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Etude du projet de loi 21
(Dix heures sept minutes)
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, messieurs! La
commission permanente de l'industrie et du commerce est réunie pour
continuer l'étude du projet de loi no 21, Loi autorisant la vente de
certains vins dans les épiceries.
Les membres de la commission sont: M. Blank (Saint-Louis) en
remplacement de M. Ciaccia (Mont-Royal); M. Dubois (Huntingdon), M. Gosse-lin
(Sherbrooke), M. Michaud (Laprairie) remplace M. Grégoire (Frontenac);
M. Gagnon (Champlain) remplace Mme Leblanc (Iles-de-la-Madeleine); M. Lefebvre
(Viau), M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Raynauld (Outremont), M. Shaw
(Pointe-Claire), M. Tremblay (Gouin).
Les intervenants sont: M. Caron (Verdun), M. Godin (Mercier), M. Goulet
(Bellechasse), M. Landry (Fabre), M. Perron (Duplessis), M. Roy (Beauce-Sud),
M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Vaillancourt (Orford).
A l'ajournement de la dernière séance, nous en
étions à l'article 1. M. le ministre, vous aviez demandé
la parole.
Pouvoir d'adopter des règlements
(suite)
M. Tremblay: M. le Président, je pense que, iors de la
suspension de nos débats, j'avais proposé que nous adoptions
l'article 1 du projet de loi no 21.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Raynauld: Non, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Je pense qu'on a discuté un peu en termes
généraux la dernière fois et je voudrais ce matin proposer
un amendement. Cet amendement vise à corriger un peu, pas beaucoup, le
vide qu'il y a dans le projet de loi, étant donné que le projet
de loi vise surtout à permettre au lieutenant-gouverneur en conseil de
voter des règlements.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Outremont, est-ce que vous voulez que je lise votre amendement?
M. Raynauld: Oui, s'il vous plaît!
Le Président (M. Boucher): L'amendement se lit comme suit:
Que le sous-paragraphe a) du paragraphe 37a de l'article 1 soit modifié
en ajoutant dans la deuxième ligne, après le mot vins, les mots
fabriqués ou embouteillés au Québec. L'article 1 ainsi
modifié se lirait comme suit: Après consultation de la
société, le lieutenant-gouver- neur en conseil peut
également faire des règlements pour: a) déterminer les
conditions et les modalités d'approvisionnement, de conservation, de
mise en marché et de vente des vins fabriqués ou
embouteillés au Québec que la société
désigne par le détenteur d'un permis d'épicerie
visé à l'article 20 de la Loi de la commission de contrôle
des permis d'alcool.
M. Raynauld: L'intention de cet amendement est donc d'essayer de
faire préciser, dans la loi même, quelques-uns des objectifs
poursuivis par le gouvernement. Je pense que cet amendement ne devrait pas
poser de difficultés, étant donné que le ministre nous a
déjà dit qu'il s'agissait bien là de l'intention du
gouvernement, en autorisant la distribution du vin dans les épiceries.
C'était bien, en effet, pour favoriser la vente des vins
fabriqués ou embouteillés au Québec. On comprend ici que
les expressions "fabriqués" ou "embouteillés" désignent
des opérations distinctes, mais des opérations bien
identifiées.
Cet amendement ne vise qu'à apporter un peu de restriction aux
règlements qui pourraient être adoptés. Je pense en effet
qu'il est souhaitable que ce soit le législateur, plutôt que des
comités et ensuite le cabinet lui-même, qui détermine les
règles du jeu dans une société et c'est dans cette
perspective que nous essayons de renforcer, de donner un peu de contenu
à ce projet de loi no 21.
Je voudrais ensuite, à l'occasion de cet amendement, demander au
ministre s'il y a eu des études de faisabilité ou d'impact qui
ont été faites par le gouvernement avant que le gouvernement ne
décide de cette politique. Je pense qu'il serait intéressant de
connaître les vues du gouvernement sur les conséquences que
pourront avoir ces nouvelles politiques de distribution du vin dans les
épiceries. Je pense que je ne vais pas à l'encontre du
règlement, M. le Président, si je soulève cette question
à propos de l'amendement que nous proposons puisque cet impact,
évidemment, porterait principalement sur les vins fabriqués et
embouteillés au Québec, d'une part, et évidemment, par
comparaison, il serait intéressant de savoir quel est l'impact que cette
politique aura sur la vente des cidres, quel sera l'impact sur la vente des
autres vins importés par la Société des alcools du
Québec.
Est-ce que le gouvernement envisage une augmentation globale de la
consommation des vins? S'il doit y avoir une augmentation globale dans la
consommation des vins, est-ce qu'il y aura des baisses dans la consommation
d'autres boissons alcooliques, en particulier les alcools forts ou la
bière? Quel est l'impact, ensuite, sur les secteurs de production
concernés par chacune de ces catégories de boissons
alcooliques?
Nous aurions été heureux que le gouvernement
dépose, au début de nos délibérations, les
études qu'il aurait pu avoir sur ces sujets et j'espère que le
gouvernement a fait faire des analyses, au moins préliminaires, sur des
sujets comme ceux-là, avant de prendre sa décision.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Louis, sur l'amendement.
M. Blank: J'aimerais ajouter quelques mots sur l'amendement. On a
décidé de faire un amendement concernant les vins
fabriqués ou embouteillés au Québec, pour préciser
les vins désignés, comme le ministre l'a précisé.
J'ai eu une prise de conscience avec le mot "embouteillés".
Nonobstant le fait que cela comporte des vins embouteillés par la
Société des alcools du Québec, les vins importés
provoquent un très petit changement dans la province. Cela n'ajoute pas
tellement au commerce ou à l'emploi des gens, ou à l'utilisation
des équipements ou des produits québécois.
Dans le cas des vins fabriqués, il y en a une partie qui vient
d'en dehors, mais dans le travail qu'on fait concernant ce vin fabriqué
au Québec, on utilise davantage de main-d'oeuvre, d'équipement et
de produits québécois. Le but de tout cela est de faire quelque
chose pour l'industrie québécoise. (10 h 15)
Ici, on retrouve donc une petite contradiction. Ceci est un
côté de la médaille. Pour ce qui est de l'autre
côté de la médaille, j'ai un petit mémoire ici ce
matin, et ce qui m'a frappé est un tableau de l'utilisation ou de la
consommation de l'alcool par les gens dans le monde et dans la province de
Québec.
En rendant les vins plus faciles aux gens de Québec, cela va
peut-être changer les habitudes de boire. Si on regarde ce tableau, au
Québec, nous avons une des moyennes les plus basses au Canada et au
monde, quant à la consommation d'alcool, parce que, au Québec, on
prend beaucoup de bière et moins de vin que les autres pays. Le contenu
en alcool est moindre dans la bière.
On va maintenant bouleverser cela. C'est bon, le consommateur veut avoir
le vin dans les épiceries et moi aussi, comme individu, je veut l'avoir,
mais cela va changer les habitudes et peut-être créer un
problème qu'on devra régler à l'avenir, comme on le fait
maintenant pour la cigarette. C'était très bon de dire que nous
étions libres de fumer la cigarette voici mon voisin qui en
allume une à côté mais on connaît maintenant
le coût de la cigarette pour la collectivité humaine.
M. Raynauld: Cela apporte beaucoup d'argent au gouvernement.
M. Blank: Oui, cela apporte beaucoup d'argent au gouvernement,
mais qu'est-ce que cela apporte à la vie des gens? Est-ce qu'on ouvre
une autre porte ici en rendant plus accessible une certaine forme d'alcool plus
forte qu'avant à la population? Je pose cette question. Y a-t-il eu des
études faites par le ministre pour savoir comment cela va changer les
habitudes des gens et combien ce changement va coûter aux Affaires
sociales? C'est toute une question qui entre en ligne de compte
Je ne sais pas si vous avez eu ce mémoire de l'Association des
brasseurs du Québec. A la page 14, on met de côte tout ce qu'ils
ont dit. Peut-être y a-t-il des préjugés dans leurs
remarques ou leurs intérêts dans cette cause.
Une Voix: Page 14.
M. Blank: Ce n'est pas la page 14.
Une Voix: Page 9.
M. Blank: C'est à la page 9 de ce mémoire. On voit
des chiffres. On voit qu'en France le total d'alcool consommé par
habitant est de 3.79%. Au Québec, c'est moins de la moitié,
1,65%... 1,6%, excusez-moi, en 1975, et c'est un des plus bas au monde. On en
voit les raisons. La bière, on en consomme 20,95%, 21,44% et les
spiritueux, 0,45%. Cela veut dire que si on change ce taux de la bière
à 20%, cela va augmenter. On va se retrouver avec les pourcentages de
pays comme la France, le Portugal, l'Espagne, l'Italie. Est-ce que c'est cela
qu'on veut? Je ne suis pas ici pour juger de ce problème, mais je veux
savoir du ministre si on a fait des études dans ce sens pour savoir si
vraiment cela ne créerait pas un problème.
C'est très bon de dire qu on doit donner I'accès. Je suis
certain que le ministre va me citer le rapport Thinel. C'est vrai que, dans le
rapport Thinel, on avait recommandé la vente de vins dans les
épiceries. On doit analyser toute l'affaire de Thinel, comment c'est
arrivé et ce qu'il veut dire. Je pense que si on va à la base de
la recommandation de la commission Thinel, il voulait q'on ait un peu plus
accès, parce qu'à ce moment le nombre de magasins de la
Régie des alcools était très minime. Maintenant, le
ministre nous indique qu'il y a une grande expansion, cela veut dire qu'il va y
avoir dans la province 500 ou 600 magasins...
M. Tremblay: Cent additionnels. Il y en avait 325.
M. Blank: Cela fait 425 au lieu de 230, dans le temps de Thinel.
C est une grosse différence.
M. Tremblay: Même par rapport à l'Ontario, nous
sommes considérablement en bas du nombre de magasins par habitant.
M. Blank: Oui, mais on a des problèmes d'alcoolisme qui
sont pires en Ontario qu'au Québec. Est-ce qu'on va les avoir? Je ne
sais pas. Je ne suis pas ici pour me prononcer. Je suis un de ceux qui prennent
un verre de temps en temps. Je ne suis pas pour la prohibition, mais est-ce
qu'on a pensé à ces choses? Est-ce que c'est le temps d'ouvrir la
porte ou d'essayer au moins de garder le statu quo ou même essayer de
baisser? C'est ce que je me demande.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, sur l'amendement
présenté par le député d'Outremont, on est
assuré que la vente de vins en épicerie favorisera princi-
paiement la demande pour des vins importés au détriment
certainement des produits québécois; ce qui n'est pas conforme
à la politique officielle du ministère de l'Industrie et du
Commerce, surtout dans le secteur de l'agro-alimentaire. Il y a un rapport qui
est fourni par l'Association des brasseurs, qui dit: La vente de vins dans les
épiceries, si on peut permettre la vente de vins importés dans
les épiceries, favoriserait cinq fois plus les vins importés que
les vins québécois. On parle de 500 000 gallons d'augmentation
pour les vins québécois et on parle 2 500 000 gallons pour les
vins importés et embouteillés au Québec. On parle
également de diminution de la vente de cidres de bières. On va
même jusqu'à parler, ce que je trouve peut-être un peu
farfelu, mais c est fort possible, de la diminution de la vente de lait. Ce
sont trois produits...
M. Tremblay:... la vente du sirop d'érable aussi...
M. Fontaine: Je parle du rapport présenté par
l'Association des brasseurs québécois. Ce sont trois produits...
Si on s'en tient à deux, le cidre et la bière, ce sont deux
produits fabriqués au Québec qui perdraient peut-être un
peu de popularité dans les épiceries au profit des vins
importés.
Je dois voter pour l'amendement présenté par le
député d'Outremont, surtout qu'on avait demandé au
ministre de pouvoir entendre ici, à cette commission, au moins trois
organismes, telles l'Association des fabriquants de vins, l'Association des
brasseurs et l'Association des producteurs de cidres.
Le ministre nous a déjà dit que ces gens-là avaient
été consultés; si ces gens-là ont été
consultés, j'aurais aimé qu'ils viennent nous dire ici, en
commission, par exemple l'Association des brasseurs, nous donner
peut-être plus de détails sur le rapport qu'ils ont fourni,
à savoir, là-dessus, qui peut avoir raison. J'imagine qu'on n'a
pas jeté, comme ça, des chiffres sur papier sans, au
préalable, avoir approfondi, travaillé un rapport.
C'est pour ça, M. le Président, je m'en tiens
là-dessus, que je vote pour l'amendement du député
d'Outremont, et cela devrait être conforme à la politique du
ministère de l'Industrie et du Commerce de favoriser l'expansion, si
vous voulez, de l'industrie québécoise. Je ne vois pas ce que les
vins importés, surtout si on prétend qu'ils vont aller chercher
cinq fois plus d'augmentation que les vins fabriqués au Québec...
Il me semble qu'on devrait limiter la vente de ces vins aux produits
fabriqués au Québec, et l'amendement parle de produits
importés; en ce qui concerne l'Union Nationale, nous avons toujours
suggéré de se limiter aux vins fabriqués au
Québec.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Tremblay: M. le Président, même si les
commentaires du député de Bellechasse ne portent pas directement
sur l'amendement...
M. Fontaine: M. le Président, je m'excuse. Je ne sais pas
si le ministre en fait un point de règlement?
M. Tremblay: ... je vais y répondre.
M. Fontaine: Ecoutez! "... de conservation, de mise en
marché et de vente des vins fabriqués ou embouteillés au
Québec que la société désigné".
Je pense que c'est là-dessus que j'ai discuté, la
différence entre les vins fabriqués ou embouteillés au
Québec et les vins importés.
M. Tremblay: ... cette partie-là...
M. Fontaine: Je m'en suis tenu seulement...
M. Tremblay: Je m'excuse. Je faisais référence
à la citation de la position des brasseurs, que vous avez faite...
M. Fontaine: Je pense que c'est le but de l'amendement...
M. Tremblay: Comme vous n'étiez pas présent
à la commission jeudi dernier, je vous dirai que nous avons passé
toute une journée à discuter de ces points
généraux. Quand vous parlez de différence entre les
produits fabriqués au Québec et les produits importés, ce
qu'on ignore souvent, c'est que les fabricants de vins "québécois
" peuvent importer jusqu'à 35% de vins étrangers qui sont
coupés avec le moût, lui-même importé et on ajoute de
l'eau.
Donc, il ne faut pas trop charrier lorsqu on parle de vins
québécois. On ne produit pas de raisin au Québec. On
importe un moût et on importe du vin pour le couper et on ajoute de
l'eau.
Il est évident que cela diminue le coût de transport et que
cela ajoute à l'activité. La véritable activité
économique commence lorsqu'on fait l'embouteillage. C'est là que
se concentre l'activité économique et où l'effet
multiplicateur des dépenses est le plus élevé parce qu'il
y a des achats de bouteilles, de caisses, du travail de camionneur, etc. Donc,
il y a un effet multiplicateur important, mais...
Une Voix: De l'eau?
M. Tremblay: De l'eau, c'est de l'eau. De sorte qu'il est vrai
que cela crée une activité économique au Québec,
mais ce n'est pas une industrie autochtone comme l'industrie des pâtes et
papiers.
Maintenant, j'en viens directement à l'amendement, mais avant je
vais répondre à une question posée par le
député d'Outremont et reprise par le député de
Saint-Louis concernant l'impact d'une mesure semblable sur différents
types de consommation et les études qui ont pu être faites.
Evidemment, je pourrais déposer le rapport Thinel, il compte 359 pages.
C'est un rapport officiel qui a été déposé
auprès du gouvernement, qui repré-
sente deux ans d'étude, de consultations, de dépôts
de mémoire, de témoignages privés qui n'ont pas
été publiés, mais qui ont été
redonnés au ministère de la Justice et puis par la
commission.
