Journal des débats de la Commission des institutions
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mardi 8 octobre 2024
-
Vol. 47 N° 85
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 72, Loi protégeant les consommateurs contre les pratiques commerciales abusives et offrant une meilleure transparence en matière de prix et de crédit
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15 h (version non révisée)
(Quinze heures quinze minutes)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! Bon
après-midi. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des
institutions ouverte. La commission…
Le Président (M.
Bachand) :...est réunie afin de
poursuivre les consultations particulières et auditions publiques sur le projet
de loi n° 72, Loi protégeant les consommateurs contre
les pratiques commerciales abusives et offrant une meilleure transparence en
matière de prix et de crédit.
Mme la députée... Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Zanetti (Jean-Lesage) est remplacé par M. Cliche-Rivard
(Saint-Henri—Sainte-Anne).
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Alors, on
débute avec les représentants de l'Association pour la protection des
automobilistes. Merci beaucoup d'être avec nous. C'est un grand privilège.
Alors, comme vous connaissez les règles, 10 minutes de présentation, après, on
aura un échange avec les membres de la commission. Je vous invite d'abord à
vous présenter et débuter votre exposé. Merci beaucoup encore. À vous la
parole.
M. Iny (George) : Bonjour,
mesdames, messieurs. Je suis le directeur de l'Association pour la protection des
automobilistes, George Iny; à ma droite, Me Hubert Lamontagne, qui travaille
avec l'association et qui a produit le mémoire avec moi aujourd'hui; à ma
gauche, membre de notre conseil d'administration, M. Daniel Thouin.
L'Association pour la protection des
automobilistes, l'APA est un organisme voué à la protection du consommateur
dans le secteur du domaine de l'automobile, alors tout ce qui touche à
l'utilisation, l'achat, la sécurité, les réparations, les garanties. On est
impliqué dans une importante action collective contre certaines pétrolières
pour des pratiques anticoncurrentielles dans la vente au détail de l'essence.
C'est l'action... le recours collectif de l'action de l'essence, que plusieurs
d'entre vous ont probablement entendu parler. Nous sommes aussi le fournisseur
des évaluations d'automobiles pour la revue Protégez-Vous. Alors, vous avez
peut-être, sans vous en rendre compte, vous avez peut-être déjà consulté nos
informations.
Je commencerais en faisant... en dressant
un peu le portrait général de la situation actuelle dans le domaine de la vente
des automobiles. La pandémie a provoqué une pénurie d'autos, ce qui a contribué
à un déséquilibre entre l'offre et la demande dans la vente des automobiles.
Et, par opposition à la crise financière de 2008, cette fois-ci, le public, à
cause de l'aide généreuse gouvernementale, avait des sous pour acheter les
véhicules, malgré le ralentissement économique. Ça a mené à une certaine rareté
des autos, des délais pour obtenir un véhicule et aussi des pratiques de vente
qui ont été très négatives pour les acheteurs. Alors, les commerçants ont
trouvé des moyens, parfois direct, parfois illégal, parfois simplement pas
souhaitable, d'ajouter des frais ou des extras aux véhicules, ou des pratiques
pour cacher certains frais impliqués dans la vente des automobiles.
Alors, par exemple, on voit presque,
maintenant, beaucoup plus systématiquement, des frais ajoutés aux contrats de
vente pour remplir les documents, les frais de documentation qui n'ont pas d'allure,
parce que ce n'est pas le coût réel de remplir quelques formulaires. Et souvent
ce n'est pas compris dans le prix annoncé du véhicule, alors c'est illégal,
mais c'est là. On a remarqué qu'un acheteur qui voudrait payer comptant ou qui
a déjà une source de financement possible, qu'on lui demande de payer un
supplément de 1 000 $ ou de 1 500 $ sur le prix annoncé pour le
véhicule. C'est-à-dire, il est défavorisé, parce qu'il a l'argent dans la
poche, par rapport à quelqu'un qu'il veut financer. Mais on ne nous le dit pas
ouvertement, mais le commerçant fait ça parce qu'il ne veut pas prendre la
commission qu'il va recevoir de l'institution financière, à qui lui, il réfère
ses clients.
Et on a remarqué, entre autres, aussi, que
les pratiques reliées à la reprise des véhicules que les gens n'ont pas encore
fini de payer. Alors, on vous appelle chez vous, en deuxième année de votre
contrat de location de 48 mois, pour vous inviter à venir pour un 5 à 7, pour
voir les nouveaux modèles. Les gens ne se rendent pas compte, dans ces cas-là,
qu'il y a des frais associés à mettre fin, avant terme, à un financement ou à
une location. Et, parfois, cet argent-là est comme camouflé dans les prix... le
prix qu'on va payer pour le nouveau véhicule.
J'ai pensé, dans mes 10 minutes, traiter,
parce qu'en général, à l'APA, on est très favorable aux amendements...
M. Iny (George) : ...vous le
verrez à la lecture de notre mémoire, mais je vais identifier peut-être
trois... trois des amendements, où on est à... il y aura peut-être un peu plus
de travail à faire, où... et dans un des cas, on est contre l'amendement
proposé.
• (15 h 20) •
Alors, la première, c'est la page 10
de notre mémoire. On parle ici des options... l'option d'achat à la fin d'un
contrat de location. Vous avez la possibilité d'acheter le véhicule. Il y a un
montant pour le véhicule qui s'appelle la valeur résiduelle au contrat. Ça,
c'est régi par un règlement. Mais certains manufacturiers ont pris la fâcheuse
habitude d'ajouter un autre montant qui ne figure ni dans le capital ni dans
les intérêts. Et c'est des frais pour exercer l'option. Ils ont trouvé une
astuce. Au départ, c'étaient 150 $ ou 300 $, mais il y a comme un
effet d'entraînement. Cette option-là peut maintenant atteindre
1 000 $, et même, dans certains cas, 2 000 $. Ce n'est pas
l'option. C'est le droit à avoir l'option. Mais ce n'est pas calculé dans l'obligation
totale.
On propose ici que ça devienne plus
transparent, mais moi, je vous dis, même la transparence, ce n'est pas la bonne
solution. La solution, c'est de l'éliminer. C'est de s'assurer que... s'il y a
des frais reliés à l'achat du véhicule, que ça fasse partie du prix du
véhicule. Sinon, on va avoir le même phénomène de déplacement qu'on voit
actuellement. C'est que, vu que ce n'est pas réglementé ou vu que c'est
réglementé par une clause éventuelle de transparence, on va simplement gonfler
le montant. Puis c'est un faux frais en plus. C'est parce que c'est évident, si
la mensualité d'une auto louée est de 500 $ ou 600 $ ou 700 $,
c'est impossible que remplir la paperasse pour la remettre à un client ait un
coût réel de 1 000 $. C'est tout simplement un moyen indirect de
faire de l'argent. Il y a tellement de pression dans l'industrie que, quand un
manufacturier découvre un moyen qu'on pourrait dire est un peu sournois, il
n'est pas transparent, pour ajouter des frais, les autres vont éventuellement
le suivre, et on va gonfler le montant.
Si la transparence n'amènera pas la
solution qu'on voudrait, je pense que l'idéal, c'est de faire comme les
architectes de notre loi. On fait... Quand ils avaient à introduire des... à
réglementer la location à long terme, c'est de s'assurer que les montants
fassent partie soit des intérêts ou du capital. Et, dans le cas actuel, ça
devrait faire partie de l'option.
Deuxième point où on aimerait aller un peu
plus loin, c'est à la page 13 de notre mémoire. Et là, on parle d'exiger
un prix identique pour l'acheteur qui veut payer comptant, qu'il ne soit pas
pénalisé. On appuie fortement cette exigence mais avec un plus. C'est aussi que
le concessionnaire, parce que c'est généralement les concessionnaires, moins
dans la vente des automobiles d'occasion, ne soit pas en mesure d'obliger
l'achat de produits connexes au moment de livrer une auto neuve, alors de
dire : Obligatoirement, pour avoir droit à ce véhicule, vous devez acheter
une assurance mécanique, une garantie pour vos pneus, un marquage antivol
obligatoire. Ces montants peuvent ajouter, selon le commerçant, de 395 $ à
1 500 $ en extras.
Notre souci, c'est que c'est... si on
interdit de vendre plus cher à un acheteur qui veut payer comptant, on va simplement
convertir ça en achat de produits supplémentaires obligatoires. Ils sont déjà
inscrits sur le contrat de vente, dans bien des cas. Vous n'avez même pas à
cocher ou à les demander. Ça s'ajoute avec les taxes. Alors, c'est de demander
que ce soit... que ce soit inclus aussi, qu'on ne puisse pas vendre des
produits supplémentaires.
Dernier point, à la toute fin de notre
mémoire, la dernière page. Les compagnies qui font la location automobile à la
journée sont déjà en infraction pour leurs pratiques quotidiennes. Elles sont
poursuivies dans quatre actions collectives, la majorité pour leurs
pratiques... des pratiques de commerce. Et, je vous dirais, c'est une industrie
qui a beaucoup de difficulté à se discipliner. C'est une industrie où les
concurrents suivent. Il y a une nivellation vers le bas parce que c'est très
concurrentiel d'annoncer un faible prix. Et on ne voit pas la logique d'enlever
l'obligation d'avoir un permis. Ça enlève à l'office...
M. Iny (George) : ...la
possibilité d'un levier à exercer sur eux. D'ailleurs, je suis convaincu que si
on mettait les ressources là-dessus, on pourrait apporter des améliorations
dans leurs pratiques, au moins pour le Québec, parce que leurs systèmes de
réservation sont faits pour l'ensemble de l'Amérique ou le Canada au complet et
ne respectent pas toujours nos exigences en matière des prix. Un dernier point
pour vous dire : On est dans une belle conjoncture pour faire de
l'amélioration au Québec. L'Office nous interpelle activement pour avoir des
solutions un peu visionnaires aux problématiques. Les deux associations
principales des commerçants d'autos dans le neuf et dans l'occasion, ont une
direction assez progressiste, ont des directions progressistes qui sont ouverts
à l'amélioration. Et bizarrement, présentement, en Ontario, on fait une
consultation similaire. Les mêmes, certaines des mêmes exigences, et qui est en
train de déraper justement parce que les associations de commerçants sont
performantes et ils sont allés voir le ministre ou le cabinet du ministre
directement. À tel point que certaines des propositions ont tombé pendant la
période de consultation.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Le temps file rapidement, alors je
me tourne vers le gouvernement pour un bloc de 17 minutes d'échange. M. le
ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui,
merci, M. le Président. M. Iny, M. Lamontagne, M. Thouin,
bonjour. Merci de participer aux travaux de la commission parlementaire.
J'aimerais ça qu'on revienne sur quelque chose que vous avez dit tout à l'heure
relativement aux frais de rachat de véhicules de location. Donc, exemple,
supposons que je loue une compacte quatre ans, 48 mois pour 500 $ par
mois, supposons, et qu'au bout du terme j'ai 20 000 kilomètres par
année, puis qu'au bout du terme j'ai eu la conduite d'un curé. Et, comme on
dit, j'ai roulé jusqu'à 40 000 kilomètres sur quatre ans et est en bonne
condition et je veux racheter mon véhicule. Alors vous, ce que vous dites,
c'est qu'on ne devrait pas. Le concessionnaire ne devrait pas pouvoir charger
des frais comme exemple 500 $ ou 1 000 $, 1 500 $ pour
uniquement le fait de racheter mon véhicule avec la valeur résiduelle du
véhicule. C'est bien ça? Actuellement, je comprends que c'est indiqué dans le
contrat de location si vous rachetez, supposons, ça va vous coûter
1 000 $, mais, dans le fond, il n'y a pas de frais associés à ça,
juste de transférer, juste de vous vendre le véhicule.
M. Iny
(George) : Exact. Alors prenons le cas
d'une Mini, vous avez parlé d'une voiture compacte, les Minis ont une valeur
résiduelle, disons 20 $ pour racheter à 20 000 $ pour racheter
ma Mini. Mais il y a dans les caractères qui ne figurent pas dans le calcul au
départ qu'on vous a remis ni dans la valeur de l'option, un autre
1 000 $. Puis je vais vous dire : Écoutez, là, voulez-vous
vraiment payer le 1 000 $? Parce que, si vous louez un autre véhicule,
vous pouvez éviter ces frais-là, vous n'avez qu'à nous remettre le véhicule.
