Journal des débats de la Commission des institutions
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mardi 28 janvier 2025
-
Vol. 47 N° 98
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 88, Loi modifiant la Loi concernant le régime de négociation des conventions collectives et de règlement des différends dans le secteur municipal
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9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures quarante-six minutes)
Le Président (M.
Bachand) :Bonjour, tout le monde. À l'ordre,
s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission des institutions ouverte. La commission est réunie afin d'entreprendre
les consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n°
88, Loi modifiant la Loi concernant le régime de négociation des conventions
collectives et de règlement des différends dans le secteur municipal. Avant de
débuter, M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Maccarone (Westmount-Saint-Louis) est remplacée par Mme Cadet
(Bourassa-Sauvé); et M. Zanetti (Jean-Lesage) est remplacé par Mme Labrie
(Sherbrooke).
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Donc, avant de
débuter les remarques préliminaires, je vous avise que nous allons entendre
deux groupes ce matin, soit le Conseil provincial du secteur incendie
(SPQ-SCFP) et la Fédération des policiers et policières municipaux du Québec.
Donc, aux remarques préliminaires, M. le ministre du Travail, vous avez six
minutes. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Boulet : Merci, M. le
Président. D'abord...
M. Boulet : ...bienvenue à
tout le monde, à vous, M. le Président, aux collègues gouvernementaux, aux
collègues des partis d'opposition. Je ne reconnais pas la collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve, mais il est... il va revenir, je le sais, écoutez,
puis je vous souhaite un bon début d'année, un bon retour, un début de session
parlementaire qui s'annonce quand même assez actif, intensif à bien des égards,
non seulement au Québec, mais au Canada puis à l'échelle internationale.
Et là, ce matin, on va commencer un traité
d'un projet de loi qui fait des modifications au régime de négociation
collective des conventions collectives des policiers, pompiers... policières...
et pompières et pompiers qui sont à l'emploi des municipalités du Québec. Bien
évidemment, vous le savez, il y a un article spécifique du Code du travail qui
ne leur permet pas d'avoir accès au droit de grève. En contrepartie, ils ont
accès à un mécanisme qu'on appelle indépendant, adéquat et efficace pour
dénouer les impasses. Et ce mécanisme-là, qu'on appelait un conseil de
règlement des différends, a fait l'objet de contestations de la part de trois
associations syndicales en raison du choix et du processus de constitution de
ce Conseil règlement des différends. Et il y a eu une décision de la Cour
supérieure qui a été rendue en 2021. Il y a eu un appel à la Cour d'appel du
Québec. Il y a une décision qui a été rendue le 28 ou 29 août 2024 et qui
considère inconstitutionnel un certain nombre d'articles et qui donne un délai
de six mois de suspension pour s'assurer de corriger les articles.
Donc, le projet de loi essentiellement il
crée un mécanisme d'arbitrage de différends. C'est le même que celui qui existe
dans le Code du travail du Québec, où il y aura constitution d'une liste
d'arbitrage... d'arbitres qui seraient adéquats pour entendre des différends
pour les policiers et les pompiers. Cette liste-là serait constituée après
consultation des organismes et des associations pertinentes. Il y aurait
évidemment des arbitres qui proviendraient de la liste du Comité consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre. Il y aurait possibilité, si les parties le
souhaitent, d'avoir un assesseur. À défaut d'entente sur l'identité d'un
arbitre, c'est le ministre du Travail qui nommerait ledit arbitre. Et
évidemment, on a un impératif de temps. Il faut s'assurer, avant la fin
février, de répondre aux instructions judiciaires et s'assurer qu'il y ait un
mécanisme pour éviter que des groupes soient laissés dans le vide, donc jetant
un certain discrédit sur le fonctionnement des institutions municipales et réduisant
de façon considérable le rapport de force des syndicats qui sont impliqués dans
de telles négociations.
Donc, en fait, c'est un projet de loi que
je suis heureux de porter. C'est un projet de loi en relation de travail. C'est
des consultations particulières. Soyez assurés qu'on va vous écouter. Je me
fais dire... Je n'ai malheureusement pas pris connaissance du mémoire. On vient
de le recevoir ce matin. On va vous écouter. S'il y a des questions ou des
échanges, on va pouvoir les faire. Et, après ça, on va faire la réflexion qui
s'impose pour déterminer s'il y aura des amendements à apporter à ce projet de
loi là. Donc, merci à tout le monde et bon début de commission, M. le
Président.
• (9 h 50) •
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le ministre.
Donc, je cède maintenant la parole à la députée de Bourassa-Sauvé pour une
durée de trois minutes 36 secondes.
Mme Cadet : Merci, M. le
Président. Merci. Bonjour à vous. Bonjour, chers collègues, bonjour, M. le ministre,
ainsi que nos invités et ceux qui sont en arrière, donc très nombreux à
vouloir, donc, entendre nos délibérations, ainsi que les consultations
particulières, donc, sur le projet de loi n° 88, Loi modifiant la Loi
concernant le régime de négociation des conventions collectives et de règlement
des différends dans le secteur municipal.
Je pense que mes remarques préliminaires,
donc, sont sensiblement, donc, les mêmes que celles que vient de prononcer M.
le ministre, donc, quant à l'historique, donc, qui nous mène ici. Donc, les
décisions de la Cour supérieure et de la Cour d'appel, donc... a été rendue le
29 août 2024, donc, qui nous octroyait, donc, un délai de six mois pour
modifier les dispositions entourant le Conseil de règlement des différends. Je
pense qu'en 2016, donc, plusieurs des groupes ou plusieurs des intervenants qui
sont ici, donc, ont eu...
Mme Cadet : ...ont eu
l'occasion, donc, de débattre à l'occasion de l'adoption du projet de loi n° 110. Aujourd'hui, donc, nous en sommes, donc, à faire,
donc, des modifications, donc, qui nous ramènerait, donc, au niveau du choix,
donc... en fait, donc, des procédures, donc, liées au régime d'arbitrage qui
nous ramènerait à ce que nous avions connu auparavant.
J'ajouterais tout simplement, en fait, M.
le Président, de notre côté, donc, dans notre aide-parlementaire, donc, nous
allons être à l'écoute des différents groupes qui, en fait, viendront en
commission parlementaire à l'occasion de ces consultations particulières.
Également, nous avons pris connaissance, donc, de quelques mémoires, donc,
supplémentaires et on a eu la chance, donc, d'échanger aussi afin de nous
permettre, donc, d'être bien au fait des différents enjeux qui vous
tarauderont. Comme l'a mentionné M. le ministre, donc, effectivement... le
mémoire, il est tout chaud, et donc sous impression en ce moment, on n'a pas eu
l'occasion d'en prendre connaissance, mais sachez, premier groupe, que nous
vous écouterons avec énormément d'attention, nous aurons beaucoup de questions.
C'est un projet de loi qui, à sa face même, donc, semble relativement mince,
mais je suis certaine que vous aurez des propos intéressants, donc, à nous
faire, à nous partager, à nous faire parvenir. Et dans ce cadre-là, nous nous
assurerons de demeure à l'écoute. Merci beaucoup.
Le Président (M.
Bachand) :Merci infiniment. Mme la
députée de Sherbrooke. Pour 1 min 12 s, s'il vous plaît.
Mme Labrie : Merci, M. le
Président. Bien, très brièvement, bonjour, tout le monde, contente de me
joindre à vous aujourd'hui en remplacement de mon collègue. Comme ça a été
mentionné, c'est un projet de loi qui est là pour se conformer à un jugement de
la cour. Donc, nous, on va être très à l'écoute. On espère que le résultat du
projet de loi qui sera adopté va nous permettre non seulement de se conformer à
ce jugement-là et à tous les éléments du jugement, mais aussi d'assurer un
appui de la part de toutes les personnes concernées puis d'éviter d'éventuelles
nouvelles contestations, là, sur le processus. Donc, je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
Jean-Talon pour une petite minute.
M. Paradis : Merci beaucoup.
Bonne rentrée parlementaire à toutes et à tous. J'aimerais saluer l'initiative
du ministre de répondre favorablement à l'appel des tribunaux. Et à une époque
où ce qui se passe au sud de la frontière soulève des inquiétudes quant à la
force de nos institutions, j'aimerais quand même souligner que nous sommes ici
aujourd'hui réunis à la suite d'un sain dialogue entre la partie judiciaire de
notre État et la partie gouvernementale. Le gouvernement précédent a mis en
place un système qui a été contesté vigoureusement par les parties syndicales.
La cour a rendu une décision et, aujourd'hui, nous y répondons avec une
nouvelle solution proposée par le ministre. Je trouve que ça démontre quand
même que les bases de notre système sont saines. Aujourd'hui, c'est important
de le rappeler, on va être à l'écoute pour voir s'il y a des éléments à
travailler dans cette proposition du ministre. Bonne commission à tout le
monde. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le député.
Donc, on est rendu aux auditions. Alors, encore une fois, ça fait plaisir
d'accueillir les représentants du Conseil provincial du secteur incendie. Merci
beaucoup d'être en personne avec nous en cette belle journée hivernale.
Alors, comme vous le savez, vous avez
10 minutes de présentation. Après ça, on aura un échange avec les membres
de la commission. Donc, la parole est à vous. Merci beaucoup.
M. Gloutney (Patrick) : Bien,
merci, M. le Président. Merci, M. le ministre, mesdames les députées et
messieurs les députés, merci beaucoup de votre attention et les membres de la
commission d'être avec nous.
Le Conseil provincial de secteur
d'incendie représenté... ça représente le Syndicat des pompiers et pompières du
Québec au sein du Syndicat canadien de la fonction publique. On représente plus
de 3 800 pompières et pompiers répartis dans plus de 120 villes
et municipalités au Québec. Le SFP Québec, le SPQ représente... pour les
besoins de la cause, SPQ, Syndicat des pompiers du Québec, ça va être plus
facile pour l'abréviation, représente les pompiers et pompières permanents à
temps partiel, temporaires et préventionnistes.
Les personnes salariées représentant le
SPQ vivent des réalités différentes d'une section locale à l'autre, étant donné
la composition hétérogène de leur groupe. J'aimerais rappeler à la commission
que le Syndicat de la fonction publique au Québec est le plus grand syndicat
affilié au sein de la Fédération des travailleurs du Québec, soit la FTQ. On
représente plus de 140 000 membres au Québec et, surtout, on est très
fier, on est présent partout au Québec et au service de la population. On
oeuvre dans 12 domaines d'activité, les affaires sociales, l'éducation,
l'énergie municipale, services d'incendie et transports terrestres, transports
aériens, transports maritimes, dans le secteur universitaire, des
communications, secteur mixte et, le dernier et non le moindre, les sociétés
d'État et organismes publics.
Présenté le 6 décembre dernier par le
ministre du Travail, le projet de loi n° 88 corrige
l'atteinte portée au droit d'association par la loi n° 24,
confirmée par le juge Lukasz Granosik en Cour supérieure le 5 octobre
2021. D'entrée de jeu, notre syndicat estime que l'article 4 du...
M. Gloutney (Patrick) : ...du
projet de loi, abrogeant le Conseil de règlement de différends et, par le fait
même, les disposant... les dispositions entourant sa constitution, règle en
partie le problème. Le SCFP-Québec et le SPQ, comme vous l'avez mentionné,
avaient dénoncé de manière très brutale le projet de loi n° 110, présenté le 10
juin 2016 par Martin Coiteux, ministre des Affaires municipales et de
l'Occupation du territoire à l'époque. Dès qu'il fut sanctionné, nous avons
d'ailleurs annoncé que nos organisations syndicales allaient le contester, et
c'est ce qu'on a fait.
Les résultats de notre contestation ont
porté fruit. La Cour aura invalidé certaines dispositions relatives notamment
au rôle et au fonctionnement du CRD, Conseil de règlement de différends, et
nous félicitons donc le ministre du Travail pour son travail, qui permettra
enfin de corriger cette atteinte. Cela dit, nous allons soumettre au ministre
trois recommandations de modifications qui pourraient faire en sorte
d'optimiser le régime de négociation des pompiers apportant des changements
mineurs au projet de loi.
Le projet de loi n° 88 ne modifie pas les
périodes de médiation obligatoire à la demande de l'une ou l'autre des parties.
