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Commission permanente des institutions
financières
Projet de loi no 16
Loi modifiant la loi du ministère
des Institutions financières
Compagnies et Coopératives
Séance du mardi 10 juin 1975
(Dix-sept heures trente-cinq)
M. Pilote (président de la commission permanente des
institutions financières, compagnies et coopératives): A
l'ordre, messieurs!
La commission des institutions financières, compagnies et
coopératives est réunie cet après-midi pour étudier
le projet de loi no 16, loi modifiant la Loi du ministère des
Institutions financières, Compagnie et Coopératives.
Sont membres de cette commission M. Beaure-gard, de Gouin, M. Bellemare,
de Johnson, M. Bonnier, de Taschereau, M. Burns, de Maisonneuve, M. Chagnon, de
Lévis, M. Harvey, de Charlesbourg, est remplacé par M. Caron, de
Verdun; M. Harvey, de Dubuc, M. Léger, de Lafontaine, M. Marchand, de
Laurier; M. Picotte, de Maskinongé, est remplacé par M. Dionne,
de Mégantic-Compton; M. Roy, de Beauce-Sud, M. Tetley, de
Notre-Dame-de-Grâce, M. Tremblay, d'Iberville.
Article I, l'honorable ministre des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives
Changement de nom du ministère
M.Tetley: L'article 1, c'est tout simplement un changement dans
le nom du ministère.
Le Président (M. Pilote): L'article 1 est-il
adopté?
M. Léger: M. le Président, je veux simplement
souligner au ministre qu'au point de vue linguistique, pour "consumer affai
rs", la trad uction littérale française serait, je comprends
l'intention du ministre, mieux exprimée si c'était les affaires
de la consommation et non pas des consommateurs. Ce n'est pas "consumer's
affairs", les affaires de la consommation en réalité; je sais que
l'intention du ministre est que la loi, le ministère, touchent beaucoup
plus le consommateur que la consommation, mais la traduction française
de "consumer affairs" ce n'est pas des consommateurs; c'est des affaires de la
consommation.
M. Tetley: N'oubliez pas que c'est le nom français qui
prime, si vous voulez traduire de l'un à l'autre, modifiez le nom
anglais.
M. Léger: Oui, la partie anglaise.
M. Tetley: Je vous dis que le nom que l'office a choisi et
accepté, que tout le monde a accepté, est le nom de
ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières.
M. Léger: L'esprit, c'est cela.
M. Tetley: C'est cela l'esprit, et si vous n'aimez pas le nom
anglais, changez-le un peu.
M. Léger: L'anglais pourrait être la même
chose. L'anglais pourrait être correct, mais la traduction n'est pas
telle quelle. Comme concept, l'anglais serait mieux, mais je sais que, l'esprit
du ministre, c'est de montrer aux consommateurs que ce ministère
s'occupe d'eux et le mot de consommateurs est plus précis dans l'esprit
du ministre que la loi de la consommation. "Consumer Affairs"... Affairs veut
dire "de la consommation". Ce n'est pas Consumer's, les affaires des
consommateurs. C'est dans ce sens.
Je ne veux pas en faire un problème. Je voulais tout simplement
faire remarquer au ministre que la traduction ne donnait pas la même
signification dans les deux textes, mais je comprends l'intention...
M. Tetley: Je crois que vous avez raison. N'oubliez pas que nous
avons eu plusieurs idées. Au lieu d'Institutions financières, on
avait corporations, on avait même compagnies et finalement, on s'est
entendu sur ce nom après de longues discussions dans plusieurs
comités et commissions; ce n'était pas mon premier choix non
plus, mais j'ai accepté de bon gré.
M. Marchand: Adopté.
M. Léger: Maintenant...
Le Président (M. Pilote): Article 1. Adopté?
M. Léger: Non. Encore une autre chose...
Le Président (M. Pilote): Oui.
