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Etude des crédits du ministère
du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche
(Seize heures cinq minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, messieurs!
La commission parlementaire de l'industrie et du commerce, du tourisme,
de la chasse et de la pêche se réunit pour étudier les
crédits du minis-: tère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche.
Les membres de la commission, pour la séance d'aujourd'hui,
seront: M. Biron (Lotbinière), M. Bordeleau (Abitibi-Est); M. Desbiens
(Dubuc) est remplacé par M. Brassard (Lac-Saint-Jean); M. Duhaime
(Saint-Maurice), M. Godin (Mercier), M. Grenier (Mégantic-Compton); M.
Gagnon (Champlain) remplace Mme Leblanc (Iles-de-la-Madeleine); M. Verreault
(Shefford) remplace M. Mackasey (Notre-Dame-de-Grâce); M. Mailloux
(Charlevoix), M. Marcoux (Rimouski), M. Marquis (Matapédia), M. Mercier
(Berthier); M. Grégoire (Frontenac) remplace M. Michaud (Laprairie); M.
Pagé (Portneuf), M. Perron (Duplessis), M. Raynauld (Outremont) et M.
Tremblay (Gouin).
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais formuler une
proposition, quant à notre horaire de travail. Je proposerais qu'on
puisse poursuivre nos travaux sans arrêt, jusqu'à 7 h 30 et
ajourner jusqu'à 10 heures, demain matin, si cela convenait à
tout le monde.
M. Pagé: Je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Pas
d'objection, quant à moi. Y a-t-il consentement unanime?
M. Duhaime: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de la commission, pour la séance d'aujourd'hui, seront
ajournés à 7 h 30.
M. Pagé: Seulement une question: Est-ce d'accord pour le
journal des Débats?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
J'ai fait les consultations nécessaires et tout semble parfait.
M. Pagé: D'accord.
M. Grenier: Avez-vous votre chef de cabinet avec vous?
Pourrait-on le connaître?
M. Duhaime: Un instant, M. le député de
Mégantic-Compton, je vais vous le présenter avec grand plaisir,
M. Marcel Bellehumeur...
M. Grenier: Ah! C'est lui!
M. Duhaime: M. Fernand Grenier, du comté de
Mégantic-Compton. Vous êtes de l'Union Nationale, je crois.
M. Grenier: C'est cela.
Une Voix: On pourra se parler après la séance.
M. Pagé: Faites attention!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je n'ai
pas présidé la dernière séance de la commission,
ayant été remplacé par M. Boucher, de
Rivière-du-Loup, mais on m'informe que l'élément 1 du
programme 1 avait été adopté sous réserve de
questions supplémentaires, relatives au chevreuil. Est-ce cela, M. le
ministre? Je pense que cette réserve avait été faite par
le député de Portneuf.
M. Pagé: C'est bien cela.
Recherche sur le chevreuil
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
parole est au député de Portneuf.
M. Pagé: Je vous remercie, M. le Président.
J'espère que tous les membres de la commission ont passé une
bonne fin de semaine. Il a fait très chaud. J'espère que le
ministre n'est pas trop inquiet des articles parus dans le Soleil de ce matin.
J'espère qu'on aura au moins le temps de finir les crédits. M. le
Président, lorsque nous avons terminé les travaux l'autre soir
Ah oui! pour la gouverne du journal des Débats il faut dire que
l'article du Soleil disait que M. Lazure serait plus à l'aise au
tourisme on avait parlé du chevreuil. On arrivait à la
question du chevreuil. Cette année, c'est la question que je pose au
ministre, le ministère a procédé à la
création d'un comité appelé Equipe ressource-chevreuil qui
s'est réuni au mois de février dernier pour étudier toute
la question du chevreuil au Québec. J'aimerais savoir du ministre quelle
était l'étendue de cette étude, quel était le
mandat de ce comité ou de cette équipe, si l'étude est
terminée, si le comité a eu à produire des rapports
auprès du ministre ou auprès d'autres services gouvernementaux,
en quelque sorte s'il y a eu des conclusions à cette étude et si
des politiques ou des positions particulières ou concrètes ont
été adoptées de la part du ministère suite aux
délibérations, aux conclusions adoptées par cette
équipe ou ce comité. Et si c'est le cas, y a-t-il des choses qui
ont commencé à s'appliquer depuis que les conclusions ont
été rendues ou arrêtées et si c'est le cas, quel est
l'échéancier? Est-ce que ce sont des conclusions strictement
à long terme ou à moyen terme qui ont été
dégagées du travail de cette équipe? Quel est
l'échéancier? Est-ce que cela impliquera des
déboursés additionnels de la part du ministère? En fait je
voudrais avoir le portrait le plus fidèle et le plus complet
possible.
M. Duhaime: M. le Président, puisqu'il s'agit d'une
équipe de techniciens, qui a été formée
principalement par les biologistes du ministère et qui est encore
actuellement à pied d'oeuvre, je vais demander à mon
sous-ministre, M. Moisan, de fournir les détails sur le plan technique.
Je voudrais quand même simplement souligner une chose, c'est que nous
avons tenu, pour la première fois depuis, je pense, de nombreuses
années, une journée d'information dans le nord de
Montréal, il y a quelques mois maintenant, à l'intention des
chroniqueurs sportifs afin de les mettre au fait des travaux qui étaient
poursuivis par cette équipe.
Il s'agit essentiellement d'études sur l'habitat et la vie du
chevreuil, particulièrement durant les ravages d'hiver, et sur leur
environnement, bien sûr, sur leur nombre aussi parce qu'il y a des cris
d'alarme qu'on entend et qu'on lit très souvent un peu partout dans les
journaux, de la part de chroniqueurs spécialisés aussi bien que
de la part de simples chasseurs. Pour vous donner un ordre de grandeur, M. le
Président, l'année dernière, le ministère a
émis, en chiffres arrondis, environ 50 000 permis pour la chasse au
chevreuil et à part Anticosti, bien sûr, le total de bêtes
abattues a été de 2400, environ.
Alors cette équipe, son travail est bien précis; je vais
demander à M. Moisan de vous en faire part.
Est-ce que je pourrais savoir si vous parlez de la réunion qui a
eu lieu à Montréal?
M. Page: Celle de Montréal. M. Duhaime:
D'accord.
M. Page: Celle de vos fonctionnaires, c'est en fait le
comité Equipe ressource-chevreuil.
M. Duhaime: C'est-à-dire qu'on n'a pas à confondre;
il y a une réunion annuelle qui a eu lieu en janvier ou février
à Hull.
M. Page: Ce n'est pas celle-là. C'est celle du 18
février.
M. Duhaime: Alors, celle du 18 février, c'est une
séance d'information qui a été tenue où pour la
première fois tous les journalistes, les chroniqueurs de vie au grand
air ont été invités, parce qu'on entend souvent le
reproche que les chroniqueurs sont mal informés, qu'on ne publie pas
assez les résultats de nos travaux. Les chroniqueurs ont
été invités, cette journée-là, à
écouter pendant toute une matinée des représentants, de
biologistes qui travaillent sur le chevreuil parce qu'il y a au service de la
recherche, une équipe qui travaille sur le chevreuil à longueur
d'année, mais il y a aussi, dans les districts où il y a du
chevreuil, des biologistes qui travaillent sur le chevreuil. A cette occasion,
il y a M. Potvin, qui est au service de la recherche, qui a fait part de toutes
les recherches sur le chevreuil au Québec. Il y a aussi Charles Pichette
qui est responsable de l'aménagement de l'habitat et il y avait un
biologiste de la région de l'Outaouais qui, lui, expliquait tous les
travaux qui se font dans un district typique, au niveau inventaire, protection
des ravages, aménagement des ravages. Il n'y a pas eu de textes de
préparés; c'était une séance d'information sauf
qu'il y a eu un lot de rapports qui ont été
préparés en vitesse pour cette occasion et qui ont
été distribués aux journalistes. Dans l'après-midi,
le même groupe s'est retrouvé dans un ravage de chevreuils
à Mirabel, où on lui a expliqué, pendant
l'après-midi, ce qu'était un ravage de chevreuils, le genre de
travaux qu'on y faisait et à notre grande satisfaction, cette
séance a été bienvenue de la part des chroniqueurs qui
étaient au nombre de vingt-neuf ou trente. Mais, il n'y a pas eu de
documents de publiés. Cela a été, quand même, une
revue complète de tous les travaux que l'on fait, pendant trois heures,
sur le chevreuil.
M. Page: Est-ce qu'il ne s'est pas dégagé de ces
échanges, de ce dialogue quand même...? Il y avait plusieurs
autorités; vous avez parlé de M. Pichette, de M. Potvin, en fait,
qui sont des spécialistes de la question. Est-ce que, entre tous ces
gens qui sont conscients du problème du chevreuil, il ne s'est pas
dégagé, en fait, des conclusions ou des recommandations? Est-ce
qu'il y a des recommandations qui ont été formulées au
ministère? Absolument pas.
M. Duhaime: Non.
M. Page: Cela a été strictement des échanges
d'information.
M. Duhaime: Strictement de l'information; il y a eu une
période de questions d'à peu près une heure après
la réunion.
M. Page: D'accord. Alors, à partir de cette séance,
il ne s'est dégagé aucun élément permettant de
croire que le ministère pourrait en arriver à une approche
différente de celle qu'il a actuellement sur toute la question du
chevreuil?
M. Duhaime: Non.
M. Page: D'accord. Je pose la question parce que souvent
lorsqu'on parle ou que l'on échange sur la survie, l'avenir du
chevreuil, il y a des idées, des écoles de pensée qui
diffèrent totalement, notamment en ce qui concerne les
prédateurs. Je pensais qu'une rencontre comme celle-là aurait pu
être un moment très bien choisi pour aborder cette question du
contrôle des prédateurs.
D'ailleurs, le sujet a déjà été
soulevé, à quelques reprises. M. le ministre a eu un entretien,
dans une entrevue qu'il accordait, si ma mémoire est fidèle, au
Nouvelliste et où on avait débattu cette question. Sur la foi de
la situation telle qu'elle prévaut actuellement M. le ministre
parlait tout à l'heure d'une situation que certains citaient comme
alarmante avez-vous des intentions particulières sur le
contrôle des prédateurs?
Je sais que M. le ministre a fait état un moment donné
qu'il serait peut-être possible que le
ministère procède, en collaboration avec le
ministère de l'Agriculture, à l'engagement de trappeurs
permanents qui se chargeront uniquement d'effectuer ce travail. Je fais
référence à une nouvelle du Montréal-Matin, du
jeudi 7 avril, dont le titre était: "Duhaime et la cause du chevreuil".
On y dit, entre autres, que vous aviez émis cette possibilité
d'embaucher des trappeurs permanents qui se chargeraient de régler cette
question, d'abattre le loup, etc. Pour ce faire, il aimerait prendre entente
avec son confrère du ministère de l'Agriculture, afin d'obtenir
les crédits nécessaires à la réalisation d'une
telle initiative.
Je voudrais savoir ce qu'il y a eu de fait depuis, si c'est la
volonté bien arrêtée du ministère d'agir en
collaboration avec le ministère de l'Agriculture, sur cette question. Si
oui, qu'est-ce qui a été fait? Le ministère de
l'Agriculture a-t-il donné son acquiescement? Est-ce qu'il y a des
prévisions budgétaires, soit dans l'enveloppe qui est
demandée aujourd'hui ou encore dans celle qui a été
acceptée par le ministère de l'Agriculture, pour mettre en
application ce programme?
M. Duhaime: La séance en question a traité du
contrôle des prédateurs, comme étant un des facteurs qui
rendent la situation du chevreuil difficile; mais elle a surtout insisté
sur le fait qu'il y a énormément d'autres causes. Dans le cas du
contrôle des prédateurs, il existe déjà une entente,
avec le ministère de l'Agriculture, depuis trois ou quatre ans.
M. Pagé: On ne la connaissait pas ou quoi?
M. Duhaime: C'est une autre. Elle porte, et cela se comprend
assez bien, surtout sur la protection des animaux de la ferme.
Il y a, actuellement, quatre ou cinq trappeurs professionnels qui sont
payés par le ministère de l'Agriculture, mais qui sont sous la
supervision des biologistes de district et dont la fonction est strictement de
trapper des prédateurs; surtout des coyotes et des loups.
La petite surprise qu'on a apportée, peut-être, à
cette réunion d'information, c'est que, quand on calcule le coût,
on en arrive à une moyenne de $400 à $500 le loup ou le coyote
capturé, avec ce système de trappeurs professionnels. Nous devons
donc y ajouter un contrôle des prédateurs additionnel qui est fait
par les agents de conservation, conjointement avec le service de la faune.
En plus de cela, il y a un contrôle naturel qui se fait
actuellement, grâce aux prix extrêmement élevés des
peaux. Sur le marché, par exemple, en 1965, il y avait environ 250 peaux
de loup; l'an dernier, il y en avait 2500. Cela veut dire que les trappeurs se
chargent eux-mêmes de faire le contrôle.
M. Pagé: D'accord, mais vous avez donné une
évaluation lorsque vous avez dit que, lorsque le ministère ou que
le gouvernement, peu importe par quel ministère, engageait des trappeurs
professionnels, cela pouvait coûter, peut-être, $400 ou $500 le
loup. A-t-on des estimations sur ce qu'il pourrait en coûter si l'on se
servait des agents de conservation de la faune?
M. Duhaime: Non, ils le font dans le cours normal de leur
travail. En faisant des patrouilles, ils placent des collets, des
pièges, de sorte que ce serait très difficile à estimer.
C'est dans le cours de leurs patrouilles. Ils le font strictement dans les
endroits où il est jugé que le contrôle est
nécessaire, c'est-à-dire que l'on n'en fait pas dans tout le
territoire. C'est dans les ravages, autour des concentrations de chevreuils. On
ne le fait pas ailleurs, où les trappeurs font déjà leur
travail.
M. Pagé: Si je comprends bien, il y a un programme
nouveau, cette année, pour le contrôle des prédateurs.
M. Duhaime: Non, il n'y a pas de programme nouveau, c'est un
programme qui est en marche depuis deux ou trois ans.
M. Pagé: Absolument; donc, il n'y a aucun
élément nouveau. Vous aviez déjà les agents de
conservation de la faune avant; vous aviez déjà les trappeurs
professionnels. Y a-t-il des augmentations de sommes qui sont prévues
dans la demande de budget?
M. Duhaime: Non. Ce qui est nouveau, c'est l'ardeur que mettent
les trappeurs eux-mêmes à attraper des loups et des coyotes,
à cause des prix élevés des peaux.
M. Pagé: D'accord. La situation faite au chevreuil comme
tel, depuis quelques années, comment considérez-vous qu'elle a
évolué?
M. Duhaime: Depuis deux ans, les rapports que nous recevons, en
général, sont que la situation s'améliore. D'ailleurs,
cette année, il n'y a pas eu de problèmes de prédateurs,
c'est surtout relié aux conditions de neige.
M. Pagé: A la température du printemps.
M. Duhaime: D'habitude, les loups font des ravages au mois de
mars et cette année, la neige a disparu tout d'un coup, au mois de mars
et il n'y a pas eu de problème.
M. Pagé: La croûte y est pour quelque chose aussi;
je ne suis pas un spécialiste, mais...
M. Duhaime: Sûrement, oui.
M. Pagé: D'accord. Il y a eu des problèmes dans le
secteur du comté de Gatineau, avec le chevreuil. Pourriez-vous faire
état de la situation, telle qu'elle prévaut dans ce coin du
Québec? Qu'est-ce qu'il y a de fait? Avez-vous des statistiques, des
chiffres, des données sur la variation du nombre de chevreuils que vous
avez, selon l'évaluation que vous pouvez en faire, avec les moyens
techniques que vous avez?
M. Duhaime: Vous vous référez probablement à
deux ravages de chevreuils qui sont disparus.
M. Pagé: Celui du lac Stubbs, entre autres.
M. Duhaime: Celui du lac Stubbs et celui du dépôt de
l'Aigle.
M. Pagé: C'est cela.
M. Duhaime: Ces ravages étaient en diminution constante
depuis deux ou trois ans et cette année, on est tombé à
zéro. Dans une région, il y a eu un changement d'habitat
considérable, cela ne veut pas dire que c'est la seule cause. Il y a eu
aussi des prédateurs. On sait que les loups ont mangé les
derniers chevreuils et, ensuite, les loups sont morts, faute de nourriture;
c'est un des endroits aussi où la tordeuse a eu ses effets les plus
marquants, où le sapin est mort à peu près à 100%.
Sur les cartes des Terres et Forêts, c'est déclaré zone
sinistrée. C'est fini.
La preuve, pour nous, que la diminution du chevreuil a une relation avec
l'habitat, c'est que l'orignal est arrivé. L'habitat est devenu,
semble-t-il, plus favorable à l'orignal qu'au chevreuil, maintenant, ce
qui ne veut pas dire que cela nous fait plaisir de voir disparaître deux
ravages de chevreuil.
Par ailleurs, il y a le ravage de chevreuils Duhamel qui n'est pas loin,
qui a augmenté et le Trente et un Milles, qui est le plus gros ravage de
chevreuils au Québec, qui se maintient. Il est censé contenir
entre 1000 et 1500 chevreuils.
M. Pagé: Vous avez fait état tantôt qu'il n'y
avait pas de programme nouveau pour la lutte contre les prédateurs.
Croyez-vous qu'avec les activités, les budgets et les programmes que
vous avez, c'est suffisant pour pallier la situation que certains
spécialistes de la presse sportive, dans certains journaux, qualifient
d'alarmante?
M. Duhaime: Nous pourrions sûrement utiliser plus de
crédits pour améliorer la situation du chevreuil. Si nous avions
plus de crédits, je ne suis pas sûr qu'on les consacrerait au
contrôle des prédateurs actuellement, surtout pour les raisons que
je donnais tout à l'heure, à cause du fait que les trappeurs
eux-mêmes se chargent, actuellement, de contrôler les
prédateurs à un coût qui est nul pour nous.
Nous nous dirigeons beaucoup plus vers l'aménagement de l'habitat
et vers la protection des ravages de chevreuils qui existent. Si nous avions
des millions, nous pourrions acheter les ravages de chevreuils. Il y a une
étude, par exemple, il y a trois ou quatre ans, qui a été
faite par le bureau d'ingénieurs-conseils Lussier, à
Québec, où on a conclu qu'il en coûterait environ $8
millions par année seulement pour les ravages du nord de
Montréal, pour louer des servitudes sur les terrains, pas pour les
acheter, seulement pour les louer. Ce montant nous est apparu nettement
prohibitif. On doit essayer de convaincre les gens de sauver l'habitat
plutôt que d'y aller à coups de millions.
M. Pagé: D'accord. Ce sera peut-être une
dernière question sur le sujet des loups et tout.
J'ai fait état de deux écoles de pensée, et je me
réfère en cela à certaines personnes qui allèguent
que le loup est peut-être l'animal le plus dangereux, avec le coyote,
à l'égard du chevreuil. Il y a d'autres personnes qui sont les
défenseurs du loup et qui disent que le loup est peut-être
l'animal le moins dangereux. Fort de l'expérience des gens du
ministère du Tourisme, de leurs connaissances et de leurs études
sur le sujet, j'aimerais avoir la position du ministère sur cette
question.
M. Duhaime: La position des défenseurs du loup, c'est un
mythe. Pour autant que nous sommes concernés, au ministère, il
n'y a jamais eu personne qui a défendu le loup. Il y a ceux qui sont
pour le contrôle des prédateurs qui prétendent que certains
sont des défenseurs du loup; cela n'existe pas. La position que le
ministère a prise, c'est que le loup doit être
contrôlé, localement et temporairement, lorsque le besoin s'en
fait sentir. Les seules raisons pour lesquelles on ne se lance pas dans une
guerre ouverte dans toute la province, c'est que les coûts seraient
absolument prohibitifs et, deuxièmement, que c'est extrêmement
difficile d'attraper des loups. Il s'agit de savoir ce qu'est une trappe et de
connaître quelques trappeurs pour le savoir. C'est très facile de
dire qu'il faut attraper des loups, qu'il faut se débarrasser des loups,
mais il faut aussi qu'en même temps, on nous dise comment et cela ne
s'est pas encore fait.
Il y a des moyens qui sont efficaces et qui sont connus de tout le
monde, c'est le poison. Mais, avec le poison, on tue à peu près
vingt animaux pour un loup et il est très difficile de le prendre. Il y
a beaucoup de chiens, il y a beaucoup d'animaux de très grande valeur
qui se promènent dans le bois actuellement on ne serait pas
intéressé à se faire poursuivre si on les empoisonnait.
C'est sûrement la méthode la plus efficace, mais aussi la moins
sélective et la plus dangereuse.
M. Pagé: Je comprends.
M. Grenier: Est-ce qu'il y a encore des primes données par
le ministère là-dessus? Cela ne se donne plus pour les loups,
mais est-ce que cela se donne pour les ours?
M. Duhaime: Non, il n'y a pas de primes pour l'ours. Toutes les
pressions qu'on reçoit au ministère, c'est à l'inverse.
C'est de considérer l'ours comme un animal, comme un gibier sportif qui
prend de plus en plus de valeur, parce qu'il y a de plus en plus de chasseurs
qui sont intéressés à l'ours. Si on écoutait toutes
les recommandations qu'on reçoit, on défendrait le
piégeage de l'ours, on défendrait la chasse de l'ours au
printemps, pour le conserver pour le chasseur sportif. Il n'y a
plus de primes pour le loup et pour le coyote pour de bonnes raisons;
c'est qu'étant donné le prix des peaux, il faudrait que les
primes soient très élevées pour qu'elles veuillent dire
quelque chose. Parce qu'actuellement, une peau de loup vaut $125. Alors, la
prime de $25 ne veut plus dire grand-chose. Surtout, on en prend 2500 par
année actuellement; si on payait des primes de $25, on paierait des
primes sur ces 2500 animaux qui sont éliminés de toute
façon.
M. Grenier: Est-ce que vos études permettent de savoir
s'il y a plus ou moins de loups qu'il y a quelques années?
M. Duhaime: Malheureusement, non. Sauf dans le cas du coyote. On
sait qu'en 1950, il n'y avait pas de coyotes au Québec et, maintenant,
il y en a jusqu'à Sainte-Anne-des-Monts en Gaspésie et il y en a
jusqu'à Baie-Comeau sur la Côte-Nord. Cela s'est étendu
comme une traînée de poudre et...
M. Grenier: Un coyote chinois.
M. Duhaime: C'est cela. Cela vient de l'Ouest.
M. Pagé: Toujours pour le chevreuil...
M. Duhaime: C'est un produit de l'Ouest.
Une Voix: De l'Outaouais.
M. Duhaime: Le premier connu au Québec, c'est à
Hull en 1949. C'est entré par l'Outaouais.
M. Pagé: Allez, M. le ministre, une petite diatribe.
M. Grégoire: II n'y aurait pas moyen d'empoisonner la
ligne de l'Outaouais de l'autre côté, pour empêcher les
coyotes de lever la barrière?
M. Pagé: Seulement un coyote pour vingt
empoisonnés. En Ontario, M. le Président, dans certains cas, on
nourrit les chevreuils. Croyez-vous qu'une méthode comme celle-là
est fondée? Cela pourrait-il être envisagé dans certains
cas particuliers? Et, de toute façon est-ce que cela se fait ici ou
est-ce que cela s'est déjà fait? Est-ce possible de le faire ici
ou quoi?
M. Duhaime: En Ontario, on a exactement les mêmes
problèmes qu'ici actuellement avec le chevreuil; dans la partie nord de
la province on a les mêmes problèmes qu'ici. Il est possible qu'il
y ait des associations de chasse et de pêche ou des groupes comme cela
qui nourrissent des chevreuils dans des cas spéciaux, dans des cas
très localisés. C'est impensable que cela puisse se faire
à grande échelle.
M. Pagé: Oui, mais en Ontario c'est le ministère
des Ressources naturelles qui le fait.
M. Duhaime: Pas à grande échelle. Sûrement
pas. Cela peut se faire dans ces cas très précis. Ici, il y a des
associations de chasse et de pêche qui le font dans le nord de
Montréal. La précaution à prendre, c'est qu'il faut
nourrir ces animaux avec de la nourriture naturelle à peu près,
il faut les nourrir avec du cèdre ou avec des branches parce que,
aussitôt qu'on essaie de les nourrir avec autre chose, avec du foin, ils
crèvent le ventre plein, parce que leurs intestins ne sont pas
adaptés pour digérer cette nourriture. Ce sont des
problèmes qu'on n'avait pas ici lorsque les exploitations
forestières se faisaient en hiver, parce que le chevreuil s'en allait
dans les exploitations forestières. Mais maintenant, les exploitations
forestières se font l'été et l'automne de sorte que cela
coupe des facilités.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur le
même sujet, le député de Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Voici ma question. Cela
concerne l'île d'Anticosti. Je voudrais premièrement savoir s'il y
a déjà une étude qui a été faite concernant
le transfert des chevreuils de l'île d'Anticosti, parce qu'on sait qu'il
y a un surplus, qui pourraient se diriger vers les régions du
Québec pour peupler les régions qui sont actuellement
dépeuplées.
M. Duhaime: II n'y a pas eu d'étude. Il y a sûrement
des possibilités qui ne sont limitées que par le coût.
C'est évident que, si on pense à la province de Québec en
gros, et qu'on pense résoudre le problème du chevreuil en allant
en chercher en Anticosti et en le libérant ailleurs, on ajouterait une
goutte d'eau dans l'océan. Là, où on pourrait y penser,
c'est dans des endroits où il y en a déjà eu, où il
a disparu, et où on juge que l'habitat pourrait le supporter de nouveau
actuellement. Dans ces cas, cela pourrait sûrement être
justifié. Il faudrait évaluer les coûts. C'est une question
de coût.
M. Perron: Vous n'avez jamais fait une étude de
coût?
M. Duhaime: Non.
M. Perron: Entendez-vous en faire une éventuellement au
niveau du ministère?
M. Duhaime: Cette année, on a demandé aux
biologistes de se prononcer là-dessus; ils ne l'ont pas fait parce que,
comme tout biologiste qui se respecte, ils ont posé une série
d'à peu près 25 questions pour lesquelles il faudrait avoir la
réponse avant d'arriver à des coûts, par exemple: Comment
attraper le chevreuil à l'île d'Anticosti? On sait comment
l'attraper ailleurs, parce qu'on sait qu'on n'a qu'à mettre du
cèdre ailleurs dans une trappe et on va prendre du chevreuil. Mais
à l'île d'Anticosti, il n'y a pas de cèdre. Alors,
qu'est-ce qu'on va prendre pour l'attraper? En-
suite, il faut construire des enclos, il faut le transporter et il faut
avoir un endroit propice pour le libérer. En répondant à
ces questions et à d'autres, on peut arriver à un coût.
Mais c'est sûrement possible.
M. Perron: Merci, M. le Président.
M. Pagé: Sur l'île d'Anticosti toujours, est-ce que
vous avez des évaluations sur le nombre de chevreuils qu'on aurait
là-bas?
M. Duhaime: Les évaluations qu'on a viennent des
inventaires qui ont été faits il y a trois ans et d'une
série d'inventaires moins systématiques qui avait
été faite avant. C'est toujours très difficile de mettre
un chiffre précis, mais disons que le chiffre qui flotte à
l'heure actuelle, c'est autour de 70 000.
M. Pagé: 70 000? M. Duhaime: Oui.
M. Perron: Ils n'ont pas voté aux dernières
élections?
M. Pagé: II y a des instants où on l'aurait cru.
Une dernière question là-dessus. Je ne suis jamais allé
à l'île Anticosti, mais on m'informe et on me dit qu'un des
problèmes que connaîtrait le chevreuil, dans son comportement,
serait l'affluence plus grande de gens qui se véhiculent sur l'île
et y vivent.
M. Duhaime: Non. A l'île d'Anticosti, c'est trois fois
grand comme l'Ile-du-Prince-Edouard, il y a 260 personnes.
M. Pagé: Non, mais dans le sens qu'il y a plus
d'activité qu'il y en avait antérieurement.
M. Duhaime: II n'y a pas plus d'activité qu'il y en avait
antérieurement. Je ne vois pas pourquoi le chevreuil serait plus
dérangé, il n'y a pas plus de chasseurs qu'il y en avait
auparavant.
M. Pagé: D'accord. C'est tout pour le chevreuil, il me
restera le caribou, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton, avez-vous des questions sur le
chevreuil?
