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Etude des crédits du ministère de
l'Immigration
(Vingt heures seize minutes)
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, messieurs! La
commission de l'immigration est réunie pour étudier les
crédits du ministère de l'Immigration, pour l'année
1980-1981.
Les membres de la commission sont: M. Cordeau (Saint-Hyacinthe)
remplaçant M. Brochu (Richmond), M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Couture
(Saint-Henri), M. Fallu (Terrebonne), M. Jolivet (Laviolette), M. Lacoste
(Sainte-Anne), M. Lefebvre (Viau), M. Marchand (Laurier), M. O'Neill
(Chauveau). Les intervenants sont: M. Alfred (Papineau), M. Blank
(Saint-Louis), M. Caron (Verdun), M. Gagnon (Champlain), M. Gosselin
(Sherbrooke), M. Laplante (Bourassa), M. Le Moignan (Gaspé), M. Proulx
(Saint-Jean), M. Samson (Rouyn-Noranda).
Est-ce qu'il y a une proposition pour un rapporteur? M. Lefebvre (Viau)
est rapporteur.
M. le ministre, pour les commentaires préliminaires.
Remarques préliminaires M. Jacques
Couture
M. Couture: Merci, M. le Président. M. le
Président, MM. les membres de la commission, je suis heureux d'avoir
à nouveau l'occasion, lors de la défense des crédits de
mon ministère, de rappeler ce qu'a été 1979 sur le plan de
l'immigration au Québec et de faire le point sur les réalisations
et projets du ministère de l'Immigration.
Plusieurs hauts fonctionnaires du ministère m'accompagnent
aujourd'hui ici. Mme Juliette Barcelo, sous-ministre, à ma droite, qu'il
me fait plaisir de vous présenter, MM. Marcel Cloutier, Luc Martin,
Roger Prud'homme et Régis Vigneau, sous-ministres adjoints que vous
connaissez, Mme Christine Gautrin, attachée de presse, et M. Yves Miron,
directeur de mon cabinet, M. Michel Da-genais, directeur de l'administration,
ainsi que M. Normand Lemay, chef des services financiers, Me Michel Jarry,
conseiller juridique et M. Enrico Riggi, directeur des communications.
La scène internationale a été marquée en
1979 par l'accentuation des tensions que vous savez. L'Amérique latine,
le Moyen-Orient, le Sud-Est asiatique ont vu se développer ou se
maintenir, en 1979, des situations critiques, cette dernière
région retenant plus nettement l'attention mondiale à cause de
l'exode particulièrement douloureux de centaines de milliers de
réfugiés en provenance du Laos, du Vietnam et du Cambodge.
Mais il se trouve des réfugiés dans d'autres
régions du monde et il s'en faut de beaucoup que 1979 ait vu diminuer le
nombre global de ces réfugiés. Au contraire, les
évaluations du Haut-Commissariat auprès des
réfugiés à ce chapitre ne feront que croître. Elles
proposent en effet un chiffre qui dépasse les 10 millions et soulignent
en cela un aspect continuellement dramatique des mouvements de personnes qui
agitent la scène internationale.
Il faut constamment réaffirmer l'importance pour les pays
développés en général, dont le Canada et le
Québec en particulier, de se préoccuper au premier chef de ces
personnes déplacées, tant dans l'élaboration des
programmes d'aide qu'au niveau de la politique d'immigration.
Pour le Québec, je suis particulièrement heureux de
constater que des efforts importants ont été faits dans ces deux
directions et que des résultats concrets ont été obtenus.
J'aurai l'occasion de les évoquer plus loin.
La politique d'immigration ne peut s'appuyer sur les seuls facteurs qui
poussent les ressortissants étrangers à vouloir s'installer au
Québec. En effet, nos besoins propres et notre capacité d'accueil
conditionnent de manière déterminante le degré d'ouverture
de notre politique d'immigration, tout autant que les chances de succès
des nouveaux arrivants.
J'indiquais l'an dernier nos objectifs pour 1979. Ils s'inspiraient
à la fois du souci de voir l'immigration contribuer au
développement du Québec et de cette volonté de
solidarité par rapport à des personnes plongées dans des
situations difficiles. Nous nous étions fixé comme objectif
d'acueillir entre 18 000 et 20 000 immigrants. Il nous apparaissait tout autant
possible que souhaitable de renverser la tendance marquée à la
baisse qui avait caractérisé l'immigration au Québec
depuis 1976, comme d'ailleurs dans tout le reste du Canada. Rappelons-le, 13
899 immigrants sont venus au Québec en 1978.
Selon les chiffres actuellement disponibles, je suis heureux de vous
dire que nous avons atteint notre objectif: 19 000 immigrants ont
été accueillis en 1979, donc une augmentation de 38%
comparativement à une augmentation de 29% pour le reste du Canada, par
rapport à l'année 1978. La part du Québec dans
l'immigration canadienne se situe à 17,4%, ce qui est
légèrement supérieur à son taux d'attraction des
dix dernières années. De ce nombre, 32% environ ont
été reçus à titre de réfugiés, soit
un peu plus de 6000 personnes.
En ce qui concerne les réfugiés du Sud-Est asiatique, nous
sommes en très bonne voie de remplir nos engagements, soit 10 000
réfugiés parrainés par l'Etat et environ 4000
parrainés par divers groupes de citoyens.
Au 1er mars 1980, nous avions reçu 7878 réfugiés,
c'est-à-dire 4407 Vietnamiens, 1424 Cambodgiens et 2047 Laotiens. D'ici
la fin de 1980, nous prévoyons l'arrivée de plus de 4000
personnes et d'environ 2000 dans les premiers mois de 1981.
L'année 1979-1980 a été surtout marquée par
l'arrivée des réfugiés. Bien sûr, au cours des
récentes années, nous avions déjà accueilli des
réfugiés et plus particulièrement des
réfugiés du Sud-Est asiatique. Qu'on se souvienne entre autres de
la fin de l'année 1975 et du début de l'année 1976, alors
que le Québec, joignant ses efforts à ceux de
l'ensemble du Canada, en avait accueilli quelques milliers.
Mais ces mouvements, malgré leur importance, n'avaient pas
atteint la même ampleur qu'en 1979 et 1980. On se rappellera que ce
mouvement avait été en quelque sorte lancé par
l'opération Hai-Hong, prélude à une importante offensive
d'accueil de la part des Québécois.
Si nous répartissons les immigrants arrivés durant les
quinze derniers mois selon leur statut à l'arrivée, nous obtenons
la répartition suivante: DC-1, 4355; DC-3, 3543. Ce ne sont pas des
marques d'avion. Que veulent dire ces sigles DC-1 et DC-3? Peut-être me
permettrez-vous de prendre quelques minutes pour vous expliquer la
réalité humaine sous-jacente à cette terminologie
administrative. Ce sont des inventions de fonctionnaires.
Les réfugiés que nous appelons DC-1, ce sont des
réfugiés qui ont été acceptés au
Québec et au Canada sur la base d'une certaine "adaptabilité"
à la vie québécoise. Lorsqu'ils arrivent au Québec,
ils sont pris en charge par les gouvernements québécois et
canadien qui, pour une période pouvant durer jusqu'à un an,
assument l'ensemble de leurs besoins. Ce sont des réfugiés dont
on peut dire en quelque sorte qu'ils sont parrainés par l'Etat.
Mais il existe une autre catégorie de réfugiés que
nous appelons les DC-3 et qui n'auraient pas pu être choisis sur le seul
critère de leur "adaptabilité". En effet, ces
réfugiés, pour différentes raisons, présentent des
difficultés particulières d'adaptation à la vie
québécoise. Aussi avons-nous cru qu'il leur fallait une aide
toute spéciale que l'Etat pouvait difficilement leur accorder.
Afin que ces personnes puissent malgré tout être
acceptées au Québec, nous avons mis sur pied un programme de
parrainage.
Après des négociations avec le gouvernement
fédéral, il a été convenu que le Québec
aurait son programme de parrainage basé sur ses propres
règlements. Dans un esprit de conciliation, ce qui est notre marque de
commerce, nous avons également accepté que le gouvernement
fédéral puisse recevoir, par le biais de ses services, des
demandes de parrainage au Québec.
Afin d'éviter tout imbroglio, nous avons tenu à ce que nos
négociations avec le fédéral soient
complétées avant d'annoncer officiellement et de lancer notre
programme de parrainage. C'est pourquoi celui-ci n'est entré en vigueur
qu'au mois de juillet. Mais, en quelques mois, la réponse de la
population fut à ce point enthousiaste que nous avons atteint ou
presque, en neuf mois, les prévisions que nous avions faites pour deux
ans.
Il était extrêmement réconfortant de voir que les
Québécoises et les Québécois ont répondu
avec une telle générosité à l'accueil des
réfugiés les plus démunis. En effet, plus de 20 000
citoyens ont été directement ou indirectement impliqués
dans les groupes de parrainage et le mouvement ne s'est pas limité
à une partie du territoire. C'est là un phénomène
tout à fait nouveau pour ce qui concerne l'accueil des immigrants.
M. le Président, je pense que vous seriez très
intéressé à écouter ce que je dis. Nous retrouvons
maintenant des groupes de parrainage dans 192 villes québécoises
dont une grande partie dans la structure paroissiale. C'est passionnant ce que
je dis là.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre, de
ramener le président à l'ordre.
M. Couture: II n'est donc pas exagéré de dire que
notre programme de parrainage a tissé sur l'ensemble du Québec un
véritable réseau de fraternité humaine.
Il ne faut pas oublier que ce sont également des
Québécois qui ont souscrit au programme fédéral. De
fait, sur les 3543 personnes entrées à titre parrainé,
2402 l'ont été à même le programme
québécois et 1141 à même le programme
fédéral. Contrairement au programme fédéral de
parrainage, le programme québécois apporte un soutien financier
direct aux parrainés. En effet, nous avons accordé une subvention
de $400 aux 300 premiers groupes qui ont parrainé des
réfugiés. Il s'agissait là d'une mesure d'encouragement
afin de lancer le programme.
Nous avons également décidé de donner une
allocation de $20 par semaine à tous les parrainés adultes
inscrits au COFI. Cette mesure qui s'applique depuis le début du
programme continuera à s'appliquer jusqu'à la fin. Il faut
signaler que près de 1000 groupes parrains auront fourni temps, argent
et énergie à l'achat ou aux dons d'ameublement et à
l'entretien d'une famille, deux adultes et deux enfants, pendant une
période moyenne d'une année. A cet égard,
considérant les 271 demandes de parrainage encore à satisfaire,
c'est une somme notez bien cela, c'est assez surprenant d'environ
$8 millions que ces groupes parrains auront conscrée au parrainage. Bien
entendu, le don de soi démontré par les groupes parrains est
davantage encore digne de mention.
Il me faut signaler enfin que le principal problème auquel ont
à faire face les réfugiés, qu'ils soient parrainés
ou non, dès leur arrivée au Québec, est leur ignorance de
la langue. En effet, contrairement à ce que l'on pourrait
peut-être croire, la très grande majorité d'entre eux, plus
de 80%, n'ont aucune connaissance du français. Ce qui, entre nous,
permet de faire la part de vérité dans les insinuations qui ont
couru dans le sens que les conseillers québécois n'acceptaient
que des réfugiés parlant français.
Nous avons dû étendre considérablement notre
réseau de cours de langue. C'est ainsi que nous avons ouvert deux
nouveaux COFI à Montréal et que nous avons signé des
contrats avec plus de 40 commissions scolaires, afin que celles-ci assurent les
services de formation linguistique dans les villes dépourvues de COFI.
Partout, nous avons pu compter sur l'appui total des autorités
municipales, religieuses et scolaires.
M. le Président, comme vous le savez sans doute, j'ai
dirigé, au cours du mois de janvier dernier, une mission
québécoise dans le Sud-Est asiatique.
L'importance de cette mission et surtout les résultats obtenus
sur place et à la suite de ce voyage méritent que les membres de
cette commission parlementaire en soient informés.
La mission que je dirigeais se composait de deux autres personnes: un
sous-ministre adjoint et un conseiller de mon cabinet. Nous nous sommes rendus
en moins de vingt jours en Thaïlande, en Malaisie, à Hong-Kong et
au Japon. Je me suis rendu personnellement au Cambodge en passant par le
Vietnam dans le cadre d'une visite non officielle.
Dans les quatre premiers lieux, j'ai eu l'occasion de visiter certains
camps de réfugiés qui, à eux seuls, regroupent environ 500
000 réfugiés.
En Thaïlande, en Malaisie, à Hong-Kong et à Tokyo,
nous avons eu des entretiens avec certains ministres de ces gouvernements. De
plus, nous avons rencontré les ambassadeurs du Canada et de la France,
des représentants de l'immigration des Etats-Unis et du Canada et, bien
sûr, tous les organismes d'aide internationale et des
représentants du HCR.
Durant mon séjour personnel au Cambodge, j'ai eu, à sa
demande, un entretien avec le président du Kampuchea
démocratique. J'ai pu également m'entretenir avec des
représentants de la Croix-Rouge Internationale, OXFAM, UNICEF, World
Vision et autres organismes d'entraide.
Au cours de tous ces entretiens, des ententes ont été
conclues. Je les résume brièvement.
Premièrement, les autorités thaïlandaises ont
accepté que des personnes qu'elles désignent comme
illégales se trouvant dans des camps relevant de sa
responsabilité puissent rejoindre les membres de leur famille
installés au Québec.
