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(Dix-sept heures sept minutes)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, messieurs.
La commission élue permanente des institutions financières et
coopératives se réunit pour entreprendre l'étude du projet
de loi no 60, Loi concernant certaines caisses d'entraide économique, et
poursuivre l'étude article par article.
Les membres de cette commission sont: M. Mathieu (Beauce-Sud), qui
remplace Mme Bacon (Chomedey), M. Blais (Terrebonne), M. de Belleval
(Charlesbourg), M. French (Westmount), M. Gravel (Limoilou), M. Guay
(Taschereau), M. Lafrenière (Ungava), M. Lincoln (Nelligan), M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys) remplace M. Maciocia (Viger), M. Parizeau
(L'Assomption), M. Tremblay (Chambly).
Les intervenants sont: M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue), M.
Bordeleau (Abitibi-Est), M. Cusano (Viau), M. Dean (Prévost), M. Forget
(Saint-Laurent), M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges), M. Martel (Richelieu), M.
Rocheleau (Hull), M. Vaugeois (Trois-Rivières).
À cette première séance, il faudrait proposer un
rapporteur, s'il vous plaît!
M. de Belleval: M. Lafrenière (Ungava).
Le Président (M. Desbiens): M. Lafrenière (Ungava),
cela va?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté.
M. le ministre, si vous avez des remarques préliminaires sur le
projet de loi no 60 ou sur les démarches. Vous aviez une entente qui
existe quant au temps, je pense.
Remarques préliminaires
M. Parizeau: M. le Président, nous avons une vingtaine
d'amendements à proposer que je pourrais peut-être faire
distribuer tout de suite. L'essentiel de ces amendements est de nature
technique, sauf dans le cas du chapitre VII, c'est-à-dire la tenue du
scrutin. Étant donné que le directeur général des
élections du Québec accepterait, et je lui en sais tout à
fait gré, d'assurer la surveillance du scrutin, il nous a
demandé, cependant, de réaménager l'ordre des articles du
chapitre VII et de clarifier certaines choses. Évidemment, nous nous
sommes rendus à ses voeux et c'est ainsi que, pour le chapitre VII, nous
avons présenté une sorte de nouvelle version du chapitre VII qui,
à toutes fins utiles, ne change rien à l'essence de ce que ce
chapitre était, mais clarifie certaines choses et
réaménage l'ordre de certains articles.
D'autre part, nous avons effectivement une entente entre les deux partis
en vertu de laquelle nous continuerions passé 18 heures jusqu'à
certainement 19 heures, peut-être un peu plus tard si c'était
nécessaire, quoique j'aie dû faire intervenir le fait que, comme
j'ai un comité ministériel à 20 heures ce soir, je
voudrais quand même avoir un tout petit peu de temps pour aller d'un
endroit à l'autre. Mais, avec cette contrainte, nous pourrions
dépasser le temps normalement alloué aux commissions.
Le Président (M. Desbiens): Sur cette question de
temps...
M. French: Sur la question de la procédure...
Le Président (M. Desbiens): Consentement.
M. French: ... il y a certainement consentement quant à la
possibilité d'aller jusqu'à 19 h 30 ou comme cela conviendra au
ministre. Dans la mesure du possible, on voudrait coopérer à
étudier le projet de loi avec le plus de tranquilité et de
sérénité possible.
Maintenant, je remarque, M. le Président, dans la salle Me Jean
Lambert du Regroupement provincial des entraidistes et je voudrais demander au
ministre s'il serait d'accord pour que M. Lambert ait 15 minutes, pas plus,
pour expliquer la prise de position du Regroupement provincial des entraidistes
dans le dossier. Je rappellerais au ministre, en ce faisant, que nous nous
trouvons dans une situation un peu aberrante, c'est-à-dire que c'est
depuis le 23 février qu'on connaît les grandes lignes de la
politique du ministre dans le dossier, sans avoir, jusqu'au 30 mars, aucune
indication concrète, aucun document ou aucun projet de loi susceptible
de nous aider pour étudier article par article ou en détail ce
que ces grandes lignes voulaient dire. Donc, je pense qu'il est tout à
fait à propos que nous donnions au Regroupement provincial des
entraidistes pas plus de 15 minutes, je le
répète, pour faire valoir son optique sur la question.
M. Parizeau: De mon côté, M. le Président, je
n'y vois aucun inconvénient, au contraire.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce qu'il y a entente pour
que cela se fasse au début de la séance?
M. Parizeau: Oui.
Le Président (M. Desbiens): II y a donc consentement pour
qu'on travaille jusque vers 19 h 30, peut-être un peu
au-delà...
M. de Belleval: On pourrait les entendre tout de suite, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): ... et qu'on entende
immédiatement les entraidistes avant toute remarque préliminaire.
Je demanderais à M. Jean Lambert de s'approcher à la table, s'il
vous plaît!
Audition du Regroupement provincial des
entraidistes
M. Lambert (Jean): Merci, M. le Président. Mon nom est
Jean Lambert, membre de la Caisse d'entraide de Saint-Jérôme. Je
remercie M. le ministre d'avoir accepté de nous entendre. Je vais
essayer...
Le Président (M. Desbiens): Pourriez-vous rapprocher votre
micro?
M. Lambert: ... en respectant le temps précieux des
membres de cette commission, de respecter les 15 minutes.
Alors, un document a été remis au secrétariat des
commissions parlementaires; je demanderais que le document soit
déposé officiellement au secrétariat pour fins de
distribution ultérieure, si on le juge à propos. Je commencerais
immédiatement mon intervention qui regroupera trois ordres de
préoccupations: tout d'abord, la situation actuelle,
deuxièmement, la position du Regroupement provincial des entraidistes
et, enfin, une critique du projet de loi no 60. Toutefois, on sera
peut-être bref là-dessus. Vous avez déjà le document
et, vu que vous procéderez ultérieurement à l'étude
article par article, peut-être que pour, respecter les 15 minutes, on
sera plutôt bref sur cette partie.
Alors, pour situer qui nous sommes, je dois mentionner que le
Regroupement provincial des entraidistes est né du débordement
des activités du comité métropolitain des entraidistes au
cours des dernières semaines qui ont précédé le
vote du 14 février dernier. Enfin, nous étions sollicités
par des comités de plusieurs caisses situées à
l'extérieur de la région métropolitaine. Ceci nous a
amenés à la tenue d'une assemblée générale
le 24 février, à Montréal, et d'une assemblée
générale subséquente, le 21 mars dernier, à
Drummondville. Vous avez, en annexe A, la liste des comités membres des
28 caisses. Nous n'avons pas, évidemment, la prétention de parler
pour d'autres, malgré que nous ayons eu quelques contacts avec certains,
mais, faute de moyens, c'est vraiment tout ce que nous avons pu faire.
Si nous regardons le point de vue de l'épargnant, nous croyons
utile de mentionner aux membres de cette commission que les entraidistes ont
été, évidemment, pris par surprise lorsque le
réseau TVA a publié son fameux reportage. Évidemment,
certains entraidistes - aujourd'hui, on doit peut-être les
considérer plus intelligents que les autres - ont décidé
de retirer immédiatement leur confiance et leurs fonds. Ceux qui ont
attendu que la situation se décante et qui ont fait confiance à
la direction du mouvement et à leur gouvernement en disant qu'une
solution raisonnable leur serait proposée, aujourd'hui ne sont plus
aussi sûrs qu'ils ont pris la bonne décision. En fait, on leur a
présenté un plan de relance où la survie de l'institution
primait, de toute évidence, sur leur intérêt. On a senti
que le gouvernement voulait également profiter de la situation pour
créer un secteur témoin et expérimenter une certaine
réforme de l'épargne, de nouveaux contrôles. On a eu un
président, M. Justin Dugal, qui, malgré de nombreuses promesses
de consultations, ne les a jamais tenues. On a eu droit à une campagne
de marketing à même notre argent et sans nous avoir demandé
la permission. Je pense que là-dessus tout le monde est d'accord;
d'ailleurs, le projet de loi y voit et c'est une bonne chose. On a eu droit
à un simulacre de négociations entre Desjardins et le mouvement
de la fédération d'Alma et, enfin, à un vote dans des
conditions, évidemment, que tous connaissent.
Le regroupement ne considère pas qu'il faille absolument et
littéralement se péter les bretelles avec un résultat de
60%. Si on considère que seuls les promoteurs du plan Dugal avaient
environ 1 000 000 $ dont 400 000 $, selon l'aveu même de M. Dugal, ont
été consacrés au marketing, le fait qu'ils avaient l'appui
officiel du gouvernement leur assurait évidemment l'appui des directions
de chacune des caisses. Ils contrôlaient les salles, les microphones,
nommaient les scrutateurs, présidaient les assemblées. Nous ne
sommes pas du tout surpris, on considère même que le fait qu'ils
n'aient obtenu que 60% constitue une victoire pour ceux qui n'avaient
absolument rien, aucune machine à leur disposition pour faire valoir
leur point de vue. Si on regarde ce que signifie ces 60%, si on
considère que la participation a
été de l'ordre d'environ 23,5%, environ 14% des
entraidistes ont appuyé un plan qui devait les enthousiasmer. Je trouve
que c'est bien mince.
Qu'en est-il de la participation des entraidistes depuis huit, neuf ou
dix mois? Tout d'abord, M. Justin Dugal, après sa tournée qui l'a
sonné un peu en septembre et octobre dernier, nous a promis des
assemblées; sauf quelques rares exceptions où ce sont
plutôt les directions locales qui les ont tenues, jamais cette promesse
n'a été tenue. À titre d'exemple, le soir du 14
février dernier, M. Dugal, en réaction au résultat du vote
qui l'avait ébranlé, évidemment, faisait appel à
toutes les bonnes volontés. J'ai placé cinq appels
téléphoniques dans la même semaine, à son bureau,
sans jamais réussir à lui parler; au cinquième, en
insistant, j'ai dit: Écoutez, les interurbains coûtent cher
à Alma. On m'a dit: II est parti à l'extérieur du pays -
on n'a pas voulu me dire, en vacances - jusqu'au 5 mars. Est-ce qu'à son
retour il a retourné ces appels? Jamais. Pourtant, la semaine
dernière, à l'émission de Pierre Pascau, à CKAC, il
disait: Je fais appel aux bonnes volontés; si quelqu'un a une meilleure
offre qu'il la mette sur la table. On sait qu'on lui a fait parvenir une copie
de notre document et, d'ailleurs, la solution que nous mettons de l'avant a
même joui d'une certaine publicité. Il a dit: II n'y en a pas
d'autres, ce sont seulement des "critiqueux". Pour conclure, on sait que M.
Dugal n'est manifestement pas intéressé à d'autres
solutions que la sienne.
Du côté du gouvernement, du moins depuis le 14
février, on n'a pas eu une grande réaction. À notre
télégramme du 16 février, par exemple,
expédié à M. le ministre Parizeau: aucun accusé de
réception. À notre lettre du 29 mars - peut-être que la
poste de Sa Majesté est lente - en tout cas, aucun accusé de
réception. Nos démarches personnelles auprès de M. Robert
Dean et de M. Marcel Léger, il y a plus de deux semaines, dans le
comté de Prévost, où il y a eu un signature de protocole,
n'ont pas eu de suites. Nos appels répétés au gouvernement
par les médias, évidemment, cela a été
complètement ignoré et des démarches individuelles de
plusieurs des comités membres auprès des députés du
parti ministériel, sauf une ou deux exceptions, je dois dire, n'ont pas
connu de suite. Bref, je considère que le ministre n'est peut-être
pas intéressé lui non plus à considérer d'autres
solutions. C'est peut-être une impression erronnée, je
l'espère.
Même si on a eu une oreille un peu plus attentive depuis le 14
février de la part de l'Opposition, on pense quand même au
gouvernement parce que c'est lui qu'on a élu pour diriger le
Québec. On trouve que c'est inacceptable qu'on nous boude et qu'on nous
ignore. Maintenant, cela est, je pense, un peu réchauffé, mais on
considère que la responsabilité du gouvernement est totale dans
ce dossier. Pour ceux qui sont intéressés, à la page 6, on
cite textuellement une partie du fameux rapport qui a été
déposé au gouvernement le 3 mars 1978 dans lequel on
décrit presque textuellement ce qui s'est passé en juin dernier;
c'était trois ans avant le fait. Qu'est-ce qui s'est passé durant
cette période? Nous avons ouvert 18 nouvelles caisses; il y a eu 100 000
nouveaux déposants à l'entraide; 637 000 000 $ de plus sont
passés dans les caisses. Je vous donne les citations, ce sont des
recoupements entre le bulletin L'entraide de juin-juillet 1981 et le rapport
L'épargne. Document très intéressant d'ailleurs.
On se dit: Si des actions avaient été prises à ce
moment-là, on n'en serait peut-être pas à une crise de
cette ampleur. Ce n'était d'ailleurs pas le premier avertissement, il y
avait eu avant des rapports réguliers de la Commission des valeurs
mobilières. Depuis 1972, on notait la chute dramatique des
liquidités, entre autres. Il y a eu justement le rapport du groupe de
travail sur l'épargne qui se sentait le besoin, chaque fois qu'il
parlait des caisses d'épargne, de faire une petite mention
spéciale pour les caisses d'entraide économique.
Évidemment, d'autres avertissements provenaient des milieux de
l'épargne.
On se demande finalement ce qui s'est passé; le gouvernement, au
lieu de réagir, a préféré s'associer même au
mouvement de l'entraide économique, notamment dans le dossier Nordair et
mont Tremblant, finalement tout pour laisser croire aux épargnants de
l'entraide que cela allait très bien, qu'on pouvait dormir sur nos deux
oreilles. Finalement, on se ramasse dans la crise qu'on connaît.
On trouve que les gouvernements ne s'engagent pas positivement. Je sais
que cela peut peut-être choquer M. le ministre de dire cela. Je sais que
vous avez plusieurs responsabilités, ce n'est pas facile, on en
convient, mais, nous, de notre côté, considérons que ce
n'est pas positif. Qu'est-ce qu'on fait encore avec le projet que vous avez
à l'étude actuellement? On réchauffe le plan Dugal. On
demande à Desjardins de formuler des offres. Nos informations - ce sont
des rumeurs, mais, dans ce dossier, les rumeurs ont eu le don d'être
presque tout le temps confirmées - nous disent que, dans la
majorité des cas, les offres ne seront pas intéresssantes. On
craint un mouvement de panique chez les entraidistes qui ne feront pas partie
de ces quelques caisses, les grosses caisses surtout auxquelles les caisses
populaires Desjardins sont particulièrement intéressées
et, évidemment, la liquidation qui est la solution dramatique, à
peine meilleure que le plan Dugal.
On ne retrouve dans aucune de ces options une véritable
protection à 100% de l'épargne des entraidistes. Aucune ne leur
permet de retirer leur argent à brève échéance. On
pense que la survie de l'institution à vocation de prêteur
industriel et commercial doit être assurée, si possible, mais non
pas au détriment des entraidistes.
