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Commission permanente de la justice
Etude des crédits du ministère de la
Justice
Séance du mercredi 23 mai 1973
(Dix heures dix minutes)
M. GIASSON (président de la commission permanente de la justice):
A l'ordre, messieurs!
Programme 7 : Gestion interne et soutien à la Sûreté
du Québec.
Gestion interne et soutien à la
Sûreté du Québec
M. DROLET: M. le Président, le ministre m'avait promis hier
matin, lorsque je lui avais posé une question, qu'il me
répondrait lors de l'étude des crédits dans
l'après-midi, mais on n'a pas siégé hier
après-midi. Est-ce que le ministre s'est informé auprès de
son bureau s'il avait en main les détails de la déclaration qu'il
devait faire concernant l'enquête ou l'étude qui était
censée être faite au ministère sur le gangstérisme
ou le banditisme syndical?
M. CHOQUETTE: Je suis maintenant en mesure de répondre à
la question du député de Portneuf. On se souviendra que,
l'année dernière, au cours de l'étude des crédits,
j'avais fait état de certains actes de violence, d'intimidation, de
menace qui s'étaient produits au cours de la grève
générale au printemps dernier.
J'avais dit que je ferais étudier cet ensemble de faits pour
prendre les mesures appropriées. Je m'étais déclaré
inquiet de cette situation qui me paraissait déborder le cadre de
l'application des lois, c'est-à-dire une généralisation
d'actes illégaux qui ne pouvaient pas être tolérés
par la justice.
Par conséquent, j'ai demandé à la
Sûreté du Québec, dans un premier temps, de faire une
étude des actions qui avaient ou pouvaient avoir un caractère
illégal durant cette période de grève
générale du printemps dernier. Voici les résultats qui
m'ont été communiqués par la Sûreté du
Québec.
Je tiens à dire que ces résultats ne tiennent pas compte
des constatations ou de l'action des forces de police municipale, parce que
nous n'étions pas organisés pour colliger tout ce qui avait pu se
faire, soit par la Sûreté du Québec, d'une part, soit par
les forces municipales, d'autre part, durant cette période, parce qu'on
sait qu'il y a eu toutes sortes d'événements qui se sont
précipités à certains moments au cours du printemps
dernier. Par conséquent, réunir cet ensemble de faits
était une chose quasi insurmontable. Mais au moins, pour la
Sûreté du Québec, nous avons pu le faire.
Je vais dire aux honorables députés quelles ont
été les constatations qui ont été faites. Au total,
la Sûreté a reçu avis ou pris connaissance de 169
événements qui requéraient une attention ou une
enquête de sa part. De ce nombre, 4 événements
étaient non fondés; 105 enquêtes n'ont pas apporté
de solution; 3 enquêtes n'étaient pas encore terminées
jusqu'à récemment; 7 poursuites n'ont pas été
autorisées après consultation par les substituts du procureur
général.
Il reste donc 50 enquêtes qui ont permis d'identifier 116
suspects, soit 95 hommes et 21 femmes, et qui ont donné lieu à
des poursuites contre 107 prévenus, soit 95 hommes et 12 femmes.
De ces 223 personnes, c'est-à-dire les suspects et les
prévenus, 34 avaient des antécédents judiciaires. Parmi
les 107 accusés, 5 ont été acquittés, 8 ont
été reconnus coupables et ont reçu leur sentence, et 94
étaient encore devant les tribunaux à différentes
étapes de leur procès au moment où on m'a
présenté ce rapport sur la situation qui avait existé dans
la période que j'ai mentionnée précédemment.
Les infractions constatées en marge de ces 50
événements, c'est-à-dire les infractions qui ont
été constatées et qui ont donné lieu à des
actions judiciaires devant les tribunaux sont les suivantes: 5 possessions
d'explosifs sans excuse légitime; 4 cas où on a utilisé,
porté ou possédé une arme à feu ou des munitions
d'une façon qui met en danger la sécurité d'autrui; 5
entraves à un agent de la paix; 4 cas où on a troublé la
paix; 1 homicide involontaire coupable; 5 voies de fait; 7 cas de voies de fait
contre un agent de la paix agissant dans l'exécution de ses fonctions; 1
vol d'autobus; 13 cas d'intimidation; 4 cas de méfaits par dommages
à la propriété d'autrui; 5 crimes d'incendie; 2
mépris de cour résultant de refus d'obtempérer à
une injonction. C'est le résultat des actions judiciaires
instituées par la Sûreté à la suite des 169
événements ou 169 situations qui ont fait l'objet
d'enquêtes par la Sûreté du Québec.
J'ajouterai ceci: Dans le courant de l'été dernier, j'ai
donné des instructions à la Sûreté du Québec
de mettre sur pied un groupe de travail ou un "task force" pour étudier,
analyser et colliger tous les faits indiquant une action criminelle dans le
domaine du syndicalisme et en particulier dans le domaine du secteur de la
construction. Sous la direction d'un inspecteur de la Sûreté, des
agents ont été réunis dans cette équipe qui a
reçu cette fonction de faire une espèce d'analyse ou
d'étude générale quant à l'action criminelle qu'on
pouvait déceler, dans le domaine de la construction, en particulier.
Voici les résultats que l'on vient de me communiquer quant aux
constatations ou l'action de ce "task force" ou de ce groupe de travail. On m'a
fait part de ces résultats globalement au cours de la dernière
fin de semaine. Hier soir, j'ai obtenu des renseignements encore plus
précis sur la situation telle que constatée par notre groupe de
travail. Du
1er septembre 1972 au 1er avril 1973, 57 personnes ont été
accusées; les accusations étaient les suivantes: 28 cas
d'intimidation, 2 cas de menaces, 27 cas de voies de fait. Parmi ces 57
personnes, 10 ont déjà, à l'heure actuelle,
été condamnées; les autres sont devant les tribunaux
attendant leur procès à diverses étapes.
Depuis le 1er avril 1973, d'autres accusations ont été
portées ou seront portées incessamment; on m'a dit, ainsi que 30
accusations ont été portées depuis le 1er avril 1973 ou
seront portées incessamment. La nature de ces accusations sera, suivant
le cas, de voies de fait graves, intimidation, voies de fait, extorsion. Je
tiens à dire que, généralement parlant ou exclusivement
parlant parce que là, il pourrait y avoir des exceptions mais je
ne le crois pas ces accusations sont portées dans le secteur dit
de la construction et ne débordent pas ce secteur-là.
Quelles sont les constatations que l'on peut tirer de ce tableau que
j'ai dressé pour la période du 1er septembre 1972 au 1er avril
1973 et subséquemment jusqu'à ce jour pour ce qui est des
accusations qui ont été portées récemment ou seront
portées incessamment? Premièrement, quant à la nature des
infractions on constatera qu'elles sont toutes comme suit: des cas
d'intimidation, de menaces, de voies de fait et d'extorsion.
Deuxièmement, au cours de leur enquête, les membres du groupe de
travail ont interrogé 445 personnes; beaucoup d'entre elles refusent de
parler, manifestement par peur ou par crainte. Troisièmement, dans
certaines causes où nous avons procédé, il ne fait pas de
doute que nous faisons face à des difficultés de preuve
résultant de ce que les témoins ou certains d'entre eux craignent
pour leur sécurité personnelle, ce qui rend la tâche de la
justice encore plus difficile.
Je conclus par une observation générale que j'essaie de
garder la plus objective possible, à la lumière des
données que j'ai. Le milieu de la construction est
caractérisé par la brutalité. Cette brutalité ne
semble pas être sans lien avec l'action ou les directives de certains
chefs syndicaux. C'est tout ce que je peux vous dire à l'heure
actuelle.
M. DROLET: Est-ce que le ministre pourrait nous dire si le travail de ce
comité continue?
M. CHOQUETTE: Oui. On m'a promis de me donner un rapport encore plus
circonstancié, un rapport écrit, parce que je n'ai obtenu
à présent qu'un rapport verbal. Le comité n'était
pas prêt à me donner un rapport écrit en fin de semaine ou
même hier. Mais le comité me laisse entendre qu'on me fournira un
rapport écrit circonstancié dans une période d'environ
quinze jours. J'attends ce rapport, évidemment avec beaucoup
d'intérêt. Mais dès aujourd'hui, je suis en mesure de dire
que parmi les mesures que j'entends prendre à ce sujet, est celle de
consolider l'existence de ce groupe de travail ou de ce "task force", de
l'accroître au point de vue du personnel, de lui donner plus de moyens
d'actions, pour agir avec plus d'efficacité à l'égard
d'actions violentes ou de brutalité n'est-ce pas? telles
celles qui existent dans ce milieu de la construction.
M. DROLET: Ce groupe d'enquêteurs ou de travailleurs est surtout
composé de membres de la Sûreté du Québec?
M. CHOQUETTE: Oui, surtout des membres de la Sûreté du
Québec, mais notre groupe a travaillé en collaboration avec des
représentants de la police de la Communauté urbaine de
Montréal et avec des représentants de la GRC ainsi que d'autres
corps de policiers. Par conséquent, il y a des moyens de communication
permanents et stables établis entre les différents corps de
policiers qui sont principalement intéressés dans ce domaine.
M. DROLET: Le ministre a laissé voir, tout à l'heure, que
ce groupe de travailleurs a pu, à un moment donné, identifier
certaines personnes qui sont assez souvent en dessous agissant comme
instigateurs, lors de ces intimidations ou de ces scènes violentes.
Est-ce que le ministre ou son comité de travail a pu déceler si
ces instigateurs font partie d'une centrale plutôt que d'une autre?
M. CHOQUETTE: Evidemment, je ne pense pas qu'à ce stade il soit
possible pour moi de classer d'une façon définitive ou de juger
d'une façon catégorique le comportement d'une centrale par
rapport à une autre. Une chose est certaine...
M. DROLET: L'étude s'est faite surtout de façon
générale.
M. CHOQUETTE: Surtout de façon générale. Une chose
est certaine, les syndicats de la construction appartenant à la FTQ
semblent prépondérants dans le milieu de la construction. Je
dirais que, d'après les indications que j'ai, leur action n'est pas
dénuée de violence.
M. DROLET: Une dernière question. Le ministre a parlé tout
à l'heure d'intimidation ou de violence. Est-ce que le ministère
de la Justice avait porté des accusations ou des plaintes lorsqu'il y
avait eu ici même dans cette salle, à la commission parlementaire,
l'année dernière, des scènes de violence? Elles avaient eu
lieu ici lors de l'étude de la commission du travail, je crois.
M. CHOQUETTE: Je crois que c'est plus reculé que l'année
dernière, je pense que cela s'est produit il y a deux ans environ...
M. DROLET: Déjà deux ans.
M. CHOQUETTE: ... alors qu'il y avait un groupe de 20 ou 25
fiers-à-bras qui étaient entrés ici. M. Pepin a même
été obligé de sauter sur une table pour se protéger
dans une certaine mesure. Je ne crois pas que des accusations aient
été portées parce qu'aucune arrestation n'a
été faite sur le fait et il n'a pas été possible de
procéder à une identification des responsables.
M. DROLET: Est-ce qu'alors le ministre n'était pas au courant que
tout avait été filmé par Radio-Canada?
M. CHOQUETTE: Ecoutez, vous m'amenez deux ans en arrière. Vous
savez ce que je veux dire. Je ne pourrais pas dire quels étaient les
éléments de preuve à ce moment-là.
M. DROLET: Parce que le ministre dit qu'il ne pouvait identifier les
deux ou trois instigateurs de cette manifestation, des personnes qui sont
très bien connues, qui avaient été filmées lors de
l'étude de la commission ici, tout le monde les avait vues à la
télévision et, si ma mémoire est fidèle, je me
demande même si le ministre n'a pas fait demander le film à la
Société Radio-Canada.
M. CHOQUETTE: C'est possible, mais je ne suis pas en mesure de
répondre avec précision sur cet incident. Vous comprenez ce que
je veux dire? Je ne l'ai pas regardé récemment pour savoir ce
qu'il y avait là-dedans, ce qui a été fait. Si je me
rappelle bien, à l'époque, j'ai communiqué avec la
Sûreté pour voir ce qu'il y avait à faire et, par la suite,
c'était la fonction de la Sûreté. Mais il faudrait que je
vérifie parce que vous me ramenez deux ans en arrière.
M. DROLET: De toute façon, le ministre nous a dit que
l'enquête se continuait.