Alors, dans bien des cas, c'est employé comme un levier en plus pour encourager
une plus forte consommation chez le consommateur. Ça n'a pas de place. Le
marchand a droit à quelque chose qu'il devrait recevoir, peut-être de son
manufacturier. En passant, c'est moins de travail vous vendre le véhicule que
de le reprendre. Parce que si je le reprends, je dois l'évaluer. Je dois
calculer les dommages et je dois l'envoyer à l'encan. J'ai un plus-valeur ou une
moins-valeur et je dois l'offrir au concessionnaire qui, lui, pour l'acheter,
ne paie pas le 1 000 $ pour exercer l'option d'achat parce qu'il est
le premier arrivé après... le deuxième arrivé après vous. Alors, c'est pour
vous dire que c'est simplement un moyen indirect de filer des coûts
supplémentaires qui ne figurent pas dans les calculs exigés par la
réglementation. On aimerait que ça soit intégré. La meilleure façon, c'est de
dire qu'il n'y a pas de frais comme tels.
M. Jolin-Barrette : Puis
j'imagine que la majorité des consommateurs automobiles, quand ils regardent
leur contrat, ils se disent : Bon, mais à la fin, supposons que, en
paiement, je vais avoir payé sur un véhicule de 35 000 $ ma location
de quatre ans. Je paie, je vais avoir payé 20 000 $. Il me reste une
balance de 15 000 à payer. Ils pensent qu'à la fin, ils budgètent, il
dit : Bon, je vais aller acheter mon véhicule, j'arrive au terme de ma
location, ça va coûter 15 000 $. Là, il arrive puis finalement, c'est
1 000 $ de plus.
M. Iny (George) : Plus
les taxes.
M. Jolin-Barrette : Plus
les taxes sur le 1 000 $.
• (15 h 30) •
M. Iny (George) : Et ce
n'est pas juste le 1 000 $ de plus. C'est que c'est : on n'aime
pas payer des frais, on ne voit pas la valeur dans les frais. Alors le public,
c'est comme un encouragement pour dire : Écoutez, louez un autre véhicule,
vous n'allez pas payer le 1 000 $ de plus. Le pire encore, c'est que,
en faisant avec l'amendement tel qu'il l'est, on a on a l'impression, je ne dis
pas que l'État l'a légitimé, mais au moins on dit : il faut le divulguer.
C'est clair qu'il y aura un dérapage. Quand quelqu'un voit qu'il peut faire
1 000 $ avec ça et que ça marche en plus au Québec, il y a un moyen
de…
15 h 30 (version non révisée)
M. Iny (George) : ...l'indiquer,
ils vont commencer tous à monter... Il y en a qui sont gratuits présentement.
Ce n'est pas tout le monde qui demande un montant. Au départ, c'était toujours
gratuit. On pourrait voir que tout le monde passe à 2 000 $ ou même 2 500 $.
M. Jolin-Barrette : Est-ce
que vous pensez que, si on l'interdit, de charger un frais comme ça, les
concessionnaires ou les manufacturiers vont augmenter le prix du véhicule à la
source, ou ils vont l'amortir dans les paiements, ou ça va disparaître
complètement?
M. Iny (George) : Ce serait l'idéal
si ce soit dans les paiements ou qu'on augmente la valeur résiduelle à la fin
parce que ce serait ouvert. C'est comme ça que le règlement a été prévu. Ce n'est
pas d'avoir des faux frais dans les coulisses du règlement, mais plutôt d'avoir
les coûts réels et que les gens puissent comparer entre deux contrats de
location. Mais, la réalité, c'est qu'il n'y aura pas 2 000 $ d'augmentation
parce que ce service n'a jamais coûté 2 000 $. S'il y a 150 $ d'augmentation
dans... calculée dans la valeur résiduelle, on comprendra bien, ça fait partie
du jeu, c'est le prix de l'option d'achat à la fin.
M. Jolin-Barrette : O.K. Vous
abordez aussi la question du paiement au comptant. Parce que ça, c'est arrivé
à... j'ai entendu plein d'histoires comme ça, à l'effet que je veux acheter un
véhicule, j'arrive encore avec ma compacte, et ça coûte 34 000 $. J'arrive
avec un chèque visé de 34 000 $ ou avec 34 000 $ au
comptant. Je vais... Je veux le véhicule. Et là, le vendeur ne veut pas le
vendre parce que je ne la finance pas, alors c'est moins payant pour le garage.
Là...
M. Iny (George) : Vous ne la
financez pas chez eux, parce que vous pourriez avoir un financement plus
avantageux, qui est le vôtre. Ils ne sont pas intéressés.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
M. Iny (George) : Votre
institution ne leur paie pas une commission en dessous de la table.
M. Jolin-Barrette : Pouvez-vous
détailler sur ce point-là?
M. Iny (George) : Oui. La
raison que le commerçant est intéressé à ce que vous preniez le financement, c'est
parce qu'effectivement la Banque Royale ou Scotia, ou TD, ou la Caisse
Desjardins paie une commission au vendeur basée sur le profit qu'eux font sur l'emprunt.
Alors, vu que c'est une auto neuve à 34 000 $, c'est un emprunt qui
est intéressant, si vous financez l'ensemble de l'achat. Puis c'est clair aussi
que j'ai une marge puis je pourrais financer à 5,99 %, mais là, je ne paie
pas de commission au vendeur. Alors, le vendeur va m'offrir 7 % ou 7,5 %
parce que là, il a une commission, entre 600 $ et 1 000 $, pour
avoir fait le financement. Et c'est un peu cet enjeu-là qui rentre en ligne de
cause.
Avant la COVID, avant la pandémie, cette
pratique existait mais elle était très rare. C'était vu comme un peu grossier.
C'est-à-dire, les commerçants ont toujours eu des commissions, mais ils n'étaient
pas... Pour le rare client qui voulait payer comptant ou avait son propre
financement, on permettait que ça passait, et ça faisait partie du jeu. Mais
depuis la pandémie, cette pratique s'est instaurée, et c'est pour ça qu'on
demande d'ailleurs non seulement la rectification ici, mais d'ajouter que la
vente de produits croisés aussi obligatoire ne devrait plus avoir lieu.
M. Jolin-Barrette : Peut-être
une dernière question en lien avec le projet loi, puis je cède la parole à mes
collègues, là. Est-ce que vous avez eu connaissance que, puis en lien avec l'équité
négative sur les véhicules, il peut y arriver que certains concessionnaires, si
vous avez des difficultés à passer au financement, justement, décident de vous
vendre d'autres produits, des garanties prolongées, des assurances qui ne sont
pas comptabilisées sur le prix du véhicule, mais qui sont faits à part pour
vous vendre le véhicule?
M. Iny (George) : Oui. C'est
courant. Puis un exemple, on va acheter une garantie, pas de mon manufacturier,
mais d'une compagnie indépendante, alors il n'y a pas de prix de détail
suggéré. Ces compagnies ne les publient pas pour la plupart. Je peux acheter
une garantie à 700 $, mais la mettre au contrat à 3 500 $.
Alors, ça, ça permet par exemple d'avoir un faux solde pour le véhicule, parce
que je viens de gonfler le prix du nouveau véhicule de 2 000 $ ou 3 000 $,
je peux aller chercher un peu plus. Il y a d'autres moyens aussi en le faisant
indirectement.
Ça, c'est la problématique, entre autres,
de ce qu'on appelle l'équité négative. Je ne sais pas. Je pourrais passer la
parole à Me Lamontagne. Avez-vous des suggestions aussi?
M. Lamontagne (Hubert) : Pour
des exemples comme ça? Oui. Ça peut être avec des frais de certification de 1 000 $
qui vont faire baisser le solde.
M. Iny (George) : Alors, ça
peut exister. Il y a du travail à faire là-dessus. Je dois vous dire, les
autorités réglementaires, en Ontario, en Colombie-Britannique, ont décidé de ne
pas l'attaquer pour diverses raisons. Entre autres, c'est difficile. Ils n'ont
pas aussi une loi intégrée pour la vente automobile qui comprend...
M. Iny (George) : ...on prend
le financement. Et j'ai trouvé ça quand même important qu'on l'aborde ici.
C'est clair qu'on sera un phare pour le reste du pays si jamais on arrive avec
une bonne formule. En passant, les commerçants intègres nous disent qu'ils
voudraient ça. Eux disent que c'est nécessaire d'aider leurs clients à passer à
son prochain véhicule, mais ils détestent l'exagération grossière. Alors, quand
ils voient quelqu'un qui a changé deux fois de véhicule et que son équité
négative ait atteint 20 000 $, ça les dérange beaucoup que ce
20 000 $ soit transporté dans le financement d'un prochain véhicule. Mais,
tant et aussi longtemps que les autres le font, ils ont peur de perdre un
client.
Alors, ils vont quand même tenter leur
chance à la place de perdre un client. Mais il y a une ouverture dans
l'industrie. Ce n'est pas les gens qui parlent beaucoup qui sont là pour
militer en faveur de ça, mais c'est, je dirais, la masse des concessionnaires
aimerait bien qu'il y ait plus de discipline à ce niveau.
15
359
M. Jolin-Barrette : Je
vous remercie pour votre présence en commission parlementaire. Je vais céder la
parole à mes collègues.
17
859
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de
Saint-Jean, s'il vous plaît.
17
879
M. Lemieux : Merci
beaucoup, M. le Président. Vous aviez dit 17, au début, donc, on est rendus à
7, c'est ça?
17
859
Le Président (M.
Bachand) :7 et 9, exactement.
17
879
M. Lemieux : Merci, M.
le Président. M. Iny, messieurs, bonjour. Vous étiez en train de parler de
l'équité négative qui est tellement plus beau que la balloune. Je ne sais pas
pourquoi, la semaine passée, on s'est mis à parler de balloune quand on parlait
de ça. C'est comme ça qu'on appelle ça dans le milieu, mais l'équité négative,
ça va... je vais m'en rappeler. Vous étiez là-dedans et vous êtes...
M. Iny (George) : ...il y a
contradiction parce qu'une équité négative, c'est une dette.
17
879
M. Lemieux : Oui, oui,
je comprends, mais ça se dit bien.
M. Iny (George) : Oui, mais
c'est une balloune, vous avez raison.
17
879
M. Lemieux : Vous
étiez en train de parler de l'équité négative, donc, en disant que d'autres...
Est-ce qu'on va assez loin? Parce que vous avez dit : On pourrait être un
phare au Canada. Donc, on va assez loin pour être un phare, sinon on est
cow-boy.
M. Iny (George) : Oui. On ne
veut pas permettre ou autoriser quelque chose de mauvais qui, actuellement,
n'est pas régi. À long terme, ça prend une vision d'ensemble. Je vous dirais,
j'ai beaucoup plus confiance aujourd'hui que je l'aurais eu il y a trois,
quatre ans, qu'une solution acceptable pourrait... on pourrait y arriver en
consultant les gens dans l'industrie, dans les associations. Sinon, il y a des
marchands dans l'industrie qui ont peut-être des solutions à l'esprit des
commerçants.
17
879
M. Lemieux : J'avais
bien compris et je faisais un petit détour par là, parce que, dans votre
présentation, vous nous avez parlé de l'Ontario, puis vous nous avez parlé de
consultations qui ont plus ou moins abouti, là où vous auriez préféré que ça
n'aille pas, c'est-à-dire que ça a dérapé... ou, en tout cas, ça a été...
M. Iny (George) : ...il y a
une période active de consultation. Mais le ministre a déjà dit, les deux jours
de délai de résolution qu'on propose ici, là-bas, ils ne vont pas les faire
parce que... puis c'est suite aux visites de l'industrie directement, dans le
bureau du ministre, pendant la période de consultation, bizarrement.
17
879
M. Lemieux : Vous
permettez que je ne pense pas à des sous-questions, mais que je décode ce que
vous êtes en train de me dire, puis les sous-entendus que ça implique, parce
que ça veut dire que le lobby ontarien est plus fort ou qu'ici les bureaux de
ministre sont plus forts.
M. Iny (George) : Qu'on a des
meilleures associations de commerçants.
17
879
M. Lemieux : C'était
la troisième option. Merci beaucoup. Contrairement au ministre... pas
contrairement, mais le ministre vous a parlé du principe de la location avec
les frais supplémentaires à la fin. Je voudrais qu'on recule juste pour être
bien certain que j'ai bien suivi et compris l'explication, parce qu'il est
parti en plein milieu du processus, il y avait l'auto déjà. Moi, je la négocie,
l'auto, on la négocie. On n'a pas beaucoup de marge de négociation, mais je
suis chez le concessionnaire puis je n'achète pas, mais je vais acheter tantôt,
pour ma prochaine question, mais là je n'achète pas, je loue. En partant avec
mon véhicule, je sais combien il va y avoir de résiduel dans 36 ou 48 mois, là,
je le sais. Bon.
