voulions l'accord des municipalités qui seraient concernées. Nous
avions indiqué aussi qu'il était difficile d'avancer dans ce
dossier tant que le problème de la fiscalité municipale ne serait
pas réglé.
Maintenant, le problème de la fiscalité... Le dernier
discours sur le budget a traité de cette question qui était
fondamentale, la fiscalité municipale, et il y a à l'heure
actuelle un groupe interministériel qui fonctionne, composé du
ministre d'Etat à l'aménagement, du ministre des Finances et du
ministre des Affaires municipales, également le ministre de la Justice,
et leurs fonctionnaires respectifs. Ces études seront
accélérées parce qu'il est évident que lorsqu'on
parle de régionalisation de corps policiers, de beaucoup de points qui
sont compris dans le rapport Saulnier, cela ne concerne pas seulement le
ministre de la Justice. Cela concerne aussi le ministre d'Etat à
l'aménagement, le ministre des Affaires municipales et, naturellement,
cela implique des dispositions financières quand même
significatives et, dans ce sens-là, le ministre des Finances doit
également se joindre à ce comité. Ce comité
interministériel devra aboutir, nous l'espérons, à des
conclusions le plus rapidement possible.
On a aussi parlé de la situation des corps policiers municipaux,
sur le point particulier de l'abandon ou non de corps policiers municipaux
depuis 1978. D'une façon générale, il n'y a pas eu de
diminution significative du nombre de policiers municipaux. La diminution
totale des effectifs pour l'année qui se termine est de 182 policiers
dont 144 pour la Communauté urbaine de Montréal. Ce qui veut dire
que, la Communauté urbaine de Montréal mise à part, il n'y
a eu qu'une diminution de 38 policiers sur l'ensemble des autres corps
policiers municipaux. Nous...
M. Lalonde: Le problème est différent. Est-ce qu'il
y a des municipalités qui ne sont pas... Cela peut être trois
policiers. C'est une municipalité qui n'est pas protégée
suffisamment.
M. Bédard: Je pourrais vous donner là, je ne
voudrais pas non plus être trop long aussi tous les
détails, lorsque nous viendrons au chapitre en question.
M. Lalonde: Si vous me le permettez, M. le Président. Je
ne veux pas interrompre le ministre, mais j'aurais des sous-questions à
poser chaque fois qu'il...
M. Bédard: Oui, allez-y.
M. Lalonde: Je ne sais pas si c'est...
M. Bédard: On peut y aller.
M. Lalonde: ... ce qu'on va adopter comme... ou si vous
préférez...
M. Bédard: On peut y aller.
M. Lalonde: ... qu'on passe aux programmes immédiatement
après que vous aurez terminé la revue générale de
vos réponses. Il y a un tas de sous-questions qui me viennent à
l'esprit, mais je n'ose pas vous interrompre jusqu'à ce que vous ayez
terminé. Je sais que la deuxième partie de l'étude des
crédits se passe autrement. On converse plus activement.
M. Bédard: II y a eu très peu, au cours de
l'année 1978, d'abandon de corps policiers.
M. Lalonde: M. le Président, la question qui me vient
à l'esprit, c'est la...
M. Bédard: II y en a neuf...
M. Lalonde: ... diminution globale. Oui.
M. Bédard: II y a eu abandon de neuf corps policiers qui
étaient régis par le Code municipal. A ce moment-là, les
municipalités n'ont pas d'obligation par la loi d'en maintenir un. Il y
a eu cinq municipalités régies par la Loi des cités et
villes dont quatre ont eu une dispense après étude par la
Commission de police.
M. Lalonde: C'est cela que je voulais avoir parce que...
M. Bédard: ... et recommandations de la Commission de
police qui ont été entérinées par le Conseil des
ministres; ce qui veut dire un corps policier...
M. Lalonde: Parce que la diminution globale...
M. Bédard: ... d'une municipalité où il y a
un problème particulier.
M. Lalonde: Parce que la diminution globale donne une
idée, mais cela ne donne pas la précision. Est-ce qu'il y a des
municipalités qui ne sont pas protégées qui
l'étaient autrefois, mais qui ne sont plus protégées
par un corps policier municipal, de sorte que la Sûreté du
Québec est obligée de couvrir cette situation? C'est le nombre de
municipalités qui intéresse, je pense.
M. Bédard: Alors, au niveau du programme, on aura
l'occasion d'y aller plus en profondeur.
Concernant la Commission de contrôle des permis d'alcool, il est
clair qu'il y aura un projet de loi qui sera déposé avant
l'ajournement de cette première partie de la session. C'est une loi
extrêmement complexe où il y a une nécessité
d'amendements majeurs. Cette nécessité a d'ailleurs
été exprimée non seulement par les députés
de l'Opposition, mais par ceux du côté ministériel
également. Dans l'étude de ce projet de loi, à la suite du
rapport du groupe de travail, certains députés
ministériels ont été impliqués dans le travail de
réflexion pour en aboutir au dépôt d'un projet de loi avant
l'ajournement.
Concernant les études sur l'injonction, un travail de
réflexion en profondeur a été fait au ministère de
la Justice. Il n'est pas totalement terminé. Maintenant, nous avons des
échanges continuels pour répondre à une question du
député de Marguerite-Bourgeoys avec le ministre du Travail
et, dans ce domaine, nous ne voyons pas ce qui vous empêcherait de donner
suite à l'énoncé fait dans le message inaugural au cours
de la présente session.
Maintenant, quand on parle d'une législation concernant
l'injonction, les études étant terminées, il va y avoir
une nécessité d'échanges avec les présidents de
centrales, le monde syndical et également le monde patronal. J'ai
déjà des rencontres cédulées avec certains
représentants syndicaux et il y en aura également avec les
représentants patronaux parce que cela constitue une législation
très importante...
M. Lalonde: II n'y a aucun doute.
M. Bédard: ... où la consultation doit être
continue et soutenue.
Concernant la CECO, il me semble avoir été assez
explicite. Lorsque nous avons annoncé l'extension du mandat au mois de
décembre, c'est que nous voulions qu'en fonction de l'avenir, les
membres du tribunal, les membres de la commission aient un mandat précis
pour une durée de temps précise. Nous avons également
indiqué que tandis que les commissaires dûment nommés, ceux
qui existent à l'heure actuelle, remplissent leur mandat, il y a un
coordonnateur au niveau de la Commission de police, qui est le juge Coderre
qui, lui, aura comme mission de coordonner l'ensemble des enquêtes ou de
l'activité policière en fonction des enquêtes qui se
doivent d'être poursuivies. Lorsque le présent mandat sera
terminé, à ce moment-là, il y aura lieu d'opérer
certains changements pour qu'un banc composé d'autres commissaires
continue de siéger dans ce domaine particulier de la lutte contre le
crime organisé, dans des dossiers ou des secteurs d'activités qui
seront identifiés après un échange de vues entre le
coordonnateur de la Commission de police et le ministère de la
Justice.
Cela nous semblait nécessaire parce que la situation est la
suivante à l'heure actuelle: si nous n'avions pas adopté la
formule d'un coordonnateur, ce sont les commissaires qui sont nommés
qui, en même temps qu'ils continuent leur travail, seraient
impliqués aussi dans le travail des policiers dans d'autres
enquêtes. Donc, cela devient toujours extrêmement difficile
d'effectuer des changements sur le banc. Cela ne veut pas dire que ceux qui
sont là ne sont pas bons, loin de là.
Je crois qu'il est nécessaire qu'à un moment donné,
certains changements puissent s'effectuer et ces changements étaient
très difficiles puisque les commissaires qui venaient de terminer un
mandat étaient ceux impliqués au niveau de la connaissance dans
les autres enquêtes qui avaient été faites quand ils
avaient siégé. Avec cette nouvelle approche, ce sera plus facile
d'effectuer les changements indiqués. (12 h 15)
Concernant le rapport Duchaîne, d'abord je dois faire remarquer
que Me Duchaîne était chargé de la cueillette d'information
en rapport avec la crise d'octobre. Ce n'était pas un enquêteur
nommé avec les pouvoirs et en fonction de la loi des commissions
d'enquête. J'ai déjà exprimé, je n'ai pas
changé d'idée, que notre intention était de faire la
lumière sur l'ensemble de la crise d'octobre et non pas d'en aboutir
à une demi-vérité ou à une demi-lumière ou
à une demi-enquête. Il est évident qu'à l'heure
actuelle, le rapport Duchaîne ne porte que sur les activités
concernant les organismes qui sont à caractère provincial. Me
Duchaîne attend toujours les réponses aux nombreuses questions
qu'il avait posées aux autorités fédérales. C'est
probablement l'illustration de la coopération qui nous avait
été promise par le premier ministre Trudeau lui-même dans
ce dossier.
Il y a d'autres éléments concernant la publication d'une
partie du rapport Duchaîne qui seraient la publication d'une partie d'une
enquête globale. Je crois qu'il y a lieu d'attendre parce que vous
n'êtes pas sans savoir qu'à l'heure actuelle, il y a certains
procès qui ont été quand même intentés,
certaines accusations qui ont été portées vis-à-vis
des personnes mêlées à ces événements.
M. Lalonde: La commission Keable a fait des enquêtes dans
ce milieu.
M. Bédard: Je sais, il y a cela.
M. Lalonde: C'est une question que je vais soulever plus
tard.
M. Bédard: Non, mais il y a une différence quand
même entre le rapport Duchaîne, qui est l'ensemble d'une cueillette
d'information et les travaux approfondis au niveau de l'enquête qui sont
poursuivis par la commission Keable, qui est un organisme quasi judiciaire. On
aura d'ailleurs l'occasion...
M. Lalonde: Oui, c'est cela.
M. Bédard: ... peut-être d'en discuter un peu plus
longtemps.
Concernant la Protection civile, il est évident que le projet de
loi de la protection des biens et personnes en cas de sinistre sera
redéposé, ayant été réétudié
à la lumière des nombreuses représentations qui nous ont
été faites par l'Opposition et par d'autres organismes, et on
sait que le problème se situe au niveau de la définition du mot
"sinistre". En fait, les légistes, en portant une attention
particulière aux représentations qui nous ont été
faites, ont travaillé en fonction d'en arriver à une
définition qui, je crois, ne devrait pas créer de
problème. Le projet de loi concernant les agences de
sécurité et d'investigation sera déposé
également.
Je pense que cela recoupe l'essentiel des remarques qui ont
été faites par les membres de l'Opposition. Si j'en ai
oublié, on pourra toujours y revenir.
Le Président (M. Jolivet): Compte tenu de l'heure, on peut
ajourner sine die en attendant l'ordre de la Chambre.
M. Lalonde: Sûrement, M. le Président, je suis
parfaitement d'accord.
Le Président (M. Jolivet): Si vous êtes d'accord?
Avec l'appel dès maintenant du programme no 1, où on pourra
commencer notre étude.
Fin de la séance à 12 h 22
Reprise de la séance à 15 h 40
Le Président (M. Jolivet): La commission de la justice se
réunit pour étudier les crédits du ministère de la
Justice. Les membres de cette commission sont: MM. Alfred (Papineau),
Bédard (Chicoutimi), Blank (Saint-Louis), Charbonneau
(Verchères), Clair (Drummond), Fontaine (Nicolet-Yamaska), Lacoste
(Sainte-Anne), Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), Samson (Rouyn-Noranda),
Vaillancourt (Jonquière).
Quand nous nous sommes quittés ce matin, on avait dit que nous
vous redonnerions cet après-midi un document qui est une lettre à
Allan B. Gold, juge en chef de la Cour provinciale, qu'on nous a
distribuée et qui fait donc partie des dépôts de
documents.
Nous en étions au programme no 1, ayant fait le tour
général du ministère de la Justice. La parole quand M. le
ministre sera prêt, est à lui.
M. Bédard: Je comprends, M. le Président, qu'il y a
peut-être quelques questions que je n'ai pas touchées, mais on
s'entendra pour en discuter plus en profondeur avec l'étude des
programmes concernés.
Le Président (M. Jolivet): De façon très
large.
Fonctionnement du système judiciaire
M. Bédard: Programme 1, si vous permettez quelques propos
généraux. Ce programme vise à assurer, comme on le sait,
le fonctionnement des cours de justice et à leur fournir le soutien
administratif nécessaire et à fournir une aide
socio-économique aux justiciables. L'élément 1,
formulation de jugements, comprend les dépenses re-
liées aux juges ainsi que les dépenses du conseil de la
magistrature. Les éléments 2 et 3 représentent les
dépenses de fonctionnement de nos cours de justice. Les activités
de ces deux éléments de programme sont sous l'autorité de
la direction générale des greffes et des directeurs
régionaux. Le Tribunal de l'expropriation, dont les dépenses
apparaissent à l'élément 4, est sous l'autorité de
Me Guy Dorion, juge, qui est avec nous cet après-midi.
Les crédits requis pour assurer le fonctionnement du
système judiciaire s'établissent à $63 522 000 pour
l'exercice 1979-1980, ce qui représente une augmentation de $3 626 200,
soit un taux d'augmentation de 6,1%. Cet accroissement des crédits
provient en grande partie des crédits requis pour le renouvellement des
conventions collectives et de la comptabilisation des contributions au
régime de retraite des juges. Cette contribution s'établit en
effet à $802 000 pour 1979/80.
Les effectifs permanents s'établissent à 2735 postes et se
répartissent comme suit: 231 postes de juges, 2437 postes à la
direction des greffes, 67 postes au Tribunal de l'expropriation.
Comme commentaires généraux sur les variations
budgétaires, l'accroissement des crédits dont j'ai parlé
tout à l'heure, qui se situe autour de 6,1%, provient en grande partie
de la mise en application des diverses conventions collectives, du
régime de retraite des juges et fait suite également à
l'application des projets suivants:
Constitution d'un service de coordination des personnes
désignées conformément au projet de loi 24, Loi de la
protection de la jeunesse, $589 300; établissement du conseil de la
magistrature, faisant suite au projet de loi 40, $94 500; six nouveaux postes
de juges accordés par les projets de loi 77 et 40, Loi modifiant les
tribunaux judiciaires, $170 400; mise en opération d'un service de
conciliation dont je fais état dans ma déclaration
préliminaire, qui s'adresse aux couples et conjoints en situation de
divorce, $175 000; addition de 20 postes de secrétaires de juge faisant
suite à l'augmentation du nombre de juges qui s'est produite au cours
des dernières années, $153 400.
En contrepartie, le ministère réduit de $1 275 000 le
budget prévu pour les indemnités des jurés et des
témoins. Le tarif de ces indemnités avait été
révisé à compter du 1er octobre 1977, mais l'impact de
cette augmentation dans un projet de loi comme vous vous le rappelez, on
avait consenti une augmentation de tarif a été moindre que
prévu, d'où la réduction possible de $1 275 000.
Un montant de $295 000 était aussi inscrit au budget 1978/79 pour
l'installation d'un système centralisé d'enregistrement
mécanique au palais de justice de Hull, ce montant constitue un projet
non renouvelable.
Ce sont les commentaires généraux que je crois
indiqué de faire.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys. (15 h 45)
M. Lalonde: Sur le programme 1, on voit... je pense qu'on a eu
des explications concernant les divers éléments, les quatre
éléments. Le ministre pourrait peut-être nous expliquer
tout de suite la diminution, dans l'élément 1, de $12 862 000
à $11 383 000 des crédits permanents, juste en bas de la page
16.5, une diminution des crédits permanents.
M. Bédard: C'est le salaire des juges qui est statutaire,
mais cela ne comprend pas les contributions au fonds de retraite.
M. Lalonde: Enfin, je voulais seulement savoir pourquoi cela
avait diminué.
M. Bédard: C'est cela.
M. Lalonde: On n'a pas moins de juges, on en a plus. En fait,
c'est $1 500 000 de moins; de $12 800 000 à $11 300 000. Peut-être
que pendant que les fonctionnaires cherchent la réponse ou la formule,
on peut passer à autre chose.
On a eu les explications pour l'augmentation des traitements; c'est
surtout dans l'élément 1 qu'on peut le voir, quoique ce ne soit
pas très clair, on n'a pas la comparaison de $35 millions à $41
millions; ce sont les six nouveaux juges et les 20 postes de secrétaires
additionnels. A la fin de cette colonne, on a $52 500 pour autres
dépenses et cela saute à $152 000, il y a un petit $100 000 vite
fait, je n'ai pas dit caché, mais...
M. Bédard: Soyez sans crainte, cela ne doit pas concerner
la publicité.
M. Lalonde: On verra pour la publicité; je la cherche.
M. Bédard: Concernant la première explication en ce
qui touche la diminution, la raison de cela, c'est que les dépenses
relatives au perfectionnement des employés sont maintenant
imputées à cette catégorie; auparavant, elles
étaient imputées à la catégorie 4, services, en ce
qui concerne les frais de cour et à la catégorie 3,
communications, en ce qui concerne les frais de déplacement pour se
rendre à ces cours. On estime à $120 000 le montant pouvant
être dépensé en 1979/80 pour le perfectionnement des
employés de ce programme. Cela se retrouvait ailleurs.
M. Lalonde: Merci beaucoup. C'est lumineux, je vous crois sur
parole. En fait, on ne peut pas retrouver cela dans les autres postes.
M. Bédard: Vous me croyez sur parole et, également,
sur des montants comme ceux-là, je crois aussi sur parole les
renseignements qui me sont donnés par les hauts fonctionnaires.
M. Lalonde: Maintenant, pour la deuxième question,
l'augmentation de $100 000...
M. Bédard: C'était l'explication pour
l'augmentation de $100 000.
M. Lalonde: Ah bon!
M. Bédard: C'est peut-être pour cela que vous ne
compreniez pas.
M. Lalonde: Vous voyez, c'était tellement clair; vous avez
dit: Voici la première explication. Je pensais que c'était la
réponse à ma première question; de là le doute.
M. Bédard: Non, parce que vous parliez de millions dans
l'autre question.
M. Lalonde: Pour l'augmentation de $100 000, c'est le changement
de traitement de ces dépenses.
M. Bédard: Le programme de perfectionnement de certains
employés qui se retrouve là alors qu'il se retrouvait dans
d'autres éléments.
M. Lalonde: On devrait avoir une diminution de $100000 ailleurs.
Est-ce qu'on pourrait avoir une petite idée où cette diminution
se retrouve, à peu près?
M. Bédard: Au programme... M. Lalonde: A quel
programme? M. Bédard: A l'élément 03.
M. Lalonde: Je ne veux pas avoir l'air de couper les cheveux en
quatre, mais je fais comme le vérificateur du gouvernement, un "spot
check".
M. Bédard: C'est toujours sur les petits montants que
c'est mieux de les faire, les "spot check".
Je sais que ce réaménagement a été fait,
à la suite d'une demande en ce sens, formulée par le
vérificateur, de centraliser dans...
M. Lalonde: En fait, comprenez ma demande, M. le
Président.
M. Bédard: ... un élément particulier, par
rapport à ce qui existait auparavant.
M. Lalonde: ... parce que s'il faut enlever le sens des $100 000
ailleurs...
M. Bédard: Vous allez les retrouver ailleurs. Il faut
trouver une diminution ailleurs.
M. Lalonde: A quel programme? M. Bédard:
Catégorie 04.
M. Lalonde: Le programme 1, élément 2?
M. Bédard: A formation et enseignement, on retrouvait l'an
passé un montant de $45 000, alors que, cette année, on retrouve
un montant de $5000 seulement. Pour ce qui est des services techniques, l'an
passé, on retrouvait un montant de $25 000, alors que, cette
année, on retrouve $5000.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre pourrait me dire, sur les
pauvres renseignements qu'on a c'est général ici on
doit de se fier aux éléments qu'on nous donne, qui sont contenus
dans le budget, où est la diminution de $100 000 dans les chiffres que
j'ai? Est-ce que c'est dans le programme 1, d'abord? C'est
l'élément 2 du programme 1.
C'est le service...
M. Bédard: Vous êtes à même de
constater que, d'une baisse de $5 771 400, crédits de l'an passé,
il y a une baisse à $4 446 300.
M. Lalonde: Alors, il y a une baisse de beaucoup plus de $100
000.
M. Bédard: Cela représente les $100 000 en question
plus les réaménagements qui ont été faits à
l'intérieur de cette donnée de crédits.
M. Lalonde: D'ailleurs, j'avais une question sur la diminution de
$5 800 000 à $5149 000. Je comprends que...
M. Bédard: II y a d'autres chiffres qui expliquent...
M. Lalonde: Cela totalise $1 million.
M. Bédard: ... cette baisse, comme par exemple, au niveau
des sténographes officiels, de $117 600, qui apparaissaient l'an
passé. C'est $80 000 cette année.
M. Lalonde: Parce qu'une partie a été
transportée ailleurs?
M. Bédard: C'est cela.
M. Lalonde: Mais pas tout à la même place. Les $100
000 qu'on retrouve ici, mais...
M. Bédard: Voulez-vous que je vous donne tous les
éléments de... même si c'est long.
M. Lalonde: C'est à votre guise. Je veux le soulever.
M. Bédard: De $5 771 400 qui apparaissaient l'an
passé...
M. Lalonde: Cela dépend si vous comparez le total des
quatre éléments ou seulement l'élément 2.
M. Fontaine: J'ai une question: Combien aviez-vous au titre des
services à l'élément 2 l'an dernier?
M. Lalonde: C'est cela.
M. Bédard: A la suite de cette directive du Conseil du
trésor concernant les frais de perfectionnement, nous avons
procédé à un premier réaménagement,
c'est-à-dire les frais de perfectionnement qui se retrouvaient à
la catégorie 3, la série communications et à 4, ont
été transférés à la catégorie 11.
Par ailleurs, le chiffre de $4 millions, le comparatif que vous avez
pour 1978/79, de $5 810 600 est le comparatif pour les quatre
éléments. Les $4 446 000, le comparatif pour 1978/79 est de $5
771 400, en d'autres termes les $5 810 600, ce sont $5 771 400, plus les autres
éléments.
La révision de la prévision à la catégorie 4
qui était de $5 771 400 pour 1978/79 a été
révisée à $4 446 300 principalement pour jurés, de
témoins au lieu d'une prévision de $4 millions a
été révisée à $3 millions.
M. Lalonde: Alors c'est le million dont vous parliez
tantôt.
M. Bédard: Concernant le perfectionnement, formation et
enseignement, on a transféré une somme de $40 000, services et
technique $20 000. Il peut y avoir plus, par exemple, si la prévision
était plus élevée que la dépense de 1978/79. Je ne
sais pas si cela complète...
M. Lalonde: Je vous remercie.
M. Bédard: Vous n'avez pas trouvé le million et le
$100 000.
M. Lalonde: Je pense que cela va satisfaire ma curiosité
pour l'instant. J'aurais une autre question sur ce programme, en particulier
sur les employés à temps partiel. On les retrouve dans
l'élément 2, soutien administratif aux cours de justice, au
nombre de 240. C'est le seul élément d'ailleurs, en nombre assez
considérable, en fait 10% à peu près des 2400 permanents.
Est-ce qu'on peut donner l'explication?
M. Bédard: Cela comprend des employés de bureau et
surtout du côté des huissiers audien-ciers qui sont, d'une
façon générale, presque à temps partiel.
M. Lalonde: Bon. Pour l'élément 3, l'aide
socio-économique aux justiciables, est-ce que cela comprend... est-ce
que cela couvre la loi de l'indemnisation des victimes d'actes criminels?
M. Bédard: Cela ne couvre pas cela.
M. Lalonde: Qu'est-ce que c'est alors? Parce que c'est un nouveau
poste, en 1978/79 on n'en avait pas.
M. Bédard: Pour un montant de $481 000, cela couvre des
honoraires aux personnes désignées dans le cadre de la loi de la
protection de la jeunesse et pour le reste, environ $175 000, il s'agit de
services de santé et de bien-être social, services, par exemple,
de type psychosocial offerts par des professionnels, des services du
comportement au couple et conjoints en situation de divorce. Il y a
également...
M. Lalonde: C'est encore dans le cadre de cette nouvelle loi.
M. Bédard: C'est cela. $4000 concernant les jurés
de concours, honoraires et frais de déplacement, d'un comité de
sélection comprenant trois personnes dont un citoyen, sur la base d'une
session par mois. Il y a $17 300 comprenant les frais de déplacement des
coordonnateurs et coor-donnateurs-adjoints à 50% de leur temps.
Comme on peut le constater, les gros montants sont les honoraires aux
personnes désignées et les services offerts par les CSS.
M. Lalonde: Merci, M. le Président, j'aurais seulement un
autre cas. Je ne sais pas si je vais être dans l'ordre ou si c'est dans
la formulation de jugement que je devrais soulever ce cas particulier, c'est
celui d'un M. Boutin qui a été condamné, je pense,
récemment, relativement à la prise d'otage d'un avion, qui avait
été arrêté le 16 ou le 17 novembre 1976. Son
procès s'est déroulé il y a quelques semaines seulement.
J'ai même reçu une lettre de lui. comme je reçois des
lettres de plusieurs personnes qui savent que je m'en occupe; quelquefois je
les refile au ministre. J'ai des réponses du ministre, quelquefois
tardives, mais on reviendra là-dessus. Au moment que j'ai reçu sa
lettre et que j'allais poser à ce sujet une question au ministre, son
procès a débuté. Cela a été très
long, plus de deux ans et il était détenu pendant ce
temps-là. (16 heures)
Une Voix: ...
M. Lalonde: A Montréal, je pense qu'il a été
détenu à Parthenais pendant deux ans. Est-ce qu'on pourrait
expliquer...
M. Bédard: Je vais prendre en note le cas et j'essaierai
de vous fournir une réponse.
M. Lalonde: Le procès est fini, il ne s'agit pas de
régler son cas, mais...
M. Bédard: Non, non, mais, quand même, je pense que
puisqu'il s'agit de délais assez longs...
M. Lalonde: ... cela m'étonne qu'il ait été
détenu en attendant son procès. Je sais qu'on accorde une
attention particulière pour que les procès soient les plus
rapides possible... enfin viennent le plus rapidement possible dans ces
cas-là.
M. Bédard: Je pourrais donner des détails, des
coordonnées qui nous permettraient de retra-
cer assez rapidement le cas en question et de fournir les
explications.
M. Lalonde: C'est Laurier Boutin. Le jugement sera rendu le 20
avril 1979, je pense que c'est sur la sentence. Il me semble qu'il a
été déclaré coupable d'avoir détourné
un avion de la Eastern Airlines. Cela paraît dans la Presse du samedi 17
mars 1979. J'ai sa lettre qui est datée de janvier 1979. Il est
détenu à Parthenais depuis le 18 novembre 1976. J'allais soulever
la question à ce moment-ci quand j'ai appris que son procès
allait débuter. C'était inutile, mais je voulais quand même
attirer l'attention du ministre là-dessus, à savoir: Est-ce qu'il
y en a d'autres?