Messieurs de la commission, vous endossez une lourde
responsabilité si vous adoptez le projet de loi no 60 sans
considérer une autre solution. Ces Québécois qui n'ont pas
cédé à la panique, alors qu'ils auraient peut-être
finalement dû le faire, auront la mémoire longue et, à la
prochaine crise, qui guette n'importe quelle de nos institutions; ils se
rappelleront la façon cavalière avec laquelle leur gouvernement
aura disposé des épargnes des entradistes. Ils ne patienteront
plus. À la première alarme, ils se précipiteront, ils
n'attendront pas des explications raisonnables. Pourrons-nous les
blâmer?
Si on accepte de chausser les souliers de l'entraidiste, on ne peut pas,
dans ce cas, considérer acceptable que l'on change les règles du
jeu; ces entraidistes ont déposé leurs épargnes, il n'ont
pas acheté du capital de risque.
Respecter les entraidistes, c'est ce qu'on demande. Pour les respecter,
on demande d'éviter de voter à nouveau; cet exercice fastidieux,
mobilisateur, épuisant. On pense qu'il y a possibilité; on
réalise toutefois qu'on est peut-être rendu bien tard pour
considérer peut-être une autre solution globale, mais enfin, on le
demande.
De toute façon, si on persiste avec le projet de loi no 60, il
faudrait au moins expliquer en vertu de quelle règle de moralité
publique une solution particulière, le plan Dugal, aurait droit à
un traitement de faveur et se ferait traiter aux petits oignons par
l'État alors que les autres seraient répudiés. Ici, nous
endossons les propos du député de Westmount tenus le 23
février dernier, reproduits à la deuxième colonne, page
1873 du journal des Débats.
En accord avec l'esprit de l'article - je dis bien avec l'esprit de
l'article - 58 du projet de loi no 60, nous proposons au gouvernement une
solution globale qui a le mérite de ne pas exiger la tenue d'un second
vote pour régler rapidement la crise et de ne pas exiger la mise en
contribution de deniers publics, sauf si peut-être les recours en
garantie qui sont compris dans notre solution pour carence devaient se
matérialiser. Nous présentons cette solution malheureusement pas
chiffrée. Vous en trouverez d'ailleurs copie à l'annexe C. Je
n'en ferai pas lecture, mais je veux seulement vous en donner les points
saillants. Elle n'a pas la prétention d'être parfaite. Bien
sûr, les membres de cette commission réaliseront - je m'excuse, il
y a plusieurs coquilles dans notre texte qui a été tapé un
peu à la dernière minute - que nous n'avons pas eu accès
aux livres et aux documents de l'entraide, ni à aucun
spécialiste. Néanmoins, nous avons la conviction qu'elle est
simple d'application et que ses principes sont bien fondés puisque,
contrairement au plan Dugal, ils sont en parfait accord avec de nombreuses
recommandations du groupe de travail sur l'épargne et l'esprit de ce
rapport qui a été remis, d'ailleurs, au gouvernement en 1980.
Alors, si on regardait brièvement en quoi consiste notre
solution. Il s'agit de deux principes fondamentaux; la protection de
l'épargne des entraidistes à 100%, sans artifices ni jeux
comptables, et la fin de la paralysie et la levée totale du moratoire
à brève échance. On propose, un peu plus loin, que
ça se fasse sur une période de deux mois et qu'on permette par la
suite un remboursement intégral à ceux qui voudront se
retirer.
Quels sont les moyens pour soutenir ces deux principes? Tout d'abord,
maintenir la formule coopérative. On ne comprend absolument pas pourquoi
on rejette du revers de la main cette formule qui a réussit et qui
réussi encore, notamment dans l'épargne, dans le domaine
agricole, sans qu'on n'ait jamais fait la preuve que la formule
coopérative était en cause. Il faut restaurer la confiance et
pour ce faire, il y a évidemment diverses mesures à prendre. Tout
d'abord, l'état de santé des caisses doit être rendu
public. On sait qu'il y a actuellement des expertises qui ont été
faites par des gens de l'extérieur. Ces expertises, ces études
doivent être rendues publiques. Mais, surtout, qu'on rende publics les
états financiers, mais de vrais états financiers de la
Fédération des caisses d'entraide économique. On ne
comprend pas que ce document n'ait pas été disponible pour le
vote du 14 février. Évidemment, on doit assainir la gestion de
l'entraide ou, enfin, du mouvement, qui en fera suite. Encore là, on
cite - pour respecter le temps - à la page 6 de notre document,
plusieurs recommandations du groupe de travail qui s'appliquent à
ça.
Enfin, le noeud du problème, tout le monde en convient, c'est le
fameux capital social. On suggère une transformation - on mentionne ici
10% - qui demeurera du capital social remboursable sur demande et ce, dans les
conditions qu'on fixe, que les rapporteurs du groupe de travail ont
mentionnées, notamment - je m'excuse, juste pour vous donner la
référence exacte - les propositions 406 et 407 dudit rapport qui
dit: "Le groupe de travail sur l'épargne favorise l'augmentation de la
stabilité du capital social. Il s'agirait de créer une nouvelle
catégorie de capital social détenu par les membres,
rémunéré à même les taux perçus
et remboursable sur demande dès que la capitalisation de la
caisse, réserve générale et capital, excède 6% des
dépôts et autres passifs pertinents." Ici, on donne
intéressant aussi - un rôle particulier à
l'assurance-dépôts. Donc, 10% du capital demeureraient du capital
social et 90% seraient convertis en dépôt à terme dont le
terme serait déterminé par le membre lui-même, tout comme
lorsqu'on fait des dépôts semblables dans une autre institution
financière. Évidemment, ces dépôts seraient garantis
par la Régie de l'assurance-dépôts du Québec.
Permettre les retraits immédiats pour ceux qui le
désireront. Comment le faire? Évidemment, les liquidités
peuvent être obtenues, nous le croyons, de la Caisse de
dépôt et placement tout simplement en transportant en garantie
collatérale les éléments des portefeuilles des caisses.
Cela s'est déjà fait, on ne voit pas pourquoi ça ne
pourrait pas se faire, d'autant plus qu'on sait qu'actuellement, sauf erreur,
la Caisse de dépôt a beaucoup de liquidités à la
suite de l'encaissement de nos primes d'assurance automobile. En cas
d'insuffisance - parce qu'il est possible que la caisse ait aussi ses
contraintes, il n'est pas question de chambarder toute la caisse - le
gouvernement pourrait garantir des emprunts de liquidités auprès
d'autres institutions financières. C'est un peu la solution
Chrysler.
Au chapitre des avantages que le gouvernement est prêt à
consentir aux entraidistes, on entend bien que ces avantages
bénéficient à tous les entraidistes et non pas à
une solution particulière. On pense que deux mois seraient suffisants
pour mettre en place une telle solution. Pendant ce temps, qu'arriverait-il aux
épargnants qui sont en situation pénible? On dit: Dans chacune
des caisses il y a des commissions de crédit qui sont habituées
d'évaluer des situations financières. Ces commissions de
crédit pourraient évaluer les cas qui leur seraient soumis et
permettre un remboursement soit total ou partiel des épargnes pour
dépanner ces gens-là. On propose également qu'un
intérêt sur le capital social - dans certaines caisses, il y a
plus de deux ans que les ristournes n'ont pas été payées
parce que la période de confusion et de gel est arrivée à
peu près au moment où on aurait payé - soit payé,
qu'il y en ait un de 9% ou 10%, quitte à l'ajouter plus tard lorsque les
assemblées générales se tiendront. On pense que ces
éléments, mis ensemble, seraient de nature à restaurer la
confiance du public. C'est sûr qu'il y en aura qui quitteront, on ne
pourra pas les blâmer, mais au moins une association positive du
gouvernement à ces institutions pourrait être le gage d'une
véritable relance à l'entraide et ceci en respectant la
liberté des entraidistes. (17 h 30)
Tous ces éléments sont en accord -encore une fois, je le
répète - avec des recommandations du groupe de travail sur
l'épargne au Québec. On nous a dit, notamment des journalistes
qui couvrent la scène financière, que cette solution aurait
dû être appliquée en juillet dernier. On pense qu'il n'est
peut-être pas trop tard pour l'appliquer.
Pour aller rapidement dans la critique du projet de loi 60, il y a
peut-être trois points - je laisse le reste à la commission
-notamment la date de la tenue du scrutin. Le 14 février, c'était
la Saint-Valentin, en tout cas, vu que c'était un dimanche,
c'était une fête familiale, on n'a pas trouvé que
c'était très propice, mais le 22 mai, on trouve cela absolument
non propice parce qu'il s'agit du premier long week-end de la belle saison.
Deuxièmement, si on considère le nombre fabuleux
d'enveloppes que les entraidistes vont recevoir, l'enveloppe Dugal, l'enveloppe
Desjardins, l'enveloppe de M. Parizeau sur la liquidation, l'enveloppe du
directeur du scrutin, peut-être une autre solution plus la
recommandation, tout ça part le 6 février avec la lenteur
très reconnue, et qui fait maintenant partie de notre folklore, de la
poste de Sa Majesté, cela veut dire que ces gens-là vont recevoir
ça autour du 13, du 14 ou du 15 mai, dans les meilleurs cas, et ils
seront appelés à voter le 22 niai. Comment les gens vont-ils se
retrouver? Comment va-t-on pouvoir tenir des assemblées d'information?
On pense que ces deux raisons-là sont suffisantes pour inciter le
gouvernement à le reporter. Pourquoi pas une journée de semaine
puisqu'il ne s'agit pas d'une assemblée mais d'un vote, entre midi et 22
heures, par exemple? Il me semble que cela serait plus logique.
Il y a également l'article 58. C'est le délai le plus
court qu'on retrouve dans cette loi-là; sauf erreur, c'est le 13 avril.
On permet, par exemple, à la fédération Dugal de pouvoir
modifier son projet jusqu'au 19 avril, mais pour les autres, c'est le 13 avril.
On dit que, si ça demeure une telle date, si rapprochée, il n'y a
personne qui pourra se conformer à ce délai et proposer, en temps
utile, une autre solution; alors, ça va demeurer symbolique. L'article
58 doit être lu en parallèle avec l'article 141 qui dit
évidemment que tout proposant pourra être appelé à
participer aux frais requis pour l'application de la présente loi.
Alors, si ce n'est pas décourager tout autre proposant, on se demande ce
que ça peut faire. Ici, on pense que le gouvernement devrait assumer ces
frais.
L'article 62, rapidement, seulement pour s'interroger. Pourquoi les
membres eux-mêmes ne nommeraient pas leur liquidateur,
par exemple, tel que le prévoit l'article 93 de la Loi sur les
caisses d'épargne et de crédit puisque, de toute façon,
ils demeureront régis par cette loi?
L'article 69. On est heureux de cet article-là, sauf qu'on trouve
qu'il va un peu trop loin. Il interdit les circulaires alors que, pour nous,
cela a été le seul moyen à notre portée pour
communiquer avec nos gens. Si on n'a pas le droit d'utiliser les circulaires,
je pense que c'est nous museler; on pense qu'il est possible de faire une
exception en notre faveur en ce sens, dans cet article.
Quant à l'article 71, on trouve que c'est inacceptable. On ne
voit pas pourquoi les conseils d'administration qui, d'ailleurs, ont
déjà pris position pour le plan Dugal auraient la chance de nous
le claironner à nouveau; sauf quelques-uns qui auront la décence,
à la suite du vote, de ne pas s'aventurer là-dessus, on sait que
les autres vont le faire. Si le ministre persiste à conserver cet
article-là, on pense qu'il faudrait nous offrir la possibilité
d'emprunter le même véhicule, c'est-à-dire la même
enveloppe, et de faire connaître également notre position à
nos cosociétaires.
L'article 87. Peut-être que cela sera amendé, le ministre a
mentionné qu'il y aurait des réarrangements. On se demande
même si le gouvernement serait prêt à introduire un tel
principe dans la Loi électorale du Québec. Il faudrait prouver
qu'une irrégularité a influé sur le résultat du
vote pour entraîner la nullité de l'opération; comment
prouver ça? On pense que c'est vouloir aller vite, vouloir se
débarrasser du problème; qu'il y ait des
irrégularités, pour autant que ce ne soit pas trop grave, la
question sera réglée rapidement.
Voilà. Il y a peut-être l'article 140 qu'on trouve un peu
inconcevable, c'est-à-dire qu'une institution financière
recueillant de l'épargne soit créée en soustrayant toute
l'opération du contrôle de la seule loi au Québec qui
régisse une telle aventure.
Je m'excuse, je pense que j'ai même dépassé un peu
mon temps et je remercie les membres de cette commission de nous avoir
entendus.
Le Président (M. Desbiens): Nous vous remercions, M.
Lambert.
Sur l'étude du projet de loi ou est-ce que vous avez des
remarques préliminaires, M. le ministre?
M. Parizeau: Non, je pense, M. le Président, que comme la
deuxième lecture est encore toute chaude, on pourrait se passer de...
à moins que mon collègue ait des commentaires, on pourrait
aborder l'examen de la loi.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Westmount.
Exposés M. Richard French
M. French: J'aurais quelques commentaires, je vais être
aussi bref que possible mais je pense que c'est important de souligner un
certain nombre de choses.
D'abord, c'est un point qui n'est peut-être pas sorti très
clairement lors du débat de deuxième lecture, mais je tiens
à dénoncer, dans les termes les plus forts possible, le processus
que nous serons appelés à subir presque à ce point dans le
calendrier parlementaire. On a eu un débat d'urgence, le 23
février, pendant lequel le ministre a dévoilé les grandes
lignes de sa politique, mais il a fallu attendre jusqu'au 30 mars, la semaine
dernière, juste avant le congé pascal, pour voir le projet de
loi. Entre-temps, il a été en effet impossible d'étudier
le projet de loi correctement, on n'avait vraiment pas les propositions
concrètes, les intervenants restaient dans l'incertitude. En quelque
sorte, les problèmes que soulèvent aujourd'hui Me Lambert et son
groupe sont des exemples parfaits des difficultés que connaissent tous
les intervenants du dossier à faire valoir leurs points de vue, avec un
ministre qui est très préoccupé ailleurs, avec une
espèce de processus qui semble finalement être tout à fait
fermé aux inquiétudes de plusieurs personnes.
S'il y a une chose qu'on a apprise, dans ce dossier des caisses
d'entraide écnomique, c'est qu'il n'y a pas de régularité
dans les réactions des gens, leurs opinions et leurs souhaits sont
fortement conditionnés par leur milieu local, par leur région,
par l'état de la caisse en question. Dans une telle situation, il nous
semble vraiment aberrant qu'on passe à la vapeur un projet de loi comme
celui-ci, juste avant le congé pascal. Demain, nous serons
appelés aussi, si le ministre est disponible, à étudier
les crédits de son ministère en même temps qu'on
étudie article par article le projet de loi. Finalement, c'est vraiment
difficile de faire notre devoir en tant que législateurs.
Ce que je retiens de l'intervention de Me Lambert, c'est un peu ce
sentiment de frustration et de déception de ne pas être satisfait
d'avoir été entendu. Ce qu'on pense du travail d'un groupe de
décidants quelconque est une deuxième question et peut varier
selon notre position, notre situation. Mais le fait reste qu'en tant que
législateur, je ne suis pas satisfait, de ne pouvoir répondre
honnêtement et systématiquement aux exigences que les
Québécois ont le droit d'attendre de moi, et ça parce que
cela a pris trop de temps avant que le projet de loi sorte de sa
confidentialité, du processus de prise de décision au sein du
ministère et au sein du Conseil des ministres. Je trouve cela
inacceptable pour les Québécois dans les circonstances
actuelles.
