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Étude du projet de loi no 108
(Quatorze heures quarante-cinq minutes)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre s'il vous
plaît!
C'est l'ouverture de la commission de l'industrie et du commerce afin
d'étudier article par article le projet de loi 108, Loi modifiant la
charte de la Société générale de financement du
Québec.
Les membres de cette commission sont: M. Dubois (Huntingdon), M.
Gosselin (Sherbrooke), M. Grégoire (Frontenac), Mme Leblanc-Bantey
(Îles-de-la-Madeleine), M. Lefebvre (Viau), M. Ouellette (Beauce-Nord),
M. Raynauld (Outremont) remplacé par M. Forget (Saint-Laurent); M.
Scowen (Notre-Dame-de-Grâce), M. Shaw (Pointe-Claire), M. Tremblay
(Gouin).
M. le chef de l'Union Nationale, vous avez dit que vous aviez un
remplacement, également? Qui remplace M. Dubois (Huntingdon)?
M. Biron: M. Dubois (Huntingdon) est l'intervenant?
Le Président (M. Laplante): Le membre?
M. Biron: II est remplacé par M. Russell
(Brome-Missisquoi).
Le Président (M. Laplante): M. Dubois (Huntingdon) est
remplacé par M. Russell (Brome-Missisquoi).
Les intervenants sont M. Gagnon (Champlain), M. Godin (Mercier), M.
Goulet (Bellechasse) remplacé par M. Biron (Lotbinière); M.
Landry (Fabre), M. Marchand (Laurier), M. Michaud (Laprairie), M. Perron
(Duplessis), M. Roy (Beauce-Sud), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Verreault
(Shefford).
Comme c'est le président qui doit faire rapport à
l'Assemblée nationale, il n'y a pas lieu de nommer un rapporteur
à ce moment-ci.
M. le ministre, avant d'appeler l'article 1, avez-vous des
commentaires?
M. Tremblay: M. le Président, tout ce que je voudrais
dire, c'est qu'il y a eu beaucoup de discussions avec les membres de
l'Opposition sur les articles. Je pense que c'est peut-être un des rares
projets de loi que j'ai eus à piloter où nous avons davantage
discuté du projet de loi article par article avant la deuxième
lecture qu'après, de sorte que nous sommes probablement assez bien
préparés pour procéder sous votre autorité, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Je n'ai pas de remarques préliminaires, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Lotbinière.
Motion pour la distribution d'un rapport sur Marine
Industrie
M. Biron: Je n'ai pas de remarques préliminaires, M. le
Président, excepté qu'on a vu, ce matin, dans un quotidien de
Montréal, l'étalement d'une partie d'un rapport qui a
été publié par les vérificateurs de la
Société générale de financement. Étant
donné que c'est déjà rendu public en grande partie, je
voudrais tout simplement faire une motion très simple pour demander au
ministre de déposer entre les mains des membres de cette commission le
rapport rédigé par la firme de comptables Raymond, Chabot,
Martin, Paré & Associés sur les agissements de Marine
Industrie et que ce soit distribué aux membres avant l'étude
article par article.
Le Président (M. Laplante): Vous savez, M. le
député de Lotbinière, que la commission ne peut, à
ce moment-ci, obliger le ministre à déposer des documents. Si
vous voulez faire motion dans un sens je peux vous aider un peu
là-dessus...
M. Biron: J'ai demandé que ce rapport soit
distribué aux membres de cette commission.
Le Président (M. Laplante): Vous pouvez exprimer un voeu
c'est la seule chose que vous puissiez exprimer sans que ce soit une
motion formelle de dépôt que le ministre puisse
déposer le document que vous voulez avoir.
M. Biron: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): C'est qu'on ne peut pas...
M. Biron: Si je me souviens, il y a quelques semaines, un
précédent a été créé à une
commission, alors que le ministre ne peut déposer le document, mais
lorsqu'on présente la motion en disant "soit distribué aux
membres", c'est recevable.
Le Président (M. Laplante): C'est une invitation, si vous
voulez, mais qui ne peut obliger le ministre à déposer le
document. Si vous voulez formuler une invitation, je suis d'accord pour la
recevabilité, mais si ce n'est pas ce que vous voulez, je jugerai votre
motion irrecevable. Si vous voulez changer les termes de votre... "Que le
rapport rédigé par la firme de comptables agréés
Raymond, Chabot, Martin, Paré & Associés sur les agissements
de Marine Industrie Ltée soit distribué aux membres", c'est un
ordre que vous donnez.
M. Biron: Ce n'est pas rédigé comme un ordre, c'est
une motion...
Le Président (M. Laplante): "Soit distribué aux
membres", c'est un ordre. Telle qu'elle est présentée, je ne peux
pas juger cette motion rece-
vable. Si vous voulez l'amender, je suis prêt à
écouter vos amendements.
M. Biron: Que cette commission exprime le voeu que... Je n'ai pas
d'autres arguments.
Le Président (M. Laplante): On peut dire "invite le
ministre ". D'accord?
M. Biron: C'est cela, "invite le ministre".
Le Président (M. Laplante): "Que le ministre... Est-ce que
cela répondrait à votre voeu, M. le député de
Lotbinière?
M. Biron: Oui.
Le Président (M. Laplante): "Que le ministre soit
invité à déposer le rapport rédigé par la
firme de comptables agréés Raymond Chabot, Martin Paré et
Associés sur les agissements de Marine Industrie." Êtes-vous
d'accord avec cela?
M. Biron: Oui.
Le Président (M. Laplante): Maintenant, je la juge
recevable. Voulez-vous parler sur cette motion?
M. Biron: Je crois, M. le Président, qu'on est
déjà en retard dans l'étude de ce projet de loi.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, que dites-vous
de cette proposition?
M. Tremblay: M. le Président, je vais demander au
ministère de la Justice s'il y a possibilité de déposer un
tel rapport. Si le ministère de la Justice nous dit que c'est
légalement possible, on le fera. Si ce n'est pas possible,
légalement, pour les membres de la commission, on ne le fera pas. J'ai
distribué, il y a quelques instants, des avis juridiques concernant la
personnalité juridique de Marine Industrie, de la part du contentieux du
ministère de l'Industrie et du Commerce, où il est établi
que Marine est une entreprise privée qui a une personnalité
juridique propre et qui possède ses documents en propre. Comme je le
dis, nous allons vérifier auprès du ministère de la
Justice et, s'il y avait, légalement, possibilité de le faire,
nous ferons le dépôt. Sinon...
Le Président (M. Laplante): À ce moment-ci,
seriez-vous d'accord pour qu'on reporte votre motion à n'importe quel
moment de l'après-midi pour pouvoir en discuter, à la suite de la
réponse que le ministre aura du ministère de la Justice?
M. Russell: M. le Président, juste un mot. Je voudrais
simplement rappeler ceci au ministre. Par les journaux de ce matin, on a eu
l'impression, par l'article, que les journaux possédaient
déjà le rapport. En principe, j'ai l'impression que les membres
de la commission, au moins les chefs de partis, ont au moins autant le droit
d'avoir le rapport que les journaux. C'est pour cette raison. Si on n'a pas
distribué ce rapport, j'aimerais que le ministre nous explique les
raisons pour lesquelles les journaux en auraient une copie.
M. Tremblay: Je dirai, M. le Président, que cela ne
dépend certainement pas de mon ministère. S'il y a eu du coulage
ou un accès illégal à un document, ceci ne relève
pas de mon autorité. Par contre, le député a sans doute
constaté qu'on avait enlevé des noms dans l'article du journal en
question parce qu'il y a justement du sub judice dans cela et probablement que
les avocats du journal ont conseillé d'enlever ces noms. Donc, il s'agit
d'une fuite comme il s'en produit. Ceci ne signifie pas que ce qui a
été obtenu illégalement devient d'un accès
légal du fait que cet événement se soit produit.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Lotbinière.
M. Biron: Je vais insister un peu plus sur cette motion, car la
population est maintenant au courant de beaucoup de faits par ce quotidien
montréalais. C'est un peu difficile et ardu de comprendre que des
représentants dûment élus de la population, qui sont
appelés, cet après-midi, à voter un projet de loi fort
important, à voter quelque chose comme $150 millions, possiblement ou
autour de cela, de l'argent des contribuables du Québec, ne peuvent pas
avoir en leur possession un document de travail, un document qui dit ce qui
s'est passé dans une des sociétés d'État.
Si on n'avait qu'à voter un projet de loi privé, M. le
Président, je dirais que cela ne nous regarde peut-être pas, mais
on nous demande de voter, cet après-midi, des sommes d'argent
considérables pour une société d'État sur laquelle
des rapports d'enquête et on demande aux députés de
l'Assemblée nationale de voter ces sommes d'argent sans être au
courant du tout de ce qui s'est passé là-dedans. Vous nous mettez
si ce rapport n'est pas en possession des membres de la commission
dans une situation fort difficile pour voter des sommes d'argent alors
qu'on ne sait pas du tout ce qui s'est passé.
Je crois bien que nous représentons ici les véritables
actionnaires de Marine et de la Société générale de
financement, les contribuables du Québec, et alors qu'on demande aux
actionnaires de mettre ces sommes d'argent additionnelles dans une telle
entreprise, je crois qu'il est très important que ces mêmes
actionnaires qui ont à débourser des sommes d'argent très
importantes puissent avoir les informations dont ils ont besoin
avant de décider affirmativement ou négativement s'ils
vont voter les sommes d'argent requises.
Loin de nous l'idée de vouloir tout bloquer et de s'entêter
sur des peccadilles, je ne crois pas que ce soient des peccadilles et il n'est
pas question non plus de salir qui que ce soit, mais, étant donné
que ces informations sont déjà entre les mains d'un media
d'information et, éventuellement, du grand public en
général, ce grand public va nous demander pourquoi nous avons
pris des décisions hâtives avant même de connaître ce
qui semble être dans le document, peut-être de la mauvaise
administration et peut-être même de la fraude. En fait, le ministre
lui-même a reconnu le bien-fondé du rapport parce qu'il en a
transmis une copie à son collègue du ministère de la
Justice; cela veut dire qu'il contenait des choses que le ministre
lui-même n'aimait pas et c'est justement cette décision du
ministre qui ne fait que confirmer notre volonté de faire déposer
ce rapport, d'être en possession de ce rapport avant de voter les sommes
d'argent qu'on nous demande.
Vous comprenez je le répète que lorsqu'on
passera aux articles de ce projet de loi 108 qui demandera à la
population du Québec de bailler des fonds, de donner des fonds à
cette entreprise, nous serons dans une situation délicate et même
très difficile avant de voter pour et avant de laisser aller un tel
projet de loi. C'est tout simplement pour accélérer nos travaux
de cet après-midi. Lorsqu'on sera en possession de ce document, de cette
enquête sur les agissements des anciens administrateurs de Marine
Industrie, parce qu'il semble qu'aujourd'hui on n'ait à peu près
plus de ces anciens administrateurs, le ministre lui-même a reconnu qu'il
avait fait le ménage et que de nouveaux administrateurs possiblement et
probablement beaucoup plus compétents j'espère beaucoup
plus chanceux aussi que les autres pourront administrer ces sommes
d'argent... Je répète, étant donné que c'est de
l'argent de la population du Québec, que je crois, M. le
Président, que nous devrions être en possession de ce document
avant même de voter des sommes d'argent additionnelles et avant
même de procéder à l'étude de ce projet de loi.
Une voix: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): II y a juste une petite
rectification que j'aimerais faire au député de
Lotbinière. Je ne voudrais pas que vous pensiez que c'est le
Président qui vous empêche d'avoir ce document, ce sont les
règles de procédure de l'Assemblée nationale. Je crois que
ce serait juste de dire que c'est cela, parce que le Président n'a aucun
rôle à jouer autre que celui de faire appliquer la règle
153 du règlement.
M. le ministre.
M. Biron: Si je m'adresse à vous, c'est qu'habituellement,
ou à l'Assemblée nationale ou en commission parlementaire, on a
l'habitude de s'adresser au président.
Le Président (M. Laplante): Cela fait un tout.
M. Tremblay: M. le Président, comme je l'ai dit tout
à l'heure, nous avons envoyé quelqu'un vérifier
auprès du ministère de la Justice s'il y avait des obstacles
légaux à ce que ce document soit distribué. Avant de
recevoir cet avis, il n'est pas absolument certain d'ailleurs, comme je le
disais, qu'on veuille nous donner cet avis immédiatement, la chose qui
pourrait être faite, c'est que nous pourrions distribuer une copie
à chacun des membres... Nous n'en avons qu'une seule copie ici? Il y a
une copie qui pourrait être consultée et nous verrons à la
fin des travaux de la commission s'il est possible de le laisser entre vos
mains. J'avais déjà offert, d'ailleurs, en commission
parlementaire, le 7 ou le 8, aux membres de l'Opposition et aux membres de la
commission, de consulter ces documents sous le couvert de la
confidentialité, si vous vous rappelez bien. Donc, nous n'avons pas
objection à ce que vous consultiez ces documents. Il y a par contre des
aspects légaux et nous ne sommes pas au-dessus de la loi
nous-mêmes, même si nous sommes des parlementaires, et nous devons,
par conséquent, nous en tenir à la loi. On peut distribuer le
document, si vous voulez.
