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Commission permanente de la justice
Projet de loi no 85
Loi modifiant de nouveau la loi
des tribunaux judiciaires
Séance du vendredi 6 juillet 1973
(Vingt et une heures vingt-trois minutes)
M. BLANK (président de la commission permanente de la justice): A
l'ordre, messieurs!
La commission de la justice commence l'étude du bill 85. Je veux
mentionner les changements pour cette séance: M. Giasson remplace M.
Bacon; M. Dionne remplace M. Cournoyer; M. Brochu remplace M. Drolet; M. Boivin
remplace M. Loubier; M. Pilote remplace M. Springate; On me dit que M. Shanks
remplace M. Vézina. On nomme comme rapporteur M. Pilote.
L'article no 1.
M. PAUL: M. le Président, à l'article 1, est-ce que le
ministre de la Justice peut nous dire si cet article est bien
nécessaire, vu l'article 12 que nous avons adopté hier?
M. CHOQUETTE : Je propose qu'il soit biffé.
Codification
M. BURNS: Pendant qu'on est à l'article 1, je me demande avec le
grand nombre d'amendements qu'il y a eus à cette loi depuis des
années... J'ai devant moi la liste des amendements de cette Loi des
tribunaux judiciaires. Elle est assez impressionnante. Je me demande si le
ministre de la Justice ne devrait pas avant qu'on se mette à
étudier chacun de ces articles que nous sommes appelés à
étudier nous fournir une codification administrative? Est-ce que
le ministre a pensé à cela?
M. CHOQUETTE: M. le Président, on me dit qu'une codification a
été fournie au Parti québécois. De toute
façon, j'ai fait la proposition de biffer l'article 1. Ce n'est pas
très pertinent.
M. BURNS: Non, écoutez c'est parce que c'est à l'article 1
qu'on commence à étudier les articles les uns après les
autres. C'est pour cela que je fais...
M. CHOQUETTE: L'article 1 a été, en fait, adopté
hier soir dans une loi, alors que vous étiez absent.
M. BURNS: Oui, je sais. Remarquez que même si je suis absent, je
sais ce qui se passe en Chambre quand même. Mais je veux dire tout
simplement, le moment où je dois soulever ce problème, il me
semble que c'est à l'article 1. Que vous vous proposiez de le biffer ou
non, je ne me prononce pas là-dessus, à ce moment.
M. CHOQUETTE: Mais on me dit qu'on a fourni une codification à M.
Laurin.
M. BURNS: M. Laurin s'en vient. Il va nous dire cela. En tout cas, je ne
pense pas qu'on en ait fourni at large aux députés.
M. le Président, j'aimerais qu'on en fournisse aussi à
tous les collègues pour qu'ils sachent de quoi il retourne dans cette
affaire. Peut-être que M. Laurin en a eu une, tant mieux, mais moi, je
n'en ai pas eu une.
M. CHOQUETTE: Je n'en ai pas de disponible.
M. BURNS: M. le Président, puis-je vous faire une demande? J'ai
beau faire un tour rapide de la table, je pense que, sauf erreur, le ministre
l'a dans son dossier, mais je ne vois pas de collègues qui l'ont. Je
trouve important qu'au niveau de la discussion d'un projet de loi on sache
véritablement où on s'en va.
Autrement, que voulez-vous, on va devoir amener, vous voyez ça,
la liste qui couvre une page du tableau des modifications. J'ai le volume de
1971 seulement devant moi, celui de 1972 va être encore plus long.
M. CHOQUETTE: Quand il y aura lieu de discuter d'un amendement à
un article en particulier, on fera lecture de la codification telle qu'elle se
trouve entre les mains du légiste ici présent, Me Dufour, pour
éclairer les membres.
M. BURNS: M. le Président, écoutez, ça ne me
satisfait pas, une lecture.
M. CHOQUETTE: Mais il n'y a pas d'obligation du gouvernement de fournir
des codifications administratives.
M. BURNS: II y a une obligation, je pense, aux commissions de nous
fournir tous les moyens nécessaires pour faire un travail utile.
M. CHOQUETTE: Je regrette, ce n'est pas pertinent au débat.
Fabriquez vos propres codifications administratives. Moi, je vous offre de vous
lire les articles au fur et à mesure.
M. BURNS: M. le Président, s'il s'agissait d'une loi où il
y a deux modifications depuis les 29 dernières années, je ne
dirais pas un mot et j'irais chercher les amendements. Je ferais ma propre
codification, c'est bien évident, je ne suis pas mesquin à ce
point. Mais on est rendu dans une loi où je n'ose pas les compter mais
où je vous dis qu'il y a une page complète au tableau des
modifications. A ma connaissance, on n'en a pas fourni à tous les
députés.
M. CHOQUETTE: M. le Président, là, je trouve que le
débat engagé par le député de Maisonneuve est
inutile et non pertinent. Je propose donc que nous passions à
l'étude du bill article par article. Nous avons fourni une codification
administrative au chef parlementaire du Parti québécois, que son
assistant aille se la procurer et pour rendre service aux honorables membres de
la commission...
M. BURNS: M. le Président...
M. CHOQUETTE: Ne m'interrompez pas. Lorsqu'il s'agira de procéder
à des articles, et si les membres de la commission veulent des
éclaircissements, je les donnerai en faisant la lecture du texte actuel
de la loi. On lira lentement pour que ce soit compris, au cas où ce
serait plus dur à comprendre, c'est certain.
M. BURNS: M. le Président, je propose que vous ordonniez que la
commission se prononce sur ça. Je fais motion pour que le
secrétariat des commissions nous fournisse une codification
administrative de la Loi des tribunaux judiciaires et que cette codification
soit soumise à tous et chacun des membres de la commission ainsi que des
députés présents.
LE PRESIDENT (M. Burns): Est-ce que cette motion est adoptée?
M. BURNS: M. le Président, je veux tout simplement vous parler,
vous dire deux mots sur la motion.
M. CHOQUETTE: Mais vous l'avez, la codification.
M. BURNS: Non, ce n'est pas une codification.
M. CHOQUETTE: Mais M. Laurin l'a, la codification administrative.
M. BURNS: Je dis que je trouve que tous les députés
devraient l'avoir. Cela va plus loin que le fait qu'un seul
député l'ait et, si vous voulez me permettre...
M. CHOQUETTE: Est-ce que les autres membres y tiennent?
M. PAUL: Je comprends parfaitement l'argumentation ou la demande
formulée par le député de Maisonneuve parce que nous avons
vécu la même expérience. Je puis m'y référer
parce que ce n'est pas un événement qui E'est
déroulé dans le cours de cette session. Au mois de
décembre dernier, nous avons étudié la loi 62 qui
était la redistribution de la carte électorale. Nous avons
déploré à l'époque le manque de la documentation
qui nous aurait été très utile pour étudier
l'aménagement de la carte électorale. Nous avons alors
été dans l'obligation de nous servir d'une carte routière
pour faire notre travail quoique la commission Drouin se fût
engagée à nous fournir la documentation dans certains cas
même, de la carte marine que nous avons dû payer de nos propres
deniers, gagnés à la sueur de nos fronts, surtout ces jours
derniers.
Je comprends parfaitement le bien-fondé de la demande du
député de Maisonneuve et je suis certain que tous les
collègues aimeraient avoir cette codification. Mais de là, par
exemple, à retarder ou refuser de procéder ce soir,
personnellement, je serais quand même disposé à
procéder à l'étude de l'article, tout en appuyant
cependant la demande du député de Maisonneuve pour que tous les
députés puissent obtenir cette codification, comme d'ailleurs, ce
matin, à l'Assemblée nationale, à l'occasion de la
troisième lecture de la Loi du Barreau et du notariat, il a
été accepté par la Chambre que nous ayons une nouvelle
codification de ces deux lois. Je comprends que le ministre ne soit pas en
mesure de nous la fournir ce soir, mais dans le cours de l'été,
il y aura certainement possibilité...
M. CHOQUETTE: A la prochaine séance.
M. PAUL: Bien, la prochaine séance, est-ce qu'on pourrait l'avoir
pour demain?
M. CHOQUETTE: Probablement. On a juste à la faire photocopier
cette nuit.
M. PAUL: Très bien.
LE PRESIDENT (M. Blank): Alors, d'accord pour fournir cette codification
demain, à la prochaine séance?
M. BURNS: Non, M. le Président. Demain, à la prochaine
séance, on aura peut-être terminé l'étude du projet
de loi article par article. A quoi voulez-vous que cela nous serve, à ce
moment-là? Sinon pour la mettre dans nos dossiers?
LE PRESIDENT (M. Blank): La question est celle-ci. Est-ce qu'on va
retarder...?
M. BURNS: Bien, ce ne doit pas être compliqué. Cela doit
prendre deux ou trois minutes à l'obtenir, voyons donc! Ce n'est pas
d'une rareté telle que ce ne soit pas possible de l'avoir. Ecoutez!
Il doit y en avoir de ces choses-là. On est douze membres de
cette commission; cela ne doit pas prendre trois heures pour obtenir cela. Mais
je ne vois pas comment on se prononcerait intelligemment...
M. CHOQUETTE: Est-ce que les honorables membres tiennent à avoir
une codification administrative? Je leur demande leur avis tout de suite avant
de procéder à l'étude de ce projet
de loi. Si c'est le voeu majoritaire, je vais le faire faire. Si les
honorables membres me disent qu'ils peuvent s'en dispenser et qu'ils seraient
satisfaits qu'on donne lecture des articles tels que nous les avons ou que nous
leur montrions le texte, je passerai le texte pour faciliter la
compréhension.
M. LAURIN: Vous ne pourriez pas le faire pour chacun des
représentants des partis?
M. CHOQUETTE: On me dit qu'on vous a remis une copie. Donc, vous avez
une copie de votre côté. M. Rioux vous a remis une copie. A votre
représentant...
M. LAURIN: Je vais vérifier, mais il faudrait...
M. CHOQUETTE: Si les honorables membres y tiennent, je vais le faire
tout de suite, s'ils considèrent que c'est indispensable. Alors, je
demande l'avis général de la commission.
M. BURNS: Avant que l'avis général soit donné, je
veux juste vous dire ceci. Dans un projet de loi comme celui-là, c'est
bien beau de nous dire que vous allez nous lire les articles quand on va vous
le demander, je vous remercie d'avance de votre collaboration; c'est bien
gentil de votre part, mais le ministre de la Justice est suffisamment
éclairé, connaît suffisamment le droit en bon avocat qu'il
est et en avocat d'expérience qu'il est...
M. CHOQUETTE: Je sais tout cela.
M. BURNS: ... il sait fort bien qu'un projet de loi de cette nature ne
s'étudie pas sans qu'on examine les interrelations.
LE PRESIDENT (M. Blank): Je pense qu'on va régler cela. Il va
faire quatre copies immédiatement et...
M. CHOQUETTE: Je tiens à faire remarquer qu'on peut faire trois
articles sur une loi qui comporte à peu près 75 à 80
articles.
LE PRESIDENT (M. Blank): Et on peut commencer la discussion en attendant
que les quatre...
M. CHOQUETTE: C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Blank): Ils vont à la machine Xerox pour faire
quatre copies immédiatement pour donner une copie à chacun des
partis. On peut commencer à discuter, parce qu'on sait de quoi on
discute dans le prochain article. Ce n'est pas difficile.
M. BURNS: Vous n'avez pas les interrelations, c'est cela le
problème. C'est seulement cela le but de ma demande.
LE PRESIDENT (M. Blank): Les interrelations des salaires des juges... Je
ne veux pas donner mon opinion, je n'ai pas le droit.
M. BURNS: Vous avez plus que cela; vous avez deux principes dans votre
projet de loi.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le premier principe sera biffé.
M. CHOQUETTE: J'ai fait une motion pour qu'il soit biffé à
la suite de l'intervention du député de Maskinongé parce
qu'il s'agissait d'accroître dans cet article le nombre de juges de 54
à 55. Or, il y a un article qui couvre exactement le même sujet
qui a été...
M. PAUL: A l'article 12 de la loi 2, nous avons porté le nombre
de juges de 54 à 56.