M. Iny (George) : À la clause
45, à la page 4 de votre contrat, la valeur résiduelle est inscrite, mais
aussi, au départ, c'est possible qu'avec les amendements qu'on va amener, je
pense, les gens de l'office peuvent me corriger, mais vous allez avoir un peu
plus d'information là-dessus.
17
879
M. Lemieux : Bien,
c'est là où je voulais en venir. Pour l'instant, avant qu'on adopte ce qui est
sur la table puis qu'on en discute, pour l'instant, je sors chez le
concessionnaire, ce soir, mon résiduel, ça va être 15 000, j'ai payé tant par
mois. Jusque-là, ça va, ça, c'est déjà acquis, là, je le sais en sortant.
Pourquoi est-ce que ça me coûte plus cher quand je vais payer le résiduel?
M. Lamontagne (Hubert) : Dans
le contrat de location, la clause 8, c'est la valeur résiduelle, on va dire, 20 000 $, puis la clause qui
suit, la clause 9, va être un frais de 1 000 $, qui va être rajouté. Donc,
ça, c'est le frais...
• (15 h 40) •
17
879
M. Lemieux : ...chez
le concessionnaire.
M. Lamontagne (Hubert) : ...ça,
c'est dans le contrat que vous allez signer.
17
879
M. Lemieux : Puis moi,
je me suis dit : Ce n'est pas grave, c'est dans quatre ans, ce n'est pas
si grave.
M. Iny (George) : Non, on ne
l'a pas porté à votre attention, c'est vraiment...
M. Iny (George) : ...parfois,
c'est vraiment à la quatrième page du contrat. Personne ne lit les quatre pages
avant de... on regarde la première page avec les conditions, le prix, la
mensualité, peut-être même la valeur résiduelle, mais pas nécessairement les
frais associés à exercer l'option.
M. Lamontagne (Hubert) : La
première fois que vous allez lire, c'est que quatre ans plus tard.
M. Iny (George) : Alors, on
amène ici... il y a une volonté d'amener une transparence, mais nous vous
disons que ce n'est pas la solution pour un faux frais. La solution pour un
faux frais, c'est de l'interdire ou de passer à une formulation autre qui fait
qu'elle n'a pas sa place.
M. Lemieux : Donc, ce
pourrait être la clause 9, vous m'avez dit, où on voit le résiduel... non
huit. C'est ça?
M. Lamontagne (Hubert) : Normalement,
ça suit, là. C'est une clause après l'autre.
M. Lemieux : C'est ça. Mais
ça pourrait être : Votre résiduel, M. Lemieux, sera de 20 000 $,
mais ça va vous coûter 1 000 $ de plus pour l'exercer, genre?
M. Lamontagne (Hubert) : ...de
1 000 $...
M. Lemieux : Frais
administratifs. Puis ça, ce ne serait finalement pas la meilleure solution. La
meilleure, ce serait que ça ne me coûte pas 1 000 $.
M. Lamontagne (Hubert) : C'est
parce qu'il y a certains fabricants qui chargent 0 $, il y en a d'autres
qui chargent 350 $, puis d'autres jusqu'à 2 000 $. Donc, il peut
y avoir de l'abus.
M. Lemieux : On va en
reparler en étude détaillée, parce que ça m'intéresse, ce bout-là d'histoire.
L'autre affaire, c'est, je vous l'ai dit...
M. Iny (George) : Il y avait
une philosophie qui était quand même bonne, c'est dire : Écoutez, pour
mettre de l'ordre dans la location à long terme, il faut que ce soit soit
partie de l'obligation principale, ce que vous... ou les intérêts. Mais on ne
peut pas avoir des frais un peu partout. On voudrait les... que ça fasse partie
du prix principal.
M. Lemieux : J'ai dit aussi
que j'allais l'acheter, le véhicule, O.K. Au lieu de le louer, là, autre
scénario, je l'achète. C'est drôle parce que je suis resté un petit peu... Mais
j'ai manqué de temps, à ce moment-là, c'est peut-être pour ça, je suis resté un
peu sur mon appétit. Parce que j'ai parlé aux concessionnaires, aux
représentants des concessionnaires de l'achat comptant et du fait que ce
n'était pas si évident que ça ou pas si facile que ça, parce qu'il y avait
beaucoup, beaucoup de... appelons ça de la pression, comme vous l'avez appelé,
pour financer. Mais, si j'arrive avec l'argent comptant, le financement ne
m'intéresse pas. Pourquoi ça les intéresse moins? Vous l'avez déjà dit, là, des
commissions, mais il y a-tu tant d'argent que ça?
M. Iny (George) : C'est
jusqu'à 1 000 $.
M. Lemieux : Par véhicule?
M. Iny (George) : Pour un
véhicule neuf financé entièrement avec un... pour un client qui a une assez
bonne cote de crédit. Si c'est un deuxième ou une troisième chance au crédit,
c'est beaucoup plus profitable que ça pour le marchand.
M. Lemieux : Si c'est une
équité négative aussi, je présume?
M. Iny (George) : Équité
négative?
M. Lemieux : Oui.
M. Iny (George) : Ça fait
partie du financement. Ça va gonfler le financement.
M. Lemieux : Qui est plus
cher aussi. Oui.
M. Iny (George) : Oui.
M. Lemieux : Mais vous avez
expliqué ça en disant : Après la pandémie, c'était pire, c'était là,
c'était dans le décor avant, mais c'est devenu pire. Le déclencheur, c'est
quoi? C'est...
M. Iny (George) : La rareté.
Alors, à une autre époque, on pouvait dire à un marchand : Écoutez, là, ce
n'est plus le même prix, j'irai voir un autre concessionnaire Nissan pour une
Sentra blanche parce qu'il y en a plein dans la cour. Avec la pandémie,
c'était : O.K, vous ne la voulez pas, on la vendra à quelqu'un d'autre et
vous allez vous retrouver en arrière de la file d'attente chez un autre
commerçant au nouveau prix plus cher avec six mois d'attente.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Merci beaucoup.
M. le député d'Acadie, pour 10 minutes 12 secondes.
M. Lemieux : ...
Le Président (M.
Bachand) :Pardon?
M. Lemieux : ...dit
17 minutes, puis je suis à 15.
Le Président (M.
Bachand) :Non. Sept minutes neuf
secondes, sept.
M. Lemieux : O.K. Merci.
Désolé.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie.
M. Morin : ...M. le
Président. Bonjour. M. Iny, Me Lamontagne, M. Thouin, bonjour. Content que vous
soyez là avec nous. Merci d'avoir déposé un mémoire et d'être présents à la
commission.
J'aurais quelques questions pour vous. Et
je dois avouer que l'exemple que vous avez décrit à la page 10 de votre
mémoire, en haut, relativement à une consommatrice qui avait retourné une
Toyota bZ4X m'a... m'a vraiment interpelé. Je comprends que la dame vous a
consulté. Elle s'est ramassée avec une obligation de 101 000 $ parce
qu'elle avait changé son véhicule pour... puis là, elle a pris une RAV4,
n'est-ce pas? Est-ce que... Et donc... Puis, en plus, le taux d'intérêt avait
augmenté, donc, total des intérêts, c'est de 35 000 $. L'exemple que
vous nous donnez, est-ce que c'est vraiment un cas qui est assez unique ou, si
ces cas-là, c'est très fréquent?
M. Lamontagne (Hubert) : ...un
cas qui est assez exceptionnel, là. On n'en a pas à chaque semaine, mais ce
n'est pas unique.
M. Morin : O.K., donc
c'est... Mais c'est... Mais ce n'est pas courant quand même.
M. Iny (George) : Courant,
c'est 2 000 $ à 5 000 $. C'est quand même, à notre avis,
illégal parce que vous prêtez de l'argent, pas pour acquérir le bien, mais
c'est pour payer un autre bien, vous financez un autre véhicule. On l'accepte.
La réponse pure, c'est...
M. Iny (George) : ...dire vous
n'êtes pas une institution financière, alors prenez vos permis, les bons permis
pour faire l'activité. Mais on sait bien que le public sont accrochés au
refinancement d'une partie de leur dette, et on a besoin d'une balise. Et les
cas qui nous arrivent, qu'on reçoit, quand il y a de l'exagération, ce n'est
pas nécessairement l'ensemble de l'activité. Il faut que la personne aussi se
réveille, qu'elle soit inquiète qu'elle a des difficultés. On s'est fait dire
que dans le domaine par exemple des grosses camionnettes, où il y a comme une
certaine clientèle impulsive, ça arrive que les gens ont des soldes, des
équités négatives, des ballounes de l'ordre de 10 000 $ à
15 000 $, qu'on peut facilement cacher dans l'achat d'un véhicule à
60 000 $ ou 70 000 $.
M. Morin : O.K. Je vous
remercie. Toujours à la... Toujours à la même page, vous dites :
«L'obligation d'information est insuffisante. En fait, si le législateur désire
encadrer le refinancement de l'équité négative, il ne devrait pas se contenter
qu'on informe le consommateur. Il devrait être possible de protéger le
consommateur.» Puis là, vous parlez d'une époque où les institutions
financières limitaient le montant du prêt sur une auto neuve à 120 %, 130 %.
Donc, je comprends que... ma compréhension du projet de loi, c'est qu'on veut
informer. Vous, vous dites : Ce n'est pas assez, il faut encadrer. Est-ce
que je vous comprends bien?
M. Lamontagne (Hubert) : Ce
qu'on aimerait, c'est que, par... réglementaire, il y ait un plafond objectif.
Que ce soit 120 %, 130 %, 140 % ou 200 %, mais quelque
chose d'objectif.
M. Iny (George) : Actuellement,
le client sait souvent qu'il y a de l'argent qu'il doit sur son... Il est déjà
informé. Il n'a pas nécessairement un chiffre fiable, parfois, c'est du verbal,
mais les gens qui ont une dette sur un véhicule savent généralement qu'ils...
ils savent très bien qu'ils n'ont pas fini à payer leur véhicule, un, ils sont
venus, par anticipation, essayer de l'échanger, et souvent, ils sont même, je
vous dirais, collaborateurs avec le vendeur parce qu'ils ont... ils ne
comprennent pas l'enjeu. Par exemple, ils ne vont pas comprendre qu'ils sont
passés d'un financement à 3 %, qu'ils ont souscrit en 2019, à un
financement à 8 % en 2024. Ça, ça les arrive pas à l'esprit. Mais ils
savent très bien qu'ils refinancer une partie de l'ancien véhicule sur le
nouveau.
Là, on a plus de transparence. Ça va aider
l'APA quand elle reçoit une plainte parce qu'on va demander au
consommateur : Montrez-nous votre documentation. Ce sera clair. On croit
par contre qu'il y aura quand même de la cachotterie. On va voir des garanties
supplémentaires et d'autres accessoires que le client a volontairement achetés,
parfois, on demande au consommateur d'acheter un produit d'assurance. Mais,
dans tous les cas, la transparence ne va pas régler le nœud de la problématique
qui est vraiment la surconsommation. Ce n'est pas un véhicule qu'il nous
fallait, on n'a pas... même pas payé l'autre, là. Ce n'était pas un besoin. Un
besoin, c'est un vouloir, une nécessité, ce n'est pas une nécessité. C'est un
luxe qu'on... généralement.
M. Morin : Oui. Je vous... Je
vous remercie. Maintenant, si on fixe des balises, admettons, et que le
consommateur, dans son refinancement, va aller au-delà des balises, et que
c'est... c'est réglementé, donc théoriquement, il ne devrait pas obtenir le
financement. Y a-t-il un danger qu'il veuille quand même changer de véhicule
puis qu'il refinance une partie de sa dette ailleurs, donc dans un contexte où,
même avec des taux d'intérêt qui seraient encore plus défavorables pour le
consommateur? Alors, est-ce que... est-ce que ça ne serait pas, d'une certaine
façon, si les balises sont... sont très strictes, en bout de piste, desservir
le consommateur, s'il veut absolument changer de véhicule?
M. Iny (George) : Si on fait
mal notre travail, oui, c'est possible. On doit bien faire notre travail. C'est
le défi qu'on se... qu'on se donne. Je crois que c'est mieux maintenant qu'on
aille une décision de la Cour qui dit qu'il n'y a pas de balises. On est mieux
avoir une balise intelligente, ça vaut la peine de faire l'effort pour essayer
de mettre... Et vous avez raison. Ce qui va arriver, si, admettons, on mettait
la balise... la balise à 120 %, on va découvrir subitement que le nouveau
maximum est devenu le nouveau minimum. Tous les marchands qui ont des équités
négatives vont essayer de pousser pour 120 %. Mais le client a quand
même... il aura quand même certaines informations, il pourra prendre une
décision. C'est vraiment les gens qu'on pourrait dire qui sont
analphanumériques. En tout cas, ils ne connaissent pas suffisamment le rapport
entre les chiffres pour se rendre compte qu'en fin de compte leur véhicule
électrique de 50 000 $ finit par leur coûter un 100 000 $
ou 75 000 $. Ce qu'ils ont... L'affaire qui les a accrochés, c'est
quand la personne aux ventes les a affirmé qu'ils pouvaient économiser sur
l'essence...