Deuxièmement, le représentant du HCR en Thaïlande a
accepté que selon le principe de réunification des familles, des
personnes détenues dans des camps thaïlandais puissent être
transférées dans des camps du HCR, si elles ont des parents au
Québec et qu'elles désirent les y rejoindre. Dans un premier
temps, le concept de famille se limite au père et à la
mère ainsi qu'aux enfants, frères ou soeurs mineurs. Dans une
deuxième étape, le HCR examinera à notre demande
l'élargissement de la notion de famille.
Troisièmement, le Québec s'est engagé à
augmenter le nombre de lits pour les cas de tuberculeux se trouvant
particulièrement dans les camps de transit. Le Québec a
déjà accepté d'accueillir un certain nombre de candidats
souffrant de tuberculose et les membres de leur famille. Depuis notre retour,
le nombre de lits pour traiter ces cas a été porté de dix
à vingt, grâce à l'excellente collaboration du
ministère des Affaires sociales et des centres hospitaliers
Maisonneuve-Rosemont et Laval de Québec.
Quatrièmement, le Québec s'est aussi engagé
à examiner la possibilité d'accueillir un plus grand nombre de
réfugiés handicapés. Le HRC doit nous faire parvenir
régulièrement une liste de ces personnes de manière que
nos services envisagent, compte tenu des ressources disponibles au
Québec, l'accueil et la réhabilitation de ces
réfugiés.
Cinquièmement, le ministère examine également les
possibilités d'entente avec certains organismes, exemple le CIME, en vue
de donner des cours de français à des réfugiés qui
attendent leur départ pour le Québec.
A la suite de cette mission, mon ministère porte une attention
spéciale à l'organisation de ses services dans le Sud-Est
asiatique de manière à augmenter leur efficacité et
à entretenir des liens plus étroits avec les principaux
intervenants auprès des réfugiés du Sud-Est asiatique.
Une attention particulière sera accordée aux
réfugiés admissibles selon la politique de réunification
des familles. Nous croyons qu'il est normal de faciliter le regroupement de la
famille nucléaire ou de la famille substitut, lorsqu'il existe un lien
de parenté et que les parents immédiats sont
décédés ou disparus depuis quelque temps.
Enfin, notre mission a permis d'identifier des formes d'aide à
des Cambodgiens se trouvant au Sud-Est asiatique pour l'utilisation de la somme
de $1 200 000 recueillie lors de l'opération Secours
Québec-Cambodge. A cet effet, il fut suggéré et
accepté par la Croix-Rouge internationale d'envoyer une équipe
médicale formée de Québécois à la
frontière thaïlo-cambodgienne. Nous avons également soumis
deux autres recommandations à la Croix-Rouge pour l'utilisation du
montant recueilli par l'opération Secours Québec-Cambodge et nous
attendons incessamment confirmation de la reconnaissance de cette
priorité.
Enfin, permettez-moi, de vous informer que mon ministère examine
avec SUCO la possibilité d'envoyer au Cambodge même une
équipe médicale composée exclusivement de
Québécois. Une fois de plus, le ministère des Affaires
sociales apporte son étroite collaboration pour réaliser ce
projet.
M. le Président, en 1979, les occasions n'ont donc pas
manqué pour le Québec de témoigner sa solidarité
envers des personnes et même des peuples entiers qui se sont vus
menacés dans l'exercice de leurs droits fondamentaux.
C'est ainsi que mon ministère a versé diverses
contributions financières aux organismes internationaux chargés
de soulager les plus souffrants. Antérieurement à la campagne de
solidarité Québec-Cambodge, nous avions déjà
versé $100 000 pour la reconstruction de ce pays. Nous avons aussi
augmenté l'aide au Frioul, en Italie, où subsistaient encore, en
mars 1979, les séquelles d'un tremblement de terre.
A l'occasion de l'Année internationale de l'enfant, le MIQ, mon
ministère, a célébré à sa façon le
20e anniversaire de la libération des droits de l'enfant aux
Nations-Unies. Le Québec a été le premier Etat à
souscrire à un programme spécialement conçu par le
Haut-Commissariat pour les réfugiés pour venir en aide aux
enfants réfugiés. Trois pays africains ont été
choisis pour le versement de $100 000. Au Burundi, cela a permis
l'amélioration d'équipement scolaire; en
Angola, une clinique mobile est opérationnelle et au Zaïre,
quatre régions reçoivent une assistance scolaire et
médicale.
Le MIQ avait également profité de cette Année
internationale de l'enfant pour réaliser, avec le secrétariat mis
sur pied pour les circonstances par le gouvernement du Québec, des
activités variées en collaboration avec les diverses
communautés ethniques.
Ainsi, en avril dernier, de jeunes Québécois provenant de
plus de quarante ethnies différentes ont fabriqué et
présenté eux-mêmes leurs oeuvres au public du Complexe
Desjardins. Un projet de $6000 a été réalisé par la
vente des objets et cette somme a été versée à
UNICEF-Québec. Un document magnétoscopique, tourné avec
ces jeunes, porte le témoignage heureux de cet échange entre ces
centaines de jeunes Québécois de toute origine.
Par ailleurs, la préoccupation d'intervenir de plus en plus
adéquatement en matière de droits humanitaires nous a
incités à conclure une entente avec Amnistie internationale. Cet
organisme bien implanté au Québec réfère au MIQ de
plus en plus de cas de citoyens actuellement au Québec et aux prises
avec des difficultés en raison de leur statut. Il apporte aussi au
ministère et au public québécois une connaissance directe
de plusieurs réalités nationales et internationales qui
sous-tendent le problème des réfugiés.
A la suggestion d'Amnistie internationale, nous sommes donc intervenus
auprès du gouvernement argentin dans le dossier des enfants disparus
d'Argentine; nous avons également fait connaître aux
autorités du Guatemala et du Centrafrique nos préoccupations pour
les violations répétées des droits humains dans ces
pays.
Le ministère développe présentement un service de
référence juridique en collaboration avec des organismes
privés et parapublics. Plusieurs centaines de personnes ont besoin
chaque mois d'être représentées par un avocat ou
d'être accompagnées par des citoyens bien avisés alors
qu'elles se présentent devant les diverses instances gouvernementales
pour régler leur situation d'immigrants. Ce peut être pour
être mieux informés des législations ou des mesures
très nombreuses qui les concernent ou encore pour faire face à
une menace de déportation.
D'autre part, le Québec intervient régulièrement en
faveur des personnes qui se voient refuser le statut de réfugié.
Immigration Canada accepte dorénavant qu'Immigration Québec
présente le point de vue du gouvernement le plus près des
citoyens.
La promotion des droits humains au Québec exige que soient bien
rodés ces mécanismes d'intervention. Nous devons étudier
les situations qui nous sont présentées en vue de
découvrir toute atteinte à l'exercice de ces droits et nous
devons rendre des décisions qui établissent clairement la
volonté politique du Québec de garantir les libertés
individuelles et collectives. Le ministère de l'Immigration poursuivra
son entreprise avec les nombreux groupes communautaires et les autres
organismes gouvernementaux concernés.
M. le Président, j'aimerais conclure cette partie de mon
intervention en indiquant l'intention du gouvernement de faire en sorte que
soit mieux structurée cette année l'aide apportée aux
personnes en détresse.
A cet égard, j'ai le plaisir de vous annoncer la création
d'un fonds gouvernemental de $500 000. Ce fonds sera affecté aux
populations en situation de détresse nécessitant une intervention
urgente. Si petite soit cette contribution, nous croyons primordial que le
Québec aide ces populations aux prises avec des problèmes de
survie. Un comité formé d'un certain nombre de
personnalités sera mis sur pied et me fera des recommandations quant
à l'attribution de cette somme.
Comme je l'ai souligné tout à l'heure, non seulement le
gouvernement, mais aussi toute la population du Québec est venue en aide
aux Cambodgiens. Rappelons-nous le succès incontestable de
l'opération Secours Québec-Cambodge.
Devant l'étendue de cette participation de la population, nous
avons décidé de susciter la création d'un fonds
québécois de solidarité internationale. Ce fonds,
géré par une corporation à but non lucratif, sera
indépendant de celui du gouvernement. Il sera alimenté par les
contributions des citoyens du Québec qui seront sollicités pour
cette entreprise humanitaire.
Ces deux fonds, indépendants l'un de l'autre, contribueront
à pallier des situations dramatiques dans le monde entier et sont un
double prolongement des actions entreprises en 1979.
M. le Président, j'ai voulu insister quelque peu sur la
problématique des réfugiés, à cause de l'importance
qu'elle a eue, de fait, dans les activités 1979-1980 du MIQ. D'autres
aspects non moins fondamentaux de celles-ci doivent être portés
à l'attention des membres de cette commission. Je voudrais maintenant
m'y employer.
Vous vous souviendrez, M. le Président, que, pendant l'exercice
financier 1978-1979, notre Service aux immigrants entrepreneurs-investisseurs
avait traité les projets de 138 immigrants investisseurs qui avaient
donné lieu à des investissements se chiffrant à $34 000
000. J'avais déclaré, lors de la défense des
crédits de mon ministère l'an passé, qu'une série
de mesures seraient prises afin d'augmenter le nombre de ces immigrants en
1979-1980 et le capital qu'ils investiraient.
Les mesures suivantes ont été mises en oeuvre à cet
effet. Les conseillers du Service aux immigrants entrepreneurs-investisseurs
ont préparé et réalisé trois missions à
l'étranger. Une a été faite en France, en Belgique, en
Suisse et en Hollande. Elle nous a permis de rencontrer dans ces pays des
dirigeants d'organismes et des immigrants investisseurs potentiels dans les
secteurs agricole et agro-alimentaire. Deux autres missions ont
été faites dans les pays du Sud-Est asiatique dont le Japon, les
Philippines, la Corée et Hong-Kong.
Au niveau de l'information, nous avons traduit en anglais et en italien
la brochure intitulée "Guide de l'immigrant entrepreneur-investisseur
désirant s'établir en affaires au Québec". Par
ailleurs, une campagne de publicité à laquelle nous
participons très activement a été amorcée en France
par le service de l'immigration de l'ambassade. Elle vise à sensibiliser
les agriculteurs français aux possibilités qui existent pour eux
de s'établir au Québec.
Enfin, toujours au chapitre de l'information, le service aux immigrants
entrepreneurs-investisseurs a rencontré pendant l'année six
journalistes venus de France et de Suisse qui ont produit, dans leur pays, des
articles faisant connaître les possibilités pour des immigrants
d'investir au Québec.
Grâce à ces diverses mesures, à l'action vigilante
de nos conseillers à l'étranger et sans doute à d'autres
facteurs, notre Service aux immigrants entrepreneurs-investisseurs a
traité, pendant l'exercice qui se termine, les cas d'au moins 155
nouveaux immigrants investisseurs établis pendant cette période.
Ceux-ci ont contribué à des investissements d'au moins $55 000
000, soit une augmentation je demanderais au député de
Mont-Royal de bien retenir ce chiffre de 66% par rapport au dernier
exercice. Je dis "au moins" car étant donné que l'exercice s'est
terminé hier, que les dernières compilations ne sont pas finies,
s'il y avait changement, cela ne pourrait être qu'à la hausse. Je
l'avais souligné particulièrement au député de
Mont-Royal, parce que l'année dernière, à la commission
des crédits, je me souviens qu'il avait beaucoup insisté sur
cette problématique. (20 h 45)
Par ailleurs, la Direction des services à l'étranger a
dû réagir très rapidement face à la
nécessité de choisir dans le Sud-Est asiatique le nombre de
réfugiés que j'avais décidé d'accueillir au
Québec. C'est ainsi que deux bureaux temporaires ont été
ouverts à Singapour et à Bangkok pour que nous puissions
être plus près des camps de réfugiés que nous
voulions choisir; des conseillers y ont été envoyés, tant
à partir de Montréal que de certains de nos bureaux en Europe,
afin d'assurer le succès de l'opération. Cette direction a
également assuré, en 1979-1980 l'application de l'entente que
nous avons signée avec Ottawa.
Pour la première fois de son histoire, à partir du 1er
janvier 1979, le Québec a pu choisir les immigrants indépendants
qu'il voulait. Il n'est pas possible, pour le moment, d'évaluer si ces
immigrants étaient mieux ajustés à la
réalité québécoise que ceux qui,
antérieurement, étaient choisis au moyen d'une grille de
sélection pancanadien-ne. Les nombreux mois qui s'écoulent entre
le choix définitif et la venue du candidat font que la plupart des
immigrants qui sont entrés pendant les deux premiers trimestres de 1979
avaient été choisis selon l'ancienne grille
fédérale. De plus, à cause de certaines difficultés
techniques qu'on comprendra bien, les données finales du
quatrième trimestre de 1979 ne sont pas encore disponibles.
Il y a cependant une chose dont je suis certain, c'est que grâce
aux efforts de notre service de l'emploi, 1527 validations d'emplois ont
été émises entre le 1er avril 1979 et la mi-mars 1980.
Concrètement, cela veut dire que 1527 re- quérants
indépendants sont arrivés au Québec pendant cette
période avec un emploi assuré, que l'employeur n'avait pu combler
avec une main-d'oeuvre québécoise. Je pense que ce sont les
résultats les plus intéressants de notre grille.