Donc, il y a eu un tour complet comme jamais il ne s'en était
fait concernant une industrie par la Commission d'enquête sur le commerce
des boissons alcooliques. On sait que nous avions recommandé dans le
rapport Thinel la vente des vins dans les épiceries.
Nous avons fait des études d'impact, surtout en fonction de
l'élasticité de la demande. Pour la plupart des produits
alcooliques, cette demande était très basse, inférieure
à l'unité, ce qui laissait voir une loyauté de la part des
consommateurs aux types de produits, à la bière ou à la
boisson forte ou au vin, étant donné que ces produits sont
utilisés dans des circonstances qui sont quelque peu différentes,
le vin étant plus rattaché à l'alimentation, aux repas, la
bière aux festivités, etc. Quant à la boisson forte, je
vous laisse le soin de le préciser.
M. Blank: M en est ainsi dans mon comté, pas besoin de
repas pour le vin.
M. Tremblay: Donc, il y avait une résistance, de la part
des consommateurs, à modifier leurs habitudes. Lorsqu'on regarde les
chiffres, on fait référence aux chiffres internationaux dans le
domaine, on se rend compte qu'ils reflètent passablement les
caractéristiques nationales. Les champions mondiaux pour la consommation
de la bière sont les Allemands. Les chiffres pour 1976/77; 32,3 gallons
de bière par habitant; le Québec est le deuxième avec
20,96. Puis on tombe aussi bas que 3,2 en Italie.
Pour les spiritueux, les grands champions sont les Albertains,
d'après ce que j'ai ici, soit 2,3, probablement avec les Russes, mais je
n'ai pas les chiffres pour les Russes et les Polonais; mais je sais que la
consommation des spiritueux est très élevée dans ces pays.
On trouve le taux d'alcoolisme le plus élevé en Union
soviétique et en Pologne, on y boit énormément de boissons
fortes. Dans le cas du vin, c'est un peu surprenant, parce qu'on a toujours
l'impression que le Québec, étant un pays latin, consomme
beaucoup de vin; or le Québec est une des provinces où il se
consomme le moins de vin. Il n'est que la quatrième province au Canada
par rapport au taux de consommation de vin, avec 1,29 gallon pour 1976/77 par
habitant; alors que vous avez 1,35 en Alberta, 1,95 en Colombie, etc. (10 h
30)
Sur le plan international pour les autres pays ils s'agit de chiffres
pour l'année 1974 nous avions une consommation de 24,3 pour
l'Italie, 22,7 pour la France, 17,6 pour le Portugal, 16,4 pour l'Espagne,
etc., et on trouve le Québec au bas de la liste. De façon
surprenante, le taux de consommation du vin au Québec est un des plus
bas au monde et certainement non supérieur à la moyenne
canadienne, légèrement inférieur à la moyenne
canadienne. Ce pourquoi nous sommes un peu en avance sur les autres, c'est pour
la consommation de bière où nous sommes un des pays qui consomme
le plus de bière. Dans le cas des spiritueux, nous sommes dans la bonne
moyenne. Donc, on pourrait présenter les chiffres sur le lait aussi,
mais je pense qu'on ne consomme pas tellement de lait non plus au
Québec. S'il y a des ajustements, ces ajustements pourraient diminuer le
taux d'accroissement de la consommation de la bière je ne crois
pas qu'il s'agisse d'une diminution absolue mais
l'élasticité étant inférieure à
l'unité, un changement structurel comme celui-là ne produira pas,
je pense, une réorientation dramatique des habitudes de consommation,
d'autant plus que les prix ne changeront pas.
Donc, il n'y aura pas d'effet de prix, c'est un effet institutionnel qui
est très difficile à calculer, mais on ne prévoit pas un
grand changement. Il est possible, par contre, que, par rapport à des
marques de vins importées, qu'il y ait une plus grande
disponibilité dans 9000 points de vente des vins fabriqués au
Québec et de certains vins embouteillés par la
Société des alcools, et qu'il y ait un déplacement dans
cette direction.
Mais là où c'est très aléatoire, c'est que
les écarts de prix sont énormes entre un vin de $2.50
embouteillé par la Société des alcools et un vin de luxe
de $10. Je présume que le consommateur va continuer à acheter son
vin de $10, s'il y est habitué. Mais il y a quand même une
tendance qui favorisera la consommation des vins fabriqués au
Québec et les dix vins embouteillés par la Société
des alcools.
M. le Président, je reviens à la substance de
l'amendement. Jeudi passé, j'ai indiqué les directives que le
gouvernement a données à la Société des alcools et,
par conséquent, j'ai précisé l'intention du gouvernement
qui, devant un problème technique de distribution dans 9000 points de
vente, avait fait porter naturellement son choix vers des vins fabriqués
et embouteillés au Québec.
Par contre, il y a deux objections à adopter l'amendement, qui
sont les suivantes: la première vient du fait que nous avons
discuté rapidement, jeudi dernier, de la possibilité que nous
puissions arriver à des ententes de réciprocité avec
l'Ontario ou avec une autre province canadienne, qui serait la
Colombie-Britannique, pour permettre la vente des vins fabriqués au
Québec dans ces provinces, qui ont des systèmes de monopole
d'Etat comme au Québec et la vente de cidres aussi dans ces
provinces.
Donc, nous souhaitons que la Société des alcools
négocie avec ces provinces l'accès de nos vins et de nos cidres
sur les marchés de l'Ontario et ceux des autres provinces. Or, nous ne
voulons pas nous geler dans le ciment dans le cadre de cette loi, de
manière à nous empêcher de compléter des ententes de
réciprocité avec les autres provinces. C'est une objection de
fond que j'amène.
L'autre objection est un peu plus subtile, car, en précisant dans
un projet de loi que, dans les points de vente, on limiterait l'accent à
un certain type de produits et ceci précisé dans un projet de
loi, nous nous trouvons à enfreindre les règles du GATT,
dans le sens que nous limitons, pour des raisons politiques, l'accès
à ces points de vente. On peut les limiter pour des raisons techniques,
et évidemment nous basons notre position sur des raisons de droit; il y
a un problème de barrières non tarifaires qui serait inclus dans
un projet de loi.
Il est évident que tous les pays établissent des
barrières non tarifaires, mais ils ne sont pas assez stupides pour aller
les mettre dans des projets de loi de façon à amener la tension
et des attaques en provenance de l'extérieur. Je pense, M. le
Président, que les intentions du gouvernement sont claires. Elles ont
été exprimées ici à cette commission parlementaire,
mais, pour les deux raisons que je viens de mentionner, il ne serait pas
à l'avantage du Québec d'accepter cet amendement.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Sur le premier point des études d'impact, je
pense que le ministre n'a pas répondu à la question que j'ai
posée, que l'élasticité soit inférieure à un
pour l'ensemble de la consommation des boissons alcooliques, c'est une chose.
Mesurer l'impact que peut avoir un changement comme celui qu'il propose, sur la
consommation des différentes boissons alcoolisées, c'est
différent, complètement différent. Cela n'a rien à
voir.
Si on veut parler d'élasticité, il aurait pu parler de
l'élasticité au revenu aussi, qui, elle est beaucoup plus grande
que un, sur l'ensemble des boissons alcoolisées. Son raisonnement
l'aurait conduit dans des directions différentes.
Par conséquent, ce que je voulais savoir, c'était s'il y
avait eu des études d'impact. Ce n'est pas difficile. Est-ce qu'il y a
eu des études d'impact avant que le gouvernement ne prenne une
décision? Pour l'impact sur les prochaines années, le rapport
Thinel est complètement dépassé. L'étude a
été faite il y a déjà presque dix ans. Cela n'a
plus aucun rapport. Les consommations des différentes boissons
alcoolisées sont complètement changées. Dans le rapport
Thinel lui-même, je n'ai pas vu d'étude d'impact à propos
de la recommandation sur la distribution des vins. Je peux me tromper, je ne
l'ai pas appris par coeur. Mais, à ma connaissance, il n'y a pas de
rapport où on a essayé de mesurer quel serait l'impact sur la
consommation de vin par rapport à la consommation de bière, par
rapport à la consommation de cidre. Vous vous rappelez qu'au moment du
rapport Thinel, on ne vendait même pas de cidre. Aujourd'hui, on vend du
cidre. C'est important de savoir quel est l'impact sur le cidre.
Je pense que le ministre a dit qu'il s'attendait à une baisse de
la consommation du cidre.
M. Tremblay: Non, je regrette, M. le Président. Au
contraire, je pense que la mesure, s'il y a entente avec la
Société des alcools, relancera l'industrie du cidre. Vous me
faites dire justement le contraire de ce que j'ai dit.
M. Raynauld: Je m'excuse, si je vous ai mal
interprété. Si c'est cela, je pense que les gens qui sont dans le
domaine ne pensent pas comme vous. Ils pensent que ce n'est pas un...
M. Tremblay: Les gens qui sont dans le domaine, il n'en reste que
deux et ils se sont lancés dans la fabrication du vin.
M. Raynauld: II y en a un des deux qui est... Ils pensent que,
dans le domaine du cidre, il n'y a pas beaucoup d'avenir. C'est pour cela qu'il
y en a un des deux qui s'est dirigé vers le domaine du vin.
M. Tremblay: Si on laissait les choses aller dans la
direction...
M. Raynauld: De toute façon, ce n'est pas cela qu'il
m'intéresse de savoir. Je voudrais savoir ce que le gouvernement a comme
preuve. Quand le ministre dit qu'il va y avoir une augmentation dans la
consommation du cidre, qu'il nous donne donc des preuves de cela. Nous sommes
un gouvernement. Nous ne sommes pas ici pour discuter l'opinion de celui-ci et
l'opinion de celui-là. Est-ce qui y a eu des études de faites.
J'ai l'impression qu'il n'y en a pas eu. J'aimerais bien entendre le ministre
nous dire qu'il n'y a pas eu d'étude, qu'il y a eu une décision
qui a été prise. Le ministre se vante, parce qu'il prend des
décisions. C'est très bien qu'il prenne des décisions,
mais j'aimerais que les décisions soient prises après qu'il y ait
eu des analyses de faites et qu'on sache quel est l'impact d'une
décision que le gouvernement prend. Je pense que c'est
élémentaire. S'il n'y a pas eu d'étude, qu'il nous le
dise. A ce moment, on jugera si sa décision était fondée
sur quelque chose ou si elle n'était pas fondée du tout. C'est
mon premier point.
Le deuxième, c'est sur les objections à l'amendement que
j'ai proposé. Je comprends la première raison. Si le gouvernement
entend faire des ententes avec d'autres provinces, cela pourrait le gêner
d'avoir, dans un projet de loi, une restriction comme celle qui est
proposée. Mais c'est précisément l'objet de loi que
d'apporter des précisions.
Lorsque les conditions changent, on change les lois et on est
obligé de revenir devant l'Assemblée nationale, parce que
l'Assemblée nationale, c'est fait pour cela, c'est fait pour adopter les
lois et c'est fait pour les amender lorsque les conditions changent. Il n'y a
rien d'anormal là-dedans, parce que, si on suivait le ministre
là-dessus, à ce moment-là, il n'y aurait plus de projet de
loi du tout. Il n'y en aurait plus du tout parce qu'à ce
moment-là il faudrait dire: Dans deux ans, peut-être que les
conditions auront changé. A ce moment-là, on voudra changer nous
autres aussi. C'est une question de principe que je pose, dans le sens que ce
sont des parlementaires et l'Assemblée nationale qui décident des
grandes orientations et des règles du jeu fondamentales. Lorsqu'on donne
tous ces pouvoirs, encore une fois, au lieutenant-gouverneur en conseil, je
pense
qu'on détourne les fins pour lesquelles un Parlement existe et
une Assemblée nationale existe.
S'il doit y avoir des ententes de réciprocité, tant mieux.
Je serai le dernier à reprocher au ministre d'avoir conclu une entente
avec d'autres provinces. A ce moment-là, il pourra revenir devant
l'Assemblée nationale et faire modifier la loi au besoin.
Peut-être qu'il jugera qu'il y a aussi d'autres choses qu'il faudra
changer. Ce ne sera peut-être pas la seule raison.
Si le gouvernement et si le ministre pensent que ce serait vraiment trop
onéreux de revenir devant l'Assemblée nationale à propos
d'une entente de réciprocité, il y a une autre chose qu'il peut
faire. Il aurait pu proposer un sous-amendement et dire que ce sont des vins
fabriqués et embouteillés au Canada, plutôt qu'au
Québec. Il pourrait aussi mettre cela dans la loi. Ce ne serait pas
interdit de faire cela. A ce moment-là, cela ne nous empêcherait
pas, dans le cas où il y aurait une entente, de conclure cette entente
et cela rejoindrait quand même l'objectif que j'essaie de poursuivre en
proposant cet amendement, c'est-à-dire d'apporter, dans la loi
même, au moins quelques cadres, quelques balises qui permettent
d'orienter ceux qui préparent les règlements.
Je pense que, même si elle est valable, cette objection ne doit
pas être retenue contre la proposition d'amendement.
Enfin, le ministre a donné une deuxième raison. Cette
raison, franchement, me fait rire beaucoup. Il invoque tout à coup les
règlements du GATT. C'est absolument extraordinaire.
M. Tremblay: Je vais à Genève justement la semaine
prochaine pour discuter des négociations du GATT.
M. Raynauld: Oui, à ce moment-là, à
Genève, ces gens vont vous demander de regarder les politiques que vous
appliquez au gouvernement plutôt que les lois comme celle-ci, parce
qu'ils seront beaucoup plus préoccupés...
M. Tremblay: Je regrette, M. le Président, le
Québec est un des endroits les plus naïfs au monde sur le plan
commercial.
M. Raynauld: ... par votre politique d'achat que par le fait que,
dans une loi, on puisse mentionner que...
M. Tremblay: II n'y a pas un pays qui n'a pas une politique
d'achat.
M. Raynauld: Oui, mais en tout cas, c'est...
M. Tremblay: Je vais commencer par le Japon, passer par les
Etats-Unis et aller en Europe.
M. Raynauld: Vous irez à Genève et vous nous ferez
rapport.
M. Tremblay: Je n'ai pas besoin d'aller à Genève
pour cela, je le sais d'avance.
M. Raynauld: On sera très heureux de connaître les
résultats de vos...
M. Tremblay: C'est l'avantage d'avoir un ministre du Commerce qui
connaît le commerce.
M. Raynauld: Oui.
M. Blank: ... des affaires que vous dirigez.
M. Raynauld: Cela ne fait pas nécessairement un bon
ministre.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député d'Outremont.
M. Raynauld: En tout cas, que le ministre invoque le GATT dans ce
cas précis ici, je trouve que c'est justement qu'il a besoin d'aller
à Genève et plusieurs fois, parce qu'il est évident que
cela n'enfreint en aucune façon les règles du GATT que d'indiquer
qu'au point de vue institutionnel, on va vendre des choses dans des
épiceries plutôt que dans des supermarchés ou plutôt
que dans des magasins de la SAQ. C'est quelque chose d'absolument fantastique
qu'on puisse nous apporter un raisonnement comme celui-là. C'est
renversant. Franchement, cela n'a aucun rapport, absolument aucun rapport.
M. Tremblay: Vous savez bien qu'on ne peut pas faire de
discrimination dans les lois en spécifiant un produit fabriqué
dans un endroit excluant les produits d'importation.
M. Raynauld: Voyons donc! On ne parle pas d'exclure des produits,
on parle de savoir si les produits vont se vendre dans les épiceries
plutôt qu'à la SAQ. Quand même!
M. Tremblay: Cela vient d'être exclu, ils sont exclus des
points de vente
M. Raynauld: Ils sont exclus des épiceries, ils ne sont
pas exclus de la SAQ. Voyons donc!
