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Etude des crédits du ministère de
l'Industrie et du Commerce
(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, messieurs!
Reprise des travaux, pour l'étude des crédits pour
l'année financière se terminant en mars 1978, de la commission de
l'industrie et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche.
Les membres de la commission sont: M. Biron (Lotbinière), M.
Bordeleau (Abitibi-Est), M. Desbiens (Dubuc), M. Duhaime (Saint-Maurice) est
remplacé par M. Gagnon (Champlain); M. Godin (Mercier), M. Gratton
(Gatineau), M. Grenier (Mégantic-Compton) est remplacé par M.
Dubois (Huntingdon); Mme Leblanc (Iles-de-la-Madeleine) est remplacée
par M. Baril (Arthabaska); M. Mackasey (Notre-Dame-de-Grâce), M. Mailloux
(Charlevoix), M. Marcoux (Rimouski), M. Marquis (Matapédia), M. Mercier
(Berthier), M. Michaud (Laprairie), M. Perron (Duplessis), M. Raynauld
(Outremont), M. Tremblay (Gouin).
Lorsque nous avions ajourné nos travaux, vous étiez rendus
au programme 5, et l'intervenant, à ce moment, était M. le
député de Laprairie.
Société de développement
industriel
M. Tremblay: M. le Président, pourrais-je déposer
un document qui a été demandé lors des séances
concernant le rapport du Conseil général de l'industrie, sur les
sièges sociaux et la langue d'affaires? J'ai ici une copie que je
dépose.
Il y avait aussi, lors de la dernière séance, deux
questions qui étaient demeurées en suspens concernant le
fonctionnement de la Société de développement industriel.
Ces questions portaient sur les nouvelles entreprises et les refus. Si vous le
permettez, je demanderais au président de donner les renseignements
qu'on avait demandés.
Nos statistiques, en fait, nous démontrent que 18% des
interventions de la SDI ont été faites auprès de nouvelles
entreprises et 82% auprès d'entreprises existantes. Pour ce qui est des
refus, sur 227 demandes officielles, il y a 80 refus qui ont été
donnés et 147 ont été acceptées. C'est 35%. Dans
les régions, c'est géographiquement distribué comme les
interventions, c'est-à-dire 44% ou 50% dans la région de
Montréal, et une trentaine dans la région de Sherbrooke, les
Cantons de l'Est, et une dizaine à Québec.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laprairie.
M. Michaud: Merci, M. le Président, à la
dernière rencontre, on a mentionné que la SDI était,
à l'occasion, et même assez souvent, un prêteur de dernier
recours. Etant donné ce fait, est-ce que le taux de mauvaises
créances, si on peut l'appeler ainsi, est plus élevé? A
quel niveau se situe-t-il?
M. Tremblay: Le taux de mauvaises créances de la SDI se
situe quand même au niveau d'à peu près tous les
prêteurs, dans le domaine du financement industriel, c'est-à-dire
aux alentours de 4%, ou à peu près. Les provisions que nous
faisons pour créances douteuses sont du niveau de 6% cette année,
je crois, ce qui est tout à fait normal.
M. Michaud: Ce qui est tout à fait normal, ce qui est
très bon. C'est une opinion personnelle, je trouve cela bon,
malgré les circonstances.
J'ai vu ici que vous avez fait un prêt à l'industrie du
tabac, pour $250 000. Vous rappelleriez-vous, de mémoire, si c'est pour
des producteurs de tabac, ou pour un manufacturier de tabac? Si oui,
lequel?
M. Tremblay: Je ne peux pas vous dévoiler le nom du
manufacturier, parce qu'il s'agit d'un prêt de dernier recours,
justement, mais il s'agit d'un manufacturier de tabac.
M. Michaud: D'un manufacturier de tabac, d'accord. Merci.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Lotbinière.
M. Biron: Lorsque la SDI fait un prêt, comment
procède-t-on habituellement? Le prêt est-il fait sur la même
base qu'une banque à charte ou sur une autre base? Y a-t-il une
étude du contexte social, en plus du prêt ou de la prise en
charge?
M. Tremblay: II faut faire la différence entre le
prêt et la prise en charge. Le contexte social, comme tel, n'est
peut-être pas une des premières préoccupations de la
SDI.
La SDI est quand même un organisme, une institution
financière qui fait du prêt selon les règles habituelles
des institutions prêteuses dans le domaine industriel. Il est bien
évident que le taux de chômage, dans une région, est un
intrant important, à certains moments, et que la continuité d'une
entreprise viable, dans un domaine, par exemple, où il y a une certaine
unicité de production au Québec, devient peut-être plus
importante qu'elle le serait pour une institution comme le Trust Royal ou
Roynat. A ce moment, nous recevons ordinairement du ministère de
l'Industrie et du Commerce un avis sectoriel qui nous indique
l'opportunité de faire la subvention, ou de faire le prêt, ou qui
nous dit que, dans ce secteur, c'est important de maintenir une certaine
entreprise, qu'il est important d'en créer quelques-unes ou d'en
implanter de nouvelles. Cet avis sectoriel devient prépondérant,
dans certains cas, à la façon dont nous faisons l'intervention
à la SDI.
Les mécanismes et les procédures que nous suivons,
à partir de cela, sont les mêmes que ceux de n'importe quel
prêteur industriel, en termes
d'étude de dossiers, d'étude de valeur des garanties, de
valeur de liquidation des actifs qui nous sont donnés en garantie. Nos
méthodes se comparent de façon à peu près identique
à celles de tous les prêteurs industriels, à partir de
cela.
M. Biron: Cela veut dire que si vous comparez vos chiffres avec
Roynat, ou la Banque fédérale de placement, vous avez à
peu près le même pourcentage de mauvaises créances et le
même pourcentage de bonnes créances?
M. Tremblay: Les mêmes taux, et à peu près
les mêmes pourcentages.
M. Biron: Maintenant, au point de vue prise en charge, quels sont
les facteurs déterminants dans les montants de prise en charge?
M. Tremblay: La table de quantification prévoit des
retombées économiques pour le Québec. La
générosité de la SDI est un peu fonction de ces
retombées, c'est-à-dire que la qualité de
l'intégration d'une nouvelle entreprise au contexte économique du
Québec fait que la proportion de la subvention, au niveau de la prise en
charge, est plus importante, à ce moment.
Nous regardons les relations interindustrielles, par exemple, en fait en
amont et en aval en termes de sous-traitance, d'impact économique; nous
regardons le niveau de francophonie chez les cadres, chez la direction, chez
les cadres moyens, les achats, les fournisseurs de matières
premières, de composantes, les achats d'équipement et de
machinerie qu'ils font dans la nouvelle entreprise. Tout ça fait que
ça nous donne une table de quantification qui nous amène en
moyenne aux alentours de 18% à 20% de prises en charge quand on
satisfait à peu près 70% des critères. Des dossiers
parfaits, en fait, je n'en ai pas connus encore en cinq ans à la
SDI.
M. Biron: Cela veut dire que la SDI agit à deux paliers
différents: comme prêteur en concurrence avec les autres
prêteurs industriels et aussi comme stimulant économique. Est-ce
qu'on pourrait, à travers les états actifs et passifs, revenus et
dépenses, voir si ce sont deux paliers différents au niveau de la
SDI ou si tout est fusionné dans le même?
M. Tremblay: En fait, dans nos statistiques qui vous ont
été fournies, vous voyez les différences entre les prises
en charge qui tombent sous le programme 2-A et 2-B et les prêts tout
simplement qui sont séparés, parce qu'une même entreprise
peut obtenir de nous, à la fois une subvention et un prêt.
Dans nos statistiques, ces proportions sont faites et on sépare
le prêt de la prise en charge, ce qui vous donne une idée des
proportions de nos budgets qui sont dépensées en prise en charge,
en garantie de prêts et en prêts directs.
M. Biron: L'idée est d'essayer de vérifier ou de
comparer la SDI avec la Banque fédérale de développement
ou la Roynat au niveau des prêts.
M. Tremblay: Au niveau des prêts? M. Biron: Oui.
M. Tremblay: A ce moment-là, nous sommes, encore
là, au niveau du prêt, un prêteur de dernier recours.
Même quand elle fait une subvention sous forme de prise en charge, la SDI
demande d'abord à l'entreprise d'obtenir les fonds ailleurs et le client
revient chez nous quand il ne peut pas obtenir ces fonds. Je l'ai dit vendredi
dernier: dans certains cas, quand l'entreprise est déjà cliente
de la SDI, à ce moment-là, nous évitons ce processus.
Mais nous recevons de l'entreprise cliente un certificat montrant
qu'elle n'a pu obtenir les fonds ailleurs et nous vérifions
nous-mêmes s'il est possible de le faire. A ce moment-là, comparer
cela à Roynat ou à la BFD au niveau du volume de prêts,
c'est difficile, parce que les gens vont d'abord à la BFD avant de venir
chez nous. On ne voit pas de concurrence là-dedans, on se sent
complémentaire à ces entreprises.
M. Biron: Est-ce qu'on a déposé la liste des
prêts ou des entreprises?
M. Tremblay: On ne dépose pas la liste des prêts en
vertu de l'article 51 de la loi; on dépose cependant la liste des
entreprises qui ont reçu une subvention en vertu du programme 2-A ou en
vertu du programme 2-B.
Tricofil
M. Biron: Qu'est-ce qui arrive dans le cas d'un de vos clients en
particulier qui est en mauvaises affaires et dont on a entendu parler hier
énormément, Tricofil. La SDI avait déjà un
prêt autrefois, on a autorisé un autre prêt au mois de
janvier. Vous nous avez dit tout à l'heure qu'il n'y avait pas de
question sociale qui entrait en ligne de compte; alors, la SDI a
autorisé un nouveau prêt au mois de janvier avec des garanties
économiques, je suppose.
M. Tremblay: Je pense qu'il faut faire une distinction. Il peut y
avoir des subventions accordées selon la Loi des subsides, qui sont
faites non pas selon la loi de la SDI. Dans le cas de la société
populaire Tricofil, la SDI avait, par arrêté en conseil no
2207-75, consenti un prêt convertible en capital-actions de $300 000,
lequel prêt a été converti en actions
privilégiées le 11 juin 1976. Donc, il s'agit d'une participation
au capital privilégié et par arrêté en conseil du
1er février 1977, il y a eu un autre achat d'actions
privilégiées au montant de $350 000. Donc, l'implication de la
SDI au niveau de la société Tricofil est une implication sous
forme de souscription au capital privilégié et non pas au niveau
des subventions directes.
M. Biron: Quand même, ces souscriptions au niveau du
capital privilégié, en sachant que la valeur de l'entreprise
n'était rien et était même déficitaire... C'est pour
ça que tout à l'heure, j'ai posé
cette question. Est-ce qu'on a des conditions de priorité sociale
ou si c'est tout simplement une priorité économique? La
réponse est que cela a été une priorité
économique. Dans Tricofil, il n'y a certainement pas de raisons
économiques.
M. Tremblay: Oui, raisons économiques en vertu des
conditions du programme, lorsqu'il y a des implications régionales de
développement et comme le taux de chômage, à
Saint-Jérôme, dépassait les 20%, il se situait dans les 23%
ou 24%, et que l'entreprise ne peut obtenir ce support financier d'autres
sources, on peut, pour ces raisons, intervenir et les raisons sociales et
économiques se mélangent. Mais c'est la même situation qui
se présente dans n'importe quelle région économiquement
éprouvée. L'aspect économique et l'aspect social se
confondent.
Dans le cas de Saint-Jérôme, c'était une
région où le taux de chômage était supérieur
à 20%. C'est la raison.
M. Biron: Mais quelles ont été les études
faites en janvier 1977, pour accorder ce prêt de $350 000? La SDI a
certainement fait, des études.
M. Tremblay: Le nouveau gouvernement a pris le pouvoir le 15
novembre, avec la formation du cabinet le 26 novembre. Dans le passé, il
n'y avait pas eu d'étude et c'était une des conditions
d'interventions du gouvernement, qu'une étude approfondie du
fonctionnement de l'entreprise soit amorcée, pour accorder le soutien
financier demandé.
Comme vous le savez, la société P.S. Ross avait
été demandée pour faire cette étude du
fonctionnement et non seulement faire l'étude du fonctionnement, mais
agir comme directeur intérimaire du marketing pour l'entreprise, de
sorte que l'étude était conditionnelle à l'octroi
financier.
M. Biron: Ce n'est pas une question de mettre le gouvernement en
boîte. On a accordé une subvention de $374 000 par le
ministère de l'Industrie et du Commerce directement et on fait un
prêt, sans garantie, de $350 000, ou un investissement de capital
privilégié de $350 000. On aurait peut-être
été mieux de dire la vérité tout de suite à
la population du Québec et dire: C'est $724 000 de perdus
complètement, au moins.
M. Tremblay: Non, pas nécessairement. C'est une entreprise
qui avait des possibilités de rentabilité, qui a encore des
possibilités de rentabilité, parce qu'on a de beaucoup
exagéré dans le sensa-, tionnalisme vis-à-vis de certaines
données d'un rapport technique. C'est une entreprise qui peut être
rentable et l'investissement au niveau des actions privilégiées
est un investissement de nature économique.
Il est possible qu'un investissement ne rapporte pas ce que l'on
anticipe, mais on ne pouvait pas, au mois de décembre dernier, et on ne
peut pas, encore aujourd'hui, dire que ces investissements ne sont pas
rentables.
M. Biron: Est-ce qu'on pourrait déposer ici, à la
commission, les études qui ont mené à ce prêt de
$350 000, à l'autre subvention de $374 000? La subvention est perdue,
mais les études qui ont été faites à la SDI, est-ce
qu'on pourrait les déposer?
M. Tremblay: II n'y a pas d'études proprement dites qui
sont faites dans le cas de demandes de subventions. Il y a des analyses selon
certains critères qui sont courants. Ce que nous pouvons déposer,
ce sont des arrêtés en conseil qui justifient et expliquent la
raison de l'intervention du gouvernement.
M. Biron: II y a certainement une raison. La SDI n'a pas de
raisons de faire un prêt lorsqu'il n'y a pas de garanties
nécessaires et il y a un investissement de $350 000. Je ne crois pas que
la SDI a fait une subvention de $350 000 sans études
préalables.
M. Tremblay: Ces interventions, comme celles sous l'ancien
gouvernement, concernant la société, ont été faites
par arrêtés en conseil, donc de décisions du cabinet des
ministres. Ces arrêtés en conseil sont disponibles et on peut les
déposer.
M. Biron: Cela veut dire que c'était une décision
politique, comme Tricofil. Cela n'a pas été une décision
économique?
M. Tremblay: Les interventions, dans des régions en
difficulté, qui impliquent une entreprise jugée essentielle au
développement économique de la région... dans le cas de
Tricofil, ceci se doublait d'une volonté du gouvernement d'encourager
une expérience d'autogestion à laquelle avaient participé
énormément de gens, sous forme de souscriptions publiques,
etc.
Ces deux facteurs mis ensemble ont justifié l'acceptation des
arrêtés en conseil que j'ai mentionnés tout à
l'heure.
M. Biron: Vous confirmez que cela a été une
décision politique dans le cas de Tricofil vis-à-vis de cela?
M. Tremblay: Tout arrêté en conseil,
évidemment, est une décision du cabinet. Mais c'est une
décision du cabinet pour des motifs économiques impliquant le
fonctionnement d'une entreprise.
M. Raynauld: Une question additionnelle là-dessus: Quand
un arrêté en conseil comme celui de janvier 1977, dit à la
SDI d'acheter des actions privilégiées pour $350 000, est-ce que
le gouvernement garantit à la SDI le remboursement de ces actions
privilégiées si elles sont perdues? Quand on dit que c'est une
décision qui a été prise concernant ou tenant compte d'un
certain nombre de facteurs, il est évident qu'il y a beaucoup d'autres
régions du Québec où le taux de chômage était
aussi élevé qu'il pouvait l'être à
Saint-Jérôme; je ne vois pas très bien comment on peut
justifier une intervention à cet endroit pour cette entre-
prise en particulier, lorsque la situation d'ensemble du Québec
est également mauvaise. Dans certaines régions c'est encore pire
que ça peut l'être à Saint-Jérôme au point de
vue du chômage et au point de vue, évidemment, de la nature des
industries en cause.
Mais, sur ma première question, est-ce que la SDI, à ce
moment-là, prend le poids complet de cette histoire, est-ce qu'elle est
encore une société indépendante du gouvernement ou si
c'est une société qui est conduite par arrêté en
conseil d'un mois à l'autre?
M. Tremblay: En ce qui concerne les souscriptions au capital
privilégié d'une entreprise telles que
décrétées par arrêté en conseil, il n'y a pas
de garantie accordée par le gouvernement à cette indication
financière. D'autre part, quand vous mentionnez les raisons
économiques d'intervention, il ne faut pas séparer l'intervention
du présent gouvernement de l'intervention du gouvernement
précédent.
Il y avait eu une intervention du précédent gouvernement
qui était motivée par les mêmes raisons qui ont
motivé l'actuel gouvernement, c'est-à-dire maintenir une
activité économique dans une région où le taux de
chômage était très élevé et encourager une
expérimentation d'auto-gérance dans une entreprise, ce qui en
faisait un cas particulier. Or, après avoir constaté, par le
passé, que la mise de fonds dans l'entreprise n'avait pas
été accompagnée d'un soutien technique qui lui permettait
de faire un bon usage de ces fonds, nous avons décidé de
rajouter, à notre intervention, un soutien technique solide. Le soutien
technique, comme je l'ai mentionné tout à l'heure, était
assuré par une maison de consultants de très grande
réputation pour vraiment assister l'entreprise dans ses efforts de
fonctionnement et dans ses efforts de marketing, de sorte que ces deux facteurs
de motivation qui étaient présents, lors de la première
intervention, se continuent, lors de l'intervention du mois de
février.
M. Raynauld: Est-ce que Tricofil est un héritage
libéral?
M. Tremblay: Tricofil est une expérience
québécoise. Ce n'est pas l'héritage de personne. C'est une
expérience unique et dans ce sens deux gouvernements s'y sont
intéressés. Il n'y a pas lieu de croire que cette
expérience ne soit pas couronnée de succès, pourvu que des
gestes soient posés pour que le fonctionnement, la gestion et le
marketing soient bien faits.
M. Raynauld: Avez-vous l'intention d'ajouter un autre $1
million?
M. Tremblay: Je ne présupposerai absolument rien de cet
ordre. Il y a eu un rapport technique. Je pense que le gouvernement a fait son
travail. Il a confié à une société de gestion
très compétente le soin de faire l'analyse de cette entreprise.
Ce rapport technique est entre les mains maintenant des dirigeants de
l'entreprise, et je crois que c'est la responsabilité de l'entreprise de
tirer le meilleur parti de cette expertise.
M. Raynauld: Mais, M. le ministre, vous dites que c'est une
entreprise rentable. Vous avez répondu au chef de l'Union Nationale
je pensais qu'il y avait un mot autre qu'officielle; il n'y en avait pas
qu'il n'y avait pas d'étude technique qui puisse vraiment
asseoir, si vous voulez, toutes vos décisions; au contraire, vous avez
demandé, à ce moment-là, une étude et que, donc,
les décisions qui avaient été prises avant, vous ne saviez
pas trop si c'était fondé ou pas.
Maintenant, vous affirmez que c'est une entreprise qui est encore
rentable et qu'on exagère dans les journaux, etc. Or, on sait
d'après ces études qui sortent, que les ventes sont
inférieures à $1 million et que le seuil de rentabilité
est à $5 millions. Sur quoi vous basez-vous pour dire que c'est une
entreprise qui est rentable? Vous dites, d'un côté, qu'il n'y a
pas d'étude et, de là, vous dites que c'est une entreprise
rentable. Sur quoi vous basez-vous pour dire une chose comme cela?
M. Tremblay: C'est une usine rentable. M. Raynauld: C'est
l'un ou l'autre.
M. Tremblay: Sur les évaluations des ventes qui
étaient faites par les dirigeants de l'entreprise à la fin de
l'année dernière. C'est la raison pour laquelle le mandat de la
société de consultants portait de façon spécifique
sur l'effort du marketing. En maintenant les ventes au niveau qui était
projeté, je crois que c'était au niveau de $200 000 de ventes par
mois, l'entreprise était rentable.
Il est possible qu'au cours des derniers mois l'objectif de $200 000 de
ventes par mois n'ait pas été atteint, ce qui, évidemment,
crée des difficultés financières à
l'entreprise.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Drummond, sur le même sujet.
M. Clair: ...
Le Président (M. Laplante): Le député de
Champlain, sur le même sujet. M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Vous, personnellement, est-ce que vous avez vu, est-ce
que vous avez étudié le bilan de Tricofil?
M. Tremblay: Personnellement, je n'étudie pas les bilans
des entreprises. Il y a au ministère un service aux entreprises qui
étudie les coordonnées des entreprises dans le but de leur
apporter des services de gestion, de marketing ou d'autres types.
M. Biron: Mais, vous, personnellement, vous n'avez jamais
regardé le bilan de Tricofil et vous
avez recommandé au Conseil des ministres de voter $700 000?
M. Tremblay: Nos fonctionnaires étudient ces bilans, et
des mémoires sont préparés pour le Conseil des ministres,
qui tiennent compte de toutes les coordonnées financières des
entreprises.
M. Biron: Savez-vous que la perte de Tricofil, en 1976, c'est
autour de $400 000? Vous ne saviez pas cela en recommandant au Conseil des
ministres de voter un montant?
M. Tremblay: Nous étions au courant de toutes les
coordonnées financières de l'entreprise, mais, comme je vous l'ai
dit, les prévisions de ventes, qui étaient fixées aux
environs de $200 000, laissaient entendre une possibilité de relance de
l'entreprise. Je crois que cette relance n'est pas du tout encore exclue du
domaine de la possibilité.