Des estimations prudentes, tenant compte du nombre
d'indépendants, en excluant le conjoint et les enfants, me permettent de
soulever l'hypothèse que ce chiffre de 1527 signifie qu'au moins 50% des
indépendants avaient un emploi assuré avant d'arriver, et ce
grâce aux recherches qui avaient été faites par nos
services. Compte tenu de la sévérité de nos normes
concernant l'emploi, on peut également penser que l'autre moitié
des requérants indépendants a pu se trouver normalement un
emploi.
On peut facilement conclure que notre grille de sélection
québécoise et notre façon de l'administrer en ce qui
concerne l'emploi nous ont permis d'accueillir ici des immigrants
indépendants qui non seulement ne sont pas venus voler des jobs aux
résidents du Québec, mais qui seront des agents actifs de notre
développement économique. Je pense que c'est ça
l'intérêt de maîtriser notre instrument d'immigration.
Par rapport à la situation et aux problèmes des
travailleurs immigrants ici, le secrétaire délégué
affecté à cette question a effectivement procédé
aux contacts nombreux qu'implique la sensibilisation à la fois
essentielle et difficile du monde du travail. Pendant trop longtemps, notre
société s'est peu ou pas préoccupée de cette
question. C'est vrai du milieu patronal, du milieu syndical, du milieu des
spécialistes des sciences économiques et sociales, voire
même du milieu des communautés culturelles.
Je le signale pour que l'on comprenne que le travail d'animation
confié au secrétaire délégué part de loin.
Je souligne en passant que c'est un poste que j'avais créé il y a
deux ans. Il devait commencer par le commencement, soit saisir notre milieu de
la situation des travailleurs immigrants, car c'est ce milieu lui-même
qui dispose des ressources pour agir sur cette situation.
Les deux centrales ouvrières CSN et FTQ ont été
rencontrées à de nombreuses reprises et chacune a
élaboré, de manière autonome, un projet d'interventions
spécifiques s'adressant aux travailleurs immigrants. C'est la
première fois dans l'histoire du Québec. Ces interventions
comprennent des actions variées: sessions d'information sur les droits
des travailleurs, sur les lois du travail, création de banques de
formateurs travaillant avec les associations ethniques, rédaction d'un
guide d'information, création d'émissions de
radio-télévision communautaires, traduction de divers documents,
etc.
Bref, ces projets d'interventions représentent une mobilisation
des centrales concernées elles-mêmes autour des problèmes
des travailleurs immigrants. L'action du secrétaire
délégué de mon ministère n'explique pas tout dans
cette sensibilisation nouvelle, mais j'affirme qu'elle y a sans doute beaucoup
contribué. Je me réjouis de ces développements. Des
contacts ont été établis
également avec des groupements ethniques et populaires qui
travaillent ces questions.
Après des rencontres avec les dirigeants de la Commission des
accidents du travail, de la Commission du salaire minimum, qui est
changée maintenant pour la Commission des normes du travail, de l'Office
de la construction du Québec, avec ceux du ministère du Travail
aussi, le principe de sessions de formation a été acquis, au
cours desquelles des représentants de ces groupes ethniques seront
informés des droits et protections de base qui caractérisent
notre régime de travail sur le plan des normes minimales de travail, de
la santé et de la sécurité au travail, de
l'assurance-chômage, du droit d'association et du Code du travail en
général.
Dans le cadre de la politique d'action concertée, nous avons
cherché à préciser davantage la portée et les
limites de nos programmes d'aide financière.
Notre politique d'aide financière sera appliquée en tenant
compte d'une grille d'analyse qui m'apparaît correspondre aux mandats et
responsabilités de mon ministère à l'endroit des
organismes qui nous soumettent des demandes de soutien sur le plan
financier.
C'est pourquoi, afin d'aider les Québécois
d'arrivée récente à mieux utiliser l'ensemble des
ressources communautaires, nous souhaitons, en accord avec les conclusions des
colloques organisés par le ministère d'Etat au
Développement culturel, que les ministères concernés,
ministère des Affaires sociales, ministère de l'Education et
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre, assument également
leurs responsabilités auprès de cette clientèle.
En conséquence, nous considérons que notre action est une
action de suppléance auprès de ces organismes jusqu'à ce
que la prise en charge soit effectivement réalisée.
Passons maintenant aux activités du Conseil consultatif de
l'immigration. Je suis heureux de saluer la présence du président
du Conseil consultatif de l'immigration du Québec, M. Mounir Raflavir,
accompagné du secrétaire général, M. Mar-leau.
Le conseil effectue ses travaux dans le cadre d'un mandat à
double volet. D'une part, il réalise à ma demande des
études, recherches ou analyses et il m'adresse ensuite un avis sur la
question étudiée. D'autre part, le conseil entreprend des
recherches ou analyses de son propre chef et me présente ensuite ses
recommandations en la matière.
La composition du conseil s'est renouvelée depuis l'année
dernière. Cinq nouveaux membres se sont joints à l'équipe
du conseil et deux anciens membres ont quitté. Je profite de cette
occasion pour remercier les membres qui ont quitté et pour souhaiter la
bienvenue à ceux et à celles qui ont pris la relève: Mmes
Élise Bélanger et Maria Oryschuk et MM. Robert Demers, Mario
Paquette et Robert Vachon.
En 1979-1980, le conseil m'a présenté un avis sur deux
mandats que je lui avais confiés. L'un porte sur l'avant-projet de
règlement de l'application de l'article 9 de la Loi créant un
conseil consultatif de l'immigration. L'autre porte sur la politique des
travailleurs immigrants. Enfin, le conseil me présentera sous peu un
avis relatif à la politique d'accueil des immigrants et des
réfugiés.
Je m'en voudrais de passer sous silence l'avis que m'a soumis le
conseil, de même que le mémoire qu'il a présenté
à la commission parlementaire du travail et de la main-d'oeuvre
relativement au projet de loi no 126 sur les normes de travail. Le conseil
s'apprête également à me remettre une étude sur le
rôle du ministère de l'Immigration vis-à-vis des autres
ministères québécois relativement aux minorités
d'origines culturelles et ethniques diverses.
De plus, le conseil a favorisé le rapprochement entre les
diverses communautés culturelles du Québec. La meilleure
illustration de ce rapprochement est la fin de semaine du 22 mars dernier
où plusieurs groupes participaient à la fête
intitulée "Le Coeur en fête avec du bien bon monde", que le
conseil avait organisée à ma demande. On me dit que 30 000
personnes sont venues participer à cette manifestation.
Cette aide que nous adressons aux immigrants en vue de faciliter leur
intégration dans la communauté québécoise comporte
aussi un autre volet, celui des communications.
A cet égard, la direction des communications de mon
ministère poursuit les travaux de renseignements, d'information et de
publicité que j'annonçais dans mon allocution de l'année
dernière.
A titre d'exemple, prenons la collection intitulée "Vivre
ensemble". Eh bien, elle brosse un tableau de tous les services gouvernementaux
et parapublics qui visent à aider les nouveaux arrivants dans leur
adaptation à leur nouvel environnement québécois.
C'est également la direction des communications qui était
chargée de la production de la série "Études et
documents". Cette série a été préparée et
rédigée par la direction de la recherche en collaboration avec
des chercheurs universitaires ou autres.
Disponibles depuis novembre 1979, les huit documents analysent et
évaluent le phénomène de l'immigration en fonction du
potentiel d'intégration, de l'impact sur l'emploi, la production, le
marché du travail, la croissance économique. L'un d'entre eux
porte sur le marché du logement dans la région
métropolitaine de Montréal. Ce sont des études qui servent
de réservoir à la compréhension du phénomène
migratoire du Québec.
Au chapitre de la publicité, la direction des communications axe
ses efforts sur le rapprochement entre les Québécois de toute
origine. Cela, vous me permettrez de le rappeler, M. le Président,
s'inscrit dans la campagne de sensibilisation qui s'échelonne de
l'année financière 1979-1980 à l'année 1981-1982.
Ainsi, une campagne récente vise essentiellement l'intégration
des immigrants dans la population québécoise. La finale de ce
message télévisé est éloquente: "II faut le faire
pour eux et pour nous".
L'année dernière, les communications mettaient un accent
particulier sur les besoins des réfugiés de l'Asie du Sud-Est.
Cette année, une attention spéciale sera apportée à
ce groupe afin de suivre et d'aider son adaptation au Québec.
M. le Président, je me permettrai de souligner que les
activités de communication de mon ministère se conjuguent en vue
de favoriser l'insertion de l'immigrant à la communauté
québécoise. Déjà, des acquis sont là.
Sur le plan de l'élaboration des composantes essentielles de la
politique d'immigration, je tiens à souligner que le ministère ne
s'est pas contenté de réclamer et d'obtenir partiellement de
nouveaux pouvoirs. Grâce à des travaux effectués sous la
responsabilité de notre direction de la recherche, deux instruments de
travail précis, soit une prévision des niveaux d'immigration
souhaitable pour les cinq prochaines années et le guide de l'emploi au
Québec, nous permettent de traiter avec plus de précision les
demandes que des requérants adressent au Québec. Nous pouvons
ainsi inscrire plus généralement nos opérations de
sélection dans un ensemble cohérent où s'harmonisent au
mieux nos objectifs démographiques, la nécessité d'une
intégration économique rapide des immigrants, la
nécessité aussi de permettre la réunification des familles
et notre souci d'accueillir des réfugiés à la mesure de
nos capacités.
Cette harmonisation sera toujours difficile. Sans cesse nous devons
travailler à réduire les incertitudes qui s'échelonnent
tout au long du processus migratoire, tant pour les immigrants que pour la
société qui les accueille. Je crois que nous progressons à
cet égard, et pour les raisons que j'ai indiquées.
Dans le cadre de l'examen des activités et des politiques que
nous poursuivons au MIQ, à la suite aussi des évaluations que
nous avons faites depuis trois ans, en pensant, en particulier, à
l'accueil en cours des réfugiés du Sud-Est asiatique, une
dimension essentielle de la politique d'immigration s'est
dégagée.
La politique du MIQ doit viser une mobilisation de tous les agents du
milieu qui sont, en fait, ceux qui accueillent véritablement les
nouveaux venus. A l'école, dans les diverses régions du
Québec, au travail, dans les associations volontaires, au niveau des
services sociaux, c'est dans tous ces lieux que sont appelés à
s'insérer les nouveaux venus. Il ressort nettement que les actions du
MIQ sur le plan de l'adaptation et de l'intégration des immigrants ont
des effets multiplicateurs. Et ces effets sont beaucoup plus grands et durables
si nos actions ont comme objectif de mobiliser les Québécois,
simples citoyens responsables d'organismes publics et parapublics, pour
identifier les interventions pertinentes à l'accueil et à
l'adaptation des immigrant?.
Ce travail de sensibilisation et d'animation du milieu, par les
informations et la perception qu'il nous donne des "disponibilités" et
de l'ouverture des Québécois aux immigrants, est pour nous non
seulement une stratégie d'action, mais il représente le meilleur
sondage que l'on puisse faire sur cette disponibilité et sur les
attitudes réelles et concrètes des citoyens d'ici à
l'égard des autres.
C'est le Québec et tous les Québécois, partout
où ils sont, qui sont les responsables principaux de l'accueil des
immigrants. Nous pensons, à l'Immigration, que la première des
déconcentrations et des décentralisations consiste
précisément à inciter les citoyens, les groupes, les
organismes et les institutions d'ici à se sentir responsables de
l'adaptation des immigrants.
C'est dans cette perspective que nous visons à établir un
véritable réseau de relations avec le milieu, de telle sorte
qu'à Montréal tout autant qu'en région, à
l'occasion des problèmes scolaires, de travail, de service social, de
protection des droits, d'expression culturelle, nous puissions créer
progressivement une véritable concertation. L'Etat peut y contribuer,
mais c'est une société qui accueille les immigrants.
L'action des COFI dans leur milieu, les tables de concertation
actuellement en cours, le parrainage des réfugiés, les concours
reçus de multiples agents institutionnels, gouvernementaux et autres,
les projets d'interventions autonomes du mouvement syndical, tout cela
démontre que des acquis sont déjà en place. Tout cela
aussi dépeint le tremplin à partir duquel des études
spécifiques sont en cours, notamment pour identifier, dans les diverses
régions du Québec, les interlocuteurs qui devraient être
mobilisés pour organiser et prendre en charge l'accueil des immigrants
susceptibles de s'orienter vers elles. J'ai déjà
évoqué, en décembre dernier, la création possible
de comités régionaux d'accueil des immigrants, pour faire en
sorte que la "démétropolisation" dont on parle depuis 1974 au
Québec soit plus qu'une orientation générale, pour qu'elle
soit supportée par des ressources et une capacité d'accueil en
région.
Je vous en donne un exemple réalisé à
Québec, ici même. A la suite de ma rencontre avec M. le maire
Pelletier de la ville de Québec, un comité d'accueil des
réfugiés, région de Québec, a été mis
sur pied grâce au soutien financier et à la collaboration de la
ville de Québec et du ministère de l'Immigration. Ce
comité regroupe un grand nombre d'associations qui s'intéressent
de très près à la question d'aide aux
réfugiés.
Autre sujet d'étude prioritaire: la croissance des COFI, la
diversification de leurs activités, leur place dans la stratégie
de présence du MIQ en région.
J'attache la plus grande importance à ce que le MIQ
développe un réseau de relations solidement tissé avec les
partenaires du milieu qui sont essentiels à son action. L'identification
des possibilités qui existent à cet égard est en
cours.
