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Question avec débat
(Dix heures quinze minutes)
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de l'industrie et du commerce est réunie
pour la question avec débat du député de
Notre-Dame-de-Grâce au ministre de l'Industrie et du Commerce sur le
sujet suivant: L'absence de politiques du gouvernement québécois
en ce qui concerne l'investissement de capitaux provenant de l'extérieur
du Québec.
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, vous avez 20
minutes pour aborder le sujet.
M. Scowen: Merci, M. le Président. Je me demande si je
peux suggérer au ministre un léger changement à l'ordre du
jour. Normalement, c'est la deuxième session à laquelle
j'assiste, cette idée de 20 minutes de discours suivies par 20 minutes
de discours, pour moi, n'est pas fidèle tout à fait à
l'idée de question avec débat. J'ai parlé un peu avec M.
Russell avant que le ministre arrive et je pense qu'il est d'accord avec la
suggestion que je propose au ministre, à savoir que ce matin,
peut-être, on va changer. Quant à moi, je vais faire un petit
préambule de cinq minutes dans lequel je vais dénoncer le
gouvernement au sujet de cette affaire.
Ensuite, je vais poser quelques questions assez précises, puis le
ministre pourra prendre cinq minutes pour dénoncer l'Opposition ou faire
un préambule et, tout de suite après, on pourra passer aux
questions. On va permettre à M. Russell de faire la même chose
après avoir passé notre première série de
questions. Je pense que cela pourrait être plus intéressant et
peut-être que ça nous permettrait même de partir un peu plus
tôt, en plus.
Je ne sais pas si vous pouvez accepter cette suggestion, M. le
ministre.
M. Tremblay: Je dois dire, M. le Président, que ce n'est
pas nous qui avons convoqué la commission; c'est le député
de Notre-Dame-de-Grâce qui l'a convoquée. Je présume qu'il
a des choses intéressantes à nous dire, parce que je dois dire
que, comme ministre de l'Industrie et du Commerce, je suis très
occupé présentement. Je suis rentré, hier soir, comme je
le mentionnais déjà, d'une rencontre à Mont-Joli,
où j'ai créé un commissariat industriel: j'aurais eu des
rencontres aujourd'hui avec le conseil d'administration de SIDBEC, à
Montréal, et je suis en train de préparer la commission
parlementaire sur la SGF où nous allons augmenter son capital-actions de
$60 millions. Donc, je présume que cette convocation n'est pas frivole,
qu'il y a, de la part du député de Notre-Dame-de-Grâce et
de l'Opposition libérale, des choses importantes à dire. Je suis
venu ici pour les entendre et, évidemment, commenter ces
déclarations et répondre à des questions.
J'ajouterais d'autre part, M. le Président, que l'institution qui
s'appelle l'interpellation va être revue parce que c'est une
procédure expérimentale qui sera, de toute évidence,
suspendue pour le mois de décembre puisque nos règlements ne
permettent pas qu'une commission semblable siège pendant le mois de
décembre étant donné qu'elle fait je vais
ajouter un troisième commentaire, si vous me le permettez, parce qu'on a
soulevé une question et qu'on a demandé mon opinion double
emploi avec la période de questions à l'Assemblée
nationale.
D'autre part, la période d'interpellation se fait selon des
règles qui ont été arrêtées par les leaders
des différents partis et je n'ai pas autorité, ce matin, au pied
levé, à la dernière peut-être
période d'interpellation que nous aurons, probablement puisque
ces règles ont été établies suite à une
superposition de l'ancien système français de la IVe
République avec le système parlementaire qui est assez illogique
de les changer. Je pense qu'on devrait s'en tenir, étant
donné que c'est déjà une formule assez boiteuse, au moins,
à la tradition qui s'est établie depuis l'ouverture de la
session.
M. Russell: M. le Président, si vous me permettez
seulement un petit mot là-dessus, non pas pour répondre au
ministre, mais pour donner une opinion sur la demande du député
de Notre-Dame-de-Grâce. Le ministre a raison quand il dit qu'il y a des
normes qui ont été établies entre les leaders
parlementaires. Et quand on établit des cadres dans lesquels on doit
travailler, c'est normal, lorsqu'il n'y a pas entente. Mais je ne connais pas
une commission qui ne peut pas elle-même changer les normes de
procédure s'il y a entente entre les parties. Le travail si j'ai
bien compris le but visé par cette commission est d'accomplir
quelque chose et d'informer les gens qui posent des questions. Je pense qu'on
va atteindre le but d'une façon plus rapide si on procède
immédiatement aux questions plutôt que de faire des
préambules de vingt minutes qui sont, à mon sens,
peut-être...
M. Scowen: Ce qu'on désire, c'est de réduire le
préambule de vingt minutes à cinq minutes.
Le Président (M. Marcoux): II n'y a rien qui vous
empêche, M. le député de Notre-Dame-de-Grâce,
d'être le plus bref possible dans vos premières vingt minutes. De
toute façon, comme vous avez un droit de parole privilégié
et que vous n'êtes que trois membres avec le droit de parole, je suis
convaincu que vous pourrez reprendre la parole à plusieurs reprises en
procédant immédiatement, si possible.
M. Scowen: M. le Président, est-ce que je comprends
maintenant que le ministre n'est pas d'accord pour réduire le
préambule de vingt minutes à cinq minutes pour chacun?
M. Tremblay: Ce n'est pas une question de ne pas être
d'accord. J'ai dit simplement qu'il y a des règlements de
procédure qui ont été établis à savoir que
celui qui convoque la commission peut utiliser 20 minutes. Il peut
évidemment utiliser une minute aussi, mais je présumerais que
cette commission n'a pas été convoquée pour des fins
frivoles.
M. Scowen: 20 minutes chacun dans ce cas-là. D'accord?
M. Tremblay: Je m'excuse. Vous parlez le temps que vous voulez.
C'est ce que le président a dit.
Le Président (M. Marcoux): La première
étape, c'est 20 minutes au maximum pour le député de
Notre-Dame-de-Grâce. Il peut en utiliser cinq, dix ou quinze, mais il
aura plusieurs droits de parole de toute façon à la suite de la
réponse du ministre, qui sera au maximum de 20 minutes également
pour la première réponse.
Exposé du sujet M. Reed Scowen
M. Scowen: Alors, M. le Président, j'ai convoqué
cette question avec débat, parce que, d'après plusieurs opinions
que j'ai eues du monde des affaires, des journalistes, du monde de notre parti,
il semble que le Parti québécois n'ait pas encore réussi
à développer une politique sur les investissements non
québécois qui soit claire et qui pourrait être comprise par
les personnes intéressées. Moi, je dis aujourd'hui qu'il n'y a
pas de politique. Il y a une attitude qui est révélée dans
les déclarations qui ont été faites jusqu'ici, quelques
gestes, et je les qualifie de colériques et d'inarticulés. Ce
manque de politique est probablement la raison de cette attitude. Vous n'avez
pas rendu les choses claires et nettes. C'est souvent difficile d'être
consistant et content, mais il faut d'abord que je souligne qu'une politique
envers ces investisseurs a été promise.
J'ai une citation de M. Landry qui date du 25 juin 1977, que je ne vais
pas répéter, mais M. Landry a dit qu'il y aurait une politique
sur ces investissements très bientôt et, de temps en temps, depuis
cette déclaration, il y a eu d'autres indications qu'une politique s'en
venait. Il a toujours été dit que cette politique serait
basée sur le programme officiel du Parti québécois et
surtout le chapitre III, les entreprises, et M. Landry, à plusieurs
reprises, a fait référence à ce programme. Depuis cette
promesse, nous avons vu, si je comprends bien, ce qui s'est passé.
J'ai essayé de fouiller un peu dans les documents et les coupures
de presse. Il y a, premièrement, ce que j'appellerais une attitude
générale envers ces investisseurs non Québécois qui
est hostile, une préoccupation pour les petites et moyennes entreprises
québécoises, et même des déclarations que c'est sur
celles-là qu'on va bâtir notre économie, une
détermination de favoriser les autochtones, mais pas de politiques.
L'hostilité, je pense que c'est bien connu. Je n'avais pas de
problème, hier, pour trouver des références pour les
hommes d'affaires; je cite quelques exemples: "bastard", M. Lévesque; un
chancre dans l'économie, M. Jacques-Yvan Morin; "small dictators, le
ministre roi nègre, inféodé, extrémiste de droite,
puppet, maître chanteur, arrogant, incompétent. On a toute une
liste d'adjectifs, j'ai des citations ici. Mais tout le monde est conscient
qu'en général, l'attitude envers ce grou-ge de membres de notre
économie de la part des gens qui ne sont pas des capitalistes du
Québec est un peu négative.
Pour donner le sommaire de cette attitude, je pense que je peux citer M.
Laurin; c'est le plus clair que j'ai vu, une citation de juillet 1978: "II n'y
a pas de doute que nous entrons en conflit avec les multinationales; depuis le
temps que ces dernières opèrent au Québec, nous les
connaissons bien." Je pense que cette seule phrase, c'est le sommaire assez
précis de toutes les attitudes que je décris.
Deuxièmement, j'ai parlé brièvement de la question
de la politique des PME. C'est clair qu'en général, l'idée
du ministre, si je comprends ses paroles jusqu'ici, c'est que la base de notre
économie doit être les petites et moyennes entreprises. Je cite
simplement un exemple, il y en a plusieurs. Il serait illusoire de croire,
comme on l'a cru dans certains gouvernements précédents, que le
développement économique du Québec devrait reposer sur
l'apport des investissements étrangers.
Notre politique économique doit reposer sur une première
préoccupation, celle d'encourager les efforts des autochtones.
L'ensemble des politiques et des programmes du gouvernement visera à
l'avenir, directement ou indirectement, à cet objectif central. Alors,
voici la situation. Une certaine hostilité envers les hommes d'affaires
étrangers, un certain désir de construire un Québec sur la
base de nos autochtones; c'est un mot dont les gens se servent pour des fins
différentes, mais, quand même, je pense que, dans ce sens, le
ministre n'a pas parlé des premiers citoyens de l'Amérique du
Nord, mais des Québécois mêmes.
Comment expliquer cette hostilité, ce manque de confiance dans
les hommes d'affaires, dans les capitalistes qui ne sont pas
Québécois. Je ne peux pas l'expliquer. Je pense que ce n'est pas
quelque chose qui est inévitable. En ce qui regarde le passé, je
pense que nous avons un peu moins de connaissance de ces grandes compagnies
qu'auparavant. On a développé une espèce de mythologie
autour de ces compagnies, qu'elles ont toutes un bureau à New York, dans
un gratte-ciel, dirigé par les capitalistes qui manipulent les
travailleurs du monde, les consommateurs, et qui exploitent les épargnes
des Québécois pour quelque chose qu'on appelle le profit, ce mot
terrible, qui est devenu presque synonyme, ici, d'exploitation et de vie
luxueuse pour les capitalistes anglais à Toronto et aux Etats-Unis.
Ces idées sont dépassées. C'est un peu primitif. Je
pense que le ministre lui-même est conscient que ces attitudes, qu'on
voit assez souvent dans les journaux, non seulement du gouvernement mais des
autres secteurs de notre société, sont
dépassées.
Le fait que cette attitude existe, l'attitude que j'ai décrite
jusqu'ici, pour moi, c'est clair que nous perdrons. Nous sommes perdants. Nous
avons beaucoup de compagnies qui sont en train de quitter le Québec pour
se situer ailleurs, surtout dans les autres endroits du Canada, surtout
Toronto. Plusieurs milliers d'emplois sont perdus déjà et il y en
a d'autres qui vont venir.
Par contre, du côté des investissements au Québec,
c'est aussi très grave. Il y a des investissements qui se font au
Québec, qui sont normalement aujourd'hui dans les secteurs traditionnels
qui sont en relance aujourd'hui, comme le textile et les pâtes et
papiers, à cause de certains facteurs. Il y a les investissements qui se
font ici par les compagnies québécoises pour desservir le
marché québécois. Mais il n'y a presque pas
d'investissements de l'extérieur du Québec qui se situent ici,
sauf si c'est pour les fins des richesses naturelles ou pour des raisons
très particulières. Il n'y a pas d'activités dans nos
parcs industriels. Et, pour les huit premiers mois de cette année, la
construction industrielle à Montréal, comparée avec 1977,
est en baisse de 40%, et, en comparaison avec 1976, en baisse de 80%, pour la
construction industrielle à Montréal. Pour les huit premiers mois
de cette année, c'est 80% plus bas. (10 h 30)
C'est la fin de mon préambule. J'ai essayé de vous
montrer, M. le ministre, que, pour toutes sortes de raisons je ne dis
pas que ce sont nécessairement des raisons que vous-même
accepterez parfaitement, parce que vous allez certainement montrer un autre
côté de la médaille nous sommes rendus au point
où il n'y a pas beaucoup d'investissement étrangers. Les gens ne
sont pas capables de sortir de vos déclarations, jusqu'ici, une
politique claire et nette et, comme résultat, ils attendent.
J'ai convoqué cette rencontre, ce matin, pour une raison
très précise, pour essayer de préciser cette politique sur
les investissements non québécois. Le seul endroit que je peux
trouver pour commencer, c'est le programme du Parti québécois
auquel vous avez vous-même fait référence, ainsi que M.
Landry, comme étant la base de votre politique envers les entreprises,
C'est ce que j'ai fait. Je l'ai lu attentivement et j'ai dit que je pourrais
peut-être étudier le programme avec vous, ce matin, dans le but,
M. le ministre, de donner aux hommes d'affaires, aux intéressés
dans le domaine du journalisme financier, un peu de précisions sur la
façon dont vous vous proposez d'appliquer cette politique.
Pour ces fins, j'ai sorti une liste simplement pour que ce soit
plus réel de cinq compagnies qui ont des statuts
différents. Ce que je me propose, M. le ministre, c'est de vous demander
de m'aider à répondre à quelques questions qui
démontreront l'application de votre politique sur cinq compagnies que
j'ai prises comme exemple seulement. Ces compagnies sont Cadbury, General
Motors, Labatt, Alcan et Power Corporation. Je vais vous dire pourquoi. Elles
sont toutes dans des catégories un peu différentes. Si vous
regardez le document avec moi, je vais vous montrer comment. Cadbury est une
compagnie non québécoise. J'arrête là, parce que
c'est une question importante.
Dans le programme du Parti québécois, vous
définissez ce que vous voulez dire par "entreprise non
québécoise". C'est une entreprise dont le capital-actions est
détenu par les non-résidents. C'est clair. Je pense que c'est
bien compréhensible, je l'accepte. Si la compagnie a des actions qui ne
sont pas québécoises c'est un investissement étranger.
Par rapport à cette définition, les quatre
premières compagnies sont toutes non québécoises. Alcan
est majoritairement canadienne maintenant, mais certainement pas
majoritairement québécoise. A Power Corporation, les actions sont
majoritairement québécoises. Les sièges sociaux, je le
nie, parce qu'on parle toujours des sièges sociaux quand on parle des
investissements étrangers. J'ai pris deux sociétés qui ont
des sièges sociaux à l'extérieur du Canada, une qui a son
siège social au Canada, et deux qui ont leurs sièges sociaux au
Québec. Parce que, la semaine passée, vous m'avez dit que votre
définition de siège social, dans le cas de Cadbury, c'est celui
qui existe en Angleterre, pas celui qui est au Québec, j'ai
été obligé, pour les fins de cette discussion, de
développer une nouvelle expression, le bureau central des filiales. Je
vous donne un exemple ici, Cadbury. D'après vous, je prends votre
parole, le siège sociale de Cadbury est en Angleterre,
évidemment, mais ils ont quelque chose que j'ai décidé de
qualifier comme étant le bureau central des filiales, le BCF, qui est au
Québec. General Motors est aussi une compagnie dont le siège
social est à l'extérieur du Canada, mais dont le BCF est à
l'extérieur du Québec.
Avec ces cinq compagnies, je vais poser seulement quatre questions.
Quand vous aurez répondu, M. le ministre, je serai toujours content de
vous laisser partir pour vos autres devoirs, comme vous l'avez mentionné
ce matin. Ces quatre questions touchent quatre éléments de votre
politique. La première touche l'article 2 qui dit: "Accorder à
toute entreprise désirant poursuivre ou lancer des opérations au
Québec un charte québécoise, lui donnant une existence
juridique, conformément aux critères énoncés par la
loi. " Ma question est: Si je comprends bien, toutes les compagnies, ces cinq
compagnies seront obligées d'avoir une charte québécoise.
Cela veut dire une existence juridique québécoise pour les
activités québécoises, avec, évidemment, un conseil
d'administration, des responsables, un bilan annuel, un état financier,
si vous voulez, pour que vous puissiez savoir le profit québécois
et pour que vous puissiez exercer un pouvoir juridique sur les compagnies. Si
je comprends bien, c'est l'interpré-
tation que je donne à cette politique. Quand vous
répondez, peut-être pourrons-nous aller un peu plus loin.
La deuxième question à laquelle j'aimerais avoir une
réponse touche l'article 5b relativement aux dividendes: "S'assurer que
les dividendes versés par une entreprise majoritairement
contrôlée par les intérêts étrangers ne
représentent pas plus que la moitié des bénéfices
après impôts rapportés au Québec."
Si je comprends bien, cet article s'appliquera aux quatre
premières compagnies. Alors, Alcan, par exemple, sera soumise à
cet article, parce qu'elle est majoritairement contrôlée par des
intérêts étrangers non résidents, mais Power
Corporation ne sera pas assujettie à cet article de limite de versement
des dividendes à l'extérieur du Québec. C'est la
deuxième question sur laquelle je veux avoir des précisions.
La troisième question vous me suivez, je pense?
c'est au sujet de l'article 5a, qui est un paragraphe assez compliqué,
qui crée les trois catégories de participation que vous
permettrez. Ces trois catégories sont, premièrement, une
exclusion totale de participation étrangère dans les secteurs
vitaux, comme l'équipement culturel, la radio-télévision,
etc.; deuxièmement, une participation minoritaire dans les secteurs
comme les services publics, le secteur financier et l'industrie
financière. Je ne vais pas le lire, mais certaines catégories
manufacturières. La troisième indique que n'importe quelle
compagnie ne sera pas autorisée à faire des affaires au
Québec du tout, à moins qu'elle n'ait 1% de ses actions entre les
mains des Québécois.
Toutes les compagnies qui voudront faire affaires au Québec
seront obligées d'avoir une participation d'au moins 1%, ou au moins 51%
ou elles n'auront pas la permission de s'installer ici, selon le cas.
