Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission permanente des institutions
financières,
compagnies et coopératives
Etude des crédits du ministère des
Institutions financières,
Compagnies et Coopératives
Séance du jeudi 1er mai 1975
(Vingt heures vingt minutes)
M. Garon (président de la commission permanente des
institutions financières, compagnies et coopératives): A
l'ordre, messieurs!
Nous allons continuer l'étude des crédits du
ministère des Institutions financières pour le budget
1975/76.
Compagnies d'assurance (suite)
M. Tetley: M. le Président, nous sommes à la page
15-7, le programme 3, élément 3: Contrôle et surveillance
des compagnies d'assurance. Il y a d'autres éléments et
j'espère que ce soir nous pourrons toucher au moins à tous les
éléments, afin de sinon terminer, au moins avoir
considéré tous les éléments.
Je voudrais, peut-être à la fin et au début,
répondre à certaines questions et je vous demande une directive,
M. le Président, ou peut-être une suggestion du
député de Lafontaine. Voulez-vous que je réponde aux
questions concernant les investissements ou voulez-vous procéder?
M. Léger: Si vous avez les réponses à mes
questions, vous pouvez y répondre tout de suite.
M. Tetley: Sur la question des investissements, nous n'avons pas
de chiffres sur lesquels je peux me fier. Je ne peux pas, pour bien des
raisons. Cela fait deux ans pour les compagnies d'assurance, et presque aussi
longtemps pour les compagnies de fiducie, qu'on cherche ces chiffres, qui sont
très difficiles à trouver.
Tout d'abord, qu'est-ce que c'est un investissement au Québec?
Est-ce lorsqu'une compagnie achète une obligation du Canada, ou
lorsqu'une compagnie achète des parts du chemin de fer Canadien
pacifique? De plus, certains chiffres sur les banques sont difficiles à
obtenir, en effet, ils ont été refusés à la
commission Bouchard. Si, par exemple, une compagnie a des certificats
bancaires, est-ce de la Banque Royale? Est-ce qu'il faut dire que 25% sont des
investissements au Québec? Ou est-ce qu'il faut dira que 25% des parts
du Canadien Pacifique sont investis au Québec?
Cependant, j'ai certains chiffres ici, en réponse à une
question particulière du député de Lafontaine posée
hier, concernant les compagnies de fiducie. Il a divisé les compagnies
en trois secteurs, les compagnies à charte provinciale, les compagnies
à charte interprovinciale et les compagnies à charte
fédérale. Le cahier est mê- lant, parce que cette division
ne s'y trouve pas, même si le cahier donne certaines indications, mais je
peux dire que, pour les obligations du Canada, pour les certificats bancaires,
pour les obligations du Québec et les prêts hypothécaires,
les compagnies à charte québécoise ont à peu
près 75% de leurs dépôts perçus, investis au
Québec. Par dépôts perçus, je veux dire...
M. Léger: Vous dites que les compagnies... M.
Tetley:... à charte provinciale... M. Léger: ...
provinciale, québécoise... M. Tetley: ...
québécoise, pour les dépôts...
M. Léger: On parle de compagnies de fiducie.
M. Tetley: Oui, je parle de compagnies de fiducie, pour leurs
dépôts perçus, c'est-à-dire, si vous achetez un
certificat du Royal Trust, ou de la Fiducie de Québec, etc., pour ces
sommes on peut voir où sont investis, en partie, leurs investissements,
et 75% semblent être investis au Québec, soit dans des
hypothèques...
M. Léger: Par dépôts et investissements?
Faites-vous une nuance entre les deux?
M. Tetley: Oui, complètement. Si vous déposez
$1,000 dans une compagnie de fiducie de Québec, il semble que 75%
seraient investis au Québec, dans des certificats ou des
hypothèques.
Nous n'avons pas les chiffres. Ce peut même être plus, parce
qu'ils ont un investissement dans certaines compagnies privées, mais
c'est très difficile de savoir si Bombardier est un
investissement québécois. C'est presque impossible. Mais, en
chiffres ronds, il semble que les compagnies à charte
québécoise aient, pour chaque $1,000, 75% d'investis au
Québec.
M. Léger: Ce que vous venez de dire, M. le ministre, n'est
pas le contraire de ce que j'ai affirmé, parce que ce que j'avais
affirmé sur les compagnies à charte
québécoise...
M. Tetley: Je n'ai pas terminé.
M. Léger: Oui, mais sur cette partie, nous disons la
même chose.
M. Tetley: D'accord. Mais, un instant...
M. Léger: Parce que j'ai parlé de 57% dans le
domaine public québécois et de 28% dans le domaine
privé.
M. Tetley: Ce sont les investissements totaux. Je parle tout
simplement des dépôts, parce que nous avons la Régie
d'assurance-dépôts. C'est complètement différent.
Ici, c'est très mêlant. Mais, laissez-moi vous dire que les
compagnies à
charte des autres provinces ont un pourcentage même plus
élevé, soit 80%.
M. Léger: Au Québec?
M. Tetley: Oui. C'est pourquoi je ne suis pas prêt à
vous donner les documents que j'ai, parce que j'ai certains doutes, mais je
suis avisé, je crois, qu'elles ont un pourcentage plus
élevé, pour les raisons que je vous ai données l'autre
jour. Elles peuvent, parce qu'elles font affaires dans toutes les provinces du
Canada, investir partout. Quant aux pauvres compagnies
québécoises qui sont ici, certaines n'ont que 30%. Une compagnie
comme la Royal Trust a un pourcentage beaucoup plus élevé de ses
dépôts ici, au Québec, parce que, elle peut déposer
ou acheter dans les autres provinces.
Pour les compagnies à charte fédérale, c'est
même plus élevé. J'ai certains doutes au sujet des chiffres
et les gens qui me les ont donnés en ont aussi, mais ils croient que les
compagnies à charte québécoise ont un investissement moins
élevé au Québec, probablement.
M. Léger: M. le Président, je ne voudrais pas
ressortir...
M. Tetley: Cela fait longtemps que nous essayons d'avoir les
vrais chiffres. Une des raisons, c'est que nous n'avons pas le droit de les
exiger, c'est pourquoi nous voulons le mettre dans la loi.
L'observation du député de Lafontaine disant qu'il nous
faut ces chiffres est valable et mon observation disant que je n'ai pas de
chiffres fiables est aussi valable.
M. Léger: M. le Président, je ne voudrais pas
éterniser le débat sur ces questions. Je dirai simplement au
ministre, pour terminer, pour qu'on ne relance pas un autre débat
là-dessus, qu'un péché admis est un péché
pardonné. En ce sens, si le ministre accepte de faire les efforts pour
obtenir les chiffres, s'il me dit que, l'an prochain, à la même
période, pendant que nous étudierons les crédits, il aura
fait les efforts suffisants pour obtenir les chiffres, par les méthodes
dont le ministre nous a parlé lors de la dernière commission
parlementaire, je dis que je serai satisfait de cette réponse, parce
que, dans le passé, je calcule que c'est un peu impardonnable que le
ministère n'ait pas des chiffres pour être capable
d'évaluer.
Si le ministre me dit qu'il va faire l'effort pour les avoir et s'il me
dit, aujourd'hui, que l'an prochain, il sera capable, en ayant fait les efforts
voulus auprès du gouvernement fédéral ou des autres
gouvernements 'provinciaux ou autrement, pour avoir réellement les
chiffres au niveau de l'assurance et des compagnies de fiducie, alors nous
pourrons avoir une idée réelle, et à ce moment, nous
discuterons de cela, l'année prochaine. Le ministre peut-il nous dire
qu'il les aura l'année prochaine?
M. Tetley: Je n'ai pas promis de les déposer. Pour
certaines raisons...
M. Léger: Sur les assurances, vous n'avez pas de
raison.
M. Tetley: Je vais peut-être les déposer sur le plan
global, parce que le gouvernement a certains documents, cela ne veut pas dire
qu'ils sont publics.
M. Léger: Non, mais quand on parle d'investissements au
Québec...
M. Tetley: II faut que ce soit dans l'intérêt public
que je les dépose.
M. Léger: Mais que voulez-vous qu'un député
de l'Opposition prenne comme attitude quand le ministre lui dit: Quand j'aurai
les statistiques sur les investissements au Québec, dans le domaine de
l'assurance, si c'est de l'intérêt public, je les publierai? Je
pense que c'est une question d'intérêt public. Ce n'est pas un
document privé ou caché.
M. Tetley: Nous allons engager ce débat.
M. Léger: Sans donner le nom des compagnies, vous pouvez
avoir le total de ces chiffres, sans défavoriser aucune compagnie. Si
vous avez le total de l'ensemble...
M. Tetley: Je ne dis pas que je suis contre cette idée,
mais c'est pour l'avenir. Et je ne veux pas m'engager ou engager un autre
ministre des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives.
M. Léger: Mais si vous êtes là l'année
prochaine...
M. Tetley: Au sujet du service des compagnies d'assurance. J'ai
devant moi un document que je vais donner au député de
Lafontaine, qui est un état de notre service
d'assurance-dépôts. C'est le rapport annuel qui est pratiquement
prêt à envoyer à l'imprimeur. Il y a certaines choses...
Mais c'est un avant-projet et je voudrais tout d'abord noter que le service
d'actuariat se trouve maintenant intégré dans le service des
assurances.
Je note le nombre de permis délivrés, etc., mais je note
certains chiffres plus importants. 9,000 demandes de renseignements et de
plaintes ont été reçues par le service. Il y a deux ans,
c'étaient 5,000 et, il y a quatre ans ou cinq ans, c'étaient
à peu près 300 ou 400. Pourquoi? Parce que le service des
assurances du Québec a une nouvelle optique, une nouvelle fonction, une
nouvelle vocation.
Le service des assurances est comme le service de la protection du
consommateur. Depuis cinq ans, le service s'occupe de plus en plus des
consommateurs et, au lieu de s'occuper tout simplement des compagnies, le
service reçoit des plaintes au sujet de l'assurance-vie, de
l'assurance-feu et même des accidents d'automobiles, l'assurance-maladie,
etc.
Nous avons aussi émis certaines directives au
sujet de l'intoxication, police-automobile, etc. Nous avons
consulté et nous avons aidé la Commission des valeurs
mobilières je parle du service de l'actuariat, plutôt
l'Office de la protection du consommateur, même le
ministère de la Fonction publique, le ministère du Revenu
national, le ministère du Revenu du Québec, etc.
Nous émettons, maintenant, un bulletin qui avise les citoyens et
les autres de ce qui se passe au Québec dans le service des assurances
et, en général, nous avons augmenté les activités
du service, dans le sens que nous avons humanisé le service et ce
dernier s'occupe de plus en plus de la population.
M. Léger: D'accord. C'est une question que j'avais
posée dans un autre programme, si je me rappelle bien.
M. Tetley: Oui. Vous avez déjà posé ces
questions.