Notre stratégie d'intervention dans le domaine de l'adaptation se
profile derrière les expériences faites et les études en
cours. Le Québec, on l'a enfin reconnu, est mieux placé pour
établir une politique de sélection et de recrutement des
ressortissants étrangers intéressés à venir vivre
ici. (21 heures)
L'entente Couture-Cullen en témoigne. Si nous sommes mieux
à même de déterminer les
orientations de notre politique de sélection, de présumer
des chances de succès ici des requérants étrangers, nous
le sommes a fortiori en ce qui concerne les programmes d'accueil et
d'adaptation des immigrants une fois qu'ils sont parmi nous.
Il y a, dans ce domaine des interventions et des programmes
émanant des deux niveaux de gouvernement. Ils impliquent des
dédoublements là aussi. Sans vouloir dire qu'aucune forme de
collaboration ne se soit développée à cet égard, ma
position doit être connue. C'est le gouvernement du Québec qui
doit être le maître d'oeuvre des politiques d'accueil et
d'adaptation s'adres-sant aux immigrants. Celles-ci n'ont de portée
réelle que si elles impliquent une mobilisation des institutions
publiques et parapubliques qui se rattachent déjà à notre
administration gouvernementale, une sensibilisation aussi de groupes et
d'organismes desquels le gouvernement du Québec est plus proche et,
enfin, une action qui trouve place dans les diverses régions du
Québec.
Cette position est ferme. Elle se fonde sur des considérations
plus larges. Nous formons une société différente du reste
du Canada. De plus en plus, nous voulons nous développer de façon
cohérente selon un dynamisme qui nous est propre. Je crois que la
façon dont nous avons assumé jusqu'ici nos nouvelles
responsabilités en matière de sélection des immigrants a
prouvé que nous sommes capables de le faire dans un esprit d'ouverture.
C'est ce même esprit que nous pourrons insuffler à l'accueil et
à l'adaptation de nos nouveaux concitoyens dès que nous en
assumerons la responsabilité. Encore faudra-t-il nous donner les moyens
d'accéder à celle-ci. Je ne souhaitais pas terminer mon
intervention sans avoir eu, tout au moins, l'occasion de le dire. M. le
Président, MM. les membres de la commission, je vous remercie.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. J'aurais
deux remarques à faire après cette intervention. Étant
donné qu'il y a eu interruption du courant électrique au cours du
discours inaugural de M. le ministre de l'Immigration, je demanderais aux
membres de la commission s'ils seraient d'accord pour que l'on verse au journal
des Débats le texte. Étant donné que M. le ministre de
l'Immigration a pu prévoir qu'il y aurait une interruption
électrique, il a préparé un texte et ce texte pourrait
être versé au journal des Débats. Cela réglerait le
problème du journal des Débats.
M. Ciaccia: Consentement.
Le Président (M. Boucher): Merci M. le
député de Mont-Royal. Deuxième remarque. Si la commission
ne termine pas ce soir, demain matin, on devra siéger à 10
heures, à la même salle 91-A.
M. le député de Mont-Royal, vos commentaires.
M. John Ciaccia M. Ciaccia: Suite à votre deuxième
remarque,
M. le Président, je vais être assez bref dans mes remarques
préliminaires.
M. le Président, l'importance du ministère de
l'Immigration ne se mesure pas seulement, surtout pas, en termes de budget,
parce que le ministère de l'Immigration a d'autres conséquences.
Les activités du ministère ont des conséquences
économiques, des conséquences sociales et politiques et c'est un
instrument pour aider non seulement au développement du Québec,
mais aussi à la croissance du Québec.
Il y a certainement des raisons économiques, des
conséquences économiques, il y a aussi des raisons humanitaires
pour admettre les immigrants au Québec. Le cas des
réfugiés en est un exemple. Même la constitution de notre
pays reconnaît qu'il peut y avoir des exigences particulières dans
certaines provinces. La constitution prévoit que l'Immigration ait un
pouvoir partagé entre le gouvernement fédéral et les
gouvernements des différentes provinces. Suite à ce pouvoir
partagé, le gouvernement du Québec a conclu l'entente
Cullen-Couture.
Le ministère de l'Immigration doit servir pour atteindre les
objectifs de développement au Québec dans toutes les
sphères. Je pense que c'est un instrument assez important dans la vie du
Québec. C'est pour cette raison, M. le Président, que certains
chiffres, certaines migrations, non seulement dans le Québec, mais hors
du Québec, sont un peu inquiétants.
Je me demande quelle est la réaction du ministre parce que, d'un
côté, vous avez tout un ministère, avec vos fonctionnaires
qui oeuvrent pour que des gens puissent venir au Québec, s'adapter
à notre société, mais, d'autre part, nous avons les
sorties du Québec. Ce doit être un peu décourageant. Si
j'étais fonctionnaire au Québec, au ministère de
l'Immigration, et si je me dévouais pour m'assurer que les gens puissent
venir au Québec et qu'ils puissent s'adapter à notre
société, il y a certaines sorties, certaines émigrations
que je trouverais un peu inquiétantes. Je vous donnerai certains
chiffres.
Parlons de la migration internationale, les entrées et les
sorties. Prenons les années 1972-1973, on peut aller
antérieurement à ça, mais on peut prendre ces
années-là à titre d'exemple. Il y avait, en 1972-1973, 18
815 entrées au Québec; il y a eu 14 317 sorties, un apport
positif de 4498. Je ne parle pas maintenant ici des migrations
interprovinciales. Je parle strictement des migrations internationales.
L'année suivante, 1973-1974, l'apport positif était de 13 000
parce qu'il y a eu 32 452 entrées et seulement 19 000 sorties pour un
apport positif de 13 000. L'année suivante, encore 13 000 additions.
Pour l'année 1975-1976, 11 600. Pour l'année 1976-1977, 13 395.
Ce sont tous des apports positifs au Québec.
On commence avec les années 1977-1978, là on voit le
nombre d'immigrants qui sont entrés au Québec qui tombe à
16 702 et les sorties s'élèvent à 14 839. Alors on a
encore un apport positif, mais c'est seulement de 1863. L'année
dernière, 1978-1979, il y a eu 14 378 entrées ce sont
des
chiffres provisoires qui sont de Statistique Canada la source que je
cite et il y a eu des sorties en nombre encore plus élevé,
soit 15 992, pour une perte nette de 1614.
Je me demande donc avec toutes les bonnes oeuvres du ministère de
l'Immigration dans tous ses programmes pour s'assurer non seulement que les
immigrants puissent s'installer au Québec, mais qu'ils soient
adaptés, quel est l'effet sur tous ces programmes de ces
émigrations. Parce que si je comprends bien, c'est un ministre de
l'Immigration, ce n'est pas un ministre de l'émigration que nous avons
ici. Je ne voudrais pas avoir un ministre de l'émigration, parce que je
crois que c'est très important qu'on puisse attirer au Québec
autant de personnes qu'on peut convenablement intégrer, absorber dans
tous les domaines.
Pour ma part, je trouve inquiétant de voir qu'on n'est pas
gagnant après tous les programmes dont vous nous avez parlé,
toutes les activités de votre ministère, l'augmentation du budget
de $18 000 à $22 000, grosso modo... $18 000 000 à $22 000 000,
excusez-moi. Après tous les différents programmes, l'accueil des
réfugiés, on se retrouve, dans le domaine international, avec une
perte nette pour l'année 1978-1979.
Ce n'est pas une bonne direction dans laquelle se dirigent les
tendances. Je ne blâme pas, remarquez bien, M. le Président, le
ministère tel quel; je ne blâme pas les fonctionnaires du
ministère qui suivent les directives du ministre. Je suis
persuadé qu'ils font leur possible pour s'assurer que non seulement on
puisse attirer au Québec des gens convenables, qui peuvent apporter une
contribution au Québec, mais aussi, avec les différents
programmes inclus dans les documents que le ministre nous a donnés et
qu'ils mettent en application, s'assurer que les immigrants puissent s'adapter
ici.
Ce n'est pas un reproche que je fais aux fonctionnaires du
ministère de l'Immigration, mais c'est une constatation
inquiétante quant au portrait global de l'immigration au
Québec.
Si on regarde la migration interprovinciale, les chiffres sont encore
plus désastreux. Je veux donner seulement quelques exemples. On a eu une
perte nette en 1978-1979 de 33 000 sujets. On a eu 26160 entrées et 52
170 sorties pour une migration nette de 32 000 sujets, soit une perte nette de
32 110. En 1977-1978, la perte nette interprovinciale a été de 46
905 sujets. L'année d'avant, c'était seulement une perte nette de
22 996.
Je pourrais commencer dans les années antérieures, mais,
encore une fois, on voit une autre direction qui est encore inquiétante,
parce qu'on ne peut pas bâtir un Québec en perdant les ressources
les plus riches, les ressources humaines. Ce ne sont pas les richesses
naturelles qui font vraiment la richesse d'un pays, parce que ce sont des
objets, ce sont des choses dans la terre qui ont besoin d'apport humain, qui
ont besoin de direction, qui ont besoin de l'aspect humain et de l'intelligence
des personnes pour se développer.
Cela m'inquiète beaucoup de voir que, malgré tous les
efforts que le ministre fait dans ses programmes, nous sommes
généralement perdants. Je pense que cela devrait même
inquiéter le ministre. Cela devrait inquiéter ce gouvernement,
parce qu'il n'y a rien qui vaut cette perte. Si on perd notre richesse humaine,
il ne nous restera pas grand-chose.
J'aimerais avoir la réaction du ministre à cette tendance
qui est inquiétante et voir si, dans ses programmes, il y a quelque
chose par quoi il pourrait aider, ou qu'il pourrait suggérer. Il y a
beaucoup de facteurs, je l'avoue, qui sont hors de portée du ministre de
l'Immigration. Les migrations interprovinciales ne sont pas des choses sur
lesquelles le ministre a beaucoup de contrôle. C'est un aspect, M. le
Président, que je voulais soulever.
L'autre aspect, brièvement, porte sur les investisseurs
immigrants. C'est vrai que, d'après les chiffres du ministre, il y a eu
une augmentation pour les années quatre-vingt. Ce n'est pas dans votre
rapport annuel, mais vous l'avez dans les documents que vous avez
présentés. Le rapport annuel que vous nous avez
présenté s'arrête à 1978-1979 et se chiffrait
à $33 000 000. De ces $33 000 000, je crois qu'il y avait $22 000 000
qui étaient des sommes vraiment investies ou apportées au
Québec par les immigrants investisseurs, et le reste était fait
des sommes qu'ils avaient empruntées ici. Les $33 000 000, je crois,
sont l'investissement total, qui inclut non seulement ce qui est apporté
ici, mais ce qui a été emprunté au Québec. Ce qui
est inquiétant à propos de ces $33 000 000, à part le fait
que c'était une baisse, c'est la répartition. Si vous remarquez,
M. le ministre, l'augmentation dans l'agriculture, dans l'achat vraiment, dans
l'immobilisation, l'achat des fermes, des propriétés agricoles au
Québec, il y a eu une baisse considérable dans les secteurs
commercial et industriel. Cela aussi est inquiétant, parce que les vrais
investissements au Québec, ceux qui créent des emplois et qui
démontrent vraiment la confiance dans l'économie et dans tout
l'aspect économique du Québec, ce sont les secteurs commercial et
industriel. Si une ferme change de propriétaire, cela n'en change pas
beaucoup les activités. (21 h 15)
Que ce soit M. Lefebvre qui est propriétaire de sa ferme, qui
exploite sa ferme ou que M. Lefebvre vende sa ferme à quelqu'un de la
Suisse ou de l'Italie et que M. Lefebvre se retire en Floride avec son argent,
ça ne change pas beaucoup l'économie du Québec.
Excusez-moi, je n'ai pas pris les bons noms, ça pourrait être
n'importe quel nom, je ne vise aucun individu, M. X.
Alors, il y a cet aspect qui est inquiétant, le secteur dans
lequel les investissements sont faits.
L'autre sujet que je voulais soulever, c'est la question des
travailleurs immigrants. C'est vrai que vous avez fait des colloques, vous avez
reçu des rapports, vous avez donné l'impression que vous vous
occupiez des travailleurs immigrants, mais je voudrais savoir du ministre les
mesures spécifiques qui ont été prises pour
répondre aux besoins de ces travailleurs immigrants. Il y avait la
question du salaire minimum chez plusieurs em-
ployeurs qui sont, on doit l'admettre, des gens des mêmes groupes
ethniques, dans plusieurs cas, que les travailleurs immigrants. On n'observe
pas toujours la loi. A un moment donné, vous avez dit que vous aviez les
noms de ces gens et vous menaciez de les rendre publics. Je ne sais pas ce que
vous avez fait depuis. Quelles mesures spécifiques avez-vous prises pour
essayer d'aider ces gens? Parce que j'ai eu moi aussi des entrevues, des
rencontres avec les gens de ce milieu et il ne semble pas y avoir trop
d'amélioration.
Deuxièmement, il y a la question des services gouvernementaux
à ces différents groupes. Comme vous le savez, il y a beaucoup de
ces gens qui ont des problèmes de langue. Une personne qui arrive ici,
quelquefois, ne parle ni le français, ni l'anglais, mais elle a
été admise au Québec. Alors, le gouvernement a une
certaine responsabilité envers ces gens pour les avoir admis,
jusqu'à ce qu'ils puissent apprendre la langue convenablement et obtenir
les services. Les suggestions qui ont été faites, c'est de
s'assurer que, dans ces secteurs, les services soient disponibles pour ces
groupes dans leur propre langue; je parle des services sociaux. Est-ce que vous
avez fait des pressions, des recommandations au ministère des Affaires
sociales pour vous assurer que les services sociaux sont disponibles dans leur
langue?
