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Audition publique et étude du projet de loi no
108
(Onze heures cinquante-cinq minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! La commission permanente de l'industrie et du
commerce se réunit à la suite d'un mandat qui lui a
été donné par l'Assemblée nationale.
Les membres de la commission pour la séance d'aujourd'hui sont:
M. Russell (Brome-Missisquoi) en remplacement de M. Dubois (Huntingdon); M.
Gosselin (Sherbrooke), M. Grégoire (Frontenac), Mme Leblanc-Bantey
(Iles-de-la-Madeleine), M. Martel (Richelieu) en remplacement de M. Lefebvre
(Viau); M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Forget (Saint-Laurent) en remplacement
de M. Raynauld (Outremont); M. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce), M. Shaw
(Pointe-Claire) et M. Tremblay (Gouin).
Les intervenants sont: M. Gagnon (Champlain), M. Godin (Mercier), M.
Goulet (Bellechasse), M. Landry (Fabre), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys) en
remplacement de M. Marchand (Laurier); M. Michaud (Laprairie), M. Perron
(Duplessis), M. Roy (Beauce-Sud), M. Samson (Rouyn-Noranda) et M. Verreault
(Shefford).
On m'a informé que, vers 23 h 55 hier soir, les membres de la
commission ont, semble-t-il, unanimement exprimé le voeu que le
président de la SEE vienne aujourd'hui ou se présente aujourd'hui
devant la commission. J'ai été informé que toutes les
démarches ont été faites par le secrétaire des
commissions parlementaires et que les personnes à qui il a parlé
se sont montrées extrêmement intéressées à
répondre aux questions des membres de la commission, sauf que le
délai qui leur était donné pour ce faire les amenait
à donner une réponse négative. D'autre part, je vous
informe également qu'elles sont disposées à
répondre à n'importe quelle question écrite qu'on pourrait
leur envoyer et à faire parvenir des réponses au ministre
concerné ou à toute personne qui pourrait vouloir leur poser des
questions à ce sujet. Donc, elles se considèrent avoir
été avisées ou invitées tardivement et, en
conséquence, elles ne pourront ou il ne pourra se présenter
aujourd'hui, quoiqu'elles aient manifesté le désir de pouvoir
répondre affirmativement à cette invitation.
M. Martel: M. le Président, hier, la présidence a
pris en délibéré une question que je posais à M.
Rochette et, par la suite, cela s'est également appliqué dans le
cas de certaines autres questions que je posais à M. Picard pour avoir
des éclaircissements sur l'administration de Marine, sur des
décisions. La question a été prise en
délibéré par le président. J'aimerais savoir ce
matin si vous avez l'intention de rendre jugement là-dessus. Cela a
été pris en délibéré, mais je ne veux pas
que cela reste au feuilleton, je veux avoir un jugement.
M. Forget: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: II y a eu substitution à la
présidence...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Malgré son indivisibilité.
M. Forget: ... malgré son indivisibilité, comme
vous le dites. J'ai eu le sentiment, on peut me corriger, que tout en l'ayant
pris en délibéré initialement, le président,
lorsque M. Picard est revenu à la charge, a indiqué que la
même interprétation qu'il avait faite dans le cas de M. Rochette,
s'appliquait à M. Picard. Par conséquent la décision me
semble avoir été rendue hier.
M. Martel: Elle a été prise en
délibéré, donc il doit y avoir une réponse rendue
par la présidence ce matin, concernant cette question. Si la question a
été prise en délibéré, c'est pour être
tranchée à un moment donné.
M. Forget: Cela l'a été.
M. Martel: Cela ne l'a pas été, justement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Effectivement, j'ai eu l'occasion de rencontrer, ce matin, celui qui m'a
remplacé comme président de la commission parlementaire, hier. Je
n'ai pas eu l'occasion, par contre, de lire le journal des Débats, mais
le président m'a informé qu'effectivement, vers 21 h 30 hier
soir, on avait posé une question passablement importante, qu'il y avait
même eu suspension, pour une certaine période, des travaux et que
cette question avait été prise en
délibéré.
Il y en a un ce matin qui me dit que la cause est en
délibéré et I autre semble me dire que le jugement est
rendu. D'autre part...
M. Martel: II l'a prise en délibéré.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... je
constate que l'un dit une chose et que l'autre en dit une autre. J'ai devant
moi le texte du journal des Débats de la séance d'hier soir, je
n'ai pas eu l'occasion de le lire avant la séance de ce matin. Je suis
porté, évidemment, à prendre la parole de mon
collègue qui me remplaçait et à dire que le jugement n'a
pas été rendu. Il me semble que celui qui puisse le mieux me
rendre témoignage quant à savoir s'il a rendu une décision
ou non, est justement celui qui avait à prendre ou à ne pas
prendre telle décision. Il m'a dit que telle décision n'avait pas
été rendue. (12 heures)
M. Russell: M. le Président, on ne peut pas mettre votre
parole en doute.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce n'est
pas ma parole, c'est la parole...
M. Russell: De votre prédécesseur.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): De celui
qui me précédait.
Décision du président
Alors, j'ai été informé du problème ce
matin, vers 9 h 15. Effectivement, non seulement je pense, mais je suis
convaincu que la cause a été prise en
délibéré. Il s'agit d'une question importante qui ne
trouve pas tellement de précédent. Cependant, certaines
recherches nous ont permis de découvrir dans des extraits des travaux de
la Chambre des communes pour la session 1912-1913, un problème
absolument identique qui s'était présenté dans le cas d'un
M. Miller.
Le lundi. 17 février 1913, la Chambre puisque, à ce
moment-là, les témoins étaient convoqués par la
Chambre des communes et non par des comités et des commissions qui
n'existaient pas a posé à M. Miller une question. Son
procureur a alors invoqué le fait que toute réponse pouvant
être donnée par son client pourrait éventuellement
l'incriminer et, à ce moment-là, il a été
décidé que cette objection n'était pas valable et qu'en
conséquence, le M. Miller en question devait répondre à la
question qui lui avait été posée.
M. Miller a persisté dans son refus et le 20 février 1913,
soit trois jours plus tard, le procureur de M. Miller a changé
totalement son argumentation en invoquant cette fois-ci que la cause
était devant les tribunaux.
Je lis une partie du Hansard d'alors: "Une partie de cette
déclaration allait à dire que l'une de mes raisons pour refuser
de répondre était que ma réponse aurait pu m'incriminer.
Or, M. l'Orateur c'est M. Miller qui parle je désire
spécialement retirer cette déclaration, attendu que je n'avais
pas autorisé mon procureur à la faire, vu que je ne craignais
absolument en aucune manière que ce soit, que j'aie pu m'incriminer sous
quelque rapport que ce soit. "La raison principale que je désirais
alléguer était celle-ci: A cause de certaines causes actuellement
en litige et qui dépendent des transactions maintenant soumises à
une enquête, j'ai cru qu'il ne serait pas judicieux de faire
connaître les faits, parce que cela pourrait influer sur le
résultat des causes en litige. "
Donc, le 17 février 1913, on invoque le fait que les
réponses peuvent tendre à incriminer le témoin.
L'objection est déclarée non valable.
Trois jours plus tard, nouvelle objection à l'effet qu'il y a des
causes actuellement en litige et, en conséquence, la Chambre des
communes puisque c est elle qui avait décidé à ce
moment-là a rejeté la deuxième objection faite par
le procureur au nom de son client, de telle sorte que ledit M. Miller a subi un
sort qui était probablement le sort qu'on réservait à ce
moment-là, en 1913, mais qui, je l'espère, n'est plus le
nôtre aujourd'hui. A ce moment-là...
M. Forget: Quel sort?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le sort,
en 1913, c'est qu'il est arrivé ceci, si vous voulez absolument le
savoir, pour être fidèle à l'histoire...
M. Forget: On me met l'eau à la bouche.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Que
cette Chambre, ayant examiné les déclarations par R.C. Miller et
son procureur à la barre de cette Chambre, les 18 et 19 et 20
février courants, déclare par les présentes que ces
déclarations ne sont pas une réponse à la question qui lui
a été posée par M. l'Orateur aux dates susdites et que son
refus de répondre à cette question constitue une transgression
des privilèges du Parlement et rend ledit R.C. Miller coupable de
mépris de cette Chambre. Cette Chambre ordonne et décrète
que ledit R.C. Miller soit immédiatement transféré et
emprisonné par le sergent d'armes en et dans la prison commune du
comté de Carleton, en la cité d Ottawa, province d'Ontario,
jusqu'à la prorogation de cette Chambre, à moins qu'il n'en soit
plus tôt libéré sur l'ordre de cette Chambre, et le gardien
ou autre fonctionnaire en charge de ladite prison est par les présentes
autorisé à recevoir ledit R.C. Miller en sa garde et que M.
l'Orateur émette en conséquence immédiatement un mandat
à cet effet."
C'est évidemment... Vous m excuserez d avoir...
M. Forget: Je suis d'accord que cette décision n'avait pas
été rendue hier.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
m'excuserez d'avoir été obligé de remonter à 1912
pour trouver un précédent. J'aurais aimé en trouver
d'autres, mais il semble que ce soit l'un des seuls qui soit à notre
disposition.
Ma décision, considérant l'importance de la tradition et
des us et coutumes et de la jurisprudence en matière de droit
parlementaire britannique, ne peut donc aller que dans le sens de cette
décision de la Chambre des communes de 1912- 1913 dans le cas de M. R.C.
Miller et, en conséquence, ayant pris connaissance de l'objection qui
était la même, à savoir qu'il y avait des causes
actuellement en litige, je rejette l'objection et je permets que les questions
soient posées. M. Picard.
M. Picard (Laurent): M. le Président, je vous demanderais
la permission de faire une clarification qui n'est peut-être pas
absolument importante, mais qu'il serait peut-être bon de faire quand
même à ce moment-ci. Le problème qui se posait hier sur la
question de M. Martel, quand j'ai demandé d'attendre, était parce
qu il pouvait y avoir mépris de cour et vous avez rendu votre
décision. Le journal Le Devoir a un article très bien
écrit d ailleurs, mais dans lequel l'auteur dit: Chose remarquable, tout
le monde a demandé la protection de la commission.
Par ailleurs, on parle d'incrimination, etc. Je voudrais dire
très clairement que le problème, ce n est pas cela, le
problème c'est: Est-ce qu'on a le droit, lorsqu'on va être
appelé comme témoin, de donner, devant une commission des
réponses qu'on donnerait en cour? Je voudrais que ce soit quand
même clair, parce que je...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Picard, comme président, je pense qu'il est de mon devoir de dire, pour
le bénéfice de tous, qu'il s'agit d'un droit strict, d'un
privilège que la présidence peut offrir, qu'elle a
déjà offert à tout le monde et que personne n'a le droit
d'interpréter la demande de protection de la commission dans aucun sens
que ce soit. C'est un droit qui est accordé à tout témoin
devant des commissions parlementaires, devant des tribunaux ou devant des
commissions d'enquête. Je pense qu'il serait absolument malveillant et
préjudiciable de la part de certaines personnes que l'on
interprète l'exercice d'un droit sacré comme devant conduire
à certaines conclusions.
M. Picard: Je vous remercie beaucoup. Je n'ai même pas eu
la préoccupation d'amener un avocat ici, comme vous l'avez
remarqué. Je suis prêt à répondre aux questions que
les gens veulent me poser.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je vous
remercie, M. Picard. Je pense que ce que vous avez soulevé est
extrêmement important, puisqu'on ne peut jamais blâmer quelqu'un de
l'exercice d'un droit et en tirer des conclusions qui ne sont aucunement
justifiées.
M. Martel: M. le Président, vous avez tranché le
litige. Je peux poser mes questions. La première question que j'ai
posée hier, c'était pour savoir...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je me
dois de respecter la liste des droits de parole. Vous êtes intervenu sur
une question de règlement. Sur ma liste, actuellement, le premier
intervenant est le député de Laprairie. Par la suite, ce sera M.
Scowen et ensuite M. le député de Richelieu, en troisième
lieu.
M. Michaud: Merci, M. le Président. M. Gosselin:
J'ai demandé la parole.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Effectivement aussi, vous savez qu'hier est intervenue une sorte de consensus
entre les partis politiques, à savoir que nos travaux seraient
divisés en trois grandes parties: premièrement, vous excuserez
l'expression, "les bateaux"; deuxièmement, la reconversion de Marine
Industrie et, troisièmement, l'orientation de la SGF. Nous avons
passé la journée entière sur les bateaux. Je pense qu'il y
aurait lieu, même si la présidence n'a aucune directive à
donner à qui que ce soit, dans les meilleurs délais, étant
donné que nous pou- vons légalement siéger jusqu'à
minuit, de faire en sorte que notre mandat soit complété. Donc,
je demande la collaboration des députés afin que nous puissions
passer le plus tôt possible au deuxième sujet qui nous
intéresse, soit la reconversion de Marine Industrie, surtout que,
même si ce n'est pas une raison légale, plusieurs
députés sont ici depuis lundi matin et ont hâte de
retourner dans leur famille, comme probablement certains de nos témoins.
Alors, c'est une demande que je fais. J'avoue avoir consulté et l'Union
Nationale et le Parti libéral et le parti ministériel avant de
faire cette incitation. Oui?
M. Russell: M. le Président, je serai très bref. Je
veux concourir dans le sens que l'avait indiqué la Chambre et nous
avions, ce matin, l'intention de faire une motion que je vais éviter de
faire, en posant simplement une question ou en formulant un souhait au
ministre. Nous allons siéger de nouveau en commission après la
deuxième lecture. La motion que je voulais faire, dans le sens que le
ministre connaît, c'était d'inviter des administrateurs d'autres
compagnies qui appartiennent à la SGF à venir témoigner
devant la commission.
Je vais passer outre à cette motion et je demanderai au ministre
s'il y a une possibilité de faire une demande pour inviter ces gens
lorsqu'on retournera en commission parlementaire.
M. Tremblay: M. le Président, la ligne d'autorité
à l'intérieur de la SGF est telle que le président de la
SGF et son conseil d'administration sont responsables, vis-à-vis du
ministre, des activités des filiales, de sorte que nous avons la chance
d'avoir ici, avec nous, le président de la SGF et certains de ses
officiers. Lorsque nous arriverons, après la discussion de la
reconversion de Marine Industrie, à la discussion portant sur les
orientations de la SGF et sur les activités d'autres filiales, je pense
qu'il serait dans l'ordre de profiter de la présence du président
de la SGF pour lui poser ces questions.
Autrement, il faut reconvoquer le président, et on voit que ce
président ne manque pas de travail, qu'il doit travailler sur plusieurs
plans en même temps, de même que son conseil d'administration. Il
ne serait pas dans l'ordre de le reconvoquer puisque la commission élue
pour l'étude après la deuxième lecture va surtout
s'attaquer à l'étude article par article du projet de loi. Je
demanderais la collaboration du député de Brome-Missisquoi pour
réserver ses questions concernant les autres filiales directement au
président qui est responsable face au gouvernement.
M. Russell: D accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
cède la parole au député de Laprairie.
Contrat de 18 bateaux (suite)
M. Michaud: Merci, M. le Président. Pour terminer mon
droit de parole d'hier, je vais être très
bref. J'ai quelques questions précises. Comment se fait-il que
trois bateaux sont encore sous contrat avec le Grec on appelle M.
Karageorgis, le Grec puisque $9 300 000 ont été
payés pour mettre fin à la dernière entente concernant les
six navires?
M. Dinsmore: M. le Président, pour répondre
à la question, il faudrait peut-être retourner aux
événements de juillet, août, septembre et octobre 1977. A
cette occasion, on avait identifié la volonté de l'armateur de se
débarrasser de l'ensemble de ses engagements envers Marine Industrie.
D'un autre côté, on savait que, dans les circonstances, il y avait
la possibilité que l'armateur soit par la garantie qu'il avait
déjà donné à la SEE serait susceptible d'accepter
un engagement pour l'achat à un prix prédéterminé
au bout d'une certaine échéance si d'autres mesures pour trouver
des acheteurs n'étaient pas déterminées. C'était
justement cela, c'est un engagement qui favorise Marine Industrie,
c'est-à-dire qu'il assure la vente d'au moins trois des navires à
l'armateur en fonction de garanties en place avec la SEE. C'était une
exigence même de la SEE que cet engagement soit pris sous forme
contractuelle avant d avoir complété toute la transaction en
octobre 1977. A toutes fins pratiques, si en septembre 1979 on n'arrive pas
avec des acheteurs plus intéressants par rapport à l'engagement
de l'armateur, on peut disposer des trois premiers en les vendant à
cette personne à des prix qui seront financés par la SEE.
M. Michaud: C est-à-dire qu'on lui donne $9 300 000 pour
briser ces contrats et qu'on renégocie d'autres contrats avec lui.
Comment ont été versés les $9 300 000?
M. Dinsmore: Est-ce que je peux apporter une précision,
s'il vous plaît? A ce moment-là, ce ne serait plus un arrangement
qui impliquerait Marine Industrie, ce serait un financement qui serait fait
entre l'armateur et la SEE avec une réserve et il faut quand
même souligner qu'il y a une garantie de 55 millions par navire, à
laquelle on a fait allusion dans le document, qui serait exerçable si I
armateur faisait défaut par la suite et la SEE était
obligée de vendre les navires à un prix inférieur au
montant du solde de prêts offerts à l'armateur. C est un point
qu'il faut souligner. (12 h 15)
M. Michaud: M. le Président, comment ont été
versés les $9 300 000 et comment cela est-il réparti par navire?
Est-ce un bloc de S9 300 000 qui a été versé?
M. Dinsmore: En premier lieu, le versement a été
effectué en argent comptant, ce qui était une des exigences de la
négociation. Pour répartir les montants par navire, ce n'est pas
possible, en fait, parce que comme on le voit dans le document, les S9 300 000
sont composés de différents éléments dont les
avances, l'équipement fourni par l'armateur et certains
dédommagements. En bref, la transaction était l'achat
effectué par six compagnies panaméennes et, à toutes fins
pratiques, on peut attribuer les montants au coût des compagnies
panaméennes et diviser, tout simplement par six. si on veut faire le
calcul de cette façon.
M. Michaud: Donc, il n'y a pas eu un versement de $9 300 000, il
y a eu six versements égaux pour totaliser...
M. Dinsmore: Non, cela a été versé d'un bloc
et c'était en fonction des différents montants qui composent le
montant total, mais le fait net, c'était l'achat de six compagnies
panaméennes, chacune propriétaire d'un navire ou d'un contrat de
construction d'un navire, à ce moment-là.
M. Michaud: La décision au sujet des $9 300 000 a
été prise à Londres, d'après ce qu'on a appris ou a
été prise ici à Montréal. Est-ce qu'elle a
été prise avec l'autorisation de la direction de Marine, de la
SGF, et est-ce qu'il y a un procès-verbal pour couvrir ces
négociations?
M. Dinsmore: On est allé discuter avec l'armateur. On est
revenu avec sa proposition. Le tout a été exposé au
conseil d'administration et, après réflexion, le conseil
d'administration a adopté une résolution qui favorisait en
principe la décision, étant donné toutes les
circonstances.
M. Michaud: Est-ce qu'il y avait un négociateur de la SEE
lorsque vous avez négocié les $9 300 000? Est-ce qu'il y avait un
représentant de la SEE lorsque vous avez, négocié les $9
300 000?
M. Dinsmore: Lors de la rencontre même, non. Mais, par la
suite, et même avant, il y avait énormément d'indications
de la SEE sur la façon de procéder.
M. Michaud: D'après vous, le premier versement de M.
Karageorgis s'est fait quand?
M. Dinsmore: II y avait un versement sur les $9 300 000.
M. Michaud: C'est-à-dire le premier versement. Non.
C'est-à-dire que le premier paiement de M. Karageorgis, je crois que
c'étaient les $4 millions dont on parlait hier.
M. Dinsmore: Non, je regrette, j'ignore la date.
M. Michaud: Est-ce que M. Rochette se rappellerait la date du
versement des $4 millions qui sont passés par la Banque
Hellénique de Montréal?
M. Rochette (Louis): Non, réellement, il faudrait que je
puisse me référer à des documents pour rafraîchir ma
mémoire là-dessus. Il y a eu des paiements faits probablement peu
après la signature des contrats en 1973, après cela, il y en a eu
d'autres plus tard. Il y a certains paiements qui ont
été transférés aux Français et aux
Algériens quand les contrats ont été
transférés. Je ne peux pas vous dire de mémoire le
calendrier qui a été suivi, c'est impossible, c'est trop loin. Il
faudrait que je puisse me référer à des documents.
M. Michaud: D'accord. M. Picard, bonjour. M. Picard: Bonjour.
M. Michaud: Vous qui avez été un professeur
longtemps, un professeur éminent.
M. Picard: Ah, M. le député!
M. Michaud: Oui, vous l'êtes encore, de toute façon,
professeur éminent en administration, est-ce que le roulement de
personnel au niveau de la direction de l'administration de Marine est anormal?
Il n'y a pas de normalité dans cela, mais est-ce que c'est un petit peu
différent de ce qu'on peut prévoir quelque part?
M. Picard: Pouvez-vous reprendre votre question, la
dernière partie de votre question? Est-ce que le...
M. Michaud: Est-ce que le roulement de personnel, le "turnover ",
la fréquence...
M. Picard: Parmi les cadres supérieurs? M. Michaud:
Oui.
M. Picard: II y avait très peu de "turnover"
jusqu'à ce que quatre cadres partent. Il n'y avait à peu
près pas de "turnover", je pense. Très peu.
M. Michaud: Donc, il y avait une grande stabilité.
M. Picard: II y avait une grande stabilité, mais il y a eu
aussi là, vous me parlez de l'histoire ancienne des cycles
économiques qui se sont accentués, dans la construction navale,
toujours, et il y a des gens qui sont partis et qui ne sont pas revenus. Mais
je ne peux pas dire que j'ai noté... Les gens avec qui je travaillais
étaient là depuis un certain temps. Il y en a qui étaient
partis entretemps, j'imagine, mais ce sont des gens qui avaient
été là un certain temps. Il y en a même qui avaient
été là 25 ans ou 20 ans.
M. Michaud: C'est une question un peu difficile, mais quand
même, votre départ...
M. Picard: Ce sont les réponses qui sont difficiles, M. le
député, pas les questions.
M. Michaud: Votre départ, après à peine deux
ans, a sûrement été motivé par plusieurs choses;
est-ce que les méthodes d'administration de la SGF ont été
la cause principale de votre départ ou si c'est le départ du
groupe des quatre qui a amené votre intention de
démissionner?
M. Picard: Non, pour répondre à la deuxième
partie de la question avant la première, le départ du groupe des
quatre n'a pas du tout influencé ma décision. Ce sont des choses
qui présentent des problèmes, mais la productivité
à Marine Industrie, je suis obligé de le dire, et je n'ai que les
chiffres pour le montrer, a augmenté après le départ du
groupe des quatre. Quand les quatre sont partis, la productivité dans
l'atelier d'acier était d'à peu près 70%. On avait des
problèmes particuliers d'acier et de peinture dans la fabrication des
pétroliers et, après la réorganisation de l'atelier
d'acier, qui représente à peu près 25% de
l'activité du chantier maritime, on a fait passer la productivité
de je voudrais être sûr de mes chiffres 70% à
115%, en quelque chose comme trois semaines, par une réorganisation des
"quarts", des équipes, ainsi de suite.
Alors, à ce moment-là, je ne dis pas que ça
dépend du départ des quatre, mais on était loin d'avoir
fait face à un problème de production et de productivité
dans le chantier, la productivité a augmenté substantiellement.
Ce sont des courbes qui existent dans les documents de Marine Industrie et
qu'on peut retrouver. Mais, si ma mémoire est bonne, pour ce
problème particulier de l'atelier d'acier, la productivité avait
baissé de façon constante depuis 18 mois. Il a fallu tout
réorganiser. C'était un des problèmes avec lequel on
était pris, tout réorganiser ça pour augmenter la
productivité.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, afin qu'il n'y ait pas d'équivoque, parce que c'est
une nouvelle séance de la commission parlementaire, je reconduis et
renouvelle la protection qui a été accordée à tous
les témoins hier.
M. Picard: J'espère que ça ne passera pas les
journaux qui vont expliquer pourquoi...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Cela
vient de moi, M. Picard, ça ne vient...
M. Picard: Merci, M. le Président, vous êtes bien
gentil. Alors, cela n'a aucune relation.
M. Tremblay: Pardon, M. Picard, avec la permission du
député, pourquoi, depuis 18 mois, la productivité
baissait-elle?
M. Picard: Exactement pourquoi, je ne le sais pas, mais les
courbes... Quand j'ai regardé les premières courbes en arrivant,
M. Rochette doit se rappeler ça, déjà en novembre, je
pense que j'ai été inquiété des résultats de
l'acier, à cause de la très basse productivité.
M. Tremblay: Novembre 1975.
M. Picard: Novembre 1975, après trois mois. Les
études qu'on a faites après coup pour essayer... Il y avait une
pression considérable à ce moment-là, il y avait des
problèmes, si je me rap-
pelle bien, pour l'acier sur les pétroliers. Au moment où
les quatre sont partis, M. Rochette n'est peut-être pas au courant de
ça, mais, une semaine après, le surintendant de l'atelier d'acier
a fait une dépression nerveuse et est parti lui aussi. Quand les choses
vont bien, elles vont bien ensemble, ordinairement toutes ensemble.
C'est à ce moment-là qu'on a complètement
réorganisé ça, changé les "quarts",
redéveloppé les équipes. Pourquoi cela a baissé? Je
ne sais pas. Mais là, la tendance était vraiment forte. Je pense
que, vers juin de cette année-là, on avait remonté la
productivité dans l'atelier d'acier à peu près à
115%.
M. Tremblay: Est-ce que le député permettrait qu'on
pose la question à M. Rochette? Peut-être que M. Rochette pourrait
répondre à la question. Pourquoi la productivité, pendant
les 18 mois qui ont précédé votre départ,
c'est-à-dire en février 1976, avait-elle tendance à
baisser?
M. Rochette: M. le Président, encore une fois, en labsence
de données devant moi, c'est assez difficile de se rappeler ce qui se
passait il y a trois ou quatre ans. Mon meilleur souvenir est que les navires
qui étaient en construction au moment de notre départ et qui ont
été livrés dans les mois précédents et dans
les mois suivants, ont été complétés en dedans des
estimations qui avaient été faites. Donc, si la
productivité a augmenté par la suite, tant mieux, c'est une belle
réussite. Mais je crois que, déjà, au moment où
nous étions là, elle semblait assez satisfaisante. Tout ce que je
peux dire, en toute humilité, c'est que si M. Picard et son
équipe ont réussi cela par la suite; cela confirme que le conseil
d'administration de Marine Industrie avait raison quand il l'a choisi comme
président plutôt que moi.
M. Picard: Les données analytiques qui permettraient de
voir la productivité n'existaient pas à ce moment-là. On a
été obligé de les reconstruire à partir des
données hebdomadaires. Mais c'est un fait...
Pour répondre à votre deuxième question, il y avait
une différence fondamentale, je pense bien que nous sommes
obligés de le dire, entre ce que j'interprétais, comme mon
rôle à Marine Industrie et ce que la SGF interprétait comme
mon rôle à Marine Industrie. Il faut dire que ce n'était
pas dans une situation facile. J'ai été engagé à
Marine Industrie pour systématiser l'administration, la gestion, pour
réappliquer des méthodes d'administration qu'on avait
appliquées, qu'on avait développées d'ailleurs et qui
s'appliquent partout, à Radio-Canada, pour la planification, les
coûts, le contrôle, etc. La première chose qu'on a su, c'est
qu'on avait un problème sur les bras. La planification à long
terme n'a pas duré longtemps à ce moment-là.
C'était une situation difficile, mais il reste qu'entre ma façon
de concevoir mon rôle, d'administrer, etc. je ne parle pas des
méthodes administratives, je parle plutôt des
délégations et des autorités on ne s'est pas
entendus et j'ai préféré partir.
M. Michaud: Merci. Vous me permettrez...
M. Tremblay: Si vous me le permettez, M. le député
de Laprairie, puisque c'est un problème fondamental, la question de la
productivité, j aimerais poser la question au président de la SGF
actuel et avoir ses commentaires sur cette question de productivité
à l'époque, mais aussi présentement. Comment voyez-vous la
question de productivité de votre perspective de président de la
SGF?
M. Coulombe: En toute honnêteté, en ce qui concerne
la productivité à l'époque où M. Picard et M.
Rochette étaient présents, je ne peux pas répondre
clairement. Il est bien évident qu'à I'heure actuelle, le
problème de la productivité se place dans le contexte ou dans
l'hypothèse où le carnet de commandes dans la construction
navale, chez Marine Industrie, est, à toutes fins pratiques, vide.
Deuxièmement, tout ce qui entoure la crise consécutive aux
bateaux panaméens et aussi le début de la construction des
bateaux polonais à I automne 1977, qui s'est fait après le
harcèlement auquel on a fait allusion hier et des problèmes
d'acier assez considérables qui se sont présentés à
la fin de 1977 et au début de 1978, tous ces événements
n'ont pas été garants d'une augmentation de la
productivité dans la construction navale. On n'a qu'à regarder
certains chiffres pour voir que, dans les autres divisions, la
productivité semblerait d'après les chiffres qu'on peut
voir plus élevée.
Maintenant la notion de productivité là-dedans et
c'est pour cela que je suis extrêmement prudent quand je réponds
je ne sais pas comment MM. Rochette et Picard la définissent ou
la définissaient, mais c'est toujours une valeur relative en ce sens que
la productivité de la main-d oeuvre est fonction des estimations qui
sont faites de certains travaux.