Nous estimons cela souhaitable, et notre compréhension est qu'à l'article 4...
demeure inchangé. Ça permettra toujours à l'une et l'autre des parties d'envoyer
un avis au ministre les informant que 240 jours se sont écoulés depuis le début
de la phase de négociation. Sur réception de l'avis, un médiateur est nommé,
rendant ainsi la médiation de 60 jours obligatoire. L'article 6 prévoit aussi
une période supplémentaire de 60 jours si les deux parties demandent... le
demandent conjointement. Tel que mentionné dans notre mémoire, vous pourrez
constater au diagramme que ça résume très bien le processus. Mis à part le fait
que l'expression «ministre responsable de l'application du code» sera remplacée
par «le ministre du Travail», avec le projet de loi n° 88, nous comprenons que
cette médiation obligatoire demeure, et c'est ce que nous appuyons.
Par précaution, nous tenons à clarifier
l'interprétation du passage de l'article 5 de la loi : «Le ministre peut
agir de son propre chef s'il n'a aucun avis le 15ᵉ jour suivant celui de
l'expiration de l'un ou l'autre des délais prévus à cet article, selon lui, qui
est applicable.» Notre compréhension est qu'en l'absence de l'envoi d'un avis
par l'une ou l'autre des parties, le ministre n'interviendra pas et déférera le
différend au médiateur arbitre. Ça permettrait ainsi à la phase de médiation,
arbitrage subséquente de demeurer.
Cela dit, le SPQ demande au ministre du Travail
d'introduire à l'article 6 de la loi des régimes de négociation de conventions
collectives que les parties se rencontrent obligatoirement pour un minimum de
cinq séances de médiation afin d'inciter celles-ci à la bonne foi. Selon nos
sections locales et les témoignages rapportés par nos membres, certains
employeurs useraient de moyens dilatoires, nuisant ainsi à l'atteinte efficace
d'un règlement. Bien que le Code du travail prévoie déjà que la négociation
doit se faire de façon diligente et de bonne foi, on considère que ça va être
un incitatif supplémentaire convaincant. Notre première recommandation :
qu'une disposition rendant obligatoire la participation à un minimum de cinq
séances de médiation, si l'une ou l'autre des parties le demande, soit ajoutée
à l'article 6.
Nous réitérons notre appui au ministère...
au ministre du Travail, qui a comme objectif avec le projet de loi n° 88 de
remplacer l'intitulé «Conseil de règlement de différends» de la section III, ce
qui est pour nous un incontournable. Nous demandons cependant de mettre en
place les modifications qui étaient suggérées par le comité Therrien-Morency,
tel que demandé en 2016 par le SPQ lors de son passage en commission
parlementaire pour le projet de loi n° 110 en ce qui a trait à la médiation
arbitrage. Notre vision a évolué sur la médiation obligatoire, et, après avoir
expérimenté un certain succès, nous estimons que ce genre de mécanisme
contribue à l'atteinte de règlements négociés de façon satisfaisante.
• (10 heures) •
Cela dit, nous croyons au... terme
d'«arbitrage de différends», il devrait être remplacé par l'intitulé... le
processus suivant : médiation, arbitrage. Les sections locales du SPQ
reconnaissent qu'une médiation permettrait de régler certains points et d'en
laisser d'autres plus litigieux... et d'être tranchés par un médiateur arbitre.
En rendant obligatoire cette médiation arbitrage, qui est facultative avant
l'abrogation de la loi n° 24 de 2016 des articles 97 et 99.1.1 du Code du
travail et en limitant sa durée à neuf mois, une sentence rendue uniquement sur
les points en litige permettrait de régler les différends efficacement.
Précisons que dans le cas où aucune partie n'a demandé la médiation à l'étape
précédente, celle-ci n'aura pas à avoir lieu.
L'article 20 du projet de loi n° 88
prévoit qu'à défaut d'une entente à la période de médiation, un rapport du
médiateur dans lequel on indique les matières qui ont fait l'objet d'un...
10 h (version non révisée)
M. Gloutney (Patrick) : ...encore,
et celles qui ont fait l'objet d'un différend seront remises au ministre du
Travail. Ce rapport, bien entendu, sera remis au médiateur arbitre choisi pour
la médiation, arbitrage rendant le processus beaucoup plus rapide et efficace
puisqu'un certain élagage des différends aura déjà été fait. Mentionnons que le
médiateur arbitre rendra... rendrait une décision sentence... une sentence,
pardonnez-moi, uniquement sur les points en litige, tel que prévu avant 2016 à
l'article 99.4 du Code. Les articles 97 et 99.1.1 et 99.4 ont inspiré
le ministre dans la rédaction de l'article six pour le projet de loi n° 88.
Nous jugeons essentiel que les critères utilisés par le médiateur arbitre pour
rendre sa sentence devraient être prévus au Code du travail avant que le
ministre des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire ne les
modifie en 2016 de manière inessentielle.
Le SPQ appuie les modifications apportées
par le ministre du Travail à la loi 24 du gouvernement de l'époque, mais qu'on
demande qu'on retire les critères pour lesquels il n'y a pas de valeur ajoutée
ni pour les contribuables ni pour les membres que nous représentons.
Notre deuxième recommandation, dans la
suite de médiations obligatoires et infructueuses ou qu'en l'absence de
celles-ci, qu'un processus de médiation arbitrage obligatoire s'enclenche à
partir des mêmes mécanismes prévus au Code en vertu des articles 97 et
99.1 et 99.4 avant l'abrogation de la loi en 2024... en 2016, pardonnez-moi.
Que les critères économiques... notre
troisième recommandation, et la dernière, que les critères économiques de l'article 17
de la Loi concernant le régime de négociation de conventions collectives et de
règlement des différends dans le secteur municipal soient remplacés par les
critères de l'article 99.5 du Code avant qu'il ne soit abrogé par la loi 24
en 2016.
En conclusion, M. le Président, le SPQ
reconnaît que le projet de loi n° 88 permettra de clore un affrontement
qui a duré plus d'une décennie et qui a créé des vives tensions dans le monde
des relations de travail dans le secteur municipal. Nous ne sommes pas dupes,
le parti qui était au pouvoir à l'époque voulait acculer au pied du mur les
mouvements sociaux, réformer les lois du travail et affaiblir les régimes de
retraite à prestations déterminées pour des raisons obscures. Nous souhaitons
qu'une page se tourne définitivement pour le secteur municipal. Et vous pouvez
compter sur l'appui du SPQ et du SFP Québec.
Nous souhaitons conclure sur une... ce
court mémoire sur une note positive. Nous sommes conscients que le ministre du
Travail en a fait plus que la Cour supérieure du Québec demandait, notamment en
ce qui a trait aux assesseurs ou à la confection des listes, et nous en sommes
très reconnaissants. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup pour votre
présentation. Donc, on va débuter la période d'échange avec la partie
gouvernementale pour un maximum de 17 minutes. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Boulet : Oui, merci, M. le
Président. Bien, Patrick, c'est une excellente présentation, un beau mémoire,
qui est concis, avec un nombre limité de recommandations qui confirment que les
orientations de ce projet de loi sont les bonnes.
Évidemment, vous faites référence aux
critères économiques que vous voudriez voir remplacer par le critère qui est à
99.5, là, j'imagine, les conditions de travail dans des entreprises semblables.
Et vous savez que le critère économique était précieux pour le secteur
municipal. En fait, il réfère à la situation financière et fiscale de la
municipalité concernée puis de l'impact de la décision sur celle-ci, là, et
leurs contribuables. Ça, ça n'a pas été déclaré incorrect par la cour. Ça, ça a
été maintenu. Mais, ce que vous dites, Patrick, c'est que vous souhaiteriez que
le critère plus général qui existe soit celui que nous adoptions plutôt que
celui qu'il y a dans la loi actuelle.
M. Gloutney (Patrick) : Effectivement.
Parce que, si on regarde les comparables, puis si je me souviens, au projet de
loi n° 24, je résume ça en quelques phrases, ça nous ramenait aux
augmentations de salaire prévues à la fonction publique. Mais comment est-ce qu'on
peut avoir des comparables avec la fonction publique lorsqu'on est en
négociation avec des pompiers et des pompières et des policiers aussi?
M. Boulet : Oui. En même
temps, ça demeure des critères objectifs à considérer, les augmentations qui
ont été consenties dans la fonction publique. Mais je comprends la demande,
Patrick, là. Je voulais juste être sûr de m'assurer que c'était ce que vous
souhaitiez.
Autre recommandation. Vous dites : La
médiation que nous avons dans notre processus, vous souhaiteriez qu'il y ait un
nombre minimal de rencontres, vous référez à cinq.
M. Gloutney (Patrick) : Tout
à fait.
M. Boulet : Est-ce que...
Parce que la participation des parties est parfois asymétrique à ces rencontres
de médiation là. Il y a une partie qui...
M. Boulet : ...qui veut plus,
il y a une partie qui veut moins. Est-ce que d'imposer un nombre minimal, ce
n'est pas d'alourdir le processus de médiation?
M. Côté (Sylvain) : Si vous
permettez, M. le ministre...
M. Boulet : Je vous permets
tout, vous.
M. Côté (Sylvain) : Merci,
merci. Je vais voir, à la suite de notre discussion, si vous acceptez tout.
M. Boulet : Non.
M. Côté (Sylvain) : Mais
c'est juste pour vous dire qu'à Sept-Îles j'ai eu un exemple de médiation qui a
été, somme toute... à laquelle j'ai participé comme conseiller syndical, à
l'époque, en 2021, et la ville a demandé la médiation en ne nous avisant pas.
Et, étant donné que c'était, à l'époque, des pompiers temps partiel, c'était
compliqué pour eux de se libérer de leur travail principal, et on a dû négocier
les fins de semaine, avec le... le travail-famille, et tout ça. On a réussi, au
bout de deux séances de 60 jours, mais ça a été comme poussé dans la gorge un
peu, et le nombre minimal de cinq séances vient ajouter quelque chose pour dire
à l'employeur : Bien, écoute, on va se déplacer quand même, mais, au
moins, ça nous prend cinq séances par 60 jours.
L'autre aspect, c'est, quand on a réussi à
avoir une entente de principe avec la médiatrice qui était là, à l'époque, qui
a fait un travail exceptionnel, des dizaines de griefs ont plu sur la ville,
parce que les textes n'étaient pas concluants. Donc, c'est... c'est ce travail
qu'on veut faire, mais d'optimiser les rencontres pour arriver à un résultat
qui va nous éviter de tomber en grief par la suite, parce qu'il y avait des
mésententes là-dessus.
M. Boulet : En grief ou en
arbitrage. Mais, en même temps, ce qui est l'état du droit, c'est qu'il y a une
obligation pour les parties, d'assister à une rencontre de médiation convoquée
par ledit médiateur. Donc, il y a parfois... une rencontre est suffisante,
parfois, deux rencontres. Parfois, en avoir cinq, ça pourrait être totalement
impertinent ou inutile. Je trouve que la formule actuelle est plus adaptable,
est plus flexible, et répond, de façon plus adéquate, aux besoins des parties.
Moi, je n'ai jamais été un grand partisan, Sylvain — ceci dit, avec
respect là — d'imposer des minimums, que ce soit en conciliation ou
en médiation, alors que la volonté des parties est tellement importante. Donc,
ça, c'est une deuxième recommandation.
La troisième, les critères économiques...
Oui, la médiation arbitrale. Ça aussi m'apparaît être un escalier nouveau qui
risque de complexifier, et on n'a pas ça dans le régime actuel d'arbitrage de
différends dans le Code du travail. Il y a la médiation, après ça, il y a la
déférence à un arbitre de différends. J'aimerais juste... puis, Patrick, vous
en avez parlé, là, mais juste me revenir sur l'impact, l'utilité et la
pertinence de faire une étape de médiation arbitrale. Donc, ça, Patrick, c'est
l'arbitre qui serait celui qui entendrait le différend, ou un autre arbitre.
Parce que, tu sais, la médiation
arbitrale, c'est très contesté en relations de travail au Québec. Tu sais, tu
peux-tu mettre ton chapeau de médiateur, puis enlever ton chapeau de médiateur,
puis devenir un arbitre, puis les parties, sachant que tu es médiateur arbitre,
ils ne te diront pas tout, pour se protéger quand ils vont déposer leur...