Lorsque le député d'Outremont mentionne un niveau de
ventes annuelles de $5 millions, si j'interprète bien le rapport des
consultants, c'est pour l'année 1979, et non pas pour l'année en
cours.
M. Biron: Mais, M. le ministre...
M. Raynauld: C'est un seuil de rentabilité.
M. Biron: ...il y a deux problèmes dans Tricofil. Bien
sûr, le problème du marketing, c'en est un, mais il y a un
problème de productivité. C'est pour cela que je vous demande si
vous avez regardé le bilan. On produit à peu près $12 000
par employé à Tricofil, alors que le minimum que j'ai vu dans le
textile, c'est $25 000, et ce n'était pas rentable. En moyenne, on a $30
000, $35 000 et $40 000 dans le textile et on produit, à Tricofil, $12
000 par année. C'est pour cela que je vous le demande. Avant quand
même de suggérer quelque chose au Conseil des ministres et de
donner de l'argent du gouvernement, il me semble que vous auriez dû avoir
les données les plus élémentaires de cette entreprise.
M. Tremblay: M. le député, nous avions toutes ces
données et c'est à partir des projections de ventes que la
demande de Tricofil a été acceptée.
M. Biron: Je demanderais qu'on dépose, M. le
Président, tout ce qui a pu faire en sorte d'éclairer le ministre
dans sa décision là-dessus. Il y a combien de cas, M.
Labonté, dans lesquels on a décidé de passer outre aux
recommandations de la SDI et qui ont été décidés
directement par le gouvernement? Habituellement, les prêts sont faits sur
recommandation.
M. Tremblay: II y en a eu cinq en cinq ans. Ce sont des mesures
exceptionnelles que le gouvernement prend dans des situations exceptionnelles.
Il y en a eu cinq en cinq ans. Ceci se fait donc, quel que soit le type de
gouvernement que nous ayons, nous l'avons fait dans le cas de Tricofil et nous
avons toujours dit que c'était une expérience particulière
et qui exigeait un traitement particulier. Essayer de placer cette entreprise
dans un contexte usuel et normal, je pense, déplace la question.
C'est une situation particulière je l'ai expliqué
tout à l'heure une expérience d'autogestion faite par des
travailleurs qui avaient démontré énormément de
bonne volonté pour ne pas tomber en chômage et se laisser vivre au
crochet de l'Etat. Il y avait eu une souscription publique importante de la
part de la population, de l'ordre de $300 000. Donc, c'est un effort collectif
qui a été fait dans le domaine pour renflouer une entreprise. Le
gouvernement est très heureux de s'associer à cet effort
collectif, mais, comme nous l'avons dit, cette intervention du gouvernement
était conditionnelle à plusieurs conditions, dont une
était que la gestion et le fonctionnement du marketing de cette
entreprise soient établis sur des bases solides.
M. Biron: Vous ne croyez pas que la faillite de Tricofil soit la
faillite du symbole du gouvernement, à l'heure actuelle?
M. Tremblay: Là, vous tirez directement des conclusions
qui ne sont pas justifiées. Ce n'est pas une entreprise qui est en
faillite. C'est une entreprise qui a des problèmes de fonctionnement,
mais ce n'est pas une entreprise qui est en faillite. Ce n'est pas à
nous, comme gouvernement, ni à vous, comme membre de l'Assemblée
nationale, de décréter la faillite des entreprises au
Québec.
M. Biron: M. le ministre, comment pouvez-vous dire que ce n'est
pas en faillite, lorsque vous n'avez même pas vu les bilans de Tricofil?
Je les ai vus, les bilans de Tricofil.
M. Tremblay: Nous avons vu les bilans. Vous placez des mots qui
sont absolument injustifiés. Toutes les considérations
financières de ces entreprises ont été analysées
par le ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. Biron: Est-ce qu'on pourrait avoir la liste de ces mauvaises
créances de la SDI? Les mauvaises créances, cela veut dire les
entreprises qui ont fait faillite?
M. Tremblay: Pas nécessairement. En fait, il s'agit de
provisions pour mauvaises créances, à ce stade. Les faillites
radiées par la SDI sont publiques à partir du moment où
les entreprises sont en faillite et ces faillites connues. Si l'entreprise est
un dossier sous l'article 2 c) de la loi, nous, en fait, sommes tenus de ne pas
le publier.
M. Biron: Tant et aussi longtemps que la compagnie n'est pas en
faillite, mais lorsque la compagnie est en faillite?
M. Tremblay: C'est du domaine public, ce n'est pas la SDI qui va
le publier.
M. Biron: Les cinq cas qui ont été
décidés directement par le gouvernement au cours des cinq
dernières années, cela a été décidé
par arrêté en conseil, c'est donc public?
M. Tremblay: Oui.
M. Biron: Est-ce que vous avez ces cinq cas en tête?
M. Tremblay: Oui, il y en a qui sont bien connus, qui ont fait la
manchette. Si on parle de Cabano, par exemple, si on parle des produits
Bellevue, la Coopérative du Témiscamingue...
M. Biron: Tembec?
M. Tremblay: ... Tembec. Le cinquième?
M. Biron: Tricofil, deux fois.
M. Tremblay: Tricofil, deux fois.
M. Biron: Cela a été décidé
directement au Conseil des ministres? La recommandation de la SDI
n'était pas avec des garanties financières, donc la
recommandation était négative, mais c'est le Conseil des
ministres, pour certaines raisons...
M. Tremblay: Ce sont toutes des interventions ponctuelles qui
sont décidées par le Conseil des ministres. Je pense que les cas
qui ont été mentionnés, c'étaient des
considérations de développement régional et
d'expérimentation économico-sociale.
M. Biron: Est-ce que, dans le cas de Tembec, en particulier, on
n'avait pas des garanties pas mal meilleures que Tricofil?
M. Tremblay: On ne peut pas parler pour l'ancien gouvernement.
C'est le gouvernement précédent qui avait pris cette
décision d'intervenir dans Tembec, comme dans le cas de Cabano.
M. Raynauld: Les expériences passées, cela pourrait
vous éclairer pour l'avenir.
M. Tremblay: J'ai déjà dit que, dans le cas de
Tricofil, c'était une expérimentation qui avait été
commencée sous l'ancien gouvernement et qui s'est poursuivie avec le
présent gouvernement, et, cette fois, avec une expertise provenant de
l'extérieur.
Le Président (M. Boucher): Sur le même sujet? Le
député de Champlain.
M. Gagnon: Je voudrais simplement ajouter, suite aux
interventions de M. Biron, que je trouve un peu dommage qu'avec tous les
efforts collectifs qui ont été faits autour de Tricofil, les
efforts de la population, des employés, les efforts gouvernementaux,
actuellement, on essaie de semer la crainte et qu'on parle de faillite, alors
que le mi- nistre a dit qu'il y avait encore des possibilités. J'ai
l'impression que si la compagnie est en difficulté, on devrait
peut-être y regarder de façon positive et non pas semer dans le
public la rumeur de la possibilité de faillite actuellement, alors qu'il
y a peut-être des possibilités de sauver Tricofil. C'est seulement
cela que je voulais ajouter.
M. Biron: Je crois, M. le Président, qu'on va trop loin
là-dessus. Avez-vous vu vous-même le bilan de Tricofil? Le
ministre ne l'a même pas vu, vous ne l'avez pas vu, c'est difficile d'en
parler.
M. Gagnon: Oui, mais de toute façon, ce n'est pas en
faillite.
M. Biron: ...bilan de Tricofil...
M. Gagnon: Oui, mais êtes-vous prêt à les
mettre en faillite ce matin?
Une Voix: Ça fait longtemps. M. Gagnon: Un
instant.
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous faire la
commission à deux? Le député d'Outremont.
M. Raynauld: Le problème que cela me pose, ce n'est pas
tellement la question de la faillite. Lorsqu'un gouvernement donne des
subventions à un endroit, la plupart du temps, il faut
interpréter cela comme un refus de subventions à d'autres qui
peuvent également le mériter. C'est là qu'est la
difficulté. C'est difficile de faire la charité de façon
équitable. Tous ces cas d'intervention, ponctuelle comme on dit,
où on va prendre l'argent des contribuables pour le donner à un
certain groupe particulier... si on le distribuait à tout le monde,
ça irait. Mais si on donne cela à un groupe particulier de 100
personnes, même si elles sont les plus méritantes du monde,
à côté il y a d'autres personnes qui font la même
chose qu'elles et qui ne reçoivent pas de subvention. Je trouve cela
inéquitable. C'est un problème de justice. C'est pour cela qu'il
faut se poser des questions sur ces interventions indépendamment du
mérite intrinsèque des choses. Chaque fois qu'on fait cela... On
l'a fait avec Bellevue, c'est la même histoire. On sauve une usine pour
en mettre peut-être deux autres en faillite. On peut sauver Tricofil.
C'est bien sûr que Québec est assez riche pour sauver Tricofil
à n'importe quel prix. Il va falloir mettre de l'argent
là-dedans. On peut sauver Tricofil.
La question n'est pas de savoir si on peut la sauver, parce qu'on peut
bien y mettre $10 millions, cela va finir par fonctionner. Pendant ce temps,
dans mon comté où il y a beaucoup de petits entrepreneurs qui
fabriquent du vêtement, par exemple, sur l'avenue du Parc à
Montréal, ils viennent tous à mon bureau toutes les semaines. Ils
veulent savoir pourquoi d'autres ont mérité une subvention de $10
000, $15 000 par employé tandis qu'eux ne reçoivent pas de
subventions de per-
sonne; ils vivent et sont capables de vendre leurs produits. C'est cela
qui est le caractère difficile de décisions comme
celles-là. C'est pour cela que, personnellement je pense qu'il faut, en
général, éviter ce genre d'affaire parce que c'est
inéquitable.
M. Tremblay: M. le Président, j'aurais deux choses
à dire sur cette intervention.
Premièrement, toute subvention qui est accordée à
une entreprise, et non pas une baisse d'impôt générale
à toutes les entreprises, recèle un élément
d'arbitraire qui est absolument inévitable. Ce qu'il faut faire dans des
cas semblables, c'est intervenir selon des critères qui puissent
s'appliquer à toutes les entreprises qui font une demande.
Deuxièmement, dans le cas d'une expérience d'auto-gestion
jugée économiquement et socialement intéressante, il y a
aussi un élément arbitraire qui entre dans la décision.
Comme il s'agit d'un cas encore beaucoup plus limité, comme il s'agit
d'un cas particulier, et dans le cas de Trico-fil, cela a été
très clairement indiqué qu'il ne s'agissait pas d'une politique
d'intervention généralisée. Il s'agissait d'une
expérience d'autogestion qui était commencée depuis
quelques années, qui avait reçu l'approbation du gouvernement
précédent, qui avait reçu le soutien de la population
générale sous forme de souscriptions publiques, donc
c'était effort collectif généralisé.
Le moins que peut faire un gouvernement dans des cas semblables, c'est
de contribuer à la solution plutôt que de contribuer au
problème. Avoir mis fin par un refus d'intervention à une
expérience semblable, ceci aurait été une tragédie,
non seulement économique, mais surtout sociale et politique.
Le gouvernement est intervenu pour soutenir une activité
d'auto-gestion et pour des raisons de développement régional.
C'est un cas particulier. Il sera jugé lorsque l'expérience aura
réussi ou non.
M. Biron: M. le ministre quelle a été la
recommandation de l'ancien gouvernement?
Si l'ancien gouvernement a déjà contribué une fois
dans Tricofil, il doit certainement y avoir une recommandation dans les
dossiers du ministère de l'Industrie et du Commerce?
M. Tremblay: II y a, comme je l'ai mentionné tout à
l'heure, l'arrêté en conseil no 220775 qui indique la
décision du gouvernement d'intervenir.
M. Biron: Oui, mais depuis ce temps-là, l'ancien ministre
de l'Industrie et du Commerce a fait plusieurs déclarations, donc il a
dû y avoir des études, il a dû y avoir une recommandation
dans vos dossiers quelque part au ministère disant oui ou non, pourquoi
l'ancien gouvernement, en 1976 n'a pas voulu intervenir une autre fois.
M. Tremblay: II y a des recommandations au Conseil des ministres,
comme sur toute recom- mandation, et il n'est pas dans l'intérêt
public de dévoiler les discussions du Cabinet des ministres.
M. Biron: Vous avez lu ces recommandations?
M. Tremblay: Nous avons toutes ces recommandations.
M. Biron: Pourquoi ces recommandations ont-elles
été négatives?
M. Tremblay: Je ne peux pas répondre pour l'ancien
gouvernement.
M. Biron: Votre suggestion au Conseil des ministres... Les
journaux rapportent que vous n'étiez pas d'accord pour ce prêt
à Tricofil, parce que vous trouviez que c'était perdu. Est-ce que
votre recommandation était dans ce sens-là, dans le même
sens de l'ancien gouvernement?
M. Tremblay: Je regrette, vos informations sont mauvaises. Les
décisions au Conseil des ministres se prennent à
l'unanimité.
M. Biron: Et vous, vous étiez d'accord avec cela. Vous
trouviez que c'était un bon prêt, de l'argent bien
placé.
M. Tremblay: Ce n'est pas une question de juger comme un banquier
dans un cas semblable. J'ai expliqué qu'il y avait différentes
considérations à prendre en ligne de compte et que c'était
une intervention gouvernementale qui était justifiée et qui avait
l'appui de la population.
M. Biron: M. le Président, ma dernière question...
D'accord.
Le Président (M. Laplante): Sur le même sujet.
M. Michaud: Sur le même sujet, s'il vous plaît, M. le
Président. Je crois que tout le monde est d'accord. C'est une
expérience pilote d'autogestion qui date déjà depuis
quelques années. Les dirigeants du temps, et mêmes d'aujourd'hui,
ont jugé bon de donner une chance équitable sur le plan
économique et sur le plan social. Mais je crois que même si cette
expérience pilote ne tournait pas bien, si on peut utiliser cette
expression, il y aura toujours des retombées économiques
extrêmement favorables dans la région. Je me dis: D'accord,
prenons les chiffres tout simplement arbitraires. Si cela coûte $400 000
pour sauver 200 emplois par année, cela revient à $2000, mais il
y a des retombées économiques extraordinaires pour toute la
région. C'est 200 personnes qui ne sont pas bénéficiaires
de l'assurance-chômage ou de l'assistance sociale, ainsi de suite. Je
crois qu'il faut voir cette expérience de cet oeil sur le plan
économico-social, si vous me le permettez. D'accord, on ne peut pas
faire des expériences pilotes partout. Le mot expérience pilote
dit que cela doit être sélectif. C'est au bon jugement de...
M. Raynauld: ... de se présenter comme des
expériences pilotes. Vous allez en avoir des demandes.
M. Michaud: ... personnes en place. En 1975, on en a
parlé. On a pris des positions favorables, en 1976 on ne l'a pas fait,
en 1977 on l'a fait et finalement la tournure des événements dira
qui avait tort qui avait raison. De toute façon, vous savez,
d'après moi, cela peut justifier en toute logique des efforts sur le
plan économique et social pour une région en particulier.
M. Biron: Je veux être clair, M. le Président. Au
point de vue de l'expérience sociale, j'ai toujours dit que
c'était valable, mais j'ai dit qu'on dépensait des
énergies et de l'argent dans une mauvaise direction, dans un mauvais
domaine, dans un endroit où on n'avait aucune chance de succès.
J'ai étudié le bilan de Tricofil, personnellement, et tout de
suite l'an dernier, je voyais qu'on n'avait aucune chance de succès
là-dedans. Je suggérais d'aller dans un domaine où il y
avait des possibilités, de faire quelque chose dans ce domaine en
particulier, ou d'améliorer la productivité des travailleurs.
M. Tremblay: Avez-vous fait des recommandations, M. le
député, pour une expérience semblable dans d'autres
domaines?
M. Biron: J'ai fait plusieurs recommandations, l'an dernier, au
président de Tricofil au point de vue de la mise en marché, au
point de vue de l'augmentation de la productivité et même je lui
recommandais d'avoir au moins 1500 points de vente à l'époque,
alors qu'on n'en avait que 25; j'ai fait beaucoup de recommandations
personnellement au président de Tricofil, l'an dernier. Je n'ai pas
rendu la lettre publique, mais j'ai fait plusieurs recommandations comme homme
d'affaires à un autre homme d'affaires.
Je voudrais savoir maintenant on a dit qu'on voulait continuer
cette expérience si c'est terminé.
M. Tremblay: Cette expérience se continue, M. le
député, puisqu'on n'a pas de données qui permettent de
dire que cette entreprise ne fonctionne pas normalement. Le fait qu'il y ait eu
une étude technique qui recommande des changements dans le
fonctionnement et dans la gestion de l'entreprise, ne conclut pas
nécessairement que l'entreprise ne pourra pas continuer de
fonctionner.
Il est possible que l'entreprise doive prendre des décisions
importantes dans son orientation. Mais, comme je l'ai déjà
mentionné, il s'agit d'une entreprise privée. Le fait qu'elle
soit autogérée par ses propriétaires n'en fait pas une
entreprise publique; c'est une entreprise privée et il revient au
conseil d'administration de cette entreprise de prendre les décisions
nécessaires pour assurer le bon fonctionnement de son entreprise.
M. Biron: Est-ce que vous pourriez quand même faire
quelques suggestions, tant que ça ne fermera pas définitivement,
au point de vue des points de vente, de faire en sorte... Parce que j'ai
suggéré à ces gens l'an dernier de vendre beaucoup plus la
marque Tricofil. J'ai remarqué, lorsque j'ai visité l'usine l'an
dernier, qu'il n'y avait pas la moitié des produits qui portaient la
marque de commerce Tricofil. Il y avait d'autres marques de commerce et cela a
été une recommandation que j'ai faite au président; Pour
l'amour, mettez donc la marque Tricofil, vous avez eu des millions de
publicité gratuite dans les journaux, à la
télévision, à la radio, vendez la marque Tricofil à
un prix supérieur. C'est peut-être une recommandation que vous
pourriez faire.
M. Tremblay: C'est une recommandation qui ressort du rapport de
la société de consultants qui, justement, souligne l'attrait
commercial énorme que contient la marque Tricofil. Cela, c'est une
recommandation qui a été faite par la société de
consultants et qui a été, à ma connaissance,
appliquée.
M. Biron: Est-ce que vous pourriez aussi suggérer à
ces gens d'augmenter leurs points de vente? Personnellement, je trouve que 235
points de vente, quelque chose comme ça, ce n'est jamais assez; il
faudrait avoir un point de vente dans chaque municipalité, chaque
localité à travers le Québec.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Drummond.
M. Clair: M. le Président, on étudie actuellement
les activités de la Société de développement
industriel. On sait qu'il a déjà été question non
seulement d'une société de développement industriel, mais
de ce qu'on pourrait appeler une société de développement
touristique. On voit, à travers le Québec, se multiplier de plus
en plus des chaînes hôtelières, étrangères ou
internationales. On voit des chaînes de restauration également. Il
y a des gens qui ont des idées pour aider au développement
touristique et on ne voit pas dans ce domaine de structures d'appui semblables
à celles de la Société de développement
industriel.
Je comprends que la question concerne davantage le ministère du
Tourisme, mais étant donné qu'on a l'avantage d'avoir avec nous
le président de la SDI et le ministre de l'Industrie et du Commerce,
j'aimerais savoir, premièrement, s'il y a eu des études qui ont
été faites, au niveau du ministère de l'Industrie et du
Commerce ou de la SDI, pour qu'une orientation soit prise dans ce sens ou pour
qu'on suggère la formation d'une société de
développement touristique et, deuxièmement, j'aimerais savoir
jusqu'à quel point des activités semblables pourraient être
prises en charge par la Société de développement
industriel.
M. Tremblay: La SDI a agi comme consultant auprès du
ministère du Tourisme dans une étude portant sur
l'opportunité de mettre sur pied une
telle société de développement touristique. Ce
rapport de consultation a été remis au ministère du
Tourisme et je présume que le ministère poursuit son
étude.
M. Clair: Deuxième partie de la question. Jusqu'à
quel point la structure actuelle ou le personnel de la Société de
développement industriel serait-elle en mesure de prendre sur elle un
tel genre d'activité?
M. Tremblay: Je dirais, avant de passer la parole au
président de la SDI, que celle-ci a quand même une mission qui est
industrielle, celle de renforcer la structure industrielle du Québec, de
consentir des prêts et d'apporter une aide financière à ce
genre d'industrie. Le mandat est bien spécifique; si nous devions aller
du côté touristique, il s'agirait de changer complètement
l'orientation du mandat. Je pense que, dans des cas semblables, il est
préférable de bien délimiter les mandats des institutions
et, s'il est nécessaire d'agir et d'intervenir dans un autre domaine, il
est préférable de se donner des outils qui sont adaptés au
type de problèmes auxquels ont fait face dans ces domaines.
A la SDI, il a été développé, avec les
années, une expertise, une compétence au niveau de l'analyse
financière comme telle. Il est bien évident que la SDI pourrait
mettre cette compétence à la disposition d'un autre
ministère ou d'un autre organisme. L'avis sectoriel, évidemment,
nous viendrait du ministère du Tourisme, dans ce cas-là.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Champlain. Bon. Est-ce qu'il y a d'autres questions sur le programme 5?
M. Biron: Je voudrais revenir à la dernière
question que j'avais posée tout à l'heure au ministre.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le chef de l'Union
Nationale.
M. Biron: Je veux juste terminer le dossier de Tricofil. Le
premier ministre a dit qu'il y avait eu une mauvaise administration de la part
de Tricofil. Est-ce que vous êtes d'accord avec lui là-dessus?