M. Léger: Alors, je vais en prendre connaissance parce que
ce sont des documents que vous venez de déposer. Merci.
Nous sommes toujours au programme 3, élément 3. Je n'ai
que quelques questions générales.
La compagnie l'Excellence... A un certain moment, on avait avisé
que la moitié des actionnaires était en train de tout perdre,
mais que la compagnie l'Excellence pensait éviter la liquidation. La
compagnie a-t-elle recommencé à vendre de nouvelles polices
d'assurance?
M. Tetley: La compagnie a un permis, mais la compagnie
d'assurance-vie Excellence ne peut pas vendre de polices, le permis donne
à la compagnie le droit d'administrer les polices, etc., parce qu'il y a
des obligations auprès des assurés actuels.
M. Léger: Mais, est-ce qu'elle a recommencé
à vendre de l'assurance?
M. Tetley: Non, pas pour l'instant, mais nous attendons que la
compagnie remplisse certaines conditions.
M. Léger: Merci.
M. Harvey (Charlesbourg): Serait-il possible, M. le
Président, qu'elle reçoive un feu vert pour émettre de
nouvelles polices, éventuellement, pour autant que ce soit conforme, du
côté administratif et du côté juridique? C'est une
décision qui se prendra au moment où elle sera bien
alignée, en fait? Conforme?
M. Tetley: Oui, lorsque la compagnie sera conforme à nos
exigences.
M. Harvey (Charlesbourg): D'accord.
Le Président (M. Brisson): D'autres questions à
l'élément 3?
M. Léger: M. le Président, j'aimerais que le
ministre m'éclaire, puisque ce n'était pas beaucoup possible
d'avoir un débat en Chambre, sur la possibilité d'augmentation
des primes des compagnies d'assurance-automobile. On sait que, dans une
période où le ministère des Institutions
financières et le conseil des ministres sont en pleine cogitation
ils sont en train de mûrir la direction à prendre et le choix
politique à faire concernant le rapport Gauvin...
Pendant qu'on fait cette période sérieuse de
réflexion qui est dure, qui est difficile, est-ce que le ministre peut
nous dire quelles sont les mesures qu'il entend prendre, avant que les
compagnies d'assurance augmentent leurs taux, tel qu'elles l'ont promis, est-ce
que le ministre se sent lié complètement? Ne se sent-il pas
capable d'empêcher cette hausse? Ne peut-il pas au moins vérifier
si cette hausse est juste? Qu'entend-il faire là-dessus?
M. Tetley: Les compagnies sont obligées de nous informer
de leurs tarifs et de nous aviser des augmentations s'il y en a, mais les
augmentations sont faites en vertu du livre vert, qui est un livre qui explique
le nombre de leurs primes dans le passé, le nombre d'accidents, les
paiements, leurs réserves, etc. et qui montre les difficultés et
les non-difficultés, les profits, les succès des compagnies.
En vertu du livre vert, les compagnies ont noté certaines pertes.
Il y avait des pertes par tout le Canada; il y avait une augmentation dans le
coût de réparation, qui était beaucoup plus
élevé que le coût de la vie qui est d'à peu
près 10% à 11%, par tout le Canada. Mais le coût
d'augmentation des pièces et le travail étaient beaucoup plus
élevés.
Aussi, il y avait, en conséquence, une augmentation dans le
coût d'accident. D'autre part, nous avons eu un certain succès au
Québec, à cause de certains règlements, l'utilisation de
l'ivressomètre, le système de points de démérite,
tous les deux suggérés par notre ministère, malgré
que c'est un autre ministère qui s'en occupait.
Je crois qu'il est vrai de dire que le nombre d'accidents par 100
personnes a baissé légèrement.
Apparemment, très récemment, le nombre d'accidents mortels
a baissé au Québec, ce qui est très important, parce que,
lorsqu'il y a un décès, le coût de l'accident est
très élevé. Mais, en réponse à la question
du député, nous n'avons pas l'autorité de contrôler
les primes des compagnies d'assurance, mais nous avons la persuasion morale, et
aussi, il y a la concurrence. Nous avons l'occasion de faire des pressions, ce
que nous avons fait d'ailleurs. On m'a dit que le nombre de morts sur les
routes avait subi une baisse de 17% l'an dernier, à cause du
système de démérite ou pour d'autres causes,
peut-être à cause de l'ivressomètre.
Pour ma part, je veux même un contrôle plus
sévère des gens qui conduisent en état d'ivresse. Ce
matin, j'au reçu une lettre fort sympathique d'une dame de la
région de Saguenay...
M. Harvey (Charlesbourg): Nommez-la.
M. Tetley: ... Je ne veux pas la nommer. Son mari, qui a 47 ans,
a perdu son permis ou a été arrêté après une
soirée à l'Alcan, à ce qu'elle m'a dit; ce n'est pas un
homme qui prend un coup, selon elle. Il n'a pas eu d'accident, mais il a
été arrêté quand même, parce qu'il
était en état d'ivresse. Ses primes d'assurance-automobile ont
augmenté de, je ne sais pas, $800.
M. Harvey (Charlesbourg): II a dû avoir un accident.
M. Tetley: Non, pas d'accident, mais il a été
trouvé coupable de conduite en état d'ivresse.
M. Léger: Conduite dangereuse. M. Tetley:
Dangereuse.
M. Léger: II fallait que la police l'arrête pour
quelque chose.
M. Tetley: Ah oui!
M. Léger: II ne pouvait pas sentir la boisson seulement
à le voir passer. Il fallait qu'il l'arrête pour...
M. Tetley: II n'a pas eu d'accident, selon elle, je me fie
à ce qu'elle a écrit. Elle m'a dit: M. le ministre, pourriez-vous
faire l'impossible pour changer le taux de prime qu'il doit payer?
C'est très difficile pour moi, parce que je n'ai pas cette
autorité, et c'est aussi une question très difficile à
régler. Qui doit payer les primes élevées pour quelqu'un
qui a commis une infraction ou deux ou même s'il n'a pas eu d'accident?
Est-ce que l'Etat doit être très strict? Maintenant, ce sont les
compagnies qui ont décidé. Est-ce que ce serait plus juste si
c'était le ministre ou si c'étaient les députés ou
si c'étaient les fonctionnaires, à l'avenir, qui
décidaient? C'est une question très difficile.
Un deuxième exemple: J'écoutais une émission "hot
Line"...
M. Léger: Est-ce que le ministre est toujours en train de
répondre à ma question...
M. Tetley: Oui.
M. Léger: ... s'il va permettre ou s'il y a moyen
d'empêcher l'augmentation?
M. Tetley: J'ai dit que je n'ai pas de moyen dans la loi.
M. Léger: Vous avez dit que vous avez fait une pression
morale, mais...
M. Tetley: Pression morale, mais est-ce que je dois faire une
pression morale dans ce cas privé? Sur les autres...
M. Léger: Excusez-moi. Ce n'est pas cela, ma question.
Comme les compagnies d'assurance avaient annoncé une augmentation du
coût de l'assurance-automobile...
M. Tetley: Oui.
M. Léger: ... j'ai demandé au ministre s'il avait
vérifié si c'était justifiable. Il m'a donné
quelques raisons, disant qu'il y avait eu une augmentation de ci, une
diminution de ça, et qu'il avait uniquement des moyens de pression
morale pour le faire. Devant cela, est-ce qu'on va assister à une
augmentation des primes, parce que le ministre n'a pas en main le pouvoir
d'empêcher ces augmentations?
M. Tetley: En réponse à votre question, je n'ai pas
ce pouvoir, mais, selon nos recherches, les augmentations que nous avons
reçues nous en avons reçu quelques-unes sont
justifiées. N'oubliez pas que le rapport Gauvin a fait remarquer que les
compagnies, à l'heure actuelle, n'ont pas un profit élevé.
Le rapport Gauvin avait des suggestions quand même, mais il ne croyait
pas que les profits étaient élevés.
Mais, pour la question de l'individu, si vous voulez une réponse
à cette question aussi, si je peux faire des pressions, je ne peux pas
contrôler même pour un individu, et je me demande si je dois
contrôler pour un individu ou même pour une compagnie, parce que
c'est un autre système que le contrôle des prix. Je me demande
s'il faut contrôler les prix, tout simplement, des compagnies d'assurance
ou s'il faut essayer de contrôler toute l'économie.
M. Léger: Quand on pense que les compagnies
d'assurance-automobile, actuellement, sont dans une période d'attente,
concernant une décision possible, rapide ou longue, du gouvernement sur
la possibilité d'un changement total ou partiel, du moins un changement
en profondeur du système d'assurance-automobile. On en a parlé un
peu et le ministre avait sauté cette fois-là, mais comme ce sera
la deuxième fois, il ne sautera pas Donc, le sous-comité de son
ministère, qui avait fait une étude sur le rapport Gauvin, avait
soumis quelque chose dans le sens d'une réalisatior d'une bonne partie
du rapport Gauvin par étapes II parlait d'une étape de trois ans.
Je ne veux pas parler des détails. Vous n'avez pas besoin de me dire:
Cela est vrai, cela est faux. Ce n'est pas cela C'est parce que je veux en
venir à une question fondamentale qui est la suivante, et on la vit
actuellement. Je prends le cas où, par hasard, dans le rapport du
sous-comité, on dirait que, la première année, il y aurait
une Régie d'Etat pour s'occuper de l'assurance concernant les dommages
corporels et de base, que les compagnies privées continueraient pour au
moins trois ans, pour les dommages corporels supplémentaires, qu'elles
continueraient aussi pour les collisions, et que, au bout de trois ans, la
Régie d'Etat pourrait aller jusqu'à avoir une régie
complète sur l'ensemble
des assurances, et pour les collisions, et pour les dommages
corporels.
Ma question est donc la suivante, et elle revient avec l'état
actuel où nous sommes: Est-ce que le ministre croit sincèrement,
malgré les erreurs possibles des systèmes d'assurance dans les
trois provinces NPD de l'Ouest, qui ont établi, d'un seul coup,
spontanément, une assurance d'Etat ce n'est pas
complètement d'Etat, de toute façon, mais disons d'Etat, pour
qu'on se comprenne bien que les compagnies d'assurance, sachant qu'on
s'en irait vers une assurance d'Etat, collaboreraient durant la période
temporaire où elles auraient une partie de l'assurance-automobile, comme
je l'ai mentionné tantôt, sachant qu'elles ne l'auront pas
bientôt, dans le projet par étapes? Dans le fond, ces compagnies
vivent quand même, selon les statistiques, une année bonne, une
année mauvaise, et, un dans l'autre, peuvent faire un profit. Est-ce
qu'elles peuvent réellement accepter de jouer le jeu temporairement,
dans une période où elles devraient avoir la partie qui ne serait
pas encore étatisée? Même là, actuellement, vu
l'augmentation des taux qui s'en viennent, dans la période où on
ne sait pas de quel côté le gouvernement va faire son choix,
est-ce que, pour elles, elles ne sont pas dans un état d'incertitude qui
fait que...