Il y a aussi la question des centres de main-d'oeuvre, des
différents programmes d'aide qui sont disponibles de la part du
gouvernement. Il y a une question d'information. Ces gens ne peuvent pas tirer
avantage ou bénéficier de ces différents programmes si,
premièrement, ils n'ont pas l'information et, deuxièmement, ils
ne peuvent pas se les faire expliquer dans leur propre langue. Avez-vous
l'intention d'essayer de donner quelques-uns de ces services dans la langue de
ces différents groupes? Je pense que c'est facile à identifier;
à certains endroits, à Montréal, il y a des groupements de
différents travailleurs immigrants et ils sont plus nombreux dans
différents secteurs. Alors, ce serait facile pour certains centres de
main-d'oeuvre ou certains bureaux du gouvernement d'engager des gens qui
parlent non seulement leur langue, mais qui sont des mêmes groupes
ethniques, qui ont la même culture pour qu'ils puissent communiquer,
transiger plus facilement et expliquer à ces gens les différents
programmes offerts par le gouvernement.
C'est aussi une façon d'intégrer ces personnes, parce que,
s'il y a une barrière de langue, s'il y a une barrière de valeurs
culturelles, de manière de penser, c'est plus difficile de
s'intégrer. On crée des ghettos. Mais, si c'est possible de
recevoir des services du gouvernement dans leur propre langue, ça
facilite l'intégration. Ces gens sont plus au courant de ce que le
gouvernement peut faire pour eux et ça brise, si je peux utiliser ce
mot, les murs et les ghettos. Cela va faciliter leur intégration.
J'aimerais entendre les commentaires du ministre à ce sujet. Si
on avait le temps, j'aimerais aussi demander au ministre... Je remarque que les
subventions ont baissé cette année. Non seule- ment il n'y a pas
eu d'augmentation dans le budget pour les subventions, mais si on
considère l'inflation, plus le nombre de personnes qui sont
impliquées, il y a vraiment une baisse.
J'avais une autre question également sur les sommes qui sont
payées d'après les programmes du gouvernement
fédéral. Vous avez des remboursements
fédéraux-provinciaux. Vous pourriez peut-être expliquer un
peu ces sommes. Il semble y avoir un grand total de $10 216 050. Est-ce que
cela veut dire que ce montant fait partie du montant de $22 000 000 que vous
avez? Si c'est le cas, cela veut dire que le gouvernement du Québec vous
donne $22 000 000, mais il ne vous le donne pas vraiment, il vous en donne $12
000 000. Je pense que c'est ainsi que le ministre des Finances l'a
expliqué dans le budget: le système du Québec, c'est de
donner les recettes brutes, non pas les recettes nettes. Autrement dit, vous
pouvez avoir $22 000 000 dans votre budget, mais si vous recevez $10 000 000 du
gouvernement fédéral, votre budget démontre quand
même $22 000 000. Mais en fait, les montants que le gouvernement du
Québec dépense dans le domaine de l'immigration, à votre
ministère, ne sont pas de $22 000 000. C'est seulement $12 000 000. Ce
serait peut-être un autre argument pour essayer d'augmenter le budget de
la part de votre gouvernement, parce que $12 000 000 ce n'est pas un budget
tellement élevé pour un ministère qui vraiment a un mandat
assez important et un rôle à jouer assez important dans le
développement du Québec.
Ce sont mes brèves remarques préliminaires et les quelques
questions auxquelles j'aimerais que le ministre apporte une réponse.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Mont-Royal. M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Fabien Cordeau
M. Cordeau: Merci, M. le Président. Au début de mes
remarques qui seront brèves, je voudrais premièrement saluer les
collaborateurs et collaboratrices du ministre qui l'accompagnent ce soir. Je
crois que M. le ministre en a profité. Il a peut-être parlé
longuement, mais par contre, il nous a donné pas mal de renseignements.
Peut-être a-t-il profité de cette occasion, parce qu'à
l'Assemblée nationale, il ne lui est pas donné souvent
d'expliquer les politiques de son ministère. Il en a donc profité
ce soir et il nous a donné beaucoup d'explications utiles. Je l'en
remercie.
A Saint-Hyacinthe, on a reçu des Vietnamiens. Il me fait plaisir
d'informer le ministre qu'ils ont été bien accueillis par la
ville et par les citoyens. Presque tous, aujourd'hui, peuvent s'exprimer en
français. La plupart ne parlaient pas français avant d'arriver,
au mois de novembre de l'année dernière. Actuellement, ils se
font comprendre et ils peuvent se débrouiller par eux-mêmes.
J'ai eu l'occasion de travailler à quelques cas. Il y en a qui
sont venus à mon bureau. J'en ai parlé
au ministre. Je pense que les cas sont en voie de règlement.
C'est surtout concernant les épouses des immigrants vietnamiens venus
chez nous que certaines difficultés ont surgi.
Le ministre nous disait tantôt qu'en 1979, il y a environ 19 000
immigrants au Québec. Combien sont dans la catégorie des DC-1 et
combien sont dans la catégorie des DC-3, comme il l'a défini
tantôt?
Également dans vos remarques, vous avez mentionné que vous
aviez eu la collaboration de la FTQ et de la CSN. Est-ce que la CSD a
été approchée dans ce domaine? Quelle a été
la réponse de cette centrale syndicale concernant la collaboration
qu'apportent les deux autres centrales syndicales?
Peut-être que le ministre nous en a fait mention tantôt dans
toutes les statistiques qu'il nous a données, mais quel est l'objectif,
en 1980, pour l'accueil de nouveaux immigrants? Quels sont vos objectifs?
Combien de lits ont été mis aussi à la disposition
des malades? Tantôt, vous avez mentionné que vous aviez
parlé des accueils de tuberculeux, je crois. J'aimerais savoir combien
de lits ont été mis à la disposition de ces malades au
Québec.
Je ne sais pas à quel élément de programme cela
apparaît, mais vous avez aussi parlé de participation à
différents organismes internationaux. Vous en avez mentionné
quelques-uns. J'aimerais peut-être que vous spécifiiez le montant
global que vous avez consacré dans votre budget aux différents
organismes internationaux et les montants ainsi accordés à chacun
de ces organismes, si possible.
Voilà, M. le Président, les quelques remarques que j'ai
à faire actuellement. Nous aurons certainement d'autres questions
à poser, lorsque nous en viendrons aux divers éléments du
programme du ministère.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Saint-Hyacinthe. M. le député de
Chauveau.
M. Louis O'Neill
M. O'Neill: M. le Président, je vais me permettre quelques
commentaires sur l'introduction qui vient d'être faite de cette
présentation des crédits du ministère de
l'Immigration.
Ma première remarque, je l'adresse au ministre.
Le Président (M. Boucher): Faites comme s'il était
là.
M. O'Neill: II s'en va, mais il l'entendra quand même.
Concernant ce qui est écrit à la page 26 au sujet de ce qu'on
appelle ici des immigrants indépendants, à partir de quoi on
ajoute, n'est-ce pas, que ce ne sont sûrement pas des gens qui sont venus
voler des jobs aux résidents du Québec, que ce sont des agents
actifs de notre développement économique, j'aurais enfin
souhaité peut-être qu'on ajoute ceci dans le texte... Remar- quez
que ce n'est pas cette partie que je trouve discutable, c'est peut-être
ce qu'on aurait pu ajouter, à savoir qu'en fait tous les immigrants en
général sont des agents économiques. C'est-à-dire
que ceux qui arrivent simplement avec leur force de travail constituent un
élément économique extrêmement important. Je donne
à titre d'exemple ce qui s'est produit en Europe dans la période
de reconstruction, dans l'après-guerre, le rôle des travailleurs
immigrants venant de pays aussi divers que l'Espagne, le Portugal,
l'Algérie, la Turquie et la Yougoslavie et qui ont joué un
rôle économique extrêmement important en France, en
Allemagne, en Belgique, etc. Il y a ici, je trouve, une image qu'il faut dans
certains cas corriger ou un préjugé, je pense, qu'il faut essayer
de combattre chez les gens. Je veux dire qu'en principe, quelqu'un qui vient
ici avec ses talents, sa force de travail constitue au plan économique
un actif et constitue évidemment aussi un actif extrêmement
important au point de vue social.
D'ailleurs, j'ai remarqué pour ma part qu'à la suite, sans
doute, du bon travail d'information du ministère de l'Immigration, je
pense qu'il y a de plus en plus de gens chez nous qui comprennent cet aspect du
problème et, je dirais, qui ont beaucoup moins de préjugés
qu'ils pouvaient en avoir autrefois concernant le rôle des immigrants
dans l'économie. Je pense qu'il y a là-dessus une
évolution extrêmement intéressante dans les mois ou les
années récentes et je suis prêt à en attribuer le
mérite de façon particulière au travail d'information et
de publicité du ministère de l'Immigration.
Ma deuxième remarque concerne des propos tenus, par M. le
député de Mont-Royal lorsqu'il s'inquiète de ce qu'on
appelle l'émigration par rapport à l'immigration.
C'est-à-dire: vous parlez beaucoup de l'immigration, donc de
l'entrée au Québec, vous ne parlez pas de la sortie hors
Québec. Il faut se rappeler ici que la sortie hors Québec peut
être expliquée par différents facteurs. Tout le monde sait,
par exemple, qu'il y a des gens qui émigrent en Floride. On comprend
pourquoi. C'est un des lieux préférés d'émigration
des Québécois. C'est une histoire de température. Il y a
des gens qui émigrent pour des questions économiques.
D'ailleurs, ce n'est pas un phénomène récent chez
nous. Dans les premières années de la
Confédération, il faut rappeler qu'il y a des milliers, des
centaines de milliers de Québécois qui nous ont quittés
pour aller aux États-Unis, parce que le régime politique actuel
ici ne leur permettait pas de vivre et de gagner leur vie convenablement au
Québec. Il peut également y avoir des facteurs sociaux,
politiques, culturels. Il y a des gens qui s'adaptent bien, des gens qui ne
s'adaptent pas. C'est une liberté d'entrer dans un pays et c'est une
liberté d'en sortir. C'est également une liberté de le
quitter et de tenter sa chance ailleurs, même si on y a vécu
longtemps, même si on y est né. (21 h 30)
Je pense qu'il faut respecter cette liberté. Ce qu'il faut voir
d'autre part, ce qui m'apparaît un
phénomène intéressant, c'est comment les gens qui
sont venus ici, à la suite parfois de malheurs qu'ils ont connus dans
leur pays, sont en train vraiment d'enrichir toute la société
québécoise de façon extraordinaire. Je note, par exemple,
à Québec l'importante croissance de la communauté
vietnamienne, qui est en train de dépasser d'anciennes
communautés culturelles qui étaient ici depuis longtemps, qui
s'intègre très bien à la vie québécoise et
qui ne nous crée pas de problème, ne parle pas de la loi 101 ou
d'histoires pareilles. Elle s'adapte au pays tel qu'il est et elle se
définit comme québécoise.
La remarque de M. le député de Mont-Royal concernant
l'agriculture m'a étonné un peu, parce que c'est un facteur tout
à fait très créateur d'emplois. Il se fait une
définition de l'agriculture un peu simpliste, je le comprends.
Evidemment, ce n'est peut-être pas dans Mont-Royal qu'on peut devenir
spécialiste en agriculture. Je pense que la preuve a été
longtemps faite, a été bien faite. Vous avez dans cela, en aval
et en amont, une création considérable d'emplois. C'est un
secteur extrêmement important au Québec. Là-dessus, ceux
qui ont déjà eu l'occasion d'entendre le ministre de
l'Agriculture ont pu se convaincre de ce fait. Le secteur agro-alimentaire,
c'est un secteur extrêmement important dans le domaine de la
création d'emplois, dans le domaine de la stabilisation de
l'économie, de la croissance économique. On doit se
réjouir que des gens qui ont une grande expérience en agriculture
viennent ici au Québec et souvent mettent en valeur même des
terres qui avaient été abandonnées. C'est encore là
un actif pour la société québécoise.
Une dernière remarque rapide. Le député de
Mont-Royal dit: Vous devriez peut-être accroître ce budget, parce
que je m'aperçois que vous parlez de $22 millions, si j'ai bien compris.
En fait, c'est $12 millions, puisque $10 millions viennent du
fédéral. Les $10 millions, nous les avons payés. Le
fédéral les a versés, mais nous les avons payés.
C'est donc $22 millions. Ce n'est pas un cadeau. Ce n'est pas une
charité. Cela nous appartient. Je pense que le ministre a parfaitement
raison de parler d'une dépense ou d'un investissement de $22 millions
ici et non pas de $12 millions. C'est de cette façon qu'on doit
évaluer les crédits, et non pas considérer les $10
millions comme si c'était un cadeau qui venait d'ailleurs. Cela vient de
nos impôts tout simplement, cela a été versé ici et
cela nous appartient.
C'étaient là pour le moment quelques observations que je
tenais à formuler.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Chauveau. M. le ministre.
