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Etude du projet de loi no 48 Loi sur les
stimulants
fiscaux au développement industriel
(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente de l'industrie et du commerce, du tourisme, de
la chasse et de la pêche est de nouveau réunie pour étudier
le projet de loi no 48, Loi sur les stimulants fiscaux au développement
industriel.
Les membres de la commission sont ce matin: M. Dubois (Huntingdon)
remplace M. Biron (Lotbinière); M. Bordeleau (Abitibi-Est), M. Desbiens
(Dubuc), M. Duhaime (Saint-Maurice), M. Ran-court (Saint-François)
remplace M. Godin (Mercier); M. Goulet (Bellechasse) remplace M. Grenier
(Mégantic-Compton); Mme Leblanc (Iles-de-la-Madeleine), M. Mackasey
(Notre-Dame-de-Grâce), M. Forget (Saint-Laurent) remplace M. Mailloux
(Charlevoix), M. Marcoux (Rimouski), M. Marquis (Matapédia), M. Mercier
(Berthier), M. Michaud (Laprairie), M. Caron (Verdun) remplace M. Pagé
(Portneuf); M. Lacoste (Sainte-Anne) remplace M. Perron (Duplessis); M.
Raynauld (Outremont), M. Tremblay (Gouin).
A l'ajournement des travaux, hier, nous étions à l'article
15 et M. le député de Saint-Laurent, je crois, avait
demandé la parole.
Retraits (suite)
M. Forget: J'avais une question à poser. J'aimerais savoir
du ministre s'il peut nous expliquer la concordance qui existe entre cette
mesure de contribution dans le fonds à même l'impôt sur les
profits des corporations au coût de certains investissements.
On sait que la Loi de l'impôt prévoit que ces
investissements sont, selon leur catégorie, amortissables à
différents taux. Le ministre peut-il nous indiquer qu'effectivement, la
base de calcul, de l'amortissement pour fins fiscales ne sera pas
modifiée par l'application de cette loi-ci?
M. Tremblay: Elle ne sera pas modifiée dans le cas du
Québec. C'est certain. On a bien vérifié cela. Comme vous
le savez, le gouvernement a adopté, il y a deux ans, des amendements
à sa Loi de l'impôt, dans le but de récupérer
certaines subventions versées par les gouvernements provinciaux au
développement industriel.
Nous avons pensé contourner cette mesure fédérale
qui diminuerait l'importance du programme, évidemment, puisque les
entreprises devraient payer davantage d'impôt au niveau
fédéral, en laissant les sommes versées dans le fonds la
propriété des entreprises; donc, techniquement, ce n'est pas un
versement de subventions du gouvernement. C'est simplement une baisse
d'impôt, de sorte que, normalement, on s'attend qu'il n'y ait pas de
modification de la base d'amortissement pour l'impôt
fédéral, mais nous n'avons aucune garantie que le gouvernement
fédéral ne contestera pas cette interprétation. C'est un
des coûts du fédéralisme politique que nous devons
vivre.
M. Forget: Pour ce qui est du gouvernement du Québec, le
ministre peut donc nous donner l'assurance que la base de calcul de
l'amortissement sera à 100%, même s'il y a 25% qui sont le
résultat d'une diminution d'impôt. Donc, on ne perdra pas d'une
main ce qu'on gagne de l'autre.
M. Tremblay: Je viens de revérifier avec les
fonctionnaires du ministère du Revenu qui sont ici et c'est absolument
certain que la base d'amortissement n'est pas affectée par le projet de
loi.
M. Forget: Si vous permettez, M. le Président, je crois
que c'est une raison de plus pour les arguments que nous avancions au tout
début, sur l'étude, article par article, à l'effet de
renforcer tous les éléments qui pourraient faire de ce fonds un
véritable fonds plutôt que simplement un jeu d'écriture
comptable parce que, si jamais il y avait une contestation, ce qui est fort
plausible, malgré tout, de la part de l'administration fiscale
fédérale, elle pourrait certainement tirer argument du fait que
le fonds n'existe pas vraiment sauf sur le papier et que, par
conséquent, la propriété de ces fonds est une
propriété qui reste à la société
manufacturière, selon le ministre. C'est une propriété
assez "notionnelle", et qui est d'ailleurs conditionnelle, parce que, si un
certain nombre de conditions ne se réalisent pas, si les
décisions ne sont pas prises à l'intérieur de certains
délais, c'est un droit de propriété qui s'éteint
sans aucune compensation.
Donc, c'est un "droit de propriété".
M. Tremblay: Ce seront certainement des arguments semblables qui
pourront être utilisés par le gouvernement
fédéral.
Par contre, nous croyons que la propriété des fonds est
celle de l'entreprise. Je ne voudrais pas reprendre le débat.
M. Forget: Je voulais simplement souligner que cela
renforçait les arguments qu'on avait présentés hier.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je voudrais simplement
conclure mes propres observations sur cet article en répétant
qu'il serait avantageux que cette clause de 25% soit modifiée. Je pense
que le ministre a dit hier qu'il recherche un impact maximal pour ces
crédits d'impôt, mais j'assimile cela un peu à un jeu de
poker où on dit: On prend le
risque d'avoir un impact maximal ou d'avoir un impact zéro dans
la mesure où cette recherche d'un impact peut empêcher des
entreprises de faire des investissements et de bénéficier des
articles de la loi. Il me semble qu'il aurait été plus sage soit
de graduer ces restrictions, soit de les réduire pour tout le monde. A
ce point, j'attache une très grande importance, M. le Président,
et, si le ministre ne veut pas réexaminer cet aspect du projet, je me
verrai forcé de voter contre cet article.
M. Tremblay: M. le Président, j'ai déjà
donné les raisons principales pour lesquelles nous avions fixé ce
taux à 25% et j'ai donné ces raisons hier. Je peux
peut-être rappeler une autre raison à laquelle j'avais fait
allusion précédemment, mais que je n'ai pas mentionnée
hier; c'est que les 25% de l'investissement s'additionnent, bien entendu,
à toutes les autres aides des gouvernements pour un même
investissement. La SDI peut accorder une subvention égale à 12%
de l'investissement, le ministère fédéral de l'Expansion
économique régionale peut accorder une subvention égale
à 25% de l'investissement. Lorsqu'on peut atteindre quelque 62% de la
valeur de l'investissement sous forme de subvention publique sans contrepartie
sous forme de capital-actions et autres formes, je pense qu'on atteint un
pourcentage passablement élevé de la valeur de l'investissement.
Comme je l'ai dit hier, je n'ai pas d'objection, après que nous aurons
expérimenté la loi, à revoir ce pourcentage, mais, pour
l'instant, cela nous apparaît un pourcentage très
généreux et, comme je l'ai mentionné hier, si on compare
ce pourcentage à ceux qui existaient dans l'ancienne loi 21, c'est un
pourcentage qui est très généreux.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous proposez un
amendement à l'article 15?
M. Raynauld: M. le Président, je pense que je n'en ai pas
le droit parce que cela affecte les rentrées fiscales du gouvernement.
Donc, je n'ai pas le droit de proposer des amendements. C'est pour cela que je
demandais si le ministre aurait l'obligeance de le faire pour moi, mais il n'a
pas l'air de vouloir le faire.
M. Tremblay: Cela peut être un article adopté sur
division.
M. Raynauld: Sur division ou suivant un vote enregistré
que je demanderai.
M. Tremblay: Demandez le vote.
Le Président (M. Boucher): Sur l'article 15, ceux qui sont
pour. M. Dubois?
M. Dubois: J'avais d'ailleurs mentionné, lors de
l'étude en deuxième lecture, que j'étais contre la
formulation. Alors, je vais voter contre.
Le Président (M. Boucher): Vous êtes contre. M.
Bordeleau?
M. Bordeleau: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Desbiens?
M. Desbiens: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Rancourt?
M. Rancourt: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Forget?
M. Forget: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Marquis?
M. Marquis: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Michaud?
M. Michaud: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Caron n'y est pas. M.
Lacoste?
M. Lacoste: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Raynauld?
M. Raynauld: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Tremblay?
M. Tremblay: Pour. Pour la petite et moyenne entreprise.
Le Président (M. Boucher): Alors, l'article 15 est
adopté sur division à sept contre trois. Article 16.
M. Tremblay: M. le Président, selon cet article, pour les
investissements manufacturiers, en vertu des paragraphes a) et b) de l'article
13, et de moins de $100 000, les formalités seront réduites au
minimum; elles consisteront essentiellement en une vérification de la
conformité des dépenses projetées.
Si les investissements manufacturiers, en vertu des paragraphes a) et b)
de l'article 13, dépassent $100 000, ou s'il s'agit des dépenses
admissibles prévues aux paragraphes c) à h) de l'article 13,
l'entreprise devra fournir un plan d'expansion. Une discussion de ce plan avec
des conseillers de la SDI permettra, le cas échéant, de mieux
orienter le projet, d'en améliorer l'impact économique et
d'identifier l'aide supplémentaire offerte par des programmes
déjà existants.
Comme je l'ai mentionné hier, il s'agit de suivre la
conformité des dépenses, puisqu'il s'agit, dans certains cas,
d'une analyse qualitative qui est nécessaire. D'autre part, comme je
l'avais aussi mentionné précédemment, nous voulons
éviter qu'une petite ou une moyenne entreprise se lance dans un
programme d'expansion qui la mette en difficulté. On le voit dans
certains secteurs encombrés, comme celui de la tente-roulotte et des
maisons mobiles. Il y a une tendance à l'agglutination des
investissements dans un secteur. Par cette aide à l'investissement, on
ne veut pas engorger davantage certains secteurs et placer certaines
entreprises en difficulté. On veut s'assurer au moins qu'elles sont
conscientes de l'état du marché. On peut argumenter que, dans un
système de libre entreprise complet, on doit laisser les choses aller
d'elles-mêmes et, si les entreprises font des erreurs qu'elles paieront
pour ces erreurs. Mais, comme on me le rappelle souvent en Chambre, on s'attend
à ce que le ministère de l'Industrie et du Commerce, surtout
lorsqu'il accorde une aide, ne crée pas de problèmes, mais essaie
plutôt de les résoudre.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je voudrais dire que, sur la
première partie de l'article 16, je n'ai pas d'objection en ce qui
concerne les dépenses admissibles inférieures à $100 000.
Je pense qu'il est normal que le gouvernement sache à quoi ces
réductions d'impôt vont servir. Je pense que c'est conforme au
besoin de contrôle de l'Assemblée nationale et du gouvernement sur
des fonds qui, autrement, auraient été publics.
En ce qui concerne la seconde partie, cependant, je pense que j'ai des
objections assez sérieuses, à moins que le ministre puisse nous
rassurer sur la nature du plan d'expansion. Un plan d'expansion d'une
corporation peut aller dans des détails tels que c'est le
ministère de l'Industrie et du Commerce qui, désormais, va
prendre les décisions, à la place des entreprises, sur les
investissements.
Or, le ministre vient de refuser de réduire les restrictions sur
ces retraits d'impôt. Ceci étant, cela veut dire qu'une entreprise
va dépenser $3 pour chaque dollar de retrait d'impôt. C'est donc
l'entreprise qui prend trois fois plus de risques je pourrais même
dire quatre fois plus que le gouvernement dans cette affaire. Je ne vois
pas pourquoi le gouvernement imposerait des restrictions du genre à plan
d'expansion qui, encore une fois, peut aller dans tous les détails de
toutes les activités de la compagnie, peut interdire à la
compagnie de faire ceci, de faire cela; il va vouloir corriger le plan
d'expansion en disant: Vous ne connaissez rien, vous êtes des hommes
d'affaires, mais ce produit ne se vendra pas. Ou: Je ne suis pas d'accord avec
la fusion que vous voulez faire. Je ne suis pas d'accord avec le genre de
dépenses en recherche et développement que vous voulez faire,
pour lesquelles vous voulez utiliser ce crédit d'impôt. Vous
pensez que vous pouvez exporter dans tel pays, et nous pensons que vous ne
pouvez pas exporter dans tel pays; par conséquent, nous sommes en
désaccord avec votre plan d'expansion, par conséquent aussi, nous
sommes en désaccord avec le retrait d'impôt dans ce cas
particulier parce que l'investissement ne serait pas approuvé par le
gouvernement.
Je pense que ce sont des exigences qui dépassent de beaucoup le
crédit d'impôt que le gou- vernement peut accorder aux
entreprises. Et, encore une fois, je pense que, si les petites et les moyennes
entreprises qui sont les enfants chéris de ce gouvernement doivent
conserver une certaine autonomie, doivent demeurer des petites et des moyennes
entreprises, et ne pas devenir des sous-bureaux du ministère de
l'Industrie et du Commerce, je pense qu'il faut absolument s'opposer à
avoir des clauses de ce genre qui mettent les entreprises à la merci de
n'importe quel fonctionnaire d'un ministère.
Je pense donc que cette exigence d'un plan d'expansion est abusive. Ici,
on touche du doigt une philosophie générale qu'on doit
dénoncer en vertu de laquelle, aussitôt qu'un gouvernement accorde
$1, même pas une subvention, mais un crédit d'impôt qu'il
aurait pu accorder autrement sans aucune espèce de restriction, on voit
ici une philosophie de contrôle, une philosophie tatillonne où ce
sont les ministères qui finalement prennent les décisions dans le
domaine économique. Je suis opposé à cette approche, je
pense qu'il faut absolument sauvegarder l'indépendance des
décisions, non pas en fonction d'une vague théorie de
marchés et des choses semblables, mais pour des raisons de stricte
efficacité administrative.
Je pense qu'il est impossible à des fonctionnaires, quelles que
soient leurs compétences, d'en savoir autant dans tous les domaines sur
lesquels ils doivent se prononcer, qu'un homme d'affaires dont c'est le
métier, qui a été dans une industrie donnée pendant
25 ans et qui a une somme d'information, qui est infiniment supérieure
à celle de autre personne en dehors de cette industrie. C'est pour cette
raison que les décisions gouvernementales, dans le domaine
économique, sont souvent mauvaises. Parce qu'il est impossible, encore
une fois d'avoir tous les renseignements qualitatifs et quantitatifs qu'un
homme d'affaires qui vit son métier peut avoir, pour sa part.
Par conséquent, je pense que c'est une porte ouverte ici à
des décisions qui vont être de plus en plus bureaucratiques, qui
vont supprimer en réalité la notion même d'entreprise, la
notion de petite et moyenne entreprise que le gouvernement est censé
défendre et je pense qu'il faut absolument essayer d'éviter
cela.
Ensuite, je voudrais aussi mentionner qu'il y a un autre argument qui
sous-tend l'approche du gouvernement en cette matière que je ne peux pas
partager. C'est une approche qui veut dire, somme toute, qu'un crédit
d'impôt, c'est une faveur que l'on fait à une entreprise.
L'entreprise devrait payer de l'impôt, elle ne le paie pas, par
conséquent, on lui fait une faveur.
Or, il est bien évident que le niveau des impôts qui sont
payés ne dépend pas de la générosité d'un
gouvernement. Les impôts qui sont versés par des entreprises sont
des impôts dont la logique principale tient à un certain nombre de
facteurs sur lesquels je ne m'étendrai pas longtemps, c'est d'abord de
recevoir des services en échange de ces impôts et,
deuxièmement, c'est un système qui vise à
régulariser, si je peux dire, l'activité économique. Cela
n'a donc pas grand-chose à
faire avec l'idée qu'une entreprise serait dans une situation de
recevoir un privilège, parce qu'elle aurait une réduction
d'impôt, dans ce cas-ci, de 6% par rapport à un taux de 12% que le
gouvernement exige généralement.
C'est tellement vrai, que le gouvernement aurait pu choisir, dans ce
cas-ci, de réduire l'impôt sur les sociétés de 12%
à 6% pour n'importe qui et, à ce moment-là, on n'aurait
pas dit que c'était une histoire de privilège ou
d'autorité de l'Etat; on aurait dit simplement: On juge opportun de
réduire les impôts, comme on juge opportun de réduire les
impôts sur les personnes à un certain moment et on ne dit pas
qu'on donne des faveurs à un individu, parce qu'on réduit les
impôts de tout le monde suivant un certain pourcentage plus ou moins
général qui s'applique à toute la population.
Je ne pense pas qu'on puisse invoquer le fait que l'on donne un
crédit d'impôt pour qu'en échange, l'entreprise soit
obligée d'être soumise aux volontés quotidiennes
d'employés du gouvernement ou du gouvernement lui-même sur les
décisions que cette entreprise doit prendre.
Au contraire, je pense qu'il aurait même été
préférable... Il me semble que si le gouvernement avait voulu
favoriser les investissements, il n'avait qu'à réduire les
impôts, point final. A mon avis, cela aurait été beaucoup
plus clair, beaucoup plus net, beaucoup plus facile. On n'aurait pas besoin de
penser qu'il faut absolument que le gouvernement, dans sa grande sagesse,
surveille toutes les décisions des entreprises. Si le gouvernement veut
entrer dans ce domaine, pour surveiller tout ce que font les entreprises,
à ce moment-là, il aura une lourde tâche sur les
épaules. Il va falloir que les services gouvernementaux se transforment
en entrepreneurs. J'ai rarement vu des services gouvernementaux se transformer
en entrepreneurs, dans n'importe quelle société que ce soit.
Je voudrais donc résumer et dire que ce plan d'expansion, encore
une fois, cette exigence ouvre la porte à un contrôle abusif,
à la possibilité d'un contrôle abusif de la part des
gouvernements qui peut donner lieu à beaucoup plus de difficultés
pour les entreprises. On veut faire cela pour les aider, c'est possible, mais
les fonctionnaires et les services gouvernementaux ne sont pas au-dessus des
erreurs qui sont faites. On l'a vu avec les sociétés d'Etat.
Vous savez, il n'y a rien d'automatique là-dedans. Ce n'est pas
parce que c'est une entreprise publique que tout à coup toutes les
décisions vont être bonnes. Les décisions peuvent
être aussi mauvaises lorsqu'elles sont prises par la SDI, par le
gouvernement, par des entreprises publiques ou par des fonctionnaires, qu'elles
peuvent l'être lorsqu'elles sont prises par des entrepreneurs
privés. Mais, dans le cas des entrepreneurs privés, il y a ce
grand avantage que ce sont eux qui risquent leurs propres capitaux.
Encore une fois, pour $1 que le gouvernement va donner en crédit
d'impôt, l'entreprise doit mettre $3. Cela veut dire un sur quatre. Le
gouvernement contribue à 25% et il voudrait contribuer 100% aux
décisions. Je pense que ce n'est pas correct.