M. Grenier: Non, je n'ai plus rien de particulier.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Cela
complète l'élément 1, si je comprends.
M. Pagé: II y a une ou deux petites questions sur le
caribou.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): On peut
passer au caribou?
M. Grenier: Oui.
M. Pagé: En Gaspésie, il y a une étude qui a
été menée par l'ODEQ. J'aimerais savoir si elle est
complétée et connaître les conclusions de
l'étude.
M. Duhaime: L'étude n'est pas complétée; en
fait, elle devait être complétée au mois de mars. On l'a
prolongée jusqu'au mois de septembre, car on a trop de questions qui
restent encore en suspens.
Nous avons quelques réponses. D'abord, l'objectif de
l'étude est très précis. Cet objectif est d'établir
la distribution du caribou, en vue de rendre définitive la position du
ministère dans le plan du parc de la Gaspésie. Quand on
prépare un tel plan, on a des interventions des différents
ministères. Les Richesses naturelles savent très bien où
sont les dépôts miniers. Ils ne changent pas de place. Le
ministère des Terres et Forêts sait très bien où est
le bois qu'il veut aller chercher; il le compte, il le mesure et cela ne change
pas de place. Malheureusement, les caribous, eux, se promènent.
L'objectif précis que l'on a, c'est de déterminer où le
caribou se trouve en été et en hiver, pour protéger cette
partie de la Gaspésie.
Les informations que nous avons actuellement, c'est à peu
près sur le nombre; il y en a beaucoup moins que l'on pensait, je pense
qu'il y en a probablement entre 100 et 200.
M. Pagé: C'est cela, c'est ce qu'on me dit.
M. Duhaime: II y a beaucoup plus de mouvement que l'on pensait,
c'est-à-dire qu'en plaçant des radios sur les caribous, on s'est
aperçu qu'ils se transportent du mont Albert au mont Jacques-Cartier;
dans l'espace d'une journée, il y a des mélanges. On a pu
établir la distribution pendant l'hiver. Actuellement, on veut
établir la distribution pendant la période de reproduction, au
printemps et à l'été, pour compléter le
travail.
M. Pagé: D'accord.
Dans une étude que vous aviez conduite en 1953, vous-même,
M. Moisan, vous arriviez à un chiffre approximatif d'environ 950
à 1000 têtes, en Gaspésie. Tantôt, vous avez dit aux
membres de la commission qu'il y en avait peut-être entre 150 et 200.
Sur la foi de cette diminution, sur la foi de l'étude qui est
présentement menée j.'aimerais savoir ce qu'il reste
à faire pour que l'étude soit complétée sur
la foi de tout cela, le ministère entend-il adopter des positions
particulières, à la suite d'une telle diminution? Si c'est le
cas, attendez-vous strictement l'étude de l'ODEQ, ou avez-vous
déjà dégagé, chez vous, des avenues ou des moyens
que vous entendez utiliser pour sauver le caribou de la péninsule?
M. Duhaime: Comme je le disais tout à l'heure, le
principal objectif est d'établir la distribution. Le caribou est
protégé dans le parc depuis 40 ans; ce qui a changé, c'est
l'habitat. Pour nous, il s'agit d'établir cette distribution et de
protéger l'habitat qu'il occupe actuellement.
C'est l'objectif précis de l'étude: établir
où se
trouve le caribou et protéger cet habitat dans le nouveau parc de
la Gaspésie dont le plan est toujours en préparation et dont les
limites dépendront de ce que l'on trouvera. C'est-à-dire que nous
aurons des arguments plus forts pour discuter avec les Terres et Forêts
et les Richesses naturelles, lorsque nous saurons exactement où se
trouve le caribou; car, nous étions en position de faiblesse pour
discuter jusqu'à maintenant.
M. Pagé: D'accord.
Le rapport de l'ODEQ devrait être déposé d'ici
quelques mois?
M. Duhaime: Le travail et j'espère qu'on ne nous
demandera pas de le poursuivre davantage le projet de l'ODEQ se
continue, mais maintenant aux frais du ministère puisque l'ODEQ n'existe
plus, jusqu'au mois de septembre encore.
M. Pagé: D'accord. Je présume que...
M. Duhaime: Ensuite, le rapport final sera
déposé.
M. Pagé: Après cela vous allez déposer en
Chambre le rapport final?
M. Duhaime: Oui.
M. Pagé: Je vous incite à continuer à
travailler dans le sens de la protection parce que, en Gaspésie,
à ce qu'on me dit, il y a deux types seulement de caribous; cela, c'est
le caribou des bois et il n'y aurait que là qu'il serait localisé
selon mes informations, et l'autre, c'est le caribou de la toundra qui est dans
le nord du Québec. Alors, on vous incite à continuer.
M. Duhaime: C'est-à-dire que c'est un sujet sur lequel on
pourrait discuter longtemps, mais disons que c'est le seul troupeau de caribous
qui reste au sud du Saint-Laurent. C'est une relique dans ce sens-là,
puisqu'il y en avait auparavant jusqu'au Vermont, au New Hampshire et dans
toutes les Maritimes et maintenant, c'est le seul endroit où il y en
a.
M. Pagé: D'accord. On vous incite à continuer dans
ce sens-là. Il était question d'augmenter le nombre de permis de
chasse du caribou. Est-ce que c'est le cas?
M. Duhaime: Là, vous parlez de la chasse au caribou dans
le nord?
M. Pagé: Oui.
M. Duhaime: Non, il n'a pas été question de
l'augmenter. On pourrait penser à l'augmenter, mais les discussions dans
ce sens-là sont assez délicates maintenant à cause de la
nouvelle entente, de la nouvelle convention avec les autochtones du
Nouveau-Québec qui nous oblige, depuis l'an dernier, à discuter
tout changement dans l'exploitation de la faune, au Nouveau-Québec avec
les autochtones et il faut avoir leur accord. Jusqu'à présent, on
a jugé bon de ne pas soulever ce problème-là.
M. Grenier: Combien de permis y a-t-il?
M. Duhaime: 2500.
M. Grenier: Annuellement?
M. Duhaime: Oui.
M. Grenier: Pour une durée de combien de temps?
M. Duhaime: Un mois.
M. Grenier: De quelle date à quelle date?
M. Duhaime: C'est du 25 août à la fin de septembre;
maintenant, il y a cinq semaines.
M. Grenier: Les chasseurs de caribou, est-ce que ce sont des gens
qui se rendent là, en général, par avion, et qui font leur
chasse autour des lacs? Cela se fait comment?
M. Duhaime: C'est-à-dire qu'il y a 600 permis qui sont
réservés pour les pourvoyeurs qui, eux, reçoivent des
clients. Et si un pourvoyeur peut recevoir 40 clients... En fait, ils ont une
limite de 75 permis.
M. Grenier: Oui, un pourvoyeur, qu'est-ce que c'est dans vos
termes? Qu'est-ce qu'un pourvoyeur?
M. Duhaime: Un pourvoyeur, c'est un hôtelier, c'est un
"outfitter" en français, qui reçoit des clients et qui leur
founit le gîte, le guide et tout cela.
M. Grenier: Est-ce que c'est entré dans votre machine ou
est-ce que c'est tiré au hasard les chasseurs de caribou?
M. Duhaime: C'est-à-dire que les 600 permis pour les
pourvoyeurs, c'est un nombre fixe. C'est un nombre qui a été
fixé il y a quelques années et qui n'a pas été
augmenté; alors, chaque pourvoyeur reçoit le nombre qu'il a
reçu depuis quatre ou cinq ans.
M. Grenier: Au début, pour sélectionner ces
chasseurs, c'est la même clientèle qui revient
régulièrement, j'imagine, en tout cas, en grande partie?
M. Duhaime: Lui, il prend ses réservations pendant
l'hiver. Il y a aussi 300 permis qui sont vendus dans ce qu'on appelle la zone
01, c'est-à-dire pour la Côte-Nord, et 1600 permis dans la zone
04, c'est-à-dire la zone où il y a beaucoup de caribous. Il y a
deux ans, quand on a commencé ce système, on avait annoncé
un tirage au hasard. Lorsque la date du tirage est arrivée, il y avait
seu-
lement 1000 demandes. Alors, on a envoyé des permis à tous
ceux qui en avaient demandé. Tout le monde a gagné et là,
les demandes se sont mises à entrer.
M. Pagé: C'était un bon gouvernement.
M. Duhaime: Plusieurs n'avaient pas fait de demande parce qu'ils
ne pensaient pas gagner, ainsi de suite. Alors, l'année suivante, on a
dit: Bon, eh bienl Cela ne sert à rien de faire un tirage puisqu'il n'y
a pas eu assez de candidats la première année. Cela va
être: le premier arrivé, le premier servi. Cela fait deux ans que
l'on fait cela, mais là, le nombre de demandes est tel maintenant que,
l'an prochain, il faudra faire un tirage.
M. Grenier: On entendait parler, je pense que ce n'était
pas du folklore, des gens qui allaient tuer le caribou en avion. Est-ce
réglé ce problème? Est-ce dans le domaine du
passé?
M. Duhaime: Cela serait à souhaiter que ce soit dans le
domaine du passé, mais c'est un très grand pays, en haut. Tout le
monde voyage en avion et tout ce que nous pouvons faire, c'est de surveiller.
L'an dernier, nous avions un Beaver et un hélicoptère pour
surveiller pendant le mois et nous devons faire la même chose encore
cette année. C'est très difficile à surveiller. Je ne
crois pas que l'on chasse ou que l'on tire le caribou des avions, mais on le
localise, évidemment, et ensuite on descend sur les lacs et on part en
chasse.
M. Grenier: J'ai su en tout cas, je ne mettrai pas de
noms, parce qu'il y a trop de gens impliqués...
M. Duhaime: C'est bien possible.
M. Grenier: C'est possible que cela puisse se faire en avion
aussi.
M. Duhaime: Illégalement.
M. Grenier: On descendait ce qu'on rapportait, puis on ne
ramassait que les meilleurs morceaux.
M. Duhaime: Malheureusement, il y a encore des braconniers.
M. Grenier: Pourrait-on savoir si on a commencé le
programme 2, M. le Président? Ce sont encore les
généralités?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Nous
sommes à l'élément 1, du programme 1, M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Mais il me semble qu'on l'avait adopté avant
de se quitter?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sous
réserve de certaines questions.
M. Duhaime: C'était sous réserve du chevreuil, et
on a inclus le caribou là-dedans, pour être agréable
à tout le monde.
Une Voix: Les cervidés.
M. Grenier: De toute façon, on a du temps.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
remarque que M. le député de Mégantic-Compton voudrait
peut-être aller à la chasse au caribou. Il s'informe
drôlement de la chasse au caribou. Le député de Duplessis,
sur le caribou.
M. Perron: Toujours sur le caribou, M. le Président,
pourriez-vous me dire combien de permis sont émis à des
Québécois, par rapport aux étrangers?
M. Duhaime: Pour le caribou? M. Perron: Oui.
M. Duhaime: Les 1600 permis dont je parlais tout à l'heure
sont strictement réservés pour les résidents du
Québec. Les seuls non-résidents qui peuvent aller chasser le
caribou sont ceux qui passent par les pourvoyeurs. Si mon information est
bonne, il y a à peu près 50% des clients des pourvoyeurs qui sont
des Québécois et 50% qui sont des non-résidents, de sorte
que, sur les 2500 permis, il y en aurait probablement à peu près
de 300 à des non-résidents.
M. Perron: 300 qui seraient émis à des
étrangers, à des gens de l'extérieur du Québec.
M. Duhaime: Oui, à des non-résidents du
Québec.
M. Perron: A des non-résidents. Maintenant, une autre
question: On sait qu'à un certain moment de l'année, le caribou
est attaqué par une certaine maladie, ou encore par des parasites. On
mentionne, à un moment donné, l'hypoderme, un insecte dans les
narines. Etes-vous au courant? Une étude a-t-elle été
faite là-dessus pour protéger le caribou?
M. Duhaime: Non, on n'a pas fait d'étude là-dessus,
mais il n'y a pas grand moyen de faire de la prévention dans ce sens.
C'est un insecte qui va prendre tout simplement sous la peau, la larve se
développe sous la peau de l'animal et lorsqu'elle est adulte, elle sort.
Cela ne semble pas déranger les animaux considérablement. Tout ce
que cela fait, c'est que cela donne des peaux pleines de trous. Quand on veut
garder une peau, c'est un peu embêtant.
M. Pagé: On pourrait en parler au ministre de
l'Agriculture. Il a certainement une bonne explication là-dessus. Ce
serait bien simple.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: M. le Président, je ne sais si la question a
été posée antérieurement, et ce serait
peut-être assez difficile de répondre à cette question. On
sait que les caribous se dirigent du nord vers le sud, à l'automne.
Combien y aurait-il de caribous, à peu près, dans le
Québec, actuellement, sans tenir compte de ce qui peut exister dans le
Labrador, qui était antérieurement au Québec?
M. Duhaime: II y en a plus qu'on pensait, en tout cas. Il n'y a
sûrement aucun doute à affirmer qu'il y en a plus de 100 000.
M. Perron: Seulement au Québec? M. Duhaime:
Oui.
M. Perron: Maintenant, au Labrador, combien y en aurait-il
actuellement?
M. Duhaime: II faut dire qu'il y a un échange très
fréquent entre le caribou du Labrador et celui du Québec. Ils
voyagent. Le caribou de la rivière George, certains hivers, se retrouve
complètement au Labrador. Il ne semble pas être au courant qu'il
existe une frontière.
M. Perron: Merci, M. le Président.
M. Pagé: M. le Président, j'aurais une question sur
le caribou, et sur l'étude qui est en cours sur le cheptel du caribou
dans le Nouveau-Québec, qui a été commandée
conjointement par le gouvernement fédéral, par Terre-Neuve et par
Québec. J'aimerais savoir quelles sont les conclusions de cette
étude et s'il serait possible de les déposer.
M. Duhaime: Cette étude était tripartite. Comme je
le disais tout à l'heure, étant donné que les caribous
traversent constamment la ligne imaginaire entre le Labrador et le
Québec, et étant donné que le fédéral est
autorisé à dépenser de l'argent lorsque de tels troupeaux
se déplacent d'une province à l'autre, on a ce projet de
recherche de trois ans.
Il nous a permis de déterminer les populations du caribou, les
mouvements de ces populations, le taux de productivité, les terrains de
vêlage. C'est le point principal auquel nous étions
intéressés, savoir où les animaux naissent, au
printemps.
Ce projet est terminé depuis le printemps dernier. Le rapport est
en voie de rédaction.
Le fédéral est maintenant sorti du projet et nous sommes
à former avec Terre-Neuve un comité bipartite
d'aménagement tout simplement, pour surveiller ensemble, le
déroulement des activités, à l'avenir; mais le programme
de recherche lui-même est terminé et le rapport devrait sortir
l'automne prochain; il est en voie de rédaction, actuellement.
M. Pagé: A l'automne 1977? M. Duhaime: Oui.
M. Pagé: Et le rapport...
M. Duhaime: Ce sera un rapport considérable et
extrêmement intéressant, qui décrit pour la première
fois la situation du caribou au Nouveau-Québec.
M. Pagé: Cette étude menée depuis trois ans
tant par le fédéral que Terre-Neuve et Québec sera aussi
déposée, je présume, je l'espère, du moins?
M. Duhaime: C'est la même. Le rapport est
rédigé par le Québec...
M. Pagé: D'accord!
M. Duhaime: ... à la suite de l'étude
tripartite.
M. Pagé: Dans un autre ordre d'idées, une
dernière question avant de passer, M. le Président, de
façon formelle à l'élément 2 du programme.
Il y a quelques minutes, mon collègue de Mégantic-Compton
a fait état de la chasse illégale. Il y a eu un carnage, non pas
des caribous ni de chevreuils, mais d'orignaaux au lac Mistassini, avec 400
orignaux. Certainement, des constatations ont été faites. Il y a
certainement eu une enquête menée par le ministère. On se
rappellera qu'on avait assisté à un tollé
général au Québec, lorsque les gens ont constaté
cela. J'aimerais savoir ce qui en est et, surtout, sans vouloir aborder la
question de la faune, je voudrais savoir ce que le ministère entend
faire pour pallier de telles situations.
M. Duhaime: Cette question se rapporte directement à la
convention avec les autochtones du Québec sur le territoire:
1898-1912.
Il y a certains malentendus qu'il faut corriger dès le
départ. On peut évidemment parler de carnage, il est possible
qu'il y en ait eu, mais, de ce côté, on ne peut en dire beaucoup
plus, actuellement, car l'enquête est en cours et progresse rapidement.
Il faut réaliser que les autochtones, d'après la convention, ont
eu des droits de reconnus, pour leur subsistance, des droits de subsistance
personnelle et communautaire.
Dans le cas de l'orignal et du caribou, ce sont les deux seules
espèces, le gouvernement du Québec a reconnu que des quotas,
c'est-à-dire des limites permises, seraient établis. Ces limites
permises étant définies dans la convention comme le niveau actuel
de récolte, on garantit pour l'avenir le niveau actuel de récolte
pour l'orignal et le caribou.
Cela veut dire qu'il faut établir le niveau actuel de
récolte. Afin d'établir ce niveau, un groupe de recherche a
été établi, qui est financé par toutes les parties:
les Inuit, les Cris, le fédéral, le provincial, les
sociétés signataires de l'entente, qui ont procédé
très scientifiquement, avec des questionnaires, un échantillon
très important des autochtones; on y a établi ce que tuent
actuellement les autochtones, en nombre de caribous et d'orignaux.
Cette étude est censée se continuer pendant cinq ans. Le
niveau actuel a été établi pour la première
année, c'est-à-dire l'hiver 1975/76. Le niveau reconnu comme
actuel, en 1975/76, pour les Cris parce qu'il n'y a que là qu'il
y ait de l'orignal était de 800 individus.
Cette année, on prétend, peut-être avec raison,
peut-être à tort, qu'il y a eu des carnages, mais on
prétend, en même temps, qu'il y a eu 400 orignaux tués. Si
la même étude, qui se poursuivra pendant cinq ans,
révèle que cette année, il y a eu 400 orignaux
tués, elle se continuera. Au bout de cinq ans, le niveau de
récolte actuelle va être établi sur la moyenne des cinq
ans. Si les autochtones faisaient des abus et récoltaient beaucoup plus
d'orignaux que le territoire ne le permettait, ils ne se rendront pas à
cinq ans. La récolte actuelle sera très faible, finalement,
reconnue comme garantie pour l'avenir.
Lorsque les biologistes ont fait des inventaires d'orignaux dans tout ce
territoire, ils sont arrivés à une estimation de population qui
révélait que, si on en prenait 15% c'est ce qui est admis
comme récolte continue sur une population d'orignaux les Indiens
pouvaient en prendre 800. Par un hasard inouï, à la suite de tous
les questionnaires, on est arrivé à 800. Nous sommes
obligés de conclure que, s'ils en prennent 800 par année, ce
n'est pas si mal, la population peut se maintenir. Maintenant, qu'aura-t-on
dans les années qui viennent? Je ne le sais pas, mais le niveau de
récolte garantie pour l'avenir sera établi seulement après
cinq ans. Le niveau, qui a été établi cette année
l'a été de façon strictement temporaire.
La question qui nous inquiète, actuellement, c'est qu'un certain
nombre d'orignaux, qui ont été observés et cela a
été rapporté par les journaux ont été
tués en dehors du territoire reconnu comme tel par l'entente.
M. Pagé: Quelle entente?
M. Duhaime: La convention avec les autochtones. On garantit un
certain nombre d'animaux aux autochtones dans ce territoire, mais comme nous
comprenons la convention, c'est qu'en dehors de ce territoire les autochtones
n'ont pas plus de droit que vous et moi.
M. Pagé: Est-ce que ce sont des privilèges?
M. Duhaime: S'ils sont allés là, ils n'avaient
probablement pas le droit d'y aller. C'est là que l'enquête
devient serrée.
M. Pagé: D'accord, mais...
M. Grenier: Depuis la déclaration du ministre, le 14 mars
dernier, à Montréal, disant qu'il était temps que les
autochtones soient traités comme de vrais Québécois et
qu'ils arrêtent de faire ces massacres, a-t-on fait quelque chose? Est-ce
le cas que vous expliquez en ce moment?
M. Duhaime: C'est dans le sens de ce quota de 800, il faut que
l'abattage se fasse à l'intérieur du territoire
réservé par l'entente. A l'extérieur, ce sont des
Québécois, des chasseurs comme vous et moi. Il n'est pas question
d'une chasse à d'autres fins que celles prévues par
l'entente.
M. Grenier: Peut-on dire qu'ils seront tenus de respecter les
mêmes lois? A-t-on un cadre qui permette qu'ils respectent les
mêmes lois? A voir les désastres qui se sont faits dans ce coin,
on est toujours bien penché envers ces gens qu'on semble avoir
dépourvus de leurs privilèges ou de leurs droits, mais il semble
bien qu'ils outrepassent les lois régulières.
M. Duhaime: On peut critiquer la façon dont la chasse se
fait; pour nous, c'est une chasse sportive, tandis que pour eux, c'est une
chasse de subsistance. Ce sont deux façons de voir bien
différentes. Le problème que nous avons, actuellement, c'est de
localiser les endroits où les individus sont abattus. C'est le
problème, à l'heure actuelle.
M. Pagé: Je suis d'accord qu'il y a une entente qui permet
aux autochtones d'abattre des orignaux pour leur subsistance, mais entre un et
400, il y a une différence. Sans vouloir entrer dans l'enquête qui
est menée vous dites qu'elle est en cours et que cela se
déroule très bien, de façon assez expéditive.
J'espère qu'il y aura des conclusions dans un délai assez bref
il y a eu des informations de gens du milieu, qui ont été
à même de constater les dommages faits à la suite de ces
abattages et certains concluaient que ce n'était pas strictement pour
leur propre subsistance. C'était peut-être à des fins
commerciales ou autres. C'est là-dessus que j'en suis. Vous dites que la
récolte actuelle sert comme niveau de récolte de garantie. Ai-je
bien compris? Est-ce bien ce que vous m'avez dit que les 400 ainsi abattus
seraient considérés dans la récolte actuelle?
M. Duhaime: Ce que j'ai dit, c'est que l'on essaie, actuellement,
d'établir quel est ce niveau actuel de récolte. On l'a fait une
année par questionnaire, on la fait aussi, actuellement, par
questionnaire, mais, la première année, le questionnaire nous a
donné comme réponse: 800. La deuxième année, s'il y
a eu 400 orignaux de tués, c'est moins que l'année
précédente. Il faut cependant se souvenir que ce carnage
si on peut l'appeler ainsi s'est réalisé dans la
région de Mistassini, à Waswanipi, où les Indiens tuent
les animaux. Ailleurs, il n'y en a pas, tout simplement.
Cela paraît beaucoup et c'est aussi beaucoup; mais, pour nous, le
point le plus important est de savoir si les orignaux ont été
pris dans le territoire qui leur est dévolu ou à
l'extérieur.
M. Pagé: Oui, si je comprends bien ce que vous
alléguez, vous êtes aussi désireux de voir le nombre qui
aura été abattu.
M. Duhaime: Certainement, puisque le niveau garanti ne sera
définitivement établi qu'à la cin-
quième année. Nous devons donc l'établir chaque
année.
M. Pagé: Tiendrez-vous compte de ces 400 abattus?
M. Duhaime: Bien sûr, mais II est fort probable qu'ils
seront à l'intérieur des 600, 700 ou 800 que les autochtones
eux-mêmes vont rapporter comme récolte.
M. Pagé: A ce moment, il y aurait presque
intérêt à en abattre le plus possible car vous allez vous
référer à la récolte...
M. Duhaime: Si le niveau de récolte garantie avait
été établi pour une année... On a tout de suite
prévu ce danger. Evidemment, tout le monde essaie d'en tuer le maximum,
puisque le niveau garanti sera basé là-dessus; mais, en le
faisant pendant cinq ans, les négociateurs ont pensé qu'ils
évitaient ce danger.
M. Pagé: Vous avez dit tantôt, si j'ai bien compris,
que, s'ils le font pendant cinq ans, à un rythme donné, il n'en
restera plus après cinq ans. Il va en rester beaucoup moins.
M. Duhaime: Non, je dis: S'ils abusent. S'ils vont beaucoup plus
loin qu'ils peuvent aller, bio-logiquement, c'est sûr qu'ils vont se
pénaliser eux-mêmes.
M. Pagé: Oui, mais il ne faudrait pas attendre, je crois,
M. le Président, il ne faudrait même pas laisser planer cette
possibilité. Il faudrait prendre les moyens pour être certain
qu'ils ne pourront pas abuser.
M. Duhaime: Oui, mais l'entente est signée comme cela.
M. Pagé: D'accord, mais il faudrait quand même
définir ce qu'est la subsistance, à un moment...
M. Duhaime: Cela n'a jamais été défini par
qui que ce soit.
M. Pagé: ... vous ne croyez pas qu'une enquête comme
celle pour le bénéfice du journal des Débats, le
ministre fait un sourire mais, quand même, vous ne croyez
pas...
M. Duhaime: Si vous pouvez nous définir la subsistance, on
va vous engager tout de suite.
M. Pagé: ... non, non, M. le ministre, vous nous avez
parlé de l'accessibilité que c'était dur à
définir, vous avez dit que c'était difficile de définir la
définition; mais, quand même, dans un cas comme celui-là,
vous avez dit qu'il y avait une enquête. Je présume que, dans
cette enquête, si votre contentieux constate que l'on a contrevenu
à quelque article de la loi, ou d'un traité ou d'une entente, il
y aura des mesures disciplinaires qui seront requises selon les
mécanismes normaux des tribunaux. Mais, sur la foi de cela, vous ne
croyez pas qu'un cas comme celui-là, ce serait peut-être le moment
le mieux choisi pour créer une jurisprudence ou avoir un jugement qui
aura autorité sur la définition de ce qu'est la subsistance?
M. Duhaime: Quand la convention dit que ces autochtones ont le
droit de chasser, de pêcher, n'importe quand pendant l'année, pour
se nourrir, dans tout le territoire défini, personne ne peut les
empêcher de chasser et de pêcher, quand ils le veulent, pour se
nourrir. Ce que l'on peut empêcher, c'est la vente, le commerce. Ce que
l'on peut empêcher, c'est qu'ils aillent combler leur déficit
à l'extérieur du territoire. L'enquête porte surtout sur ce
point.
M. Pagé: Oui, mais encore là je suis
d'accord que c'est difficile à définir, je suis d'accord qu'ils
ont le droit, en vertu de l'entente il s'agit de voir l'état du
besoin; de combien ils ont besoin, ces gens-là, pour leur subsistance.
Je pense c'est un voeu que je formule je crois que le
ministère aurait actuellement, à même ce cas sur lequel il
y a eu une enquête de menée... Il semble d'ailleurs que, si on en
parle et si on aborde toutes ces questions, c'est que vous êtes au fait
du problème qu'il y a de la chasse qui se fait à
l'extérieur du territoire couvert par l'entente et que les prises sont
alléguées comme ayant été capturées ou
abattues ou tuées dans le territoire.
Je pense que, pour un cas comme celui-là, ce serait
peut-être le moment le mieux choisi de la part du ministère pour
vider et régler cette question.
M. Duhaime: Je voudrais faire une réserve concernant votre
affirmation. C'est qu'il n'y a personne au ministère qui
prétende, à l'heure actuelle, que des animaux sont abattus
à l'extérieur du territoire couvert par l'entente, mais on dit,
bien précisément, qu'on enquête pour vérifier si
c'est bien à l'intérieur du territoire.
M. Pagé: Non, mais c'est une hypothèse que vous
envisagez. C'est cela. J'ai bien dit, M. le ministre, que je ne voulais pas
parler de l'entente ni de l'enquête. D'ailleurs, je pense que ce n'est
pas le rôle de la commission de le faire, mais sur la foi des conclusions
de l'enquête, si votre contentieux ou l'enquête
démontre...
M. Duhaime: On va attendre les résultats, si vous
permettez.
M. Pagé: Oui, mais quand même, M. le
Président, la commission ne siégera pas à ce
moment-là.
M. Duhaime: On va vous informer de cela, ne soyez pas
inquiet.
M. Pagé: Je l'espère, mais c'est peut-être le
moment le mieux choisi pour avoir une interprétation de la part d'un
tribunal sur cette question de subsistance.