M. Léger: ... seulement pour clarifier... A l'article 1,
vous dites que l'ancien nom était la Loi du ministère des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives... Dans la
nouvelle loi, la nouvelle appellation, on enlève compagnies, alors que
les compagnies ne sont pas nécessairement des institutions
financières ou l'inverse.
M. Tetley: Aucun nom ne peut cerner exactement le travail du
ministère. Prenez une compagnie qui n'a pas à voir à la
troisième partie de la loi, qui n'a pas de profits, qui n'a pas de
fonds, ni de parts sociales. C'est une compagnie c'est certain
mais ce n'est pas une institution financière. Au contraire. Prenez une
église qui tombe sous la juridiction de notre ministère.
C'était impossible, à moins d'ajouter quatre ou cinq autres
noms.
Donc, nous avons trouvé que ces trois groupements, ces trois noms
cernaient la grande partie du travail du ministère. Prenons un autre
exemple, le fichier central. Ce n'est certainement pas une institution
financière mais elle a été confiée à notre
ministère par le gouvernement.
M. Léger: D'accord.
M. Tetley: La commission Cliche nous confie même la
responsabilité des syndicats, apparemment; c'est à voir. Ce n'est
pas une institution financière. D'autres croient que les églises
sont des institutions financières.
M. Léger: Les deux font des placements.
M. Tetley: Je ne crois pas que les églises sont des
institutions financières, monsieur, peut-être les fabriques dans
un certain sens, mais non pas les églises.
M. Léger: D'accord. M. le Président, à
l'article 1, en ce qui nous concerne, avec les nuances que j'y ai mises, c'est
adopté.
M. Tetley: Oui.
Le Président (M. Pilote): Article 1, adopté.
M. Tetley: Tout le monde est libre de chercher et de trouver un
nom, il aurait une...
M. Léger: Une médaille.
M. Tetley: ... une médaille, oui.
Le Président (M. Pilote): Article 2.
M. Léger: En ce qui nous concerne, M. le Président,
adopté.
Le Président (M. Pilote ): Adopté. Je voudrais vous
signaler avant d'aller plus loin que M. Beau-regard, de Gouin, est rapporteur
de cette commission. Article 3.
M. Léger: II en est tout surpris, mais il est
d'accord.
M. Beauregard: Attentivement.
Le Président (M. Pilote): L'article 3 est adopté.
Article 4.
M. Léger: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Pilote): Adopté. Article 5.
M. Léger: Si le ministre n'a pas d'amendement,
adopté, M. le Président.
Le Président (M. Pilote): Adopté. Article 6.
M. Léger: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Pilote): Adopté. Article 7.
Conseil consultatif des institutions
financières
M. Léger: A l'article 7, M. le Président, tel que
je le mentionnais lors du discours de la deuxième lecture, nous pensons
qu'un conseil consultatif, pour quelque ministère que ce soit, devrait
être capable, et j'espère que le ministre le corrigerait aussi,
s'il le corrige ici, d'entreprendre des études sans attendre le
bon-vouloir ou l'idée que le ministre pourrait avoir, du jour au
lendemain, de commander un travail, une étude ou une recherche. Je pense
qu'un conseil consultatif pourrait de lui-même entreprendre des
recherches, parce que le ministre, qui est bien occupé, peut parfois
retenir un groupe qui pourrait lui être très utile en effectuant
lui-même des recherches. C'est la raison pour laquelle je voudrais
proposer à l'article 7 un amendement qui se lirait comme suit: "Biffer
aux deuxième et troisième lignes du paragraphe b du
deuxième alinéa de l'article 7 intitulé "18" les mots:
"avec l'approbation préalable du ministre". Cela veut dire que l'article
se lirait comme suit: Le conseil a pour fonction je passe pardessus le
paragraphe a) et j'arrive au paragraphe b) d'entreprendre l'étude
de toute question qui relève du domaine des institutions
financières, d'effectuer ou de faire effectuer les recherches qu'il juge
utiles ou nécessaires. Autrement dit, le conseil pourrait ne pas
être limité aux idées lumineuses qu'un ministre peut avoir,
mais y aller aussi de lui-même, proposer, faire des recherches et des
études qui pourraient être très utiles au ministre, ne pas
être limité à la demande du ministre. Qu'est-ce que le
ministre en pense?