M. CHOQUETTE: C'est cela. Donc, l'article 1 devient
complètement...
Article biffé
LE PRESIDENT (M. Blank): Le ministre retire l'article 1 qui sera
biffé.
L'article 1 est biffé. L'article 2 devient l'article 1.
M. BURNS: L'article 1, M. le Président, je vous
réfère aux notes explicatives. On y lit: "L'article 1 de ce
projet porte de 54 à 55 le nombre des juges de session."
LE PRESIDENT (M. Blank): On retire ça.
M. BURNS: D'après moi, il me semble que c'est un des deux volets
ou un des deux aspects de ce projet de loi au point de vue de ces objectifs.
Or, je me demande si le fait qu'on le retire va nous empêcher de parler,
entre autres choses, d'une certaine planification de l'administration de la
justice que le ministre annonce d'ailleurs depuis un certain temps.
LE PRESIDENT (M. Blank): Franchement, le ministre a le droit de proposer
qu'on amende l'article 1 en le biffant. Il a le droit de faire ça. Du
moment où c'est biffé, il n'y a plus de discussion.
M. BURNS: II a le droit de proposer que l'article soit biffé,
mais j'ai le droit de discuter sur sa motion.
LE PRESIDENT (M. Blank): Mais il est seulement question de le biffer,
pas de planification. Est-ce qu'il a le droit de biffer, de ne pas augmenter le
nombre de juges?
M. BURNS: Je vais vous dire pourquoi je ne suis pas d'accord avec ce
qu'il fait. Qu'il l'ajuste avec ce qui a été adopté hier,
je n'ai pas
d'objection, mais au moins le principe sera encore dans le projet de
loi. Si on a dit hier que, dans ce projet de loi, on passait de je ne sais pas
combien à je ne sais pas combien, qu'on l'ajuste en conséquence
pour nous permettre...
M. CHOQUETTE: C'est de l'absurdité d'avoir deux articles
identiques dans deux lois différentes adoptées au même
Parlement. Ce serait le comble de l'absurdité législative.
M. BURNS: Sauf que vous me privez de mon droit de vous parler de
planification.
M. CHOQUETTE: On ne vous prive pas de votre droit de parler de ce que
vous voulez autour du projet de loi. Il ne s'agit pas de ça. Il s'agit
d'être pratique.
LE PRESIDENT (M. Blank): Si on a le consentement de la commission, on
peut parler de n'importe quelle chose; ça ne m'intéresse pas.
Mais si l'article n'est pas là, c'est mon devoir de dire qu'il n'a pas
de droit de parler de la planification du nombre de juges; ça tombe
seulement sur une question de salaire. Mais c'est à la commission de
décider si elle veut entendre le député parler d'autre
chose. Ce n'est pas moi qui...
Le député de l'Assomption.
M. CHOQUETTE: D'abord que vos interventions seront pertinentes.
M. PERREAULT: M. le Président, sur la question du
député de Maisonneuve, je pense bien que dans le projet de loi
d'hier, s'il avait voulu discuter de planification et de l'augmentation du
nombre de juges, il pouvait le faire à ce moment-là.
LE PRESIDENT (M. Blank): D'accord! Nos règlements interdisent
à un député de parler de quelque chose qui est
déjà adopté par le Parlement.
M. BURNS: Je ne veux pas vous dire pourquoi vous ne devriez pas en avoir
tel nombre, je veux vous dire que c'était l'occasion idéale d'en
parler.
LE PRESIDENT (M. Blank): D'accord, je comprends votre dilemme, M. le
député de Maisonneuve, mais il y a des règlements. Je suis
lié par les règlements; je ne peux pas faire plus. C'est le
problème.
Je pense que le député de L'Assomption a raison, tout ce
problème a été discuté, je crois. On ne commence
pas l'étude de l'ancien bill qui a été adopté par
la Chambre.
M. BURNS: Oui, M. le Président, mais...
M.PAUL: M. le Président, je diffère d'opinion avec vous.
Le problème n'a pas été discuté hier soir,
l'occasion se présentait de discuter, il y a une différence.
LE PRESIDENT (M. Blank): Excusez-moi, je suis d'accord. Maintenant,
l'occasion était là.
L'article 1 est biffé, l'article 2 devient no 1 et on discute le
nouvel article no 1.
M. BURNS: M. le Président, on n'a pas adopté que ce soit
biffé. Il n'y a pas eu de vote là-dessus.
LE PRESIDENT (M. Blank): On peut passer à un vote, si vous
voulez?
M. BURNS: M. le Président, je ne pourrais pas vous dire pourquoi
je ne suis pas d'accord à ce qu'il soit biffé?
LE PRESIDENT (M. Blank): Parlez! Pourquoi ne voulez-vous pas que ce soit
biffé?
M. BURNS: Ecoutez, le ministre de la Justice, depuis maintenant
au-delà de deux ans...
Excusez-moi, M. le Président, je pensais que vous m'interrompiez.
Continuez à jaser. Je pensais que je vous interrompais.
Cela n'a pas l'air de vous intéresser, ce que je vais dire.
Depuis au-delà de deux ans, M. le Président, nous avons
appuyé le ministre de la Justice, je pense, lorsqu'il a sorti cette
idée que nous espérons voir mise en application dans les plus
brefs délais possible, cette espèce d'unification ou
appelons cela intégration de tous les tribunaux ou à peu
près sous la juridiction du ministre de la Justice
québécoise, ou, si vous voulez, sous la juridiction du
Québec, c'est-à-dire les cours des Sessions de la paix, les cours
Municipales, les cours de Bien-être social, les cours quelle est
l'autre, la quatrième la cour Provinciale, évidemment, que
j'oubliais. Le ministre, si je ne me trompe, nous a parlé
d'intégration de tout cela. Ma crainte, actuellement, quand on en arrive
à discuter d'augmentation du nombre de juges d'une cour, du nombre de
juges de l'autre cour, etc., c'est que l'on se retrouve éventuellement,
à moins que le ministre ait changé d'idée quant à
son projet de faire cette intégration totale, avec une situation
absolument incohérente. L'on y aura des juges des cours de Sessions,
mais on n'est quand même pas pour les renvoyer chez eux, le jour
où l'on fera la grande cour Provinciale; on n'est quand même pas
pour renvoyer chez eux les juges que l'on a nommés de façon
permanente à Montréal, à Québec, à Laval,
par exemple, qui vont être intégrés à cette grande
cour Provinciale.
Alors, c'est ce que je veux savoir du ministre. C'est pour ça que
je ne voulais pas que l'article soit biffé. Qu'on le biffe
éventuellement tantôt, je n'ai pas d'objection, mais vous
comprenez mon point de vue, M. le Président, c'est qu'autrement, comme
vous l'avez si bien dit, je
ne pourrais pas poser ce genre de question au ministre. Avant qu'il soit
biffé, j'aimerais que le ministre nous dise quand cette
intégration va se faire et quand la planification de cette
intégration va être connue. Et quand est-ce que, par le fait
même, on va arrêter d'augmenter le nombre de juges de telle cour,
le nombre de juges de telle autre cour et qu'on se retrouve à un moment
donné peut-être dans une cour intégrée avec trop de
juges dans le fond? C'est peut-être ça le danger. Non, le ministre
sourit, mais...
LE PRESIDENT (M. Blank): Sur une question de règlement?
M. BOSSE: Oui, le député est hors d'ordre parce que je
pense bien qu'il est en train de discuter sur le fond. La proposition du
ministre est à l'effet de le biffer, alors je crois qu'il serait
pertinent pour le député de Maisonneuve de disctuer sur
l'opportunité de le biffer ou de ne pas le biffer. Cependant, aller
jusqu'au fond des choses au point, par exemple, de revenir en arrière et
de parler de planification, je pense bien qu'alors le député de
Maisonneuve serait d'accord pour dire qu'il a dépassé
légèrement les bornes de la réglementation. Il
connaît assez bien la réglementation pour être d'accord
là-dessus. Il est rendu jusqu'à la planification et, si on le
laisse aller un peu plus loin, il peut nous entretenir durant la soirée.
Je connais sa verve et je sais qu'il est très brillant d'ailleurs. Il
pourrait nous entretenir assez longuement sur le sujet. Cela pourrait, à
un moment donné, être considéré comme une
espèce de mesure dilatoire ayant pour but de retarder le débat.
Je ne crois pas que ce soit là son intention cependant!
LE PRESIDENT (M. Blank): Je pense que le député de Dorion
a raison. La question maintenant est: Est-ce que le ministre, par sa motion
d'amendement, à savoir de biffer cet article c'est ça
qu'on discute est-ce que cela a du bon sens de biffer cet article? Mais
pas sur le fond, c'est-à-dire pourquoi on a besoin de plus de juges ou
sur la planification. Même sur le planification, si l'article
était là, je ne suis pas certain que ce serait pertinent.
M. BURNS: M. le Président, je vous en parle en vue d'une
éventuelle intégration et ce sont d'ailleurs les raisons pour
lesquelles je vous dis que je trouve que l'article ne devrait pas être
biffé. Ce que je suis en train de vous dire, le député de
Dorion, le ministre de la Justice et M. le Président, c'est que ce sont
ces genres de choses qu'on pourrait discuter si l'article n'était pas
biffé, et je vous soumets respectueusement qu'au contraire, je pense que
vous n'avez pas rendu votre décision relativement...
M. CHOQUETTE: M. le Président, sur une question de
règlement. Je soutiens que le député de Dorion a
raison.
Ce n'est pas parce que l'on biffe un article et que cela enlève
l'occasion au député de Maisonneuve de discuter d'un sujet que
son intervention devient pertinente sur la motion pour amender en rayant
l'article. Je pense que ses propos, à ce point de vue, sont hors
d'ordre. Je soumets que la motion devrait être mise aux voix.
M. BOSSE: J'irai plus loin, si vous me le permettez, M. le
Président. J'ajouterai même que ce serait censurer le
député de Maisonneuve, moralement du moins, que de
l'empêcher de s'exprimer sur le sujet, s'il n'avait pas eu l'occasion de
le faire. Alors qu'il a eu l'occasion de le faire, à une autre occasion,
il n'en a pas profité. A ce moment-ci, il revient sur le sujet, voulant
nous entretenir, avec ses propos toujours très brillants d'ailleurs...
Enfin, je ne veux pas lui attribuer des intentions. Je suis prêt à
lui en donner.
M. BURNS: M. le Président, sur la question de règlement.
Bien au contraire de ce que vient de dire le député de Dorion,
moi, quand j'ai examiné les notes explicatives qui sont
habituellement... Si je parle de la deuxième lecture, M. le
Président, c'est parce que le député de Dorion vient de
m'en parler.
LE PRESIDENT (M. Blank): ... règlement... M. BURNS: C'est
cela.
LE PRESIDENT (M. Blank): C'est un peu plus large.
M. BURNS: Oui, d'accord. Quand je critique un projet de loi, un de mes
premiers gestes, M. le Président, est d'examiner les notes explicatives.
Je vous réfère à ces notes explicatives...
LE PRESIDENT (M. Blank): Oui...
M. BURNS: Elles sautent aux yeux, en ce qui me concerne, en ce qui
concerne particulièrement l'objectif de ce projet de loi. Il semble bien
clair qu'on fait deux choses tout à fait différentes; donc, on
met deux principes tout à fait différents dans ce projet de loi.
Au premier, on y lit: L'article 1 de ce projet porte de 54 à 55 le
nombre de juges des sessions. Tantôt, à cause des
règlements de la Chambre, j'ai épuisé mes vingt minutes,
que j'aurais bien aimé me voir prolonger, M. le Président. Oui,
je sais, sur chaque question de règlement et sur chaque article...
LE PRESIDENT (M. Blank): ... chaque article...
M. BURNS: ... et sur chaque amendement. M. le Président...
Si vous me permettez...
LE PRESIDENT (M. Blank): Poursuivez votre logique, M. le
député de Maisonneuve. Rien ne pouvait vous empêcher de
parler de cela à la deuxième lecture. C'était là.