M. Tremblay: Nous sommes à analyser le rapport P.S. Ross
et je ne porterai pas de jugement de valeur sur cette entreprise, tant que nous
n'aurons pas analysé toutes les facettes de ce rapport.
M. Biron: Vous voulez dire que le jugement du premier ministre
n'était pas un jugement de valeur?
M. Tremblay: Vous me posez une question personnelle. Nous
préférons être bien au courant de tous les aspects de ce
rapport technique avant de porter des jugements publics sur le fonctionnement
de l'entreprise.
M. Biron: Et quand allez-vous faire des commentaires sur ce
rapport?
M. Tremblay: Dans quelques semaines, nous allons avoir une vue
précise de l'orientation de cette entreprise. Mais, je le
répète, il s'agit d'une entreprise privée, qui a son
propre conseil d'administration et qui a reçu ce rapport technique. Il
lui appartient de tirer profit de ce rapport. Il n'appartient pas au
gouvernement de porter des jugements sur les entreprises au Québec, sauf
lorsque ces entreprises font des demandes de fonds. Or, il n'y a pas de
demandes de fonds provenant de cette entreprise et par conséquent, il
n'y a pas lieu de statuer publiquement sur l'entreprise.
M. Biron: Mais, étant donné les sommes d'argent
considérables investies par le gouvernement du Québec, est-ce que
vous vous attendez de rendre ce rapport public ou de le rendre disponible, au
moins pour les députés de l'Assemblée nationale?
M. Tremblay: Lorsqu'il y a un rapport technique qui est fait sur
le fonctionnement d'une entreprise, il faut bien s'assurer que, dans un tel
rapport, il n'y ait pas de renseignements confidentiels qui pourraient nuire
à l'entreprise. Nous voulons, par conséquent, nous assurer que
ces éléments ne sont pas présents dans le rapport, avant
de le rendre public. Il serait irresponsable de notre part de rendre public un
tel rapport s'il s'avérait qu'il devienne une source de
difficulté pour l'entreprise vis-à-vis de ses concurrents ou de
ses fournisseurs.
M. Biron: Vis-à-vis du rapport de P.S. Ross... La firme
P.S. Ross a été choisie par le ministère de l'Industrie et
du Commerce pour sa compétence, je suppose, dans ce domaine en
particulier?
M. Tremblay: Oui.
M. Biron: Donc, la firme elle-même est
compétente?
M. Tremblay: A notre avis, la firme est une des meilleures firmes
de consultation dans le domaine.
M. Biron: M. le Président, je veux juste ajouter,
vis-à-vis de la Société de développement
industriel, que je suis satisfait de son administration. Je serais mal venu de
dire que je ne suis pas satisfait, parce que dans le passé, j'ai pu
profiter de l'aide de la société, avant ma carrière
politique.
Le Président (M. Laplante): Programme 5,
adopté?
M. Raynauld: Je n'ai pas eu la même chance, mais je pense
que c'est bien administré.
Le Président (M. Laplante): Programme 5, adopté
dans son entier.
Est-ce que vous aimeriez retourner au programme 2?
M. Raynauld: J'aimerais autant continuer, si vous me le
permettez.
M. Biron: J'aurais une deuxième question, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Lotbinière.
M. Biron: Vous deviez rendre un jugement, nous dire ce que vous
pensiez. Nous voulions examiner la Société générale
de financement et d'autres sociétés d'Etat et vous deviez donner
votre réponse aujourd'hui.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le chef de l'Union
Nationale. J'avais même marqué dans mon livre "sous réserve
d'acceptation, Société générale de
financement".
Le député d'Outremont m'a demandé une directive
vendredi dernier, à savoir, si on pouvait, lors de l'examen des
crédits du ministère de l'Industrie et du Commerce, discuter de
la Société générale de financement. C'est bien
cela, M. le député d'Outremont?
M. Raynauld: Oui.
Le Président (M. Laplante): Le mandat de la commission est
d'étudier les différents programmes et éléments des
crédits du ministère de l'Industrie et du Commerce. Comme on peut
étudier dans les détails tous les crédits du
ministère, on peut également examiner le bien-fondé des
crédits proposés pour toutes les sociétés d'Etat et
organismes qui émargent au budget de ce ministère et pour
lesquelles on consacre, dans le cahier des crédits, un programme, un
élément ou même une catégorie de
dépenses.
Par contre, il est évident qu'on ne peut discuter des
crédits d'une société comme la Société
générale de financement, alors qu'elle n'émarge pas au
budget du ministère, alors qu'on ne retrouve aucun article, dans le
cahier, qui est consacré à cet organisme.
D'autre part, la coutume semble de plus en plus établie qu'on
puisse, en commission parlementaire, profiter de l'étude des
crédits pour examiner de plus près les politiques d'un
ministère dans les différents secteurs de son
activité.
La Société générale de financement
n'émarge pas au budget du ministère, mais l'administration de sa
loi est placée sous l'autorité du ministre. Le plus loin que l'on
puisse aller, à mon avis, sur toute question qui pourrait concerner la
Société générale de financement, c'est d'inviter le
ministre à faire un tour d'horizon sur sa politique
générale à lui vis-à-vis de la
Société générale de financement, dans l'application
des lois qui régissent cette société et, même
là, j'accorderais au ministre une grande latitude sur son droit de
répondre ou de ne pas répondre de façon précise aux
questions.
Je reste convaincu que la procédure normale pour examiner en
profondeur les politiques d'administration des sociétés de la
couronne, c'est par le biais de questions posées en Chambre et surtout
par la convocation de ces sociétés en vertu d'un ordre de la
Chambre devant une commission parlementaire.
Cette dernière procédure a été
utilisée dans le cas de plusieurs sociétés de la couronne
dans le passé et cela s'est avéré le meilleur moyen
d'examiner leurs activités. C'est une coutume qui tend à se
généraliser à l'égard d'un nombre de plus en plus
grand de sociétés de la couronne et le député
d'Outrement peut toujours tenter de convaincre l'Assemblée nationale que
le temps est venu de convoquer une commission sur la Société
générale de financement.
Entre-temps, au moment opportun, je ne pourrai que permettre des
questions très limitées dans un cadre très restreint sur
la politique du ministère vis-à-vis de la Société
générale de financement, et le ministre pourra y répondre
dans la mesure où les lois qui régissent la Société
générale de financement lui donnent une autorité sur
l'administration de cette dernière.
M. Raynauld: C'est un jugement de Salomon. M. Biron:
Alors, à la fin.
M. Raynauld: On peut prendre le programme 7, M. le
Président.
M. Tremblay: Un instant! Le programme 6 a été
déjà adopté, et, au programme 7, il s'agit du service aux
établissement commerciaux.
Je suggérerais, M. le Président, après ce
programme, que nous étudiions directement les programmes 9 et 10 pour
revenir au programme 9, cet après-midi, étant donné que
c'est un programme concernant les pêches maritimes et qui est plus
volumineux que les deux autres.
Le Président (M. Laplante): Les membres de la commission
sont-ils d'accord pour commencer l'étude du programme 7?
M. Raynauld: Oui.
M. Biron: Vous voulez passer les pêches maritimes ce
matin?
M. Tremblay: Cet après-midi, et on prendra ce matin les
programmes 9 et 10, plus le programme 7.
Le Président (M. Laplante): Le programme 7?
M. Biron: J'aimerais pouvoir commencer les pêches, ce
matin, parce que, cet après-midi, je n'y serai pas et j'avais quelques
questions là-dessus très brèves, mais...
M. Tremblay: Vous n'y serez pas du tout cet
après-midi?
M. Biron: Malheureusement non.
Le Président (M. Laplante): A cause de l'adjoint
parlementaire qui aurait aimé être ici, à ce
moment-là, pour les pêches.
M. Tremblay: Je n'y ai pas d'objection.
Services aux établissements commerciaux
Le Président (M. Laplante): C'est le programme 7: Service
aux établissements commerciaux. M. le ministre, est-ce que vous avez un
exposé à faire sur le programme 7?
M. Tremblay: Je préférerais attendre les questions.
L'élément principal du programme pour l'année en cours,
c'est la poursuite de travaux du comité d'étude sur
l'évolution et le fonctionnement du commerce au Québec. Nous en
avions discuté à l'occasion de l'étude des crédits
des autres programmes. Nous pourrons y revenir à l'occasion de
l'étude du programme en question.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Peut-être que je vais justement permettre au
ministre de faire une déclaration un peu plus générale sur
ce service. J'ai noté moi aussi qu'on parlait d'une étude sur le
commerce. Vous dites que c'est la même étude dont on a
déjà parlé auparavant. C'est une grande étude sur
le commerce.
Ma question principale, en réalité, à ce programme,
ce serait simplement de vous demander quels sont les objectifs de ce programme
et ce qui se fait dans ce programme. Dans le texte qui accompagne
l'exposé des budgets, on dit simplement qu'on a 27 personnes qui
répondent à des demandes d'une clientèle absolument
extraordinaire, très considérable, mais quelles sont les lois qui
sont appliquées par ce service d'abord?
Quels sont les objectifs? Est-ce simplement de répondre à
des demandes de renseignements ou si c'est un service technique pour aider les
entreprises de commerce? Est-ce un soutien technique? J'aimerais que le
ministre nous expose un peu ce qui se passe dans cette division, dans cette
direction du commerce. Je l'apprécierais beaucoup, avant d'aller plus
loin.
M. Tremblay: M. le Président, le programme de la direction
du commerce est surtout un programme de réglementation. La section a
trois lois à faire appliquer. La première loi porte sur les
heures d'affaires. La deuxième porte sur le prix minimum du pain.
M. Raynauld: Pardon?
M. Tremblay: Le prix minimum du pain. La troisième loi
concerne la loi sur le rembourrage. Donc, il s'agit de surveiller l'application
de ces lois. Comme il existe un très grand nombre
d'établissements commerciaux au Québec, sur le plan des
détaillants, des grossistes et des entrepreneurs de services, ceci
mobilise la grande partie du personnel de cette direction du commerce. Comme
vous l'avez constaté, il y a un personnel relativement restreint. Le
service aux établisse- ments commerciaux fait appel à 27
années-homme, donc c'est un service relativement petit. En plus de
surveiller l'application de ces lois, il fait des interventions sectorielles et
des interventions ponctuelles. Par exemple, le service favorise les achats au
Québec par les entreprises gouvernementales et privées, par le
truchement d'expo-profits que la direction du commerce organise en faveur des
entreprises, de manière à encourager la vente des produits
québécois et l'achat de ces produits. Donc, ce sont des
interventions ponctuelles comme celles-là qui viennent s'ajouter
à l'exercice de la réglementation et de la surveillance des trois
lois que j'ai mentionnées tout à l'heure.
M. Raynauld: M. le ministre, première question: Quels sont
les besoins et les demandes de la clientèle de 47 000
détaillants, 7000 grossistes, 30 000 entreprises de services? Quelles
sortes de demandes vous sont adressées?
M. Tremblay: Nous avons fait une analyse des besoins en volume
des entreprises commerciales. Comme vous constatez, c'est considérable.
Par contre, nous avons obtenu quatre besoins prioritaires pour lesquels nous
sommes organisés afin de donner satisfaction à ces besoins. Un
des premiers besoins qu'on retrouve, c'est face à l'implantation des
centres commerciaux. Il y a beaucoup de centre-ville dans les
municipalités moyennes et petites qui ont certaines difficultés
à survivre face à la concurrence des centres commerciaux, alors
que le comité d'étude a comme un des aspects de son mandat,
d'étudier l'impact des centres commerciaux. De notre côté,
nous nous appliquons à fournir de l'aide technique et de l'aide parfois
légale pour aider les marchands des centre-ville affectés par
l'implantation, parfois les tentatives de centres-commerciaux, de s'en sortir
et de concurrencer efficacement et de continuer, en fait, à maintenir,
si vous voulez, la clientèle au centre-ville et continuer ainsi, en
fait, à soutenir la concurrence et à prospérer. C'est un
des services que nous donnons et pour lequel nous avons beaucoup de
demandes.
En fait, je pourrais ajouter que nous sommes à organiser,
à établir un programme qui permettra de multiplier sous peu les
interventions que nous faisons, malgré le personnel limité que
nous avons. Ce programme sera prêt au mois d'octobre, mais
déjà une partie en est implantée.
M. Raynauld: A ce moment, cela représente une politique du
ministère, à savoir que vous avez essayé de
protéger les gens contre les centres commerciaux? C'est cela que j'ai
compris. Les centres commerciaux sont vos clients autant que les autres?
M. Tremblay: C'est certain. Il n'y aura pas de nouvelle politique
pour cette section avant que le comité d'étude sur la
commercialisation ne soumette un rapport. Il serait illogique de commencer
à élaborer une nouvelle politique sans connaître
tous les détails de cette situation. Le programme de cette
année a été élaboré au cours de l'automne
passé. Il se poursuit pour l'année 1977/78.
M. Raynauld: D'accord. Deuxième question, vous avez mandat
d'appliquer la Loi sur les heures d'affaires des établissements
commerciaux. Je comprends, M. le ministre, que vous ne voulez pas intervenir
dans ce domaine avant de recevoir le rapport d'un comité. Maintenant,
est-ce que le comité va se pencher sur les heures d'affaires? La
tendance qu'on voit là-dessus, c'est que les heures d'affaires sont de
plus en plus limitées, de sorte que les consommateurs ont de plus en
plus de difficulté à obtenir des services. Je sais que ce serait
peut-être une de vos propres préférences, M. le ministre,
d'avoir des heures d'affaires un peu plus libérales. Mais il y a
beaucoup de problèmes qui se posent avec les heures d'affaires des
établissements, et il va venir un moment où il sera de plus en
plus difficile, sinon impossible, d'obtenir des services les jours de
fêtes ou le dimanche, le soir ou le matin; on devient de plus en plus
restrictif sur ces questions.
J'aimerais savoir si le ministre a l'intention d'examiner ce dossier
à un moment donné. Je ne demanderais pas qu'il le fasse
maintenant nécessairement, si le comité doit en parler, doit
examiner ces questions, mais il me semble que l'évolution, ces
dernières années, a été faite de telle sorte qu'on
négocie les heures d'affaires avec des syndicats. Souvent, on adopte des
décrets et, après ça, le consommateur, salut!
J'aimerais que le ministère se penche sur ces questions non pas
pour renverser la tendance et faire ouvrir tous les établissements le
dimanche ce n'est pas la question mais il me semble que, de plus
en plus, on voit une tendance à des restrictions de plus en plus
considérables et il me semble que ce n'est pas de l'intérêt
des consommateurs.
La même chose, je ne sais pas si ça s'applique à
cette loi, parce que je ne l'ai jamais vue, celle à laquelle vous vous
êtes référé, le prix minimal du pain. Est-ce que
ça comprend aussi des restrictions, cette loi ou cette
réglementation, sur la distribution du pain le dimanche? J'ai eu un cas
qui m'a été soumis récemment, où on interdit
à des établissements d'obtenir la distribution de leur pain le
dimanche. Or, ce sont des établissements, en fait, très
spécialisés, avec un employé ou deux au maximum, qui font
ça depuis 50 ans, avoir du pain frais le dimanche. Or, ces
établissements ne sont plus capables de l'obtenir, parce qu'il est
interdit, apparemment en vertu d'un décret, de faire faire la
distribution. Ce type a dit: Très bien! Si la distribution est
interdite, je vais aller chercher moi-même 1e pain. Il a
été arrêté et il a payé l'amende.
Je trouve absolument odieux ce genre d'histoires. C'est l'histoire qui,
à un moment donné, apparaît simplement parce qu'on voit des
cas... Parce que, quand on vote la loi, on ne s'imagine pas qu'il va y avoir
des implications de ce genre. Il me semble que ça vaudrait la peine de
réexaminer des choses comme ça dans la perspective que les
consommateurs aussi aimeraient avoir des services et qu'il se fasse un meilleur
équilibre que, peut-être, ce n'est le cas à l'heure
actuelle. En ce qui concerne le pain, j'ai trouvé vraiment
extraordinaire qu'on empêche, je ne sais pas combien il y en a, mais il
peut y avoir un restaurant, un magasin, une petite épicerie, qui est
ouvert dans tout un quartier et n'a même pas le droit d'aller chercher
dix pains le dimanche matin. Je trouve ça absolument
exagéré.
M. Michaud: Si le député me permet d'ajouter que
surtout en ce qui concerne le pain crouté, qui se vend dans les
pâtisseries spécialisées le dimanche, c'est très
pratique pour le consommateur qui veut aller en pique-nique ou faire une
réception d'avoir de bons produits.
M. Raynauld: C'est ça.
M. Tremblay: Bon! M. le Président, les questions
soulevées par le député d'Outremont sont très
intéressantes et m'intéressent au plus haut point.
Il a raison de dire que, dans le cadre de la commission d'étude
sur la commercialisation, le rôle et la place des épiceries
indépendantes, des magasins indépendants va être
étudié, et il est évident que la question des heures
d'affaires est très importante pour ces établissements.
On me dit que les enquêtes que le ministère a faites
auprès des établissements démontraient que les
établissements eux-mêmes étaient satisfaits des heures
d'affaires, en grande partie, parce que leur rentabilité est
reliée à ces heures d'affaires.
L'allongement des heures d'affaires semble poser des difficultés
de rentabilité pour eux.
Par contre, vous avez parfaitement raison de souligner qu'il faut
établir un équilibre entre la satisfaction des
établissements et la satisfaction des consommateurs. Un gouvernement a
comme responsabilité non seulement de satisfaire les besoins des
établissements, mais aussi, et je dirais même surtout, de
satisfaire les besoins des consommateurs.
Sur cette question précise des heures d'affaires, il y a une
étude... Parce que les enquêtes auxquelles je faisais allusion
tout à l'heure sont faites dans le cadre de cette étude qui est
en cours à la direction du commerce. Nous aurons des données au
cours de l'automne sur cette question des heures d'affaires. Il est possible
que je puisse réviser tout ce secteur lorsque l'étude sera
complétée.
En ce qui concerne les décrets et les directives sur le
fonctionnement des établissements, nous sommes présentement en
contact avec le ministère du Travail. Nous faisons des recommandations
pour obtenir des modifications. Nous allons continuer de suivre de très
près cette question.
Evidemment, au ministère de l'Industrie et du Commerce, il y a
énormément de choses à faire. Le ministre peut s'impliquer
dans 500, 600 questions, mais c'est une chose que je vais regarder de
près dans les prochains mois.
En ce qui concerne la loi sur le pain, je demanderais au directeur du
service de donner les informations que vous demandez.
En fait, le point qu'il faut souligner, c'est celui qui a
été très pertinemment soulevé. Cela concerne plus
particulièrement le pain croûté. Nous avons fait des
recommandations au minitère du Travail pour alléger le
décret qui permettrait la livraison de cette sorte de pain dans les
établissements commerciaux, dans certains restaurants.
La recommandation a été faite en bonne et due forme, il y
a trois semaines. Nous attendons une réponse incessamment du
ministère du Travail.
M. Raynauld: Cela va impliquer des changements dans la
réglementation parce qu'il y a des gens qui avaient été
arrêtés. Cela veut dire qu'il y a des lois.
M. Tremblay: C'est cela. Un décret.
M. Raynauld: Cela va se traduire par un changement de
réglementation, je suppose.
M. Tremblay: C'est un amendement au décret. M.
Raynauld: Un amendement au décret. M. Tremblay: Un
élargissement au décret.
M. Raynauld: Espérez-vous que cette question va être
bientôt résolue?
M. Tremblay: Nous le croyons. Nous croyons que nos
recommandations seront écoutées. Parce que le décret est
appliqué par le ministère du Travail.
M. Raynauld: Vous avez fait des recommandations et vous pensez
que cela va aller. Je suis très heureux de l'entendre. En ce qui
concerne tous vos dossiers et vos interventions, vous, M. le ministre, vous
n'êtes pas limité par les heures d'affaires.
M. Tremblay: Non.
M. Raynauld: Vous pouvez faire sûrement une intervention
sur 500 choses à la fois.
M. Tremblay: Mes heures d'affaires dépassent les 40
heures. Elles sont plutôt dans les 80 à 90 heures par semaine.
Le Président (M. Laplante): M. le chef de l'Union
Nationale, avez-vous d'autres...
M. Michaud: Est-ce qu'on pourrait informer cette commission du
résultat final des démarches pour voir si elles sont positives ou
négatives à ce sujet?
M. Tremblay: Sur le sujet du décret du pain. M.
Michaud: Oui. Merci.
M. Biron: Sur la question des heures d'affaires ou des
décrets, dans ce sens en particulier, est-ce que la voix du
ministère de l'Industrie et du Commerce est écoutée ou si
c'est tout simplement le ministère du Travail qui décide? Ce sont
véritablement deux choses différentes, à la fois les
entreprises et les travailleurs, mais le ministère de l'Industrie et du
Commerce doit prendre la défense de l'entreprise et du commerce.
M. Tremblay: C'est cela. C'est notre première
préoccupation.
M. Biron: Est-ce que votre voix est écoutée?
M. Tremblay: Oui, particulièrement en ce qui a trait
à la loi des heures d'affaires; en fait, nous l'administrons
nous-mêmes. Nous travaillons en collaboration avec le ministère de
la Justice dans le cas des poursuites. Tous les projets, toutes les poursuites,
toutes les représentations sont commencées au ministère de
l'Industrie et du Commerce.
M. Biron: Je vois aussi dans votre rapport que vous
étudiez le rôle et la place des indépendants. Quelle est la
philosophie du ministère là-dessus?
Je sais que j'ai eu beaucoup de plaintes, en particulier, des marchands
indépendants d'huile, de garagistes indépendants, contre les
multinationales ou les grandes entreprises, les libres-services
organisés par des compagnies comme Gulf ou Esso. Quelle est la politique
du ministère dans cette direction en particulier? Pourquoi avons-nous
tant de plaintes des indépendants à l'heure actuelle?