M. Iny (George) : ...pour
payer le prix d'acquisition d'un autre véhicule. Ça, ils étaient capables de le
faire, mais pas de comprendre qu'un 30 000 $ ou 40 000 $,
on ne le regagnera jamais avec une économie de 2 000 $ par année sur
l'essence.
• (15 h 50) •
M. Morin : Parfait! Je vous
remercie. J'ai une autre question, peut-être un peu plus technique, parce qu'il
y a d'autres groupes qui nous en ont parlé et j'attire votre attention à
l'article 20 du projet de loi n° 72. On parle évidemment d'un contrat
de prêt d'argent ou d'un contrat assorti d'un crédit. On dit : le commerçant
doit modifier le versement ou le terme au choix du consommateur. Ce que
d'autres groupes nous ont dit, c'était qu'au fond, souvent, le contrat de
financement n'était pas avec le commerçant, mais avec une institution
financière autre qui... puis là, on nous a suggéré peut-être qu'on devrait
modifier cet article-là pour parler non pas du commerçant, mais du prêteur.
Est-ce que c'est quelque chose sur lequel vous avez réfléchi? Est-ce que ça
protégerait davantage? Est-ce que ça aurait... ce serait plus transparent, plus
clair?
M. Iny (George) : Presque
100 % des emprunts sont... passent par… le concessionnaire n'est qu'un
intermédiaire, c'est déjà la norme. On ne voit pas à prime abord pourquoi on
devrait... le financeur, c'est-à-dire celui qui est… qui passe l'argent, qui
est le bailleur de fonds est déjà assujetti aux mêmes obligations que celui qui
a contracté avec le consommateur. C'est le régime actuel. Je ne sais pas s'il y
a un besoin de modifier cette relation-là pour écarter le vendeur, je ne suis
pas certain...
M. Morin : Je vous remercie.
M. Lamontagne (Hubert) : Le
consommateur devrait avoir le choix d'aller contre le concessionnaire ou contre
la compagnie à qui ça a été cédé.
M. Morin : Donc, pour vous,
le fait qu'on écrive ou que le législateur écrive : le commerçant, c'est
suffisamment, suffisamment clair.
M. Iny (George) : Aussi, je
vais ajouter le commerçant et le cessionnaire, la loi est déjà faite comme ça,
je crois.
M. Morin : Parfait. Je vous
remercie. À la page, la dernière page de votre mémoire, à la page 15, il y a
une référence au règlement d'application de la Loi sur la protection du
consommateur. Et ça dit : L'APA... en fait, vous vous opposez à cet
amendement. Le législateur ne devrait pas se priver d'un important outil de
surveillance. Pouvez-vous, pouvez-vous m'en dire plus? Quelles sont les
solutions que vous suggérez justement pour que le consommateur soit bien
protégé?
M. Iny (George) : Les
compagnies de location à la journée ont de la difficulté à respecter les
exigences en matière du prix tout inclus, entre autres, parmi d'autres
pratiques, ils ont aussi des adeptes de faux frais, par exemple, à certains
moments, là, je remonte il y a plus que cinq ans, mais je donne un exemple.
Certaines des compagnies avaient des montants, des suppléments temporaires,
mais qui sont restés pour les frais de l'énergie pendant une période où le prix
de l'essence avait beaucoup monté. Sauf qu'on leur a fait la remarque que ce
n'était pas logique parce que c'est le client qui paye pour l'essence dans un
véhicule loué à la journée. Ils nous ont donné : Ah! c'est l'énergie pour
chauffer nos bureaux. Alors, ça n'a pas de sens. C'est clair que ça ne coûte
pas à une compagnie de location 2 $, 2,60 $ par jour par client pour
chauffer leurs bureaux. À certains moments, il y avait un supplément pour les
pneus d'hiver, mais on les facturait en été. Le supplément a été facturé l'été
quand le véhicule n'avait pas de pneus d'hiver et à la journée, ça faisait pour
à peu près 1 000 $ par année de pneus d'hiver. Alors, c'est pour vous
dire…
Le Président (M.
Bachand) : Je cède maintenant la parole au député de Saint-Henri—Sainte-Anne
pour 3 min 24 s, M. le député, s'il vous plaît.
M. Cliche-Rivard : Merci, M.
le Président. Merci beaucoup pour votre présentation, votre mémoire. Vous
parlez dans votre mémoire des sanctions, là, qui étaient assez faibles, pas
assez fréquentes pour réprimer certaines pratiques douteuses à la page 3. Et
là, vous recommandez, puis j'aimerais ça vous entendre là-dessus, là, sur vous
recommandez l'attribution de ressources supplémentaires à l'office. Pouvez-vous
nous en parler, puis ce que vous souhaitez obtenir à peu près? Avez-vous une
idée...
M. Iny (George) : Plus
d'interventions, plus de moyens pour les enquêtes, pour le côté juridique,
peut-être plus de personnel dans ces services-là pour assurer l'application
d'une loi qui est quand même assez complexe et pour une très importante
activité économique. L'Autorité réglementaire ontarienne reçoit beaucoup plus
pour un mandat qui est moins vaste que celui de l'office.
M. Cliche-Rivard : Vous en
parlez de l'Ontario hein, dans votre mémoire. Vous dites que les pratiques sont
tout à fait à l'inverse de celles du Québec.
M. Iny (George) : Les
pratiques sont les mêmes, mais le contexte au niveau des solutions...
M. Iny (George) : ...n'est
malheureusement pas aussi favorable, oui, effectivement.
M. Cliche-Rivard : Qu'est-ce
que vous voulez dire?
M. Iny (George) : La... Une
consultation similaire actuellement en Ontario est menacée de ne pas porter
fruit. Et d'ailleurs, pour un des éléments les plus importants, est... a déjà
été... a déjà été soutiré, n'est... ne fait plus partie des recommandations
possibles.
M. Cliche-Rivard : Il y a une
question, puis n'ai pas beaucoup de temps puis je vais vous laisser répondre,
là : Qu'est-ce que vous recommandez exactement sur la question du
kilométrage? Vous dites : Si on est en dessous, si on est au-dessus, on
est pénalisés. Peut-être juste nous l'expliquer.
M. Iny (George) : Finalement,
quand on loue un véhicule et on n'arrive pas à la fin du contrat de location,
le véhicule est déclaré perte totale. On aimerait s'assurer que la... si on
reçoit, le véhicule vaut moins parce qu'il a un excédent de kilométrage, c'est
déjà calculé, et il y a un excédent de kilométrage qui ouvre la porte à une
pénalisation pour un excédent de kilométrage, qu'il ne soit pas compté deux
fois.
M. Cliche-Rivard : Ça fait
que là, si c'est perte totale, on paie quand même le kilométrage excédentaire
comme pénalité?
M. Iny (George) : Oui, mais
on voudrait que ce ne soit pas facturé, c'est ça, deux fois, si j'ai eu moins
pour le véhicule.
M. Cliche-Rivard : Vous dites
aussi «prix de vente gonflés par l'ajout de produits comme des rédactions de
contrat, des frais admin. Ça, vous dites, ça n'a... ça n'a plus lieu d'être,
là. Il faut que ce soit le prix, tel quel, puis fin de l'histoire.
M. Iny (George) : Oui.
M. Cliche-Rivard : Bien,
merci beaucoup pour votre participation.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Mme la députée
de Vaudreuil, trois minutes 24 secondes, s'il vous plaît.
Mme Nichols : Merci. Merci,
M... Merci, M. le Président.
(Interruption) Oui, je vais me faire
chicaner. Je reviens rapidement sur la location d'automobile courte durée.
Votre proposition était?
M. Iny (George) : Ils ont
besoin d'avoir un permis présentement, qu'on maintient le besoin. Il n'y a pas
de raison de faire un amendement là-dessus. Je dirais l'inverse. On pourrait
aller les voir, lors du renouvellement de ces permis, puis dire : Venez
nous voir avec un plan d'action puis avec un moniteur à l'intérieur de votre
commerce pour vous assurer que vous êtes en règle.
La problématique... parce qu'on a parlé
avec certaines de ces compagnies. La direction régionale au Québec est très
ouverte pour nous parler dans les coulisses. Ils nous disent : On ne peut
pas avoir des pratiques qui respectent la loi à 100 % si les autres ne le
font pas, c'est trop concurrentiel, notre domaine. Si on paraît 4 $ ou
5 $ plus chers que nos concurrents, mais en bout de compte, on facture le
même prix, on est perdants. On n'aura pas... La location initiale ne se fera pas
avec nous. Il y a une ouverture. Ça prend une présence de l'office. Et, je vous
dirais, à la place de se retirer, c'est de se servir du permis pour voir si on
peut aller chercher de l'amélioration.
Mme Nichols : Parce que, le
prix du permis n'est pas un enjeu, ce qu'on comprend.
M. Iny (George) : Ah, ce
n'est pas le prix. 600 $, pour eux, c'est quoi, 684 $? Ce n'est pas
le prix. C'est plus que le permis nous donne un pouvoir. C'est un privilège qui
arrive à échéance par certaines périodes. Alors, ça... il y a une ouverture là
pour faire de l'amélioration.
Mme Nichols : Parfait.
Dernière question. Vous parlez de retarder l'entrée en vigueur de certaines
dispositions, entre autres les dispositions 28 à 33, qui méritent un délai
supplémentaire. Est-ce que vous aviez une recommandation quant aux délais
proposés?
M. Iny (George) : Là, je vous
dirais, on n'a pas... on n'est pas un opérateur de financement ou de commerce
auto, ni un financeur. On s'était dit, vu qu'on n'avait pas vraiment fait la
recherche, qu'on se fierait aux recommandations des associations. Ils avaient
demandé un minimum de 12 mois pour certains articles. On pouvait vivre
avec 12 mois.
Mme Nichols : Donc, vous
comprenez qu'il y a un enjeu puis vous êtes...
M. Iny (George) : Mais en
s'inspirant d'eux autres, là.
Mme Nichols : Très bien.
Merci. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Alors, merci beaucoup d'avoir
été avec nous. Ça a été un grand privilège.
Alors, je vais suspendre les travaux
quelques instants afin d'accueillir le prochain groupe. Merci beaucoup. À
tantôt.
(Suspension de la séance à 15 h 59)
16 h (version non révisée)
(Reprise à 16 h 03)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. Alors, il nous fait plaisir de recevoir la
représentante de l'Association des... Restauration Québec. Alors, merci
beaucoup d'être avec nous. On avait... On a... C'est un grand privilège de vous
avoir. On sait que vous êtes très intéressée par le projet de loi. Alors, je
vous invite à d'abord vous présenter, débuter votre exposé. Après ça, on aura
un échange avec les membres de la commission. La parole est à vous.
M. Malouin-Trudel
(Laurence-Olivier) : Merci. M. le Président de la commission, M. le
ministre de la Justice, Mmes, MM. les députés, bonjour. Je me nomme
Laurence-Olivier Trudel. Je suis le président-directeur général de l'Association
Restauration Québec, communément connue sous l'acronyme ARQ. Existant depuis
plus de 85 ans, l'ARQ compte maintenant aux alentours de 5 300 membres
situés dans toutes les régions du Québec, et ce qui fait de notre association
le plus important regroupement de gestionnaires de la restauration sous toutes
ses formes.
Je suis accompagné aujourd'hui de mes
collègues, du vice-président aux affaires publiques et gouvernementales, M.
Martin Vézina, ainsi que de Mme Dominique Tremblay, directrice aux Affaires
publiques et gouvernementales pour l'ARQ.
Je tiens à remercier les membres de la
commission de nous avoir invités aujourd'hui à présenter nos observations sur
le projet de loi n° 72, pour lequel nous sommes effectivement très
concernés.
Depuis quelques années, l'industrie de la
restauration doit vivre avec de nouvelles couches de réglementation, que ce
soit la modernisation de la consigne, les mécanismes de prévention en santé et
sécurité au travail, la nouvelle exigence du certificat de francisation pour
les entreprises de 25 employés ou encore la mise en place du module d'enregistrement
des ventes infonuagique, qui ont des impacts directs sur la gestion des
établissements, évidemment.
Pour les petites entreprises, qui forment
la très grande majorité de l'industrie, une bonne proportion aussi de notre
membership, c'est un lourd fardeau que les propriétaires qu'on représente
aujourd'hui doivent gérer, tout en n'ayant pas nécessairement les ressources
pour faire les actions requises et répondre adéquatement à toutes les
redditions de comptes obligatoires.
