Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission permanente de l'Industrie et du
commerce
Séance du 20 août 1969
(Dix heures seize minutes)
M. LEDUC (Laviolette) (président de la commission permanente de
l'Industrie et du Commerce): Messieurs, bienvenue à cette séance
pour étudier le projet de loi des heures d'affaires des
établissements commerciaux, séance faisant suite à la
réunion qui a eu lieu la semaine dernière, plus
précisément le mardi 12 août. Ce matin, à moins que
ce ne soit pas de votre avis, on va commencer par discuter, causer, dialoguer,
peu importe l'expression, des mémoires qui ont été
présentés la semaine dernière, plus
précisément sur un objet bien précis de la loi, l'article
12 qui est relié aux décrets de conventions collectives.
M. LEDUC (Taillon): M. le Président, je voudrais vous faire
remarquer que je remplace, ce matin, M. Gérard Levesque
(Bonaventure).
M. LE PRESIDENT: Très bien. M. Guy Leduc (Taillon).
M. LEDUC (Taillon): C'est ça.
M. LE PRESIDENT: S'il y a d'autres changements de noms des membres du
comité, on le fera savoir comme le député de Taillon vient
de le faire.
M. BEAUDRY: Je remercie les membres pour la huitième fois. Je
pense que ce matin c'est la 8e réunion du comité. Nous avons eu
du bon travail jusqu'ici. La semaine dernière, nous avons
étudié l'article 12 et l'article 15 du projet de loi. La semaine
dernière, nous avons reçu neuf mémoires
présentés par les plus grandes associations du commerce de
détail, au niveau des grossistes et au niveau du détaillant.
De plus, nous avions les deux grandes centrales syndicales, la CSN et la
FTQ. Sur neuf mémoires, huit semblaient favorables au projet de loi.
Alors je demanderais aux gens qui font partie de ce comité si nous
pourrions analyser la réunion de la semaine dernière. Au
même moment, nous avions également reçu un mémoire
de l'Association des épiciers du Québec métropolitain.
Nous pourrions également reviser ce mémoire. Je pense qu'en ce
qui concerne le reste du bill 89 nous étions d'accord unanimement
à l'exception des articles 12 et 15 que nous pourrions
réétudier ce matin.
M. LE PRESIDENT: D'accord pour étudier les articles 12 et 15,
mais il faudrait tout de même que le ministre clarifie sa pensée
en ce qui concerne les artisans...
M. CADIEUX: Oui, d'accord.
M. LE PRESIDENT: ... des zones...
M. CADIEUX: ... par les artisans des zones touristiques.
M. HARVEY: Deuxièmement, il faudrait aussi faire une analyse
relativement à la négation qui a été faite
on pourra le faire plus tard par M. Harvey de l'Association des
marchands détaillants en alimentation du Saguenay-Lac Saint-Jean.
Il y a eu une déclaration faite par M. Parent au nom de la CSN -
dont j'ai ici le texte dans les épreuves du journal des Débats
et une négation faite par M. Harvey. J'ai eu l'occasion, au cours
des jours derniers, de rencontrer les intéressés dans la
région. Je ferai une intervention pour vous démontrer qui avait
raison et qui avait tort la semaine dernière, alors que les membres du
comité auraient dû être informés adéquatement.
Il s'agira, pour les membres du comité, de prendre cette
information-là, parce que je pourrai déposer des documents comme
preuve à l'appui de ce que j'affirmerai.
M. TETLEY: M. le Président, J'avais l'impression aussi que
c'était l'intention du ministre de nous présenter un brouillon ou
un avant-projet du nouveau bill 24 ce matin. N'est-ce pas votre intention?
M. BEAUDRY: Non, ce n'est pas mon intention. Si le député
de NotrerDame-de-Grâce avait participé aux réunions
précédentes...
M. TETLEY: Oui.
M. BEAUDRY: Nous avons procédé article par article et nous
avons fait l'accord sur tous les articles du bill 24 à l'exception...
c'est-à-dire, aux articles 12 et 15, nous en étions venus
également à un accord. Par contre, il y a eu un tollé dans
des télégrammes de diverses associations, après la
dernière réunion, le 16 avril. A ce moment-là, nous avons
décidé de réunir le comité à nouveau pour
réétudier les articles 12 et 15, puisque que les seules
objections dans tous les télégrammes que nous avons reçus
concernaient ces articles.
En ce qui regarde l'article 12, c'est que les décrets fixaient
l'heure d'ouverture, l'heure de fermeture et également les parties de
jours ou-
vrables et non ouvrables des employés. Alors, c'est ce que nous
devrions étudier ce matin si nous sommes d'accord.
Vous connaissez ce que les corps intermédiaires en pensaient la
semaine dernière. Alors, Je voudrais connaître votre opinion en ce
qui regarde les objections de la CSN, puisqu'en définitive c'est
seulement la CSN qui s'objecte à ce projet de bill.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Jonquière, M.
Harvey, a mentionné tout à l'heure son désir de faire une
mise au point afin d'éclairer les membres de la commission.
M. HARVEY: Au cours de son intervention sans texte la semaine
dernière, M. Parent a fait part des inquiétudes de son groupe
syndical, s'il y avait abandon général des décrets
après six mois de la mise en vigueur de la nouvelle loi.
Maintenant, M. Parent affirmait qu'il y avait par voie de décret
à Montréal...
Je réfère aux épreuves du journal des
Débats, R/7-B/IC - page 1, alors que M. Parent déclarait: «
Nous avons à l'heure actuelle, par voie de décret, à
Montréal, dans l'alimentation, une réglementation plus
généreuse pour les travailleurs que les cadres de la loi
elle-même. Nous avons exactement la même chose dans l'alimentation,
à Québec, nous avons la même chose au Saguenay d'ailleurs
» et c'est précisément la déclaration de M.
