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(Neuf heures neuf minutes)
Le Président (M. Brouillet): À l'ordre, mesdames et
messieurs!
La commission permanente de l'industrie, du commerce et du tourisme se
réunit aujourd'hui pour discuter la question avec débat du
député de Viger au ministre de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme sur le sujet suivant: La situation de l'industrie touristique au
Québec.
M. le député de Viger qui a donné avis de la
question, aura dix à quinze minutes, au départ, pour faire son
exposé. M. le ministre aura le même temps pour donner la
réplique et nous procéderons à une période
d'échanges. Je rappelle que chacun des autres députés a,
au maximum, 20 minutes d'intervention. Tel qu'entendu, le tout se terminera, ce
matin, à Il h 10. Nous réserverons les 20 dernières
minutes pour un exposé de dix minutes du député de Viger
et dix minutes pour le ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme.
Je donne la parole au député de Viger.
Exposé du sujet M. Cosmo Maciocia
M. Maciocia: Merci, M. le Président. Le tourisme est
l'industrie où l'on s'emploie à attirer les visiteurs et à
combler leurs besoins et leurs désirs. En tant qu'industrie, le tourisme
connaît sans doute les problèmes courants du secteur industriel:
l'offre et la demande, l'inflation, la main-d'oeuvre, les immobilisations, les
profits et les pertes. L'apport du tourisme aux objectifs économiques
est impressionnant puisque les recettes totales des principaux groupes et des
moyens d'hébergement au Québec se chiffraient, en 1980, à
environ 850 000 000 $, soit 19% des recettes des moyens d'hébergement au
Canada.
Au Canada, l'industrie touristique occupe une place de premier ordre.
À titre d'exemple, les dépenses touristiques ont
dépassé 16 500 000 000 $ au Canada en 1981, dont presque 3 700
000 000 $ ont été dépensés par des visiteurs
étrangers, ce qui classe le tourisme au septième rang des plus
importantes sources de devises étrangères pour le Canada. Le taux
de croissance réel du secteur du tourisme a atteint presque 5% par
année au cours des années soixante-dix, comparativement à
3,6% pour l'économie en général. On estime que l'industrie
touristique canadienne, constituée de quelque 7000 petites entreprises
qui appartiennent à des Canadiens, représente actuellement 5% du
produit national brut du Canada et 9% des dépenses personnelles totales
de biens et services.
On estime que le tourisme a fourni directement ou indirectement de
l'emploi à plus de 1 100 000 Canadiens en 1980. En outre, le tourisme
international et intérieur est important pour le Canada puisque les
Canadiens ont dépensé au-delà de 12 000 000 000 $ au
Canada et presque 5 000 000 000 $ à l'étranger en 1981.
Au Québec, au cours des dernières années, le
tourisme a été malheureusement le parent pauvre des efforts
consacrés au développement économique. Près de 100
000 Québécois vivent plus ou moins directement de cette
industrie. Leur travail contribue à l'économie en
général par des revenus de plus de 2 000 000 000 $ en 1980, soit
environ 2% du produit intérieur brut.
Le tourisme stimule la croissance économique puisqu'il constitue
un transfert de monnaie de la poche des gens vers l'économie, ce qui a
nécessairement un impact positif sur le produit national brut.
De plus, M. le Président, le tourisme crée des emplois
puisqu'il représente une grande partie des industries et des services
surtout qu'en Amérique du Nord, au Canada et au Québec, nous
assistons à un déplacement de l'économie dominée
par la production des biens vers une économie dominée par les
services. Le tourisme suscite des investissements publics et privés.
Chaque année, des capitaux privés et publics sont requis pour
assurer le développement et les installations qui répondent aux
besoins directement créés par les voyageurs et ce dans toutes les
régions du Québec.
Le tourisme a aussi un rôle de distributeur des revenus. Il a
été démontré, à maintes reprises, que le
tourisme pouvait contribuer, de manière significative, au
développement économique des régions moins
développées. Ce phénomène est important au
Québec, surtout dans les régions comme la Gaspésie et le
Bas-Saint-Laurent. Le tourisme permet à ces régions moins
développées de prendre leur place dans la croissance
régionale, provinciale et nationale. C'est ainsi que le tourisme peut
apporter des revenus substantiels à ces régions, créant
une demande et suscitant des investissements.
Le tourisme est sans doute aussi un catalyseur pour la prévention
de l'environnement. Il est partie intégrante de la société
moderne. Le Québec doit être doté de toutes les
qualités nécessaires pour disposer d'une industrie du tourisme
profitable basée sur une stratégie et une planification
touristique à moyen et long terme.
Il faut enfin stimuler la croissance ordonnée du tourisme et
développer les outils nécessaires afin de maximiser la
contribution de ce secteur à l'économie québécoise
et de faire face aux changements rapides et à la concurrence très
vive qui se livre entre les provinces et à l'étranger. (9 h
15)
M. le Président, sans doute le ministre, tantôt, comme il
l'a fait à maintes reprises, nous affirmera que même si la
situation n'est pas la meilleure actuellement, le tourisme pour lui et son
gouvernement a toujours été une priorité. Il ajoutera
sûrement, comme il l'a toujours fait pour les questions qu'on lui a
posées, qu'il a posé des actions, pris des mesures
concrètes et identifié des clientèles cibles. La question
que nous nous posons, pour la majorité des intervenants, c'est quels
sont les résultats complets de l'application de toutes ces mesures. Car,
pour nous, disons pour moi en tant que responsable de mon parti du dossier du
tourisme et, comme je le disais, pour les intervenants en général
de cette industrie, ces mesures ou ces résultats nous apparaissent
invisibles actuellement. Alors même que dans le document Le virage
technologique, il est mentionné: les efforts consentis au cours des
dernières années ne sont pas suffisants et il faut faire
davantage pour corriger la situation présente. L'action doit être
concertée et portée sur plusieurs fronts à la fois.
Comment peut-on expliquer les impacts des politiques gouvernementales
dans l'industrie touristique quand on voit que, depuis quelques années,
le gouvernement s'acharne avec des taxes qui détruisent justement
l'industrie touristique. Prenons, par exemple, la taxe sur l'essence qui a
été imposée en novembre 1981 par le ministre des Finances,
l'augmentation du péage sur les autoroutes de 0,25 $ à 0,50 $, la
taxe de 5% sur les boissons alcooliques. Deuxièmement, il faut se poser
la question: qui est le leader à l'intérieur de ce domaine,
à l'intérieur de cette industrie qui est tellement vitale pour la
province de Québec et pour tous les pays en général, quand
on voit combien d'intervenants à l'intérieur de différents
ministères s'occupent du secteur touristique? Si on prend le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche qui administre
les camps de pêche et les embarcations de plaisance, les associations
touristiques qui font le développement régional, les ATR, les
associations d'hôtelliers et de restaurateurs qui administrent leur
propre secteur et font leur propre publicité sans que le gouvernement
essaie au moins d'avoir une concertation. Tous disent souvent qu'il faut avoir
une concertation, mais il faut arriver non seulement à le dire mais
à avoir des actes concrets vis-à-vis de cette concertation.
La Société de développement industriel s'occupe
aussi du secteur touristique. Bientôt, cela va être le
ministère du Commerce extérieur ou le ministère des
Affaires intergouvernementales, si l'on considère le rôle des
maisons du Québec à l'étranger. Encore, même le
ministère de l'Habitation et de la Protection du consommateur s'occupe
des agences de voyages: Disons que c'est éparpillé un peu
partout, cette industrie que tout le monde, tous les pays considèrent
comme l'industrie la plus rentable à l'intérieur d'un pays.
Actuellement, vraiment, on n'a pas de plan directeur du tourisme pour
l'ensemble du Québec. Est-ce que le ministre pourrait nous dire pourquoi
on n'a pas un plan directeur pour l'ensemble du Québec? La preuve qu'on
n'a pas de plan directeur, c'est que dans le dernier discours sur le budget du
ministre des Finances, il nous a annoncé 5 000 000 $ additionnels afin
d'augmenter la promotion touristique. Ce montant a été
avancé avant même qu'on ait la ventilation de cette somme. On ne
connaît même pas la ventilation de cette somme.
Selon des informations qu'on a obtenues à l'intérieur du
ministère - cela fait quinze jours de cela approximativement - aucune
somme n'était prévue concernant les marchés cibles
européens, le Japon, l'Amérique latine. Soudainement, on
débloque 5 000 000 $. Il faut se poser des questions à savoir
vraiment de quelle façon le gouvernement a à coeur, comme je le
disais tantôt, cette industrie qui probablement est la plus importante,
après quelques autres, à l'intérieur de la province. Nous
pouvons voir dans ces gestes un manque de planification à long terme de
la part du gouvernement. Ce qui fait la réussite des campagnes de
promotion, c'est bien lorsque nous retrouvons une certaine constante. Ici, on
coupe, on débloque et ainsi de suite. Ceci illustre très bien le
manque d'action et l'absence, comme je le disais tantôt, de plan
directeur. Il faut s'interroger et je voudrais que le ministre de l'Industrie,
du Commerce et du Tourisme nous réponde tantôt: qui est le leader
dans le domaine touristique? Est-ce le ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme? Est-ce le ministère du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche? Est-ce la SDI? Est-ce que ce sont les ATR? C'est qui? Il
faudrait, à un moment donné, que le ministre nous dise vraiment
qui est le leader dans ce domaine.
M. le Président, je m'arrêterai là; je
voudrais que le ministre fasse son exposé et on aura une
série de questions à lui poser après. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Brouillet): Merci, M. le
député de Viger. J'inviterais maintenant M. le ministre à
nous exposer son point de vue.
Réponse du ministre M. Rodrigue Biron
M. Biron: M. le Président, d'abord, je remercie le
député de Viger d'avoir inscrit à l'ordre du jour, ce
matin, la question du tourisme. C'est une question qui nous préoccupe
grandement et pour laquelle l'actuel gouvernement du Québec a
dépensé beaucoup d'énergies. Je rappelle au
député de Viger que jamais autrefois sous les autres
gouvernements, il n'y avait eu une action aussi concertée dans le
domaine touristique. On a publié, dans les volumes "Bâtir le
Québec" et "Le Virage technologique", des orientations bien
précises vis-à-vis du développement touristique au
Québec. Nous avons organisé un sommet sur le tourisme au
Québec et à partir de ce sommet, à partir des suggestions
qui nous ont été faites par les intervenants du milieu, nous
avons établi la Loi sur l'aide au développement touristique pour
aider, par des sommes d'argent, des subventions, des prêts ou des
garanties de prêt, les établissements privés à se
développer et à donner un meilleur produit. Nous avons, à
la suite du sommet sur le tourisme, organisé avec les intervenants du
milieu, des associations touristiques régionales qui sont des organismes
voués au développement touristique à partir d'un produit
développé dans chacune des régions du Québec. Nous
ne croyons pas, M. le député de Viger, qu'il faut avoir une
camisole de force et forcer toutes les régions du Québec à
avoir la même stratégie de développement touristique et
avoir le même produit touristique. Au contraire. Au Québec, il y a
des régions bien spécifiques qui veulent développer leur
personnalité propre et elles ont raison, particulièrement au
niveau du tourisme. Le tourisme dans Charlevoix n'est pas le même que le
tourisme en Gaspésie. Il n'est pas le même que le tourisme dans
les Laurentides-Lanaudière. Il n'est pas le même que le tourisme
en Estrie, à Montréal, à Québec ou dans le
Nord-Ouest québécois. Dans ce sens, il faut absolument permettre
à chacun des intervenants du milieu de développer son propre
produit, d'attirer sa propre clientèle en l'aidant pour nous, en
stimulant même par tous les moyens possibles les gens du milieu à
faire grandir les qualités qu'ils ont comme développeurs de
l'économie touristique.
Le gouvernement du Québec, l'an dernier, avait eu des budgets
supplémentaires de 3 000 000 $ pour la publicité. Il est vrai
que, cette année, nous avons des budgets supplémentaires de 5 000
000 $ pour faire la promotion touristique, parce qu'on juge que c'est
important. Je voudrais vous montrer, M. le député de Viger, un ou
deux tableaux qui vont vous faire voir pourquoi on a agi dans ce sens et
qu'est-ce que cela rapporte au Québec de faire de la promotion et de la
publicité touristiques.
J'ai ici, M. le député de Viger un tableau qui parle des
changements dans les principaux indicateurs touristiques et ce sont des
statistiques qui nous viennent de Statistique Canada. Comparez le
Québec, l'Ontario et le Canada. Pour les Américains:
entrées en automobile pour un séjour de plus de 24 heures. Vous
savez comme moi que, si vous venez pour moins de 24 heures, vous n'êtes
pas considéré comme un touriste d'agrément. Pour plus de
24 heures, vous êtes considéré comme tel et cela, en
considérant les portes d'entrée. C'est sûr que le touriste
qui vient de Détroit ou de Chicago ne fera habituellement pas le
détour par les États-Unis et entrer par Lacolle ou par le
Québec. Il va habituellement entrer par Niagara ou Windsor. Il va
traverser l'Ontario pour venir au Québec. Là-dessus, il est
compté en Ontario: Malgré cela, le Québec a eu une
augmentation entre 1981 et 1982, à partir de 1981-1982, de 2,3% des gens
qui sont entrés en automobile, alors que pendant la même
période de temps, l'Ontario a subi une diminution de 4%. Cela veut dire
qu'il y a plus d'Américains qui sont venus en automobile directement,
à partir des États-Unis, en Ontario ou au Québec. Il y en
a plus qui sont entrés au Québec, alors que le Canada avait une
diminution de 3,5%. C'est la même chose pour les voyageurs en provenance
d'outre-mer. Le Québec a une légère diminution de 0,1%,
pendant ce temps, l'Ontario avait une diminution de Il,4% et le Canada une
diminution de 7,9%.
Vous voyez tout de suite que la publicité qui a été
faite l'an dernier par le gouvernement du Québec, de concert avec les
associations touristiques régionales, avec les hôteliers, avec les
restaurateurs, avec les offices de tourisme, avec tous les promoteurs de
tourisme au Québec, a rapporté des dividendes et des fruits
puisqu'il y a eu une augmentation au Québec relativement importante si
on compare à la diminution très importante en Ontario.
J'ai aussi, pour votre bonne compréhension du sujet, M. le
député de Viger - je sais que vous vous y connaissez puisque vous
avez oeuvré dans ce secteur pendant un bon bout de temps - un autre
tableau qui vous donne l'impact de Prenez le tour du Québec, de cette
publicité que nous faisons au Québec pour encourager les
Québécois et les Québécoises à demeurer
au
Québec, à prendre leurs vacances au Québec. Ici,
nous avons la diminution dans le nombre de personnes revenues des
États-Unis en automobile, après un séjour de plus de 24
heures. Au Québec, on a un gain cette année de 10,6% de plus de
Québécois qui sont demeurés au Québec. L'Ontario,
pendant ce temps, n'a gagné que 1,1%. Vous me direz: C'est la crise
économique, c'est vrai. On l'aurait eu aussi pour le Québec,
l'Ontario et le Canada tout entier. Le Canada n'a gagné que 3,8%. Si on
applique le gain du Canada un peu partout dans les dix provinces canadiennes,
on aurait dû gagner 3,8%. Si on a gagné plus, la différence
entre la moyenne canadienne et ce qui est arrivé au Québec, c'est
à cause essentiellement de l'action du gouvernement du Québec et
ses campagnes de promotion et de publicité pour prendre le tour du
Québec, à tel point qu'on a eu des programmes de publicité
coop, avec de grandes firmes; Gulf Canada - ce n'est pas une petite firme - a
pourtant décidé de mettre beaucoup d'argent à faire une
campagne de publicité pour Prenez le tour du Québec. On
s'aperçoit tout de suite que l'action du gouvernement du Québec a
rapporté des dividendes puisqu'il y a des Québécois et des
Québécoises qui en ont profité
énormément.