Mais maintenant, il y a une motion pour biffer cela. C'est sur la question de
cette motion d'amendement de biffer cet article que vous avez le droit de
parole. Ce n'est pas sur le fond. Si l'article était là, vous
auriez le droit de parler de cela. Ce n'est pas cela. C'est un moyen indirect
d'essayer de faire ce que vous n'avez pas le droit de faire directement. .
M. BURNS: Ce que je veux vous dire, M. le Président, c'est qu'il
y a régulièrement une espèce de coutume à l'effet
que les objectifs du projet de loi, en commission, on se permet de les
critiquer. Raison de plus quand on n'a pas le temps d'expliquer en
détail notre point de vue sur les deux objectifs, en l'occurrence: le
salaire et le nombre de juges, je pense... Les principes sont les objectifs du
projet de loi.
M. BERTHIAUME: C'est cela.
M. BURNS: Alors, quand on n'a pas le temps de s'exprimer, comme cela a
été mon cas tantôt, habituellement, c'est une coutume
courante dans nos commissions qu'à l'article 1, on revienne sur des
choses qu'on n'a pas eu le temps de couvrir.
Une des choses qui m'auraient intéressé c'est pour
cela que je ne suis pas d'accord pour que l'article soit biffé
cela aurait été de discuter du premier aspect. Je vais même
vous dire, seulement pour vous démontrer jusqu'à quel point
j'aurais été intéressé... Tel que l'article existe
actuellement, on fixe un maximum de juges. Je vous aurais suggéré
ceci: Pourquoi ne mettrions-nous pas, à l'avenir, dans les projets de
loi de cette nature, un minimum de juges? Pourquoi n'y penseriez-vous pas, en
laissant un coussin? C'est d'ailleurs une suggestion que le
député de Maskinongé vous a faite à plusieurs
reprises, de façon répétée, quand on est revenu sur
ces articles.
M. CHOQUETTE: J'aurais des pressions maudites pour les nominations.
M. BURNS: Vous auriez peut-être des pressions mais...
M. CHOQUETTE: Je suis peut-être mieux d'apprendre le
système, mais je me limite.
M. PAUL: Je peux gager que vous offririez la première position au
député de Maisonneuve!
M. BURNS: Pas depuis deux semaines, avant ça peut-être
mais...
M.PAUL: Oui, mais ça va se replacer. M. CHOQUETTE: Je ne le crois
pas.
LE PRESIDENT (M. Blank): Sur la question d'amendement, je vais rendre
une décision. On n'a droit de discuter que sur la question de la motion
d'amendement, pas sur le fond.
M. BURNS: M. le Président, sur la question de règlement,
une dernière chose à laquelle je vous réfère. Lors
de l'étude du projet de loi no 27, et je me demande si ce n'est pas vous
qui avez rendu la décision là-dessus...
LE PRESIDENT (M. Blank): La commission sur la restructuration
scolaire.
M. BURNS: Oui, c'est ça. Lors de l'étude de ce projet de
loi, je pense que vous avez..
LE PRESIDENT (M. Blank): C'étaient les anciens règlements
dans ce temps-là.
M.PAUL: Les mêmes règlements mais à l'état
d'expérience.
M. BURNS: Ils étaient sous forme de règlements
sessionnels, c'est-à-dire que ce n'étaient pas nos
règlements permanents mais ils avaient la même valeur qu'à
ce moment-ci, je pense bien. Vous avez, sauf erreur, rendu un ruling que les
articles ne doivent pas être biffés en commission, ils doivent
être biffés par la Chambre.
LE PRESIDENT (M. Blank): Jamais, ce n'est pas moi qui ai rendu un tel
jugement.
M. BURNS: Si ce n'est pas vous, comme disait Lafontaine, c'était
un de vos frères.
M. PAUL: Dans ce cas, c'était un moins brillant que vous.
M. BURNS: Si ce n'est toi, c'est donc ton frère, comme disait
Lafontaine.
LE PRESIDENT (M. Blank): Ce n'est pas biffer un article, c'est une
motion pour amender la loi en retirant cet article; une motion d'amendement,
c'est permis en commission. C'est le but de la commission d'amender une loi
pour la rendre...
M. BURNS: M. le Président, ce ruling disait qu'on ne pouvait pas
biffer autrement qu'en Chambre un article, si le fait de biffer cet article
changeait le principe. Vous le changez drôlement si vous retirer
l'article 1 qui est un des deux principes de la loi. C'est bien dommage mais
regardez les notes explicatives; on n'aurait pas pris la peine de faire en deux
articles, c'est clair que ce sont deux paquets d'articles, un qui est...
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas parce que le principe d'une loi existe que
ça empêche tout amendement à ce principe. Je n'ai jamais
entendu parler de ça.
M. BURNS: M. le Président, je suis un de ceux qui ont fait une
colère noire parce qu'on m'avait imposé cette
décision.
LE PRESIDENT (M. Blank): II y a un autre point maintenant. S'il y a deux
principes dans cette loi, la commission a-t-elle le droit de...
M. BURNS: D'en retirer un.
LE PRESIDENT (M. Blank): ... faire quelque chose contre le principe. Une
telle décision a été rendue à Ottawa cette semaine
ou la semaine dernière sur le même point. Cela m'inquiète
maintenant.
M. PERREAULT: M. le Président, vous n'avez pas à vous
inquiéter parce que le premier principe a été
adopté hier par le législateur.
M. BURNS: C'est bien dommage mais c'est un autre projet de loi.
LE PRESIDENT (M. Blank): Non, mais il y a deux principes ici. Est-ce que
la commission a le droit de...
M. BURNS: Ce sont deux projets de loi.
M.PERREAULT: C'est difficile de plaider, vous savez, quand la cause est
mauvaise.
LE PRESIDENT (M. Blank): La question maintenant est bien
différente. C'est possible que nous n'ayons pas le droit d'ôter ce
principe, immédiatement, par motion d'amendement mais la commission peut
refuser cet article et, en refusant l'article, on refuse le principe. IL y a
une nuance.
M. BURNS: Je suis d'accord et là...
LE PRESIDENT (M. Blank): C'était la question à Ottawa sur
le débat sur...
M. BURNS: C'est ça, je pense que vous avez exactement le point,
M. le Président. Si la commission refuse d'adopter cet article, je n'ai
pas un mot à dire mais ça ne m'empêchera pas de parler de
ça, par exemple.
M. BOSSE: C'est une question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Blank): II y a une question de règlement.
M. BOSSE: II y a aussi une question de bon sens, lorsque le
législateur constate...
M. BURNS: Le bon sens, ne vous avancez pas trop là-dedans.
M. BOSSE: ... qu'il est en train de se répéter, je ne
crois pas que le législateur soit tenu de se répéter.
M. CHARRON: On a le taxi square ce soir.
M. BURNS: Je suis d'accord avec le député de Dorion. C'est
vrai que le législateur n'est pas obligé et il confirme ce que je
dis. Il confirme aussi la suggestion que vous avez faite de façon
à peine voilée, c'est-à-dire que je pense que...
LE PRESIDENT (M. Blank): ... je dois rendre la bonne
décision.
M. BURNS: Oui, parce que vous allez être obligé de
l'expulser.
LE PRESIDENT (M. Blank): Non, mais je pense que, nonobstant ma
pensée, je reviens et je pense que la commission n'a pas le droit, par
amendement, de biffer un principe qui est adopté par la Chambre. On peut
refuser d'accepter cet article, mais je dois laisser le député le
discuter, mais dans le contexte de cet article et pas plus loin.
M. BURNS: D'accord! Merci, M. le Président. C'est justement en ce
qui me concerne le point de vue que j'avais. Je pense que c'est beaucoup plus
logique. Peut-être même que je serai d'accord après,
à ce qu'on biffe l'article. Mais cela ne m'aurait pas privé et
cela ne priverait pas...
M. PAUL: Mais même là, si vous consentiez que l'article
soit biffé.
M. BURNS: Pas biffé, mais c'est-à-dire qu'il ne soit pas
adopté par la commission.
M. PAUL: Adopté. D'accord!
M. BURNS: C'est peut-être une petite distinction ténue,
mais en tout cas, j'imagine que vous allez, à la fin de la discussion
sur l'article...
M. PAUL: Dans le rapport, il sera nécessairement fait mention que
la commission a refusé...
M. BURNS: D'adopter. Exactement.
M. PAUL: ... d'adopter un des principes de la loi.
M. BURNS: Exactement. Bon. Alors, je vous remercie, M. le
Président, de votre sage décision. Je me dis que, à chaque
fois qu'on étudie la Loi des tribunaux judiciaires, je peux tout
simplement vous référer dans les quelques dernières
années à des amendements qui ont été adoptés
relativement à ce fameux article 72. A l'article 72, on a eu des
changements en 1965, au chapitre 17 des lois de 1965; en 1968, au chapitre 15
des lois de 1968; en 1969, au chapitre 19 des lois de 1969; en 1971, au
chapitre 14 et là, malheureusement, je n'ai pas le volume 1972, mais le
ministre de la Justice pourra confirmer ah! il est ici en 1972,
on
a encore une fois fait des amendements à ce même article au
chapitre 11 des lois de 1972.
M. PAUL: Puis-je signaler au député de Maisonneuve que,
depuis 1964 à peu près, il est amendé?
M. BURNS: Oui, bien, vous avez 1965, 1968, 1969, 1971, 1972. Il n'y a
qu'en 1966, 1967 et 1970 où il n'y a pas eu d'amendement à cet
article. C'est-à-dire que presque régulièrement et,
presque à tous les ans, disons sur une période de sept ans, on en
est rendu à quatre amendements. C'est quand même substantiel.
M. PAUL: Cinq avec celui d'hier.
M. BURNS: Cinq avec celui d'hier. C'est quand même substantiel. Je
vous dis qu'à l'avenir et surtout eu égard à l'aspect de
la planification de cela, le ministre de la Justice n'aurait-il pas dans son
esprit ou dans sa façon de concevoir cela, un changement d'approche
à cette modification quasi annuelle de l'article 72 pour dire: Le nombre
de juges...
Cela, c'est vrai pour les juges des cours des Sessions, c'est vrai pour
les juges de la cour Provinciale, et je pense que c'est absolument intenable de
voir ces changements constants. Je vais même plus loin que cela, M. le
Président, pourquoi n'en profiterait-on pas, au moment de l'étude
de cet article-ci, ce soir, pour fixer un minimum et un maximum au lieu de
fixer un maximum pour qu'on évite à l'avenir, tous les ans ou
tous les deux ans, qu'il y ait des modifications et que la prochaine fois on
nous dise: On passe de 55 à 56 et de 56 à 57 et l'année
suivante de 57 à 58, etc.
Le ministre de la Justice va peut-être me dire qu'il est à
la veille de faire cette intégration des tribunaux, mais il nous promet
cette intégration depuis déjà près de deux ans,
sauf erreur. C'est moins que cela? Un an au moins?
M. CHOQUETTE: Un an.
M. BURNS: Est-ce que le ministre est en mesure de nous dire si cela
vient pour bientôt cette affaire ou si on doit l'attendre encore comme on
a attendu la loi des loyers par exemple qu'on attend encore?
M. CHOQUETTE: Elle est déposée dans sa forme
définitive.
M. BURNS: Elle est déposée. Elle est déjà
pas mal plus avancée que le projet d'intégration des
tribunaux.
M. CHOQUETTE: D'ailleurs, vous n'avez pas assisté beaucoup aux
dernières séances sur la loi des loyers, cela ne vous a pas
intéressé beaucoup.
M. BURNS: M. le Président, cela m'intéres- sait beaucoup,
mais pendant que les gens s'occupaient de cela à la commission de la
justice, j'étais malheureusement obligé de m'occuper soit des
dépenses électorales, soit des corporations, soit d'autres choses
du même style ou des affaires municipales, etc. De toute façon, je
pense que mon temps peut facilement se justifier durant les quelque trois ou
quatre dernières semaines où ces commissions ont
siégé.