Non, c'est un cas justement qui ne peut pas être la faute de
l'ancien gouvernement parce que c'est arrivé le 18 novembre 1976.
M. Bédard: Bon d'accord. Est-ce que vous avez
également le numéro du dossier?
M. Lalonde: Je ne le pense pas, peut-être qu'il m'a
donné son numéro de dossier.
M. Bédard: En vous donnant la réponse, cela nous
permettra peut-être aussi de vous donner les moyennes de séjour,
les améliorations qui sont arrivées au niveau de la prison de
Parthenais. Maintenant, il peut y avoir des cas...
M. Lalonde: D'accord. C'est le seul cas que je voulais soulever
à ce stade-ci. Je vais laisser la parole.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, tout à l'heure le
ministre a mentionné une somme de $175 000 qui était
destinée aux services accordés à des couples en
difficultés. Est-ce que cela se retrouve dans l'élément
3?
M. Bédard: C'est exact.
M. Fontaine: Oui? Il nous a parlé également de
renouvellement de conventions collectives. Les montants prévus à
cet effet, est-ce que ce sont des montants prévus pour le renouvellement
de la convention collective de cette année?
M. Bédard: Ce sont effectivement des montants qui sont
prévus en fonction d'augmentation de fonctionnaires et de professionnels
pour l'année qui s'en vient.
M. Fontaine: On a prévu quel pourcentage
d'augmentation?
M. Bédard: 6%, pour fonctionnaires et professionnels.
M. Fontaine: Pour les professionnels, est-ce que c'est le
même pourcentage?
M. Bédard: ...
Le Président (M. Jolivet): D'autres questions?
M. Fontaine: Pas d'autre question.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que le programme 1,
élément 1 est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'élément 2
adopté?
M. Fontaine: M. le Président...
M. Lalonde: L'élément 2, M. le Président. Ah
oui, les éléments, oui.
M. Fontaine: J'aurais une question à
l'élément 4.
Le Président (M. Jolivet): Oui, l'élément
4.
M. Fontaine: A l'élément 4, le Tribunal de
l'expropriation...
M. Bédard: L'élément 3, accepté?
Le Président (M. Jolivet): Pour le moment, oui, 2 et 3
adoptés.
Une Voix: Adopté.
M. Fontaine: A l'élément 4, j'aimerais savoir
combien il y a de causes pendantes devant le Tribunal de l'expropriation
actuellement?
M. Bédard: Nous avons ici avec nous M. le juge Dorion,
président du Tribunal de l'expropriation. J'ai eu l'occasion de faire le
point avec lui sur l'ensemble des questions qui peuvent lui être
acheminées. Maintenant je vais lui laisser la possibilité de vous
donner ces informations.
Il y a 7359 dossiers d'expropriation au tribunal actuellement, mais tous
ne sont pas des cas de litige. On peut considérer que, comme cas
litigieux qui peuvent venir devant le tribunal, il y en a à peu
près mille qui vont venir devant le tribunal; les autres vont se
régler. C'est la proportion...
Par rapport à l'an dernier, il y a eu une augmentation du nombre
de causes...
Il y a une augmentation constante au tribunal... ... et du nombre de
dossiers d'expropriation et du nombre de litiges également. C'est
constant d'une année à l'autre.
M. Fontaine: Est-ce qu'il y a eu une augmentation de personnel en
conséquence?
M. Bédard: Non, cette augmentation je pense qu'on a
félicité les membres du Tribunal de l'expropriation a
été obtenue, même avec un membre de moins au niveau de la
commission qui devra être nommé sous peu.
M. Fontaine: Est-ce qu'une demande d'augmentation de personnel
vous a été adressée?
M. Bédard: Pas actuellement.
Pour les besoins actuels du tribunal, je n'ai fait aucune demande. Si le
train de croisière continue comme il est là, par exemple, d'ici
un an, il faudra nécessairement une augmentation.
M. Fontaine: En moyenne, avez-vous fait une étude de
statistiques à savoir, lorsqu'une cause est inscrite devant le tribunal,
combien ça prend de temps avant d'obtenir un jugement?
M. Bédard: Cela dépend des districts; cela varie
d'un district à l'autre. Cela peut varier de deux mois à plus de
six mois, dans certains cas; ce sont des cas très exceptionnels.
M. Fontaine: D'accord. Merci.
Le Président (M. Jolivet): L'élément 4,
adopté. Donc, le programme 1 est adopté au complet. Le programme
2, M. le ministre.
Protection des droits et libertés de la
personne
Commission des droits de la personne
M. Bédard: Ce programme comprend deux
éléments, soit l'élément 1, Commission des droits
de la personne, et l'élément 2, le Comité de la protection
de la jeunesse. Concernant la Commission des droits de la personne, le
président, comme vous le savez, est Me René Hurtubise. Pour ce
qui est du Comité de la protection de la jeunesse, M. Jacques Tellier
est président de ce comité; le mandat du Comité de la
protection de la jeunesse est défini dans la loi 24, ce qui
représente une augmentation de juridiction par rapport à leur
statut précédent. Le budget de fonctionnement du Comité de
la protection de la jeunesse s'établit à $3 362 100 pour 1979/80
et ces crédits comprennent une somme de $300 000 pour la
réalisation de projets de recherche et d'information dans le cadre de
l'année internationale de l'enfant.
Les commentaires généraux concernant ce programme. Le
budget du programme 2, protection des droits et libertés de la personne,
est composé des ressources requises pour le fonctionnement de la
Commission des droits et libertés de la personne, $1 734 600 et aussi
pour les activités du Comité de la protection de la jeunesse, $2
362 100. L'augmentation budgétaire de $1 358 300 prévue au niveau
du programme pour l'exercice 1979/80 résulte principalement de
l'adoption par l'Assemblée nationale de la loi 24, $963 000, et aussi de
la décision du Conseil des ministres d'allouer un certain montant
d'argent pour la participation du Québec au cours de l'année
internationale de l'enfant, $300 000.
Suite à l'adoption de la loi 24, un plan d'organisation a
été soumis au Conseil du trésor, traduisant ainsi une
estimation des besoins requis en ressources humaines et financières pour
réaliser le nouveau rôle confié au Comité de
protection de la jeunesse par la loi 24. L'estimation budgétaire
prévue à cet élément constitue donc, à
quelques exceptions près, le budget original même qui a
été inscrit à ce plan d'organisation, lequel a
déjà été approuvé par le Conseil du
trésor sur la base d'un effectif autorisé de 80 employés
permanents. Enfin, la variation de $95 300 enregistrée au budget de la
Commission des droits et libertés de la personne, résulte
principalement de la mise en application de certaines conventions collectives
avec les employés, laquelle négociation n'est pas encore
réglée.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, ces deux
éléments constituent deux organismes extrêmement importants
dans l'action du ministère et malgré le fait que je n'aie pas de
questions particulières quant aux dollars et cents dans le budget qui
nous est présenté, je pense qu'il est de notre devoir de profiter
de l'étude des crédits et de la présence des responsables
de ces organismes, pour poser un certain nombre de questions au ministre, ou
s'il le veut, au président, à Me Hurtubise en particulier, en ce
qui concerne la commission des droits de la personne. J'aimerais vous demander
quelles sont les tendances particulières qui se sont manifestées
dans l'activité de la commission des droits de la personne dans
l'année écoulée, c'est-à-dire 1978/79 plus
particulièrement, celles qui se sont dessinées à partir du
début de cette année courante quelles sont les
recommandations particulières relativement à la loi même,
à la Charte des droits et des libertés de la personne que la
commission a faites ou a l'intention de faire au ministre pour les amendements?
Je sais que ce matin, je pense, dans son discours, le ministre a
mentionné qu'il y aurait possiblement des amendements qui seraient
proposés. J'aimerais si c'est possible de le faire maintenant
que vous nous indiquiez au moins les secteurs d'activités qui
seraient touchés par ces amendements que la commission des droits de la
personne aurait définis à l'égard du ministre?
M. Bédard: Concernant les tendances
générales des demandes adressées à la commission en
1978, je vais vous donner une idée générale de cette
tendance, quitte à ce que le président, M. Hurtubise, aille plus
dans les détails avec des questions additionnelles que vous pourriez
avoir à lui poser. Le total des demandes qui ont été
faites auprès de la commission, est de 12 702 demandes, par rapport
à 11 000 l'an passé. En ce qui concerne la provenance des
demandes, du point de vue géographique, on peut constater que ces
demandes se situent surtout au niveau des grands centres: Montréal et
Québec, puisque Montréal représente 71% des demandes qui
sont faites devant la commission, Québec: 12%, les autres
régions: 17%.
Concernant la provenance des demandes, c'est par rapport au
requérant. Les demandes ont été formulées par des
hommes à 40%, par des femmes à 39%...
Une Voix: Et par les autres!
M. Bédard:... et des groupes et organismes et il semble
que c'est surtout... cela rejoint une clientèle féminine surtout:
21%.
La provenance des demandes du point de vue linguistique de la part de
francophones: 85% et d'anglophones: 15%.
Les catégories des chapitres de la Charte qui ont surtout fait
l'objet de demandes, peuvent se répartir comme suit: les demandes
basées en fonction de la discrimination: 55%, concernant les droits
fondamentaux: 15%, les droits judiciaires: 12%, les droits économiques
et sociaux: 3%.
M. Lalonde: Excusez-moi, la première discrimination
était combien?
M. Bédard: De 55%, droits fondamentaux: 15%, droits
judiciaires: 12%, droits économiques et sociaux: 3% et l'ensemble de la
Charte: 15%.
On demandera au président de la commission d'y aller d'autres
informations qui seraient plus particulières.
M. Lalonde: Avant que vous commenciez, Me Hurtubise, je sais que
la commission s'était imposé, ces dernières années
enfin, cela ne fait pas tellement longtemps un programme
d'information auprès de la population. J'aimerais savoir si, dans le
budget qu'on vous accorde, qui est une augmentation quand même de moins
de $100 000, il est prévu une intensification de ce programme de
sensibilisation à la population. (16 h 15)
M. Bédard: Evidemment, le fond du problème
là-dessus c'est qu'on demande l'autorisation d'ouvrir ce que l'on
appelle des permanences régionales et que nous n'avons pas cette
autorisation. En d'autres termes, nous ne sommes pas certains que le fait que
seulement 17% des demandes de toutes sortes nous proviennent en dehors des
centres de Montréal et Québec, signifie que les gens des autres
régions soient suffisamment sensibilisés et ont à leur
portée des services aussi fréquents que ceux qui s'offrent aux
gens de Montréal et de Québec.
Bien sûr, nous faisons des visites régionales,
particulièrement sur la Côte-Nord, en
Abitibi-Té-miscamingue, et Saguenay-Lac-Saint-Jean, mais pour
répondre à votre question, il y a probablement une
amélioration possible de ce côté.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, les
17% je n'étais pas ici, je m'en excuse cela
représente combien de personnes, en fait?
M. Bédard: Aux 17% de 12 702 demandes.
M. Vaillancourt (Jonquière): Qui viennent de
l'extérieur de Montréal.
M. Bédard: De Montréal et de Québec.
M. Lalonde: C'est la grande région métropolitaine
de Montréal et la grande région métropolitaine de
Québec aussi.
M. Bédard: Si vous me permettez, sur ce point, je suis
très conscient des préoccupations des membres de la Commission
des droits de la personne aux fins d'établir des bureaux
régionaux et ce, le plus rapidement possible. D'autres demandes aussi,
de la commission, me semblent aussi très justifiées; je pense,
par exemple, au fait que la commission aura à relever le défi
posé par l'entrée en vigueur de la loi assurant l'exercice des
droits des personnes handicapées. Maintenant, je dois dire que j'ai
informé le président que la Commission des droits de la personne,
comme, on sera à même de le constater, la plupart des autres
organismes, l'ensemble de l'appareil gouvernemental, suite au discours du
budget, sont astreints à certaines restrictions budgétaires; nous
allons essayer à l'intérieur de cette politique de restrictions
budgétaires, de voir jusqu'où il nous sera possible de
répondre à toutes ces demandes.
M. Lalonde: M. le Président, le point soulevé par
le président de la commission m'apparaît extrêmement
important. Je sais que les membres de la commission, le président en
particulier, dépensent des énergies, font des efforts assez
extraordinaires pour informer la population, non seulement par des programmes
de publicité, mais aussi par des apparitions personnelles, des
rencontres de groupes, un peu partout dans la province, le président
nous l'a dit. Il semble que la rentabilité de tous ces efforts,
dépend, en partie, du suivi qui pourrait être fait si vous aviez
des bureaux régionaux. D'ailleurs, je pense que d'autres organismes de
même nature pensons à la protection du consommateur, par
exemple ont quand même fait la preuve ou enfin la
démonstration à court terme, au moins de
l'importance de leur présence dans les régions. Il se pourrait
que cette demande ait dû être, enfin je crois qu'elle aurait
dû être acceptée. Je verrais beaucoup plus, mettre je
ne sais pas combien avait été demandé pour
l'établissement de bureaux régionaux pour l'année en cours
mais si on calcule l'augmentation...
M. Bédard: Nous n'avions pas précisé de
montants, c'était surtout au niveau des préoccupations, que cela
nous avait été acheminé par les membres de la
commission.
M. Lalonde: J'imagine qu'il y a eu des chiffres qui ont
été faits quelque part. Je me demande si on ne devrait pas mettre
un peu plus d'argent là-dessus et un peu moins dans la publicité.
On étudiera les augmentations du budget de publicité du
ministère, d'ici la fin...
M. Bédard: J'ai bien hâte d'arriver à
ce...
M. Lalonde: Ce sont plusieurs centaines de milliers de
dollars.
M. Bédard: Oui, j'ai bien hâte d'arriver à
ce... M. Lalonde: ... des milliers de dollars.
M. Bédard: ... chapitre-là parce que le
député de Marguerite-Bourgeoys et je comprends sa
préoccupation vis-à-vis la Commission des droits et
libertés de la personne et je la partage réalisera que
l'augmentation du budget de publicité se situe beaucoup plus au niveau
de toute l'information très objective sur des projets de loi en
particulier, des fascicules qui sont envoyés à l'ensemble des
citoyens qui sont de nature, justement, à sensibiliser les citoyens sur
l'ensemble des droits et des services qu'ils peuvent acquérir, soit de
l'application des lois ou encore de la part de certains services
gouvernementaux et qu'un très minime montant est strictement
consacré à la publicité comme telle et nous donnerons tous
les détails. Effectivement, nous avons fait des représentations
quand même le plus énergiquement possible pour augmenter ce
budget-là parce qu'au niveau du budget de publicité
d'information-communication, le ministère de la Justice, après
une étude faite par le ministère des Communications, est un des
ministères les moins bien fournis de ce côté-là.
C'est le cas depuis toujours, alors on essaie d'y amener une
amélioration.
M. Lalonde: Je comprends qu'il faut faire une certaine
publicité pour informer le monde. J'espère que votre
publicité sera informative et non pas seulement des petites
chansons...
M. Bédard: Oui, on vous donnera des exemples.
M. Lalonde: ... comme on voit dans d'autres secteurs du
gouvernement. Il m'apparaît cependant qu'avec les fonds dont on dispose,
on doit faire des choix, établir des priorités. Quant à
moi, il m'apparaît plus important d'établir la Commission des
droits et libertés de la personne dans les régions, en
commençant à un moment donné par un bureau, ensuite par
deux, il ne s'agit pas de tout faire en même temps. C'est plus important
que de la publicité, en ce sens que c'est plus permanent. Vous allez
faire un grand programme de publicité de $300 000 ou $400 000, avec tout
ce qu'il faut, messages télévisés, messages
radiodiffusés, etc., fascicules, distribution de toutes sortes de choses
et, à un moment donné, vous voyez... D'ailleurs les experts
je ne suis pas un expert mais on m'a déjà dit ça
voient une courbe. En plein milieu de la campagne on a vu cela
pour le port de la ceinture cela suite une courbe montante et en plein
milieu de la campagne tout à coup, deux mois après, il y a une
perte de clientèle. Ce qui en reste, il y a moyen de faire des sondages,
je suis sûr que vous faites des sondages là-dessus. Bon... La
présence d'un bureau, c'est constant et ça m'apparaît
être un mauvais choix pour le ministère de la Justice, d'augmenter
le budget de la publicité en oubliant la demande la Commission des
droits et libertés de la personne concernant l'implantation des bureaux
régionaux. Surtout avec le "big government" les tendances du
gouvernement actuel et de tous les gouvernements, mais surtout du gouvernement
actuel, d'intervenir dans la vie des gens. La charte des droits et
libertés de la personne prend une importance beaucoup plus grande et je
déplore que le ministre n'ait pas choisi de donner suite aux demandes de
la Commission des droits de la personne. C'est réellement
malheureux.
M. Bédard: Le député compare des choses sans
avoir étudié les deux. Il y a les demandes faites de la
Commission des droits et libertés de la personne, je lui ai dit que
j'étais très sensible à ces demandes-là et que nous
allons quand même continuer au niveau de nos interventions...
M. Lalonde: Combien coûte l'implantation pour...
M. Bédard: ... que ce soit au niveau d'un budget
supplémentaire ou autrement, pour obtenir les crédits
budgétaires à cet effet-là. Concernant l'information, la
publicité, le député sera en mesure tout à l'heure
de voir jusqu'à quel point c'est une information objective...
M. Lalonde: Ah oui! Je ne mets pas en doute...
M. Bédard:... et que c'est un minimum, on n'a même
pas de choix.
M. Lalonde: Je ne mets pas en doute à ce stade-ci le
contenu, le bien-fondé de la publicité. Il y a des chiffres
là-dedans, on va voir ce qu'il y a là-dedans, on va aller
jusqu'au bout du contenu. Je suis sûr qu'on va obtenir toutes les
informations nécessaires. Mais, dans le choix entre la publicité
qui a quand même une influence immédiate et temporaire et le choix
de l'implantation d'un bureau qui, lui, peut atteindre une population, donner
des services constamment à une population, je ferais le choix du
deuxième plutôt que du premier.
J'aimerais savoir combien coûte l'implantation d'un bureau dans la
région du Lac-Saint-Jean, pour les fins de la discussion. Est-ce qu'on
parle de $500 000 ou de $100 000? J'espère que le président
pourrait nous informer là-dessus.
Une Voix: A Jonquière?
M. Lalonde: A Jonquière. Je suis allé dans le
comté de Jonquière et ils sont bien fatigués; c'est
Chicoutimi qui a tout depuis... Je ne sais pas ce que le député
de Jonquière a à dire là-dessus, mais on s'ennuie de
Gérald.
M. Bédard: Vous véhiculez!
M. Vaillancourt (Jonquière): Voulez-vous avoir les
résultats de la campagne de financement à Jonquière dans
une journée?
M. Lalonde: Dans deux ou trois mois, oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): On ramasse dans une
journée ce que vous avez ramassé en trois mois.
Le Président (M. Jolivet): M. le
député...
M. Lalonde: Vous ne ferez croire cela à personne.
Le Président (M. Jolivet): Ce n'est pas le temps...
M. Bédard: Ne vous inquiétez pas...
M. Lalonde: Cela s'est préparé pendant deux ou
trois semaines, deux ou trois mois, et vous avez tout ramassé dans une
journée pour faire une espèce de parade.
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre!
M. Vaillancourt (Jonquière): Pas avec des dons de $1000 et
$1500, c'est une moyenne de $12.
M. Bédard: Le député de Marguerite-Bourgeoys
véhicule des ragots qu'il a entendus au niveau de l'Association
libérale du comté de Jonquière.
M. Lalonde: Les citoyens ordinaires...
M. Bédard: Je vais le rassurer je ne sais pas si
cela va le rassurer il sera à même de constater aux
prochaines élections jusqu'à quel point les électeurs du
comté de Jonquière sont de plus en plus attachés à
leur député, qui est un bon travailleur. Tel n'est pas le but
de...
M. Lalonde: Je comprends que vous soyez mal à l'aise,
c'est vous qui amenez tout à Chicoutimi.
M. Bédard: Au contraire, je suis très à
l'aise, comme le député de Jonquière l'est. Nous
travaillons conjointement à amener le plus de choses possible dans la
région.
M. Lalonde: Conjointement, tout de même, il y a le
résultat...
M. Bédard: Et solidairement, si cela peut vous
satisfaire.
M. Lalonde: Revenons à... combien cela coûte...
M. Bédard: Disons que, en gros, l'implantation d'un bureau
dans une région, si on tient compte des locaux, du personnel, cela peut
représenter à peu près $150 000 à $200 000, trois
employés. Maintenant, il ne faudrait quand même pas oublier que le
président de la commission a spécifié qu'il y avait une
présence temporaire, intermittente, si on veut, de la commission dans
les régions et qu'au niveau de l'amélioration, il y aura lieu
d'établir une structure permanente au niveau de ces mêmes
régions. Tel que je l'ai dit au député de
Marguerite-Bourgeoys et au président de la Commission des droits de la
personne, nous allons continuer nos représentations pour que,
peut-être dès la présentation d'un budget
supplémentaire, on puisse obtenir le nécessaire et
répondre à ces demandes que je trouve moi-même très
justifiées.
M. Lalonde: Nécessairement. Ce n'était pas dans le
but de reprocher au président de ne pas faire son travail; au contraire,
c'est lui qui dit: On va partout, et, tout à coup, on s'aperçoit
qu'on a seulement 17% des plaintes. Ce n'est sûrement pas seulement
à cause du fait que les gens ont moins de cas à soulever, c'est
sûrement aussi en partie à cause de cela, on ne sait pas dans
quelle proportion cela relève de l'ignorance.
M. Bédard: II y a la population et il y a sûrement
le fait qu'il n'y a pas de structure permanente.
M. Clair: M. le Président, le député de
Marguerite-Bourgeoys pose le problème en termes de choix, d'utilisation
des fonds. Est-ce qu'on doit ouvrir des bureaux régionaux ou faire de la
publicité? Je ne suis pas sûr que ce soit la bonne façon de
poser le problème, en tout cas, pour l'ensemble des fonds
destinés à la publicité. Venant moi-même d'une
région composée d'au moins trois sous-régions, et
vous-même, M. le Président vous le savez, si on devait choisir
d'ouvrir des bureaux régionaux, tous les régionaux, comme on en
est, vont être d'accord avec cela; cependant, cela ne résoudrait
pas entièrement le problème. Si on prenait tout l'argent
disponible pour de la publicité ou une partie très importante de
celle-ci pour l'envoyer dans des bureaux régionaux, je sais fort bien
que, dans la région Mauricie-Bois-Francs-Centre du Québec, le
bureau régional a d'excellentes chances de s'en aller aux
Trois-Rivières, laissant Shawinigan, Nicolet, Victoriaville et
Drummondville sans information nationale, de sorte qu'on se retrouve, par
exemple... je donne seulement un exemple, au niveau du bureau de
Communication-Québec, qui est situé à
Trois-Rivières, les statistiques donnent à peu près 80% de
la clientèle dans la région immédiate de
Trois-Rivières, rien pour Drummondville, Victoriaville, Shawinigan,
Nicolet, parce que c'est vrai que c'est un Soleil, en quelque sorte, un bureau
régional dans une région. Si le travail d'un bureau
régional n'est pas doublé d'une publicité nationale qui
rejoint tout le monde, on reproduit à l'échelle régionale
le problème que vous soulevez à l'échelle nationale.
Mon commentaire est simplement que soit qu'on est d'accord pour dire
qu'on doit aller de l'avant, éventuellement, avec des bureaux
régionaux, mais si cela devait se faire au détriment d'une
publicité nationale, entièrement, je ne pense pas que ce
serait...
M. Fontaine: ... le mot "publicité" par "information".
M. Clair: Information, si vous voulez, cela vise la même
chose.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys. (16 h 30)
M. Lalonde: Le député de Drummond n'avait
sûrement pas l'intention de changer mes propos, mais il comprendra que je
n'ai pas suggéré d'éliminer la publicité pour la
remplacer par les députés régionaux.
M. Bédard: Mais vous la posez en termes de choix.
M. Lalonde: C'est parce que le niveau d'augmentation, le
degré d'augmentation des divers postes que j'ai vus actuellement est
beaucoup plus élevé dans la publicité que dans la
rémunération. On sait que la moitié du ministère...
quel est le pourcentage du ministère qui est dans la
rémunération?
M. Bédard: Vous serez à même de
constater...
M. Lalonde: 72%. On ne peut quand même pas enlever des
personnes et dire: Excusez-moi. Ce que je dis, c'est que je prends le poste
où il y a beaucoup d'augmentation. Je dis: c'était la marge de
manoeuvre du ministère quand on lui a donné son enveloppe et on
est allé là-dessus. C'est fort possible que toute cette
publicité soit bien fondée. Il y a des choix quand même
entre prendre une décision de faire une campagne de $400 000
d'information surun cas particulier par exemple, la Loi de la protection
de la jeunesse, sans doute parfaitement justifiée entre prendre
sa décision de $400 000 et en prendre une de $200 000, c'est simplement
le choix à faire. Est-ce que tout le travail d'information que s'impose
la commission actuellement et qui ne semble pas être suivi, parce qu'il
n'y a pas de présence, pourrait être rentabilisé, en
faisant un choix un peu en divisant la pomme en deux?
M. Bédard: Non seulement, M. le Président, le
travail de la Commission des droits et libertés de la personne est
suivi, mais il est apprécié, à sa juste valeur. Quand le
député de Marguerite-Bourgeoys parle de choix entre, d'une part,
le budget de l'information-publicité et la Commission des droits de la
personne, quand on aura étudié le budget de l'information
consacré aux communications: information et publicité, il sera en
mesure de constater qu'il n'y a pas... que le choix dont il parle n'existe pas
dans le sens suivant: je suis très conscient que c'est un minimum qu'on
donne à la Commission des droits et libertés de la personne, par
rapport à son importance et le député de
Marguerite-Bourgeoys en tout cas, c'est ma conviction sera
à même de constater que c'est un minimum également qu'on
donne au budget des communications, étant donné l'importance de
l'information que nous avons à faire, concernant des lois, de nouvelles
lois. Je pense, entre autres, à la Loi de la protection de la jeunesse,
à la Loi du recours collectif, qui rejoignent des droits, en fait, de
nouveaux droits qui sont donnés à l'ensemble de la population,
aux jeunes et également dans d'autres secteurs où il faut donner
une information minimale. On sera à même de constater que dans les
deux cas, c'est un minimum et qu'autant dans le cas de la Commission des droits
de la personne que dans le cas du budget des communications, nous allons
continuer nos interventions pour que ce soit augmenté et ce, le plus
rapidement possible conscients que nous sommes des besoins qui existent
dans ces deux...
M. Lalonde: Je vais terminer mes interventions là-dessus
en constatant en réservant, naturellement l'étude qu'on va
faire des projets de publicité si c'est un minimum dans chaque
cas, le minimum est plus élevé pour la publicité que pour
la Commission des droits de la personne et je le déplore. Mais on
arrivera là-dessus.