Parent « au Saguenay l'association des détaillants et les
syndicats viennent de s'entendre sur une nouvelle convention collective. Ils
sont à* préparer conjointement les amendements qui seront
présentés au ministre du Travail pour extension juridique et qui
prévoient la fermeture complète des établissements
d'alimentation le samedi. » Voulant dire également la
réouverture le lundi puisqu'ils sont fermés présentement
le lundi.
M. Beaudry a questionné M. Germain Har-vey qui était
accompagné à ce moment-là de M. Marc Côté,
président de l'Association des détaillants en alimentation. M.
Harvey déclarait qu'il avait donné un point de vue personnel,
mais ils ont déclaré: Un instant...
Je réfère à R/8 -B/IC, page 1, journal des
Débats: « M. Beaudry: M. le Président, je vois un membre du
Saguenay-Lac-Saint-Jean. M. Parent mentionnait que les commerces de la
région du Saguenay étaient fermés le samedi. Est-ce
nouveau, cela, M. Harvey, étant donné que... « M. Parent:
Si vous le permettez, je voudrais tout simplement bien préciser. J'ai
men- tionné qu'il y avait eu accord entre les parties et qu'on
était, à l'heure actuelle, à rédiger les
amendements pour demander l'extension juridique permettant de fermer le samedi.
« M. Harvey: Pourriez-vous répéter votre question, M. le
Ministre? « M. Beaudry: Y a-t-il eu accord entre tous les marchands du
Saguenay-Lac-Saint-Jean pour la fermeture de leurs établissements le
samedi toute la journée? « M. Harvey: Aucunement. « M. le
Président (Leduc, Laviolette): Avant de répondre, pourriez-vous
vous identifier, s'il vous plaît? « M. Harvey: Oui, Germain Harvey,
représentant de la régionale Saguenay-Lac-Saint-Jean au
provincial. « M. le Président (Leduc, Laviolette): De l'ADA.
« M. Harvey: Dans l'ADA. Nous avons été convoqués
à une assemblée entre une partie syndicale et la partie patronale
pour étudier un certain sujet. Avant que l'assemblée ne commence
la partie syndicale nous a présenté un mémoire au sujet
des amendements à apporter au décret. » En somme, M. Harvey
parlait des amendements et non de la convention collective.
En date du 25 octobre 1968, une convention collective de travail
intervenue entre le Syndicat national des employés de commerce et de
bureau du comté de Lapointe, l'Association professionnelle des
maîtres-bouchers et apprentis-bouchers du comté de Lapointe, le
Syndicat national des commis-comptables d'Alma, le Syndicat des employés
de commerce de Dolbeau-Mis-tassini, le Syndicat national des employés de
commerce de Roberval, le Syndicat national des employés de magasins de
Chicoutimi, le Syndicat national des employés de commerce de la Baie des
Ha! Ha! et le Syndicat national des employés de commerce de
Saint-Félicien et Lamontagne limitée, l'Association des
détaillants des produits alimentaires de Chicoutimi et de la Baie et
l'Association des détaillants en alimentation de
Jonquière-Kénogami-Arvida Inc. était déposée
à la Commission des relations de travail avec comme clauses, et je
réfère à la page 12 de la convention collective
dûment signée, proviso 1: « Nonobstant le texte de l'article
1101, les parties signataires s'engagent je le souligne à
signer une requête pour extension juridique d'un décret concernant
la fermeture du samedi et la réouverture de la journée du lundi
». On voit, à l'article 103, à la reconnaissance et
juridiction, que: « Dès qu'un des syndicats signataires à
la présente a été accrédité par la
Commission des relations du travail auprès d'un employeur qui, à
la signature de cette conven-
tion, était membre de l'une des associations signataires à
la présente, l'employeur devient automatiquement assujetti et lié
à la présente convention collective de travail et doit s'y
conformer pendant toute sa durée 1 la condition que
l'établissement accrédité soit situé à
l'intérieur de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean ».
Si je réfère aux parties qui ont signé, je vois
ici, comme signataires, l'Association des détaillants en alimentation du
comté de Jonquière-Kénogami-Arvida Inc., par le
président, M. Guy Vachon, et par M. Germain Harvey. Je revois le nom de
M. Germain Harvey dans les signataires comme propriétaire de son propre
magasin, le magasin Philippe Harvey Ltée, par Germain Harvey. Je peux
déposer, pour l'information des membres de cette commission, une copie
de cette convention collective qui est entre les mains du ministre responsable
de la Commission des relations du travail en attendant la demande de
l'extension juridique, puisque les amendements sont en voie de discussion et
que les représentants syndicaux ne peuvent pas aller plus loin parce
qu'il n'y a pas encore entente au sujet des amendements.
M. LE PRESIDENT: Merci.
M. HARVEY: Je pense, avant de terminer, qu'il était d'abord
essentiel que tous les membres de la commission sachent bien où l'on va
présentement. Si des délégations viennent ici et affirment
que monsieur Untel ou telle association ne dit pas la vérité, je
pense que nous avons tout de même le droit d'être mis au fait. Les
membres de la commission sont libres de prendre la décision qui
s'impose, d'adopter les amendements qui s'imposent pour que nous ayons une loi
réglementant les heures d'ouverture et de fermeture qui s'imposent au
Québec et dont nous avons grandement besoin. Je n'avais nullement
l'intention de soulever une tempête dans un verre d'eau; je voulais tout
simplement rétablir les faits et renseigner les membres de la commission
adéquatement.
M. LE PRESIDENT: Je vous remercie, M. Harvey. Je vais suggérer
immédiatement que le nom de M. Hubert Murray soit substitué
à celui de M. Edgar Charbonneau, député de Sainte-Marie.
Nous continuons à discuter.
M. CADIEUX: Le député de Sainte-Marie est-il encore
député?
M. LE PRESIDENT: Je l'ignore. Je ne suis pas en mesure de vous
répondre, M. Cadieux.
M. CADIEUX: Le cabinet des ministres a-t-il étudié sa
lettre de démission?