M. le Président, je me demande si le ministre n'accepterait pas
favorablement ma demande. Même si on a fait le changement hier, on peut
encore modifier cet article 72; on a vu cela dans la même année
que les mêmes lois soient changées deux fois. Mais ce soir, je
veux tout simplement vous demander si vous n'auriez pas, d'ici à ce que
vous fassiez votre intégration des tribunaux, l'intention de dire: Au
moins pour la période d'un an ou deux ans je ne sais si c'est
cela que vous prévoyez comme délai d'intégration
éventuel: On va se fixer une espèce de milieu dans lequel on
pourra fonctionner sans être obligé de changer à nouveau
cette loi-là éventuellement. Est-ce que le ministre de la Justice
me comprend? Est-ce qu'il pense que ma suggestion peut être valable?
Ou...
M. CHOQUETTE: Elle me paraît assez discutable. C'est que,
voyez-vous, quand il y a tant de postes de juges disponibles, il est
incontestable que le ministre de la Justice subit des pressions tant de la part
des juges en chef, des juges eux-mêmes, plus certains membres du Barreau
qui aimeraient accéder à la magistrature pour remplir ces
postes-là, même si cela ne devait pas être
complètement utile de les remplir. Par conséquent, c'est une
protection pour la bonne administration de l'argent public et pour le
gouvernement que ce soit l'Assemblée nationale qui détermine et
soit appelée à déterminer, même si cela parait
fastidieux de le faire de façon répétitive comme cela a
été fait.
Cela me paraît, disons donc, presque une nécessité
que ce soit l'Assemblée nationale qui détermine le nombre de
postes de juges requis. Par conséquent, pour ma part, je dirais que je
préférerais ne pas amender l'article dans ce sens, au moins
à l'heure actuelle. Quant à l'intégration des cours, c'est
une matière que nous étudions à l'heure actuelle. C'est
même, dans un certain sens, quasi une politique, peut-on dire; elle
apparaît au moins dans la Loi créant la chambre des loyers de la
cour Provinciale, le bill 79, qui a été déposé
jeudi de cette semaine. Alors, là, vous avez une amorce de politique.
Maintenant, nous sommes à étudier la question de
l'intégration des cours, tous les problèmes que ça
implique en plus de tous les autres problèmes du perfectionnement du
système judiciaire, ce qui est une tâche énorme. Parce
qu'on ne se rend peut-être pas compte je l'ai remarqué chez
certains orateurs de votre parti, entre autres que le fonctionnement du
système judiciaire est une question extrêmement complexe à
tout
point de vue: nombre de personnes, soit au niveau du juge, au niveau du
personnel, au niveau du site des chefs-lieux, au niveau administratif, les
avocats, les plaideurs, les justiciables, les témoins. Le fonctionnement
de la justice requiert un nombre extraordinaire de gens qui se rencontrent pour
une cause déterminée à un moment donné. C'est assez
difficile de réunir tout ce monde simultanément autour d'un
litige. C'est ce qui fait que ça entraîne des délais
judiciaires, surtout dans les grandes agglomérations urbaines où
il y a évidemment beaucoup de gens qui sont impliqués et
où les distances et la vie sont plus compliquées.
Pour tout dire, malgré que je sois sympathique à
l'idée de l'intégration des cours de justice, ça me semble
être une réforme qui a été adoptée dans
certaines juridictions de façon heureuse. Nous sommes actuellement
à l'étudier et la politique gouvernementale sera
énoncée formellement dans ce livre que nous sommes à
préparer à l'heure actuelle. Pour le moment, je ne verrais pas
que nous devrions, d'aucune façon, amender l'article dans le sens
indiqué, suggéré ou du moins auquel fait allusion le
député de Maisonneuve, c'est-à-dire donner une latitude
trop considérable quant au nombre de postes. Je ne crois pas que ce
serait vraiment une réforme heureuse; ce serait une réforme qui
aurait une portée purement temporaire, ce serait adopter, à mon
sens, beaucoup trop spontanément, sans étude sérieuse et
suffisante; je ne pourrais pas abonder dans ce sens à l'heure actuelle,
malgré tous les inconvénients qui résultent du
système actuel.
M. BURNS: Je vous remercie, M. le Président, pour la
codification. En terminant sur ce point, la raison pour laquelle je
soulève ça, c'est que je trouve qu'elle est tout à fait,
de façon analogique, en conformité avec l'idée qu'on se
fait d'une législation moderne. On a eu l'occasion cette semaine,
à plusieurs reprises, en particulier lors de la loi amendant la Loi des
transports, je ne vous la cite qu'à titre d'exemple, M. le
Président, de discuter de l'aspect de la réglementation qui, de
plus en plus, prend une part importante dans nos lois. L'aspect
réglementaire, qu'on retrouve dans presque toutes nos lois, n'est pas
là simplement pour donner une discrétion totale à
l'Exécutif. Il est là dans un but d'efficacité et dans un
but d'approche moderne à une loi, c'est-à-dire que certaines
choses qui entrent dans le cadre d'une loi d'habitude, ce sont les
pouvoirs du lieutenant-gouverneur qui sont le cadre du pouvoir
réglementaire peuvent être modifiées par un simple
acte de l'Exécutif.
Or, dans le fond, la suggestion que je faisais tantôt est une
suggestion qui est tout à fait semblable à un pouvoir
réglementaire, c'est-à-dire que l'on pourrait fixer le cadre en
disant: II y aura, à la cour des Sessions de la paix, à la cour
Provinciale, un minimum de tant de juges et un maximum de tant de juges.
L'idée de base étant que le minimum étant celui que l'on
utilise au moment de l'adoption de la loi et permettant ainsi à
l'Exécutif d'augmenter dans cette marge.
Je comprends très bien que le ministre de la Justice dira qu'il
sera assailli.
M. CHOQUETTE: Il y aura des abus.
M. BURNS: En somme, vous dites que vous auriez des pressions...
M. CHOQUETTE: Cela ouvre la porte à des abus.
M. BURNS: ... pour la nomination d'autres juges dans ce cadre?
M. CHOQUETTE: C'est un véritable gabegie.
M. BURNS: De la part surtout des juges en chef ou de la part des
avocats?
M. CHOQUETTE: Vous comprenez que chacun a la propension de se
bâtir un empire. On connaît la nature humaine. Je ne veux jeter de
discrédit sur aucun juge en chef, mais vous comprenez ce que je veux
dire. C'est trop facile à un moment donné de s'imaginer que la
solution aux problèmes judiciaires et surtout des délais
judiciaires, c'est l'accroissement des juges. Parfois cela peut être une
meilleure répartition du travail, une meilleure allocation des
ressources humaines, des surplus mieux organisés pour les juges, des
séances plus nombreuses...
M. BURNS: Une meilleure journée de travail aussi.
M. CHOQUETTE: ... une meilleure journée de travail. Enfin, il y a
toutes sortes de mesures que les juges en chef devraient être capables de
prendre pour essayer de faire en sorte que leurs juges donnent leur plein
rendement. Vous comprenez que quand vous parlez de juges en chef et de juges
puïnés, dans une cour, il ne faut jamais oublier que le juge en
chef n'a pas une autorité absolue sur ces juges. Souvent il a quelques
difficultés à faire observer son autorité, parce que les
juges se considèrent tous égaux et chacun est maître dans
sa cour. Alors, de là, l'autorité du juge en chef est parfois
mise en doute. Alors, je dis que, si en plus de cela, on donne toute la
latitude voulue pour que les cadres judiciaires soient accrus jusqu'au maximum,
je crains bien qu'il résulterait de ce système, des abus
regrettables et que cela empêcherait des réformes administratives
souhaitables par les juges en chef, chacun dans leur domaine, par le
ministère de la Justice et les autres secteurs de l'administration qui
ont des responsabilités dans ce domaine.
Alors, je crois que, même si théoriquement
votre suggestion éviterait des amendements
répétitifs, il serait à craindre sérieusement que
l'on s'avance dans un système qui est dangereux.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de
Maskinongé.
M.PAUL: M. le Président, est-ce que l'honorable
député de Maisonneuve reconnaît qu'il ne nous serait pas
possible ce soir de se rendre à son argumentation, parce que nous
changerions du même coup l'un des deux principes que l'on retrouve dans
cette loi. Si, d'un côté notre commission n'a pas le pouvoir de
rayer un article, parce que cela aurait pour effet de rayer, de radier un des
principes de la loi, l'un des principes de la loi, présentement à
l'étude, est de porter de 54 à 55 le nombre de juges. Alors,
l'amendement, même si le ministre l'acceptait, en mettant de
côté les argumentations auxquelles je souscris, j'ajouterais
peut-être aussi un autre argument qui, à toutes fins pratiques,
pourrait servir d'invitation à nos juges d'être moins
empressés, d'espérer un peu moins de vaillance. Cela ne se
produit pas, mais il ne faut pas les exposer à ce qu'ils tiennent une
telle conduite.
L'espoir d'avoir du secours ou des collègues additionnels
pourrait peut-être les inviter à moins d'empressement à
tenir leurs termes régulièrement et à prolonger leurs
heures de cour.
M. CHOQUETTE: Le président du comité attirait mon
attention sur le fait suivant: Juste avant une élection, il serait fort
tentant pour un gouvernement de remplir les cadres au maximum.
M. PAUL: C'est bien dangereux parce qu'à ce moment-là ils
sont sûrs de perdre le pouvoir; ils ne courent pas de risque.
M. BURNS: Oui, mais si vous nommez tous vos amis là-dessus, c'est
autant de votes que vous perdez avant une élection. Les juges n'ont pas
droit de vote.
M. PAUL: Ce sont des travailleurs.
M. BURNS: Est-ce que ça arrive que vous avez des adversaires?
M. BOSSE: Bien, le député de Maskinongé en sait
quelque chose, je crois.
M. BURNS: Au contraire, si je suis l'argumentation que le ministre de la
Justice nous a donnée cet après-midi en deuxième lecture,
justement sur ce projet de loi, je ne comprends pas qu'il soit l'objet de tant
de pressions puisqu'il nous disait qu'il avait de la difficulté à
trouver des juges à cause du salaire.
M. CHOQUETTE: Oui, mais je ne suis pas toujours l'objet de pressions par
les plus compétents du Barreau. Vous comprenez? C'est ça le
dilemme. Je suis peut-être l'objet de pressions par des gens qui
sont...
M. BURNS: La meilleure façon de résister à ces
pressions, c'est de vous rendre compte que ce ne sont pas les plus
compétents qui viennent vous voir.
M. CHOQUETTE: C'est pour ça qu'il faut que je scrute. Je dirais
aussi que le député de Maisonneuve, dans son argumentation, est
en contradiction flagrante avec son collègue de Bourget...
M. BURNS: Pas du tout, non.
M. CHOQUETTE: ... qui a dit qu'on avait trop de juges.
M. BURNS: Oui, ça, je le maintiens, je suis d'accord avec lui. Je
suis entièrement d'accord avec lui. Mais je sais fort bien ce qui va
arriver dans les années à venir, vous allez ouvrir une autre
commission comme la Commission des transports, le président va
être nommé juge pour sa sécurité, comme vous l'avez
fait dans cette commission comme dans toutes les autres commissions quasi
judiciaires et administratives, et on va encore une fois venir nous demander de
faire passer le chiffre de 55 à 56 ou de 57 à 58, etc. Je suis
bien réaliste là-dessus, et c'est là-dessus que le
député de Bourget a fait des critiques dans ce sens qu'il pensait
que les juges n'étaient pas utilisés à leur
véritable valeur et, très souvent, étaient employés
à d'autres choses. Il y a même des gens, imaginez-vous, qui
acceptent d'être nommés juges de la cour des Sessions de la paix
ou de la cour Provinciale en se faisant donner l'assurance qu'ils n'iront pas
ailleurs qu'à la commission où ils sont nommés. C'est pour
ça que, dans toutes ces lois, on met un mandat de dix ans pour assurer
le gars qu'on ne l'enverra pas sur le banc entendre des causes d'accidents
d'automobiles de moins de $3,000 à la cour Provinciale. En tout cas, ce
sont les remarques que j'avais à faire là-dessus, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Blank): L'article est rejeté par la commission.