J'aimerais revenir aux questions que j'ai posées au
président tantôt, à savoir quels sont les secteurs
d'activités où la commission prévoit faire des
recommandations pour des changements pour qu'on couvre des secteurs qui
n'auraient pas été couverts jusqu'à maintenant?
M. Bédard: Je pense que, durant l'année
écoulée, si on veut parler de lignes de force, l'une des plus
précises a été l'ensemble des recommandations, face
à toute la législation sociale. Nous avons analysé
l'ensemble des lois et des règlements qui relèvent de la
responsabilité administrative du ministère des Affaires sociales,
comme, d'ailleurs, nous invite à le faire notre Charte à
l'article 67 et nous avons formulé un certain nombre de recommandations
assez spécifiques: réduction du pouvoir discrétionnaire,
un plus grand respect de la vie privée des gens, etc. En tout cas, il y
en a quelques-unes qu'on a formulées là-dedans.
Nous avons également, dans la même veine, proposé
qu'on attache une certaine importance à la refonte de la Loi concernant
la protection et les droits des malades mentaux et nous suggérons
là-dessus que l'on reconnaisse davantage les droits de ceux-ci, en leur
donnant certaines garanties de procédures, puisqu'il nous semble
qu'actuellement, malgré la bonne volonté de tout le monde et de
tous les orgnismes impliqués, il y a possibilité de faire des
abus dans ce secteur, lesquels seraient contraires à la lettre et
à l'esprit de la charte. C'est évident.
Nous attendons là-dessus bien sûr des réactions. Le
ministère des Affaires sociales a formé un comité de
travail, en tout cas, nous a désigné un interlocuteur. Ils sont
à étudier cela. Pour nous, cela a été très
important. Il y a une recommandation toujours dans la même veine,
c'est-à-dire dans le secteur social, sur le rapport Boutin dont le nom
technique est le comité sur les avantages sociaux.
M. Lalonde: Ah oui!
M. Bédard: Nous avons, de ce côté... cela se
situe, encore une fois, dans les Affaires sociales. Par ailleurs
évidemment, il y a le travail régulier qu'on a continué
à faire, que l'on fait depuis le début nous avons
analysé les projets de loi, comme on le fait, à peu près
22 projets de loi et soumis les recommandations aux autorités diverses.
Sans vouloir tout dire, nous avons certaines préoccupations. Nous sommes
préoccupés des droits des groupes ethniques au Québec.
Nous avons collaboré là-dessus avec le ministère de
l'Immigration, lorsqu'on a parlé suite à l'entente avec le
gouvernement fédéral de critères de
sélection qui se devaient de respecter les exigences de la charte et de
tenter d'établir un contact plus poussé avec les
différents groupes ethniques.
Grosso modo, sur réserve de plusieurs autres choses, il y a
évidemment les enquêtes qui portent et c'est
peut-être le dernier point que je voudrais mentionner très
souvent sur la discrimination dans l'emploi et particulièrement à
l'endroit des femmes et tout le suivi du principe qui n'est pas facile à
implanter, à savoir que pour un travail équivalent, tout le monde
doit recevoir un salaire égal, ce qui impose des rencontres multiples
aussi bien avec les employeurs qu'avec les syndicats et les employés
concernés.
Je pense aussi qu'à l'acquis de la Commission des droits de la
personne, on doit mentionner pas moins de 345 rencontres ou ateliers qui ont eu
lieu avec divers groupes auxquels s'ajoutent des consultations auprès de
640 autres groupes, ce qui montre l'activité, le désir
d'activité et de présence de la Commission des droits de la
personne, tel que l'a explicité M. le Président. Nous avons des
recommandations, concernant les avantages sociaux, suite au rapport Boutin. Il
y a également un point sur lequel nous allons nous pencher au cours de
l'année, et essayer de le régler: c'est la demande de la
Commission des droits et libertés de la personne de pouvoir ester en
justice et également, un programme de redressement progressif des
autochtones. Il y a aussi la demande qui est faite par la Commission des droits
et libertés de la personne qui est sous étude, d'introduire
l'âge comme motif d'interdits de discrimination avec certaines
exceptions, cependant. Enfin, il y a la demande de la Commission des droits et
libertés de la personne d'obtenir des pouvoirs élargis au niveau
des enquêtes qui pourraient porter, dans certains cas, sur des sujets
autres que la discrimination spécifiquement.
M. Lalonde: Je vais laisser la parole au député
pour l'instant à ce sujet.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, sur
le même sujet. M. le Président vient de parler de travail
égal, salaire égal. Je ne veux pas en faire un cas particulier,
mais hier, j'ai eu un appel téléphonique au bureau, justement,
d'une dame oui travaillait dans une entreprise où elle a une fonction
identique, des droits de grève identi- ques, et une ancienneté
identique à ceux d'un homme et qui se plaignait de recevoir un certain
nombre de dollars de moins par semaine. Ce que je voudrais savoir c'est: Est-ce
que cela peut s'appliquer à plusieurs dames? Que peut faire la
Commission des droits de la personne si une de ces dames décidait de
soumettre son cas à votre attention.
M. Bédard: Nous recevons la plainte et, si elle est
fondée, après enquête, nous tentons la médiation, et
si elle ne réussit pas, nous allons devant le tribunal. Je dois dire
que, jusqu'à maintenant, nous avons obtenu, surtout pour plusieurs
groupes de femmes dans différentes industries, des compensations qui,
parfois, dépassaient pour un groupe, pas pour un individu, je
prends l'exemple de Cadbury quelque chose comme $117 000 pour un groupe
de femmes. Il y a des remèdes prévus dans la charte.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Justement là-dessus, est-ce que vous pourriez
nous dire, sur le nombre de plaintes que vous recevez, combien sont
fondées et combien ne le sont pas? Egalement, lorsque la plainte est
fondée, vous dites que vous procédez, premièrement,
à une médiation. Combien de cas sont réglés suite
à la médiation? Dans combien de cas devez-vous faire des
poursuites pour obtenir le respect de la loi?
M. Bédard: Le président nous a fourni des
détails très spécifiques là-dessus. Je vais le
laisser répondre.
Evidemment, vous vous référez simplement aux
enquêtes, donc à un des éléments ou à une des
responsabilités de la commission. Cette année, nous avons
reçu 857 plaintes formelles. De toute façon, en cours
d'année, nous avons fermé 812 dossiers. Là-dessus, il y a
un certain nombre de plaintes qui n'étaient pas fondées, nous en
avons 289... si vous voulez des chiffres précis, je ne sais pas si c'est
ce que vous voulez...
M. Fontaine: Oui.
M. Bédard: 289 plaintes non fondées, 35 cas
d'absence de juridiction, cela veut dire, par exemple, que c'est un autre
organisme du Québec ou la Commission fédérale des droits
de la personne et 134 désistements: ce sont des gens qui ont
porté plainte et qui, après, ont laissé tomber.
Très souvent, cela arrive dans le cas du logement; si les gens se
trouvent un logement rapidement, ils retirent leur plainte. Il faut quand
même faire le travail jusqu'au moment où ils se
désistent.
Par ailleurs, sur 354 cas de plaintes fondées, nous avons
réussi 325 règlements par voie de médiation. Donc, cela
donne au-delà de 80%. A la deuxième étape, lorsqu'on
échoue dans la médiation, la loi nous impose de formuler des
recommandations formelles assorties d'un délai, évidemment...
M. Fontaine: Une espèce de mise en demeure.
M. Bédard: C'est cela. On va dire:
Réintégrez tel employé dans vos cadres d'ici un mois, cela
dépend des cas. Dans ces cas, il y a sept cas où il y a eu un
règlement après les recommandations. Par ailleurs, nous avons
entamé des procédures judiciaires dans 22 cas.
M. Vaillancourt (Jonquière): Quel a été le
résultat des procédures judiciaires dans les 22 cas?
M. Bédard: Vous savez que, en général, cela
prend quelque temps avant d'avoir les réponses. Nous attendons. On a
commencé à recevoir certains résultats, les uns heureux;
rarement, à ce jour, des cas moins heureux. Cela prend toujours un
certain nombre de mois, si on s'en tient simplement à la Cour
supérieure. Evidemment, lorsqu'on va plus loin, cela ajoute au
délai.
M. Fontaine: Ces poursuites se font devant les tribunaux de droit
civil.
M. Bédard: Commun.
M. Fontaine: II n'y a pas de poursuites pénales?
M. Bédard: Les poursuites pénales sont dans un
autre article. A ce moment-là, ce qu'on nous demande en vertu de la
charte, c'est de porter ces cas à l'attention du Procureur
général qui, lui, va prendre les poursuites appropriées.
Je dois avouer qu'on ne l'a pas fait très souvent parce que toute la
philosophie de la charte est surtout axée sur l'idée
d'éducation. Tant qu'il y a espoir qu'on va aboutir à une
médiation, évidemment, on ne demande pas de procéder aux
poursuites pénales. C'est arrivé quelquefois.
M. Fontaine: Combien de personnes sont affectées aux
règlements de cas 354 cas fondés? (16 h 45)
M. Bédard: A Montréal, y compris le personnel de
soutien, il y a à peu près dix personnes engagées pour le
soutien et, à Québec, il doit y avoir à peu près
trois ou quatre personnes, cela, je dis bien: directeurs de services,
professionnels et personnel de soutien.
M. Fontaine: Maintenant, au cours de l'année, entre
autres, je vais vous soumettre un cas particulier. On a vu que la commission
avait fait des recommandations concernant l'affaire Charest. Pouvez-vous nous
dire en vertu de quoi, la commission a été saisie de ce cas?
Est-ce une plainte qu'on a faite ou si c'est tout simplement la commission qui
a décidé de prendre ce cas en main?
M. Bédard: Non, dans ce cas précis, il y a des
citoyens, si on peut employer l'expression, qui sont venus nous rencontrer
à notre bureau de Québec, parce que, dans ce cas que vous soule-
vez, c'est évident que cela a été débattu beaucoup
plus dans la région de Québec, comme la chose est normale. Alors
à partir de préoccupations dont on nous a fait part, la
commission, forcément, a étudié le tout en se basant,
d'ailleurs, sur un certain nombre d'articles de la charte, ne serait-ce que
l'article 1, qui garantit l'intégrité physique des gens. Nous
avons donc formulé, à l'intention du ministre, un certain nombre
de questions qu'on a rendues, d'ailleurs, publiques.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Bédard: Comme vous le savez, ces questions ont
été rendues publiques et également, les réponses et
je crois que la commission, ayant reçu ces réponses, a fait
l'analyse appropriée.
M. Fontaine: La commission posait des jugements assez
sévères sur le cas en question.
M. Bédard: C'est-à-dire qu'elle posait des
questions et nous avons cru bon d'y répondre, même si plusieurs de
ces questions ne concernent pas spécifiquement la juridiction de la
Commission des droits de la personne. C'est avec grand plaisir que nous avons
acheminé des réponses qui sont, à l'heure actuelle,
étudiées, j'imagine, par les membres de la commission.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Est-ce que la commission prévoit
répondre aux réponses du ministre, dans le cas Charest, que
j'avais l'intention de soulever à un autre élément,
à un autre programme?
M. Bédard: La commission a reçu des réponses
à ces questions et, effectivement, étudie les réponses et
va, à son tour, je le présume, à nouveau, après
délibérations, réécrire au ministre pour faire
savoir dans quelle mesure elle trouve les réponses entièrement
satisfaisantes ou non.
M. Lalonde: J'aurais une autre question. Puisque c'est entre vos
mains, je pense que cela peut se terminer là, ou enfin, peut suspendre
la participation ou l'examen de la participation de la commission, à ce
cas en particulier. Je vois l'augmentation de vos crédits de $1 639 000
à $1 734 000. Est-ce surtout dans les traitements, comme résultat
des conventions collectives ou avez-vous de nouveaux postes?
M. Bédard: Nous n'avons aucun nouveau poste.
M. Lalonde: Aucun nouveau poste. Maintenant, je ne sais pas si
quelqu'un pourrait répondre à cela. Je vois qu'au poste de
traitement, il n'y a rien, c'est à "autres rémunérations"
que vous êtes...
M. Bédard: Oui, c'est une façon de
présenter...
M. Lalonde: Et vous n'avez aucun employé permanent, ce
sont tous des employés à temps partiel, d'après la...
Est-ce strictement un jargon administratif ou, enfin, si vous avez des
employés permanents qui sont payés?
M. Bédard: Les soixante, ce sont des employés
permanents.
M. Lalonde: Comment se fait-il qu'on les traite de cette
façon-là? Peut-être tout simplement pour nous
éclairer, ici, c'est assez étrange, c'est assez
inusité.
M. Bédard: II faut peut-être préciser que les
employés de la commission ne font pas partie de la Fonction publique
et...
M. Lalonde: Ah! c'est pour cela.
M. Bédard: Je présume, votre réponse, ce
sont des personnes employées par la commission.
M. Lalonde: Alors, cela va. M. Bédard: Cela va?
M. Lalonde: Je voudrais terminer en remerciant le
président de la Commission des droits et libertés de la personne
de ses réponses et lui témoigner encore une fois, comme on le
fait tous les ans, l'importance que nous accordons je suis sûr que
je parle au moins pour le Parti libéral qui est représenté
ici à la commission parlementaire au travail de la commission,
à sa présence dans le paysage socio-politique du Québec
à ce moment. Je lui transmets tous les encouragements et l'assure de
l'attention tout à fait particulière de l'Opposition officielle
dans le travail que la commission fait.
M. Fontaine: Une question additionnelle ne concernant pas
nécessairement le cas de l'affaire Charest, mais portant sur le dossier
général des brutalités policières. Est-ce que la
commission a l'intention de se pencher sur d'autres cas que celui
spécifique du dossier Charest et est-ce qu'elle a l'intention de faire
des recommandations au ministre de la Justice sur cette question de
brutalité policière?
M. Bédard: Vous savez très bien que la charte
comprend une partie qui reconnaît aux gens ce qu'on appelle des droits
judiciaires. Cependant, la charte telle que formulée, dans l'état
actuel, ne donne pas à la commission pouvoir d'enquête dans ces
cas, ce qui fait qu'on est passablement démuni. Bien sûr, nous
avons certaines entrées dans un centre de détention ou des choses
du genre, où on nous ouvre les portes, mais nous n'avons pas l'outil qui
permettrait de nous assurer du respect des droits qui sont par ailleurs
garantis par la charte. C'est évident que c'est une lacune à
notre point de vue. Nous voulons, cependant, dans l'année qui vient,
d'abord, ouvrirun dossier nous l'avons déjà ouvert sur les
droits judiciaires analyser, à la lumière des valeurs
comprises dans la charte, toutes les lois qui relèvent du
ministère de la Justice et ensuite un certain nombre d'autres
problèmes pertinents aux droits judiciaires.
Alors, le dossier est avancé en ce qui concerne l'analyse des
lois, mais sur l'autre partie, il est à préciser; c'est pour cela
que je ne peux pas vous en dire plus, à ce moment-ci.
M. Fontaine: Si je comprends bien, actuellement, vous n'avez pas
de pouvoirs d'enquête, mais vous agissez sur des cas spécifiques
en fonction de plaintes qui vous sont formulées.
M. Bédard: Parce que nous sommes, en vertu de la loi... la
commission est le promoteur des droits et libertés de la personne. Sur
certaines parties de la charte, comme la discrimination ou l'exploitation, on a
des pouvoirs d'enquête, en vertu de la Loi des commissions
d'enquête. Cela nous facilite drôlement la tâche. Lorsqu'on
ne les a pas, on est davantage obligé de faire appel à la bonne
volonté des gens. Il faut dire qu'il y a d'autres organismes aussi dans
le même domaine et que, là, il s'agit de ne pas faire le travail
que le législateur confie à d'autres organismes...
M. Fontaine: Et qui...
M. Bédard: Comme je pense, si vous me permettez
d'être précis, la Commission de police a, en vertu de sa loi
constituante, ce mandat d'enquêter sur la brutalité
policière.
M. Fontaine: Mais, par exemple, dans des cas comme cela, qui peut
vous faire des plaintes? Est-ce qu'il faut que ce soit la personne qui a subi
des brutalités ou...
M. Bédard: Pas nécessairement, surtout qu'il ne
s'agit pas de plaintes formelles. Quand il s'agit de plaintes formelles, la loi
dit: celui qui a subi préjudice ou un organisme de promotion des droits
de la personne. Par exemple, on reçoit des plaintes quelquefois de
syndicats, cela peut être la Ligue des droits et libertés, cela
peut être le Conseil du statut de la femme, une série d'organismes
qui portent un cas à notre attention on est assez ouvert
là-dessus et évidemment on l'étudie et on essaie de
voir clair là-dedans.
M. Fontaine: Dans le cas spécifique de l'affaire Charest,
est-ce que c'est confidentiel, peut-on savoir qui a fait la plainte?
M. Bédard: Si j'avais l'information, je vous la donnerais.
Il y a plusieurs personnes qui ont porté cela à notre attention.
Il n'y a pas seulement une personne qui nous en a parlé. Il y a des
individus. Je ne veux pas risquer des noms, parce que je ne
suis pas certain. Je me demande si Mgr Lavoie n'est pas de
ceux-là; enfin, c'est vraisemblable... Il y a aussi au moins un
journaliste de la région de Québec qui nous a parlé de
ça et il y a des gens qui étaient près de la famille
impliquée qui nous ont fait part de leurs préoccupations. Donc,
plusieurs individus nous ont saisi de ce cas-là.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Une dernière question,
M. le Président, parce que le député de Nicolet-Yamaska
vient d'ouvrir une autre porte. On sait que le Barreau du Québec et la
Commission des services juridiques dans le domaine du droit criminel
même si personne n'est sensé ignorer la loi, plusieurs l'ignorent,
en fait font de l'information pour avertir les prévenus qu'ils ne
sont pas obligés de faire des déclarations aux policiers. On sait
aussi qu'en vertu de notre jurisprudence et de nos lois les policiers ne sont
pas obligés de faire la mise en garde, même si la mise en garde
devant une preuve de voir-dire devant le tribunal est préférable.
C'est préférable de l'avoir. Je voulais savoir excusez mon
ignorance si votre charte, votre loi constituante, vous donne la
possibilité de faire de l'information préventive quant aux droits
qu'ont les prévenus arrêtés de ne pas être
obligés de parler aux policiers, etc?
M. Bédard: Oui, je pense que dans la mesure où
c'est un droit que l'on peut retrouver au moins quant à son esprit dans
la charte, il n'y a rien qui nous empêche de faire ça. C'est
évident qu'il y a encore là d'autres organismes, que vous avez
mentionnés, qui sont plus près des accusés ou des
prévenus qui ont à se défendre très
concrètement. On ne prend pas fait et cause de quelqu'un contre lequel
pèse une accusation criminelle pour aller le défendre en
cour.
M. le Président de la commission a mentionné tout à
l'heure d'une façon restrictive le nom de certaines personnes qui
auraient pu acheminer des demandes d'opinions auprès de la Commission
des droits de la personne concernant l'affaire Charest. Il a mentionné
entre autres le nom de Mgr Lavoie. Vous savez cela a été
très explicité dans les journaux qu'une plainte avait
été portée par Mgr Lavoie auprès de la commission
prétendant qu'il y avait eu discrimination dans le fait que ses services
avaient cessé d'être retenus. C'est probablement l'occasion pour
vous informer que cette plainte-là a été entendue par la
Commission des droits de la personne et a été rejetée. Je
voudrais profiter de l'occasion pour déposer devant les membres de la
commission la lettre qui a été adressée par le
sous-ministre de la Justice à Mgr Lavoie faisant état de tout le
cheminement administratif de cette décision-là et une copie du
jugement qui a été rendu par la Commission des droits de la
personne.
Le Président (M. Jolivet): Nous en ferons des photocopies
que nous vous distribuerons. Y a-t-il d'autres questions sur le programme 2?
Donc, les éléments 1 et 2 du programme 2 sont adoptés?
M. Fontaine: Non.
Le Président (M. Jolivet): Non? L'élément
2?
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. Donc,
l'élément 1, adopté.
M. Lalonde: L'élément 2 mérite une attention
tout à fait particulière.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
de...
M. Bédard: M. le Président, avant le départ
de M. le Président de la Commission des droits de la personne, à
l'instar de mon collègue de Marguerite-Bourgeoys, j'ai
déjà eu l'occasion de lui exprimer la considération du
ministère de la Justice pour l'excellent travail que les membres de la
commission font avec les ressources qu'ils ont à leur disposition. Je
réitère cette appréciation.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, sur l'élément 2.
Comité de la protection de la jeunesse
M. Lalonde: Je ne sais pas si le ministre a l'intention de faire
une... C'est déjà fait? Naturellement, M. le Président,
l'étude de l'élément 2 des crédits, le
Comité de la protection de la jeunesse, arrive à un moment
où ce comité est en plein travail d'implantation d'une nouvelle
loi. (17 heures)
Nous sommes très intéressés, quant à moi, de
l'Opposition officielle, à avoir des précisions sur les
différents problèmes rencontrés sur les cheminements, les
échéanciers qu'ils se sont imposés. Vous savez, nous avons
voté avec beaucoup d'enthousiasme en faveur de cette loi et nous voulons
profiter de cette occasion pour que le ministre ou Me Tellier nous donne un
certain nombre d'informations.
M. Bédard: M. le Président, ce matin, j'ai eu
l'occasion d'expliciter l'importance que le ministère de la Justice
accordait à cette loi nécessaire pour la protection de la
jeunesse. J'ai mentionné que durant un an, des fonctionnaires du
ministère de la Justice, solidairement avec les membres du Comité
de la protection de la jeunesse et, également, d'autres intervenants du
ministère des Affaires sociales, nous avions consacré beaucoup
d'efforts à la mission d'implantation afin de sensibiliser le plus
d'intervenants possible à la nouvelle mentalité qui était
à la base de cette grande législation je pense qu'on peut
le dire. J'ai également mentionné, d'une façon
générale, certaines difficultés que nous avions au niveau
de l'application. Je puis dire que depuis la mise en
application, comme avant la mise en application de cette loi,
régulièrement, des échanges ont lieu entre des
fonctionnaires de mon ministère, des membres de mon cabinet avec le
Comité de la protection de la jeunesse afin de faire le bilan
régulièrement, quand je dis régulièrement, c'est
presque à toutes les semaines, le bilan de la mise en application de
cette loi, des difficultés qu'on peut y rencontrer. Il y a même eu
un rapport rédigé par M. Claude Desmarais qui concernait
l'ensemble des difficultés qu'on pouvait rencontrer et qui nous
permettent, effectivement, de mieux les identifier et de pouvoir apporter
certains correctifs le plus rapidement possible.
Je laisserais le président du Comité de la protection de
la jeunesse, si les membres de la commission n'y ont pas d'objection, y aller
un peu plus en profondeur sur les difficultés précises qui sont
rencontrées au niveau de l'application et, en même temps, les
éléments très encourageants qui résultent de
l'application de cette loi jusqu'à maintenant.
M. Lalonde: M. le Président, le ministre a passé le
message. Cela va être publicisé, vous avez une tribune qui ne
coûtera rien au ministère de la Justice. On pourra peut-être
être plus satisfaits des crédits qui vous sont alloués au
niveau de la publicité, en tenant compte, justement, de cette
tribune.
M. Bédard: On pourrait peut-être commencer par les
difficultés. En commençant par les difficultés, cela
permet de terminer par les aspects positifs qui sont au moins aussi
considérables que les difficultés. Les difficultés sont
parfois plus évidentes parce que c'est quand ça accroche qu'on
s'en aperçoit et quand cela va bien, évidemment, dans l'harmonie
on ne s'en aperçoit pas. Il y a les difficultés qui sont
inhérentes, probablement, au rodage de toute loi,
particulièrement en ce qui concerne celle-ci. Il y a eu un bon battage
d'information ou de publicité pendant la préparation, pendant la
commission parlementaire, etc. Je pense que tout le monde a été
bien sensibilisé aux problèmes de la jeunesse, ce qui fait que
dès la mise en vigueur de la loi, il y a eu un déluge de
signalements, c'est-à-dire de cas qui ont été
portés à l'attention du directeur de la protection de la jeunesse
dans chacune des régions, tous les problèmes qui concernent la
protection et aussi ceux qui concernent la délinquance.
Evidemment, cela comprend un éventail de problèmes
auxquels les services sociaux n'étaient pas nécessairement
habitués. Individuellement, il avait à traiter de ces choses,
mais recevoir autant de signalements, évidemment, cela représente
dans un évantail aussi étendu une charge lourde.
Ajoutons à cela le fait que ce ne sont pas des gens qui leur demandaient
des services comme on le faisait autrefois on s'adressait pour demander
des services alors que là, c'étaient des tiers bien
souvent, qui signalaient, des gens qui avaient besoin de services, mais qui
souvent ne les demandaient pas. Donc, il s'agissait d'inter- venir en contexte
d'autorité, en faisant du "reaching out", d'où un problème
d'ajustement inévitable, je pense, à cause du tri qu'il y a
à faire évidemment entre tous les signalements qui viennent d'une
population qui est peut-être hypersen-sibilisée à certains
problèmes, le tri qu'il y a à faire entre ce qui est farfelu et
les véritables signalements.
C'est un des éléments de difficultés qui s'est
rencontré, donc l'espèce de surcharge que cela comporte, avec les
délais, avec la nécessité pour les directeurs de
protection de la jeunesse d'établir des priorités d'une
manière générale, de petites tournées qu'on a
faites dans le Québec qui nous permettent de voir que c'est à peu
près ces priorités-ci, d'abord les enfants maltraités qui
leur apparaissent requérir d'abord, en premier lieu, leur intervention
et ensuite, les cas de délinquance au même point peut-être,
de déliquance grave.
Viennent ensuite, les cas de protection qui ne requièrent pas la
même urgence que les enfants maltraités et ensuite la
délinquence mineure. Il y a évidemment, selon les régions,
peut-être lieu de préciser la distinction entre majeur et mineur,
mais enfin, d'une manière générale, le vol à
l'étalage ou les infractions d'ordre statutaire; être pris dans un
débit de boisson, etc., etc.
Donc, une des premières constatations est cette surcharge avec
les délais inévitables, etc. Il y a beaucoup de cela qui se
résorbe actuellement, selon les régions, évidemment. Il y
a déjà des régions où cela s'est
résorbé en grande partie.
Un deuxième type de difficultés provient cela aussi
doit être inévitable dans le rodage d'une loi de
l'interprétation de certains articles qui sont moins clairs et qui
peuvent représenter certaines difficultés d'application. Il y a
certains articles qui sont... ce n'est pas nécessaire de prendre en
exemple les autres, mais quatre ou cinq articles, entre autres, qui font
l'objet de plus grandes difficultés et qui ont amené des retards
aussi, des difficultés d'ajustement. J'ai l'impression qu'il y a
déjà des choses qui sont en train de se clarifier du fait qu'il y
a des interprétations qui ont été données par les
tribunaux eux-mêmes, il y a des situations qui sont devant des tribunaux
d'appel, etc., des choses qui se précisent.