M. BEAUDRY: Nous avons une réunion cet après-midi à
ce sujet-là.
M. LE PRESIDENT: Sans vouloir jouer au président, je
déclare que c'est hors d'ordre.
M. HARVEY: Passons aux affaires nouvelles.
M. CADIEUX: J'ai l'impression que c'est trop facile ce matin. Il
faudrait peut-être tenter d'embêter le ministre un peu.
M. BEAUDRY: M. le député de Beauharnois, en ce qui regarde
les articles 12 et 15, qu'en pensent les gens de l'Opposition?
M. CADIEUX: Vous voulez dire en ce qui concerne les conventions
collectives?
M. BEAUDRY: Oui, monsieur.
M. CADIEUX: Je crois que la position du ministre est connue. Il a dit
tantôt que, sur neuf mémoires, huit appuient le texte
proposé. Du côté de l'Opposition, il reste que nous ne
pouvons pas nous prononcer pour toute l'Opposition et nous nous
réservons le droit de discuter ces articles-là en Chambre, lors
de l'étude du projet de loi.
Mais je peux dire, je pense bien, au nom de mes collègues, que ce
qui nous avait le plus surpris fut de voir qu'il n'y avait pas entente entre
les deux principaux syndicats, soit la FTQ et la CSN.
Nous nous apprêtions I en discuter plus longuement, mais devant
l'approbation de la FTQ je crois que nous ne pouvons plus faire de bataille en
ce qui concerne ces articles-là. Pour le moment Je crois que nous sommes
d'accord pour accepter le texte tel que rédigé.
M. HARVEY: Le texte, est-ce qu'il y aurait moyen d'en avoir une copie?
On n'en a pas.
M. BEAUDRY: Oui, il y a eu une copie de distribuée au
comité de la semaine dernière, M. Harvey.
M. HARVEY: Avant de donner notre assentiment, on va lire le texte comme
il faut, puis on peut...
M. BEAUDRY: Je remercie le député de Beauharnois pour la
bonne compréhension des
articles 12 et 15. Je suis certain que s'il agit ainsi c'est pour le
bien de l'économie du Québec. C'est ce que nous avons
essayé de faire au cours des réunions que nous avons eues
à cette commission. En tant que membre du gouvernement, je puis vous
assurer que ces deux articles vont aider énormément
l'économie du Québec en plus d'aider également à
créer de nouveaux emplois.
Si nous acceptons cette disposition dans le projet de loi no 24, je
crois que toute la province de Québec en connaîtra les effets
bénéfiques. Alors, en ce qui regarde ces deux articles, à
moins que d'autres membres de la commission veuillent faire valoir leurs
idées, nous pourrions peut-être passer à la
définition du petit artisan tel que le demandait le député
de Beauharnois.
M. HARVEY; Avant de passer à la définition de l'artisan,
je vous avoue, comme membre de la commission, sans vouloir éterniser la
discussion, puisque le bill va certainement être présenté
en Chambre, il reste tout de même qu'il ne faudrait pas que nous soyons
dans l'impossibilité de présenter une argumentation solide qui
voudrait, tout en ayant une loi adéquate, protéger les droits
acquis des travailleurs au Québec. Je comprends que les deux centrales
syndicales n'ont pas été capables de s'entendre sur un point
précis. On aurait souhaité l'unanimité au niveau des deux
centrales syndicales. Tout le monde, en dehors d'elles, s'entend. Je suis bien
d'accord avec ça comme Je suis d'accord avec le ministre de l'Industrie
et du Commerce pour dire que cette loi doit être adoptée le plus
rapidement pour le plus grand bien de l'économie du Québec.
Je voudrais tout de même faire une réserve à l'effet
qu'on pourrait adopter les articles, tel que mentionné par le
député de Beauharnois, mais sur division, pour autoriser une
discussion qui permettra de rétablir certains faits. Parce que, vous
savez, je viens de vous mentionner tout à l'heure une chose qui s'est
passée devant notre comité. Les journaux vont rapporter demain
qu'il y a unanimité de la part de la commission. On est assailli par les
membres qui font partie de différents syndicats, qui sont portés
à croire que cette loi va leur enlever des droits, que cette loi ne sera
pas à l'avantage du travailleur. Alors, de cette façon, nous
aurons le temps de faire l'éducation nécessaire et les rencontres
nécessaires d'ici à ce que la loi soit présentée en
Chambre pour ses deuxième et troisième lectures.
Je pense que, pour le plus grand bien et des travailleurs et des
commerçants qui veulent cette loi, il y a avantage à adopter les
articles sur division.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Beauharnois.
M. CADIEUX: M. le Président, tout de même, là, je
voudrais rectifier certaines choses; je ne crois pas que l'on soit
mandaté pour adopter ou rejeter... ce n'est qu'une discussion
préliminaire. Nous ne sommes pas opposés au bill, c'est une
commission qui prépare...
M. HARVEY: Je comprends, mais le président va faire rapport en
Chambre et puis la commission permanente de l'Industrie et du Commerce va faire
rapport d'une façon unanime sur un projet de loi qui est
présenté en Chambre. Je vois mal un député à
ce moment-là...
Il ne faut pas oublier que nous faisons partie d'un système
parlementaire de partis. Je vois très mal un membre du parti de l'Union
Nationale qui est majoritaire en Chambre et qui a la
responsabilité, par sa majorité, d'adopter les lois même si
nous ne voulons pas, nous, comme Opposition officielle venir,
après un rapport unanime d'une commission parlementaire, faire un
discours qui irait complètement à l'opposé du bill que
nous allons adopter ou contre un des articles. La presse
l'interpréterait comme un membre de l'Union Nationale désirant
quitter son parti. La même chose pour un membre de l'Opposition.
Je pense que nous sommes d'accord, que nous avons fini d'étudier
ces deux articles, mais que nous ne pouvons pas dire dans le rapport que c'est
unanime. C'est sur division.