M. Tremblay: Le cas est très pertinent, parce que nous
avions justement hier matin une réunion avec le groupe des marchands
d'huile et, la semaine dernière, avec ce qu'on appelle l'ASA, qui est
l'Association du service à l'automobile.
Actuellement, notre préoccupation est de garder un sain
équilibre entre les réseaux contrôlés par ce qui
s'appelle en industrie les sept grands et le réseau des
indépendants, dont un des organismes les plus importants est PEBEC. Nous
avons des contacts bihebdomadaires avec les représentants de l'AMH entre
autres pour les aider à faire une recommandation particulièrement
face à la politique de prix actuellement préconisée par
les grandes sociétés.
Nous cherchons s'il y a réellement pratique discriminatoire dans
le domaine des prix. A ce moment, nous soumettrons un mémoire au
ministre afin qu'il intervienne auprès du ministère des Richesses
naturelles.
M. Biron: Pouvez-vous expliciter davantage le problème
réel, le fond du problème, à l'heure actuelle? Il n'y a
pas plusieurs centaines de marchands d'huile qui se plaignent pour rien.
M. Tremblay: Actuellement, il y a une très grande
variation dans les marges de profit brut depuis la rareté des produits
pétroliers. C'était le
calme plat pendant de nombreuses années, mais, depuis un an et
demi, deux ans, il y a énormément de fluctuation, si on ajoute
à cela le fait qu'il y a parfois des surplus de produits
pétroliers selon les saisons aussi. Parfois l'ajustement ou la marge de
profit brut ne suit pas aussi rapidement, aussi exactement les stocks
possédés par les grandes compagnies ou par les petites
compagnies. Il s'agirait de rétrécir la période ou la
variation des prix pour toujours permettre quand même une assez bonne
marge de profit brut pour les indépendants.
M. Biron: Même dans ce cas particulier, ce sont ces grandes
entreprises qui vendent directement et finalement viennent en concurrence avec
leurs propres clients.
M. Tremblay: C'est essentiellement cela. Il y a deux
réseaux. Il y a le réseau d'indépendants et le
réseau des succursales des compagnies nationales. Les deux s'adressent
au consommateur. Les deux sont en concurrence, justement, pour monter leur
volume d'affaires. C'est à nous de les surveiller pour qu'il n'y ait pas
de politique discriminatoire à l'égard des
indépendants.
M. Biron: Qu'allez-vous faire pour cela? Allez-vous avoir un
décret pour favoriser les indépendants?
M. Tremblay: Si vous voulez ma recommandation personnelle, cela
peut parfois se régler plus rapidement sur un coup de
téléphone, par la persuasion, que par des lois qui prennent
énormément de temps dans un tel cas.
M. Biron: II y a seulement quelques entreprises multinationales
qui concurrencent le milieu indépendant.
M. Tremblay: II y en a sept qui donnent le service au
Québec.
M. Biron: C'est la même chose pour les garages. Je sais
qu'on a eu aussi beaucoup de plaintes des garagistes. Ils se plaignent que les
grandes entreprises ont des libres-services un peu partout ou même
qu'elles construisent des garages et qu'elles les relouent après cela
à un indépendant. Ce dernier est pris avec ça.
M. Tremblay: Fondamentalement, je dirais que le problème
avec les stations-service, c'est ce qu'on appelle chez nous le bail type. En
fait, les baux qui sont signés entre les opérateurs d'une part et
les compagnies d'autre part ne sont pas toujours équitables pour l'un ou
pour l'autre, selon la force de négociation des parties en
présence.
Nous sommes en contact avec les entreprises manufacturières, les
associations comme l'ASA et également un groupe d'opérateurs
indépendants afin d'établir un bail type un peu comme cela existe
dans le domaine des loyers pour les résidences, afin de faire accepter
ce bail par toutes les parties et voir à ce qu'il soit équitable
pour les parties en présence. On reconnaît qu'il y a de petits
opérateurs qui n'ont pas la force de négociation, le soutien
technique et légal que les grandes entreprises ont et nous voulons
encore équilibrer les forces en présence.
M. Biron: II y a beaucoup d'indépendants qui se plaignent
que, dans des régions données, dans l'huile ou l'essence, en
particulier, on vend avec une grande différence de prix d'une
région à l'autre. Le ministère fait-il quelque chose
là-dedans parce que, d'une région à l'autre, dans le
Québec, dans un rayon de 50 milles, on peut payer $0.10 ou $0.15 de plus
le gallon d'essence?
M. Tremblay: II n'y a pas de contrôle de prix comme tel
pour l'essence aux pompes. C'est réellement la libre concurrence qui
joue. Il ne faudrait pas perdre de vue que la plupart de ces guerres de prix
ont à l'origine les détaillants eux-mêmes, qui sont en
concurrence les uns avec les autres le long d'une route ou des choses comme
cela.
M. Biron: Voulez-vous dire que les grandes...
M. Tremblay: Ce serait d'abord un problème de discipline
de la part des opérateurs eux-mêmes.
M. Biron: Voulez-vous dire que les grandes entreprises vendent
à peu près le même prix dans tout le Québec, sauf
les coûts de transport, et que ce sont tout simplement les
détaillants eux-mêmes qui peuvent faire varier le prix de
l'essence de $0.10, $0.12 ou $0.15 le gallon?
M. Tremblay: Non. Je dis que les indépendants devraient
d'abord se discipliner. C'est la recommandation que nous leur faisons, de se
discipliner afin de maintenir un prix qui leur permet d'opérer avec un
certain profit, d'une part. Deuxièmement, ils constituent un moyen de
pression important auprès des entreprises majeures. Ils ne sont pas
particulièrement intéressés à déclencher des
guerres de prix, sauf lorsqu'on le leur impose.
M. Biron: Est-ce que les entreprises majeures n'interviennent pas
elles-mêmes dans certaines régions? Je pense à la
région de Trois-Rivières, où, durant un bout de temps, le
prix de l'essence était très très bas; c'est encore cela
aujourd'hui, et 50 milles plus loin, vous aviez $0.10, $0.12 ou $0.15 de plus
le gallon de différence.
M. Tremblay: En fait, il y a des guerres localisées qui se
déclarent constamment. C'est le jeu de la libre concurrence sous la
forme la plus pure, si je peux dire.
M. Biron: Ce ne sont pas tout à fait les
indépendants qui font cette guerre. Les grandes entreprises entrent dans
le jeu aussi.
M. Tremblay: Règle générale ils ont
intérêt, notre expérience, c'est qu'ils ont
intérêt à policer
des pratiques de prix par les opérateurs. Ce sont des marges de
profit à maintenir face aux dépenses qu'ils ont absorbées
et, à moins qu'ils ne soient réellement entraînés
eux-mêmes dans une guerre, la plupart du temps, à mon avis, c'est
rare qu'ils vont eux-mêmes déclencher ces guerres de prix.
M. Biron: Voulez-vous dire que la plupart des guerres de prix
sont dues aux détaillants eux-mêmes plutôt qu'aux grandes
entreprises?
M. Tremblay: C'est ce qui explique justement que c'est
très localisé. Vous avez, par exemple, dans un secteur, un
propriétaire de station-service qui veut attirer la clientèle qui
commence, alors les autres suivent. Même les compagnies importantes
suivent à ce moment. Personne n'est intéressé à
perdre ses affaires. C'est habituellement comme cela. Je ne dis pas qu'il n'y a
pas de cas, je pourrais vérifier, mais, règle
générale, nous voyons que le processus se fait comme cela.
M. Biron: Le ministère surveille ces évolutions ou
ces décisions de très près pour se tenir au courant.
M. Tremblay: Lorsque nous voyons que les prix, ou que les actions
qui sont prises peuvent se faire au détriment des petits
commerçants, nous faisons des représentations ce n'est pas
long aussi que les gens de l'ASA viennent nous voir auprès du
ministère des Richesses naturelles entre autres.
M. Biron: Une dernière question sur ce programme. Je vois
qu'il y a une liste de subventions, ce ne sont pas tellement de grosses
subventions, il y a la Corporation des marchands de meubles, $7500,
l'Association des services à l'automobile, $8000, qui est-ce qui
décide des subventions, des montants accordés et de la pertinence
de la subvention?
M. Tremblay: En fait c'est nous, selon la raison pour laquelle la
subvention est demandée. Un des premiers critères que nous
évaluons répond aux objectifs du ministère, toujours dans
le cas du commerce, du rang du commerce, c'est: plus gros, plus fort.
Toute demande, par exemple, toute étude ou aide en vue de former
une association ou de faire une étude qui va apporter des services
additionnels aux membres qui nous paraissent valables est approuvée.
Nous faisons une recommandation à ce moment; cela suit, en fait, les
canaux normaux et le ministre l'approuve en définitive, mais sur notre
recommandation.
M. Biron: Merci.
Le Président (M. Laplante): Même sujet, le
député de Champlain.
M. Gagnon: Sur le sujet des vendeurs indé- pendants contre
les grosses compagnies, je trouve que ce problème qui a
été soulevé par le chef de l'Union Nationale est un
problème qui devient de plus en plus sérieux.
Il a mentionné, par exemple, la Mauricie, que je connais mieux,
ce que je trouve dommage, c'est quand on nous a dit qu'on essayait qu'il y ait
un sain équilibre. Il y a de plus en plus de libres-services où,
au début, on donne sensiblement les mêmes services que le vendeur
indépendant, mais, au bout d'un certain temps, les services sont
diminués. Dans le même temps où on voit augmenter le
chômage, vous arrivez pour aller faire faire certains travaux mineurs
à votre voiture tout en faisant le plein d'essence, comme laver la
voiture ou ces choses là, et on ne trouve plus personne qui peut le
faire, justement à cause des libres-services.
Il y aurait lieu pour le ministère de l'Industrie et du Commerce
d'essayer d'approfondir cela le plus rapidement possible. Vous avez dit qu'il y
avait une étude qui s'en venait là-dessus, il faudrait que ce
soit le plus rapidement possible parce que, d'ici très peu de temps, au
niveau de la Mauricie du moins, il restera à peu près plus de
vendeurs d'essence indépendants. En même temps cela contribue
à créer plus de chômage dans notre région.
M. Tremblay: Nous allons y regarder.
M. Gagnon: Ensuite, vous avez parlé de la guerre de prix.
Vous avez dit que cette guerre pouvait provenir surtout des
indépendants.
Quand on voit des fois une marge comme a souligné le chef de
l'Union Nationale, une différence dans les régions, entre $0.10
et $0.15 le gallon; c'est assez difficile à comprendre que cela puisse
être les indépendants qui créent une telle marge, parce que
je ne crois pas même que la marge de profits des détaillants soit
aussi élevée que celle-là. Récemment, j'ai vu cela,
par exemple, dans le Lac-Saint-Jean; c'est assez peu compréhensible que
l'essence au Lac-Saint-Jean se vende meilleur marché que près de
Montréal. Si on ajoute, normalement, les frais de transport, cela
devrait être plus cher.
Il y a certainement un jeu de compétition qu'il faudrait
peut-être approfondir. Je parlais avec des vendeurs indépendants
qui me mentionnaient une marge de profit de $0.06 à $0.08 le gallon. Ce
n'est donc pas compréhensible que ces gens puissent déclencher
une guerre de $0.10 ou $0.15. Tout de même, ils ne dépensent pas
leur argent pour vendre. Je pense qu'il y aurait là un sujet à
approfondir le plus rapidement possible par une étude
immédiate.
M. Tremblay: Monsieur, à $0.15 de différence, on
peut presque répondre que c'est difficile à expliquer. Il faudra
regarder.
M. Gagnon: Cela s'est vu.
Le Président (M. Laplante): Autre question au programme
7?
M. Biron: Adopté.
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté.
M. Raynauld: Maintenant, je ne sais pas si, avant de passer
à un autre programme, on ne devrait pas noter que l'on n'a pas le
quorum.
Le Président (M. Laplante): Je note avec vous que le
quorum n'existe pas, maintenant, il va de la volonté de la commission,
des membres actuellement à cette table, de continuer les travaux ou je
suis dans l'obligation de suspendre les travaux pour cinq minutes.
M. Biron: La qualité y est.
M. Raynauld: Comme le chef de l'Union Nationale ne sera pas
là cet après-midi, je n'aurais pas d'objection qu'il continue ce
matin.
Le Président (M. Laplante): On continue les travaux; c'est
au programme 8 que vous vouliez aller, M. le ministre?
Développement des pêches
maritimes
M. Tremblay: M. le Président, le programme 8 traite du
développement des pêches maritimes. Je voudrais souligner, au
départ, que cette année, le budget marque une diminution de $1
796 000 million, mais je voudrais aussi indiquer que cette diminution ne
s'applique pas au budget régulier des opérations courantes. Elle
est due à une fluctuation dans les projets spéciaux. Nous
pourrons peut-être les expliquer tout à l'heure. D'autre part, le
budget tel quel ne tient pas compte d'une augmentation provenant de l'entente
auxiliaire pour la réalisation des parcs industriels de pêche.
Cette augmentation sera de $1 million et des virements seront effectués
très bientôt.
Une entente a été terminée hier. Nous
prévoyons aussi un autre virement de $500 000 en provenance du fonds de
suppléance du gouvernement de manière à créer un
fonds de roulement pour l'usine de la Gorton Pew, de sorte que, si nous tenons
compte de ces deux virements, le budget de la section des pêches
maritimes pour l'année 1977/78 sera de l'ordre de $14 376 000, ce qui
représente une diminution moindre que celle qui est indiquée dans
le rapport que nous avons donné.
D'autre part, j'aimerais peut-être dire quelques mots des
problèmes que nous éprouvons dans le domaine des pêches
maritimes. C'est que, depuis quelques années, il devient de plus en plus
évident qu'il existe une raréfaction des ressources maritimes au
Québec. Cette raréfaction vient évidemment du
résultat de la surexploitation des années passées, mais
elle est due aussi à l'action du gouvernement fédéral qui
a imposé des quotas touchant la morue, le poisson rouge. Ces quotas sont
très limitatifs et réduisent considérablement les prises
présentement.
D'autre part, le gouvernement fédéral a interdit les
bateaux de cent pieds et plus pour la pêche dans le golfe ce qui a
créé, aussi, une tendance à la diminution des prises qui
s'est réflétée au niveau des usines de transformation et
qui crée des problèmes dans certaines régions du
Québec, régions spécialisées dans la
pêche.
Pour faire face à ces difficultés, nous sommes en train
d'étudier différentes possibilités, en grande partie, pour
développer la pêche hautu-rière. Le Québec n'a
jamais été tellement présent dans la pêche
hauturière. La délimitation de 200 milles, de zone de
pêche, va nous permettre de développer, nous l'espérons, au
cours des prochaines années, la pêche hauturière.
Ceci va amener, aussi, une orientation dans nos subventions pour les
bateaux. Si nous nous dirigeons vers la pêche hauturière, il
faudra avoir des bateaux de plus grande importance ce qui amènera une
modification dans les modes de pêche, les types de poissons qui seront
pêchés, et une spécialisation différente au niveau
des usines de transformation.
Nous sommes en train d'étudier toutes ces questions, car nous
croyons qu'il y aura une réorientation assez importante, dans le secteur
des pêches, au cours des prochaines années.
Nous poursuivons nos travaux de gestion et de développement de
parcs industriels de pêche, pour accroître la transformation dans
les régions de pêche, et nous complétons, comme je l'ai
mentionné tout à l'heure, des ententes auxiliaires, pour
effectuer ces développements.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont...
M. Biron: M. le Président, pourrions-nous demander au
ministre de nous présenter son haut fonctionnaire?
M. Tremblay: II s'agit de M. Barras, qui est le directeur
général, aux pêcheries.
M. Raynauld: Bonjour monsieur. Alors, quelques questions
préliminaires sur les budgets.
Premièrement, est-il exact que M. Bernard, qui était
sous-ministre adjoint, a pris sa préretraite? Est-il exact que M. Yvon
Boudreau travaille au ministère de l'Indusdrie et du Commerce? Je
voudrais savoir à quel titre. Son salaire, ses qualifications.
Deuxièmement, il semble que le ministère envisage de
décentraliser l'administration des pêcheries, au Québec.
Pourriez-vous nous indiquer quelle est votre position à ce sujet? Il
semble être question de déplacer les fonctionnaires, de
façon à les faire travailler sur place, plutôt qu'à
Québec. J'aimerais avoir plus de détails à ce sujet.
Nous avons aussi un adjoint parlementaire, Mlle Leblanc. Pourriez-vous
nous indiquer quelles sont les relations qui existent avec l'adjoint
parlementaire, dans un tel cas? Car il semble chargé des pêches,
plus précisément. J'aimerais également entendre, du
ministre, quel est le partage exact des responsabilités.
Enfin, une question peut-être un peu plus générale,
M. le ministre, vous avez déjà commencé à indiquer
certains problèmes, relatifs aux pêcheries. J'aurais aimé
avoir quelques informations de base. Combien y a-t-il de pêcheurs? Pour
être capable d'évaluer la somme, ou l'univers avec lequel on fait
affaire, comme point de repère...
M. Tremblay: Je suis content que vous ne me demandiez pas combien
il y a de poissons.
M. Raynauld: ... mais il paraît que vous savez, en moyenne,
combien un pêcheur prend de poissons, il s'agirait de multiplier, on
aurait les poissons aussi. Cependant, je préférerais, au nombre
de poissons, connaître les recettes qui sont tirées de
pêches une année récente pour avoir un ordre
de grandeur, étant donné les sommes considérables que le
gouvernement du Québec consacre aux pêcheries, là encore,
des points de repère. Je vais m'en tenir là, pour tout de
suite.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre a-t-il toutes
les questions en note, ou aime-t-il mieux les reprendre une par une?
M. Tremblay: Je les ai en note. La question concernant M. Viateur
Bernard, oui. M. Bernard a pris sa retraite le 11 février dernier. Nous
en sommes aux dernières démarches pour la nomination d'un
sous-ministre adjoint aux pêcheries, qui sera annoncé très
bientôt.
En ce qui concerne M. Yvon Boudreau, il est secrétaire
particulier de l'adjoint parlementaire. C'est un secrétaire particulier
classe 2, qui gagne $19 100 et qui est en fonction depuis le 1er mars 1977.
En ce qui concerne la décentralisation, la direction des
pêches est déjà très décentralisée
puisqu'il y a 250 employés sur 315 qui sont dans les régions et
dans les municipalités à vocation de pêcherie.
En ce qui concerne l'adjoint parlementaire, il a principalement comme
mandat de remplacer le ministre à l'Assemblée Nationale lorsqu'il
est absent afin de répondre aux questions dans le secteur des
pêches. Il représente le ministre à travers le
Québec et dans les régions spécialisées en
pêcheries pour rencontrer les groupes intéressés et
recevoir les demandes de nature politique à travers le Québec.
D'autre part, il participe avec le ministre à l'étude de
documents concernant les pêcheries à l'intérieur du
ministère.
Le ministre demeure toujours responsable de tous les projets ou de
toutes les décisions qui concernent les pêcheries, selon la Loi
des pêcheries.
Il y a présentement 6400 pêcheurs au Québec dont
2000 sont professionnels à temps plein. Il y a un certain nombre de
pêcheurs qui sont polyvalents. Il s'est pêché 83 millions de
livres en 1976. Ces pêches représentent $15 millions.
M. Raynauld: $15 millions?
M. Tremblay: Les entreprises elles-mêmes ont
effectué des expéditions pour $30 millions.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Je veux juste avoir un détail, une
précision. La valeur des pêches en 1976 a été de $15
millions et les expéditions ont été de $30 millions,
est-ce que c'est parce qu'on a vendu plus qu'on a pêché?
M. Tremblay: C'est parce qu'on a transformé le
poisson.
M. Raynauld: D'accord.
M. Tremblay: C'est la valeur ajoutée.
M. Raynauld: Je suppose qu'il n'y a rien d'anormal
là-dedans, mais je voudrais noter que si j'ai posé la question
sur M. Boudreau, c'est parce qu'il était l'agent officiel de Mlle
Leblanc. Je suppose que ce n'est pas inhabituel que l'agent officiel soit du
personnel politique. C'est pour cela que j'ai posé la question.
M. Tremblay: Dans le passé, M. le Président, les
adjoints parlementaires avaient un secrétaire particulier et c'est pour
suivre la coutume administrative que M. Boudreau a été
nommé.
M. Raynauld: A combien évaluez-vous les engagements de
l'Etat dans les pêcheries à l'heure actuelle?
M. Tremblay: Faites-vous allusion aux crédits totaux en
pêcherie?
M. Raynauld: II y a les crédits d'une année et j'ai
remarqué que dans les crédits... bien sûr, vous avez dit
tout à l'heure à peu près $14 millions. J'avais
calculé $12,8 millions. J'ai également noté, mais cela
viendra dans un élément un peu plus loin, qu'il y a des
prêts en cours pour à peu près $10 millions. Des
subventions ont été données.
J'aurais aimé avoir, un peu comme on a eu tout à l'heure
pour la SDI, on avait $300 millions de subventions, $150 millions de
prêts ou de garanties ou des choses semblables, j'aurais aimé
avoir un peu une idée globale des ressources qui sont consacrées
aux pêcheries. Si tous les membres de la commission étaient
d'accord, on pourrait discuter des trois éléments en même
temps. Je n'aurais pas d'objection à le faire.