L'article no 2 devient l'article no 1.
Traitement des juges
M. CHOQUETTE: L'article 2 porte sur le salaire des juges en chef et des
juges puînés de la cour des Sessions de la paix.
UNE VOIX: Adopté.
M. BURNS: Alors, M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Blank): On a un avocat
éminent qui est avec la commission de la justice maintenant.
M. BURNS: Ah, Seigneur! M. BOURASSA: J'écoute.
M. PAUL: Est-ce que vous êtes inscrit à l'ordre du Barreau,
mon cher confrère?
M. BOURASSA: J'ai payé ma souscription.
LE PRESIDENT (M. Blank): $300 par année.
M. PAUL: Ce n'est pas suffisant pour être reconnu avocat
compétent !
M. BURNS: Alors, M. le Président,...
M. BOURASSA: On écoute, je ne sais pas s'il y a du nouveau dans
la déclaration du député.
LE PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que vous êtes...
M. BURNS: M. le Président, est-ce que le député de
Mercier est membre de la commission?
M. HARVEY (Jonquière): Ce n'est pas nécessaire.
LE PRESIDENT (M. Blank): II n'est pas membre de la commission.
M. BURNS : II a le droit de parole.
M. LEDUC: II n'a pas le droit de voter.
LE PRESIDENT (M. Blank): Cela dépend. La commission peut lui
donner la permission.
M. BOURASSA: Je ne pense pas exercer mon droit de parole pour
répondre aux stupidités du député.
M. BURNS: Voyez-vous, déjà, M. le Président, il
utilise son droit de parole. Je veux savoir s'il a le droit de parole, ou non.
Même s'il me dit des âneries!
LE PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que la commission donne le droit de
parole aux députés qui ne sont pas membres de la commission?
DES VOIX: Oui.
M. BROCHU: Nous n'avons pas à donner notre consentement.
LE PRESIDENT (M. Blank): Non, vous n'avez pas à le donner.
M. BROCHU: Automatiquement, tous les députés qui viennent
ici ont le droit de parole, mais ils n'ont pas le droit de vote.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le règlement dit que c'est la commission
qui décide si les autres députés ont le droit de
parole.
M.PAUL: On perd du temps, M. le Président, l'honorable premier
ministre a toujours l'habitude d'assister à nos débats, mais d'y
participer rarement et ça me surprendrait si ce soir il venait à
notre séance pour y participer. Du moins, c'est l'impression que j'ai,
c'est beaucoup plus...
M. BOURASSA: Je viens surveiller le travail de la commission.
M. PAUL: Un instant, si un travail est surveillé...
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! On retourne à l'article no
1.
M. BURNS: Je veux savoir...
LE PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que c'est le voeu de la commission que
le premier ministre ait droit de parole à cette commission?
M. PAUL: Non seulement...
M. LEDUC: Tous les députés.
LE PRESIDENT (M. Blank): D'acccord.
M. BURNS: Merci, M. le Président. S'il se met à me dire
des âneries pendant que je vais parler, je veux savoir si je pourrai
invoquer le règlement. A ce moment-là, je saurai que...
M. BOURASSA: Allez donc vous reposer!
M. BURNS: ... c'est une personne qui parle à la commission. Je
pense que c'est bien plus vous qui devriez aller vous reposer. Vous êtes
pas mal nerveux ce temps-ci. "
M. BOURASSA: Avec les gaffes que vous faites!
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre! Article no 1.
M. PAUL: C'est trop de violence pour mon coeur !
LE PRESIDENT (M. Blank): L'article 2 qui devient l'article no 1.
M. HARVEY (Jonquière): Laisse les morts tranquilles.
C'est la seule différence, lui attaque les vivants et d'autres,
les morts!
M. LAURIN: N'embarquez pas là-dedans.
M. BURNS: N'embarquez pas là-dedans parce qu'on va avoir bien du
plaisir et cela va changer un peu le genre de discussion calme qui était
le caractère de ce qu'on avait commencé à faire depuis le
début.
LE PRESIDENT (M. Blank): Je veux attirer l'attention de la commission
sur l'article 148. Tous les députés ont accès aux
commissions, mais ceux qui ne sont pas membres et les autres personnes doivent
obtenir la permission pour se faire entendre. Cela veut dire que chaque
député ici, s'il veut parler, doit me demander le droit de parole
et je vais demander à la commission s'il y a droit.
M. BURNS : La commission a consenti globalement.
LE PRESIDENT (M. Blank): C'est le règlement qui doit être
suivi. La commission ne peut pas donner carte blanche. Si un
député veut parler, je vais le demander à la commission.
Le premier ministre n'a pas encore demandé de parler. Vous me posez une
question hypothétique. Il n'a pas encore demandé la parole. Je ne
sais pas s'il veut parler. Si quelqu'un veut parler à la commission, je
dois invoquer l'article 148.
M. BURNS: M. le Président, il y a plusieurs façons de
parler; il y a parler sur le fond de l'affaire comme interrompre...
LE PRESIDENT (M. Blank): Vous parlez de "grouiller", c'est une autre
affaire. Je vais arrêter les gens de faire cela. Ils n'ont pas le droit
de faire cela, même s'ils ont la permission de parler. Est-ce que le
député veut discuter de cet article?
M. BURNS: Est-ce que le premier ministre a la permission de parler?
C'est ce que je veux savoir.
LE PRESIDENT (M. Blank): II n'a pas demandé la permission de
parler.
M. BURNS: Non. Il ne l'a pas fait, mais cela fait trois fois qu'il
m'interrompt.
LE PRESIDENT (M. Blank): Pas sur ce sujet.
M. BURNS: Je n'ai même pas commencé sur le sujet, M. le
Président.
M. BOURASSA: ... $50 au cours de l'été!
M. BURNS : Voyez-vous, M. le Président. Une autre fois!
M. HARVEY (Jonquière): Vous n'avez pas commencé à
parler. Parlez! Il ne vous a pas interrompu, vous n'avez pas
commencé.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. BURNS: Je commence et je n'ai pas d'idée.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! Le ministre du Revenu n'a pas le
droit de parler non plus. Il n'a pas le droit encore.
M. BURNS: II n'a pas le droit encore. LE PRESIDENT (M. Blank): Non.
M. BURNS: C'est cela que je voudrais que vous régliez, M. le
Président. Les députés qui sont autour de la table...
Voyez-vous, on approche même un micro au premier ministre!
M. BOURASSA: Vous allez voir des $50 au cours de
l'été!
M. BURNS: Voyez-vous, M. le Président?
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. BOSSE: M. le Président, traditionnellement, et à ma
connaissance, il n'est pas une commission parlementaire à laquelle j'aie
participé où on a empêché un député
qui était présent, même s'il n'était pas membre de
la commission, de s'exprimer.
M. PAUL: Les trois quarts n'ont pas une grosse expérience!
M. BOSSE: Je voudrais reprendre ici les propos du député
de Maskinongé pour dire que, pour ma part, j'ai fait ma participation
dans les commissions parlementaires. A moins qu'il y ait un
député, ici, qui soit en mesure de me dire qu'on a
empêché un député, à une commission
parlementaire, depuis le nouveau règlement, de s'exprimer alors qu'il
n'était pas membre de la commission. Qu'on me montre un seul cas!
LE PRESIDENT (M. Blank): C'est moi qui suis le président de cette
commission. C'est moi qui dois faire suivre le règlement. C'est le
règlement 148.
M. BOSSE: D'accord. Mais ce n'est pas moi, c'est le député
de Maisonneuve qui met la question en cause.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Maisonneuve a le
droit de parole sur le nouvel article no 1.
M. BURNS : M. le Président, sur le nouvel article no 1, cet
après-midi, j'ai écouté le ministre de la Justice avec
beaucoup d'intérêt, nous dire que tout ce problème de la
rémunération des juges faisait l'objet d'une étude, d'une
discussion même et le ministre me corri-
gera je pense qu'il a même dit que cette étude
n'était pas encore terminée, mais que cela évoluait et
qu'il y avait...
M. CHOQUETTE: Je l'ai mentionné en deuxième lecture. Je
l'ai mentionné en réplique aussi.
M. BURNS: C'est cela.
M. CHOQUETTE: Avez-vous écouté quand j'ai lu l'avis du
Conseil consultatif de la justice?
M. BURNS: Oui, justement. Quant à tout l'ensemble de la
réforme, j'ai cru comprendre que le ministre disait qu'une
réforme éventuelle, globale, et le fait que, entre autres...
Je pense qu'il disait que même lui n'était pas plus
d'accord qu'il fallait sur le fait que l'augmentation de salaire des juges
revienne constamment devant l'Assemblée nationale, que ce n'était
peut-être pas la formule idéale mais que dans le moment
c'était la seule formule qu'il avait à sa disposition. J'ai bien
compris le ministre.
M. CHOQUETTE: J'ai dit qu'à court terme c'est la seule solution
pratique et pratiquable mais qu'à long terme on peut étudier
d'autres solutions.
M. BURNS: Va pour cette argumentation. Je la reconnais comme ayant un
élément de fondement et si j'avais pu, M. le Président, je
vous aurais donné la chance d'étudier davantage, durant une
période de six mois, la possibilité d'examiner d'autres formules
parce que le ministre ne s'en trouvait pas lui-même complètement
satisfait, dans les limites de ce qu'il vient de mentionner et que j'ai
très bien compris.
Cependant, je pense qu'on arrive à l'article qui est celui dans
le fond qui peut être le plus contentieux, à savoir est-ce qu'on
est d'accord ou est-ce qu'on n'est pas d'accord sur cette fameuse augmentation
de salaire des juges?
L'article 2, devenu l'article 1, M. le Président, c'est 1
maintenant? Est-ce que je peux me référer à l'article 1?
Le nouvel article 1, c'est celui qui porte, à toutes fins pratiques, le
salaire des juges à $5,000 de plus. Etant donné l'argumentation
que nous a servie, tant en deuxième lecture qu'en réplique, le
ministre relativement à l'importance du rôle que le conseil
consultatif a eu à jouer dans la formation de l'opinion du ministre de
la Justice pour présenter un tel projet de loi, je pense qu'il serait
très utile que nous entendions, comme témoin, à cette
commission, le président du Conseil consultatif de la justice.
Je m'autorise de l'article 159 de notre règlement qui se lit
comme suit: "En commission, après la deuxième lecture ce
qui est le cas, en l'occurrence, je pense on ne peut discuter que les
détails d'un projet de loi et il ne peut y avoir audition publique
à moins que la commission n'en décide autrement."
Evidemment, en principe, nous n'avons pas le droit d'entendre ici le
président du conseil consultatif. Mais, si la commission le
décidait, sur la motion que je vais vous formuler, l'article 159 nous
autoriserait à dire au président du conseil consultatif: Venez
donc nous rencontrer et nous expliquer vos conclusions relativement à
cette fameuse augmentation de salaire, comment vous avez étudié
ça, pourquoi vous en arrivez à cette conclusion, quels ont
été les critères que vous avez examinés pour en
arriver à cette conclusion.
Je fais motion, M. le Président, pour que la commission
décide de tenir des auditions publiques. Article 159, paragraphe 1.
C'est débattable.
LE PRESIDENT (M. Blank): Je n'ai pas le même règlement que
vous.
M. PAUL: Dans la version que vous avez, M. le Président, c'est
l'article 154.
M. BURNS: J'ai peut-être un livre de règlements non
amendé, mais cet article existe encore.
C'est l'article qui se lit comme suit, au premier paragraphe: "En
commission...
M.PAUL: "En commission, après la deuxième lecture...
M. BURNS: C'est ça.
M. GIASSON: Lors de la réforme électorale, l'Union
Nationale l'avait demandé.
M.PAUL: Je regrette, ce n'est pas à cette occasion que cet
article a été invoqué.
LE PRESIDENT (M. Blank): Est-ce qu'on peut discuter de cette motion?
M. CHOQUETTE: Est-ce que c'est conforme au règlement?
M. BURNS: Ce n'est pas recevable?
LE PRESIDENT (M. Blank): C'est recevable.