M. LE PRESIDENT: C'est une opinion mais j'y mettrais moi-même une
réserve à l'effet qu'un parti au pouvoir peut faire voter une loi
de façon automatique. Je ne voudrais pas rappeler de souvenirs en vous
citant deux lois. Je dis que notre mandat si c'est l'opinion
générale est d'étudier...
M. HARVEY: D'accord.
M. LE PRESIDENT: ... la loi avec ses projections et de savoir si, dans
le principe même et probablement dans la majorité de ses
modalités, ça convient à l'ensemble du comité,
quitte à faire un rapport à la Chambre disant ce que nous
pensons.
Evidemment, il est difficile de plaire à tout le monde et 1 son
père.
M. HARVEY: Certainement.
M. BEAUDRY: M. le député de Jonquière, vous avez
assisté à toutes les réunions. On se souvient qu'au cours
des réunions que nous avons tenues ici il n'a jamais été
question de fixer les heures de travail des employés en aucun temps.
Donc, je ne pense pas que le comité ait voulu enlever des droits
acquis aux employeurs. Par contre, je ne pense pas non plus, vu l'apport de
tous les hommes d'affaires que nous avons rencontrés la semaine
dernière ainsi que celui des travailleurs, à l'exception d'une
centrale syndicale, que nous puissions agir contrairement à
l'idée de tous ces membres.
Je pense que nous avons travaillé comme je le mentionnais
tout à l'heure pour le plus grand bien de la province de
Québec. Je suis certain que les travailleurs en profiteront
également parce qu'en aucun temps nous n'avons voulu faire travailler
les gens 62 heures comme le prétendait la CSN plus
précisément. Il n'a jamais été question de
ça.
Alors, je pense que ce que nous faisons, nous l'avons fait pour le bien
des travailleurs et également pour le bien de l'économie du
Québec. Et en Chambre, lors de la deuxième ou de la
troisième lecture, il sera certainement temps, si les gens ont des
idées nouvelles 1 faire valoir, de les écouter.
M. HARVEY: Pour faire suite à ce que vient de dire le ministre,
je suis parfaitement d'accord avec lui à l'effet que le comité a
toujours pris en considération une chose, soit le bill
réglementant les heures d'ouverture et de fermeture.
Il est bien sûr que, pour les heures de travail, c'est un tout
autre problème. Vous n'avez jamais eu vous-mêmes, comme membres du
comité ou comme président, l'intention de priver les travailleurs
des droits acquis.
Mais tout de même il reste que les deux centrales ne se sont pas
entendues. J'ai à l'esprit par exemple que la semaine dernière,
à un moment donné, M. Parent, dans son exposé, disait
qu'il y aura une demande d'extension juridique du décret à la
suite de la signature de la convention collective. Le ministre du Travail, qui
était présent à la commission à ce
moment-là, a dit: Cela ne veut pas dire que nous allons l'accepter.
Alors qu'il y ait des doutes dans l'esprit des travailleurs dans le
domaine du commerce, de l'alimentation spécialement, disons que c'est un
peu normal pour eux, parce qu'ils ne sont pas capables de deviner ce que le
ministre ou les membres de la commission pensent à l'intérieur
d'eux-mêmes.
Il reste tout de même que je suis convaincu que ce que vous
voulez, ainsi que les membres de la commission, c'est la meilleure loi possible
et la plus grande protection possible des travailleurs. Mais il ne faudrait pas
je reviens là-dessus que, lors de l'adoption en
deuxième et en troisième lectures, nous soyons pris à nous
faire dire, par celui qui défendra le bill ou par le leader
parlementaire du gouvernement, que nous avons adopté un rapport
unanimement à une commission parlementaire. C'est le seul point. En
dehors de ça, je suis d'accord avec vous.
M. LE PRESIDENT: Le député de Jonquière me
permettra peut-être de faire l'observation suivante. Je pense bien
qu'avec l'expérience qu'il a il me corrigera, si je fais erreur. Notre
mandat à nous, c'est de faire rapport à la Chambre que nous avons
pris connaissance de la loi parce que nous ne sommes pas autorisés
à adopter la loi.
M. HARVEY: Nous sommes autorisés à faire des
suggestions.
M. LE PRESIDENT: Nous les soumettons pour étude.
M. HARVEY: Nous pourrions suggérer, par exemple, de biffer les
mots qui veulent que les décrets tombent. Ce sont des suggestions que
nous faisons.
M. LE PRESIDENT: Bien sûr, d'accord.
M. BEAUDRY: Excusez-moi, M. Harvey, je n'ai pas compris la
dernière phrase de votre réponse.
M. HARVEY: Le président me faisait remarquer, avec raison, que la
commission n'adopte rien officiellement; elle fait des suggestions à la
Chambre pour que le bill soit adopté. Alors, je lui disais qu'il avait
raison et que, s'ils le voulaient les membres de la commission pourraient
recommander que les décrets dans l'alimentation continuent d'être
appliqués, même si l'on adopte le bill. Mais, ça ne
voudrait pas dire que la Chambre l'accepterait. La commission fait des
suggestions; j'ai dit que j'étais d'accord avec ça.
M. BEAUDRY: En ce qui regarde les artisans, si vous voulez bien, nous
allons faire une récapitulation de nos réunions
précédentes. Si on se le rappelle bien, par le bill 89, on avait
voulu protéger les petits commerçants en les
excluant du projet de loi. L'article 1 prévoyait que la loi ne
s'appliquerait pas aux localités de moins de 1,500 personnes. L'article
6 indiquait une exception dans le cas des commerces employant au total moins de
quatre personnes. La majorité des mémoires
présentés devant la commission spéciale, a
recommandé: A) La disparition de la restriction de moins de 1,500
habitants; B) Le remplacement de « moins de quatre personnes » par
une loi universelle qui s'appliquerait à tous les commerces au
détail, sans distinction aucune. Lors des rencontres avec le
comité de législation, nous avons étudié la
possibilité que le terme « artisans » s'applique uniquement
aux pères, mères et à leurs enfants. Cette
possibilité a été rejetée,
vul'im-possibilité de relier l'application d'une loi au degré de
parenté des commerçants et des employés.
