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Commission permanente de la justice
Etude du projet de loi no 21
Loi modifiant la loi de la commission
de contrôle des permis d'alcool
Séance du mercredi 3 juillet 1974
(Dix heures dix sept minutes)
M. PICARD (président de la commission permanente de la justice):
A l'ordre, messieurs! La commission de la justice commencera ce matin
l'étude, article par article, du projet de loi 21, Loi modifiant la loi
de la commission de contrôle des permis d'alcool.
On m'informe de certains changements dans la formation de la commission.
M. Bienvenue (Crémazie) est rempalcé par M. Ostiguy
(Verchères), M. Côté (Matane) remplace M. Boutin (Johnson),
M. Pelletier (Kamouraska-Témiscouata) remplace M. Ciaccia (Mont-Royal),
M. Malépart (Sainte-Marie) remplace M. Desjardins (Louis-Hébert),
M. Malouin (Drummond) remplace M. Levesque (Bonaventure), M. Picotte
(Maskinongé) remplace M. Springate. Oh! excusez, M. Springate vient
d'arriver. Alors, M. Picotte remplace M. Sylvain (Beauce-Nord). J'aimerais
suggérer le nom de M. Pagé (Portneuf) comme rapporteur. Est-ce
que c'est agréé?
DES VOIX: Agréé. M. SAMSON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que l'honorable ministre a des
commentaires à caractère général à nous
offrir en rapport avec ce projet de loi?
Exposé général du
ministre
M. CHOQUETTE: Non, M. le Président, je n'ai pas de commentaire
à caractère général à faire à ce
moment-ci, parce qu'il y a eu un débat en deuxième lecture;
d'ailleurs, plusieurs députés y ont participé. Mais c'est
simplement pour l'ordre des travaux que j'aimerais faire certaines suggestions
à la commission. Nous avons, évidemment, à examiner le
projet de loi 21, article par article. Cependant, je tiens à souligner
que j'ai reçu un mémoire de l'Association des hôteliers,
qui est représentée ici ce matin, et que je n'aurais pas
d'objection à distribuer le mémoire de cette association aux
membres de la commission pour qu'ils soient informés du point de vue de
l'Association des hôteliers. Si c'est le désir de la commission,
je n'aurais aucune objection à ce que M. Delage ou un
représentant soit autorisé à être entendu pour
expliquer les points mentionnés dans ce mémoire.
C'est une chose que nous pourrions envi- sager de faire avant de
commencer l'étude du projet de loi article par article. D'autre part,
j'ai invité le juge Trahan, ainsi que son collègue de la
Commission de contrôle, M. Vézina, à être-
présents au cas où les membres de la commission auraient des
questions à poser. Finalement, j'ai deux projets de règlements
qui devraient être approuvés par le lieutenant-gouverneur en
conseil une fois que le bill 21 aura été adopté. J'ai
pensé que ce serait peut-être une bonne occasion, après que
nous aurons étudié le projet de loi, article par article, de
discuter avec vous, sans formalisme aucun, du contenu de ces deux
règlements afin que les députés nous fassent part de leur
point de vue et que le lieutenant-gouverneur en tienne compte lorsqu'il les
adoptera.
Le premier règlement porte sur le permis de réunion,
l'ancien permis de banquet qui a causé quelques difficultés
à l'administration de la Commission de contrôle il y a un certain
temps, et le deuxième sur la réglementation de la vente et de la
publicité des boissons alcooliques.
A ce sujet, sur la vente et la publicité des boissons
alcooliques, j'ai fait inviter le Dr André Boudreau, de l'OPTAT, qui est
président du comité interministériel sur la toxicomanie,
à venir expliquer les grandes lignes du règlement projeté,
de façon à indiquer aux députés quelle est la
philosophie générale qui se trouve derrière ce projet de
règlement. Je pense que tout cela nous permettra d'aborder un certain
nombre de questions pertinentes à l'administration des alcools au
Québec.
Je vous suggère donc, vu les observations, que nous invitions
immédiatement M. Delage ou un représentant de l'Association des
hôteliers à nous faire leurs commentaires sur certains articles du
projet de loi et vous pourrez en tenir compte lorsque nous arriverons aux
articles qui sont pertinents. A moins que quelqu'un ait une autre
procédure à suggérer.
M. BURNS: M. le Président, je suis d'accord pour entendre M.
Delage. Avant d'entendre M. Delage, cependant, j'aimerais savoir de la part du
ministre quelles consultations ont eu lieu antérieurement à la
rédaction du projet de loi avec les représentants de la
Commission de contrôle et en particulier le juge Trahan. Quelles
consultations y a-t-il eues exactement? Je pense que c'est assez important.
M. CHOQUETTE: II me fait plaisir de répondre à cette
question. Ce projet de loi est en préparation au ministère de la
Justice depuis plus d'un an. Il a fait l'objet de nombreuses consultations avec
la Commission de contrôle des permis d'alcool. D'ailleurs, on peut dire
qu'il a été rédigé à la fois par le
ministère de la Justice et la commission. Il a fait l'objet de
consultations avec toutes les associations représentatives du secteur de
la vente des alcools, qu'il s'agisse des associations d'épiciers,
d'hôteliers, de restaurateurs, de tavernes et brasseries
et d'autres groupes ont probablement été
consultés.
Les avocats, qui ont une connaissance particulière dans ce
domaine, ont également été consultés.
En fait, je puis dire que le projet de loi a vraiment été
exploré sous tous ses aspects. Ceci explique peut-être pourquoi le
projet de loi semble avoir été particulièrement bien
reçu dans le public, parce que je n'ai entendu aucune déclaration
d'opposition au projet de loi, même s'il contient certaines
innovations.
Il y a eu un travail, par conséquent, très
considérable avant d'apporter ce projet de loi à
l'Assemblée nationale.
M. BURNS: D'ailleurs, M. le Président, c'est la raison principale
pour laquelle je posais la question. Il me semble régler tellement de
problèmes pratiques que je voulais qu'on rende hommage aux gens qui vous
ont appuyé dans la rédaction du projet de loi. Il me semble
être une réponse à un tas de questions ou une solution
à un tas de problèmes qui se posaient depuis longtemps dans
l'administration des permis d'alcool. C'était dans ce sens que j'aimais
qu'on nous dise qui a été consulté avant.
M. CHOQUETTE: J'ai peut-être omis de mentionner certains
organismes ou personnes qui ont été consultés. Là,
on me passe un document et je ne saurais lire cette écriture. Ah! on me
dit que c'est écrit à la machine. L'Association des
hôteliers de la province de Québec, l'Association des taverniers
du district de Montréal, l'Association provinciale des restaurateurs du
Québec, l'Institut des brasseurs du Québec, l'Association des
détaillants en alimentation du Québec et diverses associations
d'épiciers, l'Association des fabricants de cidre et plusieurs autres
associations; ceci, sans compter les consultations qui ont eu lieu sur la
préparation du règlement sur la vente et la publicité des
alcools qui a fait l'objet d'autres consultations et de réunions. Je
pense qu'il y a eu une quinzaine de réunions.
M. BLANK: Les Lacordaires?
M. CHOQUETTE: Non, pas tellement. Je crois que c'est une race qui a
tendance à disparaître. Si vous me le permettez, est-ce que vous
êtes d'accord que nous entendions M. Delage?
M. SAMSON: Je voudrais poser une question au ministre, s'il vous
plaît.
M. CHOQUETTE: Oui.
M. SAMSON: Au sujet des travaux de la commission, est-ce que le ministre
peut nous dire s'il a l'intention, en plus de permettre à M. Delage de
nous faire part de son point de vue, d'accorder une période où
les députés pourront poser certaines questions à M.
Delage?
M. CHOQUETTE: Si vous le voulez, bien oui.
M. SAMSON: Est-ce qu'on met une limite de temps ou non?
M. BLANK: Illimité.
M. SAMSON: Unlimited.
M. BLANK: Free play.
M. SAMSON: Unlimited.
M. OSTIGUY: Yes, province bilingue.
M. SAMSON: Accordingly with the bill 22.
M. CHOQUETTE: Je crois que, pour le moment, on ne devrait pas limiter
les députés au point de vue d'une période de questions
à M. Delage. On pourra voir suivant l'évolution de la discussion,
si vous le permettez.
M. SAMSON: D'ailleurs, on va être raisonnable.
M. CHOQUETTE: J'en suis sûr.
M. Delage, aimeriez-vous prendre la parole?
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que les membres de la commission sont
d'accord sur cette procédure?
DES VOIX: D'accord, pas de problème. Agréé.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, est-ce que je pourrais inviter M.
Delage à prendre place à la barre, de façon à
pouvoir utiliser le micro?
M. CHOQUETTE: M. Delage, assoyez-vous donc au bout de la table.
LE PRESIDENT (M. Picard): Ici, au bout de la table, si vous voulez.
M. CHOQUETTE: On ne voudrait pas vous mettre à la barre des
accusés.
Association des hôteliers de la province de
Québec
M. DELAGE: L'Association des hôteliers de la province de
Québec est représentée officiellement par le
ministère de l'étude d'avocats Goodwin & De Blois. Alors, je
crois qu'il serait pertinent de demander à Me De Blois de faire
l'exposé de la question. Et comme il a été
suggéré tantôt, s'il y a des questions posées, il me
sera très agréable d'y répondre.
M. DE BLOIS: Les recommandations qui ont été
préparées sont évidemment très limi-
tées, sur un texte d'environ onze pages. Elles se groupent en
quatre parties. La première objection concerne le...
M. OSTIGUY: M. le Président, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu
plutôt que Me De Blois fasse lecture du mémoire? On pourra,
à ce moment, je pense, souligner les articles sur lesquels on voudrait
questionner.
M. DE BLOIS: Si cela peut convenir à la commission.
M. OSTIGUY: Je préférerais ça, s'il vous
plaît.
M. DE BLOIS: Recommandations de l'Association des hôteliers de la
province de Québec au sujet du projet de loi no 21.
Les propriétaires d'hôtel et de motel reconnaissent que
plusieurs amendements du projet de loi 21 apportent une amélioration
sensible à la Loi des alcools. Ils en remercient sincèrement les
autorités.
Par contre, ils se voient obligés de s'opposer fermement à
trois amendements qui sont de nature à nuire considérablement au
progrès et à l'avancement de l'hôtellerie au
Québec.
Première objection: Permis de restaurant.
En vertu de l'article 8 du projet de loi, les permis actuels de salle
à manger et de restaurant disparaîtraient pour être
remplacés par un permis unique, le permis de restaurant.
A première vue, cette simplification peut paraître logique.
Mais, où la simplification dépasse les bornes du sens commun,
c'est quand l'article 15 proposé nous dit au 3e paragraphe: "Dans la
présente loi, on entend par l'expression "restaurant" un
établissement spécialement aménagé pour y servir
des repas..."
En d'autres mots, du moment où l'établissement a une
cuisine bien aménagée, ce serait un restaurant. Rien ne
l'obligerait à servir des repas pour se qualifier comme tel.
Il s'agit sûrement là d'un oubli du législateur, car
la loi actuelle dit textuellement, article 15: "Au sens de la présente
loi, un restaurant est un établissement pourvu d'aménagements
spéciaux où, en considération d'un paiement, on trouve
habituellement à manger".
D'ailleurs, dans tous les dictionnaires du monde et dans l'esprit du
commun des mortels, un restaurant est un endroit où l'on mange.
On nous répondra que si les boissons ne sont pas
consommées sur place, à l'occasion d'un repas, tel que l'exige le
premier paragraphe de l'article 15 du projet de loi, le détenteur commet
une infraction. Ce qui implique que le repas est légalement obligatoire
dans un restaurant qui détient un permis de la Commission de
contrôle.
Là-dessus, nous sommes parfaitement d'accord.
Mais là où la définition incomplète du 3e
paragraphe de l'article 15 projeté donne ouverture à des abus
considérables, c'est quand l'article 16 projeté nous dit que le
permis de bar peut être accordé au détenteur d'un permis de
restaurant, dans une municipalité de plus de 2,000 âmes.
Voici donc ce qui pourrait arriver :
En vertu du projet de loi, si j'aménage mon établissement
pour y servir des repas, je peux obtenir un permis de restaurant et un permis
de bar.
Comme je ne peux pas servir de boissons alcooliques dans mon restaurant,
sauf à l'occasion d'un repas, je m'abstiens tout simplement de servir
à manger. Tout en respectant la loi, j'économise sur la brigade
de cuisine, sur le personnel de service, sur l'achat des victuailles et sur
tous les frais accessoires.
Heureusement, comme mon permis de restaurant, qui ne m'oblige pas
à servir de repas, m'a autorisé à obtenir un permis de
bar, je vends des boissons alcooliques dans mon bar, sans repas, et le tour est
joué.
Recommandation. Pour éviter cette échappatoire, il
conviendrait donc que le 3e paragraphe de l'article 15 du projet de loi 21 se
lise de la façon suivante: "Dans la présente loi, on entend par
l'expression "restaurant" un établissement spécialement
aménagé pour y servir des repas, où, en
considération d'un paiement, on trouve régulièrement
à manger, et qui détient un permis du Service d'hôtellerie
à cet effet".
Deuxième objection: permis de bar. Selon les amendements
prévus à l'article 8, page 6, le permis de bar pourrait
être accordé: "c) dans un établissement distinct lorsqu'il
autorise la présentation de spectacles ou la pratique de la danse,
pourvu que l'établissement, dans lequel il est exploité, soit
situé dans une municipalité dont la population est de plus de
2,000 âmes".
La conséquence flagrante de cet amendement serait que toutes les
granges et toutes les cabanes à sucre ainsi que toutes les salles de
patronage, de loisirs, de CEGEP, de sociétés et d'associations de
toutes sortes n'auraient qu'à offrir un spectacle ou la danse pour
pouvoir faire librement le commerce des boissons alcooliques.
Depuis 1921, la Loi des alcools est reconnue comme une loi de
contrôle. Les hôteliers ont payé et continuent de payer
chèrement pour le savoir.
Le malheur, c'est que cette loi de contrôle, qui est très
sévère pour protéger la Société des alcools,
les brasseries et les fabricants de cidre, devient très élastique
quand il s'agit de favoriser tous ceux qui veulent profiter de la vente des
boissons alcooliques, et ce au détriment des hôteliers et des
restaurateurs qui sont les piliers de la deuxième industrie de la
province.
Le gouvernement n'a qu'à continuer dans cette voie et, d'ici
quelques années, il pourra se contenter de rédiger un seul
article qui se lirait
comme suit: "Toute personne qui n'a pas moins de 18 ans peut vendre
à toute personne de 18 ans et plus des vins et spiritueux et des
bières et cidres, à la condition expresse de les avoir
achetés aux magasins de la SAQ ou à l'épicerie."
Cet argument peut avoir l'air d'une boutade, mais du train où
vont les choses, cette fameuse loi de contrôle est en passe de devenir
une farce monumentale. Il n'est pas besoin d'être expert pour savoir que,
sans hôtellerie, le tourisme ne sera jamais rentable. Or, pour avoir de
bons hôtels, il faut permettre aux hôteliers de compter sur trois
sources de revenus: le gfte, la table et les boissons alcooliques.
Si on permet à tout venant de tirer profit du commerce des
alcools, nombreux seront alors les propriétaires d'hôtel ou de
motel qui ne pourront plus faire face à leurs obligations et qui, voyant
leur marge de profits diminuer considérablement, ne seront plus en
état d'être à la hauteur de leur mission touristique.
Actuellement, on exige des hôteliers des sacrifices
considérables. Pour commencer, le gouvernement provincial les astreint
à payer: le permis d'hôtellerie, les permis d'alcool, la taxe de 8
p.c. sur les repas, la taxe de 8 p.c. sur les chambres, la taxe de 5 p.c. sur
les achats de vins et de spiritueux.
Vient ensuite la municipalité qui leur impose: une taxe
d'affaires, une taxe d'eau, une taxe foncière et autres taxes qui
varient selon l'appétit des conseils municipaux.
Il est vrai que, selon la philosophie du maire Drapeau, ces taxes sont
payées directement ou indirectement par l'aimable clientèle. Ce
qu'on oublie toutefois, c'est que lesdites taxes augmentent le coût de
notre produit, à tel point que plusieurs de nos clients éventuels
qu'il s'agisse d'individus, de groupes ou de congrès vont
se loger et se nourrir dans des collèges, des couvents, des
universités ou de simples maisons privées, ce qui est nettement
à l'encontre de la loi, puisque ces logements de fortune ne
détiennent aucun permis du Service d'hôtellerie.
De plus, chaque année, les hôteliers doivent subir la
visite des inspecteurs et des enquêteurs du Service d'hôtellerie,
de la Commission de contrôle des permis d'alcool et du ministère
des Travaux publics qui ont toujours de nouvelles exigences, lesquelles
entraînent forcément des dépenses
supplémentaires.
On nous dira que toutes les entreprises doivent faire face aux
mêmes obligations. Mais nous répondrons que, toutes proportions
gardées, ces obligations sont plus onéreuses dans le cas des
hôteliers; que, sauf le cas isolé de l'hôtellerie à
chaîne, la majeure partie des hôtels sont des entreprises à
caractère familial; et que les hôteliers ne reçoivent
aucune aide ni aucune subvention gouvernementale, même s'ils sont les
principaux générateurs des millions que retirent la province et
les municipalités de l'industrie touristique.
Recommandation: Pour éviter que des organisations qui n'ont rien
à voir avec l'essor du tourisme au Québec nuisent au
développement normal de l'hôtellerie et risquent même
d'entraîner la faillite de plusieurs hotels, nous suggérons donc
humblement que l'alinéa a) de l'article 16 du projet de loi 21 soit
complètement abrogé.
Troisième objection: Réduction des heures de vente pour
les permis de bar. L'amendement prévu par l'alinéa d) de
l'article 53 du projet de loi réduirait l'exploitation d'un bar de deux
heures par jour.
A une période d'inflation et de concurrence
effrénée, il est assez difficile de comprendre pourquoi le
législateur enlève aux hôteliers plus de 700 heures par
année dans l'exploitation de leur bar.
Dans certains cas, c'est une restriction qui n'est pas dommageable outre
mesure, mais dans plusieurs hôtels, ces quelque 700 heures
représenteraient une perte de revenus assez forte.
Pour une fois que la loi actuelle nous donne une consigne uniforme
à travers la province pourquoi compliquer les choses en faisant
exception dans le cas des bars?
Si encore le législateur avait une raison valable pour agir
ainsi! Jamais l'Association des hôteliers n'a fait une telle demande.
Jamais nous n'avons été consultés à ce sujet.
Nous comprenons fort bien qu'il ne nous appartient pas d'imposer nos
vues au législateur. Par contre, nous sommes si étroitement
liés au succès de l'industrie touristique au Québec qu'on
pourrait tenir compte de notre point de vue dans l'élaboration des lois
qui nous concernent vitalement.
L'hôtellerie ne veut pas se parer des plumes du paon, mais
à quoi servirait au gouvernement de dépenser $I,400,000 en
publicité touristique, si l'on considère les hôteliers
comme quantité négligeable?
Recommandation: Afin de permettre aux hôteliers de continuer
à fournir au public voyageur et à la clientèle locale les
mêmes services qu'auparavant, la vente des boissons alcooliques dans les
bars devrait être autorisée, comme elle l'est déjà
depuis treize ans à savoir: de huit heures du matin à trois
heures du matin le lendemain.
Quatrième objection: Permis de réunion. L'article 1 du
projet de loi nous apprend que le vieux permis de banquet qui se donne à
une cadence de 40,000 par année deviendrait le permis de
réunion.
En vertu de l'amendement projeté, il permettrait non seulement de
servir mais de vendre des boissons alcooliques, ce qui est absolument contraire
aux recommandations du rapport Thinel.
Nous nous sommes toujours objectés et nous continuerons à
nous opposer vertement aux abus criants occasionnés par ce genre de
permis qui cause à l'industrie hôtelière un tort
considérable.
Recommandation: Le permis de réunion devrait défendre
catégoriquement le droit de vendre. De plus, le lieutenant-gouverneur en
conseil, fort des excellents amendements suggérés à
l'article 10 de la loi actuelle, par l'article 10 du projet de loi, devrait
adopter des règlements sévères qui empêchent de
multiples organisations de faire le commerce des boissons alcooliques
supposément au profit des oeuvres charitables, patriotiques, sociales,
voire même politiques.
Il est injustifiable, pour ne pas dire davantage, que la plupart de ces
groupements qui sont déjà financés par des souscriptions
du public et/ou des subventions du gouvernement fassent une concurrence
déloyale au commerce organisé, alors qu'ils vivent
déjà au crochet des contribuables, dont les propriétaires
d'hôtel et de motel sont parmi les plus lourdement taxés.
Conclusion: Si la Loi des alcools est véritablement une loi de
contrôle, elle se doit de protéger les intérêts
vitaux de ceux qui oeuvrent sans relâche au succès du tourisme,
qui sont les générateurs de 76,615 emplois, dont les salaires
payés se chiffrent annuellement par $175 millions et qui remettent
chaque année au trésor provincial plus de $200 millions en taxes
directes ou indirectes. Ces chiffres sont plutôt conservateurs,
puisqu'ils proviennent du rapport Baumann publié en 1967.
La liste de nos contributions et de notre apport à
l'économie de la province pourrait être beaucoup plus longue mais
nous avons raison de croire que le législateur est mieux placé
que quiconque pour estimer et pour juger l'importance de l'industrie
hôtelière au Québec. Nous formulons donc le voeu et
l'espoir que nos recommandations seront prises en bonne part puisqu'elles sont
dictées par notre seul désir d'obtenir une loi qui nous rendra
entièrement justice.
Nous présumons que des questions seront soulevées suite
à ce texte; on fera appel à Me Delage, je pense, qui pourra
certainement y répondre d'une façon adéquate.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: Ma question s'adresse probablement plus à Me Delage
qu'à Me De Blois, lui qui s'y connaît tellement dans le domaine.
Je ne dis pas que Me De Blois ne s'y connaît pas, mais il est
plutôt ici comme procureur, que comme personne directement
impliquée dans l'hôtellerie. Il y a eu plusieurs discussions
depuis un certain nombre d'années et je retrouve cette argumentation, en
particulier aux pages 9 et 10 de votre mémoire, relativement au pouvoir
qu'on accorderait à des organisations charitables, sociales, politiques
de servir et de vendre des boissons alcooliques dans leurs réunions qui,
souvent, sont des réunions de financement. En tout cas, je parle pour
les partis politiques; je pense que la plupart des réunions que
certaines associations de comté tiennent à un moment donné
c'est pour regarnir les coffres de leurs associations, il ne faut pas se le
cacher, c'est un des éléments.
Je sais que dans le passé on a eu beaucoup de difficultés,
du moins mon parti a eu de la difficulté à obtenir des permis
dans ce but spécifique. Je pense que c'est vrai pour les autres partis
politiques aussi. Cependant, ce que j'ai de la difficulté à
comprendre, Me Delage, c'est que le fait que vous posiez une objection à
ce type de permis sur une base de concurrence déloyale.
Là-dessus, j'aimerais que vous me corrigiez si j'ai tort, je suis de
ceux qui prétendent que ce n'est pas la même clientèle qui
va aller à ce type de réunions, que ce soit une organisation du
Parti libéral de Saint-Louis ou une organisation du Parti
québécois de Maisonneuve ou du Parti créditiste de
Rouyn-Noranda; vous attirez un genre de clientèle à ces
réunions, je pense, qui n'irait pas au réveillon, par exemple,
dans le comté de Maisonneuve ce même soir.
Je ne vois pas le lien, moi, entre le fait qu'on accorde ce permis et
que vous le considériez comme une concurrence déloyale, parce
que, très souvent, la personne qui va aller à la danse
organisée par le Parti québécois de Maisonneuve, un samedi
soir, s'il n'y a pas de danse ce soir-là, n'ira pas au réveillon;
elle va rester chez elle, puis elle va regarder le hockey. C'est ça qui
va arriver. C'est un type de clientèle très différent
qu'on approche. Ce n'est habituellement pas je vous parle de mon
expérience personnelle de ce genre de réunions, ce qu'on
appelle l'habitué des bars, puis des clubs et des grills qu'on attire
dans ce type de réunions, ou des hôtels, si vous voulez en parler
de façon plus globale. Alors, j'aimerais que vous me donniez plus de
détails sur ça. Je suis prêt à réviser mon
opinion là-dessus, si vous me convainquez.
M. DELAGE: Votre raisonnement est très bon quand il s'agit des
villes de Montréal et de Québec, mais quand vous tombez dans les
municipalités plus petites et dans les localités très peu
populeuses, il arrive que, le vendredi et le samedi soir où on organise
ces réunions, parce que ce sont les soirs où les gens
désirent sortir, on tombe justement dans la clientèle des gens
qui veulent aller à l'extérieur pour se rencontrer et s'amuser. A
ce moment-là, on draine la clientèle des hôtels dont ce
sont les deux meilleures soirées de revenu, et c'est pourquoi on
s'oppose.
Comme vous le dites, à Montréal et à Québec,
il n'y a pas d'erreur, la population est tellement dense que vous avez des
clientèles un petit peu compartimentées, mais, dans les petites
villes et dans les villages où est la majeure partie de notre
hôtellerie familiale, c'est le problème.
M. BURNS: Je comprends votre point de vue.
M. DELAGE: Chaque fois que vous avez de ces réunions, si le
ministère voulait faire enquête, il se rendrait compte que les
hôtels sont vides et que les salles de ces réunions sont remplies.
C'est facile à comprendre, parce que ces gens-là, d'abord,
peuvent vendre leurs boissons alcooliques moins cher parce qu'ils ne payent pas
les 5 p.c. que les hôteliers doivent payer: ils ne payent pas de permis,
ils ne sont pas inspectés. Ils obtiennent des permis de réunion
de telle heure à telle heure, mais aucun inspecteur ne va voir, sauf de
très rares exceptions puisqu'il s'en donne 40,000 par année, si
ça commence à l'heure et si ça finit à l'heure. On
n'inspecte pas pour la sécurité publique, alors que les
hôteliers, eux, sont pris à gauche et à droite, il ne faut
pas qu'ils admettent plus que tant de personnes dans la salle, il faut que le
permis soit affiché, les inspecteurs viennent voir s'ils débutent
ou s'ils finissent trop tard. Xous sommes soumis â toutes sortes d'ennuis
que n'nt pas ces gens-là.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Rouyn-Xoranda.
M. SAMSON": M. le Président, justement, j'ai un point de vue en
ce qui concerne les paroisses ou les petites localités, c'est le
suivant: dans certains cas, il n'y a même pas d'hôtel dans la
municipalité ou dans la paroisse. Dans d'autres cas. il y a un
hôtel qui a une salle qui loge quoi? une cinquantaine de personnes? A mon
sens, le permis de réunion, dans ces cas. du moins et je fais la
nuance, dans ces cas, du moins non seulement a sa place, mais est
absolument nécessaire. En effet, dans certaines paroisses, vous avez
soit la salle des loisirs paroissiale ou la salle municipale, etc., qui seule,
dans la plupart des cas. peut contenir 150 ou 200 personnes et rencontrer les
besoins pour lesquels, évidemment, le permis est demandé: dans
certains cas. ce sont des noces.
Dans d'autres cas, ce sont des réunions sociales soit de clubs
sociaux ou encore, c'est plutôt rare, d'associations politiques. Les
associations politiques ne sont pas celles, je pense, qui ont le plus
demandé de permis de réunion.
M. BURNS: Ce ne sont pas celles qui en ont obtenu le plus, en tout
cas.
M. SAMSON: Ce n'est peut-être pas celles qui en ont obtenu le
plus, comme le dit le député de Maisonneuve. Je l'ai
souligné à l'occasion de mon discours en deuxième lecture,
il demeure que nous devons prendre ces cas-là en considération.
Je remarque que dans votre mémoire vous faites, à plusieurs
endroits, allusion au fait que l'industrie hôtelière est
génératrice de l'industrie touristique, en quelque sorte.
Mon point de vue et j'aimerais bien avoir le vôtre à
ce moment-ci c'est que l'industrie touristique n'est pas
affectée, selon moi, par les permis de réunion parce que cela ne
s'adresse pas aux touristes directement; cela s'adresse
généralement à des gens qui sont sur place, comme le dit
le député de Maisonneuve. Là-dessus, je suis en mesure
d'apporter le même témoignage que lui. Les gens qui vont à
ces soirées ne sont pas des gens qui fréquentent
généralement en tout cas les hôtels, les bars, etc.;
ce sont des gens qui, à l'occasion, se rendront là. S'il y a de
la boisson à vendre à un prix raisonnable, ils en
achèteront mais si elle est à vendre au prix de l'hôtel,
généralement, ils n'en achèteront pas. C'est un cas que
nous devons considérer particulièrement pour ces circonstances.
Je me demande jusqu'à quel point, dans l'élaboration de votre
mémoire, lorsque vous en arrivez à la conclusion que le permis de
réunion devrait défendre catégoriquement le droit de
vente, vous avez considéré les cas de ces petites
municipalités.
M. DELAGE: II y a trois parties à vos objections. D'abord, quand
il n'y a pas de salle, c'est évident que ça ne peut pas nous
nuire. A ce moment-là, la loi des alcools devrait faire comme la Loi de
l'hôtellerie qui dit que, quand les hôtels sont remplis, les
maisons privées ou autres organismes qui ont des chambres à louer
peuvent les louer sans avoir de permis du service de l'hôtellerie parce
qu'à ce moment-là ça ne nous nuit pas puisque nous sommes
remplis.
Evidemment, si on ne peut pas offrir le service de salle, c'est la
même chose. Ce sont des cas d'exception qui devraient être
prévus par les règlements. Deuxièmement, vous dites que la
clientèle en vous rapportant à l'argument de M. Burns
qui fréquente ces réunions n'est pas celle qui
fréquente les hôtels. Evidemment, vous avez amené
l'argument des partis politiques, mais les 40,000 permis qui sont donnés
ne sont pas pour les partis politiques.
M. SAMSON: Je m'excuse, M. Delage, j'y ai fait allusion mais j'ai
spécifié que ce n'était pas la majorité. Au
contraire.
M. DELAGE: Non, mais je réponds à M. Burns et à
vous en même temps.
M. SAMSON: Ah bon!
M. DELAGE: Je veux dire que les 40,000 permis...
M. SAMSON: Répondez plutôt à moi, là.
M. DELAGE: Oui. Très peu de permis sont donnés pour les
partis politiques sur les 40,000. Le permis de banquet, si on remonte à
l'origine, était pour permettre aux gagne-
petit d'organiser des banquets à l'occasion des noces d'argent,
des noces d'or, etc., pour ceux qui n'avaient pas les deniers suffisants pour
aller dans les hôtels. Cela a dégénéré en
réunions de toutes sortes avec le résultat qu'aujourd'hui quand
on parle de but social, culturel ou politique, c'est légèrement
dépassé parce que vous avez toutes sortes de promoteurs qui
s'organisent pour avoir des permis de banquet sous tout prétexte venu et
même inventé et qui font le commerce des boissons alcooliques en
fin de semaine.
Vous dites que cela ne nuit pas à l'industrie touristique. Je
comprends que ce ne sont pas les touristes qui vont là, mais ça
nuit indirectement à l'industrie touristique, parce que, comme on le dit
dans le mémoire, les trois gros revenus des hôteliers sont le
gîte, la table et la boisson. Alors, si vous nous apportez une
concurrence au moment de pointe, à ce moment, vous diminuez nos revenus
et vous rendez l'hôtellerie moins rentable, et c'est comme ça que
ça nuit au tourisme.
M. SAMSON: D'accord, mais je pense que... Je m'excuse.
M. CHOQUETTE: J'aurais une précision de fait à apporter
à la discussion très intéressante qui se déroule
entre les députés et M. Delage. C'est au sujet du nombre de
permis de banquets, maintenant appelés permis de réunions, qui
ont été émis du 1er avril 1973 au 31 mars 1974. Le total
des permis émis a été de 34,562. On peut subdiviser ce
chiffre suivant deux ordres. Nature des permis émis: pour vendre,
14,408; pour servir, 20,154. On voit tout de suite que les permis de banquets
pour servir sont plus considérables que les permis de banquets pour
vendre. Je pense que ces facteurs devraient être pris en
considération dans la discussion qui a lieu.
Deuxièmement, sous un autre angle, 10,153 de ces permis ont
été émis pour des mariages ou anniversaires, 24,409 pour
d'autres occasions.
M. SAMSON: Est-ce que quelqu'un puisque vous avez ouvert cette
parenthèse, M. le ministre, et que nous avons parlé tantôt
des permis accordés à des associations politiques peut
nous donner, sinon exactement, au moins approximativement, le nombre des permis
qui ont été émis pour des associations politiques?
M. CHOQUETTE: Possiblement un ordre de grandeur.
M. TRAHAN: A venir jusqu'au mois d'octobre dernier, il n'y avait jamais
eu de demande de permis...
LE PRESIDENT (M. Picard): Je m'excuse, mais on n'entend pas la
réponse.
M. TRAHAN: Si vous me permettez, je peux m'asseoir à la
table.
A venir jusqu'au mois d'octobre, l'an dernier, nous n'avions pas eu de
demande de permis, si ma mémoire est fidèle. A partir de ce
moment, on a commencé à avoir des demandes de permis. Alors j'ai
demandé qu'on ait les têtes d'affiche de chacun des partis pour
qu'on se rencontre et qu'on puisse discuter ensemble de quelle façon on
pourrait procéder pour rendre service à tout le monde. J'ai
parlé à Me Ferland, spécialement de votre
côté, et je l'avais invité; malheureusement, personne ne
s'est présenté. Comme on voulait donner le service à tout
le monde, chaque fois qu'il y a eu une demande de permis, on a
vérifié le but, puis cela a été très rare
qu'on n'a pas accordé le permis.
Par le fait même, je peux répondre à M. Delage
immédiatement que chacune de nos salles est inspectée avant que
le permis soit donné. Cela se peut que dans les régions
éloignées ça ne se fasse pas, mais nous avons un registre
pour nos salles. Toutes les salles sont vérifiées et on prend
toutes les précautions voulues avec le personnel qu'on a actuellement
pour répondre aux exigences de chacune des personnes qui demandent les
permis.
Je dois ajouter qu'il y a 17 genres de demandes de permis pour servir:
les premières communions, les soirées à l'occasion de la
retraite, l'ordination sacerdotale, le mariage, le lancement d'un livre, les
inaugurations de toutes sortes, les graduations, les funérailles,
même pour les funérailles maintenant, les fiançailles, les
enterrements de vie de garçon, les conventions et congrès, la
confirmation, il y a le Bar-Mitzvah, qui est la confirmation à 13 ans
chez les Juifs, les baptêmes, les anniversaires de vie religieuse,
l'anniversaire de naissance, l'anniversaire de mariage, puis on en crée
énormément. Par contre, pour vendre, il y a 27 genres de permis
qui sont demandés.
M. CHOQUETTE: Pourriez-vous en faire une nomenclature?
M. TRAHAN: L'Age d'or, l'AFEAS, les centres de loisirs, les cercles de
fermières, la Chambre de commerce, les Chevaliers de Colomb, les clubs
de chasse et de pêche, les clubs sociaux, les compagnies
même les compagnies nous demandent des permis les comités
d'écoles, parents et maîtres, les corps de tambours et clairons,
les corporations théâtrales, les festivals et carnavals, les
Filles d'Isabelle, la Légion royale canadienne, les ligues sportives:
hockey, baseball, soccer, tennis, balle molle, etc. etc., les missions, les
municipalités, l'Ordre royal des Moose, l'Oeuvre des terrains de jeux,
les paroisses et fabriques, les partis politiques, les Guides et les Scouts,
les services de loisirs, les sociétés de Saint-Jean-Baptiste, les
syndicats et les universités.
l'espace voulu, ils ont une salle où ils peuvent recevoir pour
les banquets, ou les mariages, ou enfin pour tout ce que le président de
la Commission de contrôle vient de nous énumérer.
Par contre, à d'autres moments, comme le disait le
député de Rouyn-Noranda, il y a des salles de 50 ou 75 personnes
qui ne sont pas suffisamment grandes. Souvent, les hôteliers nous disent,
en tout cas dans ma région: On pourrait s'occuper de faire le service
dans la salle paroissiale. On pourrait être le détenteur du permis
et faire le service dans la salle paroissiale.
Vous mentionnez aussi que le permis de vente devrait être aboli et
cela devrait être un permis de servir seulement. Je ne vois pas tellement
de différence parce qu'au lieu de vendre le billet à $2,
admettons, et vendre la boisson on met le billet à $8 et la boisson est
incluse. Alors, cela revient à peu près au même.
D'après moi, cela se rapproche énormément.
M. DELAGE: Non, pas tout à fait.
M. OSTIGUY: Quelle est votre opinion là-dessus?
M. DELAGE: C'est-à-dire que cela limite tout de même
parce...
M. OSTIGUY: Au point de vue des revenus.
M. DELAGE: ... que c'est vendu à un groupe donné. Tandis
que, lorsque vous avez le droit de vendre, n'importe qui peut entrer et c'est
bar ouvert.
M. OSTIGUY: Oui, mais il doit payer quand même...
M. DELAGE: Oui, oui.
M. OSTIGUY: ... son billet...
M. DELAGE: II y a une différence.
M. OSTIGUY: ... plus cher que s'il est obligé d'acheter sa
boisson.
M. DELAGE: Oui, oui.
M. OSTIGUY: D'accord. Dans ces organisations qui demandent des permis,
les organisations de loisirs, qui ont absolument besoin des activités
sociales pour se créer des fonds, cela est nécessaire. Autrement,
ils vont dire au haut-commissariat ou au gouvernement: Bien, vous allez nous
subventionner. Je sais, je l'ai déjà cité d'ailleurs, j'ai
une organisation de loisir, dans une région, qui a un budget de $3,000.
Alors, disons que le haut-commissariat lui verse $400, la municipalité
lui verse $400, cela fait $800. Bien, il y a les $2,200. Où est-ce
qu'ils vont aller les chercher? Alors, ils ont
M. SAMSON: M. le Président...
M. CHOQUETTE: II y a beaucoup de votes là-dedans.
M. SAMSON: Je remercie...
M. DELAGE: On a compris ça depuis longtemps. La seule chose qui
n'est pas mentionnée...
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas que cela a fait changer mon point de vue, M.
Delage...
M. DELAGE: ... les divorces.
M. CHOQUETTE: ... c'est une constatation. Pardon?
M. DELAGE: La seule chose qu'on ne célèbre pas avec de la
boisson, ce sont les divorces, apparemment !
DES VOIX: Cela s'en vient.
M. SAMSON: Est-ce que vous suggérez qu'ils soient inclus?
M. BURNS: Ou qu'on les célèbre peut-être!
M. SAMSON: Je voudrais poser au ministre peut-être que ce
sera M. Trahan qui me répondra la question à savoir
combien il y a eu de permis d'émis, environ, pour les associations
politiques, depuis octobre 1973...
M. TRAHAN: Pour vous le dire, il doit y en avoir une cinquantaine.
M. SAMSON: Pas plus que ça? M. TRAHAN: Non.
M. SAMSON: Cela veut dire que, de ce côté-là, cela
n'a pas été un abus. Donc, pour les fins de la discussion, cela
ne doit pas être considéré comme un handicap aux permis de
réunions.
M. TRAHAN: C'est ça. Jusqu'à présent.
M. SAMSON: Jusqu'à présent. Est-ce que c'est une
invitation à en demander plus?
M. TRAHAN: Je reste neutre.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de
Verchères.
M. OSTIGUY: M. le Président, toujours sur le permis de
réunion, c'est bien sûr que dans nos petites municipalités
et plus précisément peut-être dans les comtés
ruraux il y a, dans chaque municipalité, un petit hôtel ou
même deux hôtels. Parfois, il y a de ces hôtels qui ont
besoin des activités sociales. Encore une fois, je rejoins le
député de Maisonneuve; d'après moi, ce n'est pas la
même clientèle. C'est une autre classe de gens qui vont dans une
organisation de loisir puisque je parle des loisirs qui vont
à cette soirée pour se rencontrer, fraterniser et en même
temps créer des fonds pour leur organisation, dans leur
municipalité. Les $2,200 dont je vous parle, pour juste émettre
des chiffres, où les prendraient-ils, sinon dans une soirée
sociale?
M. DELAGE: Bien oui, mais, à partir de ce principe, toutes les
organisations de la province qui veulent faire des sous vont se mettre à
faire le commerce de la boisson. C'est ce que l'on dit, c'est une loi de
contrôle et vous perdez tout le contrôle voulu quand vous donnez
ça à la cadence de 34,000 permis. Qu'est-ce que vous voulez? Il
n'y a pas d'inspection possible. A ce moment-là, tout le monde va
demander de ces permis.
M. CHOQUETTE: Cela fait deux fois que vous affirmez ça et je vous
reprends sur ça. Il y a de l'inspection. Même il est arrivé
fréquemment que des députés m'ont dit: Telle organisation
avait prévu une soirée à caractère culturel, ou
à portée sociale. Votre Commission de contrôle n'a pas
émis le permis. On met le blâme sur moi, personnellement. M. le
juge, je tiens à vous le dire en passant. La police est arrivée
en plein milieu de la réunion et cela a été un "flop"
monumental.
Alors, écoutez, même des fois je trouve que la police
exerce peut-être un peu trop de zèle de ce côté alors
qu'il y aurait d'autres crimes qui seraient plus graves. A mon sens, M. Delage,
je crois que, lorsque vous dites qu'il n'y a pas de contrôle, ce n'est
pas tout à fait exact.
Vous ne tenez pas en considération que, dans tous les districts
de la sûreté, il y a maintenant les ERAM, c'est-à-dire des
escouades spéciales alcool et moralité, dont c'est la fonction de
s'occuper de ces choses.
Alors, ne dites pas qu'il n'y a pas de contrôle. Ce n'est pas tout
à fait exact.
M. DELAGE: M. le ministre, sans vouloir vous déplaire, tant que
je ne serai pas convaincu... Je parle du contrôle général;
il faudrait qu'il y ait un inspecteur à l'ouverture et à la
fermeture, il faudrait qu'il y ait un inspecteur pour la sécurité
et vous devriez faire payer les 5 p.c. sur l'achat des bouteilles, comme on le
fait pour les hôtelliers.
C'est de cela que les hôteliers se plaignent. Ils sont
contrôlés à outrance, alors que là, par-ci,
par-là, vous envoyez des inspecteurs. Mais on ne me dira pas, tant que
je n'aurai pas eu la preuve du contraire, que les 34,000 permis ont tous
été inspectés.
M. OSTIGUY: M. le Président... Juste une question.
M. TRAHAN: Chaque fois qu'un permis de banquet, soit pour servir, soit
pour vendre, est émis, il y a une copie de ce permis qui est
envoyée à la police tant municipale que provinciale. Alors, le
contrôle, c'est à eux de le faire. S'ils ne le font pas...
M. DELAGE: Ah bien oui.
M. TRAHAN: Seulement, règle générale, ils le font,
parce qu'on a très souvent des causes à ce sujet.
M. DELAGE: Ils ne peuvent pas physiquement le faire, c'est ça le
problème.
M. BURNS: Dans la municipalité de Montréal, Me Delage,
entre autres je ne sais pas comment cela se passe ailleurs il y a
le Service des incendies, il y a les gens de la taxe d'amusement qui nous
tombent dessus automatiquement et il y a également le Service de police
qui régulièrement, dans ce genre de réunions, vient faire
sa vérification. Il n'y a peut-être pas de gens
spécifiquement de la Commission de contrôle qui viennent, mais,
comme le juge le disait tout à l'heure, je pense que les salles sont,
sinon vérifiées chaque fois, du moins catégorisées.
Et il y a habituellement de ces salles que vous reconnaissez de permis en
permis où une vérification a déjà été
faite.
M. TRAHAN: II faut un contrat de celui qui loue la salle pour qu'on
puisse vérifier avant si la salle est normale. Bien des fois, on refuse
parce que la salle ne respecte pas les règles contre l'incendie.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de
Verchères.
M. OSTIGUY: De plus, ce qui arrive, je pense, c'est que, peut-être
plus souvent dans les milieux ruraux, en tout cas, ces genres
d'activités sociales ont lieu les fins de semaine: vendredi, samedi et
dimanche. Je pense que, même si l'hôtelier de la place avait une
salle qui pourrait contenir 200 personnes, un samedi soir, il ne voudra pas
chasser sa clientèle régulière pour donner la place
à une organisation de loisirs, par exemple, ou à un club de l'Age
d'Or ou à d'autres qui voudraient tenir une activité sociale. Il
va leur dire: Je pourrais vous prendre du lundi au vendredi ou du lundi au
jeudi, mais, pour les fins de semaine, je suis obligé de garder ma
clientèle habituelle, ma clientèle coutumière.
Alors, comment voulez-vous que les organisations de loisirs que je vous
mentionnais tantôt puissent se créer des fonds? Même si
l'hôtelier de la place avait la salle de bonnes dimensions pour contenir
300 ou 400 personnes, il ne voudra pas chasser sa clientèle
habituelle.
M. DELAGE: La plupart des hôteliers qui se
plaignent de cela ont des salles spéciales pour les
réceptions de mariage, qui ont lieu le samedi matin et le samedi
après-midi et, le samedi soir, ces salles sont vides. C'est pour cela
qu'ils se plaignent.
M. OSTIGUY: Mais là, vous me parlez d'un hôtel qui a un
permis dans une municipalité? C'est assez rare. En tout cas, dans ma
région, les expériences qu'on a vécues, c'est que, le
vendredi, le samedi et le dimanche soir, on dit: On s'excuse. On peut vous
donner du lundi au jeudi, si vous voulez, mais les fins de semaine, on veut les
garder pour notre clientèle coutumière.
Cela, c'est là où il y a des salles de capacité
suffisante, mais là où il n'y en a pas du tout, où il y a
un petit hôtel, il faut bien que les organismes aillent dans une salle
paroissiale ou à la salle de l'école. Il faut regarder cela des
deux côtés.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Beauce-Nord.
M. OSTIGUY: J'aimerais avoir le... Est-ce que...
M. DELAGE: C'est ce que je vous réponds. C'est que les plaintes
nous viennent des hôteliers qui ont des salles pour des réceptions
de mariage qui sont occupées dans la matinée et dans
l'après-midi du samedi, qui ne sont jamais occupées en
soirée et qui restent complètement vides, alors que ces
organisations se réunissent dans les CEGEP ou ailleurs, où ils
donnent $25 au gardien et obtiennent un permis de servir à $10 ou
à $20 pour vendre et, là, ils font cela à leur profit
personnel.