Un deuxième point, et je vais essayer d'être aussi bref.
Nous avons demandé au ministre, à plusieurs reprises, de se
prononcer ou de s'expliquer au moins sur la question de la politique de la
répartition ou la disponibilité de l'argent que nous avons tous
voté à l'unanimité à l'Assemblée nationale
pour, en quelque sorte, dépanner les membres des caisses d'entraide
économique. Le ministre, avec l'appui de l'Opposition, a
confectionné un plan de dégrèvements fiscaux pour les
sociétés d'entraide économique. Il n'a pas jusqu'ici
expliqué pourquoi cette même générosité n'est
pas disponible pour les membres des caisses d'entraide économique.
Maintenant, il a dit, la semaine dernière - il n'était pas bavard
sur le sujet et je le comprends - que dans la mesure où le gouvernement
se trouverait à être le liquidateur de dernier recours, il y avait
toujours une certaine possibilité dans ce contexte que les montants
nécessaires soient disponibles pour certaines des caisses vouées
inévitablement à la liquidation. Je ne demande pas au ministre
qu'il se prononce plus sur le sujet à moins qu'il ne soit pas d'accord
avec ma perception de cette question.
Troisièmement, on a mentionné la fédération
comme voie possible, comme modalité possible pour fournir aux
entraidistes une espèce d'appui financier qui ne leur ne serait pas
disponible s'ils choisissaient une autre voie que la société
d'entraide ou la liquidation. Il y a un gros problème avec la
fédération; personne ne sait vraiment quel est l'état des
livres de la fédération. On a une espèce de rapport
cauchemar de la Commission des valeurs mobilières, qui date,
déjà, de quatre ans et qui n'indique rien de bon pour ceux qui
espèrent qu'il y aurait possibilité de récupérer
quelque fonds que ce soit de la fédération. On sait que les
obligations de la fédération envers toutes et chacune des caisses
sont assez lourdes, assez importantes. Dans la mesure où il nous est
impossible de vraiment saisir l'essentiel de cette situation, je dois
présumer que c'est également impossible pour la plupart des
membres des caisses d'entraide, qui seraient appelés à
décider de leur propre avenir sans en savoir plus long sur une des
dimensions les plus importantes de leur choix, de leur situation. Je trouve
cela aberrant et extrêmement difficile de légiférer et de
décider dans un tel contexte.
Finalement - et je voudrais porter une attention particulière
à cette question - je constate que la population n'a jamais eu une
explication claire et nette du ministre à savoir pourquoi, dans
l'éventualité où une caisse d'entraide économique
déciderait de garder sa spécificité, de conserver la
formule coopérative, tout en s'affiliant avec le Mouvement Desjardins,
le ministre n'est pas prêt à envisager des
dégrèvements fiscaux. Je posais la question hier à
l'adjoint parlementaire qui avait la gentillesse d'accepter la question, mais
qui n'était pas habilité à répondre
là-dessus. Je m'explique mal pourquoi une institution qui conserverait
l'essentiel de sa fonction n'est pas une cible possible pour l'appui financier
de l'État, dans la mesure où le ministre, son gouvernement et
l'Opposition veulent absolument garder une capacité régionale de
financement des PME. Que ce soit par l'entremise de la Fédération
des sociétés d'entraide ou par le truchement du Mouvement
Desjardins, cela me semble tout à fait négligeable, non important
au point de vue d'une PME régionale qui a besoin de financement et au
point de vue d'un épargnant ou d'un membre d'une caisse d'entraide qui
opte dans un tel sens.
Je termine ici, mais je voudrais souligner à la commission qu'on
s'attend que le ministre, maintenant ou lorsqu'on discutera les articles
pertinents, soit en mesure de répondre à ces questions
spécifiques, surtout la question de la fédération et la
question de l'appui financier de l'État pour les caisses d'entraide qui
voudraient, tout en s'affiliant avec le Mouvement Desjardins, garder leur
spécificité.
M. Jacques Parizeau M. Parizeau: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Parizeau: ... je pourrais peut-être, effectivement,
répondre à ces quatre préoccupations du critique de
l'Opposition tout de suite et, ensuite, nous verrons, à partir de
là, où nous irons. À la suite de l'intervention du
député de Westmount, je me rends compte que, dans mes processus
de consultation, cela fait longtemps qu'on ne s'était pas parlé
tous les deux. Il commence à apparaître une sorte
d'incompréhension entre nous deux qu'il faut peut-être
clarifier.
Prenons, d'abord, la première question -c'est peut-être
celle qui m'embête le plus -que soulevait le député de
Westmount en disant que j'étais, semble-t-il, assez fermé aux
inquiétudes du milieu. Cela rejoignait certaines des choses que M.
Lambert disait tout à l'heure. Je n'aime pas beaucoup faire état
du fait que j'essaie de consulter le maximum de gens possible, que je reste
très ouvert et cela n'a rien à voir avec mes occupations du
moment; j'ai un bureau qui est très bien organisé sur ce plan.
J'essaie, quand même, de maintenir le contact avec tous les gens qui
veulent l'avoir, ce contact, et avec les groupes avec lesquels il me semble
nécessaire, quand ils sont directement
impliqués dans un projet de loi, d'avoir leur position et leur
réaction. C'est toujours un peu gênant de dire cela, mais
puisqu'on me met en cause sur ce plan je suis obligé quand même de
souligner pesamment certaines choses. (17 h 45)
Une des raisons pour lesquelles on a pris le temps qu'on a pris pour
déposer le projet de loi, c'est que comme toujours, dans des cas comme
ceux-là, on a eu des consultations avec les deux grands mouvements
impliqués. Bien qu'il puisse y avoir encore des réticences - on
s'en rend compte par certaines déclarations dans les journaux - il y a
eu sur le plan technique un travail absolument remarquable fait par toutes les
parties concernées.
Il y a eu un contact avec certains groupes de dissidents, comme on les
appelle communément. Je reconnais volontiers ce que disait M. Lambert
tout à l'heure. Je ne savais pas très bien quoi répondre
au premier télégramme et au seul télégramme qu'il
m'a envoyé jusqu'à cet après-midi, d'ailleurs, et qui se
lit ainsi - je le tire de leur propre document, je l'ai reçu le 16
février - "M. le ministre, décisions urgentes doivent être
prises concernant l'entraide. Vous avez maintenant l'initiative, mais pas le
monopole de l'action. Soyez assuré que nous sommes prêts à
assumer nos responsabilités suite à la confiance que nous ont
témoignée les membres de l'entraide. Prenez acte que notre
participation à toute solution est essentielle." Je n'ai pas eu d'autres
contacts jusqu'à ce que je reçoive le rapport qui est
entré à mon bureau mercredi dernier.
Vous voulez un contraste par rapport à cela? Un des
représentants du groupe communément appelé Forest, M.
Gosselin, a téléphoné deux fois au bureau, a eu avec un de
mes attachés de cabinet d'assez longues conversations, un certain nombre
d'éclaircissements, a été reçu à mon bureau
mercredi dernier. Ce n'est pas qu'on veuille se fermer à ces
choses-là, mais il faut qu'on se manifeste pour qu'on s'ouvre. Je tiens
ici à souligner cela pesamment, ce n'est pas une chose que je fais
habituellement, c'est toujours un peu gênant d'avoir à faire cela,
parce qu'on se trouve à parler de soi-même et de sa façon
d'agir, mais il faut reconnaître une chose, c'est que ceux qui veulent
avoir des discussions et des tractations avec le ministère et moi, les
gens de mon cabinet, ils en ont.
Sur le plan des consultations, chaque fois qu'on bouge - cela a
été vrai dans le cas des projets de loi 40 et 60 - les
consultations se font et doivent se faire. D'ailleurs, il serait inconcevable
qu'elles ne se fassent pas. Je déplore bien sûr qu'effectivement,
à cause du congé de Pâques, on soit, je le reconnais, un
peu bousculés. C'est dans ce sens que, quand le député de
Westmount me demande d'allonger un peu telle réunion, je le fais
volontiers. D'ailleurs, j'ai demandé qu'on reporte l'examen des
crédits du ministère des Institutions financières
justement pour ne pas se bousculer. Dans ce sens-là, les crédits
sont moins urgents, je sais que les leaders des deux partis en ont
discuté. Je pense que le projet que nous avons devant nous est plus
urgent que l'examen des crédits qui peut se faire n'importe quand, dans
le mois et demi qui vient.
Ceci étant dit, passons à la deuxième question qui
est une question de fond, celle des avantages fiscaux proposés dans la
loi 40 et répétés dans la loi 60. Il me semble qu'au fur
et à mesure que les jours et les semaines passent, il y a une sorte
d'ambiguïté qui apparaît et qu'il faut dissiper. Lorsque nous
avons abordé avec le Mouvement Desjardins, d'abord l'été
dernier et ensuite en décembre dernier, la possibilité d'un
arrangement global pour l'ensemble des caisses d'entraide, j'ai toujours
soutenu - j'ai eu l'occasion de le dire quelques fois en public et très
souvent en privé à l'occasion de ces tractations - que
j'étais tout à fait disposé à fournir au Mouvement
Desjardins -et ce n'était que de cela dont on discutait, d'ailleurs -
une sorte de filet de garantie contre des créances qui pourraient
devenir douteuses ou mauvaises au-delà de la perception que le Mouvement
Desjardins en avait. Je pense que c'était normal et inévitable
que je prenne cette position, d'une sorte d'assistance financière
à l'égard de Desjardins où on mettait ce filet en leur
disant: écoutez, vous n'avez évidemment pas une connaissance
aussi détaillée du portefeuille de chacune des caisses
d'entraide; comme mouvement, vous demandez une certaine protection au cas
où ce que vous découvririez serait pire que ce que vous pensez,
vous avez raison de demander, si tant est qu'un arrangement global... Vous avez
raison de demander ce genre de protection et le gouvernement s'entendra fort
bien pour vous en passer une. C'est très différent. Remarquez que
cela peut être tout aussi coûteux que des avantages fiscaux, mais
c'est d'une nature tout à fait différente, ce n'est pas un
arrangement fiscal du tout. Cela n'a jamais abouti, parce qu'un arrangement
global entre le Mouvement Desjardins et la Fédération des caisses
d'entraide n'a pas abouti. Je vous rappellerai qu'en décembre, pour une
deuxième fois d'ailleurs, le Mouvement Desjardins dit: Je me retire du
dossier. S'il se retire du dossier, il est évident qu'il n'y a plus de
solution globale, il n'y a plus de filet à poser.
Avant d'aborder la suite des événements, est-ce qu'on
pourrait imaginer que les avantages fiscaux analogues, mettons crédits
d'impôt ou épargne-actions, puissent
être proposés à des caisses aux membres de caisses
Desjardins ou de caisses d'entraide qui se transformeraient en caisses
Desjardins. Nous le savons, non pas depuis six mois, mais depuis deux ans ou
deux ans et demi que ce n'est pas possible. Nous en avons discuté
longuement au sommet sur la coopération, tout à fait en dehors du
contexte des caisses d'entraide, ce n'est pas faisable pour une raison qui
s'explique fort bien, c'est qu'il n'y a presque pas de parts sociales dans une
caisse pop. Les gens deviennent membres d'une caisse pop à 5 $ ou 10 $;
d'autre part, c'est encaissable en tout temps, cela peut être
remboursé sur demande. D'une part, on ne s'imagine pas tenir un registre
d'épargne-actions pour des actions de 5 $, cela deviendrait
délirant comme paperasse, et donner un avantage fiscal de - je ne sais
pas - 1,25 $; c'est impensable. D'autre part, le fait que le Mouvement
Desjardins insiste beaucoup, enfin jusqu'à maintenant, il a toujours
beaucoup insisté pour que ses parts sociales puissent être
rachetées sur demande, ce qui cause un problème
d'équité fiscale très sérieux, même si
quelqu'un, au lieu de prendre une part sociale à 5 $, en prenait pour
500 $, mais pour obtenir un avantage fiscal là-dessus en demande le
remboursement 15 jours plus tard, en rachète une autre, pour avoir un
avantage fiscal là-dessus, la fait rembourser 15 jours plus tard et
demande le même avantage fiscal, ce serait une sorte d'évasion
fiscale légitimée qu'on ferait; ce serait impensable. Pour que le
Mouvement Desjardins puisse profiter de choses comme l'épargne-actions,
il faut qu'à un moment donné apparaisse dans le Mouvement
Desjardins une forme, non exclusive bien sûr, de part sociale ou de
capital social, si vous voulez, qui a une certaine permanence. Pas
nécessairement la permanence du capital-actions d'une compagnie, mais en
tout cas, un certain degré de permanence. D'ailleurs, les discussions
avec le Mouvement Desjardins, indépendamment de la question des caisses
d'entraide, sont assez avancées à cet égard. Je ne sais
pas si elles aboutiront, mais, au moins, j'allais dire, même si on ne
s'entend pas toujours sur les solutions, on se comprend et qu'on ne pourra
faire aboutir ces avantages fiscaux dans le mouvement des caisses pop que
lorsqu'il représentera une certaine forme de capital permanent. Je
rappelle cependant que les avantages fiscaux dont nous parlons sont toujours
disponibles pour des corporations appartenant aux caisses d'épargne et
de crédit ou au Mouvement Desjardins. Le Mouvement Desjardins dirige un
assez grand nombre de sociétés. Si ces sociétés
veulent faire des émissions d'actions ou de parts sociales permanentes,
évidemment, l'épargne-actions leur est accessible depuis le
début d'ailleurs. Il ne faut pas poser la question, au point où
nous en sommes à l'heure actuelle, et se dire: Les avantages fiscaux que
vous donnez à des caisses d'entraide qui se transforment en
sociétés d'entraide, donnez-les donc à des caisses
d'entraide qui se transformeront en caisses populaires. Pour les raisons que
j'ai indiquées, non seulement ce n'est pas pensable aujourd'hui, mais
cela n'a jamais été dans le portrait, même lorsque nous
étions en bonne voie - on l'espérait, à ce
moment-là - d'en arriver à une solution globale avec le Mouvement
Desjardins. L'aide financière dont on parlait à cette
époque-là était d'une nature différente. Ce dont
nous parlions, et au Mouvement Desjardins et nous, la nature de l'aide à
apporter en cas de situation globale, cela a toujours été
très clair et pour Desjardins et pour nous que c'était un
filet.
Évidemment, par la suite, je tiens compte de ce qui s'est
passé au cours des derniers mois; le Mouvement Desjardins a
absorbé quelques caisses d'entraide et les a transformées en
caisses populaires; alors, je pense ici à des cas comme L'Assomption,
à Beauce-Nord, mais surtout à Beauce-Nord qui a établi une
sorte de pattern, et ensuite la proposition qui a été faite
à Chauveau. Il faut bien comprendre que ce n'est plus une solution
globale qui était présentée à ce moment-là.
C'était un arrangement que le Mouvement Desjardins faisait avec des
caisses d'entraide une à une et, dans ce cas-là, puisqu'ils
faisaient leur proposition après avoir bien examiné les dossiers
de la caisse en question, ils n'ont même jamais soulevé la
question d'une aide financière ou d'un filet dans ces cas-là.