Finalement, M. le député, j'ai ici un autre tableau, aussi
pour votre bonne compréhension là-dessus, qui est indicateur du
changement entre 1977 et 1981 dans le nombre total de visites par province.
C'est-à-dire - vous le savez vous-même, c'est ce que j'ai
mentionné tout à l'heure - que lorsqu'un Américain arrive
de Détroit, il rentre par Windsor, il visite l'Ontario et vient visiter
le Québec. C'est la même chose pour un Américain qui rentre
par le Québec, c'est fort possible qu'il aille aussi visiter les chutes
Niagara. C'est la même chose pour un Européen qui vient à
Montréal, c'est fort possible qu'il aille aussi visiter l'Ontario, les
chutes Niagara ou ailleurs. On a voulu comparer le Québec et l'Ontario
là-dessus. Alors, le nombre de visites par province, si un
Américain vient en Ontario et au Québec, il est calculé
pour un en Ontario et un au Québec. S'il ne vient qu'en Ontario, c'est
un en Ontario. C'est la même chose pour un Européen qui vient ici.
Nous, entre 1977 et 1981, alors que la loi 101 a commencé à
s'appliquer, juste pour vous dire comment les questions de langue rapportent
dans le fond parce que notre publicité tourne autour d'un Québec
différent des autres, d'un Québec français, on fait de la
publicité là-dessus, on ne se gêne... Québec
"skiing" à la française. Vive la différencel Cela attire
beaucoup de gens. Nous avons une augmentation entre 1977 et 1981, de 9%, donc
une augmentation très importante. Pendant ce temps, l'Ontario a une
diminution de 6% entre les visites par province en comptant un Américain
qui visite le Québec ou l'Ontario ou les deux. Pendant ce temps, les
visiteurs d'outre-mer ayant séjourné plus de 24 heures au
Québec et plus de 24 heures en Ontario, ont augmenté de 55% au
Québec et ils ont augmenté de 38% en Ontario. Vous avez tout de
suite l'impact de la compagne de publicité du gouvernement du
Québec et de l'action du gouvernement du Québec dans le domaine
de la promotion du développement touristique, un impact très
important sur l'apport et l'attrait qu'on peut avoir pour des gens de
l'extérieur. (9 h 30)
Je demande à mon collègue de tenir ce tableau et je vous
montrerai pour que vous compreniez. Pendant que le député de
Châteauguay, mon adjoint parlementaire, tient le tableau, je vais vous
montrer un autre tableau que vous allez pouvoir comparer et voir à quel
point c'est important, dans le fond. Ici, il y a les changements survenus,
entre 1977 et 1981, dans le nombre total de nuitées passées au
Québec et en Ontario. Une nuitée, vous savez ce que c'est, ce
n'est pas un visiteur qui arrive le matin et repart le soir, c'est quelqu'un
qui passe la nuit. Pour les visiteurs américains, les nuitées ont
augmenté de 15% au Québec. Les nuitées des visiteurs
américains, aux États-Unis, ont diminué de 12%.
Si vous voulez comparer avec l'autre tableau, vous voyez qu'il y a une
augmentation de 9% de visites, et pourtant, il y a une augmentation de 15% de
nuitées. Cela veut dire que les Américains venus au Québec
y passer plus de 24 heures y sont restés plus longtemps qu'ils restaient
autrefois. Ils ont tellement aimé le Québec et son attitude
française, son fait français, qu'ils ont décidé de
demeurer plus longtemps, de doubler ou à peu près leur
séjour. Pendant ce temps, en Ontario, alors qu'on aurait dû voir
une diminution de 6%, il y a eu une diminution de 12%. Les Américains
vont en Ontario et ils n'aiment pas cela; ils viennent au Québec et ils
aiment cela, ils restent plus longtemps. C'est ce que démontrent ces
statistiques, et vous devriez le comprendre, vous de l'Opposition, et dire:
Bravo pour la loi 101, bravo pour le fait français, c'est payant pour le
Québec, ça fait travailler des gens, ça assure
l'économie de quelque chose. Vous devriez le faire et le comprendre.
Vous allez me dire: Ce n'est pas assez, les Américains aiment se
faire parler en français parce que c'est moins fréquent pour eux,
mais regardons du côté des Européens, si vous le voulez. En
ce qui concerne les voyages outre-mer, le nombre de nuitées a
augmenté de 75%. Pendant ce temps, cela a augmenté en Ontario de
19%. Si vous regardez l'augmentation ici, c'est le même
phénomène, augmentation de 55% de visiteurs pour une augmentation
de 75% de nuitées.
Donc, les Européens ont tellement aimé le Québec
qu'ils ont allongé leur temps de séjour au Québec. Pendant
ce temps, en Ontario, augmentation de 38% et seulement de 19% pour les
nuitées. Les Européens n'ont pas aimé l'atmosphère
de l'Ontario qui critique le Québec, et ils sont restés moins
longtemps.
M. le député, je sais que vous connaissez ces
statistiques, je sais que ça vous impressionne et je sais que vous
êtes assez intelligent pour changer d'avis et dire à votre parti:
Appuyez donc les actions du gouvernement du Québec dans ce sens. Cessez
de dire que ce n'est pas bon au Québec, c'est excellent au
Québec, ça s'améliore. Il y a des choses à
améliorer, j'en conviens, bien sûr, mais, au moins, il y a
beaucoup de choses extraordinaires au Québec.
Vous me dites qu'il y a des taxes au Québec. Bien sûr, il y
a des taxes comme n'importe où dans le monde. Pourquoi n'avez-vous pas
été honnête tout à l'heure et n'avez-vous pas dit
que le Québec était la seule province où il n'y avait pas
de taxes sur le prix des chambres d'hôtel? Pourquoi n'avez-vous pas dit
que, dans tous les États de la Nouvelle-Angleterre, il y a des taxes sur
le prix des chambres d'hôtel et qu'au Québec il n'y en a pas? Je
peux croire que vous me disiez que certaines taxes sont plus
élevées au Québec, je suis d'accord avec vous, mais soyez
assez honnête pour dire que d'autres taxes sont moins
élevées au Québec. Les taxes municipales et scolaires sont
moins élevées au Québec, la moitié moins pour les
commerces et les industries que celles de l'Ontario. C'est la Chambre de
commerce du Québec qui l'a dit.
Il me semble que vous devriez dire: C'est vrai qu'il y a des taxes plus
élevées; par contre, il y a des taxes moins
élevées. Pourquoi ne dites-vous pas que les gens qui viennent au
Québec, maintenant, qui veulent demeurer au Québec ont un
stimulant fiscal bien important? Ce sont des choses qu'il faut absolument dire.
Je ne veux pas vous faire de leçon, mais je vous demande seulement
d'être honnête non pas envers votre parti ou envers le Parti
québécois, mais d'être honnête envers la population
du Québec. Les travailleurs et les travailleuses n'ont pas besoin de
fossoyeur de l'économie, ce qu'ils veulent, ce sont des gens qui
développent l'économie, qui ont confiance dans la capacité
des Québécois et des Québécoises de faire des
choses et de réussir. Je vous invite à faire cela, je vous invite
à dire ce qu'il y a de bon au Québec, il y a beaucoup de bonnes
choses.
Je termine sur quelques points et je reviendrai aux questions du
député de Viger parce qu'on s'est dit qu'on allait limiter nos
interventions pour pouvoir terminer à 12 h 10. Notre action
vis-à-vis du développement touristique, c'est faire confiance aux
gens du secteur privé, c'est faire confiance aux gens des
régions, dire aux gens des ATR et des offices de congrès:
Développez-vous, nous, on va vous aider. Enfin, on leur donne, cette
année, 1 800 000 $ de transfert de subventions, et eux vont chercher,
dans le milieu, beaucoup plus que cela. Possiblement qu'ils vont chercher, dans
le milieu, autour de 2 500 000 $ ou 3 000 000 $. Ce sont seulement des
dépenses de fonctionnement pour de la publicité coop avec nous.
Cela, c'est ce qu'on leur donne en subventions en plus de toute la
publicité coop qu'on fait avec eux. Donc, on les aide de ce
côté-là.
On dit: On va vous aider à identifier votre produit, votre
clientèle; on fera le maximum pour attirer ces gens-là et les
garder. Deuxièmement, on va développer notre accueil et nos
services. On a le Crédit touristique. On a plusieurs actions dans ce
sens-là. Troisièmement, c'est d'avoir une stratégie de
marketing qui se tienne un peu, c'est-à-dire avoir confiance en la
capacité des Québécois et des Québécoises de
faire des choses. On a des problèmes avec l'Opposition, mais, un beau
jour, j'espère qu'elle va comprendre et qu'elle va avoir confiance en la
capacité des Québécois de faire des choses et
d'établir une stratégie de marketing qui se tienne, comme on
essaie de faire, en tout cas, le mieux possible, et d'investir de l'argent dans
cette publicité.
Cette année, notre publicité, c'est Il 000 000 $. On n'a
jamais eu cela dans le passé. Je pense que les libéraux
dépensaient 1 500 000 $ à 2 000 000 $. On va faire plus cette
année qu'ils ont fait en six ans pour la publicité, pour le
développement touristique. C'est une action précise. C'est une
action qui est grande, qui est importante. Je pense qu'il faudrait savoir le
reconnaître de l'autre côté: jamais un gouvernement du
Québec s'est autant occupé de développement touristique
que le gouvernement du Parti québécois. Vous devriez être
assez honnête et le reconnaître, M. le député de
Viger.
Le Président (M. Brouillet): Merci, M. le ministre. Je
crois bien que le député de
Viger aimerait immédiatement reprendre la parole.
Argumentation
M. Maciocia: Seulement pour dire au ministre que, quand il nous
parle de l'impact touristique, de la promotion touristique faite par le
gouvernement du Québec, à l'intérieur des... Je ne
voudrais pas toucher maintenant l'Europe, mais disons les États-Unis.
Est-ce que le ministre peut nous dire - d'après ses chiffres et son
exposé de tout à l'heure avec des tableaux dont on connaît
très bien de quelle façon le gouvernement voit les choses
- quel a été l'impact de "Vacation in Quebec with "la
différence"? Je crois qu'apparemment cette année, ce même
slogan sera utilisé par le gouvernement. J'aimerais savoir à ce
moment-ci s'il y a vraiment eu un impact, s'il y a vraiment eu une étude
d'impact sur cette campagne, mais qui ne revient pas encore avec l'augmentation
de 2% de touristes américains qui sont arrivés ici en automobile.
On va encore se battre, comme on l'a fait hier, parce qu'il a dit des
faussetés à l'Assemblée nationale, je peux revenir avec
des chiffres: C'est la seule province qui a eu une augmentation.
Il faut voir aussi le nombre de touristes qui sont venus au
Québec et le nombre de touristes qui sont allés en Ontario, en
tenant compte précisément que les gens qui restent moins de 24
heures ne sont pas considérés comme des touristes. C'est vrai, je
suis d'accord avec le ministre qu'il y a des gens qui restent moins de 24
heures et qu'on ne peut pas considérer comme des touristes. Mais si les
statistiques sont celles qu'on connaît et sur lesquelles le ministre de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme se base, on note quand même qu'en
1982, 1 815 000 touristes sont venus au Québec et que 7 544 000
touristes sont allés en Ontario. Je ne peux pas accepter qu'aujourd'hui
le ministre nous dise et essaie de faire croire aux gens du Québec,
à la population du Québec, qu'ici on est mieux servi qu'en
Ontario. Ils sont là pour faire la démonstration qu'à un
certain moment, la promotion touristique faite par le Québec a
rapporté beaucoup plus que celle qui a été faite par
l'Ontario. Voyons, M. le Président! Tout le monde connaît la
conjoncture économique actuelle. Si seulement 1 800 000 personnes
viennent au Québec, c'est logique qu'il y aura une diminution par
rapport à ce chiffre. C'est logique que ce même chiffre, il faut
l'appliquer sur les 8 000 000 de touristes qui vont en Ontario. C'est vraiment
prendre les gens pour des imbéciles ou des gens qui ne connaissent
même pas ce domaine.
Je voudrais que le ministre nous dise exactement si son ministère
a fait une étude sur l'impact de cette campagne, "Vacation in Quebec
with "la différence". S'il l'a faite, j'aimerais en connaître les
résultats. Deuxièmement, je ne peux pas m'expliquer ce que le
ministre a dit tantôt, à savoir qu'il y a eu une augmentation,
quand on sait qu'au total, l'année dernière, on a même eu
une diminution de la clientèle américaine, qui est passée
de 3 000 000 à 2 700 000. Si vraiment "Vacation in Quebec" a eu l'impact
que le ministre veut nous faire croire, qu'il dise le résultat de cette
étude et, selon sa réponse, on aura d'autres questions à
lui poser ensuite.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Chateauguay.
M. Dussault: Merci, M. le Président, et
député de Chauveau. J'écoutais les derniers propos du
député de Viger et j'ai reconnu là les habitudes, les
tactiques habituelles de nos amis d'en face: sortir des chiffres absolus, faire
des comparables avec des incomparables. M. le député de Viger
devrait savoir...
M. Maciocia: Question de règlement.
Le Président (M. Brouillet): Une minute, s'il vous
plaît! Écoutez, vous aurez tout le loisir...
M. Maciocia: Ma question était adressée au
ministre, il ne connaît pas la réponse?
M. Dussault: L'adjoint parlementaire a la permission du ministre
de répondre à la question.
Le Président (M. Brouillet): Écoutez, je vais
seulement...
M. Dussault: C'est tout à fait dans l'ordre des choses. Je
suggère au député de Viger de lire la nouvelle loi sur
l'Assemblée nationale. Il verra qu'un adjoint parlementaire a le droit
de répondre à la place du ministre.
M. Doyon: Lire les tableaux seulement.
Le Président (M. Brouillet): Écoutez, je pense
que...
M. Dussault: C'est une équipe. On travaille ensemble.
C'est pour cela qu'on a des résultats et on les a vus tout à
l'heure.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. Je crois
que c'est la liberté du ministre de pouvoir permettre à quelqu'un
d'autre de répondre, dans le cadre d'une commission parlementaire,
à une question qui est posée...
Une voix: Quand il ne sait pas la réponse.
Le Président (M. Brouillet): ...à l'équipe.
M. le député de Chateauguay.
M. Dussault: Le député zigzag de la région
de Québec est en train de faire voir que l'adjoint parlementaire a des
réponses autant que le ministre.