M. OSTIGUY: Est-ce qu'à ce moment-là vous verriez
l'hôtelier obtenir le permis pour aller faire le service dans une salle
paroissiale?
M. DELAGE: Certainement. Les règlements devraient prévoir
cela. Ici, je crois qu'on déborde peut-être la discussion. Comme
on le dit dans le mémoire, l'article qui prévoit la
réglementation est excellent et il permet au président de la
Commission de contrôle de faire des règlements.
Seulement, on voudrait bien que le président de la commission de
contrôle ait les coudées franches. Je sais que quand il est
arrivé comme président on se réclamait des
règlements de la Loi de la Régie des alcools, qui n'existaient
pas; c'étaient des "rulings verbaux" dont on se réclamait. Le
président s'en est plaint, a fait des réunions avec nous, on a
fait des règlements et nous nous sommes entendus sur une liste de
règlements très valables mais qui ne sont pas encore
acceptés parce qu'on disait qu'on attendait la nouvelle loi.
J'espère bien que ces règlements seront acceptés et
que nous serons consultés pour tâcher, à la lumière
de la discussion qui vient d'avoir lieu, de faire une réglementation qui
protégera l'intérêt du public qui veut se réunir
parce que l'hôtellerie ne veut pas empêcher la population de
vivre qui satisfera les partis politiques, les groupes sociaux et tous
les gens qui ont des organisations bona fide, tout en protégeant
l'hôtellerie.
M. CHOQUETTE: M. Delage, si vous permettez, vous avez noté, au
cours de votre dernière intervention, que les pouvoirs
réglementaires de la Commission de contrôle des permis d'alcool
ont été élargis dans le projet de loi qui est à
l'étude ce matin. Je tiens à vous dire, pour ma part, que c'est
mon intention de voir à ce que ce droit de réglementation
s'exerce effectivement et qu'on ait une réglementation écrite qui
ne laisse pas au hasard ou même à l'arbitraire les
décisions en rapport avec des demandes qui pourraient parvenir à
la commission.
Comme cela, le public et l'hôtellerie sauront à quoi s'en
tenir. Justement, puisque nous sommes sur ce sujet des permis de
réunion, autrefois appelés permis de banquet, j'ai un projet de
règlement ici qui m'a été soumis et qui pourra
peut-être faire l'objet d'une adoption par la Commission de
contrôle des permis d'alcool et par le lieutenant-gouverneur en conseil,
car la réglementation doit être, en fin de compte, adoptée
par le lieutenant-gouverneur en conseil. En vertu de ce projet de
règlement, on ne pourrait émettre à un groupe ou à
une association plus de six permis par année pour vendre et plus de
douze par année pour servir. Evidemment, je mentionne ces chiffres pour
dire que nous ne sommes pas insensibles aux réclamations
légitimes des hôteliers parce qu'il y a des cas où
l'utilisation régulière de ces permis pour servir ou pour vendre
est une technique par certains individus pour faire le commerce des alcools. A
ce sujet, je reconnais la valeur du point de vue que vous avez exprimé.
Donc, il faut, en fait, que ces permis s'adressent plutôt à des
groupes ou des associations bona fide et qu'ils soient, dans une certaine
mesure, limités en nombre, ceci pour éviter une
prolifération de ce genre de permis et que ceci constitue en somme une
concurrence indue à l'hôtelier légitime.
S'il y a des députés ou si vous-même avez des
commentaires à faire sur ces chiffres que je mentionne, sans y
être astreint en aucune façon, parce que la présente
commission a pour but non seulement d'examiner le projet de loi mais en
même temps d'avoir une discussion entre législateurs sur ce que
devrait être le contenu de la réglementation dans ce domaine comme
dans d'autres domaines...
LE PRESIDENT (M. Picard): Le juge Trahan.
M. TRAHAN: Me Delage, je vais vous dire qu'à de nombreuses
reprises, avant d'accorder un permis de banquet, nous exigeons de la personne
qui fait la demande d'aller chercher une lettre de détenteur de permis
de la municipalité pour dire qu'elle n'a pas d'objection à ce
qu'un permis de banquet soit accordé dans la municipalité pour
telle occasion. Nous avons l'intention de suggérer, pour les permis pour
servir et pour vendre, que ceux qui demandent ces permis soient obligés
eux aussi de payer les 5 p.c. de taxe. Comme tous les hôteliers
détenteurs de permis sont obligés de les payer, pourquoi ne
paieraient-ils pas les 5 p.c. de taxe? Il y en a plusieurs, comme le ministre
l'a dit tout à l'heure, qui sont des experts et qui s'organisent des
"parties" à tous les vendredis et à tous les samedis soirs, et ce
ne sont pas pour des buts bien réels. On l'apprend par la suite, mais
bien souvent on n'est pas mis au courant de ces faits.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de
Verchères.
M. OSTIGUY: M. le Président, ma question s'adresse au ministre.
Est-ce que dans la réglementation, où il est mentionné six
permis pour servir et douze pour vendre, c'est par association?
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaît!
Il a été convenu au début de la réunion que nous
étudierions à la fin...
M. OSTIGUY: Non, non! c'était juste...
LE PRESIDENT (M. Picard): ... les règlements. Vous pouvez vous
référer à ces règlements pour l'argumentation.
M. CHOQUETTE: Mais là on est tellement sur le sujet que...
M. OSTIGUY: C'est sur...
M. CHOQUETTE: ... c'est assez difficile de l'abandonner en tout cas.
C'est un maximum de douze permis par année, dont six au maximum pour
vendre, et on associe cela à une association bona fide, un groupe
culturel, sportif, politique, charitable. En fait...
M. OSTIGUY: Oui mais c'est douze par municipalité ou douze par
organisation?
M. CHOQUETTE: Par organisation dans un lieu déterminé.
M. OSTIGUY: D'accord.
M. CHOQUETTE: Supposons qu'on a une demande, par exemple, de l'Age d'or
de Verchères; on va considérer l'Age d'or de Verchères
comme une association qui a droit à douze permis par année, dont
six au maximum pour vendre.
M. OSTIGUY: Et douze pour servir?
M. CHOQUETTE: C'est-à-dire pas douze pour servir; douze au
maximum dont six au maximum pour vendre.
M. SAMSON: Si c'est un 50e anniversaire, pas plus de douze la même
année pour la même famille.
M. CHOQUETTE: Le député de Rouyn-Noranda a tout à
fait raison.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Beauce-Nord.
M. SPRINGATE: Ce sont les inspecteurs.
M. SYLVAIN: Me Delage, vous me permettrez encore d'intervenir dans cette
question de permis de réunion, même si je ne veux pas allonger le
débat. Avant de me dire combien d'hôteliers votre association
représente, combien en pourcentage sont du milieu urbain et combien sont
du milieu rural?
M. DELAGE: Dans toute la province, vous voulez dire, les 3,000
détenteurs de permis d'hôtellerie?
M. SYLVAIN: Oui, est-ce que vous en représentez 3,000?
M. DELAGE: Non, malheureusement pas. Nous en représentons 1,000.
Mais là-dessus, vous avez les hôteliers de six à dix
chambres, au nombre de 450; de dix à vingt chambres, il y en a autour de
1,300. Alors, évidemment, plus les hôteliers sont petits, mois ils
ont de sous et moins ils sont prêts à appartenir à
l'Association des hôteliers. Ce qui arrive, c'est que nous
représentons facilement de 75 p.c. à 80 p.c. du capital investi
dans l'hôtellerie parce que tous les grands hôtels, des grandes
villes, des moyennes et des petites villes, sont membres.
M. SYLVAIN: Puis-je tirer la conclusion que vous représentez plus
d'hôtelier du milieu urbain que celui du milieu rural?
M. DELAGE: Non. M. SYLVAIN: Non?
M. DELAGE: Non, pas en nombre; en argent, peut-être, mais pas en
nombre.
M. SYLVAIN: En argent?
M. DELAGE: Oui, c'est-à-dire que les grands hôteliers
paient plus de contribution que les
petits hôteliers; ce n'est pas une contribution uniforme comme au
Barreau, par exemple.
M. SYLVAIN: Dans ce même ordre d'idées, est-ce que vous
avez des hôteliers dans votre association dans la plupart des
régions de la province de Québec ou s'il y a des régions
qui sont complètement absentes de votre association?
M. DELAGE: Nous avons des membres dans toutes les régions de la
province, toutes les régions.
M. SYLVAIN: Maintenant, vous avez semblé appuyer l'argumentation
du député de Maisonneuve quand il disait et vous l'avez
répété que dans les milieux urbains, Québec
et Montréal, ce n'était peut-être pas la même
clientèle. Vous disiez aussi que dans les localités très
peu populeuses ce n'était pas la même chose. Si on repense
à ces permis de banquet qui sont, d'après le projet de loi, des
permis de réunion, quand on parle par exemple d'un club de l'Age d'or ou
d'un club de loisirs dans les petites municipalités, ne croyez-vous pas
que la même argumentation peut servir? Vous donnez raison au
député, par exemple le club de l'Age d'or, ce n'est pas la
clientèle d'un hôtel en général, ce n'est
pratiquement jamais le cas.
M. DELAGE: C'est justement pourquoi, tantôt, j'ai dit que nous
espérions que la réglementation réglerait tous ces
problèmes. Il n'y a pas d'erreur, il faut faire des distinctions. Mais
là, la loi est générale et aucun règlement
écrit n'existe et on ne sait pas à quoi s'en tenir.
M. SYLVAIN: Si vous me permettez, j'ai rencontré à deux
reprises la Corporation des propriétaires de gîtes, qui regroupe
peut-être 300 hôteliers de régions rurales; les
comtés sont Portneuf, Lotbinière, Beauce-Sud, Beauce-Nord,
Bellechasse et Montmagny-L'Islet. Le problème réel dans les
petites municipalités vous me direz si je me trompe est
que pour les détenteurs permanents de permis de club, soit des clubs
sociaux, je pense aux clubs des Aramis, aux clubs de chasse et pêche, ne
pensez-vous pas que le problème par rapport au petit hôtelier de
la compagne vient plus d'une exploitation à outrance de ces permis de
club dans ce sens qu'on dépasse nettement les conditions, par exemple,
en faisant des noces ou des 25e anniversaires dans des salles appartenant
à des clubs sociaux.
Vous ne pensez pas que le problème peut venir de là, bien
plus que des permis de réunion? Moi, l'opinion qu'on m'a soumise, c'est
qu'on laissait fonctionner trop facilement les clubs sportifs, les clubs, par
exemple, de plein air, des clubs sociaux qui avaient des permis permanents de
club, en dehors des conditions du permis. Ces conditions, c'était
qu'à chaque activité on devait servir de la boisson aux membres
seulement, puis, à un moment donné, c'était une
espèce de prolifération de soirées qui étaient
complètement distinctes des buts du club lui-même.
Cela semblait causer un problème vis-à-vis de ces
hôteliers, pas mal plus que les permis de banquet ou les permis de
réunion.
M. DELAGE: II n'y a pas d'erreur, c'est un problème. On n'y a pas
touché dans le mémoire ici, parce qu'il n'en est pas question
dans le projet de loi. Nous y toucherons au moment de la réglementation,
parce que j'imagine que le président de la Commission de contrôle,
qui a eu la gentillesse de nous convoquer pour la rédaction des premiers
règlements, nous convoquera également pour nous consulter au
sujet des seconds règlements. On discutera du problème des clubs
sociaux qui sont censés vendre à leurs membres et aux gens qui
les accompagnent et qui vendent à tout venant, il n'y a pas d'erreur.
Mais on n'a pas voulu toucher à ce sujet, parce qu'on passerait la
journée ici si on touchait à tous les sujets qui se rattachent
à cela. Nous nous sommes limités aux amendements du projet de loi
et il n'est pas question des clubs sociaux ici.
M. SYLVAIN: II semblait que les critiques étaient dirigées
vers l'émission trop fréquente des permis de réunion ou
des permis de banquet dans le temps, mais après une étude et
après discussion, je pense qu'on s'est aperçu que le
problème était peut être plus grand pour les clubs sociaux
qui exploitaient en dehors des conditions du permis.
M. DELAGE: II n'y a pas d'erreur.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Portneuf.
M. PAGE: Merci, M. le Président. Tout d'abord, j'abonde dans le
même sens que le député de Beauce-Nord. Je ne sais pas si
c'est parce que Portneuf et Beauce-Nord sont des comtés
caractéristiques dans le service de l'hôtellerie, mais je pense
que le problème, ce n'est pas le permis de réunion, mais ce sont
plutôt les permis de club. C'est la même chose qu'on vit chez nous.
Un permis est octroyé à ces clubs et dans leur charte je
pense que la commission ou le ministre pourrait peut-être faire une
étude là-dessus est considérée comme membre
du club toute personne qui évidemment est détentrice d'une carte,
etc., mais à un moment donné, on dit aussi, tout membre
invité.
Dans la définition de membre invité, on stipule qu'est
invité tout membre qui a pris connaissance de la soirée ou de la
réunion par affiche publique, par invitation dans les journaux, etc., de
sorte que, par la culbute juridique, on peut faire en sorte que ce club fasse
une soirée et que quiconque veut y entrer puisse y entrer. Je pense que
ça, c'est une des façons de
contourner la loi, puis je pense que c'est un des points qui peuvent
causer préjudice au monde hôtelier, surtout en secteur rural.
Vous avez spécifié qu'il y avait peut-être trop de
permis de réunion qui étaient octroyés. Je suis d'accord
avec vous. Dans certains cas, il peut y avoir des organisateurs professionnels
de réunions, puis de soirées. Là-dessus, moi, je me
demande si le ministre...
M. CHOQUETTE: Le député de Saint-Louis...
M. PAGE: Vous savez, M. le ministre, il y a beaucoup plus de
problèmes dans Portneuf que dans Saint-Louis.
M. BLANK: Peut-être que, dans Saint-Louis, on a plus de permis
d'alcool que dans toute la province.
M. PAGE: II faudrait surveiller ça.
M. SAMSON: II faudra nous donner votre recette.
M. PAGE: Pourquoi, M. le ministre, plutôt que de
réglementer le nombre de permis de réunion, on ne
réglementerait pas de façon plus précise la
validité de ces soirées, pour connaître si les motifs sont
valables et réels?
M. CHOQUETTE: L'un n'exclut pas l'autre, mais il faut quand même
avoir, je pense, une limite supérieure pour empêcher, vous savez,
des chevaliers d'industrie d'utiliser ce type de permis pour tenir ce genre de
réunions à répétition et ainsi concurrencer
indûment l'hôtellerie. La commission peut avoir des
soupçons, à un moment donné, sur la
légitimité de la demande, mais, si elle n'a pas de preuve, le
juge est obligé de suivre la loi, puis de suivre la
réglementation. Il ne peut pas agir d'une façon
discrétionnaire sans avoir d'élément de preuve devant lui.
Alors, si on n'avait pas de limite supérieure, la commission serait
prise pour émettre des permis en très grand nombre à
certaines associations qui ont toutes les caractéristiques
extérieures d'être bona fide; en fait, elle serait obligée
de leur émettre un permis ou deux par semaine.
C'est pour cela qu'une limite supérieure me paraît un moyen
d'empêcher les abus les plus criants. Cela n'exclut pas que la commission
scrute les demandes à leur mérite et voit si c'est
justifié suivant les circonstances.
LE PRESIDENT (M. Picard): Me De Blois.
M. DE BLOIS: Je ne veux pas entrer dans la contestation du projet de
règlement que vous avez porté à notre connaissance. Si on
s'en tient strictement aux chiffres qu'on a jusqu'à maintenant, 34,562
permis en un an, avec une moyenne peut-être de 100 personnes par
réunion, cela fait quelque chose comme 3,456,200 personnes. Je pense
qu'il est indéniable que là-dedans il y a des clients que
l'hôtellerie perd et qu'elle va perdre encore.
Si on se réfère à votre règlement, je pense
qu'il y a une question de nombre qui est quand même importante. Si le
club de l'âge d'or de tel comté a droit à douze permis par
année, est-ce qu'à un moment donné on ne dépassera
pas indirectement ce chiffre de 34,562 permis? Je comprends mal, moi
j'admets que je ne suis pas membre de l'âge d'or comment le
club de l'âge d'or peut avoir douze permis par année,
multiplié par.... Là, je cite l'âge d'or et tous les
autres, je sais que tous ces gens-là ont besoin de financement
mais...
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas cela, c'est qu'à leur âge c'est
tout ce qu'ils ont à faire.
M. DE BLOIS: Alors, prenons les partis politiques.
UNE VOIX: L'alcool tue lentement.
M. DE BLOIS: On a un médecin ici pour nous parler d'alcool, tout
à l'heure. On se demande ceci: On nous a jeté le chiffre de douze
multiplié par la liste très longue que le juge Trahan nous a
donnée. Est-ce qu'à un moment donné on ne dépassera
pas déjà l'état qu'on critique présentement?
M. CHOQUETTE: Cela ne veut pas dire que toutes les associations vont
utiliser leur pouvoir au maximum. Si ce sont les Scouts catholiques, par
exemple, de tel comté, ou autres, cela ne veut pas dire qu'ils vont
faire une réunion tous les mois. Ils vont peut-être en faire une
ou deux par année pour aider à leur petite caisse. L'Association
libérale du comté d'Outremont peut en faire une ou deux par
année, mais ce sera à peu près tout. Excepté qu'il
peut y avoir des groupes où on se réunit d'une façon
peut-être un peu plus fréquente et c'est pour cela qu'on est
allé jusqu'à douze.
M. BURNS: A part ça, il faut les organiser, ces
réunions.
M. SAMSON: C'est justement ce que j'allais dire.
M. BURNS: Cela ne se fait pas si facilement qu'on le pense.
M. CHOQUETTE: II y a un point, par exemple, que M. Delage a
soulevé et qui mérite à mon avis, considération,
c'est la question de la différence de taxe imposée aux
hôteliers et du prix des alcools servis dans ces réunions,
c'est-à-dire les 5 p.c. Là, je vais examiner le point, M. Delage.
D'ailleurs, l'affaire des 5 p.c. donne bien des complications, je pense, au
point de vue de la perception. Si, un jour, on pouvait
arriver à avoir un prix uniforme pour l'alcool, ce serait
sûrement souhaitable. Evidemment, il y a une question de revenu,
là-dedans; est-ce qu'on devrait étendre les 5 p.c. aux
associations? C'est une question sur laquelle on peut s'interroger.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Portneuf.
M. PAGE: M. le Président, j'aurais une question à poser
à M. Baillargeon qui est le président du comité de la
législation. Si je peux me le permettre. Dans votre commerce
remarquez que je ne voudrais pas généraliser à partir
d'une situation particulière est-ce que des clubs tel que
l'AFEAS, le Club des Moose, les Filles d'Isabelle, le Cercle des
fermières, le Club des tambours et clairons, est-ce que tout cela
constitue une partie importante de votre clientèle
régulière?
M. BAILLARGEON: Pas nécessairement, parce que c'est pratiquement
inexistant à Québec. Il est sûr que les associations
sportives, l'âge d'or, les noces d'or et noces d'argent, c'est
extrêmement important. Je dois vous dire que c'est arrivé à
plusieurs occasions que des organismes ont réservé chez nous et
on annulé à la toute dernière minute parce qu'ils
pouvaient avoir des salles où ils pouvaient vendre et faire des revenus.
Du fait que c'était réservé depuis déjà
plusieurs semaines, une semaine ou quinze jours avant, on perd tout. C'est une
situation que je trouve lamentable.
LE PRESIDENT (M. Picard): Vous êtes M. Baillargeon, je crois
M. BAILLARGEON: Oui.
LE PRESIDENT (M. Picard): M. Delage, oui.
M. DELAGE: D'ailleurs, M. le ministre, les 5 p.c. c'est une chose que je
n'ai jamais comprise parce que, somme toute, l'hôtelier est
l'intermédiaire entre le public et la Société des alcools.
Il vend le produit de la Société des alcools qui fait des
millions par année, et parce qu'il vend ce produit-là, on le
punit de toute façon et on lui demande 5 p.c. en plus du prix du permis
qui est assez élevé.
M. BLANK: M. le Président, je pense que j'étais ici quand
ce projet de loi ou le règlement des 5 p.c. a été
adopté.
Je ne me souviens pas en quelle année, mais c'était
particulièrement à la demande des petits hôteliers qu'on a
fait ça. Les petits hôteliers disaient: Moi, je dois payer $250
à la Société des alcools pour un permis. J'ai six chambres
et un chiffre d'affaires de $100,000 et le Reine Elizabeth, qui a 1,200
chambres et qui a un chiffre d'affaires de $4 millions, paie le même prix
pour le permis d'hôtel. La raison qu'on a ajouté les 5 p.c,
c'était pour augmenter le prix des permis, c'est-à-dire que le
Reine Elizabeth paie pour le permis d'alcool $200,000 par année et
l'hôtel à Portneuf paie $600 pour le même permis.
C'était la raison des 5 p.c.
M. DELAGE: Je comprends, si on part du principe que, plus vous vendez de
boisson, plus vous devez être pénalisé, mais c'est un
principe absolument contraire au commerce. C'est entendu que le petit
hôtelier, vous ne devez pas le pénaliser parce qu'il a un permis,
mais il devrait payer $50 ou $100 et le plus gros hôtelier, $500 ou
$1,000, mais pas... Vous vous rendez compte, une bouteille de vin, par exemple,
on a ce problème dans les salles à manger où une bouteille
de vin qui coûte $5 au public en général nous coûte
à nous $5.25 au départ. Avec la casse, le service, l'entreposage
et tout ça, on est obligé de la vendre $10, ce qui devient un
prix prohibitif. Alors qu'en réalité la Société des
alcools devrait faire comme en 1929, quand on achète à la caisse,
nous donner une ristourne de 10 p.c., parce qu'on est des acheteurs en gros.
Mais là, on nous traite plus mal qu'on traite l'acheteur individuel.
M. CHOQUETTE: M. Delage, je pense que le moyen de régler le
problème des hôteliers, à ce point de vue, qui est
réel, ce serait une réforme dans les permis, dans le coût
des permis. On devrait avoir un système au Québec qui soit
semblable à celui qui existe dans d'autres provinces où le prix
d'un permis prend en considération le débit d'alcool vendu par un
hôtelier en particulier, au lieu que ce soit une taxe imposée sur
chaque bouteille. A ce moment-là, on pourrait faire la différence
entre les petits établissements et les grands établissements et
avoir une justice plus équilibrée. On pourrait se dispenser
peut-être des 5 p.c.
Le juge Trahan a peut-être quelque chose à dire sur ce
sujet. Je sais que réformer la question de la structure du coût
des permis, c'est une affaire assez complexe. A ce jour, nous n'avons pas pu le
faire, mais je pense que la commission y pense. Alors peut-être que M.
Trahan...
M. TRAHAN: On a suggéré des augmentations du prix des
permis, à un moment donné, mais dans d'autres provinces on a un
permis dont le prix est énormément bas; cependant on paie selon
la quantité de boisson, suivant le quantum de la boisson qu'on vend.
Alors, plus on en vend, plus on paie de taxes. L'hôtelier, comme disait
tout à l'heure M. Blank, quand il vend pour $1 million il va payer sur
son million; l'hôtelier qui vend seulement pour $100,000, il va payer
pour $100,000. Ce serait normal, à mon point de vue. C'est cela qui est
établi dans bien des provinces.
Juste une petite question, M. Delage. Avec l'expérience que j'ai,
je n'en ai pas beaucoup, ça fait depuis le 1er septembre 1971 que je me
suis
sacrifié pour aller à la Commission de contrôle.
Alors, 99.9 p.c. des hôteliers qui viennent devant nous autres ont la
franchise de nous déclarer que le gîte, que le repas ne
représentent presque rien pour eux autres, que c'est la boisson. Plus
spécialement dans l'association dont parlait tout à l'heure les
députés de Portneuf et de Beauce-Nord, c'est de ce
côté qu'on nous dit que c'est la vente de la boisson qui fait
tenir le commerce debout, que des chambres, des fois, ils n'en louent pas une
par mois, des repas, des fois, il n'y en a pas deux par mois.
M. DELAGE: Pour répondre à ce problème, il n'y a
pas d'erreur qu'il y a un tas de petits hôtels dans la province qui ont
des chambres qu'ils ne peuvent pas louer, mais c'est un peu beaucoup le
gouvernement qui est responsable, parce que de 1921 à 1941 les
hôtels de 20 et 25 chambres n'avaient pas le droit d'avoir de permis. A
partir de 1941, sous l'honorable Godbout, on a fait une loi où dans la
région B il fallait avoir 20 chambres et, dans la région A, 25
chambres.
Alors, on a bâti des hôtels dans des endroits où on
n'en avait pas besoin. Aujourd'hui, vous avez des édifices qui existent
et qui sont des fantômes, qui ne servent pas de repas, qui ne louent pas
de chambres. Et le président de la Commission de contrôle est pris
avec ce problème. Je crois que la loi devrait protéger ces gens:
être très sévère pour les nouveaux
établissements, mais ceux qui ont été forcés par la
loi à acheter des établissements qui sont inopérants au
point de vue du gfte et au point de vue de la table devraient voir leurs droits
acquis respectés, comme on l'a fait dans le cas des permis
d'épicerie aux petites auberges. On a fait un amendement où on a
dit: Les hôteliers et les aubergistes qui vendaient de la bière
pour emporter vont continuer à garder leur permis tant et aussi
longtemps qu'ils seront propriétaires de l'établissement. Mais
s'ils vendent leur établissement, le droit, qui leur était
personnel, disparaîtra.
On devrait faire la même chose pour ces établissements.
M. CHOQUETTE: On l'a fait, on a baissé le nombre de chambres
requises.
M. DELAGE: Oui, je comprends, mais le problème que soulève
le président de la Commission de contrôle, c'est que si la loi
était appliquée sévèrement, ces gens n'auraient
même pas je droit d'ouvrir, puisqu'ils ne louent pas de chambres et
qu'ils ne servent pas de repas, dans certains cas.
M. PAGE: M. le Président, il semble y avoir des
intérêts différents à défendre, selon le
genre d'hôtels ou de commerce qui peuvent être exploités en
vertu de cette loi. Est-ce que, M. Delage, vous pourriez nous dire combien vous
avez de membres dans les villes de moins de 5,000 habitants au
Québec?
M. DELAGE: Bien, je n'ai pas les chiffres ici. Mais on a un directeur
dans chaque comté de la province de Québec. On a tous les bons
hôtels de la province, ce qui ne veut pas dire que ceux qui ne sont pas
membres ne sont pas de bons hôteliers.
M. PAGE: Vous entendez quoi par les "bons hôtels"?
M. DELAGE: Mais ce sont de petits hôteliers...
M. PAGE: Les gros hôtels?
M. DELAGE: Non, non! Vous avez de très petits
établissements qui sont meilleurs que les grands hôtels. Le
président de la Commission de contrôle va vous le dire. Nous
sommes heureux de les avoir comme membres. De toute façon, nous ne
sommes pas ici pour faire le procès de l'association.
M. PAGE: Non...
M. SYLVAIN: C'est important.
M. PAGE: ... mais pour défendre de façon adéquate
les intérêts des petits hôteliers, notamment dans mon
comté et dans la Beauce...
M. DELAGE: Mais on défend les intérêts des petits
hôteliers.
M. PAGE: ... oh veut savoir exactement ce qu'il en est.
M. DELAGE: Je viens justement de suggérer que pour ceux qui ont
de petits hôtels, qui ne louent pas de chambres et qui ne servent pas de
repas, qui pourraient être fermés légalement...
M. PAGE: Oui.
M. DELAGE: ... le législateur fasse une loi pour protéger
leurs droits acquis afin qu'ils continuent de fonctionner selon la loi. Je
trouve que je défends singulièrement le droit des petits
hôteliers.
M. PAGE: Là-dessus, je vous comprends, et je vous remercie de les
défendre de cette façon...
M. DELAGE: D'ailleurs, c'est...
M. PAGE: ... parce que c'est vraiment un problème.
M. DELAGE: ... l'Association des hôteliers de la province qui a
obtenu que la législation de 1941 soit effacée en 1961... On
avait demandé
à partir de six chambres, à ce moment-là, et on
nous a donné à partir de dix chambres. Maintenant, on nous donne
à partir de six chambres pour la bière, le vin et les
spiritueux.
Alors, comme vous voyez, on n'est pas contre le petit hôtelier, au
contraire.
M. CHOQUETTE: Mais, M. Delage, vous êtes passé d'un
extrême à l'autre entre votre mémoire et ce que vous venez
de nous dire. Parce que, quand je regarde la deuxième objection "sujet:
permis de bar", vous vous en prenez à la prolifération des permis
de bar. Vous nous tenez une philosophie de contrôle et de
sévérité, justement dans le but de protéger les
intérêts que vous représentez. Par contre, quand nos
honorables collègues des comtés ruraux vous mentionnent le cas
des petits hôteliers dans ces endroits, vous dites: Bien, ils ne servent
pas de repas et ils ne louent pas de chambres. Par conséquent, le
législateur devrait baisser les exigences. A ce moment-là, vous
nous enseignez une tout autre philosophie qui nous conduirait à
créer le permis de bar sans autre exigence que de servir de
l'alcool.
Le législateur n'a pas voulu aller jusqu'à ce
point-là.
M. DELAGE: Non, non, on se comprend mal.
M. CHOQUETTE: Pardon?
M. DELAGE: Là, nous parlons de cas d'espèce,
d'établissements qui ont été achetés ou bâtis
pour répondre aux exigences de la loi de 1941, qui exigeait des chambres
et des repas pour servir de la boisson. Or, aujourd'hui, la loi est
changée. Et ces gens ont des établissements, qu'ils ont
achetés à ce moment-là parce qu'ils étaient
protégés, étant les seuls à vendre de l'alcool.
Maintenant, il y a des permis partout. Alors, ils ont de la difficulté
à vivre. Et on dit au gouvernement: Vous ne devriez pas les fermer,
parce qu'on aura des règlements de l'hôtellerie qui risqueraient
de les fermer On demanderait qu'il y ait un cas d'exception comme il y en a eu
un pour les permis d'épicerie dans les auberges et les hôtels
où on vendait pour emporter.
M. CHOQUETTE: Là...
M. DELAGE: A ce moment-là, je prends la défense...
M. CHOQUETTE: ... vous nous parlez d'une autre matière: c'est la
réglementation de l'hôtellerie qui dépend du
ministère du Tourisme. Vous n'êtes pas tout à fait à
la bonne commission pour soumettre ça.
Mais vous pouvez être sûr que le gouvernement a toujours
protégé les droits acquis et qu'on n'est pas pour aller mettre en
péril les intérêts de gens qui ont été
obligés d'investir en vertu de lois passées. On n'ira pas leur
rendre la vie impossible.
Je pense qu'à ce point de vue on devrait présumer qu'on
n'est pas pour causer des ennuis aux hôteliers qui ont investi des sommes
en vertu d'autres lois.
M. le Président, si vous me le permettez, cela fait pas mal
longtemps qu'on est sur le permis de réunion. Je pense qu'on a fait le
tour de la table.
LE PRESIDENT (M. Picard): J'ai encore deux interlocuteurs.
M. CHOQUETTE: Oui.
LE PRESIDENT (M. Picard): Me De Blois et le député de
Maskinongé et le député de Drummond.
M. DE BLOIS: M. le Président, mon intervention voulait justement
recouper ce que le ministre allait dire. Nous serions grandement
intéressés à avoir les commentaires de l'Assemblée
sur les autres recommandations qu'on a faites, entre autres la perte de deux
heures. Après les deux autres demandes d'intervention, enfin,
j'entérine votre suggestion à l'effet qu'on pourrait
peut-être passer à un autre sujet, après leurs
interventions.
M. BURNS: Avant qu'on quitte ce sujet, Me De Blois ou Me Delage, est-ce
que l'annonce que nous a faite le ministre de la Justice relativement à
la limite de ces permis ne vous satisfait pas? C'est peut-être la
dernière question que j'ai à vous poser là-dessus, tout en
vous disant que personnellement, en tout cas, je ne suis pas insensible
à vos remarques, à vos explications, lorsque vous dites qu'il est
possible que certains chevaliers d'industrie, comme le disait le ministre, vous
fassent une concurrence déloyale. Ce n'est pas ces gens-là qu'on
veut protéger. C'est le droit de certaines associations qui, la plupart
du temps, font du pur et simple bénévolat et qui, à
certaines occasions, se refinancent. Justement, pour éviter que vous
n'ayez de façon déloyale des commerçants non
véritablement hôteliers qui vous fassent concurrence, est-ce que
le fait de limiter des permis, déjà, ne vous satisfait pas?
M. DELAGE: C'est une limitation qui me fait peur. Lorsque vous dites que
vous limitez cela à douze, il y a un tas d'organisations qui se disent:
On a le droit d'avoir douze permis par année.
M. BURNS: A douze pour servir, et vous ne sembliez pas avoir d'objection
au permis pour servir. Cela peut-être un maximum de douze lorsque ce sont
des permis pour servir, si j'ai bien compris le ministre, mais cela ne peut pas
dépasser six permis pour vendre. Comme le disait le ministre tout
à l'heure, je ne vois pas
beaucoup d'associations qui vont utiliser ce maximum de six permis pour
vendre dans une année. Il n'y en a pas beaucoup. Je ne vous dis pas
qu'il n'y en aura pas, mais...
Soit dit en passant, vous parlez, depuis le début de cette
discussion, toujours de gens qui ne vont pas dans vos établissements
parce qu'il y a de ces réunions. Moi, je prétendais et je
continue à le maintenir que, très souvent, la majeure
partie de ces clients, ne font pas partie de votre clientèle habituelle.
J'irais même plus loin. Je dirais que souvent les gens qui ne sont pas de
votre clientèle habituelle, à l'occasion d'une de ces
réunions, deviennent de vos clients pour un soir. Très souvent,
la réunion finit vers minuit, minuit et demi et les gens veulent
continuer cela ailleurs. Ils s'en vont dans des établissements que vous
représentez. Cela aussi, il faut en tenir compte. Peut-être que,
dans certains cas bien précis, cela retire toute la clientèle
dans tel village, mais je connais beaucoup de cas...
M. CHOQUETTE: Cela amène de l'eau au moulin.
M. BURNS: ... où les gens, parce que la réunion finit
à minuit et demi ou une heure, ont encore le goût de prendre
quelques consommations. Là, ils s'en vont dans les hôtels et ils
s'en vont dans vos établissements, alors qu'habituellement ils n'y vont
pas.
Il y a tout cela, vous savez.
M. DELAGE: La clientèle des couche-tard, mais elle est
plutôt minoritaire.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de
Maskinongé.
M. PICOTTE: Si mon argumentation a peut-être un caractère
beaucoup plus rural, dans le milieu que je représente, plutôt que
provincial et régional, mais quand vous avez répondu au
député de Maisonneuve que l'émission de permis de banquet
nuisait beaucoup plus dans les milieux ruraux que dans les milieux urbains,
j'avais nettement l'impression du contraire. Je pense que le milieu rural est
peut-être le plus défavorisé de ce
côté-là, non pas que ceux qui sont en place, les
hôteliers, ne font pas bien leur travail et ne remplissent pas
adéquatement les buts qu'ils se sont fixés, mais parce qu'ils
sont peu nombreux. Ils ne sont pas rares les comtés ruraux de 30
municipalités et plus qui n'ont à peu près pas
d'hôtel. Chez nous, je peux vous dire que pour une réception
quelconque, mariage ou peu importe, en ce qui concerne les
établissements qui détiennent des permis, il faut réserver
de huit à dix mois et des fois un an et demi à l'avance. Ce qui
n'est pas toujours facile à prévoir pour les gens ou les
associations dont on a fait la nomenclature tantôt. Je pense que
ça devient un peu discriminatoire, et je ne vois pas que
l'émission de permis de banquet puisse nuire, du moins dans les milieux
ruraux, beaucoup, aux gens qui détiennent des permis d'hôtellerie.
En ce qui concerne le nombre dont on a parlé tantôt de douze
permis de servir de la boisson et six dans le cas de vente, j'ai
drôlement l'impression que dans toute association ça devient
saturé à un moment donné, on ne peut pas aller beaucoup
plus qu'à trois ou quatre, et je pense que c'est le maximum pour ceux
qui l'utilisent, du moins dans nos comtés. Alors, je me demande si dans
les comtés ruraux c'est si pénible que ça pour les
hôteliers.
M. DELAGE: C'est-à-dire que, comme je l'ai dit tantôt, dans
certains, pas, et dans d'autres, oui. C'est pour cela que la
réglementation doit faire une étude complète de la
situation dans la province pour faire des règlements qui s'adapteront
à toutes les régions et à toutes les municipalités
de la province et aux besoins de la population sans nuire à
l'hôtellerie.
M. TRAHAN : Et spécialement ne pas annoncer dans les journaux,
comme ça se fait dans certains comtés, que tel samedi soir il va
y avoir une partie, un shower et que c'est tel prix pour y aller et c'est un
"free for all". Dans nos règlements on va mettre des défenses
à ce sujet.
M. SAMSON: M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Drummond.
M. MALOUIN: J'aurais seulement une question à Me Delage pour
savoir... Vous recevez plusieurs plaintes d'hôteliers par année.
Sont-elles surtout rurales ou urbaines? Et avez-vous pris le temps d'analyser
les 34,000 demandes de permis de vendre ou de servir qui sont réduites
à 14,000 dans le cas de vente seulement? Pouvez-vous me dire comment se
répartissaient ces 14,000 et faire peut-être des recommandations
plus précises que celles que vous avez là: enlever le droit de
vendre? Il faudrait peut-être tenir compte de certaines
considérations parce que c'est très difficile d'enlever à
certaines organisations leur seule source de revenus. Peut-être le
limiter, vis-à-vis de la commission de contrôle, à certains
organismes qui sont plus ou moins bona fide. Jusqu'où va votre analyse
de ces cas? Il ne semble pas, dans la recommandation que vous avez faite, que
vous ayez tellement tenu compte de...
M. DELAGE: Ce que Me De Blois était pour dire justement c'est que
nous retirions notre objection parce que nous nous rendons compte que la
réglementation va nous donner la protection que nous
désirions.
M. BURNS: Sur un autre point, je suis frappé par votre
argumentation sur la diminution des heures d'ouverture et votre position me
semble bien logique. J'aimerais savoir de la
part du ministre quelle est la raison qui a motivé cette
réduction des heures d'ouverture.
M. CHOQUETTE: Le député de Verchères et le
député de Maisonneuve m'incitent à revenir aux anciennes
heures d'ouverture, c'est-à-dire huit heures du matin. C'est le sens de
la demande de l'Association des hôteliers. Je vous dirai que, pour ma
part, je n'ai aucune objection à revenir à huit heures du matin.
C'est au cours du processus d'élaboration de la loi que cette suggestion
a été apportée, mais je n'y tiens pas personnellement.
Alors, je serais tout à fait d'accord pour donner suite à votre
demande et à celle qui est formulée implicitement par le
député de Maisonneuve et par le député de
Verchères.
M. OSTIGUY: Vous renoncez à...
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Verchères
m'a donné avis d'un amendement qu'il proposera à l'article 53,
paragraphe d), qui aura pour effet de revenir à l'ancienne loi.
UNE VOIX: D'accord.
M. OSTIGUY: Soit de huit heures à trois heures.
UNE VOIX: D'accord.
M. CHOQUETTE: Maintenant, M. le Président, de façon
à ne pas retenir indûment M. De Blois et M. Delage à la
barre des témoins ils pourront sans doute assister à nos
délibérations je voudrais passer en revue quelques-uns des
autres points qu'ils ont mentionnés dans leur mémoire pour leur
dire à peu près dans quel sens je m'orienterais relativement
à leur demande. Ceci pourra peut-être abréger certaines
discussions, car je crois que nous devons économiser du temps dans la
mesure du possible.
Tout d'abord, sur le permis de restaurant, un amendement sera
apporté de façon à rendre absolument clair le nouveau
permis de restaurant; on pourra vendre et servir autant des spiritueux que de
la bière et du vin, mais cela devra se faire à l'occasion d'un
repas; ce n'est pas un permis de bar en soi, le permis de restaurant. Le permis
de bar qui pourrait être émis à quelqu'un qui est, par
ailleurs, restaurateur sera normalement exploité dans une autre
pièce comme permis de bar. Alors, je crois que ceci devrait rencontrer
ce qu'on nous demande du côté de l'Association des
hôteliers. Je voudrais, pour les membres de la commission, souligner que,
dans le nouveau permis de bar que nous créons en vertu des amendements
à la Loi des alcools, nous ne créons pas un permis de bar qui ne
serait qu'un permis de bar. Le bar est toujours adjoint à autre chose;
par exemple, il peut être exploité dans un hôtel. Cela nous
paraît tout à fait légitime que les hôteliers
exploitent des bars comme tels. Il peut être exploité à
l'occasion ou, du moins, conjointement avec un permis de restaurant, parce que,
là, il y a l'exploitation d'un permis de restaurant et cela ne nous
paraît pas anormal, à nous, que les gens puissent prendre une
consommation dans le bar quitte à évoluer vers la salle à
manger pour prendre un repas plus tard, s'ils le désirent. Il peut
être exploité lorsqu'un spectacle musical ou de danse est
donné, par exemple, le permis de cabaret ou le permis de
discothèque. Là, on n'impose pas l'obligation de servir un repas
aux personnes qui fréquentent ces établissements, ce qui me
semble beaucoup plus normal et dans le sens des moeurs actuelles.
Le permis de bar, par conséquent, créé par les
amendements n'est pas un permis de buvette sans autre condition.
Je pense que ceci devrait clarifier les choses et...
M. BURNS: Cela n'empêchera pas, M. le ministre, cette situation un
peu aberrante qu'on voit dans certains bars-restaurants, si on peut dire, entre
guillemets, quand on voit par exemple la division purement factice qui a lieu
dans une pièce. On met une petite barrière; de ce
côté-là c'est le restaurant, de l'autre côté
c'est le bar. Cela n'empêchera pas cette situation. Moi, je me demande si
on ne s'enfouit pas tout simplement la tête dans le sable, puis s'il ne
faut pas admettre qu'en 1974 ça peut exister des bars qui sont des
buvettes, comme on a des tavernes où on n'oblige pas le
propriétaire à vendre des repas. C'est une place où
quelqu'un va prendre une bière et le bar serait une place où
quelqu'un prendrait une bière et peut-être des boissons
fortes.
M. CHOQUETTE: Par contre, si on créait un permis de bar, sans
autres conditions que de servir purement et simplement des boissons
alcooliques, on risquerait de faire un tort inouï à l'industrie de
la restauration et ensuite à l'industrie de l'hôtellerie. La
commission, munie en somme du pouvoir d'émettre des permis de bar,
émettrait des permis de bar pur et simple. Les bars viendraient
s'installer à côté des hôtels, qui eux ont par
ailleurs d'autres obligations de par la loi, et leur feraient une concurrence
extraordinaire et dont ils ne se relèveraient pas du tout. L'exploitant
du permis de bar, tout ce qu'il serait obligé de fournir c'est une salle
ou un comptoir ou quelques chaises et tables pour servir ses boissons.
Aussi, on concurrencerait, je pense, indûment la restauration,
parce que là vous auriez des permis de bar pur et simple, alors
qu'à côté vous auriez un restaurateur qui veut servir de
bons repas, qui sert le tourisme. Par conséquent, sans exclure que
ça puisse revenir plus tard, par l'évolution, pour le moment ce
serait sûrement prématuré.
M. BURNS: Je respecte l'opinion du ministre, mais encore là je
demeure convaincu qu'il
ne s'agit pas de la même clientèle. Le type qui se
promène sur la rue Saint-Jean, à un moment donné il a le
goût d'aller prendre un cognac. C'est tout, ce n'est pas le gars qui va
aller au bar du Hilton, d'abord pour prendre un cognac, puis ensuite pour
manger. Ce n'est pas du tout le même type de clientèle.
M. CHOQUETTE: Sur la rue Saint-Jean, il y a l'hôtel Victoria,
l'ancienne demeure du premier ministre. N'est-ce pas?
M. BURNS: Oui. D'accord. Tristement célèbre pour
ça.
M. BLANK: Je suis un peu d'accord avec le député de
Maisonneuve. On doit faire une distinction entre des hôtels de ville et
des hôtels des petites villes ou ruraux. Je pense que l'idée du
député de Maisonneuve doit s'appliquer à des villes d'une
certaine grandeur. Là, les gens ne vont pas à l'hôtel pour
prendre un verre. Quand ils vont au restaurant, c'est pour prendre un verre et
pas un repas. Cela veut dire que le restaurant à ce moment-là est
un bar. Le député de Maisonneuve veut qu'on dise simplement que
c'est un bar. Mais je pense que, dans des villes de 25,000 âmes ou plus
ou 50,000 ou 100,000, on doit avoir des buvettes.
M. BURNS: Je suis d'accord avec le député de Saint-Louis
là-dessus. La nuance qu'il apporte à mon opinion, je pense
qu'elle est valable, peut-être que l'industrie de l'hôtellerie
serait mise en danger dans certaines petites municipalités, si on avait
le permis de bar autonome. Mais, dans une ville comme Montréal ou comme
Québec, je ne vois pas les grands hôtels et les bons restaurants
être mis en danger au point de vue de leur survie, s'il y avait des
permis de bar autonome, quitte à ce que la surveillance, la
réglementation soit stricte à l'égard du permis de bar
pour qu'il n'y ait pas une prolifération extraordinaire.
On peut citer l'exemple de la ville de New-York où vous
rencontrez, sur la cinquième avenue, des bars d'une porte à
l'autre et vous avez pourtant quand même une industrie
hôtelière, à New-York. C'est vrai que la population
flottante est peut-être plus grande que celle de Montréal, de
Québec ou de Trois-Rivières, mais il reste quand même que,
toute proportion gardée, vous pouvez trouver une industrie de
l'hôtellerie à New-York alors que les buvettes existent. C'est
parce que ça ne s'adresse pas à la même clientèle.
C'est ce que je pense.