M. Tremblay: Mais ce n'est pas cela. Puis-je répondre?
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Tremblay: M. le Président, si, la caricature que vient
de faire le député d'Outremont était vraie, c'est
évident que ce serait abusif, etc. On construit un bonhomme de paille et
après cela on le détruit. Or, en l'instance, il ne s'agit pas du
tout d'une mesure semblable. L'article 16, tel que rédigé,
n'impose pas une condition sine qua non pour consentir des fonds, mais elle
doit contenir un plan d'expansion. Ce n'est pas dire que ce plan d'expansion
peut être refusé ou accepté par le ministère, c'est
uniquement pour amener l'entreprise à formuler son plan d'expansion, qui
peut être bon ou mauvais. Cela permettra, par contre, aux
spécialistes du service d'aide aux entreprises manufacturières du
ministère ou de la SDI d'apporter certains conseils aux entreprises pour
les aider. Si une entreprise refuse ces conseils, elle peut quand même
retirer ces fonds. Ce n'est pas une condition additionnelle au retrait des
fonds. Il ne s'agit donc pas d'une exigence additionnelle. Par contre, si,
comme le dit le député d'Outremont, ce projet de loi visait
uniquement à résoudre les problèmes financiers de la
petite et de la moyenne entreprise, là, je serais d'accord avec lui.
En fait, le principe de la loi ne vise pas uniquement à accorder
des sommes d'argent à la petite et à la moyenne entreprise, parce
que la plupart des études sur la petite et la moyenne entreprise
démontrent que ses problèmes ne sont pas seulement et avant tout
des problèmes financiers, ce sont des problèmes de gestion,
fondamentalement, des problèmes de sensibilisation au marketing et
problèmes d'organisation de l'entreprise. En amenant ce contact entre
l'entreprise et les spécialistes du ministère, sans que cela ne
soit une condition limitative, on bonifie le projet de loi. Cela devient
beaucoup plus un projet de loi pour la petite et la moyenne entreprise que
simplement un projet de loi fiscal visant à abaisser les impôts et
à fournir une liquidité accrue.
Or, une étude a été faite en 1975 auprès
d'une centaine d'entreprises québécoises et ceci est
rapporté dans notre document qui a pour titre: "La PME au Québec,
situation et problèmes", à la page 50 dans laquelle on
découvre que 40% des entreprises préparent des plans formels de
production; 42%, des plans formels de la mise en marché; 28%, des plans
formels en personnel, et même dans le domaine du contrôle
financier, 55% des entreprises sont en mesure de contrôler les
inventaires... Et je pourrais continuer.
Donc, on se rend bien compte, et je le constate moi-même, quand je
rencontre des hommes d'affaires qui viennent me voir pour avoir de l'aide parce
qu'ils sont en très grandes difficultés, que, souvent, le
problème financier
commence par un défaut de gestion ou un défaut
d'orientation.
Lorsqu'on a un investissement de plus de $100 000 pour la petite et la
moyenne entreprise, il faut bien se rendre compte que c'est un investissement
important dans la vie d'une petite et d'une moyenne entreprise, que c'est une
orientation importante et, comme on veut que l'entreprise progresse et qu'elle
ne s'engouffre pas dans des secteurs déjà encombrés, on
veut au moins qu'elle réalise ce qu'elle a amorcé. L'article
n'est pas limitatif, il n'empêche pas l'entreprise de sortir ses fonds,
mais, au moins, en l'amenant à mettre sur papier ce qu'elle veut faire
dans son programme d'expansion; il s'agit d'une justification très
raisonnable de ce qu'elle veut faire avec la dépense. Nous croyons que
le programme devient considérablement bonifié et sera beaucoup
plus important pour l'entreprise.
Lorsqu'on dit que les petites et moyennes entreprises veulent qu'on les
laisse en paix, etc., la réalité est justement le contraire.
Chaque fois que je rencontre des associations de petites et moyennes
entreprises ou des petites entreprises, on nous demande: Quand allez-vous
doubler vos délégués régionaux? Quand allez-vous
créer votre société de réorganisation industrielle
pour nous fournir du support technique? Parce que nous n'avons pas les fonds
pour embaucher un spécialiste en marketing, un spécialiste en
exportation. Quand vous parlez des exportations, c'est très bon pour
l'ALCAN, mais essayez donc de vendre des tentes-roulottes en Arabie si vous
êtes une petite entreprise, vous savez jusqu'à quel point c'est
compliqué.
Ceci se fait présentement, mais on veut l'accélérer
davantage, non pas dans une perspective de conditions sine qua non pour
l'entreprise, mais plutôt dans une perspective d'aide à
l'entreprise, d'un soutien technique additionnel, de sorte que le projet de loi
qui porte sur la PME amène des fonds additionnels, mais comme on
s'entend tous, nous, les spécialistes de la PME, pour dire que les
fonds, dans la PME, c'est un problème, mais ce n'est pas le
problème unique et surtout pas le problème nécessairement
le plus important,, on ajoute un soutien technique. C'est loin, je pense, de la
caricature que vient de tracer le député d'Outremont.
Je pense que faire marche arrière, comme il le proposait,
affaiblirait considérablement le projet de loi et en ferait, comme il le
souhaite, un simple abaissement des impôts, ce qui n'est pas le principe
même de la loi qui a été acceptée par
l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Dans le même ordre d'idées, j'aimerais
bien que le ministre nous assure que l'exigence du plan d'expansion ne
revêt pas un caractère restrictif.
M. Tremblay: Non, c'est un "business plan" que toute entreprise
fait normalement mais, lorsqu'une petite ou une moyenne entreprise fait un
investissement de plus de $100 000 et qu'elle n'a pas de justification pour son
investissement... Si cela ne se produisait pas, on dirait: C'est inutile, mais,
comme les chiffres que je viens de mentionner... Ici, on parle de la petite et
de la moyenne entreprise, ce ne sont pas nécessairement de très
grandes entreprises et, quand on se rend compte que 40% des entreprises
seulement ont des plans formels de production, je pense que la moindre des
choses, c'est que l'entreprise qui veut faire cette expansion connaisse ces
renseignements.
M. Dubois: C'est un renseignement supplémentaire que votre
ministère désire avoir.
M. Tremblay: Cela doit contenir le plan d'expansion, ces
renseignements de production que, normalement, l'entreprise possède de
toute façon.
M. Dubois: Quelle est la nature de ce plan que vous exigez?
Pouvez-vous le préciser?
M. Tremblay: C'est ce qu'on appelle un "business plan",
l'entreprise qui fait son plan, normalement, doit faire le "business plan".
Pour un investissement de $100 000 et plus, elle se demandera: Est-ce pour un
nouvel équipement? Est-ce pour un nouveau produit, en fonction de tel
marché? Dans ce cas, elle l'aura, mais, si elle fait un investissement
de $100 000 et qu'elle n'a aucune idée de sa direction, les
spécialistes du ministère vont essayer de l'aider à
regarder ce qu'elle veut faire avec ce montant pour qu'elle ne soit pas en
faillite trois ans après et éviter qu'elle revienne nous voir en
disant: Nous avons profité du fonds de relance industriel, mais cela
nous a amenés à faire une expansion et à aller dans un
secteur qui était déjà encombré et nous sommes en
faillite. Maintenant, aidez-nous, par une autre subvention, pour nous
éviter de faire faillite. Parce que c'est cela qui se produit
effectivement.
On peut parler de libre entreprise, etc., mais du côté des
hommes d'affaires, la libre entreprise, c'est lorsqu'ils n'ont pas de
difficulté. Lorsqu'ils ont des difficultés, vous les voyez
arriver au ministère. Ils n'ont aucune hésitation à venir
demander de l'aide. La banque leur a envoyé une lettre demandant de
retirer la ligne de crédit et on revient. Pardon?
M. Raynauld: C'est à SIDBEC qu'on a donné le plus
d'argent, c'est une entreprise privée?
M. Dubois: M. le ministre, je serais beaucoup plus rassuré
si à la fin du deuxième paragraphe on ajoutait que cette exigence
n'entrave en rien l'admissibilité de la firme au programme. C'est assez
difficile de savoir si cela a un caractère restrictif ou non. Pour
l'investisseur, c'est assez difficile à savoir.
M. Tremblay: Le sens, c'est celui que vous mentionnez. Par
contre, le mettre là, permettrait
aux entreprises de ne pas fournir le plan d'expansion ce qui
nierait...
M. Dubois: D'un côté, on peut dire que c'est une
exigence; mais d'un autre côté, on peut dire qu'elle n'entrave en
rien...
M. Tremblay: C'est une exigence, mais ce n'est pas, comme le
disait le député d'Outremont, une condition d'évaluation
par le ministère, à savoir si c'est un bon ou un mauvais plan
d'expansion. Qu'il soit bon ou mauvais, l'entreprise pourra sortir ses fonds.
Mais s'il est mauvais, il y aura des conseils qui seront donnés.
L'entreprise est toujours libre de les accepter ou de les refuser. Par contre,
au moins on s'assure que l'entreprise a un plan d'expansion, qu'il soit bon ou
mauvais, alors qu'on sait qu'actuellement une très grande proportion des
entreprises n'ont pas de plan d'expansion.
M. Dubois: Le propriétaire d'une firme qui prend les
textes de la loi tels quels, peut se poser des questions quand il constate une
telle exigence. Il peut se demander lui-même: Si je fournis un plan qui
ne plaît pas au ministère, je ne suis plus admissible...
M. Tremblay: Non. Le but poursuivi, c'est qu'il y ait un plan
d'expansion, pas nécessairement bon ou mauvais. On dit qu'il doit
contenir un plan d'expansion. Ceci amène un contact avec les
spécialistes du ministère pour fournir un support ou des conseils
techniques à l'entreprise.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Merci, M. le Président. Justement, sur le
même point, j'ai écouté attentivement les réponses
que fournit le ministre aux questions de mon collègue d'Outremont et
à celles du député de Huntingdon. Je suis d'accord avec
lui, quant à l'explication qu'il donne de ses intentions. Je crois que
c'est la même chose, la même affirmation qui vaudrait, je me
permets de le dire, pour les autres collègues qui ont posé des
questions là-dessus, à savoir que le ministère ne veut
pas, de façon tatillonne, approuver, exiger des corrections à un
plan d'expansion. Il veut s'assurer qu'il existe un plan d'expansion pour une
entreprise qui fait un certain nombre d'investissements. Malgré tout, je
ne suis pas rassuré entièrement par la réponse du
ministre, parce que même s'il donne une explication qui est valable, il
reste qu'on ne retrouve pas dans le texte de la loi, telle qu'elle est
rédigée dans le moment, une base légale pour son
affirmation. Sachant que l'administration publique fonctionne sur la base de ce
qui est dans la loi, on peut présumer que l'exigence qu'on y retrouve
d'un plan d'expansion sera inévitablement utilisée pour demander
des corrections à des plans d'expansion qui apparaîtraient
irréalistes ou superflus.
C'est la raison pour laquelle, M. le Président, j'ai
formulé un amendement qui pourrait intervenir à l'article 16,
comme troisième alinéa, troisième paragraphe et qui
reprend, je pense, essentiellement ce que vient de dire le ministre quant
à son intention. Si vous me le permettez, je vais faire la lecture, il
s'agit de quatre lignes seulement, de l'amendement proposé: "Un tel plan
d'expansion c'est-à-dire celui dont on vient de parler au
deuxième alinéa n'est pas soumis à l'approbation du
ministre, lequel ne peut refuser à une entreprise le
bénéfice de la présente loi en raison des informations qui
sont fournies par le plan soumis en vertu du présent article. " Donc,
cela souligne très bien qu'il faut qu'il y ait un plan, mais d'un autre
côté que le ministre n'a pas à approuver ou à
désapprouver le plan, qu'il doit simplement l'accepter comme tel et ne
pas prendre prétexte que telle ou telle information est contenue dans le
plan pour dire: Là, nous trouvons que ce n'est pas une bonne chose et on
ne peut pas l'accepter.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous voudriez me
remettre l'amendement?
M. Forget: Oui, je pense que je vais vous le transcrire parce que
j'ai autre chose sur la même feuille.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laprairie, sur l'amendement.
M. Michaud: Oui, en attendant. Non, je ne peux pas maintenant,
c'est sur l'amendement.
M. Forget: Est-ce que le plan d'expansion n'est pas soumis
à l'approbation du ministre, lequel ne peut refuser à une
entreprise le bénéfice de la présente loi en raison des
informations qui sont fournies par le plan soumis en vertu du présent
article?
M. Dubois: Est-ce que l'approbation va être unanime, M. le
Président?
M. Forget: Je pense que l'approbation va être unanime des
deux côtés.
M. Raynauld: Je répète ce que le ministre vient de
nous dire que...
M. Dubois: Je pense que cela est conforme au désir du
ministre.
M. Raynauld: C'est nécessaire. Il veut avoir le plan, on a
dit: D'accord.
M. Dubois: Pour une fois, il va y avoir un vote unanime.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, sur
l'amendement.
M. Tremblay: Ce que vient de proposer le député de
Saint-Laurent n'entre pas en contradiction avec ce que j'ai dit et avec
l'article, tel que rédigé. Lorsqu'on mentionne la forme
prescrite, c'est, évidemment, ce type de renseignement duquel il
s'agit. On ne veut pas qu'une entreprise dise dans un domaine: Voici mon
plan d'expansion, c'est parce que j'ai un contrat en Arabie Saoudite.
Normalement, ce serait inutile en l'ajoutant, parce que, tel que
rédigé, on a l'orientation qu'on veut donner à ce plan
d'expansion.
J'avais pensé qu'on pourrait préciser davantage dans un
règlement que ceci n'est pas limitatif. Mais le danger est d'ajouter des
choses qui n'amènent pas de clarification.
M. Raynauld: On pourrait vous en mettre une, une clarification.
On ne savait pas cela, ce que vous nous avez dit ce matin. Ce n'est pas comme
cela qu'on avait interprété l'article.
M. Tremblay: Vous interprétez le mot "forme" d'une
façon...
M. Forget: Non, ce n'est pas le mot "forme" qu'on
interprète, c'est tout simplement l'obligation de soumettre un plan. Or,
l'obligation de soumettre un plan, je pense qu'on peut très bien le
maintenir. Mais que fait-on avec un plan qui est soumis? C'est totalement
implicite dans la loi, telle que rédigée, parce qu'il est tout
à fait conforme à la rédaction actuelle, pour un
fonctionnaire du ministère, de dire: Oui, c'est vrai, ce plan a
été soumis. Sur le plan de la forme, il est conforme aux
règlements, parce que ce sont les règlements qui vont dire dans
quelle forme, sauf que son contenu ne peut être accepté comme
satisfaisant aux fins de l'application de la loi.
Je ne vois pas l'entreprise aller devant un tribunal pour poursuivre le
ministre, et demander une injonction à la Cour supérieure pour
forcer le ministre à délivrer un certificat, alors que le
ministre refuse de le faire parce qu'il trouve que le plan n'est pas
réaliste, qu'il est farfelu, etc. A supposer même que ce soit
possible de gagner une cause comme celle-là, on voit tout de suite que
l'entreprise en face d'une réaction comme celle-là, qui se voit
retourner son plan par le courrier, avec une note d'un fonctionnaire disant:
C'est un plan qui ne tient pas debout, reprenez-le et nous l'étudie-rons
à ce moment-là, ce fonctionnaire est tout à fait dans la
limite d'une discrétion ordinairement observée dans les
ministères. La loi n'a pas besoin d'être spécifique
là-dessus. Elle n'a pas besoin de dire: Le ministre peut retourner un
plan qu'il juge insatisfaisant. C'est implicite. Je sais que cela se fait. Dans
bien des lois, il y a des exigences comme cela. On retourne un plan, on dit:
Faites-le d'une autre façon, il est inintelligible, farfelu,
irréaliste, inexact. Je pense qu'il faudrait le préciser.
M. Raynauld: Je trouve que cela précise très bien
la nature de ce que va représenter ce plan d'expansion dans la
décision qui sera prise par le gouvernement. Si c'est cela l'intention
du ministre, je trouve qu'il n'y a pas de...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Je crois que cette précision cor- respond
à ce que vous avez dit tout à l'heure, à savoir que vous
l'exigez, mais que vous ne pouvez pas vous en servir pour juger
vis-à-vis du plan d'investissement. Je pense que ce serait plus
rassurant pour l'investisseur et cela rendrait la loi beaucoup plus facile
à interpréter. Je pense que cela n'amende pas du tout le fond de
cet article.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Tremblay: Je suis favorable au fond de l'amendement, parce que
c'est vraiment ce que l'on poursuit. Le danger, avec un tel amendement c'est
nous sommes en train de réfléchir à cela
s'il n'enlève pas la substance fondamentale de l'article, soit
l'obligation pour l'entreprise, au niveau de la forme, de fournir un plan
d'expansion.
Evidemment, le but de l'article, ce n'est pas de porter un jugement sur
le contenu. Par contre, sur la forme même, une entreprise pourrait
simplement envoyer une ligne disant: Voici mon plan d'expansion. Si on ajoute
l'amendement...
M. Forget: On est tout à fait d'accord sur votre
intention, sur le principe.
M. Tremblay: Parce que vous dites: "Ne peut refuser à une
entreprise le bénéfice de la présente en vertu des
informations contenues dans le plan d'expansion". Evidemment, on peut
avoir...
M. Raynaud: Si l'alinéa 2 reste comme il est vous avez
encore la même chose. Le plan d'expansion de la corporation a la forme
prescrite. Elle est encore obligée de le faire suivant les
règlements que vous avez demandés.
M. Tremblay: Le danger, c'est que l'entreprise pourrait
répondre n'importe quoi dans une forme prescrite; la forme peut
être un formulaire: quel est le marché? quel type de machines?
Parce que, lorsqu'on dit "un tel plan d'expansion n'est pas soumis à
l'approbation du ministre, mais, par contre, la forme et le type de
renseignements est soumis à l'approbation du ministre. Si on amende
comme cela en disant que ce n'est pas soumis à l'approbation du
ministre, lequel ne peut refuser à une entreprise les
bénéfices de la présente loi en vertu des informations
contenues dans le plan d'expansion, on dit que quelles que soient les
foli-chonneries qui soient dans le plan, ce sont des renseignements, on se lie
donc les mains complètement. On va à l'inverse. Comme on essaie
de se prémunir d'une crainte implicite, parce que, comme l'a dit le
député de Saint-Laurent, on se rend bien compte que ce n'est pas
une condition explicite que le fond ou le contenu du plan soit accessible.
C'est uniquement une crainte implicite. Je pense qu'on devrait peut-être
prendre ma parole à l'effet que c'est vraiment la question de la forme,
tel que la lettre de la loi le spécifie, et non pas la substance et le
fond du contenu qui est concerné. De sorte que je dirais que je suis
favorable à l'esprit de l'amendement, mais je crois que
si nous l'ajoutions à la ioi, on enlèverait par la bande
ce que vraiment l'on poursuit.
M. Forget: M. le Président, je ne veux pas donner
l'impression qu'on n'est pas prêt à accepter la parole du
ministre, mais on regarde un texte de loi et je pense que c'est normal qu'on
cherche à avoir dans le texte les choses les plus précises
possible. Je peux faire une suggestion au ministre, cependant. Plutôt que
simplement aller au vote sur une motion d'amendement comme celle-là,
où il se sentirait, si je comprends bien, dans le moment, obligé
de voter contre, parce qu il y a des choses non résolues dans son
esprit, s'il nous donnait l'assurance qu'il va y avoir une chose explicite dans
l'article pour éliminer cette possibilité d'une
interprétation trop large du pouvoir du ministère
vis-à-vis des entreprises et qui va, au niveau de la troisième
lecture, quand on fait le rapport en troisième lecture, apporter une
modification qui va rendre cela explicite, je serais consentant à
retirer l'amendement et à accepter la parole du ministre
qu'effectivement, avec ses conseillers juridiques, je comprends que cela ne
peut pas s'improviser, il va regarder la possibilité de changer le texte
de manière à introduire une chose qui soit explicite
là-dessus et qui calme les craintes, peut-être sans fondement.
