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Étude des crédits du ministère de
l'Industrie et du Commerce
(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Laplante): Reprise des travaux de la
commission de l'industrie et du commerce pour l'étude des crédits
1979/80.
Sont membres de cette commission: M. Dubois (Huntingdon), M. Gosselin
(Sherbrooke), M. Grégoire (Frontenac), Mme Leblanc-Bantey
(Îles-de-la-Madeleine), M. Lefebvre (Viau), M. Ouellette (Beauce-Nord),
M. Raynauld (Outremont), M. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce), M. Shaw
(Pointe-Claire), M. Tremblay (Gouin).
Sont intervenants: M. Gagnon (Champlain), M. Godin (Mercier), M. Goulet
(Bellechasse), M. Landry (Fabre), M. Marchand (Laurier), M. Michaud
(Laprairie), M. Perron (Duplessis), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier).
Gestion interne et soutien SODEQ (suite)
Nous étions encore au programme 1 et c'est difficile à
déterminer qui avait la parole, parce que le député de
Notre-Dame-de-Grâce et le ministre conversaient ensemble. Je ne sais plus
qui avait la parole à ce moment-là.
Sur le programme 1.
M. Scowen: Oui, je pense qu'on était en train de terminer
la question des SODEQ.
Le Président (M. Laplante): Oui, on peut dire...
M. Scowen: J'avais une question générale à
poser au ministre en ce qui concerne les SODEQ. Dans la déclaration
qu'il faisait dans son discours de troisième lecture sur le projet de
loi no 7, les dernières 40 minutes ont été
employées à dévoiler les quatre grandes faiblesses...
M. Tremblay: Ce n'est pas en troisième lecture, c'est en
deuxième lecture.
M. Scowen: Excusez-moi. C'est ce que je voulais dire. ...
à corriger au Québec pour réaliser une économie
saine.
L'une était l'épargne ou la source de financement pour le
capital. Comme je l'ai dit au début de cette commission hier, je suis un
peu déçu que vous n'ayez pas abordé au début, dans
vos commentaires, ces quatre questions et les solutions que vous proposez
à chacune.
Mais, dans le contexte de cette question de l'épargne et de la
création du capital au Québec, je veux savoir simplement si vous
voyez les SODEQ comme un élément important dans la gamme des
organismes qu'il faut développer pour la création de ce
capital-actions. Est-ce que les SODEQ, à brève
échéance, doivent devenir très importantes ou si elles
sont plutôt de nature expérimentale et marginale? Où
situez-vous les SODEQ à brève échéance, cette
année, l'année prochaine, et d'ici deux ou trois ans, dans le
cadre de cette grande faiblesse à corriger, d'après vous, bien
sûr?
M. Tremblay: Là, tout ce que je puis dire dès
maintenant, M. le Président, c'est: Une chose à la fois et chaque
chose a sa place. On me dit que hier, lorsque j'ai fait le bilan des
activités du ministère, avant de proposer l'adoption des
crédits du ministère, j'aurais dû répéter mon
discours de deuxième lecture. La vie est trop courte pour que je me
répète continuellement, même si, en politique, il faut
répéter souvent pour se faire comprendre. Cela ne veut pas dire,
le fait que je n'aie pas répété ce que j'ai dit la semaine
dernière, que j'ai cessé de croire ce que j'ai dit la semaine
dernière. C'est évident que les mécanismes de financement
du développement industriel sont essentiels; la preuve, c'est qu'on
propose des projets de loi pour les améliorer. Tout à l'heure, je
lisais, avant de venir, en page 5 du journal Le Devoir, un billet de M.
René Paré, qui a été président du Conseil
d'orientation économique au début des années soixante et
qui disait qu'au Québec, il y a beaucoup de fonds liquides et beaucoup
de capitaux, mais il y a très peu de capitaux de risque. Il y a une
différence entre des capitaux de portefeuille et des capitaux de
risque.
Les capitaux de portefeuille sont rémunérés
à des taux supérieurs au taux d'inflation. Cela se situe dans les
12%, 13%, 14%, 15%. Le capital de risque est rémunéré
seulement si ça rapporte, habituellement. Donc, le taux
d'intérêt ex ante est à zéro. C'est ça du
capital de risque et, au Québec, il y a une pénurie de ce genre
de capital.
Maintenant, on manque d'institutions dans le sens que nos grandes
banques ne sont pas des institutions qui se mouillent dans le capital de
risque. Il y a de grandes accumulations d'épargne, mais elles ne se
mouillent pas. Il y a de grandes accumulations d'épargnes
également à la Caisse de dépôt, de l'ordre de $8
milliards ou $9 milliards. Mais, ce sont également des capitaux
placés sous forme de placements de portefeuille bon père de
famille. (10 h 15)
Donc, il nous manque des institutions et les SODEQ, c'est une des
initiatives, parallèlement aux caisses d'entraide économique, qui
se situent entre les institutions financières traditionnelles et les
banques d'affaires et qui sont de nature à apporter du capital de risque
additionnel.
Donc, je me fais un promoteur des SODEQ, mais il est évident
qu'une fois qu'elles sont lancées, après l'autorisation que
j'accorde comme ministre de l'Industrie et du Commerce, tout dépend de
l'initiative privée sur le terrain.
Alors, vous voyez, en Beauce-Appalache, il s'agit que les promoteurs
encouragent le plus grand nombre de personnes à investir dans la SODEQ
de sorte qu'il n'y a pas de limite à l'expansion de ces petites banques
régionales pour autant qu'elles suivent quand même des normes de
fonctionnement qui ne mettent pas en danger indûment leur existence. Une
toute nouvelle plante, une toute petite plante est toujours plus
vulnérable. Donc, on va devoir commencer, chez les SODEQ, les
opérations, tout en respectant la loi qui les force à investir
70% de leurs fonds propres sous forme de capitaux de risque. Elles vont devoir
être circonspectes, faire attention de ne pas se brûler au
départ. Je m'attends donc que le départ de SODEQ soit
relativement lent à cause de cela, mais, à cause de
l'encouragement fiscal, à cause même aussi du programme
additionnel que le ministre des Finances a annoncé sur
l'épargne-actions, l'intérêt devrait croître pour ce
genre d'institution. Je suis certain que les PME industrielles du Québec
vont profiter de ce genre d'institution. Je ne peux donc pas dire que je crois
fermement à ce genre d'initiative et c'est justement ce que j'ai en
tête quand je dis que nous avons besoin d'autres mécanismes pour
canaliser des capitaux vers le développement industriel.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que le programme 1 est
adopté? Programme 1, adopté.
M. Raynauld: M. le Président, avant d'adopter le programme
1, il y a encore une dernière section qui s'appelle relations du
ministère avec les sociétés d'État qui s'y
rattachent. À ce propos j'aurais aimé proposer qu'on passe
à la Société de développement industriel.
M. Tremblay: Vous pouvez venir vous asseoir ici, monsieur... Je
n'ai pas d'objection que l'on passe au volet 5, je crois, le programme 5...
Le Président (M. Laplante): C'est le programme 1.
M. Tremblay: D'accord.
M. Raynauld: II y avait à cette section les relations du
ministère avec les sociétés d'État. Personnellement
je n'ai pas d'objection...
M. Scowen: C'est le programme 1 ou le 5, la SDI?
M. Tremblay: C'est le 5, la SDI.
M. Scowen: C'est simplement une liste...
M. Raynauld: Non, mais c'est d'habitude l'occasion de poser des
questions.
Le Président (M. Laplante): On pourra y revenir. On va
adopter le programme 1 pour ne pas faire de mélange. Alors, le programme
1 est adopté, quitte à revenir sur certaines questions sur le
personnel administratif.
Société de développement industrie;
J appelle le programme 5.
M. Tremblay: M. le Président, le programme 5 touche
évidemment les activités de la Société de
développement industriel du Québec. Les crédits de la SDI
pour l'exercice 1979/80 sont de $27 249 700, avec un effectif permanent de 114
employés. Les programmes de la SDI sont encore les programmes 2A, 2B,
2C, 2D.
Par contre, de nouveaux programmes sont gérés par cet
organisme, à savoir le financement des petites entreprises
manufacturières et le programme touchant les secteurs mous,
c'est-à-dire des mesures temporaires de financement pour les entreprises
du textile, du vêtement, de la bonneterie, de la chaussure et du
meuble.
Les crédits de la SDI, comparativement à ceux de l'an
dernier, ont subi une augmentation de $1 158 400, dont principalement une somme
de $970 500 pour les prises en charge d'une partie du coût des emprunts.
Durant l'exercice 1978/79, la SDI, dans la continuation de son mandat, a
accepté 425 projets, prêté $38 100 000, consenti des prises
en charge pour $50 600 000, investi $2 400 000 en capital-actions et
accordé des garanties de prêt pour $3 400 000.
J'ajouterais, M. le Président, que le débat en
deuxième lecture à l'Assemblée nationale sur l'adoption du
projet de loi no 7, Loi visant à amender la Loi de développement
industriel du Québec, est déjà fort avancé et que
nous serons appelés, dans le cadre de cette commission parlementaire,
à étudier une nouvelle orientation de la SDI.
Évidemment, nous pouvons saisir l'occasion aujourd'hui de
discuter de cette orientation en fonction du rapport que nous avons
aujourd'hui, mais, comme nous n'avons que dix heures pour discuter des
crédits de l'ensemble du ministère, je fais appel à la
collaboration des membres de la commission pour que nous réservions nos
discussions les plus détaillées sur la SDI lors de
l'étude, en commission élue, article par article, du projet de
loi no 7.
Moi-même, je suis très intéressé à
discuter de l'orientation de la SDI, évidemment, mais j'aurais
l'impression que, si nous prenions plusieurs heures à discuter, ce
matin, de la SDI, nous devrions soit reprendre cette discussion lorsque le
projet de loi no 7 reviendra devant cette commission dans quelques jours ou
soit sacrifier l'étude d'autres parties du budget du ministère
qui mériteraient peut-être qu'on en discute. Je pense que la
commission est libre de ses choix, mais je ferais appel à la
collaboration des membres pour que nous suivions cette procédure.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-G race.
M. Scowen: M. le Président, j'ai deux ou trois questions
sur la Société de développement industriel, mais je pense
que mon collègue en a aussi.
Si vous me le permettez, je vais lui passer la parole, pour
commencer.
M. Raynauld: Pas de problème.
M. Scowen: Voulez-vous commencer? J'ai deux ou trois questions
à poser, mais je peux le faire par la suite.
Le Président (M. Laplante): Après, ce sera le
député de Huntingdon.
M. Scowen: Oui?
Le Président (M. Laplante): Après un des deux qui
parlera.
M. Scowen: Allez-y.
M. Raynauld: M. le Président, je n'avais que quelques
questions générales à poser sur la SDI. Je pense qu'il
s'agit d'une des sociétés d'État si on met de
côté les subventions sur lesquelles je reviendrai tout à
l'heure qui fait des bénéfices...
M. Tremblay: La SAQ aussi.
M. Raynauld: ... ce qui est rare dans notre régime. Tout
d'abord, la SDI mérite des félicitations.
J'ai bien dit que je mettais de côté toute la question des
subventions. Ces subventions, aujourd'hui, sont devenues plus importantes que
les opérations de banque proprement dites. Je pense que le ministre
devra cesser bientôt de parler de la SDI comme d'une banque d'affaires,
parce que, si je regarde les statistiques qui nous sont fournies, même si
je n'ai pas celles de la dernière année, 1978/79 non, je
les ai dans le cahier ici je vois que les prises en charge et les
subventions sont de $50 millions, alors que les prêts eux-mêmes ne
s'élèvent qu'à $38 millions. Il y a aussi des garanties de
prêts qui sont accordées.
Mais la question qui se pose à cet égard, c'est une
question d'orientation générale. Est-ce que la SDI va devenir de
plus en plus un organisme de subventions? Est-ce qu'elle va devenir un
ministère de l'expansion économique régionale ou si elle
va plutôt continuer à être ce qu'elle était au
début, c'est-à-dire, un prêteur de dernier ressort, mais un
prêteur tout de même aux conditions générales du
marché? Voilà ma première question.
La deuxième question s'adresse au ministre proprement dit. Est-ce
qu'il est dans l'intention du gouvernement de continuer à imposer
à la SDI des opérations qui ne s'inscrivent pas dans le cadre de
ses activités habituelles. Je fais allusion ici au programme OSE et au
fait qu'on ait utilisé le canal de la SDI pour accorder $110 000
000.
M. Scowen: $112 millions, $110 millions l'année
passée.
M. Raynauld: ... à la SGF. C'est cela? M. Scowen:
Oui et $3 millions...
M. Raynauld: $3 millions, oui, pour les Entreprises Bellevue. Ces
opérations sont spéciales, bien sûr. Elles sont faites au
nom du gouvernement par la SDI, mais je voudrais également savoir, comme
orientation générale, si c'est l'intention du gouvernement de
continuer à se servir de la SDI pour des opérations qui n'ont
rien à voir avec la société, ce qui a pour effet, je
pense, de diminuer la crédibilité des gens qui travaillent
à la SDI, dans son milieu, et de faire du tort à la
société, à mon avis.
Plus généralement, j'aimerais qu'on profite de l'occasion,
ce matin, pour examiner les orientations plus particulières de la SDI,
pour ce qui concerne les différents programmes qui sont
appliqués. Des programmes, il y en a maintenant plusieurs, mais je pense
aux programmes de technologie moderne auxquels, je pense, la majeure partie des
fonds est consacrée. Je voudrais souligner également que la SDI
fait déjà des opérations du côté de
l'exportation. Il y a $15 900 000 qui avaient été
consacrés à ce programme D, en 1977/78; en 1978/79, je ne le sais
pas. Peut-être qu'on pourrait avoir des informations
là-dessus.
En général, j'aimerais que le ministre nous indique les
grandes orientations qu'il voit pour la Société de
développement industriel pour les prochaines années ou, au moins,
pour celle qui vient.
M. Tremblay: Merci, M. le député d'Outremont. Merci
beaucoup, M. le Président, quand même de me donner à
nouveau la parole.
En ce qui concerne la question d'orientation, il me fait plaisir de
répondre à la question, quoique je ne puisse pas entrer dans le
détail comme je l'aimerais sans reprendre tout le débat que nous
allons avoir dans deux semaines. Il est évident que le projet de loi no
7 élargit considérablement la vocation de la SDI, lui donne une
autonomie en ce qui concerne son opération de banque totale,
effectivement. Ce n'est que l'opération subvention qui relève du
ministre et indirectement du ministère. Ce qu'il faut souligner, c'est
que, pour la dernière année, la partie subvention de la SDI, avec
$50 600 000 versés aux entreprises dans le cadre des critères
2-A, 2-B, 2-C et 2-D, c'est plus important que ce qu'a fait le MEER au
Québec avec $40 200 000. Je pense que la SDI est un organisme
très humble par rapport au MEER, parce qu'on a l'impression que le MEER
est partout, mais c'est la SDI qui donne le plus de subventions.
M. Scowen: Non?
M. Tremblay: Non, cela n'a rien à faire avec la SGF. La
SGF, c'est une garantie de prêt qui a été donnée en
1977 pour Marine, mais on pourra y
revenir tout à l'heure. La SDI, évidemment, a une
opération subvention qui est importante pour la PME surtout. Cela va le
devenir de plus en plus avec l'élargissement des critères. Le
principal élargissement, c'est le fait que non seulement les subventions
vont se diriger vers des entreprises qui oeuvrent dans des secteurs dynamiques,
productifs et exportateurs, mais ces subventions vont surtout s'attacher
à l'entreprise elle-même, quel que soit son secteur, pourvu
qu'elle soit dynamique, pourvu qu'elle soit supérieure à la
moyenne de son secteur, parce qu'on excluait des entreprises dynamiques qui
étaient dans le secteur des scieries, mais comme le secteur des scieries
ne se qualifiait pas sous le critère 2-A, quel que soit le dynamisme de
l'entreprise, elle était exclue d'office. Le but poursuivi, c'est
d'accroître l'infrastructure industrielle du Québec et la
renforcer. (10 h 30)
II est vrai qu'il est bon d'avoir des secteurs, parce que, dans le cas
du Québec, il y a une concentration indue dans des secteurs faibles et
une sous-concentration dans des secteurs forts. Ceci va continuer comme
préoccupation. Mais il y a un besoin de renforcer la base industrielle
même du Québec, qui est plus faible que celle de l'Ontario et qui
doit reposer sur plusieurs piliers que sont nos entreprises dynamiques, quel
que soit le secteur.
Donc, nous comptons beaucoup sur l'accentuation, dans l'avenir, de ce
rôle de promotion du développement industriel que remplit la SDI.
Maintenant, j'ai dit que la SDI était l'équivalente du MEER et
plus importante et, du côté des prêts, surtout les genres de
prêts risqués... Parce que, finalement, la SDI est un
prêteur en dernier recours, mais, comme on l'a souligné tout
à l'heure, même si elle est un prêteur en dernier recours,
elle fait quand même de petits bénéfices, quoiqu'il soit
rare qu'on voie des banques perdre beaucoup d'argent. C'est plus facile dans le
domaine des chantiers maritimes ou dans le domaine de l'acier, mais, dans le
domaine bancaire, lorsqu'on prêre du capital de risque, des prêts
relativement peu garantis, c'est une démonstration qu'il y a quand
même une pénurie. Pourquoi les institutions bancaires
traditionnelles, les caisses populaires, les banques ne prêtent-elles pas
à ces entreprises? Pourquoi la SDI doit-elle se substituer et quand
même réaliser des profits? Parce que, si c'étaient des
risques insurmontables, on verrait des pertes assez substantielles dans les
activités de la SDI. Il n'y en a pas. Donc, la SDI, comme
intermédiaire financier pour le développement industriel, remplit
un vide, comme les SODEQ remplissent un vide et nous comptons que cette
activité de la SDI s'accentue, mais sur une base régionale.
M. le Président, on vous dérange?
Le Président (M. Laplante): Non. Il y a des choses,
parfois, qu'on ne peut pas expliquer au journal des Débats.
M. Tremblay: ... de sorte que cette opération de
prêts, orientée vers la petite et la moyenne entreprise... Parce
qu'on avait oublié, évidemment, dans le passé, que les
entreprises de moins de 20 employés n'ont pas de
crédibilité auprès des institutions bancaires
traditionnelles. Vous êtes un fabricant qui avez une dizaine
d'employés. Si vous ne pouvez pas gager votre maison, votre chalet,
votre famille, la banque ne veut pas vous voir. On s'est rendu compte que, par
un petit programme qu'on a ajouté et qui va être incorporé
dans la nouvelle loi, ceci suscitait des emplois sur une base d'affaires
lorsque la SDI intervenait pour effectuer ces prêts de dernière
analyse.
On peut nous dire que la BFD fait la même chose. Il faut dire
aussi qu'à Ottawa, il y a aussi un ministère de la petite
entreprise qui fait un peu la même chose que le ministère de
l'Industrie et du Commerce du Québec; c'est un autre problème,
mais la SDI est ici pour rester et elle va accroître ses
interventions.
Maintenant, au lieu de créer, nous, un MEER, une FBD, un service
de direction générale du financement, c'est un même
organisme. Je pense qu'il y a des avantages à avoir le "one-stop desk".
Or, je suis contre l'idée, si jamais elle était soulevée,
qu'on commence à couper la SDI en petits morceaux, un morceau qui irait
là, un morceau qui irait là, un morceau qui irait là, et
je suis contre le fait que nous, au ministère de l'Industrie et du
Commerce, on crée une direction générale du financement.
C'est pour cela... Non, mais...
M. Raynauld: Au cas où on le suggérerait.
M. Tremblay: C'est au cas... Parce qu'il s'en allait dans ce
terrain. Le député d'Outremont soulevait un petit peu le voile en
ce sens-là et comme, à Ottawa...
M. Raynauld: Ah bien non, M. le Président...
M. Tremblay:... ces gens ont eu une prolifération
d'institutions...
M. Raynauld:... c'est exactement le contraire. C'est le ministre
qui propose une société pour l'exportation. Il pourrait mettre
ça dans la SDI, on n'en entendrait même plus parler et il ne
pourrait pas se faire de capital politique avec ça. Il est
déjà dedans. Je suis, au contraire, tout à fait favorable
à concentrer toutes les opérations de financement au sein de la
SDI.
M. Tremblay: Un instant!
M. Raynauld: C'est lui, le ministre, qui propose la
création de toutes sortes de sociétés.
M. Tremblay: Un instant! Il ne faut pas passer d'un extrême
à l'autre. Les libéraux ont tendance à passer d'un
extrême à l'autre.
M. Raynauld: Vous voulez prévenir... Alors, les
extrémistes ne sont pas...
M. Tremblay: Les extrémistes sont devant nous. Hier, on
utilisait des termes comme folie, paresse, des termes extrémistes, de
toute façon I
M. Raynauld: M. le Président, j'ai beaucoup d'autres
questions sur la SDI.
M. Tremblay: D'accord, mais je veux continuer à
répondre, parce qu'il y a d'autres choses d'intéressantes. En ce
qui concerne la fonction direction générale de financement de la
SDI, je dois dire que cela a été introduit dans la loi de 1971.
Quand on a converti l'Office de crédit industriel en
Société de développement industriel, on a inclus un
article 2c de la loi, qui dit que le gouvernement peut confier à la SDI,
des mandats dans le domaine financier, parce que c'est l'instrument que le
gouvernement avait.
Le gouvernement Bourassa n'a pas fait que de mauvaises choses; il avait
raison de le faire et il s'en est servi également. Il s'en est servi
pour Tricofil, parce qu'on a peut-être eu tendance à croire que
c'était le nouveau gouvernement du Parti québécois qui
s'était lancé dans l'aventure de Tricofil, si on veut utiliser le
terme. Mais c'était l'ancier gouvernement, quelque chose comme $600
000.
M. Raynauld: Vous autres, combien? M. Tremblay: Je n'ai
pas le chiffre.
M. Raynauld: Demandez à votre conseiller, il a la
réponse.
M. Tremblay: Mais la SDI n'est plus dans le dossier Tricofil, si
vous vous en êtes rendu compte. En termes de chiffres, combien y a-t-il
eu d'interventions imposées par le gouvernement en fonction de cet
article 2c de la loi? $124 600 000 au nombre de dix interventions. Or, sous
notre régime, il y a eu trois interventions.
M. Scowen: Sur un total de...
M. Tremblay: C'est parce qu'il y avait une intervention sur
Marine.
M. Scowen: Le total?
M. Tremblay: De $113 020 000. Il y avait une intervention d'une
garantie pour Marine, mais il y a différents types d'interventions: les
subventions et les prêts. Mais le nombre d'interventions que nous avons
faites sur Bellevue... mais l'intervention sur Bellevue, c'était encore
un héritage de l'ancien gouvernement.
M. Raynauld: Vous avez reçu tellement d'héritages.
Vous êtes tellement riche de tout ce que vous avez reçu.
M. Tremblay: Oui, c'est une richesse comme les Jeux Olympiques;
ça enrichit seulement la caisse électorale du Parti
libéral; la seule richesse c'est ça
M. Raynauld: On a le dos large. L'ancien gouvernement a le dos
large.
M. Tremblay: On l'a vu hier.
M. Scowen: Vous nous donnez en revanche, un Montréal
déprimé du poids de tout ce qu'il faut rebâtir...
M. Tremblay: Parce que vous vous regardez dans le miroir chaque
matin...
M. Scowen: ... en 1981
M. Tremblay: ... il n'y a que vous qui êtes
déprimé. Cessez de vous regarder dans le miroir le matin; les
choses vont bien au Québec et cessez de vous répéter le
même disque usé. Utilisez un peu d'autosuggestion au lieu
d'utiliser une sorte de terrorisme politique, comme vous le faites depuis deux
ans et demi.
M. Scowen: Je pensais qu'hier, vous aviez admis que les choses
vont mal à Montréal.
M. Tremblay: Non, on a eu des héritages et, puisque vous
avez soulevé cette question d'intervention sous forme de reproche, on
n'avait presque pas fait de nouvelles interventions, sauf dans le cas de Marine
pour préserver 3500 emplois. Dans le cas de Bellevue, une chose
incroyable, ce que jamais je n'oserais faire, on est allé garantir une
banque c'est ce qu'on appelle du capital de risque; mais le risque est
pour le gouvernement, pas pour la banque que le gouvernement allait
payer toutes les pertes que l'entreprise allait assumer auprès de cette
banque. C'est de l'intervention politique irréfléchie et
irresponsable avec des fonds publics. Quand j'ai pris ce dossier, je n'en
croyais pas mes yeux. On avait donné un chèque en blanc, à
une entreprise privée, en lui disant: Va à la banque, mon petit
garçon, emprunte ce que tu veux. Nous, par arrêté en
conseil, tel numéro, tel autre arrêté en conseil il
y en avait deux, si je me rappelle bien on vous paie ça. Alors,
on a dit: Halte-là! On a dit à la banque provinciale: Combien
vous doit-on au moment où on se parle? Elle a dit: $3500 000. Voici
votre chèque pour $3 500 000 et sortez du dossier. D'accord?
C'est évident qu'on avait le reste de ces fonds publics qui
étaient gagés sur des inventaires dans une cour avec dix pieds de
neige par-dessus. Alors, on s'est dit: Si on laisse l'entreprise fermer, la
neige va fondre au printemps un gouvernement, ça prévoit
donc, on s'est dit: On va perdre un autre $3 millions et il n'y aura pas
d'emplois créés. On s'est dit: Si on les paie, on est pour perdre
les $3 millions que l'ancien gouvernement nous avait laissés en
héritage, on va au moins créer des emplois pendant qu'on fait
pelleter les
gens, et on a ouvert l'usine. Mais j'ai dit à ce moment: Par un
autre cent.