M. CHOQUETTE: Je pense qu'on peut soutenir la thèse du
député de Saint-Louis et celle du député de
Maisonneuve mais, pour le moment, je ne crois pas qu'il soit nécessaire
et même utile de faire ce changement. Je pense qu'il y a assez
d'établissements au Québec, même dans les grandes villes,
où on peut aller prendre un coup, sans qu'on aille créer une
nouvelle cacatégorie de bars qui vont concurrencer des
établissements qui existent déjà. Je crois que la
population québécoise, d'après les statistiques de la
consommation des alcools, sait profiter des facilités qui lui sont
offertes, et ce n'est réellement pas une réforme qui devrait
être prioritaire pour le gouvernement.
M. BURNS: Le docteur Boudreau va nous parler de cela, cet
après-midi.
LE PRESIDENT (M. Picard): Me De Blois.
M. DE BLOIS: M. le Président, je pense que, tel que l'a dit M. le
ministre, on a passablement fait le tour de nos recommandations. Au nom de
l'Association des hôteliers de la province de Québec, nous voulons
d'abord remercier tout le monde ici ce matin, d'une part, pour avoir
été invités, deuxièmement, pour nous avoir permis
de vous faire prendre connaissance de nos recommandations et,
troisièmement, de nous avoir donné le droit de discuter, avec
notre point de vue à nous, de la façon dont on pourrait voir les
choses.
Je remercie toutes les parties concernées. J'aimerais
peut-être faire un souhait: La loi étant peut-être à
tendance un peu générale et la réglementation se voulant
plus précise pour des cas bien spécifiques, il sera
peut-être là plus dangereux de créer une "injustice". Nous
espérons qu'au niveau de la réglementation nous pourrons
également, nous et d'autres parties concernées, être du
moins consultés, qu'on ait le droit de donner également notre
point de vue. Je pense qu'il en résultera une loi qui sera meilleure
pour tout le monde, non seulement les hôteliers mais également le
public. Il ne faut pas oublier que vous, les politiciens, êtes au service
du public et nous, les hôteliers, sommes également au service du
public. Sans le public, nous ne serions pas ici devant vous.
Le deuxième point...
M. BURNS: Sauf qu'on ne les endort pas avec les mêmes
affaires.
M. DE BLOIS: Nous, les maux de tête viennent seulement le
lendemain matin. Après ça, c'est disparu.
Le deuxième point, au niveau du permis de réunion, c'est
une suggestion...
M. CHOQUETTE: Il y a des "hang over" de quatre ans, dans notre cas.
M. DE BLOIS: II faudrait peut-être commencer nos phrases par "sans
préjudice" devant cette commission.
Le deuxième point, en terminant, c'est qu'une suggestion a
été apportée au niveau du permis de réunion. Je
pense que tout le monde est conscient qu'il y a un problème, et personne
ne veut pénaliser les bons organismes. Ce qu'on veut, c'est
arrêter ceux qu'on a appelés tout à
l'heure les chevaliers d'industrie. Peut-être
qu'éventuellement la solution serait que les hôteliers de ces
endroits, pour autant qu'ils le peuvent, aient la responsabilité de
ça. Si on est très sévère et très exigeant
pour des hôteliers qui ont un commerce, pourquoi être beaucoup plus
large pour des gens qui, du jour au lendemain, veulent, autrement dit, faire
à peu près le même commerce et avoir la même
occupation qu'un hôtelier, une journée par mois? Peut-être
qu'éventuellement ce serait une solution à apporter. On la laisse
comme suggestion.
Je termine en rappelant que nous avons grandement apprécié
le fait d'être convoqués ici, ce matin. Nous espérons, au
niveau de la réglementation, qu'on nous convoquera de nouveau. Les
recommandations qu'on a faites étaient non seulement dans
l'intérêt des hôteliers, c'est évident, mais
également dans l'intérêt du tourisme et du public en
général.
Je vous remercie.
M. CHOQUETTE: Merci, messieurs.
LE PRESIDENT (M. Picard): Me De Blois...
M. CHOQUETTE: Si vous le permettez, j'aurais une suggestion à
faire. C'est que nous entendions le docteur Boudreau et M. le juge Trahan sur
le projet de règlement sur la publicité. Nous ajournons à
midi? Alors, à quatre heures.
M. DE BLOIS: Merci.
M. SAMSON: Le ministre nous a mentionné, si j'ai bien compris, ce
matin, qu'il voulait nous faire part des projets de règlements. Est-ce
que le ministre a objection à nous les remettre maintenant ou si vous
préférez qu'on les entende avant?
M. CHOQUETTE: Voici, je préfère plutôt qu'on discute
du contenu approximatif des règlements, parce que je ne voudrais pas
lier le gouvernement à cette réglementation. D'abord, elle n'a
pas encore été approuvée dans sa forme définitive
par la Commission de contrôle des permis d'alcool. Elle n'est pas
passée par le conseil des ministres, je voudrais plutôt qu'on
discute des...
M. BURNS: On pourrait considérer cela comme un document de
travail, avec toutes les réserves que ça comporte. Moi, je
pense...
M. CHOQUETTE: Je n'ai pas d'objection.
M. BURNS: ... qu'il n'y aurait pas de problème.
M. SAMSON: Cela pourrait peut-être nous permettre de les regarder
un peu.
M. CHOQUETTE: Je n'ai pas d'objection.
M. MALOUIN: M. le ministre, est-ce qu'on peut savoir, avant de suspendre
jusqu'à quatre heures, combien de temps on va passer encore
là-dessus? Si on pouvait aller jusqu'à 1 heure peut-être
qu'on pourrait l'adopter.
M. BURNS: C'est à la demande du caucus libéral que nous
suspendons à midi.
LE PRESIDENT (M. Picard): Messieurs, à l'ordre, s'il vous
plaît! Au nom des membres de la commission, je désire remercier Me
Delage, de même que le procureur de l'Association, Me De Blois, et le
président du comité de législation de l'association, M.
Paul Baillargeon.
La commission suspend ses travaux jusque vers quatre heures cet
après-midi, soit après la période des questions à
l'Assemblée nationale.
(Suspension de la séance à 11 h 58).
Reprise de la séance à 16 h 15
M. PICARD (président de la commission permanente de la justice):
A l'ordre, messieurs!
La commission de la justice continuera cet après-midi
l'étude du projet de loi no 21, article par article. Est-ce qu'il y a
d'autres commentaires sur le mémoire présenté par
l'Association des hôteliers du Québec? Peut-on aborder
l'étude de l'article 1?
M. CHOQUETTE: Si vous permettez, M. le Président. J'avais dit, ce
matin, que nous en profiterions pour examiner les projets de règlements
au sujet de la vente des boissons alcooliques et de la publicité faite
à ce sujet. Nous avons ici présents le juge Trahan,
président de la commission, et également le Dr André
Bou-dreau, président du comité interministériel sur les
toxicomanies et dirigeant de l'OPTAT.
Etant donné que le Dr Boudreau a joué un rôle
important dans la rédaction des projets de règlements que nous
envisageons, est-ce que les membres de la commission voudraient entendre le Dr
Boudreau, brièvement...?
M. BURNS: Aussi longtemps qu'il voudra!
M. CHOQUETTE: Oui, mais c'est pour accélérer les travaux
de la commission que je le dis et non pas à cause du plaisir que j'ai
à l'entendre. Le Dr Boudreau pourrait expliquer aux membres de la
commission dans quel esprit ces projets de règlements ont
été élaborés, et nous pourrons voir les
réactions qui se manifesteront de part et d'autre. Je pense que le
lieutenant-gouverneur en conseil pourra prendre en considération les
propos qui seront formulés par les députés, à la
suite des observations du Dr Boudreau ainsi que de celles du juge Trahan, s'il
désire prendre la parole.
M. TRAHAN: Comme le Dr Boudreau était ma doublure, je vais lui
donner ma place.
LE PRESIDENT (M. Picard): La parole est au Dr André Boudreau,
Boudreau.
Comité interministériel et OPTAT
M. BOUDREAU: Je voudrais remercier le juge Trahan et le ministre de la
Justice de nous avoir invités, le comité interministériel
et en particulier l'OPTAT, à participer à la rédaction
d'un projet de réglementation sur la publicité et la vente des
boissons alcooliques. Jusqu'à présent, malheureusement, et dans
le passé, les réglementations sur un sujet aussi important que
celui-là ont été faites, malgré tout le respect que
je leur dois, par des législateurs, par des avocats dans le sens
d'avocats surtout, elles n'ont pas été faites par des gens qui
voyaient l'impact du problème, des gens qui avaient à traiter des
alcooliques, qui voyaient un peu les résultats d'une publicité
sur les alcools.
Je pense que le gouvernement répond très bien à ses
responsabilités en adoptant des lois qui protègent l'industrie de
l'alcool, qui protègent ceux qui ont des permis, qui protègent le
nombre et la qualité des permis, mais je pense qu'il faut aissi
protéger le consommateur d'alcool.
LE PRESIDENT (M. Picard): La commission suspend ses travaux
temporairement.
(Suspension de la séance à 16 h 20)
Reprise de la séance à 16 h 30
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre, s'il vous plaît!
La commission de la justice continue l'étude du bill no 21. Le Dr
Boudreau.
M. BOUDREAU: Comme on le disait tout à l'heure, je pense que la
responsabilité de l'Etat est certes celle de protéger une
industrie qui est valable, de protéger ceux qui détiennent des
permis, mais aussi et je tiens à insister à cause du
rôle que j'occupe c'est la responsabilité de l'Etat de
protéger les consommateurs, parce que, parmi les consommateurs, il y
aura éventuellement des gens qui prendront un produit qui est
très bon en soi, mais qui peut en amener certains à abuser de ce
produit.
En partant, il faut dire que lorsqu'on a rédigé ces
règlements, il faut penser qu'ils ont été
rédigés par un organisme qui n'est pas contre l'alcool. Je pense
qu'il faut le préciser dès le départ. On est
habitué, avec les organismes gouvernementaux qui s'occupent
d'alcoolisme, à avoir affaire à des organismes contre l'alcool.
On ne peut pas être contre pour une foule de raisons, dont celle-ci:
l'alcool est notre avenir à nous aussi; si les gens cessaient de boire,
au point de vue pratique, il faudrait se trouver de l'ouvrage ailleurs. On
n'est donc pas contre ce produit qui comporte certainement des points
importants, mais, d'un autre côté, on pense qu'il y a des gens qui
vont abuser. Je pense d'ailleurs qu'on rejoint assez bien les écrits,
depuis longtemps, de M. Delage dans le Dimanche-Matin qui prône la
modération dans chacun de ses écrits. C'est pour cela que j'ai
peut-être été un peu surpris, si vous me le permettez, M.
le ministre, est-ce que je peux faire...
M. CHOQUETTE: Courte.
M. BOUDREAU: Courte. J'ai été un peu surpris, ce matin, de
la réaction de M. Delage qui s'insurgeait contre le fait qu'on diminue
les heures de consommation, parce qu'il est certain qu'à 8 heures du
matin et c'est prouvé scientifiquement les gens qui
arrêtent au bar ont de plus grandes chances de devenir alcooliques et le
taux d'absentéisme à l'ouvrage sera
certainement plus grand, à ce moment-là. Quand on a mis 10
heures, peut-être qu'on avait pensé aux députés qui
n'auraient pas cette tentation, à 8 heures, d'arrêter au bar avant
d'arriver à la session, ce qui réglerait une partie du taux
d'absentéisme d'ailleurs.
M. OSTIGUY: M. le Président, on était quand même
cent au vote, aujourd'hui.
M. BOUDREAU: Non, c'est une médisance que je viens de faire.
M. SAMSON: Cent, sans y être.
M. BOUDREAU: Remarquez qu'une médisance est une chose vraie.
Deux points importants nous ont conduits à faire cette
réglementation: le premier point, extrêmement important et
je voudrais qu'on en soit conscient il y a un taux d'alcoolisation de
plus en plus grand, non seulement au -Québec, mais aussi dans le Canada
et dans le monde entier. Ce taux d'alcoolisation dépasse les
prévisions antérieures les plus optimistes. Comme il y a un taux
d'alcoolisation qui augmente, il y a aussi un taux d'alcoolisme qui augmente de
façon considérable. L'autre point important: ce taux
d'alcoolisation augmente surtout chez les jeunes présentement. Il y a de
plus en plus de jeunes qui consomment de l'alcool, qui en consomment à
un âge très jeune. On a pris conscience de cela.
Deuxième point: La tendance actuelle, dans le monde il
faut aussi le savoir est à la prohibition de toute
publicité sur les alcools, sur les breuvages alcoolisés. Je vous
réfère là-dessus à l'Organisation mondiale de la
santé qui a réuni un groupe d'experts, le 13 octobre 1973, et ce
groupe d'experts a demandé à tous les gouvernements et
j'ai le texte ici, il va être publié dans quelques jours de
faire des pressions partout pour que soit prohibée toute
publicité sur les breuvages alcoolisés. Il y avait tout de
même ces points qui étaient en éclairage lorsqu'on a
étudié un projet.
Deuxièmement, cette tendance se manifeste aussi au Canada. La
commission LeDain, le rapport LeDain sur l'usage non médical des
drogues, dans son rapport final, a demandé que soit prohibée, ou
du moins très restreinte, la publicité sur les boissons
alcooliques. On a demandé qu'on ne montre que l'étiquette et pas
plus, s'il faut faire de la publicité.
Le troisième élément, le rapport Lalonde du
ministre de la Santé à Ottawa, sur la santé des Canadiens
français devant l'augmentation de mortalité par cirrhose, a
demandé que soit prohibée ou du moins réglementée,
de façon très restrictive, la publicité sur les boissons
alcooliques.
Pour nous, nous voudrions faire un essai, mais un essai vraiment
intelligent d'une réglementation sur les boissons alcooliques, sur la
publicité. Cela a été le premier point, de vouloir faire
une réglementation qui partirait non pas d'éléments
négatifs, mais qui partirait de quelques principes et qui
créerait un comité qui donnerait à cette
réglementation l'assurance d'une permanence et d'une mise à jour
continuelle. On s'est rendu compte que les règlements sur les alcools,
et ce n'est pas nouveau, sont publiés, sont étudiés, sont
approuvés, mais rarement mis en application, de telle sorte que, quatre
ans après, lorsqu'on veut faire de nouveaux règlements, on
s'aperçoit qu'aucun règlement n'est suivi à cette
époque. On a donc eu deux points en vue: Le premier: partir de notions
positives, de principes, d'une philosophie; le deuxième: donner à
cette réglementation non seulement une permanence, mais lui donner aussi
un renouvellement, une structure qui lui permettra de s'adapter continuellement
à la société dans laquelle nous vivons
présentement. C'étaient les deux éléments de point
de départ.
Comment tout cela s'est-il concrétisé? Le premier
élément s'est concrétisé dans le texte que vous
avez sur la publicité. Il s'est concrétisé par, par
exemple, cet article 3 e) qui se présente comme négatif, mais qui
se veut un élément positif: "La publicité ne doit pas
présenter la consommation de boissons alcooliques comme un facteur de
valorisation individuelle ou collective et notamment faire croire que la
consommation de bière, de cidre, de spiritueux ou de vin ajoute au
prestige social, facilite le succès dans les affaires, favorise les
contacts avec des personnes de sexe opposé, accroît la performance
sportive ou est un élément nécessaire à la
participation à des activités sportives, sociales ou autres ou
qu'elle aide à résoudre des difficultés personnelles".
En fait, ce qu'on veut, c'est que la publicité sur les alcools
s'adresse à l'intelligence, mais qu'elle n'essaie pas d'associer dans le
subconscient des individus des notions que l'intelligence ne peut pas
accepter.
Si, moi, je veux faire une thèse sur le sport, sur le
développement sportif, sur l'athlétisme, sur la performance, je
n'irai pas faire ma thèse en disant que l'alcool aide un sportif
à acquérir une meilleure performance, parce que mon intelligence
ne l'acceptera pas et l'intelligence de mes auditeurs ne l'acceptera pas non
plus. Mais ce qu'on nous propose présentement dans la publicité,
c'est d'associer dans le subconscient des individus qu'on ne peut plus faire de
sport sans alcool, que si on fait une performance sportive intéressante,
la récompense est une bouteille de bière.
M. BURNS: Excusez-moi, docteur. M. BOUDREAU: Oui?
M. BURNS: Sans nommer de marque ni quoi que ce soit, actuellement, quels
sont les cas qui vous viennent à l'esprit d'un tel genre de
publicité dans, par exemple, l'aspect sportif?
M. BOUDREAU: D'accord. Je vais vous donner un cas qui pèche non
seulement par le fait qu'il associe des choses que l'intelligence ne peut pas
associer, mais qu'il nous prend un peu pour des imbéciles. Lorsqu'un
bonhomme joue au golf et envoie sa balle de golf, qu'elle s'en va sur un
poteau, sur un arbre, sur un clou ou sur une table et qu'elle tombe dans le
trou, moi, je n'ai jamais vu cela de ma vie. On nous fait croire que cela est
une performance sportive, mais après, la gratification de tout cela,
c'est une bouteille de bière. On a donc associé, dans le
subconscient, une idée que normalement on n'associerait pas, de telle
sorte qu'aujourd'hui, lorsqu'on parle d'aller à la pêche, les gens
ne parlent plus d'avoir une canne à pêche, ils parlent d'avoir une
caisse de bière. La canne à pêche n'a pas tellement
d'importance, il se vend du poisson partout, en fin de semaine, alors qu'on ne
peut pas avoir d'alcool, de telle sorte qu'on a associé ces idées
et l'intelligence ne peut pas le faire. On voudrait que la publicité
s'adresse à l'intelligence, en ce sens qu'elle dise aux gens: Vous
buvez, très bien, mais si vous buvez, prenez donc notre marque. Cela est
s'adresser à l'intelligence, mais pas aller essayer de nous passer de
l'alcool comme on nous passe des savons présentement, dans le sens
littéral et dans le sens réel du mot.
M. BURNS: Cela répond à ma question. M. BOUDREAU: Dans le
sens mousseux. M. SAMSON: Cinquante, cinquante.
M. CHOQUETTE: Avant de continuer, il y aurait quelque chose, je pense
bien, qui intéresserait les députés, c'est de savoir
combien de séances ont été consacrées à ce
travail.
Qui avez-vous consulté? Quels sont les organismes qui ont
été vus et à qui on a parlé au sujet de ces
principes de publicité que vous êtes en train de
développer?
M. BOUDREAU: Les membres de ce comité ont été des
membres du comité interministériel. Il y a eu M. Frigon, du
Conseil exécutif, qui était secrétaire du comité
interministériel, et il y a eu M. André Lacombe, qui est ici, du
ministère de l'Education, qui était secrétaire
chargé de mission à cette commission. Pour connaître les
désirs de chacun pour protéger leur industrie, on a invité
autour de la même table les industries, c'est-à-dire l'Institut
des brasseurs, l'Association des distillateurs, l'Association des fabricants de
cidre, les importateurs de vins et la Société des alcools du
Québec. Tous les membres de ces groupes se sont retrouvés
à une même table pour chercher les dénominateurs communs,
à la lumière de cette notion.
M. CHOQUETTE: Et jusqu'à quel point? UNE VOIX: Tout ce qui
crée l'annonce.
M. BOUDREAU: C'est l'industrie qui la paie.
M. CHOQUETTE: Jusqu'à quel point, Dr. Boudreau, les principes qui
se trouvent dans les projets de règlement sur la vente et la
publicité rallient-ils l'approbation des différents secteurs de
l'industrie?
M. BOUDREAU: Lorsqu'on a étudié tout cela, à partir
du moment où on est arrivé au comité de consultation
permanent, il y a une industrie qui s'est retirée du comité.
Toutes les autres industries sont restées à
l'intérieur.
UNE VOIX: Les brasseurs?
M. BOUDREAU: Oui. Est-ce que vous me permettez, en faisant la
genèse, de voir à quel moment c'est arrivé?
Pour être logique avec cette idée de ne pas associer dans
le subconscient des idées que l'intelligence ne voulait pas associer, il
a fallu aller à une notion qui fait mal, à première vue.
Je voudrais vous expliquer. C'est celle-ci: "f) Comporter de façon
directe ou indirecte l'encouragement à la consommation de boissons
alcooliques de la part d'une vedette qui n'est pas un employé à
plein temps du fabricant et qui à acquis sa renommée dans un
domaine d'activité autre que le commerce des boissons alcooliques et
dont on utilise l'appui pour des raisons de popularité personnelle et
non pour ses connaissances particulières du produit".
Nous croyons qu'associer une vedette pour venir nous parler des
qualités de l'alcool, ce n'est pas s'adresser à l'intelligence
d'un individu, c'est s'adresser véritablement à son subconscient.
D'ailleurs, nous sommes la seule province, présentement il y a
quelques Etats américains qui commencent à délaisser ce
procédé qui se sert des vedettes pour présenter
l'alcool. En plus, une réglementation qui a été
suggérée à l'échelle de tout le Canada, dont nous
avons le texte ici, qui devrait être proposée à toutes les
provinces, mais qui a été retardée à cause de la
réglementation du Québec, interdit aussi cette
représentation par des vedettes. Je pense que c'est être logique.
Je fais appel, justement, à cette responsabilité qu'on les
gouvernements de protéger le consommateur, en partant des points que
nous avons soulignés tout à l'heure.
D'ailleurs, cette réglementation qui est proposée à
l'échelle nationale sera étudiée à Toronto à
la fin d'août.
Ensuite, dans le contenu du message, on a étudié
certainement le contenu qui a été accepté par tout le
monde. Cette création d'un comité consultatif permanent est
arrivé par après. Ce comité serait responsable, bien
sûr, au président de la commission de contrôle, qui est le
seul corps habilité à appliquer ou même à
édicter des règlements. On a cru qu'il serait utile pour le
président de la commission de contrôle et pour la commission
elle-même d'avoir un comité qui se composerait d'un
représentant de la Commission de contrôle des permis
d'alcool du Québec, de l'Office de la protection du consommateur, de la
Société des alcools du Québec, de l'Association canadienne
des distillateurs, de l'Institut des brasseurs du Québec, de
l'Association des représentants de vins et de spiritueux du
Québec, de l'Association des fabricants de cidre du Québec, de
l'Institut canadien des vins, de l'Association des fabricants de vins du
Québec, du directeur général de l'OPTAT et de deux
employés de la fonction publique qu'il désigne, mais ces
personnes sont sujettes à l'approbation du président de la
Commission de contrôle des permis d'alcool du Québec.
Le but de ce comité serait, comme il a été
énoncé, d'aviser la Commission de contrôle du permis
d'alcool du Québec sur l'ensemble de la réglementation. Ici, je
voudrais faire une précision qui a créé une
ambiguïté, qui a été la cause du départ de
l'Institut des brasseurs qui ne semble pas avoir compris le fonctionnement de
ce comité. Ce comité étudierait constamment la
publicité, les méthodes de vente, en face de la
société moderne, mais il n'étudierait pas le contenu
particulier d'un message. Si le président de la Commission de
contrôle du permis d'alcool du Québec demande au comité
d'étudier le contenu des messages des brasseries, par exemple, à
ce moment-là, le comité ne siégera qu'avec l'Institut des
brasseurs pour discuter avec eux de leurs problèmes et il en serait de
même pour l'industrie des alcools. Je pense que l'objection qu'avait
l'Institut des brasseurs était celle de faire analyser leur
publicité par leurs compétiteurs alors que là le contenu
sera analysé simplement par les représentants impliqués,
plus les permanents de ce comité.
Est-ce que ce serait le temps des questions sur la publicité?
M. CHOQUETTE: Oui, on peut donner les grandes lignes du profil, je pense
bien.
M. BURNS: A ce stade-ci, M. le Président, j'aurais une question.
Je m'adresse au spécialiste Boudreau beaucoup plus... En fait, vous
êtes ici comme spécialiste d'ailleurs, mais, en votre
qualité de médecin particulièrement
spécialisé dans ce domaine, ma question est d'ordre
général puisqu'on parle de publicité: Est-ce que vos
constatations, vos recherches, votre pratique dans le domaine vous
démontrent que la publicité a des effets nocifs à
l'égard de toutes les catégories de gens selon... Ou si vous
voulez, la publicité que vous voulez prohiber, est-ce qu'elle a des
effets nocifs à l'égard de toutes les catégories de gens?
Je veux dire, par exemple, l'alcoolique devenu abstinent ou encore l'abstinent,
tout simplement. Est-ce que c'est bien l'expression "abstinent", que l'on
dit?
M. BOUDREAU: Oui.
M. BURNS: Ou encore, de la personne qui boit normalement ou encore de la
personne qui ne boit pas du tout? Je veux dire ceci: Les effets que vous visez
à obtenir par une telle réglementation, est-ce qu'ils se dirigent
vers l'ensemble de ces catégories de gens, tant jeunes que vieux, tant
hommes que femmes ou s'ils visent davantage à protéger, par
exemple, c'est toujours cet exemple qui nous vient à
l'esprit l'alcoolique absolument fini, qui, une bonne journée
décide d'arrêter de boire parce qu'il en est rendu à un
point où il ne peut pas mettre le nez dans un verre sans finir la
bouteille au grand complet?
Je sais qu'il y a des préjugés chez les gens. Je suis de
ceux qui ont toujours pensé que peut-être cette publicité
est plus novice chez le pauvre diable qui essaie de s'en sortir plutôt
que chez le gars qui prend régulièrement son verre sans que cela
lui cause des problèmes.
M. BOUDREAU: Je pense que la publicité a un effet d'abord chez
l'individu et puis un effet social en créant des modes de vie. Chez
l'individu, quand on pense à l'alcool, on pense toujours à
l'alcoolique et à l'abstinent, mais il y a le buveur social qui est tout
de même la grande majorité d'une population; c'est le candidat
à l'alcoolisme ou à la modération, heureusement. Dans bien
des cas, il va être modéré toute sa vie.
Pour l'alcoolique, il est certain que de voir couler une bouteille
d'alcool, de voir cette ambiance qui est créée, c'est une
tentation qui est très grande. Je pense bien que ce serait une illusion
que de penser que cela ne l'impressionne pas du tout. Pour le buveur social, la
publicité, telle qu'elle est faite présentement, crée des
coutumes sociales, justement à cause de ce subconscient où elle a
associé, dans la société, l'hospitalité et
l'alcool, par exemple, de telle sorte qu'on crée des buveurs sociaux, on
alcoolise une société. Si vous allez quelque part, on vous offre
de l'alcool. Si vous ne voulez pas en prendre, on insiste parce qu'on ne se
sentirait pas hospitalier. D'autant plus que certaines personnes dosent leur
hospitalité au degré d'alcool. Quand c'est quelqu'un qu'on
connaît bien et qu'on veut bien recevoir, c'est au Champagne. Quand c'est
quelqu'un qu'on connaît, mais qu'on veut recevoir rapidement, c'est
à la petite bière. Pour les vrais connaisseurs, comme M. Delage,
c'est au bon vin. Il reste qu'on dose, on offre à la fine pointe.
M. CHOQUETTE: A la fine champagne.
M. BOUDREAU: On dose comme cela un peu ses amitiés, ce climat
social qu'on crée, de telle sorte qu'on arrive dans une
société et on ne peut presque plus ne pas boire, de telle sorte
aussi que, dans la loi, on a mis quelque chose dans les règlements
je m'excuse de parler de la loi on a fait accepter quelque chose
qui pourrait être le début d'une campagne de modération,
à la commission. On dit aux brasseries, à l'industrie: Chaque
fois que vous
faites une réception, vous allez passer votre alcool, bien
sûr, c'est normal, mais vous devrez offrir aussi des breuvages non
alcoolisés. Je pense que c'est beaucoup. Si, un jour, on est capable
d'aller en société et dire: Je n'en prends pas cet
après-midi parce que, à 4 heures, je n'aime pas cela, je n'en
prends pas. C'est beaucoup, si je ne suis pas obligé de dire que je suis
un alcoolique obligé de se cacher et de dire: Vous ne pourriez pas aller
me chercher du ginger ale, parce que vous n'avez pas pensé à moi.
Il faut créer un véritable climat intelligent
d'hospitalité. C'est un exemple.
Une enquête qui est loin d'être finie mais qui a
été faite, une enquête maison qui a souvent
été faite, a démontré que, lors des parties de
hockey, par exemple, les gens allaient chercher de la bière dans leur
réfrigérateur, quand on sifflait, pour un arrêt du jeu ou
n'importe quoi, et ils étaient tous surpris, après, de voir
toutes ces bouteilles vides. Ils n'en avaient même pas bu. Ils en avaient
bu, mais ils n'avaient pas conscience d'en avoir bu. C'est malheureux, dans le
fond, ils n'y avaient pas goûté, c'est si bon, et les bouteilles
étaient déjà vides. On n'a donc pas créé le
climat qu'il fallait, le climat de dégustation. On crée le
réflexe, on s'adresse au subconscient.
L'autre réaction de la publicité présentement, si
vous rencontrez les gens dans la société, c'est qu'ils sont
dégoûtés de la publicité qu'il y a
présentement. On a dépassé les bornes de la
publicité. Je pense que cela est peut-être un des bons effets de
la publicité, mais ce n'est tout de même pas un but à
atteindre, de dire: On va en mettre trop pour avoir un effet contraire. Je ne
sais pas si cela répond à votre question, mais le buveur social
auquel on s'intéresse rarement dans notre société, c'est
le problème de notre société.
M. BURNS: C'est la grande masse.
M. BOUDREAU: Vous savez que, sur dix consommateurs, il y a un buveur
problème présentement. Un buveur problème est un bonhomme
qui, à cause de ses consommations, a des problèmes
économiques, des problèmes sociaux dans lesquels vous allez
être obligés d'investir de l'argent, a des problèmes
d'accidents routiers, a des problèmes de cirrhose, a toutes sortes de
maladies. On peut être alcoolique et n'avoir jamais été
ivre de sa vie, alors que le buveur social peut être souvent ivre et ne
jamais devenir alcoolique. L'alcoolisme n'est pas une vocation, mais il y en a
qui ne sont pas capables, malgré des essais perpétuels, de
devenir alcooliques.
M. BURNS: Toujours sur ce problème, je fais un parallèle
avec la publicité sur la cigarette. Evidemment, toute comparaison
pèche et celle-là va pécher aussi, est-ce que vous avez
considéré la possibilité d'imposer aux annonceurs de
boissons alcooliques de faire appel à la modération? Je ne parle
pas de la mention qui apparaît aux cigarettes, c'est-à-dire que
c'est nocif pour la santé, parce que vous l'avez dit vous-même et
je pense que tout le monde, ici, va l'admettre, ce n'est pas nocif pour la
santé en soi, les boissons alcooliques, au contraire, je pense que, en
dose modérée, c'est très bon, mais est-ce qu'on peut
penser qu'on puisse imposer, par voie de réglementation, ou par voie
d'incitation, aux gens qui vendent des boissons alcooliques, de faire appel
à la modération? Ce que vous nous disiez tout à l'heure,
à propos de Me Delage et ses chroniques, c'est vrai; les
véritables amateurs parlent toujours de modération et ils nous y
incitent lorsqu'ils nous disent: Un bon repas est bon avec tel genre de vin. Il
faut l'avoir vécu pour se rendre compte qu'un bon repas avec quatorze
bouteilles de vin, ce n'est pas un bon repas, un repas n'est pas mangeable dans
ces conditions. Peut-être qu'à ces gens qui font profession de
vendre des boissons alcooliques, on devrait peut-être aussi imposer de
vendre la modération qui va avec l'utilisation.
M. BOUDREAU: Exactement. Je pense que vous touchez à plusieurs
points là-dedans. Il y a la proposition de mettre une étiquette
sur les bouteilles comme cela s'est fait sur les cigarettes: Le médecin
général du Canada déclare que le danger croît avec
l'usage. Je pense que c'est ce qui est écrit. Il faut penser que cela a
été suggéré par la commission LeDain. D'ailleurs,
voyez-vous, vous venez de regarder sur votre paquet si c'était vrai.
Imaginez-vous ceux qui boivent l'alcool! Ils ne lisent jamais ce qui est sur la
bouteille, ils n'ont pas le temps. Quand ils peuvent le lire, ils ne voient
plus.
Il reste qu'au point de vue pratique, je ne pense pas que ce soit cela
qui va diminuer, comme les fumeurs. M. le juge disait qu'en Alberta c'est
réel, c'est marqué sur les bouteilles. Ce n'est pas cela qui va
diminuer et la suggestion que vous faites est extrêmement pertinente et
nous l'avons faite à l'industrie qui présentement est
intéressée: s'engager avec l'argent qu'ils ont, dans une campagne
de modération, mais à une condition, c'est que toute l'industrie
le fasse. Quand c'est une seule industrie qui fait une campagne à la
modération, c'est une promotion pour l'industrie. Parce qu'on dit: On va
boire celui-là, parce qu'au moins... Alors toute l'industrie est
prête à s'engager dans un travail sur la modération.
D'ailleurs, la réglementation qui va être proposée au mois
d'août demande que 25 p.c. des bénéfices sur les alcools
soient versés à l'éducation. C'est la législation
nationale qui voudrait le proposer: que 25 p.c. ce qui est
dépensé à la publicité soient
dépensés pour la modération. Je ne pense pas que ce soit
réaliste non plus. Je pense qu'il y a une aide. En même temps
qu'on élargit nos lois, il faut que l'Etat soit conscient de ses
responsabilités, et l'industrie aussi, en face de
l'éducation.
M. BURNS: Merci, cela répond à ma question.
M. SPRINGATE: M. le Président, voulez-vous m'expliquer un peu ce
que vous voulez dire par: De la part d'une vedette qui n'est pas un
employé à plein temps du fabricant? Tout le monde sait, quand on
voit Willie Lamothe faire quelque chose pour une certaine compagnie, qu'il ne
travaille pas pour la compagnie, surtout quand on voit dix minutes plus tard
qu'il vend des "hamburgers" à un A&W. Pourquoi pensez-vous
qu'on se serve d'une vedette ou non que cela va aider ou modérer
celui qui veut prendre un petit coup? Je vous parle comme lacordaire.
M. BOUDREAU: Comme lacordaire?
M. CHOQUETTE: II vous parle comme vedette sportive aussi.
M. SYLVAIN: II y a des ouvertures qui disparaissent
M. BOUDREAU: Vous savez qu'il y a une mythologie de la vedette
aujourd'hui. Tout ce que les vedettes disent, en général,
à la télévision, c'est cru. Vous allez avoir de grands
débats sur l'avortement, vous allez faire venir un théologien,
vous allez faire venir un gynécologue, un obstétricien, quelqu'un
qui a eu des problèmes et une vedette; tout le monde va applaudir tout
ce qu'elle dit. Cela fait partie d'une mentalité dans notre
société, en tout cas le milieu dans lequel je vis. Cela fait
partie de cette mentalité. On dit ici que, si quelqu'un est une vedette,
il est d'abord une vedette. S'il se sert du prestige qu'il a comme vedette pour
annoncer de l'alcool, le jeu de la publicité n'est plus bon. S'il n'est
plus vedette, c'est-à-dire si la compagnie dit: Je t'engage à
temps plein, elle s'arrangera avec ses "troubles" à ce moment-là.
La preuve d'ailleurs que c'est peut-être vrai, c'est qu'ils le font. Ces
gens ne travaillent pas pour rien. Lorsqu'ils font des choses comme cela, c'est
parce que c'est rentable. C'est un peu comme l'industrie qui nous a dit un
jour: La publicité, ce n'est peut-être pas bon, en ce sens que
cela ne rapporte rien. On se dit: Pourquoi la faites-vous? Ce serait bien mieux
de donner cet argent à des organismes qui vont faire de la
publicité sur la modération, qui vont vous aider à ce que
les gens boivent bon, boivent peu pour boire longtemps. Si les gens boivent
longtemps, c'est aussi payant que s'ils ne boivent pas longtemps. Ils boivent
beaucoup, mais ce n'est pas long et ce n'est pas payant.
M. SPRIXGATE: Quant à moi, quand je vois Bobby Orr avec du coke
ou un autre produit, cela ne me dit pas d'aller chercher une bouteille à
l'épicerie.
M. BOUDREAU: Vous n'êtes pas...
M. SPRINGATE: Je crois que vous allez un peu trop loin si vous dites:
Non, on ne devrait pas embaucher des vedettes. Le lendemain, peut-être
que vous ne devriez pas embaucher une autre personne. Il faut donner, à
un moment donné, un peu d'intelligence aux gens qui regardent la
télévision. C'est une autre chose. Vous avez fait mention d'une
annonce où on voit quelqu'un qui frappe une balle de golf, celle-ci
frappe un arbre, un poteau et elle tombe dans le trou. Tout le monde sait que
ce n'est pas vrai. Et tout le monde sait que, même si vous buvez une
certaine marque d'alcool, cela ne vous arrivera pas. Tout le monde le sait.
M. BOUDREAU: Si vous dites que tout le monde le sait, très bien,
mais, moi, je crois que très peu de monde a la chance d'avoir votre
résistance à cette impulsion de la publicité.
M. SPRINGATE: Vous pensez que, parce que quelqu'un frappe une balle et
qu'on voit cela à la télévision, qu'elle frappe un arbre,
un poteau et qu'elle tombe dans le trou, tout le monde le croit?
M. BOUDREAU: C'est-à-dire que je pense que si ce n'était
pas vrai, si cela n'avait pas d'influence, ils ne le feraient pas.
M. BURNS: Si je peux interpréter le docteur là-dessus, je
pense que c'est l'aspect mythe qu'on met autour de cela. Tout le monde sait que
c'est impossible, mais on crée un mythe autour de la consommation
d'alcool et c'est cela qu'on tente de réglementer par ce projet
C'est sûr que ce n'est pas possible et c'est sûr qu'un tel
cas va peut-être se voir une fois dans 300 ans, mais déjà
on a fait, on a créé une situation extraordinairement mythique
autour d'une situation qui amène éventuellement à la
consommation de l'alcool. Dans ce sens, je partage l'avis des rédacteurs
du projet. Quant à l'embauchage des vedettes, je partage l'avis du
docteur également là-dessus. Si ce n'était pas payant, on
ne les utiliserait pas les vedettes. On ne tenterait pas de vendre des savons,
on ne tenterait pas de vendre de l'alcool, on ne tenterait pas de vendre des
automobiles avec des vedettes si elles ne rapportaient pas. Ce ne sont pas des
masochistes, les gens de l'industrie de la publicité, je pense bien.
M. BOUDREAU: Que quelqu'un vienne expliquer la qualité d'un
produit, la façon dont il est fabriqué, le soin avec lequel on le
fabrique, ses origines, je pense que cela est bénéfique et c'est
cela qui est apprendre aux gens à consommer, à bien consommer. Je
pense qu'il y a des travaux, qui sont faits en ce sens, extrêmement
intéressants, mais ces travaux s'adressent à l'intelligence de
l'homme. Apprendre aux gens à bien boire, mais pas essayer, en
s'adressant à leur subconscient, de leur donner continuellement... Cela
ne peut pas s'étudier
intellectuellement, mais que les réflexes arrivent pour faire
penser à l'alcool à n'importe quelle occasion...
M. SYLVAIN: J'aurais peut-être une précision. Je trouve
curieux de regarder une réglementation sur la publicité relative
aux boissons alcooliques sans qu'il y ait une réglementation par rapport
à certaines mesures. Il me venait à l'esprit le jeune qui va dans
un bar, qu'il ait 18, 19 ou 20 ans cela s'est produit à ma
connaissance très souvent on laisse l'hôtelier dans un bar
vendre un coke $1. Cela, c'est bien plus que s'adresser au subconscient. C'est
s'adresser, c'est inciter, c'est plus que de la publicité relative. Il y
a eu, à un moment donné, les limonades, dans certains bars,
à ma connaissance, des limonades sans préparation, qui valaient
autant qu'une bière, ou le coke valait autant, ou le Seven Up, et il n'y
a absolument rien... La réglementation s'applique à la
publicité qui incite, mais il y a des mesures prises qui sont encore
plus directes. Ce n'est même pas de la publicité, c'est
quasiment...
M. BOUDREAU: Ce serait dans les méthodes de vente. Je pense qu'il
faudrait que ce soit mentionné.
M. SYLVAIN: Dans votre recherche pour arrêter ou minimiser...
M. BOUDREAU: C'est bien sûr que si cela coûte moins cher de
prendre une bière qu'un coke, on va être porté plus
facilement à prendre une bière.
M. SYLVAIN: L'impression que le jeune avait, il disait; Si le coke est
au même prix, je vais prendre une bière.
M. BOUDREAU: D'ailleurs cela a été proposé aussi.
Il y a eu une proposition où on devait doser l'alcool, le prix de
l'alcool. Le prix de l'alcool devait être fixé sur le dosage
d'alcool dans les produits pour encourager certaines personnes à une
consommation de produits moins alcoolisés, comme par exemple fabriquer
des bières à 3 p.c. Cela a été
suggéré dans d'autres provinces. Mais à ce
moment-là la réglementation disait: A condition que le prix
fixé soit toujours supérieur aux liqueurs douces, aux breuvages
habituels, aux breuvages non alcoolisés.
M. SYLVAIN: J'ai une autre question sur la réglementation.
Seulement une, la dernière. On dit : La publicité ne doit pas
inciter des mineurs à consommer des boissons alcooliques. Qui sanctionne
et d'après quels critères?
M. CHOQUETTE: C'est-à-dire...
M. SYLVAIN: Quelle méthode, de quelle façon on va inciter
et quelle méthode sera répréhensible et quelle autre ne le
sera pas?
M. BOUDREAU: C'est à partir du moment où on a mis de plus
en plus de jeunes dans la publicité comme faisant partie de cette
société qui consommait, qu'on a incité les jeunes à
boire. On disait tout à l'heure, qu'on crée un climat où
l'alcool est nécessaire pour des activités sociales. On voit par
exemple la vie au grand air et lorsqu'on veut montrer la vie au grand air, on
voit en pleine forêt un réfrigérateur qui est rempli de
bouteilles de bière. Les jeunes aspirent aussi à la vie au grand
air.
M. SYLVAIN: Est-ce que c'est votre comité qui va
sanctionner...
M. CHOQUETTE: Le président de la commission de contrôle,
nous, nous sommes là pour...
M. SYLVAIN: ...qui va décider si telle publicité incite ou
non, à son jugement ou au jugement de...
M. TRAHAN: Cela existe déjà à Ottawa au point de
vue de la radio-télévision. Il y a un comité qui se
réunit presque tous les quinze jours. Sur les dix provinces, je pense
qu'il y en a seulement deux qui sont actives, le Québec et l'Ontario. Le
malheur, c'est qu'il y a beaucoup de publicité qui nous vient de
l'extérieur. Comment va-t-on faire pour contrôler cette
publicité? Dans toutes les revues qu'on reçoit, il y a de la
publicité à pleines pages. Il va falloir faire quelque chose. Je
ne sais pas si, à un moment, on ne devrait pas faire appel à
Radio-Québec pour donner des programmes et faire l'éducation de
la population. Je pense que ce serait un peu...
M. CHOQUETTE: Je comprends la question du député de
Beauce-Nord. Il veut dire ceci, je crois s'il me permet de tenter
d'interpréter sa pensée: lorsque vous avez une disposition disant
que la publicité ne doit pas inciter les mineurs à boire, c'est
une belle notion, mais ce n'est pas une notion juridique. Comment faites-vous
la distinction entre le mineur et le majeur qui regardent la
télévision? Ils sont tous les deux là, et vous n'avez
aucun contrôle sur eux. Est-ce que vous voulez dire par cela que la
publicité ne doit pas être faite de telle façon à
s'adresser aux mineurs plutôt que de s'adresser au public en
général? Est-ce que c'est dans ce sens que c'est dit?
M. BOUDREAU: C'est cela aussi, mais ce comité consultatif qu'on a
formé a fait un premier test avec eux. Par exemple, on leur a
montré de la publicité. Ils ont pu porter un jugement sur des
annonces qu'il y avait au moment même, pour discuter de l'impact de telle
publicité selon eux, et quels changements
ils auraient apportés. Ce comité, en cours de route, va
pouvoir étudier de façon beaucoup plus spéciale l'impact
de la publicité.
Il y a d'ailleurs un comité d'étude qui est
déjà formé en dehors de tout cela, à l'OPTAT. Il
étudie présentement la publicité, mais sur un plan
scientifique. Il a pris la publicité, l'a analysée, l'a
écrite, l'a décrite, il a vu l'impact chez certains individus, et
il va remettre un rapport à peu près dans les premiers temps
où le comité va siéger.
Bien sûr les premiers mois, cela va être une tâche
extrêmement difficile pour ce comité. Je pense que cela en vaut le
coût on va pouvoir voir si telle publicité incite les mineurs
à consommer. Il faut tout de même penser que c'est un
comité de huit à dix personnes qui auront à juger et sont
impliquées tout de même dans le commerce. Il y aura l'Office du
consommateur, d'autres personnes pourront venir éventuellement, et nous,
on donnera des avis à la commission.
M. SYLVAIN: Ils vont édicter, après expériences,
certaines normes, à un certain moment.
M. BOUDREAU: On tient pour acquis que la loi réponde à ce
que vous dites. Il faut...
M. SYLVAIN: Mais, je pense que...
M. BOUDREAU: ... qu'elle soit explicite.
M. SYLVAIN: Je regarde votre paragraphe : La publicité ne doit
pas quand on regarde d'autres paragraphes, c'est assez clair
être faite par ou pour un fabricant en collaboration avec un
détenteur de permis.
Alors, c'est là, "ne doit pas inciter". Je me demande
jusqu'à quel point on peut mettre cela dans une réglementation...
Il faut être capable de sanctionner aussi la réglementation.
M. CHOQUETTE: Quelle est la sanction prévue pour la
non-observance des règlements? Est-ce simplement le comité
consultatif auprès du président de la commission qui va dire
à un des membres du groupe. Ecoutez, votre publicité qui a paru
à la télévision dimanche soir, c'était vraiment
affreux et vous devriez couper cela. L'intéressé va-t-il poser le
geste volontairement ou bien avez-vous entrevu des sanctions juridiques ou
autres pour excès publicitaires?
M. BOUDREAU: Ce seraient dans les règlements de la
commission.
M. TRAHAN: Ce qu'il faut, c'est, quand on va à Ottawa et que les
agences publicitaires produisent des trucs comme tout à l'heure la balle
si on va tomber dans le trou après avoir frappé un arbre
savoir si c'est accepté ou refusé. Notre intention est
d'envoyer quelqu'un à ce comité qui va connaître la
publicité, le tort que cela peut faire.