Encore une fois, ce n'est pas tellement le ministre qui est impliqué
là-dedans, c'est toute l'administration gouvernementale. Ce n'est pas
simplement la bonne foi du ministre. Il n'est pas question de mettre en doute
la bonne foi du ministre, mais c'est un naturel dans lequel l'administration
gouvernementale peut facilement tomber à moins de rendre les choses
très explicites. Je me contenterais de cette assurance du ministre qu'il
va faire quelque chose et qu'il arrivera en troisième lecture avec un
amendement de son cru pour rendre les choses très claires.
M. Tremblay: Non, je n'accepterais pas de faire un amendement en
troisième lecture.
M. Forget: Au niveau du stade du rapport de la commission, c'est
une procédure très couramment utilisée pour des
amendements techniques de rédaction.
M. Tremblay: Ce que je peux faire, c'est de demander
probablement que nous allons revenir à 16 heures d'ici 16 heures
aux conseillers juridiques des trois ministères de considérer la
question. Il me feront rapport d'ici là et je répondrai à
votre question. Je ne peux pas m'engager d'avance à faire un amendement,
parce qu il n'est pas certain que vos craintes soient justifiées. Je
vais demander un rapport. Si elles sont justifiées, selon les
conseillers juridiques, on essaiera de faire un amendement pour clarifier la
chose.
M. Forget: Pour terminer sur ce point, le ministre dit: Si, tout
à coup, les renseignements sont complètement ridicules et on ne
fait que faire semblant de se conformer au deuxième alinéa et
qu'on donne des renseignements qui, sur le strict plan de la forme sont
corrects, mais qui, quant à leur contenu, ne manifestent aucun
sérieux, il ne faudrait pas que le ministre soit lié par cela.
C'est vrai, il y a un risque, c'est sûr.
Dans le fond, on est en face de deux risques. Il y a le risque que cela
se produise peut-être une fois sur cent ou une fois sur mille, que
quelqu'un qui soit complètement farfelu envoie des renseignements qui,
formellement, sont corrects, mais qui, quant à leur contenu, ne
contiennent pas de sens. L'autre risque est que, par une habitude
administrative, malgré tout, on se pose trop souvent la question et
qu'on renvoie les plans. Dans le fond, c'est de savoir si une porte doit
être ouverte ou fermée et quel est le risque le plus
important.
Pour l'efficacité de la loi, le risque est probablement qu'on
examine de trop près et qu'on tatillonne trop longtemps sur les choses.
Qu'il y ait une formule qui soit farfelue sur mille, comme le disait le
député d'Outremont, le même bonhomme qui va être
farfelu pour remplir la formule va, malgré tout, mettre $3 quand le
gouvernement en met $1 dans un investissement. Cela ne devrait pas être
fou à ce point-là très souvent. C'est peut-être un
risque qui est minime par rapport à l'autre, de créer une
espèce de crainte qu'on soit embarqué dans une bureaucratie trop
considérable.
M. Tremblay: M. le Président, comme je l'ai dit, sur le
fond de la question, je n'ai pas tellement d'objection. Le député
a été lui-même fonctionnaire, peut-être se
méfie-t-il des fonctionnaires! Je n'ai peut-être pas cette
méfiance. J'accepterai sa suggestion qu'en troisième lecture,
après les commentaires que j'aurai obtenus de mes conseillers
juridiques, s'il y a possibilité de faire une clarification, je la ferai
lors de cette étape. Je recommanderais qu'on adopte l'article 16
maintenant.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent, retirez-vous votre amendement?
M. Forget: Pour le moment, je le retire et j'imagine qu'on va
laisser l'article en suspens dans ce cas-là.
M. Tremblay: Nous laissons l'article en suspens et je ferai
l'amendement en troisième lecture.
M. Raynauld: C'est cela qu'on avait compris, vu qu'on va revenir
vers 16 heures...
M. Tremblay: Non, parce qu'il y a le ministère des
Finances à contacter, etc., je ferai l'amendement en troisième
lecture, après les recommandations des conseillers juridiques des trois
ministères.
M. Forget: Je serais prêt à le retirer,
inconditionnellement, si le ministre nous assure qu'il va effectivement aller
dans cette direction, quitte à examiner les moyens. Mais si on nous
laisse...
M. Tremblay: Je ne peux pas faire cela puisque j'ai besoin des
avis juridiques. Je ne veux pas préjuger de la direction mais, si les
conseillers juridiques disent que c'est nécessaire pour
préciser
ce que j'ai à l'esprit et ce que vous avez à l'esprit, je
ferais l'amendement en troisième lecture. Si les avis juridiques disent
que ce n'est pas nécessaire parce qu'à tel autre article ou
à telle place c'est bien précisé je ne ferai pas
d'amendement. Mais, comme je ne suis pas en mesure de le faire
présentement, il faut que j'attende les avis. Cela devient une question
technique plutôt qu'une question politique.
M. Forget: Etant donné que le ministre manifeste
malgré tout une certaine ouverture d'esprit, je ne veux certainement pas
forcer la note à ce moment-ci. Je retire ce premier amendement, pour
l'instant du moins; on verra, en troisième lecture, si on retourne en
commission plénière, ce que le ministre aura à nous
proposer.
J'aurais également un deuxième amendement à
proposer à l'article 16 qui pourrait devenir un quatrième
alinéa. D'abord deux mots d'explication. Dans le mécanisme de
fonctionnement de cette loi, on se situe globalement à
l'intérieur de la Loi sur les impôts. Dans le fond, c'est un
amendement à la Loi sur les impôts. Cependant, il n'est pas clair
que toutes les informations qui vont être fournies au ministre de
l'Industrie et du Commerce en particulier ont le même caractère
que les données fiscales. Or, cette question est importante pour les
entreprises sur le plan du caractère confidentiel qu'elles voudraient,
sans aucun doute, voir conférer aux informations qu'elles communiquent
au gouvernement. Dans le domaine des plans d'expansion, c'est probablement
encore plus vrai que dans le domaine des données fiscales, des
états financiers annuels, etc. Finalement il s'agit là non
seulement d'une réalité décrite en termes financiers, mais
d'une projection de projets pour l'avenir, d'espoir, d'anticipation de leur
stratégie commerciale, etc.
Cette information est beaucoup plus sensible et délicate à
divulguer pour une entreprise que simplement le chiffre de ses profits et
pertes parce qu'il n'y a rien là de bien mystérieux la plupart du
temps.
Il me semble qu'il serait important, parce que ce n'est pas fait dans
cet article, étant donné que ce sont des renseignements qui sont
donnés non au ministre du Revenu, mais au ministre de l'Industrie et du
Commerce, qu'on s'assure par un amendement que les renseignements qui sont
contenus au plan d'expansion ont le même caractère confidentiel
que les renseignements qui sont contenus sur les déclarations
d'impôt, avec les mêmes effets sur le caractère confidentiel
des données.
En particulier, il est important que les fonctionnaires qui vont
administrer la loi se sentent l'objet de la même obligation de
confidentialité alors que ce sont probablement les mêmes
fonctionnaires qui vont avoir l'occasion d'entrer en contact avec plus d'une
entreprise dans la même industrie.
On se rend compte, tout de suite, des conséquences d'une
indiscrétion. J'irais même plus loin. Je dirais que cela devient
très délicat que des fonctionnaires soient appelés
à se prononcer sur l'opportunité d'un plan d'expansion d'une
petite entreprise en se basant sur la connaissance qu'ils ont des plans
d'expansion concurrents d'une autre entreprise, petite ou moyenne, puisque
à ce moment, le danger qu'on voulait souligner par le premier amendement
est encore accru. Le service du ministère qui va administrer ce
programme devient une espèce de plaque tournante sur le plan de
l'information.
Il me semble qu'il serait nécessaire de limiter les
dégâts possibles de ce côté, la crainte que cela peut
susciter chez les petites entreprises de voir leurs secrets les plus
importants, au point de vue de la stratégie commerciale et des
investissements, être dans les mains de trop de monde.
L'amendement que je propose est le suivant et il s'insérerait
comme quatrième alinéa dans l'article, en supposant que le
troisième alinéa va subsister d'une façon ou d'une autre
ou voir le jour, sinon il deviendrait le troisième alinéa. Je
cite l'amendement suggéré: "Le plan d'expansion soumis, en vertu
du présent article, ainsi que chacune des informations qu'il contient
constituent des données privilégiées ayant le même
caractère confidentiel que les données contenues aux
déclarations fiscales."
Evidemment, je ne prétends pas que ceci soit rédigé
dans le style le plus pur pour les rédacteurs de lois, mais
malgré tout l'intention est assez claire d'être sûr que,
étant donné qu'il s'agit de la loi de l'impôt, même
si ce plan est donné non au ministre du Revenu, mais au ministre de
l'Industrie et du Commerce, il est analogue à une déclaration
fiscale sur le plan du caractère confidentiel des données qu'il
contient.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, sur
l'amendement.
M. Tremblay: Les conseillers juridiques sont en train de
vérifier cela. Je parlerais peut-être sur le fond de l'amendement
du député de Saint-Laurent. Il est évident qu'il a encore
cette méfiance à l'endroit des fonctionnaires, mais ces derniers
sont soumis à un serment d'office qui les oblige à la
confidentialité des documents sur lesquels ils travaillent.
Il est très difficile de légiférer sur la vertu.
Dans un domaine semblable, c'est le cas qui se présente. Je suis
sensible aux craintes. Evidemment, lorsqu'on est en contact avec plusieurs
entreprises, il est peut-être dangereux de passer une information d'une
entreprise à l'autre. Nous en avons l'expérience avec la
Société de développement industriel qui va, effectivement,
appliquer cette loi. Elle est donc habituée à regarder des plans
d'expansion et des demandes de subventions de la part des entreprises.
Jusqu'à maintenant, les fonctionnaires n'ont pas manqué à
leur serment d'office. Il n'y a jamais eu de poursuite contre les
fonctionnaires.
Faire de cette loi une loi complètement fiscale dans le sens de
la confidentialité parce que ce n'est pas une loi fiscale il y a
des articles qui sont soumis à la loi de l'impôt; la loi comme
telle n'est pas une loi fiscale m'apparaît non seule-
ment comme un manque de confiance envers les fonctionnaires de la
Société de développement industriel, mais peut-être
un cadre juridique très contraignant.
J'aimerais consulter, si vous le permettez, les avocats qui regardent
certains articles de loi.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je pourrais peut-être
ajouter là-dessus ce que nous voulons pour le plan d'expansion, c'est un
peu ce qui est déjà écrit à l'article 8. Ce n'est
pas seulement de la méfiance, mais vous avez jugé bon,
également, de mentionner, à l'article 8, que, lorsque vous
demandez l'autorisation de transmettre les données fiscales au
ministère de l'Industrie et du Commerce, c'est bien écrit, c'est
à titre confidentiel et pour les seules fins de la présente loi".
Donc, vous avez trouvé nécessaire de le dire là...
M. Tremblay: C'est un accroc à la loi de
l'impôt.
M. Raynauld: Oui, c'est cela, c'est un accroc à la loi de
l'impôt. Alors vous avez jugé bon de dire que c'était
à titre confidentiel et pour les seules fins de la présente loi.
Au fond, l'esprit de cet amendement, c'est de dire la même chose pour le
plan d'expansion.
M. Tremblay: Si vous permettez, M. le Président, pendant
que les avocats consultent la loi de la SDI, parce que cela sera
appliqué pour la SDI, j'aimerais revenir à la discussion de tout
à l'heure sur la précision que demandait le député
de Saint-Laurent. Après avoir évalué le tout et dans le
but de bien préciser ce que j'avais à l'esprit, je serais
d'accord, si vous acceptiez de modifier votre amendement. Au début, vous
dites: "Un tel plan d'expansion n'est pas soumis à l'approbation du
ministre" étant donné que cela touche à la forme et au
fond. Ce sera difficile de l'accepter, mais, après cela, on pourrait
dire: "Le ministre ne peut refuser à une entreprise le
bénéfice de la présente loi en vertu des informations
contenues dans le plan d'expansion. Cela, je serais prêt à
l'accepter et à l'insérer dans le troisième
paragraphe.
M. Forget: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Le texte se lirait comme suit:
"Le ministre ne peut refuser à une entreprise le bénéfice
de la présente loi en vertu des informations contenues dans le plan
d'expansion.
M. Raynauld: Je serais d'accord.
M. Tremblay: Le ministre de l'Industrie et du Commerce, parce
qu'on parle de ministre ailleurs aussi.
M. Raynauld: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Le ministre ne peut refuser
à une entreprise...
M. Raynauld: Le ministre de l'Industrie et du Commerce.
Le Président (M. Boucher): Le ministre de l'Industrie et
du Commerce ne peut refuser à une entreprise le bénéfice
de la présente loi en vertu des informations qui sont contenues dans le
plan soumis...
M. Tremblay: Dans le plan d'expansion. C'est le troisième
alinéa.
M. Raynauld: De la corporation. On pourrait finir cela comme
cela. "... plan d'expansion de la corporation."
Le Président (M. Boucher): Cet amendement est-il
adopté?
Des Voix: Adopté.
M. Tremblay: En ce qui concerne la confidentialité, je
serais d'accord, si vous acceptiez de retirer votre amendement, d'ajouter au
deuxième alinéa, après la forme prescrite, les mots
suivants: "A titre confidentiel et pour les seules fins de la présente
loi."
M. Raynauld: D'accord. M. Forget: D'accord.
M. Tremblay: J'en ferais une correction, au deuxième
alinéa. Je le répète, je suis d'accord avec
l'interprétation que vous en faites.
M. Raynauld: Je suis d'accord. Cela reproduit l'expression qui
est déjà là pour l'article 8. C'est parfait. Il n'y a pas
de problème.
Le Président (M. Boucher): L'amendement serait
d'ajouter...
M. Tremblay: Ce serait une correction, M. le Président. Au
deuxième alinéa, après "prescrite", il y aurait une
virgule, "à titre confidentiel et pour les seules fins de la
présente loi." Point.
Le Président (M. Boucher): En ajoutant: "à titre
confidentiel et pour les seules fins de la présente loi" à la fin
du dernier alinéa du deuxième paragraphe de l'article 16.
M. Raynauld: C'est cela.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. On revient
à l'article 16. M. le député de Laprairie avait
demandé la parole.
M. Michaud: Très brièvement, tout à l'heure,
le député de Huntingdon disait que cet article 16 ferait se poser
des questions aux corporations. C'est bon que certaines corporations se posent
des questions parce que, suivant l'analyse que le ministre a soulignée
tout à l'heure, 17,6% des corporations font une planification.
Je crois que si les compagnies se posent des questions, cela les forcera
à planifier à long terme, d'une façon permanente, pour
avoir de meilleurs résultats; certaines compagnies ne répondent
même pas aux questionnaires, parce qu'elles ne sont pas capables; elles
sont intéressées, mais elles n'ont pas la compétence.
Si elles se posent des questions, si elles peuvent s'entourer et si
elles peuvent planifier à long terme, je crois que ce serait à
l'avantage de toutes les compagnies, et cet article, tel qu'amendé,
pourra peut-être les obliger à être meilleures.
Le Président (M. Boucher): L'article 16 est-il
adopté tel qu'amendé?
M. Raynauld: Adopté. M. Tremblay:
Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
17?
M. Tremblay: M. le Président, dans la première
partie de la loi, on parle toujours de corporation et non pas d'entreprise;
dans l'amendement, si vous n'aviez pas d'objection, on parlerait toujours de
corporation, comme on parle d'ailleurs, par extension, de la corporation. Dans
mon amendement, j'avais dit: entreprise. Ce serait une erreur, ce serait
"corporation".
M. Raynauld: D'accord.
M. Tremblay: M. le Président, l'article 17 vise à
inciter les entreprises à réaliser leur projet de dépenses
admissibles le plus tôt possible, sans attendre d'avoir accumulé
toutes les sommes nécessaires dans le fonds. A cette fin, deux retraits
automatiques, pour les deux dépôts qui suivront, sont
accordés, en plus du solde retiré au moment de l'émission
du certificat pour une même dépense admissible. Il permet
également à une entreprise de retirer du fonds toute somme qui y
sera déposée après l'émission du certificat,
relative à une année d'imposition antérieure à
celle où le certificat est émis. Nous avons discuté de cet
article hier. Le député de Huntingdon se préoccupait de
cette question. L'article 17 vise à permettre à l'entreprise qui
n'a pas de profits maintenant, mais qui anticipe d'en faire, de faire un
investissement dès maintenant et de recouvrer les impôts qu'elle
versera dans les deux années précédentes, ou dans
l'année d'imposition antérieure.
M. Dubois: Je ne trouve pas l'article tellement clair, ni
précis, en fait.
M. Tremblay: II y a eu une correction à cet article faite
hier matin. Avez-vous cette correction, M. le député?
M. Dubois: Oui, j'ai la correction ici.
M. Raynauld: Justement, j'avais un peu la même
préoccupation que le député de Huntingdon. Est-ce que cela
veut dire que le certificat pourrait être émis dès la
première année de l'application de la loi, et qu'on pourrait
invoquer des impôts payés l'année dernière, en 1976?
Non?
M. Tremblay: Non. Cela revient à cette décision que
nous avions prise hier, sur les cinq ans et six mois. Une corporation dont
l'année d'imposition se termine le 30 octobre 1977, par exemple, et qui
obtient un certificat du ministre de l'Industrie et du Commerce le 30 novembre
1977 peut retirer le solde des sommes déposées au fonds pour
l'année d'imposition dans laquelle son certificat est émis, en
1977, et, à l'égard de l'année de l'imposition suivante,
1978, et de l'année suivante encore, 1979. A cause de ces six mois
flottants, nous devons préciser cela ici, dans l'article 17, pour que
l'entreprise puisse se prévaloir de l'année d'imposition
antérieure à l'émission du certificat.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Dans votre amendement, vous spécifiez: Ce
certificat est émis, et à l'égard de l'année de
l'imposition suivante. Cela veut dire qu'il n'y a qu'un an pour se
prévaloir, après l'investissement, d'un dégrèvement
d'impôt. Souvent, un investissement peut prendre deux ou trois ans avant
de créer des profits. Ne serait-ce pas possible d'avoir trois ans au
lieu d'un an, à ce moment?
M. Tremblay: Non, c'est deux ans. Le certificat est émis
dans l'année. Il y a un rapport d'impôt à la fin de cette
année, donc cette année, plus l'année suivante.
M. Dubois: Si l'investissement se fait à la fin d'une
année financière ou un peu avant la fin, il ne reste pas beaucoup
plus d'un an pour récupérer les 25%, en fait.
M. Tremblay: Cette année-là compte, plus
l'année suivante.
M. Dubois: Oui, si c'est une compagnie qui ne fait pas de
profits, elle n'a pas de profits cette année-là. Si elle n'a pas
de profits non plus l'année suivante, parce qu'elle a investi, supposons
en 1976/77...