M. Raynauld: Alors, vous avez reperdu un autre $3 millions.
M. Tremblay: Un journaliste disait que j'avais refusé de
répondre au chef de l'Union Nationale, qui me demandait si j'allais
mettre d'autre argent. Non, il n'y en aura pas d'autre. Mais, lorsqu'on laisse
croire que nous nous servons de la SDI pour faire de l'intervention politique,
c'est du pharisaïsme, s'il en est.
Comme on dit en anglais: "It takes one to know one", on lance aux autres
ce qu'on a de trop. C'est l'ancien gouvernement qui faisait ce genre
d'interventions discrétionnaires et irréfléchies. Nous, on
se sert de la SDI pour...
M. Raynauld: M. le Président, question de
règlement.
M. Tremblay: ... son rôle... Quand vous êtes mal
pris, vous invoquez le règlement.
M. Raynauld: Je suis excédé. On n'est pas capable
de discuter sérieusement, le ministre passe son temps à faire des
accusations et, si ça continue comme ça, la commission va se
terminer là.
M. Tremblay: Je regrette, ce n'est pas vous qui êtes le
gouvernement.
M. Raynauld: On n'est pas intéressé aux divagations
d'hier du ministre. Ce matin, ce sont des accusations, je n'ai...
M. Tremblay: II n'y a que vous qui divaguiez.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Tremblay: Je n'accepterai pas de me faire traiter de
divagateur par l'Opposition libérale.
M. Raynauld:... On n'a fait aucune accusation ce matin. J'ai
posé des questions sur les subventions de la SDI. Je n'ai pas fait de
procès d'intention au gouvernement et le ministre n'est pas capable de
dire trois phrases sans accuser l'ancien gouvernement, sans poser des jugements
de valeur sur ce que nous voulons et sur ce que nous ne voulons pas. Tout ce
qu'il veut, c'est essayer de faire de la politique en commission et je pense
que c'est inacceptable et vous, comme président de la commission, vous
devriez voir à ce que ce genre d'interventions cesse.
M. Tremblay: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): Sur la question de
règlement.
M. Tremblay: On a posé une question au ministre sous forme
accusatoire. On a dit...
M. Raynauld: Absolument pas.
M. Tremblay: ... Quand est-ce que vous allez cesser de vous
servir de la SDI? Quand est-ce que vous allez cesser de ternir la
réputation de la SDI en vous en servant à des fins
politiques?
M. Raynauld: ...
M. Tremblay: C'était le sens de la question. Or, c'est
justement le contraire de la réalité et je n'accepterai pas que
vous changiez les faits pour vos petites fins partisanes comme vous le faites
depuis deux ans et demi.
M. Scowen: La partisanerie s'est faite de votre
côté, c'est bien clair, M. le ministre, continuellement.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! Sur la question de règlement...
M. Tremblay: La divagation, c'est pour ceux qui se prennent pour
Dieu et pour d'autres et les purs. Regardez de votre côté, ceux
qui entendent des voix. On n'entend pas de voix, nous.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, à
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Scowen: M. le Président, il continue dans le même
sens. Je pense que vous devriez arrêter le ministre.
M. Tremblay: Ce n'est pas vous qui allez nous faire peur aux
yeux. Vous voulez parler fort, on va parler fort nous aussi.
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît! Je
pense que ça se répète dans toutes les commissions
où il y a étude des crédits. Il est ce qu'on appelle de
bon augure que l'Opposition puisse critiquer les crédits, puisse
critiquer les gestes d'un gouvernement. Je crois que c'est ce que vous avez
fait depuis le début de la commission hier et je crois que c'est le
rôle d'un ministre aussi de défendre ses politiques par ses
arguments. Il est très difficile pour un président de
prévoir ce que l'Opposition ou le côté gouvernemental
peuvent répondre aux questions de l'un ou de l'autre. C'est pourquoi les
commissions parlementaires sur l'étude des crédits sont
très larges au point de vue des opinions. Vous avez toujours le droit de
répondre. Dès que le ministre aura fini à moins
qu'il ne dise des choses qui attaquent des réputations, où je me
verrais dans l'obligation de l'arrêter son intervention, je vous
inviterai à parler sur des choses que vous croyez inexactes, de vous
servir surtout de l'article 96 et, quant à moi, je serai très
ouvert aux réponses qui pourront se donner.
M. Scowen: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Tremblay: M. le Président, je n'avais pas
terminé.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce. Sur la question de règlement.
M. Scowen: Je pense que le sens de l'intervention de mon
collègue, c'était qu'il a posé les questions sur
l'année passée, sur les activités de la SDI et le ministre
avait tendance à dire: Oui, peut-être que les choses sont
mauvaises, mais cela a été fait dans le temps de Bourassa ou dans
le temps de Duplessis. Je pense que mon collègue disait: Écoutez,
ce n'est pas acceptable d'essayer de justifier les torts, les fautes, les
erreurs que vous faites aujourd'hui en les comparant seulement aux autres
administrations. Cela ne rentre nulle part, il faut que vous défendiez
vos erreurs et...
Le Président (M. Laplante): Je dois vous arrêter
parce que ça fait partie un peu de la directive que je viens de donner.
Si le ministre, pour défendre son dossier, doit revenir en
arrière, je crois que c'est justifié. Comme ça peut
être justifié pour vous autres d'aller aussi dans les
années 1940 d'un autre gouvernement, dire que vous avez pris des choses
que vous avez été obligés de rétablir. C'est
ça l'étude des crédits en somme, pour essayer de mener
à bien les sommes confiées à un gouvernement.
M. Scowen: Vous trouvez que c'est correct de dire: Oui, les
choses qu'on fait sont mauvaises, mais c'était mauvais avant aussi. Je
pense...
Le Président (M. Laplante): Je n'ai pas à analyser
ça. Le Président est obligé ici de jouer de
neutralité, même s'il fait partie d'un gouvernement et je ne
voudrais pas être taxé de partisanerie, ni d'un bord ni de
l'autre. C'est pour ça que je suis très ouvert. M. le ministre.
(10 h 45)
M. Tremblay: M. le Président, je pense qu'on a un exemple,
je vais le documenter, de la tactique ou de la dialectique qu'utilise
l'Opposition libérale, je ne pense pas que l'Union Nationale se soit
laissé entraîner sur un terrain semblable. Elle consiste à
appliquer le vieux dicton de Voltaire: Mentez, mentez, il en restera toujours
quelque chose. Lançons le maximum d'accusations, lançons le
maximum de fausses accusations...
M. Raynauld: Question de règlement, M. le
Président.
M. Tremblay: II n'y a pas...
M. Raynauld: L'article 96. Il dit: Mentez, mentez, ça veut
dire qu'il nous accuse de mentir, M. le Président.
M. Tremblay: Non, je ne vous ai pas accusés de mentir,
j'ai dit que vous faisiez de fausses accusations.
M. Raynauld: Est-ce que c'est oui ou si c'est non? Est-ce qu'il
nous accuse de mentir ou non?
M. Tremblay: Je vous accuse de faire de fausses accusations.
J'appelle ça du terrorisme politique.
M. Raynauld: Du terrorisme politique, M. le Président,
est-ce que c'est conforme, ça?
Le Président (M. Laplante): C'est conforme.
M. Raynauld: Selon l'article 96, c'est conforme?
M. Tremblay: C'est conforme, ça colle à la
réalité.
Le Président (M. Laplante): Tout ce qui s'est dit depuis
hier matin ici, à l'étude de ces crédits, je l'ai
accepté comme conforme hier, lors de vos interventions, M. le
député d'Outremont. Aujourd'hui, je ne peux pas avoir deux poids,
deux mesures. Tout ce que j'espère, c'est que tout rentre dans l'ordre.
Essayez de vous ménager, l'un et l'autre à l'intérieur de
l'étude des crédits.
M. Scowen: Je pense que mentir, c'est conforme.
M. Tremblay: C'est une tactique, une dialectique; hier, on l'a
vu. La première approche, c'était de dire: Quand ça va
bien, ça dépend de l'inertie, et quand ça va mal,
ça dépend du gouvernement du Parti québécois. On
l'a vu lorsqu'on a parlé du climat. Si on dit que le climat
s'améliore, c'est de la folie. Si c'est le Conseil du patronat,
ça devrait être correct, parce que c'était le Conseil du
patronat que je citais. Donc, le fou, c'était Ghislain Dufour, mais, ne
le sachant pas, on a voulu traiter le gouvernement d'être des fous de
dire que les choses s'amélioraient. C'était la tactique. Ce
matin... Laissez-moi donc parler un peu!
Ce matin, on nous dit, d'une manière détournée:
Vous vous servez de la SDI pour des fins politiques, vous êtes en train
de détruire la SDI, cessez donc de faire cela. Je me suis
documenté et on peut se documenter davantage, c'est le Parti
libéral, au pouvoir avant nous, qui faisait justement ces
choses-là. On accuse le gouvernement de ce que faisait l'ancien
gouvernement. Maintenant, je vais vous parler de ce que la SDI a fait avec le
gouvernement, en fait d'interventions spéciales. Mais ce n'était
pas pour des fins partisanes, c'était pour des fins de promotion
industrielle du Québec. Un des programmes additionnels qui a
été confié à la SDI, par arrêté en
conseil, a été le programme de financement de la petite
entreprise manufacturière. Le gouvernement a mis $7 millions et a
demandé à la SDI d'administrer ce programme. Avec ces $7
millions, la SDI a pu consentir des prêts à 1% de moins que le
taux du marché pour prêter à des entreprises de moins de 20
employés et ce sont 243 petites entreprises manufacturières, qui,
ne pouvant emprunter dans le secteur financier traditionnel, ont pu avoir
des
sommes pour investir et employer des travailleurs et des travailleuses.
Cela, c'est une intervention qu'on a faite, ce n'est pas une intervention
partisane pour des raisons politiques immédiates.
Après ça, on est intervenu dans les secteurs mous. On
avait demandé au gouvernement fédéral d'imposer des
contingentements, comme le faisaient les États-Unis et le Marché
commun européen, pour préserver le marché canadien ou une
partie importante du marché canadien pour nos entreprises. Or, comme
cette mesure fédérale annoncée le 26 novembre 1976 dans le
domaine du vêtement prenait quelque temps à avoir des
résultats concrets au niveau de l'entreprise, nous avons jugé,
comme gouvernement ce n'est pas la SDI qui a pris la décision,
c'est le gouvernement que nous devions empêcher que des
entreprises fermes mettent à pied des travailleurs, sachant que, dans
quelques mois, la demande allait reprendre et allait être forte.
C'est ce qu'on appelle un gouvernement responsable, qui s'est servi de
l'article 2 de la loi et a demandé à la SDI de consacrer $15
millions pour des prêts spécifiques aux secteurs du textile, du
vêtement, de la bonneterie, de la chaussure et du meuble. Ce sont des
interventions qu'on a faites dans le cadre de l'article 2c. Mais des
interventions à Bellevue, des interventions du genre ad hoc comme
celles-là, c'était fait par l'ancien gouvernement. Le
député d'Outremont a trouvé la soupe trop chaude, il est
parti. Ce n'est pas un signe de courage. Lorsqu'on va accuser le gouvernement,
dorénavant, sur ce plan...
M. Scowen: M. le Président, excusez... M. Tremblay:
... je vais répondre...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Tremblay: ... un trou, une cheville.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Avant de partir, le député d'Outremont
m'a dit que c'était clair qu'il perdait son temps ici, que c'est
impossible d'avoir des réponses. Il ne trouvait pas la soupe trop
chaude, il a décidé d'aller à son bureau faire du travail
sérieux.
M. Tremblay: II n'aimait pas la réponse.
M. Scowen: Je suis ici pour écouter les
réponses.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, je remarque qu'il y a eu 425
projets acceptés par la SDI. Face aux problèmes
économiques que connaît la région de Montréal,
j'aimerais connaître le pourcentage des interventions, par la SDI, dans
la région de Mont- réal. Est-ce que c'est disponible ou non? Je
pense qu'il y a un rapport qui doit être déposé.
M. Tremblay: Dans la région de Montréal, c'est
à peu près 45%, ce qui reflète à peu près
l'importance de la région économique de Montréal dans
l'économie totale du Québec.
M. Dubois: Est-ce que la SDI a l'intention d'avoir un programme
spécifique pour la région de Montréal, étant
donné qu'il y a des problèmes de développement
économique, présentement, à Montréal? Vous
êtes supposé déposer bientôt un rapport
là-dessus, je pense, sur l'avenir économique de Montréal.
Il y a probablement des solutions que vous allez y apporter.
M. Tremblay: La SDI est déjà fortement
implantée dans la région de Montréal, étant
donné qu'elle a un bureau à Montréal et étant
donné son programme 2-A qui s'adresse aux entreprises qui oeuvrent dans
les secteurs de pointe et qui sont plus fortement concentrées dans la
région de Montréal que dans le reste du Québec.
D'autre part, lorsqu'on a élargi les programmes de la SDI pour
les secteurs traditionnels comme ceux du vêtement et de la bonneterie,
ceci a aussi favorisé la région de Montréal, parce que ce
sont des secteurs fortement implantés dans la ville de Montréal
même et dans la région de Montréal.
Je ne pense pas que nous ayons besoin d'un élargissement de
programme uniquement pour la région de Montréal, puisque la SDI
est déjà présente, par tous ses programmes, dans la
région de Montréal. Et même, depuis 1971, si on remonte au
début de la SDI, 60% des interventions de la SDI se sont produites dans
la région de Montréal. S'il y avait quelque chose, c'était
qu'elle était trop présente, en termes relatifs, dans la
région de Montréal, par rapport au reste du Québec.
Et la loi no 7, en élargissant les critères d'intervention
aux entreprises dynamiques, quels que soient leurs secteurs, comme les scieries
par exemple, et en élargissant l'intervention de la SDI au secteur de la
transformation des richesses naturelles, ce que ne prévoit pas la loi
actuelle, va faire en sorte que l'action de la SDI va se régionaliser
davantage, sans diminuer son impact à Montréal. Elle va continuer
d'appliquer tous ses programmes dans la région de Montréal.
Mais ce que la loi 7 va faire, c'est régionaliser, en se
rapprochant des ressources de base, des industries rattachées aux
ressources de base dans chacune des régions. Je pense que c'est l'image
actuelle et la prévision pour l'avenir qu'on peut dégager des
mots que je viens de tenir.
M. Dubois: Mais, dans le rapport que vous devez déposer,
je ne sais pas quand, sur l'avenir économique de la région de
Montréal, il va falloir que vous apportiez des solutions pour cette
région, parce que les problèmes sont là. Est-ce que vous
avez l'intention d'apporter des interventions spécifiques pour cette
région?
M. Tremblay: Le ministre d'État au développement
économique a déjà annoncé que nous allons tenir un
sommet de tous les agents économiques de la région de
Montréal. Je sais qu'il y a un colloque aujourd'hui. Lui-même va
faire une intervention et déposer un rapport sur la région de
Montréal. J'attendrai que ce rapport soit déposé
publiquement avant de le commenter publiquement, parce qu'il est possible qu'il
ne soit déposé que cet après-midi.
M. Dubois: En ce qui a trait au secteur du meuble, la taxe de 8%
s'applique cette année, le discours du budget en a fait état.
J'ai eu des échos selon lesquels ce secteur se sent
délaissé vis-à-vis des autres secteurs mous, puisque la
taxe ne s'applique pas aux autres produits des secteurs mous, comme le textile,
les chaussures et ces choses. N'aurait-il pas été
préférable que la taxe s'applique progressivement, au lieu de
l'appliquer directement cette année, après l'avoir
abandonnée un an?
M. Tremblay: Bien sûr. Et ce n'est pas à moi que
vous direz qu'il ne serait pas préférable que nous ayons une
abolition plus permanente. Le problème, c'est que le gouvernement du
Québec n'imprime pas l'argent.
M. Dubois: Je pense qu'on sait cela.
M. Tremblay: On avait, à Ottawa, un gouvernement qui avait
décidé non pas de rembourser le gouvernement du Québec,
mais qui avait décidé de donner un statut particulier au
Québec, parce que les autres provinces ont été
remboursées pour les abaissements de la taxe de vente. Tous les autres
gouvernements, à l'exception de l'Alberta qui n'avait pas de taxe de
vente, ont reçu du ministre des Finances du temps, M. Jean
Chrétien, un chèque, au nom du ministre des Finances ou du
trésorier provincial, d'un montant X. Dans notre cas, le chèque a
été envoyé sous forme de $85 à chacun des
contribuables du Québec, parce qu'il y avait des élections qui
étaient prévues en octobre 1978, si vous vous rappelez bien. Cela
allait bien au mois d'août d'envoyer ces chèques-là.
Le gouvernement du Québec s'est donc retrouvé avec un trou
dans son budget de $280 millions. Or, un tel montant quand on a un
déficit à financer, c'est de l'argent. On s'est dit: On ne peut
pas maintenir... d'autant plus j'ouvre une parenthèse
c'est que l'abaissement de la taxe de vente dans les autres provinces de 2% ou
de 3%, selon la formule qui était choisie par la province,
c'était pour une durée de six mois. Au mois d'octobre 1978,
toutes les taxes de vente dans les autres provinces sont revenues au niveau
où elles étaient. Nous avions dit que cela allait durer un an.
L'industrie du meuble au Québec a bénéficié
autrement au Québec que l'industrie du meuble dans les autres provinces.
Dans les autres provinces, l'industrie du meuble a
bénéficié d'un abaissement de six mois de la taxe de vente
de 2%. Au Québec, l'industrie du meuble, les 760 fabricants de meubles
ont bénéficié d'un abaissement complet de la taxe de vente
de 8%, non pas pendant six mois, pendant douze mois. Évidemment,
après douze mois, avec un trou de $280 millions dans le budget, on
aurait pu rétablir la taxe sur tous les secteurs. On a
décidé de faire un effort additionnel, sans subvention du
gouvernement fédéral et de le maintenir pour les chaussures, pour
les vêtements et pour le textile. Je n'ai pas le montant exact que cette
mesure coûte au budget du gouvernement du Québec, mais c'est
au-delà de $150 millions, d'après ce que je sais.
Je pense que c'est là l'image. Évidemment, on ne peut pas
reprocher au gouvernement du Québec de ne pas avoir fait assez, je pense
qu'on a fait bien plus que n'importe qui.
M. Dubois: Ce n'est pas un reproche que je fais.
M. Tremblay: On peut toujours souhaiter qu'il n'y ait pas
d'impôt du tout, mais il ne faudrait pas que l'industrie du meuble se
sente délaissée. Au contraire, elle a reçu un moyen coup
de pouce de la part du gouvernement du Québec et des contribuables du
Québec, parce que les autres industries n'avaient pas ce genre d'appui.
En plus, on a ajouté un programme spécial pour l'industrie du
meuble qui s'appelle Innovation meubles. On a mis sur pied un programme de $2
millions pour financer des améliorations dans le "design" pour les
entreprises du meuble et il va très bien. On a mis sur pied un
consortium des fabricants de meubles pour le transport des meubles, pour avoir
de meilleurs tarifs pour vendre leurs meubles dans l'Ouest canadien et aux
États-Unis.
Le ministère de l'Industrie et du Commerce travaille donc
très étroitement avec l'industrie du meuble et c'est une des
industries qui fonctionne très bien présentement. Mais, comme je
vous dis, je pense que, si nous avions reçu d'Ottawa ces $280 millions,
nous aurions pu faire encore beaucoup plus pour ces industries, y compris
l'industrie du meuble.
M. Dubois: Je crois que vous avez mentionné que le
coût financier de support envers ces industries était d'environ
$100 millions, au niveau de la taxe seulement, les 8%, mais...
M. Tremblay: C'est une taxe qui est payée par le
consommateur, il faut faire attention. C'est la taxe de vente à la
consommation.
M. Dubois: D'accord, mais cela coûte quand même au
Trésor public tel montant. C'est un montant qui ne rentre pas...
M. Tremblay: Pour le textile, le vêtement, oui,
d'accord.
M. Dubois: À ce moment-là, l'apport
économique, la relance économique qu'on influence en enlevant les
taxes, est-ce que cela ne s'égalise pas avec les coûts?
M. Tremblay: Je crois que les contingentements sur le textile...
parce qu'on n'a pas le même problème commercial pour le meuble, le
textile et le vêtement. Vous savez que le vêtement, le textile et
la chaussure sont des industries qui sont menacées par l'importation
surtout des pays asiatiques, mais en partie aussi des pays comme la Pologne ou
l'Italie. Elles ont besoin d'une protection du genre de contingentement pour
pouvoir garder une part du marché substantielle à
l'intérieur du marché canadien.
Dans le cas du meuble, c'est surtout au niveau du "design". La
compétitivité se fait au niveau des modèles de meubles,
etc., parce que nous offrons des prix compétitifs dans la fabrication
des meubles. Le problème n'est pas le même. C'est pour cette
raison que nous avons jugé que les industries du vêtement et de la
chaussure qui sont réparties dans plusieurs petites villes, comme
l'industrie du meuble d'ailleurs, avaient besoin encore pendant quelque temps
d'un soutien spécial. Je dirais aussi que, comme c'est une taxe à
la consommation et que les vêtements et les chaussures sont des produits,
des biens essentiels en quelque sorte, socialement essentiels on pourra
toujours dire que les meubles le sont aussi, mais dans les meubles, il y a des
meubles de très haut coût qui peuvent être des meubles de
luxe on a jugé que, pour des familles, il était
socialement préférable que, s'il y avait possibilité de
concilier les impératifs économiques et les impératifs
sociaux, l'abolition de la taxe de vente sur les vêtements et sur les
chaussures soit maintenue. Il s'agit d'un jugement politique, mais je pense
qu'en l'occurrence, c'était le meilleur. (11 heures)
M. Dubois: Pour ce qui a trait aux petites entreprises, j'ai
toujours entendu des remarques et d'ailleurs je les entends encore, dans le
sens qu'elles ont beaucoup de difficultés à se prévaloir
des services du MEER et de la SDI. Le "red tape " qui entoure ces deux
effectifs est à un point excessif. Je ne parle pas de la moyenne
entreprise qui a peut-être le personnel voulu dans ses bureaux, mais la
petite entreprise a beaucoup de difficultés à se prévaloir
des services. Elle nous dit aussi que c'est très dispendieux de s'en
prévaloir, parce qu'elle doit engager du personnel de
l'extérieur, comptables agréés, firme d'ingénieurs
et tout ce que vous voulez, afin de pouvoir présenter un bilan pro forma
pour trois ans, en tout cas.
M. Tremblay: M. le Président, je pense que le
député de Huntingdon touche un problème fondamental et je
partage pleinement ses craintes et ses préoccupations à ce sujet.
C'est pour cela que j'ai demandé à la SDI d'ouvrir des bureaux
régionaux, si possible en conjonction avec les bureaux régionaux
du ministère de l'Industrie et du Commerce, que ce soit dans le
même édifice, pour que nos hommes d'affaires dans les
régions n'aient pas à cogner à plusieurs portes avant de
trouver le bon interlocuteur. J'ai demandé aussi que l'on simplifie les
formules, que la preuve, ou du moins, que la présomption soit que
l'homme d'affaires qui fait une demande ne connaît pas toutes les
ramifica- tions des normes, des conditions et des critères, mais que ce
soient les analystes financiers qui disent à l'homme d'affaires: Voici,
vous avez demandé un prêt, mais vous seriez peut-être
admissible à telle subvention sur telle affaire, on vous a
transféré automatiquement, plutôt que de lui dire trois
mois après: Mon cher monsieur, vous avez pris le mauvais corridor.
Remplissez donc une autre formule, essayez ce corridor et on va vous dire dans
trois semaines ou un mois si vous êtes dans le bon corridor, parce que,
finalement, le petit entrepreneur qui s'occupe de marketing, de la production,
des relations ouvrières, de la promotion publique de son entreprise
sociale est débordé. Il doit faire appel à des comptables.
Cela devient très coûteux.
Je dirais aussi qu'au niveau des programmes, il faut penser petit. Je
n'ai pas d'objection à penser GM, et je pense GM, mais, en même
temps, comme ministre de l'Industrie et du Commerce, je pense à une
entreprise comme La moppe magique de M. Léveillée, avec ses trois
employés. Je pense à GM et je pense à Pratt & Whitney;
je mange avec les présidents de GM et de Pratt & Whitney, mais je
mange aussi avec M. Léveillée, qui a trois employés et qui
a une entreprise qui fabrique des balais, qui s'appelle La moppe magique. Il a
eu un prêt de $5000 de la SDI, en fonction du programme de financement de
la petite entreprise manufacturière, à un taux
d'intérêt qui était de 1% inférieur au taux du
marché. Comme ministre de l'Industrie et du Commerce, je prends du
temps, parfois, pour étudier des dossiers semblables, pour me
sensibiliser aux problèmes des petites entreprises. Je pense que les
fonctionnaires et les dirigeants de la SDI ont la même approche. Ce n'est
pas pour rien que M. Labonté a perdu tous ses cheveux, il passe ses
nuits à regarder une multitude de petits dossiers.
M. Dubois: La semaine dernière...
M. Tremblay: 243 dossiers pour la petite entreprise. Cela prend
autant de temps souvent à étudier un dossier pour une entreprise
qui a trois employés qu'une autre qui en a 5000. Je félicite la
SDI, elle l'a fait, l'an passé, avec 114 personnes, à peu
près 90 analystes. Le gouvernement a ajouté 50 analystes. On lui
a donné des programmes de $15 millions pour les secteurs mous, $7
millions pour les petites entreprises, en plus de faire appel parfois à
la SDI pour d'autres interventions. C'est une marque que la SDI est un
organisme efficace.
On parlait de "red tape" hier, elle en a très peu de "red tape".