M. Jacques Couture
M. Couture: Merci, M. le Président. Je veux remercier les
membres de la commission de l'intérêt qu'ils portent à ces
dossiers, par la qualité de leurs interrogations. Je vais m'efforcer d'y
répondre.
Le député de Mont-Royal a fait état de statistiques
sur l'immigration, l'émigration et le sol in- ternational. Je dois dire
avec lui que, d'une part, nous sommes conscients du problème mais qu'il
n'est pas nouveau. Dans une civilisation de mobilité considérable
telle que celle que nous connaissons maintenant, il m'apparaît tout
à fait normal qu'il y ait un certain nombre de personnes qui viennent
chez nous et qui, pour toutes sortes de raisons, décident d'aller
ailleurs. Nos politiques, à cet effet, c'est de plus en plus de chercher
à retenir un nombre de plus en plus considérable d'immigrants
internationaux dans notre société, parce que, effectivement, il y
a quand même des investissements qui sont apportés pour l'accueil
de ces immigrants. Ce n'est pas notre intérêt d'être une
passoire. Là-dessus, je crois que la situation s'améliore de plus
en plus. Je dois faire remarquer au député de Mont-Royal que
quand je dis que ce n'est pas nouveau, je peux lui rappeler d'autres chiffres
des années précédentes. En 1961-1962, c'était un
gouvernement libéral, il y avait eu 17 381 entrées
internationales et il y avait eu 21 339 émigrations, sorties, avec un
solde négatif de 3958. Le député de Mont-Royal a fait
mention qu'en 1978-1979, nous avions un solde de 2283. En 1961-1962,
c'était 3958. En 1962-1963, c'était moins 2812; 20 160
entrées et 22 972 sorties. On peut aller un peu plus loin: en 1970-1971,
22 383 entrées et 25 173 sorties, avec un solde de 2790. Donc, ce n'est
pas un phénomène nouveau. On doit d'une certaine façon
s'en inquiéter, mais je pense que ce ne serait pas correct de croire que
c'est arrivé avec nous. Ce sont des espèces de mouvements
cycliques pour toutes sortes de raisons, surtout de conjoncture internationale;
il y a comme cela des périodes où la rétention de
l'immigration est moins forte.
Je dois quand même dire ceci: En 1978-1979, il y a eu une
immigration faible au Québec, nous n'avons eu que 14 344 entrées
et il y a eu 16 627 sorties. De fait, nous avons pris acte de ces chiffres plus
ou moins inquiétants et, en 1979, c'est la raison pour laquelle nos
efforts ont porté, pour l'année suivante, à augmenter
cette immigration et à développer des services sur place, ici au
Québec, dans notre société pour, d'une certaine
façon, retenir davantage les immigrants. En 1979, nous avons quand
même 19 498 entrées internationales au Québec. Nous n'avons
malheureusement pas le chiffre actuel des sorties dites d'émigration du
Québec; nous les aurons prochainement.
Tout nous porte à croire je pense que je peux assez
facilement vous en donner l'assurance que, pour cette année, nous
reviendrons à des soldes internationaux positifs.
Je dois aussi vous faire remarquer, au titre de la migration
interprovinciale, qu'effectivement, là comme dans l'autre chapitre, les
autres données évoquées par le député de
Mont-Royal, ce n'était pas non plus un phénomène nouveau.
Ce sont des choses que nous avons vues dans les années
précédentes. Je dois rappeler, pour mémoire, qu'en
1970-1971, il y a eu 34 633 entrées et 72 623 sorties au titre de la
migration interprovinciale, avec un solde négatif de moins 37 995.
M. Ciaccia: Ce sont des événements tout à
fait spéciaux, en 1970.
M. Couture: En 1969-1970, il n'y avait pas
d'événements et il y a eu un solde migratoire de moins 35 841
alors qu'en 1978-1979, les chiffres dont faisait état le
député de Mont-Royal, c'est un solde de moins 32 110. Il y a une
amélioration. On ne peut pas dire que...
M. Ciaccia: C'était l'année dernière.
M. Couture: ... c'est tout à fait réjouissant,
d'une certaine façon, mais il y a une amélioration dans cette
performance, et c'est meilleur que certains chiffres que je viens
d'évoquer et qui étaient sous des gouvernements autres que le
nôtre.
Je dois dire que, pour l'année dont on parle, 1978-1979, en
Ontario, la situation s'est largement détériorée, beaucoup
plus que pour nous, si on peut comparer ces chiffres.
M. O'Neill: Est-ce que je pourrais poser une question au ministre
sur ces chiffres? Est-ce que, dans vos statistiques, M. le ministre, vous
êtes capable de faire la distinction entre ceux qui viennent ici en
transit, donc qui entrent au Québec, sortent du Québec et vont
ailleurs et ceux qui étaient citoyens du Québec depuis longtemps
et qui ont décidé, par exemple, de s'en aller soit en Ontario ou
aux Etats-Unis? Est-ce que vous êtes capable de faire cette
distinction?
M. Couture: On ne peut pas identifier clairement qui et qui. Tout
ce qu'on sait, c'est qu'à un moment donné, il y a un certain
nombre de gens qui viennent ici à titre d'immigrants dits internationaux
et qu'il y a un certain nombre de gens qui sortent. On ne peut pas isoler ceux
qui sont vraiment Québécois de vieille souche et les immigrants
récents.
En Ontario, il y a eu, en 1977-1978... Regardez la dégringolade.
De fait, ce n'est pas un jugement que je porte sur l'Ontario, c'est tout
simplement parce qu'on est toujours porté chez nos amis d'en face,
à dire que ce n'est qu'au Québec que c'est mauvais, que ce n'est
qu'au Québec que c'est pire.
M. Ciaccia: C'est une année, ce n'est pas une suite.
M. Couture: M. le Président, j'aimerais terminer cette
petite phrase. En 1977-1978, en Ontario, le solde de l'immigration
internationale a été de 52 721, l'émigration de 36 247
avec un solde plus de 16 474 et en 1978-1979 remarquez la
dégringolade il y a eu 39 829 entrées internationales, 36
307 émigrations, sorties, avec une baisse énorme et un solde plus
de 3522. Vous remarquez la dégringolade.
M. Ciaccia: C'est un solde positif quand même.
M. Couture: Mais au niveau de l'émigration
interprovinciale, l'Ontario affiche un solde négatif en 1978-1979. Il a
eu 93 903 entrées avec 101 972 sorties, avec un solde négatif
interprovincial de 8069.
M. Ciaccia: 8000 sur 8 000 000, on a ici 33 000 sur 6 000 000, ce
n'est pas la même chose.
M. Couture: Je veux simplement signifier ceci, M. le
Président. Effectivement, ce n'est pas un phénomène propre
au Québec. Le phénomène que nous connaissons maintenant
n'est pas nouveau. C'est arrivé dans plusieurs cas sous les
gouvernements précédents. Donc, à mon avis, la
démonstration que veut faire le député de Mont-Royal ne
tient pas.
Je vais répondre à une autre interrogation du
député de Mont-Royal. Il s'interrogeait sur le programme des
immigrants-entrepreneurs-investisseurs en s'alarmant d'une baisse de ces
investissements dans les secteurs commercial et industriel.
Je ne sais pas où il a pris ces chiffres, ce que j'ai ici, M. le
Président...
M. Ciaccia: Ce sont les chiffres que vous m'avez donnés.
Dans votre document, dans votre rapport annuel.
M. Couture: C'est ça, nous allons y venir justement. En
1978-1979, dans le nombre de cas d'entrepreneurs-investisseurs en agriculture,
c'était 71; en 1979-1980, c'est 86. L'industrie manufacturière en
1978, 21; 1979, 80; donc 29, il me semble que c'est plus. Capital investi:
agriculture 1978-1979, $19 000 045; en 1979-1980, $25 500 000; industrie
manufacturière en 1978-1979, $5 307 000; en 1979-1980, $13 400 000.
Donc, c'est une augmentation considérable.
M. Ciaccia: Si vous voulez bien m'excuser, M. le ministre...
M. Couture: Commerce et services, en 1978 M. le
Président, je voudrais finir quand même 1979, 46 cas; en
1979-1980, 45 cas; un de moins. Par ailleurs, pour les investissements, de fait
ce n'est pas le nombre de cas qui est le plus important, c'est plutôt
l'investissement; en 1978-1979, l'investissement en commerce et services $9 463
000; en 1979-1980, $16 100 000, une augmentation dans le cas de l'agriculture
de 34%; dans le cas de l'industrie manufacturière de 152% et dans le cas
de commerce et services de 70%. Donc, je pense qu'à ce point de
vue-là... Oui?
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, une question du
député de Mont-Royal. M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Si vous permettez, à titre d'information, les
chiffres que je vous donnais c'était de 1978-1979 par rapport à
1977-1978...
M. Couture: Oui, mais on est en 1979-1980.
M. Ciaccia: Oui, mais dans votre rapport annuel, vous n'aviez pas
les chiffres de 1979-1980. C'est pour ça.
M. Couture: Cela prouve justement qu'on...
M. Ciaccia: Vous avez donné des estimations pour
1979-1980. Je référais à la baisse, non seulement la
baisse globale, mais l'autre aspect...
M. Couture: Vous avez raison en 1978 il y a eu une baisse...
M. Ciaccia: ... même s'il y a eu une augmentation dans le
chiffre global de la répartition, je trouve que dans l'agriculture la
répartition est beaucoup plus élevée qu'elle ne l'est dans
les deux autres domaines.
M. Couture: Oui, mais vous êtes en 1978. Vous avez pris les
chiffres de 1978 et heureusement...
M. Ciaccia: Ce sont les chiffres que vous m'avez donnés,
1978, dans votre rapport annuel.
M. Couture: Là, j'ai la bonne nouvelle à vous
annoncer qu'en 1979-1980 nous avons amélioré d'une façon
considérable notre performance à ce titre-là. Je pense que
vous devez être heureux, vous devez vous réjouir comme nous qu'il
y ait progrès à ce titre-là. (21 h 45)
Le député de Mont-Royal a parlé des travailleurs
immigrants et des mesures spécifiques que nous avions en cours pour
peut-être améliorer la situation des travailleurs immigrants. Je
pense qu'il l'a dit dans ses remarques, qu'il l'a signalé. Je crois
qu'au ministère de l'Immigration, quand même, nous avons
développé une préoccupation pour les travailleurs
immigrants. Le fait d'avoir créé le poste de secrétaire
délégué aux travailleurs immigrants, quelqu'un qui y est
affecté à plein temps, un peu comme un ombudsman, auprès
des travailleurs immigrants, c'est une indication de la volonté
politique que nous avions d'intervenir d'une façon vigoureuse à
ce titre-là.
Celui qui a été retenu pour ces services, c'est un
syndicaliste de longue date, qui a été 20 ans dans le
syndicalisme à la CSN et à la FTQ. Il passe tout son temps
à faire des rencontres au niveau des centrales syndicales et aussi au
niveau de tous les intervenants dans ce domaine-là. Il rencontre les
représentants de l'ex-Commission du salaire minimum, la Commission des
accidents du travail, le ministère du Travail, comme j'ai dit, les
centrales, les organismes qui s'occupent des travailleurs immigrants, etc.
Pour les mesures spécifiques, je pense que, comme gouvernement,
la loi 126 est une réponse à beaucoup de préoccupations
des travailleurs immigrants, surtout pour la protection du travail domestique.
Je pense que c'est un lieu de travail qui était stigmatisé par
toutes les associations de travailleurs immigrants, à juste titre, parce
que c'est dans ce domaine qu'il y avait beaucoup d'exploitation. Je pense que
d'avoir, par ce poste de secrétaire délégué aux
travailleurs immigrants, favorisé l'animation des organismes et des
centrales, cela a donné les résultats suivants. Je ne sais pas si
vous avez pris connaissance d'une information donnée par la FTQ, il y a
une dizaine de jours, sur une série d'interventions des travailleurs
immigrants. Je dois dire que le ministère de l'Immigration du
Québec, grâce aux recommandations de notre secrétaire
délégué aux travailleurs immigrants, a versé une
somme de $25 000 à la FTQ pour développer son programme de
services aux travailleurs immigrants, un programme qui comporte toutes sortes
d'interventions qui vont de la syndicalisation des immigrants sur les lieux de
travail à l'information, à la traduction d'une série
d'informations pour les lois du travail, etc. Je pense que ces mesures
spécifiques commencent à donner des résultats.
Je dois vous dire aussi qu'à la CSN on se prépare aussi,
à la suite d'un certain nombre de rencontres que nous avons eues avec
cette centrale, à intervenir prochainement dans ce
domaine-là.
Je dois dire aussi que le ministère de l'Immigration subventionne
d'une façon assez importante un certain nombre d'organismes qui
s'occupent directement des travailleurs immigrants comme, par exemple, l'Union
des travailleurs immigrants du Québec, la communauté italienne,
la FILEF de la communauté italienne, l'Association des travailleurs
grecs, le Centre de promotion sociale des Portugais, etc., des gens qui
directement s'occupent des travailleurs immigrants, les aident dans leur vie
quotidienne, leur donnent l'information, etc. Indirectement, par nos
subventions, je pense que c'est une façon de répondre à
ces besoins. C'est loin d'être complètement satisfaisant, mais je
pense que nous sommes sur la bonne voie et les gens de plus en plus se
réfèrent à ce poste du secrétaire
délégué aux travailleurs immigrants pour nous demander
continuellement d'intervenir auprès d'eux. Sur ce chapitre, je
réponds immédiatement à l'interrogation du
député de Saint-Hyacinthe qui m'a demandé si la CSD avait
été contactée. Pas encore, mais c'est prévu dans le
programme de rencontres de notre secrétaire délégué
aux travailleurs immigrants.