Il y a aussi une certaine difficulté, probablement, qui provient
du fait que la loi a fait appel beaucoup à des ressources qui ne sont
pas des ressources institutionnelles et qui ne sont pas des ressources
professionnelles uniquement. La loi fait appel non seulement dans l'orientation
des situations, mais aussi dans la prise en charge des situations, dans la
solution de certains problèmes. La loi fait appel aux ressources de la
communauté. Cela n'explique pas les ressources institutionnelles
traditionnelles ni le recours aux professionnels, mais cela fait appel aussi
à des ressources de type très immédiat, les ressources du
quartier, etc.
Il y a, évidemment... et c'est un des mandats du comité
d'avoir à susciter ces ressources, de les faire s'organiser. Elles sont
là, présentes, il y en a qui sont déjà actives.
Mais il a aussi à aider les professionnels à s'habituer à
travailler avec des
ressources complémentaires qui ne sont pas uniquement des
ressources professionnelles ou des ressources des institutions. Cela aussi fait
partie du rodage inévitable, et là, c'est plus qu'un
problème d'ajustement et de mécanique. C'est vraiment un
problème de conversion ou de changement de mentalité et cela va
demander un certain temps pour qu'on arrive à trouver des ressources
équivalentes, des ressources complémentaires qui ne sont pas des
ressources traditionnelles. C'est le développement, en somme, d'une
certaine créativité et de l'esprit à cela.
Une autre difficulté qui est peut-être une des
difficultés qui peut inquiéter un comité à certains
moments notre comité a été assez
inquiété; on l'a même dit publiquement dans certaines
régions c'est dans tout ce qui concerne la délinquance, la
délinquance plus grave, c'est le fait qu'on peut se demander si les
situations de délinquance sont suffisamment encadrées, de par
l'encadrement judiciaire, notamment.
On a l'impression actuellement qu'on assiste à cette
espèce de mouvement de balancier qui fait qu'on est peut-être
à l'opposé de ce qu'on a connu sous l'ancienne loi où
n'importe qui, presque, se retrouvait devant le juge en vertu du fameux article
15. La fille qui ne voulait pas entrer à 11 heures le soir pouvait se
retrouver devant le juge pour négocier ça avec ses parents, le
juge servant d'arbitre. La tendance à judiciariser qu'on a connue a peut
être amené la réaction contraire, soit une tendance
à déjudiciariser. Peut-être qu'il y aurait lieu de
préciser; on a l'impression qu'il y a des flottements dans la notion
même de déjudicia-risation. Il y a probablement de
l'éducation à faire à l'intérieur même des
réseaux, notamment en ce qui concerne tous les intervenants. Il y a
à préciser la notion de déjudiciarisation.
Donc, il y a peut-être actuellement un certain flottement. De plus
en plus, par exemple, on a l'impression que des critères se
précisent. Des grilles sont proposées à la lumière
desquelles on va peut-être déjudiciariser avec plus de
sécurité ou trouver les solutions de rechange, etc., ou ne pas
déjudiciariser dans certains cas parce que la déjudiciarisation
ce n'est pas ne jamais recourir au judiciaire, c'est y recourir quand il le
faut. Cela fait partie des flottements ou des difficultés et des
inquiétudes aussi qu'il y a.
Par ailleurs, le comité a commencé une tournée des
différentes régions du Québec. Nous devons être
demain à Amos. Nous avons déjà fait un bon nombre de
régions, notamment les régions assez éloignées. Il
y a un tout autre son de cloche qui nous parvient des gens de la base. On
rencontre à cette occasion-là les principaux intervenants, les
gens entourant le DPJ, les représentants, les personnes
désignées par le ministre, les gens des corps de police, etc. Il
y a une rencontre d'jne bonne demi-journée avec eux, qui est
pro-loigée après cela avec les principaux intervenants. Ce que
l'on note, c'est le grand intérêt des gens qui étaient
autrefois loin de ces problèmes-là, notamment les personnes
désignées par le ministre qui ont à décider,
conjointement avec les directeurs de la protection de la jeunesse, de
l'orientation. Une grande sensibilité et un grand intérêt
pour les problèmes. Ils vont passer l'après-midi à venir
discuter. Chez les policiers aussi. Bien sûr, il y a les policiers qui
ont l'impression, parce que leur enquête n'a pas abouti à une mise
en accusation, qu'ils ont perdu leur temps, mais d'autres, par ailleurs, sont
préoccupés par toutes les mesures possibles qui peuvent
être présentées, etc.
Donc, une constatation positive, c'est le grand intérêt,
l'espèce d'éveil qui se fait chez des mouvements ou des
organismes, je pense aux "big brothers" et à tous ces
organismes-là qui ont l'impression d'être appuyés par le
législateur et d'être encouragés dans ce qu'ils faisaient
déjà, et de pouvoir se développer.
Je pense que c'est la constatation majeure mais qui, me semble-t-il, est
très positive et qui augure bien de l'avenir.
Il semble aussi que les difficultés dont je parlais ne sont pas
générales. Il y a des régions où ça se
résorbe beaucoup plus facilement que d'autres, notamment les
régions moins populeuses où c'est moins... Je ne sais pas si
ça fait un peu le tour d'horizon. C'est global, mais c'est...
Il y a deux points qui me semblent très importants, qui ont
été soulignés par le président du Comité de
la protection de la jeunesse, c'est l'objectif d'atteindre le plus rapidement
possible un juste milieu, lorsqu'on parle de déjudiciarisation. Je pense
qu'il était normal, étant donné que la première
tendance était vers la judiciarisation, qu'on ait assisté
à une autre tendance poussée à son extrême limite,
soit la déjudiciarisation. A un moment donné, un équilibre
doit se faire et je pense que c'est l'application de la loi qui permettra de
ramener toutes les choses à une juste proportion.
Dans ce sens-là, nous, du ministère de la Justice, avons
pensé intensifier des cours de formation à l'intention des
personnes désignées par le ministre de la Justice. Je sais que le
ministre des Affaires sociales a aussi cette préoccupation concernant
l'ensemble des intervenants dans le réseau dont il a la
responsabilité. (15 h 15)
C'est à partir justement de cette sensibilisation, de ces cours
de formation, qu'on en arrivera, comme il l'a été
mentionné tout à l'heure, à l'établissement d'une
certaine grille, de certaines balises qui permettront d'en arriver à un
juste équilibre entre la judiciarisation et la
déjudiciarisation.
Concernant l'autre problème, qui est de taille, moins important
dans certaines régions par rapport à d'autres, à savoir
l'engorgement, étant donné l'augmentation considérable des
signalements, je pense qu'il faudra, peut-être, envisager que pour des
"offenses" bénignes, on ne mette pas en branle tout le processus. Ce qui
arrive présentement, c'est que pour des offenses très
bénignes, je pense par exemple à des...
M. Lalonde: Peut-être casser la vitre chez le voisin?
M. Bédard: Moins que cela, peut-être une offense au
Code de la route, etc.
M. Lalonde: Cela vous rejoint. M. Bédard: C'est
cela, des...
M. Lalonde: Vous êtes devenu le père de tout le
monde.
M. Bédard: Disons des offenses bénignes où,
dans un premier coup d'oeil, on peut se rendre compte qu'on n'est pas devant un
cas de protection, un cas de signalement qui mérite ou qui exige que
tout le processus soit mis en branle. Alors, il y a un certain triage qui va se
faire sur ce plan-là, qui, à mon sens, va contribuer aussi
à diminuer l'engorgement, qui va permettre de donner plus d'attention
aux cas qui sont plus importants.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je vais simplement, en remerciant le président
du comité de ses renseignements, poser une question qui est double,
c'est-à-dire que je l'accroche à une considération que le
ministre a apportée, à savoir qu'il y aurait des cours de
formation pour les personnes désignées par le ministre. Est-ce
qu'on pourrait avoir une idée de la date à laquelle vont
commencer ces cours et cela s'accroche nécessairement parce que,
pour donner des cours, il faut savoir quoi dire à la
précision des critères dont vous avez fait état, M. le
Président, est-ce que ces critères sont assez précis pour
que vous puissiez en donner ici, à la commission?
M. Bédard: Pour répondre directement à votre
question, je dirais que cette sensibilisation des personnes
désignées par le ministre de la Justice va s'inscrire dans la
préoccupation que le comité de la protection de la jeunesse qui,
comme l'a dit tout à l'heure le président, va faire une
tournée de l'ensemble du territoire du Québec et va rencontrer
effectivement l'ensemble des intervenants, concernant cette loi.
En fait, il y a déjà, dans la tournée que nous
faisons, nous essayons de rappeler notre mandat et aussi de faire l'inventaire
des problèmes, et un des problèmes, a été
celui-là. Mais déjà depuis le début de la mise en
vigueur de la loi, nous avons été demandés... il y avait
une mission d'implantation qui avait été créée,
constituée des différents organismes, en vue de l'implantation de
la loi, et le comité a été demandé pour
présider un petit sous-comité tripartite composé des
délégués des directeurs de la protection de la jeunesse et
des personnes désignées. Et c'est avec eux que nous avons mis en
marche les éléments d'un cours qui porterait justement sur les
critères, et la Société de criminologie, aussi, doit
collaborer à une série de rencontres, afin de sensibiliser aux
problèmes de la délinquance, etc.
Pour ce qui est des critères, je ne pourrais pas vous les donner
comme cela, mais en gros, je pourrais vous donner certaines grandes
coordonnées balises. Au fond, on s'en remet un petit peu à des
travaux qui ont été faits par la Commission de réforme du
droit du Canada; d'ailleurs, il y a eu des publications là-dessus. Il
s'agit de distinguer, par exemple, entre une infraction et un acte criminel,
entre les délits contre les biens et les atteintes à la personne,
quand il y a violence ou non violence, à l'intérieur de la
famille ou à l'extérieur de la famille. Autrement dit, ce n'est
pas la gravité qui est nécessairement le critère de
judiciarisation; c'est un ensemble de circonstances qui font que la prise en
charge ne se fera pas de la même manière. Par exemple, la violence
à l'intérieur de la famille peut être traitée bien
différemment et peut justifier une déjudiciarisation plus que la
violence grave à l'extérieur de la famille. Ce n'est pas le
même type de problème; on le voit très bien. Ce n'est donc
pas le même traitement.
Par exemple, si on se réfère à l'ancien mandat du
comité qui concernait les enfants maltraités, nous avons toujours
évité qu'une accusation soit portée contre les parents qui
abusaient physiquement de leurs enfants, même si cela nous apparaissait
vraiment terrible, effrayant, parce que c'est un type de problématique
qui ne se traite pas de la même manière. L'encadrement judiciaire
est probablement moins justifié que dans un cas de violence qui n'est
pas à l'intérieur de la famille; c'est une toute autre
problématique, il y a toutes sortes d'autres problèmes.
La grille que nous avons faite tient compte de ces différents
éléments, à savoir l'atteinte au bien, ou à la
personne, violence ou non-violence à l'intérieur de la famille,
du cercle familial ou à l'extérieur du cercle familial etc. Je
pense qu'il y a une possibilité, en tenant compte de ces
différents éléments, d'en arriver à des choses
très concrètes, pour convenir que dans une situation
donnée, quand il y a tel élément, il nous apparaît
normal, à moins d'exceptions, de judicialiser. Même si les gens
acceptent, parce qu'ils ont aussi à interpréter la loi qui,
souvent... Même les intervenants ont retenu l'élément de
déjudicialisation et la priorité, l'antériorité des
mesures volontaires, sur les mesures imposées, mais il y a toujours
l'intention du législateur qui est bien d'imposer des mesures, de
contraindre à certaines mesures, même si les personnes seraient
prêtes à accepter des mesures volontaires lorsqu'il est plus
opportun, étant donné le type de problème, d'encadrer
judiciairement la situation. C'est cette grille qui tient compte de ces
différents éléments qu'on a développée et
dont on fait part aux personnes définies.
M. Lalonde: Ces préoccupations s'appliquent... si je
comprends bien les quatre catégor es de cas que vous nous avez
décrits: enfant maltraité, protection, délinquance grave,
délinquance mineure, ce problème s'applique surtout aux cas de
délinquance grave ou mineure. Est-ce que vous avez consulté ou
tenté de rejoindre une clientèle
de comités de parents dans les écoles? Je ne sais pas si
vous avez eu l'occasion...
M. Bédard: Dans la tournée que nous faisons, les
invitations que nous adressons, nous les adressons à des intervenants en
première ligne, des gens des CSS, des gens des CLSC, etc., et des gens
des milieux scolaires et des comités de parents. On a des parents qui
sont venus régulièrement à ces rencontres.
M. Lalonde: Une dernière question, avant de passer la
parole aux tiers partis.
M. Fontaine: II ne le sera peut-être pas longtemps, si on
se fie aux élections partielles.
M. Lalonde: C'est cela.
M. Bédard: Parlez-vous des élections
fédérales?
Une Voix: C'est encore pire.
M. Lalonde: La représentation de l'enfant. J'ai eu
l'occasion de discuter avec plusieurs confrères qui sont plus ou moins
dans ce milieu, qui ont eu des expériences qui leur ont ouvert les yeux,
parce que c'est la première fois que cela se faisait, c'est un peu la
méthode du tâtonnement. Est-ce que vous avez eu plusieurs cas qui
ont été apportés, des cas concrets où il a fallu
trouver un représentant, c'est-à-dire nommer un
représentant à l'enfant? De quelle façon cela se
développe-t-il, compte tenu du fait que, essentiellement, quand un
avocat parce qu'il s'agit bien d'un avocat qui représente un
client se présente à une cour de justice je ne sais
pas si vous avez eu l'occasion jusqu'à maintenant, je ne veux pas trop
vous en demander, je ne sais pas si vous êtes rendu là dans votre
réflexion comment déterminer le mandat d'un
confrère qui est appelé à représenter un enfant de
trois ans? Où va-t-il tirer ses valeurs sur ces critères pour
formuler une représentation? Est-ce qu'il est simplement amicus curiae?
Est-ce qu'il fait des demandes? Comment va-t-il les formuler si son client ne
veut pas les lui donner? Est-ce que vous vous êtes penché sur
cette question?
M. Bédard: Précisément, non,
c'est-à-dire que c'est une question que je me pose, comme vous. Il y a
la désignation de l'avocat. On a eu des cas, encore dernièrement,
où le juge, parce que la loi prévoit que, quand le juge estime
que les parents et l'enfant peuvent être en conflit
d'intérêts, il doit, d'office, voir à ce qu'un avocat soit
nommé pour l'enfant. Dans quelques cas que nous avons eus, les juges se
sont adressés au Barreau pour faire nommer un avocat pour l'enfant.
Maintenant, il y avait déjà, pour les jeunes errants pour
qui c'est relativement plus difficile, depuis la mise en place des bureaux
d'aide juridique, notamment de la section jeunesse à Montréal et
à Québec, il y avait déjà, pour les enfants moins
jeunes je ne parle pas des enfants de trois ans
possibilité de recourir à l'aide juridique, quelle que soit la
situation financière de leurs parents; ils étaient toujours
considérés comme admissibles.
Donc, du point de vue du choix, il n'y a pas beaucoup de
problèmes, sauf que, lorsqu'il s'agit d'un jeune enfant, nous avons
été appelés à intervenir à deux reprises. On
nous a indiqué... et le comité, sans représenter l'enfant,
a agi comme amicus curiae en Cour supérieure. C'était en appel
d'une décision. C'est à ce moment que le juge a, sous la
suggestion du comité, décidé de faire nommer un avocat
pour l'enfant. Evidemment, la détermination du mandat... J'ai
l'impression que les balises, ce sont les droits de l'enfant qui sont reconnus
dans la loi de la protection de l'enfant. Il n'y a pas de mandat explicite si
ce n'est, semble-t-il, pour l'avocat de voir à ce que les droits, au
moins les droits explicités dans la Loi de la protection de la jeunesse,
soient respectés. Mais on ne peut pas dire que l'expérience soit
encore suffisamment longue, notamment devant les tribunaux supérieurs,
pour...
M. Lalonde: Je suis fort conscient de cette situation. Je vous
remercie beaucoup.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président.
M. Bédard: Avec la permission du député de
Nicolet-Yamaska, puisque le président du comité de la protection
en était sur la présence des avocats, ce matin vous
étiez ici le député de Saint-Louis a
évoqué certaines rumeurs, certaines inquiétudes qu'il y a
au Palais de justice de Montréal probablement que c'est le cas
ailleurs aussi à savoir que les avocats n'ont pas leur place
à l'intérieur de la Loi de la protection de la jeunesse, la loi
24. Est-ce que vous pourriez...
M. Lalonde: Continuez, je me souviens de la question, de
l'inquiétude qui a été manifestée par le
député de Saint-Louis. C'était dans la perspective de la
réforme du droit de la famille et non pas particulièrement en ce
qui concerne la loi 24. En toute justice pour le député de
Saint-Louis qui n'est pas ici.
M. Bédard: Dans un premier temps, par rapport à la
loi 24, j'aimerais que le président explicite. Quand cela vient du
ministre de la Justice, on peut penser que c'est le politicien qui dit aux
avocats: Ne vous inquiétez pas, vous avez du travail qui s'en
vient...
M. Lalonde: Vous pensez qu'on ne croit pas toujours le ministre
de la Justice?
M. Bédard: J'aimerais mieux que le président du
Comité de la protection de la jeunesse explicite un peu cela.
La préoccupation de la loi, évidemment, c'est de voir
à ce que les droits de l'enfant soient vraiment respectés, donc
que l'enfant au besoin soit représenté, encore une fois, quand
les intérêts de l'enfant et les intérêts des parents
peuvent être en conflit. J'ai l'impression que d'une manière
générale il y a une préoccupation... On peut le dire, il y
a eu des cours de formation permanente au Barreau et une rencontre a
été organisée à Québec et à
Montréal sur ce thème de la représentation des enfants par
les avocats. Cela a été un des cours les plus suivis. Cela a
obtenu beaucoup d'attention de la part des avocats. Donc, on est
préoccupé de jouer un rôle dans le nouveau paysage
législatif qui concerne la jeunesse.
M. Fontaine: Vous avez parlé tantôt d'un
déluge de signalements. J'imagine que cela doit être beaucoup plus
fort dans les grandes villes comme Montréal et Québec. Est-ce
qu'il y a d'autres districts judiciaires à part ces grandes villes
où il y a des problèmes concernant le nombre de signalements?
M. Bédard: De mémoire, il y a des régions...
la Côte-Nord semble avoir plusieurs signalements, la région de
l'Outaouais aussi. Ce n'est pas par district judiciaire, c'est par
région administrative. Cela couvre parfois plusieurs districts
judiciaires. Il y a des régions qui sont moins populeuses, où il
y a quand même beaucoup de signalements. Il y a d'ailleurs des
phénomènes dans certaines régions. Je pense, entre autres,
à la Côte-Nord où il y avait déjà plusieurs
problèmes de jeunesse. Evidemment, ces régions vont
nécessairement avoir plus... Je ne peux pas en nommer d'autres que
celle-là d'une manière précise. Je ne l'ai pas. (17 h
30)
M. Fontaine: Vous avez parlé tantôt de
déju-diciarisation et vous avez semblé nous dire qu'il faudrait
peut-être, qu'on a peut-être été trop loin de ce
côté. Vous avez parlé de possibilité d'amendement
à la loi dans ce sens. Non?
M. Bédard: Non, je n'ai pas parlé de
possibilité.
M. Fontaine: Est-ce que vous y voyez des possibilités
d'amendement ou si vous pensez que seulement l'interprétation actuelle
de la loi peut être suffisante pour régler ce problème de
déju-diciarisation?
M. Bédard: Je peux exprimer l'opinion de ce qui nous
semble la perception du comité. Actuellement, nous, c'est qu'il n'y a
pas lieu d'amender, pour le moment en tout cas, et il semble que les
difficultés que peuvent rencontrer et ainsi que peut rencontrer
l'application de certains articles de la loi vont vraisemblablement
s'atténuer. Il y a des décisions qui ont été
rendues, d'ailleurs, qui précisent des choses. Il y en aura d'autres qui
vont être rendues. Il y a des interprétations qui deviennent plus
claires, etc. Il y a aussi administra-tivement des façons de
procéder, je pense, on trouve une façon d'appliquer à un
moment donné certaines choses qui sont plus faciles. Au comité,
en tout cas, il y aurait une certaine réticence devant les
possibilités d'amender la loi actuellement. Actuellement, cela fait
partie des difficultés d'un rodage inévitable.
M. Fontaine: Merci. Le ministre a mentionné tantôt,
si je ne me trompe pas, qu'il y avait $963 000 qui étaient
affectés à cette nouvelle loi.
M. Bédard: Est-ce qu'on entre dans les prévisions
budgétaires? Je comprends, est-ce qu'il y a d'autres questions d'une
façon générale?
M. Fontaine: Non, je n'ai pas d'autres questions de façon
générale.
M. Bédard: Je voudrais, sur le dernier point,
soulevé par le député de Nicolet-Yamaska, exprimer,
disons, mon opinion à savoir qu'étant donné qu'il n'y a
que quelques mois d'application de cette loi, je crois que ce ne serait pas
indiqué de procéder à des amendements avant d'avoir une
période beaucoup plus longue d'application qui nous permette de mieux
identifier en fait des amendements qui pourraient être
présentés, l'à-propos d'amendements qui pourraient
être présentés. Il y a des choses, on l'a dit tout à
l'heure, qui se précisent, certaines interprétations de
différents articles. C'est tout à fait normal lorsqu'on en est au
début de l'application d'une loi. Il y a également certains
fonctionnements entre les intervenants qui vont se préciser, qui vont
s'améliorer, qui seront peut-être de nature justement à
permettre une meilleure évaluation de l'ensemble. Avec la permission de
mes collègues de la commission, je voudrais peut-être très
rapidement commenter des déclarations qui ont été faites
à savoir que la mise en application de cette loi permettrait
d'évaluer qu'il y a déjà une augmentation de la
criminalité ou certaines déclarations dans ce sens. Je pense bien
qu'en ce qui me regarde, il est beaucoup trop tôt pour y aller de
commentaires sur cet aspect précis, d'une part, parce que nous sommes en
face d'une trop courte durée d'application de la loi.
Deuxièmement, il faut tenir compte du fait qu'avec les signalements,
toutes les plaintes, tous les cas de signalement ou d'enfants en
difficultés sont comptabilisés à l'heure actuelle, alors
que ce n'était pas le cas auparavant.
Bien des policiers procédaient d'eux-mêmes à la
déjudiciarisation dans bien des cas, un très grand nombre de cas
qui, effectivement, n'apparaissaient pas dans les statistiques, alors que
maintenant, avec la formule du signalement, ces cas apparaissent. Je crois bien
qu'il faudra attendre quelque temps avant de se permettre valablement et
objectivement des remarques sur ce point particulier.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
de
Nicolet-Yamaska.
M. Lalonde: M. le Président, je suis d'accord avec le
président du comité et le ministre à savoir qu'on devrait
imposer une expérience plus articulée de la loi avant de proposer
des amendements, mais nous serons quand même, de l'Opposition officielle,
toujours prêts à les examiner en priorité, si le ministre
nous propose des amendements à la lumière d'expériences
qui auraient été faites.
Je voudrais simplement poser quelques questions de détail. Vous
avez 80 postes, plus six employés à temps partiel. Combien de
bureaux avez-vous et comment sont-ils...
M. Bédard: Nous avions huit bureaux, nous en avons onze
maintenant. Il y a encore le bureau de Sept-lles qui n'est pas encore ouvert,
parce qu'on n'a pas encore recruté. Mais nous avons onze bureaux. Nous
avons voulu régionaliser pour être présents dans toutes les
régions administratives.
M. Lalonde: Combien de ces postes parmi les 80 sont maintenant
remplis?
M. Bédard: II y en a treize qui ne sont pas encore
remplis, mais qui sont en voie d'être remplis. Les concours sont ouverts.
Les autres sont remplis.
M. Lalonde: Une dernière question.
M. Bédard: II n'y a que deux bureaux à ouvrir, il y
a Sept-lles et Amos.
C'est-à-dire qu'à Amos il y a à recruter, mais il y
a déjà un bureau ouvert; il y a quelqu'un qui est là mais
qui va changer d'endroit.
M. Lalonde: On n'en est pas encore à examiner le contenu
des programmes d'information qui apparaissent sûrement dans d'autres
programmes du ministère mais compte tenu de l'expérience
actuelle, d'abord l'engorgement, deuxièmement la réflexion que
vous faites actuellement quant aux critères à préciser,
quel serait le contenu, dans les grandes lignes, l'orientation d'un programme
d'information que vous pourriez dessiner à ce stade-ci, s'il fallait le
faire ensemble ce soir?
M. Bédard: II est déjà en partie
dessiné. On a pensé qu'il fallait d'abord s'adresser aux
personnes qui étaient visées immédiatement par la loi,
c'est-à-dire les jeunes qui se trouvent par exemple dans les centres
d'accueil, tous ceux qui sont déjà touchés par la loi et
qui sont pris en charge, autrement dit, par le directeur de la protection de la
jeunesse, ainsi que leurs parents. Cela nous est apparu prioritaire d'informer
ces gens de ce qui leur arrive et des droits qui leur sont reconnus, etc. C'est
vraiment la clientèle visée par la loi et c'est notre
première clientèle du point de vue de l'information. Il y a des
instruments d'information qui sont en voie de fabrication.
Il y a une deuxième clientèle qui nous paraît
importante aussi, c'est la clientèle des jeunes dans le milieu scolaire
et indirectement on a l'impres- sion qu'on va rejoindre aussi leurs parents.
C'est le milieu naturel, le milieu normal où les jeunes évoluent
le plus longtemps. Il y a des instruments d'information qui sont en voie de
fabrication aussi, qui seront distribués dès la rentrée
scolaire à l'automne.
Ensuite, nous avions pensé nous adresser... pour les trois
priorités, il y a le public en général aussi qui nous
paraît... C'est une autre approche beaucoup plus générale,
mais nous voudrions bien équilibrer l'information. Il ne faudrait pas
que l'information sur le droit des jeunes se fasse sur le dos des droits des
parents. Le droit des jeunes n'exclut pas que les parents aussi ont des droits.
Il y a une espèce d'équilibre. L'affirmation des droits des
jeunes ne doit pas mettre en veilleuse les droits des parents, de même
que l'affirmation des droits ne doit pas se faire, pour ce qui est des jeunes,
sans leur rappeler leurs obligations. La loi veut faire d'eux des
interlocuteurs. Un interlocuteur c'est quelqu'un qui a le droit de s'exprimer
mais qui a l'obligation d'assumer ses responsabilités comme
interlocuteur.
