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Étude des crédits du
ministère de l'Industrie
et du Commerce
(Onze heures cinquante-neuf minutes)
Le Président (M. Blank): À l'ordre, messieurs!
Deuxième séance de la commission parlementaire de
l'industrie et du commerce, pour l'étude des crédits de ce
ministère. Nous en sommes à l'élément 1 du
programme 1.
M. Tremblay: Je crois, M. le Président, que nous
étions passablement avancés dans l'étude de
l'élément 1 du programme 1. Si je me rappelle bien, le
député d'Outremont se proposait d'aborder la question des
investissements étrangers.
M. Raynauld: C'est cela. Cela fait encore partie de
l'élément 1.
M. Marcoux: Toujours dans le programme 1? Investissements
étrangers
M. Raynauld: Toujours dans le programme 1, élément
1. Sur les investissements étrangers, M. le Président, je serai
assez bref. Je voudrais simplement clarifier certaines des statistiques qui
nous sont fournies. Je voudrais, en particulier, si c'est possible, avoir des
informations supplémentaires que j'ai en partie, déjà, sur
les investissements étrangers, l'état du dossier. On a les
statistiques, au tableau 1. On a là-dedans les demandes qui ont
été faites à l'Agence fédérale d'examen des
investissements étrangers pour le Québec.
J'ai été un peu surpris de ne pas voir les comparaisons
avec le reste du Canada, parce que, souvent, on interprète ces
données en relation avec quelque chose, et non pas d'une façon
absolue.
Évidemment, ce qui m'intéresse ici, c'est de savoir ce qui
s'est passé depuis un an et demi ou environ. Je n'ai pas toutes les
informations désirées, mais j'en ai quelques-unes qui indiquent
essentiellement deux choses. D'abord que, dans l'ensemble du Canada, les
demandes d'acquisition, pour l'ensemble du Canada, ont augmenté de 50%
au cours de 1977 par rapport à 1976 et que, pour les nouvelles
entreprises assujetties à examen, le nombre des demandes a
augmenté de 60%.
Si je m'en tiens au tableau 1, je peux déduire que la proportion
des demandes, soit pour des acquisitions ou pour de nouvelles entreprises, a
baissé considérablement en proportion du total canadien. Je
voudrais donc savoir si cette information est exacte ou non.
Deuxièmement, j'aurais peut-être aimé que le
ministre nous fasse sa propre estimation de la façon dont ce programme
est appliqué à l'heure actuelle et qu'il nous donne, par exemple,
des proportions significatives sur les projets qui fonc- tionnent effectivement
par rapport, par exemple, aux projets autorisés par le gouvernement
fédéral et enfin, bien sûr, sa propre estimation aussi du
sort qui a été fait aux recommandations du gouvernement du
Québec en cette matière.
M. Tremblay: M. le Président, comme en font état
les tableaux que nous avons ajoutés au livre des crédits, il y a
passablement de renseignements qui sont fournis sur le fonctionnement de notre
bureau sur les investissements étrangers. Effectivement, nous avons une
ventilation entreprise par entreprise qui a été impliquée
dans l'étude de notre bureau avec les réponses affirmatives et
négatives de la part de l'agence fédérale de tamisage des
investissements étrangers.
Concernant l'évaluation générale du programme, je
dirais que la collaboration entre le gouvernement du Québec et le
gouvernement d'Ottawa, dans ce domaine, est très bonne. En tout
état de cause, les recommandations du gouvernement du Québec sont
pratiquement toujours suivies par le gouvernement fédéral. C'est
un point important, parce que souvent les entreprises ne réalisent pas
que c'est le gouvernement du Québec qui fait la dernière
recommandation au gouvernement fédéral. C'est aussi celle-ci qui
a le plus de poids habituellement.
Évidemment, il y a eu un changement dans la procédure, le
11 mars 1977, qui visait à accélérer l'étude des
dossiers à l'Agence fédérale des investissements. Pour les
entreprises qui ont un actif de $2 millions et moins, et 100 employés et
moins, la procédure est accélérée, de sorte que le
gouvernement du Québec n'a, dans les faits, qu'environ sept jours pour
formuler sa recommandation au gouvernement fédéral. Je vous avoue
que j'ai toujours considéré cette période un peu
restreinte, parce que finalement c'est le ministre qui doit signer ces
recommandations. C'est évident qu'en sept jours, il est difficile de
faire une analyse approfondie d'un dossier pour faire une recommandation
solide.
J'avais recommandé au ministre Chrétien, lors d'une
rencontre l'an passé, que l'on porte cette période à 21
Jours, ce qui aurait été considérablement inférieur
aux trois mois que prennent souvent les dossiers plus volumineux, mais on a
préféré garder la procédure
accélérée telle quelle.
En ce qui concerne les demandes d'autorisation pour les nouveaux
investissements étrangers, je dois avouer que nous recommandons
très rarement un refus, à moins que ce ne soit dans des secteurs
culturels ou des secteurs qui peuvent voir leur niveau de concurrence diminuer,
ou qu'une entreprise du Québec soit très directement
défavorisée. Je sais que nous avons recommandé
négativement certaines prises de contrôle dans le domaine du
livre, par exemple, et ceci a eu des résultats salutaires, dans le sens
que des ententes sont faites avec des investisseurs du Québec pour avoir
des coparticipations dans ce domaine. Nous n'excluons pas en totalité
des participations tech-
nologiques venant de l'extérieur, mais, pour des raisons
d'autonomie culturelle, de préservation de notre identité, nous
sommes beaucoup plus stricts dans ce domaine. Dans les autres domaines, nous
avons recommandé, la plupart du temps, des acceptations.
En ce qui concerne les prises de contrôle d'entreprises
existantes, nous sommes beaucoup plus stricts. Les projets sont
étudiés avec encore plus d'attention. Par contre, même dans
ce domaine, souvent j'ai constaté cela cette année
des prises de contrôle impliquent deux entreprises
étrangères qui s'échangent une filiale au Canada. Souvent,
il y a une consolidation internationale dans un secteur et, par la force des
choses, la filiale canadienne doit être transférée. Dans
ces cas, nous n'avons pas fait tellement d'objection pour bloquer ce genre de
consolidation.
Donc, depuis le début de la formation du bureau, et ceci en date
du 31 mars 1978, la direction de l'étude des dossiers d'investissements
étrangers a reçu 355 demandes impliquant le Québec, dont
340 étaient sujettes à examen et réparties comme suit,
soit 216 acquisitions d'entreprises et 124 créations de nouvelles
entreprises. De ce nombre, 285 étaient résolues par le
gouvernement fédéral au 31 mars 1978, soit 185 acquisitions
d'entreprises et 100 créations de nouvelles entreprises. Le
résultat des 285 demandes résolues est aussi le suivant,
c'est-à-dire 74,7% furent autorisées; 9,5% furent
refusées, et 15,8% furent retirées par les requérants
après analyse.
Maintenant, en ce qui concerne les comparaisons avec le reste du Canada
et avec l'Ontario en particulier, j'ai un autre tableau qui peut s'ajouter
à ceux que nous avons déjà déposés, qui
donne la ventilation. Je demanderais à M. Déry de commenter le
tableau qu'il a préparé. Je vais en donner des copies au
président pour distribution.
En 1977/78, en ce qui concerne les acquisitions d'entreprises sujettes
à examen, le Québec en a eu, par rapport au Canada, 16,1% et
l'Ontario 55,3%. Les nouvelles entreprises, en 1977/78, le Québec en a
eu 15% et l'Ontario 59,3%. Par contre, dans ce domaine des nouvelles
entreprises, depuis le 15 octobre 1975, le Québec aurait des
investissements prévus de $144 100 000, comparativement à $149
300 000 pour l'Ontario, soit 12,4% pour le Québec et 12,9% pour
l'Ontario.
La valeur des nouvelles entreprises étrangères qui
s'installent au Québec est plus élevée en moyenne, qu'en
Ontario. Il y a eu de très gros investissements étrangers
à l'extérieur du Québec et de l'Ontario, et je
présume que ces investissements l'ont été dans le domaine
du pétrole et du pipe-line dans l'Ouest. C'est ce qui fait grossir la
base considérablement.
En ce qui concerne la valeur des nouveaux investissements
étrangers, le Québec et l'Ontario, pour 1977/78, ont à peu
près le même niveau d'investissements nouveaux.
M. Ciaccia: Comment ces chiffres se traduisent-ils en emplois?
Est-ce que ça crée le même nombre d'emplois ou est-ce qu'il
y a une différence?
M. Tremblay: Au point de vue du nombre d'emplois, je ne peux pas
vous donner de référence parce que ce n'est pas, selon la loi
fédérale, quantifiable.
M. Ciaccia: Parce qu'il y a certains emplois, comme vous le
savez...
M. Tremblay: II y a certains...
M. Ciaccia: II y a certains investissements qui peuvent comporter
de gros montants, mais qui ne créent pas d'emplois et l'inverse est
aussi vrai. Vous n'avez pas la ventilation?
M. Tremblay: Non, on n'a pas la ventilation des emplois.
M. Raynauld: Est-ce que la baisse qu'on constate depuis le
début, ici, depuis 1974/75, est-ce qu'elle est significative, à
vos yeux? Dans le domaine des acquisitions, le Québec est passé
de 26% de l'ensemble des demandes d'acquisition d'entreprises à 16,1%,
en passant par 18%, 20% et 16%; pour les nouvelles entreprises, c'est
passé de 23% à 15%, en passant par 18,9%. Est-ce que cette baisse
est significative à vos yeux ou non?
M. Tremblay: Je pense qu'il faut faire attention, M. le
Président. Loin de moi de croire qu'une progression dans la prise de
contrôle ou dans les investissements étrangers est
nécessairement une bonne chose. Mais, pour les nouvelles entreprises, je
pense que, pour une économie, la contribution économique d'un
investissement étranger est beaucoup plus favorable lorsqu'il s'agit
d'une nouvelle entreprise, d'un nouvel investissement, que d'une prise de
contrôle d'une entreprise existante.
En 1975/76, il y avait eu six cas...
M. Raynauld: C'est ce qu'on a dit pour l'amiante.
M. Tremblay: Oui, mais on fait l'expansion de l'amiante, c'est
justement le but, ce n'est pas de garder une mine. Six cas en 1975/76 pour les
nouvelles entreprises; en 1976/77, 43 cas; en 1977/78, 49 cas. Il y a eu une
augmentation du nombre de cas. Évidemment, cela fluctue d'une
année à l'autre; il peut y avoir une entreprise qui, elle, fait
un très gros investissement et qui fait monter, par conséquent,
l'importance, mais le nombre de nouveaux investissements a continuellement
augmenté depuis 1974.
M. Raynauld: M. le ministre, le 6 n'est pas significatif,
puisqu'on a commencé à appliquer la nouvelle loi, sur les
nouvelles entreprises, au mois d'octobre 1975. Alors, le chiffre n'est pas bon,
c'est 43 et 49, je pense, qui pourraient être une comparaison valable.
Est-ce que vous avez des...
M. Tremblay: Pour les prises de contrôle, voyez-vous,
même si le chiffre de 39 de 1974/75 ne couvre qu'une partie de
l'année, en 1975/76, il y a
27 acquisitions et en 1976/77, 36 acquisitions, et en 1977/78, 47
acquisitions. Il y a quand même une progression, mais de très
forts investissements dans l'Ouest canadien, de la part d'investisseurs
étrangers, viennent changer la base, par conséquent, changer les
pourcentages.
M. Raynauld: Maintenant, est-ce que vous avez les investissements
attachés, par année, en ce qui concerne les nouvelles
entreprises, en particulier? Par exemple, en 1976/77, vous avez 43 cas, en
1977/78, vous en avez 49. Vous donnez le total de $144 millions, qui indique
visiblement que les investissements sont beaucoup plus élevés par
nombre d'entreprises au Québec qu'en Ontario, ou, en tout cas, à
peu près les plus élevés, pas mal plus, par entreprise.
Est-ce que vous avez ce chiffre pour 1977/78? Est-ce que c'est la même
image que l'on a quand on divise les trois années et, en ce qui concerne
les acquisitions, je suppose que cela n'a pas tellement de signification,
puisque ce sont des transferts d'entreprises seulement.
M. Tremblay: Au sujet des nouvelles entreprises uniquement, par
année, en commençant en 1975, où cela a commencé,
au mois d'octobre, on a eu seulement deux cas d'approuvés; ce sont des
cas qui ont été approuvés pour $3 600 000, soit un
coût moyen, si vous voulez, de $1 800 000 par investissement et 23
emplois créés, en moyenne. En 1976/77, 33 cas pour 1425 emplois
et $111 600 000, avec une moyenne de $3 380 000 et 43 emplois
créés; en 1977/78, 44 cas pour 1202 emplois et $62 900 000, avec
un coût moyen de $1 430 000 et 28 emplois. (12 h 15)
On peut dire qu'en moyenne, les investissements étrangers au
Québec, les nouveaux investissements, représentent une valeur
économique plus élevée par cas, mais qu'il y a des
fluctuations d'une année à l'autre qui sont quelque peu
fortuites, selon certains investissements. La raison, évidemment, c'est
très connu, M. le Président; c'est que plusieurs des
investissements étrangers qui viennent au Québec sont
rattachés aux matières premières ou aux produits primaires
alors que les investissements qui vont en Ontario sont plutôt
rattachés soit aux réseaux de distribution, au tertiaire, soit
à l'industrie de fabrication pour le marché commun canadien.
Il est évident qu'il serait dans l'intérêt du
Québec de rééquilibrer un peu plus ce genre de choses et
c'est peut-être symptomatique du fonctionnement même du
marché commun canadien que Toronto soit la base d'activité d'une
foule d'entreprises du tertiaire et du secondaire. Il va falloir rapatrier, en
quelque sorte, certains points de distribution et certains types de production
que nous pourrions réaliser au Québec, en collaboration avec les
investisseurs étrangers, lorsqu'il y a des éléments de
technologie et de marché qui sont en cause, avec des
intérêts québécois.
M. Raynauld: II y a quand même une très forte
concentration dans le secteur de la fabrication.
M. Tremblay: Oui, mais vous prenez comme CIL; évidemment,
c'est la fabrication de la soude, mais c'est quand même de la fabrication
primaire; c'est très rattaché à des matières
premières, à l'énergie électrique, au sel. Dans le
cas de CIL, c'est un investissement de $100 millions qui utilisera le sel des
Îles-de-la-Madeleine lorsqu'il sera disponible et
l'électricité du Québec. Mais, dans certains autres
secteurs, je pense, par exemple, à l'assemblage d'automobiles, les
compagnies Ford, Chrysler et American Motors réalisent à peu
près 30% de leurs ventes au Québec, mais ne produisent
pratiquement rien sous forme de pièces d'automobile ou d'automobiles
toutes faites, alors que GM est la seule compagnie vraiment
représentée. C'est dans des secteurs semblables qu'il va falloir
développer une production québécoise.
M. Raynauld: Comment se fait-il que dans le tableau no 6, on ait
un total d'investissement de $167 millions et que vous ayez $144 millions sur
la feuille ici? Est-ce qu'il y a une raison à ça ou ce n'est pas
tout à fait la même chose? Demande autorisée et
celle-là est sujette...
M. Tremblay: C'est du 15 octobre 1975 au 31 mars 1978..
M. Raynauld: C'est la même chose pour ça. C'est
peut-être cette distinction que ce sont les entreprises sujettes à
examen et ici ce sont les demandes autorisées. C'est ça? Mais ce
serait curieux...
M. Tremblay: Cela peut être une différence... Le
tableau 6, ce sont les chiffres que nous avons décelés à
l'étude des dossiers, tandis que le nouveau tableau comparatif,
Québec, Ontario et Canada, provient des rapports annuels trimestriels du
gouvernement canadien où il y a une petite différence. Les cas
soumis au Québec sont tous les cas où le Québec a un
intérêt même mineur qui peut être, par exemple, un
bureau de vente. Tous les cas où le Québec a un
intérêt; on fait la même chose dans les autres
provinces.
Tandis que le tableau provenant de l'agence fédérale peut
disséquer, de par la place principale qu'occupe l'entreprise, que
ça s'applique uniquement au Québec.
Alors, vous pouvez avoir là une différence de nombre de
cas et une différence d'investissement entre les deux rapports.
Il peut y avoir une entreprise qui s'installe à Toronto, ouvre un
bureau de vente à Québec. Donc, le gouvernement du Québec
est consulté et ça entre dans nos chiffres comme étant un
des dossiers que l'on a considérés. Effectivement,
l'investissement principal s'est fait à Toronto; inversement,
évidemment, entre Montréal et Toronto, dans d'autres cas.
M. Raynauld: Ce qu'il y a de curieux, c'est que dans le rapport,
il y a seulement 79 cas pour $167 millions et vous en aviez 98 cas pour $144
millions. Cela a l'air d'aller en sens inverse. Encore
une fois, je me demande si la réponse n'est pas le fait que ce
sont des demandes autorisées de création et dans l'autre cas, ce
sont des demandes sujettes à examen.
M. Tremblay: Excusez, c'est ça aussi. Le nôtre est
basé sur les demandes autorisées, tandis que celui du
fédéral est basé sur les demandes sujettes à
examen.
M. Raynauld: D'accord.
Le Président (M. Blank): Le député de
Rimouski.
M. Marcoux: Je m'excuse, je n'avais pas le cahier tantôt.
On va suivre le cahier et s'il y a des questions...
Le Président (M. Blank): D'accord.
M. Marcoux: Pour ne pas brouiller les cartes tout de suite.
Le Président (M. Blank): Vous avez un autre point dans
l'élément?
M. Raynauld: Le point suivant...
M. Grégoire: ... sur l'élément 1, mais les
investissements étrangers de l'élément 1.
Le Président (M. Blank): Oui. Nous sommes maintenant
rendus...
M. Raynauld: L'élément suivant, c'est la Loi des
stimulants fiscaux, développement industriel.
M. Tremblay: M. le Président, cet élément de
programme s'intitule: Soutien technique du ministère et les
crédits demandés totalisent $4 214 3...
M. Raynauld: M. le ministre, je pense que vous allez trop
vite.
M. Tremblay: Nous sommes encore à l'élément
1 ?
M. Raynauld: Toujours.
M. Tremblay: Très bien.
Fonds de relance industrielle
M. Raynauld: Je pense que c'est encore dans
l'élément 1. La section suivante, c'est la Loi sur les stimulants
fiscaux, développement industriel.
Ici aussi, je serai assez bref. J'aimerais que le ministre nous fasse
état des résultats de la loi qui a été
passée l'année dernière. Je voudrais insister surtout sur
les résultats de l'application de cette loi, en particulier sur le fonds
de relance industrielle, puisque le programme 2, dégrèvement
fiscal, existait auparavant.
J'aimerais voir le ministre faire quelques com- mentaires sur les
résultats à ce jour de l'application de cette loi; j'aimerais
plus particulièrement que le ministre compare les résultats que
nous voyons dans le cahier ici avec certaines des déclarations qu'il a
faites auparavant, à savoir qu'il y avait déjà 4000
demandes de certificat pour s'inscrire et bénéficier des
avantages de la loi.
M. Tremblay: M. le Président, je pense que, tout à
l'heure, mes assistants ont fait distribuer un dépliant intitulé
"Stimulants fiscaux, développement industriel" qui retrace les
principales caractéristiques de la loi 48 créant les fonds de
relance industrielle pour les PME et les caractéristiques du programme
de régionalisation des investissements par les stimulants fiscaux.
Ce dépliant a été distribué auprès de
toutes les entreprises du Québec et nos délégués
régionaux s'en servent pour conseiller les PME qui ont accès aux
bénéfices de cette loi qui, comme vous le savez, pour les PME,
consiste à abaisser leur impôt de 50%, pourvu que ces fonds soient
utilisés à un réinvestissement dans le fonctionnement ou
dans l'équipement des entreprises.
On parle ici d'un rapport jusqu'au 31 mars, dans le temps. Il y a
au-delà de 3000 demandes d'inscription qui ont été
réalisées, très près de 4000 maintenant. Il y a
quelques semaines, nous étions très près de 4000 demandes
sur les 6500 entreprises, en général, qui pourraient y avoir
accès. On considère qu'il y a eu quand même, en un court
temps, passablement de sensibilisation à l'existence de la loi.
On se rend compte que, souvent, nous avons des programmes qui,
après cinq ou six ans, ne sont même pas encore connus des
intéressés. Je pense que, dans ce cas-là, nous avons fait
diligence pour que le programme soit très connu. Comme je l'avais
déjà dit, nous ne sommes pas intéressés à
mettre sur pied des programmes uniquement pour le plaisir de les mettre sur
pied, nous sommes intéressés à mettre sur pied des
programmes qui profitent aux entreprises.
Il s'agit d'un programme qui se fait en collaboration avec le
ministère du Revenu. Il y a donc une répartition des tâches
dans l'administration du programme entre le MIC et le ministère du
Revenu. Au moment où nous avons rédigé les tableaux, le 31
mars, pour ce qui concerne le programme des fonds de relance industrielle, il y
avait eu des demandes de certificats reçus.
Les demandes de certificats reçus, ce sont des demandes
officielles signées par les compagnies sur les formules requises, tandis
que les lettres signifient l'intention de se prévaloir des avantages de
la part des compagnies.
C'est un programme...
M. Raynauld: M. le Président, seulement pour clarifier ce
point-là, ne serait-il pas plus exact de dire que les lettres, ce sont
des demandes d'information?
M. Tremblay: Non, pas tout à fait. Vous aviez une partie
de la loi rétroactive à partir du mois
d'avril jusqu'au mois d'août, la date de sa sanction. Ces lettres
servaient à couvrir les compagnies qui auraient pu faire des
investissements durant cette période. Elles servent aussi, quant au
programme 1, comme demande préalable pour toute demande future,
même en 1980 et 1985, tant que le programme durera.
Il s'agit donc d'un dégagement d'impôt. Aussi longtemps
qu'une entreprise n'a pas signifié au ministère du Revenu qu'il
lui doit un certain montant et qu'elle désirerait voir 50% de ce montant
placé dans un fonds de relance, il est difficile de comptabiliser les
montants qui sont effectivement sortis.
Par contre, la loi, si vous vous le rappelez bien, permet la
rétroactivité. De là l'importance pour les entreprises de
signifier au ministère de l'Industrie et du Commerce et, indirectement,
au ministère du Revenu, qu'elles veulent se prévaloir du
programme pour pouvoir, par la suite, une fois les fonds déposés
dans les fonds de relance industrielle, demander que ces fonds soient
retirés pour un projet d'investissement qui peut se faire dès
maintenant ou qui a pu se faire en 1977. C'est l'aspect rétroactif du
programme. C'est pour cela qu'il était important pour les entreprises de
s'inscrire. De sorte qu'il y a eu, du côté du programme 1, le
fonds de relance industrielle, des demandes de certificats pour des projets
totalisant $48 497 369 représentant 274 projets. Pour le programme 2,
c'est-à-dire le programme touchant le dégrèvement fiscal
favorisant le développement industriel régional, il y a eu 192
demandes de certificats pour des projets totalisant $266 865 090, de sorte
qu'en tout et partout, du 1er avril 1977 au 31 mars 1978 on se rappelle
que la loi n'a été sanctionnée qu'au mois d'août
1977, c'est donc pour une partie de l'année on peut dire que pour
la première année de fonctionnement, il y a eu 466 certificats
reçus pour des projets d'investissements totalisant $315 362 459.
C'est passablement ce que nous nous attendions de trouver après
une année. Je suis impressionné de façon agréable
par la réaction des entreprises. C'est un programme qui n'a pas de
limite dans le temps, quoique les entreprises aient cinq ans pour utiliser les
montants versés dans le fonds de relance. Nous ne voulions pas que cela
devienne un fonds de pension et que les entreprises reportent
indéfiniment dans le temps. Mais le programme lui-même n'a pas de
limite dans le temps. Chaque année, le fonds se renforce des
impôts qui y sont versés, de sorte que nous allons encore
intensifier notre publicité auprès des entreprises. Il n'est pas
exclu, comme je le disais, lors de l'étude en deuxième lecture de
ce projet de loi, que, selon la conjoncture économique, nous puissions
bonifier le fonds en collaboration avec le ministre des Finances. C'est un
élément de stratégie industrielle dont nous disposons et
qui va devenir peut-être de plus en plus important, à mesure que
les sommes accumulées dans les fonds vont devenir de plus en plus
importantes.
M. Raynauld: M. le Président, quelques points de
clarification. Dans les $48 millions, ce sont les demandes de certificats
reçues. Il y a des demandes de certificats refusées par le
ministère pour $5 millions. Il y a 147 certificats émis, à
l'heure actuelle, sur les 274 qui sont mentionnés pour le programme 1.
Il n'est pas sûr que les autres qui restent à résoudre,
à ce stade, soient toutes acceptées non plus.