M. Tremblay: Oui, c'est le réseau de commerce.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre!
M. Blank: Vous avez toute la loi de l'alcool...
M. Raynauld: Est-ce que le GATT va se préoccuper de
savoir...
M. Blank: ...
M. Raynauld: ... dans les épiceries?
M. Blank: II n'y a pas de boissons fortes dans les
épiceries. On a déjà une loi pour cela. (10 h 45)
M. Tremblay: Voyons donc!
Le Président (M. Boucher): A l'ordre!
M. Tremblay: Si on ne vendait que les boissons fortes
fabriquées au Québec...
M. Raynauld: Bien sûr! Voyons! Cela n'a aucun sens.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député d'Outremont, si vous voulez
continuer...
M. Raynauld: Oui, je parle du GATT.
M. Tremblay: Dans un cours de première année
d'économie, je pense que ce serait très clair.
M. Raynauld: M. le Président, demandez donc au ministre de
se taire et je pourrai parler.
M. Tremblay: Oui, mais cessez de dire des sottises. Il y a
toujours un maudit bout.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre! M. le
député d'Outremont.
M. Raynauld: M. le ministre, c'est vous qui avez dit une sottise
et vous ne voulez pas que je la relève.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Tremblay: Vous avez zéro pour votre note, M.
Raynauld.
M. Raynauld: Vous savez, c'est moi qui vous donnais des notes, ce
n'est pas vous qui m'en donniez. D'accord?
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député d'Outremont, vous avez la parole.
M. Raynauld: Je dis que cet argument du GATT ne tient absolument
pas. C'est un raisonnement pour lequel... Franchement, s'il n'a pas d'autres
raisons que cela, j'espère que le ministre va voter en faveur de
l'amendement, parce que, que je sache, il n'y a aucun organisme international
qui se préoccupe le moins du monde de savoir si on vend ces produits
dans des épiceries, dans des supermarchés ou dans des magasins de
la Société des alcools du Québec. C'est leur dernier
souci. Ce qui les intéresse, c'est de savoir s'il y a des mesures qui
enfreignent les règles du commerce international, de la liberté
de commerce. Ce n'est pas le fait que cela se vende dans des épiceries
ou non qui limite le commerce. Si c'était l'ensemble des institutions
québécoises qui restreignaient l'importation des vins de
l'étranger, ce serait une autre histoire, mais on ne parle pas de cela.
Les vins importés viennent à la SAQ. Il s'agit de savoir si cela
va être à cette porte ou à la porte à
côté. Vous pensez que le GATT se préoccupe de cela? C'est
quelque chose de vraiment extraordinaire qu'un ministre qui prétend
connaître le commerce et les accords internationaux de commerce puisse
invoquer un argument comme celui-là. C'est un argument absolument
ridicule.
Etant donné que cet argument ne résiste pas à un
instant d'analyse, sans compter toutes les autres lois qui existent
déjà, il y a le cidre aussi qui est vendu... Est-ce que le cidre
viole les règles du commerce international et les ententes de GATT,
étant donné que le cidre est restreint aux épiceries? Vous
savez bien que cela n'a aucun sens.
Ce que je retiens de cela, c'est que les objections du ministre à
l'amendement qui est proposé ne sont pas acceptables. Peut-être
pourrait-il en apporter d'autres, mais il faudrait qu'il en apporte de
meilleures. A ce moment, vous allez être obligé de conclure que le
ministre va effectivement voter en faveur de l'amendement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Louis.
M. Blank: Ce sera très court, en attendant les objections
du ministre. Il y avait deux objections: les ententes au Canada et l'affaire
GATT. Le député d'Outremont m'a convaincu que l'affaire GATT
n'avait pas de bon sens du tout. Peut-être que celle du ministre sur
l'affaire du Canada est pleine de bon sens. Je ferais un sous-amendement pour
changer dans la motion d'amendement du député d'Outremont le mot
"Québec" par le mot "Canada". Si c'est cela que le ministre veut, on va
le lui donner.
M. Tremblay: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Sur le sous-amendement du
député de Saint-Louis... M. le député de
Saint-Louis, est-ce que vous avez votre sous-amendement?
Une Voix: Le ministre est pris au mot.
M. Blank: ... que le sous-paragraphe a) du paragraphe 37a de
l'article 1 soit modifié encore en remplaçant dans la
deuxième ligne, les mots "embouteillés au Québec " par les
mots fabriqués ou "embouteillés au Canada". C'est le désir
du ministre, on le lui donne.
Le Président (M. Boucher): Le sous-amendement que nous
avons à l'amendement du député d'Outremont veut que le
sous-paragraphe a) du paragraphe 37a de l'article 1 soit modifié en
remplaçant, dans la deuxième ligne, après le mot "vins",
les mots "fabriqués ou embouteillés au Canada". M. le
ministre.
M. Tremblay: M. le Président, je crois que ce
sous-amendement n'est pas recevable. Il va contre le principe qui a
été adopté à l'unanimité à
l'Assemblée nationale.
M. Blank: Le principe de ce bill, c'est de vendre le vin dans les
épiceries.
M. Raynauld: Voyons donc! Il faudrait demander au ministre
d'être sérieux. Qu'il me donne des raisons...
M. Tremblay: M. le Président, si on veut jouer aux fous,
on peut jouer aux fous. Je pense qu'on est devant une tactique d'obstruction
systématique des membres de l'Opposition.
M. Raynauld: Non, mais qu'on trouve des raisons...
M. Tremblay: Je me demande publiquement quels
intérêts ils servent. J'aimerais bien qu'ils le
précisent.
M. Blank: On sert l'intérêt de la population du
Québec. Le ministre est venu ici, la semaine passée, pendant
trois jours consécutifs...
M. Tremblay: Vous avez des rapports de quelle provenance?
M. Blank: A l'ordre...
Le Président (M. Boucher): Je demande au ministre de me
laisser parler. Pendant trois jours...
M. Tremblay: Quels intérêts défendez-vous?
Dites-le donc.
M. Blank:... le ministre s'est vanté...
Le Président (M. Boucher): ... M. le député
de Saint-Louis, vous avez la parole.
M. Tremblay: On peut vous citer des passages du rapport Thinel
aussi.
M. Raynauld: Quels intérêts cela
représente-il? M. le ministre, avez-vous le monopole de la vertu,
vous?
M. Blank: Je n'ai pas le droit de parler, M. le
Président...
M. Tremblay: Si vous voulez commencer un débat, on va en
commencer un.
M. Blank: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
piaît!
M. Raynauld:... vous ne défendez aucun
intérêt, vous?
M. Blank: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre! A l'ordre! A
l'ordre!
M. Blank: M. le Président, j'ai le droit de parler.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Blank: II semble que le ministre n'aime pas qu'on le
critique.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Louis, vous parlez sur votre sous-amendement?
M. Blank: Vous ne serez pas longtemps en politique, si vous
n'aimez pas la critique.
M. Tremblay: II y en a qui jouent avec le feu ici. M. Blank:
Oui, on joue avec le feu.
Le Président (M. Boucher): Vous désirez parler sur
votre sous-amendement, M. le député de Saint-Louis?
M. Blank: Oui, sur le sous-amendement. Le Président (M.
Boucher): Allez-y! Mme Leblanc: ... Une Voix: Ce n'est pas
comme l'amiante...
M. Tremblay: L'alcool a toujours été une source de
financement des campagnes électorales...
M. Blank: Pendant trois jours consécutifs, la semaine
passée, le ministre a parlé de la politique de la vente des vins
dans les épiceries, le but étant de favoriser les producteurs
québécois et de fabriquer ou d'embouteiller des vins au
Québec. Il en a parlé pendant deux jours. C'est la grande raison
pour laquelle on a cette loi. Aujourd'hui, quand on lui suggère
d'inclure dans sa loi ce qu'il dit, "put up or shut up" , comme on dit en
anglais, on lui demande fabriqués ou embouteillés au
Québec ", il s'oppose à ça; il veut avoir Canada".
D'accord? Je lui donne... Je change l'amendement à "fabriqués ou
embouteillés au Canada". Maintenant, il dit... Je ne comprends pas ce
ministre. Est-ce qu'il a quelque chose à cacher? Avez-vous fait des
ententes avec les exportateurs de vins d'Italie ou de France? Est-ce que c'est
vous qui avez quelque chose à cacher? Moi, je n ai rien à
cacher...
M. Tremblay: ... l'Union Nationale qui a des choses à
cacher dans ce domaine.
M. Blank: Je suis ici pour défendre les droits de la
population du Québec...
M. Tremblay: Ne me poussez pas trop!M.
Blank:... pas des autres.
Le Président (M. Boucher): Alors, M. le ministre, sur le
sous-amendement.
M. Raynauld: M. le Président...
M. Tremblay: Moi, je n'ai rien à dire sur le
sous-amendement.
M. Raynauld: M. le Président, il faut quand même
relever que le ministre a dit tout à l'heure que ce sous-amendement
n'était pas recevable. Je pense qu'il a pris un peu de vos
prérogatives, M. le Président. En tout cas, il a dit qu'il
n'était pas recevable, parce qu'il allait contre le principe du projet
de loi. Cet argument ne tient pas une minute. Il a l'entière
liberté de voter contre le sous-amendement. Cela, c'est son droit, mais
qu'il ne vienne pas nous dire ici des choses qui ne tiennent pas debout. Le
principe du projet de loi, ce n'est pas ça du tout. Le principe du
projet de loi, c'est d'autoriser le lieutenant-gouverneur en conseil de
distribuer des vins dans les épiceries. Il s'agit de savoir quels vins.
Cela ne va pas contre le principe, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Alors, est-ce qu'on est
prêt à voter sur le sous-amendement?
Des Voix: Oui.
Le Président (M. Boucher): M. le
député...
M. Raynauld: Appel nominal, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Louis?
M. Blank: Pour.
M. Raynauld: On vote sur le Canada.
Le Président (M. Boucher): C'est sur le sous-amendement.
Vous voulez que je le relise?
M. Michaud: C'est un référendum.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous désirez
que je le relise? "Que le sous-paragraphe du paragraphe 37 de l'article 1 soit
modifié en remplaçant, dans la deuxième ligne,
après les mots vins", les mots ' fabriqués ou embouteillés
au Canada".
M. Blank: On vote pour ou contre le Canada maintenant.
M. Michaud: Vous votez enfin, c'est le cas de le dire.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Michaud: C'est un référendum.
M. Raynauld: ... contre le Canada et contre le Québec.
M. Tremblay:... pour l'Ontario.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Une Voix:... drôle.
M. Tremblay: C'est ça, vous montrez vos vraies
couleurs.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Louis?
M. Blank: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Dubois (Huntingdon)?
M. Dubois: Pour.
M. Tremblay: Même l'Union Nationale.
Le Président (M. Boucher): M. Gosselin (Sherbrooke)?
M. Gosselin: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Michaud (Laprairie)?
M. Michaud: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Gagnon (Champlain)?
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Lefebvre (Viau)?
M. Lefebvre: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Ouellette (Beauce-Nord)?
M. Ouellette: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Raynauld (Outremont)?
M. Raynauld: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Tremblay (Gouin)?
M. Tremblay: Contre.
Le Président (M. Boucher): Alors, le sous-amendement est
donc rejeté six contre trois. Est-ce qu'on est prêt à
prendre le vote sur l'amendement?
M. Gagnon: Mme Leblanc?
Le Président (M. Boucher): Elle est intervenante. Vous
l'avez remplacée, M. le député de Champlain.
M. Blank: On est contre les femmes aussi, maintenant, dans le
Parti québécois...
Mme Leblanc: Vous voulez qu'on explicite plus longtemps?
M. Blank: Non...
Le Président (M. Boucher): Je regrette, Mme Leblanc, le
député de Champlain vous avait remplacée comme membre.
Est-ce qu'on est prêt à voter sur l'amendement principal
qui se lirait comme suit...
M.Tremblay: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): "Que le sous-paragraphe du
paragraphe 37 de l'article 1 soit modifié en ajoutant, dans la
deuxième ligne après le mot vins, les mots "fabriqués ou
embouteillés au Québec".
M. le député de Saint-Louis.
M. Blank: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Dubois (Huntingdon).
M. Dubois: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Gosselin (Sherbrooke).
M. Gosselin: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Michaud (Laprairie).
M. Michaud: Je vais être contre l'amendement qui n'a pas
d'allure.
Le Président (M. Boucher): M. Gagnon (Champlain).
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Lefebvre (Viau).
M. Lefebvre: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Ouellette (Beauce-Nord).
M. Ouellette: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Raynauld (Outremont).
M. Raynauld: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Tremblay (Gouin).
M. Tremblay: Contre.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est aussi
rejeté cinq contre trois. Nous revenons à l'article 1.
M. Michaud: ... du résultat prochain.
Le Président (M. Boucher): Est-on prêt à
adopter l'article 1?
M. Raynauld: Non, M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Alors, je dois constater qu'il est difficile de
faire admettre au ministre qu'il y aurait peut-être des amendements qu'il
y aurait lieu d'apporter au projet de loi. Je constate, à mon regret,
qu'il n'est pas outre mesure étonné de présenter un projet
de loi qui n'a aucun contenu et qui laisse, encore une fois, l'entière
discrétion au lieutenant-gouverneur en conseil de modifier les
règles du jeu. Je ne sais pas si le ministre se rend compte... Il nous a
dit tout à l'heure que nous jouions avec le feu. Plus
précisément, on joue avec l'avenir d'un très grand nombre
d'entreprises au Québec. C'est cela, la vérité, et il me
semble que les entreprises qui sont au Québec, y compris la SAQ
d'ailleurs, sont des entreprises qui auraient le droit de savoir quelles seront
les règles du jeu que le gouvernement entend leur appliquer et,
jusqu'à maintenant, nous avons quand même suggéré un
certain nombre d'amendements et je me rends compte qu'il est extrêmement
difficile pour le ministre d'afficher la flexibilité à laquelle
je me serais attendu de sa part.
Je vais donc m'essayer de nouveau avec un amendement additionnel, qui
est un amendement qui vise, cette fois-ci, à associer, au gouvernement
et à ses organismes, les gens qui sont directement impliqués par
les décisions prises et, si vous le permettez, M. le Président,
je...
Une Voix: Ce n'est pas la bonne, cela? M. Raynauld: J'ai
tellement de feuilles ici...
Le Président (M. Boucher): Alors, I'amendement du
député d'Outremont se lirait comme suit: "Que le paragraphe 37a
de l'article 1 soit modifié en ajoutant le sous-paragraphe d) suivant:
Paragraphe d): Déterminer la composition et le mode de fonctionnement
d'un comité consultatif formé de représentants de
l'Association des détaillants en alimentation, de l'Association des
épiciers en gros, de l'Association des fabricants de cidres, de
l'Association des fabricants de vins, de l'Association des brasseurs, de la
Société des alcools du Québec et du ministère de
l'Industrie et du Commerce."
M. Raynauld: Je pense que la lecture de I amendement fait
ressortir, immédiatement. I intention que nous avons. Encore une fois,
étant
donné que tous les pouvoirs sont transmis au
lieutenant-gouverneur en conseil, nous voudrions nous assurer que, dans la
préparation de ces règlements, de ces règles du jeu, il y
ait une consultation formelle de prévue et que cette consultation ne
soit pas laissée à la discrétion du gouvernement, ou de la
SAQ, ou de la Régie des alcools, ou de tout comité formé
à cet effet.