M.PAUL: C'est recevable, d'ailleurs le président de
l'Assemblée nationale a déjà donné une directive
sur ce point. Il a fait la distinction qu'il nous était impossible
d'entendre les témoins à la commission plénière
mais que la situaiton serait bien différente si la motion était
faite devant une commission élue.
LE PRESIDENT (M. Blank): Mais à quel stade, au commencement du
projet de loi?
M. PAUL: Sur un article. Je soumets respectueusement, M. le
Président, qu'à chaque arti-
cle, théoriquement, une motion peut être faite pour
entendre MM. X, Y, Z, Napoléon, Alphonse ou Arthur.
LE PRESIDENT (M. Blank): Y a-t-il discussion sur cette motion?
M. BURNS: Oui. Je dois dire d'abord que, contrairement à ce que
semble vouloir indiquer le député de Maskinongé, je ne
sais pas si c'était son intention, ce n'est pas la mienne de faire cette
motion à tous les articles.
M.PAUL: Non, non. Théoriquement, le président se demandait
à quel stade des travaux il pourrait le faire. J'ai dit qu'à
n'importe quel article, si quelqu'un veut faire cette motion, il peut le
faire.
LE PRESIDENT (M. Blank): C'est parce que l'article ne mentionne pas
quand.
M. BURNS: Non, non. On dit en commission. Je pense bien...
LE PRESIDENT (M. Blank): En commission, c'est cela.
M. BURNS: ... que l'interprétation du député de
Maskinongé, je la partage, mais je vous dis tout simplement que vous
rassurer, M. le Président, que je ne la ferai pas à tous les
articles. C'est à cet article que je trouve important qu'on invite le
président du conseil consultatif. Ce qui m'a frappé, cet
après-midi et ce soir, dans la réplique du ministre, c'est qu'il
semblait se retrancher derrière cette autorité qu'est le Conseil
consultatif de la justice. Je me rappelle même, cet après-midi,
que le ministre de la Justice me citait comme haute autorité les points
de vue des trois représentants syndicaux qui se trouvent à ce
conseil consultatif. Personnellement, je trouve et je ne mets pas en
doute la parole du ministre à l'effet que le conseil consultatif a
été effectivement consulté là-dessus, loin de moi
cette intention mais je trouve qu'il serait malgré le fait
que je ne mette pas en doute la parole du ministre à ce sujet
très intéressant d'interroger le président du conseil
consultatif pour lui demander les insides de cette décision.
Peut-être que cette décision a été rendue avec
réticence, peut-être avec aucune réticence, je ne le sais
pas. Peut-être qu'elle a été prise avec enthousiasme aussi.
Je ne le nie pas. C'est fort possible. Peut-être aussi qu'elle a
été prise de façon raisonnable, c'est-à-dire en se
basant sur des critères que l'on peut considérer comme
sérieux ou non, mais peut-être aussi que cela a été
fait sur le coup de la sentimentalité tout simplement. Peut-être
que le ministre, quand il s'autorise de cette recommandation, n'a pas
fouillé complètement. Peut-être que oui aussi. Je pose
simplement des hypothèses: Peut-être qu'il n'a pas fouillé
complètement les critères qui ont été
utilisés par le conseil consultatif pour en arriver à sa
décision. Peut-être que le conseil consultatif aussi aurait de la
difficulté à nous dire qu'il a utilisé des critères
très précis pour en arriver à cette décision.
Pour toutes ces raisons, je trouve que tous les membres de la commission
auraient intérêt à entendre, même si ce
n'était pas pour trois jours durant, même si c'était juste
pour une demi-heure ou une heure je pense bien que cela peut ne pas
être long cet interrogatoire du président du conseil
consultatif. Je pense que cela nous aiderait. En tout cas, moi, cela m'aiderait
à me rassurer sur le bien-fondé et je vous avoue que je ne suis
pas encore convaincu du bien-fondé de cet article 2, pas plus que du
projet de loi dans son ensemble puisque maintenant, il ne reste plus que cela
dans le projet de loi, l'aspect de l'augmentation de salaire.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Dorion.
M. BOSSE: Je crois que cet après-midi, lorsque le ministre a fait
lecture de la déclaration, il n'a pas fait de commentaires proprement
dits. En concordance peut-être avec le député de
Maisonneuve, je crois qu'il serait peut-être important d'entendre chacun
des juges afin de connaître leur opinion sur le sujet. Je crois qu'il
serait peut-être opportun aussi d'entendre les doyens des diverses
facultés de droit et aussi de consulter les divers Etats
américains afin de savoir, en dehors des affaires de Watergate, s'il n'y
aurait pas aussi, au niveau des juges, des opinions qui pourraient diverger sur
les questions salariales.
Peut-être serait-il opportun de consulter aussi le
président de la CSN, de la FTQ, de la CEQ, pour voir s'il n'y aurait pas
là une politique salariale à établir. Peut-être
serait-il opportun de consulter des permanents de la CSN pour voir si dans
leurs conventions collectives les critères et nonnes utilisés
sont les mêmes que ceux auxquels vous vous référiez cet
après-midi dans votre intervention et je m'adresse ici au
député de Maisonneuve.
Je crois donc que la motion mise de l'avant par le député
de Maisonneuve est d'une logique dilatoire incontestable.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Bourget demande la
permission de parler. Il n'est pas membre de la commission, est-ce que la
commission lui donne la permission de parler.
Le député de Bourget.
M. LAURIN: C'est la coutume.
M. BOSSE: Tout le monde a le droit de parler.
LE PRESIDENT (M. Blank): Parce que le député de
Maisonneuve a posé la question au premier ministre à l'article
148, j'applique l'article 148.
M. LAURIN: M. le Président, je comprends le député
de Dorion qui veut faire de l'ironie là-dedans, c'est de bonne guerre,
mais je pense que la question est probablement plus sérieuse qu'il ne
veut bien le penser, parce que le ministre de la Justice, dans son intervention
aussi bien que dans sa réplique, nous a donné la conclusion
à laquelle en était arrivé le Comité consultatif de
la justice. Mais il ne nous a pas dit effectivement si le comité
consultatif avait étudié d'une façon formelle la question,
combien de fois il avait siégé pour étudier cela, s'il
avait préparé un document pour justifier la conclusion ou la
recommandation qu'il faisait au ministre. J'avoue pour ma part que j'aurais
été davantage convaincu de l'opinion ou de la recommandation du
Conseil consultatif de la justice si, au cours de la deuxième lecture ou
dans sa réplique, le ministre nous avait lu les extraits du document
qu'aurait préparé le Conseil consultatif de la justice. Le
ministre est sûrement au courant que, quand le Conseil consultatif de la
main-d'oeuvre et du travail prépare un document sur une loi ou quand le
Conseil supérieur de l'éducation est saisi d'un problème
par le ministre de l'Education sur des directions, sur des problèmes
qu'on lui soumet, c'est l'habitude de ces conseils de se mettre
sérieusement au travail, au cours de leurs études, de faire des
comparaisons. D'ailleurs, le ministre nous a fait quelques comparaisons au
cours de la deuxième lecture, je ne sais pas si c'est tiré du
document qu'aurait préparé le Conseil consultatif de la justice,
mais habituellement, quand ces conseils-là se donnent la peine
d'étudier un problème, ils font des études, ils font des
recherches. Et habituellement, dans le document qu'ils publient à la
fin, on retrouve mentionnés, sinon toutes les études qu'ils ont
menées, du moins les résultats principaux de ces
études-là, les critères sur lesquels ils se sont
basés. Moi, je comprends la question du député de
Maisonneuve en ce sens que, dans son intervention de deuxième lecture et
dans sa réplique, le ministre ne nous a pas fait part d'un document qui
aurait été préparé, il ne nous a pas fait part de
la substance des opinions qui ont été émises, des raisons
sur lesquelles elles se fondaient. Si, en réponse à la question
du député de Maisonneuve le ministre de la Justice voulait
répondre à sa question d'une façon plus substantielle,
plus élaborée, il est possible que le député de
Maisonneuve retirerait purement et simplement la motion qu'il fait. Je ne sais
pas si le ministre, à ce stade-ci, serait prêt à nous lire
les passages les plus importants d'un document ou encore à nous
transmettre l'essentiel des opinions qu'il a pu recueillir auprès des
membres de la commission et à nous dire sur quelles données c'est
fondé, sur quelles statistiques c'est fondé, et aussi sur quelles
raisons autres que statistiques le conseil a pu se fonder pour en arriver
à cette conclusion. Est-ce que le ministre pourrait préciser
davantage sa pensée sur cet aspect?
M. CHOQUETTE: M. le Président, j'ai donné lecture en
réplique du dernier avis que j'ai reçu du Conseil consultatif de
la justice...
M. LAURIN: La conclusion.
M. CHOQUETTE: Oui. Moi-même, je n'ai pas assisté aux
délibérations. Je ne m'autoriserais donc pas à dire ce que
le conseil consultatif a examiné au cours de ses
délibérations. Je sais que le conseil consultatif est
composé de gens sérieux, de gens représentatifs, de gens
qui ne se prononcent pas à la légère et qui sont capables
de soutenir leur opinion.
M. LAURIN: C'est un argument qui...
M. CHOQUETTE: Je sais que ces gens-là viennent de tous les
milieux sociaux, je sais qu'ils ne représentent pas exclusivement le
monde juridique.
Il y en a seulement la moitié à peu près qui sont
du monde juridique, l'autre moitié est de tous les autres milieux qui
peuvent contribuer à nous donner des avis dans ce domaine. Si on prend,
par exemple, l'abbé Dion qui était membre du sous-comité,
c'est un homme eminent, professeur à l'université Laval. Je pense
que c'est un spécialiste en relations industrielles et en science
politique. Je crois que l'abbé Dion a beaucoup de prestige dans les
milieux du travail où il s'agit de déterminer des niveaux de
rémunération. Je sais, d'autre part, qu'au conseil consultatif il
y avait des syndicalistes aussi qui ont exprimé leur avis et qui
veulent... D'ailleurs, dans le monde syndical, aujourd'hui, on réclame
une bonne rémunération pour les juges justement pour avoir de
bons juges au tribunal du travail et je pense que le député de
Maskinongé pourra corroborer sur ça. C'est que, quand l'ancien
gouvernement a formé le tribunal du travail et que l'ancien ministre du
Travail et le député de Maskinongé ont collaboré
à la création de ce tribunal, ils ont été chercher
de très bons juristes à mon sens. Je félicite le
député de Maskinongé. Ces juristes ont accepté
d'être nommés au tribunal du travail justement parce qu'on leur
promettait une rémunération convenable. Par conséquent,
les gens qui sont dans le monde syndical ne pensent pas comme le Parti
québécois, ce soir. Ils ne pensent pas comme le Parti
québécois, c'est aussi simple que ça. Parce qu'ils savent
que, pour avoir une bonne justice, au tribunal du travail en particulier, comme
ailleurs dans les autres tribunaux, il faut être capable de donner une
rémunération intéressante pour les candidats. C'est aussi
simple que ça. Cela n'a pas besoin d'être dessiné. Il y a
une question de jugement, d'appréciation, de connaissance. J'ai
cité, il me semble, suffisamment de statistiques pertinentes au cours de
mon intervention en deuxième lecture pour justifier l'augmentation et,
à part ça, je me demande, pour retourner la balle au Parti
québécois, maintenant qu'on a conclu des
accords avec tout le monde dans la fonction publique, avec les cadres,
qu'on a donné des augmentations aux sous-ministres, ce que vous proposez
pour les juges. Qu'est-ce que vous voulez donner aux juges? Rien, vous voulez
les laisser poiroter pendant...
M. LAURIN: Ce n'est pas rien, $28,000 par année.
M. CHOQUETTE: Ecoutez, soyez donc décents avec les juges. Ils
n'ont pas eu d'augmentation depuis 1969 et on sait que, dans l'état
actuel du fonctionnement dans ce domaine, avant que le livre blanc sur la
justice soit rendu public, qu'on ait adopté la législation qui
peut découler de ça, il va se passer encore du temps, c'est tout
à fait normal. Je dis: Ayons donc une attitude de gens raisonnables
vis-à-vis d'un groupe qui n'a pas de capacité de
négociations.