M. Duhaime: Disons que cet événement nous donne
l'occasion de faire appliquer strictement l'entente telle qu'elle existe, pour
la première fois.
M. Pagé: C'est cela et ce serait peut-être le moment
le mieux choisi, comme je le disais tantôt, d'en avoir une
interprétation judiciaire et ce n'est ni un député, ni un
ministre, ni une direction ou une directive administrative, mais c'est un juge
qui se penchera sur cette question.
M. Duhaime: C'est pour vous permettre de vérifier si
l'entente qui a été signée est une bonne entente.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur le
même sujet, le député d'Abitibi-Est.
M. Bordeleau: Oui, pour revenir au caribou, tout simplement, une
question très courte; il existe un petit troupeau de caribous au sud de
la ville de Val-d'Or, qui ne semble pas être indiqué sur les
cartes. Alors, je me demande si ce troupeau est connu du ministère. Et
puis s'il y a les...
M. Grenier: Ce sont des "vagus" qui se promènent.
M. Bordeleau: C'est possible, mais en général, ils
sont dans ce coin-là.
M. Duhaime: II est connu, mais on n'en fait pas de
publicité, parce que ce n'est peut-être pas le meilleur moyen de
le conserver.
M. Pagé: II ne faudrait pas que cela soit rapporté
dans le journal des Débats. Pour en revenir à ma question de tout
à l'heure: quelle est la limite biologique de l'abattage dans le secteur
de la Mis-tassini?
M. Duhaime: Oh! Pour le secteur de la Mistas-sini seulement, je
ne peux pas vous le dire.
M. Pagé: Mais pour tout ce secteur qui est couvert par les
ententes.
M. Duhaime: Mais pour les Cris, le territoire occupé par
les Cris de Waswanipi, de Mistassini, de Fort Rupert, de East Main, les 800 qui
ont été établis la première année comme
récolte, correspondaient à 15% de ce que l'on avait estimé
comme population.
M. Pagé: Donc, environ 10 000.
M. Duhaime: Alors, on a dit, si c'est 800, notre grande surprise,
ce n'est pas si bête, ce n'est pas si mal.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Est-ce que le
ministère a fait un relevé des orignaux qui vivent actuellement
sur l'île d'Anticosti qui seraient, à peu près, au nombre
de 1000?
M. Duhaime: Oui, il y a eu un genre d'inventaire, mais on a
observé tellement peu d'orignaux que les méthodes statistiques
que l'on a utilisées ont dû être rejetées,
c'est-à-dire qu'il y a de l'orignal, mais ce n'est sûrement pas
une population qui, actuellement, pourrait être chassée.
M. Perron: Donc, considérant que la population ne peut
être chassée, vous n'émettez pas de permis sur l'île
d'Anticosti et vous ne comptez pas en émettre bientôt.
M. Duhaime: D'accord.
M. Perron: Est-ce que... est-on toujours au programme 1?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'ai
abordé la présidence de la commission avec
l'élément 1 adopté avec la réserve du chevreuil,
puis du caribou et maintenant des orignaux.
M. Perron: A un moment donné, au cours de cette commission
parlementaire, M. le Président, j'aimerais beaucoup parler de
rivières à saumons, en ce qui concerne le "déclubage" ou
encore... Maintenant, dans quel programme pourrais-je en parler?
M. Duhaime: Le programme 2, élément 1. M.
Perron: Le programme 1?
M. Duhaime: Le programme 2, élément 1. M.
Perron: Le programme 2, élément 1 ; merci.
M. Duhaime: Le programme 2, élément 1, ou le
programme 2, élément 2.
M. Perron: Je ne veux pas manquer mon coup pour les
informations.
M. Pagé: Oui, toujours sur le même sujet, M. le
Président, sur la question de l'orignal à l'île
d'Anticosti; est-ce que l'évaluation d'environ 1000 orignaux est bonne
et sensiblement fidèle?
M. Duhaime: Cela nous apparaît beaucoup plus près de
300 que de 1000.
M. Pagé: Est-ce que, peu importe le nombre, mais est-ce le
cas que la survie ou l'avenir de cet orignal serait mise en doute, en raison de
la présence de chevreuils?
M. Duhaime: Je ne pense pas que l'on puisse répondre
à cela actuellement. Une chose est certaine: l'orignal semble
distribué plus à l'est, il est plus à l'est de l'île
que le chevreuil, mais il y a une foule d'endroits, au Québec, où
l'on retrouve, ensemble, le chevreuil et l'orignal.
Théoriquement, il y a chez le chevreuil un parasite qui peut
mettre l'orignal en danger, mais, cela ne semble pas se concrétiser chez
nous, nous n'avons pas ce problème. Il y a chez l'orignal des
mortalités causées par ce parasite qui vient du chevreuil,
mais...
M. Pagé: Le nom de cela c'est...
M. Duhaime: C'est un beau nom cela peut être:
pneumostronginus, je pense...
M. Pagé: On n'est pas obligé de le retenir...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président.
Une question d'ordre général, en ce qui concerne le
programme 1. Existe-t-il actuellement une équipe du service de la
protection de la faune dans le Nouveau-Québec?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Cela
entrerait, très bien, dans le programme 2.
M. Perron: D'accord, j'irai au programme 2, à ce
moment-là.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
sur la protection de la faune.
Est-ce que l'élément 1 serait adopté sans
réserve?
M. Pagé: Adopté. Cependant, une dernière
petite question, M. le Président, et je vous le promets, M. le
Président, à moins qu'il y ait des réponses qui en
suscitent d'autres.
M. Grenier: M. le Président, une seconde. Je veux bien que
le député de Portneuf pose une dernière petite question,
mais on a pas encore adopté l'élément 1 de notre programme
et on a déjà plusieurs heures de passées; on s'en va vers
la moitié des heures qui nous sont attribuées et il y a des
questions pas mal plus importantes que cela et je conclus, que la toute
dernière petite question, ce n'est pas cela qui fera la manchette des
journaux demain matin...
M. Pagé: Non, écoutez, M. le
Président...
M. Grenier: ...et je voudrais bien que l'on réserve du
temps pour régler les vrais problèmes qui s'en viennent...
M. Pagé: M. le Président, je voudrais
demander...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton, je pense que le
député de Portneuf est au courant des règlements, il sait
qu'après dix heures, le "leader" parlementaire peut ne plus convoquer la
commission. Il est au courant du nombre de programmes, il est au courant du
nombre d'éléments, et il a la liberté de poser les
questions qui lui plaisent, avec les conséquences qui pourraient en
découler, s'il y a lieu. M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président, écoutez, la
dernière question...
M. Duhaime: Je ne veux en aucune façon brimer les droits
de l'Opposition et encore moins les droits du public en général
ou en particulier. Posez toutes les questions, nous ferons l'impossible pour
vous répondre.
M. Pagé: Nous sommes conscients de votre bonne foi et de
votre bonne volonté, M. le ministre, mais, est-ce à dire que vous
acceptez immédiatement que l'on poursuive au-delà de dix
heures?
M. Duhaime: On verra.
M. Pagé: Dernière petite question, M. le
Président, elle est importante, elle ne peut pas faire la manchette, et
je pense que l'on est en droit de la poser car, jeudi soir dernier, on a
abordé ce sujet, et avant de passer à l'élément 2
du programme, je voudrais bien avoir une réponse catégorique du
ministre. On a parlé de la possibilité de ne pas permettre de
chasser le mâle et de permettre de chasser la femelle, le
bébé, le veau. Vous avez dit que c'était
étudié et qu'il y avait des recommandations dans ce sens.
M. Duhaime: Vous parlez de l'orignal?
M. Pagé: Oui.
J'aimerais savoir ce qui en est, quelle est la position précise
et s'il y a une position définitive d'adoptée. Sinon, quand
entend-on l'adopter? Je pense que c'est important pour tous les chasseurs du
Québec.
M. Duhaime: Je pense qu'il faut considérer cette remarque
comme une hypothèse.
M. Pagé: C'est ainsi que je la vois.
M. Duhaime: Pour l'instant, c'est une hypothèse, si nous
devons prendre des moyens pour diminuer la "récolte" ou changer la
"récolte" de l'orignal, dans les prochaines années, il y a
beaucoup d'autres moyens et on les utilisera avant celui-là.
M. Pagé: Vous écartez actuellement cette
possibilité?
M. Duhaime: Je ne l'écarte pas, mais je dis que,
actuellement, il faut la considérer comme une hypothèse que nous
devons envisager, maintenant, avec les nouvelles connaissances acquises
récemment.
M. Pagé: Quand pourrons-nous avoir des
précisions?
M. Duhaime: Si vous pensez aux modalités de la chasse
à l'orignal, avant d'arriver à une mesure aussi draconienne, nous
passerons à d'autres mesures. La première serait probablement le
permis de groupe, c'est-à-dire qu'au lieu de prendre un permis d'orignal
par individu, quatre individus peuvent avoir ensemble un permis qui leur donne
droit à un mâle et à un veau ou à une femelle et un
veau, ou un truc du genre. C'est une mesure à envisager, avant les
autres.
M. Pagé: Est-ce que ce sont des mesures que vous envisagez
pour la prochaine saison? Avez-vous un échéancier, des...
M. Duhaime: Cela dépendra beaucoup des résultats de
la chasse de l'automne prochain.
M. Pagé: D'accord.
C'était effectivement ma dernière question, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 1, adopté?
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 2: Amélioration de la faune.
M. Pagé: Bon. Alors, on a des petites questions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre voudrait-il faire un exposé sur cet élément? Non?
Oui?
Amélioration de la faune
M. Duhaime: Je voudrais juste attirer l'attention des membres de
la commission sur l'élément 2 du programme 1, sur ce que nous
avons heureusement pu annoncer récemment, le projet de la baie de
Lavallière, dans la région de Sorel; des pourparlers se
poursuivent intensément avec la société bien connue sous
le nom de Ducks Unlimited, qu'on appelle ici Canard-Atout, et dont la signature
impliquerait un investissement de l'ordre de $400 000 pour l'aménagement
de la baie de Lavallière pour la sauvagine. Cela paraît être
important, je vais demander à M. Moisan de nous donner
l'arrière-plan parce que, apparamment, on travaille là-dessus
depuis 25 ans.
M. Pagé: C'est bien que vous le reconnaissiez.
M. Duhaime: Pardon?
M. Pagé: C'est bien que vous le reconnaissiez.
M. Duhaime: Ah! Bien oui! 25 ans. Presque votre âge.
M. Pagé: Oui, je vous en prie.
M. Duhaime: II s'agit d'un habitat extraordi- naire, non
seulement pour le canard, mais aussi pour le rat musqué. Il y a une
quinzaine d'années, on prenait dans la baie de Lavallière environ
25 000 rats musqués par année, ce qui veut dire que les $400 000
peuvent être récupérés assez vite, si on peut
revenir à cela, parce que, maintenant, on en prend à peu
près 2500 par année. Il s'agit d'une baie reconnue localement
comme extrêmement riche, qui a été drainée à
des fins agricoles jusqu'à ce qu'on se rende compte que le drainage
avait asséché les terres des environs et n'améliorait pas
la situation. Après des essais qui se sont succédé
à peu près tous les 5 ans, depuis 25 ans, cette baie-là
devait toujours être acquise et aménagée. Elle a
été acquise maintenant de la commune de Yamaska et Ducks
Unlimited va y aménager une structure qui va permettre de
contrôler le niveau de l'eau de l'intérieur; on va ainsi redonner
sa richesse à cette magnifique baie, voisine de la baie de
Saint-François, qui est un autre endroit très riche.
Voilà.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. J'aurais plusieurs
questions. Dans la description du programme, à l'amélioration de
la faune, dans le texte que M. le ministre nous a remis au début de nos
travaux, il est dit: Cela peut être réalisé par des projets
d'ensemencement de poissons, d'aménagement de plans d'eau, de
frayères, d'aménagement forestier, d'aménagement de
marécages pour la sauvagine, de contrôle des poissons nuisibles.
J'ai quelques questions sur ces différents sujets. "Commercialisation de
la truite mouchetée": Y a-t-il des éléments nouveaux dans
la politique du ministère sur cette question? Avant d'aborder ces
questions.
M. Duhaime: Ce qui a été décidé
là-dessus... Vous parlez de la pêche en étang, j'imagine?
Cela a été de permettre la pêche dans les étangs
privés sans limite de captures. Maintenant, il est bien certain qu'il va
falloir qu'on introduise un élément de contrôle
là-dessus pour éviter justement que cela ne devienne une viande
commerciale. Ce n'est pas pour les hôtels et les restaurants, c'est pour
la consommation à domicile.
M. Pagé: C'est cela. Consommation domestique
strictement.
Vous avez fait état tantôt de la frayère. Les
projets de passes migratoires et de frayères pour l'année
financière 1977/78 sont de quelle nature et quels sont ceux que vous
avez?
M. Duhaime: On va avoir cela dans les immobilisations, 6.1.
M. Pagé: On pourra y revenir à 6.1. Je vais en
prendre note.
M. Duhaime: En fait, il y a un programme qui se rapproche de
votre question, qui est en cours et
que nous espérons terminer cette année. C'est celui de
créer, dans le parc des Laurentides, en se servant de trois lacs
qui n'étaient pas accessibles de se servir de ces lacs comme
sources d'oeufs pour la truite mouchetée du Québec; au lieu
d'acheter de la truite de Pennsylvanie, des oeufs de truite aux Etats-Unis,
nous allons produire nos propres géniteurs, dans nos lacs, à
partir de géniteurs sauvages, pour éviter d'importer, chaque
année, plusieurs millions d'oeufs. Nous pensons aussi que cette truite
est d'une qualité supérieure à celle que nous pouvons
importer.
M. Pagé: D'accord.
Avez-vous des projets, avec le ministère des Terres et
Forêts, concernant l'aménagement forestier pour la faune
terrestre?
M. Duhaime: Nous avons des projets d'aménagement de
ravages. Le projet le plus important est celui d'Armagh, dans Bellechasse, qui
fait partie, je pense, de la forêt domaniale des Appala-ches.
Il y a un plan d'exploitation forestière qui se fait, je pense,
par le truchement de REXFOR, où les biologistes ont été
impliqués, dès le début, dans la planification des
exploitations, pour que les exploitations soient faites dans le but de
favoriser le chevreuil.
C'est, je pense, le plus gros projet.
Nous avons des relations presque journalières avec le
ministère des Terres et Forêts qui possède, depuis quelques
années, un répertoire complet des ravages de chevreuil que nous
avons au Québec.
Lorsqu'un permis de coupe est demandé par quelqu'un dans cette
partie, le ministère des Terres et Forêts se réfère
au répertoire des ravages et, lorsqu'un permis de coupe est
demandé dans un ravage, les biologistes sont aussitôt
consultés pour savoir si, oui ou non, on peut couper et, si oui, de
quelle façon. Cela est une amélioration considérable qui
existe depuis une couple d'années.
M. Pagé: Vous avez parlé tantôt de l'action
de REXFOR dans le comté de Bellechasse, j'aimerais bien que ce soit
confirmé que le ministère du Tourisme est consulté
immédiatement avant qu'un permis de coupe soit émis.
M. Duhaime: Dans ce cas, il est plus que consulté. Toute
la planification de l'exploitation forestière a été faite
conjointement.
M. Pagé: Dans le cas d'Armagh? M. Duhaime: Oui.
M. Pagé: Mais, dans les autres cas d'activités qui
peuvent affecter les bêtes autres que le chevreuil, jusqu'où le
ministère... Est-ce que c'est officialisé, est-ce dans les us et
coutumes que le ministère des Terres et Forêts demande la
consultation et, dans certains cas, la collaboration très étroite
comme dans le cas d'Armagh la collaboration et la consultation du
ministère du Tourisme?
M. Duhaime: Non, à ma...
M. Pagé: II y a quand même des cas, à ma
connaissance, de mémoire...
M. Duhaime: ... connaissance, les consultations se font
systématiquement strictement dans les ravages de chevreuil, qui sont
cartographiés et dont le ministère des Terres et Forêts
possède un répertoire.
Dans ces cas, il y a une consultation systématique. Dans les
autres cas, je ne le pense pas.
M. Pagé: Vous ne croyez pas que ce serait souhaitable
je pense que ce serait très positif de la part du gouvernement
d'officialiser une consultation, des échanges entre le
ministère du Tourisme et le ministère des Terres et Forêts
pour toutes les actions du ministère des Terres et Forêts?
Je parle du ministère des Terres et Forêts, non seulement
de REXFOR, mais aussi lorsqu'il émet des droits de coupe, lorsqu'il
permet que des utilisateurs ou des concessionnaires...
M. Duhaime: II n'y a pas de consultation ponctuelle. Il y a une
politique d'exploitation de la forêt en vue de sauver l'habitat de la
faune qui a été préparée par le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche et qui a été
acceptée officiellement par le ministère des Terres et
Forêts qui dit, par exemple, qu'on ne laisse pas traverser les ruisseaux
par les bulldozers.
Quand on construit une route au bord d'une rivière, il faut
laisser telle distance entre la rivière et la route.
M. Pagé: Ce sont des règles
élémentaires d'éthique entre les deux
ministères.
M. Duhaime: Cela peut sembler élémentaire.
Même si le ministère des Terres et Forêts a accepté
cette politique, son rôle c'est maintenant d'essayer de le vendre aux
exploitants. Il essaie de le faire appliquer, mais à chaque fois qu'il
le fait appliquer, cela veut dire des dépenses supplémentaires.
Alors, voici la question que le ministère des Terres et Forêts
nous pose: Qui va payer la différence?
M. Pagé: D'accord pour des questions comme
celles-là, c'est-à-dire empêcher un utilisateur de
traverser un ruisseau avec ce qu'on appelle en langage de bois un "skidder" ou
des choses comme cela. Mais ce n'est pas ce dont je fais état. Il serait
préférable, je vous en fais la demande, j'aimerais bien avoir vos
commentaires à ce sujet, je suis certain que mon collègue de
Mégantic-Compton va être d'accord avec moi, que le
ministère des Terres et Forêts, avant d'émettre des permis
de coupe, consulte que cela soit officia-
lisé le ministère du Tourisme pour voir l'impact
sur la faune dans le secteur faisant l'objet du permis.
M. Duhaime: Cela ne se fait pas actuellement, et je pense que
cela ne se fera pas tant qu'il n'existera pas au Québec des
unités d'aménagement qui seront les mêmes pour les Terres
et Forêts et pour le Tourisme, Chasse et Pêche, et lorsqu'il y aura
des unités d'aménagement avec des unités de gestion de
territoires qui seront communes, là on pourra gérer le territoire
ensemble. Tant que cela n'existera pas, je ne pense pas qu'on puisse imaginer
une consultation ponctuelle comme celle-là de tous les jours.
M. Pagé: Cela va prendre du temps avant que tout le
territoire du Québec soit couvert par des unités
d'aménagement. En tout cas, le voeu que je formule ici c'est
d'échanger avec vous, de faire valoir, de soumettre des questions comme
celles-là. C'est une question que je vous soumets bien respectueusement
et j'espère qu'elle saura être retenue par le ministère
dans des délais que je souhaite là aussi les plus brefs possible,
parce que c'est important.
M. Duhaime: J'espère que vous la soumettrez aussi au
ministère des Terres et Forêts.
M. Pagé: Oui, mais quand même, le gouvernement est
censé avoir une seule couronne. Cela a d'ailleurs été fait
à la commission qui étudiait les crédits du
ministère des Terres et Forêts.
Alors, j'ai d'autres questions, M. le Président, mais je ne
voudrais pas passer toutes mes questions. S'il y a d'autres de mes
collègues qui veulent soulever des sujets...
M. Grenier: Non, j'aimerais autant que le député
termine, s'il a encore une série de questions qui sont fort
intéressantes et fort précises, qu'ils les fassent et on
interviendra.
M. Pagé: Je vous remercie.
M. Grégoire: Vous avez le sens cynique.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, messieurs!
M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Est-ce M... Je lui permets une question et je
reviens après.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: M. le Président, le député de
Portneuf vient justement de parler d'une chose très intéressante.
Par contre, il y a actuellement, si ma mémoire est bonne, un projet qui
s'en vient sur l'île d'Anticosti où se ferait conjointement une
coupe de bois, mais en rapport avec les besoins du MTCP, du ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, pour ouvrir des routes
forestières en d'autres mots sur l'île d'Anticosti, des bandes de
bois qui sont coupées pour faire en sorte que...
M. Pagé: Pour permettre une meilleure utilisation de la
faune, du territoire.
M. Perron: C'est cela. Une meilleure utilisation de la
forêt et de la faune. C'est une entente qui existe actuellement, je
pense, M. le ministre?
M. Pagé: Est-ce que vous pourriez vous informer de
cela?
M. Duhaime: Je ne suis pas sûr que l'entente existe
actuellement. Elle est sûrement en train d'être
réalisée. C'est sûrement dans les objectifs du
ministère de voir des exploitations forestières se faire dans
l'île d'Anticosti en autant qu'elles seront subordonnées aux
besoins de la chasse et de la pêche. L'entente est en train de se
compléter.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Avez-vous fini vos questions?
M. Pagé: Non, j'en ai d'autres mais vous pouvez y
aller.
M. Grenier: M. le Président, ici je soulève un
point de règlement. Il y a eu des changements depuis ma disparition de
la Chambre en 1970. Je ne sais pas si on a décidé si
c'était l'Opposition officielle qui posait toutes ces questions et
qu'ensuite les autres députés revenaient ou... Si c'est cela,
c'est extrêmement mauvais. On est en train de nous faire perdre...
M. Pagé: Je vous offre d'en poser... Allez-y et je
continuerai après.
M. Grenier: Non, M. le Président. Parce que, pendant qu'on
pose des questions qui sont pas mal intelligentes, l'Opposition officielle
revient nous faire perdre la moitié de notre temps avec des questions
que je ne qualifierai pas, M. le Président.
M. Pagé: Ce n'est pas du temps perdu.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Pagé: Je m'excuse.
M. Grenier: On a des questions. Il y a des programmes qui peuvent
passer rapidement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Portneuf.
M. Grenier: La moitié de notre programme a passé
sur l'élément 1, article 1, alors que les questions importantes
ne sont pas débattues et qu'on sera privé...
M. Pagé: Quelles sont les questions importantes?
M. Grenier: Si c'est cela... Arrêtez donc de parler de
questions importantes alors qu'on traite d'insignifiances depuis le
début des débats.
M. Pagé: On parle de chasse et de pêche. M.
Grenier: Vous l'avez vu.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, M. le député de Portneuf!
M. Grégoire: M. le Président, je veux appuyer le
député de Mégantic-Compton là-dessus. C'est vrai
qu'il y a beaucoup de questions qui ont été insignifiantes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac, vous n'avez pas la parole. La parole est au
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Nous avons passé une demi-heure ou trois
quarts d'heure à enquêter sur la vie du chef du cabinet de M.
Duhaime.
Une Voix: On va demander l'ajournement.
M. Burns: M. le Président, cela n'a rien à voir
avec ce que le député de Mégantic-Compton vient de dire,
d'ailleurs, je ne veux pas me mêler au débat, cela a l'air de bien
aller.
M. Grégoire: Je voudrais l'appuyer quand même. Je
voudrais appuyer ce qu'il vient de dire, M. le Président.
M. Burns: Cela avait l'air de bien aller, mais, M. le
Président, je vous demanderais, avec le consentement de la commission,
de suspendre la discussion pour une minute ou deux. J'aimerais consulter le
ministre et les représentants de l'Opposition sur le déroulement
des travaux. Si c'était possible, j'aimerais suspendre les travaux
quelques minutes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Y a-t-il
consentement? Alors la séance est suspendue pour quelques minutes.
(Séance suspendue à 17 h 32)
Reprise de la séance à 17 h 35
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président, je m'excuse de faire le
trouble-fête, mais c'est aussi un des rôles du leader du
gouvernement d'être trouble-fête.
Quand j'ai entendu dire que la commission devait ajourner ses travaux,
à 7 h 30, en les continuant sans interruption, à compter de 6
heures, je vous avoue que je n'étais pas d'accord. Ce n'était pas
ainsi que les travaux étaient prévus de la part du leader du
gouvernement. C'est pourquoi j'ai demandé l'ajournement des travaux.
Tout à l'heure, j'ai consulté les représentants de
l'Opposition et le ministre, et il semble, du consentement de tous, que la
commission serait prête à revenir sur son idée.
Je suggère, M. le Président, à la commission, de
suspendre ses travaux, à 6 heures, pour ne les reprendre qu'à 8
heures pour siéger jusqu'à 11 heures, ce soir...
M. Grégoire: Cela ne prend pas le consentement
unanime?
M. Burns: Cela ne prend pas le consentement unanime.
Je vous fais très sincèrement, de façon très
empressée et très respectueuse, la suggestion de revenir sur
votre décision, Mme et MM. de la commission, et qu'à 6 heures
vous puissiez suspendre vos travaux pour aller prendre un bon repas, revenir
dans le calme de l'après-dîner et les continuer de 8 heures
à 11 heures, ce soir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: Est-ce qu'on pourrait savoir la raison pour
laquelle...
M. Burns: La raison est bien simple. Lorsque les travaux de la
semaine je vous dis en toute honnêteté qu'il est impossible
de faire une préparation de travaux d'une semaine, et si vous avez des
solutions magiques, j'aimerais les avoir, car j'ai tenté, autant que
possible, depuis le début de l'examen des crédits de chaque
ministère, d'avertir d'avance le parti de l'Opposition d'avoir une
certaine projection et le fait qu'une certaine commission ne fonctionne pas
selon les heures que nous avions prévues vient chambarder tout notre
programme. A ce moment, il devient impossible de faire de la projection et dans
le fond, tout à l'heure, ce sont nos collègues de l'Opposition et
même nos collègues ministériels qui vont en souffrir, car
ils ne pourront pas planifier leur présence à des commissions
parlementaires.
Bien sûr, ce soir, il y a une partie de hockey, ce n'est pas dans
l'ordre d'importance que je les cite, il y a du hockey, il y a M.
Lévesque, il y a du baseball, il y a les élections
fédérales. Bon! Il y a
tout cela mis ensemble, c'est bien sûr, mais, d'autre part, je
vous signale qu'il est important que nous respections le plus possible et de la
façon la plus fidèle possible, notre programme, pour pouvoir
commencer à faire de la législation, car, comme nos
collègues ont pu s'en rendre compte cet après-midi, c'est un
véritable four à l'Assemblée nationale et ce four va
chauffer davantage de jour en jour. A ce moment-là, je pense qu'il est
important que nous maintenions notre programme tel que prévu et je vous
fais bien humblement et bien respectueusement la suggestion de revenir à
l'annonce que j'avais faite en Chambre, c'est-à-dire de suspendre vos
travaux à 6 heures et de revenir à 8 heures jusqu'à 11
heures ce soir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que cette motion est adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. Les travaux seront donc suspendus à 6 heures. Je tiens
quand même à faire remarquer aux membres de la commission que la
commission, de consentement unanime, pouvait prendre la décision qu'elle
a prise mais que, face aux raisons et aux représentations faites par le
leader du gouvernement, les différents membres ont cru bon de revenir
sur cette décision.
Pour en revenir à la remarque faite par le député
de Mégantic-Compton, je dois vous dire qu'en ce qui me concerne, lorsque
nous abordons l'élément d'un programme, j'ai toujours l'habitude,
après avoir donné la parole au ministre pour faire un
exposé, de permettre à l'Opposition officielle ou du moins
à son représentant officiel dans ce domaine, de poser toutes les
questions qu'il peut adresser au ministre. Ensuite, nous passons à
l'Opposition reconnue puis aux députés ministériels, sauf
que, dans le cas qui nous occupe actuellement, le député de
Portneuf a cru bon, tout en se réservant le droit de revenir, d'offrir
au député de Mégantic-Compton, qui l'a refusé,
l'occasion de poser des questions.
Ce que je dis quand même, comme jugement final, c'est que le
député de Mégantic-Compton a refusé. C'était
son droit. D'autre part, s'il n'y a pas d'autres députés
ministériels qui veulent intervenir, je demande maintenant au
député de Portneuf de finir ses questions et, par la suite, nous
reviendrons au député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Sur le point d'ordre, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui. Le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je voudrais bien faire remarquer que si je ne suis
pas intervenu, c'était pour la bonne raison et je m'explique ici
et j'aimerais bien ne pas être interrompu que le style que le
parti a adopté cela peut en faire sourire certains et
peut-être que cela sourit seulement d'un côté de la table,
à un bout de table est qu'on n'a pas l'intention de faire perdre
de temps au gouvernement. J'ai l'intention de poser des questions
intelligentes, des questions que le public voudrait entendre,
c'est-à-dire aussi des réponses qu'il voudrait entendre.