A l'heure actuelle, on a une personne qui est là et qui a bien
voulu nous rendre ce service, mais ce n'est pas une personne versée dans
la publicité. Notre intention était d'avoir recours au Dr
Boudreau pour représenter la commission à ce comité, pour
faire valoir ses points de vue et pour essayer d'empêcher cette
publicité. A de nombreuses reprises, des annonces ont été
refusées. Si on a des règlements pour nous appuyer, ce sera
encore plus fort. Seulement, le dernier paragraphe dit que cela sera une
infraction. J'ai bien peur que cela va être assez dur.
M. BOUDREAU: II peut y avoir une sanction de veto. On peut ne pas
accepter qu'une publicité soit publiée.
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas tout de le dire dans un règlement.
Encore, faudrait-il que le bill 21 ou une autre loi autorise le conseil
consultatif ou le Président de la commission ou la commission de
contrôle des permis d'alcool d'imposer un arrêt ou un stop à
tel genre de publicité. On verse dans le problème de la censure.
Est-ce qu'on peut arrêter de la publicité avant qu'elle soit
parue? Cela pose toutes sortes de questions de principe. Je me demande, moi,
si, en voulant faire oeuvre utile, on n'est pas mieux de commencer avec le
règlement le plus détaillé possible avec le conseil ou
comité consultatif que vous avez proposé, avec le
président de la commission comme président, et voir
jusqu'à quel point l'industrie peut s'auto-discipliner elle-même,
volontairement, sans coercition légale et, si on voit, nous
législateurs, qu'il n'y a pas cette collaboration qu'on serait en droit
d'attendre dans l'esprit que vous avez exprimé, là, on pourra
penser à amender de nouveau la loi et voir s'il n'y a pas lieu de
prévoir des mécanismes de sanctions quelconques. Mais, dans un
premier temps, j'ai l'impression qu'on peut simplement commencer avec une
certaine philosophie d'autodiscipline comme cela s'était passé
dans le cinéma il y a bien des années, alors qu'on avait
créé je ne me rappelle plus quel comité pour
empêcher... Evidemment aujourd'hui, tout cela est très
dépassé, mais...
M. OSTIGUY: C'est l'inverse qui s'est produit.
M. CHOQUETTE: Oui, on a jeté le comité consultatif
par-dessus bord dans l'industrie.
M. SAMSON: On l'a déculotté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de
Verchères.
M. OSTIGUY: M. le Président, avec ces mesures de restriction
générale à l'endroit de la publicité qui vont
inciter les gens à la modération, je me demande si on est trop
restrictif, si on aura besoin encore d'une loi de la Société des
alcools. D'un autre côté, il ne faudra quand
même freiner l'industrie du Québec, parce qu'elle est
très importante, tant du point de vue des brasseries, de l'industrie du
vin, de l'industrie du cidre.
Maintenant, il y a aussi, d'une autre part, les investissements qui sont
faits de la part des fabricants par l'intermédiaire des agences de
publicité. Il y a de l'argent qui est investi. Il y a des contrats qui
sont signés, à court, à moyen et à long termes.
Comment allez-vous arriver à trouver le milieu dans toute cette
réglementation aussi restrictive que vous nous présentez
aujourd'hui?
M. BOUDREAU: Vous me permettez de répondre?
D'abord aussi restrictive, je voudrais vous dire que c'est de loin la
plus large encore au Canada lorsqu'on parle de restriction.
M. OSTIGUY: II ne faut pas se baser sur les autres provinces.
M. BOUDREAU: Non, mais... M. OSTIGUY: C'est ici.
M. BOUDREAU: D'accord! Deuxièmement, c'est que j'ai fait partie
d'une commission à titre de commissaire d'une commission qui a
enquêté sur la bière, le vin, les spiritueux au Canada,
justement sur le plan de la taxation, donc des investissements et de tout le
mécanisme d'échange. C'est une commission qui a publié un
rapport que vous avez tous reçu d'ailleurs, il y a quelques mois. Cette
commission faisait justement des recommandations "a la fin, et c'était
l'industrie qui en faisait. Une des principales recommandations était de
réglementer le plus rapidement possible la publicité. C'est un
premier élément.
Deuxièmement, lorsqu'on parle d'investissements, d'accord. Mais
passons à l'investissement humain aussi. Il faut penser que tous les
gouvernements aujourd'hui, qui ont fait des études sérieuses sur
la rentabilité de l'alcool, savent que ce n'est pas rentable. L'alcool
n'est pas rentable à cause des troubles indirects que cause l'alcool,
par ses excès, par l'alcoolisme. Les gouvernements dépensent plus
présentement pour l'alcool que ce qu'ils en reçoivent. Cela ne
vient pas de moi. Toutes les statistiques que je pourrais fournir
éventuellement, le démontrent largement. D'accord, il faut
protéger l'industrie. Mais l'industrie ne se sent pas
lésée puisqu'elle a signé ce rapport. Ces
règlements qu'on vous soumet aujourd'hui, ont été
signés par l'Association canadienne des distillateurs, l'Association des
fabricants de cidre, l'Association des importateurs de vin, la
Société des alcools et le comité
interministériel.
Au moment où l'industrie de la bière s'est retirée,
ce n'est pas à cause des règlements sur la publicité.
C'est à cause du comité consultatif. C'est que l'industrie de la
bière ne voulait pas que ses compétiteurs analysent sa
publicité. Ce n'est pas à cause de ce qu'on pourrait appeler des
restrictions à la loi. Mais c'est à cause du mécanisme qui
pourrait juger éventuellement. La formule qu'on vous propose aujourd'hui
est acceptée par l'industrie avec une formulation un peu plus
différente, l'industrie de la bière, mais elle est compatible
avec ce qu'on propose aujourd'hui.
Je pense que, sur le plan investissement, il ne faudrait pas être
trop scrupuleux, puisqu'il est bien sûr qu'on ne s'attend pas à
voir diminuer le taux de vente des alcools. On s'attendra à voir moins
de gens -faire des abus et plus de gens boire modérément.
M. OSTIGUY: Est-ce que vous allez avoir, comme l'a mentionné le
juge Trahan tout à l'heure, un contrôle sur les journaux qui
viennent de l'extérieur là où il y a une
publicité...
M. BOUDREAU: Quant à la télévision, il faudrait
expliquer ce que le CRTC... Le CRTC a des règlements sur la
publicité, sur la radio, la télévision. Or, on ne peut pas
aller au-delà de ces règlements, mais on peut aller en dessous de
ces règlements. Chaque province a le droit de veto sur toute
publicité à la radio et à la télévision.
Mais seulement, il n'a pas été exercé ce droit de veto
présentement. Deuxièmement, il est bien sûr que les
écrits, la publicité dans les revues qui viennent de
l'extérieur, on n'a aucun contrôle. Il faut dire qu'à la
réunion canadienne à Ottawa, on a décidé de ne pas
mettre en application une loi restricitive, avant que celle du Québec
puisse faire ses preuves. A ce moment-là, si celle du Québec
faisait ses preuves, elle pourrait être élargie à tout le
Canada. Alors, on aurait quelque chose de vraiment cohérent.
M. OSTIGUY: Bon. Vous me dites que le CRTC va surveiller, etc. Vous
savez fort bien que dans la province de Québec, du moins dans la
région de Montréal, qui est quand même 50 p.c. de la
population de la province de Québec, le CRTC contrôle, d'accord.
Mais vous avez combien de canaux américains qui entrent par nos petits
écrans dans nos maisons, et sur lesquels vous n'avez aucun
contrôle? Nos gens du Québec, notre industrie
québécoise, vont dire: Vous avez une restriction pour notre
publicité, par contre les Américains, eux, entrent en plein
écran et vous n'avez aucun contrôle. On va annoncer les
brasseries, les vins, les cidres, ou enfin, n'importe quelle boisson va
être annoncée avec éclat.
M. BOUDREAU: Je m'excuse, mais la restriction aux Etats-Unis est
très grande. Elle est plus grande que ce qu'on propose ici, parce qu'on
ne dit pas: Ne faites plus de publicité. Il faudrait bien s'entendre,
mais on va réglementer la publicité. Il en reste encore
largement. Ces gens ont assez d'imagination pour trouver une
formule qui va s'adresser à notre intelligence maintenant un peu
plus.
M. OSTIGUY: Vous n'avez aucun contrôle sur la
télévision américaine?
M. BOUDREAU: Non, on n'en a pas. Seulement, cela serait le
problème éternel, tant qu'on n'aura pas les satellites, on est
foutu.
M. OSTIGUY: Et non plus dans les magazines, Time Magazine et puis...
M. BOUDREAU: Sauf une chose...
M. OSTIGUY: Une revue très intéressante, Playboy...
M. BOUDREAU: Seagram annonce dans le Time Magazine et Seagram
fait partie de ce comité et ses représentants sont
conscients qu'ils doivent modifier leur publicité. Il faut penser que si
on prenait des arguments: D'autres vont le faire, cela ne sert à rien de
faire quelque chose ! On ne fera jamais rien. Mais on essaie de faire quelque
chose. On essaie de faire quelque chose d'honnête, je pense.
M. OSTIGUY: M. Boudreau, je rejoins quand même...
M. BOUDREAU: Ce n'est pas de l'utopie.
M. OSTIGUY: ... l'idée du ministre tantôt. Je pense qu'il
faudrait peut-être commencer à appliquer ces règlements par
étapes, et non pas procéder d'une façon pas trop
disciplinée, parce que cela peut être dangereux pour notre
industrie.
M. TRAHAN: Par contre, si vous me permettez, dans les brasseries, dans
les jugements, dans les règlements qu'ils ont proposés,
restriction visant le message publicitaire, eux-mêmes disent: Incitez. La
publicité ne doit pas inciter des mineurs à consommer de la
bière. Ce sont les brasseurs qui disent cela. Ils vont même plus
loin que cela, ils disent: Faire croire que la consommation de la bière
est nécessaire au prestige social, au succès dans les affaires,
au contact avec les personnes du sexe opposé, à l'accroissement
de la performance sportive. Ce sont les brasseurs qui demandent cela. Ils
veulent nous aider. S'ils veulent nous aider, pourquoi ne les aiderait-on pas
à nous aider?
M. OSTIGUY: C'est donc dire, M. le Président, qu'ils sont
prêts à adopter une certaine autodiscipline.
M. BOUDREAU: C'est cela. C'est ce qu'on veut. D'ailleurs, un permis de
sanction, ce n'était pas notre idée d'en émettre. On
voulait cette autodiscipline. C'est pour cela que ce comité consultatif
pour nous est essentiel. Il était tellement essentiel qu'on aurait voulu
qu'il soit mentionné dans la loi pour lui donner une espèce
d'aspect pour qu'il ne soit pas mis en cause continuellement, un comité
d'autodiscipline. M. Choquette a très bien rendu l'esprit de ce qu'on
voulait faire en travaillant. Les sanctions, il y en aura, si vraiment, on
arrivait à la conclusion mais à ce moment-là il
faudra présenter un autre projet que l'autodiscipline est
impossible.
M. OSTIGUY: C'est parce qu'il ne faut pas perdre de vue que nous avons
des jeunes industries...
M. BOUDREAU: Le cidre.
M. OSTIGUY: ... l'industrie du vin qui commence au Québec,
l'industrie du cidre qui est en pleine évolution au Québec. Si on
veut aider ces industries...
M. BURNS: II tient à rappeler qu'il était le parrain du
projet de loi.
M. OSTIGUY: Si on veut les aider à continuer à promouvoir
leur industrie, je pense qu'il ne faudrait quand même pas être trop
restrictif vis-à-vis de cette jeune industrie.
M. BOUDREAU: Faites-nous confiance, ils ont signé en toute
conscience.
M. OSTIGUY: Après consultation avec tous les fabricants?
M. BOUDREAU: Ils sont venus à seize réunions. Il y a eu
seize réunions.
M. BURNS: Une question, docteur, sur les prohibitions qui apparaissent
à l'article 3...
M. BOUDREAU: De la vente ou la... M. BURNS: A l'article 3 sur la
publicité. M. BOUDREAU: Oui.
M. BURNS: Au paragraphe d), vous dites que la publicité ne
devrait pas être faite par ou pour un détenteur de permis en
faveur d'une marque particulière de produits. Quel est le but? Qu'est-ce
qui vous a motivés?
M. BOUDREAU: C'est à la demande de toute l'industrie, surtout de
l'industrie de la bière. C'est qu'ils ne voulaient pas qu'un
détenteur de permis comme tel, c'est-à-dire quelqu'un... Par
exemple, prenons un magasin, une épicerie...
M. BURNS: Cela veut dire que toutes les horloges...
M. BOUDREAU: Ce sont les fabricants...
M. BURNS: ... et tout ce que vous voyez dans les tavernes, que cela
disparaisse.
M. BOUDREAU: Ils ont demandé eux-mêmes que ce soit
éliminé. C'est à leur demande. C'est pour cela que, quand
on parle de restrictions...
M. BURNS: C'est pour cela que cela m'intéressait de savoir
pourquoi.
M. BOUDREAU: C'est que l'industrie, au début... On dit que, dans
le fonds, on est pris avec le problème et on veut en sortir nous autres
aussi, le problème de la publicité, parce qu'il y a
surenchère. Les costumes de baseball, ils n'en veulent plus. Ils ont
justement demandé que ce soit enlevé.
M. BURNS: Alors, cela vient d'eux-mêmes.
M. BOUDREAU: Je pense que c'est un projet rationnel. Je voudrais encore
répéter je trouve cela bien important que les
investissements des industries sont très importants, extrêmement
importants. Mais l'investissement humain, dont nous avons tous la
responsabilité, est aussi extrêmement important, même il ne
fait pas le poids dans...
M. OSTIGUY: L'investissement industriel aussi est humain.
M. BOUDREAU: A quoi sert-il? En tout cas...
M. BURNS: Ce n'est pas fait pour faire vivre des industries, c'est fait
pour créer un contact social pour des humains. C'est cela qui est
important.
M. CHOQUETTE: Est-ce que les membres de la commission se
considèrent suffisamment éclairés et laissent au
gouvernement le soin de prendre ses responsabilités? Je remercie le Dr
Boudreau et M. le juge Trahan. Vous n'êtes pas obligés de partir.
Nous allons passer à l'étude du projet de loi article par
article. Cela ne concerne pas tellement la publicité.
M. BURNS: Merci bien, Dr Boudreau. Cela a été très
illuminant.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 1. Le député de
Beauce-Nord.
M. SYLVAIN: Est-ce que je pourrais demander su ministre et aux membres
de la commission, à ce moment-ci, puisque la commission va
étudier le projet de loi article par article, s'il n'y aurait pas lieu
d'entendre peut-être d'autres intéressés, sans, par
là, ouvrir une porte à tous les intéressés de la
province? Mon opinion est que le député est toujours
l'intermédiaire entre la population et le gouvernement. Il y a des
hôteliers ruraux qui sont groupés, eux aussi, en association. Je
suis pertinemment au courant pour avoir eu plusieurs rencontres avec ces
derniers, et je sais qu'ils auraient aimé se faire entendre devant la
commission. Evidemment, les délais sont courts. Ce n'est pas le projet
de loi 22, c'est le projet de loi 21. Je me demande si la commission ne
pourrait pas accepter. Je comprends que l'Association des hôteliers de
province représente des intérêts qui sont urbains et ruraux
chez les hôteliers. Je comprends aussi qu'il y a eu, à un moment
donné, la formation d'une corporation des propriétaires de
gîtes, qui regroupe au-delà de 300 hôteliers ruraux d'une
certaine région, qui comprend sept comtés connexes, et que j'ai
rencontrés. Je pense que c'est mon devoir de demander à la
commission d'entendre ce groupe, si la commission veut me le permettre. Il y a
peut-être des choses qui seront abordées. A ma connaissance, on a
discuté d'autres points dont on n'avait pas discuté ce matin. Il
y en a que j'aimerais discuter. Je ne sais pas quelle peut être
l'attitude du ministre ou de la commission là-dessus.
M. CHOQUETTE: Je n'ai pas objection de principe à entendre qui
que ce soit. Si vous êtes persuadé ou, après avoir pris des
renseignements, vous en arrivez à la conclusion qu'ils ont quelque chose
de particulier à nous dire sur un sujet qui n'a pas déjà
été abordé, je suis à la disposition des membres de
la commission. On peut très bien procéder à l'étude
du bill aujourd'hui et fixer une autre séance, peut-être la
semaine prochaine, à un moment convenable, et entendre ceux que vous
avez en vue à la condition qu'ils aient quelque chose à nous
dire, pas seulement venir nous raconter une histoire, nous dire qu'ils sont
d'accord. C'est bien beau se faire dire qu'on est d'accord, mais à la
condition qu'ils aient des points particuliers à soulever.
M. SYLVAIN: Je vous donne un exemple qu'on a discuté assez
longtemps. Ce matin on n'a pas soulevé la question, par exemple, des
sanctions vis-à-vis des infractions pour les mineurs qui sont dans les
établissements hôteliers.
M. CHOQUETTE: Est-ce qu'on a besoin d'être éclairés
par ce groupe sur cette question? Vous, vous êtes avocat, vous avez
pratiqué. Vous avez d'ailleurs soulevé le problème, je
pense, dans votre discours de deuxième lecture sur le projet de loi.
Est-ce que vous pensez que l'Association des hôteliers va venir nous en
dire plus que vous en savez vous-même?
M. SYLVAIN: Non. Mais je peux vous dire que les discussions que j'ai
eues avec eux m'ont nettement éclairé, au départ. Ils ont
quand même des opinions...
M. CHOQUETTE: Je suis à la disposition de la commission. On peut
très bien fixer une autre séance et les entendre.
M. SYLVAIN: Je discutais tout à l'heure avec une personne, Me
Martin, qui représente aussi une association des tavernes et brasseries
qui aurait peut-être eu...
M. CHOQUETTE: Je n'ai pas envie que cela devienne une
loi-marathon...
M. SYLVAIN: Non.
M. CHOQUETTE: ... parce que si vous amenez un groupe, et un autre et un
autre, tout le monde va vouloir être entendu et vous savez qu'il y en a
passablement dans la province de Québec. Alors, vous vous embarquez dans
une belle affaire.
M. SYLVAIN: Au départ, j'ai dit que je ne voulais pas ouvrir la
porte.
M. CHOQUETTE: Oui, mais pourquoi eux plus que d'autres?
M. SYLVAIN: J'ai l'impression, sans vouloir discréditer
l'Association des hôteliers de la province, qu'il s'est discuté
peut-être plus d'intérêts hôteliers dans le milieu
urbain. J'aimerais qu'un groupe, qui représente 300 hôteliers dans
sept comtés, puisse se faire entendre sur une loi qui les touche
directement. C'est mon opinion. Je laisse à la commission toute
discrétion. J'aurai accompli mon rôle de député.
M. BURNS: M. le Président, dans le même sens que le
ministre vient de le mentionner, je n'aurais pas objection, s'il y a des gens
qui sont ici et qui sont prêts à se faire entendre
immédiatement, qu'on les entende, comme on a entendu ce matin
l'Association des hôteliers. Mais je ne suis pas certain surtout
sans avoir consulté le leader du gouvernement si cela n'est pas
un problème qu'on se plante dans le pied, si on ouvre la
possibilité à ce qu'il y en ait d'autres. Je ne suis pas contre
la consultation, loin de là, mais s'il y a des gens qui ont pris la
peine de venir ici, je n'ai aucune espèce d'objection à les faire
entendre.
M. CHOQUETTE: Le problème est qu'ils ne sont pas ici
actuellement. S'ils étaient ici, on les entendrait tout de suite. Je
pense bien qu'il n'y aurait pas de problème.
M. OSTIGUY: Est-ce qu'ils sont ici?
M. SYLVAIN: On a eu le problème, à un certain moment, de
la convocation de la commission et des avis qui n'avaient pas été
donnés. Je n'ai quand même pas pu suivre... Au lendemain du
dépôt du bill en première lecture, la corporation
était ici, avec son exécutif, pour en prendre connaissance et
étudier le bill. Que ces hôteliers aient étudié le
bill sans avoir eu la possibilité de se faire entendre...
M. CHOQUETTE: Si les membres de la commission et je suis
prêt à vous donner tout le crédit qui vous revient et
à croire qu'ils vont nous dire des choses pertinentes au bill
veulent qu'on tienne une autre séance, je suis bien d'accord. Je ne suis
pas pour refuser une demande qui nous provient d'un député dans
ce sens, mais vous allez en porter la responsabilité dans le sens
qu'après cela, si on a les épiciers, si on a les restaurateurs...
Et c'est sans fin dans le domaine des alcools. Je ne dirais pas que c'est pire
que le bill 22, mais c'est dans le même genre.
M. SAMSON: C'est enivrant aussi. UNE VOIX: C'est pire.
LE PRESIDENT (M. Picard): Je rappelle aux membres de la commission qu'on
pourrait aussi arriver avec la suggestion que cette commission se
promène en province pour écouter l'opinion de toutes les
organisations des différents comtés de la province.
M. SAMSON: Si vous fournissez le "stuff", on va y aller.
M. SPRINGATE: Je m'excuse, M. le Président, mais le
député a déjà rencontré ce groupe, est-ce
qu'il ne pourrait pas nous faire part de leurs intérêts, de
défendre leurs intérêts, de les représenter?
M. SYLVAIN: Vous allez me comprendre facilement là-dessus. Au
moment où on a rencontré le groupe, c'était bien plus
l'étude du bill 44 que l'étude du bill 21, ou les lacunes du bill
44. Effectivement, le bill n'était pas déposé. Le
dépôt du bill en première lecture est assez
récent.
M. TRAHAN: Est-ce que vous pourriez nous dire quelles étaient les
lacunes qu'ils trouvaient dans ce bill 44, eux?
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, mon point de vue est le suivant. Je
n'ai évidemment aucune espèce d'objection à entendre tous
les groupes intéressés, mais je voudrais soulever une question de
principe. Si on établit le principe d'écouter des groupes
intéressés qui ne sont pas ici aujourd'hui, ça veut dire
qu'il faudrait convoquer d'autres séances. Je ne dis pas une autre
séance, je dis d'autres séances. Si on en vient à la
conclusion que nous acceptons d'écouter d'autres groupes, à ce
moment-là, je me devrai de réclamer au moins qu'on en fasse
l'annonce, comme pour le bill 22, et qu'on accepte tous les groupes qui
voudront venir devant la commission, évidemment, avec tout ce que
ça comporte. Est-ce que le projet de loi est d'une importance telle
qu'on doive l'adopter avant la fin de l'ajournement des travaux de la
présente session, ou si ça ne presse pas et qu'on
peut le reporter à l'automne? Si ça ne presse pas et qu'on
peut le reporter à l'automne, on peut entendre beaucoup de monde. Mais
s'il faut l'adopter avant l'ajournement, nous avons un problème d'ordre
pratique.
M. CHOQUETTE: Je pense que, pour répondre au député
de Rouyn-Noranda, il y a tout intérêt à adopter ce projet
de loi avant l'ajournement de cet été. D'abord, le projet, dans
son ensemble, est approuvé. Deuxièmement, la commission en a
besoin pour fonctionner. On n'est pas pour aller remettre ça à
l'automne encore une fois. Cela fait un an et demi qu'on a ça à
l'étude, qu'il y a eu des consultations les plus diverses. Ce matin,
j'ai seulement lu une partie des organismes, de plus, il y a tous les corps de
police, tout le monde a été consulté. Allez remettre
ça, qu'est-ce qu'on va relancer? Une autre consultation avec des
séances...
M. SAMSON: A ce moment-là, j'aurais une opinion...
M. CHOQUETTE: ...je suggère qu'il est nécessaire d'agir
à un moment donné.
M. SAMSON: Je serais d'opinion qu'on entende les groupes
présents, s'il y en a.
M. CHOQUETTE: II y a un monsieur ici, me dit-on, qui est
représentant de l'Association des tavernes et brasseries du district de
Québec. Il a quelque chose à dire sur les mineurs,
peut-être que ça peut regrouper...
M. SYLVAIN: Si je peux énoncer une dernière intervention
là-dessus. Est-ce que je peux demander à la commission, ou au
ministre, s'il présume qu'on finira ce soir l'étude du projet de
loi?
M. CHOQUETTE: Tout dépend de la vitesse des travaux. C'est bien
possible qu'on ait terminé ce soir.
M. SPRINGATE: Si tout va bien. M. CHOQUETTE: Si tout va bien.
M. SAMSON: M. le Président, est-ce que je pourrais faire une
suggestion au député de Beauce-Nord? Il semble que ces gens ne
résident pas tellement loin de Québec quand même. Si ces
gens pouvaient être ici ce soir, je n'ai pas l'impression qu'on va
terminer avant six heures, je serais bien d'accord pour les entendre ce soir.
De là à faire d'autres séances pour entendre des groupes,
je demanderais qu'on fasse la même chose pour tout le monde et on
tomberait dans l'impossible pour les circonstances.
M. SYLVAIN: J'en conviens. Si c'est possible, ce soir, si la commission
accepte. Ce sera très bref parce que, disons en principe, après
une première lecture, cette association trouvait le bill 21 pas mal plus
collé à la réalité de l'hôtelier rural et si
c'est possible... Si ce n'est pas possible, je ne veux pas retarder les travaux
parlementaires, il pourra arriver que la commission commence à 8 heures
et ces gens seront présents.
M. CHOQUETTE: Je pense que la suggestion faite par le
député de Rouyn-Noranda et aussi par le député de
Beauce-Nord va agréer à tout le monde. Je constate qu'il y a un
monsieur ici qui aurait peut-être quelque chose à dire.
M. MARTIN: Je peux aussi.
LE PRESIDENT (M. Picard): S'il vous plaît, monsieur...
Association des tavernes et brasseries du district de
Québec
M. MARTIN: Pierre Martin, avocat de Québec. Je représente
l'Association des tavernes et des brasseries du district de Québec. Sur
le point, je peux aussi revenir à 8 heures si vous
préférez et commencer à étudier, me joindre
à l'association que mon confrère Sylvain pourra vous
présenter à ce moment-là.
M. CHOQUETTE: Si vous voulez nous le dire tout de suite, à mon
avis...
M. MARTIN: Le problème particulier que j'ai, c'est que j'ai
été simplement avisé aujourd'hui que la commission
étudiait le projet de loi. Quand même, j'ai rencontré jeudi
passé mes clients et disons qu'il y a seulement certains points
particuliers du projet qui nous affectent et sur lesquels, en majeure partie,
nous sommes d'accord. Le principal point qui n'est pas soulevé de
façon satisfaisante, c'est le problème des mineurs. C'est
peut-être le problème où les brasseries et les tavernes,
surtout les brasseries, sont les plus affectées à l'heure
actuelle. J'ai vécu une expérience dans ce cas où il est
très difficile vous connaissez le problème de
défendre quelqu'un qui est confronté avec une infraction pour
vendre à des jeunes de moins de 18 ans. La loi, telle qu'elle existe,
oblige le détenteur à faire la preuve qu'il a un système,
qu'il est de bonne foi, alors qu'auparavant, cette obligation n'existait pas
comme telle. Moi, je dis que la loi n'a pas été faite en fonction
des brasseries. Les brasseries sont un concept nouveau. C'est arrivé
à un moment donné en 1970-1971. Je pense que le concept de la loi
de contrôle n'est pas fait pour les brasseries. C'est un problème
plus global, peut-être que l'Association des tavernes et brasseries se
prépare, dans un projet futur, pour que ce problème soit
abordé.
Quant au problème des mineurs, il y a
évidemment la possibilité, comme le projet de loi dit,
d'imposer une amende plus forte aux mineurs. A mon avis, c'est un palliatif pas
tellement satisfaisant. Moi, j'aimerais mieux que l'on procède un peu
comme le service de l'hôtellerie, soit avec un système de
prévention et d'inspection qui forcerait les détenteurs d'un
permis à avoir un meilleur contrôle. Que l'on procède par
un système d'inspection et peut-être que le fardeau de la preuve
pourrait être donné au ministère de la Justice.
Vous savez comment on procède à l'heure actuelle. La
Sûreté du Québec répond à des plaintes. C'est
tellement vrai que dans un cas particulier, elle s'est présentée
à un endroit huit fois à peu près en trois mois. Cela
crée des problèmes majeurs pour le détenteur du permis. A
chaque fois que la police entre dans un endroit, ça crée des
problèmes particuliers pour la clientèle et pour le chiffre
d'affaires du détenteur. Huit fois, il n'y a personne. La
neuvième fois, on vient encore et on fait un contrôle avec
système de cartes. Le problème de la carte d'identité est
un problème complexe, j'en conviens, mais il faudrait, en attendant de
pouvoir résoudre ce problème, qu'on ait un palliatif quelconque.
La neuvième fois, on se présente et on trouve cinq ou six
mineurs. Le détenteur ne peut rien faire pour se défendre,
d'après moi, en milieu urbain. En milieu rural, le détenteur
connaît le monde, la défense est beaucoup plus facile.
Il ne faut pas se leurrer, dans presque toutes les causes où il y
a gain de cause, le détenteur connaît les gens qui vont à
son établissement, c'est le fils d'un tel, c'est le fils d'un autre. Le
détenteur peut se défendre beaucoup plus facilement. Dans les
milieux urbains, la défense est presque impossible, tel que la loi
existe. Parce que la police ne contrôle absolument rien, tout ce qu'on
fait, on amène les gens et on demande aux jeunes: Est-ce qu'on a un
système de contrôle des cartes? Le jeune répond: Non. On ne
peut pas fouiller, on ne fait absolument rien. Le détenteur est à
la merci d'un système policier, à ce point. Je ne dis pas que
l'association est contre le fait qu'on ait un contrôle, au contraire, on
voudrait trouver le contrôle parfait pour le meilleur système.
Mais, à l'heure actuelle, on est sujet à des abus certains.
M. CHOQUETTE: Ecoutez, vous avez soulevé deux choses dans votre
exposé. Premièrement, vous avez dit qu'il y avait eu,
relativement à un de vos clients, abus des descentes policières.
Je pense qu'il s'agirait d'une question de discernement pour la
Sûreté de ne pas abuser ni du nombre de descentes, ni de la
façon de faire les descentes, d'arriver comme des jars et prendre la
place, comme on a déjà vu des forces policières, en
certains endroits.
C'est comme s'il s'était commis le plus grand crime possible et
imaginable. C'est presque en "line up" sur le mur. Ce sont des méthodes
passablement dépassées et je peux en prendre note pour
possiblement faire des suggestions aux corps policiers
intéressés. Ce n'est pas une question législative, c'est
une question de tact, de diplomatie, d'habilité de la part de la
police.
Deuxième chose, vous me dites que le fardeau est mis sur le
détenteur de permis, le fardeau de la preuve de montrer qu'il n'a pas
admis un mineur est placé sur ses épaules. Je suis parfaitement
de votre avis que cela peut être un fardeau assez lourd à
transporter parce qu'il n'a pas toujours des modes de contrôle quant
à l'âge des enfants qui peuvent demander à être
admis.
Mais, par contre, c'est le seul moyen de contrôle disponible.
Parce que vous comprenez que, si le ministère de la Justice assume ce
fardeau, on ne gagnera pas une cause. Les hôteliers, les brasseurs et
tous les autres étalissements vont toujours avoir de très bonnes
raisons pour avoir admis ces mineurs, toujours de très bonnes raisons,
et nous ne serons jamais capables de se décharger de ce fardeau de la
preuve.
C'est en somme du point de vue de l'économie du droit qu'il faut
mettre le fardeau sur les épaules des détenteurs de permis. Si on
avait un système de cartes d'identité, comme certains l'ont
préconisé, peut-être qu'à ce moment-là on
pourrait changer les règles mais, jusqu'à nouvel ordre, on n'a
pas un tel système. D'ailleurs, l'institution d'un tel système
est controversée.
Deuxièmement, quant à faire en sorte que les mineurs
subissent les effets de leurs infractions, ce qu'on a fait dans le projet de
loi, c'est qu'on a haussé l'amende qui peut être perçue
chez un mineur. Je pense que nous l'avons élevée de $10 à
$25. Et ceci a pour but de donner un peu plus de dents à la loi à
l'égard de celui qui y contrevient, c'est-à-dire le mineur de 16
ou 17 ans qui est admis.
Cela me paraît passablement tout ce qu'on peut faire dans
l'état actuel des choses. Je n'ai pas de méthode pour
régler votre problème, sauf celle-là.
M. MARTIN: En fait, M. le Président, vous avez une méthode
qui est économique. Pourquoi n'aurions-nous pas et ne penserions-nous
pas avoir un système tel qu'il existe au service de l'hôtellerie,
par exemple, où on a un service d'inspection, de contrôle. Cela
n'existe pas dans les brasseries comme telles? Comment fonctionnent les
brasseries?
M. CHOQUETTE: Je vais vous dire quelque chose. Savez-vous que la
commission de contrôle, à l'heure actuelle, n'a même pas le
nombre d'inspecteurs et d'enquêteurs que cela lui prend? Savez-vous que
la commission de contrôle est débordée de travail et que le
personnel a énormément de difficulté à en recruter
aux échelles que nous permet la Fonction publique? Ce n'est pas ma faute
si, suivant les échelles de la Fonction publique, un enquêteur ou
inspecteur a un salaire de $6,500 ou $7,000
par année, et qu'on n'est pas capable de recruter des gens
à ces salaires, et que nous ne sommes pas capables d'avoir le nombre de
postes.
On ne peut pas faire de miracles. On est pris dans une espèce de
système et on a même de la difficulté à faire le
travail qu'il faut faire actuellement. Ne nous demandez pas d'avoir un
personnel encore plus considérable pour faire un travail de
vérification qui, d'ailleurs, pourrait être jugé abusif. On
pourrait dire: Vous présumez, d'une certaine façon, de la
culpabilité en faisant des inspections intempestives, excessives dans
les établissements pour vérifier s'il y a des mineurs, alors
qu'il n'y a pas nécessairement de plainte.
Vous savez, les moyens du gouvernement ne sont pas illimités.
C'est pour cela, je pense, qu'à tout considérer, la seule
solution est celle que nous avons actuellement, avec la légère
amélioration qu'on y apporte du côté des mineurs.
Je regrette de vous tenir des propos si peu encourageants, mais je pense
que ces propos ont dû être tenus probablement...
M. MARTIN: A maintes reprises.
M. CHOQUETTE: ... depuis 1920, de la même façon, chaque
fois que des amendements à la Loi des alcools sont revenus sur la table,
ici à l'Assemblée nationale ou au Parlement. Il n'y a pas d'autre
méthode. Peut-être que le député de Maisonneuve
aurait...
M. BURNS: Non, je n'en vois vraiment pas.
M. CHOQUETTE: ... je ne sais pas, des fiches spéciales.
M. BURNS: Je partage l'avis du ministre. Ce n'est pratiquement pas
possible, à moins qu'on double, on triple, on quadruple le
système d'inspection mis à la disposition de la commission de
contrôle, qu'on fasse des échantillonnages de façon
régulière, mais là c'est un peu la suggestion de Me
Martin, je pense à faire, passez-moi l'expression, cette
espèce de "spot check" régulier pour mettre les taverniers sur
les épines, dans le fond.
Mais je pense que cela n'est pas son but. Son but est de changer le
fardeau de la preuve, dans le fond.
Mais je pense là-dessus, je partage l'avis du ministre
que c'est à l'hôtelier d'avoir un système de
vérification et à ses employés d'exécuter ses
instructions. Il est certain qu'il va toujours y avoir le malheureux cas d'un
jeune homme de 15 ans qui en paraît 28. C'est très difficile,
quand vous voyez un colosse de six pieds quatre pouces qui vient d'entrer et
qui porte la barbe et qu'il a quinze ans. Il est certain que là, cela
devient difficile. Mais il semble qu'à ce moment-là cela devrait
aussi être un élément à prendre en
considération par les tribunaux lorsque la chose arrive.
Si vous voyez par contre le jeune homme imberbe qui,
définitivement et carrément, paraît ses 15 ou 16 ans et
qu'on n'a pas pris la peine de lui demander quel âge il avait, de prouver
qu'il avait 18 ans, je ne vois pas pourquoi à ce moment le tavernier ne
paierait pas pour, s'il est poursuivi.
M. MARTIN: Le problème est tellement vrai que, devant nos juges,
évidemment, la preuve est très difficile à faire. On
arrive devant la commission de contrôle pour un problème de
permis, on nous convoque. Habituellement, on trouve toujours notre cas
très sympathique, mais sans trouver de solution. On dit: On n'y touchera
pas. On comprend la situation. Pour les tribunaux, dans 95 p.c. des cas, je
dois le dire, dans les milieux urbains, la défense est presque
impossible à faire.
M. CHOQUETTE: Vous n'êtes pas si mal au fond, c'est une police
d'assurance que vous payez aux tribunaux pour avoir la sympathie de la
commission de contrôle qui, elle...
M. MARTIN: C'est une police assez dispendieuse; elle peut même
créer des problèmes tels que le gars peut venir à perdre
son permis quand même. Que la loi oblige, dans le cas de trois...
M. CHOQUETTE: Je pense que le juge Trahan s'efforce d'appliquer la loi
intelligemment et d'une façon humaine. Si un hôtelier a
été pris à cause de la présomption, la commission
n'est pas pour lui sauter dessus la semaine suivante et suspendre son permis
à moins qu'il y ait tellement d'infractions qu'il est alors manifeste
que, du côté du détenteur, il y a une telle
négligence, ou, en fait, une mauvaise foi évidente...
M. BURNS: Maintenant, peut-être que le juge Trahan en a des
solutions. Le ministre me demande à moi si j'ai des solutions, mais
l'expert ici, c'est le juge Trahan. Est-ce que lui en voit des solutions?
M. TRAHAN: Les seules preuves que nous avons eues à la
commission, c'est que des gens qui s'étaient fait prendre une fois, deux
fois, trois fois, quatre fois continuaient toujours à ne pas vouloir
faire le contrôle des personnes qui entraient dans leurs brasseries ou
dans leurs tavernes. Ailleurs, le contrôle se fait. Pourquoi, dans les
brasseries, cela ne pourrait-il pas se faire? Ce n'est pas plus long que
cela.
LE PRESIDENT (M. Picard): Me Goodwyn...
M. GOODWYN: M. le Président, Ross Goodwyn, pour l'Association des
hôteliers de la province de Québec. Nous voulions seulement
souligner que le mémoire que nous avons
présenté ce matin ne touchait pas les aspects du bill 44
ou de la loi telle qu'elle existe dans d'autres domaines. Nous voulions
simplement attirer votre attention sur ces questions. Toutefois, à la
suite du bill 44, en 1971, nous nous sommes penchés sur cette situation
et nous croyons que la procédure suivie est extrêmement difficile
pour préparer une défense, s'il y a eu une infraction. Par
exemple, le groupe policier entre dans un établissement et on allume
toutes les lampes. Cela existe encore, même dans des
établissements très bien tenus. Pourquoi les policiers ne
seraient-ils pas appelés à faire une tournée d'inspection
dans la salle? Si, par hasard, ils rencontrent une deux ou cinq personnes
qu'ils croient être en faute, qu'ils les amènent à
l'écart, et fassent des vérifications afin de savoir si elles ont
l'âge requis.
Si on voit un déploiement de policiers devant un restaurant,
devant une discothèque ou devant un hôtel, le problème est
considérable quant à la réputation de cet
établissement et les gens évitent d'y aller par la suite.
L'infraction, je pense qu'elle est commise beaucoup plus par le jeune
qui va dans l'établissement que par l'hôtelier qui a le fardeau de
surveiller, de voir à ce que cela marche aussi dans l'ordre, que
l'établissement soit bien tenu; mais que quelqu'un s'infiltre, lorsqu'il
y a 200 personnes, c'est extrêmement facile.
Comme le soulignait Me Martin tantôt, ce qui se passe, c'est que,
quand les policiers interrogent ces gens, même si l'hôtelier a le
meilleur système de contrôle à la porte, ils n'ont jamais
de carte sur eux. Pourquoi? Parce que leur carte est fausse et qu'ils ont une
crainte terrible d'avouer aux policiers qu'ils se sont fait interroger et
qu'ils sont entrés avec une fausse carte. Ils ont peur de ce genre de
deuxième poursuite.
Les poursuites devraient être dirigées contre les mineurs
qui sont les responsables de cette provocation. C'est eux qui sont les
responsables. Si quelqu'un, dans le domaine de l'automobile, passe sur un feu
rouge, ce n'est pas le propriétaire de l'automobile qui est poursuivi,
c'est le conducteur. Je pense que le vrai poursuivi devrait être le
mineur qui commet l'infraction. Si l'hôtelier est poursuivi, pourquoi,
immédiatement, ne dresse-t-on pas une espèce de
procès-verbal de l'infraction qu'on lui reproche, comme on le fait dans
le domaine de l'automobile? Pourquoi l'hôtelier ne serait-il pas, par un
système de vérification ou d'inspection faite par la
Sûreté du Québec ou par d'autres inspecteurs,
informé, au préalable, qu'on a constaté une infraction tel
soir ou ce même soir et qu'on ne veut pas que cela se
répète? Pourquoi n'y a-t-il pas un avertissement, au
préalable, comme cela se fait pour l'automobile si, par hasard, le feu
est brûlé ou autre chose? Ce sont des situations qui sont
extrêmement difficiles et extrêmement pénibles pour les
administrateurs d'hôtels alors que, malgré toute leur bonne foi,
malgré toutes les vérifications, malgré les pancartes
qu'ils peuvent poser à la porte "interdit aux moins de 18 ans", il
s'infiltre toujours des gens. C'est l'hôtelier qui paie les frais au bout
de la semaine, au bout de la poursuite et, lorsque arrive le temps du
renouvellement, on regarde cela. Les infractions restent 20 ans dans les
dossiers de la Société de contrôle et tout cela... Lorsque
l'hôtelier se présente pour un renouvellement ou pour une demande
d'un nouveau permis, on ressort toutes ces vieilles infractions et on lui remet
cela sous le nez, même s'il n'en a pas eu depuis trois, quatre ou cinq
ans.
Je comprends que les commissaires, lorsqu'ils siègent, le juge
Trahan lorsqu'il siège, ne prennent pas cela en considération
parce qu'ils constatent logiquement que, si un hôtel est bien tenu
pendant trois ans ou pendant quatre ans et qu'il n'y a pas eu d'infraction, ils
sont capables de juger et de faire la part des choses. Quand même,
lorsqu'on se présente, le dossier suit toujours l'établissement
et le détenteur de permis, ce qui met un fardeau considérable sur
ses épaules pour des infractions qui ont pu être commises il y a
dix ans alors qu'aujourd'hui, la loi est complètement changée et
que ce n'est plus une infraction, ce pourquoi il a été
condamné il y a dix ans.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Beauce-Nord.
M. SYLVAIN: Sur ce point particulier, l'article 123 du bill 44 tel
qu'amendé par l'article 72, crée, pour celui qui est
trouvé sans excuse légitime à l'intérieur d'un
endroit où est exploité un permis de bar, etc. plus bas,
au paragraphe c) "se présente faussement comme âgé
de 18 ans", on en fait, selon les deux cas, la même infraction avec la
même pénalité.
Je trouve bien franchement qu'il y aurait peut-être la chose
suivante, en tout cas, c'est une opinion que j'émets. C'est que celui
qui se présente où il n'y a aucun système de
contrôle à l'entrée d'un bar, par exemple, entre et va
s'asseoir au bar et commande une bière. Il est pris, il a commis
l'infraction, il est là. L'hôtelier est aussi responsable parce
qu'il a la charge du contrôle. Il faudrait peut-être créer
un autre genre d'infraction pour celui-là c'est une opinion que
j'émets qui commet, en plus de se trouver là, alors que la
loi lui dit de ne pas se trouver là, une fraude envers le système
de contrôle. Evidemment, l'hôtelier a à faire la preuve que
le jeune a commis une fraude. Il est présumément acquitté,
selon la cause. Mais celui qui, en plus, a commis la fraude et qui est sur les
lieux... Pourquoi ne serait-on pas plus sévère pour celui qui
commet la fraude vis-à-vis du système de contrôle de
l'hôtelier que pour celui qui entre dans le bar, s'il n'y a pas de
système? Je ne sais pas si vous me comprenez.
Par exemple, il a la carte de son grand frère. Il y a deux gars
à la porte qui disent qu'ils vérifient. Il y a un système
de contrôle. Il
réussit à passer là en fraudant et, en plus,
à prendre une bière dans le bar. Je considère que
l'infraction pour le jeune serait peut-être moins grave s'il ne faisait
qu'entrer dans le bar, s'il n'y a personne pour le contrôler.
Ceux qui fraudent communément, qui donnent l'exemple aux autres
jeunes de frauder avec des cartes, pourraient être plus punis que celui
qui entre dans un bar où il n'y a pas de contrôle. Il y a deux
aspects. Il y a l'aspect d'y être et d'y être frauduleusement quand
il y a un système.
M. CHOQUETTE: Je note la suggestion du député. Nous allons
étudier cela avec les conseillers juridiques et voir s'il y a moyen d'y
donner suite d'une certaine façon. Peut-être que, lorsqu'on
arrivera à l'étude de ces articles en particulier, nous aurons
quelques suggestions à faire si on est capable, au point de vue
législatif, de trouver la technique pour prendre en considération
cette intention frauduleuse.
M. OSTIGUY: Actuellement, je pense, M. le Président, si vous me
le permettez, que l'amende qui est donnée au jeune est de $10, à
peu près, et, pour l'hôtelier, c'est de $100, pour la
première offense. Pour la deuxième offense, cela augmente, c'est
un montant de $200 pour l'hôtelier, mais cela reste toujours à $10
pour le jeune.
M. CHOQUETTE: Justement. Il y a un des amendements qui a pour but de
hausser l'amende à l'égard du jeune.
M. SYLVAIN: Cela n'excédait pas $100. C'est un minimum qui est
édicté. "Quiconque était âgé de moins de 18
ans et sans excuse, donc, commet une infraction à la présente loi
et est passible, en outre, des frais...
M. OSTIGUY: C'est cela.
M. SYLVAIN: ... d'une amende n'excédant pas $100." Alors, il y a
une possibilité de marge et de latitude pour...