M. le Président, personnellement, connaissant
l'intégrité et la compétence, le jugement des membres du
conseil consultatif, je trouve que la motion n'est vraiment pas
nécessaire. Comme le dit si bien le député de Dorion, elle
a un but qui me paraît assez dilatoire.
M. LAURIN: Quand vous dites qu'on ne leur donne rien, qu'on propose de
ne rien leur donner, est-ce que vous tenez compte de tous les
bénéfices sociaux, des avantages marginaux que j'ai
mentionnés dans ma deuxième lecture et qui, si on les additionne,
si on les cumule, aboutissent à une augmentation appréciable du
salaire nominal...
M. CHOQUETTE: ... $10,000 ou $8,000. Vous, quand on a amendé la
Loi de la Législature, le député de Maisonneuve s'est
donné $8,000 ou $10,000 aussi. Vous n'avez pas jeté les hauts
cris à ce moment-là. Vous n'avez pas fait...
M. BURNS: On ne s'est jamais donné ça. Vérifiez vos
chiffres et vous allez voir que ce n'est pas ça.
M. CHOQUETTE: Oui, vous avez donné ça. M. BURNS: En tout
cas, pas ça du tout.
M. CHOQUETTE: En tout cas, je voudrais savoir du Parti
québécois ce qu'il proposerait de donner aux juges.
M. BURNS: Nous, on proposerait, entre autres... Remarquez qu'on peut
parler de la motion, je ne suis pas tellement dans l'ordre, je n'ai pas
d'objection à en parler mais je ne veux pas qu'on me dise, après
ça, que je ne parle plus dans l'ordre. Je suis bien prêt à
vous répondre.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Maskinongé
sur la motion.
M. PAUL: M. le Président, sur la motion du député
de Maisonneuve, je m'interroge sur l'opportunité de convoquer ici le
Conseil consultatif de la justice.
Si le Conseil consultatif de la justice avait été un
organisme ou avait joué un rôle décisionnel dans une
consultation qu'aurait pu faire le ministre et qu'il y aurait eu partage
d'opinions quant à l'opportunité ou non d'accorder des
augmentations de salaire aux juges et que le Conseil consultatif de la justice,
encore que majoritairement, aurait recommandé au ministre de la Justice
de présenter une loi aux fins d'augmenter le salaire des juges, je
m'interrogerais sur l'opportunité d'inviter ici le président du
Conseil consultatif de la justice. De toute façon, le ministre nous a
cité, cet après-midi, non pas comme seul argument de base ou de
justification, l'opinion du Conseil consultatif de la Justice. A mon humble
point de vue, le ministre nous a donné des statistiques, il a
insisté sur le caractère socio-économique que cette loi
nous apportait, il nous a cité la nécessité de mieux
rémunérer nos juges pour intéresser les candidats
sérieux à accéder à la magistrature et il nous a
donné des statistiques comparatives entre le salaire payé
à nos juges québécois en regard de la
rémunération qui est accordée par la province de
l'Ontario, à l'endroit de ses juges. Je comprends que notre
collègue de Maisonneuve, ce soir, nous ait cité d'autres
statistiques à l'appui d'un salaire moindre que celui que nous avons
accepté comme principe en deuxième lecture.
Pour toutes ces raisons, M. le Président, je ne vois pas la
nécessité... Parce que ce n'est pas la condition sine qua non de
l'acceptation ou du refus d'accorder ou de refuser l'augmentation de salaire
que le ministre nous propose par sa loi. Cette acceptation n'est pas
subordonnée à la décision du Comité consultatif de
la justice. Rien dans la tradition non plus ne l'établit.
Personnellement, je dois avouer que, lorsque j'ai été dans
l'obligation de procéder à des nominations, je n'ai pas
consulté le Comité consultatif de la justice, qui n'était
pas structuré d'ailleurs comme il l'est aujourd'hui. Cela ne veut pas
dire que les personnes qui ont accédé à la justice ne
soient pas de bons juges et cela ne veut pas dire non plus qu'ils ne
méritent pas le salaire que va leur apporter cette loi.
Alors, pour toutes ces raisons, M. le Président, je comprends
l'aspect du problème soulevé par le député de
Maisonneuve par sa motion, mais personnellement je ne vois pas la
nécessité d'une telle convocation et c'est pourquoi, mon
collègue et moi, nous voterons contre cette motion de mon ami, le
député de Maisonneuve.
LE PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que la commission peut se prononcer?
DES VOIX: Oui.
LE PRESIDENT (M. Blank): Sur division ou re jetée?
DES VOIX: Le vote.
LE PRESIDENT: (M. Blank): Le vote. M. Giasson? Contre. M. Burns? Pour.
M. Choquet-te? Contre. M. Dionne? Il est absent. M. Brochu? Contre. M.
Pépin? Contre. M. Boivin? Contre. M. Paul? Contre. M. Pilote? Contre. M.
Bossé? Contre. M. Shanks? Contre. La motion est rejetée. Neuf
à un.
L'article no 1 est adopté?
M. BURNS: M. le Président, je ne peux pas discuter la
décision de la commission, mais si vous ne voulez pas entendre des
opinions là-dessus, je pense que l'on va être obligé de
procéder par voie de tâtonnement. C'est une méthode, en
mathématiques, M. le Président, qui est reconnue, la
méthode de tâtonnement.
Alors, je proposerais un amendement à l'article 2 qui est devenu
l'article 1... Je m'excuse, l'ancien article 2, le nouvel article 1.
Je proposerais de remplacer les paragraphes a) et b) par les suivants:
paragraphe a) j'en ai des copies, M. le Président, ne prenez pas
de notes en ajoutant après les mots "trente-deux mille", le mot
"cent"; b) en ajoutant après les mots "vingt-huit mille", le mot "cent".
J'en ai des copies, si vous en voulez, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Blank): Vous voulez augmenter le salaire à
$100,000?
M. BURNS: Non.
LE PRESIDENT (M. Blank): De $100.
M. BURNS: De $100. Si vous voulez, je fais attendre avant de...
M. CHOQUETTE: Vous auriez pu vous dispenser de le faire celui-là,
il est injurieux, pas pour nous.
M. BURNS: Non, non, M. le Président, il n'est pas injurieux, il
est...
M. BOSSE: M. le Président, est-il opportun, par exemple, pour un
membre de la commission de faire je ne suis pas tellement familier avec
la procédure, du moins je n'ai pas la prétention...
M. BURNS: Cela paraît.
M. BOSSE: ... mais peut-il faire une proposition qui comporte des
dépenses? Je soulève le problème.
M. PAUL: Je dois signaler à mon collègue que ce ne serait
pas une dépense...
M. BURNS: On épargnerait de l'argent.
M. PAUL: ... ce serait une économie si la motion de mon honorable
collègue... On épargnerait de l'argent.
LE PRESIDENT (M. Blank): Non, la motion est acceptable.
M. BOSSE: Je n'ai malheureusement pas lu la motion.
M. BURNS: Oui, ce serait mieux de lire avant, de savoir avant.
LE PRESIDENT (M. Blank): D'accord, on discute la motion maintenant. Le
député de Maisonneuve, le parrain.
M. BOSSE: C'est pourquoi je posais la question.
M. BURNS: Alors, M. le Président, comme vous l'avez si bien dit
et comme l'a dit le député de Maskinongé, non seulement ce
n'est pas une augmentation des dépenses gouvernementales, ce serait,
selon le projet de loi projeté, une diminution sensible d'environ $4,500
par juge concerné. Au cours de mon intervention en deuxième
lecture, M. le Président, j'ai fait état d'un certain
critère que je considère n'être pas respecté...
LE PRESIDENT (M. Blank): Pour ne pas tomber dans la coutume, à
Ottawa, la coutume c'est $1.
M. BURNS: Oui, alors voyez-vous, on est plus généreux
qu'à Ottawa encore.
M. PAUL: II s'en vient libéral!
M. BURNS: On s'en vient plus généreux qu'à Ottawa !
Alors, M. le Président, j'ai mentionné un certain nombre de
statistiques ce soir et je pense que mon collègue de Bourget a
également fait mention d'un certain nombre de statistiques. Ces
statistiques concernant les Etats américains ont été
tirées d'une publication qui s'appelle Judicature, volume 56, no 4,
novembre 1972. Nous avons, en plus des chiffres que nous avons extraits de ce
document qui s'appelle Judicature, pris la peine de vérifier dans ces
Etats le revenu annuel moyen per capita et de le comparer avec le revenu annuel
moyen au Québec. C'est, selon nous, puisque c'est ça que
j'appelle la méthode de tâtonnement une des façons
de voir s'il y a des éléments de comparaison entre chaque Etat
concerné et le Québec. Je pourrais très facilement, M. le
Président, faire de la démagogie et vous prendre les Etats qui
n'ont pas de revenu moyen comparable à celui du Québec. A ce
moment-là, on pourrait me dire: Ecoutez, vous comparez des oranges et
des pommes, ça ne se tient pas ensemble. Je n'ai pas pris cette
méthode, M. le Président, j'ai pris la peine de vous dire d'abord
que le Québec, lui, avait un revenu moyen de $3,361 par habitant et nous
avons pris les Etats
par gradation qui se rapprochent le plus, mais qui s'en éloignent
par le haut, au point de vue de revenu per capita.
J'aurais pu vous citer, dans l'ordre croissant, celui qui est le plus
près vers le haut du Québec de $3,361, l'Etat du Vermont au point
de vue du revenu ; le suivant, avec un revenu plus élevé, est
l'Etat du Maine, le suivant avec un revenu encore plus élevé que
le Québec, est le New Hampshire, et ainsi de suite, le Rhode Island et
le Connecticut.
Par rapport à cela, M. le Président, nous avons
examiné les salaires des juges. Je réfère le ministre de
la Justice à cette publication de façon très
sérieuse, parce qu'elle a d'abord une réputation. Je pense bien
que le ministre la connaît, je pense qu'il connaît même la
publication, mais cette étude a été véritablement
fouillée et faite de façon sérieuse. A l'encontre, prenons
l'Etat simplement le plus près de celui du Québec, au point de
vue du revenu per capita. Je vous demande de bien garder à l'esprit ce
fameux montant de $3,361, parce qu'il est important. On va s'apercevoir que
celui qui est juste en haut, au point de vue du revenu, c'est le Vermont,
à $3,865 de revenu par année ; donc un revenu per capita plus
élevé que celui qu'on retrouve dans l'ensemble du
Québec.
Or, qu'est-ce qu'on retrouve dans les statistiques à
l'égard du Vermont? D y a ceci, à mon avis, d'assez
intéressant: C'est qu'on voit le salaire des différentes cours,
en partant de la cour la plus élevée. On dit: "Highest Court",
"Supreme Court", "Chief Justice". Le juge en chef de la cour Suprême du
Vermont a un salaire tenez-vous bien de $26,500 par année.
C'est-à-dire que, dans un Etat où le revenu moyen est encore plus
élevé qu'au Québec, et dans un Etat à
proximité du Québec remarquez qu'il est quand même
très près du Québec dans un Etat qui, à
plusieurs points de vue, ressemble au Québec, quant à ses
diverses vocations, industrielle, touristique, etc., tous les aspects qu'on
retrouve au Vermont, en général, on peut les retrouver au
Québec et vice versa. Donc, le juge en chef de la cour Suprême y
gagne $26,500, c'est-à-dire moins que le salaire que le juge ordinaire
non pas le juge en chef de nos cours gagne actuellement,
c'est-à-dire moins que $28,000. Je pense que c'est une statistique assez
intéressante. Ce ne sont pas nécessairement les juges des cours
qui sont au même niveau que ceux dont on étudie les salaires
actuellement; c'est "the Highest Court" de l'Etat du Vermont, ce qui a...
M. PAUL : Est-ce que vous auriez la statistique quant au nombre de
juges? Quelle est la représentation per capita?