Bien que couvrant un large spectre de
mesures destinées à protéger davantage le consommateur, le projet de loi n° 72
propose quelques dispositions qui visent à ajouter de nouvelles obligations aux
exploitants de l'industrie de la restauration. Nous profiterons donc de ce
mémoire dans notre exposé pour faire part de nos points de vue sur celles-ci,
mais aussi sur des améliorations pour que la transition soit la plus
harmonieuse possible.
Commençons par les nouvelles dispositions
sur...
M. Malouin-Trudel
(Laurence-Olivier) : ...pourboire. Comprenons bien que le pourboire
est un sujet chaud et que le consommateur commence à ressentir une fatigue due
à l'augmentation des taux de pourboire suggérés et le fait que d'autres
commerces ont recours de plus en plus à cette pratique.
Il faut toutefois comprendre que les
restaurateurs, les restauratrices du Québec n'ont pas été ceux derrière le
choix de monter les partages... les pourcentages suggérés ou le fait qu'ils
soient appliqués sur le montant total de la facture après taxes. En effet, la
pratique comme quoi les pourboires suggérés sont calculés sur le montant après
taxes découle plus du fait que les concepteurs de terminaux de paiement pour les
restaurants ont décidé de les programmer ainsi, et ce, pour tout le marché
nord-américain. Il n'existe pas d'option pour les propriétaires pour modifier
cette situation.
Advenant l'adoption du projet de loi, les
concepteurs de terminaux n'auraient donc plus le choix d'ajuster la
programmation afin d'être conformes aux dispositions de la nouvelle loi. C'est
la même chose pour les options pour lesquelles le consommateur peut entrer le
montant de son choix. Ce sont les programmeurs qui décident comment ils sont
inscrits à l'écran.
Devant ces constats, évidemment, l'ARQ ne
voit pas réellement de problème avec les obligations contenues aux
articles 45 et 67 du projet de loi.
L'Association a toujours plaidé que le
pourboire relève de la discrétion du client et que la norme sociale établie au
Québec est de 15 % sur le montant avant taxes. Toutefois, il faudra porter
une attention sur les suites de l'adoption de ces nouveaux articles, sur les
salariés au pourboire, à savoir si certains vont déserter ou non la profession
avec la baisse de revenus qui va découler de l'application de la nouvelle loi.
Selon l'association, les plus grands
perdants de cette mesure seront évidemment les serveurs et serveuses de
l'industrie.
Je vais maintenant laisser ma collègue Dominique
vous parler de nos observations sur les nouvelles dispositions concernant
l'affichage des prix.
Mme Tremblay (Dominique) : Merci,
Laurence. Donc, à la lecture du projet de loi, nous nous questionnons sur deux
articles qui vont complexifier de façon importante l'affichage des prix sur les
menus, tant en salle à manger qu'au comptoir pour emporter, et qui, selon nous,
ne procureront pas d'avantages pour les consommateurs. Nous croyons que
l'intention était de toucher le secteur des détaillants alimentaires, mais la
formulation «un commerçant offrant un produit alimentaire destiné à la
consommation humaine» est beaucoup plus large et inclut la restauration.
Notre premier exemple porte sur l'ajout du
nouvel article 223.0.1, qui exige que les taxes applicables doivent être
inscrites à proximité des prix du produit alimentaire. On voit mal quelle est
la plus-value de cet article, vu que l'ensemble des produits alimentaires
offerts en consommation sur place sont assujettis aux taxes de vente. De plus, avec
la migration, dans les prochaines années, vers le module d'enregistrement des
ventes infonuagique de Revenu Québec, les factures de restaurant auront toutes
une indication des taxes de vente applicables, donc mention F pour fédérales,
mention P pour provinciale et S pour taxes spécifiques, à proximité des prix.
On ne voit pas donc la... la nécessité, pardon, de l'ajouter sur l'ensemble des
menus.
Aussi, le nouvel article 91.0.1, qui
prévoit que les exploitants devront afficher les prix courants du produit
lorsque celui-ci est en promotion, n'apportera rien en nouvelle information
pour le consommateur et risque d'empêcher une pratique actuelle de l'industrie,
soit l'inscription «prix du marché». Il serait dommage que des produits comme
le homard, par exemple, soient retirés des menus des restaurants, dû à ce
nouvel article.
Finalement, le nouvel article 91.0.3
pourrait être problématique et demande des précisions additionnelles. La
mention «ensemble de produits alimentaires» pourrait signifier plusieurs
choses, et nous nous questionnons si cette formulation incluait... ou inclus,
entre autres, là, les trios qu'on peut notamment trouver dans les casse-croûte
et les restaurants service rapide. Si c'est le cas, cela voudrait dire qu'il
faudrait, sur l'ensemble des menus, inscrire le prix du trio, mais aussi de
chacun des éléments qui le composent, soit par exemple le hamburger, la frite
ou la boisson, alors que ceux-ci sont déjà indiqués ailleurs sur le menu. On ne
voit encore ici aucun avantage pour le consommateur à voir cette information
être dédoublée.
C'est donc pour ces raisons que nous vous
demandons d'apporter un amendement pour exempter notre secteur de ces nouvelles
mesures.
Il nous reste un point à discuter, qui est
le grand oublié du projet de loi, la nécessité d'inclure la possibilité
d'exiger une pénalité lorsque les clients ne se présentent pas à leur
réservation. Je laisse mon collègue Martin Vézina vous entretenir sur ce sujet.
M. Vézina (Martin) : Alors,
merci. Le phénomène des réservations non honorées, communément appelé «no show»
en anglais, cause de graves problèmes à l'industrie. En effet, chacune de ces
annulations spontanées représente des pertes importantes car les aliments
commandés par les clients demeureront invendus, le personnel prévu en trop
entraînera d'importantes dépenses vaines, en plus de ne pas recevoir de
recettes pour les tables vides. D'ailleurs, en février 2023, l'association a
consulté ses membres sur cette menace grandissante et elle a pu estimer les pertes
annuelles par établissement à environ 49 000 $, un montant non
négligeable qui correspond au salaire d'un employé à temps complet. Pour le
segment de la gastronomie, le montant est encore plus important puisqu'on
estime les coûts aux alentours de 88 000 $.
Au cours des dernières années, le
phénomène des réservations non honorées a...
M. Vézina (Martin) : ...pris
de l'ampleur au Québec avec l'émergence des plateformes de réservation en
ligne. Selon un de nos sondages internes, 65,6 % des répondants ont
constaté une augmentation véritable des réservations non honorées, 32,9 %
disent qu'elles étaient très fréquentes dans leur établissement. Selon notre
estimation, il y aurait environ 10 millions de «no show» annuellement dans
l'industrie.
• (16 h 10) •
Ainsi, bien que le phénomène soit en
augmentation et que les coûts causés par cette situation soient élevés, les
gestionnaires de la restauration n'ont pas tous les outils pour enrayer ce
fléau. L'article 13 de la Loi sur la protection du consommateur empêche
toute possibilité pour les restaurateurs et les restauratrices d'exiger une
pénalité monétaire dans cette situation. Il faut donc profiter de ce projet de
loi pour apporter les modifications nécessaires afin de permettre aux
exploitants de fixer une pénalité modeste aux clients ne se présentant pas à
leur réservation.
De plus, la solution, la pénalité modeste,
fonctionne. Dans le cadre de notre consultation interne à l'hiver 2023,
des exploitants nous ont informés qu'elles ont exigé des pénalités même si la
pratique était illégale. Parmi ceux qui ont utilisé cette solution, 75 %
ont vu une réduction de leurs... des «no show», et 65 % ont quantifié la
baisse à plus de 50 %. On voit clairement que cette mesure responsabilise
le client.
Qui plus est, cette mesure, qui peut
paraître anticonsommatrice à première vue, réussit tout de même à passer le
test de l'accessibilité sociale. Dans le cadre d'un sondage effectué par la
firme Léger auprès de 1 000 Québécois
et Québécoises à l'automne 2023, 69 % des répondants ont indiqué être
en accord avec la proposition qu'on vous soumet.
L'ARQ n'est pas surprise d'un tel
résultat. Il faut rappeler que la réservation de table dans un restaurant est
un service très apprécié de la clientèle et la plupart des consommateurs
ressentent une frustration à penser qu'ils n'arrivent pas à obtenir une table
dans un restaurant les soirs de grand achalandage à cause des gens qui ne se
présentent pas à leurs réservations. La réglementation actuelle semble
favoriser le consommateur irresponsable plutôt que l'inverse.
Pour l'ensemble de ces raisons, nous
désirons faire la recommandation suivante, soit d'inclure les amendements
nécessaires afin de fixer la possibilité pour un commerçant d'exiger une
pénalité d'au maximum 20 $, montant qui pourra être révisé périodiquement,
pour les clients qui ne se présentent pas à leur réservation pour un repas ou
une activité. Nous désirons aussi placer un délai d'au moins 24 h pour que
le client communique l'annulation de sa réservation, sans quoi la pénalité
pourrait être exigible.
Nous vous remercions de votre écoute et
espérons que vous serez sensibles à nos recommandations. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le ministre,
s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui,
merci, M. le Président. M. Malouin-Trudel, M. Vézina, Mme Tremblay, bonjour.
Merci de participer aux travaux de la commission. Plusieurs sujets à couvrir,
alors, je vais y aller en rafale.
D'entrée de jeu, vous soulevez un bon
point lorsque vous parlez notamment de la question des trios affichés.
Supposons qu'à ma cantine je veux avoir un trio de hot dog, poutine, bouteille
d'eau, l'objectif n'est pas d'inscrire effectivement le prix du hamburger
individuellement, parce que, de toute façon, sur le menu, généralement, il est
affiché à côté. Alors, on va vérifier avec les gens de l'office comment est-ce
qu'on peut ajuster le projet de loi à ce niveau-là. Ce qu'on vise, c'est
notamment les détaillants alimentaires pour que les gens, sur les tablettes,
puissent voir. Alors, on va clarifier le tout dans le cadre du projet de loi.
Votre commentaire est pertinent à cet effet-là, relativement aux taxes
également aussi. Alors, on a pris bonne note de vos commentaires. Puis je vous
en remercie à ce niveau-là.
Sur la question des terminaux et de...
bien, en fait, pour les consommateurs, là, si on se reporte dans le temps, le
15 % qui était calculé par le consommateur avant, supposons, la pandémie,
bon, il y avait l'utilisation de la carte de crédit, carte de débit, mais il y
a beaucoup de personnes qui payaient comptant quand même. Alors là, les gens
calculaient leur 15 %, supposons, avant taxes, mais, s'ils voulaient
laisser davantage, parce qu'ils avaient eu un bon service, ils le faisaient.
Vous êtes d'accord avec ça?
M. Vézina (Martin) : Jusque-là,
effectivement, jusque-là, nous sommes d'accord, on l'a toujours dit, la... pour
moi, est à la discrétion du client, norme sociale à 15 % avant taxes. Je
vous dirais qu'avant la pandémie les terminaux existaient puis il y avait des
paiements par carte et c'étaient les montants après taxes qui étaient faits,
puisque c'était ainsi qu'ils étaient programmés, comme on l'a mentionné dans
notre allocution.
M. Jolin-Barrette : Parce que
nous, notre objectif, c'est vraiment d'avoir de la transparence par rapport aux
consommateurs pour qu'ils puissent véritablement savoir le montant de
15 %, il est calculé sur quoi, ou le 18 % ou le 20 %. Puis là, bien
souvent maintenant, la pratique dans les restaurants, bien, le serveur reste à
côté, vous tapez votre carte, vous n'avez pas le temps de calculer tout ça. Là,
on veut vraiment laisser le choix au consommateur.
Vous dites dans votre mémoire : Bien,
écoutez, les gens qui risquent d'être le plus impactés, ce sont les serveurs,
les serveuses dans l'industrie de la restauration, mais, d'un autre côté, les
Québécois, ils sont généreux. S'ils ont un bon service, ils vont donner du bon
pourboire. Si on part de la prémisse de dire : Bien, parce que...
M. Jolin-Barrette : ...maintenant
ils vont savoir que c'est calculé sur le 15 %, avant taxes, ils vont avoir
moins, ce n'est pas nécessairement de faire confiance aux gens, aux Québécois
de dire qu'ils vont donner... s'ils veulent laisser un vrai 20 % ou un 25 %,
ils vont toujours avoir le loisir de le faire, là. Vous êtes d'accord avec moi
là-dessus?