M. Tetley: Posez votre question...
M. Léger: ... elles vont augmenter...
M. Harvey (Charlesbourg): Oui, mais vous...
M. Léger: Je veux faire remarquer au ministre que,
parfois, je lui pose une question très courte, et que j'ai une
réponse d'une heure et demie.
M. Harvey (Charlesbourg): Vous passez par la Chine pour arriver
à Québec.
M. Léger: C'est quand même assez complexe ce que je
dis. Je voudrais qu'il m'écoute jusqu'à la fin.
M. Harvey (Charlesbourg): On vous a compris. Vous demandez si la
solution repose dans le régime étatique.
M. Léger: Ma question est au ministre. Le
député de Charlesbourg...
M. Harvey (Charlesbourg): C'est sur ça qu'il ne veut pas
répondre.
M. Tetley: C'est une question hypothétique.
M. Harvey (Charlesbourg): C'est une question
hypothétique.
M. Léger: Je parle de la période d'attente, que ce
soit l'actuelle, d'ici à ce que le gouvernement se décide sur le
style d'assurance-automobile qu'on aura, que ce soit étatique ou autre,
et la pé- riode même où il pourrait y avoir, selon le
sous-comité, des étapes à une réalisation de cela.
Est-ce que vous pensez que les compagnies d'assurance-automobile n'en
profiteraient pas, dans les premières années, et comme c'est le
cas actuellement, pour augmenter leur taux, pendant qu'elles peuvent encore
faire des profits?
M. Tetley: Avez-vous terminé?
M. Léger: Est-ce que vous ne pensez pas à
l'état psychologique des compagnies?
M. Tetley: Oui, j'étais certain... Bon!
M. le Président, c'est une question hypothétique. C'est
à peu près quatre ou cinq questions. En troisième lieu,
vous avez tort. Il n'y a aucune idée, à l'heure actuelle, de
procéder par étapes. Je vous ai dit cela autrefois, et vous
continuez à répéter une erreur, à partir d'un
document volé ou payé...
M. Léger: ... pas un document.
M. Tetley: ... volé ou acheté à un
prix...
M. Léger: Si vous pensez, M. le Président, qu'on va
acheter des documents.
M. Tetley: Si vous avez payé $0.10, vous avez perdu vos
$0.10.
M. Léger: On n'est pas au ministère des
Transports.
M. Tetley: Laissez-moi terminer. Il n'y a pas l'idée de
procéder par étapes. De plus, il faut que je souligne, ce que
j'ai souligné en Chambre et ailleurs, que l'industrie de l'assurance est
importante pour le Québec. C'est notre intention d'aider et de
protéger les compagnies d'assurance qui doivent agir dans plusieurs
domaines. De plus, la situation est très difficile, et même
dangereuse pour certaines compagnies, parce que leurs investissements ont
baissé. Cette année, il y avait une chute dans le marché,
comme vous le savez, des valeurs mobilières, dans leurs investissements
et, aussi, il y avait une augmentation de coût.
Le député de Lafontaine se trompe magistralement lorsqu'il
pose des questions hypothétiques et sur une base qui est erronée.
C'est un rapport qu'il a volé ou que quelqu'un a volé et qui est
erroné. Comme je vous l'ai dit, j'attends cinq ou six hypothèses
que je vais présenter au conseil des ministres et au caucus. C'est
à eux de décider, pas à moi.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Charlesbourg.
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président...
M. Léger: M. le Président, un instant! J'ai un
point de règlement. Le ministre vient de parler de document volé.
Je dois simplement dire au ministre que des documents qui sont faits,
payés par les
fonds publics, cela ne lui appartient pas comme tel.
M. Tetley: Ce n'est pas vrai.
M. Léger: Cela appartient au ministre?
M. Tetley: Cela appartient au gouvernement, mais vous
n'êtes pas au gouvernement.
M. Léger: Oui, d'accord, mais ce sont des documents qui
sont payés avec les fonds publics.
M. Tetley: Vous ne serez jamais au gouvernement.
M. Harvey (Charlesbourg): C'est sûr!
M. Léger: C'est une question hypothétique, c'en est
une.
Le Président (M. Brisson): Le document qui a
été déposé...
M. Léger: Non, M. le Président, c'est la question
de dire un document volé. Le ministre ne peut absolument pas affirmer
cela, ni l'acheter. Ce n'est pas comme au ministère des Transports,
où on vend des listes de gens qui ont des automobiles avec leur
immatriculation. Mais je parle simplement de positions possibles, de l'attitude
que peuvent avoir des compagnies d'assurance en attendant une solution.
Le ministre vient d'affirmer une chose. Peut-être qu'il sait ce
qu'il a affirmé. S'il a à établir le nouveau
système, cela sera fait non pas par étape, mais d'un coup.
M. Tetley: Mais je vous ai dit que ce n'est pas mon intention de
procéder par étape et que ce n'est pas mon intention...
L'intention du premier ministre et des 22 autres ministres, c'est tout à
fait différent. Les députés seront certainement
consultés. C'est de leurs affaires. Il faut voir toutes les alternatives
et décider à ce moment. Je n'ai pas pris de décision du
tout, mais procéder par étape, je trouve cela très
dangereux et très mauvais.
M. Léger: Vous avez parfaitement raison là-dessus.
Je suis d'accord avec le ministre...
M. Tetley: Parfait.
M. Léger: ... que procéder par étapes, c'est
passablement difficile à réaliser, parce que cela bouleverserait
tout le système de l'assurance-automobile.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Charlesbourg.
M. Harvey (Charlesbourg): Je ne pense pas avoir
d'élément nouveau, sauf peut-être pour dire qu'on invitait
le ministre à répondre sur une ques- tion purement
hypothétique, à savoir si la menace d'être
étatisé pouvait rendre plus sage, quitte à dire qu'il
s'agit d'une épée de Damoclès au-dessus, de la tête
des compagnies d'assurance, en disant Dans trois ans, on vous étatise.
Ce n'est pas cela qu'il faut faire dire au ministre, au moment où on
étudie le rapport Gauvin qui avait un mandat bien précis,
c'est-à-dire essayer de réduire pour autant que faire se peut,
les primes déjà très élevées pour les
assurances-automobiles. Tout le monde reconnaît cela.
Mais, sans échapper à l'idée, à ce
désir de vouloir réduire au minimum les primes payées par
l'individu, il ne faut quand même pas oublier que, dans le contexte
économique dans lequel nous sommes, on ne peut empêcher la hausse
constante, par exemple, des coûts de réparation d'automobile.
Déjà, il y a eu des efforts qui ont été
réalisés, grâce, peut-être, à des mesures
coerciti-ves. On a fait état, tout à l'heure, des points de
démérite qui ont sûrement favorisé une
réduction des accidents par des pénalités qui ont
été imposées. Ce sont des mesures coercitives où,
au fond, faute d'une bonne conduite de l'individu, on est obligé de le
pénaliser. Mais tout cela ensemble, je ne pense pas que cela se situe
dans une question qui demande une réponse, suite à une
hypothèse d'une étatisation éventuelle du
régime.
En tout cas, personnellement, je suis peut-être, aujourd'hui,
placé pour le dire. Ce n'est pas ce que je souhaiterais, d'une
façon "at large", si vous voulez.
M. Léger: M. le Président, le député
de Charlesbourg n'avait pas saisi du tout ce que j'ai affirmé.
M. Harvey (Charlesbourg): C'est difficile à saisir, vous
étiez complètement perdu, tout à l'heure.
M. Léger: Mais, quand on n'écoute pas, c'est dur de
comprendre une question. Je voulais simplement dire que, dans la période
d'attente, ne sachant pas dans quelle direction le ministre va aller les
compagnies d'assurance peuvent, à ce moment, se demander si elles vont
perdre un marché La décision est latente et, tant qu'il n'y aura
pas de décision prise, cela prendra du temps, il se peui que les
compagnies veuillent faire des profits er attendant. C'est peut-être une
des raisons pou' lesquelles elles veulent augmenter les taux.
M. Tetley: Ce n'est pas la raison. Les compagnies n'ont pas eu,
comme Gauvin l'a dit au temps de son rapport, un profit exorbitant et, suivant
nos calculs, elles n'en ont pas non plus aujourd'hui.
M. Léger: M. le Président, le ministre pourrait-il
nous dire si son gouvernement a l'intention et ce qu'il attend, pour rendre, en
dehors du rapport Gauvin, sans s'occuper de cela, l'assurance-automobile
obligatoire?
M. Tetley: C'est une bonne question. La réponse est
évidente. Le Québec n'a pas
d'assurance-automobile obligatoire, mais nous avons de 85% à 87%
de nos automobilistes et automobiles assurés. L'Etat de New York a
l'assurance obligatoire, mais l'Etat de New York n'a que 90% ou 91% de ses
automobiles ou automobilistes assurés.
Donc, l'assurance-automobile obligatoire ne veut pas dire que vous avez
tout le monde assuré, au contraire. C'est pourquoi nous avons
préparé et nous l'avons même annoncé, je l'ai
annoncé ici, à l'étude des crédits
l'adoption d'une loi, qui aura comme obligation, pour les automobilistes qui ne
sont pas assurés, de payer, probablement, $35, lors de l'émission
de leur permis. Ils seraient obligés de payer $35, dans un fonds
d'indemnisation.
Aujourd'hui, le fonds d'indemnisation des victimes d'accidents
d'automobiles est du ressort du ministère des Transports. Le
ministère a consenti que le fonds et la loi soient assujettis à
notre ministère. Je présenterai une telle loi, j'espère
très bientôt. Mais, dans un régime éventuel, c'est
clair que c'est notre intention d'avoir l'assurance obligatoire, mais comment
la contrôler? Le meilleur contrôle, c'est l'étatisation,
probablement ou que, pour l'assurance-automobile, les polices soient
émises tout simplement lorsque le paiement est comptant.
Cela va changer énormément les moeurs et les pratiques
d'une grande partie de notre population, peut-être 50%.
M. Harvey (Charlesbourg): Qu'est-ce que vous entendez par
paiement comptant? C'est-à-dire qu'une compagnie qui accepte un paiement
échelonnné sur trois mois, qui ne charge pas
d'intérêt, à votre point de vue, est-ce que cela peut
être considéré comme...
M. Tetley: Une compagnie, à l'avenir, à mon avis,
dans un vrai système, devrait émettre le permis pour un an. Si la
compgnie n'a reçu qu'une prime pour un mois, la compagnie serait quand
même responsable pour les douze mois. C'est à la compagnie de
percevoir l'argent pour les onze autres mois.