M. CHOQUETTE: Je tiens aussi à dire une chose. C'est que, parmi
les mesures que j'entends prendre à l'heure actuelle, il y a
évidemment celle de consolider l'existence de ce groupe de travail parce
que je crois que ça s'avère une nécessité dans
l'état actuel des choses, devant les faits qui me sont
révélés. Je pense qu'il y a tout intérêt
à poursuivre nos enquêtes et à faire valoir nos causes
devant les tribunaux. Mais j'ajouterai aussi une chose, c'est que j'ai
donné des instructions à nos substituts du procureur
général devant les tribunaux de ne pas se contenter d'amendes de
$25 et de $50 quand on fait face à des événements qui sont
de l'intimidation ou des menaces, en somme, préméditées.
Et je dirais même parfois, organisées.
Alors, vous comprenez qu'une bataille ou des claques sur la gueule dans
une taverne ou entre deux automobilistes qui se rencontrent, ça ne se
compare pas avec la violence qui peut exister sur certains chantiers de
construction à certaines occasions ou à certaines actions qui ont
pour but d'intimider des syndiqués, qu'ils soient d'un côté
ou de l'autre. Dans ces cas, je crois que les tribunaux doivent agir avec
sévérité parce qu'il faut affirmer l'autorité de la
loi. Et je n'ai certainement pas l'intention de laisser échapper le
monde de la construction du contrôle de la justice, et puis de faire en
sorte qu'on va abandonner ça dans une espèce de "no man's land"
où ça va être la loi de la jungle qui va s'instaurer.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, nous remercions le ministre de la
Justice des informations qu'il nous a données. Le ministre a sans doute
constaté que la situation qu'il nous a décrite ce matin
résultait d'une enquête menée sur un champ
d'activités déterminé, soit le monde de la construction.
Est-ce que le ministre se propose de discuter avec son collègue, le
ministre du Travail, de l'opportunité d'apporter des amendements
d'abord, à la loi 290, pour éliminer cette période de
maraudage qui est la source première des difficultés et de la
violence que l'on constate et qui se déploie, se manifeste dans les
chantiers de construction? Et peut-être aussi que le ministre de la
Justice aurait avantage à discuter avec son collègue, le ministre
du Travail, pour qu'il amende le code du travail pour changer tout le
mécanisme de votes qui se prennent à l'occasion des
grèves. Parce que les événements que le ministre nous a
cités ce matin ne sont pas exclusifs au domaine de la construction. Ils
y sont sûrement plus nombreux, mais il arrive trop souvent que, dans des
grèves d'importance, les mêmes événements, en nombre
moins élevé cependant, se produisent.
Alors, peut-être que, dans ces réformes dont le ministre de
la Justice nous a parlé, du maintien du "task force" qu'il a
formé, il envisage l'opportunité d'accroître le personnel.
Ce sont d'excellentes mesures, mais peut-être aussi qu'il y aurait
avantage à ce qu'il y ait une consultation avec son collègue, le
ministre du Travail, pour connaître de lui les avantages qui pourraient
résulter de certains amendements à apporter, tant au code du
travail qu'à la loi 290 concernant la construction.
De toute façon, il y a lieu d'espérer que les relations,
spécialement dans le domaine de la construction, se fassent sans trop de
heurts, sans trop de violence, et je crois que ce serait dans le meilleur
intérêt des employés et des ouvriers de la construction.
Nous incitons le ministre à continuer dans la bonne voie dans laquelle
il s'est engagé et c'est clair que si, dans un domaine particulier de
l'activité économique du Québec, soit celui de la
construction, l'on permet la commission d'actes criminels, il va de soi que
notre société va être en déséquilibre et que
ça pourra prêter flanc à l'insécurité la plus
complète, la plus absolue.
C'est en ce sens que j'encourage le ministre à maintenir son
action, à donner les instructions nécessaires aux membres de la
Sûreté du Québec pour qu'ils continuent ce travail de
dépistage du crime déjà entrepris, que les plaintes soient
portées également, qu'on envisage l'opportunité de
présenter certains amendements qui, après l'expérience
vécue des lois déjà votées par l'Assemblée
nationale démontrent, hors de tout doute, que certains correctifs
doivent être apportés pour faire disparaître un grand nombre
des sources qui sont à la base, ou qui créent, ou provoquent ces
situations de violence que vient de décrire le ministre de la
Justice.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Bourget.
M. LAURIN: Je voudrais demander au ministre s'il y a des objections
à la publication d'une liste comportant d'une part, toutes les
accusations qui ont été portées, contre qui,
l'identification de ceux contre qui l'accusation a été
portée, également la liste des résultats de l'action de la
cour. J'ai l'impression que, dans ce domaine, la population a
intérêt à en connaître le plus long possible parce
qu'on sait très bien l'exemple l'a prouvé dans le
passé qu'un des meilleurs "deterrents" à des actions
obscures et occultes comme celles-là, c'est justement que l'opinion
publique en soit informée le plus conplètement et le plus
adéquatement possible. Parce que, au fond, c'est peut-être la
première fois que vous réunissez ensemble un certain nombre
d'événements et c'est le rassemblement de ces
événements qui leur donne leur impact.
M. PAUL: M. le ministre, si vous permettez. J'endosserais les propos du
député de Bourget sauf quant à la publication des noms des
personnes qui ont déjà été trouvées
coupables. Quant à moi, je me permets de différer d'opinion avec
mon collègue sur ce point particulier, mais qu'il y ait une
publicité faite, de l'information transmise au public, je crois que ce
serait nécessaire. Mais est-ce qu'il est nécessaire de publier
les noms de ceux qui furent condamnés ou qui sont en accusation? Je me
demande ce que ça va changer de plus à la situation, au
problème que le ministre veut corriger. Du moment que le public sera
informé, que des mesures ont été prises, qu'il y a eu tant
d'accusations portées, il y en a eu tant qui ont été
trouvés coupables, à des peines variant de, à... je crois
que, pour ma part, je trouverais que l'opinion publique...
M. LAURIN: Tout ce que l'usage habituel du ministère de la
Justice permet. Moi, je ne suis pas un avocat.
M.CHOQUETTE: II y a évidemment un certain nombre de ces actions
ou de ces causes qui sont actuellement sub judice. Il faut quand même
prendre ça en considération. D'autre part, je dois dire que, dans
un certain nombre de cas, je ne suis pas satisfait des sentences qui ont
été obtenues, compte tenu de ce que j'ai dit tout à
l'heure, savoir que je n'assimile pas du tout la violence ou l'action brutale
dans le domaine syndical à des événements ou à des
faits divers. Evidemment, il y a un certain nombre de sentences qui se sont
glissées et qui, à mon sens, sont insuffisantes parce qu'elles
représentent seulement des amendes. Dans les cas qu'on a portés
à mon attention, où j'ai pu donner, soit par le sous-ministre
associé aux affaires criminelles ou directement, des instructions
à nos procureurs, de se montrer ferme devant la cour et de demander aux
tribunaux de faire leur devoir de façon à réprimer ce
genre d'activités, nous considérons que c'est notre devoir,
à l'heure actuelle, de nous montrer insistants auprès des
tribunaux pour que ceux-ci agissent.
Deuxièmement, quant à la demande du député
de Bourget, je n'aurais pas d'objection à communiquer une liste,
possiblement, même si c'était privément, entre nous,
d'actions qui ont été prises. Après tout, ce sont des
documents publics. Je ne voudrais pas les publier moi-même sur la place
publique pour signaler des individus en particulier. Mais, étant
donné la demande du député de Bourget, appuyée par
le député de Maskinongé, entre nous, je n'aurais pas
d'objection, aussitôt que j'aurai le rapport définitif de mon
groupe de travail, à leur montrer dans quelle mesure l'action judiciaire
s'est exercée.
Troisièmement, je voudrais dire, en réponse à
l'intervention du député de Maskinongé, que j'ai fait une
déclaration sur le sujet ce matin avec le plus de mesure et
d'objectivité possible. Je suis parfaitement conscient des incidences de
ma description de la situation sur d'autres aspects du travail
législatif et sur les décisions qui peuvent être prises
à d'autres niveaux ou dans d'autres domaines de l'activité.
Evidemment, c'était mon devoir de répondre ce matin, je le
pense bien, mais j'ai tenté de le faire le plus sobrement possible.
Alors, tout entretien qui aura lieu entre moi et le ministre du Travail prendra
en considération les faits que j'ai mentionnés ce matin.
M. LAURIN: J'ai une deuxième question, M. le Président. Le
ministre a fait une brève analyse de la situation à la suite du
rapport qu'il nous a fait. J'ai l'impression que cette analyse a
été quelque peu sommaire, cela se comprend, parce que le groupe
de travail n'a pas déposé un rapport final et l'action se
poursuit. Mais on peut se demander si, justement, cette analyse n'aurait pas
intérêt à être poussée davantage. Lorsqu'on
voit apparaître des excusez la terminologie médicale
symptômes comme ceux-là, intimidation, menaces, voies de fait,
extorsion, habituellement ils ne sont pas l'effet du hasard. S'ils apparaissent
à plusieurs endroits
en même temps, à plusieurs périodes et qu'ils
réapparaissent malgré l'action prise par le pouvoir judiciaire,
on doit soupçonner qu'il y a des raisons qui en amènent la
résurgence au fur et à mesure qu'on traite le symptôme.
A ce moment, n'y aurait-il pas intérêt, justement, que le
groupe de travail ou un autre groupe au sein du ministère de la Justice
pousse plus loin l'analyse pour expliquer d'abord le nombre de ces
délits, parce qu'il s'agit véritablement de délits, leur
multiplication dans le temps, dans l'espace et leur résurgence
malgré l'action curative, correctrice exercée par le
ministère de la Justice?
Je pense que la société aurait intérêt
à connaître les raisons, au meilleur de la connaissance des
enquêteurs du ministre de la Justice, pour lesquelles on assiste à
un phénomène comme cela qui donne toutes les apparences de la
chronicité. Je ne sais pas si le ministre a l'intention de pousser
d'avantage.
M. CHOQUETTE: Je crois que l'analogie médicale faite par le
député de Bourget est tout à fait fondée. J'abonde
complètement dans le sens de son intervention et de ses conclusions. Je
suis tout à fait d'accord que le travail doit se poursuivre pour
analyser le fond du problème. C'est ce que fait ce groupe de travail qui
est mis sur pied et qui continuera avec des effectifs accrus et des moyens
supérieurs.
Provisoirement, il faut admettre que le monde de la construction est un
monde où le recrutement, en somme, ne se fait pas chez les
universitaires, si on me permet de faire cette comparaison.
Deuxièmement, il y a d'autres aspects, quant à la
direction, au leadership, au type d'action syndicale qui est menée dans
certains secteurs ou par certains hommes, qui doivent être
analysés et scrutés de près pour vérifier
jusqu'à quel point ce comportement n'indique pas une
caractéristique illégale et une action sévère d'une
nature ou d'une autre, soit devant les tribunaux ou soit dans une
enquête. Je n'exclus aucune solution à ce stade. Mais, pour le
moment, disons que nous en sommes à la période d'étude,
d'analyse et que nous continuons notre travail. Je prendrai en
considération l'intervention du député de Bourget.
M. LAURIN: Dans le choix des moyens, je me demande si les
méthodes qui ont été adoptées jusqu'ici seront
suffisantes pour procurer au ministre les informations que nous lui demandons
et qu'il cherche lui-même. Est-ce qu'un groupe de travail qui est
axé au fond sur la correction, sur les actions judiciaires à
prendre est suffisant?
Est-ce qu'il ne faudrait pas, justement à cause des
interrelations qu'on peut soupçonner le député de
Maskinongé parlait du maraudage, et du mécanisme du vote, il y a
probablement d'autres indidences avec d'autres secteurs aussi est-ce
qu'un groupe de travail, tel qu'il est constitué actuellement, est
suffisamment habilité pour saisir toutes les répercussions, les
implications, pour faire une étude assez exhaustive de tous les
éléments de la situation?
M. CHOQUETTE: Pour le moment je pense que oui, quitte à ce qu'il
soit renforcé, comme je l'ai dit.
M. LAURIN: Vous l'avez fait, en somme, dans d'autres domaines; c'est
pour cela que vous avez institué l'enquête, l'USECO et tout
cela.
M. CHOQUETTE: C'est justement. Mais on peut dire que le groupe de
travail qui a été constitué s'apparente ou est à
peu près identique à l'organisation de l'USECO. Pour le moment,
je crois que cela suffit. Je n'exclus aucune solution ultérieure.