Est-ce que ça a évolué, Patrick, à cet égard là?
• (10 h 10) •
M. Gloutney (Patrick) : Je
vais laisser Pierre-Guy répondre à cette question.
M. Sylvestre (Pierre-Guy) : Bien,
écoutez, rapidement, nous, ce qu'on voyait... Comme vous pouvez voir à la page
4 de notre mémoire, on a mis une note, on rappelle, là, les différents articles
du Code du travail de l'époque. Donc, ce qu'on demande, clairement, c'est de
revenir à... à ce qu'il y avait à l'époque, avant 2016, avant qu'il y ait des
modifications au... au Code du travail en fait, avant que ce soit abrogé, et
donc on... on souhaite la même mécanique.
Mais ici, là où on est... où le SPQ a
évolué par rapport à son interprétation, par rapport à son analyse en 2016,
c'est qu'on croit qu'à la suite de deux médiations infructueuses... on pense
que la médiation arbitrage avec un médiateur, qui, par la suite, serait...
arbitrerait les... ce qui reste à... à arbitrer, bien, on pense que ça pourrait
être un incitatif à régler par la... la voie de la négociation, par la voie de
la médiation. Donc, on pense que c'est plutôt un incitatif à régler dans la
phase de médiation. Donc, si on va jusqu'à l'arbitrage, bien, c'est un peu,
là... c'est un peu le... si vous voulez, le mur, qu'on frapperait, là.
Mais c'est ce qu'on veut. On veut pouvoir
mettre de la pression sur les deux parties. Si on n'est pas capables de...
d'avoir une médiation...
M. Sylvestre (Pierre-Guy) : ...arbitrage
obligatoire. On pense que c'est ça incite moins les parties à régler
convenablement, là, à un règlement satisfaisant.
M. Boulet : En fait, ça
incite plus à régler. Puis le mur auquel fait référence l'arbitre, comme il a
le mandat de déterminer le contenu de la convention collective, vous
dites : Avant d'aller là, on devrait essayer autre chose. Mais simplement
pour bien comprendre, Pierre-Guy, quand vous dites : Médiation arbitrale,
on aurait procédé à la nomination de l'arbitre... constitution de la liste,
après consultation des associations représentatives, dont vous, et on dirait à
l'arbitre : Tu es nommé, mais avant d'entendre les témoins, les experts
des parties donne-leur une dernière chance de faire la médiation qui a échouée
préalablement. Est-ce que c'est ça?
M. Sylvestre (Pierre-Guy) : C'est
exactement ça. Donc, un médiateur arbitre, pour donner une chance une dernière
fois en médiation avant d'aller à l'arbitrage. Tout à fait.
Puis, comme vous pouvez voir dans notre
mémoire, on a fait un diagramme, un tableau qui peut sembler complexe, là, mais
qu'on espère être le plus compréhensible possible. C'est qu'il y a aussi deux
phases de médiation possibles de 60 jours, bon. On demandait cinq séances
obligatoires, au minimum, mais la médiation arbitre, c'est une étape encore de
plus où on donne encore la chance. Donc, la médiation-arbitrage, on souhaite
que ce soit une autre chance, une autre alternative.
M. Boulet : Il me semble
qu'en pratique la médiation arbitrale a moins de chance d'aboutir à une
solution, à sortir de l'impasse, que le médiateur qui est nommé préalablement,
dont le mandat est d'accompagner les parties, de s'assurer que les deux
embarquent harmonieusement dans un processus de recherche de solution, alors
que le médiateur arbitre, tout le monde se protège.
Moi, c'est... Et c'est pour ça que je dis
on crée une couche additionnelle, je comprends, qui est potentiellement un
incitatif, mais rarement un meilleur incitatif que le médiateur qui n'est pas
arbitre. Et j'ai l'impression que ça risque de complexifier, puis ça devient
comme incompatible avec ce que nous avons dans le Code du travail du Québec,
c'est-à-dire la médiation et, après ça, il y a déférence et un arbitre de
différends, quand la conciliation-médiation est infructueuse.
M. Sylvestre (Pierre-Guy) : Bien,
si on prend le diagramme deux de notre mémoire, à la page 5, qui résume, là, la
section sur ce qu'on demande, là, la médiation et la médiation-arbitrage, bon,
on a la période de 240 jours. S'il y a une impasse, si au moins l'une ou
l'autre des parties le demandent, il y aura une médiation de 60 jours, avec
cinq séances obligatoires au minimum, plus une autre médiation de 60 jours,
avec cinq séances obligatoires minimum, si on demande, là, une autre période.
Ça ressemble beaucoup à ce qu'on a présentement.
Si aucune partie le demande, bien, à ce
moment-là, on s'en va vers le médiateur arbitre. Ça, c'est comme si on ne se
donnait pas de chance, personne, puis on va directement en médiation-arbitrage,
mais après la médiation, deux périodes de 60 jours, s'il y a une impasse, à ce
moment-là, c'est ce qu'on explique dans notre mémoire, le médiateur du
ministère du Travail... Parce que nous, on a on a plusieurs bonnes expériences
en médiation, au SCFP, au SPQ, donc on pense que, dans la plupart du temps, là,
dans 90, 95, souhaitons-le, 99 %, 100% du temps, on va déjà avoir réglé.
Donc, la médiation-arbitrage, c'est
effectivement une autre couche de plus, mais c'est une autre phase où on donne
encore une autre chance. Parce qu'au SCFP, au... au SPQ, on croit vraiment à la
négociation, à la médiation. Un arbitrage, ce n'est pas... ce n'est pas ce
qu'on souhaite, personne, mais ni l'une ni l'autre des parties, à notre avis,
là, c'est ce qu'on défend.
Je ne sais pas si c'est plus clair par
rapport aux différentes étapes. Ça peut sembler complexe, mais, dans la
réalité, ça reste de la médiation où on souhaite s'entendre, où on va avoir
certains points sur lesquels on va... entendus, puis, par la suite, il va y
avoir des différends qui vont rester, puis, à la médiation-arbitrage, on va
encore élaguer, filtrer, puis, au final, s'il y a un arbitrage, ce sera sur
certains points là, très peu de points, le minimum.
M. Boulet : Je comprends
totalement, mais j'ai l'impression encore que c'est comme un entonnoir à
l'envers, parce que les parties, quand elles travaillent avec un médiateur, ont
beaucoup plus de transparence, plus d'ouverture, alors que, quand tu sais que
le médiateur en sera aussi l'arbitre, tu vas réserver tes commentaires et tu
vas protéger ta preuve et tu vas jouer de stratégie. Et généralement le risque,
c'est que ça raffermisse les tensions entre les parties...
M. Boulet : ...puis quand
l'arbitre va avoir à faire son travail, c'est-à-dire de déterminer le contenu
de la convention collective, ça risque d'être plus tendu. C'est mon opinion.
Mais je respecte la vôtre, là, totalement. C'étaient vos trois recommandations.
Il y a-tu, Patrick, autre chose que j'ai échappée?
M. Gloutney (Patrick) : Non.
Mais Sylvain voudrait ajouter à votre commentaire.
M. Côté (Sylvain) : ...ajouter
quelque chose, M. le ministre.
M. Boulet : Oui, bien sûr.
M. Côté (Sylvain) : En fin de
compte, on veut... avec les cinq séances, avec le médiateur arbitre, c'est
comme une forme d'obligation de résultat. On veut avoir un taux de pourcentage
plus élevé dans les résultats de négociation libre. Donc, c'est un peu pour
aussi la paix sociale, mais c'est l'obligation de résultat qui va rester, entre
guillemets, mais les gens vont être conscientisés. Et c'est pour ça qu'on veut
mettre des minimums et c'est pour ça qu'on veut avoir un médiateur arbitre.
Somme toute, ça résume un peu les recommandations un et deux.
M. Boulet : Oui. Puis c'est
bien dit. Puis, en quelque part, le droit de grève qui est interdit constitue
quand même une entrave substantielle à l'exercice du droit d'association, d'où
la pertinence d'avoir un mécanisme indépendant, efficace et objectif. Puis,
moi, je vous écoute puis je trouve ça opportun que vous puissiez déterminer ce
qui serait véritablement un mécanisme indépendant, efficace et objectif.
M. Côté (Sylvain) : L'autre
aspect... Excusez, M. le ministre. L'autre aspect, c'est qu'on a beaucoup de
pompiers temps partiel, et la rétention de personnel dans les pompiers temps
partiel, quand il y a des conflits, il y en a plusieurs qui vont dire :
Bien, regarde, je ramène mon sac de bunker et je démissionne parce que ce n'est
pas viable. On veut créer une ambiance, pour ces pompiers temps partiel là,
agréable et avoir des résultats qui vont favoriser l'employeur mais aussi tous
les pompiers, entre autres les temps partiels.
M. Boulet : Parfait. O.K.
Alors, pour conclure, moi, j'aimerais ça en profiter pour exprimer mon immense
respect pour le travail des pompiers et pompières au Québec. Sylvain, on a eu
l'occasion de se côtoyer, et j'ai travaillé avec Chris Ross, de l'Association
des pompiers et pompières à Montréal. Ici aussi, à Québec, vous êtes exposés à
des substances toxiques, vous faites un travail remarquable, un travail
essentiel pour assurer la sécurité des Québécois et Québécoises. Et on ne le
dira jamais assez. Puis d'ailleurs, on fait un rattrapage graduel pour le
nombre de cancers qui sont reconnus comme des maladies professionnelles
présumées, donc qui évite qu'on fasse la démonstration d'un lien de causalité
entre le cancer et le travail de pompier. Ça fait que bravo pour tout ce que
vous faites. Oui?
M. Côté (Sylvain) : Juste en
terminant, merci pour l'accueil que vous m'aviez fait, la première fois. Puis
ce mémoire-là se veut de manière positive pour essayer d'améliorer des choses
qui pourraient arriver, en bout de ligne, en bout de piste, pour qu'il y ait
des contrats de travail qui se fassent dans la bonne entente.
M. Boulet : Merci, Sylvain,
merci, Patrick, merci, Pierre-Guy puis merci à Sylvain aussi. Bravo!
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Je me tourne
maintenant vers l'opposition officielle pour une période de 10 minutes
43 secondes. Mme la députée de Bourassa-Sauvé, s'il vous plaît.
Mme Cadet : Merci, M. le
Président. Bonjour, messieurs. Donc, à nouveau, donc, je prends la balle au
bond également pour vous remercier pour le travail que vous faites au
quotidien. Donc, c'est franchement apprécié et reconnu. Merci pour votre
mémoire concis. Donc, ce... votre présentation, donc, nous aura permis de le
parcourir.
Je commencerai, donc, juste par,
peut-être, quelques questions, donc, de clarification ici. Ce que je comprends,
donc, de vos... bien, en fait, vos... des premiers paragraphes, donc, de la
page... de la troisième page du mémoire, où vous parlez du processus de
médiation obligatoire, donc, je comprends que vous, vous souhaitez que la
médiation obligatoire, donc, qui se trouve en ce moment dans le régime de
négociation des conventions collectives, soit maintenue. Et j'aimerais, donc,
saisir, en fait, donc, pourquoi, donc, vous, vous... On va... On va revenir à
la médiation arbitrale, là, je pense que le ministre vous a posé beaucoup de
questions là-dessus, mais vous, votre processus idéal, donc, ce serait de
maintenir cette médiation obligatoire là, donc, le 60 puis 60 à la demande des
parties, et ensuite, donc, de déférer le tout à la médiation arbitrale. Donc,
pourquoi la... vous considérez que la période de médiation obligatoire, elle
est nécessaire?
• (10 h 20) •
M. Gloutney (Patrick) : Bien,
écoutez, comme mes collègues vous ont mentionné, c'est parce que ça permet...
ça permet aux parties de négocier de bonne foi et d'avoir une entente négociée.
Il n'y a rien de pire pour des travailleurs et travailleuses qui se font
imposer des décisions arbitrales qui fait en sorte qui nuisent aux relations de
travail. Et, comme Sylvain a mentionné, bien, ça permet d'avoir une paix
sociale au sein d'une organisation de travail. Parce qu'il n'y a rien de pire
qu'avoir des règlements qui sont garrochés dans le fond de la gorge des
travailleurs et travailleuses, puis ça nuit aux relations de travail. Et ça
va... Plus souvent qu'autrement...