M. Harvey (Charlesbourg): ... éviter que le courtier, qui
accepte de financer, souventefois, par gentillesse, une prime d'assurance
à un individu, oublie de lui faire savoir qu'il paie peut-être un
intérêt de 8%, 10% ou peut-être 12%, un intérêt
qui est caché et non déclaré. A ce moment, je pense que
c'est de vouloir protéger le consommateur que de dire au courtier: Libre
à vous de le financer sur une période de trois ou quatre mois,
mais il n'est pas question de charger d'intérêt. C'est dans ce
sens.
M. Tetley: Cela ne m'intéresse pas. Il faut sans doute
charger de l'intérêt, quelqu'un paie de l'intérêt,
même aujourd'hui. A l'avenir, c'est clair qu'il faudra l'assurance
obligatoire, mais il faut, de plus, un système d'émission,
à mon avis, du permis ou des plaques avec la police d'assurance.
M. Léger: D'accord. M. le Président, la ville de
Saint-Laurent a obtenu une réduction des taux de base de
l'assurance-incendie sur son territoire. Le ministre est-il au courant si c'est
exact ou si...
M. Tetley: Le surintendant des assurances m'avise qu'il n'est pas
du tout au courant de ce fait. Est-ce noté dans les journaux?
M. Léger: C'est une question que je posais au ministre,
parce que Saint-Laurent réclamait une baisse de taux
d'assurance-incendie sur son territoire; je me demandais s'il l'avait obtenue
et si vous étiez au courant. Est-ce qu'il y a eu une demande à
votre ministère?
M. Tetley: A qui Saint-Laurent a-t-il fait la demande? Aux
compagnies?
M. Léger: Non, je demande si on a fait cette demande,
puisqu'on la réclamait?
M. Tetley: Non, pas chez nous.
M. Léger: C'est ce que je voulais savoir. Il y a une
question qui revient sur l'assurance-incendie. Est-ce que le ministre peut nous
dire pour quelle raison les taux d'assurance-incendie sont de 33% plus
élevés à Hull qu'à Ottawa, qui sont deux villes
l'une à côté de l'autre? Est-ce que l'administration est
différente ou quoi?
M. Tetley: Je crois que ce n'est pas une déclaration
gratuite, mais, avez-vous la preuve qu'un édifice en bon état,
construit de béton, etc. à Hull, doit payer une prime d'assurance
de 33% plus élevée que le même édifice à
Ottawa? Je me le demande. Si, par hasard, il y a toutes sortes de vieux
édifices à Hull et de beaux édifices à Ottawa, en
conséquence, le total est plus élevé à Hull,
d'accord, mais je suis très surpris. Avez-vous un autre avis de cet
effet?
M. Léger: Oui, c'est une étude qui a
été faite par la firme P.S. Ross et Associés pour la
Société d'aménagement de l'Outaouais, la SAO. Elle avait
fait une étude comparative sur les avantages respectifs d'avoir son
domicile du côté québécois ou ontarien, concernant
le territoire de la capitale fédérale. Il avait été
prouvé par cette firme Ross que le coût était de 33% plus
élevé à Hull qu'à Ottawa.
M. Tetley: Peut-être qu'il y a un meilleur système
de protection dans toutes les villes et villages. Hull est formé de
Hull-Est, Hull-Ouest et des autres petits villages et petites villes en
banlieue de Hull.
M. Léger: Je demanderais au ministre, s'il en a la chance
ou l'occasion de regarder ce que la SAO a conclu. C'est quand même un
organisme public qui a fait faire cette étude et qui a admis que ce
document était réel. Maintenant, il y a des différences de
coûts. Je ne veux pas entrer dans un débat, mais je pensais que le
ministère était au
courant. Je vous le donne comme information. Peut-être que vous
aurez l'occasion de me répondre plus tard, soit en Chambre, ou
autrement, ou par lettre.
M. Tetley: Je ferai enquête.
M. Léger: D'accord. Concernant l'élément 3,
programme 3, ce serait adopté.
Le Président (M. Brisson): Elément 3,
adopté. Elément 4: Contrôle et surveillance,
développement du commerce et des valeurs mobilières.
Adopté?
M. Léger: Un instant.
Valeurs mobilières
M. Tetley: M. le Président, j'ai distribué un
rapport, qui est le rapport annuel de la Commission des valeurs
mobilières, lequel rapport est allé à l'imprimeur, parce
que c'est notre intention de le déposer dans les 90 jours de la fin de
l'année financière. C'est un avant-projet, mais j'espère
qu'il n'y a pas trop d'erreurs dans le rapport. Vous l'avez devant vous. Je me
demande si je dois lire tout le rapport ou vous le laisser lire ce soir au
lit.
M. Harvey (Charlesbourg): J'aimerais qu'on propose que ce soit
consigné au journal des Débats.
M. Tetley: Non.
M. Harvey (Charlesbourg): Vous vous opposez?
M. Tetley: Oui, je vais déposer le rapport comme document
en Chambre. C'est trop long.
M. Harvey (Charlesbourg): D'accord.
M. Léger: M. le Président, d'accord?
Le Président (M. Brisson): Oui.
M. Léger: J'ai quelques questions dans le domaine des
valeurs mobilières. Suite à la liquidation désastreuse
d'IOS, Investor Overseas Service dont plusieurs des fonds mutuels avaient une
base légale au Canada, la Commission des valeurs mobilières avait
laissé entendre qu'elle amenderait la Loi des valeurs mobilières
pour qu'une compagnie à charte provinciale, peu importe l'endroit
où elle fait affaires dans le monde, soit obligée de fournir
certaines informations à la commission.
Est-ce que c'est pour bientôt? Est-ce que le ministre aura des
directives dans ce sens pour bientôt?
M. Tetley: IOS a été une des plus grandes faillites
et désastres financiers dans l'histoire du monde. IOS, je suis fier de
le noter, n'a pas été incorporée au Québec,
c'était en Ontario. IOS avait plusieurs compagnies et filiales au
Québec. Aucune de ces filiales n'a subi une perte. Les plus grandes
pertes ont été en Europe, le Luxembourg a été
l'assiette c'est l'endroit de certains sièges sociaux, de
certaines filiales en Suisse et d autres endroits; il y avait même
une des îles des Caraïbes. Quand même, Québec a fait et
le président de la Commission des valeurs mobilières du
Québec a fait un effort monumental, a sauvé la situation et a
été nommé président d'un comité
international. Il est celui qui parlait pour tous les commissaires de tous les
pays du monde, y compris l'Ontario qui avait une certaine
responsabilité, pour le Luxembourg et d'autres pays, ce qui est un
honneur pour Québec et, évidemment, un honneur pour Me Demers qui
est président de notre commission.
Nous avons aussi saisi une somme d'au-dessus de $100 millions qui
étaient en projet dans le Québec. Nous avons gardé la
somme qui, aujourd'hui, a une valeur d'à peu près $130 millions
avec les investissements et les profits que nous avons faits. Donc, nous avons
même fait du profit pour certains investisseurs de IOS. Evidemment, il y
a eu toutes sortes d'avocats qui sont venus ici afin de saisir cet argent. Nous
nous sommes opposés à toute saisie et nous allons aider à
la distribution, suivant les pertes des gens. Les pertes sont
énormes.
M. Léger: Sur ma question, est-ce que...
M. Tetley: Bon, votre question... Parce que je ne veux pas que
Québec soit accusé d'erreur ou de faute dans le cas de IOS.
D'autre part, c'est vrai que nous allons amender notre loi afin de mieux
contrôler certaines compagnies à l'extérieur de la province
et même étrangères, et même des compagnies qui n'ont
pas ce qui est très important de ventes ici, ne vendent
plus ici, mais font affaires ici à cause des ventes
ultérieures.
M. Léger: C'est peut-être l'inverse. Ce sont
peut-être les compagnies qui ont une charte provinciale, même si
elles font affaires à l'extérieur, pour obtenir des
informations.
M. Tetley: Oui, c'est très important.
M. Léger: Avez-vous l'intention de légiférer
dans ce sens?
M. Tetley: Oui. C'est vrai que la loi sera modifiée. Deux
avocats travaillent depuis deux ans en vue de ce changement. Evidemment...
M. Léger: Cela va arriver au cours de l'année?
M. Tetley: Depuis ce temps, nous avons certains pouvoirs en vertu
de la loi actuelle, dont le pouvoir d'émettre ce qu'on appelle un
énoncé de politiques. C'est l'énoncé de politiques
24 au sujet des divulgations, en temps opportun, des faits importants. Vous
allez trouver cet énoncé dans le
cahier que je viens de vous livrer. Cela affecte en bonne partie le
problème dont vous venez de parler.
M. Léger: Donc, à la question précise que
j'ai posée, c'est oui?
M. Tetley: La réponse est oui. Nous avons
même...
M. Léger: C'est seulement ce que je voulais savoir.
M. Tetley: Au sujet de IOS, on n'est pas coupable, pour une
fois.
M. Léger: Maintenant, la Commission des valeurs
mobilières du Québec s'est récemment
inquiétée des standards d'inscription des compagnies à la
Bourse de Montréal. Elle a rencontré les dirigeants de la Bourse
de Montréal pour tirer le tout au clair. Est-ce que le ministre est au
courant des conclusions de ces entretiens?
M. Tetley: Je suis au courant des entretiens. Ils n'ont pas
terminé leurs discussions qui ne seront pas éternelles, mais
seront conntinuelles.
Evidemment, il y avait entente sur les grands principes et c'est une
preuve de la vigilance de la commission qui ne s'ingère pas dans les
affaires de la Bourse, mais que la commission s'intéresse dans les
affaires de la Bourse et impose certaines règles qui seront
acceptées finalement, j'en suis certain.
M. Léger: Et en ce qui concerne les compagnies
minières, la commission avait déclaré qu'elle était
à élaborer une nouvelle politique vis-à-vis de ces
compagnies minières et qu'en attendant, chaque cas était
étudié à son mérite. Y a-t-il de nouvelles
politiques qui vont être faites dans ce sens?
M. Tetley: Oui, la même chose. Il y a trois grands...
M. Léger: Au cours de l'année?
M. Tetley: Oui. Il y a trois grands principes que la commission a
en vue. La commission parle évidemment pour le gouvernement. Tout
d'abord, assurer que les offres faites au public soient équitables.
Deuxièmement, assurer aux investisseurs une divulgation
financière des faits importants se produisant dans le cours des affaires
publiques et sur la situation financière sur une base périodique
et continue.
Lorsque vous avez parlé de compagnies minières, ceci est
très important: Une divulgation honnête. Troisièmement,
assurer que le marché des valeurs mobilières correspond aux
critères d'un marché "efficient", c'est-à-dire un
marché qui assure que l'épargne des citoyens est dirigée
vers les entreprises qui ont les possibilités les plus grandes afin que
cette épargne soit saine et bonne.
Donc, voilà les trois grands principes qui ont été
à la base de notre discussion. Nous n'avons pas imposé de
règles, mais plutôt des principes.