M. Biron: D'accord.
M. Tremblay: On va répondre à cette question.
Effectivement, M. le Président, nous consentons des prêts,
des prêts à la construction ainsi qu'à la réparation
de bateaux de pêche, en vertu de certains arrêtés en
conseil, et c'est pourquoi nous détenons présentement un
portefeuille d'hypothèques sur les bateaux de pêche qui est
l'équivalent de $10 millions. C'est le résultat de toute une
série de prêts consentis au cours des dernières
années. Par ailleurs, nous administrons aussi
un certain nombre de programmes de subventions. Il y a des subventions
qui sont offertes aux pêcheurs pour l'acquisition d'engins de
pêche. Il y a aussi des subventions qui sont offertes aux pêcheurs
pour le paiement de la prime d'assurance de leur bateau de pêche. Il
existe aussi un certain régime de primes à la capture qui sont
versées aux pêcheurs. Le tout étant régi par des
arrêtés en conseil qui précisent les diverses
modalités.
M. Raynauld: Avez-vous une idée des subventions
accumulées qui ont été données? Cette année,
pour l'année 1977/78, je pense qu'il est proposé $1,6 million de
subventions.
M. Tremblay: Oui, très exactement.
M. Raynauld: $1,6 million. Est-ce qu'on a une idée des
subventions accumulées? Est-ce que c'est à peu près comme
ça chaque année?
M. Tremblay: Oui, c'est assez stable. Une bonne partie des
subventions est accordée pour l'assurance maritime; c'est-à-dire
qu'on accorde à peu près $500 000 annuellement, soit
l'équivalent de 30% de cette somme, pour défrayer le coût
de l'assurance des bateaux de pêche.
M. Raynauld: Sur l'ensemble des crédits, cette
année, quelle somme est versée, en réalité, par le
gouvernement fédéral, en vertu d'ententes?
M. Tremblay: Je pense que ça doit être une somme
d'environ $90 000 en ce qui regarde les projets conjoints. Ensuite, il y a des
interventions du fédéral au niveau de l'entente auxiliaire sur
les infrastructures industrielles. Il y a $2,5 millions qui sont prévus
dans le budget déposé, plus un million de dollars qui vient
d'être accepté par le Trésor, ce qui porte les
crédits de l'entente auxiliaire pour le prochain exercice à $3,5
millions, avec une contribution du fédéral qui est de l'ordre
d'environ 60%.
M. Raynauld: 60%?
M. Tremblay: De cette somme-là, oui.
Le Président (M. Laplante): M. le chef de l'Union
Nationale.
M. Biron: Simplement pour finir le dossier de M. Boudreau, est-il
normal qu'un adjoint parlementaire ait un secrétaire particulier?
M. Tremblay: Dans un secteur comme les pêches, dans le
passé, il y a toujours eu un adjoint parlementaire qui appuyait l'effort
du ministre dans ce secteur et, comme c'est un secteur qui est très
décentralisé et qui est très éloigné du
gouvernement, il y a énormément de contacts à maintenir
avec la population, avec les pêcheurs, et vous savez comme moi que la
session parlementaire dure très longtemps, de sorte qu'un
secrétaire particulier peut assister un adjoint parlementaire.
Cet adjoint parlementaire fait partie du cabinet élargi du
ministère; c'est un personnage politique; il fait partie du personnel
des cabinets du ministère.
M. Biron: Donc, la fonction publique autorise un
secrétaire particulier?
M. Tremblay: Non, étant donné que cela fait partie
du cabinet politique, c'est une autorisation qui vient du premier ministre.
M. Biron: Ah! Et les relations qu'il y a entre M. Boudreau... Il
n'y a pas d'autres relations avec Mlle Leblanc?
M. Tremblay: Ah bien, il est possible que...
Le Président (M. Laplante): Le personnel des cabinets est
toujours très étroitement relié à la personne
politique qu'il sert.
M. Tremblay: Merci!
M. Biron: M. le ministre...
Le Président (M. Laplante): Je ne savais plus,
honnêtement, où vous arrêter.
M. Biron: Qu'est-ce qui se fait au ministère de
l'Industrie et du Commerce, du côté des pêches maritimes? Je
comprends que le fait qu'il n'y a pas eu de sous-ministre en titre a pu causer
quand même un certain retard vis-à-vis de cette nouvelle loi du
fédéral pour les 200 milles.
Fait-on de la promotion auprès de nos pêcheurs? Les
aide-t-on financièrement? Fait-on quelque chose pour les encourager
à profiter pleinement de cette limite de 200 milles?
M. Tremblay: II faudrait peut-être que je précise au
début que la vocation qui a toujours été assumée
par les pêches du Québec était surtout une vocation pour le
golfe. Par tradition, il y a beaucoup de pêche côtière dans
chaque village de la Gaspésie, de la Côte-Nord et des
Iles-de-la-Madeleine.
Il existe, à côté de cela, de plus grosses
unités de pêche, mais qui se tenaient surtout dans le golfe. De
sorte que, présentement, on dispose de très peu d'unités
de pêche qui nous permettent d'aller commodément à
l'intérieur de la zone canadienne de 200 milles, qui vient d'être
accordée en janvier.
Cependant, la situation est intéressante pour les prochaines
années, au sens qu'elle se présente comme suit: d'une part, il y
avait beaucoup de pays étrangers qui pataugeaient, à tour de
bras, dans les ressources canadiennes, notamment les Russes, les Espagnols, les
Portugais et d'autres, et qui, à toutes fins utiles, viennent
d'être exclus de cette réserve, de sorte que ces pays, qui
étaient de gros fournisseurs de poisson sur les marchés
internationaux perdent maintenant, à toutes fins utiles, leur
capacité de s'approvisionner. D'une part,
ils ont des marchés domestiques assez importants, beaucoup plus
développés que les nôtres; d'autre part, ils disposent
d'une technologie, de bateaux, d'un apprentissage et, à toutes fins
pratiques, ils perdent leurs fonds de pêche, tandis que nous sommes
vraiment dans la situation inverse, au sens que nous récupérons
des fonds de pêche importants, qui seront à nous en
exclusivité. Par ailleurs, nous n'avons pas présentement toute la
technologie et les bateaux voulus pour pouvoir exploiter cette ressource. De
sorte que le contexte est très favorable à des ententes entre
pays ou entre sociétés, à savoir que nous pourrions
profiter de la technologie et des bateaux, ce qui nous permettrait d'aller
pêcher à l'intérieur de la zone de 200 milles et aussi
d'avoir accès à des marchés internationaux, puisque les
pays qui nous concurrencent sont effectivement contraints de se retirer,
n'ayant plus leurs approvisionnements. C'est de cette façon que les
choses se présentent.
M. Biron: Je suis d'accord avec vous là-dessus, je
comprends jusque là, mais que fait maintenant le Québec pour
profiter de cela? Est-ce que l'on ne fait rien et que l'on attend que les
autres en profitent ou si l'on fait quelque chose?
M. Tremblay: On a une première entente qui a
été négociée entre une firme de France et une firme
de Paspédiac, avec le résultat que, dès le prochain
exercice, il y a un gros navire-usine français qui fera la capture,
à l'intérieur de la zone canadienne de 200 milles, à
même les quotas canadiens, et qui débarquera son poisson à
Paspédiac, pour y être usiné et vendu. C'est un premier
pas.
Je voudrais ajouter que le gouvernement canadien a rendu la chose assez
difficile, puisque, d'une part, on faisait sortir par la grande porte tous les
pays étrangers; il était assez difficile qu'on les invite, par la
porte arrière, à revenir sous forme d'ententes conjointes.
D'autre part, il y a eu des récriminations syndicales, notamment,
du côté de Terre-Neuve. Il y a des employés d'usines qui ne
voyaient pas toujours d'un oeil intéressé ces sortes d'ententes
entre pays. Or, le gouvernement canadien a décidé d'être
assez prudent, d'accepter certaines ententes du type de celles que l'on a
négociées, comme dans le cas de l'usine de Paspédiac. Mais
les perspectives des prochaines années sont intéressantes et nous
poursuivons des discussions et des contacts avec des entreprises
étrangères, de façon à pouvoir obtenir leurs
bateaux et leur technologie, de façon aussi à entraîner nos
équipages à ces modes de pêche.
M. Biron: Ce que vous suggérez, c'est un "joint venture"
entre des pêcheurs québécois et des pêcheurs
français, hollandais ou autres.
M. Tremblay: Je pense que ce serait probablement la
méthode la plus expéditive, étant donné que les
bateaux de ce type coûtent assez cher, je pense que des unités de
pêche de ce calibre risquent de coûter entre $8 millions et $10
millions chacune. D'autre part, il y a déjà à
l'étranger des surplus assez importants de bateaux qui sont très
à point et que l'on pourrait obtenir à des prix très
inférieurs, soit par des achats, soit par des ententes; ce serait la
méthode la plus expéditive pour qu'on puisse se mettre sur la
carte dès que possible.
M. Biron: On m'informe que la Nouvelle-Ecosse a
déjà une étape considérable de franchie dans ce
domaine particulier où elle aide au financement, où elle aide
à la technique de leurs pêcheurs, en vue d'accélérer
cela. Finalement, si on attend un an ou deux, il sera véritablement trop
tard.
M. Tremblay: Nous disposons, M. le député, du
chapitre 210. qui nous permet de consentir des... pour la construction ou
l'acquisition de bateaux de pêche, de sorte que rien ne s'objecte
à ce que nous financions, pour le compte d'une de nos entreprises, une
ou deux acquisitions, dans l'immédiat. Il s'agit, simplement, de
s'assurer que l'on a l'organisation pour pouvoir débarquer et utiliser
des bateaux de ce type là.
De sorte que l'on peut agir, dans l'immédiat, avec les lois, les
programmes et les crédits actuels.
Le Président (M. Laplante): Les travaux de la commission
sont ajournés sine die. J'informe aussi les membres de la commission
qu'il est fort probable que cet après-midi, nous nous réunissions
à nouveau, après la période de questions, sur ordre de la
Chambre.
(Suspension de la séance à 12 h 1)
Reprise de la séance à 16 h 32
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, messieurs!
Reprise des travaux de la commission permanente de l'industrie et du
commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche, pour l'étude
des crédits se terminant le 31 mars 1976 pour le ministère de
l'Industrie et du Commerce.
Les membres de cette commission sont: M. Biron (Lotbinière), M.
Bordeleau (Abitibi-Est), M. Desbiens (Dubuc), M. Duhaime (Saint-Maurice), M.
Godin (Mercier), M. Gratton (Gatineau), M. Grenier (Mégantic-Compton),
Mme Leblanc (Iles-de-la-Madeleine) remplacée par M. Gagnon (Champlain);
M. Mackasey (Notre-Dame-de-Grâce), M. Mailloux (Charlevoix), M. Marcoux
(Rimouski), M. Marquis (Matapédia), M. Mercier (Berthier)
remplacé par M. Boucher (Rivière-du-Loup); M. Michaud
(Laprairie), M. Perron (Duplessis), M. Raynauld (Outremont), M.Tremblay
(Gouin).
Lorsqu'on a ajourné les travaux, M. le chef de l'Union Nationale
avait la parole. Vu son absence, le député de Champlain est le
suivant.
M. Gagnon: Je vais me retremper dans le sujet, je passe mon
tour.
Le Président (M. Laplante): Sur le programme 8, on a
décidé que les trois éléments ensemble feraient
partie d'une même discussion.
M. Gagnon: Je vais passer mon tour, parce que j'ai oublié
ma question. Je vais revenir tantôt.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Laprairie.
M. Michaud: J'ouvre mon dossier. J'avais quelques questions
d'ordre général. On a parlé ce matin de production. La
consommation de poisson ici au Québec représente, je ne sais pas
si vous avez un chiffre total, mais quel pourcentage représentent les
produits pêchés au Québec environ?
M. Tremblay: Effectivement, la consommation de poisson au
Québec est de 12 livres, 12 1/2 livres par personne, par année.
Cela se compare avec une consommation de boeuf d'environ 90 livres et à
peu près autant de volaille. Maintenant une bonne partie de ces 12
livres est constituée de certains produits particuliers qu'on n'a pas
chez nous, comme les scampis, des particularités comme ça. Il
demeure que pour les poissons de fond, morue, sébaste et autres
espèces, la consommation domestique est approvisionnée en large
partie par les usines québécoises ainsi que par d'autres usines
canadiennes sur la côte atlantique.
M. Michaud: Un petit commentaire ici. Quand on va en
Gaspésie, comment se fait-il qu'on ne puisse pas manger de crevettes de
Matane? On ne peut les avoir que sur le marché à Montréal
et sur le marché extérieur.
M. Tremblay: Les crevettes de Matane se vendent effectivement
dans les comptoirs locaux. Elles se vendent par exemple sur le quai à
Rimouski, à l'usine de Matane ainsi que dans des poissone-ries locales.
Cependant, une large partie de la production est exportée, en
particulier en Angleterre.
M. Michaud: Est-ce que le ministère a planifié une
campagne de publicité pour l'achat du poisson ou la consommation du
poisson?
Le Président (M. Laplante): Le député de
Laprairie voudrait-il s'adresser au Président, pour que la question soit
donnée au ministre, parce que ces messieurs répondent au nom du
ministre et leurs déclarations sont inscrites au nom du ministre, s'il
vous plaît?
M. Michaud: D'accord, M. le Président. A l'avenir, je
m'adresserai toujours à vous. Ma question est: Est-ce qu'on a
planifié une campagne de publicité pour l'achat du poisson ou la
consommation du poisson?
M. Tremblay: Effectivement, il y a des budgets disponibles et qui
nous permettent de contribuer à accroître la consommation,
notamment la consommation domestique de poisson. Par le passé, la
direction accordait des subventions à des entreprises de chez nous pour
des fins de dégustation, d'annonce dans les journaux, de promotion, de
vente et même des contributions pour des voyages ou des participations
à des expositions à l'étranger, aux Etats-Unis en bonne
part.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Michaud: Est-ce que je pourrais continuer, M. le
Président, s'il vous plaît?
Le Président (M. Laplante): Vous avez une question
additionnelle. Allez-y.
M. Michaud: Je vois que la direction générale a des
mesures d'assistance financière pour la construction de bateaux de
pêche, pour la réparation et l'équipement. Est-ce qu'il y a
un pourcentage du coût qui est couvert par le ministère ou si
c'est une chose arbitraire, dépendant des besoins, ou pour combler des
besoins bien précis?
M. Tremblay: Le financement de la construction de bateaux de
pêche s'effectue comme suit: pour les bateaux de 75 pieds de longueur et
moins, c'est le ministère d'Environnement Canada qui accorde une
subvention totale qui est égale à 35% du coût de
construction. Pour les bateaux de 75 pieds et plus, c'est le même montant
de subvention, mais il est accordé par un autre ministère
fédéral, celui de l'Industrie et du Commerce. Quant à
nous, jusqu'à la fin de l'entente Canada-Québec, qui s'est
terminée en juin 1976, nous avions des disponibilités pour
compléter la subvention fédérale. La province accordait
une sub-
vention équivalant à 15% du coût total de la
construction, en plus des 35%, bien que cette subvention ait diminué au
cours des années de 15% à 7%. De plus, la province accorde des
prêts qui sont équivalents à 45% du coût de
construction, de sorte qu'au total, un navire qui coûtait $100 000
bénéficiait d'une subvention fédérale de $35 000.
Le pêcheur était appelé à donner 10% de ce qui
demeurait comme résidu et le solde était financé par la
province au moyen de prêts. C'est ce qui fait que la province gère
un portefeuille d'hypothèques de $10 millions. Ce sont des prêts
dont les montants et les normes sont définis par des
arrêtés en conseil ainsi que par des règlements.
M. Michaud: Dans le même ordre d'idée, M. le
Président, je vois ici le coût de deux navires ho-mardiers, l'un,
de 43 pieds et 6 pouces, coûte $58 000. Est-ce que c'est le coût
net ou simplement le coût après subventions? L'autre, de 40 pieds,
à peine trois pieds de moins, coûte $30 000. Est-ce que ce sont
des spécifications spéciales ou de l'équipement
spécial qui peut faire une si grosse différence entre des bateaux
qui, d'après moi, sont à peu près de même
taille?
M. Tremblay: II s'agit effectivement du coût total de
construction. Evidemment, le coût de construction varie passablement
selon le chantier, mais surtout selon les particularités de la
construction. Il y a des bateaux dont la coque est en chêne, d'autres en
épinette, il y a des bateaux avec des équipements
électroniques beaucoup plus élaborés que sur d'autres
unités. Le tout dépend, en définitive, du type de
pêche et de ressources que le pêcheur anticipe.
M. Michaud: Ma dernière question, M. le Président,
concerne les permis pour la pêche en Gaspésie. Je me suis
laissé dire que les touristes ne pouvaient pas aller pêcher comme
ils voulaient. Cela leur prenait un permis spécial pour pêcher en
haute mer, même si c'est seulement de la morue, et sur un plan
complètement touristique, pour aller en chercher pour leurs besoins.
Est-ce que c'est vrai et dans quel but est-ce qu'on oblige un touriste à
avoir un permis pour aller pêcher en haute mer?
M. Tremblay: Votre présomption est exacte. Nul ne peut
faire de pêche commerciale dans les eaux à marée, à
moins d'être détenteur d'un permis de pêche. Ces permis
peuvent être obtenus à nos divers bureaux locaux situés en
Gaspésie, aux Iles-de-la-Madeleine et sur la Côte-Nord. Le but de
ça est d'arriver à permettre aux pêcheurs qui vivent de
cette profession, c'est-à-dire aux gens dont c'est le principal
gagne-pain, d'avoir un plus grand accès à la ressource.
Il s'agit de permettre aussi à des gens qui, pour s'amuser, pour
agrémenter leurs loisirs, d'avoir accès à cette ressource,
mais sur une base beaucoup plus limitée, au sens que les touristes ont
accès à des permis de pêche sportive en eau à
marée tandis que les pêcheurs pour lesquels cela constitue le
gagne-pain, ont accès à des permis de pêche
commerciale.
En dernière analyse, c'est pour éviter le braconnage de
certaines espèces, notamment le homard et le saumon et nous permettre,
moyennant ce régime de permis, d'exercer un contrôle sur ces
personnes qui capturent certaines espèces.
M. Michaud: Est-ce que cela veut dire que moi, je ne peux pas
aller louer une barque pour aller pêcher à la ligne ou au "jig",
comme on l'appelle là-bas?
M. Tremblay: Non. Vous pourrez effectivement, en vous adressant
à nos bureaux locaux, obtenir un permis de pêche sportive en eau
à marée qui vous permettra d'utiliser la "dandinette" ou la
turlutte, c'est-à-dire ce qu'on appelle un "jigger". Il n'y a aucun
problème.
M. Michaud: Combien coûte un permis pour une saison ou une
journée?
M. Tremblay: De mémoire, évidemment, on a un
régime assez complexe de permis, selon le type d'engin de pêche.
Je pense qu'un permis, pour une turlutte ou une "dandinette", cela doit
être de l'ordre de $2.50 ou $3.00 pour l'année.
M. Michaud: Merci.
Le Président (M. Laplante): Le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Je voudrais revenir à une question qui a
été posée ce matin, à propos des ententes
fédérales-provinciales. On m'a répondu que de la somme de
$3,5 millions dont il était question, 60% était payé par
le gouvernement fédéral.
Je vois ici, si l'on examine les dépenses fédérales
au Québec, pour les pêcheries, en 1976/77, que l'on indique $13,5
millions. On me dit qu'en 1977/78, ce serait 22% plus élevé que
ce montant de $13,5 millions.
Je voudrais savoir si ces sommes additionnelles, puisque vous m'avez dit
que c'est ce montant de $3,5 millions qui faisait partie de l'entente, sont
dépensées par le gouvernement fédéral.
J'ai ici des montants, comme la construction des ports de pêche,
pour $4 millions soutien financier aux pêcheurs en raison de la
rareté du poisson pour la durée du redressement de la situation,
$1,2 million, etc. Cela veut donc dire que le gouvernement
fédéral dépenserait beaucoup plus d'argent en dehors des
ententes qui existent à l'heure actuelle, si vos chiffres sont exacts.
Ces ententes ne portent que sur $3,5 millions. Je voudrais savoir s'il y a une
coordination qui se fait des politiques des deux gouvernements en dehors des
ententes et pourquoi une certaine partie de ces fonds fait partie d'ententes et
que d'autres n'en font pas partie. Quelle est la situation de ces
choses-là, à cet égard?
M. Tremblay: Comme vous le savez, M. le Président, le
domaine des pêches est un de ces do-
maines à juridiction mixte. Le Québec, depuis 1922
je vais continuer ma réponse générale, le caucus est-il
terminé? a une juridiction sur les pêches dans le golfe,
mais le gouvernement fédéral a continué de s'occuper de
bien des aspects qui ont des liens avec l'industrie de la pêche.
Lorsqu'on considérait, ce matin, les fonctionnaires que nous avons au
Québec par rapport aux pêcheurs, le rapport est peut-être
d'un fonctionnaire pour cinq pêcheurs, mais à Ottawa, le nombre de
fonctionnaires est tellement élevé que le rapport est un à
un en ce qui concerne le lien entre les pêcheurs et les fonctionnaires,
de sorte qu'il y a énormément d'implications
fédérales dans ce dossier.
Comme je vous l'ai dit ce matin, nous sommes à nommer un
sous-ministre adjoint et une de ses responsabilités principales
consistera à mettre de l'ordre dans les relations
fédérales-provinciales dans le domaine des pêches.
Dans le passé, je pense que les deux gouvernements ont
fonctionné sans trop de coordination. Je souhaiterais, pour ma part,
qu'il y ait beaucoup plus de coordination.
En ce qui concerne les montants que vous évoquez, je vais
demander au directeur général de faire les commentaires
techniques.