Par contre, j'aimerais souligner quelques points sur ce document. Il
s'agit d'un document extrêmement délicat parce que,
premièrement, il s'agit d'un rapport interne qui appartient à
Marine Industrie; deuxièmement, il ne s'agit pas d'un rapport de police
et, troisièmement, il y a bien des renseignements qui sont sub judice.
Donc, sous ce caveat, M. le Président, je demanderais peut-être
qu'on procède et nous verrons à la fin l'opinion que nous
fournira le ministère de la Justice.
Le Président (M. Laplante): Cela veut dire que la motion
telle que présentée par le député de
Lotbinière, M. le ministre, vous l'avez reçue en somme; nous
n'avons pas à la voter et à l'adopter à
l'unanimité?
M. Tremblay: Un instant!
Le Président (M. Laplante): La motion était que le
ministre soit invité à déposer le rapport...
M. Tremblay: Je n'ai pas déposé le rapport, j'ai
simplement permis aux membres de la commission de le consulter en attendant la
décision que nous fournira le ministère de la Justice à
savoir si, légalement, le ministre peut donner ce rapport.
Le Président (M. Laplante): Êtes-vous d'accord, pour
fins de fonctionnement, qu'on suspende la motion actuellement pour commencer
l'étu-
de de la loi article par article, et, lorsque le ministre aura la
réponse du ministère de la Justice, qu'on reprenne les travaux?
(15 heures)
M. Forget: Très bien. D'accord.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Motion du
député de Lotbinière, suspendue. J'appelle maintenant
l'article 1.
Étude du projet de loi
M. Tremblay: M. le Président, l'article 1 n'est qu'un
article de concordance entre la nouvelle loi et l'ancienne loi.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Pas de commentaires, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): L'article 1, adopté.
Article 2.
M. Tremblay: M. le Président, l'article 2, comme l'article
1, est un article de concordance.
M. Forget: Oui, d'accord, adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article 2, adopté.
J'appelle maintenant l'article 3, avec un papillon présenté par
M. le ministre qui devient l'article.
M. Tremblay: M. le Président, l'article 3 porte sur le
mandat de la Société générale de financement. Comme
je l'ai indiqué avant le début de l'étude article par
article, il y a eu, au cours des deux derniers jours, des discussions entre le
ministre, les membres de l'Union Nationale et ceux de l'Opposition officielle.
J'ai ici un amendement qui a été dans ses grandes lignes
proposé par le député de Saint-Laurent et qui a
été revu par les conseillers juridiques pour vérifier la
concordance. Cet amendement ne modifie pas le principe même du mandat qui
est présentement dans la loi. Il le précise. J'aimerais vous
remettre la copie de l'article 3 amendé.
Le Président (M. Laplante): Celle-là, telle qu'au
papillon?
M. Tremblay: Oui, celle-là, c'est cela. Le
Président (M. Laplante): D'accord.
M. Forget: Est-ce qu'il serait possible d'en faire la lecture
pour le journal des Débats?
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur. Suivant la
nouvelle formulation au papillon distribué par M. le ministre, l'article
3 du projet de loi 108 est remplacé par le suivant: "3. L'article 4 de
ladite loi est remplacé par le suivant: 4. La Société a
pour objet: a) d'assumer la gestion d'un groupe industriel, d'assurer la
planification et la coordination des entreprises qu'elle contrôle, et de
favoriser, seule ou de préférence avec des partenaires, leur
exploitation et leur développement conformément à des
conditions de rentabilité normale; b) de favoriser la participation
d'administrateurs québécois à la gestion de ces
entreprises." "Article 4a: La société peut également, dans
la mesure prévue aux directives émises en vertu du
quatrième alinéa de l'article 16, investir dans des champs
d'activités commerciales et des secteurs industriels autres que dans
lesquels elle est présente le 31 décembre 1978."
M. Forget: C'est autre que "ceux dans lesquels ".
M. Tremblay: Vous avez sauté deux mots, je pense.
Le Président (M. Laplante): Je m'excuse.
Après "secteurs", c'est "industriels autres que ceux dans
lesquels elle est présente le 31 décembre 1978." L'article
5...
M. Tremblay: Non...
Le Président (M. Laplante): Non, excusez. C'est un
nouveau. M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, j'aimerais prendre seulement
quelques minutes, pour le bénéfice du journal des Débats,
pour être bien sûr que le sens de nos préoccupations dans
ces discussions que nous avons eues avec le côté gouvernemental
soit le plus clair possible. Il s'agit de faire une distinction dans le mandat
législatif de la Société générale de
financement, entre deux catégories d'objets, en quelque sorte. D'une
part, et c'est l'élément ou la catégorie qui est couvert
par l'article 4, d'autoriser puisqu'il s'agit d'un article donnant un
mandat, une autorisation à la Société
générale de financement la Société
générale de financement à assumer la gestion des
industries, des entreprises qui sont actuellement dans son portefeuille et
qu'elle désire regrouper à l'intérieur de deux secteurs
prioritaires, soit ceux de l'hydroélectricité je crois que
c'est la bonne expression, je les cite de mémoire et d'autre
part, l'exploitation de la forêt et des produits qui en découlent,
papier, pâtes et les entreprises connexes.
Il y a, effectivement, à l'intérieur du portefeuille de la
SGF un certain nombre d'entreprises qui appartiennent à ces deux
familles. Relativement à ce secteur, il y a un premier mandat qui est
donné par l'article 4, c'est d'en constater l'existence et d'autoriser
la Société générale de financement à en
poursuivre l'exploitation et le développement.
Le deuxième mandat est contenu dans l'article 4a et il vise tout
nouveau secteur prioritaire dans lequel la Société
générale de financement pourrait juger opportun, de temps
à autre, d'innover et de s'introduire par la création ou
l'acquisition d'entreprises existantes.
Évidemment, il s'agit là d'une décision qui n'est
pas seulement laissée à la discrétion de la
Société générale de financement, mais qui,
explicitement, dans ce cas, devrait faire l'objet d'une autorisation par voie
de directives, conformément à l'article 16. On reviendra, plus
loin, quant aux modalités d'émission des directives et aux
formalités qui entourent leur émission. Il demeure que cette
deuxième partie du mandat ne devient effective, ne devient
exécutoire qu'au moment où une directive est émise.
Jusqu'à ce qu'une directive soit émise, il n'y a effectivement
que l'article 4 qui est opératoire et qui autorise la
Société générale de financement à exercer
les pouvoirs normaux d'un actionnaire et de veiller au développement,
à la planification et à la coordination des entreprises en
question.
En termes très concrets, M. le Président, je crois que,
étant donné les documents qui ont été
déposés en commission parlementaire il y a une dizaine de jours
même un peu davantage maintenant il s'agit de distinguer,
d'une part, les deux secteurs que j'ai mentionnés tout à l'heure,
celui relié à l'hydroélectricité et l'autre
relié à l'exploitation des pâtes et papiers, la
forêt, machinerie utilisée dans ce contexte et, d'autre part, des
projets qui peuvent être de toute nature, mais qui, dans le moment,
semblent se concentrer autour de la pétrochimie.
Il est donc bien clair que, si la Société
générale de financement, au cours des prochains mois ou des
prochaines années, croit opportun de faire des investissements dans le
secteur de la pétrochimie, il devra, à ce moment, intervenir une
directive l'autorisant à effectuer ses investissements.
Dans ce contexte, nous pouvons donc anticiper je crois que c'est
une inférence ou une incidence naturelle de la description de ce mandat
en deux parties une première directive, qui viendrait confirmer
l'interprétation que je viens de faire de l'article 4, par laquelle le
gouvernement affirmerait spécifiquement qu'il y a bien deux secteurs
prioritaires actuellement dans le portefeuille de la SGF et que la SGF est
autorisée à s'en occuper comme elle l'a fait dans le passé
mais, bien sûr, avec, si possible, un développement, une
expansion, une amélioration et une deuxième directive mais
celle-là est plus hypothétique s'il devient apparent au
gouvernement qu'il est nécessaire de faire des investissements dans le
secteur de la pétrochimie.
S'il y avait d'autres secteurs qui devenaient, qui méritaient
tout à coup l'attention de la SGF et du gouvernement, il en serait,
évidemment, de même l'exemple que j'ai donné n'est
pas limitatif si le gouvernement en venait à la conclusion qu'il
doive constituer une ligne aérienne québécoise à
même les actifs qui flottent actuellement dans le paysage, ce serait la
même chose. Il y aurait une directive spécifique pour cette fin,
ne mentionnant pas, bien sûr, de compagnie précise, cela va de
soi. Il ne s'agit pas et je pense que cela mérite peut-être
au moins dix secondes d'explication à mon avis, pour les
directives de donner des précisions sur les contrats, les ententes ou
les projets individuels.
Il ne s'agit pas d'une approbation à la pièce ou d'une
ratification par le Conseil des ministres de chaque décision du conseil
d'administration. Il doit y avoir dans le management d'une
société d'État, malgré tout, surtout lorsqu'il
s'agit d'un holding comme la SGF, suffisamment de flexibilité pour
éviter que chaque projet soit scruté à la loupe et fasse
l'objet d'une prise de décision, dans le fond, gouvernementale.
Si tel était le cas, il suffirait de disposer des
mécanismes de l'Industrie et du Commerce plutôt que d'une
société d'État et ce n'est clairement pas la
situation.
Donc, il n'est pas question d'un tel genre d'étude, du moins dans
mon esprit. Il est plutôt question de connaître les raisons, au
moment où le gouvernement prend la décision de créer une
priorité nouvelle dans le domaine des investissements de l'État
et des activités de la SGF, les motifs qui le poussent à juger
prioritaire et important un secteur par opposition à un autre.
Pourquoi la pétrochimie est-elle plus importante pour
reprendre l'exemple de tout à l'heure que les transports
aériens ou que la constitution d'une marine marchande ou n'importe quoi
d'autre? Il y a, bien sûr, préalablement à n'importe quel
contact, n'importe quelle négociation avec des partenaires possibles une
décision préalable que cela vaut la peine de parler que cela vaut
la peine de s'y intéresser et que c'est préférable de
regarder dans cette direction plutôt que dans une autre. Je suis
persuadé, M. le Président, même si on ne doit pas
présumer que tout se fait par une planification très abstraite et
idéaliste, que le gouvernement et la SGF ne se livrent pas à du
"impulse buying", ne se promènent pas à travers les pages
financières du Wall Street Journal ou des autres journaux financiers
pour voir ce qu'il y a à vendre ce matin.
Je ne pense pas que cela se fasse comme cela. Si cela se faisait comme
cela, ce serait la démonstration d'un manque de sérieux. Il y a
donc des stratégies, des réflexions, des priorités qui
doivent être établies avant même qu'on ne songe à
regarder tel ou tel projet, à répondre à telle ou telle
lettre même, parce qu'il ne faut pas créer d'espoir vain ou futile
à moins d'avoir de bonnes raisons.
C'est dans cet esprit, M. le Président, que nous avons fait cette
recommandation et nous avons été poussés à la faire
par le fait que nous sommes en face d'une société de "holding".
C'est quand même un phénomène assez unique dans les
sociétés d'État.
Hier soir, à l'Assemblée nationale, on a passé
plusieurs heures à étudier un investissement de $10 millions dans
la Société de développement des industries culturelles.
Pourquoi faire une loi spéciale, une société
spéciale et un investissement bien défini par une loi
spéciale pour, dans le fond, une petite industrie, en termes financiers
sûrement, alors que la SGF pourrait en faire un secteur prioritaire, si
telle était sa fantaisie?
II y a donc là des distinctions qui doivent être faites et
il est important de les faire, je pense. Il y a des moments où il semble
opportun, dans le cas de la Société de l'amiante, dans le cas de
SOQUIP, dans le cas de la Société de développement des
industries culturelles, pour le gouvernement lui-même, de prendre la
décision qu'il s'agit là d'un secteur prioritaire. Pour des
raisons qui sont en partie économiques et peut-être largement non
économiques, s'il s'agit d'une priorité sur le plan culturel, par
exemple, on ne peut pas se soumettre à une analyse financière et
mettre en concurrence en quelque sorte les industries culturelles avec la
pétrochimie. On aurait peut-être peur des conclusions auxquelles
on en arriverait, je ne sais pas, mais il est fort possible que le
gouvernement, à ce moment-là, dise non.
Le calcul, la rationalité économique et financière
ne nous amèneraient pas naturellement à créer SODIC, ou
quel que soit le nom qu'on lui donne, la Société de
développement des industries culturelles. La même chose
s'applique, et on serait les derniers à être en désaccord,
à la Société de l'amiante. Ce n'est peut-être pas
une décision à laquelle on en serait arrivé par un calcul
économique et financier au sein d'un holding qui a cette
mission-là. Alors, on a décidé de le faire
spécifiquement, pour être bien sûr que cela se fasse, parce
qu'autrement on aurait peut-être eu des chances que cela ne se fasse pas.
(15 h 15)
Dans le cas d'un holding financier gouvernemental, on se dit
malgré tout que tous les secteurs sont également bons, a priori.
Il n'y a pas de sot métier, en quelque sorte, pour la SGF. Elle peut
s'occuper de n'importe quoi. Elle va choisir entre les différentes
possibilités, en fonction d'une rationalité, d'un calcul
économique et financier. On va accepter la résultante de ce
calcul, de ce raisonnement, parce qu'on pense qu'il est important de s'y
soumettre, comme condition à un appui au développement
économique, par le moyen d'une société d'État.