M. Doyon: M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): S'il vous plaît. M. le
député de Louis-Hébert, question de privilège?
M. Doyon: Oui, question de privilège. Le
député de Chateauguay est en train d'essayer de faire de la
diversion comme il le fait régulièrement puisque c'est la seule
chose qu'il sait faire. Je suis représentant du très beau
comté de Louis-Hébert. J'en suis extrêmement fier...
Le Président (M. Brouillet): Une minute, s'il vous
plaît! Je vous interromps, j'ai même été un peu large
parce qu'en commission, il n'y a pas de question de privilège, il n'y a
pas de question de règlement. Ce n'est que sur le temps.
M. Doyon: ...M. le Président. Il y a des questions de
règlement.
Le Président (M. Brouillet): Je crois que...
M. Doyon: Sur une question de règlement, alors, si vous me
refusez la question de privilège.
Le Président (M. Brouillet): II n'y a pas de question de
règlement non plus.
M. Doyon: Bien sûr qu'il y a des questions de
règlement.
Le Président (M. Brouillet): Question de règlement
que sur le temps.
M. Doyon: Je siège à la commission parlementaire de
l'énergie et des ressources depuis deux mois maintenant. Les questions
de règlement sont justement ce qui est la spécialité des
députés ministériels. S'il n'y a pas de question de
règlement en commission parlementaire, je me demande ce qu'on a fait
depuis deux mois à cette commission à soulever continuellement
des questions de règlement. C'est sur une question de règlement
que je veux intervenir.
M. Dussault: M. le Président, on a l'habitude de se faire
divertir par le député de Louis-Hébert qui est reconnu
pour être le député zigzag dans la région de
Québec. Des fois, cela vaut la peine de le dire.
Le Président (M. Brouillet): Une minute, s'il vous
plaît! Je vous demanderais quand même de vous en tenir au sujet du
débat de part et d'autre et de ne pas provoquer des choses qui vont
faire dévier le débat du coeur même et de la substance.
M. Dussault: D'accord. C'est une petite période de
divertissement qui a commencé avec le sarcasme des gens de
l'Opposition.
M. Doyon: Vous vous trouvez drôle. Vous êtes le seul
à vous trouver drôle.
M. Dussault: On ferme la parenthèse du divertissement, M.
le Président. Je reviens à ce que je disais. On est
habitué aux tactiques de l'Opposition qui consistent à sortir des
chiffres, à comparer des chiffres absolus, des incomparables qui ne sont
pas comparables. Si ces gens se donnaient la peine d'étudier le
moindrement leur géographie, ils constateraient que la
réalité sur le plan des populations et telle qu'au sud du
Québec, il y a 15 000 000 de personnes aux États-Unis à
150 milles de Montréal, qui sont susceptibles d'être une
clientèle touristique pour le Québec. Au sud de Toronto, à
150 milles, il y a 50 000 000 de personnes. On comprendra qu'il est tout
à fait normal qu'en chiffres absolus il y ait plus de monde qui vienne
de 150 milles au sud de Toronto à Toronto que de gens qui viennent de
150 milles de Montréal à Montréal ou au Québec. Ce
sont des réalités avec lesquelles on doit travailler si on veut
faire quelque chose d'absolu. Sinon, on fait comme d'habitude du
côté de l'Opposition, on souffle des ballounes. (9 h 45)
On a eu droit à la balloune pornographique, on a eu droit
à la balloune de l'électronique avec le député de
Portneuf. On a droit présentement à la grande balloune de LG 2,
on espère qu'elle va finir bientôt. On a eu droit, à un
certain temps, et elle revient, ils sont encore en train d'en souffler une,
à la balloune linguistique, alors que l'on se rend compte que sur le
plan linguistique le français nous sert énormément. Il
nous sert particulièrement sur le plan touristique. Le ministre en a
parlé tout à l'heure. J'ai ici un compte-rendu d'une journaliste
américaine du New York Times Magazine intitulé Joie de vivre of
Montréal qui dit: "Eventhough the billboards are all in French, English
speakers are welcome almost anywhere."
M. le Président, c'est reconnu maintenant aux États-Unis
que le fait français au Québec est un fait intéressant
pour des touristes. Beaucoup d'Américains viennent ici pour vivre un peu
à la française parce qu'ils ne peuvent pas tous se permettre
d'aller régulièrement en France pour connaître le fait
français et tout ce qu'il y a de culturel, de rattaché à
cette question. On en profite. Les chiffres sont évidents. On a eu droit
à la balloune linguistique. On a eu droit - elle commence à se
ressoufler encore - à la balloune économique doublée d'une
balloune nationale, parce qu'à en souffler deux en même temps,
cela a toujours plus d'effet. Je pense qu'on en a assez de ce genre de chose.
Ils essaient encore ce matin de nous souffler une balloune, la balloune
touristique. Elle n'ira pas très loin, celle-là, malheureusement
pour l'Opposition, parce qu'avec les chiffres qu'on a vus tout à
l'heure, c'est évident que le
français nous rapporte et que, sur le plan touristique, les
améliorations sont considérables quand on les regarde en toute
relativité à partir des pourcentages et non à partir de
chiffres absolus, ce qui n'est pas honnête pour le dossier. Leur discours
est toujours un discours qui a un effet de ragots. On essaie toujours
d'attraper l'entité qu'est le gouvernement, mais, en même temps,
on se trouve à nuire à la collectivité
québécoise. C'est toujours le même résultat. On en a
assez de cela. C'est toujours pour les mêmes fins, des fins
intéressées, des fins de réélection dans le but de
prendre le pouvoir. Ce n'est pas comme cela qu'on doit prendre le pouvoir. Ce
n'est pas honnête d'essayer d'y arriver. C'est du placotage, du placotage
libéral. Faute de discours positifs, on fait du placotage.
M. le Président, je pense que les chiffres sont si
éloquents qu'on pourrait très bien arrêter la commission et
on aurait fait le travail qu'on avait à faire ici ce matin.
M. Lincoln: Cela irait certainement mieux si vous n'étiez
pas là.
M. Dussault: Je m'arrête pour le moment. J'y reviendrai si
c'est nécessaire, mais, avant de m'arrêter, il me vient une autre
idée.
M. Lincoln: Ah! Il était temps que vous en ayez une au
moins.
M. Dussault: On est obligé de compter sur nos propres
moyens pour arriver à ces résultats. On ne peut pas compter sur
les gens d'en face, ces fossoyeurs de l'économie du Québec
complices de leurs amis d'Ottawa, mais on essaie de compter sur d'autres
éléments au Québec. Par exemple, on a demandé
à Air Canada de faire un petit effort, de faire de la publicité
dans une revue qui aurait permis de faire connaître le Québec,
parce qu'on sait qu'il y a des revues touristiques, à un moment
donné, qui par leur tirage permettent de faire connaître des pays
ou des collectivités. On a demandé à Air Canada, à
un moment donné, de faire un travail en ce sens et d'annoncer dans un
cahier spécial, l'Handelsblatt, un cahier qui était
réservé au Québec. Savez-vous ce qu'a répondu Air
Canada? Ils nous ont dit: Nous préférons - et vous le comprendrez
sûrement - mettre l'accent sur les régions du pays que nous
desservons. C'est véritablement scandaleux. La compagnie Air Canada, qui
profite de l'argent des Québécois, parce qu'il y a beaucoup de
Québécois qui prennent les avions d'Air Canada, a refusé
de faire un travail publicitaire pour nous, de participer à un travail
publicitaire qui aurait fait connaître le Québec. Je dis que c'est
un scandale. On est toujours obligé de compter sur nos propres moyens
parce que lorsqu'on compte sur les autres, autant les gens d'en face que les
autres entités dans ce pays, on est toujours les derniers servis. Je
reviendrai là-dessus s'il le faut.
Le Président (M. Brouillet): Merci, M. le
député de Châteauguay. Nous cédons maintenant la
parole au député de Viger.
M. Maciocia: M. le Président, je voudrais seulement
consacrer quelques secondes pour parler du comportement du député
de Châteauguay. Tout le monde le connaît. On connaît d'avance
ses propos. On connaît déjà sa façon d'agir. Ses
mots, on les a appris depuis deux ans. Ce sont toujours les mêmes, que ce
soit à propos de l'aspect économique, que ce soit à propos
de l'aspect linguistique, que ce soit dans n'importe quel domaine, il a
toujours la même façon d'agir. Ce sont les mêmes mots qui
sont devenus quasiment ridicules vis-à-vis de la population du
Québec. Il est encore là pour dire le fait français. Il y
a eu - et je demanderai au député de Châteauguay, mais bien
plus au ministre, parce qu'il est vraiment responsable de faire cette promotion
- une étude qui a été faite par l'Association des
hôteliers du Québec et l'analyse des éditoriaux des grands
journaux américains, depuis cinq ans, démontre exactement que le
fait français est un grave inconvénient pour l'industrie
touristique québécoise.
Le ministre disait tantôt que je connaissais un peu ce domaine
à cause de mes affaires personnelles. Quand le ministre dit - et, je
répète, le député de Châteauguay, mais je ne
considérerai même pas ce dernier - que le fait français est
une attraction pour le Québec et que la loi 101 -et le
député de Châteauguay le répétait -est un
attrait pour le touriste américain, il faut vraiment être
borné ou il faut vraiment fermer les yeux sur les analyses qu'on a eues
un peu partout à l'intérieur du Québec par les
différents intervenants et aussi les éditoriaux à
l'extérieur du Québec.
J'avais posé une question à laquelle le ministre n'avait
pas répondu et j'aimerais qu'il me réponde. Il serait très
important, non seulement pour le gouvernement du Québec, pour la
population du Québec mais pour tous les intervenants dans l'industrie
touristique de connaître l'impact de "Vacation in Quebec, with "la
différence"; j'aimerais qu'il nous donne exactement l'impact qu'on a eu
avec cela et j'aimerais vraiment, s'il y a eu des résultats, qu'il nous
donne ces résultats. On ne peut le croire s'il vous dit seulement: Oui,
c'est cela, on a eu un impact, on a eu une augmentation de touristes, quand on
sait qu'il y a eu une diminution, l'année dernière, de 3 000 000
à 2 700 000. Je veux savoir s'il y a eu une étude qui a
été faite sur cet impact.
Autrement, je dois me poser la question: Est-ce qu'on peut se permettre
de dépenser des millions de dollars de la population du Québec
sans vraiment faire une analyse en profondeur de la publicité qu'on veut
transmettre à l'extérieur?
Voici un autre handicap que je lui disais hier en commission
parlementaire et j'ai posé la question bien précise au ministre:
Comment se fait-il que, dans la publicité qu'on fait à
l'extérieur du Québec, on mentionne seulement le Québec?
On n'a même pas le courage - et je crois que cela serait de la
décence - et, en même temps, la responsabilité au
ministère de dire que le Québec s'identifie au Canada. Les gens,
à l'extérieur de la province, à l'extérieur du
continent nord-américain, en Europe, connaissent un peu plus le Canada
que le Québec, et la publicité de l'Ontario, c'est: Venez en
Ontario, au Canada. Je me demande vraiment: Est-ce qu'on a vraiment la
volonté politique? Est-ce qu'on a vraiment la conscience que l'argent
des contribuables du Québec doit être dépensé de
façon à rapporter de l'argent et des devises à la province
de Québec?
Je voudrais que le ministre nous dise exactement sur quoi il pouvait
affirmer tantôt les données qu'il nous mentionnait.
Une voix: Qu'il ne reprenne pas les tableaux.
M. Maciocia: Et qu'il ne reprenne pas les tableaux parce qu'on
connaît ces tableaux depuis longtemps; le ministre essaie de camoufler
complètement la promotion que le Québec devrait faire pour
attirer la clientèle touristique.
Je lui avais aussi demandé avant, et le ministre n'a pas
répondu: Est-ce qu'il y a un plan à moyen et à long terme
pour le développement touristique et, deuxièmement, pour la
promotion touristique?
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre.
M. Biron: Bien sûr il y a un plan de développement
touristique. Ce plan dont l'essentiel était dans "Bâtir le
Québec" et dans "Le virage technologique" est basé sur le
dynamisme du milieu. Nous, contrairement au Parti libéral, croyons que
les gens dans leur milieu naturel sont les meilleurs pour prendre des
décisions et développer harmonieusement leur région ou
leur pays. Les libéraux disent: Non, pour nous, il faut tout mener par
la tête et c'est le gouvernement qui doit intervenir. D'ailleurs, votre
chef, M. Trudeau, dit cela fréquemment et passe à l'action dans
ce domaine. Nous faisons confiance aux gens du milieu et on veut que chaque
association touristique régionale soit forte, bien structurée et
développe son propre marché; nous l'aidons par de la
publicité partout à l'extérieur du Québec et au
Québec.
Notre publicité porte surtout sur Québec et
Montréal parce qu'il y a deux grandes portes d'entrée au
Québec, et si on peut attirer des étrangers avec des portes
d'entrée comme Québec et Montréal, bien sûr, on
essaie, comme retombées secondaires, d'en faire profiter toutes les
autres régions du Québec. Dans ce sens, notre publicité
est surtout axée sur Québec. D'ailleurs, vous avez fait allusion
tout à l'heure à notre publicité en Europe. Bien
sûr, c'est la ville de Québec que vous avez, avec le Château
Frontenac, le fleuve Saint-Laurent, l'île d'Orléans, la terrasse.
C'est important pour nous et c'est important pour eux aussi. C'est la porte
d'entrée de l'Amérique du Nord. Pour les Européens qui
veulent venir ici, l'Amérique du Nord, c'est important.
L'Amérique du Nord, c'est à la fois le Québec, le Canada
et les États-Unis. Pour eux, la porte d'entrée naturelle - c'est
dans ce sens que nous voulons placer le Québec sur le marché
européen - c'est le Québec; Montréal et Québec.
Comme mon collègue, le député de Châteauguay,
l'a dit tout à l'heure, on a de la difficulté à avoir le
concours de la société Air Canada. J'espère que ça
va changer avec le temps, mais il va falloir brasser la boîte à
partir du haut parce que je ne pense pas qu'il y ait une volonté de ce
côté. Lorsque le président-directeur général
d'Air Canada m'écrit: "II serait inopportun d'investir dans la
publicité portant sur le Québec", je ne voudrais pas dire ce que
je pense parce que c'est un mot qui serait grave. Air Canada dit: "II serait
inopportun d'investir dans la publicité portant sur le Québec.
Nous préférons, vous le comprendrez sûrement, mettre
l'accent sur les régions du pays que nous desservons", comme si le
Québec n'existait pas pour Air Canada. C'est signé Claude Taylor,
président-directeur général, le 16 mars 1982. Cela ne fait
pas tellement longtemps.
Le Québec est obligé de s'organiser seul. Vous avez une
grande entreprise aérienne qui ne veut pas faire de publicité
à l'extérieur pour le Québec en disant qu'il est
inopportun pour Air Canada d'investir dans la publicité portant sur le
Québec. Pendant ce temps, Air Canada fait de la publicité au
Québec pour sortir les gens du Québec et les envoyer à
l'extérieur le plus rapidement possible. On est obligé d'agir
tout seul. Ces gens d'Air Canada ont peut-être reconnu que le
Québec devait devenir souverain et, au moins, tenir en main sa propre
destinée et les sommes qui lui sont nécessaires pour faire sa
promotion et sa publicité.