M. CHOQUETTE: Je n'aime pas beaucoup, en principe, enlever aux tribunaux
la discrétion pour s'occuper des cas particuliers. Mettre des minimums,
cela paraît bien au moment où la loi est adoptée. Cela a
l'air de dire: Le législateur s'affirme. Mais, une fois que cela arrive
dans le système judiciaire, le juge, qui est un être intelligent,
toujours...
M. BURNS: D'habitude.
M. CHOQUETTE: Pas le juge Trahan, mais les juges.
M. BURNS: Cela ne vise pas le juge Trahan. M. CHOQUETTE: Non. Mais les
juges qui sont des hommes intelligents, quand vous leur imposez une amende qui
leur paraît vraiment trop forte et excessive, compte tenu des
circonstances qui leur ont été expliquées, qui n'ont pas
la latitude d'ordonner une sentence en fonction du genre d'infraction, vous les
placez dans une situation où ils vont être portés à
acquitter ou à trouver un autre moyen pour passer à
côté des minimums légaux.
Par contre, s'ils appliquent la loi, cela peut être injuste dans
ce cas. C'est la raison pour laquelle je trouve que les minimums ne sont pas
toujours une bonne solution.
M. OSTIGUY: Oui, mais si les sanctions étaient plus
sévères envers les jeunes, je m'imagine qu'ils iraient moins
souvent dans de tels endroits.
M. BURNS: Ce que vous arrivez à faire à ce moment, si vous
la haussez sérieusement, c'est que le jeune, dans beaucoup de cas, ne
sera pas capable de payer l'amende et devra faire, à défaut, 30
jours.
M. SPRINGATE: C'est ça.
M. BURNS: C'est cela qui va arriver. La plupart du temps, ce sont des
petits gars qui sont d'âge scolaire, s'ils ont moins de 18 ans.
Déjà, ce sont des gens qui n'ont pas les moyens de payer des
sommes énormes à titre d'amende. C'est le problème.
M. OSTIGUY: Mais parce qu'un mineur commet un infraction dans un
établissement, c'est le détenteur de permis qui est
pénalisé actuellement.
M. CHOQUETTE: Non. Ce sont les deux. M. OSTIGUY: Les deux...
M. BURNS: Je pense qu'il ne faut jamais oublier le but de cette
prohibition. C'est de tenter d'amener ou de garder le plus tard possible les
jeunes à l'abri de la consommation de l'alcool. C'est cela, dans le
fond, qui est le but.
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas parce que c'est le plus grand scandale du
monde qu'un garçon ou une fille de seize ou de dix-sept ans aille
prendre un verre de bière dans une brasserie. Au fond, c'est assez
anodin. Mais à partir du moment où on ouvre la porte, où
va-t-on se rendre? A douze ans? A treize ans? A dix ans? A neuf ans? Il faut
arrêter quelque part. Alors, c'est l'âge de la majorité. Il
faut appliquer la loi.
M. SAMSON: Ce qui est moins correct dans le fond, c'est que ce soit
l'hôtelier qui paie quand il se fait passer un Québec.
M. OSTIGUY: Ce sont les deux.
M. TRAHAN: Si vous permettez, M. Samson. Dans la loi, si
l'hôtelier prouve qu'il a pris toutes les précautions voulues, il
ne sera pas pénalisé. C'est écrit. "Dans toute poursuite
intentée pour une contravention aux dispositions du présent
alinéa, l'accusé n'encourt aucune peine s'il prouve qu'il a
usé de diligence raisonnable pour constater l'âge de la personne
avant de l'admettre dans une pièce où des boissons alcooliques
étaient vendues et qu'il y a raisonnablement lieu de croire que cette
personne avait l'âge requis."
M. SYLVAIN: Oui, mais vous savez ce qui arrive. Les infractions sont
portées à coups de $100 pour plaider coupable et de $200 pour se
faire défendre.
M. CHOQUETTE: C'est le prix qu'on paie pour être hôtelier.
Si on ne veut pas être hôtelier et si on ne veut pas courir ce
risque, on n'a qu'à donner son permis à un autre. Il y en a
toujours qui sont prêts à le devenir.
M. SYLVAIN: Non, mais la solution...
M. SAMSON: Ce n'est pas tout à fait comme cela.
M. CHOQUETTE: Oui.
M. SAMSON: Non. Un instant. Il faut quand même avoir plus de
souplesse. Donnons la souplesse que le premier ministre réclame pour le
bill 22.
M. SYLVAIN: Oui, mais on est dans le bill 21.
M. SAMSON: Oui, mais c'est le même gouvernement.
M. CHOQUETTE: Je vois qu'il est six heures...
M. OSTIGUY: Vous allez quand même tenter de trouver un
mécanisme à nous présenter pour ce soir.
M. SYLVAIN: Je vais vous donner ça.
M. CHOQUETTE: Je vais essayer d'étudier la suggestion du
député de Beauce-Nord pour voir s'il n'y a pas un petit
raffinement qu'on peut introduire pour celui qui s'est...
UNE VOIX: Compromis.
M. CHOQUETTE: ... compromis, le mineur. On va voir ça et on
pourra étudier ce problème particulier quand on arrivera aux
articles pertinents. Si vous me permettez de faire une suggestion, c'est qu'on
se réunisse à huit heures et quart, qu'on commence l'étude
du projet de loi article par article et qu'on procède durant la
soirée.
M. BURNS: Est-ce qu'on doit entendre les amis du député de
Beauce-Nord?
M. SYLVAIN: II se présente simplement que vous comprendrez
facilement, encore une fois, quand on dit que le temps des
députés est court, particulièrement pour un qui est plus
jeune et qui n'a pas la trempe de ces députés.
M. BURNS: Imaginez-vous, si vous étiez seulement six ! Ou
seulement deux !
M. SYLVAIN: On irait plus vite, on ferait comme vous autres.
M. SAMSON: Vous auriez de la difficulté à vous diviser en
trois.
M. SYLVAIN: II arrive qu'à 19 h 30 je suis à un
réseau de télévision communautaire, à Saint-Joseph.
Ceci n'empêchera pas les gens de Beauce-Nord, particulièrement,
l'exécutif ou le procureur de l'association, d'être
présents, si possible. Je lui demanderai d'être bref et clair.
Cela donnera au moins le loisir à ce groupe de se faire entendre dans la
démocratie.
LE PRESIDENT (M. Picard): La commission suspend ses travaux
jusqu'à 20 h 15, ce soir, à la même salle.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
Reprise de la séance à 21 heures
M. PICARD (président de la commission permanente de la justice):
A l'ordre, messieurs!
La commission de la justice continuera, ce soir, l'étude article
par article du projet de loi no 21.
Pour la séance de ce soir, M. Ostiguy (Verchères) remplace
M. Ciaccia (Mont-Royal) et M. Faucher (Yamaska) remplace M. Lévesque
(Bonaventure). Je cède maintenant la parole au procureur de la
Corporation des propriétaires de gîtes inc., Me Hughes
Labbé.
M. BURNS: M. le Président, si vous le permettez. Je m'excuse
auprès de Me Labbé et Me Marquis, avant que je ne quitte la
commission. Malheureusement, je dois la quitter. Entre autres, je dois
rencontrer le président de l'Assemblée nationale, à sa
demande. Je m'excuse auprès de Me Marquis et de Me Labbé, de ne
pouvoir être présent aux travaux. Je vous lirai au journal des
Débats, puisque vos propos y seront consignés. J'ai parlé
avec le ministre de la Justice et le whip adjoint du Parti libéral, le
député de Verchères, ainsi qu'avec le député
de Rouyn-Noranda. Il semble qu'on ait un consensus, à savoir, si jamais
il était nécessaire, pour des questions particulières que
j'aurais à soulever et qui n'auraient pas été
soulevées au cours de la séance de ce soir, que ce serait du
consentement de la commission qu'on se réunisse pour une brève
séance afin d'enregistrer ces questions et ces réponses.
Maintenant, dans le concret, je fais confiance à nos
collègues et à la vigilance des collègues mêmes, non
seulement à mon collègue de l'Opposition, mais aux autres
ministériels, pour poser toutes ces questions, ce qui m'empêchera
de demander la convocation à nouveau de la commission. Est-ce que la
commission consent?
LE PRESIDENT (M. Picard): Les membres de la commission
consentent-ils?
DES VOIX: D'accord.
M. TRAHAN: A une condition, M. Burns, c'est que cette réunion ait
lieu au lac l'Achigan.
M. BURNS: Je n'ai pas d'objection, M. le juge. Ce sera une commission
rogatoire.
LE PRESIDENT (M. Picard): Me Labbé.
Corporation des propriétaires de
gîtes
M. LABBE (Hughes): M. le Président, M. le ministre, MM. les
députés, tout d'abord, il me faut vous dire que nous n'avons pas
un mémoire écrit à vous soumettre, étant
donné qu'on ne prévoyait pas venir devant cette commission avant
le 15 juillet.
En outre, pour ce qui concerne l'organisme que nous représentons,
c'est une corporation qui groupe approximativement, à l'heure actuelle,
250 membres répartis dans à peu près 26 comtés. Les
idées que nous allons émettre ici, ce soir, sont des idées
qui nous ont été données par des membres, lors des
réunions qui ont présidé à la formation de la
corporation.
Cependant, il nous faut vous dire que nous n'avons pu, étant
donné les délais très courts depuis le dépôt
du projet de loi 21, rencontrer nos membres en réunion
générale, ou même ceux que nous appelons nos directeurs
régionaux, pour discuter du projet de loi. En d'autres mots, ce que nous
pouvons vous soumettre est une étude qui n'est pas exhaustive, qui n'est
pas complétée et que j'ai faite un peu sommairement, article par
article. Ce peut être un peu long, mais peut-être que je pourrais
faire mes commentaires à l'occasion de la lecture des articles.
M. CHOQUETTE: Je pense que ce sera une procédure un peu
spéciale, si vous devez vous mettre à participer à la
discussion article par article. Je préférerais, M. Labbé,
si vous me permettez de faire une suggestion, que vous nous fassiez
immédiatement les principales représentations que vous avez
à nous faire sur le projet de loi. Vous comprenez que vous êtes un
peu un cas exceptionnel. Vous êtes ici par la faveur du
député de Beauce-Nord, qui a voulu qu'on vous donne l'occasion
d'y être. Ce n'est pas une commission parlementaire où nous avons
invité le public en général. Si vous voulez nous faire vos
principales représentations, nous allons les noter et les prendre en
considération dans nos discussions, quand nous arriverons
nous-mêmes à notre étude entre parlementaires, article par
article.
M. LABBE: On voudra bien excuser la façon un peu
schématique avec laquelle je vais procéder.
M. CHOQUETTE: Oui.
M. LABBE: Je n'ai pas d'ordre précis. C'est une ébauche de
mémoire.
Tout d'abord, ce que j'ai relevé, c'est qu'on nous dit que le
siège de la commission est à Montréal. Je ne suis pas
contre Montréal, mais je me demande si la commission de contrôle
ne devrait pas avoir deux divisions, Montréal et Québec, ce qui
nous rapprocherait des divisions administratives que l'on connaît
actuellement. Parce que, de plus en plus, on constate qu'en un sens le pouvoir
de décision glisse vers Montréal.
M. CHOQUETTE: Pour donner une réponse un peu à votre
requête, effectivement, le siège de la commission est à
Montréal, mais nous avons une division à Québec.
Maintenant, c'est mon intervention une fois le projet de loi
adopté et une fois que nous aurons augmenté le
nombre de commissaires de quatre à dix de faire en sorte
que, dorénavant, il y ait deux commissaires de la ville de Québec
et, par conséquent, comme nous aurons deux commissaires, en somme, en
permanence ici à Québec, je crois que ceci nous permettra de
donner un service complet à la population de cette partie de la
province.
Alors, nous avons pensé à cet aspect. Auparavant, il n'y
avait que M. Vézina qui était commissaire résident
à Québec, mais, dorénavant, il y aura un
vice-président de la commission qui sera également
résident à Québec. Par conséquent, vous pouvez
escompter que les délais qui ont été rencontrés
à certaines époques seront résorbés par cette
mesure, ainsi que par d'autres mesures que nous entrevoyons dont, en
particulier, l'institution de rôles spéciaux pour certaines causes
de cession d'entreprises, enfin d'autres mesures administratives qui pourront
être prises.
M. TRAHAN: Si vous me permettez, en réponse à Me
Labbé, je dois vous dire que la division de Québec est
favorisée contrairement à la division de Montréal, parce
que la commission étudie actuellement les demandes qui sont
entrées en date du 17 mai à Québec, alors qu'on
étudie seulement les demandes entrées le 7 mai à
Montréal.
Si, par hasard, il y a des demandes qui sont antérieures au 17
mai, c'est parce que les requérants n'ont pas produit les documents
nécessaires pour que la demande soit étudiée, parce que le
dossier n'est pas complet. A l'heure actuelle, le fait qu'il y ait deux
divisions il y a toujours eu deux divisions les demandes n'ont
jamais été retardées parce qu'il n'y avait seulement qu'un
commissaire à Québec. La preuve est là puisque nous sommes
rendus au 17 mai à Québec et seulement au 7 mai à
Montréal.
M. LABBE: II y a un autre point que j'aimerais soulever. J'ai
constaté que le pouvoir de réglementation qui était
donné à la commission était extrêmement vaste, un
pouvoir de réglementation très étendu. Je remarque, entre
autres, un alinéa qui dit: "Toute autre mesure nécessaire
à l'application de la présente loi. En d'autres mots, par
règlement, on peut couvrir un champ qui est très important. Je
remarque aussi un point qui est soulevé surtout dans les campagnes.
C'est la question, par exemple, des tables de billard que l'on retrouve dans
les bars, etc. J'admets que, dans les villes, les grands centres, vous avez des
endroits spécialement aménagés pour cela, mais dans les
campagnes, cela n'existe pas. Par contre, il y a une section dans les
règlements qui dit que la commission peut édicter des
règlements sur l'ameublement qu'on va rencontrer dans les hôtels.
Est-ce qu'on peut déduire de là qu'on pourra abolir cela?
M. TRAHAN: Les tables de billard?
M. LABBE: Oui. Au point de vue ameublement, il n'y a rien de
prévu à l'heure actuelle. C'est un petit point, mais...
M. TRAHAN: Jusqu'à présent, avant l'avènement de la
commission de contrôle, il y avait des règlements non
écrits qui faisaient disparaître les jeux de dards, les tables de
billard, etc. Depuis l'avènement de la commission, on a toujours compris
qu'il pouvait y avoir des choses semblables, mais du moment que cela ne
devenait pas le but principal. Nous navons pas d'objection à ce qu'il y
ait une table de billard, à condition que ce ne soit pas le but
principal de l'établissement. Si le type s'en va dans un
établissement pour jouer au billard, du fait qu'il joue au billard, il
ne prend plus de boisson, nous allons y penser, parce que l'accessoire suit le
principal et non pas l'accessoire. Au contraire.
M. LABBE: On comprend très bien, M. le juge, mais il n'y a aucune
clause dans la loi qui vient le permettre. On aimerait que cela puisse
être inséré.
Un autre point, quand on regarde le permis de restaurant à
l'article 14, on nous dit que ce permis autorise la vente de boissons
alcooliques à l'occasion d'un repas. C'est une chose qui s'est
présentée dans à peu près tous les districts
judiciaires de la province. Des gens prennent un repas, un invité est
avec eux et veut consommer de la boisson. Il s'en est suivi des infractions
à cette loi, des condamnations devant les tribunaux des Sessions de la
paix. Par la suite, des hôteliers ont dû, plusieurs fois se
présenter devant la commission pour une infraction qui est en soi une
pecadille. Je me demande si on ne devrait pas donner une extension un peu plus
large aux mots "à l'occasion d'un repas". Je ne veux pas que les salles
à manger cela n'existe plus que les restaurants deviennent
des bars ou des annexes de bar, mais je crois qu'il pourrait y avoir un moyen
de préciser un peu, d'élargir le sens des mots "à
l'occasion".
D'ailleurs, vous admettrez avec moi que c'est quelque chose qui se fait
dans tous les établissements, dans tous les restaurants, dans les grands
hôtels.
M. CHOQUETTE: II faut lier la consommation de l'alcool à un repas
parce que, de par sa définition même, c'est un restaurant et un
restaurant est un endroit principalement pour se restaurer. Si on voulait aller
plus loin que cela, il faudrait donner des permis de bar pur et simple, sans
obligation de servir de repas. Mais nous avons d'autres dispositions qui
couvrent les permis de bar. Les hôtels sont habilités à
servir de la boisson ou de la bière ou du vin sans repas. Alors, vu que
vous représentez les hôteliers, je ne vois pas quelle est la
difficulté. Si vous représentiez les restaurateurs, je vous
dirais que, pour les restaurateurs, on a sérieusement élargi les
anciennes dispositions. Il y avait autrefois un permis de salle à manger
qui permettait de servir la boisson, la bière, le vin
avec le repas et le permis de restaurant, qui permettait de servir
seulement le vin et la bière avec le repas. Nous avons fait un seul
permis de ces deux anciens permis en donnant, au permis de restaurant toute
l'extension possible dans les circonstances.
M. LABBE: On pourrait dire que cela n'était peut-être pas
le texte, l'esprit de la loi. C'était peut-être l'application qui
en était faite.
M. CHOQUETTE: C'est possible.
M. LABBE: A de nombreuses reprises, on peut dire qu'il y a eu non pas de
la fabrication de preuve, mais qu'on a incité les gens à vendre
en dehors des règlements qui régissent leur permis. C'est une
chose un peu ridicule que le nombre incalculable de ces plaintes que l'on
retrouve devant les cours des Sessions quand il y a du pénal le lundi
matin, par exemple, avec des amendes de $100, $300, $500 pour cette
infraction.
M. CHOQUETTE: Si on veut que la loi soit respectée, il faut faire
des causes.
M. LABBE: Très bien. Mais je considère qu'une loi pourrait
être respectée beaucoup plus facilement...
M. CHOQUETTE: On ne peut pas compter sur la bonne volonté de
tous. La bonne volonté n'est pas suffisante pour faire respecter les
lois. Cela prend des causes au bout. La nature humaine est ainsi faite, et la
seule manière de faire observer les lois... D'ailleurs, je pense bien
que vous allez me dire que cela prend une loi de contrôle des alcools,
sinon tout le monde va concurrencer vos clients, sans aucun problème,
car n'importe qui va pouvoir avoir tous les permis accessibles et vos clients,
qui sont principalement des hôteliers des milieux ruraux, je crois, vont
subir une concurrence excessive et indue.
M. LABBE: Je ne parle pas de l'émission des permis ou de la
multiplication des permis. Je parlais en particulier du permis de restaurant
où on prend, à l'occasion d'un repas...
M. CHOQUETTE: Qu'est-ce que vous voulez qu'on dise à part
cela?
M. LABBE: On soumettrait...
M. CHOQUETTE: Sinon, cela sera un permis de bar, s'il n'y a pas de
repas.
M. LABBE: On ne veut pas que le repas soit enlevé et on ne veut
pas que, systématiquement, si, sur trois individus, deux prennent un
repas et un une consommation, que l'hôtelier ou même le
restaurateur soit pénalisé. On trouve cela un peu bizarre.
M. CHOQUETTE: Je comprends, mais il faut tracer une ligne quelque part.
Si on introduisait votre philosophie, on pourrait avoir une réunion de
six personnes au restaurant. Une personne commande un repas symbolique pour les
six et les autres consomment avec l'autre personne. C'est la transformation du
permis de restaurant en permis de bar. Il faut bien tracer la ligne quelque
part.
M. LABBE: D'accord, votre comparaison qui se tient, mais dans ces
circonstances, les gens vont plutôt aller au bar, alors si quatre veulent
prendre un repas...
M. CHOQUETTE: Remarquez une chose, monsieur. Nous disons par ailleurs
que le restaurateur, celui qui a un permis de restaurant, pourra avoir un bar
à côté, probablement dans une pièce attenante. Dans
cette pièce, tout le monde pourra consommer des boissons alcooliques
sans obligation de prendre un repas.
M. LABBE: Aussi une autre chose que j'ai remarquée, c'est
à l'article 17 du projet, je crois que c'est à propos des
brasseries et des tavernes. Si j'ai bien compris cet article, il n'existe plus
aucune contrainte pour l'émission de ce genre de permis, et on pourrait
les retrouver dans...
M. CHOQUETTE: Vous avez peut-être relevé un point
important, dans ce sens que nous voulons réserver les brasseries et les
tavernes aux hôtels dans les milieux de moins de 2,000 habitants. Si ce
n'est pas absolument clair dans le projet de loi, je vais présenter un
amendement tout à l'heure en ce sens. Ceci dans le but de
protéger justement l'hôtellerie rurale. Alors, il y a possiblement
eu une erreur à ce sujet et vous allez voir une disposition que
j'apporterai tout à l'heure et qui fera qu'en milieu rural,
c'est-à-dire endroit de moins de 2,000 habitants, les brasseries et les
tavernes sont réservées aux hôtels.
M. LABBE: M. le ministre, disons que votre amendement apporte une autre
suggestion. Est-ce qu'il serait possible que les hôteliers ou les gens
qui ont des motels puissent, eux aussi, sans détenir le permis
spécifique de brasseries ou de tavernes, vendre la bière en
fût?
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas réellement possible, parce que la
vente de la bière en fût a toujours été
considérée dans une catégorie à part. Autrefois,
c'était cela qui était en somme la caractéristique de la
taverne. Quand on a créé la brasserie il y a quelques
années, on a simplement modifié d'une certaine façon
l'ancien permis de taverne, en admettant les personnes des deux sexes, et on a
continué à réserver cela pour les brasseries. Maintenant,
je pense qu'on mettrait en péril possiblement les commerces de
brasseries et de tavernes si on devait donner le droit de vendre la
bière en fût à
toutes sortes d'autres établissements comme, par exemple, les
restaurants ou les bars. On créerait peut-être une concurrence
indue aux dépens de personnes qui ont investi de façon assez
substantielle dans des brasseries ou des tavernes existantes auparavant. Cela
ne me paraît pas être un amendement qu'il serait utile d'apporter
au moins à l'heure actuelle; je ne dis pas, peut-être dans
quelques années, s'il y a une évolution dans les moeurs, comme
cela se produit toujours, que je ne l'exclurais pas alors.
M. LABBE: Je comprends très bien vos objections, M. le ministre,
mais on peut dire que dans une bonne partie des cas, des hôteliers ou des
moteliers ont dû investir des sommes assez fortes, étant
donné qu'ils doivent donner le service à des voyageurs, pour ce
qui concerne le nombre de chambres. Ils doivent donner le service des
repas.
M. CHOQUETTE: Oui, mais il n'y a pas de problème de la part des
hôtels pour obtenir un permis de taverne ou de brasserie. Ce n'est pas un
problème réel, parce qu'il va de soi que c'est plutôt... Il
n'y a pas d'hôtel... Il n'y a pas de permis d'hôtel, de taverne ou
de brasserie, s'il n'en demande pas un.
M. LABBE: C'est un fait C'est une objection qui est très valable,
mais lorsqu'un hôtelier veut un permis de taverne ou de brasserie, bien
souvent il doit faire une transformation complète d'une pièce, ou
même il doit faire un agrandissement. En d'autres mots, prenons le cas
que je cite de l'hôtelier rural, ou de petites agglomérations, cet
hôtelier se trouve à se faire une concurrence à
l'intérieur de son propre établissement, avec un bar en haut, une
taverne en bas. Il faut remarquer que nous sommes une des seules provinces
où la bière en fût est réservée exclusivement
à une catégorie de vendeurs. Si je prends l'exemple de plusieurs
Etats américains, la bière en fût est disponible dans
à peu près tous les bars.
M. CHOQUETTE: Oui, mais vous savez que dans les amendements qu'on
apporte aux lois de temps à autre, surtout à une loi comme celle
des alcools, il faut tenir compte du passé, dans le sens qu'il y a des
gens qui ont investi, qui ont fait certains investissements.
Je ne crois pas que, même si les moeurs changent, même s'il
y a une évolution normale, même si on élargit, dant une
certaine mesure, les dispositions qui s'appliquent, il faut quand même
tenir compte de ce qui a eu lieu dans le passé. A ce moment-ci, je ne
pourrais pas trop vous suivre dans un changement complètement radical du
point de vue des permis de brasserie et de taverne. A part cela, on me dit
qu'il n'y a aucune province au Canada où la bière en fût se
vend en dehors d'une taverne ou d'une brasserie, pour l'équivalent de ce
genre de permis ailleurs.
M. LABBE: J'aurais dû plutôt citer l'exemple de certains
Etats américains. M. le Président, j'en arrive ici à la
question des permis qui sont donnés à des clubs.
M. CHOQUETTE: Oui.
M. LABBE: Remarquez qu'en soit la Corporation des propriétaires
de gîtes n'est pas contre l'existence de clubs sociaux. On n'est pas
contre les clubs qui ont une vocation réellement sociale et qui vont
rendre des services réels à une population. Cependant, on craint
un peu qu'il y ait une prolifération de ces services. En outre, c'est la
réglementation de l'émission de ces permis. On dit bien dans la
loi qu'il faut que les gens soient membres, en conformité de la charte
des règlements, et tout cela, mais on voit, à l'heure actuelle,
dans la province de Québec, de nombreux petits clubs où une
cotisation minime nous permet d'être membres. Nous considérons que
cela cause un préjudice et c'est exactement une concurrence indue sinon
déloyale vis-à-vis des hôteliers.
M. CHOQUETTE: Nous allons demander au juge Trahan ce qu'il en pense.
M. TRAHAN: Comme président de la commission, chaque fois qu'on
nous apportera la preuve que ce que vous venez d'avancer existe, on
sévira. Mais ayez le courage de faire la preuve. C'est bien beau de
lancer des invectives, mais il faudrait faire la preuve. Chaque fois que vous
serez en état de nous faire la preuve, nous serons prêts à
sévir contre ces gens, même à enlever le permis s'il le
faut.
M. LABBE: Ici, M. le juge, je n'ai pas nommé de club
précis, je n'ai pas fait mention de région, j'ai signalé
un état de fait que l'on pouvait rencontrer.
M. TRAHAN: Je dois vous dire que, souvent, on reçoit des lettres
anonymes. J'espère que les gens vont avoir le courage de signer leurs
lettres pour qu'on puisse envoyer nos inspecteurs vers cette personne, pour que
notre inspecteur puisse faire une enquête et nous apporter une preuve,
devant nous. Lorsque cette preuve nous aura été apportée,
soyez sans crainte, nous serons capables de prendre nos responsabilités.
Nous n'avons jamais refusé de prendre nos responsabilités.
M. CHOQUETTE: Est-ce qu'on pourrait ajouter, M. le juge, que, par
règlement, il sera possible de resserrer, d'une façon, la
définition de clubs pour que la commission ait des critères bien
établis pour vérifier l'aspect légitime ou bona fide de
clubs.
M. TRAHAN: On a même demandé, à un moment
donné, aux institutions financières de nous faire parvenir chaque
demande de club.
On s'est aperçu que, dans les demandes de clubs, il
n'était jamais question de ventes de boisson. Alors, pour éviter
de faire perdre de l'argent à la province, on a dit: Arrêtez de
nous envoyer cela, cela ne nous éclaire pas. Si on indiquait dans les
demandes de charte qu'on veut vendre de la boisson, mais on ne mettait pas
cela. Cela ne nous avançait pas. On a dit: arrêtez de nous en
envoyer, cela nous fait des amoncellements de documents, mais on n'a rien qui
puisse nous aider à trancher la question. Qu'on mette dans les
institutions financières, quand quelqu'un demande un permis de club, au
moins un article disant qu'on veut vendre de la boisson. On pourrait alors
être en mesure de dire si, oui ou non, c'est un club au sens de la
loi.
LE PRESIDENT (M. Picard): Me Labbé, est-ce que je pourrais vous
demander de procéder aux principaux articles où vous aimeriez
émettre une opinion? Parce que le temps avance et je serai obligé
de donner la parole aux membres de la commission dans quelques minutes.
M. LABBE: J'irai plus rondement, M. le Président. Je prends le
cas du permis de réception qui est donné. Je dois dire que j'ai
éprouvé certaines difficultés à le
comprendre...
M. OSTIGUY: De réunion.
M. LABBE: C'est-à-dire qu'il y a le permis de réunion,
c'est une assemblée de personnes, mais il y a aussi le permis de
réception, où on dit qu'un hôtelier pourra avoir ce
permis.
M. CHOQUETTE: Le permis de réception va dorénavant
être un permis annuel qui n'obligera pas le propriétaire
d'hôtel à faire des demandes à chaque réception
qu'il donne.
Il va simplement obliger l'hôtelier à afficher le contrat
en vertu duquel une réception spécifique est tenue et, par
conséquent, je crois que ça représente une simplification
pour vos clients et ça permet d'admettre les mineurs à ces
réceptions.
M. LABBE: Justement, il y avait le permis de réception, mais les
règlements ne sont pas encore faits concernant ce permis. Comme je peux
voir, ça va régler le problème des mineurs qui viennent
à l'occasion d'un mariage, d'un 25e anniversaire ou quelque chose du
genre.
M. CHOQUETTE: Exactement.
M. LABBE: Pour autant que la boisson ne leur sera pas vendue,
l'hôtelier sera dans la légalité.
M. CHOQUETTE: Même si la boisson leur est servie, je ne pense pas
que ce soit illégal dans une réception, M. le juge, qu'est-ce que
vous en pensez?
M. TRAHAN: A ce moment-là, ça dépendra de la
façon dont la boisson sera servie. Si c'est la boisson qui est servie
sans paiement, comme à une réception, disons que je vais chez
vous et que vous servez à mes enfants, qui sont mineurs, de la boisson,
très bien; mais si c'est pour vendre, ce ne serait pas la même
chose.
M. LABBE: Je reviens à l'article 39, concernant les gens qui
peuvent devenir détenteurs d'un permis. Je remarque que l'alinéa
qui dit que "toute personne qui a eu une condamnation criminelle..."
M. TRAHAN: Je vais vous arrêter immédiatement, monsieur, ne
parlez pas sur ça. Je pense que le ministre a eu des détails
à ce sujet et qu'on va répondre à ces exigences.
D'ailleurs, nous, la commission, avions demandé, dans nos amendements,
de faire mettre un amendement à ce sujet et, là, je comprends
bien que vous avez compris nos doléances et que vous allez les
accepter.
M. CHOQUETTE: Je vous ai compris.
M. LABBE: Enfin, je remarque aux articles 61 et suivants de la loi
actuelle, en ce qui concerne l'annulation et la suspension des permis,
particulièrement à l'article 62 où on dit que "la
commission doit annuler tout permis" et, un peu plus bas, on retrouve "la
commission peut annuler". Je me demande si, dans les circonstances, il ne
serait pas préférable de toujours laisser la discrétion
à la commission parce que, dans certains cas, il est bien possible qu'un
détenteur de permis puisse pallier, dans un délai assez
raisonnable, aux choses qu'on lui reproche, surtout si on se
réfère aux paragraphes b) et c) du projet.
M. TRAHAN: Me Labbé, si vous avez remarqué les
décisions de la commission, si nous avions appliqué la loi
à la lettre, il ne serait pas resté 25 p.c. des permis existants
dans la province de Québec. Nous avons préféré nous
servir de notre tête au lieu de nos pieds pour appliquer la loi. Nous
nous sommes servis de l'interprétation des lois de l'honorable juge
Pigeon, qui a été un peu amendée avec la venue du
commissaire Bossé, qui était commissaire par intérim et
qui nous a ouvert un peu des horizons. Jamais nous n'avons annulé un
permis pour ça. Nous avons cru que, bien des fois, malheureusement, des
gens allaient voir des avocats qui n'avaient jamais étudié la loi
et ces avocats et ces notaires les mettaient dans un mauvais pétrin.
Nous avons cru, la commission, qu'il était de notre devoir de ne pas
faire perdre des droits à des personnes qui étaient allées
voir des gens de droit qui, malheureusement, ne connaissaient pas la loi. Je
pense que vous ne pouvez pas trouver, dans les décisions de la
commission, 1 p.c. des décisions qui ont été rendues
annulant des permis de ce genre.
M. CHOQUETTE: M. le juge, vous défendez fort bien l'action de la
commission, mais j'attire l'attention de Me Labbé sur les articles 42 et
43 du projet de loi qui amendent, dans le sens que vient de dire, le juge
Trahan, l'ancienne loi, de telle sorte que l'annulation sera à la
discrétion de la commission. On présume qu'elle va se servir de
son jugement dans les cas d'annulation et qu'elle n'imposera pas des
annulations automatiques, si les infractions n'ont pas l'air d'avoir un
caractère grave.
M. LABBE: Oui, M. le ministre, mais je me référais
particulièrement à l'article 62 de la loi actuelle, en
insérant, c'est vrai, "la commission peut annuler", l'article 62 a).
Mais d'ailleurs, pour répondre à M. le juge tout à
l'heure, j'avais remarqué que la commission, dans bien des cas,
n'annulait pas, mais je faisais cette remarque pour rendre les décisions
de la commission conformes à la loi.
M. CHOQUETTE: Mais il y a deux exceptions: au cas de vente, par un
détenteur de permis, de boisson frelatée, il y a une obligation
d'annulation, mais ce n'est sûrement pas ce que font vos clients, M.
Labbé.
M. TRAHAN: D'ailleurs, M. le ministre, depuis que je suis là nous
n'avons jamais eu un cas qui nous ait été présenté
à ce sujet-là. Il y en a un. Cela n'existe pas au Québec.
Frelaté, c'est ailleurs.
M. OSTIGUY: C'est dans une autre province.
M. LABBE: M. le ministre, c'est l'article 66 a) du projet qui a
attiré mon attention. On y dit que, lorsqu'un permis est annulé,
le détenteur ne peut pas le renouveler avant le délai d'un an.
Par la suite, on nous dit que, dans l'établissement où
était le permis, il ne peut y avoir de renouvellement avant le
délai d'un an. Nous considérons que cet article est
extrêmement fort parce que, si jamais un hôtelier ou un
détenteur de permis voit son permis annulé, dans bien des cas, ce
sera la fin de sa carrière dans l'hôtellerie. Pendant un an, il ne
pourrait faire aucune vente, il ne pourrait y avoir aucun renouvellement et la
même personne, bien souvent, serait aux prises avec des paiements. Nous
considérons que cet article est beaucoup trop rigide.
M. CHOQUETTE: Rigide, il est sévère, je l'admets; mais
vous comprenez que les détenteurs de permis, avec un tel article, vont
craindre les infractions et je pense qu'ils vont se conformer à la loi.
De plus, la commission comme on l'a expliqué tout à
l'heure, quand vous avez parlé des articles 42 et 43 n'annulera
pas les permis à la légère. Les deux alinéas de
l'article 66 a) sur lesquels vous faites des commentaires nous viennent du fait
qu'il est arrivé fréquemment que la commission a annulé un
permis, dans un établissement, et que quelques semaines après,
quelques mois après, c'est un prête-nom de l'ancien
détenteur annulé qui se présente. Ou bien c'est quelqu'un
qui se présente pour exploiter un permis au même endroit alors
qu'on sait qu'il a des intérêts liés avec les anciens
propriétaires. Ceci a justement pour but de bloquer cette
stratégie de la part de certains éléments assez troubles
en général qui, à la suite de l'annulation d'un permis et
ne craignant pas cette annulation, vont se prévaloir du droit de
présenter une nouvelle demande de permis.
La commission, si elle n'a pas de preuve claire et précise que le
nouveau requérant représente effectivement ceux qui ont subi
l'annulation antérieurement, va être forcée, parce qu'elle
n'aura pas la preuve, d'émettre un nouveau permis, alors qu'on sait
très bien que ce sont les mêmes personnes.
M. LABBE: M. le ministre, je comprends très bien votre
argumentation, mais je considère malgré tout que le délai
d'un an est fort long. Dans certains cas, la situation que vous avez
décrite tout à l'heure peut se présenter; elle peut
même se présenter dans de nombreux cas, mais il reste qu'un
hôtelier aurait pu avoir énormément de malchance; pour une
raison ou pour une autre, voulant abandonner son commerce, il s'est
laissé aller ou a eu une administration plus ou moins saine; il reste
que ce serait le pénaliser très fortement; d'un autre
côté, avec un nouvel acquéreur et le délai d'un an,
le point de vue de la clientèle et l'achalandage, réellement,
tout se perd.
D'une chose, sans donner à la commission un pouvoir quelque peu
discriminatoire, est-ce que la commission ne pourrait pas, dans certains cas,
dans une ordonnance, dire que, vu les circonstances, il s'écoulera un an
avant qu'un permis puisse être donné, mais sans, dans tous les cas
où il y a annulation, être tenue par cet article et laisser
expirer de toute manière le délai?
M. CHOQUETTE: Au moment de la décision de la commission, elle ne
sait pas nécessairement qui viendra se représenter pour demander
un permis.
M. TRAHAN: Si je comprends bien, M. le ministre, quand on annule un
permis, dans le cas où des fautes graves ont été commises,
à ce moment-là, la preuve que nous vérifions, c'est
qu'à un moment donné, on annule un permis; dans moins d'un mois,
une nouvelle demande est faite pour le même établissement, par des
personnes interposées. C'est cela que nous voulons empêcher. Si la
preuve ne nous en est pas faite, à ce moment-là, on sera assez
intelligent pour faire confiance à tout le monde, mais dans le cas
où on verra telle ou telle chose, c'est dommage, mais le
requérant n'aura pas son permis...
M. LABBE: M. le juge...
M. TRAHAN: ... parce qu'on est une commission de contrôle ou on
n'en est pas une. Si c'est seulement le mot "contrôle" et qu'il ne veut
rien dire, enlevons-le. N'appelons pas cela une commission de
contrôle.
M. LABBE: M. le juge, j'admets que les buts poursuivis par la commission
sont louables. C'est vrai, mais je considérerais que les moyens sont un
peu draconiens, si on peut dire, parce que j'ai été fort surpris
en voyant cet amendement. Déjà, pour un hôtelier ou un
détenteur de permis, l'annulation d'un permis, c'est très grave.
Cela signifie que son commerce est fermé automatiquement pour au moins
deux ou trois mois. Il n'y a aucun revenu qui provient de cela. C'est
déjà une pénalité qui est très forte, M. le
juge, à mon avis.
M. TRAHAN: Ce que la commission a en vue c'est pour cela qu'on a
fait la suggestion au ministre c'est qu'on veut que les gens qui
demandent un permis, les gens qui veulent avoir des permis fassent attention
à ceux avec qui ils vont faire affaires. Je ne prononcerai pas des mots
qu'on emploie souvent aujourd'hui, mais je pense que vous comprenez très
bien ma pensée et la pensée de la commission. Je ne pense pas
que, dans votre région, il y ait eu des gens qui ont déjà
été pénalisés de cette manière. C'est
plutôt dans notre région à nous autres.
M. CHOQUETTE: Dans la région montréalaise, où on a
des éléments criminels qu'on ne retrouve pas dans la Beauce.
M. TRAHAN: Je vous comprends très bien sans qu'on soit
obligé de mettre le point sur le i du verbe aimer.
M. LABBE: J'admettrais bien, M. le ministre, M. le Président,
votre argumentation, mais...
M. CHOQUETTE: Parce qu'il n'y a pas beaucoup de criminels dans la
Beauce.
M. LABBE: ... c'est la première fois que je voyais un article si
rigide. C'est pour cela que je faisais ces commentaires. Enfin, en ce qui
concerne non pas le transfert en cas de décès ou de faillite,
mais la vente ou la cession d'un établissement, est-ce qu'il y aurait
une possibilité pour que l'acquéreur puisse, pendant un certain
temps, exploiter ce commerce avec le permis du vendeur? Parce que cela oblige
une clause de prise de possession.
En réalité, dans 99 p.c. des ventes, on sait que
l'acquéreur prend possession immédiatement, fait les paiements,
assure les édifices, mais, légalement, il ne prend possession de
l'établissement que lorsqu'un permis est émis à son
nom.
M. CHOQUETTE: C'était le système que vous
préconisez qui existait avant le rapport Thinel. Le rapport Thinel a
apporté une toute nouvelle philosophie suivant laquelle il n'y a pas de
cession de permis, il y a un nouveau permis d'émis. Nous, nous avons
subi cela. Je comprends qu'en pratique cela a causé quelques contretemps
surtout au moment où la commission de contrôle a pu être
embourbée sous l'amas des dossiers. Il y a eu des retards à ce
moment.
On est très conscient du problème au point de vue pratique
et c'est la raison pour laquelle, en fait, on essaie d'accélérer
la procédure par une augmentation du nombre de commissaires et une autre
disposition qui prévoit l'institution de rôles spéciaux,
justement, pour les cas de cession d'entreprises. Finalement, je pense que le
juge a d'autres dispositions en vue qui seront peut-être adoptées
de façon réglementaire, c'est-à-dire que lors d'une
cession d'entreprise, les exigences de la commission au point de vue des
vérifications vont être moindres qu'au moment de l'émission
d'un tout nouveau permis. Est-ce que je traduis bien la pensée de la
commission, M. le juge?
M. TRAHAN: Vous n'avez jamais mis de meilleures paroles dans ma
bouche.
M. CHOQUETTE: C'est parce que si on revient à l'ancien
système de cession de permis en même temps que la cession
d'entreprise, ceci empêche la commission d'avoir un contrôle
efficace sur les nouveaux acquéreurs de permis. C'est à cause de
cette raison que la commission Thinel avait proposé un nouveau
système avec une nouvelle émission de permis même à
l'occasion d'une cession d'entreprise.
M. LABBE: M. le juge, disons peut-être une dernière
remarque sur ce projet. C'est une chose que l'on voit très souvent dans
les petits établissements ruraux. C'est la question d'un petit
hôtel qui a un propriétaire unique. Est-ce qu'il pourrait y avoir
une disposition de la loi qui prévoirait que les fils et filles de ce
propriétaire, ayant atteint seize ans, puissent travailler dans ces
établissements, parce que, de toute façon, dans 90 p.c. des cas,
ils vivent tout près de l'hôtel ou souvent dans un logement qui
est compris dans l'hôtel même. Il faut admettre que, dans les
faits, ils ne sont pas confinés dans la cuisine. Rendus à seize
ans, ils pourraient toujours, si on peut dire, aider et se rendre utiles au
vestiaire près du bar.
M. CHOQUETTE: On va y penser.
M. LABBE: Cela n'a peut-être pas une importance extrêmement
grande, mais c'est une suggestion qui est faite.
M. CHOQUETTE: Merci beaucoup, M. Labbé.
LE PRESIDENT (M. Picard): Messieurs, est-ce qu'il y a d'autres
commentaires à faire avant que nous procédions à
l'étude, article par article?
M. OSTIGUY: Je pense qu'il a été certainement très
intéressant d'entendre les membres des gîtes, suite à la
demande faite par notre collègue de Beauce-Nord.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Portneuf.
M. PAGE: M. le Président, je regrette. Je vais probablement
revenir sur une question qui a été discutée cet
après-midi, pour ce qui concerne la présence des jeunes de moins
de 18 ans dans les établissements. Vous ne pensez pas, M. le ministre,
étant donné qu'on est à étudier un projet de loi
qui vient presque refondre la loi antérieure, que ce serait le temps de
vider cette question. J'en avais parlé au cours de la deuxième
lecture. On avait dit, à ce moment: On pourra vider la question en
commission parlementaire.
Vous ne croyez pas que les hôteliers sont en droit d'attendre
d'être dégagés de la responsabilité, parce que
ceux-ci n'ont quand même aucun contrôle effectif sur... Oui?
M. CHOQUETTE: Vous n'étiez pas ici cet après-midi?
M. PAGE: Non, je regrette.
M. CHOQUETTE: On a eu une très longue discussion sur le
sujet.
M. PAGE: On a conclu quoi?
M. CHOQUETTE: On a conclu qu'il n'y avait pas d'autre système que
le système actuel...
M. OSTIGUY: Un amendement.
M. CHOQUETTE: ...mais qu'il y aurait possiblement un amendement pour
les... Malgré qu'à vérifier la loi, nous avons
trouvé que la suggestion qui nous provenait du député de
Beauce-Nord était déjà dans la loi. Je vous l'indiquerai
quand on arrivera sur ce sujet.
M. PAGE: On en discutera.
M. CHOQUETTE: C'est-à-dire que le cas de mineurs qui font de
fausses représentations sur leur âge ou présentent des
cartes fausses sont susceptibles de commettre deux infractions.
Premièrement, être trouvés sur les lieux alors qu'ils sont
mineurs, et deuxièmement, avoir trompé le propriétaire de
l'établissement. Ils sont susceptibles d'être accusés de
deux infractions.
M. PAGE: A ce moment, cela dégage la responsabilité du
détenteur?
M. CHOQUETTE: Cela ne le dégage pas complètement? Il y a
toujours le fardeau de la preuve de démontrer qu'il a utilisé les
moyens raisonnables pour ne pas admettre de mineurs. Il pourrait se faire
acquitter en faisant cette preuve.
M. PAGE: Pourquoi n'inverserait-on pas le fardeau de la preuve...
M. CHOQUETTE: Parce que...
M. PAGE: ...et qu'on ne demanderait pas à la commission de
prouver que le détenteur était de mauvaise foi.
M. CHOQUETTE: Parce qu'en inversant le fardeau de la preuve, on rend le
fardeau de la preuve trop difficile à décharger pour la
poursuite, et en fait, on va se trouver constamment devant des plaidoyers de
bonne foi de la part des hôteliers et on n'aura pas cette incitation de
leur part, de faire observer la loi dans leurs établissements.
M. TRAHAN: Est-ce que je pourrais ajouter un mot? Quand j'étais
juge de la cour des Sessions de la paix, tout le monde plaidait coupable
à cette offense.
M. PAGE: Oui.
M. TRAHAN: Depuis que je suis président de la commission...
M. PAGE: Tout le monde plaide non coupable.
M. TRAHAN: Ils ne plaident pas non coupables...
M. PAGE: Ils sont de bonne foi.
M. TRAHAN: ...mais ils viennent nous expliquer les circonstances, et la
commission, en bon père de famille, comprend, à certains moments,
avec la preuve qui est faite, s'il y a lieu de les pénaliser ou de ne
pas les pénaliser. Parce que nous ne sommes pas là pour
détruire. Nous sommes là pour construire et pour aider. Nous
sommes un service public. Nous essayons d'aider tous les détenteurs de
permis et, d'un autre côté, il faut que les détenteurs de
permis connaissent la loi. J'ai souvent, à la commission le
commissaire Vézina qui est ici, M. Bossé qui a été
commissaire par intérim, a assisté à de nombreuses
réunions demandé aux gens: Avez-vous déjà lu
la loi? Et puis, 99.9 p.c. des détenteurs de permis n'avaient jamais lu
la loi. Je pense que c'est nécessaire que des gens qui sont dans le
milieu du commerce de l'alcool
commencent par lire la loi. Quand ils auront lu la loi, ce sera beaucoup
plus facile pour eux de l'appliquer. Je conseille à tous vos
électeurs de lire la loi.