M. Gloutney (Patrick) : ...ça
prend des années à revenir en arrière, à développer des bonnes relations. Tu
sais, des relations de travail, ça se fait sur le... dans le cadre d'une vie
complète, là, c'est comme des relations de couple, aussi banal que ça. On
travaille à tous les jours pour maintenir des relations de travail. Sauf que je
peux vous dire une chose, pour avoir l'expérience de plusieurs sentences
arbitrales qui ont été imposées dans le secteur... dans le secteur municipal,
dans le passé, puis je vais revenir sur la sentence Lavoie, aux cols bleus de
Montréal, là, je peux vous dire qu'il y a des traces encore à ce jour sur cette
décision-là.
Donc, nous, en mettant des mécanismes de
médiation, ça oblige les parties à s'entendre, et en gardant le 240 jours plus
les 60 jours, ça oblige à la médiation. C'est pour ça qu'on rajoute. Puis il
faut toujours garder à l'esprit que les travailleurs qu'on représente
aujourd'hui, ils n'ont pas le droit à la grève, comparativement aux autres
employés municipaux, donc c'est pour ça qu'on croit à la médiation-arbitrage
pour arriver avant l'étape ultime où on rajoute une autre étape pour que les
parties s'entendent à ce niveau-là.
Mme Cadet : Juste pour bien
saisir la teneur de vos propos, parce qu'en fait, un peu plus tard, donc, vous
dites, avec votre proposition, donc, des cinq séances minimales, que parfois
les parties... les deux parties ne vont pas nécessairement toujours se
présenter avec le même enthousiasme aux séances de médiation. Puis on l'a vu,
donc, dans des mémoires précédents, où la question de l'aspect obligatoire de
la médiation pouvait être un repoussoir, là, pour certaines parties, qui nous
disent : Ah bien, à quoi ça sert d'avoir ces périodes obligatoires là,
puisque les deux parties, parfois, vont peut-être y aller pour... une des deux
parties va peut-être y aller pour perdre son temps, parce que ça ne lui tentera
pas d'être en médiation. Qu'est-ce que vous répondez à ça?
M. Gloutney (Patrick) : Bien,
je vous dirais que nous, notre prétention, c'est que, lorsqu'on se présente en
médiation, devant le médiateur, notre objectif, c'est de régler. La position
patronale leur appartient, plus souvent qu'autrement, sans vouloir lancer la
roche aux patrons, là, mais c'est plus souvent eux autres qui font en sorte que
les délais sont étirés, parce que nous, notre objectif, c'est de régler nos
conventions collectives le plus rapidement possible, par les meilleurs moyens,
et avoir une entente négociée. Et toutes les étapes nous permettent d'aller de
l'avant.
Puis au SFP, j'ajouterais, à la
commission, qu'on a environ 96 % de règlements positifs au sein de nos...
de l'ensemble des membres qu'on représente. Donc, c'est important pour nous
d'avoir des ententes négociées. Cependant, lorsqu'on a affaire à des employeurs
qui se traînent les pieds, bien, on se présente en médiation, puis on est
chacun de notre côté, puis on ne se parle pas, puis le médiateur fait du mieux
qu'il peut, mais, dans certains cas, si la partie patronale ne consent pas à
vouloir faire avancer le dossier, bien on perd notre temps, là, en bon
français. Donc, c'est pour ça qu'on oblige les parties à un minimum de
rencontres et on rajoute une partie médiation-arbitrage si ça ne fonctionne
pas.
Mme Cadet : Justement, donc,
j'arrive à la question de la médiation-arbitrage. Donc, vous dites que vous
avez évolué sur cette question-là au fil des ans. Je pense que je vais un petit
peu la... La teneur de ma question est un petit peu, sensiblement, la même ici,
donc, à savoir, pour vous, donc, quel... pourquoi vous pensez que ce serait
plus efficace de passer, donc, après la période de médiation obligatoire, à...
donc, bon, à la médiation-arbitrage plutôt que directement à l'arbitrage,
justement, donc, bon, avec les précautions, ce qu'on vient de mentionner
précédemment, là, comme questionnement?
M. Sylvestre (Pierre-Guy) : Bien,
écoutez, si je peux me permettre, c'est une très bonne question. Notre
expérience, au SCFP puis aussi dans nos syndicats des pompiers et pompières du
Québec, notre expérience... Par exemple, on représente des villes... les
employeurs, c'est des villes de plus petite taille, là, ce n'est pas
nécessairement... on ne représente pas des employés de la plus grande ville,
là, du Québec, là. Donc, il y a quand même un caractère peut-être humain qu'on
ne doit pas sous-estimer. Quand on envoie un médiateur qui vient du ministère
du Travail, si on vient faire perdre le temps du syndicat, c'est une chose, là,
par exemple, l'employeur peut s'asseoir face à nous puis nous faire perdre
notre temps, c'est une chose, mais, quand il y a un médiateur qui est nommé par
le ministère du Travail qui vient faire perdre le temps du syndicat et du
médiateur, ça peut devenir, quelque part, un peu gênant. Peut-être que... Je ne
sais pas si vous avez déjà eu la chance de participer à une négociation, mais
il y a quand même un aspect politique, ou humain, je dirais.
Pourquoi on dit qu'il y faut absolument
une médiation-arbitrage obligatoire? C'est... comme je disais, c'est
l'incitatif ultime. On ne peut pas aller plus loin que ça, il n'y a pas le...
Nos travailleurs et travailleuses, c'est des travailleurs essentiels, donc on
ne peut pas faire la grève. S'il y a une médiation-arbitrage obligatoire, oui,
il va peut-être y avoir des stratégies lors de la médiation-arbitrage parce
qu'on est face à l'arbitre qui va prendre des décisions par la suite, mais le
fait qu'on ait eu au moins deux périodes de 60 jours avant, avec cinq séances
obligatoires avec un médiateur nommé par le ministère du Travail, nous, notre
expérience, c'est que c'est un incitatif assez fort pour qu'il puisse...
M. Sylvestre (Pierre-Guy) : ...y
avoir certaines avancées. Peut-être pas tout. Mais on ne va peut-être pas tout
régler en médiation qu'on dit obligatoire, là, mais ça, c'est... Si aucune des
parties le demande, on s'en va directement en médiation arbitrage, c'est...
nous, on pense un peu l'échec, là, parce qu'on est en faveur d'une libre
négociation. Dans le cadre d'une médiation, la négociation est toujours libre.
Je ne sais pas si ça répond un peu plus à
votre question. Mais il ne faut pas oublier le facteur que ça peut devenir
gênant de faire perdre le temps à tout le monde. Donc, on pense que, oui, les
parties sont de bonne foi, bien, sont présumées être de bonne foi. Cela dit, ça
peut inciter à la bonne foi d'avoir ces périodes-là.
Mme Cadet : Là, vous dites,
donc, le médiateur, donc, nommé par le ministère du Travail. Juste pour
préciser votre position, donc, évidemment, donc, ce serait le cas pour la
première période, les 60 plus 60, le cas échéant...
M. Sylvestre (Pierre-Guy) : Oui.
Les deux... deux 60 jours, oui.
Mme Cadet : ...mais... mais
pour le... mais pour la médiation arbitrage, donc, là, ce serait à travers la
liste, là.
M. Sylvestre (Pierre-Guy) : Oui.
Ça, c'est exactement comme on dit dans notre mémoire, tout à fait.
Mme Cadet : O.K., et non pas
comme un conciliateur nommé par le ministre du Travail, à ce moment-là.
M. Sylvestre (Pierre-Guy) : Tout
à fait.
Mme Cadet : O.K. Et,
justement donc, vous ne... vous ne... vous citez le comité Therrien-Couture. Ce
rapport-là, est-ce qu'il... est-ce qu'il demandait aussi la médiation
obligatoire au préalable de la médiation arbitrage?
M. Sylvestre (Pierre-Guy) : Bien,
pouvez-vous juste répéter la question?
Mme Cadet : Le comité... Le
rapport du comité Therrien-Couture, là...
M. Sylvestre (Pierre-Guy) : Oui,
oui...
Mme Cadet : ...est-ce qu'il
demandait la médiation obligatoire avant?
M. Sylvestre (Pierre-Guy) : Bien,
en fait, il suggérait une médiation arbitrage, oui.
Mme Cadet : Oui, oui, je sais
qu'il suggérait la médiation arbitrage, mais ma question, c'est : Est-ce
qu'il suggérait aussi une médiation obligatoire préalable à la médiation
arbitrage? Ce n'était pas ma compréhension.
M. Sylvestre (Pierre-Guy) : Non,
ce n'était pas... ce n'était pas exactement ce qu'on demande... (panne de son)
...Thérien-Morency.
Mme Cadet : Oui. Ah! pardon,
j'ai dit Therrien-Couture, hein? On voit les lapsus.
Une voix : ...
Mme Cadet : Exactement, un
cabinet d'avocats. Je voulais dire Thérien-Morency. Merci. Vous... Parce que là
vous avez parlé de votre expérience. Est-ce que vous, vous avez déjà eu...
Parce qu'avant, donc, c'était un processus qui était facultatif, donc, qui
existait. Est-ce que vous avez déjà fait l'expérience de la médiation arbitrage
comme syndicat?
M. Côté (Sylvain) : Oui.
Mme Cadet : O.K. Et comment
ça s'est passé?
M. Côté (Sylvain) : Puis
c'est pour ça que, quand on voit des petits ratés qui arrivent dans le
processus... qu'on veut... Puis ça va autant... On parlait tantôt de
l'employeur qui doit se conformer aux cinq séances, mais ça oblige aussi le
syndicat aussi à se conformer à ces cinq séances. Il peut y avoir des ratés de
chacun de... de chaque côté. Mais oui, j'ai déjà participé, oui.
Mme Cadet : Et là, vous,
qu'est-ce que vous répondez à des parties prenantes qui diraient : Bien,
la... Bien, parfois, donc, en arbitrage... je ne sais pas si vous vous êtes
rendus en arbitrage avec ce processus-là ou si vous avez vécu l'arbitrage...
que les interprétations arbitrales ne sont pas nécessairement à l'avantage des
pompiers? Qu'est-ce que vous répondez à ça?
M. Côté (Sylvain) : Ah! ça
dépend des cas. Comme on le disait plus tôt, il y a des pompiers temps partiel,
ce n'est pas la même réalité que les pompiers permanents. Donc, c'est difficile
d'évaluer ça, là, mais il y a des... des fois, il y a des distinctions énormes.
Mme Cadet : Donc, vous seriez
pris avec ce processus-là. Que ce soit l'arbitrage qui est prévu au projet de
loi n° 88 ou avec le processus de médiation arbitrage...
M. Côté (Sylvain) : Moi... On
croit...
Mme Cadet : ...vous êtes à
l'aise à vous rendre, donc, jusqu'à la situation d'arbitrage.
M. Côté (Sylvain) : Oui, tout
à fait. On croit fermement que ça pourrait nous ajouter une carte dans notre
jeu, autant pour l'employeur que le syndicat, d'arriver à un résultat optimum.
Le Président (M.
Bachand) :...
Mme Cadet : 45, merci. Une
dernière question... question ici. Bien, en fait, je reviendrais, donc, sur la
question des cinq séances, parce que nous, on n'en a pas parlé. Bien,
j'avais... un peu, donc, les mêmes préoccupations que le ministre au niveau,
donc, du minimum en tant que tel, parce que je comprends bien que... je veux
dire, ça peut... ça peut bien se régler bien avant... bien avant cinq séances,
là. Mais vous, de la manière dont vous interprétez cette demande-là, c'est un
peu un minimum si les parties ne s'entendent pas au préalable?
• (10 h 30) •
Une voix : ...
Mme Cadet : O.K. Parfait.
Bien, merci beaucoup pour votre temps aujourd'hui. On prend bien connaissance
de vos recommandations.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Mme la députée
de Sherbrooke pour trois minutes 34 secondes, s'il vous plaît.
