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Étude des crédits du ministère de
l'industrie et du commerce
(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Blank): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Il y a maintenant quorum. On commence l'étude des crédits
budgétaires de l'industrie et du commerce. Les membres de cette
commission sont: M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Dubois (Huntingdon), M. Gosselin
(Sherbrooke), M. Grégoire (Frontenac), Mme Leblanc
(Îles-de-la-Madeleine), M. Lefebvre (Viau), M. Ouellette (Beauce-Nord),
M. Raynauld (Outremont), M. Shaw (Pointe-Claire), M. Tremblay (Gouin). Les
intervenants sont: M. Caron (Verdun), M. Gagnon (Champlain), M. Godin
(Mercier), M. Goulet (Bellechasse), M. Landry (Fabre), M. Michaud (Laprairie),
M. Perron (Duplessis), M. Roy (Beauce-Sud), M. Samson (Rouyn-Noranda) et M.
Vaillancourt (Orford).
M. le ministre.
M. Tremblay: Merci beaucoup, M. le Président.
M. Michaud: Excusez-moi, M. le ministre. M. le Président,
avez-vous besoin d'un rapporteur pour la commission? Est-ce avec le ministre
des Finances?
Le Président (M. Blank): À ma connaissance, pas
dans cette commission.
M. Michaud: D'accord. Merci.
Remarques générales M. Rodrigue
Tremblay
M. Tremblay: M. le Président, c'est avec plaisir que je
propose à la commission de l'industrie et du commerce l'étude des
programmes qui résument l'activité de mon ministère. Je
suis certainement fier de vous présenter ce document qui retrace par le
détail non seulement les éléments du budget de la
présente année fiscale mais aussi l'ensemble des initiatives
toutes neuves qu'a prises et qu'a l'intention de poursuivre le ministère
de l'Industrie et du Commerce.
J'espère que chacun des membres a reçu et
déjà pris connaissance du document auquel je fais allusion,
c'est-à-dire le document portant le titre: Ministère de
l'Industrie et du Commerce, budget 1978/79. J'ai aussi demandé que l'on
distribue le rapport officiel du ministère pour l'année 1977/78.
C'est un rapport qui sera déposé à l'Assemblée
nationale cet après-midi. J'ai pensé que les membres de la
commission aimeraient peut-être en avoir une copie pour les soins des
travaux de cette commission. (10 h 15)
Permettez-moi tout d'abord de vous présenter le sous-ministre en
titre du ministère de l'Industrie et du Commerce, M. Claude Descoteaux,
qui est à ma droite et qui a été nommé, comme vous
le savez, au cours de l'été dernier, soit après
l'étude des crédits pour l'année 1977/78. J'aimerais aussi
vous rappeler les récents changements importants à la direction
supérieure de mon ministère qui se sont produits au cours de
l'année qui s'est écoulée, telle la nomination de M.
Marcel Daneau, sous-ministre associé aux pêches maritimes, celle
de M. Christian Latortue, sous-ministre adjoint à l'administration,
celle de M. Maurice Turgeon, sous-ministre adjoint à la politique
d'achats et celle de M. Jacques Clermont, sous-ministre adjoint aux
sociétés d'État.
Comme vous voyez, M. le Président, l'année 1977/78 a
été une année de réorganisation du ministère
de l'Industrie et du Commerce et en même temps; l'année 1977/78 a
été aussi une année de grandes réalisations pour le
ministère de l'Industrie et du Commerce. En plus des nominations
à la haute direction, j'aimerais souligner aussi certaines nominations
importantes au ministère de l'Industrie et du Commerce. M. Oneil Roy a
été nommé directeur général de l'industrie.
M. Claude Masson a été nommé directeur
général de la recherche et de la planification. Enfin, M. Jean
Houde a été nommé secrétaire du
ministère.
Comme vous le savez, M. le Président, la vocation première
de mon ministère est de favoriser le développement industriel et
commercial du Québec. C'est ce que l'on retrouve à l'article 2 de
notre loi constitutive. Aussi tous les programmes que nous administrons et que
bien souvent nous avons dû créer sont à la fois
extrêmement diversifiés et liés tous à un seul
défi fondamental, c'est-à-dire un Québec plus fort au plan
économique. Je pourrais en dire autant d'ailleurs de la vocation des
sociétés d'État qui relèvent de mon
autorité. Là encore, nous devons procéder à une
réévaluation des fonctions et des modes d'action des
sociétés d'État afin qu'elles soient mieux
équipées pour atteindre les buts qui leur ont été
assignés. J'ai déjà eu l'occasion au cours de
l'année, M. le Président, d'annoncer la réorganisation de
certaines des sociétés d'État et j'aurai l'occasion de le
faire aussi dans les mois qui viennent pour certaines autres
sociétés d'État.
Que ce soit donc dans ses activités de recherche, dans la
définition des stratégies en matière industrielle, dans la
promotion des investissements, la prospection des marchés ou au niveau
des divers types d'assistance financière ou technique accordée
à l'entreprise, un ministère comme celui de l'Industrie et du
Commerce est constamment confronté à la réalité
économique du Québec. Notre tâche est de faire
évoluer cette réalité. Je dirais même de la pousser
dans le dos, si vous me passez l'expression, lorsque c'est nécessaire.
Je vous avouerai que ce n'est pas une tâche facile, M. le
Président, et que les contraintes auxquelles nous devons faire face sont
nombreuses. C'est pourquoi je profite de l'occasion qui m'est donnée
aujourd'hui pour remercier publiquement la direction du ministère de
l'Industrie et du Commerce,
les cadres et l'ensemble du personnel pour la qualité du travail
qu'ils ont accompli au cours de la dernière année
budgétaire et de la collaboration sans réserve qu'ils m'ont
accordée comme à l'ensemble du gouvernement.
Maintenant, M. le Président, si on examine même de
très loin la dernière année budgétaire il tombe
sous le sens que pratiquement jamais le ministère de l'Industrie et du
Commerce n'aura eu une activité si fébrile qu'au cours de
l'année 1977/78.
De fait, malgré et mise à part l'inertie
déplorée du gouvernement fédéral en matière
économique, notre gouvernement et mon ministère en particulier
auront réussi en une seule année à donner une confiance et
une ambition économiques nationales bien différentes de ce qui
existait précédemment. Je considère que jamais le
ministère de l'Industrie et du Commerce n'aura autant et si bien
travaillé qu'en 1977/78.
En conséquence, je ne pourrai ici que vous résumer nos
principales interventions de l'année. Ce fut, M. le Président,
à tous les points de vue, une année de réalisation,
surtout si l'on considère la période relativement courte depuis
que nous avons pris le pouvoir. Je pense qu'il n'est pas exagéré
de dire que dans le cas du ministère de l'Industrie et du Commerce, du
moins, nous avons fait plus en un an et demi que ce qui s'était
réalisé au cours des quinze années
précédentes.
M. Raynauld: Pardon, voulez-vous répéter cela?
M. Tremblay: Dans le cas du ministère de l'Industrie et du
Commerce, nous avons plus fait...
M. Raynauld: Plus dans une année...
M. Tremblay: Je pense que le député d'Outremont
revient de très loin...
M. Raynauld: ... qu'au cours des quinze années
précédentes?
M. Tremblay: Précédentes.
M. Raynauld: Ah oui!
M. Gagnon: Quinze ou vingt.
M. Tremblay: Savez-vous combien de lois le ministère de
l'Industrie et du Commerce a fait adopter depuis son existence?
M. Raynauld: Je savais que vous aviez de l'audace, mais...
Le Président (M. Blank): À l'ordre, s'il vous
plaît! Le ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. Tremblay: M. le Président, je vais entreprendre de
démontrer ce que je viens de dire. J'ai dit quinze ans, mais je pourrais
remonter beaucoup plus loin en arrière, parce qu'avant 1960 il n'y avait
pratiquement pas de ministère de l'Indus- trie et du Commerce. Dans les
années soixante, c'était un ministère avec une
visée relativement basse. À partir de 1971, il y a eu un peu plus
de sursauts, mais c'est à partir de 1976 que le ministère de
l'Industrie et du Commerce a commencé à avoir dans les
décisions gouvernementales une influence qu'il n'avait pas dans le
passé.
M. Raynauld: Je ne savais pas...
M. Tremblay: Une des premières mesures de notre
gouvernement a été de convoquer la conférence
socio-économique de La Malbaie, en mai I977. C'était la
première fois que ceci se produisait, que le gouvernement prenait
l'initiative de regrouper les agents économiques, afin de faire des
diagnostics sur la situation sociale et économique du Québec et
afin de guider les actions de chacun des intervenants.
Nous respections là une des conditions essentielles à
l'amélioration de la performance économique du Québec,
c'est-à-dire l'établissement d'une juste collaboration et la
concertation normale qui doit exister entre tous les agents économiques
si nous voulons que le Québec se développe. Il s'agissait en
somme de faire le point sur les grands problèmes auxquels
l'économie québécoise était confrontée.
Cette conférence a d'ailleurs été suivie de plusieurs
mini-sommets à caractère sectoriel.
Il convient de souligner, M. le Président, que mon
ministère a été étroitement associé non
seulement à la préparation de ces conférences
économiques ou mini-sommets, mais aussi à l'application des
résolutions qui y ont été prises. C'est, d'ailleurs,
à la suite de la conférence de La Malbaie que mon
ministère a préparé le cinquième projet de loi
qu'il m'a été donné de présenter, soit le projet de
loi sur l'Institut national de productivité, lequel a été
adopté, comme vous le savez, jeudi dernier en deuxième
lecture.
Nous souhaitons que cet institut devienne un forum de discussion et de
recherche visant à sensibiliser la population et les divers agents
économiques au problème de la productivité au
Québec et à faire des recommandations au gouvernement, bien
sûr, mais aussi aux agents économiques dans le but
d'améliorer la productivité des entreprises et de la
main-d'oeuvre et de stimuler la croissance économique du
Québec.
Nous aurons l'occasion, M. le Président, de revenir devant cette
commission pour discuter le projet de loi 37 article par article. Il me sera
donné, à cette occasion, d'expliciter davantage le sens que nous
voulons accorder à la création de cet Institut national de
productivité.
En septembre 1977, le gouvernement organisait quatre mini-sommets
économiques portant chacun sur un des secteurs particulièrement
touchés par la conjoncture économique, soit le meuble, le
vêtement, le textile et la chaussure. Là encore, il s'agissait
d'innovation dans l'action économique du gouvernement, d'innovation dans
la consultation, d'innovation dans l'action et d'innovation aussi dans la prise
des responsabilités
d'un gouvernement provincial à l'endroit du gouvernement
d'Ottawa.
Ces conférences nous ont permis d'examiner, avec les
représentants patroneux, pardon patronaux et syndicaux... Je pense que
je vais prendre un peu de café, M. le Président.
M. Raynauld: Vous en avez? Vous en avez de ces
gens-là?
M. Tremblay: Très peu... des secteurs impliqués,
les mesures de stabilisation qui s'avéraient indispensables pour ces
industries. Ceci a permis aussi à mon ministère, avec des
données les plus récentes, d'élaborer les politiques et
les recommandations que le Québec a soumises au gouvernement
fédéral en novembre dernier. Ces politiques définissaient
la position québécoise sur l'établissement ou le maintien
des mesures commerciales temporaires concernant les industries du textile, du
vêtement et de la chaussure.
Ici, M. le Président, je dois souligner que le gouvernement
fédéral n'a accepté que la moitié environ des
recommandations que nous lui avons faites. Dans le secteur du vêtement,
il y a eu une recommandation qui a été passablement
acceptée dans le but de contingenter les importations. Dans le domaine
de la chaussure, il s'est agi de contingentements partiels, mais dans le
domaine du textile, le gouvernement fédéral n'a pratiquement pas
bougé, avec la conséquence que nous avons encore au Québec
des industries qui sont passablement efficaces et qui ne peuvent fonctionner
à pleine capacité. Je donnerais l'exemple, M. le
Président, de l'usine Dupont, à Coteau-du-lac, qui est une usine
de dimension internationale, une des plus modernes au monde, mais qui ne peut
pas commencer à fonctionner à cause de l'inertie du gouvernement
fédéral dans le domaine commercial.
Dans le même ordre d'idées, les travaux de direction
générale de la recherche et de la planification, avec un nouveau
directeur, M. Claude Masson que j'ai mentionné tout à
l'heure ont permis d'établir la position détaillée
du Québec en ce qui concerne les négociations commerciales
multilatérales du GATT. C'est sûrement la première fois
dans l'histoire que le Québec est aussi bien préparé pour
défendre ses intérêts commerciaux auprès des
négociateurs fédéraux et ceux des autres pays.
Je puis vous affirmer, M. le Président, que mon ministère
continue à suivre de très près les progressions des
négociations à Genève et l'évolution des positions
prises par les principaux pays participants. Il va sans dire que si la
négociation se termine cette année comme prévu, nous
établirons un bilan général de toutes les concessions
accordées en examinant en particulier la position du Canada en relation
avec les représentations faites par le Québec tout au long des
années de discussion.
Comme vous le savez, M. le Président, je me suis rendu à
Genève, il y a quelques jours, pour rencontrer les négociateurs
canadiens avec, à leur tête, M. Rodney Gray, l'ambassadeur. Il m'a
été donné aussi, à cette occasion, de participer
à des séances de travail avec l'ambassadeur représentant
les États-Unis, l'ambassadeur représentant le Marché
commun européen et l'ambassadeur représentant le Japon. Je pense
que le Québec a fait connaître ses points de vue de façon
précise, du moins au maximum de ce que pourrait faire un gouvernement
provincial qui ne participe pas de droit à ces négociations. Nous
avons, bien sûr, sur place un représentant, étant la seule
province, effectivement, au Canada à avoir un représentant, mais
il va de soi que nous ne participons pas directement à ces
négociations, devant nous en remettre pour ce faire aux soins de
l'équipe de négociation fédérale.
D'autre part, on sait que par leur achat, les gouvernements jouent un
rôle important dans l'économie, tant par les
débouchés qu'ils offrent à de nombreuses entreprises que
par les retombées économiques des contrats octroyés.
J'ouvre ici une parenthèse pour dire que peut-être un des points
saillants de ma visite à Genève, ce fut d'apprendre comment les
gouvernements avaient des politiques d'achat qui étaient très
fortes, qui étaient élaborées de façon très
précise pour encourager leur industrie.
Je savais qu'aux États-Unis il y avait un Buy American Act mais
j'ignorais le détail de ce Buy American Act. Lorsque le gouvernement
américain accorde une subvention à une municipalité ou
à un gouvernement d'État, les produits qui sont achetés
dans le cadre de ces projets subventionnés peuvent dépasser en
tout 50% avant que l'on songe à faire appel à des
importations.
Nous allons parler, dans quelques instants, de la politique d'achat du
gouvernement du Québec; les coûts des produits qui sont
achetés dans le cadre de la politique d'achat ne peuvent pas
dépasser 10% avant qu'une importation se produise. Or, M. le
Président, je disais au début de cette intervention que le
gouvernement du Québec a fait plus, en un an et demi, que les autres
gouvernements en quinze ans dans ce domaine. Il était quand même
incroyable que, vivant autour d'économies qui s'étaient
donné, depuis de nombreuses années, des politiques d'achat
les États-Unis en premier lieu; l'Ontario, comme on le sait, a une
politique d'achat depuis de très nombreuses années nous,
au Québec, nous jouions aux théoriciens du libre échange
complet. La conséquence fut qu'on s'est retrouvé avec une
structure industrielle la plus défavorisée, les industries les
moins rentables, alors qu'on exportait nos lingots, nos matières
premières dans les autres économies qui, elles, les
transformaient pour nous revendre des produits transformés.