M. Tetley: Je trouve que la suggestion est à la fois bonne
et mauvaise. Bonne, parce que j'ai déjà adopté cette
procédure, j'ai déjà donné au Conseil de la
protection du consommateur ce droit, par une déclaration ici en Chambre
et par des déclarations au conseil qui les a notées dans ses
procès-verbaux et dans le compte rendu de ses réunions. Mais je
trouve la suggestion mauvaise, parce que je veux toujours garder au ministre
titulaire le droit, dans certains cas, de dire non à certaines
recherches. Par exemple, si le conseil décide de vérifier, en
Nouvelle-Zélande, le contrôle de l'achat et de la vente
d'automobiles usagées, et part en croisière pour deux mois aux
frais du gouvernement en vertu de la loi qui stipulerait d'entreprendre
l'étude de toute question qui relève du domaine des institutions
financières, les membres du conseil auraient plus de droits que le
sous-ministre, parce que je vous dis que le sous-ministre doit passer par moi
avant d'entreprendre quoi que ce soit qui relève du domaine des
institutions financières.
Donc, le ministre doit contrôler le travail du conseil d'une
certaine façon. N'oubliez pas que ces gens sont payés $100 par
jour, plus les dépenses, plus un supplément pour d'autres
études. Une quinzaine de personnes qui partent en croisière ou en
voyage sur n'importe quel sujet peuvent gagner plus que le premier ministre.
C'est un droit qui n'est pas accordé aux ministres. Moi, avant de
partir, il faut que j'aie, aussitôt que je quitte le Canada ou même
la province de Québec, un papier du premier ministre. Aucun
député ne peut partir sans une permission du président de
l'Assemblée nationale, il ne peut rien commencer sans...
M. Léger: Ils peuvent s'absenter de l'Assemblée
nationale sans un papier du président.
M. Tetley: Certains font cela, mais, suivant la Loi de
l'Assemblée nationale, ils n'en ont pas le droit. Chaque mois, ces gens
doivent signer un certificat. Je ne peux pas donner carte blanche, signer un
chèque en blanc à quinze personnes de l'extérieur.
M. Léger: Le ministre admettra avec moi que ce conseil est
quand même limité par son budget.
M. Tetley: Oui, c'est certain.
M. Léger: Les études ou les voyages dans le monde
qu'il entreprendrait, il faudrait que ce soit à l'intérieur d'un
budget qui n'est quand même pas tellement élevé.
M. Tetley: Exactement, parce que c'est l'Assemblée
nationale qui contrôle le budget, et personne d'autre.
M. Léger: Non, mais le conseil consultatif ne pourrait pas
entreprendre des études qui coûteraient tellement cher qu'elles
dépasseraient son budget annuel.
M. Tetley: En tout cas, c'est cela. Le Conseil de la protection
du consommateur existe depuis quatre ans. On me dit que c'est un des meilleurs
du gouvernement du Québec, j'ai plusieurs membres qui ont fait partie
d'autres conseils. Je sais qu'ils ont presque carte blanche pour faire des
travaux dans les limites du bon sens. Je n'ai jamais, au grand jamais,
refusé une enquête, une étude, un travail ou un compte.
J'ai augmenté le per diem. Autrefois, c'était $35 par jour,
maintenant, c'est $100 par jour. Je ne peux pas donner carte blanche. Je me
demande même si c'est légal.
M. Léger: Le ministre pourrait peut-être
réaliser que, dans l'amendement que je préconise, c'est quand
même limité aux possibilités budgétaires que ce
conseil a pour fonctionner. Deuxièmement, la raison pour laquelle je
propose cela est que nous avons aujourd'hui un ministre ouvert. Demain, nous
aurons un ministre moins ouvert.