M. Maciocia: M. le Président, pourriez-vous demander au
ministre de déposer la
lettre qu'il nous a lue tantôt? Est-ce qu'on pourrait avoir une
copie de la lettre qu'il a lue?
Le Président (M. Brouillet): Je crois qu'en commission il
ne peut pas y avoir de dépôt, sous réserve deprendre une
décision définitive plus tard.
Des voix: Consentement.
M. Maciocia: De consentement, est-ce que le ministre pourrait
nous donner une copie de cette lettre?
M. Biron: Bien sûr, je vous donnerai une copie de cette
lettre.
M. Maciocia: Je voudrais l'avoir tout de suite, par exemple.
M. Biron: Je vous donne une copie de cette lettre et vous verrez
vous-même ce qui se passe dans des sociétés de la couronne
fédérales.
M. Maciocia: J'aimerais avoir une copie de la lettre. Est-ce que
le ministre est prêt à nous la donner?
M. Biron: Ces gens sont un peu...
M. Maciocia: Est-ce que vous êtes prêt à nous
donner une copie de cette lettre?
M. Biron: Oui, je vous en donne une copie, M. le
député.
M. Maciocia: Tout de suite. Pourriez-vous envoyer un messager
faire une copie de cette lettre?
M. Biron: M. le Président, il faudrait répondre au
député de Viger.
M. Maciocia: Ce sont encore des mensonges, M. le
Président. Le ministre n'a même pas le courage, actuellement, de
faire le dépôt qu'on lui demande et de nous donner une copie de
cette lettre.
Le Président (M. Brouillet): Écoutez...
M. Maciocia: Je suis convaincu qu'il prend seulement les extraits
qui font son affaire dans cette lettre. On le lui a même demandé
en commission parlementaire hier. Le député de Jean-Talon lui a
demandé une copie de cette lettre hier, et il n'a pas eu le courage de
la déposer. On lui demande de le faire encore aujourd'hui.
M. Ooyon: II y a un messager à côté.
Le Président (M. Brouillet): En commission, il n'y a pas
de dépôt, mais rien n'empêche, en dehors du cadre de la
commission, le ministre de vous passer les lettres qu'il voudra. Je ne peux pas
m'y opposer, ça relève de lui. Pour le moment, si vous voulez,
nous allons laisser le ministre terminer et, par la suite, je pourrai donner la
parole à un membre de l'Opposition.
M. Biron: M. le Président, je sais que ça fait mal
un peu à la succursale des libéraux fédéraux, mais
c'est quand même ça. Je vous lis la lettre que j'ai eue et je vous
en donne une copie, j'ai pris l'engagement d'en donner une copie au
député de Jean-Talon qui m'a dit: Si c'est ça, je renie
Air Canada et je fais campagne avec vous contre Air Canada et contre le
gouvernement canadien. J'espère qu'il va livrer la marchandise
maintenant. (10 heures)
Sur la question plus spécifique portant sur des attitudes de
certains journalistes qui écrivent dans des journaux américains,
je ne peux pas empêcher un journaliste d'écrire un mauvais
article. Si le gars veut être malhonnête, il peut l'être tant
qu'il veut. Ce que je sais, par exemple, je sais qu'on a parfois de la
difficulté à l'extérieur du Québec parce qu'il y a
des gens du Québec -particulièrement des rouges, des rouges du
Québec - qui essaient de tout faire pour détruire
l'économie du Québec, qui essaient de tout faire pour
détruire des entreprises et des emplois au Québec. J'ai eu des
exemples bien précis de compagnies américaines... J'en ai eu une
dernièrement, une grande compagnie américaine qui est venue nous
voir au Québec. On a déroulé le tapis, on leur a dit
qu'ils étaient les bienvenus et on les invitait à venir investir
chez nous. Lorsqu'ils sont arrivés en Ontario, les gens de l'Ontario
leur ont dit de ne pas venir au Québec, que c'était invivable,
ils ont tout mis. Les Américains ont été assez
honnêtes - ce sont des gens d'affaires - et ils sont revenus me voir pour
me demander si ce qu'on leur avait dit était vrai. J'ai dit: Bien
sûr que c'est vrai. Ils ont répondu: Ce n'est pas cela qu'on
entend dire. La plupart du temps ce sont des rouges du Québec qui ont
quitté le Québec et qui déversent leur venin sur le
Québec, les entreprises, les travailleurs, les travailleuses du
Québec et bien sûr, en même temps, sur le gouvernement du
Québec.
M. Lincoln: M. le Président...
M. Biron: La question précise que vous avez posée
M. le député c'est le programme "Vacation in Quebec with "la
différence" l'an dernier avec cette publicité, on a eu six fois
plus de demandes que les années passées. On dit, selon les
statistiques compilées par des spécialistes en la matière,
que 78% des gens qui s'informent à la suite d'une annonce
publicitaire, à un programme publicitaire dans ce sens-là,
veulent venir dans cette région bien spécifique ou dans ce pays
spécifique qui fait la publicité. Six fois plus de demandes, 78%
des gens y viennent et les enquêtes qu'on a faites auprès des
Américains - vous qui dites que le fait français n'est pas payant
alors que je vous ai montré sur des tableaux très clairement que
c'est payant le fait français et que les gens aiment le fait
français, la différence, et qu'ils viennent ici pour cela - 90%
des Américains se disent satisfaits. Je ne peux pas empêcher les
10% de chiâler. Il y a 10% du monde qui chiâle, il y a une petite
"gang" de rouges au Québec qui chialent. Je ne peux pas les
empêcher de chiâler, ce sont des chiâleurs naturels. Je ne
peux pas empêcher cela.
D'un autre côté, il faut regarder le monde, le vrai monde,
le monde des comtés du Québec, le monde de Lotbinière, le
monde de Bellechasse, le monde de Québec, le monde de Montréal,
de Maisonneuve, de Châteauguay, le vrai monde là, il ne
chiâle pas autant que cela. Au contraire, le vrai monde est fier
d'être Québécois et essaie de faire le maximum pour sortir
de la crise le plus rapidement possible et faire en sorte de créer des
emplois au Québec. C'est notre préoccupation. Nos programmes de
publicité, nos programmes de promotion ne sont pas là simplement
pour le plaisir de faire des programmes de promotion et de payer 10 000 000 $
ou Il 000 000 $ en promotion et en publicité dans les journaux, à
la télévision et à la radio pour inviter du monde à
venir ici. Nos programmes de promotion, de publicité touristique ont un
seul but: créer des emplois, stabiliser, sécuriser des emplois au
Québec, permettre à plus de gens possible de travailler au
Québec et permettre à plus d'entreprises dans le domaine
touristique - il y a une quinzaine de mille entreprises de restauration,
d'hébergement ici qui sont à peu près toutes des PME, de
pouvoir prendre de l'expansion et de se développer.
M. le Président, à votre question spécifique: Oui,
cela a rapporté des dividendes. Premièrement, vous avez vu nos
tableaux tout à l'heure. Une augmentation appréciable du nombre
d'Américains pour un séjour de plus de 24 heures au Québec
en automobile alors qu'on a eu une diminution en Ontario. Vous avez vu que le
séjour au Québec dure plus longtemps maintenant qu'autrefois,
alors que le séjour en Ontario a diminué. Donc
l'atmosphère française québécoise a attiré
du monde. Vous avez raison quand vous dites que l'atmosphère
française québécoise a attiré du monde. Je dis oui
à cela.
Est-ce que les Américains sont satisfaits de l'atmosphère
québécoise? À 90%, les Américains disent: Oui, nous
sommes satisfaits. Alors, si vous voulez prendre les 10% et vous y coller
à la vie à la mort, collez-vous avec la minorité; mais si
vous voulez vous coller à la majorité, collez-vous donc avec des
gens qui sont satisfaits, qui ont une tête sur les épaules, qui
viennent ici et qui sont heureux des résultats de la performance du
Québec et du produit touristique que nous livrons. Je vous invite
à une réflexion là-dessus.
M. Maciocia: Je voudrais seulement....
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Oui, M. le Président, si vous me permettez
deux choses. Premièrement, je voudrais dire au ministre que je ne crois
pas que les 46% de la population du Québec qui ont voté pour le
Parti libéral soient des imbéciles, comme il a essayé de
nous le faire croire tantôt. Deuxièmement, M. le Président,
j'ai demandé...
M. Biron: Question de règlement, M. le
Président.
M. Maciocia: Apparemment, il n'y a pas de question de
règlement, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Une minute. Il n'y a pas de
question de règlement si ce n'est que sur les règles qui
régissent les questions avec débat.
M. Biron: Question de règlement, M. le Président,
parce que le député de Viger...
Le Président (M. Brouillet): Non, non. Une minute. M. le
ministre. Sur quel point de règlement?
M. Biron: Question de règlement, d'après l'article
99. Le député de Viger vient de m'attribuer des paroles que je
n'ai pas prononcées. Je n'ai jamais dit que tous ceux qui avaient
voté pour le Parti libéral étaient des imbéciles.
Jamais de ma vie, je n'ai dit cela. Mais il y a des rouges et il y a des
libéraux. Les libéraux finissent par comprendre, cela a du bon
sens; les rouges sont bornés bien dur, il n'y a rien à faire avec
eux.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre, une minute,
s'il vous plaît: Une minute! M. le député de Viger, vous
aurez le loisir de pouvoir répondre quand vous aurez le droit de parole
parce qu'il n'y a pas de questions de privilège en commission et les
questions de règlement, en ce qui concerne une question avec
débat, ne peuvent porter que sur les règles qui régissent
une telle commission. Alors, attendez votre droit de
parole pour pouvoir répliquer à ce que vous voudrez bien
répliquer. M. le député de Viger.
M. Maciocia: J'ai seulement une question à poser au
ministre, je passerai la parole à mon collègue de
Louis-Hébert. Tantôt, il nous a donné des chiffres. Je lui
demanderai, concernant "Vacation in Quebec, with "la différence", si le
ministre pourrait nous déposer ces chiffres, l'étude - s'il a eu
l'étude que je lui ai demandée au début -et,
deuxièmement, s'il n'y a pas eu d'étude, s'il y a eu un sondage
et s'il peut le déposer à cette Assemblée, aujourd'hui;
tandis que tous les gens du ministère sont là, s'il pouvait
déposer l'étude de l'impact qui a été faite et les
sondages en conséquence de cela. Merci.
Le Président (M. Brouillet): Très bien.
Pendant...
M. Biron: Oui, M. le député...
Le Président (M. Brouillet): Oui, vous pouvez.
M. Biron: Oui, il y a eu une étude sur ce que nous
appelons communément dans notre jargon une enquête sur la
satisfaction des gens à la suite d'une campage publicitaire. Je n'ai pas
de copie avec moi, ici, mais je m'engage à en remettre une copie au
député de Viger.
M. Maciocia: Je voudrais que le ministre nous spécifie
ceci: Est-ce que l'étude a été faite sur les gens qui sont
venus au Québec ou sur les gens en Amérique?
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre est en train
de consulter son personnel, il pourra vous répondre dans quelques
minutes.
M. Biron: D'accord. Je voulais seulement vérifier pour
être certain de donner la bonne réponse au député.
Elle a été faite sur tous ceux et celles qui ont demandé
de l'information à partir des États-Unis. Là, on calcule
le nombre de gens qui sont venus et, ceux qui sont venus, on leur demande:
Êtes-vous satisfaits?
M. Maciocia: Quand était-ce et combien y avait-il de gens?
Quel était l'échantillon, s'il vous plaît?
Le Président (M. Brouillet): Je ne sais pas si...
M. Biron: D'accord. Je pourrais vous apporter le rapport
là-dessus. Vous voulez un chiffre bien précis et vous comprendrez
que je n'ai pas ce rapport avec moi ce matin. Je vais vous donner une copie du
rapport. Vous verrez, c'est un échantillonnage scientifique par des
spécialistes dans le domaine.
M. Maciocia: D'accord.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. M. le
député de Louis-Hébert.
M. Dussault: ...si je peux me permettre avant de passer à
son collègue.
Le Président (M. Brouillet): Ce sera très bref,
disons...
M. Dussault: Très bref, M. le Président, oui.
Le Président (M. Brouillet): ...parce que, pour le temps,
je voudrais maintenir un équilibre.
M. Doyon: M. le Président, le ministre vient de
répondre au député de Viger. Au nom de l'alternance,
justement, je pense que c'est au député de Louis-Hébert de
prendre la parole, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Je pense que vous aurez le
loisir...
M. Dussault: Je n'ai pas d'objection, M. le Président.
Cela aurait été en continuité avec ce qui vient
d'être dit, mais je peux le dire plus tard, M. le Président.
M. Lincoln: Ce que vous direz sera "nonsense" de toutes les
façons.
Le Président (M. Brouillet): Laissez la parole au
député de Lous-Hébert.
M. Doyon: Merci, M. le Président. En ce qui concerne la
capacité d'une continuité en quoi que ce soit du
député de Châteauguay, vous me permettrez d'en douter
fortement. La preuve est faite amplement, dans cette assemblée, que quoi
que dise le député de Châteauguay, cela ne vaut pas la
peine de s'en occuper, car tout le monde sait que c'est une farce, c'est de
commune renommée. Le député de Châteauguay a
réussi à se faire une réputation, ici à
l'intérieur de cette assemblée, de fou du roi, et il continue ce
matin. Il n'y a pas de surprise là-dedans.
Maintenant, pour parler de choses plus sérieuses, je pense qu'il
vaut la peine de relever certains propos du ministre. C'est un aparté
que je fais parce que mon propos principal était de parler de la
région de Québec, une région touristique par excellence,
mais je ne peux passer sous silence les énormités du ministre
responsable du tourisme. Il nous affirme, sans cligner des
yeux, que les gens viennent ici pour le fait français, pour la
différence, tel qu'il dit dans son budget, pour notre
spécificité culturelle. Je pense que c'est se tromper sur ce
qu'est le tourisme en tant qu'industrie.
Je vais tenter de le définir dans des mots très simples
que même le député de Châteauguay, peut-être,
s'il me relit demain ou après-demain deux ou trois fois, va comprendre.
En tout cas, je vais employer les mots les plus simples possible. L'industrie
touristique n'est pas une entreprise de propagande culturelle et de vente de la
culture française. Je suis le premier à reconnaître que le
fait français est un fait qui est éminemment défendable et
valable. Je pense qu'il faut s'entendre et qu'il n'y a pas de discussion
là-dessus. Où on se trompe, c'est quand on fait croire à
la population du Québec qu'on va attirer du monde en disant: Nous, on
parle français, à Sainte-Anne-de-Beaupré on dit le
chapelet en français, à l'Oratoire Saint-Joseph on fait le chemin
de croix en français. Vous vous trompez là-dessus. C'est comme si
on voulait attirer les touristes au Mexique en leur faisant valoir qu'à
Acapulco on parle espagnol et que c'est cela qui va les attirer. Vous vous
trompez parce que les gens vont à Acapulco pour la mer, pour le soleil,
pour le ciel bleu. Ils n'y vont pas parce que les gens parlent espagnol. Ils
parleraient albanais qu'ils iraient pareil. C'est secondaire dans la
décision que le touriste prend d'aller quelque part. Il y va parce qu'il
va prendre des vacances. Il va se reposer. Il va trouver du confort. Il va
trouver ce qu'il ne trouve pas chez lui. Il va réaliser un rêve
qu'il a entretenu pendant toute son année de travail. Il n'y va pas pour
entendre spécifiquement parler français.