M. le Président, nous aurons l'occasion de revenir sur ce point
capital de l'initiative d'un gouvernement, même provincial, qui peut
contribuer à raffermir l'économie du Québec. D'autres pays
et non les moindres, comme je le soulignais tout à l'heure, ont compris
le rôle des achats dans la stimulation industrielle. Au Québec, il
a fallu attendre jusqu'à l'an dernier ppur qu'une politique d'achat,
pour les secteurs public et parapublic, soit élaborée. C'est dans
le cadre de cette politi-
que qu'il a pour mission de coordonner que mon ministère a
participé, pour la première fois l'an dernier, à
l'évaluation des retombées économiques liées
à l'octroi du contrat de construction des 1200 autobus devant servir aux
diverses communautés urbaines du Québec. Je vous rappelle qu'il
en est résulté le transfert d'une usine de la General Motors de
London, Ontario, à Saint-Eusta-che, Québec. (10 h 30)
En octobre 1977, le gouvernement lançait un programme à
court terme de stimulation de l'économie et de soutien de l'emploi. Les
projets retenus l'ont été principalement en fonction de leur
possibilité de réalisation à court terme, de leur forte
intensité en main-d'oeuvre et de leurs impacts régionaux. Mon
ministère et les sociétés dont j'ai la charge sont
responsables de neuf programmes spécifiques qui engagent, sur une
période d'un an et demi, un montant minimum de $40 millions.
Parmi ces programmes, j'aimerais, M. le Président, mentionner
celui qui a trait à l'expansion de la petite et moyenne entreprise
innovatrice, la PME innovatrice. Ce programme a pour but d'accorder une aide
financière aux entreprises innovatrices qui ont un potentiel
élevé de croissance, mais qui ne trouvent pas
nécessairement le capital nécessaire à leur expansion.
À la fin de l'année, 48 entreprises avaient fait parvenir une
demande afin de participer à ce programme. Les projets acceptés
représentaient une aide financière s'élevant à $3
millions.
M. le Président, nous avons consacré à ce programme
un montant de $15 millions. Ceci représente les chiffres de la fin
d'année. Entre-temps, il y a eu énormément d'aide qui a
été accordée à ces entreprises sous d'autres
formes.
D'autres mesures ont encore été offertes aux entreprises
des secteurs traditionnels et du secteur des pêches. Enfin, dans le cadre
du même programme, la Société des alcools a entrepris
l'accroissement du nombre de ses services. À ce propos, et bien qu'elle
ne fasse pas partie du programme en question, il est évident que la loi
que nous venons de faire sanctionner, permettant la vente de certains vins dans
le réseau des épiciers indépendants du Québec, aura
pour effet de consolider ce secteur du commerce de l'alimentation, sans compter
les autres effets d'entraînement sur l'économie, de même,
bien sûr, que les conséquences favorables pour les consommateurs
et les consommatrices.
Toujours dans le but de favoriser le développement industriel,
mon ministère a implanté, au cours de l'année, les deux
importants programmes prévus dans la loi 48, que nous avons votée
en août dernier, sur les stimulants fiscaux au développement
industriel, c'est-à-dire le fonds de relance industriel pour les petites
et moyennes entreprises et le dégrèvement fiscal pour les
entreprises manufacturières répondant à certains
critères économiques et régionaux.
À la fin de mars 1978, mon ministère avait reçu
au-delà de 3000 lettres d'intention de la part d'entreprises
désirant se prévaloir des avantages de cette loi. À ce
jour, je suis heureux d'annoncer que plus de 300 certificats ont
été émis, pour un investissement total projeté
d'environ $215 000 000. Ceci pour les petites et moyennes entreprises du
Québec, dont aucun gouvernement, dans le passé, ne s'était
préoccupé du développement.
Je vous faisais part, lors de la présentation des crédits
au mois de mai, l'an dernier, de mon intention de mettre en marche, le plus
rapidement possible, le programme des sociétés pour le
développement de l'entreprise québécoise,
c'est-à-dire les SODEQ. Ces SODEQ sont des sociétés
financières privées à caractère régional qui
doivent investir, selon la loi, dans l'entreprise québécoise, en
s'attachant surtout à fournir des capitaux de risque aux PME du secteur
manufacturier. En 1977/78, j'ai autorisé la création des quatre
premières SODEQ, soit la SODEQ Beauce-Appala-ches, la SODEQ Nord-Ouest
Québec, la SODEQ Consolding de Montréal et la SODEQ bassin
Richelieu.
Depuis plusieurs années, on parle du rôle des petites et
moyennes entreprises de fabrication dans le développement des
économies industrialisées. On connaît, de plus,
l'importance de ces entreprises au Québec tant pour ce qui est de la
part de la production attribuable à ces entreprises, qui dépasse
50%, que par le fait que c'est à ce niveau que se situe surtout la
propriété québécoise. Les quelque 20% que les
Québécois francophones possèdent dans le secteur
industriel, on les retrouve surtout au niveau des PME.
Or, depuis l'arrivée au pouvoir du présent gouvernement,
nous avons mis un accent particulier sur le développement des PME au
Québec. J'y vois, quant à moi, non seulement un instrument
privilégié de développement économique, mais aussi
une des voies qui s'imposent pour la reprise en main de notre économie
et pour l'affirmation du projet collectif québécois. Le
rôle de mon ministère est capital à cet égard. Les
différents programmes d'assistance financière et technique qu'il
administre s'adressent évidemment, à toutes les entreprises, mais
en priorité à la petite et à la moyenne entreprise.
Afin de mieux remplir son rôle dans ce domaine, le
ministère dispose de quatorze bureaux régionaux répartis
à travers les dix régions administratives du Québec. Ses
délégués régionaux servent d'agents de liaison
entre les entreprises, les divers organismes de développement
économique et le ministère afin de coordonner les
activités du ministère et les interventions au niveau des
régions et de faire connaître aux entreprises les programmes
d'assistance auxquels elles ont droit.
Comme vous le savez, les petites et moyennes entreprises du
Québec, qui, selon nos définitions, comptent pour environ 6500
entreprises, s'adressent avant tout au gouvernement du Québec
lorsqu'elles désirent avoir un soutien technique ou un soutien
financier. Le gouvernement fédéral étant très
éloigné n'accorde habituellement que très peu de son aide
aux PME québécoises. Je vous rappelle qu'il y a quelque temps
nous avons eu un débat en cette salle où on parlait de
l'économie. Entre autres, on avait soulevé la question des
fonds de recherche fédéraux au plan industriel. Il n'y avait que
11% des sommes fédérales consacrées à la recherche
qui venaient au Québec. La majorité allait en Ontario. Ceci est
compréhensible parce que, pour les PME comme pour l'ensemble de la
population, le principal gouvernement, c'est le gouvernement du Québec,
le gouvernement d'Ottawa étant un gouvernement plutôt secondaire.
En Ontario, c'est le contraire. Le gouvernement principal, c'est le
gouvernement d'Ottawa et le gouvernement secondaire, c'est le gouvernement de
Toronto.
Au cours de 1977/78, la Société de développement
industriel s'est vu accorder 20 nouveaux postes afin qu'elle puisse, elle
aussi, se régionaliser. Son intégration aux bureaux
régionaux du ministère de l'Industrie et du Commerce est
déjà très avancée et confirme la volonté du
gouvernement, la volonté du ministère de l'Industrie et du
Commerce de décentraliser ses services auprès des entreprises et
auprès de la population. D'autre part, afin de préparer la
relève dans les petites et moyennes entreprises, mon ministère
offre actuellement deux nouveaux programmes de subventions: le programme
UNI-PME qui favorise l'embauche de diplômés universitaires et le
programme intégration de stagiaires qui touche les stages
d'étudiants du niveau postsecondaire dans les PME durant
l'été.
J'expliquerai plus longuement ces deux programmes lors de l'étude
détaillée des crédits car nous avons
considérablement accru les crédits dans ce domaine pour la
présente année financière. Par ailleurs, j'avais souvent
affirmé, M. le Président, que la croissance de l'industrie
québécoise allait de pair avec l'intensification et la
diversification des exportations, plus particulièrement des produits
transformés. Aussi, cette année, offrons-nous, dans le cadre du
programme APEX (aide à la promotion des exportations) une aide
financière et technique aux entrepreneurs québécois. Ce
programme vient coiffer le rôle normal qu'un ministère comme le
mien doit prioritairement entretenir, c'est-à-dire fournir aux
entreprises québécoises l'assistance dont elles peuvent avoir
besoin dans la prospection des marchés extérieurs.
Cependant, M. le Président, l'entreprise ne peut s'imposer
à l'étranger si elle ne jouit pas, dès le départ,
d'une position assurée ou du moins d'une position forte sur son propre
marché intérieur. C'est dans cette perspective, afin de mieux
faire connaître au Québec même les productions
québécoises, que le Centre de recherche industriel du
Québec a publié récemment, à ma demande, un
répertoire des produits fabriqués au Québec. Ce
répertoire constitue un outil d'information précieux, compte tenu
de l'accueil qu'il a reçu. Nous l'avons publié, M. le
Président, à 15 000 exemplaires, pour l'ensemble des industries
manufacturières, pour les bureaux d'ingénieurs, pour les bureaux
d'architectes, etc., pour les centres d'achats gouvernementaux et parapublics.
Nous le publierons de nouveau le 26 de ce mois sous forme de livre de poche.
J'avais parlé d'un tirage de 75 000 à 100 000, mais nous allons
le publier à certains intervalles en très grandes
quantités. Pardon?
M. Raynauld: Allez-vous le donner?
M. Tremblay: Nous allons le vendre à un coût
marginal, M. le Président. Je suis certain que le répertoire
favorisera une meilleure intégration des entreprises à
l'économie québécoise. Comme je le disais tout à
l'heure, il s'agit d'initiatives que le ministère de l'Industrie et du
Commerce a prises cette année, initiatives qui auraient dû
être prises il y a 15 ou 20 ans, M. le Président, mais ne l'ont
pas été. J'ai eu l'occasion, depuis le lancement du
répertoire, de rencontrer des groupes d'ingénieurs. Vendredi
passé, je rencontrais encore à mes bureaux l'Association des
ingénieurs civils du Québec me disant qu'ils étaient
très heureux de participer à cette initiative du Québec.
Souvent, nous avons des ingénieurs, des architectes qui sont
formés à l'étranger, qui sont habitués à une
normalisation des produits qui est celle des produits étrangers, des
économies étrangères. Lorsqu'ils reviennent pour faire
leur métier au Québec, naturellement la loi du moindre effort et
de l'inertie fait qu'ils font référence aux recommandations qu'on
leur a faites lorsqu'ils étaient dans les universités
étrangères, alors qu'on a des produits au Québec qui sont
aussi bons, qui répondent à la normalisation
québécoise, mais qui, souvent, faute d'information, ne sont pas
utilisés dans les constructions québécoises. Avec le
répertoire, on veut mettre dans le coup tous les Québécois
de bonne volonté qui veulent contribuer à l'essor
économique du Québec.
Maintenant, M. le Président, dans le domaine commercial, un des
objectifs du comité d'étude sur l'évolution, le
fonctionnement du commerce au Québec qui nous remettra son
rapport final à l'automne était d'examiner le degré
d'intégration de l'entreprise manufacturière
québécoise au réseau de cornmercialisation et de
distribution au Québec. C'est d'ailleurs un mandat que j'ai
spécifiquement confié au comité, dès notre
arrivée au pouvoir.
Dans la mesure, en effet, où les centres de décision
relativement aux politiques d'achat des grands réseaux de distribution
défavoriseraient systématiquement la PME
québécoise, celle-ci ne saurait se développer, quelles que
soient les mesures incitatives que l'on prenne par ailleurs ou quelles que
soient, je dirais, les subventions que l'on pourrait lui accorder.
J'ai eu l'occasion de rencontrer la nouvelle association
québécoise des détaillants, et je leur ai fait le message
que nous souhaitions, comme gouvernement, que les acheteurs pour les centres de
distribution, qu'ils soient au Québec ou en Ontario, tiennent compte de
la production québécoise dans leurs achats, que nous n'avions pas
l'intention de laisser l'économie du Québec devenir de plus en
plus un marché de consommation, un marché de dumping pour les
autres économies, une économie satellisée des grands
réseaux de distribution venant de l'étranger, venant de
l'extérieur.
Lorsque nous aurons le rapport final de la commission sur le commerce,
à partir des conclusions et des recommandations que nous fera le
comité d'études, mon ministère élaborera, au cours
de l'année, une politique globale sur le commerce au Québec. Je
crois, M. le Président, que nous avons depuis trop longtemps
négligé les réseaux de distribution et l'aspect commerce
de l'activité économique.
Évidemment, on a mis l'accent sur le développement
industriel. À quoi servirait, M. le Président, je vous le
demande, de stimuler l'expansion de nos PME, si les réseaux de
distribution, à cause de la structure même de ces réseaux,
évinçaient nos propres produits et ne leur donnaient pas un
accès aux consommateurs et aux acheteurs?
Donc, nous avons cru bon d'attendre le dépôt du rapport
avant d'élaborer de façon définitive cette politique. Mais
j'ai déjà un comité d'étude qui fonctionne et qui
travaille à l'élaboration d'une politique pour le commerce au
Québec. Enfin, M. le Président, je m'excuse de prendre un peu de
temps, parce que, comme je le disais tout à l'heure, l'année
1977/78 a été une année de réalisations de la part
du ministère de l'Industrie et du Commerce. Pratiquement dans tous les
domaines qui touchent à mon ministère, nous avons agi, nous avons
posé des gestes concrets, mis de l'avant des politiques, adopté
des projets de loi, mais vous ne m'en voudrez pas de souligner la
décentralisation dans la direction des pêches maritimes et la
décision de faire de Gaspé la capitale des pêches au
Québec, que mon ministère et le gouvernement ont prise, au cours
des semaines passées. (10 h 45)
Là encore, M. le Président, je pense que le
député d'Outremont sera d'accord avec moi que c'est une mesure
qui traînait depuis 30 ans. Les pêcheurs demandaient depuis 30 ans
qu'on amène les laboratoires, qu'on amène les fonctionnaires un
peu plus près des pêcheurs parce que les pêcheurs, M. le
Président, sont des gens qui ne gagnent pas énormément
cher. Il s'agit d'une activité cyclique, saisonnière. On
forçait les pécheurs à venir à Québec passer
des journées, payer des chambres d'hôtel, venir faire des tests
avec leur poisson. Le problème, c'est que souvent les tests ne valaient
rien, parce que les poissons étaient déjà pourris.
Le Président (M. Blank): ...
M. Tremblay: M. le Président, on nous accuse parfois
d'être un gouvernement très éduqué qui parle
beaucoup.
M. Raynauld: Cela c'est vrai.
M. Tremblay: Dans le cas des pêches, comme dans les autres
domaines, nous avons agi à la satisfaction de tout le monde. Même
si, pendant de nombreuses années, le ministre des pêches
était le député de Bonaventure, jamais on n'avait eu le
courage de poser ces gestes de décentralisation.