M. LAURIN: Enfin, il y a une troisième question que je voulais
poser au ministre. C'est bien sûr que dans la démarche
médicale, si le ministre me le pardonne encore, on commence par le
diagnostic; une fois qu'on en est arrivé à circonscrire les
causes immédiates et lointaines d'un syndrome, on applique le traitement
aussi bien symptomatique que radical, mais il y a une autre démarche
ultérieure aussi, il y a la démarche préventive. Il faut
faire en sorte, en somme, que l'organisme social ne soit pas malade en
appliquant à temps les mesures qui vont prévenir les
maladies.
Je ne sais pas si le ministre, déjà, en est rendu à
la considération des moyens qu'il lui faudra prendre un jour, lui ou ses
collègues, pour qu'on assiste à un assainissement de tout ce
domaine-là et qu'on soit enfin certain que l'organisme demeurera sain.
Cela peut impliquer bien sûr, comme le soulignait le député
de Maskinongé, des amendements au code du travail, des amendements
peut-être à d'autres lois, peut-être la présentation
d'une autre loi tout à fait différente. Est-ce que le ministre
est d'accord avec moi pour penser que l'action qu'il a commencée devrait
mener jusqu'à ce terme d'une action préventive?
M. CHOQUETTE: Sans aucun doute, cette dimension du problème est
tout à fait réelle. D'ailleurs, le simple fait que nous nous
intéressions de près, que les incidents et
événements qui se produisent font l'objet d'enquêtes, que
nos policiers vont sur les chantiers pour interroger les témoins de ces
événements ou de ces incidents, le fait que nous ayons
constitué ce groupe de travail, chose qui est connue dans les milieux ou
dans le milieu de la construction, c'est déjà, en soi, une mesure
préventive. Je ne dis pas que c'est la seule, je ne dis pas que cela
exclut d'autres approches soit par une loi ou d'autres modes que nous aurions
pour exposer le problème, pour tâcher de nettoyer l'abcès,
pour continuer dans la veine du député de Bourget, mais pour le
moment, je crois qu'en soi cela comporte une certaine prévention.
LE PRESIDENT (M. Blank): Messieurs, maintenant le programme no 7:
Gestion interne et soutien à la Sûreté du
Québec.
M. CHOQUETTE: Si vous permettez, M. le Président, je voulais
également donner une réponse à une autre question qui m'a
été posée par le député de Maskinongé
et à laquelle je n'ai pas pu répondre à la dernière
séance. Cette question portait sur le nombre d'enquêtes en
matière d'incendies criminels au cours des dernières
années.
En 1970, nous avons eu 634 enquêtes et, dans 27 cas, le
commissaire des incendies a trouvé qu'il y avait responsabilité
criminelle. En 1971, nous avons eu 997 enquêtes et, dans 52 cas, on a
trouvé responsabilité criminelle. En 1972, nous avons eu 855
enquêtes et, dans 82 cas, on a trouvé responsabilité
criminelle.
M. PAUL: 10 p.c. de plaintes bien fondées en 1972, à peu
près.
M. CHOQUETTE: Exactement, ou, du moins, un minimum de 10 p.c. parce que
ce sont les cas où on a pu déceler un coupable ou, enfin
déceler avec une certaine certitude qu'il y avait une action criminelle
qui avait eu lieu dans un incendie.
Ce n'est pas dans tous les cas où le commissaire peut conclure
qu'il y a responsabilité criminelle.
M. PAUL: Est-ce que le ministre prévoit la
nécessité d'augmenter le personnel assigné à cette
tâche d'enquête pour essayer de trouver le plus de coupables
possible afin d'éliminer ceux qui ont, jusqu'ici, pu se soustraire
à ces actions frauduleuses?
M. CHOQUETTE: Au point de vue du court terme, nous avons M. Cyrille
Delage, qui s'occupe très bien de ses fonctions et qui a la
responsabilité du Québec en général, à
l'exception de l'île de Montréal.
M. PAUL: Sur l'île de Montréal, c'est M. Flamand qui...
M. CHOQUETTE; Non, M. Flamand est coroner, il n'est pas commissaire des
incendies. A Montréal, nous avons M. John MacDougall et Me Paul-Emile
L'Ecuyer, qui d'ailleurs poursuivent énergiquement certaines
enquêtes à l'heure actuelle. Leur responsabilité a
été récemment étendue par arrêté en
conseil à toute l'île de Montréal plutôt que
simplement aux limites de la ville de Montréal.
M. PAUL: Mais est-ce que vous voulez parler du Montréal
métropolitain?
M. CHOQUETTE: C'est-à-dire la Communauté urbaine, qui
comprend toute l'île de Montréal.
A long terme, nous avons un mémoire de programmes actuellement en
voie d'élaboration sur la question de l'Institut
médico-légal, des commissaires des incendies et des coroners.
Dans ce programme, nous allons pouvoir examiner tous les modes d'enquête
qui sont mis à notre disposition dans le domaine du crime et
peut-être élaborer des politiques nouvelles pour restructurer cet
ensemble.
LE PRESIDENT (M. Blank): La Sûreté du Québec.
M. PAUL: Est-ce que le ministre peut nous dire quel a été
le nombre de nouveaux membres de la Sûreté du Québec en
1972? Je voudrais demander au ministre si le recrutement se fait suivant les
besoins et quel est le nombre additionnel de policiers requis pour la
présente année financière?
M. CHOQUETTE: En 1972, nous avons recruté 354 nouveaux
policiers.
M. PAUL: Combien de départs, soit par démission ou
retraite?
M. CHOQUETTE: Nous avons eu 110 départs.
M. PAUL: Quel était l'objectif de recrutement?
M. CHOQUETTE: Je ne peux pas dire avec précision quels
étaient les objectifs du recrutement, l'année dernière,
ils doivent se situer entre 300, 400 et 500, mais il faut dire cependant, qu'au
cours de l'année, nous avons mis sur pied des programmes en vertu
desquels, par exemple, le transport des prisonniers a été
confié au service de détention du ministère plutôt
qu'à la Sûreté du Québec. Egalement, la garde des
jurés et de palais de justice a été modifiée dans
le sens que la Sûreté a délaissé certaines de ces
fonctions qui ont été confiées soit au ministère
des Travaux publics, soit à des agences de sécurité
privées ou peut-être à des employés du service de
détention dans certains cas. Ceci a libéré un certain
nombre de policiers qui sont devenus disponibles pour le travail policier.
M. PAUL: M. le Président, je n'ai pas d'autres questions à
poser sur les activités de la Sûreté du Québec, sauf
que je voudrais présenter mes hommages et mes félicitations au
directeur de la Sûreté de même qu'à tous les hauts
fonctionnaires, ses collaborateurs immédiats, à tous les membres
de la Sûreté du Québec qui à 99.9 p.c. accomplissent
un excellent travail et qui sont conscients du rôle qu'ils jouent et
qu'ils doivent jouer pour la protection du public et de leurs biens.
LE PRESIDENT (M. Blank): Programme 7, adopté. Programme 8 :
Formation et perfectionnement des policiers.
Formation et perfectionnement des policiers
M. DROLET: Est-ce qu'il s'agit de l'Institut de Nicolet? Est-ce qu'il
pourrait nous dire...
M. PAUL: II n'est pas déménagé encore.
M. DROLET: ... si la reconstruction a eu lieu? Où en est-on
rendu?
M. CHOQUETTE: Non, les réparations n'ont pas encore
commencé. Je corrige ce que je viens de dire. On me dit que les
réparations les plus urgentes ont été faites, par exemple
les cuisines peuvent être utilisées et d'autres services.
Maintenant, il reste encore pas mal de travaux à faire pour
compléter le programme de réparations prévu, qui
s'élève à environ $1 million.
M. PAUL: Est-ce que le personnel administratif est resté à
l'Institut de police ou si le ministère a été dans
l'obligation de louer à l'extérieur de l'institut?
M. CHOQUETTE: L'incendie a eu lieu un mardi ou un mercredi et les
activités normales ont repris le lundi suivant.
M. PAUL: Dans l'institut même? M. CHOQUETTE: Dans l'institut.
M. DROLET: Tous les cours se donnent régulièrement tels
quels comme s'il n'y avait pas eu de feu?
M. CHOQUETTE: Exactement.
M. PAUL: M. le ministre, nous n'émettrions pas d'objection
à ce que M. Normand réponde aux questions. Cela hâterait
l'étude des crédits, d'autant plus que M. Normand est un jeune
homme que l'on a vu grandir, évoluer. On connaît sa
compétence, son honnêteté professionnelle, ce fut mon
employé, M. le Président.
M. CHOQUETTE: Pendant le premier mois et demi qui a suivi l'incendie,
comme nous ne pouvions pas utiliser les cuisines, nous avons fait appel
à un restaurateur local qui venait porter les repas trois fois par jour
à l'institut. Les cuisines fonctionnent maintenant et nous avons repris
le rythme normal.
Il y a un certain nombre de chambres qui ont été
détruites lors de l'incendie. Nous avons pu nous satisfaire des chambres
qui nous restaient à l'institut, sauf que, dans quelques cas, nous avons
été obligés de louer des logements à
l'extérieur de l'institut pour une partie du groupe que nous devions
accueillir et que nous ne pouvions pas accommoder avec ce qui nous restait de
disponible sur les lieux, mais les travaux de réfection sont en marche
présentement.
M. DROLET: Combien y a-t-il de policiers en formation à
l'institut?
M. CHOQUETTE: II y a toutes sortes de cours qui se donnent à
l'institut, des cours de formation de base, de perfectionnement
également. La population que nous accueillons habituellement est
d'environ 300.
M. PAUL: Combien viennent des milieux municipaux?
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Yamaska.
M. PAUL: Un instant, c'est vrai. A tout seigneur, tout honneur, on
s'excuse, dans votre coin.
M. FAUCHER: Excusez-moi, ce n'est peut-être pas à point.
Mais vous avez dit tout à l'heure que toutes les réparations
seraient faites. Quand les réparations seront finies, qu'est-ce que vous
pensez faire avec la bâtisse pour la remettre comme elle était
avant?
M. CHOQUETTE: C'est certainement l'intention du ministère de
restaurer l'édifice pour qu'il soit identique ou très semblable
à ce qu'il était précédemment.
M. FAUCHER: Ce n'est pas compris dans le budget actuel?
M. CHOQUETTE: C'est dans le budget des Travaux publics. On ne trouverait
pas ça dans le budget du ministère de la Justice. Tous les
édifices de la Justice sont confiés ou appartiennent au
ministère des Travaux publics.
M. PAUL: Je suis allé aux crédits des Travaux publics
hier, le ministre dit: Cela ne fait qu'un mois que je suis là, je ne le
sais pas. Il va falloir que vous reteniez votre appétit jusqu'à
l'année prochaine.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Maskinongé a
une autre question?
M. PAUL: Quelle est la fréquentation des municipalités, la
part des municipalités ou le nombre de cadets des différentes
municipalités du Québec? Est-ce qu'on peut dire que c'est de
l'ordre de 30 p.c. à 40 p.c. à peu près de chaque
promotion?
M. CHOQUETTE: En ce qui concerne le perfectionnement, nous accueillons
en majorité des membres de corps municipaux. Nous avons également
une équipe mobile qui se déplace
constamment sur la route afin d'aller donner des cours auprès des
corps de police municipaux.
En ce qui concerne formation de base, je pense mais sous la
réserve que je puisse corriger après vérification
que la proportion est d'environ 60-40, 60 p.c. étant des futurs agents
de la Sûreté du Québec, 40 p.c. étant de futurs
agents de corps municipaux. Mais je ne peux pas vous certifier de façon
absolue cette proportion que je vous donne, c'est un ordre de grandeur.
M. PAUL: Les municipalités continuent à avoir beaucoup
d'intérêt pour l'école de formation de base, l'école
policière de Nicolet.
LE PRESIDENT (M. Blank): Programme 8, adopté. Programme 9:
Protection civile.
Protection civile
M. PAUL: Comme le ministre nous a parlé hier du plan Phoenix et
que la contribution en dollars et cents du Québec est plutôt
limitée, considérant l'apport généreux du
gouvernement fédéral, je n'oserais pas m'aventurer dans un
domaine aussi dangereux que la protection.
M. CHOQUETTE: Hautement spécialisé.
M. PAUL: J'aurais peut-être seulement une petite question à
poser à mon bon ami le ministre. Est-ce qu'il est allé visiter le
centre de Valcartier? L'an passé, il m'avait promis qu'il irait voir
ça.
M. CHOQUETTE: J'y suis allé. M. PAUL: Et c'est
intéressant?
M. CHOQUETTE: Et j'ai constaté que nous avions là des
choses assez extraordinaires à voir. Je pense qu'on devrait inviter le
public à s'y rendre.
M. PAUL: Pas le public, mais au moins les députés.
Même ceux du Parti québécois.