Notre information essaie de tenir compte de cet équilibre. On a
le mandat d'informer des droits. C'est le mandat que la loi nous donne mais,
pour nous, informer des droits, c'est aussi informer des obligations, des
droits des enfants et des droits des parents, des droits des enfants et des
obligations des enfants. Les instruments sont la clientèle prioritaire
et celles que je viens de vous dire avec la préoccupation de cet
équilibre entre droits et obligations, droits des parents et droits des
enfants.
Il y aura vraisemblablement des instruments qui seront prêts
à la fin du printemps et d'autres surtout, la grande information, on
voudrait la lancer à l'automne, parce qu'on est encore dans le
prolongement de l'information qui a été donnée par la
mission québécoise, les posters, etc. On va laisser courir un peu
et à l'automne on reprendra avec notre propre information. Cela n'exclut
pas une information très particulière d'un autre type mais plus
spécialisée que nous faisons à l'occasion de sessions et
qui s'adresse aux intervenants eux-mêmes, donc les travailleurs sociaux,
les gens du réseau. C'est une information qui est plus du type
formation.
D'ailleurs, je peux dire au député de Marguerite-Bourgeoys
que la direction des communications, en ce qui a trait à l'information
concernant la loi 24, est régulièrement en contact avec le
Comité de la protection de la jeunesse, ce qui est de nature à
bien nous indiquer les points sur lesquels il faut axer l'information.
M. Lalonde: La réponse du président du
comité témoigne de ce fonctionnement tout à fait
désirable dans la préparation, à savoir mettre...
M. Bédard: A la bonne place.
M. Lalonde: ... à contribution ceux qui sont dans le champ
et qui ont la responsabilité de la loi. C'est indispensable.
Je voudrais vous remercier, je n'ai pas d'autres questions, tout en vous
souhaitant le meilleur succès possible dans la mise en application de
cette loi et en vous promettant ce n'est pas une promesse
électorale d'avance l'appui de l'Opposition officielle pour toute
demande que vous pourriez faire et qui viendra à notre connaissance.
Quand on arrivera au pouvoir, nécessairement, ce sera déjà
fait.
M. Fontaine: Vous savez que votre leader est maltraité
souvent.
M. Lalonde: On sera déjà la cible de ces demandes,
mais, au moins, on aura plus de connaissances pour que la transition se fasse
sans heurt.
M. Bédard: II est certain qu'une grande partie du travail
sera faite lorsque vous arriverez au pouvoir.
Le Président (M. Jolivet): La parole est donc au
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je veux également vous remercier, M. Tellier,
des informations que vous nous avez données. Cela a été
intéressant pour tout le monde parce que c'est une nouvelle loi qui
demande des explications et, pour la mise en vigueur, je vous souhaite
également tout le succès possible dans l'administration de cette
nouvelle loi.
M. Bédard: Je voudrais simplement souligner le plaisir que
j'ai de travailler solidairement avec le président et les membres du
Comité de la protection de la jeunesse.
Le Président (M. Jolivet): Elément 2,
adopté?
M. Fontaine: Un instant, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Une question?
M. Fontaine: Oui. J'aurais des questions à poser sur
l'année de l'enfant.
M. Bédard: Si vous n'avez pas d'objection, quand on
abordera l'ensemble de l'information et de la publicité du
ministère, on pourra le faire globalement pour bien se comprendre. Je
serais prêt à l'aborder tout de suite, si vous le voulez, ou
encore...
M. Fontaine: Ce n'est pas sur la publicité. Vous avez
parlé tantôt de l'année de l'enfant, des subventions qui
sont accordées.
M. Bédard: Oui, c'est tout ensemble.
M. Fontaine: C'est vous qui l'avez mentionné à ce
programme.
M. Bédard: Comme on le sait, il y a un mon- tant de $400
000 en subventions accordé pour des projets spécifiques. Il y a
également un crédit de $400 000 consenti pour le budget de
l'Année internationale de l'enfant.
M. Lalonde: Pour l'information surtout. M. Bédard:
Pour l'information. M. Fontaine: Combien?
M. Bédard: Sensibilisation, information, $400 000.
M. Lalonde: Ce n'est pas ici, ce n'est pas à
l'élément 2.
M. Bédard: L'Année internationale de l'enfant...
Etant donné que le Comité de la protection de la jeunesse a une
responsabilité première au niveau de l'Année
internationale de l'enfant, c'est peut-être ici qu'il faudrait en
parler.
M. Lalonde: Est-ce qu'ils sont dans les $2 362 100? C'est ce que
je veux savoir. Je vois $145 000 au niveau des communications. Oui, il est dans
le transfert. (17 h 45)
M. Bédard: Vous l'avez.
M. Lalonde: Dans le transfert.
M. Bédard: Dans le transfert.
M. Lalonde: Ce sont les subventions.
M. Fontaine: Les communications, ce serait $145 000.
M. Lalonde: Les communications, ce n'est pas là.
M. Bédard: Les communications, ce n'est pas là.
M. Fontaine: Ce n'est pas là-dedans. D'accord. Alors, on
va parler seulement des subventions.
M. Bédard: Ce serait dans le budget des communications.
Alors, au niveau des subventions, le montant de $400 000 est accordé,
comme vous le savez, par l'intermédiaire de subventions à des
organismes selon des critères qui ont été mis au point par
le Comité de protection de la jeunesse. La marche à suivre est la
suivante: c'est que les organismes, les groupes, acheminent leurs demandes au
Comité de protection de la jeunesse qui les évalue à
partir de critères précis et ensuite, ils font des
recommandations au ministre de la Justice aux fins d'accepter des projets
précis. Alors, jusqu'à maintenant, environ $100 000 ont
été versés en subventions pour des projets précis
dont un des critères est que les enfants doivent participer à la
réalisation de ces projets-là. Je suis
en mesure, je suis disposé à déposer la liste des
subventions qui ont été accordées jusqu'à
maintenant...
Une Voix: D'accord. Merci.
M. Bédard:... dans le cadre de ce programme-là.
Le Président (M. Jolivet): On va faire des photocopies et
on vous les remettra ce soir.
M. Fontaine: Merci. Le ministre serait-il en mesure de nous dire
quels critères sont employés par la commission pour
déterminer si elle accepte ou non un projet?
M. Bédard: Oui. Les critères d'acceptation des
projets subventionnés sont les suivants: il y a d'abord un
critère de répartition géographique, à savoir que
le projet est identifié selon la région d'où il
émane; il doit y avoir une juste répartition des subventions en
tenant compte que cela s'achemine dans tous les coins du territoire du
Québec. L'autre critère concerne le groupe d'âge,
c'est-à-dire que les enfants participant aux projets sont
répartis selon les groupes d'âge suivants: les moins de six ans,
entre six ans et douze ans et les douze ans et plus. Un autre critère
est la fiabilité, c'est-à-dire que le projet doit être
parrainé par un organisme dûment incorporé à
caractère communautaire école, club social, association
coopérative, organisation de loisirs, etc. Cet organisme doit s'engager
à mener le projet à bonne fin et à contribuer sur le plan
technique ou financier à sa réalisation. Il doit y avoir une
participation de leur part. Le quatrième critère, c'est la
pertinence, c'est-à-dire que le projet doit être conforme aux
objectifs du programme. Le cinquième critère, un des plus
importants, c'est la participation des enfants. Ce ne sont pas des projets pour
que les adultes, par le biais d'une préoccupation pour les enfants,
s'accordent, au bout de la ligne, une subvention pour un projet particulier.
Alors, un des critères les plus importants, c'est l'obligation de
participation des enfants. Le projet doit favoriser la participation des
enfants à sa conception et à sa réalisation. Le
sixième critère, l'originalité. Le projet doit être
initiateur d'activités nouvelles ou encore souligner des aspects de la
vie des enfants les moins souvent mis en valeur. Le septième
critère, la dimension, c'est-à-dire que le projet doit être
modeste eu égard à son ampleur et à son coût de
manière à avoir le plus de projets possible et à faire la
répartition la plus équitable possible à travers le
Québec. Ce huitième critère concerne le budget en ce sens
qu'il doit y avoir, au niveau de la demande, des prévisions
budgétaires très bien définies. Le neuvième
critère, la durée, c'est-à-dire que le projet doit se
réaliser au cours de l'année 1979. Le dixième
critère, les ressources du milieu, en ce sens que tout projet doit
comprendre on l'a dit tout à l'heure la participation de
personnes ressources. Il est bien établi que l'Année
internationale de l'enfant au Québec ne subventionne aucun
congrès, colloque, réunion, etc.
M. Fontaine: Est-ce qu'il y a des...
M. Bédard: II y a des normes administratives aussi qui ont
été mises au point.
M. Fontaine: Ce serait peut-être plus simple de photocopier
les...
M. Bédard: Je pourrais déposer ce document qui fait
état non seulement des critères, mais des normes administratives
qu'on a définies.
Le Président (M. Jolivet): Donc, vous allez photocopier
après le souper?
M. Fontaine: Est-ce que...
M. Bédard: Autrement dit, cela ne se fait pas à
l'aveuglette...
M. Fontaine: Oui, mais...
M. Bédard: ... et avec du patronage.
M. Fontaine: C'est ce qu'on voulait savoir.
M. Bédard: Cela me fait de la peine que vous en ayez
douté, mais en tout cas...
M. Lalonde: Jamais je n'en ai douté!
M. Bédard: Enfin! Un bon mouvement du député
de Marguerite-Bourgeoys!
M. Fontaine: Y a-t-il des dates limites pour présenter des
projets?
M. Bédard: Pardon?
M. Fontaine: Y a-t-il des dates limites pour présenter des
projets?
M. Bédard: Comme leur réalisation doit s'inscrire
à l'intérieur de l'année 1979, comme cela doit se terminer
avec l'année, on avait mis la fin de juin...
M. Fontaine: Fin de juin?
M. Bédard: ... comme réception des demandes.
M. Lalonde: Avez-vous des demandes pour les $400 000 cette
année?
M. Bédard: Oui. Ces critères et ces normes
administratives sont distribués dans tous les bureaux de
Communications-Québec.
M. Fontaine: Y a-t-il des formulaires pour cela?
M. Bédard: Oui.
M. Fontaine: D'accord.
Une Voix: Est-ce qu'on a déposé le formulaire?
M. Bédard: On a également déposé le
formulaire.
M. Fontaine: D'accord. Merci.
M. Lalonde: Seulement une question. Avez-vous des demandes pour
tout le montant actuellement?
M. Bédard: Oui. Il y a actuellement quelque 100 demandes
qu'on a reçues. On a fait une répartition par région au
prorata de la population. On s'est dit: II ne faudrait pas dans une telle
région dépasser tel montant, etc., en proportion de... Mais
actuellement, il y a beaucoup de demandes.
M. Lalonde: A l'oeil, quel est le montant moyen qui est
donné?
M. Bédard: II n'y a pas eu de montant dépassant
$4900. Il valait mieux en avoir beaucoup avec de petits montants que des gros.
Il n'y a pas eu de montant qui dépassait...
M. Lalonde: Cela ressemble beaucoup à ce qu'on avait fait
pour l'Année internationale de la femme en 1975 où c'était
le Conseil du statut de la femme qui déterminait, qui étudiait
les projets, qui faisait des recommandations au ministre du temps et qui n'en
avait pas refusé beaucoup. Est-ce que le ministre en a refusé
jusqu'à maintenant? Non? Il en avait refusé un, je pense.
M. Bédard: C'est-à-dire... Il y en a qui ne
répondent pas aux critères.
M. Lalonde: II en a refusé pour le principe. "Put a rubber
stamp".
M. Bédard: Jusqu'à maintenant, l'assentiment n'a
pas été difficile à obtenir et je pense que c'est dû
en grande partie au fait qu'il y a des critères bien établis qui
nous permettent d'évaluer très rapidement l'à-propos des
projets.
M. Fontaine: Est-ce que cela veut dire, selon la réponse
que vous avez donnée, étant donné que vous avez beaucoup
de demandes, que c'est inutile pour d'autres organismes de faire des demandes
étant donné que vous en avez suffisamment?
M. Bédard: Non, parce que, si on tient compte de la
répartition par région, il y en a beaucoup qui viennent de
certaines régions. Il y a des régions qui sont
défavorisées du point de vue des demandes à venir parce
qu'il y en a déjà beaucoup. Il y a d'autres régions
où il n'y en a pas beaucoup.
M. Lalonde: Est-ce qu'il y aurait moyen d'informer ces
régions?
M. Bédard: Oui. Il y a des projets qui peuvent ne pas
être retenus. Je pense que d'ici la fin de juin...
M. Lalonde: Mais on est au mois d'avril. Y aurait-il moyen de
faire savoir à la population quelles régions sont un peu
plus...
M. Bédard: ... publicité.
M. Lalonde: Non. Communications-Québec... Je parle de la
véritable information.
M. Bédard: On trouvera le moyen d'informer les
régions en conséquence. Je voudrais quand même faire
ressortir qu'avec un budget de $400 000 au niveau des subventions et $400 000
au niveau de l'information et de la publicité, le Québec en
comparaison avec toutes les autres provinces fait un effort tout à fait
exceptionnel.
M. Fontaine: C'est mieux que le programme d'isolation des
maisons... Ils avaient donné $200 000 en subventions et $400 000 en
publicité. Maintenant, c'est égal.
M. Bédard: Cela dépend des problèmes qu'on a
à rencontrer au niveau de la sensibilisation.
Le Président (M. Jolivet): L'élément 2
est-il adopté?
M. Lalonde: Avez-vous quelque chose...
M. Bédard: Je suis sûr qu'à certains points,
cela prendrait beaucoup d'argent pour sensibiliser le député de
Nicolet-Yamaska.
On m'informe qu'il y a une tournée qui se fait actuellement dans
les régions où il y a eu particulièrement moins de
demandes.
Le Président (M. Jolivet): L'élément 2
est-il adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Le programme 2 est
adopté.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Compte tenu de l'heure, nous
allons suspendre nos travaux.
M. Lalonde: Avant la suspension, M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Oui?
M. Lalonde:... j'aimerais soulever une chose. On a vu les deux
programmes, les deux premiers qui ont été adoptés. Je vois
beaucoup de hauts fonctionnaires qui sont très occupés
d'habitude, qui attendent dans la salle. Y aurait-il moyen, si le
ministre...
M. Bédard: Ils ont exprimé le plaisir qu'ils
avaient de venir quand même assister aux crédits.
M. Lalonde: Ce sont des retrouvailles, vous savez...
M. Bédard: II y aurait peut-être...
M. Lalonde: Si le ministre nous indiquait s'il y a certaines
urgences... j'aimerais savoir avant l'ajournement...
M. Bédard: Si vous n'avez pas d'objection, il y aurait
possibilité de passer à la Sûreté du Québec,
ce soir.
M. Lalonde: D'accord, je n'ai pas d'objection.
M. Bédard: Etant donné que la plupart sont de
Montréal, concernant les autres secteurs, et tenant compte surtout du
fait qu'il y a une réunion des commandants de district qui doit
se...
M. Lalonde: On ne voudrait pas que l'étude des
crédits coïncide avec l'augmentation de la criminalité. Il
n'y a aucun doute que la présence policière ici nous laisse tout
à fait paisibles, mais...
M. Bédard: Enfin, vous serez en mesure de constater que
cette augmentation de la criminalité doit s'évaluer sur une
période de temps et le directeur de la Sûreté du
Québec sera sûrement en mesure de nous donner toutes les
explications.
Le Président (M. Jolivet): Donc, ce soir, nous
débuterons à 20 heures par le programme 15. C'est bien cela.
M. Lalonde: C'est cela.
Le Président (M. Jolivet): Vous aurez un autre
président à ce moment.
Suspension de la séance à 17 h 58
Reprise de la séance à 20 h 13
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, messieurs! Nous
allons reprendre les travaux de la commission élue permanente de la
Justice, ayant le mandat de faire l'étude des crédits de la
Justice. Au moment où les travaux ont été suspendus, la
commission avait convenu d'aborder le programme 15 en revenant. Est-ce toujours
l'intention de la commission?
M. Bédard: C'est-à-dire le programme 6 concernant
l'Aide juridique et financière.
M. Lalonde: Cela avait été un peu modifié
à la fin.
Le Président (M. Dussault): On commencerait donc par le
programme 6, ensuite le programme 15. J'appelle donc le programme 6. M. le
ministre.
Aide juridique et financière
Commission des services juridiques
M. Bédard: M. le Président, comme on le sait, la
Loi de l'Aide juridique prévoit que la Commission des services
juridiques doit veiller à donner les services juridiques à une
clientèle défavorisée. Nous prévoyons pour
l'année courante une stabilisation des demandes d'aide juridique par
rapport à l'année dernière, soit environ 198 000. La loi
prévoit également que la Commission des services juridiques doit
veiller à informer la population de ses droits et obligations.
Je demanderai peut-être au président de la Commission des
services juridiques qui est avec nous, de donner quelques explications, avant
de passer à l'étude des crédits, ou encore, de
procéder immédiatement aux questions.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que vous souhaitez que
nous étudiions les éléments les uns à la suite des
autres? Donc, l'élément 1 est appelé. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Bon, écoutez! Je pensais que le ministre avait
passé la parole au président... C'est l'occasion, comme vous le
savez, ce n'est pas la première fois que vous êtes là, pour
les parlementaires, d'avoir un point de vue privilégié de la part
de ceux qui sont dans le champ pour nous informer de l'expérience de
l'année dernière et, aussi, de ce qui est prévu pour
l'année courante, sur les difficultés particulières,
l'orientation... Je ne sais pas si vous avez, parce qu'à ce stade-ci, on
a seulement une partie des rapports annuels, forcément... On ne peut
donc pas vous poser des questions bien spécifiques à l'aide de
statistiques. On vous demanderait de faire état à la commission
de l'expérience de l'année dernière et des
difficultés particulières que vous avez rencontrées. (20 h
15)
M. Bédard:... que le président
réfléchirait sur certains éléments qu'il semblerait
plus important de porter à la connaissance des membres de la commission.
Je voudrais noter, je l'ai fait dans mon intervention préliminaire, le
fait que le gouvernement du Québec a conclu un protocole d'entente avec
le gouvernement du Canada concernant l'aide juridique. Nous avons
procédé au renouvellement de notre protocole d'accords relatifs
à l'aide juridique en matière de droit criminel. Si les membres
de la commission veulent un peu de détails là-dessus, c'est... le
nouvel accord établi dans la contribution du gouvernement du Canada
selon les paramètres suivants. Pour l'année financière
prenant fin le 31 mars 1978, la contribution sera basée sur le moins
élevé des deux chiffres suivants, à savoir $0.82 par
habitant ou 90% des dépenses partageables de cette année
financière précise. Pour l'année financière prenant
fin le 31 mars 1979, la contribution du fédéral sera
basée
sur le moins élevé des deux chiffres suivants, soit $0.85
par habitant, plus toute majoration calculée en vertu de l'article 7 du
présent accord, ou 90% des dépenses partageables de cette
année financière précise. Pour l'année
financière prenant fin le 31 mars 1980, la contribution sera
basée sur le moins élevé des deux chiffres suivants,
à savoir le montant de la contribution qu'aura versée le
gouvernement du Canada en vertu du présent accord pour l'année
financière qui aura précédé, plus toute majoration
calculée en vertu de l'article 7 du présent accord,
multipliée par le changement intervenu au cours de l'année dans
la proportion de la population du Canada résidant dans la province ou
90% des dépenses partageables de l'année financière.
Les incidences financières du nouveau mode de calcul, la
contribution du gouvernement du Canada nous permettent d'évaluer la
contribution du gouvernement fédéral pour 1978/79 à $5 706
000; pour 1979/80, $6 096 700.
M. Lalonde: En pourcentage, quelle est la contribution du
fédéral? Vous l'avez peut-être dit et ça m'a
échappé.
M. Bédard: Pardon?
M. Lalonde: En proportion, quelle est la contribution du
gouvernement fédéral? Vous l'avez peut-être dit et
ça m'aurait échappé.
M. Bédard: En 1978/79, c'est $5 706 000.
M. Lalonde: On voit une augmentation quasi-nominale de $29 972
000 à $30197 000, de 1978/79 à l'année actuelle. Est-ce
que vous prévoyez avoir des postes additionnels?
M. Bédard: Sept postes additionnels d'avocats seront
créés à la commission et dans les corporations
régionales.
M. Lalonde: Compte tenu du statut particulier, si vous me
permettez l'expression, de la commission dont les effectifs ne font pas partie
de la jonction publique, si je comprends, puisque c'est dans les transferts
qu'on trouve cet argent, on n'a pas le nombre de postes ici, dans le document
qui nous est soumis. Combien de postes avez-vous?
M. Bédard: II y a 830 postes présentement à
la commission et dans les onze corporations régionales, ainsi que dans
ce qu'on appelle les cliniques, qui sont des corporations locales; il y en a
deux présentement à Québec. Le nombre d'avocats, il y en a
314.
M. Lalonde: 314 avocats...
M. Bédard: Exact.
M. Lalonde: ... qui sont compris dans les 830.
M. Bédard: Exact.
M. Lalonde: Combien allez-vous en avoir? 17, si j'ai bien
compris.
M. Bédard: Sept.
M. Lalonde: Sept postes...
M. Bédard: Sept postes additionnels d'avocats, oui.
M. Lalonde: Des avocats. C'est un taux assez minime, sur à
peu près 300 avocats.
M. Bédard: Exact.
M. Lalonde: Vous pensez être en mesure de faire face
à la demande avec cette augmentation?
M. Bédard: Si vous me permettez, je pense qu'on a atteint
un certain rythme de croisière. La loi date, dans son application, de
juin 1973. Depuis ce temps, les budgets ont grossi, passant, je pense, de $6
millions à $30 millions et il y a eu un engagement massif pendant
quelques années, mais aujourd'hui on ose espérer qu'avec 135
bureaux à travers le Québec, le Québec maintenant commence
à être assez bien pourvu. Effectivement, ça se
reflète au niveau des dossiers dont on a connaissance. A titre
d'exemple, on croit, cette année, finir à peu près avec le
même nombre de dossiers que l'année dernière, sauf qu'on a
vécu une grève des avocats salariés qui a duré
à peu près trois semaines, ainsi que des ralentissements de
travail. Donc, on peut dire que c'est à peu près à un
rythme de croisière. C'est le plus gros problème qu'on a eu
l'année dernière.
Par contre, il y a un autre phénomène aussi qui se
développe. Il y a un transfert net des avocats salariés
permanents vers la pratique privée d'environ 3%. Il y a eu un changement
dans les proportions d'à peu près 3%. Est-ce que c'est dû
à la grève ou à d'autres considérations? Je ne le
sais pas.
M. Lalonde: L'an dernier, vous parliez d'un transfert d'à
peu près 1% ou 2%. Cela a augmenté un peu.
M. Bédard: Oui, cette année, on prévoit une
augmentation d'environ 3% par rapport à la situation vécue
l'année dernière. C'est donc dire qu'on passerait de 25% à
environ 30% ou 31%.
M. Lalonde: Est-ce que vous parlez d'un transfert en faveur de la
commission?
M. Bédard: En faveur des avocats de la pratique
privée, oui.
M. Lalonde: Des avocats de la pratique privée. Alors
qu'ils étaient à peu près 25% il y a deux ans...
M. Bédard: Exact.
M. Lalonde: ... ils se trouveraient à peu près
30%...
M. Bédard: Cela est monté à 27% à peu
près, suivant les derniers rapports annuels qui datent encore d'un an,
et la prévision qu'on fait cette année, c'est que ce serait
d'environ 30%.
M. Lalonde: Est-ce que vous avez pu analyser les raisons? Est-ce
que les avocats de la pratique privée donnent un meilleur service, plus
accessible à la population ou si... Vous avez naturellement
mentionné votre grève de trois semaines et un ralentissement de
travail. Est-ce que vous vous inquiétez comme responsable de cette
commission de ce transfert?
M. Bédard: Je n'ai pas à m'inquiéter parce
que, quant à moi, le système est un système double qui
favorise la clientèle par le fait qu'elle a le libre choix; donc, cela
devient une émulation quant à moi entre les deux types d'avocats.
De toute façon, ce sont tous deux des avocats et je ne suis pas inquiet
qu'il y ait un transfert de un ou deux pour cent et je trouve même cela
normal. Ce qui m'inquiéterait plus, c'est qu'il n'y en ait pas; cela
deviendrait plus inquiétant.
M. Lalonde: Je suis d'accord avec votre façon d'aborder le
problème.
M. Bédard: Concernant les avocats de la pratique
privée, si cela peut intéresser le député de
Marguerite-Bourgeoys, en 1978/79 nous avions déboursé $9 970 900
et, pour le budget 1979/80, nous avons des prévisions de $10 016
300.
M. Lalonde: Ce qui rejoint à peu près les 30% que
vous venez de mentionner. Je me souviens que, lorsque cela a été
mis sur pied dans les premières années, en 1973, on parlait de $6
millions. $30 millions, c'est à peu près ce à quoi on
s'attendait dans ce temps-là; on s'attendait que cela prendrait ce genre
de courbe de demande.
Vous avez connu certains problèmes. Vous avez mentionné
une grève. Je ne parle pas des problèmes de croissance, je pense
qu'en 1978/79 ils étaient déjà assez assumés, mais
vous avez parlé d'une grève. On voit de temps en temps dans les
journaux des problèmes concernant les relations de travail; est-ce que
vous croyez que ces questions sont relativement réglées pour un
bon moment? Naturellement, comme membres de la commission parlementaire, on
n'est pas responsable devant la population n'étant pas le gouvernement,
mais on se sent un petit peu responsable de ventiler les questions. Je ne veux
pas vous demander de nous dévoiler votre stratégie comme
employeur, ce n'est pas mon rôle, mais est-ce que vous pouvez quand
même faire rapport là-dessus à la commission?
M. Bédard: II y a une situation que l'on vit
présentement avec le personnel de soutien; il y a des grèves
sporadiques dans certaines corpora- tions régionales. Les relations de
travail chez nous sont légalement compliquées en partant, du fait
d'abord que nous ne relevons pas de la fonction publique. Par contre, il y a eu
une loi dans le passé, la loi 95, qui amenait le ministre de la Fonction
publique à la table des négociations. Il y a aussi des mandats,
bien entendu, qui sont dégagés du Trésor, mais la
structure même de l'aide juridique fait qu'il y a onze corporations
régionales qui sont onze employeurs, et il y a la commission qui est
aussi employeur au sens du Code du travail. Parmi ces corporations, il y en a
qui sont syndiquées, d'autres qui ne le sont pas.
En partant, immédiatement, vous avez des difficultés juste
pour créer la table et pour savoir de qui viennent les mandats et quelle
est la portée, la limite de chacun de ces mandats. Je pense bien qu'il
faut vivre avec cela. Un gestionnaire est aujourd'hui obligé de vivre
avec ces choses.
Je ne voudrais pas m'avancer à propos du personnel de soutien
parce que nous sommes en conciliation avec les employés. Il y a
peut-être aussi des sentiments qui ne se règlent que suite
à de grandes difficultés où chacun est obligé de
mettre ses culottes et, possiblement, c'est ce qui est en train de se
passer.