C'est plutôt au niveau de l'orientation. Je ne parlerai pas d'un
ministère fédéral de la petite entreprise. Quand les
petites entreprises ont-elles le temps d'aller à Ottawa pour se
prévaloir des sommes qui sont dans le programme de la petite entreprise
à Ottawa? Cela n'a aucun sens qu'il y ait un ministère de la
petite entreprise à Ottawa. C'est trop loin de Rimouski, c'est trop loin
de Mont-Joli, c'est trop loin de La moppe magique, le ministère
fédéral de la petite entreprise. On aurait dû
transférer des sommes aux gouvernements provinciaux. J'espère que
le
gouvernement Clark va le faire, il l'a dit. On touche au problème
fondamental du financement de la petite entreprise, et je réponds au
député de Huntingdon. Si vous ne voulez pas participer au
débat, faites donc comme le député d'Outremont, retournez
sur votre colline!
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Dubois: La semaine dernière, je rencontrais un petit
manufacturier de cercueils. Il voulait se prévaloir des services de la
SDI pour doubler sa production. Il m'a dit: J'ai commencé certains
contacts. C'est assez difficile. Je suis découragé, je
lâche tout et je continue avec ma petite entreprise.
Je pense que la SDI, aussi bien que le MEER je n'accuse ni
l'un, ni l'autre en particulier oublient que les moyennes et les autres
entreprises ont commencé par être une petite entreprise.
M. Tremblay: Bien sûr.
M. Dubois: Et ça, je pense qu'on a tendance à
l'oublier trop souvent. En tout cas, je déplore ce fait.
M. Tremblay: Je suis heureux que l'Union Nationale partage les
vues du gouvernement et du Parti québécois sur cela. Nos
entreprises...
M. Dubois: Je pense que ça ne date pas d'hier, ce
problème.
M. Tremblay: Oui, mais il faut faire attention de ne pas trop les
vendre à l'extérieur, par contre. Mais si on développe nos
entreprises, et il y a un amendement à la loi 7 de la SDI, qui veut
justement que nos entreprises deviennent, en partant de petites entreprises,
des moyennes et des grandes, mais si elles se font décapiter
lorsqu'elles atteignent le niveau de moyennes, parce qu'elles se font acheter
par une multinationale, il faut toujours repartir à zéro. On va
être toujours à relancer des entreprises et ça devient...
Quand ça dépasse $1 million, $1 500 000 d'actif, le gars dit:
Moi, je m'en vais en Floride. On vend, et on recommence, nous, comme
société. Ce n'est pas comme ça qu'on construit une
société forte au plan industriel. Il faut avoir des entreprises
qui soient bien ancrées dans le tissu économique du Québec
et qui créent des effets d'entraînement, de retombées
économiques partout autour d'elles. Je suis parfaitement d'accord que la
petite, petite entreprise, c'est important. C'est le petit arbre que l'on
plante dans le sol et la SDI doit arroser ces petits arbres, sans perdre trop
d'argent...
M. Dubois:... fertiliser...
Le Président (M. Laplante): D'autres questions, M. le
député de Huntingdon?
M. Dubois: Je pense que, sur la SDI, nous allons revenir au
niveau du projet de loi no 7. Quand cela se fera-t-il? La semaine prochaine,
j'imagine?
M. Tremblay: Oui.
M. Dubois: À ce moment-là, j'aurai d'autres
questions, au niveau du...
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: M. le Président, parce que nous avons le grand
privilège d'avoir la présence du président de la SDI, je
me demande si le ministre me permettrait de lui poser quelques questions sur
l'exercice financier.
M. Tremblay: Volontiers.
M. Scowen: Sur les programmes E et F, si je comprends bien, ce
sont des programmes qui ne font pas partie de la charte de base de la SGF et
qui sont surtout des programmes OSE. Est-ce que c'est exact?
M. Tremblay: Absolument.
M. Scowen: La provision pour les pertes pour l'exercice financier
1978 est augmentée d'à peu près 60%, de $2 800 000
à $4 300 000. Est-ce que vous avez une espèce de "breakdown" de
cette provision pour les pertes par programme. Est-ce que vous pouvez me dire
si la provision pour les pertes est augmentée sensiblement à
cause du début de ces deux programmes E et F ou est-ce que c'est
lié... C'est une augmentation assez importante sur une période
d'une année.
M. Tremblay: Oui, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, en fait, l'augmentation des provisions pour
créances douteuses à la SDI suit, en fait, un rythme qui suit,
jusqu'à un certain point, l'augmentation du portefeuille comme tel, mais
je devrais vous dire que les provisions de créances douteuses, dans le
cas des deux programmes que vous citez, c'est-à-dire les programmes E et
F, représentent à peu près 10% de la totalité des
provisions pour créances douteuses de la SDI. C'est-à-dire que
les provisions totales cette année sont de $11 millions et il y a
à peu près $1 100 000 de prévus aux deux programmes E et
F.
À ce stade-ci de l'historique de ces programmes, il est
évident, en fait, que le programme est encore dans une période de
démarrage, à toutes fins utiles, et les prêts sont d'une
durée de cinq à dix ans. À ce moment-là, les
provisions sont prises sur des cas réellement douteux et tous les
dossiers de prêts de la SDI sont analysés un par un au moment de
la vérification et sont classés, en fait, selon leur
degré, devrais-je dire, de sensibilité ou de maladie
jusqu'à un certain point, comme toute entreprise financière le
fait pour ses états financiers.
M. Scowen: Est-ce que, en général, les programmes E
et F comportent des risques beaucoup plus grands pour la société
que les autres?
M. Tremblay: C'est dans la philosophie même de ces
programmes qu'il y a risque plus grand au
niveau surtout des garanties collatérales qui sont offertes par
les entreprises. C'était la volonté du gouvernement à ce
moment-là.
M. Scowen: Est-ce que vous avez, à l'intérieur de
votre système de comptabilité, un exercice financier pour chacun
des programmes?
M. Tremblay: Pour chacun des programmes.
M. Scowen: Est-ce que c'est quelque chose que vous pouvez
partager avec nous?
M. Tremblay: Certainement.
M. Scowen: L'allocation pour les pertes est attribuée
à chaque programme...
M. Tremblay: On peut vous...
M. Scowen:... et vous pouvez nous le donner, n'est-ce pas?
M. Tremblay: Oui. Je ne l'ai pas ici dans le moment, mais je
pourrais vous le remettre.
M. Scowen: Mais vous pouvez nous le donner.
M. Tremblay: Oui, certainement. J'ajouterais qu'en ce qui
concerne le programme de financement de la petite entreprise
manufacturière, étant donné que ce sont des prêts
non garantis à des entreprises qui n'ont aucun crédit
établi auprès des institutions financières. Il va de soi
que c'est une activité risquée, que c'est une forme de capital de
risque, même s'il s'agit d'un prêt; c'est un prêt non
garanti, on s'attendrait donc qu'il y ait des défauts de paiement plus
élevés. Mais c'est beaucoup moindre que ce à quoi je me
serais attendu moi-même. Du côté du secteur mou, c'est un
peu la même chose. Lorsqu'on prête à une entreprise qui est
en difficulté financière dans le textile, par exemple, ou dans le
vêtement, la raison pour laquelle on prête, c'est pour
empêcher qu'elle ferme; sans cela, elle ne pourra participer à
l'essor du marché avec l'imposition des contingentements. Là
aussi, il s'agit d'une forme de capital de risque. C'est un prêt de fonds
de roulement, à ce niveau, et ce n'est pas du tout le même type de
prêt que celui qui est fait en fonction du critère 2-B, par
exemple, pour la fusion d'entreprises, ou certainement pas en fonction du
critère 2A.
Donc, il est normal que nous nous attendions que les provisions pour
pertes pour ces deux programmes soient plus élevées que pour les
autres.
M. Scowen: Est-ce que vous pouvez nous donner. M. le
Président, très brièvement, une idée des
critères qui sont utilisés pour les fins de prêts pour les
programmes E et F. En effet, vous avez dit que vous prenez des risques
ça va de soi plus grands, mais j'imagine aussi que vous dites non
de temps en temps aux compagnies qui deman- dent de l'aide suivant les
programmes E et F. Quels sont les critères et quelle est la
différence avec les critères que vous utilisez pour les quatre
premiers programmes?
M. Tremblay: II y a un différence entre les prêts
selon les programmes réguliers de la SDI et selon les programmes OSE,
qui sont justement en fonction du mandat qui nous a été
confié. On a demandé à la SDI de supporter
financièrement le fonds de roulement de petites entreprises de moins de
vingt employés qui avaient des difficultés financières et
qui n'avaient pas comme on l'a dit établi leur
crédit auprès des institutions financières
traditionnelles. On a demandé également à la SDI, dans le
cadre des programmes du textile, du vêtement, de la bonneterie et du
meuble, de supporter le fonds de roulement des entreprises qui étaient
en difficulté financière temporaire à cause de
l'inondation des importations sur ces marchés pendant les années
1976 et 1977. À ce moment, les critères sont quand même des
critères de bonne qualité de direction, autant que c'est possible
de les définir et de les retrouver dans les individus avec lesquels on
transige. L'historique, dans le cas des programmes pour secteurs mous, est plus
long que dans le cas des démarrages des petites entreprises. Les
critères sont également les modalités habituelles de la
capacité de remboursement de l'entreprise. Il faut quand même
qu'on voie la possibilité que l'entreprise puisse rembourser son
prêt.
Où nous sommes plus généreux ou plus
tolérants, c'est au niveau de la garantie offerte. Nous prenons
évidemment toutes les cautions et toutes les garanties qui sont offertes
par les entreprises, mais, dans certains cas, nous sommes en deuxième
hypothèque et, dans d'autres cas, en troisième hypothèque
avec des garanties personnelles.
Pour confirmer ce que vous avez dit, la SDI a refusé quand
même près de la moitié des demandes selon ces deux
programmes, à cause de la faiblesse des entreprises, de la faiblesse des
projets, de la faiblesse des marchés ou de la faiblesse du produit
lui-même. Il y a quand même un filtre qui se fait continuellement
et, si nous avons accepté, au total, 254 entreprises pour à peu
près $24 millions dans ces deux programmes, nous en avons certainement
refusé autant.
M. Scowen: M. le Président, votre exercice financier de la
fin de mars 1979 est terminé. Est-ce que vous pouvez nous donner en gros
une idée du total de l'aide donnée selon les programmes E et F
pour la dernière année? C'était $6 600 000 pour
l'année qui se terminait en 1978. Pour cette année, est-ce que
c'est plus grand?
M. Tremblay: C'est plus grand pour l'année 1978/79 qui
s'est terminée au 31 mars 1979. La totalité des deux programmes,
c'est $17 110 000.
M, Scowen: C'est à peu près trois fois plus. Pour
les quatre premiers programmes?
M. Tremblay: Pour les quatre premiers programmes, le montant
global des interventions, c'est $77 200 000.
M. Scowen: En effet, c'est une baisse pour les...
M. Tremblay: C'est une baisse minime de quelques millions de
dollars, oui.
M. Scowen: Intéressant. Quelle est votre provision pour
les pertes à la fin de l'année financière 1978/79?
M. Tremblay: Elle est augmentée d'environ $4 millions,
c'est-à-dire de $8 millions qu'elle était l'an passé
à environ $11 700 000. Je peux vous donner les chiffres exacts.
M. Scowen: C'était $4 millions sur le bilan...
M. Tremblay: C'était $4 millions l'an passé. Si
vous voulez la provision de l'année...
M. Scowen: Oui, la provision de l'année.
M. Tremblay: Cette année, la provision est encore de $4
millions, ce qui augmente...
M. Scowen: Ah bon, vous avez ajouté...
M. Tremblay: ... la provision globale à peu près
à $12 millions (11 h 15)
M. Scowen: Bon, vous avez ajouté encore $4 millions cette
année.
M. Tremblay: Encore $4 millions et c'est normal, le portefeuille
augmente, c'est évident.
M. Scowen: Est-ce que vous pouvez... L'aide aux
sociétés faibles est augmentée de 300% et l'aide aux
compagnies dites fortes, le A, B, C, D, a diminué durant les douze
derniers mois. Y a-t-il une explication à cela? Il y a moins
d'activités économiques? D'après vous, M. Labonté,
y a-t-il des raisons pour expliquer cette baisse dans le domaine des secteurs
classiques traditionnels?
M. Tremblay: La baisse est minime. L'emphase a changé
d'endroit. L'an passé nous avons aidé 348 projets, cette
année, 498; alors il y a 150 projets de plus. Ce qui veut dire que la
moyenne évidemment par projet a baissé un petit peu. La moyenne
actuelle au niveau de la subvention, par exemple, sous le programme 2-A est de
$217 000 par intervention. La moyenne du prêt est de l'ordre de $400 000
par intervention pour ces programmes. Alors, dans les secteurs... C'est un
indice que je trouve positif dans le sens que les petites entreprises ont fait
beaucoup plus de projets pour l'année 1978/1979 dans des secteurs
classés ou admissibles à la SDI, c'est-à-dire les secteurs
qu'on considère des secteurs de technologie moderne à bonne
produc- tivité et qui paient de bons salaires dans des marchés
dynamiques. À partir de ce moment-là, il y a une plus grande
gamme d'entreprises qui a fait des investissements. L'investissement moyen est
un peu plus bas et le chiffre, en fait la différence entre les deux
années, représente une baisse d'environ 4%. J'élimine
évidemment les $110 millions de l'an passé.
M. Scowen: Oui.
M. Tremblay: J'ajouterais à cela qu'au cours des quatre
dernières années, il y a eu une augmentation graduelle du nombre
d'interventions de la SDI pour tous les programmes, y compris les programmes
2-A ou les programmes réservés aux entreprises de pointe. Par
exemple, pour l'année 1978-1979, c'est 304 interventions pour les
programmes A, B, C, D et 34 pour le programme F, un total partiel de 194, ce
qui fait un grand total de 498 interventions, alors que l'an passé, nous
avions un grand total de 348 interventions. Pour les programmes A, B, C, D,
l'an passé, c'était 285, donc, une augmentation substantielle du
nombre d'interventions et, l'année précédente, en
1977-1978, c'était 224 interventions au total. Donc, on voit 224, 348,
498, ce qui, pour répondre à la question du député
de Huntingdon de tout à l'heure, est une indication certaine que la SDI
se dirige de plus en plus vers des interventions auprès de la petite et
de la moyenne entreprise. C'est la conclusion que j'en tire.
M. Scowen: Mon avant-dernière question, c'est une question
d'opinion, je comprendrai très bien s'il décide qu'il ne peut y
répondre, mais c'est une question posée d'une façon
très sérieuse. J'aimerais avoir votre opinion sur ces programmes
E et F. On a aidé 60 compagnies au cours de l'année 1977-1978 et
probablement trois fois ce nombre l'année passée.
M. Tremblay: 243 au total.
M. Scowen: 243. Est-ce qu'on fait quelque chose pour
l'économie du Québec quand on aide ces entreprises?
M. Tremblay: Beaucoup de petites interventions très
valables à mon sens. La surprise agréable pour quelqu'un qui est
dans l'institution financière, c'est de voir que sur le nombre
d'entreprises aidées, le taux de défaillance est beaucoup moins
élevé que celui que nous avions estimé au moment du
démarrage de l'exploitation. À partir de ce moment-là,
j'ai l'impression que si 243 petites entreprises sont aidées dans une
période d'à peu près 18 mois et que 200 d'entre elles
survivent et deviennent, éventuellement, des moyennes entreprises,
l'intervention de la SDI aura été à la fois valable et
souhaitable.
Je pense qu'avec ces programmes, nous pouvons dire que nous sommes un
peu en train de détruire le mythe que nous n'avons pas d'entrepreneurs
au Québec. Il y a énormément d'entre-
preneurs, d'inventeurs, d'innovateurs au Québec, mais ils n'ont
pas d'argent pour investir. Je les vois, ils viennent à mon bureau, ils
visitent les bureaux régionaux du ministère de l'Industrie et du
Commerce, il y a énormément de volonté,
d'"entrepreneurship" au Québec. Cela a été une
révélation lors de l'application de ces programmes E et F, nous
ne nous attendions pas qu'il y ait une demande aussi grande, nous ne nous
attendions pas que ce soit d'aussi bons risques, comme l'a dit le
président de la SDI tout à l'heure.
En faisant confiance à nos petits entrepreneurs
québécois, on se rend compte que...
M. Scowen: ... mes questions...
M. Tremblay: Vous avez posé une question d'opinion. Une
question d'opinion, on peut y répondre.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, il répond exactement dans le sens que vous
avez posé votre question. Je ne sais pas si vous vous rappelez de votre
question.
M. Tremblay: II y a toujours un maudit "bout-te", on disait
qu'ils sont au pouvoir et qu'ils veulent la dictature.
M. Scowen: Oui, au président.
Le Président (M. Laplante): N'oubliez pas...
M. Tremblay: Toutes les questions s'adressent au ministre.
Le Président (M. Laplante): ... que lorsque le
président d'un organisme ou un témoin d'un ministère
répond au nom du ministre, il parle comme si c'était le ministre.
Le ministre peut continuer la réponse.
M. Scowen: Parfait, excusez-moi, M. le ministre.
M. Tremblay: Faites vos classes, grands Dieux, faites vos
classes! Vous posez une question d'opinion sur un programme que nous avons mis
sur pied, que j'ai moi-même mis sur pied, donc, attendez que je vous
réponde un peu. Je dis que la grande révélation pour le
gouvernement a été de voir que, d'une part, il y avait tellement
de petits entrepreneurs qui étaient prêts à
démarrer, mais qui manquaient de ressources financières pour le
faire, qui manquaient de capitaux de risque. D'autre part, les risques se sont
révélés moins grands qu'on n'aurait cru. Donc, il y avait
un besoin. Quand vous dites: À quoi ça sert pour le
développement de l'économie, je vous dis que c'est comme
ça qu'on libère des forces productrices dans une économie.
On enlève des goulots d'étranglement. Quand l'eau coule, parfois
ça bloque et, si on enlève ce qui bloque, l'eau continue de
couler. Laissons couler les forces vives de l'"entrepreneurship" au
Québec et je pense qu'on va avoir une économie prospère et
un taux de chômage plus bas. C'est une approche qui est une indication de
ce qu'il faut faire.
Cette expérience nous a aidé à
réécrire la loi de la SDI pour l'élargir aux entreprises
dynamiques, quel que soit le secteur. Je m'en réjouis et je pense qu'on
doit tous s'en réjouir.
M. Scowen: Ma dernière question au président de la
SDI touche un aspect du projet de loi 7. Je sais que c'est un peu en dehors de
cet exercice, mais c'est une question qu'on a soulevée qui peut aider
tout le monde, ça touche l'article du projet de loi qui concerne
l'appartenance québécoise des compagnies qu'on aide. Je ne sais
pas, d'ici les prochaines semaines, nous serons obligés, je pense, de
trouver une meilleure façon de régler ce problème. Mon
impression, que j'ai expliquée dans mon discours, c'est que,
premièrement, cette clause a tendance à favoriser les
étrangers, de faire le contraire de ce qui est visé par l'article
et, deuxièmement, d'après moi et mon expérience dans
l'industrie, ça va créer des problèmes sur le plan
juridique, les bilans, toutes sortes de problèmes techniques qui peuvent
même empêcher les compagnies québécoises de prendre
avantage de ces aspects du projet de loi.
J'aimerais seulement savoir du président s'il avait les
mêmes préoccupations que moi, ou si elles sont mal fondées.
Et si elles sont bien fondées, par hasard, y a-t-il d'autres solutions
ou d'autres idées qui peuvent régler le problème, d'une
façon plus simple et plus efficace?
M. Tremblay: M. le Président, je n'ai pas objection
à ce qu'on entre dans cet article du projet de loi qui n'est pas encore
adopté en deuxième lecture à l'Assemblée nationale.
Je pense que l'interprétation que fait le député de
Notre-Dame-de-Grâce de cet article est fautive et je n'ai pas encore
prononcé mon discours de réplique à son discours en
deuxième lecture.
Si nous entrions dans un débat technique sur un article d'un
projet de loi qui n'est pas encore adopté en deuxième lecture, et
sur lequel nous aurons l'occasion, d'ici quelques jours, de revenir, devant
cette commission, je pense que nous retardons l'adoption des crédits,
d'une part, et nous retardons la discussion sur des éléments des
crédits du minitère qui ne reviendront pas, eux, devant la
commission.
Je reviens à ce que j'ai dit tout à l'heure, je
demanderais la collaboration du député de
Notre-Dame-de-Grâce pour ne pas ouvrir un débat qui peut nous
entraîner pendant une heure ou une heure et demie, alors que nous allons
revenir sur cette question dans quelques jours.
M. Scowen: Je n'ai pas demandé de débat. Mais le
président est ici, c'est un homme qui connaît la situation sur le
plan réel...
M. Tremblay: II va être là en troisième
lecture. Nous aurons une commission élue qui va porter uniquement sur la
loi no 7, sur tous les articles de la loi no 7.
M. Scowen: Si je comprends bien, à ce moment-là, il
me sera permis de donner mon opinion sur ces choses-là?
M. Tremblay: Bien sûr.
Le Président (M. Laplante): Cela vous satisfait, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce? M. le député
de Huntingdon.
M. Dubois: Je voudrais revenir au programme OSE. Est-ce qu'il n'y
a que l'élément "prêts" qui est administré par la
SDI ou si les subventions sont également administrées par la
SDI?
M. Tremblay: Aucune subvention.
M. Dubois: II n'y a que l'élément "prêts",
qui est administré par vous.
M. Tremblay: On peut passer au programme no 2,
peut-être.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur le programme no 5?
Une voix: C'est tout pour le moment.
Le Président (M. Laplante): Programme no 5,
Société de développement industriel du Québec,
adopté.
Recherche économique
J'appelle maintenant le programme no 2. Recherche économique. Ce
programme vise à parfaire la connaissance de l'économie
industrielle du Québec dans ses aspects sectoriels, régionaux et
conjoncturels afin de mieux dégager les possibilités d'action du
gouvernement dans ce domaine. M. le ministre.
M. Tremblay: M. le Président, le programme no 2, je le
décrirai de la façon suivante. Ce programme est administré
par la Direction générale de la recherche et de la planification
du ministère qui, fondamentalement, est une unité de recherche.
Son programme de travail est orienté en fonction des priorités du
ministère et des besoins des autres directions
générales.
Il va sans dire que la DGRP, comme on l'appelle, entretient des contacts
réguliers et soutenus avec les organismes centraux de coordination des
politiques économiques, comme le secrétariat du Conseil
exécutif, le ministère des Finances, le ministère des
Affaires intergouvernementales.
Cette direction générale a un budget de $1 591 600, pour
des effectifs permanents de 62 personnes. Sa structure organisationnelle est la
suivante: l'analyse et la prévision économique, la direction des
études industrielles, la direction des études régionales,
la direction des politiques industrielles et la direction des relations
économiques internationales.
Les principaux travaux réalisés par la DGRP au cours de
l'année 1977/78 et son programme de travail, pour la présente
année, sont mentionnés en détail dans le présent
document.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je m'intéresse surtout aux études qui
ont été faites dans le cadre des études pour le GATT. Ces
recherches, est-ce qu'elles sont rendues publiques?
M. Tremblay: Non. Nous avons communiqué au gouvernement
fédéral nos recommandations sur à peu près 3000
produits, après avoir contacté les entreprises, etc., mais il est
évident que ces recommandations sont des recommandations de
négociation, et que nous ne sommes pas intéressés à
étaler sur la place publique notre position par rapport aux autres
provinces, par exemple, ou par rapport à d'autres pays, concernant une
industrie en particulier. D'ailleurs, le gouvernement fédéral,
son équipe de négociation garde un huis clos très
serré sur ces négociations, parce que, dans une
négociation internationale, il est évident que si vous
dévoilez vos souhaits, vos voeux et vos cartes, vos concurrents peuvent
contrecarrer vos désirs et vous demander des concessions qui sont
beaucoup trop grandes. De sorte que, par définition, je dirais
même, ce genre de négociations doit se faire à huis clos.
(11 h 30)
M. Scowen: Mais, à toutes fins utiles, pour le moment, les
négociations du GATT sont-elles terminées?
M. Tremblay: Non, il y a eu un protocole de signé entre
les pays industrialisés. Cela n'inclut pas les pays du tiers monde. Il y
a la réunion de la CNUCED présentement en Asie qui touche le
même problème, mais c'est au cours des mois qui vont venir que les
détails, les accords détaillés vont se compléter
entre les pays membres et que les Parlements ou les gouvernements vont
entériner ce que les équipes de négociation ont convenu.
Il reste encore beaucoup de déblayage à faire.
Il y a des codes à compléter.
J'ajouterais que, pour ce qui concerne le gouvernement du Québec,
il ne s'agissait que de recommandations, puisque, en dernière analyse,
c'est le gouvernement fédéral qui décide dans ce
domaine.
M. Scowen: II y a des recommandations, n'est-ce pas? Quand j'ai
demandé que vous dévoiliez les études, je n'ai pas
parlé des recommandations. Qu'est-ce que vous avez publié
l'année passée? Est-ce que vous avez une liste des recherches et
des études qui ont été publiées par ce groupe,
l'année passée? Qu'est-ce qui a été rendu
public?
M. Tremblay: II y a, en fait, trois sortes d'activités que
nous faisons à la recherche. Nous faisons ce que j'appelle des travaux
à long terme,
qui sont des recherches de base que nous publions lorsque les travaux se
terminent.
M. Scowen: Oui, et l'année passée?
M. Tremblay: Nous faisons également des travaux
périodiques. Là, évidemment, vous parlez de l'année
qui se termine au 31 mars. Je pourrais mentionner d'abord nos activités
périodiques, les documents, par exemple, qui servent à la
conférence de presse annuelle du ministre qui a lieu en décembre.
Nous avons également publié la situation économique 1977,
la version 1978 devant être publiée dans quelques semaines, en
juin.
M. Scowen: Excusez-moi, vous avez dit qu'il a trois sortes
d'activités; premièrement, les études...
M. Tremblay: Oui, il y a donc des études de base sur des
secteurs, par exemple, qui peuvent durer un certain temps et...
M. Scowen: Elles sont rendues publiques au moment...
M. Tremblay: Elles sont rendues publiques lorsqu'elles sont
terminées.