M. CHOQUETTE: Pour voir ce qui se passerait en cas d'attaque atomique.
Toutes les dispositions sont prises.
M. DROLET: C'est dans Portneuf.
M. CHOQUETTE: Le député de Portneuf est très
familier avec l'endroit.
M. DROLET: Avec les soldats.
M. CARON: II faudrait inviter immédiatement le Parti
québécois parce qu'il n'y en aura plus, d'après les
journaux, à la prochaine élection. Il faudrait faire ça
vite !
M. PAUL: Je crois que le député de Verdun n'a pas le droit
de proclamer ainsi une telle vérité !
LE PRESIDENT (M. Blank): Est-ce qu'il y a d'autres questions sur la
protection civile?
M. LAURIN: Rira bien qui rira le dernier, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Blank): D'accord. Adopté. Programme 10:
Contentieux criminel et pénal. Pas de questions?
Contentieux criminel et pénal
M. PAUL: Non, ça marche bien.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté. Programme 11: Garde des
prévenus et des détenus.
Garde des prévenus et des
détenus
M. PAUL: C'est toujours le Dr Gauthier qui est en...
M. CHOQUETTE: Ici présent. UNE VOIX: II est détenu
ici.
M. PAUL: Avec votre permission, est-ce que le docteur pourrait nous dire
s'il a réussi à obtenir tout le personnel qu'il lui fallait pour
répondre d'un côté, aux exigences parfois gourmandes du
syndicat et, d'autre part, pour répondre aux besoins d'une bonne
sécurité dans le transport des prisonniers, surtout pour la
protection même de ceux qui oeuvrent dans le milieu en tant que
gardiens?
M. CHOQUETTE: En fait, dans le moment présent, nous avons assez
de personnel pour faire face à nos besoins, du moins les besoins
immédiats. Vous vous référez ici au transport des
prisonniers. A ce sujet, disons que l'opération est commencée
dans certains districts. Nous attendons l'implantation de la
régionalisation qui est d'ailleurs en très bonne voie,
étant donné que le concours pour les directeurs régionaux
non seulement est terminé, mais nous avons maintenant tous nos
directeurs régionaux à travers la province.
Une fois que les directeurs régionaux vont être en place
avec leur personnel, nous allons être capables d'assumer à travers
la province toute la responsabilité pour les transferts.
M. PAUL: Est-ce que le docteur pourrait nous mentionner si le
résultat est celui espéré pour ce qui a trait au centre de
Waterloo?
M. CHOQUETTE: Oui. Je peux vous dire... Vous savez qu'il y a eu une
baisse énorme de la population dans les prisons. En fait, disons ceci.
C'est qu'en dedans de cinq ans, nous avons
baissé notre population de 900 par jour, de sorte que, vers 1967
et 1968, nous avions dans nos prisons à peu près 2,300 à
2,400 détenus et prévenus par jour. Dans le moment
présent, notre population se tient vers les 1,500.
Et cette opération s'est produite pour diverses raisons. Au
niveau des prévenus, cela a été surtout à cause de
la Loi du cautionnement. Avec la libération du cautionnement, c'est
évident que le nombre de prévenus a baissé. Aussi, il y a
eu un autre phénomène.
C'est que nous avons réussi à régler le
problème des malades mentaux dans nos établissements de
détention. Vous vous rappelez, quand vous étiez ministre de la
Justice, que nous avions environ par jour de 125 à 150 malades mentaux
qui étaient dans nos prisons jusqu'à ce qu'ils puissent
être transférés dans les hôpitaux pour malades
mentaux.
Ce problème est réglé, de sorte
qu'immédiatement vous avez une baisse aussi qui est énorme. Vous
avez aussi une autre baisse au niveau des juvéniles. C'était une
autre plaie qui existait au niveau de nos prisons. Nous avions en moyenne 150
jeunes en bas de 18 ans dans nos prisons jusqu'à il y a quelques
années.
Aujourd'hui lorsque nous atteignons le nombre de dix, c'est un gros
chiffre. C'est par exception que nous avons des jeunes.
Nous avons aussi naturellement d'autres programmes, tels que les
programmes de libération temporaire en vertu des articles 19 et 20 et
nous avons un autre phénomène...
M. LAURIN: Conditionnelle quand même?
M. CHOQUETTE: Conditionnelle à la bonne conduite.
Vous avez aussi les sentences intermittentes imposées par le juge
depuis les amendements au code criminel qui permettent au juge de donner des
sentences de fin de semaine. En fait, nous avons à peu près entre
95 et 100 détenus par semaine qui ont des sentences intermittentes.
Si vous regardez tous ces phénomènes, cette baisse, c'est
ça qui explique le fait que nous avons maintenant une population de
1,500. Nous avons le même personnel qu'autrefois, de sorte que, dans le
moment présent, nous pouvons dire que nous sommes capables de faire face
à tous les besoins sécuritaires. Nous sommes en train de mettre
sur pied notre programme de traitement, de façon à avoir dans
chaque institution et dans chaque région une équipe de
traitement.
Par exemple dans le moment présent à la prison de
Montréal, vous avez un psychiatre à temps plein, deux
psychologues qui sont engagés à temps plein, trois travailleurs
sociaux; ce qui n'existait pas il y a à peine deux ans. Nous allons
avoir aussi dans presque toutes les régions des travailleurs sociaux.
D'ailleurs, à Trois-Rivières par exemple, nous avons un
travailleur social en permanence à la prison qui va travailler pour
toute la région.
Nous avons aussi établi des liens avec le ministère des
Affaires sociales de façon à aller de plus en plus vers la
communauté. Je peux vous dire que nous avons, dans le moment
présent, les effectifs et les montants nécessaires pour pouvoir
faire face à ces besoins. Il s'agit simplement d'engager les gens et de
mettre sur pied nos programmes.
M. PAUL: Est-ce que le docteur peut nous dire si son humilité
l'étouffe à un point tel qu'il n'ose pas nous déclarer que
le service de probation qu'il dirige contribue largement à la
réhabilitation des prisonniers?
M. CHOQUETTE: Lorsqu'on parle de réhabilitation, il faut nuancer.
Je dois dire que jusqu'ici nous sommes en train d'établir une
atmosphère de traitement. Je crois que c'est ce qui
précède la véritable réhabilitation, surtout si
vous regardez nos détenus, le genre de personnes que nous avons dans nos
institutions. Il ne faut pas oublier que, lorsque je parle que nous avons par
jour à peu près 850 détenus dans nos prisons, sur ces 850
vous en avez 60 p.c. qui ont une sentence en bas d'un mois.
Vous en avez aussi 80 p.c. qui ont des sentences en bas de trois mois,
de sorte que l'optique vers laquelle nous devons tendre, c'est la
réinsertion sociale; du moment que la personne entre en prison, il faut
que nous pensions en termes d'extérieur. Dans le moment présent,
nous pouvons dire que, dans nos établissements, de plus en plus nous
avons ce que nous appelons, nous, une atmosphère de traitement mais que
graduellement nous allons tendre vers la véritable réhabilitation
et que ça va se faire lorsque nous allons avoir réussi à
intégrer tous les organismes de la communauté qui de près
ou de loin vont participer à la réhabilitation.
Nous prévoyons, à travers le Québec, que ça
va arriver vers l'année 1975. En fait, nous passons par programmes de
cinq ans, comme vous le savez. De 1965 à 1970, ç'a
été de se former une philosophie de façon que nous
puissions mettre cette philosophie dans une loi. Et c'est comme ça qu'en
1969 nous avons eu une loi qui nous donnait notre philosophie, qui nous donnait
toute notre orientation.
De 1970 à 1975, c'était notre objectif, de bâtir les
structures. Dans le moment présent, notre plan d'organisation est
accepté par la Commission de la fonction publique, nous avons eu les
montants nécessaires, de sorte que, vers l'année 1975, nous
allons avoir toutes les structures nécessaires. D'ici 1975, on va
être capable de dire que chaque personne qui va entrer dans nos
établissements, nous sommes sûrs de lui donner un traitement
égal, de faire justice pour chacun.
Puis de 1975 à 1980, aura lieu la véritable
réintégration sociale dans le vrai sens du mot,
c'est-à-dire que nous allons tendre vers la participation communautaire
avec intégration de tous les organismes de l'extérieur. Cette
intégration va se faire en coopération avec le
ministère des Affaires sociales, d'ailleurs avec lequel on a
déjà établi des contacts.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Portneuf.
M. DROLET: J'avais une question, M. le Président, je ne me
rappelle plus qui. Oui, M. Gauthier a dit tout à l'heure qu'il y avait
plusieurs malades mentaux qui étaient dans les institutions
pénitentiaires, et aujourd'hui, ils ont été dirigés
ailleurs. Combien y en a-t-il qui ont été dirigés à
l'extérieur des prisons, et, est-ce qu'ils ont tous été
dirigés vers l'hôpital Saint-Michel-Archange ou à des
endroits semblables?
M. CHOQUETTE: En fait, ce qui nous a aidés, c'est la loi 48,
c'est-à-dire la loi qui force maintenant les hôpitaux pour malades
mentaux à accepter les gens; puis, naturellement, ce que nous appelons
la régionalisation au niveau des hôpitaux pour malades mentaux, de
sorte que chaque malade soit dirigé vers l'hôpital de la
région où il habite. Cela peut être Saint-Michel-Archange,
Saint-Jean-de-Dieu, l'hôpital Malar-tic, comme ça peut être
Pierre-Janet à Hull. Tous les hôpitaux qui les
reçoivent.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Bourget.
M. LAURIN: J'ai l'impression à la suite des explications du Dr
Gauthier, que le ministre ne se rend pas justice en intitulant son programme:
Garde des prévenus et des détenus. Il me semble que ce n'est pas
complet pour...
UNE VOIX: C'est 16.
M. LAURIN: Ah! c'est 16. Ah bon! d'accord.
M. CHOQUETTE: Oui, le programme 16.
M. LAURIN: D'accord, je retire ma remarque. Je voulais poser une
question à M. Gauthier. Il a dit tout à l'heure, dans son
exposé, qu'il cherchait à faire régner dans les
institutions un climat de traitement. Quels sont les moyens que le
ministère prend pour faire régner ce climat de justice? Je sais
qu'on a déjà répondu qu'il y a une philosophie incluse
dans la loi, que traduit la loi, d'une part. Deuxièmement, il y a un
effort sur le plan des structures et, si je comprends bien, ça vise
surtout les effectifs, la qualité aussi bien que la quantité des
effectifs. Est-ce qu'il y a d'autres mesures également que la direction
a prises pour faire régner dans les institutions cette atmosphère
de traitement, par exemple, en ce qui concerne la classification et la
réglementation à l'intérieur des institutions?
Est-ce que le ministre ou le Dr Gauthier pourraient être plus
explicites là-dessus?
M. CHOQUETTE: Certainement. M. le Président, lorsqu'on parle
d'atmosphère de traitement, naturellement ça se situe à
trois nouveaux. Cela se situe au niveau physique, au niveau matériel,
aussi au niveau mental. Commençons par le niveau physique, je crois que,
si vous retournez dix ans en arrière, par exemple, vous vous rappelez
que les prisons étaient extrêmement sales. On doit dire
aujourd'hui que la propreté règne dans les prisons.
Non seulement nous avons tenu justement à peinturer toutes les
prisons, à les tenir propres, mais nous avons fait en sorte que les
détenus se sentent bien au moins à l'intérieur de leur
cellule. D'ailleurs il y a eu plusieurs prisons qui ont été
construites, plusieurs établissements qui ont été
construits, il y en a d'autres qui ont été détruits. Cette
marche continue de façon que les gens soient dans une atmosphère,
comme on dit, où ils se sentent propres. Ensuite, chaque personne qui
entre dans une prison, immédiatement, est soumise à un examen
médical. Nous y tenons, parce que, comme vous le savez, nous sommes
responsables de la santé physique des gens qui entrent.
Donc, tout ce qui a trait à l'élément physique,
chaque personne reçoit une attention particulière. Celui qui
entre toujours dans le domaine physique est le problème de la
diète, etc. Vous avez le manger, par exemple. Je dois vous dire qu'au
niveau de la nourriture, nous avons pris un soin particulier à
bâtir un menu qui est vraiment adapté au genre de population que
nous avons et aussi au genre de vie sédentaire qu'elle mène.
En fait, notre menu ça nous a pris 18 mois à le
bâtir avec l'aide de diététistes, de façon à
en arriver à avoir un menu qui puisse être varié.