M. Tetley: Les compliments...
M. Léger: Un ministre pourrait bloquer n'importe quelle
recherche, s'il ne veut pas que son conseil fasse de la recherche. Cela peut
être l'inverse. Le ministre pourrait même aller à l'inverse
et bloquer tout désir de recherche de ce comité. Vous avez
l'autre option.
La proposition que je faisais est celle-ci: Comme il y a des limites au
niveau budgétaire, le conseil ne peut pas faire des recherches inutiles,
insignifiantes et qui coûteraient plus cher que le budget qu'il a.
Nous avons certes un ministre qui pourrait être ouvert,
actuellement, mais qui pourrait être remplacé par un autre
ministre qui, lui, pourrait être très étroit d'esprit et ne
pas vouloir recevoir trop de conseils et limiter des études qui
pourraient arriver à des conclusions différentes ou contraires
à ce que le ministre en cause a comme objectif; les possibilités
de ce conseil s'en trouveraient limitées.
C'est la seule raison pour laquelle j'avais proposé cela. Je
pense qu'il y avait des garanties, qu'il y avait des garde-fous. Il y avait le
budget qui empêchait qu'on exagère. D'un autre côté,
cela permettait à un ministre un peu limité de ne pas permettre
d'études qui auraient pu être très utiles pourle
ministère. C'est dans ce sens.
M. Tetley: Je vous remercie des compliments, mais je crois que le
ministre doit contrôler quand même un peu tout organisme, y compris
un conseil. Mais le conseil a certaines sanctions à sa disposition.
Prenons, par exemple, une étude sur les compagnies de finance. Je vais
en effet déposer bientôt une étude des compagnies de
finance qui va peut-être vous faire plaisir. Elle ne va pas vous
surprendre, mais elle va vous faire plaisir. Mais si, par exemple, je refuse
une telle enquête, les membres du conseil ont plusieurs sanctions, dont
l'une est la publicité. Ils vont critiquer ouvertement le ministre.
Deuxièmement, ils vont démissionner. Troisièmement, c'est
le rapport annuel, l'article 29. Je crois que, par cette sanction,
aussitôt qu'un ministre a ouvert cette boîte de Pandore... Est-ce
qu'on dit cela, en français?
M. Léger: Oui.
M. Tetley:... qu'est un conseil, le ministre perd beaucoup de
droits. En effet, ces gens ont beaucoup plus de droits que le sous-ministre
à ma gauche, il ne peut pas se lever et parler aux journaux. Il n'a pas
droitàun rapport annuel. Il peut démissionner, mais il faut qu'il
trouve un autre emploi. Les autres retournent à leur emploi. La sanction
est sévère pour le ministre, très sévère. Je
crois que le conseil est assez bien protégé. La preuve, c'est que
le Conseil de la protection du consommateur, dans son rapport annuel,
publié chaque année, n'a jamais mentionné le fait que le
ministre ait coupé d'aucune manière ses droits.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Taschereau.
M. Bonnier: M. le Président, si vous me permettez, je
pense que la suggestion du député de Lafontaine part d'un juste
idéal, mais je pense aussi qu'il faut qu'il remarque ceci, à
moins de me tromper, le ministre pourra me corriger, c'est un conseil
consultatif auprès du ministre et non pas une corporation
indépendante. A ce point de vue, je pense qu'il est tout à fait
normal que le ministre soit le meilleur juge pour juger jusqu'à quel
point tel type de recherche serait excellent en vue de recevoir une bonne
consultation.
M. Léger: De toute façon, M. le Président,
je ne veux pas en faire une histoire.
M. Tetley: Un autre argument que je donne, c'est celui que vous
avez affleuré un peu...
Si, par exemple, le député de Lafontaine ou le
député de Taschereau, le député de Laurier avait
dit sur cela: Je veux une enquête sur telle chose. Le ministre aurait pu
dire: On va enquêter sur cela. Par exemple, en Chambre, quelqu'un voulait
une opinion au sujet des cartes de crédit. J'ai, en conséquence,
posé la question au conseil, mais je ne pourrais même pas demander
cela.