M. Scowen: Combien en avez-vous rendu publiques l'année
passée?
M. Tremblay: Si vous me permettez, je vais... Vous voulez savoir
combien ou...
M. Scowen: II y en avait beaucoup, je ne les ai pas vues.
M. Tremblay: De listes comme telles, malheureusement, je ne peux
pas vous en remettre, mais, par exemple, nous avons publié une
étude sur les articles de sports et de loisirs.
M. Scowen: Est-ce que, normalement, ces études sont
déposées à l'Assemblée nationale?
M. Tremblay: Pas nécessairement, il y a une liste d'envois
à la direction des Communications, mais je pense que les
députés normalement sont sur cette liste d'envois.
M. Scowen: Au total, sur ce premier aspect, il y en a
combien?
M. Tremblay: Sur la liste d'envois, on retrouve le nom des
députés. Les députés reçoivent d'office les
études, mais je ne les dépose pas officiellement à
l'Assemblée nationale; autrement, je devrais en déposer
quelques-unes chaque jour.
M. Scowen: Ce que je cherche un peu à avoir, c'est un
"record" de la production de votre ministère l'an passé. Je pense
que cela va de soi.
M. Tremblay: ... les publications...
M. Scowen: Dans les crédits ici, je ne vois rien.
Normalement, quand vous voulez justifier un budget pour l'année 1979/80,
vous nous dites ce que vous avez produit, réalisé l'an
passé. Il n'y a rien. C'est normal dans ces crédits-ci, mais je
pense qu'à un moment donné, j'ai le droit de demander ce que vous
avez fait. Je pense que...
M. Tremblay: Le problème, je pense, c'est qu'un
très grand nombre d'analyses que nous faisons, de commentaires que nous
avons à préparer sont des commentaires sur des projets ou des
politiques qui peuvent être en voie d'élaboration et, par
conséquent, qui sont faits pour le ministère, pour les
autorités du ministère. Par conséquent, cela ne donne pas
lieu à des publications officielles, je dirais, du ministère.
Comme publications officielles, il y a, comme je le disais tout à
l'heure, nos publications périodiques dans le domaine de l'analyse, les
prévisions économiques, les comptes économiques, par
exemple, mais, si vous prenez tout le dossier GATT, il y a eu
énormément de travail de fait dans ce dossier-là, mais ce
sont des documents internes qui ont servi à établir la position
du Québec.
Pour ce qui est des études que je dirais un peu plus à
long terme, nous avons, par exemple, une étude sur les articles de
sports et de loisirs de plein air au Québec qui a été
publiée à la toute fin de l'année, en tout cas en avril,
au début de l'année dernière. Nous avons également
publié, mais, encore là, c'est une étude qui a
été publiée il y a quelques semaines, une étude en
parallèle avec les travaux du CEFECQ sur les habitudes d'achat des
entreprises du Québec qui a été distribuée
également. Enfin, ce sont des exemples. Je n'ai pas ici la liste
détaillée de toutes les études.
M. Scowen: Est-ce que je peux demander que soit
déposée ou distribuée une liste complète des
documents? Très bien.
M. Tremblay: C'est très facile de préparer une
liste de l'année financière écoulée, oui.
M. Scowen: Est-ce que le bureau des statistiques est
là-dedans?
M. Tremblay: Non.
M. Scowen: C'est séparé.
M. Tremblay: C'est dans le programme 9.
M. Scowen: L'an passé, si je me rappelle bien, une
étude sur l'impact économique de la SDI avait été
promise. A-t-elle été faite?
M. Tremblay: Nous ne l'avons pas encore terminée. C'est
une étude qui est en cours actuellement à la direction des
politiques industrielles.
M. Scowen: Elle a été promise l'an passé
pour cette année.
M. Tremblay: La direction des politiques industrielles a, de
fait, poursuivi depuis un certain nombre de mois une réflexion
d'ensemble sur les politiques d'aide à l'entreprise en
général, y compris par conséquent, la SDI. Cette
étude fait partie d'un ensemble et n'a pas été, à
l'heure actuelle, rendue publique. La difficulté, c'est que nous avons
été appelés à collaborer beaucoup aux travaux
préparatoires, à la révision de la loi de la SDI, que vous
aurez à étudier prochainement, mais ceci n'a pas donné
lieu à des études qui ont été publiées
à l'extérieur du ministère. Ce sont des études, ce
sont des travaux qui sont effectués pour les fins du ministère.
Donc, c'est difficile, dans un cas pareil, de parler de publications qui
auraient pu résulter de ces travaux, qui ont quand même
occupé une partie des effectifs de la direction pendant un bon
moment.
M. Scowen: Oui.
M. Tremblay: La DGRP n'est pas un centre de recherche public,
dans le sens que sa vocation, c'est de publier des études pour le public
en général. Son rôle, c'est de servir à toutes les
autres directions du ministère, de centre de réflexion, sur des
commandes qu'elle reçoit. Donc, il arrive qu'elle publie des documents
comme les comptes économiques ou d'autres études de cette nature,
sur le textile. Elle avait publié l'an passé une grande
étude sur le textile. En règle générale, ce sont
des documents de travail qui servent à une autre direction à
publier elle-même une étude ou un projet de loi ou une politique.
Par conséquent, nous ne voyons que le bout de l'iceberg des
contributions de la DGRP lorsqu'on s'en remet uniquement aux études
qu'elle a publiées dans le public en général.
M. Scowen: Je vais répéter la question. L'an
passé, durant l'étude des crédits, dans le cadre de ce
programme, vous avez parlé d'une recherche sur l'impact
économique de la Société de développement
industriel, et vous aviez dit qu'elle serait terminée au cours de
l'année. Je vous demande où est ce rapport et si on peut le
voir.
M. Tremblay: II n'y a pas eu d'étude comme telle de
publiée. Ce qui se produit, c'est qu'au moment où l'étude
se faisait, les projets d'amendements à la loi de la SDI sont
arrivés. Par conséquent, tout cela finalement a fait partie d'un
tout qui a été une réflexion sur l'ensemble des programmes
de la SDI, et par conséquent, nous avons produit des documents internes
aux fins des amendements qui sont prévus à cette loi.
L'étude comme telle sur l'impact économique de la SDI n'a pas
été publiée, parce qu'elle n'a pas pu être
complétée, compte tenu des autres priorités qui ont
été assignées à la DGRP.
M. Scowen: Vous n'étiez pas en mesure de terminer cette
étude promise, parce que les autres priorités sont
intervenues.
M. Tremblay: Oui, parce que...
M. Scowen: Maintenant, quand peut-on attendre le
parachèvement de ce rapport? Je pense que c'est une question très
importante, parce que nous sommes en train d'étudier un projet de loi
sur la SDI. Ce serait, à mon avis, une bonne idée de retarder
l'adoption de cette loi jusqu'au moment où nous aurons ce rapport. C'est
essentiel. C'est fortement lié.
M. Tremblay: Je ne crois pas qu'il y ait lieu de reprendre cette
analyse cette année, parce que, comme vous le savez, la loi de la SDI va
être modifiée. Ce ne serait peut-être pas très sage
d'analyser le fonctionnement de la SDI dès maintenant, puisqu'il va
falloir attendre que les opérations aient duré trois ou quatre
ans avant de revoir le bilan de la SDI.
M. Scowen: Est-ce que je peux vous suggérer poliment que,
de mon côté, je pense que c'est une bonne idée
d'étudier l'impact économique de la SDI avec la loi actuelle,
avant de la changer?
M. Tremblay: Un instant! Il y a une comptabilité qui est
faite de l'impact de la SDI et nous allons déposer, lors de
l'étude en commission élue du projet de loi no 7, un tableau de
ces impacts. Mais ce que le député de Notre-Dame-de-Grâce
voudrait avoir, ce seraient des jugements de valeur, à savoir si telle
intervention de la SDI a joué un rôle déterminant pour
provoquer un investissement. Dans les faits, c'est comme chercher la pierre
philosophale. On ne peut pas dire si vraiment, ex ante, l'investissement ne se
serait pas produit s'il n'y avait pas eu de subvention.
La présomption est que le Québec a un retard énorme
au plan industriel et au plan des investissements industriels. Il faut
accroître le taux de rendement de ces investissements pour
accroître leur volume et, comme je l'ai dit tout à l'heure,
l'intention du gouvernement, c'est de renforcer et d'élargir le
rôle de la SDI. Cela, c'est une décision politique. Ce n'est pas
une décision d'analystes.
M. Scowen: Je ne cherche pas la pierre philosophale. Je cherche
un rapport qui a été promis il y a un an sur l'impact
économique de la SDI qui, selon moi, est très important pour les
législateurs à qui on a demandé de changer une loi qui
porte sur la SDI. Est-ce que c'est clair?
M. Tremblay: Clair ou non, il y a un projet de loi qui est
présenté et quand on dit qu'il y a un rapport qui a
été promis, je présume que, l'an passé, lors de
l'études des crédits, on a posé la question à un
des fonctionnaires de la DGRP qui a dit: Voici, on étudie l'impact de la
SDI. Le gouvernement n'a jamais promis de rapport de cet ordre. Il est vrai que
la SDI a des études et cela en était une sur la SDI. Ils ont
travaillé sur la SDI au cours de l'année. Ils ont fourni des avis
sectoriels qui ont été pris en considération dans le
changement à la loi. Mais nous n'avons pas l'intention de publier tous
les documents de travail et tous les demi-
textes qui circulent à l'intérieur d'un centre de
recherche comme la DGRP simplement pour faire plaisir au député
de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: M. le Président, c'est clair que ce n'est pas
ce que j'ai demandé, à savoir de rendre publics tous les
documents qui circulent à l'intérieur de la DGRP.
M. Tremblay: Lors de l'étude...
M. Scowen: C'est irresponsable même de suggérer
que...
M. Tremblay: ... du projet de loi, nous allons déposer une
étude de Major et Martin, à laquelle j'ai fait allusion à
l'Assemblée nationale. C'est une étude qui, justement, a
été faite à la demande de la SDI, mais commandée
à des consultants de l'extérieur parce que la DGRP n'avait pas
les ressources nécessaires cette année, compte tenu qu'elle
était débordée, pour faire l'étude. Donc, il y a
une étude qui est faite. Elle existe et elle sera déposée
lors de l'étude article par article du projet de loi no 7.
Le fait qu'elle ait été faite par Major et Martin
plutôt que par la DGRP n'est pas pertinent. Cette étude...
M. Scowen: C'est une étude qui porte sur quoi
exactement.
M. Tremblay: Sur les opérations de la SDI depuis son
existence.
M. Scowen: Et ce sera déposé quand?
M. Tremblay: Comme je l'ai dit, à l'Assemblée
nationale, lors de l'étude article par article du projet de loi no
7.
M. Scowen: Comment cela se fait-il que cela a pris quinze minutes
pour avoir cette...
M. Tremblay: C'est parce que nous étudions
présentement les crédits de la DGRP. On a étudié
tout à l'heure...
M. Scowen: Oui.
M. Tremblay: ... les crédits de la SDI...
M. Scowen: Oui.
M. Tremblay: ... vous n'aviez qu'à soulever cette question
tout à l'heure. Le président de la SDI était ici.
M. Scowen: Excusez-moi. Cela a été promis par la
DGRP. Je vais passer à une autre question.
M. Tremblay: Un instant! Cela a été promis par la
DGRP. La DGRP ne promet rien. La DGRP, c'est un organisme qui est sous la
responsabilité...
M. Scowen: Cela a été promis par le ministre dans
le cours des études l'année passée.
M. Tremblay: Non, le ministre ne promet pas de choses "at large".
On peut dire...
M. Scowen: Ce n'est pas "at large".
M. Tremblay: ... lorsqu'on étudie les crédits d'une
direction...
M. Scowen: D'accord, laissez tomber, M. le ministre.
M. Tremblay: Un instant! Laissez-moi répondre! On peut
demander à un fonctionnaire: Qu'est-ce que vous allez faire au cours de
l'année prochaine? On peut dire: On veut étudier un peu plus les
négociations du GATT, on va avoir un rapport qui est en marche. Mais, au
cours de l'année, il est possible que les choses changent et, là,
c'est la SDI elle-même qui a demandé à des consultants de
l'extérieur de faire une analyse de ses activités. Ce rapport est
disponible et va être déposé lors de l'étude article
par article du projet de loi no 7, d'ici à une semaine ou deux. (11 h
45)
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Huntingdon. Je reviendrai tout à l'heure à vous.
M. Dubois: Merci. Quand prévoyez-vous que les ententes du
GATT seront terminées et que le rapport sera terminé?
M. Tremblay: Nous ferons connaître dans quelques jours les
résultats définitifs des négociations. L'équipe du
Québec a été invitée à Ottawa pour la
semaine prochaine. Je présume que c'est pour recevoir un briefing de ces
négociations. Donc, au cours de l'été, les choses vont se
concrétiser une fois pour toutes.
On vient de me dire que les rapports détaillés de la
négociation seront rendus publics fin de juin, début de juillet
par le gouvernement fédéral.
M. Dubois: J'imagine qu'à la suite de ce rapport, le DGRP
se base quand même sur les rapports du GATT pour recommander aux
manufacturiers et à l'industrie les orientations nouvelles à
prendre dans la production ou les possibilités d'exportation,
j'imagine?
M. Tremblay: Ce n'est pas tellement la DGRP que la DGI, la
Direction générale de l'industrie, qui ayant ces renseignements,
lorsque le gouvernement fédéral nous les communiquera, va pouvoir
élaborer des politiques sectorielles avec les entreprises pour faire
face à ces abaissements tarifaires, qui, je le répète, ne
se feront pas brusquement, ils vont être étalés sur une
période de huit ans, de sorte que nous allons avoir le temps de mettre
sur pied des mesures d'adaptation ou d'expansion, parce que plusieurs de nos
industries d'exportation vont trouver, surtout sur le
marché américain, des débouchés additionnels
et nous allons faire tout notre possible pour capitaliser sur ces nouvelles
ouvertures.
M. Dubois: II semble évident que les pays
sous-développés qui exportent dans les pays de l'Ouest et les
pays industrialisés beaucoup de textile, de chaussures, ou quoi que ce
soit, font beaucoup de pressions au niveau du GATT, pour que les
barrières tombent et rapidement.
M. Tremblay: Les indications que nous avons jusqu'à
maintenant, c'est que nos recommandations ont été suivies par le
gouvernement canadien, parce que les autres gouvernements des pays
industrialisés sont dans la même situation que nous, en quelque
sorte: l'Europe et les États-Unis ont inscrit sur leur liste d'exception
parce que chaque pays a le droit d'inclure sur une liste d'exception
certaines industries dont il ne voulait pas voir les tarifs s'abaisser
fortement les industries traditionnelles. Donc, comme j'ai
déjà eu l'occasion de le dire, nous anticipons que les baisses
tarifaires dans ces secteurs, s'il y en a, seront surtout des baisses
théoriques ou symboliques.
M. Dubois: Mais il y a un certain chantage qui s'exerce de la
part de ces pays envers les pays de l'Ouest...
M. Tremblay: Ce n'est pas un chantage...
M. Dubois: La pression est tellement forte qu'on n'a pas...
M. Tremblay: ... ils font beaucoup de pressions.
Évidemment, j'ai mentionné qu'il y avait un danger pour le
Québec et ce danger venait du voyage en Chine de l'ancien ministre
fédéral de l'Industrie et du Commerce, M. Horner, lorsqu'on a
fait cette entente entre Ottawa et Pékin sur la vente, je crois, de $1
milliard de blé. Or, on paie les produits avec d'autres produits. Je
sais que, dans le passé, le gouvernement canadien vendait du blé
aux pays asiatiques, mais il se faisait payer sous forme de chemises, de
textiles et de pyjamas. Nous allons suivre très étroitement le
nouveau gouvernement pour que l'on ne sacrifie pas nos industries
traditionnelles au Québec pour accroître la vente de blé de
l'Ouest canadien.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Deux ou trois questions. Premièrement, je veux
revenir sur le GATT. Je pense que c'est important que la population connaisse
dans le plus de détails possible, l'orientation du gouvernement en ce
qui concerne nos politiques tarifaires. Je demande au ministre,
premièrement, de rendre publiques les études qui ont
été faites au moins et, de plus, dans la mesure du possible, il
doit aller assez loin pour expliquer aux Québécois ce qu'est
notre politique tarifaire envers le reste du monde, avec une certaine
précision. C'est quelque chose qu'il n'a pas le droit de cacher à
la population du Québec ni à nous autres.
M. Tremblay: M. le Président, je trouve cette question
très intéressante de la part du député de
Notre-Dame-de-Grâce. Je suis moi-même un spécialiste du
commerce international, ayant enseigné plus de douze ans. Mais je trouve
quand même paradoxal que l'on présume que le gouvernement du
Québec et que la population du Québec se soient prononcés
pour le prochain référendum, c'est-à-dire que nous ayons
un mot à dire dans la politique tarifaire pour le Québec, parce
que présentement, nous n'avons rien légalement et
constitutionnellement à dire comme gouvernement québécois
dans la politique tarifaire, même si des industries très
importantes pour le Québec peuvent être balayées de la
carte de l'économie du Québec par une décision du
gouvernement d'Ottawa. Je trouve ça intéressant parce que c'est
vrai que c'est un domaine très important pour le Québec et pour
l'économie, ces politiques tarifaires, et c'est un des enjeux du
prochain référendum, c'est-à-dire que nous rapatriions un
droit de participation aux décisions dans un domaine aussi crucial.
Maintenant, en ce qui concerne la publication d'études, je dis
que, si le gouvernement d'Ottawa, qui a le dossier ce n'est pas nous qui
avons le dossier veut publier les études, nous serions
très consentants à publier les nôtres, mais nous ne pouvons
pas publier les nôtres avant de savoir si nos recommandations ont
été transmises aux négociateurs et inscrites dans les
négociations.
En ce qui concerne les politiques tarifaires futures du gouvernement,
lorsque nous aurons, légalement et constitutionnellement, le droit d'en
préparer, nous le ferons connaître à ce
moment-là.
M. Scowen: Si je comprends bien, le ministre n'a pas l'intention
de dévoiler les politiques tarifaires actuelles du gouvernement.
M. Tremblay: Un instant! Ce n'est pas ça que vous
demandez. Vous demandez qu'on publie les documents dont on s'est servi pour
recommander au gouvernement fédéral des positions de
négociations qui impliquaient nos entreprises. Comme je vous l'ai dit,
si le gouvernement fédéral qui a les études en main veut
les publier... Parce que c'est lui qui est le maître d'oeuvre de la
négociation tarifaire et loin de nous le désir de vouloir nuire
aux équipes de négociation canadienne. On sait combien c'est
serré, je l'ai dit hier, je suis allé moi-même à
Genève et j'ai participé à des séances de travail.
Donc, il serait irresponsable de commencer à dévoiler les
positions du Canada par le truchement du gouvernement du Québec. Le
gouvernement du Québec ne nuira pas à l'équipe de
négociation canadienne.
L'orientation prise par le Québec, évidemment, c'est
premièrement l'orientation d'accroître la transformation des
richesses naturelles. Tout ce qui vise à accroître la
transformation de nos
richesses naturelles a été favorable. L'accès au
marché américain pour les produits transformés du
Québec était aussi un point important. La préservation
d'industries qui ont une forte incidence régionale, comme le textile, le
vêtement, le meuble, la chaussure, ce furent des secteurs que nous avons
jugé devoir être protégés. Donc, en un mot, toute la
stratégie de nos recommandations reposait sur le désir de
capitaliser sur nos points forts et de minimiser les retombées qui
pouvaient découler des négociations qui pouvaient affecter nos
secteurs faibles.
M. Scowen: Dans quel secteur étiez-vous prêt
à faire des concessions?
M. Tremblay: Si on entre au niveau des concessions, ce n'est pas
nous qui négocions. Notre position, c'est que nous
préférons, compte tenu du haut taux de chômage au
Québec, que ce ne soit pas le Québec qui fasse les grandes
concessions.
M. Scowen: Les domaines dans lesquels vous êtes prêt
à faire des concessions ne sont pas connus de la population du
Québec.
M. Tremblay: Nous ne prenons pas de position sur les concessions.
Nous avons simplement posé ce que nous souhaitons être bon pour le
Québec et il appartient au gouvernement fédéral de faire
l'arbitrage entre les régions au Canada. Compte tenu qu'une
région comme le Québec a une sous-industrialisation, nous croyons
que non seulement les négociations du GATT doivent protéger nos
secteurs faibles et renforcer la transformation de nos richesses naturelles,
mais que la recommandation du Conseil économique du Canada de mettre sur
pied un fonds de reconversion industriel de l'ordre de $4 milliards pour les
quinze prochaines années devrait être mise de l'avant. J'ai
approuvé cela lors d'une réunion des ministres de l'Industrie et
du Commerce à Ottawa, je pense que ce serait fondamental.
C'est la position que nous avons prise et ce n'est pas plus
compliqué que ça.
M. Scowen: La position que vous avez prise, en effet, c'est que
vous avez fait une liste des choses où vous vouliez maintenir la
protection, les marchés ouverts vers l'étranger, mais vous n'avez
pas, d'un autre côté, donné une liste ou fait de suggestion
quant aux domaines, dans la base d'une négociation raisonnable et saine,
où vous étiez prêt à faire des concessions.
M. Tremblay: Mes fonctionnaires se réunissent et discutent
de ce genre de problèmes en fonction des situations réelles dans
chaque secteur, il y a des contacts avec les entreprises, il n'y a pas de
position dogmatique sur cela. Mais ce ne sont pas des décisions
politiques, ce serait très dangereux, d'ailleurs, si on
commençait à prendre, sans connaissance de cause, des
décisions de cet ordre. Elles sont prises en contact avec les
entreprises, les fonctionnaires des deux gouvernements sont en étroit
contact et je pense que le résultat va être favorable pour tout le
monde.
De toute façon, le gouvernement québécois, je le
répète, n'était pas un négociateur. On fournissait
uniquement un "input" au gouvernement fédéral. Il y a certaines
provinces qui n'en ont pas fourni du tout. Le gouvernement du Québec
était celui qui était le mieux préparé, mieux que
l'Ontario et c'est venu directement de la bouche de M. Warren, lorsque je l'ai
rencontré.
M. Scowen: Oui, je ne doute pas...
M. Tremblay: Donc, nous étions un "input", nous aurions pu
faire... Lors de la négociation du Kennedy round, le gouvernement du
Québec n'avait rien fait pratiquement. Tout s'était fait à
Ottawa; mais cette fois-ci, on a pris les choses très au sérieux,
mais nous ne sommes pas le maître d'oeuvre, nous avons donné le
"input" qui était le maximum, dans l'intérêt du
Québec.
M. Scowen: M. le ministre, ce que je demande, c'est dans le
contexte, c'est la dernière fois que je vais le demander, parce que je
vois que je ne vais pas trop loin, mais simplement pour me rendre compte que
vous me comprenez très bien.
Vous avez dit que vous aviez fait un "input", officiellement, avec le
ministre fédéral, soit à Ottawa, soit pendant votre visite
à Genève. Parce qu'on vous avait demandé "l'input", vous
l'avez fait d'une façon plus compréhensive que les autres
provinces. C'est vous qui l'avez dit, si je comprends bien.
Ce que je vous avais demandé et ce que je demande, je pense que
la population du Québec a le droit de savoir, quand vous avez
parlé avec le fédéral dans les deux villes, vous avez
certainement parlé des industries et des secteurs que vous voulez
favoriser. Vous avez certainement, si vous êtes réaliste, si vous
connaissez l'essentiel l'idée des négociations
aussi parlé des concessions que vous serez prêt à faire.
Vous savez autant que moi que dans les négociations tarifaires, c'est
impossible de réaliser des bénéfices sans que les autres
pays en réalisent aussi.
Je vous demande, je vais terminer ma question, quels sont, dans le
contexte de votre suggestion, les domaines dans lesquels vous suggérez
que vous seriez prêt à faire des concessions. Je pense que la
population du Québec a le droit de connaître la politique
tarifaire qui correspond à une politique de développement
industriel, que vous avez proposée. Je pense que c'est un droit des
Québécois de savoir ce que vous avez dit, c'est important.
M. Tremblay: M. le Président, j'ai dit tout à
l'heure quelles étaient les grandes orientations, mais les choses ne se
présentent pas ainsi. Le député de
Notre-Dame-de-Grâce pense que, pour un gouvernement provincial, il
s'agirait de dire: Si vous favorisez telle industrie, on va accepter que vous
en défavorisiez une autre. Ce n'est pas du
tout ainsi que cela se présente. Nous avons des industries qui
sont naturellement orientées vers l'exportation. Ces industries n'ont
pas besoin de tarifs pour prospérer. Elles ont besoin d'accès
à de nouveaux marchés. Donc, ce n'est pas une concession que ces
industries reçoivent si on leur ouvre le marché américain,
par exemple. Disons, par exemple, une industrie comme les pâtes et
papiers. Donc, nous n'avons pas du tout abordé la question sous l'angle
que s'imagine le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Ma dernière question s'adresse au directeur de
la DGRP, simplement pour l'avenir. Si je comprends bien, vous avez
accepté, en principe, de nous déposer avant la fin de ces
crédits, une liste des études réalisées et rendues
publiques. J'ai essayé de sortir un peu de vos orientations pour
l'année en cours, c'est lié pour moi, avec le budget, les
directions que vous allez prendre, les nouvelles démarches que vous
allez faire. Franchement, la description dans le domaine des orientations, pour
chacun des secteurs de votre ministère est un peu vague. C'est
écrit par quelqu'un qui voulait dire très peu avec beaucoup de
mots.