Après cela, il n'est pas question de poser des questions
érigées en système uniquement pour utiliser le temps
alloué à une commission. C'est ce que nous avons adopté
comme style.
Je ne connais pas les formules qui ont changé depuis que j'ai
quitté la Chambre en 1970, mais il semble qu'on laisse l'Opposition
officielle poser toutes ses questions et, ensuite, on passe aux autres
députés. Si c'est cela, je suis bien prêt à me
soumettre, c'est une loi, je le fais. J'aimais bien le style qu'on avait avant,
parce que c'étaient les députés chacun leur tour, peu
importe le parti, qui posaient leurs questions.
Il est bien clair que si le député ministériel,
avec ses recherchistes, pose 123 questions, on n'a plus envie d'en poser, pour
la bonne raison qu'il n'a peut-être pas répondu aux nôtres,
mais on a hâte de passer à un autre programme pour en arriver aux
questions qu'on a à poser sur les programmes importants.
Je voudrais bien qu'on comprenne une fois pour toutes que si je dis non,
c'est pour laisser épuiser l'Opposition officielle. Après cela,
on posera nos questions et, ensuite, on passera à un autre programme.
Mais si, pendant le temps que je pose mes questions, cela lui donne la chance,
avec ses deux ou trois recherchistes, de s'en trouver encore quatre ou cinq
autres pour retarder encore les débats d'une autre demi-heure, je ne
joue plus ce jeu.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Monsieur
le député de Mégantic-Compton, j'aimerais également
préciser que, malgré le fait que l'Opposition officielle pose des
questions, je permets toujours des questions additionnelles sur le même
sujet à tout autre député, comme par exemple, dans le cas
de la baie de Lavallière. Il est bien évident que si le
député de Portneuf commence à discuter de ce sujet, on va
vider la question et, à ce moment, je permettrai toutes les questions
à tous les députés.
D'autre part, la présidence n'a pas à s'ériger en
juge de la pertinence ou de la non-pertinence des questions posées par
les membres de cette commission, de telle sorte que je redonne la parole au
député de Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Seulement un
commentaire sur la question de règlement avant d'aborder la question que
j'ai à poser. Pour moi...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Très brièvement, parce que ma décision est rendue.
M. Pagé: Oui. Tantôt, on a
allégué...
M. Grégoire: II n'y a plus aucune question. La
décision a été rendue. S'il y a moyen de revenir sur le
même sujet...
M. Pagé: J'invoque la question de règlement
à nouveau, M. le Président.
M. Grégoire: La décision a été rendue
sur le sujet.
M. Pagé: J'invoque la question de règlement. C'est
mon privilège de député. Vous savez qu'on ne peut pas
soulever de question de privilège en commission parlementaire. Le seul
moyen-que j'ai est de soulever une question de règlement, si je
considère que des choses qui ont été dites ou faites avant
mettent en cause ce que je fais.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Cela ne
serait pas plutôt l'article 96?
M. Pagé: C'est possible, M. le Président. Je veux
préciser ceci: On a allégué tout à l'heure que les
questions formulées, posées par l'Opposition officielle
étaient des questions niaiseuses. Quant à moi, je dis que la
question de l'orignal, du chevreuil et du caribou est importante et j'ai des
questions. C'est mon rôle de les poser. C'est mon rôle de plus,
à la lumière des réponses qui seront données dans
certains cas, de faire des commentaires, de faire des recommandations comme
j'en ai fait tantôt; d'ailleurs, cela a été repris par le
député de Duplessis et c'est ce que je ferai tant que je serai
membre de cette commission.
Ce n'est pas le député de Mégantic-Compton, pour
qui j'ai beaucoup de respect...
M. Grenier: Elles ne sont même pas drôles, vos
questions. La migration des orignaux...
M. Pagé: J'aimerais savoir...
M. Grenier: C'est important, les orignaux.
M. Pagé: Extrêmement important. Vous ne connaissez
peut-être pas cela, mais c'est important.
M. Grenier: Ah! Extrêmement!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grenier: Surtout les migrations.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Parce
que là, on écoule notre temps. On parle de périodes de
temps, mais on passe notre temps à se relancer la balle et on ne pose
pas de questions au ministre qui est disponible pour répondre aux
questions.
M. Grenier: Vous n'avez pas demandé combien de milles les
orignaux pouvaient nager en ligne non plus! Cela aussi, c'est important, parce
que les porcs se coupent le cou en nageant. C'est important à savoir,
ça aussi.
M. Pagé: J'aimerais savoir du ministre, à la
lumière des budgets que nous sommes présentement à
étudier, combien il y aura de stations piscicoles, quelle est la
production prévue pour l'année 1977/78 et si vous avez de
nouvelles stations piscicoles.
M. Duhaime: Le nombre?
M. Pagé: Oui, et leur production de l'année
dernière et celle envisagée pour la prochaine année et
s'il y en a de nouvelles qui seront implantées.
M. Duhaime: Dans le document que je vous ai remis, vous avez cela
à la page 44, pour les fins de la commission. Voulez-vous avoir cela en
détail?
M. Pagé: II y a 26 pages dans le document que vous nous
avez remis.
M. Duhaime: En détail, la mouchetée, en 1976, 1977,
87 766, 28 livres; l'arc-en-ciel, 26 140, 27 livres; la brune, 9003,54; la
grise, 3358, 62...
M. Pagé: Ce que je voudrais savoir, c'est s'il y aura de
nouvelles stations qui seront ouvertes à même les budgets.
M. Duhaime: La ouananiche, 933,13; le maskinongé, 825,09;
le saumon, 28 768, 30, tout cela en livres.
M. Pagé: Y a-t-il de nouvelles stations prévues
cette année à même le budget?
M. Duhaime: Non, ce sont les mêmes stations. Voulez-vous la
liste des stations? Gaspé, Tadoussac, Anse-Pleureuse, Baldwin,
Saint-Faustin, Lac-à-l'Ecorce.
M. Pagé: M. le Président, quels sont les
résultats de nouveau type d'élevage de la truite, par rapport au
type conventionnel, qui serait discuté ou mis de l'avant actuellement?
C'est une technique qui permettrait l'utilisation de viviers construits
à la verticale. Le ministère a-t-il l'intention de faire des
expériences comme celles-là? Avez-vous été
consulté là-dessus? Quelle est la position du ministère
là-dessus?
M. Duhaime: II y a des expériences qui se font constamment
pour améliorer la production. On sait que l'on peut améliorer la
vitesse de production en chauffant l'eau, par exemple, c'est bien connu mais
cela coûte énormément cher. La production prévue
pour l'année qui vient est à peu près la même que
celle de l'an dernier. Il n'y a pas de changement majeur prévu.
M. Pagé: D'accord. Le ministère de l'Industrie et
du Commerce et votre ministère ont amorcé
une étude sur la rentabilité de la pisciculture
commerciale. J'aimerais savoir où en est rendue cette étude.
M. Duhaime: Cette étude a été faite l'an
dernier. Elle est terminée et le rapport a été remis
après avoir été fait par une firme privée. Ce
rapport a été remis au ministère de l'Industrie et du
Commerce. Il s'agissait, en fait, d'une étude de rentabilité sur
la production des truites arc-en-ciel sur une base industrielle. On a conclu
que cela n'était pas rentable au Québec, la demande
n'étant pas suffisante et le coût de production beaucoup trop
élevé pour pouvoir concurrencer la truite arc-en-ciel
importée du Japon ou du Danemark. Cependant le rapport précise
que la production des truites arc-en-ciel peut être rentable, mais sur
une base un peu artisanale comme cela se fait actuellement et marginale par
rapport à la production de truites mouchetées. En produisant de
la truite mouchetée on peut produire un peu de truites arc-en-ciel et
là cela peut être payant incidemment, mais sur une base
industrielle; on a considéré que 100 tonnes et 50 tonnes
n'étaient par rentables pour le Québec. Les coûts sont trop
élevés, surtout à cause de notre température.
M. Pagé: D'accord. Alors, M. le Président, vous
constatez que je n'avais pas beaucoup de questions. C'était ma
dernière question à l'élément 2 du programme 1,
alors si mon honorable collègue de Mégantic-Compton...
M. Grenier: Oui, j'en ai et si c'était pour rester dans le
même ton, je vous demanderais, M. le Président, si vous êtes
au courant du nombre de mâles et de femelles qu'il y a chez la ouananiche
et s'il y a un problème de bigamie ou de polygamie dans ce secteur, mais
ce n'est pas cela que je veux vous demander. Quelle est la somme allouée
pour les projets d'ensemencement de poissons, d'aménagement et de plans
d'autres frayères que vous avez ici à l'article numéro 2?
Quelle somme est investie annuellement pour cela? Comparativement à l'an
passé, y a-t-il eu augmentation de ces sommes?
M. Duhaime: II n'esi pas facile de donner le coût des
ensemencements comme tel parce qu'il y a le coût qui est porté par
le service des piscicultures lui-même et le coût des districts
d'aménagement, c'est-à-dire les biologistes qui sont dans les
districts et qui participent. Du côté des piscicultures, c'est
$130 000 en 1976, 1977.
M. Grenier: II y a des secteurs privés que vous aidez
quand même dans ces systèmes ou est-ce simplement des
piscicultures publiques ou d'Etat?
M. Duhaime: Ce sont strictement des pisciculteurs d'Etat. A part
cela, il y a environ 150 à 200 pisciculteurs privés qui vendent
leur poisson surtout aux clubs privés et à ceux qui ont des
étangs de pêche.
M. Grenier: Y a-t-il une forme d'aide de votre ministère
pour les gens dans le secteur privé?
M. Duhaime: Actuellement, la seule forme d'aide qu'ils ont vient
de l'Agriculture qui les assiste dans la construction des étangs de
pêche, par exemple, mais pas pour la pisciculture comme telle.
M. Grenier: Envisagez-vous la possibilité de fournir du
poisson à ces gens, comme on le voit, par exemple, dans le secteur des
Terres et Forêts, alors qu'on donne à des secteurs privés
des petits sapins, des petites épinettes, des pins, des choses comme
cela, absolument gratuitement pour aider le secteur privé au
reboisement?
M. Duhaime: Actuellement, on aide la pisciculture privée,
au moins en fournissant l'assistance technique.
M. Grenier: Oui.
M. Duhaime: On fournit l'assistance technique constamment. De
plus, c'est nous qui leur fournissons les oeufs. On leur vend les oeufs, mais
au prix coûtant, c'est-à-dire qu'on les achète ou qu'on les
produit et ensuite, on les leur vend à peu près au prix
coûtant.
M. Grenier: Le secteur privé? M. Duhaime: Oui.
M. Grenier: Concernant les passes migratoires, il y a des
problèmes dans certaines régions de la province à cause
des barrages. Quand l'étude d'un barrage se fait au ministère des
Richesses naturelles, tient-on compte du ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche pour ériger en même temps les passes
migratoires?
M. Duhaime: En général, oui.
M. Grenier: S'il y a eu des constructions où les passes ne
sont pas faites, votre ministère a-t-il fait ses enquêtes,
donne-t-il des subventions pour aider à la construction des passes
migratoires?
M. Duhaime: Non. Nous ne donnons sûrement pas de subvention
pour des passes migratoires. Quand le barrage est en construction, si on peut
démontrer que le barrage va gêner la migration, on peut exiger
qu'on construise une passe migratoire et si vous pensez au lac Mégantic,
en particulier...
M. Grenier: On ne peut rien vous cacner!
M. Duhaime: ...les travaux d'observation, permettant de
démontrer qu'une passe migratoire est nécessaire, sont à
peu près terminés et nous allons exiger qu'une passe migratoire
soit construite.
M. Grenier: C'est tout.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 2, adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Programme 1. Adopté. La commission suspend ses travaux jusqu'à 20
heures.
(Suspension de la séance à 17 h 53)
Reprise de la séance à 20 h 3
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, messieurs!
Reprise des travaux de la commission chargée d'étudier les
crédits du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche. Le quorum est de neuf membres; il faudrait le consentement unanime
pour que la commission puisse légalement siéger, le quorum
n'étant pas atteint actuellement. Y a-t-il consentement unanime? Nous
sommes huit sur neuf exigés, mais, du consentement unanime des membres,
la commission peut légalement siéger.
M. Pagé: Oui, il n'y a pas de problème. Vous avez
notre consentement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
consentement unanime?
Des Voix: Oui.
Protection de la faune
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
consentement unanime est accordé.
Nous en étions rendus au programme 2 et je cède la parole
au ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
M. Duhaime: M. le Président, au programme 2, dans son
ensemble, bien brièvement, le seul élément nouveau, on le
retrouve à l'élément 2; on pourra y revenir tout à
l'heure. Pour l'information de mes collègues, c'est un montant de $300
000 qui vient s'ajouter pour un programme de radiocommunications pour faciliter
le travail de surveillance et de conservation des agents de conservation. Quant
au reste, il n'y a pas d'augmentation notable ni à l'un, ni à
l'autre des deux éléments du programme 2.
Réglementation et délivrance des
permis
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 1, réglementation et délivrance de permis, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, j'aurais une
première question à poser au ministre. Le gouvernement
fédéral a mis de l'avant un projet de loi qui vise à
réglementer les armes à feu, au niveau de la
sécurité à la chasse et à la pêche. Le
gouvernement a présenté son projet de loi pour
légiférer sur le contrôle des armes à feu. Tout le
monde est conscient que cela a eu des répercussions chez nos chasseurs,
chez ceux qui sont possesseurs d'armes.
J'aimerais connaître la position du ministre, la position du
nouveau gouvernement sur toute cette question de la réglementation des
armes à feu au Québec.
M. Duhaime: M. le Président, vous vous
référez sans doute au projet de loi fédéral, c'est
81 ou 51, ce qu'on appelle le projet de loi omnibus. Je
vous dirai là-dessus que j'ai pris, brièvement,
connaissance de ce projet de loi qui est déposé à la
Chambre des communes, un champ de juridiction fédérale, bien
sûr. J'ai également demandé au contentieux de mon
ministère un avis juridique sur toutes les répercussions, le
champ d'application de ce projet de loi et avant de me prononcer
là-dessus, j'attendrai d'avoir cet avis.
M. Pagé: Vous confirmez que la question est
présentement étudiée et analysée, tous les impacts,
par le contentieux du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, et que dès que le contentieux vous aura fait part de ses
représentations, ses considérations, vous pourrez énoncer
la position du gouvernement du Québec, en tant que ministre du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche. Avez-vous l'intention de faire des
représentations...
M. Duhaime: On peut être d'accord en totalité ou en
partie ou en complet désaccord, on verra à ce moment. Il est bien
certain que nous ferons des représentations mais je vous avouerai
franchement que, si je me fie au volume de consultations préalables,
j'ai bien l'impression que les représentations vont être plus ou
moins reçues, en guise de préambule.
M. Page: En guise de préambule?
M. Duhaime: Les discussions avec le gouvernement
fédéral, j'imagine que vous êtes au courant, c'est
généralement long. Il y a toujours un préambule. Je pense
que cela fait partie du préambule.
M. Pagé: Comme nos questions en Chambre, avec un
préambule.
M. Duhaime: Cela dépend des journées.
M. Pagé: Cela dépend des journées. D'accord,
M. le Président, on attend, de toute façon, la position du
ministre sur cette question.
Toujours au niveau de l'éducation, la sécurité, on
a des pourvoyeurs au Québec, on en a parlé un peu cet
après-midi. Je voudrais savoir de la part du ministre jusqu'où la
structure actuelle des pourvoyeurs, les services qu'ils donnent au public
québécois, jusqu'où cette structure, telle qu'on la
connaît actuellement, pourrait-elle s'inscrire dans le cadre de
l'accessibilité, telle que le ministre se la définit ou tel qu'il
l'interprète? D'accord, il y a un problème de définition
et d'accessibilité, mais jusqu'où, pour lui, cette structure de
service qui existe actuellement, s'inscrit-elle dans l'orientation qu'il veut
donner à l'utilisation du territoire québécois?
M. Duhaime: Le permis de pourvoirie me paraît être
une formule qui permet l'accessibilité. Je pense que c'est une formule
valable qui permet à un nombre de Québécois d'avoir
accès à un loisir et, d'autre part, à un nombre assez
appréciable de familles de se faire un gagne-pain avec les pourvoi-ries.
Ce que nous surveillons au ministère ce sont pour employer le
langage de M. Jean Marchand les "fronts" dans les pourvoiries.
M. Grenier: Les quoi?
M. Duhaime: Les "fronts".
M. Pagé: II y a quelques années de cela.
M. Duhaime: Pardon?
M. Pagé: II y a quelques années de cela.
M. Duhaime: Mais on se le rappelle.
M. Pagé: ...particulièrement.
M. Duhaime: Dans la mesure où le ministère a
l'assurance que les pourvoiries qui ont des baux, des contrats avec le
ministère respectent ces ententes, je pense que c'est un moyen
d'accessibilité très valable.
M. Pagé: D'accord, jusqu'à maintenant mais
jusqu'où? Toute cette question est remise en cause, on en a d'ailleurs
discuté et je n'ai pas l'intention de revenir sur le problème de
fond lui-même. On en a discuté dans les remarques
générales au début, mais jusqu'où cette structure
qui est présentement en place sera-t-elle considérée dans
le cadre de toute la réorientation que vous étudiez
présentement.
M. Duhaime: Tant et aussi longtemps qu'on a l'assurance que cela
donne l'accessibilité au public québécois et au grand
public, cette formule va continuer à être mise en usage.
Jusqu'à quel point? Je serais bien embêté de vous donner
des chiffres, je n'ai pas l'intention de mettre des pourcentages
là-dessus, on verra.
M. Pagé: Alors, si on comprend bien, toute la question des
unités d'aménagement qui s'étudie actuellement ne remettra
pas en cause pour autant l'existence de la structure des pourvoyeurs?
M. Duhaime: Absolument. M. Pagé: Absolument?
M. Duhaime: Absolument, c'est la conclusion que vous tirez et
elle est parfaitement juste.
M. Pagé: D'accord, je vous remercie. Je pense que le
député de Duplessis a des questions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur le
même sujet, le député de Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Est-ce que vous
pourriez nous dire, pour le bénéfice des membres de la
commission, quels sont les critères qui permettent d'établir la
redevance du locateur?
M. Duhaime: La redevance des locataires? M. Perron: Du
locateur, celui qui loue. M. Pagé: Le locataire.
M. Duhaime: Oui, je comprends. Vous parlez des pourvoyeurs. Je
pense, M. Moisan que vous pourriez donner les détails techniques de
cela. La première chose qu'on peut dire, en tout cas, c'est qu'il y a
l'étendue du territoire, en partant.
Dans le cas des pourvoyeurs locataires, parce qu'il y a deux sortes de
pourvoyeurs il y a des pourvoyeurs locataires de territoire et d'autres
qui n'ont qu'un permis de fonctionner c'est $10 le mille carré
pour la pêche et $10 le mille carré pour la chasse, quelle que
soit l'étendue.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Oui, quelques courtes questions, bien courtes, bien
sûr. Quel montant est versé pour l'éducation des chasseurs,
principalement, pour les cours d'armes à feu et ces choses-là? La
somme est de combien? Est-ce qu'il y a amélioration par rapport à
l'an passé?
M. Duhaime: Le programme des cours pour le maniement des armes
à feu et la sécurité est confié à la
Fédération québécoise de la faune qui l'administre
par ses différentes associations à travers la province. On a
versé, l'an dernier, $30 000 à la Fédération
québécoise de la faune pour l'organisation des cours. Il y a, au
ministère, un petit service de deux personnes qui coordonne cette
histoire, qui prépare les cours; il y a aussi un employé par
région administrative qui s'occupe de donner des cours de maniement
d'armes à feu, qui s'occupe de la vérification des armes, qui
invite les chasseurs à faire...
M. Grenier: Si je pose la question, c'est que je ne connais pas
la réponse. Est-ce qu'on oblige maintenant, avant l'émission d'un
permis, une personne à prendre ces cours de maniement d'armes à
feu?
M. Duhaime: Oui.
M. Grenier: C'est fait, c'est maintenant légal.
M. Duhaime: Oui, depuis...
M. Grenier: II n'y a pas longtemps. M. Duhaime: ... quatre
ou cinq ans.
M. Grenier: Je vois une diminution du côté des
pourvoyeurs. On dit ici qu'il y en a 222 comparativement à 213 l'an
dernier. Il semble qu'il y a moins de pourvoyeurs et qu'il y a un plus grand
territoire. Est-ce bien ce que je dois comprendre?
M. Duhaime: C'est 222.
M. Grenier: II y en a 222 comparativement à 213 l'an
dernier.
M. Duhaime: II y a eu une augmentation de 9; c'est à peu
près ce qui arrive chaque année; c'est une augmentation entre 5
et 10 nouveaux.
M. Grenier: Et une diminution de territoire? Est-ce cela? On dit
4600 en chiffres ronds, 4600 milles carrés; cette année,
4400.
M. Duhaime: C'est une augmentation. C'était de 4497.
M. Grenier: Je m'excuse, d'accord. On a pris l'inverse de ce
qu'il y avait là, d'accord.
M. Duhaime: 151 milles carrés de plus.
Juste pour votre information, vous avez parlé des instructeurs;
il y en a 11, plus un responsable, un secrétaire et un occasionnel pour
les expositions.
M. Grenier: Dans les régions administratives, c'est ce que
vous m'avez dit tout à l'heure. Sentez-vous maintenant, avec ces sommes
qui sont versées pour les cours d'armes à feu, qu'il y a une
diminution des accidents?
M. Duhaime: Oui. De 1962 à 1971, en moyenne par
année, 18 accidents; de 1972 à 1975, 12 et depuis 1976, en
espérant que cette année cela va être très bon,
c'est tombé à 7. Alors, je pense qu'il y a une interrelation
très nette.
M. Grenier: C'est tout, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Duplessis.
M. Perron: M. le Président, on sait que, dans le
passé, il y a eu des émissions de permis gratuits de chasse et
pêche à différentes personnes de notre
société, dont des journalistes ou encore des personnages
politiques. Est-ce que cette année ces mêmes permis sont encore
donnés par le bureau du ministre, par le cabinet du ministre, comme
c'était le cas antérieurement?
M. Duhaime: Non.
M. Perron: On n'en donne pas cette année.
M. Duhaime: Sauf le service des relations publiques où,
à l'occasion, des permis vont être alloués à des
groupes de journalistes, sur des projets bien précis. Je pense, entre
autres, à un groupe de journalistes qui voudrait se rendre à
Fort-Chimo, par exemple, ou encore en Gaspésie, dans un but très
précis. C'est maintenant le service des relations publiques du
ministère et non plus le cabinet qui s'occupe de ces choses.
M. Perron: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, dans le bail type qu'on
fait signer aux locataires des clubs privés, la clause 5 ou une des
clauses du contrat prévoit que le bail peut être
révoqué dans le cas où le détenteur du bail
n'assume, selon les normes, la protection du territoire, tel qu'il est
obligé de l'assumer. Je voudrais savoir combien de clubs privés
se sont vu révoquer leurs baux ou encore se sont vu suspendre ou ont
subi des mesures coercitives de la part du ministère. Je voudrais savoir
s'il y en a et combien depuis un an.
M. Duhaime: Cinq ou six.
M. Pagé: Les problèmes qui ont été
constatés dans ces cas-là étaient de quelle nature?
M. Duhaime: Gardiennage. Défaut de gardiennage.
M. Pagé: Jusqu'où le ministère utilise-t-il
des moyens comme ceux-là, de révocation du bail? Est-ce qu'il
émet des avis avant? Est-ce qu'il y a une tolérance? Qu'est-ce
qui se passe?
M. Duhaime: On essaie d'être patient. Les inspecteurs et
les agents de conservation visitent, de façon irrégulière,
ces clubs. Lorsque le gardien n'est pas là ou qu'on n'en trouve pas, on
avertit, on demande ce qui se passe. On y retourne et quand on a fait deux ou
trois visites et qu'il n'y a jamais de gardien, on s'adresse au club et on
demande pourquoi. Qu'est-ce qu'il se passe? D'ordinaire on est très
patient, mais à un certain moment on sévit.
M. Pagé: La patience a ses limites. Dans ces cinq cas,
qu'est devenue la protection du territoire suite à la révocation
du bail? Est-ce que le territoire concerné a été
placé sous la juridiction d'autres clubs connexes ou contigus? Que sont
devenus ces territoires?
M. Duhaime: Ces territoires tombent dans le domaine public et
sont protégés par les agents de conservation comme le reste du
territoire autour. Il n'y a pas eu de ces clubs qui ont été
concédés à d'autres, il n'y a pas eu
d'agrandissement...
M. Pagé: D'autres clubs à partir de ce
territoire.
M. Duhaime: D'autres clubs à partir de ceux-là.
M. Pagé: D'accord. On a parlé tout à l'heure
des pourvoyeurs. J'aurais une question verbale, mais je ne voudrais pas
nécessairement une réponse verbale. La réponse peut
être déposée, c'est pour notre information. Je voudrais
savoir combien il y a de pourvoyeurs au Québec. J'aimerais avoir la
liste des noms des détenteurs de permis. La superficie de territoire
respectif et le nombre de visiteurs à la dernière occasion. Il
suffirait que le document soit déposé. C'est surtout le nombre de
visiteurs par pourvoyeur qui m'intéresse. Vous devez certainement avoir
des statistiques là-dessus.
M. Duhaime: II y a 220 pourvoyeurs locataires actuellement. Il y
a 628 non-locataires. Vous voulez avoir les noms de tous les détenteurs
avec...
M. Pagé: Je demande de la déposer si c'est
possible.
M. Duhaime: II y en a trois à $10, 210 à $35, 7
à $200.
M. Pagé: Ce n'est pas ce que je vous demande, M. le
ministre.
M. Duhaime: Maintenant, on va prendre cela en note. Vous voulez
avoir le nom des pourvoiries.
M. Pagé: Surtout le nombre de visiteurs depuis...
M. Duhaime: Le nom des pourvoiries. Le nombre de visiteurs?
M. Pagé: Oui, oui.
M. Duhaime: M. Grenier, vous voulez avoir leur nom, leur adresse,
leur numéro de téléphone?
M. Pagé: C'est surtout pour faire des statistiques, M. le
Président. Je suis certain que le ministre acceptera de déposer
ce document d'ici la fin des travaux.
M. Duhaime: II y a un document du ministère, je ne sais
pas si vous en avez pris connaissance, publié en 1977...
M. Pagé: J'aimerais avoir le nombre de visiteurs...
M. Duhaime: ... par la Direction générale du
tourisme...
M. Pagé: ... pendant l'année 1976.
M. Duhaime: ... où on vous donne toute la liste des
pourvoyeurs...
M. Pagé: Cela, on l'a.
M. Duhaime: Cela vous l'avez. Ce qui reste à ajouter c'est
le nombre de visiteurs à chaque pourvoirie.
M. Pagé: C'est cela, avec la superficie de territoire sur
lequel ils ont juridiction.
M. Duhaime: Strictement pour les pourvoyeurs locataires, pour les
autres on n'a pas de nombres de visiteurs; alors superficie du territoire au
Québec seulement.
M. Pagé: Pour voir l'utilisation qui est faite. Il ne faut
pas en rire. Ce sont des documents de travail.
M. Grenier: II y a de petits lacs qui sont sous la tutelle ou la
responsabilité, je ne sais pas si c'est d'un pourvoyeur, d'un bonhomme
qui est responsable d'un lac. Apparemment, vous émettez un permis pour
cela. Il est responsable des entrées dans ce lac. Les plaintes qu'on
peut avoir proviennent d'autres personnes qui peuvent avoir d'autres
débouchés sur ce lac. Il y a un permis j'aimerais avoir
des informations plus précises pour empoissonner, non pas
empoisonner; ensuite il devrait contrôler les entrées et les
sorties des personnes. J'imagine que ce sont de très petites
réserves du ministère et vous émettez des permis pour
cela. C'est quoi exactement?
M. Duhaime: Avez-vous un endroit précis?
M. Grenier: Oui.
M. Duhaime: Dans le comté de Brome?
M. Grenier: Ce problème est dans le comté chez
nous, mais si c'est une question particulière, j'aime mieux attendre et
voir, sauf si ce n'est pas une question générale.