Lorsque les caisses pop disent: Le modèle Beauce-Nord va servir
dans d'autres cas, vous remarquerez que la question d'une aide
financière ou d'un filet financier n'apparaît nulle part à
ce moment-là, parce que là, il est évident que, dans cette
optique, le Mouvement Desjardins choisit, il choisit en fonction de
l'évaluation qu'il fait du portefeuille des caisses qui
l'intéressent.
D'ailleurs, lorsque apparaît l'optique de la loi no 60 que nous
avons devant nous, les caisses, le Mouvement Desjardins va dire, et je pense
que c'est très logique de sa part, que, compte tenu de la voie
législative que l'on va prendre, il préférerait non pas
faire des offres à toutes les 48 caisses d'entraide, mais à un
certain nombre d'entre elles, et je pense qu'il l'a répété
publiquement récemment. On disait qu'il y aurait des offres qui seront
faites, mettons, à trois douzaines de caisses, 30 à 35 caisses
d'entraide, et cela se compare, c'est en somme, de leur point de vue, la
poursuite, en élargissant, de la formule Beauce-Nord.
Implicitement, qu'est-ce que cela veut dire? Cela veut dire que tout ce
qui ne sera pas réglé devra l'être par le ministère
des Institutions financières. Au bout du compte,
qu'est-ce qui va se produire? Il y aura des caisses d'entraide qui
seront transformées en sociétés d'entraide, il y a des
caisses d'entraide qui sont devenues des caisses pop et le reste, c'est le
gouvernement qui aura à s'en occuper. Alors, comme je le disais en
Chambre récemment: Le filet, où est-ce qu'on en a besoin à
l'heure actuelle? Au gouvernement puisque c'est lui qui va finalement fermer
toutes les portes, et puis arranger tout ce qui reste.
Sur ce plan-là... Je pense que ces précisions
étaient importantes. M. le député de Westmount disait:
Enfin, est-ce que le ministre pourrait s'expliquer clairement quant aux
diverses formes d'aide fiscale ou financière, etc? J'ai essayé
d'être aussi précis que je pouvais l'être
là-dessus.
Troisième question, la question des livres de la
fédération. J'ai ici un certain nombre de copies des états
financiers de la fédération jusqu'au 28 février 1982; je
suggérerais peut-être que cela soit distribué; la seule
raison, soit dit en passant, pour laquelle je n'ai pas fait distribuer cela
à l'Opposition jusqu'à maintenant, c'est que cela vient de
m'être demandé. Je comprends que c'est le chef de l'Opposition qui
le demandait hier à l'occasion de son discours en deuxième
lecture. Je suis tout à fait disposé dès aujourd'hui
à faire distribuer ces états financiers de la
fédération, mais là encore, ce n'est pas une question de
dire: Le ministre cherche à cacher des choses; le chef de l'Opposition
hier a dit: Je pense que ce serait important qu'on les connaisse; voilà,
bien sûr. (18 heures)
Quatrième question. Elle est intéressante, la question du
député de Westmount. Mettons qu'une caisse d'entraide veut garder
sa spécificité et que, supposons, l'union régionale dont
elle relèverait chez les caisses pop accepterait une
spécificité industrielle et commerciale, pourquoi cette caisse
d'entraide ne pourrait-elle pas disposer des avantages fiscaux, d'autre part?
La façon dont je répondais à la deuxième question
indique, je pense, déjà la réponse à cette
dernière question. C'est que, même si la caisse d'entraide en
question garde sa spécificité, elle va être régie
par la Loi sur les caisses d'épargne et de crédit. Elle va
fonctionner sur le plan de son financement comme une caisse pop. Au bout de X
temps, ce qu'il va y avoir comme part sociale, ce sera le genre de part sociale
qu'on trouve dans les caisses pop. Évidemment, les modes de financement
peuvent être différents dans la mesure où, j'imagine,
l'union régionale demanderait un "matching" entre les
dépôts à terme, l'échéance des
dépôts et le type de prêts qui seront faits dans cette
caisse qui garde sa spécificité. Il y aura une sorte
d'appariement, en somme, de conditions d'appariement qui se refléteront,
j'imagine, dans la façon dont les dépôts seront recueillis,
mais, fondamentalement, le financement de l'opération sera encore fait
avec des parts sociales remboursables en tout temps et probablement
représentera un montant d'argent qui n'est pas très important. La
réponse que je donnais tout à l'heure s'applique dans ce cas.
J'irai plus loin. La question que posait M. le député de
Westmount n'est pas théorique du tout. Je vous avouerai que c'est l'une
des choses qui me désolent le plus. C'est là-dessus que je vais
terminer. J'ai déjà été trop long, M. le
Président. C'est l'une des choses qui me désolent le plus, dans
le cheminement des huit derniers mois, que de voir qu'enfin le Mouvement
Desjardins, depuis quelques semaines, reconnaît que l'argumentation que
nous tenions avec eux dans toutes nos négociations, qu'il fallait
maintenir une spécificité des caisses d'entraide, même
à l'intérieur de leur propre mouvement, dans le sens du
crédit industriel et commercial -nous avons eu l'occasion d'en discuter
ici en commission à plusieurs reprises - était fondamentale, que,
même sur le plan opérationnel, il serait très difficile de
chercher à fusionner une grosse caisse d'entraide avec une petite caisse
pop locale de l'autre côté de la rue, dans le même village
ou dans la même ville, qu'ils auraient des problèmes de
fonctionnement épouvantables, s'ils cherchaient à fusionner,
qu'il valait mieux chercher à garder les caisses d'entraide dans leurs
spécificité industrielle et commerciale, quitte à ce que
cela serve de comptoir à cet égard pour toutes les caisses pop
des environs.
Nous avons discuté cela pendant des heures, au mois de
décembre. À ce moment-là, l'impression qu'on avait,
à l'égard du Mouvement Desjardins, c'est qu'il voulait vraiment
fusionner. Là, on constate depuis quelques semaines qu'il se range
à notre argumentation. Il est clair qu'un certain nombre de propositions
qu'il est en train de faire à l'heure actuelle à un certain
nombre de caisses d'entraide sont justement destinées à maintenir
la spécificité. Cela va tellement loin, comme vous le noterez,
que, dans le projet de loi 60, on n'envisage même pas de fusion. C'est
tout à fait désolant de penser que si cette idée de la
spécificité des caisses d'entraide avait été
reconnue en juin dernier, en décembre dernier, toute cette question
aurait pu amener un règlement global entre les caisses d'entraide, d'une
part, et le Mouvement Desjardins, d'autre part. Cela ne sert à rien de
pleurer sur un chat mort. Que la vertu finalement finisse par triompher, c'est
très bien; tout ce que je déplore un peu, c'est qu'elle ait
triomphé si tard.
Le Président (M. Desbiens): M. le
député de Westmount.
M. Richard French
M. French: M. le Président, très brièvement,
dans à peu près le même ordre d'idées, le ministre a
fait valoir cette difficulté, en prenant connaissance et en
étudiant la proposition du Regroupement provincial des entraidistes,
parce que le rapport ou le mémoire de cet organisme lui est parvenu
aussi récemment que la semaine dernière. Je voudrais simplement
dire - je pense que cela dit tout - que ce n'est pas plus facile
d'étudier un projet de loi aussi complexe lorsque ce projet de loi nous
est arrivé aussi tard que la semaine dernière. Il n'y a pas deux
façons. C'est extrêmement difficile pour les intervenants, pour
l'Opposition, enfin pour tous ceux et celles qui s'y intéressent de
vraiment prendre connaissance et de faire une étude approfondie du
projet de loi dans les circonstances actuelles.
Un deuxième point, je ne veux que dire un mot au ministre quant
à ses relations avec les groupes dissidents. Je ne voudrais pas
réduire cette observation que j'ai faite seulement à cette
dimension de la question, mais M. Forest, qui, paraît-il, a
été bien reçu à son bureau, etc., m'a tenu au
téléphone hier soir pendant deux heures, se plaignant du
traitement qu'il a reçu. Je pense que les gens comprennent très
bien que le ministre des Finances et des Institutions financières et
Coopératives a d'autres choses à faire que de rencontrer, les uns
après les autres, les individus qui sont pris avec ce
problème-là. Ce n'est vraiment pas ce point précis que je
voudrais faire ressortir, mais cette espèce d'entracte prolongé
qui arrive dans le drame entre le 23 février et le 30 mars, pendant
lequel c'était extrêmement difficile pour les gens de faire
avancer leurs idées, d'examiner les idées du ministre parce
qu'elles ont été livrées d'une façon
générale et que, cinq semaines après, on donne quelques
heures au Parlement pour en faire l'étude et on arrive avec le projet de
loi. Je n'en dis pas plus là-dessus, mais je dois dénoncer encore
une fois ce problème qui fait en sorte que c'est très difficile
de faire notre devoir en tant que parlementaires.
Deuxième point, je pense que notre différence se
réduit à la suivante: le ministre évoque les
difficultés de trouver les modalités de financement quant aux
caisses d'entraide qui voudraient, en s'affiliant avec le Mouvement Desjardins,
garder leur spécificité. Pour lui, c'est un problème de
modalités. Il regrette et en quelque sorte il blâme - pour
ça, il a peut-être raison - le Mouvement Desjardins de ne pas
avoir été à la hauteur de la situation il y a deux ou
trois mois et de ne pas avoir été suffisamment flexible pour
faire en sorte qu'à ce moment de l'évolution du dossier le
ministre serait bel et bien en mesure de fournir les mêmes avantages ou
le même appui financier à une caisse d'entraide Desjardins, si
vous voulez, pour ainsi identifier le genre d'animal dont on parle.
L'Opposition est prête à accepter l'argumentation du
ministre qui veut que, dans certains cas, les caisses pop choisissent les
meilleures et fassent des offres, modèle Beauce-Nord, parfait. Mais le
cas me préoccupe encore dans la mesure où il me semble que,
chaque fois qu'on parle de cette question, le ministre répond par un
argument qui identifie le Mouvement Desjardins comme tel comme
bénéficiaire de l'appui de l'Ftat, alors que, dans l'optique de
l'Opposition - et je crois que c'est une bonne optique -finalement, ce sont les
épargnants. L'objectif, c'est de garder la confiance dans les
institutions financières et surtout dans les institutions
financières qui sont appelées à jouer ce rôle
clé qu'on a connu, dans les années passées, dans les
caisses d'entraide économique.
Très brièvement, M. le ministre, on peut peut-être
être d'accord pour être en désaccord là-dessus, mais
ne serait-il pas possible, par exemple, pour une caisse d'entraide
économique, en s'affiliant ou en devenant une succursale du
crédit industriel Desjardins, qui a une structure capitaliste, à
moins que je ne m'abuse, d'utiliser, justement, cette modalité?
Deuxièmement, est-ce qu'on peut prendre pour acquis qu'il est
carrément impossible, vu la philosophie quant aux parts sociales du
Mouvement Desjardins, d'envisager aucun mécanisme -avec toute
l'expérience et l'habileté du ministre dans des questions
pareilles, je me demande s'il s'est vraiment creusé la tête
là-dessus - en dehors des structures capitalistes, pour donner une aide
financière quelconque?
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, quelques observations
brèves. Je pense que le député de Westmount n'a pas
très bien compris ce que je voulais dire au sujet des allusions que je
faisais, entre autres, quand je parlais de certains groupes de dissidents. Ce
n'est parce que j'ai reçu le mémoire mercredi dernier qu'on n'a
pas pu passer à travers et l'examiner. Ce n'est pas ça que je
veux dire. C'est que, sur le plan des contacts téléphoniques, des
rencontres, etc., si le premier contact que j'ai c'est la réception d'un
document mercredi dernier, il ne faut pas trop m'en vouloir. Ce que je donnais
comme exemple, essentiellement, c'est que
les gens qui ont voulu me rejoindre, qui ont
téléphoné pour demander un rendez-vous sur ces
choses-là, qu'est-ce que vous voulez, on les a reçus. Ce n'est
pas M. Forest, d'ailleurs, qu'on a reçu; c'est un M. Gosselin qui
représentait un groupe de la caisse de Longueuil - ça va
jusque-là - qui appartient au mouvement de M. Forest et qui a
demandé à être reçu. Il y a eu deux coups de
téléphone et il a demandé des éclaircissements, des
explications de certaines choses, il est venu nous voir. Encore une fois, c'est
toujours un peu gênant de dire que le bureau est ouvert mais il est
ouvert; encore faut-il que les gens viennent. Si tout le monde part du principe
qu'exprime le député de Westmount, cet homme-là est
tellement pris qu'on ne peut pas le voir, eh bien évidemment personne ne
vient. Je dois dire que ceux qui veulent venir, ils me voient, ils voient mon
sous-ministre, ils voient l'attaché de mon cabinet qui s'occupe du
dossier.
Revenons à la dernière question de fond qui est
très intéressante. Là encore, je n'ai pas d'objection
qu'on s'entende pour ne pas s'entendre, mais au moins il faut savoir pourquoi
on ne s'entend pas. Ce que je disais, c'est que dans la mesure où une
caisse d'entraide garde sa spécificité à
l'intérieur du Mouvement Desjardins, comme ça va se produire,
ça ne rend pas plus facile l'application, par exemple,
d'épargne-actions pour les raisons que j'ai dites, parce qu'elles sont
capitalisées d'une façon qui ne permet pas ça, même
si elles gardent leur spécificité. Ce que cela aurait permis,
c'est que si le maintien de cette spécificité avait
été accepté en décembre dernier, il y aurait eu
entente globale entre les deux mouvements. C'est là-dessus que cela a
achoppé. Parce qu'il y aurait eu entente globale entre les deux
mouvements en décembre, le Mouvement Desjardins, comme il le faisait
depuis déjà quelque temps, m'aurait dit: Votre filet, il faut le
poser, l'aide financière posez-la. J'aurais dû dire
évidemment: Oui, je la pose, je pose le filet. À ce
moment-là, je suis d'accord avec le député de Westmount,
poser le filet je le pose à l'égard de la
Fédération des caisses populaires Desjardins mais je sais bien
que c'est dans l'intérêt direct des membres et de Desjardins et
des caisses d'entraide. Tout ce que je voulais dire, c'est qu'on finit par
reconnaître une spécificité maintenant qui, grand Dieu,
acceptée en décembre, aurait permis de régler la crise par
une entente globale entre les deux mouvements. Je ne pouvais pas faire
autrement que de regretter que cela vienne si tard, je n'irai pas plus loin que
ça.
M. French: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Westmount.
Discussion générale
M. French: J'ajouterai tout simplement ceci, parce que je ne suis
pas encore tout à fait éclairci là-dessus. Il est
très clair qu'il y a trois mois on parlait d'une espèce de filet
de sauvetage, une garantie, que c'était une modalité entre autres
pour utiliser les 90 000 000 $ et que tout aurait marché très
bien si M. Blais ou la fédération avait accepté à
ce moment-là une solution globale pour garder la
spécificité. Donc, une solution en dehors des modalités
des dégrèvements fiscaux etc., était envisageable à
ce moment-là.
M. Parizeau: Non, pas de moyens fiscaux.
M. French: Je comprends; d'autres modalités que les
dégrèvements fiscaux auraient été envisageables
à ce moment-là.
M. Parizeau: C'est ça.
M. French: Elles ne sont pas envisageables maintenant parce qu'on
parle d'un processus essentiellement de morcellement, de cas individuels. M.