La commission spéciale, réunion du 26 mars. Lors de cette
rencontre, l'article 6 a fait l'objet d'une discussion prolongée, tel
qu'il apparaît à la page 1026 du journal des Débats du 26
mars 1969. Une fois la réunion terminée, en présence de
MM. les députés Plamondon, Harvey, Fréchette et Leduc, on
a pu expliquer que la loi prévoirait la possibilité d'exempter
les commerces situés dans les endroits touristiques. D'ailleurs,
l'article 5 du projet de loi no 24 est rédigé à cet
effet.
En conclusion, la portée de la loi est la suivante: elle est
universelle, s'applique partout au Québec et à tous les
commerçants au détail. Les commerces non touchés par la
loi sont mentionnés à l'article 5 du projet de loi no 24. Les
commerces situés dans des endroits touristiques pourront être
exemptés de la loi par règlement du lieutenant-gouverneur en
conseil.
M. HARVEY: Pourrais-je poser une question au ministre? Les commerces qui
seront exemptés en raison de leur localisation dans des régions
touristiques le seront, j'imagine je donne un exemple précis
pendant la chasse au chevreuil, dans la région de
Témiscouata. La réglementation adoptée par le
lieutenant-gouverneur en conseil entrera en vigueur pour la durée de ces
événements-là, pas à longueur d'année.
Prenez, par exemple, à Sainte-Anne -de-la-Pérade, il y a la
fameuse pêche aux petits poissons des chenaux. Alors, si la
réglementation est pour l'année complète, il y en a qui
vont se trouver des raisons. Chez nous, on va prétendre qu'il y a du
bleuet dans le mois d'août; il faudra les réglementer pour
l'année. J'imagine que, dans votre esprit, c'est bien pour la
période précise où les touristes se rendent dans ces
régions-là.
M. BEAUDRY: C'est exact. M. HARVEY: Parfait, merci.
M. BAILLARGEON: D'ailleurs, M. le Ministre, vous allez procéder
par voie de réglementation pour la mise en application de cet
article-là. Les exemptions seront limitées et seront
conditionnées par la réglementation qui entrera en vigueur par
publication dans la Gazette officielle ou quelque chose de semblable.
M. BEAUDRY: Oui, M. le Président.
M.^ BAILLARGEON: Alors, il n'y a pas de problème. En somme, les
exemptions seront réglementées.
M. BEAUDRY: Je crois que ce résumé répond aux
questions que les membres pourront poser au sujet de l'artisan et des endroits
touristiques.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Beauharnois.
M. BAILLARGEON: Pour ce qui est des artisans, si j'ai bien compris la
semaine dernière, ils ne sont pas inclus dans le bill qui est
présentement à l'étude.
M. BEAUDRY: C'est-à-dire qu'ils seront inclus dans les
exceptions.
M. BAILLARGEON: C'est ça. Ils n'y seront pas assujettis.
M. BEAUDRY: D'accord. Si vous vous souvenez, nous avions fait la liste
des exceptions lors des réunions de la commission: a) Il y avait les
journaux et périodiques, tabac et objets requis pour usage du tabac, des
repas, des denrées, des pâtisseries, des produits pharmaceutiques
et hygiéniques sanitaires, l'huile à moteur ou à
chauffage, l'essence d'automobile, de remorque ou d'embarcation, des
machineries agricoles et des fleurs.
M. PICARD (Olier): Alors, si je comprends bien, celui qui a un petit
restaurant du coin, qu'il exploite avec son épouse, n'a pas de
problème.
M. BEAUDRY: II pourra ouvrir pendant sept jours et sept soirs.
M. PICARD (Olier): D'accord.
M. BEAUDRY: Comme il l'entend. Voulez-vous avoir la liste des
exemptions?
M. TETLEY: Oui.
M. BEAUDRY: « a) Journaux et périodiques; b) tabac ou
objets requis pour usage du tabac; repas, denrées, patisseries, produits
pharmaceutiques, hygiéniques ou sanitaires, essence, huile à
moteur ou huile à chauffage, d'automobile, de remorque ou d'embarcation,
machinerie agricole et fleurs. Elle ne s'applique pas aux établissements
commerciaux, ni aux parties distinctes et cloisonnées de tel
établissement dont l'activité principale est la vente de
journaux, de périodiques, de tabac ou d'objets requis pour son usage,
repas, denrées pour consommation sur place, pâtisseries,
confiseries ou produits pharmaceutiques, hygiéniques ou sanitaires,
pourvu qu'il ne s'y vende, en outre, que des produits alimentaires ou de menus
articles. »
C'est la formulation que nous avons adoptée, M. Tetley, lors des
réunions que nous avons eues.
M. CADIEUX: M. le Président, en ce qui concerne les produits
pharmaceutiques cela vient d'etre mentionné j'ai
attiré l'attention de la commission à plusieurs reprises en
soulignant que dans les pharmacies, aujourd'hui, on vend un peu de tout. Est-ce
que les pharmaciens ou les pharmacies, qui ont maintenant le droit d'ouvrir en
dehors des heures fixées, pourront vendre n'importe quoi ou s'ils
devront être limités dans leurs ventes?
M. BEAUDRY: Vous avez ceci dans le dernier paragraphe: Pourvu qu'il ne
s'y vende, en outre, que des produits alimentaires ou de menus articles.
M. CADIEUX: Des produits alimentaires? Mais les pharmacies ne vendent
pas de produits alimentaires.
M. BEAUDRY: Mais il y a des comptoirs.
M. CADIEUX: II y a des comptoirs dans les restaurants, d'accord, oui.
Mais vous ne trouvez pas que les mots « menus articles » peuvent
ouvrir la porte à pas mal de choses? Du reste, tout le monde est au
courant que, dans les pharmacies, aujourd'hui, on vend un peu de tout.