Mon interprétation... Je sais très bien que, probablement,
vous allez me dire que les catégories ne sont pas définies de
façon à vous permettre de donner des précisions exactes,
mais c'est tout simplement pour fins de discussion; pour ma part, je ne trouve
aucune raison pour laquelle une compagnie comme Cadbury ne serait pas
acceptée ici avec la vente de 1% seulement. C'est une compagnie, je cite
la définition "qui n'a aucun effet réel sur l'orientation de
l'économie". Je pense qu'on peut dire que Cadbury est probablement dans
cette catégorie. J'aimerais avoir votre opinion là-dessus. Les
actionnaires sont obligés de vendre 1% seulement de leurs actions.
Le cas de General Motors est un peu plus compliqué. Une fois que
vous avez créé cette société
québécoise de General Motors, vous l'obligez à vendre au
moins 1% de ses actions. J'aimerais avoir une opinion, à savoir si vous
trouvez que c'est une compagnie qui est plutôt dans la deuxième
catégorie, un secteur industriel où il importe de modifier le
comportement des entreprises... Excusez-moi, où la capacité de
production permet la constitution de groupes majoritairement
québécois. J'aimerais que vous me disiez où vous placeriez
GM.
Labatt, j'imagine que c'est certainement une compagnie qui sera
obligée de vendre 51% de ses actions, parce qu'elle appartient à
la deuxième catégorie et j'ai posé la question concernant
Power Corporation parce que c'est intéressant. Elle contrôle les
compagnies qui sont certainement dans le secteur no 1, la presse. Mais la
compagnie même, Power Corporation, est aujourd'hui majoritairement
québécoise et, comme vous le savez, les personnes qui ont des
actions ont souvent des fonds de pension qui sont eux-mêmes une
dispersion aux intéressés un peu partout. J'aimerais que vous
abordiez un peu la question suivante: Comment allez-vous appliquer la question
du contrôle dans le cas de Power Corporation qui est probablement dans
deux ou trois catégories?
Finalement, M. le Président, je veux demander au ministre de nous
parler un peu d'une clause qui se trouve dans la section des relations de
travail. C'est, en effet, l'article 11a qui dit qu'un gouvernement du Parti
québécois s'engage à favoriser en droit et en fait le
développement des formes démocratiques de gestion, de
manière que les travailleurs exercent une juridiction partielle ou
complète de leurs entreprises sur le marché.
Je vous pose des questions qui m'ont été posées par
les hommes d'affaires. Cela existe. Comme l'a dit récemment Mme
Leblanc-Bantey, le gouvernement du Parti québécois a la
fâcheuse habitude de réaliser son programme et ses politiques et
tout le monde doit rendre des comptes. Elle parlait, je pense, de la
décentralisation des pêcheries. Les hommes d'affaires croient que
c'est un parti qui a la fâcheuse habitude de réaliser son
programme. Voici les programmes. Je veux savoir, ce matin, premièrement,
une précision, pour que je puisse retourner cet après-midi et
dire aux gens, aux Québécois: Ecoutez, ce n'est pas vrai. Ce que
j'ai dit dans ma motion qu'il n'y a pas de politiques cohérentes et
claires sur les compagnies non québécoises, ce n'est pas vrai. Le
ministre, ce matin, a répondu clairement et précisément
à mes questions avec les exemples que je lui ai donnés et je peux
vous dire: Voici la politique d'investissements non québécois du
parti et soyez sûrs que, de plus en plus, il va la réaliser.
C'était le but de cette rencontre aujourd'hui. J'espère
que vous accepterez, M. le ministre, le fait que c'est très
sérieux, même si vous n'acceptez pas toute la rhétorique
avec laquelle j'ai commencé ma présentation. Je pense que vous
accepterez qu'il y a quand même pas mal de réalités
là-dedans et cette précision, avec des exemples, s'impose et
j'aimerais énormément entendre vos réponses. Merci.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
Réponse du ministre
M. Rodrigue Tremblay
M. Tremblay: Merci beaucoup, M. le Président. Après
avoir entendu le député de Notre-Dame-de-Grâce, je
comprends un peu mieux
maintenant pourquoi il demandait seulement cinq minutes pour faire son
intervention. Je me serais attendu, étant donné que c'est le
député qui avait convoqué cette commission, qu'il se soit
présenté avec une position originale sur ce problème
très important des investissements étrangers, pour le
Québec comme pour la plupart des économies
industrialisées, et qu'il nous aurait peut-être
éclairé sur cette question. Je trouve ses commentaires un peu
minces et je trouve un peu paradoxal qu'il demande mon aide pour mieux
comprendre ce problème que constituent les investissements
é-trangers.
Evidemment, il voudrait avoir mon aide aussi pour commenter le programme
du Parti québécois. Nous avons un programme, mais le Parti
libéral ne semble pas en avoir. Je peux l'aider aussi dans ce domaine,
mais je peux l'aider aussi comme économiste et comme ministre de
l'Industrie et du Commerce à y voir un peu clair sur cette question des
investissements étrangers. Je suis bien disposé à le
faire, parce que j'ai déjà énormément
réfléchi sur cette question et si on veut faire une sorte de
séminaire sur cette question aujourd'hui, je suis bien disposé
à le faire. (10 h 45)
Par contre, je me rends compte que dans son intervention, dans les dix
premières minutes, il s'agissait surtout d'un méli-mélo
d'une foule de choses, de citations de différents ministres et
d'impressions de certains milieux des affaires, surtout. Cela m'a donné
l'impression un peu de coupures de la Gazette, que nous avons pu...
M. Scowen: La majorité des citations étaient en
français.
M. Tremblay: Je comprends, mais on peut traduire des
articles.
M. Scowen: Excusez-moi, M. le Président, mais il faut que
je vous donne les citations, parce que cela vient de journaux et revues comme
le Devoir, le Nouvelliste, The Gazette, Time, le Star, le Soleil, le Jour.
M. Tremblay: Donc, le député vient de confirmer ce
que je venais de dire. Son intervention était un peu un collage de
différents articles. Il aurait pu, peut-être, citer le titre de
l'éditorial de la Gazette justement, il y a quelques jours, qui
était celui-ci: "The PQ Government is not so bad". Evidemment, si la
Gazette dit que le "PQ government is not so bad", that government must be damn
good. Lorsqu'on en est rendu à admettre les faits, parce qu'il
deviendrait indécent de ne pas reconnaître la
réalité que tout le monde reconnaît à
l'intérieur comme à l'extérieur du Québec, je pense
que nous devons admettre que le Québec est bien dirigé
présentement.
Sur cette question des investissements étrangers, le
député de Notre-Dame-de-Grâce commence par vouloir faire un
procès d'intention au gouvernement et au ministre de l'Industrie et du
Commerce en disant: Bien, vous avez déjà dit que vous vouliez
mettre la priorité sur le développement des petites et des
moyennes entreprises et que ceci devrait impliquer, par conséquent, que
vous n'aimez pas les grosses entreprises et peut-être que vous n'aimez
pas, aussi, les entreprises étrangères. Je pense que c'est une
vue très simpliste des choses et je voudrais dissiper cette question
dans les commentaires que je ferai après mon intervention du
début et lors de la discussion.
Le député a dit aussi: II y a des problèmes avec
les profits. Il a soulevé la question des profits. Il a soulevé
la question de l'hostilité qu'auraient certains ministres ou le
gouvernement en général à l'endroit des milieux
d'affaires, etc. Donc, il a soulevé un méli-mélo, il a mis
cela sur la table comme quelqu'un qui va à la pêche. Il a mis le
programme du Parti québécois par-dessus cela et il s'est dit: Si
on jette tout cela sur la table, peut-être que le ministre va faire une
erreur et peut-être qu'on va trouver quelque chose d'intéressant.
Je pense que c'est une approche un peu scandaleuse pour aborder des
problèmes comme celui des investissements étrangers et assez
superficielle, quoique je suis bien prêt à m'y prêter.
La première hypothèse que j'aimerais faire concerne cette
prétendue hostilité. Le député de
Notre-Dame-de-Grâce aurait peut-être dû mentionner
qu'après l'ascension du Parti québécois au pouvoir,
après le 15 novembre 1976, il y a eu une période
d'hostilité de certains milieux qui sont à la fois anglophones et
d'affaires de la région de Montréal à l'endroit du
gouvernement. On parlait même de tentatives de déstabilisation
d'un gouvernement démocratiquement élu dans les premiers mois qui
ont suivi le 15 novembre. Ce n'était pas que le gouvernement avait de
l'hostilité à l'endroit de ces milieux, mais il était
évident pour tous que ces milieux qui avaient eu dans le passé le
privilège historique de manipuler le gouvernement du Québec
et cela, c'est un secret de polichinelle que les gouvernements du
Québec, dans le passé, étaient très proches des
milieux d'affaires et surtout des milieux anglophones, et ceci a prévalu
pendant des décennies et des décennies... Je rappellerai au
député de Notre-Dame-de-Grâce, il ne le sait
peut-être pas, que même si le Parlement du Québec existe
depuis de nombreuses années, de nombreuses décennies, ce n'est
qu'en 1948 que nous avons eu pour la première fois un ministre des
Finances au gouvernement du Québec qui était francophone. Il
était de tradition auparavant, dans les gouvernements, à Ottawa,
bien sûr, mais à Québec, d'avoir des députés,
qui provenaient de la population francophone du Québec, avec des
ministres, mais le monde des affaires et le monde de la finance étaient
laissés à la minorité anglophone. Et un premier ministre
qui se respectait, comme M. Taschereau, Louis-Alexandre Taschereau, n'aurait
pas voulu insulter la tradition historique et les milieux d'affaires de
Montréal en nommant un ministre des Finances francophone.
M. Scowen: M. le Président, la moitié de ces
épithètes que j'ai citées sont dirigées, par le
ministre, vers les hommes d'affaires francophones. Le fameux...
M. Tremblay: Est-ce que vous vouliez parler des investissements
étrangers ou des milieux d'affaires francophones? Il aurait fallu vous
faire une idée avant de convoquer la commission.
M. Scowen: Je parlais des épithètes
d'hostilité qui étaient le sujet et je dis simplement que cette
hostilité était dirigée vers le monde des affaires.
M. Tremblay: J'essaie, d'autre part, et c'est mon droit, M. le
Président, je pense que, si on veut faire un procès d'intention
à ce gouvernement, c'est normal que le ministre qui le représente
ici ce matin le défende. Je crois que c est très facile de le
défendre. Remarquez bien que je n'ai pas de mérite particulier,
parce que les arguments qui m'ont été servis ce matin
étaient d'une telle puérilité et d'une telle faiblesse que
c'en est presque un peu triste, alors qu'on approche d'une période
référendaire où les débats de fond vont être
soulevés.
Si l'Opposition n'a pas plus de profondeur dans ses approches et plus de
rigueur, je crois qu'elle ne remplira pas son rôle. Mais j'essayais
d'expliquer pourquoi les milieux d'affaires, surtout les milieux d'affaires
anglophones, auraient pu être vexés par cette fierté des
Québécois ou presque cette insulte qu'aurait pu faire le peuple
du Québec de se donner un gouvernement axé vers ses propres
intérêts.
L'élection du 15 novembre 1976 a été pratiquement
perçue, dans certains milieux anglophones et d'affaires, comme
étant presque un soufflet à leur hégémonie. De
là, je pense, l'hostilité qui est apparue et un journal comme The
Gazette reflète ces milieux. Vous avez vu pendant des mois les attaques
systématiques contre le gouvernement, mais, après deux ans, on
s'est bien rendu compte que ce gouvernement n'avait pas de poignard entre les
dents, que c'était un gouvernement compétent, que les finances
étaient bien administrées, que les milieux des capitaux
internationaux donnaient un haut "rating" à cette gestion et aux
investissements qui pouvaient s'y faire et que, finalement, c'était un
gouvernement compétent. De là, l'aboutissement, il y a quelques
jours, de la Gazette elle-même qui dit: Well, that government is not so
bad after all. Traduit en français, ça veut dire que c'est un
très bon gouvernement.
Je laisse de côté ce méli-mélo du
début, je pense que ça ne fait pas sérieux. Je reviens au
problème très sérieux des investissements
étrangers. Parce que le Québec, comme économie
industrielle, puisque nous avons quand même un produit national brut qui
dépasse $50 millards et que le Québec est environ le 23e pays au
monde au plan économique sur environ 160 pays, c'est quand même
une économie qui, pour des raisons historiques évidentes, a
été influencée fortement par les forces
extérieures. Cela n'empêche pas des pays et des économies
comme les économies européennes, comme l'économie
française, l'économie italienne ou les économies du
Marché commun, d'avoir aussi été influencés par les
investissements étrangers et par les forces extérieures.
Même les États-Unis ont une économie qui a
été financée en grande partie par les capitaux
extérieurs; la différence, c'est que les États-Unis,
étant un réservoir vierge de ressources, ce sont surtout des
capitaux étrangers de portefeuille qui ont développé les
États-Unis, alors que les investissements directs, c est-à-dire
des investissements d'entreprise, étaient plutôt autochtones, pour
employer le terme qu'utilisait le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
J'aurais aimé le voir faire cette distinction entre les
investissements étrangers, type portefeuille, et les investissements
étrangers, type investissement direct. Il a demandé mon aide
lorsqu'il m'a soumis les cinq compagnies; alors, j'y reviendrai. J'aurais
aimé aussi qu'il demande mon aide pour faire la distinction entre la
propriété d'une entreprise, le contrôle d'une entreprise,
les centres d'administration d'une entreprise et les centres de décision
d'une entreprise. Je vais certainement léclairer sur ces questions si
j'ai le temps. M. le Président.
Comme je le dis, les investissements étrangers, surtout
après la deuxième grande guerre, sont devenus très
importants en ce qui concerne les investissements directs. Les entreprises
américaines, qui avaient été épargnées par
l'effort de guerre et la destruction de la guerre, soit au Japon, soit en
Europe, se sont retrouvées après la guerre avec une technologie
qui avait été financée en grande partie par l'effort de
guerre américain, se sont retrouvées avec des ressources
financières très importantes et devant un champ de bataille
décimé. Elles ont occupé l'Europe. Dès
l'apparition, en 1954, de l'entente sur le charbon et l'acier, en Europe, qui
formait le début du Marché commun, et sa concrétisation,
en 1958, les entreprises américaines ont établi des filiales
à l'intérieur du Marché commun et ont pris une avance sur
leurs concurrents, Français, Allemands, Anglais, Italiens, etc., ce qui
a créé le problème qu'a rencontré l'Europe, d'avoir
beaucoup d'entreprises américaines, étrangères qui posent
le problème européen.
L'argument principal qu'ont les Européens, ou qu'ils invoquent
présentement pour créer une union monétaire eu Europe,
c'est la solidarité industrielle des Européens face aux
investissements étrangers américains. C'est le grand argument.
Donc, le problème des investissements étrangers qui, souvent, est
un problème de multinationales de source américaine, est
sérieux pour les économies européennes. On sait que c'est
quand même 265 millions d'habitants.
Si c'est sérieux pour l'Europe, qui n'a jamais été
conquise, a fortiori, M. le Président, c'est sérieux pour le
Québec, qui est un ancien reliquat de l'empire britannique et qui est
une province dans un empire politique "Canadian ". Il est bien évident
que ceci est un problème.
Je donnerai peut-être un tableau qui illustre le problème
auquel nous devons faire face et dont est infiniment conscient le gouvernement
du Qué-
bec. Il forme finalement la trame de fond de toute notre volonté
de prendre nos affaires en main, au plan politique, afin de nous doter des
ressources financières et économiques, bien sûr, mais des
ressources d'interventions commerciales et industrielles, afin de mettre en
marche un processus de croissance économique qui soit plus axé
sur les besoins industriels et économiques du Québec.
Je dirais qu'en ce qui me concerne c'est probablement l'argument le plus
fort pour que nous votions oui au prochain référendum. Je l'ai
dit devant la Chambre de commerce de la rive sud samedi, devant des hommes
d'affaires, le référendum, au plan économique, va
être "a good business decision".
Evidemment, ceci ne diminue en rien le besoin pour le Québec
d'assurer sa survivance culturelle et ethnique dans un tout
nord-américain qui est anglophone. Ceci va de soi, il nous faut un
encadrement politique et juridique qui ne nous mette pas dans une situation de
minoritaires perpétuels dont la survie dépend de la bonne
volonté des autres. Il est évident que ceci relève de la
fierté, de la dignité d'un peuple, et que ceci est important.
Par contre, l'élément économique est aussi central
que ce premier élément de dignité et de fierté de
survivance.
Lorsque nous regardons la situation présente et je
voudrais distribuer le tableau, si vous le permettez il est
évident que le Québec est un locataire, si je peux dire, au plan
économique. Si vous voulez que je personnalise, je dirais que les
Québécois sont des locataires sur leur territoire.
Lorsque je regarde la répartition de la valeur des livraisons
manufacturières, si nous prenons le secteur de la fabrication, qui est
le secteur où les entreprises étrangères, où les
investissements étrangers sont les plus fortement concentrés, de
même que dans les mines ou dans le secteur des richesses naturelles comme
les pâtes et papiers, donc, lorsque nous regardons la répartition
de la valeur des livraisons manufacturières, selon le contrôle des
investissements par différents groupes ethniques, en 1974, selon une
étude qui a été faite par mon ministère, le
ministère de l'Industrie et du Commerce, on se rend compte que les
entreprises qui sont contrôlées par des Québécois
francophones ne sont responsables que pour 21,5% de la production. (11
heures)
Lorsqu'il s'agit d'entreprises qui sont contrôlées par
d'autres canadiens, surtout les entreprises anglophones, c'est 38,9%. On parle
toujours ici pour le Québec, on ne parle évidemment pas pour
l'ensemble du Canada. Lorsqu'on regarde le contrôle des entreprises
étrangères, c'est 39,6%, et ceci regroupe évidemment une
très grande majorité d'entreprises américaines. Même
s'il y a des entreprises anglaises provenant de Grande-Bretagne, quelques
entreprises japonaises, allemandes et italiennes, ce sont surtout des
entreprises américaines.
La situation de fait du Québec, c'est que c'est une
économie qui est dominée par des entreprises
étrangères, étrangères du moins à la
majorité de la population, dans le sens que les francophones sont dans
un milieu économique, même sur leur territoire, qui provient
surtout de forces extérieures. C'est pour cela qu'on a parlé,
dans les analyses qui ont été faites... J'en ai fait plusieurs.
J'ai même publié un recensement d'études scientifiques sur
cette question. Je le mentionne, parce que le député de
Notre-Dame-de-Grâce, étant nouveau ici, au Parlement, n'est
peut-être pas au courant. Cela s'appelle "L'économie
québécoise" et a été publié par les Presses
de l'Université du Québec.
M. Scowen: J'ai entendu parler de cela, j'ai même
fouillé là-dedans.