M. Léger: M. le Président, telle est la raison que
je mettais de l'avant, le ministre ne veut pas, c'est lui qui est le juge et
qui en subira les avantages ou les désavantages. C'est simplement pour
permettre au conseil d'être un générateur d'idées,
non pas pour le ministre, mais pour le ministère, parce que, si les
hommes passent, les institutions restent. Les recherches qui peuvent être
faites peuvent être utiles au ministère, quel que soit le ministre
qui soit là. Ecoutez, je n'en ferai pas un sujet de débat plus
que cela, si le ministre rejette mon idée. Je la lui ai proposée,
le ministre pourra savoir dans quel esprit j'avais fait ma proposition. Les
citoyens aussi sauront que nous avions proposé cela pour élargir
les vues du ministre.
Le Président (M. Pilote): L'amendement proposé par
le député de Lafontaine est rejeté.
M. Léger: M. le Président, étant
donné que mon amendement est rejeté...
Une Voix: L'article 7.
M. Léger: ...est-ce qu'on pourrait vérifier si tous
les députés sont d'accord de la rejeter.
Une Voix: D'accord.
M. Tetley: Certain, sans regret.
M. Léger: Avec regret. M. le Président, à
l'article 7, j'aurais un autre amendement à proposer. Cet amendement
ajouterait au deuxième alinéa du nouvel article 19
créé par l'article 7, après les mots "le ministre peut
rendre publiques les études du conseil", "II doit cependant rendre
publiques les recommandations du conseil lorsque celui-ci lui en a
exprimé le désir par un vote de ses membres. ' J'aurais pu
proposer un amendement qui aurait été un peu plus radical, mais
j'espérais en présenter un qui soit acceptable par le ministre.
Le ministre aurait pu me dire, si j'avais dit que tout rapport ou toute
recommandation du conseil doit être public, que, parfois, il y a des cas
où cela doit demeurer privé, et c'est à nous à
décider, nous sommes élus pour gouverner, oui. Il faut penser que
c'est avec les deniers publics que ce conseil va travailler. Il travaille non
pas pour le ministre, non pas uniquement pour le ministère, mais pour
toute la population en général. Un ministre est au service d'une
population. Un ministre qui n'a pas peur d'aller de l'avant doit être
capable de subir les pressions publiques provenant d'une population avertie et
renseignée qui aurait été au courant des recommandations
d'un conseil sérieux, comme le Conseil supérieur de
l'éducation le fait pour le ministre.
Alors, si la population juge que les recommandations de ce conseil sont
bonnes et qu'il fait pression auprès du ministre, c'est un indice que le
ministre devrait agir.
Si, au contraire, le ministre se renferme en gardant pour lui seul,
à son chevet le soir, pour les lire avant de se coucher, les
recommandations du conseil consultatif et qu'il détermine, selon sa
propre politique personnelle, qu'il ne doit pas aller dans ce sens-là
pour telle ou telle raison, il n'a pas le pouls de la population. Même si
la population est renseignée, cela ne veut pas dire qu'il
décidera nécessairement dans ce sens-là, mais cela
l'aiderait à avoir le pouls de la population. Cela, justement, rendrait
la population un peu plus participante à la chose publique.
C'est la raison pour laquelle je pense qu'en ne la rendant pas
obligatoire, mais en ayant fait confiance à un groupe de personnes qui
feront partie du conseil consultatif, si ce conseil consultatif, après
avoir émis des recommandations, désire qu'elles soient rendues
publiques, si le ministre leur a assez fait confiance pour les nommer
conseillers et qu'eux lui conseillent de les rendre publiques, le ministre
devrait les rendre publiques.