M. Tremblay: Pas nécessairement. Dans les 91 qu'il y avait
à l'étude au 31 mars, il est possible qu'il y ait eu des cas
refusés par la suite. Par contre, j'ai ici quelques chiffres au 31 mai,
qui sont plus récents, si vous voulez. Dans le programme 1, on n'a pas
eu le temps, évidemment, de calculer le coût des projets. On a
seulement eu le temps de calculer le nombre de cas. Dans le programme 1, nous
avions 245 certificats d'émis comparativement à 147. Dans le
programme 2, nous en avions 190 comparativement à 102, ce qui donnait un
total de 435 certificats émis sur les deux programmes, comparativement
à 249. Nous avons toujours, en moyenne, une centaine de dossiers
à l'étude, continuellement. Cela rentre au rythme de 10 à
15 par jour, une cinquantaine par semaine. Il y a toujours, excusez
l'expression, un "backlog" d'une centaine de dossiers à l'étude.
(12 h 30)
M. Raynauld: Deuxième point de clarification, quelle est
le mécanisme qui fait passer ces demandes du ministère de
l'Industrie et du Commerce au ministère du Revenu? Comment cela se
passe-t-il?
Je vais vous dire pourquoi je pose la question. Quand j'ai
examiné les crédits du ministère du Revenu, le ministre
des Finances nous a dit qu'il avait reçu une ou deux demandes en vertu
de ce programme, qu'une ou deux demandes étaient passées au
Revenu.
M. Tremblay: Au départ, il a fallu mettre en place les
mécanismes de communication et de consultation entre le Revenu, les
Finances et nous. À la période du 31 mars, nous avions
rodé la procédure, le mécanisme, si vous voulez, de
transmission des dossiers. Nous émettons, en moyenne, deux fois par
semaine des certificats, selon la disponibilité des personnes en place.
Automatiquement, ces certificats sont envoyés à l'entreprise
l'original une copie au ministère du Revenu avec copie du
dossier, de façon que, le ministère du Revenu puisse faire la
vérification des sommes accordées lorsque les investissements
seront faits; nous incluions avec le certificat une copie du dossier et une
copie du résumé que nous faisons pour le ministre au moment de la
recommandation de rémission du certificat. C'est-à-dire
qu'à ce moment-là, nous prenons les montants jugés
admissibles soumis par l'entreprise, et nous avons un espace qui nous permet
d'indiquer les montants qui sont refusés et pourquoi ils sont
refusés, de façon que le ministère du Revenu, lors de la
vérification, pourra discuter avec l'entreprise.
M. Raynauld: Mais comment est-ce possible qu'au 31 mars il y
avait 147 certificats d'émis et qu'au ministère du Revenu, on
disait qu'il en avait reçu un?
M. Tremblay: Là, disons qu'il y a eu une période...
Qu'il en ait reçu un, c'est qu'il y a une mécanique aussi dans la
loi qui dit que le dépôt dans le fonds de relance n'est
considéré comme déposé au point de vue du
ministère du Revenu que lorsque l'entreprise est cotisée. Alors,
je sais pertinemment qu'au 31 mars 1978, il n'y avait qu'une seule entreprise
qui avait été cotisée, c'est peut-être pour
ça que le ministre a répondu dans le sens que, officiellement, il
n'y avait qu'une demande, mais le ministère du Revenu avait au moins
entre les mains une couple de cents certificats.
Le Président (M. Blank): Adopté...
M. Raynauld: Dernier point, M. le Président. Est-ce que ma
déduction est bonne si je dis que lorsque vous dites: Le coût
total du projet est de $22 millions, cela va représenter, pour le
Trésor, un quart de ce montant?
M. Tremblay: Non. M. Raynauld: Non?
M. Tremblay: Non.
Parce que le coût total du projet, c'est l'ensemble du projet qui
nous est soumis par l'entreprise. De ce montant-là, évidemment,
le maximum qu'une entreprise peut retirer, c'est $500 000, donc $2 millions
admissibles. Vous avez là-dedans des projets qui peuvent se chiffrer par
$10 millions, $15 millions ou $20 millions...
M. Raynauld: Ah oui.
M. Tremblay: De ce montant-là, il faut enlever les
dépenses que nous jugeons inadmissibles, qui ne sont pas reliées,
en fait, à la fabrication ou à la transformation d'un produit,
qui ne sont pas d'espèces manufacturières, comme la loi l'exige,
et c'est ce qui fait, par exemple, que dans les 249 certificats émis,
vous avez $214 900 000...
M. Raynauld: Oui.
M. Tremblay: ... du coût total du projet et dépenses
et investissements admissibles pour $176 400 000.
M. Raynauld: Oui.
M. Tremblay: Mais ça donne une idée que le projet
en lui-même va se faire de la même façon, même s'il y
a des dépenses qui sont jugées inadmissibles. C'est
l'investissement qui se fait... C'est la dépense...
M. Raynauld: C'est parce que je voudrais faire le rapport...
M. Tremblay: Si vous me permettez, il ne faut pas confondre le
fonds de relance avec le programme de développement régional.
Dans le fonds de relance, il n'y a pas de maximum pour l'investissement, pour
le PME.
Non.
Il n'y en a uniquement que pour le deuxième programme.
M. Raynauld: Alors, s'il n'y a pas de maximum, à ce
moment-là, est-ce que restent encore les dépenses qui pourraient
ne pas être admissibles parce qu'elles ne sont pas dans le secteur
manufacturier, dans les $22 millions, si on prend seulement le fonds de relance
industrielle, les certificats émis, les $22 millions? À ce
moment-là, il pourrait y avoir là-dedans des dépenses
inadmissibles.
M. Tremblay: Par rapport à la loi, oui.
M. Raynauld: Par rapport à la loi.
M. Tremblay: Oui, c'est sûr.
M. Raynauld: À ce moment-là, disons qu'on descend
à $20 millions, comme dépenses admissibles, on divise par quatre
et là, on a...
M. Tremblay: $5 millions.
M. Raynauld: C'est ça, on a $5 millions, et ces $5
millions vont coûter...
M. Tremblay: Excusez, pour autant que l'impôt payable de
ces entreprises soit exactement correspondant à ce montant.
M. Raynauld: C'est cela. C'est seulement 50% de l'impôt
payable.
M. Tremblay: Écoutez...
M. Raynauld: Ce que vous me dites, c'est que cela peut être
plus que quatre; ils peuvent se prévaloir du fonds de relance
industrielle, même si l'investissement remboursé à
même les 50% du bénéfice excède de quatre fois le
montant qui était indiqué dans la loi. C'est ce que cela veut
dire?
M. Tremblay: Non.
M. Raynauld: Dans le fonds de relance industrielle, vous dites:
II faut, au moins, que l'investissement entrepris soit quatre fois le...
M. Tremblay: Oui, l'investissement lui-même peut être
plus important.
M. Raynauld: Lui-même, mais il peut être plus que
quatre, mais il faut qu'il soit au moins quatre fois plus
élevé...
M. Tremblay: C'est cela. C'est-à-dire que, pour $1 que met
le gouvernement, l'entreprise doit en mettre $3.
M. Raynauld: C'est cela.
M. Tremblay: II est évident, aussi, que cela dépend
des disponibilités dans le fonds comme tel; l'entreprise verse la
moitié de son impôt qui, lui-même, ne représente que
le quart de tous ses impôts, les trois quarts allant au gouvernement
fédéral. Évidemment, si on avait les trois quarts de
l'impôt versé au fédéral dans le programme, il
faudrait multiplier, au moins, par quatre.
M. Raynauld: Vous pourriez aussi donner plus de 50%, si vous
voulez; c'est votre problème.
M. Marcoux: M. le député d'Outremont, en somme,
pour résumer cette question, sur les $22 millions, c'est comme s'il y
avait $5 millions qui ne sont pas perçus par le gouvernement et qui,
normalement, étaient perçus en impôt, si c'est fait.
M. Tremblay: Évidemment, c'est pour une partie de
l'année, comme je l'ai dit, c'est la première partie de
l'opération d'un programme qui est rattaché à des
paiements d'impôt. Il est évident que, la première
année, cela commence un peu plus lentement.
M. Raynauld: Oui, mais à partir de cela, pour rejoindre
l'idée, quel est le manque à gagner, en impôt,
correspondant au projet que vous avez jusqu'au 31 mars 1978? Est-ce que c'est
autour de $5 millions?
M. Tremblay: Je pense que votre analyse est juste; cela ne
devrait pas se situer tellement loin d'un tel montant... Cela peut être
à peu près cela.
Pour l'autre programme, évidemment, il s'agissait de $192
millions, mais assujettis à une contrainte que cela ne peut pas
dépasser un projet d'investissement de $2 millions. Donc, on ne peut pas
faire le même calcul.
M. Raynauld: Alors, au total, quelle est votre estimation
indépendamment de ces chiffres, en ce qui concerne le manque à
gagner sur le plan des impôts, en vertu des deux programmes?
M. Tremblay: De la première année?
M. Raynauld: Oui, on est jusqu'au 31 mars 1978, mais il y a des
estimations qui ont été faites l'année dernière, il
y en a d'autres pour l'année qui vient, alors, c'est quoi?
M. Tremblay: Si vous prenez la déclaration du ministre du
Revenu qu'il nous a faite en commission parlementaire qu'il y avait seulement
un, vous allez avoir le manque à gagner seulement pour celui-là,
pour l'année 1978. Quant à l'année en cours, c'est assez
difficile d'émettre un chiffre là-dessus.
M. Raynauld: C'est parce que le ministre des Finances est
obligé de faire une estimation. Il en a fait une, le ministre aussi a
fait une estimation, l'année dernière. Il a dit combien,
l'année dernière?
M. Tremblay: Dans une année normale, cela doit
coûter $30 millions au gouvernement, mais on n'est pas dans une
année normale, c'est une partie d'année, c'est le début
d'un programme rattaché à des impôts qui n'ont pas encore
été payés. Par le nombre de demande d'inscription, le
nombre de demandes de certificats et le nombre de certificats émis, par
l'importance des projets, je pense que, dans les années à venir,
c'est un programme qui devra coûter au moins $30 millions et plus au
gouvernement.
M. Marcoux: Sur les $192 millions...
Le Président (M. Godin): M. le député de
Huntingdon. Est-ce que vous avez terminé, M. le député
d'Outremont?
M. Raynauld: ...
Le Président (M. Godin): M. le député de
Huntingdon?
M. Dubois: Ma question vient d'être posée.
Le Président (M. Godin): Alors, pas d'autres questions, M.
le député de Huntingdon? M. le député de
Rimouski?
M. Marcoux: Sur le même sujet, sur les $192 millions, vous
évaluez à combien le manque à gagner en impôt?
M. Tremblay: Celui-là est plus dur à estimer parce
qu'on pourrait prendre la même méthodologie que celle qu'a
utilisée le député d'Outremont. Le problème, c'est
que, dans le cadre des investissements régionaux, l'investissement
admissible est limité à $2 millions; or, il peut se trouver, dans
ces $192 millions, des investissements qui dépassent les $2 millions et
seule la tranche de $2 millions est admissible. Autrement dit, aucune
entreprise ne peut recevoir plus de $500 000 pour son investissement, dans
chaque cas. Vous vous rappelez la raison, c'est que nous ne voulions pas mettre
une cerise sur un gâteau pour certains investissements qui se
produiraient de toute façon dans le domaine des pâtes et papiers
ou dans le domaine des mines, dont l'attrait pour l'investissement était
la matière première du Québec. Le but du programme,
c'était de renforcer l'attrait de certaines régions, comme le
Bas-du-Fleuve, pour attirer certains investissements qui auraient pu aller
à Montréal, par exemple.
M. Marcoux: L'ordre de grandeur, qu'est-ce que c'est? Autour de
$3 millions à $4 millions, $5 millions?
M. Tremblay: On avait prévu environ $10 millions; donc,
c'est à peu près l'ordre de grandeur auquel on s'attendait.
Encore là, c'était une première année. On pourra
peut-être, l'an prochain, être mieux fixé et avoir les
chiffres mêmes
du ministère du Revenu. Là, on sera vraiment certain de
nos données.
M. Raynauld: Sur ce dernier point, M. le Président...
Le Président (M. Godin): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: ... le ministre, pour le programme 2, dit toujours
que c'est un nouveau programme. Est-ce que c'est un nouveau programme?
M. Tremblay: Oui, M. le Président.
M. Raynauld: Dans quelle mesure, c'est un nouveau programme? Il
en existait un; comment s'appelait l'aide au développement
industriel?
M. Tremblay: II en existait un, la loi 21, qui est venue à
échéance le 31 mars 1977. C'est un programme qui subventionnait
aussi certains investissements sur une base régionale, mais qui
n'était pas de la même nature que celui-ci, qui n'était pas
rattaché à l'impôt comme tel, qui était
rattaché à la valeur du projet. Malheureusement, les
éléments précis du programme m'échappent.
C'était beaucoup moins généreux que celui-ci, moins
généreux évidemment pour les PME parce que tout ce volet
n'y était pas; le volet pour le développement régional
existait, mais il était moins généreux que le nôtre
au niveau du taux, parce qu'on peut financer jusqu'à 25% du projet. Il
était par contre plus généreux en ce qui concerne
l'investissement qui pouvait aller jusqu'à $10 millions pour
l'admissibilité. De sorte que ce volet garde l'esprit de la loi 21 et
c'est pour cela que nous l'avons introduit dans le projet de loi, mais tout le
volet du fonds de relance industrielle et le développement des PME est
un nouveau programme.
M. Raynauld: Je ne pose pas la question pour faire des histoires.
C'est parce que, lorsqu'on essaie d'estimer quel est l'impact de cela en termes
d'impôt, il me semblait qu'on aurait pu se fier un peu à
l'expérience des années passées, sur l'application de la
loi 21, pour voir comment celui-là allait évoluer en relation
avec le précédent.
M. Tremblay: Je crois, sans me prononcer ouvertement, que les
estimations ont été basées sur l'expérience de la
loi 21, quoique les modalités techniques d'application entre les deux
programmes soient différentes, quant au montant et quant à
l'admissibilité des demandes.
Le Président (M. Godin): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, j'aurais une couple
de questions à poser à ce point-ci, au moment où on
étudie à la fois la gestion de tout le ministère et
où on va entrer justement si on peut dire, dans l'ensemble des
sociétés d'État.
Ma première question est basée, un peu sur le fait, quand
je lis le rapport d'activités du ministère de l'Industrie et du
Commerce, qu'on dit qu'il y a à peu près 185 programmes
comprenant 308 formes d'aide gérées par 89 organismes
différents. Cela en fait beaucoup et il n'y a peut-être pas assez
de circulation pour diriger ou orienter le monde vers chacune de ces 309 formes
d'aide pour 185 programmes et 89 organismes.
Je voudrais savoir combien il y a eu de demandes au total faites au
ministère, aux sociétés d'État ou aux programmes
gérés, à toutes ces choses. Combien est-ce qu'il y a eu de
demandes par lettres, téléphones, ou visites? Une fois le montant
total connu, combien est-ce qu'il y en a qu'on a invités à
remplir une formule? Combien est-ce qu'il y en a qui ont eu à remplir
différentes formules pour différents programmes? J'en connais qui
demandent une formule pour un programme et on leur dit: Vous avez deux
employés de trop ou il vous en manque trois et il y a une autre affaire,
ou vous n'êtes pas tout à fait assez innovateur, vous allez dans
un autre système. (12 h 45)
II y a un défaut de circulation. Il n'y a pas assez de policiers
pour orienter la circulation vers les 185 programmes, les 308 formes d'aide et
les 89 organismes. Je voudrais savoir aussi combien il y en a qui sont
obligés de remplir quatre, cinq, six, peut-être huit, neuf, dix ou
onze formules. En définitive, une fois qu'on a eu les demandes de ceux
qui ont eu à remplir des formules parce qu'ils étaient
admissibles, combien est-ce qu'il y en a qui ont eu de l'aide? Alors, ma
question est en quatre volets.
Je dois dire qu'au contact des industries... je ne suis pas un gars
connaissant, M. le Président, comme le député d'Outremont
qui est économiste ou le ministre qui est aussi économiste et qui
connaît ça, mais je sais qu'au contact des petites industries dans
mon comté, dans mon coin, je trouve ça compliqué et je
comprends que quelquefois une vache puisse perdre son veau parmi les 185
programmes, 308 formes d'aide et 89 organismes. Une vache... C'est ça
que je voudrais savoir: combien y a-t-il eu de demandes en tout. C'est le
premier point. Combien y en a-t-il qui ont eu à remplir des formules?
Combien est-ce qu'il y en a qui ont eu à remplir plusieurs formules,
parce qu'on les orientait d'un programme à un autre? En fin de compte,
combien y a-t-il eu d'acceptations de demandes, de tout le ministère et
des sociétés d'État combinées?
M. Tremblay: M. le Président, la question de mon
collègue de Frontenac est une question très intelligente. Je
pense qu'elle reflète la préoccupation de diminuer le "red tape",
dans le fond, et je suis tout à fait d'accord avec cela. C'est pour cela
que nous avons un objectif au gouvernement qui est de décentraliser le
plus possible l'appareil gouvernemental pour diminuer les intermédiaires
entre celui qui prend la décision et celui qui la subit. On l'a fait
dans les pêches et on va le faire aussi dans les autres secteurs
du...
M. Raynauld: ... des formules seulement pour celle-là.
M. Tremblay: Je me rappelle, moi, si vous me permettez une
parenthèse sur les formules, qu'à la Société des
alcools, il y avait 12 formules avant que la commission Thinel ne fasse son
rapport. Il y en avait même une treizième pour la caisse
électorale. C'est vrai qu'il y a trop de formules. Dans le cas des
pêches maritimes, on a décentralisé. Dans le cas du
ministère, on a 14 bureaux régionaux et cette année
j'aurais aimé décentraliser encore plus. On a
décentralisé la Société de développement
industriel qui n'avait des bureaux qu'à Montréal et à
Québec.
J'ai obtenu 20 nouveaux postes. En cette période
d'austérité budgétaire, vous ne soupçonnez pas le
genre de démarches qu'un ministre de l'Industrie et du Commerce doit
faire pour obtenir vingt nouveaux postes pour un organisme. On a obtenu 20
autres postes pour la direction générale de l'industrie qui
dirige, pilote les projets d'investissement. Il y a eu tellement de projets
à piloter cette année que la direction était
débordée.
Dans le cas de la SDI, elle est en train de se décentraliser avec
les bureaux régionaux. Nous voulons le faire pour d'autres directions
également.
Maintenant, en ce qui concerne les demandes précises, je pense,
M. le Président, qu'au programme 3, qui traite de l'orientation et du
développement de l'industrie, nous avons différents tableaux. Je
doute, par contre, que nous ayons un tableau qui nous donne toutes les
demandes, pour tout le ministère.
On me dit, par exemple, que, pour les bureaux régionaux, il y a
2000 demandes par année de la part des entreprises. Mais on vient de
voir que, pour la loi 48, on avait eu au-delà de 3000 inscriptions. Le
nombre de fois qu'une entreprise a rempli plusieurs formules... Ce que je vais
faire, c'est que je vais demander aux fonctionnaires de réfléchir
à cette question et, lorsqu'on arrivera au programme 3, s'ils
réussissent à mettre ensemble quelques tableaux, on
déposera ce renseignement.
M. Grégoire: M. le Président, je voudrais vous
poser encore quelques questions, je comprends que ce n'est pas seulement au
ministère de l'Industrie et du Commerce, c'est un peu comme cela dans
tous les ministères. C'est la même chose quand on arrive au
crédit agricole. Là, le cultivateur ne perd pas seulement un
veau, il perd toutes ses vaches. Chercher dans quelle direction se trouve le
bon programme, c'est compliqué dans toute l'administration.
M. Tremblay: C'est encore pire au niveau du gouvernement
fédéral, M. le député de Frontenac, parce qu'il y a
un ministère de la petite et de la moyenne entreprise. Vous vous
imaginez combien c'est loin, le ministère fédéral de la
petite entreprise, quand vous êtes à Mont-Joli?
M. Grégoire: Oui, je dois dire que c'est vrai. Et quand il
faut additionner tous les organismes et toutes les formules, et du
fédéral et du provincial, on en a pour ne pas en sortir. Il y en
a trop. C'est pour cela que, si on n'avait qu'un ministère au lieu de
deux, en essayant de concentrer cela... J'ai retenu une chose...
M. Tremblay: II s'agira de choisir le meilleur.
M. Grégoire: Oui. M. le Président, j'ai retenu une
chose. Le ministre vient de nous dire que la SDI s'est
décentralisée en 20 bureaux.
M. Tremblay: Non, on a 14 bureaux régionaux du
ministère. La SDI va avoir un représentant dans ces bureaux. On
ne veut pas non plus multiplier les points de contact pour les hommes
d'affaires. Il faut qu'il y ait un bureau, avec un secrétaire...
M. Grégoire: Cela sera le même bureau? M.
Tremblay: Cela sera le même bureau.
M. Grégoire: Cela commence à avoir du bon sens.
M. Tremblay: Nous ne sommes tout de même pas pour avoir
trois ou quatre bureaux pour le même homme d'affaires.
M. Grégoire: À un bureau, s'il y a la SDI, s'il y a
un autre programme, ce sera le bureau régional. Cela sera le même
bureau.
M. Tremblay: J'ai essayé de persuader le ministre Abbott,
responsable du ministère de la petite entreprise à Ottawa, de
mettre son représentant dans nos bureaux, pour qu'il n'y ait qu'un point
de chute. Il ne m'a pas répondu. Il a manifesté de la bonne
volonté, mais, chez les fonctionnaires, cela ne débloque pas.
M. Grégoire: Cela veut dire que...
M. Ciaccia: II vous a demandé de mettre vos hommes dans
ses bureaux?
M. Tremblay: II n'a pas de bureaux, pas le ministère de la
petite entreprise. C'est un nouveau ministère.
M. Grégoire: Je ferai remarquer au député de
Mont-Royal, par exemple, qu'à Ottawa, à la Banque
fédérale de développement, c'est un gars qui voyage. Son
bureau est dans un motel. Par exemple, s'il vient à Thetford-Mines, ce
sera le motel Provence; s'il va à une autre place, cela sera un autre
hôtel. Il annonce dans le journal qu'il sera à tel hôtel,
tel numéro de chambre, tel jour. Vous avez dû voir cela souvent
dans le journal. Il annonce sa présence...
M. Marcoux: Pas à Mont-Royal.
M. Grégoire: Peut-être pas à Mont-Royal. Mais
je parle de nos comtés à nous autres; on voit cela qu'il viendra
dans la ville, un peu comme J.-A. Desfossés, le type de la Banque
fédérale de développement.
Le Président (M. Blank): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Raynauld: Un peu comme le député de Frontenac
qui se promène aussi dans son comté, je suppose, qui va dans des
motels...
M. Grégoire: Non, j'ai mon logement là, j'ai mon
appartement là et je reste là.
Le Président (M. Blank): On va revenir aux crédits.
Avez-vous d'autres questions?
M. Grégoire: Oui. Si je comprends bien c'est cela
que je commence à réaliser le ministère de
l'Industrie et du Commerce verra à instaurer...
M. Ciaccia: ... le ministère du Revenu.
M. Grégoire:... va voir à instaurer des bureaux
régionaux, même à les augmenter. Dans ces bureaux, ce sera
unifié, que ce soit la SDI, que ce soit le ministère de
l'Industrie et du Commerce, que ce soit la Société des parcs
industriels, que ce soient toutes les sociétés d'État
relevant du... Cela peut être le même gars, en fait, qui
représente tout ce monde. Si une industrie, dans une région
donnée... Disons qu'il y a un bureau dans le comté de Frontenac.
Il y a un gars, et c'est à lui qu'on s'adresse?
M. Tremblay: Je prends note de vos désirs. S'il y avait
une possibilité d'en ouvrir un dans le bout de la Beauce, c'est garanti
qu'on va l'ouvrir.
M. Grégoire: Cela couvrirait tous les services du
ministère, toutes les sociétés d'État, tous les
programmes, toutes les formules. Le même gars, un seul...
M. Tremblay: Un point de chute. Il reste le gouvernement
fédéral. Un jour, on consolidera encore un peu plus.
M. Grégoire: Ah! on ne l'aura pas pour longtemps. Comme on
ne l'aura pas pour longtemps...
M. Tremblay: Comment longtemps? Cela s'en vient.
M. Grégoire: Oui, mais on ne l'aura pas pour
longtemps.
M. Ciaccia: Votre jeu de questions et réponses, quand
avez-vous fait votre "rehearsal", est-ce ce matin ou hier soir?
Le Président (M. Blank): À l'ordre, messieurs!
M. Grégoire: Je dois dire que je n'ai pas parlé au
ministre là-dessus, mais je ne pensais pas que j'aurais une
réponse satisfaisante aussi vite que cela. Je me préparais au
contraire à le savonner un peu, parce que c'est trop compliqué.
Mais si cela doit être "décompliqué", je trouve cela
parfait. On ne peut pas tout changer du jour au lendemain.
Le Président (M. Blank): Le député de
Mont-Royal a-t-il des questions?
M. Grégoire: Je suis satisfait qu'on ait de bonnes
intentions.