M. Vézina (Martin) : Nous
sommes d'accord avec vous. Encore là, ce sera le consommateur à déterminer le
pourboire qu'il va laisser. Cependant, si les gens continuent à garder la même
norme sociale, ce qu'on dit, c'est qu'il va effectivement y avoir une perte de
revenus pour les serveurs et les serveuses, mais il y aura peut-être des
ajustements, puis on verra comment la société va évoluer suite à l'adoption de
ces mesures.
M. Jolin-Barrette : O.K.
Est-ce que vous avez un enjeu sur le fait qu'on enlève, supposons, les... je
vous dirais, les bonhommes et les bonhommes neutres puis les bonhommes avec un
sourire par en bas, avec la baboune, relativement aux services sur les
terminaux? Le fait d'avoir des émojis ou d'avoir... qu'il soit inscrit
«Excellent», «très bon», «passable», «mauvais».
M. Vézina (Martin) : Regardez,
on n'a pas nécessairement de position à cet effet au niveau des images puis des
icônes. Si ça peut être plus clair pour le consommateur, je vous donnerais
juste une attention pour les touristes, il faut quand même qu'ils soient
sensibilisés à notre modèle qui est au Québec, puis en Amérique du Nord, où il
y a un pourboire, que la norme sociale est le 15. Donc, il faudrait quand même
permettre d'une façon aux restaurateurs de pouvoir informer qu'il faut quand
même qu'il y ait du pourboire qui puisse être donné puisque, dans certains cas,
des... peut-être des gens de l'Europe, par exemple, vont peut-être penser qu'il
est compris et que là on pourrait voir des situations où le travailleur ne
recevrait aucun pourboire parce qu'il n'y a personne qui a indiqué qu'il
fallait verser un pourboire.
M. Jolin-Barrette : Et ça
arrive avec les touristes?
M. Vézina (Martin) : Cela
arrive dans les touristes. Si vous allez dans le Vieux-Québec, je vous dirais
que c'est une situation, puis plusieurs exploitants l'inscrivent sur la facture
pour être sûr que ce soit fait. Parce que sinon, il y a des fois des touristes
qui effectivement pensent que le pourboire est inclus et là ne donnent pas de
pourboire. Et là, c'est le travailleur qui est perdant.
M. Jolin-Barrette : Donc, les
restaurateurs, ce qu'ils font actuellement, ils inscrivent sur la facture
«pourboire non inclus».
M. Vézina (Martin) : Oui,
mais il faut juste s'assurer dans la législation à venir, pour ne pas mettre
quelque chose qui ferait interdire cette pratique-là, parce qu'on ne pourrait
plus informer. Donc, ce n'est pas nécessairement juste les pictogrammes, mais
il faut quand même laisser un éventail de choix dans les terminaux aussi pour
que les gens puissent aussi être dans la convivialité.
M. Jolin-Barrette : O.K.,
mais 15 %, 18 %, 20 %, 25 % c'est universel.
M. Vézina (Martin) : Ça...
oui, ça peut dépendre. Bien, ça dépend des juridictions, je vous dirais, à
Toronto, on va être plus dans le 18, 20, 22. Au Québec, on est plus entre le
15, 18 et 20. Mais je vous dirais même en région, au Québec, on est plus dans
le 12, 15 18. Donc, ça dépend de la situation géographique puis ça dépend de la
clientèle.
M. Jolin-Barrette : Mais là,
actuellement, ce n'est pas des vrais 15, 18, 20.
M. Vézina (Martin) : Non, là,
c'est le montant après taxes.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
M. Vézina (Martin) : On
s'entend là-dessus, ce que je vous dis, c'est... puis ce n'est pas un choix,
comme je vous répète, ce n'est pas l'industrie qui a fait ce choix-là. Nous, on
vit avec les machines que les compagnies de paiement nous donnent, demain
matin, elles nous donnent des machines qui comptent le montant avant taxes, ça
va être 15, 18, 20 sur le montant avant taxes. L'enjeu, c'est qu'on ne veut pas
être nécessairement pris à défaut, parce que les compagnies ne font pas les
programmations nécessaires. Et il va falloir être sûr que, dans six mois, ce
soit fait, là.
M. Jolin-Barrette : Je
comprends, je vous ai entendu à la télévision l'autre fois. Je comprends que,
pour un propriétaire de restaurant... puis ça, j'aimerais ça que vous nous
expliquiez ça, plus le montant de la facture était... supposons, plus le tip,
le pourboire est élevé, plus que c'est le commerçant, le restaurateur qui paie
aussi, là. Pouvez-vous nous expliquer ça, sur la machine, là?
M. Vézina (Martin) : Ah! Oui,
tout à fait. Et il faut comprendre que, pour l'exploitant, les nouvelles
mesures, c'est peut-être des économies modestes, là, somme toute, mais sachez
que toutes les transactions de cartes de crédit qui se font sous un terminal,
comprenant aussi les pourboires, font en partie de ce montant-là. Il va y avoir
un frais de carte de crédit qui s'avoisine 2 à 3 % du montant de la
transaction. Aussi, si vous connaissez la loi sur les normes du travail, il y a
plusieurs indemnités qui est prévue au sens de la loi, au niveau des jours
fériés, des maladies, des vacances, qui calculent le pourboire qui est
normalement déclaré par le travailleur et qui est payé par le commerçant. Donc,
plus qu'il y a de pourboires versés, bien, plus le commerçant au moment de ces
indemnités-là... bien, vont devoir compenser en lieu et place du consommateur.
M. Jolin-Barrette : Et ça,
c'est quand on paie par carte de crédit. Si le consommateur paie par carte de
débit avec le terminal, est-ce qu'il y a des frais?
M. Vézina (Martin) : Il va y
avoir des frais. On n'est pas dans le 2 à 3 %, là, on va être environ, là,
quatre sous... quatre sous de la transaction, là, parce qu'au niveau des débits
ils sont pas dans un... c'est un «flat rate» pour tout le monde, là.
• (16 h 20) •
M. Jolin-Barrette : O.K. Bon,
la question des réservations non honorées, moi, je vous le dis candidement, là,
j'ai de l'ouverture sur ce... sur ce sujet-là, le comportement des gens, c'est
déplorable quand on n'annule pas une réservation et que le restaurateur...
M. Jolin-Barrette :
...restaurateur, a fait rentrer son personnel, a acheté la nourriture puis ça
se traduit en pertes. Alors, c'est un comportement non civilisé puis on demande
aux gens de se comporter en conséquence. C'est la moindre des choses d'annuler
sa réservation lorsqu'on le fait et que ça engendre des coûts pour le
restaurateur. Vous souhaitez que ça soit encadré? Tout à l'heure, j'entendais
dire : Bien, écoutez, supposons avec un préavis de 24 heures. Puis
là, c'est une discussion ouverte, là, mais qu'est-ce qui arrive pour les gens
qui, supposons, la journée même, là, le matin, là, l'enfant tombe malade, on ne
peut pas honorer la réservation au restaurant. Est-ce que vous avez pensé à un
minimum de couverts de personnes pour réservation? Est-ce que ça s'appliquerait
à partir d'un certain nombre de personnes ou c'est dès qu'on réserve,
supposons, à deux personnes 24 heures auparavant, on annulerait notre
réservation. La hauteur de la pénalité aussi. À quoi vous réfléchissez?
M. Vézina (Martin) : Je
vous répondrais en deux temps. Actuellement, la recommandation était vraiment
de 20 $ par personne. Ceci dit, la situation que vous parlez, où on a des
gens hospitalisés ou des maladies, tout ça, il va y avoir quand même une
discrétion laissée aux commerçants de ne pas facturer, je vous dirais, la
pénalité. Puis il faut comprendre comme ça, je parlais d'ailleurs à un
exploitant, hier de Trois-Rivières qu'il y a eu un groupe puis c'est un client régulier,
puis il l'a l'annulée à moins de 24 heures d'avis pour des raisons de
maladie. Bien, il ne va pas lui facturer ou ne va dire, d'en prendre son dépôt
en vertu de son contrat. Il ne le fera pas. Pourquoi? C'est bon de garder ce
lien-là avec la clientèle. Je crois que notre industrie, c'est ça qu'elle va
faire. Donc oui, on dit 24 heures, mais on va toujours avoir des notions,
puis il faut nous laisser la flexibilité et c'est là qu'on va chercher dans la
loi aujourd'hui, c'est d'aller chercher cette flexibilité de pouvoir imposer la
pénalité au consommateur qui n'est pas responsable, mais quelqu'un qui a un cas
de maladie ou de décès, bien, il va y avoir une discrétion de l'exploitant pour
dire : oui, je ne facturerai pas la pénalité pour une raison bien simple
que ça va être du très mauvais service à la clientèle qui va avoir un impact
sur les médias sociaux, sur tout ce que vous pouvez penser en termes de
notoriété pour l'établissement, mais aussi parce que ça ne sera pas bon pour,
pour son établissement, pour le commerce, parce que le bouche-à-oreille va se
dire là, le monde viendra plus, là.
Mme Tremblay (Dominique) :
Il faut savoir aussi que la mesure, dans le fond, demandée pour décourager et
changer le comportement qui dure depuis trop longtemps chez les consommateurs
récalcitrants, ça fait longtemps qu'on fait de la sensibilisation, des années,
en fait, on en parle dans les... Les médias aiment beaucoup le sujet aussi,
donc on pourrait retourner loin dans le temps puis la mesure qu'on voudrait mettre
en place, en fait, c'est vraiment pour décourager puis éventuellement qu'on ait
même plus besoin de passer par là pour les récalcitrants quand ils vont avoir
vécu l'expérience une, deux ou trois fois, de se faire charger une pénalité
sans avoir mangé au restaurant, bien, on voit le comportement, on le voit là,
ceux qui l'ont expérimenté, ceux qui l'ont fait illégalement, en fait, c'est
parce qu'il y avait un ras le bol dans l'industrie, dans leur commerce. Puis
malheureusement, on voit que oui, là, illégalement, mais ça a apporté un
résultat concret. Les gens se sont, tu sais, se sont calmés après, dans le
fond, ont arrêté de ne pas se présenter à leur réservation, ont pris ça plus au
sérieux. Donc, le but de la mesure, c'est ça, c'est d'arriver à ça, de
décourager les gens de faire ça. Puis on le voit de plus en plus et encore plus
depuis la pandémie, malheureusement. Puis je pense que c'est dans tous les
secteurs, là, ce n'est pas juste en restauration, mais la restauration a eu une
période difficile. Donc après, tu sais, de vivre avec tout ça, d'avoir à gérer
tout ça, on n'a pas besoin de ça, là, dans... Donc, ça serait facilitant pour
le restaurateur, ça assurerait la, la, ça assurerait la réservation, dans le
fond, c'est un mécanisme de protection, là, pour le restaurateur.
M. Jolin-Barrette : Je
vous remercie pour votre passage en commission parlementaire. J'ai des
collègues qui veulent vous poser des questions.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Donc, je me tourne vers les collègues de la
partie gouvernementale, M. le député de Saint-Jean, s'il vous plaît!
M. Lemieux : Merci
beaucoup, M. le Président. Au sujet des terminaux, et je ne vais pas dans les
pourcentages, je vais dans la dimension qui n'a pas été abordée jusqu'ici, ni
par le projet de loi ni par la commission, mais que j'ai beaucoup entendue chez
moi. Je ne sais pas ce qu'il y a dans l'eau à Saint-Jean-sur-Richelieu, mais
chez moi, il y a plusieurs restaurateurs qui avaient une frustration par
rapport à ce que... au partage de pourboire, parce que les réservations non
honorées, vous avez raison, c'est dans l'air du temps, ça prend beaucoup de
place. Mais quand on approche des restaurateurs, ce qu'on entend beaucoup,
c'est le partage des pourboires à l'intérieur du restaurant. Lui, il y avait eu
une idée extraordinaire. Il est brillant, le gars, mais le terminal n'était
pas... en tout cas, ne suivait pas ses idées. Lui aurait voulu être capable de
dire : pourboire pour le serveur et voulez-vous laisser quelque chose à l'ensemble
du personnel? Moi, je trouvais ça brillant. Est-ce qu'il y en a qui vous en
parlent parce que vous y aviez pensé? Pourquoi vous ne l'avez...
M. Lemieux : ...ne pas
demander. Bref, on ne peut pas savoir où elle est.