Très bien. Mais si on poursuit le raisonnement, on se rend compte
que ça implique donc qu'au moins, la résultante du choix
basé sur cette rationalité économique et
financière, au sein d'un holding gouvernemental, au moins la
résultante fera l'objet d'une ratification, c'est-à-dire qu'on en
accepte les conclusions, au nom du gouvernement, et on accepte d'en discuter
les implications au niveau de l'Assemblée nationale.
De cette façon, on peut assez clairement tracer une ligne de
démarcation entre les sociétés d'État sui generis,
en quelque sorte, celles qui sont créées par une décision
autoritaire du gouvernement et de l'Assemblée nationale et les secteurs
prioritaires qui peuvent être le fruit d'un calcul économique et
financier pour lequel on n'a, a priori, aucune préférence. On
attend de voir ce que les calculs vont donner, ce que les possibilités
vont donner. Une fois qu'on a les conclusions, on dit, on prend à notre
compte, comme gouvernement, ces conclusions et on les ouvre à un
débat public à l'Assemblée nationale.
Je crois que c'était l'esprit... Je ne veux pas prendre trop de
temps, M. le Président, mais comme c'est un élément clef
et qu'il pourrait être sujet à fausse interprétation, je
voulais prendre quelques minutes pour résumer ma façon de le
voir. Il me semble que les textes que le ministre nous a soumis sont
satisfaisants, sous une réserve que mon collègue de
Notre-Dame-de-Grâce va faire, en tout cas il aimerait faire une
suggestion qui, je pense, étant donné que les textes ont
été faits assez vite, pourrait reprendre une partie de la
définition proposée originellement par le ministre et qui a
peut-être été omise par inadvertance dans toutes ces
discussions.
Je vais lui laisser faire sa proposition.
M. Tremblay: ... parce qu'il y a quand même l'aspect
général, c'est peut-être un point particulier. Je ne
reprendrai pas tous les points qui ont été soulevés par le
député de Saint-Laurent, parce que sur l'ensemble, il y a accord,
c'est-à-dire qu'il y a véritablement deux mandats, le mandat
général de la SGF qui est plus précisé que dans
l'ancienne loi, étant donné que le critère de
rentabilité est explicitement introduit, parce que le gouvernement croit
qu'il nous faut avoir des critères de performances qui soient
relativement clairs afin que nous puissions demander des comptes au conseil
d'administration des sociétés d'État en
général, mais surtout de la SGF en particulier, qui est un
holding industriel qui fonctionne dans des circonstances économiques
semblables à d'autres holdings et qui, par conséquent, doit
être comparé dans son rendement, à d'autres
activités à l'usage de d'autres capitaux.
L'aspect nouveau qui est introduit, l'aspect véritablement
nouveau, par la deuxième partie du mandat, c'est que dans une expansion,
dans un autre secteur, cette expansion peut venir de deux façons. Elle
peut venir de la part du conseil d'administration de la SGF elle-même
qui, jugeant qu'un secteur offre des chances de profitabilité et de
rendement favorable, décide de choisir ce secteur comme étant un
de ses secteurs prioritaires d'expansion, dans lequel cas il y aura
autorisation par directive, de la part du ministre, avec dépôt en
Chambre, tel que l'article 9 le précise.
Aussi, comme l'article 9 l'autorise, le gouvernement, par le truchement
du ministre de l'Industrie et du Commerce, peut indiquer à la SGF un
secteur prioritaire de stratégie industrielle gouvernementale, dans
lequel cas, l'entreprise doit faire sienne cette orientation prioritaire et la
même procédure, par la suite, de dépôt de cette
directive, selon l'article 9, suivra son cours.
Ceci est une approche intéressante, mais qui soulève des
points importants de partage des responsabilités entre l'actionnaire et
les administrateurs de ces sociétés. Il est évident que
dans l'esprit du gouvernement, il n'est nullement question de vouloir mettre la
Société générale de financement en tutelle, sous un
gouvernement ou sous un ministre. Les directives autorisées par le
ministre de l'Industrie et du Commerce, approuvées par le gouvernement
et par conséquent,
transmises à la SGF, devraient être normalement des
exceptions. Il ne serait pas souhaitable, dans notre esprit que les ministres
ou le gouvernement s'ingèrent dans la planification d'une
société d'État, surtout lorsque nous introduisons le
concept de rentabilité. Plus il y aura d'ingérence politique dans
le fonctionnement d'une société d'État, moins le
critère de rentabilité aura de crédibilité.
Évidemment le conseil d'administration de la
société d'État et la direction pourront toujours
prétendre que des pertes se sont produites à la suite des
interventions gouvernementales qui ont imposé à la
société des opérations économiques, industrielles
ou commerciales qui n'étaient pas rentables sur le plan comptable, mais
qui avaient une rentabilité plus large, de sorte que, dans la pratique
des choses, ce seront surtout les conseils d'administration et, dans le cas qui
nous intéresse, la Société générale de
financement qui décideront de leur orientation en fonction du
critère de rentabilité. Là, quand même, une
autorisation peut être fournie, mais on voit qu'ici il y a un principe
délicat. Il est très délicat, parce que la capacité
même des conseils d'administration et des directions des
sociétés d'État et leur crédibilité dans le
monde des affaires peuvent être mises en doute s'ils relèvent trop
directement d'un pouvoir politique qui détient le droit de vie ou de
mort sur leurs décisions.
Il serait aussi difficile d'attirer des personnes de haute
compétence dans la SGF, si ces personnes étaient soumises
à un contrôle politique dans leur gestion. Les critères qui
sont utilisés pour la nomination de personnes au niveau des conseils
d'administration, au niveau de la direction d'une société
commerciale et industrielle sont des critères de compétence
adaptée à des situations concrètes.
La compétence générale que l'on retrouve dans les
ministères et au niveau du personnel politique est beaucoup plus vaste
et horizontale, et moins précise. De là la difficulté
qu'aurait un conseil d'administration de garder sa crédibilité
dans le monde des affaires s'il devait toujours s'en remettre au personnel
politique pour prendre des décisions de rationalité
économique.
Dans le cas qui nous concerne, nous avons remis, lors de la commission
parlementaire des 7 et 8 décembre, les orientations industrielles
auxquelles le conseil d'administration, après six mois d'analyse, est
parvenu. Il y avait effectivement trois secteurs que l'on jugeait d'une
promesse particulière dans le contexte industriel du Québec.
C'était le secteur de l'électromécanique rattaché
évidemment à la baie James et à des secteurs
hydroélectriques, étant donné que le Québec produit
beaucoup d'électricité et que la société,
déjà, est dans ce champ d'activité avec Cegelec, et tout
le secteur des équipements de pâtes et papiers, l'industrie des
pâtes et papiers et les pâtes et papiers elles-mêmes
où la SGF est déjà implantée avec Volcano, entre
autres, et Donohue.
Le dernier secteur que je viens de mentionner va connaître une
expansion à cause des politiques gouvernementales, étant
donné que nous allons avoir un plan de modernisation de ce secteur des
pâtes et papiers. Au lieu d'importer de l'équipement, il serait
dans l'intérêt économique et dans l'intérêt de
rentabilité des filiales de la SGF de développer ce secteur.
Le conseil d'administration a identifié un autre secteur qui
offre des possibilités, parce qu'il y a des partenaires internationaux
intéressants dans le domaine de la pétrochimie qui permettraient
au Québec d'occuper une place particulièrement rentable, soit
celui de la pétrochimie.
L'amendement 4a signifie que, dans le cas de la pétrochimie,
puisqu'il s'agit d'un nouveau secteur, il devrait y avoir une autorisation par
directive du ministre avant que des contrats soient parachevés. Il peut
y avoir, dans ce cas, une difficulté technique, en ce sens que la SGF
doit procéder à des pourparlers avec des partenaires
éventuels qui demeurent toujours sujets, dans des cas semblables,
à une autorisation d'une autre instance et qu'elle n'a pas une autonomie
complète pour procéder. Jusqu'à quel point ce handicap en
est-il un véritablement? Nous le verrons à la pratique, puisque,
dans des domaines semblables, nous agissons dans un domaine de concurrence et
la confidentialité est un critère absolument essentiel pour
maintenir la crédibilité des partenaires et de leurs pourparlers,
il est évident que la SGF ne pourrait pas déposer des documents
sur lesquels elle a déjà pris des ententes ou signé des
protocoles de confidentialité. Comme nous sommes à la fin d'une
session présentement et que nous ne pouvons pas faire une analyse
exhaustive de toutes les implications de cette obligation d'obtenir une
autorisation gouvernementale avant de compléter des pourparlers, nous
sommes un peu dans une situation de "no-man's-land". Je suis prêt
à adopter cet amendement, mais je me réserve le droit, dans les
prochains mois et les prochaines années, préférablement
les mois, de réétudier cette question et peut-être d'en
soumettre à l'Assemblée nationale une nouvelle analyse, quoique
le principe sous-jacent soit intéressant, dans le sens que nous pourrons
avoir un peu plus de renseignements, comme actionnaires, le gouvernement et
l'Assemblée nationale, comme organisme de surveillance.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Lotbinière.
M. Tremblay: Je voudrais ajouter seulement un dernier point
très rapidement, en ce qui concerne les secteurs industriels, parce que
j'ai ici la classification des activités économiques du Bureau
fédéral de la statistique des vingt secteurs que nous
considérons en économique. J'en ai pris des photocopies. Je
voudrais les faire distribuer simplement pour l'information des membres de la
commission.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Lotbinière.
M. Biron: M. le Président, sur cet article de notre projet
de loi, d'abord, je suis heureux de voir qu'on veut définir encore plus
clairement la voca-
tion de la Société générale de financement
et, en particulier à l'article 4a, d'assumer la gestion d'un groupe
industriel. C'est très important, parce que, pour avoir des vocations
différentes à la Société générale de
financement, on pourrait assumer la gestion et la direction d'un groupe
industriel, on peut aller aussi dans des groupes commerciaux. Je ne vois pas
tellement la vocation de la Société générale de
financement c'est une société d'État dans
les groupes commerciaux, à l'heure actuelle, à moins d'un
développement ou d'un changement énorme dans la mentalité
économique de notre province, mais, à l'heure actuelle, je crois
qu'il y a une importance énorme à aller dans le domaine
industriel, sans se substituer aux autres entreprises qui sont dans le
commerce. Je pense à un exemple, en particulier à la
société Forano, qui était véritablement une
entreprise industrielle, il y a dix ou quinze ans et qui est maintenant devenue
à 50% une entreprise commerciale qui fait la concurrence à
d'autres entreprises privées au Québec. Là-dedans, on a
d'autres entreprises, on a d'autres citoyens qui veulent essayer de gagner leur
vie le mieux possible et de participer au développement
économique de leur province. Je ne crois pas qu'une
société d'État doive leur faire concurrence.
À mon point de vue, une telle société ne doit pas
se substituer à l'entreprise privée, mais doit collaborer
à l'entreprise privée, là où l'entreprise
privée ne peut ou ne veut aller. Déjà, on a certaines
conditions de rentabilité qui ne sont peut-être pas les plus
normales possible. Lorsqu'on dit que l'entreprise privée ne veut pas
aller dans un tel secteur ou ne peut pas y aller seule, c'est sûr qu'il y
aurait besoin d'aide quelque part. C'est là que je vois le mandat, la
vocation de la Société générale de financement.
C'est de participer, dans des groupes industriels, à la création
d'emplois, partout où l'entreprise privée ne peut pas remplir son
rôle ou ne veut pas remplir son rôle. (15 h 30)
Dans le passé, malheureusement, on a eu beaucoup trop de
décisions qui ont été prises je peux
peut-être dire il y a dix ans, il y a sept ans, il y a huit ans, il y a
quinze ans en fonction d'acheter des entreprises pour régler des
problèmes de succession. Aujourd'hui on voit ce que cela donne.
On a réglé beaucoup de problèmes de succession avec
la SGF, mais cela a donné que la population du Québec a dû
payer pour. Je ne crois pas que la vocation de la SGF soit de régler les
problèmes de succession, c'est plutôt d'être gestionnaire
d'entreprises qui, à court ou à long terme, deviennent
moyennement rentables.
Là-dessus aussi, je suis heureux de voir que le ministre a
explicité davantage l'article 3 de son projet de loi, alors qu'il nous
dit: "La SGF seule ou avec des partenaires, leur exploitation et leur
développement conformément à des conditions de
rentabilité normales." C'est la première fois, je crois, que dans
la SGF on commence à parler de rentabilité. C'est un effort dans
la bonne direction.
Il faut quand même comprendre, à la fois du
côté du gouvernement et aussi du côté de
l'Opposition, qu'à quelques occasions, si les sociétés
privées ne veulent pas aller dans un domaine particulier, c'est que la
rentabilité n'est peut-être pas normale. Or, il faudrait aussi, de
la part des hommes politiques et de la population, comprendre qu'à
certaines occasions, à condition que cela ne devienne pas chronique, une
entreprise qui appartient à la Société
générale de financement, pendant quelques années, ne peut
pas être dans une situation de rentabilité normale, mais ce sera
important, à la fois pour le ministre responsable et pour les
gestionnaires de la Société générale de financement
d'informer à la fois le Parlement et l'opinion publique. Cela a
peut-être été la grande lacune de nos
sociétés d'État de jouer à la cache-cache avec la
population, avec les actionnaires. Alors, que, au contraire, il faudrait faire
comprendre à la population que, quelques fois, certaines
sociétés d'État ont à remplir un rôle social
et il faudra dire la vérité à la population du
Québec et la tenir informée au fur et à mesure de
l'évolution.