Mais je veux simplement vous demander quelles sont les grandes lignes et
surtout les études spécifiques que vous prévoyez
commencer, terminer et rendre publiques dans le cours de l'année pour
laquelle on vous demande de justifier un budget de $1 500 000. (12 heures)
M. Tremblay: Je puis vous faire la liste beaucoup plus
détaillée des projets qui sont, soit déjà en cours,
ou qui seront entrepris dans le courant de l'année. Mais la
difficulté, voyez-vous, c'est qu'une étude peut durer une
année et ne pas être publiée pendant l'année pour
laquelle les crédits sont étudiés.
Ceci étant admis, dans le cas de la Direction des relations
économiques internationales, nous avons l'intention de faire un suivi du
dossier du GATT, c'est-à-dire que nous allons chercher à
identifier, une fois le détail des négociations connu, les
secteurs au Québec qui sont les plus touchés, les secteurs
d'exportation qui sont les plus susceptibles d'en profiter, etc.
Il y a une marotte qui semble revenir. C'est un service pour le
gouvernement, la DGRP. Ce n'est pas un centre de recherche public et on ne
mesure pas son "output" par le nombre de publications publiques. Ce n'est pas
un centre universitaire. C'est un centre de services pour le ministère
de l'Industrie et du Commerce. Vous pouvez tourner autour du pot tout le temps
et poser toujours la même question, ce n'est pas "relevant", ce n'est pas
pertinent.
Il va arriver qu'on va publier des études, parce qu'elles sont
d'intérêt public, elles sont disponibles. Je suis pour la
publication, au maximum, des études gouvernementales...
M. Scowen: Oui.
M. Tremblay: ... mais je ne juge pas, comme ministre, la DGRP par
le nombre de papiers qu'elle publie par année.
M. Scowen: J'ai demandé au directeur une liste, un petit
énoncé des études qu'il avait l'intention de faire et,
après chacune, j'avais l'intention de lui demander: Est-ce que celle-ci
est une étude que vous allez rendre publique? Je pense, M. le ministre,
que j'ai le droit de poser ces questions au nom des personnes qui
s'intéressent à ces questions.
M. Tremblay: Comme vous vous êtes servi...
M. Scowen: Ce sont les contribuables qui supportent ce
département, ce sont les contribuables qui ont le droit, finalement, de
savoir ce qui se passe là-dedans. Si vous avez des bonnes raisons de ne
pas rendre publique une affaire... Je connais un peu le travail de ce groupe.
Dans le temps où j'ai été là, je le connaissais
très bien. Il est clair que la grande majorité de ces travaux
sont des choses quotidiennes. Parfait. Mais quand vous commencez à
parler des grands projets de l'année, c'est cela que je vous avais
demandé. À moins qu'il n'y ait une raison spéciale, je
présume que c'est quelque chose qui doit être rendu public. Je
tiens pour acquis qu'une grande partie de ces travaux sont des choses
journalières. Je ne vous demande pas de décrire tous ces travaux.
Je les connais très bien. Je pense que vous avez compris le sens de ma
question et je continue de vous demander une réponse.
M. Tremblay: Ce qui est important, M. le Président, c'est
qu'il n'y ait pas d'engagement de publication sur telle étude à
venir. Tout à l'heure, on a fait beaucoup de flafla concernant une
promesse qui aurait été faite l'an passé, à savoir
que nous allions publier une étude qui restait à faire.
Chaque fois qu'il y a une question à savoir: Est-ce que
l'étude qui va être faite va être publiée? On
répond: Si possible. C'est cela la réponse. Mais il n'y a pas
d'engagement formel que toutes les études qui restent à faire
vont être publiées pour que vous puissiez revenir l'an prochain et
dire: M. le ministre, vous aviez dit, l'an passé, que l'étude sur
le GATT, vous alliez la publier et vous ne l'avez pas publiée.
On vous le dit tout de suite: On va la publier si possible.
M. Scowen: Je pense que c'est dans la nature d'un gouvernement de
faire des promesses aux électeurs et de réaliser ses promesses.
Je ne pense pas que je demande quelque chose de déraisonnable. De toute
façon, je ne vais plus poser la question de publication. J'aimerais
connaître les grandes lignes que vous avez décidé de
poursuivre dans votre ministère pour l'année.
M. Tremblay: Je pense que le député a dit tout
à l'heure qu'il connaissait bien le ministère, qu'il
connaissait bien la DGRP. Je voudrais peut-être lui rappeler
jusqu'à quel point le mandat de cette direction générale
est d'être intégrée à l'activité
régulière quotidienne qui a cours dans l'ensemble du
ministère; son objectif n'est pas de publier ou de faire de grandes
études, mais de fournir des avis qui, parfois, à cause de la
nature du problème rencontré, peuvent avoir l'allure d'une
étude ou d'un examen plus approfondi.
Chacune des questions posées à la DGRP se traduit par des
réponses qui ont des formes absolument différentes au cours des
semaines et des mois. Il y a des choses qui sont fondamentales, qui sont
régulières et répétitives. Par exemple, la
préparation de la conférence de presse du ministre de l'Industrie
et du Commerce sur la situation économique. C'est la publication du
document annuel bien connu Situation économique. Ce sont les comptes
économiques. Ce sont des choses régulières, bien connues,
qui sont publiées et très largement diffusées.
Il peut arriver en cours de route qu'il y ait une étude un peu
plus substantielle qui soit entreprise et qu'elle soit jugée
suffisamment valable pour être diffusée à un public plus
large ou même dans le grand public, mais ce ne sont pas des choses qui
sont décidées ex cathedra une année d'avance. C'est une
unité administrative qui est très axée sur des
problèmes réguliers du ministère et, à ce
moment-là, encore une fois, ce n'est pas, comme dans une
université ou un centre de recherche universitaire, entreprendre des
travaux très approfondis qui donnent lieu à la publication
d'encyclopédies.
M. Scowen: Claude, quand vous essayez de justifier les budgets
avec les faits saillants en faisant une liste des analyses sur les articles de
sports et de loisirs, des achats d'entreprises de distribution, etc., quand
vous allez trouver un député et lui demandez d'approuver un
budget de $1 500 000 pour l'année prochaine, quelles sont les questions
que vous allez poser? Est-ce que vous allez dire: Je ne pose pas de questions
parce que c'est à l'intérieur du budget normal?
M. Tremblay: Je ne crois pas que l'idée était de
suggérer qu'il n'y ait pas de questions. C'était de profiter
peut-être des trente secondes qui m'étaient accordées pour
expliciter un peu davantage dans quel contexte cette direction fonctionne et
surtout jusqu'à quel point elle est rattachée aux services qu'on
pourrait qualifier d'opérationnels sur le terrain. La DGRP est un
support pour l'ensemble des autres unités qui composent le
ministère.
Si vous regardez, par exemple, le programme de la Direction
générale de l'industrie, vous allez voir jusqu'à quel
point elle sera amenée à faire appel à l'expertise de la
DGRP, par exemple, dans le cas des retombées du GATT.
Mais nous allons, M. le Président, déposer les
études qui ont été faites l'an passé. Je n'ai pas
d'objection non plus à ce qu'on dépose aussi la liste des
études que nous avons l'intention de faire faire par la DGRP au cours de
la prochaine année, plutôt que de passer une heure sur la liste
des études à venir.
Si vous permettez, je voudrais qu'on se comprenne très bien. Ce
que vous désirez avoir, c'est la liste des études publiées
pendant la dernière année financière et non pas des
études en cours, parce que ce sont deux choses fort différentes.
C'est donc la liste des études publiées. Nous l'aurons en
début d'après-midi.
Est-ce qu'on peut adopter le programme no 2?
Le Président (M. Laplante): Le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Dernière question. Si je comprends bien vos
propos, à aucune occasion les dix provinces ne sont invitées
à une table ronde ou à un sommet à Ottawa pour que chacune
d'elles formulent ses recommandations à l'équipe canadienne qui
siège au GATT.
M. Tremblay: Jamais ensemble, à l'exception, je dirais, de
la conférence des ministres de l'Industrie et du Commerce qui a eu lieu
en février, où nous avons touché à ce
problème du GATT, mais nous ne sommes pas rentrés dans le
détail et cela n'a duré peut-être qu'une demi-heure. Ce
sont uniquement les gouvernements provinciaux qui s'y intéressent, qui
envoient des délégations de fonctionnaires à Ottawa
rencontrer d'autres fonctionnaires pour faire part de leurs
préoccupations et de leurs desirata, mais c'est uniquement au niveau des
recommandations et des suggestions. Le fédéral garde tous ses
renseignements et, comme je l'ai déjà dit, je pense, nous avons
reçu plus de renseignements sur les négociations canadiennes
à Genève des autres pays que d'Ottawa lui-même. Le
gouvernement canadien est très "secretive". Nous avions d'autres sources
de renseignements, heureusement, qui nous ont permis par conséquent de
prendre des positions et de faire des recommandations, mais nous sommes
à la merci de la discrétion du gouvernement d'Ottawa dans ce
domaine.
M. Dubois: La délégation canadienne qui s'en va aux
pourparlers du GATT s'en va quand même défendre les
intérêts des dix provinces particulières.
M. Tremblay: Elle défend la position du gouvernement
canadien...
M. Dubois: Oui.
M. Tremblay: ... en supposant que c'est la conception du
gouvernement canadien de l'intérêt national canadien, et on
suppose que l'intérêt du Québec est incorporé dans
cela. On fait tout notre possible pour s'assurer qu'il le soit, mais on n'est
jamais certain.
M. Dubois: Je ne fais pas un cas particulier du Québec,
toutes les provinces ont le même problème, j'imagine.
M. Tremblay: Comme le disait Claude Morin, on ne le sait
jamais.
M. Dubois: Que ce soit le Nouveau-Brunswick aussi bien que la
Colombie-Britannique, elles vivent le même problème que le
Québec.
M. Tremblay: Elles ont moins d'industries. Il faut faire
attention. Je pense que l'Ontario et le Québec ont plus
d'intérêt immédiat à suivre ces négociations.
Une province comme Terre-Neuve, c'est surtout l'industrie des pêches, la
transformation des pêches. Dans d'autres provinces, c'est une industrie
particulière, par exemple, le blé pour la Saskatchewan, ou la
potasse, alors que l'Ontario et le Québec touchent une gamme de produits
beaucoup plus vaste. Il est donc normal que l'Ontario et le Québec
suivent de plus près ces négociations.
M. Dubois: Mais est-ce qu'on répond quand même
jusqu'à un certain point aux recommandations des deux provinces
principales?
M. Tremblay: On peut être sympathique à nos
suggestions, mais on va le voir seulement lorsqu'on va nous donner les
résultats finals de la négociation.
M. Dubois: C'est du "bargaining", cela!
M. Tremblay: C'est cela.
M. Dubois: "Give and take", tout le temps. Je comprends, la
situation est peut-être assez délicate.
M. Tremblay: J'ai déjà dit que j'aurais
préféré que le gouvernement du Québec ait un membre
d'office dans l'équipe de négociation. Il a fallu que l'on nomme
un représentant à Genève qui soit indépendant de
l'équipe canadienne de négociation. Je pense qu'il aurait
été dans l'ordre, dans une bonne collaboration
fédérale-provinciale, que, dans un sujet qui touche tellement
l'avenir industriel du Québec... Comme on le sait, le ministère
de l'Industrie et du Commerce a des problèmes. Quand une entreprise dans
le textile a de la difficulté, elle vient surtout voir le
ministère de l'Industrie et du Commerce ou la SDI. Comme on va subir les
contrecoups des décisions prises à Ottawa, j'aurais aimé
être partie du banquet. On nous fait laver la vaisselle, mais, lorsque le
banquet a lieu, on nous dit: Restez donc sur le bord de la clôture. C'est
ce qu'on a fait à Genève. On nommait quelqu'un qui était
sur le bord de la clôture, mais il n'était pas dans
l'équipe de négociation. À mon avis, c'est une mauvaise
approche, cette approche centralisée où le gouvernement
fédéral veut tout garder pour lui, dans des domaines comme le
développement industriel qui doit être partagé avec les
gouvernements provinciaux. Je l'ai déploré, mais, que
voulez-vous, on doit subir et accepter.
M. Dubois: Le gouvernement fédéral répondra
à votre vue, sans doute.
Le Président (M. Laplante): Programme 2,
adopté.
M. Dubois: Adopté.
M. Tremblay: Le programme no 3, M. le Président.
Orientation et développement de l'industrie
secondaire
Le Président (M. Laplante): J'appelle le programme 3,
orientation et développement de l'industrie secondaire, programme qui
vise à stimuler l'implantation de nouvelles industries et à
faciliter le maintien ou la croissance des entreprises existantes. M. le
ministre.
M. Tremblay: Le programme no 3 a rapport avec les politiques et
les stratégies sectorielles du ministère. Cet
élément de programme d'un budget total de $20 613 800 comprend
les sous-ensembles suivants: 1- la Direction générale de
l'industrie, avec $4 713 800, dont le mandat est de suivre l'évolution
de chaque secteur industriel, d'en dégager des orientations et des
possibilités de développement pour le Québec, de proposer
des politiques, programmes et mesures gouvernementales propres à en
stimuler l'expansion; 2- l'Institut national de productivité dont le
budget de fonctionnement pour l'exercice 1979/80 a été
évalué à $600 000; 3- le programme d'aide
financière des PME innovatrices qui s'approprie une somme de $13 500
000; finalement, le programme innovation meubles et chaussures, pour un montant
de $1 800 000. Le présent document explique en détail les
variations budgétaires par rapport aux crédits de 1978/79. Nous
annexons aussi, pour le bénéfice des membres de cette commission,
les rapports suivants: a) rapport d'activités de la Direction
générale de l'industrie pour l'année 1978/79, de
même que son programme de travail pour l'année en cours, vous
pourrez constater que les priorités retenues dans cette direction
générale cadrent parfaitement bien avec les priorités du
gouvernement en matière de développement industriel; b) rapport
d'activités 1978-1979 de l'Institut national de productivité.
J'aimerais demander la collaboration des membres de cette commission
pour que nous puissions entendre ou que nous étudiions
l'élément 2 du programme, étant donné que nous
avons une équipe qui vient de Montréal; à moins qu'on ne
passe l'élément 1 et qu'il n'y ait pas trop de questions sur
l'élément 1, parce que j'aimerais que cette équipe de
fonctionnaires puisse retourner à Montréal cet après-midi,
si nous pouvions toucher à l'élément 2. Elément
2?
Prospection de l'investissement et expansion des
marchés
Le Président (M. Laplante): Elément 2, prospection
de l'investissement et expansion des marchés. M. le ministre.
M. Tremblay: Je n'ai pas de commentaires très longs
à faire sur cet élément 2. Je dirais ceci: Nous voulons
revaloriser, d'une part, la prospection des marchés internationaux.
Comme nous avons aussi l'intention de faire une revalorisation du commerce
intérieur nous allons étudier le programme de la division
du commerce il est possible je dis bien qu'il est possible
que je confie à un sous-ministre adjoint ces responsabilités de
faire la promotion à la fois du commerce extérieur et du commerce
intérieur. Jusqu'à maintenant, cette année, l'effort est
porté sur l'expansion des marchés, en ne négligeant pas la
prospection des investissements, mais l'expansion des marchés demeure la
préoccupation première du groupe qui s'occupe de cette partie de
programme.
M. Scowen: Pourquoi l'expansion des marchés est-elle une
priorité plus importante que l'investissement?
M. Tremblay: Je vais commenter cela, mais je vois que j'avais des
notes à présenter sur l'élément 2. Je vais les
présenter et je vais commenter. (12 h 15)
Donc, cet élément 2 est un élément
important. Il traite de la prospection de l'investissement et l'expansion des
marchés. Cet élément de programme totalise des
crédits de $15 058 100 dont $10 millions s'appliquent à un
paiement de transfert au profit de la Société
générale de financement, conformément à la loi 108
modifiant la charte de cette société d'État.
La Direction des services internationaux, responsable de
l'administration de cet élément de programme, dispose donc d'un
budget total de $5 058 100 pour l'exercice 1979/80. Ses effectifs comptent 76
employés permanents localisés à notre bureau de
Montréal. Il faut de plus noter qu'une importante partie des
opérations de cette direction est réalisée sur le terrain,
à l'étranger, à l'intérieur de
délégations du Québec avec la contribution d'un personnel
professionnel recruté localement, c'est-à-dire des
attachés commerciaux au nombre de 25.
Pour la période du 1er avril 1979 au 31 mars 1979, les moyens mis
en oeuvre par cette direction pour réaliser son mandat ont
été de divers ordres, participation à des foires
internationales au nombre de 28; organisation de missions commerciales au
nombre de 29; préparation d'accords industriels au nombre de 12; accueil
de missions, de délégations, acheteurs étrangers au nombre
de 87; tenue de 10 séminaires pour l'exportation, dont 5 Ventexport avec
98 industriels participants; réalisation de 10 études de
marché et, finalement, l'accord de 176 aides financières dont le
programme APEX.
Le programme d'activités de l'an dernier est annexé au
document, de même que les principales activités prévues
pour l'année en cours.
Maintenant, pour revenir à la question de l'expansion des
marchés versus la prospection des investissements, il est difficile de
faire une démarcation, mais la liste des interventions que je viens de
mentionner, les missions commerciales, les délégations et tout
cela, sont des activités de prospection de marchés et
d'élargissement des accès pour nos produits et pour nos
entreprises. Dans le passé, on s'est rendu compte que nos maisons du
Québec négligeaient la prospection des exportations. Or, on
constate qu'une des faiblesses de notre secteur industriel et manufacturier,
c'est qu'il n'exporte pas suffisamment.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, me
permettriez-vous d'être impoli?
M. Tremblay: Non.
Le Président (M. Laplante): L'ordre de l'Assemblée
nationale nous indique...
M. Tremblay: II ne faut pas être impoli.
Le Président (M. Laplante): ... de terminer à 12 h
30 et le député de Notre-Dame-de-Grâce me dit qu'il ne peut
dépasser cette heure. Si vous voulez que votre programme soit
adopté et que vos gens aillent à Montréal, je pense que ce
serait bon d'aborder la période des questions tout de suite.
M. Tremblay: D'accord. Je m'excuse, M. le Président. Je
suis...
Le Président (M. Laplante): Je dis cela pour vous rendre
service.
M. Tremblay: ... d'accord avec votre intervention et je vous
remercie de votre doigté.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: M. le ministre, j'ai tendance à regarder cette
période d'étude des crédits un peu comme les débats
sur les budgets que j'ai vécus pendant 17 ans dans l'industrie
privée.
Je ne veux pas aller jusqu'à demander une espèce de
"zero-base budgeting", mais je pense qu'il s'impose de poser des questions
sérieuses sur le coût et la réalisation de chacun de ces
programmes et éléments. Pour moi, celui-ci, en comparaison avec
le dernier, est un groupe dans lequel on doit avoir la possibilité de
recevoir un rapport assez précis sur les réalisations de l'an
passé et les objectifs de l'année prochaine. Quand je parle des
objectifs, je ne parle pas des activités, parce qu'une activité
en soi n'est pas importante. C'est un coût, c'est quelque chose qu'on
fait pour réaliser quelque chose.
Je pense que je vais demander, soit à vous, soit au directeur, de
nous dire ce que vous avez réalisé en 1978/79, en termes
concrets, pour justifier les dépenses de $5 millions et quels sont vos
objectifs précis pour l'année prochaine. Je répète
que je ne parle pas des activités, assister à sept foires
internationales, recevoir six missions,
des choses comme celles-là sont des activités. Ce ne sont
pas des objectifs.
Je pense que vous me comprenez très bien. Je veux savoir ce que
vous avez réalisé et je veux que vous parliez de
l'investissement, parce que, même si vous m'avez dit que, pour vous,
l'expansion des marchés, c'est le plus important, il reste quand
même que le ministre des Finances et le premier ministre et
vous-même avez dit, à maintes reprises, depuis ces deux ou trois
derniers mois, que l'investissement au Québec est la priorité
fondamentale pour l'année en cours.
Alors, voici une arme, un moyen possible de le soutenir, de le
développer et ça me surprend un peu que vous ayez mis cet aspect
de ces activités à un deuxième niveau. Sur les deux plans,
investissement et expansion du marché, qu'est-ce que vous avez
réalisé l'an passé et quels sont vos objectifs pour
l'année prochaine?
M. Tremblay: M. le Président, nous n'avons pas mis la
prospection des investissements à un deuxième niveau. Tous les
efforts qui se faisaient continuent de se faire au niveau de cette direction.
Nous avons simplement intensifié la prospection des marchés qui
était un point faible. Donc, il faut faire attention de mettre un niveau
par rapport à l'autre.
Maintenant, sur la question de fonds, le député de
Notre-Dame-de-Grâce dit: J'aimerais regarder cette partie de budget comme
si c'était une entreprise, et voir si le taux de réalisation est
en fonction des objectifs poursuivis, etc.
Si un ministère comme celui de l'Industrie et le Commerce
était une entreprise, nous pourrions fonctionner comme cela,
c'est-à-dire que nous aurions des critères de rentabilité,
parce que, finalement, dans une entreprise, c'est le critère
définitif, à savoir si on a vendu plus que les coûts. Je
n'ai pas d'objections à ce que d'ailleurs, c'est une des
préoccupations que j'ai pour toute activité, dans un
ministère ou dans un gouvernement, qui peut faire l'objet d'un
contrôle par la rentabilité en fonction de programmes, etc., nous
le fassions et que nous puissions demander les comptes de façon
précise.
Dans un gouvernement, il s'agit surtout de fournir des services qui
sont, par définition, non rentables. Personne, si le gouvernement ne le
faisait, n'organiserait une foire internationale ou des missions commerciales
ou des promotions spéciales, des séminaires à
l'exportation, des études de marché, etc. Ce sont des
activités que j'appelle non rentables et c'est pour ça que c'est
le gouvernement qui doit s'en charger, parce qu'il n'y a personne d'autre qui
le ferait.
Mais ce sont les entreprises qui bénéficient de ces
services et qui exportent. Maintenant, si on voulait vraiment juger du
résultat, il faudrait savoir quelles sont les exportations en volume,
pendant une année, qui sont directement attribuables à ces
activités de cette direction du ministère. Malheureusement, ce
n'est pas comme le critère de rentabilité où on a un
chiffre: le profit est tant et la perte est tant.
On peut juger du résultat global au niveau des exportations, mais
là, on n'a pas un critère absolument hermétique. Je
demanderais quand même à M. Girard de répondre à
votre question: Qu'est-ce qu'ils ont fait de bon cette année?
D'accord. Nous avons dépensé quelque $5 millions au cours
de l'année dernière. C'est sûr, nous avons procuré
un service aux industriels et, plus particulièrement, aux petites et
moyennes entreprises.
À la suite d'une mission, généralement à la
fin de la mission ou de l'exposition, et, d'habitude, tous les soirs au cours
de la manifestation, on demande à l'industriel s'il a conclu des
transactions. Alors, les gens qui ont participé, les 246 industriels qui
ont participé à nos activités, 28 expositions et 29
missions commerciales, nous ont dit qu'ils ont vendu pour $10 millions sur
place.
Six mois après l'activité, nous communiquons de nouveau
par téléphone avec l'industriel. Nous lui demandons: Suite
à la mission dans tel pays, mettons à la foire de Hanovre, est-ce
que vous avez eu d'autres commandes? Alors, les industriels nous fournissent
des réponses. On fait la même chose au bout de douze mois et,
généralement, au bout de deux ans. Nous avons
décidé d'abandonner le questionnaire au bout de deux ans, parce
que c'est moins valable.
Alors, dans une première estimation, ce qui apparaît dans
le cahier que vous avez devant vous, les industriels nous ont dit qu'au cours
des douze mois qui ont suivi l'activité, ils avaient vendu pour un autre
$43 millions ou s'attendaient de vendre pour $43 millions de plus.
C'est pour la participation aux expositions. Pour ce qui est des
missions commerciales, on a vendu sur place pour $11 millions et les
industriels nous ont déclaré qu'ils s'attendaient de vendre pour
$51 millions au cours des douze mois suivants.
J'avoue qu'en réalité les données sont un peu plus
considérables que ça. Nous avons compilé ces
données, il y a un mois ou un mois et demi et nous avons eu le temps
depuis ce temps-là de revoir les dossiers un par un. En
réalité les chiffres pour la période de douze mois, pour
les foires, ne sont pas de $43 millions, ils sont de $78 millions. Pour ce qui
est des missions commerciales, ils ne sont pas de $51 millions, ils sont de $68
millions.
Ce qui est positif et un peu plus sûr, ce sont les ventes qui ont
été faites sur place. Il y a quand même des moyens de
vérifier ces choses-là. Évidemment, ce qui a
été vendu ou qui va se vendre pour les douze derniers mois, on
peut peut-être le mettre un peu en doute. Bien que l'industriel,
règle générale, n'exagère pas. S'il exagère,
c'est de façon négative, il en met moins que plus.
Je pense que notre rôle ici est un rôle d'incitation, en
réalité. C'est d'habituer l'industriel aux marchés
d'exportation afin qu'il puisse ensuite travailler par lui-même sur ces
marchés. En général, ce sont surtout des PME avec
lesquelles nous faisons affaires. Il y a très peu de grandes
entreprises qui ont, elles, des moyens à leur disposition.
Ce sont des missions de groupe. Nous avons aussi des missions
individuelles. On a un programme d'aide aux missions individuelles, à
l'industrie, qui s'appelle APEX. Cela ressemble au PMD fédéral
où, après examen du dossier, on se trouve en gros à payer
environ 50% des frais d'un voyage de prospection à l'étranger ou
de participation à une exposition. Là aussi nous avons obtenu des
résultats. Lorsque l'industriel revient de ses missions ou de son
exposition, s'il veut être remboursé sur présentation de
ses pièces, il doit aussi nous fournir un rapport. Si la mission ou
l'exposition en question se fait à l'intérieur d'un territoire
où nous avons une section économique, il doit aussi passer par le
bureau et faire rapport. Donc, il y a moyen de contrôler. Là aussi
il y a eu des résultats. Si vous permettez un instant...