Cette décision de décentralisation des pêches
maritimes fut une des principales décisions qui ont
découlé du mini-sommet sur les pêches maritimes que j'ai eu
l'honneur de présider les 28 et 29 avril derniers. Évidemment,
c'était la décision la plus spectaculaire, mais d'autres
décisions ont été prises à l'occasion de ce
mini-sommet, dont l'une consiste à relancer la modernisation de la
flotte de pêche au Québec, un programme fondamental pour l'avenir
des pêches.
Une autre décision fut la décentralisation des
laboratoires de recherche à La Tabatière, à
Cap-aux-Meules, à Grande-Rivière et à Gaspé
même. Une foule d'autres décisions seront appliquées au
cours de l'année qui vient.
Encore une fois, M. le Président, comme dans d'autres domaines,
même si nous ne sommes au pouvoir que depuis un an et demi, c'est
à mon gouvernement qu'il incombait de prendre la décision qui
s'imposait, la bonne décision, comme un vrai, bon et compétent
gouvernement sait en prendre s'il défend les vrais intérêts
fondamentaux de la population.
Non seulement la direction des pêches maritimes continuera-t-elle,
comme par le passé, à fournir une assistance technique,
financière et de recherche à l'industrie de la pêche, mais
elle sera dorénavant beaucoup plus près du milieu qu'elle a pour
tâche de servir, selon le principe que les gouvernements sont là
pour servir la population et non pas l'inverse. Principe démocratique
fondamental, mais que l'on oublie souvent lorsqu'on se laisse dicter ses
décisions par le quotidien ou par la lourdeur bureaucratique.
M. le Président, le budget que je vous présente
aujourd'hui j'ai l'honneur de le présenter aux membres de cette
commission pour l'année financière 1978/79 se chiffre
à $135 millions, en incluant les fonds statutaires de $6 millions
octroyés par le Centre de recherche industrielle du Québec.
Évidemment, ce n'est pas un gros budget. Le ministère de
l'Industrie et du Commerce est un gros ministère, mais il n'administre
pas un énorme budget parce que plusieurs de ses interventions sont des
interventions de soutien, de catalyseur du développement
économique plutôt que de dépensier.
Le budget net du ministère que cette commission doit examiner est
donc de $129 millions. Le poste de dépense le plus important et
c'est fondamental est le programme dit d'orientation et
développement de l'industrie secondaire, parce que c'est là
vraiment la mission principale du ministère de l'Industrie et du
Commerce. Un peu plus de $71 millions y sont consacrés, soit 53% du
budget net. Ce programme illustre bien une des vocations fondamentales du
ministère de l'Industrie et du Commerce. Par la force des choses, nous
avons appliqué, en 1977/78, une stratégie industrielle que je
pourrais qualifier de défensive. Ceci s'explique par une conjoncture
internationale difficile et par l'impéritie des gouvernements
précédents qui avaient pendant plusieurs années,
laissé pourrir une situation dont ils étaient pourtant bien
informés. On n'a qu'à penser, par exemple, aux difficultés
que connaissaient depuis
longtemps les secteurs forestiers ou les industries traditionnelles du
secteur de la fabrication. Cela n'est pas d'hier qu'on connaît des
problèmes dans ces secteurs, M. le Président.
Le fait que notre gouvernement ait hérité de ces
problèmes explique qu'il ait dû, d'abord, adopter une
stratégie industrielle défensive, une stratégie de
consolidation. Il s'agit maintenant, cependant, de passer à l'offensive.
Même si tous les programmes que j'ai mentionnés tout à
l'heure indiquaient quand même un début d'offensive, ce n'est rien
comparé à ce que nous allons faire dans les mois à
venir.
En ce qui concerne mon ministère, trois grands projets sont
maintenant à l'étude et devraient normalement faire l'objet de
réalisations en 1978/79. Premièrement, la réorganisation
des sociétés qui sont sous ma responsabilité, en
particulier, la Société de développement industriel, afin
qu'elles soient mieux équipées pour remplir leur rôle
fondamental, celui du développement économique du Québec
et de la promotion économique des Québécois. Comme vous le
savez, M. le Président, plusieurs des grandes sociétés
industrielles et commerciales du gouvernement sont sous ma
responsabilité et j'ai déjà annoncé une certaine
réorganisation. Il est évident que les sociétés
d'État vont devoir être plus dynamiques et plus rentables pour
qu'elles défendent les intérêts économiques
fondamentaux du Québec et administrent de façon judicieuse les
fonds publics qu'elles ont à administrer. Deuxièmement, la
création d'une société d'exportation semblable à
celle que beaucoup de pays connaissent déjà et qui s'adressera,
avant tout, à la petite et moyenne entreprise de fabrication, celle qui,
justement, trouve difficilement le moyen de prendre pied sur les marchés
étrangers. Je reviendrai sur cette question au cours de l'étude
détaillée des crédits, M. le Président, mais il
s'agit d'un point majeur pour l'expansion économique
québécoise.
Enfin, il s'agit pour nous de repenser en profondeur notre
stratégie de développement industriel. Il est évident que,
par rapport à l'évolution qu'il a connue au cours des quinze ou
vingt dernières années, le monde industrialisé se trouve
actuellement à un point de rupture. La hausse du coût de
l'énergie, l'arrivée de nouveaux pays sur la scène
industrielle, et, donc, la perspective d'une nouvelle division internationale
du travail ne sont que quelques-uns des facteurs qui imposent aux pays
industrialisés, comme au Québec, il va sans dire, la
nécessité d'une réorganisation structurelle fondamentale.
Quiconque suit de près cette question saura que des pays aussi puissants
économiquement que l'Allemagne ou le Japon sont profondément
affectés par la crise économique actuelle. Les règles du
jeu sont donc en train de changer, M. le Président. Pour le
Québec, il s'agit, cette fois-ci, au moins de ne pas manquer le bateau
et de ne pas uniquement se reposer sur les stratégies économiques
du gouvernement d'Ottawa, stratégies qui dans le passé,
lorsqu'elles ont existé, ont été surtout au profit de
l'Ontario. Le dernier budget du ministre Chrétien et en particulier la
proposition concernant la taxe de vente auraient été
pensés à Toronto que nous n'en serions nullement surpris, M. le
Président.
À cause de sa situation stratégique au plan des produits
primaires et de l'énergie électrique, le Québec est bien
placé pour prendre un nouveau décollage au plan industriel. En
termes plus concrets encore, il s'agit donc de faire en sorte que le
Québec ne soit plus le laissé-pour-compte et que ce ne soit plus
l'Ontario qui bénéficie, pratiquement seul, de ces
investissements. La révision de notre stratégie de
développement se fera en fonction de la réalisation de grappes
industrielles, c'est-à-dire d'ensembles d'industries qui ont des
affinités entre elles, ce qui peut conduire à des implantations
en chaîne, en plus de réduire la vulnérabilité de
ces secteurs face à la concurrence internationale.
Cette stratégie s'appuiera sur les avantages comparatifs propres
au Québec, comme la disponibilité des matières
premières, des richesses naturelles, des produits primaires, la
disponibilité d'énergie, la compétence de la main-d'oeuvre
et la proximité des riches marchés de la côte est du
continent nord-américain. L'amiante, l'acier, l'aluminium, la
pétrochimie, le matériel de transport offrent à cet
égard des possibilités énormes.
M. le Président, au plan économique, le Québec
n'est pas démuni. Ce qu'il faut, par contre, c'est une volonté
ferme de réussir, volonté politique d'abord d'un gouvernement qui
se préoccupe du développement économique, mais
volonté de l'ensemble des agents économiques de rattraper le
terrain que nous avons perdu au cours du dernier siècle. Je dirais
même qu'il faut, dans ce domaine, faire preuve de dynamisme dans la juste
défense de nos intérêts économiques
légitimes. Dans le domaine économique, c'est là la
tâche que le gouvernement du Parti québécois s'est
donnée, c'est-à-dire relancer l'industrialisation du
Québec, raffermir la place des Québécois dans le
fonctionnement de leur économie et faire en sorte que le
développement économique du Québec se fasse, en premier
lieu, au profit des Québécois.
Donc, M. le Président, il s'agit d'un tour d'horizon que j'ai
fait. Avant de passer à l'étude des programmes, nous en avons une
dizaine, j'aimerais, en terminant l'exposé, souligner que j'ai aussi,
à mes côtés, le sous-ministre en titre du ministère,
M. Descoteaux, qui pourra répondre à certaines questions, de
même que le sous-ministre adjoint responsable de l'administration, M.
Lator-tue, comme je le mentionnais au début; j'ai aussi M. Michel
Gagnon, qui est le directeur général de l'administration, de
même que le secrétaire du ministère, M. Jean Houde, et le
nouveau directeur des communications, M. Michel Dumas. Tous ces gens, plus
certains autres sous-ministres, comme celui des pêcheries, le
sous-ministre associé, celui de la direction générale de
l'industrie, se joindront à nous au cours de l'étude des
crédits et pourront m'aider à fournir aux membres de cette
commission tous les renseignements qu'ils jugeront à propos de
solliciter pour la bonne compréhension du détail des
crédits du ministère de l'Industrie et du Commerce.
Le Président (M. Blank): Avant de donner la parole au
député d'Outremont, j'ai besoin d'un rapporteur. Qui
suggérez-vous?
M. Michaud: M. le Président, je proposerais le
député de Viau, M. Lefebvre.
Le Président (M. Blank): D'accord? Le député
de Viau est le rapporteur de cette commission. Le député
d'Outremont.
M. André Raynauld
M. Raynauld: Merci, M. le Président. Je voudrais d'abord,
comme l'année dernière, féliciter le ministre de
l'Industrie et du Commerce de nous avoir préparé un document qui
nous donne des informations sur les activités de son ministère,
document que j'avais trouvé extrêmement utile l'année
dernière et que, de nouveau, je trouve extrêmement riche
d'informations et qui nous aide considérablement dans le travail que
nous entreprenons aujourd'hui, à propos de l'étude des
crédits. Je voudrais...
M. Michaud: C'est bien fait.
M. Raynauld: Oui, je reconnais que la préparation d'un
document comme celui-ci est une excellente initiative. Je sais que ce ne sont
pas tous les ministères qui le font et je reconnais d'emblée
qu'il s'agit là d'une initiative heureuse.
Ceci dit, je pense qu'il faut essayer de distinguer le plus clairement
possible les activités propres au ministère, qui sont les
activités de type gouvernemental, et le battage publicitaire que le
ministre fait et qu'il a fait ce matin à propos des décisions
politiques qu'il a pu prendre et des attitudes politiques qu'il prend
vis-à-vis des problèmes économiques du Québec et
vis-à-vis des activités de son ministère aussi.
Là-dessus, je pense que le ministre s'attend bien à ce que je
relève quelques remarques qui proviennent, me semble-t-il, d'une grande
naïveté. Ce n'est pas le ministre qui sera surpris si je dis qu'il
faut toujours éviter, lorsqu'on s'agite beaucoup, de prendre ses
décisions et ses initiatives pour des réalités. Il n'y a
pas de plus bel exemple que l'année qui vient de s'écouler; il me
semble très difficile, pour le ministre, d'invoquer l'activité
fébrile de son ministère, lorsqu'on considère les
résultats de la situation économique québécoise de
la dernière année. (11 heures)
Je crois que, cette année, il aurait fallu que le ministre fasse
montre d'une grande humilité, parce que les résultats
économiques du Québec n'ont jamais été aussi
mauvais, et il le sait très bien. La croissance a été
très lente en 1977 et, lorsque le ministre parle d'un renouveau de
confiance dans le Québec, je me demande bien où il prend cela. Il
n'y a jamais eu si peu de confiance que depuis que le gouvernement du Parti
québécois est au pouvoir. On le sait par les statistiques des
investissements qui sont lamentables dans le secteur privé. On le sait
par le taux de chômage qui n'a jamais été aussi
élevé; ce sont même des sommets sans
précédent. On le sait par les migrations; si on cherche des
indices de confiance, je pense qu'il n'y en a pas de meilleurs. On voit des
gens qui quittent le Québec en très grand nombre. Si, dans ce
cas, on n'a pas atteint le sommet de certaines années passées,
c'est qu'on a connu, dans le passé, des choses très
désagréables sur le plan du climat social. Je pense que le Parti
québécois n'a pas à se vanter s'il n'a pas encore
été capable de freiner cet exode qu'on a connu en 1978, en
particulier.
Je pense donc qu'il serait opportun cette année de montrer un peu
plus d'humilité dans l'action que le ministère de l'Industrie et
du Commerce peut avoir, quand on le regarde par les résultats et non pas
par les décisions, lesquelles, je reconnais, ont pu être
relativement nombreuses. Je sais que le ministre est un homme très
actif. Je sais qu'il rencontre beaucoup de monde, qu'il prend beaucoup
d'initiatives, mais, encore une fois, je pense qu'il ne faut pas mêler
l'activité personnelle d'un homme et les résultats de ses
politiques. Or, les résultats de ses politiques sont lamentables. Il n'y
a pas de politique économique, au Québec, à l'heure
actuelle. Le ministère de l'Industrie et du Commerce est chargé
du développement industriel. Je sais qu'il doit coordonner ses
instruments de politique avec ceux des autres ministères, mais dans la
mesure où le ministère de l'Industrie et du Commerce entend
exercer une certaine action, au niveau de l'ensemble du gouvernement, je pense
qu'on n'a pas de félicitations à faire au ministre, à ce
stade-ci, encore une fois. On avait annoncé, par exemple, l'année
dernière, qu'on referait justement cette stratégie de
développement industriel et cette stratégie est annoncée
pour l'année prochaine.
Je pense que l'on peut invoquer, de la même façon, un grand
nombre d'affirmations et de promesses qui avaient été faites et
qui n'ont pas été tenues. Je pense, en particulier, aux
sociétés d'État. L'année dernière, on nous a
dit exactement la même chose que ce matin, qu'il fallait que les
sociétés d'État soient plus efficaces. Il fallait que ces
sociétés aient un sens de l'efficacité, de la
productivité, lequel n'a pas encore été suffisant. Et
là on annonce une loi-cadre pour encadrer ces sociétés
d'État et pour refaire, de nouveau, ce qui a déjà
été fait dans le passé: des examens renouvelés des
sociétés d'État et les résultats sont toujours les
mêmes.
On peut penser à la politique d'achat, la célèbre
politique d'achat politique qui devait faire économiser des centaines de
millions au Québec. Je voudrais bien savoir où sont ces centaines
de millions.
J'ai lu, avec beaucoup d'attention, le rapport qui nous est soumis sur
la politique d'achat. Il n'y a rien dedans! On ne sait pas du tout quels ont
été les montants impliqués dans l'application de cette
politique d'achat. On ne sait pas ce que cela a rapporté au
Québec. On nous avait promis, je pense même, des rapports
trimestriels. Est-ce que cela n'est pas exact? Des rapports trimestriels sur
l'application de la politique d'achat. Je n'en ai pas encore vu, ni même
un annuel. Absolument rien
n'a été appliqué. Je sais qu'il y a eu des
initiatives qui ont été prises, je le sais, mais ces initiatives,
M. le ministre, avaient été prises également auparavant.
Les documents qui existaient, et le seul d'ailleurs que je connaisse sur
l'application de la politique d'achat est un document qui a été
publié deux ans avant que vous arriviez.
Vous avez l'audace de dire qu'aucun gouvernement n'avait même
imaginé une politique d'achat avant votre arrivée. Je m'excuse,
la politique d'achat n'a pas été élaborée en 1976.