M. Duhaime: II s'agit d'un petit lac qui est situé en
partie sur des terrains privés.
M. Grenier: C'est cela.
M. Duhaime: Et en partie sur des terrains du domaine public.
M. Grenier: Si ce n'est pas une question générale,
laissez-le-moi savoir tout de suite. Je ne veux pas vous embêter avec
cela.
M. Duhaime: C'est un cas particulier. Cela se présente
à l'occasion où une personne assume les frais de
l'empoissonnement, quitte à faire pêcher les gens. La
difficulté réside dans le fait que ceux qui ont des terrains
contigus à ce lac veulent aussi se prévaloir des droits de
pêche...
M. Grenier: D'accord, vous l'avez exactement.
M. Duhaime: ... aux dépens de celui qui a mis du poisson
dans le lac.
M. Grenier: Est-ce commun? Est-ce qu'il y a beaucoup de choses
comme celles-là?
M. Duhaime: Non, il y a deux ou trois cas dans la province.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 1, adopté? Oui, le député de Portneuf.
M. Pagé: Dernière question, M. le Président,
avant de passer à l'élément 2.
J'aimerais savoir, de la part du ministre, si c'est une nouvelle
politique du ministère que les permis de pêche soient émis
en français seulement.
M. Duhaime: C'est conformément au projet de loi 22 qui est
actuellement en vigueur, jusqu'à ce qu'il soit remplacé par un
autre. C'est tout à fait normal.
M. Pagé: C'est tout pour l'élément 1, M. le
Président.
M. Grenier: La loi 22 a été adoptée par
l'ancien gouvernement.
M. Pagé: C'est une bonne loi.
M. Duhaime: Oui, mais elle a été adoptée par
l'ancien gouvernement.
M. Pagé: Oui, c'est une bonne loi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'élément 1 est-il adopté?
M. Pagé: C'était beaucoup mieux que la loi 63.
M. Grenier: Elle n'était pas aussi large que cela.
M. Duhaime: Plutôt que de les additionner, on a
décidé de recommencer.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'élément 1 est-il adopté?
M. Fontaine: Oui.
Surveillance des chasseurs et des
pêcheurs
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 2: Surveillance des chasseurs et pêcheurs. M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, on a beaucoup
parlé, depuis quelque temps, du braconnage par CB et du braconnage
sonore. Apparemment, il y aurait beaucoup d'activités de cette nature
qui faciliteraient le braconnage. Le ministre a déjà
déclaré qu'il entendait prendre des mesures particulières
et j'aimerais savoir ce que le ministère entend faire.
M. Duhaime: Vous mentionnez sonore et quoi d'autre?
M. Pagé: Les CB, les radios.
M. Duhaime: Je vais laisser la partie sonore à M. Moisan.
Pour ce qui est des C.B., c'est une question que je me suis posée et je
me la pose encore. Bien sûr qu'il y a un élément de
facilité
quant aux moyens de communication pour la sécurité
publique des voyageurs en forêt, mais je me pose la question à
savoir si cela doit entrer dans l'arsenal moderne du chasseur de 1977, partir
en groupe avec des CB, une base mobile. Je vous avoue franchement que je
réfléchis toujours.
M. Pagé: Est-ce qu'on peut présumer que votre
réflexion nécessitera un temps assez long? Où en
êtes-vous rendu dans votre réflexion?
M. Duhaime: A partir du moment où on va être au
gouvernement pour plusieurs années. C'est une présomption.
M. Pagé: Oui.
M. Duhaime: Et, elle est juris de jure.
M. Pagé: Elle est même hypothétique.
M. Duhaime: On va voir comment le comportement des chasseurs va
se faire durant la saison qui vient, et cela va être un
élément important qui va venir s'ajouter à toute la
réflexion qui est en cours actuellement. Maintenant, pour la partie
sonore...
M. Pagé: Oui.
M. Duhaime: ... je vais demander à M. Moisan de nous en
parler un peu plus.
M. Pagé: Pour ce qui est des CB, on attend à
l'automne.
M. Duhaime: Pas nécessairement à l'automne. Je veux
voir ce qui en est.
Tout ce que je vous dis, c'est que je me pose des questions à ce
sujet, avec la réserve que je vous ai mentionnée quant à
l'aspect sécuritaire.
M. Pagé: D'accord.
M. Duhaime: Est-ce que vous vous référez à
un instrument pour détecter les poissons?
M. Pagé: Oui, c'est cela, un genre de petit radar pour
détecter les bancs de poissons?
M. Duhaime: C'est un instrument qui est fort utilisé
depuis très longtemps pour la pêche commerciale. On en a
développé de plus petits pour la pêche sportive...
M. Pagé: C'est là le problème.
M. Duhaime: Je vous avoue que je n'ai jamais eu de plaintes du
service de la conservation à ce sujet, depuis plusieurs
années.
On n'a pas eu de rapports de problèmes soulevés par cela
venant du Service de la conservation.
M. Pagé: Aucun cas qui a été
signalé?
M. Duhaime: Non.
M. Pagé: Parce que cela enlève, quand même,
tout l'aspect sportif de la pêche, Un pêcheur qui peut, au moyen
d'une aide technique comme celle-là, déterminer sur un lac
donné l'endroit où est le banc, cela facilite ses prises.
M. Duhaime: C'est extrêmement difficile de contrôler
ces appareils lorsqu'ils sont entrés dans le pays, dans le paysage. On a
réussi à contrôler les disques où sont
enregistrés des appels d'oiseaux avant qu'ils arrivent. Ils
étaient entrés aux Etats-Unis; ils n'étaient pas
entrés au Canada et toutes les provinces se sont entendues et ce n'est
pas entré au Canada. Dans le cas des sonars, étant donné
que c'était déjà utilisé...
M. Pagé: M. le Président, je voudrais bien que M.
le ministre et M. le sous-ministre adjoint comprennent bien le sens de ma
question lorsque je fais état des radios et du sonar. Ce n'est pas
strictement le contrôle de ces équipements comme les moyens que
pourraient avoir les agents de conservation pour mieux détecter et mieux
contrôler l'utilisation de ces équipements.
M. Duhaime: C'est de ce côté qu'il va falloir
s'orienter. Quand les braconniers trouvent de nouveaux appareils, il faut
trouver les appareils pour les contrer. Je sais que, dans le cas des CB, tout
le monde se pose des questions. Il y a la liberté individuelle
là-dedans; il y a le fait que ces appareils sont
considérés comme des instruments de sécurité dans
plusieurs cas. Il s'agit de prouver que quelqu'un s'en sert à des fins
malhonnêtes et ce n'est pas facile. Je sais que nous avons fait mettre
cet article à l'ordre du jour de la conférence
fédérale-provinciale sur la faune, cette année, justement
pour nous informer si le problème se pose dans d'autres provinces aussi
et savoir comment on fait pour le combattre.
M. Pagé: Est-ce que...
M. Duhaime: C'est à l'ordre du jour.
M. Pagé: C'est l'élément nouveau pour cette
année, la démarche du ministère par le biais du Service de
conservation pour tenter de trouver une solution à ce
problème.
M. Duhaime: Oui. L'élément principal, c'est le fait
qu'on organise actuellement tous les agents de conservation avec un
système de radio qui, nous l'espérons, sera aussi bon, même
meilleur que celui des braconniers pour améliorer leur
efficacité.
M. Pagé: D'accord. Merci pour ce sujet.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
qu'il y a d'autres questions?
M. Pagé: Sur le même sujet? Plusieurs media ont
parlé, M. le Président, au mois d'avril dernier,
de la protection des îles de Mingan. Des représentations
ont été faites au ministère par un groupe d'universitaires
de Laval. J'aimerais avoir des informations du ministre ou de ses
collaborateurs sur toute la question des îles Mingan. C'est quoi
l'intérêt pour le ministère d'agir dans ce dossier. Comment
sont définies les intentions du ministère et quelle est
l'approche du ministère en général sur toute la question
des îles de la Mingan?
M. Duhaime: Evidemment, la question des îles de la Mingan
se rapporte carrément à la création d'un certain nombre de
réserves écologiques.
Du côté de la faune, les îles de Mingan sont
déjà très bien protégées, ce sont des
refuges d'oiseaux. Elles sont très riches en oiseaux.
Du côté de la protection totale, comme réserve
écologique, cela relève directement du ministère des
Terres et Forêts. Il est bien évident que notre ministère
va appuyer toute mesure de protection à apporter aux îles de
Mingan. Si les îles de Mingan sont protégées totalement, ce
sera par la Loi des réserves écologiques.
M. Pagé: La loi 27.
M. Duhaime: Ou par un parc, dont il est aussi question depuis
longtemps.
M. Pagé: D'accord. Vous faites état de la
façon dont vous pourriez atteindre les objectifs de protection, mais
est-ce que cela se limite à des considérations comme
celle-là, la position du ministère, actuellement, ou si vos
intentions sont plus définies?
M. Duhaime: Actuellement elles ne sont pas plus définies.
Evidemment, tout le monde a été choqué par ce qui s'est
passé dans la dernière année ou les deux dernières
années lorsque les îles oont été achetées par
une compagnie sans que personne ne s'y attende.
M. Perron: Par la compagnie Sieben's Oil, c'est loin d'être
une compagnie québécoise.
M. Duhaime: Sieben's Oil. Les îles appartenaient autrefois
à la compagnie de la Baie d'Hud-son qui ne les utilisait pas, alors on
pensait qu'elles étaient protégées, naturellement,
jusqu'à ce qu'on apprenne qu'elles avaient été vendues.
Tout le monde cherche un moyen de les récupérer. Mais, encore une
fois, ce sont surtout les protagonistes des réserves écologiques
qui travaillent dans ce domaine, actuellement. Le ministère n'a pas
été plus impliqué que cela.
M. Pagé: Est-ce que le ministère a l'intention de
s'impliquer davantage?
M. Duhaime: Là-dessus, moi personnellement, je n'ai pas
plongé à fond dans le dossier des îles de Mingan, mais je
ne demande pas mieux que de voir de près pour ce qui est de la
possibilité d'utiliser éventuellement la Loi sur les parcs, qui
est dé- posée en première lecture. Mais je le dis sous
réserve de voir de plus près.
M. Pagé: C'est une alternative à la Loi sur les
réserves écologiques que vous vous donnez? Vous considérez
qu'en plus de la Loi sur les réserves écologiques, vous pourriez
vous prévaloir de la loi 19, suite à son adoption.
M. Duhaime: Oui, sous réserve, bien sûr, selon la
nature de ces oiseaux, et si on ne s'embarque pas dans un conflit
juridictionnel avec ceux d'outre-Outaouais. Il y a beaucoup d'avantages...
M. Pagé: Est-ce que vous chercheriez à
éviter les conflits?
M. Duhaime: Pardon?
M. Pagé: Est-ce que vous chercheriez
particulièrement à éviter les conflits?
M. Duhaime: Je n'ai pas l'intention d'introduire les oiseaux dans
nos débats politiques. Ma faune est suffisamment nombreuse.
M. Pagé: Comme la faune de la jungle.
M. Duhaime: II y aurait beaucoup d'avantages à utiliser la
Loi sur les parcs, par rapport à la Loi sur les réserves
écologiques, parce que la Loi sur les réserves écologiques
ne permet pas aux gens ordinaires d'y aller. Il y a seulement les chercheurs
qui peuvent y aller, avec la permission du ministre.
M. Grenier: Selon les normes générales, je pense
que le ministre nous avait parlé des huit bureaux régionaux qui
avaient été mis en place. Est-ce que dans la programmation, pour
l'année qui s'en vient, c'est son intention d'étendre ces
services dans d'autres régions je me rappelle qu'il m'a dit que
les régions qui n'avaient pas de bureaux régionaux
n'étaient pas pour cela mises de côté, oubliées
dans toutes les régions économiques, par exemple?
A la conservation de la faune. On parle de huit, ici.
M. Duhaime: On en a neuf. Toutes les régions
administratives ont leur bureau régional. Le seul qui manque est le
Nouveau-Québec. Actuellement, le Nouveau-Québec est desservi par
le district du Nord-Ouest et celui de la Côte-Nord. On a des agents de
conservation à Schefferville, Chibougamau, Matagami, LG 2. Il est
prévu, dans l'entente avec les autochtones, qu'un certain nombre
d'agents de conservation autochtones seront recrutés et
entraînés pour oeuvrer dans le Nouveau-Québec. On en
prévoit une douzaine.
M. Grenier: Toujours à la surveillance des chasseurs,
est-ce qu'on peut dire que maintenant les braconiers... Je n'ai pas suivi les
débats depuis assez longtemps ni assisté à des caucus non
plus, mais j'ai déjà assisté à certaines causes et
c'était
vraiment pénible pour des avocats de faire condamner des
braconniers. Je me rappelle de cas assez typiques.
Une Voix: Des agents de conservation aussi.
M. Grenier: Aussi. J'imagine que c'était la même
chose, que c'était dans le même plat. Est-ce que cela est rendu
maintenant plus facile? Est-ce que les juges savent maintenant qu'il y a des
bra-coniers ou s'ils ont encore envie de les protéger contre les agents
de la faune et contre les policiers qui les prennent en flagrant délit?
Voyez-vous un progrès sensible de ce côté?
M. Duhaime: Je ne peux pas dire s'il y a progrès sensible,
mais il me paraît, d'une façon générale, que des
sentences beaucoup plus sévères ont été rendues.
Apparemment, on a un contentieux qui est cité en exemple. Une proportion
de 98% des causes commencées se termineraient par une sentence, une
condamnation.
M. Grenier: Ce doit être une grosse
amélioration.
M. Duhaime: Ce à quoi vous faites allusion, c'est sans
aucun doute la marge discrétionnaire qui est laissée à un
juge, après une reconnaissance de culpabilité, de condamner, par
exemple, à l'amende de $300 ou, à défaut, à une
peine n'excédant pas huit jours.
Je dois l'avouer, et c'est un aveu parlementaire que je fais, j'ai
déjà convaincu des juges qu'une journée de prison, cela
suffirait.
Je pense que dans certains districts judiciaires c'était devenu
presque automatique, à un point tel que je me demande même encore
aujourd'hui s'il n'y aurait pas lieu de laisser moins de discrétion
à la cour dans l'attribution des sentences. Cela impliquerait un
amendement à la loi.
M. Pagé: Une loi qui...
M. Duhaime: Dans plus d'un district judiciaire, il arrive que le
ministère de la Justice, au risque de se faire encombrer par des
citoyens qui seraient condamnés ne serait-ce qu'à une
journée de prison, ne fait que les recevoir au greffe de la paix
à dix heures le matin. Vous allez dîner en ville et vous revenez
à trois heures, cela se résume à peu près à
cela.
Il faut dire aussi qu'avec la nouvelle politique établie par le
gouvernement, le droit statutaire, dont la loi de la conservation de la faune
est une illustration, est maintenant administré par des procureurs
permanents dans tous les districts judiciaires, de sorte qu'il y a
peut-être plus de chances que ces dossiers, disons dans le rouli-roulant
normal d'un palais de justice, soient suivis, qu'il y ait une continuité
avec le contentieux du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
pêche et les avocats du ministère de la Justice qui sont
permanents dans les districts.
C'est évidemment une question de communication.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Matapédia.
M. Marquis: Merci, M. le Président. Je voudrais poser au
ministre un certain nombre de questions et avoir de sa bouche la position
officielle du ministère concernant la protection de la faune. J'habite
une région à très faible densité de population
où il y a beaucoup de territoires publics déjà. Il y a des
clubs privés. Il y a des pourvoyeurs, il y a aussi beaucoup de
braconnage qui s'effectue. On a parlé de chevreuils, d'orignaux et de
poissons précédemment. Je n'ai qu'à citer des exemples. Au
point de vue du braconnage des chevreuils, je pense que tout le monde a appris
par les journaux ce qui se passe sur la Milnikek ou l'Association des
pêcheurs et chasseurs de la Matapédia a offert une
récompense de $500 pour retrouver les braconniers. Dans le domaine de
l'orignal, il ne s'agit que de citer la réserve Punière qu'on est
en train de vider, et je pense que M. Moisan est bien au courant. Si on parle
du saumon, on peut parler du braconnage de la rivière Matapédia
ou, en plus des difficultés avec la route 132, on a également des
difficultés avec les braconniers.
Or, on poursuit actuellement une politique de déclubage qui n'est
suivie d'aucune formule en tout cas officielle de conservation de la faune, de
protection de la faune, sauf peut-être de faire appel au bon sens des six
millions de Québécois. Je ne sais pas si c'est le même
principe que les six millions de Québécois qui vont
protéger l'environnement, comme le ministre délégué
à l'environnement nous en a parlé. Cela soulève des
inquiétudes, peut-être de ceux qui étaient membres de clubs
privés, cela se comprend, ils ont une mentalité d'avoir des
barrières un peu partout, mais cela soulève aussi
l'inquiétude de l'association des chasseurs et pêcheurs que j'ai
mentionnée tantôt, et qui regroupe environ 600 membres.
La question que je pose, face à tout ce que je viens de citer est
celle-ci: Quelle est la position officielle du ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche, concernant la protection de la faune, concernant
également de nouvelles formules peut-être non pas de clubs
d'exploitation de ces territoires? Je pense aux unités
d'aménagement ou d'autres groupes.
M. Duhaime: Vous parlez essentiellement de la protection de la
faune. L'inquiétude que vous ressentez dans votre région, je puis
vous dire qu'on la ressent également au ministère. Il me
paraît comme étant certain que cela ne sera jamais facile.
Si on décidait d'avoir une politique rigoureuse de conservation
de la faune, de protection surtout, je pense qu'on engagerait des
crédits énormes qui, à mon sens, pourraient même
dépasser l'entendement. C'est pour cela que la formule qu'a
utilisée mon collègue, Marcel Léger, en ce qui a trait
à l'environnement s'applique à plus forte raison en ce qui
concerne la protection de la faune. Il est certain aussi qu'à mon point
de vue j'ai déjà eu l'occasion de le déclarer aussi
c'est d'abord et
avant tout une question de civisme en forêt. On aura beau mettre
sur pied des programmes de sensibilisation, je pense que c'est d'abord et avant
tout, surtout dans les régions à faible densité de
population, la responsabilité première des citoyens en tant que
citoyens. Bien sûr qu'on va intensifier les patrouilles; même cette
année, on va le faire par avion plus que dans le passé. On aura
beau avoir une flotte aérienne de forte dimension, je pense qu'on aura
toujours un problème tant et aussi longtemps que les citoyens n'auront
pas considéré la faune comme étant leur propre bien, le
bien de la communauté aussi, bien sûr.
Je pense qu'il faut louer le travail de l'association dans votre
région, qui sensibilise la population, qui avertit également le
ministère. Mais tout ce que je peux vous dire pour l'instant, c'est que
cela m'apparaît, en tout cas, un travail de longue haleine. Je pense
qu'il y aurait peut-être une formule qui pourrait aider
énormément: voir comment associer le public qui utilise et qui a
accès à ces ressources aux programmes de conservation et de
protection. Je vous avoue que ce n'est pas facile de trouver une formule,
surtout dans des régions couvrant de grands territoires et ayant une
faible densité de population. Vous avez parlé plus
particulièrement de la route 132. Là-dessus, il y a des ententes
qui sont en train de se concrétiser de façon formelle, mais on va
de plus en plus associer les ministères je pense que cela devrait
être le cas de chacun des projets que ce soit le ministère
des Transports ou quelque autre ministère, pour que se forme une
équipe interministérielle et que chaque fois que la faune peut
être mise en danger par des travaux de quelque ministère que ce
soit, le Tourisme, Chasse et Pêche puisse avoir des représentants
avec non seulement un pouvoir d'assister et de faire rapport, mais un pouvoir
d'intervention. Jusqu'à présent, pour ce qui est de la route 132,
on a eu la pleine collaboration des Services de la protection de
l'environnement, de même que de mon collègue, Lucien Lessard, aux
Transports.
M. Marquis: Question additionnelle.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Marquis: Concernant de nouvelles formules d'exploitation,
est-ce que votre ministère est favorable à la formation, soit
d'associations, de coopératives ou d'autres formes d'organismes à
caractère populaire qui seraient prêts à prendre en main,
sans que cela entraîne des dépenses supplémentaires
à votre ministère, la surveillance et l'exploitation de
territoires qui sont peut-être déjà publics et d'autres qui
sont sous forme de clubs privés, mais qui seraient libérés
un bon jour? Si des groupes de citoyens présentaient des projets,
recevraient-ils de la part de votre ministère un certain appui ou un
certain encouragement?
M. Duhaime: Non seulement mon appui, mais mon encouragement, dans
la mesure où les pro- jets présentés atteindraient les
deux objectifs que j'ai eu l'occasion de longuement expliciter au début
des travaux de la commission, le premier étant l'accessibilité,
le deuxième la conservation et la protection. Je ne suis pas à la
recherche d'une formule magique. Je pense qu'on doit regarder le
problème sur le terrain, en tenant compte, si vous pouvez me passer
l'expression, de la spécificité de chacune des
régions.
Cela m'apparaît d'autant plus le cas dans le territoire du
Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie. C'est dans cette région
qu'on dépense la plus grande part du budget pour assurer la protection
et la conservation, soit $2 125 000 sur $10 500 000.
Je suis prêt à regarder toutes formules qui vont permettre
au grand public une accessibilité plus grande, tout en s'assurant,
cependant, que la conservation et la protection vont être maintenues.
M. Marquis: Une dernière question additionnelle, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Marquis: M. le ministre, j'aimerais vous entendre
définir votre notion d'accessibilité. Pour vous,
accessibilité veut-il dire que c'est ouvert à tout le monde sans
qu'il en coûte un sou? Ou bien, si on veut assurer la conservation et la
protection, ou si un organisme populaire prend cela en main, doit-il assumer
les coûts d'exploitation, les coûts de conservation, de protection?
Est-ce que, pour vous, accessibilité veut dire que tout le monde
pourrait y aller, mais non pas en y allant gratuitement, c'est-à-dire,
que cela pourrait quand même leur coûter quelque chose pour aller
pêcher ou chasser? Si cela se produisait, pour vous, c'est quand
même de l'accessibilité.
M. Pagé: Très bonne question.
M. Duhaime: En ce qui concerne l'accessibilité, c'est bien
sûr que c'est à l'exclusion de personne. Notre objectif a
été l'objectif recherché, dirais-je, du ministère
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche depuis au moins dix ans. Il
m'apparaît exclu qu'on s'adresse à des catégories
spéciales de citoyens pour ce qui est de la politique
d'accessibilité.
De là à vous dire que cela va être gratuit, la
réponse est non. Les usagers doivent contribuer, mais cela n'implique
pas que, lors de la prise en charge, ils aient à assumer seuls tout le
financement des opérations.
Je veux indiquer par là que le ministère est
disposé à regarder et à examiner, après les
négociations, des possibilités de subventions d'appoint, quant
aux opérations courantes de ces organisations qui seraient
appelées à prendre en charge les territoires.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: M. le Président, on a parlé tout
à l'heure de communications modernes pour accroître la protection
tout en limitant les coûts. On sait qu'actuellement le ministère
des Terres et Forêts est assez bien organisé dans ce domaine dans
à peu près toutes les régions forestières du
Québec. Votre ministère a-t-il l'intention,
éventuellement, de s'adjoindre les services du MTF pour accentuer la
protection par le système de communication?
M. Duhaime: C'est tout à fait conciliable qu'on puisse,
avec le ministère des Terres et Forêts, essayer de synchroniser le
processus de communication de façon à le rendre plus efficace. Je
retiens votre suggestion pour, peut-être l'étendre sur tout le
territoire du Québec.
Actuellement je peux vous dire qu'à Anticosti et dans la
région de Sherbrooke, il y a deux projets qu'on appelle projets pilotes.
Ce sont deux expériences de jumelage des réseaux de
communications qui sont en cours.
M. Perron: Merci M. le ministre. En ce qui 'a trait à la
protection de la rivière Grande-Rivière, y a-t-il eu des
pourparlers entre le ministère du Tourisme de la Chasse et de la
Pêche et le propriétaire de la seigneurie en question?
M. Duhaime: Oui. Les pourparlers sont en cours actuellement.
M. Perron: Les pourparlers sont actuellement en cours?
M. Duhaime: Oui.
M. Perron: Merci. Maintenant, je m'en retourne dans ma
région. Est-ce qu'il existe actuellement une équipe du Service de
la protection de la faune dans le Nouveau-Québec? Si elle n'existe pas,
est-ce qu'on entend faire en sorte que, dans les plus brefs délais, on
puisse former cette équipe en question?
M. Duhaime: Mais il n'y a pas d'agents de conservation
autochtones dans cette région. Il y en a de prévus dans le
Nouveau-Québec avec l'entente récente...
M. Perron: Vous voulez dire l'entente de la baie James?
M. Duhaime: Oui. Il y a cinq postes de prévus pour la
région de la baie James pour des agents de conservation autochtones, pas
dans votre région.
M. Perron: Disons que cela se trouve à être dans mon
comté quand même, parce qu'en haut du 55e parallèle cela
fait...
M. Duhaime: Je comprends que vous êtes dans un grand
comté.
M. Perron: Oui, c'est ce qu'on me dit. Il y a seulement cinq
postes, est-ce pour cette année ou si vous attendez le bill C-9 pour les
mettre en place, ces cinq agents de conservation?
M. Duhaime: En fait, il y en a cinq de prévus pour
l'année qui vient, et puis on verra ce que cela donnera comme
résultats en cours de route. Ce n'est pas facile. Il y en avait cinq
d'engagés; après six mois, il en restait un, et je crois qu'il
est maintenant parti. Le recrutement s'est fait conjointement avec les Cris et,
depuis que les cinq sont partis, on a demandé au grand conseil des Cris
de nous proposer d'autres candidats, et nous en attendons.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Dubuc.
M. Desbiens: M. le Président, je reviens un peu en
arrière. Quand le ministre parlait tantôt de tenir compte de la
spécificité des régions, est-ce qu'il irait jusqu'à
dire, à l'intérieur même des régions, la
spécificité de certains territoires?
M. Duhaime: Je ne comprends pas votre question.
M. Grenier: Les particularités des régions.
M. Desbiens: Quant à l'assignation du nombre
d'aménagements...
M. Duhaime: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député d'Abitibi-Est.
M. Bordeleau: M. le Président, cela concerne les agents de
conservation. On a dit tout à l'heure, c'est bien sûr, que tous
les Québécois devraient participer à la
préservation de la faune, mais, au niveau des agents de conservation,
est-ce qu'on peut savoir combien il y a de postes en plus cette année,
puis si on peut les avoir par régions également?
M. Duhaime: II y a 27 nouveaux postes, 22 répartis dans
six sociétés d'aménagement. Vous les voulez par
régions. Vous avez demandé l'augmentation par rapport à
l'année dernière. Cela donne 27 de plus, de sorte que cela nous
donne un total de 463.
M. Bordeleau: Je voudrais avoir l'augmentation par rapport
à l'an passé, s'il y en a une, par région, si c'est
possible de l'avoir.
M. Duhaime: II n'y en a pas de nouveau, cette année. Il y
a eu 27 augmentations l'an passé, soit 1976/77, et cela totalise 463
employés pour ce qui est des effectifs du personnel de la conservation
de la faune.
M. Bordeleau: Cela veut dire que dans les régions, c'est
à peu près le même nombre.
M. Duhaime: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, tout à l'heure,
après les questions très pertinentes du député de
Matapédia, le ministre est revenu sur la question qu'on avait
abordée au début des travaux de cette commission, soit toute la
question de l'aménagement du territoire. Dans sa céclaration
d'ouverture ou à la suite de questions qu'on a formulées, le
ministre a fait état du fait qu'il étudiait présentement
la possibilité de s'associer avec les municipalités, de
s'associer avec les groupes du milieu, de s'associer avec des associations de
chasse et pêche. J'aimerais, en ce qui concerne les associations de
chasse et pêche, si c'était possible, que le ministre
précise davantage l'intention qu'il a manifestée.