M. PAGE: Les contribuables.
LE PRESIDENT (M. Picard): Merci, Me Pagé.
Maintenant, article 1, adopté.
Etude des articles
M. OSTIGUY: M. le Président, à l'article 1, paragraphe a)
on lit: "Amphithéâtre: établissement comprenant des gradins
et une arène aménagée pour que puisse s'y donner un match
ou un spectacle". Cet alinéa n'inclut pas les théâtres, non
pas les théâtres, mais les salles de cinéma. Est-ce que
cela implique les salles de cinéma, oui ou non? Est-ce que cela implique
les arénas municipales, oui ou non?
M. TRAHAN: Pas le cinéma.
M. OSTIGUY: Est-ce qu'il y a des cinémas, les cinémas
attention, il faut bien se comprendre amphithéâtres,
théâtres, le parc Jarry, le Forum. C'est surtout ma question.
Est-ce que cela implique les cinémas, là où on
présente des films?
M. CHOQUETTE: Non.
M. OSTIGUY: II n'y a aucune disposition dans cette loi?
M. CHOQUETTE: Non.
M. OSTIGUY: Parce que souvent on est porté à confondre les
mots "théâtre", "amphithéâtre" avec une salle de
cinéma.
M. SAMSON: M. le Président, est-ce parce que le
député voudrait que cette loi comprenne aussi les salles de
théâtre?
M. OSTIGUY: Non, non.
M. TRAHAN: Si vous n'avez pas d'objection, messieurs les
députés, si vous voulez aller un petit peu plus loin, à
l'article 25, il y a le mot "théâtre". Vous allez avoir ce qu'il
vous faut.
M. SAMSON: Au paragraphe 25?
M. TRAHAN: Oui, au paragraphe 25 a) "Théâtre":
établissement aménagé pour que puisse s'y donner un
concert ou spectacle sur scène".
M. CHOQUETTE: A la page 2. Cela couvre tout.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 1, paragraphe g).
M. TRAHAN: La loi est assez claire quand on la lit toute,
tranquillement.
M. OSTIGUY: Est-ce que théâtre inclut salle de
cinéma? Non.
M. CHOQUETTE: Non.
M. TRAHAN: Non, le cinéma c'est pour donner un concert ou un
spectacle sur scène.
M. SAMSON: D'accord. M. OSTIGUY: Très bien.
M. TRAHAN: Un film n'est pas un spectacle sur scène.
M. OSTIGUY: D'accord.
M. SAMSON: Est-ce que, dans le cas du permis de réunion, cela
pourra s'appliquer pour une salle de cinéma, par exemple, pour servir de
la boisson à l'occasion de la présentation ou du lancement d'un
film?
M. TRAHAN: Cela va venir, parce qu'on avait dans les permis, comme nous
vous l'avons énuméré ce matin, un lot de demandes de
permis, dont le lancement de livres, d'oeuvres d'art, des choses comme cela.
Cela sera compris dans cela.
M. SAMSON: Cela viendra dans la réglementation.
M. TRAHAN: Cest cela, parce que la réglementation va
compléter énormément la loi. Or, la réglementation,
si je comprends bien les désirs qu'on a exprimés au ministre, va
faire partie de la loi. On va ajouter la réglementation à la
suite de notre loi pour que les gens puissent savoir à quoi s'en
tenir.
M. OSTIGUY: Est-ce que, dans cet article 1, sont incluses les
arénas qui se construisent actuellement un peu partout dans la province
de Québec? Il y a actuellement le Forum et le Colisée et
peut-être quelques autres arénas, comme le parc Jarry, qui ont des
permis pour la vente des boissons alcooliques, mais est-ce que cela veut dire
que d'autres arénas municipales pourront avoir un permis?
M. TRAHAN: Certainement. Du moment qu'elles se plieront aux exigences de
la loi. Les exigences de la loi sont faciles à remplir.
M. OSTIGUY: Au paragraphe 28, toujours à l'article 21, je lis:
"Vin": la boisson alcoolique obtenue par la fermentation du jus de raisin, du
jus d'autres fruits ou autres végétaux ou du miel; ce mot ne
comprend pas le cidre".
M. CHOQUETTE: Où êtes-vous rendu, mon cher
collègue?
M. OSTIGUY: A l'article 1, paragraphe 28. M. CHOQUETTE: Ah oui!
M. TRAHAN: Cest la définition qui nous a été
fournie par la Société des alcools...
M. OSTIGUY: Pourquoi n'inclut-on pas le cidre?
M. TRAHAN: ... qui dépend du ministère des finances.
M. CHOQUETTE: Le cidre n'est pas du vin.
M. OSTIGUY: Le cidre est une boisson alcoolique.
M. TRAHAN: Ce n'est pas du vin.
M. OSTIGUY: Je comprends que cela n'est pas du vin, mais c'est une
boisson alcoolique.
M. CHOQUETTE: Il y a des articles dans la loi sur le cidre proprement
dit.
M. OSTIGUY: Alors là, c'est plutôt la définition du
mot "vin". D'accord.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Portneuf.
M. PAGE: Cela serait un détail supplémentaire. On a dit
que le permis dans les arénas serait prévu dans la
réglementation. Est-ce qu'on va prévoir, à ce moment, que
les heures où les boissons peuvent être vendues seront les
mêmes que celles où le spectacle est donné?
M. CHOQUETTE: C'est prévu. M. PAGE: Pour que cela ne devienne
pas... M. TRAHAN: Au début du spectacle... M. PAGE: Oui.
M. TRAHAN: Cela commence au début du spectacle...
M. PAGE: ... et le bar se ferme à la fin du spectacle.
M. TRAHAN: C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Saint-Jacques.
M. VEILLEUX: Un instant, Saint-Jacques! Saint-Jean.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Je veux bien croire que je suis assis du côté
de l'Opposition, mais je ne suis pas dans le comté de Saint-Jacques. La
question n'est pas que je n'aimerais pas être député de
Saint-Jacques, mais je ne voudrais quand même pas être ce qu'est le
député de Saint-Jacques. Je suis dans le comté de
Saint-Jean.
A l'article 1, d): "en insérant après le paragraphe 12e,
le suivant: "12 à "hôtel", vous allez m'excuser si je
n'étais pas ici avant, vous en avez peut-être déjà
parlé, vous me le direz et je lirai le journal des Débats
quelle différence y a-t-il entre cette définition de
"hôtel" qu'on retrouve ici et celle qui pouvait exister auparavant?
M. TRAHAN: C'est parce que, M. le député de Saint-Jean, je
dis bien...
M. VEILLEUX: Merci.
M. TRAHAN: ... nous ne voulons pas prendre la place du ministère
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. S'il y a une définition
du mot "hôtel", c'est parce qu'il est permis dans notre loi de servir
dans les chambres. C'est pour cela que nous mettons la définition du mot
"hôtel".
M. VEILLEUX: Mais je regarde votre définition et vous avez: "...
qui est pourvu d'une cuisine suffisamment équipée..."
M. TRAHAN: Oui.
M. VEILLEUX: Qu'est-ce qu'une cuisine suffisamment
équipée?
M. TRAHAN: C'est le service d'hôtellerie qui demande cela. Nous
autres, on prend la définition du mot du ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche, service de l'hôtellerie, et nous
l'impliquons dans notre loi. Nous disons: Quand il y aura un hôtel, nous
pourrons servir à notre bar, dans les chambres. C'est purement et
simplement cela. Nous autres, nous ne voulons pas... Jusqu'à
présent, on s'est servi de la Commission de contrôle pour remplir
toutes les exigences des autres ministères. Nous voudrions que les
autres ministères fassent face à la musique eux aussi.
M. VEILLEUX: Oui, je vous pose la question parce que je sais
pertinemment bien que, dans le secteur rural je ne dis pas que, dans le
secteur urbain, le problème peut être aussi complexe que
celui-là mais dans le secteur rural, vous admettrez avec moi que
vous avez bien des hôtels, dans les petites municipalités,
où ils ont peut-être à servir un ou deux repas par mois,
compte tenu que les gens n'en demandent pas plus. Si vous exigez, pour
être détenteur d'un permis, qu'il y ait une cuisine avec des
poêles, je ne sais pas trop quoi, qu'il y ait tant de tables qui
demeurent vides ou une
pièce complète qui demeure vide, est-ce que vous allez
jusque-là pour suspendre un permis, oui ou non?
M. TRAHAN: On ne suspendra pas le permis si on nous prouve qu'on remplit
les exigences de notre loi, mais le service d'hôtellerie pourrait
suspendre le permis. Souvent, le service d'hôtellerie nous envoie des
mémoires et il nous dit: Nous ne renouvelons pas le permis du service
d'hôtellerie... Parce qu'en vertu de l'article 39 de notre loi, avant de
délivrer un permis, il faut qu'on nous fournisse le reçu du
service d'hôtellerie. Quand on a le reçu du service
d'hôtellerie, on est satisfait. Seulement, peut-être que
l'hôtel ne remplit pas les exigences du service d'hôtellerie. A ce
moment, on ne délivre pas notre permis.
M. VEILLEUX: Alors, si j'ai des amendements à apporter à
la définition d'"hôtel", vous me priez instamment de me rendre au
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche et de lutter
mon affaire là?
M. TRAHAN: C'est cela.
M. VEILLEUX: Je vais le faire avec plaisir.
M. CHOQUETTE: Nous constatons que vous avez délaissé les
plaisirs du projet de loi 22.
M. VEILLEUX: Oui, parce qu'il y a certains groupes qui ont jugé
approprié de ne pas se présenter, compte tenu qu'ils ne feraient
que répéter des choses qui ont déjà
été dites à la commission.
M. CHOQUETTE: Ah bon!
M. TRAHAN: Qui étaient d'accord sur le projet.
M. SPRINGATE: Je ne sais pas si c'est à cet endroit-ci que je
devrais apporter cela. Au mot "amphithéâtre", est-ce que vous
prévoyez de changer la loi aussi qui défend aux gens d'acheter de
la bière sous les estrades, disons au parc Jarry ou au Forum, et d'aller
à l'intérieur et voir la partie de baseball et de hockey...
M. TRAHAN: Au Forum, jamais quelqu'un n'entre avec un verre. Au parc
Jarry, la ville de Montréal a fait un règlement défendant
de boire dans les estrades. Malheureusement, on prétend qu'on ne peut
pas appliquer cette loi. Nous demandons que la boisson soit servie dans des
verres de carton ou des verres de plastiques pour qu'il n'y ait pas de
difficulté. Seulement, la ville de Montréal a son
règlement, qu'elle l'applique.
M. VEILLEUX: Ce n'est pas la régie qui empêche, par
exemple, le Forum...
M. TRAHAN: Non, la régie, c'est mort depuis 1971.
M. VEILLEUX: ... la commission de contrôle, lorsqu'elle
émet son permis, qui empêche le Forum de servir la boisson dans
les gradins. Strictement réglementé...
M. TRAHAN: C'est le Forum qui n'accepte pas que cela aille dans les
gradins.
M. VEILLEUX: D'accord.
M. SAMSON: Advenant qu'un permis, par exemple,...
M. TRAHAN: Je dois dire que la ville de Québec nous a
demandé la permission de servir la boisson dans les gradins dans des
verres de carton. Alors, il n'y a pas de difficulté, parce que, quand
même on lancerait un verre de carton, cela ne fera pas mal; seulement, si
c'est une bouteille de bière, cela va faire mal. Il faut être
à la hauteur de notre siècle.
M. SAMSON: Advenant qu'un permis de réunion soit accordé
dans un amphithéâtre pour une circonstance spéciale,
à ce moment, est-ce que vous avez des exigences ou des restrictions
empêchant de servir, par exemple, sur la glace ou dans les gradins, ou si
on peut servir n'importe où?
M. TRAHAN: On demande toujours, lorsque ce n'est pas en-dessous des
gradins comme c'est marqué dans la loi, que ce soit dans les verres de
carton ou des verres de plastique, pour qu'il n'y ait pas de
difficulté.
M. SAMSON: Oui, mais...
M. TRAHAN: Encore la dernière fois, lors de la Saint-Jean
Baptiste, dans le Vieux-Montréal, comme il n'y avait pas de
démonstration à ces endroits, on n'a pas écrit aux
détenteurs de permis pour dire qu'il fallait qu'ils servent la boisson
dans des verres de carton ou de plastique. Vous avez vu ce qui est
arrivé? Alors, je pense bien qu'il va falloir, à chaque occasion,
écrire aux détenteurs de permis et leur dire qu'il faudrait
qu'ils servent leur boisson dans des verres de carton ou des verres de
plastique pour éviter que nos policiers soient dans de mauvaises
positions.
M. SAMSON: Si un permis de réunion est accordé pour une
circonstance spéciale dans une aréna, en été, il
n'y a pas de glace, mais on se sert de l'endroit réservé à
la glace pour servir. Est-ce que c'est... Il n'y a pas de problème.
M. TRAHAN: Ce seront encore des verres de carton ou des verres de
plastique.
M. SAMSON: A la condition que ce soient
des verres de carton ou de plastique il n'y a pas de problème,
là et dans les gradins.
M. TRAHAN: C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: A 16 a), piste de course, vous mentionnez, qui est
située à un endroit où la population, dans un rayon de 15
milles, est d'au moins 50,000 habitants. Je vous pose la question suivante: II
se peut fort bien qu'il y ait des pistes d'accélération où
le public est invité le dimanche, et nécessairement on ne met pas
cela dans une municipalité compte tenu du bruit. Assez souvent c'est
à l'extérieur des grands centres. Je vais vous donner un exemple
bien simple, on a une piste d'accélération à Napierville.
Je ne voudrais quand même pas que les intéressés soient
pénalisés, compte tenu des 50,000 de population. Est-ce qu'il n'y
aurait pas moyen de réviser cela dans des cas d'exception?
M. TRAHAN: C'est la première fois que j'entends parler de
Napierville. On a entendu parler de Sanair au sujet du coût du permis
parce qu'on exigeait $1,000 pour chacun des permis alors qu'au Forum il y avait
le permis de base qui était de $1,000 et tous les autres permis
étaient de $100. Alors, on va faire des suggestions au ministère
au sujet de ces permis pour ne pas pénaliser le type comme à
Sanair, s'il paie trois fois $1,000, cela veut dire que sa saison ne lui
rapportera rien. Il va travailler purement et simplement pour rien. Tandis
qu'au Forum, on a $1,000 pour le premier permis et $100 pour chacun des autres
permis. Alors, je pense que c'est juste et raisonnable que tout le monde soit
sur le même pied.
M. VEILLEUX: Je vous pose la question parce que quand même je ne
vois pas ce que 50,000 habitants viennent faire pour décrire une piste
de course. Sur une piste de course il y a soit des chevaux, soit des
automobiles. Cela peut être des motocyclettes aussi, "crosscountry" ou
ces choses-là.
M. TRAHAN: M. le député de Saint-Jean, nous n'avons aucune
objection à la condition que la loi nous dise qu 'on peut faire telle
chose.
M. VEILLEUX: Je pose la question au ministre.
M. OSTIGUY: Est-ce qu'on ne pourrait pas en biffer, peut-être?
M. TRAHAN: Décidez ce que vous voudrez. Comme la loi sera faite,
nous l'appliquerons.
M. CHOQUETTE: Je me demande, à la suite du député
de Saint-Jean, pourquoi ne pas limiter la définition de piste de course
à terrain spécialement aménagé pour les courses de
chevaux ou d'automobiles?
M. VEILLEUX: C'est cela.
M CHOQUETTE: Quel que soit l'endroit, ou la population, cela n'a pas
d'importance.
M. OSTIGUY: C'est-à-dire, M. le Président, qu'après
"terrains spécialement aménagés pour les courses de
chevaux ou d'automobiles ou autres".
UNE VOIX: Ou autres véhicules. M. OSTIGUY: II y a les motoneiges.
M. TRAHAN: Pas d'objection.
M. OSTIGUY: Je pense qu'on devrait ajouter "ou autres".
M. VEILLEUX: Pour les courses de chevaux, d'automobiles ou autres
véhicules moteurs.
M. TRAHAN: Horse power.
M. CHOQUETTE: Cela pourrait être le vélodrome.
M. VEILLEUX: Oui, la bicyclette.
M. CHOQUETTE: Quoique cela serait couvert par
amphithéâtre.
M. OSTIGUY: II y a les motoneiges.
M. SAMSON: Est-ce que vous avez des objections à ce qu'on ajoute
tout simplement "ou autres"? La commission sera quand même capable de
juger.
M. OSTIGUY: Définira.
M. VEILLEUX: Ou autres véhicules.
M. SAMSON: Ou autres. Cela peut être autre chose que des
véhicules.
M. CHOQUETTE: Autre type de courses. M. VEILLEUX: Ou autre type de
courses.
M. PAGE: Parce que si vous dites seulement "ou autres", il y a deux
genres différents. Vous avez des chevaux et des véhicules
automobiles. Si vous dites "ou autres", ce sont les autres animaux ou les
autres véhicules.
M. VEILLEUX: Ou autres types de courses.
M. SAMSON: Cela irait? Parce que cela peut être autre chose que
des...
M. VEILLEUX: ... il reste la définition.
M. CHOQUETTE: ... spécialement pour les courses de chevaux,
d'automobiles ou autres courses.
M. SAMSON: Ou autres courses.
M. CHOQUETTE: Ou autres types de courses.
LE PRESIDENT (M. Picard): Voici l'amendement suggéré au
paragraphe f) de l'article 1: Ajouter, à la troisième ligne,
après les mots "chevaux, d'automobiles ou autre type de courses;".
D'accord? Est-ce que cet amendement est adopté?
DES VOIX: Oui, adopté.
M. CHOQUETTE: Fermez les guillemets, point-virgule. Il y a deux
points-virgules.
LE PRESIDENT (M. Picard): Point-virgule, guillemets et point-virgule
encore.
M. VEILLEUX: II faut surveiller notre français, on parle de la
loi 22.
LE PRESIDENT (M. Picard): II y a un sous-amendement, on ajoute un autre
point-virgule après les guillemets. Adopté?
M. VEILLEUX: Adopté.
M. CHOQUETTE: Très bien. L'article 1...
LE PRESIDENT (M. Picard): L'article 1, tel qu'amendé, est
adopté?
M. VEILLEUX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 2?
M. OSTIGUY: On va créer des emplois.
M. VEILLEUX: Ce sont les vice-présidents ou les
présidents.
M. CHOQUETTE: L'augmentation du nombre de commissaires.
M. VEILLEUX: Ah ça! je suis parfaitement d'accord.
Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 2. Adopté. Article 3?
M. SAMSON: M. le Président, à l'article 3, est-ce qu'il
n'y aurait pas moyen d'établir ce n'est pas la première
fois qu'on en parle, on en a parlé il y a deux ans, je pense un
délai maximum pour l'émission des permis, d'une part? D'autre
part, ce serait peut-être le temps de discuter aussi de la
possibilité, pour le président, d'avoir un personnel plus
complet. Là, évidemment, je sais que ça amène le
ministre à faire peut-être des arrangements ou voir à faire
des arrangements avec la Fonction publique. Il semble qu'à la Commission
de contrôle des permis d'alcool le problème qui se pose là
est semblable à celui qui se pose dans certains autres
ministères. Je fais référence, par exemple, au
ministère des Transports qui reçoit des demandes actuellement,
qui a besoin d'inspecteurs routiers. Compte tenu des salaires payés
à ces gens, le recrutement est fort difficile. Il se pourrait je
poserai peut-être la question au président de la commission de
contrôle et j'ai l'impression que le même problème
est transposé à la Commission de contrôle des permis
d'alcool, ça nous amène à demander au ministre ce qu'il y
a possibilité de faire de ce côté. Je sais que le ministre,
cet après-midi, y a fait allusion, semble-t-il en espérant
trouver une solution.
M. CHOQUETTE: Je ne crois pas que ce soit dans la loi actuelle qu'il y a
moyen de faire quoi que ce soit, si bien fondées soient les observations
du député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: Peut-être pas, mais je pense que c'est à ce
moment-ci qu'il faut en parler.
M. CHOQUETTE: Ce sont plutôt des représentations qu'il faut
faire au ministre de la Fonction publique sur le personnel requis pour faire
fonctionner la commission de façon adéquate. Vous aurez
noté que l'article 3 se situe plutôt au niveau des commissaires et
permettra d'accroître, si le besoin se fait sentir, d'un certain nombre
les commissaires permanents et, ceci, de façon à faire face
à certains problèmes pratiques.
M. SAMSON: D'accord, M. le ministre, mais si j'en parle à ce
moment-ci, je n'y reviendrai pas plus tard, et j'ai l'impression, justement,
qu'au moment où on devrait parler de fixation possible d'un délai
maximum pour l'émission des permis, parce que quand on dit et
c'est vous qui l'avez dit aujourd'hui qu'on augmente le nombre des
commissaires, c'est en vue d'en arriver à un meilleur service, à
une émission des permis plus rapide et, en fonction de ça, je
pense que ça se rattache avec la possibilité pour la commission
de contrôle d'avoir un nombre d'employés suffisant aussi. Je n'ai
pas l'impression qu'ils ont le nombre. C'est bien beau d'augmenter le nombre
des commissaires, mais si, autour de ces commissaires, on n'augmente pas le
nombre de personnes qui doivent travailler pour eux le travail que les
commissaires doivent dicter à ces gens on va se retrouver avec
plus de commissaires, oui, mais peut-être que les délais ne seront
pas réduits, parce qu'ils n'auront peut-être pas toutes les
facilités de travailler.
M. CHOQUETTE: Ecoutez, comme je vous dis, ce n'est pas ici qu'on peut
adopter des
dispositions au point de vue du personnel de la commission.
Maintenant, ceci ne veut pas dire que vos observations ne sont pas
parfaitement bien fondées.
M. SAMSON: M. le Président, quand le ministre nous dit,
même si ce n'est pas à l'article où on doit régler
le cas: Nous le considérons pour le régler,
généralement, en tout cas, selon l'expérience du
passé, il est revenu par la suite avec des correctifs, et c'est ce que
je tente d'arracher au ministre, peut-être pas une promesse, mais au
moins une déclaration qui l'engage à s'occuper de ce
cas-là.
M. CHOQUETTE: Je souscris à ce que vous dites.
M. SAMSON: C'est plus facile que je pensais.
M. CHOQUETTE: Non, mais écoutez. Le problème que vous
soulignez est réel, mais ce n'est pas la place pour le
régler.
M. SAMSON: Je suis d'accord. M. CHOQUETTE: Hein?
M. SAMSON: Je suis d'accord, mais, M. le ministre, vous allez convenir
avec moi qu'on ne se réunira pas tous les jours. Nous avons autre chose
à faire et vous aussi.
M. CHOQUETTE: Oui, mais...
M. SAMSON: Puisqu'on est sur le cas, j'en parle en passant et si vous me
dites: On s'en occupe et on va tenter de le régler, cela va me
satisfaire, parce que je sais que vous allez y donner suite.
M. CHOQUETTE: Je vous dis: On s'en occupe.
M. VEILLEUX: M. le Président, pour régler le
différend...
M. CHOQUETTE: II n'y a pas de différend...
M. VEILLEUX: Pour régler le différend, ce qui arrive,
c'est que le député de Rouyn-Noranda est tout surpris de voir
qu'il a pu arracher un oui aussi facilement au ministre de la Justice; c'est
cela qui l'a surpris.
M. CHOQUETTE: Cela l'a estomaqué.
M. VEILLEUX: C'est parce qu'il ne connaît pas le ministre de la
Justice.
M. SAMSON: Je m'attendais à batailler plus longtemps que
cela.
M. CHOQUETTE: Quand on peut...
M. SAMSON: Mais quand on veut, on peut aussi.
M. OSTIGUY: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Picard): M. le député de
Verchères...
M. TRAHAN: M. le député... M. SAMSON: Oui.
M. TRAHAN: ... je dois vous dire que cet amendement nous fait
énormément plaisir parce que selon l'article qu'il y avait
autrefois, il fallait que ce soit fait dans les six mois. Quand les six mois
étaient écoulés, on ne pouvait pas renouveler. Alors,
quand le besoin se fera sentir, le ministre sera à notre disposition et
nous donnera toute l'aide voulue.
M. CHOQUETTE: Comme je le fais toujours,
M. TRAHAN: C'est cela. J'ai toujours été à vos
genoux.
M. CHOQUETTE: J'ai eu l'impression quelquefois d'être aux
vôtres.
M. SAMSON: M. le Président, cela va nous mettre à la
gêne.
M. OSTIGUY: J'espère, M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de
Verchères.
M. OSTIGUY: Je voudrais, puisque la question a été
soulevée par le député de Rouyn-Noranda, demander au
président de la Commission de contrôle où en est rendue
l'étude des dossiers acheminés par le requérant au moment
où on se parle?
M. CHOQUETTE: Excellente question.
M. TRAHAN: J'ai appris à administrer dans les hôpitaux. Je
dois vous dire qu'à Montréal, dans les nouvelles demandes, nous
sommes rendus aux demandes qui sont entrées le 7 mai 1974. Vous n'avez
jamais vu cela à la Commission de contrôle ni à la
Régie des Alcools. A Québec, nous sommes rendus aux demandes
entrées le 17 mai 1974; cela veut dire que cela ne fait pas deux mois.
Tant et aussi longtemps qu'on pourra rester dans les deux mois, je pense que
personne ne pourra se plaindre. Par contre, une chose est bonne à dire,
c'est qu'il ne faudrait pas que, lorsqu'un type fait une demande, une semaine
après, on nous appelle pour nous demander où est rendue la
demande.
A certains moments, quand certaines gens nous appellent, la demande
n'est même pas
entrée et ils nous demandent où est rendue la demande. Il
faudrait qu'on prenne la précaution de s'informer pour savoir la date
d'entrée de la demande. Peut-être que vous pourriez nous aider en
nous disant: La demande est entrée il y a seulement une journée
ou deux. Je pense qu'à ce moment-là vous ne serez pas
obligés de nous appeler. Vous allez comprendre facilement que, lorsque
la demande est entrée il y a une journée ou deux, on ne peut
absolument pas décider immédiatement. Mais quand cela fera un
mois et demi ou deux mois, je pense qu'on peut vous permettre de nous
appeler.
M. VEILLEUX: M. le Président, est-ce qu'il y a...
M. OSTIGUY: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Verchères...
pardon, Portneuf.
M. OSTIGUY: Je termine...
M. PAGE: Vous n'avez pas terminé?
M. OSTIGUY: Non, je termine. Puisque le président a dit qu'il
était aux genoux du ministre, est-ce que cela veut dire que les
députés devraient être aux genoux du président?
M. CHOQUETTE: Non, cela ne veut pas dire cela.
M. OSTIGUY: Cela ne veut pas dire cela. D'accord.
M. TRAHAN: Du moment que vous ne ferez pas les quatorze stations.
M. PAGE: Je suis heureux d'entendre M. le juge souligner qu'on est
à jour dans les dossiers, qu'on est à étudier les dossiers
entrés en mai. Face à tout cela, je me ferai un plaisir de
communiquer avec lui pour voir où en est rendu un dossier soumis le 27
février dernier dans Portneuf.
M. TRAHAN: M. le député, je dois vous dire qu'un certain
nombre de dossiers ne sont pas complets. On demande des documents, mais,
malheureusement, on ne nous les fournit pas.
Tant et aussi longtemps qu'on n'a pas le document qu'il nous faut, nous,
nous sommes obligés de laisser la cour en suspens. Dites à vos
commettants de nous produire le document le plus vite possible et vous aller
voir que cela va sortir énormément vite.
M. PAGE: Je vous en remercie.
M. VEILLEUX: Quand vous parlez de demandes, M. le juge, est-ce que vous
nous faites part des demandes d'hôtels ou si cela inclut les
épiceries?
M. TRAHAN: Toutes les demandes.
M. VEILLEUX: Les épiceries?
M. TRAHAN: Toutes les demandes.
M. VEILLEUX: Les transferts de permis d'épiceries.
M. TRAHAN: Toutes les demandes. Je vais vous donner encore plus de
détail. Les nouvelles demandes, c'est le 7 mai. Les demandes pour les
permis déjà existants, qu'on appelait autrefois le transfert,
c'est le 6 mai et les autres demandes pour changements de titres et choses
semblables, c'est le 8 mai.
M. VEILLEUX: Est-ce que la commission de contrôle a l'intention
d'essayer de trouver des formules peut-être un peu plus rapides en ce qui
concerne les transferts de permis d'épicerie?
M. TRAHAN: Monsieur, nous sommes obligés, nous, en vertu de la
loi, de suivre les délais. Ce n'est pas nous qui fixons les
délais. Une demande est faite. Il faut attendre quinze jours pour la
publication. Il faut savoir s'il va y avoir une opposition. Là, on fait
faire une inspection et aussitôt que le dossier nous est
présenté, on décide, parce que, nous autres, cela ne nous
intéresse pas...
M. VEILLEUX: Dans ce cas...
M. TRAHAN: ... de la garder en suspens.
M. VEILLEUX: On reparlera de cela quand on verra les épiceries,
parce que...
M. TRAHAN: C'est cela.
M. VEILLEUX: ... sur les transferts de permis d'épicerie, il n'y
a pas beaucoup de visites à faire, étant donné que la
visite a déjà été faite. Si la loi dit qu'il faut
refaire une deuxième visite, on verra à l'enlever.
M. TRAHAN: Je dois vous dire, M. le député de Saint-Jean,
que de nombreuses fois, quand on s'est aperçu que la première
visite était trop éloignée, on demandait d'en faire une
autre immédiatement pour qu'on puisse avoir une vue plus réelle
et on se prononçait.
M. VEILLEUX: D'accord!
M. TRAHAN: Nous sommes des êtres humains, on peut se tromper.
M. VEILLEUX: Oui.
M. TRAHAN: A ce moment, faites comme le Saint-Esprit,
éclairez-nous.
M. SAMSON: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: ... les informations qu'on nous transmet, nous permettent de
croire que dans les cas où il y a des pièces qui manquent au
dossier, c'est plus long que le délai que vous venez de mentionner. Mais
ceci se rattache à la question que je posais au ministre tantôt,
à savoir s'il y a une possibilité de vous aider? Le personnel
vous sera sûrement nécessaire, parce que j'imagine vous me
corrigerez si je me trompe, je peux me tromper que si la comission avait
un personnel plus complet, il y aurait peut-être une possibilité
de prêter une meilleure assistance au requérant, lui permettant
d'amener toutes ces pièces au dossier d'une façon plus rapide
aussi.
M. CHOQUETTE: Mais seulement, ce n'est pas mon habitude de passer le
problème au voisin. A ma gauche, il y a un type qui appartient au
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche qui, lui aussi,
doit porter le fardeau du jour, parce qu'à certains moments nous sommes
obligés d'attendre que ce ministère nous fasse parvenir les plans
dûment approuvés. Quand cela prend un mois, malheureusement, cela
retarde d'autant. Adressez-vous à M. Dussault pour qu'il fasse
diligence.
Cela nous arrive.
M. SAMSON: Mais...
M. VEILLEUX: Si je comprends bien...
M. SAMSON: ... il demeure, sans faire de reproche au président de
la commission, ni à personne, quand on fait certaines communications,
parfois, pour essayer de découvrir ce qui repasse et ce qui bloque, on
nous dit: II manque telle chose. Pour tenter de prêter assistance, parce
que c'est notre rôle on a des électeurs qui nous demandent
des choses, on doit les faire, c'est notre rôle aussi on demande,
parce qu'on n'est quand même pas au courant de tout ce qui se passe non
plus, ce qui manque, quelle est la chose qui manque. Cela nous est
déjà arrivé de se faire répondre : On ne le sais
pas.
M. TRAHAN: Si vous vous adressez, soit à moi...
M. SAMSON: Non pas dans le sens... M. TRAHAN: ... soit à M.
Gendron... M. SAMSON: Je ne dis pas...
M. TRAHAN: ... vous n'aurez jamais une réponse semblable.
M. SAMSON: ... si on s'adresse au juge ou à M. Gendron, mais
à des employés. Cela rencontre l'opinion que j'émettais
tantôt, de permettre un personnel plus complet et, si on a des
arrangements raisonnables avec la fonction publique permettant de mieux le
payer, le personnel sera d'autant plus compétent aussi. On ne se fera
pas répondre, quand on nous dit: II nous manque le permis
d'hôtellerie ou il manque le permis d'inspection ou telle chose, si vous
n'avez pas cela... On dit: C'est quoi cela? On nous dit: On ne le sait pas. Il
faut s'informer ailleurs à ce moment. Cela nous arrive d'être
obligés de déranger le président.
M. TRAHAN: Cela me fait plaisir.
M. SAMSON: Je comprends, mais quand même.
M. TRAHAN: Je me suis même fait dire par un député
qui venait de très loin dans le bout de Sept-Iles: Comment? Un juge
répond au téléphone à cinq heures. J'ai dit: Je
fais cela tous les jours.
M. SAMSON: Vous allez rester juge longtemps.
LE PRESIDENT (M. Picard): Messieurs les membres de la commission, est-ce
qu'on...
M. CHOQUETTE: Si vous permettez, M. Dussault voulait faire une
réponse au juge Trahan.
M. DUSSAULT: Ce n'est pas pour envoyer la balle au juge Trahan. Le juge
Trahan, quand il examine un dossier, il lui faut tous les docurnents. Or, pour
le service d'hôtellerie, les délais sont moins longs, ils sont
d'une semaine lorsque nous avons les documents en main.
Malheureusement, dans les régions rurales, il nous faut, en vertu
de la loi, obtenir le certificat des services de protection de l'environnement.
Ce n'est pas facile à obtenir quand il n'y a pas de sources
d'approvisionnement d'eau potable et que la disposition des eaux usées
ne satisfait pas les services de l'environnement. Tant et aussi longtemps que
le ministère du Travail ou les services de protection de l'environnement
ne nous donnent pas leur approbation, les plans restent chez nous et à
la minute où l'on reçoit le certificat, séance tenante, on
approuve les plans et on les envoie à la commission.
M. TRAHAN: Comme vous êtes un bon receveur, je vais vous lancer la
balle. Quand vous aviez seulement un type pour approuver les plans, comment
s'appelait-il?
M. DUSSAULT: M. Roberts.
M. TRAHAN: M. Roberts qui venait seulement tous les quinze jours
à Montréal, cela nous retardait d'autant. Je pense que quand il
manque du personnel, il faut qu'on en ajoute pour que nous puissions agir
rapidement. On est
toujours prêt à marcher vite, mais seulement à
condition que vous ayez ce qu'il faut pour nous fournir la chaîne.
M. CHOQUETTE: Je suis sûr qu'on va le faire, M. le juge.
M. TRAHAN: Certainement.
M. SAMSON: M. le Président, cela va bien quant au juge, le
président de la Commission de contrôle, cela va bien quant
à M. Dussault, mais l'un a lancé la balle à l'autre et
l'autre a lancé la balle à quelqu'un d'autre. Est-ce qu'on ne
pourrait pas avoir les autres aussi?
M. CHOQUETTE: Ecoutez, arrêtez. Assez pour ce soir.
M. SAMSON: Peut-être que, ce soir, se serait demander gros, mais,
quand même, on vient de nous dire que cela peut dépendre d'autres
personnes. Est-ce qu'on ne peut pas prendre cela en considération
aussi?
M. CHOQUETTE: Cela va être pris en considération.
M. SAMSON: Ah!
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 3, adopté. Article 4.
M. VEILLEUX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. Article 5.
M. VEILLEUX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. Article 6.
M. SAMSON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. Article 7.
M. SPRINGATE: M. le Président, je remarque qu'à
l'alinéa 3, "permis de brasserie" est traduit par "public house" or
"pub" permits. A l'article 9, dans la définition d'un "pub" on dit "un
endroit où on peut vendre de la bière ou du cidre léger".
Est-ce que c'est réellement cela que ça veut dire, un "pub"? Un
"pub", quant à moi, c'est un endroit comme... Je peux nommer des
endroits comme, à Montréal, le Hunter's Horn; le Cock'n'Bull; le
Bistrot, et d'autres. Ce sont de vrais "pubs". Je sais qu'ils n'ont pas de
permis de "pub". Ce sont des "pubs".
M. TRAHAN: Si vous n'avez pas d'objection, M. Springate, on va demander
aux gens qui s'occupent du bill 22 de s'occuper de cela.
M. CHOQUETTE: Bon! Quand on avait créé le permis de
brasserie, on avait cherché un équivalent anglais le plus proche
possible des moeurs anglaises...
M. SPRINGATE: Oui.
M. CHOQUETTE: C'est pour cela qu'on avait dit: L'équivalent de la
brasserie, en anglais, c'est le "pub". J'étais conscient qu'il y avait
quelques établissements à Montréal qui, à ce
moment, portaient déjà le nom de "pub" et qui avaient des permis
qui pouvaient être un peu différents du "pub" qu'on créait.
Mais c'était, le terme qui nous paraissait le plus proche possible pour
traduire en anglais l'idée de brasserie, c'est-à-dire
l'idée d'un endroit où l'on sert de la bière en
fût.
M. SPRINGATE: Oui.
M. CHOQUETTE: Alors, c'est comme cela qu'on en est arrivé
à cette traduction.
M. SPRINGATE: Cela ne veut pas dire que les vrais "pubs" à
Montréal, dans le sens que je l'emploie, ne se trouveront pas dans
l'obligation d'obtenir un permis de "pub", mais ils peuvent continuer avec leur
permis de bar.
M. CHOQUETTE: Oui. On n'a jamais fait de difficulté, je pense,
à la commission, pour que ceux qui avaient en somme des droits acquis au
mot "pub", même s'ils exerçaient en fait un commerce de bar ou un
commerce de restaurant, soient privés de ce droit.
M. SPRINGATE: Parfait!
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 7, adopté. Article 8.
M. CHOQUETTE: Ici, il y a un amendement à l'article 8 que je vous
soumets, M. le Président, et qui se lirait comme suit: "L'article 15 de
la Loi de la Commission de contrôle des permis d'alcool,
édicté par l'article 8 du projet de loi 21, est modifié en
remplaçant le troisième alinéa par le suivant: Dans la
présente loi, on entend par l'expression "restaurant", un
établissement spécialement aménagé pour y servir
des repas, où, en considération d'un paiement, on trouve à
manger et qui est spécialement aménagé pour que, le cas
échéant, s'y présentent des oeuvres musicales, ou s'y
pratique la danse."
Je ne suis pas tellement satisfait de l'amendement que je viens de
présenter, parce qu'il semble y avoir une obligation d'aménager
spécialement un restaurant pour que, le cas é-chéant, on y
présente des oeuvres musicales ou on y pratique la danse; alors que cela
ne devrait pas être une obligation, mais simplement un choix qui serait
offert au restaurateur ou détenteur de permis.
M. VEILLEUX: Remplacez "et" par "ou".
Au lieu de dire: "... et le cas échéant...", "... ou le
cas échéant...". "Ou" est un choix.
M. CHOQUETTE: Cela ne devrait-il pas venir après "... à
manger..." et qui devrait se lire: "... où on trouve à manger, ou
qui est spécialement aménagé pour que, le cas
échéant, se présentent des oeuvres musicales ou s'y
pratique la danse." A ce moment, votre permis de restaurant ne devient-il pas
un permis d'avoir simplement une espèce de "dancing" ou un endroit
où on joue des oeuvres musicales sans qu'on serve des repas, si on met
"ou"? Pourquoi a-t-on introduit l'idée de spectacles, d'oeuvres
musicales et de danse dans un permis de restaurant? "... spécialement
aménagé pour y servir des repas". C'était la
définition de salle à manger autrefois.
M. VEILLEUX: Est-ce que cette définition inclurait, par exemple,
ce qu'il y a à Altitude 737 où on sert des repas et où on
joue de la musique et où on danse? C'est cela? Et le permis serait bon
quand même, même si un soir il y a une grève des
musiciens.
M. TRAHAN: Certainement.
M. CHOQUETTE: C'est un endroit où on sert des repas. Je dirais
tout simplement "... après manger." "Il peut être
spécialement aménagé pour que, le cas
échéant, on y présente des oeuvres musicales et où
on y pratique la danse...", ce qui n'est pas exclu.
M. TRAHAN: Parce qu'un restaurant peut ne pas vouloir cela et il va
avoir les deux.
M. CHOQUETTE: On ne peut pas le forcer. Je vais vous relire la nouvelle
version de l'amendement. Je vais vous donner un texte.
M. OSTIGUY: Afin que nous puissions l'écrire, pourriez-vous lire
lentement s'il vous plaît?
M. CHOQUETTE: Oui, mon cher collègue. "Dans la présente
loi, on entend par l'expression "restaurant" un établissement
spécialement aménagé pour y servir des repas, où,
en considération d'un paiement, on trouve à manger. Il peut
être spécialement aménagé pour que le cas
échéant, s'y présentent des oeuvres musicales et s'y
pratique la danse."
M. TRAHAN: C'est le choix.
M. CHOQUETTE: Alors, ceci remplacerait le troisième alinéa
de l'article 15.
LE PRESIDENT (M. Picard): Qu'est-ce qui arrive à l'article 14 du
projet de loi original? Les articles 14 à 16.
M. CHOQUETTE: Oui.
LE PRESIDENT (M. Picard): Vous commencez avec l'article 15.
M. CHOQUETTE: Ils sont remplacés.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce qu'on doit dire que l'article 14 est
abrogé?
M. CHOQUETTE: Cela demeure. Dans le projet de loi, vous le laissez tel
quel. Vous ne touchez pas à cela. On touche simplement au
troisième alinéa. Parce que l'article 15 deviendrait l'article
14, en somme, puisque les articles 14 à 16... Les trois sont
remplacés par les suivants. Alors, cela serait l'article 14 et l'article
15.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, l'amendement proposé au
troisième alinéa de l'article 15... où à la
quatrième ligne, on dira après le mot... Je vais vous lire tout
l'amendement: "Dans la présente loi, on entend par l'expression
"restaurant" un établissement spécialement aménagé
pour y servir des repas, où, en considération d'un paiement, on
trouve à manger. Il peut être spécialement
aménagé pour que, le cas échéant, s'y
présentent des oeuvres musicales ou s'y pratique la danse."
Est-ce que cet amendement est adopté?
M. VEILLEUX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté.
M. CHOQUETTE: En vertu des amendements qui sont contenus au projet de
loi, l'article 14 est abrogé. En fait, implicitement, il n'y aura plus
d'article 14 dans la nouvelle version. Il y aura simplement un article 15 et un
article 16 par la suite.
M. TRAHAN: Qui deviendra l'article 14?
M. CHOQUETTE: ILs ne deviendront rien du tout.
M. TRAHAN: Bien oui, quand on le mettra dans la loi. Certainement, quand
vous allez venir pour faire votre loi, il va devenir l'article 14, puisque les
articles 14 à 16 sont amendés et remplacés par les
suivants. Il va falloir que les articles 14 à 16 soient remplacés
par l'article 14. Les articles 14 et 16 sont disparus. Je pense qu'il va
falloir faire une loi avec tous les amendements, un après l'autre, pour
qu'on ne se mêle pas.
M. VEILLEUX: M. le Président, est-ce que vous me permettez...
M. CHOQUETTE: M. Bossé qui est à mes côtés,
qui est le légiste qui a travaillé à cela, me dit que la
technique habituelle, lorsqu'on amende une loi de la façon que nous le
faisons aujourd'hui, si on décide de faire sauter un
article, il n'y a pas de problème dans la version officielle qui
sera publiée de la Loi de la commission de contrôle. Il n'y aura
pas d'article 14, il y aura l'article 14 abrogé. Cela passera à
l'article 15. Maintenant, un jour, quand quelqu'un se lancera dans une refonte,
à ce moment, les numéros seront repris. C'est suivant la
technique, me dit-on, traditionnelle dans ce domaine.
M. VEILLEUX: On discutait, par exemple, du projet de loi des commissions
scolaires, de la loi 27 où le code contient 500 ou 600 articles et qu'on
allait d'un article à l'autre, on marquait "abrogé" tout
simplement.
M. CHOQUETTE: C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Picard): J'aimerais faire remarquer aux membres de la
commission que l'article 8 se lit comme suit: "Les articles 14 à 16 de
ladite loi sont remplacés par les suivants. Pour l'article 14, nous
devrions procéder exactement comme dans le même projet de loi.
Lisez l'article 77. Il est bien dit: "L'article 201 de ladite loi est
abrogé". Je suis d'avis qu'on devrait dire: L'article 14 de ladite loi
est abrogé. Ensuite, procéder avec l'article 8 qui se lira
à ce moment comme ceci: Les articles 15 et 16 de ladite loi sont
remplacés par les suivants.
M. VEILLEUX: Adopté. M. SPRINGATE: Adopté.
M. CHOQUETTE: Cela se défend. Si cela plaît aux membres de
la commission, on peut le faire comme cela.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, le nouvel article 8 se lirait comme
suit: "L'article 14 de ladite loi est abrogé". Adopté.
M. CHOQUETTE: Article 8 a).
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 8 a). Les articles 15 et 16 de ladite
loi sont remplacés par les suivants. On lira l'article 15 avec
l'amendement qui a été adopté tantôt. L'article 15
est adopté et l'article 16 aussi. Est-ce qu'il y a des amendements
à cela?
M. OSTIGUY: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, le nouvel article 8 a) tel
qu'amendé est adopté? Adopté. Article 9.
M. SAMSON: Le cas de permis de brasserie. Si je comprends bien, ce
permis de brasserie peut-être émis dans une ville de 2,000
âmes et plus? Cest cela?
M. CHOQUETTE: Oui.
M. TRAHAN: Ou dans un hôtel.
M. SAMSON: II y a un cas... ou dans un hôtel...
M. CHOQUETTE: J'avais un amendement, je pense, pour faire suite à
ce que veut dire le député de Rouyn-Noranda. S'il me permet de le
précéder.