M. Tremblay: Evidemment, si elle n'a jamais de profits, M. le
député, malheureusement, elle ne pourra pas se prévaloir
du projet.
M. Dubois: Oui, mais, souvent, cela prend quand même deux
ou trois ans avant de faire des profits. Là, il n'y a qu'un an
effectivement pour réaliser des profits après l'investissement.
C'est un
terme quand même assez court, un an, pour réaliser des
profits après un investissement.
M. Forget: C'est un point que j'ai soulevé moi aussi, mais
il semble que cela tempérerait le fait que c'est 25%, etc,.
Si on pouvait répartir sur plusieurs années le
bénéfice de cette loi, un investissement pour une petite
entreprise, s'il avait une perspective de pouvoir ainsi diminuer ses
impôts pendant une période de trois ou quatre ans
subséquemment à un investissement, pourvu que cela ne
dépasse pas 25%, ce serait une incitation beaucoup plus forte.
M. Tremblay: II y a un danger, M. le Président, car on
considère cet article 17 comme étant l'article de fond du projet
de loi. On sait que les entreprises déposent 50% de leur impôt
dans un fonds et elles peuvent se servir de ce fonds pour faire des
investissements jusqu'à concurrence de 25% de l'investissement. C'est
une mesure de flexibilité afin que des entreprises n'attendent pas
d'avoir accumulé des fonds pour faire un investissement, mais j'ouvre
une parenthèse pour dire qu'il y a quand même le deuxième
volet du projet de loi. Une entreprise peut aller dans l'autre volet pour faire
l'investissement parce que toutes les entreprises manufacturières
peuvent se prévaloir de l'autre volet. On essaie donc de permettre
à une entreprise d'investir dès maintenant et de recouvrer au
cours des années postérieures. Allonger la période ne
donnerait effectivement rien de plus. La flexibilité recherchée
est comprise dans l'article 17.
M. Dubois: Selon le programme actuel, si le programme
était fait en 1979, qu'est-ce qui arrive dans ce cas?
M. Tremblay: Si l'investissement est fait en 1979, il y a deux
retraits automatiques après l'émission du certificat.
M. Dubois: Vous comptez l'état financier de l'année
d'investissement, c'est-à-dire que vous comptez un état financier
suivant l'année d'investissement, présentement?
M. Tremblay: C'est cela.
M. Dubois: Si votre investissement se fait au mois de septembre,
vos états financiers arrivent le 1er janvier, il n'y a tout de
même pas de temps pour avoir des profits avec un investissement net. Dans
le cadre de la loi, il y a réellement un an.
M. Tremblay: Ce n'est pas tellement la réalisation de
l'investissement comme tel que l'émission du certificat.
M. Dubois: Quand on dit deux états financiers, cela
représente souvent un an d'activité réelle de la
compagnie. Ce n'est pas long. C'est quand même un terme court. Si on dit
un investissement net, on a un an pour produire les profits après. C'est
à peu près cela. C'est un terme tellement court... C'est assez
rare qu'une compagnie, après un investissement, va avoir des profits
l'année suivante. C'est pas mal restrictif. Si on veut aider les
compagnies qui ne produisent pas de profits présentement, il y en a une
foule au Québec.
M. Tremblay: Habituellement, une entreprise qui obtient un
certificat une année ne fait pas nécessairement un investissement
au cours de l'année même où elle a obtenu ce certificat.
Elle peut le faire normalement dans l'avenir.
M. Dubois: Je suis d'accord, mais si les investissements sont
nécessaires pour arriver à des profits, il faut que ces
investissements soient faits le plus tôt possible.
M. Tremblay: A l'article 14, il y a aussi un délai de
douze mois pour faire l'investissement, ce délai peut être
prolongé aussi. Il faut faire attention. Il s'agit d'une exception. Il
faut tenir compte de certains cas d'exception. Cet article a été
mis là pour donner plus de flexibilité. Je ne pense qu'il y a
lieu de faire un débat de fond sur cet article, étant
donné que c'est un article d'exception.
M. Raynauld: M. le Président, je reviens à mon
problème, chacun a son petit problème n'est-ce pas? Je trouve que
ce n'est pas clair. Comme cela se lit: "Le certificat est émis à
l'égard de toute année d'imposition de la corporation
antérieure à l'année d'imposition dans laquelle ce
certificat est émis" M. le ministre, vous me répondez que cela,
c'est pour couvrir le cas d'une année financière, mais mon
problème, c'est qu'on dit que la loi va prendre effet au mois d'avril,
que le fonds de relance prend effet au moment du discours du budget, le 17
avril 1977. Ma question est la suivante: Le ministre pourrait-il émettre
un certificat au mois de septembre, si la loi est adoptée, pour
l'année d'imposition antérieure, donc pour l'année
d'imposition 1976.
Il me semble qu'il y a une contradiction avec le fait que la loi
commence à s'appliquer seulement à partir du 17 avril 1977. N'y
aurait-il pas lieu de dire que c'est l'année d'imposition
antérieure, mais, compte tenu de la date d'entrée en vigueur de
la loi, ou quelque chose comme cela?
M. Tremblay: L'an prochain, ce sera possible. M. Raynauld:
Oui, mais cette année?
M. Tremblay: Mais, cette année, comme il n'y avait pas de
budget, cela n'a pas été budgétisé, c'est
impossible.
M. Raynauld: C'est ce que je comprends.
M. Tremblay: La loi spécifie que cela commence le 13 avril
1977.
M. Raynauld: Le 13 avril.
M. Tremblay: Mais, l'an prochain, ce sera possible. Une
entreprise qui...
M. Raynauld: Elle n'y a pas pensé cette année.
M. Tremblay: ...fait un investissement pourra se rendre jusqu'en
1977. Un investissement en 1978 pourra, une année antérieure,
prendre des fonds déposés en 1977.
M. Raynauld: Le certificat peut être rétroactif,
mais non la loi.
M. Tremblay: Non.
M. Raynauld: Et vous pensez que c'est clair, que c'est comme cela
que cela s'applique?
M. Tremblay: Ce sera clair au niveau du ministère du
Revenu. Les lois fiscales ne sont jamais claires, mais l'application au moins
en est précise.
M. Raynauld: Comme c'est écrit, on dit: Vous pourriez
émettre un certificat au mois de septembre 1977 et tenir compte des
bénéfices que l'entreprise a faits pour l'année
passée. Si je lis mon français, c'est ce que cela dit.
M. Tremblay: Et, plus loin, dans le projet de loi, lorsque nous
arrivons à l'article 31, dans le deuxième alinéa, on dira:
"De plus, en ce qui concerne l'application des articles 4 à 12 et 20
à l'année d'imposition 1977, 1978 ou 1979 d'une corporation, les
articles 6 et 7 doivent se lire comme si les références à
l'année d'imposition précédente ou à
l'avant-dernière année d'imposition de la corporation qui fait le
choix visé à l'article 4..."
Je ne poursuis pas la lecture, mais, à l'article 31, on
précise la distinction entre quand la loi entre en vigueur et quand les
certificats deviennent...
M. Forget: Ce sont les articles 4 à 12 et l'article
20.
M. Raynauld: Oui, 4 à 12 et l'article 20.
M. Tremblay: Les gens du ministère du Revenu me disent que
les choses sont très claires.
M. Raynauld: C'est le problème des gouvernements modernes.
Il n'y a toujours qu'une personne pour qui c'est clair et cela s'applique
à toutes les autres, sauf à elle! Je vous ferai remarquer que
l'article 31 ne s'applique pas à l'article 17. On ne dit rien pour
l'article 17 à l'article 31.
M. Tremblay: Nous sommes dans la section des retraits. Pour
retirer de l'argent du fonds, il faut qu'il y ait de l'argent
déposé au fonds. Et les articles pour déposer de l'argent
au fonds étaient de 4 à 12. Maintenant, une corporation ne peut
pas déposer au fonds pour une année d'imposition
antérieure à une année d'imposition qui se termine avant
le 12 avril 1977. Par exemple, pour une année qui se termine en 1976, la
corporation ne peut pas déposer au fonds. Elle ne pourra jamais retirer
de l'argent pour cette année.
L'amendement proposé ici, c'est-à-dire le contenu de
l'article 17, quand on parle d'une année antérieure, c'est qu'on
se reporte, par exemple, en 1979, en 1980, et le ministère du Revenu
fait une nouvelle cotisation pour l'année 1977, et supposons qu'en 1977
ou en 1978, la corporation retire l'argent du fonds, la moitié de ses
impôts, qu'elle avait choisi de déposer au fonds. On lui a
donné tout son argent. En 1979, on fait une nouvelle cotisation pour
1977 et on augmente ses impôts. Elle est obligée de les payer,
mais ce sont des impôts qui concernent l'année d'imposition 1977,
et s'ils avaient été déposés au fonds quand elle
est venue retirer en 1978, elle aurait pu les retirer. Avec l'article 17, elle
pourra retirer ces impôts additionnels. C'est pour cela que, quand on
parle d'années antérieures, c'est ce qu'on veut couvrir. Ce sont
des augmentations d'impôt dus à une nouvelle cotisation.
M. Forget: A ce moment, s'il y a une nouvelle cotisation qui
remonte à plus d'un an en arrière, de toute façon, ils
vont être obligés de laisser l'argent là.
M. Tremblay: Cela peut couvrir une période de quatre ans.
On a examiné ses dépôts, et si la corporation n'est pas
limitée par ses 25% de cette dépense admissible et qu'elle aurait
pu se rendre jusqu'à 25%, elle paiera ses impôts de la nouvelle
cotisation et, immédiatement, on va lui en rembourser 50%, en vertu du
certificat qu'elle aura obtenu antérieurement. Un article est
prévu à cette fin.
M. Forget: D'accord. Mais à ce moment-là,
même dans cette explication... Si on fait des cotisations pour des
années antérieures, vous dites que cela peut aller jusqu'à
quatre ans passés, la récupération de ses 25% ne peut se
faire pour plus qu'un an. Il se peut donc qu'il y ait des années perdues
dans le passé.
M. Tremblay: Supposons que de l'argent est déposé
par une corporation en 1977. Elle en a déposé en 1977, en 1978,
et au début de 1979, la corporation est allée chercher son
argent; elle a eu un investissement admissible. Elle n'a pu atteindre ses 25%
parce qu'il n'y avait pas suffisamment d'argent déposé dans le
fonds. Le ministère du Revenu en 1980, ou peut-être même en
1981, et cotise de nouveau les années 1977 et 1978 en demandant un
impôt additionnel. La corporation paie ses impôts additionnels.
Comme elle avait un certificat et qu'elle avait retiré en 1979, au
début de 1979, l'argent déposé au fonds en 1977/78 on va
simplement, sur émission de la nouvelle cotisation, c'est-à-dire
sur réception du paiement de l'impôt additionnel par la compagnie,
déposer 50% au fonds et, immédiatement, on rejoindra, pour autant
que cela ne dépasse pas 25%... on va émettre un nouveau
chèque et on retournera, comme venant du fonds, en vertu de l'article
17, le certificat qu'elle aura obtenu. Le ministère du Revenu
émettra un chèque pour remettre la moitié de
l'impôt.
M. Forget: C'est toute année d'imposition
antérieure, ce n'est pas seulement l'année d'imposition
antérieure.
M. Tremblay: Oui. Je souligne que l'explication qu'on vient de
donner touche aussi l'article 20. Elle est absolument conforme.
Le Président (M. Boucher): L'article 17 est-il
adopté? M. le député d'Outremont.
M. Raynauld: Bon. Evidemment, je ne sais pas si cela s'inscrit
quelque part, le dernier paragraphe de l'article 17 mentionne encore les 25% de
la dépense admissible contre quoi j'ai voté à l'article
15. Je suis bien prêt à voter l'article 17, mais je pense que je
dois de nouveau mentionner ma réserve relativement à ces 25% de
la dépense admissible. Sujet à cette réserve, c'est
accordé.
M. Michaud: Je ne sais pas ce que cela veut dire une adoption
comme celle-là. Pas grand-chose.
Le Président (M. Boucher): Adopté, sur
division.
M. Raynauld: Cela ne vaut pas grand-chose. M. Dubois:
Plaider coupable avec explication.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: J'aurais une autre demande à faire au ministre.
L'amendement que vous amenez au numéro 17, cela ne répond pas
tout à fait à la motion que j'avais présentée
à l'article 4. Si une compagnie, qui n'a pas fait de profits l'an
dernier, qui n'en fait pas cette année, mais, afin d'en faire plus tard,
était prête à faire un investissement... Supposons que dans
deux ans, suite aux investissements faits, fait des profits, elle paiera de
l'impôt. Elle pourrait avoir un certificat lui disant que dans deux ans
elle va payer de l'impôt et qu'on va lui rembourser ses 25%.
C'était dans ce sens.
M. Tremblay: Dans le cadre du deuxième volet de la loi,
l'entreprise aura cinq ans pour recouvrer ses impôts après un
investissement. Cela peut être un cas. Elle se prévaudra de la
deuxième partie de la loi.
M. Dubois: A quel article est-ce prévu?
M. Tremblay: On va passer... à partir de l'article 21.
M. Dubois: A la partie 2? D'accord.
Le Président (M. Boucher): Alors, l'article 17
adopté tel que modifié sur division?
M. Raynauld: Adopté.
M. Tremblay: Sur division ou avec réserve, parce que le
député n'est pas vraiment contre l'article, il s'en tient
à ces 25%. Il aimerait que cela soit plus. Il est très
généreux ce matin.
M. Raynauld: En fait, oui. L'article est adopté.
M. Tremblay: Avec les fonds du ministre des Finances.
Le Président (M. Boucher): Article 18?
M. Tremblay: Article 18. M. le Président, cet article
permet au ministre de l'Industrie et du Commerce de prolonger le délai
soit douze mois suivant immédiatement la date de l'émission du
certificat, c'est-à-dire le délai de la réalisation d'une
dépense admissible. Le ministre peut aussi refuser un certificat si la
corporation a fait de fausses déclarations. Il permet aussi au ministre
du Revenu de récupérer les montants versés à la
corporation si cette dernière n'a pas réalisé la
dépense prévue. L'intérêt actuel est au taux de 10%.
Donc, c'est l'article auquel on faisait allusion pour prolonger la
période pour la réalisation de l'investissement.
M. Raynauld: Le taux d'intérêt est de 10%? Je
pensais que c'était 15%.
M. Tremblay: Selon l'arrêté en conseil du 4 mai
1977, c'est 10%.
M. Raynauld: 10%?
M. Tremblay: C'est passé de 8% à 10%.
M. Raynauld: Qu'est-ce que c'est que les 5% additionnels?
M. Tremblay: Ce sont des versements anticipés pour les
corporations. Soit 5% sur les versements et 10% de la valeur au pair.
M. Raynauld: Pouvez-vous répéter cela dans le
micro, parce que je ne comprends pas?
M. Tremblay: Pour une corporation, on doit faire des versements
d'impôt. Soit 5% sur les versements que vous n'avez pas faits plus 10%
d'intérêt. C'est pour cela qu'on dit que c'est 15%.
L'intérêt régulier de 10%.
M. Raynauld: Oui. Je ne suis pas sûr de comprendre. Je ne
suis pas défavorable au trésor public. En tout cas, je suis
d'accord avec la mention à l'article: Au taux fixé à
l'article 28 de la Loi du ministère du Revenu. Je pense qu'on ne va pas
changer la Loi du ministère du Revenu ce matin; je suis d'accord
là-dessus. Est-ce qu'il peut y avoir des cas où il n'y a pas de
mauvaise foi du tout impliquée là-dedans, et où
l'application de cette clause pourrait être excessive?
M. Tremblay: Pour éviter justement que les 12 mois soient
trop limitatifs, il peut y avoir une
commande de machinerie sans pouvoir commencer la construction. Il y a un
délai prolongé.
M. Raynauld: Le délai, je suis d'accord. J'étais au
dernier paragraphe, faisant l'objet d'un certificat ou lorsqu'une corporation a
obtenu un certificat sous de fausses représentations, la corporation
doit rembourser au ministre du Revenu les sommes qu'elle a retirées du
fonds à l'égard de ce certificat, avec intérêts.
Je voulais savoir s'il n'y avait pas des cas où, sans mauvaise
foi et sans fausse représentation, la corporation aurait pu retirer des
montants d'argent du fonds auxquels elle n'avait pas droit. Dans ces cas,
est-ce encore approprié d'appliquer le même taux
d'intérêt, comme si l'entreprise n'avait pas payé des
impôts? C'est plutôt une question.
M. Tremblay: Je comprends ce que vous dites. La loi ne
prévoit pas de pénalité, elle ne comporte pas de
pénalité pour des choses semblables. L'entreprise utilise des
fonds; le danger, en ne fixant pas de taux d'intérêt, c'est qu'on
crée une incitation à sortir les fonds pour les utiliser, ce qui
serait un emprunt sans intérêt.
M. Raynauld: Exactement.
M. Tremblay: II y a une explication aussi, qui provient de
l'article 20.
M. Raynauld: C'est exactement l'article 20.
M. Tremblay: II n'y a pas d'intérêt dans ce cas?
M. Raynauld: Oui, il y en a un, la même chose.
M. Tremblay: Le fond de la question, c'est que vous supposez
qu'il ne devrait peut-être pas y avoir d'intérêt?
M. Raynauld: Si cela a été fait de bonne foi.
M. Tremblay: Si on a prévu de l'intérêt,
parce que l'entreprise bénéficie de l'argent, or, on juge que
c'est un taux normal que de rembourser au taux légal de 10%, si
l'entreprise a obtenu de l'argent et ne s'en est pas servi aux fins
prévues. Si on avait voulu juger de la bonne ou de la mauvaise foi,
c'est sûr qu'il aurait fallu mettre des pénalités beaucoup
plus fortes pour quelqu'un qui est de mauvaise foi. On a dit: On ne juge pas de
la mauvaise ou de la bonne foi des gens. On leur demandera simplement de
rembourser au taux légal, c'est le minimum qu'on peut faire. Etant
donné qu'ils ont eu l'argent dans les mains pendant un an ou un an et
demi, s'ils avaient emprunté à la banque, ils auraient
payé au moins le même taux. On juge que c'est normal, même
s'ils étaient de bonne foi, qu'ils remboursent.
M. Raynauld: D'accord.
Le Président (M. Boucher): L'article 18 est adopté.
L'article 19?
M. Tremblay: L'article 19, M. le Président, nous en avons
discuté beaucoup hier. C'est cet article qui permettra à l'avenir
au ministre des Finances de fixer des bonis sur les retraits à
même les revenus du fonds, afin de stimuler les investissements
manufacturiers et ceci, en fonction de la conjoncture économique. C'est
une possibilité que fournit la loi au ministre des Finances que d'avoir
une action conjoncturelle sur les investissements.
M. Raynauld: M. le Président, sur cet article 19. Je pense
que nous avons un bel exemple ici d'un article qui, sans les explications du
ministre, est interprété complètement
différemment.