Notre menu varie à toutes les quatre semaines, il est le
même dans tous les établissements de détention, ce qui nous
permet de savoir que tous reçoivent une nourriture suffisante à
travers la province. C'est très important, parce que, lorsque les
besoins de base sont satisfaits, vous avec déjà beaucoup de
griefs qui tombent.
Sur le plan matériel, nous essayons immédiatement de
savoir, lorsqu'une personne rentre, quels sont les problèmes urgents
qu'elle a sur le plan matériel. Est-ce que sa femme a besoin d'aide
à l'extérieur? Qu'est-ce qu'il faut faire immédiatement?
Est-ce qu'il y a des problèmes sur lesquels ont peut l'aider? Supposons
que la personne, du fait qu'elle soit rentrée, perde sa situation.
Est-ce qu'on est capable de faire quelque chose, etc.? Nous faisons ceci, avant
même de commencer à travailler sur la personne.
Enfin, nous avons ce que l'on appelle nous, je vous le disais tout
à l'heure, l'aspect mental, c'est-à-dire l'aspect personnel de la
personne. Alors, lorsqu'un détenu rentre, nous essayons de bâtir
un dossier sur chacun. Comme vous dites, nous faisons un genre de classement
immédiatement, de façon à pouvoir préparer un
programme.
Comme je vous le disais, naturellement, chez
nous, 60 p.c. des détenus ont une sentence de moins d'un mois, de
sorte qu'immédiatement il faut penser en termes de sortie. Et puis c'est
surtout ça que nous essayons d'infuser à la personne
immédiatement. Avec ce genre de détenu, nous ne pensons pas en
termes de protection de la société. Nous pensons surtout en
termes de réhabilitation.
Tout ce qui a trait à la protection de la société,
nous le conservons pour nos prévenus, pour lesquels vous avez tout un
autre programme. Là je vous parle de la feuille, de sorte que,
lorsqu'une personne rentre à la prison, elle sait qu'elle est
susceptible de recevoir de l'aide, elle est sûre que nous nous avons fait
tout notre possible pour la recevoir.
Puis ça, nous trouvons que c'est très important. C'est
ça que nous appelons une atmophère de traitement. Au lieu
d'essayer de punir la personne comme autrefois on le faisait, là on
essaie plutôt de changer la mentalité. Et puis ça nous a
pris au moins cinq ans à changer la mentalité, à
l'intérieur de nos établissements de détention, à
l'égard des détenus.
Encore là il faut bien comprendre que nous nous n'avons pas des
détenus de pénitencier. Nous avons des détenus de
très courte sentence qui ont beaucoup plus besoin d'aide que de punition
rigide.
M. LAURIN: Ce que vous venez de décrire s'applique-t-il
également aux prévenus?
M. CHOQUETTE: Oui, c'est-à-dire au moins pour la première
partie, pour la partie physique et pour la partie matérielle. Pour la
partie mentale, c'est assez difficile à ce moment-là si vous
voulez. Nous devons les soumettre à une surveillance très
étroite, parce que vous comprenez que la personne qui attend son
procès est soumise à une forte tension. Et puis je dois vous dire
que, dans le moment présent, c'est plus difficile de contrôler les
prévenus que c'était autrefois.
Avec la libéralisation de la Loi du cautionnement, c'est
évident que celui qui se voit refuser un cautionnement s'identifie
immédiatement à une personne qui est très dure et puis
c'est pour ça que nous, il faut la soumettre, puis là, elle
réagit. C'est pour cette raison que vous avez à certains moments
des soubresauts parmi la population de nos prévenus. Ils cherchent
à prouver ce que la cour a décidé, c'est-à-dire
que, s'ils sont à l'intérieur, c'est parce que ce sont des gens
dangereux, donc ils essaient de nous le prouver.
C'est pour cette raison que nous, pour les prévenus, même
si le nombre a baissé, nous avons à peu près j'ai
les chiffres ici de 500 à 550 prévenus par jour. Nous les
soumettons à une surveillance assez étroite.
M. LAURIN: Parmi les autres conditions conduisant à la
création d'une atmosphère de traitement, est-ce que vous mettriez
aussi les conditions de vie des détenus autres que celles que vous venez
de mentionner comme par exemple la vie quotidienne, la vie de groupe, les
rassemblements? Jusqu'à quel point ces activités sont-elles
conçues, d'une part, pour éviter la contamination et, d'autre
part, pour faciliter l'amélioration du comportement?
M. CHOQUETTE: En fait, nos établissements de détention
sont bâtis sur le style pavillonnaire. Prenez comme ici, à
Orsainville, c'est un style pavillonnaire. Vous avez des groupes de 10 et de
20. A Waterloo, où vous avez surtout des détenus, ce sont des
groupes de quatorze. A la prison de Montréal, pour votre information, il
n'existe plus de prévenus, nous avons maintenant simplement des
détenus sous le coup d'une sentence. La population de la prison de
Montréal est descendue à 350.
M. PAUL: Vous les envoyez à Parthenais.
M. CHOQUETTE: Les prévenus sont tous à Parthenais. Le
problème que nous avons, c'est avec ceux qui demeurent trop longtemps
à Parthenais, qui aimeraient bien mieux être à la prison de
Montréal où ils auraient plus de liberté. Surtout, dans le
moment présent, l'atmosphère de la prison de Montréal est
complètement changée et nous essayons justement, suite à
un classement, de placer les détenus par groupes homogènes, de
façon qu'on puisse leur appliquer un traitement. Nous avons entre 90 et
95 détenus qui viennent simplement les fins de semaine, par ordre de la
cour. C'est évident que ceux-là ont une aile particulière.
Ceux qui profitent des libérations de jour. Nous avons à peu
près 30 à 40 détenus par jour, à travers la
province, qui sortent, en vertu des articles 19 et 20, mais ceux-là sont
placés dans une aile à part, de façon qu'on puisse
établir un programme avec les plus jeunes ou ceux qui... Naturellement,
ceux qui ont une longue sentence pour nous, les longues sentences, c'est
plus de six mois vont être placés aussi dans un autre
groupe avec un programme particulier.
M. LAURIN: Est-ce que vous êtes au courant de ce problème
du récidivisme tel qu'on en voit les effets dans la partie qui
relève de votre juridiction? Est-ce que vous avez l'impression qu'avec
les mesures que vous venez de nous décrire le taux du récidivisme
a pu être diminué?
M. CHOQUETTE: A mon avis, oui. En ce sens, si je me fie à la
baisse de la population dans nos établissements de détention et
aussi... Disons ceci. Naturellement, il va falloir attendre quelques
années. Comme vous le savez, pour pouvoir étudier de façon
sûre le problème de la récidive, il faut avoir un
écart de cinq ans. Tout de même, dans des endroits tels que
l'établissement de Waterloo, par exemple, nous avons remarqué une
baisse sensible au niveau de la récidive. C'est-à-dire que, parmi
ceux qui sont sortis, il y en a simplement 40 p.c. qui sont
revenus, ce qui est déjà une grosse amélioration,
quoique ce chiffre-là, c'est encore au niveau de l'hypothèse,
parce qu'il va falloir attendre quelques années avant de voir si
véritablement notre programme est valide.
M. LAURIN: A la suite des progrès que vous nous décrivez,
est-ce que la prison de Montréal est devenue trop grande?
M. CHOQUETTE: Oui, c'est évident. Comme vous le savez...
Il y a des ailes de fermées à la prison de
Montréal.
M. LAURIN: Est-ce que vous pensez, soit à en démolir une
partie ou à en refaire l'architecture interne?
M. CHOQUETTE: Non. Nous pensons plutôt, à long terme,
à la démolition de la prison et à la construction d'une
nouvelle prison plus moderne, plus adaptée aux conditions de la
détention actuelle.
M. PAUL: Est-ce qu'il n'y a pas eu, il y a environ un an ou un an et
demi, une déclaration en ce sens-là de la part du ministre des
Travaux publics, M. Pinard?
M. CHOQUETTE: C'est bien possible et, moi aussi, j'en ai parlé
à certains moments. Je ne peux pas dire où en sont les
travaux.
M. LAURIN: Ce serait une éventualité prochaine?
M. CHOQUETTE: Prochaine, dans quelques années.
Le projet est dans l'air depuis au moins deux ans, mais avant de
construire un nouvel établissement, nous voulions, pour commencer,
enlever tous les prévenus de Bordeaux et aussi bâtir une
institution qui va s'adapter aux besoins de la population qui va être
à l'intérieur de cet établissement-là.
M. LAURIN: Et en ce sens-là, ce serait une économie aussi
bien financière que sociale.
M. CHOQUETTE: C'est d'ailleurs pour cette raison-là que nous
sommes en train de bâtir une équipe de traitement de
première force à la prison de Montréal.
M. LAURIN: Est-ce que vous avez pensé à adopter, pour vos
institutions, le système que le ministère des Affaires sociales a
maintenant mis en place, c'est-à-dire la méthode du budget global
pour chacune de vos institutions?
M. CHOQUETTE: Avec le budget-programmes, nous allons y arriver, surtout
avec la régionalisation. Comme je vous l'ai dit tout à l'heure,
nous en arrivons à la régionalisation, nous allons avoir onze
régions en tout et partout, y compris Québec et Montréal,
de sorte que, graduellement, pour chaque unité, nous allons être
capables de vous donner le budget détaillé pour chaque
unité.
M. LAURIN: Une dernière question, est-ce que, étant
donné qu'il y a quand même des relations très intimes au
niveau de la population, entre les établissements fédéraux
et les établissements provinciaux parce que souvent, ce sont les
mêmes clients qui passent d'un type d'institution à l'autre
est-ce que ça vous a amené à faire des
représentations au niveau fédéral pour qu'il y ait une
certaine uniformisation entre la philosophie, la réglementation, les
conditions qui prévalent dans vos établissements avec celles qui
prévalent dans les établissements fédéraux?
M. CHOQUETTE: Nous n'avons pas à déplorer des
évasions qui se produisent.
M. LAURIN: Je ne parle pas des évasions...
M. PAUL: Vous n'en avez plus à déplorer. Il y a
déjà eu des évasions à répétition,
ça continue.
M. LAURIN: Si je pose la question, ce n'est pas surtout en rapport avec
les évasions qui, pour moi, constituent un problème qui n'est pas
le plus important de tous les problèmes qui se posent dans ce champ.
Mais je pense surtout aux gens, qui sont les mêmes, au fond, et vous
pouvez voir détruire l'action que vous menez si elle n'est pas
continuée ou renforcée parfois dans l'autre système.
Est-ce que des efforts sont faits pour l'harmonisation des politiques, pour la
coordination des politiques?
M. CHOQUETTE: Oui, nous sommes en étroit contact avec des gens du
service des pénitenciers. Toutefois, si vous regardez leur philosophie,
elle est semblable à la nôtre. Je sais, pour connaître
très bien le domaine des pénitenciers, que dans certains
endroits, ils appliquent ce que nous faisons. Dans d'autres, ça peut
être différent. C'est assez difficile pour moi...
M. LAURIN: Je pense qu'au niveau des faits, des concrétisations
de programme, ce n'est pas du tout la même chose. C'est peut-être
la même chose au plan de la philosophie, mais au plan du cheminement
critique, ils ne sont pas du tout rendus au même point.
M. PAUL: Notre collègue retiendra sans doute que les sentences ne
sont pas les mêmes. Dans certains cas, c'est le pénitencier
à vie, à perpétuité, et pour ce qui est de la
compétence du Québec, le maximum est de 23 mois et 29 jours.
M. LAURIN: D'accord, ça peut poser des
problèmes particuliers, je suis bien d'accord, mais souvent,
c'est toujours la même population. Je pense que c'est au niveau des
citoyens que doit jouer l'harmonisation des politiques, et je me demande si le
ministère a pris position à cet effet, soit dans des
conférences fédérales-provinciales, soit au niveau des
relations quotidiennes entre les ministères québécois et
outa-ouais.
M. CHOQUETTE: Nous sommes en contact avec le services des
pénitenciers, le ministère du solliciteur général
depuis quelques années, de façon à faire la coordination.
Je peux vous dire, prenez le cas des femmes dont les sentences sont de plus de
deux ans, qu'il y a déjà une entente de principe. Il va falloir
concrétiser cette entente de façon que toutes les femmes
condamnées â plus de deux ans restent dans la province et tombent
sous notre responsabilité, soient incarcérées dans nos
institutions. Nous en avons à peu près de 10 à 15 qui sont
présentement incarcérées à Kingston, de sorte que
celles-là vont être rapatriées. Nous avons aussi
demandé, en accord avec les recommandations, du rapport Ouimet, que les
libérations conditionnelles, pour les sentences de moins de deux ans,
tombent aussi sous notre responsabilité. Nous avons aussi discuté
du fait qu'étant donné les progrès qui se font dans la
province dans le moment présent, surtout avec l'accent que nous mettons
sur la réinsertion sociale, nous sommes en train d'essayer de trouver
une formule qui va nous permettre d'intégrer les détenus qui
sortent des pénitenciers à notre programme de réinsertion
sociale.