Comment ces estimations sont-elles faites? Personnellement, on n'a pas
encore assez fouillé tout ce domaine, mais il y a certainement un
problème. En d'autres mots, la productivité peut être
à 70%, à 75% ou à 85%, mais il faut avoir la technique de
mesure. Et la technique de mesure est en fonction d'estimations.
Comment ces estimations sont-elles faites à Marine Industrie? Je
ne suis pas capable d'y répondre de façon exacte. Il y a
certainement des méthodes très précises. Peut-être
que M. Dinsmore et M. Brisson les connaissent. Mais je pense qu'il faut
être extrêmement prudent quand on parle de productivité. La
productivité, dans l'esprit des gens, se réfère à
l'efficacité de la main-d'oeuvre, mais l'efficacité de la
main-d'oeuvre est souvent dépendante, comme c'est une mesure, des types
de prévisions qui sont faites. Si les prévisions sont
irréalistes, je ne vois pas comment ces targets " qui sont fixés
dans les estimations pourraient être atteints par la main-d'oeuvre.
Par contre, si les estimations sont très bien faites, la mesure
de la productivité prend un sens. Je n ai aucune idée comment les
estimations étaient faites à cette époque. Mais M. Brisson
ou M. Dinsmore pourrait peut-être expliquer un peu
plus clairement le problème des estimations en relation avec la
productivité. (12 h 30)
M. Tremblay: Avant que vous ne passiez la parole à M.
Dinsrnore, j'aimerais peut-être vous poser une sous-question. Evidemment,
vous parlez de mesures, mais il y a certaines mesures évidentes que vous
pouvez vérifier, par exemple, la productivité du chantier de
Marine Industrie par rapport à d'autres chantiers maritimes. Il y en a
au Québec. Il y en a au Canada. Avez-vous des idées, des
évaluations de cette productivité relative? Il y a d'autres
mesures aussi évidemment. C'est lorsque vous êtes capables de
concurrencer avec d'autres, etc. Il y a des mesures globales comme
celles-là. Est-ce que, comme conseil d'administration, comme
président de la SGF, vous avez cette information ou si vous ne l'avez
pas?
M. Coulombe: Actuellement non. Telle que définie, non.
M. Picard: Au moment où le harcèlement a
commencé, il est sûr que la productivité a diminué.
On le sait et on a donné les chiffres. Il est sûr qu'à ce
moment-là, la productivité que vous mesurez, par exemple, dans un
atelier d'acier en panneaux de soudure faite par heure-homme a diminué
considérablement, parce que, comme on le disait hier, les gens
étaient toujours obligés de tout recommencer.
Auparavant, la productivité... Dans la situation actuelle, la
réponse de M. Coulombe est juste. Dans une situation de crise, de
pression comme cela, c'est difficile à évaluer. Je veux dire deux
choses. Quand M. Rochette et les autres sont partis, la productivité du
chantier n'était pas mauvaise. Certains aspects de la
productivité, comme l'acier qui est quand même important, allaient
en baissant continuellement, mais la productivité générale
du chantier n'était pas mauvaise. Je ne voudrais pas donner l'impression
que c'était cela.
A ce moment-là, on mesurait la productivité à
partir de données historiques. On avait 100% et c'est descendu à
65%. Les 100% de productivité sur un chantier peuvent être 108%
ailleurs ou 104% ailleurs. Ce sont des chiffres absolument relatifs comme le
dit monsieur...
M. Tremblay: J'aimerais quand même revenir rapidement sur
cette question de productivité et poser une question au président
de la SGF. J'ai mentionné qu'on pouvait comparer la productivité
d'un chantier par rapport à d'autres, mais à l'intérieur
du même chantier, vous avez construit des bateaux français avant
1972. Vous connaissez donc la productivité de ces bateaux. Vous avez
construit des bateaux panaméens ou grecs. Il y a une productivité
pour ces bateaux. Présentement, vous construisez des bateaux polonais.
Il y a une productivité pour ces bateaux. Quelle est la
productivité de ces trois types de bateaux?
M. Brisson: Peut-être que je peux faire un peu de
lumière là-dessus. Si vous permettez, M. le Président, je
commencerais en parlant simplement du concept productivité aussi. On a
souvent l'impression que la productivité, cela veut dire la vitesse
à laquelle l'employé travaille. Ce n'est pas cela. La
productivité, c'est l'ensemble des activités dans une compagnie
qui, elle, donne un résultat. La productivité s'applique à
partir du président jusqu'au dernier. Je voulais faire cette
clarification, parce que, très souvent, on s'imagine qu'en faisant
marcher un employé plus vite on augmente la productivité, ce qui
n'est pas nécessairement le cas.
La question de productivité dans un chantier, c'est une mesure
interne de ses façons de procéder, de ses façons de faire
l'ingénierie, de ses façons de passer et de communiquer les
travaux et de sa façon aussi de travailler, de la qualité de ses
outils. Ces données, pour les faire de chantier en chantier, c'est
pratiquement impossible, parce que ce sont des secrets très bien
gardés. Ce qu'on peut avoir, généralement, ce sont des
comparaisons de prix et, à ce moment-là, faire certaines
évaluations.
Les notions de productivité dans un chantier sont des notions
relatives. C'est la relation entre l'estimation qui est faite au meilleur de la
connaissance des gens qui font l'estimation à un moment donné
où les dessins, où les spécifications ne sont pas
totalement figés et l'exécution de ces travaux.
Dans une compagnie qui maintient des dossiers d'année en
année, on peut comparer la productivité relative à
l'estimation sur un grand nombre d'années et voir des tendances. Ce sont
ces tendances qui donnent à l'administration la possibilité de
juger s'il y a des hausses, des baisses, si les améliorations donnent
des résultats. Dans la productivité, c'est comme cela qu'on peut
constater, par exemple, comme M. Picard l'a mentionné, à un
certain moment, un changement d'attitude dans un chantier. On voit la tendance
qui change. On sait, par exemple, que la productivité était bonne
à un moment donné et, au bateau 424, la journée où
l'inspecteur grec est arrivé au chantier, la productivité est
tombé de 20%, automatiquement. La productivité, c'est une mesure
relative entre une estimation et l'exécution de l'estimation et c'est
cela qui donne à l'administration la mesure et l'information pour voir
les tendances, ce qui se passe dans le chantier.
M. Tremblay: Dans quelle direction, ces tendances pour les
bateaux polonais, par exemple, vers le haut ou vers le bas?
M. Brisson: Dans le cas des bateaux polonais, la
productivité est basse par rapport aux standards, aux normes que nous
avions établis.
M. Tremblay: Pourquoi?
M. Brisson: On prend les bateaux polonais? Dans les bateaux
polonais, on parle d'abord de relations entre estimation et exécution.
Les bateaux polonais ont été pris à une période, et
là, je devrais me référer à M. Picard, où le
marché était très dur, où les commandes
étaient à la baisse. A
ce moment, la concurrence des prix était énorme, à
l'échelle internationale. Les bateaux polonais ont été
pris avec des estimations minimales avec un profit minimal, afin de
réussir à faire face à la concurrence internationale.
Est-ce que cela va?
M. Picard: Très juste.
M. Tremblay: Continuez la réponse.
M. Brisson: Oui. A ce moment, lorsqu'on part avec une estimation
qui a été taillée au minimum, le moindre pépin qui
arrive, évidemment, va briser, va faire baisser la productivité,
puisque la productivité est une relation entre l'exécution et
l'estimation. Plusieurs choses sont arrivées. D'abord, le contrat a
commencé en retard, du fait que les contrats grecs nous ont causé
tous les problèmes dont on a discuté toute la journée
hier, ce qui fait que les coûts augmentent automatiquement, les
délais sont arrivés, ce qui nous a amenés à faire
des travaux de façon différente. L'autre point, c'est que nous
avons eu, dans le contrat polonais, un problème technique majeur,
l'acier qui nous a été livré par les fournisseurs s'est
avéré mauvais. Il a fallu faire un grand nombre de
rectifications, et il a fallu, en fait, arrêter le chantier. Nous avons
arrêté le chantier vers le mois de mars, nous avons
arrêté presque toute la construction navale pour une
période de 91 jours, ce qui a nécessité, dans le temps, M.
le ministre, vous vous souvenez, une mise à pied d'environ 300 à
400 personnes.
Ce retard de 91 jours nous a causé des chambardements
d'échéanciers. Nous avons dû changer les méthodes
d'opération. Afin de faire face aux échéanciers qui sont
fixes et qui sont très sérieux, parce qu'il y a aussi des
pénalités, nous devons maintenant employer des méthodes
qui ne sont peut-être pas les méthodes les plus économiques
mais parce qu'il faut regagner le temps perdu afin de faire face aux
échéanciers de nos fournisseurs.
Finalement, il y a encore dans le chantier un problème qui a
été relevé hier, qui a été mentionné.
Le chantier naval vit sur une corde raide depuis déjà
pratiquement deux ans. Il a des problèmes de moral, nous avons eu le
problème grec dont nous avons eu de la difficulté à nous
relever. Nous avons une concentration de personnel technique et de personnel
administratif qui a dû se consacrer à une série de
problèmes qui ne sont pas normaux et, de ce fait, ont dilué la
surveillance, l'organisation et la planification. C'est ce genre de
problèmes qui sont des conséquences d'un accident dont nous
essayons de nous relever. A l'heure actuelle, une équipe est à
faire l'étude totale de ce projet, afin de déterminer exactement
les causes, les mesures à prendre et les correctifs que nous devrons
apporter pour minimiser la situation. C'est la situation des bateaux polonais,
M. le ministre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci.
M. le député de Laprairie, très rapidement. Après
cela, le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Michaud: Ma dernière question, à la suite des
réponses de M. Rochette, vous me permettrez de déplorer
énormément l'absence de M. Fillion et de M. Yvon Simard. Ma
dernière question s'adresserait au président du syndicat. Est-ce
qu'il peut confirmer des changements d'attitude dans les chantiers sous les
différentes administrations ou sous les différents
régimes?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Qui va
répondre?
M. Gagné (Richard): Concernant l'administration...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Quel est
votre titre?
M. Gagné: Président du Syndicat des travailleurs
des chantiers maritimes. Sous l'administration, je pense qu'on n'a pas à
se prononcer sur l'administration de Marine comme telle. C'est simplement sur
les problèmes qu'il y a quand vous mentionnez les bateaux grecs et les
cargos polonais. Cela ne donne pas un bon climat parmi les travailleurs, chez
un travailleur qui est habitué à travailler. Chez nous, on est
tous des spécialistes, vous allez trouver drôle que je dise cela,
mais la plupart des travailleurs sont spécialisés dans des
métiers d'acier. On travaille assez régulièrement et assez
dur. Ce sont des conditions difficiles. Sur l'administration comme telle, on
n'a pas à se prononcer que ce soit M. Rochette, M. Picard ou n'importe
quel autre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Merci, M. le Président. Hier soir, le ministre
nous a donné une analyse assez profonde de la situation. J'ai
été préoccupé par cette analyse et je voudrais,
très brièvement, poser quelques questions qui vont
peut-être amener d'autres explications sur le problème qui a
été soulevé hier.
Si j'ai bien compris, le ministre a dit que les problèmes
étaient reliés, premièrement, aux difficultés qu'on
a vécues avec la SEE, aux difficultés causées par un
client qui a été malhonnête en effet, les deux
étaient malhonnêtes et on a beaucoup parlé du
problème des commissions qui étaient payées aux courtiers.
Ce sont les trois éléments que j'ai retenus de l'analyse que le
ministre a faite hier soir.
L'objectif que je poursuis ici aujourd'hui, et que j'ai poursuivi hier,
c'est d'essayer de sortir des éléments, des idées, des
principes qui peuvent nous aider à l'avenir; ce n'est pas de jeter le
blâme sur qui que ce soit. Je pense qu'il serait dangereux de laisser
à cette commission l'idée que les problèmes que vous avez
vécues depuis maintenant cinq ans sont surtout des problèmes
causés par le gouvernement fédéral, les étrangers
et les commissions, parce que, si on laisse cette idée, on peut conclure
que, si on veut résoudre les problè-
mes de Marine Industrie, il faut simplement ne plus jamais faire
affaires avec le gouvernement fédéral, ne plus jamais vendre aux
Grecs et ne plus jamais payer de commissions, toujours payer les commissions
à un niveau uniforme; pour être juste envers le ministre, il a dit
qu'il n'était pas contre les commissions, mais contre les
variations.
Je vois dans cette affaire des problèmes d'organisation, je
préfère dire des problèmes de responsabilité et de
contrôle. Je voudrais poser quelques questions, surtout à M.
Coulombe, pour savoir si je me trompe ou non. Comme vous le savez, si vous
êtes dans une compagnie, il faut accepter que les fournisseurs soient
exigeants, que les clients soient exigeants, que les financiers soient
exigeants, que les syndicats soient exigeants: c'est dans la nature des choses.
La mesure d'une administration, pour moi, c'est le niveau avec lequel elle peut
contrôler, organiser, administrer ces choses pour créer une
entreprise efficace et rentable.
Je voudrais, premièrement, M. Coulombe, vous parler de la
question de la responsabilité. Je veux savoir... Une expression anglaise
dit: "Who is in charge here? " Nous avons devant nous... Je sais que, pendant
ces cinq ans, on a eu beaucoup de présidents, de vice-présidents,
de SGF, de MIL qui changeaient continuellement.
La première chose qui me vient à l'idée, c'est que
probablement la question de responsabilité pour les
événements, pour tout ce qui se passait, pour les
décisions, n'était jamais claire. Il y avait,
premièrement, Marine qui avait des cadres qui changeaient assez souvent;
il y avait le SGF qui avait également des cadres qui changaient assez
souvent et il y avait une relation entre les deux compagnies qui,
d'après moi, n'était pas toujours uniforme et claire. (12 h
45)
Peut-être que je me trompe, mais, vous M. Coulombe, ayant
vécu l'expérience de ce problème d'une façon assez
détachée depuis quelques mois, pouvez me dire, par exemple, en
1973, 1974, 1975, 1976, qui était la personne qui avait des
responsabilités. Je ne veux pas blâmer maintenant, mais dans le
sens "who is in charge"? Pour commencer avec quelque chose je l'espère,
de simple, en 1973, quand le premier contrat a été signé,
qui avait la responsabilité pour la compagnie pour le premier contrat de
six bateaux? Qui? Quelle personne? Qui était responsable de ce
contrat?
M. Coulombe: Je pense que, sur cette question spécifique,
les responsabilités du premier contrat... M. Rochette a répondu,
hier, quand il déclarait à la commission que le conseil
d'administration de Marine Industrie était parfaitement conscient des
contrats dans lesquels elle s'engageait.
M. Scowen: Si vous voulez me permettre, M. Coulombe. Un conseil
d'administration peut agir de façon différente, mais,
normalement, un conseil d'administration accepte les propos de son PDG, de son
président, de quelqu'un, il étudie, il analyse, mais normalement
il est très peu souvent en mesure de vraiment prendre une
décision, en ce sens qu'il peut appliquer une décision. Je ne dis
pas qu'un conseil d'administration ne prend jamais de décision, mais
est-ce que c'était une espèce de conseil d'administration
extraordinaire, ou était-ce vraiment une vente, un prix, une
décision qui a été fait par quelqu'un et ratifié
par un conseil d'administration? Qui était la personne qui agissait?
M. Coulombe: En toute honnêteté, je pense qu'il
faudrait poser la question à M. Rochette, en I'absence de M. Fillion. M.
Fillion, à cette époque, était vraiment le "chief
executive" ou le président de Marine; M. Rochette vous a dit, hier,
qu'il avait parfaitement bien informé le conseil d'administration qui,
selon M. Rochette, a pris ses responsabilités. Je ne peux vraiment pas
aller plus loin. Durant les six derniers mois, on n'a pas analysé en
profondeur chacune des interrelations entre les individus, à cette
époque. Mais, pour revenir à la question générale
que vous posez je l'ai dit dans mon texte hier l'effondrement du
marché international est une cause de la catastrophe qui est
arrivée, mais, j'ai ajouté aussi, des problèmes internes
de gestion et de production à Marine Industrie. Nous maintenons qu'il y
a eu de véritables problèmes.
Lorsqu'on est arrivé, on a dû, pour clarifier la situation
des relations entre la Société générale de
financement et Marine, proposer des changements au conseil d'administration de
Marine. La raison fondamentale pour laquelle on l'a proposé et ce
n'était pas facile de le faire c'est qu'on s'est vite
aperçu que cette double structure, dans les circonstances actuelles,
occasionnait une perte d'efficacité et une perte de temps. Lorsque j'ai
eu l'occasion de rencontrer les membres du conseil d'administration de Marine
Industrie aux mois de mai et juin 1978, c'est exactement ce que je leur ai dit
et, pour faciliter les contacts, on a collé un peu le conseil
d'administration de la SGF et de Marine. Je ne dis pas que c'est une
méthode qui devrait être prise à l'avenir, mais c'est
justement parce que, traditionnellement Marine était la plus grosse
compagnie de la SGF qui était une compagnie prestigieuse dans le
milieu.
Mon impression personnelle est que les relations entre Marine et la SGF
n'ont jamais été très très intimes.
M. Fillion est une personnalité forte et ceux qui l'ont suivi ont
été des personnalités fortes. Il y en a eu d'autres
à la SGF et cela a créé une relation qui n'a pas toujours
été facile. Sans blâmer personne, je pense qu'entre la plus
grosse filiale d'un groupe et un groupe dans lequel la SGF, qui était un
"holding", qui a toujours oscillé entre un "holding" financier qui
regardait les choses et l'implication dans les opérations complexes
d'une grosse industrie où il y avait 3000 employés, cela n'a pas
toujours été facile et, des fois, la SGF en tant que groupe,
certains individus comme le président pouvaient être au courant de
ce qui se pas-
sait à Marine, mais comme groupe, comme "holding", à la
SGF, je ne suis pas sûr qu'il y ait toujours eu une connaissance parfaite
de ce qui se passait dans la filiale de Marine. Ce n'est un blâme
à personne, mais c'est quand même une situation extrêmement
particulière chez Marine.
M. Scowen: Merci, M. Coulombe. Vous m'excuserez si je continue en
vous posant une question exigeant une réponse un peu plus précise
que celle que vous m'avez donnée là. Je ne veux pas faire le
procès ou une analyse de toutes les décisions qui ont
été prises pendant les cinq ans, mais il y a un moment qui, pour
moi, était un moment clef. Je pense que c'était en 1975 ou 1976
et j'agis maintenant comme le président-directeur général
d'une compagnie, ce que j'étais, il y a longtemps. Vous avez un contrat
ou un quasi-contrat pour un bateau ou quelques bateaux. C'est en train de se
négocier et de se concrétiser. Un jour, votre directeur des
achats arrive dans le bureau et vous dit: M. le Président, si on veut
respecter l'échéancier, il est nécessaire qu'aujourd'hui
on place des commandes pour les matières brutes et c'est d'une valeur
il le faut tout de suite de tant de millions de dollars. A ce
moment-là, vous êtes le responsable, la personne "the who is in
charge here". A ce moment-là, avant de signer une commande pour l'acier
ou pour n'importe quoi, les moteurs, je ne sais pas, vous pensez, je crois:
Est-ce que je suis couvert? Est-ce que j'ai vraiment une commande? J'imagine,
si j'étais président d'une telle compagnie que c'est une chose
que je ferais. A ce moment, si je comprends les déclarations de M.
Picard, hier, il y a eu un moment, quand cette décision a
été prise, où quelqu'un qui normalement était le
président-directeur général a fait une commande pour ces
choses sans avoir les garanties, les contrats, le financement, l'autre
côté de la médaille. Qui était cette personne?
M. Coulombe: Vous parlez de la commande...
M. Scowen: Qui était responsable à ce
moment-là...
M. Coulombe: Vous parlez de la commande des $100 millions de...
Je pense qu'hier...
M. Scowen: La première grande commande qui a
été faite pour les matières brutes pour le bateau avant
que, évidemment... Qui l'a fait et quand?
M. Coulombe: Si je comprends bien, pour répondre
spécifiquement, c'était l'époque où M. Rochette et
M. Fillion étaient là, c'est là que cela s'est
décidé.
M. Scowen: Pour les douze bateaux. M. Coulombe: Oui. M.
Yvon Simard.
M. Scowen: C'était M. Simard et c'était
probablement vers la fin de 1975, j'imagine. M. Coulombe, on n'est pas ici pour
faire le procès de M.
Simard, mais la question que je vous pose, pour l'avenir seulement,
est-ce que vous avez étudié un peu la situation qui se
déroulait autour de M. Simard, à ce moment-là? Est-ce
qu'il avait, d après vous, la responsabilité, est-ce qu'il savait
qu'il avait la responsabilité, est-ce que la responsabilité et le
droit de prendre cette décision étaient clairs, est-ce qu'il
pensait que c'était nécessaire que le conseil d'administration,
que quelqu'un à la SGF l'approuve? Quelle était la situation de
la définition de ses responsabilités à ce
moment-là? Est-ce que, pour vous, c'était clair ou non?
M. Coulombe: On me dit que les décisions qui ont
été prises à cette étape, semble-t-il, c
était après le départ de M. Simard.
M. David: C'est après le départ de M. Yvon
Simard...
M. Coulombe: ... et avant l'arrivée...
M. David: ... de M. Picard.
M. Coulombe: Avant l'arrivée de M. Picard.
M. Scowen: Cela s'est fait au moment où il n y avait pas
de président.
M. David: C'est M. Rochette qui était vice-president
exécutif à cette époque.
M. Coulombe: M. Rochette était vice-président
exécutif à cette époque.
M. Scowen: M. Rochette avait cette responsabilité.
M. Coulombe: ... seulement, M. Rochette...
M. Scowen: M. Rochette, je pense que vous comprenez ma ligne de
pensée...
M. Rochette: Oui, je la comprends. Vous avez posé une
question précise pour savoir à quel moment les commandes ont
été engagées auprès des fournisseurs pour pouvoir
compléter les contrats en question. Les commandes auprès des
principaux fournisseurs ont été placées au moment
où les douze derniers contrats ont été rendus fermes en
août 1974 avec clause d annulation jusqu'au 15 avril 1975. Toutes les
commandes principales étaient placées pour nous protéger,
pour nous assurer que le matériel serait livré en temps, au prix
convenu, et qu'il serait possible de respecter l'échéancier. Dans
chaque cas, comme il fallait savoir si le financement des contrats par
l'armateur serait complété avant de pouvoir aller de lavant,
toutes les commandes ont été placées avec une clause
d'annulation sans frais, jusqu au 15 avril 1975. Et, le 15 avril 1975, lorsque
la confirmation de la SEE et de la Banque de Montréal et de I'armateur
nous a été communiquée comme quoi le financement
était mis en place, nous n avons pas annulé les commandes
auprès des fournisseurs. A partir de ce moment, ces commandes sont
devenues fermes.
M. Scowen: Mais, M. Rochette, vous étiez là au mois
d'avril également?
M. Rochette: Oui, j'étais là au mois d'avril
1975.
M. Scowen: M. Rochette, si je comprends bien, vous acceptez de
dire que c'est vous qui aviez pris la décision de placer ces
commandes?
M. Rochette: Non, les commandes étaient placées
depuis le mois d'août 1974. J'ai pris la décision de ne pas les
annuler.
M. Scowen: Et c'était clair dans votre esprit que vous
aviez le droit, par rapport aux responsabilités qui vous étaient
définies comme vice-président exécutif, de prendre cette
décision, sans l'approbation orale ou écrite du conseil
d'administration ou de la SGF? C'était clair dans votre esprit que cette
décision faisait partie de vos responsabilités?
M. Rochette: Oui, et la date ultime était le 15 avril.
Nous avions préparé des télex à envoyer à
tous les fournisseurs pour annuler toutes les commandes si les confirmations de
la SEE, de la Banque de Montréal et de l'armateur ne nous étaient
pas parvenues ce même jour. Tout s'est passé le même jour,
le 15 avril.
M. Scowen: A qui étiez-vous responsable à ce
moment-là? Directement au conseil d'administration?
M. Rochette: En l'absence d'un président, à ce
moment-là, je dépendais du conseil d'administration et mon
interlocuteur normal était M. Raymond David qui était
président de la SGF.
M. Scowen: Et qui était le président...
M. Coulombe: Je voudrais préciser des dates très
claires pour cette étape. M. Simard est parti... Sur votre liste, pour
M. Yvon Simard, la lettre de démission date du 18 mars 1975. M. Simard
était parti du Canada en décembre 1974. Il n'y avait donc plus de
président de la SGF, ni de président de Marine Industrie,
jusqu'au moment où, d'une part, M. Picard est arrivé à
Marine Industrie, le 1er août 1975, et M. David a été
nommé président de la SGF le...
M. David: A la fin d'avril 1975.
M. Coulombe: A la fin d'avril 1975. Or, à cette
époque des contrats, M. Rochette dépendait du conseil
d'administration. Il n'y avait pas de président, mais il y avait un
président du conseil d'administration qui était M. Arthur Simard.
Donc, à cette époque précise, pendant ces quatre ou cinq
mois, il n'y avait ni président de la SGF, ni président de Marine
Industrie.
M. Scowen: M. Simard, si vous le permettez, quand M. Rochette a
pris la décision de ne pas annuler les contrats qui pouvaient être
annulés sans pénalité, il avait, dans votre esprit, le
droit et la responsabilité de prendre une telle décision?
M. Simard (Arthur): C'est-à-dire pas une telle...
M. Scowen: C'était une responsabilité qui,
d'après vous, lui était confiée par le conseil
d'administration?
M. Simard (Arthur): Oui.
M. Scowen: D'accord. Je veux terminer, M. Coulombe, parce que je
sais bien que tout le monde... Avez-vous quelque chose à ajouter? Je ne
sais pas si vous tirez des conclusions ou si vous avez des opinions sur
l'avenir de cette expérience, mais, pour ma part, je crois qu'il y a des
éléments intéressants pour ce qui concerne la
responsabilité sur les grandes décisions qui peuvent en effet
rendre en faillite une compagnie. Si c'était dans le secteur
privé, elle serait en faillite, c'est clair. Le niveau des
décisions, le type de décision, les achats, j'imagine qu'il
existe passablement de compagnies dans l'industrie lourde qui sont
habituées de travailler avec toutes les incertitudes que vous vivez
normalement dans votre industrie qui ont créé les espèces
de contrôles, des normes, des règles, des procédures pour
minimiser ces problèmes. J'ai essayé de choisir cet exemple,
simplement pour nous préparer un peu pour la deuxième partie de
la discussion qui va suivre. Merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A ce
stade-ci, ce sont les membres de la commission qui décideront. Nous
avons deux syndicats présents. Ils ont un mémoire à
présenter qui concerne, je pense, également "l'histoire des
bateaux". Leur mémoire est court. La période des questions va se
continuer cet après-midi. Je me demande s'il n'y aurait pas lieu d'avoir
le consentement unanime pour entendre ce mémoire de sept pages.
M. Russell: Consentement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A ce
moment-là, on reprendrait à 15 heures et les syndicats auront
livré leur message et la période des questions pourra se
poursuivre à 15 heures dans l'ordre tel qu'établi ici.
Une Voix: Consentement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Consentement.
M. Simard (Arthur): Seulement une explication, un
éclaircissement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui. M.
Simard.
M. Simard (Arthur): M. Yvon Simard qui y était et qui n'y
était pas, il était président, mais il avait
quitté
le pays. On a eu de la difficulté à le trouver. Un bout de
temps, il était à Monaco et un bout de temps, il était
à Nassau. Je crois que c'est le secrétaire, M. Asselin, qui a
réussi à aller lui faire signer sa démission, il ne
voulait pas; mais, de facto, il était le président de Marine
Industrie. Il lui a fait signer un lot de documents, etc., mais il était
le président. Il ne faut pas dire qu'il y a eu une période durant
laquelle il n'y avait pas de président. Il l'était, mais il n'y
était pas en personne. (13 heures)
M. Lessard: ... dans cette période?
M. Simard (Arthur): Je crois que oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
période des questions, de toute façon, va se continuer cet
après-midi. Le consentement est de permettre au syndicat...
M. Lessard: Ce serait à vérifier.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Si
celui-ci aime mieux donner son mémoire cet après-midi, c'est
comme il veut. D'accord.
M. Gagné: A cinq minutes près, il est 13 heures.
Vous allez nous passer pas mal vite.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord. Je pense que cela pourrait nous permettre, cet après-midi,
à la période des questions, votre message étant
livré de vous poser des questions, à vous comme à
d'autres. On pourrait faire cela d'un bloc.
M. Tremblay: Consentement
M. Lessard: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que vous êtes membre ou intervenant à la commission, M. le
ministre des Transports?
M. Lessard: Je vous demande la permission, M. le
Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce n'est
pas à moi qu'il faut la demander, il faut le consentement unanime des
membres de la commission.
M. Lessard: En vertu de l'article 144, s'il vous plaît!
Une Voix: Consentement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Consentement unanime!
M. Forget: Brièvement.
M. Lessard: Merci, M. le Président. J'ai quand même
pris connaissance un peu du rapport. Je vais avoir des questions à poser
concernant le rapport qui est présenté par la CSN, le syndicat.
Je pense bien qu'il serait beaucoup mieux d'attendre après l'heure du
dîner, alors que nous aurons l'occasion de poser ces questions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Comme
vous voulez!
M. Lalonde: On va se garrocher...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord. La commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures.
Suspension de la séance à 13 h 2
Reprise de la séance à 15 h 10
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
J'aimerais vous rappeler qu'en vertu du mandat de la Chambre, nous
allons ajourner nos travaux à 18 heures et recommencer à 20
heures pour terminer à minuit.