M. Tremblay: Oui, vous avez fouillé, mais on peut quand
même continuer "le fouillage"
M. Scowen: Allez-y.
M. Tremblay: Dans cela, évidemment, on parle de la
duplicité... Excusez-moi, on parle de la dualité de
l'économie du Québec, c'est-à-dire d'un secteur
francophone avec des PME, avec un réseau d'information et un
réseau de distribution qui est autochtone, et des entreprises
étrangères qui sont, jusqu'à un certain point, des
enclaves à l'intérieur de la société
québécoise, puisqu'elles fonctionnent en anglais. Elles font
appel à des bureaux de comptables de Toronto, de Chicago, des bureaux
d'avocats internationaux et existent évidemment physiquement sur place.
Mais, dans le réseau de l'économie du Québec, elles sont
axées sur l'extérieur, elles sont branchées sur le
système nord-américain et canadien on l'a vu dans d'autres
pays aussi ce qui crée une dualité de l'économie
qui fait que véritablement, au Québec, nous avons deux
économies, une économie de petite taille, avec des petites
entreprises, cantonnée dans des secteurs comme les aliments et boissons
ou les meubles, etc., et une économie venant de l'extérieur et
branchée sur l'extérieur, concernant les matières
premières, l'automobile, par exemple, des secteurs de matériaux
de transport et des secteurs semblables.
Ceci est très sérieux pour une économie, parce que
le dynamisme interne de notre économie est tronqué. Dans
n'importe quelle économie qui est plus équilibrée en
fonction de la population qui habite le territoire, il y a un dynamisme qui lui
est propre. Ceci a été très bien analysé, il y a
sept ou huit ans, par un de nos meilleurs économistes au Québec
qui s'appelle M. Jean-Luc Migué, dont l'étude s'appelait "Le
nationalisme, l'unité nationale et la théorie économique
de l'information". C'est-à-dire que, lorsque vous avez deux
économies qui vivent dans des cercles différents, il y a
très peu d'osmose et, par conséquent, très peu de
renforcement de leurs impacts économiques. Il est donc évident
que ceci est un problème sérieux pour l'économie du
Québec qui est évidemment le résultat de quatre
siècles de dépendance économique hors du
Québec.
M. Scowen: Excusez-moi, puis-je poser une question au
ministre?
M. Tremblay: Bien sûr.
M. Scowen: Vous avez commencé une espèce de
colloque sur l'investissement étranger, ce qui est très
intéressant. J'ai déjà fait partie de plusieurs colloques
depuis quelques années. Je serais très content d'avoir cette
conversation avec vous, parce que vous avez posé des questions
intéressantes et qui, je pense, dans plusieurs cas, n'étaient pas
tout à fait correctes, mais avez-vous l'intention, d'ici deux ou trois
minutes, d'en venir aux questions précises que j'ai posées sur
les politiques du Parti québécois ou avez-vous l'intention de
réserver ces réponses après que vous aurez terminé
vos vingt minutes et que M. Russell aura parlé? C'est tout ce que je
veux savoir. Allez-vous répondre dans vos vingt minutes aux questions
que j'ai posées ou est-ce que ce sera après M. Russell?
M. Tremblay: Cela dépendra du temps dont je dispose.
Evidemment, le député de Notre-Dame-de-Grâce...
Le Président (M. Marcoux): Deux ou trois minutes.
M. Tremblay: ... me demandant en deux ou trois minutes de
résoudre un problème qui existe depuis quatre siècles, il
faut quand même garder une certaine perspective.
M. Scowen: Je veux simplement savoir quelle est votre politique.
Vous, M. Russell et moi sommes très conscients du problème. J'ai
décidé, ce matin, de laisser tomber cela tout à fait,
parce que nous sommes trois experts là-dedans et nous pouvons
aller...
M. Tremblay: Pourquoi voulez-vous laisser tomber?
M. Scowen: En acceptant, on peut aller directement à
l'essentiel, à savoir quelle est la politique du parti. C'était
mon idée. Si vous ne voulez pas le faire, très bien, mais je
voulais simplement savoir auand nous pourrions aller directement aux questions
que je vous avais posées. Est-ce que vous avez l'intention de le faire
tout de suite?
M. Tremblay: M. le Président, le député de
Notre-Dame-de-Grâce a sollicité mon aide, au départ.
M. Scowen: Une réponse à quelques questions, pas
d'aide.
M. Tremblay: Non, avant d'arriver à vos questions, vous
avez demandé mon aide et des explications sur le type d'investissements
étrangers, les propriétés, le contrôle, les
sièges sociaux, etc. Je suis en train de poser le problème, parce
qu'avant d'arriver à des solutions et à des avenues de solution
il faut que le problème soit bien posé, parce que, si le
problème n'est pas bien posé, il n'y aura pas de solution claire
possible. Comme le gouvernement sait où il s'en va dans ce domaine,
comme dans d'autres domaines, je voulais quand même avoir une situation
très claire et essayer de démêler l'écheveau que
vous avez jeté sur la table au début, qui était un
ramassis de tout, finalement: construction, hostilités, coupures de
journaux, etc.
M. Scowen: Vers quelle heure allez-vous commencer à
répondre?
Le Président (M. Marcoux): A moins de...
M. Tremblay: Ne jouez pas le jeu que vous jouez à
l'Assemblée nationale, celui de poser une question qui dure dix minutes
et de demander au ministre de répondre en un mot. Si vous êtes ici
pour cela, cela fait encore moins sérieux. Nous avons trois heures, si
vous voulez rester avec moi. Je suis très heureux que nous discutions
d'un sujet comme cela. Je vais vous fournir toutes les explications et toutes
les avenues de solution, et l'échéancier que nous avons retenu
comme gouvernement pour les résoudre.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Brome-Missisquoi.
Autres interventions
M. Armand Russell
M. Russell: M. le Président, je sais que j'ai simplement
vingt minutes à ma disposition pour la totalité de mes
interventions. Je n'ai pas l'intention d'utiliser immédiatement ces
vingt minutes. Je veux simplement procéder un peu comme j'avais
espéré qu'on procède au début, par certaines
questions pour clarifier un domaine qui semble un petit peu mêlé
actuellement et qui persiste à se mêler de jour en jour, si je
prends des déclarations qui sont faites par le ministre responsable du
développement économique et certaines réponses qu'on a
eues en Chambre. Ce qui m'inquiète encore plus, c'est le climat qui
persiste dans le Québec depuis le mois de novembre ou qui a
peut-être débuté avant et qui s'est empiré lors de
l'avènement au pouvoir du gouvernement actuel. On n'a pas à se
mettre la tête dans le sable et à faire l'autruche. D'ailleurs, le
ministre l'a reconnu ce climat qui a été créé.
Qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, il existe quand même. Quand je
regarde l'édition 1978 du programme officiel du Parti
québécois, qui a été cité par le
député de Notre-Dame-de-Grâce, cela ne me rassure pas et ne
rassure certainement pas les investisseurs étrangers.
Ce que je voudrais, c'est revenir un peu sur des questions qui ont
été posées préalablement par le chef de l'Union
Nationale, en date du 16 juin 1977, qui sollicitait à ce moment le code
d'éthique
ou le livre bleu, blanc, rouge qu'on veut bien présenter. Le
député de Bellechasse, dans une question qu'il a posée au
mois de mars 1978, ce qui est tout récent, demandait au premier ministre
la date où nous allions obtenir un livre blanc ou un livre d'un autre
couleur, parce qu'on a vu des livres de toutes les couleurs à peu
près, dans tous les domaines, excepté l'économie du
Québec.
Je ne veux pas qu'on tienne pour acquis que je veux faire de la
politique. Je rappelle au ministre que je suis content de venir devant une
commission comme celle-là, qui n'est pas la Chambre. On n'est pas en
pleine télévision. On peut faire un dialogue assez amical pour
essayer de clarifier ces questions, parce que moi comme d'autres je me fais
questionner par des industriels, surtout dans le domaine que j'occupe. Je
fréquente quotidiennement ces gens. On se fait poser des questions assez
dures. Ce n'est pas à moi de les clarifier, ce n'est pas à moi la
responsabilité. Je pourrais simplement "descendre" le gouvernement; cela
ne donnerait rien, cela n'améliorerait pas la situation. Je pense qu'il
appartient au ministre de clarifier cette situation, et à des occasions
comme celle-ci, c'est la place idéale pour le faire.
Si je me reporte au mois de mai, à l'occasion du colloque qui a
eu lieu à la Malbaie, le ministre responsable du développement
économique disait ceci: Que l'Etat deviendra le moteur de relance
économique au Québec et non le secteur privé. Dans son
idée, dans son esprit, je présume que c'était bien clair;
c'est bien ce qu'il a dit Ce n'est pas la Gazette, c'est le Devoir qui rapporte
ça. C'est drôlement important, parce que plus loin, dans le
même article, le journaliste disait: Le ministre d'Etat, M. Landry,
semble avoir saisi le message, lui qui déclarait hier soir que le
mouvement coopératif aura sa place au sein du développement
économique au Québec.
Je n'ai rien contre les coopératives, mais je ne voudrais pas
qu'on s'oriente pour tout donner aux coopératives avant qu'elles n'aient
fait leurs preuves. On va me dire: II y a des coopératives agricoles
comme celle de Granby qui a eu un succès énorme, et je suis
d'accord. Il y a eu deux raisons pour lesquelles ces gens ont eu un
succès. D'abord, ils ont été, je ne dirai pas gavés
le mot n'est peut-être pas parlementaire quant à
moi, de subventions gouvernementales, tant du fédéral que du
provincial, et aussi, ils ont eu à la tête de la
coopérative un homme qui a mené ça de main de fer, comme
si cela était une entreprise privée et les actionnaires prenaient
leur trou comme ceux d'une entreprise privée, comme à GM,
à Bell Téléphone et les autres, ce ne sont pas eux qui
mènent. Donc, c'est ça, le succès de la coopérative
agricole de Granby. Je connais beaucoup d'autres coopératives qui n'ont
pas eu le même succès, parce qu'elles n'ont pas eu cette chance
d'aller chercher ce gars clé ou un bureau de direction assez fort pour
contrôler... On ne s'est pas laissé contrôler par tout le
monde.
Mais si on veut se diriger vers les coopératives,
évidemment, ce n'est pas tellement intéressant pour les
intérêts privés de l'extérieur, parce que...
Remarquez bien, M. le Président, que je ne voudrais pas que le ministre
soit tenté de nous dire que ce sont des Anglais. J'ai une coupure ici du
Patronat français, le nom, le ministre le connaît peut-être
mieux que moi, le nom m'échappe, c'est Rigaud, qui s'inquiétait
je ne veux pas lire l'article, ce serait bien trop long de la
politique du gouvernement du Québec. Pourtant, ils sont bien
français, les Français. Je fais affaires avec une
société française. Je connais la façon dont ils
fonctionnent et je sais ce qu'ils ont appris. J'avertis le ministre
immédiatement que, pour ma part, selon mon expérience avec le
gouvernement français et les Français, on pourrait
peut-être aller chercher de la technologie beaucoup plus rapidement
ailleurs et beaucoup plus avantageuse pour le Québec que de se tourner
seulement vers la France. Par contre, je ne veux pas mettre de
côté ce que peut nous offrir la France, mais je
préfère de beaucoup ce que peuvent nous offrir les Etats-Unis et
d'autres nationalités qui pourraient nous aider à nous
développer beaucoup plus rapidement.
M. le Président, je voudrais simplement ce matin... Le
député de Notre-Dame-de-Grâce a lu des passages que j'avais
notés moi-même dans le programme du Parti québécois
et qui semblent démontrer, d'une façon très claire, que ce
n'est pas l'entreprise privée qui est la bienvenue, ce sont les
coopératives, et l'entreprise privée, si elle vient ici, devra se
plier à des normes auxquelles, on sait d'avance, qu'elle ne se pliera
pas. Personne de l'extérieur ne va venir ici avec la technologie, la
finance, s'installer ici et agir en minoritaire. C'est utopique de penser une
telle chose. Ils viennent ici, ils vont vouloir contrôler leur industrie
et je suis certain qu'aucun de ces gens n'a objection à venir ici,
à condition qu'ils gardent le contrôle et qu'ils aient des
intérêts québécois qui investissent avec eux.
Même, ce sont les bienvenus dans la majorité des cas.
Malheureusement, on manque de gens pour faire ça, mais ce sont des gens
qui n'accepteront pas, par exemple, que I'Etat devienne le contrôleur de
leurs affaires. C'est peut-être pour cette raison qu'on manque le bateau
dans plusieurs domaines.
Il y a des cas qui m'ont drôlement inquiété dans les
agissements du gouvernement et je veux en nommer seulement un en particulier,
celui de la commande d'autobus qu'on a déjà discuté qui
est allée à GM, plutôt qu'à Bombardier. Quant
à moi, je n'ai rien contre GM. Je ne lui dois rien non plus, mais GM,
c'est une compagnie internationale qui va installer une usine au Québec
et, la journée que ça ne fera pas son affaire, elle mettra tout
simplement la clé dans la porte. Que GM perde $150 millions, ce n'est
pas grave, elle va le déduire des profits globaux de sa
maison-mère et ça finit là. Tandis que Bombardier, c'est
québécois; elle n'est pas internationale, mais elle peut vendre
sur le marché international si on lui avait fourni l'occasion de grandir
avec une commande du Québec. Mais on a préféré
aller à GM, peut-être qu'elle offrait quelque chose de meilleur en
apparence. Pourtant, la construction d'autobus ou
d'autres choses, il n'y a rien de compliqué dans cela. Puisque
Bombardier en a déjà fait, elle peut en faire aussi bien que GM.
C'est simplement de la mécanique et de la technique qui sont très
communes aujourd'hui. (11 h 15)
M. Tremblay: Est-ce que je peux simplement vous donner un petit
détail? American Motors, qui est le quatrième plus grand
fabricant d'automobiles en Amérique du Nord, a fermé sa
production d'autobus parce qu'elle trouvait cela trop compliqué. Donc,
quand vous dites que c'est seulement de la mécanique, c'est
peut-être de la mécanique, mais lorsque les marchés sont
accaparés par un autre ou par d'autres, cela devient peut-être
très déficitaire. C'est un marché, en Amérique du
Nord, qui est contrôlé par General Motors. American Motors a
dû fermer son usine de fabrication d'autobus et c'était justement
l'autobus que voulait utiliser, avec sous-traitance, Bombardier. Bombardier
n'avait jamais fabriqué d'autobus et n'avait pas de technologie dans ce
domaine. Elle passait un contrat de sous-traitance avec American Motors. Or,
American Motors a fermé son usine de fabrication d'autobus
l'été dernier.
M. Russell: M. le Président, simplement pour
répondre...
M. Tremblay: Je voulais seulement vous montrer que c'est
très compliqué.
M. Russell: Je ne veux pas me compliquer la vie avec cela, parce
que je suis dans un domaine un peu semblable et que je fais face à des
compagnies internationales. Je voudrais seulement juste vous donner un exemple.
Je sais qu'American Motors est quasi contrôlée par les autres
grosses bibites internationales, les trois autres grosses, quatre avec American
Motors, mais ce sont elles qui ont le contrôle. Donc, elles se partagent
le gâteau. Elles se font la guerre, un peu comme dans le domaine de la
chimie que je connais.
M. Tremblay: On appelle cela un cartel.
M. Russell: Oui, disons que c'est un cartel, mais un cartel bien
contrôlé. Elles vont décider et Bombardier se servait
indirectement de la technologie de ce cartel. J'ai fait face à un autre
cartel qui est dans la chimie actuellement, où les compagnies
américaines se disent: Toi, tu restes dans cela et moi, je vais faire
cela et toi, tu vas faire cela. J'ai été pris en
souricière entre les deux. J'ai dû me débattre pendant
quelques années, mais pas avec l'aide du gouvernement du Québec,
parce qu'il ne soutenait même pas notre produit, même si on
produisait au Québec et qu'on expédiait 50% ou 60% de notre
produit à l'extérieur du Québec...
M. Tremblay: En quelle année était-ce?
M. Russell: Elle est en cours actuellement, parce que la guerre
vient de finir.
M. Tremblay: Mais elle a commencé, cette attaque du cartel
contre votre entreprise...
M. Russell: Depuis deux ans.
M. Tremblay: Et vous n'avez pas demandé l'aide du
gouvernement? C'était en 1976?
M. Russell: Oui. J'ai demandé l'aide du gouvernement et la
réponse qu'on m'a donnée est la suivante: Étant
donné que tu es un actionnaire de cette société et que tu
es député, tu as le choix de démisionner comme
député et on pourra peut-être examiner cela à ce
moment-là.
M. Tremblay: Qui vous a donné cette réponse?
M. Russell: Le ministère de l'Industrie et du
Commerce.
M. Tremblay: Mais du temps de mon prédécesseur?
M. Russell: Du temps du ministre actuel.
M. Tremblay: Je ne peux vous avoir donné cette
réponse. C'est la première fois que j'en entends parler.
M. Russell: C'est-à-dire pas le ministre, mais du temps du
ministre actuel. Ce n'est pas moi qui me suis adressé là. Je ne
voulais pas intervenir parce que j'étais député. C'est mon
associé qui est venu, le contrôleur de chez nous...
M. Tremblay: Vous savez que nous avons mis sur pied une politique
d'achat qui vise, justement à encourager les PME
québécoises. C'est pour cela que je suis
étonné.
M. Russell: Je m'excuse mais, justement. M. le Président,
je ne veux pas intervenir. J'ai toujours été l'un de ceux qui
n'ont jamais voulu se servir de leur position pour influencer parce que
j'étais indirectement concerné.
M. Tremblay: Ah! bon.
M. Russell: Bon! Et quand on a fait ce complot, j'ai dit: On va
passer à travers quand même. Mais je veux revenir à cette
question pour dire au ministre qu'on devrait peut-être examiner ce qu'on
a actuellement et voir s'il n'y a pas possibilité de les aider
plutôt que de les laisser être dominées...
M. Tremblay: Aider les petites et moyennes entreprises du
Québec.
M. Russell:... comme cela se fait dans trop de cas, par la
finance extérieure qui vient ici, par l'entremise des filiales, et qui
prend le contrôle indirectement de ces compagnies en leur passant
l'argent et qui les domine après. On les laisse aller à
l'étranger. Je pourrais vous nommer des cas en
série. J'en ai dans mon comté, des gens que j'ai
rencontrés. Je pense qu'on devrait faire la liste de ces cas et les
examiner un à un. On pourrait peut-être remonter les $50 milliards
du produit national brut à $60 milliards ou $70 milliards. Cela aiderait
le Québec, plutôt que de faire ce qu'on fait actuellement. Je sais
qu'on fait des efforts dans des domaines comme le papier, les cartonneries. Je
sais que Cabano est en déficit. Est-ce que cela va marcher? Si on
n'investit pas d'autre argent, cela ne marchera pas. C'est encore le
gouvernement qui est pris là-dedans.