Vous comprenez comme moi que les pénitenciers sont tous
situés autour de Montréal, mais lorsque vous avez un
détenu qui est libéré, qu'il demeure à Sept-Iles,
c'est assez difficile pour les pénitenciers de faire la coordination et
d'adapter un programme spécifique pour cette personne. Pour tous ces
problèmes, nous allons assumer la relève.
Tout ce que je peux vous dire au moment présent, c'est que tout
cela est à l'état de discussion.
M. LAURIN: En plus des difficultés que cela pose au niveau de
l'harmonisation et de la coordination des politiques, est-ce qu'il n'y a pas
aussi d'autres inconvénients à ce double système de garde
et de traitement? Par exemple, ne serait-ce que le gaspillage économique
que constitue la multiplication des institutions, une multiplication qui peut
paraître indue, et aussi qui peut venir du fait que cette
séparation de deux ans est artificielle à toutes fins pratiques?
Est-ce que le ministre, pour parer à ces inconvénients, a
pensé à demander le rapatriement de l'administration des
établissements de détention à un taux, à une
subvention ou des équivalences fiscales?
M. CHOQUETTE: Pas cette semaine.
M. LAURIN: Non, pas cette semaine, mais est-ce que le ministre est
conscient des difficultés et des inconvénients que cela pose?
M. CHOQUETTE: II est conscient de toutes sortes de difficultés et
toutes sortes d'inconvénients.
M. LAURIN: Mais est-ce que c'est dans les projets du ministère
lors de prochains...
M. CHOQUETTE: Je ne peux pas dire au député de Bourget, en
étant sérieux, que j'avais l'intention de faire dans un avenir
rapproché des revendications auprès des autorités
fédérales pour avoir juridiction ou compétence en
matière de pénitenciers.
M. LAURIN: Parce que cela se coupe difficilement, l'administration des
institutions de détention. Cette barrière de deux ans est
extrêmement artificielle et peut amener des inconvénients à
tout point de vue.
M. CHOQUETTE: Sur papier, elle semble artificielle dans le sens qu'on se
dit: Pourquoi un prisonnier qui a une sentence de moins de deux ans va-t-il
aller dans une prison et pourquoi le prisonnier qui a une sentence de plus de
deux ans et un jour va-t-il aller dans un pénitencier? Il faut quand
même faire confiance un peu aux juges et au système judiciaire.
Les juges sont parfaitement conscients, quand ils imposent une sentence de
moins ou de plus de deux ans suivant le cas, que cela représente une
culpabilité de nature légèrement différente ou
même parfois assez profondément différente suivant le cas
parce que, dans les pénitenciers, on envoie les cas les plus durs, les
cas manifestement les plus difficiles.
M. LAURIN: Ce peut être la nature du délit aussi.
M. CHOQUETTE: Ce peut être la nature du délit, ce peut
être l'individu lui-même, son passé, son dossier
judiciaire.
M. LAURIN: II y a par exemple des gens qui sont condamnés
à huit ou neuf ans parce qu'ils ont commis un meurtre; c'est vraiment
une maladie mentale, et ce sera le seul délit peut-être qu'ils
commettront dans leur vie.
M. CHOQUETTE: C'est souvent le cas chez les meurtriers.
M. LAURIN: Ce n'est pas justifiable qu'il y ait une philosophie plus
dure; au contraire.
M. CHOQUETTE: Par contre, le meurtre est quand même l'acte le plus
répréhensible qu'on puisse commettre.
M. LAURIN: Cela, je suis bien d'accord,
mais je veux dire que c'est difficile de couper une philosophie de
même que de couper un système en deux.
M. CHOQUETTE: Je dirais au député de Bourget que ce n'est
pas dans nos priorités.
M. LAURIN: Ce devrait être dans vos priorités pour fins de
logique, de rationalisation en même temps que pour fins
d'économie, à tout point de vue. Je pense que cela donnerait
à votre directeur de la direction des institutions de détention
l'occasion de mettre à l'épreuve d'une façon beaucoup plus
complète et exhaustive sa philosophie et ses talents. De toute
façon, j'espère que le ministre va changer d'avis
là-dessus et qu'il va en faire une de ses priorités parce
qu'autrement on va être obligé d'attendre qu'on soit au pouvoir
pour changer cela.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: Après avoir entendu les remarques et les propos du Dr
Gauthier disant que la fréquence de nos prisons est à la baisse,
la fréquence quotidienne, je me demande quelle est la justification,
dans les circonstances, de l'augmentation de $4 millions que nous trouvons
à l'élément 2 du programme 11. Est-ce que cela
résulte de la convention collective ou quelles sont les justifications
qui nous invitent à voter une telle somme?
M. CHOQUETTE: C'est principalement, au moins pour près de $3
millions, la revision de traitements suite à la signature de nouvelles
conventions collectives, car le député de Maskinongé sait
que le service de détention et le service de probation
représentent un personnel très nombreux. Alors, pour les trois
quarts, il s'agit de révision des traitements.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le programme 11. Adopté. Le programme
12: Enregistrement officiel.
Enregistrement officiel
M. DROLET: M. le Président, je ne parlerai plus de mon bureau
d'enregistrement. Le sous-ministre m'a dit, hier, que le problème
était réglé.
J'ai en main je l'ai prise au hasard une résolution
de municipalités que le ministère doit avoir reçue. Je
vais la soumettre au ministre de toute façon et il pourra me dire ce
qu'il a l'intention de faire dans ces cas.
Les municipalités nous disent qu'elles sont obligées
maintenant de payer lorsqu'elles demandent des avis de mutation qui normalement
leur étaient fournis gratuitement. Ces municipalités les
fournissent gratuitement aux commissions scolaires; alors, elles demandent au
ministère de la Justice s'il n'y aurait pas possibilité que ce
soit comme par le passé. Ce sont tout simplement des copies de
corporations municipales que j'ai, qui ont été adressées
au ministère de la Justice.
Alors, est-ce que le ministre a l'intention de laisser cela comme cela
ou de revenir comme par le passé?
M. CHOQUETTE: On me dit, M. le Président, que les avis de
mutation requis par des municipalités ont toujours été
payés par les municipalités. Alors, il ne serait pas tout
à fait exact de dire qu'antérieurement cela aurait
été gratuit.
M. DROLET: Dans les résolutions de municipalités, M. le
Président, on dit: Attendu que vers la fin de l'année 1971, on
était avisé par le registraire du bureau d'enregistrement que les
honoraires des avis de mutation seraient de $3 l'avis et cela, à compter
du premier octobre 1971...
M. CHOQUETTE: Maintenant, le député devrait
également comprendre que cela représente des difficultés
administratives que de faire des classes différentes de groupes, de
corporations ou de citoyens qui payent ou ne payent pas suivant le cas.
M. DROLET: Non, ce sont seulement des explications que je demande au
ministre parce que l'on reçoit des copies de municipalités.
M. CHOQUETTE: Oui. L'uniformité des tarifs et de la
procédure au bureau d'enregistrement est sûrement un
impératif d'une bonne administration. Alors, je sais qu'il y a quelques
exceptions. Je pense que le ministère du Revenu a un traitement un peu
spécial pour l'enregistrement de ses actes mais je crois qu'il est le
seul qui ait un traitement particulier. Même les autres ministères
gouvernementaux tels que le ministère de l'Agriculture payent.
M. DROLET: Mais les municipalités doivent savoir que dans le
passé elles ne payaient pas puisque aujourd'hui elles disent qu'elles
sont obligées de payer?
M. CHOQUETTE: Ce n'est plus $3. Le tarif a été
changé, il est ramené à $1 après 1971.
M. DROLET: Alors, présentement il est à $1 au lieu de
$3?
M. CHOQUETTE: C'est cela.
M.PAUL: M. le Président, est-ce que le ministre peut nous dire
quels sont les revenus qui proviennent des bureaux d'enregistrement?
M. CHOQUETTE: Les droits dans les bureaux d'enregistrement ont
rapporté $5,600,000 en 72/73 et il est prévu qu'en 73/74, les
revenus seront de $6,400,000.
M. PAUL: Je remercie le ministre. Est-ce que le ministre peut nous dire
combien il y a de bureaux d'enregistrement qui sont encore à
honoraires?
M. CHOQUETTE: II n'y en a plus. Ils ont tous été mis
à traitements sans exception.
M. PAUL: Depuis quand?
M. CHOQUETTE : Depuis assez récemment. Je crois que le dernier
cas date d'il y a environ un mois ou deux.
M.PAUL: Est-ce que le dernier cas n'était pas le bureau
d'enregistrement de Verchères?
M. CHOQUETTE: C'est cela. M. PAUL: Un monsieur Waelput? M. CHOQUETTE:
C'est cela.
M. PAUL: J'ai reçu un appel téléphonique d'un
citoyen de Verchères qui se scandalisait que cet individu...
J'espère qu'il va le réaliser maintenant qu'il est devenu
fonctionnaire et qu'il va cesser toute activité politique. En 1960 on
les a tous mis dehors sous prétexte que tous ceux qui étaient
à honoraires, qui avaient fait des activités politiques... M.
Waelput était l'organisateur en chef de notre collègue le
député de Rouville.
M. CHOQUETTE: La Loi de la Fonction publique ne lui défend pas de
s'occuper d'activités politiques.
M. PAUL: Ce n'est pas ce que je demande au ministre. Je demande s'il
l'est ou s'il a été nommé registrateur.
M. CHOQUETTE: II a été mis à traitement. M. PAUL:
Mis à traitement.
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas tout à fait final. C'est en train de
se faire.
M. PAUL: Ah, ce n'est pas tout à fait final!
M. CHOQUETTE: La proclamation est publiée.
M. PAUL: La proclamation est publiée dans la Gazette
officielle.
M. CHOQUETTE: Oui, il reste la mise à traitement proprement dite
à faire.
M. PAUL: Est-ce que le ministre peut nous dire si, depuis le
congrès des registrateurs qui a eu lieu à Trois-Rivières
au moins de février ou au mois de mars dernier, on a défini un
statut particulier pour les registrateurs?
M. CHOQUETTE: Un statut particulier, c'est que l'échelle des
traitements et la classification des registrateurs est un problème qui
préoccupe le ministère de la Justice depuis assez longtemps. J'ai
fait des revendications, des représentations à la Commission de
la fonction publique pour qu'on règle ce cas d'une façon
satisfaisante. Maintenant, c'est comme pour d'autres classes d'employés.
Tout à l'heure nous parlions de prisons, nous avons eu les mêmes
cas pour les cadres dans nos prisons et pour d'autres classes, les
professionnels du gouvernement. Alors, nous avons été
obligés de passer par la Commission de la fonction publique.
Récemment, j'ai insisté auprès du sous-ministre
associé à l'enregistrement, du registraire adjoint pour que nous
intervenions encore de façon plus énergique auprès de la
Commission de la fonction publique pour régler les cas de ces
catégories d'employés gouvernementaux, dont les
registrateurs.
M. PAUL: Est-ce que le ministre convient que la
rémunération qui est actuellement offerte au registrateur rend le
recrutement difficile?
M. CHOQUETTE: C'est incontestable.
M. PAUL: Surtout lorsque l'on veut retenir les services de
professionnels, soit d'avocats ou de notaires. Remarquez que ce n'est pas un
reproche que je fais au ministre, absolument pas.
M. CHOQUETTE: Je suis une victime de la solidarité
ministérielle.
M.PAUL: ... des expériences... Je n'ai pas compris.
UNE VOIX: II a dit qu'il était victime de la solidarité
ministérielle.
M. PAUL: Ce n'est pas dans ce sens que je pose mes questions. Si notre
brève discussion de ce matin a pour effet d'éveiller l'attention
de certains collègues du ministre au Conseil exécutif, j'en
serais fort heureux et surtout lui.
M. CHOQUETTE: Je pense que le nouveau ministre de la Fonction publique,
le député de Hull, est très conscient de la
nécessité de régler les problèmes qui ont
été mis en pratique et pas seulement de celle de faire de belles
échelles.
M. PAUL: Est-ce que le ministre est également conscient qu'il ne
reçoit pas toujours une oreille attentive de la part du ministère
de la Fonction publique pour satisfaire aux besoins de personnel des
différents bureaux d'enregistrement?