Il y avait une politique d'achat au Québec. Il y avait des
comités qui se sont réunis pendant des années sur
l'application d'une politique d'achat. Je sais aussi c'est un
document que j'ai lu l'année dernière et que je n'ai pas eu
l'occasion de relire cette fois-ci qu'il y a un document qui a
été publié, qui a été déposé,
je suppose, à l'Assemblée nationale et qui faisait état de
l'application de politiques d'achat qui remontaient au moins à 1972 ou
1973. Alors, dire ici, devant nous, que c'est vous, M. le ministre, qui avez
défini pour la première fois une politique d'achat au
Québec, je pense que c'est une impertinence. La politique d'achat
existait au Québec. Elle existait bien avant que vous arriviez.
M. Tremblay: Me permettez-vous un court commentaire sur cela?
M. Raynauld: Oui.
M. Tremblay: II y a eu évidemment des
velléités, il y a eu des recherches de faites par les
gouvernements précédents mais jamais il n'y a eu de
volonté politique de les appliquer. C'est là la
différence. On peut évidemment avoir des velléités,
des volontés mais si, pour toutes sortes de raisons, ce n'est jamais
appliqué, il n'y a pas de politique d'achat. Le fait qu'il y ait des
politiques d'achat dans les livres ne signifie pas que les gouvernements en
ont. Nous, on n'est pas simplement des livresques, on est des hommes d'action
et on les applique.
M. Raynauld: Je m'excuse, M. le ministre. Je pense que c'est
vraiment faire peu de cas du travail considérable qui a
été fait par un comité interministériel qui
était chargé de l'application des politiques d'achat. Vous
connaissez l'existence de ce comité. Je pense que c'est vraiment
désobligeant à l'égard des gens qui ont travaillé
pendant plusieurs années pour l'application d'une politique d'achat.
D'ailleurs, les premiers éléments de cette politique remontent
à 1961, si je ne fais pas erreur. Il y avait déjà une
politique générale peut-être, qui remontait même au
début des années soixante. Cela a été une
préoccupation constante de beaucoup de gouvernements. Là, je ne
veux pas parler du gouvernement du Parti libéral, bien entendu. Je dis
que c'était une volonté constante du gouvernement du
Québec d'avoir une politique d'achat. C'est une des grandes
préoccupations que bien des gens ont, qui s'imaginent toujours qu'avec
une politique d'achat on est capable de transformer le monde, ce à quoi,
d'ailleurs, je ne souscris pas, comme vous le savez. Je voudrais bien que vous
releviez les déclarations dithyrambiques du ministre chargé du
développement économique lorsqu'il nous annonçait,
quelques mois après l'élection, quelle révolution la
politique d'achat du gouvernement québécois ferait au
Québec. On ne s'en est pas encore rendu compte. On a simplement des
rapports. Vous parlez de rapports livresques. C'est exactement ce qu'est ce
rapport, à l'heure actuelle. C'est un rapport livresque puisqu'il n'y a
pas d'estimation d'impact, il n'y a pas d'estimation dans ces rapports.
J'espère que le ministre nous donnera des renseignements
supplémentaires plus tard. À venir jusqu'à maintenant, il
n'y a rien là qui nous dit que la politique d'achat du gouvernement
québécois est en quoi que ce soit différente de la
politique précédente au point de vue de l'impact et au point de
vue de la conception même de cette politique.
On nous a également parlé d'une société de
réorganisation industrielle l'année dernière. Où
est-elle, cette société de réorganisation industrielle? On
me permettra de citer ici le ministre de l'Industrie et du Commerce qui nous a
dit, l'année dernière, et je cite: Cette société
sera une des pièces maîtresses de notre action en vue d'ajouter
à l'aide offerte aux entreprises québécoises. Son travail
se doublera de nombreuses activités, dont au printemps de l'an prochain,
en 1978 il est fini, le printemps de 1978, on est rendu à
l'été une importante semaine des petites et moyennes
entreprises qui couronnera une série d'activités, de
stimulations, de recherches et de travail collectif échelonnés
sur quatre mois, à compter de l'automne prochain, partout sur le
territoire du Québec. La société de réorganisation
industrielle, où est-elle? Elle n'a pas encore été
présentée. Il n'y a pas eu d'action entreprise là-dessus.
Pourtant, c'était un projet qui avait été
élaboré quand le Parti québécois était dans
l'Opposition. Ce projet est même dans le programme du Parti
québécois. Cela fait près de deux ans que ce gouvernement
est au pouvoir. La pièce maîtresse de l'action industrielle de ce
gouvernement n'est pas encore en place.
On nous a également annoncé l'année dernière
un institut de commerce international. On nous répète aujourd'hui
qu'il va y avoir une société d'exportation. C'est un autre
projet. L'année dernière, c'était un institut de commerce
international. Est-ce exactement le même? Est-ce que ce sont deux projets
différents? Je n'en sais rien.
Je cite le ministre de l'Industrie et du Commerce, à partir du
journal des Débats de l'année dernière. "Au Québec
même, nous mettons sur pied ou nous avons l'intention de mettre sur pied
il parlait même au présent: Nous mettons sur pied au
cours de l'année qui va suivre, un institut de commerce international
qui regroupera sous un même toit un grand nombre de services
d'information sur les marchés, sur les processus de marketing et sur les
activités d'exportation. Est-ce que cet institut attend le centre des
congrès? J'avais compris, l'année dernière, que
c'était une initiative indépendante du centre des congrès.
Alors, si c'est une initiative indépendante, il serait
bon que le ministre nous dise pourquoi il ne l'a pas entreprise. Et, si
ce n'est pas indépendant de cette autre initiative, je dirai
là-dessus également qu'on assiste à un retard absolument
lamentable après les déclarations, encore une fois, à
l'emporte-pièce des ministres qui ont dit lorsqu'ils sont arrivés
au pouvoir que toutes les choses se feraient du jour au lendemain. Tout ce
qu'on nous raconte encore cette année, ce sont les mêmes projets
qu'on rapporte de l'année dernière et on appelle cela des grandes
décisions qui ont été prises.
Parlons maintenant des stimulants fiscaux. Le ministre nous parle,
là encore, de politiques qui n'avaient jamais existé auparavant.
Or, pour l'information du ministre je pense bien qu'il le sait, mais il
faudrait qu'on le lui rappelle son programme no 2 je ne le
retrouve jamais, celui-là; voilà, la Loi sur les stimulants
fiscaux au développement industriel dégrèvement
fiscal favorisant le développement industriel et régional, cela
existait avant la venue du Parti québécois au pouvoir. Il y avait
un programme. Or, c'est celui-là qui fait état, probablement
parce que cela fait plus longtemps qu'il existe, d'engagements financiers
relativement importants et d'investissements relativement importants. Quand on
pense au programme que le ministre lui-même a introduit l'année
dernière qui est le fonds de relance industrielle, eh bien, pour le
fonds de relance industrielle, on parle ici de demandes de certificats à
l'étude de $20 millions. En tout cas, on aura l'occasion d'y revenir. Il
y a les coûts du projet, $48 millions. À ma connaissance, en ce
qui concerne, en tout cas, les engagements du gouvernement
québécois, ceci ne dépasse pas les prévisions
budgétaires qui avaient été prévues pour cette
année.
Donc, il n'y a pas, là non plus, de quoi se battre les voiles. Je
ne pense pas qu'il y a eu de révolution non plus avec l'application de
cette nouvelle Loi sur les stimulants fiscaux au développement
industriel. Encore une fois, ici, je ne veux pas mettre en doute
l'opportunité d'avoir créé ce programme. L'année
dernière je l'ai dit au moment de l'étude du projet de loi
j'étais d'accord avec ce projet de loi, mais qu'on ne vienne pas
nous raconter ici des choses qui dépassent de beaucoup la
réalité de l'application de ce projet de loi, même si ce
projet de loi est utile, même si ce projet de loi était opportun
au moment où il a été introduit.
Je voudrais simplement, pour me résumer, parce que je ne voudrais
pas faire de grandes déclarations, dire que, si le ministère de
l'Industrie et du Commerce semble avoir des activités, c'est bien
normal. Avec les budgets qu'on consacre au ministère de l'Industrie et
du Commerce, ce serait quand même une tragédie s'il ne faisait
rien. Tout en reconnaissant les activités qui sont entreprises et que
nous aurons l'occasion d'examiner en détail, je voudrais quand
même relier cette activité du ministère de l'Industrie et
du Commerce à l'activité d'ensemble du gouvernement qui ne
parvient ni à rétablir la confiance au Québec, ni à
créer des investissements suffisants, ni à réduire le
chômage. Dans des circonstances comme celles-là, je pense que la
seule attitude qui serait acceptable de la part du ministre, c'est, encore une
fois, comme je l'ai dit tout à l'heure, une très grande
humilité devant les événemements, plutôt que cette
confiance aveugle qu'une décision même bonne pourra avoir des
effets extraordinaires sur l'évolution future de la
société québécoise.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Huntingdon.
M. Claude Dubois
M. Dubois: Merci, M. le Président. Je voudrais, en premier
lieu, saluer M. le ministre, ainsi que tous les membres de cette commission et
aussi les fonctionnaires présents. Il me fait plaisir de vous rencontrer
personnellement. M. le Président, encore une fois, le ministre semble
vouloir se gargariser avec toutes les mesures prises en 1977/78.
Malheureusement, suite aux indications que l'on a, l'économie a
montré un signe qui n'est pas très positif cette année,
puisqu'il n'y a pas eu de regain de vie dans l'économie
québécoise. Je pense que toutes les indications le prouvent,
jusqu'à maintenant toujours. Il me semble aussi très malheureux
que l'on ait attribué seulement $135 millions, sur un budget total de
$12 760 000 000, à un ministère aussi important que le
ministère de l'Industrie et du Commerce, surtout dans les circonstances
actuelles. (11 h 15)
C'est un budget des plus rigides pour le ministère de l'Industrie
et du Commerce, et il est loin d'être un encouragement au
développement industriel et commercial. C'est également
très décevant de constater des coupures, comparativement au
budget précédent, à des postes tels que le soutien
technique et la Société de développement industriel.
C'est donc, je crois, une admission d'incapacité à
relancer l'économie, puisque l'on réduit les dépenses de
transferts et les crédits des prêts. Un tel geste laisse
prévoir encore une détérioration accentuée au
Québec, dans le secteur économique.
Le gouvernement consent dans son budget $12 millions comme prêts
à l'orientation et au développement de l'industrie secondaire.
Que pourrions-nous faire avec $12 millions pour relancer l'économie
secondaire qui se situe présentement dans un tel marasme? Les
mêmes administrateurs renflouent la Régie d'assurance-maladie
d'une somme de $205 millions, dont une large partie avait déjà
été utilisée à d'autres fins, et sont incapables de
trouver les fonds nécessaires à l'innovation des programmes
d'aide à l'entreprise privée. Je crois que c'est très
déconcertant.
Une comparaison des allocations additionnelles consacrées aux
ministères des Affaires sociales et de l'Éducation à la
faible portion du budget attribué au ministère de l'Industrie et
du Commerce révèle que, dans un avenir rapproché, les
Québécois seront très biens instruits et
posséderont aussi de bonnes dents, mais vivront dans un pays
sous-développé industriellement et commercialement parlant.
Plus nous approfondissons l'étude de la section des budgets de
l'Industrie et du Commerce, comparativement aux allocations attribuées
à d'autres ministères, plus nous sommes convaincus que la
priorité du gouvernement n'est certes pas le développement
industriel, ni la création d'emplois, ni le sort de l'entreprise
privée au Québec.
Le plan d'actions pour attirer l'industrie, tel qu'institué dans
les États de la Caroline du Sud et de la Géorgie, par exemple, a
donné de très bons résultats jusqu'à ce jour. Ces
États au lieu de payer de l'assistance sociale d'une façon
démesurée, ont attribué des sommes considérables
afin de propager la venue de nouvelles industries. Ainsi, Michelin a
établi une usine en Caroline du Sud, les Japonais et les Allemands eux
aussi se sont installés en Caroline du Sud et en Géorgie. Ces
États, qui étaient parmi ceux qui connaissaient le plus haut taux
de chômage aux États-Unis, ont réussi quand même
à se classer aujourd'hui parmi les États ayant le plus faible
taux de chômage. Le gouvernement aurait dû soumettre un plan de
subventions incluant des exemptions de taxes pour les nouvelles entreprises qui
désireraient venir au Québec.
Je pense qu'il est temps que certains de nos politiciens cessent de
démontrer Cuba comme une école-pilote car, après tout, ce
pays a seulement réalisé une croissance réelle de 1,7% de
son produit national brut dans les derniers quinze ans. Alors, le
Québec, avec un budget de $135 millions pour l'industrie et le commerce
sur un total de $12 760 000 000, connaîtra sans doute, en 1978, une
décroissance réelle de son produit national brut
intérieur.
Je pense qu'il est réaliste d'imaginer que notre situation peut
devenir encore plus catastrophique, face au manque de budget pour soutenir
l'emploi et l'économie au Québec. Souvent, on subventionne
l'établissement de parcs industriels ici j'aimerais vous le
souligner quand même avant même de manifester au moins le
désir d'attirer des industries nouvelles. Je pense que c'est mettre la
charrue devant les boeufs, à certains moments. C'est aussi
incompréhensible de constater une coupure au poste des dépenses
à la promotion de la vente de produits québécois. On a
indiqué souvent qu'on voulait relancer la production en mettant de
meilleurs budgets à la promotion des ventes, mais je pense que cela n'a
pas encore été fait cette année.
Donc, face au piètre budget, M. le Président, dont dispose
le ministre, dont nous commençons l'étude des crédits,
nous constatons, une fois de plus, une indifférence flagrante du
gouvernement actuel envers son essor économique, premièrement, et
du fait même, envers le bien-être de ses citoyens.
M. le Président, je pense qu'on a une gamme de voeux pieux, mais
encore aujourd'hui, et au moment où l'on se parle, cela ne suffit plus,
parce qu'il faut penser à d'autres façons de relancer
l'économie. Une des façons de relancer l'économie serait
d'améliorer le climat politique actuel où le socialisme est
prôné avec une envergure un petit peu décevante. Ce climat
politique est présentement très néfaste et ne cadre pas du
tout dans le contexte économique et industriel nord-américain.
Nos voisins du Sud ont toujours basé leur économie sur
l'expansion de l'industrie privée et sur le respect de l'initiative
individuelle. Il ne semble pas qu'on le fasse ici, du moins on le
démontre bien en ayant une politique socialisante à peu
près dans tous les domaines. Je pense que c'est très malheureux
de le constater.
Le ministre devrait quand même être assez réaliste
pour s'apercevoir que cette pratique du Parti québécois repousse
l'expansion et démoralise l'entreprise privée. Il est donc plus
que temps que le climat politique s'améliore si l'on veut, du moins,
espérer une certaine relance.
M. le Président, ceci dit, je suis prêt à passer
à l'étude des crédits du programme 1. J'aurai d'autres
questions à formuler un peu plus tard.
Le Président (M. Blank): Merci. M. Rodrigue
Tremblay
M. Tremblay: Avant que nous passions à l'étude
programme par programme des crédits, j'aimerais relever certains des
propos que les membres de l'Opposition viennent de faire et ce, très
rapidement. Ensuite, je donnerai la parole à quelqu'un d'autre.