Blais, par contre, n'est pas tout à fait convaincu, parce qu'il
revendique encore l'aide financière de l'État et il
soulève la possibilité de la transformation d'une caisse
d'entraide économique qui se fusionnerait avec Desjardins dans une
succursale du crédit industriel Desjardins par exemple. Le ministre
pourrait-il toucher spécifiquement cette éventualité?
M. Parizeau: M. le Président, je pense que le
député de Westmount a raison. Si, là encore, le
crédit industriel Desjardins avait servi - je dis avait servi parce que
cela a été longuement examiné mais il y a longtemps - de
maison mère à des affiliations directes de caisses d'entraide en
région, effectivement, l'épargne-actions, on n'avait même
pas besoin de le mettre dans une loi, c'est la loi générale de
l'épargne-actions qui s'appliquait automatiquement. Si d'autres
éventuelles structures comme celles-là apparaissaient la Loi sur
les impôts s'appliquerait automatiquement sauf qu'il faut
reconnaître que c'est, à l'heure actuelle, au moment où on
se parle, assez hypothétique. La solution crédit industriel
Desjardins a été abandonnée comme solution globale. Elle a
été abandonnée en septembre dernier. Cela apparaît
aujourd'hui dans une sorte de cas un peu hypothétique. À supposer
que cela apparaisse à la dernière minute, cela tomberait sous le
chapitre IV ou V, les autres solutions. Je dois dire que pour le moment, c'est
vraiment une hypothèse
académique. (18 h 15)
M. French: M. le Président, c'est peut-être une
hypothèse académique pour le ministre des Institutions
financières et Coopératives, mais aussi récemment que le 5
avril, dans un article publié dans le Devoir du 6 avril, M. Blais a
spécifié trois options pour un choix Desjardins de la part des
membres d'une caisse d'entraide économique: d'abord la fusion avec une
caisse populaire, avec les implications que le ministre a
évoquées; deuxièmement, le maintien de la caisse
d'entraide comme entité autonome, avec les implications que le ministre
a évoquées, encore une fois, négatives quant à
l'appui financier de l'État; troisièmement, la transformation en
une succursale du Crédit industriel Desjardins.
Ma question est la suivante: Supposons qu'un certain nombre de caisses
inévitablement, ce seraient les caisses d'une certaine grandeur et d'une
certaine importance - soient prêtes à envisager une transformation
en une succursale du Crédit industriel Desjardins, le ministre serait-il
prêt à faire le nécessaire, y compris peut-être un
projet de loi de dernière minute au début du mois de mai, sur
lequel l'Opposition serait prête - si c'est nécessaire, encore une
fois - à coopérer? Serait-il prêt à envisager
l'utilisation de dégrèvements fiscaux, d'autres modalités,
des ajustements aux dégrèvements fiscaux existants, si
nécessaire, pour encourager ces caisses à garder leur
spécificité et ne pas disparaître dans un réseau de
caisses pop que le ministre trouve insuffisamment attentif aux besoins des
PME?
M. Parizeau: Quand je parlais d'hypothèses
académiques, c'est pour la raison suivante. C'est une chose de soulever
des possibilités dans une conférence de presse ou à
l'occasion d'une déclaration, c'en est une autre de traduire cela par
des offres concrètes. Je ne vois pas, à l'heure actuelle,
d'offres concrètes du genre CID. S'il y en a qui apparaissaient, avec
les avantages fiscaux prévus par la loi générale, à
mon sens, advenant qu'il y ait un ajustement quelconque à faire à
une loi fiscale, on n'aurait probablement pas besoin d'un projet de loi, il
suffirait d'une déclaration ministérielle. Dans le domaine
fiscal, quand on aborde quelque chose de rigoureusement fiscal, il suffit de
faire une déclaration ministérielle en Chambre et
voilà!
M. French: Je ne peux qu'ajouter que je suis prêt à
accepter que le député de Westmount parle parfois d'une
façon trop académique, mais je ne suis pas prêt à
dire que M. Blais le fait lorsqu'il parle. Je pense qu'il parle sur un dossier
extrêmement sérieux.
M. Parizeau: Non, c'est une proposition.
M. French: Dans la mesure où il évoque cette
possibilité comme étant sérieuse, le ministre est
prêt à s'engager à discuter la possibilité de
l'application de la loi ou des règlements ou à faire une
déclaration ministérielle afin que ces gens puissent
bénéficier des possibilités dont on a discuté. Je
veux tout simplement dire que c'est un peu le problème - on dit qu'il
n'y a pas eu d'offre concrète ou spécifique dans cette direction
- de l'oeuf et du coq. Si le ministre ne se montre pas suffisamment flexible et
ouvert - il me dit que la loi actuelle le permet... C'est important. Je compte
que c'est du progrès si le ministre se déclare publiquement, en
principe, pour une telle démarche et qu'il va faire son possible dans la
mesure où il est satisfait que la requête est légitime, que
les dégrèvements fiscaux seraient disponibles dans ce
domaine.
M. Parizeau: M. le Président, je dirai cependant au
député de Westmount que, dans la mesure où la direction du
Mouvement Desjardins songeait sérieusement à faire
apparaître une possibilité comme celle-là et qu'elle
était disposée à explorer des avantages fiscaux qui
pourraient découler de cela, j'imagine qu'elle ferait ce qu'elle a
toujours fait dans des cas analogues, c'est-à-dire nous appeler tout de
suite en disant: Qu'est-ce que vous en pensez? Comment cela va-t-il se
présenter? Il faut bien comprendre qu'au niveau de mouvements comme
ceux-là, le moindrement qu'un problème apparaît, nous
sommes en communication téléphonique à peu près
quotidiennement. Il va de soi que j'examinerais la chose. Un de mes conseillers
dans ce dossier me signale simplement une chose à laquelle il faut faire
attention, toujours sur le plan de l'application des lois de l'impôt,
c'est: Comment cela se ferait-il? Par émission d'actions ou par
transfert d'actifs? Sur le plan de la loi de l'impôt, cela n'a pas la
même signification. Je ne peux pas prendre une sorte d'engagement urbi et
orbi aujourd'hui. Tout ce que je peux dire, selon la façon dont cela se
ferait, c'est que, si la direction du Mouvement Desjardins est
sérieusement intéressée à examiner cette
espèce de troisième voie, bien sûr que j'examinerais cela
avec eux. Ce serait incorrect de ne pas le faire.
M. French: J'ajouterais juste ceci. Je ne suis pas aussi
convaincu que la collaboration est aussi étroite que le ministre le dit.
Je pense que la collaboration était étroite sur le plan
technique. Je ne suis pas convaincu qu'elle est si étroite que cela sur
le plan politique, grosso modo. Je remarque que le ministre lui-même
était, je pense, à moins que je ne m'abuse, étonné
de voir que M. Blais avait aussi soulevé cette possibilité
récemment. On sait qu'il était occupé ailleurs,
encore une fois.
Dans la mesure où nous aurons à discuter un projet sous le
chapitre 4, je voudrais tout simplement aboutir avec une espèce de
post-scriptum qui demandera, à ce moment, que le chapitre 4 soit
amendé pour permettre au ministre lui-même de refuser un projet
qui lui a été présenté après
l'échéance, mais de ne pas lier les mains du ministre face
à un tel projet. C'est ce qu'on va discuter lorsqu'on discutera
l'article, mais...
M. Parizeau: Quand on y arrivera.
M. French: ... je voudrais... Parce que je le
répète, peut-être que je me trompe, peut-être
qu'à l'extérieur du dossier, je suis innocent face aux
démarches qui se font autour de cette question, mais je ne pense pas que
ce qu'on a vu depuis quelques mois me convainque totalement que la
collaboration est aussi bonne que le dit le ministre. Dans la mesure où
ces incitations financières sont disponibles, je vois une porte
intéressante pour une caisse d'entraide en santé qui ne voudrait
pas embarquer avec la Fédération des sociétés
d'entraide. Je suis content que le ministre envisage au moins, en principe, que
cette voie soit disponible.
M. Parizeau: M. le Président, je dois conclure
là-dessus qu'il serait insensé qu'on n'examine pas tout ce qui se
présente. Je ne suis pas certain qu'on puisse établir une sorte
de distinction entre technique et politique dans les rapports que nous
entretenons avec les mouvements en question. Vous savez, dès qu'il
s'agit de déterminer comment une proposition concrète doit
être faite ou peut être faite et quelle caractéristique
cette proposition financière comporte, je pense que le
député de Westmount a tous les moyens de confirmer avec tous les
intéressés que le mode de collaboration est très
étroit. Non seulement très étroit, mais très
fréquent.
Étude article par article
Le Président (M. Desbiens): J'appelle l'article 1. Est-ce
que l'article 1 est adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-ce que
l'article 2 est adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-ce que
l'article 3 est adopté?
M. French: Le ministre pourrait-il expliquer
précisément ce qui est envisagé là- dedans?
M. Parizeau: Essentiellement ceci. C'est qu'on ne veut pas - je
pèse mes mots - voir apparaître in extremis des propositions
vagues, pas chiffrées, non prévues où que ce soit dans la
loi; cela va sans dire. Cet article ne serait peut-être pas absolument
nécessaire. Cela va sans dire, mais ça va mieux en le disant.
M. French: J'aurais pensé que les provisions du chapitre 4
étaient assez rigoureuses là-dessus, mais d'accord,
adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 3, adopté.
Est-ce que l'article 4 est adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 4 est adopté.
Est-ce que l'article 5 est adopté?
M. Parizeau: C'est sensiblement le même article que celui
dans la loi 40.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 5, adopté.
Est-ce que l'article 6 est adopté?
M. French: M. le Président, quel est le mécanisme
par lequel on convoque ces assemblées d'information?
M. Parizeau: C'est au choix. Il y a une procédure
prévue en vertu de laquelle un certain nombre de gens peuvent demander
une assemblée, le secrétaire la reçoit et il doit envoyer
un avis cinq jours avant l'assemblée.
M. French: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Westmount.
M. French: Dans le cas où un groupe de dissidents serait
refusé dans une telle démarche, quel recours aurait-il?
M. Parizeau: Un mandamus.
M. French: Je comprends que c'est difficile de faire autrement,
mais je soulignerais au ministre que ce mécanisme s'est
révélé assez difficile à faire fonctionner avant le
14 février. Il s'agissait de réunions ou d'assemblées
où il y avait plus en cause que seulement de l'information, mais je
m'étonne là-dessus, dans le contexte de l'article 7. Pour
protéger la légitimité de la démarche, je
recommanderais au ministre ou à ses fonctionnaires de mettre, dans la
mesure du possible, de la pression morale sur la Fédération des
sociétés d'entraide, si c'est
bien le bon mécanisme, sur les conseils d'administration locaux
afin qu'ils respectent cet article et le suivant; c'est extrêmement
important.
M. Parizeau: C'est peut-être plus important pour l'article
suivant que pour celui-ci. Au fond, le sens de l'article 6, c'est qu'on ne peut
pas, d'une part, dire aux gens de choisir entre un, deux, possiblement trois et
quatre et, d'autre part, avoir, à travers cela, des assemblées
pour modifier soit la structure de la caisse, le changement d'affiliation etc.
Il y a un scrutin qui est prévu. On ne peut pas avoir, en même
temps que le scrutin, trois jours avant ou trois jours après, des
assemblées qui défont le scrutin ou qui l'anticipent.
Je pense que ce que le député de Westmount soulève
surtout comme problème, si je vous comprends bien, c'est l'article
7.
Le Président (M. Desbiens): L'article 6 est-il
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article 7.
M. French: L'article 7, on se comprend, des deux
côtés de cette commission, il y a un problème. Je ne peux
blâmer ni la loi 40 ni le gouvernement pour le problème. Mais vu
l'espèce de moratoire sur la réunion, je voudrais demander au
ministre ce qu'il va faire, d'ici au 15 avril, pour assurer que les
démarches nécessaires seront respectées. On peut soulever
le cas de Longueuil. Je pense que c'est dans l'intérêt de la
Fédération des sociétés d'entraide, parce que dans
la mesure où on change un conseil d'administration pour mieux
refléter les sentiments de tous les membres, dans la mesure où on
le change et où on le transforme en un mécanisme vraiment
susceptible de créer une espèce de consensus, parce qu'il est
plus représentatif, cela ne peut qu'aider un choix pris en toute
conscience et en toute tranquillité. Or, cette espèce de
protectionnisme qui règne dans certains conseils d'administration, qui
refuse les requêtes et les demandes de convocation d'une assemblée
spéciale en bonne et due forme, n'aide pas du tout la situation.
D'ailleurs, il détourne l'attention des gens sur des questions qui ne
devraient pas être si importantes et des questions qui sont critiques,
c'est-à-dire l'avenir de leurs épargnes.
M. Parizeau: M. le Président, je dois dire que je
comprends fort bien ce que veut dire le député de Westmount. La
difficulté, encore une fois, - je parle du rôle du
législateur ou de l'administrateur public -c'est de pouvoir faire plus
qu'exercer une sorte d'autorité morale. C'est toujours extrêmement
embêtant de dire aux gens: Respectez donc la loi, grand Dieu! Ce n'est
pas facile de légiférer sur la vertu, la bonne volonté ou
la confiance mutuelle. C'est à ce niveau que cela se présente.
(18 h 30)
Je sais très bien qu'il y a eu des mesures dilatoires dans le cas
de certaines caisses d'entraide pour retarder des assemblées, utiliser
des vices de forme parfois même mineurs; toutes espèces de
tactiques ont été utilisées. Je pense qu'avec ce
délai de cinq jours, dans la mesure où certaines
assemblées doivent se tenir, elles pourront se tenir. Tout ce que je
peux dire au député de Westmount, c'est que je m'engage à
en surveiller le déroulement d'aussi près que nous le pouvons,
compte tenu, encore une fois, que c'est bien difficile de
légiférer la bonne volonté, la vertu et la confiance
mutuelle.
M. French: Je dirai simplement au ministre que je comprends sa
situation difficile. Je lui dirais quand même que les membres du
personnel d'Alma ou de la Fédération des sociétés
d'entraide ne devraient pas être indifférents face à ces
démarches. Ils doivent voir absolument à ce que leurs conseils
d'administration locaux suivent la lettre de la loi. Adopté, M. le
Président.
Projet de transformation en société
d'entraide économique
Le Président (M. Desbiens): L'article 7 est adopté.
Est-ce que l'article 8 est adopté? C'est au chapitre II, section I.
M. French: Adopté, M. le Président
Le Président (M. Desbiens): L'article 8 est adopté.
Est-ce que l'article 9 est adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-ce que
l'article 10 est adopté?
M. French: Je dois présumer que, dans les projets de
transformation dont on peut lire les questions à l'article 10, les
échéances et les taux, etc., sont inchangés. Non, ce n'est
pas vrai. Je vois le sous-ministre qui indique qu'il y a certains
changements.
M. Parizeau: En principe, non. Il n'y aura pas de changements sur
les échéances et sur les taux. Il peut, cependant, y avoir des
modifications, mais qui seraient justifiées essentiellement par ceci:
c'est que des faits existants au moment de l'établissement des plans de
transformation ne sont venus à la
connaissance que plus tard.
M. French: C'est réconfortant pour les membres des caisses
qui ont accepté le plan et qui n'ont maintenant pas le choix.