M. BEAUDRY: II y a des produits de beauté.
M. CADIEUX: Oui, mais il y a même des pharmacies qui vont vendre
de la quincaillerie, de la lingerie. Comment définir « menus
articles »? Si on achète un petit chandail, on va dire: II est
tout petit, le chandail.
M. BEAUDRY: Je comprends, mais...
M. PICARD (Olier): La pilule anticonceptionnelle.
M. BEAUDRY: ... s'ils vendent des piscines et des tondeuses ou des
articles de ce genre, évidemment la loi va s'appliquer.
M. CADIEUX: Ne pourrait-on pas tout de même circonscrire cela et
dire qu'ils seront limités?
M. BEAUDRY: M. le député de Beauharnois, la loi ne
s'applique pas aux établissements commerciaux, ni aux parties distinctes
et cloisonnées de tels établissements dont l'activité
principale est la vente des journaux, périodiques, tabac ou objets
requis, repas, denrées pour consommation sur place, pâtisseries,
confiseries ou produits pharmaceutiques.
M. BAILLARGEON: Je me rappelle que dans une commission, il y a quelques
années, à l'occasion d'une telle loi il a été
prouvé que, dans les pharmacies, comme mon collègue de
Beauharnois le rappelle, 73% des ventes sont des choses qui ne sont pas des
produits pharmaceutiques en soi.
M. LE PRESIDENT: A la présentation d'un bill des pharmaciens.
M. BAILLARGEON: Je ne me rappelle pas quel bill. Peu importe l'occasion,
cela a été dit à une commission, qui siégeait de
l'autre côté. Il a été prouvé que 73% des
ventes ne sont pas faites de véritables produits pharmaceutiques. Vous
savez comme moi que c'est le cas des grandes pharmacies. Ce n'est pas parce que
je veux limiter leurs affaires, mais je suis en faveur de la
libéralisation du commerce, c'est clair.
Ils vendent beaucoup plus de choses, comme le rappelle le
député de Beauharnois, autres que des remèdes. Vous
rappelez-vous de cela, M. le Président?
M. LE PRESIDENT: Très bien.
M. BAILLARGEON: Peu importe l'occasion, vous vous rappelez de ce qui a
été dit de l'autre côté.
Un membre de la Commission leur a dit: Limitez-vous aux remèdes
brevetés, limitez-vous aux prescriptions et, à ce
moment-là, on consentira à ce que vous nous demandez.
M. BEAUDRY: M. le Président.
UNE VOIX: Si ma mémoire est bonne, c'est lors de l'étude
d'un bill.
M. HARVEY: C'est au moment où ils voulaient que les marchands
discontinuent de vendre des produits pour...
UNE VOIX: A la campagne.
M. BAILLARGEON: C'est un cas chez nous dans mon comté.
M. HARVEY: C'est justement sur ce bill-là au début.
M. BAILLARGEON: Remarquez bien, je ne veux pas faire d'opposition
à la suggestion que vous faites. N'empêche qu'il y a beaucoup de
produits qui ne sont pas des produits pharmaceutiques dans...
M. BEAUDRY: Oui, nous sommes d'accord, mais dans beaucoup de petits
centres où c'est la pharmacie qui rend les services à toute la
population...
M. CADIEUX: M. le ministre, on n'est pas contre le fait que les
pharmacies puissent jouir d'autres heures que ce qui est mentionné. Nous
sommes tous d'accord là-dessus. Elles peuvent rendre d'énormes
services, mais il me semble que si on pouvait trouver une phraséologie
disant qu'elles peuvent opérer pour des ordonnances, vendre des produits
pharmaceutiques...
M. CADIEUX: Oui, oui.
M. BEAUDRY: Cela va nous prendre un policier par pharmacie.
M. CADIEUX: Oui, mais, d'un autre côté, ne pensez-vous pas
que les pharmaciens vont essayer d'élargir leur commerce? Le voisin sera
fermé; ils vont essayer de vendre des bicycles, des tondeuses, n'importe
quoi parce qu'ils auront le droit d'ouvrir.
M. BEAUDRY: M. le Président, je pense que nous avons
trouvé une formule qui couvre pas mal l'idée du
député de Beauharnois. La présente loi ne s'applique pas
à un établissement commercial ni à une partie distincte et
cloisonnée d'un établissement, dont l'activité exclusive
est la vente.
M. HARVEY: Alors, est-ce que dans l'esprit de ceux qui seront
appelés à bâtir les règlements... Au moment
où vous toucherez au genre de commerce mentionné par les
députés de Napierville-Laprairie et Beauharnois, si vous allez
considérer, du moment qu'il est pharmacien ce sont des
remèdes brevetés que l'activité principale est
telle, à ce moment-là la loi est parfaite. C'est un domaine
délicat. Peut-être que nous sommes encore à l'avant-garde
dans la région Saguenay-Lac-Saint-Jean dans ce domaine-là; nous
avons le système d'urgence dans les pharmacies. Elles se sont entendues,
elles ouvrent à des heures précises chacune leur tour le
dimanche. Il y a des congés comme chez tout autre travailleur. Chez vous
aussi, dans d'autres régions, mais ce sont des régions
avant-gardistes, Laviolette, La Tuque, Saguenay-Lac-Saint-Jean.
M. LE PRESIDENT: Ce n'est pas une promesse qu'ils vont foncer dans
l'avenir.
M. LEDUC (Taillon): Disons que la nouvelle réglementation du
Collège des pharmaciens, avec l'obligation d'avoir un
diplômé au laboratoire lorsque la pharmacie est ouverte, a
amené un durcissement...
M. HARVEY: Cela a permis...
M. LEDUC (Taillon): ... dans les heures de travail.
M. HARVEY: C'est ça. Pour éviter les frais
d'administration. C'est sûr.