Quant à moi, M. le Président, si le ministre le permet, je
me permets de dire au ministre que je l'encourage dans cette veine. J'ai
été à même de connaître et de voir fonctionner
des associations de chasse et pêche. Je peux dire qu'à la lueur
des quelques expériences que j'ai connues, cela a été
très concluant en terme d'accessibilité. Quand on voit une
association de chasse et pêche qui a peut-être 250 membres,
où il y a un taux de fréquence assez élevé, qui a
seulement un lac, ils ont déjà vu cela. Dans certaines
associations de chasse et pêche, d'ailleurs, des membres étaient
investis de pouvoirs de garde-chasse, on a vu cela aussi. Au niveau de la
protection de la faune, au niveau de la protection du territoire, je pense
qu'il y a des choses très valables de faites par les associations de
chasse et pêche.
J'aimerais que le ministre, quand même, précise ses
intentions pour revenir, par la suite, avec les municipalités, là
aussi l'affirmation du ministre pouvant nous amener à poser certaines
questions. C'est-à-dire: Est-ce que la municipalité, dans les cas
que celui-ci envisage, serait le seul gestionnaire? Quelles seraient les
responsabilités financières qu'on attribuerait, par le fait
même, à la municipalité? Quelles seraient les
possibilités de ressources ou de financement qu'on attribuerait, par
conséquent, à la municipalité? Ce sont toutes mes
questions. J'accepte qu'on n'ait pas de conclusions sur les études, je
l'accepte, c'est une question qui est vaste, c'est une grosse question qui
implique des déboursés très appréciables au niveau
budgétaire et je pense que le ministre en saisit toute la dimension. Il
en a, d'ailleurs, fait état tout à l'heure. Quand même, sur
la foi des orientations qui sont actuellement tracées, j'aimerais que le
ministre précise davantage là-dessus.
M. Duhaime: Pour ce qui est des associations de chasse et
pêche, j'ai eu l'occasion de les comparer à des producteurs sans
sol. Je pense que ce sont des chasseurs et des pêcheurs ou des amateurs
de plein air sans territoire ou sans lac.
M. Pagé: Certaines ont déjà eu des
territoires.
M. Duhaime: Certains en ont encore. Maintenant, cela me
paraît bien évident, et je suis bien heureux de constater que le
député de Portneuf est d'accord avec cette approche qui pourrait,
sans aucun doute, être une formule privilégiée,
jusqu'à un certain point. Ce n'est cependant pas à l'exclusion
d'autres formules, mais c'est peut-être celle qui réalise le plus
rapidement, en tout cas, ou le plus clairement, devrais-je dire, cette notion
d'accessibilité. Il y a des propositions qui ont été
faites au ministère, qui sont à l'étude, à savoir
de confier des territoires à des associations, et on tente de voir avec
ces associations, de quelle façon elles peuvent s'associer avec le
ministère, tant dans l'aménagement que pour la conservation.
Je dirais que la même chose s'appliquerait à des
municipalités, mais encore là, comme je le disais tantôt
à propos de certaines régions, je pense qu'il n'y a pas de
formule qui pourrait convenir carrément à une région. J'ai
l'intention d'introduire, dans tout ce processus, un élément de
souplesse et je pense qu'on va s'ajuster suivant le terrain, si je puis
dire.
M. Pagé: D'accord, mais si le ministre a fait état
de la possibilité de s'associer avec les municipalités, c'est
certainement parce que le ministère a en tête, si je peux utiliser
cette expression, ou dans ses dossiers, certainement, des cas particuliers,
où selon la spécificité du territoire, pour utiliser son
expression, il serait peut-être plus opportun de s'associer avec les
municipalités.
Si c'est le cas, il y a certainement des éléments qu'on a
commencé à tracer, c'est-à-dire comment cela pourrait se
faire, cette association et par quels modes de gestion cela pourrait se
traduire.
M. Duhaime: Je dois vous dire là-dessus qu'on en est sur
les orientations. Comme j'ai eu l'occasion de le déclarer au
début des travaux de la commission, malheureusement, il n'y a pas
grand-chose en dossiers là-dessus. Ce qui veut dire que les
négociations vont aller au fur et à mesure qu'on va
procéder, suivant un calendrier de travail qui est en train de se
préparer. Ce serait assez hasardeux d'aller plus loin pour
l'instant.
M. Pagé: D'accord. Le ministre a fait état
tantôt des associations de chasse et pêche. Il y avait
déjà des représentations qui avaient été
formulées au ministère par ces associations. Est-ce que
celles-ci, pour recevoir une réponse, soit positive ou négative,
devront attendre l'exposé de politique générale pour tout
le territoire ou s'il est possible que certaines associations puissent se voir
attribuer certains droits, puissent vraiment s'associer avec le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche avant que soit
complètement définie toute la politique d'aménagement et
de protection de la faune de la part du ministère?
M. Duhaime: On n'attendra pas nécessairement
l'énoncé d'une politique globale. Là-dessus, j'aime mieux
la méthode anglaise qui consiste à
partir de cas particuliers. Des orientations se dégageront
peut-être d'elles-mêmes. Mais il me paraît exclu qu'on puisse
attendre, pour donner des réponses dans l'affirmative à des
demandes d'associations de chasse et pêche, à des
municipalités ou encore à des groupes de municipalités,
d'avoir atteint la globalité en termes de définition. Je pense
que cela n'exclut pas qu'on puisse faire du cas par cas.
M. Pagé: D'accord. Je suis heureux de vous l'entendre
dire. Une dernière question, maintenant. Le ministre abondera
certainement dans le même sens que moi, lorsque je dis que les clubs
privés au Québec, peu importent les commentaires ou les
considérations que chacun peut avoir sur l'existence ou la non-existence
des clubs privés, ont quand même eu un impact très positif
sur la protection de la faune pendant des années où le
ministère et le gouvernement du Québec ne pouvaient pas
financièrement veiller à cette protection. On parle strictement
de privilèges dans le cas de ces personnes. Je ne parle pas ici de
droits acquis, parce que la relation ministère-clubs privés se
limite à des privilèges qui ont été accordés
et jamais un privilège ne peut devenir un droit. Cependant, il y a quand
même, sur le territoire du Québec, un grand nombre de clubs
privés. Il y a des personnes qui ont pris leurs responsabilités
au niveau de la protection de la faune, au niveau de l'aménagement du
territoire, au niveau, dans certains cas, de l'amélioration du
territoire par l'ouverture de routes et tout cela. Jusqu'où les membres
actuels de clubs privés seront-ils considérés dans
l'approche globale du ministère? Je ne parle pas de droits acquis.
M. Duhaime: Non, en fait, je pense qu'il ne faut pas se braquer
avec le statut juridique ou l'interprétation qu'on peut faire des droits
exclusifs de chasse et pêche qui font l'objet de baux de location. Il est
bien évident qu'à l'heure où on se parle il reste 1171
baux en vigueur dont, je dirais, presque la totalité vient à
expiration l'an prochain.
Ce que vous avez dit au sujet des locataires de clubs, au sujet de la
conservation et de la protection, je serais porté à être
d'accord avec vous, à quelques exceptions près, bien
sûr.
M. Pagé: Les exceptions confirment la règle.
M. Duhaime: Ce qu'il faut considérer, c'est le
problème dans son ensemble. Le problème se complique à
partir du moment où les détenteurs de baux ont immobilisé
des biens en forêt, sur des territoires de la couronne. C'est là,
je pense, que le problème prend une ampleur financière. Est-ce
que le ministère arrêtera la politique de simplement les
indemniser ou encore d'envisager des baux de location avec le ministère
des Terres et Forêts? Je pense qu'il y a une situation de fait qui existe
depuis des années et des années. Pour un certain temps, du moins,
il va falloir qu'on vive avec ce problème.
Ce que nous recherchons, c'est comment as- socier ces gens, qui ont
vécu avec un privilège, à l'intérieur de cette
politique d'accessibilité sans les exclure pour autant.
M. Pagé: Alors, vous recherchez...
M. Duhaime: Ce n'est pas la quadrature du cercle, mais ce n'est
pas loin.
M. Pagé: D'accord. On vous invite quand même
à continuer la recherche que vous avez...
M. Duhaime: C'est comme celui qui, un jour, a découvert
que pi était égal à 3,1416 unités. D'ailleurs, cela
s'est vérifié une fois qu'on l'eût trouvé seulement;
avant, on ne l'avait pas trouvé.
M. Pagé: C'est cela. M. Duhaime: Pythagore.
M. Grenier: II est mort, je pense, maintenant, mais pas de
cela.
M. Pagé: J'aurai d'autres questions. Si d'autres
députés ont des questions sur le même sujet, je reviendrai
avec la motoneige.
M. Grenier: Non, M. le Président.
M. Pagé: Tantôt, on parlait de la protection de la
faune. On a parlé cet après-midi, on a eu l'occasion d'aborder la
question des coupes en forêt. J'avais formulé le voeu suivant, que
je me permets de réitérer parce que, à ce
moment-là, le ministre était occupé un peu avec le leader
du gouvernement, que la relation soit beaucoup plus étroite entre le
ministère des Terres et Forêts et le ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche. M. Moisan nous a fait état du cas de
REXFOR, à Armagh, dans le comté de Bellechasse, où le
ministère est appelé non pas seulement à être
consulté mais où il collabore vraiment dans la question de
l'opération forestière là-bas.
M. le ministre, j'avais formulé le voeu suivant
j'espère qu'il sera retenu que le ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche devrait avoir son mot à dire dans
l'émission de chacun des permis de coupe alloué par le
ministère des Terres et Forêts. J'admets que ce sont deux
ministères différents, et aussi que chacun de ces
ministères a ses lois respectives, mais comme j'en faisais état,
on a seulement une couronne et c'est le même gouvernement.
Sur le même sujet, à savoir l'impact sur la faune, les
choses extérieures, on a, dans certains milieux, des problèmes
avec la motoneige. Cette question a d'ailleurs fait régulièrement
l'objet de commentaires dans la presse de certaines régions, quant
à certains problèmes régionaux qui ressor-tent. On a vu ce
qui est arrivé à Sainte-Agathe, les représentations qui
ont été formulées, l'hiver dernier, par l'Association de
chasse et de pêche de Sainte-Agathe. On a vu, dans un article du 24 mars,
si ma mémoire est fidèle, sous la plume de
M. Bellemare, qu'en Colombie-Britannique, par exemple, le gouvernement
avait stipulé que dans certaines régions de la
Colombie-Britannique on ne pouvait pas se promener en motoneige à cause
de l'impact que cela créait sur la faune.
Je suis certain que d'autres députés ont eu à vivre
des problèmes analogues à ceux-là. Chez nous, quant
à moi, j'ai eu à vivre des problèmes comme ceux-là.
J'aimerais connaître, de la part du ministre ou de ses collaborateurs,
l'approche du gouvernement, l'approche du ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche, la relation qu'ils ont à ce sujet avec le
ministère des Transports. M. le ministre tout à l'heure, en
parlant du problème de la route sur la rivière Matapédia,
la 132, a parlé d'une très bonne collaboration avec le ministre
des Transports.
J'espère qu'elle est aussi bonne, je suis certain qu'elle
pourrait être aussi bonne pour toute la question des motoneiges.
M. Duhaime: La relation que nous avons avec le ministère
des Transports se fait par le ministère des Terres et Forêts.
Comme tous les ministères concernés, nous encourageons les
motoneigistes à s'en tenir à l'utilisation des pistes bien
établies, lesquelles pistes sont souvent approuvées, doivent
être approuvées et sont souvent subventionnées par le
ministère des Transports.
Lorsque les pistes passent sur les terrains de la couronne, le
tracé doit être approuvé par le ministère des Terres
et Forêts et celui-ci nous consulte chaque fois qu'une piste est
proposée sur un terrain de la couronne et régulièrement
nous faisons changer les tracés. Nous avons même fait
disparaître certains sentiers qui existaient dans la Gatineau en
particulier au lac Trente et un Milles, parce que les sentiers qui avaient
été approuvés par le ministère des Transports
passaient dans des ravages de chevreuil.
Dans certains cas, ces sentiers passent sur des terrains privés
et à ce moment-là nous ne sommes pas consultés, parce que
cela ne passe pas par les Terres et Forêts. Nous avons insisté
auprès du ministère des Transports pour qu'on nous consulte, mais
cela n'a pas toujours été fait, par exemple dans le ravage de
Duhamel dans le nord de Montréal. Dans ce cas on n'a pas
été consulté, on a manifesté notre désaccord
et il est possible que celui-là soit changé.
M. Pagé: Vous ne croyez pas cependant qu'en réglant
cela cas par cas, ou la consultation se faisant strictement sur des pistes au
sens des terres de la couronne, cela augmente le risque qu'il y ait des
dommages à certains endroits, parce que l'on règle cela
spécifiquement selon chacun des cas, selon chacune des régions.
Vous ne croyez pas que cela peut-être plus opportun à partir d'une
cartographie que vous avez déjà, à partir de
données qu'on a déjà. Suite à des échanges
entre le ministère du Tourisme, le ministère des Terres et
Forêts, s'il le faut, et surtout celui des Transports, cela pourrait
être plus opportun que le gouvernement décrète que dans
certaines régions données, pour tel et tel motif, il n'y a pas de
motoneiges dans le secteur.
M. Duhaime: C'est-à-dire que la loi...
M. Pagé: Je ne parle pas de régions en
général, mais de secteurs à l'intérieur de
régions.
M. Duhaime: La loi dit déjà qu'on ne peut pas
circuler en motoneige dans les ravages de chevreuil, d'orignal et de
caribou.
M. Pagé: Je suis d'accord que la loi le dit,
peut-être, et nul n'est censé ingorer la loi, mais, dans certains
cas, on prend connaissance des problèmes lorsqu'ils sont nés,
lorsqu'ils existent, puis le mal est déjà fait.
M. Duhaime: La difficulté se pose surtout dans le cas des
ravages de chevreuil, parce que ces ravages sont stables, il sont au même
endroit année après année. Le répertoire dont je
parlais cet après-midi, qui existe et dont le ministère des
Terres et Forêts se sert devrait aussi servir au ministère des
Transports, lorsque de nouveaux sentiers de motoneiges sont tracés. Dans
le cas des autres animaux c'est beaucoup plus difficile; dans le cas de
l'orignal, un ravage change de place du jour au lendemain et il est impossible
de prévoir exactement où il sera. Dans le cas du chevreuil on
devrait pouvoir éviter systématiquement ces bévues.
M. Pagé: On espère et on souhaite que les
recommandations bien humbles qu'on formule pourront être retenues.
M. Duhaime: Oui.
M. Grenier: En dehors des clubs strictement privés,
les compagnies au Québec, sur leur territoire de coupe, quels sont leurs
droits vis-à-vis des lacs privés ou du terrain qui leur est
alloué par le ministère des Terres et Forêts? Quel est le
droit du ministère du Tourisme là-dessus? Quels sont les
droits?
M. Duhaime: Si c'est un concessionnaire, si la compagnie n'est
pas propriétaire, parce qu'il y en a qui sont propriétaires de
grandes étendues de terrain, s'ils ne sont pas propriétaires le
seul droit qu'ils ont c'est le droit de coupe. C'est une concession de la
forêt il n'y a aucune ressource qui leur est concédée sur
ce territoire.
M. Grenier: II y a pas mal de territoires. Ce serait
peut-être la question à se poser, mais, bien sûr, au
ministère des Terres et Forêts. Vous n'êtes pas sans
être au courant, puisqu'il y a tellement de choses voisines, que si sur
ces territoires il y a des camps installés pour les touristes, on peut
supposer que c'est parce qu'ils sont propriétaires du bien-fonds?
M. Duhaime: S'il y a des camps de touristes, oui. A moins que le
ministère des Terres et Forêts leur ait condécé un
bail d'occupation.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, on a vidé pas mal
toutes les questions sur le programme 2, élément 2. Je pense que
je pourrais profiter d'un petit aparté pour répondre à une
question qui semble faire le tour de la salle. On nous informe que les
libéraux sont en avance dans cinq comtés et élus dans cinq
comtés. Cinq sur six.
M. Duhaime: C'était comme cela aussi à 7 h 5 le 15
novembre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
remarque est passée, mais je pense qu'elle était
déplacée.
M. Grenier: Non, elle n'était pas déplacée.
M. Perron:... quel était le vote populaire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que l'élément 2 est adopté.
M. Pagé: Elément 2, adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Programme 2, adopté?
M. Pagé: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Programme 3, M. le ministre? Oui? Alors suspension de cinq minutes.
(Suspension de la séance à 21 h 21)
Reprise de la séance à 21 h 38
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît! Programme 3. M. le ministre.
Promotion du tourisme
M. Duhaime: M. le Président, au programme 3, quant
à la promotion du tourisme, on peut noter qu'il y a en gros, pour
l'exercice 1977/78, une augmentation de l'ordre de $1,2 million qui sera
principalement affectée à une augmentation des effectifs du
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche dans les postes
à l'étranger, soit au nombre de cinq, et également
à un effort accru dans la promotion touristique du Québec tant
à l'intérieur du territoire du Québec qu'à
l'extérieur, soit au Canada, aux Etats-Unis et en Europe.
Je voudrais également souligner que, dans la préparation
des travaux de cette commission pour l'étude des crédits, entre
autres, au programme 3, cette année, cela vous est
présenté par éléments regroupant clientèle
individuelle, clientèle de groupe, le troisième
élément étant les crédits de productions
publicitaires et de direction au soutien des deux premiers
éléments. Cette façon de présenter les
crédits sera modifiée de sorte que, l'an prochain, nous
analyserons les crédits par marchés plutôt que par
individus, clients ou encore par groupes, ce qui m'apparaîtrait une
façon plus claire de voir les choses.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Portneuf.
M. Pagé: Je vous remercie, M. le Président.
M. Duhaime: Si vous me le permettez, M. le Président, je
voudrais ajouter une remarque qui peut avoir une certaine incidence
budgétaire, mais qui a trait à la nouvelle politique du
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, quant à
l'octroi des contrats de publicité aux agences de publicité.
Nous avons mis sur pied au ministère, une procédure par
laquelle un jury siège. Le dernier a siégé pour la
campagne d'été. Ce jury fait une recommandation au ministre pour
déterminer l'agence de publicité qui a été
chargée de la campagne d'été et la même pratique se
répétera au fur et à mesure que les campagnes se
présenteront.
M. Pagé: M. le Président, voici ma première
question au ministre: le gouvernement précédent avait
amorcé le dossier qui était rendu assez loin dans le
crédit touristique qui constituait, pour le gouvernement, un moyen non
pas seulement d'assistance mais d'incitation et d'aide à l'industrie.
J'aimerais que le ministre nous dise s'il y a des prévisions
budgétaires, à l'intérieur de celles qui sont requises
pour adoption ce soir, qui sont prévues pour ce dossier du crédit
touristique, si le programme est complètement défini, et si c'est
le cas, quel est l'échéancier de la réalisation, et s'il
y
a une nouvelle orientation qui a été donnée dans ce
programme. J'aimerais que le ministre, si possible, nous dresse un tableau le
plus complet de toute cette question du crédit touristique.
M. Duhaime: M. le Président, je dois dire que mon
collègue, le député de Portneuf, a bien fait de souligner
que le gouvernement précédent avait "amorcé" et que tout
le problème du crédit touristique a fait, jusqu'à ce jour,
l'objet de discussions préliminaires au niveau du comité
ministériel permanent au développement économique. Pour
répondre bien clairement à la question qui m'est posée:
est-ce qu'il y a des crédits dans le budget 1977/78 tel que
présenté aujourd'hui? Réponse: Non.
Deuxièmement, est-ce que le programme est défini? Le
programme est à définir. Mon approche est essentiellement celle
de considérer d'abord et avant tout la petite et moyenne entreprise dans
l'hôtellerie, que ce soit l'hôtellerie dans les villes ou, entre
guillemets, l'hôtellerie en forêt, c'est-à-dire les
"pourvoiries"? J'ai bien l'intention de pousser les études
là-dessus de façon qu'on puisse déboucher sur un
programme, je l'espère, en cours d'année. Mais il
m'apparaît, en tout cas, à priori, qu'on n'a peut-être pas
besoin d'une loi nouvelle mais qu'on veut peut-être amender les lois qui
sont actuellement administrées par le ministère de l'Industrie et
du Commerce.
Je vous réitère que ce dossier est en considération
à l'heure actuelle. Il me paraît urgent que l'on puisse se trouver
une formule capable d'offrir des facilités financières aux
petites et moyennes entreprises, je pense, entre autres, aux petits
hôteliers qui sont nécessairement limités dans la recherche
de leurs crédits.
Dans l'état actuel de la législation, je pense au
nantissement commercial, je pense au pourvoyeur qui est propriétaire de
biens sur des propriétés publiques, etc. Je souhaiterais qu'en
cours d'années on puisse annoncer soit des amendements à des
lois, ou encore une loi du crédit touristique, purement et
simplement.
M. Pagé: On peut prévoir que ce sera au cours de
l'année.
M. Duhaime: Au cours de la présente année. Au cours
de l'année financière.
M. Pagé: D'accord. Nous avions un programme dans l'Est du
Québec, un programme de crédits à l'hébergement.
J'aimerais savoir ce qui est fait actuellement. Est-ce que ce programme est
renouvelé? Quelles sont les prévisions budgétaires
à ce chapitre?
M. Duhaime: C'est caduque, je pense. Les crédits à
l'hébergement c'était couvert par l'entente.
M. Pagé: C'est cela, mais, compte tenu que
l'entente...
M. Duhaime: Est-ce qu'il y a une formule de rechange?
M. Pagé: Oui.
M. Duhaime: Non. Pas à ce jour.
M. Pagé: Pas à ce jour. Est-ce que là aussi
vous avez l'intention de faire quelque chose dans le courant de l'année
financière?
M. Duhaime: Je vous avoue bien franchement que je l'ignore
complètement, ce que nous allons trouver comme substitut à cette
formule de crédit à l'hébergement. Je me demande
même si c'est toujours nécessaire.
M. Pagé: Si vous vous demandez si c'est toujours
nécessaire, c'est probablement parce que vous êtes à
étudier l'opportunité de continuer sous une forme
différente, sous la juridiction du ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche, un programme comme celui-là. Est-ce que
vous étudiez, présentement, cette possibilité, ou si c'est
tout simplement considéré par vous?
M. Duhaime: J'ai l'impression que ce à quoi on travaille
au niveau d'une étude, ce que tout le monde appelle le crédit
touristique, pourrait très bien venir recouper ce besoin qui a
existé dans l'Est quant aux crédits à
l'hébergement.
M. Pagé: Est-ce que le ministre a regardé ou a eu
l'occasion, je comprends qu'il est là depuis quelques mois seulement, de
regarder ce qui se fait en Ontario à ce chapitre?
M. Duhaime: Pas là-dessus. M. Pagé: Non?
M. Duhaime: Non. Je regarde beaucoup de choses, par ailleurs, en
Ontario, mais pas là-dessus.
M. Pagé: Pas là-dessus? Je peux vous inviter
à regarder. Je peux vous inviter à regarder peut-être cela
aussi. Il y a des prédateurs, entre autres. Il suffit de les
contrôler.
M. Grenier: On va regarder les élections.
M. Pagé: M. le Président, je m'attendais que le
ministre, au début de l'étude de ce programme, dresse un tableau
général, disons peut-être avec beaucoup plus
d'explications. On sait que le ministre revient de deux tournées, une en
Europe, si ma mémoire est fidèle en Allemagne, fin d'avril, et
une aux Etats-Unis. Je suis certain que l'objectif de ces voyages était
très important; j'aimerais savoir dans quel cadre ces voyages ont
été faits, c'est-à-dire quels étaient les buts
recherchés par le gouvernement du Québec, et avoir un peu
d'explications de la part du ministre. Cela se traduira comment dans l'avenir;
est-ce qu'il y aura des ef-
forts particuliers qui seront déployés dans certaines
régions où cela l'était peut-être plus ou moins
avant, suite à la tournée que vous avez faite?
M. Duhaime: La première, en Europe, qui a
été un voyage de six jours, on a fait Paris, Dussel-dorf, Berlin
et Londres. Je peux vous dire que ce n'est pas un voyage de tout repos.
M. Pagé: J'en douterais.
M. Duhaime: Le but premier était d'aller voir sur place la
Foire internationale de Berlin, comment d'autres pays faisaient leur promotion
touristique, d'une part, et d'évaluer, également, de quelle
façon le Québec participait avec l'Office du tourisme canadien
à la promotion touristique du Québec. C'était pour Berlin.
A Paris, prendre contact avec notre représentant en tourisme, de
même qu'à Dusseldorf et à Londres. Pour ce qui est de
Berlin, je n'ai pas caché ma déception sur place et j'ai
même déclaré que j'étais loin d'être satisfait
de la promotion du Québec telle qu'elle était pensée et
imaginée par l'Office du tourisme canadien qui consiste à peu
près systématiquement à faire la promotion de ce qu'on
appelle, dans le jargon, le Mid-Canada et les Rocheuses.
Aux Etats-Unis, la tournée a été effectuée
pour voir sur place et rencontrer surtout les administrateurs de centres de
congrès à Boston, à New York, à Chicago et à
Los Angeles. Ce deuxième voyage a été très heureux
et cela nous a permis d'en venir rapidement à la décision de
doter Montréal d'un centre de congrès le plus rapidement
possible.
M. Pagé: En septembre.
M. Duhaime: Pardon?
M. Pagé: Le début des travaux en septembre?
M. Duhaime: Oui.
Maintenant, dans l'ensemble, sur le plan du tourisme, il est certain que
le Québec encaisse chaque année entre autres
l'année dernière un déficit touristique qu'on peut
chiffrer à environ $200 millions. Il me paraît important, non pas
d'ambitionner de renverser cela, mais simplement de l'atténuer, parce
que chaque million de dollars que nous allons gagner, signifie, pour
l'activité économique du Québec, $2,4 millions si on
retient le coefficient multiplicateur. Ce n'est pas ma seule
préoccupation en matière de tourisme, mais entre autres, c'en est
une. Le Québec offre le contraste d'être de langue
française, d'avoir un visage particulier avec une population de
traditions, de moeurs et de culture différentes. Je pense que c'est mon
devoir de dire que tant en Europe qu'aux Etats-Unis, et je devrais dire aux
Etats-Unis surtout, le public voyageur recherche beaucoup plus cette
différence qu'on peut offrir au Québec. C'est dans ce sens que
vont être dirigés nos efforts de promotion touristique à
l'étranger.
M. Pagé: On a eu l'occasion de faire état de
l'approche de l'Opposition officielle et de celle du gouvernement, dans les
commentaires généraux du début de nos travaux. L'approche
du gouvernement et c'est là ma question dans toute cette
question de la promotion touristique, est-ce qu'elle se veut, non pas à
l'égard des nationaux, mais à l'égard des citoyens de
l'extérieur du Québec, axée sur l'individu c'est la
perception que j'en ai plutôt qu'axée sur des groupes? Vous
avez fait état tout à l'heure du fait qu'à
l'intérieur de ce programme, dans nos prochains crédits, nous
aurions l'occasion d'étudier les éléments par groupes.
Quand j'entends le ministre parler d'un client, parler du public voyageur, je
me demande si la démarche actuelle du ministère du Tourisme dans
la promotion du tourisme ne vise pas trop le contact avec l'individu par
rapport aux contacts avec les groupes. On peut parler du voyage-motivation, on
peut parler d'une foule de méthodes. J'aimerais connaître la
position du gouvernement. Quant à nous, de l'Opposition officielle, il
nous paraît que quand on parle de promotion touristique, quand on parle
d'équipement, quand on parle de ressources, quand on parle
d'éléments à faire valoir, cela doit avant tout être
fait pour les nationaux, pour les citoyens du Québec, pour leur
utilisation. Les efforts du ministère et du gouvernement ne doivent pas
être déployés avant tout pour la promotion individuelle des
citoyens autres que les nationaux. Est-ce que le ministre accepte que l'action
dans le développement de ce qu'on a à montrer, à faire
valoir, doit être avant tout axée vers les nationaux et que, par
la suite, la promotion à l'extérieur du Québec doit se
faire et doit être surtout dirigée vers les groupes plutôt
que vers les individus? Comment cela se fait-il?
M. Duhaime: Je ne sais pas si vous confondez les choses, mais
j'ai répondu à vos questions à partir d'une question que
vous avez posée pour l'Europe et les Etats-Unis.
Il est évident, il est clair j'ai eu l'occasion de le dire
à maintes reprises que la vocation première du
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, dans le volet
du tourisme, est d'abord et avant tout de s'occuper des
Québécois. Tout en ce faisant, cela n'exclut pas qu'on puisse
être sur les marchés extérieurs.