M. Parizeau: Non. C'est le déroulement normal des
affaires. Je veux dire par là que cela a trait essentiellement à
la nature des prêts. Est-ce qu'une chose classée à ce
moment-là comme une créance douteuse était en fait une
bonne créance? Cela peut jouer dans les deux sens.
M. French: Espérons que cela joue toujours dans ce
sens.
M. Parizeau: Au fur et à mesure que le temps passe, dans
n'importe quelle entreprise, on sait bien...
M. French: On apprend des choses.
M. Parizeau: II ne faut pas nier la vie ou simplement l'ordre
normal du commerce. Il y a des choses qui chanqent sur ce plan. C'est la seule
raison. Pour le reste, les plans restent les mêmes.
M. French: Grosso modo, les plans restent les mêmes. Il y a
les cas exceptionnels, mais pas beaucoup où on a appris des choses. Dans
la mesure où il est nécessaire de modifier des projets de
transformation en conséquence, on va le faire. Ce serait approuvé
par le ministre dans tous les cas.
M. Parizeau: C'est cela. Uniquement pour mettre les membres au
courant, parce qu'il y a une sorte d'obligation morale de le faire.
M. French: D'accord.
Le Président (M. Desbiens): L'article 10 est
adopté. Est-ce que l'article 11 est adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 11 est
adopté. Est-ce que l'article 12 est adopté?
M. French: Est-ce que vous pouvez demander au ministre ce que
l'article 12 veut dire précisément?
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Parizeau: Que d'aucune façon, cela ne peut changer les
ratios de capitalisation, 25%, 30%, 35% ou 40%.
M. French: C'est à dire que les échéances
peuvent changer, les taux de rendement peuvent changer, mais pas le ratio.
M. Parizeau: Pas le ratio capital-dépôts.
M. French: Je suis curieux de savoir pourquoi ce n'est pas
affecté par les faits nouveaux. En tout cas, adopté.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 12 est
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens); À l'article 13, il y a
un amendement...
M. Parizeau: II y a un amendement.
Le Président (M. Desbiens): ... que vous avez entre les
mains et qui se lit: "Remplacer la dernière ligne du deuxième
alinéa par la suivante: commençant le 1er juin 1982 et se
terminant le 31 août 1982." Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. French: L'amendement est adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'amendement est
adopté. Est-ce que l'article 13 tel qu'amendé est
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 13 tel
qu'amendé est adopté. Article 14.
M. Parizeau: C'est ce dont on parlait tout à l'heure.
M. French: Oui, justement, il s'agit de cela.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 14 est
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 14, adopté.
Article 15; est-ce que l'article 15 est adopté.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 16; est-ce que
l'article 16 est adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 16, adopté.
Article 17, est-ce que l'article 17 est adopté?
M. Parizeau: Cela est essentiellement la loi no 40.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 17, adopté.
Article 18; est-ce que l'article 18 est adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article 19;
est-ce que l'article 19 est adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article 20;
est-ce que l'article 20 est adopté?
M. French: Je suis curieux de savoir pourquoi on dit par
l'intermédiaire d'une personne désignée par le
ministre.
M. Parizeau: Comme il va y avoir beaucoup de documents
envoyés aux membres venant des caisses d'entraide, venant du Mouvement
Desjardins, venant du gouvernement, on va faire assumer l'expédition de
tout cela à chaque membre par une entreprise d'expédition du
courrier, c'est-à-dire que c'est beaucoup plus simple, cela
évitera des chicanes autour du contrôle des listes...
M. French: Je comprends.
M. Parizeau: II y a une personne neutre...
M. French: Vous ne voulez pas donner une liste de membres avec
les adresses.
M. Parizeau: II y aura une liste disponible entre les mains d'une
personne neutre qui assurera l'expédition.
M. French: II y aura une entreprise de "mailing" que vous
désignerez légalement, qui aura des obligations
légales.
M. Parizeau: C'est cela. Voilà. M. French:
Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 20, adopté.
L'article 21 est-il adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article 22;
est-il adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 22 est
adopté. Article 23; est-il adopté?
M. French: Pourquoi est-ce qu'on a le 23? Qu'est-ce que cela
fait...
M. Parizeau: Cela correspond à la question qui
était posée au sujet de l'article 4, je crois. Ce sont la
ceinture et les bretelles, bien s'assurer que ce qui sera remis aux membres
correspond vraiment au plan de transformation.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté.
M. French: II n'y a pas beaucoup d'échappatoires dans
cette loi.
M. Parizeau: Non, pour...
M. French: On en apprend avec l'expérience; on a fait
l'expérience une fois, on s'améliore là-dedans.
M. Parizeau: Exactement.
Adoption du projet de transformation
Le Président (M. Desbiens): Section II, adoption du projet
de transformation, l'article 24; est-ce que l'article 24 est adopté?
M. French: Je présume que le deuxième paragraphe,
c'est purement technique.
M. Parizeau: Oui.
M. French: C'est le nettoyage de la loi.
M. Parizeau: C'est cela.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article 25;
est-ce que l'article 25 est adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté.
M. French: Là, on se lance dans une série
d'articles essentiellement...
Le Président (M. Desbiens): Article 26? M. French:
Adopté, 26.
Le Président (M. Desbiens): L'article 26 est
adopté.
Requête de continuation
Section III, requête de continuation. Article 27.
M. Parizeau: Quelques mots. Justement, je pense que cela revient
à ce que voulait dire le député de Westmount. Nous avons
une série de choses qui découlent de l'article 40 et qui ont
été placées là seulement pour une bonne
intelligence de la loi.
M. French: De la loi no 40.
M. Parizeau: Oui, de la loi no 40, de façon que...
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que vous voulez dire
que la série d'articles est adoptée ou si on y va quand
même article par article?
M. French: J'adopterai...
M. Parizeau: Voyez-vous, l'article 27, c'est le texte de la loi
no 40, 28 aussi, 29 aussi.
M. French: 30, 31, 32, 33, adoptés jusqu'à 33, M.
le Président.
Le Président (M. Desbiens): Alors, les articles 27, 28,
29, 30, 31, 32, et 33 sont adoptés. Article 34, oui.
M. French: La fédération en dissolution est encore
constituée par la voie de ce...
M. Parizeau: C'est cela. M. French: Adopté.
M. Parizeau: Juste pour ajouter une chose, il faut que ces
membres, que ces caisses membres qui n'ont pas accepté le plan Dugal, le
14 février, à 75% puissent, j'allais dire continuer à
surveiller leurs intérêts. Tant que le vote du mois de mai n'aura
pas été pris, il faut quand même qu'elles puissent
être là.
Le Président (M. Desbiens): L'article 34 est-il
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 34 adopté.
Dispositions particulières
Section IV. Dispositions particulières. L'article 35 est-il
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 35, adopté.
Article 36?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 36, adopté.
Article 37, il y un amendement qui se lit comme suit: Remplacer la
première ligne du premier alinéa par la suivante: "Toute personne
peut, avant le 1er juin 1982, acquérir, à leur". Est-ce que
l'amendement est adopté?
M. French: L'amendement est adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'amendement est
adopté. Est-ce que l'article 37 tel qu'amendé est
adopté?
M. French: M. le Président, je suis plus curieux sur le
changement qui a été apporté par l'amendement que je le
suis finalement sur l'article tel qu'amendé, mais tout cela ça
touche le fameux créneau que le ministre a évoqué quant
aux actions, aux parts sociales. Pourrait-il nous expliquer les viccissitudes
de cette démarche? Quelle est la logique de cela''
M. Parizeau: Je vais vous avouer que moi aussi je suis curieux de
savoir pourquoi avant le 1er juin plutôt que le 31 mai. En fait, cela
peut se produire n'importe quand avant. Le texte original semblait indiguer que
c'était le 31 mai que cela devait se faire plutôt que n'importe
quel jour.
M. French: J'allais dire justement que le ministre est en train
de minimiser la portée du sous-amendement. D'après moi, le
créneau a été raccourci remarquablement avant
l'amendement.
M. Parizeau: C'est que nous avons un vote prévu pour le
22, on a un autre vote possible prévu pour le 29, et les projets de
transformation entrent tous en vigueur le 1er juin; alors, en mettant "avant le
1er juin" cela veut dire que ce qui est réglé le 22 mai l'est
à ce moment-là, le 29, et avant la date ultime du 1er juin qui
est la date de transformation.
M. French: Cette histoire de vente de parts sociales est
tellement vague dans mon esprit, je ne comprends pas vraiment ce qu'envisage le
ministre, et je comprends encore moins lorsque je vois le laps de temps
tellement limité. On sait le genre d'information qui est donnée
aux membres déjà aux prises avec les questions plus ou moins
difficiles pour eux. Pourrait-il, une fois de plus, je sais que c'est achalant
de se faire demander cela, mais pourrait-il
expliquer encore une fois pourquoi cette fenêtre là? Et
pourquoi est-elle aussi petite?
M. Parizeau: Non, elle n'est pas petite, elle est à
tiroirs jusqu'au 1er juin; il y a des parts sociales et on en permet la vente.
Après le 1er juin, il y a des actions, et le deuxième tiroir,
là les actions peuvent s'échanger, n'est-ce pas?
M. French: Parfait. (18 h 45)
M. Parizeau: En fait, la fenêtre est bien plus grande -
pour reprendre l'analogie -qu'on pense, elle est en deux panneaux; un petit
jusqu'au 1er juin, poste important, sur parts sociales, et en beaucoup plus
grand sur actions à partir du 1er juin. Maintenant, quant au fond de la
question, je pense qu'il est très important que nous reconnaissions, au
moins au départ, que ces actions n'auront pas un marché
secondaire immense et florissant. Au moins, favorisons par des fenêtres
comme celle-là autant de marchés secondaires qu'il peut y en
avoir. Si quelqu'un veut absolument sortir de sa caisse parce que, par exemple,
les avantages fiscaux pour lui ne représentent pas un
intérêt particulier, mais pour qui, au contraire, l'avantage
fiscal représenterait quelque chose de plus important, pourquoi ne pas
l'autoriser? Cela permet de...
M. French: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): L'article 37 est adopté
tel qu'amendé. L'article 38 est-il adopté?
Projet d'intégration d'une caisse
M. French: M. le Président, c'est peut-être le
moment, pour susciter une réaction de la part du ministre, de faire
référence à l'article du Devoir, que j'ai cité il y
a une heure, où, encore une fois, le Mouvement Desjardins semblait
encore avoir changé d'avis, parce que c'était moins la fusion que
la poursuite d'une caisse indépendante qu'a envisagée M. Blais.
Or, il semble que le langage tenu élimine en quelque sorte cette option.
Est-ce que je me trompe?
M. Parizeau: Mon problème est le suivant. Ce chapitre a
été rédigé comme ça, à cause des
demandes du Mouvement Desjardins lui-même. Tout à l'heure, le
député de Westmount, me disait: Le Mouvement Desjardins laisse
trois portes ouvertes. En fait, dans un télégramme que nous avons
reçu, il y en a une très précise qu'il
privilégiait. Je vais vous faire lecture du télex que nous avons
reçu de sa part le 17 mars: "Nous vous confirmons que la
Fédération des caisses populaires Desjardins du
Québec désire qu'un nouveau vote soit pris à la Caisse
d'entraide de Chauveau." Cela, c'est autre chose. "Deuxièmement, nous
vous confirmons que, pour chacune des offres faites aux membres et aux
dirigeants des caisses d'entraide, il ne sera pas fait mention de fusion
immédiate." C'est-à-dire que c'est la spécificité,
l'intégration telle que définie ici. Nous avons l'impression, en
le rédigeant comme ça, qu'on correspond exactement à ce
qu'il veut. D'ailleurs, à la suite de ça, ils ont vu le chapitre,
vous pensez bien, les principes qu'il y a là-dedans et la façon
dont c'est monté. Nous sommes d'accord, ça a l'air d'être
exactement ce que ces gens veulent.
On me signale autre chose. Nous avions même un certain nombre de
paragraphes rédigés sur la fusion et c'est à leur demande
qu'on les a enlevés.
M. French: Je constate que le
Mouvement Desjardins tient des discours passablement variables. Je
voudrais tout simplement m'assurer que, dans la mesure où il a d'autres
idées d'ici à deux ou trois semaines sur le chapitre IV, le
ministre est capable d'en prendre connaissance et est prêt à
imaginer d'autres possibilités.
M. Parizeau: D'ailleurs, quand nous arriverons au chapitre IV, on
se rendra compte qu'une des hypothèses, dans le cas d'une caisse
d'entraide, correspond à une autre possibilité
intéressante ouverte du côté du Mouvement Desjardins. Je
donnerai l'exemple quand on en arrivera là.
Le Président (M. Desbiens): L'article 38 est-il
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 38 est
adopté. L'article 39 est-il adopté?
M. French: Je présume que par "sauf ceux que le ministre
désigne", encore une fois, on parle de la confidentialité, on ne
peut pas dire commerciale. Peut-on dire commerciale, coopérative?
Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Section II,
projet d'intégration, article 40. L'article 40 est-il adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 40 est
adopté. Est-ce que l'article 41 est adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 41
est adopté. Est-ce que l'article 42 est adopté?
M. Parizeau: J'aurais peut-être un commentaire à
faire au sujet de l'article 42.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Parizeau: Dans la présentation qui nous a
été faite par le groupement des entraidistes tout à
l'heure, je pense qu'ils faisaient allusion à cela. Ils demandaient
pourquoi demander les états financiers de la Fédération
des caisses populaires Desjardins alors que c'est une chose qu'on n'a pas
demandé aux caisses d'entraide. Évidemment, c'est un peu une
erreur d'optique. Dans la loi no 40, et reproduits dans le projet de loi no 60,
ce ne sont pas des renseignements seulement qu'on demandait à la
Fédération des caisses d'entraide et aux caisses d'entraide pour
préparer leur proposition à leurs membres, c'était un
contrôle direct de la façon dont l'offre était faite.
Justement parce que le Mouvement des caisses d'entraide n'a pas une
solidité fulgurante, nous avons eu des exigences féroces à
l'égard de la préparation de ces offres et de leur contenu. Il
n'était pas question qu'ils offrent n'importe quoi à n'importe
quelle caisse. Quand, par exemple, ils fixaient leurs échéances,
on est allé voir si les échéances avaient du sens, et
quand ils fixaient le coefficient actions par rapport à
dépôts, on allait voir les états de la caisse et
vérifier... Quand on nous disait 25%, on disait: Non, ce n'est pas assez
prudent; vous allez monter à 30%. On est intervenu dans la fabrication
de cela. Encore une fois, il fallait s'assurer d'une solidité
élémentaire de ce qui allait partir, alors que dans le cas des
caisses populaires, ce n'est pas du tout cela. On n'a pas à s'assurer de
la solidité des caisses populaires. Ce serait quand même ridicule
qu'on ait des exigences pareilles. On n'en a pas du tout. Tout ce qu'on a comme
exigences à l'égard des caisses populaires, ce sont des questions
de divulgation: Voici ce que nous allons vous demander de dire aux membres,
comment cela doit être préparé et qu'est-ce que vous devrez
dévoiler. C'est à l'intérieur de cela qu'apparaît
simplement cette question: Sortez donc vos derniers états financiers!