Je remercie le député d'Outremont de souligner que les
crédits sont bien présentés dans un document qui renferme
énormément de renseignements. Je pense, M. le Président,
que les membres de la commission et peut-être surtout les membres de
l'Opposition doivent avoir le maximum de renseignements parce que les fonds
publics que le gouvernement administre ne sont pas ses propres fonds, mais ceux
de la population en général. Je crois que c'est le rôle
d'une Opposition de suivre de près les gouvernements notre
gouvernement comme ceux qui nous ont précédé et qui vont
nous suivre pour que ces fonds soient bien utilisés et de
façon judicieuse.
M. le Président, le député d'Outremont recommande
au ministre de l'Industrie et du Commerce une dose d'humilité cette
année parce que la situation économique n'est pas aussi
florissante qu'elle devrait l'être. Il est évident que, si la
situation économique internationale, si l'absence de politiques
économiques déterminantes de la part du gouvernement d'Ottawa
étaient la responsabilité du ministre québécois de
l'Industrie et du Commerce, je porterais sur mes épaules un poids
très lourd. Il est évident que, quand je mentionnais tout
à l'heure que le ministère de l'Industrie et du Commerce avait
agi dans plusieurs domaines de façon déterminante en 1977/78,
c'était dans des domaines qui relevaient directement de ma
compétence et de la juridiction qui m'est impartie. Par
conséquent, je suis d'accord avec le député d'Outremont
pour dire que la situation économique canadienne et
québécoise n'est pas ce qu'elle devrait être, que le taux
de chômage est trop élevé et que le rattrapage dans les
investissements ne se fait pas assez rapidement. Mais je crois que, dans
notre domaine de compétence, avec un gouvernement qui a quand
même une main attachée derrière le dos, nous avons fait
énormément.
Tout à l'heure, je n'ai pas mentionné l'abolition de la
taxe de vente dans les secteurs clefs de l'économie du Québec qui
va relancer l'économie de ces secteurs, autrement que ce qu'on aurait pu
faire par d'autres mesures qui nous étaient suggérées par
un autre gouvernement.
Maintenant, on parlait de la confiance, du renouveau de la confiance,
etc. Je pense, M. le Président, que le refrain que l'Opposition
officielle débitait à l'Assemblée nationale est
passablement usé et on utilise très peu maintenant cette question
de confiance pour la bonne raison qu'il y a plus de confiance au Québec
dans le domaine économique qu'il y en a dans bien d'autres
régions du Canada et dans bien d'autres domaines économiques.
Le député d'Outremont a sans doute pris connaissance de la
déclaration récente du président du Montreal Board of
Trade, qui n'est quand même pas quelqu'un qui appuie à tout rompre
le gouvernement du Québec. Il disait que la situation n'est pas pire au
Québec qu'au Canada et que le monde des affaires voit un rapprochement
très prometteur entre anglophones et francophones. On disait aussi
c'était le 1er juin 1978: Alors que tant de pessimistes pleurent
la fuite des investisseurs d'un Québec incertain, M. Groome,
président du Montreal Board of Trade, se réjouit de
l'arrivée de nouveaux investisseurs européens pour qui les
soi-disant menaces pour le Québec sont risibles. Il ajoutait: II y a
encore de l'argent ici; il y a notamment de nouveaux investisseurs
européens qui tiennent nos émotions actuelles pour des
vétilles.
Le président du Board of Trade, c'est ce qu'il y a de plus
conservateur au Québec c'est difficile de trouver plus
conservateur que le président du Board of Trade dit que la
confiance, au Québec, cela existe et que les Européens ont
confiance. Il y a peut-être quelques vieilles filles aux genoux
très mous qui branlent, mais pour des hommes d'affaires qui connaissent
un peu ce qui se passe, le Québec est un très bon endroit pour
investir. Autre donnée sur la confiance...
M. Raynauld: Avez-vous lu la déclaration du ministre des
Finances de la fin de semaine?
M. Tremblay: Lequel? Celui d'Ottawa?
M. Raynauld: Non, le vôtre, votre collègue. Il dit
que l'argent s'en va.
M. Tremblay: Pas de commentaire. Il y a un autre titre qui
illustre la question de la confiance. Dans la Presse du 30 mai, on dit: Les
titres québécois ont retrouvé leur stabilité sur le
marché U.S. Dans le passé, M. le Président, sur les
marchés financiers américains, l'écart de rendement entre
les obligations du Québec et celles de l'Ontario se situait
approximativement, ou fluctuait entre 45 ou 60 points de base. Or, en avril
1978, l'écart s'établissait à 53 points de base,
c'est-à-dire, la situation historique. Le Québec pour les
Américains est aussi stable que l'Ontario.
Mais il faudrait cesser, je pense, de critiquer. Le fait qu'il y ait un
gouvernement du Québec qui se préoccupe des intérêts
du Québec, finalement, après cent ans de négligence, cela
n'est pas la découverte des boutons à quatre trous. Cela n'est
pas un phénomène nouveau! Tous les gouvernements se
préoccupent de leur économie et de politiques d'achats, de
stimuler leur économie, de tirer le maximum d'avantages de leurs
ressources naturelles. Parce qu'il y a un gouvernement qui se tient debout,
maintenant, on dit: C'est terrible, cela va miner la confiance. Il ne faudrait
pas qu'on se couche par terre et qu'on cesse de respirer parce qu'il y a
quelques vieillots qui tremblent à chaque fois qu'un gouvernement se
tient debout. Pour les Américains et pour les autres, les
Européens, c'est tout à fait normal. Ils se posent la question:
Comment cela se fait-il qu'on n'ait pas fait cela auparavant? Ils ne croient
pas qu'on est au bord de la révolution parce qu'on s'occupe de nos
affaires. C'est tout simplement une situation normale.
Le fait qu'on veuille transférer des points d'impôt du
gouvernement fédéral au gouvernement du Québec, parce
qu'on juge que c'est le gouvernement du Québec qui est le mieux
placé pour dépenser ces sommes en fonction des priorités
du Québec, ce n'est pas un scandale, non plus. On voit se qui se passe
avec la taxe de vente; on a un gouvernement à Ottawa qui va contre les
intérêts du Québec. Nous, on n'a qu'un seul gouvernement en
Amérique du Nord qu'on contrôle vraiment, c'est le gouvernement du
Québec. Pour un Américain, pour un étranger, il n'y a rien
de surprenant que les francophones, les Québécois veuillent avoir
un gouvernement qu'ils contrôlent. Pas toujours être des citoyens
de deuxième classe dans un pays qu'on ne contrôle pas et qu'on va
contrôler de moins en moins avec la baisse de notre pouvoir
démographique à l'intérieur du Canada. Ceci n'est pas
surprenant, M. le Président. Le Québec est un endroit très
stable, et les Québécois sont un peuple très calme,
très démocratique. Il n'y a rien de surprenant dans cela. Comme
les citations auxquelles j'ai fait allusion tout à l'heure le
démontrent, je pense, qu'il y a autant de confiance ici qu'il y en a
ailleurs.
Évidemment, on est dans des situations, des lourdeurs, des
pressions qui font que l'économie du Québec a des
difficultés à se développer. J'ai fait allusion tout
à l'heure au réseau de distribution, à l'action du
gouvernement fédéral, notamment le ministère de
l'Industrie et du Commerce à Ottawa, qui est le ministère de
l'Ontario. C'est connu depuis CD. Howe, cela n'est pas nouveau. J'ai encore de
la difficulté, présentement, moi, comme ministre de l'Industrie
et du Commerce, parce que non seulement il faut que je contrecarre les effets
du ministère de l'Industrie de l'Ontario, mais celui du gouvernement
fédéral qui essaie de tout concentrer en Ontario de ce qu'il y a
de développement industriel. Il y a toutes sortes de raisons, qui font
qu'il est difficile de se développer. Maintenant, le
député d'Outremont dit que les résultats ne sont pas aussi
bons, mais il souligne
que le ministre a pris beaucoup d'initiatives. Ceci confirme ce que je
viens de dire.
En ce qui concerne la stratégie industrielle, nous avons une
stratégie industrielle, mais elle n'est pas encore chiffrée comme
on voudrait qu'elle le soit. Nous avons eu une stratégie
défensive, cette année, et nous avons une stratégie
industrielle offensive qui est en marche présentement. Nous avons un
groupe d'économistes dont certains sont des collègues communs au
député d'Outremont et à moi-même: Fernand Martin,
Claude Montmarquette, Marcel Boyer et Marcel Dagenais de l'Université de
Montréal qui travaillent sur un modèle de grappes industrielles
qui va être, je pense, un instrument important. Mais ce ne sera qu'un
instrument parce que, finalement, la politique industrielle, à juste
titre, cela doit être une préoccupation de l'ensemble du
gouvernement et non pas simplement du ministère de l'Industrie et du
Commerce.
En ce qui concerne la question des institutions et des nouveaux
organismes, je trouve un peu étrange que le député
d'Outremont critique le gouvernement pour ne pas avoir fait suffisamment
d'interventionnisme dans l'économie. Il suggère qu'on aurait
dû procéder encore plus rapidement dans le cas de la
société de réorganisation industrielle. (11 h 30)
Premièrement, la création d'une société de
réorganisation industrielle, à mon avis, ne doit pas
s'improviser, pour la bonne raison que les pays qui en ont créé
ont dû les abolir quelques années après. Dans le cas de la
Suède, dans le cas de la Grande-Bretagne, on a mis sur pied des
sociétés pour sauver des canards boiteux. Le danger, c'est que,
finalement, il n'y a aucun critère pour décider de l'intervention
d'un gouvernement, excepté la manifestation devant le parlement, etc.
Dans un système d'économie libre où il doit y avoir des
entreprises qui paient pour les erreurs, on ne peut pas toujours sauver toutes
les entreprises; dans ce cas, il n'y a plus d'entreprise risquée, il n'y
a plus d'économie de risque. Il est difficile de créer une
société qui sauve tous les canards boiteux.
Par contre, ce qu'il nous faut, c'est une société qui soit
plus présente dans le développement économique du
Québec et stimule l'industrialisation du Québec. C'est pour cela
que nous allons réorganiser la Société de
développement industriel cette année pour préciser son
rôle de soutien financier au développement, en créant soit
une nouvelle société, soit une filiale au moment où
je vous parle, je penche en faveur d'une filiale pour raffermir la
présence québécoise dans les secteurs qui touchent surtout
les matières premières et la transformation des matières
premières. On l'a fait avec la Société nationale de
l'amiante cette année. Il ne faudrait pas nous reprocher d'aller trop
vite dans le domaine, si on ne veut pas improviser. L'Opposition, pendant des
semaines et des semaines, a critiqué le gouvernement pour avoir
créé une Société nationale de l'amiante. Je
comprends mal le député d'Outremont qui dit: Pourquoi n'avez-vous
pas créé tout de suite votre société de
réorganisation industrielle? La vraie raison, c'est que j'ai
préféré ne pas improviser dans ce domaine. Je pense que le
député d'Outremont devrait me féliciter pour ne pas avoir
improvisé dans un domaine aussi stratégique. L'autre plan
important aussi, c'est que nous avons...
M. Raynauld: Ce n'est pas nous qui l'avions proposé.
M. Tremblay:... donné la priorité, cette
année, à la relance économique. On s'est impliqué
pour les industries innovatrices; dans les secteurs mous aussi, il s'en est
fait, de la réorganisation. On a mis sur pied un fonds de $15 millions
pour permettre à ces entreprises de passer à travers la crise
actuelle. Nous avons aussi mis sur pied un programme de $8 millions pour les
petites entreprises manufacturières. C'était notre
stratégie défensive qui se rapproche un peu de l'objectif de la
réorganisation industrielle. La SDI a joué très fortement
dans le secteur.
Maintenant, l'autre point que soulevait le député
d'Outremont touchait l'institut de commerce international. Premièrement,
un tel institut est un institut privé. Normalement, il y a un
côté technique fourni par le gouvernement, mais le projet initial
consistait, pour un groupe d'intérêts privés, à
faire un World Trade Center. Ceci n'est pas exclu du tout, mais il faut que les
intérêts privés puissent trouver des fonds
nécessaires pour investir dans le domaine. Mais en ce qui concerne le
soutien technique à l'exportation, je vous soulignerais, M. le
Président je pense que c'est au programme 3,
élément 2 que nous avons mis sur pied un programme de
sensibilisation à l'exportation, qui s'appelle vente-export, qui est
décentralisé, qui est régionalisé pour toutes les
régions du Québec, dans le but de fournir des renseignements
techniques aux petites et aux moyennes entreprises pour l'exportation. Donc,
nous ne sommes pas demeurés passifs dans le domaine.
Le fait que nous voulions créer une société
d'exportation est vraiment la consécration de la réussite que
nous avons eue avec notre programme inter-export cette année. Donc, il
ne faudrait pas nous reprocher de ne pas avoir créé l'institut de
commerce international. Premièrement, c'est un institut privé et
nous allons agir, nous, dans le domaine qui relève de notre
compétence.
Si vous me permettez quelques mots pour répondre aux commentaires
du député de Huntingdon, dont je salue la coopération en
passant, parce qu'il semble qu'il soit devenu le porte-parole officiel de
l'Union Nationale au plan économique. Je comprends qu'il en soit ainsi;
c'est un homme qui a un bon jugement et je pense qu'il remplace admirablement
bien le chef de l'Union Nationale qui dans le domaine économique, depuis
qu'il a vendu ses entreprises, a perdu passablement contact avec la
réalité. Surtout, la panique aidant, avec les difficultés
politiques qu'il rencontre ces jours-ci, il est très difficile pour lui
de discuter de façon pertinente de l'avenir économique du
Québec. Donc, je salue le député de Huntingdon pour
l'éclairage qu'il apporte au débat économique que nous
avons ici.
II a souligné le fait que le budget de l'Industrie et du
Commerce, comme moi-même je le sais, n'a pas un budget énorme.
Nous ne sommes pas un ministère dépensier. On dit toujours qu'il
y a beaucoup de dédoublements au Canada, on a deux gouvernements, deux
ministères de l'Industrie, deux ministères du Travail, deux
ministères des Communications, mettez-en! et que, à cause de
ceci, les gouvernements sont lourds et pesants au Canada. C'est absolument
juste. Si on concentrait la plupart des activités dans un gouvernement,
en ce qui concerne le gouvernement du Québec, je pense qu'on aurait des
économies d'échelle, ce que le député d'Outremont
connaît bien; il sera d'accord avec moi que ce serait de nature à
abaisser les impôts, comme on l'a fait avec le dernier budget, afin de
relancer l'économie. Mais, que voulez-vous, on a deux gouvernements.
M. Raynauld: Si on supprimait le vôtre, il y en aurait un
de moins.
M. Tremblay: C'est comme le ministre Chrétien...
M. Raynauld: Si vous y tenez absolument.
M. Tremblay: ... dans sa grande intelligence, qui recommandait
que le gouvernement du Québec abolisse le ministère du Revenu du
Québec et, comme vous dites, c'est évident que l'Ontario aimerait
bien qu'on abolisse le ministère de l'Industrie et du Commerce au
Québec. Le ministère fédéral pourrait alors
s'occuper seulement de l'Ontario. Il ne serait pas dérangé par ce
pauvre Québec.
M. Raynauld: ... c'est vous qui vous vous plaignez.
M. Tremblay: Je me plains dans le sens que c'est vrai qu'il y a
énormément de dédoublements. Ceci coûte cher. Je
pense que les gouvernements, les politiciens... On voit qu'il y a une
proposition 13 en Californie, proposition soumise aux électeurs de
Californie, pour plafonner l'augmentation des dépenses
gouvernementales.