M. Lalonde: Compte tenu du fait que vous êtes actuellement
dans le cheminement du règlement d'un problème, il n'y a aucun
doute que je ne vous poserai pas d'autres questions là-dessus. Cela ne
serait pas, je pense, favorable à un bon déroulement des
négociations ou de la conciliation. Je veux simplement vous souhaiter,
de la part de l'Opposition officielle, le règlement de ces
difficultés le plus favorable pour tout le monde, compte tenu que vous
rendez un service qui est devenu essentiel à la population.
Je pourrais ajouter une petite note politique, étant donné
qu'on en a si peu de ce temps-là, à savoir que je suis
très satisfait du fait que ce programme a été
implanté, a été créé par un ancien
gouvernement libéral. Nous suivons avec beaucoup d'attention le
déroulement de votre destin. Je vous remercie.
M. Bédard: Comme vous suivez avec beaucoup d'attention
l'application de la Loi de la protection de la jeunesse, qui ne vient pas d'un
exgouvernement.
M. Lalonde: A ce moment, ce n'est plus de la partisanerie.
M. Bédard: Je n'ai aucune partisanerie. Pour tout
programme qui est de nature à améliorer l'accessibilité
des citoyens à la justice, je pense bien qu'on ne peut pas faire
autrement qu'être d'accord et d'orienter nos efforts en vue de
l'améliorer, d'y apporter les améliorations nécessaires;
c'est ce que nous avons fait.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je ne veux pas, moi non plus, revenir sur des
questions spécifiques concernant les débrayages sporadiques. Mais
une seule question: la Presse nous rapporte, le 4 février 1979, que les
employés auront le droit de grève le 11 avril prochain,
c'est-à-dire demain. Y a-t-il des développements qui nous
permettraient de croire que ça pourrait être réglé
cette nuit?
M. Bédard: Je pense que l'important c'est d'avoir l'espoir
que ça se règle vite. Comme l'a fait remarqué le
président, étant donné la date que vous nous mentionnez,
on peut facilement prévoir que nous sommes présentement dans une
période de...
M. Fontaine: Ils sont en conciliation actuellement? D'accord.
Je voudrais revenir sur le nombre de bureaux. Vous dites que vous avez
135 bureaux. Est-ce que, malgré le fait que vous n'emploierez que sept
avocats additionnels, vous avez l'intention d'ouvrir d'autres bureaux ou si
vous pensez que le nombre actuel est suffisant?
M. Bédard: II n'est prévu que d'ouvrir un seul
bureau additionnel, c'est-à-dire qu'un bureau à temps partiel
devient un bureau à temps plein, c'est le bureau de La Baie, au
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Le fait d'être là simplement une
journée amenait de 30 à 50 clients la même journée;
il devenait impossible de suivre le rythme. Nous avons pensé qu'en cours
d'année il serait possible d'ouvrir ce bureau à temps plein. (20
h 30)
M. Fontaine: D'accord. On disait, tout à l'heure, qu'on
donne en honoraires aux avocats de pratique privée, $10 millions; on
prévoit donner ce montant au cours de l'année. C'est donc dire
qu'il reste dans le budget $20 millions pour l'administration des bureaux de la
commission, de la publicité, etc.
M. Bédard: Les salaires aussi.
M. Fontaine: Oui. Pourriez-vous nous faire une comparaison entre
le nombre de dossiers qui sont traités par les avocats de pratique
privée et ceux qui sont traités par les avocats de la
commission?
M. Bédard: Cette année, on prévoit qu'il y
aura environ 70% des dossiers qui seront traités par des avocats
salariés, donc la balance, 30%, serait traitée par des avocats de
pratique privée.
M. Fontaine: D'accord. Vous n'avez pas mentionné le nombre
de dossiers que vous avez présentement.
M. Bédard: On prévoit, cette année, 198 000
dossiers, disons environ 200 000.
M. Fontaine: Combien ont été réglés
au cours de l'année 1978?
M. Bédard: On a déjà fait une étude
là-dessus et, la plupart du temps, on ferme le même nombre de
dossiers, en une année, qu'on en ouvre. Autrement dit, ceux de
l'année dernière ont peut-être été
fermés cette année et certains de cette année se sont
fermés aussi durant cette année.
M. Fontaine: D'accord. Quel est le salaire moyen des avocats?
M. Bédard: $26 000.
M. Fontaine: Et le nombre d'années d'expérience en
moyenne?
M. Bédard: On devrait être rendu à six ans ou
six ans et demi à peu près, en moyenne d'années de
pratique.
M. Fontaine: Vous n'avez pas de problème de recrutement
lorsque vous faites des concours pour des nouveaux candidats?
M. Lalonde: II faudrait d'abord qu'ils deviennent
députés par exemple!
Une Voix: ...
M. Vaillancourt (Jonquière): Ils en ont besoin d'un
à Chicoutimi actuellement.
M. Bédard: Non, il n'y a pas de problème de
recrutement, sauf dans des régions éloignées où
là ce sont des raisons qui dépendent du territoire et de la
géographie.
M. Fontaine: On a vu le journal, dernièrement, qu'il y
avait eu un règlement d'un dossier avec six avocats de la région
de Québec qui avaient intenté une poursuite contre la commission
et le directeur de la région de Québec. Est-ce le seul dossier du
genre que vous ayez eu ou s'il y en a d'autres dans la province?
M. Bédard: ... on a été poursuivi aussi par
Holiday Magic, la compagnie de ventes pyramidales, pour $1 million, des choses
semblables à ça, mais par des avocats, par exemple, non.
M. Lalonde: Avez-vous payé?
M. Bédard: Non, la compagnie est partie du Québec
et a fait faillite. Non, par des avocats qui avaient été
congédiés, non, c'est le seul dossier de ce genre-là qu'il
y avait.
M. Fontaine: Vous dites que vous êtes poursuivis
régulièrement par des avocats de vos services qui ont
abandonné ou qui ont quitté?
M. Bédard: Non, par des avocats de la pratique
privée qui ne sont pas satisfaits des honoraires reçus, par
exemple.
M. Fontaine: Ah bon! II y a une procédure prévue
dans les règlements pour ça.
M. Bédard: Exact.
M. Fontaine: Je n'ai pas d'autres questions, M. le
Président.
M. Lalonde: Si vous permettez, une des questions que le
député de Nicolet-Yamaska voulait poser, c'était
peut-être de comparer le coût des cas confiés à la
pratique privée en comparaison des cas qui sont assumés par la
commission et les corporations. Est-ce que vous avez des statistiques
là-dessus?
M. Bédard: On est en train de faire faire une étude
à l'extérieur par des experts qui ne sont pas parents avec nous
en aucune façon. Ils nous ont dit que c'était très
difficile à faire en ce sens que, par exemple, dans le budget des
corporations régionales, le budget d'opération, entre
l'admissibilité à l'aide juridique qui se fait autant pour les
clients qui restent à l'aide juridique que pour ceux qui vont à
l'extérieur. Dans nos opérations sont aussi inclus les
déboursés judiciaires, les frais de sténographie, les
frais de huissier, ces choses-là; c'est la corporation régionale
qui les paie à même son budget.
Donc, ça entre dans nos opérations, même si
ça peut être pour des mandats donnés à
l'extérieur. Ce n'est pas tellement gros comme difficulté. Un
autre problème, c'est que nous prenons des causes qui ne seraient
certainement pas payantes et qui sont des causes à problèmes, par
exemple, parce qu'avec raison on est en bout de ligne, c'est-à-dire que
si des personnes sont refusées à gauche et à droite et
qu'on croit qu'elles ont quand même droit à leur journée
à la cour, parce qu'elles ont un droit à faire valoir, nous
allons la prendre. Ce n'est pas parce que c'est au Havre-Saint-Pierre ou
à Saglouc qu'on ne prendra pas la cause, même si on sait, dans le
fond, que si c'était une question de revenus, on ne la prendrait
pas.
Cela devient donc difficile de comparer. Un autre point qui rend la
difficulté encore plus grande, c'est le fait qu'il y a des genres de
droit qui sont semblables. Si vous parlez du matrimonial, c'est le même
matrimonial à un endroit ou à l'autre, c'est le même
pénal aussi. Mais il y a des spécialités qui se sont
développées dans le droit dit de pauvreté, comme l'aide
sociale, l'assurance-chômage, la Régie des rentes, la protection
du malade mental pour lesquelles on n'a pas de point de comparaison avec
l'extérieur. Pour le droit de la jeunesse, il y a tellement peu de
points de comparaison qu'il devient difficile d'établir des coûts
approximatifs.
Mais avec tous ces caveat, on a quand même demandé une
étude actuarielle à l'extérieur et il semble qu'on aura
des nouvelles bientôt. Avec ces caveat cependant.
M. Lalonde: Par exemple, les $10 millions qui vont être
payés à des avocats de la pratique privée, cela couvre
combien de causes? On sait que c'est 30% du montant, mais est-ce que c'est 28%
des causes ou 32%, enfin... Je comprends que même là la
comparaison n'est pas facile parce qu'il y a des causes qui sont plus
longues...
M. Bédard: Cela dépend du genre de causes.
M. Lalonde: ... qui peuvent engager plus d'argent.
M. Bédard: Si je me rappelle la moyenne que ça
coûtait par cause pour les avocats de la pratique privée
l'année dernière, je ne voudrais induire personne en erreur, mais
je pense que c'était aux environs de $230 ou $250 par dossier.
Mais il faut faire attention. Le montant de $10 millions qui est
alloué là ne sera pas nécessairement dépensé
pour des mandats. Cela va être dépensé pour des mandats
donnés cette année, mais dont les comptes vont revenir cette
année, l'année prochaine et peut-être dans deux ans. C'est
cela. C'est qu'on ne sait pas.
Le Président (M. Oussault): M. le député...
Allez.
M. Bédard: Pour plus de détails, en fonction de
l'application de l'article 52, du point de vue droit civil, l'an passé,
c'était un montant de $5 579 800 qui avait été payé
à des avocats de la pratique privée. Cette année nous
prévoyons $5 580 600. En droit criminel, l'an passé, une somme de
$2 850 500 a été payée à des avocats de la pratique
privée, et nous prévoyons pour cette année $2 994 500.
Pour ce qui est des notaires, l'an passé, il y avait $1 540 600, par
rapport à $1 441 200 pour cette année. Ceci vous donne les
chiffres de $9 970 900 cette année par rapport à $10 016 300 pour
cette année.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
seulement une question. On sait qu'il y a une certaine souplesse dans
l'appréciation de l'admissibilité ou de la
non-admissibilité des justiciables à l'aide juridique, que
parfois il y a des refus et qu'on peut en appeler de cette décision.
Je voudrais savoir si les délais d'appel sont longs. Est-ce qu'il
est long pour les bénéficiaires d'avoir une décision de
cet appel possible?
M. Bédard: Le délai habituel est de deux à
trois semaines.
M. Vaillancourt (Jonquière): De deux à trois
semaines.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Drummond.
M. Clair: M. le Président, ma question n'a pas trait
directement aux crédits. Et c'est plus un commentaire. Si le ministre de
la Justice veut commenter mon commentaire, il le fera. Il a trait à
la possibilité pour un avocat d'aide juridique d'être
candidat dans une élection générale, soit une
élection fédérale ou une élection provinciale. Et,
à cause de la proximité des élections
fédérales, cela peut avoir un certain intérêt...
Moi, par expérience, je sais qu'en vertu de la Loi de l'aide
juridique, les activités partisanes sont interdites à un
permanent d'aide juridique. Maintenant, l'avocat de l'aide juridique qui
décide de se porter candidat, même à une convention d'un
parti politique, doit démissionner de son poste, sans aucune protection
légale, sans obtenir aucun congé sans solde.
Je me demande s'il n'y aurait pas lieu d'examiner ce sujet-là, de
rouvrir la loi, parce qu'il me semble que les avocats de l'aide juridique sont
suffisamment impliqués dans leur milieu pour ne pas subir un traitement
qui m'apparaît disproportionné par rapport à d'autres de
mes collègues qui sont ici, je pense, en congé sans solde. Nous,
les avocats de l'aide juridique, on n'a aucune espèce de protection
légale de ce côté-là. Je ne sais pas si le ministre
de la Justice est conscient du problème.
M. Lalonde: Si vous permettez, avant que le ministre en parle, si
le député de Drummond, qui a eu son expérience personnelle
et qui en fait bénéficier la commission actuellement, veut parler
d'un congé, comme il en existe dans la fonction publique actuellement,
j'ai vécu cela quand je me suis présenté la
première fois, j'étais alors sous-ministre. La loi permet un
congé sans solde avec la chance de revenir, si on est battu
naturellement, cela ne s'est présenté ni pour vous, ni pour moi
Si vous parlez de cela, d'accord, mais si vous parlez d'un congé
sans solde pendant les 18 ans, peut-être pas dans votre cas, ou les
quatre ans que vous allez être député pour revenir
après, cela, c'est une autre histoire.
M. Clair: Méfiez-vous. Le premier problème que je
voulais soulever, c'était celui de se porter candidat à une
convention. Comme je vous le dis, j'ai démissionné de mon poste
pour me présenter à une convention sans même savoir si
j'allais être élu à la convention du parti et, en vertu de
la loi, je n'avais aucune espèce de protection légale.
M. Lalonde: A ce moment-là, je suis d'accord avec vous
qu'il devrait y avoir une protection.
M. Clair: Je connais mal le régime des enseignants. Les
enseignants ne se trouvent-ils pas en congé sans solde pendant leur
mandat? Je pense que oui. Je ne sais pas si le ministre est conscient du
problème.
M. Bédard: Oui, je suis conscient du problème et je
peux vous dire qu'au moment où on se parle il y a déjà un
groupe de travail sous la direction de M. Daniel Jacoby qui est en train
d'étudier cette question, qui ne regarde pas seulement l'aide juridique
mais l'ensemble du statut de tous les avocats du gouvernement.
Je comprends que cela ne réglera pas les...
M. Fontaine: Le comité Dussault s'est penché
là-dessus.
M. Bédard: ... problèmes pour l'élection
fédérale présente.
M. Fontaine: Le comité Dussault, M. le Président,
avait trouvé une solution à cela; malheureusement les
recommandations n'ont pas été suivies par le gouvernement.
M. Lalonde: Comme d'autres. M. Bédard: Non,
mais...
Le Président (M. Dussault): Vous mettez le
président dans l'embarras.
M. Lalonde: M. le Président...
M. Bédard: Chaque question sera étudiée
à la place appropriée.
M. Fontaine: Cela peut être inséré dans la
Loi électorale.
M. Bédard: Sur ce point particulier, je vous dis qu'il y a
un groupe de travail qui étudie l'ensemble de la question. On sait
qu'à l'heure actuelle les avocats du gouvernement, comme les autres
fonctionnaires, ont le droit d'avoir un congé sans solde s'ils
décident de se présenter. Il me semble c'est mon opinion
personnelle que cela prendra de très bonnes raisons pour
expliquer que les avocats de l'aide juridique n'ont pas droit au même
traitement que celui qui est donné aux autres avocats du
gouvernement.
M. Lalonde: Comme le personnel de la Commission des droits de la
personne ne fait pas partie de la fonction publique, ce congé sans
solde...
M. Bédard: J'ai un exemple en tête, oui.
M. Lalonde: Je vois qu'on ne fait pas partie de la fonction
publique, comme le personnel de la commission qui nous occupe actuellement,
mais ce n'est pas un congé sans solde éternel. Dans le cas des
fonctionnaires, ils ont le droit de se présenter et, s'ils sont battus,
ils ont trente jours, je pense, pour réintégrer...
M. Bédard: Pour réintégrer.
M. Lalonde:... mais, s'ils sont élus, ils perdent tous
leurs droits. Ils ne sont pas protégés ad vitam aeternam.
M. Bédard: C'est cela. Cela répond à votre
question?
M. Lalonde: On s'arrangera pour assurer votre avenir
bientôt.
M. Clair: Le député de Jonquière et moi
pensions que le Parti libéral, dans le temps, avait
fait la loi spécifiquement pour nous empêcher de venir en
politique.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Nicolet-Yamaska...
M. Bédard: De toute façon, je n'ai pas
d'inquiétude pour l'avenir politique du député de
Drummond.
M. Fontaine: On sait qu'il y a eu une augmentation du montant
qu'une personne peut gagner par semaine pour être admissible à
l'aide juridique. Est-ce que le fait d'avoir changé ces
montants-là va causer une augmentation des personnes qui sont
admissibles ou est-ce tout simplement pour compenser le coût de la
vie?
M. Bédard: C'était essentiellement pour compenser
la hausse du coût de la vie, pour faire en sorte que la même
population qui était auparavant rejointe par les critères de
l'aide juridique le soit avec cette augmentation. Il est évident qu'avec
la hausse du coût de la vie le résultat est que la
clientèle pouvant se prévaloir des services de l'aide juridique
allait en diminuant. C'est pour cela que nous avons fait adopter un
mécanisme d'indexation automatique des barèmes
d'admissibilité à l'aide juridique. C'est dans ce sens que je
disais tout à l'heure que nous avons amélioré les lois
votées par un gouvernement précédent.
M. Lalonde: Vous avez adopté une situation d'inflation que
vous contribuez à créer.
M. Bédard: Disons que le gouvernement
précédent n'avait pas pensé que la hausse du coût de
la vie existait.
M. Lalonde: De notre temps, ce n'était pas si fort. Depuis
deux ans, c'est pire.
M. Bédard: II n'avait pas pensé à indexer.
Alors, nous...
M. Fontaine: Est-ce que vous allez indexer les impôts
également bientôt?
M. Vaillancourt (Jonquière): On va indexer les exemptions
personnelles le 1er janvier 1980.
M. Fontaine: Les tarifs...
M. Bédard: On fait sûrement de bonnes choses. Ce
n'est pas parfait partout, mais, quand on regarde le degré de
contentement de l'ensemble de la population vis-à-vis des politiques de
l'actuel gouvernement, on peut tirer nos conclusions.
M. Fontaine: Les gens chez nous me disent que, quand je pose des
questions au ministre de la Justice, il répond toujours: La justice suit
son cours.
M. Bédard: Vous êtes à même de le
constater. Non seulement elle suit son cours, mais cela s'améliore par
rapport... Le rythme de croisière...
M. Fontaine: Le tarif des honoraires qui sont payés aux
avocats de la pratique privée, est-ce que cela fait longtemps que cela a
été négocié? Est-ce que c'est la commission qui les
négocie?
M. Bédard: L'article 81 de la Loi de l'aide juridique
prévoit que c'est le ministre de la Justice qui négocie avec les
organismes habilités à représenter les notaires, les
avocats, les huissiers, les sténographes les tarifs des honoraires
applicables aux fins de la présente loi.
A l'heure actuelle, les négociations sont en cours.
M. Fontaine: Elles sont en cours?
M. Bédard: C'est cela.
M. Fontaine: Depuis combien de temps?
M. Bédard: Cela fait quand même une assez longue
période. Nous avons un problème à résoudre à
l'heure actuelle. Le Barreau voudrait que les différentes sections
soient interlocutrices au niveau des négociations...
M. Fontaine: Des ententes sectorielles?
M. Bédard: ... des ententes sectorielles. Nous ne sommes
pas d'accord avec cette manière de procéder. Nous en avons
informé le Barreau récemment.
M. Fontaine: Cela fait combien de temps que les
négociations sont en cours?
M. Bédard: Elles ont commencé au mois d'avril l'an
passé pour le criminel. Récemment, comme le ministre le
mentionnait, le Barreau a écrit une lettre pour indiquer qu'il voulait
se départir de son autorité de négocier les tarifs de
l'aide juridique pour la passer aux treize sections créées en
vertu de la Loi du Barreau. Il y a un échange de correspondance. Il y a
une discussion pour savoir quel va être l'interlocuteur véritable
à ce moment-ci.
M. Fontaine: Vous n'avez pas réussi à avoir
d'ententes sur aucun point en matière civile, matrimoniale.
M. Bédard: II y a eu le matrimonial. Le matrimonial, c'est
réglé. Cela est réglé depuis un an.
M. Fontaine: Oui. Au niveau civil, il n'y a pas d'autre entente,
ni au criminel.
M. Bédard: Les discussions se poursuivent aux niveaux
civil et criminel.
Si vous permettez, il faut dire que depuis l'automne le Barreau a mis la
pédale douce sur les négociations, parce que ce changement dans
la structure... Enfin, il travaillait à un rapport de modification
interne de sa structure quant au pouvoir de négociation. Cela s'est
concrétisé par la demande de se voir substitué par les
treize sections.
M. Fontaine: Qu'est-ce qui va se passer si vous refusez de
négocier avec les sections?
M. Bédard: Etant donné que nous avons fait
connaître notre position là-dessus au Barreau, il y a lieu
d'attendre la position du Barreau qui doit avoir certaines consultations avec
les différentes sections concernées.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Fontaine: Un instant, M. le Président!
M. Lalonde: Excusez-moi! Je pensais que vous aviez
terminé.
M. Bédard: II y a peut-être une nuance à
apporter. On a exprimé une opinion dans le sens que je vous ai dit tout
à l'heure. Maintenant, on n'a pas conclu, par le fait que nous, au
niveau du ministère, ne voulions pas négocier avec les treize
sections, si tel était le désir définitivement
exprimé par le Barreau.
M. Fontaine: Vous avez dit, tout à l'heure, que vous
n'étiez pas d'accord avec cette façon de voir du Barreau.
M. Bédard: Non, il y a eu un échange avec le
Barreau, nous allons quand même attendre la position du Barreau.
M. Fontaine: Je vais relever le journal des Débats, mais
c'est ce que vous avez dit tantôt. Vous avez dit: Nous ne sommes pas
d'accord avec cette façon de voir les choses. A ce moment-là,
cela veut dire que vous n'êtes pas prêt à négocier
avec chacune des sections, donc il faut revenir à négocier avec
le Barreau lui-même.
M. Bédard: Nous avons exprimé l'opinion que nous
n'étions pas disposés à négocier avec treize tables
sectorielles. Là-dessus, le Barreau nous a indiqué qu'il avait
des consultations supplémentaires à faire. Quand elles seront
terminées, nous ferons le point de la situation.
M. Fontaine: Est-ce que, avant que le Barreau vous fasse cette
proposition, vous aviez fait des offres concrètes concernant des...
M. Bédard: Oui, il y a des offres qui ont
été faites concrètement par les négociateurs.
M. Fontaine: II n'y aurait pas possibilité de faire
fonctionner une entente temporaire quant à des augmentations qui
pourraient être offertes sur la base des offres du gouvernement? Cela
fait plusieurs années que ça n'a pas été
modifié.
M. Bédard: Vous savez comment fonctionnent les
négociations. Nous avons fait des offres, tel que vous me le demandez,
et nous attendons tout simplement la contrepartie.
M. Fontaine: Est-ce que cela va être rétroactif?
M. Bédard: Les négociations se poursuivent à
l'heure actuelle.
M. Lalonde: C'est comme les dentistes, cela a pris bien des
années avant...
M. Fontaine: Ce n'est pas un gros pouvoir de
négociation.
M. Bédard: On ne ferme pas les portes à quelque
hypothèse que ce soit. Les négociations se poursuivaient.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Bédard: On ne commencera pas à négocier
ici.
M. Lalonde: Je voudrais simplement que le ministre explique un
peu son refus de négocier aux tables sectorielles. On sait je
pense que c'est l'enfance de l'art que de l'imaginer que les frais
d'avocat, comme tous les autres frais professionnels, n'obéissent pas
aux mêmes normes, aux mêmes exigences, aux mêmes contraintes
d'une région à l'autre. Naturellement, le coût pour
maintenir un bureau d'avocat au centre-ville de Montréal n'est pas le
même que dans des régions qui sont plus éloignées.
Est-ce que le ministère ne bénéficierait pas, au fond, de
cette décentralisation que le gouvernement chante à tous vents?
Est-ce qu'il ne pourrait pas, finalement, entrevoir des règlements dans
plusieurs régions qui seraient favorables au gouvernement, donc, qui
assureraient un emploi plus fonctionnel des fonds?
M. Bédard: En principe, on n'a pas d'opposition à
ce qu'il y ait des positions adaptées aux besoins de différentes
régions. On en est simplement au niveau de déterminer quel est
l'interlocuteur. Nous croyons que, pour la continuation des
négociations, il y a avantage à ce que le Barreau demeure
l'interlocuteur plutôt que de procéder avec treize tables
sectorielles. Cela n'empêche pas, encore une fois, qu'il y ait entente
sur des positions différentes adaptées aux besoins
différents qui peuvent exister dans certaines régions.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Drummond.
M. Clair: M. le Président, on sait que la Loi de l'aide
juridique interdit à un avocat de pratique
privée qui reçoit un mandat de recevoir quelque autre
honoraire que ce soit pour des services rendus lors de l'exécution du
mandat.
J'aimerais savoir du président de la Commission des services
juridiques, s'il se présente souvent des problèmes de cette
nature, d'avocats qui en plus de recevoir la rémunération de la
Commission des services juridiques, s'ils reçoivent des plaintes en
nombre important et quel traitement a été accordé
jusqu'à maintenant à ces plaintes? Est-ce qu'il y a eu des
plaintes qui ont été portées au criminel ou si
jusqu'à maintenant, la commission se contente d'agir
préventivement à l'égard de ce
phénomène?
M. Bédard: Nous avons agi de deux façons. La
première façon est que le pouvoir disciplinaire...
M. Clair: Assez régulièrement ou est-ce
exceptionnel?
M. Bédard: Sur le nombre de dossiers, on ne peut pas dire
que cela se présente régulièrement, sur 200 000 dossiers
manoeuvrés pas année. Je peux dire que chez nous, il y a eu trois
avocats qui, depuis 1973, ont été congédiés pour ce
motif, Cela s'est fait automatiquement. Le lendemain il est parti et le dernier
a fait un grief parce qu'il était protégé par une
convention collective, c'est allé en arbitrage et le congédiement
a été maintenu.
Pour des actes qu'on croit repréhensibles de la part d'avocats de
pratique privée, le rapport annuel de la commission mentionne depuis
trois ans que les plaintes ont été portées au syndic du
Barreau. Mais je dois encore dire qu'il n'y a aucune des plaintes qui a
été acheminée par la commission qui s'est traduite dans
des plaintes qui ont fait le cheminement normal devant le syndic. D'un autre
côté, nous tentons d'informer les gens que l'aide juridique est
gratuite. Aussitôt qu'on a la chance de le faire, on le fait
publiquement. On se sert des média d'information pour le dire.
Maintenant, il y a quand même des situations difficiles. Quand
vous oeuvrez dans le domaine criminel ou dans le domaine pénal, cela
devient très difficile de faire des preuves de choses semblables. Mais
la commission elle-même n'a pas le pouvoir disciplinaire sur les
avocats.