Effectivement, le fédéral effectue certaines
dépenses autonomes, c'est-à-dire qu'il effectue, par exemple, des
dépenses sans l'autorisation de la province, en ce qui regarde, par
exemple, les subsides à la construction dont j'ai parlé, à
savoir le subside de 35% du coût de construction, il est
administré par le fédéral et il est imputé lorsque
le subside est accordé à des Québécois, il est
imputé à être une dépense fédérale
pour fins de pêche au Québec.
M. Raynauld: La construction de ports?
M. Tremblay: Non, la construction de bateaux de pêche.
M. Raynauld: De navires?
M. Tremblay: En sus de cela, il y a d'autres dépenses qui
sont effectuées par le fédéral, ce sont des versements de
primes à des pêcheurs, ainsi qu'à des producteurs
québécois, le tout en vertu de programmes nationaux, qui
s'appliquent aussi bien à Terre-Neuve qu'à la Nouvelle-Ecosse,
ainsi qu'ici. Ensuite de cela, le fédéral garde certaines
prérogatives, par exemple, l'inspection du poisson dans les usines. Elle
est effectuée par le fédéral, d'où certaines
dépenses qui sont autonomes, faites par le fédéral. Quant
aux sommes qui sont dépensées pour la construction de ports de
pêche, sommes versées en vertu d'ententes, il s'agit assez souvent
d'ententes générales, par exemple, d'ententes auxiliaires sur les
infrastructures industrielles, qui comportent un volet de pêche, et dont
le budget est de $14 millions, partagés dans les termes de 60% par le
fédéral et 40% par la province. Ce sont des fonds
dépensés pour l'industrie de la pêche, mais conjointement,
en vertu de certaines ententes.
M. Raynauld: M. le ministre, j'espère que vous ne
regrettez pas que le gouvernement fédéral dépense de
l'argent pour les pêcheurs de la Gaspésie.
M. Tremblay: Non, mais je regrette, M. le député,
quand même qu'il y ait ce fouillis de programmes. Je l'ai
déjà dénoncé, en ce qui concerne les programmes
d'aide à l'industrie, où nous avions au-delà de 200
programmes. Je pense qu'il y a un besoin de rationalisation de ces programmes
pour que les pêcheurs retrouvent non seulement le poisson, mais aussi les
programmes.
M. Raynauld: Je suis d'accord jusque là. Dans les
crédits, il y a $200 000 qui sont indiqués pour la modernisation
de l'usine de Paspébiac. Il y a aussi, évidemment, $600 000 pour
l'acquisition de Gorton Pew. Vous devez être surpris qu'on n'en ait pas
encore parlé.
M. Tremblay: Le chef de l'Opposition va venir tout à
l'heure. Je le savais. J'allais vous le glisser.
M. Raynauld: Les prises en charge sont très populaires
avec ce gouvernement. Est-ce que pour ces deux projets, vous pourriez nous
indiquer quelles ont été les considérations importantes
qui ont donné lieu à ces décisions et ce que vous en
attendez d'ici les prochaines années? Une fois sur ce sujet, je voudrais
aussi demander ce qui reste de l'usine de Gaspé, à Sunday Beach?
Ensuite, de façon un peu plus générale peut-être,
quelles sont vos liaisons ou comment envisagez-vous la collaboration avec les
Pêcheurs-Unis et, en particulier, avec leurs propres usines à
Newport et à Rivière-au-Renard?
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Tremblay: En ce qui concerne, M. le Président, le
montant de $200 000 pour la modernisation de l'usine de Paspébiac, il
s'agit d'un moulin à farine qui appartient au gouvernement, et il ne
s'agit donc pas d'une subvention. Il s'agit d'un montant réservé
pour la rénovation de cette usine.
En ce qui concerne le montant de $500 000 réservé à
l'acquisition des actifs de la Gorton Pew. vous savez que par
arrêté en conseil, à la fin du février, comme il y
avait eu fermeture de cette usine de transformation au cours de l'automne
dernier par la General Mills, et que cette usine était absolument
nécessaire au fonctionnement de l'industrie de la pêche aux
Iles-de-la-Madeleine, le gouvernement s'est porté acquéreur de
ses actifs pour un montant de $1 086 000. Ces arrêtés en conseil,
entre parenthèses, M. le Président, ont été
déposés devant la commission étudiant les engagements
financiers du gouvernement. Tous ces arrêtés en conseil ont
été déposés et, cette année, il y a ce
montant de $500 000 qui a été réservé pour en faire
l'acquisition.
En ce qui concerne l'usine de Gaspé, on m'informe qu'elle a
été détruite par le feu en 1975. J'aimerais avoir
peut-être un commentaire technique sur ça.
Oui. C'était une usine des Pêcheurs-Unis qui a
été détruite par un incendie en 1975. Les
Pêcheurs-Unis, cependant, continuent à exploiter les usines de
Newport, Rivière-au-Tonnerre, Saint-Maurice de l'Echouerie et une autre
à Cloridorme.
En ce qui concerne, d'autre part, les usines des Pêcheurs-Unis
à Newport et à Rivière-au-Renard, je demanderais à
M. le directeur de donner les renseignements sur ces deux usines.
Il n'existe aucun problème entre les Pêcheurs-Unis et la
direction des pêches en ce qui concerne cette usine en particulier. Le
gouvernement, c'est-à-dire la direction des pêches maintient
certains équipements. Par exemple, il y a une fabrique de glace à
l'usine de Newport, qui est exploitée par le gouvernement, et nous
entendons fournir au centre de pêche de Newport tous les services actuels
fournis par la direction des pêches. D'autre part.le
fédéral a procédé, à Newport, à
certains aménagements, entre autres pour l'élimination de ce
qu'on appelle une caille, c'est-à-dire une espèce de
récif. Le fédéral a procédé aussi, au
même endroit, à la construction d'un débarcadère
pour les navires côtiers.
M. Raynauld: N'y a-t-il pas eu de problèmes avec les
Pêcheurs-Unis en ce qui concerne Cap-aux-Meules ou Gorton Pew?
M. Tremblay: Dans le cas de Cap-aux-Meules, M. le
Président...
M. Raynauld: Que le choix n'était pas des
Pêcheurs-Unis ou du gouvernement.
M. Tremblay: Non. Dans le cas de Cap-aux-Meules, il y a
évidemment les actifs dont le gouvernement a fait l'acquisition. Les
Pêcheurs-Unis avaient aussi un projet pour la relocalisation d'une usine.
Or, ces deux projets impliquaient des fonds publics assez importants. Et devant
la raréfaction de la ressource j'ai fait allusion ce matin au
fait que les captures ont diminué brusquement depuis quelques
années il nous est apparu qu'il était nécessaire de
rationaliser ces opérations et d'avoir une plus grande collaboration
entre les Pêcheurs-Unis et le gouvernement, de sorte que tous sommes
à faire cette rationalisation. Dans une première démarche,
cette année les Pêcheurs-Unis ont accepté d'être le
concessionnaire des installations du gouvernement à la Gorton Pew et
d'en faire l'administration moyennant rémunération. Nous faisons
aussi une rationalisation en ce qui concerne les entrepôts frigorifiques
parce que nous ne voulons pas avoir un dédoublement de ces
entrepôts, c'est-à-dire des entrepôts subventionnés
par le gouvernement, mais possédés par les Pêcheurs Unis,
et des entrepôts du gouvernement dans les usines de la Gorton Pew, de
sorte que nous rationalisons aussi les entrepôts frigorifiques pour
accroître l'utilisation des installations existantes et aussi pour
maintenir au minimum les subventions du gouvernement.
M. Raynauld: Acceptez-vous qu'en principe il serait
préférable que ce soit les Pêcheurs Unis qui fassent
fonctionner les choses sur place, là-bas, plutôt que le
gouvernement du Québec?
M. Tremblay: Le gouvernement lui-même n'est pas
spécialisé dans le fonctionnement des usines. Même l'usine
de Paspébiac se fait administrer par concession. Nous essayons de faire
la même chose avec d'autres installations. Par contre, le cas des
Iles-de-la-Madeleine, le gouvernement se préoccupe de ne pas
créer de monopole aux Iles, de sorte que, même s'il y a
implication des Pêcheurs-Unis, le gouvernement garde quand même une
surveillance des activités.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous fini, M. le
député d'Outremont?
M. le député de Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Je voudrais poser
plusieurs questions dans le domaine des pêcheries au ministre de
l'Industrie et du Commerce. Compte tenu des besoins croissants dans le domaine
des pêcheries, soit sur la côte nord, soit sur la côte sud,
aux Iles-de-la-Madeleine ainsi de suite... Pourriez-vous expliquer en gros, aux
membres de cette commission, la raison de la diminution du budget 1977-1978 par
rapport à celui de 1976-1977? Il a diminué de près de $2
millions.
M. Tremblay: Je pense que le député de Duplessis
n'était pas présent à la commission ce matin. Nous avons
donné cette explication et elle est inscrite au journal des
Débats, à moins que vous ne souhaitiez que je
répète...
M. Perron: Non. C'est parfait! Je consulterai le journal des
Débats pour avoir la réponse.
M. Tremblay: Je dirais que les dépenses de fonctionnement
n'ont pas diminué mais certaines dépenses particulières
dans les projets d'ententes auxiliaires ont fluctué. Mais j'ai fait
état ce matin qu'il y avait $1,5 million ajoutés récemment
à ce budget de sorte que ce budget est à peu près au
même niveau que l'an dernier.
M. Perron: Donc, il serait le même que celui de l'an
passé. Ma deuxième question, M. le Président. C'est dans
le même domaine, mais concernant une région à laquelle je
m'intéresse assez fortement à cause du contexte des
pêcheries, soit celle des Iles-de-la-Madeleine. Est-ce que vous pourriez
nous dire ce qu'il advient du projet des moules, lequel, je crois, est
actuellement aux Iles-de-la-Madeleine? On sait que, dans le cas des moules, sur
la côte sud, en Gaspésie, elles ne sont pas mangeables, on ne peut
pas faire la mise en marché ou quoi que ce soit.
M. Tremblay: Effectivement, depuis une période de trois
ans maintenant, nous procédons à une expertise d'élevage
de moules en captivité dans les lagunes des îles. Nous avons
maintenant atteint la phase d'exploitation semi-industrielle,
c'est-à-dire que nous prévoyons, pour 1978, une
récolte d'environ 100 000 livres qui devraient se liquider sur le
marché au prix moyen de $0.39 à $0.45. Il s'agissait d'une
expérience, c'était la première fois chez nous et dans
l'Est canadien qu'on procédait à un essai d'élevage de
moules en captivité. La technique a réussi jusqu'à
maintenant. Il est prouvé que les moules ont réussi à
survivre, qu'elles ont atteint une croissance assez importante et qu'elles sont
à l'abri des prédateurs; de même, on a fini par trouver une
technique qui nous permettait de faire l'hivernement de nos divers
équipements sous la glace. Le projet s'annonce assez bien. Il est
très probable qu'en 1978, il y aura déjà une production
pour la vente commerciale.
M. Perron: Dans le cas de ce projet, est-ce que le
ministère a déjà étudié la
possibilité qu'éventuellement, on remette le tout à
l'industrie privée ou encore aux pêcheurs, en ce qui concerne les
moules?
M. Tremblay: II est prévu, effectivement, que les divers
équipements qu'on a dû employer, à savoir des radeaux, des
chalands, des cordes et autres choses comme cela, il est prévu que l'on
fera, dès que possible, un transfert à l'entreprise privée
de sorte que la relève, dès que la partie de
l'expérimentation sera terminée, se ferait par l'entreprise
privée. Il n'est pas prévu qu'on continue les activités
au-delà de la preuve faite que c'est techniquement et
économiquement possible.
M. Perron: Donc, vous attendez que les expertises soient faites
au complet avant de pouvoir vraiment remettre cela à l'industrie
privée, si jamais il y a lieu de le faire.
M. Tremblay: Oui, c'est exact.
M. Perron: Merci. Une question additionnelle, M. le
Président. Sachant que la limite des pêcheries est actuellement
passée à 200 milles, est-ce que votre ministère a
étudié ou entend étudier prochainement la
rentabilité des pêcheries dans ce nouveau secteur, en ce qui nous
concerne et en ce qui a trait aux bancs de poissons ou tous les autres produits
maritimes pouvant créer un marché ou alimenter un
marché?
M. Tremblay: Nous avons discuté assez longuement, M. le
Président, de cette question ce matin. C'est vraiment l'orientation que
nous entendons prendre au ministère, celle d'étudier tous les
moyens à prendre pour accroître la pêche hautu-rière
et faire la location de bateaux qui appartiennent présentement à
d'autres pays, dans le cadre d'ententes, de manière à
accroître les prises et de pallier de cette façon la
raréfaction des ressources. Nous avons passablement touché
à cette question ce matin et je confirme que c'est vraiment une
préoccupation majeure pour le ministère.
M. Perron: Merci, M. le ministre. M. le Prési- dent,
sachant que M. le ministre ainsi que son ministère s'intéressent
énormément au bon fonctionnement des pêcheries au
Québec et sachant qu'il y a de gros chalutiers qui ne peuvent
actuellement servir pour la pêche dans le golfe, est-ce que vous avez
l'intention de voir à modifier ces chalutiers pour qu'ils puissent
pêcher en haute mer? Est-ce que c'est à l'étude?
Le Président (M. Laplante): Je pense qu'il serait bon que
vous posiez toutes vos questions en même temps; beaucoup de vos questions
seront au journal des Débats et on y avait répondu ce matin,
même dans cette partie.
M. Perron: Parfait, M. le Président, je vais poser mes
autres questions. Je ne sais pas si on a répondu à
celles-là ce matin, je n'ai pas eu le temps de lire le journal des
Débats, ni la feuille qui nous est remise à notre bureau. L'autre
question est celle-ci: je reviens à la région de la
Côte-Nord, on sait qu'il y a un secteur très
défavorisé, je pense que vous êtes conscient de ça,
la Basse-Côte-Nord où la grande majorité des gens
reçoivent de l'assurance-chômage ou encore de l'aide sociale. La
seule industrie qui pourrait être vraiment créée là
et où l'ancien gouvernement et l'autre avant lui, n'avaient pas
tellement préconisé de changements dans le domaine de
l'industrie... Est-ce que votre ministère a l'intention d'accentuer les
pêcheries sur la Basse-Côte-Nord?
Parce que...
M. Tremblay: L'accent, sur la Basse-Côte-Nord, va
être placé sur les stations de salage, le développement de
ces stations. Vous faites allusion à l'ancien gouvernement, je
souhaiterais, pour ma part, que vous, M. le député de Duplessis,
me fassiez part des préoccupations des pêcheurs de votre coin et
je verrai à faire développer les programmes qui leur
conviendront.
M. Perron: Là-dessus, je tiens à vous informer
sûrement parce qu'il y a des gens là-bas qui me font des
revendications. Je crois qu'il faut absolument qu'on en discute très
prochainement. Dans le secteur de Port-Cartier, Lac-Sept-lles, on sait qu'il y
a des bancs de crevettes que souvent, certains de ces bancs sont
énormes; mais, par contre il y a l'usine Rayonier Québec à
Port-Cartier qui apporte une certaine pollution au secteur. Est-ce que vous
avez l'intention de faire en sorte que les service de protection de
l'environnement du Québec puisse accentuer l'action pour empêcher
ce qui se passe?
M. Tremblay: Si vous permettez, effectivement, je pense qu'en
1976, l'usine de Port-Cartier a connu certains problèmes quant à
la disposition de ses eaux industrielles usées. A un moment
donné, il y a eu des représentations faites auprès du
ministère à l'effet de permettre à l'usine de disposer
d'environ 300 tonnes par jour d'eaux industrielles usées qui contenaient
certains acides. Evidemment, on s'est opposé fermement à ces
déversements, puisqu'ils arrivaient, à toutes fins utiles,
en plein milieu d'un banc de crevettes sur lequel opèrent une
trentaine de bateaux et qui constitue le gagne-pain d'environ 400 ou 500
personnes.
A notre connaissance, il n'existe présentement aucun
problème particulier de pollution. Cependant, on surveille attentivement
la disposition des eaux industrielles par les industries qui opèrent
dans la région de Port-Cartier.
M. Perron: Là-dessus, je peux peut-être vous donner
une petite information. Le ministère de l'environnement est actuellement
en pourparlers avec Rayonier Québec justement sur cette question de
l'environnement pour qu'on puisse modifier le fameux système en question
et ce n'est pas encore terminé. Il y a des recommandations qui ont
été faites, mais qui ne sont pas encore en application.
Dans le cas de la crevette encore, est-ce que le ministère a
l'intention de continuer à accentuer la pêche à la crevette
dans ce secteur? Oui ou non?
M. Tremblay: Je vous dirais, entre les deux. Effectivement, cette
pêche est une pêche que nous surveillons très attentivement
depuis maintenant trois ou quatre ans. C'est une pêche sur laquelle on
procède à des expertises annuelles, afin d'évaluer la
quantité, la biomasse, la quantité de crevettes disponible qu'on
établi à environ 32 millions de livres, ce qui nous permettrait
de faire un prélèvement annuel de capture de l'ordre de 6,5
millions à 7 millions de livres.
Présentement, il y a une trentaine de nos bateaux qui
pêchent sur le banc de crevettes, de sorte que nous avons
déjà les premiers signaux qu'il ne faut pas intensifier tellement
l'effort de pêche, parce qu'il y aurait le risque qu'on détruise
la ressource, qu'on surexploite.
Je ne prévois pas de gros développements de ce
côté-là au cours des prochaines années. Il est
prévu que quelques bateaux puissent cependant s'ajouter au cours des
prochaines années.
M. Perron: Cela voudrait donc dire que les bancs de crevettes
sont protégés actuellement par votre ministère.
M. Tremblay: Oui.
M. Perron: Est-ce qu'on entend, par le fait même, faire en
sorte que les bateaux qui pêchent la crevette, aillent le faire ailleurs,
pour conserver, pour créer un genre de parc maritime?
M. Tremblay: Oui, c'est exact. M. Perron: Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Dubuc.
M. Desbiens: M. le Président, ma question se rapporte aux
permis de pêche sur la rivière Saguenay. Je voudrais d'abord
savoir s'il y a un contrôle qui est établi sur l'exercice de
permis que font les pêcheurs. Deuxièmement, quelle est la
politique générale dans l'octroi de ces permis?
M. Raynauld: M. le Président, une fusion de
règlement. Est-ce qu'il s'agit de pêche maritime? Il paraît
que le ministère du Tourisme va examiner cela.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont, je crois que c'est le ministre qui peut donner la réponse.
Quant à moi, tout ce qui est pêcherie, je ne peux pas
déterminer si c'est commercial ou autre. Mais vu qu'il a nommé un
endroit précis, je crois que c'est au ministre de répondre si
c'est dans ses attributions.
M. Raynauld: Je n'ai pas d'objection.
M. Desbiens: Je ne sais pas si c'est le temps de poser la
question, mais en tout cas.
M. Tremblay: II existe effectivement, M. le député,
présentement un régime d'émission de permis de pêche
commerciale qui couvre l'ensemble du territoire et qui s'applique
également aux eaux du Saguenay. Le type de permis qui est émis le
plus souvent dans le district en question, c'est le permis de pêche au
verveux, qui est un engin particulier de pêche. C'est le permis qui est
le plus couramment en usage dans le district.
Il y a des normes qui prévalent quant à l'émission
de ces permis. Je parle toujours de permis de pêche commerciale.
Evidemment, je pense que le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche a certaines activités dans le territoire, en ce qui concerne
la pêche dans les estuaires de rivières, pour certaines
espèces, comme le saumon.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que le programme 8 est
adopté?
M. Gagnon: M. le Président. M. Dubois: M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Excusez. J'avais reconnu le
député de Champlain et le député de Huntingdon par
la suite.
M. Gagnon: Dans le domaine de la recherche, vous avez
parlé... Je présume que cela entre dans ce domaine quand on parle
d'essayer de trouver des ententes ou des moyens d'aller faire la pêche
jusqu'à 200 milles de la côte, etc.
Mon collègue a parlé de moules qui étaient
empoisonnées le long de la côte de la Gaspésie. L'an
passé, en parlant avec des pêcheurs de la Gaspésie, on me
disait que cela leur créait un tort assez considérable, le fait
qu'on ne puisse plus faire cette pêche aux moules et on disait que le
ministère de l'Industrie et du Commerce avait un projet de
dépolluer la côte de la Gaspésie, afin que la pêche
aux moules puisse revenir.
Est-ce un projet qui est effectivement en cours actuellement?
M. Tremblay: II y a deux problèmes majeurs concernant
cette espèce. Il y a un problème de toxicité ainsi qu'un
problème de pollution. Evidemment, la toxicité, on n'y peut rien.
Elle est même mortelle.
En ce qui regarde la question de pollution, il s'agit assez souvent de
pollution fécale qui est occasionnée par les émissaires
d'égout des municipalités qui se déversent sur les fonds
de pêche.
Certains essais ont été faits par le passé pour
trouver une technique pour dépolluer les moules. Il arrive cependant que
les essais ont réussi dans le sens que, dans les premières 24
heures d'essai on assistait à une dépollution intensive, mais,
dans les 24 heures qui se succédaient, on assistait à une reprise
importante de la pollution. On travaille encore sur la question, mais il est un
fait évident, c'est qu'une large partie de ces bancs sont fermés
à cause de pollution.
M. Gagnon: Quand vous parlez de la toxicité, est-ce qu'on
peut enrayer cette toxicité ou est-ce irrémédiable?
M. Tremblay: II s'agit d'une toxine active qui se loge dans la
partie de l'intestin et qui ne peut pas être enlevée par des
moyens mécaniques. Comme il s'agit d'une toxine mortelle, la pêche
en est interdite, dans certaines zones, de même qu'on a mis en place un
régime de contrôle et de surveillance.