M. Pagé: D'accord.
M. Duhaime: On n'a qu'à lire les journaux, les quotidiens,
les hebdos, les revues, pour voir que la force d'attraction de
l'étranger est onmiprésente, dans à peu près tous
les journaux du Québec. Ce n'est que normal, je pense, que sur le plan
international on aille chercher la contrepartie. Cela n'exclut pas, pour
autant, loin de là, qu'on s'attaque d'abord et avant tout à
bâtir un marché pour les Québécois. C'est vrai dans
la promotion, c'est vrai aussi dans les structures d'accueil ou encore dans les
infrastructures de tourisme qui s'adressent, bien sûr, d'abord et avant
tout à la population du Québec.
M. Pagé: D'accord. Mais, dans la clientèle qui est
recherchée, qu'on prenne l'exemple des Etats-Unis, est-ce que la
démarche du ministère du Tourisme dans sa promotion est
particulièrement axée sur l'individu? Est-ce qu'on invite
l'individu à venir voyager au Québec avec sa tente-roulotte ou si
l'effort est particulièrement mis sur les voyages de groupes, les
congrès ou autres?
M. Duhaime: La promotion vous parlez de l'étranger,
si je comprends bien ...
M. Pagé: Les Etats-Unis, particulièrement.
M. Duhaime: ... elle s'adresse tantôt à l'individu,
tantôt à des groupes. Il y a 80% de la clientèle
touristique qui vient au Québec en automobile. Quand on parle de
congrès, il est évident qu'on s'adresse à des groupes;
quand on parle de voyages-motivation, là aussi; quand on parle
d'associations comme les golfeurs, les Lions internationaux, pour rester dans
la faune...
M. Pagé: Elle est bonnel
M. Duhaime: ... c'est tantôt à des individus,
tantôt à des groupes. En termes de budgets, il est certain qu'il y
a plus d'argent qui se dépense dans la promotion. Vous l'avez devant
vous: clientèle individuelle: $2,8 millions comparé à $1,4
million.
Je voudrais, si vous le permettez, demander à M. Michel Roy
je ne crois pas vous l'avoir présenté qui s'occupe
plus spécifiquement de la publicité au ministère, de vous
donner peut-être plus de détails.
M. Pagé: Bienvenue.
M. Duhaime: Pour répondre à la première
partie de votre question qui traitait davantage des nationaux, disons que, si
on compare le budget de cette année à celui de l'an passé,
en termes de ce qui est dépensé en campagnes de publicité
au Québec comme tel, l'an passé, on avait une campagne qui
s'appelait la campagne printemps-été pour laquelle on
dépensait $100 000; ajouté à la campagne Intraparcs, $100
000, cela faisait, au total, $200 000. Cette année, pour la campagne
printemps-été, on consacre $279 500 et on consacre à la
campagne Intraparcs, $120 000. De plus, nous envisageons une nouvelle campagne
pour promouvoir le produit d'automne au Québec. Le projet de l'ODEQ
comportait une campagne d'automne faite au Québec et surtout
orientée vers la Gaspésie. Comme cette entente est caduque, on a
voulu inscrire à notre programme une campagne qui remplacerait celle qui
était faite dans le cadre de l'ODEQ pour le Québec, ce qui veut
dire qu'on se retrouve avec un budget de l'ordre de $500 000 à peu
près qui est investi en publicité au Québec par rapport
à quelque chose comme $200 000 l'an dernier.
En ce qui concerne les marchés étrangers, lorsqu'on veut
développer un nouveau marché, soit un sous-marché
américain ou un marché européen, on l'aborde sous deux
volets.
Il y a le volet du voyage de tourisme, des vacanciers qui prennent des
vacances à l'extérieur de leur pays de résidence. L'autre
volet est celui des congrès et des voyages motivation dont vous avez
déjà parlé. C'est entendu que lorsqu'on parle de
congrès et de voyages motivation, on parle de voyages de groupe
exclusivement.
Pour le vacancier, pour le touriste ordinaire, celui qui prend ses
vacances en voyageant à l'extérieur de son pays, la question de
touriste individuel ou touriste de groupe n'est qu'un moyen de voyager, en
somme. Et l'approche, au fond, est passablement la même. Que la personne
décide de venir seule, individuellement ou décide de venir en
groupe, il faut d'abord et avant tout qu'elle ait le goût de se rendre
à un endroit bien précis, en l'occurrence, en ce qui nous
concerne, il s'agit du Québec comme destination touristique.
Les gens qui voyagent en groupe s'adressent généralement
à des agences de voyages et, évidemment, ils imposent, d'une
certaine façon, leurs goûts, enfin leurs objectifs de voyage
à l'agent de voyages qui, lui, est payé sur une base de
commission. Alors c'est entendu que l'agent de voyages va vendre une
destination, en autant que son client est intéressé à
cette destination. Ensuite, que le client voyage en groupe ou voyage
individuellement, cela devient son choix à lui. Mais nous faisons des
efforts des deux côtés, c'est-à-dire que nous avons des
programmes de publicité, des campagnes complètes, alors nous
participons à des expositions, à des séminaires, etc. qui
s'adressent à la fois à l'individu, c'est-à-dire au
consommateur, et d'autres programmes qui s'adressent à l'industrie
touristique, c'est-à-dire aux intermédiaires entre la destination
touristique, qui est peut-être le Québec, et le consommateur chez
lui, c'est-à-dire le grossiste, l'agent de voyages grossiste, l'agent de
voyages détaillant. Nous avons des programmes qui s'adressent aux
deux.
M. Grenier: Sur cette question, M. le Président, si vous
le permettez, M. le ministre, M. Roy, vous avez une annonce, je ne sais pas si
c'est vous qui êtes responsable de cela, une annonce qui prend une allure
négative. Elle circule sur les ondes et à la
télévision. Ce n'est pas du nouveau, on l'a entendu, la madame
qui dit: Ah c'est du Pepsi, je pensais que c'était du Coca-Cola, ou bien
cette annonce américaine des automobiles aussi. Moi il me semble que
cela ne me plaît pas d'entendre, dans une annonce: N'allez pas à
Old Orchard, cette année, on visite le Québec.
Il me semble qu'il y a moyen d'être plus positif que cela, puis je
me demande si c'est tellement rentable que d'être négatif dans une
annonce.
M. Duhaime: D'accord, il s'agit d'une campagne, M. le
Président, qui se déroule selon deux phases. J'aimerais vous
expliquer d'abord que le marché québécois est le
marché le plus important pour nous, parce que c'est le marché qui
nous rapporte les revenus les plus volumineux, les revenus touristiques pour le
Québec. C'est un marché.
M. Grenier: Vous dites les plus volumineux en argent, pas en
personne?
M. Duhaime: En argent. M. Grenier: Très bien.
M. Duhaime: Oui. Notre concurrent le plus fort au Québec,
actuellement, et vous savez que le tourisme est un marché très
compétitif, c'est évidemment les Etats-Unis. Les chiffres que
nous avons et que nous avions, avant de préparer cette campagne, nous
indiquaient qu'en 1975, par exemple, 2,5 millions de Québécois
sont allés passer des vacances aux Etats-Unis, alors que deux millions
d'Américains ou à peu près, à quelque mille
près, sont venus au Québec. Donc, en termes de nombre de
touristes, en ce qui concerne l'échange Québec-USA, nous sommes
déficitaires à ce niveau.
Donc c'est entendu que les Etats-Unis étaient notre plus fort
compétiteur. De plus, de ces 2,5 millions, 50% de
Québécois passent leurs vacances dans les Etats de la
Nouvelle-Angleterre, c'est-à-dire aux environs de 1 250 000 dans les
Etats de la Nouvelle-Angleterre seulement, en été,
également. Vous savez que toute publicité a pour but de modifier
un comportement en faveur du produit ou du service qu'on a à lui vendre.
En l'occurrence, il s'agissait d'un produit du Québec comme destination
touristique.
C'est une campagne en français qui s'adressait aux
Québécois et qui avait comme objectif, carrément, de les
inciter à passer leurs vacances au Québec plutôt que
d'aller les passer ailleurs, en leur démontrant que nous avions au
Québec des substituts, en termes de produits de vacances, qui n'avaient
rien à envier aux autres auxquels ils sont davantage habitués. Je
ne vous cacherai pas que la campagne visait plus particulièrement les
Québécois donc, en raison des statistiques que je vous ai
formulées, les Québécois qui allaient ou qui vont toujours
passer leurs vacances dans les Etats de la Nouvelle-Angleterre.
On peut prétendre que l'approche a été
négative. Elle a été en tout cas audacieuse. La
première phase de la campagne avait pour but de modifier un comportement
qui était celui dont je viens de parler, c'est-à-dire des
Québécois qui vont passer leurs vacances en Nouvelle-Angleterre.
Et la deuxième phase de la campagne, qui débutera le premier juin
a pour but, elle, de mettre davantage en évidence les substituts que
nous avons à offrir à ces Québécois, ici au
Québec exactement.
Quant à l'approche elle-même, je pense qu'on fait une
erreur lorsqu'on prend une annonce commerciale musicale et chantée par
surcroît, c'est une espèce de fresque lyrique, et qu'on essaie de
décortiquer mot à mot et de s'attarder trop longuement à
la signification même du texte. C'est un peu comme une peinture. C'est
une poésie, c'est lyrique. C'est du lyrisme évidemment. Dans la
même chanson, vous avez remarqué qu'on dit qu'on a tous un oncle
à Baie-Saint-Paul alors qu'on sait bien que cela n'est pas vrai, on n'a
pas tous un oncle à Baie-Saint-Paul. On n'a pas tous une cousine en
Gaspésie non plus. Mais cela passe bien parce que c'est une figure,
c'est une image. Et lorsqu'on dit qu'on ne va pas à Old Orchard et qu'on
n'attendra pas en ligne aux lignes avant Plattsburg, c'est une rime lyrique et
encore là c'est une image qui est lancée. Il ne s'agit pas d'une
déclaration publique. Il ne s'agit pas non plus d'une narration lue
à la radio. Il ne faut pas soustraire ces mots-là du contexte
auquel ils appartiennent, c'est-à-dire un contexte musical et
poétique. C'est dans ce sens-là que nous avons agi. Lorsque je
dis nous, je parle du comité de cinq personnes, formé de deux
personnes du ministère et de trois de l'extérieur du
ministère qui ont eu à se prononcer sur cinq propositions qui ont
été faites pour cette campagne par autant d'agences. Ce sont
toutes des personnes qui sont reconnues pour être des experts en
publicité et personne dans ce comité, entre autres, n'a
interprété ce message comme étant un message
négatif, pas plus que nous au ministère, et nous en sommes
convaincus.
M. Grenier: Vous êtes membre du cabinet du ministre
ou...?
M. Duhaime: Non, je ne suis pas membre, je suis le directeur de
la commercialisation.
M. Grenier: Vous devriez faire un politicien, vous avez l'air
habile pour répondre. Vous passez des messages auxquels on ne
s'attendait pas. Votre marché, vous parlez d'été, mais
vous n'avez pas mentionné celui d'hiver. Si on regarde dans votre
rapport à la page 16, cela a l'air d'être difficile à
vendre les hivers du Québec comparé aux hivers étrangers.
D'après les lettres reçues, comment pouvez-vous expliquer cela,
pourquoi y a-t-il l'air d'y avoir un manque d'intérêt pour les
hivers québécois, alors qu'ailleurs c'est autre chose?
M. Duhaime: Je ne comprends pas votre question. Je regrette, vous
dites...
M. Grenier: II semble qu'il y ait 21 réponses...
M. Duhaime: C'est parce qu'on dépense moins d'argent pour
l'hiver...
M. Grenier: Je ne sais pas. C'est ce que je veux savoir. Il
semble que les réponses...
M. Duhaime: On en dépense moins parce que c'est plus
facile à vendre justement. Surtout avec le dernier qu'on a eu. On a
vraiment eu un hiver extraordinaire en termes de neige.
M. Grenier: Est-ce que vous avez plus de facilité à
attirer le touriste ici l'hiver que l'été.
M. Duhaime: Non, il vient plus de touristes l'été
parce que, comme M. le ministre vous l'expliquait tout à l'heure, la
majorité des touristes, 72%
pour être exact, américains vient en automobile. L'hiver il
faut comprendre que la situation est un peu diffirente et en raison de la
température et du climat que nous avons. Les gens font davantage appel
aux moyens de transport en commun et achètent davantage ce que nous
appelons des voyages à forfait. C'est bien entendu que le produit
vedette du Québec en hiver c'est le ski.
M. Grenier: Oui, d'accord.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Portneuf.
M. Pagé: Si mon collègue le permet je voudrais
terminer sur cette question. Pour la campagne de publicité
l'été, je suis d'accord avec mon collègue de
Mégantic-Compton. Dans la publicité dite strictement commerciale
il est de mise, il est accepté depuis déjà un bon bout de
temps que la publicité comme telle témoigne de beaucoup plus
d'agressivité entre les concurrents. On n'a qu'à regarder ce qui
se passe dans l'automobile où on compare des Chevrolet avec telle autre
marque, les liqueurs et tout cela, les 604 de Peugeot avec les Mercedes et tout
cela. Mais par contre dans une publicité de services, ce n'est
généralement pas de mise d'accord vous avez admis tout
à l'heure que vous aviez innové. Dans une publicité de
services, par surcroît entre des provinces ou des pays, il n'était
pas de mise peut-être me direz-vous que l'interprétation
que j'en ai n'est pas bonne, mais c'est la mienne de se valoriser en
dévalorisant ou presque le concurrent. Cela a été...
M. Perron: II ne faut pas faire de peine aux
Américains.
M. Pagé: Non, ce n'est pas la question. Je parle
strictement d'éthique en publicité touristique. Je pense que
c'est généralement admis partout cela.
M. Roy pourra nous le confirmer. Je ne parle pas des Américains,
je ne parle pas du Canada et tout cela. Si vous voulez entamer ce débat
vous l'entamerez, mais ma question a son droit. Elle est légitime dans
les circonstances. Cette campagne a quand même suscité des
commentaires. Je voudrais savoir du ministre, tout au moins, ses
considérations là-dessus. Il va me les exposer. Je voudrais
savoir s'il entend continuer cette campagne telle qu'elle est amorcée
actuellement. C'est simplement ce que je veux savoir.
M. Duhaime: En fait vous posez une question à partir d'une
prémisse qui est fausse. Vous dites que cette campagne a des
éléments négatifs. Je vous dis qu'il n'y en a pas.
M. Pagé: Elle est interprétée comme ayant
des éléments négatifs.
M. Duhaime: Si vous lisez la Tribune aux lecteurs, il y a entre
autres une lettre de l'ancien dé- puté d'Anjou, qui est d'accord
avec votre proposition.
M. Pagé: Je ne dis pas qu'elle n'est pas bonne. Elle est
très bonne la campagne. Je l'ai écoutée. C'est très
bien fait, mais c'est le principe.
M. Duhaime: C'est parce que vous me paraissez vouloir rechercher,
à l'intérieur d'un message publicitaire, qu'en bon
Québécois je trouve "au boutte" et qui est très dynamique,
ce qui n'a pas été décidé par le ministre dans sa
conception comme message. Je vous ai expliqué tout à l'heure que
cette année, au ministère, on avait changé le formule. On
a fait appel à des experts; on a constitué un jury. La campagne
va bon train, telle que programmée. Cette campagne va continuer
jusqu'aux premiers jours de juin. Ensuite ce sera un autre volet.
S'il y a quelque chose de négatif, je dirais que cela pourrait
aller dans l'autre sens. J'ai sous la main dans le Montréal Star que je
vais vous citer au texte: "Just mentioning Old Orchard time and time again will
reinforce the idea that it's a good place to go for a holiday". C'est le
commentaire de la chambre de commerce de Old Orchard. C'est audacieux dans le
sens que c'est un risque calculé, mais autant en politique que dans le
tourisme il faut qu'on prenne des risques. Cela fait partie d'un des
éléments du risque dans ce sens que c'est vrai qu'on innove. La
campagne de promotion est plus audacieuse, mais il est de mise, ces
années-ci en tout cas, que le Québec fasse preuve d'un peu plus
d'audace.
M. Pagé: Je vous remercie de vos commentaires. On a
parlé tout à l'heure des campagnes menées aux Etats-Unis.
Ne croyez-vous pas que le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche devrait accentuer et déployer plus d'efforts, compte tenu de
l'augmentation des coûts du tarif aérien entre les Etats-Unis et
l'Europe pour accentuer la promotion de la clientèle de groupe? Est-ce
que cela a été fait? Avez-vous des prévisions à ce
chapitre?
M. Duh aime: Oui. Sur les tarifs il y aurait peut-être une
précision à apporter. Sur les circuits Los
Angeles-Montréal et Los Angeles-Paris, on peut offrir aux Etats-Unis un
voyage à meilleur prix sur Paris que sur Montréal, aussi
étrange que cela puisse paraître.
M. Pagé: Vous parlez de Los Angeles. M. Duhaime:
Oui, je parle du sud. M. Pagé: Parlez-nous du centre?
M. Duhaime: On va parler de n'importe quel point de la côte
ouest des Etats-Unis. Ce qui me parraît important, c'est de faire
connaître le Québec sous son vrai visage. Dans le passé,
par mes expériences personnelles comme voyageur, j'ai toujours eu
l'impression et la conviction que la
projection qu'on faisait du Québec, c'était qu'il
était inclus dans un tout canadien anglophone. Je suis absolument
convaincu que quand on parle du vrai visage du Québec,
c'est-à-dire, une population de langue française et de culture
française, on marque des points parce qu'on se démarque de tous
le continent nord américain. Celui qui voyage est beaucoup plus
attiré par un dépaysement. C'est surtout vrai aux Etats-Unis.
M. Pagé: D'accord, M. le ministre, mais je voudrais,
cependant, ajouter j'en ai parlé dès le début
que vous avez l'habitude, que je considère comme pas bonne, de
toujours vouloir minimiser ce qui s'est fait avant. Ma question était la
suivante; vous l'avez très bien comprise, mais j'aurais aimé que
vous nous fassiez part de la position du ministère là-dessus:
Est-ce qu'il y a un effort particulier qui doit être
déployé? Est-ce que vous entendez vous associer davantage avec
les compagnies aériennes, par exemple, pour avoir des campagnes de
promotion et tout cela? C'est cela, le sens de ma question.
M. Duhaime: Du côté de la clientèle de
groupe, nous avons un accroissement d'efforts très marqué au
niveau de l'approche que nous faisons auprès du marché du
voyage-motivation. Nous avons des programmes qui nous permettent de faire faire
des tournées de familiarisation à des grossistes en voyage, par
exemple, qui veulent venir constater de visu le produit que nous avons à
leur offrir. Dernièrement, nous avons eu l'occasion de recevoir, un
après l'autre, les plus importants grossistes américains en
voyage-motivation. Nos efforts se poursuivent avec ces gens et nous allons
être en mesure de publier dès l'automne et c'est une
première en Amérique du Nord un manuel de
voyage-motivation qui s'adresse justement non seulement aux grossistes qui
offrent des voyages de motivation à des compagnies qui sont leurs
clientes, mais également aux clients qui s'occupent de leur programme de
voyages-motivation eux-mêmes.
C'est un effort considérable et qui va sûrement nous
permettre d'accaparer une part normale du marché de $1,5 milliard qui
existe aux Etats-Unis dans le domaine du voyage-motivation. D'autre part, pour
ce qui concerne la clientèle individuelle là, je ne
voudrais pas sectionner parce que, lorsqu'on parle de clientèle
individuelle de tourisme de vacances, on touche également à celle
qui va choisir de venir en groupe, lorsqu'on lui vend la destination le
ministre a parlé, tout à l'heure, d'un accroissement
budgétaire de l'ordre de $1,2 million que nous avons eu cette
année. Pour autant que les Etats-Unis sont concernés, il y a une
partie de ce montant, soit exactement $360 000, qui sera affectée aux
Etats-Unis à notre campagne printemps-été et
également à notre campagne d'hiver qui s'adresse aux
consommateurs directement, mais qui a également des effets sur les
voyages de groupe. Lorsque ces clients se présenteront, par exemple, aux
comptoirs des agences de voyages et réclameront un voyage au
Québec plutôt qu'ailleurs parce qu'ils auront été
sen- sibilisés par la publicité, ils diront qu'ils veulent y
venir en groupe. Nous continuons, évidemment, nos tournées de
familiarisation de grossistes et d'agents de voyages qui viennent au
Québec et qui, constamment, bâtissent de nouveaux circuits
forfaitaires à destination du Québec comme tel et qui sont,
ensuite, revendus à la clientèle par l'entremise des agences de
voyages.
M. Pagé: Vous avez dit tout à l'heure qu'une des
méthodes de sollicitation, c'était la visite au Québec de
grossistes. Quelles sont les autres méthodes de sollicitation qui sont
utilisées par le Québec? J'aimerais être informé
aussi des ressources que nous avons sur place, aux Etats-Unis.
M. Duhaime: Ce qui est peut-être plus intéressant,
c'est de bien connaître le réseau de distribution qui intervient
entre le Québec comme produit touristique et le consommateur chez lui,
à Chicago, ou peu importe. Evidemment, si le client vient en automobile,
le bouche à oreille peut l'influencer directement. Il n'y a pas
d'intermédiaire. Lorsqu'on parle de voyages à forfait, nous avons
ici un produit qui peut être une chambre d'hôtel à
Québec, à Montréal ou ailleurs au Québec et nous
avons, comme intermédiaire, un grossiste en voyages dont c'est la
fonction de mettre sur pied des voyages à forfait, de négocier
les prix avec ceux qui offrent des prestations touristiques au Québec,
qu'ils soient hôteliers, restaurateurs ou transporteurs, bâtir un
voyage à forfait, donc avec un prix et un séjour précis de
X nombre de jours, l'offrir ensuite à une agence de voyages ou à
des agences de voyages qui, elles, l'offrent aux consommateurs.
C'est tout le réseau, si vous voulez, de distribution d'un
produit touristique comme tel. Or, nous avons des tournées de
familiarisation pour les grossistes, pour les inciter à mettre sur pied
des voyages à forfait à destination du Québec. Nous avons
ensuite des tournées de familiarisation pour les agences de voyages,
leur permettant de vérifier le produit du grossiste et d'être en
mesure de bien compléter la vente auprès de leurs
consommateurs.
Nous invitons, également, à une tournée de
familiarisation, des journalistes touristiques qui sont situés dans nos
différents marchés cibles pour les inciter à écrire
des éditoriaux dans leurs magazines, comme celui que vous avez pu voir,
cet été, dans le National Geographic, par exemple, qui est un
article de 30 pages sur le Québec, ou dans des revues comme Signature.
Enfin, des journalistes qui se spécialisent dans la presse touristique
et qui ont une influence très considérable sur les
clientèles de nos différents marchés cibles.
Nous avons d'autres programmes, tels des expositions qui peuvent
s'adresser parfois aux consommateurs directement, en d'autres occasions
à des agents de voyage. Nous avons des séminaires, des
dépliants, des brochures, etc.
M. Pagé: Vous avez toute une gamme de campagnes qui ont
été menées aux Etats-Unis, récemment. Je ne veux
pas faire le tour de toutes
ces campagnes, mais il y en a une sur laquelle je m'interroge
particulièrement, c'est celle qui a été menée en
collaboration avec Air Canada en Californie ou dans le sud des Etats-Unis.
M. Duhaime: Non, vous vous référez probablement
à "Pour voir le ski".
M. Pagé: Pour voir le ski, oui.
M. Duhaime: C'est une campagne qui s'appelle Ski oui...
M. Pagé: Oui.
M. Duhaime: ... qui est une campagne tripartite,
c'est-à-dire à laquelle nous participons financièrement,
Air Canada y participe également, et l'Office du tourisme du Canada y
participe aussi. Nous avons refusé, nous, qu'elle atteigne la Californie
parce que nous ne croyons pas que nous étions prêts pour ce
marché encore, et que nous n'avions pas, non plus, les sommes
disponibles pour investir dans ce marché, au moment où ce
programme a été défini, c'est-à-dire, l'an dernier.
C'est une campagne qui a pour but de promouvoir des voyages à forfait
pour le produit du ski à destination du Québec, en collaboration
avec ces autres partenaires, et qui a été lancée dans les
territoires qu'on identifierait comme le centre-nord-est, par exemple,
c'est-à-dire le mid-west américain et les régions de la
Nouvelle-Angleterre, c'est-à-dire l'est des Etats-Unis.
M. Pagé: Vous menez plusieurs campagnes dans d'autres
provinces du Canada?
M. Duhaime: Dans une seule province autre que le Québec,
c'est-à-dire l'Ontario, pour la bonne et simple raison que c'est
l'Ontario qui nous apporte 80% de la clientèle canadienne au
Québec.
M. Pagé: 80%. Au niveau des congrès. En 1975, on
aurait eu huit congrès de plus au Québec que l'année
précédente, mais une diminution de quelque 11 000 congressistes.
Est-ce que vous pouvez nous dire ce qu'il en est sur l'économie en
général, en 1976, et quelles sont vos prévisions pour
l'année 1977?
M. Duhaime: La diminution du nombre de congressistes est une
tendance qui ne s'est pas remarquée uniquement au Québec, mais
partout à travers le monde. C'est-à-dire que les compagnies
continuent à tenir des congrès, mais il y a moins de
participants. Quant à l'année qui vient, qui se présente,
c'est bien sûr que nous sommes affectés par la loi
américaine sur l'impôt. C'est également pour cette raison
que nous ne diminuerons pas nos efforts en termes de sollicitation de
congrès. Mais pour cette année, nous n'ajouterons pas aux efforts
que nous faisions déjà, pour être toujours présents
dans le marché du congrès, au cas où, un moment
donné, cette loi serait modifiée, et pour qu'en termes de
destination de congrès, nous demeurions toujours sur la carte. Enfin,
nous croyons que nous pouvons quand même nous attaquer à des
entreprises que la loi oblige à tenir des congrès à
l'extérieur des Etats-Unis. Et nous allons concentrer nos efforts
particulièrement dans ce secteur pour augmenter nos efforts du
côté du voyage motivation en vue de compenser un peu pour la perte
que nous poumons subir en raison de cette loi.
M. Pagé: D'accord, je vous remercie. Parlant de
congrès, M. le Président, M. le ministre a fait une
conférence de presse, la semaine dernière, laquelle a
été suivie de plusieurs questions en Chambre, tant de
l'Opposition officielle que de l'Union Nationale aussi, si ma mémoire
est fidèle, et dans laquelle il a été annoncé que
le Centre des congrès, à Montréal, c'était tout
à fait réglé et que les travaux commenceraient dès
l'automne. On avait même cité la fin de septembre prochain.
On a eu un échange de questions et réponses, en Chambre,
mais j'aimerais bien avoir des précisions là-dessus, quitte
à ce que le ministre se répète un peu.
Le ministre a déclaré, si on a bien compris, que le centre
des congrès c'était réglé, que les travaux
débuteraient en septembre. Par contre le choix des terrains
n'était pas retenu, le mode de gestion n'était pas
définitif encore, mais le coût semblait certain. On a parlé
de $60 millions d'investissement. J'aimerais avoir des prévisions
là-dessus, savoir quel est l'échéancier que le ministre
s'est fixé. Il y a quand même des éléments qui ne
sont pas définitifs encore, comme la gestion, par exemple. Je suis
certain que l'occasion qui est offerte au ministre aux crédits est
probablement la meilleure pour compléter la réponse qu'il a eu
à nous donner lors de la période des questions.
M. Duhaime: II est bien clair maintenant qu'un centre de
congrès sera construit à Montréal. Dans
l'échéancier normal, nous devrions commencer les travaux en
septembre. Je sais que beaucoup de questions sont venues de l'Opposition, ce
qui n'était pas imprévu d'ailleurs, quant au site, quant au
financement, quant à la gestion.
Je répète simplement ce que j'ai dit. Nous étudions
actuellement les sites et plusieurs des sites étudiés sont
directement reliés au financement. Je pense que tout le monde comprendra
qu'il serait peut-être trop tôt pour déballer les dossiers
qui sont à l'étude au ministère du Tourisme
là-dessus.
M. Pagé: Cela, on le comprend et on abonde dans le
même sens que vous.
M. Duhaime: L'interrogation se pose quant au financement,
à partir de déclarations qui ont été faites par au
moins deux ministres du gouvernement fédéral, à l'effet
qu'un centre de congrès était envisagé comme étant
un projet moteur entre autres, si je me rappelle bien l'expression. J'ai eu
l'occasion de déclarer à l'Assemblée natio-
nale et je le répète à ce jour, cela
n'a pas eu de suite.