M. Raynauld: On a dit cela l'année passée, M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: Pardon?
M. Raynauld: Vous avez dit cela l'année passée.
Le Président (M. Blank): Le député de
Mont-Royal a-t-il des questions?
M. Grégoire: Ah! je n'y étais pas, s'il a dit cela
l'année passée. Est-ce qu'il y a eu de nouveaux programmes, M. le
ministre, depuis l'an dernier?
M. Tremblay: Oui, il y a un nouveau poste à la SDI pour
décentraliser dans les bureaux régionaux.
M. Raynauld: Combien y a-t-il de nouveaux postes
régionaux, de bureaux régionaux?
M. Tremblay: II y en a quatorze.
M. Raynauld: Des nouveaux, de cette année?
M. Tremblay: Ah! de nouveaux postes.
M. Raynauld: Non, de nouveaux bureaux régionaux?
M. Tremblay: Non, il y en a le même nombre que l'an
passé, quatorze.
M. Raynauld: Ah bon! c'est cela que je voulais savoir.
M. Tremblay: II y a vingt nouveaux postes de
décentralisés. On a mis du monde dedans.
M. Ciaccia: II a mis du monde dedans. Vous aviez les bureaux,
vous avez mis du monde dedans.
M. Grégoire: Les nouveaux de cette année, dans la
SDI?
M. Ciaccia: C'était la relance économique pour
contrecarrer le chômage.
M. Tremblay: Notre but n'était pas de multiplier les
pupitres, c'était de multiplier le personnel pour rendre service aux
entreprises.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Mont-Royal, avez-vous une question?
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Au tableau 1, vous
avez le nombre d'emplois créés, 2711.
M. Tremblay: Le tableau 1 de quel...
M. Ciaccia: Du programme sur la Loi sur les stimulants fiscaux au
développement industriel, le sommaire des demandes de certificats du 1er
avril au 31 mars 1978.
M. Tremblay: Ce sont des emplois que les entreprises nous ont dit
ce sont des rapports qu'elles font elles-mêmes qu'elles
créeraient avec l'investissement.
M. Ciaccia: C'était pour vous demander comment vous avez
compilé ces chiffres.
M. Tremblay: C'est dans leurs formules. Il y a une place
où est indiqué le nombre d'emplois créés et c'est
en compilant ces renseignements, à partir des formules de chaque
entreprise, qu'on aboutit à 2711.
M. Ciaccia: Est-ce que vous vérifiez cela? M. Tremblay:
Vérifier...?
M. Ciaccia: Naturellement, une industrie, pour avoir une
subvention, va avoir intérêt à vous dire qu'elle va
créer plus d'emplois. Vous n'avez pas moyen de vérifier cela?
M. Tremblay: Ce n'est pas une condition, je veux dire que
l'entreprise fournit ces renseignements, mais quand c'est un nouvel
investissement qui va se produire dans l'avenir, on prend la parole de
l'entreprise.
M. Ciaccia: Alors, ce n'est pas un chiffre certifié?
M. Tremblay: Non, ce n'est pas certifié. C'est simplement
les déclarations des entreprises que l'on prend à la lettre.
Comme pour le montant d'investissement, M. Ciaccia.
D'ailleurs, si vous vous rappelez bien lors de cette étude du
projet de loi, le député d'Outremont avait fait un amendement que
j'avais accepté, en vue de simplifier la procédure, le
contrôle tatillon du fonctionnarisme. C'est évident qu'on ne va
pas vérifier pour leur demander de jurer sur l'évangile si tous
les chiffres prévus sont absolument véridi-ques.
M. Ciaccia: Non, mais cela donne l'impression, d'après le
tableau, que 2711 nouveaux em- plois ont été créés.
Peut-être qu'on devrait changer le titre pour que cela soit plus exact.
Ce ne sont pas 2711 emplois qui ont vraiment été
créés. Ce sont les renseignements...
M. Tremblay: Qui devaient être créés.
M. Ciaccia: ... que les entreprises vous ont donnés. Ce
n'est pas un chiffre certifié de nouveaux emplois.
M. Tremblay: D'accord.
Le Président (M. Blank): Est-ce que cet
élément est adopté?
M. Grégoire: J'aurais encore une question à poser.
Dans notre région, en fait, c'est important. Nos gars dans Frontenac ou
dans ce coin, dans la Beauce, sont encore obligés d'aller à
Québec. On sait qu'à Québec, c'est compliqué. Nos
bureaux régionaux sont trop éloignés, parce que depuis que
tout cela a été créé, il n'y en a pas encore eu
d'installés dans notre coin. Je voudrais demander au ministre quand cela
va se faire pour qu'on ne soit pas obligé de venir dans les grosses
bâtisses de Québec, où là, c'est le petit gars de
campagne qui arrive et qui est reçu par des fonctionnaires qui nous
prennent pour des ruraux encore parce qu'on vient de 60 milles de
Québec. Je voudrais savoir quand on va nous organiser dans notre
coin.
M. Tremblay: Pourrais-je recommander que nous adoptions ce
programme, parce que la question n'a aucun lien avec le programme 1 ? Je vais
répondre tout de suite après, parce que nous approchons de
l'heure. On ne sait jamais, avec le député de Frontenac, on peut
entrer dans un débat qui pourrait s'étirer.
Une voix: II est excité...
M. Tremblay: Donc, je proposerais qu'on adopte le programme 1, et
je vais répondre à sa question.
Le Président (M. Blank): Le député de
Rimouski veut demander quelque chose.
M. Marcoux: II y aurait deux questions générales
que je voudrais aborder, une sur la question de la déconcentration de
l'administration générale du ministère, et je pense que
cela doit être abordé à ce programme. J'ai également
des questions sur les sociétés d'État. Je ne pense pas
qu'on puisse régler cela en 60 secondes avant 13 heures.
Le Président (M. Blank): D'accord, on peut...
M. Raynauld: J'allais dire qu'il y a encore un sujet, avant de
pouvoir adopter l'élément 1, les sociétés
d'État. Cela pose quelques difficultés...
M. Grégoire: Moi, M. le Président, c'étaient
justement des informations globales à la fois sur le
total et du ministère et des sociétés
d'État. C'est toujours dans le soutien de tout ça ensemble.
Le Président (M. Blank): D'accord. La commission suspend
ses travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprise de la séance à 15 h 11)
Le Président (M. Blank): Reprise de la séance de la
commission de l'industrie et du commerce.
M. Tremblay: M. le Président, je voudrais rappeler un
détail pour le journal des Débats. Je souligne que nous avons
fait distribuer un certain nombre de dépliants de la part du
ministère de l'Industrie et du Commerce. Ces dépliants ont
été distribués à chacun des membres de la
commission et font état des divers programmes administrés par le
ministère de l'Industrie et du Commerce.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Rimouski.
Bureaux régionaux
M. Marcoux: Voici une question générale qui, je
crois, entre dans le programme 1 parce qu'elle concerne une politique de
l'ensemble du ministère à venir. Je voudrais d'abord
féliciter le ministre à tout seigneur tout honneur
d'avoir pris une position très claire dans la décentralisation
des pêcheries; également, d'avoir exercé toutes les
pressions nécessaires pour que la SDI ait des analystes dans les
régions à l'occasion du développement d'un nouveau
programme pour les petites entreprises de moins de 20 employés, une aide
au financement. Également, j'ai appris, il y a quelques jours, la
réintégration du délégué régional
à la conférence administrative. Toutes les décisions, je
pense, qui vont dans le sens d'une déconcentration certaine de
l'activité du ministère et, entre autres, de la SDI, une
société qui est chargée d'aider le gouvernement dans le
développement économique qu'il veut susciter.
Ma question est dans le prolongement de ces préoccupations;
j'accuse, en somme, le fait qu'il y a déjà des gestes importants
qui ont été posés dans le sens des préoccupations
que j'avais manifestées à cette commission parlementaire, l'an
dernier. La question globale que je veux soulever s'adresse au
ministère, lui-même.
L'an dernier, vous vous en souvenez sûrement, M. le ministre,
j'avais soulevé des questions quant à l'orientation des bureaux
régionaux, à leur vocation, quant à l'utilité pour
le ministère de l'Industrie et du Commerce de vraiment
déconcentrer l'ensemble de ses activités, de ses programmes, qui
impliquent chacun de ces programmes au niveau de chacune des
régions.
Entre autres, j'avais demandé combien il y avait
d'employés dans les bureaux régionaux ou dans les régions.
Vous m'aviez indiqué 60 employés pour environ 1300; on me dit,
maintenant, qu'il y a au ministère 1400 employés. Ma
première question avant de développer l'orientation, est la
suivante. Pour l'année 1978/79, combien y aura-t-il d'employés
supplémentaires dans les bureaux régionaux? L'an dernier, vous
aviez indiqué que le nombre de délégués
régionaux devrait doubler, normalement, en 1977/78.
Je voudrais également savoir ce qu'il est advenu du comité
que vous aviez mis sur pied l'an dernier, visant à réviser le
mandat des bureaux régionaux. Vous aviez dit, à ce
moment-là: Nos bureaux régionaux vont recevoir des mandats encore
accrus à l'avenir. Et vous aviez mis sur pied un comité
chargé d'élaborer une politique nouvelle pour les bureaux
régionaux, visant vraiment à déconcentrer
l'activité du ministère, à confier des
responsabilités véritables aux bureaux régionaux. C'est ma
deuxième question. Qu'advient-il de ce comité? A-t-il fait
rapport? Quelles ont été les lignes de ce rapport? Quelle
décision a été prise à la suite de ce rapport?
Est-ce que, comme vous l'aviez indiqué, effectivement, le directeur des
infrastructures industrielles, le directeur du commerce, le directeur des
services aux entreprises manufacturières faisaient tous partie de ce
comité, en plus de représentants de l'OPDQ-Est du
Québec?
Également, je voudrais savoir, dans le même type de
préoccupation sur le rapprochement entre les régions et les gens
concernés par le ministère de l'Industrie et du Commerce, dans
les analystes régionaux dont vous avez parlé, les 20 postes
d'analystes à la SDI pas nécessairement des analystes
régionaux qui devaient aller travailler dans les régions,
combien il y en a actuellement qui sont en poste dans les bureaux
régionaux du MIC. Parce qu'on m'a informé, il y a quelques mois,
qu'il y avait eu des problèmes d'implantation de ces analystes dans les
bureaux régionaux. Je voudrais savoir s'ils sont résolus et
combien de ces analystes, qu'on nous a annoncés depuis novembre, sont
déjà en poste.
Une question beaucoup plus générale, qui englobe... J'ai
posé des questions de détail, mais c'est une question
générale qui se résumerait à ceci: C'est pour quand
une décision claire et nette de déconcentrer toute
l'administration du ministère de l'Industrie et du Commerce dans les
bureaux régionaux, comme l'ont fait d'autres ministères qui ne
sont pas des ministères à réseaux, comme vous l'aviez
indiqué l'an dernier, par exemple le ministère des Terres et
Forêts, qui sont des ministères à services, en somme,
d'autres ministères qui existent, qui ne sont pas des ministères
à réseaux et qui sont complètement
décentralisés dans les bureaux régionaux, lesquels sont
véritablement des directions générales où
l'ensemble des directions d'un ministère sont regroupées et
travaillent sous la direction d'un directeur régional qui a le mandat
d'ajuster les programmes nationaux aux préoccupations et aux besoins de
chacune des régions?
Je vais y aller rapidement, parce que je sais que nous avons peu de
temps pour étudier l'ensemble des crédits de votre
ministère. Je vais essayer de résumer au maximum mes questions,
je les préciserai, s'il y a lieu, si vous en sentez le besoin.
M. Tremblay: M. le Président, je commencerai par commenter
la question du député concernant les déconcentrations. Il
est vrai qu'il y a un comité qui a travaillé sur la
déconcentration et qui continue de travailler sur ce sujet. Il y a eu un
premier rapport de remis au ministère, un rapport interne qui n'est pas
prêt pour diffusion, et il y a une deuxième étape qui est
en marche dans l'étude de la déconcentration, de sorte que c'est
une préoccupation constante chez nous, et notre réflexion sur le
sujet se continue.
En ce qui concerne les postes, les bureaux régionaux avaient 60
postes l'an passé, ils en ont 68 maintenant avec la SDI...
M. Marcoux: Combien?
M. Tremblay: 68.
M. Marcoux: Avec la SDI.
M. Tremblay: Avec la SDI et, présentement, il y a 5 postes
de la SDI qui sont décentralisés.
M. Marcoux: Sur? M. Tremblay: Sur 14.
M. Marcoux: Sur 14.
M. Tremblay: Ceci est en marche et il a fallu du recrutement,
etc. Donc, on peut répondre à la question qu'il y a 5 candidats
déjà en poste et, pour les autres postes, il y a des concours mis
de l'avant pour les combler.
Il y a par contre 18 postes additionnels dans les bureaux
régionaux pour l'intégration des stagiaires. Cette année,
M. le Président, nous avons considérablement accru le programme
des stagiaires dans les PME, comme je l'avais mentionné dans ma
présentation du début et les bureaux régionaux ont 18
postes pour...
M. Marcoux: Permanents ou occasionnels?
M. Tremblay: Occasionnels, parce que c'est un programme qui ne
dure que l'été, pour surveiller l'opération stagiaires et
intégration.
En ce qui concerne la déconcentration de l'ensemble du
ministère, là encore évidemment, c'est une
préoccupation constante, nous l'avons fait dans les pêcheries
cette année, nous l'avons fait pour la SDI, nous voulons accentuer
l'importance des bureaux régionaux. Dès qu'il y aura des secteurs
que nous pouvons déconcentrer ou décentraliser, nous le ferons.
Il est évident que le ministère de l'Industrie et du Commerce est
déjà un des ministères décentralisés dans le
sens qu'il est fortement impliqué à Montréal. Nous avons
des bureaux à Montréal, moi-même, je passe mes lundis et
mes vendredis en partie dans mon comté, en partie dans les bureaux
à Montréal, parce que Montréal est quand même la
plaque tournante économique du Québec, et même si nous
voulons décentraliser sur l'ensemble du territoire, ça ne veut
pas dire que Montréal ne doit pas être bien desservi par le
ministère de l'Industrie et du Commerce. Il est bien desservi et le
ministre rencontre plusieurs hommes d'affaires au bureau de Montréal.
Surtout lorsqu'il n'y a pas de session, je peux être là encore
plus souvent. Nous voulons continuer à décentraliser.
Il y a, par contre, des activités qui exigent une concentration.
Par exemple, les travaux de la DGI qui, elle, supervise les projets
d'investissements. Il y a des équipes qui travaillent à des
projets. Ces équipes se réunissent quotidiennement. Il est
évident qu'on ne peut pas écarteler géographi-quement ces
équipes.
Mais je peux assurer le député et les membres de cette
commission que la volonté du premier ministre, si vraiment c'est la
volonté du premier ministre de décentraliser, est aussi celle du
ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. Marcoux: Sur le...
M. Grégoire: Si le député le permet,
j'aimerais poser juste une question supplémentaire sur ce
point-là. Vous mentionnez 60 plus 8, dans les régions, sur un
total de 1400. Est-ce que le ministre croit que c'est sorti?
M. Tremblay: Un instant, sur 1400. Toutes les pêcheries,
371, je crois, c'est dans les régions. Vous avez à peu
près le tiers du ministère qui est déjà dans les
régions. Si vous ajoutez Montréal à cela... combien y
a-t-il de fonctionnaires à Montréal? C'est à peu
près la moitié du ministère qui est complètement
décentralisée.
M. Grégoire: Si on enlevait les pêcheries et qu'on
prenait simplement les chiffres de l'Industrie et du Commerce, cela ferait
combien d'employés dans le ministère?
M. Tremblay: Le programme des pêcheries, c'est le programme
8. Si on enlève les pêcheries, il nous reste 1014
fonctionnaires.
M. Grégoire: 1014. Et en dehors de Montréal et
Québec, il y en a 68.
M. Tremblay: Pour les bureaux régionaux. M.
Grégoire: Avec ceux de la SDI, j'entends.
M. Tremblay: II faut faire attention quand même.
M. Grégoire: Ce sont des chiffres qui peuvent être
menteurs, qui peuvent avoir une allure... Si on prend cela à sa face
même, cela n'a pas l'air fort pour l'extérieur de Québec et
de Montréal.
M. Ouellette: Menteur est-il antiparlementaire?
M. Grégoire: Pour les chiffres, oui. Je crois que cela
peut être parlementaire que d'employer le terme.
Mais si on prend les chiffres à leur face même, 68 sur
1014, cela peut sembler curieux comme proportion, en dehors de Québec et
Montréal.
M. Tremblay: À part cela, il y a le Bureau de la
statistique qui, lui, est concentré à Québec. Il y a les
postes à l'étranger aussi, qui sont décentralisés
par définition. On a quinze bureaux à l'étranger, quinze
maisons du Québec, avec des représentants.
M. Grégoire: ... sur les 1014...
M. Tremblay: C'est dans cela, c'est dans tout cela.
M. Grégoire: Si on veut avoir une image juste, il y en a
combien à Québec et à Montréal et combien à
l'extérieur de Québec et de Montréal?
M. Tremblay: Je pense que je vais prendre acte de la question.
Cela ne sert à rien de répondre morceau par morceau. Tout
à l'heure, avant la fin de la séance, je vous donnerai les
chiffres globaux.
M. Grégoire: C'est d'accord.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Rimouski.
M. Marcoux: Sur le même sujet, l'an dernier, lors de ces
discussions, vous nous avez dit que, cette année, le nombre de
délégués régionaux devrait normalement doubler. Je
constate que vous n'avez pas doublé le nombre de
délégués régionaux. Peut-on savoir pourquoi cela
n'a pas pu se faire?
M. Tremblay: II y a eu quarante nouveaux postes. La
priorité a été établie dans le sens que la SDI
devait, en priorité, se décentraliser. Nous avions tellement de
nouveaux programmes pour la SDI, le programme pour la petite entreprise
manufacturière, $7 millions; le programme pour les industries
traditionnelles, $15 millions; le programme pour les entreprises innovatrices,
$15 millions; or, pour que ces programmes aient vraiment un impact dans les
régions, c'était la SDI qu'il fallait décentraliser avant
de mettre l'accent sur les bureaux régionaux qui eux-mêmes
existaient.
Au niveau de la DGI, la direction générale de l'industrie,
nous avions énormément de gros projets qui exigeaient des
équipes pour piloter ces gros projets. Ils étaient
sous-équipés. Les quarante postes ont été
accordés à cette partie de la décentralisation.
Il est évident que, dès que nous aurons de nouveaux
postes, la décentralisation, l'extension des bureaux régionaux va
se poursuivre. Mon objectif serait de renforcer les bureaux existants, parce
que certains des délégués régionaux sont
débordés par le nombre d'entreprises qu'ils doivent desservir et
d'accroître un certain nombre de bureaux régionaux aussi dans
certaines autres régions qui sont mal desservies. La région de la
Beauce en est une. Dans le passé, on s'est reposé sur le fait que
la Beauce était tout près de Québec, mais il y a quand
même des considérations régionales qui devraient être
prises en considération.
Nous avons donc fait un gros pas dans la décentralisation. C'est
une opération qui va se continuer au cours de l'année
prochaine.
M. Raynauld: M. le Président, sur ce point-là, j'ai
effectivement ici une citation du ministre de l'Industrie et du Commerce de
l'année dernière. "L'an prochain, nous entrevoyons la
possibilité de doubler nos délégués
régionaux". C'est une affirmation parmi d'autres qui, si je comprends
bien, n'a pas été suivie.
M. Tremblay: Je viens de l'expliquer. Premièrement, il y a
eu un gel budgétaire dans le gouvernement. Le ministère a obtenu
en priorité ses 40 analystes; 20 ont servi à décentraliser
la SDI et 20 autres ont été utilisés pour renforcer les
équipes de négociation pour les grands projets industriels.
M. Raynauld: Je ne dis pas qu'il n'y a pas de raison. Je dis
simplement que, l'année passée, vous nous avez fait une
affirmation absolument gratuite, et comme c'est votre habitude d'en faire
beaucoup, je pense qu'il serait temps que vous vérifiiez un peu ce que
vous avez annoncé.
M. Grégoire: Je proteste, M. le député
d'Outremont. On est bien prêt à avoir la vérité,
mais pas à faire de la petite politicaillerie. On veut bien poser des
questions, savoir les réponses, si le ministre n'a pas eu raison... On
veut aider les régions, on veut aider la décentralisation, mais
si le député d'Outremont cesse de faire des remarques comme cela,
je pense qu'on va arriver plus loin.
M. Marcoux: Un instant! Je voudrais préciser une chose.
Comme on l'avait fait l'an dernier, le député d'Outremont
n'était pas là à ce moment, j'étais
préoccupé de ces questions, et c'est dans un esprit de
non-partisanerie que je dois constater qu'il y a eu des gestes, j'en ai
signalé trois tantôt qui ont été
réalisés, que ce soit au niveau de la SDI, des pêches, de
la CAR dans notre région. Les questions que je pose et les affirmations
que je fais, c'est dans l'esprit d'aider le ministre. Je suis convaincu que sa
volonté va dans ce sens, mais je ne suis pas convaincu que, de haut en
bas de la structure du ministère de l'Industrie et du Commerce, on soit
encore pénétré de cette idée qu'il faut aller
servir les entreprises, les industriels, les commerçants, tous ceux, en
somme, qui sont dans
l'activité économique là où ils sont. C'est
pour l'épauler davantage dans cette préoccupation qu'il a
affirmée à plusieurs reprises et qu'il a illustrée par des
gestes concrets dans la dernière année, contrairement à ce
qui s'était passé, mais on n'entrera pas dans le passé, on
va en rester à ce qui s'est passé depuis une année.
Je reviens, de façon globale, M. le ministre, au fait que vous
dites que c'est votre volonté de faire qu'il y ait une véritable
déconcentration des activités de votre ministère. Vous
dites qu'il y a eu une étude de commencée, d'entreprise et qui va
se poursuivre. Je sais bien que toute volonté gouvernementale qui ne se
donne pas un échéancier, qui n'est pas planifiée dans le
temps risque de se retrouver dans deux, trois ou quatre ans dans la même
situation dans laquelle on est actuellement, au niveau du ministère
comme tel, et comme on l'était un peu l'an dernier. Est-ce
qu'actuellement, on peut dire que vous êtes en train de vous donner ou
que vous vous êtes donné un échéancier?
D'après ce que j'ai pu savoir des premières recommandations qu'on
vous a faites concernant la déconcentration d'activités de votre
ministère, c'est vraiment partiel, je dirais même parcellaire. On
touche simplement à une division, celle du service aux entreprises. On
ne touche pas à l'ensemble des activités des ministères.
On constate Vincent Lemieux a fait une étude sur le sujet
que tous les ministères qui se sont déconcentrés en
créant des directions générales ont échoué,
alors que les ministères qui se sont déconcentrés en
faisant un véritable bureau régional avec une direction
régionale intégrée ont vraiment réussi à
faire en sorte que ça aille dans les deux sens. Ce n'est pas tout
d'avoir des bureaux régionaux qui vont exécuter, qui vont
appliquer des décisions ou des programmes, il faut aussi que dans les
bureaux régionaux, on puisse donner, rendre les programmes... en somme,
les adapter à la région. Qu'il y ait les deux mouvements, que les
bureaux régionaux puissent être à l'origine de nouveaux
programmes ou à l'origine de programmes améliorés. Pour
cela, ça prend des bureaux régionaux qui vont pouvoir avoir
accès aux bureaux des sous-ministres de façon directe. (15 h
30)
Je sais que ce qu'on vous propose, c'est de hiérarchiser
davantage ces bureaux régionaux en créant des bureaux de
districts, en augmentant la pyramide au lieu de la simplifier. On constate que
les autres ministères des expériences ont
été vécues dans les autres ministères aussi
qui ont essayé de multiplier les hiérarchies ont tous
échoué dans cette volonté de mieux administrer et
d'être plus près de leurs commettants. Les ministères qui
ont vraiment créé des bureaux régionaux avec une direction
générale qui se rattachait à un sous-ministre en titre
responsable des bureaux régionaux, plutôt que responsable des
directeurs généraux éloignés, ont
échoué.
Par rapport à cette orientation, est-ce qu'on peut savoir quel
type de déconcentration vous privilégiez comme volonté
politique, indépendam- ment des aménagements concrets auxquels...
Évidemment, c'est une responsabilité administrative que de
trouver des aménagements concrets, mais comme volonté politique,
face à deux types de déconcentration, quel est le type de
déconcentration que vous privilégiez?
M. Tremblay: M. le Président, je partage la
préoccupation du député concernant la multiplication des
paliers de décision et la hiérarchisation des niveaux
bureaucratiques. C'est évident que lorsqu'on parle de
déconcentration ou de décentralisation, il ne s'agit pas
simplement de créer des structures additionnelles à celles qui
existent. Dans le cadre des pêches maritimes, lorsque j'ai dit que nous
allions décentraliser, nous avons décentralisé. Ce
n'était pas une question de placer une direction à Gaspé
et d'en avoir une autre à Québec; du directeur
général jusqu'en bas, tout est à Gaspé. Il ne reste
que le sous-ministre, pour des raisons évidentes, à
Québec.