M. Gagnon: Cette toxine vient d'une pollution de l'eau?
M. Tremblay: Je crois que c'est un virus. Cependant...
M. Gagnon: C'est un virus.
M. Tremblay: Oui, il s'agit d'une toxine d'origine virale.
M. Gagnon: Est-ce que vous croyez que, par la recherche, on
finira... La recherche doit continuer de travailler là-dessus, je
présume?
M. Tremblay: II est possible. Il y a des travaux qui sont faits
dans des laboratoires fédéraux. Nous-mêmes, nous
procédons à des échantillonnages en période
d'été, tous les quinze jours, sur les différents bancs de
moules de façon à vérifier la teneur en toxine ainsi que
la teneur en pollution.
M. Gagnon: On me parlait aussi, en Gaspésie, de la
pêche au maquereau. Il semble qu'il y a des bancs de maquereau assez
extraordinaires. On me disait personnellement, j'ai eu l'occasion d'en
pêcher et d'en manger et je ne m'imaginais pas que c'était un
poisson bon à manger, mais c'est très bon que
c'était malheureux qu'on n'ait pas de débouchés pour
exploiter cette pêche comme on pourrait l'exploiter, du fait que c'est
une source de poisson qui a l'air presque inépuisable actuel- lement.
Fait-on des recherches de façon à pouvoir apprêter ou
mettre en marché ce poisson qui ajouterait un revenu considérable
à ces gens-là?
M. Tremblay: Effectivement, oui. En 1976, on a
procédé, à notre direction de la recherche, à des
essais de traitement de maquereau. Je pense que le gros problème
vous le signaliez c'est un problème de marché, mais, outre
cet aspect, il existe un autre problème. Le maquereau est un poisson,
à forte teneur de gras, de sorte que les chairs s'oxydent très
vite. Si vous ne le traitez pas dans les premières heures, c'est une
ressource extrêmement difficile à conserver.
On a, en 1976, fait des essais assez intéressants pour les
marinades pour en arriver à développer certains acides, certains
produits qui évitent une décoloration et qui permettent aux
chairs de garder une consistance assez ferme. Des essais ont été
faits. Je crois que les essais se poursuivront en 1977 avec les pêcheurs
Unis pour en arriver à commercialiser une certaine quantité de ce
produit-là.
M. Gagnon: Dernière question. En ce qui concerne toujours
la pêche commerciale, dans la région de Trois-Rivières,
c'était une pêche beaucoup moins développée, mais si
on recule de quelques années, autour du lac Saint-Pierre, dans le bout
de Maskinongé ou Berthier, il se faisait tout de même une
pêche commerciale assez intéressante pour certains groupes de
pêcheurs de ce coin. On sait que, à cause de la pollution, les
permis de pêche commerciale ont été enlevés
complètement. Est-ce encore irrémédiable ou y a-t-il des
recherches de faites de façon qu'un jour on puisse recommencer à
faire de la pêche commerciale autour du lac Saint-Pierre?
M. Tremblay: Je pense qu'il s'agissait d'une pollution
causée par la présence de mercure. Une certaine année, la
pêche a cessé complètement. Par ailleurs, des expertises
sont faites sur une base assez courante pour surveiller la teneur de mercure.
La pêche à l'anguille, entre autres, puisqu'il s'agit de la
principale espèce visée par la teneur en mercure, a repris
effectivement. Il existe une pêche commerciale à l'anguille. Il
n'y a présentement aucun signal d'alerte important en ce qui regarde le
taux de mercure dans cette espèce de sorte que cette pêche
continue de se pratiquer sur une base courante.
M. Gagnon: Ce qui voudrait dire qu'il y a tout de même une
amélioration en regard de ce polluant, parce que...
M. Tremblay: Effectivement. M. Gagnon: Merci!
Le Président (M. Laplante): Le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Merci, M. le Président! M. le ministre, vous
avez mentionné ce matin qu'il y a une
valeur de $30 millions environ à l'expédition de produits
transformés de la pêche. Pourriez-vous me dire quelle
quantité serait exportée, sur ces $30 millions que nous
produisons?
M. Tremblay: Environ 60% de cette production sont exportés
aux Etats-Unis.
M. Raynauld: 60%. M. Tremblay: 60%.
M. Dubois: Est-ce qu'il y a une possibilité de
marché accrue vers l'exportation?
M. Tremblay: Les possibilités sont intéressantes,
d'autant plus que, comme je le signalais ce matin, les pays étrangers
qui venaient dans la zone canadienne de 200 milles pour faire leur capture ont
été sortis de cette zone; maintenant, ils ne sont plus des
concurrents importants sur les marchés internationaux. Par exemple, dans
le produit salé, nous exportons en Italie, nous exportons en Espagne,
nous exportons aux Caraïbes, et nous avions à subir une concurrence
assez importante par les pays européens, de sorte que les perspectives
de ce côté sont intéressantes.
M. Dubois: Est-ce qu'il y aurait aussi un risque de perte de
marché vis-à-vis des provinces maritimes, la Nouvelle-Ecosse par
exemple? Elles ont quand même des possibilités de pêche
peut-être aussi bonnes que le Québec, j'imagine.
M. Tremblay: Pourquoi, à votre avis, y aurait-il risque de
perte?
M. Dubois: Au niveau de l'organisation, je pense qu'elles sont
très bien organisées.
M. Tremblay: Comme nous le disions ce matin, nous sommes â
négocier des ententes avec d'autres pays, entre autres la France, pour
les Iles Saint-Pierre et Miquelon, de manière à
accélérer le développement de la pêche
hauturiêre. Il est possible que d'autres provinces fassent de même,
mais je pense qu'on jugera des résultats uniquement après que
tous ces efforts auront été faits.
Le Président (M. Laplante): Dernière question, le
député de Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. J'avais oublié
une question qui, à mon sens, était très importante,
surtout qu'on a parlé, à un moment donné, des
pêcheurs côtiers et des pêcheurs hauturiers. Est-ce qu'il y a
une possibilité, afin de venir en aide aux pêcheurs côtiers,
où les fonds de mer sont complètement dragués par les
hauturiers à plusieurs reprises, et plusieurs fois par année...
Est-ce que vous entendez mettre une limite, éventuellement, à
savoir que les pêcheurs hauturiers ne pourraient pas aller à plus
de tant de milles de la côte? C'est une question qui m'est posée
très souvent par des pêcheurs côtiers, avec de petites
embarcations.
M. Tremblay: Cela s'est fait, effectivement, en 1976, notamment
dans le comté de Duplessis, dans la région de Blanc-Sablon, au
sens qui'il y avait la présence de gros chalutiers qui provenaient
surtout de Terre-Neuve et qui pêchaient dans des fonds de pêche
où les côtiers étaient présents. Alors, on a convenu
d'une entente avec Terre-Neuve pour établir une zone particulière
de pêche qui est consacrée en exclusivité aux petits
pêcheurs côtiers et de laquelle sont exclus tous les bateaux de 45
pieds et plus. Cela s'est fait pour la zone en question. Il y a la
possibilité que cela se fasse pour d'autres zones, si toutefois il y
avait certains problèmes.
M. Perron: Maintenant, une toute dernière question. Est-ce
que vous avez reçu, au ministère de l'Industrie et du Commerce,
une étude qui s'appelle "La problématique des pêcheries",
qui a été préparée par le CRDCN et remise à
l'OPDQ, qui donne ce qui existe actuellement sur la Basse-Côte-Nord et
sur la Moyenne-Côte-Nord et qui recommande aussi certaines choses, pour
faire en sorte de créer plusieurs emplois dans le domaine de la salaison
ou encore dans le domaine du "cannage", des conserveries?
M. Tremblay: J'ai souvenance que cela s'est fait en 1976. Je me
souviens que le rapport insistait sur l'éventualité du
développement d'un certain nombre de conserveries de petite taille dans
les villages de la côte. Je me souviens aussi qu'on nous mettait en garde
contre une surexploitation de certaines autres espèces, comme le crabe.
Je me souviens d'en avoir pris connaissance et d'avoir fait étudier par
nos services l'opportunité de donner suite à des recommandations
que contenait le rapport, notamment sur les conserveries.
M. Perron: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Programme 8,
élément 1, adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Programme 8,
élément 2, adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Elément 3,
adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Programme 8, dans son entier,
adopté. Programme 9: Services statistiques centraux;
élément 1, production statistique. M. le ministre.
Services statistiques centraux
M. Tremblay: M. le Président, le programme 9 traite des
crédits du service de la statistique. Il
comporte trois éléments: l'élément qui
traite de la production statistique, le deuxième porte sur l'analyse et
l'information statistiques et le troisième sur la gestion interne et le
soutien technique.
J'ai avec moi, M. le Président, le rapport annuel du Bureau de la
statistique du Québec, distribué à l'instant à
chacun des membres de la commission.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que les membres de la
commission aimeraient étudier les trois éléments ensemble
ou séparément? Il y a concordance...
M. Raynauld: II n'y en a rien que deux, oui.
Le Président (M. Laplante): II y en a trois, M. le
député d'Outrement.
M. Raynauld: Trois?
Le Président (M. Laplante): Bien oui.
M. Raynauld: Je m'excuse. Je suis disposé à les
examiner tous les trois ensemble.
Le Président (M. Laplante): Les trois ensemble. Les autres
membres aussi? Dans ce cas-là, un, deux, trois.
M. le député d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, j'ai examiné le
rapport annuel. Je n'ai pas vraiment de questions sur les crédits.
J'avais plutôt des questions sur des projets d'étude, des
programmes. Je ne sais pas si c'est absolument dans l'ordre de poser ce genre
de questions.
Je m'intéressais en particulier à un projet de
construction d'un modèle pour l'économie
québécoise. J'aurais aimé en entendre parler un peu.
Ensuite, j'avais deux questions tout à fait particulières qui
étaient de savoir si le bureau avait... Quelle était
l'organisation, quelle était la façon de procéder du
Bureau de la statistique du Québec pour avoir accès à
CANSIM à Ottawa et, ensuite, je voulais savoir si des travaux ont
été faits sur le modèle CANDIDE pour le
régionaliser dans la province de Québec.
M. Tremblay: Etant donné qu'il s'agit de trois questions
techniques...
Le Président (M. Laplante): Vous aurez à
déterminer si cela entre dans l'élément du programme.
M. Tremblay: II s'agit de questions qui touchent aux travaux
qu'effectue le BSQ. Je vais demander à M. Dumas de donner les
réponses qui sont assez brèves, parce que ce sont des...
M. le Président, concernant la première question sur le
modèle, je ne sais pas de quel modèle il s'agit. Alors, c'est
très difficile pour moi d'y répondre.
M. Raynauld: Justement, il y en a plusieurs.
M. Tremblay: II y en a qui fonctionnent. Il y en a qui sont
envisagés, etc.
M. Raynauld: C'est pour ça que je posais la question.
M. Tremblay: Ecoutez! Je peux vous parler des modèles qui
sont utilisés au Bureau de la statistique. Il y a le modèle
intersectoriel du Québec que vous connaissez bien d'ailleurs. Il est en
usage depuis 1967. Là, je dois avouer que nous sommes seulement à
mettre en place des travaux préliminaires. On en est au niveau de la
conception, si vous voulez, d'un modèle à court terme de
l'économie du Québec.
Là, il n'y a rien de fait jusqu'à maintenant. Il n'y a
aucune démarche d'entreprise. Ce qui doit se faire, évidemment,
en consultation avec les ministères qui sont nos principaux
utilisateurs, c'est un modèle à moyen terme de l'économie
québécoise.
Cela, c'est pour la première question. Je ne sais pas si
ça répond à votre question.
M. Raynauld: Ce que vous me répondez, c'est que le
modèle à court terme et le modèle à moyen terme
sont en projet.
M. Tremblay: Oui.
M. Raynauld: Sur le modèle intersectoriel, j'aurais
seulement une question supplémentaire à poser. Je suis
effectivement au courant de ce modèle, mais je voudrais savoir s'il a
été mis à jour.
M. Tremblay: Oui. Ecoutez! Actuellement, il est au...
M. Raynauld: Parce qu'il est très difficile, comme vous
savez, d'y avoir accès. Vous savez ça aussi?
M. Tremblay: II est très facile d'y avoir accès, M.
le député.
M. Raynauld: Cela dépend qui.
M. Tremblay: II y a un problème actuellement c'est qu'il
correspond aux structures de l'économie de 1966 "at large". Toutefois,
il y a des informations plus récentes qui sont incorporées dans
le modèle. Nous en sommes au terme d'un vaste travail de mise à
jour de ce modèle, qui portera, en bonne partie, sur l'année
1973, mais qui incorporera aussi beaucoup d'informations bien plus
récentes que l'année 1973. On ne date plus maintenant, si vous
voulez, les paramètres du modèle; on incorpore les informations
au fur et à mesure qu'elles sont disponibles.
M. Raynauld: Y a-t-il des publications de résultats? J'en
ai vu il y a quelques années sur 1967, mais y a-t-il des
résultats qui sont publiés pour des années plus
récentes? Y a-t-il des mises à jour de ce modèle, ou
est-ce encore 1967?
M. Tremblay: Actuellement, c'est essentiellement 1967, nous
sommes au terme des travaux qui aboutiront cet automne et qui porteront
essentiellement sur l'année 1973 avec des informations beaucoup plus
récentes que 1973. Cela sera d'ici l'automne, si on veut être
réaliste. Concernant CANSIM, nous avons établi un protocole
d'entente avec Statistique Canada au sujet du CANSIM et nous avons la
responsabilité pour le Québec de l'entrée des
séries dans CANSIM et aussi, nous avons une responsabilité pour
l'exploitation de CANSIM surtout dans les ministères et les organismes
gouvernementaux. Nous avons entré dans CANSIM un certain nombre de
séries, je pense qu'on doit approcher 10 000 séries, notamment
sous le secteur manufacturier. Toutes ces séries sont à la
disposition des utilisateurs des ministères, organismes et autres.
M. Raynauld: Pour les utilisateurs autres, privés, est-ce
qu'il y a accès?
M. Tremblay: Ils peuvent avoir accès à cette banque
de données en prenant le numéro à la SMA et ils peuvent
utiliser les données que nous avons mises dans CANSIM et qui sont des
données d'utilisation générale. Il n'y a évidemment
pas de confidentialité là-dedans.
M. Raynauld: D'accord.
M. Tremblay: Concernant le modèle CANDIDE, nous nous
sommes donné accès au modèle CANDIDE pour pouvoir
l'utiliser pour faire des prévisions à moyen terme, puisque c'est
tout ce qui existe actuellement au Canada comme modèle de
prévision à moyen terme. Nous nous sommes donné
accès au modèle CANDIDE et nous avons évidemment mis en
place des techniques de régionalisation des résultats de CANDIDE,
mais je dois dire ici que ce n'est pas nécessairement quelque chose de
complètement formalisé. Ce sont les résultats qui sont
régionalisés. Je crois savoir que c'est au moyen de
régression, etc. Je ne peux pas en parler très à l'aise,
mais c'est à peu près la façon dont les choses se
passent.
M. Raynauld: Cela va. Une dernière question qui sera plus
administrative. Quelles sont les liaisons que vous avez, en ce qui concerne la
production statistique, avec les autres ministères? Le Bureau de la
statistique du Québec par rapport, par exemple, au ministère de
l'Education pour les statistiques de l'éducation?
M. Tremblay: Cela a d'ailleurs été à la base
de l'effort de réorganisation qui a été entrepris au
Bureau de la statistique du Québec ces dernières années;
c'est de faire du Bureau de la statistique un organisme central de statistiques
avec certains pouvoirs de coordination sur les activités statistiques
qui prennent place dans les ministères. Avec le ministère de
l'Education notamment et d'autres ministères, nous procédons
à des ententes pour éviter les dédoublements, pour avoir
accès à l'in- formation qu'ils détiennent et l'utiliser
pour les besoins généraux des autres utilisateurs et aussi, pour
éviter les dédoublements dans la diffusion et pour jouer notre
rôle de normalisation à ce sujet-là et notre rôle
d'intégration statistique. Généralement, nous
procédons par ententes. Il y a de prévu comme conclusion des
travaux d'orientation du BSQ un comité interministériel de la
statistique. Cela a été recommandé par un autre
comité créé par arrêté en conseil. Ce
comité sera permanent. Cela sera justement pour étudier les
programmes du BSQ et les problèmes de coordination qui se posent dans le
système statistique québécois.
M. Raynauld: Y a-t-il une tendance à la concentration de
cette production statistique au Bureau provincial de la statistique?
M. Tremblay: C'est une tendance que nous voulons accentuer, M. le
Président, parce que nous avons déjà un projet de loi qui
vise à refondre la Loi de la statistique du Québec, de
manière à confier au Bureau de la statistique du Québec
les fonctions d'agence centrale de fabrication et de coordination et de
diffusion des statistiques.
Ainsi, nos projets, à l'avenir, vont justement dans le sens de
faire du bureau de la statistique notre agence centrale pour toutes les agences
du gouvernement.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur le programme 9? Programme 9, élément 1,
adopté.
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Programme 9,
élément 2, adopté; élément 3, adopté.
Le programme 9, au complet est adopté. Programme 10: Normalisation et
spécifications. M. le ministre.
Normalisation et spécifications
M. Tremblay: Ce programme est un programme relativement simple.
Il s'adresse uniquement au fonctionnement du bureau de normalisation et des
spécifications du ministère. Il s'agit de l'organisme qui
coordonne par le gouvernement les efforts de normalisation pour les usagers
publics et pour les usagers privés.
Je serai donc à votre disposition pour répondre aux
questions concernant les crédits et les travaux effectués par le
BNQ.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, avant de passer à mes
questions, je pense qu'il avait été convenu, plus ou moins, qu'on
parlerait un peu de politique d'achats à propos de ce bureau de
normalisation. Il y a eu quelques questions qui ont été
soulevées en cours de route. Avec votre permission, M. le
Président, j'aboutirai là, à un moment donné. Ce
qui m'a frappé dans le rapport qui nous a été
soumis ici, c'est qu'en premier lieu le Bureau de normalisation du
Québec semble ne pas avoir les ressources nécessaires pour
remplir sa tâche. En second lieu, il y a une loi qui est proposée
pour amender je ne me rappelle plus exactement la loi existante,
j'ai vu cela quelque part... Alors, peut-être, M. le ministre, que vous
pourriez nous expliquer ce qui en est.
Ensuite, si ma mémoire est bonne, je pense qu'il y a eu un mandat
confié au Bureau de normalisation du Québec de façon
à venir appuyer votre politique d'achats, de façon à
définir les produits, définir des normes aussi, de façon
que dans les soumissions vous puissiez vous y reconnaître. Vous me
corrigerez si je fais erreur. C'est en liaison justement avec ce mandat ou avec
ce travail, cette tâche particulière que je pensais qu'on pouvait
aborder la question de la politique d'achats. En liaison encore avec les
normes, j'aimerais avoir quelques idées de la façon dont on peut
définir un contenu québécois, lorsqu'il s'agit
d'évaluer l'impact d'entreprise sur l'économie
québécoise; cela implique la définition, je suppose, de
normes, définition de règles, pour se reconnaître dans
toutes les catégories de produits.
En ce qui concerne la politique d'achats de façon plus
générale, on me permettra ici de dire que c'est une politique
avec laquelle j'ai des difficultés personnelles, parce qu'il s'agit
somme toute d'un ensemble de mesures protectionnistes qui sont des mesures qui
aboutissent toujours à faire payer aux Québécois et aux
consommateurs des activités que l'on veut obtenir, que l'on veut avoir,
mais comme on les paie soi-même, cela veut dire qu'on n'obtient pas les
résultats désirés. On nous dit que la politique d'achats
du Québec ne comporte pas un tarif, sûrement pas un tarif fixe.
Cependant, dans la mesure où cette politique d'achats conduit à
l'adoption de contrats de la part de soumissionnaires qui n'ont pas
été les plus bas, il y a évidemment une taxe qui se trouve
à être payée par le gouvernement qui donne les contrats et,
par conséquent, par l'ensemble de la collectivité.
Dans la mesure où, encore une fois, cette taxe est payée
par nous, je vois vraiment difficilement comment on peut invoquer le fait
qu'une politique comme celle-là puisse créer des emplois, dans la
mesure où, si on doit payer une taxe pour obtenir cet emploi, on est
obligé d'enlever des emplois ailleurs pour les mettre à cet
endroit.
En ce qui concerne le contenu québécois, c'est assez
amusant d'examiner ça, parce qu'une clause de contenu
québécois ceci n'a sûrement pas
échappé au ministre de l'Industrie et du Commerce diminue
la protection effective des entreprises. Dans la mesure où cette
règle est effective, ceci veut dire que les producteurs peuvent payer
plus cher pour obtenir leurs matériaux, leurs matières
premières, leurs équipements et, dans la même mesure
où le contenu québécois est élevé, encore
une fois lorsque c'est imposé par la politique d'achats, à ce
moment-là, ça diminue la capacité concurrentielle des
entreprises et ça force les producteurs à augmenter leurs prix.
Il me semble donc que ça va conduire à un plus grand nombre
d'exceptions à la règle du plus bas soumissionnaire. C'est assez
curieux qu'on en arrive à vouloir avoir une politique d'achats
très flexible, une politique d'achats qui, finalement, à cause du
contenu québécois sur lequel on veut insister et peut-être
avec certaines bonnes raisons, va conduire à une politique qui va
comporter de plus en plus d'exceptions à cette règle du plus bas
soumissionnaire et, par conséquent, va coûter de plus en plus
cher.