Je sais que la Société générale de
financement a des douleurs actuellement. On va en reparler dans les jours qui
vont suivre. Je ne veux pas m'attarder là-dessus. Je connais un peu
l'histoire. Et si on n'est pas constamment en Chambre, si on ne crie pas en
Chambre, ce n'est pas parce qu'on ne connaît pas l'histoire. On passerait
une période de questions qui serait assez longue s'il fallait commencer
à les réviser une à une. On a l'expérience de
SIDBEC. On a des informations sur SIDBEC. Ce sont encore des choses pour
lesquelles on doit tenir le gouvernement sur la sellette, très alerte
dans ce domaine parce qu'il y a des correctifs à apporter et cela
presse!
Que le ministre ne pense pas que si, de temps en temps, on crie en
Chambre, c'est pour nuire au gouvernement. C'est pour lui rappeler qu'on le
surveille de près et qu'il fasse son travail. M. le Président,
j'étais très intéressé à voir le ministre me
donner la réponse pour connaître un peu la politique qu'il a
l'intention d'établir à la suite de ce qui a été
écrit dans le programme et à la suite des annonces qui ont
été faites par les journaux autres que la Gazette. Je vais mettre
de côté les annonces de la Gazette, parce que cela semble lui
faire peur mais je serais bien intéressé à ce qu'il nous
l'explique, j'espère qu'il va le faire, comme l'a demandé le
député de Notre-Dame-de-Grâce, et on pourra peut-être
conclure là-dessus après avoir eu ces explications.
Je ne veux pas retarder indûment cette réunion. Je pense
qu'elle est drôlement intéressante et qu'on doit laisser une
chance au ministre d'expliquer réellement sa politique. Comme il ne nous
a pas livré son livre blanc, son livre vert ou son livre bleu, peut
m'importe la couleur, qu'il nous dise ce que va être son livre, s'il n'a
pas l'intention de le sortir, pour qu'on puisse transmettre le message à
ceux qui sont réellements intéressés à
connaître la politique du gouvernement actuel. J'attends la
réponse sur les cinq sociétés qui ont été
nommées par le député de Notre-Dame-de-Grâce et on
pourra peut-être revenir à quelques petites questions pour
terminer cette réunion.
M. Tremblay: M. le Président, je remercie
sincèrement le député de Brome-Missisquoi pour son
intervention très positive. Je pense qu'il a soulevé la question
ou la problématique sous l'angle sous lequel il faut la soulever,
à savoir ce qu'on peut faire en face du problème. Je
concède par contre qu'il y a une certaine différence d'approche
entre celle que vous avez proposée, qui est surtout une approche qui
vise à renforcer les petites et moyennes entreprises, à
encourager les entreprises autochtones, alors que l'approche du
député de Notre-Dame-de-Grâce semblait, indirectement du
moins, me reprocher d'aider justement les petites et moyennes entreprises et de
ne pas aider suffisamment les grandes entreprises étrangères. Je
dois vous dire que la position du gouvernement est juste entre les deux et je
voudrais l'expliquer un peu plus à partir des points que vous avez
soulevés. J'aimerais, par contre, avant de passer à la citation
de La Malbaie, l'Etat moteur du développement économique, qui est
quand même un aspect très important de la problématique des
investissements étrangers, expliquer quel est le rôle du
gouvernement du Québec face à cette présence
omniprésente des entreprises étrangères et, d'autre part,
la contribution du secteur privé québécois et du secteur
coopératif au développement économique. Je pense que le
député de Brome-Missisquoi a soulevé cette question et
ceci peut amener une réponse. Il a soulevé la question de General
Motors et des autobus et comme ceci fait partie aussi de la
problématique des investissements étrangers et de la position du
gouvernement du Québec, parce que, d'une part, on semble reprocher au
gouvernement du Québec de n'être pas suffisamment amical à
l'endroit des entreprises étrangères et, d'autre part je
pense que ce sont surtout les libéraux qui nous reprochent cela
l'Union Nationale semble nous dire: Vous aimez trop les entreprises
étrangères puisque, quand il s'agit de donner un contrat
d'autobus, vous le donnez à une multinationale qui s'appelle General
Motors.
M. Scowen: M. le Président, je veux être très
clair avec le ministre. Je ne suis pas ici ce matin pour critiquer les
politiques du gouvernement en ce qui concerne les investissements
étrangers, non québécois. J'ai dit au début, dans
le préambule, que je trouvais qu'il y avait jusqu'ici un certain
élément d'hostilité. Je pense que c'est vrai, et qu'il y a
une certaine inquiétude parmi les gens qui sont, si vous voulez,
directement ou indirectement impliqués dans les compagnies non
québécoises. Je suis venu ici avec un seul but, non pas de
critiquer votre politique envers les PME, envers les coopératives,
envers les sociétés étrangères cela peut
arriver une autre fois mais simplement de clarifier la page 18, qui est
la partie clef de votre politique, du programme du Parti
québécois, avec des exemples concrets pour que tout le monde
puisse savoir quelle est la réalité du programme. Je vais
essayer, autant que possible, d ici 13 heures, de ne pas critiquer; il s'agit
simplement d avoir de vous des précisions.
M. Tremblay: Merci beaucoup, M. le Président. La
commission n'est pas l'instrument du député de
Notre-Dame-de-Grâce. La commission est une commission de
l'Assemblée nationale et le député de Brome-Missisquoi est
intervenu; je
m'apprêtais à répondre à ses commentaires. Je
reviendrai tout à l'heure pour continuer les réponses que j'avais
entamées aux questions soulevées par le député de
Notre-Dame-de-Grâce. Il serait injuste, à l'endroit du
député de Brome-Missisquoi que je ne réponde pas aux
points très importants qu'il a soulevés...
M. Scowen: Complètement d'accord. Allez-y.
M. Tremblay: Si le député de
Notre-Dame-de-Grâce le permet, j'aimerais donner certaines
réponses au député de Brome-Missisquoi a parlé des
investissements qui, peut-être, ne seraient pas suffisamment importants,
compte tenu des besoins. C'est vrai, le Québec a un retard au plan des
investissements, quoique, cette année, selon les prévisions qui
ont été faites, le Québec sera un endroit où les
investissements manufacturiers seront passablement élevés, les
plus élevés, semble-t-il, après l'Alberta.
Dans les prévisions de Statistique Canada, I'enquête que
ces gens font à la mi-année pour les investissements
manufacturiers, il y aura $2 100 000 000 de nouveaux investissements
manufacturiers au Québec cette année, ce qui représente
une augmentation de 20,7% sur les investissements de l'an passé. Cette
augmentation est substantiellement plus élevée que la moyenne
canadienne. Pour l'ensemble du Canada, les investissements manufacturiers,
selon Statistique Canada, augmenteront de 8,3%...
M. Russell: Pour 1978.
M. Tremblay: Pour 1978, ils augmenteront de 8,3% pour l'ensemble
du Canada, mais l'économie ontarienne, dans le domaine de la
fabrication, fait face à des problèmes très
sérieux. Il y a sans doute une très grande incertitude qui
prévaut dans cette province présentement, sans doute parce
qu'Ottawa est sur le territoire de l'Ontario je veux faire une petite
blague, en passant parce qu'il y a une baisse de 0,5% des
investissements en termes nominaux. Cela veut dire qu'en termes réels,
il y a une baisse substantielle des investissements dans la fabrication en
Ontario prévue pour l'année 1978.
C'est un fait, je dirais, je vais essayer de le démontrer tout
à l'heure; c'est que, même si le Québec, depuis un an ou un
an et demi, connaît une reprise industrielle, et on peut épiloguer
longtemps sur les causes il est évident que le gouvernement du
Québec ne peut pas y être complètement étranger
je pense que les mesures qui ont été mises de l'avant
commencent à avoir de l'effet. Mais ce n'est certainement pas le seul
facteur de la reprise, puisqu'il y a eu une baisse du dollar canadien qui est
favorable à nos industries de l'exportation, etc., et la confiance du
milieu des affaires dans le potentiel économique du Québec. Je
pense que tous ces facteurs sont en partie responsables. Mais il y a quand
même un retard historique qui fait que nous avons eu
systématiquement une pénurie d'investissements au
Québec.
C'est là où votre question est très importante par
rapport à la position que doit prendre le gouvernement du Québec
face à ce problème de la pénurie des investissements
productifs au Québec depuis toujours. Pour concrétiser cette
pénurie, j'ai fait distribuer, je pense que vous l'avez eu... Est-ce que
tous les députés ont eu ce tableau? Le tableau part de 1960
je pense que vous l'avez devant vous et donne les immobilisations
par habitant dans les industries manufacturières au Québec, en
Ontario et au Canada.
On constate que l'Ontario a toujours eu un investissement par habitant,
dans le secteur manufacturier, qui est plus élevé que celui du
Québec. Évidemment, ceci remonte à 1960, mais on pourrait
reculer dans le temps et ce serait la même chose. Cela a toujours
été cela, la situation, le Québec a été
sevré depuis toujours de sa part des investissements productifs. Le
résultat est cumulatif, c'est-à-dire que nos industries sont dans
des secteurs plus vulnérables, ce sont des industries où la
productivité est plus basse, où les salaires sont plus bas,
où les faillites sont plus élevées et où,
évidemment, la vulnérabilité de l'économie est
beaucoup plus grande.
C'est un problème de l'économie du Québec que
personne ne cache et certainement pas notre gouvernement, puisque nous avons
demandé d'être élus, justement, parce que nous voulions
corriger ce genre de choses et que nous voulions mettre des mécanismes
en marche qui vont les corriger, pas en quelques jours, parce qu'on ne
réparera pas des décennies d'indifférence, de laisser
faire et de négligence en quelques jours. (11 h 30)
Comme le disait un économiste, il y a deux jours, M. Joseph Chung
lors d'un colloque traitant des capitaux au Québec, à
Montréal, avec M. Mar-cellin Tremblay: Le Québec va avoir besoin
de trente ans pour effectuer ce rattrapage. Je pense que nous allons le faire
plus rapidement; nous allons mettre en place des mécanismes pour
rattraper ce retard.
Maintenant, quels vont être ces mécanismes et quelle serait
la place des entreprises privées, des entreprises publiques, des
entreprises étrangères et des entreprises coopératives? Je
pense que c'est un peu la question qu'a posée le député de
Brome-Missisquoi qui est extrêmement bien posée parce qu'elle
s'intègre à la problématique des investissements
étrangers. On ne peut pas regarder les investissements étrangers
comme étant un phénomène isolé de l'ensemble de la
situation économique du Québec. Comme gouvernement, nous devons
regarder la toile pour avoir une cohérence dans toutes nos politiques.
Nous ne voulons pas intervenir dans l'économie à la pièce,
selon un modèle folklorique. Nous voulons intervenir sur une base
cohérente et comprehensive. C'est ce que nous tentons de faire depuis un
an et demi et que nous allons intensifier dans les mois qui vont venir. J'ai
proposé la loi de la SGF hier. Attendez-vous à voir d'autres lois
de plus grande importance dans les mois à venir.
Oui, mais nous ne voulons pas faire d'improvisation. Certains
gouvernements ont été au pou-
voir pendant des décennies ici, au Québec, et n'ont jamais
abordé la question de la reconquête économique et du
raffermissement de l'économie sur une base compréhensive et
cohérente. Donc, il ne faudrait pas nous reprocher de ne pas l'avoir
fait en quelques mois. Nous le faisons sans improvisation, mais en y allant
à la mesure des besoins.
A la question de savoir si l'Etat est un moteur de développement,
je répondrai ceci: II est évident que le secteur privé au
Québec doit jouer un rôle central dans le développement
économique du Québec. Nous l'avons concrétisé
dès le début, parce que la première loi que j'ai
proposée comme ministre de l'Industrie et du Commerce, une loi que j'ai
rédigée pratiquement de ma propre main, c'est la loi 48 qui
visait évidemment à abaisser de 50% les impôts sur les
profits des petites et moyennes entreprises du Québec ce sont
environ 6500 entreprises, sur les 12 500 que nous avons globalement dans le
secteur manufacturier afin de leur créer des fonds de relance
industrielle et qu'elles puissent se constituer un fonds d'investissement, en
plus des capitaux qu'elles peuvent emprunter et des capitaux
auto-générés à l'intérieur des entreprises,
ceci afin d'avoir un mécanisme de croissance de nos petites et moyennes
entreprises.
Ceci est en marche et il y a eu 420 projets, représentant $80
millions, pour la première année. Evidemment, un nouveau projet
prend du temps à se roder au niveau des fonctionnaires, etc. J'anticipe
que, dans les années à venir, surtout lorsque nous allons
rapatrier les trois quarts des impôts que nos entreprises versent
à Ottawa... Vous le savez, les entreprises du Québec ne paient
qu'un quart des impôts au Québec et trois quarts à Ottawa.
Habituellement, les services sont en sens inverse. C'est le gouvernement du
Québec qui contribue pour les trois quarts des services aux entreprises,
au moins, et un quart vient d'Ottawa, quand il en vient. Pour les PME surtout,
il en vient très peu. Mais cela est un problème un peu plus vaste
que nous allons essayer de résoudre avec le
référendum.
Il y a quand même une prise officielle de position du gouvernement
en faveur du secteur privé. Cela a été
concrétisé. En faveur du secteur coopératif aussi, parce
que les problèmes du Québec sont tellement grands au plan
économique, le retard historique est tellement important à
rattraper que nous ne pouvons pas exclure de ce rattrapage des sources de
contribution importantes. Et le mouvement coopératif, qui est quand
même un instrument extraordinairement efficace de mobilisation des
efforts, ne peut pas être laissé de côté. C'est pour
cela que nous avons créé, dans les premiers mois du gouvernement,
la Société de développement coopératif, afin de
susciter des initiatives de production coopérative. Ceci est en marche
et va créer un mécanisme qui devrait produire des effets dans
l'avenir.
Maintenant, au niveau des multinationales et des sociétés
étrangères ou des investissements étrangers directs qui,
comme je le disais, représentent j'ai donné le tableau de
tout à l'heure 39,6%, en 1974, de la valeur des livraisons, il
est évident que leur contribution à l'économie du
Québec est importante, simplement parce que ce sont les faits. Le
gouvernement veut, par contre, intégrer le plus possible ces
investissements étrangers, ces entreprises à l'économie du
Québec. Il veut que les retombées de ces entreprises soient
surtout au Québec, au niveau de nos ingénieurs, nos avocats, nos
comptables et les travailleurs en général. Et, pour cela, nous
portons une attention particulière à tous les mécanismes
dont dispose un gouvernement provincial, parce qu'il ne faut pas
présumer des pouvoirs d'un gouvernement provincial par rapport à
un gouvernement national qui a des mécanismes de gestion et de
réglementation beaucoup plus grands afin de les intégrer.
Une des façons de les intégrer, parfois, c'est d'associer
ces entreprises étrangères à des entreprises locales,
à cause de leur avance souvent très confortable au plan
technologique. On mentionnait tout à l'heure les autobus. C'est
très compliqué les autobus, parce qu'on ne peut pas du jour au
lendemain inventer un différentiel d'autobus, on ne peut pas inventer un
moteur d'autobus comme cela. Je veux dire que cela exige des investissements
énormes. Or, nous ne pouvons pas, au Québec, étant un
petit peuple qui a été laissé pour compte au plan
économique pendant des décennies, redécouvrir les boutons
à quatre trous dans tous les secteurs industriels, ce serait illogique.
La contribution technologique des entreprises étrangères est
absolument nécessaire pour le Québec, mais il faut que cette
technologie et les capitaux qui accompagnent cette technologie assez souvent
s'insèrent dans notre structure industrielle et dans nos besoins
industriels. C'est pour cela que le gouvernement favorise les participations
des entreprises locales avec des entreprises étrangères. Il y a
des exemples, Forex-Leroy, en Abitibi, une entreprise française, dans ce
cas-là, avec des entreprises locales, etc.
Nous voulons aussi, lorsqu'il s'agit de gros investissements, que les
entreprises, d'Etat... J'en viens à votre question, à savoir si
l'Etat est un moteur de développement. Premièrement, l'Etat est
un moteur de développement s'il est éveillé et s'il a de
l'imagination pour présider au développement économique et
jouer ce rôle de catalyseur des forces en présence. Je pense que
notre gouvernement a la ferme intention de jouer ce rôle qu'aucun autre
organisme au Québec ne peut jouer. Il a la responsabilité de le
remplir. Mais les sociétés d'Etat du Québec qui existent
et nous allons les renforcer, la preuve, c'est le projet de loi 108 que
j'ai déposé hier qui augmente le capital-actions
substantiellement de la Société générale de
financement vont pouvoir s'associer avec des entreprises
étrangères. Nos capitaux s'associeront à la technologie
étrangère et à la connaissance des réseaux de
distribution et des réseaux commerciaux à travers
l'Amérique du Nord ou les pays industrialisés afin que nous
maximisions les retombées sous forme d'emplois, de productivité,
d'impôts et de richesses finalement. Je pense que, si on s'associe de
façon intelligente aux entreprises étrangères, elles
peuvent être des moteurs de
développement économique pour le Québec, mais non
pas des moteurs uniques. La tragédie du Québec, dans le
passé, c'est qu'on s'en est toujours remis à
l'étranger.
M. Scowen: M. Russell, est-ce que vous insistez...
M. Tremblay: Je croyais dire des choses fondamentales sur la
politique du gouvernement et on m'interrompt. Je trouve assez ridicule ce genre
d'interruption impolie.
M. Scowen: Je veux simplement dire à M. Russell que, s'il
a eu les réponses qu'il voulait à ses questions, il
n'hésite pas à le dire au ministre.
M. Russell: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, j'ai une partie des réponses que je voulais.
J'ai l'intention de revenir avec d'autres questions tout à l'heure.
M. Tremblay: M. le député de Brome-Missisquoi, je
crois que votre question était tellement fondamentale et je vous
félicite pour cela...
M. Scowen: La mienne a été la première.
M. Tremblay: Elle a été la première, mais
elle était tellement superficielle et confuse que, finalement, je dois
féliciter le député de Brome-Missisquoi d'avoir
posé le vrai problème des investissements étrangers au
Québec dans une perspective de développement économique
parallèlement à l'Etat, au mouvement coopératif et au
secteur privé. Vous voulez, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, aller à la pêche en soulevant une
partie du voile de la question, ce qui m'apparaît pratiquement
irresponsable. Evidemment, vous n'êtes pas au pouvoir, heureusement, mais
je crois que vous devriez peut-être me laisser compléter la
réponse que je donne au député de Brome-Missisquoi, parce
que j'étais en train de donner l'orientation du gouvernement, du moins
l'approche du gouvernement face à ce problème complexe.