M. BURNS: Attendez un peu; je vais regarder. Je ne pense pas l'avoir
pour les Etats. Je peux vous la donner, si vous le voulez, pour l'Ontario, par
exemple. J'ai la statistique pour l'Ontario. J'y viendrai
éventuellement. Mais, malheureusement, dans cette publication, on ne
donne pas la statistique per capita. Je conçois très bien la
valeur de la question du député de Maskinongé, parce que,
sans aucun doute, il a...
M. PAUL: Dans quel Etat?
M. BURNS: Dans l'Etat du Vermont.
M. PAUL: Le Vermont. Est-ce qu'on a le per capita?
M. BURNS: On l'a pour 18 Etats pour le moment, non pas le per capita,
c'est-à-dire le nombre de juges du per capita. Mon collègue de
Bourget me dit qu'on a cette statistique, mais j'insiste tout simplement sur ce
fait.
Je disais justement que la question du député de
Maskinongé a sûrement son intérêt, parce
qu'évidemment le nombre de juges a sûrement quelque chose à
faire sur la charge de travail. Il n'y a pas de doute là-dessus.
Là-dessus, je pensais vous citer des statistiques de l'Ontario qui sont
plus facilement abordables, en tout cas, pour moi. Peut-être que le
député de Bourget pourra compléter les statistiques que
j'ai à ce sujet.
Maintenant, les associates de cette "Highest Court", de la cour
Suprême...
M. PAUL: Ce sont nos juges puïnés.
M. BURNS: ... ce sont nos juges puînés, qui gagnent $25,000
par année, c'est-à-dire $1,500 de moins que le juge en chef. Je
continue. Dans les "General Trial Courts" les "Superior County Courts", le
"Presiding Superior Judge" gagne $22,500. C'est un échelon moins
élevé. Le juge en chef de cette cour gagne $22,500. "Assistant
judges, per day $15". Je ne comprends pas cette statistique. De toute
façon, ce sont des juges qui sont apparemment temporaires et qui sont
payés au per diem.
M.PAUL: C'est peut-être le pendant de l'amendement que nous avons
adopté hier soir, dans la loi no 2, à l'effet que le juge
pourrait toujours nommer des juges censément à la retraite et
dont il pourrait retenir, à qui il pourrait donner les services per
diem.
M. BURNS: C'est ce que je pense, qu'il doit y avoir un per diem. Ce
n'est pas énorme. En tout cas, je n'insisterais pas sur cette
statistique parce que je vois tout simplement: "Assistant judges, per day $15."
De toute façon, comme ce ne sont pas le cas de juges qui viennent
temporairement, je pense bien que c'est une statistique qui nous
intéresse très peu ici. Mais j'arrive à ceci, qui est
assez important: "Limited and Special Courts". Je pense, sans avoir
fouillé la constitution de ces cours, que ce sont les "Probate Courts"
et les "District Courts" qui peuvent peut-être se rapprocher de nos
cours.
Notre cour serait peut-être entre la "Superior County Court" et
les "Probate and District Courts", ce serait peut-être un espèce
de mélange de ces deux-là, si je comprends bien.
M. BOSSE: En tout cas, cela a pris du temps.
M. LAURIN: Je ne le pense pas, M. le Président. C'est très
intéressant, les statistiques qu'on nous donne, ça nous permet de
faire des comparaisons sérieuses, valides.
LE PRESIDENT (M. Blank): Cela prendrait moins de temps s'il n'y avait
pas d'interruption.
Ils ont le droit de parler, le député de Maisonneuve et
aussi le député de...
M. BURNS: J'arrive à ces fameuses "Probate Courts" et ces
"District Courts", "Probate Courts". Aussi surprenant que ça puisse
paraf-tre, les juges sont payés de $4,500 à $20,000 par
année. J'entends le président dire "part time". Je vous dis tout
de suite que c'est exact. Ceux qui sont à $4,500 sont des "part
time"...
LE PRESIDENT (M. Blank): J'ai des amis qui sont avocats, qui sont juges
aux "Probate...
M. BURNS: C'est probablement l'équivalent de nos juges municipaux
qui reçoivent des honoraires et c'est exactement ce que dit la note ici:
"Compensation of probate judges supplemented by statutory fees for providing
copies of court records." Il n'y a pas de doute. J'oublie la statistique du
montant de $4,500 qui n'est évidemment pas ce genre de juges.
M. TETLEY : Le député de Maisonneuve me permet-il une
question?
M. BURNS: Oui.
M. TETLEY: Si cette analogie ou comparaison est valable, est-ce qu'on a
le droit, la prochaine fois que la police de Montréal demandera une
augmentation, de leur donner le même niveau de salaire que celui dans le
Vermont?
M. BURNS: Savez-vous ce qui arrive dans les négociations?
M. TETLEY : Je connais ce qui arrive au Canada...
M. BURNS: Ce qui arrive, c'est exactement ce qui se fait...
M. TETLEY : Pas au Vermont.
M. BURNS: C'est-à-dire qu'on ne prend pas le Vermont.
Peut-être en l'occurrence les policiers...
M. TETLEY: ... et la gendarmerie...
M. BURNS: Nous allons revenir à Toronto, on va revenir à
l'Ontario tantôt, je n'ai pas d'objection.
M. TETLEY: Le ministre a déjà dit, dans son
discours...
J'aimerais savoir le salaire d'un policier au Vermont.
M. CHOQUETTE: Est-ce que le député de Maisonneuve ne
considérerait pas l'aspect du recrutement. Moi, je peux lui dire une
chose. C'est qu'il est difficile de recruter de bons juges au salaire actuel.
Je ne sais pas comment ils résolvent le problème dans le Vermont,
je ne sais pas s'ils ont un Barreau, quelle est la qualité du Barreau
dans lequel ils puisent pour aller chercher... Mais je peux vous dire qu'en
pratique, à l'heure actuelle, offrir le salaire de $28,000 pour avoir
des juges de qualité, pour nos différents tribunaux, c'est une
chose qui me paraît très difficile.
Je vous assure que, selon mon expérience quotidienne, au jour le
jour, quels que soient les chiffres, les statistiques que vous voulez citer et
qui reflètent peut-être les conditions locales et peut-être
aussi le fait qu'ils ont un système gouvernemental différent dans
les Etats américains, après tout, il faut quand même noter
que les initiatives financières proviennent des élus et des juges
ne représentent pas une grosse partie du vote populaire. Tandis que
nous, dans notre système, c'est le gouvernement qui prend ses
responsabilités et qui propose les mesures.
M. BURNS: Excusez, je ne comprends pas le lien.
M. CHOQUETTE: Je veux dire que, dans le système gouvernemental
américain, les initiatives d'ordre financier et peut-être les
salaires des juges viennent des congressmen des différents Etats. Alors,
eux, à un moment donné, peuvent prendre une attitude plutôt
passive devant le problème de l'administration de la Justice. Nous, on
est dans un système parlementaire où c'est le gouvernement qui
prend l'initiative. Moi, d'après l'expérience vécue, je
peux vous assurer qu'à l'heure actuelle il est nécessaire de
donner des augmentations pour avoir des juges parfaitement
compétents.
M. BURNS: Je n'ai pas entendu, à moins que, si le ministre me
contredit...
M. CHOQUETTE: ... juges et des avocats d'expérience. Evidemment,
si je vais chercher de jeunes avocats, je n'aurais pas le droit, mais supposons
que, théoriquement, je pourrais...
M. BURNS: Vous avez besoin d'en prendre un qui a dix ans
d'expérience, de toute façon.
M. CHOQUETTE: Bien oui. Par exemple, il y a des régions du
Québec, à l'heure actuelle, où je suis en peine pour
trouver un candidat qui va accepter nos traitements et là, je ne parle
pas
de couleur politique, parce que, parmi les nominations que j'ai faites,
j'en ai fait pas mal qui n'étaient pas des nominations libérales.
Et quand j'ai un bon candidat qui est d'un autre parti politique, je
n'hésite pas à le nommer. Par conséquent, j'ai le
problème pratique de trouver de bons candidats pour la magistrature et
leur offrir des conditions matérielles de vie honorable. Je peux vous
dire que cela, c'est du vécu. C'est pour cela que vos statistiques, je
me dis qu'elles sont peut-être intéressantes sur le papier, mais
elles ne réflètent pas la réalité.
M. LAURIN: Elles réflètent la réalité dans
ces endroits.
M. CHOQUETTE: Dans ces endroits, peut-être.
M. BURNS: C'est cela que je veux dire. Cela réflète une
drôle de réalité, ces statistiques. Si je vous les lance
sur la table sans plus, je concevrais que le ministre me dise: Ecoutez, vous me
lancez des chiffres et je ne sais pas ce qu'ils veulent dire. Mais avant de
vous les lancer, ces chiffres, je prends la peine de vous donner, par rapport
au Québec, le revenu moyen per capita annuel. Vous avez dans l'Etat du
Vermont $3,865 par rapport à notre $3,361, c'est-à-dire quelque
$500 de plus per capita par année. Donc, ce ne sont pas des gens qui ont
un niveau de vie, de par ces statistiques, inférieur à celui du
Québec. C'est un niveau de vie qui est parfaitement comparable à
celui du Québec.
M. CHOQUETTE: Mettons que, sur le papier, sans contester les
statistiques, sans contester les données que vous nous apportez, je me
dis une chose, c'est que si dans ces endroits on offre des salaires qui nous
paraissent convenables pour obtenir des bons candidats, peut-être que la
qualité de la Justice en souffrira aussi.
M. BURNS: C'est ce que j'allais dire au ministre tantôt. Je n'ai
pas entendu dire je suis prêt à écouter le ministre,
s'il veut me contredire là-dessus qu'il y avait un sérieux
problème d'administration de la Justice dans le Vermont. Je n'ai pas
entendu dire qu'il y en avait un non plus dans le Maine ou dans le New
Hampshire, dans le Rhode Island et dans le Connecticut.
M. CHOQUETTE: Oui, mais on ne vit pas là-bas; on ne le sait pas.
Il faudrait vivre dans le milieu pour le savoir. On ne connaît pas les
conditions qui prévalent dans les cinquante Etats américains. On
sait qu'il y a de sérieux problèmes d'administration de la
justice dans la ville de New York et on sait qu'il y en a de sérieux
à Chicago, au point de vue des délais judiciaires. Il y a des
délais qui vont jusqu'à cinq ans!
M. BURNS: Dans l'Etat de New York, c'est l'endroit où l'on paie
les juges à peu près le plus. Ils sont payés $40,000 par
année.
M. CHOQUETTE: C'est évident. Dans une grande métropole
comme New York, vous avez...
M. BURNS: Avec un revenu annuel comparable de la population de $5,319
per capita.
M. CHOQUETTE: Cela ne m'étonne pas du tout pour la simple et
bonne raison que vous avez tellement d'activités économiques dans
le bassin new-yorkais que la pratique du droit doit être très
payante pour les avocats. Par conséquent, pour intéresser des
gens à devenir juges, on est obligé de leur offrir $40,000 dans
l'Etat de New York, tout comme probablement dans les Etats où il y a des
grandes villes. On en a une grande ville. On a Montréal, qui a trois
millions d'habitants.
LE PRESIDENT (M.Blank): Je pense que le leader de la Chambre vous
demande de faire une déclaration.
M. BURNS: Mon Dieu, qu'est-ce qui arrive? M. PAUL : On peut lui laisser
la parole.
M. BURNS: Oui. Je suis d'accord. De toute façon, j'ai le droit de
revenir après.
LE PRESIDENT (M. Blank): Cela n'a rien à voir avec le bill.
M. LEVESQUE: M. le Président, si la commission est d'accord, nous
allons ajourner sine die. Nous allons remonter à l'Assemblée
nationale, dont les travaux ont été suspendus il y a quelques
minutes, afin de procéder à la troisième lecture du projet
de loi no 33 et à d'autres travaux qui doivent être
terminés ce soir.
M. BURNS: D'accord, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Blank): La commission ajourne ses travaux sine die.
M. PAUL: Vous ne pouvez pas dire qu'on ne coopère pas.
(Fin de la séance à 23 h 6)