M. Léger: Le ministre est-il au courant et comment se
fait-il que ce sont principalement des firmes étrangères qui
s'occupent de l'émission d'obligations pour le complexe Desjardins,
complexe dans lequel le gouvernement provincial détient 49% des
parts?
M. Tetley: C'est une belle question. Tout d'abord, est-ce
vrai?
Deuxièmement, si c'est vrai, pour quelle raison? Troisième
question: le gouvernement doit-il intervenir et légiférer parce
que nous n'avons pas ce pouvoir?
Les caisses populaires Desjardins ont le droit d'engager n'importe quel
courtier en valeurs mobilières et je n'ai pas vu de syndicats
engagés. Peut-être avez-vous la liste avec les pourcentages, mais
je ne l'ai pas, Je serais surpris si la plupart étaient des compagnies
étrangères.
M. Léger: Je peux nommer les compagnies au ministre.
Morgan, Stanley and Dominion Securities, et la seule compagnie
montréalaise est Lé-vesque et Beaubien.
M. Tetley: Morgan Stanley Canada Limited est une compagnie
québécoise. Et quel est le pourcentage qu'elle a?
M. Léger: Je ne sais pas la proportion. M. Tetley:
Avez-vous le dépliant? M. Léger: Non, pas avec moi
ici. M. Tetley: Non. Parce que c'est... M. Léger: Je
pensais que vous l'aviez.
M. Tetley: ... une constatation très importante...
M. Léger: ... la deuxième question.
M. Tetley: ... et c'est très dangereux de dire que la
plupart sont des compagnies étrangères. Je serais très
très surpris et j'aimerais voir le pourcentage que chaque compagnie a.
Je serais très surpris et j'ai vu dans mon bureau, l'autre jour,
lorsqu'un courtier est venu me voir, la première page d'une vingtaine de
dépliants où se trouvent les noms et je n'avais pas les
pourcentages. Mais je voyais de plus en plus que les compagnies
québécoises ont un pourcentage de plus en plus
élevé parce qu'il y a cinq ans, c'est moi qui voulais forcer
certaines institutions à employer nos compagnies
québécoises ont un pourcentage de plus en plus
élevé parce qu'il y a cinq ans, c'est moi qui voulais forcer
certaines institutions à employer nos compagnies
québécoises et j'ai même forcé certains syndicats
des autres provinces à accepter cer-
taines compagnies québécoises et je serais très
surpris si la déclaration du député de Lafontaine
était véridique.
M. Léger: Je voudrais bien que le ministre comprenne son
rôle et le mien. Mon rôle est, devant des renseignements que nous
avons, soit par des documents précis, soit par des affirmations du
même groupe, parce que ce sont des groupes de ce milieu qui ont
affirmé ça... je suis ici pour demander au ministre de confirmer
ou d'infirmer des déclarations qui sont faites par des gens de ce
milieu. Ce n'est pas à moi d'apporter des chiffres.
M. Tetley: Vous parlez de M. Lessard.
M. Léger: Je parle... je ne veux pas donner des
sources...
M. Tetley: François Lessard, mais je crois...
M. Bonnier: Est-ce que je pourrais connaître la
référence?
M. Léger: Je voulais simplement demander au ministre,
personnellement, je pense que lorsqu'on étudie...
M. Tetley: La réponse est que ce n'est pas vrai.
M. Léger: Je voudrais bien prendre la parole du ministre
là-dessus. Ce que je veux que le ministre comprenne, c'est que quand on
étudie les crédits d'un ministère, je pense que le
ministre devrait avoir avec lui les responsables, les membres de la Commission
des valeurs mobilières, ou un représentant, capables de donner
des réponses et des chiffres là-dessus. Ce n'est pas à
l'Opposition à fournir des renseignements au ministre. C'est à
l'Opposition à poser des questions au ministre, provenant de sources qui
peuvent être fiables et c'est au ministre à me dire: C'est faux,
c'est vrai, c'est en partie vrai, il y a des nuances, voici les chiffres. C'est
son rôle, c'est lui qui est au pouvoir.
Ma deuxième question était d'ailleurs dans ce sens.
M. Tetley: Laissez-moi répondre à cette question.
J'ai l'obligation de venir ici avec tous les chiffres possibles et aussi de
répondre à toute question possible, sinon, de revenir. Mais sur
la vie privée...
M. Léger: La vie privée.
M. Tetley:... de certains investisseurs et sur la vie
privée du Mouvement Desjardins dont j'ai le plus grand respect ou la
Compagnie Eaton's ou CPR, c'est leur décision s'ils vont engager un
médecin, un courtier ou un conseiller juridique. Le ministre de la
Justice n'est pas prêt à dire que M. Untel est l'avocat du
mouvement Desjardins, ou le ministre des Terres et Forêts n'est pas
prêt à dire que la compagnie Desjardins a acheté les arbres
d'Untel, la CIP... et c'est une décision tellement privée. De
plus, je suis certain que ce n'est pas vrai, je cite le député de
Lafontaine, que la majorité des membres du syndicat qui a vendu une
émission d'obligations ou autres pour les emplacements Desjardins
était formé de compagnies étrangères.
Je suis très surpris.
M. Léger: M. le Président, je pense que le ministre
n'a pas compris ma question. Je parle de quelque chose qui concerne le
gouvernement provincial qui est actionnaire à 49%. Je pense que c'est la
responsabilité du gouvernement de savoir comment fonctionne le
financement de son argent, comment est administré son argent pour lequel
il a 49% de parts. M. le Président, ce n'est pas une question de vie
privée, je pense que le ministre ne doit pas me dire: Je pense que ce
n'est pas vrai. Il devrait me dire: Je ne suis pas au courant ou j'ai un
spécialiste qui me donnera la réponse plus tard et vous la
donnerez. Mais dire: Je pense que ce n'est pas vrai et je ne suis pas pour
entrer dans la vie privée. Ce n'est pas dans la vie privée, M. le
Président, c'est que le gouvernement provincial a 49% des parts.
M. Bonnier: M. le Président, un point de règlement.
C'est parce que la question n'est pas posée au bon endroit. C'est le
ministre des Finances qui devrait normalement être capable de savoir
cela.
M. Tetley: Même ça, je crois que le
député de Taschereau a raison. C'est le ministre des Finances...
Mais même ça, je m'intéresse quand même aux syndicats
au Québec et je vous ai dit qu'un courtier est venu me voir très
récemment et j'ai regardé une vingtaine de dépliants. Je
crois qu'il n'a fait aucune remarque au sujet du dépliant du placement
Desjardins. Je peux m'informer, mais posez votre question au ministre des
Finances lors de ses crédits, mais j'aurai la réponse parce que
ça m'intéresse et je suis certain que le député de
Lafontaine a tort. De plus en plus, en vertu de notre énoncé de
politiques 21, nous avons aidé les compagnies de Québec et les
courtiers en valeurs mobilières de Québec, malgré que M.
Lessard air fait toute une campagne. Il est allé parler devant le Parti
québécois à Rouyn-Noranda; il s'est trompé
magistralement. Les compagnies québécoises, er vertu de notre
énoncé de politiques 21, ont l'obligation d'avoir au moins
$75,000 de capital liquide, ce n'est pas beaucoup, on ne demande pas $7,500,000
mais simplement $75,000 au lieu de $25,000, ce qui est une protection minime
pour le public:
M. Lazare, qui avait un mauvais record de vente d'obligations du
Québec, et surtout qui n'avait pas beaucoup de vendeurs, ne prenait
presque jamais une part raisonnable des obligations du Québec. Il s'est
plaint qu'il ne pouvait pas agir parce qu'il n'avait pas $75,000. Mais un
courtier en valeurs mobilières qui n'a pas un capital liquide de
$75,000, qui veut s'annoncer dans les
ventes d'obligations de $50 millions ou autres, de $120 millions du
Québec ou autres, est très mal placé pour nous critiquer
ou critiquer ses collègues.
M. Léger: M. le Président, je voudrais quand
même signaler au ministre qu'il a peut-être raison de dire que
cette question pourrait être posée au ministre des Finances. Je
n'ai pas d'objection là-dessus.
M. Tetley: Je vais trouver la réponse.
M. Léger: Mais il faut que vous admettiez quand même
que la question est fondée. Ce sont des renseignements importants
à obtenir et peut-être qu'il faudrait s'adresser à l'autre
ministre; mais si le ministre, qui est quand même responsable de la
Commission des valeurs mobilières, peut avoir des renseignements de ce
côté-là et...
M. Tetley: Dominion Securities n'est pas une compagnie
étrangère.
M. Léger: J'ai parlé de Morgan Stanley
tantôt, vous avez dit...
M. Tetley: Morgan Stanley Canada est une compagnie
québécoise.
M. Léger: Est-ce que le ministre a des chiffres sur le
pourcentage des opérations financières menées par des
firmes de courtage étrangères comme la First Boston et Yamahichi
International, depuis leur entrée sur le marché financier
à Montréal?
M. Tetley: Nous n'avons pas un état de ce qu'elles ont
fait exactement. C'est moi qui ai laissé entrer certaines compagnies
étrangères, certaines compagnies, pour certaines raisons. Pour
quelles raisons? Premièrement, si les compagnies avaient quelque chose
à donner au Québec. Une compagnie qui est venue ici, Merrill
Lynch, il y a 20 ans, a été à peu près la
première compagnie à émettre des avis et des publications
en français. Les compagnies ici, même les
canadiennes-françaises, transigeaient tout simplement en anglais.
Merrill Lynch a été une des premières. Une des choses sur
lesquelles j'insiste, c'est que toute compagnie est capable de transiger,
consulter, donner des avis et des suggestions à sa clientèle en
français et en anglais, mais surtout en français.
Le deuxième critère, c'est qu'il y ait
réciprocité. C'est-à-dire que, si une compagnie est admise
de New-York, les compagnies québécoises aient le droit d'ouvrir
des bureaux à New York. Ce qui est vrai d'ailleurs. Il y a certains
bureaux de Montréal à New York comme Timmins, etc.
M. Léger: Est-ce que je pourrais faire remarquer au
ministre que je lui ai seulement demandé s'il avait des chiffres et il
m'a dit: Non.
M. Tetley: Je n'ai pas les chiffres, mais vous donnez
l'impression que ces compagnies sont ici sans raison.
M. Léger: Est-ce que cela a été ma question?
J'ai posé la question suivante: Est-ce que le ministre a des chiffres
sur ces compagnies? Il me dit: Non. Alors, ne vous sentez pas coupable pour
rien.
M. Tetley: J'ai trouvé un sentiment de critique...
M. Léger: Une insinuation. Le journal des Débats ne
pourra pas voir cela à travers nos propos. De toute façon, vous
n'avez pas les chiffres...
M. Tetley: En tout cas, je peux défendre ma politique.
M. Léger: ... c'est la réponse que vous me
donnez.