Je crois que ce serait bon que vous écoutiez, parce que vous
apprendriez peut-être l'approche du gouvernement. Je serais très
heureux par la suite d'entendre votre approche, d'apprendre quelle serait votre
approche, parce que vous-même, vous avez une expérience,
évidemment, dans le monde des affaires. Vous ne pouvez pas être
tellement contre les investissements étrangers, parce que vous avez
déjà fait affaire avec des entreprises étrangères,
mais j'aimerais connaître votre approche...
M. Scowen: M. le Président, je m'excuse d'interrompre
continuellement, c'est la quatrième fois et ce n'est pas mon habitude.
Je répète qu'on ne peut faire beaucoup de motions pour
aujourd'hui. Vous m'avez demandé, dès le début, M. le
ministre, d'être sérieux et assez précis. J'ai
essayé d'être précis. Vous avez un programme écrit.
J'ai soulevé quatre points, j'aurais pu en soulever une dizaine, mais je
me suis dit que j'allais me limiter à quatre et demander poliment au
ministre de démontrer l'application pratique de ces quatre articles dans
quelques cas particuliers pour que les intéressés puissent mieux
comprendre.
M. Tremblay: Je reviendrai à ces cas particuliers
aussitôt que j'aurai terminé...
M. Scowen: On a déjà parlé pendant des
années et des années de la question de l'investissement
étranger. Vous touchez toutes sortes de questions qu'il est
peut-être important de répéter aujourd'hui, je n'ai rien
contre, mais je veux simplement vous dire que je vous ai posé mes
questions d'abord. J'accepte complètement que vous puissiez les encadrer
dans un exposé général, mais il me semble, et je le dis
très poliment, qu'il y a certaines limites à cette politique
globale, à l'élaboration de cette politique globale dans le
contexte de ma motion, parce que c'est aujourd'hui une motion du Parti
libéral. La motion est très précise. J'attends qu'on en
vienne aux détails aussi vite que possible, et en disant cela, continuer
avec le député de Brome-Missisquoi, mais j'espère que
bientôt, on va retourner à la question qui est posée par le
principal intervenant. Je vous remercie.
M. Tremblay: M. le Président, le député de
Notre-Dame-de-Grâce, évidemment, est sur un terrain très
mouvant, puisqu'il a convoqué une commission sur des allégations
qui se révèlent fausses évidemment, à mesure que je
parle, parce qu'il a prétendu que le gouvernement ne savait pas
où il allait dans le domaine des investissements étrangers. Or,
je suis en train de lui démontrer que le gouvernement du Québec
sait très bien où il va dans le domaine des investissements
étrangers. Je comprends que cela ne lui fait pas plaisir, mais ce n'est
pas ma faute. Il voudrait que nous abordions cette question en tranches de
salami sur des cas particuliers. Je vais revenir à ces cas particuliers.
Il a parlé de Cadbury tout à l'heure, je vais parler de Cadbury,
il n'y a aucun problème à ce sujet. Je voudrais quand même
continuer d'émettre la philosophie et la position du gouvernement face
au problème qu'a soulevé le député de
Brome-Missisquoi sur l'intégration des entreprises
étrangères et des investissements étrangers dans le
développement économique du Québec. Après cela, je
viendrai à vos cas très précis, un par un, Labatt, etc.,
et Cadbury. Il n'y a aucun problème...
M. Scowen: C'est simplement...
M. Tremblay: ... mais je pense qu'il est dans l'ordre des choses
que nous abordions les questions importantes avant de passer à
l'accessoire.
M. Scowen: C'est simplement que tout le monde est conscient que
la semaine passée, c'était une motion de l'Union Nationale et
qu'au-
jourd'hui, c'est une motion du Parti libéral. J'espère que
vous allez respecter ce principe que c'est le Parti libéral qui a
posé la question avec...
M. Tremblay: Oui, mais lorsque le thème est
déposé à la commission, il n'appartient plus à
celui qui l'a amené. Le député de
Notre-Dame-de-Grâce a soulevé un thème qui est très
important, celui des investissements étrangers dans le
développement économique. Evidemment, maintenant il appartient
à la commission, et je suis très heureux, pour ma part, d'en
parler, parce que c'est fondamental pour l'avenir économique et
politique du Québec, cette question. Peut-être son
inexpérience se révèle-t-elle ici. Lorsqu'on amène
un sujet aussi important, il faut être aguerri et avoir des choses
à dire, de façon concrète et nouvelle. Si on a des
commentaires à faire sur des entreprises particulières et que
cela a été le prétexte, parler des investissements
étrangers, pour parler de Cadbury, de Power Corporation et de l'Alcan,
j'en conviens bien...
M. Scowen: Non.
M. Tremblay: ... et nous allons y venir, parce que nous avons
encore une heure et quart. Mais vous me permettrez de prendre encore quelques
minutes pour poursuivre la présentation de la position du gouvernement
sur l'intégration des entreprises étrangères dans notre
modèle de développement économique. Ceci en
réponse, évidemment, aux interrogations du député
de Brome-Missisquoi qui, à mon avis, a posé le vrai
problème et nous en sommes conscients. (11 h 45)
Donc, nous constatons que le secteur privé au Québec, soit
parce que les gouvernements passés n'ont pas suffisamment porté
intérêt à son renforcement, soit parce que les politiques
industrielles du gouvernement d'Ottawa, ce qu'on appelait "national" dans le
"national policy" n'ont pas été favorables à notre secteur
privé, soit encore parce que les institutions économiques du
Québec au plan bancaire, au plan du financement des investissements, au
plan de fonctionnement des bourses de valeurs, etc., n'ont pas
été suffisamment accessibles au secteur privé du
Québec, la constatation, c'est que notre secteur privé n'a pas
été à la hauteur des besoins économiques du
Québec. Ce fait se traduit par un secteur manufacturier au Québec
qui est trop petit, qui est trop faible, qui est trop vulnérable et qui
n'emploie pas suffisamment de gens. Le secteur manufacturier au Québec
emploie maintenant 23% des travailleurs, alors qu'en 1950, c'était dans
les environs de 28%, 29%, mais c'était parce que le secteur public
était plus petit. Depuis une trentaine d'années, ce sont les
secteurs public et parapublic qui ont créé les emplois dans les
écoles... Ce sont les gouvernements qui ont dû faire des fuites en
avant afin de créer de l'emploi parfois par de grandes manifestations de
jeu, par exemple, les Jeux olympiques, comme on faisait il y a pratiquement six
siècles lorsqu'on construisait les pyramides pour em- ployer les soldats
entre deux guerres, les gros projets comme l'Expo. Le problème avec
cela, c'est que ces grandes mesures étatiques créent de l'emploi,
mais temporairement, et on se retrouve après avec une chute
évidemment dans la construction, et ce n'est pas le même
mécanisme de création d'emplois et de richesse qui est
perpétuel comme celui des entreprises. Lorsque nous avons une entreprise
comme General Motors à Sainte-Thérèse, qui emploie 4500
personnes, ou comme Pratt & Whitney, qui sont des entreprises
étrangères, à Longueuil, évidemment, ce n'est pas
une année haute, une année basse. Il y a des fluctuations, mais
ce sont des fluctuations sur le haut de la vague.
M. Russell: A la Pratt & Whitney, n'y a-t-il pas des petits
problèmes actuellement avec la baisse?
M. Tremblay: Non, au contraire, nous avons publié, il y a
deux jours le Bureau de la statistique du Québec, qui
relève de mon ministère les prévisions d'emploi des
entreprises aérospatiales du Québec nous en avons un
minimum de 50, du moins, que nous avons recensées vont faire une
embauche de 6600 travailleurs d'ici 1983, je crois, dont 2200 nouveaux emplois
dans ce secteur. Au contraire, et surtout j'ai parlé encore ce
matin à mon sous-ministre pour être bien certain que ceci va se
réaliser le gouvernement fédéral va acheter un des
deux avions selon ce qu'il a annoncé hier, pour une somme de $2 300 000
000.
Dans le passé, le Québec, parfois dans ses contrats,
n'avait que les miettes. Je veux m'assurer et je vais m'assurer, lors de la
conférence de la semaine prochaine à Ottawa la
conférence des premiers ministres que le Québec va avoir
une part importante du moins dans les 27%, puisque nous représentons 27%
de la population canadienne et que nous finançons le gouvernement
fédéral et, par conséquent, les dépenses de
l'armée et de l'"Air force" canadienne, 27% des retombées
économiques et peut-être plus, compte tenu que c'est un secteur
où nous sommes forts, dans l'automobile, nous en avons très peu,
mais dans l'aérospatial, nous en avons plus et Pratt & Whitney,
c'est une de nos principales compagnies avec 5500 employés, donc, nous
allons nous assurer que nous aurons des retombées sur la construction
d'un de ces deux avions de chasse qui sera choisi au printemps par le
gouvernement fédéral.
Evidemment, si nous étions dans une perspective de
souveraineté-association, ceci irait de soi, puisque nous aurions
d'office, comme gouvernement souverain associé pour les fins de la
défense, une partie des retombées. Maintenant, il faut les
quêter, mais nous allons les quêter.
M. Russell: M. le Président, est-ce que le ministre veut
dire que si on était séparé, le Québec aurait son
armée à lui?
M. Tremblay: Non, dans une perspective d'association... On a dit
qu'au niveau de la défense, il y
a une association, d'ailleurs, qui est continentale, puisque NORAD
existe. Puisque vous soulevez cette question, vous vous rappelez bien que le
ministre des Affaires intergouvernementales a officiellement dit que le
Québec souverain fera partie de NORAD et fera partie aussi de l'OTAN, ce
qui veut dire qu'il aura des flottes d'avions de chasse qui seront très
intégrées avec le reste du Canada dans une politique de la
défense qui sera commune, mais lorsque, au plan économique et au
plan industriel, il y aura des achats...
M. Scowen: Est-ce que ce sont nos avions de chasse ou ceux du
Canada?
M. Tremblay: Vous savez bien que le Canada ne produit pas
d'avions de chasse, comme il ne produit pas d'autobus.
M. Scowen: Oui, mais à qui vont appartenir ces avions?
M. Tremblay: Ils vont appartenir à la population.
M. Scowen: De?
M. Tremblay: Un instant! Ne vous énervez pas! On va vous
dire comment fonctionne la souveraineté-association. J'ai voulu vous
répondre en Chambre, une fois. Je n'ai pas eu l'occasion de le faire.
Vous avez sollicité mon aide, tout à l'heure, sur les
investissements étrangers. Je vais vous la donner dans un autre domaine.
J'ai parlé au plan industriel. Les contrats de la défense sont
extrêmement importants pour le développement industriel d'une
économie et il est évident que le gouvernement du Québec
et la population du Québec qui finance l'achat, soit de bateaux
militaires, soit de chars d'assaut, soit d'avions de chasse, doit non seulement
être du côté du financement par ses impôts, mais elle
doit être du côté des retombées industrielles, du
côté de l'emploi et des investissements. Pendant la
dernière guerre et cela est très important lorsque
le ministre de l'Industrie et du Commerce, M. C. D. Howe, présidait
à ces retombées industrielles, le Québec a eu les miettes
dans ce domaine. Je vais vous donner, par exemple, l'évaluation que nous
en avons faite. Habituellement, les industries militaires lourdes
étaient localisées en Ontario et les usines de munitions
étaient au Québec.
M. Scowen: Question de privilège, M. le
Président.
M. Tremblay: Ah! lorsqu'on touche un peu le fond du
problème, je vois que le député de
Notre-Dame-de-Grâce prend panique.
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Scowen: Je veux simplement vous poser une question.
Voulez-vous me donner une déci- sion avant la limite du temps? Que le
ministre s'occupe de répondre aux questions du député de
Brome-Missisquoi pour qu'on puisse ensuite revenir à la question que
j'ai posée.
Le Président (M. Marcoux): Un instant!
M. Scowen: M. le Président, cela fait déjà
plus d'une demi-heure qu'il prend pour répondre.
Le Président (M. Marcoux): Comme vous invoquez le
règlement, il est évident que le ministre a dépassé
les vingt minutes qui lui étaient allouées pour répondre
aux questions du député de Brome-Missisquoi. Normalement,
maintenant, je dois passer la parole à un autre intervenant. Il y a le
député de Sherbrooke qui a demandé la parole. Je
présume que vous également...
M. Gérard Gosselin
M. Gosselin: Sur le sujet même du débat de ce matin,
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Sherbrooke.
M. Gosselin: ... cinq minutes à peine, simplement pour
dire ceci. Je suis un député ministériel ordinaire. Je
n'ai pas d'équipe pour soutenir mes interventions ce matin. Je suis,
évidemment, d'accord avec le programme de notre parti en matière
économique et je pense que, par contre, on est tous conscients que les
objectifs ultimes de la politique du gouvernement du Parti
québécois en matière économique ne seront
réalisés que par la souveraineté. Mais ce qui me
préoccupe, de prime abord, c'est l'application des politiques sur le
terrain et la manière dont le gouvernement agit présentement,
face à l'investissement, qu'il soit étranger ou autochtone.
Je viens d'une région qui a été
développée principalement par un capital étranger ou, tout
au moins, par un capital non francophone, surtout marquée par le
textile, les pâtes et papiers, l'amiante. Je voudrais, sur ces trois
volets notamment, expliciter un peu et je crois que cela répondra
à la question du député de Notre-Dame-de-Grâce
et c'est à partir de faits concrets ou à partir
d'interventions concrètes du gouvernement, tout au moins, au cours des
deux premières années de son mandat dans ces trois secteurs.
Prenez le secteur du textile. Je crois que nous traitons avec une
entreprise qui a très peu d'intérêts les tableaux
qui nous ont été distribués tout à l'heure le
manifestent et pour laquelle peu de capital francophone,
québécois, original, finalement, est investi. Pour le textile, on
a eu une intervention déterminante et on a manifesté comment,
comme gouvernement, on était préoccupé à soutenir
un secteur absolument névralgique de notre économie. Je crois que
cette politique du gouvernement québécois, par rapport à
l'entreprise multinationale ou pancanadienne du textile, a été
très positive et, plus que cela, a amené une sympathie, une
alliance tacite de l'entreprise installée au Québec dans le
secteur du textile contre,
jusqu'à un certain point, le gouvernement canadien qui a
refusé, comme on le sait, d'endosser l'abaissement des taxes comme
convenu.
J'ai, à cet égard, à mon bureau, un
télégramme de la compagnie Bruck Mills, qui est dans le
comté du député de Brome-Missisquoi, qui a son lieu
d'affaires principal là-bas, un télégramme d'appui au
gouvernement québécois au moment où le litige s'est
posé. Cela manifeste jusqu'à quel point, dans le secteur du
textile, notamment, le gouvernement et l'entreprise ont su se concerter et ont
pu collaborer finalement à consolider un secteur absolument
névralgique et, actuellement, les industries textiles au Québec
fonctionnent très bien. Dans le secteur des pâtes et papiers, on
avait le problème de...
M. Russell: M. le Président, un instant, si le
député me le permettait, je voudrais ne pas induire la commission
en erreur. La question de la Bruck, je l'ai suivie de près, parce que
j'ai travaillé avec l'exécutif. Il ne s'agit pas simplement de la
politique du Québec. Il s'agit de certains changements de la politique
fédérale aussi. Je ne voudrais pas qu'on tienne pour
acquis...
M. Tremblay: Je crois, M. le député, que le
député de Sherbrooke mentionnait la politique de l'abolition de
la taxe de vente sur le textile.
M. Russell: C'est cela.
M. Tremblay: Mais vous avez raison, il y a eu, en novembre 1976
et en janvier 1977, d'une part, des revendications de la part du Québec,
par moi-même, parce que je suis allé à une
conférence à Ottawa pour demander des contingentements sur le
textile et le vêtement et, effectivement, le gouvernement
fédéral en a appliqué, de façon temporaire, pour un
certain nombre de pays et pour la chaussure aussi pour quatre pays.
M. Russell: Et la Bruck a été frappée aussi
par certains changements de la politique sur le polyester qui permettait aux
Etats-Unis de faire du "dumping". En changeant de politique, c'est ce qui a
corrigé un peu la situation et, aujourd'hui, avec les changements tout
récents, cela devrait devenir quelque chose d'assez concret. C'est un
ensemble dans un tout, ce n'est pas simplement...
M. Gosselin: Ce que je voulais simplement dire, c'est que le
gouvernement québécois avait collaboré de très
près avec l'entreprise du textile...
M. Tremblay: Si vous me le permettez, M. le député,
si j'avais su que le sujet de l'entreprise de Bruck Mills allait être
soulevé, j'aurais apporté avec moi la lettre que j'ai
envoyée au ministre Horner à Ottawa justement sur cette
entreprise demandant une intervention directe en faveur de l'entreprise. Je
pourrais peut-être produire cette lettre à une autre occasion,
mais je puis vous assurer que le ministère de l'Industrie et du Commerce
et le ministre qui vous parle, sont intervenus directement pour aider cette
entreprise.
M. Russell: M. le Président, je suis parfaitement au
courant de cela, parce que j'ai moi-même écrit au ministre. J'ai
eu une réponse et j'ai eu une copie de la lettre qu'il a envoyée
à M. Horner. Je suis d'accord sur l'intervention du ministre. Je le
reconnais comme tel. Je m'excuse.
M. Tremblay: Vous pensez que la Gazette n'a peut-être pas
tort de dire: That government is not so bad.
M. Gosselin: J'en étais à ce secteur, et je termine
rapidement, mais je crois que c'est important, à l'intérieur de
cette commission, ce matin, de soulever ces points.
Prenons le secteur des pâtes et papiers. C'est un autre secteur
névralgique dans ma région avec les usines de Bromptonville, de
Kruger, de Windsor et East Angus, la Domtar. On sait que la compagnie Domtar a
connu des difficultés. Il y a deux ans, à East Angus notamment,
il y avait une menace de fermeture très proche. Je pense qu'on a pu
travailler, comme gouvernement, avec la compagnie et avec l'ensemble des
compagnies de pâtes et papiers au Québec, chez lesquelles, on le
sait il y a très peu, encore là, de capital francophone. On a
affaire, dans certains cas, à des multinationales ou encore à des
compagnies pan-canadiennes. On a tenu des commissions parlementaires
là-dessus. Finalement, on a arrêté un plan de relance du
développement des pâtes et papiers et, pour ce qui est des usines
dans ma région, notamment dans le secteur des pâtes et papiers,
cela roule comme cela n'a jamais marché finalement. La menace de
fermeture a été écartée. Cela est dû à
une intervention ponctuelle du ministre de l'Industrie et du Commerce, du
ministre des Terres et Forêts, mais qui a été dans le sens
de consolider les acquis, les développements de compagnies qui n'ont pas
toutes un titre de propriété exclusivement
québécoise.