M. SAMSON: D'accord.
M. CHOQUETTE: C'est qu'on ajouterait, à l'article 17 tel qu'il
est contenu dans l'article 9, que nous étudions, l'alinéa
suivant: Ces permis peuvent être exploités dans un hôtel ou
un motel et, lorsque l'édifice dans lequel se trouve
l'établissement est situé en totalité ou en partie dans
une cité ou une ville, ils peuvent l'être en outre dans un
établissement spécifié au permis.
Je crois que le député fait allusion au cas de certains
établissements qui sont situés sur la ligne de partage de la
municipalité.
M. TRAHAN: Chicoutimi a un permis. Il y a un permis qui est dans un
centre commercial, qui est à moitié dans la ville de Chicoutimi
et la moitié dans la paroisse de Chicoutimi. Alors, on ne peut pas
accorder de permis de brasserie parce qu'il est dans la partie de la paroisse
de Chicoutimi. Alors, avec cet amendement, on pourrait répondre aux
exigences.
M. VEILLEUX: Etes-vous à l'article 16?
M. TRAHAN: Non, l'article 17.
M. VEILLEUX: J'aurais une question à l'article 16.
M. CHOQUETTE: Est-ce qu'on pourrait terminer sur ce chapitre et on
reviendra à l'article 16 tout à l'heure?
M. SAMSON: M. le Président, est-ce que le ministre, avec
l'amendement qu'il apporte je m'excuse, cela a été lu
assez vite, je n'ai pas eu le temps de tout prendre mais est-ce que cela
peut couvrir... M. le juge est au courant d'un cas qui se présente dans
la localité de Barraute. Il y a une demande de permis de brasserie et il
n'y a pas tout à fait 2,000 personnes dans la municipalité de
Barraute et il y a deux villes. Il y a une ville qui est collée
là-dessus qui s'appelle Barville qui a, par contre, une charte de
cité et ville, et Barraute a seulement une charte de
municipalité. C'est un cas particulier auquel j'ai fait allusion
à l'occasion de mon intervention en deuxième lecture. Je ne sais
pas s'il y a possibilité de couvrir des cas comme cela, de quelque
façon.
M. CHOQUETTE: Quand nous sommes dans une cité ou une ville de
moins de 2,000 habitants, forcément, en principe, le permis de brasserie
ou de taverne s'exploite dans un hôtel ou un motel.
M. SAMSON: Ou un motel.
M. CHOQUETTE: Si on est dans une ville de plus de 2,000 habitants,
normalement, le permis de brasserie et de taverne peut s'exploiter dans un
établissement distinct, c'est-à-dire un établissement qui
n'est pas un hôtel ou un motel. L'amendement que j'ai lu tout à
l'heure et dont je suis prêt à redonner lecture a pour but de nous
occuper de certains cas particuliers où les édifices où se
trouve l'établissement sont sur la ligne de division d'une
municipalité de moins de 2,000 habitants, d'une part, et de plus de
2,000 habitants, d'autre part. Là, en fait, on donne le
bénéfice du doute à l'établissement en disant: S'il
est sur la ligne...
M. VEILLEUX: Je vais vous donner un exemple. Si nous prenons les limites
de la ville de Saint-Jean qui a 35,000 habitants, aux limites de Saint-Blaise,
du comté de Saint-Jean, qui a peut-être 700 ou 800 habitants, s'il
est sur la ligne comme à Chicoutimi, il n'y a rien à faire.
M. TRAHAN: Ce n'est pas la même chose parce qu'à
Chicoutimi, le centre commercial est construit en partie dans Chicoutimi, en
partie dans la paroisse. Alors, celui qui serait dans la ville de Chicoutimi,
on pourrait lui donner un permis de brasserie et l'autre, on ne pourrait pas
lui en donner, et c'est le même édifice. C'est pour cela qu'on
veut satisfaire à cette exigence.
M. VEILLEUX: Moi, je vous donne l'exemple d'un même édifice
qui est sur la ligne entre Saint-Biaise et Saint-Jean.
M. CHOQUETTE: Cela répondrait à votre cas. Dans ce cas, le
permis pourrait être accordé.
M. VEILLEUX: Saint-Biaise a moins de 2,000.
M. CHOQUETTE: Cela ne fait rien. Vu qu'il est sur la frontière,
sur la limite,on ne veut pas dire qu'il faut que l'établissement
soit...
M. TRAHAN: On ne veut pas être pharisiens.
M. CHOQUETTE: C'est cela. Vous semblez dubitatif.
M. TRAHAN: Vous n'accepteriez pas cela?
M. VEILLEUX: Je vois que le ministre de la Justice est venu à la
commission parlementaire sur la loi 22.
M. CHOQUETTE: Parfois.
M. VEILLEUX: Je reviendrai pour le permis de bar. La brasserie, c'est
plus...
M. SAMSON: II n'y a pas de possibilité de transférer...
Pardon.
M. VEILLEUX: Mon collègue de Rouyn-Noranda et moi, nous nous
entendons très bien. Le principal problème que je mentionne,
c'est beaucoup plus et c'est pour cela que je voulais revenir à
l'article 8 qui parle de l'article 16...
M. OSTIGUY: Jamais deux sans trois.
M. VEILLEUX: ... parce que, dans ma région, il y a beaucoup
d'endroits le long du Richelieu où la population double et triple
l'été, compte tenu des chalets, et je vous poserai une question
là-dessus. Par exemple, pour une brasserie, dans un endroit comme cela,
si un groupe de chalets d'été qui sont déjà
construits, est-ce qu'il y aurait possibilité pour quelqu'un de demander
un permis de brasserie saisonnier, pour la saison d'été? Est-ce
que c'est possible?
M. CHOQUETTE: Le permis saisonnier n'existe plus maintenant, je crois.
Le permis de villégiature, je crois qu'on s'est débarrassé
de cela. C'est la population stable.
M. TRAHAN: Dans le répertoire des municipalités.
M. CHOQUETTE: Si vous êtes capable de démontrer qu'il y a
une population de tant à une époque de l'année, je pense
bien que cela qualifierait la municipalité pour obtenir un permis.
M. VEILLEUX: Ce n'est pas à moi de démontrer cela, mais si
quelqu'un le demande.
M. CHOQUETTE: Pas vous, mais un requérant.
M. VEILLEUX: Parce que, comme député, je ne peux pas
demander un permis. Conflit d'intérêts.
M. TRAHAN: Vous pouvez peut-être demander la permission.
M. SAMSON: Est-ce qu'il a été considéré de
regarder les agglomérations dans certains cas, plutôt que la
municipalité elle-même? Par exemple, je vous ramène au cas
spécifié tantôt de Barraute, petite municipalité qui
n'a pas tout à fait 2,000 âmes mais dont l'agglomération a
5,000 âmes. L'agglomération, ça veut dire les rangs
alentour, tout ça. Est-ce que ça peut être
considéré?
M. TRAHAN: Si c'est mis dans la loi, M. le ministre, nous devons
appliquer la loi.
M. SAMSON: Oui, d'accord, mais...
M. TRAHAN: C'est vous qui faites la loi, nous, on l'applique.
M. SAMSON: C'est pourquoi je pose la question, parce qu'avant qu'on ne
ferme la commission parlementaire, c'est le temps de l'amender.
M. VEILLEUX: Mon collègue de Rouyn-Noranda... si, par exemple,
les deux conseils municipaux...
M. SAMSON: Je comprends l'affaire.
M. VEILLEUX: ... envoyaient chacun une résolution? Pour donner un
exemple bien pratique, à Napierville, quelqu'un a demandé un
permis de brasserie, ça lui a été refusé parce que
la municipalité comme telle n'était pas assez populeuse. Mais si
les deux conseils municipaux du village et de la paroisse l'avaient
demandé conjointement et appuyaient conjointement cette demande,
à ce moment, est-ce qu'il y aurait possibilité d'envisager, comme
le dit mon collègue, une agglomération plutôt...
M. TRAHAN: Si vous acceptez de mettre ça dans la loi, nous, on
l'appliquera. Ce n'est pas à nous de décider, c'est à vous
de le mettre dans la loi, nous, on appliquera la loi. On ne fait pas la loi, on
l'applique.
M. VEILLEUX: On va attendre que le ministre ait réglé son
problème.
M. SAMSON: On va en parler au ministre. Est-ce qu'il n'y a pas, M. le
ministre, une possibilité, dans le cas de la norme de 2,000 âmes,
de considérer l'agglomération dans les cas où la
municipalité n'a pas tout à fait les 2,000 âmes mais
où l'agglomération immédiate je cite le cas de
Barraute, il n'y a pas 2,000 âmes, tout à fait compte 5,000
âmes? C'est un territoire, au surplus, non organisé alentour de la
municipalité de Barraute. Ce n'est pas un territoire où les
conseils municipaux peuvent vous envoyer des résolutions, il n'y a pas
de conseils municipaux sur ce territoire.
M. CHOQUETTE: Oui, mais là, je voudrais vous dire ceci, c'est que
la brasserie ou la taverne peut être exploitée dans une
municipalité de moins de 2,000 âmes, mais il faut qu'elle soit
exploitée dans un hôtel dans ces cas. Quand c'est dans une
municipalité de plus de 2,000 âmes, elle peut être dans un
établissement distinct. Par conséquent, je vous dis que celui qui
voudrait exploiter le permis dont vous me parlez, à Barraute, qui a
1,500 âmes de population, pourrait le faire, mais à condition de
le faire* dans un hôtel ou un établissement qui se qualifie comme
hôtel. Ceci', nous l'inscrivons justement dans le but de protéger
le commerce de l'hôtellerie rurale. C'est ça l'objet qui est
derrière ça. Si vous voulez qu'on élargisse tout ça
et qu'on rende ça élastique, vous allez voir des brasseries et
des tavernes naître à côté des hôtels ruraux et
leur faire concurrence alors que les hôtels sont astreints à
certaines obligations, à servir des repas, à avoir une salle
où ils peuvent recevoir tant de convives, à avoir tant de
personnes et puis à avoir des chambres à coucher selon un nombre
fixé par la loi alors qu'ils ont ces obligations. D'après ce
qu'on me dit, les hôteliers ruraux n'ont pas la vie trop...
UNE VOIX: Facile.
M. CHOQUETTE: ... facile de ce temps-ci, parce que leurs taxes sont
assez élevées et leur commerce n'est peut-être pas
tellement florissant. C'est pour ça qu'on a pris la précaution de
vouloir les protéger dans une certaine mesure, actuellement. Dans trois
ans ou dans cinq ans d'ici, peut-être que les conditions auront
changé, auront évolué à ce moment-là,
dès qu'on sera mûr pour avoir des brasseries et des tavernes dans
des endroits distincts. C'est comme ça que je vois les choses.
M. SAMSON: M. le Président, c'est plein de bon sens, je retire
mon objection.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Portneuf.
M. PAGE: Là-dessus, j'abonde dans le même sens que le
ministre. Cela a pris des normes pour donner une certaine protection aux
hôteliers, aux détenteurs de permis en milieux ruraux, la norme
est fixée à 2,000 habitants. Si on suivait l'idée qui a
jailli de la part du député de Rouyn-Noranda et du
député de Saint-Jean, à ce moment-là, on
enlèverait la restriction de 2,000 habitants et il suffirait à
deux ou trois municipalités de 800 habitants ou de 1,000 habitants de
s'unir, par résolution municipale, et on verrait encore des bars dans
les municipalités de moins de 2,000 habitants.
M. VEILLEUX: Moi, je vais vous donner un exemple bien pratique. Le long
de l'autoroute 15, qui mène aux Etats-Unis, il y a un hôtelier,
à Napierville. Si le même hôtelier veut faire une brasserie
dans le village qui est à cinq milles de là, il ne peut pas, il
faut qu'il le fasse dans son hôtel.
M. TRAHAN: C'est cela.
M. VEILLEUX: Le gars voudrait bien aller dans le village.
M. SAMSON: Peut-il déménager son hôtel? M. TRAHAN:
S'il a un bon déménageur.
M. CHOQUETTE: Si vous permettez que je lise l'amendement que j'avais
mentionné à l'article 17 et qui consisterait à ajouter un
dernier alinéa qui serait le suivant. Je l'ai modifié quelque peu
avec Me Bossé: "Ces permis peuvent être exploités dans un
hôtel ou
un motel et, lorsque l'édifice dans lequel se trouve
l'établissement est situé en totalité ou en partie dans
une municipalité dont la population est de plus de 2,000 âmes, ils
peuvent l'être en outre dans un établissement
spécifié au permis."
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que cet amendement à l'article
17, amendé par l'article 9 du projet de loi est adopté?
M. SAMSON: Adopté. Est-ce que vous en avez des copies?
M. CHOQUETTE: Je regrette.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. Article 9 tel qu'amendé,
adopté?
M. SAMSON: Oui.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. Article 10?
M. SAMSON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. Article 11?
M. VEILLEUX: Adopté.
M. PAGE: Pourquoi vous dites...
LE PRESIDENT (M. Picard): 11 adopté?
M. CHOQUETTE: Le motif?
M. PAGE: Oui.
M. CHOQUETTE: C'est parce que le permis d'auberge a disparu.
M. PAGE: D'accord.
M. CHOQUETTE: Egalement les permis d'épicerie. On ne tient plus
compte de l'intérêt public, ou, la commission n'exige plus la
preuve de l'intérêt public pour l'émission d'un permis
d'épicerie.
M. TRAHAN: Elle exige la preuve qu'il s'agit d'une épicerie.
M. CHOQUETTE: Elle exige la preuve cependant qu'il s'agit bien d'un
vendeur de produits alimentaires.
M. SAMSON: Oui, parfait.
M. OSTIGUY: M. le Président, cela veut dire une boucherie?
M. CHOQUETTE: Non.
M. OSTIGUY: Pour autant...
M. CHOQUETTE: Non, pas la viande... Il n'y aurait pas seulement qu'une
boucherie...
M. OSTIGUY: Non, une minute. Vous dites non.
M. CHOQUETTE: Non.
M. OSTIGUY: II me semble que vous avez dit non vite. Lorsque je dis une
boucherie...
M. CHOQUETTE: Une boucherie? Je pensais que vous disiez une
bouchée.
M. OSTIGUY: Non, non. M. CHOQUETTE: Ah!
M. OSTIGUY: Non, une boucherie, une charcuterie.
M. CHOQUETTE: Je crois qu'une charcuterie ou une boucherie pourraient
être qualifiées d'épicerie.
M. OSTIGUY: C'est de l'alimentation.
M. TRAHAN: Cela dépendra de ce qu'il y aura comme inventaire.
M. SAMSON: Si c'est une épicerie-boucherie, il n'y a pas de
problème, d'après moi.
M. PAGE: S'il n'y a plus d'inventaire d'épicerie.
M. SAMSON: Comme nous avons dans des campagnes et différents
endroits, des épiceries-boucheries, à ce moment-là, il n'y
a pas de problème.
M. TRAHAN: Si c'est seulement qu'une boucherie?
M. SAMSON: Si c'est simplement une boucherie...
M. OSTIGUY: C'est de l'alimentation.
M. SAMSON: II faudrait faire cuire la viande dans la bière.
M. VEILLEUX: Est-ce que c'est ici que je reviens à la question,
ou le point d'interrogation que je me posais au début? Est-ce qu'il y
aurait possibilité, je ne sais pas en insérant quoi, ou en
transformant quoi, mais lorsque arrive le transfert d'épicerie, je ne
sais pas s'il y aurait moyen de trouver un mécanisme et l'inscrire dans
la loi, qui ferait que la personne n'attendrait pas un mois avant de recevoir
son nouveau permis, compte tenu que l'épicerie existe
déjà, parce qu'il y avait déjà un
propriétaire avant? Qu'on se contente, pour émettre le permis
d'épicerie, de faire, je ne sais trop, une enquête
policière
sur l'individu, et s'il n'a pas un dossier, etc., quand cette
enquête-là est terminée, cela ne prend pas deux mois, qu'on
transfère le permis, quitte à faire les annonces après ou
ce que vous voudrez, si quelqu'un peut s'opposer. Parce que si on attend un
mois ou deux pour un transfert de demande d'épicerie, le gars perd toute
la clientèle et c'est tout à rebâtir.
M. CHOQUETTE: J'attire l'attention du député de Saint-Jean
sur l'article 26 du projet de loi où il y a des dispositions
particulières au sujet des cessions d'entreprises qui doivent faire
l'objet d'un rôle spécial, en voulant dire
accélérer.
M. TRAHAN: Qu'ils puissent faire une demande
d'accélération et à ce moment-là, d'ailleurs on a
déjà commencé, on a divisé la commission en trois
catégories, les nouvelles demandes, les demandes pour un transfert, ce
qu'on appelait autrefois un transfert, et les demandes de changement de titres
et d'augmentation de capacité, ces choses-là.
M. VEILLEUX: M. le Président...
M. TRAHAN: Alors, cela va beaucoup plus vite. Il n'a qu'à nous
donner un affidavit affirmant que c'est simplement un transfert et on le passe
immédiatement.
M. VEILLEUX: Parce que M. le Président, tout à l'heure,
vous m'avez mentionné qu'il fallait attendre au moins quinze jours pour
que ce soit publié dans les journaux.
M. TRAHAN: On met, en règle générale, M. le
député, sujet à audition s'il y a lieu.
M. SAMSON: Dans le cas présent, est-ce que je comprends bien?
Parce qu'avec l'amendement qui est apporté, il n'est plus question,
à ce moment, dans le cas des épiceries, en tout cas, de prouver
l'intérêt public.
M. TRAHAN: Utilité publique.
M. SAMSON: C'est automatiquement admissible pour autant que c'est une
épicerie. Si c'est déjà une épicerie, c'est
automatiquement admissible à la condition que le nouveau
propriétaire se qualifie en tant qu'individu.
M. TRAHAN: C'est cela.
M. VEILLEUX: Remarquez bien, la même question que je posais pour
l'épicerie peut très bien s'appliquer pour un hôtel. Si le
gars est obligé de fermer son hôtel pendant deux mois, parce qu'il
faut qu'il attende le transfert deux mois ou six mois, il va avoir du travail
tout à l'heure.
M. TRAHAN: Non.
M. VEILLEUX: Voyez-vous la réaction des gens qui viennent
à notre bureau et disent: J'ai l'impression que si on vendait le Reine
Elizabeth, ils n'attendraient pas trois mois pour le Reine-Elizabeth.
M. TRAHAN: M. le député, si le notaire ou l'avocat qui
fait la procédure est le moindrement intelligent, il peut rédiger
une procédure qui va répondre aux exigences de la loi et il
n'aura pas de difficulté. S'il ne comprend pas, demandez-lui qu'il
vienne me voir et je vais lui expliquer en mettant les points sur les i.
M. SAMSON: Mais il arrive qu'il y a certains propriétaires qui
ont des réticences, justement, à utiliser ce moyen dont vous
parlez à demi-mots. Je pense qu'on le comprend. Il y a des
propriétaires qui mettent des objections quand arrive le temps de
rédiger les contrats devant le notaire, lorsque le notaire leur expose
ces choses.
M. TRAHAN: C'est parce que ces gens, M. le député, ont des
idées en arrière de la tête. Ils veulent reprendre leur
commerce et garder le dépôt, en général. C'est
l'expérience que j'ai avec la...
M. SAMSON: Cela peut arriver, je vous l'accorde. Mais, par contre, il
peut arriver aussi que le nouvel acquéreur, apparaissant comme quelqu'un
de qualifiable, s'avérera, par la suite, non qualifiable. Il peut
arriver que le vendeur subisse aussi une perte à ce moment. C'est
pourquoi il y a des réticences, mais je vous accorde qu'il y a de ces
vendeurs qui veulent en profiter aussi.
M. VEILLEUX: La raison que donne le notaire pour refuser d'inscrire
cela, ou le propriétaire qui vend pour des raisons plus ou moins
douteuses, c'est qu'il dit: Un permis, cela ne m'appartient pas et je n'ai pas
le droit de le vendre. Je ne peux pas assujettir mon édifice ou la
bâtisse au transfert du permis parce qu'un permis, cela ne se
transfère pas. Pour le prix d'un hôtel, il dit: Cela est la vraie
bâtisse. C'est ce que la bâtisse m'a coûté. Je ne te
fais pas payer le permis, mais, assez souvent, parce que c'est un hôtel,
l'autre gars va payer beaucoup plus cher que s'il achetait un édifice
pour faire de la lutte ou de la boxe, c'est sûr.
M. SAMSON: Le "good will".
M. VEILLEUX: Vous allez nous faire parler en anglais. Moi, je dis qu'on
ne doit pas parler anglais tant que le projet de loi 22 ne sera pas
adopté. Mais c'est...
M. SAMSON: C'est une exception.
M. VEILLEUX: A ce moment, ils auront tout simplement à demander
une accélération.
M. CHOQUETTE: C'est cela.
M. VEILLEUX: Pour l'épicerie, cela peut prendre peut-être
huit ou dix jours.
M. CHOQUETTE: On va demander au juge Trahan.
M. VEILLEUX: M. le juge...
M. TRAHAN: Le plus vite possible. Moi, je n'ai pas
d'intérêt à garder des dossiers en suspens. Le plus vite je
peux les donner, le plus vite cela me fait plaisir, parce que je suis au
service du public.
LE PRESIDENT (M. Picard): Toujours sur l'article 11.
M. SPRINGATE: M. le Président, est-ce que cet article
règle le cas du type qui déménage à deux portes ou
à trois portes, à un autre coin de rue comme...
M. TRAHAN: La même chose, qu'il fasse une demande
d'accélération et cela va être accordé
immédiatement.
M. CHOQUETTE: Très bien.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 11, adopté? Adopté.
M. VEILLEUX: ... pas assez vite, on reviendra l'an prochain ou à
la prochaine session avec des amendements.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 12. Le député de
Portneuf.
M. PAGE: Là-dessus, M. le Président, j'aurais une
question. A l'alinéa 2, vous dites: "Sont notamment
considérés faire partie d'une chaîne de magasins les
magasins à filiales ou succursales multiples..." est-ce que cela doit
prévoir les groupes tels Provigo, Provigain, Trans-Québec, les
magasins à...
M. CHOQUETTE: Pas les groupes qui achètent en commun, pas les
groupes qui ont mis leurs services d'achats collectifs. En fait, ce que nous
visons, ce sont les succursales qui appartiennent à une corporation
unique ou à un groupement unique, les grands magasins à
succursales, parce que nous voulons réserver le permis de bière
à ces succursales.
M. PAGE: Vous dites: Que celles-ci forment ou non des entités
juridiques distinctes.
M. CHOQUETTE: C'est parce qu'il peut y avoir, vous savez,
différentes stratégies ou techniques juridiques employées
qui seraient de diviser la propriété entre plusieurs entreprises,
malgré qu'il y aurait un "holding" au-dessus, qui serait
propriétaires des actions dans toutes les différentes
épiceries.
La commission va se servir de son jugement pour déceler,
derrière la façade juridique, pour savoir s'il s'agit d'une
chaîne d'épiceries ou de propriétaires individuels
d'épiceries.
M. PAGE: De toute façon, cela va être à la
commission de l'analyser.
M. CHOQUETTE: Oui.
M. PAGE: D'accord.
M. SAMSON: Dans le cas, pour être plus...
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de
Verchères.
M. SAMSON: Je m'excuse.
M. OSTIGUY: Je voudrais tout simplement dire que cet article correspond
aux déclarations qu'avait faites le premier ministre selon lesquelles
les épiciers indépendants s'étaient toujours
protégés contre les magasins à succursales qui demandaient
la permission de vendre du cidre au Québec. Je pense que cette
permission qui a été autorisée aux magasins à
succursales n'a fait que contribuer à l'évolution du cidre
québécois, puisque, depuis seulement quelques mois, plus d'un
demi-million de dollars de cidre a été vendu par le truchement
des magasins à succursales. Alors, je me réjouis de cet article
20 a) au nom des pomiculteurs et des cidreries de la province de
Québec.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON : M. le Président, je voulais tout simplement demander
une précision. Le cas des épiciers indépendants, qui font
partie d'une chaîne d'approvisionnement telle que IGA, Clover Farm, etc.
ne sont pas touchés par...
M. TRAHAN: Non, non. M. SAMSON: D'accord. M. CHOQUETTE:
Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 12, adopté. Article 13.
M. SAMSON: M. le Président, à l'article 13, il...
M. CHOQUETTE: Excusez-moi, avant que nous passions à l'article
23, il y aurait lieu... Je suggérerais d'insérer un nouvel
article, après l'article 12 du projet de loi, qui serait probablement
l'article 12 a)...
LE PRESIDENT (M. Picard): L'article 12 a).
M. CHOQUETTE: ... qui se lirait comme suit: L'article 22 de la loi est
modifié en remplaçant, aux quatrième et cinquième
lignes du premier alinéa, les mots "aux personnes qui logent aux
pavillons" par les mots "aux personnes qui logent dans l'établissement
ou qui y séjournent pour des fins de chasse ou de pêche".
Or là, il s'agit du permis de chasse et pêche qui semblait
quelque peu restrictif quant aux droits de vendre aux personnes qui pouvaient
aller s'adonner à la chasse et à la pêche. Alors,
l'amendement a simplement pour but de préciser que ce sont des personnes
qui logent dans de tels établissements ou qui y séjournent sans y
loger.
C'est un amendement qui a été suggéré par le
député de Saint-Louis, et je ne vois pas d'objection à le
recevoir.
M. VEILLEUX: En d'autres mots, cela veut dire que ceux qui chassent
réellement et qui pêchent réellement, s'ils demeurent
là douze heures, ils ont droit d'y aller...
M. CHOQUETTE: Exactement.
M. VEILLEUX: Mais si le gars passe le long de la route et il bifurque
là pour prendre un petit coup et s'en retourne, il n'a pas le droit.
M. CHOQUETTE: Non. Vous avez raison.
M. TRAHAN: Les motoneigistes, comme le député de
Saint-Louis l'a dit, ne pourront pas se rendre là pour aller prendre un
verre. Ce seront les gens qui vont demeurer dans le pavillon ou dans les
pavillons à côté, parce qu'il y a des pavillons principaux,
un pavillon principal et des pavillons annexes. Alors, ils pourront aller
là, pas ceux qui vont venir, comme les motoneigistes ou des gens du
village qui vont aller là pour prendre un coup le soir. Cela va
détruire les hôteliers, les autres détenteurs de permis.
C'est bien cela M. Bossé, qu'on avait discuté avec M. Blank?
LE PRESIDENT (M. Picard): L'article 12 a) est adopté?
M. CHOQUETTE: Adopté. Est-ce que vous avez le texte exact?
LE PRESIDENT (M. Picard): Oui, j'ai le texte ici.
M. CHOQUETTE: Ah bon! Vous savez, il faut... Ce n'est pas exact.
L'article 22 de la loi est modifié en remplaçant... Parce qu'il
faut que je surveille ces gens, vous savez. On ne sait jamais. Ils peuvent nous
passer des amendements, quoique le député d'Olier soit
très scrupuleux, très précis.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Viau.
M. CHOQUETTE: Pardon? Le député de Viau est très
précis.
LE PRESIDENT (M. Heard): C'est parce que je me le fais dire
après, lorsque je rédige le rapport.
M. CHOQUETTE: Ah bon!
LE PRESIDENT (M. Picard): Voici le nouveau texte de l'article 12 a). Ce
sera: L'article 22 de ladite loi est remplacé...
M. CHOQUETTE: Modifié, en remplaçant.
LE PRESIDENT (M. Picard): ...en modifiant...
M. CHOQUETTE: Non.
M. VEILLEUX: Est modifié en remplaçant...
M. SAMSON: Vous faites bien de le surveiller.
M. CHOQUETTE: Vous m'approuvez?
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 12 a): "L'article 22 de ladite loi est
modifié en remplaçant aux quatrième et cinquième
lignes du premier alinéa les mots "aux personnes qui logent au pavillon"
par les mots "aux personnes qui logent dans l'établissement ou qui y
séjournent pour des fins de chasse ou de pêche". Ce nouvel article
est adopté?
M. VEILLEUX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 13.
M. TRAHAN: Une seconde. Si vous dites dans l'établissement, vous
ne parlez pas des pavillons alentour parce que vous avez des permis de pavillon
de chasse et pêche où il y a un pavillon principal et des
pavillons...
M. VEILLEUX: ... annexes...
M. TRAHAN: ... annexes. Alors, ces gens vont aller manger là et
vous ne pourrez pas leur donner la permission de manger.
M. CHOQUETTE: C'est couvert. Vous faites erreur, M. le juge, parce qu'il
y a un autre amendement qui permettra que les permis octroyés par la
commission s'étendent à des terrasses, à des piscines et
à des dépendances.
M. TRAHAN: J'aimerais mieux que l'article soit bien clair pour qu'on ne
se fasse pas appeler par tout le monde pour se faire dire: Cela, c'est telle
chose. Pourquoi n'a-t-on pas le droit de
faire ceci? Pourquoi ne le met-on pas dans l'article 22 tout de suite?
Si on va à 25 ou à 50 articles... je pense bien que c'est
intéressant de mettre cela dans cet article pour compléter... Ou
les pavillons-annexes...
M. SAMSON: Est-ce que cela n'est pas couvert par l'amendement lorsque
vous dites: "... où ils séjournent..."? Cela ne veut pas
dire...
M. TRAHAN: Ils séjournent dans le pavillon principal. Ils peuvent
séjourner dans les pavillons à côté. Je ne veux pas
être dérangé tous les jours pour savoir s'ils ont le droit
de faire cela ou de ne pas le faire. Si c'est clair dans l'article 22, je ne
serai pas dérangé et les autres commissaires ne seront pas
dérangés.
M. CHOQUETTE: M. le juge, je pense que vous pouvez dormir sur vos deux
oreilles.
M. TRAHAN: Si vous me permettez de faire cela. A cette heure-ci,
habituellement, je suis couché.
M. VEILLEUX: Comme vous voyez, M. le juge, comme législateurs, on
se couche tard.
M. SPRINGATE: On se lève tôt.
LE PRESIDENT (M. Picard): Qu'est-ce qu'on fait avec
l'établissement? On le laisse tel quel?
M. CHOQUETTE: Oui. L'établissement est une notion plus
générale que l'ancien mot de pavillon.
LE PRESIDENT (M. Picard): Très bien.
M. CHOQUETTE: Parce que l'établissement est l'organisation qui
est bâtie.
LE PRESIDENT (M. Picard): Très bien. Article 13. Le
député de Portneuf.
M. PAGE: Cela vise le permis des réunions. On a longuement
discuté ce matin la taxe, le bien-fondé de permettre ou
d'insérer un tel permis dans la loi. J'aurais un genre de directive ou
une question à poser, soit au ministre ou au juge. Est-ce que vous vous
êtes déjà penché sur une habitude, bonne ou
mauvaise, selon le côté où on se place, qui a
été prise par les brasseries et les distilleries, à savoir
qu'à la moindre occasion, aussitôt qu'il y a une partie de balle
molle ou une bébelle comme cela, on se plaît à donner des
boissons à un groupe sportif quelconque pour faire de la
publicité sur leur produit?
M. TRAHAN: Dans votre règlement de publicité, c'est
complètement défendu.
M. PAGE: De donner de la boisson...
M. TRAHAN: Oui.
M. PAGE: ... à un groupe sportif ou autre. C'est bien, parce que
cela causait un préjudice assez important aux hôteliers de
l'endroit.
M. VEILLEUX: Quand vous mentionnez cela, est-ce que vous voulez dire
qu'une cidrerie, par exemple, ne pourrait plus donner de réceptions
pour...
M. TRAHAN: Elle peut faire une demande spéciale pour annoncer un
produit comme n'importe quel produit nouveau. Il lui faut une lettre de la
commission, qui l'autorise à faire cela.
M. VEILLEUX: C'est parce que dans chaque cidrerie celles qui
ramassent les pommes et font du cidre avec dont celle de Saint-Jean, le
Cellier Saint-Beranrd, il y a une pièce...
M. TRAHAN: Elles ont le droit. M. OSTIGUY: Elles ont le droit. M. PAGE:
C'est de la dégustation.
M. TRAHAN: Dans la bâtisse même qu'elles exploitent, elles
ont le droit. Il n'y a pas de problème.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: A l'article 13, la question des permis de réunion, ce
matin, le ministre nous a fait part d'un projet de règlement où
les permis de réunion seraient limités, en quelque sorte,
à douze pour une même association dans l'espace d'un an, dont six
au maximum pour la vente.
M. CHOQUETTE: C'est cela.
M. SAMSON: Est-ce qu'il y aurait lieu à ce moment-ci de
prévoir une disposition spéciale pour le cas des associations,
par exemple, qui font des festivités qui dépasseraient six jours,
dans une même année? Je parle d'un carnaval, festival
d'été ou des choses comme cela, où cela dure normalement
quinze jours. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de prévoir une
disposition dans la loi pour couvrir ces événements à
raison d'un seul permis, mais un permis qui dépasserait une
journée pour une circonstance comme cela?
M. CHOQUETTE: Je vois que vous avez l'esprit aux festivités.
M. SAMSON: M. le ministre, on est à Québec et
j'espère que vous savez qu'il y a le festival d'été.
M CHOQUETTE: II y a des établissements pour cela, pour servir de
la boisson.
M. SAMSON: Non, un instant. Je le sais qu'il y a des
établissements. Je ne pose pas la question pour embarasser qui que ce
soit. Ecoutez, cela peut se produire.
M. TRAHAN: II y a un cas, M. le député de Rouyn-Noranda,
qui nous a été soumis pour un établissement à
l'arrière de l'ancienne prison où il va y avoir...
M. PAGE: Festival de la jeunesse.
M. TRAHAN: ... un festival de la jeunesse, la francophonie, je ne sais
pas quoi. Cela va durer presque douze jours.
M. SAMSON: Ce n'est pas couvert. Cela ne sera pas couvert dans les
nouveaux règlements, en tout cas.
M. TRAHAN: Cette société l'aurait pour douze jours et n'en
aurait plus pour le reste de l'année.
M. CHOQUETTE: Dans le projet de règlement qui a été
présenté ce matin à la commission, il n'en a pas
été question encore, mais on peut lire l'article 5.01 : "Le
permis de réunion n'est valide qu'aux heures indiquées au permis.
Toutefois, le même permis peut autoriser la vente de boissons alcooliques
pendant des heures et des périodes non consécutives lorsque la
réunion se tient au cours d'une exposition agricole, commerciale ou
industrielle et sur les lieux d'une telle exposition."
Autour de cela...
M. SAMSON: On pourrait peut-être compléter autour de
cela.
M. TRAHAN: Ou dans un événement spécial.
M. OSTIGUY: Festivité.
M. VEILLEUX: Disons, M. le Président, sur ce que vient de dire le
député de Rouyn-Noranda, je ne suis pas tout à fait
d'accord, parce qu'à ce moment, on pourrait transformer une
municipalité complète en hôtel pendant dix ou douze jours.
Je pense que, s'il y a des festivals vous voyez, mon français est
encore bon qui s'organisent, je m'imagine qu'ils peuvent prendre un
petit verre pour une heure ou deux, parce qu'il y a un feu d'artifice ou
quelque chose comme cela. Ils ne peuvent quand même pas servir de la
boisson la journée complète dans le milieu du chemin. Il y a des
hôteliers tout le tour. Je me souviens, par exemple, aux fêtes de
la Saint-Jean-Baptiste à Saint-Jean, il y a deux ou trois ans, lorsqu'on
avait dit non à Victoria, il y avait un permis de vente de bière
comme cela que la Régie des alcools, à l'époque, leur
avait donné. Cela avait duré deux ou trois heures pendant la
soirée, mais cela n'avait pas duré toute l'après-midi et
toute la soirée. Je ne suis pas d'accord avec le député de
Rouyn-Noranda. C'est cela que je voulais dire.
M. SAMSON: M. le Président, je reconnais au député
de Saint-Jean le droit à la dissidence dans notre parti.
M. OSTIGUY: Les deux sans trois, c'est vrai?
M. VEILLEUX: Question de règlement, je tiens à dire au
député de Rouyn-Noranda qu'on n'est pas dans le même parti.
Au cas où il ne le saurait pas, dans le comté de Saint-Jean, on a
battu son chef à la dernière élection.
M. SAMSON: Au cas où il ne le saurait pas! Cela ne m'a pas
dérangé !
M. TRAHAN: Etes-vous encore au fond du puits?
M. SAMSON: Non, lui.
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. SAMSON: M. le Président, ce que je veux souligner et
peut-être que le député de Saint-Jean sera d'accord, si je
réussis à mieux me faire comprendre il est possible qu'il
y ait certaines festivités qui, quand même, exigent la vente des
boissons à des endroits qui ne sont pas à proximité d'un
hôtel et que cela dure plus des six jours qui sont prévus au
règlement que vous nous avez annoncé ce matin. Le juge Trahan
vient de nous faire part d'un cas particulier qui se pose avec le festival de
la jeunesse ou quelque chose comme cela et qui va durer douze jours.
M. TRAHAN: Oui, mais c'est un festival international qui va arriver une
fois, peut-être, dans 25 ans. C'est un cas spécial.
M. SAMSON: D'accord, mais c'est un cas spécial.
M. TRAHAN: Je ne pense pas que les autres cas soient comme
celui-là.
M. SAMSON: C'est un cas spécial qui vient de nous être
souligné. S'il n'y a aucune provision dans la loi pour faire face aux
cas spéciaux, la commission de contrôle va se retrouver avec un
mal de tête. Cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas de ces cas
semblables qui se produiront, qui ne seront peut-être pas des
événements internationaux, mais qui seront des
événements d'importance.
On peut prendre comme exemple le Carnaval de Québec, qui est un
événement d'importance. Si on fait une telle demande pour une
circonstance particulière, cela peut durer plus de six
jours, la commission de contrôle pourrait être
appelée à prendre une décision et je pense que ce serait
raisonnable qu'elle la prenne d'une façon positive dans un cas comme
cela. C'est pourquoi, quant à ce que vous avez prévu, dans le cas
des expositions, je pense que c'est très bien. Parce que dans le cas des
expositions, de plus en plus on retrouve des ventes de boissons sur la place
même de l'exposition et ce n'est pas dans un hôtel que cela se
tient, les hôtels ne sont pas encore assez grands pour cela au
Québec, généralement, sauf quelques exceptions
peut-être. Là, on a prévu cela. On a bien fait de le
prévoir. Je félicite le ministre de l'avoir prévu, ou ceux
qui l'ont prévu en tout cas. Mais il peut arriver que ce soit autre
chose qu'une exposition dans un endroit semblable à celui où sera
tenu l'exposition.
M. CHOQUETTE: On va y penser. On verra dans le règlement ce qu'il
y a lieu d'introduire pour élargir si nécessaire le cas des
expositions commerciales ou industrielles.
M. SAMSON: D'accord.
M. OSTIGUY: Je pense, M. le Président, que nous avons
adopté, cet après-midi la réglementation des douze permis
et qu'on devrait s'en tenir à cela.
M. SAMSON: Non, on l'a étudié.
LE PRESIDENT (M. Picard): Ils ne sont pas adoptés.
Je pense qu'on devrait revenir à l'article 13.
M. SAMSON: M. le Président, je m'excuse, on n'a pas
étudié la réglementation au sujet de ces permis cet
après-midi. On a étudié un projet de réglementation
concernant la publicité.
M. OSTIGUY: Non. Le ministre nous a soumis les douze...
M. SAMSON: Ce matin, le ministre nous a soumis certains
éléments du règlement et il reste quand même que ce
n'est pas nous qui allons le décider, mais c'est à nous de dire
ce qu'on aimerait voir dans ce règlement. Là, il vient de me dire
qu'il va le prendre en considération quant à la question des
sites d'exposition. Je pense que cela va nous donner satisfaction.
M. VEILLEUX: Je viens de comprendre. M. CHOQUETTE: D'accord.
M. SAMSON: Vous voyez, j'ai réussi à me faire comprendre
par le député de Saint-Jean.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 13, adopté. Article 14?
Adopté. Article 15?
M. SAMSON: Oui.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. Article 16?
M. SAMSON: Oui.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. Article 17?
M. SAMSON: Oui.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. Article 18?
M. SAMSON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. Article 19?
M. SAMSON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. Article 20?
M. SAMSON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. Article 21?
M. SAMSON: Adopté.
M. PAGE: Vous allez trop vite, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 21, adopté?
M. SAMSON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. Article 22?
M. VEILLEUX: Excusez, M. le Président, à titre
d'information, à l'article 21 est-ce que cela veut dire...
LE PRESIDENT (M. Heard): C'est votre collègue qui dit
adopté.
M. SAMSON: J'ai regardé tout le monde, M. le Président.
Personne ne semblait avoir d'objection.
LE PRESIDENT (M. Picard): ...du même côté de la
table, moi je...
M. SAMSON: C'est vrai que nous sommes en période d'adaptation
encore.
M. VEILLEUX: Est-ce que c'est moi qui ai la parole, M. le
Président?
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: A l'article 21 c), est-ce que cela veut dire que le
propriétaire d'un hôtel, si les majorettes de Saint-Jean, pour
employer cette expression, décidaient de faire cela dans un hôtel,
qu'à ce moment-là le propriétaire de l'hôtel
pourrait louer sa salle et dire : Allez vous chercher un permis et vous vendrez
la boisson?
M. CHOQUETTE: Non. Il pourrait dire cela remarquez, ou il pourrait dire:
J'ai un permis de réception annuel, je signe un contrat avec
l'Association des majorettes pour qu'elles tiennent une réception dans
mon hôtel à telle heure, telle date. Il n'a qu'à afficher
son contrat et cela n'oblige pas à obtenir un permis spécifique
pour tenir cette réception.
M. TRAHAN: La personne qui signe le contrat avec ce permissionnaire peut
aller acheter sa boisson, seulement il faudra que le contrat soit
affiché.
M. VEILLEUX: D'accord. Merci.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 21, adopté? Le
député de Portneuf.
M. PAGE: M. le Président, nous sommes dans la nomenclature des
permis, est-ce qu'on a passé l'article qui prévoit le permis de
clubs. C'est à quel article?
M. CHOQUETTE: II n'est pas modifié.
M. PAGE: A ce titre-là, M. le Président, on en a
parlé ce matin, est-ce qu'on pourrait avoir un engagement du ministre
à l'effet que dans la définition de membre il y ait une
restriction bien particulière pour les membres invités, comme je
le soulignais ce matin, à savoir qu'un membre invité ne soit pas
une personne qui l'ait appris par les journaux, par la publicité
à la radio ou autrement.
M. CHOQUETTE: Oui, par un règlement à venir.
M. PAGE: Oui, d'accord.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 21. Adopté. Article 22.
M. SAMSON: Adopté.
M. VEILLEUX: J'ai tout simplement une remarque à faire sur
l'article 22, j'ose espérer que, la mécanographie des signatures
ne retardera pas l'émission des permis comme c'est arrivé lorsque
je négociais avec des commissions scolaires, lorsqu'ont a
organisé la mécanographie des salaires, qu'on retardait d'un mois
ou deux mois la remise des chèques parce que la machine fonctionnait
mal.
M. TRAHAN: C'est une machine qui existe déjà.
M. VEILLEUX: Vous m'assurez que ce ne sera pas en retard...
M. TRAHAN: Et moi, je vais être bien heureux de ne pas signer tout
ça.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 22. Adopté. Article 23.
M. SAMSON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. Article 24.
M. CHOQUETTE: II y a un amendement ici à l'article 24, qui se
lirait comme suit:"L'article 24 du projet de loi est modifié en
ajoutant, à la fin de l'article 24, le paragraphe d) qui suit: "La
commission peut, nonobstant le paragraphe c) du présent article,
accorder un permis à un requérant qui est exempt d'une
condamnation pour un acte criminel, depuis cinq ans, à la date de cette
demande, pourvu qu'il offre toutes les garanties que la commission juge
suffisantes, qu'il observera la loi et les règlements".
Cet article a pour objet principal de ne pas faire porter sur une
personne qui a subi une condamnation un obstacle à ce qu'elle devienne
détenteur d'un permis si cette condamnation est antérieure
à cinq années. Ceci correspond, dans l'ensemble, à la
philosophie de l'abolition des casiers judiciaires, le bill omnibus.
Actuellement, on a des cas où des gens ont subi des condamnations il y a
bien des années. Même si ça c'est passé il y a 20 ou
25 ans, ils ne peuvent pas détenir de permis à moins d'obtenir un
pardon. Nous pensons que cet article serait suffisant si la commission juge que
la personne offre des garanties suffisantes qu'elle observera la loi et les
règlements.
M. VEILLEUX: Avant d'adopter cet article, est-ce que le ministre me
permettrait une réflexion? Ne serait-il pas mieux de marquer, la fin
d'une condamnation que de marquer le début. Le gars peut être
condamné le 21 mai à trois ans de prison, mais si on prend cet
article, c'est à partir du 21 mai 1970 et le gars, s'il est
condamné à quatre ans et onze mois, va sortir de prison
après ce temps et, après un mois, il va avoir le droit avec cela
de demander un permis.
M. TRAHAN: A l'expiration de la sentence.
M. VEILLEUX: A l'expiration de la sentence, il faudrait ajouter quelque
chose.
M. CHOQUETTE: Oui, je pense que l'observation du député
est pertinente. Je crois qu'il y aurait peut-être lieu de faire une
modification au texte que je vous ai lu tout à l'heure. "La commission
peut, nonobstant le paragraphe d) du présent article, accorder un permis
à un réquérant qui est...
M. VEILLEUX: On peut le suspendre momentanément...
M. CHOQUETTE: Non, mais ça pourrait être le paiement d'une
amende, et ça pourrait être une sentence de probation...
M. VEILLEUX: Est-ce qu'on ne pourrait pas, M. le ministre, suspendre
momentanément pendant que les légistes vont essayer de trouver la
formule? On pourrait passer aux autres et y revenir dans quelques instants.
M. OSTIGUY: Suspendre cet article?
M. VEILLEUX: Oui.
M. CHOQUETTE: Oui, très bien.
M. TRAHAN: J'aurais une autre demande, si vous n'avez pas d'objection,
la demande de la personne qui a été mandatée pour nous
préparer un système d'informatique.
Cette personne nous demande d'ajouter à l'article 39: la
nécessité pour le requérant de fournir son numéro
d'assurance sociale, quand il fait sa demande. Comme cela, on pourra
déceler bien des gens qui ne seront pas peut-être "up-to-date"...