M. Tetley: On n'a pas de chiffres sur les compagnies
privées, sur ce qu'elles font, non c'est clair.
M. Léger: Non, je parle depuis leur entrée sur le
marché montréalais. Vous m'avez répondu non. Donc, c'est
la réponse que je prends, vous ne les avez pas.
M. Tetley: Non.
M. Léger: M. le Président, est-ce que le ministre a
la réponse à la question suivante: Quel est le nombre de maisons
de courtage encore en activité au Québec? Est-ce que le ministre
peut me dire combien sont francophones et combien sont
québécoises ou étrangères?
M. Tetley: Un instant. Je crois que ces chiffres se trouvent
à la page 3 des statistiques que je vous ai données. Statistiques
des maisons de courtage au 31 mars 1975:
Permis actifs de courtiers en valeurs: 54; permis actifs d'agents de
change: 26; permis actifs de négociants en valeurs, courtiers en fonds,
actifs de négociants en fonds, mutuelles, etc.
Vous verrez les chiffres; lesquels sont des Canadiens français?
Je ne le sais pas. Prenons une compagnie comme autrefois Morgan, Ostiguy.
Est-ce que Morgan est un Canadien anglais et Ostiguy un Canadien
français? Surtout parce que Morgan est mort et que Ostiguy est
là, est-ce pour cela que c'est une maison canadienne-française?
Non.
M. Léger: Mais il y a quand même un pourcentage.
M. Tetley: Je n'ai aucune idée. Moi, je suis membre de
trois ou quatre caisses populaires mais ce sont encore des institutions
canadiennes-françaises malgré moi ou peut-être à
cause de moi.
II est très difficile de dire si Morgan, Ostiguy est une
compagnie canadienne-française. De plus, Morgan, Ostiguy a acheté
une maison à Toronto. Je suis fier, le nom est maintenant Crang Ostiguy.
Je me demande si Crang est vivant ou non, mais je sais que c'est Morgan,
Ostiguy et les associés à Montréal, et que la plupart sont
des Canadiens français: Jean Ostiguy, Guy Hudon et d'autres. Je n'ai
aucune idée, sans vérifier avec l'utilisation d'un comptable
agréé pour deux semaines, chez Morgan, Ostiguy, si les
sociétaires de la compagnie sont vraiment Canadiens français ou
non.
Peut-être que M. Ostiguy a marié une Irlandaise et que
lui-même a une grand-mère Irlandaise. C'est impossible de savoir
si les compagnies sont canadiennes-françaises ou non. Mais je sais que
les Canadiens-français y sont en très grand nombre et je peux
vous donner des chiffres qui vont vous faire plaisir. J'attendais votre
question.
M. Léger: M. le Président, je pense que le ministre
n'attendait pas la question. Est-ce que vous avez, parmi vos conseillers, des
représentants de la Commission des valeurs mobilières?
M. Tetley: Non.
M. Léger: Alors, vous n'attendiez pas mes questions.
M. Tetley: Non. Mais j'ai ici un document qui montre que
l'énoncé politique 21, dont votre M. Lessard se plaignait,
où il fallait augmenter son capital net ou liquide de $25,000 à
$75,000, a quand même aidé les compagnies.
Par exemple, maisons canadiennes-françaises fusionnées
avec des maisons canadiennes-françaises ou qui, à toutes fins
pratiques, ont intégré leurs opérations à une
maison canadienne-française, si c'est possible, J.-E. Laflamme,
Desrochers et Rodrigue, Garneau et Boulanger, Marc Carrière. Nous avons
aussi des maisons canadiennes-françaises, sont-elles
canadiennes-françaises, je me le demande, qui ont acquis des maisons
anglaises. Brault, Guy, Chaput, qui devient Brault, Guy, O'Brien;
Lévesque, Beaubien, intégration des opérations de Graham,
Armstrong Securities and Oswald Drinkwater.
Voici des Canadiens français qui font des progrès. Crang
Ostiguy, qui autrefois était Morgan Ostiguy. Le nouveau nom est
maintenant Crang, Ostiguy Bankers Security, je crois. C'est le nom émis
par notre ministère très récemment, il y a une semaine ou
deux.
M. Léger: Ce sont des pourcentages que je veux avoir. Si
le ministre me dit que c'est impossible.
M. Tetley: C'est impossible.
M. Léger: Cela me surprend énormément et je
vais prendre sa parole, mais, pour moi, c'est important de le savoir. Si, pour
le ministre, que dans le domaine des affaires, que ce soient des
Québécois, des francophones, des Anglais, des Américains,
celui-ci n'y voit pas d'objection, pour moi, c'est une question importante. Je
pense que c'est une question qui devait être posée. Ce qui me
surprend, c'est que j'ai d'autres questions dans le domaine des valeurs
mobilières et j'ai l'impression que je vais perdre mon temps pour le
reste du programme et des éléments. Vous répondez
longuement, mais pas nécessairement à mes questions.
M. Tetley: Je vais vous donner une réponse rapide et je
passerai par la suite au député de Taschereau.
Je peux vous dire que, suivant mon expérience, depuis cinq ans au
ministère, parce que j'ai été impliqué un peu dans
les valeurs mobilières comme avocat, les Canadiens français ont
augmenté leur présence presque à 100% dans les valeurs
mobilières. A part d'avoir un Canadien français comme
président de la Bourse, à part d'avoir des règlements en
français à la Bourse, après cent ans.
M. Léger: Une amélioration de 100%! C'est un point
zéro!
M. Tetley: Au moins, c'est moi qui ai insisté, ce
n'étaient pas les ministres canadiens-français qui m'ont
précédé. C'est moi, un anglophone, qui ai insisté
et qui ai été très impopulaire auprès de la Bourse.
C'est moi qui ai insisté.
M. Léger: Mais c'était pour une bonne cause!
M. Tetley: Une bonne cause. En tout cas, j'ai été
impopulaire, même parmi les Canadiens français, qui disaient: Que
voulez-vous? Cela va nous coûter $50,000 pour traduire cela.
M. Léger: Vous avez peut-être été
impopulaire, mais cela n'a pas plus l'air bête qu'un autre.
M. Tetley: D'accord. A part d'avoir un président de la
Commission des valeurs mobilières qui est renommé dans tout le
Canada, nous avons une présence énorme, comme les maisons
Lévesque, Beaubien Inc, Crang, Ostiguy Inc. et autres, qui
achètent d'autres compagnies. Je vous demande pardon, M. le
député de Taschereau.
M. Bonnier: II n'y a pas de quoi.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Taschereau.
M. Bonnier: Je vais simplement faire une mise au point
relativement au complexe Desjardins. D'abord, je serais fort
intéressé de connaître la source. Maintenant, je pense bien
que le député de Lafontaine sait que tout dépend... Les
courtiers ont une certaine clientèle, et, lorsque vous avez une
émission d'obligations, vous voulez les vendre. Supposons que
Lévesque, Beaubien Inc. a
60% ou 75% du marché, c'est elle qui a la part importante dans le
syndicat, mais il peut arriver que d'autres courtiers aient d'autres
espèces de clientèle. Comme vous le savez, les obligations ne
sont que des emprunts, ce ne sont pas, comme pour les actions, des droits de
propriété. Ce qui est beaucoup plus important, c'est que le
complexe Desjardins appartienne à des gens du Québec, et au
surplus, à des gens du gouvernement et surtout du Mouvement
coopératif. C'est la propriété.
Quant au financement, il est fait en grande partie au Québec,
mais il peut être fait aussi à l'extérieur, et
avantageusement. Et à ce moment, vous avez recours à des
courtiers qui ont des clientèles autres que celles que vous pouvez
rejoindre par d'autres maisons. C'est aussi simple que cela. Il n'y a pas de
scandale là-dedans.
M. Léger: Oui, j'admets qu'il y a des choses importantes,
comme vient de le dire le député. Ce qui compte, c'est que la
Place Desjardins puisse être financée. Mais il y a aussi d'autres
choses importantes.
Nous avons au Québec des courtiers à qui nous pouvons
donner le plus d'occasions possible de se faire valoir et d'avoir l'occasion de
faire plus d'affaires. C'est dans ce sens que je voulais avoir la proportion
tantôt. C'est une question importante pour un gouvernement
québécois qui possède 49% des actions.
De toute façon, M. le Président, je ne voulais pas en
faire un débat plus que cela. Je voudrais demander au ministre qui, au
ministère, s'occupe de la Commission des valeurs mobilières?
M. Tetley: C'est le président de la commission.
M. Léger: ... Est-ce un fonctionnaire du
ministère?
M. Tetley: Non. Je dois expliquer. La Commission des valeurs
mobilières du Québec est à moitié autonome,
c'est-à-dire, d'une part, que les commissaires sont nommés pour
une période de Temps et je ne peux pas les remplacer. Le premier
ministre ne peut pas les remplacer. Ce sont des commissaires. Leurs
fonctionnaires sont nommés par moi. Leurs énoncés de
politiques à l'industrie sont préparés par eux,
c'est-à-dire qu'ils annoncent leurs politiques, pas moi. Ce n'est pas la
même chose pour le service des assurances.
D'autre part, je peux contrôler leurs énoncés par un
arrêté en conseil, en vertu de la loi, ce que personne n'a fait,
depuis 1936, je crois, non, pas 1936, parce que la commission n'existait pas,
mais depuis longtemps. La consultation est le moyen de procéder et il
n'y a pas eu d'énoncés de politiques que je n'ai pas vus
d'avance, que je n'ai pas discutés et que je n'ai pas
acceptés.
Donc, la commission est à moitié indépendante et je
crois que c'était la décision de M. Le-sage, lorsqu'il
était premier ministre du Québec.
Le Président (M. Brisson): Y a-t-il d'autres
questions?
M. Léger: Oui, M. le Président. Je comprends que le
ministre fait son possible, je l'admets, mais je vois qu'au programme 3,
élément 4, il y a un budget, dans le ministère, de
$1,309,800 sur le contrôle, surveillance et développement du
commerce des valeurs mobilières. J'ai des questions précises
à poser.
M. Tetley: Mais posez une question.
M. Léger: II n'y a personne, dans votre ministère,
qui a la responsabilité précise, comme fonctionnaires, de
s'occuper de cela...
M. Bonnier: C'est au ministre.
M. Léger: ... et de donner au ministre les réponses
aux questions que je lui pose.
M. Tetley: Si le président lui-même était
ici, il ne pourrait pas répondre à vos questions. Est-ce que
Crang, Ostiguy sont Canadiens français? Je n'ai pas ces chiffres.
Posez-moi...
M.Léger: C'est facile pour quelqu'un qui se croise les
bras, qui est là seulement pour tenir le quorum et poser une question
une fois de temps en temps. Mais j'aimerais bien avoir une réponse
à mes questions.