Sauf qu'à l'égard des caisses populaires, on ne va quand
même pas leur faire l'injure d'aller travailler dans la façon dont
elles préparent leurs offres. On leur dit simplement: Voici les
règles de divulgation que vous devez suivre. C'est tout.
M. French: Nous espérons, M. le Président, que le
ministre démontrera le même genre de confiance dans les caisses
populaires lorsqu'il sera question de la refonte de la Loi sur les caisses
d'épargne et de crédit.
M. Parizeau: M. le Président, nous aurons, à cette
occasion, un tout autre débat, beaucoup plus vaste, beaucoup plus large,
et mettant en cause des principes bien différents de ceux que nous
examinons aujourd'hui.
M. French: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): L'article 42 est
adopté. Est-ce que l'article 43 est adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-ce que
l'article 44 est adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-ce que
l'article 45 est adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 45 est
adopté. Est-ce que l'article 46 est adopté?
M. Parizeau: II y a un papillon.
Le Président (M. Desbiens): À l'article 46, il y a
un papillon. Il y a un amendement qui se lit comme suit: Remplacer le
deuxième alinéa par le suivant: "Si le ministre autorise la
présentation du projet, il transmet au plus tard le 1er mai 1982 copie
du projet d'intégration, des états financiers visés
à l'article 42 et du document d'information à la
Fédération des caisses, à la Confédération
des caisses populaires et d'économie Desjardins du Québec et
à la caisse concernée." Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'amendement est
adopté. Est-ce que l'article 46, tel qu'amendé, est
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-ce que
l'article 47 est adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 47 est
adopté. Est-ce que l'article 48 est adopté?
M. Parizeau: II y a un amendement.
Le Président (M. Desbiens): Oh: pardon, c'est vrai! II y a
un amendement à l'article 48 qui est le suivant: Supprimer le
deuxième alinéa. Est-ce que l'amendement est adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'amendement est
adopté. Est-ce que l'article 48 tel qu'amendé est
adopté?
M. French: Adopté tel qu'amendé.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-ce que
l'article 49 est adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 49 est
adopté. L'article 50 est-il adopté?
M. French: Adopté.
Dispositions particulières
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Section III,
Dispositions particulières. Est-ce que l'article 51 est
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-ce que
l'article 52 est adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 52 est
adopté. Est-ce que l'article 53 est adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-ce que
l'article 54 est adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-ce que
l'article 55 est adopté?
M. French: M. le Président, si j'ai bien compris, on a
devant nous un article que le ministre invoque ou est-ce que cela s'applique
à toutes les caisses? Ce sont les mots "que détermine le
ministre" qui...
M. Parizeau: Non, ça s'applique à toutes les
caisses qui se transformeront en caisse d'épargne et de
crédit.
M. French: C'est parfait, c'est pourquoi je ne comprends pas les
mots "que détermine le ministre".
M. Parizeau: C'est quant aux actifs. On va définir quels
actifs doivent être gardés dans une sorte de comptabilité
séparée, doivent être comptabilisés à
part.
M. French: Est-ce que cela sera différent selon la
situation financière de chaque caisse?
M. Parizeau: Non, je veux simplement m'assurer qu'on s'entende
bien sur la définition des actifs qui seront mis à part. Qu'il
n'y ait pas seulement une partie des actifs qui le soit. En somme, je ne veux
pas qu'il y ait de discussion sur quels actifs... Laisser à chaque
caisse le soin de définir quels actifs seraient dans une
comptabilité séparée.
M. French: C'est vous qui le décidez. Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 55 est
adopté. Est-ce que l'article 56 est adopté"?
M. French: Encore une fois le ministre réduit ses demandes
quant aux sonnettes d'alarme, etc., dans le cas d'une caisse qui
s'intègre au Mouvement Desjardins.
M. Parizeau: Ce n'est pas seulement ça, c'est que le
Mouvement Desjardins est actuellement régi par la Loi sur les caisses
d'épargne et de crédit. Je n'ai pas à avoir d'autres
exigences que celles que la loi actuelle comporte. Je n'aurais pas de raison,
d'ailleurs. À cette occasion-là, ce serait vraiment jouer du
billard que d'utiliser la loi 60 pour aller modifier des dispositions de la Loi
sur les caisses d'épargne et de crédit qui s'appliquent au
Mouvement Desjardins. Ce serait tout à fait incorrect.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 56 est
adopté. Est-ce que l'article 57 est adopté?
M. French: Adopté.
Autre projet
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Chapitre IV,
Autre projet. Est-ce que l'article 58 est adopté?
M. French: Je voudrais donner au ministre l'occasion de nous
parler un peu de ce chapitre important, mais...
M. Parizeau: Mais succinct. M. French: C'est
ça.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
(19 heures)
M. Parizeau: Voici comment cela se présente. Avant le vote
du 14 février, nous avons eu vent, à quelques reprises,
d'intérêt manifesté par une institution financière
à l'égard d'une caisse d'entraide. C'est arrivé à
quelques reprises, et ce n'était pas, en soi, baroque dans certains de
ces cas. Cela aurait fort bien pu aboutir. Je pense ici à
l'intérêt montré par une banque à l'égard
d'une caisse d'entraide, à un moment donné. L'examen a
été poussé très loin, il y a eu beaucoup de
tractations. Cela aurait pu aboutir. Enfin, cela n'a pas abouti, mais
c'était sérieux, comme discussion.
Finalement, dans cette première phase, il n'y en a pas qui ont
abouti. À l'heure actuelle, un peu la même chose se
présente. On a vent de quelques examens, peut-être
préparatoires à des propositions, à l'égard de
caisses individuelles. C'est ainsi, par exemple, que, dans le cas - on
m'excusera de ne pas être trop explicite parce que ce serait incorrect
à l'égard des gens qui sont en train de transiger les uns
à l'égard des autres - d'une caisse de la grande région de
Québec, disons, non pas de la ville, il y a des tractations
amorcées avec une institution financière qui est très
proche du Mouvement Desjardins. Là, ce n'est pas le Mouvement Desjardins
qui montre son intérêt, c'est une institution financière
qui lui est très proche, dans laquelle il a des intérêts
financiers. Mais ce n'est pas peu intéressant. Je ne peux pas, par la
loi, empêcher que des approches ou des tractations comme celles-là
se produisent.
Advenant, qu'il y en ait une, deux, trois ou quatre qui aboutissent
à des propositions chiffrées, précises, il n'y aurait pas
de raison qu'on refuse un vote là-dessus. Advenant que cela se
présente dans un système où l'épargne-actions
puisse fonctionner - on reprend notre discussion de tout à l'heure - ce
serait complètement idiot de ma part que j'empêche la loi
générale de l'impôt de s'appliquer.
Cependant, comme ce peut être n'importe quoi, comme cela peut
prendre n'importe quelle forme, je ne peux pas être beaucoup plus
explicite que je le suis là, ce peut être effectivement n'importe
quoi. Possiblement que la banque, dont je parlais tout à l'heure, se
réintéressera. Tenez, il y a le cas d'une SODEQ qui est
intéressée à une caisse d'entraide. Je ne dis pas que cela
aboutira nécessairement et qu'en soi, c'est la chose à faire,
mais il faut que je laisse la porte suffisamment ouverte pour pouvoir leur
dire: Préparez quelque chose, on va regarder si cela a du sens. Si cela
a du sens, on l'estampillera en disant: Bon, voilà, troisième
possibilité. Maintenant, est-ce qu'il y en aura? Je ne le sais pas.
Encore une fois, la première ronde n'a rien donné, mais
peut-être que la deuxième donnera quelque chose.
M. French: C'est donc sous ce chapitre que viendrait une
proposition de caisse d'entraide économique comme succursale de
Crédit industriel Desjardins.
M. Parizeau: Oui, effectivement. Cela pourrait prendre l'une ou
l'autre des deux formes: une sorte d'acquisition, de transformation en actions
et donc d'acquisition comme compagnie, ou bien une offre d'acquisition
d'actifs. C'est là que cela apparaît.
M. French: M. le Président, ce qui me
préoccupe...
M. Parizeau: On me signale qu'il pourrait y avoir une autre voie
possible. Mais là, il faudra comprendre que je parle de conversations
qui ont cours à l'heure actuelle. On ne sait pas vraiment si cela va
aboutir ou pas, mais on me signale que l'une des possibilités qui a
été discutée ou envisagée possiblement avec le
ministère serait la suivante: Conformément au chapitre III, le
Mouvement Desjardins pourrait faire une offre d'intégration à une
caisse d'entraide en incluant, cependant, dans sa proposition, qu'au bout d'un
an ou de deux ans, il y ait intégration au Crédit industriel
Desjardins. Ce serait une variante. Ce serait, pour l'immédiat,
intégration, en vertu du chapitre III, et une perspective sur l'avenir,
étant donné le changement de statut. Là,
évidemment, c'est ce sur quoi la proposition sera faite et cette
proposition sera interprétée en vertu du chapitre III. Juste pour
ajouter un mot, je dis ça sous toute réserve, parce que ce sont
des sondages où on vient voir en disant: Est-ce que ce serait possible?
Est-ce que c'est envisageable?
M. French: Donc, en parlant de "l'envisageabilité" d'une
telle démarche, c'est-à-dire conversion retardée en
succursale du Crédit industriel Desjardins, quelle serait la situation
des membres des caisses quant à la fiscalité
québécoise dans un tel cas? Bénéficieraient-ils,
d'ici à deux ans, d'ici à trois ans, au moment de la
transformation ou de la deuxième transformation, de
dégrèvements fiscaux?
M. Parizeau: Là encore, cela dépendrait comment
c'est fait. Comme tout cela est très hypothétique, j'ai de la
difficulté à répondre de façon précise.
Est-ce que l'offre qui serait faite comporterait une émission d'actions?
Si ça comporte une émission d'actions, il est clair comme de
l'eau de roche que pareille action s'applique. Là il faudrait encore
voir comment la proposition est faite parce que c'est un petit peu difficile
pour moi de réagir dans l'hypothèse. Je comprends très
bien ce que veut dire le député de Westmount. Je n'ai aucune
espèce
d'intérêt quelconque à limiter la portée du
programme d'épargne-actions. S'il y a émission d'actions, grand
Dieu! je comprends qu'ils y auront droit, à
l'épargne-actions.
M. French: La deuxième préoccupation que je
voudrais souligner, au ministre c'est l'échéance
extrêmement courte de l'article 58. Je voudrais lui proposer un
amendement, que je n'ai pas formulé encore, mais je le formulerai si
ceux qui sont mieux qualifiés que moi ne le formulaient pas à la
suite de l'approbation du ministre, suivant lequel le ministre aurait le droit
de refuser un projet de transformation pour la seule et simple raison qu'il est
trop tard, mais qu'il n'aurait pas les mains liées si un projet de
transformation intéressant lui parvenait avant le 13 avril.
M. Parizeau: M. le Président, j'ai cette
possibilité, de toute façon, en vertu de l'article 102, qui se
lit ainsi, c'est très simple, c'est très court: "Le ministre peut
en tout temps, notamment à l'égard d'une ou de plusieurs caisses
d'entraide économique, proroger tout délai ou modifier toute date
déterminée en vertu de la présente loi." Si, malgré
le chapitre IV, il y avait quelque chose qui semblait fort intéressant,
et qu'on nous téléphonait le 10, le 11, le 12 avril en disant:
Écoutez, donnez-nous une semaine de plus, on est sur le point de
s'entendre sur quelque chose d'intéressant, là, encore une fois,
ce serait complètement déraisonnable, de la part du ministre, de
dire non. J'invoquerais l'article 102.
M. French: Je dis tout simplement au ministre: Encore faut-il que
la personne soit vraiment au courant de tous les articles de la loi et ne pas
être découragée en voyant la date du 13 avril...
M. Parizeau: Là encore, M. le Président, ce n'est
pas une loi. Il faut bien comprendre que l'article 58 ne s'applique pas
à 6 000 000 de Québécois qui ont à se parler. Ceux
qui sont intéressés à des offres sont très peu
nombreux et, comment dire, nous en connaissons déjà un certain
nombre. Ils ont déjà téléphoné pour nous
dire comment cela pourrait se faire et en vertu de quoi. On ne parle pas ici de
42 institutions. On parle de trois, quatre, cinq, six choses au maximum. Les
contacts téléphoniques sont déjà pris. On me
chuchote à l'oreille que ceux dont nous entendons parler ont,
d'ailleurs, d'excellents conseillers juridiques.
M. French: J'ai décelé cela un peu sous ce que le
ministre disait.
M. Parizeau: Cependant, il est très important qu'ils se
hâtent. Je ne déteste pas d'avoir "le 13 avril" dans l'article 58
comme moyen de pression dans le genre "grouillez-vous", étant bien
entendu qu'en vertu de l'article 102, si encore une fois quelqu'un me
demandait, pour un projet spécifique en vertu de l'article 58,
d'attendre une semaine parce qu'ils ont encore besoin de faire un dernier tour
du portefeuille de placement comme je ne suis pas tombé sur le
crâne, évidemment, je dirais oui.
M. French: Adopté, M. le Président.
Liquidation
Le Président (M. Desbiens): L'article 58 est
adopté. Chapitre V, liquidation, article 59. Est-ce que l'article 59 est
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-ce que
l'article 60 est adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article 61, il
y a un amendement qui se lit comme suit: Remplacer dans la deuxième
ligne du deuxième alinéa le mot "les" par le mot "ses". Est-ce
que l'amendement est adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-ce que
l'article 61 est adopté tel qu'amendé?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-ce que
l'article 62 est adopté?
M. French: D'ailleurs, le ministre a dit qu'il voyait le
gouvernement comme liquidateur de dernier recours. En effet, l'histoire de
nommer un liquidateur cela équivaut finalement à une liquidation
sous la surveillance du gouvernement. Ce n'est pas plus compliqué que
cela.
M. Parizeau: C'est aussi clair que cela.
M. French: Et le ministre ne voudrait pas qu'un conseil
d'administration d'une caisse mourante soit chargé de désigner un
liquidateur. Je ne voudrais pas dire cela aussi brutalement que cela, mais si
le conseil d'administration a été assez incompétent pour
amener la caisse en liquidation, il ne devrait peut-être pas avoir le
pouvoir de nommer le liquidateur.
M. Parizeau: Pas tout à fait. En vertu
de la loi régulière des coopératives
d'épargne et de crédit, il faut une assemblée pour nommer
le liquidateur. Imaginons simplement la situation où, le 22 mai ou le 29
mai, la liquidation a été votée. Il faut une autre
assemblée avec toutes les tensions qu'on connaît
déjà dans ce milieu. Il faut une convocation d'une autre
assemblée de membres, quelque part dans le mois de juin, pour nommer le
liquidateur, dans l'atmosphère qu'on imagine. Là, devant la
nécessité d'en terminer avec cette opération, on ne va
quand même pas faire durer le plaisir encore. Dans ce sens, en vertu de
l'article 62, le ministre se donne le pouvoir de nommer les liquidateurs dans
tous les cas où une option n'aura pas été choisie, une
option de continuation: caisse pop, caisse d'entraide, société
d'entraide.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 62 adopté.