Excusez.
M. PAGE: Pardon?
M. TRAHAN: Je viens de Montréal, alors, c'est bilingue.
M. PAGE: Oui, c'est bilingue à Montréal.
M. SAMSON: En français, les gens disent cela aussi.
M. VEILLEUX: II faudrait donner cela au ministre.
M. TRAHAN: Un autre alinéa.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alinéa e).
M. TRAHAN: Ajouter: Le requérant devra fournir son numéro
d'assurance sociale.
M. CHOQUETTE: Non, M. le juge, sincèrement je ne crois pas qu'on
soit obligé de le mentionner, car ce sera par règlement. Vous
direz ce que vous exigez dans ce temps-là.
M. TRAHAN: C'est parce que quand le type vient pour obtenir un permis,
il doit me fournir telle affaire. A ce moment-là, il doit nous fournir
son numéro d'assurance sociale et il sait à quoi s'en tenir,
alors, on ne retardera pas pour rien. Cela ne retardera pas les
procédures. Parce que si c'est par règlement, il va
peut-être l'oublier et cela va peut-être retarder d'une semaine ou
deux. On sera obligé de lui demander encore son numéro
d'assurance sociale.
M. CHOQUETTE: Cest à quel article?
M. TRAHAN: C'est à 39.
M. CHOQUETTE: A l'article 39.
M. VEILLEUX: Mais là on vient suspendre...
M. CHOQUETTE: Tout le 24...
M. VEILLEUX: A la demande du ministre...
M. TRAHAN: On dit que, pour obtenir un permis le requérant doit
être citoyen, etc., et doit fournir son numéro d'assurance
sociale; ce n'est pas plus long que cela. Tout le monde en a un.
M. CHOQUETTE: M. le Juge, je crois que l'amendement
précédent était un article...
LE PRESIDENT (M. Picard): IL faudrait régler la question de
l'amendement a l'alinéa d).
M. TRAHAN: Tenez, M. Bossé...
M. CHOQUETTE: Nous pouvons suspendre entièrement l'article 24 et
nous y reviendrons plus tard, aussitôt que le légiste aura fait
son travail.
M. VEILLEUX: Article 25, adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Un instant s'il vous plaît.
L'étude de l'article 24 est suspendue. Article 25?
M. CHOQUETTE: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. Article 26?
M. CHOQUETTE: Adopté.
M. SAMSON: Non, on a quelque chose. Un instant.
M. OSTIGUY: Un amendement. LE PRESIDENT (M. Picard): 26?
M. SPRINGATE: M. le Président, de la manière que je lis
l'article 26, le secrétaire général devient
l'administrateur de la commission. Et je me demande pourquoi on ne laisse pas
ces pouvoirs, ou l'habilité d'administrer, au président de la
commission? Si on prend la Loi des transports, l'article 22 du bill 27 se lit
comme suit: Le président est responsable de l'administration de la
commission dans le cadre des règlements, pour la distribution des
causes, la tenue des séances et généralement toute
manière d'administration de la commission, les membres de la commission
sont soumis à la
surveillance, aux ordres et au contrôle du président de la
commission qui a, à leur égard, les mêmes pouvoirs et
attributions que ceux du juge en chef de la Cour provinciale en ces semblables
matières.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire pourquoi on ne songerait pas
à amender ou faire des modifications à l'article 26 et penser
plutôt à l'article que l'on retrouve dans la loi sur les
transports?
M. CHOQUETTE: La Loi de la Commission de contrôle des permis
d'alcool s'inspire du rapport Thinel en large partie. Evidemment, nous
comprenons très bien que les responsabilités du président
de la commission sont importantes mais ces responsabilités ont un
caractère essentiellement judiciaire. En fait, il y a dans la loi un
officier qui est prévu, soit le secrétaire général,
qui doit fonctionner en bonne intelligence et en bonne compréhension
avec le président. De façon à établir, en somme,
les rapports qui doivent exister entre le président et le
secrétaire général de la commission, nous avons
suggéré deux amendements à l'article qui concerne le
secrétaire-général, tout d'abord l'obligation du
secrétaire général d'établir des rôles
suivant les instructions qui lui sont données par la commission.
Deuxièmement, un secrétaire général, dans
l'exercice de ses pouvoirs quasi judiciaires, les exerce sous l'autorité
du président. Cela nous semble un équilibre qui est
approprié. D'ailleurs, j'ai discuté de ces questions avec le juge
Trahan. Il était d'accord sur la formule qui a été
adoptée.
M. PAGE: M. le Président, je considère, à ce
moment-ci, par l'article 41, que le secrétaire général va
exercer des fonctions presque judiciaires.
M. CHOQUETTE: II en existe des pouvoirs quasi judiciaires.
M. PAGE: Oui, mais c'est lui qui aura à déterminer la
priorité de telle ou telle...
M. CHOQUETTE: Souvent, sous l'autorité du président de la
commission.
M. PAGE: A ce moment, s'il est sous l'autorité du
président, pourquoi ne pas conférer les pouvoirs au
président?
M. CHOQUETTE: C'est parce que la loi est ainsi faite. Je ne suis pas
pour commencer à tout rechanger la loi dans son fondement. Il y a un
officier qui s'appelle le secrétaire général. Je n'ai pas
l'intention de l'abroger ou de l'abolir. C'est pour assurer une bonne
administration. On a eu quelques problèmes administratifs qui ont
résulté de certaines circonstances qui se sont produites à
la commission de contrôle, mais cela ne veut pas dire que la formule
qu'on n'a pas adoptée n'était pas la bonne.
Je trouve qu'avec cela on a donné assez de pouvoirs au
président de la commission pour affirmer son autorité à
l'intérieur de la commission. Ne me demandez pas d'abolir le
secrétaire général.
M. PAGE: Ce n'est pas ce qu'on demande, M. le Président. Ce n'est
pas ce qu'on demande du tout. Au contraire, on demande que le
législateur ait de la suite logique dans sa législation. Etant
donné qu'on a déjà conféré de tels pouvoirs
de déterminer les causes qui doivent passer en priorité dans
d'autres commissions, on a conféré ces pouvoirs au
président, pourquoi...
M. CHOQUETTE: Parce que, vous savez, il y a eu des cas... Quand, par
exemple, on regarde dans le système judiciaire ordinaire, le greffier de
la cour ou le protonotaire, ses pouvoirs administratifs sont distincts des
pouvoirs du juge en chef de la cour. Il n'y a rien, dans le cas de la
procédure civile ou dans la Loi des tribunaux judiciaires qui dit que le
greffier ou le protonotaire exerce ses pouvoirs administratifs sous le
président. Il exerce ses pouvoirs judiciaires ou quasi judiciaires sous
l'autorité du président. Il est sous l'autorité du juge en
chef au point de vue de la confection des rôles et de la
préparation des rôles. Cela est normal et c'est exactement le
système judiciaire que, en fait, nous reproduisions ici et d'aucune
façon, refléter sur le président actuel de la commission,
pour lequel j'ai la plus haute estime, et dont on élargit les pouvoirs
par ces articles.
M. PAGE: Est-ce que cela voudrait...
M. CHOQUETTE: Je tiens aussi à dire ceci. Quand on a
suggéré cette modification de la structure de la commission, cela
a été fait comment pourrais-je dire à la
suite de certaines expériences qui avaient eu lieu dans d'autres
commissions.
M. PAGE: Oui, mais est-ce que cela voudrait dire que dans le cas de la
Loi des transports on s'est trompé ou on n'a pas bien fait?
M. CHOQUETTE: Cela voudrait dire peut-être qu'on a... C'est la Loi
du tribunal des transports.
M. PAGE: La Loi des transports.
M. CHOQUETTE: Moi, j'ai moins surveillé cette loi-là, dans
ce temps-là, mais si les intéressés avaient suivi le
modèle, que je pense bon, ils auraient fait un peu la même
chose.
M. OSTIGUY: M. le Président, à l'article 37 a) on dit que
"les permis doivent être signés par le président de la
commission ou un autre commissaire", alors qu'au dernier alinéa de
l'article 26, on dit "Le secrétaire général exerce ses
fonctions quasi judiciaires sous l'autorité du
président". Est-ce qu'il n'y aurait pas eu lieu d'ajouter: Le
secrétaire général exerce ses fonctions administratives et
quasi judiciaires sous l'autorité du président?
M. CHOQUETTE: Non, parce que c'est justement contraire à la
philosophie de base de la Loi de la commission de contrôle adoptée
il y a trois ans. Non seulement c'est cela, mais c'est parce que le
secrétaire général a une fonction particulière au
sein de la commission de contrôle. Je ne pense pas que ce soit un sujet
qui doive soulever tellement de controverses. Le président est
extrêmement occupé par des fonctions judiciaires. Il est
obligé de trancher énormément de litiges de dossiers. Il
ne faut quand même pas le surcharger au point de vue administratif. Il a
le droit d'avoir un officier administratif C'est pour cela qu'on a nommé
un secrétaire général.
M. VEILLEUX: Adopté.
M. SAMSON: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: ... je ne sais pas si c'est parce que je ne comprends pas
bien l'article 41 tel qu'il nous apparaît, mais je vous avoue que
j'abonde dans le même sens que le député de Sainte-Anne et
le député de Portneuf. Je dois dire, à l'attention du
ministre, que nous avons discuté particulièrement de cet article,
et d'autres articles aussi avec le député de Maisonneuve,
ce dernier n'est pas là ce soir c'est justement l'une des raisons
pour lesquelles il a demandé le consentement de la commission, pour
revenir au cas où il y aurait...
M. CHOQUETTE: On verra.
M. SAMSON: Ecoutez, il me semble que le ministre ne nous laisse pas de
chance de nous expliquer à ce moment. Je tente d'expliquer au ministre
que c'est peut-être l'un des points où le député de
Maisonneuve aimerait revenir si on le passe tel qu'il est là, parce
qu'il m'a semblé vouloir intervenir sur cet article.
M. CHOQUETTE: II interviendra.
M. SAMSON: Oui, d'accord, il interviendra. C'est son droit, c'est le
droit du ministre aussi de laisser l'article tel qu'il est là. En tout
cas, pour autant que je suis concerné, je ne parlerai pas pour l'autre,
mais je sais que cela l'intéresse aussi. Mais si cela n'intéresse
pas le ministre de savoir que cela intéresse le député de
Maisonneuve, il en parlera directement avec lui. Moi, cela m'intéresse,
et à moins que je le comprenne mal, je voudrais qu'on me donne des
explications à ce moment.
Je pense que le président de la Commission de contrôle
à moins que je ne me trompe est le grand responsable,
celui qui reçoit toutes les plaintes, mais il me semble qu'on ne lui
donne pas tous les pouvoirs. Cela ne veut peut-être pas dire qu'on lui en
enlève de façon à vouloir le restreindre dans ses
fonctions. Cela ne veut peut-être pas dire cela. Mais mon
interprétation n'est peut-être pas une interprétation
juridique, je l'avoue, et si le ministre me dit que ce n'est pas une
interprétation juridique, je lui dirai: Oui, je ne suis pas juriste, je
ne suis pas un avocat, mais le ministre m'a déjà dit que
même si je n'étais pas un avocat, j'avais un bon jugement.
M. CHOQUETTE: C'est vrai.
M. SAMSON: II dit que c'est vrai. Je pense qu'il y aurait lieu de
laisser cela au président, qui a sous son autorité un
secrétaire général qui pourra agir, selon les besoins et
les demandes du président.
Mais on a un précédent d'ailleurs c'est ce qui a
été cité tantôt dans le cas de la Loi des transports
un précédent qui est valable, parce qu'il a
été appliqué. Je ne sache pas, du moins, il n'est pas venu
à mes oreilles que des plaintes soient venues à l'encontre de cet
article de la Loi des transports. C'est pourquoi je demande au ministre de
reconsidérer l'article.
M. CHOQUETTE: Je suis toujours prêt à le
reconsidérer. Je ne suis pas bouché.
M. SAMSON: On le sait.
M. CHOQUETTE: Mais, pour le moment, cela va rester tel quel.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 26, adopté sur division.
M. SAMSON: M. le Président, cela va être sur division, oui,
sûrement.
M. CHOQUETTE: Divisez tant que vous voulez.
M. SAMSON: Le ministre nous dit qu'il n'est pas bouché, mais il
dit que cela va rester tel que c'est là.
LE PRESIDENT (M. Picard): Pour le moment.
M. CHOQUETTE: Oui, cela veut dire tant que cette loi ne sera pas
adoptée.
LE PRESIDENT (M. Heard): Article 26, adopté sur division.
M. CHOQUETTE: C'est pour ne pas vous donner de faux espoirs.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 27.
M. VEILLEUX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Heard): Article 27, adopté. Article 28,
adopté.
M. VEILLEUX: Est-ce que c'est, M. le Président, l'article 28 qui
modifie l'article 43 de la loi? Est-ce que c'est pour une nouvelle demande ou
si c'est pour un transfert, dans les deux cas? Le transfert de permis
d'épicerie me hante jour et nuit, parce que ce sont des problèmes
que j'ai dans ma région. C'est cela que je voudrais régler. J'ai
peur qu'avec cet article, malgré toute la célérité
que pourra apporter le président ou le secrétaire
général ou qui que ce soit à la Commission de
contrôle, nous ne puissions pas, à cause de l'article 43...
S'il faut absolument que cela paraisse dans un journal, c'est bien
regrettable, cela va prendre au minimum un mois.
M. CHOQUETTE: Oui, mais la publication de tous les nouveaux permis se
fait dans les journaux. Qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse? On ne peut pas
commencer à en exempter de la publication. Il y a des articles,
d'ailleurs, qui exemptent de la publication dans les journaux lorsqu'il y a un
changement de détenteur qui détient un permis pour une
corporation. On a justement cherché à améliorer les choses
sur ce rapport. Lorsqu'il y a un simple remplacement de détenteur de
permis, pour le bénéfice d'une corporation, on n'a pas pu trouver
l'occasion d'éviter une publication.
Mais quand il s'agit d'un nouveau permis, qu'est-ce que vous voulez
qu'on fasse? Il faut bien le publier. Les gens ont le droit de s'y opposer. Les
gens ont le droit de formuler des objections.
M. VEILLEUX: Je suis d'accord avec le ministre lorsqu'un hôtel se
vend ou quelque chose comme cela, mais lorsque vous arrivez avec un
épicier du coin, tout le monde le connaît. Assez souvent, c'est
son voisin qui va acheter l'épicerie et celui-ci va être
obligé de vendre de l'épicerie sans pouvoir vendre de
bière tant et aussi longtemps...
M. CHOQUETTE: Ecoutez, arrêtez. Il faut bien qu'il y ait une
publication. Il faut bien aviser le public. Il a le droit de formuler des
objections. Je comprends que, pour le permis d'épicerie, on a
éliminé l'intérêt public. Il peut y avoir d'autres
objections faites à l'émission d'un permis d'épicerie,
à part l'intérêt public. Il peut y avoir un doute
relativement au détenteur lui-même, qui aurait commis un acte
criminel dans les cinq années.
M. TRAHAN: S'il a commis un acte criminel, dès que sa demande est
entrée, la première chose qu'on fait, on demande la fiche
signaliti-que. On la reçoit dans un jour ou deux. On pourrait
peut-être dire: Dans un cas d'épicerie, on pourrait étudier
la demande, sous réserve d'auditions publiques, s'il y a lieu, advenant
le cas où il y aurait opposition. Depuis que je suis là, je n'en
ai jamais eu encore et je demande à M. Vézina s'il en a eu. Dans
un cas d'épicerie, pour un permis déjà existant, avez-vous
déjà eu de l'opposition? Moi, je n'en ai pas eu. On pourrait
toujours ajouter dans ce cas: Sous réserve d'audiences publiques, s'il y
a lieu. A ce moment...
M. CHOQUETTE: Je pense que vous n'êtes pas obligé de mettre
dans la loi: Sous réserve d'audiences publiques, parce que si vous ne
recevez aucune objection...
M. TRAHAN: C'est parce que c'est dans les quinze jours. Il faut attendre
les quinze jours. Tandis que là, on pourrait étudier cette
demande dans le plus bref délai possible en mettant: Sous réserve
d'auditions publiques, s'il y a lieu. S'il arrive une opposition dans les
quinze jours, on pourra...
M. CHOQUETTE: Cette question me parait tout à fait normale, mais
cela prend...
M. TRAHAN: II n'y a qu'à faire une demande
d'accélération.
M. CHOQUETTE: Cela finit là.
M. TRAHAN: Vous faites une demande d'accélération en
même temps que la demande de permis. A ce moment, on étudiera la
demande en priorité et on mettra dedans: Sous réserve d'auditions
publiques, s'il y a lieu.
M. VEILLEUX: Cela répond à ma question. M. TRAHAN:
Très bien.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 28. Adopté?
M. CHOQUETTE: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. Messieurs, est-ce que nous
pourrions revenir à l'article 24 dont l'étude a été
suspendue tantôt, étant donné que nous avons tous cela
frais à la mémoire? Est-ce que le ministre a un amendement
à proposer?
M. CHOQUETTE: Oui. Voici comment se lirait le texte qui m'est
proposé: "La commission peut nonobstant le paragraphe c) du
présent article accorder un permis à un requérant qui,
à la suite d'une condamnation visée audit paragraphe, a, depuis
cinq ans à la date de cette demande, complété sa sentence
ou, le cas échéant, sa probation ou payé son amende".
Donc, c'est à l'expiration de l'exécution de sa peine, cinq ans
après, qu'il devient admissible pour un permis nonobstant sa
condamnation.
Excusez-moi et cela continue: "... pourvu qu'il offre toutes les
garanties que la commission juge suffisantes, qu'il observera la loi et les
règlements". Cela demeure toujours au jugement de la commission si elle
trouve que, vraiment, dans le cas de l'individu en particulier, il y aurait
quelque chose de suspect ou qui ne la rassurerait pas complètement sur
l'honorabilité du requérant.
M. VEILLEUX: D'accord.
M. SAMSON: Est-ce que je peux demander quel genre de garantie vous
demandez au requérant dans de tels cas, actuellement?
M. TRAHAN: C'est par l'analyse qu'on fait faire par l'inspecteur, pour
savoir dans quel milieu il vit, quel est son entourage, toutes ces choses.
Après avoir su cela, on examine le cas, les commissaires discutent
ensemble et prennent une décision.
M. CHOQUETTE: Supposons qu'il fraie constamment avec des criminels,
à ce moment, il est évident qu'il n'offre pas les garanties
voulues.
M. TRAHAN: A ce moment, on a toujours l'article 48. On peut en revenir
à une audience publique pour vérifier si nos scrupules sont
réellement de bon aloi. Là, il y aurait l'autre partie,
l'assurance sociale. Y avez-vous pensé, M. Bossé?
Quant à lire cet article, on va vider cela.
M. CHOQUETTE: Oui, l'assurance sociale. C'est parce qu'il y a toute une
énumération et il...
M. TRAHAN: Son numéro d'assurance sociale...
M. CHOQUETTE: Donner la preuve de son...
M. TRAHAN: Et fournir son numéro d'assurance sociale.
M. OSTIGUY: A e), c'est indiqué: être solvable. Cela
pourrait être "être solvable et fournir son...
M. TRAHAN: Non, tout de suite après un autre. Un autre, c'est
pour vérifier, parce qu'il y a bien des gens qui n'ont pas de
numéro d'assurance sociale, parce qu'ils ne veulent pas le prendre et ce
sont ceux-là qui sont les plus dangereux. Alors, en ayant le
numéro d'assurance sociale, on aura une ...
LE PRESIDENT (M. Picard): Si on me permet, on va les identifier
après. Est-ce que cet amendement proposé par le ministre est
adopté?
M. VEILLEUX: Adopté.
LE PRESIDENT: (M. Picard): II va falloir aller un peu de l'avant,
c'est-à-dire que le juge Trahan propose d'ajouter les mots "fournir son
numéro d'assurance sociale". A ce moment, il va falloir l'identifier
comme étant le paragraphe n) au paragraphe c) de l'article 24. Alors, si
vous prenez l'article 24, vous descendez au paragraphe c), il y fait mention
des alinéas 1) et m). Cest là qu'il faudrait ajouter n) comme
Napoléon et qui se lirait comme suit: "Fournir son numéro
d'assurance sociale". On est d'accord?
M. VEILLEUX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'article 24 tel qu'amendé est
adopté?
M. PAGE: M. le Président, je pense qu'il y aurait eu un oubli
dans le cas des syndicats coopératifs, ceux-ci ne sont pas prévus
dans l'article 24 et qu'ils ne seraient pas obligés de déposer
leur charte. L'article a été soulevé par Me Vallée,
à moins qu'on accepte de l'entendre.
LE PRESIDENT (M. Picard): Où est-ce que cela paraît?
M. PAGE: Question des syndicats coopératifs.
M. VEILLEUX: A l'article 28, M. le Président, on parle de
coopératives, syndicats coopératifs, etc. Je pense que ce que le
député de Portneuf veut dire, c'est qu'on devrait inscrire
peut-être au paragraphe o): Le dépôt de la charte. C'est
cela?
M. PAGE: C'est cela.
M. TRAHAN: ... plusieurs personnes peuvent s'entendre pour exploiter une
épicerie, par exemple, elles ne seraient pas obligées de fournir
de charte. Il y aura juste leur preuve selon laquelle elles sont
groupées en syndicat coopératif, parce qu'on n'accordait pas de
permis d'épicerie à une coopérative ou à un
syndicat coopératif. Là, on pourra en accorder. Si dix ou douze
personnes se mettent ensemble pour exploiter une épicerie, auparavant on
ne pouvait pas en accorder, là on va pouvoir en accorder. C'est cela
qu'on avait à décider, n'est-ce pas?
M. CHOQUETTE: Oui, mais c'est dans la demande... Il n'y a pas
d'obligation pour le réquérant de fournir la charte...
M. TRAHAN: ... le syndicat coopératif...
M. PAGE: C'est qu'à l'article 39 de la loi initiale, il est dit:
Dans le cas d'un requérant agissant pour une corporation c'est
à l'alinéa
M. CHOQUETTE: Oui.
M. PAGE: ... une association de pomicul-teurs, une société
ou un club, être autorisé par écrit et faire la preuve de
son mandat. Il n'est pas prévu dans cela le cas des syndicats
coopératifs.
M. CHOQUETTE: Un syndicat coopératif, c'est une corporation. Non?
ce n'est pas cela?
M. PAGE: Pourquoi met-on cela dans un article
précédent?
M. CHOQUETTE: Cela a une personnalité juridique distincte de
celle... Si vous voulez, oui. Il faudrait faire la même chose à k)
aussi. C'est-à-dire qu'à j) et k) de 39 il faudrait ajouter:
syndicats coopératifs et associations coopératives.
M. PAGE: C'est ça.
M. CHOQUETTE: Cela vous fait un autre amendement, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): II pourrait être ajouté au
paragraphe c). A c), en remplaçant... Non, un instant, j), il faudrait
qu'il passe avant cela. Il faudrait que ce soit à b) où on ferait
mention de g) et de j).
M. VEILLEUX: j) et k).
LE PRESIDENT (M. Picard): L'amendement se lirait comme suit: à
b), en remplaçant les paragraphes g) et j) par les suivants: g) tel que
vous l'avez actuellement dans le texte et j) se lirait: qui, dans le cas d'un
requérant agissant pour une corporation, un syndicat coopératif
ou une association coopérative, une association de pomiculteurs, etc.
Est-ce que cet amendement est adopté?
M. PAGE: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. Alors, l'article 24 est de
nouveau adopté tel qu'amendé.
M. CHOQUETTE: Le nom et le service des administrateurs. Je ne comprends
pas le sort que vous avez fait à g).
M. VEILLEUX: g), c'est tel que c'est écrit dans...
M. CHOQUETTE: Syndicats coopératifs...
M. TRAHAN: ... et associations coopératives.
M. VEILLEUX: g) n'est pas touché. M. CHOQUETTE: j).
LE PRESIDENT (M. Picard): C'est cela. Les paragraphes g) et j) de
façon que cela se suive. Après cela, on saute à 1).
M. CHOQUETTE: Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'article 28 est adopté?
UNE VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 29?
M. VEILLEUX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. Article 30?
UNE VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. Article 31?
M. VEILLEUX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. Article 32?
M. TRAHAN: M. le Président, à l'article 28, quand vous
dites: "Un journal diffusé à l'endroit où est situé
l'établissement visé", ça veut dire un journal
français ou anglais? N'importe lequel, ou si on doit mettre les deux? La
publication dans les deux?
M. CHOQUETTE: Un journal. M. VEILLEUX: Un journal. M. CHOQUETTE: Un
journal.
M. SAMSON: Cela pourrait poser certains problèmes, M. le
Président, peut-être. Si, dans une région...
M. TRAHAN: A l'article 28, on avait demandé que ce soit
publié dans le journal français dans les deux langues. C'est
ça qu'on avait demandé, nous autres. Parce que, pour un type qui
est dans Champlain, qui demande un permis, si on publie sa demande en anglais
dans le journal The Gazette à Montréal, il n'y a pas un
chrétien d'homme à Champlain qui lit The Gazette. Je ne pense pas
que ce soit nécessaire de publier dans The Gazette de
Montréal.
M. VEILLEUX: Je crois qu'en écrivant "un journal", ça vous
donne cette permission. Je prends, dans ma région, il n'y a pas de
journaux de langue anglaise.
M. TRAHAN: C'est justement.
M. CHOQUETTE: C'est le secrétaire général.
M. TRAHAN: Je comprends, M. le ministre, mais, seulement, le
secrétaire général est obligé de suivre la loi.
Nous autres, on est obligé de publier en anglais et en français
ailleurs, et là, on dit: "dans un journal". Quand il y a un journal
français dans la municipalité, très bien. Mais l'autre
journal, quand il est en anglais, on va à Montréal. Ce n'est pas
bon. C'est pour ça que je voudrais qu'on publie dans le journal
français de la municipalité dans les deux langues, en
français et en anglais, comme ça se fait à bien des
endroits. Pour les avis juridiques ça se fait.
M. CHOQUETTE: On a les avis du bill 22, ils sont un peu
différents.
M. TRAHAN: Oui, mais tant qu'il n'est pas adopté.
M. CHOQUETTE: Oui, je comprends, mais on a une connaissance judiciaire
de ce qui se passe dans une autre commission.
M. SAMSON: M. le Président, nonobstant le bill 22,
peut-être une question d'ordre pratique. Dans une région
éloignée comme celle que je représente, lorsqu'on y
mentionne: "Faire publier un avis écrit de la demande qu'il a
reçue dans un journal diffusé à l'endroit où est
situé l'établissement visé", cela peut vouloir dire, dans
ce cas-là, un journal qui est imprimé à Montréal,
qui est diffusé dans cette localité, mais avec un tirage...
UNE VOIX: Restreint.
M. SAMSON: ... très restreint dans cette localité. Est-ce
qu'il ne vaudrait pas mieux spécifier un journal local?
M. CHOQUETTE: Oui, mais moi je calcule que le secrétaire
général va se servir de sa tête.
M. SAMSON: Je le calcule aussi, mais on nous dit souvent: Ce n'est pas
dans la loi...
M. TRAHAN: M. le ministre, on a eu des cas. Tout spécialement, je
me rappelle un cas des Iles-de-la-Madeleine où on a été
obligé de tout recommencer une cause de cette histoire, parce qu'on
l'avait publiée dans un journal français, qui était
à peu près à 100 milles des Iles-de-la-Madeleine. Personne
n'avait reçu ce journal, il n'y avait pas eu d'opposition et il y avait
des gens qui voulaient faire opposition et qui n'en avaient pas eu
connaissance. Alors, moi, je pense bien que c'est nécessaire qu'on soit
assez clair dans notre loi pour satisfaire à ces exigences.
M. VEILLEUX: Dans un journal de l'endroit.
M. SAMSON: II y a aussi le cas de langue française ou de langue
anglaise dans les localités. Chez nous, il y a les journaux de langue
française et les journaux de langue anglaise qui sont des journaux
locaux. Evidemment, tout le monde va comprendre que le journal de langue
anglaise est beaucoup moins lu que le journal de langue française. Si le
sens et le but de la loi, en faisant les publications, est de permettre aux
citoyens de porter objection, il est important que l'on porte la cause à
leur attention.
M. CHOQUETTE: Je ne dis pas le contraire. Si la commission allait dire
admettons qu'il s'agit d'une demande de permis pour Montréal
: Publiez donc dans la Voix de l'Est, un journal de quartier
publié à Saint-Henri, pour la population de Saint-Henri, je
dirais que les gens de la commission ne se servent pas beaucoup de leur
tête. Parce que, après tout, ça n'a pas grande diffusion,
la Voix de l'Est, même si c'est diffusé à
Montréal.
Cela répondrait aux dispositions de l'article 43. Je dirais qu'il
faut publier dans un journal, mais vous n'êtes pas obligé de le
mettre, M. le juge.
M. TRAHAN: Mais, d'un autre côté, M. le ministre, c'est
nous qui vivons cela et, à un moment donné, disons qu'on publie
à Montréal uniquement dans le Devoir, comme cela se publie et je
ne sais pas pourquoi, mais depuis que je suis arrivé là et bien
avant, cela se publiait dans le Devoir où il y a seulement 45,000 de
diffusion dans toute la province, je ne sais pas combien cela veut dire
à Montréal. Mais on publie aussi dans la Gazette pour les gens
qui lisent l'anglais. Tant et aussi longtemps qu'on va voir cela, je pense bien
qu'on ne peut pas enlever cela.
C'est pour cela qu'on demande que ce soit publié, dans un endroit
où il y a seulement un journal français, dans les deux langues,
dans le même journal, comme cela se fait pour les avis judiciaires.
M. VEILLEUX: Cette semaine, M. le ministre...
M. CHOQUETTE: II n'y a rien qui vous empêche de faire cela, c'est
marqué: Un journal diffusé en anglais.
M. VEILLEUX: Cette semaine, à une autre commission parlementaire,
pour répondre aux interrogations de tout le monde, notamment lorsqu'on
discutait des avis à Laprairie, on a marqué un journal local.
Cela oblige au moins que ce soit dans la municipalité ou dans
l'agglomération locale.
M. CHOQUETTE: Oui, mais un journal local, cela peut vouloir dire un
journal publié à La Prairie. Alors que, normalement, il y aurait
peut-être beaucoup plus de citoyens qui liraient la Presse à La
Prairie que le journal local. Je
trouve qu'il y a une question de jugement là-dedans. Il est
impossible de donner du jugement aux gens quand ils n'en ont pas avec des lois.
Alors il faut le dire suffisamment pour qu'ils comprennent...
M. TRAHAN: Est-ce que vous visez le président?
M. CHOQUETTE: Je ne vise personne, M. le juge, mais je dis que, pour
moi, c'est une question de régie interne, c'est une question de
jugement. J'espère que la commission va prendre des journaux qui
paraissent suffisamment, pour ne pas publier dans quelques petites feuilles de
chou que personne ne lit. C'est la commission qui décide,
M. TRAHAN: II y a une nomenclature de journaux qui existait quand je
suis arrivé là et qui n'a pas changé d'un iota depuis que
je suis arrivé. Ce n'est pas moi qui m'occupais de cela et je ne m'en
occuperai pas non plus. Si vous voulez laisser l'article là, très
bien, mais s'il y a des gens qui viennent se plaindre après qu'on aura
décidé d'émettre un permis, parce qu'ils n'ont pas
été avisés dans le milieu, alors, on en subira les
conséquences, on recommencera à neuf et on fera de nouvelles
demandes. A ce moment-là, le député de Saint-Jean pourra
se plaindre que l'émission des permis d'épicerie prendra du
temps, parce qu'on sera obligé de recommencer à neuf. C'est pour
cela que je demande que ça soit clair.
Je me suis fait dire déjà, M. le ministre, quand je suis
arrivé à la commission alors que j'avais réuni tous
les membres des ministères qui avaient des implications dans notre loi
par un sous-ministre qu'une loi c'était fait flou pour que ce
soient les tribunaux qui l'appliquent. Je me suis permis de dire, à ce
moment-là, que si c'était cela faire des lois, cela prenait des
imbéciles pour les faire. J'ai répondu cela au sous-ministre.
Je maintiens encore ce que j'ai dit à ce moment-là, parce
que je prétends qu'une loi doit être claire pour que les gens qui
la lisent la comprennent. C'est comme cela que je comprends une loi. Quand
j'étais juge, sur le banc, je prenais une loi quand elle était
claire. Quand elle ne l'était pas, je disais: Messieurs, c'est bien de
valeur, votre loi ne s'interprète pas. Vu qu'elle ne s'interprète
pas, je renvoie la plainte. Je pense bien que c'est ce qu'il est
nécessaire de faire.
M. CHOQUETTE: Mettons qu'on dirait un journal local, tel que
suggéré, il n'y en a peut-être pas de journal local. Il y a
des places où il n'y a pas de journal local. Il y a des journaux qui ont
une diffusion dans cet endroit, mais il n'y a pas de journal local. C'est pour
cela que là, vous avez tout ce qu'il faut, un journal
diffusé...
M. SAMSON: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Picard): Diffusé ou distribué
localement.
M. CHOQUETTE: C'est évident que. c'est localement, c'est
diffusé à l'endroit où...
M. TRAHAN: Je me place dans la position de la commission, je suis dans
le bain de la commission, je fais couler les robinets d'eau chaude et d'eau
froide et j'essaie de tempérer l'eau pour pouvoir prendre un bon
bain.
Nous autres, à l'heure actuelle, on publie dans la Gazette, pour
une demande à Montréal, et on publie dans le Devoir. Je ne sais
pas pourquoi, en tout cas, c'est comme cela qu'on publie. A Québec,
c'est dans le Chronicle Telegraph et dans l'Action. Pour une demande qui est
faite à Champlain, on publie dans un journal anglais, à
Montréal, dans la Gazette, moi, je trouve cela aberrant. Je pense qu'on
doit publier dans un journal du milieu. A Champlain, le journal le plus proche,
à mon point de vue, c'est le Nouvelliste. On doit publier en
français et en anglais dans le Nouvelliste.
M. CHOQUETTE: II n'y a rien qui vous empêche de faire cela.
Qu'est-ce qui empêche de faire cela? Il n'y a rien qui empêche de
faire cela.
M. TRAHAN: S'il y en a qui l'oublient, M. le ministre, on aura de la
difficulté.
M. SAMSON: M. le Président, je suis un peu d'accord avec le
ministre. Il n'y a rien qui l'empêche; mais, par contre, il n'y a rien
qui empêche de faire le contraire non plus. On retrouve dans notre
région, à un moment donné, une parution dans un journal de
Montréal qui n'est pas lu dans la région. Si cela arrive, les
citoyens ont raison de chialer à ce moment. Je pense que c'est
absolument normal de défendre leur point de vue. On pourrait
peut-être trouver un moyen terme : un avis écrit dans un journal
local ou un journal diffusé à cet endroit. A ce moment, cela
impliquerait le journal local et, quand il n'y en aurait pas, cela permettrait
l'autre moyen. Cela nous donnerait satisfaction.
M. TRAHAN: On a eu le cas de Sept-Iles, à un moment donné,
où on avait publié à un autre endroit que Sept-Iles et
personne n'a eu connaissance de la publication. Là, on s'est fait tomber
dessus et on a été obligé de tout recommencer.
Le pauvre diable, qui avait des dépenses sur les épaules,
qui payait un loyer, a subi les conséquences de cela. Je pense qu'il
faut essayer de donner la justice le plus vite possible et le plus largement
possible.
M. CHOQUETTE: Des leçons sur la justice, M. le juge, je suis
capable d'en prendre et je suis capable d'en donner aussi.
M. TRAHAN: Je ne donne pas cela pour vous, mais seulement je pense que,
pour nous autres, qui avons à appliquer la loi, il faut toujours bien
pouvoir savoir où nous irons.
M. CHOQUETTE: Mais oui, c'est la commission qui administre cette
affaire. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Faites la liste de vos
journaux. Dites: On va reconnaître tant de journaux et on va
considérer que les publications sont bonnes dans tel journal. On n'a pas
besoin d'aller spécifier cela.
M. TRAHAN: Moi, je me fie à votre...
M. SAMSON: Est-ce que le ministre n'accepterait pas quand même de
considérer ma suggestion...
M. CHOQUETTE: Un journal local.
M. SAMSON: ... qu'on dise journal local ou dans un journal
diffusé dans l'endroit.
M. CHOQUETTE: Je n'y aurais pas objection si c'est un journal local,
mais si c'est une feuille de chou, pourquoi dire un journal, c'est un
journal...
M. SAMSON: M. le Président, il n'y a pas de feuille de chou dans
ma région.
M. CHOQUETTE: Je n'ai pas parlé de la région
spécifique du député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: Moi, je vous parle de ma région spécifique
quand je vous dis que c'est important pour nous que ce soit publié dans
un journal local ou dans un journal diffusé, comme vous le dites,
à l'endroit où est situé l'établissement
visé, au cas où il n'y aurait pas de journal local ou, encore, au
cas où ce seraient, dans certaines régions, des journaux qui ne
conviendraient pas. Mais, dans ma région, il y a des journaux qui
conviennent et je pense que la population a le droit de demander que ce soit
publié dans le journal local.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Portneuf.
M. SAMSON: Cela se fait d'ailleurs. M. PAGE: M. le
Président...
M. SAMSON: Cela ne s'est pas fait dans tous les cas pour mieux
faire comprendre le ministre cela se fait, la publication dans un
journal local. Mais il est arrivé des cas où cela ne s'est pas
fait et cela a amené des gens à se poser de drôles de
questions. Je pense qu'on n'a pas le droit de laisser des portes ouvertes et
que tout le monde se pose toutes sortes de questions quand il y a des
possibilités de régler cela d'une façon claire. Les
questions qui se posent, je vais vous les dire: Pourquoi cela ne s'est pas
publié chez nous, c'est parce qu'ils ne voulaient pas qu'on
émette des objections? Y avait-il de la protection quelque part? C'est
le genre de choses que nous entendons. Je n'aime pas entendre cela et si on
prend des dispositions claires, on ne l'entendra pas parce qu'on ne permettra
pas que cela se dise.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Portneuf.
M. PAGE: Non, ça va.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Sainte-Anne.
M. PAGE: Le député de Sainte-Anne veut exprimer la
même chose que moi.
M. SPRINGATE: M. le Président, si je peux poser une question
à M. le juge. Je crois qu'actuellement, d'après la loi, vous
êtes obligés de publier les avis en anglais et en français.
Est-ce que vous allez continuer de publier les avis dans la Gazette à
Montréal?
M. TRAHAN: L'article 43 dit: "Dès qu'une demande pour la
délivrance d'un permis, autre qu'un permis de banquet, a
été dûment complétée, le secrétaire
général doit faire publier une fois dans un journal de langue
française et une fois dans un journal de langue anglaise, publié
à l'endroit où est situé l'établissement que le
permis concerne, ou, s'il n'y en a pas, à l'endroit le plus
rapproché où il s'en trouve, un avis écrit de la demande
qu'il a reçue. Cet avis identifie le requérant, précise la
nature de sa demande et indique le site de l'établissement où le
permis sera exploité".
On dit dans un journal diffusé à l'endroit où est
situé l'établissement. On arrive seulement avec une chose. Cela
veut dire qu'à Montréal on pourrait le faire publier seulement
dans un journal. Personne ne pourra se plaindre, parce que la loi dira
seulement dans un journal. Je n'ai pas objection, si c'est le désir de
tout le monde. Je vais suivre la loi.
M. SPRINGATE: M. le ministre, si les anglophones décident qu'ils
veulent avoir un permis ou que d'autres veulent protester contre
l'émission d'un permis, à ce moment, je crois que ce serait tout
à fait naturel qu'on le publie dans un journal anglais et aussi dans un
journal français, dans les deux. Est-ce que vous ne voulez pas que les
Anglais portent plainte à quelques occasions?
M. CHOQUETTE: Pas du tout.
M. SPRINGATE: Si vous ne voulez pas, peut-être, pour vous
protéger de ce côté, serait-il mieux de voir à le
publier dans les deux langues.
M. CHOQUETTE: Oui, mais il y a la question du bill 22.
M. SPRINGATE: Mais le bill 22 n'a pas été adopté
encore, M. le Président.
M. CHOQUETTE: On va demander à notre expert.
M. SPRINGATE: Je ne sais pas si le député de Saint-Jean
est un expert.
M. VEILLEUX: Je réglerais...
M. SPRINGATE: J'avoue qu'il a une certaine compétence.
M. SAMSON: Cela ne veut pas dire qu'il est expert. J'invoque le
règlement. Est-ce que le ministre a le droit de nous soumettre a une loi
qui n'est pas encore adoptée?
M. CHOQUETTE: Non. Il faut quand même coordonner...
M. VEILLEUX: Une question, moi aussi, M. le Président. Je
pourrais peut-être rendre un jugement à la Samson, en disant :
Dans au moins un journal, au moins un journal, cela laisse la porte ouverte au
bon jugement des gens de la région...
M. CHOQUETTE: Très bien.
M. VEILLEUX: ... de la commission de contrôle. Si on ajoutait:
Dans au moins un journal.
M. CHOQUETTE: Très bien.
M. VEILLEUX: Est-ce que cela répondrait au...
M. TRAHAN: Je ne crois pas. Je vais vous dire encore une fois que je vis
dans la commission. Malheureusement, vous n'y vivez pas. Pas plus tard que la
semaine dernière, j'ai un bon Canadien français, un nommé
Bougie, qui s'est exprimé en anglais parce que, tous les gens qui
étaient dans la cour étaient des Anglais qui restaient sur la rue
Rose à Lakeshore. Les gens, s'ils n'avaient pas vu dans le journal, en
anglais, cette demande, n'auraient jamais fait d'opposition.
M. VEILLEUX: Dans mon esprit, quand je dis: Dans au moins un journal,
cela veut dire qu'à la commission de contrôle, lorsque vous
écoutez, je pense qu'il serait grandement temps qu'on revise tous les
journaux qui peuvent exister dans les différentes régions de la
province parce que Dieu seul sait combien ces journaux changent. Il en
naît tous les jours et il en meurt tous les jours. Il faudrait
peut-être vous engager une secrétaire spécialement pour
surveiller tout cela. Quand on dit: Dans au moins un journal, vous voyez si
c'est justifié. Je pense qu'à Montréal, lorsqu'une demande
de permis est faite, il est juste et normal que cela soit publié dans
deux journaux. Lorsqu'on s'en va à Saint-Georges-de-Beauce où il
n'y a pas d'anglophone, on gaspille de l'argent à publier cela dans le
Quebec Chronicle.
M. TRAHAN: Ce n'est pas cela qu'on demande. Tout ce qu'on demande, c'est
que l'avis soit publié, dans les deux langues, dans le journal
français qui est publié dans la municipalité, parce que la
loi nous disait qu'il fallait publier et en français et en anglais.
M. VEILLEUX: Dans la Beauce...
M. TRAHAN: Si vous décidez autrement, cela ne me fait rien, mais
j'accepte complètement ce que vous allez faire.
M. VEILLEUX: ... dans l'Eclaireur-Progrès, vous publiez dans les
deux langues dans ce journal. Il n'y a personne qui comprend l'anglais dans la
Beauce. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise?
C'est-à-dire... Il n'y a pas personne... Ce n'est pas cela que je
voulais dire. C'est que tous les gens dans la Beauce...
M. TRAHAN: C'est un jugement à la Salomon celui-là.
M. VEILLEUX: ... ne lisent qu'un journal, notamment à
Saint-Georges-de-Beauce.
C'est l'Eclaireur-Progrès. C'est un journal francophone. Vous
payez double espace pour absolument rien. Quand vous arrivez dans une
région comme Montréal, vous arrivez dans une ville comme
Québec, vous arrivez à Saint-Jean, en l'occurrence, cela
pourrait...
M. SPRINGATE: Hull.
M. VEILLEUX: ... Hull, dans au moins un journal, si vous prévoyez
que cela en prend plus qu'un, vous allez dans deux, trois ou quatre. Si cela en
prend juste un, c'est juste un. Si vous marquez dans la loi: "Dans un journal
de langue française et dans un journal de langue anglaise", et que vous
allez dans la Beauce où il n'y a pas de journaux de langue anglaise,
à ce moment, vous ne pouvez pas émettre de permis, parce qu'il y
a le "et" qui vous lie.
M. CHOQUETTE: Je suis d'accord avec le député de
Saint-Jean. Je trouve que sa suggestion est excellente.
LE PRESIDENT (M. Picard): Qu'est-ce qu'on fait avec l'article 28? Est-ce
qu'on le suspend?
M. CHOQUETTE: On ne le suspend pas. Je pense qu'on devrait
l'adopter.
M. SAMSON: M. le Président, à moins que le ministre
c'est parce que j'aurais d'autres choses à dire là-dessus, mais
il est minuit veuille accepter... Je tiens au journal local absolument.
Je voudrais en reparler si...
M. CHOQUETTE: Regardez, le député de Saint-Jean a couvert
votre suggestion. Parce que, mettons qu'on voit que, dans une
municipalité, il sera utile de faire deux publications, il n'y a rien
qui les empêche de le faire avec la solution proposée par le
député de Saint-Jean, c'est-à-dire de publier une annonce
dans un journal local et une annonce dans un autre journal qui a une diffusion
peut-être plus considérable que le journal local.
M. SAMSON: Oui, je n'ai pas d'objection à cela. C'est cela que je
demande, mais je demande que ce soit spécifié, que les citoyens
s'attendent que, s'il y a des demandes sur leur territoire, cela paraisse dans
leur journal local. Je demande que ce soit spécifié. Si c'est
cela que le député de Saint-Jean dit, je m'excuse si je ne l'ai
pas compris; j'étais occupé à d'autre chose. Si cela passe
dans un journal local et puis dans un autre journal qui viendra dans la
municipalité, je n'ai aucune objection, c'est cela que je demande.
M. VEILLEUX: Je ferais une autre suggestion...
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre, s'il vous plaît, messieurs!
Je remarque qu'il est passé minuit.
M. CHOQUETTE: On va étudier ça.
M. VEILLEUX: Je vais déjeuner avec lui demain matin...
LE PRESIDENT (M. Picard): Depuis 10 heures ce matin que nous sommes en
commission, je considère que c'est suffisant. La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 0 h 4)