Je pense qu'il faudrait peut-être essayer d'introduire dans cette
politique d'achats des éléments qui n'y sont pas à l'heure
actuelle et qui parviendraient à corriger au moins cette
incohérence apparente dans la politique, parce qu'il faut bien se
rappeler toujours que si on suit la règle du plus bas soumissionnaire,
il n'y a pas de politique d'achats. Lorsqu'on dit que, pour
l'Hydro-Québec, cette politique d'achats qui était
appliquée avant à conduire, à faire faire des achats au
Québec à 75% du total n'a représenté que 0,1% des
ressources ou des contrats totaux qui ont été accordés par
l'Hydro-Québec, ce que ça me dit, c'est que cette politique
d'achats n'était pas nécessaire. De toute façon,
l'Hydro-Québec aurait acheté au Québec, parce que
c'étaient toujours les plus bas soumissionnaires qu'on avait.
Dans cette mesure, il n'y a pas de politique d'achats effective et,
lorsqu'elle est effective, elle nous coûte de l'argent. Je me demande
donc si on est beaucoup plus avancé.
J'ai parlé d'une politique où il n'y a pas de tarif fixe,
mais, deuxièmement, il y a un contenu québécois;
troisièmement, sur cette politique d'achats, je suis très surpris
qu'on ne fasse pas allusion, dans l'application d'une politique d'achats comme
celle-là, à la possibilité d'une réduction des
exportations hors du Québec.
Je suis très inquiet de cette tendance protectionniste que l'on
voit non seulement dans la politique d'achats, mais dans plusieurs autres
politiques du gouvernement, en particulier dans le domaine de l'agriculture. Je
suis très inquiet de cette orientation, parce que, là encore,
à cause de la politique d'achats, si on réussit à
supposer qu'on réussisse à faire de la substitution
d'importations, il faut se demander si on est capable de jouer sur les deux
tableaux, d'augmenter les exportations à l'extérieur en disant
toujours à nos clients: Vous savez, quand va venir votre tour, il n'en
est pas question, parce qu'on a de l'autre côté une politique
d'achats, parce qu'on veut s'approvisionner chez soi. Pour contrecarrer
ça, on a ajouté ce que j'appelle un quatrième
élément, l'idée de la promotion de nouvelles entreprises.
Là encore, la promotion de nouvelles entreprises, les mêmes
questions se posent, comme pour la politique d'achats dans son ensemble. Ce
sont des façons de présenter les choses pour camoufler les
affaires, mais dans la promotion de nouvelles entreprises, là encore, on
peut dire: Ou bien on aurait besoin d'avoir une politique d'achats pour
créer ces entreprises et, à ce moment-là, c'est nous qui
les payons, ou bien on n'en aurait pas besoin. Si on n'en avait pas besoin,
elles seraient venues quand même.
A ce moment-là, comment introduire encore ce nouvel
élément où on dit qu'on fait la promotion de nouvelles
entreprises, ce qui paraît très bien, mais je me demande si ce
n'est pas simplement un nouvel élément, un élément
plus imaginatif que d'autres, de traduire un niveau de protection plus
élevé pour des choses.
Enfin, je reviens à cette question de normalisation. Cette
normalisation, si j'ai bien compris, consiste justement à essayer de
montrer, soit à des ingénieurs, des architectes, qu'il existe des
produits québécois qu'ils peuvent commander.
Je voudrais dire là-dessus que dans la mesure où on
fournit une information à des gens, je suis entièrement d'accord.
Souvent, il y a des décisions qui sont prises par ignorance. Je suis
entièrement d'accord avec une politique cela ne s'appelle pas une
politique d'achats, cela s'appelle une politique d'information aux producteurs,
c'est comme cela que cela s'appelle qui promet de dire à des
ingénieurs ou à des architectes: Quand vous faites des plans, il
existe des produits québécois, plutôt que de prendre la
revue américaine que vous recevez à tous les mois et noter le
numéro du produit, prenez-en donc un autre. Je suis entièrement
d'accord là-dessus.
Mais il me semble que si c'est surtout cela qu'on veut faire... je suis
d'accord, mais, en second lieu, je dirais que ce n'est peut-être pas une
politique d'achats.
Enfin, un dernier élément. Il y a peut-être une des
bonnes raisons pour introduire des politiques d'achats, de la même
façon qu'il peut y avoir de bonnes raisons d'introduire des tarifs sur
les importations. C'est le cas. C'est débattu théoriquement, mais
en pratique, je dirais qu'il y a un cas qu'on peut invoquer, une raison qu'on
peut invoquer. C'est lorsqu'on subit de la discrimination de la part des
autres.
A supposer qu'un pays refuserait carrément d'importer un produit
fabriqué au Québec, on pourrait dire: Ecoutez, vous ne pouvez pas
jouer, suivant des règles de jeu comme cela. Si vous voulez qu'on
achète chez vous, il va falloir que vous, vous vous permettiez d'acheter
chez nous.
Dans ce contexte, on pourrait invoquer le fait que l'Ontario ayant une
politique d'achats, la province de Québec pourrait aussi avoir une
politique d'achats. Mais je voudrais suggérer au ministre que, si c'est
cela le problème, cela serait tellement plus facile d'essayer de faire
une entente avec la province de l'Ontario, pour les supprimer des deux
côtés. Les deux provinces bénéficieraient, il n'y
aurait plus de consommateurs qui paieraient des taxes pour essayer de
créer des emplois fictifs, puisqu'on jouerait suivant les mêmes
règles du jeu des deux côtés.
Si c'est cela qui est la raison, j'aimerais beaucoup que des tentatives
soient faites dans cette perspective. Il y a déjà eu une
conférence, l'été dernier, d'ailleurs, qui a réuni
les ministres des Finances des différentes provinces, où on a
essayé de mettre sur la table quelles étaient les politiques
d'achats de chacune des provinces. En ce qui concerne la province de l'Ontario,
ce n'était pas très clair. Evidemment, aucun des gouvernements
n'a intérêt à ce que ce soit clair, ces politiques. Moins
elles sont claires, mieux c'est. Si elles sont claires, les entrepreneurs en
profitent. Ils disent: A tout coup, je vais avoir une prime de 10%, ils
calculent leur coût et l'augmente de 10%. C'est facile. Ce sont des
entrepreneurs qui jouent le jeu de politiques d'achats qui sont faites au
détriment et aux dépens des contribuables.
Mais, quelquefois, cela peut ne pas être clair, mais
peut-être aussi que c'est suffisamment clair comme c'est là et que
la politique est appliquée telle quelle. Si la politique est
appliquée comme cela, en Ontario, il semble que les gens ne paieraient
pas de primes, ils ne donneraient jamais de primes à des entrepreneurs,
mais ils appliqueraient le critère des contenus ontariens.
Mais, dans le papier distribué à cette conférence,
il n'a jamais été question de contenus ontariens; il s'agissait
toujours de contenus canadiens.
M. Tremblay: Sur le plan manufacturier.
M. Raynauld: Mais, si c'est vrai que c'est canadien, à ce
moment-là cela veut dire que cela n'exclut pas que des producteurs
québécois concurrencent des producteurs ontariens. Evidemment, si
on ne produit rien dans certains domaines, si on ne fait pas pousser d'oranges,
ce sera un peu difficile pour les producteurs québécois de
concurrencer l'Ontario là-dessus.
Je voulais profiter de cette occasion qu'on a de discuter des politiques
du ministère pour soulever des problèmes sur ces politiques
d'achats et peut-être chercher auprès du ministre une certaine
assurance que des politiques comme celles-là ne sont pas l'annonce de
politiques de plus en plus protectionnistes de la part du Québec, parce
que je suis absolument convaincu que cela va jouer contre les
Québécois et je pense qu'on ne veut pas cela ni l'un, ni
l'autre.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Tremblay: M. le Président, à la suite de cette
longue intervention, vous me permettrez quelques commentaires. En ce qui
concerne le bureau de normalisation, il est vrai que l'on rencontre une
certaine inertie au niveau des entreprises, lorsqu'il s'agit de nouveaux
produits. On constate que plusieurs de nos produits tardent à être
reconnus par les agences fédérales, entre autres, le CSA et que
ce genre de retard est très dommageable pour l'économie du
Québec.
Or, le bureau de normalisation peut jouer un rôle important sur le
plan économique au Québec, s'il réussit à
accélérer ces "accréditations" et ces certifications de
normes de manière que des produits qui ne peuvent être vendus ou
utilisés, à cause des retards administratifs d'acceptation des
agences fédérales, puissent l'être au Québec et
servir à la construction ou à d'autres activités
économiques. Vous l'avez bien noté dans le rapport du BNQ, les
ressources dans ce secteur sont relativement limitées et il y a un
projet de loi qui
traîne depuis quelques années. Nous sommes à
étudier ce projet de loi et nous lui accordons une attention très
favorable, parce que nous sommes persuadés qu'une agence comme le BNQ
peut jouer un rôle important dans le développement
économique du Québec.
En ce qui concerne la politique d'achats, il y a bien des aspects qu'il
faut considérer. Vous avez fait allusion au fait que, depuis plusieurs
années, d'autres provinces appliquent des politiques d'achats. Je pense
que, devant des situations semblables, il aurait été
approprié, pour l'ancien gouvernement, d'appliquer une politique
d'achats pour compenser les effets défavorables qui se sont produits au
Québec. Il n'y a pas de politique d'achats systématique qui a
été appliquée.
M. Raynauld: Au Québec...
M. Tremblay: Dans le cas de l'Hydro-Québec, il y a une
politique d'achats qui est appliquée et, comme vous l'avez
mentionné, les coûts, en termes pécuniaires, de cette
politique d'achats, ont été relativement restreints. Par contre,
en terme de stimulation, les effets, les résultats ont été
très positifs, parce qu'un des éléments importants d'une
politique d'achats, surtout au Québec où on a une multitude de
petits producteurs, c'est de vaincre l'inertie des spécialistes qui
établissent les commandes de produits dans le cadre de grands
projets.
Souvent, par inertie ou par paresse, on fait appel à des produits
qui sont très bien annoncés et dont la publicité est
très bien orchestrée par des grands fabricants qui, souvent, sont
des fabricants étrangers. Donc, en sensibilisant les acheteurs dans le
secteur public et dans le secteur parapublic, on vise à briser cette
inertie et cette absence d'information. Je pense que c'est un
élément central de la politique d'achats. Pour ce faire, nous
allons confectionner, avec la collaboration du Centre de recherche industrielle
du Québec, un index de tous les produits qui sont fabriqués au
Québec. Cet index va être distribué à tous les
acheteurs publics et parapublics, mais aussi à tous les acheteurs
privés et à nos bureaux à l'étranger pour faire la
prospection des exportations.
Je pense que ce genre d'effort peut donner des résultats
très importants et aider à briser l'inertie qui existe dans bien
des secteurs de l'administration publique et parapublique.
Maintenant, en ce qui concerne les effets économiques qui peuvent
découler d'une politique d'achats, il faut bien se rendre compte de la
structure industrielle à l'intérieur de laquelle nos producteurs
oeuvrent dans le marché commun canadien. Les études qui ont
été faites dans ce domaine démontrent que les
retombées économiques des achats qui se font au Québec
sont relativement restreintes, et ceci apparaît dans les calculs des
multiplicateurs de dépenses qui sont faites au Québec. Les
multiplicateurs de dépenses en Ontario sont beaucoup plus
élevés que les multiplicateurs de dépenses au
Québec, ce qui laisse entendre que les deuxième et
troisième rondes de dépenses ont tendance à fuir le
Québec, que les fuites sont très importantes.
Or, si on veut avoir un secteur manufacturier qui cesse d'être
stagnant, parce que c'est vraiment, je pense, le qualificatif pour
désigner le secteur manufacturier québécois, c'est un
secteur qui est relativement stagnant, et comme nous ne possédons pas de
levier de structures tarifaires dans le but d'influencer cette protection
effective à laquelle vous faites allusion, et que le gouvernement
fédéral n'applique pas une politique régionale à ce
niveau, il devient nécessaire, pour un gouvernement provincial comme le
gouvernement du Québec, d'utiliser les instruments à sa
disposition pour encourager le secteur manufacturier.
Le point important qu'il faut souligner, c'est que cette approche n'est
pas une approche protectionniste, parce que nous nous refusons à
utiliser le principe de la. subvention au niveau du prix de façon
systématique. Vous avez bien souligné que ce genre de politique
de subvention au niveau du prix amène nécessairement une
inefficacité et, les producteurs s'adaptant, les effets
économiques peuvent être relativement négligeables. Par
contre, en sensibilisant et en obligeant les vendeurs auprès des
gouvernements et des agences gouvernementales, on s'assure que tous les efforts
ont été faits pour rechercher un produit fabriqué au
Québec et que l'on n'a pas succombé à une discrimination
contre les fabricants du Québec. Je pense qu'avec ce genre d'approche,
nous minimisons les coûts d'une politique d'achats et que nous maximisons
les rendements économiques et les retombées économiques.
Vous ne pouvez pas demander plus à ce genre de politique que de
poursuivre ces deux objectifs de façon simultanée.
D'autre part, il y a quand même une autre raison qu'il faut
souligner dans la nécessité d'appliquer une politique d'achats
comme la nôtre.
Notre secteur industriel et manufacturier, comme je l'ai
mentionné, est relativement stagnant, ce qui justifie un gouvernement
d'encourager des industries ou surtout des entreprises naissantes. Il est
très difficile de percer dans un domaine comme celui-ci, alors que les
concurrents, dans d'autres provinces ou dans d'autres pays, sont
déjà très bien établis, sans briser les distorsions
qui existent dans le fonctionnement des marchés.
Or, il est justifié, pour un gouvernement, d'appuyer l'effort
d'entreprises locales, de manière à leur permettre d'atteindre
une dimension et une échelle d'activités qui les rendent
compétitives et concurrentielles avec les producteurs d'autres
régions ou d'autres pays, de sorte que notre approche se situe donc dans
ce cadre général de bien s'assurer qu'il y ait toute
l'information nécessaire pour les achats faits par le gouvernement et de
nous assurer aussi que le gouvernement encourage des industries naissantes
à s'implanter au Québec et à atteindre une dimension qui
leur permette de rivaliser avec les concurrents. C'est une politique, à
mon avis, qui est beaucoup moins coûteuse que les politiques tarifaires
coutumières,
parce que les politiques qui consistent à élever les
tarifs et qui, par conséquent, accroissent nécessairement les
prix, peuvent être très coûteuses pour les consommateurs.
Dans notre approche, nous aurons très peu de répercussions au
niveau des prix, mais nous aurons beaucoup de répercussions
quantitatives, au lieu d'avoir des répercussions au niveau des prix, qui
se refléteront sur la structure industrielle du Québec.
Le Président (M. Laplante): Vous avez d'autres
questions?
M. Raynauld: Je voudrais peut-être réagir aussi
brièvement. Il me semble que j'avais essayé de montrer qu'il y
aurait nécessairement des réactions sur les prix si vous avez une
politique un peu efficace sur le plan du contenu québécois. C'est
ça que j'ai essayé de vous dire. Vous ne pourriez pas ne pas
avoir une politique équivalente à une politique tarifaire si vous
étiez un peu stricts sur le contenu québécois. Evidemment,
je ne suis pas d'accord quand vous dites que ce n'est pas une politique
protectionniste, puisqu'il est bien évident que les subventions aux
exportations sont autant de la protection qu'un tarif, et une politique
d'achats est une mesure non tarifaire de protection.
On ne peut pas dire que ce n'est pas protectionniste. Toutes les
négociations du GATT portent justement là-dessus à l'heure
actuelle, sur les politiques d'achat des gouvernements, sur les
standardisations abusives de produits, qui font qu'il n'y a qu'un produit
fabriqué dans le pays qui peut répondre aux besoins. C'est
justement là-dessus que portent les négociations du GATT à
l'heure actuelle, surtout sur les protections non tarifaires, les
barrières non tarifaires au commerce; je ne peux pas admettre que cela
ne soit pas protectionniste. Maintenant, pour avoir quelque chose de positif,
suis-je dans l'erreur en pensant que vous aviez annoncé un suivi
trimestriel sur l'application de la nouvelle politique? Est-ce que c'est en
marche? Va-t-on avoir un rapport? Cela a été appliqué
depuis le mois de janvier. Trois mois, c'est... Cela devrait être
passé.
M. Tremblay: II faut faire attention. La politique a
été annoncée au mois de janvier, mais l'appareil,
l'application de la loi est encore à se roder, à s'effectuer. Il
y a d'une part un groupe de travail interministériel qui établit
les règles du contenu québécois selon les secteurs. Ce
n'est pas une question facile à établir. D'autre part, il y a une
commission interministérielle qui accepte ces règles ou les
refuse. Dans le cadre des travaux préliminaires de ces deux organismes,
on a demandé aux ministères réseaux ce sont les
ministères qui achètent le plus de produits de nous
fournir la liste des quinze principaux produits dont ils ont fait l'achat et de
nous fournir des renseignements statistiques sur le volume des achats, les
provenances, etc. Comme il n'y a pas encore eu de directives formelles, nous ne
pouvons pas avoir un rapport donnant les résultats de ces politiques. A
l'avenir, nous recevrons, lorsque les règles seront établies, des
rapports statistiques de chacune des institutions, de chacun des
ministères réseaux et nous pourrons juger de l'efficacité
ou de la non-efficacité de la politique.
M. Raynauld: Avez-vous été obligés de
recommencer à zéro? Il y avait avant un comité
interministériel qui existait depuis au moins deux ans. Ces
gens-là travaillaient, ce ne sont pas les mêmes personnes?
M. Tremblay: Non, il y a déjà eu des efforts au
cours des années 1969, 1970...
M. Raynauld: Je parle d'un comité de fonctionnaires. Non,
en 1975, 1976. Il y a eu le rapport Tetley, en novembre 1976, qui a
été déposé. Il y a eu un comité
interministériel qui a travaillé pendant deux ans, qui a
examiné toutes sortes de cas particuliers. On a parlé
d'informatique; je pense qu'il y en avait un en informatique et des
décisions étaient rendues. Il y avait des choses qui se
passaient. On dirait que vous recommencez toujours à zéro, comme
si rien n'avait existé avant.
M. Tremblay: Oui. L'étude de la politique d'achats.
M. Raynauld: On dirait que vous recommencez toujours à
zéro, comme si rien n'existait avant dans le monde.
M. Tremblay: Non. L'étude de la politique d'achats date de
quelques années et le comité auquel vous faites allusion est un
comité d'étude de politique d'achats. Or, ce comité a
fourni des études qui sont au ministère de l'Industrie et du
Commerce. Mais ce n'était pas un comité opérationnel de
politique d'achats puisqu'il n'y avait pas de politique d'achats. De sorte
que...
M. Raynauld: C'est faux, ce que vous dites. Ce n'est pas un
comité opérationnel. Je lis que, sur le plan de l'informatique,
c'est un projet très concret et cela a été soumis au
comité interministériel, il y a eu une décision de prise
en faveur d'une formule plutôt que d'une autre. Je ne me rappelle plus le
détail, parce que cela fait longtemps que j'ai lu cela. Mais
c'était opérationnel dans le sens que c'était ce
comité qui faisait des recommandations pour qu'une décision soit
prise dans le cadre d'une politique d'achats.
M. Tremblay: Dans ce cas-là, c'était un
comité spécial pour l'informatique et non pas un comité
interministériel d'étude sur la politique d'achats.
M. Raynauld: Je vous l'apporterai demain. J'ai le rapport
à mon bureau.
M. Tremblay: On me confirme que c'était un comité
pour l'informatique et il s'agissait effectivement d'un comité pour
l'application d'une politique d'achats.
M. Raynauld: II y avait un comité pour l'application et
l'étude des politiques d'achats et il a fait un rapport en octobre 1976.
Ce comité existait depuis deux ans.
M. Tremblay: M. le Président, c'est le comité qui
avait pour titre: CIPATI, le comité qui étudiait une
commande...
M. Raynauld: Sympathie.
M. Tremblay: ...pour des terminaux, pour l'achat des 160
terminaux. Comme il y avait un manufacturier québécois qui avait
manifesté le désir de fournir ces terminaux, on lui a
demandé de produire un prototype. Il y a eu un comité de
formé qui a effectivement étudié le prototype et la
possibilité d'acheter d'un producteur québécois
plutôt que d'acheter sur le marché international. En même
temps, ce comité qui a été créé à la
demande du ministère des Communications, du service
général des achats et du Conseil du trésor, a
étudié tout l'aspect de l'informatique, des besoins de l'ensemble
du gouvernement et des possibilités d'accroître les productions au
Québec. Mais c'était un comité spécial. Il n'avait
pas de relation spécifique avec l'autre comité dont vous parlez.
L'autre comité, c'est un groupe interministériel qui était
chargé de définir le contenu éventuel d'une politique
d'achats.
Le Président (M. Laplante): A ce moment-ci, on devrait
ajourner nos travaux. Est-ce que d'un commun accord, pour que cela ne devienne
pas une coutume ni une jurisprudence dans le fonctionnement des commissions,
vous voulez finir le programme 10? Ce qui prendrait peut-être une dizaine
de minutes, vous l'évaluez à combien? Ou
préférez-vous ajourner les travaux?
M. Raynauld: Je serais disposé à adopter les
crédits du programme 10. On pourrait en parler pendant trois semaines,
mais je pense qu'il faut être un peu raisonnable. Il resterait le
programme 2.
Le Président (M. Laplante): Le programme 10,
adopté?
M. Raynauld: II resterait le programme 2. On pourrait passer une
autre séance encore et...
Le Président (M. Laplante): Sur l'ajournement à
demain dix heures, il y a peut-être une petite confusion. Probablement
que j'ai mal interprété. A la salle 81-A ou à la salle
91-A, à une de ces deux salles, demain matin, à dix heures, se
continueront les travaux de la commission de l'industrie et du commerce, pour
l'étude du programme 2.
Nous ajournons les travaux à demain, dix heures.
(Fin de la séance à 18 h 2)