Par contre, lorsqu'on fait des comparaisons avec d'autres
ministères, il faut faire attention. Le ministère de l'Industrie
et du Commerce n'est pas un ministère qu'on peut appeler vertical,
c'est-à-dire un ministère de ressources ayant des
responsabilités dans des régions; dans le cas de la pêche,
c'est évident, mais le ministère de l'Industrie et du Commerce,
dans sa loi constitutive, à l'article 2, mentionne qu'il a la
responsabilité de voir au développement industriel et commercial
du Québec. C'est un mandat horizontal qui exige énormément
de coopération, de concertation avec d'autres ministères qui ont
des vocations économiques. Par conséquent, le Bureau de la
statistique, par exemple, ne peut pas être décentralisé; la
direction générale de l'industrie peut difficilement être
décentralisée; la recherche et la planification,
c'est-à-dire le noyau, le cerveau de la pensée, ne peuvent pas
être décentralisées.
Par contre, lorsqu'il y a des éléments, dans le
ministère, qui sont rattachés à des services et à
des administrations régionales, des services aux entreprises, cela peut
être décentralisé. Nous allons mettre l'accent sur cela.
Donc, il n'est pas question pour moi de me lancer à l'improviste dans
n'importe quelle décentralisation, quelles que soient les
conséquences pour l'efficacité du ministère. Ce qui est
évident, pour la décentralisation, nous allons le faire. Ce qui
est évident, par contre, pour l'efficacité du ministère au
niveau de la centralisation à Québec, cela aussi, nous allons le
garder, nous allons le maintenir. De sorte qu'il y a un jugement à
appliquer et je reviens à mon intention fondamentale, c'est de faire le
maximum de décentralisation. Je pense qu'on est un des ministères
qui a le plus concrètement décentralisé, au cours de
l'année passée et non pas simplement en paroles.
M. Marcoux: Au cours des années passées?
M. Tremblay: Au cours de l'année passée; dans les
années passées, on n'était pas au pouvoir, M. le
député.
M. Raynauld: En tout cas, on peut passer aux
sociétés d'État.
M. Tremblay: Juste avant cela, M. le Président, j'ai
obtenu les chiffres que sollicitait le député de Frontenac au
sujet du nombre de demandes reçues au cours de l'exercice 1977/78. Le
premier total qu'on m'a fait, c'est 53 690. J'aimerais faire distribuer ce
nouveau tableau.
Le Président (M. Blank): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, le prochain point, toujours
dans l'élément 1...
M. Grégoire: Est-ce que c'est fini...
M. Raynauld: C'est celui des sociétés
d'État...
M. Grégoire: Avant d'arriver aux sociétés
d'État...
M. Raynauld: M. le Président... Le Président (M.
Blank): ...
M. Grégoire: II y a une chose que je veux reprendre. Il y
a eu un comité d'étude formé sur la
décentralisation, la déconcentration des services à rendre
aux petites industries, l'aide aux industries. C'est surtout à cela que
je m'attache.
On a dit que ce comité avait déjà franchi une
première étape, qu'il y avait eu un premier rapport qui
n'était pas pour publication, du moins pour le moment, qu'une
deuxième étape allait commencer. Ce comité d'étude
étudie la décentralisation; on n'est pas encore rendu à
l'idée de la décentralisation, et la preuve, ce sont les chiffres
que le ministre lui-même nous a donnés, c'est-à-dire qu'il
y en avait 60 dans les régions, il y en a maintenant 68; sur un total de
1014, c'est peut-être une disproportion. La deuxième étape
va commencer.
Je voudrais savoir du ministre combien il y a d'étapes à
franchir avant qu'on en arrive à l'application même de la
décentralisation et de la déconcentration des activités du
ministère, au point de vue de l'aide à la petite industrie, en
laissant de côté les pêcheries, le Bureau de la statistique
et les bureaux à l'extérieur du Québec.
M. Tremblay: Je pense que cela revient, M. le Président,
à ce que je disais tout à l'heure. Tous les nouveaux programmes
d'aide à la petite entreprise, etc., c'est déjà
décentralisé et c'est ce qui est en marche. On ne part pas de
zéro. On a quatorze bureaux régionaux. On les a les bureaux
régionaux. Il s'agit de maximiser leur impact et de les renforcer. Le
grand absent, c'était la SDI. La SDI va être dans les bureaux
régionaux.
M. Grégoire: On n'a pas l'impression que cela existe
à l'heure actuelle.
M. Tremblay: Dans le cas du comté de
Frontenac, il n'y a pas de bureaux régionaux, mais à
d'autres endroits il y en a.
M. Grégoire: Ce n'est pas seulement cela la
décentralisation, M. le ministre. Je vais vous expliquer quelque chose.
Le type qui vient de l'extérieur de Québec, qui vient dans un
bureau du ministère à Québec, il arrive une grosse
patente. Le bon petit gars a une petite industrie de 25, 30 employés
à East Broughton. Il fabrique quelque chose qui va aux quatre coins du
Québec et en Ontario. Il a seulement une industrie pour fabriquer des
foyers et les murs qui vont à côté des foyers. Il a 30
employés et à un moment donné il en a 60. Toutes ses
ventes sont faites d'avance, il fait des profits, il a besoin d'aide pour le
fonds de roulement parce qu'il a de grosses commandes. Il arrive au
ministère à Québec. Il se promène d'un gars
à l'autre, d'un département à l'autre, d'une place
à l'autre. Au bout de huit ou neuf mois, il ne sait même pas
encore dans quel programme d'aide il entre.
À Québec, on a la mentalité de traiter le petit
gars qui vient, si on peut dire, du milieu rural, un peu de haut. On le
reçoit un peu cavalièrement. La décentralisation pour
nous, ce sont les gars qui ont une mentalité régionale et qui
reçoivent les gars d'une mentalité régionale. Ce ne sont
pas les gars de la mentalité du siège social, ae la grosse
industrie à Québec, si on compare le ministère à
une grosse industrie, qui reçoivent les gars qui viennent de
l'extérieur d'une façon un peu cavalière.
Eux sont au siège social, ils sont au ministère, ce sont
les haut fonctionnaires. Nos gars sont reçus, je ne sais pas comment. Il
y a trop de projets d'aide à la petite industrie. Ils cherchent quelle
formule signer. S'ils ont le malheur, au mois de mars, d'avoir 19
employés et au mois de juin d'en avoir 21, ils se demandent s'ils
entrent dans la petite industrie de 20 employés ou moins. S'ils
emploient six employés additionnels durant l'été, ils se
demandent dans quoi ils entrent. Ils en ont 18 à l'année et tout
d'un coup ils en ont vingt-six pendant l'été parce qu'ils ont un
peu plus de production. On leur dit: Vous n'êtes pas dans les moins de
20, vous êtes dans les plus de 20. Tout à coup, ils ne sont pas
assez innovateurs. Ils voudraient savoir ce que c'est qu'être assez ou
pas assez innovateur. Ce sont toutes ces choses-là.
Je le réalise. Je n'ai pas tellement d'industries, mais il s'agit
qu'il y en ait une douzaine, une quinzaine qui me posent tous les mêmes
questions, qui m'arrivent tous avec les mêmes problèmes pour
qu'à un moment donné je me dise: II faudrait aider un peu, le
ministère à Québec, parce que là c'est une ville.
Je suis toujours demeuré dans une ville, mais quand on arrive dans nos
municipalités de comté, on est moins habitués à
cela.
M. Tremblay: II ne faudrait pas caricaturer, quand même.
Dans les municipalités de comté, normalement, c'est le
délégué régional qui va rencontrer le petit
entrepreneur, le petit industriel.
C'est pour cela qu'il y a 60, 68 maintenant,
délégués régionaux représentants de la SDI,
pour qu'on puisse aller les rencontrer. Donc, ils n'ont pas besoin de venir
à Québec. Le but des bureaux régionaux, c'est
d'éviter qu'ils viennent à Québec. C'est évident
que certains hommes d'affaires de Québec et de Montréal vont au
bureau de Montréal. Le fait que dans votre comté il n'y ait pas
de bureau régional pose peut-être un problème. Il faut
qu'on aille à Montmagny ou à Québec.
En ce qui concerne la multiplicité des programmes, il est
évident que cela prend un peu de temps avant de savoir si on est
admissible à un programme ou à un autre, mais c'est la fonction
du délégué régional de bien identifier la
clientèle pour un programme donné. Lorsque vous prenez le
programme pour les industries traditionnelles, c'est spécifié
dans la loi que c'est le meuble, le textile, le vêtement, la chaussure,
parce que c'est un programme rattaché à ces secteurs mous.
Pour les petites entreprises manufacturières, on a mis cela
à moins de 20 employés parce qu'on ne voulait pas se substituer
aux banques complètement. Ce sont des prêts non garantis qui sont
accordés aux petites entreprises pour leur permettre de devenir un peu
plus solides sur le plan du fonds de roulement, c'est un programme
spécial. Mais on n'a pas de fonds illimités, on n'est pas la
Banque du Canada, on n'imprime pas d'argent, nous, il faut aller le chercher
auprès du ministre des Finances...
M. Raynauld: Je ne le savais pas.
M. Tremblay: Vous ne le saviez pas? Il y en a qui pensent qu'on
imprime de l'argent au gouvernement. Ce n'est pas parce qu'on envoie des
chèques...
M. Grégoire: Je n'ai jamais pensé ça, M. le
ministre.
M. Tremblay: On n'imprime pas.
M. Ciaccia: ... seulement le Crédit social...
M. Tremblay: Par conséquent, on contrôle...
M. Ciaccia: II y a seulement le Crédit social qui fait
ça.
M. Tremblay: II y a de moins en moins de Crédit
social.
De sorte qu'on essaie de les rendre plus simples. Par contre,
c'étaient des programmes nouveaux, la SDI avait quatre programmes. Je me
rends compte, M. le Président, qu'on est en train de passer à
travers tous les crédits, sans passer... On a parlé tout à
l'heure des pêcheries, de la SDI, des bureaux régionaux, c'est
dans tous les autres programmes. Je présume que lorsqu'on va arriver
à ces programmes, on va les passer plus rapidement.
M. Grégoire: Cela va aller plus vite.
M. Raynauld: Je n'ai pas dit un mot...
M. Tremblay: Je retiens la préoccupation des
députés, c'est aussi notre préoccupation.
Un des problèmes importants que nous retrouvons dans l'exercice
de notre activité, c'est celui de faire affaire avec des entreprises
qui, pour toutes sortes de raisons qu'elles imaginent bonnes, ne veulent pas
faire affaire avec le délégué régional, pensant que
la décision viendra plus vite, s'ils s'adressent directement au ministre
ou au sous-ministre. C'est une tradition bien ancrée dans les milieux
populaires québécois. Mais ça donne souvent le même
genre de problèmes que si une mère, au mois de septembre,
amène son enfant au ministère de l'Éducation pour
l'inscrire au lieu d'aller à la commission scolaire. Cela ne va pas plus
vite.
M. Grégoire: Cela n'a pas été ça le
problème. Pour les problèmes que j'ai eus, il n'y a aucune de ces
industries qui s'est adressée au ministre, au sous-ministre ou au
cabinet du ministre.
M. Tremblay: J'ajouterais à ça qu'il y a une partie
de vraie dans ça. J'ai encore eu un exemple ce midi. J'ai mangé
avec un groupe d'hommes d'affaires. Évidemment, ils voulaient voir le
ministre. Il y a 12 500 industries et entreprises manufacturières au
Québec et 75 000 commerces, ils veulent rencontrer le ministre. C'est
évident, le ministre...
M. Grégoire: Cela, c'est quand ils ont
épuisé toutes les autres sources.
M. Tremblay: C'est vrai que les députés se font
solliciter de la part des hommes d'affaires, mais il faut garder un juste
milieu dans cela. C'est évident qu'un député ne peut pas
refuser de s'occuper du dossier d'un homme d'affaires, mais il faut qu'il tire
profit de l'existence du délégué régional, avant de
faire appel au député. J'ai un agent de liaison qui s'occupe
uniquement des relations avec les députés, entre le
ministère et les députés, ce sont surtout et souvent ces
problèmes qui surviennent. L'entreprise fait appel à son
député pour qu'il fasse pression sur le ministre pour que telle
subvention soit accordée, etc.
Je ne refuse pas d'écouter, mais ce n'est pas selon des
critères politiques que nous décidons si une subvention est
donnée dans le cadre de tel programme ou pas. Cela suit les analyses et
je fais très rarement exception à cela. S'il y a des exceptions,
ça va au Conseil des ministres.
Le Président (M. Blank): Le député
d'Outremont.
Sociétés d'État
M. Raynauld: Merci, M. le Président. La section suivante
de l'élément 1 du programme 1, c'est celle des
sociétés d'État. Cette partie de l'étude des
crédits est particulièrement difficile et je vou-
drais soulever un problème général à ce
sujet. Je n'ose pas espérer de réponse satisfaisante, mais je
l'ai posée Tannée dernière et je veux la reposer cette
année. C'est le cas de sociétés d'État dont une
partie est comprise dans l'étude proprement dite des crédits. Un
certain nombre d'entre elles effectivement vont venir à la suite de
notre programme. Mais il y en a trois qui sont exclues de cette analyse parce
qu'il n'y a pas de crédits d'opération affectés à
ces entreprises. Je veux parler de la SGF, de SIDBEC et de la SAQ.
L'année dernière, j'avais soulevé le
problème en relation surtout avec la SGF, puisqu'on avait eu l'occasion,
quelques semaines auparavant, de discuter des problèmes de SIDBEC
à l'occasion d'un projet de loi et la décision qui avait
été rendue à ce moment-là par le président
de la commission était qu'il n'y avait pas lieu d'examiner
l'administration ou les activités de ces sociétés de
façon approfondie au sein d'une commission étudiant les
crédits d'un ministère, mais que, par contre, il invitait le
ministre à répondre à des questions ou à faire
état, autant qu'il pouvait, des activités de ces
sociétés. Et il laissait une certaine discrétion au
ministre de répondre ou de ne pas répondre à certaines
questions qui pouvaient être posées. (15 h 45)
Je trouve que cette procédure est mauvaise parce que nous n'avons
pas l'occasion, dans le cours normal des choses, d'examiner des
activités de sociétés qui engouffrent chaque année
des millions de dollars. On n'a pas l'occasion d'examiner les activités
générales de ces sociétés qui peuvent, lorsque je
prends l'ensemble des activités qui sont dix fois, peut-être cent
fois plus importantes que le ministère lui-même, et je
déplore cette procédure. Je me demande, à l'heure
actuelle, s'il serait impossible de se faire donner l'occasion d'examiner les
activités de ces sociétés.
Je veux bien que ces sociétés soient des
sociétés avec un conseil d'administration, qu'elles aient une
autonomie et je veux respecter cette autonomie. Ce n'est du tout mon intention,
quand je soulève un problème comme celui-là, de remettre
en cause l'autonomie administrative des sociétés. Mais des
sociétés autonomes, cela ne veut pas dire non plus qu'elles sont
dispensées d'un contrôle parlementaire, je dis bien parlementaire,
parce qu'un contrôle peut exister du point de vue du gouvernement,
à travers divers mécanismes, mais un contrôle
parlementaire. Il est entendu qu'il faudrait, si les parlementaires veulent
respecter cette autonomie des sociétés, qu'ils exercent
également une certaine discrétion et un certain jugement quant
aux questions qu'il serait opportun de poser. Bien sûr, ce ne sera
sûrement pas mon intention, non plus, de poser des questions sur les
politiques purement internes de ces sociétés, mais je trouve
anormal qu'à l'occasion puisqu'il n'y en a pas d'autres de
l'étude des crédits d'un ministère, on ne puisse pas
examiner les sociétés de façon générale, les
sociétés qui relèvent du ministre responsable, dans ce
cas-ci pour les trois sociétés que j'ai mentionnées tout
à l'heure, le ministre de l'Industrie et du Commerce.
S'il n'est pas possible de résoudre cette ques- tion de
façon satisfaisante cet après-midi, je vais demander au
président de la commission s'il y a des procédures qui peuvent
être envisagées pour que cela se fasse. Si ce n'est pas possible,
je me permettrai quand même, avec la permission du président, de
poser tout de même certaines questions générales sur ces
sociétés.
M. Tremblay: M. le Président, je crois que le
député d'Outremont a pratiquement répondu à sa
propre question. Il aurait pu ajouter que c'est la même chose à
Ottawa. À Ottawa, vous savez...
M. Raynauld: Je me contrefous de ce qui se passe à Ottawa.
Je suis au Québec.
M. Tremblay: Cela ne paraît pas toujours. M.
Grégoire: Ne reniez pas vos origines.
M. Raynauld: Vous avez toujours l'habitude de répondre par
des arguments idiots.
M. Tremblay: II ne faut pas couper les ponts.
M. Raynauld: Ce n'est pas parce que cela se fait à Ottawa
que cela ne peut pas se faire ici. Cessez donc de regretter.
M. Tremblay: M. le Président, chaque fois qu'on fait
allusion à Ottawa, on dit que c'est un argument idiot. Je comprends.
M. Ciaccia: C'est la façon dont vous le faites.
M. Tremblay: Ce serait peut-être avantageux qu'on coupe les
précédents, mais, quand même.
M. Raynauld: On ne juge pas le régime, on juge le
ministre, quand il parle ainsi.
M. Tremblay: On vit dans un régime parlementaire
britannique, et avec la reine Elizabeth comme notre reine sur nos billets de
banque, etc., cessez donc de charrier quand vous dites que nous ne sommes pas
dans un système parlementaire qui est de nature britannique.
M. Raynauld: Voyons donc, je n'ai jamais dit cela!
M. Tremblay: Dans un système britannique qui est surtout
appliqué à Ottawa et à fortiori au Parlement
québécois...
M. Raynauld: A fortiori, oui.
M. Tremblay: Les sociétés d'État il y
en a 325 à Ottawa, ils en avaient découvert quatre dans le
dernier rapport...
M. Raynauld: Vous ne savez même pas combien vous en avez
ici, au Québec.
M. Tremblay: Je sais que j'en ai neuf sous ma
responsabilité, M. le Président.
M. Raynauld: Combien est-ce qu'il y en a au gouvernement du
Québec, le savez-vous? Comment se fait-il que vous connaissez celles du
fédéral et que vous ne savez pas celles qu'il y a ici?
Occupez-vous donc de vos affaires pour commencer.
M. Tremblay: C'est parce qu'au niveau fédéral, ils
en ont trouvé quatre dont ils ignoraient l'existence.
M. Raynauld: Vous ne savez même pas combien vous en avez
ici, au gouvernement du Québec.
M. Tremblay: Je n'ai pas le chiffre exact, mais c'est à
peu près une trentaine.
M. Raynauld: Non, vous ne l'avez pas, parce que vous ne le savez
pas.
M. Tremblay: On a un sous-ministre responsable de la
planification de toutes les sociétés d'État au
gouvernement. Je suis ici pour répondre aux questions concernant ce qui
relève de ma ju-ridication. Est-ce qu'on pourrait me laisser
répondre, M. le Président?
M. Raynauld: Non, M. le Président, je soulève une
question de règlement. Je n'ai pas demandé la position du
ministre là-dessus, j'ai posé une question à la
présidence. C'est une question de procédure.
M. Tremblay: M. le Président...
M. Raynauld: Si le ministre veut répondre de cette
façon, je vais en revenir à suivre les règles. Je
soulève une question de procédure et je demande une directive au
président.
M. Tremblay: M. le Président, question de
règlement. Le député d'Outremont veut reprendre encore
tout le débat que nous avons eu l'an passé avec...
M. Raynauld: On ne l'a pas eu le débat l'année
dernière.
M. Tremblay: Oui, on a eu un débat. Il y a eu une
directive d'émise par le président dans le sens que les
crédits étudiés ici en commission étaient ceux du
ministère de l'Industrie et du Commerce. Or, il n'y a pas de
crédits pour SIDBEC, il n'y a pas de crédits pour la SGF, il n'y
a pas de crédits pour la SAQ, qui sont en cause ici. C'est la raison
pour laquelle nous n'avons pas à nous prononcer sur ces
sociétés parce qu'elles ne sont pas en cause. Cessez de
mêler les cartes et posez des questions qui relèvent des relations
du ministre avec les sociétés d'État, mais pas sur les
activités des sociétés, parce qu'il y a d'autres
mécanismes pour les étudier.
M. Ciaccia: Lesquels?
M. Tremblay: Lesquels? Comme pour Sidbec, l'an passé, il y
a eu une commission, M. le député...
M. Raynauld: C'était à cause d'une loi
spéciale.
M. Tremblay: ... avec une loi. Nous avons demandé une
réorganisation de la SGF. Lorsque nous allons rouvrir la loi, nous
allons convoquer la direction de la SGF. Nous avons l'intention de le faire au
cours de l'année prochaine. Dans le cas de la SAQ, ce sera la même
chose. Qu'on cesse de charrier, moi aussi, je suis capable de me
fâcher.
Le Président (M. Blank): II faut qu'il y ait le
consentement ou une décision des membres de la commission de
faire'entendre les témoins sur ces sociétés d'État.
S'il n'y a pas consentement ou ordre de la commission, on ne pourra les
entendre. Il y a d'autres moyens de faire cela, peut-être par une motion
d'un député, le mercredi après-midi, en Chambre, pour
faire venir un groupe particulier ou peut-être par une recommandation
à la commission de l'Assemblée nationale d'apporter un changement
à notre règlement.
M. Ciaccia: On peut faire une motion ici.
Le Président (M. Blank): Oui, on peut faire une motion ici
pour les faire entendre.
M. Ciaccia: On pourrait faire une motion, on pourrait la
débattre.
Le Président (M. Blank): S'il y a un vote, la commission
est libre d'entendre les témoins, si elle le veut, mais cela doit
être accepté par la majorité des membres de la
commission.
M. Grégoire: M. le Président, seulement une demande
d'information. Si je comprends bien, la SAQ, SIDBEC et la SGF ne sont pas
reliés aux budgets ici. Mais, la SDI...
Le Président (M. Blank): Oui.
M. Grégoire: On va lui voir la face à elle?
Le Président (M. Blank): Oui.
M. Grégoire: Correct. On va pouvoir poser des questions
sur les chiffres.
Le Président (M. Blank): Oui.
M. Grégoire: Je suis d'accord avec votre décision,
M. le Président.
Le Président (M. Blank): Merci! M. le député
de Rimouski.
M. Marcoux: Sur les sociétés d'État,
à l'occasion du discours du budget, le ministre des...
M. Raynauld: M. le Président, je n'ai pas
terminé.
M. Marcoux: Je m'excuse.
Le Président (M. Blank): On a pensé que vous
vouliez parler sur la question de règlement.
M. Marcoux: Non, sur les sociétés
d'État.
Le Président (M. Blank): Je pensais que vous vouliez mon
opinion comme le député de Frontenac.
M. Marcoux: J'appuie votre opinion.
M. Raynauld: Je pense que ce qu'il reste à savoir... Je
savais bien qu'à l'heure actuelle, les procédures sont telles
qu'on ne le fait pas, qu'on n'entend pas certaines sociétés
à l'occasion des études de crédits du ministère. Ce
que je voudrais savoir, c'est s'il serait possible, indépendamment des
positions qu'on peut avoir sur le fédéralisme, d'envisager qu'une
commission comme celle-ci puisse recommander à l'Assemblée
nationale qu'à l'avenir on puisse examiner les activités
générales de certaines sociétés, à
l'occasion de l'étude des crédits, puisqu'on a seulement des
occasions ad hoc, par ailleurs, de le faire, on n'a pas d'occasions
régulières. Je trouve cela anormal, même dans un
régime parlementaire britannique. Je me demande s'il serait si
épouvantable qu'une fois par année on puisse inviter les
sociétés qui dépensent des sommes très
considérables de fonds publics et leur demander de venir passer un
après-midi avec les parlementaires et répondre à des
questions.