Dans le cas du Canada, le fait qu'on ait deux gouvernements amène
évidemment des inefficacités. On pourrait avoir un organisme
panfédéral qui soit beaucoup plus léger, comme en a en
Europe, mais avoir une grosse masse avec un gouvernement fédéral
qui dépense dans les $40 milliards et qui, en plus, a eu un
déficit de $10 milliards l'an passé, et même
au-delà. Je pense que cela va monter à $12 milliards. C'est
incroyable qu'avec autant d'argent, ces gens réussissent à faire
si peu. C'est quand même incroyable!
Le député d'Outremont mentionnait tout à l'heure la
loi 48. Ce n'était pas extraordinaire. Mais je rappellerai au
député d'Outremont que les entreprises ne paient que le quart de
leurs taxes, de leurs impôts sur les profits au gouvernement du
Québec. Les trois quarts vont à Ottawa et, quand mon
ministère est très dynamique et met sur pied des programmes pour
stimuler les PME, c'est le gouvernement d'Ottawa qui en reçoit les
bénéfices, sous forme de profits plus élevés, et
nous, nous ne recevons que le quart.
Vous vous imaginez l'impact qu'aurait la loi 48 si elle s'appliquait
à 100% de l'impôt des PME et non pas seulement au quart de ces
impôts! L'impact serait encore plus grand. Donc, le député
de Huntingdon a raison. Le budget n'est que de $135 millions. Je soulignerais,
par contre, qu'il y a eu augmentation, par rapport à l'année
1977/78, de 20,5%. Le budget de l'an passé était de $112
millions, donc, une augmentation de 20,5%. Pour un gouvernement qui essaie de
limiter la croissance des dépenses gouvernementales, c'est un des
ministères qui connaissent la plus forte augmentation.
Ceci ne tient pas compte des dépenses extrabudgétaires. La
SDI, par exemple, peut, en faisant appel au budget de suppléance,
appliquer tous ses programmes sans limite budgétaire. S'il y a des
demandes de subventions et que les entreprises sont admissibles, elles
reçoivent les subventions et les prêts, etc., dans le budget
extra-budgétaire.
L'autre aspect qu'il convient de souligner, M. le Président, dans
cet ordre de choses, c'est que, cette année, les ministères n'ont
pas gardé de marge de manoeuvre comme on en gardait dans le
passé. Souvent, les ministères s'octroyaient 10% de marge de
manoeuvre. C'est mettre de l'argent simplement pour que ça paraisse
bien. Nous avons changé de tactique cette année. Par contre,
chaque ministère, pour chacun de ses programmes, peut demander au fonds
de suppléance une augmentation de 10% si c'est justifié, au cours
de l'année, sans faire appel à une procédure très
compliquée; de sorte que, théoriquement, on pourra augmenter le
budget du ministère de l'Industrie et du Commerce de $13 millions, cette
année, et ceci va certainement se produire dans le cas des pêches,
par exemple, car le mini-sommet sur les pêches s'est tenu à la fin
d'avril et le renouvellement de flotte et tout cela amènera de nouveaux
programmes qui devront entrer dans le fonds de suppléance puisque le
budget avait été fait au mois de décembre dernier. Il
n'avait pas pris en considération tout ce qui était sorti du
mini-sommet sur les pêches maritimes.
Il était temps aussi que les budgets des sociétés
qui relèvent de mon ministère soient des budgets qui
relèvent de l'Assemblée nationale et qu'ils ne soient pas inclus
dans le budget du ministère. De sorte que j'ai dit, tout à
l'heure, que mon ministère avait un petit budget mais était un
gros ministère. C'est vrai! Si on prenait tous les budgets des
sociétés d'État qui relèvent de l'Industrie et du
Commerce, c'est dans les milliards qu'il faudrait compter l'impact du
ministère de l'Industrie et du Commerce et non pas seulement ses $135
millions. En ce qui concerne la Caroline du Sud et la Géorgie, qui
donnent des exemptions de taxes pour de nouvelles entreprises, encore
là, M. le Président, la loi 48 fait un peu cela et les
États, habituellement, ne donnent pas de congés de taxe sur les
impôts sur le revenu. Habituellement, ce sont des congés de taxe
sur les taxes foncières. Or, nous avons déjà
annoncé que nous allons
provincialiser la taxe d'affaires au Québec dans le cadre de la
réforme fiscale des municipalités.
Dans ce cadre de provincialisation, nous allons pouvoir utiliser la taxe
d'affaires à des fins de promotion industrielle. Nous sommes à
mettre sur pied un programme, le ministère des Finances et le
ministère de l'Industrie et du Commerce, qui va permettre, pour certains
investissements qui satisfont à certains critères, par exemple
les critères 2-A de la SDI, d'être admissible à un
congé de la taxe d'affaires sur recommandation du ministre de
l'Industrie et du Commerce. Donc, c'est un outil que nous n'avions pas et que
nous sommes en train de nous donner par la provincialisation de la taxe
d'affaires.
En ce qui concerne le climat politique, je dirais la même chose au
député de Huntingdon que j'ai dite tout à l'heure au
député d'Outremont. Le climat politique au Québec est
beaucoup plus sain présentement parce que nous avons un gouvernement qui
pose les vrais problèmes. On ne laisse pas les manifestations aller dans
la rue. On ne laisse pas les problèmes pourrir avant d'intervenir. On
pourrait évidemment faire comme en Italie ou dans d'autres pays
où les gouvernements ne bougent pas, laissent les problèmes
pourrir et où il y a une tension sociale, des grèves
généralisées, cette désintégration sociale
qui existe quand un gouvernement ne se préoccupe pas des vrais
problèmes ou ne crée pas un équilibre entre le
développement social, le développement économique et le
développement culturel.
Dans notre cas, le gouvernement du Parti québécois n'est
pas un gouvernement qui est là uniquement pour couper les rubans et
faire de l'épate. Nous sommes là parce que nous croyons que nous
avons le mandat de la part de la population de regarder les vrais
problèmes de la façon la plus intelligente et d'y amener des
solutions. C'est pour cela que, dans le domaine culturel, nous avons introduit
la loi 101. On voit que maintenant la loi 101 est pratiquement adoptée
dans les faits par tout le monde. Il n'y avait rien d'extraordinaire. Par
rapport à ce qui se fait en Belgique et dans d'autres pays,
c'était vraiment le minimum que l'on pouvait faire.
Dans le domaine social, les grèves ont considérablement
diminué. Les pertes de journées de travail ont
considérablement diminué avec le sommet de La Malbaie, avec le
meilleur climat qui existe entre les dirigeants syndicaux, les travailleurs en
général et le gouvernement.
Dans le domaine économique, encore là, nous avons un
gouvernement qui a fait des recommandations au gouvernement central, qui a pris
ses responsabilités même comme simple gouvernement provincial, qui
a mis des sommes importantes avec le programme de relance économique et
de soutien de l'emploi, qui a mis sur pied une politique d'achat. Même si
le député d'Outremont disait qu'il y avait des
velléités d'appliquer une politique d'achat dans le passé,
nous on dépasse le seuil de la velléité. On l'applique.
Évidemment, le député d'Outremont voudrait avoir une
ventila- tion de toutes nos interventions. Il ne sait vraiment pas ce qu'il
demande. Dans les réseaux public et parapublic, nous avons
au-delà de 2000 points d'achat. Simplement faire bouger tout ce monde
qui avait énormément de petites habitudes d'acheter de tel
fournisseur, même si c'était importé, seulement bouger et
faire changer ces attitudes, cela a pris beaucoup de temps. Évidemment,
comme je l'ai dit, on l'a appliqué à partir de
l'été passé, la politique d'achat. Elle s'applique
présentement. Il y a encore des secteurs où elle n'est pas
suffisamment appliquée. Je suis d'accord avec vous. On m'a
souligné, par exemple, le cas de l'industrie pharmaceutique où
les hôpitaux du Québec achètent des produits des
États-Unis, de l'Europe et de l'Ontario. Lorsque nos entreprises
à nous essaient de vendre en Ontario, elles sont boycottées par
une liste où elles sont exclues, du moment où il y a un produit
qui est déjà fabriqué en Ontario. Il y a des aberrations
qu'il va falloir changer.
Finalement, une politique d'achat, dans un domaine de haute
publicité et de négociations tarifaires au GATT, à
Genève, on discute des obstacles non tarifaires au commerce ce
n'est pas souhaitable de donner des rapports détaillés trop
fréquemment puisqu'on fait évidemment le jeu de nos adversaires.
Ceci peut créer un impact de boomerang. Je pense que la plupart des
gouvernements, évidemment, lorsqu'il s'agit de légiférer,
d'avoir une loi et d'avoir des règlements qui sont publics, d'accord.
Aller se gargariser à chaque fois que l'on fait un bon coup avec la
politique d'achat, je pense que cela serait irresponsable. C'est pour cela que,
pour ma part, je parle très peu de la politique d'achat. J'en parle ici
parce que le député d'Outremont a eu l'amabilité de
soulever ce thème qui est quand même un des points forts de la
politique économique depuis quelques mois. Je n'en parle pas souvent.
(11 h 45)
Dans le cas des autobus, c'est quand même un point central. On a
réussi, avec 300 autobus par année, à aller chercher une
fabrication de 705 autobus par année. C'est ce que j'appelle du levier.
C'est un minimum parce que GM veut produire pour l'ensemble de
l'Amérique du Nord à partir de l'usine de Saint-Eustache. Cela a
amené dans cette région beaucoup d'effervescence; deux nouveaux
centres d'achat vont s'ouvrir dans la région de Saint-Eustache et cela
ne coûte pas plus cher au gouvernement. Vraiment, ce sont des mesures qui
ne coûtent pas plus cher au gouvernement, mais elles sont bien faites. On
aurait pu garder la politique d'achat... En 1973, lorsqu'on avait acheté
600 autobus, il y avait soi-disant une politique d'achat. Mais qu'est-ce qu'on
a fait? On s'en est servi uniquement pour que ce soit assemblé au
Québec, mais sans pousser.
M. Raynauld: Ils ont fait exactement la même chose que
vous. Ils essayaient d'avoir une entreprise allemande pour le faire et cela a
été GM qui l'a fait. C'est exactement la même chose que
vous.
M. Tremblay: Pas la même chose dans le sens
que dans la soumission, cette année, nous tenions compte non
seulement du prix, mais des retombées économiques. En 1973, ils
ne tenaient compte que du prix. Or, la Société
générale de financement, qui était associée avec
MAN vous avez raison, une société qui appartenait au
gouvernement avait $2000 de plus haut et n'a pas reçu la
subvention, même si les retombées économiques auraient
été de beaucoup supérieures que le simple assemblage que
faisait GM. C'est parce qu'on a modifié la politique d'achat, parce
qu'on a modifié les règles de soumissions qu'on a pu l'avoir.
Cela ne s'est pas fait tout seul. Le député d'Outremont voudrait
peut-être laisser croire que cela s'est fait tout seul, que
c'était automatique. Cela ne s'est pas fait tout seul parce qu'il a
fallu changer... Il a fallu même défier une certaine impression
qu'on avait au sein de la population qu'il fallait absolument que ce soit
donné à quelqu'un qui soit francophone, etc.
Non, M. le Président, le gouvernement avait établi des
règles. C'étaient de bonnes règles, des règles dans
le cadre d'une politique d'achat bien pensée. C'était dans le
bien du Québec et on a défié les quelques critiques
temporaires que l'on a pu recevoir.
M. le Président, si l'Opposition est prête ainsi que les
membres de cette commission, je proposerais l'étude du premier
programme. Nous en avons dix à étudier. Le premier programme du
ministère de l'Industrie et du Commerce.
Gestion interne et soutien
Le Président (M. Blank): Programme I, Gestion interne et
soutien. Elément I, Direction et soutien administratif.
M. Tremblay: M. le Président, cet élément de
programme, c'est-à-dire la direction et le soutien administratif du
ministère, comprend le cabinet du ministre, le bureau des
sous-ministres, le secrétariat de la commission permanente et
interministérielle des achats qui, comme vous le savez, a
été mis en place au cours de l'année 1977/78, de
même que la direction de l'analyse et de l'évaluation des projets
d'investissements étrangers qui a été chargée en
plus, aussi, depuis le mois d'août dernier, de l'administration de la Loi
sur les stimulants fiscaux. M. le Président, il ne faudrait pas oublier
le Conseil général de l'industrie qui relève de ce
même élément de programme. Les crédits
demandés pour cet élément de programme sont de l'ordre de
$1 929 700 et l'augmentation qu'on y relève par rapport à l'an
dernier, soit $482 200, est principalement due à la majoration du poste
budgétaire Traitement et salaires par suite de l'addition de seize
postes au cours de l'exercice 1977/78.
Pour le bénéfice des membres de la commission, les
documents suivants ont été incorporés au cahier des
crédits que le ministère a mis à leur disposition,
à savoir, pour la politique d'achat, un résumé des
activités de l'an dernier et les priorités de ce service pour
l'exercice 1978/79; pour le service qui s'occupe des projets d'investissements
étrangers et de la Loi sur les stimulants fiscaux, une
rétrospective de 1977/78; en ce qui a trait aux sociétés
d'État rattachées au ministre, mais relevant d'une loi de
l'Assemblée nationale, nous vous fournissons les renseignements sur la
composition des membres du conseil d'administration des sociétés,
à savoir la Société des alcools, SIDBEC, la
société générale de financement, la
Société de développement industriel, la
Société du Parc industriel du centre du Québec et la
Société interport, sans oublier la Société de
développement du Parc aéroportuaire de Mirabel.
M. le Président, je recommande donc l'adoption des crédits
pour ce premier programme.
M. Raynauld: M. le Président, sur les effectifs et le
budget en tant que tel de ce programme, j'ai peu de choses à dire. Je
voudrais demander si les postes additionnels dont on fait état ici sont
des postes temporaires ou permanents, parce qu'il y a une augmentation
effectivement assez considérable dans les traitements. Environ 40%.
Maintenant, il y a une addition de seize postes. Est-ce que ce sont des
postes permanents?
M. Tremblay: Ce sont des postes permanents, M. le
Président, à cause des responsabilités accrues. Il ne
s'agit pas uniquement d'une augmentation pour des programmes existants. Tout
cela couvre le service du sous-ministre chargé de la politique d'achat
c'est un nouveau sous-ministre, dans le fond, qui a été
créé l'administration de la loi 48...
M. Raynauld: Mais comment se fait-il qu'ils apparaissent
là?
M. Tremblay: ... et un autre sous-ministre, le sous-ministre
responsable des relations avec les sociétés d'État. Donc,
16 postes pour deux divisions de sous-ministres, c'est relativement peu, parce
que ce sont des gens qui fonctionnent avec des équipes très
légères.
M. Raynauld: Mais comment concilie-t-on la création de 16
postes avec ce qu'on lit à gauche, sur la même page, où on
dit: Les effectifs permanents de 1977/78 pour 1978/79 passent de 70 à
73?
M. Tremblay: Le Conseil du trésor, au lieu de faire les
changements au 1er avril, comme cela devrait, au niveau des postes, les fait en
cours d'année, c'est-à-dire à la date où on fait le
budget détaillé. À l'automne, nous avions à
présenter notre document, qui s'appelle une revue de programmes et tout
le reste, et le Conseil du trésor a immédiatement fait les
ajustements. C'est pourquoi vous avez une différence entre ce qui est
indiqué, soit 70 et 73, alors qu'on a eu seize postes.
M. Raynauld: Autrement dit, est-ce exact de penser, à ce
moment, que, si vous aviez mis le budget 1976/77, on aurait vu
l'augmentation?