Nous avons, par exemple, accordé, au cours de la dernière
année, 176 APEX. Il y a trois types d'APEX. L'APEX a) s'adresse surtout
aux cabinets-conseils pour la préparation de soumissions, notamment dans
les pays en voie de développement. L'APEX b) couvre la prospection
à l'exportation et l'APEX c) couvre des participations à des
expositions ou des foires. Tout ça nous a coûté $393
576.
Les participants, les industriels et les cabinets-conseils, dans le cas
du volet a), nous ont dit qu'ils ont vendu sur place pour $18 741 120 et qu'ils
s'attendaient, au cours des douze mois suivants, à vendre pour $118 467
035. Ce sont des choses concrètes.
Évidemment, si on prend le volet a), il y a quand même pour
$14 millions de ventes. Il y a eu deux firmes-conseils. Une a eu un contrat en
Algérie, la SNC, et l'autre, O'Keefe, a eu un contrat en Tunisie. Ces
deux contrats-là ont fait directement $14 millions immédiatement.
Ces deux contrats, une fois qu'ils auront été renouvelés
vont faire pour environ $66 millions d'affaires.
Pour ce qui est des foires et des missions, le coût...
M. Scowen: M. le Président, comme il est 12 heures 30 et
qu'il nous faut absolument terminer, pour ma part du moins, je trouve ce que
vous dites, M. Girard, très intéressant. Je sais très bien
que vous voulez retourner à Montréal. À moins que vous
puissiez vous engager à revenir pour une autre session d'ici la fin de
juin... Je préfère qu'il continue après...
M. Tremblay: J'aurais peut-être une solution, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce. Nous avons un rapport
extrêmement détaillé sur tout ce que vient de dire M.
Girard, avec tous les noms de tous les produits, les montants. Je n'aurais pas
d'objection à le déposer et à vous en fournir copie.
M. Scowen: Ce n'est pas une question de détails, ils sont
toujours disponibles. C'est que M. Girard a parlé de la question du
développement des marchés pour l'an passé. Je veux aussi
qu'il parle un peu de développement des investis- sements de l'an
passé et, par la suite, je veux qu'il nous dise, pour l'année
prochaine, d'après son expérience, quelle est son intention dans
chacun des deux domaines, de changer, améliorer et peut-être
laisser tomber quelques éléments, en ajouter d'autres. Je veux
savoir quel est son programme pour l'avenir. Pour l'avoir, il faut
absolument... (12 h 30)
M. Tremblay: Je pense qu'il vaudrait mieux revenir à 16
heures, parce que nous n'avons pas le temps de répondre à toutes
les questions maintenant.
M. Scowen: C'est ça.
Le Président (M. Laplante): Sur ce, les travaux sont
suspendus jusqu'à 16 h ou 16 h 15 environ, cet après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
(Reprise de la séance à 16 h 40)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Scowen: M. le Président, avant de continuer...
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez, je vais ouvrir
la séance et ensuite on parlera, d'accord?
La commission de l'industrie et du commerce se réunit pour
l'étude des crédits programme par programme, de l'année
financière 1979/80.
Les membres de cette commission sont: MM. Dubois (Huntingdon), Gosselin
(Sherbrooke), Grégoire (Frontenac), Mme Leblanc-Bantey
(Îles-de-la-Madeleine), MM. Lefebvre (Viau), Ouellette (Beauce-Nord),
Raynauld (Outremont), Scowen (Notre-Dame-de-Grâce), Shaw (Pointe-Claire),
Tremblay (Gouin).
Les intervenants sont: MM. Gagnon (Champlain), Godin (Mercier), Goulet
(Bellechasse), Landry (Fabre), Marchand (Laurier), Michaud (Laprairie), Perron
(Duplessis), Samson (Rouyn-Noranda), Saint-Germain (Jacques-Cartier).
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, vous aviez
quelque chose avant de débuter.
M. Scowen: Je voulais simplement vous demander si cette
session-ci va terminer l'étude des crédits. J'ai
intérêt à continuer jusqu'au bout de ce document parce que
je trouve qu'il y a des éléments très importants
là-dedans. C'est un ministère clé dans l'économie
du Québec qui est certainement un élément clef de notre
avenir. Si le ministre a l'intention de couper l'étude des
crédits pour les porter à la fin ce soir, j'aimerais le savoir
aussitôt que possible, tout de suite, parce que j'ai des commentaires
généraux à faire avant de terminer. Alors, quelle est
l'intention du ministre?
Le Président (M. Laplante): Je pense que ce n'est plus
dans les mains du ministre. Une entente a été faite entre tous
les partis pour fixer les heures de l'étude des crédits de chacun
des ministères. Comme Président, je suis obligé de m'en
tenir actuellement à l'entente intervenue, ce qui veut dire que les
crédits se terminent ce soir à dix-huit heures pour le
ministère de l'Industrie et du Commerce.
Si vous n'avez pas terminé l'étude des crédits ce
soir, si vous n'avez pas adopté tous les programmes, la seule fonction
que j'ai, la seule porte ouverte que j'ai c'est d'ajourner les travaux sine
die. Je ne demanderais pas au rapporteur à ce moment-là de faire
rapport à l'Assemblée nationale que les crédits sont
étudiés programme par programme, élément par
élément.
La seule alternative que j'ai, c'est de dire que l'étude des
crédits est ajournée sine die. Si les leaders entre eux, avec le
ministre qui sera consulté probablement à ce moment-là,
décident de consacrer une journée additionnelle aux
crédits, ça leur appartiendra. Je suis au service de
l'Assemblée nationale. Est-ce que ça répond à votre
question M. le député?
M. Scowen: Oui, M. le Président, dans ce cas-là, je
vais simplement continuer de...
Le Président (M. Laplante): Je vous conseillerais une
chose par exemple. Est-ce que je peux vous donner un conseil? Si vous voulez
actuellement aborder la généralité des programmes qui nous
restent, je vous conseille de le faire et d'adopter les programmes à six
heures parce que je doute très fort, sans que ce soit une
décision de ma part, qu'il y ait continuité dans l'étude
des crédits vu les arrangements intervenus jusqu'à
maintenant.
M. Scowen: Alors on va continuer au moins jusqu'à... Mon
Dieu, c'est déjà cinq heures moins... Il nous reste une heure
quinze minutes?
Le Président (M. Laplante): Oui, c'est pour ça que
je vous le conseille pour ne pas prendre de chance parce que vous devez avoir
des questions pertinentes à poser sur l'ensemble des autres
programmes.
M. Scowen: Alors, avant d'aborder des questions
générales, vu que votre directeur est resté durant la
période du lunch et durant la période des questions et vu que je
trouvais ses commentaires très intéressants, je pense qu'on
devrait terminer au moins cette partie. Le député de Huntingdon
va peut-être avoir des questions aussi. Ensuite vous me permettrez
peut-être de faire quelques commentaires de nature plus
générale, parce que ce sont encore des questions...
Je pense que vous avez bien expliqué les activités de
l'année passée dans le domaine de la recherche sur le
marché des exportations et je me demande s'il sera possible de faire la
même chose en ce qui concerne vos activités dans le domaine de la
recherche à l'investissement pour l'année dernière,
l'autre volet qui, comme le ministre l'a dit, a une priorité
égale à l'autre.
Le Président (M. Laplante): Vu que l'on recommence le
programme 3, élément 2, vous aviez des questions, M. le
député de Huntingdon?
M. Dubois: Sur l'élément 2.
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît! Avant
de libérer ces messieurs-là, ce ne sera pas long, je reviens
à vous tout de suite. Alors vous avez terminé vous? (16 h 45)
M. Scowen: Non, je demande que vous continuiez. Vous avez
décrit tout ce que vous avez fait dans le domaine de l'expansion des
marchés. Maintenant, qu'est-ce que vous avez fait dans le domaine de la
prospection, de l'investissement l'an passé?
M. Tremblay: II y a des dossiers qu'on appelle créneaux,
des dossiers plausibles. Ce sont des dossiers sur certains secteurs industriels
qui sont montés par la direction générale de l'industrie.
Ces dossiers sont transmis à nos conseillers économiques à
l'étranger pour diffusion chez les investisseurs potentiels. En plus de
cela, les conseillers économiques continuent, comme par le passé,
à se faire inviter ou à accepter les invitations des organismes
économiques comme les chambres de commerce et d'industrie, etc.
Évidemment, il y a un certain nombre de dossiers qui sont passés
par les bureaux de l'étranger.
Le conseiller économique, lorsqu'il y a un dossier
d'investissement, ou du moins un investisseur potentiel, nous transmet le
dossier et nous transmettons le dossier à la direction de la promotion
industrielle. Il y a au moins une dizaine de dossiers cette année qui
ont connu une fin heureuse. Évidemment, il y a d'autres dossiers qui
continuent à être étudiés ou discutés. Il y a
des dossiers où il y a déjà des offres qui ont
été déposées par la SDI ou par le MEER, mais
où il n'y a pas encore de décisions finales qui ont
été prises.
M. Scowen: En effet, il y en a une dizaine. M. Tremblay:
Oui.
M. Scowen: Est-ce que vous avez la liste de ces projets? Est-ce
qu'elle est disponible?
M. Tremblay: On peut mentionner une compagnie qui s'appelle
Weaferboard Corporation, des immobilisations de $18 400 000...
M. Scowen: Est-ce que ce sont des investissements qui sont
déjà faits ou en cours de l'être?
M. Tremblay: C'est la question que je posais; ce sont des projets
dont la réalisation est en cours ou dont la réalisation prochaine
a été annoncée. C'est passablement définitif. La
compagnie
Weaferboard Corporation, immobilisations de $18 400 000, nouveaux
emplois, 276; la compagnie...
M. Scowen: Si vous déposer la liste, c'est correct. Ce
n'est pas nécessaire de la lire si vous acceptez de...
M. Tremblay: Je voudrais donner quand même quelques
exemples. La compagnie Suds, de Suède, immobilisations de $180 000, 59
nouveaux emplois, etc.
M. Scowen: Est-ce qu'on peut avoir la liste?
M. Tremblay: Un autre cas en provenance de la France: Sepa
Levage, immobilisations de $1 million, nouveaux emplois, 35. Il n'y a pas
d'objection à distribuer la liste.
M. Scowen: Très bien. M. Girard, est-ce que,
d'après vous, dans le domaine de la prospection de l'investissement,
cela a été une année faible, moyenne ou sensationnelle?
Comment va la prospection de l'investissement au Québec ces
jours-ci?
M. Tremblay: Ce n'est un secret pour personne, dans toutes les
provinces canadiennes, à l'heure actuelle, tel que j'ai pu le constater
moi-même au cours du dernier congrès de l'Associa-tions canadienne
de développement industriel à Edmonton, il y a un ralentissement
des dossiers d'investissements industriels. Il y a même certains pays qui
posent des restrictions à la sortie de capitaux. En Italie, par exemple,
vous avez la permission d'exporter des capitaux à condition de
déposer 50% sans intérêt du montant de l'investissement que
vous désirez faire à l'étranger entre les mains d'une
compagnie d'État qui est une sorte de caisse de dépôts,
à toutes fins utiles. Il y a des restrictions là-dessus. Il y a
aussi des restrictions de la part d'autres pays mais qui sont plus des
restrictions compte tenu de certaines lois, telle FIRA. On se pose
énormément de questions il faut bien l'admettre un
peu partout à l'étranger sur l'action de FIRA, les hommes
d'affaires d'une certaine façon ralentissent peut-être à
cause de cela et d'autre chose. Mais, de façon générale,
il y a un ralentissement au niveau de l'investissement en provenance de la
plupart de nos bureaux.
Ce sujet rejoint ce que nous discutions, hier soir, lorsque nous avons
étudié les dossiers de la direction d'analyse des investissements
étrangers dans le cadre de la Loi fédérale de FIRA. L'an
passé, l'accent a surtout été mis, je pense, sur les
prises de contrôle d'entreprises étrangères plutôt
que sur de nouveaux investissements, même s'il y avait eu une
augmentation de 10% pour les nouveaux investissements, mais c'était 39%
pour les prises de contrôle. Ou côté américain,
aussi, on se rend compte que les compagnies américaines qui ont connu
pendant 20 ans, qui ont appliqué au cours des derniers 20 ans une
stratégie d'investissement à l'extérieur, ont
commencé un retrait. Chrysler a vendu ses usines en France à
Peugeot, je crois, et cela est symptomatique d'un retrait vers les
États-Unis. Il y a quand même un intérêt très
grand de la part des entreprises européennes à venir en
Amérique du Nord. Je pense que les entreprises européennes
étaient en retard sur les entreprises américaines pour aller
investiguer ou investir dans les marchés nord-américains ou
étrangers. Par contre, il y a certains pays comme l'Italie, qui posent
des conditions tellement restrictives que les entreprises peuvent difficilement
quitter et venir investir en Amérique du Nord.
Nous avons quand même plusieurs gros dossiers je ne peux
pas les révéler qui sont à l'étude
présentement et qui impliquent des entreprises européennes et
j'ai l'intention d'entreprendre un voyage en Europe au début de
l'automne, préférablement au début d'octobre, pour visiter
certains industriels dont les dossiers sont passablement avancés avec le
ministère de l'Industrie et du Commerce pour des investissements
industriels au Québec pour le marché nord-américain, et je
visiterai des entreprises françaises, des entreprises allemandes et des
entreprises belges. Évidemment, à cela, il faut ajouter,
lorsqu'on parle de cette préoccupation, au plan de l'investissement,
qu'il y a eu, au cours de 1978, 57 accords industriels signés, et qui
ont été identifiés, du moins, comme un résultat
découlant des activités de la direction des services
internationaux. Tout cela mis ensemble fait que c'est un élément
important des préoccupations de la direction des services
internationaux.
M. Scowen: M. Girard, je ne veux pas vous retarder
indûment, mais est-ce que vous pouvez maintenant nous dire d'après
votre expérience de l'an passé, et avec le même budget pour
l'an prochain, qu'est-ce que vous avez appris l'an passé, qu'est-ce qui
a bien marché que vous avez l'intention d'accentuer pour l'année
prochaine, quelles sont les choses qui n'ont pas bien marché, que vous
avez l'intention de ne plus faire? En effet, quels sont les changements que
vous prévoyez dans vos activités et dans vos objectifs pour l'an
prochain?
M. Tremblay: ... le budget pour 1979/80 est assez minime. Donc,
il n'a pas une expansion, une explosion des activités et des programmes.
Il s'agit de bonifier, de consolider ce qui se fait, et d'améliorer les
résultats.
Un aspect sur lequel nous avons beaucoup mis l'accent depuis que M.
Girard a été nommé officiellement responsable de ce
service qui marche de mieux en mieux, c'est l'intégration des services
internationaux avec le reste du ministère de façon que la
sélection, par exemple, des manufacturiers qui participent à des
activités internationales de missions ou d'expositions, soit faite de
manière plus judicieuse, de concert avec la direction
générale de l'industrie qui a une connaissance beaucoup plus
intime de l'ensemble des manufacturiers québécois. L'effet est
beaucoup
plus effectif et plus efficace avec le même montant d'argent. Nous
attachons beaucoup d'importance à des gestes comme ceux-là qui,
évidemment, sur le plan budgétaire, n'ont pas d'incidence, mais
qui, sur le plan de l'efficacité générale de ce service,
se font sentir, et nous avons reçu plusieurs lettres qui sont
certainement très encourageantes à cet égard, que je
n'oserais pas citer ici, évidemment.
M. Scowen: Oui. Ce que je cherchais, c'était quelque chose
d'un peu plus précis dans le domaine des activités et projets
spécifiques, mais je pense qu'il s'impose que je vous donne la parole si
vous voulez poser des questions.
M. Dubois: J'en ai quelques-unes à poser.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Merci, M. le Président. J'aimerais savoir si
les entrées de nouveaux investissements au Québec compensent pour
l'exode de firmes, toujours dans le domaine producteur d'emplois, est-ce qu'on
peut dire qu'il y a une compensation, entrée contre sortie, si on les
prend strictement au niveau emploi? Je ne parle pas de capitaux.
M. Tremblay: Vous faites allusion à certains exemples
comme la Sun Life dans le domaine des services des assurances, ou même je
ne sais pas, une division...
M. Dubois: Je veux parler du domaine manufacturier.
M. Tremblay: Dans le domaine manufacturier, il n'y a pas de
sortie. Avez-vous des exemples?
M. Dubois: Lachine Tuck Tape qui s'en va. C'est un exemple, c'est
un produit manufacturier. Ce n'est pas le seul quand même.
M. Tremblay: II y a eu des réaménagements, mais je
ne pense pas qu'il y ait de sortie en termes d'activité
manufacturière. Il faut regarder les résultats nets. C'est vrai
que les entreprises sont transférées, selon les commandes, d'une
usine à l'autre, mais l'emploi net dans le secteur manufacturier
on l'a vu hier, je ne veux pas recommencer s'est accru. Mais, on ne peut
pas dire, on ne peut pas comptabiliser la contribution d'investissements
étrangers.
D'ailleurs, c'est toujours la même chose, cela revient à la
discussion qu'on avait sur FIRA hier. Ce que l'on a distribué, par
exemple, tout à l'heure, ce sont des projets qui impliquent des firmes
étrangères bien spécifiques. Alors, il y a bien des
entreprises étrangères qui sont au Québec et qui
réinvestissent.
Donc la contribution des capitaux étrangers au
développement économique est beaucoup plus grande que ce que l'on
peut voir là, à la marge, parce que j'ai donné des
chiffres à l'Assemblée na- tionale concernant le contrôle
des entreprises au Québec et les entreprises étrangères
contrôlent tout près de 40% des entreprises manufacturières
du Québec. C'est évident que ces entreprises
réinvestissent des profits ou investissent des nouveaux capitaux, mais
cela ne fait pas partie du tout des activités de la direction des
services internationaux.
Là, il s'agit d'un projet, une entreprise française qui
investit à Granby et qui constitue une nouvelle implantation. Dans le
document qu'on a distribué, il y a un certain nombre d'emplois qui peut
être comptabilisé, mais c'est vraiment partiel, c'est 525 emplois
qu'on avait tout à l'heure, mais c'est vraiment partiel. On ne peut pas
considérer que ceci compense pour une autre chose.
M. Dubois: À présent, est-ce qu'il y a des produits
en particulier qui ont connu une hausse d'exportations remarquable, notoire,
cette année en 1978?
M. Tremblay: Ah! cette année, regardez les profits de
l'Alcan, $324 millions. Moi-même avant d'entrer en politique j'avais des
actions de l'Alcan, je les avais achetées à $18.58; maintenant
elles se vendent $43 ou $45. L'Alcan fonctionne à plein. Les pâtes
et papiers ont...
M. Dubois: C'est conventionnel pas mal au niveau exportation.
M. Tremblay: Les pâtes et papiers... Vous voulez dire
originalité des produits?
M. Dubois: Oui, oui.
M. Tremblay: Matériel de transport, fourrures, produits
alimentaires. On a plus que doublé nos exportations de porc au Japon, le
sirop d'érable...
M. Dubois: Est-ce qu'il y a des nouveaux marchés qui sont
ouverts comme en 1978, par exemple, dans nos exportations.
M. Tremblay: Oui, il y a des nouveaux marchés qui sont
ouverts, des marchés africains, dans le domaine des services
d'experts-conseils, de génies-conseils. Il y a plusieurs contrats qui
ont été conclus l'an passé dans des pays, notamment en
Afrique du nord, en Algérie, en Tunisie. Il y a d'autres projets
aussi.
M. Dubois: Mais au niveau de...
M. Tremblay: Les rapports que j'ai vus aussi des Maisons du
Québec à Boston et à New York faisaient état que
les demandes pour les produits du Québec étaient très
fortes.
Avez-vous des commentaires sur cela?
Oui, les demandes continuent à être très fortes.
Évidemment, le fait que le dollar canadien ait perdu une partie de sa
valeur a favorisé le développement des exportations, non
seulement dans les produits traditionnels, mais dans d'autres do-
maines, celui du matériel de transport, des articles de sport. Il
y a de nouveaux marchés qui ont été ouverts dans les
articles de sport au Japon et en Europe. À l'occasion de la Foire de
Grenoble, au Salon d'hiver à Grenoble, nous avons réussi à
vendre beaucoup d'articles de sport.
Moi-même, j'ai fait partie, j'ai dirigé une mission au
Japon et là-dedans nous avions un fabricant de hockeys et si tout
fonctionne, il y a des chances qu'on puisse peut-être prendre 30% du
marché du hockey au Japon. C'est assez étonnant, mais il y a
toute une partie du Japon où il y a des équipes de hockey, ils
ont même une ligue nationale de hockey au Japon.
M. Dubois: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce. (17 heures)
M. Scowen: Sur la liste que vous avez déposée, il y
a des compagnies, des investissements du Québec et de l'Ontario ainsi
que ceux des pays étrangers. Est-ce que cette liste des compagnies est
complète pour le moment? Est-ce qu'elle comprend les nouveaux projets,
les nouvelles compagnies dont vous savez qu'elles sont en train de s'installer
au Québec?
M. Tremblay: Non, il y a d'autres dossiers.
M. Scowen: II y en a d'autres?
M. Tremblay: En cours, oui.
M. Scowen: Qui ne sont pas assez avancés.
M. Tremblay: Ce n'est pas complété. Ce qu'on a
distribué, ce sont des décisions définitives. Tout le
stock des dossiers continue d'être étudié. Lors de la
visite du premier ministre Barre, par exemple, on a
accéléré certains dossiers français. Il y a eu,
évidemment... Est-ce qu'on a mis dans cela le dossier...
Non, ce n'est pas annoncé, ce sont trois très gros
dossiers qui proviennent d'un de nos territoires.
Oui, mais tant qu'ils ne sont pas définitifs, on ne peut pas les
annoncer. Donc, il y en a plusieurs; c'est pour cela que j'ai dit que j'allais
effectuer un voyage en Europe à l'automne parce que la plupart de nos
gros dossiers présentement proviennent d'Europe. Il y a Milan aussi,
mais je n'aurai pas le temps d'y aller. L'Allemagne...
M. Scowen: En effet, c'est la liste des réalisations pour
1978, mais il y en a d'autres qui sont en cours pour 1979.
M. Tremblay: II y en a certains aussi qui ont commencé
l'an passé et qui continuent de se réaliser cette année,
comme Sabreloire qui est un projet très considérable. C'est un
projet qui est en cours de réalisation à l'heure actuelle, mais
qui a été annoncé l'an dernier.
M. Scowen: Mais ce sont les réalisations de l'an
passé.
M. Tremblay: Jusqu'au 31 mars. M. Scowen: Oui, les douze
mois... M. Tremblay: ... de l'année financière. M.
Scowen: Merci.
M. Tremblay: II y a des dossiers qui ont commencé il y a
treize ou quatorze mois et qu'on ne répète pas dans la liste.
M. Scowen: Exactement, parce qu'ils ne sont pas encore
complétés, réalisés.
M. Tremblay: Parce qu'ils ont commencé à être
réalisés avant l'exercice que nous étudions, qui est
l'exercice 1978/79. La réalisation n'est pas encore terminée, ils
sont antérieurs.
M. Scowen: Tout ce que je voulais savoir, c'est si cette liste-ci
est la liste des réalisations pour l'année financière
1978, année qui se termine le 31 mars 1979. C'est ça?
M. Tremblay: C'est-à-dire que ce sont des projets en
provenance de nos bureaux de l'étranger.
M. Scowen: De vos bureaux?
M. Tremblay: Décisions pendant l'année. Il y a
l'expansion des industries en piace qui ne passe pas par les services
internationaux.
M. Scowen: Bien sûr. Comme le ministre lui-même l'a
dit, si Alcan décide d'investir... Les nouveaux projets, c'est
ça.
M. Dubois: Combien de nouveaux bureaux avez-vous ouverts à
l'étranger en 1978?
M. Tremblay: Combien on en a ouvert? On n'en a pas ouvert.
M. Dubois: Vous n'en avez pas ouvert de nouveaux en 1978?
M. Tremblay: Non. Il y a le bureau commercial de Caracas.
Officiellement, il a été ouvert cette année, oui.
M. Scowen: Et cela comprend aussi tous vos bureaux du
Québec, si je comprends bien.
M. Tremblay: Non.
M. Scowen: Vous avez, par exemple, un investissement de Normick
à La Sarre sur la liste. C'est un investissement qui n'est pas de
Milan.
M. Tremblay: Cela est passé en partie par le bureau de
Toronto.
M. Scowen: Bon! Normick, de La Sarre, du Québec, vient de
Toronto?
M. Tremblay: II y a une partie de cela qui est passée par
le bureau de Toronto, oui.
M. Scowen: II y en a d'autres.
M. Tremblay: C'est symptomatique du fait que cette région
est branchée plus sur Toronto que sur Montréal.
M. Scowen: LUPEL-Amiante, Domco, Papier Cascade, (Québec).
Est-ce que c'est venu par Toronto aussi?
M. Tremblay: II y a eu des accords industriels. Il ne devrait pas
être là, c'est un accord industriel en réalité.
M. Scowen: Et la localisation à Montréal de
l'expansion des Equipements Canair, cela vient d'où?
M. Tremblay: C'est un dossier d'accord cela aussi.
M. Scowen: Quoi?
M. Tremblay: Un accord industriel.
Parmi les 57 accords industriels, on en trouve quelques-uns qui ont
conduit à une implantation au Québec.
M. Dubois: II y a certains endroits où il y a un bureau
canadien et un bureau québécois.
M. Tremblay: Oui.
M. Dubois: Dans certains pays ou certaines villes. Est-ce qu'il y
a une entente? Est-ce qu'on a conclu une entente entre les deux bureaux pour
que les dossiers qui doivent venir au Québec soient remis aux maisons du
Québec? La maison canadienne réalise-t-elle des ententes pour et
au nom du Québec?