Si la réponse est oui à cela, je pense qu'il n'y a rien
qui nous empêcherait comme commission de faire une recommandation pour
qu'on examine au moins la question, pour qu'on voie quelles seraient les
procédures acceptables pour que cela se fasse. L'année
dernière, quand on en a parlé, et cette année, de la
même façon, avec le président qui répond à
cette question, il dit qu'il y aurait des solutions, comme la question du
mercredi. La question du mercredi, cela ne va pas du tout. Après cela,
ce serait quoi? Ce serait une question spéciale, un débat
spécial en Chambre. Je ne veux pas en faire un débat
spécial, je ne veux pas mettre ces sociétés
nécessairement au pilori. Il ne faudrait pas que ce soient des
procédures inhabituelles. Il faudrait que ce soit une procédure
normale. Si on essayait de trouver quelque chose, il me semble qu'il y aurait
possibilité que cela se fasse, sans soulever de grands débats
fondamentaux. Si on ne peut pas le faire cette fois, je soulève la
question pour que l'année prochaine, cela puisse être
résolu.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: II y a un bon point là-dedans. Je suis
bien d'accord pour qu'on n'étudie pas les budgets de ces
sociétés en même temps que les crédits, que ce soit
séparé, mais je voulais seulement poser une question,
peut-être que le ministre pourra me répondre. Est-ce que,
lorsqu'une société d'État, qu'elle relève du
ministère de l'Industrie et Commerce ou du ministère de
l'énergie comme l'Hydro-Québec, fait un déficit et qu'elle
demande au gouvernement de combler ce déficit, est-ce qu'automatiquement
elle ne doit pas venir comparaître devant la commission? Je sais
qu'à Ottawa, par exemple on a parlé d'Ottawa tantôt
le Canadien National fait des déficits tous les ans. Ce n'est pas
nouveau. Il vient tous les ans pour demander de combler son déficit; la
même chose pour Air Canada et Radio-Canada. Quand il fait des profits,
c'est comme un actionnaire content, il ne demande pas à voir les
directeurs. Mais quand il est obligé de payer les déficits...
Alors, est-ce que c'est...
M. Tremblay: Oui, le député de Frontenac a raison.
Lorsqu'une entreprise d'État doit faire augmenter son capital-actions,
nous devons le faire en ayant un amendement à la loi constitutive de la
société; par conséquent, avec témoignage en
commission, etc. Par contre, dans la plupart de ces lois constitutives, le
ministre des Finances peut faire des avances temporaires à une
société d'État, s'il y a des problèmes
temporaires...
Le Président (M. Blank):... il y a peut-être une
motion d'amendement en deuxième lecture du bill 44.
M. Tremblay: Je pense que nous avons cinq minutes. Dans le cas de
SIDBEC, il est évident qu'il va falloir rouvrir la loi, soit en
décembre ou novembre prochain, soit en janvier ou février, pour
couvrir l'achat de Quésteel, etc. Évidemment, il s'agit d'une
question touchant la procédure parlementaire qui est soulevée par
le député d'Outremont. Nous avons un ministre qui est responsable
de la réforme parlementaire. Il y a peut-être un mécanisme
à découvrir pour faire témoigner, une fois par
année, les présidents de sociétés d'État
devant un comité de l'Assemblée nationale, mais pas
nécessairement le comité de l'industrie et commerce, parce qu'il
y a d'autres sociétés d'État. C'est certainement un point
qui mérite d'être étudié. Présentement, les
sociétés sont soumises à l'obligation de fournir un
rapport annuel qui est déposé à l'Assemblée
nationale. Elles sont obligées de se soumettre, évidemment,
à la surveillance du ministre tuteur. Nous avons fait nommer un
sous-ministre spécial pour renseigner le ministre sur ce qui se passe
dans les sociétés d'État.
Il y aurait peut-être lieu, dans la réforme parlementaire
envisagée pour l'avenir, de considérer quelque chose. Par contre,
je mettrais en garde contre le danger de surveiller quotidiennement les
sociétés d'État, parce qu'il est évident que pour
les dirigeants de ces sociétés qui sont régies par la
troisième partie de la Loi des compagnies... Ce sont des compagnies
ordinaires finalement. Elles ont leur conseil d'administration qui ont des
responsabilités. Le fait que le gouvernement soit l'actionnaire
plutôt qu'un autre crée évidemment
des obligations au gouvernement de rendre des comptes sur cela. C'est
plutôt la responsabilité ministérielle du gouvernement, que
celle des administrateurs de la compagnie elle-même. C'est le
gouvernement qui est responsable devant la population et devant
l'Assemblée nationale de ces sociétés d'État. C'est
pour cela que, personnellement, je n'ai aucune objection à
répondre à des questions concernant mes relations avec les
sociétés d'Etai, mais je m'oppose, avant que nous ne fassions une
réforme parlementaire bien réfléchie et non pas
improvisée, à ce que les présidents de
sociétés d'État viennent eux-mêmes se soumettre
à la question, etc.
M. le Président, je pense qu'on peut enregistrer la
préoccupation du député d'Outremont, mais comme...
Le Président (M. Blank): Je vais vérifier si c'est
un vote ou simplement... On vient de me dire que c'est un vote. On suspend la
séance jusqu'après le vote.
(Suspension de la séance à 15 h 59)
(Reprise de la séance à 16 h 19)
Le Président (M. Blank): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission reprend ses travaux.
M. Tremblay: M. le Président, si je comprends bien, selon
l'entente entre les leaders parlementaires, étant donné qu'il y a
un ordre très serré pour les commission sur les crédits,
nous poursuivrions nos délibérations jusqu'à 18 heures et
nous pourrions reprendre à 20 heures pour terminer dans la
soirée. S'il y a consentement...
Le Président (M. Blank): Le consentement doit venir de la
Chambre, non pas d'ici. Parce qu'il y a une motion qui a été
faite ce matin par le leader à savoir que cette commission finisse
à 18 heures et que celle de l'énergie commence à 20
heures. S'il y avait un changement, c'est à la Chambre de le faire par
consentement, non pas par motion maintenant.
M. Tremblay: Mais, on nous a avertis, M. le
Président...
Le Président (M. Blank): Selon la dernière nouvelle
que j'ai entendue, c'est deux commissions et la Chambre; la commission de
l'énergie ne siégerait pas, mais ce n'est pas certain.
M.Tremblay: Mais, comme on nous l'a dit...
Le Président (M. Blank): Personne ne m'a avisé
encore.
M. Tremblay: Mais on a laissé entendre tout à
l'heure, au député d'Outremont et à moi-même, nous
parlions avec le leader de l'Opposition officielle, de notre côté,
c'est accepté que, nous pouvions suspendre à 18 heures et
reprendre à 20 heures pour terminer dans la soirée. J'aimerais
aussi, M. le Président...
Le Président (M. Blank): J'espère que quelqu'un va
m'aviser incessamment, parce que je ne sais pas. On peut vérifier
auprès de M. Lavoie ou de M. Duhaime.
M. Grégoire: Les deux.
Le Président (M. Blank): Les deux, pas un.
M. Grégoire: Oui, les deux.
M. Tremblay: M. le Président, je voudrais aussi faire
distribuer un tableau intitulé "Répartition effectif du
ministère de l'Industrie et du Commerce entre Québec,
Montréal et les régions", tel que demandé par le
député de Frontenac.
Donc, M. le Président, je pense qu'on avait passablement
terminé la question des sociétés d'État.
M. Raynauld: Non, M. le Président, on n'avait pas
commencé. J'avais seulement soulevé une question de
procédure. Mais conformément à la décision qui
avait été prise l'année dernière, il n'était
quand même pas interdit de poser quelques questions sur les
sociétés d'État et, déjà, dans le document
ici, le ministre a fait état de nominations qui ont été
faites. Maintenant, ce n'est pas là-dessus que je voudrais poser des
questions.
Je voudrais plutôt donner l'occasion au ministre de nous exposer
un peu quelle est la situation actuelle en ce qui concerne, en particulier, la
Société générale de financement, qui a perdu, cette
année, $4 millions. Je voudrais savoir si le ministre a pris des
décisions à cet égard, en plus de changer certains membres
du conseil d'administration. Il a été question, depuis longtemps,
que la Société générale de financement verrait son
rôle modifié, je suppose, en vue de rendre cette
société un peu plus rentable qu'elle ne l'a été
jusqu'à maintenant.
Je voudrais également poser une question semblable à
propos de SIDBEC et, à ce sujet, j'aurais une question plus
particulière à poser. Je voudrais savoir si le rapport annuel a
été déposé pour 1977, parce que j'ai seulement
celui de 1976. En 1976, évidemment, quand on regarde la situation de
SIDBEC, elle n'est pas très rose, puisqu'il y a eu encore une perte de
$36 millions l'an passé et que le déficit accumulé est
rendu à $75 millions. J'entends dire qu'au cours de 1977, il y a eu
encore une perte d'une trentaine de millions, ou $40 millions, quelque chose du
genre, et je voudrais savoir, à propos de SIDBEC, comment il se fait
qu'on n'a pas eu l'occasion de revenir sur ce sujet, ce printemps, non
seulement à cause de Quésteel, mais, en plus, à cause du
déficit. Est-ce que ce déficit est financé, à
l'heure actuelle, par le gouvernement, à coups d'avances temporaires?
Comment se fait-il qu'on ne soit pas revenu devant l'Assemblée nationale
à ce propos puisque, l'an-
née dernière, dans les mêmes circonstances, SIDBEC
avait dû soumettre une demande au gouvernement, au cours du mois de
janvier, pour couvrir le déficit de l'année
précédente. Cette année, on est rendu au mois de juin et
il n'y a pas eu encore de demande. On serait très heureux de savoir que
c'est parce que SIDBEC a fait des surplus, mais ce n'est pas ce que la rumeur
publique veut.
M. Marcoux: Vous êtes tellement bien informé.
M. Raynauld: Je n'ai pas essayé de m'informer de
façon très précise parce que, l'année
dernière, j'étais absolument sûr qu'il y aurait un
déficit d'au moins $30 millions, compte tenu des chiffres que les
représentants nous avaient donnés, et je suis encore convaincu,
même si je n'ai pas l'information de première main, que c'est
autour de ce chiffre; cela peut être plus, mais cela ne pourrait pas
être moins.
M. Tremblay: M. le Président, en réponse aux deux
interrogations du député d'Outremont, je commencerai par le cas
de SIDBEC. Le rapport annuel de SIDBEC sera déposé dans quelques
jours, à l'occasion d'une conférence de presse de la direction de
SIDBEC, et, aussitôt qu'il me sera remis, je me ferai un devoir de le
déposer à l'Assemblée nationale.
En ce qui concerne l'achat de Quésteel, j'ai laissé
entendre tout à l'heure cela vaut peut-être la peine que
j'y revienne que, dans la loi constitutive de SIDBEC, le ministre des
Finances peut faire des avances jusqu'à deux ans avant que ces avances
soient confirmées par l'Assemblée nationale. Dans l'achat de
Quésteel, au montant de $27 millions, à la fin de
décembre, il y a eu une avance du ministre des Finances.
Présentement, SIDBEC étudie son plan quinquennal de
développement avec deux sociétés, Kaiser et SNC, et nous
avons aussi au gouvernement un comité d'étude sur SIDBEC et il y
aura acceptation ou non-acceptation de la part du gouvernement de ce plan
quinquennal qui va exiger certains déboursés. À cette
occasion, il est évident que nous allons soumettre à
l'Assemblée nationale un projet de loi pour discuter du plan
quinquennal. Nous allons évidemment inviter les dirigeants de SIDBEC
à venir se soumettre aux questions des membres de l'Assemblée
nationale, mais ce plan quinquennal ne sera pas prêt avant l'automne, de
sorte que c'est ce qui nous empêche d'ouvrir la loi de SIDBEC et de
soumettre la question à l'Assemblée nationale, puisque le
gouvernement lui-même n'a pas encore pris de décision
définitive sur l'orientation future de SIDBEC.
En ce qui concerne la SGF, premièrement, le rapport annuel pour
1977 a été déposé, il y a quelques semaines. Il y
avait eu une perte de l'ordre de $4 millions, mais il faut dire que, l'an
passé, il y avait eu un excédent, un bénéfice de
$489 000; en 1975, un bénéfice de $13 319 000; en 1974, un
bénéfice de $6 875 000 et, en 1973, un déficit de $5 239
000. De sorte que la SGF, depuis au moins trois ou quatre ans, a fait montre
d'une rentabilité financière du moins positive, même si
elle n'était pas extraordinaire. L'an passé, certaines de leurs
filiales, disons treize filiales, ont connu des résultats financiers
assez intéressants, notamment Do-nohue avec un profit qui
dépassait $7 millions. Par contre, d'autres filiales comme Marine, comme
Forano, ont perdu chacune $3 500 000 et une filiale, B.G. CHECO, s'est
trouvée avec un contrat en Iran qui s'est accompagné d'une perte
assez substantielle et qui a été en partie réalisée
au cours de l'année 1977. Ceci, c'est pour l'aspect financier qui est
dans le rapport annuel.
Mais ce que nous avons fait cette année, c'est réorganiser
de fond en comble la SGF en remplaçant sa direction, en renouvelant
passablement le conseil d'administration et en confiant au conseil
d'administration le mandat de soumettre au gouvernement, d'ici la fin de
l'année, mais préféra-blement avant décembre, un
programme de développement de la SGF afin que nous puissions savoir si
le gouvernement devrait investir davantage de fonds dans la SGF pour le
développement économique du Québec et dans quelle
direction et dans quel domaine, etc. Parce que c'est notre ferme intention de
faire jouer à la SGF un rôle central dans le développement
économique du Québec et de considérer cette
société comme étant un "holding" ordinaire dans le domaine
industriel. Il ne s'agit pas pour nous de se servir de la Société
générale de financement pour sauver des canards boiteux ou
résoudre des problèmes de succession; c'est d'en faire un
instrument dynamique de développement industriel. Or, nous avons
nommé M. Guy Coulombe président-directeur général
de la société, et nous avons aussi nommé au conseil
d'administration M. Michel Bélanger, président de la Banque
Provinciale, M. Roland Giroux, ancien président de l'Hydro-Québec
et vice-président de Consolidated Bathurst; M. Fernand Martin,
spécialiste en développement économique à
l'Université de Montréal, de même que M. Claude
Descôteaux, sous-ministre de l'Industrie et du Commerce. Donc, il y a eu
une opération de réorganisation de la SGF qui est
terminée, il y a une opération de réorientation, du moins
dans le type de développement de la SGF, qui est en marche et nous
n'excluons absolument rien. Nous avons donné un mandat très large
au conseil d'administration pour fournir un rapport, des recommandations au
gouvernement qui agira dès que nous aurons reçu ce rapport.
Le Président (M. Michaud): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, sur SIDBEC, je voudrais
avoir une petite précision. Est-ce que ce qui est vrai du
capital-actions, c'est-à-dire que la société peut oeuvrer
pendant deux ans avant que le gouvernement soit tenu de revenir devant
l'Assemblée nationale, est également vrai pour les prêts et
les avances? Autrement dit. comment SIDBEC se finance-t-elle à l'heure
actuelle? On sait que... (16 h 30)
M. Tremblay: Ce que j'ai dit, c'est que la Loi
de SIDBEC permet au ministre des Finances d'effectuer des avances...
M. Raynauld: Des avances pendant deux ans, même pour les
opérations courantes.
M. Tremblay: C'est ça. M. Raynauld: Ahbon.
M. Tremblay: Sans que le capital-actions lui-même ne soit
accru. Mais après deux ans, préférablement avant deux ans,
il faut que ce soit confirmé ou infirmé par l'Assemblée
nationale. En décembre dernier, nous avons fait une avance de $27
millions; par conséquent, d'ici treize ou quatorze mois, il va falloir
nécessairement avoir une loi devant l'Assemblée nationale.
M. Raynauld: À propos de la SGF, j'ai pris note des
renseignements que vous nous avez donnés. Je voudrais savoir si le
projet Donohue-Saint-Félicien est complété. Non? Ensuite,
s'il y a d'autres engagements pris à l'heure actuelle ou qui pourraient
être pris avant que nous ayons l'occasion d'examiner, conformément
au mandat qui a été confié à la SGF, les projets du
gouvernement à propos de la SGF pour l'avenir.
M. Tremblay: En ce qui concerne Donohue-Saint-Félicien, le
projet est pratiquement complété et devrait commencer à
entrer en opération en septembre. Vous savez, il y a eu des
problèmes de pollution. Nous ne voulions pas mettre en danger la
ouananiche dans la région. Il y a eu construction d'un pipe-line pour
déverser les résidus dans le lac Saint-Jean. Le projet est
à jour et devrait permettre à l'entreprise de commencer à
produire en septembre.
Dans nos propres crédits, nous avons une entente auxiliaire avec
le MEER qui nous permet d'avancer $25 millions à
Donohue-Saint-Félicien pour les dépenses d'infrastructures. Donc,
au programme 3, élément 3, on retrouvera ce point de financement
à Donohue-Saint-Félicien.
M. Raynauld: Je voudrais poser une dernière question sur
ces sociétés. Est-ce que le ministre pourrait nous expliquer
quelles sont ses relations en tant que ministre tuteur avec ces
sociétés? Est-ce qu'il y a des rencontres fréquentes?
Est-ce que c'est un examen que le ministre fait d'une façon
périodique, d'une façon annuelle? Est-ce qu'il est une simple
boîte aux lettres pour passer les demandes? Quelles sont les relations
entre un ministre tuteur et les sociétés comme SIDBEC et la
SGF?
M. Tremblay: M. le Président, dans le cadre des
sociétés d'État qui sont régies par une loi
spéciale du Parlement, qui sont dotées d'un conseil
d'administration régi par la troisième partie de la Loi des
corporations, les sociétés relèvent directement du
ministre et non pas du ministère. C'est un point très important
qu'il faut distinguer.
Dans le passé, quand nous avons pris le pou- voir, c'était
vraiment ça, le ministre était responsable de toutes ces
sociétés d'État, mais se fiait au conseil d'administration
de chacune des sociétés pour appliquer le mandat que leur
confiait la loi. On s'est vite rendu compte que le ministre devait avoir des
renseignements techniques qui devaient être différents ou provenir
de sources différentes de celle de la direction de ces entreprises. De
là notre démarche en vue de créer un poste de
sous-ministre responsable des sociétés d'État au
ministère de l'Industrie et du Commerce et un au niveau du Conseil
exécutif pour surveiller la planification à moyen terme des
budgets d'expansion des sociétés d'État pour qu'on puisse
savoir au moins, comme gouvernement, quels étaient les engagements
extrabudgétaires que les sociétés d'État
entreprenaient de faire au cours d'un exercice financier et les forcer à
se doter de plans de développement. On s'est rendu compte que certaines
sociétés n'avaient pas de plan de développement. C'est le
cas de la SGF. C'est pour ça que nous avons confié un mandat pour
qu'elle se dote d'un plan de développement. Donc, au niveau du Conseil
exécutif, on a un sous-ministre qui surveille les plans et qui conseille
le premier ministre et le ministre des Finances, en particulier, concernant les
plans d'expansion de la société et au niveau du ministère
de l'Industrie et du Commerce, nous avons un sous-ministre responsable. Il
n'est pas question, pour le ministre de l'Industrie et du Commerce, de
s'immiscer dans le fonctionnement quotidien de ces sociétés. Il
est vrai que je reçois parfois des revendications de la part de
syndicats ou d'acheteurs, de certaines sociétés, comme le cas de
SIDBEC, se plaignant de quelque aspect du fonctionnement de la
société d'État.
Mais je ne m'implique pas quotidiennement dans le fonctionnement de la
société d'État. Il m'arrive de rencontrer les
administrateurs de la société, le conseil d'administration. Je me
fais un devoir, au moins lors de la présentation du rapport annuel,
d'assister à la réunion des actionnaires, comme actionnaire
représentant le gouvernement. Mon sous-ministre aux
sociétés d'État est en contact, sur une base mensuelle,
avec l'exécutif de la société dans le but de voir s'il n'y
a pas de problèmes qui sont en train de se développer, que le
ministre devrait peut-être connaître, avant qu'ils ne deviennent
trop avancés.
Comme je l'ai déjà dit en conférence de presse,
nous gardons un intérêt prudent à l'endroit des
sociétés d'État. Nous les surveillons, mais nous ne
voulons pas nous immiscer dans leur fonctionnement quotidien. Cela ne veut pas
dire que nous ne souhaitons pas qu'il y ait un plus grand dynamisme dans les
sociétés d'État, une plus grande efficacité et une
plus grande rentabilité.
C'est là où la responsabilité ministérielle
est la plus forte. Je pense que le gouvernement est responsable de
l'administration des sociétés d'État et lorsqu'il juge que
des sociétés sont mal administrées, il doit changer soit
le conseil d'administration, soit la direction de ces sociétés.
Il faut tenir compte, par contre, de facteurs
particuliers. Par exemple, dans le cas de l'acier, British Steel a fait
un déficit de $1 milliard l'an passé, Bethlehem Steel, $400
millions. Il y a eu une récession et nous sommes partis trois quarts de
siècle en retard dans le domaine de l'acier, avec SIDBEC. Même
s'il y a eu un déficit de l'ordre de $36 millions, ce n'est pas un
phénomène isolé. Cela ne le justifie pas, mais ce n'est
pas un facteur qui est isolé.
Nous avons donc l'intention d'être assez énergiques
à l'endroit des sociétés d'État parce que nous
avons besoin de l'apport économique des sociétés
d'État. Nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers dans ce
domaine. On sait bien que le secteur privé, en général, au
Québec, a plus de difficultés qu'ailleurs, parce qu'on a eu
depuis longtemps une économie satellisée, les grands centres de
décision sont à l'extérieur. C'est évident que les
sociétés d'État doivent jouer un rôle de catalyseur
dans le développement économique. Cela ne veut pas dire qu'on ne
doit pas stimuler les petites et moyennes entreprises à fond. Nous le
faisons. Mais comme nous avons un rattrapage économique
extrêmement important, il est évident que nous voulons que les
sociétés d'État jouent un rôle plus important.
Donc, mon rôle, comme ministre de l'Industrie et du Commerce,
c'est de stimuler les sociétés d'État sous ma direction,
sous ma responsabilité, de ne pas m'immiscer quotidiennement, mais de
juger les administrateurs, et, au besoin, recommander à l'ensemble du
gouvernement de prendre des actions qui concernent la direction et les
investissements de ces sociétés.
M. Raynauld: M. le Président, la loi-cadre, vous en avez
dit un très bref mot hier. Elle est attendue pour bientôt, cette
loi-cadre? Ce serait quoi, cette loi-cadre pour les sociétés
d'État? Il y a une loi-cadre que vous préparez pour...
M. Tremblay: Nous sommes présentement à
préparer, au niveau du Conseil exécutif, des critères de
performance des sociétés d'État. C'est une chose qu'on a
constatée lorsqu'on est arrivé au pouvoir. Il y a une multitude
de sociétés d'État qui ont des vocations
différentes et, par conséquent, ne peuvent pas être
évaluées de la même façon.
Dans le cas de SIDBEC, la loi disait: Vous créez un complexe
sidérurgique intégré, sans mentionner si la contrainte des
coûts était un facteur important ou pas. Ils sont allés,
ils ont ouvert SIDBEC-Normines et ils ont intégré. Mais il y a eu
des décisions qui n'étaient peut-être pas rentables sur le
plan économique. On veut avoir des critères d'évaluation
pour chacune des sociétés d'État et nous voulons aussi que
les sociétés d'État soumettent obligatoirement un plan de
développement pour trois ou cinq ans. Critères de performances,
plans de développement vont devoir servir de guides et devenir
obligatoires pour les sociétés d'État.
À savoir si nous allons mettre cela dans une loi-cadre, cela
reste à voir. Je ne sais pas si cela nécessitera une loi-cadre.
Chose certaine, pour les ministres responsables, ce sera extrêmement
utile d'avoir une position gouvernementale publique, évidemment, lorsque
ceci sera prêt, pour vraiment évaluer les sociétés
d'État et prendre les mesures en conséquence lorsqu'il y aura
dérogation soit au plan de développement, soit à la
performance anticipée.
M. Raynauld: Le sous-ministre en charge des
sociétés d'État est-il également chargé de
faire une étude sur les sociétés d'État et de voir
quel est le rendement de ces sociétés et leur impact sur
l'économie québécoise?
M. Tremblay: Nous ne voulons pas encore créer un autre
appareil bureaucratique trop lourd. Nous avons un sous-ministre qui est
responsable de neuf sociétés d'État. Cela fait quand
même $3 milliards ou $4 milliards quand on met tout cela ensemble. Il
arrive parfois qu'il fasse faire des études à l'extérieur
pour des projets particuliers. Par exemple, nous avons eu un problème
avec Marine, qui est une filiale de la SGF, au cours de l'été
passé. On a fait faire une analyse-comptable précise pour avoir
des renseignements indépendants de l'administration. Le sous-ministre
s'est doté de quelques analystes, du moins, il y en a un qui est en
place. L'idéal serait d'avoir au moins un analyste pour chacune des
sociétés au bureau du sous-ministre, mais on va le faire
graduellement on ne veut pas créer un gros appareil pour
qu'au moins on suive statistiquement ce qui se passe dans les
sociétés d'État. Prenez seulement la Société
des alcools; elle représente $500 millions, incluant les embouteillages,
etc., SIDBEC. $1 milliard; SGF, $500 millions, sans compter d'autres
sociétés.
C'est donc d'avoir le plus de renseignements possible, de faire appel
aux services existants du ministère. Par exemple, s'il s'agit de
développer la pétrochimie, si la BGI a des programmes dans la
pétrochimie et que certains investisseurs aimeraient s'associer à
une entreprise d'État comme la SGF, nous pourrons les mettre ensemble
par le truchement du sous-ministre responsable de la société
d'État. Le sous-ministre d'État remplit un rôle
d'entremetteur en plus d'un rôle de conseiller auprès du ministre
sur l'évolution des sociétés d'État.