Prenons le secteur de l'amiante également. Dans la région
des Cantons de l'Est, l'amiante, si on prend la zone d'Asbestos et de Thetford
Mines, il y avait traditionnellement très peu d'investissements qui
s'étaient faits pour la transformation de l'amiante. On n'a pas agi
encore là-dedans de manière tout à fait draconienne et
pour détenir les pouvoirs ultimes qui nous permettraient de corriger
plus rapidement les situations quant à la conversion du produit de
l'amiante chez nous, il faudrait, évidemment, avoir la
souveraineté politique. (12 heures)
Je crois qu'on a agi dans le dossier de l'amiante d'une manière
encore très pondérée et très correcte, en ne
cachant pas nos objectifs, en les situant très bien et en suscitant au
maximun le milieu à s'impliquer dans une politique de transformation de
l'amiante chez nous que le gouvernement s'avançait à mettre
à terme. C'est ainsi qu'on a créé le Société
nationale de l'amiante.
Je dois vous dire que depuis qu'on a posé les premiers gestes,
déjà, tout le marché de l'amiante, la Johns-Manville, les
principaux producteurs d'amiante se concertent mieux qu'ils ne l'ont
jamais fait avec le gouvernement du Québec. Cela commence
déjà à donner des résultats, dans mon milieu, dans
la région, par quelques annonces prochaines d'investissements nouveaux.
Je pense que les compagnies comprennent qu'il y va aussi de leur
intérêt de se concerter avec le gouvernement du Québec et
de maximiser leur propre production, leur propre transformation de produits
chez nous.
C est encore une intervention ponctuelle qu'on a faite dans le secteur.
Je voudrais dire que notre faiblesse, finalement, persiste toujours au niveau
de la petite et moyenne entreprises et qu'au-delà du fait qu'on supporte
vraiment, qu'on élabore des concertations adéquates avec la
grande entreprise, il y a vraiment un secteur névralgique de petites
entreprises à développer chez nous.
Je voudrais, à cet égard, poser des questions sur les
stratégies de nos commissariats industriels. Dans une région
comme la mienne, il y a plusieurs commissariats industriels et notamment la
commissariat industriel de la ville de Sherbrooke, de loin le plus imposant, le
plus important...
M. Scowen: je ne veux pas bousculer le député de
Sherbrooke indûment, mais je veux répéter que le sujet, ce
matin, n'est pas les petites et moyennes entreprises, c'est une politique sur
les investissements non québécois. Je suggère
poliment...
M. Gosselin: Je suis sur ce sujet.
M. Scowen: ... qu'il parle de cette question, pas des PME.
M. Gosselin: Je suis sur ce sujet...
Scowen: Je ne sais pas; il a cinq minutes je pense?
M. Gosselin: Je suis sur ce sujet, M. le député.
M. Scowen: Quelle période...
Le Président (M. Marcoux): II a droit à vingt
minutes, au maximum, mais...
M. Scowen: Chaque intervenant a droit à vingt minutes?
M. Gosselin: Je vais prendre tout au plus dix minutes. Si vous me
permettez de terminer, j'achève.
J'étais sur ce point, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, c'est simplement pour signaler que, malheureusement,
nos stratégies de développement industriel dans les
régions ont été surtout orientées, et le sont
encore malheureusement, vers la recherche de capital étranger. On a
souvent passé à côté de modèles de
développement de petites entreprises très localement, à
partir des besoins et aussi à partir des possibilités des milieux
de développer une petite entreprise autochtone.
Je citais l'exemple, à cet égard, du commissariat
industriel de ma ville et je crois que l'exemple peut se répéter
à bien des endroits au Québec; je suis au vif du débat que
vous avez soulevé. Je prétends qu'on est encore trop
orientés, au niveau de nos commissariats industriels, vers le capital
étranger, non pas qu'il faille le sous-estimer, mais parce qu'on passe
encore à côté de secteurs importants de
développement de petites entreprises. L'exemple en est le suivant:
Sherbrooke mène des missions, constamment, sur le marché
européen, a participé l'année dernière à
quelques grandes foires internationales en Suisse, en France, le maire de ma
municipalité a fait des tournées européennes.
Également, plusieurs missions se sont succédé à San
Francisco et dans d'autres centres importants des États-Unis.
C'est important, on ne sous-estime pas l'importance du capital, de
l'investissement qui pourrait y survenir, sauf que, dans une région
comme la mienne, où l'industrie de transformation de l'amiante aura
à prendre de plus en plus de place... A mon avis, on est aussi une
région où l'industrie autochtone agro-alimentaire, à cause
de la vocation agro-alimentaire de l'Estrie, aurait à prendre de plus en
plus de place. A cet égard, je vous signale que la chaîne
d'alimentation Provigo, qui a connu ces dernières années une
montée vertigineuse sur le marché, c'est vraiment une
chaîne d'alimentation typiquement québécoise, tient son
origine à Sherbrooke.
A cet égard, on n'a pas vraiment encore investi, ni du
côté du gouvernement québécois, je m'excuse de le
dire, ni du côté du commissariat industriel dans nos
municipalités, pour promouvoir un modèle d'investissement et un
modèle d'entreprise qui correspondraient beaucoup mieux aux vocations de
nos régions.
M. Tremblay: Je voudrais vous préciser, M. le
député, que le gouvernement du Québec, par la Caisse de
dépôt, est le plus gros actionnaire de Provigo.
M. Gosselin: C'est malheureux que, même au niveau de nos
commissariats industriels, on ne s'applique pas à mieux définir
des projets d'investissements qui pourraient aller, d'une manière
concertée, avec l'expansion que prend actuellement la chaîne
Provigo, pour développer localement la petite et moyenne entreprise dans
le secteur agro-alimentaire.
Il y a également le secteur forestier. Les grands
développeurs, tels que la Domtar, par exemple, se sont
préoccupés du bois mou, sauf que, dans les concessions
forestières détenues par la Domtar, il y a également
beaucoup de bois feuillu qui ne trouve pas d'utilisation actuellement sur le
marché. Et il y a du développement presque illimité du
côté des énergies nouvelles pour mettre en place de
nouvelles entreprises, soit dans le secteur du meuble, soit dans le secteur du
bois de chauffage parce que cela revient à la mode dans
l'utilisation d'autres essences qui pourraient nous permettre de rentabiliser
un secteur important de nos forêts.
Le but de mon intervention, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, est simplement de signaler qu'on a, à mon
avis, comme gouvernement, été vraiment correct pour ce qui est de
la reconnaissance du capital étranger sur notre territoire et de la
nécessité de continuer à supporter l'expansion que devrait
prendre ce capital.
Quant aux stratégies futures de développement, je crois
sincèrement qu'on doit de plus en plus investir dans le
développement d'une entreprise locale autochtone, d'une petite
entreprise autochtone. A cet égard, le modèle de
développement des SODEQ régionales, notamment, est un
modèle absolument indispensable pour le plus grand nombre de
régions du Québec. Je crois qu'il y en a trois qui ont
été mises sur pied. Je me préoccupe infiniment...
M. Tremblay: II y en a quatre.
M. Gosselin: ... que dans une région comme la mienne
et la situation pourrait s'appliquer dans toutes les autres
régions il y ait un travail, dans un proche avenir, très
concerté...
M. Scowen: C'était une initiative du gouvernement
libéral.
M. Tremblay: Proposée par la Chambre de commerce du
Québec, en 1974.
M. Scowen: Et réalisée par le Parti
libéral.
M. Gosselin: Une des rares, mais heureuses initiatives de
l'ancien gouvernement...
M. Scowen: C'est bon qu'on le dise.
M. Gosselin: ... qui a été
opérationnalisée par le nôtre.
M. Scowen: Oui, c'est sûr, et améliorée.
M. Gosselin: Je pense qu'il y a, par le rôle des bureaux
régionaux du MIC et des commissariats industriels des
municipalités, des objectifs très fermes à donner
dorénavant à toutes les régions du Québec de
développer la petite et moyenne entreprise à l'échelle des
besoins des régions et des potentiels inexplorés des
régions. Malheureusement, un type de développement qui nous a
complètement échappé ou presque parfaitement
échappé dans le passé, du côté de
l'investissement du grand capital, nous a portés un peu à oublier
cette attention très quotidienne qu'on doit avoir sur nos propres
ressources de développement localement.
A cette commission, aujourd'hui, étant donné que le
député de Notre-Dame-de-Grâce a soulevé le sujet des
rôles de l'investissement étranger vis-à-vis du
gouvernement du Québec, de l'attention qu'on porte à l'un et
à l'autre, je dois dire qu'on doit renforcer de plus en plus
l'investissement autochtone, le développement autochtone et continuer
sur la foulée de concertation qu'on a entreprise avec le grand capital.
Et je crois que c'est ce qu'on fait. Je vous remercie, M. le
Président.
Discussion générale
M. Russell: M. le Président, si vous le permettez,
simplement un mot. Il n'y a pas de réponse?
Le Président (M. Marcoux): Mais, si le
député de Notre-Dame-de-Grâce a des choses à
ajouter, la priorité lui reviendrait.
M. Russell: Je pense que cela va aider à régler la
question globale. Je voudrais simplement rapporter ce qu'on avait dit avant la
réunion. On avait dit qu'on tâcherait de terminer avant 12 h 30,
parce que vous aviez un train à prendre. Je suis prêt à
coopérer dans ce sens-là.
Mais je voudrais simplement dire ceci, malgré que j'aurais
plusieurs questions à poser. Je serais satisfait de savoir quand le
ministre va déposer son livre blanc ou bleu. Ce serait drôlement
intéressant. J'accepterais qu'il réponde simplement aux questions
qui ont été posées par le député de
Notre-Dame-de-Grâce, lesquelles j'ai endossées. Je laisserai
tomber les autres questions.
M. Tremblay: Très bien. Je voudrais féliciter le
député de Sherbrooke pour son excellente intervention. Je pense
que c'est une intervention très lucide. Il connaît bien
l'économie de sa région qui vit évidemment les
problèmes de l'ensemble du Québec et qui vit le problème
d'une économie qui dépend de centres de décision qui sont
soit étrangers, soit à l'extérieur du Québec. Je
pense que tout le monde s'entend au Québec et ceci est naturel et
normal.
M. Scowen: Excusez-moi, M. le Président, il a
demandé quand le ministre va déposer le document.
M. Tremblay: Cessez de vous comporter comme à la
période des questions, là où vous interrompez un ministre
lorsqu'il répond. J'allais justement répondre à la
question du député de Brome-Missisquoi. Non seulement j'allais
lui répondre concernant les projets de loi et les livres blancs, verts
et jaunes, mais j'allais lui donner la substance de la politique.
M. Scowen: Vous m'avez dit que j'avais la priorité
à ce moment-là?
Le Président (M. Marcoux): Oui.
M. Scowen: Dans ce cas, je vais me servir de cela pour retourner
si possible à la question...
M. Tremblay: Je regrettre, M. le Président, question de
privilège.
M. Scowen: M. le Président, vous m'avez dit que j'avais la
priorité.
M. Tremblay: Je suis en train de dire des choses
extrêmement importantes. Je comprends que le député de
Notre-Dame-de-Grâce n'aime pas que le gouvernement dise des choses
importantes.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre... M. Scowen:
II doit répondre, c'est tout.
M. Tremblay: Je ne réponds pas à vous, je
réponds à la commission, à mes collègues ici. Vous
n'êtes pas un juge pour juger le ministre; pour qui vous prenez-vous, ce
matin?
M. Scowen: Je suis simplement venu poser des questions.
Le Président (M. Marcoux): Un instant! Le
député de Notre-Dame-de-Grâce a un droit de parole
privilégié. S'il a des questions supplémentaires...
M. Tremblay: C'est moi qui avais la parole et je demanderais, M.
le Président, la permission de poursuivre la phrase que j'avais
commencée.
M. Scowen: M. le Président, je demande le droit de parole
ici.
Le Président (M. Marcoux): Normalement, je pense qu'il n'y
a pas eu abus du député de Notre-Dame-de-Grâce,
jusqu'à maintenant, dans son droit de parole. Il a eu à peine 20
minutes depuis le début de la commission. Le député qui
fait l'interpellation prend régulièrement une demi-heure, trois
quarts d'heure, une heure. C'est pourquoi, si le député de
Notre-Dame-de-Grâce a d'autres éléments à ajouter
avant que vous donniez une réponse à l'ensemble des...
M. Tremblay: Question de règlement. Question de
règlement, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Oui, M. le ministre.
M. Tremblay: Je crois que les propos du député de
Notre-Dame-de-Grâce seraient plus é-clairés s'il me
permettait peut-être en cinq minutes de donner la politique du
gouvernement sur les investissements étrangers et sur le
développement économique. Evidemment, si...
Le Président (M. Marcoux): S'il veut bien vous le
permettre.
M. Tremblay: C'était évidemment le sens de la
question du député de Brome-Missisquoi.
M. Scowen: M. le Président, je pense qu'on a
déjà entendu le ministre pendant une période de presque
une heure avec ses deux interventions. Je désire respectueusement
retourner à une autre intervention moi-même. J'ai une
question.
M. Tremblay: La politique du gouvernement sur les investissements
étrangers, est-ce que j'ai bien lu la motion?
M. Scowen: Est-ce que je peux... s'il vous plaît?
M. Tremblay: II faut en revenir à la motion, M. le
Président.
M. Scowen: Merci. Quelle est votre décision? Le
Président (M. Marcoux): A l'ordre!
M. Tremblay: La motion consiste à dire que le gouvernement
ne sait pas où il va dans la question des investissements
étrangers.
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre! A l'ordre!
M. Tremblay: Le député de Notre-Dame-de-Grâce
était-il sérieux lorsqu'il nous a posé cette question ou
est-ce que c'était un prétexte pour aller à la
pêche?
Le Président (M. Marcoux): Je maintiens que le
député de Notre-Dame-de-Grâce a la parole.
M. Scowen: Merci.
M. Tremblay: Si vous permettez, M. le Président, question
de règlement. Que mes paroles soient enregistrées dans le sens
que j'ai voulu répondre à la question concernant la position du
gouvernement du Québec pour ce qui concerne sa politique sur les
investissements étrangers. Le député de
Notre-Dame-de-Grâce n'a pas voulu m'écouter.
Le Président (M. Marcoux): C'est enregistré.
M. Scowen: M. le Président, je parie au
député de Sherbrooke. Mon intervention s'adresse au
député de Sherbrooke. Je pense que la politique du parti est
très claire dans sa préoccupation dans le secteur
coopératif, le secteur autochtone et le secteur des
sociétés d'Etat. C'est très clair. Le premier article de
sa politique ne touche que ces aspects du problème, de favoriser
prioritairement une intervention dans l'économie par une extension
soutenue du secteur public, des entreprises d'Etat mixtes, etc.
Tout cela a été réglé. Une politique a
été développée envers le secteur qu'on appelle des
entreprises non québécoises, disons de l'extérieur du
Québec. Dans les cinq ou six articles que j'ai cités, c'est pas
mal clair. Il y a certainement là des éléments qui sont
très intéressants. Voici, ce que j'ai fait. J'ai pris cinq
compagnies, pas des compagnies en particulier, mais des exemples de cinq
catégories de compagnies, dans un domaine qui est assez
compliqué. Je parle maintenant de l'investissement direct. Je veux poser
des ques-
tions au ministre en ce qui concerne l'application de ces règles
à ces cinq compagnies. (12 h 15)
La première question que je pose touche l'article 2 de ce
programme qui dit que toute compagnie désirant poursuivre ou lancer des
opérations au Québec aura l'obligation d'avoir une charte
québécoise lui donnant une existence juridique.
Ma première question au ministre, je vais la poser aussi
clairement que possible. Si je comprends cette politique, cela veut dire que
toutes les compagnies sur la liste ou toutes les compagnies dans les
catégories dont les noms sont simplement des exemples, toutes ces
compagnies seront obligées d'avoir une charte québécoise
avec une existence juridique québécoise, un conseil
d'administration pour cette compagnie québécoise je ne dis
pas que tous les membres doivent résider au Québec, mais qu'il y
ait au moins un conseil d'administration pour cette entité juridique
et qu'elles devront produire un bilan de leurs activités. Est-ce
que c'est vrai que cela va être appliqué à chacun des cinq
cas? C'est ma première question et j'en ai trois autres.
M. Tremblay: Je n'ai pas d'objection, évidemment, à
commenter les cas, un par un, mais il me semble que les débats seraient
mieux éclairés si je présentais l'approche du
gouvernement, parce qu'elle est cohérente, et qu'on l'appliquait par la
suite à des cas particuliers, plutôt que de partir d'un cas
particulier et d'essayer d'en faire un cas général. Ce n'est pas
notre façon de procéder.
M. Scowen: Excusez-moi, M. le Président. Le cadre
général est développé dans la politique. Les
articles qui suivent, qui découlent de cet encadrement
général sont numérotés 2, 3, 4, 5, 6, et
maintenant, tout cela ayant été fait et réalisé, je
veux simplement aller à la prochaine étape, celle de parler, pour
les cas je ne parle pas nécessairement des compagnies les
exemples, des catégories différentes, de l'application. C'est
tout.
M. Tremblay: M. le Président...
M. Scowen: Je comprends bien la politique générale.
M. le ministre a parlé de la politique globale pendant une heure. On
veut partir dans quinze ou vingt minutes et je veux simplement avoir un peu de
précision. Ma première question, et je
répète...
M. Tremblay: M. le Président...
M. Scowen: ... d'après moi, est-ce que je me trompe quand
je dis que toutes les compagnies des catégories dont j'ai donné
les exemples sur cette liste seront obligées d'avoir une charte
québécoise avec tout ce que cela implique? Oui ou non?
M. Tremblay: M. le Président, je ne conteste pas le droit
du député de poser les questions qu'il veut. Je conteste son
droit de me mettre dans la bouche les réponses que je dois donner.
Lorsque je commence à vouloir donner une réponse, il ne trouve
pas cela à son goût, mais ce n'est pas ma faute. Son droit, c'est
de poser les questions. Elles sont soulevées. Maintenant, qu'il me
laisse répondre.