M. Tremblay: C'est cela.
M. Raynauld: C'est cela.
M. Tremblay: Ils ne l'ont pas mis. On en avait 54 l'an
dernier.
M. Raynauld: 54. D'accord. Cela va. Mes remarques portent,
à ce stade-ci, sur la politique d'achat. Je ne sais pas si nous allons
examiner l'ensemble des documents qui sont indiqués ici. Il y a la
politique d'achat, il y a les investissements étrangers et il y a les
stimulants fiscaux. Est-ce qu'on aborde l'étude de ces trois politiques?
Enfin, je peux commencer par la première, la politique d'achat.
Les problèmes que j'ai, j'y ai fait allusion tout à
l'heure dans ma déclaration générale. Sur la politique
d'achat, il me semble que les membres de la commission pourraient obtenir des
informations un peu plus concrètes que celles que nous avons dans ce
cahier. Ce que nous avons ici, c'est la façon dont la politique d'achat
a été appliquée sur le plan de l'organisation, sur le plan
des directives qui ont pu être données, sur les secteurs auxquels
la politique d'achat s'applique, mais il n'y a absolument rien sur les
résultats de ces initiatives.
Les comités se sont réunis de façon
régulière. Je vois que la commission a tenu sept séances
jusqu'au 1er avril 1978. Compte tenu surtout des déclarations absolument
extraordinaires faites, l'année dernière, sur la politique
d'achat, peut-être moins par le ministre de l'Industrie et du Commerce
que par le ministre d'État au développement économique, il
me semble qu'il serait opportun que le ministre nous indique, par exemple,
quels sont les montants auxquels la politique d'achat s'applique. On parlait de
$2 milliards d'achats, l'année dernière. J'aimerais savoir
quelles ont été les exceptions qui ont été faites
à des soumissions régulières en fonction de l'application
de la politique d'achat. J'aimerais savoir quels sont les montants additionnels
qui ont été payés et qui sont dus à cette politique
d'achat. Il me semble également, puisque l'on nous avait annoncé
l'année dernière qu'on aurait des rapports réguliers sur
l'application de la politique d'achat, qu'il serait temps ici qu'on nous en
fasse au moins un, rapport. Je sais, que, l'année dernière, on
parlait de rapports trimestriels sur l'application de la politique d'achat et
je pense qu'il est temps que le ministre remplisse ses promesses.
M. Tremblay: M. le Président, j'enchaînerai sur ce
que j'ai dit tout à l'heure concernant la politique d'achat. Avant,
j'aimerais relever tout de suite un passage de l'intervention du
député d'Outremont demandant quelles sont les petites exceptions
à la procédure régulière des achats. Je lui
répondrai tout de suite que la politique d'achat est maintenant
imbriquée dans les procédures et les règlements d'achat du
gouvernement. En ce qui concerne les appels d'offres et tout cela, le contenu
québécois fait maintenant partie des appels d'offres; les
formules ont été modifiées, etc.
Dans le cadre des réseaux du secteur parapublic, par exemple, le
réseau des hôpitaux, le réseau des écoles, il y a
aussi une autre procédure qui respecte le caractère de
semi-autonomie dont jouissent ces institutions. Dans le cas des
municipalités, ce sont des organismes régis par leur propre loi
et ne relèvent pas directement du gouvernement. La politique d'achat
s'exerce par persuasion plutôt que par autorité, à
l'exception de cas où il y a subvention de la part du gouvernement; le
cas des autobus est un cas où il y avait une subvention de la part du
gouvernement; le cas des autobus est un cas où il y avait une subvention
de 30%, et grâce à cette subvention, nous avons pu dicter
certaines règles dans les achats. Mais lorsqu'il n'y a pas de subvention
de la part du gouvernement du Québec, ce dernier doit procéder
par persuasion.
Maintenant, en ce qui concerne le rapport des achats, il s'achète
des milliers et des milliers de choses au cours d'une année. Le service
des achats du ministère des Travaux publics est en mesure de fournir des
rapports très détaillés. Le ministère de
l'Industrie et du Commerce est responsable de l'application de la politique
d'achat dans ses grandes lignes. Il n'a pas la responsabilité d'aller
faire des achats lui-même et d'intervenir dans chacun des dossiers. J'ai
mentionné seize nouveaux postes, tout à l'heure, deux postes de
sous-ministres dont le poste de M. Maurice Tur-geon, sous-ministre à la
politique d'achat. Il est évident qu'avec quelques personnes, on ne peut
pas... Il s'agit de surveiller l'application dans ses grandes lignes.
Il est évident que nous recevons, par contre, des rapports sur
l'état de l'application de la politique d'achat. Nous recevons ces
rapports sur une base trimestrielle, mais ils ne sont pas soumis sous une forme
de publication. Par contre, le sous-ministre responsable de la politique
d'achat est ici présentement et je lui demanderais de faire le point,
pour l'Opposition et pour les membres de cette commission, sur la politique
d'achat et certains des points qui ont été soulevés par le
député d'Outremont.
M. le Président, je voudrais faire une seule remarque, surtout au
sujet de l'information sur les achats du gouvernement et les coûts
éventuels de préférence sur la politique d'achat.
J'imagine que c'est ce à quoi le député faisait
allusion.
Nous avons demandé à tous les réseaux, tous les
établissements qui étaient touchés dans le réseau
public, à l'exception des municipalités pour le moment, de nous
fournir un rapport trimestriel, qui est annexé, d'ailleurs, au document.
Je pense qu'il vous a été remis.
M. Raynauld: Oui, j'ai les documents. J'aurais
préféré qu'ils soient remplis.
M. Tremblay: Plusieurs ont commencé à nous donner
des réponses à ce questionnaire. Il faut bien comprendre qu'il y
a de très gros acheteurs et qu'il y en a des tout petits. La plupart des
très gros acheteurs ont des systèmes informatisés, de
sorte qu'il est est très difficile, rapidement, de nous donner
l'information telle que demandée. Nous sommes en train de
négocier avec certains de ces acheteurs pour arriver à avoir
à peu près le même résultat sans pour autant leur
imposer des coûts trop considérables.
En ce qui concerne les petits et les moyens acheteurs, vous comprendrez
qu'ils n'aiment pas non plus se faire imposer des rapports. En
général, la réponse, pour le mornent, est très
bonne. Le ministère des Affaires sociales est en train de
compléter le premier tour complet, si vous voulez, du réseau en
ce qui concerne ces rapports. Au ministère de l'Éducation,
généralement cela va bien, mais compte tenu des dimensions tout
à fait différentes des établissements les uns par rapport
aux autres, il y a des problèmes dans certaines commissions scolaires et
même dans certains cégeps.
Ce que nous espérons, c'est de pouvoir reprendre le dialogue sur
la formule qui a été retenue, de façon à faciliter
la tâche au plus grand nombre tout en n'oubliant pas les objectifs qui
sont poursuivis, à savoir: connaître, d'une part, l'ensemble des
achats, avoir, au moins, une bonne estimation du contenu
québécois et des cas où une préférence a
été accordée aux produits faits au Québec en
fonction de leur contenu québécois. Ce sont les trois dimensions
que nous voulons obtenir pour permettre de faire une meilleure
évaluation de la politique. (12 heures)
Cela complète à peu près en ce qui concerne
l'information que nous sommes à recueillir présentement. Comme le
ministre le mentionnait tout à l'heure, notre capacité de
surveiller chacun des établissements ou chacun de ceux qui sont
appelés à faire le rapport est quand même relativement
limitée.
Il était prévu dans l'application de la politique d'achat
et c'est en toutes lettres dans la décision du Conseil du
ministre que ce seraient les ministères responsables des
réseaux qui seraient également responsables d'amener cette
information. Ils s'y prêtent très bien. Ils font tous les efforts
et j'ai bon espoir qu'à l'exception des gros, qu'on réunit
ensemble pour essayer de trouver une meilleure formulation, on pourra
compléter l'information au cours de l'automne, à l'exception des
municipalités.
M. Raynauld: M. le Président, j'avais imaginé qu'il
aurait été possible pour le ministre de nous soumettre quelques
statistiques sur l'application de la politique d'achat. Il me semble que les
achats du service des achats sont déjà centralisés. Vous
avez des rapports réguliers là-dessus, je le suppose bien. Il y
avait des statistiques qui ne dévoilaient rien de l'application de cette
politique d'achat comme la proportion des achats du gouvernement
québécois faits au Québec par rapport aux achats faits
à l'extérieur. Cette statistique-là était
disponible; je l'ai déjà vue dans un rapport
précédent de l'ancien gouvernement d'ailleurs. On y disait
déjà qu'il y avait une très forte proportion des achats du
service des achats ou d'organismes gouvernementaux qui étaient faits au
Québec. On faisait état, par exemple, de ce qui se passait
à l'Hydro-Québec; on disait que cela allait très bien. Je
me rappelle même certains chiffres tout à fait particuliers selon
lesquels la politique d'achat à l'Hydro-Québec ne s'était
appliquée que dans une proportion de $200 000 sur une somme très
considérable de plusieurs millions. Est-ce que ce genre d'information ne
serait pas déjà disponible? Le gouvernement pense qu'il a
vraiment appliqué cette politique d'achat d'une façon beaucoup
plus systématique que c'était le cas dans le passé. Il me
semble que cela serait normal, si on introduit une nouvelle politique, qu'on
nous dise au moment de la commission ce qui en est.
M. Tremblay: M. le Président, le député
d'Outremont fait allusion à un échantillonnage qui a
déjà été fait dans le passé pour
connaître la proportion des achats du gouvernement qui provenaient du
Québec et ceux qui provenaient de l'extérieur. Il s'agissait d'un
échantillonnage. Nous avons cru bon d'attendre que la politique d'achat
soit vraiment implantée pour vraiment vérifier par un autre
échantillonnage plus complet ce genre d'information. Nous allons donc le
faire dans des délais relativement brefs pour avoir ce genre
d'information.
Par contre, on peut, même si ces rapports trimestriels, comme je
vous le mentionnais tout à l'heure, ne sont pas sous forme de
publication... parce qu'il y a quand même des éléments qui
touchent certaines entreprises dans tout cela. Nous ne voudrions pas porter
préjudice au caractère concurrentiel de certaines des
entreprises, mais je demanderai au sous-ministre responsable de la politique
d'achat de donner des renseignements sur les agrégats touchant la
politique d'achat.
On a refait de façon assez sommaire, quand même, une
estimation de l'univers qu'on essayait de couvrir en termes d'achat. Notre
estimation se situe a environ $2 milliards, avec des plus et des moins. On a
des informations assez précises sur le contenu québécois
en ce qui concerne les deux gros acheteurs que constituent
l'Hydro-Québec et le Service général des achats; ce sont
eux-mêmes qui fournissent cette information. Si vous regardez le rapport
qui vous est soumis, c'est exactement le formulaire que l'Hydro utilise. Nous
essayons de retrouver a peu près le même type d'information pour
lensemble des établissements.
Ce qu'il ne faut pas oublier également, c'est que nous faisons
énormément d'interventions particulières. Nous avons
ouvert au cours de l'année fiscale à peu près 145 dossiers
qui ont été soumis à un examen particulier. Cela ne
comprend pas, évidemment, l'information que les gens nous demandent ou
ceux au sujet desquels on nous téléphone. Ce sont les cas pour
lesquels on a vraiment essayé d'aller au fond d'un dossier, ce qui est
quand même assez consommateur de temps, d'autant plus qu'il y a
relativement peu de temps qu'on est rodé à ce type
d'intervention. Au départ, c'est toujours un petit peu pénible de
savoir
comment procéder dans cette matière. Maintenant, je pense
qu'on est mieux équipé en personnel et aussi, l'habitude aidant,
on est mieux placé pour intervenir.
Il y a également des dossiers interministériels que nous
essayons de suivre parce qu'on considère qu'ils peuvent avoir un impact
important. Il y en a dans le domaine de la radio, de la
radiotéléphone, ce genre de choses auxquelles le ministère
de l'Industrie et du Commerce est un des participants, tout cela est dans le
but d'arriver à provoquer des opérations de développement.
Je ne sais pas si cela répond totalement à votre question, c'est
pour vous dire qu'on n'est quand même pas totalement démuni devant
le coût ou ce que représentent les achats pour le Québec.
Ce qu'on essaie, c'est d'ajouter au paquet existant déjà.
Finalement, l'aspect information est très important, certainement
plus important que l'aspect purement économique. Les règlements
de soumissions mentionnent que, selon le contenu québécois,
lorsqu'un produit existe au Québec, il peut se vendre 10% plus cher
qu'ailleurs mais, dans les faits, c'est surtout une question d'information,
qu'un produit est disponible au Québec et qu'il ne coûte pas plus
cher qu'ailleurs pourvu qu'on connaisse son existence. Ce volet de l'action de
la commission interministérielle des achats est aussi très
important. Il faut greffer à cela le répertoire des produits
québécois qui, lui, ne s'accompagne pas d'un coût pour une
municipalité ou pour une commission scolaire dans l'achat
d'équipement mais sert uniquement à diffuser l'information de la
disponibilité au Québec de produits.
Évidemment, le ministère de l'Industrie et du Commerce va
plus loin; c'est pour cela qu'il y a une relation très étroite
entre la commission interministérielle des achats et la direction
générale de l'industrie du ministère de l'Industrie et du
Commerce. Lorsque nous voyons qu'il se répète, d'année en
année, des achats importants de produits qui sont importés, la
direction générale de l'industrie recherche un promoteur
parfois, c'est le vendeur étranger, un producteur étranger
pour qu'il s'implante au Québec en lui disant qu'il pourra avoir un
accès privilégié au réseau et, si le volume est
suffisamment important, pourra vendre un peu à l'étranger aussi,
à partir d'une installation.
Donc, ce sont trois volets de la politique d'achat qui marchent de
façon parallèle. Il est évident qu'il y a des
impondérables et on ne peut pas toujours chiffrer cet impact. Il y a
quand même aussi un état d'esprit qui se développe dans les
réseaux, que le développement économique exige une
certaine solidarité de la part de tous les acheteurs, que le pouvoir
d'achat que l'on perd, il est difficile de le ramener parfois. C'est cet
élément de solidarité qui est peut-être le plus
important de ce qui découle de la politique d'achat plutôt que les
aspects purement chiffrés.
M. Raynauld: M. le Président, j'ai l'impression qu'on noie
le poisson et je ne mets pas du tout en doute la compétence des
fonctionnaires qui s'occupent de cela, je veux simplement m'en tenir à
la politique du gouvernement. On nous avait dit qu'il y aurait des rapports
trimestriels; est-ce que, oui ou non, il va se publier des rapports
trimestriels sur les résultats de la politique d'achat? Je voudrais
savoir cela du ministre. On nous en a promis l'année passée. Cela
fait un an que cela existe au moins, cela fait un an et demi que cela a
été annoncé. Y aura-t-il des rapports, oui ou non?
Deuxièmement, je ne réclame pas des informations
individualisées sur des opérations particulières. Je
demande des rapports d'ordre statistique. Par exemple, il y a ici un
formulaire: liste des commandes effectuées hors du Québec et dont
le contenu québécois est inférieur à 50%. Y a-t-il
une compilation qui a été faite? Une compilation, non pas sur des
cas particuliers, mais une compilation globale qui aurait été
faite et qui pourrait nous dire, à nous, membres de la commission, dans
l'intérêt, justement, de l'application de cette politique, ce qui
est advenu, ce qui arrive à l'application de cette politique, ce qu'elle
donne comme résultats et quel est son impact éventuel. Je veux
bien que le ministre nous dise que peut-être l'impact chiffré est
parfois difficile à établir, c'est fort possible, mais si
l'impact chiffré est difficile à établir, qu'on nous donne
des impacts analytiques, qu'on nous donne des impacts plus
généraux, mais qu'il nous dise un peu quel est le résultat
de cette politique.