Est-ce que l'article 63 est adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-ce que
l'article 64 est adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. L'article 64
adopté. Est-ce que l'article 65 est adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-ce que
l'article 66 est adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-ce que
l'article 67 est adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-ce que
l'article 68 est adopté?
M. French: Adopté.
Publicité et avis
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Chapitre VI,
publicité et avis. Est-ce que l'article 69 est adopté? (19 h
15)
M. French: Peut-on demander au ministre, sur le chapitre VI en
gros, se rappelant que les dissidents et l'Opposition s'inquiètent d'un
transfert d'une autre loi conçue pour un autre objectif a
été fait ici, de sorte que non seulement on empêche la
confédération, les fédérations et les caisses de
faire de la publicité, mais on empêche aussi des dépenses
publicitaires de la part de n'importe quel individu qui voudrait se faire
entendre au sujet de l'avenir de sa caisse. Le ministre croit-il que ce serait
possible d'amender cette section, afin de permettre aux individus ou aux
groupes la possibilité de dépenser leur propre argent pour la
publicité afin de mousser leur option?
M. Parizeau: De quelles options parlons-nous? Il faut bien
comprendre qu'on s'en va vers un scrutin où les options sont très
précises. C'est Société d'entraide, ou Desjardins, ou une
institution financière, mais très précis avec un plan de
transformation ou d'acquisition tout aussi clair, ou la liquidation. Il n'y a
pas de cinquième chose, il n'y a pas un "miscellaneous" divers, en
dessous de cela, c'est dans les cartes. Je pense que nous en sommes-là.
À l'occasion des assemblées d'information, tout débat
utile s'engage. Qu'à l'occasion des débats qui font rage dans les
journaux, entre des gens qui font des conférences de presse, des
interviews, dans les postes de radio, on échange toutes les idées
qu'on voudra au sujet de ces quatre voies.
Ce qu'on veut éviter cependant, à la suite de ce qu'on a
déjà connu - chat échaudé... - c'est d'avoir,
jusqu'à la dernière minute, la possibilité d'essayer de
faire de la pression psychologique chez les gens par de la publicité,
radio, télévision ou journaux, qui ne décrit rien de
particulier mais qui, simplement, cherche à exercer une certaine
pression psychologique. Ce n'est pas dans une situation comme celle-là
où les gens doivent choisir entre des plans concrets et précis,
je ne vois pas en quoi l'intérêt public est servi de faire des
spots à la radio toutes les heures, de prendre des pages de
publicité dans les journaux. Cela ne sert aucune fin utile; cela
envenime, on l'a bien vu, le choc des groupes et des esprits, cela provoque une
tension extraordinaire entre les gens, mais cela n'ajoute absolument rien
à la qualité du débat. Le seul débat qu'on veut, au
fond, c'est au sujet d'offres chiffrées, concrètes et
précises.
C'est dans ce sens où il me paraît absolument essentiel
qu'on ne permette justement pas aux groupes de faire des pressions les uns sur
les autres par des moyens publicitaires habituels. Ils ont toute
possibilité d'organiser des assemblées d'information. Ils ont
toute possibilité de faire connaître ces assemblées
d'information et je pense que cela doit se limiter à cela et à
une expédition correcte de renseignements à chaque membre d'une
caisse d'entraide pour qu'il puisse faire un choix aussi judicieux que
possible. Mais, c'est tout, ce n'est pas plus que cela.
M. French: M. le Président, je
rappellerais au ministre que, lors du débat d'urgence,
l'Opposition a revendiqué un contrôle sur la publicité.
Donc, il n'y a aucune espèce de différence entre l'optique du
ministre là-dessus quant aux spots de radio, aux pages publicitaires
dans les journaux, il ne s'agit pas de cela. Il s'agit d'un cas où je
suis membre d'une caisse de taille moyenne ou petite, et j'ai une liste -je ne
sais comment elle est confectionnée -de 500 ou 600 de mes
collègues membres de cette caisse et je veux faire une espèce de
"mailing" à tout ce monde-là. N'est-il pas vrai que ce "mailing"
serait illégal? Mais, je dois dire au ministre honnêtement que je
trouve cela trop astreignant et inacceptable.
M. Parizeau: Dans quel sens? En somme, c'est encore le "mailing".
Je pense que c'est de l'essence même de l'opération que le
"mailing" porte sur les propositions. Il serait potentiellement choquant que le
"mailing" utilisé par des groupes, par n'importe qui ou par un individu
qui a un intérêt financier particulier dans une caisse -cela
existe, il y a des gens qui ont beaucoup d'argent dans une caisse - puisse
affirmer sur le plan financier, contre une dépense minuscule pour lui,
compte tenu des intérêts personnels qu'il a là-dedans, un
certain nombre de choses sur lesquelles nous n'aurions aucune espèce de
contrôle. Par exemple, il pourrait envoyer à chacun des membres
une série de chiffres dont on dirait, quinze jours ou trois semaines
après le vote, que tous les chiffres étaient faux, que ce
n'était pas du tout exact, que ce qui a été affirmé
n'était pas correct, alors que celui qui reçoit cela chez lui n'a
aucun moyen de savoir si on l'amène en bateau ou pas. Il faut bien
comprendre qu'il y a des intérêts financiers directs en cause dans
ces histoires. Il y a beaucoup de gens qui ont 200 $, 300 $ ou 400 $ dans une
caisse, mais il y en a qui ont beaucoup plus que cela et pour qui ce n'est pas
du tout indifférent que telle voie soit suivie plutôt qu'une
autre. Dans ce sens, je pense qu'on s'en mordrait les doigts si on apprenait
qu'à un moment donné, à la suite d'un "mailing" fait par
on ne sait qui exactement, financé par on ne sait exactement quel
argent, une série de chiffres sont sortis dont on se rendrait compte par
la suite qu'ils ont pu avoir une grande influence sur le vote et qu'ils
étaient faux ou truqués ou arrangés. Ce n'est pas une
responsabilité que j'accepterais volontiers.
M. French: Je dois dire, M. le Président, que je trouve
logique la démarche par laquelle on évoque qu'un membre des
caisses d'entraide économique qui aurait beaucoup d'argent en cause
verrait à son affaire en faisant un "mailing" à ses
collègues, membres d'une caisse d'entraide. Alors, on trouverait les
moyens de l'empêcher de le faire et on le justifierait en invoquant, en
quelque sorte, les intérêts financiers, mais je trouve cette
démarche intellectuelle très difficile à suivre. Il me
semble qu'un bon argument pourrait se fonder sur la base qu'il y a justement
cette différence d'intérêts en cause qui amènerait
le législateur à voir d'un bon oeil les efforts d'un membre d'une
caisse d'entraide économique à soumettre à l'attention des
autres membres certaines idées que son investissement et son
expérience, ses moyens, etc., lui auraient permis d'acquérir.
Personnellement, je ne voudrais pas défendre notre position sur
le chapitre VI à propos d'une telle situation, je la trouve drôle,
je ne suis pas le ministre... Ce n'est pas cela, pas du tout. On me
défend d'envoyer des lettres par la poste à d'autres membres de
ma caisse d'entraide économique et, en brimant ainsi mes droits comme
citoyen, on ne m'explique pas quel intérêt public est ainsi servi.
On me dit, on me traite de menteur potentiel, on me traite de "confidence man",
mais on ne me permet pas d'exercer ce qui me semble élémentaire,
c'est-à-dire que je communique avec d'autres citoyens sur un sujet qui
nous concerne tous. Je ne peux pas comprendre. On ne parle pas d'une caisse, on
ne parle pas d'un conseil d'administration, on ne parle pas d'une
confédération; on parle d'un épargnant, d'un groupe
d'épargnants, et on me défend, en tant qu'épargnant,
d'envoyer une lettre et de dépenser de l'argent pour communiquer avec
d'autres membres de caisses d'entraide économique. Je trouve cela
extrêmement difficile à justifier.
M. Parizeau: Ce n'est pas tout à fait exact. En tout
état de cause, un "mailing" peut toujours être fait pour convoquer
une réunion d'information.
M. French: M. le Président, je pense que le ministre ne me
comprend pas.
M. Parizeau: Je comprends bien. Imaginons que quelqu'un qui n'a
rien à voir avec l'une des grandes thèses en présence
veut, de sa propre initiative, faire un "mailing" à quelques centaine de
membres d'une caisse, leur disant: J'ai des choses à vous dire. Il peut
fort bien convoquer une réunion. Faire un "mailing" est parfaitement
correct. Il peut passer un avis dans le journal, annonçant une
réunion d'information. Mais alors là, vous me direz ce n'est pas
une garantie absolue, je comprends que ce n'est pas une garantie absolue, mais
c'est quand même beaucoup mieux. Là, au moins, l'assemblée
se tient pour savoir de quoi il s'agit ou de quoi il retourne.
Donc, toute personne peut fort bien convoquer les réunions
d'information qu'elle désire, mais au moins il n'y aura pas les
dangers de ce "mailing" direct dont on n'aurait aucun contrôle
quant au contenu du message.
M. French: M. le Président, en justifiant la date du 22
mai, le ministre évoque un cas que je trouve assez convaincant. Il dit
qu'on devrait avoir la réunion en fin de semaine parce que les gens
doivent venir souvent de très loin pour se rendre au scrutin, etc. Et
dans un autre argument il évoque la possibilité de convoquer une
assemblée d'information là où lui-même a à
l'esprit les caisses d'entraide en région éloignée
où c'est très difficile de se rassembler.
Je ne peux pas accepter ce genre d'argument voulant qu'une convocation
à une assemblée d'information équivaut à un droit
d'informer mes concitoyens par la poste. Je ne peux pas accepter non plus qu'un
avis de convocation dans un journal équivaut à une communication
réelle de fond avec d'autres membres de ma caisse. Je ne suis pas du
tout rassuré par les possibilités qu'évoque le ministre.
Je répète que je trouve que le chapitre VI, tel que
rédigé actuellement, va beaucoup trop loin, est inacceptable en
ce qui concerne le droit des groupes, encore une fois non pas des caisses ou
des conseils d'administration, mais des regroupements spontanés des
épargnants ou même d'un individu membre d'une caisse de
communiquer avec les autres membres de la caisse.
Je voudrais proposer que le ministre, vu qu'il est 19 h 30, ne
réponde pas tout de suite, et qu'il demande à ses conseillers
s'il n'y a pas possibilité d'étudier mes objections en tout
état de cause, et demain, il me dira s'il a ou n'a pas changé
d'avis. J'apprécierais beaucoup qu'il y ait la possibilité, bien
sûr, de contrôler la publicité coopérative, si vous
voulez, mais qu'un certain droit de communication pour les individus,
regroupements non officiels, non reconnus officiellement soit conservé
dans le projet de loi.
M. Parizeau: M. le Président, en réponse à
un argument utilisé par le député de Westmount je dis
seulement que rien n'empêche une personne, trois, quatre personnes
d'organiser, dans des régions assez vastes, trois, quatre
réunions d'information en trois, quatre points du territoire où
les gens ne circulent pas. Cela est parfaitement loisible. Il n'y a rien qui
leur impose une seule réunion d'information. Mais ce n'est pas vraiment
fondamentalement cela que veut dire le député de Westmount. Moi,
je suis tout à fait disposé à repenser à cela et
qu'on en rediscute demain. Justement, j'allais dire que, rendus à 19 h
30, nous allons être forcés d'ajourner nos travaux parce que,
compte tenu d'engagements préalables que j'avais à l'égard
d'un autre comité ministériel, il me serait difficile de rester
plus longtemps. Nous reprendrons cela demain. (19 h 30)
M. French: M. le Président, en vertu de l'article 34, on
se retrouve ici ou ailleurs à 10 heures demain matin. Est-ce cela?
Le Président (M. Desbiens): Non, l'ordre de la Chambre est
de siéger, selon l'entente, jusqu'à l'heure qu'on a
désignée. Je me dois d'ajourner les travaux sine die. Il y aura
un nouvel ordre de la Chambre qui sera donné demain après-midi
pour terminer l'étude de la loi.
M. Mathieu: M. le Président, est-ce que la Chambre se
réunit demain matin?
Le Président (M. Desbiens): La Chambre se réunit
à 14 heures demain.
M. Parizeau: C'est cela l'interprétation qu'on donne?
M. Tremblay: Vous me permettrez. Une voix: C'est...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: Je n'interprète pas la décision de
l'Assemblée nationale cet après-midi de la même
façon que vous le faites. Il me paraît que le mandat de la
commission était d'étudier article par article le projet de loi
jusqu'à épuisement, ce qui nous permet à nous, à
mon avis, d'ajourner ce soir et de recommencer à l'heure que l'on voudra
demain.
M. Parizeau: C'est ce que j'avais compris.
Le Président (M. Desbiens): J'ai vérifié
moi-même auprès du cabinet du leader du gouvernement et c'est
l'interprétation que je vous ai donnée tantôt qui m'a
été fournie.
M. Parizeau: Je m'excuse, M. le Président, mais il y a une
chose que je ne saisis pas. Si on décidait - si je n'avais pas ces
engagements ce soir - de poursuivre, j'imagine qu'on nous donnerait quand
même l'autorisation de suspendre pour aller manger à un moment
donné dans le courant de la soirée. Si on décidait de
susprendre pour manger et dormir, on pourrait continuer demain matin.
M. French: M. le Président, je voudrais...
Le Président (M. Desbiens):
Logiquement, oui. Il y a une interprétation que je peux
peut-être vérifier, M. le député de Westmount.
M. French: ... pour vous aider dans vos considérations,
vous suggérer très fortement que nous nous trouvons dans une
situation qui est assez importante pour les caisses d'entraide
économique. Je ne voudrais pas me sentir pressé sur chaque
article. Je pense que cela va assez bien. On a toutes les raisons de penser...
Je vois, justement, que le leader parlementaire du gouvernement arrive. Il va
venir prendre place à la table et nous aider. Je suis convaincu que,
malgré ses réticences, il serait en mesure de nous
éclairer sur la possibilité que la commission permanente des
institutions financières et coopérative siège demain matin
pour continuer l'étude article par article du projet de loi 60.
M. Bertrand: Je n'ai pas d'objection de principe si cela convient
à nos collègues des deux côtés, évidemment,
nous vivons toujours dans le cadre d'une entente qui est intervenue, à
toutes fins utiles, et qui nous permettrait, si nous nous réunissions de
nouveau demain matin, de pouvoir faire rapport à l'Assemblée
nationale dès demain après-midi et de prendre en
considération le rapport de la commission, puis de procéder
à l'étude en troisième lecture.
M. French: Donc, est-ce qu'on peut s'organiser pour se rencontrer
demain matin, à 10 heures?
Le Président (M. Desbiens): Si c'est ainsi que l'ordre de
la Chambre est interprété. On me l'avait transmis d'une
façon différente.
M. Bertrand: Comme l'ordre de la Chambre était très
large, il disait: Vous pourrez terminer à l'heure que vous voudrez. Cela
veut donc dire, M. le Président, que vous suspendez vos travaux pendant
quelques heures, le temps d'aller prendre une croûte, et que vous revenez
demain matin, à 10 heures, pour poursuivre.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce qu'il aurait
consentement pour cet arrangement?
M. Parizeau: Oui.
Le Président (M. Desbiens): La commission élue
permanente des institutions financières et coopératives suspend
ses travaux jusqu'à demain, 10 heures.
(Fin de la séance à 19 h 34)