M. Raynauld: Si ce n'est pas au niveau du sous-ministre
chargé des sociétés d'État, y a-t-il d'autres
ministères ou d'autres organismes au gouvernement qui font l'analyse,
à l'heure actuelle, des sociétés d'État au
Québec pour voir quel est le rendement de ces sociétés,
quel est l'impact, ce qu'elles apportent de positif, de négatif, au
besoin dans l'économie du Québec?
M. Tremblay: II y a trois niveaux...
M. Raynauld: C'est une des choses qui me frappent, que ces
sociétés soient devenues si importantes. Franchement, il n'y a
à peu près pas d'information qui existe autre que le bilan
publié dans les rapports annuels. Je n'ai pas vu d'études
sérieuses sur ce sujet. L'OPDQ en a publié une il y a
quelques mois. Franchement, je pense que l'objectif de l'étude
n'était pas de faire une analyse approfondie. Cela a plutôt
été une analyse descriptive des activités, etc. Il n'y a
même pas de bilan, il n'y a même pas de comptes d'exploitation.
Vous vous rappellerez, M. le ministre, que l'année passée, quand
on a commencé à examiner la question de SIDBEC, on en
était à des questions vraiment élémentaires,
à savoir quelle était la valeur ajoutée par
employé, par exemple. J'ai posé une question comme
celle-là, cela n'existe pas. Sur les choses les plus courantes, les plus
communes, on n'a pas d'informations.
Si je pose la question, c'est un peu pour vous encourager à faire
entreprendre des études de ce genre, surtout si vous avez l'intention
d'imposer des critères de performance, ce sur quoi je suis
entièrement d'accord. Mais il me semble que pour les imposer, il va
falloir d'abord les définir et savoir dans quelle mesure ces
critères sont conformes au moins à l'histoire et peuvent
être atteints, etc. Si, encore une fois, de telles études
n'existent pas, il y aurait lieu de penser à faire entreprendre des
études comme celles-là, sinon chez vous, au moins ailleurs. (16 h
45)
M. Tremblay: M. le Président, je constate que le
député d'Outremont est beaucoup plus près du
présent gouvernement dans son approche à l'endroit des
sociétés d'État que l'ancien gouvernement. Il y a
présentement trois niveaux d'étude qui ont cours. J'ai
mentionné au niveau du Conseil exécutif un sous-ministre
d'État, appuyé de services techniques, qui est en train
d'établir des critères de fonctionnement et de performance et de
les définir. Aussitôt que nous allons les avoir cela va être
beaucoup et nous allons les rendre publics. Évidemment, il y a
l'Industrie et Commerce, comme je viens d'expliquer, c'est une opération
qui est en marche. Il y a le ministère des Finances aussi qui souvent
est l'actionnaire des sociétés d'État. On a un dossier sur
chacune des sociétés d'État, sur les montants qu'il faut
avancer, les raisons, etc., de sorte qu'il y a une triple responsabilité
du gouvernement. Il va falloir que ces responsabilités soient
complémentaires, la responsabilité financière du
ministère des Finances, la responsabilité à moyen terme du
Conseil exécutif et la responsabilité, je dirais, sur une base
annuelle du ministre tuteur et de ses services.
Mon intention et celle du gouvernement, c'est d'intensifier ces
renseignements sans devenir omniprésent dans le fonctionnement des
sociétés d'État. Je pense que la population du
Québec a droit au maximum de renseignements sur ces
sociétés. Il s'agit des fonds publics, il s'agit
d'investissements de l'ensemble de la population du Québec. Il ne s'agit
donc pas d'investissements qui ont été faits à fonds
perdus. Il s'agit d'investissements qui doivent rapporter. Il s'agit de
définir la rentabilité. C'est vrai qu'il ne s'agit pas d'une
rentabilité financière à court terme, dans certains
secteurs, mais il y a une rentabilité sociale, une rentabilité
économique qui doit être prise en considération. Il nous
faut suivre de près ces investissements afin d'en rendre compte à
la population. C'est vraiment notre intention de remplir ce mandat
auprès de la population. C'est ce que tout gouvernement en
système démocratique, devrait faire. Comme nous prétendons
que nous sommes un bon et un gouvernement compétent, c'est ce que nous
allons faire.
M. Raynauld: Ne parlez pas trop longtemps parce que vous ne serez
peut-être plus là.
M. Tremblay: Ce serait un désastre, parce qu'on
reviendrait à ce qui existait avant 1976. Vous n'étiez pas
là, M. le député d'Outremont, mais on a
laissé...
M. Raynauld: Non, vous non plus.
M. Tremblay: ... les sociétés d'État
s'enliser.
M. Raynauld: J'ai terminé mes questions.
Le Président (M. Blank): Je pense que le
député de Rimouski a une question.
M. Marcoux: Oui, j'ai deux questions à poser sur les
sociétés d'État. Voici la première. Est-ce que vous
prévoyez des changements importants à certaines lois
constitutives des neuf sociétés d'État dont vous
êtes responsable?
La deuxième question: Vous avez parlé de la
nécessité pour les sociétés d'État de se
doter d'un plan quinquennal de développement. Parmi les neuf
sociétés dont vous êtes responsable actuellement, est-ce
qu'il y a des sociétés et lesquelles ont un tel plan quinquennal
de développement ou lesquelles sont en train d'en préparer un
à votre demande ou lesquelles...
M. Tremblay: II y en a au CRIQ. La Société
Inter-Port nous a soumis un programme de développement aussi il y a
quelque temps.
M. Marcoux: Est-ce que le programme que la Société
Inter-Port vous a soumis, a été analysé, adopté?
Est-ce que le gouvernement s'est prononcé ou est-ce que le
ministère...
M. Tremblay: Pas encore de façon définitive. La
Société Inter-Port relève, en partie, de moi, mais en
partie aussi, du ministre responsable du MEER. Nous avons fait une analyse. Je
ne l'ai pas encore moi-même entérinée, mais aussitôt
que je l'entérinerai, nous allons la soumettre au Conseil des ministres.
Cela ne devrait pas trop tarder.
M. Marcoux: Est-ce que cela peut avoir des effets positifs ou
négatifs dans le développement de Cacouna?
M. Tremblay: Non, cela touche uniquement la région de
Québec.
M. Marcoux: D'accord.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Frontenac, vous avez une question?
M. Tremblay: Je vais continuer la réponse.
Évidemment, il n'y a que quelques mois que la
Société des alcools n'est tombée sous ma juridiction. Il
en est résulté la loi 21. Il est évident... Il y a un plan
de développement touchant l'ouverture des succursales... J'aimerais voir
la Société des alcools remplir un rôle commercial et
industriel un peu plus dynamique, quoiqu'elle est déjà
passablement dynamique, mais il y a des domaines où la
Société des alcools pourrait étudier la rentabilité
commerciale et industrielle d'interventions ou d'investissements.
Évidemment, la Société des alcools relève du
ministre des Finances en ce qui concerne son rôle fiscal, de sorte que le
ministre de l'Industrie et du Commerce ne peut pas se servir des profits de la
Société des alcools pour l'expansion. Quand même, il y a un
programme de développement qui est en marche. Pour SIDBEC, j'ai
mentionné tout à l'heure...
M. Raynauld: Cela viendra.
M. Tremblay: Cela viendra...
Pour SIDBEC, j'ai mentionné tout à l'heure que SIDBEC est
en train de préparer un plan quinquennal de développement, mais
le gouvernement lui-même ne s'est pas encore prononcé sur ce
plan-là, parce qu'il a été déposé à
la société, mais n'a pas encore été soumis par le
conseil d'administration de SIDBEC.
À la SGF, nous avons confié à la nouvelle direction
le mandat de nous soumettre un plan de développement; il n'y en avait
pas.
Quant à la Société de développement
industriel, j'ai déjà indiqué que nous voulions,
premièrement, mettre sur pied une société d'exportation
qui serait sans doute rattachée à la SDI et nous voulons aussi
revoir le mandat de la SDI, peut-être même... Là, je ne peux
rien annoncer, mais il est évident qu'il est possible que nous
créions soit une filiale de la SDI, soit une société qui y
soit rattachée autrement pour remplir ce que j'appellerais le "no man's
land" qui existe entre la Société générale de
financement, qui est une société de développement
industriel, et la SDI, qui est une société d'aide
financière aux investissements.
Donc, au cours de l'année...
M. Marcoux: Ce "no man's land", est-ce que ça concerne la
réorganisation des entreprises ou des secteurs industriels en
difficulté?
M. Tremblay: Ceci en particulier, non pas créer une
société...
M. Marcoux: Non, je vous demanderais simplement de définir
ce "no man's land".
M. Tremblay: Oui, le principal "no man's land", c'est que la SGF
est un maître d'oeuvre industriel qui prend le contrôle d'une
société et qui l'administre, etc., un holding industriel. La SDI
fait des subventions, des prêts, etc., dans le but d'apporter une aide
financière à des projets. Elle prend parfois des participations
au capital-actions, mais sur une base temporaire, se retire, vient, etc., et il
est évident que la présence québécoise dans
l'économie est toujours un peu à recommencer finalement. On a la
Caisse de dépôt elle aussi qui investit, mais elle doit se retirer
pour payer ses rentes, et nous étudions la possibilité
présentement d'avoir soit une filiale de la SDI, soit une autre
société, mais je penche présentement en faveur d'une
filiale, dans le but de s'impliquer dans "l'aide financière" sous forme
de capital-actions lorsque les projets sont de trop grande dimension et
comportent des risques trop importants, mais non pas sur une base temporaire,
non pas pour s'en retirer, pour affirmer la présence
québécoise dans plusieurs secteurs, surtout ceux rattachés
aux matières premières dans d'autres secteurs.
Donc, au cours de l'année, nous devrions rouvrir la Loi de la SDI
et rouvrir tout ce champ d'activités. Ceci est à l'étude.
J'aurais aimé le faire cette année, mais ceci comporte quand
même beaucoup d'éléments et il n'y a pas eu de
décision gouvernementale encore, ferme, sur ceci; dès que nous
aurons une décision gouvernementale, j'en ferai l'annonce. Pour la SDI,
par conséquent, c'est très bien, c'est en marche.
La Société du parc industriel du Centre du Québec,
évidemment, administre un parc industriel en particulier et nous voulons
aussi redonner à une autre société d'État, la
Société du parc industriel et commercial de Mirabel, un autre
départ.
J'ai essayé, auprès du gouvernement fédéral,
de faire déclarer ce parc zone franche. Je suis revenu à la
charge il y a quelque temps auprès du ministre Lessard, du MEER, pour
qu'il m'appuie auprès de son collègue, le ministre du Revenu,
afin que nous puissions tirer profit de cet éléphant blanc qu'est
Mirabel avant que d'autres villes d'Amérique du Nord nous rattrapent et
qu'on ait laissé passer une telle occasion.
Nous allons nommer un nouveau président, dans les jours qui
viennent, pour la Société du parc industriel et commercial de
Mirabel, et nous avons l'intention de suivre la situation de très
près, en collaboration avec le ministère des Transports du
Québec, mais aussi en collaboration avec le ministère de
l'Expansion économique régionale et Transport Canada, dans le but
de faire de ce parc industriel autour de Mirabel un parc qui n'enlève
rien aux autres parcs régionaux, mais qui amène de l'eau au
moulin industriel au Québec, en attirant des entreprises qui feraient de
l'assemblage pour réexportation, surtout aux États-Unis, à
s'implanter dans le parc.
Mais, encore là, il y a eu un certain piétinement et
j'espère que ça va se régler dans les mois qui
viennent.
Rapidement, sur le Conseil général de l'industrie,
là encore, nous avons des projets pour ce conseil. C'est un peu une
institution qui a été laissée pour compte; nous
étudions présentement la possibilité de créer un
conseil économique et social.
M. Marcoux: Est-ce qu'il s'est réuni l'an dernier?
M. Tremblay: II ne s'est pas réuni l'an passé.
M. Marcoux: II y a deux ans?
M. Tremblay: Je les ai rencontrés, évidemment,
comme ministre responsable. Il n'y a pas eu de grand déploiement comme
un voyage à Tokyo, comme dans le passé. Dans ce domaine, le
sommet de La Malbaie nous a laissé voir qu'il y avait peut-être la
possibilité d'avoir une sorte de conseil qui réunirait les grands
agents de l'économie, mais pas simplement les présidents des
grandes banques et les présidents de grandes compagnies; il faudrait que
les PME soient représentées, il faudrait que les
coopératives soient représentées, il faudrait que les
associations des consommateurs soient représentées, il faudrait
peut-être aussi que les syndicats soient représentés, les
dirigeants syndicaux, pour que le gouvernement puisse se servir de ce conseil
comme d'un j'ai le mot anglais "sounding board", pour certaines
grandes politiques à saveur économique. Il n'y a pas encore de
décision de prise sur cela, mais c'est en gestation. Encore là,
je pense qu'il ne faut pas improviser, je pense que ce n'est pas au
gouvernement à bousculer; il faut que les agents économiques
eux-mêmes acceptent de participer, mais c'est possible. C'est la
direction dans laquelle j'aimerais que nous nous dirigions, mais je n'ai pas
encore fait de recommandation ferme au Conseil des ministres sur ce sujet.
M. Marcoux: À la première question, vous avez
indiqué qu'il y avait une loi qui serait possiblement modifiée,
celle de la Société de développement industriel. Est-ce
que vous prévoyez qu'il y a d'autres lois constructives des
sociétés qui seraient modifiées cette année?
M. Tremblay: La SGF et SIDBEC. M. Marcoux: Les deux
lois.
M. Tremblay: Modifiées dans le sens que j'ai dit tout
à l'heure, soit augmentation du capital-actions, soit
réorientation du plan de développement.
Le Président (M. Blank): M. le ministre, on m'a dit qu'il
y avait un nouvel arrangement.
M. Tremblay: Est-ce qu'on peut demander au leader de l'Opposition
quel est le nouvel arrangement, parce que nous, nous sommes de pauvres
serviteurs, nous sommes à votre merci.
M. Lavoie: Je ne suis pas membre de cette commission, je n'ai
même pas le droit de parole.
M. Marcoux: Vous avez le droit de parole; tous les
députés ont le droit de parole.
M. Raynauld: À la condition d'avoir une permission du
président.
M. Tremblay: Accordé.
Le Président (M. Blank): M. le leader de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: Après une nouvelle rencontre avec le
député de Saint-Maurice, le leader adjoint, pour accommoder le
ministre d'État à l'énergie, il semble que cette
commission vous pourrez confirmer avec votre collègue
suspendrait ses travaux à 18 heures; ce soir, ce serait la commission de
l'énergie et on trouverait un autre moment, soit dans le courant de la
semaine ou la semaine prochaine, pour tenir une autre séance. C'est la
demande du député de Saint-Maurice.
M. Tremblay: On avait discuté, M. le Président,
auparavant, la possibilité de continuer jusqu'à 19 heures, avant
que la proposition de reprendre à 20 heures ne soit avancée. S'il
y avait unanimité, nous pourrions continuer jusqu'à 19 heures et
revenir, peut-être, vendredi soir ou samedi matin, pour continuer par
après.
M. Raynauld: Pourquoi pas dimanche?
M. Lavoie: Après la basse messe, dimanche?
M. Tremblay: Est-ce qu'on pourrait continuer jusqu'à 19
heures?
M. Raynauld: Je ne sais pas ce que cela donne. On va trouver le
temps, soit dans le courant de la semaine, ou la semaine prochaine.
M. Tremblay: C'est parce que l'un des problèmes, c'est que
nous avons la loi 37 sur l'Institut national de productivité, qui doit
être étudiée article par article, il y a quand même
27 articles, et nous devons revenir devant cette commission.
M. Lavoie: Ce n'est pas cette semaine, la loi 27.
M. Tremblay; Oui, elle a été passée en
deuxième lecture le 1er juin.
M. Lavoie: Oui, mais elle n'est pas prévue dans les
travaux des commissions de cette semaine.
M. Tremblay: La semaine prochaine, mais, cette semaine, c'est pas
mal serré, d'après ce que je vois. Cela ira à vendredi
soir, d'après ce qu'on me dit, ou samedi matin, mais on pourrait
continuer jusqu'à 19 heures, parce qu'il est possible qu'on soit assez
avancés, à 19 heures.
M. Lavoie: Soyez assuré qu'on ne siégera pas le
samedi matin. Pour votre information, ce n'est pas prévu au
règlement.
M. Tremblay: Je suis disponible, si le député
d'Outremont l'est.
Une voix: Dimanche?
M. Raynauld: Pour les vêpres seulement.
M. Grégoire: On n'a pas compris. Le leader parlementaire
parlait dans l'autre direction.
Le Président (M. Blank): La motion que j'ai devant moi,
c'est six heures. S'il y a consentement, on peut faire des changements, mais,
pour moi, c'est six heures.
M. Tremblay: S'il y avait consentement, on pourrait aller
jusqu'à sept heures.
M. Raynauld: Le problème, en ce qui me concerne, c'est que
je trouve que, premièrement, cela ne donne rien, ce n'est pas une heure
de plus qui va nous faire adopter les crédits; deuxièmement, si
on va à l'énergie, il faut que j'y aille aussi. Je voudrais bien
avoir te temps de manger. On est rendu qu'on bouscule les affaires. Il n'y a
plus rien qui tient.
M. Tremblay: II faudrait dire que j'étais disponible hier
après-midi et hier soir pour siéger et, finalement, j'ai appris
qu'on ne siégeait pas.
M. Raynauld: II y avait trois commissions hier et cela a
été une entente entre les partis pour qu'on ne siège
pas.
M. Tremblay: C'est en partie aussi pour vous accommoder, hier
soir, je pense, qu'on n'a pas siégé.
M. Raynauld: En partie, mais ce n'est pas seulement à
cause de cela.
Le Président (M. Blank): Je pense que ce n'est pas la
place pour en discuter. Cela a été arrangé en Chambre.
C'est seulement la question du consentement qu'on peut discuter ici, pas
plus.
M. Tremblay: Je pense qu'étant donné que le
député d'Outremont doit siéger à la commission de
l'énergie à huit heures, ce serait trop demander que de continuer
jusqu'à sept heures; donc, on pourra ajourner les travaux à six
heures.
M. Lavoie: On va trouver un autre moment...
Le Président (M. Blank): Vous n'avez pas droit de
parole.
M. Grégoire: On peut continuer à dix heures demain
matin.
Le Président (M. Blank): C'est la Chambre, demain matin
à dix heures.
M. Grégoire: À onze heures?
Le Président (M. Blank): II y a deux commissions et la
Chambre.
M. Lavoie: Tout est prévu.
M. Grégoire: Peut-être que le leader parlementaire
de l'Opposition officielle accepterait qu'on fasse siéger trois
commissions pendant le mois de juin?
M. Lavoie: Je n'ai pas d'instruction à donner à
quiconque.
Le Président (M. Blank): On va continuer l'étude
des crédits. Qui avait la parole? C'est le ministre, je pense, qui avait
la parole.
M. Tremblay: M. le Président, j'ai répondu à
la question du député de Rimouski.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: II y a plusieurs millions là-dedans.
M. Tremblay: Cela fait $10 millions depuis le début.
M. Dubois: II n'y a pas une industrie là? M. Tremblay:
II n'y en a pas une seule.
M. Dubois: II n'y a personne. L'infrastructure est
prête?
M. Tremblay: Non, pas complètement. M. Tremblay:
Non, pas complètement. M. Dubois: En partie, au moins.
M. Tremblay: En partie. Le problème, c'est que le
réseau des égouts n'est pas complété et c'est
surtout les voies d'accès qui ne sont pas complétées, et
il y a eu une erreur au début. On avait localisé le parc au sud
de l'aéroport en croyant qu'il y aurait une piste pour les cargos; or,
on n'avait pas prévu le développement des transporteurs mixtes du
genre 747, DC-10 et Lockheed L-111, avec la conséquence que, maintenant,
le cargo se transporte avec les passagers et c'est la piste du nord qui est
utilisée. Il va falloir que le parc soit rattaché à la
partie nord de Mirabel pour qu'il devienne utilisable. Donc, à cause de
cette erreur de planification dans le passé je présume
qu'on ne pouvait pas planifier l'arrivée des 747 le parc a
été mal situé; donc, il s'agit ici de sauver les meubles,
d'essayer de rapprocher ce parc par des moyens de transport, des voies de
transport, mais aussi, je pense que c'est absolument essentiel de donner une
carte de visite à ce parc à travers le monde.
C'est pour cela que je reviens sur le fait qu'il faut absolument que
cela devienne une zone franche. Aux États-Unis, on a une trentaine de
zones franches. Il y en a à Francfort, il y en a à Singapour. Le
député de Saint-Louis qui est présentement notre
président pourrait en témoigner, parce qu'il revient de
Singapour. Il y a énormément de zones franches. Au Canada, au
plan
économique, on sait que l'imagination n'est pas au pouvoir
à Ottawa, mais, dans le domaine des zones franches, non seulement ces
gens ne sont pas au pouvoir, mais ils sont vraiment bloqués sur cela. La
seule façon, je pense, de relancer ce parc industriel, c'est d'en faire
une zone franche pour qu'on tire les profits économiques de cet
éléphant blanc. J'en ai parlé au ministre responsable du
MEER, j'ai dit: Parlez-en à votre ministre du Revenu. Entre
parenthèses aussi, au plan international et le
député de Saint-Louis peut confirmer ce que je vais dire
Mirabel et Dorval ne sont pas des exemples d'accueil pour les passagers. On
nous considère un peu comme dans une écurie lorsqu'on arrive; on
est des criminels en puissance. Dans tous les aéroports du monde, on
laisse le choix aux passagers de passer rapidement s'ils n'ont rien à
déclarer et une autre voie...
M. Lavoie: Êtes-vous déjà entré en
Tanzanie, vous?
M. Tremblay: Oui, et à Nouakchott, en Mauritanie,
où j'ai eu à peu prés les mêmes difficultés,
mais il faut dire que ce sont des pays assez jeunes dans leur
développement.
Donc, cela me fait rire un peu quand je vois toutes ces annonces, M. le
Président, qui se font à même les fonds publics, en plus
des $50 millions que le fédéral paie en déficit pour
cela.
M. Raynauld: Occupez-vous donc de vos affaires, cessez donc de
passer votre temps à blâmer tout le monde parce qu'il ne se fait
rien avec le parc.
M. Tremblay: M. le Président, je suis le ministre
responsable du parc industriel de Mirabel.
M. Raynauld: Faites donc quelque chose avec le parc, vous ne
faites rien avec le parc.
M. Tremblay: Ce n'est pas moi... Vous voterez oui au
référendum et vous allez voir qu'on va se servir de
l'aéroport. Je regrette...
M. Raynauld: Faites donc des voies d'accès, occupez-vous
de vos affaires à vous autres, au lieu de passer votre temps...
M. Tremblay: ... le fait de déclarer la zone franche, M.
le Président, ce n'est pas un gouvernemental provincial et
provincialisé comme...
M. Grégoire: D'ailleurs, c'est déposé, la
place, le gouvernement du Québec avait proposé...
M. Tremblay: Ils ont tout fait, ils ont tout fait.
M. Grégoire: ... de le mettre ailleurs, je me rappelle ce
temps-là.
M. Raynauld: C'est parce que c'est leur argent...
M. Tremblay: Si c'est leur argent, qu'ils administrent, grands
dieux!
M. Grégoire: C'était pour aider Ottawa plutôt
que Montréal qu'ils l'ont placé là.
Le Président (M. Blank): On n'est pas sur le parc
industriel.
M. Tremblay: Sur le fond de la question, M. le Président,
ce qui bloque le plus le développement de ce parc, ce ne sont pas les
fonds injectés, il y a eu de l'argent injecté, c'est que le
gouvernement fédéral ne veut pas prendre de décision dans
le domaine de la zone franche, c'est clair. L'autre décision, qu'il la
prenne en ce qui concerne Dorval par rapport à Mirabel.
M. Raynauld: Avez-vous une politique là-dessus?
M. Tremblay: M. le Président, le transport de
Dorval...
M. Raynauld: Le gouvernement a une politique
là-dessus?
M. Tremblay:... relève de Transport Canada et Mirabel
relève de Transport Canada.
M. Raynauld: Vous écrivez constamment des lettres au
ministre de l'Industrie et du Commerce, en avez-vous écrit des lettres
là-dessus, avez-vous une politique comme gouvernement sur la fermeture
de Dorval?
M. Tremblay: M. le Président, c'est un peu un des
problèmes. Finalement, le gouvernement du Québec doit remplir le
rôle de deux gouvernements dans le domaine économique pour le
Québec, avec un demi-budget. Ce que vient de dire le
député d'Outremont vient encore confirmer cela. Il faudrait que
ce soit toujours au gouvernement du Québec de prendre les
décisions pour le gouvernement fédéral, parce qu'il n'y a
pas de gouvernement pour le Québec au niveau fédéral,
c'est toujours la même chose. On est toujours obligé de lui dire
quoi faire et il le fait toujours à moitié, quand on lui dit
quelque chose. Dans le domaine des contingentements des textiles, il ne l'a pas
fait, il l'a fait pour le vêtement, il ne l'a pas fait pour le
textile.