Nous voudrions un comité consultatif, formel, officiel qui soit
indiqué dans la loi et, encore une fois, autrement dit, c'est simplement
pour permettre au lieutenant-gouverneur en conseil d'adopter un
règlement à cet effet. (11 heures)
Ce n'est pas un comité qui est inscrit dans la loi. Je pense
qu'il ne faudrait pas confondre les deux choses. L'article 37a est simplement
un article qui nous dit que le lieutenant-gouverneur peut faire des
règlements pour faire quelque chose. C'est simplement cela. Je pense que
je serais personnellement opposé à ce que, dans une loi en tant
que telle, on prévoie un comité, mais là, ce n'est pas la
loi qui prévoit le comité, la loi prévoit que le
lieutenant-gouverneur en conseil peut passer des règlements pour
prévoir un comité. Je crois que, cette distinction étant
faite, il est très net et très clair qu'il est désirable
de procéder ainsi, étant donné qu'encore une fois ces
règles du jeu impliquent l'avenir d'entreprises, l'avenir de tous les
secteurs.
Je crois que le gouvernement, jusqu'à maintenant, a montré
qu'il voulait, par toutes sortes d'initiatives qu'il a prises
déjà, consulter les milieux, par ses mini-sommets, son sommet, il
y en a eu un, mais ensuite par tous les mini-sommets sectoriels qui ont
été faits. C'est une chose que j'ai toujours approuvée, et
je pense que le gouvernement a indiqué qu'il voulait procéder,
non pas d'une façon arbitraire, d'une façon indépendante
des milieux concernés. Dans ce cas-ci, si le gouvernement est d'avis
qu'il doit agir de la même façon, je crois qu'ici encore c'est une
occasion que nous donnons au gouvernement et au ministre de l'Industrie et du
Commerce de prévoir spécifiquement et clairement l'existence d'un
comité consultatif, comme l'indique le nom, qui ne sera pas un
comité avec pouvoir de décision, mais un comité qui serait
consulté sur ces règlements. Encore une fois, on n'aurait pas
besoin d'un comité comme celui-là, ni d'un amendement comme celui
que je propose, si, dans la loi elle-même, on avait déjà
établi des règles du jeu, mais on ne les a pas établies.
Je pense que tout le monde en est bien conscient, on ne connaît pas les
règles du jeu. On ne sait pas quels sont les termes qu'on fixera aux
gens qui vont s'associer à la Société des alcools pour la
vente de certains vins dans les épiceries, on ne connaît pas les
règles qui leur seront imposées. Si on le savait, on n'aurait pas
besoin d'avoir dans le projet de loi un amendement comme celui-ci. Etant
donné qu'on n'a rien dans le projet de loi, je pense qu'il convient
c'est une autre tentative que je fais, d'essayer encore une fois de donner un
peu plus de contenu, un peu plus de clarté au projet de loi, et
j'espère que vu que cet amendement ne soulève aucune question de
fond, le gouvernement pourra l'accepter.
M. Tremblay: Au contraire, M. le Président, je pense que
c'est un amendement qui soulève des questions de fond.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, le
député de Huntingdon a demandé la parole, est-ce que vous
voulez attendre son intervention sur l'amendement?
M. Tremblay: Je vais céder la parole au
député.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Merci, M. le Président. Je voudrais savoir si,
en principe, le ministre serait d'accord avec un comité consultatif
formé des personnes ou des groupes indiqués ici à la
motion d'amendement, je parle en principe?
M. Tremblay: Je vais répondre tout à l'heure de
façon un peu plus complète. C'est une question très
sérieuse qui est soulevée, et plus sérieuse qu'on ne le
croit.
M. Dubois: En plus, M. le ministre, je voudrais savoir s'il est
vrai que vous aviez déjà donné mandat à l'ancien
sous-ministre en titre, M. Dins-more, de former un comité
consultatif.
M. Tremblay: C'est absolument faux, M. le Président.
M. Dubois: Apparemment, M. Chamberland devrait présider ce
comité. Je voudrais savoir si c'est vrai ou faux.
M. Tremblay: M. le Président, on soulève toutes
sortes de choses.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que, M. le
député de Huntingdon, c'est votre intervention?
M. Dubois: Oui.
Le Président (M. Boucher): Alors, M. le ministre.
M. Tremblay: II est évident que la section Commerce du
ministère de l'Industrie et du Commerce, dès l'automne 1976, a
regardé avec la Société des Alcools les aspects techniques
de l'implantation d'une politique de vente des vins dans les épiceries
avec les 9000 épiceries, etc. Donc, il y a eu des contacts, mais il n'y
a pas eu de comité consultatif de créé, de mis sur pied.
M. le Président, le premier commentaire que je veux faire c'est que,
lorsque je regarde la liste des groupes qui devraient être
consultés, je crois que l'Opposition officielle révèle ses
vraies couleurs, parce qu'on oublie justement le groupe qui est le
plus important, le groupe des consommateurs et là, je demande
encore quels sont les intérêts que défend l'Opposition
officielle ici en commission parlementaire. On oublie ici les consommateurs,
alors que cette politique est faite, en premier lieu, pour les consommateurs.
Un gouvernement qui légifère ne le fait pas pour des groupes
d'intérêts particuliers qui remplissent la caisse
électorale par derrière. On légifère pour
l'ensemble de la population et non pas pour un groupe particulier.
M. Blank: La seule réponse...
M. Tremblay: On exclut les'consommateurs comme si on
faisait...
M. Blank: Ajoutez-le, on vous donne la permission,
ajoutez-le.
Le Président (M. Boucher): A I'ordre, M. le
député de Saint-Louis, s'il vous plaît!
M. Raynauld: Ajoutez-le.
M. Tremblay: Donc, c'est la première remarque que je
voulais faire. C'est une remarque importante parce qu'elle est symptomatique de
l'état d'esprit de l'Opposition officielle, face à ce projet. Ne
pouvant pas s'opposer ouvertement à ce projet, sachant fort bien que les
9000 petites épiceries et l'ensemble de la population les
démasqueraient, elle a approuvé en deuxième lecture,
à l'unanimité, le projet, mais elle revient ici en commission
parlementaire avec des amendements pour défendre certains
intérêts.
L'autre remarque de fond nous replace dans le débat que nous
avons eu lors du premier amendement de l'Opposition officielle qui demandait de
retarder l'étude en commission, etc, et qui a été bien
expliqué jeudi, lorsque j'ai dit comment la Loi de la
Société des alcools donnait une juridiction à la
Société des alcools dans le commerce des boissons alcooliques. Je
répète encore que ce projet de loi 21 ne suspend pas la Loi de la
Société des alcools, la Société des alcools demeure
le maître d'oeuvre de la distribution des boissons alcooliques au
Québec.
Je sais qu'il y a des intérêts au Québec qui
aimeraient bien mettre la main sur la Société des alcools, mettre
la main sur ce marché. J'ai déjà dit que la
Société des alcools est un peu comme une sirène
entourée de requins. Nous avions une très mauvaise
réputation à travers le monde lorsque nous avons
créé la commission Thinel. Nous étions reconnus comme I un
des endroits où il y avait le plus de corruption dans le domaine des
alcools. Jamais, aussi longtemps que je serai ministre de l'Industrie et du
Commerce, des intérêts particuliers prendront le contrôle de
la Société des alcools, quelles que soient les démarches
qu'ils peuvent faire en sous-main pour exercer des pressions sur moi ou sur le
gouvernement.
Je répète, M. le Président, que la
Société des alcools demeure le maître d'oeuvre, elle
défend les intérêts du Québec, les
intérêts des consomma- teurs et, en même temps, les
intérêts des producteurs.
Par conséquent, M. le Président, je voterai contre cet
amendement dilatoire qui ne vise qu à poursuivre une tactique
d'obstruction contre un projet de loi qui est attendu depuis trente ans au
Québec.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laprairie.
M. Michaud: Merci, M. le Président. Les deux amendements
présentés ce matin, par le député d Outremont, sont
des amendements textuels qui m'ont été proposés par des
groupes depuis quelques jours. Tout simplement, ça ajoute beaucoup
à ce que le ministre dit au sujet des intérêts qui se
trouvent derrière cette question.
De toute façon, ces gens me disaient que, dans le passé,
ils se sont fait jouer aller-retour par les gouvernements
précédents. Je leur ai dit qu'avec nous, depuis le 15 novembre,
c'était changé, qu'on avait une parole pour la suivre et
administrer la Société des alcools pour l'intérêt et
le bien-être des Québécois. Pour cette raison et bien
d'autres, je me verrai, moi aussi, dans l'obligation de voter contre cet
amendement et d autres qui sont peut-être dans le même ordre
d'idée, mais on va voir quand ils vont venir.
Merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Louis.
M. Blank: Sur l'amendement. Le ministre fait beaucoup de bruit
sur des motions dilatoires ou des procédures dilatoires en faisant des
motions semblables. Mais comment peut-on dire que c'est dilatoire ou qu'on fait
des procédures dilatoires quand le ministre a en main tout ce qui est
nécessaire pour cette loi depuis le commencement de février, mais
il l'a déposé seulement la semaine passée? On a
adopté immédiatement la loi en deuxième lecture, mais
notre seule plainte sur cette loi personne n'était contre le
principe était qu'il n'y avait pas de loi du tout, il n'y a rien
dans la loi.
Comme représentants du peuple, on a essayé d
améliorer ça pour que nous puissions avoir un peu de
contrôle sur ce qui se passe dans l'admi-nistration publique. C'est la
raison pour laquelle nous sommes élus. Quand le député de
Laprairie dit qu il y a des groupes qui ont suggéré cette loi,
d'accord, c est bon, c'est nous qui représentons la population, les
groupes ici. S'il y a des groupements, des comités de citoyens, des
compagnies ou des associations de membres, qui viennent nous demander
d'apporter des amendements à la loi, parce que la loi n'a pas de bon
sens, je ne comprends pas que le député de Laprairie, qui fait
partie de ce gouvernement de grande transparence, puisse éviter que des
gens impliqués aient leur mot à dire en suggérant quelque
chose pour améliorer la loi.
Le ministre a dit que les consommateurs ne sont pas là. Mais les
petits détaillants, tous les petits épiciers, les 9000 sont
là. S'il le veut, je vais faire un sous-amendement pour qu'on
ajoute...
M. Tremblay: Quelle sorte d'épiceries est-ce que vous
défendez?
M. Blank: ... à l'amendement du député
d'Outremont, à la fin, après le mot "commerce", "et du
ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières". On veut lui faire plaisir, on va le mettre là
également. Mais pourquoi avez-vous peur de consulter les gens qui sont
les plus intéressés? C'est ce que je me demande. Et j'en fais
l'amendement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Louis, est-ce que vous faites un sous-amendement à l'amendement du
député d'Outremont?
M. Blank: Oui, j'en fais un sous-amendement, en ajoutant les mots
"et du ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières. "
M. Tremblay: M. le président, je voudrais dire un mot sur
cela. Cela m'apparaît absolument illogique, puisque le ministre des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières fait
partie du Conseil des ministres, qui a la responsabilité, selon
l'article 37a, d'approuver les règlements. Cela n'a aucun sens, M. le
Président, et cela démontre encore l'improvisation de
l'Opposition officielle et les mesures dilatoires d'obstruction qu'elle oppose
à l'adoption de ce projet de loi.
M. Blank: Le ministre devient plus ridicule que jamais. Il sait
que, lorsque l'on fait un comité consultatif, ce n'est pas le ministre
qui siège comme personne, le ministre délègue des
personnes, des gens, qui ont un intérêt dans cette affaire. S'il
veut jouer avec le fait que le ministre Payette siège au Conseil des
ministres, le ministre, dans l'étude de ses crédits, dit que son
premier but, dans toute cette affaire, est de protéger le consommateur.
Je veux qu'elle envoie quelqu'un pour représenter les consommateurs
à ce comité consultatif.
Ce n'est pas cela du tout. Le ministre a peur des consultations. Il a
quelque chose à cacher et il ne veut pas le faire dans la transparence,
nonobstant que c'est un grand gouvernement de transparence.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon, est-ce que vous voulez parler sur le sous-amendement ou sur
l'amendement?
M. Dubois: J'ai le goût d'apporter un amendement au
sous-amendement, pour inclure également le ministre de l'Agriculture
dans la consultation. Il appert que la vente de lait au Québec va
diminuer de 1 500 000 gallons à 2 millions de gallons annuellement, face
à la vente des vins dans les épiceries. Je pense que, à ce
moment-ci, c'est important, si on veut inclure tous les intervenants, que le
ministre de l'Agriculture soit aussi inclus dans le comité
consultatif.
Le Président (M. Boucher): Vous incluez un sous-amendement
au sous-amendement...
M. Dubois: Un amendement au sous-amendement.
Le Président (M. Boucher): Un amendement au
sous-amendement.
M. Dubois: Pour ajouter également le ministère de
l'Agriculture ou le ministre de l'Agriculture comme intervenant au sein du
comité consultatif.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que votre intervention
est terminée?
M. Dubois: Oui, j'ai dit pourquoi.
Le Président (M. Boucher): II n'y a pas d'autres
interventions? On va commencer par le sous-amendement du député
de Saint-Louis. Est-ce que vous êtes prêt à voter? Vous
laissez l'amendement du député de Saint-Louis et vous ajouter "le
ministère de l'Agriculture."
M. Gosselin: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Sherbrooke.
M. Gosselin: Simplement pour faire avancer les débats
parce que je constate qu'on piétine pas mal, peut-être que
l'Opposition officielle libérale serait d'accord avec l'ajout du
sous-amendement au sous-amendement proposé, et, à ce
moment-là, on pourrait voter pour le même...
Une Voix: Bonne idée.
Le Président (M. Boucher): D'accord. On va voter sur le
sous-amendement à l'amendement du député d'Outremont.
Le paragraphe d) se lirait comme suit: "Déterminer la composition
et le mode de fonctionnement d'un comité consultatif formé de
représentants de l'Association des détaillants en alimentation,
de l'Association des épiciers en gros, de l'Association des fabricants
de cidres, de l'Association des fabricants de vins, de l'Association des
brasseurs, de la Société des alcools du Québec, du
ministère de l'Industrie et du Commerce, du ministère des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières et du
ministère de l'Agriculture."
M. le député de Saint-Louis...
M. Raynauld: M. le Président, on vote seulement sur les
deux additions.
Le Président (M. Boucher): Sur les deux sous-amendements
à l'amendement. M. le député de Saint-Louis?
M. Blank: Pour. (11 h 15)
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon?
M. Dubois: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Sherbrooke?
M. Gosselin: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laprairie?
M. Michaud: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain?
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Viau?
M. Lefebvre: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Nord?
M. Ouellette: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Outremont?
M. Raynauld: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gouin?
M. Tremblay: Contre.
Le Président (M. Boucher): Le sous-amendement à
l'amendement du député d'Outremont est donc rejeté
à six contre trois.
M. Raynauld: M. le Président, si vous permettez, je
voudrais dire quelques mots maintenant sur l'amendement lui-même, avant
de passer au vote.
Le Président (M. Boucher): II vous reste quatre minutes,
M. le député d'Outremont, sur l'amendement.
M. Raynauld: Ce ne sera pas long. Je pense que le ministre a
soulevé la question d'intérêts que nous avons à
défendre, que nous défendrions, que nous sommes censés
défendre. Je pense que c'est une voie que je voudrais récuser
entièrement.
Je n'ai pas l'habitude, je pense, de prendre des décisions en
fonction d'intérêts de celui-ci ou d'intérêts de
celui-là. Je pense qu'on le reconnaîtra. Mais, lorsqu'on se lance
dans des attaques de ce genre, je pense qu'il faut faire attention que cela ne
nous retombe pas sur le nez, parce que, si le ministre voulait bien se rappeler
d'un mémoire qu'il a reçu de l'Association des fabricants de
cidres du Québec où on porte aussi des jugements sur les
intérêts que le gouvernement défend lorsqu'il veut faire
distribuer le vin dans les épiceries... Vous me permettez de lire
seulement deux lignes de ce mémoire.
Nous considérons que la vente des vins dans les épiceries
aurait pour effet de favoriser, premièrement, l'essor de compagnies
multinationales aux dépens de petites entreprises
québécoises; deuxièmement, d'encourager la viticulture
étrangère aux dépens de la pomiculture
québécoise.