M. Lalonde: Mais ce que vous avez dit concernant vos plaintes au
syndic qui n'ont pas trouvé une oreille, qui n'ont pas suivi un
cheminement quelconque, est-ce que vous avez au moins reçu un
accusé de réception de votre plainte? Est-ce que cela a
été étudié par le syndic ou est-ce simplement
rejeté a priori?
M. Bédard: On me dit que ce n'était pas des
plaintes qui avaient été portées. Par la suite, on a dit
que ce n'était pas des plaintes formelles. Effectivement,
moi-même, j'ai acheminé de telles plaintes. Au début, nous
demandions qu'on fasse enquête. On nous a dit: Nous ne pouvons pas faire
enquête. A ce moment, nous avons fait l'enquête et nous avons
essayé de fournir autant de détails possibles pour arriver
à un résultat. Je dois dire, pour être franc, que
l'année dernière, dans deux cas, on nous a dit que des plaintes
seraient portées. Mais jusqu'à maintenant elles n'ont pas encore
été portées.
M. Lalonde: C'est inquiétant de voir que vous n'ayez pas
eu une réception meilleure de la part du syndic, d'après les
propos que je comprends. Est-ce que c'est parce que le syndic croit qu'il n'a
pas juridiction, que ce n'est pas un acte incompatible ou
répréhensible? Est-ce simplement que les faits que vous lui
soumettez ne semblent pas susceptibles d'ouvrir un dossier?
M. Bédard: Je ne peux pas me prononcer pour lui. On ne m'a
pas mentionné des raisons ou des motifs, sauf dans certains cas
où on nous a dit qu'il n'y avait pas de preuve satisfaisante.
M. Clair: J'aurais une autre question, M. le Président. La
loi d'aide juridique donne mandat à la Commission des services
juridiques et aux corporations régionales de jouer un rôle en
droit curatif, c'est sûr, mais également, en autant que je me
souvienne, l'article qui constitue le mandat de l'aide juridique prévoit
un rôle en matière de droit préventif, si on veut.
Au début, je suis allé à l'aide juridique dans les
premières années, lors de la mise sur pied. Le mandat
d'information et de droit préventif, comme tel, on le faisait
plutôt comme du bénévolat, parce que les avocats
n'étaient pas vraiment libérés pour une partie de semaine
ou d'année afin de jouer véritablement un rôle en droit
préventif. Il y avait de la volonté, mais pas assez de soldats
pour permettre véritablement de libérer des gens en droit
préventif. (21 heures)
Est-ce que je vois dans votre rapport annuel de multiples
activités pour remplir ce mandat cela se fait de plus en plus en
libérant un peu un avocat pour faire du droit préventif ou si
cela constitue encore une partie de bénévolat, si on veut, que
l'avocat, le soir ou les fins de semaine, travaille à faire de
l'information, soit par des chroniques ou autre chose, des cours?
M. Bédard: C'est un problème qui existe chez nous
depuis le début, il y a toujours eu deux tendances à l'aide
juridique. Certains avocats disaient: On va régler des problèmes
en général en faisant de l'information et d'autres disaient: On
va s'occuper des cas individuels, des gens qui viennent nous voir. Si je veux
grossir, disons, les deux tendances c'est à peu près cela. En y
regardant de plus près, disons que de plus en plus il semble
s'établir un consensus, à savoir que tu ne peux pas faire de
prévention si tu ne fais pas du cas à cas non plus. Donc,
jusqu'à ce jour on n'a jamais voulu qu'il y ait des gens de
détachés seulement pour faire de la prévention et d'autres
pour se taper ce qu'ils appellent chez nous du "case load", dans le fond. On a
toujours voulu que ce soit combiné ensemble.
Maintenant, que l'approche communautaire, qui est le mot à la
mode maintenant qu'on emploie chez nous, se fasse par les soirs... Cela se fait
par les soirs, c'est exact. Mais c'est aussi une attitude qu'on peut avoir
vis-à-vis d'un problème juridique et cela dépend aussi des
avocats eux-mêmes. Il y a des avocats qui vont régler un
problème, ils vont le régler très bien; d'autres qui vont
voir une dimension dans ce problème qui peut peut-être s'appliquer
à d'autres personnes et essayer d'en solutionner plusieurs à la
fois.
Là-dessus aussi, les régions d'aide juridique varient
beaucoup. Il y a des régions où ce qui s'était
accumulé en problèmes matrimoniaux n'est pas encore
résorbé. Or, dans d'autres régions cela fait depuis deux
ou trois ans que cela s'est résorbé. Donc, les domaines de loi
varient et le Québec, là-dessus, est très régional
au niveau de la pratique du droit, à l'aide juridique en tout cas.
Le Président (M. Dussault): Avez-vous terminé, M.
le député de Drummond.
M. Clair: Oui.
M. Fontaine: A ce niveau, M. le Président, est-ce qu'il
n'est pas exact que les avocats qui travaillent à l'aide juridique sont
quand même assez libres de leurs mouvements: s'il y en a un qui veut
prendre un après-midi pour aller faire de l'information, il n'y a pas de
problème à ce sujet.
M. Bédard: C'est exact.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je voudrais rendre un
témoignage envers la commission des services juridiques. Ayant
pratiqué quatre ans et ayant été le premier avocat du
Saguenay-Lac-Saint-Jean à être engagé par l'aide juridique,
par la Corporation régionale du Saguenay-Lac-Saint-Jean, pour... Je
pense que c'est un témoignage non politique que je rends. Je me rappelle
qu'au début de l'année 1973, on parlait beaucoup du libre choix
et je suis heureux de constater, aujourd'hui, que les statistiques qui sont
projetées pour l'année 1979-1980 relativement aux 70% qui
resteraient à l'aide juridique et 30% qui iraient à la pratique
privée, sont sensiblement, à quelque pourcentage près, les
mêmes que celles qui existaient en 1973, alors qu'on se plaignait
peut-être d'une absence d'information des citoyens sur le libre
choix.
Je pense que depuis ces années les citoyens du Québec, et
par la commission des services juridiques et par d'autres organismes, ont
été informés de cette existence du libre choix et je pense
qu'on ne peut qu'en conclure que les statistiques que projette la commission
sont une des preuves évidentes que la commission des services juridiques
et les avocats de l'aide juridique, non seulement sont capables, mais rendent
à la population des services aussi compétents que ceux de la
pratique privée.
M. Bédard: M. le Président, je remercie le
président de la Commission des services juridiques de sa présence
avec nous ce soir.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que
l'élément 1 est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'élément 2.
M. Bédard: Est-ce qu'il y a des questions? M. Lalonde:
J'ai une question.
Indemnisation des victimes d'actes criminels
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: J'avais écrit au ministre, il y a quelque
temps concernant la possibilité...
M. Bédard: J'y ai répondu.
M. Lalonde: Oui, j'ai reçu la réponse... J'ai
reçu une réponse en effet. J'avais écrit le 14 novembre
1978...
M. Bédard: Comme c'était une question intelligente,
nous avons pris le temps qu'il fallait poury réfléchir.
M. Lalonde: J'avais écrit le 14 novembre 1978. J'ai fait
un rappel le 6 mars 1979 et j'ai reçu un accusé de
réception classique, qui est daté du 29 mars 1979, ça ne
fait pas longtemps. Je vous le lis: "M. le député, j'ai bien
reçu votre lettre du 6 mars dernier..." On ne parle pas de celle du 14
novembre 1978...
M. Bédard: ... envers vous.
M. Lalonde: "Je tiens à vous informer que nous avons pris
bonne note de la suggestion que vous avez formulée." Cela est rassurant.
A ce moment-là, je me suis senti en confiance. J'ai dit: là,
réellement, j'ai l'oreille du ministre... Bon!
Je soulevais un problème tout à fait concret. D'ailleurs,
j'ai envoyé à la personne qui m'avait soulevé le
problème, une copie de ma lettre au ministre. Ce sont les victimes des
fraudes. La fraude n'est pas couverte par la loi. On est allé au plus
pressé. C'était bien compréhensible à ce
moment-là, d'autant plus que souvent les victimes de fraudes sont des
institutions ou ce qu'on appelle péjorativement les hommes d'affaires,
les financiers. Il reste toutefois le cas d'individus qui, à l'occasion
de telles fraudes, perdent tout leur avoir qui, souvent, n'est pas très
important en termes relatifs, mais c'est tout ce qu'ils ont.
Je demandais au ministre s'il considérait souhaitable de faire
préparer par ses services un
projet d'amendement qui permettrait aux victimes individuelles, je ne
parle pas des sociétés, d'obtenir une indemnisation
limitée dans le cas d'une fraude. J'inscris cette suggestion dans
l'effort relativement récent, quand on parle, par exemple, du
développement de la Sûreté du Québec on va
voir ça tantôt de contrer le crime économique qui
date de moins de dix ans. C'est de plus en plus reconnu que le crime
économique peut faire des victimes chez les petites gens qui sont
frappés dans tout ce qu'ils ont, de la même façon que s'ils
se faisaient voler à la maison. Je me demandais si, ayant pris bonne
note le 29 mars 1979, le ministre...
M. Vaillancourt (Jonquière): Cela ressemble aux lettres
que vous écriviez dans ce temps-là?
M. Lalonde: Je ne sais pas pourquoi le député de
Jonquière est agressif à mon égard, M. le
Président. Je suis allé dans son comté et...
M. Vaillancourt (Jonquière): Je vous retournais la blague
de tout à l'heure. C'est 1 à 1 maintenant.
Une Voix: II veut vous faire de la peine.
M. Lalonde: II veut me faire de la peine? Ce n'est pas
réussi. Non, échec.
Une Voix: Echec et mat?
M. Lalonde: C'est sérieux. Le cas particulier qui m'a
été soumis est quasiment tragique. C'est une femme seule qui a la
charge d'une famille, qui avait un petit pécule de quelques milliers de
dollars, qui a tout perdu... Et cela arrive de plus en plus.
M. Bédard:... régulièrement dans des
fraudes, dans certaines faillites frauduleuses. Je dois dire au
député que ma réponse n'a pas tardé sans raison. Le
député de Marguerite-Bourgeoys ayant cette préoccupation
et me l'acheminant, étant donné qu'il avait déjà,
il n'y a pas si longtemps, été très près du
ministère de la Justice, je croyais que des études avaient
été faites concernant le coût qu'une telle disposition
pouvait représenter parce que essentiellement, du point de vue
très objectif, c'est une suggestion heureuse, je pense, qui fait honneur
à celui qui en a la préoccupation et pensant que cette
préoccupation-là habitait le député de
Marguerite-Bourgeoys au temps où il était Procureur
général, je croyais vraiment que des études avaient
été faites sur les coûts que cela pouvait
représenter.
Nous avons fait certaines recherches, au niveau du ministère de
la Justice, et il n'y a pas d'étude qui ait été faite, de
quelque manière que ce soit, concernant une évaluation dans ce
sens. Je pense bien que ce ne serait pas trop responsable de ma part que de
dire oui sans au préalable sa/oir quel coût supplémentaire
pourrait représenter ce programme. J'ai demandé qu'on fasse une
étude approximative de ce qu'une telle mesure ou un tel amendement
pourrait représenter en déboursés; après cela, je
serai en mesure de prendre une décision éclairée.
Tout en réitérant un appui de principe, il reste quand
même qu'il serait bien difficile de prendre une décision qui peut
représenter des coûts assez importants. Si on parle d'indemniser
tous les citoyens qui sont victimes de fraude, il faut quand même avoir
des études valables avant de s'orienter vers une décision; sinon,
cela ressemblerait à une bonne intention beaucoup plus orientée
en fonction d'une préoccupation politique basée sur des
données valables qui nous permettent de prendre une décision.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai compris que le ministre
n'est pas prêt à prendre une décision maintenant.
J'espère quand même que sa réponse va au-delà de
prendre bonne note de ce que j'ai suggéré. Il a laissé
entendre très courageusement que ses prédécesseurs
n'avaient pas fait l'étude. C'est une situation qui s'est
développée plus récemment. Je sais que la
première... La Loi d'indemnisation des victimes d'actes criminels n'est
pas si vieille; elle date seulement de quelques années et elle est
allée au plus pressé. Je sais qu'il y a un problème, mais
je serais le dernier à demander au ministre de légiférer
dans ce sens demain matin sans faire les évaluations nécessaires
et sans mettre les balises qui protégeraient une telle démarche
du gouvernement et du législateur contre les abus.
Je voudrais quand même que le ministre fasse autre chose que d'en
prendre bonne note et qu'il nous assure c'est un peu comme cela que
j'interprète sa réponse que cela va être
étudié. Il faut peut-être faire preuve d'imagination et
penser à une autre situation. C'est vrai, il y a la Loi sur la
protection du consommateur qui existe, mais elle va créer une
pénalité dans ce cas. Elle va rendre le responsable de cet acte
passible d'une amende qu'il va payer à l'Etat, de toute
façon.
M. Bédard: Elle ne prévoit pas
nécessairement d'indemnisation.
M. Lalonde: Elle ne prévoit pas d'indemnisation. C'est
dans le cadre de la Loi de l'indemnisation des victimes, surtout celles qui
sont littéralement mises dans la misère à cause de cela.
Je ne parle pas du financier qui perd $100 000, qui en a $200 000 autres en
arrière et qui joue à la Bourse; il s'agit de personnes qui se
font frauder lamentablement. Il n'y en a peut-être pas un si grand
nombre.
M. Bédard: Je pense que le député de
Marguerite-Bourgeoys a pu constater que j'ai fait plus qu'en pendre bonne note.
Je suis conscient, comme le député de Marguerite-Bourgeoys le
dit, que, même s'il y a une acceptation au niveau du principe, il y a
nécessité d'une évaluation afin de savoir ce que pourrait
représenter financièrement un tel amendement.
M. Lalonde: Je remercie le ministre et je prends bonne note de sa
réponse; je l'enregistre et je saurai en temps et lieu lui rappeler ses
bonnes intentions. (21 h 15)
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Dans le même ordre d'idées, M. le
Président, j'aimerais demander au ministre de la Justice si... Je ne me
rappelle pas s'il y a une loi qui prévoit cela ou si on n'en a pas
présenté une concernant les personnes qui portent secours
à des victimes d'un accident ou qui font un acte de bravoure pour sauver
quelqu'un...
M. Bédard: Vous vous référez probablement
à la Loi sur le civisme que...
M. Fontaine: Oui, est-ce qu'il y a quelque chose prévue
pour l'indemnisation de ces personnes?
M. Lalonde: ... secours au candidat péquiste.
M. Fontaine: ... je serais dans de sérieuses
difficultés... est-ce qu'on ne pourrait pas lui trouver quelque
chose?
M. Lalonde: ...
M. Fontaine: Les gens du journal Le Devoir ont dit qu'ils ne le
reprendraient pas, parce que...
M. Clair: Selon M. Ryan, depuis qu'il n'est plus au journal Le
Devoir, il n'a plus rien là-dedans.
M. Fontaine: Cela ne vaut pas grand-chose. M. Clair: C'est
une question de $720 000. M. Vaillancourt (Jonquière): ...
M. Bédard: II n'y a pas eu de déboursés
encore faits en vertu de la Loi que nous avons adoptée, la Loi sur le
civisme. Il y a à l'étude, à l'heure actuelle, cinq ou six
cas qui ont été portés à notre attention.
M. Fontaine: Est-ce qu'on retrouve cela dans un des
éléments qui sont prévus...
M. Bédard: Pas actuellement. Actuellement, c'est dans le
budget de la Commission des accidents du travail. On n'a pas fait de
prévisions.
M. Fontaine: Mais comme la loi d'indemnisation des victimes
d'actes criminels... c'est la Commission des accidents du travail qui
l'administre, c'est vous qui faites le transfert d'argent?
M. Bédard: Mais cette année, on n'a pas fait de
prévisions. Comme l'explication de la loi avait démarré,
on a eu cinq ou six cas qui sont à évaluer et il est convenu que
cela va passer dans le budget de la CAT. S'il y avait une catastrophe d'ici ce
temps, on l'identifiera, on votera un budget supplémentaire. Mais c'est
vraiment du rodage.
M. Fontaine: Au niveau de l'indemnisation, est-ce qu'on pourrait
nous donner un peu plus d'information, à savoir combien de cas sont
à l'étude, combien de cas ont été
indemnisés, combien cela prend de temps avant de recevoir des
indemnisations?
M. Bédard: Je pourrais fournir tous ces renseignements qui
sont quand même des renseignements de détails, d'ici la fin des
travaux de la commission.
M. Fontaine: D'accord. Est-ce que cela paraît dans le
rapport annuel de la Commission des accidents de travail? Oui? Mais quand
même, si vous pouviez nous les fournir.
M. Bédard: II y a eu des paiements de rentes aux victimes
d'actes criminels ou à leurs ayant droits pour un montant de $2 865
200.
M. Fontaine: $2,8 millions.
M. Bédard: C'est cela. Cela inclut le remboursement des
dépenses diverses, telles que frais d'aide médicale, frais
funéraires, allocations spéciales, frais divers, etc.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre pourrait nous dire comment les
$3 106 000 ont été établis alors? Simplement une
prévision...
M. Bédard: Une prévision assez réaliste par
rapport à ce qui avait été déboursé
jusqu'à maintenant.
Une Voix: Toute leur administration.
M. Fontaine: L'an dernier, on avait prévu $3 266 000. Cela
veut dire qu'il y a eu un montant qui n'a pas été
utilisé?
M. Lalonde: Oui, il y a eu moins de demandes. M. Fontaine:
... crédits...
M. Bédard: II y a $241 000 sur le système
administratif et $2 865 000 sur le transfert. Vous voulez une opération
publicité concernant cette loi?
M. Fontaine: Non, non, c'est cela, vous l'avez utilisé
déjà.
M. Bédard: Une chose qui est certaine, c'est que nous
avons demandé au corps policier de faire le plus possible la
publicité de cette possibilité de recours pour certains citoyens.
Je pense que les policiers s'acquittent de leur devoir dans ce sens.
Maintenant, ce sont les réclamations que nous avons eues à payer
jusqu'à présent.
M. Fontaine: Merci.
Le Président (M. Dussault): L'élément 2
est-il adopté?
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'élément 3.
L'aide aux recours collectifs
M. Bédard: Ce qui est prévu, tel que ça
apparaît au livre des crédits, des dépenses de transfert
pour la prochaine année de $170 000, c'est pour le fonds d'aide au
recours collectif. Pour le fonctionnement même du fonds, il y a $55 000
prévus; il va y avoir un secrétaire et une employée de
secrétariat, deux employés permanents, plus un bureau et il y a
trois membres à temps partiel qui sont responsables de la gestion du
fonds en vertu de la Loi sur les recours collectifs.
M. Lalonde: Quel était le montant qui avait
été mentionné lors de la présentation de la
loi?
M. Bédard: $100 000.
M. Lalonde: $100 000, et cela a été augmenté
à $170 000.
M. Bédard: $170 000 pour la prochaine année.
M. Lalonde: Est-ce qu'il y a eu des cas qui se sont
présentés depuis?
M. Bédard: II y a un cas, à ce jour, de demande
d'aide au fonds.
On a accordé $1000 d'aide provisoire pour recours des usagers du
transport en commun, à Québec.
M. Lalonde: C'est la seule demande qu'il y a eu actuellement.
M. Bédard: C'est la seule.
M. Lalonde: Pourquoi cela a-t-il été
augmenté de $100 000 à $170 000?
M. Bédard: En fait, les $100 000, c'était au moment
de l'adoption de la loi. En pratique, il y a eu cette demande parce que la loi
est entrée en vigueur le 15 janvier, les règlements, etc., de
sorte qu'on a vraiment une année... Les $100 000 avaient
été prévus en fonction de huit mois; on a gardé le
même type de projection pour une pleine année.
M. Lalonde: Très bien, je suis prêt à
l'adopter.
Le Président (M. Dussault): L'élément 3 est
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Sûreté du Québec
Protection de la société, des citoyens
et de leurs biens
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle,
comme convenu, le programme 15. L'élément 1, protection de la
société, des citoyens et de leurs biens.
M. Bédard: M. le Président, concernant
l'élément des crédits additionnels estimés à
$7 152 700, soit une hausse de 5.1% par rapport au budget comparatif de
1978/79, sont prévus pour tenir compte de la croissance des coûts
qui sont reliés aux facteurs suivants: Premièrement, la mise en
application d'une convention collective de travail en vigueur et à
venir, $6 586 700 et tenant compte d'un autre facteur, à savoir les
ressources additionnelles demandées en rapport avec la police autochtone
au Québec, soit $566 000. Cela explique les augmentations prévues
à cet élément.
M. Lalonde: M. le Président, quand le ministre dit
"convention collective à venir", est-ce qu'il pourrait nous informer de
la situation actuelle ou à venir des conventions collectives concernant
la Sûreté?
M. Bédard: Ce sont des ajustements mécaniques
prévus dans la convention parce que...
M. Lalonde: La convention va jusqu'à quand? M.
Bédard: Jusqu'à 1980. M. Lalonde: A quelle date? M.
Bédard: Le 31 mars.
M. Lalonde: Alors, il n'y a pas de prévision autre pour
une convention qui serait à négocier?
M. Bédard: ... que les ajustements qui sont prévus
dans la convention.
M. Lalonde: M. le Président, cet élément
ouvre quand même la porte à un certain nombre de questions...
M. Bédard: A titre de suggestions, est-ce que vous
préférez qu'on discute des questions de budget au niveau des
variations budgétaires, quitte, par la suite, à passer d'une
façon générale à l'ensemble des questions.
M. Lalonde: D'accord. Dans les traitements, on passe de $114
millions à $141 millions; cela comprend la gestion interne. Pour
l'élément 1, c'est la Sûreté seulement, si je
comprends bien. Est-ce que cela comprend la direction générale?
Non.
M. Bédard: Ce sont seulement les traitements.
M. Lalonde: Au niveau des services, il y a une diminution de $1
400 000 à $802 000 pour les deux éléments. Est-ce qu'on
pourrait nous expliquer cette diminution?
M. Bédard: II s'agit d'une coupure selon les règles
du Conseil du trésor, qui est imposée à partir de la
nouvelle budgétisation de 4% sur le fonctionnement. Il y a eu deux
choses principales, d'abord une coupure de 4% en général sur le
fonctionnement, plus une application des crédits périmés
pendant les années précédentes selon un historique
établi. Donc, cela veut dire qu'en partant le 1er avril, il y a la
moyenne des crédits périmés pendant une certaine
période, plus les 4% qui sont appliqués, c'est pour cela.
M. Lalonde: Autrement dit, on vous punit de ne pas avoir
dépensé d'argent.
M. Bédard: Ce n'est pas tout à fait cela, c'est
que...
M. Lalonde: C'est une philosophie de la gestion, je
comprends.
M. Bédard: Au sujet des voitures, on a
énormément de difficulté à avoir les livraisons
à la fin de l'année. Il va falloir repenser notre affaire.
Maintenant, les compagnies vont nous aider, étant donné qu'elles
les lancent à diverses périodes de l'année. Donc, on est
arrivé le 31 mars avec des crédits périmés; c'est
surtout en matière de véhicules automobiles.
M. Lalonde: Ces 4% sont calculés sur quel... vous dites
sur le fonctionnement...
M. Bédard: Sur la partie de la flotte automobile, le
coût des dépenses de la flotte automobile, etc.
M. Lalonde: Parce que je vois une diminution de $1 400 000
à $802 000, donc de $600 000 à peu près, presque $700
000.
M. Bédard: Oui, c'est cela.
M. Lalonde: Cela équivaut à 4% de quoi, autrement
dit?
M. Bédard: Ces 4% sont surtout ce qu'on appelle les
dépenses de fonctionnement, les services de soutien,
particulièrement la flotte automobile. Les crédits de transfert
des policiers passent de $1 200 000 à $1 million. Voyez-vous, il y a la
flotte automobile, les uniformes, le transfert des policiers; une
réduction de $200 000 est prévue pour l'assurance des
véhicules automobiles, suite à la nouvelle politique du
gouvernement; une réduction des crédits a été
apportée concernant les services d'agence de sécurité pour
ce qui a trait au gardiennage de la rue Parthenais.
En fait, si vous permettez, le premier point c'est qu'il y a quand
même un transfert de la catégorie 4, services, à la
catégorie 7, fournitures, de $306 200. C'est catégorisé
à 7, fournitures.
M. Lalonde: Oui, mais il n'y a rien à la catégorie
7, fournitures, pour l'élément 1.
M. Bédard: II n'y en a pas.
M. Lalonde: Oui, mais s'il y a un transfert de la
catégorie 4 à 7...
M. Bédard: Non.
M. Lalonde: ... cela n'est sûrement pas 7,
élément 1.
M. Bédard: Non, mais il n'a pas été
transféré dans le même poste budgétaire.
Gestion interne et soutien
M. Lalonde: Est-ce qu'il l'a été à
l'élément 2? Ecoutez, on va s'entendre sur une chose:
L'élément 2, gestion interne et soutien, qu'est-ce que c'est en
termes vulgarisés pour les simples députés de
l'Opposition?
M. Bédard: Ce sont d'abord les dépenses de
transfert, les dépenses de voyage, la flotte automobile, tout le
fonctionnement de la flotte automobile, la location d'ordinateurs; grosso modo,
c'est cela.
M. Lalonde: L'élément 2 passe de $34 millions
à $53 millions, sur lequel vous nous avez dit que vous vous êtes
fait punir de 4%. Je ne vois pas la diminution, il y a une augmentation de
l'ordre de 60% ou 70%. Vous êtes bien sûr que
l'élément 2 qui s'intitule gestion interne et soutien a rapport
seulement à la Sûreté? Est-ce exact?
M. Bédard: C'est cela.
M. Lalonde: Cela passe de $34 millions en 1978-1979 à $53
millions en 1979-1980. Il y a 596 postes, cela ne doit pas être seulement
des salaires.
M. Bédard: A l'élément 2, concernant la
gestion interne et le soutien, à la Sûreté du
Québec, pour cet élément de programme les crédits
additionnels sont estimés à $19 516 200, soit une hausse de
60%...
M. Lalonde: Oui, c'est cela.
M. Bédard: ... par rapport au budget de 1978-1979. Les
raisons justifiant ces crédits additionnels sont rattachées aux
facteurs suivants: premièrement, la participation du gouvernement au
régime de retraite des membres de la Sûreté du
Québec. (22 h 30)
M. Lalonde: Combien?
M. Bédard: Contribution de l'employeur à 140%, cela
représente $9 800 000...
M. Lalonde: Sur 19.
M. Bédard: C'est cela. Amortissement du déficit
actuariel $9100 000, ce qui fait un total de $18 900 000.
M. Lalonde: D'accord.
M. Bédard: Je pense que ça commence à
expliquer pas mal la hausse.