C'est sur cet aspect, en fait, que j'ai demandé une commission
d'enquête publique sur les événements qui sont
arrivés. Je vais peut-être prendre un terme qui est cher au
premier ministre actuel du Québec, mais une société
d'État, à l'heure actuelle, dans le monde moderne où nous
vivons, devrait agir avec beaucoup plus de transparence qu'une
société privée, parce que la société
d'État a besoin de la compréhension de la population. Si vous
faites une enquête, à l'heure actuelle, à travers la
population, vous verrez que les sociétés d'État ne sont
pas tellement appréciées ou que le jugement de la population
vis-à-vis des sociétés d'État n'est pas tellement
bon. Cela ne se change pas du jour au lendemain, cela pourra changer sur une
plus longue période de temps, mais avec énormément de
transparence, peut-être beaucoup plus, et prendre quelques risques que
les sociétés privées ne prendront pas vis-à-vis de
la transparence, mais vis-à-vis de la population.
Alors, la population va comprendre que des conditions de
rentabilité normales, pour les sociétés, dans le groupe de
la Société générale de financement, ce n'est
peut-être pas tout à fait normal dans d'autres
sociétés privées, mais il faudra que la population
comprenne. C'est d'ailleurs pour cela que j'accepte le terme "normale" de la
part du ministre, mais à condition de tenir la population au courant, au
fur et à mesure que les problèmes évoluent, que l'on
évolue d'un côté ou de l'autre. Je suis assuré que
le problème des bateaux en particulier à Sorel, si on avait tenu
la population au courant, cela n'aurait pas causé le remous que cela a
causé cette année; mais cela a été une grosse
surprise, cela a coûté passablement cher. Remarquez que ce n'est
pas un blâme aux administrateurs actuels, parce qu'ils n'ont fait
qu'hériter de problèmes énormes en arrivant à la
tête de ce groupe.
Vis-à-vis du paragraphe b), M. le Président, on dit: "...
aussi de favoriser la participation d'administrateurs québécois
à la gestion de ces entrepri-
ses." Je pense que ce paragraphe est superflu; c'est normal qu'une
société gérée par le gouvernement du Québec
favorise, d'abord, la participation d'administrateurs québécois.
Si j'étais méchant ou si je voulais tout simplement me
référer à la qualité des administrateurs des
années passées, avec ce qu'on a vu, je suggérerais
même de changer le mot "québécois" pour
"compétents", ce serait peut-être beaucoup mieux, mais je crois
que c'est un paragraphe qui est superflu; c'est fait pour jeter de la poudre
aux yeux et faire un petit peu de politique on est en politique, il faut
bien en faire un petit peu. Ce paragraphe, à mon point de vue, ne fait
que perdre un peu de temps pour en discuter, cela ne donne rien. On sait
d'avance que les administrateurs de la Société
générale de financement vont favoriser la participation
d'administrateurs québécois partout où c'est possible.
Demain matin...
Une voix: On pourrait peut-être nommer le Grec.
M. Biron: S'il est compétent! Peut-être que le Grec
serait compétent pour être président de cette
entreprise.
On peut devoir acheter une entreprise qui fonctionne au Québec,
dont le siège social est au Québec, ou dont le siège
social est à l'extérieur, mais avec des usines importantes au
Québec. On peut vouloir acheter une entreprise et avoir aussi des
administrateurs de l'Ontario, des États-Unis, d'Europe ou d'Asie, je ne
sais trop où, il ne faudrait pas être pris non plus avec un tel
article dans notre projet de loi.
Je le dis en passant. Si le gouvernement veut le laisser, je ne vois pas
d'objection à le laisser, mais je trouve que c'est superflu et on peut,
avec le temps, être pris avec cela, mais, dans ce temps-là, on y
reviendra.
Finalement, on dit: "La société peut également,
dans la mesure prévue aux directives émises en vertu du
quatrième alinéa, investir dans les champs d'activités
commerciales et les secteurs industriels...", je trouve que "... champs
d'activités commerciales" cela devrait être enlevé de ce
projet de loi et qu'on continue dans les secteurs industriels à cause de
ce que j'ai dit au début, que je vois la vocation de la
Société générale de financement là-dedans,
parce qu'au Québec, il y a peut-être une faiblesse dans le secteur
industriel. Dans le secteur commercial, il n'y a certainement pas de faiblesse
à l'heure actuelle et je verrais mal la Société
générale de financement décider demain d'acheter Steinberg
ou quelque chose comme cela, une entreprise du genre, dans le secteur des
activités commerciales, alors qu'on a beaucoup de citoyens, beaucoup
d'investisseurs qui veulent aller dans ce domaine particulier.
Ce serait élargir le mandat de la Société
générale de financement pour rien et lui donner un mandat d'aller
investir dans des champs d'activités commerciales alors que cela n'a pas
sa raison d'être. Je suggérerais au ministre, dans ses directives
à l'égard des dirigeants de la Société
générale de financement, de donner des directives pour
rétrécir même le champ des activités commerciales et
pour aller de plus en plus dans le champ des activités industrielles,
songeant qu'un emploi dans le domaine industriel crée beaucoup
d'emplois, indirectement ou directement, dans le domaine commercial, d'une
façon ou d'une autre.
Ce dont on a besoin en fait, c'est d'aller beaucoup plus dans le secteur
secondaire que dans le tertiaire et, avec la Société
générale de financement, je ne vois pas pourquoi on irait dans le
domaine commercial.
Ceci dit, M. le Président, avant de faire des motions
d'amendement pour changer quoi que ce soit là-dedans, j'aimerais bien
entendre des commentaires du ministre sur ce que j'ai dit, et on pourra
peut-être s'ajuster assez facilement.
M. Tremblay: Je remercie le chef de l'Union Nationale de ses
commentaires. Étant donné que nous sommes pressés par le
temps, je ne reviendrai pas sur chacun des points, parce qu'il y a
énormément de points avec lesquels j'étais d'accord. Il y
en a peut-être deux sur lesquels j'aimerais faire des commentaires
particuliers.
En ce qui concerne le paragraphe b) de l'article 4, qui dit que je
devrais évidemment, autant que possible favoriser la
participation d'administrateurs québécois à la gestion de
ces entreprises, ce paragraphe a surtout comme objet d'indication et de souhait
de créer au Québec ce respect pour les administrateurs.
Nous avons traversé des périodes de notre histoire
où les administrateurs, les hommes d'affaires, n'avaient pas une haute
cote dans notre société. Chaque fois que nous avons l'occasion
dans notre projet de loi de revaloriser le rôle de l'homme d'affaires
dans notre société, nous ne voulons pas hésiter à
le faire.
Évidemment, ce n'est nullement limitatif. C'est évident
que la société peut faire appel à des administrateurs de
l'extérieur, quand c'est nécessaire. Mais elle va encourager les
jeunes Québécois, les maisons d'enseignement, les écoles
d'administration à former des administrateurs compétents. On sait
qu'au Québec, il fut des temps où on n'en a pas eu suffisamment.
Encore aujourd'hui, je pense que nous n'avons pas suffisamment
d'administrateurs compétents, de sorte qu'à moins qu'on ait une
objection vraiment sérieuse, j'apprécierais que nous laissions
peut-être ce souhait d'encourager nos jeunes à se joindre au monde
des affaires.
En ce qui concerne l'aspect commercial, deux commentaires rapides, M. le
Président. Dans l'ancienne loi, les entreprises commerciales
étaient incluses. Deuxième commentaire, c'est inutile de
présumer à l'avance que la SGF n'aurait pas besoin dans l'avenir,
dans un de ses secteurs, de faire une intégration verticale.
Il arrive parfois que, dans un certain domaine, les circuits de
distribution soient contrôlés par un concurrent et que les
produits industriels ne puissent pas parvenir aux acheteurs. Je donne deux
exemples très rapidement, un dans le secteur
public, un dans le secteur privé. Sidbec a dû mettre sur
pied une filiale qui s'appelle Sidbec International, afin de vendre ses
produits et ses boulettes de fer sur le marché international. C'est une
activité commerciale, mais c'est une intégration qui était
rendue nécessaire par les circonstances.
Bombardier, qui fabriquait des motoneiges, s'est rendu compte que les
circuits de distribution aux États-Unis étaient
monopolisés par des concurrents et que, si elle voulait avoir
accès à ces marchés très riches du Minnesota, du
nord des États-Unis, il fallait le faire, sauf à moins, encore
là, qu'on veuille présumer et limiter les occasions qui
pourraient se présenter dans l'avenir. Je préférerais
aussi qu'on laisse la discrétion au conseil d'administration de prendre
les décisions à leur mérite. Il est évident que
s'il s'agissait d'un nouveau secteur, comme nous disons qu'il faut qu'il y ait
une autorisation, il y aura évidemment une directive d'émise.
Mais je ne voudrais pas présumer et mettre le conseil d'administration
de la SGF dans une camisole de force et être obligé, face à
un problème, de revenir devant l'Assemblée nationale pour amender
la loi avec tous les délais que ceci comporte.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Le premier point que je veux soulever, c'est
simplement, M. le ministre, d'expliquer une distinction qui, pour moi, je
pense, est assez importante en ce qui concerne les directives. Pour moi, cette
question de directives n'est pas du tout pour empêcher les
sociétés d'agir dans un secteur.
Le Président (M. Laplante): M. le député,
voudriez-vous prendre un micro, s'il vous plaît?
M. Scowen: Excusez-moi. Est-ce qu'il faut que je recommence?
Le Président (M. Laplante): Ce serait peut-être
préférable.
M. Scowen: Comme je l'ai dit, l'idée des directives n'est
pas du tout pour empêcher les directeurs de la société
d'agir dans le secteur. C'est surtout pour définir la mission de la SGF
et je prends spécifiquement le cas de la pétrochimie. Vous avez
un projet devant vous un projet de création de société
avec deux partenaires imposants. C'est un projet intéressant, mais je
pense qu'avant de commencer à agir dans un tel secteur, dans un projet
spécifique, on doit avoir l'approbation de l'Assemblée nationale,
si vous voulez, et de la population d'entrer dans ce secteur. La raison est
très claire, et je pense que l'existence même de cette loi et
l'urgence de cette loi en sont le témoignage le plus évident.
Nous sommes aujourd'hui, dans la première partie de cette loi, devant un
fait accompli. Nous avons, en théorie, le droit de refuser le
financement qui s'impose pour
Marine, mais, en réalité, nous ne pouvons pas. Une
décision a été prise depuis longtemps d'entrer dans les
chantiers maritimes, les chantiers navals. Aujourd'hui, les conséquences
sont que l'Assemblée nationale n'a d'autre choix que de continuer
à verser les fonds et à éviter un désastre
socio-économique dans la région de Sorel.
Tout cela pour dire que, du moment où vous vous lancez dans un
secteur, une petite affaire avec deux partenaires imposants, vous acceptez des
implications pour les années à venir. Dans deux ou trois ans
d'ici, si on commence dans la pétrochimie, il est bien possible que
Carbide ou Gulf vont nous dire: Écoutez, on veut se débarrasser
de cette affaire, que quelqu'un l'achète. Nous ferons face à la
décision de l'acheter ou non et notre décision sera prise face
aux conséquences, si on ne le fait pas, ainsi de suite, ainsi de suite,
ainsi de suite. La pétrochimie est une grosse affaire. Il y a de grandes
compagnies avec lesquelles nous ne serons pas affiliés et qui seront nos
concurrents. Elles ne seront pas du tout heureuses de nous voir
là-dedans, elles vont agir contre nous comme elles agissent contre tous
leurs concurrents dans le même domaine, et il faut accepter que c'est un
domaine énorme, international. Nous nous lançons dans une telle
affaire avec des conséquences possibles qui sont énormes. Je ne
dis pas du tout a priori que je suis contre, mais je pense qu'avant de
commencer un projet spécifique, on doit avoir donné mandat
à la SGF d'agir dans ce secteur. Alors, c'est la distinction que je
fais, c'est la mission de la SGF, les secteurs clefs. (15 h 45)
Je vais maintenant parler de trois points, dont deux ont
déjà été soulevés et dont le
troisième, je pense, est nouveau. Pendant les dernières
journées, je pense qu'il y a eu un petit malentendu entre le
député de Saint-Laurent et moi, mais je pense que ce
n'était pas la fin du monde, tout s'est passé dans les coulisses,
très vite. Au fond, je pense et je suggère que nous ajoutions, au
paragraphe a) proposé, votre nouvel amendement, après les mots
"assumer la gestion d'un groupe industriel", les mots "composé
d'entreprises de taille significative dans certains secteurs jugés
prioritaires pour le développement économique du
Québec".
M. Tremblay: C'est l'ancienne formulation qui était dans
le projet de loi, qui avait été enlevée dans l'amendement
proposé et le député de Notre-Dame-de-Grâce le
ramène. Je n'ai aucune objection; évidemment, ça ne fait
que compléter ce qui était déjà.
M. Scowen: Dans ce cas-là...
Le Président (M. Laplante): Je vais lire l'article, tel
qu'amendé par le député de Notre-Dame-de-Grâce,
partie a): "D'assumer la gestion d'un groupe industriel composé
d'entreprises de taille significative dans certains secteurs jugés
prioritaires pour le développement économique du Qué-
bec, d'assurer la planification et la coordination des entreprises
qu'elle contrôle et de favoriser, seule ou de préférence
avec des partenaires, leur exploitation et leur développement
conformément à des conditions de rentabilité normale."