C'est l'Association des fabricants de cidres du Québec qui vous a
écrit cela il y a à peu près un an et quelques mois, M. le
ministre. Si vous voulez vous placer sur un plan de démagogie comme
celui que vous avez adopté en nous accusant de défendre des
intérêts particuliers parce qu'on ose, imaginez-vous, proposer un
amendement à un projet de loi, ce ne sont pas des blagues...
M. Tremblay: Un amendement?
M. Raynauld: Deux, oui.
M. Tremblay: Deux, trois, quatre, cinq six.
M. Raynauld: Oui, et on va en proposer aussi longtemps qu'on
voudra en proposer.
M. Tremblay: Faites de l'obstruction.
M. Raynauld: Je refuse que le ministre nous impute des motifs ici
en disant qu'on veut proposer des amendements seulement pour retarder
l'adoption du projet de loi ou seulement pour défendre des
intérêts particuliers. Quand on dit qu'on veut défendre des
intérêts particuliers, on sait tout ce que cela veut dire. Cela
veut dire que, dans une heure, on va nous accuser d'avoir partie liée
avec des intérêts qui ont été cités ici ou
là, qui ont fait partie de toutes sortes d'histoires dans le
passé. On va remonter, on va refaire toute l'histoire du Québec
à partir de la Société des alcools du Québec. Ce
n'est pas la plus belle, mais je voudrais bien vous dire, M. le
Président, que je n'ai été aucunement partie à
cette histoire passée. Si ie ministre pense qu'il a le droit de
m'imputer des motifs de ce genre, je pense qu'il est dans l'erreur. Je pense
que cela mérite d'être soulevé. Je pense que ce n'est pas
comme cela qu'on est capable d'adopter des projets de loi qui ont un peu
d'allure.
Là, je répète que, s'il veut se mettre, sur ce
plan, des intérêts particuliers à défendre, je vais
lui dire que les intérêts qu'il défend, suivant
l'Association des fabricants de cidres du Québec, ce sont ceux des
multinationales et c'est la viticulture étrangère. C est cela
qu'il veut? On va lui dire que c est cela.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon, sur l'amendement.
M. Dubois: M. le Président, j'abonde dans le même
sens que le député d'Outremont. Avant, il y a un an et demi, je
n'ai jamais fait de politique de ma vie. Je ne connais pas ce qui s'est
passé antérieurement, mais je pense qu'il y a évidemment
des intérêts communs, dans le sens que tous les intervenants
devraient être consultés. Je pense que le ministre ne semble pas
très prêt à accepter la consultation dans le cadre des
relations de fabricants de vins et de cidres, et la SAQ.
Je me demande sur quelle base le ministre s'appuie pour nous indiquer
que, si on acceptait ces intervenants en consultation, on pourrait favoriser
des groupes extérieurs au détriment de la SAQ. Je me demande
où serait le danger pour la SAQ à ce qu'il y ait consultation,
parce que tout ce qu'on demande, c'est strictement cela, la consultation. On ne
demande quand même pas de pouvoirs pour les intervenants, mais je pense
que, dans un système démocratique, il y a lieu à la
consultation. Je pense que ce serait pour le plus grand bien des fabricants de
cidres et de vins au Québec. Cette demande est très logique,
à mon sens. C'est la raison pour laquelle je l'appuie sans
réserve.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Tremblay: M. le Président, je pense qu'on tourne en
rond depuis le début de cette commission parlementaire, puisque nous
n'avons encore adopté aucun article. On s'accroche au mot
"consultation", alors qu'il y a énormément de consultation, qu'il
y a eu énormément de consultation, que la Société
des alcools la pratique sur une base quotidienne et hebdomadaire
présentement. Il y a énormément de consultation. Ce que
l'Opposition voudrait, par contre, c'est de donner un droit de veto à
certains groupes. Je le répète, jamais des groupes
d'intérêts privés qui ont créé une
très mauvaise réputation au Québec à travers le
monde ne prendront le contrôle du marché des alcools au
Québec. La loi de la Société des alcools n'est pas remise
en cause. Je le répète pour la nième fois, la
Société des alcools demeure le maître d'oeuvre de la
distribution des boissons alcooliques au Québec.
Mais, on parle d'histoire passée, etc. Oui, il y a de l'histoire
passée, mais il y a aussi de vieilles habitudes. Il est évident
que, dans le cas du gouvernement actuel, il n'y a pas possibilité qu'on
soit à la merci de groupes d'intérêts qui viendraient
financer nos caisses électorales. Je comprends la frustration de
certains milieux. Cela s'est produit récemment lorsqu'il a
été le temps de nommer le président de la
Société des alcools. J'ai reçu énormément de
pressions, mais on m'a mis en garde, de faire bien attention, parce qu'il y
avait des intérêts qui avaient justement intérêt
à mettre la main sur la Société des alcools. Je le dis
très clairement. Le gouvernement n'est pas à la remorque
d'intérêts particuliers qui financent sa caisse électorale.
Nous avons une caisse électorale qui est propre. Elle ne vient que des
membres, des individus et, par conséquent, les vieilles habitudes qui
sont tenaces...
M. Raynauld: La nôtre aussi.
M. Tremblay: ... dans ce domaine. Oui, mais demandez à
votre chef de sortir les données de ces $470 000.
M. Raynauld: Cela fait un an et demi.
M. Tremblay: Allez demander à M. Maurice Sauvé de
nous dire d'où viennent ses fonds.
M. Raynauld: Demandez-le donc à votre parti, pour
commencer, qu'il les sorte, les contributions. Demandez donc à votre
parti qu'il les sorte, parce qu'il ne les a jamais sorties.
M. Tremblay: Oui, parce qu'on sait que qui donne les fonds
contrôle les politiciens.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député d'Outremont.
M. Tremblay: Comme le député de Saint-Louis...
M. Blank: Ouverts à qui...
Le Président ( M. Boucher): A l'ordre!
M. Blank: II n'y a pas un électeur dans mon
comté... D'où vient cet argent?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Louis, s'il vous plaît!
M. Blank: Si vous voulez jouer, on va jouer le même
jeu...
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, vous avez la
parole.
M. Tremblay: Jeudi passé, le député de
Saint-Louis a justement avoué ici et c'est au journal des
Débats que le gouvernement du temps, en 1971, lorsque le rapport
Thinel a été déposé, était d'accord pour
vendre le vin dans les épiceries, que la Société des
alcools ne l'était pas et que des intérêts s'y opposaient.
Je lui ai dit: Est-ce que c'était vous qui dirigiez?
M. Blank: J'ai dit que la Société des alcools du
Québec était contre. Si vous dites que la Société
des alcools est maîtresse de tout, elle est maîtresse de tout. Vous
lui donnez tout le pouvoir dans un sens, et vous dites que non.
Branchez-vous!
M. Tremblay: Le député a avoué que, comme
gouvernement, il ne pouvait pas vraiment faire passer les mesures qu'il jugeait
souhaitables.
M. Blank: Je n'ai pas dit cela. J'ai dit que le gouvernement a
fait une étude...
M. Tremblay: Or, il ne pouvait pas reprocher à ce
gouvernement...
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Blank: Question de règlement! Quand on rapporte mes
paroles...
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, M. le
député de Saint-Louis! Question de règlement?
M. Blank: Oui, question de règlement, parce qu'il n'a pas
lu le journal des Débats comme il faut. Je dis que la recommandation de
la SAQ était contre. Je suis grandement surpris que la SAQ dise
maintenant oui. Je veux savoir pourquoi. C'est la question que je posais.
M. Tremblay: Je crois que M. le député avait
formellement avoué que lui-même et son gouvernement de
l'époque étaient d'accord...
M. Blank: ... j'étais député ordinaire, et
même moins que député ordinaire, j'étais
vice-président. Je n'avais le droit ni d'assister à des caucus,
ni à des débats.
M. Tremblay: Je présume que vous reflétez quand
même une opinion qui était répandue, mais il y avait des
forces occultes qui vous empêchaient d'agir.
M. Blank: Des forces occultes! Quand le ministre ne sait pas la
réponse, ce sont toujours les forces occultes ou les caisses
électorales ou je ne sais quoi!
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Saint-Louis, à l'ordre!
M. Tremblay: Vous parlez de gouvernement transparent, on va
parler de gouvernement transparent.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, si vous voulez
continuer votre intervention.
M. Tremblay: Je vais clore, parce que, finalement, on revient
toujours aux mêmes thèmes. Je répète que la Loi de
la Société des alcools n'est pas remise en cause par cette loi.
Cette loi ne comporte que deux amendements, de manière à
permettre à la Société des alcools de faire des ententes
avec des épiceries et avec des producteurs.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Louis.
M. Blank: Deux mots: Pour commencer, cet amendement ne vise en
rien à priver la SAQ d'aucun pouvoir, à lui imposer aucun veto.
C'est seulement un comité consultatif qui est affecté par les
règlements dans ce domaine. Il a droit, je pense, comme moi, de faire
des suggestions. La SAQ et le gouvernement n'ont pas besoin d'agir suivant ces
suggestions, mais ces gens ont droit de faire des suggestions. Quelque chose
m'a frappé dans ce que le ministre a dit, à savoir que ce groupe
de consultation contient des gens qui ont tous fait tort au Québec sur
la question de l'alcool, que ce sont ces gens qui ont donné une mauvaise
réputation au Québec, ce qui veut dire que les petits
détaillants en alimentation ont fait une mauvaise réputation au
Québec...
M. Tremblay: Arrêtez donc de charrier!
M. Blank: L'Association des épiciers... Je
répète vos paroles. Arrêtez de charrier, vous autres.
L'Association des fabricants de vins, la Société des alcools a
causé cette réputation, le ministre de l'Industrie et du Commerce
a causé cette réputation... Peut-être, je ne sais pas, mais
ne charriez pas, et je ne charrierai pas non plus.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement? Alors, j'appelle le vote sur l'amendement.
M. Blank (Saint-Louis)?
M. Blank: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Dubois (Huntingdon)?
M. Dubois: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Gosselin (Sherbrooke)?
M. Gosselin: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Michaud (Laprairie)?
M. Michaud: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Gagnon (Champlain)?
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Lefebvre (Viau)?
M. Lefebvre: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Ouellette (Beauce-Nord)?
Absent.
M. Raynauld (Outremont)?
M. Raynauld: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Tremblay (Gouin)?
M. Tremblay: Contre.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est donc
rejeté, cinq voix contre trois.
M. Blank: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Louis.
M. Blank: J'ai un dernier amendement à proposer à
l'article 1, c'est une dernière chance de montrer à la
population, par l'adoption de ses lois, la transparence du gouvernement. C'est
la dernière chance.
Vous parlez de règlements ici, dans l'article 1. C'est quelque
chose qu'on ne trouve pas tellement souvent dans les lois. Ces
règlements entrent en vigueur à la date de leur publication. Ce
n'est pas souvent qu'on trouve ça. Oui, c'est vrai qu'on trouve
ça dans certaines lois, mais, dans la grande majorité des lois,
il y a un délai entre la publication des règlements et
l'entrée en vigueur. Cela donne une chance de corriger des erreurs de
procédure et des erreurs de forme sur lesquelles on attire l'attention
du gouvernement ou du lieutenant-gouverneur en conseil, règlements qui
ne sont pas parfaits, parce qu'ici, du moment que le gouvernement publie les
règlements, sans consultation, sans passer par la commission
parlementaire, sans passer par les députés ministériels,
sans passer par qui que ce soit, du moment qu'ils sont publiés dans la
Gazette officielle, ils deviennent en vigueur. Mais, normalement, dans toutes
les lois, il y a un délai de 60 jours. Peut-être que le ministre
est pressé. Il est pressé, mais des règlements ne sont pas
prêts, ni les études sur les règlements. Il nous a
avoué, la semaine passée, qu'il n'a rien de prêt encore. Il
va commencer à travailler à ces règlements après
l'adoption de la loi, d'accord. J'avais pensé qu'un délai de 60
jours était normal dans la loi, mais s'il est pressé, je suis
prêt à raccourcir cela à 30 jours, et je fais un
amendement, à savoir que "le dernier alinéa du paragraphe 37a
dans l'article 1 de la loi soit modifié en remplaçant, dans la
première ligne, les mots "à la date de" par les mots "30 jours
après", et l'alinéa ainsi modifié se lirait comme suit:
"Ces règlements entrent en vigueur 30 jours après leur
publication dans la Gazette officielle du Québec ou à toute date
ultérieure qui y est fixée".
Cela donne une chance...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Louis, voulez-vous me remettre cet amendement?
M. Blank: Cela donnerait une chance à la population, aux
députés, aux personnes intéressées d'examiner ces
règlements au moins pendant 30 jours avant qu'ils entrent en vigueur.
C'est la dernière chance que la population a de participer à
cette affaire-ci. Sinon, tout se passera encore en cachette. Il semble que
c'est ça que le gouvernement veut, mais je pense que les membres de
cette commission sont des vrais démocrates, qui ont besoin d'un petit
délai après la publication des règlements pour voir
comment ils affecteront les personnes impliquées, les petits
détaillants, les consommateurs, les fabricants de vins, la SAQ et les
autres.
J'ai déjà vu des règlements qui comportaient
beaucoup d'erreurs. C'est la raison pour laquelle on donne normalement un
délai, mais ceci n'est pas une loi d'exception dont on a absolument
besoin à telle ou telle date. S'il y a un délai de 30 jours pour
réfléchir, pour étudier ces règlements et
peut-être faire des recommandations, pour que le gouvernement fasse des
changements ou non, mais, au moins, qu'on laisse cela ouvert, qu'on donne une
chance à la population. (11 h 30)
Le Président (M. Boucher): Alors, nous avons devant nous
l'amendement du député de Saint-Louis qui se lit comme suit: "Que
le deuxième alinéa du paragraphe 37a de l'article 1 soit
modifié en remplaçant dans la première ligne les mots
"à la date de" par les mots "trente jours après". L'alinéa
ainsi modifié se lirait comme suit: "Ces règlements entrent en
vigueur trente jours après leur publication dans la Gazette officielle
du Québec ou à toute date ultérieure qui y est
fixée".
M. le député d'Outremont.
M. Raynauld: Si le ministre veut l'accepter, je ne continuerai
pas le débat. Je voudrais simplement appuyer cette motion et
j'insisterai surtout sur le fait qu'un tel délai permettrait aux gens
directement concernés de faire des représentations auprès
du gouvernement avant que les règlements ne soient mis en vigueur.
Je crois que c'est une pratique courante. Il n'y a rien là
d'anormal. Cela n'a rien à voir avec la caisse électorale et je
ne pense pas que cela ait beaucoup de choses à voir non plus avec les
groupes de pression eux-mêmes ou avec GATT, mais c'est un amendement qui
a sa justification.
Vous vous rappellerez qu'il n'y a pas eu de commission parlementaire qui
ait entendu les parties. Pour des projets de loi importants, c'est ce qu'on
fait. Le gouvernement l'a fait à plusieurs reprises. On a proposé
un amendement que le ministre a jugé dilatoire. On voulait que cette
commission entende les gens, les représentants des diverses
associations. Le gouvernement a refusé d'entendre les parties en
invoquant le fait qu'il y avait eu un groupe d'étude sur le sujet, il y
a une dizaine d'années et que, par conséquent, le gouvernement
connaissait tout ce qu'il y avait à connaître de la situation. Je
rappelle qu'il y a eu, effectivement, une motion qui a été
rejetée devant cette commission. On a donc refusé d'entendre les
parties.