Jusqu'à maintenant, nous n'avons absolument rien, ici. Voici une
autre question qui, je pense, est pertinente dans les circonstances. Nous avons
le document du Conseil des ministres qui nous dit, ici, que les règles
suivantes seront appliquées;
Premièrement, l'achat globalisé, sur une base sectorielle
et régionale, devra être pratiqué lorsque
bénéfique sur le plan économique. Quand on a
discuté à l'Assemblée nationale de la politique d'achat,
on nous a dit que l'achat globalisé était très important
aussi, qu'on était pour globaliser les choses et qu'on était pour
bénéficier d'un pouvoir d'achat absolument énorme et que
cela apporterait des retombées considérables sur
l'économie du Québec, alors, je me demande s'il y a eu des achats
globalisés, dans quels secteurs et ce que cela donne.
M. Tremblay: M. le Président, comme je l'ai
mentionné tout à l'heure, étant donné le
très grand nombre d'achats qui sont effectués et le très
grand nombre d'entreprises qui sont impliquées, avec des renseignements
qui, souvent, sont soumis au gouvernement dans des soumissions qui, elles, ne
sont pas dans les détails rendues publiques, l'attention du gouvernement
se porte surtout sur les agrégats. Je pense que le député
d'Outremont a raison, c'est pour cette raison que nous avons
confectionné l'annexe 5, le rapport trimestriel sur les achats. C'est
une opération en cours. Nous pourrons avoir des renseignements
généraux sur le contenu des achats du gouvernement et du
réseau public et parapublic, sur le coût supplémentaire que
ceci a pu provoquer. Dès que
ces relevés seront définitifs, c'est-à-dire
prêts pour publication présentement, ils ne le sont pas,
c'est pourquoi nous avons mis uniquement le modèle de
l'évaluation nous les rendrons publics. Nous rendrons publics ces
renseignements globaux.
Pour ce qui concerne les achats globalisés, encore là, il
y a des rapports fragmentaires qui nous parviennent. Dans le cas des
hôpitaux, il y a un mécanisme de régionalisation des achats
qui est mis sur pied. Dans le cas de l'éducation, il y a eu certaines
initiatives, mais c'est beaucoup moins avancé. Donc, un processus est en
marche.
Comme je le soulignais tout à l'heure, nous oeuvrons dans un
domaine lourd à déplacer. Même si nous avons un
sous-ministre responsable et un ministère qui s'en occupent ce
déplacement prend un peu de temps. Là encore, ces renseignements
pourront être précisés lorsque complétés. Je
pense que le point important soulevé par le député
d'Outremont, et cela, je le retiens dès que nous aurons terminé
l'évaluation des achats, nous allons fournir les renseignements
concernant le contenu et les coûts supplémentaires qui sont quand
même les aspects les plus importants des effets immédiats de la
politique d'achat.
M. Raynauld: M. le Président, je retiens qu'on n'a pas
d'information disponible à l'heure actuelle. C'est cela?
M. Tremblay: On n'a aucune information globale de disponible. Il
y a de l'information.
M. Raynauld: Par exemple, sur le Service des achats, je comprends
que ce soit difficile de mettre en marche des rapports globaux impliquant les
municipalités et les hôpitaux qui sont vraiment des secteurs plus
difficiles à rejoindre. Par exemple, le service des achats... (12 h
15)
M. Tremblay: Le Service des achats fait déjà
rapport.
M. Raynauld: II n'est pas possible d'avoir des renseignements sur
le Service des achats du gouvernement?
M. Tremblay: II est possible d'avoir des renseignements sur le
Service des achats. Je suis sûr que cela lui ferait plaisir de les
transmettre.
Nous avons quand même gardé l'autonomie des
ministères. Les ministères ne sont pas en tutelle sous le
ministère de l'Industrie et du Commerce de sorte que, dans
l'étude des crédits du ministère de Travaux publics, de
qui relève le service des achats, si c'est la volonté de ce
ministère, ces renseignements pourront être rendus publics. Il est
difficile pour le ministre de l'Industrie et du Commerce de rendre publics des
renseignements qui relèvent d'un ministère comme tel autrement
que sous leur forme globalisée.
M. Raynauld: Oui, sous forme globalisée. C'est seulement
cela.
M. Tremblay: Dès que nous allons les avoir
globalisés, nous allons les rendre publics. Dans le détail, il y
a quand même des implications que je ne soupçonne peut-être
pas, comme ministre de l'Industrie et du Commerce, mais que le responsable du
Service des achats du ministère des Travaux publics peut
soupçonner.
M. Raynauld: C'est vous qui êtes responsable, M. le
ministre. Vous avez la responsabilité de coordonner, de planifier et de
surveiller l'application de la politique d'achat.
M. Tremblay: Dans un cas précis, tel achat qui implique...
C'est un peu ce genre de renseignement, par contre, que le ministère des
Travaux publics peut rendre public pour les achats du gouvernement. Cela peut
être déposé. Je présume que cela doit être une
pile. Les renseignements globalisés, nous allons les rendre publics
aussitôt qu'ils seront sous une forme publiable. Nous avons des rapports
fragmentaires. Tout à l'heure, on a fait allusion à ces rapports
fragmentaires. Il s'agit de les déconsolider et de mettre aussi sur pied
un service d'échantillonnage. Pour certains renseignements, il va
falloir faire appel à un échantillonnage, surtout dans les
réseaux. On ne ressassera pas un par un tous les achats, de la gomme
à effacer jusqu'aux fromages dans les hôpitaux. Nous allons faire
des échantillonnages pour avoir les renseignements globaux que
souhaiterait avoir le député d'Outremont et comme, je pense, tout
le monde souhaiterait avoir.
M. Raynauld: Sur le Service des achats, ne serait-il pas possible
que vous déposiez les résultats déjà disponibles?
Encore une fois, pas sur les achats particuliers. Ce n'est pas ce qui
m'intéresse.
M. Tremblay: Tout ce que nous avons, c'est la micro. Nous avons
beaucoup de renseignements au niveau micro. C'est de remettre cela au niveau
macro pour ce que soit crédible. Souvent, c'est plus difficile d'avoir
des renseignements, tout simplement d'avoir le contenu québécois
de tous les achats. Cela prend énormément de renseignements. Il
faut avoir un chiffre dont on est sûr. Si on dit que c'est 55%, on veut
que ce soit 55%. Or, ces agrégats, on n'est pas en mesure de les donner.
Vous donner une pile incomplète de renseignements, cela ne donnerait
absolument aucun autre renseignement. On prévoit qu'à l'automne
on sera capable de commencer à donner des résultats sur les
agrégats.
M. Dubois: Toujours dans le cadre de la politique d'achat chez
nous, on sait que cette masse est de $2 milliards et plus. Vous ne pouvez nous
donner aucune indication de l'amélioration du pourcentage de l'achat
chez nous depuis que votre politique a été lancée, que ce
soit 5%, 2%, 1%, je ne sais pas. Vous n'avez aucune indication.
M. Tremblay: On sait que cela a certainement eu un impact,
à moins que...
M. Dubois: Cela ne peut pas s'évaluer en pourcentage.
M. Tremblay: ... mais on ne peut pas... On vit dans un monde de
statistiques et de chiffres.
M. Dubois: C'est pour cela qu'on en veut.
M. Raynauld: Cela a sûrement eu un impact, mais vous ne le
savez pas.
M. Tremblay: On sait que c'est un impact positif, M. le
Président, mais avant de donner des chiffres globaux, il faut quand
même qu'on ait pris le soin de tout accumuler au niveau du détail
pour pouvoir faire une synthèse de tout cela. Or, la politique d'achat
n'est pas en marche depuis dix ans, M. le Président, même si le
député d'Outremont a laissé entendre que cela existait
depuis des temps immémoriaux. C'est récent. Cela a vraiment
démarré l'été passé avec la nomination du
sous-ministre. À l'automne, on va être capable de donner ces
grands renseignements plutôt que de les donner de façon
incomplète. Je préfère avoir les chiffres
définitifs, sûrs et certains, et là on fournira les
données.
M. Dubois: II me semble que dans le domaine hospitalier, il n'y a
pas grand-chose qui ait été fait jusqu'à maintenant. (12 h
20)
M. Tremblay: II y a ces comités régionaux d'achat.
Vous avez raison jusqu'à un certain point. Il y a de vieilles habitudes
ancrées dans le domaine hospitalier selon lesquelles on dit: La
santé n'a pas de prix; par conséquent, on peut payer n'importe
quoi et on peut l'acheter n'importe où. C'est la tendance des
médecins, des infirmières et de bien du monde. S'il y a une
aspirine qui est faite au Québec, elle est toujours meilleure ailleurs.
J'ai justement demandé au ministre des Affaires sociales de me
rencontrer à ce sujet. Nous avons une industrie pharmaceutique au
Québec qui est assez importante. Elle produit à peu près
7,7% de tous les médicaments consommés au Québec. Il y a
quelques années nous avions 26 entreprises dans le domaine; maintenant
il ne nous en reste que douze. Est-ce qu'on va attendre que tout le secteur
pharmaceutique disparaisse au Québec et soit dépendant avant
d'appliquer la politique d'achat dans le domaine hospitalier? Je pense qu'il va
falloir que ces commissions régionales d'achat pour les hôpitaux
se penchent sur le problème. Quand je constate ce qui se fait
ailleurs... On a donné tellement d'exemples que pour nos entreprises au
Québec il est très difficile de vendre en Ontario. Les
hôpitaux ont une liste des produits. Aussitôt qu'il y a un produit
qui est fabriqué en Ontario, il n'y a pas moyen pour une entreprise du
Québec de faire accepter ses produits sur la liste.
M. Dubois: En Ontario, ce ne sont pas des mesures incitatives,
mais un peu coercitives quand même.
M. Tremblay: Réglementaires. Ah oui! la politique d'achat
en Ontario...
M. Dubois: Qu'est-ce qu'on attend pour les rendre coercitives au
lieu qu'elles soient incitatives? On n'aboutira jamais à rien avec cela.
Dans certains domaines, en tout cas.
M. Tremblay: On a voulu être prudent dans la politique
d'achat. On n'a pas voulu fermer le Québec.
M. Dubois: Dans le domaine agro-alimentaire ou pharmaceutique, on
n'avance pas, on recule. Les dernières statistiques le prouvent
d'ailleurs.
M. Tremblay: Dans les domaines où on va pouvoir utiliser
une approche réglementaire, je pense qu'on devrait y recourir, mais cela
doit être appliqué par les gens qui vivent dans le secteur. Il est
très difficile pour un fonctionnaire à Québec de dire que
cela prend telle sorte d'aspirine à Chicoutimi. Si, par contre, il y a
une préoccupation au niveau des médecins et des pharmaciens
d'utiliser des produits du Québec, à moins que ce soit
dommageable à la santé, d'accord... Si nos médicaments
font mourir le monde, on n'insistera pas pour qu'ils soient consommés.
Mais si ce sont des produits qui portent un nom générique et qui
ont un impact identique au plan chimique, je ne vois pas pourquoi on
n'essaierait pas de les mettre sur la liste et de les acheter, sujets
évidemment à des contraintes de coûts. Ce n'est pas vrai
que la santé n'a pas de prix. Il ne faut pas, sous le couvercle de la
politique d'achat, créer des rentes à des entreprises. C'est une
préoccupation que nous avions.
Mais, il va falloir brasser quelques camarades dans certains secteurs
qui font juste le contraire de la politique d'achat. Ce n'est pas la question
de ne pas appliquer une politique d'achat, ils font le contraire. Ce qui vient
de l'étranger, c'est toujours mieux, c'est toujours plus beau; si cela
vient du Québec, c'est dangereux, c'est suspect, etc. Il faut changer
cette mentalité et développer cette mentalité de la
qualité au Québec. Il faut aller de front sur ces deux plans. Je
suis d'accord avec vous, M. le député, que l'aspect
réglementaire sera important.
Je pense que le député...
Le Président (M. Blank): Est-ce que le
député de Rimouski a une question? M. le député de
Rimouski, sur cette question de la politique d'achat.
M. Marcoux: Non, ce n'est pas sur la politique d'achat, c'est sur
une autre question.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Laprairie.
M. Michaud: M. le Président, vous me permettrez de
taquiner un peu le député de Huntingdon; c'est incitatif, il
faudrait que les gens achètent même leurs cigarettes au
Québec.
M. Dubois: C'est un cadeau que j'ai reçu.
Le Président (M. Blank): Le président aura les yeux
sur le projet de loi 191, pas de cigarettes du tout.
M. Dubois: J'envoie mon paquet aux déchets. C'est une part
de la politique d'achat, M. le Président.
M. Tremblay: II va aussi aider l'industrie des cercueils!
M. Raynauld: M. le Président, si vous me permettez, je
résume en disant que nous n'avons aucune idée du degré
d'application de cette politique d'achat pour l'instant. Est-ce que je
pourrais, étant donné qu'on n'a pas les résultats globaux,
poser quelques questions particulières en ce qui concerne, par exemple,
l'achat des autobus? Est-ce que l'usine General Motors s'installe?
M. Tremblay: Oui, M. le Président, ces gens ont
commencé la construction.
Aux dernières nouvelles, c'était commencé.
Normalement, ils devraient commencer la fabrication en décembre
de la présente année.
M. Raynauld: Et les rumeurs qui ont couru...
M. Tremblay: II ne s'agit pas d'un gros investissement, c'est $7
millions, mais qui va produire environ 700 autobus par année dont 300
pour le Québec et 400 à exporter.
M. Dubois: Par ricochet, vous n'avez pas de nouvelles de l'usine
GM, au niveau des moteurs en aluminium?
M. Tremblay: J'ai des rapports quotidiens sur ce dossier. J'en ai
eu un ce matin. Dans quelques semaines normalement, la compagnie sera
fixée sur cet investissement.
M. Dubois: Apparemment, on choisirait l'Alabama, d'après
les dernières nouvelles que j'ai eues, à cause...
M. Tremblay; Vos renseignements ne concordent pas avec les
miens.
M. Dubois: ... d'une très grosse différence de
salaire, une énorme différence de salaire.
M. Tremblay: Non. M. le Président, je pense que les
renseignements du député sur ce cas ne concordent pas avec les
miens. Mais il ne serait pas dans l'intérêt public, je pense, que
je fasse état des négociations que nous avons
présentement. Par contre, vous pouvez être certain que, lorsque la
décision elle se prend à Détroit
premièrement, non pas au Canada sera prise, nous rendrons publics
tous les détails des négociations que nous avons
présentement avec GM sur cette question.
M. Dubois: Les journaux vont nous renseigner très vite, je
crois, à ce moment-là.
M. Tremblay: J'espère que le gouvernement sera aussi vite
que les journaux.
M. Raynauld: M. le Président, je proposerai probablement
de passer aux investissements étrangers qui est le numéro
suivant.
Le Président (M. Blank): II est 12 h 28 et je pense qu'on
peut attendre jusqu'à la prochaine séance de cette commission
après la période des questions pour commencer l'étude des
autres programmes.
La commission suspend immédiatement ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 27)