M. Lalonde: Oui.
M. Bédard: Ensuite, il y a la mise en application des
conventions collectives de travail, en vigueur et à venir, dont j'ai
parlé tout à l'heure, des ressources additionnelles de soutien en
rapport avec la police autochtone et une diminution résultant de
diverses augmentations et compressions.
M. Lalonde: Si on enlève ces deux postes, on revient
à peu près à l'augmentation de $106 000 000 à $113
000 000 pour l'élément 1, qui est due en grande partie à
l'application des conventions collectives.
M. Bédard: Exactement.
M. Lalonde: Combien de nouveaux postes avez-vous accordés
à la Sûreté du Québec? Je vois qu'on est rendu
maintenant à 4895.
M. Bédard: Une seconde. Cela est resté stable, on
n'en a pas engagé depuis le mois de septembre.
M. Lalonde: Ici, le nombre de postes d'employés permanents
pour l'élément 1, c'est 4895. Je ne parle pas de ceux qui sont
remplis, mais ceux qui sont autorisés.
M. Bédard: II y a 4400 postes de policiers
autorisés à la Sûreté du Québec.
M. Lalonde: C'est la même chose que l'an dernier?
M. Bédard: C'est cela, ça n'a pas bougé.
M. Lalonde: II n'y a pas eu d'augmentation là-dessus.
M. Bédard: Non.
M. Lalonde: Et la différence de 495, y a-t-il une
augmentation de postes là-dessus?
M. Bédard: II y a 1066 postes civils autorisés, on
en a 1033, plus 4400 policiers; il y en a trois ou quatre de moins
actuellement.
M. Lalonde: Je pense qu'on mêle les deux choses. Est-ce que
c'est possible que dans vos civils, il y en ait qui soient dans
l'élément 2?
M. Bédard: Ah oui! oui, absolument.
M. Lalonde: Alors on devrait prendre le total de 5491 postes,
comparativement à 5485. Autrement dit, vous avez six postes de plus.
M. Bédard: Oui.
M. Lalonde: Très bien. Sur les chiffres mêmes, je
n'ai pas d'autres questions. Je voulais avoir l'explication de l'augmentation
de l'élément 2 qui nous a été donnée.
M. Bédard: C'était une augmentation
très...
M. Fontaine: J'aurais seulement une question
spécifique...
Le Président (M. Dussault): Dans le même ordre de
questions, M. le député de Nicolet-Yamaska?
M. Fontaine: Oui. A l'élément 1, autres
rémunérations, en 1978-1979, on avait $593 800 et on est rendu
à $756 700. Qu'est-ce que c'est?
M. Lalonde: $593 800 pour les deux éléments. On est
rendu à $986 000...
M. Fontaine: C'est vrai, je m'excuse. D'accord. Qu'est-ce que
sont les autres rémunérations?
M. Bédard: Dans la catégorie 2, concernant les
autres rémunérations, il y a des crédits additionnels de
$392 600 qui sont inscrits à cette catégorie, prévus pour,
premièrement, donner suite à la mise en application de
conventions collectives en vigueur $32 600; couvrir le traitement des policiers
autochtones $360 000.
M. Lalonde: Ah bon! l'augmentation est là.
M. Fontaine: Maintenant, au poste communications, l'an dernier on
avait $4 571 000 et maintenant, on est rendu à $5 017 000.
M. Bédard: C'est cela, ça représente des
crédits additionnels de $445 800 pour couvrir les frais de voyages, les
frais de déménagements et les autres dépenses de
communications.
M. Fontaine: II n'y a pas de contrats de publicité
là-dedans?
M. Bédard: Non, non. Mon Dieu, c'est une idée fixe!
L'augmentation des frais de voyage: $200 000; l'augmentation des frais de
déménagement: $200 000; les autres dépenses de
communications ce n'est pas de la publicité principalement
pour la police autochtone: $45 800.
M. Fontaine: C'est suite aux conventions de la baie James?
M. Bédard: Oui, sur cet élément
particulier.
Si je peux ajouter un mot sur la publicité, M. le ministre,
l'année dernière, on a fait 150 jours d'exposition et cela ne
nous a rien coûté. On ne paie rien, mais on ne demande rien.
M. Fontaine: C'est bon, vous devriez faire comprendre cela au
ministre des Communications.
M. Bédard: Vous aurez l'occasion de vous expliquer avec le
ministre des Communications. Il est là pour défendre son
budget...
M. Fontaine: C'est lui qui aura l'occasion de s'expliquer.
M. Bédard: ... je ne trouve pas cela très "fair
play" que d'attaquer un autre ministre, alors qu'il n'est pas là pour se
défendre.
Le Président (M. Dussault): Sur le même ordre de
questions, M. le député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière):... la publicité, je
remarque que l'Union Nationale en fait un très mauvais cheval de
bataille depuis quelques semaines, mais il y a des expériences qui ont
été tentées aux Etats-Unis et dans la ville de Longueuil
dernièrement qui amènent les épouses des policiers
à faire le travail ou à accompagner leurs époux
durant...
M. Fontaine: ... publicité...
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce n'est pas de la
publicité, mais c'est de l'information, par exemple, pour que les
citoyens sachent ce que fait un policier, le travail important qu'il fait dans
la société...
M. Fontaine: On n'a rien contre le fait qu'un gouvernement...
M. Vaillancourt (Jonquière): Je pense que, s'il y avait un
budget de prévu, on devrait le voter même pour informer du travail
que fait le policier.
M. Fontaine: L'Union Nationale n'a aucune espèce
d'objection à ce que le gouvernement donne de l'information au public.
Il n'a pas d'objection à cela. Là où on a de l'objection,
c'est lorsque le gouvernement fait de la publicité partisane à
même les fonds publics.
M. Vaillancourt (Jonquière): II y a même eu un
reportage de Radio-Canada là-dessus.
M. Bédard: J'espère que le député de
Nicolet-Yamaska se rend compte, en tout cas, jusqu'à maintenant, qu'il
parle un peu dans le vide concer- nant le ministère de la Justice, parce
qu'on n'est pas arrivé encore au budget...
M. Fontaine: C'est la première fois que j'en parle.
M. Bédard: Oui, mais on n'est pas encore arrivé au
budget de communications et de la publicité. Je sais que vous avez
hâte d'y arriver, moi aussi, et vous allez être à même
de constater jusqu'à quel point c'est un budget bien
équilibré, axé sur l'information des citoyens.
M. Fontaine: Si c'est cela, on n'aura pas d'objection.
M. Bédard: Alors, ne critiquez pas avant de savoir.
Le Président (M. Dussault): Sur des questions plus
générales, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai plusieurs questions de
type général concernant la fonction policière. On peut les
soulever lors de ce programme. On pourrait aussi, au programme de la direction
générale de la sécurité publique...
M. Bédard: Et à la Commission de police aussi, on
aura l'occasion d'en soulever quelques-unes.
M. Lalonde: Je ne voudrais pas que ces questions, même si
on déborde la réunion de ce soir, retiennent
nécessairement les membres de la direction de la Sûreté
ici. Mais il faudrait quand même qu'on se sente assez libre pour en
discuter un peu plus longtemps. L'accord sera assez général afin
d'en discuter à d'autres éléments. Ce que je vais
soulever, ce sont seulement les questions qui pourraient toucher la
Sûreté du Québec.
On a déjà fait des félicitations à la
Sûreté en 1977, parce que, lorsqu'on a abordé le programme
le 7 juin 1977, on venait de recevoir le rapport annuel. Maintenant, on
étudie les crédits du ministère de la Justice presque deux
mois plus tôt. Je ne sais pas si le ministre a peur de ne pas avoir
d'argent à dépenser durant l'année. Il s'empresse de le
faire autoriser le plus tôt possible...
M. Bédard: Non, ce n'est pas ma préoccupation.
M. Lalonde: Je constate que le rapport annuel de la
Sûreté du Québec n'est pas prêt.
M. Bédard: Nous serions en mesure de le déposer
demain ou peut-être après demain.
M. Lalonde: C'est malheureux!
M. Bédard: Non, mais si vous avez des...
M. Lalonde: Je dis que c'est malheureux parce que cela nous
aide...
M. Bédard: On a essayé de faire plus vite que par
les années passées.
M. Lalonde: Cela nous aide tellement à poser des questions
pertinentes, des questions précises qui aident à éliminer
les questions dont les réponses sont là. Je sais que des efforts
sont faits pour les produire le plus rapidement possible. D'ailleurs, produire
un rapport quelques mois seulement après la fin de l'année, c'est
déjà louable. J'en félicite la Sûreté.
Malheureusement, on ne pourra pas y avoir accès ce soir.
J'aimerais donc que, si possible, le ministre, ou M. Beaudoin qui nous
fait l'honneur de sa présence, nous fasse état de
l'évolution de la criminalité en ce qui concerne le territoire
couvert par la Sûreté et de la fonction de la Sûreté,
plus particulièrement en ce qui concerne la criminalité
économique. Je vous donne cela d'avance, pour vous permettre d'y
réfléchir. Il y a aussi la sécurité
routière, le taux de solutions de crimes, les techniques
d'enquête.
Là-dessus, je me réfère à votre rapport de
1977 où vous-même avez choisi des têtes de chapitre dans ce
sens. Quand je parle de techniques d'enquêtes, je ne veux pas reprendre
le débat qu'on a eu vendredi dernier, on pourra y revenir lors de
l'étude des crédits, on a jusqu'à jeudi soir, mais la
prévention, l'analyse du renseignement; il y a un député,
vendredi dernier, qui nous a dit que c'était la sûreté qui
faisait l'analyse du renseignement et le ministre nous a dit qu'au
ministère, on les regardait quand même. Cela ne fait rien, je
voudrais savoir quel genre...
M. Bédard: Certains rapports sont acheminés au
ministère...
M. Lalonde: On a été beaucoup rassurés parce
qu'au moins, on les regarde. On n'a pas encore su si on les lisait comme il
faut, mais on verra. C'est le ministre qui nous répondra,
j'espère, si on peut lui arracher une réponse un peu plus
articulée. J'aimerais que la Sûreté nous fasse état
de l'évolution de ces cas au cours de l'année qui est
passée, de sorte qu'on se sente encore plus en sécurité et
en confiance lorsque nous allons voter l'élément 1 et
l'élément 2 du programme.
M. Bédard: M. le Président, puisque nous avons la
présence du directeur général de la Sûreté du
Québec, je vais le laisser répondre aux questions posées
par le député de Marguerite-Bourgeoys. Nous aurons l'occasion de
revenir sur bien d'autres sujets au cours de la continuation de l'étude
de ces crédits.
M. le Président, je remercie M. le ministre de me donner
l'occasion de faire un bref tour d'horizon qui vous sera donné dans le
rapport de l'année de calendrier. Je vais tenter de vous faire un bref
sommaire du message que j'ai fait à cette occasion. C'est sous le signe
de la recherche d'une efficacité accrue que s'est déroulée
l'année 1978. L'organisation de la Sûreté du Québec
proposée en 1969, et finalisée en 1973, a acquis une
maturité qui nous laisse entrevoir des résul- tats positifs dans
la mission de prévention du crime et la recherche des auteurs.
L'importance que nous attachons à la sécurité
routière fut une préoccupation continue. Les plans d'ensemble et
les techniques de travail associés à une motivation de la part de
nos membres nous ont permis de maintenir des résultats encourageants. La
prévention du crime; au cours de l'année 1978, la
criminalité a connu une montée de 7.7% par rapport à
l'année précédente. Cette hausse, analysée sur une
période de cinq ans nous donne une moyenne de 3.1%, ce qui
s'avère un résultat acceptable, si on le compare à
d'autres organisations. Il eut été souhaitable de diminuer ce
pourcentage, voire même de le maintenir au point zéro;
néanmoins, en regard de la situation nord-américaine où la
criminalité a connu une hausse assez marquée, cette augmentation
s'avère quand même mineure.
Nos plans de prévention propagés par le personnel
affecté à cette fin nous ont aidé à freiner toute
série de crimes qui, par le passé, avaient le temps de laisser
des traces avant d'être enrayés. En matière de
détection, les efforts de tous les patrouilleurs, associés
à ceux de nos enquêteurs généralistes et
spécialisés, nous ont permis d'atteindre un taux de solution de
38.6%, ce qui est un record chez nous, actuellement, et c'est un record dont
nous sommes fiers parce que nos techniques de cumulation des statistiques sont
honnêtes, dans le sens qu'on exclut les crimes qui peuvent être
solutionnés facilement, ce qu'on appelle conventionnellement des crimes,
mais qui sont reliés à la conduite d'un véhicule
automobile, tels que les facultés affaiblies, délits de fuite,
conduite dangereuse, des choses où on a toujours l'auteur entre les
mains, c'est donc exclu, ce qui démontrera un taux encore plus
élevé.
La sélection de nos enquêteurs. Depuis quelques
années, on ne met pas qui veut sur nos enquêtes; on les
sélectionne d'après un profil, d'après des critères
particuliers, on les forme à l'Institut de police, à Nicolet,
ainsi que le travail d'équipe relié à la technique
d'enquête de dossiers en continuité ont certainement
contribué à atteindre ces résultats. Plutôt qu'un
enquêteur travaille sur un seul dossier à la fois, on tente de le
faire travailler d'une façon continue sur un ensemble de dossiers, de
façon à voir les ramifications. On croit que cela nous apporte
des bénéfices.
Je pourrais peut-être répondre à la question sur la
criminalité économique. Je pourrai vous donner des chiffres, les
transmettre au ministre, parce que je ne les ai pas. Je dois vous dire, par
contre, qu'en matière d'effectifs, depuis deux ans, ils n'ont pas
bougé; on n'a pas eu d'accroissement d'effectifs dans ce domaine.
M. Lalonde: II me semblait, en relisant les rapports des
années précédentes, l'an dernier, il y a deux ans, qu'il
était question d'ajouter des effectifs à votre escouade de crimes
économiques. Vous étiez cinquante, je pense, à
Montréal et vingt à Québec. (20 h 45)
M. Bédard: C'est cela, 25 à Québec; c'est
environ 75.
M. Lalonde: Oui, et cela n'a pas été
augmenté?
M. Bédard: On a actuellement une demande pendante au
Conseil du trésor qui est à l'étude, qui prévoit
d'injecter 25 postes additionnels dans ce domaine-là. Par contre, vous
avez parlé tout à l'heure de la prévention du crime et
cela rejoint un peu une préoccupation de l'autre élément
du programme précédent, à savoir: que nos enquêteurs
ont entrepris un programme de prévention. Cela s'appelle Le Puits de
Sagesse; c'est un dépliant accompagné d'un montage audio-visuel
et de conférences. On s'est aperçu, d'après notre
expérience, que les gens qui ont atteint un certain âge, qu'on
appelle maintenant les gens de l'âge d'or, ne sont pas toujours les plus
fortunés, mais un grand nombre a accumulé au cours des ans un
certain montant d'argent. Ce sont des personnes de choix pour les
fraudeurs...
M. Lalonde: C'est à cet âge-là que cela se
produit.
M. Bédard: C'est cela, l'appât du gain, le but de
faire fructifier le petit avoir qu'on a accumulé au cours des
années. Donc, ce sont des personnes très vulnérables. On a
entrepris une campagne, on a fait le tour des foyers où les gens de
l'âge d'or sont en séjour, ou encore des clubs de l'âge
d'or, ceux qui ont leur demeure et qui se réunissent à certains
endroits. Il y avait donc un montage audio-visuel, une conférence sur
les diverses techniques, les méthodes employées par les
fraudeurs, des mises en garde, plus un petit dépliant sur les choses
à faire. On a cru que c'était nécessaire... Vous savez,
cela fait pitié quand on voit ces gens-là, qui ont
accumulé au cours d'une vie des avoirs, se faire laver de leurs biens
dans le temps de le dire.
M. Lalonde: Cela rejoint un peu ce que je disais tantôt sur
les victimes de fraudes.
M. Bédard: Oui.
M. Lalonde: Généralement, ce sont des vols.
M. Bédard: Oui, fréquemment. Si je peux ouvrir une
parenthèse sur les préoccupations que vous aviez tout à
l'heure tous les intervenants ... Il y a un institut de recherche
en criminologie à l'Université de Montréal et on est en
contact avec lui. Il y a M. Rico qui travaille avec nos gens. J'avais
l'intention d'amorcer des pourparlers avec lui de façon à
conduire une enquête pas une enquête policière, ni
une enquête de renseignements scientifique pour
déterminer...
M. Lalonde: C'est une autre sorte?
M. Bédard: ... le profil, d'abord, du fraudeur, le profil
de la victime, les diverses techniques employées de façon que
tôt ou tard on puisse se servir de tout cet ensemble de données
pour faire de la sensibilisation. Plus les gens sont sensibilisés, plus
ils sont mis en garde, plus on a de chances qu'ils se protègent
eux-mêmes. Donc, je ferme cette parenthèse.
Je donnnerai à M. le ministre demain ou après-demain les
données sur le nombre d'enquêtes en matière de crimes
économiques que nous avons faites. Je vous préviens à
l'avance, ce n'est pas astronomique comme nombre parce que ce sont des
enquêtes fort longues.
La sécurité routière ne laisse personne
indifférent. Tenant compte que le parc-automobiles du Québec
s'accroît au rythme d'environ 8% annuellement, nous avons connu une
hausse de 16% des accidents avec dommages matériels. En matière
d'accidents avec blessés, ceux-ci ont diminué de 4%. C'est assez
intéressant parce qu'on sait que les accidents avec blessés ont
une influence sur ce que la Régie de l'assurance automobile doit
défrayer et ce sont les goussets des citoyens qui paient. Par contre, je
vais vous expliquer un peu tout à l'heure... On a tendance à
croire ce n'est pas scientifiquement mesuré parce qu'on a une
année d'expérience que la hausse des accidents est due
à plusieurs facteurs, dont un est l'obligation de rapporter les
accidents. Maintenant on couvre tous les accidents, l'individu avec un tracteur
sur son terrain, les deux individus qui s'accrochent sur un terrain de
stationnement, ce qu'on ne faisait pas par le passé. Aujourd'hui on a
intérêt...
M. Fontaine: Cela ne se fait pas partout dans les autres
villes.
M. Bédard: Non. Quant aux mortalités, aspect le
plus triste de l'insouciance de nombreux automobilistes sur les routes, nous
avons terminé l'année avec 893 victimes, soit huit
mortalités de plus qu'en 1977; à noter que dans ce nombre, il y a
la tragédie du Lac d'Argent qui a fait 41 victimes. Donc, si on
soustrait 41 de cela, on devrait avoir théoriquement 33 de moins. Cela
n'aurait pas été si mal, compte tenu, cela explique un peu ce que
je vous disais tout à l'heure sur le nombre d'accidents, ce ne sont pas
des accidents tellement graves.
Ces résultats nous apparaissent positifs et sont attribuables
à un travail de prévention accru, d'application sélective
du Code de la route, application aussi intelligente que faire se peut, en
fonction de facteurs qui sont des causes d'accidents. C'est là que c'est
difficile à comprendre, c'est qu'on a travaillé... Il y a deux ou
trois facteurs: il y a les infractions qui en sont de véhicules en
mouvement; il y a les véhicules qui sont en mauvaise condition et les
chauffeurs en état d'ébriété. En matière de
vérification mécanique, on a distribué 22,6% de
contraventions de plus, donc c'est un travail de prévention qui a
été encore accru. En matière de répression, les
infractions commises par les automobilistes en mouvement ont augmenté de
19,5% et on a fini l'année avec 16%
d'augmentation des accidents, c'est un peu ce pourquoi je vous
expliquais tout à l'heure les causes.
Un autre facteur fut le dépistage, dans les cas de
facultés affaiblies. Depuis la venue de l'ivres-somètre en 1969,
il n'y eut jamais de recul. C'est un domaine qui ne connaît pas de
baisse. En 1970, nous avions 5 998 cas et en 1978, nous avons enregistré
16 432 causes. Cette répression s'avère un élément
déterminant car, en enlevant des routes les conducteurs incapables de
conduire adéquatement leur véhicule, nous protégeons ainsi
les citoyens respectueux des lois et normes que la société s'est
donnée en matière de conduite automobile.
M. le Président, je m'excuse d'interrompre le directeur de la
Sûreté du Québec, cela serait pour informer les membres de
la commission que le rapport de la Sûreté du Québec est
disponible; nous pourrions le distribuer aux membres de la commission, quitte
à le déposer officiellement à l'Assemblée
nationale, demain ou après demain.
En fait, techniquement, si je peux ajouter, il n'y a pas d'obligation en
vertu de la loi de dépôt à l'Assemblée nationale, de
sorte qu'il n'y a pas de problème à remettre à la
commission.
M. Lalonde: On ne soulèvera pas la question à
l'Assemblée nationale.
M. Bédard: Comme l'a fait le député de
Marguerite-Bourgeoys, je peux quand même souligner la
célérité avec laquelle les autorités de la
Sûreté du Québec ont procédé pour nous
acheminer ce rapport en temps, même si l'étude des crédits
a été avancée par rapport à l'an passé.
Si vous me permettez, c'est qu'on a mis une grande
célérité cette année pour essayer de le produire,
mais l'année dernière, les crédits avaient
été le 21 avril, donc on s'attendait à être à
peu près à la même date.
M. Lalonde: Ne me regardez pas. M. Bédard: Non,
non.
M. Lalonde: Cela n'est pas de ma faute, j'ai essayé de
repousser cela un peu.
M. Bédard: Je vous regarde parce que vous avez
été l'intervenant le plus actif.
M. Lalonde: Je vous remercie.
M. Bédard: C'est toujours efficace la justice, c'est
toujours prêt à procéder. Je laisse la parole au directeur
de la Sûreté du Québec.
Un autre facteur qui, bien que ne pouvant être mesuré
scientifiquement si vous voulez, on peut peut-être suivre
ensemble, c'est à la page 2, à gauche, en haut
l'expérience étant trop récente a certainement eu un effet
positif dans la diminution des blessés, il faut le port de la ceinture.
En 1976, nous avons eu une approche éducative qui s'est durcie en 1977.
Lors de ces deux années d'opération, nous avons distribué
1738 contraventions en 1976, 26 553 en 1977. En 1978, on s'est dit: L'ignorance
de la loi n'est plus une excuse, et le gouvernement a fait une grosse campagne
de publicité, je ne veux pas partir de débat sur le... je pense
que c'est positif pour protéger les citoyens.
M. Lalonde: "On s'attache au Québec ".
M. Bédard: On voit déjà les
résultats. Continuez M. le directeur.
M. Lalonde: Là, là, là...
M. Bédard: On va vous ouvrir de bonnes portes.
M. Lalonde: On ne sait jamais ce qu'il y a derrière les
bonnes portes.
M. Bédard: Je ne vous ai pas fait de remarque, je pense
qu'on pourrait...
M. Fontaine: Cela aurait été aussi bon de dire:
Nous devons nous attacher au Québec.
M. Bédard: On pourrait laisser continuer.
Le résultat 48 299 contraventions distribuées. Cela ne
nous a pas fait une grande popularité mais, si on regarde la
finalité, 4,0% de diminution des accidents avec blessés. Il est
indéniable qu'en sécurité routière, une phase
éducative doit être suivie d'une action ferme des policiers dans
l'application de la loi. Quand on touche les goussets du délinquant,
c'est une forme d'éducation permanente qui constitue un rappel constant
à la prudence. Il y a peu de fioritures.
M. Lalonde: Ce ne sont pas des fioritures, ce n'est même
pas de l'ironie. C'est très vrai.
M. Bédard: C'est une vérité de la police. La
police, par son action, incite au respect des autres et par sa sagesse et par
sa présence inculque une certaine sagesse. On essaie de faire cela dans
tous les domaines. Nous avons développé la
spécialité de drogues et stupéfiants pour remplir notre
mission de dépistage à l'échelle du Québec, en
restant toujours sur un plan provincial. Quand la marchandise a atteint la
province, il faut tenter d'en freiner la distribution. L'année 1978
s'est soldée par 1210 causes alors qu'en 1977, nous en avions
réussi 986.
Nous accomplissons cette mission à travers nos policiers qui
appliquent la loi sur le contrôle des permis d'alcool, la
moralité, le jeu. Donc, cela devient une mission additionnelle, sans en
faire une spécialité unique. On a développé ces
gens.
Dans le domaine de la Loi de la Commission du contrôle des permis
d'alcool, nous avions établi 5675 causes en 1977, alors qu'en 1978, nous
avons complété l'année avec 6489 causes. Notre assistance
aux corps policiers municipaux a augmenté de 21,1%. Bien qu'il soit du
rôle de la
Sûreté du Québec d'aider les cas qui n'ont pas
toujours les ressources nécessaires, cette augmentation croissante a
apporté à notre organisation une surcharge de travail qui devient
de plus en plus difficile à supporter. Cet accroissement est dû
à la diminution des effectifs policiers dans plusieurs
municipalités pas récente, comme il a été
dit aujourd'hui, mais préalable. Donc, c'est une situation qui a
perduré.
L'abolition des corps de police est enrayée, mais la diminution
des effectifs, faute de ne pouvoir accroître les budgets, n'a pas
arrêté. Si cette tendance se continue, il nous sera difficile de
suffire à la tâche. En matière de police
amérindienne, tout à l'heure, le ministre a fait un petit
exposé. Nous avons terminé l'année en instituant une
police autochtone en territoire cri, conformément aux engagements du
gouvernement dans l'entente de la baie James. Au mois de juin, nous aurons
terminé la mise en place du plan préconisé. Ces constats
spéciaux sont actuellement parrainés par des membres de la
Sûreté du Québec.
Je pense que cela couvre un survol comme approche
générale.
M. Lalonde: J'espérais pouvoir terminer l'implication de
M. Beaudoin, en particulier, et peut-être de ses adjoints, dans les
travaux de la commission ce soir, étant donné qu'on ajourne dans
trois minutes. Je ne sais pas si on peut immédiatement se...
malheureusement, je ne peux pas continuer après dix heures. Je ne sais
pas si c'est possible pour vous d'être ici demain.
M. Bédard: Ah oui! on sera ici demain. Cela nous donnera
l'occasion de pouvoir feuilleter...
M. Lalonde: De les regarder un peu plus.
M. Bédard: Je comprends qu'on veuille donner un peu plus
de temps à l'ensemble de l'étude de l'action policière de
la Sûreté du Québec.
M. Lalonde: II y va quand même de presque 40% de votre
budget. Excusez-moi, j'avais à l'oeil... c'est beaucoup, alors, si vous
n'avez pas d'objection, on pourrait ajourner et continuer demain. Je vous
remercie déjà de ce début d'information.
Le Président (M. Dussault): J'informe les personnes
concernées que les travaux de la commission demain auront lieu à
la salle 91A. J'ajourne les travaux de cette commission jusqu'à demain
matin, à 18 heures.
M. Lalonde: Pourquoi est-on puni, on n'a rien fait de mal!
M. Bédard: C'est parce qu'on travaille trop bien!
Fin de la séance à 22 heures