Il a soulevé la question de la juridiction du Québec, dans
le cadre de la loi des compagnies, sur (a charte des sociétés
commerciales et industrielles au Québec. Or, il faut faire une
distinction entre un statut provincial pour un gouvernement provincial et un
statut de gouvernement national. Il est évident que, dans le cadre d'un
statut provincial, les compagnies ont le droit de s'incorporer, soit
auprès du ministère des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières du Québec ou auprès du
ministère fédéral de la Consommation et des Corporations
et cela est une liberté. Evidemment, elles ne peuvent pas s'incorporer
à Washington, parce que les Etats-Unis sont un pays souverainement
différent de celui du Canada. Or, présentement donc, le
gouvernement du Québec ne peut pas changer cette incorporation; c'est
laissé à la discrétion des conseils d'administration. Il
est évident que, lorsque le Québec aura
récupéré la juridiction sur son territoire,
c'est-à-dire lorsque ses lois seront celles qui s'appliquent sur son
territoire, c'est-à-dire les lois de ce Parlement, dans un tel cas,
toute entreprise qui veut fonctionner sur un territoire devra avoir une charte,
autrement dit, un morceau de papier qui lui dit qu'elle peut fonctionner ici
sur le territoire. C'est une évidence et je m'étonne que le
député la soulève.
M. Scowen: Je parle d'une charte lui donnant une existence
juridique.
M. Tremblay: II est évident que...
M. Scowen: Ce n'est pas pour faire affaires. Ce n'est pas une
licence.
M. Tremblay: ... le Québec étant un pays souverain,
lorsque la population le décidera, dans lequel cas, évidemment,
les sociétés commerciales ou toute autre société
qui doivent avoir un permis d'opération, vont devoir avoir une charte
québécoise puisque l'autorité politique sur le territoire
sera une autorité québécoise. C'est la définition
même de la souveraineté. Ceci ne veut pas dire, comme on le
retrouve à l'intérieur du Marché commun européen,
que les chartes ou les conditions d'octroi des chartes industrielles dans une
juridiction, ne sont pas équivalentes ou coordonnées avec les
conditions qui existent dans les autres pays, et il est évident que,
dans le cadre de la souveraineté-association, les conditions d'octroi
des chartes au Québec pour le fonctionnement des entreprises
financières, industrielles et commerciales, seront rapprochées de
ce qui existera dans le reste du Canada et même aux Etats-Unis, parce
que, finalement, il y a une jurisprudence commune dans ce domaine.
Mais là, il ne faudrait pas construire le toit de
l'édifice avant les fondations. C'est ce que je voulais vous expliquer,
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, nous allons traverser
cette rivière, que vous indiquez, c'est-à-dire la juridiction sur
le territoire au niveau des incorporations, lorsque la population du
Québec elle-même aura décidé qu'elle prend ses
affaires en main au plan politique et qu'elle veut avoir un gouvernement qui
contrôle le territoire au plan législatif et au plan
légal.
M. Scowen: M. le Président, c'est très bien,
là! Vous savez que ce document, le programme du Parti
québécois est un effort pour décrire un Québec
souverain à l'intérieur d'une association et cette clause dont on
parle, de charte québécoise donnant une existence juridique, est
très claire et c'est contenu dans une association; le programme
même, c'est un programme d'association. Si je vous comprends bien,
d'après vous, à l'intérieur de cette association, les deux
veulent dire que les compagnies seront obligées d'avoir une existence
juridique québécoise qui pourrait être liée d'une
façon ou d'une autre à une existence canadienne. Mais il y aura
une base minimale, une charte québécoise sera nécessaire,
compte tenu du fait que le Québec sera souverain.
M. Tremblay: Je vais vous répondre par un des exemples que
vous avez soulevés. Je pense que vous aimez avoir des exemples pour
mieux comprendre. Parfois, les exemples réussissent à
étayer. Prenons le cas de Cadbury. Cadbury est une multinationale qui
appartient à Cadbury London Limited à Londres, une compagnie
britannique qui a des filiales aux Etats-Unis et au Canada qui s'appellent
Cadbury Schweppes Powell Limited. Il est évident que, lorsque le
Québec aura acquis sa maturité politique, cette multinationale,
qui a son siège social à Londres, aura une filiale aux
Etats-Unis, aura une filiale, je le présume, à Whitby en Ontario
et aura sans doute une filiale au Québec si elle veut y vendre du
chocolat. Si elle veut vendre du chocolat, elle doit au moins avoir des
entrepôts. Elle doit avoir des services de marketing parce que vous savez
que, pour vendre du chocolat, il faut que les factures soient en
français au Québec depuis la loi 101. Donc, cette multinationale
va devoir revenir au Québec. Cela, je peux vous l'assurer. Il y en a
d'autres aussi qui pensent qu'en allant à Toronto, elles vont pouvoir
faire du "dumping" sur le marché québécois et qu'elles
vont pouvoir fonctionner à partir de Toronto.
M. Scowen: Mais, M. le ministre...
M. Tremblay: Après le référendum, ces
petites compagnies, qui ont besoin du marché du Québec pour
survivre, vont devoir avoir un siège social au Québec.
M. Scowen: Un siège social? C'est une existence
juridique.
M. Tremblay: Tout à l'heure, vous étiez
mêlé entre...
M. Scowen: Le siège social canadien de Cadbury est au
Québec, n'est-ce pas?
M. Tremblay: Vous parliez tout à l'heure d'un siège
social et d'un centre de décision. Si vous me le permettez, je vais vous
expliquer la différence. General Motors, évidemment, a son
siège social à Détroit. Les décisions
d'investissement se prennent à Détroit, même si General
Motors of Canada a un siège social à Oshawa, en Ontario. Le fait
d'avoir un siège social régional parce que c'est dans
cette perspective ne signifie pas que le centre de décision s'y
trouve. Il est évident que, compte tenu des besoins de marketing, de
financement des inventaires et de d'autres considérations
rattachées soit à une production, soit à une vente, un
bureau régional constitue un centre de services pour l'entreprise. Ce
n'est pas nécessairement un centre de décision. C'est pour cela
que le terme "siège social" englobe des choses qui ont parfois des
significations tout à fait différentes. La vraie signification
d'un siège social, c'est le siège social de la maison-mère
d'une société commerciale, industrielle ou bancaire. Cela veut
dire, là où se prennent les décisions d'investissement et
les décisions importantes. Les autres centres sont des centres de
services.
En réponse à votre question, il est évident que,
lorsque le Québec aura atteint, comme je l'ai dit, la maturité
politique, le "home rule", comme on dit en anglais, ou le "self-government " et
que seules ses lois s'appliqueront sur le territoire du Québec, toute
entreprise commerciale, financière, bancaire ou industrielle qui veut
faire des affaires au Québec devra avoir une existence légale au
Québec comme Genelal Motors, de Détroit, a une filiale au Canada,
General Motors of Canada, pour pouvoir fonctionner.
Cela ne voudra pas dire pour autant que les centres de décision
importants seront au Québec, parce que General Motors des
États-Unis prend les décisions de General Motors, même s'il
y a un siège "social" à Oshawa, en Ontario, mais nous serons
certains d'une chose, c'est que le marketing, les finances, le financement des
inventaires, etc., vont devoir se faire au Québec.
Donc, toutes les entreprises qui pensent s'établir à
Toronto aujourd'hui et pensent fonctionner à partir de l'Ontario et
faire du "dumping" au Québec et considérer le Québec comme
étant un marché de consommation, vont devoir revenir en sens
inverse sur la route 401, parce que si elles veulent vendre du chocolat, des
automobiles, des pièces d'automobiles, des réfrigérateurs,
des téléviseurs et tout cela, il va falloir qu'elles aient une
existence juridique au Québec.
C'est là la beauté de vouloir prendre ses affaires en
main, c'est qu'on cesse de rire de nous, et quatre siècles
d'indifférence et de négligence à notre endroit, c'est
assez.
M. Scowen: M. le ministre, je comprends très bien votre
commentaire. C'est parfait. Je veux
simplement vous dire qu'à l'intérieur d'un marché
commun, d'une association, il pourrait être possible d'envisager,
à l'intérieur du Canada, un système à peu
près comme ce que nous avons maintenant. Je ne dis pas que c'est la
meilleure chose, mais vous avez certainement clarifié cette affaire ici.
Est-ce qu'on peut aller...
M. Tremblay: Si vous me le permettez, sur cela, il faut faire
bien attention, parce que, là, vous mélangez des pommes et des
poires. Il est évident qu'à l'intérieur du Marché
commun européen, comme à l'intérieur du marché
commun canadien, les entreprises peuvent investir là où elles
veulent et peuvent aussi prendre des circuits de distribution de leurs produits
comme elles le veulent, mais, pour faire légalement les ventes
prenons les magasins Eaton à Montréal ou le magasin Simpsons, La
Baie, Canadian Tire, ce sont toutes des entreprises étrangères,
car, comme je l'ai démontré, le Québec est un locataire
chez lui, les Québécois sont des locataires qui financent des
hypothèques des autres. On le fait depuis des siècles. On va
changer cela à l'avenir, mais, au plan juridique, il est évident
qu'Eaton va devoir avoir une charte québécoise pour vendre ses
choses.
Evidemment, cette charte va être accordée automatiquement,
puisque tous les citoyens, corporatifs comme privés, sont égaux
devant la loi. Mais nous sommes certains que les factures de Eaton ne
proviendront pas de Toronto; elles vont provenir d'un bureau qui sera
québécois parce que la loi rendra illégal ce genre de
facturation en provenance d'un pays ou d'une juridiction qui sera
étrangère.
Cela ne signifie pas, comme je l'ai dit, que ceci changera le fond du
problème qui est rattaché aux investissements étrangers,
aux centres de décision. Ce problème que j'ai expliqué en
Europe dépasse la juridiction et la souveraineté des Etats. Mais
nous sommes certains que cet aspect légal fera en sorte que beaucoup
d'activités tertiaires qui sont rattachées à des centres
de services commerciaux, bancaires ou de production, seront au
Québec.
M. Scowen: Excellent, est-ce qu'on peut...
M. Russell: Est-ce que le député de
Notre-Dame-de-Grâce me permet une petite question pour clarifier? Il
parlait de Cadbury, tout à l'heure, qui a son siège social au
Québec; est-ce qu'elle sera obligée de produire au
Québec.
M. Tremblay: Non, non. La commercialisation est une
opération différente de la production, du domaine bancaire ou des
assurances; c'naque domaine est différent. Mais, dans chaque domaine, il
y a des relations avec des tiers dans le marché. Par exemple, il faut
poursuivre un client qui ne vous paie pas. Dans un système de
souveraineté légale ne prévalent que les tribunaux de la
région. Par conséquent, il faut que votre bureau d'avocats soit
ici pour pouvoir fonctionner.
Vous ne pouvez plus fonctionner de l'extérieur. Vous devez
maintenir des activités de service pour soutenir vos activités,
soit commerciales dans le cas de Eaton, soit de production dans le cas de
General Motors; dans le cas de Cadbury, je ne le sais plus. C'est un cas
mitoyen, étant donné que ces gens vont avoir leur siège
social ici à Montréal, le bureau régional, parce que le
siège social... Celui qui prend des décisions, il est à
Londres et leur production est en Ontario. Il ne faut pas s'illusionner.
C'est pour cela qu'habituellement, ce qu'on appelle les sièges
sociaux sont toujours rapprochés un peu de la production, parce que
c'est un peu une antinomie d'avoir la production dans une région et le
siège social dans l'autre; ceci se fait rarement.
Donc... (12 h 30)
M. Scowen: Deuxième question, M. le ministre les
dividendes.
M. Tremblay: Je crois que M. le député de
Brome-Missisquoi avait soulevé la question d'un consentement pour
terminer à 12 h 30. Cela ne me fait rien de continuer, mais...
M. Scowen: Je veux continuer jusqu'à ce que nous ayons
réglé ces trois questions. Je vais les poser chacune dans moins
de trente secondes. Je vous laisse la décision de répondre
vite.
M. Tremblay: Je ne m'engage pas, par contre, à
répondre en trente secondes.
M. Scowen: Du tout. Je pense, M. le Président, que le
ministre a l'idée que je pose des questions pour lui faire tort ou lui
causer des problèmes.
M. Tremblay: Pas du tout, au contraire.
M. Scowen: Je vous assure que ce sont des questions qui sont
posées par le milieu économique du Québec, qui
s'intéresse à avoir des précisions, pour pouvoir prendre
des décisions concernant les investissements dans des années
à venir. Ce sont des décisions qu'ils sont obligés de
prendre avec la possibilité que nous aurons d'une
souveraineté-association. Autant que possible, ils veulent savoir ce que
cela veut dire, cette politique des entreprises du Parti
québécois. Ce qu'on fait ici est très important et je
pense qu'on doit essayer d'être aussi clair que possible pour aider les
gens qui ont à prendre des décisions.
Je vais passer aux dividendes. "S'assurer que les dividendes
versés par une entreprise majoritairement contrôlées par
des intérêts étrangers ne représentent pas plus de
la moitié des bénéfices après impôt
rapportés au Québec."
Si je comprends bien, M. le ministre, cette règle va toucher
l'existence juridique québécoise des quatre catégories que
j'ai soulevées, des quatre premiers exemples, disons: Cadbury, GM,
Labatt et Alcan, mais une compagnie comme Power Corporation, si elle est
majoritairement
contrôlée par les Québécois, ne serait pas
soumise à cette loi.
Mais des genres d'entreprises comme Alcan, Labatt, GM et Cadbury seront
soumises à la loi et sur les profits qu'elles gagnent dans cette
société, avec une existence juridique québécoise,
elles ne peuvent pas verser plus que 50% en dividendes à
l'extérieur. Est-ce vrai? Est-ce que mon interprétation du
deuxième point est vraie?
M. Tremblay: M. le Président, je ne suis pas ici pour
répondre à des questions de demi-détails, etc. Je peux
simplement dire ceci: Le gouvernement du Québec encourage les
entreprises privées, comme je l'ai dit dans le contexte que j'ai
évoqué tout à l'heure des besoins de rattrapage industriel
du Québec.
Deuxièmement, le gouvernement du Québec est en faveur
d'une association économique et d'un marché commun, par
conséquent, avec la continuation du marché commun canadien qui
existe présentement. De cela découle, évidemment, la
possibilité pour les entreprises d'avoir la liberté de
mobilité en ce qui concerne leurs investissements et leurs produits.
Ceci implique des règles qui seront établies en conjonction avec
nos partenaires du reste du Canada sur le fonctionnement des entreprises.
Il serait énormément prématuré de
présumer des ententes que devra conclure le Québec avec le reste
du Canada sur des règles précises. J'ai fait allusion tout
à l'heure aux conditions d'incorporation des entreprises; c'était
un élément de la question. Mais, sur l'ensemble des autres
règles, il serait prématuré de dire quelles vont
être les ententes qui seront conclues entre le Québec et le reste
du Canada. Il est évident que, dans un contexte d'association
économique et de marché commun, tel que cela existe
présentement, et comme nous souhaitons que cela continue, ces
règles devront être harmonisées. C'est aussi dans le
programme du Parti québécois que ces règles devront
être harmonisées, mais il faut attendre que ces ententes se
réalisent. Il reste encore quelques événements à se
produire, comme avec la population du Québec dans le cadre d'un
référendum.
Par contre, je dirai ceci pour ce qui concerne notre approche, sans
présumer évidemment des ententes qui seront "formalisées"
dans le cadre de l'association. Présentement, l'approche qui existe au
gouvernement canadien concernant les investissements étrangers et les
entreprises, c'est une approche cas par cas, une approche qui vise à
dire: Telle entreprise, c'est bon, telle entreprise ce n'est pas bon. L'Agence
canadienne de tamisage des investissements étrangers, à laquelle
nous collaborons, comme gouvernement... Je suis le ministre qui donne
habituellement les positions du gouvernement sur cette question parce que j'ai,
dans mon ministère, un bureau d'examens de l'investissement
étranger. On n'a pas eu le temps d'en parler, mais je comptais en parler
un peu plus longuement, parce que je suis le ministre qui se préoccupe
quotidiennement de ces questions.
L'approche du gouvernement fédéral est une approche cas
par cas. L'approche du gouvernement du Québec, qui ne peut pas
être "formalisée" dans les faits maintenant, de façon
définitive, puisque nous sommes encore un gouvernement provincial, est
plutôt une approche sectorielle, c'est-à-dire que nous croyons
que, dans une politique industrielle cohérente...
M. Scowen: Excusez-moi, M. le ministre, la prochaine question.
Dans votre programme, vous avez clairement distingué trois
catégories avec les secteurs inclus.
M. Tremblay: Chaque fois que je commence à vouloir
répondre un peu sur la politique d. gouvernement, alors que
c'était, je croyais, le but de la motion de questionner le gouvernement
sur sa politique vis-à-vis des investissements étrangers,
aussitôt que je commence à donner la position du gouvernement, on
me harcelle, on me coupe la parole pour m'empêcher...
M. Scowen: Dites donc que vous n'avez pas l'occasion de parler,
M. le ministre.
M. Tremblay: Le député de Brome-Missisquoi et le
président avaient souhaité que nous terminions à 12 h 30.
Il est pratiquement 12 h 40. J'essaie de fournir une réponse...
M. Scowen: Je voulais simplement...
M. Tremblay: ... extrêmement importante. On m'en
empêche.
M. Scowen: ... soulever le point, M. le ministre, que la partie
de votre programme qui touche les dividendes est clairement
séparée de la partie qui touche votre politique sectorielle.
M. Tremblay: On voit votre approche, qui est d'aller à la
pèche sur des petits points particuliers. C'était toute
l'opération...
M. Scowen: Avant de faire un investissement ici, ce sont les
questions précises que je pose. La question, en gros, c'est si un homme
d'affaires... Est-ce que je dois prendre au sérieux dans me-plans
l'article 2 qui touche l'existence judirique québécoise et
l'article 4b qui touche le fait que je suis obligé de ne pas verser plus
de 50% de mes bénéfices québécois en dividendes, ou
est-ce que je peux les mettre de côté parce que ce n'est pas
quelque chose que vous avez sérieusement l'intention d'implanter?
Qu'est-ce que vous allez dire? Ou qu'est-ce que je dois dire?
M. Tremblay: Je ne peux que...
M. Scowen: C'est une question sérieuse. Les gens veulent
savoir avant d'investir. C'est une question très simple. Est-ce qu'ils
doivent les prendre au sérieux ou non?
M. Tremblay: Je ne peux que répéter la
réponse que je vous ai donnée, que je croyais articulée,
à savoir que dans le cadre des négociations et des ententes
concernant le fonctionnement du marché commun canadien, ce
fédéralisme économique que nous appelons l'association
économique, il y aura une position commune des deux gouvernements
souverains sur cette question des règles de fonctionnement des
entreprises, et que, par conséquent, je ne peux pas vous donner les
résultats de ces ententes, puisqu'elles sont à venir. Et non
seulement elles sont à venir, mais il faut qu'il y ait un
référendum qui se produise avant pour donner l'autorité au
gouvernement du Québec; non seulement l'autorité, mais a
juridiction sur ces questions, juridiction que nous n'avons pas
présentement. Donc, il faut construire les fondations avant de
construire le toit. Vous me demandez la couleur du toit, la forme de la
cheminée. Je vous dis que nous sommes en train de construire les
fondations. Je peux vous donner des indications sur la forme du toit. Je
m'apprêtais à vous les donner et vous m'avez interrompu. Je vous
ai dit qu'au moment où nous nous parlons, l'approche du gouvernement
canadien, qui est une approche cas par cas et qui peut le demeurer lorsqu'il
sera temps de négocier la souveraineté-association, n'est pas
identique à celle que nous préférons. Nous ne pouvons que
la préférer présentement, puisque nous sommes un
gouvernement provincial. On sait que dans la structure canadienne, les
gouvernements provinciaux sont un peu des grosses municipalités. Dans le
domaine économique, on peut toujours envoyer promener les provinces.