Il y a une autre interrogation du député de Mont-Royal. On
parlait des services sociaux, à savoir si on se préoccupait
d'offrir des services. Vous avez bien raison, M. le député de
Mont-Royal, de vous inquiéter de ce que je pourrais appeler ce besoin
qu'ont les immigrants dans le réseau social, d'être compris et de
rencontrer des gens qui puissent, dans leur langue, leur expliquer les choses.
Je pense que c'est une des situations les plus difficiles qu'on puisse trouver,
un immigrant qui ne connaît pas la langue du pays et qui a des besoins de
services sociaux, des besoins de santé, il ne peut pas se faire
comprendre, c'est toujours très pénible.
A ce titre, je dois vous dire que nous avons prévu dans notre
budget $120 000 pour des contrats de services avec six CLSC, évidemment
surtout à Montréal, qui rejoignent cinq groupes ethniques, les
Italiens, les Portugais, les Latino-Américains, les Espagnols et les
Haïtiens. Ce qu'on fait, c'est qu'on engage un Québécois de
nouvelle souche de la langue d'origine des immi-
grants qu'on veut atteindre comme clientèle et, sur place, au
CLSC, ce Portugais, cet Italien ou cet Espagnol reçoit les clients de
ces groupes ethniques les aide à s'introduire dans le réseau
social et répond, dans leur langue, leur explique un peu les services
qu'on peut leur donner dans leur langue.
C'est quand même un bon départ pour répondre
à ces besoins. On faisait aussi état que les subventions ont
baissé ou qu'au moins, il n'y a pas eu d'augmentation, malgré
l'inflation. C'est vrai, d'une certaine façon, qu'il y a eu dans le
budget une diminution, semble-t-il, mais je dois dire que la diminution vient
surtout de la disparition du programme de subventions de parrainage. Cette
année, nous avions, au départ du programme de parrainage des
réfugiés, prévu d'accorder une subvention de $400 aux 300
premiers groupes parrains.
Nous faisons disparaître cette subvention pour la prochaine
année, nous disant que le programme est bien engagé, que les
demandes sont nombreuses et que l'objectif de stimulant que nous voulions
apporter est atteint à ce titre. Donc, la diminution du budget ne
concerne que ce programme.
Pour le reste, évidemment, pour les subventions, nous n'avons pas
suivi l'inflation à cause de contraintes budgétaires bien
connues, je pense que nous sommes tous informés et conscients que nous
voulons de plus en plus essayer de reserrer les budgets pour ce qu'on pourrait
appeler une saine gestion de l'administration publique. Je peux vous dire quand
même que ça n'affecte pas dans le quotidien les organismes comme
tels, parce que c'est justement la philosophie de notre ministère de ne
pas nous substituer aux organismes en leur donnant des montants complets pour
le travail qu'ils ont à faire auprès des immigrants et pour le
travail d'adaptation dans le prolongement de la politique du
ministère.
Nous avons toujours voulu que ces subventions soient davantage
perçues comme un complément de l'effort que doivent faire les
communautés ethniques et les organismes auprès des immigrants. Je
ne pense pas que ce soit souhaitable de toujours croire qu'il faut augmenter
les subventions d'année en année. Je pense que, si nous avons en
même temps une politique d'animation et que les organismes
concernés développent eux-mêmes une autonomie de gestion,
avec les années, normalement, ils devraient être moins
dépendants de l'État. C'est l'objectif que nous souhaitons. A ce
point de vue, je pense que cela ne les pénalise pas.
A propos du remboursement fédéral, le député
de Mont-Royal faisait état que, sur notre budget de $22 millions, il y a
$10 216 000 qui viennent du gouvernement fédéral. C'est exact. Je
suis heureux que mon collègue de Chauveau ait répondu en bonne
partie à cette interrogation. Mais je dois quand même vous
mentionner ceci. C'est vrai que le gouvernement fédéral donne $10
216 000; c'est de l'argent des Québécois, parce que c'est par nos
taxes, par la contribution des contribuables québécois.
Saviez-vous que, par les Affaires sociales et par l'Éducation, ce
sont des choses qu'on ne dit pas souvent, ce n'est jamais affiché comme
tel et cela n'est jamais comptabilisé comme tel, mais les immigrants et
les réfugiés qui arrivent au Québec, à tout moment,
peuvent avoir besoin des services des Affaires sociales. Ils reçoivent
leur carte d'assurance-maladie. On a des chiffres des Affaires sociales qui
nous disent que, par exemple, pour les réfugiés, pour
l'année en cours nous aurons un volume de 12 000
réfugiés sur les deux ans dans le programme spécial
des réfugiés indochinois, cela coûte environ $1000 par
réfugié. C'est donc une contribution d'un montant additionnel de
$12 000 000 du gouvernement québécois, par le ministère
des Affaires sociales.
Et c'est aussi par le ministère de l'Éducation, parce que
tout le système des classes d'accueil est mis sur pied pour les
immigrants et les réfugiés. Le ministère de
l'Éducation a à débourser environ $10 000 000. Quand on
essaie d'isoler les chiffres du ministère de l'Immigration, finalement,
cela ne couvre pas la vraie réalité de l'effort budgétaire
du gouvernement du Québec auprès des immigrants et des
réfugiés; cet effort budgétaire est considérable si
on additionne les montants d'argent déboursés dans d'autres
ministères, qui rejoignent les immigrants et les réfugiés.
J'ai donné $12 000 000 aux Affaires sociales et $10 000 000 à
l'Education. A ce point de vue, vous voyez tout de suite l'ordre de grandeur de
la contribution du gouvernement québécois.
Pour répondre aux interrogations du député de
Saint-Hyacinthe, les 19 498 immigrants reçus dans l'année 1979 se
partagent de la façon suivante. Le chiffre que je vais vous donner,
c'est sur la nouvelle loi seulement. On aurait 19 498 comme chiffre total, mais
pour ceux qui sont entrés sous la nouvelle loi quand je parle de
la nouvelle loi, c'est la Loi de l'immigration du Québec on doit
retenir, pour la démarcation de chacune des catégories, qu'on
doit comptabiliser 16 844. Là-dessus, il y a 4258 indépendants,
soit 25,3%; 760 parents aidés, 4,5%; 5916 au titre de la famille
immédiate, 35,1%; 5881 réfugiés, 34,9% et 29 pour lesquels
l'information n'est pas disponible.
Je pense que, quand le député de Saint-Hyacinthe demandait
quels sont les DC-1 et les DC-3, cela concerne évidemment les
réfugiés, 5881. Nous avons le chiffre quelque part. Les DC-1,
c'est environ 3000. J'ai les chiffres pour l'ensemble du programme. Pour cette
année, c'est 7878, depuis le début du mouvement des
réfugiés indochinois et cela va jusqu'au 29 février 1980.
Sur les 7878 réfugiés cela déborde l'année
disponible de 1979 il y a 4355 DC-1, donc des réfugiés
reçus par les gouvernements et 3523 DC-3.
Le député de Saint-Hyacinthe demandait aussi quel
était notre objectif d'immigration pour la prochaine année. Je
dois vous dire que nous avons cherché à identifier quel volume
d'immigration serait souhaitable pour les cinq prochaines années.
Après une étude commandée au service de recherche, il y a
quand même un aspect un peu, je
ne dirais pas arbitraire, mais relatif dans le fait de fixer un chiffre
exact ou un chiffre X de volume d'immigration. Il y a des contingences qu'on
peut difficilement contrôler d'une année à l'autre, par
exemple, au niveau économique, au niveau de la natalité, etc.,
sauf qu'en sachant les besoins qu'on a eus dans les dernières
années, en observant la réalité actuelle sociologique et
démographique du Québec, évidemment par l'analyse aussi
des besoins économiques, etc., nous fixons pour les prochaines
années, à partir de 1980, un volume de 100 000 immigrants pour
les cinq prochaines années. Cela veut dire une moyenne de 18 000
à 20 000 immigrants par année.
Pour cette année, nous allons atteindre 19 400 à 19 500
immigrants environ. L'année prochaine, nous voulons être dans
l'ordre de grandeur de 18 000 à 20 000 et ainsi jusqu'en 1984
inclusivement.
On demandait s'il y avait des lits disponibles pour les malades. A part
les vingt lits, les Affaires sociales ont ajouté dix lits pour les
réfugiés tuberculeux. Nous avons une entente avec les Affaires
sociales, selon l'étude des dossiers, les cas à cas,
éventuellement, d'ouvrir une disponibilité de lits.
Enfin, le député de...
Le Président (M. Boucher): Je m'excuse, étant
donné qu'il est l'heure de l'ajournement, je demanderais si les membres
de la commission sont d'accord pour prolonger de quelques minutes.
M. Cordeau: Oui.
M. Ciaccia: Consentement.
M. Cordeau: Consentement accordé.
Le Président (M. Boucher): Les membres décideront
du temps.
M. Couture: Je pense que cela peut aller assez vite, assez
rapidement, M. le Président.
M. O'Neill: Un quart d'heure.
M. Couture: Je finis immédiatement pour ce qui me
concerne. (22 heures)
Pour la participation aux organismes internationaux, je dois dire qu'il
n'y a pas strictement de budget affecté à l'aide à des
organismes internationaux comme tels. Ce qu'on a fait, c'est une série
de subventions. Là-dessus, ce n'était pas directement sauf
peut-être un ou deux cas dans notre budget. C'était une
demande du ministère de l'Immigration au Conseil du trésor par le
biais du bureau du premier ministre pour, effectivement, faire un certain
nombre de dons selon les situations de détresse. C'est la raison pour
laquelle j'étais tellement heureux de pouvoir, l'année prochaine,
j'espère, ou au cours des prochaines années, avoir un budget
précis à ce titre. Nous aurons un budget de $500 000 à
partir de maintenant affecté au ministère de l'Immigration pour
répondre à des situations de détresse, mais pour
l'année précédente, je peux vous rappeler qu'il y a eu $25
000 donnés au Nicaragua, $15 000 au Vietnam pour les victimes des
inondations, $25 000 à l'Italie pour la reconstruction de la zone
sinistrée du Frioul, $25 000 au fonds Jean-Paul 1er pour les victimes de
la guerre du Liban, $100 000 au Haut-Commissariat des Nations Unies
c'est là qu'était l'organisme international, pour répondre
à votre question pour les enfants réfugiés
d'Afrique, $100 000, à la Croix-Rouge internationale, pour les victimes
des événements du Cambodge.
M. Cordeau: ... c'est de combien, à peu près? M.
Couture: C'est de $290 000, je pense.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Seulement une autre question. Avant de la poser, je
voulais seulement faire une remarque sur la réponse simpliste du
député de Chauveau dans laquelle naturellement le ministre de
l'Immigration est obligé de il y a concouru, parce qu'il n'avait
pas le choix dire qu'on reçoit les $10 millions du
fédéral, on reçoit seulement nos impôts. Je voudrais
le référer à son ministre des Finances qui a admis que,
pour l'année 1979, on a reçu $3 milliards de plus qu'on a
payés en taxes du fédéral. Ce n'est pas une question de
recevoir nos propres impôts.
M. O'Neill: Un petit débat là-dessus tout de suite?
Je peux vous en faire un.
M. Ciaccia: C'est une réponse un peu simpliste. Ce n'est
pas à lui que j'adressais la question, de toute façon, c'est au
ministre. Je ne voudrais pas qu'il se prenne pour un autre.
Pour terminer, vous avez dans votre budget des occasionnels, pour
1979-1980, $920 000...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mont-Royal, me permettez-vous d'appeler le programme 1 ?
M. Ciaccia: Oui.
M. O'Neill: Sur des remarques générales, M. le
Président.
Immigration
Le Président (M. Boucher): J'appelle le programme 1. Vous
posez votre question sur le programme 1 pour qu'on puisse l'adopter.
M. O'Neill: M. le Président, un instant! Sur la
procédure, je veux savoir si on peut faire une remarque
générale. J'ai un commentaire à faire sur ce qu'il a dit.
S'il veut embarquer dans ce débat, on va embarquer ensemble.
Le Président (M. Boucher): C'est la même chose. Vous
aurez la parole, M. le député de Chauveau, après le
député de Mont-Royal.
M. O'Neill: J'ai d'ailleurs une question à lui poser. J'ai
besoin d'un éclaircissement qu'il va sûrement me donner.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mont-Royal, vous pouvez continuer.
M. Ciaccia: Au programme 1, les occasionnels en 1979-1980, vous
aviez $920 000, et je remarque dans le budget 1980-1981 que les occasionnels
ont augmenté à $3 455 000. Est-ce que vous pouvez nous expliquer
cette augmentation? C'est une augmentation de 275%.
M. Couture: Chez les occasionnels? L'explication est fort simple.
J'espère qu'elle sera satisfaisante pour le député de
Mont-Royal. Le mouvement des réfugiés indochinois, c'est un
mouvement spécial qui, par définition, est un peu provisoire,
parce qu'on souhaite qu'il n'en ait pas tous les ans, mais hélas! la
situation internationale parfois nous réserve des surprises
malheureuses. Donc, ce mouvement spécial d'accueil des
réfugiés indochinois nous permettait d'ouvrir un certain nombre
de postes occasionnels pour répondre à cette demande.