Quand on axe notre publicité là-dessus, qu'on tente de
faire croire à la population que c'est cela qui va attirer des gens,
c'est totalement faux, M. le Président. Ce qui va attirer les gens au
Québec et ce qui va les garder au Québec, c'est notre produit
essentiellement touristique, c'est-à-dire combien en donne-t-on aux gens
pour leur argent? C'est une question purement économique. Si cela
coûte deux fois plus cher, comme c'est actuellement le cas pour se rendre
à un endroit parce que le ministre des Finances a confondu les pompistes
avec les percepteurs d'impôts, que voulez-vous, les gens vont
éviter les pompistes parce que personne ne fréquente de bon
gré les percepteurs d'impôts. Et, évitant les pompistes
québécois, ils ne se promèneront pas sur les routes
québécoises. C'est le simple bon sens. Si on veut attirer les
gens au mont Sainte-Anne, il faut, bien sûr, qu'on puisse leur vendre un
produit pour lequel ils viennent ici, c'est-à-dire leur permettre de
faire du ski, si c'est cela qu'ils viennent faire. Et, s'ils viennent pour
autre chose, il faut leur offrir ce qu'ils viennent chercher au
Québec.
Ce gouvernement-là a la mauvaise habitude - et c'est rendu une
manie qui fait un tort extrême, non seulement à l'industrie
touristique, mais à toutes les industries de la province de
Québec - on s'imagine que les gens vont venir dans la province de
Québec pour le fait français. Et je sais qu'il est dans le
discours péquiste - un discours éminemment minable et
méprisable - de faire croire que nous, les libéraux, parce qu'on
fait tout simplement des calculs économiques, sommes contre le fait
français. Cela est éminemment méprisable. Et la population
va vous juger en temps et lieu là-dessus. Il n'y aura pas de pardon. Le
fait français, nous le respectons autant que vous, mais, nous faisons
une différence beaucoup plus que vous, nous faisons une
différence, cependant, entre un produit mis en vente à la
grandeur de la planète, finalement, en compétition avec des gens
parlant toutes sortes de langues. Si c'était cette
spécificité culturelle qu'on recherchait, les gens iraient
beaucoup plus en Albanie, parce qu'ils vont être beaucoup plus
dépaysés en allant en Albanie, si c'est cela que les gens
cherchent. (10 h 15)
M. le Président, je veux référer le ministre
à un éditorial relativement récent de la Presse, sous la
signature de M. Jean-Guy Dubuc intitulé "Les touristes nous
évitent." On explique dans cet article pourquoi les touristes nous
évitent. C'est malheureusement la vérité. C'est
malheureusement en grande partie parce que le discours du ministre n'a pas
changé. C'est parce qu'on n'a pas confié à des gens qui
connaissaient l'industrie touristique le rôle de vendre ce produit
touristique qui est le nôtre, et qui est compétitif avec n'importe
quel autre produit touristique. Là-dedans comme dans d'autres choses, il
faut avoir une ligne de pensée claire, il faut savoir où on s'en
va. Si on court deux lièvres à la fois, c'est-à-dire se
servir des maisons du Québec en même temps pour vendre la
propagande péquiste d'une indépendance et d'une
souveraineté future du Québec et en même temps tenter
d'amener les gens ici pour passer leurs vacances, il est bien sûr qu'on
est en porte-à-faux. On est écarquillé et quand on est
écarquillé on ne court pas très vite et on ne va nulle
part parce qu'on ne sait pas où on va. C'est votre cas, vous, le
gouvernement péquiste, vous ne savez pas où vous allez. Vous
tentez, par le biais de l'industrie touristique, de vendre votre salade
nationaliste. C'est cela que vous tentez de faire et je pense qu'il
était important de faire cette mise au point.
Pour parler plus spécifiquement de la région de
Québec, la ville de Québec et toute la région de
Québec est ouverte sur le fleuve et sur toute l'histoire de
l'Amérique du Nord et elle constitue depuis très
longtemps le coeur de l'activité touristique régionale.
Son site privilégié de promontoir entre le port et les montagnes,
sa citadelle, ses fortifications, son vieux quartier latin et sa Place royale,
à deux pas du vieux port, le charme de ses rues, parcs, cafés,
etc, en font un endroit de rêve.
Cependant, on se rend compte qu'actuellement la région
touristique de Québec est laissée pour compte. En ce qui concerne
le transport, la région de Québec n'a pas connu
d'améliorations récentes. On ne parle même pas de la
signalisation routière défectueuse. Pour l'hébergement
-j'ai des chiffres ici - le taux d'occupation des chambres des
établissements hôteliers est passé de 65,15% en 1979
à 61,79% en 1981, une baisse dans la région de Québec.
Cela est attribuable à des facteurs qui sont déterminables, cela
est attribuable à des charges fiscales et à une taxation
excessive sur les aliments et les boissons. On se sert des boissons
alcooliques, du monopole d'État à la Régie des alcools
pour percevoir des taxes qui ont un effet de détérioration sur la
compétitivité des prix des restaurants qui offrent en vente ces
boissons alcooliques. Les charges fiscales, les taxes municipales
imposées sur les hôtels sont beaucoup trop élevées
et j'invite le ministre à faire des comparaisons et il s'apercevra que
les charges fiscales de taxation foncière par chambre d'hôtel dans
la région de Québec sont de l'ordre d'au-delà de 2000 $
par chambre alors que dans des villes des États-Unis avec lesquelles
nous sommes en concurrence, ce coût n'atteint pas 500 $ par année.
Il y a aussi, dans la région de Québec - le ministre devrait
intervenir là-dessus -des établissements hôteliers qui sont
victimes d'une concurrence déloyale. De plus en plus, des institutions
d'enseignement, comme l'Université Laval, les cégeps, etc., sont
entrés dans le secteur de la restauration et dans le secteur de
l'hébergement, avec l'accord tacite du gouvernement, et ce, à des
coûts qui ne sont pas compétitifs: 7 $, 8 $, 9 $ ou 10 $ par
soir.
Des chiffres m'ont été remis dernièrement. En 1981,
l'Université Laval, à titre d'exemple, a reçu 53 529
visiteurs; c'est autant de personnes qui ne sont pas allées dans des
hôtels du Québec. On est devant une situation de
compétitivité anormale. Il faut que le gouvernement intervienne
là-dedans pour fixer les règles du jeu, c'est important. Il est
sûr que notre infrastructure hivernale n'est pas compétitive avec
les autres régions similaires. On connaît les résultats
désastreux des deux derniers hivers. Dernièrement, on a
annoncé des investissements de l'ordre d'une dizaine de millions pour
des canons à neige au mont Sainte-Anne. Il était grand temps
qu'on le fasse. On est en train de ruiner une clientèle qu'on avait
réussi à établir. Il va falloir remotiver, convaincre
à nouveau les gens qui avaient pris l'habitude de venir faire du ski ou
de venir passer des vacances de neige ici, au Québec.
Si on ne peut offrir à ces gens le produit qu'ils veulent, ils ne
viendront pas. On aura beau parler français, les gens qui viennent faire
du ski au Québec ne viennent pas pour faire du ski en français,
ils viennent faire du ski. Ils viennent, sur deux skis, avec des bottines dans
leurs pieds, glisser sur des pentes où il est censé y avoir de la
poudreuse. On aura beau leur dire qu'ils seront accueillis en français
au bas des pentes, ils ne viendront pas plus. Mettez-vous cela dans la
tête une fois pour toutes. Vous faites fausse route, vous confondez vos
objectifs et c'est un défaut majeur chez un gouvernement de confondre
les objectifs qui doivent le guider. Je ne comprends pas que vous agissiez
comme cela. Ou le ministre est mal entouré, par des gens qui ne
connaissent pas cela, ou il s'entête et se ferme les deux yeux en
continuant dans sa ligne nationaliste et "nationalarde". Il faut, à un
moment donné, qu'on réalise que c'est nocif pour la région
de Québec et pour le Québec tout entier. Il est essentiel que le
gouvernement rajuste son tir.
M. le Président, dernièrement à Toronto avait lieu
ce qui a été appelé Rendez-Vous Canada 1983. Le
Québec y était. Pour ce qui a été de la
présentation québécoise à ce Rendez-Vous Canada,
à Toronto, cela a été un désastre. Je vous invite
à vous renseigner auprès des gens qui ont été
témoins de ce qui s'est passé là-bas. Ce n'est pas
surprenant que cela ait été un désastre. Je vais vous
donner simplement un exemple et vous allez comprendre pourquoi cela a
été un désastre. Cela ne pouvait pas faire autrement que
d'être un désastre. Savez-vous ce qui s'est passé? Je vais
juste vous dire comment Terre-Neuve était installée et on va
comparer comment Québec était installé à
Rendez-Vous Canada, à Toronto. Je vais juste vous donner des exemples,
vous en jugerez et la population en jugera. Savez-vous ce que Terre-Neuve avait
à Rendez-Vous Canada, à Toronto? Tout d'abord il y avait un
kiosque de 32 pieds ouvert avec six employés en rotation au kiosque.
Qu'est-ce qu'avait le Québec comme kiosque? On va comparer. Un kiosque
de seize pieds ouvert avec six employés, ce qui était
déjà, on le reconnaît, une amélioration sur 1982
où il y avait simplement deux employés. On continue la
comparaison. Le ministre du Tourisme de Terre-Neuve était sur place avec
invitation aux gens qui visitaient le kiosque à sa suite. Le
Québec, qu'est-ce qu'il y avait? Il y avait le sous-ministre
présent mais pas de suite et pas d'invitation. Qu'est-ce qu'avait
Terre-Neuve? Terre-Neuve avait une suite de 30 à 40 personnes de 17
heures du soir à 3 heures du matin avec chansonniers qui jouaient
des
airs et de pièces des différents pays qui étaient
à Rendez-Vous Canada. Qu'est-ce que le Québec avait de ce
côté? Aucune suite, aucun attrait pour les gens qui visitaient. Le
kiosque de Terre-Neuve offrait des macarons aux visiteurs. Aucun macaron, aucun
souvenir de la part du Québec. Le Québec a offert un dîner
qui a eu un effet contraire à celui prévu, cela a
été un échec total, cela a été un "flop"
monumental parce que cela a été fait sans professionnalisme en
compétition avec d'autres activités.
Je demanderais au ministre de s'enquérir de ce qui s'est
passé à Rendez-Vous Canada, à Toronto,
dernièrement. Si le Québec a fait une aussi piètre figure
vis-à-vis d'une province comme Terre-Neuve, comment espérer
pouvoir se rabattre simplement sur le fait qu'on parle français ici pour
compenser toutes ces lacunes? Si le tourisme, comme c'est l'argument du
ministre, est une industrie, elle doit être traitée comme une
industrie. Elle ne doit pas être traitée comme une activité
de propagande, comme une activité de vente de l'idéal
nationaliste, souverainiste, indépendantiste et séparatiste. Il
faut différencier les deux. Chacun son métier et les cochons
seront bien gardés!
M. le ministre, vous avez la responsabilité de voir à ce
que l'industrie du tourisme rapporte au Québec. Vous n'avez pas la
responsabilité de vendre l'idée de l'indépendance du
Québec à des étrangers de l'extérieur de la
province de Québec ou du Canada. Vous avez une responsabilité
spécifique qui est de voir à ce que les gens du Québec
puissent vivre de leurs biens, de leurs ressources naturelles, de leurs
panoramas, de leurs paysages. Vous ne devez pas confondre les deux.
Malheureusement, M. le ministre, dans tout votre discours il est
évident, il est patent que vous n'avez pas encore compris cela. Tant que
le Parti québécois n'aura pas compris cela, toute la province de
Québec va en payer le prix. Je pense que c'est le temps qu'il y ait un
réajustement de tir qui soit fait sur cela.
Je vous invite instamment au nom de la région de Québec,
qui est particulièrement mal traitée à ce sujet, qui est
laissée pour compte, à rajuster votre tir, il est grandement
temps. La population en a marre de votre refrain sur le même air connu,
archiconnu que le nationalisme québécois c'est quelque chose que
les gens de l'extérieur vont venir acheter ici. Il n'en est rien. Ils
vont venir ici pour se reposer. Ils vont venir ici pour prendre des vacances,
comme les Québécois vont en Floride pour profiter de la mer, pour
profiter du soleil, pour profiter des plages. Ils vont au Mexique pour les
mêmes raisons. On ne va pas en Floride pour entendre parler anglais, cela
nous importe peu. On va en Floride et au Mexique et ailleurs parce qu'on y
trouve là un produit qui nous convient. Ici, au Québec, on a un
produit qui convient aux touristes. N'essayons pas d'axer notre
publicité, notre promotion sur le fait français, sur la langue
française qui va amener ces touristes-là. Ce qui va amener les
gens, ce sera le fait qu'on a un produit qui est valable et qu'il est de votre
responsabilité de faire valoir.
Le Président (M. Brouillet): Merci, M. le
député de Louis-Hébert. Je vais faire le point un peu sur
le temps, pour vous situer. Le député de Louis-Hébert a
presque épuisé ses 20 minutes. Actuellement, 43 minutes ont
été utilisées par l'Opposition, et 33 minutes par...
M. Lincoln: Combien dites-vous, M. le Président?
Le Président (M. Brouillet): 43 et 33.
Le député de Louis-Hébert a pris...
M. Lincoln: Cela va.
Le Président (M. Brouillet): ...environ 17 minutes de son
temps. Le député de Châteauguay, maintenant.
M. Dussault: M. le Président, je voudrais revenir
brièvement sur ce que disait le député de
Louis-Hébert à mon sujet. Quand les gens d'en face se trouvent
pris au dépourvu sur le fond - ce qui arrive souvent quand je m'adresse
à eux - ils finissent par revenir sur la forme et là ils se
mettent à "dégueulasser" sur mon compte. On connaît
maintenant leurs tactiques et il ne faut pas s'en faire avec cela, j'en ai pris
l'habitude depuis que j'ai dénoncé les 750 000 $ qui sont dans
leur caisse électorale venant des Jeux olympiques et qui serviront un
jour à faire du patronage. Ces gens-là ne m'aiment pas beaucoup
et vous voyez les résultats. Cela ne me dérange pas beaucoup.