M. Scowen: J'avais l'intention de faire un discours d'une heure,
pour vous persuader. Ce n'est pas nécessaire. Alors, je vais simplement
prendre 90 secondes pour parler surtout à M. Coulombe. Je pense
que...
Le Président (M. Laplante): Cela irait plus vite si on
pouvait l'adopter tout de suite, il semble qu'il soit prêt.
M. Scowen: Je veux simplement lui dire ce que je voulais dire...
Je pense que vous avez fait un pas en avant important quand vous avez mis ces
deux clauses dans le projet de loi. Cela va vous donner des avantages
énormes, une pièce de résistance, si je peux
contourner...
M. Tremblay: ... c'est parce que le conseiller juridique me dit
qu'au plan de la concordance, il faudrait utiliser la même
phraséologie qui était dans le texte de loi, c'est-à-dire
qu'au lieu de dire: "composé d'entreprises", il faut dire, "dans le but
d'exploiter des entreprises de taille significative".
M. Scowen: Vous n'aimez pas le mot "composé".
M. Tremblay: C'est une question de concordance entre les faits et
des orientations. Dans les faits...
M. Scowen: C'est d'accord.
M. Tremblay: Est-ce qu'on peut...
M. Scowen: Dans le but de...
M. Tremblay: Dans le but d'exploiter des entreprises de taille
significative.
M. Scowen: Parfait. Cela marche. Je n'ai pas enlevé le mot
"rentable", c'est déjà dans l'amendement.
Le Président (M. Laplante): Dans ce cas-là,
l'amendement est modifié un peu et il se lirait comme suit: "D'assumer
la gestion d'un groupe industriel, dans le but d'exploiter des entreprises de
taille"... ainsi de suite.
M. Tremblay: C'est ça.
M. Scowen: D'assurer la planification, la coordination, ainsi de
suite. Les autres aspects sont déjà dans notre amendement. Je
répète, je pense que ça va aider la Société
générale de financement à éviter les pressions
venant des petites entreprises, qui veulent être sauvées, quand
vous n'avez vraiment pas le désir de les sauver. Deuxiè- mement,
ça va vous donner un peu plus de pouvoir, légèrement,
d'ici les années à venir, pour vous débarrasser des
compagnies qui ne sont pas essentielles pour le développement de la
société. Bon.
M. Tremblay: Adopté.
M. Scowen: Les deux autres points sont ceux qui ont
été soulevées par le député de
Lotbinière, le paragraphe b). Franchement...
Le Président (M. Laplante): Avant d'aller à
l'article b), si vous le voulez, est-ce que l'amendement est adopté?
M. Tremblay: Un instant, le conseiller juridique me transmet un
détail de forme.
M. Russell: M. le Président, je n'ai pas d'objection
à propos de l'amendement, à la condition que je puisse dire
quelques mots d'ordre général par la suite. On pourra adopter
l'amendement, puis...
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. Forget:
Adopté.
Le Président (M. Laplante): Le paragraphe a), tel
qu'amendé, est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, vous pouvez continuer.
D'accord. Est-ce que vous avez terminé, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce? Allez-y pour le paragraphe
b); le paragraphe a) est adopté tel qu'amendé.
M. Biron: Le paragraphe a) est adopté et on ne peut y
revenir. C'est ce que vous voulez dire? M. le député de
Brome-Missisquoi voulait revenir là-dessus.
Le Président (M. Laplante): Oui, il pourra en parler, mais
on ne pourra plus l'amender, étant donné que l'amendement a
été adopté. Mais il n'y a rien qui l'empêchera tout
à l'heure de parler à nouveau de l'article complet.
M. Biron: Attendez, juste une question.
M. Scowen: Jusqu'ici, ce n'est pas un amendement, parce
que...
Le Président (M. Laplante): Un instant. On a adopté
le paragraphe a)...
M. Biron: ... c'est parce qu'on a enlevé le mot "rentable"
que le ministre avait dans son amendement.
M. Tremblay: On n'a ajouté qu'un petit bout de phrase
parce qu'il existait déjà, on n'a rien enlevé.
M. Biron: ... on va parler dessus et on va voir...
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Tremblay: On n'a rien enlevé. On a simplement
ajouté une petite phrase.
M. Scowen: Qu'est-ce que vous voulez que je fasse maintenant?
Le Président (M. Laplante): Continuez à parler.
M. Tremblay: Mais pas jusqu'à dimanche.
Le Président (M. Laplante): Continuez à parler.
M. Tremblay: C'est le problème avec les fins de
session.
M. Scowen: Est-ce que vous avez un sujet
préféré? Vous voulez que je continue à parler de
l'article 4a. J'avais terminé.
Le Président (M. Laplante): Vous aviez terminé?
D'accord, c'est que vous avez dit vouloir parler du paragraphe b).
M. Russell: M. le Président...
M. Tremblay: M. le Président, je demanderais aux membres
de la commission leur collaboration. Moi aussi c'est un sujet sur lequel je
pourrais parler pendant des jours. Mais il est évident que nous sommes
contraints, par un contexte sessionnel, à synthétiser nos
idées dans des phrases courtes. Merci.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Lotbinière.
M. Russell: M. le Président, est-ce que le
député de Notre-Dame-de-Grâce a terminé?
M. Scowen: J'en ai terminé avec l'article 4a).
Le Président (M. Laplante): Allez-y, M. Russell.
M. Russell: J'ai seulement quelques remarques
générales à faire. Je suis bien d'accord avec le ministre
que nous sommes restreints en raison de la fin de la session. Je ne voudrais
pas être le gars responsable du retard de ce projet de loi en faisant en
sorte qu'il ne passe pas.
Par contre, je ne voudrais pas revenir sur le passé. Je refuse de
croire que ce qu'on a vécu n'est pas une expérience sur laquelle
on ne s'attardera plus, qu'on va s'en éloigner. Je voudrais simplement
parler sur le projet de loi actuel et les articles qui y sont concernés,
pour qu'on s'entende sur l'orientation que nous aimerions voir prise par la
SGF.
Tout à l'heure, le ministre dit qu'il serait mauvais que la
politique s'ingère dans l'administration. Là-dessus, je suis
d'accord. Les affaires et la politique n'ont pas tout à fait la
même concordance et cela peut créer certains
embêtements.
Il y a une chose qui est certaine, c'est qu'il y a une politique
d'administration, de commercialisation de laquelle on ne peut
s'éloigner, politique qui est normale, conforme à la fabrication
et à la commercialisation.
Quand on parle de la commercialisation, à laquelle je m'oppose,
et je le fais formellement... Je l'ai dit dans mes exposés passés
c'est quand même une expérience vécue je
voudrais que la SGF s'applique, avec l'argent du public, des
Québécois, à améliorer le champ pour lequel elle a
été créée au début. Si on regarde les
exposés qu'on a faits au début, lorsqu'on l'a créée
c'était pour améliorer le domaine manufacturier. Je
n'écarte pas la possibilité et même souvent l'obligation
d'avoir une commercialisation intégrée. C'est souvent
nécessaire, comme l'a dit le ministre, avec la SDI, non pas la SDI, je
veux dire...
Une voix: Bombardier.
M. Russell: Bombardier en est un exemple et on pourrait en nommer
beaucoup d'autres. Surtout si elle entre dans la pétrochimie, je pense
que c'est là un autre domaine dans lequel il faudra s'intégrer
assez directement, assez loin, pour pouvoir assurer une rentabilité.
Mais je m'oppose à faire ce que fait Forano je reviens
là-dessus comme exemple, et je pourrais en citer d'autres qui
achète et qui importe des produits manufacturiers dans d'autres pays et
qui, à l'intérieur de notre pays je ne dis pas dans tous
les cas, mais dans certains cas fait concurrence à des
manufacturiers québécois. Je m'oppose à cela. Je ne
voudrais pas que la SGF continue à s'orienter dans ce domaine, parce
que, si on se suffit souvent, si on parle seulement de rentabilité, les
administrateurs peuvent se retourner et faire une rentabilité assez
intéressante en faisant de la commercialisation seulement, mais ce n'est
pas cela qui intéresse le Québec actuellement; cela a toujours
été notre faiblesse.
Quand on a créé la SGF, c'était simplement pour
corriger cette faiblesse. Je pense qu'on l'a empirée plutôt que de
la corriger. Si je regarde les activités passées d'une autre
compagnie que je connais assez bien, parce que je suis allé à
elle, non pas comme administrateur de la compagnie, mais comme client, c'est
Volcano. Elle s'en vient aujourd'hui et elle va devenir, si on continue
à la laisser aller comme cela cela appartient à la SGF
une compagnie d'assemblage et de services qu'elle doit vendre. Ce n'est
pas tout à fait l'orientation que j'aimerais qu'on donne à la
SGF. C'est la raison pour laquelle le chef de l'Union
Nationale, tout à l'heure, invoquait ce fait-là.
Après lui en avoir parlé, je sais que, dans ce domaine, il a
quand même beaucoup d'expérience... Je ne veux pas dire que ceux
qui interviennent n'ont pas d'expérience, mais ce sont des choses, des
désirs qu'on a vécus dans le passé et on a
recommandé à nos gens, à la population du Québec
d'investir par l'entremise de la SGF.
Ne faisons pas dévier l'affaire de la SGF par des faiblesses
qu'on peut avoir. Si on a exprimé des désirs récemment
je pense que le Parti libéral était aussi d'accord
là-dessus ce n'était pas seulement une question de
blâmer, mais nous voulions établir un mécanisme pour faire
en sorte qu'on ait un comité de surveillance. Je sais qu'on n'a pas le
temps, cet après-midi, de mettre cela dans la loi et je n'insisterai pas
avec des amendements pour essayer de le mettre dans la loi, mais je ne voudrais
pas qu'on le perde de vue. Je voudrais qu'on soit capable de corriger le projet
de loi pour faire en sorte que la SGF, graduellement, sorte de la partie
commerciale qui n'est pas celle des produits qu'elle manufacture
elle-même ou par ses filiales, qu'elle crée toutes sortes de
sociétés qu'elle va commercialiser, mais avec ses produits
à elle. Je ne veux pas non plus faire une démonstration de
légiste, mais il y a une façon de corriger la loi, même
qu'on a de bons conseillers juridiques derrière nous. Je sais que le
ministre en a aussi un en arrière de lui. On a le député
de Saint-Laurent qui est un spécialiste dans ce domaine. Je vais me fier
à eux, mais à condition que les principes énoncés
dans le passé et qu'on voudrait insérer dans la loi soient
protégés.
M. le Président, nous avions une petite correction. Nous voulions
solliciter...
M. Scowen: M. le Président, j'aurais une question sur les
amendements proposés. L'article 4a au bas de la page, est-ce que c'est
le même article 4a qu'on voit plus haut? Le paragraphe au bas de la page,
c'est un autre article 4a. C'est parce qu'il n'est pas question d'exploitation
de commerce dans l'article 4a.
Une voix: C'est une exception.
M. Russell: M. le Président, je vais terminer
là-dessus en disant simplement un mot sur le paragraphe b) pour ne pas
être obligé de revenir à cela.
Le Président (M. Laplante): Le paragraphe a) est
adopté, il n'y a plus de problème.
M. Russell: Quant à moi, je suis prêt à
adopter le paragraphe a).
Le Président (M. Laplante): Adopté, tel
qu'amendé.
M. Russell: C'est simplement...
Le Président (M. Laplante): Parlez sur le paragraphe
b).
M. Russell: Seulement un mot sur le paragraphe b), je ne veux pas
passer trop de temps là-dessus.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Russell: Quand on parle de favoriser la participation
d'administrateurs québécois, je voudrais simplement mettre le
ministre en garde là-dessus. Évidemment qu'on veut tous que ce
soit des Québécois, mais, encore là, on a besoin de
spécialistes et souvent on ne peut pas les trouver au Québec, pas
parce que nos Québécois ne sont pas bons, mais parce qu'ils n'ont
pas eu la chance de se spécialiser dans bien des domaines nouveaux dans
lesquels on veut entrer. Cela pourrait peut-être embêter les
administrateurs; on dirait: II le faudrait absolument, à moins de cas
spéciaux. (16 heures)
Je me demande si c'est bien nécessaire de laisser le mot
"Québécois", si ce n'est pas un naturel qui devrait arriver,
comme on le dit chez nous, au galop. Je peux vous dire que j'ai vécu ce
problème. J'ai essayé pendant un an de me trouver un
spécialiste dans le domaine de la pétrochimie, domaine dans
lequel on était, et pendant un an je n'ai pas pu trouver qui que ce soit
parce qu'on cherchait d'abord un gars bilingue, un Canadien français
bilingue. On a été bien loin d'en trouver un bilingue, on ne
pouvait même pas en trouver un unilingue. Ce qui est arrivé, c'est
qu'on s'est ramassé avec un importé, un Anglais qu'on a
été obligé d'engager, malheureusement, après un an
de recherches. On est pris avec lui aujourd'hui, qu'est-ce que vous voulez? Si
on entre dans le domaine de la pétrochimie, on peut se trouver avec des
cas embêtants.
M. Tremblay: ... M. le député, n'est pas limitatif
du tout. C'est cela l'affaire.