J'ai lu cet article dans un sens complètement étranger
à ce que le ministre a dit. J'ai pensé, visiblement à
tort, que ce boni était un taux d'intérêt qui était
versé à la corporation, étant donné que les fonds
avaient été placés en son nom dans le fonds de relance et
que, si la corporation n'utilisait pas les fonds pour trois ans, par exemple,
lorsqu'elle déciderait de les utiliser, au bout de la quatrième
année, elle se verrait rembourser non seulement le montant qu'elle a
mis, mais aussi le rendement des sommes au taux d'intérêt courant
du marché.
Je suggère que cette interprétation est absolument
compatible avec le texte de cet article 19 et il me semble qu'il s'impose qu'on
clarifie la signification de cet article, si ce n'est pas du tout ce dont il
est question.
M. le Président, à même les revenus du fonds suivant
ce qui est indiqué, il est donc évident pour moi que c'est un
paiement d'intérêts.
M. Tremblay: M. le Président, il y a diverses raisons qui
nous amènent à rédiger l'article tel quel. C'est qu'il y a
une multiplicité de dépôts j'ai mentionné
6000 à 6500 PME et suivre les intérêts sur chacun
des dépôts devient admi nistrativement extrêmement
complexe, parce que le fonds rapporte un intérêt
général. D'autre part, on ne voulait pas qu'il y ait des
incitations à laisser les fonds déposés dans le fonds de
relance industrielle en laissant courir les intérêts sur les fonds
parce que cela pourrait être un placement. L'entreprise laisse courir. En
enlevant les intérêts, il y a une incitation à ce que
l'entreprise sorte les fonds et fasse des investissements.
Au départ, nous voulons par contre le fait que ces
intérêts servent au développement économique, que ce
ne soit pas utilisé pour financer le fonds consolidé du
Québec. De sorte que l'on pourra, une année de conjoncture, au
lieu de payer 10% d'intérêts, faire une bonification de 30%, et
cela aura un impact psychologique beaucoup plus fort que si on avait
payé 10% chaque année. C'est donc donner cet aspect, cet outil
conjoncturel, donc le but n'est pas de garder les intérêts, mais
de les verser en magnifiant l'impact conjoncturel.
J'ajoute qu'il n'y a rien qui va empêcher le ministre des Finances
d'en ajouter, dire que tous les fonds d'une entreprise, pour une année,
sont bonifiés de 50%, par exemple...
M. Raynauld: Ce n'est pas dit dans l'article, c'est que je trouve
extraordinaire...
M. Tremblay: II dit que les bonis seront versés...
M. Raynauld: Oui, mais à même les revenus du fonds,
ce qui veut dire que vous ne pouvez pas dire ce que vous venez de dire, que le
ministre des Finances peut l'augmenter. C'est dit: A partir des revenus du
fonds, on ne parle pas d'autre source.
M. Tremblay: Ce qui est dit, c'est que les bonis seront
versés... Mais le ministre des Finances, dans son discours du budget,
peut modifier n'importe quelle lois fiscales.
M. Raynauld: Oui, mais pas en vertu de cet article 19.
M. Tremblay: Non, mais en vertu de cet article, il peut accumuler
les intérêts et les verser dans une année qu'il juge
déflationniste. Mais on introduit une politique conjoncturelle...
M. Raynauld: Pas dans l'article. Vous dites...
M. Tremblay: Pas dans l'article, non, mais dans la philosophie du
gouvernement...
M. Raynauld: ... le gouvernement pourrait avoir une politique
conjoncturelle par ailleurs.
M. Tremblay: Et vous n'êtes pas contre cela.
M. Raynauld: Non, je ne suis pas contre cela, mais on parle
actuellement de l'article 19, on ne parle pas de tous les autres.
M. Tremblay: C'est une recommandation que fait le ministre de
l'Industrie et du Commerce au ministre des Finances indirectement.
M. Raynauld: Oui, mais ce n'est pas dit...
M. Tremblay: Oui, mais le ministre de l'Industrie et du Commerce
le fait maintenant, ça peut s'accumuler et je l'ajouterai aussi, cela me
permettra de recommander au ministre des Finances de bonifier davantage. Mais
il est clair qu'on ne peut pas prendre un engagement quant à une
politique fiscale conjoncturelle pour l'avenir. Ce qui est écrit ici,
c'est que le boni sera utilisé de façon conjoncturelle. En plus
d'empêcher que ça devienne un compte en banque extrêmement
lourd à administrer et que ce soit un compte de placement, ce sera
plutôt un compte de chèques.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Tenant pour acquis ce que vient de dire le ministre,
je me demande vraiment pourquoi s'enfarger dans la rédaction de cet
article avec la restriction "à même les revenus du fonds". C'est
une expression ambiguë, parce qu'on peut vouloir viser les revenus
provenant du placement du fonds, mais aussi les contributions annuelles
à même l'impôt, autrement payables, ça aussi, c'est
un revenu du fonds. Donc, c'est extrêmement ambigu comme formulation. Il
ne me semble pas, de toute manière, qu'il existe dans la loi une
exigence très claire que ce fonds soit placé dans des titres qui
produisent un revenu.
Le ministre des Finances a la discrétion la plus totale, en vertu
de l'article 2, de placer comme il te veut et il peut décider de faire
un placement privé dans le compte courant du gouvernement et de verser
un taux d'intérêt de 3% ou de 2,5% sur ces fonds. Après
tout, il n'y a aucune obligation de le faire sur le marché, dans des
bons du Trésor, etc.
C'est essentiellement un placement qu'il peut faire en disant: Je
décide de lui attribuer 2.5%, ou 1%, ou .5%. A ce moment, c'est sa
liberté. Donc, l'article 2 ayant déjà été
adopté, je n'y reviens pas. Mais, comme il y a une discrétion
totale, il reste que le revenu à supposer qu'on veuille
l'interpréter comme désignant seulement les
intérêts, non pas les mises de fonds ce revenu sera
peut-être insuffisant pour accumuler des sommes nécessaires pour
donner une substance à l'intention présumée du
gouvernement de l'utiliser pour donner un avantage substantiel, le moment venu.
Supposons que ce soit l'an prochain que le ministre de l'Industrie et du
Commerce fasse une recommandation afin de décréter une prime pour
l'investissement à même les revenus... Le ministre des Finances a
donné 2% et les sommes ne sont pas suffisamment grandes pour avoir
accumulé quoi que ce soit de significatif; à ce moment, les
possibilités d'action du gouvernement sont limitées sans
nécessité, sans besoin. Il n'y a aucune obligation stricte de
verser des revenus, de gérer les fonds d'une façon
déterminée. C'est simplement une espèce de lien qui n'a
aucune justification dans le reste de la loi.
Enfin, une question de forme, M. le Président. Je pense que le
mot "boni" employé au singulier représente une erreur de
grammaire. C'est un "bonus" au singulier et ce sont des "boni" au pluriel. On
dit qu'on va verser un "boni", on devrait peut-être dire qu'on va verser
un "bonus". C'est secondaire, mais étant donné qu'on est dans
l'année de la charte, probablement qu'il faut respecter la charte.
M. Tremblay: Ce sont les collèges classiques qui
amènent cette confusion entre "bonus" et "boni".
M. Forget: C'est probablement cela. Ce doit être la faute
de la réforme de l'éducation, mais...
M. Raynauld: Notre langue seconde, c'était le latin.
M. Tremblay: Cave ne cadas.
M. Forget: Maintenant, c'est le jouai.
M. Tremblay: M. le Président, M. le député
de
Saint-Laurent est d'un grand cynisme ce matin, non seulement il se
méfie des fonctionnaires, mais il se méfie du ministre et du
ministère des Finances...
M. Forget: Ah! ça, oui, toujours. Vous allez faire la
même chose d'ici peu.
M. Tremblay: Cela présuppose que le ministère des
Finances fera un mauvais placement ou payera très peu
d'intérêt. Je pense qu'on doit présumer que ce sera un
placement sur les obligations du gouvernement du Québec, qui sont
habituellement assez élevées.
M. Forget: Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il va être
en conflit d'intérêts.
M. Tremblay: En ce qui concerne l'élargissement que vous
mentionnez, nous ne pouvons pas, dans un projet de loi, engager d'autres
revenus que ceux qui proviennent directement du fonds; on le fait
présentement. Comme vous l'avez mentionné, cela ne
m'empêchera pas, comme ministre de l'Industrie ou comme tout futur
ministre de l'Industrie et du Commerce, de faire des revendications au
ministère des Finances pour bonifier davantage à même
d'autres revenus du gouvernement.
M. Forget: Je ne suis pas sûr, il faut s'entendre. Si vous
décrétez un "bonus", votre loi vous empêchera de le faire
si les revenus sont insuffisants, ou alors dites: La loi n'a pas d'importance,
on fera ce qu'on voudra, pourvu qu'on ait de l'argent. A ce moment, c'est ce
que je dis, enlevez cette prescription, mais il vous sera interdit d'appeler un
bonus, ou un boni, si vous voulez, en vertu de la loi une somme qui
dépasse, qui sera disponible en vertu des paiements
d'intérêts.
M. Tremblay: Dans la loi nous ne parlons que de bonis qui
proviennent des revenus du fonds, mais rien n'empêche le ministre des
Finances... Même si la loi 48 n'existait pas, il pourrait le faire. Il ne
faut pas présumer que la décision d'un ministre des Finances de
bonifier le fonds est handicapée par la loi. La loi 48 ne peut pas le
handicaper, on ajoutera les deux bonis au fonds. Ce que vous craignez, c'est
qu'on ne puisse parler d'un seul et même boni, c'est ce qui constitue une
question technique.
M. Forget: Alors, pourquoi la restriction?
M. Tremblay: C'est parce que dans notre projet de loi nous
parlons des revenus qui proviennent du fonds de relance industrielle, cette
partie de la loi parle du fonds de relance industrielle. Nous le
précisons, parce que c'est de là que proviendront les
revenus.
M. Raynauld: Mon interprétation serait-elle exacte si je
la posais de la façon suivante: La deuxième année il y
aura $20 millions qui rapporteront $2 millions et seulement le tiers des
corporations voudront retirer du fonds ce qu'elles y auront mis, donc les
recettes en intérêts de $2 millions pourraient être
réparties sur les corporations qui demandent de retirer des fonds cette
année-là, de sorte que vous donneriez aux entreprises un "bonus"
qui excéderait de beaucoup les intérêts perçus sur
leur propre fonds à eux.
Mais on enlèverait aux autres des intérêts sur les
fonds des autres entreprises qui ont décidé de ne pas investir,
quitte, l'année suivante, à réduire le "bonus" à 2%
ou 3%, et, à ce moment-là, vous récupérez, dans une
certaine mesure, les $2 millions que vous avez donnés l'année
précédente.
M. Tremblay: ...qu'on enlève les intérêts,
parce que j'ai fait allusion au fait que nous assimilions ce fonds à une
sorte de compte de chèques, il n'y a quand même pas beaucoup
d'administration dans tout cela, et le gouvernement ne fait pas d'argent avec
cela. C'est un compte de chèques qui ne porte pas intérêt.
Mais le gouvernement ne se rembourse pas pour ses frais d'administration, etc.,
et se sert du revenu brut pour faire ce que vous dites, justement, à une
année donnée, c'est-à-dire une bonification de x%, de 25%,
30% du fonds pour les entreprises qui investissent cette
année-là, afin d'obtenir la fin conjoncturelle poursuivie.
M. Raynauld: Si je comprends bien, c'est vous qui vous
méfiez du ministère des Finances. Parce que si c'est à
même les recettes du fonds et que vous tenez à cette restriction,
c'est parce que c'est vous qui aurez le contrôle des recettes du fonds en
question, de sorte que le ministre des Finances ne pourra pas décider
que ces recettes du fonds vont servir à autre chose.
M. Tremblay: Je n'avais pas pensé en ces termes, mais cela
a du sens. Il est certain que cela servira à des fins de
développement industriel.
M. Raynauld: Sur le principe, je n'étais pas
opposé; même eu égard à la première
interprétation que j'avais donnée, je n'étais pas
opposé à l'article 19. J'avoue quand même que c'est un
article qui est rédigé d'une façon tellement vague
je ne sais pas si c'est suivre toutes les règles de l'art dans ce
domaine que de rédiger des articles sous cette forme .
M. Forget: II y a certaines absences qui se font remarquer au
niveau de la rédaction des lois, sans blâmer qui que ce soit. Mais
il reste que l'argumentation qu'a développée le ministre
indiquait une autre rédaction de ce projet de loi en disant: Les revenus
parce que, dans le fond, ce n'est pas un article qui oblige le versement
de quoi que ce soit, ni qui limite, selon l'interprétation du ministre,
en quoi que ce soit sa discrétion. Tout ce que cela lui permet de
faire...
M. Tremblay: Politique conjoncturelle par définition.
Comme économiste, vous devriez le savoir.
M. Forget: Attendez un peu. Tout ce que cela vous permet de
faire, c'est d'utiliser les revenus comme une source de revenus
identifiée à des fins particulières. C'est-à-dire
que ce que vous dites essentiellement, c'est qu'il va y avoir des revenus
quelconques déterminés par le ministre des Finances, comme
versements d'intérêts sur le fonds et que ces ressources peuvent
être utilisées pour payer, en tout ou en partie, des bonis qui
seront décrétés par le lieutenant-gouverneur en conseil.
Dans le fond, c'est ce que vous dites. Mais vous ne vous y prenez pas de cette
façon et vous laissez entrevoir qu'il y a des limites et des contraintes
que vous ne désirez pas. Je n'ai pas d'intérêt à
défendre là-dedans, mais il me semble qu'une autre
rédaction serait plus appropriée.
M. Tremblay: C'est un point réglementaire, des bonis
payés par règlement. Une politique conjoncturelle, c'est qu'on ne
connaît pas l'avenir... Quand on pourra s'en servir... Mais je suis
certain qu'à moins que le taux d'investissement continue à
croître au rythme qu'on connaît cette année avec le nouveau
gouvernement, tôt ou tard, il faudra s'en servir.
M. Raynauld: Fantastique. Vous oubliez par ailleurs que c'est le
gouvernement qui finance les investissements de toute façon, et vous
continuez à penser que cela va bien. Plus on dépense, mieux cela
va.
En tout cas, je n'ai pas d'objection à l'article 19.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que la correction
proposée par le député de Saint-Laurent, sur le mot
"boni"...
M. Tremblay: C'est refusé. Il n'en fait pas un amendement
d'ailleurs.
M. Forget: Non.
M. Michaud: M. le Président, sur le même sujet,
j'aimerais ajouter que nous avons vérifié dans les dictionnaires
Larousse et Robert, et "boni" est accepté. Au pluriel c'est "bonis",
avec un "s". "Bonus" est en latin et le pluriel de "bonus" en latin est "boni".
Donc, tel qu'il est écrit là, il est bien écrit.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Laprairie.
M. Forget: Bon. Alors, je vais retourner à l'école,
M. le Président.
Le Président (M. Boucher): L'article 19 est-il
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 20?
M. Tremblay: Article 20, je pense que le fonc- tionnaire en a
donné l'explication tout à l'heure. C'est technique et je pense
que l'explication fut bien donnée.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 21?
Dégrèvement fiscal
M. Tremblay: L'article 21 permet d'entrer dans le chapitre III
qui traite du dégrèvement fiscal favorisant le
développement industriel régional.
Cet article 21 a subi une correction hier, lorsque nous avons fait
l'amendement à l'article 1 pour corriger la définition de
l'entreprise manufacturière. Je présume que tous les
députés ont la nouvelle version de l'article 21.
Le but est de permettre à une entreprise, qu'elle soit dans le
secteur manufacturier ou dans le secteur primaire, de faire un investissement
dans le secteur manufacturier, dans le secteur secondaire. On ne veut pas
empêcher une entreprise, qui est rattachée aux matières
premières, de procéder à une deuxième étape
de transformation et d'investir. Si elle fait cet investissement d'ici trois
ans c'est un programme qui n'est pas permanent, c'est un programme qui
vise les trois prochaines années elle pourra financer cet
investissement à partir de ses impôts, jusqu'à concurrence
de 25% du projet d'investissement.
Les investissements admissibles sont plus restreints que ceux
prévus par le fonds de relance industrielle. Il s'agit d'investissements
admissibles dans les bâtiments et dans l'équipement. C'est ce
qu'explique l'article 21. L'article 21 ne fait pas maintenant
référence à l'achat d'équipement neuf pu de
bâtiments neufs, cela peut être usagé. Il fait aussi
allusion à la possibilité de location. Il y a un
élargissement par la correction apportée hier à l'article
13, qui est aussi compris dans l'article 21.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, en effet, avec l'article 21,
on en arrive à la deuxième partie de la loi, qui est en fait une
mise à jour d'une loi antérieure. C'est une série
d'amendements à une loi qui exitait déjà.
Les problèmes relatifs à l'article 21, en ce qui me
concerne, ne sont pas fondamentaux, mais j'ai un peu de difficultés
à comprendre pourquoi on a rédigé l'article 21 sous cette
forme, quand on en arrive aux activités.
Dans le fonds de relance industrielle on permettait des activités
par règlement. Ici, on exclut les activités par règlement.
C'est curieux comme différence. On exclut les activités par
règlement. On exclut les activités de transformation initiale
d'une ressource naturelle. On dit: Autres que les activités de
transformation initiale d'une ressource naturelle prescrite. Donc, les
exclusions sont prescrites par règlement dans ce cas. Il faut encore que
la corporation exploite une entreprise manufacturière. Les questions que
je me pose sont celles-ci: Pourquoi ajoute-t-on des restric-
tions supplémentaires? Est-ce à cause de la nature des
dépenses, des investissements? Est-ce que cela n'apporte pas des
difficultés considérables que d'essayer d'exclure des
activités de transformation initiale d'une ressource naturelle?
Je comprends très bien que la loi a pour objet de favoriser la
transformation secondaire et l'industrie manufacturière, la fabrication,
mais il faut se rendre compte que, dans beaucoup de cas, dans les mêmes
usines, on va trouver à la fois des transformations initiales d'une
ressource naturelle et la fabrication secondaire. A ce moment, il me semble
qu'on aura des difficultés d'application qui seront
considérables.
Ensuite, je voudrais mentionner, dans ces remarques
générales, qu'à l'article 1, hier, j'ai essayé de
proposer que les définitions d'entreprises manufacturières
n'apparaissent que là où elles s'appliquent, c'est-à-dire,
dans ce cas-ci, au chapitre III, plutôt que de les laisser à
l'article 1, où on définit l'entreprise
manufacturière.
Je n'ai pas d'amendement à proposer sur cet article 21. Je n'ai
pas d'objection de fond.
J'ai des problèmes d'interprétation et le problème
de savoir ce qu'on va exclure exactement par règlement. Est-ce qu'il
n'aurait pas été possible de mettre cela de façon plus
claire dans l'article 21 pour éviter, là encore, que les
entreprises aient à consulter des bibles avant de savoir si elles sont
admissibles à cette partie de la loi?
M. Tremblay: Pourrais-je fournir...
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Tremblay: ... des renseignements ou des réponses
à ces interprétations? Premièrement, je pense qu'il faut
bien comprendre ce qu'était la loi 21. La loi 21 s'appliquait uniquement
dans le cadre du critère 2-A de la SDI, donc, au secteur manufacturier,
et pas seulement au secteur manufacturier, mais aux nouveaux produits, aux
nouveaux marchés, à la haute productivité. Tout le secteur
primaire était exclu par définition? D'accord? Evidemment, cela
excluait les activités. Nous avons voulu garder la même chose.