Mme Labrie : Merci, M. le
Président. Donc, si... vous me corrigerez, mais, si je comprends bien vos
propos, en général, vous constatez que le projet de loi répond, là, au
jugement, est satisfaisant, mais vous souhaitez ajouter le plus de médiation
possible au processus, finalement. Donc, vous nous proposez deux moments pour
en rajouter. Est-ce que... Dans le fond, le minimum de cinq séances, pour vous,
c'est que vous vous dites : Tant qu'à... Tant qu'à s'asseoir, même s'il y
en a qui sont réticents au début, on va... on va mettre un minimum pour espérer
que ça se décoince puis que ça donne quelque chose, cette étape-là, c'est ça?
M. Gloutney (Patrick) : Bien,
tout à fait. Parce qu'actuellement, tu sais, je reviens à ce que j'ai dit tantôt,
les gens qu'on représente n'ont pas accès à la grève, donc ça prend des
incitatifs à ce que les parties s'assoient à la table pour négocier. Et
malheureusement on a des cas, on a beaucoup... on a quelques cas d'horreur dans
lesquels les négociations ont été très, très longues.
Et, Sylvain, si tu veux ajouter sur ta
négociation.
M. Charbonneau (Sylvain) : Bien,
on s'est rendu compte aussi que, nonobstant le pouvoir que le médiateur avait,
ça laissait une pression quand même sur les deux parties. Et, si je prends
juste comme chez nous, à Saint-Jérôme...
10 h 30 (version non révisée)
M. Charbonneau (Sylvain) : ...les
deux périodes de médiation qu'on a eues, le médiateur, qui a... qui a fait un
excellent travail, a poussé les deux parties à s'entendre dans un... dans un
délai qui était quand même restreint. On a eu des... On a eu des séances qui
ont été... Le médiateur nous a imposé des journées, autant patronal, syndical.
On a trouvé des moyens de... des libérations entre nous, malgré les horaires
chargés des trois parties. Et ça a amené à une entente de principe par la
suite. Puis c'est pour ça qu'on pense que sans me... à défaut de me répéter, l'expérience
qu'on a, nous autres, de notre côté, c'est qu'il y a quand même un pouvoir
de... puis comme on disait, que mes confrères disaient, c'est que les villes qu'on
représente ne sont pas nécessairement les plus grosses villes au Québec, donc
ce n'est sensiblement peut-être pas la même philosophie qui tourne alentour de
la relation qu'on a, patronale- syndicale. Puis, pour finir... pour finir...
pour finir de bons termes, c'est... on s'est rendu compte qu'effectivement c'était...
c'était très positif, là.
Mme Labrie : Ça favorise que
le médiateur puisse faire son œuvre finalement, là, d'avoir un minimum?
M. Charbonneau (Sylvain) : Bien,
ça a toujours été positif sur toutes les villes qu'on a connues, qui se sont
rendues jusque-là, la... écoute, 97 %, nous autres, au SPQ, ont toujours
réglé de cette manière-là sans aller à l'arbitrage final.
Mme Labrie : O.K.. Puis c'est
prévu que le... qu'il y a une consultation du ministre des Affaires municipales
pour la liste d'arbitres. Est-ce que c'est quelque chose qui vous convient?
M. Gloutney (Patrick) : Oui,
oui, tout à fait. On fonctionne comme ça depuis de nombreuses années, là, donc
c'est... c'est prévu.
M. Sylvestre (Pierre-Guy) : Si
je peux me permettre, là, dans la liste des conférences des arbitres, il y a
une petite étoile pour ceux qui sont médiateurs arbitres, là, donc ça peut
faciliter.
Mme Labrie : Parfait. Bien,
je vous remercie.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
Jean-Talon, pour deux minutes 43 secondes, s'il vous plaît.
M. Paradis : Ce qui est très
court. Pour deux questions, s'il vous plaît. La première, c'est sur les
critères de décision. Vous nous dites que vous aimeriez revenir aux anciens
critères de 99.5 du Code du travail avant son abrogation, et vous demandez d'enlever
les critères dans le nouvel article 17 de la loi de 2016, qui ne sont pas dans
l'intérêt public. Quels sont-ils?
Deuxièmement, très rapidement, quelle
différence feriez-vous ou quel avantage aurait-on à aller vers votre système de
médiation arbitrage plutôt que celui de l'arbitrage avec assesseurs qui est...
qui est proposé dans le projet de loi?
M. Sylvestre (Pierre-Guy) : Merci
pour la question. Bien, par rapport aux critères économiques, vous savez, à l'époque,
là, si on revient en 2016, il y avait un maire à Québec qui était fort
différent de celui qui est là aujourd'hui puis il y avait le maire de Montréal,
à l'époque, là, qui voulait beaucoup de pouvoir, puis on était obsédé par la
question du 40 % , par rapport à ce qui est calculé, là, dans les salaires
de l'administration publique québécoise. Donc, par exemple, le quatrième, la
politique de rémunération des dernières générations consenties par le
gouvernement aux employés des secteurs public et parapublic, honnêtement, si on
allait en arbitrage, là, je pense qu'on serait capable de faire sauter ça, ce
ne serait pas considéré, quel serait... quel serait le poids accordé à ce
critère-là. Donc, on pense que c'est peut-être le temps de faire le ménage.
Et puis, bien, la deuxième question, nous,
ce qu'on... bien, si vous voulez aller, Sylvain, par rapport, bon... Bien, au
pire, on va pouvoir... se répéter, mais avoir les assesseurs, on est en faveur,
mais la médiation-arbitrage... comme on le dit, nous on croit à la libre
négociation, des arbitrages, on n'en veut pas, on en veut le moins possible. C'est...
les succès à la négociation, c'est quand on réussit à s'entendre. On a des
bonnes expériences avec les médiateurs du ministère du Travail, on pense qu'on
pourrait aller, ultimement, vers une médiation-arbitrage, mais on veut toujours
donner une chance à la négociation. Puis je vous laisse seul le dernier mot, là...
Patrick.
M. Gloutney (Patrick) : J'ajouterais
à ça qu'il y a un facteur important que mes collègues ont mentionné, c'est que
la majorité de nos membres sont employés à temps partiel. Donc, ce n'est pas
parce qu'on a 60 jours prévus à la médiation qu'il ya 60 jours de médiation.
Dans ces 60 jours là, il peut y avoir quelques rencontres de prévues, parce que
ces gens-là, ont un travail autre à l'extérieur de leur travail de pompier.
Donc, des fois, ça rend le calendrier de la négociation beaucoup plus compliqué
et complexe lorsqu'on veut planifier des rencontres. Donc, en ajoutant... en
ajoutant une dernière étape avant l'arbitrage, bien, on se donne une chance de
plus d'avoir un règlement négocié pour les deux parties et avoir une paix
sociale pour la suite.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Cela dit, merci
beaucoup d'avoir été avec nous ce matin, c'est très, très, très apprécié.
Cela dit, je vais suspends les travaux
quelques instants pour accueillir le prochain groupe. Merci. À tantôt.
(Suspension de la séance à 10 h 36)
(Reprise à 10 h 41)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. Ça nous fait plaisir d'accueillir la Fédération
des policiers et policières municipaux du Québec, des gens habitués à la
commission parlementaire. On se voit sur une base irrégulière, mais quand même.
Alors donc, M. Lemay, merci beaucoup d'être ici. Peut-être présenter la personne
qui vous accompagne et...
Le Président (M.
Bachand) :...débuter votre présentation,
s'il vous plaît.
M. Lemay (François) : Oui.
Bonjour. Je vous présente Me Danny Venditti, qui est le conseiller au président
de la fédération.
M. Venditti (Danny) : Bonjour.
M. Lemay (François) : Alors...
Parfait. Alors, M. le Président, M. le ministre, Mmes et MM. les
parlementaires, la Fédération des policiers et policières municipaux du Québec
remercie la commission de lui donner la possibilité d'exprimer son opinion sur
le projet de loi n° 88 visant à modifier la Loi concernant les régimes de
négociation des conventions collectives dans les secteurs municipaux, mieux
connu comme étant la loi 24.
Créée en 1965, depuis 60 ans, cette année,
la FPMQ regroupe l'ensemble des associations syndicales en milieu policier,
représentant plus de 5000 policiers municipaux, autochtones et inuits répartis
au sein de 31 corps de police. La Fraternité des policiers de Montréal... des
policiers et policières de Montréal fait partie aussi de la FPMQ, avec un
statut particulier de membre associé. La FPMQ n'est pas en désaccord avec
l'essence du projet de loi n° 88, qui vient corriger une partie de la loi 24
adoptée en 2016, soit la partie concernant le processus de règlement des
différends qui a été invalidée par la Cour du Québec le 29 août 2024. Depuis
1980, au moins six groupes de travail se sont penchés sur l'arbitrage en milieu
policier, sans jamais remettre en question, notamment, la commission Beaudry en
1985 et le comité Boivin en 1995.
Notons que, depuis 1994 et jusqu'à la loi
24 en 2016, l'article 97 du Code du travail prévoyait qu'à défaut de règlement
de la convention collective par la négociation, le ministre déférait le
différend un arbitrage à la demande d'une ou de l'autre partie, ou à un
médiateur-arbitre à la demande conjointe des parties. Nous croyons aujourd'hui
que les législateurs pourraient profiter de l'occasion du projet de loi n° 88
pour parfaire l'arbitrage du différend en milieu policier, pompier. Malgré la
situation et la rapidité dans laquelle le législateur se trouve actuellement,
nous maintenons et recommandons d'aller dans le sens des propositions convenues
unanimement par les parties patronales et syndicales dans le cadre des travaux
du comité Therrien-Morency en 2013.
Rappelons que le comité conjoint s'était
réuni à sept reprises en mai 2012 et septembre 2013, sous l'égide du ministère
du Travail et du ministère de la Sécurité publique. Il était arrivé à un
consensus concernant l'arbitrage des différends, à savoir de rendre obligatoire
le processus de médiation arbitrage qui était alors facultatif.
Malheureusement, le législateur n'a toujours pas donné suite à la proposition
du comité Therrien-Morency en 2013, et nous croyons que ce serait opportun d'y
remédier dans le contexte du projet de loi n° 88.
Nous désirons donc soumettre à la
commission quelques commentaires et propositions visant à simplifier et
déjudiciariser l'arbitrage de différends en milieux policier et pompier, sans dénaturer
l'ensemble du processus restauré par le projet de loi présenté par le ministre
du Travail. Tout d'abord, nous souhaitons attirer l'attention de la commission
sur le fait qu'une médiation seule est imposée, est souvent contreproductive.
De fait, si elle est imposée, c'est qu'une des deux parties ou les deux ne
voient pas, ne souhaitent pas d'issue avant un arbitrage, ce qui conduit
inévitablement à augmenter inutilement les tensions entre les parties. Nous
suggérons donc que les articles 4 à 8 de la loi 24 deviennent optionnels. Par
contre, le processus de médiation arbitrage, avec assesseurs, permet à tous et
à tous de s'engager dans une démarche qui devra nécessairement aboutir. Il y a
une obligation de résultat. De plus, cette démarche, avec la présence
des assesseurs, permet à l'arbitre d'envisager des angles qu'il n'aurait
probablement pas vus autrement. Elle permet également des gains d'efficacité
puisque l'arbitre demeure le même pendant tout le processus. Il n'est donc pas
nécessaire de tout reprendre si un arbitre est requis. L'arbitre aura aussi
l'ensemble des éléments tout en profitant d'une bien meilleure compréhension de
jeu et de dynamique. Concrètement, cette approche est une suite de
négociations...
M. Lemay (François) : ...légitime.
Nous rappelons respectueusement à la commission que ceux qui demandent avaient
été recommandés conjointement par les parties patronales et syndicales dans le
cadre des travaux Therrien-Morency.
En terminant, la loi 24 stipule que
le ministre peut mettre en place un programme d'aide financière, mais rien n'a
été fait depuis 2016. C'est pourquoi nous demandons que le fait... que les
frais et honoraires soient assumés par le ministre du Travail et qu'un
programme d'aide financière soit mis en place comme prévu à la loi 24.
Merci de votre attention.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le ministre,
s'il vous plaît.
M. Boulet : Oui. Merci, M. le
Président. Merci pour la présentation. Soyez assurés qu'on va analyser vos
recommandations avec attention et considération. J'aimerais que vous me
rameniez sur une nuance, une distinction que vous me proposiez, là, entre le
processus de médiation puis le processus de médiation arbitrale. Il y a de quoi
qui m'a échappé un peu, là, mais j'aimerais ça que vous reveniez là-dessus.