M. Vézina (Martin) : Très
heureux de votre question, puis c'est un message qu'on peut faire à l'ensemble
des parlementaires. L'article 50 de la Loi sur les normes du travail ne le
permet tout simplement pas, d'ajouter cette ligne de cuisine. Si vous
connaissez ça, puis c'est une demande de longue date de l'association, de
modifier cet article-là pour... pour pouvoir redonner un droit de voir... un
droit de gestion pour les employeurs, pour qu'ils puissent justement distribuer
en cuisine. Puis actuellement la loi, elle est très claire, il appartient... Le
pourboire appartient en propre au travailleur qui a fait le service, donc au
serveur. Seuls eux peuvent déterminer s'il y a une convention de partage des
pourboires. Donc, faire le modèle que vous proposez, bien, ça ne serait pas
possible parce que, si l'exploitant fait cela et qu'un employé de service porte
plainte à la CNESST, il y a un fort risque que la CNESST, puis on a déjà eu des
échanges à cet effet avec eux, qu'ils ne considèrent pas qu'il serait légal
d'imposer une ligne cuisine pour, mettons, donner du pourboire directement aux
gens de cuisine.
M. Lemieux : Je
comprends le problème avec la CNESST, puis j'en avais entendu parler aussi. Là
où j'avais... Là où j'ai déchanté en lui parlant, c'est qu'il dit : Bien,
je ne suis pas capable de travailler avec les gens de la cuisine et les gens du
plancher pour qu'on puisse s'entendre. Il y aurait moyen d'avoir une
convention, une convention d'un endroit, d'une succursale ou d'un restaurant si
tout le monde s'entend. Mais c'est compliqué parce que, chaque fois que
quelqu'un de nouveau arrive, il faudrait qu'il consente, sinon on n'a plus le
consentement et puis, là, on recommence à zéro. Ce n'est pas évident, là. Dans
l'industrie, c'est très, très... Et on sait que les raretés de main-d'œuvre
dont on entend parler sont beaucoup plus en cuisine.
D'ailleurs, quand vous parliez du... du
service à table qui est payé au pourboire, et donc un salaire horaire moindre,
c'est calculé, ça, par ces gens-là quand ils vont travailler au service horaire
moindre parce qu'ils savent qu'ils vont aller chercher beaucoup plus. Ce n'est
pas le 15 %, ou 18 %, ou 12 % sur... avec ou pas les taxes qui
va changer grand-chose pour un bon serveur, là.
M. Vézina (Martin) : Il
va avoir... Bon, il y a plusieurs éléments à votre question. Je vais être...
M. Lemieux : Oui. C'est
parce que je vais me faire pousser dans le dos par le temps.
M. Vézina (Martin) : Je
vais le faire vite, juste pour vous dire. Avant après taxe, si les gens ne
restent pas, il va y avoir une certaine baisse de revenu. Mais sachez que dans
nos sondages internes, un serveur gagne en moyenne 40 $ de l'heure. Donc
il y a quand même un élément de rémunération intéressant. Au niveau des
conventions, c'est seulement les serveurs au sens de la loi qui peuvent décider
d'avoir une convention de partage des pourboires. Un exploitant, un
propriétaire ne peut rien faire. S'ils ne peuvent pas s'entendre non plus... Et
il n'y a pas besoin d'un assentiment de la cuisine. Si les serveurs disent non,
mais que les cuisiniers disent oui, bien, ça finit là parce que les serveurs
ont dit non. Et c'est là que, nous, notre recommandation qu'on porte, qu'on
a... qu'on a portée au ministère du Travail, bien, c'est dire : Il faut
ouvrir l'article 50 pour permettre un droit de gérance.
Puis je vous donnerais un autre cas de
figure. Quand c'est une commande en ligne, on a des exploitants qui se
demandent : Je le verse à qui, le pourboire? Parce que ce n'est pas le
robot qui va le recevoir. Or, il y a des gens qui font des commandes en ligne,
qui versent des pourboires. Donc, est-ce que c'est la caissière? Est-ce que
c'est le cuisinier qui était là qui a pris la commande? Donc, il y a des enjeux
aussi techniques très importants avec l'article 50 qui méritent d'être
révisés.
M. Lemieux : Je peux
seulement vous suggérer qu'après l'adoption du projet de loi sur lequel on
travaille, il y a un autre ministre avec un autre projet de loi qu'il faudrait
essayer d'aller stimuler. Mais ce que vous venez de dire est important parce
que c'est un problème. En tout cas, pour certains opérateurs, c'est un... c'est
un énorme problème parce que la personne qui m'avait suggéré de travailler avec
un terminal qui poserait la question, c'est là que je lui ai trouvé la réponse
de la CNESST. Mais lui, il me disait : Si je ne fais pas ça, je ne suis
pas capable de payer ma cuisine autant qu'ils le méritent, là.
Mme Tremblay (Dominique) : Juste
pour préciser, c'est un droit de gestion qu'on demande pour l'employeur, mais
il sera libre ou pas de mettre une convention de partage en place. Donc, ce
n'est pas un droit universel ou une application universelle. Certains
établissements nous... nous disent qu'eux, ils n'iraient pas vers cette
option-là. Alors, c'est correct. Dans le fond, le droit de gestion est
important. Dans le fond, ce sera au choix du restaurateur, mais que la
possibilité...
Le Président
(M. Bachand) :Merci. M. le député de
l'Acadie, s'il vous plaît.
• (16 h 30) •
M. Morin : Oui. Merci,
M. le Président. Alors, bonjour. Merci d'être là avec nous. En fait, moi,
j'avais. J'avais très hâte de vous rencontrer parce que vous avez produire un
mémoire. On a lu beaucoup dans les journaux, effectivement, sur votre position
avant... avant qu'on vous entende. Donc, très, très intéressant. Évidemment,
les clients dans les restaurants qui ne se présentent pas et donc qui annulent
leur réservation, bon, on a... Mais c'est bien compris qu'au fond c'était le...
16 h 30 (version non révisée)
M. Morin : ...grand oublié de
ce projet de loi. Mais j'aimerais... j'aimerais savoir avec vous est-ce que...
parce que, dans votre mémoire, vous parlez de différents endroits, bon, vous
citez l'Afrique du Sud, bon, la France, avez-vous regardé si, dans les autres
provinces canadiennes, il y a de telles dispositions qui sont en vigueur puis
comment ça s'articule?
M. Vézina (Martin) : Il n'y a
pas de dispositions dans les autres provinces canadiennes comme dans les autres
États américains, là. Habituellement, c'est un libre... c'est soit fixé par l'exploitant,
là. Il n'y a pas d'encadrement juridique par l'État, mais plutôt des politiques
de réservation. Je pourrais vous donner un autre... un autre cas européen
aussi, qui est le Royaume-Uni, où il y a une politique de réservation puis il y
a des frais qui peuvent aller jusqu'au repas complet d'un client. Or, ce n'est
pas vraiment là notre recommandation. Nous, on base beaucoup plus sur l'exemple
français avec la raisonnabilité.
M. Morin : O.K.
Raisonnabilité puis certaines... certaines souplesses aussi dans le cadre de l'encadrement,
tout dépendant des raisons évidemment qui sont... qui sont invoquées par le
client pour ne pas aller manger dans un... dans un restaurant ou d'annuler une
réservation. O.K. Parfait. C'est bien.
Là, vous dites... vous avez dit également
que c'était... c'était un enjeu pour certains restaurateurs, vous avez fait
référence à la Ville de Québec, des gens qui ne donnent pas de pourboire, donc,
parce qu'ils pensent que c'était inclus. Plusieurs ajoutent, sur la... en fait,
j'imagine, la facture, que le pourboire n'est pas inclus. C'est une pratique
que vous souhaitez continuer. Mais moi, je n'ai rien vu dans le projet de loi
qui pouvait l'interdire. Est-ce que j'ai mal vu ou...
M. Vézina (Martin) : Non,
non. Bien, ce n'est pas une notion. C'était pour répondre à la question de M.
le ministre, là, qu'il posait à ce niveau-là. C'est au niveau des balises qu'on
pourrait mettre. Actuellement, effectivement, rien dans le projet de loi n'empêcherait
cette pratique. Mais justement, on voulait éviter, si jamais on voulait
encadrer encore plus sérieusement la pratique, de faire attention, de laisser
une chance à l'exploitant d'identifier qu'il faut laisser du pourboire. On peut
penser à baliser les bonhommes sourires puis les pouces en l'air puis les
pouces en bas, mais de quand même me permettre de dire que, oui, il faut quand
même laisser du pourboire.
M. Morin : Et, vu qu'un des
objectifs du projet de loi, c'est d'être plus transparents, bien, évidemment,
si le commerçant... si le restaurateur, en fait, indique que le pourboire n'est
pas... n'est pas inclus, bien, à ce moment-là, ça permet une meilleure
transparence. Cependant, il y a... il y a aussi des restaurateurs, parfois, là,
quand c'est des groupes, qui vont inclure le pourboire. Dans ce cas-là,
évidemment, j'imagine qu'il en informe également les consommateurs pour ne pas
qu'il en...
M. Vézina (Martin) : Bien
oui, habituellement. Puis là, en vertu de la loi que vous étudiez, la Loi de la
protection du consommateur pour... il faut l'inscrire sur le menu, s'il y a un
pourboire qui est obligatoire, donc ce qu'on appelle des frais de service. Puis
oui, il y a... cette pratique-là existe. Ça existe pour des groupes, même, qui
peuvent aller de plus de six, mais habituellement... Puis on a une obligation
légale de le faire. La mention est inscrite directement sur le menu.
M. Morin : Parfait. Je vous
remercie. Vous nous avez dit également que... j'ai pris une note, oui, que ça
aurait... le projet de loi aurait un impact sur les salariés à pourboire d'une
façon. Alors, les salariés qui ont un pourboire, évidemment, ils ont un taux
moindre. Quel va être le plus grand impact? Est-ce que vous pensez que ça va
avoir un impact sur l'industrie, la rétention du personnel, l'embauche du
personnel ou si ça devrait être assez neutre?
M. Vézina (Martin) : ...demeuré
à voir.? C'est... Je vous dirais, le point à regarder au niveau de la nouvelle
réglementation, c'est de voir l'impact sur les salariés. Oui, il y aura une
perte, pas assez pour nécessairement dire que le... ils vont tomber en bas d'un
salaire minimum, là. On n'est pas là, là. On... Comme nos... les salariés en
service font autour de 40 $ de l'heure, vont perdre quand même un certain
montant dans... au niveau du salaire horaire, mais on n'ira pas à des niveaux,
là, en bas de 20 $ de l'heure. Cependant, pour des gens qui sont habitués
à un certain revenu, les voir perdre, il y aura peut-être des réflexions qui
vont être engagées auprès d'eux pour savoir s'ils demeurent ou non dans l'industrie.
Mais là, actuellement, il est trop tôt pour mesurer cet impact.
M. Morin : Et dans... Et dans
l'industrie, est-ce que c'est un... c'est un enjeu, l'embauche de personnel, l'embauche
de serveurs compétents? Est-ce que c'est quelque chose qui inquiète l'industrie?
M. Vézina (Martin) : La
situation s'améliore, mais il y a toujours de l'inquiétude au niveau de la
pénurie de main-d'œuvre. Donc, oui, il faut toujours trouver des bons serveurs.
On a vécu des périodes où ça a été plus difficile dans les dernières années au
niveau du service parce qu'il y avait une pénurie, même pour ces postes-là,
hautement rémunérés. Ça s'est un peu... il y a eu une accalmie, mais on ne
voudrait surtout pas revenir justement à une période où finalement, il nous
manque des serveurs, puis on prend un peu n'importe qui.
M. Morin : Très bien.
Plusieurs groupes nous ont...
M. Morin : ...on dit que
les délais qui étaient prévus pour l'entrée en vigueur du projet de loi étaient
trop courts ou trop rapprochés. Est-ce que vous avez réfléchi à cette question-
là? Est-ce que vous pensez qu'on aurait besoin de plus de temps?
M. Malouin-Trudel
(Laurence-Olivier) : Bien, c'est certain qu'à ce niveau-là, ça va
davantage être au niveau des concepteurs qu'il va falloir parler en toute
honnêteté, ce n'est pas nous qui programmons les terminaux. Donc, je dirais
qu'ils vont être les mieux outillés pour répondre à cette question-là. Est-ce
que c'est une programmation qui se fait ou non? Nous, on peut vous dire qu'on
avait déjà eu des discussions avec certains concepteurs avant même que le
projet de loi soit présenté pour avoir ces discussions-là. Et on sait qu'il y
avait quand même certains enjeux parce que ça demande et c'est des choses qui,
souvent, sont programmées pour l'ensemble de l'Amérique du Nord. Donc, là, de
faire une exposition spécifique au Québec, c'est possible, mais on ne peut pas
vous répondre avec certitude si les délais ou non sont raisonnables. En termes
d'applicabilité après ça dans l'industrie bien, c'est certain que nous, nos
restaurateurs, c'est assez simple pour eux à mettre en place, du moment que le
terminal le permet. C'est vraiment ça qu'il faut s'assurer.