Je pense que le Conseil du trésor, avec raison, ne pouvait pas
nous accorder des postes permanents pour un programme qui était par
définition provisoire. La plupart des postes occasionnels qui sont
assignés dans notre budget actuel, dans la description de nos effectifs
additionnels, c'est justement pour répondre à ce programme soit
dans les COFI, soit dans l'accueil aux réfugiés.
M. Ciaccia: Dans les COFI, est-ce qu'il y a une limite de temps
pour ceux qui ont droit aux services des COFI? Par exemple, si un immigrant est
ici pour plus d'un an ou deux, est-ce qu'il y a une limite après
laquelle il ne peut pas obtenir soit l'enseignement de la langue ou les
services des COFI, est-ce que vous limitez cela?
M. Couture: Le programme fédéral prévu par
la FPA, c'est un programme de trente semaines. Je dois dire qu'il y a des cas
je pense que le sous-ministre à la formation pourrait confirmer
cela dans l'étude des dossiers, il y a des cas parfois difficiles
on peut dire exceptionnels, où, pour toute autre raison, un candidat, un
immigrant a d'énormes difficultés à apprendre la langue et
les trente semaines ne suffisent pas. Nous sommes témoins qu'il y a des
cas, effectivement, où on peut prolonger son séjour au COFI, mais
le cadre général maximum, c'est trente semaines.
M. Ciaccia: Est-ce qu'il est admissible? Est-ce qu'il perd son
admissibilité au COFI s'il est plus qu'un certain temps?
Comprenez-vous?
M. Couture: L'objectif, enfin, la réponse exacte est que,
quand une personne n'est pas encore citoyenne dans les trois années,
elle peut avoir droit à des cours, selon l'évaluation faite par
les conseillers à la main-d'oeuvre, parce que la loi de la FPA est assez
claire là-dessus: l'apprentissage de la langue est un instrument pour
aller sur le marché du travail. Donc, tant qu'il n'a pas cet
apprentissage satisfaisant de la langue, il est admissible s'il n'a pas sa
citoyenneté.
M. Ciaccia: Alors, il y a accès aussi longtemps qu'il
n'est pas citoyen.
M. Couture: II y a une marge de trois ans. M. Cordeau:
J'ai une question concernant... M. O'Neill: J'avais demandé
la parole avant.
Le Président (M. Boucher): Après le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Concernant les services à l'étranger.
Je crois que, l'an passé, vous avez eu quinze postes accordés, en
1979-1980, et, dans le présent budget, vingt autres postes vous sont
accordés. Dans quels pays ou quels secteurs du continent, voulez-vous
développer ces services en 1980-1981, étant donné qu'il y
a vingt postes additionnels qui vous sont accordés?
M. Couture: C'est surtout en Asie du Sud-Est. On ne s'entendra
peut-être pas véritablement sur ces vingt postes. Il y a un jeu de
transfert de postes là-dedans, mais les postes nouveaux pour les
services à l'étranger, pour ce qui concerne vraiment les
régions dans toutes les parties du monde, nous avons surtout
augmenté notre présence en Asie du Sud-Est pour les raisons
évidentes du mouvement spécial de réfugiés
indochinois, par exemple à Singapour, à Bangkok. Nous avons non
seulement des postes nouveaux, mais aussi des missions qui partent de
Montréal pour aller aider à la sélection des
réfugiés. Pour le reste, l'ensemble des postes à
l'étranger et des missions à l'étranger sont
déjà en place depuis un an. On en a en Europe, on en a au
Moyen-Orient, on en a en Asie, dans toutes les parties du monde où ils
peuvent, de leur poste, aller en mission. Les postes nouveaux ont surtout
été accordés pour le service à Montréal
parce qu'avec la nouvelle entente que j'ai signée avec le
fédéral, nous avons maintenant la juridiction sur
l'évaluation des garants; pour tous ceux qui, ici au Québec,
désignent des membres de leur famille pour leur venue au Québec,
nous faisons nous-mêmes l'évaluation.
Nous donnons la validation d'emploi pour les travailleurs temporaires.
Nous faisons aussi l'évaluation pour les étudiants
étrangers.
Donc, cela a commandé une série d'interventions sur place
qui nous ont effectivement entraînés à demander de nouveaux
postes, mais ils ont été accordés à Montréal
même. A l'étranger, c'est seulement dans l'Asie du Sud-Est qu'on a
augmenté notre présence.
M. Cordeau: C'est parce que j'ai pris ces informations dans les
renseignements supplémentaires des crédits, où on lit: "II
se voit en outre accorder, suite aux nouvelles responsabilités qui lui
sont dévolues en matière de sélection des immigrants, 20
postes additionnels à la direction des services à
l'étranger, en plus des quinze accordés à la fin de
l'année 1979-1980". C'est pour ça que j'ai employé:
"services aux étangers", étant donné que c'était
écrit dans... Oui, parfait.
M. Couture: C'est ça, c'est pour répondre à
ces responsabilités d'interventions à Montréal surtout. Il
y a le poste de Lisbonne qui est ouvert, évidemment. Mais c'est surtout
à Montréal que ça s'est fait.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Chauveau. (22 h 10)
M. O'Neill: Je ferai d'abord une remarque qui est un peu en marge
du débat, mais, étant donné qu'elle suit le commentaire
simpliste du député de Mont-Royal, je vais quand même me
permettre de la faire. Je veux simplement lui rappeler l'explication que le
ministre des Finances a donnée à plusieurs reprises concernant...
La presque totalité des provinces canadiennes actuellement
reçoivent plus qu'elles ne donnent parce que le fédéral
finance ces subventions à même des emprunts qu'il fait et que nous
aurons à payer plus tard. Donc, ça ne change absolument rien au
problème, puisque c'est une cession spéciale qui est due à
la crise du pétrole. Cela a été expliqué dix fois
ou quinze fois, mais il semble que ça ne suffit pas encore au
député de Mont-Royal.
Je voudrais, deuxièmement, lui poser une question quand
même, parce qu'il y a quelque chose qui m'intrigue dans ses propos. A
plusieurs reprises, ce soir, il a insisté beaucoup sur le
problème des entrées et des sorties, des gens qui sont en transit
et qui vont ailleurs, des gens qui quittent le Québec, qui quittent plus
nombreux qu'ils ne quittaient autrefois, etc. Je voudrais simplement lui
demander, pour notre propre éclairage, ce qu'il veut prouver avec
ça exactement. Quelle est la preuve?
M. Ciaccia: Premièrement, M. le Président, il
devrait adresser ses questions au ministre puisque ce sont les crédits
du ministre de l'Immigration; ce ne sont pas les crédits de l'Opposition
officielle.
M. O'Neill: Remarquez que s'il ne veut pas répondre, cela
ne me fait rien.
M. Ciaccia: Nous ne sommes pas ici pour défendre les
crédits. Deuxièmement... Ce n'est pas la question que je ne veux
pas répondre.
M. O'Neill: Cela vous embête.
M. Ciaccia: Cela ne m'embête pas du tout, c'est parce que
vous ne comprenez pas. Je vous ai cité des chiffres et j'ai
demandé au ministre...
M. O'Neill: Qu'est-ce que vous voulez prouver avec cela? Prouver
que ça va mal au Québec? C'est cela?
M. Ciaccia: Si vous aviez écouté... Est-ce qu'il
serait trop tard pour lui?
M. O'Neill: Prouver que ça va mal au Québec! C'est
bien vous, cela! C'est bien l'Opposition officielle, anti-Québec,
allez!
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, cela
allait bien tantôt.
M. Ciaccia: On est anti-Québec quand on pose des
questions, M. le Président. Quand j'ai posé des questions au
ministre c'était anti-Québec. Il faudrait être d'accord.
L'ex-ministre des Communications, le député de Chauveau semble
prendre l'attitude où à la minute que quelqu'un n'est pas
d'accord sur ses idées, on est anti-Québec. Je pense qu'il y a
beaucoup de gens dans votre gouvernement qui ne partagent pas cela.
M. O'Neill: Dites donc ce que vous vouliez prouver. Allez donc au
fond de votre pensée. Ayez donc le courage de dire carrément ce
que vous insinuez depuis une demi-heure.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, est-ce
qu'on pourrait revenir aux crédits sur le programme 1?
M. Ciaccia: Oui, ce serait une bonne idée. Je ne sais pas
ce qu'il a mangé pour souper.
M. O'Neill: Ayez donc le courage de dire carrément ce que
vous insinuez, ce sera un peu plus honnête.
M. Ciaccia: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Boucher): Non, ça allait bien
tantôt, pourquoi est-ce qu'on...
M. Couture: Est-ce que je pourrais demander l'approbation des
crédits?
M. Ciaccia: Un instant. Quand on parle d'honnêteté,
je pense que je n'ai aucune leçon à prendre du
député de Chauveau.
M. O'Neill: Cela ne vous ferait pas de tort.
Le Président (M. Boucher): II n'y a pas de question de
privilège en commission.
M. Ciaccia: J'ai cité des chiffres, j'ai demandé au
ministre et il m'a donné une certaine réponse. S'il avait
écouté la question que j'ai posée par rapport à ces
chiffres, je pense que le député de Chauveau n'aurait pas
grimpé dans les rideaux et il aurait compris ce que je demandais au
ministre. Si vous dites que cela ne va pas bien au Québec,
vous l'avez dit vous-même. Ce n'est pas moi qui l'ai dit.
Nous sommes prêts à accepter le programme 1, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Alors, le programme 1 est
adopté.
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Étant donné qu'il
n'y a pas d'autre programme...
M. Ciaccia: Attendez, excusez-moi, l'élément 1 du
programme 1. Je voulais poser une question sur l'adaptation. Juste une
question.
Le Président (M. Boucher): Dans la discussion actuelle,
j'ai présidé ce matin les crédits du ministère de
la Fonction publique et on discutait tout simplement le programme et on
adoptait le programme comme tel et non pas élément par
élément.
M. Ciaccia: Alors, je vais poser seulement une question au
ministre. Dans l'adaptation, vous avez, dans votre rapport, dans la
documentation que vous nous avez présentée, certains services que
vous appelez "le service de relation avec les groupes, terminologie
provisoire." Vous donnez une liste de quatre programmes. Le programme d'aide au
fonctionnement des organismes, le programme d'activités d'adaptation, le
programme d'activités ethniques et programme des langues ethniques.
Est-ce que vous avez des budgets pour chacun de ces programmes?
M. Couture: Oui, oui.
M. Ciaccia: Est-ce que vous les avez pour qu'on...
M. Couture: II y a un budget global qui est
décomposé, décortiqué, selon ces programmes. Si
vous me donnez deux minutes, je vais retrouver mes...
Je peux vous dire, pour les langues ethniques de mémoire
que nous avons $144 000 affectés au programme des langues
ethniques, il y a $545 000 pour l'aide au fonctionnement. Évidemment, ce
sont les subventions données aux organismes ethniques ou
québécois qui prolongent le travail du ministère dans
l'adaptation des immigrants.
M. Ciaccia: $144 000 pour le programme des langues ethniques,
où se situe ce programme? Dans les COFI, dans le...
M. Couture: C'est un programme qui est administré par le
ministère.
M. Ciaccia: De l'éducation?
M. Couture: Non, de notre ministère à nous.
M. Ciaccia: Où donnez-vous...
M. Couture: C'est-à-dire que le programme des langues
ethniques, nous fournissons le matériel, les locaux, pour permettre aux
organismes ethniques, dans le prolongement ou l'application d'une disposition
de notre loi le ministre doit maintenir et développer les
coutumes ethniques nous offrons la possibilité aux organismes
ethniques d'enseigner la langue d'origine à leurs ressortissants.
M. Ciaccia: Est-ce que ce sont des subventions que vous donnez
à différents...
M. Couture: Ce sont des subventions. M. Ciaccia: Des
subventions.
M. Couture: Et on a une série, je pense que c'est une
vingtaine... 44 organismes qui sont aidés de cette façon, mais
les ethnies... il y a 35 langues enseignées.
M. Cordeau: Une question, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: A la page 16-2, on y voit, Fournitures; il y a $100
000 de plus, est-ce que vous pourriez nous donner des détails?
M. Couture: Dans le ministère?
M. Cordeau: Oui, l'an passé, vous aviez $290 000 et cette
année, $392 000. Je ne sais pas si vous avez englobé d'autres
dépenses à l'intérieur de cet élément.
M. Couture: Comme il y a deux COFI de plus à
Montréal, cela augmente les besoins en fournitures scolaires. Cela
couvre ce montant.
M. Ciaccia: J'aurais une autre petite question.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Dans la liste des COFI, vous avez le COFI Yvette
Charpentier. Est-ce qu'il a été nommé en l'honneur du
ministre à la Condition féminine ou du Conseil du statut de la
femme?
M. Couture: C'est un nom qui est choisi depuis plusieurs
mois.
M. Ciaccia: Merci.
M. Couture: D'ailleurs, je suis très fier de ce nom. C'est
une syndicaliste qui a travaillé beaucoup pour les travailleurs
immigrants.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que le programme 1 est
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Les
crédits du ministère de l'Immigration sont donc adoptés.
Je prierais le rapporteur de la commission d'en faire rapport à
l'Assemblée nationale au nom des membres de la commission. Je remercie
tous les participants pour leur collaboration.
La commission ajourne ses travaux sine die.
Fin de la séance à 20 h 18