M. LEDUC (Taillon): Il est de notoriété publique
actuellement que les jeunes pharmaciens ne veulent pas ouvrir une pharmacie
à leur compte; ils aiment mieux aller «faire des quarts »,
c'est une expression du milieu,
M. HARVEY: A ce moment-là ils n'ont rien à investir au
début.
M. LEDUC (Taillon): ... et de $200 à $300 par semaine, le salaire
des jeunes pharmaciens. Ils ne sont pas intéressés à
investir. C'est la limitation de la corporation.
M. HARVEY: C'est-à-dire que les pharmaciens, dans ce
domaine-là, ont commencé à faire ce que l'on appelle de la
gestion. Ils ont
réalisé que plutôt que de payer inutilement des
salaires pour être ouverts tous en même temps, il fallait se
grouper. Ils se sont entendus. C'est ainsi qu'on fait progresser
économiquement un commerce. C'est par une gestion intelligente. Ils ont
commencé à le démontrer dans ma région et dans
d'autres régions.
M. LEDUC (Taillon): C'est fait chez nous également.
M. LE PRESIDENT: Le député de Laprairie-Naplerville.
M. BAILLARGEON: En tant que je suis concerné, disons qu'on
prépare une nouvelle législation. C'est clair qu'il va survenir
des inconvénients lorsque la loi sera inscrite dans nos statuts. Mais
faisons confiance aux officiers qui ont préparé l'idée,
qui ont préparé l'article et au ministre, si vous voulez, pour
faire un essai loyal de cette clause telle que présentée.
Même si l'on dit: Il va arriver ceci, il va arriver cela, on ne peut pas
prévoir toutes les clauses. Il y a des gens qui vont être assez,
comme ont dit, des « smart alec », ils vont trouver des
échappatoires et contourner les réglementations mêmes les
meilleures du monde.
Vous le savez par expérience comment ça marche.
Alors, moi, je dis ceci! Faisons un essai loyal de la
réglementation telle que présentée. Si, à la
lumière de l'expérience acquise au cours des premières
années pendant lesquelles la loi serait en force, on se rend compte
qu'il y a des abus peu importe d'où ils viennent il y aura
toujours moyen de revenir en Chambre pour réprimer ces abus et
contourner les difficultés auxquelles nous aurons à faire face
à ce moment-là.
Je pense qu'on devrait donner un essai loyal à la clause telle
qu'elle est présentée, au moins en ce qui me concerne.
M. BEAUDRY: Je remercie le député de Napierville. Je lui
dis que c'est l'optique dans laquelle nous avons travaillé pour la
fabrication de ce projet de loi. Je suis certain qu'au départ elle ne
couvrira pas tout. Il y aura certainement des gens qui vont essayer de
contourner la loi.
M. BAILLARGEON: Ensuite, il faut faire un peu confiance aux
commerçants.
M. BEAUDRY: S'il y a des endroits où cette loi a des
déficiences, je puis vous assurer que, dans un avenir rapproché,
à la session suivante, nous apporterons des amendements pour corriger ce
que nous n'avons pas couvert.
M. HARVEY: Le ministre me permettrait-il une question? La
définition de l'artisan va-t-elle l'être par voie de
règlement adopté par le lieutenant-gouverneur en conseil ou dans
la loi?
M. BEAUDRY: Non. L'artisan le devient par rapport aux exceptions que
nous avons mentionnées, M. le député.
M. HARVEY: C'est-à-dire que l'artisan va être défini
par voie de réglementation adoptée par le lieutenant-gouverneur
en conseil?
M. BEAUDRY: Non. Le mot « artisan » est très
difficile à définir.
M. HARVEY: Je comprends, mais ce cas-là va être couvert par
un règlement adopté par le...
M. BEAUDRY: II est couvert par les exceptions contenues dans la loi.
M. HARVEY: D'accord. Merci.
M. LEDUC (Taillon): En fait, M. le Président, je pense que le but
de l'exercice que nous venons de passer, à commencer par l'intervention
du député de Beauharnois, c'est surtout de signaler les abus qui
peuvent se faire dans les pharmacies. Je vais vous citer un exemple. Il y a
dans mon comté une pharmacie qui vend des souliers, des jeans, des
chemises, des tricycles.
M. BEAUDRY: La loi va s'appliquer.
M. LEDUC (Taillon): A ce moment-là, il faut, je pense... Le but
de notre intervention était de signaler ici ce problème qui peut
se présenter.
M. BEAUDRY: « Dont l'activité exclusive est la vente
». Par cette phrase, nous couvrons ce cas.
M. CADIEUX: M. le ministre, si je comprends bien, cette phrase «
dont l'activité exclusive » veut dire que ce type-là ne
pourrait pas ouvrir parce que ce n'est pas son activité exclusive. Son
activité exclusive n'est pas la vente de produits pharmaceutiques.
M. BEAUDRY: Si vous mentionnez le cas de...
M. CADIEUX: Le cas qui vient d'être cité par le
député de Taillon.
M. BEAUDRY: Il pourra ouvrir, s'il se conforme à...
M. CADIEUX: C'est-à-dire qu'il faudra qu'il restreigne ses
activités.
M. HARVEY: « Tous les jours », ça comprend
également le dimanche.
M. BEAUDRY: Oui, monsieur.
M. LE PRESIDENT: A ce stade, vous allez probablement me permettre de
vous suggérer d'accepter les changements suivants chez les membres: Le
député de Joliette, M. Pierre Roy, va remplacer M. Simard,
député de Montcalm, qui siège à une autre
commission. Le député de Notre-Dame-de-Grâce, M. Tetley, a
le grand honneur de remplacer M. le ministre Beaulieu.
UNE VOIX: Cela viendra.
M. LE PRESIDENT: Disons que toute personne a le droit de faire des
rêves. Il n'y a pas d'âge pour ça.
M. CADIEUX: Dans le moment, dans votre parti, êtes-vous en train
d'avoir des cauchemars?