D'autre part, j'aimerais vous rappeler que, de consensus,
l'Assemblée nationale a décidé de diviser l'étude
de cette commission parlementaire en trois sujets principaux. J'insiste
fortement pour que tous les députés fassent des efforts afin que
nous puissions, d'ici minuit, étudier les trois points qui nous
intéressent. Nous en sommes encore au premier et je cède
maintenant la parole aux représentants invités des deux
syndicats, le Syndicat national des chantiers maritimes de Sorel CSN, M.
Richard Gagné qui, je pense, est accompagné d'un de ses
confrères, M. de Carufel, pour les employés de bureaux de la
même compagnie. M. Gagné.
Syndicat national des chantiers maritimes de
Sorel
M. Gagné: C'est exact. M. le Président, dans un
premier temps, on est invité à prendre la parole à cette
commission parlementaire et on voudrait donner notre point de vue sur la loi
108 et, dans un deuxième temps, on aurait un mémoire
présenté par le secteur des chantiers navals, la
Fédération de la métallurgie, dont le président est
M. François Péloquin, à ma gauche, et deux personnes
ressources de la CSN m'accompagnent, M. Kémal Wassef, directeur de la
recherche, et M. André L'Heureux, vice-président.
Je ne sais pas si j'aurai l'accord pour cette procédure, soit,
dans un premier temps, discuter de la loi et, dans un deuxième temps,
présenter le mémoire du secteur des chantiers maritimes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): On a
fait un agenda qui, premièrement, comprenait l'histoire des bateaux,
deuxièmement, la reconversion et, troisièmement, les orientations
de la SGF. C'est difficile de départager tout cela, mais
étant
donné que nous n'avons pas encore terminé et que nous
voulons vous entendre relativement aux bateaux, je comprends que, dans votre
témoignage, il va peut-être être question de reconversion et
on est capable de faire la part des choses. Alors, lisez votre mémoire
et, par la suite, des questions pourront vous être adressées
concernant les bateaux. Quand nous aborderons le deuxième point, vous
êtes des invités à part entière et vous pourrez
répondre à toutes les questions concernant la reconversion, comme
tous les autres invités d'ailleurs.
M. Gagné: Comme cela, vous ne me donnez pas l'occasion de
présenter mon mémoire?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
c'est ce que je vous demande de faire.
M. Gagné: Au départ?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Gagné: Mais, sur la branche des chantiers maritimes, si
on le faisait en même temps... Puis-je le faire en même temps?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Gagné: D'accord, cela va.
Le rapport a été préparé conjointement
c'est notre point de vue sur la loi 108 par le syndicat de Marine
et le syndicat de bureaux. Quand on prend le syndicat de Marine, c'est qu'on a
deux syndicats dans la même "boîte", comme on dit
communément. C'est le syndicat horaire, les gars du chantier, et le
syndicat de bureaux.
A la CSN, comme vous le savez, nous travaillons collectivement; d'abord
avec nos assemblées générales, nos exécutifs, nos
délégués, avec les autres syndicats des chantiers
maritimes du Québec dont les plus importants sont affiliés
à la CSN.
Nous faisons également partie de la Fédération des
travailleurs de la métallurgie, des produits chimiques et des mines CSN,
à l'intérieur de laquelle on retrouve une section on
l'appelle la branche regroupant tous les syndicats des chantiers
maritimes dont François Péloquin, de Marine, est le
président. Quand on dit de Marine, c'est du syndicat de Marine.
La première raison pour laquelle nous sommes ici, c'est pour
protéger les emplois des milliers de travailleurs des chantiers
maritimes non seulement de Sorel, mais du Québec.
Vous comprendrez que les travailleurs des chantiers maritimes du
Québec connaissent, collectivement, mieux que quiconque comment
fonctionnent et ont fonctionné les chantiers maritimes.
Ce sont des gars spécialisés, ce sont eux, les
travailleurs des chantiers maritimes, qui assemblent, finissent et lancent les
navires.
Nous ne sommes pas venus ici pour faire le procès de qui que ce
soit. Nous n'avons jamais rien eu à dire dans l'organisation de la
production, sauf en ce qui concerne nos conditions de travail, comme
sécurité, santé, vacances, etc. Vous le savez, les
travailleurs n'ont rien à dire sur l'administration dont ils subissent
d'ailleurs les conséquences. (15 h 15)
La plupart des décisions sont prises dans le secret des conseils
d'administration.
Cela irait peut-être mieux si, un jour, les travailleurs et la
collectivité québécoise contrôlaient des
décisions qui les concernent directement.
A Marine comme ailleurs, les travailleurs pourraient parler de
nombreuses choses: des abus, du manque d'organisation, de planification de la
production.
Nous sommes convaincus qu'au temps des contrats à "cost plus", il
y a sûrement du monde qui s'est bourré les poches, surtout durant
et même après la guerre.
Nous ne pensons pas que ces immenses profits aient été
réinvestis dans le chantier, comme ils auraient dû l'être,
pour le moderniser, l'équiper régulièrement.
Combien ont profité de notre chantier avec des contrats du
gouvernement, de l'argent des contribuables. Même si ce passé
était scandaleux, et il l'est à certains points de vue, pour les
travailleurs des chantiers et l'économie du Québec qui ont
souffert par l'instabilité de l'emploi et souffrent encore de ce que
nous appelons le sabotage de la marine marchande canadienne, l'abandon de notre
fleuve à n'importe qui, l'absence de volonté de développer
notre vocation maritime, ce qui nous intéresse, ce qui devrait en fait
intéresser nos gouvernements c'est le présent et l'avenir de nos
chantiers maritimes.
Nous vous disons que nous les travailleurs de Sorel, pouvons bâtir
n'importe quel navire comme ceux de Lauzon et de Montréal ou de
Gaspé, selon l'équipement industriel dans le chantier. Nous vous
disons que nos bateaux n'ont pas assez de contenu québécois quant
à l'outillage spécialisé, qu'il y a un manque
sérieux de recherches dans ce sens.
Les travailleurs du Québec ont une vocation navale
particulière de constructeurs de navires qui a été, au fil
des années, saboté au profit d'intérêts
étrangers par les gouvernements notamment le fédéral. Il y
a, tout le monde le sait, un problème mondial de surcapacité chez
les principaux producteurs de navires.
Le Québec, de par son histoire, sa géographie, son fleuve,
le Grand-Nord, a une vocation maritime qui a été
sous-développée. La plupart des pays industrialisés et
ceux qui réussissent ont compris depuis longtemps l'importance
malgré les difficultés de l'industrie de construction navale. Ces
pays investissent à coups de milliards annuellement dans cette
industrie.
Pendant ce temps, ici on est condamné à vivoter. Et
même, selon nos renseignements, il semblerait que la division navale de
Marine à Sorel
perdrait près de 40% des emplois actuels. Il semblerait
même que certains voudraient éliminer la section navale de Marine.
Je veux être clair. Toute personne qui recommanderait la fermeture
éventuelle de la section navale commettrait une erreur grave qui irait
dans le sens des politiques fédérales qui ont conduit, depuis des
dizaines d'années, au sabotage de la marine marchande canadienne et de
son industrie de construction navale.
A la CSN, les syndicats des chantiers maritimes préparent depuis
plusieurs mois des analyses de la situation et préparent une campagne
importante à ce sujet afin d'informer non seulement les travailleurs
concernés mais la population en général de l'importance de
l'industrie navale, de la vocation maritime du Québec.
Il faut, de la part du gouvernement fédéral comme celui du
Québec, qu'ils révisent totalement leur attitude passée
à l'endroit de cette industrie. Nous voulons que les eaux
québécoises et canadiennes soient utilisées
essentiellement par des bateaux fabriqués ici, que les besoins de la
marine militaire, de l'Arctique, des flottes de pêche, des installations
utilisées sur les eaux territoriales, le cabotage, etc, soient
comblés se fasse par des navires produits de A à Z ici.
C'est cela que nous voulons et c'est pourquoi nous nous sommes battus.
Tirons les leçons du passé, mais c'est le présent et
l'avenir de notre industrie navale qui nous intéressent d'abord et avant
tout.
Si vous permettez, M. le Président, pour entériner, on
pourrait peut-être faire lecture du mémoire préparé
par la division des chantiers maritimes, dont j'ai le président à
ma gauche. Je pourrais le faire commenter par André L'Heureux. Si j'ai
la permission...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Voici,
M. Gagné. Je ne suis pas tellement spécialiste dans les chantiers
maritimes, je suis plus familier avec la procédure. Pourriez-vous me
dire, lorsque vous parliez de ce mémoire sur les chantiers maritimes, si
nous débordons du cadre de Sorel et de Marine Industrie.
M. L'Heureux (André): André L'Heureux. M. le
Président, si vous permettez, je crois que par les mots mêmes que
vous avez utilisés ce matin, lorsque vous avez dit qu'il serait
question, après avoir parlé des bateaux hier, d'orientation de la
SGF et, deuxièmement, du projet explicité dans la loi de
conversion industrielle à Marine...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord.
M. L'Heureux: Evidemment, ces deux questions sont très
reliées, très liées. Parce que l'orientation de la SGF est
très importante là-dedans et, deuxièmement, il est
évident que, s'il y a une modification prévue de la vocation
navale du chantier de Sorel, cela a des conséquences énormes de
notre point de vue, du moins, et du point de vue de l'ensemble des
syndiqués des chantiers maritimes du Québec affiliés
à la CSN.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord. Je vois le lien, mais est-ce que j'aurais le consentement des membres
de la commission pour que le mémoire soit lu immédiatement,
même si on parle d'orientation et de reconversion, on en reparlera plus
tard, le mémoire aura été déposé. A ce
moment-là, ce sera une chose faite.
M. Tremblay: Consentement. M. Russell: ...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Consentement. Est-ce qu'il y a consentement... ce serait M. L'Heureux qui
lirait le mémoire?
M. Gagné: M. L'Heureux...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
L'Heureux n'ayant pas été convoqué et étant
formaliste, je demanderais le consentement de la commission pour que M.
L'Heureux fasse lecture du mémoire. Consentement? Consentement.
Allez-y.
M. L'Heureux; On vous remercie, MM. les membres de la commission
parlementaire. Nous sommes très heureux, parce que c'est un
problème très important. On doit vous dire qu'il y a
déjà plusieurs dizaines d'années je dis bien
dizaines d'années, mais on me dit une vingtaine d'années
disons depuis au moins vingt-cinq ans, les syndicats des chantiers
maritimes où la CSN est majoritaire à 95%, de Gaspé
à Montréal, à la Vickers, exigent, demandent, avec
même l'appui des syndicats des autres chantiers maritimes canadiens, au
gouvernement fédéral, d'établir enfin ce que tout pays
industrialisé a reconnu comme étant fondamental, non seulement du
point de vue stratégique, militaire ou autre, mais sur le plan
industriel, et de maintenir une très forte industrie navale.
Je ne sais pas si vous voulez des copies... M. le Président,
personne ne sera étonné d'apprendre que le secteur manufacturier
du Québec, celui qui assure l'utilisation et la transformation des
ressources québécoises, est peu développé. En 1976,
la répartition des personnes occupées du Québec, par
secteurs d'activité économique, indique que la tendance du
développement passé s'est maintenue: contraction de l'emploi dans
les secteurs primaires et secondaires et, inversement, maintien et extension du
secteur tertiaire, à 65%. Ces tendances sont très significatives
parce qu'elles illustrent l'insuffisance des investissements productifs au
Québec. De plus, lorsqu'on regroupe les industries
manufacturières du Québec selon leur vocation, il est facile de
constater la faiblesse de la vocation industrielle du Québec, qui se
manifeste de façon éloquente par l'absence d'une industrie lourde
à fort contenu technologique, comme les industries de la fabrication de
machines, d'équipe-
ment de transport, de produits électriques, des industries
chimiques et pétrochimiques.
En 1976, plus de 65% de la valeur des livraisons manufacturières
du Québec étaient reliées aux industries
légères (textile, vêtement, meuble, etc.) et aux industries
de transformation première de ressources naturelles (bois, papier,
aluminium, etc.). Pour la même année, en Ontario, les mêmes
industries ne représentaient que 45% des livraisons
manufacturières.
L'absence d'une forte base industrielle dans le Québec n'est pas
une préoccupation nouvelle. C'est un préoccupation constante du
monde des travailleurs qui, de temps en temps, a eu des échos au niveau
gouvernemental et nous vous remercions de la permission que vous nous
donnez aujourd'hui de vous faire entendre et recueilli l'acceptation du
milieu patronal quand il était assuré d'en tirer des profits.
La SGF et la vocation industrielle du Québec. Créée
par une loi spéciale en juillet 1962, la SGF devait "susciter et
favoriser" le développement industriel au Québec de façon
"à élargir la base de sa structure économique, en
accélérer le progrès et contribuer au plein emploi". De
plus, la population du Québec était invitée à
participer au financement de l'entreprise en y plaçant une partie de son
épargne.
A cette époque, une telle vocation recouvrait un projet
particulier: l'industrialisation. Toutefois, en réalité, à
la vocation large et initiale de la SGF s'est substituée une vocation
plus précise, celle de réchapper des propriétaires
d'entreprises en substituant à leur mise de fonds privée une mise
de fonds publique, en substituant au capital de risque privé un capital
de risque collectif quand une entreprise proprement québécoise
était menacée de perdre son seuil de rentabilité ou que
celui-ci était jugé insuffisant.
C'est ainsi que les fonds de l'Etat et de nombreux épargnants
crédules ont été utilisés pour renflouer et
rentabiliser le trésor de nombreuses familles riches du pays.
"Nombreuses", c'est peut-être exagéré.
Il n'est pas utile de citer toutes les "familles" que de tels
procédés ont renflouées, mais il est impossible de passer
sous silence la famille Simard qui, tout au long de la guerre, a empoché
de nombreux millions pour construire les navires nécessaires sans
réinvestir adéquatement et qui, au lendemain de la guerre,
forçait de nombreux travailleurs au chômage.
M. Simard (Arthur): Je vous demande pardon. Je m'oppose à
des "statements" semblables. Il dit que la famille Simard s'est enrichie...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Simard, à l'ordre, s'il vous plaît! La parole est au
représentant de la CSN qui parle avec le consentement unanime de la
commission. Je dois rappeler à M. l'Heureux que l'article 64 de notre
règlement, de façon automatique, le protège contre tous
les propos qu'il pourrait tenir ici. En conséquence, je vous redonne la
parole.
M. L'Heureux: Je regrette, je ne demande pas la protection de la
commission, je ne crois pas qu'elle soit nécessaire.
Aujourd'hui, la SGF se présente comme un holding financier
québécois qui, en plus de ne pas se mesurer aux autres holdings
de même nature, Power et Argus, a failli à la tâche
précise que lui dictait son mandat.
Marine Industrie Ltée. Une entreprise de construction navale dont
les méthodes de construction ont été longtemps
associées au "cost plus". Des travailleurs dont
l'insécurité d'emploi et de revenu est légendaire et qui
constituent par ailleurs une main-d'oeuvre hautement spécialisée
dans la construction navale.
Récupérée partiellement, à 60%, par la SGF
en 1965, au moment où le boom de la construction navale
occasionné par l'ouverture de la voie maritime du Saint-Laurent
était épuisé, de 1962 à 1965, et au moment
où de nombreuses entreprises similaires font faillite ou ferment (George
T. Davie, Canadien Vickers) Marine Industrie constitue un exemple frappant de
"réchappage" style SGF.
La nouvelle affiliation industrielle de Marine Industrie lui rapportera
très peu. La SGF, au cours des années subséquentes, agira
au même titre qu'un holding financier et l'élargissement de la
vocation industrielle de Marine Industrie demeure limité.
Dès 1965, le thème de diversification industrielle (mots
ronflants qui expriment la volonté de faire de tout mais de ne rien
faire spécialement) consacrera des vocations additionnelles chez Marine:
équipements hydrauliques, wagons, métallurgie diverse. Une telle
conversion n'a pas stabilisé l'emploi ou l'activité des
chantiers, elle permet aux gestionnaires de tirer partie de la conjoncture
économique à un moment donné sans égard pour la
spécialisation navale du chantier et sans égard pour les
travailleurs qui doivent subir des mises à pied.
En effet, de telles vocations n'ont pas accru le domaine technologique
de l'entreprise puisque les turbines et les alternateurs sont construits sous
Iicence française, les wagons et les travaux métal I'urgiques
primaires avec de l'acier.
Tous les problèmes que traverse actuellement Marine
étaient déjà éclatants dès la fin des
années soixante. Au cours des dernières années, avec
l'élargissement du programme fédéral d'aide à la
construction et à l'exportation des navires, Marine s'est assurée
un certain nombre de commandes de navires neufs qui ont maintenu un niveau
d'emploi élevé. Toutefois, depuis la crise du pétrole
survenue à la fin de 1973, un état de surcapacité plane
sur tous les chantiers navals du monde.
Le projet de loi 108: Le secteur des chantiers navals de la
Fédération de la métallurgie, des mines et des produits
chimiques (CSN) a examiné lés propositions du gouvernement. Sa
position se résume en deux points et ne tient pas compte de l'ensemble
du projet qui vise la SGF: Premièrement, nous sommes d'accord pour ce
qui concerne le moyen très positif envisagé pour financer et
garantir le prix de vente des six navires invendus par Marine;
deuxièmement, désaccord sur le moyen envisagé pour
relancer les activités de Marine.
En effet, dans le projet de loi, le gouvernement
garantit le prix de vente des navires invendus, mais du même
souffle, prévoit une reconversion industrielle qui a pour effet de
limiter l'orientation industrielle de Marine Industrie Ltée aux seuls
champs de l'équipement hydroélectrique, aux wagons de chemins de
fer et aux divers travaux métallurgiques. La vocation navale de Marine
n'est plus réaffirmée. (15 h 30)
Le secteur des chantiers navals (CSN) ne peut accepter une telle
situation, surtout que les nouvelles vocations industrielles qu'une telle
reconversion implique, signifieront la mise à pied de 1800 travailleurs
éventuellement chez Marine.
En ffet, seulement 250 travailleurs sont impliqués dans la
production de turbines hydrauliques et alternateurs. Même si le
Québec constitue le client privilégié de cette production,
il faut déjà prévoir qu'à partir des années
quatre-vingt-cinq, seul le Québec continuera de s'approvisionner en
équipements liés à la production
d'hydroélectricité et que l'usage du nucléaire se
multipliera ailleurs.
Pour ce qui concerne la production de wagons et de métallurgie
primaire. Nous désirons porter à l'attention du gouvernement que
de telles activités sont peu complexes et sans grand contenu
technologique.
En somme, la réorganisation industrielle prévue dans le
projet de loi 108 nous apparaît comme une opération de sauvetage
financier, rapide, nécessaire, évidemment, et en même
temps, une opération éteignoir. Ce sont les travailleurs de
Marine Industrie qui subiront, à court et à moyen terme, une
instabilité accrue de leur emploi et de leur revenu et le
chômage.
Le secteur des chantiers navals (CSN) est étonné de
constater chez le gouvernement l'absence de politique industrielle
précise pour Marine Industrie et la SGF. De plus, la disparition de la
vocation navale du chantier nous apparaît totalement nuisible pour
l'avenir économique de la région alors que des besoins maritimes
importants se manifestent pour l'ensemble du pays.
Les besoins navals du Canada. Le gouvernement du Canada ayant
étendu la zone maritime canadienne à 200 milles des côtes,
il faudra, à brève échéance, construire les navires
nécessaires pour la surveillance ou l'exploitation (pêche) des
eaux nationales. Le ministère de la Défense a annoncé un
programme de renouvellement de sa flotte au coût approximatif d'un
milliard et demi de dollars. On s'apprête à procéder
à l'exploitation du pétrole et surtout du gaz naturel dans
l'Arctique, ce qui nécessitera la construction de plusieurs navires
conventionnels de même que la construction de méthaniers et de
pétroliers capables de naviguer dans les glaces du Nord.
La flotte des Grands Lacs est considérablement vieillie et
nécessitera un renouvellement rapide au cours des prochaines
années. A moins d'être aveugle, il nous apparaît
nécessaire de reconfirmer la vocation principale de Marine Industrie qui
est la construction navale. Autrement, la décision que prend le
gouvernement consiste à laisser à d'autres entreprises
canadiennes, aux Japonais, aux Suédois et aux autres de bâtir les
navires nécessaires au transport maritime du pays.
La vocation industrielle. L'un des arguments de ceux qui sont
farouchement opposés à ce que des gros navires soient construits
au Québec, c'est le coût. Ainsi, il en coûterait plus cher
de construire au Québec qu'il n'en coûterait au Japon.
Actuellement, il faut vérifier la véracité réelle
des épargnes; pour l'instant, on semble les prendre pour acquis.
Deuxièmement, il faudrait mesurer limpact de ces travaux au
Québec à court et à long terme. Il en a d'ailleurs
déjà été question ce matin. Même si à
court terme, on peut penser que Marine Industrie aura une perte
financière, la question est de savoir si cette perte ne se transformera
pas en profit pour l'ensemble des pays si la vocation industrielle
attachée à la fabrication de navires était poursuivie. Un
gouvernement ne peut se comporter comme un simple individu qui veut s acheter
une paire de chaussures et qui a le choix entre des souliers identiques dont
une paire coûte $20 et l'autre $30 sans oublier qui les produit et
comment il les produit. Le gouvernement doit se comporter comme l'instrument de
développement de l'économie.
D'ailleurs, je lisais l'Economiste du 25 novembre 1978 où on
faisait le sommaire de ce qui se passe en Europe et un peu partout dans le
monde. Un pays comme la Suède, auquel on se réfère
souvent, qui subit des difficultés comme tous les autres pays au niveau
de l'industrie navale, prévoit une subvention de $470 millions pour
éponger le déficit de son chantier nationalisé plus une
avance, un crédit, une garantie de financement pour 1979 seulement, pour
toute commande de navires faite avant la fin de 1979 au total de $530 millions;
cela, seulement pour la Suède. Non seulement cela, le gouvernement
libéral minoritaire qui est en place présentement, nationalise le
chantier de Kokan, en faillite présentement, qui est très
moderne, beaucoup plus que ceux qu'on a ici, et cela est vrai aussi de
l'Allemagne de l'Ouest, de la France, de tous les pays, en fait de toutes les
industries.
Or, tous les pays industrialisés reconnaissent, malgré les
difficultés ce n'est pas parce qu'il y a une crise qu'il faut
arrêter, au contraire et l'ont reconnu dans le passé, comme
jamais, au Canada, le gouvernement fédéral ne l'a fait, la
nécessité d'investir, massivement dans les chantiers navals. Ils
le font encore présentement. Ils sont en avance sur nous quant à
l'organisation technique et technologique et de la recherche.
La politique de cohérence du secteur des chantiers navals.
Premièrement, une première série de décisions
s'impose de la part des gouvernements en vue d'accélérer les
commandes pour les navires que les chantiers sont actuellement en état
de produire. Par exemple, les navires de surveillance de la zone de 200 milles
pourraient être rapidement mis en chantier. De même
également, il importe d'accélérer la mise en place de la
nouvelle flotte canadienne de pêche à des conditions favorables.
Il y va ici non seulement de l'avenir de l'industrie navale canadienne, mais du
maintien et de l'expansion de l'industrie des pêches.
L'objectif de cette première recommandation est de maintenir
l'emploi actuellement sérieusement menacé à court terme,
voir à ce que tous les navires canadiens et étrangers qui
circulent dans les eaux intérieures et dans la zone de 200 milles
répondent aux exigences de la lutte contre la pollution, de même
qu'aux exigences d'une vie décente de l'équipage à bord
des navires.
Cette politique fédérale permettrait de stimuler
considérablement l'activité des chantiers navals, pour ce qui est
de la réparation et de la transformation des navires actuellement en
opération.
Le Québec a son mot à dire, qu'il le manifeste. Dans l'Est
du Canada, les côtes québécoises et le fleuve constituent
une partie importante de la portion du territoire exposée à la
pollution.
Une troisième série de décisions s'impose. Il faut
des modifications majeures aux lois régissant le transport maritime. Il
est absolument essentiel que la loi régissant le cabotage qui est
une loi fédérale et qui accorde des privilèges
exorbitants à la Grande-Bretagne de même qu'à l'ensemble
des pays du Commonwealth soit modifiée de façon que seuls les
navires construits au Canada, portant pavillon canadien et montés par
des équipages canadiens, soient autorisés à transporter
des marchandises d'un port canadien à un autre port canadien. Cette
réglementation élémentaire devra couvrir cela est
essentiel aussi le transport du pétrole et du gaz naturel
à partir des ressources de l'Arctique canadien jusqu'au port choisi,
probablement Québec, au centre du pays. Cette réglementation,
d'ailleurs, pourrait facilement s'inspirer du "Jones Act" en vigueur chez nos
voisins, les Américains.
Quatrièmement, le Canada et le Québec devraient, dans les
délais les plus brefs, tenter des négociations avec leurs
principaux partenaires commerciaux dans le monde en vue d'en arriver à
des ententes qui régiraient le partage du trafic maritime à
l'image de ce qui s'est produit pour le transport aérien de marchandises
et de passagers.
L'objectif poursuivi par le Canada et le Québec dans ces
négociations devrait être d'en arriver à réserver en
exclusivité à une éventuelle marine marchande canadienne
de haute mer 50% du tonnage qui atteint ses ports.
Cinquièmement, parallèlement à ces
négociations, le Canada devrait mettre sur pied un organisme qui serait
à l'image d'Air Canada pour ce qui est du transport maritime. Or, cette
corporation d'Etat permettrait au Canada de reconquérir la place qu'il a
perdue dans le secteur de la marine marchande et redonnerait au pavillon
canadien la place qui lui revient sur les mers du monde, tout en contribuant
vigoureusement au maintien et au développement de l'industrie navale
canadienne. b). Cette nouvelle corporation d'Etat pourrait notamment, s'engager
dans le transport des passagers en vue de stimuler l'industrie touristique. Le
Canada, chaque année, fournit une part importante de la clientèle
des pays du soleil. Il y a là un marché maritime pour une marine
canadienne de même qu'une autre garantie du bon fonctionnement de
l'industrie de construction navale.
Sixièmement. Tout en procédant à ces
réformes et initiatives, il est fondamental de mettre au point, en
collaboration avec les parties intéressées dans cette question,
notamment les syndicats, un plan complet de restructuration des chantiers et de
le réaliser.
Pour nous, ce plan devrait prévoir, premièrement, la
transformation majeure d'un des chantiers canadiens, plus exactement celui de
la Davie Shipbuilding de Lauzon en vue de le rendre capable de construire,
réparer et entretenir les méthaniers, les superpétroliers
rendus nécessaires par l'exploitation à court terme des
ressources de pétrole et de gaz naturel de l'Arctique canadien.
Nous recommandons la transformation du chantier de Lauzon parce qu'il
est l'un des plus importants au Canada et que, surtout, il est situé
dans la région de Québec. Or, si les hypothèses les plus
sérieuses, formulées par le groupe d'études Albery,
Pullerits, Dickson and Associates, sont retenues, c'est à Québec
que sera construite l'usine de déliquéfaction des gaz. La
proximité de cette usine et du chantier de Lauzon rend le choix de
Lauzon, pour ces travaux, parfaitement logique. En outre, le chantier de Lauzon
est le seul, au Québec, qui permet pareil projet. L'autre
possibilité serait aux Maritimes, donc hors du circuit prévu pour
les méthaniers et pétroliers. b) Le regroupement, à partir
des ressources trop peu développées, des services de recherches
en construction maritime des deux gros chantiers québécois, de
façon à mettre sur pied un centre unique, important et dynamique
de recherches en construction navale;
C'est à partir de la recherche que l'innovation technologique est
possible. Et c'est l'innovation qui ouvre les portes du marché. En
outre, les exigences posées par la construction des gros navires
prévus pour l'Arctique nécessiteront des recherches
sérieuses qu'aucun chantier n'est actuellement en état de mener
véritablement. c) La spécialisation des principaux chantiers
existants, de façon à permettre une construction navale plus
rapide et moins coûteuse et de sortir du fouillis actuel qui a comme
résultat que chaque chantier fait un peu de tout, et en même
temps. d) Eventuellement, la nationalisation des chantiers en fonction des
besoins réels de la production canadienne.
Cette nationalisation permettrait, entre autres, de procéder
à l'intégration des principaux services et à une
réduction sensible des frais fixes d'administration. Ottawa ou
Québec pourrait prendre modèle, pour cette nationalisation, sur
l'une de nos deux mères patries, l'Angleterre.
Septièmement, enfin, cette politique d'ensemble étant mise
en place, les contrats importants qui sont déjà annoncés
pour les prochaines années pourraient être accordés
à l'industrie navale canadienne, dans le cadre d'un plan de
développement harmonieux, mettant fin pour plusieurs années
à l'incertitude et au fouillis qui ont trop longtemps été
les caractéristiques majeures des chantiers navals canadiens et
québécois.
Conclusion générale. Le problème de fond de Marine
Industrie n'est pas un cas isolé. C'est une
entreprise qui se présente sur un marché mondial
très structuré sans avoir la taille ou la technologie
nécessaire pour y faire face.
Il faudra consentir, ce qu'ont fait beaucoup d'autres pays
industrialisés depuis longtemps, des investissements importants pour
assurer une place à une industrie des chantiers navals du Québec.
Ces investissements, en plus de favoriser la fabrication de navires pour les
besoins maritimes nationaux, assureront de nombreux emplois dans les secteurs
manufacturiers connexes et les industries de transport de marchandises, puis
celles des installations portuaires. Car on ne se rend pas compte, M. le
Président, dans quelle mesure nos chantiers maritimes sont des usines
d'assemblage de produits fabriqués à l'étranger. On
parlait, par exemple, des navires polonais. On me mentionne je ne sais
pas si le pourcentage est exact que 90% de l'acier, des engins,
proviennent de Pologne et qu'à Lauzon, c'est la même chose. On
assemble, ce sont des usines d'assemblage de produits manufacturés
à l'étranger.