M. Russell: Non, je sais, mais...
M. Tremblay: II faut quand même donner... Le c), je veux
dire... Un instant, le b).
M. Russell: Le b).
M. Tremblay: Le b) n'est pas limitatif du tout, mais c'est
justement pour donner une incitation, pour encourager nos jeunes à aller
dans le monde des affaires. Non, ce n'est pas absolument central dans le projet
de loi. Si vous disiez que vous étiez prêt à parler durant
deux heures, je dirais: On l'enlève.
M. Russell: Non, je n'en ferai pas une chicane, du tout.
M. Tremblay: II me semble que si on veut vraiment encourager nos
jeunes, pourquoi ne pas leur dire qu'on les veut dans le monde des
affaires.
M. Russell: Oui, je comprends le désir du ministre, mais
je comprends aussi l'administrateur
qui est derrière, c'est pour lui une directive quasi formelle. Ce
que j'ai peur qui puisse arriver avec cela, c'est qu'on va courir le risque de
prendre des gens qui n'ont pas la compétence, mais parce qu'ils sont des
Québécois...
M. Tremblay: Oui, mais on n'avait pas le critère de
rentabilité. Maintenant, avec le critère de rentabilité,
l'entreprise doit faire en sorte que ce critère soit rencontré.
Le b) est vraiment accessoire et n'est pas limitatif. La rentabilité,
c'est l'objectif principal, de sorte que le b), à mon avis, ne peut
être un handicap à l'objectif de rentabilité.
M. Russell: Je n'en ferai pas un amendement, je vais laisser le
ministre avec cela. Si on voit qu'il y a des embêtements, j'espère
que les administrateurs demanderont au ministre des directives assez formelles
dans ce domaine.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je voulais justement parler sur le b). Franchement, je
veux proposer que vous l'enleviez, et je vais vous dire pourquoi.
Premièrement, comme vous avez dit, c'est en effet de la propagande.
C'est une fausse propagande avec laquelle, personnellement, je suis
complètement d'accord. On doit faire tout ce qu'on peut pour encourager
les administrateurs québécois. Je pense que dans une loi, je ne
sais pas si vous avez des députés de votre formation qui sont des
avocats...
Une voix: Plusieurs.
M. Scowen: Aujourd'hui, peut-être qu'ils peuvent me
conseiller un peu dans ce domaine. C'est une loi qui doit contenir des
dispositions légales susceptibles d'être
interprétées par la Cour pour rendre la justice. Ce n'est pas la
place pour faire quelque chose qu'il est essentiel, pour moi, de faire, qui
doit se faire d'une meilleure façon qu'elle ne se fait aujourd'hui. Ici,
ce n'est pas la place.
Pour moi, la seule interprétation légale que je peux
sortir de cette clause, si vous la laissez, c'est que ce sera peut-être
quelque chose qui peut empêcher l'achat ou le développement des
filiales d'une compagnie de la SGF à l'extérieur du
Québec, parce qu'il est possible pour quelqu'un étant contre
l'idée qu'une filiale de la SGF investisse en Ontario, par exemple,
puisse dire: Écoute, tu ne dois pas investir en Ontario parce qu'il va
de soi que si vous allez en Ontario, les administrateurs seront des
résidents d'Ontario. Vous pourrez peut-être...
Je pense même que cet aspect n'est pas important, mais je le
souligne simplement pour vous dire que parce que c'est une loi, que c'est une
clause d'une loi, ce n'est pas la place pour faire de la publicité pour
quelque chose qui en soi est très désirable, qu'il est
très important de réaliser.
Le ministre disait que le b) est accessoire à a), accessoire aux
conditions de rentabilité, mais même cela, ce n'est pas clair. Je
pense que d'une façon juridique, ce n'est pas inévitable pour
personne. Personne ne peut dire: Une clause a) est supérieure à
une clause b), ou la clause b) doit être subordonnée à la
clause a). Il peut arriver au point où on pourra dire: Écoutez,
on n'est pas rentable, mais regardez, nous avons des cadres
québécois.
Comme les députés de Lotbinière et de
Brome-Missisquoi, il va de soi que tous les administrateurs de la
Société générale de financement et ses filiales,
qui sont sur le territoire québécois, seront des
québécois sauf dans de rares exceptions, quand vous avez besoin
de spécialistes et, en ce cas, comme le ministre l'a souligné, il
n'y a rien dans le paragraphe b), actuellement, qui empêche qu'on engage
des spécialistes.
Alors, pour moi, simplement parce que ce n'est pas la place de le faire,
cela n'ajoute rien, cela complique l'affaire, je propose qu'on
l'enlève.
M. Tremblay: Si c'est pour sauver du temps, on peut l'enlever,
parce...
M. Scowen: Parce que franchement c'est accessoire.
M. Biron: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Lotbinière.
M. Biron: Est-ce que je peux me permettre de faire une
suggestion, en parlant sur la motion du député de
Notre-Dame-de-Grâce? C'est que je ferais peut-être un
sous-amendement, quoique l'amendement c'est de l'enlever complètement.
Mais je ferais la suggestion d'ajouter: "dans la mesure du possible"
après les mots "de favoriser"; alors là on n'attache pas les
administrateurs de la société. Autrement, ils diront: On est
attaché, on est obligé de favoriser les Québécois.
Alors, là, ce sera la responsabilité des administrateurs du
fonds, sans...
M. Tremblay: Avec toute la flexibilité voulue. M.
Biron: D'accord? M. Tremblay: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que cela ira, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce?
M. Biron: D'abord, il faudrait que le député de
Notre-Dame-de-Grâce...
M. Scowen: M. le Président, je vous assure que ce n'est
que pour la clarté légale que je maintiens ma motion de
l'enlever. Si vous...
Le Président (M. Laplante): Seriez-vous d'accord pour
qu'on prenne un vote sur votre première motion et ensuite sur la motion
de...
M. Tremblay: Je demande le vote, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Demande de vote sur le
paragraphe b), qui est: "De favoriser la participation d'administrateurs
québécois à la gestion de ses entreprises".
Le député de Notre-Dame-de-Grâce demande, par
motion, d'abolir ce paragraphe.
M. Tremblay: D'accord. Demande de vote.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que c'est
adopté?
M. Tremblay: Non.
Le Président (M. Laplante): Non, rejeté sur
division?
M. Biron: M. le Président, comptez les votes.
Le Président (M. Laplante): À main levée,
s'il vous plaît!
M. Biron: Ceux qui sont pour.
Le Président (M. Laplante): Vous, vous ne pourrez pas
voter, M. le député.
M. Biron: Je voulais vous forcer à voter, M. le
Président.
M. Tremblay: C'est rejeté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Rejeté sur division.
Maintenant la proposition du député de Lotbinière serait
d'ajouter, après le mot "entreprises", "dans la mesure du possible".
M. Biron: Non, M. le Président, après les mots "de
favoriser", j'ajouterais "dans la mesure du possible" et on continue, dans le
même article: "... la participation d'administrateurs
québécois à la gestion de ses entreprises".
M. Tremblay: M. le Président, j'aimerais appuyer la motion
du chef de l'Union Nationale.
M. Scowen: J'aimerais dire quelques mots là-dessus.
Le Président (M. Laplante): D'accord, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je veux dire simplement que cela rend encore plus
farfelu dans un acte juridique, le sens de ces mots. "... de favoriser, dans la
mesure du possible, la participation des administrateurs
québécois à la gestion de ces entreprises.", comme clause
légale, dans un document qui n'a qu'un sens juridique, auquel vous
pouvez ajouter toutes les politiques du monde, de la société, je
demande à quelqu'un ici, qui est juriste, de me dire si ce n'est pas
absolument farfelu. Cela ne dit rien, c'est pire qu'avant.
M. Gosselin: M. le Président, est-ce que je peux poser une
question au député de Notre-Dame-de-Grâce? Si, par hasard,
dans l'administration des fonds publics de la SGF, on découvrait qu'une
des sections importantes de cette société, après deux ou
trois ans de cheminement, n'avait que des administrateurs tout à fait
étrangers, qu'elle n'avait pas réussi à incorporer
progressivement de nouveaux administrateurs québécois... Ne
pensez-vous pas que cet article est utile en termes de sain jugement public
à poser sur la volonté et les dispositions que la SGF prendra
pour initier et pour introduire, dans ses compagnies ou dans ses sections de
production, qui, au départ, pourraient ne pas avoir
énormément d'expertises québécoises, de plus en
plus d'experts québécois et d'administrateurs
québécois?
M. Scowen: Est-ce que vous pouvez me donner un seul exemple d'une
compagnie québécoise qui n'est pas dirigée par les
Québécois?
M. Tremblay: Si vous me permettez, je peux vous citer la Canadian
Development Corporation.
M. Scowen: Répondez simplement à cette question:
Est-ce que vous pouvez me donner l'exemple d'une seule compagnie
québécoise d'importance qui ne soit pas dirigée par des
administrateurs québécois?
M. Gosselin: Je ne sais pas, mais j'imagine que dans la
pétrochimie, notamment dans ce secteur spécialisé, on doit
avoir des administrateurs québécois. La proportion, je ne la
connais pas intégralement, mais j'ai l'impression que la proportion
d'administrateurs qui viennent d'ailleurs est souvent assez
considérable.
M. Scowen: Toutes les compagnies au Québec actuellement
sont administrées à 99% par des Québécois. Je veux
simplement savoir ce que vous voulez dire par Québécois.
M. Tremblay: Je voulais simplement préciser...
Le Président (M. Laplante): Une question a
été permise, mais je ne voudrais pas que cela devienne un
dialogue.
M. Tremblay: Je voulais simplement préciser. Je me
rappelle avoir lu il y a quelques semaines les statuts de la "Canadian
Development Corporation" la CDC où c'est justement
prévu évidemment, c'était pour l'ensemble du Canada
de favoriser la participation d'administrateurs canadiens. Je pense que,
dans la mesure du possible, c'est une indication souhaitable, mais je respecte
les vues du député de Notre-Dame-de-Grâce sur...
M. Scowen: Vous êtes le conseiller juridique ici, je pense.
Pouvez-vous me donner une idée du
sens qu'un juge peut donner à la motion proposée dans
l'amendement du député de Lotbinière?
M. Tremblay: Le Parlement est souverain et ce n'est pas un texte
de droit criminel.
Le Président (M. Laplante): L'amendement du
député de Lotbinière est-il adopté?
M. Tremblay: Adopté. Sur division, je crois.
Le Président (M. Laplante): Adopté sur division, ce
qui voudra dire que l'article b) se lira comme suit: "de favoriser, dans la
mesure du possible la participation d'administrateurs québécois
à la gestion de ces entreprises ".
Y aurait-il d'autres commentaires à l'article 3?
M. Tremblay: Non.
Le Président (M. Laplante): L'article 3 est adopté
tel qu'amendé?
M. Biron: À l'article 4a, M. le Président...
M. Scowen: Est-ce que l'article 4a...
M. Biron: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Oui monsieur...
M. Biron: À l'article 3, paragraphe 4a, étant
donné ce que nous avons discuté tout à l'heure pour les
champs d'activités commerciales, je voudrais apporter un amendement qui
se lirait comme suit: Après "la société peut
également, dans la mesure prévue aux directives émises
à partir...
Le Président (M. Laplante): II y a également une
faute qu'on m'a signalée. Également n'existe plus. On biffe le
mot "également ".
M. Biron: "La société peut dans la mesure
prévue aux directives émises en vertu du quatrième
alinéa de l'article 16...", je changerais les derniers mots pour mettre
ceci: "Investir dans les champs d'activités commerciales directement
reliés à ses activités industrielles et dans des secteurs
industriels autres que ceux dans lesquels elle est présente le 31
décembre 1978."
M. Tremblay: Adopté.
M. Biron: C'est simplement pour...
M. Tremblay: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Avant de l'adopter, il
faudrait que je la voie. Je pense bien que je dois jouer un rôle dans ce
cas.
M. Biron: J'en ai seulement pour une minute là-dessus,
quand même, pour le journal des Débats, tout simplement pour
expliciter ce que j'ai dit tout à l'heure. À mon point de vue, la
philosophie de la Société générale de financement
doit être prioritairement et surtout industrielle. Alors, à cause
de ce que le ministre a dit tout à l'heure, il me semble qu'il veut
quand même laisser de la latitude pour commercialiser lorsqu'on aura
besoin d'une intégration verticale pour la vente de nos produits. C'est
tout simplement pour répondre plus adéquatement à la
demande du ministre, mais quand même pour donner une indication claire,
nette et précise aux dirigeants de la Société
générale de financement de ne pas aller dans des secteurs
commerciaux dans lesquels on n'est pas présentement.
Le Président (M. Laplante): Oui, le député
de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: J'avais l'intention de parler sur ce point aussi. Je
n'ai rien en principe contre l'intention de cet amendement, mais je
préférerais enlever complètement le mot "commercial "
parce que je pense encore que cela va de soi qu'une compagnie industrielle a le
droit, à l'intérieur de ses activités normales, de vendre
ses produits. Et si c'est vrai, ce n'est pas du tout nécessaire de
préciser le fait qu'elle a le droit de vendre ses produits.
M. Tremblay: Je partage votre point de vue. mais si nous ouvrions
un débat sur une chose semblable, je pense que cela n'enlève
rien, mais cela précise, et je pense que c'est une amélioration.
Je l'approuve, et s'il y avait possibilité de voter, je pense que nous
appuierions le chef de l'Union Nationale sur l'amendement.