Nous ne voulons pas exclure l'entreprise. L'Alcan par exemple, n'est pas exclue
de cela. On veut exclure les activités qui sont purement une
transformation primaire des ressources naturelles parce qu'on juge que la
présence même des ressources naturelles, de
l'électricité dans le cas de l'Alcan... Le projet de l'Alcan
à Grande-Baie ne serait pas admissible pour cela parce qu'il ne faut
quand même pas ajouter... Cela n'améliore pas notre avantage
comparatif pour notre investissement manufacturier. Par contre, nous voulons
encourager la transformation accrue des matières premières. Si
l'Alcan ou une fonderie veut faire des chaudrons ou n'importe quoi ici au
Québec et, entre parenthèses, l'Alcan n'en fait pas assez
au Québec eh bien! elle pourra financer une partie de son
investissement à partir de cette loi. Donc, on n'exclut pas
l'entreprise, on exclut l'activité. Et l'activité sera
précisée par règlement. Il est assez difficile de dire
d'office, ce que ce sera. On veut rendre la loi la plus ouverte possible pour
les activités de transformation. C'est pour cela qu'il est
préférable de préciser. Tout ce qui n'est pas exclu est
évidemment accessible.
Nous allons donc exclure certaines activités qui sont patentes,
qui sont évidemment rattachées à la matière
première. Si on compare notre approche avec l'approche de la loi 21, la
nôtre est beaucoup plus vaste en ce qui concerne, du moins,
l'admissibilité des investissements. Elle est plus restrictive à
d'autres égards, mais j'en reparlerai tout à l'heure.
M. Raynauld: M. le Président, M. le ministre, je sais que
mes commentaires sont très vagues là-dessus. Mais, pour les
rendre plus précis, pour quelles raisons, dans l'amendement qui a
été proposé hier, on a changé le mot "entreprise"
par le mot "activité"? Nous avions nous-mêmes proposé un
amendement qui allait dans ce sens, cela va bien. Pourquoi ajouter "par une
corporation y exploitant une entreprise manufacturière"? Si, auparavant,
on dit que les mots "investissements admissibles" signifient les montants
d'argent qui ont été investis au Québec à
l'égard des activités de fabrication ou de transformation autres
que les activités de transformation initiale, pourquoi ajouter "par une
corporation y exploitant une entreprise manufacturière"? Qu'est-ce que
cela ajoute? Est-ce une restriction voulue? Etant donné qu'on
définit une activité, il me semble que cela serait suffisant de
dire "à l'égard des activités de fabrication et de
transformation autres que les activités de transformation initiale d'une
ressource prescrite". Mais, tout à coup, on ajoute "par une corporation
exploitant une entreprise manufacturière". C'est ce que je trouve
embarrassant et je ne vois pas pourquoi on ajoute une restriction comme
celle-là; étant donné qu'on veut justement permettre
à une entreprise qui pourrait ne pas être une entreprise ou une
corporation exploitant une entreprise manufacturière, mais qui comporte
des activités de transformation et vous dites vous-même que
vous ne voulez pas exclure celles-là pourquoi ajouter une
restriction comme celle-là?
M. Tremblay: La raison fondamentale c'est que le programme
s'applique au secteur manufacturier. Mais je suis sensible à
votre...
M. Raynauld: Mais, on définit avant les activités
de fabrication ou de transformation. Ce sont des manufactures.
M. Tremblay: Justement. Même une entreprise comme l'Alcan
est considérée comme une entreprise manufacturière.
Même si elle fait affaires dans le secteur primaire, elle est
considérée comme une entreprise manufacturière. Avec la
correction qu'on a faite hier, on n'exclut pas du tout l'entreprise. Toute
entreprise est admissible, c'est uniquement l'activité comme telle qui
est exclue. Un investissement qui va être dans une aluminerie, c'est
exclu.
Par contre, si c'est une fabrique de chaudrons
en aluminium, l'entreprise elle-même est admissible.
M. Forget: Oui, mais l'inverse de l'argument que vous venez de
tenir n'est pas vrai. Une entreprise qui se situe dans le secteur primaire,
dans le moment, et qui désire développer comme prolongement, dans
l'optique d'une intégration verticale, une activité de
fabrication parce que c'est une entreprise de richesses naturelles...
M. Tremblay: Elle est admissible.
M. Forget: Non, elle n'est pas admissible, parce qu'elle n'est
pas une entreprise manufacturière.
M. Raynauld: Cela ne se fait pas.
M. Tremblay: Si c'est une mine ou une entreprise agricole, elle
n'est pas admissible.
M. Forget: Si elle essaie d'utiliser son produit pour le
transformer ici, elle n'est pas admissible.
M. Raynauld: On a voulu élargir, changer le concept
d'entreprise pour activité, ce qui est une bonne chose, et on l'a encore
gardé dans un bout de phrase.
M. Tremblay: Etant donné qu'on va revenir à
l'article 1, j'aimerais regarder cela avec les avocats lorsqu'on discutera, et
s'il y a moyen de la modifier, je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Boucher): Proposez-vous de suspendre
l'article 21?
M. Tremblay: Non, on reviendra à l'article 1 au niveau de
la définition parce qu'on n'a pas adopté l'article 1, on y
reviendra à la toute fin. J'aimerais le regarder attentivement.
M. Raynauld: Oui, mais, ici, c'est l'article 21 seulement, on
pourrait avoir autre chose à l'article 1 avant. Le bout de phrase dont
je vous parle est dans l'article 21 lui-même, on pourrait l'adopter sous
réserve de ce bout de phrase.
M. Tremblay: D'accord.
M. Forget: Oui, car, techniquement, si les avocats jugent qu'il y
a une correction, on pourra toujours révoquer l'adoption. Est-ce
possible, M. le Président?
M. Tremblay: Si on fait la modification dans l'article 1, par
définition il faudra...
M. Forget: Dans la définition des entreprises
manufacturières.
M. Tremblay: Oui, il faudra le modifier en concordance. Donc, on
peut accepter l'article 21...
M. Forget: Quitte à y revenir.
M. Tremblay: Quitte à faire les concordances voulues
lorsque l'article 1 aura aussi été adopté.
M. Forget: D'accord.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laprairie.
M. Michaud: M. le Président, peut-on prendre comme exemple
de cet article les producteurs d'amiante qui voudraient manufacturer des
produits finis ici au Québec?
M. Forget: C'est ce que j'avais à l'esprit par
exemple.
M. Raynauld: C'est cet exemple qui est considéré
comme une entreprise minière et, tout à coup, on dit: Les
activités de transformation sont admissibles, et tout à coup on
dit: Oui, mais c'est admissible seulement par une corporation y exploitant une
entreprise manufacturière. Cela peut ne pas être une entreprise
manufacturière du tout.
M. Michaud: Exactement, c'est une clarification que je demande
à ce sujet.
M. Dubois: C'est la Johns-Manville dont vous parlez actuellement
qui fait des activités de transformation. C'est une chose qui
existe.
M. Michaud: Oui, certaines en font mais d'autres n'en font
pas.
M. Dubois: II y a un début quand même, il en
existe.
Le Président (M. Boucher): La question du
député de Laprairie...
M. Michaud: Vous n'avez peut-être pas compris ma question,
M. le ministre, je vais la répéter. Peut-on inclure dans cet
article les producteurs d'amiante qui décideraient de manufacturer des
produits finis ici au Québec?
M. Tremblay: Tel que rédigé, non, parce que, si
c'est une mine, à moins qu'il y ait une filiale pour faire la
transformation, là, c'est exclus. Le programme, tel que
rédigé, s'applique au secteur manufacturier d'entreprises qui
sont définies, parce qu'il y a un problème de concordance avec
toutes sortes d'autres lois qui définissent ce qu'est l'entreprise
manufacturière...
M. Forget: C'est la raison pour laquelle il serait difficile de
modifier la définition initiale qui a une utilisation large...
M. Tremblay: On a essayé de le faire pour le fonds de
relance industrielle. On a élargi complètement, mais on ne s'est
pas servi de la définition de l'entreprise manufacturière. C'est
ce que je voudrais faire vérifier par les conseillers.
Présentement, vous avez raison, c'est exclu, c'est une mine,
parce qu'une mine ou une ferme sont exclues.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Une mine si je dis Johns-Manville, ce matin
crée une filiale, si une compagnie minière crée une
filiale pour fins de production...
M. Tremblay: Je m'excuse, je pense qu'on a une réponse
cela devient toujours une interprétation juridique c'est
que l'article 21 dit, au premier paragraphe: Par une corporation y exploitant
une entreprise manufacturière. On sait d'autre part que le
dégagement se fait après que l'investissement a eu lieu.
Après que l'investissement a eu lieu dans le secteur secondaire,
l'entreprise exploite effectivement une entreprise manufacturière, donc
si c'est une mine Johns-Manville ou une autre compagnie elle
devient admissible.
M. Raynauld: Franchement, je ne le pense pas. Il faut que la
corporation exploite une entreprise manufacturière. On parle
d'activités qui sont rattachées à une entreprise qui n'est
pas manufacturière au départ, mais d'activités qui peuvent
être minimes par rapport à ses activités principales. On
veut quand même l'encourager. On dit: On veut encourager cette
activité de transformation ou de fabrication, mais ce ne serait pas une
entreprise manufacturière pour autant. Une entreprise
manufacturière, doit avoir comme activité principale la
fabrication.
M. Forget: Je pense que oui, qui appartient au secteur...
M. Tremblay: II faut faire une distinction entre l'entreprise et
la corporation. La même corporation peut exercer différentes
sortes d'entreprises. Par exemple, elle peut exercer une entreprise
minière, une entreprise manufacturière, une entreprise
financière et cela peut être effectué par la même
compagnie. Du moment qu'elle exploitera une entreprise manufacturière,
elle aura droit aux crédits d'impôt. Si elle fait un
investissement dans le secteur manufacturier, et que c'est elle-même qui
exploite cet investissement, elle aura droit aux crédits.
M. Raynauld: Vous définissez une entreprise comme une
usine?
M. Tremblay: Non. Une entreprise, ce n'est pas défini,
c'est une activité. Une entreprise, c'est une activité.
M. Raynauld: C'est une activité. C'est la première
fois que j'entends cela. Cela a toujours été des entités
légales, pour moi.
M. Tremblay: Nous avons employé "corporation", justement,
pour cela. Au départ, au niveau de la rédaction, c'est une
entreprise qui fait une demande. On a employé l'expression
"corporation", parce que ce sont seulement les entreprises
incorporées... C'est une corporation qui exerce une entreprise. C'est un
terme que nous retrouvons continuellement dans nos lois fiscales. Les avocats
utilisent un terme différent de celui des économistes.
M. Raynauld: Sûrement, oui, très différent.
C'est la première fois que j'entends parler de cela.
M. Forget: Si c'est cela, il n'y a pas de problème.
M. Tremblay: Une chose est certaine, l'esprit de l'article 21,
n'exclut pas les entreprises, il exclut des activités qui sont
uniquement dans le secteur primaire et d'ouvrir au secteur secondaire tout ce
qu'il est possible d'ouvrir.
M. Raynauld: Pourquoi ne dirait-on pas: Une corporation
exploitant une activité manufacturière alors?
M. Tremblay: Comme je l'ai dit tout à l'heure, on
reviendra à l'article 1 à la toute fin pour bien spécifier
ce qu'est vraiment l'esprit. S'il y a moyen de modifier la terminologie, on
l'utilisera.
M. Raynauld: D'accord.
Le Président (M. Boucher): L'article 21 est-il
adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
22?
M. Tremblay: A l'article 22, il s'agit d'un
dégrèvement fiscal de 25% de l'investissement admissible. Cet
investissement doit atteindre au moins $50 000. Le seuil est plus
élevé que pour le fonds de relance industrielle, mais il faut
noter que les entreprises visées ne sont plus les PME, mais l'ensemble
des entreprises manufacturières. Le nombre d'investissements admissibles
s'accroît considérablement, si le seuil est abaissé, sans
pour autant créer un impact perceptible sur l'économie. En effet,
les investissements manufacturiers de moins de $50 000 ne totalisent qu'environ
3% des investissements totaux, alors qu'ils constituent plus de 50% du nombre
des projets.
Même si aucune demande de certificat ne peut porter sur un
investissement admissible inférieur à $50 000, le deuxième
alinéa permet que ce montant minimum soit atteint en cumulant les
montants des investissements admissibles sur plus d'une année
d'imposition, mais à l'intérieur de la période du 1er
avril 1977 au 31 mars 1980. Donc, c'est en prenant en considération le
fonds de relance qui s'adresse à la petite et à la moyenne
entreprise que cet article a été rédigé.
D'autre part, je souligne que, dans le cadre de la loi 21, le seuil
était fixé à $150 000. Nous l'abaissons
considérablement. Nous l'avons abaissé jusqu'au point où
nous risquions d'avoir justement cette lourdeur administrative, ce gros
appareil administratif, sans qu'il n'y ait de bénéfi-
ces économiques vraiment importants. Je pense que nous avons fait
le maximum pour rester dans le cadre de la clarté administrative.
M. Raynauld: M. le Président, je pense qu'il s'agit du
principal article de cette partie de la loi. Je n'ai pas d'objection au minimum
de $50 000. Je voudrais savoir s'il y a des raisons spéciales qui
s'appliqueraient à cette partie de la loi et qui feraient que les 25% de
restriction d'exonération fiscale, en proportion de la dépense
totale faite par la corporation, soient moins restrictifs que dans le premier
cas.
M. Tremblay: Ce sont les mêmes raisons, il y a aussi
évidemment une raison de concordance. Il y a aussi le fait que la loi 21
ne dépassait pas les 12% de l'investissement. Puisque cela allait
à 100% de déduction du revenu imposable, on nedépassait
pas les 12% d'impôt. Maintenant on fait plus que le double. Faire plus
que le double, c'est déjà quand même un bon pas.
M. Raynauld: C'est un bon pas, maintenant...
M. Tremblay: II ne faut quand même pas nous faire
courir.
M. Raynauld: Je pense qu'il y a de très bonnes raisons
pour que cette restriction soit moins grande, moins forte que ce n'est le cas
à l'heure actuelle. Est-ce que...
M. Tremblay: La raison de la concordance, c'est qu'on ne veut pas
que les entreprises, les PME, se dirigent vers ce fonds. Nous avons
élargi ce fonds de relance industrielle avec toutes sortes de
dépenses admissibles, mais on ne voulait pas que, uniquement parce que
le deuxième volet est plus attrayant, on se lance dans ce fonds. Il y a
une concordance de 25%. L'aspect concordance devient important ici.
M. Raynauld: Oui, je le conçois et je pense que je serais
d'accord avec cet argument. Mais en ce qui me concerne, comme je ne suis pas
d'accord sur la première partie, j'aurais voulu élargir
l'application, je ne suis pas plus d'accord sur cette deuxième partie
s'il n'y a pas de raisons spéciales qui font que, dans ce cas de la
deuxième partie, il y aurait autre chose. Je comprends très bien
que vous vouliez vous en tenir, pour des raisons de concordance, à ce
qui a été adopté auparavant; de mon côté,
j'étais opposé, en ce qui concerne le fonds de relance
industrielle, et pour des raisons de cohérence, moi aussi, je suis bien
obligé d'être contre la restriction des 25% dans la
deuxième partie. Encore une fois, je réitérerais ici la
suggestion que j'ai faite si elle n'est pas appliquée cette
fois-ci, peut-être le sera-t-elle l'année prochaine
d'essayer d'avoir des formules qui pourraient peut-être ajuster cette
exigence en fonction de la taille des entreprises. Je pense que, dans ce
cas-ci, cela aurait encore plus de valeur que dans le cas du fonds de relance
industrielle. Si je comprends bien.
M. Tremblay: Quoiqu'on s'attende à ce que ce soit surtout
la grande entreprise, 300 employés et plus, qui s'en prévale.
M. Raynauld: C'est cela. Alors, à ce moment-là, je
pense que je serais d'accord avec la restriction.
M. Tremblay: II y aurait peut-être un argument à
apporter, d'abaisser les 25% pour la très grande entreprise et la grande
entreprise.
M. Raynauld: Non! Je pense que...
M. Tremblay: La ramener à la loi 21, parce que 25%, c'est
très généreux.
M. Raynauld: Ce qu'il faudrait faire, à mon avis, c'est de
laisser les 25% pour les entreprises, par exemple, de plus de 300
employés, et ensuite d'abaisser cette restriction, comme je l'avais
suggéré pour le fonds de relance industrielle. A ce
moment-là, la...
M. Tremblay: L'augmenter, dites-vous, pas l'abaisser.
M. Raynauld: Cela dépend du point de vue où on se
place. On a 25% d'investissement total et on pourrait les relever, si vous
voulez, à 50% à l'autre extrême, et, entre les deux, avoir
le tiers, ou peut-être que je pourrais me contenter des 25% pour les
entreprises de 300 employés et plus et porter ce pourcentage à
50% pour les plus petites entreprises. Il me semble que c'est une suggestion
qui est valable et qui aurait un certain sens, à la condition que cela
s'applique, comme vous dites, aussi aux deux parties de la loi pour ne
pas...
M. Tremblay: Mais cela compliquerait passablement la loi.
M. Raynauld: Cela ne la compliquerait pas, étant
donné que, dans ce cas-ci, dans le cas du fonds de relance industrielle,
il n'y a que les entreprises de moins de 300 employés. Vous pourriez
très bien dire que cela va être 50%, un pour un et que, pour les
300 employés et plus, cela serait 25%, comme vous l'avez actuellement.
En tout cas, je ne veux pas prolonger le débat sur ce sujet, on l'a fait
hier. Je pense que j'avais de bonnes raisons de suggérer cela et je
pense qu'ici encore, j'ai les mêmes bonnes raisons de vouloir...
M. Tremblay: Afin de ne pas laisser une fausse impression,
j'aimerais quand même toujours répéter que, même dans
ce cas-là, le projet de loi va deux fois plus loin que l'ancien projet
de loi 21. Je ne voudrais pas que le député d'Outremont, à
force de répéter que 25%, ce n'est pas élevé, donne
l'impression que le projet de loi ne va pas loin. Par rapport à la loi
21, qu'il remplace dans cette partie-là, on est au moins deux fois plus
généreux et même plus parce que les 12%, c'est un maximum.
Anciennement, il y avait 6% et 3,6% selon les régions.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le ministre, j'aimerais avoir la définition
de la zone 2. Je pense que la zone 6 est tout près de la zone 2.
Montréal serait exclu du programme présentement?
M. Tremblay: Le Montréal métropolitain est exclu.
Le Montréal métropolitain, dans la loi 21, avait un
dégrèvement de 3,6%. C'était relativement minime.