L'industrie du transport maritime constituera dans l'avenir un
élément stratégique important dans le développement
industriel. En effet, avant longtemps, les transporteurs de tout acabit qui
sillonnent les océans et nos eaux nationales nous imposeront des lois
nouvelles de développement qui ne correspondront pas
nécessairement à nos besoins sociaux et économiques. Les
gouvernements qui veulent maintenir leur autonomie et leur souveraineté
doivent planifier une intervention précise dans ce secteur
d'activité.
Le secteur des chantiers navals de la Fédération de la
métallurgie, des mines et des produits chimiques (CSN) est prêt
à ouvrir un tel dialogue avec les gouvernements. Et contrairement, M. le
Président, à la caricature du Soleil d'aujourd'hui qui ridiculise
le projet de création éventuel d'une marine marchande
québécoise elle devrait être canadienne pour
l'instant nous la souhaitons, cette marine, et ce rêve n'est pas
un rêve en couleur pour la plupart, comme je l'ai dit à plusieurs
reprises, des pays évolués, avancés, organisés sur
le plan industriel dans le monde.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. L'Heureux. M. David.
M. David: Je pense que ma présence était requise
ici en fonction du problème des navires et je demanderais d'être
excusé si c'est possible.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
David, vous avez comparu volontairement et vous pouvez toujours quitter
volontairement, mais je vous remercie de la sollicitude que vous
démontrez et je pense que les membres de la commission...
M. Martel: M. le Président, étant donné que
vous avez remis la période de questions après l'exposé du
mémoire du syndicat, j'ai des questions à poser à M.
Rochette et également à M. David, qui était à ce
moment-là en fonction.
J'aimerais, si possible, qu'il attende quelques minutes avant de
quitter. (15 h 45)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Coulombe.
M. Coulombe: M. le Président, si vous le permettez,
j'aimerais faire un ou deux commentaires qui, je pense, s'imposent afin que la
discussion ne s'éloigne du vif du sujet. En écoutant les deux
excellents mémoires des syndicats, je voudrais tout de suite
préciser un point. La position actuelle de la SGF, selon les
recommandations qu'on a faites au gouvernement et l'esprit qui se retrouve dans
la loi qui est là, n'est en aucune espèce de façon
basée sur la disparition de la construction navale à Sorel, au
contraire de ce qui est affirmé dans ces textes.
J'irais même plus loin, une des recommandations qui est faite
là-dedans, c'est-à-dire la spécialisation du chantier,
c'est exactement l'esprit du plan de conversion.
Deuxièmement, lorsqu'il signifie que le plan de conversion est
associé à une perte d'emploi de 1800 personnes, je voudrais que
ce soit extrêmement clair. Par rapport au texte qu'on a remis à la
commission, la perte de ces 1800 emplois est reliée au fait qu'il n'y a
aucun carnet de commandes dans la construction navale actuellement, à
Marine Industrie. Cela n'a rien à voir avec le problème de la
conversion industrielle. Ce problème va se poser durant l'année
1979 et, ses effets, s'il y en a et si le travail, en 1979, est bien fait, vont
commencer à se faire sentir en 1980 et 1981, basés sur une
spécialisation de la construction navale et non pas sa disparition.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord. Cela étant dit, nous avons permis à la CSN de
présenter son second mémoire qui avait plutôt trait au
domaine de la reconversion et de l'orientation. Maintenant, je dois vous
rappeler que nous sommes encore au point no 1 de notre ordre du jour:
"l'histoire des bateaux".
Le premier nom sur ma liste est celui du député de
Richelieu, M. Martel.
M. Lessard: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saguenay, il y aurait peut-être lieu que vous
demandiez le consentement unanime pour vous faire inscrire comme intervenant,
parce que le député de Jean-Talon veut entrer dans la danse
également.
M. Lessard: M. le Président, si je demande la parole,
c'est justement pour utiliser l'article 140 du règiement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'article 140, mais pour demander le droit de parole, il faut...
M. Lessard: Je vous demande, M. le Président, de me faire
inscrire comme intervenant...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mais
vous rendez-vous compte, M. le ministre...
M. Lessard: M. le Président, est-ce que je peux, au moins,
vous demander de me faire inscrire comme intervenant? Si je ne peux pas vous le
demander, M. le Président, c'est donc dire que je n'ai pas le droit de
parole.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Légalement, je devrais vous dire non; vous auriez dû passer par un
de vos collègues, puisque pour demander le droit de parole, il faut
avoir le droit de parole.
M. Lessard: Est-ce que je peux demander à un de mes
collègues d'intervenir en mon nom?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Cela
étant dit...
M. Grégoire: M. le Président, est-ce que je peux
demander l'inscription de notre collègue du Saguenay comme
député intervenant au cours de cette commission?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Cela
étant dit, est-ce qu'il y a consentement pour que le
député de Saguenay soit intervenant...
M. Tremblay: Consentement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
à la place de...
M. Tremblay: Et le député de Jean-Talon aussi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... du
député de Mercier, M. Godin.
M. Garneau: Je ne remplace personne.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord. M. le député de Richelieu.
M. Martel: Je suis très heureux de la mise au point que
vient de faire le nouveau président de la Société
générale de financement concernant le capital humain que nous
avons dans la région, c'est-à-dire nos métiers qui ont
fait leur réputation à travers le monde, dans le domaine de la
construction navale. Je suis très heureux de voir qu'on tient compte de
ce potentiel humain qui est très important et qu'on s'oriente vers une
collaboration assez étroite avec les ouvriers de Marine Industrie et
l'administration. Je pense que c'est très heureux et je vous encourage
à intensifier ce domaine.
Je reviens à la question que j'aimerais poser à M.
Rochette. Est-ce que vous avez obtenu un mandat de la Société
générale de financement pour voir à l'expansion de Marine
Industrie par l'acquisition ou bien le regroupement de compagnies semblables
dans le but de donner de la vitalité à Marine Industrie? Si oui,
en quelle année avez-vous obtenu ce mandat?
M. Rochette: M. le Président, vous avez permis, ce matin,
que cette question me soit posée. Avant d'y répondre, je n'ai pas
d'objection, elle n'est pas incriminante en aucune façon, je me demande
si elle est pertinente au présent débat.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce
matin, j'ai dit qu'on ne pouvait pas se servir de l'objection du sub judice, en
vertu de la décision de jurisprudence de 1913, pour faire échec
à une question. L'autre objection que vous faites est nouvelle. C'est
bien évident que la présidence a à juger. Malgré
que vous ayez la protection de l'Assemblée nationale, malgré que
l'article 64 de la Loi de la Législature vous protège, il y a un
autre point de vue qui doit être considéré effectivement et
il appartient à la présidence de décider si la question
est pertinente ou non.
Je dois vous avouer que c'est extrêmement difficile de
décider si une question est pertinente ou non. Je demanderais donc au
député de Richelieu, au préalable, de m'expliquer
puisque je pense que je suis ici pour protéger non seulement les droits
des parlementaires, mais également les droits de nos invités, de
nos témoins j'aimerais donc, en toute prudence, que le
député de Richelieu m'explique, malgré le jugement que
j'ai rendu ce matin et qui demeure, en quoi cette question est pertinente au
débat. Par la suite, je demanderai à celui qui veut plaider le
contraire, c'est-à-dire au principal intéressé, de me dire
en quoi ce n'est pas pertinent à notre mandat parce que nous
avons un mandat qui est assez précis et, à ce
moment-là, j'aurai à rendre une décision.
Compte tenu de l'importance de cette question, compte tenu de la
réponse, compte tenu des causes qui peuvent être en litige, je me
dois d'avoir au moins cette protection supplémentaire pour le
témoin et je demanderais donc au député de Richelieu de
m'expliquer la pertinence de la question face à ce que nous avons
à discuter.
M. Martel: M. le Président, nous sommes ici pour faire la
lumière sur l'administration d'une société d'Etat qui
fonctionne avec l'argent des Québécois. A ce moment-là,
nous avons démontré qu'en 1973, Marine Industrie a signé
un contrat qui, en 1975-1976, la mettait dans une situation désastreuse,
selon le rapport de la Société générale de
financement.
Je pense que ma question, formulée à M. Rochette, a trait
à l'administration, c'est-à-dire à des directives qu'il
aurait pu recevoir de la Société générale de
financement, dans le but de consolider l'entreprise de Marine Industrie, qui
est une entreprise d'Etat. Cette question est pertinente au sujet que l'on
traite, d'autant plus que, tout dépendant de la réponse, il
pourrait peut-être y avoir des implications concernant la situation de
Marine Industrie.
Mais pour le moment, je pense que la question est très pertinente
parce qu'elle se rattache à
la situation financière de cette industrie d'Etat, pour laquelle
nous avons convoqué cette commission parlementaire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
J'autorise, soit M. Rochette ou son procureur, Me Drolet, non pas à
plaider sur le fond, non pas à répondre à la question,
mais uniquement me dire en quoi, d'après vous, ce ne serait pas
pertinent.
M. Rochette: M. le Président, encore une fois, je n'ai pas
objection à répondre à la question, mais je ne vois pas
beaucoup de rapport que cela peut avoir avec ce qui est discuté ici
aujourd'hui. C'est une chose du passé, qui n'a eu aucune influence sur
les résultats de Marine Industrie au cours des deux dernières
années. Cela n'a rien à voir avec l'avortement de certains
contrats avec des compagnies panaméennes.
Mais je vous laisse juger si oui ou non je dois répondre à
cette question.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de la commission sont suspendus pour cinq minutes.
Suspension de la séance à 15 h 54
Reprise de la séance à 16 h 10
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! Je demanderais aux gens de reprendre leur
place.
Chers collègues, messieurs les témoins, je vais vous
avouer que cette commission parlementaire me fait travailler plus que toutes
les autres commissions parlementaires que j'ai présidées depuis
deux ans et, malgré le député de Saint-Laurent qui rit
à ma gauche, je dois dire qu'on en a connu de célèbres,
parce qu'elle pose des problèmes extrêmement importants, des
problèmes de protection des témoins, des problèmes de
procès qui sont en cours, des problèmes de libelle
diffamatoire.
Je pense que j'ai rendu deux décisions importantes hier, qui
étaient des décisions de droit, premièrement. Ce
n'étaient pas des décisions, je pense que c'était la loi.
Il y avait tout d'abord l'article 64 de la Loi de la Législature, qui
protège les personnes qui viennent témoigner en commission
parlementaire contre toute action éventuelle ou possible en libelle
diffamatoire pour des propos tenus à l'intérieur de cette
commission parlementaire.
D'autre part, notre ancien règlement prévoyait qu'un
témoin pouvait se prévaloir de la protection de la commission et
on a dit que le législateur ne parlait pas pour ne rien dire. Donc, si
on prévoyait dans nos règlements ou dans notre ancien
règlement du moins, je pense que l'esprit de cet ancien
règlement doit s'appliquer dans le nouveau cette protection, nous
devions nécessairement en accorder les effets, c'est-à-dire
protéger les témoins contre toute utilisation éventuelle
ou future des propos ou des aveux qui pourraient se faire ici dans un
procès actuellement en cours ou ultérieur.
C'étaient là des questions de droit, des décisions
ont été rendues et je pense et je crois qu'elles sont bonnes.
Mais, actuellement, on me demande de me prononcer sur la pertinence. Une
commission parlementaire, ce n'est pas uniquement le président, une
commission parlementaire, c'est l'ensemble des membres de la commission. Est-ce
pertinent ou non, la question du député de Richelieu? C'est une
question de fait et non pas une question de droit. Bien sûr, la
présidence peut décider si une question est pertinente ou non,
essentielle ou non, à l'intérieur du mandat qui lui est
confié par l'Assemblée nationale.
Est-ce que la commission parlementaire qui siège ici actuellement
a besoin d'avoir une réponse à la question du
député de Richelieu pour bien remplir le mandat qui lui a
été confié par l'Assemblée nationale? Voilà
tout le problème et voilà que c'est à la présidence
de décider si cette question est ou non pertinente au débat.
Il y a deux précédents importants où la
présidence a demandé des directives à l'Assemblée,
en vertu de l'article 43 de notre règlement qui dit ceci: "Le
président se prononce sur les questions de règlement au moment
où il le juge à propos, et il peut demander des directives
à l'Assemblée ou la laisser se prononcer. "Lorsque le
président rend sa décision, il indique ce qui la justifie et il
n'est pas permis de la critiquer ni de revenir sur la question
décidée; ce qui n'est pas toujours le cas, en passant,
pour le bénéfice des témoins il en est de
même lorsque le président décide de laisser
l'Assemblée se prononcer sur une question ".
Or, il y a, disais-je, deux précédents importants
où la présidence a demandé à l'Assemblée de
se prononcer à sa place et, chaque fois, c'était sur une question
de fait, parce que le président alléguait que l'ensemble des
députés étaient plus en mesure que lui d'apprécier
ces faits. Tout cela pour redire encore une fois qu'une commission
parlementaire est composée du président et des membres de cette
commission. (16 h 15)
Ce fut le cas en 1970, sur la crise d'octobre, où
l'Assemblée a été invitée à décider
s'il y avait eu ou non insurrection appréhendée. Ce fut
également le cas vers 1973 ou 1974, dans le cas qui a été
appelé le cas Dussault, cas que je ne me rappelle pas, mais dont
certains parlementaires peuvent peut-être se souvenir. En
conséquence, compte tenu de l'importance de la question, compte tenu du
fait qu'on me demande de me prononcer sur une question de fait, et non pas sur
une question de droit...
M. Lalonde: Est-ce que je pourrais vous demander une directive
avant que vous prononciez un jugement que je vois presque immédiat?
Est-ce que vous avez pensé de consulter d'abord la commission avant
d'aller consulter l'Assemblée?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
C'est-à-dire que notre commission, étant une émanation de
l'Assemblée nationale et étant soumise aux mêmes
règles, je sais que les deux cas en question sont arrivés dans
l'enceinte même de l'Assemblée nationale, mais, par le fait
même que nous en sommes l'émanation, je pense que l'article 43
s'applique aussi bien au président de la commission parlementaire qui
peut demander aux membres soit des directives ou soit de se prononcer, que cela
s'appliquait en 1970, dans le cadre de l'enceinte même de celle de qui
nous émanons, c'est-à-dire l'Assemblée nationale. Je pense
que nous sommes une continuation de l'Assemblée nationale, une
émanation, et, en vertu de ce principe, je pense que l'article 43, qui a
d'ailleurs déjà été utilisé depuis deux ans
en commission parlementaire, s'applique. En conséquence, je n'entends
pas demander des directives à l'Assemblée. Au contraire,
j'entends que ceux qui participent à ce débat, depuis une
journée et demie, décident eux-mêmes si cette question du
député de Richelieu est pertinente et essentielle au
débat, compte tenu du mandat que nous avons de l'Assemblée
nationale. Je rappellerai que l'article 163 de notre règlement stipule
qu'à moins de dispositions contraires, les règles relatives
à l'Assemblée s'appliquent également aux commissions
parlementaires. En conséquence, je demande le vote, sans aucun
débat, à savoir: Est-ce que la question du député
de Richelieu est oui ou non pertinente au débat?
M. Russell: M. le Président, seulement une directive. Je
me demande, avant de voter, si on ne pourrait pas demander au
député de Richelieu de répéter sa question, pour
être certain que tout le monde est bien conscient...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord. Est-ce que le député de Richelieu pourrait
répéter sa question?
M. Martel: J'ai demandé à M. Rochette s'il avait
obtenu mandat de la Société générale de
financement, de façon à amener une expansion à Marine
Industrie par l'achat d'une entreprise semblable, ou bien de façon
à faire un regroupement de sociétés semblables. Dans ce
cas, je parlais de la Davie Shipbuilding de Lauzon. Je lui demandais, s'il
avait eu ce mandat, à quelle date il l'a eu. Il me semble que c'est
pertinent, que c'est clair.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
demande donc le vote sur la pertinence oui ou non de la question du
député de Richelieu. M. Russell (Brome-Missisquoi)?
M. Russell: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Gosselin (Sherbrooke)?
M. Gosselin: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Grégoire (Frontenac)?
M. Grégoire: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mme
Leblanc-Bantey (Iles-de-la-Madeleine)?
Mme Leblanc-Bantey: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Martel (Richelieu)?
M. Martel: Evidemment, oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Ouellette (Beauce-Sud)?
M. Ouellette: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Forget (Saint-Laurent)?
M. Forget: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Scowen (Notre-Dame-de-Grâce)?
M. Scowen: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. Shaw
(Pointe-Claire? M. Tremblay (Gouin)?
M. Tremblay: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
commission a décidé que la question était pertinente. Je
cède la parole à M. Rochette.
M. Rochette: Avant de répondre, j'aimerais demander
à M. Martel s'il veut seulement un oui ou un non ou s'il veut une
réponse avec commentaires.
M. Martel: Je veux une réponse avec commentaires, on est
ici pour être éclairés, non seulement pour avoir des oui ou
des non.
M. Rochette: Très bien. De la façon dont vous
m'avez posé la question, la réponse serait non; je n'ai jamais eu
de mandat de la Société générale de financement
parce que j'étais un employé de Marine Industrie et je relevais
du président et du conseil de Marine Industrie, non pas de la SGF.
Si vous voulez avoir une réponse avec beaucoup plus de
commentaires, voulez-vous que je continue dans ce sens en ne limitant pas mon
propos à la SGF?
M. Martel: D'accord.
M. Martel: Probablement à l'automne de 1972 ou au cours de
l'année 1973 de mémoire, je ne pourrais pas
préciser davantage j'ai suggéré à M.
Fillion, qui était alors président de Marine Industrie,
d'étudier la possibilité de faire l'acquisition des
chantiers de la DavieShipbuilding, de Lauzon, et des chantiers Canadian
Shipbuilding Engineering Ltd, de Collingwood, en Ontario et de Port-Arthur, en
Ontario.
A la suite de cette suggestion, M. Fillion en a discuté avec les
membres du conseil d'administration qui ont cru qu'il valait la peine de faire
une étude. Ils ont désigné la Société SNC
pour faire une étude, après avoir contacté,
évidemment, Power Corporation qui était propriétaire des
deux autres chantiers pour savoir s'ils étaient d'accord avec une
approche semblable. Le conseil d'administration a désigné la
Société SNC pour faire une étude des installations
physiques qui étaient offertes, ou qui pouvaient être offertes par
Power Corporation. De son côté, Power Corporation a
désigné la Société ABBDL pour faire une
étude des installations de Marine Industrie, parce qu'il était
évident que cela pourrait être une question d'échange
d'actions; alors il fallait savoir, de chaque côté, la valeur des
entreprises.
Ces études ont été faites. Marine Industrie a, de
plus, demandé à un consultant d'Ottawa, aujourd'hui
décédé, M. Howard Darling, qui était un
spécialiste en question navale, de faire une étude de
marché. Cette étude a été faite et
présentée au conseil de Marine Industrie. Après que toutes
ces études eurent été complétées, il y a eu
certains pourparlers entre Marine Industrie et Power Corporation. Selon le
résultat de ces pourparlers, Marine Industrie a décidé de
ne pas réaliser une telle proposition d'achat à ce
moment-là.
En 1974, après que M. Fillion eut pris sa retraite, alors que M.
Yvon Simard était président de SGF et président de Marine
Industrie, j'ai de nouveau abordé laquestion avec M. Simard et je lui ai
suggéré d'analyser cette possibilité à nouveau.
Remarquez qu'alors, c'est moi qui faisais la suggestion. J'étais un
ancien employé de Davie Shipbuilding, y ayant travaillé pendant
dix ans, et je voyais beaucoup d'avantages à réunir les deux
chantiers. Je semblais tout de même prêcher dans le désert,
personne d'autre que moi ne voyait d'avantages.
De toute façon, M. Yvon Simard a dit: Très bien, nous
allons étudier cette possibilité. Nous nous sommes réunis
MM. Paul et Louis Desmarais, Yvon Simard et moi-même, à deux
reprises. MM. Desmarais ont laissé entendre qu'ils seraient prêts
à vendre la Davie Shipbuilding et Canadian Shipbuilding &
Engineering Ltd. à Marine Industrie pour un échange d'actions,
aucun montant comptant. Cela aurait même pu être des actions
privilégiées seulement. Après quelque temps de
réflexion, M. Yvon Simard a rappelé M. Paul ou M. Louis Desmarais
pour lui dire qu'il n'était pas intéressé. Il a
terminé la négociation et m'en a informé.
Tout est resté là jusqu'en août 1975 à peu
près. Presque un an après le départ de M. Yvon Simard, M.
Louis Desmarais m'a téléphoné, m'a invité à
déjeuner avec lui et, à l'occasion de ce déjeuner, il m'a
dit: J'ai récemment parlé à M. Raymond David,
président de la SGF pour essayer de rouvrir les négociations pour
l'achat possible de Davie Shipbuilding par Marine Industrie, et j'ai
essuyé un refus.
Il m'a demandé d'essayer de parler à Raymond David pour
savoir s'il consentirait à reprendre le dossier. Je lui ai dit que je le
ferais, parce que j'étais toujours intéressé,
personnellement, à voir cette fusion.
J'ai écrit une lettre à M. David, que voici, en date du 11
septembre 1975, pour lui faire la suggestion. Il m'a répondu, le 29
septembre 1975, pour me dire qu'il ne voyait pas d'intérêt,
à ce moment-là pour Marine de faire l'acquisition de Davie. J'ai
fait part de cette réponse à M. Louis Desmarais. Je lui ai
même fait lire la lettre de M. David et c'est quelques mois plus tard,
deux ou trois mois plus tard, que M. Desmarais m'a laissé entendre qu'il
accepterait de vendre son chantier de Lauzon à un groupe d'individus
intéressés à l'acheter. Il ne m'a pas donné les
noms à ce moment, mais c'était une carotte qu'il me tendait,
c'est évident. Je lui ai demandé si vraiment il voulait dire par
là qu'il accepterait une offre de ma part. Il a dit: Bien sûr.
Cela a été le début de la négociation. Ce
n'était pas une négociation. C'était une approche du
sujet.
En janvier, j'ai pris deux semaines de vacances vacances
accumulées à Marine auxquelles j'avais droit et j'ai
négocié avec M. Louis Desmarais l'achat de Davie et le 17
février, une lettre d'intention a été signée entre
les parties. Le 18, j'ai donné ma démission et les trois
collègues qui avaient accepté de venir avec moi ont fait la
même chose, sur la foi d'une lettre d'intention. Le contrat n'a
été signé qu'à la fin mars. Il a bien failli ne
jamais être signé parce que, à la suite de la
saisie-revendication et la demande d'injonction que Marine a faites, la banque
qui avait simplement exprimé son intention de nous financer a bien
failli se retirer du dossier parce qu'elle a commencé à se poser
des questions sur ce qui se passait.
Heureusement, grâce à M. Desmarais et à mes propres
arguments, nous avons réussi à convaincre la banque que nous
avions très bien agi, qu'il n'y avait rien eu de fait au
détriment de Marine et que c'était après les refus
répétés de Marine que nous avions finalement
décidé de parfaire cet achat en notre propre nom et c'est ainsi
que cela s'est passé.
Maintenant, j'ai aussi une lettre de M. Louis Desmarais, qu'il m'a
écrite à ma demande, que je puis vous lire ici si vous voulez.
Elle est datée du 20 juin 1978, adressée à Louis Rochette:
"Mon cher Louis, Pour faire suite à votre demande, voici la liste, par
ordre chronologique, des événements qui ont conduit à la
vente de Davie Shipbuilding a votre groupe. Comme vous le savez, Power
Corporation avait étudié la rentabilité d'une fusion des
intérêts de Davie avec ceux de Marine Industrie et avait
commandé une étude faite sur la fusion possible de nos deux
compagnies, laquelle était favorable à la fusion
proposée." Il fait allusion à l'étude par ABBDL que j'ai
mentionnée. "Suite à cette étude, nous avons
rencontré M. Yvon Simard, alors président de la
Société générale de financement et de Marine, pour
considérer les possibilités d'une fusion sous une même
direction, qui aurait permis une meilleure utilisation des
immobilisations ainsi que du personnel de Sorel et de Lévis. La
SGF n'était pas intéressée. Lorsque M. Simard fut
remplacé à la présidence de Marine par M. Laurent Picard,
j'ai rencontré ce dernier à deux reprises où j'ai
essayé de rouvrir les négociations. Dans une conversation, j'ai
même offert de céder Davie contre des actions ordinaires de Marine
ou de la SGF. Toutes ces approches ont toujours reçu un refus. "Nous
avons ensuite rencontré M. Maurice Massé, président du
conseil de la SGF sur le même sujet, encore sans succès.
Finalement, le président de la SGF, Raymond David, à qui j'ai
fait la même proposition, m'a avisé gentiment que je perdais mon
temps. C'est alors que je vous ai rencontré et nous nous sommes entendus
sur des termes qui nous étaient mutuellement acceptables." Signé
"Louis Desmarais".
Alors, c'est la réponse à votre question.
M. Martel: Lorsque vous parlez de votre groupe, vous voulez
parler de quelles personnes exactement?
M. Rochette: M. William White, M. Maurice Provencher, M. Marcel
Lafrance et moi-même.
M. Martel:... qui occupaient quelles fonctions à
Marine?
M. Rochette: J'étais vice-président
exécutif. M. White était vice-président directeur de la
division construction navale. M. Provencher était vice-président
aux finances. M. Marcel Lafrance dirigeait la production d'une des divisions,
la division construction navale.
M. Martel: A ce moment, la dernière conversation
concernant la possibilité de l'achat de Davie Shipbuilding remonte au 8
septembre 1975 alors que le président de la Société
générale de financement de l'époque, M. David, avait
réuni les présidents des filiales dans le but, justement, de leur
demander d'étudier la possibilité de consolider chacune de leurs
entreprises. A ce moment, je constate et vous me corrigerez si je fais
erreur qu'il y a eu environ cinq mois après ce dernier refus
supposément de M. David, et votre départ avec les trois autres
cadres de Marine. Il s'est écoulé cinq mois entre ce dernier
refus de se porter acquéreurs de la Davie et votre départ de
Marine.
Est-ce exact? (16 h 30)
M. Rochette: Entre le dernier refus... C'est à la suite de
la réunion que vous mentionnez que j'avais écrit à M.
David le 11 septembre pour lui suggérer, dans l'esprit de la
conversation qu'il y avait eu au cours de cette réunion, d'ouvrir de
nouveau le dossier Davie. C'est le 29 septembre...
M. Martel: 1975.
M. Rochette:... qu'il m'a répondu pour refuser d'ouvrir ce
dossier à nouveau. Alors, octobre, novembre, décembre, janvier,
quatre à cinq mois après...
M. Martel: M. David lève la main. J'aurais justement une
question à lui poser, les raisons...
M. David: Monsieur, me permetteriez-vous de commenter la
réponse de M. Rochette avant que vous me posiez votre question?
M. Martel: Oui, très bien.
M. David: Parce que, dans ma lettre, je voudrais vous en lire un
extrait, le deuxième paragraphe disait ceci: "Je suis cependant d'accord
à ce que les facilités physiques de Lauzon puissent entrer en
ligne de compte lorsque nous examinerons le prochain budget de dépenses
d'immobilisation de Marine j'ai écrit cela le 29 septembre
malgré que, dans mon esprit, il existe un immense problème de
main-d'oeuvre à Lauzon, il peut être possible que les
facilités qu'on y retrouve puissent représenter un certain
intérêt pour nous." Je ne vois pas que ce soit un refus
d'acheter.
M. Martel: C'est pas tout à fait ce que M. Rochette a
dit.
M. David: Non, mais cela est écrit, Monsieur, et c'est une
pièce qui est déposée.
M. Martel: C'est même le contraire.
M. Rochette: Je crois qu'il faut savoir dans quel sens...
M. Martel: Si vous permettez, M. Rochette, vous faites allusion
à M. Yvon Simard, dont M. Edouard Simard a dit que, lors de sa
présence, du moins officielle à Marine, officieuse, parce
qu'officiellement M. Arthur Simard a dit ce matin qu'il n'était jamais
là, à ce moment-là, le président de la SGF dit oui,
pratiquement, à cette possibilité d'acheter Davie. M. Yvon Simard
n'étant jamais là, vous aviez, comme vice-président avec
les trois membres du conseil d'administration, les trois cadres, une
décision capitale à prendre.
M. Rochette: Vous ne parlez pas de la même période.
M. Yvon Simard était parti à ce moment-là. M. David
était président de la SGF.
M. David: M. Yvon Simard n'était plus là.
M. Rochette: Mon approche avec M. Yvon Simard eut lieu un an
avant cela, et cela avait avorté complètement. C'était un
effort d'ouvrir le dossier de nouveau avec M. David. Et quand M. David me
disait, dans sa lettre, qu'il était cependant d'accord que les
facilités physiques de Lauzon puissent entrer en ligne de compte lorsque
nous examinerions le prochain budget de dépenses d'immobilisation de
Marine, c'est parce que je lui avais dit qu'il existait à Lauzon un
atelier
d'usinage très bien équipé avec une aléseuse
verticale de grande capacité qui n'était à peu près
jamais utilisée et, à ce moment-là, à Sorel, nous
considérions faire des immobilisations de plusieurs millions pour
installer une machine de ce genre. Alors, je lui avais dit: On pourrait au
moins donner en sous-traitance des travaux à Lauzon plutôt que
d'immobiliser quatre ou cinq millions à Sorel. Vu qu'il ne voulait pas
acheter l'entreprise, on pouvait au moins lui donner des sous-contrats
pour...