M. Tetley: Je n'ai pas les fonctionnaires ici pour une bonne
raison, parce qu'à la dernière minute on a fixé la
séance pour ce soir. C'est comme hier matin, on l'a fixée
à la dernière minute hier soir. Un autre soir, j'avais toute
l'équipe ici. Parce que le député de Lafontaine voulait
aller pour une bonne raison, peut-être à la
commission des affaires municipales, tout le monde est parti après avoir
attendu plusieurs heures.
M. Léger: M. le Président, j'invoque le
règlement. Sur l'affirmation du ministre, je dois lui dire que ce n'est
pas nous qui décidons du menu de la journée, à savoir
quelle commission va siéger. Alors, il faut que vous sachiez que les
fonctionnaires, c'est malheureux qu'ils soient obligés de repartir ou de
revenir, mais nous, quand on est responsable de deux ministères en
même temps, et que le gouvernement décide de faire siéger
deux commissions parlementaires pour des ministères qui sont sous la
responsabilité du même député, écoutez, je
regrette, M. le Président, mais je ne peux pas me séparer en
deux. Malgré que j'aimerais bien avoir le don d'ubiquité, je ne
peux pas.
Ce n'est pas une raison pour dire que les fonctionnaires étaient
là dans ce temps-là, pour essayer de se sortir de la question que
je lui pose. Ma question est simple, c'est que la Commission des valeurs
mobilières a certainement des statistiques et ce que je trouve
curieux...
M. Tetley: Donnez-moi...
M. Léger: Le ministre a peut-être raison de dire
qu'il n'a pas de fonctionnaire particulièrement affecté à
cela, dans le domaine des valeurs mobilières. Mais je vois ici...
M. Tetley: Ils y sont tous, les fonctionnaires, à
l'exception des commissaires.
M. Léger: ... que j'ai des questions à
l'élément 4 du programme 3. Je les pose et on ne me donne pas les
réponses.
M. Tetley: Posez votre question.
M. Léger: Tout à l'heure, j'ai demandé si
vous aviez des chiffres sur le pourcentage des opérations
financières menées par des firmes de courtage
étrangères, comme First Boston Canada, Ya-mahichi International,
depuis leur entrée sur les marchés financiers montréalais.
La Commission des valeurs mobilières devrait avoir des chiffres
là-dessus.
M. Tetley: Je peux en trouver, mais si j'avais les commissaires
ici, ils n'auraient pas non plus les chiffres.
M. Léger: Ecoutez, à quoi sert... Ou bien, on me
les enverra par la suite.
M. Tetley: Si vous voulez ces chiffres, je suis prêt
à vous les trouver. Cela fait cinq ans que je défends les
crédits du ministère. Je n'ai jamais eu un membre de la
commission, ni un fonctionnaire de la commission à côté de
moi et, lorsque j'étais dans l'Opposition, j'ai questionné
pendant deux ans le ministre. Il n'en avait jamais ici. Mais si vous voulez que
j'emmène quelqu'un ici, tant mieux, mais posez-moi une question. Les
chiffres d'affaires de Yamahichi et Morgan Stanley? On peut les avoir, c'est
publié...
M. Léger: First Boston Canada.
M. Tetley: ... et First Boston Canada, c'est publié dans
le rapport annuel.
M. Léger: Sur le marché montréalais, je dis.
C'est la partie qui nous touche, d'accord.
M. Tetley: Oui.
M. Léger: Ecoutez, M. le Président, je suis bien
d'accord.
M. Tetley: Mais n'oubliez pas que ni l'une ni l'autre de ces
compagnies n'ont été admises comme membres de la Bourse de
Montréal. Donc aucune n'a eu une seule vente à la Bourse de
Montréal. La Bourse a refusé à ces gens d'être
membres.
M. Léger: D'accord, M. le Président, je voudrais
que le ministre comprenne bien...
M. Tetley: Ma réponse est zéro sur ça.
M. Léger: Ma question, je voudrais que le ministre la
comprenne bien. Nous, de l'Opposition, on considère que l'étude
des crédits est importante et que nous avons des questions à
poser...
M. Tetley: C'est très important.
M. Léger: ... qui sont sérieuses. Je voudrais que
le ministre, si, par hasard, il n'a pas avec lui les personnes-ressources qui
peuvent donner immédiatement les réponses, ne me fasse pas un
discours de dix minutes sur un autre sujet, mais qu'il me dise: Vous aurez la
réponse dans tant de temps, et je vais être satisfait.
M. Tetley: Parfait, le député de Gouin, avant sa
défaite, était le député qui me posait des
questions. Il était membre de la Bourse, il m'a posé des
questions pendant quatre ans, j'ai toujours répondu, je n'avais aucun
problème. Il était lui-même membre de la Bourse et je
n'avais pas besoin d'assistance. Tout a changé. Quand même, j'ai
un secrétaire particulier...
M. Léger: On est obligé de...
M. Tetley: ... peut-être posez-vous des meilleures
questions que l'ancien député de Gouin? Je ne le sais pas, mais
un de mes secrétaires particuliers lit attentivement tous les
débats. Moi, je ne peux pas endurer ça. Donc, il a pris la
tâche de nos crédits, il a soulevé toutes les questions. Je
vais répondre à toutes les questions, à la fin ou par
écrit.
M. Léger: Là-dessus, je félicite le
ministre, c'est une façon de répondre...
M. Tetley: J'ai déjà trois ou quatre pages...
M. Léger: On gagne beaucoup de temps comme ça, M.
le Président.
M. Tetley: Le secrétaire particulier m'a dit il est
absent aujourd'hui M. le ministre...
M. Léger: II n'est pas là pour confirmer.
M. Tetley: ... il y a certaines questions qui n'ont aucun sens.
C'est son opinion.
M. Léger: Probablement que c'est quand vous m'aviez
interrompu. M. le Président, est-ce que le ministre peut nous dire
maintenant, s'il ne le peut pas, il donnera une réponse plus tard, dans
tout le personnel de la commission, combien de personnes proviennent du milieu
des valeurs mobilières?
M. Tetley: Vous avez devant vous la liste, je peux en donner
plusieurs.
M: Léger: Vous venez de me donner la liste, je n'ai pas eu
le temps de la lire.
M. Tetley: Robert Demers, président a été
lui-même fonctionnaire à la Bourse dans le temps de Eric Kierans.
Bernard Côté, a été au ministère même
avant moi. Son expérience est... Il a été nommé
depuis longtemps. Paul Chouinard a été chef du cabinet de Daniel
Johnson. Il a été nommé par l'Union Nationale. Jacques
Saint-Pierre a une
grande expérience de commissaire de l'industrie et M. Hyman W.
Harris, comptable agréé, a une très grande
expérience. Joël Lacoste est avocat. Il avait de
l'expérience avant de se lancer... Il est aussi diplômé du
London School of Economics. Maurice Cusson avait une très grande
expérience sur tout. C'est lui qui est directeur. Il a une très
grande expérience comme un de nos enquêteurs et
vérificateurs. Pierre Lizée avait de l'expérience, c'est
vrai. Paul-R. Lusignan... Ils sont tous nommés par M. Demers depuis sa
nomination. En effet, je les ai nommés, mais c'est lui qui a
recruté cette équipe remarquable, incidemment, avec une grande
expérience. Raymond Proulx est un autre diplômé, dans son
cas, de Western School of Business Administration. A part un diplôme en
droit de l'Université de Montréal, il n'avait pas
d'expérience dans le do-mai ne, mais a été engagé
à cause de son expérience comme administrateur. Paul Guy avait
une très grande expérience. Je note qu'il n'y a, pour votre
information, qu'un seul Anglo-Saxon, qui est M. Hyman W. Harris, si c'est
important.
M. Léger: M. le Président, le ministre est toujours
sur la défensive. J'ai toujours affirmé qu'un anglophone qui se
considère comme un Québécois est un bon
Québécois. Un Québécois qui parle anglais et qui se
considère Québécois est un bon Québécois.
Pour quelle raison ferait-il une différence de ce côté? Il
est toujours sur la défensive.
Un ministre des Institutions financières qui a été
impopulaire parce qu'il a obligé un milieu financier à avoir une
traduction française est un bon Québécois. Il ne faut pas,
parce qu'il a un nom de consonnance anglaise, s'énerver avec cela. Ils
ont leur place ici, M. le Président.
Est-ce que le ministre peut nous dire si la Commission des affaires
mobilières a l'intention d'abolir les taux fixés des commissions
comme cela a été le cas aux Etats-Unis récemment?
M. Tetley: Je crois que c'est en discussion, mais cette question
est très difficile. Certains le veulent, mais certains autres... J'ai
noté à New York très récemment, dans un reportage
que j'ai lu de 200 ou 300 pages c'est un rapport plutôt qu'un
reportage que cela peut favoriser les grandes compagnies, les compagnies
d'assurance qui achètent $1 million par jour, mais cela peut aussi
affecter les petites, et il y aurait une augmentation. Le meilleur
système, apparemment, les compagnies qui se sont ajustées au
système adopté à New York, c'est le système de
Merrill Lynch, les plus grandes compagnies. Merrill Lynch a
décidé de donner cinq ou six tarifs au lieu d'un seul tarif. Si
vous achetez sans consultation, sans avis, un tarif. Un autre tarif pour ceux
qui reçoivent les lettres d'observations chaque semaine. Un autre pour
les gens qui arrivent au bureau et consultent l'homme en question, le courtier.
Un autre, pour celui qui reçoit des consultations écrites et des
suggestions écrites, etc. Je me demande si la Bourse de Montréal
et le marché financier de Montréal sont assez grands et
étendus pour avoir le système de New-York, et c'est en discussion
pour l'instant.
M. Léger: Le ministre peut-il nous dire si la commission a
parlé de rajuster ses barèmes de commission sur les prix courants
des courtiers américains?
M. Tetley: Nous discutons de cela depuis deux ans et c'est encore
en discussion. La commission, en vertu de la loi qui a été
adoptée, le fameux bill 63 un autre 63 a donné
à la commission un certain pouvoir sur la Bourse de Montréal,
pour la première fois, un pouvoir qui existait à Toronto depuis
longtemps, mais la commission n'a pas l'intention d'imposer ses règles.
La commission agit plutôt comme bon père de famille, comme
associé. C'est en discussion.
M. Léger: Mais ne pensez-vous pas que cela peut avoir un
réajustement d'entente basé sur les barèmes
américains?
M. Tetley: II y aura certainement un réajustement. Il y
avait une solution des intéressés. A Toronto et à
Montréal, il y avait presque une entente, mais finalement
Montréal a voté contre une proposition et Toronto a voté
pour, et il n'y avait pas d'entente parce que cela serait dangereux pour une
des Bourses d'avoir un tarif moins élevé que l'autre parce que
tous passeraient par la Bourse moins élevée probablement. Et cela
serait une compétition impossible, sinon qui serait la cause de la
destruction d'une de ces Bourses.