Je voudrais revenir sur la comparaison que M. le député de
Louis-Hébert a faite entre le Québec et le Mexique. M. le
député de Louis-Hébert nous dit que les gens vont au
Mexique pour le ciel bleu et la mer. Quand on est fait d'un bloc comme lui, on
s'attend évidemment à ce que des choses comme celles-là
soient dites. Comme si tout le monde était fait de la même
façon et qu'il n'y avait qu'une chose qui intéressait le monde:
le ciel bleu et la mer. On comprend pourquoi il dénonce ensuite notre
façon de voir les choses sur le plan de la promotion touristique. Je lui
suggérerais d'aller dans un kiosque touristique et de se tenir là
pendant une journée et d'écouter ce que le monde dit,
l'échange qui se fait entre les agents qui sont dans le kiosque et les
touristes. Il comprendra un peu mieux ce qui motive les touristes. Il va se
rendre compte qu'il y a beaucoup de monde qui ne voyage pas
seulement pour voir le ciel bleu et la mer. On n'a pas beaucoup de mer
à offrir ici. On comprendra que la comparaison est difficile à
soutenir.
Il y a aussi des gens qui cherchent des réalités
culturelles. Au Mexique, même si le ciel bleu est beau et que la mer est
belle, il y a bien du monde qui va au Mexique pour des réalités
culturelles. Le Mexique antique, les Incas et tout le reste sont une
réalité touristique importante au Mexique. M. le
député de Louis-Hébert ne nous a pas parlé de cela
parce que cela n'entre pas dans sa théorie, dans son discours. Il ne
nous parle pas de ces réalités-là. Pourtant, les Mexicains
cherchent à attirer des touristes avec ces
réalités-là. J'ai vu beaucoup d'annonces du Mexique pour
attirer les touristes sur cette base-là.
On parlera longtemps de la réalité culturelle
québécoise pour des fins touristiques. Je sais cependant qu'on ne
convaincra jamais le député de Louis-Hébert parce que cela
ne l'arrange pas. Ce qu'il veut, c'est dénigrer les
Québécois, c'est faire en sorte qu'on passe pour des gens non
accueillants. C'est cela son objectif. Comment se fait-il qu'il y ait des
Américains qui viennent faire du ski au Québec, si la
réalité culturelle ne les intéresse pas? À ce
compte-là, qu'ils aillent moins loin, qu'ils s'arrêtent en
Nouvelle-Angleterre en passant et qu'ils fassent du ski en Nouvelle-Angleterre.
Comment se fait-il qu'il y ait des gens qui cherchent les pentes
enneigées du Québec? C'est parce qu'ils veulent faire du ski,
bien sûr, sur des pentes enneigées, mais dans un contexte culturel
québécois, français. C'est cela le fait français.
Beaucoup de gens ont compris cela, même si le député de
Louis-Hébert ne le comprend pas. (10 h 30)
En 1982, dans le Journal de Montréal du dimanche 8 août,
dans un article intitulé "La campagne de publicité du
Québec a frappé dans le mille", la conclusion est: "De l'avis de
plusieurs agents touristiques, le ministère de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme aurait, cette fois, visé juste en axant la promotion sur
l'unicité culturelle et linguistique du Québec en Amérique
du Nord." Voyons, M. le Président, on n'invente rien.
Un autre article du Devoir, du vendredi 10 décembre 1982, il est
écrit: "Le visage français du Québec ne rebute pas le
touriste anglophone. Le visage français du Québec,
favorisé par les dispositions de la loi 101, ne semble pas embarrasser
ou ennuyer outre mesure les touristes anglophones. Au contraire, ils se sentent
plutôt rassurés parce que le caractère bilingue de
Montréal et de Québec notamment persiste dans la dispensation des
services, ce qui les encourage à y revenir. Ce qui ressort d'une
recherche effectuée pendant l'été 1980 auprès de
300 visiteurs d'expression anglaise dont plus de la moitié, 53,3%,
venaient des États-Unis, un peu plus du tiers, 37%, des autres provinces
canadiennes, le reste 9%."
Vous voyez, M. le Président, on n'invente rien. Des gens d'en
face essaient de nier cette réalité dont on parle avec
fierté. C'est normal, on est des Québécois à part
entière. Je ne suis pas étonné que les gens de la CUQ,
à un moment donné, se soient réjouis du départ du
député de Louis-Hébert; avec le style de ce personnage, on
comprend les difficultés que cela devait poser à du monde.
M. le Président, un article dans le Soleil du vendredi 3
septembre 1982 dit: "Une nette évolution du tourisme au Québec."
On fait encore référence à ce qu'on a choisi comme point
central de notre promotion touristique. Un autre: "En Estrie, une saison
touristique comme on n'en avait pas vu depuis 20 ans." Encore là, on
dit: "L'Estrie a connu, cette année, une saison touristique comme elle
n'en a pas vu depuis plus de 20 ans et on estime que le nombre de touristes a
augmenté de 15% dans la région, a déclaré, en fin
de semaine, M. Réjean Beaudoin, directeur général de
l'Association touristique de l'Estrie."
M. le Président, je voudrais que les
téléspectateurs le voient clairement. "Une saison touristique
comme on n'en avait pas vu depuis 20 ans." Une déclaration de M.
Réjean Beaudoin. Ce n'est pas nous qui le disons, c'est M. Beaudoin.
"Tout pour accélérer, tout pour accélérer la
croissance du tourisme." Une déclaration de M. Michel Trudel. "Le
tourisme est une industrie qui connaît l'expansion la plus rapide
présentement à Drummondville et tout est mis en oeuvre pour
maintenir sinon accélérer cette croissance."
M. le Président, on ne demande pas aux gens de nous croire, on
demande aux gens de croire ce que les autres en disent. Si le
député de Louis-Hébert n'est pas capable de croire ce
qu'on dit, qu'il croie au moins ces gens. Si le député de Viger
n'est pas capable de nous croire, qu'il croie au moins ces gens. Si le
député de Nelligan n'est pas capable de nous croire, qu'il croie
ces gens. C'est tout ce qu'on leur demande. Cela parle tout seul, M. le
Président.
Qu'on arrête de nous raconter des histoires pour rapetisser le
Québec, pour toujours faire croire au monde qu'on n'est pas capables,
qu'il n'y a que les autres qui sont fins, à les entendre, qu'il n'y a
que les autres qui sont capables de faire valoir leur tourisme à travers
des questions culturelles. Nous, on ne peut faire cela, on n'a pas le droit de
faire cela. Parce qu'on est un gouvernement souverainiste, on n'aurait pas le
droit de faire cela. On compte sur nos moyens, on compte sur nos
caractéristiques,
on compte sur ce qui nous distingue et cela nous réussit. Que ces
gens le veuillent ou non, cela nous réussit, M. le Président. Il
va bien falloir qu'ils finissent par tirer des conclusions un de ces jours.
Qu'ils arrêtent de toujours rapetisser le Québec. On est
tannés de cela. Cela donne toujours de mauvaises impressions. Ils
veulent toujours faire croire qu'on n'est pas accueillants, qu'on ne veut pas
avoir des investisseurs, que les gens ne doivent pas venir ici parce qu'il y a
un gouvernement du Parti québécois qui est au pouvoir.
J'en ai assez, M. le Président. Je ne me tannerai cependant pas
de leur dire, M. le Président, parce que je pense que si au moins eux ne
le comprennent pas les gens qui nous écoutent s'en rendent compte et
cela parle tout seul. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Merci.
M. Lincoln: M. le Président, M. le ministre a
abandonné le débat. Est-ce que le tourisme ne l'intéresse
pas?
Une voix: II est allé faire une photocopie de la
lettre.
M. Lincoln: Ah bon! II est allé faire photocopier...
Le Président (M. Brouillet): Alors, il devrait être
de retour, je pense bien.
M. Lincoln: Je crois qu'il aurait été plus utile
d'envoyer son adjoint ou un de ses sous-ministres faire la photocopie.
M. Dussault: M. le Président, le ministre a pris un
engagement tout à l'heure, alors il s'arrange pour le remplir et, de
toute façon, le ministre sait que son adjoint parlementaire peut
répondre aux questions. Si vous avez des questions à poser, je
suis là pour y répondre, M. le Président.
M. Lincoln: M. le Président, c'est mon droit de parole. Je
n'ai pas envie de perdre mon temps à écouter le
député de Châteauguay.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Nelligan. Une minute, s'il vous plaît. Vous avez quand même
posé une question à savoir où était le ministre.
Alors, comme je ne le savais pas, il fallait bien que quelqu'un du parti
ministériel donne une réponse.
M. Lincoln: J'ai demandé une réponse.
Le Président (M. Brouillet): Bon, c'est très bien.
Maintenant nous savons. Il est revenu, M. le député de Nelligan,
vous avez droit de parole.
M. Lincoln: M. le ministre, je voudrais, j'espère, avoir
des réponses de vous. Je préfère vos réponses
à celles de votre adjoint parlementaire. Si, après six ans dans
le Parti québécois, il occupe toujours le banc de dernière
galerie et qu'il n'est même pas pris au sérieux par son parti, je
n'ai pas envie d'écouter toutes ses rengaines. Cela ne
m'intéresse pas du tout. J'aurais voulu avoir des réponses de
vous. Si je faisais, en capsule, un exposé de la situation du tourisme
au Québec, je dirais: Les efforts consentis au cours des
dernières années ne sont pas suffisants. Il faudrait faire
davantage pour corriger la situation présente. Cela veut dire que la
situation présente n'est pas favorable. Est-ce que vous seriez d'accord
si je vous disais que les efforts qu'on a faits au cours des dernières
années ne sont pas suffisants? Il faut faire davantage pour corriger la
situation présente. Est-ce que vous êtes d'accord
là-dessus?
M. Biron: M. le Président, sur la question
spécifique?
M. Lincoln: Oui.
M. Biron: On a fait beaucoup d'efforts au cours des
dernières années. Est-ce qu'il faudrait en faire plus? Il faudra
toujours en faire plus. Dans mon cas, en tout cas, je ne serai jamais satisfait
vis-à-vis de l'impact économique tant et aussi longtemps qu'il y
aura des gens qui seront en chômage. Alors, on va essayer de travailler
pour faire davantage pour créer des emplois. Donc, oui, il faut encore
en faire davantage.
M. Lincoln: Oui, M. le ministre, on ne va pas parler des
chômeurs. C'est une tout autre affaire. Vous avez fait beaucoup de
chômeurs, en effet. Mais, ce que je vous demande, c'est: Est-ce que vous
êtes d'accord avec moi si, par rapport spécifiquement à
l'industrie touristique, je disais que les efforts que vous avez faits durant
les dernières années n'ont pas été suffisants?
Est-ce que vous êtes d'accord là-dessus?
M. Biron: Les efforts qu'on a faits durant les dernières
années sont énormes. C'est la première fois qu'un
gouvernement s'occupait activement de développement touristique.
Malgré cela, il faut faire davantage. Oui, il faut toujours être
plus exigeant pour créer le maximum d'emplois au Québec.
M. Lincoln: Je peux vous dire que ce n'est pas ma conclusion. Je
la tirerais de votre "virage technologique" qui, lui-même, dit que les
efforts des dernières années n'ont pas été
suffisants. Vous, vous dites qu'on a fait des efforts énormes; eux, ils
disent
qu'on n'a pas fait des efforts énormes. Si vous voulez lire votre
propre document, allez à la page 176, vous allez voir que les efforts
consentis au cours des dernières années ne sont pas suffisants,
eux-mêmes l'admettent. Ne venez pas nous dire que les efforts sont
énormes.
Maintenant, est-ce que vous pouvez nous dire quelle est votre
stratégie de marketing? Vous avez dit que vous aviez une
stratégie de marketing, que vous aviez un plan de marketing. Quel est
votre plan de marketing? Je vous donne un exemple: Un slogan pour le
Québec. Quel est le slogan que vous avez adopté? Est-ce qu'il y a
un slogan qui est en marche? Est-ce qu'il y a un slogan qui est en marche pour
le camping touristique? Quel est-il? Quand commencera-t-il?
M. Biron: D'abord...
M. Lincoln: Vous ne savez même pas quel est le slogan? Vous
êtes obligé de demander cela au sous-ministre?
M. Biron: Non, je voulais seulement vous donner des
renseignements bien précis sur certains produits concrets que nous
voulons vendre, à partir d'un slogan maître, mais vendre aussi des
produits concrets.
Je reviens seulement sur l'intervention que vous avez faite avant en
disant que les efforts du Québec ne sont pas suffisants. Je pense qu'il
faut toujours exiger plus. Moi, je suis très exigeant là-desssus.
Peu importe ce que je fais, je veux toujours essayer de faire davantage, tant
et aussi longtemps qu'il y aura des gens au Québec qui auront besoin de
travailler. C'est dans ce sens que je dis que ce n'est pas encore suffisant, il
faut en faire davantage. Mais, il faut aussi tenir compte de la conjoncture et
de nos capacités de payer.
Deuxièmement, notre slogan, aux États-Unis, après
de nombreuses études, après que des spécialistes dans le
domaine ont fait des recherches sur le marché, il s'est
avéré rentable pour vendre la différence
québécoise. La différence, cela ne veut pas dire seulement
la langue française, cela veut dire beaucoup de choses. J'entendais tout
à l'heure le député de Louis-Hébert dire: Les gens
vont au Mexique, ce n'est pas pour l'espagnol, c'est pour le soleil. Les gens
vont faire quelque chose. Je suis d'accord avec lui pour le Mexique. Mais, au
Québec, il n'y a pas de soleil autant qu'au Mexique, mais il y a
d'autres choses à faire. Le "package" à faire au Québec,
c'est à la fois faire du ski à la française... Les
enquêtes qu'on a faites aux États-Unis nous prouvent que c'est
payant pour le Québec, qu'on a plus de chances de créer des
emplois plutôt que si on dit: Ne venez que faire du ski. Parce qu'ils
peuvent faire du ski dans le Vermont ou dans le Maine. Là, ils viennent
faire du ski dans une atmosphère différente. Dans ce sens, les
enquêtes qu'on a menées là-bas nous disent que c'est
payant, c'est intéressant et que les gens sont intéressés
à venir - ils viennent, d'ailleurs - si on fait une promotion pour la
différence au Québec. À travers cela, il y a des choses
à faire: Faire du ski, de la natation, de la pêche, de la chasse.
C'est par des projets bien spécifiques et régionaux, avec les
associations touristiques régionales, que nous faisons de la
publicité pour le Québec.
Quant à la campagne touristique pour le Québec même,
cela continue d'être: Prenons le tour du Québec. Il semble que
cette campagne rapporte de nombreux dividendes.
M. Lincoln: Pourquoi, M. le ministre, vous ai-je posé la
question? Pour vous démontrer que c'est à raison que je vous ai
demandé le slogan. Des associations d'hôteliers, toute la gent
touristique vous appelle le ministre à temps partiel. Je remarque qu'ils
ont raison parce que même le slogan que je vous demande, une petite
question comme celle-là, vous avez besoin de vous retourner vers le
sous-ministre pour lui demander quel est ce slogan.
Je vous pose une autre question. Il est étonnant que vous ayez
cité deux ou trois fois "Le virage technologique". Je vous demande une
première fois si les efforts sont suffisants et vous me dites non, ils
sont énormes. Je vous montre "Le virage technologique" qui dit que ce
n'est pas suffisant. Je regarde encore une fois "Le virage technologique"
à la page 176, ce grand livre de votre collègue, M. Bernard
Landry. On parle tous les jours de ce livre "Le virage technologique", en
Chambre: Actuellement, au stade de la consultation, plus la réalisation
d'une campagne publicitaire coiffée du slogan "Bonjour". On fait tous
ces grands fameux bouquins à des prix exorbitants pour dire que la
campagne va être axée sur "Bonjour". Quand je cherche "Bonjour",
je ne vois cela nulle part.