M. David: Je n'ai pas refusé d'acheter l'entreprise. A
cette époque-là, cela n'a pas été un refus
catégorique d'acheter Lauzon. Dans sa lettre, M. Rochette
suggérait que les facilités physiques puissent entrer en ligne de
compte face au budget des dépenses capitales que Marine devait effectuer
dans le proche avenir. A ce moment-là, je lui ai dit: Pour le chantier
naval, ce n'est peut-être pas intéressant, parce que le
marché avait déjà commencé à indiquer des
signes de faiblesse à cette époque, mais, sur l'aspect des
facilités physiques, j'ai demandé qu'on les examine en même
temps que le budget d'immobilisation de Marine. Ce n'était donc pas un
refus de ma part.
M. Martel: Vous contredisez un peu...
M. David: Je contredis effectivement ce que M. Rochette dit.
M. Martel: A ce moment-là, je pose une question au
président de Marine du temps, c est-à-dire M. Picard, qui
était à cette réunion, où vous avez
suggéré à vos présidents de filiales de voir la
possibilité de consolider leurs compagnies. Le 8 septembre, M. Picard
accompagnait M. Rochette, lorsque ce mandat a été demandé
aux filiales, n'est-ce pas, M. Picard?
M. David: Excusez, mais je veux bien que ce soit clair. Ce
n'était pas un mandat donné aux filiales. C'étaient des
suggestions faites pour...
M. Martel: Des suggestions, très bien.
M. Picard: Oui, j'accompagnais M. Rochette.
M. Martel: A ce moment-là, M. Rochette a affirmé
qu'il avait reçu un refus de la part du président de la
Société générale de financement. M. David dit que
ce n'est pas un refus, que ce n'était pas négatif, loin de
là. Vous, comme président, quel accueil avez-vous fait à
cette suggestion de M. Rochette, qui était votre
vice-président?
M. Picard: Deux ou trois commentaires là-dessus.
Peut-être un premier sur la lettre de M. Desmarais. Il dit qu'il m'a
rencontré à deux reprises. Je pense qu'il m'a rencontré
à une reprise. Je ne sais pas si on appelle cela une reprise quand il y
en a seulement une, mais je n'ai pas rencontré M. Louis Desmarais deux
fois. A la rencontre avec M. Louis Desmarais, dont l'objectif n'était
pas censé être cela, c'était une souscription pour une des
oeuvres de charité de M. Desmarais. Il m'a demandé...
M. Tremblay: Pardon, M. Picard, on parle de Louis Desmarais.
M. Picard: Louis Desmarais. M. Desmarais m'a demandé si je
serais intéressé à acheter Davie Shipbuilding. A ce
moment-là, première chose, je n'avais pas l'autorité pour
répondre; deuxièmement, j'ai demandé à M.
Desmarais: Est-ce que ça veut dire aussi Engineering Company qui
comprend Collingwood et ainsi de suite? Il m'a dit non. J'ai dit: Ce que vous
vendez, dans le fond, "it is a shell", c'est une écaille vide; il m'a
dit oui. J'ai dit: Je ne peux pas être très
intéressé à ce moment-ci. De toute façon, ce n'est
pas moi qui décide là-dessus, vous en parlerez à la
SGF.
Je ne peux pas dire que j'ai encouragé M. Desmarais à
poursuivre ces discussions avec moi, mais, par ailleurs, il ne peut pas le
prendre comme un refus. Je lui ai dit que j'étais toujours ouvert
à la discussion et, deuxièmement, que ce n'est pas moi qui ai
autorité là-dessus, c'est la SGF. Il peut appeler ça un
refus, s'il le veut. De ma part, ce n'est pas un refus, d'autant plus que je
n'avais pas l'autorité pour le faire.
Le deuxième aspect du problème: Est-ce que, comme
président de Marine Industrie j'ai reçu copie de la lettre
de M. Rochette à M. David et la copie de la lettre de M. David à
M. Rochette j'étais enthousiasmé par la fusion des deux
sociétés? Je suis obligé de dire bien franchement, pour
les raisons que j'ai données hier concernant la situation maritime, que
ce n'était pas une chose qui me plaisait énormément. Ma
réaction n'a jamais été officielle, je dois le dire, mais
je suis obligé de dire aussi qu'elle était plutôt
négative.
Par ailleurs, à deux réunions particulières... Lors
d'une réunion, j'avais créé, à Marine Industrie, un
comité de stratégie pour étudier exactement les
problèmes que, trois ans plus tard, la société de
financement étudie: Quelles sont les possibilités pour Marine
Industrie, quelles sont les possibilités de diversification,
étant donné qu'on était dans trois séries de
produits fermés, fermés, dans un cas, par le marché; dans
le deuxième cas, par les licences et, dans le troisième cas,
aussi par le marché et par la valeur ajoutée, j'avais dit: Je
voudrais qu'on considère toutes les possibilités. Parmi ces
possibilités, on avait soulevé la possibilité d'acheter
Davie Shipbuilding, il fallait aussi la considérer.
Deuxièmement, lors d'un lunch avec M. Bill White, je lui ai dit:
J'aimerais en savoir beaucoup plus sur Davie que je n'en savais auparavant;
est-ce qu'il y a moyen d'avoir une description de sa capacité, de ses
qualités, ainsi de suite? M. White m'avait dit que cela faisait un
certain temps qu'il n'avait pas vu Davie, mais qu'il s'occuperait de
l'examiner.
Donc, si on veut résumer ma position: intuitivement, elle
était plutôt négative, pour les raisons
que j'ai données hier; il n'était pas question de
s'enthousiasmer pour le marché maritime à ce moment-là,
mais on ne prend pas des décisions d'affaires d'une façon
intuitive, on a des intuitions au début et on les poursuit dans
l'analyse. Je l'avais demandé à M. White, sans dire que j'en
avais fait un mandat officiel; à l'occasion d'un lunch, j'avais
demandé à M. White de regarder ça et, à l'occasion
de la réunion du comité de stratégie, j'avais
demandé de considérer comme une option ouverte
l'intégration de Davie à Marine Industrie.
De toute façon, j'ai toujours clairement dit à M. Louis
Desmarais, plus clairement parce que la question se posait d'une façon
évidente, et aux autres que ce n'était pas moi qui avais la
responsabilité de décider d'une fusion, étant donné
que ce n'était pas Marine Industrie qui était propriétaire
de Marine Industrie, mais que c'était bien la SGF et que la discussion
devait se faire à un autre niveau que le mien.
M. Martel: D'après les réponses que vous me donnez,
M. David était à ce moment-là président de la SGF
et M. Picard était président de Marine Industrie; je pose la
question: Est-ce que les gens du groupe de M. Rochette, qui étaient les
principaux cadres de Marine Industrie, ont fait l'acquisition du chantier Davie
Shipbuilding de Lauzon pendant que la question était à
l'étude et en suspens à la Société
générale de financement et à Marine Industrie?
M. Picard: Du côté de Marine Industrie, je ne peux
pas dire que c'est pendant que l'étude était en mouvement, mais
je peux dire que c'est pendant que la question était en suspens; ce
serait mon interprétation de ce qui était. Je n'avais jamais
pensé... Comme je dis, je n'avais pas caché ma réaction
plutôt négative à l'affaire, intuitivement négative
à l'affaire, je n'ai pas caché que j'avais toujours
considéré la question comme étant ouverte.
M. Martel: Trouvez-vous que c'est normal que, dans si peu de
temps, après avoir été si près des dossiers, alors
que ni la Société générale de financement, ni
Marine Industrie n'avaient pris de décision définitive, quatre
cadres se servent des études déjà faites pour s'en porter
acquéreurs?
Une Voix: Je pense que...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'ai
refusé la question. C'est une question d'opinion qu'on demandait
à M. Picard ou à M. David. Je refuse cette question.
M. Martel: Je pourrais peut-être poser une autre question.
Pendant que M. Rochette était vice-président de Marine Industrie,
concernant la transaction qui a fait que Marine Industrie s'est départie
de sa division de la "flotte", j'aimerais poser une question à M.
Rochette. Est-ce que cette division de Marine Industrie qui s'appelle la "flot-
te", était une division rentable? Si oui, pourquoi l'avoir vendue et
à quel prix?
M. Rochette: Qu'est-ce que la "flotte"? Je ne comprends pas.
M. Martel: La "flotte", c'est ce qui s'appelle le dragage.
M. Rochette: Le dragage.
M. Forget: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! M. le député de Richelieu, il y a une question de
règlement de la part du député de Saint-Laurent.
M. Forget: Question de règlement. Je m'excuse
auprès du député. Je ne veux pas manquer de
délicatesse à son égard. Je comprends qu'on a
fonctionné assez librement depuis deux jours. Il reste que, strictement
parlant, notre règlement suppose qu'on a 20 minutes par
député. Le temps avance, il est à 16 h 42 et il y a deux
articles de l'ordre du jour qui n'ont pas fait l'objet de discussion.
J'aimerais rappeller au député que nous devenons un peu inquiets
quant à la possibilité que cette commission fasse son
travail.
M. Martel: D'accord. Si vous le permettez... M. Rochette:
M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! M. Rochette.
M. Rochette: Si vous le permettez, pour enlever tout doute
possible, j'aimerais dire, en réponse à la question de M. Martel,
que la vente du "dragage", je n'y ai été impliqué ni de
près, ni de loin, en aucune façon. Elle ne me concerme pas du
tout. J'étais responsable des chantiers maritimes.
M. Martel: Est-ce que vous étiez au courant des
transactions qui se sont faites à ce moment-là?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur la
question de règlement, depuis hier vous savez qu'en vertu de
l'article 96, chaque député a droit à 20 minutes on
ne l'a pas appliqué, parce que tout le monde a été pas mal
raisonnable.
M. Martel: M. le Président, sur une question de
règlement, pour répondre à mon collègue.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Voulez-vous me laisser terminer?
M. Martel: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Etant
donné qu'on n'a pas été formaliste, hier, je
n'ai pas l'intention de l'être trop aujourd'hui. J'ai trois autres
députés sur la liste: soit le député de Sherbrooke,
le député de Duplessis et le député des
Iles-de-la-Madeleine, je vois le député de Frontenac qui
lève sa main. Nous n'avons pas encore terminé la première
partie de l'ordre du jour et notre mandat se termine à 20 heures... ce
soir, et à moins d'un nouvel ordre de la Chambre, il n'est pas
question...
M. Perron: Pas à 20 heures, mais à minuit...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A 24
heures, pardon. Et à moins d'un nouvel ordre de la Chambre, il n'est pas
question que nous revenions. Donc, je demanderais aux collègues de
respecter au moins l'esprit de l'article 96, pour permettre aux quatre autres
députés, que j'ai sur ma liste, d'intervenir
également.
M. Martel: D'accord.
M. Russell: J'ai demandé la parole depuis hier et je ne
l'ai pas eue encore.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Excusez-moi, je vais vous inscrire.
M. Lalonde: M. le Président, je vois M. David qui veut
prendre la parole.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui, M.
David.
M. David: M. le Président, est-ce que je peux profiter de
la permission que vous m'avez accordée tantôt?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord. M. David, je vous remercie beaucoup d'avoir participé
volontairement aux travaux de cette commission.
M. David: Cela m'a fait plaisir. M. Martel:
Simplement...
M. Lalonde: M. Picard semble aussi avoir une demande à
faire.
M. Picard: J'aimerais aussi pouvoir disposer. M. Martel:
Simplement pour...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Un
instant!
M. Martel: M. le Président, j'ai soulevé une
question de règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Question
de règlement, M. le député de Richelieu.
M. Martel: C'est pour répondre au député de
Saint-Laurent qui trouve que...
Le Président: (M. Vaillancourt, Jonquière):
A l'ordre! M. le député de Richelieu, on ne répond
pas à une question de règlement.
M. Martel: Ce n'est pas pour répondre, c'est pour faire
une mise au point. Si, dans le temps, le gouvernement libéral avait fait
"sa" job, il n'y aurait pas autant de questions à poser aujourd'hui.
M. Lalonde: Faites donc de la politique. Si vous vouiez en faire
de la politique, on va vous en faire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! Est-ce que vous avez terminé, M. le député de
Richelieu, ou si vous avez d'autres questions à poser?
M. Martel: J'ai terminé.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Sherbrooke.
M. Gosselin: J'aimerais obtenir une directive.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: On a permis, à juste titre, à
M. David qui avait un motif, la permission de s'absenter. Je vois que M. Picard
également voudrait s'absenter. Est-ce qu'on pourrait demander à
ceux qui ont des questions qui pourraient s'adresser à M. Picard de les
poser d'abord? Je n'en aurais qu'une. Il pourra quitter par la suite.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que j'ai le consentement des autres députés?
M. Russell: Oui. M. le Président, je voudrais simplement
souligner le fait qu'il y a des remarques que je vais faire tout à
l'heure, qui vont concerner M. Picard. Je n'ai pas de questions à lui
poser directement. Ce sont des remarques le concernant, mais il pourra lire le
journal des Débats. Je n'ai pas d'objection à ce qu'il nous
quitte.
M. Picard: Je suis à la disposition de la commission.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
êtes de très bons invités.
M. le député de Sherbrooke. (16 h 45)
M. Gosselin: Je voulais simplement relever une affirmation du
président de la SGF hier dans laquelle il affirmait la
nécessité d'établir un code d'éthique à la
SGF. J'aimerais avoir des détails sur les impératifs qu'il a vus
à instaurer un tel code d'éthique à la SGF, et le contenu
un peu plus explicite de ce code d'éthique.
M. Coulombe: Je pense qu'il ne faut pas trop donner d'extension
à ce terme. J'ai référé à un code
d'éthique, parce que dans le cas des commissions, j'entendais dire qu'il
serait souhaitable d'avoir une réglementation extrêmement
précise qui pourrait servir de guide aux officiers des compagnies de la
SGF, non pas seulement de Marine Industrie mais de la SGF elle-même. Ce
serait une espèce de réglementation qui régirait tout
simplement la question des commissions, parce que, dans certains je
pense que M. Rochette et les autres en ont parlé suffisamment
domaines de relations commerciales internationales où les compagnies ne
peuvent pas avoir des représentants dans chacun des pays, parce que ce
serait impensable, il y a lieu de passer par des courtiers, ce qui est une
pratique tout à fait normale. Mais pour éviter, soit des abus,
soit des interprétations, je pense qu'il y aurait lieu de codifier tout
simplement la réglementation qui servirait de guide au conseil
d'administration et aux officiers dans l'établissement de telles
relations. Cela veut tout simplement dire cela. Je n'impliquerais pas par
là que c'était pour cacher des choses qui s'étaient
passées, etc., c'est que, tout simplement, ce type de
réglementation, même dans les grandes corporations actuelles, est
un exercice qui commence de plus en plus à se répandre et je ne
vois pas pourquoi la SGF et toutes ses filiales n'auraient pas cette
réglementation. Au lieu de l'appeler un code d'éthique, si cela
fait référence à trop de choses, on peut l'appeler une
réglementation concernant les commissions ou ce genre de
problème.
M. Gosselin: Une autre question qui s'adresserait peut-être
à M. Rochette. Dans les communications qui se sont établies avec
le courtier, en 1973, et avec l'armateur, il y a eu plusieurs communications
qui se sont faites sur la base de négociations, directement avec
l'armateur, en présence du courtier, M. Kitching. Vous avez fait
allusion à plusieurs déplacements au Pirée, notamment,
où l'essentiel des communications s'est fait. Pourriez-vous me
préciser l'envergure ou la nature des voyages et qui a participé
aux diverses rencontres avec l'armateur, au Pirée, en 1973, pour cette
négociation?
M. Rochette: De mémoire, c'est assez difficile à
dire. Pour ma part, j'ai dû me rendre au Pirée trois fois
probablement, en 1973. M. White qui était plus directement
impliqué et M. Hacken qui était directeur du marketing et
directement responsable de la négociation des contrats y sont
probablement allés six ou sept fois facilement.
M. Gosselin: Est-ce que ces rencontres se faisaient sur
l'invitation de l'armateur ou à la suite d'une demande qui était
formalisée par vous?
M. Rochette: Je pense que je devrais vous expliquer un peu la
séquence des événements. Le représentant du
courtier, M. Kitching, est venu une première fois à
Montréal, probablement vers mars 1973, avec le directeur du bureau de
Londres de M. Karageorgis, qui s'appelle M. Roy Rod pour établir un
premier contact et, à la suite de cela, ils ont visité le
chantier, à Sorel. Ils se sont montrés intéressés
à faire affaires avec nous et ils ont organisé la visite du
chantier par M. Karageorgis lui-même avec deux de ses principaux
officiers, dans le mois qui a suivi probablement.
Après sa visite au chantier, et après avoir visité
un des navires construits par Marine, M. Karageorgis a exprimé sa
satisfaction de la qualité du travail. Il nous a invités à
nous rendre au Pirée pour négocier avec lui la possibilité
de construire une série de navires. C'est comme cela que cela s'est
déroulé, et que cela a continué par la suite.
M. Gosselin: Je vous remercie, M. Rochette.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. J'ai six questions
assez brèves à poser. J'ai même pris la peine de les
écrire justement pour les poser le plus brièvement possible. La
première question s'adresse à M. Brisson qui, je crois, est
l'actuel président de Marine. Je voudrais savoir, et ce, sans mentionner
les noms des personnes ou des compagnies qui seraient
intéressées, combien d'offres d'achat sont actuellement prises en
considération par Marine Industrie, en ce qui concerne les six fameux
navires qui sont en rade à Sorel, actuellement. C'est ma première
question.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Dinsmore.
M. Dinsmore: Pour essayer de répondre à la question
avec précision, nous disposons de deux ou peut-être de trois
propositions écrites qui représentent des offres d'achat. Elles
ne sont pas qualifiées comme telles, jusqu'à maintenant, parce
que, à l'analyse, tous les éléments appropriés
à un offre d'achat ne sont pas présents, c'est-à-dire que
les moyens de financement ne sont pas encore clarifiés à notre
satisfaction. En dehors des propositions écrites, nous sommes en
négociation avec une dizaine de clients sérieux, mais nous
n'avons pas encore atteint le point où le client est prêt à
nous soumettre quelque chose par écrit.
M. Perron: Ma deuxième question. Lorsque vous parlez de
vos dix clients possibles, toujours en rapport avec les six navires en rade,
combien d'offres de location furent faites à Marine Industrie,
approximativement?
M. Dinsmore: En termes assez généraux, parce que
là, les offres, de nouveau, par notre définition, doivent
être des présentations par écrit, nous avons actuellement
peut-être trois propositions par écrit, dont une au moins a
été rejetée à cause de la faible valeur de la
proposition.
M. Perron: Merci. Toujours à M. Dinsmore,
parce que, d'ailleurs, j'avais l'intention de vous poser cette question,
vous avez dit hier devant cette commission que le règlement ayant trait
aux $9 300 000 s'est fait sur des bases d'évaluation des
réclamations du Grec Karageorgis. Pourriez-vous dire aux membres de
cette commission quelles étaient ces bases d'évaluation dont vous
vous êtes servis pour en arriver à ce chiffre de $9 300 000?
M. Dinsmore: Nous sommes arrivés à cette
conclusion, non seulement en fonction des montants indiqués pour
effectuer les rectifications, mais aussi à cause d'autres facteurs dont
les délais projetés pour réaliser la finition des navires
en question et le risque que cela pourrait encourir pour laisser à
l'armateur l'option de refuser la livraison, parce qu'on aurait
dépassé de 180 jours les délais prévus dans le
contrat. Pour parler plus explicitement des montants pour les rectifications,
j'aimerais passer la parole à M. Brisson, qui a travaillé avec le
personnel technique dans le chantier.
M. Brisson: On cherche à comprendre exactement la question
que vous posez, M. le député. Est-ce que c'est le "break-down"
des $9 300 000 que vous désirez avoir?
M. Perron: Non, ce sont strictement les bases d'évaluation
dont vous vous êtes servis pour justement en arriver à $9 300 000.
Lorsque vous avez négocié...
M. Brisson: Ce que comprennent les $9 300 000?
M. Perron: Oui, c'est cela.
M. Brisson: C'est cela. C'est ce que comprennent les $9 300
000.
M. Dinsmore: On a déjà indiqué, dans le
document, la décomposition... Le montant était composé des
avances déjà versées par l'armateur au montant de $5 800
000, d'un montant de $1 200 000 représentant les équipements
fournis par l'armateur afin d'être intégrés dans la
construction des navires, des réclamations de coûts administratifs
au montant de $1 400 000, des frais d'intérêt au montant de $900
000, pour un total de $9 300 000 en dollars américains.
M. Perron: Maintenant, j'aurais une question à poser
à la suite du rapport qui a été déposé et
qui a d'ailleurs été lu par le syndicat de la CSN, son premier
rapport. On mentionne, à la page 5: Nous vous disons que nos bateaux
n'ont pas assez de contenu québécois quant à l'outillage
spécialisé. Pourriez-vous expliciter un peu cette question et,
par la suite, je demanderais à M. Brisson ou à M. Dinsmore de
bien vouloir commenter cela, parce que, justement, on disait tout à
l'heure qu'il y avait 90% de matériaux, d'équipement en usage
dans ces bateaux, sur tous les bateaux polonais, je crois... Je voudrais avoir
une réponse là-dessus.
M. de Carufel: Pierre de Carufel, des employés de bureau.
Comme la CSN l'a toujours revendiqué depuis 1939, dans son premier
mémoire présenté au gouvernement fédéral, le
contenu des navires construits ou assemblés par les chantiers maritimes
n'était jamais suffisamment composé de matériaux
québécois, canadiens dans le temps, mais aujourd'hui de plus en
plus québécois. On en a une preuve, encore une fois, avec les
bateaux polonais où l'armateur a exigé que la plus grande
quantité possible d'acier pour la construction de ces bateaux soit prise
en Pologne, de même que les engins, de même que beaucoup d'autres
matériaux nécessaires dans la construction des navires. Est-ce
que cela répond à votre question?
M. Perron: Cela clarifie ce que vous avez dit tout à
l'heure. M. Dinsmore ou M. Brisson, concernant les 90% qui ont
été mentionnés c'est ma dernière question
pourriez-vous nous expliquer ce qui se passe dans ce dossier?
M. Brisson: Les 90% me semblent tout de même être un
prix élevé; il y a certainement un problème réel.
Dans les constructions de bateaux de cette nature, il y a 50% de ce montant qui
est utilisé pour le matériel. Dans ces 50%, Marine Industrie
essaie, comme toutes les autres compagnies d'ailleurs, c'est un
règlement pour obtenir les subsides du ministère de l'Industrie
et du Commerce fédéral d'obtenir le maximum de contenu
canadien. Cependant, l'expérience démontre que, dans ce genre de
bateaux de cette grosseur, nous devons aller à l'extérieur pour
trouver 70% et parfois 80% du matériel commandé pour les bateaux.
Ce pourcentage varie substantiellement selon les types de bateaux. Il y a
certains types de bateaux où le pourcentage de contenu canadien augmente
substantiellement. Les raisons de cela sont que nous n'avons pas
d'équipements spécialisés au Canada, nous n'avons pas de
compagnie qui produit des équipements spécialisés pour la
construction maritime. Par exemple, un moteur d'une capacité de plus de
10 000 HP maritime, il ne s'en fabrique pas. (17 heures)
M. Tremblay: Je demanderais peut-être parce que
c'est très relié à ce que vous venez de demander le
contenu en main-d'oeuvre, je comprends que vous importez beaucoup de
matériel, mais quel est le contenu en main-d'oeuvre par rapport à
la valeur des bateaux?
M. Brisson: II faut définir main-d'oeuvre, mais l'autre
moitié, c'est ce qui se fait au chantier. Donc, c'est du contenu en
main-d'oeuvre. C'est la participation canadienne. Cela peut s'appeler les frais
généraux, mais les frais généraux sont aussi du
personnel canadien.
M. Coulombe: Je pense qu'il y a un certain élément
sur lequel il faut être très clair et peut-être que M.
Picard pourrait nous le dire. Dans le cas des bateaux polonais comme d'autres,
quelles ontété les ententes avec les Polonais?
C'est-à-dire, est-ce
qu'on était libre de dire que c'est de l'acier
québécois ou de l'acier canadien, etc? Est-ce que c'était
une condition?
M. Picard: Premièrement, la demande de soumissions pour
les bateaux polonais arrivait avec un certain nombre de composantes qui
devaient venir de Pologne, où vous acceptiez cela, ou vous ne faisiez
pas de soumission. Les moteurs étaient inclus, l'acier. De toute
façon, les moteurs ne se font pas au Canada. Le type d'acier particulier
ne se fait pas au Canada. On aurait dû en acheter en Allemagne, et cela a
été même assez difficile comme on a appris plus tard
cela a créé des problèmes mais les conditions des
spécifications, si je me rappelle bien, des moteurs polonais et
certainement de l'acier polonais...
M. Tremblay: M. le Président, si vous me permettez de
faire un commentaire à ce niveau. Je constate qu'il est 17 heures. Il
est évident que c'est un dossier extrêmement complexe.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre, il y a un dernier député qui veut intervenir, le
député de Brome-Missisquoi, sur ce sujet, et, par la suite, nous
pourrons procéder, je pense, à... Mais j'ai promis au
député de Brome-Missisquoi...
M. Tremblay: J'allais simplement dire que les questions
techniques pourraient nous prendre trois semaines à les expliciter
toutes si on allait dans le détail et si nous nous étions
donné à l'unanimité un calendrier. Les
représentants du syndicat ont présenté des mémoires
qui sont extrêmement bien préparés et importants et qui
touchent à des problèmes d'orientation future de Marine. Il ne
faudrait pas se laisser coincer par le temps et ne pas être capable de
parler du présent et de l'avenir.
Il est vrai que le passé est intéressant pour justifier la
décision que le gouvernement a prise de déposer un projet
d'urgence à l'Assemblée nationale, mais je souhaiterais que nous
puissions passer à l'analyse du plan de reconversion industrielle et
peut-être aussi à l'analyse des
orientationsgénérales de la SGF.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Immédiatement après l'intervention du député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: Je vais faire en sorte que le ministre soit heureux
et j'espère qu'il fera en sorte que je sois heureux après mon
intervention. J'aurais une foule de questions à poser, ce qu'on a fait
hier. On n'a certainement pas abusé, mais je me rends compte que depuis
hier, malgré la bonne volonté des intervenants, des
répondants, on n'a pas réussi à éclaicir la
question, parce qu'il y a beaucoup de contradictions. Il serait très
difficile, comme l'a dit le ministre, on pourrait travailler pendant des heures
et des jours et peut-être pas atteindre l'objectif qu'ons'était
fixé, parce que le but de la commission n'est certainement pas de
blanchir ou de noircir qui que ce soit. Il s'agit d'essayer de déceler
et de connaître les faits et pouvoir se faire une idée en vue
d'appuyer ou de contester une demande qui est faite par le gouvernement.
Actuellement, je constate par des documents qui nous ont
été remis hier par les officiers de Marine en parlant du
contrat... Je vous donne un exemple. On nous a dit qu'il y avait 18 contrats.
Quand je regarde le bilan financier, on parled'un contrat etsi je regarde aussi
dans le rapport qui nous a été soumis je pourrais citer le
paragraphe si les gens sont intéressés on parle d'un
contrat.
Ces petits détails nous placent dans une situation de
contradiction et je pense bien...Je ne veuxpas accuser de
malhonnêteté ou de mauvaise volonté des gens qui nous ont
donné les informations. On a affaire à des gens quant à
l'histoire de la société Marine, quand on parle de la famille
Simard, ce sont quand même des gens qui ont beaucoupd'expérien-ce.
On a parlé aussi de M. Rochette qui a été
vice-président pendant longtemps qui, lui aussi, a beaucoup
d'expérience dans le domaine. Il s'est mis à la disposition de la
commission pour nous donner toutes les informations qu'il possédait,
même si, à certains moments, ses affirmations ont
été contredites par d'autres officiers de cette organisation.
Par contre, je pense bien que d'autres ont été mis en
cause. M. Picard a été mis en cause. Cela peut peut-être
laisser un goût sûr devant la commission en disant au passage de M.
Picard, il n'a peut-être pas fait son travail comme il aurait dû le
faire, c'est une question d'opinion. Je ne porte pas de jugement, je dis
simplement ce qui pourrait demeurer à la commission. Je pense que ce
n'est pas notre rôle de juger personne. Donc, je m'abstiens de porter
tout jugement. Je dis ceci en toute bonne foi et je pense que c'est l'opinion
aussi de celui qui m'accompagnait hier.
Je ne veux pas parler de politique dans cela, je parle simplement de
faits. Je pourrais même dire au président de la SGF que dans le
rapport financier, il y a une contradiction et je ne voudrais pas embarquer
là-dedans. Encore là, cela pourrait être long à
discuter. Vous dites que ce sont des détails, mais cela porte toujours
à confusion lorsqu'un membre d'une commission comme cela a ces
documents-là.
Donc, pour résumer tout cela, je serais prêt à faire
un voeu au ministre qui, après avoir eu le dépôt de ces
documents je suis convaincu qu'il en a beaucoup d'autres... En vue de
soulager la crainte qui peut exister chez les ouvriers de Marine c'est
bien normal, c'est légitime qu'il y ait eu une crainte face à une
situation comme celle qu'on connaît actuellement, parce qu'on
connaît la situation de Marine par les rapports financiers qu'on a
déposés, et penser que de l'autre côté le
gouvernement peut, dans la situation économique actuelle qu'on traverse,
garro-cher encore $1 million du côté de Marine, cela peut devenir
assez difficile aussi, parce qu'il n'y a pas seulement Marine, il y a d'autres
industries qui ont des problèmes. Peut-être que tout à
l'heure, on pourra y faire allusion.