M. Biron: Je suis heureux de voir que le ministre a appuyé
mes motions d'amendement deux fois déjà!
M. Tremblay: Si vous veniez plus souvent! (16 h 15)
Le Président (M. Laplante): Je vais vous lire l'article 4a
avant de... Pour les fins du journal des Débats, le 4a se lirait comme
suit, avec l'amendement du député de Lotbinière: 4a. La
société peut le mot "également" est biffé
dans la mesure prévue aux directives émises en vertu du
quatrième alinéa de l'article 16, investir dans des champs
d'activités commerciales directement reliés à ses
activités industrielles et dans des secteurs industriels autres que ceux
dans lesquels elles sont présentes le 31 décembre 1978.
Adopté?
M. Tremblay: M. le Président, j'aimerais souligner que
nous avons une productivité assez élevée
d'unanimité dans nos amendements et je pense que nous aurions
peut-être dû inviter le président de l'institut national de
productivité à assister à nos
délibérations.
Le Président (M. Laplante): Maintenant, j'appelle
l'article 4. L'article 3 dans son entier est adopté.
M. Tremblay: Adopté.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 4.
M. Tremblay: M. le Président, l'article 4 permet de faire
ce qui est prévu à l'article 5, donc c'est ce qu'on appelle un
élargissement du fonds social autorisé de la
société qui passe de $140 900 000 à $200 000 000. Comme je
le dis, nous allons pouvoir discuter le détail de cette expansion
à l'article 5.
Le Président (M. Laplante): Adopté?
Des voix: Adopté.
M. Scowen: Excusez-moi.
Le Président (M. Laplante): C'est la même chose que
ce que vous avez à l'article 5, la distribution des montants.
M. Scowen: Très bien.
Le Président (M. Laplante): À l'article 5, vous
avez un papillon.
M. Tremblay: À l'article 5, M. le Président, il y a
un amendement, mais, avant de formuler l'amendement de façon
précise, j'aimerais demander la collaboration de l'Union Nationale et de
l'Opposition officielle puisque, comme je l'ai dit au début de mon
intervention, il y a eu des discussions dans les corridors et, comme a dit le
député de Notre-Dame-de-Grâce, parfois, lui-même et
son collègue de Saint-Laurent ne s'entendaient pas
précisément et j'ai aussi parlé de cette question au
député de Brome-Missisquoi. J'aimerais avoir leur collaboration
sur le point suivant. Hier, dans mon discours de deuxième lecture, j'ai
fait allusion à la qualité du conseil d'administration de la
Société générale de financement et de la direction
de la Société générale de financement. J'ai
mentionné que le président de la Banque Provinciale, M. Michel
Bélanger, était au conseil d'administration; M. Roland Giroux,
l'ancien président d'Hydro-Qué-bec; M. Fernand Martin, qui est un
spécialiste international reconnu dans le développement
économique, et évidemment M. Guy Coulombe, qui est l'ancien
secrétaire exécutif du gouvernement, que ces personnes formaient
un groupe de personnes extrêmement compétentes et que le
gouvernement avait demandé, le 5 mai dernier, de lui fournir des
orientations d'investissements industriels dans certains secteurs. On a fait
allusion tout à l'heure à l'électromécanique et aux
pâtes et papiers, à l'équipement des pâtes et
papiers. Surtout dans le cas des pâtes et papiers, il y aura, au cours de
l'année, dans les mois qui vont venir, des injections de fonds
importants de la part du gouvernement pour inciter les 54 moulins de
pâtes et papiers au Québec à se moderniser et à
acheter de l'équipement.
Il y a donc une opportunité industrielle impor- tante dans ces
secteurs qu'a identifiés le conseil d'administration de la SGF et, dans
son rapport d'orientation, il nous demande des fonds pour pouvoir investir dans
ces secteurs.
J'ai aussi mentionné tout à l'heure que, même si la
pétrochimie est un secteur nouveau et que nous allons revenir pour en
discuter en commission parce qu'il y aura une directive nécessairement
émise en fonction de l'article 3, c'est un secteur qui intéresse
deux autres partenaires et que les négociations sont pratiquement
terminées. Donc, des fonds vont être requis à brève
échéance et il ne serait pas sage de vouloir rouvrir la loi pour
augmenter le capital-actions dans quelques mois et bloquer ces pourparlers qui
ont lieu présentement.
Or, nous avions discuté avec les membres de l'Opposition
libérale et surtout le député de Brome-Missisquoi, pour
l'Union Nationale, en vue d'abaisser le montant compris à l'article 5,
troisième alinéa, qui est de $52 330 000. J'avais
suggéré que nous puissions peut-être l'abaisser à
$25 millions et je crois que le député de Brome-Missisquoi
était d'accord.
Mais le député de Saint-Laurent je ne sais pas
quelle est l'opinion du député de Notre-Dame-de-Grâce sur
cela aurait préféré que ce soit dans l'ordre de $10
millions ou $15 millions. J'aimerais solliciter votre collaboration pour que
nous puissions le garder à $25 millions, c'est-à-dire le couper
de 50%, tel que c'était prévu, afin de ne pas être dans
l'obligation de revenir d'ici quelques mois pour augmenter ce montant et ainsi
bloquer le conseil d'administration dans les pourparlers qu'il a
présentement avec Gulf et Union Carbide, dans le cas de la
pétrochimie, et les projets d'investissement pour les pâtes et
papiers.
S'il n'y avait pas consentement, on garderait peut-être $15
millions, mais il me semble que ce serait un geste de confiance envers le
conseil d'administration actuel, que de lui donner cette marge de manoeuvre
pour les projets qui sont déjà tellement avancés.
Si vous étiez d'accord, je ferais un amendement qui se lirait
comme suit: "L'article 5 du projet de loi est modifié par le
remplacement du dernier alinéa de l'article 9 de la loi par le suivant:
"II est aussi autorisé à inscrire au même nom pour les fins
visées à l'article 4a une somme de $25 millions payable sur le
fonds consolidé du revenu en un ou plusieurs versements, pour deux
millions cinq cent mille actions ordinaires de la société."
M. le Président.
Le Président (M. Grégoire): II y a un
amendement.
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: J'ai conversé à ce sujet avec le
député de Saint-Laurent. D'après lui, le ministre a
suggéré $15 millions, et nous $10 millions. En effet, au
début, le montant de $10 millions venait de vous, et il s'est
légèrement amélioré un peu plus tard à $15
millions.
J'ai parlé avec le député de Saint-Laurent qui
était en faveur de le restreindre à $10 millions, parce que tout
le principe de nos réserves, globalement, que je ne veux pas
répéter parce que ça prendrait beaucoup trop de temps,
était que, dans ce domaine, la seule façon que nous avions de
contrôler les actions de la société, était de
contrôler les fonds. Franchement, quand le député de
Saint-Laurent m'a quitté, il disait: Voilà, ils ont
insisté sur le montant de $15 millions, je ne sais pas si on doit
l'accepter ou non. J'ai tendance à accepter les $15 millions, mais je
pense qu'on ne doit pas aller plus loin que ça. Franchement.
M. Tremblay: M. le député, si vous me permettez,
lorsque nous avions parlé d'un montant de $10 millions ou de $15
millions, c'était avant que nous ne parlions de l'ajout du paragraphe 4a
de l'article 3 qui obligeait à une directive pour aller dans un nouveau
secteur et aux dépôt et débat en commission parlementaire,
comme on voit à l'article 9.
Selon cette addition, il est plus acceptable de donner une marge de
manoeuvre plus souple au conseil d'administration, parce que nous savons que
nous allons pouvoir discuter de pétrochimie dans les mois qui vont venir
plutôt que de rouvrir la loi elle-même qui implique un grand
processus. On sait combien le temps nous presse à l'Assemblée
nationale. En coupant la poire en deux il y avait $52 millions de
prévus nous respecterons vos préoccupations et nous
tiendrions compte du paragraphe 4a de l'article 3.
M. Scowen: Sans entrer à nouveau dans les questions de
fond, M. le ministre, c'est le 31 décembre, il est 11 heures, et on n'a
pas de données. Vous arrivez avec une demande, on a des pourparlers, il
faut de l'argent. Tout ce qui se passe ici arrive d'une façon qui, pour
moi, n'est pas acceptable, comme vous le savez. J'ai été homme
d'affaires pendant quinze ans. Je sais comment agissent les gens qui ont besoin
de faire les choses vite. Moi, j'insiste sur les plans, les détails, un
peu d'information. Ce n'est pas de la bonne gestion, ce n'est pas de bonne
politique, ce n'est pas de bonne administration.
M. Tremblay: Vous savez que dans la pétrochimie les
documents existent depuis six ans déjà.
M. Scowen: Oui.
M. Tremblay: II y a des équipes qui travaillent depuis six
ans et nous allons les avoir en commission.
M. Scowen: Oui, oui...
M. Tremblay: Malheureusement, aujourd'hui, nous ne les avons pas,
mais elles existent, et le conseil d'administration est d'une compétence
telle qu'avant de recommander au gouvernement d'aller dans Ce secteur, il a
étudié cela pendant six ans.
M. Scowen: Mais, justement, une de nos réserves
fondamentales dans cette affaire, c'était que la Société
générale de financement ne doit pas se lancer dans un nouveau
secteur, comme la pétrochimie, avant que ce soit débattu en
détail par l'Assemblée nationale, pour que tout le monde puisse,
de la même façon qu'on l'a fait dans le cas de l'amiante,
décider que c'est un secteur dans lequel on doit aller.
M. Tremblay: II y a le cas aussi de l'équipement des
pâtes et papiers où ils sont déjà. Mais s'ils
n'investissent pas dès maintenant, ils peuvent manquer le bateau
pour les commandes d'équipement que les 54 moulins vont faire au cours
de l'année.
M. Russell: Ils en ont des bateaux, voyons. Ils ne manqueront pas
le bateau.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Si vous aviez devant nous, cet après-midi, un
document raisonnablement détaillé, qui démontrerait que le
montant de $25 millions est nécessaire pour quelque chose
d'immédiat, cela veut dire avant le 31 décembre, dans le domaine
des pâtes et papiers, point final, je pense qu'on pourrait
l'étudier. Mais on entre ici sans aucune information, vous avez
indiqué clairement que c'était pour les deux secteurs. Plus vous
parlez, M. le ministre, plus je suis tenté d'accepter l'opinion du
député de Saint-Laurent, qu'on doit restreindre ce montant
à $10 millions...
M. Tremblay: Avant que vous fassiez cela, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, permettez-moi de faire un
dernier commentaire. Je vais quitter sur cela parce que, dans le fond, c'est
uniquement en termes de marque de confiance à l'endroit de la
qualité du management qui existe présentement.
Il ne s'agit pas de projets pour avant le 31 décembre. Même
lorsqu'il y aura directives et discussions, il ne s'agit pas de rouvrir la loi
chaque fois, parce que, s'il fallait faire cela, je laisserais tomber.
Il nous faut avoir dans la loi suffisamment de souplesse pour pouvoir
avoir des discussions et des directives. S'il n'y a pas de souplesse, nous
n'aurons jamais de directives, parce qu'il va falloir, chaque fois, ouvrir la
loi. Accepteriez-vous $20 millions?
M. Scowen: Quand le député de Saint-Laurent est
sorti, je vous dis franchement qu'il m'a dit qu'il avait des réserves
énormes sur $15 millions. Il m'a dit: Si vous voulez y aller, allez-y.
Je suis persuadé, M. le ministre, que si votre président est
engagé dans les discussions avec les gens du secteur de pâtes et
papiers, un secteur dans lequel vous avez déjà une grande
présence et une crédibilité énorme, vous n'aurez
pas de problèmes.
M. Tremblay: On va accepter $15 millions, parce que nous sommes
dans une situation particulière.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y a un amendement
de fait en bonne et due forme? C'est une motion.
M. Tremblay: II y a un amendement, mais j'aimerais le reprendre,
si vous voulez.
M. Scowen: Un petit point, M. le ministre. Dès le retour
du député de Saint-Laurent, j'espère que vous prendrez une
minute pour vous expliquer, parce qu'il va certainement croire que je suis un
négociateur très faible de vous avoir donné ce montant
additionnel de $5 millions. J'espère que vous allez m'aider dès
son retour.
M. Tremblay: Avec le plus grand des plaisirs, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
Le Président (M. Laplante): La motion du ministre est
retirée. On reprend le texte original du papillon.
M. Tremblay: Je relis l'amendement: L'article 5 du projet de loi
est modifié par le remplacement du dernier alinéa de l'article 9
de la loi, par le suivant: "II est aussi autorisé à souscrire au
même nom pour les fins visées dans l'article a), une somme de $15
millions payable sur le fonds consolidé du revenu, en un ou plusieurs
versements, pour 1 500 000 actions ordinaires de la société
".
M. Grégoire: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté?
M. Russell: Juste quelques mots, il y a deux points que je
voudrais couvrir.
Le Président (M. Laplante): Oui, Monsieur.
M. Russell: Tout d'abord, il est vrai que j'avais dit au ministre
que j'étais prêt à souscrire pour un montant de $25
millions, à la condition qu'on aie les documents, Je savais que les
officiers étaient ici et qu'ils pourraient nous justifier l'utilisation.
Mais je dois, en toute franchise, vous dire deux choses: Si nous n'avions pas
confiance aux administrateurs actuels, vous n'auriez même pas cette loi.