M. Tremblay: Vous demandez effectivement si les ambassades
canadiennes, qui ont quand même des délégués
commerciaux canadiens, transfèrent au Québec certains dossiers
que le Québec peut faire avancer, qui conduisent à une
implantation définitive. Est-ce que cela se produit?
Oui, cela se produit. Cependant, il faut quand même observer
qu'à un consulat ou à une ambassade où il y a des
délégués commerciaux canadiens, on travaille pour
l'ensemble du Canada. Maintenant, on communique des dossiers et, en même
temps, on peut en communiquer d'autres. Si on est déjà en
possession du dossier, normalement, nous avons une priorité. Cependant,
un délégué commercial canadien s'occupa avant tout du
développement de l'exportation et relativement peu de dossiers
d'investissements. Je n'en fais pas une règle générale, il
peut y avoir des exceptions, mais...
M. Dubois: ... les maisons du Québec.
M. Tremblay: ... c'est plutôt la politique.
Si je comprends bien, pour le député de Huntingdon
et il faut rattacher ça à la question du député de
Notre-Dame-de-Grâce les bureaux du gouvernement canadien à
l'étranger sont orientés principalement et pratiquement
uniquement sur la prospection des marchés et ne se préoccupent
pas tellement de la prospection des investisseurs étrangers et bien
plus, comme on l'a dit tout à l'heure, la loi fédérale de
FIRA est un obstacle général aux investissements étrangers
au Canada puisque c'est une procédure qui paraît coûteuse
lorsqu'on est en Allemagne. On dit: II va falloir suivre des corridors
juridiques, etc., de sorte que je pense que ça situe le contexte
général à l'intérieur duquel les services
internationaux font de la prospection d'investissements étrangers.
M. Dubois: C'est ce qui vous a amené à instituer
des maisons du Québec un peu partout, dans plusieurs endroits quand
même.
M. Tremblay: Oui, mais...
M. Dubois: C'est dans ce but-là? Spécifique... Vous
faites les deux, j'imagine.
M. Tremblay:... bien sûr. C'est parce que... On vient de
poser la question, je suis même heureux qu'on l'ait posée. Il ne
semble pas que les ambassades ou les consulats canadiens soient une source
d'approvisionnement de projets pour le Québec tellement grande, mais ils
sont financés au moins au quart par les impôts des
Québécois.
Je voudrais faire un commentaire rapide là-dessus. Une des
raisons pour lesquelles les ambassades ou les consulats canadiens à
l'étranger s'occupent peu d'investissement, c'est qu'il y a
habituellement une concurrence entre les provinces pour la localisation
géographique de cet investissement et le fédéral a
toujours la crainte d'être pris entre l'écorce et l'arbre en
recommandant une province ou l'autre.
Ils ont toujours traditionnellement mis l'accent sur l'exportation de
produits québécois, ontariens ou des maritimes.
M. Dubois: À ce que je veux en venir,
précisément, c'est que si un investisseur possible indique son
choix à l'ambassade canadienne, son choix comme voulant se situer au
Québec, est-ce que ce dossier-là est tout de suite transmis
à la maison du Québec ou si le dossier est piloté quand
même par la maison canadienne, même après indication de
choix?
M. Tremblay: C'est conjoint. M. Dubois: C'est
conjoint.
M. Tremblay: On a eu connaissance de certains dossiers où,
par exemple, on n'a pas de délégation, où il y a eu une
indication que ces gens-là s'intéressaient à ici, et le
dossier nous a été transmis. Mais c'est conjoint.
Le Président (M. Laplante): Y a-t-il d'autres questions
sur l'élément 2 du programme 3? Programme 3,
élément 2 adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Laplante): J'appelle les
éléments 1, 3 et 4. Vous vouliez aborder l'aspect
général des autres programmes, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce?
M. Scowen: Je pense que mes commentaires généraux
sont pour cinq ou dix minutes, pas plus.
Le Président (M. Laplante): Oui, allez-y, faites vos
commentaires généraux. M. le député de Huntingdon
vous êtes prêt pour ça vous aussi?
M. Dubois: II reste peut-être 45 ou 50 minutes.
M. Scowen: II y avait une ou deux questions précises sur
cette partie-là. J'aimerais aborder avant... On vient de faire
l'élément 3, c'est ça?
M. Tremblay: Est-ce qu'on adopte le programme 3 et qu'on
recommande généralement...
Le Président (M. Laplante): On va adopter les programmes
à 5 heures 55. Il prend l'aspect général des programmes
qui restent. Il va vous poser des questions là-dessus, le
député de Huntingdon aussi et à 5 heures 55 on appellera
le vote.
Promotion des exportations
M. Scowen: Je pense qu'on est dans le programme 3. C'est le 3
n'est-ce pas? C'est le domaine de votre société d'exportation,
projetée au moins. Est-ce que c'est quelque chose qui sera
réalisé au cours de l'année 1979? Si oui, quand? Comment
voyez-vous cette société située à
l'intérieur des autres organismes québécois et
fédéraux qui s'occupent un peu des mêmes secteurs. Y a-t-il
quelque chose d'écrit qui puisse nous donner une idée de vos
plans?
M. Tremblay: Premièrement en ce qui concerne les
intentions, je référerais le député de
Notre-Dame-de-Grâce au discours inaugural du premier ministre qui a
formulé l'intention du gouvernement de mettre sur pied un organisme
exclusivement consacré à la promotion des exportations des
petites et moyennes entreprises. Donc, on a le cadre général de
l'intention du gouvernement.
Nous avons fait faire des études sur cette approche et le
processus décisionnel est en marche; il est donc probable qu'au cours de
l'automne, nous puissions déposer un projet de loi, je dis probable
parce que le calendrier législatif est très chargé
jusqu'au 22 juin; cette commission de l'industrie et du commerce est
déjà surchargée. À l'automne, on sait que nous
allons passer passablement de temps à cette commission-ci à
étudier le plan quinquennal de Sidbec. Si on peut déposer un
projet de loi, je serais très favorable à ce que nous le
déposions mais cela prendra évidemment une décision
définitive de la part du Conseil des ministres. Au moment où on
se parle, cette décision n'est pas encore établie de façon
définitive.
À votre question: Comment une société qui
amènerait une promotion des exportations des PME cadrerait avec les
institutions existantes? Je dirais qu'à l'intérieur du
gouvernement du Québec, nous avons, d'une part, les services
internationaux qui eux, fournissent ce que j'ai appelé tout à
l'heure des services non rentables dans le sens que les missions, les foires,
la prospection des marchés, etc. vont donc continuer de fonctionner.
Nous avons, au niveau de la SDI, un élargissement du financement des
exportations. Ce qui manque dans notre stratégie pour les PME et ce qui
est le plus urgent, c'est d'avoir des facilités de création de
consortiums d'exportateurs du genre PME avec des mécanismes pour
répartir les risques des transactions, éviter les
mésaventures que nos petites entreprises ont souvent lorsqu'elles
s'aventurent sur les marchés internationaux toutes seules alors qu'elles
sont payées dans une monnaie étrangère, font face à
des pratiques commerciales différentes et ont parfois des
difficultés qui peuvent même mettre leur survie en
péril.
Face à Ottawa, il est évident qu'on a déjà
fait allusion au fait qu'il y avait une société d'expansion des
exportations. La Société d'expansion des exportations est un
organisme de financement qui finance surtout des acheteurs étrangers
pour acheter des produits au Canada et qui le fait jusqu'à 80%. Ce
financement n'est donc pas complet et, pour la PME, le fait de chercher un
autre 20% même s'il lui était possible d'avoir l'attention de la
SEE... Il y a eu une tendance depuis quelques années à ce que la
SEE abaisse son plancher de prêts; même dans un cas semblable, il y
a un 20% qui manque et qui doit être comblé. Ce sont ces
éléments que nous essayons de mettre en place. On voit qu'il y a
un manque quelque part et nous ferons en sorte qu'il n'y ait pas de
dédoublement avec des institutions qui existent ailleurs. Je ne dis pas
qu'il n'y aura pas de dédoublement complet avec Ottawa, parce qu'il y a
tellement de sociétés à Ottawa qui existent qu'on en
découvre parfois à chaque semaine. Il y en avait 324 dans le
rapport du vérificateur la dernière fois que je l'ai lu. Chose
certaine, pour nos PME, il n'y a pas de ce mécanisme qui permet de
former des consortiums et d'exporter sans que l'entreprise supporte des risques
dangereux.
M. Scowen: Je vous avais posé une question sérieuse
quand j'ai demandé s'il y avait des chevauchements et doublements
possibles avec le fédéral. Vous avez dit, d'une façon un
peu farfelue, je pense, qu'on ne sait même pas combien de
sociétés il y a à Ottawa, est-ce que je peux...
M. Tremblay: M. le Président, je commence à en
avoir marre de ce genre d'accusations gratuites et farfelues, justement. Je
croyais avoir répondu à la question de façon très
complète et complexe.
Voici que votre air arrogant revient; je n'accepterai pas ce genre de
traitement d'aucun député et certainement pas de l'Opposition
libérale. On va vous renvoyer à votre caisse électorale
malpropre.
M. Scowen: II me semble, M. le ministre, que...
Le Président (M. Laplante): II serait bon de revenir
à l'étude des crédits, s'il vous plaît, et de poser
des questions.
M. Scowen: La question que je me pose est une question
sérieuse: S'il existe plusieurs...
M. Tremblay: Votre air rhodésien commence à me
tomber sur les nerfs. (17 h 15)
M. Scowen: Existe-t-il plusieurs sociétés à
Ottawa qui s'occupent de l'exportation? C'est dans ce sens seulement que j'ai
dit farfelu, parce que vous avez dit: II y a tant de sociétés, on
ne les connaît pas et cela paraît tous les jours. Je pense qu'il
s'impose qu'un projet de loi sérieux pour créer une
société d'exploitation québécoise à
l'intérieur du Canada parce qu'après tout c'est le Canada
qui va faire les exportations il s'impose que vous vous rendiez compte
des organismes qui existent à Ottawa qui sont dans le même domaine
et que vous nous donniez une analyse des chevauchements et des
dédoublements possibles de chacune de ces sociétés.
M. Tremblay: M. le Président, il n'y a aucune loi qui est
déposée pour discuter le sujet dont on discute. J'ai simplement,
par bonne volonté, répondu à des questions
hypothétiques. Ce n'est pas dans les crédits. Ce n'est pas un
projet de loi qui est ici et, par conséquent, je ne continuerai pas
cette discussion, à savoir s'il y a quelqu'un à Ottawa qui fait
quelque chose qu'on ne devrait pas dédoubler.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, je vous ferai
remarquer que vous avez fait référence au discours inaugural tout
à l'heure. Dans les prévisions de vos budgets, probablement qu'il
y aura des sommes consacrées à l'application ou à la
fabrication d'une telle loi qui a déjà été
annoncée.
M. Tremblay: II n'y a pas de crédits dans le budget.
Le Président (M. Laplante): Non. Tout de même, je
crois que c'est le droit de l'Opposition de vous poser des questions sur des
actions à venir du ministère de l'Industrie et du Commerce. Je ne
peux arrêter l'Opposition de poser de telles questions, mais c'est
à vous, par exemple, de prendre vos responsabilités, de
répondre de façon néga-tice ou pas du tout. Cela n'est pas
mon domaine. Actuellement, je suis obligé d'accepter les questions que
l'Opposition pose.
M. Tremblay: J'ai répondu à la question, mais je
n'accepte pas qu'on fasse un commentaire tout de suite après mes
réponses pour dire que c'est une réponse farfelue.
M. Scowen: Si M. le ministre ne veut pas répondre, c'est
d'accord. Je ne sais pas si vous avez des questions sur les
sociétés d'exploitation?
M. Dubois: On est dans le programme 3. De toute façon, on
y va "at large".
Le Président (M. Laplante): "At large".
M. Dubois: On traite ici de la Société du parc
industriel et commercial aéroportuaire de Mirabel. Enfin, il y avait des
infrastructures quand même imposantes là-bas.
M. Tremblay: $10 millions.
M. Dubois: Est-ce qu'il y a un trafic qui commence à se
faire valoir là-bas?
M. Tremblay: Rien.
Parc industriel de Mirabel
M. Dubois: Rien. Est-ce qu'il y a des industries qui se sont
montrées intéressées à s'installer
là-bas?
M. Tremblay: M. le Président, la question du
député de Huntingdon est importante. Le parc industriel de
Mirabel a été créé il y a déjà
plusieurs années sous l'ancien gouvernement. C'est un parc dans lequel
on a englouti $10 millions. Il n'y a présentement absolument rien dans
ce parc, parce que la piste d'atterrissage qui devait être construite
tout près du parc pour faire du cargo n'a pas été
construite par Transport Canada, de sorte que ce parc, maintenant, est
très éloigné des pistes déjà construites
à Mirabel. La localisation était mauvaise. J'ai essayé,
cela fait même trois ans que j'essaie de le demander au gouvernement
fédéral, je l'ai demandé au ministre Horner, la
dernière fois, au ministre Abbott, au ministre Andras: De grâce,
décrétons le parc industriel zone franche! Au moins, on va
peut-être pouvoir aller voir des entreprises japonaises ou allemandes et
leur dire: Venez vous installer dans ce parc et assemblez vos radios, votre
matériel électronique et vous allez pouvoir le réexporter
vers les États-Unis sans payer de droits de douanes au Canada. Vous
n'aurez pas les douaniers dans les pattes. Vous n'aurez pas besoin de payer des
droits de douanes, d'emprunter à la banque pour faire cela. Aux
États-Unis, on en est rendu à 37 zones franches.
Les ministres sont très sympathiques, mais les fonctionnaires
à Ottawa, parce qu'à Ottawa, souvent, les ministres n'en
mènent pas large... J'ai vu une lettre quelque part qui avait
été rédigée selon laquelle en 1933, il y a 45 ans,
on avait pris la décision de ne pas avoir de zone franche au Canada. On
dit: On a pris une décision il y a 45 ans, pourquoi la remettre en
cause? On m'a dit par contre la vraie raison: Si jamais on donnait le statut de
zone franche à Mirabel qui est quand
même un éléphant blanc, qui a encore
coûté un autre milliard de dollars, il faudrait le donner à
Toronto aussi. Comme cela ne se justifie pas à Toronto, on ne le donne
pas à Montréal. C'est la maudite problématique dans
laquelle on se trouve avec ce parc industriel et je suis un peu
déçu de la tournure de ce parc parce que l'aéroport
Mirabel pourrait être utilisé à des fins commerciales. Je
pense que les passagers ne veulent pas sentir l'aéroport parce que c'est
tellement loin de Montréal, il faut qu'ils fassent des transferts, il y
a eu de la publicité à Boston et dans d'autres aéroports
américains pour détourner le trafic.
Donc au niveau du passager, l'avenir n'est peut-être pas
prometteur. Mais au niveau industriel, comme c'est un aéroport qui est
ouvert 24 heures par jour et qu'à New York l'aéroport
bientôt ne sera pas ouvert tellement longtemps je ne sais pas si
même la nuit ils ont le droit d'atterrir pour le fret qu'à
Toronto aussi c'est dans un endroit entouré de résidences, donc,
Mirabel est un aéroport qui, au plan commercial pourrait être
utilisé à plein. Mais là, il faut qu'il y ait une
volonté de politique, qu'on le dise à tous les industriels du
monde que cet aéroport qui a coûté une fortune comme
les Jeux olympiques, on y va comme des quêteux à cheval, lorsqu'on
fait quelque chose, c'est chromé on l'a, le chromage, au moins
qu'on capitalise dessus et qu'on ne laisse pas cette richesse se rouiller, se
déprécier. Tout ce qu'on demande, c'est un trait de plume au
gouvernement fédéral, cela coûte seulement un stylo de
$0.25 et un morceau de papier, un arrêté en conseil qui
décrète, dans le cadre de la zone de Mirabel, que c'est une zone
franche et que les entreprises qui viendront s'y installer ne seront pas
soumises à la Loi du ministère du Revenu pour les tarifs et les
droits de douane, pourvu que les produits soient réexportés
à l'extérieur du Canada.
Évidemment, si les produits sont vendus au Canada, ils passent
par la douane comme n'importe quel autre.
M. Dubois: Est-ce que vous avez l'intention de sensibiliser le
nouveau gouvernement?
M. Tremblay: J'ai envoyé des lettres, je peux les
déposer. On les a les lettres que j'ai envoyées formellement au
ministre de l'Industrie et du Commerce, au ministre du MEER, au ministre
Andras, au ministre du Revenu qui était Abbott à l'époque,
il y a quelques mois. Je n'ai pas d'objection à déposer ces
lettres.
M. Dubois: Est-ce que vous avez l'intention de recommencer avec
les nouveaux ministres qui seront nommés bientôt?
M. Tremblay: C'est un éternel recommencement. Le bon
sens... C'est une dépense d'énergie incroyable. Je n'ai pas
d'objection à recommencer, mais cela devient tannant à la
longue.
M. Dubois: En dehors de la zone franche, est-ce qu'il y a des
efforts particuliers du Québec dans le sens de mettre en valeur des
infrastructures?
M. Tremblay: Évidemment, du côté du
gouvernement du Québec, comme il y a un parc industriel à
Saint-Jérôme, je crois... Sainte-Thérèse. Il y a
toutes sortes de parcs, Deux-Montagnes, il y a des parcs industriels tout
autour de cela, donc essayer, pour nous, le gouvernement du Québec, de
détourner des investissements qui vont dans ces parcs pour aller
rentabiliser cet éléphant blanc, c'est de mettre la charrue
devant les boeufs, et il ne serait pas juste pour ces petites
municipalités qu'on les pénalise en envoyant les entreprises dans
ces parcs. Il faut trouver quelque chose de nouveau pour rentabiliser un parc
qui a une vocation nord-américaine. Parce que l'aéroport de
Mirabel a une vocation nord-américaine. Donc, c'est au niveau
international... Amener des entreprises qui, autrement, ne viendraient pas. Une
entreprise japonaise ne viendra pas dans le parc de Joliette pour assembler des
radios ou des caméras et les vendre à New York, mais elle
viendrait dans une zone franche.
M. Dubois:Est-ce que vous avez fait une étude...
M. Tremblay: Nous avons un prospect. M. Dubois: Vous avez
un prospect.
M. Tremblay: Qui serait le premier du parc industriel.
Une voix: Dans le parc?
M. Tremblay: C'est un prospect important avec pas mal de baux
emphytéotiques, mais ce n'est pas sûr.
Là, il y a un autre problème dans ce fichu parc. Le
SPICAN, c'est contraire aux autres parcs où les entreprises peuvent
acheter les terrains. Dans le parc de SPICAN les terrains appartiennent au
gouvernement fédéral et celui-ci refuse de vendre aux entreprises
les terrains; ce sont des baux emphytéotiques, donc c'est loué,
etc. Une autre complication, quand les entreprises regardent cela, il n'y a pas
de routé pour y aller, problème de douane, un bail
emphytéotique, ils disent bye bye je m'en vais à Saint-Louis, je
m'en vais à New York. Les prêts bancaires...
Comme exemple d'un gouvernement fédéral qui nous
empêche de progresser au plan industriel. Je n'en ai pas de plus clair
que celui-là. Il y en a d'autres, mais celui-là... Celui qui ne
le comprend pas, il a les yeux bouchés et les oreilles aussi.
M. Dubois: Avez-vous des indications sur le potentiel possible?
Supposons que ce serait désigné zone franche, est-ce que le
potentiel possible a été étudié quand
même?
M. Tremblay: Cela nous donnerait une carte de visite pour aller
voir des fabricants japonais, des fabricants allemands dans des industries de
pointe qui utilisent le transport aérien, c'est-à-dire des
produits de haute valeur, mais qui ne pèsent pas beaucoup. C'est
évident que tu n'envoies pas
du minerai de fer par avion, mais tu envoies des caméras, de
l'électronique, tout ce domaine de pointe.
Or, avec la baisse des tarifs dans le cadre des négociations du
GATT, on sait que 90% de nos produits vont rentrer en franchise
déjà aux États-Unis. Donc, on pourrait dire aux
entreprises japonaises, aux entreprises allemandes: Venez vous établir
dans le parc de Mirabel et là vous allez pouvoir vendre sur tout le
marché nord-américain. Vous savez que quand vous passez par le
pôle en avion, en partant du Japon, vous passez par l'Alaska et se rendre
à Montréal, ce n'est pas beaucoup plus loin que d'aller à
Winnipeg ou aller même à San Francisco. La même chose pour
les avions qui partent de l'Allemagne, parce que Mirabel est à une heure
de vol de moins que New York, si on part de Londres. À cause de la
courbature du globe terrestre, passer par le pôle ou par la terre de
Baffin, etc.
Donc, il y a un potentiel important, il est là, mais on le laisse
inexploité, à notre corps défendant. Si on disait: Le
Québec ne s'en occupe pas, etc., mais on envoie lettre sur lettre, on
fait des demandes depuis trois ans, et cela ne bouge pas.
M. Dubois: J'espère que le nouveau gouvernement sera plus
sensible que l'a été le dernier. En tout cas, j'invite fortement
le ministre à continuer ses démarches à l'effet qu'elle
soit nommée "zone franche". Peut-être qu'avec les nouveaux
ministres vous pourrez les sensibiliser dans ce sens, possiblement.
M. Tremblay: Êtes-vous d'accord avec la proposition du
gouvernement du Québec à l'effet de faire de Mirabel une zone
franche?
M. Dubois: II faut quand même qu'il se développe, ce
parc.
M. Tremblay: Est-ce que le Parti libéral du Québec
est aussi d'accord qu'on fasse une zone franche à Mirabel?
M. Scowen: Avez-vous déposé un document
là-dessus?
M. Tremblay: On peut en déposer, si vous le voulez.
M. Scowen: Ce serait très intéressant de le
lire.
M. Tremblay: Au niveau des principes...
M. Scowen: Est-ce que vous l'avez ici? Je serais très
heureux de le lire et de vous donner mon opinion.
M. Tremblay: ... seriez-vous prêt à appuyer le
gouvernement du Québec?
M. Scowen: J'aimerais savoir de quoi il s'agit. Avez-vous un
document?
M. Tremblay: Une zone franche, vous savez ce que c'est.
M. Scowen: Une zone franche, cela veut dire beaucoup de choses.
Si vous êtes pour cela, en principe, vous avez un document que vous
pouvez déposer.
M. Tremblay: II y a un document et il y a même des
études qui ont été publiées récemment dans
des revues...
M. Scowen: Excellent!
M. Tremblay: ... par des gens du ministère. C'est
très bien fait.
M. Scowen: M. le Président, est-ce que je peux demander au
ministre de les déposer aujourd'hui? On va les étudier.
M. Tremblay: On peut les déposer dans les jours qui
viennent ou dans les heures qui viennent, mais au-delà de cela, est-ce
que le Parti libéral, dans le but de créer un front commun face
à cette demande auprès du gouvernement fédéral
maintenant que ce sont des conservateurs, peut-être aurez-vous
moins de réticence serait prêt à appuyer le
gouvernement, avec l'Union Nationale, pour que le fédéral
débloque la zone franche à Mirabel afin qu'on valorise le parc
SPICAM?
M. Scowen: Je serai très content de vous donner une
réponse aussitôt que nous aurons, de la part du ministre, une
définition et une description de ce que vous voulez dire par "zone
franche". Si c'est disponible aujourd'hui...
M. Tremblay: C'est très simple, une zone franche...
M. Scowen: Est-ce qu'il serait possible...
M. Tremblay: ... c'est une zone où on importe des produits
sans payer...
M. Scowen: Je pense que je comprends l'idée. M.
Tremblay: Vous comprenez?
M. Scowen: Vous voulez une impression ou une opinion sur quelque
chose de très important; est-ce trop demander au gouvernement, avant de
donner une opinion, un document qui décrit un peu ce qu'il veut faire?
Si vous avez une opinion, j'imagine que le document est prêt.
M. Tremblay: Nous avons plusieurs documents.
M. Scowen: Très bien.
M. Tremblay: Nous avons des tonnes d'études sur SPICAM
c'est peut-être le scandale.
M. Scowen: Oui, excellent.
M. Tremblay: Je suis entré, une fois, dans une des salles
où on montrait des études sur PICA, TNM, TDM. Cela a
coûté des milliers de dollars en étude; le problème
est que personne ne prend de décision. Les gouvernements ne prennent pas
de décision.
M. Dubois: C'est la troisième fois que je reviens en
commission...
M. Scowen: Vous êtes le gouvernement!
M. Tremblay: Nous sommes le gouvernement, mais nous n'avons pas
juridiction sur Mirabel, mon cher député de
Notre-Dame-de-Grâce. Si nous l'étions, la décision aurait
été prise il y a longtemps.
M. Scowen: Excusez-moi, mais vous n'avez pas demandé
l'opinion du Parti libéral jusqu'à aujourd'hui et vous n'avez pas
de document à nous montrer.
M. Tremblay: On n'a pas besoin d'avoir votre opinion, on aurait
besoin de votre appui, si vous voulez nous appuyer. Nous savons ce que nous
voulons comme gouvernement.
M. Scowen: Inutile de poursuivre cette conversation!
M. Dubois: C'est la troisième fois qu'on revient sur le
même problème. J'ai posé la question parce que je pensais
qu'il y avait de l'amélioration sur l'an passé et depuis deux ans
puisque c'est la troisième fois qu'on revient en commission pour
l'étude des crédits. Cela fait trois fois que je pose la
même question et cela fait trois ans qu'on est au même point. C'est
pour cela que je me suis dit...
M. Tremblay: Je peux vous montrer les lettres que j'ai
envoyées au ministre en question pour faire débloquer le dossier.
Est-ce qu'on pourrait envoyer chercher au ministère des lettres sur la
zone franche?
M. Dubois: Vous pourriez nous les faire parvenir à nos
bureaux.