On l'a exclu, je ne pense pas que vous vouliez soulever cela ici. J'ai
les raisons pour lesquelles on l'a exclu, c'est parce qu'on voulait renforcer
l'aspect régional. D'autre part, comme gouvernement, il nous a fallu
prendre une décision à savoir si nous allions accorder ces 3% de
bonification des inventaires ou pas pour amener une concordance de la Loi de
l'impôt du Québec avec celle du gouvernement fédéral
et que ceci impliquait quand même $30 millions pour le gouvernement du
Québec et $70 millions pour le gouvernement fédéral. Donc,
on a décidé de faire la concordance, et comme la majorité
de 60% de ces entreprises est située dans le Montréal
métropolitain, c'était quand même un montant de $30
millions qui sortait de notre budget et qui allait vers la région de
Montréal.
D'autre part, avec le MEER, il y a eu une redésignation de
Montréal métropolitain comme zone spéciale avec un
programme de $60 millions pour les trois prochaines années. Donc, ces
aspects budgétaires, ces aspects de régionalisation, compte tenu
que l'ancienne loi n'était pas tellement généreuse
pour Montréal, 3,6% compte tenu du fait que le programme de la
PME qui regroupe quand même beaucoup d'entreprises qui sont dans le
Montréal métropolitain fait que Montréal fait
déjà partie du projet de loi, le programme PME, parce que
l'impact du projet de la loi 48, c'est surtout le fonds de relance
industrielle.
Celui-ci, c'est seulement afin d'obtenir un impact régional. En
tout cas, pour tous ces facteurs, nous avons gardé la zone
extérieure au Montréal métropolitain et la zone des
régions périphériques ou les
régions-ressources.
M. Dubois: II reste quand même que le fédéral
reconnaît le besoin d'une aide aux investissements dans la région
métropolitaine en la désignant.
M. Tremblay: Nous aussi. C'est pour cela que, dans le programme
de la PME, comme l'a dit le député d'Outremont dans son discours
en deuxième lecture, nous aurions pu aussi dans le fonds de relance
industrielle, avoir un impact régional, c'est-à-dire donner moins
à la zone de Montréal, plus, etc. On n'a pas voulu le faire pour
des raisons administratives d'accord, mais aussi pour ne pas défavoriser
les PME de la région de Montréal. Maintenant, il s'agit ici de
grande entreprise, qui peut être influencée à se localiser
un peu à l'extérieur de Montréal, et nous poursuivons ici
une fin de décentralisation des grands projets et on sait que certaines
régions en ont besoin. Cela peut être un facteur additionnel et
nous l'avons mis dans la loi.
M. Dubois: D'accord, j'accepte ces explications.
M. Raynauld: Est-ce que c'est le moment, M. le Président,
de soulever, puisque la question a été posée, la
définition de zone 1 et zone 2? Tout ce qu'on a là-dessus, c'est
votre déclaration, M. le ministre, je pense, à l'occasion de la
présentation du projet de loi: le seul endroit où ces zones sont
définies, elles le sont de façon très vague et cela
n'apparaît nulle part. Je devrais dire ensuite aussi que la façon
dont c'est présenté, c'est très curieusement
présenté, on dit qu'il y a une zone 1 et une zone 2. C'est tout
Québec. Tout à coup, on voit Montréal, excluant le
Montréal métropolitain. Il me semble qu'on devrait avoir trois
zones, à ce moment. On dit zone 1, zone 2, ce sont les seuls endroits
qu'on a.
M. Tremblay: Oui, M. le Président, la raison pour laquelle
nous mettons les zones dans les règlements...
Le Président (M. Boucher): Les membres de la commission
sont-ils d'accord, parce que nous sommes à l'article 1?
M. Tremblay: J'aimerais faire une proposition. Nous avons un
projet de règlement qui est déjà ici. J'aimerais qu'on en
fasse des photocopies et qu'on les distribue à tous les membres de la
commission. J'ajouterais que la raison pour laquelle on insère ces zones
dans les règlements c'est qu'à chaque recensement, il y a des
modifications des zones et nous ne voulons pas être obligés de
revenir devant le Parlement pour ajouter ou soustraire une ville, on les
insère dans les règlements. Il est évident qu'on va
distribuer, et déjà, d'ailleurs, des graphiques et dessins ont
été faits pour faire énormément de publicité
sur le contenu de chacune des zones. On va vous distribuer ces documents, et si
vous avez des questions à poser sur certaines villes, dans telle zone ou
telle zone, parce qu'on reviendra à la toute fin pour discuter l'article
1, vous pourrez soulever vos points.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 22 est
adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 23.
M. Tremblay: L'article 23, M. le Président, établit
que l'entreprise a cinq ans pour utiliser son dégrèvement fiscal
lorsque son impôt payable pour l'année d'imposition pendant
laquelle elle a fait l'investissement admissible n'était pas suffisant.
Donc, cette partie de la loi vise à avoir un impact conjoncturel
immédiat plus fort que dans l'autre. Le programme sur la PME poursuit
divers objectifs de fonds de relance, visant, évidemment,
à amener une relance des investissements, à apporter une
liquidité accrue à la PME, mais aussi à la placer sur un
sentier de croissance, c'était l'objectif.
Dans cette partie de la loi, qui s'adresse surtout aux grandes
entreprises, nous voulons les inciter à faire des investissements le
plus rapidement possible. C'est pourquoi on a fixé un délai de
trois ans, comme le prévoyait d'ailleurs la loi 21. Par contre on fixe
une période de cinq ans pour recouvrer, à même leur
impôt, les 25% de leur investissement.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je n'ai pas d'objection
à cet article. Je pense qu'il donne une souplesse additionnelle
nécessaire et avantageuse.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 24.
M. Tremblay: Article 24, M. le Président. Selon cet
article l'entreprise peut bénéficier d'un
dégrèvement fiscal équivalent à 50% de son
impôt à payer de façon à ce que les
répercussions sur l'impôt à payer par les corporations en
vertu des deux programmes soient analogues. Nous avons aussi voulu
établir une concordance. Si la moitié de l'impôt est
déductible pour la PME, nous ne voulions pas que la grande entreprise
puisse avoir de déductions supérieures à 50%.
M. Raynauld: M. le Président, sur cet article, je n'ai pas
d'objection à la moitié de l'impôt payable. J'ai cependant
une question à poser. Pourquoi la restriction de $500 000 pour
l'ensemble des investissements admissibles, étant donné qu'on a
déjà le plafond des 50%?
M. Tremblay: La raison est surtout budgétaire. Nous ne
voulions pas que pour de très gros projets d'investissements le
programme implique des déboursés trop importants, d'autant plus
que pour ces gros projets, ils se confondent la plupart du temps à
l'article 2a de la SDI. Il y a pratiquement assurance que la SDI accordera 12%
de subvention. L'investissement de CIL en est un bon exemple. Des
investissements qui dépassent $2 millions sont des investissements qui,
habituellement, utilisent une technologie et de l'équipement moderne.
Parce qu'ils sont pratiquement toujours admissibles au critère 2a de la
SDI et que la SDI leur donne une subvention importante, nous avons cru bon de
limiter le plafonnement à $2 millions pour l'investissement. C'est
arbitraire, je concède que cela aurait pu être différent.
C'est pour une raison politique que nous l'avons fait.
M. Raynauld: Pourquoi mentionnez-vous $2 millions?
M. Tremblay: C'est que $500 000... Comme c'est 25%, cela fait un
investissement de $2 millions.
NI. Raynauld: Oui, mais le crédit d'impôt ne peut
excéder $500 000 pour l'ensemble de la période.
M. Tremblay: C'est cela, mais on peut faire un investissement de
$2 millions.
M. Raynauld: C'est sur une longue période, trois ans, le
plafond n'est pas élevé. Cela veut dire que le crédit
d'impôt par année...
M. Tremblay: Une entreprise qui ferait beaucoup
d'investissements...
M. Raynauld: ... cela veut dire $150 000, $160 000?
M. Tremblay: L'entreprise peut faire des investissements de $2
millions... L'entreprise peut faire des investissements de $5 millions, mais
être admissible quand même. Mais le taux, au lieu d'être de
25%, redevient de 12.5%.
M. Raynauld: Oui, bien sûr, mais je ne vois pas pourquoi
vous dites des raisons budgétaires. Vous avez des études qui
prouvent cela, qui prouvent quel serait l'impact si on passait de $500 000
à $1 million? Avez-vous des études là-dessus?
M. Tremblay: Nous avons calculé que le programme, tel que
rédigé, aurait coûté $30 millions. Nous avons fait
énormément de calculs. Nous avons étudié
différentes autres possibilités, et celle-là entrait dans
le cadre de nos préoccupations.
Je reviens à cet aspect du 3% d'ajustement des inventaires qui
coûtent un autre montant de $30 millions. Comme celui-là nous
coûte $30 millions pour la période, compte tenu que la SDI accorde
presque toujours à ces grandes entreprises les subventions qu'elles
demandent...
M. Raynauld: Oui, mais cela ne répond pas à ma
question. Je veux savoir quel serait l'impact si c'était $1 million
plutôt que $500 000. Vous me dites: C'est déjà assez
généreux. Assez généreux, cela est votre opinion.
Moi, je trouve que cela n'est pas assez généreux. Avez-vous de
bonnes raisons pour dire que cela ne peut être augmenté à
$1 million plutôt que d'être de $500 000?
M. Tremblay: II y a un choix arbitraire.
M. Raynauld: Alors, moi je vais suggérer $1 million.
Est-ce arbitraire?
M. Tremblay: Alors, suggérez $1 million.
M. Raynauld: Non, mais l'idée, c'est d'essayer
d'élargir ce projet de loi et de le rendre plus effi-
cace. On n'a pas de bonnes raisons pour les restrictions...
M. Tremblay: Oui, mais il est facile de rendre un projet de loi
qui a des retombées fiscales en disant: D'accord, on abaisse davantage
les impôts et on donne davantage d'argent. Nous sommes aux prises avec
des déficits à administrer, comme gouvernement, et comme je l'ai
dit, nous comparons cette loi avec la loi 21. Nous avons doublé le
pourcentage de financement et de l'investissement. Nous avons jugé que
c'était le maximum que nous pouvions faire cette année.
M. Raynauld: Vous ne savez pas quel est l'impact de cela?
Pourquoi dites-vous cela? Je voudrais savoir quel est l'impact de cela, $500
000, est-ce...
M. Tremblay: Comme je vous l'ai dit hier, il est difficile de
prévoir tous les investissements qui vont se produire au cours des trois
prochaines années, et leur montant. Mais on sait que plus on
élève le plafond, plus cela coûte cher et nous avons
calculé nos $30 millions à partir de ce plafond, et de cela nous
sommes relativement certains.
M. Raynauld: Est-ce que je peux savoir dans quelle mesure les $30
millions ont été affectés par le maximum des $500 000 par
opposition à toutes les autres dispositions du projet de loi?
M. Tremblay: On va venir nous dire que si on montait à $1
million, cela monterait approximativement le coût de $10 millions
à $15 millions additionnels.
M. Raynauld: De $10 millions à $15 millions additionnels?
Je trouve que c'est une bonne mesure.
M. Tremblay: C'est toujours facile de donner l'argent des autres!
Vous êtes dans l'Opposition, mais nous, nous sommes au pouvoir et nous
essayons de faire le maximum avec les déficits que l'ancien gouvernement
nous a laissés.
M. Raynauld: Bon! Encore une fois, M. le Président, je
pense que je ne peux pas proposer d'amendement, mais j'en fais une forte
suggestion étant donné que c'est un maximum arbitraire et qu'on
s'entend pour dire que le projet de loi devrait être aussi efficace que
possible. Un plafond comme celui-là n'a pas de raison d'être
particulière et je fais la suggestion que cela soit relevé
à $1 million.
Le Président (M. Boucher): Alors, l'article 24 est-il
adopté?
M. Raynauld: Sur division, en ce qui me concerne, si ma
suggestion n'est pas adoptée.
M. Tremblay: L'article 25, M. le Président, est un article
de concordance fiscale, parce qu'il existe de nombreuses lois
antérieures qui ont une incidence fiscale, et on précise ici que
l'entreprise doit se prévaloir, évidemment, des
disponibilités, des dispositions des lois antérieures qui peuvent
avoir un impact sur sa propre fiscalité.
M. Raynauld: Je n'ai pas d'objection à cet article, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Article 25, adopté.
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 26?
M. Tremblay: Selon l'article 26, M. le Président, une
corporation doit obtenir un certificat du ministre de l'Industrie et du
Commerce avant le début de la réalisation d'un investissement.
Dans la zone 1, qui comprend la région administrative de Québec,
de Trois-Rivières, des Cantons de l'Est, de l'Outaouais et de
Montréal, sauf du Montréal métropolitain; dans la zone 2,
les régions administratives du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie,
du Lac-Saint-Jean, du Nord-Ouest, de la Côte-Nord et du
Nouveau-Québec, dans ces cas, un investissement inférieur
à $100 000 dans la zone 1 ou tout investissement dans la zone 2,
à condition qu'il existe un marché, est admissible, et b) un
investissement de $100 000 ou plus dans la zone 1, à condition qu'il y
ait mise en oeuvre d'une technologie moderne afin de fabriquer un bien de
conception nouvelle, constitue un investissement qui est aussi admissible.
C'est l'article qui précise l'admissibilité des investissements
selon les deux zones.
M. Raynauld: L'article 26 a un certain nombre des
caractères de l'article 16 que nous avons examiné ce matin. Ce
sont un peu les mêmes considérations que j'aurais à faire.
Ces choses me paraissent vraiment arbitraires. Qu'on demande à une
entreprise de ne pas nuire aux autres entreprises dans sa zone et cela
est précis lorsqu'elle fait un investissement de $100 000 et
moins, lorsqu'elle en paie les trois quarts, cela me paraît très
arbitraire. Je ne suis pas fortement opposé. En ce qui concerne b), pour
l'investissement de $100 000 et plus, c'est dans la zone 1.
On peut se demander pourquoi on restreint cela à la zone 1. Si je
comprends bien l'autre condition pour l'investissement de $100 000 et plus,
c'est que ce soient des activités de haute technologie. Pourquoi
restreindre l'activité de haute technologie à la zone 1? N'y
aurait-il pas aussi des entreprises de haute technologie dans la zone 2?
Je ne vois pas bien pourquoi on fait des restrictions de ce genre. Je
comprends la restriction entre moins et plus $100 000. On fait de gros projets
dans certains cas et dans d'autres, ce sont de petits projets. Les
règles ne sont donc pas les mêmes, mais, encore là,
pourquoi restreindre les zones en ce qui concerne les emplois de $100
000...
M. Tremblay: II faut voir l'article 26 dans le cadre de
l'élargissement de la loi 21. La loi 21 établissait que tout
investissement devait être conforme au critère 2a de la SDI. On a
élargi; on a dit, pour la zone 2, qu'on laissait tomber
complètement le critère 2a et on laisse même tomber le
montant, pourvu que cela ne mette pas une entreprise en faillite dans la zone.
On a voulu l'élargir complètement pour les zones-ressources. On
l'a gardé pour la zone 2, parce qu'il nous a semblé que
l'argument de renforcement de la structure industrielle du Québec
s'appliquait plus facilement dans cette zone, la zone intermédiaire
entre Montréal et les zones-ressources. On a donc préservé
ce qui était dans la loi 21 pour la zone 2, mais on l'a élargi
pour la zone 1.
M. Raynauld: Cela n'a pas de sens de dire que les investissements
de haute technologie, de $100 000 et plus, vont s'appliquer seulement dans la
zone 1.
M. Tremblay: Non, ils peuvent se faire dans la zone 2 aussi,
parce qu'il n'y a pas de contrôle dans la zone 2.
M. Raynauld: Pour un investissement de $100 000 ou plus
effectué dans la zone 1, il faut que ce ne soit que la haute
technologie. On apporte des restrictions...
M. Tremblay: ... qu'il soit admissible selon le critère de
rentabilité.
M. Raynauld: On apporte des restrictions pour la zone 1 et on
n'en apporte pas pour la zone 2.
M. Tremblay: C'est cela.
M. Raynauld: Mais, pour $100 000, dans la zone 1, il faut que ce
ne soit que de la haute technologie.
M. Tremblay: Non, vous utilisez cette analogie, c'est le
critère 2a, tel qu'il existe dans la loi 21.
M. Raynauld: C'est la haute technologie, les produits non
fabriqués.
M. Tremblay: On a assoupli le critère 2a, pour la
zone-ressource on l'a laissé tomber. Dans la zone-ressource, tous les
investissements sont illicites.
M. Raynauld: Dans un certain sens, c'est l'inverse de ce que je
disais. Ce que vous ne voulez pas, c'est avoir des investissements dans la zone
1 qui ne soient pas des investissements de haute technologie.
NI. Tremblay: C'est cela, le critère 2a s'applique.
M. Raynauld: J'ai déjà...
M. Tremblay: Je suis d'accord que ce serait
préférable d'avoir plus d'ouverture, mais on espère
pouvoir être plus généreux dans...
M. Raynauld: Ce sont toutes des restrictions inutiles, absolument
pas dans l'intérêt du Québec. Ce sont toutes des affaires
qu'on rapporte d'une année à l'autre, ce sont des mythes qui
existent. Ah oui! une industrie de la chaussure, ce serait bon à
Trois-Rivières, mais, à Laval, ce n'est pas bon. Un manufacturier
veut aller s'établir là: Non, vous ne faites pas partie de la
haute technologie, vous autres, allez-vous-en ailleurs. Ce sont des histoires
de ma grand-mère, ces histoires!
M. Tremblay: Vous êtes contre le principe de la
régionalisation.
M. Raynauld: Je ne suis pas contre le principe de la
régionalisation, je suis en faveur des autres choses qui sont là
et j'ai voté pour.
M. Tremblay: Si on a une régionalisation, il faut qu'il y
ait...
M. Raynauld: Je ne suis pas contre la décentralisation, je
suis contre les restrictions inutiles. Il y a des entreprises qui veulent
s'établir dans la zone 1. On leur dit: II faut que vous fassiez
là de la haute technologie. Il faut que ce soit ceci ou cela. Je dis que
ce n'est pas dans l'intérêt du Québec de faire des choses
comme cela. Que l'on donne des primes pour des gens qui s'en vont à
l'extérieur de Montréal, d'accord, je ne suis pas opposé
à cela. On en a des choses là-dedans et je ne suis pas
opposé à cela. Tout à coup, une entreprise veut faire un
investissement dans la zone 1. Tout simplement parce que ce n'est pas le type
d'activités allez donc définir quelles sont les
activités de haute technologie. Il y a des cas frontières
là-dedans larges comme cela, toute la patente est large comme cela. Ce
sont tous des cas frontières arbitraires, de toute manière
... Tout à coup, on dit: Non, on n'aime pas cela cette affaire,
allez donc dans une autre zone.
M. Tremblay: Cela force la régionalisation, cela
amène des entreprises dans des régions parce qu'on veut les
amener pour la régionalisation. La régionalisation comporte des
coûts, elle ne se fait pas d'elle-même. Par définition, si
on n'avait pas besoin d'encourager les régions éloignées,
on n'aurait pas besoin d'utiliser des mesures qui incitent les entreprises
à s'installer dans ces régions.
Le Président (M. Boucher): Article 26, adopté.
Article 27 vous avez...