Donc, je voudrais simplement résumer en disant ceci, avec toute
la bonne foi que je peux
posséder, je ferais un voeu au ministre pour qu'il prenne des
dispositions afin de faire une enquête, qu'elle soit publique et si
lui-même juge qu'il ne doit pas la faire, je prendrai d'autres moyens,
que nous avons, pour la réclamer dans un avenir aussi rapproché
que possible.
M. Tremblay: M. le Président, nous pourrions,
évidemment, nous complaire dans le passé à l'infini.
Lorsque nous avons proposé, à l'Assemblée nationale, de
tenir une commission parlementaire après l'adoption en première
lecture du projet de loi 108, c'était justement pour faire la
lumière sur les causes et les circonstances qui avaient amené une
situation financière précaire à Marine et qui exigeaient,
de la part du gouvernement, une action rapide pour consolider ou pour assurer
la survie de l'entreprise et consolider le plus grand nombre des 3200 emplois
et faire voter, par l'Assemblée nationale, des sommes pour des
investissements additionnels. Les rapports faits par la Société
générale de financement ont été distribués
aux députés, membres de cette commission, aux journalistes et aux
invités. Nous avons eu hier surtout des discussions et des questions en
profondeur sur des points litigieux qui ont pertinence au dossier de Marine au
cours des années 1973, 1974, 1975, 1976 et même 1977. Hier, de
onze heures à minuit, entre autres, je crois que nous avons cerné
passablement la plupart des sujets qui étaient établis. Donc, je
crois que le gouvernement a fait son travail, a demandé les rapports
nécessaires, ils ont été déposés, ils ont
été discutés.
Maintenant, si vous vous rappelez, M. le député de
Brome-Missisquoi, hier soir, le président de la SGF a
témoigné devant cette commission en disant qu'il avait
demandé à des vérificateurs de faire des analyses
détaillées de tous les contrats et de toutes les circonstances
qui avaient accompagné la signature ou la résiliation ou la
renégociation des contrats et du financement de ces contrats. Le
président a dit aussi qu'ils avaient confié, à la suite de
ces rapports, à des conseillers juridiques le soin d'analyser s'il
était dans l'intérêt de la SGF d'entreprendre des
procédures si c'était jugé nécessaire. Je crois
qu'il appartient à la SGF de défendre les fonds publics qui y
sont investis et je crois que ces paliers d'autorité sont
respectés présentement. Donc, il n'est pas du tout dans
l'intention du gouvernement de partir des chasses aux sorcières et
d'aller à la chasse après cette commission. Si la SGF juge
nécessaire, dans son mandat, de poursuivre le travail de ses
vérificateurs, de poursuivre le travail de ses avocats, c'est sa
responsabilité. Pour notre part, nous avons fait notre travail et nous
serons prêts à défendre en deuxième lecture, devant
l'Assemblée nationale, le principe de ce projet de loi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En
terminant cette première partie de nos débats M. Picard,
je vous accorderai la parole tout de suite après j'aimerais tout
d'abord remercier les invités que nous allons libérer dans
quelques minutes, soit MM. Arthur Simard, Rochette, Picard, leur dire que c'est
tout en leur honneur d'avoir volontairement accepté l'invitation de
l'Assemblée nationale.
Je voudrais leur dire que j'ai fait tout mon possible, avec mes modestes
compétences, pour protéger et les droits des parlementaires et
leurs droits à eux. Je voudrais répéter, pour le
bénéfice de nos témoins, et ce à la presse, que
l'exercice d'un droit par une personne, qui lui est donné par une loi ou
un règlement, ne doit jamais être interprété
d'aucune façon que ce soit. J'espère que mes décisions,
à l'avenir, ne nuiront pas aux droits et intérêts de toute
personne qui a pu témoigner ici devant la commission parlementaire.
Je voudrais également saluer Me Drolet et son confrère qui
est à sa droite, leur dire que j'ai apprécié leur
éclairage.
M. Tremblay: M. le Président, très rapidement. A
titre de ministre parrain de cette loi, je voudrais remercier M. Picard, M.
Rochette et M. Simard, de même que M. David, qui a quitté, et M.
Massé. Je répète que le but du gouvernement, en tenant une
commission après la première lecture, n'était pas de
détruire, mais de construire. Je remercie sincèrement tous les
témoins qui ont accepté volontairement de venir aider cette
commission, l'Assemblée nationale et le gouvernement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Picard.
M. Picard: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
dessert, en terminant.
M. Picard: Puisque j'ai accepté de rester pour
écouter les commentaires de M. Russell, le député de
Brome-Missisquoi, j'ai l'intention de commenter ses commentaires.
J'ai aimé l'habile présentation de M. Russell. M. Simard
est un homme de grande expérience, M. Rochette est un homme de grande
expérience, M. Picard, on ne sait pas s'il a fait un bon travail ou
non.
Je tiens à préciser certains faits qui ont
été identifiés ici par tous les témoins. Le
premier, c'est que les contrats ont été signés en 1973,
ont été réaffirmés ou confirmés en 1974, que
l'équipement a été commandé ferme, que ce soit
valide ou non, en avril 1975, que je suis entré à Marine
Industrie en août 1975 et que, quand les premiers problèmes sont
survenus, en août 1975, il y avait $100 millions d'engagements pour des
contrats que je n'avais pas signés et auxquels je n'avais pas
participé.
Je pense, M. Russell, que vous pourriez au moins admettre que, s'il y a
des obscurités, ces faits sont clairs.
La deuxième chose que je voudrais dire, je ne venais pas ici pour
parler de mon administration, mais pour éclairer la commission, il
serait peut-être bon de dire un certain nombre de choses,
c'est que si je n'avais pas pris les contrats et que je ne les avais pas
renégociés, le Parlement aurait fait face à un
déficit de $180 millions et non pas un déficit de $100 millions.
J'ai quand même coupé le déficit de $80 millions. Ce ne
sont pas des choses qu'on aime dire, ce n'est pas une grande gloire de penser
que le déficit n'est que de $100 millions au lieu d'être de $180
millions.
Je suis sûr que M. Russell va apprécier le fait que $80
millions payés par les contribuables québécois, cela a
quand même une certaine importance. Je vous remercie, M. le
Président.
M. Russell: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
débat est clos...
M. Russell: ... écoutez...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
... M. le député de Brome-Missisquoi...
M. Russell: Je veux avoir la même chance que le ministre,
il a félicité, remercié les gens...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Allez-y.
Si d'autres veulent intervenir sur le même sujet, je le leur permettrai
également.
M. Russell: M. le Président, je ne veux pas...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Brome-Missisquoi, j'ai un mandat à remplir, nous
avons un mandat à remplir tous ensemble, on avait convenu que vous aviez
une dernière intervention, j'ai remercié nos invités. Si
je vous redonne le droit de parole, M. le député de Saint-Laurent
aura le droit, M. le député de...
M. Lalonde: Ce sont des remerciements qu'il veut adresser.
M. Russell: C'étaient des remerciements et je pense qu'il
y a une mise au point à faire. M. Picard s'est senti visé, il a
senti le besoin de m'interpeller et ce n'est pas très souvent qu'il
arrive que les intervenants interpellent les membres de la commission. Je ne
lui en veux pas pour ça, c'est son privilège. On lui a permis de
le faire...
Pardon?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Nous
avons le droit.
M. Russell: D'accord, je ne lui en veux pas, mais c'est rare que
cela arrive de toute façon. C'est peut-être parce qu'il s'est
senti visé. J'ai bien dit avant qu'on n'était pas ici pour salir
ou blâmer personne, on était ici pour avoir des faits.
M. Picard: On dit ça et ensuite, on dit autre chose.
M. Russell: J'ai souligné ceci, parce qu'il semblait
demeurer devant la commission un fait, que vous preniez beaucoup de
blâme, parce que tout est arrivé au moment où vous
étiez là. C'est là-dessus que je voulais intervenir. Si
vous l'avez mal compris, je m'excuse devant la commission, ce n'est nullement
mon intention de vous viser particulièrement. J'ai simplement dit qu'on
avait bénéficié de gens d'expérience. J'ai
mentionné les noms. En fait, ce sont des gens qui ont de
l'expérience dans le domaine. C'est tout ce que j'ai voulu dire.
M. le Président, encore une fois, je dis ceci: Ce n'était
pas dans mon idée de viser M. Picard en particulier. C'est que les faits
se sont produits alors qu'il était président. Je m'en excuse.
Et je voudrais faire miennes les paroles du ministre qui a bien voulu
remercier les gens qui ont bien voulu se prêter à cette
commission, même si je ne suis pas satisfait du travail qu'on a pu
accomplir dans le nombre d'heures pendant lesquelles on a travaillé.
M. Picard: Vous gardez toute mon affection, M. le
député.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je vous
remercie. Les personnes que j'ai nommées tout à l'heure sont
libérées.
M. Rochette: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Nous
passons maintenant au deuxième article de notre ordre du jour qui est la
reconversion de la SGF. Je cède la parole au ministre.
M. Tremblay: M. le Président, avant de poser une question
au président de la SGF, j'aimerais peut-être compléter la
réponse que j'ai donnée à mon collègue et
néanmoins ami, comme on dit dans le milieu universitaire, le
député de Brome-Missisquoi, concernant les vérifications
et les analyses que fait faire présentement la SGF.
Lorsque la SGF aura reçu les avis requis de ses
vérificateurs et de ses conseillers juridiques, je pourrai, à
titre de ministre responsable de la SGF, faire, à l'Assemblée
nationale, au moment opportun, un rapport sur la position adoptée par la
SGF à cet égard.
Programme de conversion industrielle
Je tiens à souligner que le ministre de l'Industrie et du
Commerce ne dirige pas la SGF. La SGF a un mandat de l'Assemblée
nationale. Il est dans mon intention de surveiller si ces mandats sont vraiment
réalisés. J'ai pleine confiance en la direction de la SGF, en son
conseil d'administration et en son président. Je suis certain que, si
les intérêts de la SGF, qui sont ceux des actionnaires,
c'est-à-dire le gouvernement et la population, sont lésés,
la SGF prendra les mesures nécessaires et, à ce moment-là,
j'en ferai rapport à l'Assemblée nationale.
Maintenant, M. le Président, la commission avait pour but de
jeter de la lumière sur les causes qui ont amené la situation
d'urgence. Je crois
qu'en une journée et demie, nous avons jeté passablement
de lumière. Mais le projet de loi lui-même ne fait pas allusion au
passé. Ce projet de loi traite de l'avenir. Je rappelle que le projet de
loi vise à porter le capital-actions autorisé de $140 900 000
à $200 millions et qu'essentiellement, ce projet de loi permet au
ministre des Finances de consentir à la SGF, avant le 31 décembre
1979, des prêts pour une somme maximale de $18 millions et à lui
verser une subvention de $10 millions afin de compenser des pertes et de payer
des dépenses relativement aux six navires invendus de Marine
Industrie.
Le ministre des Finances sera autorisé aussi à verser $10
millions par année, à la SGF, au cours des années 1980,
1981, 1982, 1983 et 1984. Donc, le projet de loi vise à donner et
à fournir à Marine Industrie une marge de manoeuvre
financière pour lui permettre de procéder à une
opération de conversion industrielle de la société Marine
Industrie et de relance de cette entreprise. Evidemment, si le
propriétaire était des intérêts privés, il
est tout probable que cette entreprise devrait passer par un autre cheminement
avant d'être restructurée financièrement.
Dans notre cas, afin de ne pas créer de crise sociale dans la
région de Sorel, nous croyons de notre devoir, comme gouvernement,
d'injecter des fonds, de manière à permettre une consolidation
des opérations. Evidemment, l'argent, l'investissement ne peut rien s'il
n'y a pas une rationalité dans les plans de production de l'entreprise
Marine Industrie.
Je demanderais, par conséquent, au président de la SGF,
premièrement, à la suite du plan de reconversion et du programme
de conversion industrielle qui est indiqué à la page 18 et
à la page 19 du rapport qu'il a remis aux membres de cette commission,
intitulé "Marine Industrie Limitée, document d'information pour
la commission parlementaire de l'industrie et du commerce", de nous expliquer
les grandes lignes de ce programme de conversion industrielle et, en même
temps, par la suite, de commenter en quoi ce programme diverge des commentaires
qui ont été faits dans les mémoires des deux
représentants du syndicat au début de cette première
séance.
M. Coulombe: M. le Président, si vous étiez
d'accord, on a essayé dans le mémoire que je vous ai remis hier
matin, aux pages... On s'est arrêté à la page 6. Je ne sais
pas si tous les membres ont encore le mémoire d'hier.
Le Président (M. Perron): M. Coulombe, pour-riez-vous,
s'il vous plaît, continuer à lire le mémoire comme vous
l'aviez fait hier?
M. Coulombe: Parfait. Je suis rendu à la page 7.
Le Président (M. Perron): C'est la deuxième phase,
oui.
M. Coulombe: C'est cela.
M. Tremblay: II faudrait que vous commenciez à la page 12,
je pense, la reconversion, sans cela on reprend le débat d'hier.
M. Coulombe: Non, c'est le mémoire d'hier, à la
page 7.
M. Tremblay: Ah! je m'excuse.
Le Président (M. Perron): Le mémoire d'hier.
Une Voix: Quelle page?
Des Voix: Page 7.
Le Président (M. Perron): M. Coulombe, allez-y.
M. Coulombe: Au cours de l'examen des dossiers de Marine
Industrie des dix dernières années, la nouvelle direction de la
SGF a fait le constat que cette entreprise a réalisé, pendant
cette période, une perte nette dans la division navale de $17 600 000
qui est attribuable surtout à deux contrats, les navires français
construits au début des années soixante-dix, une perte de $20 700
000, et les navires panaméens, à l'égard desquels des
provisions initiales pour pertes de $12 millions ont déjà
été prises en 1977.
Ces résultats n'incluent pas des pertes réelles
anticipées pour 1978 tant sur les navires panaméens que sur les
quatre navires polonais dont la construction a débuté il y a
quelques mois à peine.
Il faut dire que le contrat de construction des quatre navires de 17 000
tonnes pour la Pologne a été signé le 20 mai 1977,
c'est-à-dire pendant la période de difficultés entre MIL
et l'armateur grec qui avait paraphé les contrats de construction des
navires panaméens et au moment où ce contrat apparaissait comme
le moyen de garder au travail pendant un an et demi environ les employés
de MIL affectés à la construction navale.
Comme MIL était en concurrence avec plusieurs autres
constructeurs à travers le monde, les prix ont été
réduits et les échéanciers ont été
resserrés de façon à satisfaire le client.
Il apparaît d'ores et déjà cependant que MIL devra
assumer une perte financière additionnelle pour la construction de ces
navires et il importe de signaler que le projet de loi 108 ne prévoit
rien à ce sujet.
La perte éventuelle devra donc être supportée
à même les profits des autres divisions de MIL, la division
hydroélectrique et la division des wagons.
Dans l'état actuel des choses, MIL ne peut pas être
compétitive sur le marché international pour la construction de
navires et, à moins de modifications fondamentales, d'une part, dans
l'entreprise elle-même et, d'autre part, dans son environnement
par environnement ici, je voudrais spécifier clairement en rapport avec
le rapport de la CSN que des augmentations substantielles, des subventions,
s'il y a lieu de la part du gouvernement fédéral ou d'autres
gouvernements, une plus grande facilité de financement, etc., c'est ce
qu'on appelle l'environnement de Marine Indus-
trie, et il n'appartient pas à la SGF de modifier cet
environnement; d'ailleurs, elle n'en a pas les pouvoirs, de toute façon
l'activité de construction navale, telle qu'elle existe
présentement à MIL n'est pas rentable et ne peut le devenir dans
un avenir prévisible.
C'est pourquoi la direction de la SGF, en accord avec celle de Marine
Industrie, estime qu'un plan de conversion industrielle, tel que décrit
dans les documents qui ont soumis à la commission, doit être
réalisé à Marine Industrie dans les meilleurs
délais.
Le projet de loi 108 prévoit d'ailleurs que la SGF peut
constituer un fonds pour la mise en oeuvre de ce plan qui devra être
approuvé par le gouvernement. Aucun montant n'est prévu
présentement pour la constitution de ce fonds qui concernera la
main-d'oeuvre touchée par ce plan de conversion et la recherche
technologique en vue du développement de nouveaux produits tant dans le
division navale que dans les deux autres.
Ce plan de conversion signifierait concrètement une
réduction significative de l'activité navale à Marine et
une spécialisation à l'intérieur de ces secteurs, de
façon à pouvoir construire et mettre en marché un produit
(des navires) qui soit concurrentiel et qui puisse permettre de réaliser
des bénéfices. De même, par ce plan de conversion, MIL
miserait sur le développement des équipements reliés
à l'hydro-électricité qui représentent
déjà 39% du chiffre d'affaires de MIL et le développement
de la division de la fabrication de wagons de chemins de fer. Chacune des
divisions serait amenée, à l'aide d'un programme
accéléré de recherches, à identifier de nouveaux
produits qui permettraient de maintenir les activités de fabrication
rentables à MIL.
Dans les meilleures circonstances et je pense que c'est
extrêmement important pour les besoins de la discussion le
délai prévisible pour la préparation concrète d'un
tel plan de conversion qui nécessitera une collaboration non seulement
entre les gouvernements, mais à l'intérieur de l'entreprise,
entre tous les partenaires... Donc, on prévoit que l'année 1979
devra être consacrée en grande partie à cette
définition. C'est donc dire que les investissements nécessaires
à la réalisation de ce plan ne pourraient être faits
qu'à compter de la fin de l'année 1979 ou au début de
l'année 1980. Ce plan de conversion devra être
préparé de façon détaillée dans une
période qui ne sera pas toujours facile. En effet, la construction des
bateaux polonais doit être poursuivie. On prévoit qu'elle sera
terminée au cours des premiers mois de l'année 1980. De plus,
Marine devra négocier un nouveau contrat de travail, puisque celui qui
est en vigueur vient à échéance le 30 avril prochain et,
enfin, il faudra que les efforts de recherches de nouveaux produits qui seront
faits soient systématiques et donnent des résultats assez
rapidement. C'est donc dire qu'au cours des deux ou trois prochaines
années de grands efforts internes devront être
déployés pour que le plan de conversion industrielle se
concrétise.
Sur la question de la main-d'oeuvre qui est présentement de 1752
personnes évidemment, ce chiffre de 1752 est un chiffre qui varie
presque quotidiennement; celui que je vous donne, c'est celui du 5
décembre dernier 564 personnes dans la division de fabrication de
wagons, 521 personnes dans la division hydro-électrique, et 551
personnes dans l'administration, j'attire l'attention des membres de la
commission sur les renseignements qui leur ont été transmis dans
les documents auxquels ils ont eu accès et qui prévoient que si
MIL ne réussit pas à augmenter substantiellement son carnet de
commandes, surtout dans la construction navale qui demande plus de
main-d'oeuvre, mais aussi dans la fabrication de wagons, d'ici un an, elle
devra effectuer la mise à pied d'environ 1800 personnes. Des
licenciements massifs de cette envergure et même d'une envergure encore
plus grande ont eu lieu au cours des deux dernières années
à travers le monde, et de cela, on en a discuté suffisamment.
Fondamentalement, ce qui est proposé en quelque sorte à
Marine et au syndicat de Marine, c'est une hypothèse de travail qui
signifierait une plus grande spécialisation de la construction navale,
c'est-à-dire miser sur un développement technologique qui
permettrait à Marine de construire des produits qui pourraient
être vendus, soit sur le marché canadien, soit sur le
marché international, mais de façon rentable. Evidemment, dans le
mémoire de la CSN, ils font référence à des
recommandations qu'ils font et qu'ils ont déjà faites aux
différents gouvernements. On comprendra que pour ce genre de
recommandations, la SGF n'a aucun pouvoir là-dessus. La SGF prend pour
une donnée l'état actuel du marché, l'état actuel
de son carnet de commandes, et la nécessité absolue de
rentabilité que la SGF voudrait introduire dans toutes ses entreprises,
et Marine y compris.
Le Président (M. Perron): Oui, M. le ministre.
M. Tremblay: Si vous me permettez, j'aimerais peut-être
poser au président de la SGF quelques questions avant de laisser la
parole aux membres de l'Opposition ou aux autres membres de la commission. Dans
votre texte de présentation, à la page 8, vous avez bien dit que
dans le rapport que vous avez soumis au gouvernement, le rapport soumis le 1er
novembre dernier, il y a un mois, vous n'avez pas comptabilisé dans vos
besoins financiers les pertes que vous anticipez à la suite des contrats
des quatre navires polonais. Quel est l'ordre de ces pertes
anticipées?
M. Coulombe: On ne les a pas comptabilisées,
c'est-à-dire qu'on ne les a pas intégrées dans les
demandes financières, mais les pertes actuelles prévisibles, au
moment où on se parle, sont de l'ordre d'environ $8 millions. (17 h
30)
M. Tremblay: Sur des contrats de quelle valeur?
M. Coulombe: $100 millions. Maintenant, il faut bien penser qu'il
reste 12, 13 ou 14 mois de construction à faire sur ces bateaux.
M. Scowen: Les contrats sont-Ils solides? Je voulais poser une
question.
M. Tremblay: Volontiers. Allez-y.
Le Président (M. Perron): M. le député de
Notre-Dame-de-G râce.
M. Scowen: Les contrats signés avec la Pologne pour les
navires sont-ils solides? Concernant le financement et tout cet aspect, est-ce
réglé? Y a-t-il des problèmes?
M. Coulombe: Si vous saviez à quel point on a souvent
posé cette question au cours des derniers mois. Je ne sais pas si M.
Asselin ou M...
M. Dinsmore: Je peux peut-être répondre pour
indiquer que, premièrement, les contrats ont été
négociés entre gouvernants, au moins dans le cadre d'une
négociation entre gouvernants. De plus, on a acheté une police
d'assurance de la Société pour l'expansion des exportations pour
couvrir tout risque au cas où l'armateur déciderait de refuser la
livraison. Dans la mesure du possible, on s'est protégé et on
donne une attention très particulière à la
rédaction, à la réalisation des plans et devis et à
la surveillance de la qualité tout au long de la période de
construction.
M. Scowen: Les inspecteurs polonais ne sont pas encore
arrivés.
M. Dinsmore: Ils sont très gentils, eux.
M. Coulombe: II y a un point qu'il faudrait peut-être
souligner, c'est que le contrat prévoit des pénalités
quotidiennes, dépassé une date précise, de $2000 par jour,
qui augmentent à $2500 et qui vont jusqu'à $3000 par jour. C'est
bien évident que, d'ici 14 mois, il faudrait que peu
d'événements fâcheux surviennent pour que les "deadlines "
soient respectés.
M. Tremblay: Quoique, dans ce cas, j'ai bien compris qu'en ce qui
concerne les navires polonais, ce n'était pas Marine Industrie qui avait
été prise en défaut, mais plutôt le fournisseur
d'acier polonais. Est-ce que ces délais étaient dus au fait qu'on
avait fermé le chantier pendant quelques mois?
M. Coulombe: C'est une situation que M. Brisson peut raconter. La
mauvaise qualité de l'acier polonais a occasionné des
délais, mais il y a eu des négociations assez serrées,
dernièrement, entre Marine Industrie et la Pologne, pour que ces
délais ne soient pas imputables aux pénalités...
M. Tremblay: J'espère!
M. Coulombe: ... dont je viens de parler.
Le Président (M. Perron): M. Brisson.
M. Brisson: En effet, concernant les délais, les
délais occasionnés spécifiquement par le problème
de l'acier fourni par la Pologne ne sont pas considérés comme des
délais acceptables pour les pénalités qui ne concernent
que notre temps de production.
M. Tremblay: Je reviens à M. Coulombe sur I'avenir de la
division du chantier maritime de Marine Industrie, parce que c'est là,
vraiment, qu'est le coeur du problème. Vous avez entendu, comme moi, la
lecture du mémoire faite par M. L'Heureux, où il est dit, aux
pages 10 et 11, qu'il devrait y avoir non seulement un maintien, mais une
expansion du chantier naval de Marine Industrie à cause des
possibilités de commandes qui existeraient pour ces navires. Y a-t-il
des commandes hypothétiques ou réelles possibles et qui vous
permettraient de maintenir le chantier maritime au niveau d'exploitation
actuel, ou même à une expansion?
M. Dinsmore: Pour répondre à la question du
ministre, nous avons actuellement des possibilités de soumissions sur
une vingtaine d'appels d'offres de différentes sortes dont quelques-uns
au Canada ou même au Québec. Nous devons remarquer cependant que
notre compétivité sur le marché international, en tenant
compte de toutes les considérations dans les programmes de financement,
est assez faible. Nous misons beaucoup sur nos chances à l'égard
de contrats à l'intérieur du Canada ou même à
l'intérieur du Québec.
M. Tremblay: A l'intérieur du Canada, parce qu'encore
là, je me réfère au mémoire de la CSN qui est
très bien préparé, à mon avis, où on a
proposé sept solutions qui touchaient pratiquement toutes le
gouvernement fédéral, si j'ai bien compris, ce qui est un peu
humiliant pour un gouvernement provincial comme le nôtre; même si
nous voulons nous occuper des problèmes, on se rend compte que nous
n'avons pas tous les instruments pour les résoudre et je vous avoue que
c'est assez frustrant. On aimerait être capable, on a même la
prétention de vouloir devenir un gouvernement national bientôt;
c'est donc dire que nous n'avons pas peur des problèmes...
Et le marasme actuel dans les chantiers maritimes pourrait, s'il y avait
une accélération de certains contrats, peut-être amortir ou
faciliter la consolidation de la division des chantiers maritimes de Marine. Je
pense au contrat des frégates fédérales qui était
prévu pour 1980-1981. Avez-vous des indications qui laissent croire que
ces contrats pourraient être accélérés?
M. Dinsmore: Les indications que nous avons
décelées dans notre travail sur ce projet semblent affirmer que
cela serait très remarquable si le début de la construction des
frégates peut commencer au début de 1982, tel que prévu
dans l'échéancier. En d'autres termes, le travail de
préparation et les délais prévus pour l'analyse des
soumissions sont tels qu'il serait même assez difficile d'arriver avec un
commencement de la production en 1982.
II n'est donc pas impossible que le début du travail sur la
construction comme telle, qui implique des heures-homme, soit retardé
peut-être en 1983 ou après.
M. Tremblay: Une autre question, peut-être la
dernière. J'y reviendrai peut-être un peu plus tard. Je m'adresse
à M. Coulombe. Lorsque vous avez lu votre texte, vous avez bien
indiqué que les nouveaux investissements que la SGF fera avec les fonds
que lui fournira le gouvernement vont commencer à apparaître
surtout à la fin de 1979. Si je comprends bien, les bateaux polonais, la
construction de ces bateaux se termine à la fin de 1979 aussi et, au
moment où on se parle, aujourd'hui, le carnet de commandes pour la
construction d'un navire... Vous dites qu'il est de combien? Il est de
zéro. Donc, je comprends que vous aurez un problème au cours de
1979 et que cela sera le creux de la vague en 1979.
M. Coulombe: C'est-à-dire que l'emploi va quand même
rester à un certain niveau parce que les quatre bateaux polonais vont se
terminer. Dans les autres divisions, il y a actuellement, au niveau des wagons,
des commandes extrêmement considérables qui sont en
négociation, mais je ne sais pas quelle chance Marine peut avoir de les
obtenir. Si on obtient ces commandes, le niveau de l'emploi va augmenter.
Maintenant, comme la CSN l'a fait remarquer, la construction navale est
beaucoup plus "labor intensive" que les deux autres divisions. C'est un
fait.
Donc, dans la mesure où ce sont surtout des contrats dans les
deux autres divisions, il y aura certainement un impact sur l'emploi.
L'hypothèse qu'on fait dans le plan de conversion, c'est qu'à
partir du début de janvier, à l'intérieur de Marine, par
des mécanismes de collaboration qu'il reste à mettre en place,
d'intensifier, par la création du fonds, les recherches technologiques
accélérées pour essayer de développer des nouveaux
produits.
Il n'y a personne qui peut garantir ici que cette recherche sera remplie
de succès, mais il faudra y mettre tout l'effort possible pour essayer
de justifier le genre de décisions qui devront être prises
à la fin de 1979 et ce genre de décisions tourne autour
d'investissements qu'il faudra regarder de plus près.
A titre d'exemple, il est évident qu'essayer... Il faut vous dire
que, dans le secteur hydroélectrique, Marine a actuellement $350
millions de carnets de commandes fermes. La nouvelle politique du gouvernement
concernant le développement énergétique allonge la
période potentielle d'investissements dans l'hydroélectrique de
façon assez considérable, mais, pour remplir ce carnet de
commandes, peu importe ce qui se passe dans la construction navale ou ailleurs,
il y a des investissements qui sont nécessaires à Marine et ces
investissements devront être faits dans un cadre précis. Je
m'explique en disant que s'il faut faire des investissements au niveau des
bâtisses, au niveau de l'équipement, il va falloir qu'il y ait des
choix qui se fassent entre l'utilisation des capacités physiques du
chantier, il va falloir qu'il se fasse des choix vers la fin de 1979 pour
rentabiliser les investissements en fonction des carnets de commandes qui
seront présents à ce moment-là.
M. Tremblay: M. le Président, j'aurais peut-être une
dernière question à poser à M. Coulombe avant de
céder la parole. Je m'excuse auprès de mes collègues de la
commission. Il va y avoir des augmentations d'emplois dans les autres divisions
de Marine.
M. Coulombe: C'est-à-dire si on est chanceux ou si on est
assez efficace, assez compétitifs pour accrocher les gros contrats de
wagons qui sont à l'horizon, non seulement qui sont à l'horizon,
mais qui sont en négociation.