M. Tremblay: On peut vous les faire parvenir au bureau.
M. Dubois: D'accord.
M. Tremblay: J'ai l'impression que le gouvernement du
Québec fait son devoir, mais il y a quelqu'un d'autre qui ne le fait
pas. Il y a des raisons à cela, j'en ai souligné une: je pense
qu'on ne veut pas donner l'impression qu'on fait quelque chose de
spécial pour le Québec, Mirabel étant au Québec et
on ne veut pas reconnaître que Mirabel est un cas spécial. C'est
le seul gros éléphant blanc aéronautique qu'on a en
Amérique du Nord, qui a coûté $1 milliard et qui a
détruit combien de terres agricoles, vous qui êtes
spécialiste de l'Union Na- tionale dans le domaine agricole? Dans une
zone la plus productive près de Montréal, dans la région
de Montréal, on a détruit, on a pris dix fois trop de terres pour
ce qu'on avait vraiment besoin. Au moins, qu'on capitalise au plan industriel,
si on a détruit l'agriculture, mais on ne fait rien des deux
côtés.
M. Dubois: Je vous donne mon appui entier sur la zone franche
parce qu'il ne reste que cela comme porte ouverte pour arriver à ce que
cet investissement soit un peu rentable. Peut-être pas 100% rentable,
mais un peu.
Étude sur le commerce
M. Scowen: Une brève question sur un autre sujet avant de
parler d'une façon plus générale. Le commerce.
L'étude sur le commerce est maintenant déposée, est-ce que
vous avez l'intention de donner suite à cette étude et si oui,
comment et quand? (17 h 30)
M. Tremblay: Nous avons reçu le rapport il y a à
peu près six semaines du SEFEQ, rapport qui a pris quelque deux ans
à être rédigé et qui est accompagné de seize
ou dix-huit études sectorielles. Donc, nous avons des consultants et des
gens au ministère qui travaillent sur les principales recommandations de
ce rapport. J'ai déjà indiqué que nous étions
préoccupés par la question des franchises et la protection des
petits investisseurs dans ce domaine des franchises au Québec et que
nous étudiions sérieusement la possibilité de proposer une
loi dans ce domaine. Dans le domaine des centres d'achats aussi, j'ai
demandé que l'on étudie les recommandations qui étaient
formulées.
Il y avait aussi la question sur les équipements commerciaux que
j'ai demandé de creuser fortement et la question du crédit
commercial, mais, là encore, nous ne sommes pas tout à fait
prêts à prendre une décision dans ce domaine parce que cela
a quand même des répercussions très grandes sur le reste de
l'économie. Il y avait aussi certaines recommandations plus
précises en ce qui concerne certains autres ministères, au
Québec comme à Ottawa, et nous avons déjà agi dans
ce domaine.
Il y a aussi une recommandation qui est centrale, voulant faire de la
direction du commerce une direction générale. Le Conseil des
ministres ne s'est pas encore prononcé définitivement sur cela,
ni le Conseil du trésor, mais j'ai déjà indiqué que
j'étais favorable à cette orientation parce que la direction du
commerce, dans le passé, a eu tendance à être une direction
de réglementation, alors que le rapport recommandait que ce soit une
direction axée sur le développement commercial et je suis
d'accord avec cette orientation-là.
Donc, c'est un rapport qui est important, qui mérite d'être
étudié avec attention et intérêt et ce sera
sûrement la source de plusieurs nouvelles politiques dans les mois
à venir.
M. Scowen: Bon! D'une façon plus générale,
M. le Président on arrive à la fin de ces crédits
et il y a deux questions générales que je veux poser au
ministre. Après deux jours ici, je commence un peu à comprendre
la raison de la faiblesse désespérée de ce ministre depuis
les dernières années, dont mon collègue, le
député d'Outremont, m'avait parlé...
M. Tremblay: Si vous voulez descendre sur ce terrain-là,
je vais descendre. Faites bien attention à vous sur ça.
M. Scowen: ... et que j'ai constatée depuis mon
arrivée. Il y a deux choses que je veux suggérer ou demander au
ministre, qui, je pense, sont un peu au fond de ce problème. La
première c'est un manque, je ne dis pas politique dans le sens de
quelque chose de théorique, mais le manque d'un plan d'action avec des
objectifs précis. Je les ai cherchés chez le ministre depuis
quelques mois maintenant, et je croyais la semaine dernière les avoir
trouvés finalement au cours de son discours sur le projet de loi no 7,
quand il a énoncé les quatre grandes faiblesses de
l'économie québécoise qu'il fallait corriger pour nous
donner une économie saine: C'étaient le manque de fonds pour
capital-actions, l'excès de l'investissement étranger, une
faiblesse dans la transformation de nos richesses naturelles et une
concentration accrue de nos chaînes de distribution.
Je ne suis pas du tout d'accord sur le fait que ces quatre facteurs
soient les grandes faiblesses et que s'ils étaient réglés,
nous aurions une économie saine. Mais, de toute façon, ce sont
quatre éléments importants et si ce sont les projets du ministre,
parfait, allez-y!
J'attendais au début de cette étude des crédits du
ministre une suite au cours de laquelle il nous aurait fait part des actions
qu'il avait l'intention de poser au cours de l'année 1979/80 pour au
moins commencer à réaliser les quatre grands principes. On
n'avait pas le temps aujourd'hui d'aborder la question de la transformation des
richesses naturelles c'est quelque chose qui viendra peut-être
plus tard on n'est pas passé sur le sujet ni sur les questions de
la concentration dans le domaine de la distribution. On avait, hier et
aujourd'hui, une occasion de connaître ce qu'il veut entreprendre pour
réaliser au moins la solution des deux premiers problèmes: la
faiblesse du capital-actions et l'excès de l'investissement
étranger. Franchement, M. le Président, il n'a rien là. Il
n'a aucune action précise prévue pour corriger les quatre
éléments qui, d'après lui, sont nos grandes
faiblesses.
Je prends à titre d'exemple l'investissement étranger.
Après des questions qui ont duré 20 ou 30 minutes dans lesquelles
on essayait de voir s'il voulait augmenter ou diminuer l'investissement
étranger, s'il voulait stimuler les bureaux à l'étranger
pour chercher plus d'investissement ou non, s'il voulait demander aux
compagnies déjà établies ici d'investir plus ou de faire
sortir leurs pro- fits sous forme de dividendes, on n'a eu aucune
réponse. On a seulement eu: C'est le pragmatisme qu'il nous faut. Le
grand principe: Beaucoup trop d'investissements étrangers. La politique
pour 1979/80: Le pragmatisme complet. Aucune cohérence, aucune rigueur
intellectuelle.
Je continue avec le deuxième: La faiblesse du capital-actions.
C'est la même chose. On avait l'occasion de discuter cet aspect
aujourd'hui et hier, je pense, quand on a parlé de SODEQ. J'ai
demandé au ministre: Où pensez-vous que se situe SODEQ? Qu'est-ce
que vous allez faire pour régler le problème de la faiblesse du
capital ici au Québec, parce que pour moi, si vous voulez essayer de
résoudre ces quatre grands problèmes, vous devez organiser votre
ministère et ses activités en fonction de ces quatre grands
problèmes. Pour SODEQ, c'est quelque chose d'expérimental qui
n'aurait pas un grand effet. Qu'est-ce que vous avez en vue pour 1979/80 pour
essayer de régler ce problème? On n'a rien vu. Ce manque de
rigueur intellectuelle, je le répète, l'incapacité de
faire suite aux grands principes par des gestes concrets, le manque d'objectifs
spécifiques dans le domaine d'un problème donné, c'est la
première chose que je veux souligner au ministre comme étant une
faiblesse importante.
Je pense que le deuxième problème n'est pas pour lui un
problème de cette année seulement, la question de la description
des activités où on nous demande d'approuver les crédits
sur la base d'une description des activités plutôt que sur la base
d'une description des objectifs atteints et des objectifs pour l'année
prochaine. Je pense qu'il comprend parfaitement. Je ne dis pas que ce n'est pas
quelque chose qui est nouveau. Je pense que c'est un problème qui existe
depuis longtemps mais je suis certain qu'il sera d'accord avec moi que, dans ce
document, quand il a décrit les activités, les fonctions de
chaque direction, c'est plutôt une description des activités
qu'une description des objectifs. Quand j'ai essayé de chercher les
objectifs et les réalisations... On a une liste de treize compagnies,
c'est quelque chose mais, à part de cela, on n'avait pas grand-chose.
C'est peut-être un manque d'expérience dans le domaine de
l'économique, je ne sais quoi, mais ce serait peut-être une
idée pour l'année prochaine d'essayer de mieux définir les
objectifs et de mesurer les résultats sur une base plus
précise.
Je pense que la deuxième suggestion que j'ai faite n'est pas
aussi importante que la première, à moins que le ministre accepte
de nous donner des objectifs précis ou de confirmer que les objectifs
qu'il a annoncés la semaine passée sont les objectifs et d'y
donner suite. Je pense qu'il n'est pas possible qu'on puisse avoir un
ministère de l'Industrie et du Commerce sain et je suis aussi
persuadé que ce ne sera pas du tout possible d'avoir une économie
saine ici. Je mets de côté toutes les questions de climat parce
que, comme le député d'Outremont l'a dit, ce n'est pas le
ministre de l'Industrie et du Commerce qui peut créer le climat ici. Je
mets de côté tout cela. Les choses qu'il a suggérées
dans le projet de loi...
M. Tremblay: ... les rapports du Conseil du patronat non
plus.
M. Scowen: Je suis certain que vous ne voulez pas que je
dépose la lettre qu'envoyait le Conseil du patronat à M.
Parizeau, qui est sortie... Je pense que cette guerre des coupures de presse,
ce n'est pas la façon de résoudre le problème grave qu'il
y a ici pour toute la population du Québec, qui est la faiblesse
épouvantable de notre secteur industriel à cette;
époque-ci, et, comme le député d'Outremont l'a dit avant
qu'il ne quitte le débat sur les crédits, surtout à
Montréal.
Est-ce que le ministre est en mesure de nous donner les objectifs
précis de son ministère pour l'année 1979/80 à
l'intérieur d'une idée précise à long terme quant
aux objectifs qu'il poursuit pour l'économie québécoise et
l'industrie québécoise? C'est la question qu'il nous reste
à résoudre.
M. Tremblay: M. le Président, je n'ai pas d'objection
à ce que le député de Notre-Dame-de-Grâce veuille,
dans les dernières minutes de l'étude des crédits, faire
un discours et essayer d'y insérer des accusations gratuites
c'est devenu son style, je commence à le connaître et de
faire paraître la situation sous un autre angle, sous une autre image,
sous une autre lumière pour servir ses fins politiques. Ce que je dirai,
puisqu'on a fait allusion au projet de loi no 7, c'est que lui a eu l'occasion
de faire un discours d'une heure sur ce projet, après avoir pris
connaissance de la présentation que j'avais faite, et que je n'ai pas eu
encore le temps de présenter mon discours de réplique. J'ai
essayé de le faire, il y a à peu près une dizaine de
jours, mais l'Opposition libérale par des mesures dilatoires a
reporté ce discours, mais il sera fait dans les jours à venir. Je
répondrai aux critiques qui ont été faites par
l'Opposition et je démasquerai les incohérences et les
contradictions de la position du député de
Notre-Dame-de-Grâce en matière économique avec, notamment,
les positions que son chef actuel a déjà prises dans le domaine
et surtout les positions que le Parti libéral fédéral
prenait, notamment, en matière de sociétés d'État.
C'était ironique d'entendre le même soir le député
de Notre-Dame-de-Grâce dire qu'il est terrible que le gouvernement du
Québec se préoccupe de développer les
sociétés d'État et en même temps d'entendre le chef
du Parti libéral fédéral dire qu'il fallait absolument
créer Pétro-Can, qu'il fallait absolument mettre sur pied des
sociétés d'État au niveau fédéral. On voyait
là deux libéraux avec des philosophies économiques tout
à fait différentes, et ils s'appellent tous les deux
libéraux. Ce qui veut dire que dans la même poche on met n'importe
quoi dans ces partis. Le Parti libéral du Québec, le Parti
libéral fédéral, on m'a toujours dit que c'était
rouge.
M. Scowen: Vous voyez que vous vous trompez.
M. Tremblay: Cela se reflète. Au niveau de
l'investissement étranger, c'est la même chose.
J'aurai l'occasion d'insister encore davantage parce qu'on a fait
allusion tout à l'heure au fait que j'ai mentionné qu'au
Québec les francophones ne contrôlaient que 20% du secteur
manufacturier, que c'est peut-être une source de manque de dynamisme dans
certains secteurs et qu'on devait encourager nos entreprises, nos PME, à
se développer pour qu'on ne soit pas uniquement minoritaire sur le plan
économique et que c'était un objectif louable. (17 h 45)
En même temps, au fédéral, le gouvernement
libéral a créé une agence qui s'appelle FIRA, justement
pour empêcher qu'il y ait trop d'investissements étrangers et
accroître le contrôle canadien sur l'économie. Encore
là, deux approches tout à fait différentes.
M. Scowen: Vous réalisez que ce sont deux partis
différents.
M. Tremblay: Séparez-vous, grand Dieu, et cessez de vous
appeler libéral. Formez-le... Vous, vous êtes le parti
conservateur du statu quo que vous avez, ici, au Québec, qui
défend les intérêts anglophones au Canada et au
Québec. C'est cela que vous devenez de plus en plus, et il va falloir
que la population l'apprenne, qu'on vous démasque, voir vraiment quelle
sorte d'intérêts vous défendez au Québec. Qui
défend vraiment les intérêts des Québécois?
Est-ce que ce sont les partis qui sont vraiment au Québec comme l'Union
Nationale et le Parti québécois ou si ce sont des partis comme
les vôtres.
M. Scowen: M. le Président, je m'excuse. J'ai
écouté la référence aux Rhodésiens
tantôt et j'ai écouté cette référence aux
intérêts anglophones, il n'est pas le premier à faire
allusion...
M. Tremblay: Vous pouvez ajouter rhodésien, si vous
voulez.
M. Scowen: II y a déjà trois ministres qui l'ont
fait, et je pense que c'est plutôt une réflexion sur la personne
qui le dit. Je vais continuer à travailler ici dans
l'intérêt de tous les Québécois. Je ne suis ni
anglophone, ni homme, ni tête rouge, je suis député de
Notre-Dame-de-Grâce et je travaille pour les électeurs de
Notre-Dame-de-Grâce et tous les Québécois. Ces allusions,
je pense, comme j'ai dit, sont plutôt des réflexions sur les
personnes qui les font plutôt que sur moi.
M. Tremblay: Je n'ai pas de leçon à recevoir de
vous surtout en ce qui concerne l'avenir et l'intérêt du
Québec. Je vais continuer à répondre aux questions que
soulevait le député de Notre-Dame-de-Grâce, mais en ce qui
concerne le discours que j'ai prononcé sur la loi 7, j'y reviendrai plus
tard. Je voudrais quand même souligner que ce n'est pas en lançant
des accusations gratuites contre le gouvernement qu'on va camoufler ces
incohérences des positions des partis libéraux en ce qui concerne
les investissements étrangers et les
sociétés d'État. Il y a nettement
incohérence complète.
Maintenant, on va parler, comme ministre de l'Industrie et du Commerce,
de ce que je recherche. Il y a des objectifs généraux et il y a
des objectifs spécifiques. Les objectifs spécifiques, si on avait
pris le temps de lire ce document... et c'est la première fois qu'on me
dit que le ministère de l'Industrie et du Commerce ne prépare pas
un bon document pour le budget. C'est un des ministères qui
présente le meilleur document, le plus complet, le plus
détaillé, le plus explicatif et on a laissé entendre tout
à l'heure, et cela, je voudrais m'ériger en faux contre cela,
parce que c'est un peu une accusation indirecte contre mes fonctionnaires, que
c'était du descriptif, qu'il n'y avait rien dans cela. S'il avait lu,
par exemple, la section qui porte sur la direction générale de
l'industrie, le rapport d'activités, le programme de travail, il aurait
vu qu'on a toute une stratégie d'objectifs sectoriels industriels. Dans
le domaine de l'automobile, dans le domaine de l'aéronautique, dans le
domaine du bois, dans le domaine des métaux, des minéraux, dans
le domaine pétrochimique, dans le domaine des matériels
électroniques, électriques laissez-moi parler un peu
dans le domaine des minéraux, dans le domaine des meubles, dans
le domaine de la chaussure, on a des politiques très
détaillées, très bien articulées, comme on n'en a
jamais eu au ministère de l'Industrie et du Commerce.
Ce sont les objectifs spécifiques. Si on avait pris la peine de
les étudier plutôt que de lancer des accusations gratuites
à la face du ministre, à la face des fonctionnaires, on n'aurait
pas ouvert la bouche pour faire de pareilles accusations. Maintenant, en ce qui
concerne les objectifs généraux, il est facile de voir quels sont
nos objectifs. L'objectif principal, c'est de briser ce cercle vicieux qui
existe depuis que nous avons des statistiques, au moins plus d'un quart de
siècle, où le niveau des investissements au Québec,
surtout les investissements industriels, est systématiquement plus bas
qu'ailleurs. Que ce soit un gouvernement de l'Union Nationale, un gouvernement
libéral ou dans notre cas, mais c'est en hausse, on n'a jamais eu au
Québec un pourcentage des investissements manufacturiers qui
était comparable à notre position démographique au Canada.
On n'a jamais eu 27%, à l'exception d'une année, je me rappelle,
c'étaient 27,2% de parts d'investissement manufacturier. Ceci se
reflète au niveau de notre productivité qui est plus basse. Cela
se reflète au niveau de nos exportations qui sont plus basses. Cela se
reflète au niveau de notre taux de chômage qui est plus bas. C'est
l'objectif central élevé, le niveau des investissements. Tous nos
programmes, toutes nos lois, la loi 48, que j'ai proposée deux mois
après être arrivé à la direction du
ministère, allait dans cette direction.
La nouvelle loi de la SDI vise à aller dans cette direction. Les
programmes spécifiques pour les secteurs mous, les secteurs
traditionnels, le plan quinquennal des pêches maritimes dont on n'aura
pas l'occasion de parler en profondeur mais qui, la première fois de
notre histoire, met en marche un plan intégré de
développement d une industrie, de la matière première
jusqu'à la commercialisation. C'est cela la fonction d'un
ministère d'industrie et de commerce, de mettre de l'avant des
programmes, non pas en se substituant à l'entreprise privée,
parce que, dans le domaine des pêches maritimes, c'est pratiquement
seulement de l'entreprise privée et de l'entreprise coopérative,
le ministère lui-même ne produisant pas. Nous n'avons pas
créé de société d'État pour produire dans le
domaine des pêches. Cela est une approche en collaboration avec le
secteur privé, mais il ne faut pas dire, comme vous avez essayé
de le faire croire, que le ministère de l'Industrie et du Commerce, en
disant que c'était le gouvernement, puisque nous sommes l'interlocuteur
de l'industrie, avait de l'hostilité à l'endroit de l'entreprise
privée. C'est absolument faux. Il n'y a pas d'hostilité et c'est
simplement parce que vous voulez créer cette psychose que vous
répétez ces accusations comme un vieux disque enregistré
que vous répétez continuellement.
Ce que j'ai dit ce matin, je vais le répéter. Depuis deux
ans et demi, malgré tous les efforts du gouvernement pour renforcer
notre économie, nous avons aboli la taxe de vente sur des secteurs, il y
a eu le programme OSE, $450 millions, ce gouvernement a plus agi dans le
domaine industriel et commercial que n'importe quel gouvernement qui l'a
précédé. On a essayé de créer une psychose
de terrorisme au Québec. On veut terroriser la population en lui disant:
Vous voyez, l'économie ne va pas aussi bien qu'elle pourrait aller,
alors qu'on est dans une crise internationale et que le Québec se tire
mieux que la plupart des autres provinces à ce titre et des autres pays
industrialisés. On veut terroriser la population pour l'amener à
mépriser ou à se retirer de son gouvernement. On veut disloquer
cette confiance qui existe entre le gouvernement et la population et surtout
l'amener à cette résignation face à
l'échéance référendaire que l'on connaît
tous. Cela, j'appelle cela du terrorisme politique en matière
économique et j'accuse le Parti libéral du Québec d'avoir
consciemment développé et poursuivi ce genre de politique depuis
deux ans et demi. Je le déplore infiniment, parce que...
M. Scowen: ... à tirer de votre mauvaise
administration.
M. Tremblay: Dans un système démocratique,
lorsqu'on se lance dans ces extrémismes au lieu d'avoir une attitude
positive et qu'on développe cette attitude négative de
rabaissement, de rape-tissage, je pense que c'est triste de jouer un rôle
d'opposition de cet ordre. Cela, je le déplore. C'est évident que
l'économie du Québec comme les autres économies a besoin
de se renforcer. Mais par la concertation des agents économiques, comme
le gouvernement essaie de le faire depuis deux ans et demi, par la canalisation
de plus en plus de ressources vers le capital de risque, comme nous essayons de
le faire depuis deux ans
et demi et comme nous allons continuer de le faire dans les mois et les
années à venir par le renforcement de nos investissements
manufacturiers, par la transformation accrue de nos matières
premières, même si on a ricané lorsque j'ai
mentionné qu'il fallait transformer les matières
premières. On a fait allusion au coton du sud qui ne devait pas
être transformé en habits. C'est un objectif que toutes les
économies poursuivent, cela ne veut pas dire qu'on passe d'un
extrême à l'autre, mais passer d'un niveau où on transforme
très peu à un niveau où on transforme un peu plus, c'est
cela le progrès.
Donc, en mettant tout cela ensemble, avec une responsabilité
financière comme on l'a eue depuis deux ans et demi, et ceci a fait
l'objet d'une reconnaissance internationale, soit que nous avions une gestion
financière qui était à point... Quand on regarde le
déficit qu'il y avait à Ottawa, $14 milliards sur un budget de
$50 milliards, on se rend compte que la gestion financière était
serrée au niveau du gouvernement du Québec.
Donc, en mettant tous ces éléments d'une stratégie
de développement économique ensemble, on va pouvoir rattraper le
retard que nous avons au Québec. Parce que nous avons un retard sur le
plan économique, nous venons de loin sur le plan économique et
nous venons de loin sur le plan industriel. Mais, comme je l'ai
démontré, malgré toutes ces embûches, depuis deux
ans et demi on voit qu'il y a une relance, qu'il y a un optimisme chez nos
petits hommes d'affaires, nos PME et chez de grandes sociétés
comme l'Alcan et d'autres investisseurs. Cela se reflète dans les
chiffres, on peut les nier. Il y a des problèmes dans la région
de Montréal, puisque ce fut une capitale financière qui a
été érigée par un groupe qui ne se sentait pas
intégré dans l'économie du Québec.
Il y a un problème et nous le résoudrons sans doute au
cours des mois qui vont venir. Mais ce n'est pas en prenant l'attitude que, si
tout va bien, cela dépend du reste du monde, mais non pas du
Québec ou des Québécois, et que, quand ça va mal,
ça dépend de leur gouvernement et ça dépend des
Québécois. Cette dialectique infernale, dans laquelle on essaie
de nous enfermer, nous la refusons. Je suis certain que la population la refuse
aussi.
Maintenant, j'ai confiance en mes sous-ministres et dans les
fonctionnaires du ministère de l'Industrie et du Commerce. Avec un
budget qui ne s'accroît pas tellement, alors que le budget
s'accroît moins que le rythme de l'inflation, c'est un ministère
qui, avec ses $126 millions, est un des plus petits ministères en termes
de budget, mais on sait qu'en termes d'impact dans l'économie, c'est
celui qui a probablement l'impact le plus grand. C'est ce que j'appelle faire
beaucoup avec peu. Je défie quiconque d'en demander davantage et de
faire autant que nous faisons présentement.
Le Président (M. Laplante): Programme 3,
adopté?
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Programme 4,
adopté?
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Le programme 5
a été adopté. Programme 6, adopté? Adopté.
Programme 7, adopté?
M. Scowen: Oui.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Si vous avez
une question, en passant...
M. Scowen: Non, d'accord.
Le Président (M. Laplante): D'accord? Programme 8,
adopté?
M. Scowen: Au programme 8, à la première page de ce
document.
Le Président (M. Laplante): Sur un programme, sur un
élément ou quoi? La première page du programme...
M. Scowen: Normalement, à la première page, c'est
un résumé.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Tremblay: Le budget passe de $14 millions à peu
près à $18 millions pour les pêches indépendamment
du plan quinquennal qui, lui, a été annoncé il y a une
semaine.
M. Scowen: La première page?
M. Tremblay: II y a une loi devant l'Assemblée nationale,
la loi 29, qui va permettre d'accroître les crédits
accordés aux pêcheurs de l'ordre de $10 millions par année.
Ceci va commencer dès l'adoption de cette loi par l'Assemblée
nationale.
M. Dubois: C'est un crédit spécial qui va
être voté en même temps, je suppose, pour cette
année.
M. Tremblay: Exactement.
M. Scowen: On n'avait pas reçu la première
page.
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous de la
documentation additionnelle sur la première page?
M. Scowen: S'il vous plaît!
Le Président (M. Laplante): Auriez-vous de la
documentation additionnelle sur la première page, sur le programme des
pêcheries?
M. Tremblay: Je pense que nous l'avons un peu plus loin, à
l'élément 1, inventaire, recherche
et gestion interne, développement des pêches maritimes.
Le Président (M. Laplante): C'est peut-être cela.
D'accord?
M. Scowen: Celle-là, je ne l'ai pas vue.
Le Président (M. Laplante): D'accord? Programme 8,
adopté. Programme 9, adopté. Programme 10, normalisation?
Adopté.
Ceci met fin à l'étude des crédits par la
commission de l'industrie et du commerce. Je demande au rapporteur de faire
rapport à l'Assemblée nationale que les crédits du
ministère de l'Industrie et du Commerce ont été
étudiés pour l'année 1979/80. Je vous remercie de votre
coopération. Les travaux sont ajournés sine die. Merci
beaucoup.
(Fin de la séance à 17 h 58)