M. Lemay (François) : Mais la
médiation, dans un premier temps, ce n'est pas l'arbitre qui va agir au
dossier. Donc, pour nous, il y a toute une nuance entre la première médiation
et la médiation arbitrale. Donc, dans le contexte où la médiation... de toute
façon, plusieurs comités avaient recommandé que si une des deux parties ou les
parties ne voulaient pas qu'elle ne soit pas obligatoire, ça pouvait même aller
à l'encontre du... ça ne serait pas efficace d'en avoir. De notre côté,
l'expérience que nous avons, et puis Me Venditti sera en mesure de vous en
parler, c'est que, sur le terrain, la médiation arbitrale est beaucoup plus
efficace, ou, en tout cas, on voit les avantages de la médiation arbitrale et
on pense qu'elle devrait être obligatoire comme première étape. Et, en plus,
c'est une continuité à la négociation.
Le Président (M.
Bachand) :Oui, maître.
• (10 h 50) •
M. Venditti (Danny) : Oui.
Moi, ce que j'aimerais dire, c'est, je crois, qu'il y a possiblement une
incompréhension par rapport à la médiation à arbitrage dans le milieu policier.
Je vais vous donner un exemple concret qu'on vit présentement. Puis nous, comme
procureurs, puis j'en ai deux collègues derrière moi, on a fait beaucoup d'arbitrages
de différends, beaucoup de médiation à arbitrage et beaucoup de médiation aussi
qui n'était pas une médiation à arbitrage, et je peux vous dire que celle qui
est la plus efficiente, c'est la médiation à arbitrage. Et je m'explique avec
un cas concret. Présentement, je suis dans un processus de négociation. Il y a
eu 20 journées de négociation, ça n'a pas abouti. On a procédé à la
médiation telle que prévu dans la loi, on a fait 12 séances de médiation.
Et, M. le ministre, quand vous dites que les gens sont plus méfiants en
médiation à arbitrage qu'en médiation, c'est faux. De notre expérience, parce
que le médiateur n'est pas celui qui va imposer un résultat aux parties et
qu'inévitablement, s'il n'y a pas entente, il s'en va à un arbitrage, les parties
abordent la médiation en disant : Je ne vais pas déballer tout mon sac, je
vais en garder pour l'arbitrage, je ne veux pas que l'employeur ou la partie
syndicale anticipe ou se prépare à qu'est-ce que je vais présenter à l'arbitre.
En médiation et arbitrage, c'est différent, ils ont intérêt à déballer leur sac
parce que le médiateur-arbitre va inciter, va pousser les parties à en arriver
à un résultat parce que les parties vont voir où s'enligne le médiateur. Il va
voir quel est le résultat probable qui va trancher. Et s'ils ne le volent...
ils ne le veulent pas, ils vont trouver une solution et ils vont devenir
créatifs : ils vont revenir sur leur position, ils vont réévaluer si c'est
vraiment important et ils vont mettre pas mal plus d'eau dans leur verre. La
médiation à arbitrage, c'est ça. Mais au-delà de ça, quand je dis l'efficience
et la déjudiciarisation du processus, si on n'arrive pas à une entente à la fin
du processus de médiation, parce que les parties abordent tout ça dans un
aspect de dire : L'entente, s'il y en a une, elle est globale, donc
c'est-à-dire que tout ce que j'ai... tous les compromis que j'ai fait, toutes
les demandes que les parties ont abandonnées en cours de négociation et/ou
médiation, elles sont sous réserve d'une entente globale. Donc, quand on arrive
en arbitrage, la preuve est plus longue parce qu'ils vont devoir soit faire la
preuve des compromis qu'ils ont faits pour arriver à un résultat global qui
leur est souhaitable, ou ils vont dire : Mais je recommence tout. Et là je
vous donne un exemple, quand je vous disais des 20 séances de négociation
et les 12 séances de médiation, c'est pour traiter 19...
M. Venditti (Danny) : ...neuf
blocs de sujets de négociations. Les partis divisent ça en neuf blocs,
répartissent selon les sujets qui sont... qui ont un lien entre les autres,
dont un des blocs qui est l'aspect monétaire. Il ne reste que le bloc
monétaire. On a manqué de temps, parce que la loi prévoit un délai maximum. On
n'a pas fini, on s'est échangé des dizaines et des dizaines de documents. Il y
a eu des experts puis des actuaires qui étaient présents, ils ont donné des
explications, qui étaient présents par téléphone. Les parties ont continué
quand même à se parler. J'arrive devant un arbitre, qui n'est pas mon
médiateur, je recommence toute cette preuve-là avec les sept critères que la
loi prévoit. Donc, expert après expert, mon arbitrage, si je le commençais
demain, pouvait durer une journée ou deux. Si je le commence dans la mouture de
la proposition que vous faites, il va durer de 30 à 40 jours.
Donc, quand on parle des coûts et quand on
parle de l'efficience, ce n'est pas de faire une médiation où les parties y
vont de reculons à la place d'une médiation arbitrage. Nous l'avons essayé,
c'était volontaire, à l'époque, nous l'avons fait à plusieurs endroits, dont un
de mes collègues m'en a parlé tout à l'heure, et les parties arrivent à un
règlement. Ça règle. Ça ne va pas en arbitrage, parce que les parties,
effectivement, ne veulent pas laisser l'entièreté de leur dossier entre les
mains d'un tiers, mais, encore là, ça marche parce que les arbitres vont être
choisis par les parties. Ils vont avoir confiance dans le processus parce que,
l'arbitre qui est là, ils ont accepté qu'il procède à la médiation arbitrage.
Ils l'ont choisi en conséquence et ils vont lui faire une confiance. Et ils
veulent qu'il les guide, c'est ça qu'ils veulent. Donc, c'est pour ça que je
vous le dis : Ce n'est pas vrai que les gens se présentent en médiation
plus librement qu'une médiation arbitrage, c'est l'inverse dans notre
expérience.
M. Boulet : Oui, dans votre
expérience, parce que je sais qu'il y a eu beaucoup de débats au Québec à
savoir si on pouvait à la fois assumer la compétence d'un médiateur et celle
d'un arbitre dans la même instance, mais ça va varier d'un cas à l'autre, là.
Chaque cas de négociation en est d'espèce, peut-être que, dans votre milieu, ça
n'a pas généré le même résultat, mais c'est une multiplication d'incitatifs
procéduraux qui ne donnent pas nécessairement... pas nécessairement, parce que
la vraie médiation, quand un médiateur expérimenté, qui provient du ministère
du Travail, il accompagne les parties, il les intègre dans un processus de
recherche de solutions, et c'est souvent beaucoup plus facile pour les
procureurs puis pour les parties de divulguer des éléments de preuve, d'être
transparents puis de communiquer. Alors, sachant que la personne à qui on le
fait, avec qui on le fait, ne mettra pas son chapeau d'arbitre, là, en cas
d'échec, mais bon, évidemment, ça peut varier d'un cas à l'autre.
Je voulais vous parler des honoraires.
Bon, évidemment, dans le projet de loi, comme tout ce qui est arbitrage, au
Québec, il y a un règlement sur la rémunération des arbitres, et vous
souhaiteriez que ce soit assumé par le ministère du Travail. Est-ce que c'est
bien ça? Avez-vous des cas où les honoraires ont été un... au détriment de...
du processus de règlement d'un dossier, par exemple?
M. Lemay (François) : Je vous
répondrais en deux temps. Premièrement, l'article est prévu, là, est déjà là.
Donc, nous, ce qu'on vous demande, c'est de l'appliquer premièrement,
simplement. Et je vous dirais que, pour nous, nous représentons plusieurs
associations qui n'ont pas les moyens de le faire, n'ont pas la capacité. Ils
n'ont même pas la capacité de se libérer pour être capables de négocier. Donc,
d'être capable d'aller en arbitrage avec l'ensemble de ce que ça prend, d'aller
à un arbitrage, on le sait, maintenant, ça demande beaucoup de ressources
d'être capable d'aller en arbitrage, dans le contexte actuel, mais, écoutez,
lorsque vous êtes juste à être... à vous demander une association de 18,
20 policiers qui se retrouve dans une situation du genre, n'ont même pas
la capacité de se libérer, bien, on a encore moins la capacité.
Donc, nous, ce qu'on demande, ou en tout
cas ce qu'on vous proposait, c'est... il y avait déjà une formule qui existait
avant, le ministère, lorsqu'on... lorsqu'on déterminait un arbitre, il y avait
un montant qui était alloué pour les heures... pour l'arbitrage, pour payer cet
arbitre-là. Déjà là, ça, c'était une chose qui existait auparavant, avant
l'arrivée de la loi 24. Donc, nous, ce qu'on demande, c'est soit ça ou
soit... on trouvera un moyen, mais bien évidemment ça va...
M. Lemay (François) : ...ça va
prendre un moyen. Parce que ça... Je vous répète que ces gens-là n'ont pas
droit de grève.
Puis l'autre chose, M. le ministre, nous,
qu'on... qu'on cherche à faire, c'est : lorsque les gens n'ont pas la
capacité d'aller en arbitrage, hein, qui est la résultante d'une continuité de
la négociation, on se retrouve dans une situation que les gens vont se
dire : Bien, moi, j'aime mieux faire des moyens de pression, parce que ça,
j'ai la capacité de le faire, versus aller en arbitrage. Et l'objectif de
l'arbitrage, c'était d'amener... c'est d'amener... d'être capable de trouver un
terrain pour avoir un contrat de travail.
Alors, dans ce contexte-là, on trouve ça
tout à fait opportun, puis c'est prévu à la loi, cet article-là qui prévoit le
financement. Et, bien, comme je vous répète, on a... on en a, des gens qui sont
capables, mais ce n'est pas tout le monde qui a la capacité, et, quand on vient
vous parler de ça, on le fait dans l'ensemble, et c'était difficile de trouver
une situation pour un versus pour l'autre, donc c'est pour ça qu'on ramenait en
vous disant : Bien, dans le passé, l'arbitre, il y avait un frais x qui
était payé, et, si on part de là, bien, ça pourrait être une proposition de
départ, qui est prévue à la loi, qui est prévue d'ailleurs.
M. Boulet : Et Danny...
M. Venditti (Danny) : Et, si
vous me permettez, M. le ministre, si vous me permettez...
M. Boulet : Oui, bien sûr.
M. Venditti (Danny) : ...avec
permission, c'est pour ça qu'on... qu'on insiste fortement sur la médiation
arbitrage, parce que c'est une diminution des coûts où il y a une
déjudiciarisation de la preuve qui est faite que les parties ne peuvent pas
assumer. N'oubliez pas que les policiers... la particularité des policiers, c'est
qu'ils ne peuvent pas s'unir à d'autres travailleurs, ils doivent absolument
être indépendants, en vertu du Code du travail. Donc, il y a des fraternités
qui sont de 18 membres, ils n'ont pas les moyens de se payer des libérations
syndicales pour négocier, encore moins pour aller en arbitrage puis assumer des
frais d'expert.
Et ce que ça fait, la situation
particulière, c'est que ça crée un déséquilibre dans le rapport de forces,
parce que, dans un milieu où est-ce qu'il y a le droit de grève ou un droit de
lock-out, les parties vont subir ensemble les inconvénients, tant le syndicat
ou les travailleurs qui ne fournissent pas... prestation de travail puis qui
n'ont pas de revenu, tant l'employeur qui ne fournit pas le service subit une
pression politique ou de la population ou qu'il perd des revenus parce qu'il ne
produit pas.
Dans le milieu policier, ils n'ont pas le
droit de grève. Donc, l'employeur continue à rendre le service, l'employeur
continue à émettre des constats d'infraction. Il n'y a pas de perte de
services, il n'y a pas de perte de revenus pour un service de police, mais il
a plus les moyens que la fraternité de 18 policiers de se payer un arbitrage.
Ça crée un déséquilibre dans le rapport de forces des parties puis ça va
inciter l'employeur, dans certaines situations, à pousser pour l'arbitrage,
parce que ça va créer une pression à la baisse sur les conditions de travail
des plus petites organisations.