M. TETLEY: Merci, M. le Président.
M. BEAUDRY: M. le Président, je pense que nous avons passé
en revue les articles 12 et 15 en litige. Nous avons également
parlé des artisans. Je pense que c'était le but de la
réunion de ce matin. En autant que nous sommes concernés, nous
n'avons rien à ajouter. Si les membres de l'Opposition ont quelque chose
à ajouter, il me fera plaisir de les entendre.
M. BAILLARGEON: M. le Président, avant de terminer la
réunion, j'aurais une question à poser au ministre. Je comprends
que ce n'est pas dans le cadre des raisons qui nous ont amenés ici
aujourd'hui.
Vous vous rappelez que nous avions eu une discussion quant à
favoriser le commerce pendant la période qui précède la
fête de Noël. Nous avons essayé de trouver un moyen terme.
C'est réglé? Cela va être incorporé dans la loi?
M. BEAUDRY: Oui.
M. BAILLARGEON: Je comprends que je suis peut-être hors d'ordre,
M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Non, non.
M. BEAUDRY: Afin de renseigner le député de Laprairie, si
vous vous rappelez bien, nous avions pensé de procéder par le nom
des fêtes au lieu des jours. Après étude, il a
été décidé qu'il y a eu à Montréal
des sociétés qui ont combattu la ville de Montréal sur le
nom des fêtes et qui ont gagné leur cause.
Etant donné qu'il nous fallait procéder plutôt par
le jour et non par la fête du jour.
Nous avons opté pour le 1er janvier, le 2 janvier, avant une
heure de l'après-midi, le lendemain du jour de Pâques, le 24 juin
ou le 25, si le 24 tombe un dimanche; le 1er Juillet ou le 2 juillet, si le 1er
tombe un dimanche; le premier lundi de septembre, le deuxième lundi
d'octobre, le 25 décembre, le 26 décembre, avant une heure de
l'après-midi ou tout jour fixé par proclamation du
lieutenant-gouverneur en conseil comme jour de fête publique.
Toutefois, l'heure au-delà de laquelle un client ne peut
être ainsi admis est de neuf heures du soir, au cours de la
période du 11 au 23 décembre inclusivement et de six heures du
soir les 24 et 31 décembre.
M. BAILLARGEON: M. le ministre, cela veut dire, à toutes fins
pratiques, que la loi est rédigée de façon à ne pas
priver les commerçants d'une fin de semaine, selon la mobilité de
la fête de Noël.
M. BEAUDRY: Ils sont assurés d'avoir au moins deux fins de
semaine avant Noël.
M. BAILLARGEON: Parce que c'est bien important.
M. BEAUDRY: C'est prévu.
M. CADIEUX: C'est une phraséologie qui leur permet d'avoir deux
fins de semaine.
M. BEAUDRY: C'est ça.
M. HARVEY: Une question fort simple, pour mon information. Pour
m'évlter une recherche, le ministre pourrait-il me dire à quelle
date a été présenté le bill 89 en Chambre? C'est
pour m'éviter une recherche. Vous souvenez vous de la date à
laquelle il a été présenté en Chambre?
M. BEAUDRY: Je regrette, mais je n'ai pas ce renseignement.
M. HARVEY: D'accord, je ferai la recherche moi-même. Merci.
M. LE PRESIDENT: Je profite de l'occasion pour remercier tous les
membres de la commission pour leur bonne collaboration qui nous a permis
d'avancer dans nos travaux. J'estime qu'ils ont été progressifs
et positifs. Alors, merci à tous et à chacun.
M. ROY: Ce ne serait pas en décembre 1968? M. BEAUDRY: Le 12 mai
1969. M. ROY: La première lecture? M. BEAUDRY: Oui.
M. CADIEUX: Encore une fois, M. le Président, ]e vous
félicite vous-même ainsi que tous les membres de cette commission.
Quant à nous, de ce côté-ci de la Chambre, nous
espérons grandement que ce projet de loi sera réimprimé et
prêt à être adopté au tout début de la
prochaine session.
Nous en parlons depuis plus de cinq ans. J'en ai parlé
énormément en 1964, en 1965 et en 1966. Nous siégeons
à cette commission depuis déjà plusieurs mois. J'ai fait
plusieurs interventions en Chambre, j'ai posé plusieurs questions.
J'espère ne pas être obligé de reposer les mêmes
questions au ministre de l'Industrie et du Commerce. Je sais qu'il tient
à ce projet de loi autant que le député de Beauharnois et
que tous les membres de l'Opposition, et je souhaite encore une fois grandement
que ce projet de loi-là sera déposé pour étude en
première, deuxième et troisième lectures dès la
reprise des débats en octobre prochain.
M. LE PRESIDENT: M. le ministre, s'il vous plaît.
M. ROY: La date de la présentation du bill, c'est bien 1968, ce
n'est pas le 12 mai 1969. Le 12 mai, la commission a fait rapport à la
Chambre mais le bill a été inscrit au feuilleton en 1968.
M. HARVEY: Au feuilleton.
M. ROY: A été appelé, il a été
déposé en 1968.
M. LE PRESIDENT: Il portait alors le numéro 89.
M. HARVEY: Le feuilleton serait décembre 1968, et le premier
rapport, le 12 mai 1969.
M. ROY: Le 12 mai 1969. M. HARVEY: Merci.
M. BEAUDRY: Je remercie les personnes qui ont assisté à
toutes les séances de la commission, au sujet du bill 89, et je les
remercie du bon travail qu'ils ont accompli. Je remercie également
toutes les associations qui ont participé à toutes les
séances de la commission qui se sont tenues ici. Vous pouvez être
assuré, M. le Président, que dès la reprise de la session,
le bill 24 sera présenté. Je remercie également les
fonctionnaires des ministères, du ministère du Travail et du
ministère de l'Industrie et du Commerce qui ont également
participé à l'étude de ce bill et vous pouvez être
assuré que je ferai tout en mon possible pour présenter le bill
dès le début de la session.
M. LE PRESIDENT: Deo grattas.
(Fin de la séance: 11 h 5)