Je vous demande quel est le slogan qu'on va adopter et qui est en
préparation, et vous me dites que c'est la différence. C'est le
tour du Québec. Alors, pourquoi? Est-ce qu'on n'a pas fait
d'étude quand on a préparé "Le virage technologique"?
Est-ce que "Bonjour" ne voulait rien dire? C'est pour vous montrer de petits
exemples, parce que je n'ai pas le temps. J'aurais espéré avoir
plus de temps pour vous montrer que toutes vos prises de position sont faites
au pied levé. On ne fait pas de plan d'ensemble. Par exemple, l'Ontario;
je vais vous parler de l'Ontario. Je sais que vous devenez -excusez-moi
l'expression - rouge, mais enfin, vous avez changé plusieurs fois de
couleur, vous étiez bleu, vous êtes devenu bleu et
rouge, plus tard peut-être que vous deviendrez rouge, mais il
faudra faire bien attention parce qu'on est plus sélectif. L'Ontario a
un slogan depuis trois ans: "Ontario to discover", et en français,
"l'Ontario à découvrir". C'est un slogan global qui est
axé sur des politiques.
Est-ce que je peux vous poser une autre question? Je vous ai posé
deux questions au sujet du "virage technologique" et vous ne saviez même
pas que cet ouvrage avait inauguré "Bonjour" comme slogan de base. Vous
avez été obligé de demander au sous-ministre, mais c'est
impossible!
Je vais vous poser une troisième question. J'espère que
cette fois vous pourrez me répondre. Combien de dépliants
touristiques étalent la situation touristique, tout ce qu'il y a
d'aménagement touristique au Québec? Combien de dépliants
ont été publiés, distribués au Québec? Dans
combien de maisons au Québec et aux États-Unis avez-vous
distribué des dépliants? Avez-vous un chiffre quelconque?
M. Biron: La première chose ramène le
député de Nelligan au "virage technologique". Cet ouvrage a
été publié il y a tout près d'un an et demi
maintenant.
M. Lincoln: II a changé.
M. Biron: C'est sûr qu'il y a de l'évolution dans un
slogan. Vous ne gardez pas un slogan pendant dix ans. Il y a de
l'évolution en fonction du monde. Vous autres, vous voulez
peut-être mettre tout le monde dans une camisole de force, pas nous.
M. Lincoln: Alors, la politique a changé.
M. Biron: Nous avons confiance au dynamisme des gens des
régions, ceux des associations touristiques régionales. Vous
savez? Je vais vous expliquer. Les ATR regroupent tout le monde
intéressé dans le milieu touristique dans chacune des
régions du Québec. Ce sont nos partenaires
privilégiés.
M. Lincoln: Les avez-vous consultées avant d'écrire
cela? Vous ne les avez pas consultées avant d'écrire cela.
M. Biron: Les associations touristiques régionales sont
nos partenaires privilégiés. C'est avec ces gens que nous
travaillons. Juste quelques titres de journaux car vous aimez cela les
journaux: La saison a été bonne pour le tourisme. Le
Québec hausse son budget de promotion touristique. Le boum touristique
dans Charlevoix cet hiver, une saison vraiment exceptionnelle. C'est la
ruée des touristes vers les régions de Charlevoix. Dans la Petite
Nation, dans la région de la Gatineau: 1982 aura été
l'année du tourisme. Le tourisme se porte bien à La Tuque. Le
tourisme, c'est payant, il faut s'en occuper: la Chambre de commerce de
Shawinigan. Des kiosques d'information touristique avec du personnel bien
renseigné. M. le député de Nelligan...
M. Lincoln: Répondez à ma question, M. le ministre?
Combien de dépliants...
M. Biron: ...partout on a des pages et des pages et des volumes
complets de coupures de journal nous disant qu'il y a un effort touristique
sans précédent qui s'est fait par le présent gouvernement
du Québec, que cela ne s'était jamais fait avant. Les
libéraux ne se préoccupaient pas du développement
touristique; pour eux, le tourisme, c'était un enfant malade. Pour nous,
le tourisme, c'est une industrie importante qui engendre les meilleures
industries du Québec pour créer des emplois; et on s'en
préoccupe.
Ce qui est établi, c'est qu'on fait la promotion globale pour le
tourisme avec deux grandes portes d'entrée dont Québec et
Montréal. Ensuite, on travaille avec les associations touristiques
régionales pour développer leur produit de base. Nous les aidons
en leur donnant des subventions, en participant avec eux à des
publicités coop et en faisant en sorte que, finalement, l'ATR de
Charlevoix, ou l'ATR de l'Estrie, ou celle des Laurentides, ou ainsi de suite,
puissent développer leurs propres produits touristiques. Vous allez
finir par comprendre que nous, on fait confiance au monde. Ce ne sont pas des
machines, c'est du monde. Et nous, on a confiance en ce monde-là et au
génie de ce monde-là... (10 h 45)
M. Lincoln: Combien de brochures ont été
distribuées par le monde?
M. Biron: ...alors que le Parti libéral ne fait confiance
qu'à quelques technocrates. C'est seulement cela.
M. Lincoln: Combien de brochures ont été
distribuées par le monde, le monde à qui vous faites confiance?
Il y a sûrement un chiffre. Il y a sûrement une statistique. Il y a
sûrement quelque chose qui nous dit qu'il y a tant de brochures
touristiques qui ont été distribuées à tant de
maisons, au Québec et au Canada. C'est cela, la question. Cela ne
concerne pas les articles de journaux.
M. Biron: M. le député de Nelligan, quant au nombre
exact de brochures, ce sont des dizaines et des dizaines de milliers...
M. Lincoln: Des dizaines de milliers? M. Biron: ...de
toutes sortes de
brochures. Imaginez-vous que l'ATR du pays de l'érable a une
brochure, que l'ATR de Charlevoix a une brochure, que l'ATR de l'Estrie a une
brochure, et ainsi de suite. Je suis prêt à vérifier...
M. Lincoln: Le ministère lui-même?
M. Biron: ...pour savoir exactement dans quelle mesure on a
subventionné ou participé ou aidé à faire ou
à réaliser des brochures de promotion touristique de toutes les
régions du Québec, incluant celles du ministère
lui-même. Je vais déposer le rapport là-dessus et vous
allez être impressionné. C'est au-delà de centaines de
milliers de brochures qui ont été faites.
M. Lincoln: D'accord. Alors, vous ne savez pas le chiffre exact.
Si je vous disais que notre grande compétitrice dans le tourisme,
l'Ontario, produit une brochure de 48 pages en couleur. À combien de
maisons croyez-vous qu'elles sont distribuées en Ontario et aux
États-Unis? Est-ce que vous pouvez me donner un chiffre quelconque?
M. Biron: Ce qui compte, M. le député de
Nelligan...
M. Lincoln: Ah bon! vous ne le savez pas. Vous ne le savez
pas.
M. Biron: Ce qui compte, ce sont les résultats.
M. Lincoln: Les résultats?
M. Biron: Les résultats, ce sont les gens qui viennent au
Québec et qui y demeurent le plus longtemps possible. Je ne sais pas si
vous étiez là, au début, j'avais des tableaux pour vous
montrer ce que c'est. Le résultat du Québec a été
meilleur que celui de l'Ontario. Au moins, dites donc qu'au Québec on
réussit à faire des choses, qu'on est capable de faire des choses
et bravo pour tous ceux qui font du développement touristique. Ce n'est
pas seulement le gouvernement du Québec. C'est tout le monde dans le
domaine touristique. Ce sont 15 000 propriétaires de PME
québécoises. Ce sont au-delà de 100 000 travailleurs et
travailleuses dans le domaine touristique, qui ont réussi, avec le
gouvernement du Parti québécois, à développer
davantage le tourisme au Québec et à créer des emplois.
Dites donc bravo à ce monde-là au lieu d'essayer de les
écraser.
M. Lincoln: On n'essaie pas de les écraser. On essaie de
montrer qu'on aurait pu faire beaucoup plus avec un ministère qui
s'occuperait de l'affaire, pas avec un ministre à temps partiel. Ce sont
8 000 000 de brochures de 48 pages en couleur qui ont été
distribuées en Ontario, et c'est à eux qu'on fait
compétition. C'est pourquoi il y a 7 500 000 Américains qui sont
venus en Ontario contre seulement 1 300 000 au Québec. C'est cela, la
différence.
Maintenant, vous parlez de la loi 101 et vous dites que c'est
formidable. Le conseil du tourisme a fait beaucoup de recommandations sur la
loi 101. Vous-même avez accepté de faire des interventions
à ce sujet. L'association des hôteliers aussi. Je vais vous poser
une dernière question parce qu'il faut que je cède la parole
à mon collègue. Une dernière question: Si Frank Sinatra
vient dans un hôtel, disons le Queen Elizabeth, dans quelle langue a-t-on
le droit d'afficher dans l'hôtel? Est-ce que vous pouvez me dire cela?
Est-ce que vous le savez?
M. Biron: Si Frank Sinatra vient et qu'il nous emmène du
monde pour faire travailler les gens du Québec, on va applaudir, on va
le recevoir. Tous ces gens-là qui viennent ici...
M. Lincoln: Ce n'est pas la question...
M. Biron: ...sont les bienvenus au Québec. Les
résultats le prouvent. On a une augmentation considérable si on
compare avec les chiffres de l'Ontario, qui ont connu une diminution. Il me
semble que vous devriez reconnaître cela...
M. Lincoln: Encore une fois...
M. Biron: ...et réaliser qu'au Québec c'est l'un
des meilleurs endroits du monde où investir, particulièrement
dans le domaine touristique.
M. Lincoln: Encore une fois, votre monde de Disneyworld... Vous
ne répondez pas à la question. Je vais vous donner la
réponse parce que vous ne la savez pas. La réponse est que, si
Frank Sinatra vient dans un hôtel ici, on a le droit de faire une affiche
en anglais, mais, si Yves Montand vient ici, on n'a pas le droit de faire une
affiche en anglais, même si les Américains voulaient venir le
voir. S'il y avait Johnny Halliday, qui est un artiste français et qui a
un nom anglais, à ce moment-là, on se pose des questions et il
faut recourir à l'Office de la langue française. Si c'est Julio
Iglesias, qui est un Espagnol, il faut faire les affiches en français;
on n'a pas le droit de les faire en anglais. C'est cela, notre petite bebelle
de fou qui empêche le tourisme de se développer de façon
rationnelle et raisonnable. C'est cela que nous disons.
Le Président (M. Brouillet): Un instant, s'il vous
plaît. Il reste 20 minutes. Nous
allons accorder 10 minutes au député de Viger et le
ministre aura 10 minutes pour terminer.
M. le député de Viger.
Conclusion M. Cosmo Maciocia
M. Maciocia: M. le Président, comme je le disais au
début, malheureusement, c'était pour accommoder le ministre qu'on
a accepté de finir cette question avec débat, ce matin à
Il h 10, même si on sait l'importance du tourisme. Je crois qu'on aura
l'occasion de revenir sur cela parce que, apparemment -et la
démonstration en est faite - le ministre ne connaît pas son
dossier, il ne connaît rien dans le tourisme. Je peux m'appuyer sur
plusieurs affirmations qu'il a faites tantôt et sur plusieurs diversions
qu'il a faites pour ne pas répondre aux questions. La plus importante a
été quand il a fait état que, selon une étude faite
sur le marché américain, comme Boston, Chigago, New York,
Providence, Washington et d'autres villes, 90% des gens étaient
satisfaits de leur visite au Québec.
M. le Président, dans les 20 critères qu'on avait, comme
rencontrer des gens issus d'une autre culture, d'une autre civilisation,
parlant une autre langue, cela se trouvait en treizième position.
Imaginez-vous à quelle position il était placé pour avoir
une réponse, en treizième position sur les 20
critères.
Mais pis encore, il a dit qu'il y avait eu un sondage. Ma
première question au ministre serait de lui demander ce qu'est un
sondage, pour lui. Ce qu'il a fait en réalité, ce n'est pas un
sondage, cela a été fait par une firme américaine
auprès des Américains chez eux. D'après moi, la
définition du mot "sondage" c'est de poser des questions aux gens sur
des sujets précis. Ce n'est pas ce qui a été fait sur le
marché américain, d'après mes informations.
On a vu tantôt, comme je le disais, que mon collègue a
appelé le ministre à "temps partiel", et j'ai malheureusement
entendu assez souvent aussi cette remarque des différents intervenants
touristiques au Québec. On se pose vraiment la question à savoir
si on est bien représenté à l'intérieur de ce
ministère. Je voudrais seulement lui rappeler une remarque,
publiée dans le Journal des Voyages, le 25 avril 1983 - cela fait trois
semaines - dont le titre est: "Biron peut aller se rhabiller."
Une voix: Qui a écrit cela?
M. Maciocia: C'est écrit de cette façon et je cite
le journal: "C'est par cette remarque peu élogieuse que trois
observateurs qualifiaient l'exposé du ministre responsable du tourisme
au Québec, M. Rodrigue Biron, lors de l'annonce du salon Vacances
Québec 83 qui aura lieu au complexe Desjardins du 27 avril au 1er mai.
Le ministre soulignait que la création d'un emploi en tourisme ne
coûte que 6000 $ contre 1 000 000 $ dans le secteur technologique. Alors,
les 50 000 $ qu'il a versés pour ce salon viennent de coûter au
moins six emplois, disait un hôtelier des Laurentides".
Les trois spectateurs, tous impliqués à divers
degrés dans la promotion du tourisme québécois,
visiblement frustrés, énuméraient ainsi leurs
doléances sur l'inaptitude de Biron et sa bande
d'incompétents.
Il n'existe pas de programme directeur au ministère - c'est la
question que je voulais poser au début, et le journal le confirme encore
- pour susciter un afflux d'intérêt des Américains vers les
destinations québécoises. Quand il nous parlait tantôt de
skier à la française, de la publicité qu'on avait faite
aux États-Unis, le ministre devrait savoir que cela a été
un fiasco. Il peut nous répondre qu'il n'y a pas eu de neige, mais c'est
cela, justement, l'obligation d'un ministère de prévoir. Pourquoi
a-t-on investi 9 000 000 $ cette année pour des canons à neige au
mont Sainte-Anne? Pourquoi avoir dépensé des millions en
promotion touristique en Amérique sans prévoir qu'il peut
arriver, à un certain moment, qu'il n'y ait pas de neige? C'est cela le
développement touristique, c'est prévoir que s'il n'était
pas possible d'avoir ces gens ici au Québec, et ne pouvant
contrôler la neige ou non au Québec, il fallait justement
s'équiper vis-à-vis de cette situation. On ne s'est pas
équipé. On a dépensé des millions. Les gens sont
venus ici et on a eu exactement le contraire de ce qu'on attendait de ces
gens-là parce que les gens qui sont venus ici cette année et qui
n'ont pas trouvé de neige, à mon avis, ne reviendront plus au
Québec. C'est cela, le manque de planification de la part du
ministère. C'est pour cela qu'on disait que le ministre était
complètement dépassé.