M. Boulet : Ce qui est
beaucoup, convenez-en, François, vrai avec le projet de loi, parce qu'avant il
y avait un conseil de règlement des différends, trois personnes, alors que là,
c'est un arbitre unique, à moins d'exception. Et donc c'est quand même une
contribution intéressante à la diminution des coûts pour les parties, même dans
une plus petite ville, de dénouer l'impasse et de plaider devant l'arbitre de
différends.
M. Venditti (Danny) : Je
comprends que le gouvernement en paie une versus trois, mais les parties vont
quand même en payer deux, parce qu'ils vont le payer, l'assesseur. Vous le
payez, mais eux, ils le paient.
M. Boulet : Oui, mais... Mais
ça, c'est systématique, François, dans tous les secteurs d'activité. Tu sais,
là, les frais d'arbitre, sauf de très, très, très rares exceptions, c'est
partagé en deux par les parties, là, tu sais, c'est pareil partout, dans tous
les secteurs.
M. Lemay (François) : Est-ce
que vous me permettez, M. le ministre?
M. Boulet : Oui, vas-y.
• (11 heures) •
M. Lemay (François) : J'ai
peut-être quelque chose d'intéressant dans la décision de la Cour d'appel sur
ce... sur ça : «La Cour d'appel n'exclut pas que les recours à l'arbitrage
puissent être inaccessibles à un groupe de policiers et pompiers à cause des
coûts.» Donc, nous, là, on n'a jamais... on n'a jamais représenté des petits
groupes par rapport à ça, on n'a jamais fait une preuve de ça, mais bien
assurément que ça n'a pas fermé la porte à ça. C'est pour ça que, plutôt que
d'y aller de cette manière-là, on le faisait de façon positive. De toute
façon...
M. Boulet : ...je le
comprends, puis... Mais la cour n'a pas remis en question les coûts. Puis,
Danny...
M. Lemay (François) : Non.
M. Venditti (Danny) : Non,
mais elle ne l'exclut pas. Pour ceux qui le cherchent, c'est le passage 154 de
la décision.
M. Boulet : Non, mais, ceci
dit avec respect...
Le Président (M.
Bachand) :...parce qu'il y a des gens qui
nous écoutent, de faire attention, là, de ne pas avoir de chevauchements dans
les paroles. M. le ministre.
M. Boulet : Il y a des unités
d'accréditation syndicale au Québec qui sont composées de quatre, de huit
travailleurs, et ce mécanisme-là existe. Puis il y a un mécanisme d'arbitrage
de griefs qui est différent de celui d'arbitrage de différends, et systématiquement,
il y a un partage de coûts, là. Une personne est congédiée, une personne n'est
pas rémunérée pour du temps supplémentaire ou est victime de violence, il y a
des coûts. C'est une justice privée qui se veut expéditive, compatible avec les
besoins du monde du travail, et c'est reconnu comme étant ce que la cour
appelle un mécanisme indépendant, adéquat et efficace, là. Mais...
11 h (version non révisée)
M. Boulet : ...je
comprends. C'est sûr que l'argent est est toujours un enjeu, là, en bout de
course.
M. Venditti (Danny) : Mais
les groupes que vous mentionnez de trois, de quatre sont sous une bannière d'une
grande centrale syndicale, ce que les policiers ne peuvent pas.
M. Boulet : Oui, mais le
nombre... Puis le coût n'est pas le même non plus parce qu'il y a des
cotisations. Vous voulez dire, François, parce que, dans les grandes centrales
syndicales ou dans les instances, il y a des cotisations syndicales qui sont
versées, et ça, ça sert à défendre.
M. Venditti (Danny) : Il
y a une structure de défense que les policiers ne peuvent pas avoir parce qu'ils
sont seuls.
M. Boulet : Oui, ils
sont regroupés collectivement quand même.
M. Venditti (Danny) : Oui,
je comprends, mais...
M. Boulet : O.K. Bien,
merci beaucoup. Merci de votre contribution, de votre engagement. On est bien
content de vous avoir rencontrés, puis félicitations pour la préparation de
votre mémoire. Merci beaucoup puis au plaisir.
Le Président (M. Bachand) :Merci. Mme la députée de Bourassa-Sauvé, s'il vous plaît.
Mme Cadet : Merci, M. le
Président. Bonjour, Enchantée. Je vais commencer, donc, directement, donc, avec
ce qu'on retrouve dans votre mémoire sur la question, donc, de médiation
conventionnelle qui, pour vous, ne devrait pas être obligatoire. On retrouve un
peu, donc, ce que... mais, en fait, votre énoncé, votre argumentaire à cet
effet aux pages 6 et 7 de votre mémoire... plutôt, pardon, 8 et 9, sur le
fait, donc, que, pour vous, l'imposition de la médiation, bon, vous vous
référez, donc, à des rapports précédents, dont celui de Beaudry en 1985 à cet
égard. Donc, j'aimerais vous entendre, donc, sur votre processus idéal ici. D'abord,
peut-être pour une question de compréhension de base, donc, comment est-ce que
vous souhaiteriez que ça puisse se produire, et, d'autre part, peut-être vous
entendre aussi sur... pour vous, pourquoi vous ne souhaitez pas avoir une
médiation obligatoire dans le processus.
M. Lemay (François) : Bien,
essentiellement, plusieurs comités, comme, d'entrée de jeu, on l'a expliqué,
ont siégé sur ça. Une des recommandations dans un des comités, c'est-à-dire si
une des parties ou les parties n'en veulent pas, il ne devrait pas avoir d'obligation,
c'est contre-productif. Donc, nous, c'est dans... On s'inscrit, de toute façon,
nous avons participé à chacune de ces commissions-là. Donc, l'objectif, c'est d'amener
les consensus qu'ils ont été. Alors, c'est pour ça qu'on y va... Nous avons
structuré ce qu'on vous a présenté un petit peu, en disant : Bien, voici
la première commission, ce qu'il y a eu, ce qu'il y a eu, où est-ce qu'on était
rendu, la dernière commission, et la loi 24. Donc, dans ce contexte-là, ce
qui ressortait, c'est que, si les gens ne voulaient pas y aller, il ne fallait
pas les forcer à y aller. J'ai bien entendu nos collègues, tout à l'heure,
faire la présentation, je fais juste dire : Pour nous, on cherchait le
maximum d'efficacité avec les expériences qu'on voit devant nous. Si les
parties veulent y aller, nous ne sommes pas contre, bien au contraire, on s'inscrira
et ira en médiation. Mais ce qu'on voit actuellement, ce qu'on voit sur le
terrain, c'est que c'est la médiation arbitrale qui prend cette place-là, et on
voit des grands avantages à la médiation arbitrale.
Donc, c'est pour ça, aujourd'hui... Et
tout ça fait partie d'un consensus qu'il y avait eu avant l'arrivée de la loi
no 24, parce qu'il y avait un consensus clair de toutes les parties, et je
le répète, autant syndicales que patronales, pour s'en aller vers la médiation
arbitrale obligatoire. Alors, on s'était inscrit dans ça, et les parties, même
les parties patronales s'étaient inscrites dans ça en termes de recommandations
au législateur. Donc, c'est pour ça que nous... Bien, pour répondre à votre
question, que le processus soit là, soit maintenu, nous sommes d'accord.
Maintenant, forcer les parties, si on le regardait avec nos expériences à nous,
on trouvait que ce n'était pas optimal. Ça serait la seule réponse que je
pourrais vous donner.
Maintenant, demain matin, on a une
obligation. Je vous ai dit que ce n'était pas optimal. On a cinq, on va tenter
de le faire positivement. Mais vraiment, on amène l'emphase au comité, à vous
dire, aux législateurs, à vous tous de dire... Je vous le dis, là, toutes les
parties étaient d'accord avec l'arbitrage... l'arbitrage obligatoire de
façon... la médiation arbitrale, pardon, obligatoire. Et c'est à ça, je vous
dis, qu'il y aurait beaucoup d'avantages. Même si je sais que vous êtes pressé
par le temps avec la décision, puis que le législateur est pressé par le temps,
bien, la réponse, c'est à vous tous, c'est là que je veux l'amener, en disant :
Prenez le temps de le mettre.
M. Venditti (Danny) : Pour
renchérir, si vous me permettez. On l'a exposé, ça, le...
M. Venditti (Danny) : ...la
même position qu'on vous parle aujourd'hui, dans notre mémoire d'août 2016, on
avait parlé également de la médiation-arbitrage dans le cadre du projet de loi
n° 110. Et c'est le même processus, c'est-à-dire que les parties
s'embarquent dans une négociation, s'ils sentent qu'ils arrivent à une impasse
ou à un endroit où est-ce qu'ils ne peuvent plus avancer seuls qu'on face le
choix d'un médiateur-arbitre qui lui, commence par une phase de médiation qui
aide les parties à cheminer davantage dans la négociation, et lorsqu'il
constatera que ça ne va plus ou que ça ne peut pas avancer, il va dire :
Parfait, je mets mon chapeau d'arbitre, est-ce que vous avez des compléments de
preuves ou pas ou est-ce que vous allez débattre des sujets qui sont en litige
devant moi comme arbitre? Ça va être efficient, ça va permettre aux parties
d'augmenter les chances d'arriver à une entente, ça va diminuer les coûts, parce
que, moi, j'ai toujours les sept critères, là. Il y a toujours une preuve
d'expert qui va se faire, là. Elle peut être faite dans un système qui est
déjudiciarisé, dans un contexte où il n'y a aucun financement à date. Donc, ça
devient absolument nécessaire. Et les limites de temps, il faut faire confiance
aux gens. Il y a des professionnels à cette table-là, il y a un arbitre, il y a
un médiateur-arbitre, ça se sent à la négociation. On le sait quand on peut
continuer, on le sait quand qu'on ne peut plus continuer. Donc, de dire que le
médiateur-arbitre doit mettre son chapeau pendant maximum x temps, ça ne marche
pas. Il va le sentir puis, à un moment donné, il va dire : On ne va
plus... on tourne en rond, on transpose ça en arbitrage. C'est ça le processus.
Et quand nous l'avons fait de façon volontaire parce qu'à l'époque ça existait,
aucun, et à moins que mes collègues en arrière qui ont plus d'âges que moi me
disent le contraire, aucun... aucune des négociations qui a procédé à la
médiation-arbitrage n'a été à l'arbitrage. Et si c'est le cas, ça a duré
peut-être une journée ou deux.
Mme Cadet : C'est ça, ma
question, savoir s'il y avait un risque pour vous, donc, d'avoir plus de
sentences arbitrales avec ce processus-là. En fait, vous dites que c'est plutôt
l'inverse aujourd'hui.
M. Venditti (Danny) : Moi, je
trouve qu'avec le projet de loi que vous avez, vous avez plus de risques
d'arbitrage qu'avec une médiation-arbitrage, par expérience...
Mme Cadet : Puis juste...
puis, par précision, sur le premier point, donc vous souhaiteriez que les
articles 4 à 8 soient facultatifs, donc à la demande d'une ou des deux
parties conjointement, là, pour vous, là.
M. Venditti (Danny) : J'ai
manqué le début.
Mme Cadet : Pardon. Au niveau
de la médiation conventionnelle, là, vous dites, donc, les articles 4 à 8
de la loi pourraient être facultatifs, selon vous. Et ils pourraient être donc
enclenchés à la demande d'une ou des deux parties conjointement, selon ce que
vous proposez?
M. Venditti (Danny) : Je
crois que c'est les deux parties, parce que si elles doivent trouver le
consensus... Là, il faudrait que je retrouve la recommandation.
Mme Cadet : O.K. Mais
c'est... essentiellement, donc, ce serait...
M. Venditti (Danny) : Oui, à
la demande conjointe des parties. Exact.
Mme Cadet : À la demande
conjointe des parties. Puis, pour vous... En fait, pourquoi vous... J'essaie de
saisir, parce que, là, bon, vous avez votre position au niveau de l'aspect
facultatif de la médiation conventionnelle. Alors, pourquoi, pour vous, tout
simplement, ne pas revenir à ce que... ce qui prévalait avant, donc le choix?
Parce que ça existait, donc, le choix d'aller en médiation arbitrale. Pourquoi
vous dites : Ah non, il faudrait tasser ça complètement puis il faudrait
absolument, donc, qu'une fois qu'on arrive à l'impasse, que ce soit de la
médiation arbitrale qui s'applique?