L'agence de tamisage étranger du gouvernement fédéral, ce
n'est pas une loi du Québec. C'est une loi du gouvernement
fédéral. Nous la subissons parce que nous n'avons pas
participé à son élaboration.
Tout ce que je dis, c'est que dans la future politique
Québec-Canada sur les investissements étrangers, le gouvernement
du Québec sera un participant dans l'élaboration de la politique
et non pas un spectateur, comme nous le sommes présentement, et, lorsque
nous serons un participant, je vous donne, si vous me permettez, l'orientation
que nous préférerions prendre, qui est une orientation qui ne va
pas dans les cas par cas, parce que ceci est "tatillonneux" pour les
entreprises. Les entreprises étrangères et les investissements
étrangers détestent cette approche discrétionnaire de la
part du gouvernement fédéral, parce qu'on doit embaucher des
avocats et ça coûte très cher, parce qu'on ne sait jamais
à quoi s'attendre, ça dépend des fonctionnaires et de la
façon dont ils perçoivent la chose cas par cas.
Nous disons que les règles du jeu concernant la contribution des
entreprises étrangères au développement économique
du Québec et du Marché commun canadien vont devoir être
faites par secteur. Ces règles du jeu, dans le cadre d'une politique
industrielle cohérente, évidemment, si on n'avait pas de
politique... Je crois qu'à Ottawa, il n'y en a pas, au plan industriel,
c'est absolument évident. C'est un des problèmes. Nous subissons
l'absence de politique industrielle de la part du gouvernement canadien sur
notre propre territoire, mais nous n'avons pas les pouvoirs d'appliquer notre
propre politique de façon réelle. C'est là la
tragédie. Même si nous avions le meilleur gouvernement possible au
niveau du Québec, aussi longtemps que nous demeurerons un gouvernement
provincial et que nous sommes soumis à une dépendance et à
une satellisation d'un gouvernement fédéral qui, lui, n'a pas de
politique cohérente, nous devons être un peu spectateurs devant
cette politique face aux investissements étrangers. Je dis que, dans le
cadre de la souveraineté-association, le Québec va vouloir
introduire la coopération des entreprises étrangères dans
le cadre de la politique économique et industrielle globale et que
certains secteurs vont devoir être privilégiés plutôt
que certains autres. Prenons le cas de l'automobile. Il est évident que
le Québec n'a pas d'industrie autochtone de l'automobile, le Canada non
plus, parce qu'il s'agit d'une industrie qui a besoin, pour être
efficace, d'avoir des usines de grandes dimensions et de produire plusieurs
unités d'un même modèle pour un très grand
marché. Pour produire une automobile de façon concurrentielle, il
faut produire un minimum de 150 000 unités d'un modèle. Sans
cela, le coût est trop élevé. Donc, par définition,
les entreprises étrangères nord-américaines... le
député de Brome-Missisquoi, qui s'y connaît bien dans ce
domaine je le félicite, j'en profite pour dire que même si
l'Union Nationale a peu de députés, je dois dire qu'au plan
économique, ses interventions depuis deux ans sont beaucoup mieux
étayées que toutes les interventions du Parti libéral,
peut-être qu'ils se fient un peu moins aux nuages et aux forces occultes
et plus à la réalité et qu'ils amènent finalement
des propositions et des idées réelles et réalistes
a mentionné tout à l'heure qu'en Amérique du Nord...
M. Scowen: M. le Président, je vais intervenir pour la
dernière fois, parce que je sais que vous voulez partir...
M. Tremblay: Oui, mais je donnais un exemple... Un instant! Le
député de Brome-Missisquoi mentionnait... parce que vous aimez
bien les exemples. Quand je veux répondre en vous parlant de la
politique cohérente du gouvernement, on m'interrompt parce qu'on dit:
Revenez aux exemples. Quand je suis en train de donner un exemple, on dit: Non,
revenez à la politique globale. Est-ce qu'on joue au chat et à la
souris ici?
Je revenais à l'exemple de l'automobile et le
député de Brome-Missisquoi a mentionné qu'il y a quatre
producteurs nord-américains dont l'un, American Motors, a plus de
difficultés que Chrysler, Ford et General Motors. Il est évident
que le Québec, n'ayant pas une industrie locale, mais consommant
beaucoup dans le secteur de l'automobile, beaucoup de camions et beaucoup de
pièces, va devoir avoir sans compter les camions militaires et
les chars d'assaut sur lesquels nous n'avons aucune prise
présentement
pour la production au Québec. La preuve, c'est qu'il n'y en a pas
qui sont produits au Québec. Vous allez me dire: C'est la
fatalité, comme le disait le député de Saint-Laurent
à l'Assemblée nationale. Moi, je vous dis que ce n'est pas la
fatalité. C'est le favoritisme du gouvernement canadien à Ottawa
envers le développement industriel de l'Ontario et nous allons essayer
de mettre fin à cela.
Il est évident qu'il va falloir, dans ce secteur de l'automobile
que nous voulons développer, que General Motors, que Ford et Chrysler
puissent produire ici au Québec en prenant de l'aluminium du
Québec, en prenant des ressources du Québec, en étant
incorporées au Québec, en embauchant des avocats, des
ingénieurs, des comptables du Québec, en fonctionnant en
français, mais avec des liens en anglais avec le reste de
l'Amérique du Nord. C'est prévu dans la loi 101 et il n'y a aucun
problème pour cela. L'usine de Sainte-Thérèse de General
Motors a 4500 employés, elle produit des voitures Buick et Oldsmobile
pour tout le continent nord-américain, elle produit des autobus à
Saint-Eustache parce qu'on a mentionné, tout à l'heure, le
contrat des autobus et j'aurais bien aimé vous répondre sur cela
parce que le Québec, présentement, est un fabricant
nord-américain d'autobus et a pratiquement un monopole dans ce domaine,
puisqu'on exporte maintenant des autobus provenant de Saint-Eustache à
New York et dans les grandes villes américaines. On a fermé
l'usine de London, en Ontario et on a concentré cette production
à Saint-Eustache. C'est l'exemple typique d'un gouvernement qui, avec un
levier qui est le contrat de 300 autobus, permet de débloquer du
développement industriel en faveur du Québec puisque, maintenant,
on va produire entre 750 et 1500 autobus par année, alors que nous n'en
achetons nous-mêmes que 300. Donc, nous exportons
énormément d'autobus et c'est cela, le développement
industriel, mais par secteur, pas cas par cas. (12 h 45)
C'est une approche broche à foin que nous avons
présentement au niveau fédéral. Tout le monde est d'accord
et je peux le répéter à la face de M. Trudeau mardi
prochain, parce que c'est moi qui vais, en compagnie du premier ministre,
établir la position industrielle du Québec. Le Québec veut
avoir une approche cohérente au plan industriel, pas une approche cas
par cas, broche à foin. Depuis toujours, à Ottawa, c'est une
approche je dirais à la petite semaine, alors qu'on a des
problèmes industriels fondamentaux.
Le conseil économique du Canada et le collègue du
député de Notre-Dame-de-Grâce, le député
d'Outremont, qui a déjà été président, l'a
répété a fait des études, a proposé
au gouvernement canadien une approche cohérente au plan commercial et
industriel, mais ces études ont toujours été mises de
côté et on se retrouve aujourd'hui avec un problème
industriel et manufacturier pour l'ensemble du Canada, même si le Canada,
cette partie du continent, ce demi-continent, est extraordinairement riche en
ressources, qui est une économie malade.
Le gouvernement du Québec veut faire sa part en ce qui concerne
le Québec, parce que c'est notre responsabilité, parce que nous
vivons ici; par définition, il faut s'occuper de nos affaires; nous
voulons avoir un peu plus de pouvoirs pour nous en occuper un peu plus, mais
nous voulons aussi que le gouvernement fédéral collabore
jusqu'à ce qu'on ait réglé la situation à savoir
qui est le capitaine à l'intérieur sur le bateau du
Québec.
Présentement, il y a deux capitaines. Il y en a un qui va dans
une direction, et je pense qu'à Ottawa on ne sait pas dans quelle
direction on va; nous nous allons dans la direction que j'ai voulu expliquer et
que j'aurais bien aimé expliquer plus en détail, si nous avions
plus de temps.
Je pense que la position et la politique di gouvernement du
Québec sont cohérentes, elles sont globales, et je pense qu'elles
sont très logiques.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: M. le Président, je suis venu ici ce matin avec
un grand désir d'aller un peu plus loin que le Parti
québécois est déjà allé dans sa politique
sur les investissements non québécois. J'avais devant moi un
programme qui n'est pas très précis. J'avais l'espoir, dans
l'intérêt des investisseurs non québécois qui sont
ici actuellement, et qui sont intéressés à venir ici,
d'essayer de les aider à mieux comprendre cette politique, parce qu'il
faut qu'en prenant leur décision sur leurs investissements, ils tiennent
compte de la possibilité qu'ils se trouvent, un jour, à
l'intérieur d'un marché commun canadien et d'un Québec
souverain. C'est une possibilité. Ce programme du Parti
québécois doit donc être un programme qui définisse
le comportement qui sera requis des compagnies à l'intérieur de
cette politique. J'ai posé des questions très spécifiques
sur les trois ou quatre points les plus importants qui toucheront ces
compagnies, des questions très chaudes, parce que ce sont des questions
auxquelles il fait connaître les réponses avant qu'elles
décident quoi faire. J'ai donné un petit exemple au ministre,
pensant qu'il pourrait nous aider à aller un peu plus loin. Pour moi,
vous pouvez avoir votre propre opinion, je pense qu'il n'est pas allé
plus loin, il a reculé. Il trouvait même que de parler de ces
questions précises était impossible. Il trouvait sa propre
politique trop chaude, peut-être qu'il a décidé que ce
n'était pas réaliste, je ne sais pas.
Mais je pense que toute personne désintéressée peut
dire qu'on n'a pas avancé la définition, l'application de ces
règles très claires, la nécessité de ne pas verser
plus de 50% de vos dividendes, si vous êtes une compagnie au
Québec contrôlée à I'extérieur, d'avoir une
société avec une existence juridique québécoise, de
permettre aux Québécois d'acheter au moins 1% de vos actions, si
vous voulez faire affaires au Québec, ainsi de suite. Si ces
données sont bonnes, est-ce qu'elles seront mises en vigueur? On ne sait
pas. Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'après presque trois heures, on
n'est même pas au début de ce débat.
Ce matin, quand j'ai commencé, j'ai dit que je trouvais,
jusqu'à ce matin, les politiques d'investissement du Parti
québécois colériques et inarticulées. Je continue
à dire que c'est colérique et inarticulé et on n'a pas du
tout avancé. J'espère que nous aurons d'autres occasions de
parler de cette question; j'espère que le ministre va prendre mes
commentaires, non seulement dans le sens critique, mais dans le sens que je lui
assure qu'il y a énormément de gens, à l'extérieur
de ce bâtiment, qui aimeraient avoir une réponse à la
question: Est-ce que votre politique sur les entreprises, proposée dans
votre programme, est une politique sérieuse, oui ou non?
Alors, je regrette qu'on ne soit pas allé plus loin, mais je suis
certain que le ministre va prendre note de mes commentaires et va essayer,
autant que possible, dans les jours, les semaines, les mois qui viennent, de
faire un peu plus de lumière sur ce sujet très important. Je le
remercie énormément, ainsi que ses collègues, parce qu'ils
sont venus ici ce matin et ont fait tout ce qu'ils pouvaient pour clarifier un
peu cette question. Je vous remercie.
M. Tremblay: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Brome-Missisquoi, rapidement.
M. Russell: Et le ministre pourra répondre par la
suite.
Je veux simplement vous remercier, M. le Président, et m'excuser
auprès de vous de vous avoir fait manquer votre train pour aller remplir
vos obligations. Mais je suis heureux d'être venu ce matin participer
à ce débat qui n'est pas terminé. Je pense qu'il y a
beaucoup d'éclaircissements à donner encore. Je pense bien que le
ministre n'a pas eu le temps de faire tout cela. Il y a eu des questions du
député de Notre-Dame-de-Grâce qui sont demeurées
sans réponse. J'en avais plusieurs autres à poser. Le temps nous
presse. Il pourra peut-être nous répondre par écrit ou
à d'autres occasions, je suppose.
Mais un point sur lequel je voudrais revenir, c'est de lui demander
s'il ne le fait pas aujourd'hui, il pourra nous le donner par
écrit dans des délais raisonnables afin qu'on l'ait en notre
possession quand il fera le dépôt global de cette
politique. D'après ce qu'on déduit de l'exposé du
ministre, le programme sera applicable seulement après
l'indépendance du Québec.
M. Tremblay: M. le Président, je vais prendre deux
minutes, tout simplement, pour répondre aux derniers propos du
député de Notre-Dame-de-Grâce et je répondrai
rapidement, à la toute fin, à la question du député
de Brome-Missisquoi.
Lorsque le député de Notre-Dame-de-Grâce dit que la
position du gouvernement du Québec concernant la place des
investissements étrangers dans le développement industriel et
dans la croissance économique est inarticulée, je crois qu'il n'a
pas écouté ce que j'ai dit aujourd'hui. Je crois que j'ai
présenté une approche cohérente qui partait de la
réalité. J'ai déposé des chiffres et cette
réalité, je l'ai établie; je ne le répète
pas. Mon approche vise à encourager l'initiative privée au
Québec dans le domaine économique et industriel; vise à
encourager le secteur coopératif dans la production; vise à
renforcer les sociétés d'Etat du Québec dans le domaine
industriel et commercial la preuve était la loi 108 que j'ai
déposée à l'Assemblée nationale concernant
l'augmentation du capital-actions de la Société
générale de financement vise aussi à
intégrer les entreprises multinationales et anglo-canadiennes, qui ont
des sources financières et des ressources technologiques que nous
n'avons pas, dans le fonctionnement de l'économie en coopération,
quand c'est nécessaire, avec les entreprises autochtones, mais souvent
dans des secteurs où elles sont majoritaires, et pratiquement des
monopoles, comme celui de l'automobile.
En ce qui concerne les règles de fonctionnement des entreprises
qui devraient s'appliquer dans une perspective de
souveraineté-association, je ne peux que répéter que ce
genre de règle doit être établie en coopération avec
le reste du Canada ou le gouvernement du Canada anglais, parce que les
règles de fonctionnement des entreprises, dans le cadre d'un
marché commun, comme on a à l'intérieur du Marché
commun européen, doivent être semblables afin de pouvoir avoir une
juste péréquation de l'activité économique et de
l'activité industrielle.
Par conséquent, aucune réponse définitive ne peut
être apportée à ce genre de question, puisque ceci est
à venir. Par contre, j'ai indiqué quelle était la
préférence du gouvernement du Québec qui était une
approche cohérente et globale au développement industriel et non
pas une approche à la pièce, une approche que j'appellerais
folklorique. Là, je réponds en une phrase à la question du
député de Brome-Missisquoi.
Pour ce qui concerne la politique industrielle du Québec, nous
avions déposé le projet de loi 108 sur la SGF. Nous avons dit que
nous procéderions par étapes. Je le répète, notre
priorité était de renforcer les PME. Nous l'avons fait par la
politique d'achats, par la loi 48, qui visent à renforcer les PME. La
politique d'achat est une politique qui vise à diriger les contrats des
secteurs public et parapublic vers les entreprises autochtones qui, comme je
l'ai mentionné tout à l'heure, étaient souvent des petites
et des moyennes entreprises.
Je pense que ceci a été fait avec la création de
SODEQ. Comme l'a dit le député de Notre-Dame-de-Grâce, les
chambres de commerce, en 1974, avaient proposé cela, l'ancien
gouvernement, au mois de juin 1976, avait adopté la loi et j'ai
établi les règlements. J'ai lancé cette semaine, à
Beauceville, en compagnie de deux collègues de l'Assemblée
nationale, la première SODEQ en activité, Beauce-Appalaches, dans
la Beauce.
L'autre étape consiste à renforcer nos
sociétés d'Etat et à y mettre de l'ordre en les
renforçant par du capital-actions. Nous avons commencé par la
SGF. Nous allons en venir à SIDBEC, etc.
L'autre étape sera de tout remettre ensemble dans le cadre d'une
politique industrielle globale que nous sommes à préparer, mais
non pas en improvisant rapidement, parce que nous prenons une situation
où il n'y a jamais eu d'approche globale. Nous sommes à la
préparer. J'ai déjà indiqué dans mes discours,
depuis quelques mois, que cette politique aura une ampleur très grande,
c'est-à-dire quelle sera à la mesure du besoin de rattrapage que
nous avons aux plans économique et industriel. Ceci va donc se
réaliser dans les mois et dans les années à venir.
J'aimerais bien pouvoir en discuter davantage, mais il faut permettre au
gouvernement de rédiger ses lois, ses règlements et tout cela.
Lorsque ces lois seront déposées, nous aurons des commissions
parlementaires, nous aurons des débats à l'Assemblée
nationale sur ces thèmes qui sont fondamentaux et extrêmement
importants, mais qui exigent, de la part du gouvernement, beaucoup plus de
réflexion que dans d'autres domaines de réglementation
gouvernementale, parce que dans ce cas, non seulement s'agit-il d'avoir une
politi- que qui soit bien pensée et cohérente, mais il s'agit
aussi de dégager les ressources pour l'appuyer.
Dans les domaines linguistiques ou dans les domaines sociaux, parfois,
il s'agit de réglementer. La loi 101 ne coûte pas cher à
appliquer, il s'agit évidemment d'écrire noir sur blanc ce que le
gouvernement souhaite pouvoir appliquer. Dans le domaine industriel et
commercial, s'il faut relancer les investissements, renforcer la production, il
nous faut avoir des ressouces. Donc, il faut non seulement avoir l'imagination,
la cohérence, mais il faut aussi avoir les moyens. C'est en mettant tous
ces aspects de la question ensemble que nous allons aborder
l'élaboration de la politique globale du gouvernement qui viendra dans
les mois à venir.
Le Président (M. Marcoux): La commission permanente de
l'industrie et du commerce ajourne ses travaux sine die.
Fin de la séance à 13 heures