C'est parce que nous avons confiance en eux que vous avez la loi.
Deuxièmement, je peux dire la même chose que le
député de Notre-Dame-de-Grâce, quand le chef de l'Union
Nationale est parti, il a dit: $10 millions. Mais je vais souscrire au montant
de $15 millions et appuyer cette loi, avec les mêmes réserves que
le député de Notre-Dame-de-Grâce.
Le Président (M. Laplante): L'article 5 est adopté.
J'appelle l'article 6 où on dit, par un papillon proposé, qu'il
est complètement retranché.
M. Tremblay: C'est simplement une question de concordance, M. le
Président, parce qu'il devient superflu, à cause de... C'est
purement technique, M. le Président. Les légistes nous disent que
cet article devient superflu. (16 h 30)
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 7 qui
devient l'article 6. D'accord?
M. Russell: C'est cela.
Le Président (M. Laplante): L'article 7. Vu qu'il n'y en a
pas beaucoup, je vais les appeler de cette façon-là. L'article 7
du projet de loi devient l'article 6. D'accord? Il y a un amendement
proposé au papillon: l'article 7 du projet de loi est modifié par
l'addition à la fin de l'article 10a...
M. Tremblay: M. le Président, il s'agit d'une suggestion
du député de Saint-Laurent dans le sens de déposer le plan
de reconversion qui est prévu à l'ancien article 7, le nouvel
article 6 maintenant. Cet amendement suggéré par le
député de Saint-Laurent, auquel je souscris, se lirait comme
suit: L'article 7 du projet de loi est modifié par l'addition, à
la fin de l'article 10a de la Loi, des alinéas suivants: "Le plan de
conversion industrielle décrit notamment les principales implications
sociales, économiques et financières susceptibles de
résulter de sa mise en oeuvre. Il comprend de plus un calendrier de
réalisations. "Une fois approuvé par le gouvernement, le plan de
conversion doit être déposé à l'Assemblée
nationale au plus tard le 1er juin 1979."
La raison pour laquelle j'approuve cet amendement, c'est qu'il impose
à la SGF de faire diligence. Or, comme le gouvernement a lui-même
fait diligence, il est dans l'ordre des choses que la SGF elle-même fasse
diligence. Dans ce cas-là, c'est une assurance de plus que
l'opération que nous faisons est socialement et économiquement
utile à la région de Sorel.
M. le Président, je n'ai pas l'intention de faire un débat
sur cela, j'approuve la suggestion du député de Saint-Laurent et
je demanderais le vote s'il n'y a pas d'objection.
Le Président (M. Laplante): Adopté? Le nouvel
article 6 adopté avec amendement au point 10a.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 8.
M. Scowen: Je vais vous demander une seule chose avant de dire
adopté.
M. Tremblay: L'article 10, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, c'est le principe de deuxième lecture
finalement pour les fameux bateaux
dont nous avons discuté le cas en long et en large en commission
parlementaire. C'est ce que nous avons finalement élucidé dans
nos discussions à l'Assemblée nationale et en commission.
M. Scowen: Simplement pour que vous puissiez confirmer ce que je
comprends de cet article 10: pour récompenser la société
pour ses pertes, c'est $18 millions...
M. Tremblay: De prêts conditionnels. M. Scowen: ...
plus $10 millions... M. Tremblay: ... de subvention.
M. Scowen: Vous donnez les noms, mais je parle des chiffres.
C'est $18 millions, plus $10 millions, plus une garantie additionnelle que vous
allez verser un montant de dollar par dollar, pour chaque dollar
réalisé en dessous de...
M. Tremblay: C'est l'idée générale. Si vous
me permettez, je vais la préciser. Vous avez raison, il y a trois
étapes. Il y a une subvention de $10 millions pour éponger les
pertes passées. Il y a un prêt conditionnel de $18 millions et il
y a une garantie de vente à un prix de $17 350 000 pour les bateaux.
Ceci signifie que, si les bateaux étaient vendus à un prix
inférieur, il y aurait compensation de la perte. Évidemment, si
les bateaux sont vendus à un prix supérieur, il n'y a pas de
compensation.
M. Scowen: Qui a la responsabilité de décider de la
vente et du prix de ces bateaux?
M. Tremblay: C'est le conseil d'administration de Marine
industrie avec l'accord du ministre des Finances pour le prix des bateaux.
Marine industrie ne pourra pas vendre ses bateaux à un prix
inférieur à la garantie sans l'autorisation du ministre des
Finances.
M. Scowen: Est-ce que c'est indiqué quelque part?
M. Tremblay: C'est bien écrit ici: "Avec son approbation
au préalable ". C'est au dernier alinéa de l'article 10. Cela se
lit comme suit: "Pour chacun des navires décrits au premier
alinéa qui est vendu, avec son approbation au préalable, à
un acquéreur autre que la société, une de ses filiales ou
une des filiales de Marine Industrie, le ministre des Finances ", etc.
M. Scowen: Avant qu'on vende pour $15 millions, il faut que vous
le...
M. Tremblay: C'est cela, l'autorisation.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Article 10a,
adopté.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 8 du
projet de loi, mais qui devient l'article 7.
M. Tremblay: L'article 12 de ladite loi est abrogé. Donc,
c'est purement technique. On enlève la Caisse d'épargne et de
crédit qui devient superflue pour le projet de loi.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 9 du
projet de loi qui devient l'article 8.
M. Tremblay: Je crois qu'il y a un amendement.
Le Président (M. Laplante): J'ai un papillon ici.
M. Tremblay: M. Scowen ne l'a pas, je crois...
Le Président (M. Laplante): Oui, c'est un autre en dehors
du...
M. Tremblay: L'amendement se lirait comme suit: "L'article 9 du
présent projet de loi est modifié: a) en remplaçant dans
la première et la deuxième ligne du troisième
alinéa de l'article 16 les mots "doit être déposé"
par les mots "ainsi que les documents pertinents doivent être
déposés;" b) en insérant, avant le dernier alinéa
de l'article 16, l'alinéa suivant: "Une directive autorisant la
société à investir dans un domaine visé dans
l'article 4a ainsi que les documents pertinents doivent faire l'objet d'un
débat à la commission élue de l'industrie et du commerce
convoquée à cet effet dans les trente jours de leur
dépôt."
M. le Président, un court commentaire sur cela. Nous en avons
discuté longuement, le député de Saint-Laurent et
moi-même. Nous croyons qu'il serait utile que les directives qui sont
émises, en fonction de 4a de l'article 3 dont nous avons discuté
au début et que nous avons amendé, soient non seulement
déposées à l'Assemblée nationale, mais qu'il y ait
convocation de la commission de l'industrie et du commerce pour que l'on puisse
déposer les documents et débattre la question.
L'exemple qui est le plus évident, c'est celui de la
pétrochimie. Dans les semaines qui vont venir, je vais émettre
une directive et les documents auxquels je faisais allusion tout à
l'heure seront déposés à la commission quelques jours
avant, je présume. Nous pourrons avoir un tour de questions, un
débat sur cette question.
C'est un amendement qui me paraît sensé, puisqu'il s'agit
d'entreprises, de fonds publics. Ceci va beaucoup plus loin que ce qui existe
dans d'autres lois. Même la loi 105, qui a été
débattue en troisième lecture hier soir... L'article 20 de cette
loi 105 se lisait comme suit, telle qu'elle a été amendée
hier soir j'ai écouté les délibérations
Dans le cas d'une acquisition d'actions ou de biens visés dans le
paragraphe a) du premier alinéa, l'arrêté du gouvernement
doit être déposé sans délai à
l'Assemblée nationale si elle siège ou,
si elle ne siège pas, dans les quinze jours de l'ouverture de la
session suivante ou de la reprise des travaux, selon le cas.
Dans notre cas, non seulement il y a dépôt, etc., mais
notre commission devient une commission de style britannique, comme il en
existe en Grande-Bretagne pour certaines sociétés d'État
où il y a dépôt de documents et débat.
M. le Président, je recommanderais l'adoption.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: M. le Président, je voudrais que le ministre
m'explique un peu la différence entre l'amendement qui nous a
été soumis, que j'ai devant moi, et le nouveau. Si je comprends
bien, l'un implique que ce soit déposé à
l'Assemblée nationale et l'autre pas. Est-ce que c'est...
M. Tremblay: C'est une question de concordance.
L'amendement que vous avez reçu était un amendement qui ne
traduisait pas la suggestion du député de Saint-Laurent. On a
plutôt choisi de coller davantage à sa suggestion. Le
deuxième, qui vient d'être distribué, je pense, oblige le
dépôt à l'Assemblée nationale et force un
débat.
M. Scowen: En effet, dans la suggestion que vous proposez cet
après-midi, les effets sont exactement les mêmes que celui-ci.
M. Tremblay: Oui.
M. Russell: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Russell: ... juste une question là-dessus. Une
commission élue, de l'industrie et du commerce, est-ce que ce n'est pas
superflu une commission élue à cette fin? Ce peut être une
commission de l'industrie et du commerce ou une autre commission que la Chambre
peut former pour ces fins?
M. Martel: On légifère sur la SGF.
M. Russell: Je ne propose pas une autre commission, mais j'ai dit
simplement que si on écrivait: "... d'un débat à la
commission élue à cette fin", et enlever les mots "industrie et
commerce".
M. Tremblay: Le danger avec cela, M. le député,
c'est que cela amènerait peut-être un débat à
l'Assemblée nationale à savoir quelle commission devrait
être habilitée. Il est possible que, dans l'avenir, puisque nous
avons déjà décidé de faire une étude sur
toute cette question, qu'il il ait peut-être un projet de loi qui amende
tous les autres projets de loi et qui répartisse les
sociétés d'État en fonction de commissions ad hoc. Ces
changements viendront modifier la présente loi, mais comme nous ne
pouvons pas présumer de l'ave- nir, nous devons donc être assez
précis pour ne pas retarder indûment le débat lorsqu'il y
aura dépôt de directives.
M. Russell: Je ne suis pas un juriste, mais quand on dit: "...
à une commission élue à cette fin...", c'est
évident que c'est la Chambre qui va la diriger à cette commission
qui aura été élue, si c'est la commission de l'industrie
et du commerce.
M. Grégoire: Ce n'est pas dans notre règlement.
M. Tremblay: II faut qu'elle soit identifiée.
M. Grégoire: Ce sera inévitablement celle du
ministre.
Le Président (M. Laplante):... l'Assemblée
nationale. Adopté?
M. Tremblay: Je recommanderais l'adoption du nouvel article 8,
tel qu'amendé. M. le Président, adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. J'appelle
l'article 10 du projet de loi qui devient l'article 9, et il y a un papillon
aussi.
M. Tremblay: Je crois que vous avez raison, M. le
Président, j'essaie de trouver l'article 10, qui devient l'article 9, et
qui serait amendé dans le sens suivant. Encore là, M. le
Président, je dois dire que c'est un amendement qui a été
discuté avec le député de Saint-Laurent et qui
découle des autres amendements qui ont été adoptés
précédemment, par concordance.
Le nouvel article 9 se lirait comme suit: "L'article 9 du projet de loi
est remplacé par le suivant: "9. La présente loi entre en vigueur
le jour de sa sanction, à l'exception de l'article 5 qui entrera en
vigueur à la date fixée par proclamation du gouvernement. Cette
date ne peut être antérieure à la date du
dépôt du plan de conversion industrielle visé à
l'article 10a."
Une courte explication, M. le Président, ceci signifie, dans les
faits, que les montants prévus à l'article 5 ne pourront
être déboursés avant le dépôt, à
l'Assemblée nationale, du plan de reconversion, qui, lui, doit
être fait avant le 1er juin 1979. Cela m'apparaît logique et j'en
recommanderais l'adoption, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Adopté? Une voix:
Adopté.
Le Président (M. Laplante): Le projet de loi no 108, tel
qu'amendé, est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Motion retirée
Le Président (M. Laplante): Je ne voudrais pas faire de
légalisme ici, mais il y a une décision
qui aura une répercussion, au niveau des autres commissions
parlementaires pour l'avenir et je ne voudrais pas que cela cause de
problème. C'est que j'ai suspendu, volontairement, avec l'approbation
des membres, l'invitation que le député de Lotbinière
faisait, au ministre, pour le dépôt de certains documents.
Est-ce que vous retirez cette motion, pour être en règle,
vu que vous avez déjà eu une réponse de M. le
ministre.
M. Tremblay: On parle du document? On vient de me donner le
rapport du ministère de la Justice. Selon le ministère de la
Justice, il s'agit d'une affaire qui est sub judice et ceci pourrait porter
préjudice à des tierces parties. Le ministère de la
Justice demande la collaboration des membres, pour qu'après en avoir
pris connaissance, sous le couvert de la confidentialité, il soit remis
au ministère de la Justice.
M. Scowen: Est-ce que c'est vrai que la presse en a
déjà une copie? (16 h 45)
M. Tremblay: Mais, même à cela, les aspects
légaux, le fait qu'il y ait eu un vol de document ne signifie pas que le
vol est légal.
Le Président (M. Laplante): Pour ne pas aller au vote sur
cette motion, M. le député, consentiriez-vous à retirer
cette motion? Motion retirée, avec le consentement de tous les
membres.
Sur ce, comme président de la commission, je ferai rapport
à l'Assemblée nationale de l'étude de ce projet de loi et
la commission ajourne ses travaux sine die.
Merci.
Fin de la séance à 16 h 46