M. Venditti (Danny) : Le
choix de la médiation-arbitrage, à l'époque, elle devait être acceptée par les
deux parties.
Mme Cadet : Mais, c'est ça,
mais vous, vous dites, vous, vous ne souhaitez pas... En fait, ma question,
c'est ça : Pourquoi vous dites qu'on ne devrait pas revenir à un processus
facultatif de médiation arbitrale? Que si les deux parties le souhaitent, tant
mieux, mais s'il y a une partie qui se sent moins à l'aise face à ce
processus-là, pourquoi vous pensez que ce serait plus efficace d'avoir
obligatoirement un processus de médiation-arbitrage?
• (11 h 10) •
M. Venditti (Danny) : Ah,
parce que ça a fait ses preuves. Parce que dans le... Il y a plus de 10 années,
il y a eu une commission qui a regroupé toutes les parties, ils ont fait un
rapport Therrien-Morency, il y avait un consensus unanime entre les parties. Ça
faut que pourquoi qu'il faudrait qu'on aille sur un processus qui devient
optionnel quand, à l'époque, même en 2016, on vous le demandait. C'est pour ça
puis c'est la seule raison. C'est que les parties ont déjà fait ce débat-là.
Les parties ont déjà participé à des commissions il y a des années et elles ont
dit au gouvernement : Ça prendrait un processus de médiation-arbitrage.
C'est unanime. Donc, on ne voit pas pourquoi ça devrait être à la demande des
deux parties. On a déjà accepté de l'avoir. Ça fait qu'il y en ait une des deux
parties... Parce que ce serait... Ça prendrait la place de l'arbitrage qui lui
est à la demande d'une des deux parties. Donc, c'est le processus d'arbitrage
qui est précédé uniquement par l'arbitre qui dit : Je mets un chapeau de
médiation avant de commencer. Mais c'est uniquement ça, la différence, là.
Mme Cadet : Parfait. Je vais
laisser ma collègue.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Maintenant, la députée
de Robert-Baldwin pour deux minutes, s'il vous plaît.
Mme Garceau : Deux minutes.
Merci. Merci beaucoup. Très intéressantes vos représentations, surtout en ce
qui a trait, parce que j'en fais de la médiation, pas en droit du travail par
exemple. Mais je voulais savoir, parce qu'évidemment la grande distinction
c'est la question de qui va être l'arbitre? C'est la personne qui, ultimement,
va prendre la décision...
Mme Garceau : ...lorsque
vous êtes dans la médiation-arbitrage, c'est une personne, mais lorsque vous
faites la médiation conventionnelle, puis après ça, vous allez en arbitrage, ce
n'est pas la même personne. Vous, dans votre expérience, parce que je comprends
l'expérience de terrain, ce que vous représentez aujourd'hui, est très, très
importante puis je comprends très bien le pourquoi que vous voulez... vous
souhaitez que ça soit une médiation-arbitrage obligatoire, mais tout l'aspect,
vous ne trouvez pas problématique que ça soit la même personne, est-ce qu'il
n'y a pas un avantage ou un inconvénient que ça soit une autre personne qui va trancher,
qui va décider? J'aimerais vous entendre là-dessus.
M. Venditti (Danny) : Non,
parce que ça ne fait que reprendre le même processus. Ça double, c'est
inefficace, ça rallonge, ça augmente les coûts. Et la personne, on l'a choisie.
Les deux parties l'ont choisie, elles lui font confiance, sinon elles ne
l'auraient pas choisie. Donc, on fait confiance à cette personne-là pour guider
les parties à arriver à une entente. À un moment donné, il faut faire confiance
aux gens qui sont là. Si on n'a pas confiance aux gens qui sont là, il n'y a
pas un système qui va tenir la route. Il faut faire confiance. Et puis, parce
qu'on l'a choisie, on va se laisser guider, on va se laisser conseiller par nos
assesseurs qui délibèrent avec le médiateur arbitre et on va trouver des
solutions. Parce que personne ne veut se faire imposer de quoi.
Mme Garceau : Bon.
Merci.
M. Venditti (Danny) : De
rien.
Le Président
(M. Bachand) :Merci beaucoup. Mme la
députée de Sherbrooke, s'il vous plaît.
Mme Labrie : Merci, M.
le Président. J'aimerais ça vous entendre un peu plus justement sur le rôle des
assesseurs dans le cadre d'une médiation-arbitrage. C'est parce que vous venez
d'en glisser un mot rapidement.
M. Venditti (Danny) : Oui.
L'assesseur, en fait, c'est l'extension d'une partie, hein? C'est-à-dire que
nous, on ne participe pas comme procureur ou représentant syndical. Peu importe
qui agit comme le porte-parole, on n'est pas dans les délibérés. Donc, on
argumente la cause à nos clients et on avance les arguments. Et en délibéré,
l'assesseur qui est aussi un représentant des parties, parle.
Mme Labrie : ...un
avocat, un des membres?
M. Venditti (Danny) : Ça
peut être un avocat, ça peut être un membre, ça peut être quelqu'un qui connaît
le milieu, quelqu'un qui connaît dans notre cas, le service de police, qui
connaît comment ça fonctionne, parce qu'il faut connaître ça. Des fois, ça peut
être les horaires qui rentrent en ligne de compte, mais bon, c'est quelqu'un
qui a une habileté à faire des arbitrages de différends, et il va se faire dire
par l'arbitre qui est médiateur : Bien, moi, j'entends ça, je ne suis pas
sûr que je peux aller dans ce sens-là. O.K. Puis là ils vont tenter... Il y a
une phase de négociation qui va se faire entre les deux assesseurs en présence
de l'arbitre, et ils vont savoir c'est quoi, la température de la pièce. Il va
revenir voir les parties, il dit : Bien, moi, je pense que vous n'aurez
pas ça ou ça n'ira pas dans ce sens-là. Pouvez-vous trouver une solution qui va
plus dans ce sens-là? Donc, les parties se disent : Bien, je ne l'aurai
pas. Pourquoi j'irais en arbitrage quand on sent qu'on ne l'aura pas, ça? Mais
il nous a donné une piste de solution. Donc, l'assesseur, c'est un peu ça, un
facilitateur entre le tribunal et les parties pour arriver à une entente et ne
pas avoir à faire un arbitrage.
Mme Labrie : Puis par
rapport au fait que le ministre consulte, puis c'est le ministre des Affaires
municipales qui a la liste d'arbitres, vous semblez avoir des réserves
là-dessus. Donc, j'aimerais ça vous entendre. C'est pourquoi?
M. Venditti (Danny) : Bien,
en fait, ce n'est pas... ce n'est pas tant cette réserve-là que la présence de
l'article 58, dans le projet de loi, demeure, qui dit... On comprend, ce n'est
pas notre interprétation, on comprend que c'est le ministre du Travail, mais
l'article 58 demeure, puis qui dit que cette loi est sous l'égide du
ministre des Affaires municipales. Donc, on ne comprend pas pourquoi c'est là.
Ça porte à confusion. Ça nous laisse poser la question : Mais pourquoi que
c'est là? Si ce n'est pas pour faire autre... Ça fait que c'est plus ça, la
réserve. Est-ce que c'est un oubli? On pense que oui. On espère que oui. Mais
si ça ne l'est pas, on... Clarifiez-nous.
Mme Labrie : O.K. Je
vous remercie... c'est fait.
Le Président
(M. Bachand) :Merci beaucoup. M. le
député de Jean-Talon.
M. Paradis : Combien de
temps, M. le Président?
Le Président
(M. Bachand) :Trois minutes.
M. Paradis : Trois minutes.
Je note avec intérêt que vous mentionnez, en tout cas en filigrane de votre
mémoire, que l'arbitrage, traditionnellement vu comme un mode de
déjudiciarisation, est presque aujourd'hui considéré comme une forme de
judiciarisation avec des délais et des coûts importants. Je suis sûr que le
ministre en prend bonne note pour un de ses prochains projets de loi, qui va
certainement parler d'arbitrage. Très... Commentaire très intéressant. Non
seulement le rapport de 2013 était unanime sur la médiation-arbitrage, mais de
plus en plus d'experts la voient, cette forme de médiation-arbitrage, comme une
voie d'avenir. Maintenant, j'ai une question pour vous. Sur le plan
pratico-pratique, il y en a qui disent par contre que quand c'est le médiateur
est la même personne que l'arbitre, ça fait en sorte que, des fois, tu vas te
demander si ce que tu lui confies comme médiateur va pas jouer contre toi dans
la phase d'arbitrage parce qu'il y a des informations que tu es prêt à donner
ou à concéder pendant cette phase-là qui pourraient jouer contre toi plus tard?
Qu'est-ce que vous en dites?
Deuxièmement, vous dites : Bien là,
ça serait...
M. Paradis : ...ce serait le
temps de prévoir le paiement des frais. Est-ce que le fait d'avoir ces frais
payés, ça ne veut pas... ça peut aussi signifier moins d'incitatifs à régler
parce que tu as de l'argent pour maintenir un processus qui pourrait durer
moins longtemps si tu as... si tu n'as pas ces incitatifs financiers?
M. Venditti (Danny) : La
première question, je crois que c'est une fausse prémisse. Parce
qu'inévitablement il va falloir faire cette preuve-là, hein, il va falloir
que... si on ne l'a pas dit dans la face de la médiation, il va falloir le dire
à l'arbitre dans la phase de la preuve, l'arbitrage. Donc, si cette
information-là n'est pas pertinente à donner dans la phase de la médiation,
elle ne le sera pas plus en arbitrage puis, si elle l'est en arbitrage, elle va
l'être en médiation. Donc, moi, je n'ai jamais participé à une médiation,
arbitrage où je me suis gardé de l'information. Parce que l'arbitre peut très
bien dire : J'en ai assez entendu. Avez-vous des preuves complémentaires?
Non. À qu'est-ce que j'ai déjà entendu, faites-moi vos argumentaires puis je
vais trancher. Donc, si vous avez gardé de l'information, bien, il est
peut-être trop tard. Donc, je ne pense pas que les parties ont intérêt, s'ils
veulent correctement faire le processus, à garder de l'information.
M. Paradis : Alors que vous
insistez sur le fait que, sinon, refaire la preuve et refaire l'argumentaire,
qu'on vient déjà de faire, plus de délais, plus de coûts.
M. Venditti (Danny) : Exact.
Donc, c'est ça, les déjudiciarisations, parce que, là, il faut que je fasse
venir des témoins qui vont m'expliquer leur rapport, leur méthodologie puis
pourquoi ils ont fait ci puis... puis là on a sept critères. Bon.
M. Paradis : Sur les frais?
M. Venditti (Danny) : La
deuxième question, que je vais vous demander de répéter?
M. Paradis : Bien, si...
M. Venditti (Danny) : Ah! les
coûts.
M. Paradis : Si les frais des
parties sont payés, son assumés par des tiers, est-ce que ce n'est pas... ça
peut vouloir dire moins d'incitatifs à régler?
M. Venditti (Danny) : Ça,
c'est une légende urbaine, c'est une légende urbaine. Les... Il n'y a pas une
personne, puis je le dis, tant patronal que syndical, il n'y a pas une partie
qui n'a pas intérêt à régler. Plus le litige dure, plus les tensions
augmentent. Si le litige dure longtemps, ce n'est pas parce qu'une partie a
plus les moyens de faire perdurer le litige, ce n'est pas dans cette
optique-là. Oui, ça peut faciliter un processus, ça peut faire en sorte qu'une
partie va plier moins vite, je dirais ça ainsi. C'est pour ça qu'on vous parle
de nos petites associations qui n'ont même pas l'argent pour se libérer.
M. Paradis : ...rien de faire
la preuve, là, c'est ça.
M. Venditti (Danny) : Donc,
eux autres, on les amène en arbitrage sur un aspect économique et... bon, bien,
il va avoir des experts, parfait...
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
M. Venditti (Danny) : ...et
je vais accepter ce que tu me donnes, je n'ai pas les moyens. C'est ça que ça
crée.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Merci beaucoup
de votre participation, ç'a été très apprécié.
Cela dit, la commission ajourne ses
travaux mercredi 29 janvier 2025, après les avis touchant les travaux
des commissions. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 11 h 19)