M. Pagé: SI vous me permettez, lorsqu'on avait posé
des questions au lendemain de la déclaration entre autres du ministre
Ouellet, vous aviez répondu: J'entends bien aller sonder les Intentions
réelles du gouvernement fédéral, notamment en ce qui
concerne le centre des congrès de Montréal. J'aimerais savoir ce
qui a été fait pour aller sonder leurs intentions ou ce que vous
entendez faire.
M. Duhaime: Vous allez comprendre que le centre de congrès
dont le coût de construction est évalué à $60
millions approximativement, en tenant compte de la marge quant au terrain, cela
a été introduit dans l'entente qui est en négociation
à l'heure actuelle, avec le gouvernement fédéral, entente
quant au tourisme. Je dois vous dire que, jusqu'à ce soir, nos
interlocuteurs fédéraux ont été fort occupés
à autre chose, semble-t-il, de sorte que...
M. Pagé: Avec des résultats positifs.
M. Duhaime: Je dois dire avec des résultats positifs sous
réserve de voir toute l'ampleur de ce qui s'est produit aujourd'hui,
pour prendre un peu de recul. Je souhaite en tout cas que cela ne reste pas une
simple déclaration. Cela aussi est directement relié au
financement.
J'ai eu l'occasion de le dire et je le répète, qu'il y ait
participation fédérale ou non, le centre de congrès sera
construit.
Il reste la question de la gestion. C'est surtout là-dessus que
je me suis attardé aux Etats-Unis, lorsque j'ai eu à rencontrer
les administrateurs de centres de congrès américains. J'ai
résumé les trois formules récemment, à
l'Assemblée nationale. Soit que ce soit administré par
l'entreprise privée, ou par le gouvernement du Québec, ou encore
selon une formule mixte de gestion qui pourrait déboucher sur la mise
sur pied d'une corporation sans but lucratif, par exemple, et qui pourrait
l'administrer avec son conseil d'administration, etc.
En termes d'échéancier un peu plus serré, nous
allons procéder ces prochains jours à l'embauche de consultants
pour nous donner l'expertise technique sur des sites que l'on retient comme
valables et, par la suite, une fois le site retenu, très probablement
que le financement se réglera en même temps. Je compte bien qu'il
est réaliste de penser qu'en septembre on devrait commencer les travaux.
Cela me paraît très important que Montréal prenne sa place
sur ce marché parce qu'à ma grande surprise, à Los
Angeles, au mois de mai 1984, on est bouclé, autant au centre des
congrès du centre-ville ou de la ville de Los Angeles, parce que le
centre n'est nulle part dans ce coin-là, qu'au centre de congrès
de Anaheim, tout près de Disneyland. Ce sont des programmations sur
trois, quatre, cinq, six ou sept ans.
Quant au problème que soulevait M. Roy tout à l'heure, il
est entendu que ce que nous pouvons subir comme perte à cause de la
législation américaine, nous pouvons nous attendre à le
retrouver dans la promotion que l'on fait sur le voyage-motivation. Il reste
que sans centre de congrès, Montréal est limitée. Si ma
mémoire est bonne, je pense que c'est l'hôtel Reine-Elizabeth qui
peut recevoir jusqu'à 2400 congressistes, mais dans des pièces
différentes reliées par un circuit fermé de
télévision. Il existe une part très grande du
marché des congrès pour des congrès supérieurs
à 2500; je parle de congrès de 5000 à 6000 personnes.
Entre autres, à Boston, on projette de construire un centre pour
recevoir les congrès de cette taille. Quand on est en Amérique du
Nord, à peine à une heure d'avion d'un centre de population
très important, tant New York que la Nouvelle-Angleterre et un peu plus
loin, je pense qu'il est normal que Montréal s'inscrive dans le circuit
des grands congrès internationaux. Pour nous, c'est entendu que c'est
principalement américain.
M. Pagé: D'accord. Une toute dernière question au
sujet du centre des congrès. Je voudrais savoir jusqu'où
c'est présentement étudié, cela a d'ailleurs
été confirmé par le ministre de l'Industrie et du Commerce
le projet, tel qu'annoncé la semaine dernière, s'inscrit
dans le cadre d'un projet global où on pourrait retrouver un centre
international du commerce et de l'industrie.
M. Duhaime: J'ai eu l'occasion de le déclarer au moins
à deux reprises. Le fait d'aller de l'avant avec le centre de
congrès n'exclut en aucune manière que l'on puisse dans un avenir
prévisible et j'espère le plus court possible
arriver à une décision quant à l'opportunité de
mettre sur pied à Montréal un centre international de commerce.
Maintenant, les études là-dessus ne sont pas mûres, si je
puis dire, et il est entendu que dans le choix du site nous allons
prévoir un espace pour être en mesure d'y loger
éventuellement un centre international de commerce.
M. Pagé: D'accord, parce qu'il est acquis pour le
gouvernement que cela...
M. Duhaime: Parce que cela se combine. On parle beaucoup des
congrès, mais il y a un hall d'exposition de 100 000 pieds carrés
qui est prévu et cela vient s'intégrer parfaitement avec la
vocation d'un centre international de commerce pour Montréal.
M. Pagé: D'accord. M. le Président, si mon
collègue de Mégantic-Compton a des questions sur le même
sujet, j'en aurai d'autres sur des lois qui sont présentement en
préparation.
M. Grenier: Je vais essayer d'utiliser la dernière
demi-heure, étant donné que cela fait une heure environ que
l'Opposition libérale pose des questions. C'est un sujet sur lequel on
peut poser à peu près n'importe quelle question. On peut en-
tretenir la discussion banalement pendant des heures, ce qui
n'intéresse personne, et on peut réussir cela tant qu'on le
veut.
Je ne voudrais pas utiliser tout mon temps pour faire cela, mais je
voudrais poser des questions qui peuvent intéresser le public, qui
peuvent nous intéresser.
Dans votre rapport ici, vous parlez de sept salles permanentes, puis de
seize kiosques; on retrouve cela à la page 20 de votre rapport. C'est
bien sûr que le ministre a certainement l'intention d'augmenter ce
nombre, mais est-ce que vous trouvez que c'est suffisant, ces sept salles
permanentes qu'on a là, comme accueil au Québec?
Le Président (M. Marcoux): Peut-être que c'est plus
au programme 4, mais si on veut y répondre tout de suite.
M. Grenier: Le programme 4. C'est parce qu'on n'arrivera pas au
4, je ne le pense pas. On va finir notre temps pour les crédits avant de
touche/ au programme 4.
M. Duhaime: On n'a pas objection à ce qu'on plonge dans le
4. Il y en a 7.
M. Grenier: Oui, c'est cela; j'ai vu cela qu'il y en avait 7.
Mais je voulais vous demander si vous trouviez que c'était suffisant
pour les besoins.
M. Duhaime: Vous avez parlé des salles permanentes. Je
pense qu'il faut ajouter, M. le député de
Mégantic-Compton, qu'il y a aussi des kiosques touristiques qui existent
il y en a une centaine au Québec et qui sont tantôt
exploités par une chambre de commerce ou par une association quelconque
et, dans beaucoup de cas, le ministère du Tourisme apporte une
contribution en termes de subvention.
M. Verreault: Quelle est la contribution du ministère?
M. Duhaime: Vous parlez de quel cas en particulier?
M. Verreault: Des offices de tourisme qui oeuvrent ici au
Québec. Vous disiez qu'il y en avait une centaine tout à
l'heure.
M. Duhaime: En fait ce qui a été retenu
jusqu'à présent correspond à peu près à 40%
des salaires payés pour la tenue des kiosques touristiques. C'est une
norme qui, peut-être, cloche comme toutes les normes.
M. Verreault: Est-ce que cela va avec la participation des
municipalités?
M. Duhaime: Tantôt des municipalités, tantôt
des chambres de commerce, tantôt des organisations sportives.
M. Verreault: Ce que je veux dire précisément,
c'est que, si la municipalité investit dans un office de tourisme
quelconque un montant X, est-ce que cela influence votre ministère
à donner davantage?
M. Duhaime: Cela aide énormément, quand on sent que
le milieu est intéressé à avancer des dollars pour
l'accueil du tourisme en termes d'installations.
M. Grenier: Le ministre est plus sensible ensuite à
appuyer les efforts locaux.
Vous avez maintenant, toujours à la page 20, des bureaux
saisonniers, des haltes routières.
M. Duhaime: Quand vous dites à la page 20, vous vous
référez aux activités de l'année dernière.
C'est cela?
M. Grenier: Oui, c'est cela. Je fais appel à cela pour
savoir s'il y aura amélioration là-dessus. Vous parlez de bureaux
saisonniers et de haltes routières situés près des
frontières du Québec. Est-ce que vous entendez
généraliser ces bureaux d'information, ces haltes
routières? Pensez-vous que c'est rentable et que cela en vaut la
peine?
M. Duhaime: La rentabilité n'est jamais facile à
chiffrer. Un bon kiosque d'information touristique, à la
frontière entre autres, je devrais dire à toutes les
frontières, quand c'est bien fait, c'est nécessairement rentable,
d'après moi. On ne sera jamais capable d'établir que tel kiosque,
à tel err-droit, pourrait rapporter X dollars en activités
touristiques. Je pense que tout le monde l'admet, mais il est bien certain que,
si on en avait un plus grand nombre, ce serait certainement meilleur.
M. Grenier: Est-ce qu'il existe au ministère un
comité de planification je ne sais pas si cela peut être
fait par des gens de l'OPDQ qui voit aux besoins? On sait que, dans
plusieurs ministères, ce sont les plus gros feux qu'on éteint,
mais il semble que cela devrait être au Tourisme. Quand on a
visité d'autres pays un peu, on se rend compte combien de points ne sont
pas exploités au Québec.
Est-ce qu'il y a quelqu'un ou un comité au ministère qui
se penche sur ce problème puis qui n'attend pas seulement les demandes
des villes ou des comités pour savoir qu'on devrait investir des sommes
dans tel secteur ou dans tel coin de la province?
M. Duhaime: Dans l'organigramme de la réorganisation du
ministère, je ne sais pas si vous l'avez noté, un nouveau poste a
été créé, c'est une direction de la planification
qui aura très certainement à travailler là-dessus.
Il est évident, je suis d'accord avec vous, qu'il va falloir
qu'on planifie davantage nos efforts, qu'on les synchronise et qu'on stimule
dans diverses régions du Québec l'effort du milieu. Cet effort,
même en très peu de temps, on a commencé à le
susciter en mettant sur pied des bureaux ré-
gionaux de tourisme; je pense, entre autres, à celui qui a
été mis sur pied dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Dans la Mauricie, on l'a accroché provisoirement avec le CRD.
C'est un des objectifs du ministère de faire en sorte que, dans chaque
région touristique du Québec, on puisse avoir une collaboration
et une contribution régionale.
M. Verreault: M. le Président, ce dont vous parlez, est-ce
que c'est administré par votre ministère ou par des organismes
indépendants?
M. Duhaime: Je viens tout juste de mentionner que nous avions
suscité la mise sur pied. Ce n'est pas administré par le
ministère, ce sont des organismes régionaux qui reçoivent
une subvention.
M. Verreault: Au même titre que les autres organismes.
M. Grenier: Vous avez parlé ici de l'Office du tourisme,
on déclare aussi, dans la Voix de l'Est: "Le ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche a toutefois affirmé que son ministère
a bel et bien l'intention d'introduire une plus grande justice dans la
région dans le domaine du tourisme." Quand on parle de régions,
parfois c'est assez grand. Vous allez me donner deux, trois minutes et
m'écouter, et il y a bien des fonctionnaires qui sont ici.
J'ai eu l'occasion de visiter le Québec comté par
comté, physiquement, au moins trois fois. Je suis descendu dans chacun
des comtés de la province au moins trois fois. Par devoir, par
obligation politique. Après cela, je suis allé dans plusieurs
grands centres, à plusieurs reprises, en plus de cela. Si vous voulez de
l'information sur certains coins que vous n'avez pas visités, vous me le
direz et on veillera ensemble, un soir. Je dois vous dire, M. le ministre,
qu'avec tout ce qu'on entend dire sur la Gaspésie, sur les
Iles-de-la-Madeleine, sur la Côte-Nord, sur votre région, sur
l'Outaouais, sur l'Abitibi et sur les Cantons-de-l'est, sur Montréal et
tout cela, il y a une région dans tout cela qui est à
l'intérieur des Cantons-de-l'est, c'est la mienne. Je veux que vous
veniez voir cela.
Je veux que vous veniez voir ce coin où il n'y a peut-être
jamais eu un centième de votre budget qui a été
dépensé. Vous vous rendrez compte que dans une région
comme la nôtre, il n'y a pas une voie routière valable, tout
arrête à Sherbrooke. Il n'y a pas de programmation de routes. Tout
va arrêter à Saint-Georges-de-Beauce et se diriger vers les
Etats-Unis. Vous avez là un comté qu'on a qualifié de
petite province et même de petite France à un certain moment,
quand on a fait la répartition de la carte électorale. Qui part
des frontières de Sherbrooke et se termine à
Saint-Georges-de-Beauce. Il n'y a pas de voie carrossable là-dedans pour
aucune industrie lourde. Il n'y a rien de possible et il n'y a aucune
programmation d'un plan quinquennal. Vous verrez au ministère de la
Voirie.
Dans une région comme celle-là, montagneuse, si vous
faites le calcul, le pourcentage d'assistés sociaux et de
chômeurs, je n'ai besoin d'aller voir nulle part, on dépasse
toutes les régions du Québec. Il y a des villages presque
entiers, je ne dirai pas entiers parce qu'il y a des gens qui seront
blessés, il y a des villages à 95% sur le bien-être social
dans cette région. Il y a peut-être bien des gens qui sont surpris
d'entendre cela. Un comté de 54 municipalités, vous me direz
combien il y en a, de comtés comme cela, dans le Québec. J'aime
bien le comté de mon collègue, le député de
Duplessis, mais son comté est en bordure du fleuve.
Il n'y a pas un coin qui ne soit pas habité, dans mon
comté. On est dans les Appalaches, on est dans le mont Mégantic.
Les cultivateurs sont dans une pauvreté extrême. Il n'y a pas de
gros fermiers dans ce coin, ou à peu près pas, et il n'y a pas de
grandes cultures reconnues. Parlez-moi de mes villages. Quand je vous parlerai
des villages de mon comté, cela va surprendre pas mal de monde
d'entendre parler de villages comme Val-Racine, Notre-Dame-des-Bois, de
Chartierville. D'où sort-il, où a-t-il pris cela? 54 petites
municipalités.
Ce sont des gens qui n'ont pas d'aide et qui n'ont pas de moyen de se
faire aider. Ils font une demande à votre ministère, et si on dit
non, cela finit là. Quand je vous dis qu'il devrait y avoir un
comité de planification , c'est pour venir voir ce qui se passe dans une
région comme celle-là.
Je suis tanné, je vais vous le dire, je suis tanné
d'être, ici à Québec, un colporteur de demandes de ces
gens, de demandes des municipalités et de demandes des associations de
chasse et pêche. J'en ai des piles et des piles. A un moment donné
ces gens ne savent plus où envoyer leurs demandes. Est-ce au
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche? Est-ce au
ministère de l'Education? Est-ce au ministère des Affaires
culturelles? Et je vous en donnerai des exemples.
Il y aurait lieu de venir sur place. On parle de la région de
Sherbrooke et vous envoyez des délégations dans la région
de Sherbrooke. On a encore eu un exemple vivant la semaine passée devant
le ministère des Affaires sociales; un journaliste a écrit le
lendemain: Le député Grenier fait une sortie en furie, ou quelque
chose comme cela. J'ai donné la preuve le lendemain que, quand on se fie
à un groupe qui est formé à Sherbrooke majoritairement, il
ne se préoccupe à peu près pas de ce qui peut se passer
à Lac-Mégantic.
Je vous mettrais en garde contre ces grandes régions. Venez voir
ce qui se passe dans les sous-régions comme les nôtres qui sont
vraiment délaissées et dépourvues. Quand je vois que le
ministre annonce qu'il va faire chez lui, à Saint-Maurice, un centre
d'accueil, je ne doute pas que c'est un besoin. Je n'en doute pas un instant.
J'ai visité la région et je sais combien la Mauricie est
importante.
Je vous demande de grâce d'envoyer quelqu'un voir ce qui se passe
dans notre coin. Un coin à l'état sauvage, le lac Aylmer, le lac
Saint-François, le lac Mégantic. Ce sont tous des lacs dans mon
comté si vous ne le saviez pas. Il n'y a pas de développements
importants de prévus.
Le parc Frontenac s'en vient. On aura l'occasion d'en discuter avec mon
collègue, le député de
Frontenac. Il faudra voir ce qu'on peut faire là-dedans. Du
côté de la main-d'oeuvre on a besoin de grands
développements. Je vous demande une chose. C'est de tenter de mettre sur
pied un comité et d'investir dans notre région. Cela presse.
C'est une belle région dans le Québec. Il n'y a aucune
planification dans le secteur routier. Il n'y a à peu près rien
de possible dans les grandes industries. C'est le tourisme qui va sauvegarder
notre région.
Je ne veux pas en dire plus long, mais j'espère avoir
attiré votre attention. On a déjà été le
gouvernement. J'ai même été à ce ministère
pendant quelques mois. Ce n'était pas mon secteur. Le mien
c'était les loisirs mais, si j'avais été
réélu à ce moment, c'est là que j'aurais mis
l'accent dans la région de chez nous. Je ne vous le cache pas parce
qu'à visiter tout le Québec il n'y a rien de pire. Il n'y a rien
de pire que ce qui se passe chez nous. Il n'y a personne qui soit capable de
faire des demandes sérieuses dans le moment et les conduire à bon
port, avoir l'appui des fonctionnaires dont ils ont besoin.
Suite à cela, je voudrais vous poser... Dans votre rapport
annuel, excusez, oui...
M. Duhaime: Je voulais vous dire que je ne sais pas si je peux
appeler cela un plaidoyer pro domo.
M. Grenier: C'est cela que j'allais vous proposer.
M. Duhaime: ... mais, connaissant votre gentilhommerie, je ne
déléguerai personne, j'accepte votre invitation d'aller vous
visiter dans votre comté. Je ne garantis pas qu'on va faire le tour des
54 municipalités.
M. Grenier: Je ne vous le demanderai pas.
M. Duhaime: Le phénomène que vous soulevez, c'est
celui des sous-régions, jusqu'à un certain point, qui très
souvent vivent de la prospérité ombrageuse des plus grandes.
Je peux vous dire, étant d'une région et même d'une
sous-région, que je comprends vos inquiétudes. Vous avez
soulevé beaucoup de choses. Vous allez admettre avec moi qu'il y a des
points qui ne sont pas de la juridiction du ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche, entre autres le réseau routier.
Vous devez sans aucun doute regretter ces années où vous
étiez à la barre. Je prends votre invitation au pied de la lettre
et sur le banc.
M. Grenier: Ce que je vous dirais, c'est que... M. Duhaime:
On ira voir votre comté.
M. Grenier: Je vous remercie et je suis sûr qu'on
s'entendra sur une date. Je ne voudrais pas penser faire peur et jouer au
Bonhomme Sept Heures, ce n'est pas cela, mais quand on se fait rouler et qu'on
sait que, chez nous, tout ce qui peut être amené, ce sont des
institutions touristiques et que, dans le domaine des Affaires sociales,
où on peut être aidé on voit des fonctionnaires qui se
penchent si peu sur nos problèmes, dont le ministre n'a même pas
eu connaissance, qu'ils sont en train de nous fermer des lits dans nos
hôpitaux, chez nous, à 65 milles du premier centre, qu'on se fiche
de cela... Je l'ai dit devant lui, il y a des fonctionnaires qui se font un
plaisir à faire battre des députés dans la région
parce que le ministre ne voit pas clair dans ce qui se passe dans son
ministère. Ils le font exprès, et puis ce sont de grandes
politiques générales qu'on applique partout. J'espère que,
dans votre ministère, ce n'est pas la même chose.
M. Duhaime: Ah! Bien non!
M. Grenier: Et ce qu'on a dit de vous, je pense que
c'était sérieux.
M. Duhaime: A mon ministère, M. le député de
Mégantic-Compton, les fonctionnaires voient clair et le ministre
aussi.
M. Grenier: Continuez comme cela, je vous le souhaite. Non, je
n'ai pas été longtemps, mais assez longtemps pour savoir qu'il y
avait des gens disciplinés, des gens qui avaient un contact direct avec
le ministre. Cela, je me le rappelle encore. Je voudrais bien que ce soit la
même chose dans chacun des ministères, mais on ne peut pas le
demander parce qu'il y en a qui ont des budgets si considérables qu'il y
a des décisions qui se prennent en arrière, sans que tout le
monde en ait connaissance. Mais dans une région aussi
éloignée, pour nous, un hôpital, c'est quasiment une
industrie, et quand on s'acharne contre lui et qu'on veut le traiter comme
l'hôpital de Rosemont, qu'on fait perdre là-dedans les lits dont
on a; besoin, cela ne vous concerne pas, mais cela vous rendra plus sensible
à notre cause quand vous verrez les problèmes qu'on peut
avoir.
A la suite de tout cela, j'aimerais savoir, quant à votre
rapport, encore une fois, si le ministre pourrait expliquer le petit nombre
d'exemplaires qui a été distribué et qui touchait, par
exemple, les aspects du Québec, le sud du Québec, le
Saguenay-Lac-Saint-Jean, le Nord-Ouest du Québec. Est-ce qu'il y a un
manque d'intérêt de la part des gens qui demandent moins dans ce
secteur qu'ailleurs?
M. Duhaime: Exactement.
M. Grenier: C'est la réponse. C'est la même chose,
j'imagine, quand on parle des publications sur nos églises, nos
sanctuaires, ou l'artisanat. C'est encore la même réponse?
M. Duhaime: Exactement.
M. Grenier: J'inclus là-dedans la Place Royale.
M. Duhaime: M. le député, il faudra créer
une demande.
M. Grenier: C'est la même chose pour Place Royale, par
exemple. Quand on y va, on pense qu'il y a bien du monde mais on se rend compte
qu'il n'y a pas beaucoup de demandes, et c'est la même chose pour les
clubs de golf du Québec. M. Duhaime confie à un jury
l'attribution des contrats de publicité touristique, et vous parlez de
la formation d'un jury qui est composé de deux fonctionnaires et
du ministre chargés de la publicité venant du secteur
parapublic et de représentants du marketing venant du milieu
universitaire. Est-ce que cela est prêt?
M. Duhaime: Le jury a été formé, pour les
contrats de publicité de la campagne d'été, de deux
fonctionnaires du ministère et de trois de l'extérieur, qui
analysent la conception de la publicité en fonction des marchés
américains, onta-riens, québécois, etc. Suivant les
thèmes, le jury fait une recommandation, numéro 1, numéro
2, numéro 3, numéro 4, numéro 5.
M. Grenier: Vous êtes libre de prendre la recommandation
qui est numérotée. Si c'est comme le secteur public, il y a
quelques années, on avait le droit de choisir entre les dix
premières recommandations.
M. Duhaime: Je ne veux pas engager l'avenir au-delà du
possible, mais, dans ce qui s'est fait jusqu'à présent, j'ai
suivi la recommandation du jury.
M. Grenier: Non, remarquez bien que ce n'est pas un piège.
Si le ministre a une recommandation pour dix personnes et qu'il a des raisons
pour prendre la huitième, je ne verrais pas pourquoi il prendrait la
première. C'est sa liberté et, si on ne laisse même pas au
ministre le choix et qu'on veut l'accuser de patronage parce qu'on veut le
forcer à prendre le no 1, je pense que c'est tout à fait mauvais.
Mais, vous avez quand même un choix, un éventail qui vous permet
de chosir. Bon, cela va pour tout de suite, je pense bien.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Duplessis, dont...
M. Duhaime: Je dois ajouter que c'est tout à fait
nouveau.
Le Président (M. Marcoux): ... je dois apprécier la
patience.
M. Perron: Merci, M. le Président. Pour être
patient, je me pose la question actuellement. Je voudrais dire,
premièrement, au député de Mégantic-Compton qu'en
ce qui a trait au comté de Duplessis la population ne se trouve pas
seulement sur la côte, mais aussi à Fermont, Gagnon,
Schefferville, Povungnituk, Fort-Chimo, Koartac, Poste-de-la-Baleine, Ivujivik
et je peux continuer...
M. Grenier: Si j'ai omis une dizaine de vos municipalités,
vous me le pardonnerez.
M. Perron: Pour remplir la mission de promotion touristique, au
Québec, il existe un service gouvernemental qui a recours à
diverses activités, par exemple, campagnes publicitaires, publications,
films, tournées de familiarisation, etc. La question est celle-ci:
Est-ce que la méthode pour l'engagement des agences de publicité
est actuellement la même que par les années passées dans
votre ministère?
M. Duhaime: Non, en fait, sous la réserve que formulait
mon collègue, le député de Portneuf, je ne veux rien
minimiser de ce qui s'est fait dans le passé. Ce n'était pas le
déluge, bien sûr, mais, pour ce qui est des agences de
publicité, il est bien certain qu'il n'y avait pas de concours par
jurys.
M. Perron: C'était, en d'autres mots, une forme de
patronage.
M. Duhaime: Beaucoup de gens sont de votre opinion.
M. Perron: Comment se fait le choix actuellement, M. le
ministre?
M. Duhaime: Je vais demander à M. Roy de vous donner
peut-être un peu plus de détails que je ne l'ai fait tout à
l'heure sur les critères utilisés quant aux recommandations qui
sont faites.
J'ai eu l'occasion, il y a quelques années, suite à un
stage à l'Ecole nationale d'administration publique, de rédiger
une thèse de maîtrise sur la gestion du processus publicitaire qui
comportait également des recommandations qui ont été
faites et qui ont été remises d'ailleurs au ministère des
Communications au début de 1975 concernant la sélection des
agences de publicité par un organisme gouvernemental.
Cette sélection est basée sur des critères
d'efficacité et de rendement. Vous savez qu'à l'intérieur
des agences de publicité la concurrence ne se fait pas au niveau du
coût des services qu'offrent les agences, mais au niveau de la
qualité des services qui sont offerts, portant plus
spécifiquement sur trois éléments, à savoir: la
création publicitaire, c'est-à-dire le développement des
concepts de création, deuxièmement, l'élaboration d'une
stratégie des media, et troisièmement, l'équilibre
budgétaire entre la production et le placement dans les media. Ce sont,
en fait, les trois éléments qui constituent le succès ou
l'insuccès d'une campagne de publicité.
C'est sur ces trois éléments que le comité de
sélection qui étudie les propositions faites par les agences se
prononce. Jusqu'à maintenant, pour les campagnes à venir, nous
avons constitué un fichier qui comporte 17 agences de publicité
québécoise qui se sont dites intéressées à
servir les intérêts de notre ministère. Nous abordons le
problème en deux phases de sélection, c'est-à-dire une
présélection sur la base des dossiers, parce que nous ne pouvons
pas demander évidemment à 17 agences de faire des propositions
sur une base
spéculative. Nous faisons une présélection sur la
base du dossier, et selon la décision du comité,
c'est-à-dire du jury de sélection, nous inviterons un minimum de
trois ou un maximum de cinq agences à faire des propositions
concrètes sur les campagnes de publicité à venir,
propositions concrètes qui seront étudiées à partir
des trois critères de sélection que je vous ai mentionnés
précédemment.
M. Perron: Je m'excuse, M. le Président, j'aurais deux
autres questions, peut-être une troisième, est-ce qu'on termine
tout de suite et on reprend demain ou quoi?
Le Président (M. Marcoux): Vous n'avez pas à vous
excuser, allez-y.
Une Voix: On va reprendre demain.
M. Perron: On peut reprendre demain aussi.
Le Président (M. Marcoux): Demain, le président
donnera la parole, dans cet ordre, au député de Duplessis, au
député d'Abitibi-Est, au député des
Iles-de-la-Madeleine et au député de Shefford.
Mme Leblanc: Sans cela on ne parlera jamais.
Le Président (M. Marcoux): Demain.
La commission de l'industrie et du commerce, du tourisme, de la chasse
et de la pêche ajourne ses travaux à demain dix heures.
(Fin de la séance à 22 h 58)