M. Raynauld: Avec division sur 26 pour cette histoire.
Règlements M. Tremblay: L'article 27, M. le
Président, in-
troduit le chapitre IV, qui traite des règlements. Le pouvoir
réglementaire du gouvernement sera utilisé pour exclure certaines
activités de la définition, activités de production, selon
l'article 1 dont nous avons discuté tout à l'heure: b) pour
définir les activités de fabrication et de transformation dans le
cas de la définition de l'entreprise manufacturière; c) pour
délimiter les zones 1 et 2 en rapport avec ce qui vous a
été distribué tout à l'heure; d) pour prescrire les
activités de fabrication et de transformation au sens de dépenses
admissibles de l'article 13; e) prescrire toute autre fin pour laquelle une
dépense est admissible, l'article 13h; f) prescrire les critères
d'admissibilité pour une dépense de $100 000 et plus en vertu des
paragraphes a) et b) de l'article 13 ainsi que pour toute dépense en
vertu des paragraphes c) à h) de l'article 13; g) fixer le taux du boni
qu'entend payer le ministre des Finances au cours d'une période
donnée, article 19.
M. Forget: Ce n'est pas l'article 27 qu'on a devant nous.
M. Tremblay: Ce sont les règlements.
M. Forget: L'article 27, tel qu'imprimé n'est pas
modifié?
M. Tremblay: Non, il n'est pas modifié. Je donnais des
explications sur le type de réglementation qu'on va pouvoir faire avec
l'article 27.
M. Forget: M. le Président, je ne peux pas
m'empêcher de souligner la présence du paragraphe c) dans cet
article. A mon avis c'est scandaleux et j'emploie le mot après
l'avoir vraiment pesé d'écrire une loi comme
celle-là en 1977. Généralement prescrire les mesures
requises pour l'application de la présente loi... On a même le
culot de mettre "généralement', ce n'est pas assez
général déjà. C'est absolument inadmissible de
rédiger de telles lois. Cela ne devrait plus se faire, cela se faisait
du temps de Duplessis bénie soit sa mémoire qui ne
voulait pas s'embarrasser des niaiseries du Parlement, alors, il en mettait
plus qu'il n'en fallait "trop fort ne casse pas", comme dit M. Bellemare de nos
jours, c'est la même tradition d'y aller très fort. On pourrait
tous partir en vacances avec deux ou trois lois comme celles-là, pas
pour un mois, M. le Président, mais pour quatre ou cinq ans.
M. Tremblay: Je ferai remarquer à M. le
député que toutes les lois comportent cette phrase. Vous
fûtes au gouvernement vous-même...
M. Forget: Non, jamais de la vie, c'est absolument faux. Je peux
vous en sortir des dizaines où il n'y a rien du genre. Peut-être
qu'au ministère du Revenu...
M. Tremblay: C'est cela, c'est dans le domaine des lois
fiscales.
M. Forget: Tout le monde sait très bien que le
ministère du Revenu abuse de la réglementation.
M. Tremblay: Maintenant on n'a pas fini d'abuser parce qu'on en a
encore pour quelques années à percevoir des impôts. Mais,
pour l'application de la présente loi, s'il fallait discuter en Chambre
de tout le détail technique des règlements, vous n'auriez pas le
temps de voter d'autres lois, car il y en a à longueur d'année
des règlements dans le domaine fiscal.
Mais la phrase "généralement prescrire les mesures
requises pour l'application de la présente loi" est tout de même
limitée à l'application. Ce n'est pas pour changer, ce n'est pas
ce que les anciennes lois fiscales préconisaient, par exemple, que le
ministre du Revenu pouvait augmenter ou diminuer les impôts selon qu'il
le voulait. C'est disparu de la loi depuis quelques années. Ce qui reste
là, vise l'application de la présente loi, et non pas pour la
changer. C'est selon le sens de chacun des articles de la loi. Il n'y a pas de
pouvoir qui est donné au ministre.
M. Raynauld: Vous l'avez déjà en vertu de tous les
autres règlements que vous avez. Pourquoi ajouter celui-là? Vous
l'avez, le gouvernement peut faire des règlements, prescrire ce qui doit
être prescrit par règlement en vertu de la présente loi,
cela est bien assez, non?
M. Tremblay: Ici, ce qu'on a voulu, c'est prescrire ce qui doit
être prescrit. C'est ce que la loi exige de prescrire.
M. Forget: Autrement dit, ce que vous dites dans l'article,
alinéa c), c'est que toutes les choses qu'on serait tenté de
faire, une fois que la loi a été adoptée, et qu'on n'a pas
été assez brillant avant de la préparer et de la faire
adopter, pour y penser d'avance et la mettre dans la loi, on veut avoir le
droit de le faire quand même. C'est inadmissible, le pouvoir
réglementaire, c'est sûr qu'on devra vivre avec, mais, au moins,
qu'on ait la décence de dire ce pourquoi on veut faire des
règlements, un jour quand on va y penser et ne pas dire:
On n'y a pas pensé et on n'est pas capable d'imaginer quoi que ce
soit de concret, mais on pense qu'on aura peut-être assez d'imagination
ou qu'on se sera heurté la tête suffisamment contre un mur... On
ne peut même pas prévoir dans l'avenir, on veut pouvoir faire le
tour du mur de temps en temps, sans demander la permission à
personne.
Ne nous faisons pas d'illusions. Les règlements, dans le fond,
sont préparés selon un processus beaucoup plus informel que la
loi. C'est un avantage, évidemment, de la part de ceux qui administrent
la loi, mais souvent ce n'est même pas possible pour le public de se
retrouver dans les règlements, de savoir où s'adresser pour avoir
un règlement. Il faut obtenir des codifications administratives, il faut
faire tout un charivari, alors que les lois sont facilement accessibles. Les
règlements sont constamment modifiés. Cela suppose qu'un citoyen,
lorsqu'il s'adresse à l'administra-
tion publique, doit s'adresser à un avocat, dès que le
montant en litige dépasse $200 parce qu'autrement il ne se comprend pas.
Ces choses ne devraient plus être permises et je vous dis que dans les
lois adoptées plus récemment, au moins on avait pour ce
qui est du ministère du Revenu, je ne le sais pas, je ne me suis jamais
intéressé à cela, mais pour un tas d'autres lois, ces
choses étaient disparues... J'inviterais ardemment le ministère
du Revenu et les fonctionnaires qui ont à coeur et on doit leur
rendre hommage de bien appliquer les lois, donc d'avoir tous les
pouvoirs pour le faire et tous les moyens, mais il y a des moyens qui doivent
revenir devant le Parlement pour obtenir...
A mon avis, c'est essentiel et on pourrait s'entendre pour que cela soit
dans des délais expédi-tifs. S'il faut amender les
règlements de l'Assemblée nationale pour les étudier en
priorité, cela vaudrait la peine de le faire plutôt que de se
mettre des histoires dans ce genre qui sont une moquerie des institutions
parlementaires.
M. Tremblay: Simplement un commentaire avant les commentaires du
ministre Tremblay... "...généralement prescrire des mesures
requises pour l'application de la présente loi..." Je concède
avec vous que c'est un pouvoir qui est mis là au cas... Si on avait
à l'esprit, au moment où on rédige la loi, que tel
règlement... On va se servir du paragraphe c) pour rédiger tel
règlement, on l'aurait inscrit d'une façon explicite. C'est un
pouvoir qui est mis là au cas où on aurait oublié quelque
chose qui ne concernerait que l'application. Vous avez raison de dire que c'est
une espèce de clé passe-partout. C'est pour permettre au
gouvernement d'éviter de revenir devant la Chambre pour faire modifier
la loi. La clé passe-partout est là en vertu paragraphe c), mais
au moment où la loi a été écrite, je crois
je ne sais pas si le ministre de l'Industrie et du Commerce est de cet avis
on n'avait pas de règlement précis à l'esprit.
C'était justement une clé passe-partout qu'on voulait avoir.
M. Tremblay: Sur le principe et le fond de la chose, je suis
passablement d'accord avec le député de Saint-Laurent. Il faut
avoir le moins d'arbitraires possibles dans les lois; elles doivent être
le plus clair possible.
Par contre, ici, le mot clé, c'est application. Il s'agit de ne
pas figer dans le ciment une loi au niveau de son application. On ne pourrait
pas faire de règlements pour faciliter son application.
Je pense qu'un gouvernement se doit de prendre certaines
précautions, d'avoir une certaine prévoyance. C'est cette
prévoyance qui est comprise au paragraphe c).
M. Forget: Je suis d'accord de mettre douze paragraphes, pourvu
qu'on dise à quel égard on veut être prévoyant.
M. Tremblay: II est impossible de tout prévoir...
M. Forget: Mais là, ce n'est pas la prévoyance
qu'on prévoit, on prévoit l'imprévoyance. C'est cela.
M. Tremblay: Oui, dans le domaine fiscal...
M. Forget: II faut appeler les choses par leur nom.
M. Raynauld: On peut faire ce qu'on veut.
M. Forget: C'est un article d'imprévoyance. On dit: On
n'est peut-être pas capable de le prévoir. On n'est
peut-être pas capable de savoir ce qu'on veut, mais on veut être
capable de le faire, indépendamment de cela.
M. Tremblay: Comme je l'ai dit, c'est un projet de loi qui
innove. C'est nouveau. Le ministère du Revenu ne sait pas comment cela
va se dérouler. On ne veut pas être pris dans des situations
où des abus pourraient être commis.
M. Forget: On siège onze mois par année maintenant.
Alors, c'est facile d'introduire un amendement.
M. Tremblay: Vous savez comment cela va vite devant le Parlement
avec des nouvelles lois, etc.
M. Raynauld: Les projets de loi sont déposés...
Cela va très vite. Celui-là, il va très vite. On a presque
fini.
M. Forget: On ne reviendra pas là-dessus.
M. Raynauld: ...je ne peux pas non plus ne pas enregistrer ma
dissidence là-dessus, parce que c'est la porte ouverte à
n'importe quoi que vous puissiez imaginer. "Généralement
prescrire les mesures requises pour l'application..."
M. Tremblay: Cela touche l'application. Ce n'est pas tout le
contenu de la loi. C'est l'application.
M. Raynauld: "...l'application de la présente loi". Ce
n'est pas une restriction.
M. Forget: II y a un style de rédaction des lois par
lequel un gouvernement se fait connaître. Je ne le dis pas de
façon agressive, mais étant donné que c'est la
première session et qu'il y a eu des modifications dans le personnel qui
aide le gouvernement à rédiger les lois, je vous invite à
réfléchir là-dessus et à adopter une autodiscipline
qui nous éviterait ces débats et qui me semble dans la
lignée des efforts qui ont été faits jusqu'à
maintenant et pour lesquels, d'ailleurs, il ne faut pas nécessairement
rendre crédit aux gouvernements antérieurs, quant à
l'esprit professionnel croissant qu'on retrouvait dans la rédaction des
lois.
Je pense qu'il y a encore de la place pour du progrès de ce
côté.
M. Tremblay: Je souscris à cela, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: ... la transparence que ce gouvernement-ci a voulu
apporter.
M. Tremblay: C'est le principe, comme je l'ai dit; je n'ai pas
d'objection à ce que les lois soient les plus claires possible.
Le Président (M. Boucher): Article 27 adopté sur
division.
Dispositions finales
M. Tremblay: L'article 28, M. le Président, c'est
un...
M. Raynauld: Est-ce sur division?
M. Forget: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Sur division.
M. Tremblay: Ce sont les articles relatifs à la
création du fonds. Au dépôt de sommes au fonds, ou
remboursement de sommes au ministre du Revenu, il y a la déduction
permise lorsqu'une corporation effectue un investissement admissible. Ces
articles sont considérés comme une loi fiscale pour permettre que
le régime fiscal du Québec s'applique. Donc, c'est amener une
concordance du projet de loi avec tous les articles des lois fiscales qui s'y
rapportent.
M. Forget: M. le Président, pour ce qui est de notre
formation politique, on n'a plus rien de substantiel à dire ou à
poser comme questions relativement aux autres articles. On serait prêt
à recommander l'adoption...
Le Président (M. Boucher):... l'article 1. Il faut revenir
à l'article 1.
M. Forget: II n'y a que l'article 1. Là-dessus, si le
ministre est en mesure de faire des observations tout de suite, on pourrait
l'écouter. Sinon...
Le Président (M. Boucher): Monsieur le représentant
de l'Union Nationale, est-ce que vous avez d'autres... Vous êtes
d'accord?
Article 28, adopté, tel que modifié. Article 29,
adopté. Article 30, adopté. Article 31, adopté. Article
32, adopté. Article 33, adopté. Article 34, adopté, et
article 35, adopté.
Nous revenons à l'article 1.
Interprétation (suite)
M. Tremblay: A l'article 1, c'était la question des
définitions. Il y a une raison pour laquelle nous avons voulu mettre
toutes les définitions au début; c'est que, normalement, il est
d'usage d'agir ainsi, comme ça que ça se fait. Lorsqu'on veut
chercher les définitions, on regarde au début plutôt que de
se perdre dans le cadre d'un projet de loi.
D'autre part, ce projet de loi comporte deux volets, mais il y a plus
que deux chapitres. Il y a cinq chapitres. Or, si on mettait une
définition à la tête d'un chapitre et qu'on faisait
référence à la même définition dans deux
chapitres, il faudrait la répéter. Ceci aurait amené une
lourdeur, et c'est la raison pour laquelle nous avons mis les
définitions au début dans l'article 1.
D'autre part, en ce qui concerne la discussion que nous avons eue tout
à l'heure, en vue de clarifier les choses, parce que ce n'est pas
tellement la définition de l'entreprise manufacturière qu'on
retrouve dans l'article 1 qui posait des problèmes, mais c'est la
définition que nous retrouvons dans l'article 21, si on était
d'accord on a accepté, tout à l'heure, l'article 21, sujet
à une modification de définition je remplacerais, dans le
premier alinéa de l'article 21, les mots "exploitant une entreprise
manufacturière" par "exerçant une activité
manufacturière", de sorte que l'on préciserait que c'est
l'activité qui est admissible, quel que soit le type de corporation.
M. Raynauld: Ce serait parfait.
M. Tremblay: Donc, au premier alinéa de l'article 21, on
remplacerait les mots...
Le Président (M. Boucher): Voulez-vous rédiger la
modification, s'il vous plaît?
M. Tremblay: ... On remplacerait les mots "exploitant une
entreprise manufacturière" par "exerçant une activité
manufacturière".
M. Raynauld: Cela nous conviendrait, M. le Président.
Maintenant, à l'article 1, il y a encore une définition de
l'entreprise manufacturière et là, cela exclut "ne comprend pas
une entreprise de transformation initiale d'une ressource naturelle ni une
entreprise de pâtes et papiers, de sidérurgie primaire..." Est-ce
que cela a été enlevé? Est-ce que cela a été
modifié?
M. Tremblay: La définition d'une entreprise
manufacturière, la voici: Une entreprise manufacturière signifie
une entreprise dans laquelle sont groupés ou coordonnés des
facteurs de production qui concourent à la réalisation d'une
activité de fabrication de transformation.
M. Raynauld: D'accord. C'est tout enlevé, ça. Bon,
ça va.
M. Tremblay: De sorte que là, il n'y a plus de
problème. Oui.
M. Raynauld: ... en annexe...
M. Tremblay: Tel que déposé.
M. Raynauld: Tel que déposé. Cela va être
mis
en annexe. J'ai justement noté qu'Outremont mon comté,
était toujours exclu.
M. Tremblay: Cela devient une zone économique maintenant,
parce qu'il est de moins en moins certain pour le Parti libéral de
conserver un comté semblable.
M. Raynauld: Vous prenez les bons moyens, il n'y aura plus
d'activité économique dans le comté.
Le Président (M. Boucher): L'article 1 est adopté,
tel que modifié?
M. Raynauld: Oui.
Le Président (M. Boucher): Adopté. M. le
ministre.
M. Tremblay: Avant de mettre fin à nos séances,
j'aimerais remercier très chaleureusement tous les parlementaires de
cette commission. C'est un projet de loi original, nouveau, qui implique de
nouvelles notions et qui, en plus, touche à la fiscalité, donc un
projet de loi très complexe. Je pense que nous avons connu des
discussions fructueuses. J'espère que nous en sortons avec une bonne
impression, que ce projet aidera à la relance industrielle du
Québec pour le bien-être de tous les Québécois. Je
remercie par conséquent tous les fonctionnaires qui ont participé
à la rédaction du projet de loi, même si c'est un projet
qui peut paraître un peu dense et je remercie tous les
parlementaires.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, j'ajouterai seulement un
mot, moi aussi, pour nous féliciter tous ensemble du travail qu'on a
fait ici. Cela montre que l'Opposition officielle n'est pas toujours aussi
négative que le gouvernement le dit. Je pense qu'on avait, dès le
départ, exprimé notre accord avec les intentions et les objectifs
du projet de loi.
M. Michaud: Excusez-moi, M. le député d'Outremont.
Même si vous étiez contre, par cohérence...
M. Raynauld: J'étais pour le projet de loi, pour une
raison de cohérence, d'abord, et, ensuite, quand j'ai été
contre, en effet, j'ai été souvent contre pour des raisons de
cohérence. Il n'y a pas de mal à cela. Je pense, au contraire,
que les suggestions qui ont été faites l'ont été
dans le but de rendre cette loi d'application plus générale et ce
n'était fait dans un but partisan, de quelque façon qu'on puisse
envisager la chose.
M. le Président, je veux simplement espérer que le projet
de loi ait les effets escomptés.
Le Président (M. Boucher): Je voudrais simplement corriger
un terme du député de Laprairie, c'est que vous étiez
contre par concordance, non pas par cohérence. Le député
de Huntingdon.
M. Dubois: J'aimerais moi aussi remercier M. le ministre pour sa
volonté d'aider à pouvoir promouvoir les investissements,
spécialement auprès des PME, et je peux vous dire que j'ai
beaucoup apprécié de participer à cette commission. Ce fut
très agréable et je pense que nous en sortons tous assez
heureux.
M. Tremblay: Je veux aussi souligner l'appui qu'a accordé
l'Union Nationale au gouvernement. Nous avons pu discuter, en deuxième
lecture de ce projet de loi 48, lors d'une journée des
députés, un mercredi et, grâce à ce concours de
l'Union Nationale, nous avons pu accélérer l'adoption de ce
projet de loi et j'en sais gré à l'Union Nationale.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laprairie.
M. Forget: M. le Président, on n'a pas réussi.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laprairie.
M. Michaud: M. le Président, vous me permettrez, en tant
que rapporteur de la commission, de vous dire qu'il me fera d'autant plus
plaisir de rapporter le résultat des travaux à l'Assemblée
nationale que ce projet de loi 48 couvre et bénéficiera à
plus de 90% des entreprises et corporations québécoises. Les
investissements au Québec vont très bien en 1977; le ministre
pourrait nous en parler.
Je dois ajouter que ce projet de loi no 48, Loi sur les stimulants
fiscaux au développement industriel, va assurer la continuité de
la reprise économique au Québec. Merci.
Le Président (M. Boucher): Le projet de loi no 48, Loi sur
les stimulants fiscaux au développement industriel, est donc
adopté. Je prie le rapporteur de la commission d'en faire rapport
à l'Assemblée nationale au nom des membres et je remercie tous
les participants pour leur collaboration envers la présidence.
Merci.
(Fin de la séance à 12 h 55)