Une voix: Incompétent.
M. Maciocia: Pis encore. Je ne sais pas si c'est lui qui l'a
choisi ou si c'est le premier ministre, mais il s'est adjoint quelqu'un qui est
plus incompétent encore. Je peux comprendre que l'affaire du ministre
soit plutôt l'industrie et le commerce que le tourisme mais, au moins,
que l'adjoint parlementaire ait des connaissances dans ce domaine. Il ne
connaît absolument rien. Il en a fait la preuve tantôt, il a
parlé de tout sauf du tourisme.
Il y a au Québec actuellement plusieurs investisseurs qui sont
venus au Québec proposer des projets d'investissement
touristique sans limite de budget, des investissements de millions de
dollars. Ces investisseurs sont prêts à assumer tous les
coûts de ces investissements. Ils demandent toutefois - et je crois que
c'est logique qu'ils le demandent - une politique de développement au
niveau provincial, un plan d'urbanisation touristique de la région
impliquée. On n'a pas de politique de développement, comme je le
disais au début. On n'a même pas un plan d'urbanisation
touristique de la région où ces gens veulent s'impliquer.
C'est la même approche que pour un parc industriel. Au moment
où une firme veut s'implanter dans un parc industriel, une étude
est faite et un plan d'urbanisation est établi par le gouvernement. Dans
le domaine touristique, il n'y en a pas. Ces gens sont prêts à
investir des millions en retour de ces deux exigences. Au ministère?
Rien. On n'a rien répondu à cela. On est même incapable de
répondre à ces demandes.
On dit que gouverner, c'est prévoir. Mais ici, à
l'intérieur du ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme, à mon avis, il n'y a aucune prévision. Je ne sais pas
si le ministre a déjà eu l'occasion de s'occuper de tourisme,
mais il n'a aucune compétence dans le domaine touristique. On a
posé un tas de questions au ministre. Cela m'a fait rire tantôt
quand le ministre a répondu à une question du
député de Nelligan. Quand un ministre en est rendu au point
où il doit s'appuyer sur des titres de journaux pour justifier sa
politique, s'il n'a pas d'autres réponses à donner, il faut se
poser des questions sur sa compétence.
Moi aussi, je peux arriver aujourd'hui et me servir des titres de
journaux: "Le tourisme, revenus en baisse de 15 000 000 $." "L'unanimité
se fait pour réclamer un ministère du Tourisme." Et le ministre
n'est même pas au courant, il n'est même pas compétent.
"Tourisme, le Québec se fait damer le pion par l'Ontario." Est-ce que le
ministre est au courant de cela, de ce qu'on en dit dans le journal Les
Affaires? "Stagnation du tourisme." Ce n'est pas ce qu'on veut. Les gens du
milieu touristique veulent des retombées économiques. Le tourisme
est une industrie et il faut le traiter comme une industrie. Comme le disait le
député de Louis-Hébert, on ne réussira pas en
faisant la promotion de l'indépendance du Québec à
l'étranger.
Si on regarde la publicité qui a été faite aux
États-Unis pour promouvoir le ski au Québec, on voit quatre ou
cinq bottines de ski qui se parlent entre elles. Imaginez-vous quelle sorte de
publicité cela peut donner! Et voyons la publicité faite en
Ontario. Le ministre a souvent la parole facile pour y référer
quand ça fait son affaire. On voyait un skieur sur la neige poudreuse
alors que nous, on avait cinq bottines de ski qui se parlaient entre elles.
Parlaient-elles français entre elles? Quelle est, en
réalité, la conception même de faire ce genre de promotion
touristique? (Il heures)
M. le Président, je le répète, on aura l'occasion
de retrouver le ministre. J'espère qu'il ne va pas refuser de nous
accorder très prochainement un débat plus long, probablement des
journées sur ce sujet. J'aimerais que le ministre soit conscient des
problèmes que vit l'industrie touristique au Québec, pour
lesquels il faut tout faire pour arriver à donner le maximum de
nous-mêmes. Dernièrement, je lisais dans un journal que, d'ici
l'an 1995, l'industrie touristique serait la plus grande industrie au monde. Il
faut s'équiper en prévision de cela.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. Merci, M.
le député de Viger. Il reste les dix dernières minutes
pour le ministre.
M. Biron: M. le Président, je devrais d'abord faire une
suggestion.
M. Doyon: M. le Président, je sais que le ministre prendra
sa période de dix minutes. Je voudrais simplement que, dans sa
réponse, il rende compte de la situation concernant Québec
1534-1984. Je crois que c'est assez important. Je veux simplement lui souligner
la chose pour qu'on sache à quoi s'en tenir en ce qui concerne plus
particulièrement l'hébergement, M. le ministre. Je voulais
simplement vous souligner ceci en passant afin que vous puissiez
peut-être en glisser quelques mots dans votre réponse sur ce
sujet. Merci.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre.
M. Rodrigue Biron
M. Biron: D'abord, je me permettrai de faire une suggestion au
député de Viger, je ne veux pas que ce soit un conseil, pour que
ses informations au point de vue du développement touristique au
Québec soient un peu plus précises que celles qu'il a
présentement. Je lui dirai de rencontrer les principaux intervenants
dans le développement touristique. Les gens des associations
touristiques régionales, les gens des offices de congrès et de
tourisme, les représentants des hôteliers, les
représentants des restaurateurs. Une fois qu'il aura rencontré
ces principaux intervenants du développement touristique, son
intervention va changer complètement. Ses informations ne sont pas
précises; elles sont basées...
M. Maciocia: M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): M. le député,
s'il vous plaît, vous ne pouvez pas intervenir pour...
M. Maciocia: Je comprends. Si cela peut être utile pour le
ministre. J'ai justement rencontré tous ces gens, c'est pour cela que je
parle en connaissance de cause.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre.
M. Biron: M. le Président, j'ai laissé parler le
député de Viger. Je lui recommande de rencontrer les associations
touristiques régionales, les hôteliers, les restaurateurs, les
gens de l'Office de congrès et de tourisme. Ces gens vous diront qu'il
ne s'est jamais fait autant pour le développement touristique au
Québec, depuis quelques années, depuis que le Parti
Québécois est au pouvoir. Beaucoup de choses ont
été faites sur ce sujet.
Autrefois, les gouvernements, et, en particulier, les gouvernements
libéraux pouvaient laisser aller le tourisme à la va comme je te
pousse. Aujourd'hui, on en fait une industrie importante. On considère
cela comme une industrie et on agit avec l'industrie touristique comme si elle
était très importante, car elle l'est d'ailleurs.
Plutôt que de prendre ses informations dans un journal qui
s'appelle le Journal des agences de voyage où le député de
Viger a noté un article tout à l'heure, un journal qui fait
surtout la promotion pour faire sortir les gens du Québec, qu'on soit
les moins riches possible, les plus pauvres possible pour qu'on envoie l'argent
à l'extérieur. Le journaliste cité, tout à l'heure,
par le député de Viger n'était même pas, selon nos
informations, à la conférence de presse sur le Salon
Vacances-Québec 1983, premièrement. Deuxièmement, les
trois personnes qu'il cite sans les nommer - on s'aperçoit que ce ne
sont vraiment pas des Québécois - sont des fossoyeurs de
l'économie touristique. Quand je parle de Vacances-Québec, je
préfère me fier à des journalistes qui sont
véritablement indépendants, qui ne sont pas attachés avec
des fossoyeurs de l'économie québécoise, des journalistes
indépendants qui disent: Le Salon Vacances-Québec 1983, c'est un
grand succès. Un premier grand succès et une reprise, l'an
prochain, dit un autre journal. Sur cela, je crois qu'au Québec tout le
monde connaît le père Marcel-Marie de la Sablonnière, le
père, Sablon. Celui-ci avait accepté la présidence de ce
Salon Vacances-Québec 1983. On dit dans le journal pour les
organisateurs, donc incluant le père de la Sablonnière,
l'Association technique du tourisme...
M. Doyon: Que fait-il au juste, M. le Président?
M. Biron: ...en collaboration avec le ministre de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme du gouvernement du Québec.
M. Doyon: C'est quoi son nom?
M. Biron: C'est un grand succès qui prouve la pertinence
d'un événement orienté sur les vacances au Québec
qui permettent aux familles et aux personnes de choisir ce qu'elles feront au
cours de l'été. Un peu plus loin, on dit: D'ailleurs, le
président honoraire du Salon, le père Marcel-Marie de la
Sablonnière n'a pu s'empêcher de s'écrier, lors de la
cérémonie de clôture: "Au revoir et à l'an prochain
pour le Salon Vacances-Québec 1984." Ceux qui disent que le Salon
Vacances-Québec a été un fiasco sont comme le petit
journaliste qui, selon nos informations, n'était même pas
présent à la conférence de presse, ni au Salon,
apparemment, parce qu'il a rencontré quelques rouges ou quelques
fossoyeurs de l'économie. J'aime mieux me fier au jugement d'un homme
aussi respecté que le père de la Sablonnière qui a dit:
Bravo, les actions entreprises par le gouvernement du Québec, par
Vacances-Québec 1983 cela se tient, cela développe
l'économie touristique. Je préfère me fier à des
gens qui ont de la crédibilité au Québec qu'à
d'autres qui ne sont même pas présents lorsqu'on fait des
conférences de presse et qui prennent leur information à gauche
ou à droite.
Deuxièmement, bien sûr que le développement
touristique nous tient à coeur parce qu'on fait des actions. Les gens du
milieu... Tout à l'heure mon collègue, le député de
Châteauguay, vous a cité des gens de Shawinigan, des gens de
l'Estrie, des gens des Laurentides, des gens de Drummondville, des gens d'un
peu partout qui sont des responsables de l'association touristique
régionale de leur région, des gens qui s'occupent de promotion
touristique qui sont véritablement des gens sérieux et qui disent
bravo, c'est excellent. On a eu la plus belle année l'an dernier sur le
plan touristique. On fera encore mieux. On s'aperçoit qu'on a
développé maintenant le tourisme d'une façon beaucoup plus
professionnelle que par le passé. C'est tant mieux parce que dans le
fond, encore une fois, ce n'est pas le gouvernement du Québec tout seul,
ce sont les intervenants. C'est aux intervenants, en particulier, que je veux
m'adresser pour les remercier de ce qu'ils ont fait pour le
développement touristique au Québec depuis quelques
années. C'est aux associations touristiques régionales, c'est aux
représentants des retaurateurs et des hôteliers, c'est aux offices
de tourisme et de congrès, c'est à tous ceux qui veulent
développer le tourisme au Québec, qui veulent faire en sorte
qu'avec l'industrie touristique, on puisse créer des emplois,
stimuler davantage nos entreprises, que je veux m'adresser pour les
remercier de façon toute particulière pour l'effort qu'ils ont
fait en vue du développement touristique québécois pour la
collaboration et la coopération extraordinaires qu'ils ont
données au cours des dernières années au gouvernement du
Québec.
Un mot précis sur 1534-1984, c'est un défi important,
cette course des grands voiliers. Cela s'organise assez bien à mon point
de vue. Bien sûr, il y a des problèmes de parcours mais cela
s'organise assez bien. C'est une corporation privée qui a
été formée par des gens d'affaires de
l'agglomération québécoise qui est présidée
par un avocat de Québec, Me Richard Drouin, avec
énormément de compétence. Cette corporation est
véritablement privée. Il y a deux observateurs au conseil
d'administration: un observateur délégué par le
gouvernement fédéral, un observateur, le commissaire du
gouvernement du Québec délégué par le gouvernement
du Québec. C'est aux différents paliers de gouvernement, avec la
Corporation 1534 que nous sommes à mettre en marche tout
l'événement de la visite des grands voiliers au Québec. On
ne veut pas que cette visite dure seulement une semaine. On voudrait que les
fêtes du Saint-Laurent, les fêtes de la voile, de concert avec les
différentes corporations à Gaspé, à Rimouski,
à Trois-Rivières, à Beauport et ailleurs au Québec,
que cela s'étende au moins sur une période de deux mois.
Là-dessus, avec les administrateurs de la Corporation 1534-1984, on
s'est très bien entendu. On esssaie d'agencer les différents
événements du Québec pour que le plus de monde possible en
profite. On annonce d'avance des retombées économiques
très importantes. Il y aura au-delà de 1 000 000 de visiteurs qui
viendront pour la venue des grands voiliers au Québec. Je pense,
malgré des accrochages techniques de parcours qui sont à peu
près normaux dans l'organisation d'une cérémonie ou d'une
fête aussi grandiose, je dois dire que la Corporation 1534-1984, sous la
direction de son président, Me Drouin, contrôle assez bien la
situation. Probablement qu'on pourrait y apporter certaines
améliorations. Je veux aussi noter que la Communauté urbaine de
Québec, la ville de Québec, le maire de Québec, en
particulier, M. le maire Pelletier, s'impliquent très activement dans la
gestion même de ces fêtes et dans la préparation de la venu
des grands voiliers. Je pense qu'on a vraiment la collaboration de tous les
paliers de gouvernement, inclus les paliers municipal et fédéral,
avec la Corporation 1534-1984. Tous les paliers de gouvernement ont fermement
décidé de laisser le leadership de l'organisation de ces
fêtes à la corporation privée 1534-1984 qui agit avec
beaucoup de compétence dans ce domaine.
Le Président (M. Brouillet): Très bien...
M. Doyon: Le ministre me permettra-t-il une très courte
question.
Le Président (M. Brouillet): Une question, M. le
ministre.
M. Doyon: II reste une minute au ministre. M. le ministre, il y a
toute la question de l'hébergement plus particulièrement. Vous
venez de mentionner l'arrivée de 1 000 000 de visiteurs. Je vous
souligne qu'il est important de prendre les mesures nécessaires
relativement à l'hébergement. Je voudrais savoir,
spécifiquement, ce qui se fait actuellement pour mettre en place un
système d'hébergement visant à accueillir et à
héberger ce million de visiteurs que vous dites attendre?
M. Biron: La corporation a prévu... Elle a elle-même
formé un comité sous la responsabilité de la corporation
qui va recevoir l'autorité déléguée par le
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme pour
accréditer des chambres dans des maisons privées. La corporation
détiendra la banque de chambres. Les gens de l'extérieur qui
viendront pourront s'adresser à quelques kiosques d'information
touristique ou à quelques kiosques spécifiques de la corporation
et obtenir immédiatement la réponse à savoir s'il n'y a
plus de places disponibles dans les hôtels, dans les motels de la grande
région, s'il y en a dans les résidences privées. Cela sera
sous l'égide de la corporation, d'un comité, avec l'aide de
fonctionnaires prêtés par le ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme qui vont essayer de gérer le mieux possible
cette banque de chambres.
M. Maciocia: Le ministre nous avait promis tantôt qu'il
nous donnerait une copie de la lettre d'Air Canada. Est-ce que le ministre peut
nous la donner?
M. Biron: Oui, j'en ai une copie que je vous remettrai.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. Alors
merci, mesdames, messieurs. La commission a accompli le mandat qui lui a
été confié. Elle ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à Il h Il)