M. Tremblay: Donc, il y a des "si" d'accrochés.
M. Coulombe: Oui.
M. Tremblay: Mais ce qui me fait un peu peur, et peut-être
que c'est mon ignorance qui entre en jeu ici, M. Gagné a dit
après le dîner que les travailleurs, dans la section marine,
étaient très spécialisés, que c'étaient des
professionnels spécialisés. Est-ce qu'il y a possibilité
de recycler les travailleurs d'une division à l'autre ou si c'est
complètement hermétique. Est-ce qu'il va vous falloir faire appel
à de nouveaux travailleurs pour l'augmentation de l'emploi dans les
autres divisions ou si vous pouvez transférer d'une division à
l'autre?
Le Président (M. Perron): M. Brisson.
M. Brisson: II existe, évidemment, des métiers
très spécialisés chez nous, mais les métiers
principaux, qui s'occupent surtout de mécano-soudure, sont adaptables
assez facilement d'une division à l'autre. La mécano-soudure chez
nous est à peu près la partie essentielle et, de ce
côté-là, ceux qui y sont spécialisés peuvent
être transférés. Il y a certains autres métiers qui
se spécialisent, par exemple, dans l'armement du navire. A ce
moment-là, ceux-là ne sont pas facilement
transférables.
M. Gagné: M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Gagné: Ce que M. Brisson vient de mentionner est exact,
mais simplement, le syndicat a une petite crainte dans cela, très
sérieuse. Quand il mentionne que les gars de la finition, les soudeurs,
les assembleurs, les brûleurs sont pas mal polyvalents dans le sens
qu'ils vont sur les turbines, sur les wagons, sur les bateaux, c'est exact.
Simplement, la question qu'on se pose.
c'est pour les métiers de finition comme les plombiers, les
ferblantiers, les électriciens. Qu'est-ce qui va advenir de ces
gars-là? Quand bien même on ferait des wagons et des turbines, il
n'y a pas d'électricité dans cela et il y a
légèrement de la plomberie. C'est une remarque. Quand on dit
qu'on va augmenter la production, je suis bien d'accord que si on prend la...
"shop", par exemple peut-être que cela vous passe par-dessus la
tête, mais les gars du domaine comprennent et si on peut
l'aménager pour des wagons, on comprend cela, mais le chantier va
être pas mal réduit.
Mme Leblanc-Bantey: C'est le métier auquel vous faites
allusion?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: M. Dinsmore, à la division des wagons, quels
seront, pour l'année courante, le chiffre d'affaires et les profits ou
les pertes? Egalement, pour la division hydroélectrique? Je l'ai
cherché dans les documents que vous nous avez remis, mais je pense que
ce n'est pas là.
M. Coulombe: On va vous le dire.
M. Scowen: Est-ce que c'est rentable, ces deux divisions, cette
année? Est-ce qu'elles font des profits?
M. Dinsmore: Oui, on peut dire cela sans aucune
réserve...
M. Scowen: ... de quel ordre?
M. Dinsmore: On cherche le chiffre.
M. Brisson: En réponse à M. Scowen, à la
division hydroélectrique, nous prévoyons, étant
donné que l'année n'est pas terminée, des ventes de $26
300 000, pour un ptofit de $3 700 000. Alors, à la division des wagons,
nous prévoyons des ventes de $23 millions, pour un profit de $1 100
000.
M. Scowen: Dans le domaine hydraulique, est-ce que les prix...
votre client principal, c'est l'Hydro-Québec, j'imagine...
M. Dinsmore: Et la Société d'énergie de la
baie James. (17 h 45)
M. Scowen: ... les prix sont concurrentiels... Est-ce que les
prix que paie la Société de la baie James sont concurrentiels?
Les ventes sont faites par "tenders" ou par soumissions. Est-ce qu'on vous
donne un prix préférentiel, parce que vous êtes au
Québec? Est-ce qu'on est obligé de payer plus à Marine
Industrie qu'à un autre fournisseur?
M. Dinsmore: La procédure d'approvisionnement de la
Société d'énergie de la baie James et de
l'Hydro-Québec entre dans le cadre de la politique d'achat des
institutions gouvernementales et paragouvernementales du Québec. Depuis
un certain nombre d'années, Marine Industrie a été
impliquée avec l'autre fournisseur d'équipement
hydroélectrique au Québec, qu'est Dominion Engineering Works, une
filiale de la Canadian General Electric. Nous avons participé, en
consortium avec l'autre fabricant, à l'approvisionnement des chutes
Churchill, de LG-2 et de LG-3. Durant cette période, la
société d'énergie, en particulier, a acquis une competence
à analyser les coûts de fabrication des deux usines. Normalement,
il y a une négociation qui s'effectue pour déterminer la juste
valeur des différents éléments commandés par la
société d'énergie ainsi que par l'Hydro-Québec.
En effet, ce n'est pas un appel d'offres ouvert et universel, c'est une
invitation lancée aux fournisseurs québécois.
M. Scowen: Je vais poser la question d'une autre façon.
Est-ce que vous trouvez que vos turbines et vos alternateurs sont
concurrentiels au point de vue des prix et de la qualité sur le
marché extérieur au Québec?
M. Dinsmore: C'est plus difficile de répondre à
cette question parce que nous fabriquons sous licence, licence fournie par le
groupe Alsthon-Atlantique Nyerpic de France et nos possibilités d'offrir
nos produits à l'extérieur du Québec, sauf ailleurs au
Canada, sont très limitées.
M. Scowen: En effet, en dehors du Québec ou en dehors du
Canada, vous n'avez pas de permis de vente pour les produits de la division
hydraulique.
M. Coulombe: Je pense que c'est un point extrêmement
important. Le mémoire de la CSN mentionne cet aspect de l'hydraulique et
de l'Hydroélectrique à Marine Industrie. On a l'intention de
commencer en janvier ou février, des négociations avec la CGE,
parce que le groupe Alsthon fait partie du groupe CGE en France, du niveau des
licences pour permettre l'exportation. Au moment où on se parle, il est
possible d'exporter des turbines de Marine Industrie, dans la mesure où
c'est un financement canadien, et on a l'intention de s'asseoir
sérieusement avec l'Hydro-Québec, surtout avec la nouvelle loi de
l'Hydro-Québec, qui permet une division internationale, et on a
l'intention d'ouvrir les licences qui nous lient à CGE pour permettre
l'exportation dans le cadre de projets, intégrés ou non, avec ou
sans la collaboration de l'Hydro-Québec, mais espérons-le, avec
sa collaboration, sur le marché international. Ces démarches vont
débuter au début de l'année 1979.
M. Forget: Si vous le permettez, M. le Président,
relativement à cette question. Vous dites qu'il est permis actuellement,
dans le cas d'un financement canadien, avec les licences actuelles. Cela
comprend-il des projets financés par ACDI,
dans les pays du Tiers-Monde. Est-ce que, effectivement, Marine
Industrie a construit des turbines pour des projets de ce type?
M. Dinsmore: Sans avoir la réponse exacte à votre
question, vous allez remarquer, à l'annexe 10, dans la soumission de
Marine Industrie, certaines installations aux Indes et en Amérique du
Sud.
Dans ces cas-là, soit par l'entremise de l'ACDI, soit par un
financement explicitement canadien, Marine Industrie a pu participer à
ces occasions.
M. Forget: Et cette participation, est-ce qu'elle est faite selon
des soumissions publiques ou si c'est encore par invitation?
M. Oinsmore: Evidemment, pour toute l'installation à
l'étranger qui est financée par l'ACDI, au moins, je ne peux pas
répondre exactement à votre question, parce que c'est avant le
temps que je connais des activités de Marine Industrie. Mais l'ACDI
cherche la source la plus économique au Canada de fourniture à
l'étranger, en fonction des plans et devis fixés par le pays en
question.
M. Coulombe: En fait, la procédure normale, c'est que les
pays demandent à certaines entreprises d'autres pays de se qualifier.
C'est la première étape. Après la qualification, il y a
des prix négociés. Il faut d'abord se qualifier, ce qui est
l'équivalent d'une certaine forme de soumissions publiques dans ces
projets internationaux.
M. Scowen: D'après vos prévisions actuelles pour
1979, avec le carnet de commandes que vous prévoyez pour l'année
prochaine, dans les deux divisions, l'hydraulique et les wagons, et les prix
actuels, est-ce que vous prévoyez que le chiffre de ventes et le profit
pour ces deux divisions vont rester assez stables pour 1979 et 1980 ou est-ce
que le marché deviendra plus fort ou plus faible, dans ces deux
secteurs?
M. Dinsmore: Pour parler de la division hydroélectrique,
il faut remarquer que des contrats sont actuellement en main qui
déterminent le niveau d'activité pour un certain nombre
d'années, c'est-à-dire jusqu'en 1984 à peu près.
Nous pouvons peut-être augmenter le chiffre d'affaires
légèrement durant cette période, mais cela va imposer
certaines contraintes sur le plan de nos capacités d'usinage et de
fabrication, d'assemblage-
Dans le domaine des wagons, nous avons une capacité qui est
présentement limitée légèrement en dessous de 2000
wagons par année. Cela dépend un peu du type de wagon et du
nombre de commandes différentes qu'on reçoit, parce que nous
n'avons qu'une seule ligne de montage. Chaque fois qu'on change le
modèle, il y a une période de "retooling" et les capacités
doivent être améliorées, si nous voulons justement profiter
du potentiel qui nous paraît possible dans les prochains mois,
peut-être jusqu'en 1980 ou 1981.
M. Scowen: M. le Président, je veux terminer mes
commentaires par une brève réaction sur la partie I du document
qui a été soumis par M. Coulombe et qui touche les politiques
globales de la SGF, parce que je pense que c'est impossible de parler de
l'avenir de Marine Industrie sans tenir compte de ce document.
Premièrement, je veux dire à M. Coulombe que,
personnellement je ne parle pas nécessairement au nom du parti,
parce que cela vient d'arriver j'ai trouvé que c'était un
document intelligent et même courageux. Si vous acceptez de poursuivre
les implications là-dedans et si c'est accepté par le
gouvernement, je pense que ce serait quelque chose d'important pour assainir
l'avenir de nos sociétés d'Etat, au moins en ce qui concerne la
Société générale de financement.
Les implications là-dedans, quand vous regardez la partie clef
dont, j'imagine, les définitions sont à la page 13, visent, si je
comprends bien, à définir certains secteurs qui sont comme vous
dites, jugés prioritaires pour le développement économique
du Québec. Je pense que les trois exemples que vous avez
développés en sont trois qu'on peut certainement accepter comme
étant dans ce domaine. Je pense que cette façon de
procéder est excellente. Comme vous appréciez, je suis certain,
ce document et cette définition, si on tient à cette
définition, si on a le courage de tenir à cette
définition, à des implications énormes pour les compagnies
qui sont actuellement dans la société, je pense que vous et moi,
et le gouvernement également n'accepterons pas de changer une telle
politique sans qu'on rende compte des implications, par exemple, pour les
personnes qui sont au travail actuellement, dans les compagnies
concernées. Je parle, par exemple, de Marine, parce que ce document a
certainement des implications pour Marine. Comme M. L'Heureux, je suis
complètement d'accord que ni chez Cadbury, dans l'entreprise
privée, ni à la SGF, dans le secteur public, on doit fermer les
usines sans rendre compte des implications pour tout le monde. En plus, je
pense que tout le monde peut apprécier que ce n'est pas
nécessaire, si le gouvernement décide de partir d'un secteur, de
présumer que c'est inhabitable, que le secteur sera fermé. Cela
pourrait être vendu soit à un autre gouvernement, par exemple,
dans le cas d'un chantier maritime, soit à l'entreprise privée.
C'est possible d'imaginer qu'avec un changement de patron, cela peut même
s'agrandir, que cela deviendrait même plus rentable. Je pense que ce que
vous avez commencé dans ce document, c'est très important, parce
que vous avez commencé à poser la question: Dans quelles
entreprises, en partie publiques et en partie privées, dans quel
secteur, le contribuable québécois, le citoyen
québécois doit-il être actionnaire ou propriétaire
d'une société d'Etat? C'est une question, je pense, que vous
abordez d'une façon excellente. J'ai une vingtaine de questions que je
peux poser sur cette affaire. Si nous avons le temps, j'aimerais aller plus en
profondeur dans ce document, parce que
je pense que c'est, comme je l'ai dit, excellent. J'ai plusieurs
questions. Je vais arrêter parce que je veux laisser la parole à
d'autres personnes. Finalement, j'espère que vous aurez la
détermination de poursuivre la démarche que vous avez
entreprise.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mme le
député des Iles-de-la-Madeleine.
Mme Leblanc-Bantey: Une question très courte qui s'adresse
aux syndiqués. Dans votre mémoire, vous émettez deux
opinions qui me semblent importantes. A la page 5, M. Gagné, vous dites
que nos bateaux n'ont pas assez de contenu québécois quant
à l'outillage spécialisé et vous dites qu'il y a un manque
de recherche sérieux en ce sens. J'aimerais que vous expliquiez
davantage cette affirmation et que vous nous disiez si vous avez pensé
à la façon dont Marine Industrie, la SGF ou le gouvernement du
Québec pourraient intervenir pour améliorer cette situation.
M. Gagné: Je pense que cela a été
mentionné tantôt et cela a été précisé
par la compagnie. C'est que 80% ou 90% des produits qui entrent sur le bateau,
les moteurs, toutes sortes d'armements, viennent de l'étranger. Nous, on
monte simplement les coques. Nous disons que pour l'avenir, s'il y avait
possibilité qu'un certain groupe de gens fassent des études assez
approfondies, si on est capable de les faire à l'intérieur... A
l'intérieur de la CSN, on peut prouver qu'avec tous les gens
spécialisés que nous avons, on est capable de construire ces
matériaux.
Mme Leblanc-Bantey: M. Coulombe, y a-t-il des recherches qui se
font dans ce sens?
M. Coulombe: Exactement dans la même perspective je
ne sais pas si c'est dans le même sens que les gens de la CSN l'entendent
lorsqu'on parle d'un fonds de conversion, on a dit qu'on avait le choix
entre à l'aspect technologique, développement de nouveaux
produits dans le domaine naval comme dans d'autres produits se dire: On
va attendre, au fil des années, que l'entreprise, par les profits
qu'elle générerait, investisse dans ce genre de recherches...
Ce qu'on propose dans le plan de conversion, c'est de ne pas attendre
ces choses-là, mais d'investir immédiatement, dès 1979,
à partir des profits des autres divisions ou à partir d'autres
sources de fonds que la SGF va essayer de trouver, parce que ce n'est pas
inclus dans la loi, à l'heure actuelle, d'investir dans la recherche de
façon beaucoup plus systématique et beaucoup plus rapide pour que
cela donne des résultats à court terme et qu'on puisse minimiser
l'impact de l'absence de contrat qu'on a à l'heure actuelle. Donc, cela
va dans le même sens. (18 heures)
Quand on parle du marché international je pense que M.
Dinsmore et M. Picard y ont fait allusion tantôt c'est bien
évident que si, pour l'obtention d'un contrat, un pays étranger
donne comme condition qu'il doit fournir telle ou telle chose ce qui est
d'ailleurs la politique canadienne lorsqu'elle donne un contrat à
l'étranger évidemment, le contexte n'est pas le même
et il y a certainement de la place pour l'innovation. L'innovation
accélérée, c'est ce qu'on espère faire en
consacrant des sommes d'argent spécifiques pour cette division navale,
comme pour les autres divisions d'ailleurs, parce qu'il y a une
accélération à donner si on veut sortir un peu du cercle
vicieux dans lequel Marine tourne depuis plusieurs années.
Mme Leblanc-Banty: Cela va aller. Je m'excuse si vous y aviez
déjà fait allusion, mais j'ai dû sortir un moment et j'ai
perdu le fil.
M. Gagné: Pas de problème!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'après un consensus qui semble s'établir, il semblerait qu'il y
aurait un consentement unanime pour que nous continuiions nos travaux
jusqu'à 18 h 30, ce qui nous libérerait pour la soirée,
parce que nous savons qu'il va y avoir un débat de deuxième
lecture sur le projet de loi 108, donc une commission parlementaire qui va
parler du principe de la loi 108.
Est-ce qu'il y a consentement unanime de la part des gens de la
commission?
Des Voix: Consentement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que nos invités sont disponibles pour demeurer jusqu'à 18 h 30?
D'accord. M. Coulombe.
M. Coulombe: Quand même, depuis une journée et
demie, il y a eu passablement de discussion sur l'aspect historique des
événements qui ont eu lieu à Marine et sur l'avenir de
Marine, mais, si la commission a l'intention de terminer ses débats
à 18 h 30, j'aimerais quand même profiter de l'occasion pour dire
et je suis d'autant plus à l'aise pour le faire que les chiffres
que je vais citer, je n'en suis ni l'auteur ni la cause; donc, c'est tout
à fait objectivement que je dépose cela à la commission;
mais il ne faudrait quand même pas que la commission ait l'impression que
la Société générale de financement est une
entreprise perpétuellement remplie de problèmes, de
tragédies, de catastrophes pour donner quelques chiffres pour
démontrer que, quand même, il y a un aspect sain dans la
Société générale de financement et qu'il est
possible, à partir de là, de bâtir.
Si on prend, entre 1973 et 1977, la Société
générale de financement le groupe, dans l'ensemble
a fait pour $1 691 000 000 de chiffres d'affaires. Les bénéfices,
avant les impôts pour reprendre une des objections un peu
fondamentales de M. Biron sur les questions de l'impôt et de la taxe de
vente, je dis qu'il s'est payé $35 millions d'impôt
là-dessus étaient de $48 millions. Ce
n'est pas un rendement qu'on peut qualifier des plus énormes et
fantastiques, mais, si on enlève une des caractéristiques
fondamentales de la Société générale de
financement, c'est dire que, là où elle a eu ses catastrophes, il
y a une constante et la constante, c'est lorsque la société ou
ses filiales se sont aventurées dans le domaine international.
M. Tremblay: Excusez, avec la permission du président;
vous avez mentionné que Marine a payé $35 millions
d'impôt?
M. Coulombe: Non, l'ensemble des sociétés du
groupe.
M. Tremblay: La SGF a payé $35 millions. M. Coulombe:
Les filiales.
M. Tremblay: Les filiales ont payé $35 millions
d'impôt.
M. Coulombe: C'est exact.
M. Tremblay: C'est très important parce que, souvent,
certains disent que la SGF ne paie pas d'impôt.
M. Coulombe: Les filiales paient de l'impôt. M.
Tremblay: $35 millions.
M. Coulombe: Si vous me permettez, on pourra y revenir parce que
j'ai des choses très précises sur la question de l'impôt,
on a fait des relevés, même sur la taxe de vente. J'ai des choses
très précises à dire là-dessus. Mais, pour
continuer le raisonnement, le domaine international est une pierre
d'achoppement pour la Société générale de
financement; dans les bateaux, les deux grands contrats, même les trois
si on ajoute le polonais, les trois grands contrats de bateaux vont se solder
par des pertes. Dans BG Checo, qui est une des filiales de CEGELEC Entreprises,
le grand contrat international, qui est une "ligne" de transmission en Iran,
s'est soldé et se solde par une mini-catastrophe dont la majeure partie
est absorbée dans les états financiers antérieurs, mais il
en reste une toute petite partie.
On a fait l'exercice pour les besoins de la commission: Si on
enlève ces trois catastrophes... On ne peut pas les enlever parce que
c'est vraiment de l'argent perdu. Je ne veux pas dire qu'on peut les enlever,
mais, pour les besoins de la démonstration, si on enlève cela,
sur $1 609 000 000 de chiffres d'affaires, il y aurait eu $90 millions de
bénéfices avant impôt. Je parle pour l'ensemble des
sociétés du groupe parce qu'il faut distinguer, ensuite, la part
de la SGF, parce que la SGF est souvent partenaire à 50%, 55% ou
80%.
M. Tremblay: Pour quelles années, M. le
Président?
M. Coulombe: Entre 1973 et 1977; cela ne comprend pas 1978. Je ne
veux pas dire que la SGF n'a pas les capacités d'aller dans le domaine
international; tout ce que je veux dire, c'est que l'histoire de ses incursions
internationales ne s'est pas révélée un grand
succès. Là-dessus, d'après les recherches qu'on a pu faire
et les documents qu'on a pu consulter, au Québec, on n'est pas
différent d'à peu près la majeure partie des pays du
monde. Un exemple précis: Sur les "lignes " de transmission en Iran, les
renseignements qu'on a sont que toutes les compagnies suédoises,
allemandes, italiennes ont perdu de l'argent sur leur premier contrat. Cela
n'excuse pas le fait qu'on a a perdu; ce que je veux dire, c'est que le fait
qu'on n'ait pas eu beaucoup plus de succès dans le domaine international
n'est pas une caractéristique qui nous est propre.
Deuxièmement, dans le cas de l'année 1978, toutes les
sociétés du groupe, sauf une, en excluant Marine Industrie, donc,
sauf deux, vont faire des profits assez intéressants.
M. Tremblay: Ce qui signifie, M. le Président, 11 filiales
sur 13 qui vont faire des profits cette année.
M. Coulombe: Exact. Le cas de Marine Industrie étant
spécial et il y a une autre filiale de moindre ampleur qui peut avoir
$100 000, $200 000 ou $300 000 de pertes. Il y a donc un "management" dans les
filiales qui est en train de faire un effort considérable de
redressement, et, pour certaines compagnies, par exemple, faire un profit cette
année, cela a été de passer de $3 millions, $4 millions de
pertes à presque $1 million de profits cette année. Donc, sur des
chiffres d'affaires de l'ordre de $40 millions ou $50 millions, il y a un
redressement. Je le dis avec d'autant plus d'aise qu'il n'est pas dû
uniquement à la nouvelle administration; cela a été
l'effort qui s'est continué. On espère pouvoir
l'accélérer et le continuer dans les trois secteurs prioritaires
dont on a parlé. Il y a des projets extrêmement
intéressants sur la table et je pense qu'il va y avoir moyen de
bâtir avec les moyens qui vont nous être fournis dans la loi.
La question de l'impôt et de la taxe de vente, si vous voulez, je
peux en parler.
Le Président (M. Gosselin): Continuez, M. Coulombe. De
toute manière, il y a quelques députés qui ont
demandé la parole pour tout à l'heure, à moins que vous
préfériez que les questions soient...
Alors, vous allez revenir tout à l'heure pour vos
compléments d'information.
M. Tremblay: M. le Président, si vous me permettez, c'est
un sujet qui est tellement complémentaire à ce qu'il vient de
dire, comme on approche de l'heure fatidique, en une minute ou deux, vous
êtes capable de compléter ce que vous aviez commencé?
M. Coulombe: Pour la question de l'impôt et de la taxe de
vente?
M. Tremblay: Oui.
M. Coulombe: Je demanderais à M. Michel
Plessis-Bélair, qui est notre président, de donner les
principales caractéristiques.
M. Plessis-Bélair: Au sujet de l'impôt, les
sociétés d'Etat comme telles ne sont pas assujetties à
l'impôt sur le revenu ni aux taxes de vente. Maintenant, pour les fins de
l'impôt, une société d'Etat est une société
dont 90% des actions sont directement détenues par un gouvernement. La
SGF étant détenue à 100% par le gouvernement du
Québec est donc une société d'Etat.
Par ailleurs, les filiales de cette société d'Etat doivent
être détenues à 100%, c'est donc dire que, dans nos
filiales, il n'y a que trois sociétés opérantes qui sont
exemptes d'impôt, soit Lasalle Tricot, qui est une de ces
sociétés, depuis 1973, c'est-à-dire au moment où la
SGF elle-même est devenue société d'Etat, Forano et
Volcano, depuis la fin de 1974, alors que la SGF a acquis 100% de ces
compagnies.
On a essayé de voir et on a fait une analyse, à la suite
des questions qui avaient été soulevées, pour voir quels
étaient les montants des bénéfices que ces compagnies
avaient faits et qui n'avaient pas été assujettis à
l'impôt, grâce à la définition de ces
sociétés comme sociétés d'Etat, pour fins fiscales.
On arrive à la conclusion que, pour la période 1973 à
1977, les quatre sociétés, donc la SGF, Lasalle Tricot, Forano et
Volcano, auraient eu un bénéfice taxable de $3 408 000. C'est
donc un bénéfice de $3 millions sur un chiffre d'affaires qui est
de l'ordre de $69 millions qui auraient pu être taxables. Il y a donc un
avantage réel mais relativement infime si on compare aux chiffres
d'affaires réalisés par ces compagnies.
Au niveau de la taxe de vente, l'avantage est vraiment très
réduit puisque la taxe de vente est, à toutes fins utiles,
très minime parce que la taxe de vente s'applique, comme on le sait, aux
transactions au niveau de la consommation. Comme on a des entreprises
industrielles qui sont usagers de produits, qui sont, à toutes fins
pratiques, usagers de très peu de produits comme consommateurs,
l'avantage, au niveau de la taxe de vente, est relativement minime. Le chiffre
qu'on a établi pour ces mêmes sociétés durant cette
période est de l'ordre de $419 000. C'est donc dire qu'au cours des cinq
dernières années, de 1973 à 1977, il y aurait eu un
avantage, pour ces sociétés, de l'ordre de $419 000 sur un
chiffre d'affaires de $181 millions, soit à peu près 0,2%
d'avantages, ce qui est relativement infime. Je ne pense pas que, dans le cas
de la taxe de vente, cela puisse être considéré comme un
avantage concurrentiel. On voulait au moins le préciser pour
répondre à des questions qui avaient été
posées.
Le Président (M. Gosselin): Merci beaucoup.
M. le député de Brome-Missisquoi, vous aviez
demandé la parole.
M. Russell: M. le Président, je vous remercie. On a
beaucoup parlé cet après-midi des bateaux japonais et on a
parlé de 80% des produits incorporés à la construction
venant de l'extérieur.
M. Tremblay: On a parlé des bateaux polonais.
M. Russell: Des bateaux polonais, oui. Qu'est-ce que cela
représente sur le coût total du bateau? Est-ce que cela
représente 50%? On l'a dit cet après-midi, mais cela m'a
échappé.
M. Brisson: En effet. Je ne voudrais pas être tenu de
préciser exactement les chiffres, mais on calcule environ 50% du
coût total du bateau en matériel. Dans ce matériel, il y a
environ 70% qui est de l'importation.
M. Russell: Des matériaux.
M. Brisson: 70% des matériaux sont de l'importation.
M. Russell: Ce qui veut dire 50% du coût de construction du
bateau, si je comprends bien.
M. Brisson: C'est cela. Sur le prix total du bateau, il y a
environ 35% qui est de l'importation.
M. Russell: Ah, 35% d'importation!
M. Brisson: Oui, sur le prix total du bateau.
M. Russell: D'accord. Donc, 50% du prix du bateau, ce sont des
matériaux et le reste, de la main-d'oeuvre, c'est cela?
M. Brisson: Oui.
M. Russell: Bon. Ma deuxième question est celle-ci: Est-ce
que ces bateaux ont la subvention fédérale de 15% ou 17% pour
l'exportation?
M. Coulombe: 20%, dans ce cas-là. M. Brisson: 20%,
dans ce cas-là. M. Russell: 20%, dans ce cas-là? M.
Brisson: Oui.
M. Russell: Vous parlez d'une commande de $100 millions et vous
prétendez que vous aurez $8 millions ou $10 millions de déficit.
Vous avez $20 millions de subvention, ce qui veut dire $30 millions de
subvention en tout, parce que le déficit sera comblé par une
subvention, de toute façon.
M. Brisson: Notre hypothèse c'est qu'on ne demandera pas
de subvention pour le déficit dont on vous a parlé
tantôt.
M. Russell: Mettons le déficit de côté. On va
dire que c'est quand même $30 millions. J'essaie de faire l'analyse de
cela.
M. Brisson: Vous avez raison.
M. Russell: $30 millions sur $100 millions, dont $35 millions
viennent de l'extérieur. Donc, il me reste un "gap" à
l'intérieur qui n'est pas tellement florissant pour une exploitation
maritime.
M. Brisson: Vous avez malheureusement raison. Maintenant...
M. Russell: Je veux que cette chose fonctionne mais...
M. Coulombe: II faut bien indiquer que les $8 millions dont on a
parlé, c'est une prévision. Si, en 1979, tout se passe
bien...
M. Russell: Vous êtes optimiste, M. Coulombe. J'ai les
rapports de production et si j'en fais l'analyse, j'ai l'impression que vous
arriverez en haut de $10 millions. Je parle de 10%. Donc, on va régler
pour 10%. Mettons $8 millions, 8%, si vous voulez. Je peux vous dire qu'il y a
à peu près 30% qui, directement ou indirectement, va venir de
l'Etat. Vous allez avoir 70% des bateaux. En somme, si on voulait arriver
à un coût égal sans subvention, il faudrait bâtir les
bateaux pour $70 millions plutôt que $100 millions.
M. Coulombe: Mais la question de la subvention du
fédéral, il faut quand même dire que c'est un programme qui
est assez universel.
M. Russell: Oui, je sais, mais c'est quand même... Quand je
parle de l'argent qui vient du fédéral, c'est l'ouvrier qui paie
pour cela, ce sont des taxes. C'est à cela qu'il faut penser. Et ce sont
les autres commerces dans le pays qui paient pour cela. Qu'on le veuille ou
qu'on ne le veuille pas, cela existe quand même. Il faut faire attention
où on va.
Donc, cela veut dire qu'on donne une commande qu'on devrait faire pour
$70 millions pour arriver d'une façon bien opérationnelle.