Il me semble que d'apporter un amendement comme celui-ci viendrait
mitiger un peu ou amoindrir l'impact d'une décision négative que
le gouvernement a prise, car, au lieu de faire étudier ce projet avec un
peu de recul, avec un peu de temps devant nous, tout à coup, on
découvre que c'est une affaire extrêmement urgente. Même si
le ministre adit tout à l'heure que cela faisait 30 ans qu'on attendait,
maintenant, pour lui, c'est une question de jours. Ce n'est plus une question
d'années, de mois, mais une question de jours. Si ce n'est pas fait
à la date de l 'entrée en vigueur, si la loi ne s'applique pas
à la date où les règlements seront publiés dans la
Gazette officielle, c'est extraordinaire tout ce qui va tomber sur la
province de Québec. Ce sera vraiment un cataclysme.
Je pense qu'il n'y a pas tant d'urgence que cela dans ce projet de loi.
Je crois que c'est inventé de toutes pièces. Les problèmes
que cela peut poser sont des problèmes pratiques, étant
donné que le ministre a voulu procéder avant de présenter
son projet de loi. Un projet de loi comme celui-ci se prépare dans pas
grand temps, ll aurait pu le déposer bien avant aujourd'hui. Il aurait
respecté davantage l'esprit de nos institutions s'il n'était pas
arrivé avec un projet de loi à la dernière minute en nous
disant: On ne peut plus attendre. Il faut absolument qu'on procède parce
qu on a fait des choses. Il a fallu commander du vin pour être capable de
le faire placer dans les épiceries. Ce n'est pas mon
problème.
Ce n'est pas un problème de parlementaires. C'est un
problème de gestionnaires et si le Parlement lui-même n'a pas eu
l'occasion de discuter des projets de loi, ce n'est pas à l'Opposition
qu'il faut en imputer la responsabilité, c'est au gouvernement.
Sans vouloir exagérer la portée de l'amendement qui est
proposé, il me semble que c'est un amendement qui est sensé, qui
est souhaitable dans les circonstances et là encore on ne crée
pas de précédents. Il y a un très grand nombre de lois. On
se fait bousculer pour voter ce projet de loi à la vapeur. On n'a donc
pas eu le temps de consulter... C'est tout à fait vrai. Avez-vous
déjà vu des projets de loi présentés comme ils
l'ont été en deuxième lecture, la semaine passée?
Le lendemain, une commission parlementaire et hop! c'est fini. Aussitôt
qu'on propose une motion d'amendement, ce sont des mesures dilatoires qui
visent à retarder l'adoption du projet de loi. Nous sommes encore
à l'article 1. Quand l'article 1 va être fini, on aura fini le
projet de loi, vous le savez. Alors, pourquoi est-ce qu'on passe notre temps
à soulever desquestions comme cela? Il n'y a jamais eu de commission
parlementaire qui ait travaillé avec autant de
célérité jusqu'à maintenant.
Ceci dit, ce n'est pas cela le problème. Le problème,
c'est: Est-ce que c'est bon d'avoir une date qui permette, pour l'application
de la loi, l'entrée en vigueur de la loi, aux gens de prendre
connaissance des règlements? Ce n'est pas une exigence excessive que les
gens puissent lire la Gazette officielle, lire les règlements.
Est-ce que vous vous rendez compte que les gens n'auront pas le temps de
lire les règlements avant? Vous vous rendez compte de cela. La loi entre
en vigueur dès le jour où c'est publié dans la Gazette
officielle. Cela veut dire qu'il y a des gens qui n'auront même pas le
temps de lire le règlement avant que la loi ne soit mise en vigueur. Je
trouve que c'est excessif, en toute franchise et en toute
honnêteté. Je trouve que c'est vraiment excessif.
Etant donné que le projet de loi n'indique pas d'orientation,
qu'il ne donne rien sur les règles du jeu qui seront suivies et que tout
va se trouver dans les règlements, vous ne pensez pas que ce serait
élémentaire que de permettre aux gens de lire ces
règlements et de faire des représentations auprès du
gouvernement au besoin, ne serait-ce que pour corriger des virgules?
Il me semble que c'est une intention tout à fait louable. Je ne
comprends pas que le gouvernement ne veuille pas même accepter un
amendement comme celui-là. J'espère que le ministre va changer
d'idée là-dessus et qu'il va accepter cet amendement parce qu'il
me semble que c'est une condition élémentaire d'ouverture.
On parle de transparence. Je n'emploie pas souvent ce mot-là,
parce que transparence cela veut dire que l'on voit à travers; ce n'est
pas le cas du gouvernement actuel, on ne voit pas à travers, loin de
là, mais le gouvernement pense qu'il est transparent. Le gouvernement
pense qu'effectivement il donne la chance à toutes les personnes
concernées de prendre connaissance de ce que le gouvernement entend
faire et qu'elles peuvent faire des représentations. Je pense que ce
serait le temps de mettre un principe comme celui-là en pratique.
Si le gouvernement refuse cet amendement, je pense que l'ensemble de ce qui se
sera passé à cette commission permettra à la population de
juger si le gouvernement voulait ou non avoir un projet de loi qui tienne
compte des circonstances dans lesquelles le projet de loi est
appliqué.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: J'ai tout simplement quelques mots à ajouter.
Je pense bien que le ministre a une occasion tout en or de nous
démontrer sa bonne foi en acceptant cette motion d'amendement qui est
quand même assez minime, qui n'est pas engageante du tout et qui
démontrerait un peu de respect pour les principaux intervenants dans ce
dossier. Je pense bien que le ministre va acquiescer à cette
demande.
M. Tremblay: M. le Président... Je m'excuse.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laprairie, est-ce que vous voulez intervenir immédiatement? Alors, M. le
ministre.
M. Tremblay: M. le Président, je crois que si on avait lu
de façon attentive l'article 1 du projet de loi, on n'aurait pas eu
besoin de proposer cet amendement. Je cite la dernière partie de
l'article 1 qui dit ceci: "Ces règlements entrent en vigueur à la
date de leur publication dans la Gazette officielle du Québec ou
à toute date ultérieure qui y est fixée."
M. le Président, les préoccupations de l'Opposition ont
été aussi nos préoccupations. Il est évident que,
dans un projet qui innove, il est difficile de prévoir dans les
détails toutes les éventualités. C'est pour cela que nous
avons ajouté à l'article 1 cette phrase: "ou à toute date
ultérieure qui y est fixée", pour ne pas être prisonniers
de la proclamation de la loi et afin de nous permettre d'établir que tel
règlement n'entre peut-être que dans 30 jours, que dans 60 jours
ou dans 90 jours, suivant les conditions de négociation et les
conditions techniques d'approvisionnement.
Donc, nous avons, comme un bon gouvernement transparent, prévu
justement ce genre de problème, M. le Président. On n'a pas
prévu seulement 30 jours, cela pourrait être plus de 30 jours.
M. Blank: Vous êtes sérieux?
M. Tremblay: Peut-être 90 jours, et c'est prévu dans
la loi 21. Même si le projet n'a pas d'étages de papier, c'est un
projet qui a été très bien pensé. La preuve qu'il a
bien été pensé, c'est qu'il est succinct. On sait que ce
qui se conçoit bien, s'exprime bien. C'est la même chose pour les
projets de loi, M. le Président.
Je souligne aussi un autre point. Dans notre jurisprudence, il n'existe
aucun précédent où on a établi la date de
l'entrée en vigueur d'un règlement dans la loi elle-même.
On dit que les règlements entrent en vigueur au dépôt de la
loi, lors de sa publication dans la Gazette officielle ou à une date
ultérieure. Mais il n'y a aucun précédent pour fixer une
date, parce qu'on voit bien que c'est très dangereux, fixer une date, 30
jours, si on a besoin de 31 jours, qu'est-ce qu'on fait? On revient devant
l'Assemblée nationale.
M. Blank: ...
M. Tremblay: Or, parce que nous voulions éviter de
créer un précédent, ce n'est pas notre intention de
créer un précédent, comme on ne veut pas se lier à
l'avance sur les délais, nous avons prévu dans la loi que les
règlements eux-mêmes vont prévoir les délais qui
seront nécessaires pour l'application de la loi. C'était
absolument essentiel, parce que c'est une opération qui touche 9000
épiceries, c'est évident qu'on ne peut pas prévoir, dans
le temps, toutes les démarches de façon extrêmement
précise.
Donc, M. le Président, je comprends la préoccupation de
l'Opposition, je pense que si elle avait eu un peu plus de temps pour
réfléchir à cette question, elle aurait prévu la
modalité, elle aurait vu, mais nous l'avions déjà
prévue pour éviter ce genre de problème.
D'autre part, je pense qu'outre l'affaire du précédent que
nous ne voulons pas créer à l'occasion de ce projet de loi, la
question de 60 jours devient arbitraire sans avoir des raisons techniques qui
sont prévues dans les règlements pour l'entrée en vigueur
de cette loi. Si c'était simplement la seule raison, si les raisons que
je viens d'évoquer n'étaient pas suffisantes, je m'interrogerais
après avoir expliqué que nous avons déjà
prévu les délais dans la loi, je m'expliquerais mal pourquoi on
insisterait pour proposer l'amendement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laprairie.
M. Michaud: M. le Président, il ne faudrait pas retarder
indûment l'adoption de cette loi et même des règlements,
parce que vous savez comme moi que bien administrer, c'est prévoir. Je
suis persuadé que nos producteurs québécois, depuis un an,
savent que ce projet de loi s'en vient et ils ont prévu que cela allait
arriver un jour. Nos producteurs québécois ne peuvent pas passer
de 1 400 000 gallons par année à 2 500 000. Il y a
peut-être des possibilités qu'ils soient obligés de doubler
leur production dans la même année pour suffire à la
demande. Le temps passe vite, même la Société des alcools a
dû sûrement prévoir, pour les présentoirs la
quantité de vin suffisante. Le temps passe vite aussi, la période
réellement intéressante pour la vente du vin, c'est surtout la
période avant Noël. Il ne faudrait pas retarder indûment pour
pénaliser les 4000, 5000, 8000 ou 9000 épiciers qui auraient
l'avantage, avant Noël, d'avoir un revenu d'appoint, vendre le vin dans
leurs épiceries pour donner un meilleur service à toute la
population.
Parce que l'épicier de Laprairie, ou l'épicier de
Saint-Tite-des-Caps qui donne un service direct à la population, c'est
quelqu'un qui veut réellement servir la population en
général. Cet épicier, ce n'est pas une multinationale,
c'est un homme ou une femme qui s'occupe de son épicerie douze et
dix-huit heures par jour. Si on lui apporte un revenu d'appoint pour la
période des Fêtes, c'est merveilleux. (11 h 45)
Si on retarde indûment ce projet de loi ou les règlements
et au moment de cette période, ce sera pénaliser
énormément tous les épiciers, les citoyens du
Québec. Je pense que c'est une motion dilatoire qui va à
l'encontre des intérêts de nos producteurs
québécois.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Louis.
M. Blank: Je ne comprends pas le député de
Laprairie qui contredit le ministre. Le ministre, dans son argumentation, a dit
"si on en a besoin".
II a dit qu'on était pour le retarder, si on en avait besoin et
il donne toute une grosse affaire...
M. Tremblay: ... le plus rapidement possible.
M. Blank: D'accord, le plus rapidement possible. Et il donne
toute une histoire pour dire que mon amendement est inclus dans la loi
actuelle. Ma langue maternelle n'est pas le français, mais je pense que
le ministre doit lire l'amendement encore pour comprendre ce qui se dit ici.
Cela ne dit pas que le règlement va entrer en vigueur dans 30 jours. Mon
amendement ne dit pas cela. Il dit: Trente jours après ou tout autre
date fixée. Cela veut dire au moins trente jours. Je veux une garantie
pour le petit épicier afin qu'il ne soit pas pénalisé par
le règlement qui n'a pas de bon sens. Les petits épiciers de
Laprairie ou de Saint-Tite-des... ou je ne sais pas quoi...
M. Michaud: ... des culottes rouges...
M. Blank: ... des culottes rouges... Ils devraient avoir la
chance d'étudier ce règlement pour trente jours au moins et ils
ne devraient pas
être pénalisés par l'erreur d'un fonctionnaire,
quelque part. Mon amendement garantit un minimum de trente jours. Cela peut
être 35, 40, 55, comme le veut le ministre. Mais je veux que les
intéressés, les petits épiciers, aient 30 jours pour
étudier et comprendre ce règlement, pour savoir de quoi il s'agit
et non, à la deuxième journée, se faire arrêter par
la Sûreté du Québec pour une infraction parce qu'ils
n'auront pas vu le règlement. Donnez-leur trente jours pour s'acheter
une copie du règlement pour savoir ce que sera le règlement.
C'est ce que je demande. Je ne demande pas que le règlement entre en
vigueur dans les trente jours. Je ne demande pas cela. Je donne au ministre
toute la latitude qu'il veut dans son projet de loi. La seule chose que je
demande, c'est que la population du Québec ait trente jours pour
étudier et essayer de comprendre ce règlement, et, si
nécessaire, faire des suggestions pour le changer. C'est cela que le
ministre n'a pas compris. Je m'excuse, mais le député de
Laprairie n'a pas compris non plus.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Je pense que, si on lit le sous-paragraphe de la loi,
il n'y a aucune assurance que le règlement n'entrera pas en vigueur le
jour de l'adoption de la loi. Vis-à-vis de cela, je pense que le
ministre ne semble pas plus réceptif à cette suggestion qu'aux
autres suggestions que nous avons faites antérieurement, voulant donner
quand même une chance aux intéressés de participer à
une consultation quelconque. S'il y avait un minimum inscrit dans la loi, il
devrait être de 60 jours, pour laisser la chance aux intervenants de
pouvoir bien lire le règlement et au moins, apporter leurs suggestions
au ministre, pour qu'il y ait un débat avant que cette loi entre en
vigueur. C'est absolument nécessaire que les intervenants et le ministre
puissent se parler durant une période avant l'entrée en vigueur
du règlement.
Cette demande n'est pas exagérée. En indiquant un minimum,
cela aiderait les intervenants et cela pourrait satisfaire les deux parties en
cause.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je pense que le ministre n'a
pas répondu à la préoccupation qui est indiquée
dans cet amendement. Je voudrais donc lui répéter la question que
je lui ai posée tout à l'heure. Au fond, il ne s'agit pas de
fixer une date, il s'agit d'avoir un minimum de temps, pour que les gens
puissent prendre connaissance des règlements. Le ministre n'a pas
répondu du tout à cette intention.
Je voudrais lui demander si c'est bien cela, s'il veut vraiment avoir la
discrétion complète là-dessus, qu'il ne veut absolument
donner de temps à aucun intervenant de lire ce règlement et de
faire des représentations au gouvernement. C'est bien ce qu'il veut, il
ne veut aucune sorte de délai qui soit placée la. Quand il dit
qu'on ne veut pas créer un précédent, on ne crée
pas de précédent. Il y a un très grand nombre de lois qui
prévoient, justement, un tel délai minimum.
M. Tremblay: Non.
M. Raynauld: Non, mais il y a la date ultérieure. Ce n'est
pas la question, la date ultérieure reste dans l'amendement. Ce n'est
pas cela, le problème. Vous pouvez encore faire entrer les
règlements en vigueur au moment où le gouvernement le veut. Le
problème, ce n'est pas cela du tout. Le problème, c'est qu'il y a
un minimum de temps qui sera donné aux gens avant que l'entrée en
vigueur se fasse, mais, après cela, le gouvernement conserve encore
toute sa liberté et cela aurait été un
précédent que de fixer une date et qu'il n'y ait aucune
possibilité de la changer. Ce n'est pas cela, l'amendement. L'amendement
c'est "trente jours ou a toute date ultérieure". C'est simplement le
délai de trente jours que nous voudrions voir, pour les raisons que j'ai
données tout à l'heure.