M. CHOQUETTE: Je ne dirais pas que, de ce côté-là,
nous ayons tellement de plaintes à formuler.
M. PAUL: Est-ce qu'à Champlain, dans ma propre région, le
personnel est suffisant?
M. CHOQUETTE: Je vais demander à M. Alarie de vous
répondre. Il s'agit d'un cas particulier.
M. PAUL: Champlain et Berthier; il y en a un justement à l'ouest
et un autre, à l'est de Louiseville.
M. CHOQUETTE: L'analyse de l'effectif va se faire encore dans ce
coin-là.
M. PAUL: L'analyse de l'effectif ou l'analyse des besoins pour ensuite
passer à l'effectif?
M. CHOQUETTE : L'analyse des besoins.
M. PAUL: Est-ce que la situation est normale à Montréal?
Certains notaires que j'ai rencontrés alors que je ne dormais pas en fin
de semaine, à Montréal, m'ont signalé qu'un délai
de trois mois à trois mois et demi était nécessaire au
bureau d'enregistrement de Montréal pour obtenir un certificat de
recherche.
M. CHOQUETTE: C'est rendu à quinze jours maintenant.
M. PAUL: Depuis quand?
M. CHOQUETTE: Depuis la semaine dernière.
M. PAUL: Ah cré diable! Il y a eu tout un gros changement dans
l'espace de si peu de temps. Cela a fait du bien d'avoir notre
congrès.
UNE VOIX: On savait que les crédits arriveraient.
M. CHOQUETTE: Qu'est-ce qui a occasionné cette
révolution?
UNE VOIX: Cette amélioration.
M. CHOQUETTE: Cette amélioration révolutionnaire. On a
fait faire du surtemps, évidemment, et on a engagé des
employés occasionnels.
M. PAUL: Est-ce que le sous-ministre...
M. CHOQUETTE: On a établi de nouvelles méthodes de
travail.
M. PAUL: Est-ce que le sous-ministre prétend que s'il ne
maintient pas le personnel additionnel au travail, s'il ne fait pas faire de
surtemps, la situation va redevenir aussi grave et tragique que par le
passé?
M. CHOQUETTE: Non. Avec les nouvelles méthodes de travail qu'on
est en train d'appli- quer, quand on aura rattrapé le "back load" on
pourra se maintenir.
M. DROLET: Dans tous les bureaux de la province.
M. CHOQUETTE: Celui de Montréal, surtout. Dans tous les bureaux
aussi, mais celui de Montréal...
M. PAUL: A Québec, est-ce qu'il y a assez d'espace pour jouer au
golf dans le bureau d'enregistrement?
M. CHOQUETTE: Pas tellement!
M. PAUL: Est-il vrai qu'à Québec il est assez difficile de
trouver place, qu'on ne pourrait même pas y déposer un nouveau
papier tellement c'est à l'étroit, c'est petit, c'est
condensé?
M. CHOQUETTE: C'est assez étroit, oui.
M. PAUL: Est-ce que le ministre envisage une demande à son
collègue des Travaux publics pour l'aménagement d'un nouveau
bureau d'enregistrement ici, à Québec?
M. CHOQUETTE: La demande est faite.
M. PAUL: La demande est faite.
LE PRESIDENT (M. Blank): Programme 12.
M. PAUL: Un instant, M. le Président, même si votre
anniversaire de naissance est demain, j'en profite pour le faire aujourd'hui,
les grandes fêtes ayant toujours une vigile...
Il y a un autre problème, M. le Président, que je voudrais
porter à votre attention et surtout à l'attention du ministre.
C'est un problème qui existe au bureau de Shawinigan, encore dans mon
district. Le ministre a-t-il pris connaissance d'une correspondance qui lui fut
adressée le 8 mai 1973 par l'Association des notaires du district de
Trois-Rivières, sous la signature de M. Claude Gervais, notaire de
Shawinigan? C'est une lettre dans laquelle il expose les besoins très
particuliers du bureau de Shawinigan. Au cas ou le ministre n'aurait pas pris
connaissance de cette lettre, je voudrais lui en citer un paragraphe: "Le
bureau d'enregistrement de Shawinigan, lui, date du 2 janvier 1965. Les
recherches à ce bureau ne peuvent donc remonter à plus de huit
ans. Comment concevoir alors que les actes enregistrés à ce
bureau ne reviennent à nos études avec les certificats de
recherches continuées à ce jour que trois, quatre, cinq ou
même six semaines après la date d'enregistrement? Ceci n'est pas
dû à l'incompétence du registrateur et des employés,
au contraire. Nous avons le privilège à Shawinigan d'avoir un
notaire comme registrateur et des employés serviables,
compréhensifs et qui servent bien la population; mais, malheu-
reusement, ils ne sont pas assez nombreux. Ils doivent même
travailler souvent le soir (sans salaire supplémentaire) pour ne pas
être trop en retard dans leur travail. Leur local a été
rétréci deux fois. Il est maintenant trop petit. Ce bureau
requiert au moins deux employés de plus, un appareil à
photocopier et un local plus vaste. "Vous avez sans doute été
informé des pressions exercées récemment par les caisses
populaires et autres sociétés prêteuses de notre district
concernant ce bureau d'enregistrement. Pourtant, jusqu'à maintenant rien
n'a été fait pour améliorer ce service." Est-ce que le
ministre a pris conscience de cette situation qui existerait à
Shawinigan?
M.CHOQUETTE: Nous avons reçu cette lettre et nous y avons
apporté des... On me dit même que la lettre est très
récente.
M. PAUL: Oui, le 8 mai. Je l'ai bien spécifié, parce que
l'Association des notaires en a fait parvenir une copie au député
de Saint-Maurice, qui me l'a remise considérant que, tout
vétérinaire qu'il est, il ne se sent pas capable...
M.CHOQUETTE: D'aborder un sujet aussi subtil.
M. PAUL: Aussi subtil. C'est pourquoi mon collègue m'a fait
remise de la copie de cette lettre, dont l'original était adressé
au ministre le 8.
M.CHOQUETTE: Le député peut compter que nous allons la
prendre en considération et que des remèdes seront
apportés.
M. PAUL: Ce qui attire mon attention, M. le Président, dans la
lettre, surtout quand on connaît le calme habituel de nos notaires, leur
patience, les longues minutes de travail qu'ils font, c'est que, dans cette
lettre, on parle même d'une action populaire. Dès l'automne 1973,
si le problème n'est pas réglé...
M. CHOQUETTE: Un front commun.
M. PAUL: ... d'une espèce de front commun, mais si, à
l'automne 1973, ce cas n'est pas réglé définitivement, les
notaires de la région de Trois-Rivières entendent bien saisir la
population de ce problème par des moyens normaux d'information, etc.
Je ne voudrais pas que le ministre soit aux prises avec une
espèce de contestation populaire, de front commun dans la
région.
Un autre problème, M. le Président, encore dans la belle
région du Coeur du Québec, est le bureau d'enregistrement de
Sainte-Geneviève-de-Batiscan. Justement, l'Association des notaires du
district de Trois-Rivières parle dans cette lettre le
secrétaire parle, répète, sollicite à
nouveau les ministres de considérer l'opportunité de
déménager le bureau d'enregistrement de
Sainte-Geneviève-de-Batiscan au Cap-de-la-Madeleine. Est-ce que
le ministre pourrait également considérer cette
requête?
M.CHOQUETTE: On me dit qu'il y a déjà un bureau au
Cap-de-la-Madeleine.
M. PAUL: Je m'excuse, c'est aux Trois-Rivières, aux
Trois-Rivières, au 878 de Tonnan-court.
M. CHOQUETTE: Ah oui! C'est cela.
M. PAUL: Je m'excuse, c'est à Trois-Rivières, 878 de
Tonnancourt.
M.CHOQUETTE: C'est ça. Les distances seraient très
rapprochées, le Cap.
M.PAUL: Oui, mais ce n'est pas le même comté.
M. CHOQUETTE: Non, ce n'est pas le même comté. Nous allons
prendre ça en considération.
M. PAUL: Remarquez bien que ce n'est pas parce que j'en ai contre la
population de Sainte-Geneviève, mais on invoque surtout le bassin de la
population qu'est le Cap-de-la-Madeleine. Il semblerait également que le
bureau de Sainte-Geneviève-de-Batiscan ne répond plus aux besoins
dans ce sens que le local serait trop petit et qu'à cause des nombreuses
transactions qui se font au Cap-de-la-Madeleine, les notaires à
Shawinigan, qui sont du district de Trois-Rivières, invitent le ministre
à reconsidérer cette possibilité de
déménager le bureau d'enregistrement de
Sainte-Geneviève-de-Batiscan au Cap-de-la-Madeleine.
M. DROLET: Pas dans la basilique, au moins?
M. PAUL: Non, mais dans la basilique, il y a de l'espace en masse
surtout depuis quelques années.
M.CHOQUETTE: Je crois qu'il y a beaucoup de bons arguments en faveur de
ce changement. Nous allons les prendre en considération et les analyser
à leur mérite.
M. PAUL: Je retiens les bonnes intentions du ministre qui, sans doute,
fera suivre ses bonnes intentions d'actions énergiques dans ce domaine
pour satisfaire nos confrères, les dignes notaires de la région
de Trois-Rivières.
LE PRESIDENT (M. Blank): Programme 12, adopté. Programme 13:
Contrôle des jeux de hasard et des courses. Pas de question?
Adopté. Programme 14: Contrôle des permis d'alcool.
Contrôle des permis d'alcool
M. PAUL: M. le Président, à 11 h 50, c'est
assez difficile de se plonger longuement dans un sujet aussi
enivrant.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté.
M. DROLET: M. le Président, j'aurais un sujet à soulever
ici. Il y a quelques hôteliers, non pas seulement de mon comté
mais de la région, qui sont venus me rencontrer et qui m'ont
demandé de soumettre ce problème. Apparemment des permiss, soit
les permis que demandent les clubs de chasse et de pêche ou
différentes associations, ne coûteraient que $150 alors que les
permis que les hôteliers sont obligés de payer vont jusqu'à
$650, en plus de l'investissement qui est fort différent dans les deux
cas. On souligne également que les permis de 24 heures qui sont
accordés assez régulièrement seraient néfastes
à la clientèle des hôtels qui sont installés.
M. CHOQUETTE: Surtout aux hôteliers.
M. DROLET: Est-ce que le ministre aurait reçu des plaintes en ce
sens?
M. CHOQUETTE: Pour ce qui est de la structure des tarifs pour
l'émission des permis d'alcool, je peux dire au député que
le sujet fait l'objet d'une étude par la commission de contrôle
à l'heure actuelle et nous pourrons probablement y apporter des
améliorations pour l'année prochaine, parce qu'on sait que les
permis sont émis à compter du 1er janvier de chaque année.
Le montant est payé pour chaque année mais le permis est
émis le 1er mai. C'est pour l'année financière que le
permis s'applique même si le permis est émis au début de
mai. Pour les tarifs, je note ce que le député de Portneuf me
dit. Quant à l'émission de permis de banquet, nous nous trouvons
toujours devant le dilemme suivant, entre l'intérêt qu'ont
certains groupes de solliciter des permis de banquet pour diverses
manifestations... Evidemment, nous ne voulons pas prendre une attitude
négative et réfractaire à l'égard de certaines
initiatives même prises par des partis politiques dans leurs
différents comtés, les associations politiques ou autres groupes
sociaux. Nous comprenons aussi que l'intérêt économique des
hôteliers est en cause si trop de permis de ce genre sont émis. La
politique de la commission de contrôle a fluctué dans ce domaine.
Au départ, on avait pris une attitude assez protectionniste à
l'égard des hôteliers, on refusait l'émission de permis
très souvent. Plus tard, la commission a cru devoir se rendre aux
arguments des groupes sociaux disant que parfois l'émission de permis de
banquet permettait d'obtenir des fonds pour leurs activités sociales,
politiques ou autres. On essaie de tempérer tout en maintenant...
M. DROLET: Un juste milieu.
M. CHOQUETTE: ... un juste milieu.
Il y a des endroits, plutôt, où il y avait eu beaucoup
d'émissions de permis de banquet, et là la régie fait des
enquêtes sur le nombre d'émissions pour voir.
LE PRESIDENT (M. Blank): Programme 14 adopté. Programme 15.
Conciliation entre locataires et
propriétaires
M. PAUL: Le programme 15, M. le Président, enfin le moment tant
attendu. Depuis plusieurs mois que nous nous penchons sur ce problème de
conciliation entre locataires et propriétaires, considérant la
présentation avortée de la loi 59, considérant
l'introduction et l'analyse déjà faite des projets de loi 78 et
79, considérant la haute compétence du personnel en place de la
Régie des loyers, considérant les réformes que l'adoption
des lois 78 et 79 apporteront, quant à moi, M. le Président, je
déclare ce programme adopté.