M. Tetley: Je vais prendre bonne note de cela. Laissez-moi y
penser à l'heure du souper. Je vois certaines objections. J'ai toujours
rendu publique toute recommandation. Si, par hasard, le conseil est devenu
très politique, il faudrait que le ministre ajoute une stipulation...
Laissez-moi y penser.
Le Président (M. Pilote): Nous allons suspendre cet
amendement.
M. Tetley: Suspendre cet amendement. J'aimerais que tout le monde
pense à cet amendement aussi, s'il y a un piège ou un
problème que je ne vois pas. Avez-vous des commentaires, messieurs?
M. Marchand: Le député de Lafontaine pourrait-il
redonner son amendement?
M. Léger: II se lirait comme suit: Que le ministre peut
rendre publiques les études du conseil, c'est la loi. On ajouterait: II
doit cependant rendre publiques les recommandations du conseil lorsque celui-ci
lui en exprime le désir par un vote majoritaire de ses membres.
Si ces membres qui lui ont donné des conseils, puisqu'on leur
fait confiance pour avoir leurs conseils, disent que ce devrait être
rendu public, le ministre qui, comme tout autre ministre, ne doit pas
être au-dessus des lois, doit être capable d'être
lui-même soumis à ses propres règles. Si ce conseil est
bien choisi et qu'il demande que ce soit rendu public, le ministre le soumettra
et l'opinion publique lui dira s'il devrait aller dans tel ou tel sens dans les
futures lois qu'il a à faire adopter.
M. Tetley: Je vais vous donner un des problèmes que j'ai
à l'idée...
M. Léger: Cela pourrait être un vote unanime, si
vous le désirez...
M. Tetley: ... vous dire pourquoi j'ai certains doutes. Si, par
hasard, je donne des choses des plus privées et confidentielles au
conseil concernant le ministère, parfois des choses que je ne donne
qu'au sous-ministre, surtout au sujet des fonctionnaires je parle de
choses assez privées, parce qu'un ministre...
M. Léger: On parle des études.
M. Tetley: Oui, mais, si après une étude, ils
décident que quelqu'un doit quitter ou si, par exemple, la Régie
de l'assurance-dépôts du Québec a des documents
confidentiels, officiels d'enquêtes au sujet d'une certaine caisse
d'épargne et de crédit, qui prouvent, sans l'ombre d'un doute,
que la caisse en question est en faillite ou insolvable, ce qui pourrait
peut-être causer un grand préjudice aux épargnants, et si
ce n'est pas, à mon avis, dans...
M. Léger: Si le ministre me permet...
M. Tetley: ... surtout si le rapport est erroné, cela peut
causer un énorme préjudice.
M. Léger: J'aurais dû donner une copie au ministre.
Ce n'est pas le rapport comme tel. Ce sont les recommandations. Ce n'est pas le
rapport complet qui pourrait causer un préjudice aux gens. Si votre
conseil vous donne des recommandations et juge que ces recommandations
devraient être publiques de façon que le ministre ait le pouls du
public sur les recommandations qu'on lui fait, il serait à même,
à ce moment, d'avoir la pression du public sur lui et de se faire dire:
On devrait ou non donner suite à ces recommandations, mais le public
serait au courant.
M. Tetley: Je prends bonne note. Je vais regarder l'amendement
parce que je veux un conseil qui a ma confiance et garde aussi les mêmes
secrets que j'ai. Il y a beaucoup de choses que je n'annonce pas et qui sont
résolues avec le temps. Le ministère est au courant de beaucoup
de secrets et je ne veux pas... Prenez l'exemple du ministère de
l'Agriculture, qui a un certain secret concernant la solvabilité
peut-être d'une coopérative, etc., ou le mien, moi qui suis au
courant de beaucoup de secrets...
Si, par exemple, un syndicat qui est en difficulté tombe sous
l'autorité de notre ministère et que le conseil n'a pas tous les
renseignements... En tout cas, je le note.
M. Léger: Pour aller jusqu'à donner un vote
unanime, si le conseil est unanime à ce que ce soient des
recommandations publiques, quand vous dites "unanime", il doit y avoir au moins
une personne...