Si le gouvernement s'oppose aux trentes jours ou a toute date
ultérieure, cela veut vraiment dire qu'il veut interdire à des
parties, à des gens qui seront soumis à ces règles de lui
faire des représentations. Je pense que c'est vraiment excessif. Si
c'est là la position du gouvernement, j'aimerais que le ministre le
dise, qu'il affirme que c'est bien cela qu'il veut; il ne veut de
représentations de personne. A ce moment-là, on saura à
quoi s'en tenir.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Tremblay: M. le Président, je comprends le
désarroi de l'Opposition. Evidemment, c'est un bon projet de loi et cela
fait mal d'être obligé de voter pour un bon projet de loi.
Le député d'Outremont vient de dire que je m'opposerais
à toute date ultérieure, c'est nous-mêmes qui l'avons mise
dans le projet de loi, à toute date ultérieure, il y a toujours
un maudit bout.
M. Blank: II a dit: Je m'oppose à toute
représentation, à toute intervention, c'est cela qu'il a dit.
M. Tremblay: Concernant les règlements, je pense qu'on a
bien expliqué qu'ils ne seront pas établis par le gouvernement
aussi longtemps que la Société des alcools n'aura pas fait
d'ententes avec les épiceries. Lorsqu'on parle d'être au courant
des règlements, c'est évident que ce sont des règlements
qui découleront de négociations.
M. Raynauld: Le ministre n'a qu'à lire l'article 10, il ne
l'a pas lu encore. C'est faux ce qu'il dit là.
M. Tremblay: Vous pouvez commencer à lancer des injures,
si vous voulez, mais...
M. Raynauld: Ce ne sont pas des injures, je voudrais que vous
lisiez votre projet de loi, vous ne l'avez pas lu encore.
M. Tremblay: Non, vous pouvez lancer des injures, mais je l'ai
écrit moi-même. Cessez donc de parler à travers votre
chapeau.
M. le Président, je l'ai expliqué jeudi, il est
évident que les modalités les règlements vont
statuer sur les modalités d'application de la loi vont
découler des négociations que la Société des
alcools est en train d'avoir présentement avec les épiceries et
avec les autres intervenants, de sorte qu'il va y avoir une très grande
connaissance puisqu'il faut qu'il y ait un présentoir placé dans
les épiceries.
D'autre part, je reviens sur le fait qu'il n'y a aucun projet de loi
adopté jusqu'ici qui spécifie une date précise
d'entrée en vigueur, je veux dire qui spécifie un délai en
journées, un délai précis en journées pour
l'entrée en vigueur des règlements.
Or, il ne s'agit pas pour nous de créer de
précédents. On ne veut pas jouer à la chinoiserie
parlementaire. Nous avons par contre prévu, dans l'article 1, que les
règlements pourront entrer en vigueur à toute date
ultérieure qui sera fixée. Une date, cela peut être le 1er
septembre, par exemple. On ne peut pas se geler dans le ciment et se lier
à 30 jours ou 32 jours, à 40 jours ou 50 jours, cela
dépendra.
L'intention du gouvernement, c'est de mettre en vigueur cette loi et ces
règlements le plus tôt possible, mais on sait que nous allons
affronter des problèmes techniques et qu'en toute probabilité
cela ne pourra pas aller avant le début de septembre, d'après ce
que l'on me dit. Mais nous n'allons pas créer un
précédent.
Les préoccupations de l'Opposition sont les miennes,
évidemment. Nous avons traité de ce sujet en profondeur avec des
légistes, etc. La solution trouvée, pour ne pas faire de
précédent, ce fut d'ajouter justement "ou à toute date
ultérieure qui est fixée". Je pense que cette phrase devrait
répondre aux préoccupations de l'Opposition, si elle est vraiment
sincère, pour que la loi ait toute la flexibilité qu'elle
désire.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laprairie.
M. Raynauld: M. le Président, seulement une question au
ministre de l'Industrie et du Commerce...
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous permettez, M.
le député de Laprairie?
M. Michaud: Oui.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: ... pour qu'on se comprenne, pour ne pas avoir un
dialogue de sourds. M. le ministre, vous comprenez bien que, dans l'amendement
que nous proposons, nous conservons "toute date ultérieure".
M. Tremblay: Vous ajoutez "trente jours" qui est une contrainte
et qui constitue un précédent.
M. Raynauld: C'est une contrainte minimale, mais ce n'est pas une
contrainte de l'autre côté.
M. Tremblay: C est un précédent.
M. Raynauld: Non, ce n'est pas un précédent. Les
trente jours ou toute date ultérieure, c'est un
précédent?
M. Tremblay : Toute date ultérieure n'est pas un
précédent, mais les trente jours le sont.
M. Raynauld: En tout cas, je veux bien qu'on se comprenne. Nous
avons laissé dans l'amendement la date ultérieure. Ce qui ne
suffit pas, c'est qu'il n'y a pas de délai du tout qui est donné,
alors que c'est un délai minimal qu'on donne. Evidemment, après
cela, le gouvernement a toute liberté de fixer la date d entrée
en vigueur comme c'était prévu dans le projet. Je veux qu'on
s'entende bien là-dessus. La différence n'est pas sur cela, elle
est sur le délai minimal de trente jours.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laprairie, vous n'avez rien à ajouter? Est-ce qu'il y a d autres
intervenants? Nous sommes prêts à mettre aux voix la motion du
député de Saint-Louis. La voici: que le deuxième
alinéa du paragraphe37a de l'article 1 soit modifié en
remplaçant dans la première ligne les mots à la date de"
par les mots "trente jours après". M. le député de
Saint-Louis?
M. Blank: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon?
M. Dubois: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laprairie?
M. Michaud: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain?
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Viau?
M. Lefebvre: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Nord?
M. Ouellette (Beauce-Nord): Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Outremont?
M. Raynauld: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gouin?
M. Tremblay: Contre.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est donc
rejeté à cinq contre trois. Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Blank: Adopté, sur division.
Le Président (M. Boucher): Adopté, sur division.
Article 2?
M. Tremblay: M. le Président... Amendes
M. Blank: Pour gagner du temps, je peux dire que de notre
côté, on a seulement une petite remarque, un mot. On est d'accord
avec l'article, parce que cela fixe des amendes moins sévères
pour des infractions moins sévères; mais je me demande, comme
avocat, pourquoi le mot "toutefois" dans le deuxième paragraphe... Je
pense que le mot est inutile. C'est tout.
M. Tremblay: M. le Président, je pense qu'il faut faire
une distinction entre les types de contraventions. L'intention du
législateur, c'est vraiment de ne pas créer de confusion entre
une infraction concernant les permis de fabrication de boissons, etc., et des
contraventions au respect des règlements de la présente loi. En
incluant le mot "toutefois", on se trouve à insister sur le fait qu'il y
a une exception ici concernant une contravention au règlement par
rapport à une contravention à la loi elle-même qui
amène des peines beaucoup plus sévères.
M. Blank: C'est exactement la raison pour laquelle on n'a pas
besoin du mot "toutefois". Le mot "toutefois" aurait sa raison d'être
s'il y avait une relation entre les deux articles. On parle de deux choses
différentes. Au premier paragraphe, on parle de la loi, et au
deuxième paragraphe, on parle du règlement. C'est pour cette
raison que le mot "toutefois"... Je n'en fais pas une grosse bataille, mais je
dis que le mot "toutefois" n'est pas nécessaire. Si vous voulez le
laisser, d'accord.
M. Tremblay: S'il n'en tenait qu'à moi, je m'en fouterais,
mais l'avocat du contentieux me dit que le mot toutefois" a une raison...
M. Blank: II y a une lettre d'un autre avocat de plus
d'expérience...
M. Raynauld: C'est parce qu'on a une lettre d'un avocat qui nous
dit que le "toutefois"...
M. Blank: C est un avocat avec un peu d'expérience dans ce
domaine. Je dois lui dire après...
M. Raynauld: II faut dire que "toutefois" est une restriction.
C'est ce que cela veut dire. C'est une restriction. Ce n'est pas un "d'autre
part" qui sépare deux choses. "Toutefois", c'est une restriction en
français. Le deuxième paragraphe, ce n'est pas une restriction,
iI ne restreint en rien le premier paragraphe.
M. Blank: Cela n'a rien à faire avec le premier
paragraphe.
M. Raynauld: Cela ne restreint pas la portée du premier
paragraphe. Il s'agit de deux types d infractions différentes. Je pense
que ce serait bon de regarder cela un peu. On n'en fait pas, encore une fois,
une grosse bataille, mais ce serait bon d'y penser, parce que le mot
"toutefois" en français, c'est une restriction à I'application de
quelque chose. Je pense que ce n'est pas cela qui était voulu ici.
M. Tremblay: Cela doit demeurer une restriction, parce qu en
vertu du premier paragraphe, tous les détenteurs de permis
d'épicerie sont régis par ce paragraphe, sauf quand il s'agira de
manquements au règlement, c'est-à-dire les modalités de
mise en marché, de vente, d'apprivisionnement, etc., c'est uniquement le
deuxième paragraphe qui s'applique. Si un épicier vend une
bouteille de vin à minuit, il commet une infraction et il est possible,
par le premier paragraphe, parce que c'est une infraction à la loi
générale de la Commission de contrôle. (12 heures)
M. Blank: Est-ce que si le mot "toutefois" est enlevé,
cela change l'article?
M. Tremblay: Oui. M. Blank: Comment?
M. Tremblay: Parce que la personne qui commettrait une
infraction...
M. Blank: C'est-à-dire quiconque, n'importe quelle
personne? Quiconque inclut toute personne.
M. Tremblay: C'est parce qu'on veut bien faire de sorte que
quelqu'un qui contrevient aux règlements soit punissable uniquement en
vertu du deuxième paragraphe et qu'il ne risque pas de perdre son permis
pour cette raison.
M. Raynauld: Quiconque... de l'infraction, si je comprends bien.
En tout cas...
M. Blank: Si vous voulez "toutefois", laissez-le. Un avocat va
gagner une cause sur ce mot-là.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'article 2?
M. Blank: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 3?
Autorisation aux épiciers de vendre des
vins
M. Raynauld: A l'article 3, M. le Président, on voulait
proposer une motion de concordance pour ajouter "que les vins fabriqués
ou embouteillés au Québec". Comme la motion a été
refusée d'abord, je pense qu'il n'y a pas lieu de la
répéter ici, pour ne pas recommencer, pour ne pas se faire
accuser de faire des motions dilatoires.
M. Blank: Adopté sous réserve.
Le Président (M. Boucher): Article 3, adopté.
Article 4?
M. Raynauld: Article 4...
M. Blank: A l'article 4, avec mon confrère l'avocat, j'ai
seulement une petite suggestion à faire. A l'article 4, qui amende
l'article 20 de la loi, dans le cas de bières et de cidres qui se
vendent dans les épiceries, il y a restriction. On dit qu'ils ne doivent
pas être consommés dans les magasins ou ses dépendances.
Vous avez oublié ces mots dans le cas des vins.
C'est la raison pour laquelle on ouvre les règlements. Vous
faites des erreurs par hasard.
M. Tremblay: Non, M. le Président. A ma connaissance, les
conditions générales continuent de s'appliquer pour la
bière, pour le cidre et pour le vin...
M. Blank: Oui, mais...
M. Tremblay: ... concernant la consommation sur les lieux
mêmes.
M. Blank: Une minute! On n'a pas compris.
M. Tremblay: Maintenant, il s agit de savoir s'il faut le
répéter pour le vin, mais je me demande...
M. Blank: Oui, parce que, dans l'article 20 de la loi de 1971, on
dit: "Le permis d'épicerie autorise, à la suite d'une commande
donnée à cet effet à un magasin ou par
téléphone, une vente en bouteille de bière ou de cidre qui
ne doit pas être consommé dans le magasin ou les
dépendances". Si on a cet article après disant qu'on a le droit
de vendre du vin et qu'on n'inclut pas cette restriction, cela veut dire qu'on
a le droit.
M. Tremblay: De le boire...
M. Blank: De le boire dans le magasin ou ses dépendances.
Si on n'avait pas cette restriction à l'article 20 pour le cidre et la
bière, d'accord, mais voyant que vous avez déjà cette
restriction, si vous n'incluez pas la même restriction au vin, cela donne
la permission de le boire.
M. Tremblay: M. le Président, je demanderais
peut-être que...
M. Blank: Ce n est pas une grosse affaire.
M. Tremblay: ... nos deux avocats se consultent.
Le Président (M. Boucher): D'accord.
M. Tremblay: L'intention, ce n'est pas de permettre...
M. Blank: ...I'intention... Nous sommes ici pour vous aider
à améliorer vos lois. C'est le but de I'Opposition.
M. Tremblay: Quel est l'avocat que vous avez consulté, M.
le Président?
M. Blank: John Smith.
M. Tremblay: John Smith, de la Grande-Allée?
M. Blank: Non, Middle Alley.
Une Voix: ... sur la Main?
Une Voix: Petite-Allée.
M. Tremblay: Est-ce qu on pourrait passer aux articles...
M. Blank: D'accord.
M. Tremblay: ... on reviendra à la toute fin sur cela.
Le Président (M. Boucher): Nous suspendons l'article 4. L
article 5?
Heures et jours de vente
M. Tremblay: M. le Président, j avais, avant le
début des audiences, consulté les membres de I'Opposition. C'est
qu'il y a une certaine hypocrisie qui existe présentement dans la vente
de la bière, du cidre et, par conséquent, du vin. Souvent,
lorsqu'il y a un congé férié, les épiceries peuvent
être ouvertes, surtout les dépanneurs il y en a 2000 ou
3000 au Québec et ils vendent du spaghetti, du Coke, etc., et il
y a de la bière. Parfois, ils sont forcés de vendre de la
bière par en arrière. Le ministère de la Justice pourrait
les poursuivre, mais, comme il y a 9000 épiceries, c'est une grande
complication. Si les membres de l'Opposition et les membres de la commission
étaient d accord, nous enlèverions les mots les jours non
fériés", dans les première et deuxième lignes du
paragraphe k) et on les remplacerait par les mots "tous les jours", pour mettre
fin à ce système d'hypocrisie qui existe présentement.
M. Blank: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Cet amendement est-il
adopté?
M. Blank: Adopté.
M. Tremblay: Donc, je relirais l'ensemble du paragraphe k) de
l'article 72 ainsi modifié: "Pour I'exploitation d'un permis
d'épicerie, tous les jours, de huit heures du matin à onze heures
du soir; cependant, celui qui exploite un permis d épicerie ne peut, en
vertu de ce permis, vendre de la bière, du cidre et des vins
désignés qu'aux heures comprises entre huit heures du matin et
onze heures du soir pendant lesquelles l'épicerie peut être
ouverte conformément à la Loi des heures d'affaires des
établissements commerciaux (1969, chapitre 60)."
Le Président (M. Boucher): Alors, l'amendement est
adopté. Article 5. Adopté?
M. Raynauld: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 6.
Adopté''
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 7.
Adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 8.
Adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 9.
Adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 10.
Adopté?
Echéancier d'approvisionnement
M. Raynauld: A l'article 10, je n'ai pas de proposition
d'amendement à faire, mais je voudrais bien qu'on note que pour
l'année 1978, contrairement à ce que le ministre a dit tout
à I'heure, la Société des alcools est autorisée par
cet article à procéder sans entente. Je voudrais que cela soit
bien indiqué au moins dans le compte rendu de la commission. C'est un
article qui autorise la Société des alcools à
approvisionner en vins, et le cas échéant, en cidres. C'est pour
l'année 1978 seulement. Je trouve la formulation très curieuse
d'ailleurs, parce que, s'il n'y avait pas d'entente au 1er janvier ou au 15
janvier 1979, toutes les belles raisons que le ministre nous a données
tout à l'heure pour ne pas être obligé de revenir devant
l'Assemblée nationale tomberaient et il serait obligé de
revenir.