Là, on voudrait qu'on ait une politique du transport
aérien pour Mirabel, alors que c'est un aéroport
fédéral, que c'est administré par des fonds
fédéraux, que c'est administré par Transport Canada. On
voudrait que ce soit nous.
M. Raynauld: Si vous ne voulez pas avoir de politique, cessez de
critiquer.
M. Tremblay: La politique, c'est de maximiser. J'en ai une
politique, on en fait une zone franche, c'est notre responsabilité.
M. Raynauld: Si vous voulez qu'on discute un jour de la zone
franche, on en discutera.
M. Tremblay: Discutons-en, êtes-vous contre? M. Dubois:
Discutez avec le fédéral, monsieur.
M. Tremblay: J'ai commencé, je viens de le dire.
M. Lavoie: Est-ce que vous avez de la correspondance?
M. Dubois: Y a-t-il eu des discussions?
M. Lavoie: Est-ce que vous avez eu de la correspondance? Je vous
demande ça...
M. Tremblay: De la correspondance...
M. Lavoie: Pourriez-vous déposer cette correspondance?
M. Grégoire: Des pétitions, des pétitions,
des résolutions votées par l'Assemblée nationale.
M. Lavoie : Ce n'est pas au député de Frontenac,
c'est au ministre que je pose la question.
M. Tremblay: Je vérifierai, je me rappelle qu'en
décembre, j'avais demandé, lors d'une rencontre officielle avec
le ministre Lessard, que ce soit décrété, j'ai
rencontré le ministre Lessard, parce que c'est mon interlocuteur
fédéral, parce qu'on est actionnaires du SPICAM, 40% lui et 60%,
moi. C'est donc mon interlocuteur auprès du gouvernement
fédéral et c'est avec lui que j'ai mes rencontres. C'est encore
plus important que des lettres, j'ai des rencontres face à face. J'en ai
eu deux sur le cas Mirabel. Il dit lui-même qu'il est passablement
d'accord, qu'il va faire des recommandations à son collègue, mais
je pense que votre suggestion est peut-être bonne, il faudrait
peut-être que j'envoie une lettre officielle...
M. Lavoie: Faire un dossier...
M. Tremblay: ... soit au chef du gouvernement
fédéral il faudrait peut-être passer par le premier
ministre du Québec soit directement à M. le ministre du
Revenu fédéral.
M. Raynauld: Est-ce qu'il y a une étude qui montre
l'impact des zones franches à Mirabel, pour appuyer vos
déclarations là-dessus? Est-ce qu'il y a quelque chose, une
analyse qui a été faite là-dessus?
M. Tremblay: Au plan commercial, c'est l'avantage d'être un
économiste spécialisé en commerce international comme
ministre de l'Industrie, lorsque l'on veut tirer profit d'une facilité
de transport, soit un port de mer, soit un aéroport, pour des fins
industrielles; l'exemple mondial confirmé par des expériences qui
ont été vécues, c'est d'en faire une zone franche.
Singapour s'est développé avec ça. En Irlande, Cannon,
s'est développé avec ça. En Allemagne, de même pour
Francfort. C'est l'évidence même en théorie du commerce
international. Cela donne un avantage comparatif à un port ou à
un aéroport substantiel. On n'a pas besoin de faire étude sur
étude; dans le cas de Mirabel, vous le savez, M. le député
d'Outremont...
M. Raynauld: Si vous êtes si bon économiste, vous
devriez savoir que les impacts sont localisés et qu'ils ne sont pas les
mêmes à Amsterdam, à Francfort, à Singapour ou
à n'importe quelle place que vous allez pouvoir mentionner. Il faudrait
étudier les impacts pour savoir quel serait celui sur l'économie
du Québec.
M. Tremblay: M. le Président, Mirabel est le seul
aéroport nouveau dans tout l'est du continent nord-américain. Les
deux aéroports qui le concurrencent le plus, celui de New-York et celui
de Chicago, sont surchargés et, selon toute probabilité vont
cesser de fonctionner le soir et la nuit pour des raisons de bruit. Donc, il y
a possibilité de maximiser cette installation.
Le député d'Outremont parle d'études. Lorsque
j'étais à l'Université de Montréal, le centre de
recherche de développement économique, dont il a
été le premier directeur, a fait des études. Notre
collègue Fernand Martin en a fait, Pica, etc.
On a accumulé les études. Le gouvernement
fédéral est extrêmement bon pour faire faire étude
sur étude depuis une dizaine d'années.
M. Lavoie: N'ouvrez pas cette porte-là. Depuis que nous
sommes ici que nous n'avons plus assez de bibliothèques. Nous n'avons
plus de place pour mettre les livres blancs, les livres verts et les
études. N'ouvrez pas la porte à cela en parlant d'Ottawa.
Continuez donc votre exposé.
M. Grégoire: Tout était à faire, vous ne
vous étiez jamais renseignés.
M. Lavoie: M. le Président, cela fait trois cours
classiques que je fais depuis 18 mois avec vos études.
M. Grégoire: II y en a à qui cela en prend
plusieurs.
M. Tremblay: M. le Président, le leader de l'Opposition
était venu ici en spectateur, je pense qu'il trouve la discussion
intéressante.
M. Lavoie: Je veux apporter une contribution positive.
M. Tremblay: Un livre blanc n'est pas la même chose qu'une
étude commanditée, que l'on met sur les tablettes et dont on ne
revoit jamais la couleur. Un livre blanc est une intention du gouvernement
d'agir. Dans notre cas, on agit.
Mirabel, c'est un éléphant qui est enterré par les
études. Ce qui a manqué ce sont les décisions souvent
politiques qui n'ont pas été prises. On me dit qu'au niveau des
fonctionnaires à Ottawa, on
trouve urgent que l'on agisse dans le cas de Mirabel. Mais au niveau des
politiciens, rien ne se fait parce qu'il ne faut pas déplaire à
Toronto. Si jamais on fasait une zone franche à Mirabel, ce serait
terrible, il faudrait que Toronto soit aussi zone franche. Mais Toronto n'a pas
d'aéroport nouveau. Elle a refusé Pickering. Ce n'est pas notre
faute. Mais on pénalise Montréal parce que Toronto a
refusé Pickering. C'est toujours cela la maudite affaire avec les
politiciens fédéraux. J'ai le même problème
présentement avec l'industrie automobile. On ne peut pas trop en faire
pour le Québec, parce que l'Ontario ne sera pas content, etc. Qu'on
prenne donc ses responsabilités quand c'est logique. Lorsque cela a
été logique de décentraliser les pêches, on l'a
fait. C'est logique de faire de Mirabel un pôle d'attraction pour tout
l'Est du Canada, puisqu'il faut parler en ces termes, qu'on le fasse donc.
Le député d'Outremont me dit: Dites-leur donc quoi faire.
Oui, on leur dit, mais on ne peut pas le leur dire tout le temps. Moi, je suis
ici pour défendre mes crédits et j'ai quand même un
ministère qui en a pas mal à défendre. Si, en plus, il
faut que j'administre quatre ou cinq ministères fédéraux,
non seulement il va falloir...
M. Lavoie: Vous êtes compétent, vous, monsieur.
M. Raynauld: Ne vous inquiétez pas, on ne vous le
demandera pas.
M. Tremblay: II va falloir avoir des crédits un peu plus
substantiels, mais peut-être que nos santés vont s'en ressentir.
C'est connu que les politiciens québécois travaillent plus fort
qu'ailleurs.
M. Raynauld: Vous êtes en excellente santé; pas de
problèmes pour cela.
M. Lavoie: Qu'est-ce qu'on ferait si vous n'étiez pas venu
au monde?
M. Raynauld: Vous êtes un ancien joueur de hockey, vous
avez toute la santé voulue.
M. Tremblay: Et même le leader de l'Opposition a les traits
tirés. Je vous garantis que c'est le temps qu'il se repose.
Donc, M. le Président, la question du parc est une question
importante et nous allons pousser, comme actionnaire majoritaire, sur ce
dossier pour qu'il débloque.
Le Président (M. Blank): Le député de
Frontenac a une question très intéressante.
M. Grégoire: J'ai retenu une phrase que le ministre vient
de dire et que j'ai trouvée bonne et je cite: "Quand c'est
enterré par les études, les décisions ne se prennent pas."
M. le ministre, vous avez parlé d'une étude, de la
première étape d'un rapprt sur la déconcentration. Vous
avez dit que cela n'avait pas été publié. C'est vrai, mais
il y a toujours des bons péquistes dans ce gouver- nement. Les rapports
sortent encore, j'en ai une copie.
C'est une bonne étude. Je l'ai lue en diagonale, je viens de
l'avoir. C'est celle qui n'était pas publiée. Ce rapport est sur
la déconcentration. Je suppose que tout le reste est fini, mais avec
cette affaire, je vais revenir sur ce problème. C'est le rapport sur la
déconcentralisation.
M. Raynauld: "Déconcentralisation".
M. Grégoire: Pardon? (17 h 15)
M. Raynauld: "Déconcentralisation"?
M. Grégoire: La "déconcentralisation" oui.
Excusez-moi, je... Il est dit ici dans ce rapport... parce qu'il y a un rapport
majoritaire et un rapport minoritaire et je voudrais vous poser des questions
sur ceux-ci. Que ce soit l'un qui soit accepté ou l'autre, cela fera
toute la différence au monde. Si c'est par le rapport majoritaire du
comité ad hoc, il me semble qu'on n'ira nulle part, si c'est par le
rapport minoritaire, il me semble qu'on va aller quelque part dans la
régionalisation.
Dans son rapport majoritaire, le comité dit, à la page 3:
"Dans un souci d'efficacité, il nous apparaît indispensable de
rapprocher les pouvoirs de décision du MIC des entreprises". Il est bon
de rapprocher les pouvoirs de décision du MIC des entreprises.
Aussitôt après, dans ses recommandations, il fait le contraire, il
nous arrive avec des subdivisions en districts, en régions et en zones.
Je vous dis que ce n'est plus là de la régionalisation, c'est de
la multiplication d'avenues, de rues, de ruelles et de parcours. Si le gars
n'est pas content dans sa zone, il va à la région; s'il n'est pas
content dans sa région, il va au district; s'il n'est pas content au
district, il va à la direction générale; s'il n'est pas
content à la direction générale, il va au sous-ministre;
s'il n'y est pas content, il va au ministre. Cela fait combien? Ministre,
sous-ministre, direction générale, district, région, zone.
Cela fait six paliers. Ce n'est pas rapprocher. Je veux bien croire, M. le
ministre, qu'il n'y a pas eu de décision à prendre encore, mais
j'en parle justement pour que quand la décision se prendra, on puisse
savoir à quoi s'en tenir.
Les structures à six paliers sont toutes bien inscrites sur
plusieurs feuilles avec des organismes et bien des tirets de tous les
côtés. Cela compliquerait l'affaire de ce rapport. C'est la
première étape. Vous dites qu'il y aura une deuxième
étape. J'espère que la deuxième étape va simplifier
la première et que toutes ces études n'empêcheront pas les
décisions.
Par contre, dans le rapport minoritaire qui est présenté
par le délégué de l'OPDQ, auprès du comité
de la DGSE sur la déconcentration c'est comme cela que...
administrative...
M. Raynauld: La quoi?
M. Grégoire: ... déconcentration ou la
décentralisation, mais c'est le terme qu'on emploie ici. Regardez bien
une bonne phrase, M. le ministre,
et je voudrais avoir vos commentaires là-dessus. Je vais vous en
citer trois ou quatre. Une déconcentration administrative n'a de sens
véritable que si elle s'inscrit avant tout dans le processus
préparatoire aux décisions". Quand vous arrivez avec les six
paliers de décision du rapport majoritaire, tout cela vient en
contradiction l'un, l'autre. Il est dit un peu plus loin: "Désormais, il
semble acquis que la belle époque de la standardisation des besoins et
des programmes tire à sa fin". Pour chaque région, des besoins
différents. On dit un peu plus loin: Ce n'est pas dans le processus
consécutif, mais dans le processus préparatoire aux
décisions gouvernementales qu'il apparaît essentiel d'inscrire les
préoccupations régionales". Je vous en lis deux autres. "Une
troisième préoccupation du gouvernement du Québec est
"à l'effet" de réduire à leur minimum les délais
souvent inacceptables entre le moment de la décision et celui de la
réalisation". La dernière: "II existe un parallèle
très significatif entre le degré d'efficacité des
structures ministérielles régionales mises en place et le nombre
d'étapes décisionnelles entre le directeur régional et le
sous-ministre." Moins d'étapes, plus d'efficacité.
Dans le rapport majoritaire qui provient du comité ah hoc, on met
six étapes, six paliers. Dans le rapport minoritaire, on dit: Moins
d'étapes, plus d'efficacité. M. le ministre, dans ma
première question, je voudrais vous demander, après vous avoir
lu, ce que je semble tirer de tout cela, si la régionalisation de l'aide
à la petite entreprise, de l'aide et des conseils aux petites
entreprises va se faire par paliers, par nombre d'étapes, par nombre de
paliers ou si elle va plutôt se faire par le processus décisionnel
régionalisé, au minimum possible d'étapes, pour qu'il y
ait plus d'efficacité, au minimum de délais et à la
non-standardisation à l'échelle du Québec du processus de
décision. C'est là ma première question.
M. Tremblay: M. le Président, lorsque le
député de Frontenac craint que nous soyons enterrés de
documents comme au fédéral concernant l'aéroport Mirabel,
il fait allusion à un petit texte de sept pages. Je pense qu'il faudrait
en ajouter plusieurs avant que nous ne soyons vraiment enterrés.
Deuxièmement, il ne s'agit pas d'un texte officiel, il ne s'agit pas de
politique du ministère. Je ne me suis pas encore prononcé sur ce
texte, par conséquent, je n'ai pas l'intention de le commenter. Je
rappellerai par contre ce que j'ai dit tout à l'heure avant le vote, que
la régionalisation demeure une des préoccupations majeures que
j'entretiens et que l'opération qui est en cours dans les
pêcheries dans les bureaux régionaux, à la SDI, va se
poursuivre.
M. Grégoire: M. le Président, c'est ce que je
voulais savoir du ministre. J'admets que ce ne sont pas deux gros textes. Il y
en a un qui a six ou sept pages et l'autre en a quelques-unes aussi. Je
voudrais savoir du ministre, dans ses préoccupations de
régionalisation il a dû lire les deux rapports vers
quel sens on peut s'attendre que s'orientent la régionalisation et la
décentralisation au ministère de l'Industrie et du Commerce?
M. Tremblay: Cela dépend, comme je l'ai dit tout à
l'heure avant le vote, des secteurs. Dans certains secteurs, c'est toute une
décentralisation. Dans le cas des pêches, on a
décentralisé à partir du directeur général
jusqu'en bas; dans d'autres secteurs, il faut qu'il y ait des économies
d'échelle de préservées. Je n'ai pas encore pris position
officielle sur cela et je ne suis pas en état présentement de
prendre des positions et d'improviser sur cette question que je juge
fondamentale.
M. Grégoire: J'ai seulement une autre question qui va
être plus courte. On va attendre la prise de position du ministre
là-dessus. On nous a passé tantôt les répartitions
des effectifs du ministère de l'Industrie et du Commerce. On dit: Sur un
total de 1325, Québec 793, Montréal 256, les autres 276. Est-ce
que les 276 "autres" comprennent quand on dit les autres, de prime abord
j'ai pensé que c'était dans les autres régions que
Québec et Montréal également les bureaux à
l'extérieur du Québec?
Là, on arrive à un total de 1325. Cet après-midi le
ministre nous avait dit qu'il y avait 1014 employés au ministère
de l'Industrie et du Commerce, que les effectifs étaient de 1014 au
Québec. S'il y en a 1035 en tout, cela voudrait dire que la
différence, soit 311, serait à l'extérieur du
Québec. Or, on arrive ici avec le chiffre de 276 pour "autres ". Il n'en
resterait plus pour... Ce serait pour savoir combien il y en a dans les
régions par rapport à Montréal...
M. Tremblay: Faites attention! Les 1014 auxquels vous faites
allusion, c'étaient tous les employés hors pêcheries,
à l'extérieur du Québec aussi, évidemment.
Donc, les chiffres qui sont ici sont des chiffres pour "autres ",
comprenant l'extérieur du Québec, mais ils ne comprennent pas
encore évidemment, la décentralisation des pêcheries, parce
que la décentralisation des pêcheries va se faire dans les mois
à venir. Ces 276 vont s'accroître du nombre de fonctionnaires qui
seront transférés de Québec vers Gaspé.
M. Grégoire: De ce chiffre de 276, est-ce que je pourrais
avoir la division en deux, ceux qui sont hors Québec et ceux qui sont
dans les régions autres que Québec et Montréal?
M. Tremblay: II y en a 12 à l'étranger.
M. Grégoire: Sur les 276? Cela veut dire qu'il y en aurait
264 dans les régions en dehors de Québec et Montréal.
M. Tremblay: C'est ce qu'on me dit.
Le Président (M. Blank): Elément 1, programme 1,
adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Blank): Excusez-moi M. le
député de Duplessis a une question.
M. Perron: M. le Président, est-ce que le ministre
pourrait nous donner des renseignements assez sommaires en ce qui a trait
à la Société Inter-Port, comme les buts de cette
société ainsi que le budget qui lui est concédé par
le gouvernement?
M. Tremblay: La fonction première de la
Société Inter-Port est de tirer profit des installations qui
existent à Québec dans le domaine portuaire à des fins
industrielles et commerciales. C'est une société qui
relève du ministre de l'Industrie et du Commerce et du ministre de
l'Expansion économique régionale. Comme je l'ai mentionné
tout à l'heure, il nous a soumis une évaluation de son programme
d'action pour les années à venir. Nous sommes à
compléter l'étude de ces recommandations. Le gouvernement lui
indiquera quelles sont les orientations qui sont acceptables et quelles sont
celles qui ne le sont pas, parce qu'il y a souvent des orientations qui
impliquent des déboursés budgétaires de la part des deux
gouvernements. Nous étudions présentement ces
répercussions budgétaires avant de donner notre
réponse.
Donc, c'est une société de promotion industrielle pour la
région de Québec. Son budget est de $284 300.
M. Perron: Encore dans le cas de la Société
Inter-Port, est-ce qu'on a l'intention, au niveau de votre ministère, de
remplacer très bientôt M. Lamontagne, qui a donné sa
démission?
M. Tremblay: M. le Président, il a
démissionné.
M. Perron: II a démissionné, oui, mais est-ce qu'on
a l'intention de le remplacer bientôt?
M. Tremblay: Oui, nous avons une préoccupation
d'élargir le conseil d'administration pour tenir compte de la vocation
régionale de la société Inter-Port. Donc, nous allons le
remplacer, et j'ai demandé qu'on tienne compte de la région de
Lévis, de la rive sud, pour accroître la représentation de
cette région dans la Société Inter-Port, parce qu'il nous
apparaît que la vocation de la Société Inter-Port ne doit
pas se cantonner uniquement à la ville de Québec, mais doit
être une vocation de promotion industrielle rattachée aux
installations portuaires pour l'ensemble de la région
québécoise qui comprend Lévis.
M. Perron: Merci. Je voudrais passer à une autre
société, qui est la Société du parc industriel et
commercial de Mirabel. Est-ce que, actuellement, il y a une liste d'attente en
ce qui a trait aux industriels et aux commerçants qui voudraient
s'établir dans le parc industriel de Mirabel?
M. Tremblay: Vous parlez de Mirabel?
M. Perron: Oui.
M. Tremblay: II y a certaines possibilités, cer- tains
projets qui sont à l'étude. Entre autres, Canadair...
M. Perron: Non pas une liste d'attente, M. le Président,
je voulais dire une liste de demandes officielles qui serait...
M. Tremblay: Oui, la société étudie un
certain nombre de projets.
M. Dubois: M. le ministre, vous avez mentionné tout
à l'heure qu'il y a quinze maisons de commerce québécoises
à l'étranger. C'est bien ça?
M. Tremblay: Oui.
M. Dubois: Dans les mêmes pays, il y a aussi des "trade
commissions", ou des maisons de commerce canadiennes, n'est-ce pas?
M. Tremblay: Oui.
M. Dubois: Je pense bien que c'est aussi dans les mêmes
villes.
M. Tremblay: Pardon?
M. Dubois: Dans les mêmes villes aussi. Peut-être pas
dans tous les cas, mais, dans la plupart des cas, ce sont les mêmes
villes, il y a une maison canadienne et une maison québécoise de
commerce. Alors, il y a un double service qui se fait là.
M. Tremblay: Oui.
M. Dubois: Les maisons canadiennes de commerce sont quand
même financées en partie par le Québec et on a aussi nos
maisons québécoises là-bas.
M. Tremblay: C'est Ça.
M. Dubois: À présent, comment peut-on
évaluer le rendement de ces maisons, la maison strictement
québécoise et celle qui est administrée par le
gouvernement fédéral et qui rend aussi des services au
Québec? J'aimerais que vous fassiez un parallèle entre les
deux.
M. Tremblay: Dans le cas des maisons québécoises,
nous avons des rapports assez suivis des démarches qui sont faites pour
promouvoir les exportations québécoises, parce que c'est une
préoccupation que nous avons transmise à nos maisons
québécoises, et nous avons aussi des rapports sur les projets
industriels, les ententes, les accords de collaboration technologique qui
peuvent s'établir entre les entreprises du Québec et les
entreprises des pays où nous sommes représentés, de sorte
que nous suivons la performance de ces délégués
commerciaux à l'étranger de façon très
étroite.
Maintenant, en ce qui concerne les délégations
commerciales fédérales, il faut dire que le fédéral
est représenté dans beaucoup de pays, beaucoup plus que le
Québec ne l'est. Dans cer-
tains pays, il y a souvent trois ambassades du Canada ou, du moins,
trois délégations de type ambassade. En Belgique, par exemple, il
y a des représentants à l'OTAN, des représentants en
Belgique, des représentants au Marché commun, la CEE. À
Genève, des représentants auprès du gouvernement suisse,
auprès des Nations Unies, auprès du GATT. Donc, nous tirons
profit, jusqu'à un certain point, de certaines de ces ambassades.
Par contre, prenez un endroit comme Tokyo; il y a l'ambassade canadienne
avec une délégation commerciale et il y a aussi une maison
québécoise. C'est qu'évidemment, la
délégation commerciale canadienne doit promouvoir les
intérêts de toutes les régions du Canada, non pas
spécifiquement... La maison du Québec se préoccupe surtout
des intérêts plus particuliers du Québec.
M. Dubois: Ce à quoi je veux en venir, c'est qu'il y a, je
pense, 187 maisons de commerce canadiennes. Il y avait ça il y a
quelques années.
M. Tremblay: Cela m'apparaît beaucoup, parce que je ne
pense pas qu'il y ait 187 pays...
M. Dubois: II y a plusieurs villes...
M. Tremblay: II y a peut-être des villes, oui...
M. Dubois: II y a 187 maisons.
M. Tremblay: C'est ça.
M. Dubois: Étant donné qu'il y a quand même
un dédoublement de services, jusqu'à un certain point, je me
demande pourquoi il n'y a pas une entente Québec-Canada voulant qu'il y
ait des officiers du Québec, travaillant strictement pour le
Québec, mais dans les maisons canadiennes existantes. Moi, je pense que
c'est une dépense doublée... (17 h 30)
M. Tremblay: II faut dire que les délégués
commerciaux du Québec sont dans des maisons du Québec avec le
délégué général du Québec, avec un
représentant du ministère du Tourisme québécois,
avec un représentant du ministère de l'Immigration, dans certains
cas, pour les aspects immigration et culture, de sorte que ce n'est pas un
délégué commercial seul. Cela se produit dans certaines
villes, aux États-Unis, par exemple, comme à Atlanta, il n'y a
qu'un délégué commercial, mais à Paris ou à
Dùsseldorf ou à Milan, le délégué commercial
s'insère dans la maison du Québec. Par conséquent, il ne
pourrait pas se détacher pour aller se joindre à la
délégation canadienne.
Je dois souligner, par contre, pour les missions commerciales
canadiennes, que c'est un peu le même cas qui a existé on
ne peut pas généraliser dans le cas du ministère
fédéral de l'Industrie et du Commerce. N'ayant pas de
préoccupation régionale, souvent, ces délégations
commerciales ne font que renforcer la concentration économique en
Ontario et deviennent, par la force des choses, par l'inertie des choses, des
promo- teurs du développement de l'Ontario. C'est pour cela que,
finalement, le Québec a jugé bon d'avoir ses propres
délégués. Ceci s'est fait sous l'ancien gouvernement, ce
n'est pas nous qui avons inventé des délégués
commerciaux du Quebec.