LE PRESIDENT (M. Blank): Programme 15, adopté. Programme 16?
Réinsertion sociale des
délinquants
M. PAUL: Un instant. Dans ce programme, M. le Président, on
prévoit la nomination de 82 nouveaux employés. Est-ce que ces
employés seront intégrés au service de probation ou
à la réinsertion sociale de détenus? Est-ce que ce besoin
accru de personnel a pour but de mettre l'accent dorénavant sur la
réhabilitation accélérée des
délinquants?
M. CHOQUETTE: II s'agit, justement, du sujet que nous avons
abordé précédemment. Nous accélérons notre
action sur le plan de la probation et nous avons besoin d'augmenter le nombre
d'officiers de probation. Le nombre de postes sollicités
représente donc un chiffre de 81. De ce nombre, dix sont pour
Québec, un pour Trois-Rivières, huit pour Hull, 38 pour
Montréal, et les autres dans différents autres districts
judiciaires.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté. Programme 17?
Aide juridique et financière
M. PAUL: Au programme 17, est-ce que le ministre peut nous dire quelle
est la part payée par le fédéral dans la mise en
application de l'aide juridique au ministère de la Justice, et est-ce
que le ministre est obligé de suivre les normes fédérales
pour bénéficier d'une subvention du ministère
fédéral de la Justice?
M. CHOQUETTE: Nous prévoyons retirer environ $3 millions des
ententes que nous avons signées avec les autorités
fédérales pour l'aide juridique. D'ailleurs, $3 millions est un
maxi-
mum parce qu'on sait que le programme fédéral
prévoit $0.50 par habitant. Mais, évidemment, il faut
démontrer que ces sommes ont été dépensées
pour les fins de défense dans les causes criminelles, par
conséquent nous n'aurons pas de difficulté, je pense, à
utiliser pleinement les fonds fédéraux.
M. PAUL: De toute façon les fonds ne sont pas versés avant
l'année financière 74/75?
M. CHOQUETTE: Oui, c'est exact. En second lieu, pour ce qui est des
normes fédérales, elles sont extrêmement larges et n'ont
causé aucune espèce de problème quant à leur
application ici au Québec. Nous ne sommes obligés d'adopter, en
fonction des normes fédérales, aucun changement législatif
à la Loi de l'aide juridique ou même de modifier, d'une
façon sensible, aucune des politiques que nous avions prévues.
J'ai justement félicité le ministre fédéral,
à la dernière conférence des procureurs
généraux, pour son intelligence dans ce secteur à
comprendre que les programmes, dans le domaine de la justice, devaient
être décentralisés pour tenir compte des besoins, dans
chacune des provinces, qui sont différents d'un milieu à l'autre.
Alors, dans le domaine de l'aide juridique, nous n'avons aucun conflit avec les
autorités fédérales.
M.PAUL: Peut-être que le ministre nous a déjà
donné l'information, je m'excuse, s'il l'a déjà
donnée, il pourra sans doute rafraîchir ma mémoire. Est-ce
que le ministre peut nous dire combien il y a de cliniques juridiques
établies sur le territoire du Québec?
M. CHOQUETTE: De cliniques ou bien de centres?
M. PAUL: De cliniques juridiques.
M. CHOQUETTE: II ne reste plus que deux cliniques. Elles sont
situées dans la région de Montréal. Il y a la clinique de
Pointe-Saint-Charles et également une clinique, il me semble, à
Saint-Louis, clinique qui est sous l'autorité et la direction du
député de Saint-Louis.
M.PAUL: M. le Président, la loi 10 prévoit la formation de
corporations locales. Est-ce que le ministre a l'intention de nommer de ces
corporations?
M. CHOQUETTE: Oui. Toutes les procédures sont en marche, à
l'heure actuelle, pour désigner les gens qui siégeront aux
conseils d'administration des corporations locales et régionales. On me
dit d'abord les régionales, parce que je pense que le territoire
québécois a été découpé en neuf ou
dix régions et les membres des corporations régionales seront
nommés incessamment.
M.PAUL: Suivant le besoin prouvé à la commission.
M. CHOQUETTE: Suivant... c'est-à-dire...
M. PAUL: La loi ne prévoit pas la formation d'un nombre
déterminé...
M. CHOQUETTE: Oui, elle prévoit la formation d'une corporation
régionale pour chaque région.
M.PAUL: Oui, très bien. Mais pour les locales, c'est...
M. CHOQUETTE: Non.
M. PAUL: ... suivant les besoins ou les constatations faites par les
membres de la corporation régionale chaque année.
M. CHOQUETTE: Exactement. Oui, ou suivant les désirs de la
population locale. Pour le moment, nous n'en sommes pas rendus à la
formation de corporations locales mais on peut être sûr que les
corporations régionales existeront au début ou au milieu de
juin.
M.PAUL: J'aurais peut-être une ou deux autres questions, M. le
Président, pour terminer. Est-ce que le ministre peut nous dire si le
gouvernement fédéral verse une subvention dans l'application de
la politique d'indemnisation des victimes d'actes criminels? Si oui, quelle est
la part du gouvernement fédéral?
M. CHOQUETTE: Le fédéral s'est engagé à nous
verser $0.05 par habitant dans chaque province. A la dernière
conférence des procureurs généraux, il y a eu
unanimité dès procureurs provinciaux que la contribution
fédérale devait être haussée, étant
donné que les programmes d'indemnisation de victimes d'actes criminels
ont une tendance à augmenter quant au coût total et quant aux
rentes, et spécifiquement par l'incidence des rentes qui sont
payées annuellement à des victimes d'actes criminels.
M.PAUL: Le per capita est de $0.05 par habitant.
M. CHOQUETTE: A l'heure actuelle, oui.
M. PAUL: C'est de $0.05.
M. CHOQUETTE: Ce qui donne $300,000 sur une dépense, pour
l'année qui s'est écoulée, de $750,000 ou plutôt
pour l'année 73/74, excusez-moi.
M. PAUL: Est-ce que le ministre veut parler de dépenses,
d'indemnisation ou de versements d'indemnités, quand il parle des
$750,000?
M. CHOQUETTE: Je parle de...
M. PAUL: Je pense que c'est une projection.
M. CHOQUETTE: ... versements d'indemnités. H faudrait ajouter les
frais que nous devons payer à la Commission des accidents du travail
pour l'administration de cette loi.
LE PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que je peux ajouter un mot ici?
Peut-être qu'à titre de président je n'ai pas le droit.
M.PAUL: Un instant! Venez vous asseoir ici.
LE PRESIDENT (M. Blank): Je veux féliciter la Commission des
accidents du travail qui dirige cette affaire. J'ai un intérêt
particulier dans cette loi. Presque tous les cas des gens blessés ou
morts dans l'affaire du Blue Bird sont en train de se régler. Presque
tous ont reçu des paiements jusqu'à aujourd'hui et leur cas
serait réglé. C'est très intéressant de savoir que,
dans une tragédie comme celle du Blue Bird, c'est déjà
réglé même pour les gens qui restent en dehors de
Québec, des enfants, des personnes de Québec qui, maintenant,
sont rendus dans d'autres provinces avec le grand-père, la
grand-mère; ils ont reçu des versements. Pour moi, cette loi a
apporté une amélioration merveilleuse au sort des victimes. Je
veux féliciter Me Gagné qui a fait un travail magnifique dans le
cas du Blue Bird, auquel je prends un intérêt particulier.
M. CHOQUETTE: Je note avec satisfaction les paroles très bien
senties du député de Saint-Louis. D'ailleurs, tout le monde sait
que le député de Saint-Louis est un peu à l'origine de
cette loi à l'occasion...
M. PAUL: Motion débattue avec quelle intelligence à
l'Assemblée nationale!
M. CHOQUETTE: Avec succès. M. PAUL: Avec succès.
M. CHOQUETTE: Sous l'ancien gouvernement.
M. PAUL: C'est ça!
M. CHOQUETTE: Alors nous n'avons qu'à nous donner des tapes
respectives dans le dos n'est-ce pas, à l'occasion de ce programme?
LE PRESIDENT (M. Blank): Programme 7 des crédits du
ministère de la Justice adopté?
M. DROLET: M. le Président, tout est peut-être
adopté, mais c'est peut-être une question générale.
Au tout début, j'aurais dû poser ma question indiscrète au
ministre. Je vais la lui poser à la fin, si vous me permettez, M. le
Président. Lorsqu'on étudie les crédits d'un
ministère, on scrute toujours les dépenses que fait le
ministère. J'ai devant moi un article de journal qui dit que le
ministère aurait fait de l'argent. Il aurait vendu le camion
anti-émeute. Est-ce que le ministre de la Justice peut nous dire si la
nouvelle parue dans le Nouvelliste la semaine dernière est vraie
à l'effet que le camion ne serait pas vendu?
A Pierreville, justement, les administrateurs de l'usine Pierre Thibault
ont dit que la transaction n'a jamais été faite. On dit
même que le camion serait présentement caché dans mon
comté, à Valcartier de Portneuf. Vu que le ministre est un homme
qui lève les voiles, comme il l'a fait pour la statue de M. Duplessis,
est-ce qu'il pourrait lever le mystère sur ce camion et nous dire s'il
est vendu, à qui, combien et où est-il?
M. CHOQUETTE: Quand j'ai déclaré que le camion avait
été vendu, j'étais mal informé sur la vente
effective de ce véhicule. En fait, j'avais donné des instructions
de le vendre, il y a un an et j'avais l'impression que mes ordres,
nécessairement, étaient exécutés. C'était
une illusion de ma part. Le véhicule n'avait pas encore
été vendu, malgré qu'on eût approché un
certain nombre d'acheteurs. Mais là où il y avait eu des
divergences, c'était sur le prix de vente, parce que je crois que le
ministère exigeait $15,000 pour la vente du camion anti-émeute.
D'autant plus que la décision, quant au prix de vente, appartient
ultimement au service des achats du gouvernement et non pas au ministère
même. Pour le moment, le véhicule n'a par conséquent pas
été vendu, mais nous sommes intéressés à
toute offre convenable pour la vente.
M. DROLET: Est-ce que la nouvelle serait vraie à l'effet qu'il
serait présentement caché à Valcartier?
M. CHOQUETTE: II n'est pas caché. Il est à Valcartier,
dans le comté du député de Portneuf. Si le
député de Portneuf est intéressé à faire une
offre pour le camion, nous allons l'étudier à son
mérite.
M. DROLET: II faudrait que je sache où il est, parce que je
n'achète rien sans voir.
M. CHOQUETTE: Je vous autorise à aller le voir. Si vous voulez un
écrit ou une lettre...
M. LEDUC: Est-ce qu'il ne devrait pas être promené au
défilé de la Saint-Jean-Baptiste, pour qu'on le voie, ce fameux
camion? Très peu de gens l'ont vu...
M. CHOQUETTE: J'ai vu une photo... M. LEDUC: ... et il nous a
coûté très cher.
M. CHOQUETTE: Lors d'une visite que j'ai faite à la
Sûreté, vendredi soir dernier, j'ai vu
une photo de ce fameux engin blindé conçu à
l'époque de mon prédécesseur, l'époque
wagnérienne de la justice. On peut dire véritablement que c'est
un symbole de la justice à cette époque.
M. DROLET: C'était une belle voiture.
M. CHOQUETTE: C'est un véhicule qui est assez bas, costaud. J'ai
vu qu'il pouvait tirer des jets d'eau pour disperser les manifestants. Il y a
toutes sortes d'autres facilités pour le lancement des grenades
lacrymogènes.
M. DROLET: Le ministère ne s'est jamais servi de ce camion?
M. CHOQUETTE: Jamais. M. DROLET: Jamais.
M. CHOQUETTE: Pas du tout, non. C'est trop beau pour que l'on s'en
serve.
M. DROLET: Les pneus ne doivent pas être usés.
M. CHOQUETTE: Si le parti conservateur fédéral avait sur
le gouvernement autant d'influence qu'en a le NPD, je pourrais intervenir
auprès du député de Saint-Hyacinthe pour qu'il fasse
pression sur les autorités fédérales pour
l'acquérir.
M. PAUL: Je vous signalerai que le ministre de la Justice, sous le sceau
de la confidence, m'a même dit que si le député de Portneuf
voulait l'avoir pour faire un voyage chez lui en fin de semaine, dans son
comté, il le lui prêterait.
LE PRESIDENT (M. Blank): La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 4)