Je trouve cela très curieux qu on adopte une formulation aussi
cahoteuse que celle-là, mais je pense que je comprends l'intention. En
1978 et dans l'immédiat la Société des alcools
procéderait sans entente; pour 1979, on suppose qu'il y en aura une,
mais on n'en sait rien.
Je ne veux pas en faire un amendement parce que je ne suis pas
spécialiste en loi, mais si je suivais mon propre jugement et mon propre
bon sens, j'aurais dit plutôt, pour l'année 1978, "jusqu'à
ce que les ententes afférentes soient conclues et que la
société approvisionne en vins"...
Il me semble que cela aurait été bien plus propre comme
projet de loi.
M. Tremblay: M. le Président, je crois que la
préoccupation que soulève le député d'Outremont
n'était pas celle que nous avions. Le grand problème est qu il y
a une question de capacité pour la Société des alcools de
desservir les régions.
On ne voulait pas que la Société des alcools ait l'odieux
de dire: Le Saguenay, ce sera le 1er septembre; Montréal, cela peut
être le 1er août. Il est évident que les 9000
épiceries au tout début ne pourront pas recevoir les 9000
présentoirs.
On a cru que, dans un cas semblable, l'autorité politique doit
recevoir les plaintes et les revendications qui viendront de droite et de
gauche, parce que je présume que certaines régions vont insister
pour être desservies le plus rapidement possible. C'est simplement pour
permettre de fixer une date pour une région particulière et une
autre pour une autre région, au fur et à mesure que la
capacité de la Société des alcools de livrer sera
établie.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: II semble que l'article 10 soit loin d'être
complet. J'ai l'impression que vous serez obligés de revenir devant
l'Assemblée nationale pour amender cet article au moment où vous
aurez la capacité de fournir tous les épiciers du Québec,
les 8000 ou 9000 nouveaux épiciers. J'aimerais que le ministre
précise un peu cela parce que cet article semble incomplet.
M. Tremblay: ... ne porte que sur l'année 1978, compte
tenu des circonstances particulières qui existeront cette
année.
M. Raynauld: Qu est-ce qui arrive en 1979?
M. Tremblay: En 1979, c'est la loi qui s'applique. Quelqu'un
pourrait envoyer une injonction forçant la SAQ, lorsque la loi et les
règlements auront été publiés. Si on n'avait pas
cet article, un magasin des Iles-de-la-Madeleine pourrait prendre une
injonction contre la SAQ afin d'être approvisionné en vins. La
société devrait utiliser un avion spécial pour aller lui
porter ses vins. Pour éviter ces injonctions, on donne au ministre de
l'Indus-
trie et du Commerce l'autorité d'établir les dates de
livraison. C'est pour protéger la société contre les
aberrations qui ne seraient pas de sa volonté, mais comme la loi
établirait comme un droit pour une épicerie de vendre les vins
désignés, chacune des épiceries, quel que soit l'endroit
où elle se trouve, pourrait exiger d'être desservie.
M. Dubois: Cet article deviendrait caduc aussitôt que vous
auriez la capacité de fournir tous les épiciers du Québec.
C'est cela?
M. Tremblay: Exactement. C'est l'intention de l'article. C'est un
article transitoire.
M. Raynauld: Alors, M. le Président, pourquoi le garder
pour l'année 1978?
M. Tremblay: Pour être certain que cela s'applique
uniquement en 1978 et, par la suite, ce sera...
M. Raynauld: C'est parce que si le problème se pose encore
en janvier 1979, vous enlèveriez pour l'année 1978...
M. Tremblay: On assumera nos responsabilités.
M. Raynauld: Vous assumez vos responsabilités en 1979,
mais pas en 1978.
M. Tremblay: Non, en 1978, il y a quand même une situation
particulière, mais on s'attend, d'après ce que la
société nous a dit, qu'en septembre l'opération soit
passablement bien lancée, de sorte que cela donne suffisamment de marge,
de latitude. Par contre, nous ne voulons pas que cet article continue de donner
une autorité semblable au ministre de l'Industrie et du Commerce. C'est
simplement un article transitoire, pour éviter les complications
légales qui mettraient la Société des alcools dans une
situation difficile.
M. Raynauld: Une dernière question. Est-ce que cela veut
dire, alors, que cet article n'a rien à voir avec les ententes? Est-ce
que je dois comprendre cela? Les ententes à être conclues avec les
épiciers...
M. Tremblay: Etant donné que c'est un article transitoire,
cela n'a rien à voir avec les ententes comme telles. C'est uniquement
pour permettre au ministre de déterminer des dates d'approvisionnement
pour certains regroupements de magasins par région.
M. Raynauld: Cela veut dire que, s'il n'y a pas d'entente en
vertu de cet article 10, le ministre détermine que le territoire est
couvert à partir de telle date...
M. Tremblay: Oui, c'est cela.
M. Raynauld: ... et qu'il y ait entente ou pas d'entente, aucune
importance.
M. Tremblay: Si l'épicier ne veut pas en avoir, il n'y en
a pas, mais les épiciers ont le droit, parce que la disponibilité
existe.
M. Raynauld: Pas seulement les épiciers. Il était
question d'ententes aussi avec les producteurs de cidres, avec les producteurs
de vins, non?
M. Tremblay: C'est la même chose. C'est finalement
l'épicier qui décidera s'il accepte de vendre certains cidres qui
ont reçu l'imprimatur de la Société des alcools, mais cela
donne simplement à l'épicerie, à partir d'une certaine
date, le droit d'exiger que la Société des alcools lui livre les
vins qu'elle a désignés.
M. Raynauld: Je comprends, mais, à ce moment-là,
cela veut dire qu'il n'y a aucun article qui prévoit les ententes dont
vous nous avez parlé depuis une semaine. Vous nous dites qu'il y a des
ententes qui vont être faites. Si cet article 10 ne s'applique pas
à des ententes, cela veut dire qu'il n'y en a pas.
M. Tremblay: Dans le cas du cidre, M. le Président, on ne
peut pas légiférer pour forcer... On pourrait, mais nous ne
sommes pas un gouvernement autoritariste.
M. Raynauld: Non?
M. Tremblay: On ne peut pas forcer par la loi les fabricants de
cidres à s'associer à la Société des alcools pour
revaloriser la qualité du produit et ouvrir de nouvelles
possibilités de vente. S'il y a entente, la loi permet que
l'épicerie vende ces produits avec les vins.
M. Raynauld: Mais, dans le cadre de cet article 10, il n'y a rien
qui vous empêche de procéder unilatéralement. Vous
n'êtes pas un gouvernement autoritaire, mais l'article 10 n'a aucune
restriction. Vous pouvez faire ce que vous voulez, aux dates et dans les
territoires déterminés.
M. Tremblay: Non, cela ne donne pas le droit d'aller vendre des
vins dans les épiceries malgré l'opposition d'un épicier.
Cela donne simplement à l'épicier la confirmation écrite
qu'il peut se prévaloir de la disposition de la loi pour exiger de la
Société des alcools qu'elle lui livre des vins qu'elle a
désignés.
M. Blank: Ce n'est pas obligatoire? La semaine passée, je
vous ai demandé...
M. Tremblay: C'est obligatoire pour la Société des
alcools de faire les livraisons.
M. Blank: Si l'épicier ne veut pas avoir ce
présentoir...
M. Tremblay: S'il ne veut pas, il peut refuser. M. Blank:
"Opting out".
M. Tremblay: Oui, bien sûr.
M. Raynauld: Oui, mais il ne peut pas s'approvisionner
directement.
M. Blank: Ce n est pas ça que vous avez dit la semaine
passée.
M. Tremblay: Non, non.
Une Voix: On n'est pas un gouvernement fédéral.
M. Raynauld: II ne peut pas s'approvisionner...
M. Blank: J'ai posé la même question la semaine
passée et la réponse a été non, il n'y a pas
d'"opting out" . Mais cette semaine, on a réfléchi en fin de
semaine et... (12 h 15)
M. Tremblay: Non, c'est bien sûr que non.
M. Blank: M. le ministre, c'était après le
débat, ce n'était pas enregistré.
Le Président (M. Boucher): L'article 10 est-il
adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
11?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Nous revenons à
I'article 4 qui avait été suspendu.
Autorisation aux épiciers de vendre des vins
(suite)
M. Tremblay: M. le Président, nos avocats se sont
consultés et nous aurions une solution au problème qui
consisterait à remplacer le premier alinéa de l'article 20 au
complet. Nous allons ajouter un certain nombre de mots.
Le Président (M. Boucher):... formuler l'amendement.
M. Tremblay: Je peux Iire l'article 20? Le premier paragraphe de
l'article 20 se lit comme suit: "Le permis d'épicerie autorise, à
la suite d'une commande donnée à cet effet au magasin ou par
téléphone, la vente en bouteille ou en canette de la bière
et du cidre", et c' est là qu'on va ajouter les mots: "et des vins
désignés".
M. Blank: D'accord. Au moins un amendement, au moins un.
Le Président (M. Boucher): La formulation de I'amendement,
s'il vous plaît.
M. Blank:... de l'article.
Le Président (M. Boucher): Cet amendement est-il
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 4. Adopté. Le
projet de loi no 21. Loi autorisant la vente de certains vins dans les
épiceries, est donc adopté.
Titre modifié
M. Blank: II y a une question que je me pose. Maintenant, on est
rendu au titre. C'est très bon de faire un peu de propagande avec un
titre, mais ce sont les avocats qui doivent chercher les lois après et,
si un avocat veut chercher des amendements à la Loi de la
Société des alcools et à la Loi de la Commission de
contrôle des permis d'alcool, il ne trouvera jamais ce titre. Vraiment,
on doit changer ce titre...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Louis, vous proposez un amendement au titre de la loi?
M. Blank: Oui, loi amendant telle et telle loi, telle et telle
loi, et autorisant la vente de certains vins dans les épiceries. Quand
les avocats viennent chercher des lois... on amende deux lois ici. C est le but
principal de cette affaire. La vente du vin, c est le principe de la loi.
M. Tremblay: Qui est dans le titre. M. Blank: Oui.
M. Tremblay: Qui autorise la vente de certains vins dans les
épiceries. C'est clair comme de l'eau de roche.
M. Blank: Mais quand on passe des lois, on donne le vrai titre.
On peut ajouter des choses, mais on donne le vrai titre. Le vrai titre ici, c
est: Amendement des chapitres 19 et 20 des Statuts Refondus de 1971. C'est cela
le vrai titre de cette loi.
M. Tremblay: C'est ce qui est expliqué à l'article
37a) et aux autres articles de la loi.
M. Blank: Ce n'est pas cela que les avocats voient quand ils
regardent les statuts de cette année. Ils veulent savoir quelle loi a
été amendée. Ils ne trouveraient jamais...
M. Tremblay: Pour ce qui est du vin dans les épiceries, je
pense que les avocats vont s'en souvenir.
M. Blank: II n'y a pas seulement cela. Il y a d autres petits
amendements, ici et là. Quand je prends ma loi de la
Société des alcools, jusqu à maintenant je cherche des
lois qui amendent cette loi. Je ne veux pas que vous changiez votre titre et
que vous enleviez les mots "vente de vin". Gardez-les si vous voulez. Mais le
vrai titre devrait être: Loi amendant le chapitre tel ou tel... C'est
cela.
M. Tremblay: Cela fait un titre très long, M. le
Président.
M. Blank: Oui, mais...
M. Raynauld: M. le Président, disons...
M. Tremblay: On pourrait dire: Loi autorisant la vente de
certains vins dans les épiceries modifiant la Loi de la
Société des alcools et modifiant la Loi de la Commission de
contrôle des permis d'alcool.
M. Blank: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Voulez-vous me donner
l'amendement, s'il vous plaît?
M. Raynauld: J'avais une autre suggestion à faire.
Le Président (M. Boucher): On pourrait lire l'amendement
comme suit: Loi autorisant la vente de certains vins dans les épiceries
et modifiant la Loi de la Société des alcools et la Loi de la
Commission de contrôle des permis d'alcool.
M. Raynauld: J'avais une autre suggestion pour terminer.
M. Tremblay: Est-ce qu'on peut régler cela, au moins?
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Raynauld: Oui, il est adopté. Il n'y a pas de
problème.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
M. Raynauld: J'aurais préféré que le projet
de loi porte le numéro "vingt".
Le Président (M. Boucher): Le projet de loi no 21, Loi
autorisant la vente de certains vins dans les épiceries et modifiant la
Loi de la Commission de contrôle des permis d'alcool et la Loi de la
Société des alcools est donc adopté. Je prie le
rapporteur, en l'occurrence, le député de Beauce-Nord, de faire
rapport à l'Assemblée nationale le plus tôt possible.
M. le ministre, est-ce que vous avez quelque chose à ajouter?
M. Tremblay: M. le Président, j'aimerais remercier les
membres. On me souligne qu'il faut bien mentionner que c'est la
Société des alcools et non pas la Régie des alcools, parce
que quelqu'un a mentionné le nom "régie" qui était
l'ancien nom.
M. le Président, j'aimerais remercier les membres de cette
commission. Il y a certainement un intérêt manifeste à
cette question du vin. Je sais que c'est un sujet non seulement liquide mais un
sujet intéressant.
Je pense que nous venons de débloquer ce qui accusait du retard
depuis de nombreuses années. Je pense que les consommateurs du
Québec, surtout les ménagères qui font les emplettes, vont
apprécier ce projet de loi qui a été adopté
à l'unanimité en deuxième lecture par l'Assemblée
nationale. Je pense que nous avons l'occasion aussi d'intéresser la
Société des alcools à se préoccuper de la relance
du cidre qui est en pleine débandade présentement. Je formulerais
le souhait que les quelques producteurs de cidres qui demeurent fassent des
ententes avec la société afin que nous puissions faire la
promotion du cidre et accroître ses ventes.
Je crois aussi que les fabricants de vins du Québec ont tout
intérêt à collaborer avec la Société des
alcools afin que ces 9000 points de vente leur donnent cette impulsion pour que
la fabrication du vin devienne une industrie stable et prospère au
Québec en respectant par contre les goûts souverains des
consommateurs.
M. le Président, je voudrais remercier aussi les membres,
lesdirigeants de la Société des alcools qui nous ont
accordé leur soutien technique au cours de cette commission de
même que les membres du contentieux du ministère de l'Industrie et
du Commerce.
Le Président (M. Boucher): M. le député d
Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je voudrais simplement
remercier les membres de la commission pour le travail que nous avons fait
ensemble. Je crois qu'on a voulu, de ce côté-ci de la table,
apporter des amendements. Je regrette qu'à part les changements de
vocabulaire et le changement technique aucune motion de fond n'a
été faite. J'espère que le gouvernement ne s'autorisera
pas de cette discrétion absolument extraordinaire qu'il obtient dans
cette loi pour abuser des pouvoirs qui lui sont donnés et
j'espère, comme le gouvernement sans doute, que cette opération
sera un succès dans le meilleur intérêt de tous les
Québécois.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Merci, M. le Président. Moi de même, je
remercie les membres de cette commission, ainsi que tous les hauts
fonctionnaires présents. Excusez, M. le ministre, j'aurais dû vous
nommer avant. Je persiste à croire que le ministre a manqué
énormément de souplesse envers les industries impliquées
dans la production de vins et de cidres. Je crois regrettable, quand
même, que la mise en vigueur de cette loi ne puisse démarrer dans
des conditions plus sereines et en tenant compte de nos nombreuses
préoccupations, que je crois très justifiées. Nous avons
soulevé des points quand même très importants au niveau de
ce débat. J'espère que ce projet de loi sera solide pour nos
industries québécoises. L'avenir nous le dira quand même.
Je vous remercie, M. le ministre.
Le Président (M. Boucher): Messieurs, je vous remercie de
votre collaboration. Nous ajournons les travaux de la commission sine dine.
(Fin de la séance à 12 h 23)