M. Tetley: Continuez avec un autre amendement.
M. Léger: M. le Président, en ce qui nous concerne,
à moins que le ministre ait des amendements, je pense qu'il en a...
M. Tetley: Non, je n'en ai pas.
M. Léger: Je serais prêt à adopter les
articles jusqu'à 12.
Le Président (M. Pilote): On suspend l'article 7,
l'article 8 est adopté.
M. Léger: L'article 8 est adopté.
Le Président (M. Pilote): Article 9, adopté.
M. Léger: L'article 9 est adopté.
Le Président (M. Pilote): Article 10.
M. Léger: Adopté.
Le Président (M. Pilote): Article 11.
M. Léger: Adopté.
Le Président (M. Pilote): Article 12.
M. Léger: Article 12, adopté.
Le Président (M. Pilote): Adopté.
M. Tetley: Comment voulez-vous procéder? Nous avons
l'occasion de siéger ce soir. Je n'aime pas nécessairement cela
pour un seul article.
M. Léger: Est-ce que vous ne pourriez pas, dans le rapport
de demain, en troisième lecture, si vous avez décidé de
l'adopter, l'ajouter au rapport comme tel? Il n'y aurait pas de
problème.
M. Tetley: Je peux convoquer le rapporteur officiel. Nous avons
quand même le droit de faire un débat en troisième
lecture.
M. Léger: C'est cela.
M. Tetley: Nous avons deux débats. Le débat du
rapport et le débat en troisième lecture. Je peux convoquer le
rapporteur officiel, le député de Lafontaine et tout autre
député intéressé. En tout cas, vous aurez, comme on
dit en anglais, "two more bites in the apple" lors du rapport et lors de la
troisième lecture.
M. Léger: Pourvu qu'il n'y ait pas de vers. Le
Président (M. Pilote): Le député de Laurier.
M. Marchand: M. le Président, à première
vue, moi aussi, je voyais cet amendement d'un oeil assez favorable. Mais
à bien le regarder, je me demande si cela ne donnerait pas un pouvoir
extrêmement litigieux, que le conseil vote, que le ministre rende
publique les études du conseil ce qui pourrait être
extrêmement dangereux pour le ministre et peut-être pour ces
mêmes personnes concernées. C'est ce que je vois
immédiatement.
M. Léger: Remarquez bien que j'ai ajouté...
M. Marchand: Je comprends très bien le ministre
d'attendre, pour l'adopter, d'avoireu le temps de l'étudier avec ses
conseillers. Je pense que cela peut être litigieux, à
première vue...
M. Léger: Le ministre a quand même un geste de
nouveauté et de leadership. Je serais prêt à y ajouter le
vote unanime. Autrement dit, il se peut que, sur les quinze membres, il y en
ait deux, trois, quatre, huit, neuf, dix, douze, quatorze qui se trompent. Mais
si les quinze sont d'accord pour que ce soit rendu public, le ministre devrait
se conformer à ce désir. Il y a une garantie de...
M. Tetley: Disons que je vais consulter tous les
députés intéressés, y compris le
député de Lafontaine; moi, je veux penser à un tel
amendement, peut-être consulter un peu mes conseillers, vous aurez deux
occasions de discuter de ça à l'Assemblée nationale.
M. Léger: D'accord.
Le Président (M. Pilote): Messieurs, les articles du
projet de loi no 16 ont été adoptés, sauf l'article 7
qui...
M. Tetley: L'article 7 est adopté, sauf qu'il faut
revenir, à cet amendement.
M. Léger: II se peut qu'en troisième lecture le
ministre apporte un amendement.
M. Tetley: Mais je n'accepte pas votre amendement pour l'instant.
C'est clair?
M. Léger: Non.
Le Président (M. Pilote): Tous les articles du projet de
loi no 16, Loi modifiant la loi du ministère des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives ont été
adoptés, sans amendement.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 6)