Mon autre question est sur les turbines. Vous parlez du profit cette
année de $3 millions sur $26 millions de vente ou de fabrication. Ma
question est celle-ci: Lorsque vous faites la comptabilité, vous avez
trois services, vous avez le coût fixe de fonctionnement; comment
facturez-vous dans les services, un montant fixe? Est-ce que c'est
facturé, dans ces choses-là, en pourcentage? (18 h 15)
M. Brisson: Oui, tous les frais généraux ou les
frais fixes sont distribués à chacune des divisions, selon leur
utilisation des capacités physiques.
M. Russell: ... prix là-dedans. M. Brisson:
Oui.
M. Russell: Parce que cela me fait peur un peu, je parle de 8,5%
dans les turbines et cela, vous avez dit tout à l'heure que la plupart
de ces ventes étaient faites à l'Hydro-Québec.
Probablement que l'Hydro-Québec a permis que vous ayez 5% ou 8% plus
cher que d'autres.
M. Coulombe: II faut se fier à la rigueur de I'Hydro et
Dieu sait selon ce qu'on entend dire qu'ils sont drôlement
sévères, mais vous aurez probablement l'occasion de leur
demander...
M. Russell: Vous avez parlé de la politique des achats du
gouvernement qui...
M. Coulombe: Non. La politique des achats ne concerne pas le prix
qui est demandé. La politique des achats concerne la
préférence de fabrication au Québec. Il y a deux
constructeurs au Québec. Mais, lorsque cette décision-là
est prise, les négociations sur les prix et sur les choses sont
extrêmement rigoureuses.
M. Russell: Est-ce que l'autre constructeur est au
Québec?
M. Coulombe: Oui.
M. Martel: Marine n'est-elle pas la seule compagnie qui fabrique
les turbines et les alternateurs au Québec?
M. Brisson: Oui.
M. Martel: C'est exact?
M. Brisson: Oui.
M. Russell: Pensez-vous être capable d'en analyser la
faiblesse? Ces 8,5%, il ne faudrait pas varier trop parce qu'on serait dans le
rouge encore. C'est ce que j'essaie de faire comprendre à la commission
et, quand je regarde les wagons à 5%, cela me fait peur. Quand vous
marchez dans l'industrie à 5%, vous êtes sur une glace très
mince et c'est très dangereux de crouler. Avec la moindre petite faille
dans les activités, vous allez vous ramasser avec des lignes rouges.
M. Coulombe: C'est une des raisons et c'est pour cela que c'est
extrêmement sérieux. Quand on dit que l'année 1979 sera
extrêmement cruciale pour Marine, c'est extrêmement sérieux.
Vous avez parfaitement raison de dire que la division wagon, si elle reste
telle qu'elle est constituée à l'heure actuelle, sans
investissement, il ne faut pas se le cacher, c'est un cul-de-sac. Vous avez
parfaitement raison de dire 5%. Cela va baisser, les 5%. Cela va être 4%,
3%, 2%, 1%, 0%. Il faut donc soit investir, soit quitter cette chose-là
à moyen terme. Ce qu'on propose, c'est d'investir pour rentabiliser
cette division. Cela va dépendre de la fin des études de
marché qui sont en cours, parce que vous savez que les wagons, c'est
extrêmement
cyclique et je pense que cela a été mentionné par
les gens de la CSN. C'est extrêmement cyclique. On est actuellement dans
un "peak" dans le domaine des wagons, mais il y a eu des années de
vaches maigres.
M. Russell: S'il y a une baisse de commandes, cela veut dire que
vos 5% viennent de disparaître.
M. Coulombe: Voilà! Vous avez raison. C'est pour cela
qu'on propose d'investir à la fin de 1979 là-dedans.
M. Russell: C'est ce qui m'inquiète un peu en faisant
l'analyse de Marine Industrie. Comme j'ai dit que je tâcherais de
terminer aussi rapidement possible il y aurait bien d'autres choses
à dire sur Marine je voudrais revenir un peu sur la question de
l'impôt avant de passer aux autres filiales. Vous avez des poursuites
pour des refus de paiement, des réclamations de paiement sur la taxe
d'essence, ces choses-là, qui traînent depuis quelques
années. Est-ce que ces choses sont réglées? Avez-vous
été mis en défaut parce qu'on a oublié de
comptabiliser cela, ou quoi? Moi, chez moi, je n'ai pas pu traîner des
factures pendant deux ans.
M. Coulombe: André Asselin.
M. Asselin (André): M. le Président, les poursuites
du ministère du Revenu contre Marine pour taxe sur l'essence et taxe de
vente remontent à 1965. Cela a été très long avant
que les poursuites soient intentées non pour la remise de sommes qu'on
aurait perçues de tiers, mais pour la taxe qu'on devra payer sur des
produits qu'on a consommés. Le litige réside dans la
définition de certains termes, en particulier pour déterminer si
des chalands et des dragues sont des navires de charge. Plusieurs autres
industries ont apparemment le même problème. Nous avons...
M. Russell: M. le Président, je pense que la commission va
passer cette question-là. Je vois que c'est une chose qui traîne
depuis treize ans. Il faudrait rencontrer le ministre du Revenu pour
régler cela.
M. Asselin: Cela fait très longtemps.
M. Russell: L'autre question dont je voulais discuter est celle
des déficits actuariels. Il semble y avoir une petite différence.
Je ne sais pas si vous avez regardé le bilan financier parce qu'en 1976
vous deviez $1 500 000 et vous avez payé $149 000. L'année
précédente, vous n'aviez selon le rapport qu'une
redevance de $950 000. Je me demande où sont allés les quelque
$300 000.
M. Léveillé: En vertu des règlements du
fonds de pension, nous devons, tous les trois ans, réévaluer
notre fonds de pension et ce travail est fait par un actuaire. A ce
moment-là, évidemment, de nouveaux chiffres actuariels montrent
que le déficit peut diminuer ou augmenter et le déficit doit
être amorti sur un certain nombre de périodes d'années.
M. Russell: II n'est pas dit dans le rapport...
M. Léveillé: Cela avait été fait en
décembre à la publication du rapport.
M. Russell: Est-ce que ces montants portent
intérêt?
M. Léveillé: Le déficit actuariel ne porte
pas intérêt, mais les sommes annuelles qui sont versées au
fonds portent intérêt, ce qui comble le déficit actuel.
M. Russell: Pour revenir à la question de l'impôt,
je voudrais préciser un peu. Vous avez raison, et c'est ce qu'on a dit,
les sociétés d'Etat ne paient pas d'impôt sur le revenu.
C'est tout ce que Ion a dit. On est parfaitement au courant que celles qui sont
détenues à 50%, 60% ou 70% par la SGF sont obligées de
payer de l'impôt comme les autres. Mais, on dit quand même que si
vous faites des profits, c'est un avantage sur les autres
sociétés qui sont vos compétiteurs, aussi bien pour la
taxe de vente, cela a été admis par le ministre du Revenu, que si
vous facturez un produit. Je vais prendre un exemple pour être mieux
compris: FORANO, qui est une société d'Etat ou qui est devenue
une société d'Etat, peut vendre un morceau et charger la taxe de
8% et l'inclure dans son prix, tandis que MADCO pourrait charger le produit,
mais doit montrer la taxe sur sa facture.
M. Plessis-Bélair: M. le député, je crois
que, sur ce point-là, les sociétés d'Etat sont tenues de
charger la taxe de vente lorsqu'elles font des transactions à la vente
de biens qui sont utilisés pour la consommation, comme toute
société. Elles sont tenues également de recueillir ces
fonds et de les remettre au ministère du Revenu. L'avantage
découle seulement du côté achats, lorsque ces
sociétés achètent des biens dont elles sont le
consommateur final, elles peuvent obtenir une remise de la taxe de vente qui a
été chargée par le vendeur; mais, lorsque ces
sociétés vendent des biens qui sont utilisés par des
consommateurs finals, elles doivent, comme toute autre société,
charger la taxe de vente et en faire la remise au ministère du Revenu.
Dans ce cas, les sociétés ne sont que l'agent qui fait la
perception de cette taxe de vente.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
L'Heureux.
M. L'Heureux: Merci, M. le Président. On parle beaucoup de
rentabilité et de rendement, d'impôts, des taxes que cela implique
et d'où cela vient. C'est sûr que tout le monde souhaiterait que
toutes les entreprises soient rentables, y compris
celles de l'Etat. Cependant, ne doit-on pas reconnaître que, dans
le secteur naval, les pays les plus avancés, qui sont au premier rang,
les plus évolués et dont les entreprises sont les plus
intégrées, qui fabriquent tout, de A à Z, et des pays
gouvernés par des partis conservateurs, libéraux, au Japon, en
Allemagne de l'Ouest, en Suède, en Europe, partout dans le monde,
même en Asie, ne doit-on pas reconnaître que la majorité des
pays, les plus avancés sur le plan naval ont reconnu qu'il ne fallait
pas se comporter devant les chantiers navals comme on le fait normalement avec
les notions de rentabilité normale. Au contraire, tous ces pays ont
subventionné largement, fortement, tous les chantiers navals
concernés, privés ou publics. Non seulement cela, la tendance est
à la nationalisation, même par des gouvernements qui sont
conservateurs ou libéraux. C'est la tendance réelle dans le
monde. Il faudrait qu'on se rende compte de ce fait au Québec et qu'on
se réveille.
M. le Président, par ailleurs, je pense qu'il y a une question
avant qu'on se laisse, et je comprends...
M. Tremblay: C'est extraordinairement important. Je demanderais
la permission du président de faire peut-être un commentaire sur
ce que vous venez de dire, puisque votre commentaire implique une orientation
politique que nous retrouvons dans le projet de loi.
Comme vous le dites, il est normal qu'un gouvernement intervienne pour
empêcher des perturbations sociales et économiques dans une
industrie et dans une région.
M. L'Heureux: Et à cause de l'impact économique
très positif de ce secteur lourd.
M. Tremblay: Exactement, avec les retombées
économiques et c'est pour cela que le gouvernement, en deuxième
lecture à l'Assemblée nationale, va justifier son intervention
parce qu'il s'agit, effectivement, de subventions, de prêts
conditionnels, etc., qui, normalement, pourraient ne pas être faits dans
un secteur ordinaire, puisqu'il y a des pertes financières importantes
et que le secteur n'est pas rentable.
Mais vous avez quand même utilisé deux mots importants,
vous avez parlé de pays. C'est peut-être l'ambiguïté
dans laquelle on se trouve ici; le gouvernement du Québec aimerait
solutionner ces problèmes avec beaucoup de bonne volonté et
vous-même, dans votre mémoire... D'ailleurs, je vous le demande et
je vous le recommande, vous devriez présenter ce mémoire à
un comité ministériel à Ottawa, puisque vos sept
recommandations touchent le gouvernement fédéral. Mais nous
allons les étudier, nous, très attentivement ainsi que tous les
autres points de votre mémoire.
En ce qui concerne la nationalisation, je vous ferai remarquer que le
chantier maritime de Marine est nationalisé, c'est ce qui fait que nous
sommes ici aujourd'hui. Mais, nationalisation ne veut pas dire trou sans fond
et fardeau pour le reste de la société. D'accord, il y a des
coûts sociaux et des réorganisations industrielles qui doivent
être considérés et qui exigent parfois, de la part d'un
gouvernement, des subventions. Mais il ne faudrait pas, sous le couvercle de la
nationalisation, croire que c'est un prétexte pour verser des fonds
publics à l'infini.
M. L'Heureux: Ce mémoire, M. le Président, fait
partie d'une campagne; d'ailleurs, il y a une brochure à très
large diffusion. En fait, dans toutes les régions du Québec, il y
a un effort de sensibilisation et d'information qui va être fait, quant
au principe de base sur lequel le président du syndicat a insisté
et sur lequel nous insistons. Quand on dit qu'il va falloir, de la part de nos
gouvernements ce qui est très lent à faire et on sait que
cela prend du temps avant d'en prendre conscience qu'on prenne
conscience de la vocation maritime de ce pays et notamment du Québec.
C'est cela qu'il y a; on ne sait même pas qu'on vit sur le bord d'un
fleuve; on ne se rappelle pas qu'il y a une centaine d'années, il y
avait des centaines de sentiers qui s'échelonnaient le long du fleuve
jusqu'en Gaspésie et que tout cela, on est en train de le perdre. On l'a
dit et on ne veut pas se répéter là-dessus.
Ce qui serait important, à ce moment-ci... Je ne sais pas si ce
serait possible d'avoir une assurance là-dessus. La SGF, je crois, a une
orientation qu'on trouve très positive, très intéressante,
en particulier au niveau de la spécialisation. Cependant, avec une
distinction très nette, très importante. On ne peut pas
régler ceci maintenant, mais est-ce qu'on pourrait avoir l'assurance, M.
le ministre, maintenant, parce que l'orientation de la SGF peut signifier
l'utilisation d'une partie de l'espace qui, maintenant, sert aux chantiers, que
rien ne sera fait dans ce sens sans qu'il y ait des consultations avec Marine,
la SGF et le gouvernement? Pourrait-on avoir cette assurance sur le plan
syndical? Deuxièmement...
M. Tremblay: Une question, M. L'Heureux, qui est très
importante...
M. L'Heureux: Oui.
M. Tremblay:... je vais demander au président de la SGF de
vous répondre parce que le ministre lui-même et le gouvernement
lui-même n'administrent pas de compagnie; nous administrons un
gouvernement et je vais demander à la SGF qui, elle, a un mandat de
l'Assemblée nationale d'administrer une compagnie, de répondre
à votre question.
M. Coulombe: Lorsque j'ai dit tantôt que le plan de
conversion, en fait, sa phase cruciale de définition très claire,
très précise serait dans les premiers mois de 1979, nous avons
fermement l'intention, à la SGF, que cette définition soit faite
en collaboration avec ceux qui ont un rôle extrêmement important
à jouer dans l'avenir même de Marine Industrie. Donc, on va avoir
l'occasion d'en
discuter à fond. Tout ce que je peux dire là-dessus, c'est
que si la loi est acceptée par l'Assemblée nationale, nous,
à la SGF, allons considérer comme un impératif fondamental
la question de la rentabilité. C'est dans ce cadre que les
recommandations de la Société générale de
financement vont être faites, et, d'une rentabilité réelle,
ce qui n'empêchera pas le gouvernement d'apprécier les
recommandations de la SGF parce que l'actionnaire est quand même le
gouvernement de cette société. Mais si le mandat explicite de
l'Assemblée nationale est tel que celui qui est impliqué
là-dedans, la notion de rentabilité va devoir primer dans nos
recommandations. Le gouvernement les acceptera ou les refusera mais cela va
être la notion fondamentale qu'on va essayer de respecter.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Brome-Missisquoi. Je solliciterais, parce que je pense
qu'il n'a pas terminé, un nouveau consentement unanime.
M. Russell: M. le Président, j'étais bien
consentant tout à l'heure pour raccourcir mon intervention. Vous avez
dit que j'en aurais à peu près pour une demi-heure; j'ai eu
à peu près dix minutes; je suis encore prêt à couper
mais je vais tenter de terminer aussi rapidement que possible.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que vous en avez pour longtemps, M. le député de
Brome-Missisquoi?
M. Russell: Non, pour une dizaine...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Une
heure ferme parce que sans cela, si on est pour aller jusqu'à 20 heures,
on est aussi bien d'arrêter et de recommencer à 20 heures.
M. Scowen: Je propose 18 h 45.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord, consentement.
M. Russell: Donnez-moi seulement quatre ou cinq minutes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): 18 h 45
au maximum.
M. Scowen: Point final.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je n'ai
plus rien à dire.
M. Russell: M. le Président, je n'ai pas bien saisi tout
à l'heure lorsque le président de la SGF a dit qu'il avait $48
millions de profit et qu'il avait payé $35 millions d'impôt,
est-ce cela?
M. Plessis-Bélair: Au total.
M. Russell: Au total. (18 h 30)
M. Plessis-Bélair: II faut comprendre dans cela que
certaines compagnies réalisant des pertes ne sont pas taxables; comme il
y a plusieurs compagnies, dans les $48 millions de profit, il y a donc des
compagnies qui ont connu des périodes difficiles et qui ont, comme vous
le savez, enregistré des pertes. Par conséquent, quand on fait le
rapport de $35 millions par rapport à $48 millions de pertes, le rapport
n'est pas le même que dans le cas d'une seule compagnie.
M. Russell: Ma question est celle-ci: Vous avez fait $48 millions
de profit avant impôt, c'est cela?
M. Plessis-Bélair: C'est cela.
M. Russell: Et vous avez payé $35 millions en impôt,
donc, la différence est de $13 millions, c'est cela?
M. Plessis-Bélair: C'est cela. C'est exact. M. Russell:
$13 millions sur quatre ans.
M. Plessis-Bélair: Effectivement, le
bénéfice net consolidé de la SGF pour les cinq
dernières années, c'est $11 millions. C'est la part SGF.
M. Russell: SGF.
M. Plessis-Bélair: Ce qui correspond à un retour
sur l'avoir des actionnaires d'à peu près 3,4% durant la
période.
M. Russell: Ma question est: Quand vous parlez de l'impôt
que vous avez payé, ce sont les filiales qui ont payé
l'impôt et non pas nécessairement la SGF.
M. Plessis-Bélair: Non, c'est cela exactement. M.
Coulombe: Oui.
M. Russell: C'est cela que je voulais savoir.
Très brièvement, vous avez parlé de Forano qui a
perdu $3 millions l'an dernier et près de $1 million l'année
d'avant; est-ce que c'est rentable cette année?
M. Coulombe; Oui, il y a des bénéfices cette
année, et c'est l'exemple que j'ai donné tantôt comme
redressement assez intéressant.
M. Russell: II y a l'autre partie de Forano sur laquelle je
voulais poser des questions. Forano ne m'impressionne pas tellement, elle est
un peu comme une autre société qui importe beaucoup, c'est devenu
commercial. Elle produit très peu ici, elle achète de
l'extérieur et elle fait le commerce ici, pour une grosse partie.
M. Plessis-Bélair: Le pourcentage de fabrication dans le
chiffre d'affaires de Forano, cette année, est à peu près
de l'ordre de 45%. Alors, il y a une partie importante de...
M. Russell: C'est cela. J'aurais été plus
libéral que vous, j'étais pour dire 50%.
M. Plessis-Bélair; L'an dernier, c'était 50%.
M. Russell: Ce sont les points que je voulais soulever devant
cette commission. Je me sers de Forano comme exemple et plusieurs de ces
filiales font du commerce en concurrence avec l'entreprise privée et
font des déficits. C'est là que je trouve qu'elles ont des
avantages d'impôt; je trouve que ce n'est pas tout à fait
légitime. Si elles veulent faire du commerce et concurrencer
l'entreprise privée, elles devraient payer leurs impôts comme
toutes les entreprises privées. Je n'ai pas d'objection, par exemple, et
je pense que cela va répondre aux désirs des syndicats, à
ce qu'une firme comme Forano, si elle pouvait manufacturer 100% de ses produits
et en faire la commercialisation... Même si elle avait un peu de
déficit, ce serait avantageux pour un gouvernement de le faire. J'aurais
moins d'objection. Ce sont les quelques points que je voulais soulever parmi
plusieurs autres.
M. le Président, j'avais préparé une liste de
questions, je vais la remettre aux calendes grecques. Je me reprendrai en
commission plénière.
Je termine là-dessus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci.
M. le député de Duplessis.
M. Ferron: Merci, M. le Président, j'aurais une couple de
questions.
On sait que le projet de loi no 108 touche deux grands principes, celui
de régler la question des navires et aussi celui de l'avenir de Marine
Industrie. Ma question s'adresse à M. L'Heureux, du syndicat de la CSN,
et se rapporte à la page 8 du mémoire qu'il a lui-même
présenté. Lorsqu'on dit: Premièrement, accord en ce qui
concerne vous êtes d'accord, en d'autres mots le moyen
envisagé pour financer et garantir le prix de vente des six navires
invendus par Marine. Donc, on touche le premier principe du projet de loi.
Mais, pour le deuxième, il me semble que c'est ambigu, en tout cas pour
moi, peut-être aussi pour d'autres membres de la commission. Vous dites
être en désaccord sur le moyen à envisager pour relancer
les activités de Marine. Est-ce que cela veut dire que vous êtes
contre le deuxième principe du projet de loi ou quoi, pour la
revalorisation de Marine? Allez-y.
M. L'Heureux: Oui, s'il signifie une réduction
plutôt qu'une reprise, une réorganisation en termes massifs, par
le fédéral, notamment, dont c'est la responsabilité. Si
cela signifie une réduction de la vocation navale de Marine, je vous dis
que nous sommes en désaccord avec ce principe, s'il doit conduire
à cela. C'est pour cela que tantôt j'ai demandé l'assurance
au ministre qu'on ne touche pas à la division navale de Marine tant
qu'il n'y aura pas eu des discussions et qu'on n'aura pas discuté aussi
de l'ensemble du problème maritime.
On a évidemment soulevé le problème de l'ensemble.
C'est sûr qu'à court terme il y a un problème qu'on appelle
peut-être un problème de "patchage".
A la Davie, vous savez, il y a du chômage là aussi. C'est
cyclique, c'est constant. Il y a des périodes de deux ou trois ans
où ça va, mais, depuis des dizaines d'années, il n'y a eu
aucune espèce de planification, d'organisation en fonction de
l'intérêt de notre industrie maritime ici, au Canada, et au
Québec. Des bateaux? Il ne s'agit pas de décider qu'on en vend un
et qu'il se fasse tout de suite d'ici six mois; des plans doivent être
faits, etc., c'est très long. A court terme, il est sûr que ce
sont des solutions de "patchage" comme on en a toujours eu. Cela veut dire,
comme on l'a fait récemment, qu'on va le refaire et on espérait
avoir l'appui du gouvernement là-dessus.
Il faudrait que le fédéral accélère son
programme de reconversion du plan militaire, de certaines unités, les
navires vieillis, disons, sur les Grands-Lacs. C'est du travail qui peut se
faire assez rapidement par les chantiers et cela pourrait combler le taux de
chômage massif qu'on a dans nos chantiers. A court terme, c'est sûr
qu'on va être poigné avec des solutions de "patchage" comme on l'a
toujours été.
Ce qu'on dit au gouvernement, par rapport au projet de loi, surtout en
ce qui concerne les intentions, quand on voit des bouts, des aires, la
superficie du terrain de Marine, qu'elle en achète d'autres, quelques
aires supplémentaires, peut-être, ce qu'on vous demande est
très important. Je pense ne pas exagérer en vous disant
qu'à l'heure actuelle il y a beaucoup d'anxiété dans
l'usine face à cet aspect du projet de loi. Il est perçu
partiellement avec raison par les confirmations qu'on a eues ici, comme
signifiant une réduction éventuelle du secteur maritime.
Le projet de la SGF est positif, il veut spécialiser, diversifier
davantage, en fait, Marine. C'est très bien, on est d'accord, mais pas
au prix de la réduction de la partie navale, même si on sait
toutes les difficultés dans lesquelles nous sommes. Ce n'est pas parce
qu'on est en état de crise, au contraire, qu'on ne doit pas apporter des
remèdes très importants sans doute. J'espère que tous les
partis seront d'accord, un jour, pour les subventions massives qu'il faudra
pour avoir des chantiers maritimes vraiment efficaces et bien organisés
au Québec et au Canada. Je ne sais pas si c'est assez clair.
M. Perron: Merci. Maintenant, j'ai une autre question qui
s'adresse à M. Coulombe. Dans le cadre des modifications qui seront
apportées à Marine Industrie par la SGF, suite à des
négociations, pourriez-vous me dire si vous avez l'intention, au niveau
de Marine ou de la SGF, de rentrer en contact avec le milieu syndical qui
comprend tout de même au-dessus de 2000 personnes, si ce n'est pas plus,
dans le cadre de cette revalorisation et de ces modifications que vous allez
apporter à Marine Industrie?
M. Coulombe: La réponse, je l'ai donnée
tantôt, c'est oui, à votre deuxième question. Le contact et
les mécanismes que la direction de Marine va mettre en place pour
s'assurer la collaboration des syndicats vont être mis en place en
janvier ou février. Il faut vraiment intensifier la période de
réflexion là-dessus.
Mais, sur le point de M. L'Heureux, je voudrais quand même qu'il
n'y ait pas d'ambiguïté en ce qui concerne la situation de la SGF.
Le programme de conversion qu'on présente il ne faut pas qu'il y
ait d'ambiguïté c'est carrément une
spécialisation et l'hypothèse d'une contraction de l'emploi dans
la construction navale à Marine telle qu'on peut la percevoir
actuellement dans l'environnement qu'on connaît, c'est ce qui est
déposé. Si l'environnement change, par l'argumentation que vous
fournissez, que vous allez fournir au gouvernement, on s'ajustera à
l'environnement. Mais cet environnement n'est pas sous le contrôle de la
Société générale de financement. Je pense qu'il
faudrait que ce soit très clair à l'heure actuelle. On prend
l'environnement tel qu'il est.
Les discussions qui vont s'entreprendre au mois de janvier devront
toujours tenir compte que, si la problématique ou si l'environnement
change par l'action des gouvernements, la SGF va s'y ajuster comme une
entreprise industrielle doit s'y ajuster, pour le mieux. Et tant mieux si
certains objectifs gouvernementaux sont changés. Mais, si ce n'est pas
le cas, l'environnement tel qu'on le connaît, on va travailler dedans.
C'est comme cela qu'on va aborder le problème.
M. L'Heureux: Excusez-moi, mon problème c'est que
tantôt, initialement, quand j'ai posé la question au ministre, il
m'a dit: C'est le président de la SGF qui est responsable. Je ne sais
pas, je crois comprendre que maintenant c'est le gouvernement qui est un peu
responsable aussi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): On va
laisser la parole au ministre.
M. Tremblay: Rapidement peut-être, pour enchaîner
à ce qu'a dit M. L'Heureux. Nous n'avons pas la prétention avec
ce projet de loi 108 que nous avons déposé trois semaines
après avoir reçu le rapport de la SGF de résoudre tous les
problèmes des chantiers maritimes au Québec ou au Canada. Je
crois par contre que nous agissons vite comme gouvernement. Dans d'autres pays,
ce sont les gouvernements nationaux qui interviennent dans les chantiers
maritimes. Vous avez mentionné la Suède. J'aurais pu mentionner
la France et bien d'autres pays. Nous intervenons parce qu'il y a un
problème urgent et c'est pour cela que nous intervenons d'urgence avant
Noël pour sauver, finalement, l'entreprise qui est menacée
financièrement, parce qu'elle devenait insolvable, si nous
n'intervenions pas. Il est évident que nous allons regarder les choses
dans une perspective plus grande et ce n'est pas à nous, M. le
président de la SGF, de dire qu'il faut changer l'environnement parce
que notre existence même comme parti politique est justement de changer
l'environ- nement économique du Québec. Je peux donc m'engager
auprès de tout le monde. Ce n'est qu'une partie d'une politique plus
grande que nous voulons établir avec les moyens que nous avons
présentement. Plus tard, nous aurons des moyens plus vastes.
Il est certain que le Québec a une vocation maritime. Je ne me
rappelle pas qui l'a dit pendant la journée ou hier. Le Québec
est une presqu'île entourée de mers et de rivières. Je suis
le ministre responsable des pêcheries et mon collègue, Denis
Perron, a un comté qui a des côtes de 1000 milles de longueur et
même plus. Donc, le Québec a une vocation maritime. Il est
évident que nous allons travailler comme gouvernement dans une
perspective beaucoup plus vaste. Nous devions agir rapidement. Nous avons agi
et nous agirons ultérieurement dans le même domaine dans des
politiques plus vastes.
Le but de la commission n'était pas de résoudre tous les
problèmes. C'était de faire un tour d'horizon de la situation
d'urgence qui se présentait devant nous. Je présume que les
membres de la commission, qui ont travaillé très fort pendant
quatorze heures pratiquement d'affilée, jusqu'à minuit hier soir
et même passé un peu minuit, se sentent renseignés, du
moins dans les grandes lignes. Je présume, M. le Président, que
je peux faire les remerciements d'usage et donner la perspective
générale.
Donc, je présume que nous allons clore cette première
étape du projet de loi. Ce n'est qu'une première étape,
puisque le processus législatif exige maintenant que nous ayons un
débat en deuxième lecture à l'Assemblée nationale
et que nous revenions devant cette même commission au cours de la semaine
prochaine. Je crois que nos débats ont démontré qu'il n'y
avait rien à cacher, qu'il y avait une collaboration de tous les
intervenants directs et indirects rattachés à ce dossier. Je
pense que les témoignages ont été faits avec candeur, avec
franchise et dans un esprit positif. Je profite de l'occasion pour le
souligner, M. le Président, et remercier la nouvelle direction de la SGF
et le conseil d'administration.
Il est évident que cette nouvelle direction est bien en selle,
qu'elle exécute bien le mandat que le gouvernement lui a confié
en mai dernier et je la remercie au nom du gouvernement. Je me réjouis
aussi que les membres de l'Opposition aient très positivement
collaboré aux travaux de la commission et je pense que c'est le
député de Notre-Dame-de-Grâce qui a dit que les documents
qui avaient été distribués allaient dans le bon sens.
Je crois ne pas me tromper en décelant une certaine
unanimité au niveau de la commission pour soutenir la SGF dans son
travail de consolidation et de construction de l'avenir, surtout à
Marine Industrie. Comme je l'ai dit, je vais tenir en réponse aux
préoccupations de mon collègue le député de
Brome-Missisquoi l'Assemblée nationale au courant de tous les
développements qui vont se produire dans les semaines et dans les mois
à venir, concernant tout ce qui a été discuté ici
au cours des deux derniers jours.
Sur cela, je voudrais remercier tous ceux qui
ont participé et collaboré à cette commission de
près ou de loin et je propose, avec votre permission, la suspension sine
die de nos travaux.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux sont ajournés sine die.
Fin de la séance à 18 h 45