On s'est rendu compte que les délégués commerciaux
fédéraux ne travaillaient pas tellement pour le
développement du Québec; on se sentait délaissé et
c'est pour, un peu, renverser la vapeur qu'on a mis l'accent sur des
délégués québécois qui font une promotion
purement pour le Québec.
M. Raynauld: L'Ontario ouvre des maisons à
l'étranger autant que le Québec, parce qu'il trouvait que les
services fédéraux n'étaient pas suffisants.
M. Tremblay: Dans le cas de l'Ontario, ils ont leur
délégué, plus ceux du fédéral. Cela donne de
bons résultats.
M. Dubois: On pourrait envisager quand même, avec le nombre
de services, de pays où le fédéral est
représenté...
M. Tremblay: II y a beaucoup de collaboration; il ne faut pas
dire qu'il n'y a pas de collaboration. À Genève où j'ai
été récemment, notre délégué, sur
place, est en contact quotidien avec la délégation qui
négocie dans le cadre des négociations du GATT.
M. Dubois: II y a quand même onze gouvernements et 187
maisons...
M. Tremblay: II y a des gouvernements au Canada qui en arrachent;
le taux de chômage, à Terre-Neuve, est de 16% à 18%.
M. Raynauld: Une question de règlement, M. le
Président, je ne veux pas interrompre mon collègue de l'Union
Nationale, mais cette question des maisons à l'étranger se
discute, habituellement, à l'étude des crédits du Conseil
exécutif.
M. Dubois: ... les employés du ministère de
l'Industrie et du Commerce.
M. Tremblay: Cette question entre dans le programme 3,
élément 2. Cela a été, je pense, un des
problèmes, M. le Président. Nous sommes allés d'un
programme à l'autre, depuis trois ou quatre heures et je me rends compte
qu'on n'a aucun programme d'accepté. Je veux bien qu'on soit très
laxiste, mais il ne faudrait pas que lorsqu'on revient à chacun des
éléments, qu'on reprenne les mêmes discussions sur la
décentralisation, sur les bureaux régionaux, sur les bureaux
commerciaux à l'étranger, etc.
Le Président (M. Blank): Je pense qu'il y a seulement une
dernière question. M. le député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, au moment où le
débat portait, tout à l'heure, sur les
sociétés d'État, j'ai dû m'absenter quelques
moments, et sans doute que vous avez clos le débat, relativement aux
sociétés d'État. J'aurais eu une question, tout de
même, à poser au ministre. Je sais que, dans le passé, la
Société de développement industriel a examiné de
très près le dossier d'une entreprise de la région de la
Côte-Sud, soit Aliment Maxi. Est-ce que le ministre pourrait informer les
membres de la commission sur la situation qui prévaut, actuellement,
vis-à-vis de Aliment Maxi, de la part du ministère, et de la
Société de développement industriel.
On sait que cette entreprise avait été conçue pour
la fabrication d'aliments surgelés.
M. Tremblay: M. le Président, je vous demanderais,
peut-être, une directive sur cela. Nous avons un programme spécial
pour la Société de développement industriel, qui est le
programme 5, et il me fera plaisir de répondre à la question du
député lorsque nous allons étudier le programme 5. Si nous
ouvrons la porte à la SDI...
M. Giasson: Très bien, M. le Président, le
débat va être clos rapidement, si on peut reprendre le
débat au programme 5, nous le ferons.
Le Président (M. Blank): Elément 1, programme 1,
adopté?
M. Grégoire: Adopté.
Le Président (M. Blank): Programme 1,
élément 2, Soutien technique.
M. Raynauld: M. le Président, l'élément 2 se
rapporte à la gestion interne du ministère. J'ai lu le rapport
avec beaucoup d'intérêt. Je ne voudrais pas qu'on pense qu'en
passant rapidement sur certaines de ces sections, ce sont des choses qui ne
représentent pas d'intérêt. Au contraire. Je suis
prêt, en fait, à passer à l'élément suivant
s'il y a lieu. Je n'ai pas de...
Le Président (M. Blank): Programme 1,
élément 2, adopté. Programme 2, Recherche
économique.
Recherche économique
M. Tremblay: M. le Président, le programme 2 est un
programme administré par la Direction générale de
recherche et de planification qui, fondamentalement, est une unité de
recherche. Son programme de travail est orienté en fonction des
priorités du ministère et des besoins des autres directions
générales du MIC. Il va sans dire que la DGRP entretient des
contacts réguliers et soutenus avec les organismes, sans trop de
coordination des politiques économiques du gouvernement, comme le
secrétariat du Conseil exécutif, le ministère des
Finances, le ministère des Affaires intergouvernementales. Cette
direction générale a un budget de $1 422 000 pour un effectif
permanent de 62 personnes. Sa structure organisation- nelle est la suivante:
l'analyse et la prévision économique, la direction des
études industrielles, la direction des études régionales,
la direction des politiques industrielles, la direction des relations
économiques internationales. Les principaux travaux
réalisés par la DGRP au cours de l'année 1977/78 et son
programme de travail pour la présente année sont
mentionnés en détail dans le document que j'ai remis à
cnacun des membres de cette commission. M. le Président, je
recommanderais l'adoption des crédits pour le programme 2 de la
DGRP.
M. Grégoire: Adopté.
Le Président (M. Blank): Le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, le député de
Frontenac intervient souvent. Je n'ai pas, ici non plus, de problèmes
majeurs concernant les activités de cette division je pense que
c'est comme cela qu'on l'appelle. Je voudrais soulever seulement quelques
questions particulières.
Tout d'abord, je suppose que les études dont on fait état
ici seront éventuellement publiées. Je pense, en particulier, il
y en a plusieurs... J'essaie de m'intéresser aux études qui sont
publiées par le ministère de l'Industrie et du Commerce, mais il
y en a plusieurs dont je n'ai jamais entendu parler. L'année
dernière, c'était la même chose d'ailleurs. Je me pose
toujours la question, à savoir si ces études sont vraiment
diffusées et si les gens peuvent en prendre connaissance. Je pense en
particulier à des choses qui sont nouvelles pour moi, à moins que
ce ne soit le libellé qui me désoriente. "La mise au point d'un
document de conjonctures industrielles qui présente une analyse de la
situation dans les 20 principaux groupes manufacturiers." Est-ce que cela fait
partie de l'étude sur la productivité, les groupes industriels,
ou est-ce autre chose?
M. Tremblay: Non, tout ce qu'il y a eu de préparé
jusqu'à maintenant dans ce domaine, c'est un bulletin
expérimental qui a été distribué à un
certain nombre de personnes au sein du ministère. On prévoit
publier le premier numéro officiel sous une forme un peu plus
définitive d'ici la fin de l'année, mais il est difficile de le
préciser en ce moment parce que c'est une raison bien matérielle.
Nous avons certains problèmes avec l'équipement technique qui
nous est nécessaire pour ce genre de publication. Pour le moment, c'est
expérimental, mais le premier numéro sera sans doute
publié d'ici la fin de l'année, ensuite, nous l'espérons,
sur une base semestrielle.
M. Raynauld: Est-ce que c'est relié à cet autre que
je vois ici: Publication d'un dossier sur les perspectives de croissance par
secteur de l'industrie manufacturière au Québec?
M. Tremblay: Non, c'est un document à part. Il a
été publié il y a quelques mois. Étant donné
que je n'y suis pas depuis très longtemps, je ne pour-
rais pas préciser davantage, mais je crois que c'est avant mon
arrivée au ministère, donc avant septembre dernier. Il s'agit
simplement d'une analyse sur ces secteurs industriels, comme on en fait assez
souvent. Ce n'est pas relié au dossier de la conjoncture. Je ne sais pas
si vous voulez plus de précision.
Le document a été publié il y a six mois.
M. Raynauld: II est publié.
M. Tremblay: D'ailleurs, c'est la politique
générale de publier pratiquement tous les documents, à
moins que ce ne soient des documents internes, confidentiels, mais
habituellement, c'est la politique générale de les publier, sauf
exception.
M. Raynauld: En page 3, il y a une référence
à une étude sur l'impact des programmes de la SDI, est-ce que
cette étude a été complétée?
M. Tremblay: Elle n'est pas complétée à ce
moment-ci.
M. Raynauld: Cela va faire deux ans bientôt.
M. Tremblay: Elle a été mise de côté
temporairement, mais reprise depuis peu de temps.
M. Raynauld: Alors, ce sera publié? M. Tremblay: En
principe.
M. Raynauld: L'année dernière, on nous a
parlé d'une étude commencée depuis déjà au
moins deux ans sur le commerce de détail, est-ce qu'elle est
terminée, cette étude?
M. Tremblay: C'est l'étude du comité d'étude
sur le commerce. Oui. Nous avons eu un rapport préliminaire il y a
quelques semaines et le rapport final va être déposé
à la fin de l'été ou au début de septembre. C'est
pour ça que j'ai mentionné dans mon intervention au début
de l'étude des crédits que ce rapport va nous permettre
d'élaborer une politique sur le commerce au Québec. Il s'agit
d'une étude d'une grande envergure qui a coûté à peu
près $500 000, depuis deux ans. Il y a eu une vingtaine d'études
par industrie, etc. Toute ces études vont être rendues publiques
et le rapport de la commission, du comité d'étude, va être
rendu public.
Mais j'ai mis sur pied un comité qui travaille à partir
des rapports préliminaires en vue d'élaborer une politique pour
le commerce au Québec. Nous avons l'intention de faire du commerce en
1978/79 un des éléments de notre politique économique
générale.
M. Raynauld: En référence, ici, à
l'étude sur les réseaux de distribution, c'est marqué,
à la fin: "Cette étude est complémentaire aux travaux du
comité". C'est sûrement celui-là.
M. Tremblay: C'est une...
M. Raynauld: C'est séparé?
M. Tremblay: C'est une étude différente, oui, que
nous avons faite et que nous sommes en train de compléter à
partir d'une enquête qui a été faite en collaboration avec
d'autres organismes du ministère. C'est parallèle et
complémentaire aux travaux du comité.
M. Raynauld: Je viens au domaine international. Le ministre nous
a dit à deux reprises qu'il était allé à
Genève s'informer des problèmes de politique commerciale. Je vois
ici qu'il y a un travail, c'est à la page 11, "du rapport, c'est
à ce travail de définition d'une stratégie d'intervention
que nous voudrions nous attaquer dans le cours de cette année. " Je
voudrais demander si cette stratégie d'intervention comporte
déjà certains éléments, étant donné
que le ministre s'intéresse de façon particulière au
commerce international. J'aimerais savoir quelle sorte de stratégie il a
à l'esprit, quelle sorte de politique commerciale il entend faire valoir
auprès du gouvernement fédéral.
Jusqu'à maintenant, je le comprends, je ne lui en fais pas
nécessairement grief, il est évident que si on regarde les
interventions particulières qui ont été faites, ce sont
des interventions qui sont toujours, dans un sens, une protection accrue. Je
voudrais savoir s'il veut poursuivre dans cette lancée pour bien
longtemps ou si ce sont simplement des réactions particulières
à des problèmes particuliers.
M. Tremblay: M. le Président, puisque le
député d'Outremont mentionne mon récent voyage à
Genève, ce n'était pas uniquement pour m'informer de ce qui se
passait, c'était aussi pour informer la délégation de nos
positions, des positions du Québec, sur les négociations, parce
que le Québec et c'est l'avis du comité négociateur
canadien est la province la mieux préparée sur la question
des négociations du GATT. Nous avons soumis deux documents principaux
sur une trentaine de secteurs industriels au comité canadien du GATT,
avec des recommandations pour chacun des tarifs. Remarquez bien qu'il y a 2400
tarifs qui sont négociés à Genève. Nous avons donc
pris position sur ces tarifs en fonction des intérêts de nos
industries et des potentialités de développement de nos secteurs
industriels. (17 h 45)
Grosso modo, je résumerais cette position en disant que nous
avons insisté pour qu'entrent dans la liste des exceptions canadiennes
chaque pays a sa liste des exceptions certains secteurs qui ont
besoin d'être consolidés, même si on croit qu'il ne se
produira pas une expansion phénoménale dans ces secteurs, dans
l'avenir. Nous croyons, pour des raisons de développement
régional et de soutien de l'emploi, qu'il serait illogique, après
avoir imposé certains contingentements dans le domaine du textile, dans
les domaines du vêtement et de la chaussure, de laisser tomber ces
industries.
Donc, nous insistons pour que ces industries soient placées dans
la liste des exceptions, com-
me plusieurs pays d'ailleurs insistent, et on m'a dit qu'en toute
probabilité ces secteurs ne seraient pas négociés dans
l'entente qui sera terminée...
M. Grégoire: M. le ministre, c'est contraire aux
idées du député d'Outremont qui veut supprimer toutes les
barrières tarifaires dans l'industrie du textile, du meuble, de la
chaussure pour faire fermer ces industries graduellement, comme il l'avait
déclaré au mois de novembre 1976.
M. Raynauld: M. le Président, question de
règlement. M. le député de Frontenac, vous déformez
la vérité, vous déformez les faits. Je vous demanderais de
cesser...
M. Grégoire: C'était écrit dans le
journal.
M. Raynauld: Je vous demanderais de cesser de raconter des
bobards comme ceux-là; cela vous amuse beaucoup.
M. Grégoire: Ah oui! C'est une citation telle quelle du
journal La Presse.
M. Raynauld: Je vous ai déjà expliqué ce
qu'était ma position là-dessus. Je vous ai déjà dit
que cette citation du journal était inexacte et, si vous êtes pour
continuer à le faire encore indéfiniment... Je pense que vous le
faites simplement pour faire du tort, et franchement, je trouve que c'est
vraiment ridicule que vous rapportiez continuellement cet article du journal
à chaque occasion que vous avez. Je trouve cela désobligeant. Je
trouve que cela vous diminue, si c'est possible.
M. Grégoire: J'attendais la rectification et vous ne
l'avez jamais faite.
M. Raynauld: Je l'ai faite; je vous l'ai expliquée
personnellement, à vous. Mais comme cela ne vous intéresse pas
d'avoir l'explication, vous continuez à répéter cela. Vous
avez essayé de le faire à l'Assemblée nationale l'autre
jour, vous le répétez encore une fois ici. Je trouve que ce sont
vraiment des attaques basses et des attaques absolument gratuites.
M. Grégoire: Je ne fais que citer le journal.
M. Raynauld: Je trouve que cela suffit. Cela fait trois fois que
vous essayez de faire des blagues ou des farces plates avec ce genre de
problème. On essaie de discuter de problèmes sérieux ici
j'essaie, en tout cas et vos accusations intempestives et
désobligeantes sont vraiment déplacées.
M. Tremblay: M. le président, il y a peut-être un
conflit entre deux députés. On pourrait peut-être leur
demander de sortir dans le corridor et on pourrait continuer.
Je disais qu'au plan défensif, nous sommes logiques avec
nous-mêmes, et dans certains autres secteurs aussi, nous demandons
certaines exceptions. Mais il y a aussi une stratégie offensive qui se
reflète dans nos recommandations sur le plan commercial, parce que les
négociations du GATT, qui vont évidemment dans le sens de la
libéralisation commerciale, représentent non seulement des
craintes pour certaines industries du Québec, mais aussi des occasions
d'expansion importantes et intéressantes.
Il est évident que la structure en escalier de certains tarifs,
surtout des États-Unis, ou de l'Europe, ou du Japon, défavorise
des pays comme le Québec, exportateur de matières
premières ou de produits primaires. Or, plus nous aurons accès
à ces grands marchés pour des produits transformés
on sait que les matières premières et les produits primaires
entrent en franchise, mais le produit transformé est frappé d'un
tarif ou d'une taxe à l'entrée dans les domaines de
l'amiante, par exemple, ou de certains types de papiers, ou de certains types
de produits chimiques et pétrochimiques, de certains produits de
l'amiante, plus nous voyons de potentialités d'expansion et nous avons
des recommandations précises sur cela.
Évidemment, il n'est pas d'intérêt public que je
dévoile les 2400 recommandations que nous avons pour chacun des tarifs.
D'autre part, nous avons pris position sur la question des subventions au
développement. C'est évident que, lorsqu'on a des pays comme le
Canada, qui est un demi-continent, on ne peut pas laisser le
développement suivre un décantage naturel, parce que, finalement,
on va se trouver tous dans le centre de la ville de Toronto, si on continue. Il
nous faut avoir des politiques de décentralisation du
développement. Par conséquent, les subventions au
développement industriel doivent corriger certaines autres distorsions.
Le fait que la propriété étrangère soit tellement
élevée au Québec et au Canada est une de ces distorsions
auxquelles je fais allusion.
Il y a aussi le domaine des obstacles non tarifaires qui permettent au
Québec, dans le cadre des négociations du GATT, de
négocier des accès avec d'autres pays. Par exemple, dans certains
domaines, il y a des obstacles à nos produits. Nous en avons de notre
côté et nous pouvons négocier.
Nous suivons ce dossier de très près, parce que,
finalement, c'est un des éléments de notre stratégie
industrielle, la politique commerciale. Nous sommes présents à
Genève avec un représentant officiel. Nous sommes en contact
étroit avec l'ambassadeur Warren à Ottawa, avec l'ambassadeur
Grey à Genève. Dès la fin des négociations, nous
rendrons publiques nos recommandations et les concessions et les ententes que
le Canada aura faites en notre nom, pour voir s'il y a équivalence oui
ou non.
M. Raynauld: M. le Président, je pense que le ministre est
d'accord avec moi pour dire qu'au point de vue de la stratégie
industrielle, cette politique est une des plus importantes qui soit. Je pense
que le ministre sera aussi d'accord... Comme c'est une politique
extrêmement importante qui doit éventuellement trouver sa place,
ses modalités d'application, dans des lois qui doivent être
soumises aux Parlements des différents pays,
je me demande s'il ne serait pas possible qu'il y ait un document, s'il
n'existe pas encore, qui soit préparé pour nous mettre au fait,
nous, les parlementaires, des orientations générales qui sont
poursuivies par le gouvernement du Québec en cette matière.
Je reconnais d'emblée qu'il ne serait pas d'intérêt
public de publier, à ce stade-ci, les recommandations précises
sur des tarifs particuliers, mais il me semble qu'au-delà de choses
aussi précises que cela, il doit bien exister un document
général qui nous permettrait de nous orienter, en supposant un
document d'orientation, de nous éclairer sur la politique qui est
poursuivie.
Je pense, en ce qui me concerne, que c'est un des éléments
de politique générale les plus fondamentaux. Malheureusement, on
n'a absolument aucun moyen d'en juger, on n'a aucun moyen non plus d'en
discuter. Je me demande, encore une fois, s'il n'existe pas un tel document,
s'il ne vaudrait pas la peine d'en faire préparer un, parce qu'à
mon avis, c'est sûrement aussi important que les centaines de livres
blancs qui peuvent être publiés ici ou là, à propos
d'un très grand nombre de sujets, mais dont l'importance ou la
portée pour l'ensemble de l'économie du Québec pourrait
être bien inférieure à celle-ci.
M. Tremblay: M. le Président, je suis heureux que le
député d'Outremont confirme l'importance de la
préoccupation que nous entretenons à l'endroit de ces
négociations. Je pense que le gouvernement du Québec est
justifié de mettre tellement d'emphase sur ces négociations
tarifaires. Je prends les commentaires du député d'Outremont
comme un compliment jusqu'à un certain point...
M. Raynauld: Oui, je ne fais pas d'objection du tout à
cela.
M. Tremblay: ... parce que nous avons quand même fait
beaucoup dans le domaine. Maintenant, en ce qui concerne les grands principes
je crois que je les ai énoncés tout à l'heure
qui guident notre action, c'est la même chose au niveau
fédéral. On n'a pas sorti de documents autres que certains
discours de l'ambassadeur Warren, qui donnait les grands principes aussi de la
négociation. C'est évident que des négociations comme
celle-là, c'est un peu comme une partie de poker. Chacun veut payer le
moins cher possible pour les concessions qu'il veut obtenir en sens inverse.
Donc, il y a beaucoup de contacts avec l'industrie qui se font au niveau
fédéral, parce qu'il y a un comité intergouvernemental et
interindustriel. Nous-mêmes, nous sommes en contact étroit avec
les industries pour vraiment savoir au niveau micro-économique quelles
sont nos potentialités, parce qu'il serait illogique pour nous de donner
des concessions dans des secteurs où on existe, où il y a de
l'emploi, et obtenir des concessions à sens inverse dans des secteurs
où nous sommes absents et où nous aurions des difficultés
à nous implanter, même si, théoriquement, nous le
pourrions. Il y a un aspect dynamique dans les réactions aux
concessions. Le député d'Outremont l'a bien dit,
l'intérêt public exige je le déplore jusqu'à
un certain point que ces négociations soient poursuivies avec un
maximum de prudence et un minimum de couverture publique, parce que si la
position était trop connue et que les autres gouvernements savaient que
l'on mettait beaucoup d'emphase sur un point, ils nous feraient payer
très cher les concessions que l'on voudrait obtenir dans un secteur, en
échange pour eux d'autres concessions.
Donc, nous travaillons étroitement avec le gouvernement
fédéral et avec le secteur privé, le secteur industriel.
Nous ne pourrons publier évidemment les documents que nous avons en
notre possession présentement qu'une fois que seront terminées
les négociations.
Évidemment, si le député d'Outremont veut avoir des
renseignements additionnels, je n'ai pas d'objection à ce qu'il puisse
parler, en donnant sa parole de député, avec nos fonctionnaires,
mais nous ne pouvons pas permettre la publication dans les journaux de la prise
de position du Québec sur chaque produit, même dans un secteur
particulier, dans le but de ne pas miner notre position de négociation,
qui n'est pas extraordinairement forte. Finalement, le Québec, avec des
industries traditionnelles, n'est pas dans une très grande position pour
obtenir des concessions importantes, de sorte que nous devons jouer de
façon très astucieuse nos cartes présentement pour obtenir
le maximum d'avantages commerciaux et industriels de ces
négociations.
Le Président (M. Blank): Le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, j'aimerais savoir du ministre
où en sont rendues les négociations du GATT en ce qui a trait au
textile, parce qu'on sait que dernièrement certains pays ont
proposé la Swiss Formula, qui diminuait les tarifs de quelque 20%
à quelque 8%, je crois. J'aimerais savoir où en sont rendues ces
négociations.
M. Tremblay: Comme je l'ai mentionné tout à
l'heure, selon toute probabilité, le textile et le vêtement vont
faire partie, pour la plupart des catégories qui se trouvent dans ces
industries, de la liste des exceptions du Canada et des autres pays, de la
France en particulier.
M. Dubois: Je crois que ce sont les États-Unis qui ont
demandé la Swiss Formula.
M. Tremblay: Les États-Unis aussi. Donc, il est fort peu
probable... Premièrement, la formule suisse n'est qu'une des formules.
Il y a la formule américaine, la formule japonaise. La formule suisse
est mitoyenne, entre les deux. Par contre, il y a aussi l'accord multifibre,
qui a été renouvelé au mois de janvier, mais qui n'a pas
encore été paraphé par tous les signataires, qui couvre
une bonne partie de ces secteurs. Pour ces deux raisons, je doute que l'entente
finale qui devrait commencer à être complétée en fin
de juillet touche à
beaucoup de catégories dans le secteur textile et
vêtement.
M. Raynauld: M. le Président, je veux simplement
réitérer le souhait que j'ai fait tout à l'heure. Encore
une fois, je ne voulais pas avoir de document détaillé sur
l'Opposition du gouvernement du Québec à ces négociations,
mais je pensais que, peut-être, il existerait des documents plus
généraux qui auraient pu servir, encore une fois, de guide et
d'interprétation au moins vague.
En ce qui concerne le Canada, on sait que ce sont les objectifs que le
Canada poursuit. On dit: Le Canada poursuit un objectif de réduction
multilatérale des tarifs et des autres obstacles au commerce
international, dans un cadre multilatéral.
C'est déjà quelque chose de savoir cela. C'est dans cette
direction qu'ils vont.
Bien sûr, on est loin des détails de l'application d'une
politique comme cela.
M. Tremblay: C'est l'objectif du Tokyo Round, on ne dit rien en
disant cela.
M. Raynauld: Non, mais ce serait intéressant de savoir si
vous partagez cette vue, ou si vous préféreriez des accords
bilatéraux. Vous avez déjà écrit des livres
là-dessus.
M. Tremblay: Rapidement sur cela, il est évident qu'il y a
des négociations bilatérales, mais à Genève, la
très grande majorité des négociations est
bilatérale. Il ne faut pas se fier aux grandes déclarations; il
est évident que le Tokyo Round, c'est multilatéral. Mais, le
Canada a ses partenaires commerciaux, ce sont les États-Unis, c'est
l'Europe et le Japon. C'est avec ces trois ensembles qu'on négocie le
plus. Il est évident qu'avec les États-Unis, il y a des
négociations bilatérales très poussées qui vont
peut-être trouver place dans l'entente générale.
Le Président (M. Blank): Programme 2, adopté?
Adopté. La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 heures)