M. Léger: Le ministre peut-il nous expliquer les raisons
réelles qui ont motivé le financier Charlie Robins de quitter le
Québec pour aller faire affaires en Colombie-Britannique?
M. Tetley: Charlie Robins se plaignait de la Commission des
valeurs mobilières de Montréal. Il disait, comme il était
un entrepreneur minier, que la Bourse de Montréal était trop
sévère auprès de certaines compagnies, c'est-à-dire
je présume ses compagnies, mais il n'est pas le seul
à quitter Montréal pour Vancouver. C'est à Vancouver de
décider si elle veut garder Charlie Robins. Je crois que la
décision de M. Robins de quitter le Québec était
bonne.
M. Léger: Le ministre peut-il nous dire s'il a
terminé son enquête sur les relations entre la Commission des
valeurs mobilières et la compagnie Malartic Hygrade Gold Mines Ltd?
M. Tetley: J'ai envoyé une lettre à presque tout le
monde, de deux ou trois pages d'explications, très récemment.
J'ai reçu une lettre d'un juge. C'est dommage que je ne l'aie pas ici,
parce que je voulais vous la présenter, mais je vais vous envoyer la
lettre d'un juge d'une cour de France, de Paris, je crois, c'est
peut-être de la Belgique. Ce juge me remerciait de l'explication. Il
était content de notre décision. N'oubliez pas que la compagnie
Malartic Hygrade Gold Mines Ltd n'avait pas la permission de faire
l'émission qu'elle a faite. Elle a fait l'émission sans avoir
même déposé le prospectus.
M. Léger: D'accord.
M. Tetley: Oui. C'est peut-être un peu dans le cas que vous
avez mentionné, lorsque vous avez mentionné IOS. Voici une
compagnie qui croyait qu'elle n'avait pas besoin d'une permission de notre
commission parce que la compagnie vendait ailleurs. Mais, en vertu de
l'énoncé politique que je vous ai mentionné, notre
commission a décidé que c'était quand même notre
devoir de fermer la boutique que nous n'avons même pas ouverte. C'est ce
que nous avons fait. Elle avait vendu toutes ses obligations sans aucune
permission, ce qui est une énorme fraude envers la population, parce que
je crois que la plupart des ventes ont été faites par une banque
de Bahamas et j'ai l'impression que les propriétaires de Malartic
Hygrade Gold Mines étaient les propriétaires de la banque ou
avaient des liens très étroits avec la banque.
J'ai aussi déposé un rapport assez épais en
Chambre.
M. Léger: M. le Président, est-ce que le ministre
peut nous dire quelle est la politique de la Commission des valeurs
mobilières du Québec quant aux exigences requises en
matière de prospectus pour des fonds d'hypothèques?
M. Tetley: Je n'ai pas les exigences ici. Je me demande si...
M. Léger: Vous pourrez me répondre, par
écrit, à une autre occasion.
M. Tetley: Par fonds d'hypothèques, vous parlez d'un
fonds... C'est un sujet que nous avons considéré il y a deux ans.
Est-ce que vous parlez comme...
M. Léger: Comme l'Ontario.
M. Tetley: Exactement. L'Ontario avait Toronto Dominion...
J'avais de graves doutes au sujet de ces fonds. L'Ontario avait même
adopté un changement de la Loi des compagnies. A un certain moment, nous
avons refusé ces compagnies, malgré que nous en ayons
laissé entrer deux. J'oublie les noms. C'était Toronto
Dominion... et une autre de la Banque Royale, et une autre.
Nous avons eu, dans le temps, certaines réticences et nous avons
dit que c'était un moyen d'éviter de l'impôt.
C'était presque une coopérative, parce qu'ils disaient qu'il n'y
avait aucun profit. C'était un gain de capital.
Je crois que, depuis le changement de la loi fédérale au
sujet des gains de capital, ces fonds ne sont pas aussi importants. Il n'y a
pas de mouvement à créer d'autres fonds. Je peux vérifier,
mais je crois que le problème a été réglé il
y a deux ans ou plus.
M. Léger: Est-ce que le ministre peut nous dire combien
d'argent est revenu aux victimes de M. Stanley C. Sanderson et ses compagnies,
Sandy's Breeders Ltd., et Sandy's Cooperative As- sociation. Est-ce qu'il y a
eu des poursuites contre M. Sanderson?
M. Tetley: M. Sanderson est en prison. Il refusait de
dévoiler où se trouvait l'argent qu'il avait reçu de ses
soi-disant actionnaires. M. Sandy Sanderson et son cas ressemblent
énormément à Malartic Hygrade. C'est un cas où
quelqu'un disait que c'était une coopérative, mais il n'avait pas
de charte de coopérative. Il vendait quand même des actions. Il
vendait des espèces de parts à des gens d'une certaine
région, surtout dans la région de Coaticook et dans la ville de
Coaticook. M. Sanderson entraînait des chevaux et il a expliqué
à ses associés ou coopérateurs, selon le cas, qu'il avait
un moyen de faire de l'argent aux courses, parce qu'il connaissait les chevaux.
Il recevait la somme de $100 par semaine, pendant quatre semaines, des
investisseurs ou coopérateurs, et il a promis un paiement, dans un
certain délai très limité, d'à peu près
$800, soit le double, et avec l'argent qu'il recevait d'une personne, il payait
l'autre. Il recevait plus, parce qu'il vendait plus vite qu'il ne payait, mais,
un bon jour, et le bon jour a été au moment où la
commission a fermé la boutique, il a été, en tout cas,
incapable de payer ses coopérateurs ou ses investisseurs. Nous avons
fait enquête. Nous avons vérifié, car il avait reçu
beaucoup plus qu'il n'avait payé, quand même. Donc, nous avons
demandé à M. Sanderson où se trouvait le reste. Il a dit:
C'est caché quelque part ou investi quelque part aux Etats-Unis. Le juge
n'a pas accepté cette explication et il a...
M. Léger: II l'a caché.
M. Tetley: II l'a caché. M. Sanderson l'avait
encaissé quelque part. Trente jours après il a donné la
même réponse. Donc il a été trouvé coupable.
C'est regrettable. Mais, dans une longue lettre à tous les
investisseurs, j'ai donné une explication de ce qui s'est
passé.
M Léger: L'argent a-t-il été
retrouvé? M. Tetley: Non.
M. Léger: Bon! Alors, M. le Président, une
dernière question sur l'élément 4. Quand le projet de la
refonte de la Loi des valeurs mobilières sera-t-il prêt? Quand
peut-on l'attendre?
M. Tetley: Je ne le sais pas. J'espère que ce sera cette
année, mais probablement que ce sera l'an prochain. Le problème
est de trouver un moyen de passer par le comité de législation.
Comme je vous l'ai dit, il y a dix-sept lois, je vous en ai même
donné la liste, lorsque nous avons commencé l'étude des
crédits du ministère, et j'attends encore les deux lois les plus
importantes, soit la loi qui amende la Loi de la protection du consommateur et
la loi concernant la vente des terres neuves et des maisons neuves. Je ne les
ai pas encore reçues. Je suis déçu. Comment adopter
dix-sept lois si compliquées, de droit privé? Je
ne sais pas. Je fais l'impossible. J'ai même un sous-ministre
associé qui ne fait que la préparation des lois.
M. Léger: En ce qui me concerne, je voudrais adopter
l'élément 4.
Le Président (M. Brisson): Elément 4,
adopté. Elément 5: Gestion du régime de
l'assurance-dépôts.
Assurance-dépôts
M. Léger: A l'élément 5, nous allons prendre
connaissance du document que le ministre a déposé, nous n'avons
pas quand même eu le temps de le lire, il vient de le déposer. En
ce qui nous concerne, il serait adopté.
Le Président (M. Brisson): L'élément 5 est
adopté.
M. Léger: M. le Président, concernant le programme
4, je pense que c'est le dernier programme.
Le Président (M. Brisson): Gestion interne et soutien.
Gestion interne
M. Léger: Je n'aurais qu'une question
générale. La raison que le ministre a donnée en
commission, lors de l'étude de la Loi des assurances, pour ne pas
créer le conseil des assurances, c'est qu'il comptait créer le
conseil consultatif des institutions financières.
M. Tetley: J'espère déposer la loi mardi ou
mercredi.
M. Léger: C'est une réponse rapide, M. le
Président.
En ce qui me concerne, les éléments 1, 2 et 3 du programme
4 seraient adoptés.
Le Président (M. Brisson ): Adopté. M. Tetley:
Parfait.
Le Président (M. Brisson): Nous avons terminé
l'étude des crédits budgétaires du ministère des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives.
M. Tetley: Je comprends que tout est adopté, M. le
Président.
M. Léger: Oui, M. le Président. M. Tetley:
Parfait.
M. Léger: Je proposerais qu'à la prochaine
étude des crédits le ministre se prépare, avec toute une
équipe, dans tous les domaines, de façon que nous ayons les
réponses, parce que nous allons avoir des questions sérieuses,
importantes, qui d'ailleurs donnent de l'importance et au ministre et à
son ministère, puisqu'on s'y intéresse d'une façon si
étendue. J'espère qu'il pourra nous donner les réponses
sur place, avec tous les renseignements a portée de voix!
M. Tetley: M. le Président, je voudrais noter que je suis
prêt à rester 24 heures encore, afin de donner des
réponses, et je vais répondre par écrit à toute
question à laquelle je n'ai pas répondu.
Je veux tout d'abord remercier les députés
ministériels et ceux de l'Opposition de leur présence et de leur
attention, y compris les whips et les présidents. Je veux aussi
remercier l'équipe du ministère. S'il y a une chose que nous
avons faite, c'est de construire, depuis cinq ans, une équipe sans
pareille. Le nouveau ministre Handleman d'Ontario veut venir me voir. Il veut
savoir comment on peut faire, avec un budget de $10 millions, ce qu'on fait
ailleurs pour $30 millions. La réponse, c'est avec des hommes. Si un
homme fait le travail de trois hommes, ou si trois hommes ne font rien
ce qui n'est pas le cas dans notre ministère, c'est plutôt qu'un
homme fait le travail de trois hommes.
M. Léger: II faudrait arrêter le ministre, M. le
Président, parce qu'il est en train de se caler!
M. Tetley: Non, je veux dire que les fonctionnaires...
M. Léger: II est en train de dire qu'il a assez d'argent
pour son ministère, qu'il ne pourra pas en avoir plus, quand il va
arriver au conseil des ministres.
M. Tetley:.. de notre ministère sont organisés, et
que la plupart des mauvais sont partis!
M. Léger: Autrement dit, vous donnez trois boîtes de
savon pour une boîte de Tide, et ils ne veulent pas la prendre!
M. Tetley: En tout cas, je remercie tout le monde de son
attention.
Le Président (M. Brisson): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 heures)