M. Morin : Je vous
remercie. J'ai aussi une question en ce qui a trait à l'article 44 du
projet de loi. D'ailleurs, vous y faites référence dans votre mémoire. Vous
parlez de l'article 223.0.1, c'est à la page, la page 7, et vous
pensez que ça pourrait inclure, évidemment, la restauration. Pouvez-vous m'en
dire davantage?
M. Vézina (Martin) : Oui,
quand on lit cet article 223.0.1, on indique : commerçant qui offre
en vente un produit alimentaire, destiné à la consommation humaine. Et c'est là
le, je vous dirais, la formulation qui blesse un peu parce qu'on est un
commerçant et l'Office nous l'a déjà dit à plusieurs reprises que la
restauration est incluse dans la terminologie commerçant. Mais là, si on dit
qu'on met en vente un produit alimentaire, bien, nous mettons en vente des
produits alimentaires, on est régi par la loi sur les produits alimentaires.
Donc il y a un sens aussi à ça et destiné à la consommation humaine. Mais il
est évident que ce qu'on vend s'en va à des êtres humains. Donc, nous, c'est la
formulation qui pose problème. Est-ce que c'était réel, la réelle volonté du
législateur de viser aussi large? Ça reste à voir. Mais nous, on aimerait que
peut-être il y ait un raffinement de cette formulation-là pour exclure notre
secteur de ces dispositions.
M. Morin : Est-ce que
vous avez des suggestions pour raffiner la disposition? Est-ce que c'est
quelque chose à laquelle vous avez réfléchi? Ou…
M. Vézina (Martin) : Pas
nécessairement. On n'est pas nécessairement juriste, mais je vous dirais je
vais laisser peut-être les gens de l'office, puis du ministère, peut-être
arriver avec notre formulation, ou votre groupe parlementaire.
M. Morin : Mais donc, en
tout cas, vous, vous souhaitez que les restaurateurs soient exclus, finalement,
de la disposition.
M. Vézina (Martin) : Pour
les motifs mentionnés, effectivement, on demanderait l'exemption, puisque le
consommateur n'y gagnerait rien.
M. Morin : O.K. c'est
bien. Parfait. Je vous remercie.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup, M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne,
s'il vous plaît.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup. Merci pour votre présentation. J'essaie de voir concrètement
l'application de votre proposition sur le no show, puis le 20 $, donc en
réservant, puis vous allez avoir quoi? Vous allez prendre la carte de crédit
par exemple, puis là vous allez m'appeler pour valider si j'avais une excuse.
J'aimerais ça savoir qu'est-ce que vous avez comme mécanique? Qu'est-ce que
vous avez réfléchi comme mécanique.
M. Malouin-Trudel
(Laurence-Olivier) : Bien, en fait, le mécanisme existe déjà si on
parle aux plateformes de réservation en ligne, c'est souvent avec eux que c'est
plus simple. Donc, les plateformes.
M. Cliche-Rivard : ...
M. Malouin-Trudel
(Laurence-Olivier) : Exact. Mais, en fait les plateformes de
réservation en ligne ne font souvent pas qu'affaire au Québec, donc ils font
affaire partout en Amérique du Nord. Et comme en Amérique du Nord, c'est
permis, ils ont déjà toutes les dispositions, elles ne sont simplement pas
activées pour les restaurateurs québécois. Mais ce serait simple pour eux
d'activer la fonctionnalité. On peut penser à Ali Brew, qui est un joueur
québécois qui a tout en place pour mettre pour mettre ça en place rapidement.
Donc, activerait la fonction maintenant en réservant vous mettriez votre
courriel, mais aussi votre carte de crédit et advenant une réservation non
honorée, bien, la carte de crédit serait débitée. D'ailleurs, c'est déjà
possible d'indiquer la carte de crédit. Parce que vous savez, la loi permet
déjà de mettre la carte de crédit. Par contre, elle ne permet pas de prendre
plus tôt pour le restaurateur de prendre le numéro de carte de crédit. Par
contre elle ne permet pas de prendre des frais, donc de prendre un dépôt par la
suite. Donc, c'est déjà tout en place. Tout ce qu'il faudrait autoriser par la
suite, c'est le retrait du 20 $
M. Cliche-Rivard : Mais
là vous débutez, puis là vous parliez tantôt avec le ministre, de l'excuse valable,
tout ça, comment on va mettre ça en place? Moi, je vais appeler, je vais dire
Écoutez, mon enfant était malade, remboursez-moi. C'est comme ça que vous voyez
les choses.
M. Malouin-Trudel
(Laurence-Olivier) : Bien, en fait, la première chose qu'on voit,
c'est le 24 heures. Donc, ça, c'est une certitude. Maintenant, en dedans
su 24 heures, on pense un peu que c'est la loi du marché. Tu sais, on l'a
dit tantôt, les restaurateurs qu'on représente sont là pour être en affaires,
pour être en affaires le plus longtemps possible et avoir une clientèle
satisfaite. Tout se sait maintenant, donc ils n'ont pas intérêt, les
restaurateurs du Québec, à appliquer cette loi-là de façon cavalière, puis à
prélever des 20 $, lorsque ce n'est pas nécessaire pour des bons clients,
etc. Donc, c'est vraiment de s'assurer qu'ils puissent avoir la marge de
manœuvre, eux...
M. Malouin-Trudel
(Laurence-Olivier) : ...faire appliquer n'ont aucun intérêt à le faire
de la mauvaise façon. Puis de toute façon, au-delà de 24 heures, ils ne
pourront rien faire.
• (16 h 40) •
M. Vézina (Martin) : Il
y aurait un mécanisme. Avant de percevoir le montant. Ce ne sera pas un
automatisme. Pas nécessairement. Ça va laisser à... Tout dépendant de la
plateforme, mais on n'a pas... Ça sera le commerçant qui va faire le geste
d'aller chercher la pénalité. Mais dans plusieurs cas, le commerçant va prendre
connaissance avant des motifs identifiés. Il faudra toujours faire attention
parce qu'il y a peut-être un client qui est malade à peu près tous les
vendredis soir par pur hasard. Il y a peut-être un pattern, comme on peut le
voir en droit du travail.
M. Cliche-Rivard : Dernier
point, dernière question. Vous dites, les terminaux, on les reçoit comme ça. Ce
n'est pas de notre faute. C'était de même. Là, la loi va changer. Vous allez
faire quoi?
M. Vézina (Martin) : On
va avoir des nouveaux terminaux qui vont être conformes. En tout cas, c'est
notre souhait.
M. Cliche-Rivard : Et
donc, en amont, vous auriez pu le demander.
M. Vézina (Martin) : On
aurait pu le demander, mais je vous dirais, la force d'une législation,
contrairement à une forte demande d'une industrie, ça a plus... C'est plus
fort, une législation votée par des députés.
M. Cliche-Rivard : Puis
est-ce qu'à votre connaissance l'industrie avait fait cette demande ou...
M. Malouin-Trudel
(Laurence-Olivier) : Nous, on avait fait la demande. On a un
partenaire en financement. Donc, on avait déjà adressé la demande à notre
partenaire d'analyser la possibilité. On a fait ça dans les dernières années.
Donc, c'était déjà en analyse. Par contre, comme on dit, ce n'est jamais aussi
fort qu'une législation. Puis il faut comprendre, on était des grands perdants
ou, en tout cas...
M. Cliche-Rivard : Puis
la conclusion de l'analyse, c'était quoi? C'est que c'était possible?
M. Malouin-Trudel
(Laurence-Olivier) : C'est que ça prenait du temps puis que c'était
non prioritaire pour une petite région d'Amérique du Nord. Donc, comme c'était
uniquement pour le Québec... Il y a d'autres choses, mais il faut comprendre,
on parlait tantôt des perdants qui seraient potentiellement les serveurs, mais
les fournisseurs, ces fournisseurs-là qui avaient cédé, eux aussi, évidemment,
là, vont perdre des revenus avec ça, là.
M. Cliche-Rivard : Et là
la loi va vous obliger. Ils vont l'obliger à le faire.
M. Malouin-Trudel
(Laurence-Olivier) : Ils vont les obliger. Exactement.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup.
Le Président
(M. Bachand) :Merci beaucoup, M. le
député de Saint-Henri—Sainte-Anne. Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Merci, M.
le Président. Deux petites questions rapides. Je reviens sur le 20 $. Dans
les recommandations que vous faites, là, c'est un maximum de 20 $ par
client. Juste pour être clair, le 20 $, c'est par réservation. Ce n'est
pas par client qui... Pour une réservation de six personnes qui est un «no
show», c'est 20 $ pour la réservation ou c'est...
M. Malouin-Trudel
(Laurence-Olivier) : C'est...
M. Vézina (Martin) : Bien,
c'est par... Je vous dirais, c'est par client, notre recommandation. Il
pourrait y avoir des arbitrages, mais pour le moment, nous pensons que c'est
20 $ par client qui serait facturé à ce niveau-là. Et c'est au plus. Et
il y a une raison pour quoi c'est au plus. Il y a deux éléments là-dessus. Au
plus, parce qu'il y a des régions que 20 $, c'est énormément d'argent. Ça
fait que le commerçant va aller plus bas. De là, pour quoi on laisse cette
latitude-là. Et deuxièmement, pourquoi 20 $? Bien, ça découle d'un sondage
qu'on a fait auprès des Québécois, là, avec la firme Léger. Le choix, là, on
leur a dit : Donnez-nous... Écrivez le montant que vous pensez que c'est
juste et raisonnable. C'est ce montant-là qui a été sorti le plus.
Mme Nichols : O.K. Ça
fait que, si on annule une réservation de cinq personnes, ça va être 20 $
par... Si on n'annule pas, c'est-à-dire, là, si on n'annule pas, là, ça va être
5 $... 20 $, 20 $ pour... par personne qui va être chargé sur la
carte de crédit de celui-là qui a fait la réservation.
M. Malouin-Trudel
(Laurence-Olivier) : Exactement. C'est que... C'est parce qu'il faut
comprendre aussi, c'est que, comprenez bien, là, vous le savez, là, l'industrie
de la restauration, ce n'est pas facile. Il y a beaucoup de coûts. À 20 $
par individu, le restaurateur ne va pas renflouer la perte qui va avoir fait ce
soir-là. C'est vraiment une mesure dissuasive. Ce n'est pas une mesure pour que
le restaurateur s'en mette dans les poches. Il ne fera pas ses frais avec ça.
Les restaurateurs, ils préfèrent de loin que toutes les réservations soient
honorées puis de n'avoir aucun 20 $ à charger plutôt que l'inverse, là. Il
faut... Il faut bien se comprendre là-dessus, parce que même pour un groupe de
cinq, à 100 $, il a perdu de l'argent, c'est certain, là.
Mme Nichols : Je
comprends l'objectif, là, c'est pour éviter ce type de pratique là, là, de «no
show», là. Ça fait que je le comprends. Ma dernière question. Les serveurs, on
nous a dit que les serveurs étaient les grands perdants parce qu'ils vont avoir
un pourboire avant taxes plutôt que... avant taxes plutôt qu'après taxes. Vous
évaluez que ça va déserter le milieu et qu'il n'y aura plus possibilité de
trouver des nouveaux serveurs ou...
M. Vézina (Martin) : On
n'en est pas là. C'est juste un point à surveiller, comme on l'indique dans
notre mémoire. C'est difficile à dire pour le moment s'il va y avoir un exode
des serveurs ou, sinon, certains vont dire... Il va y avoir des ajustements qui
vont se faire de part et d'autre, puis peut-être qu'ils n'auront pas des
grosses baisses de revenus, mais il est difficile à le dire. Mais on voulait
juste le signifier aux parlementaires.
Mme Nichols : Très bien,
merci. Je n'avais pas d'autres questions.
Le Président
(M. Bachand) :Merci. Merci beaucoup
d'avoir été avec nous. Ça a été très intéressant. Sur ça, je suspends les
travaux quelques instants pour accueillir le prochain groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 44)
(Reprise à 16 h 48)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. Il nous fait plaisir d'accueillir les
représentants et représentante de l'Union des consommateurs. Merci beaucoup
d'être avec nous cet après-midi. C'est un grand privilège. Alors, je vous
invite d'abord à vous présenter, débuter votre exposé. Et après ça, on aura un
échange avec les membres de la commission. La parole est à vous. Merci.
M. Dorais (Maxime) : Alors,
M. le ministre, M. le Président, Mmes et MM. les députés, bonjour. Je me
présente, Maxime Dorais, codirecteur général d'Union des consommateurs. Alors,
Union des consommateurs regroupe 15 associations de défense des droits des
consommateurs qu'on connaît habituellement sous le nom d'ACEF. Je suis accompagné
de M. Marc-André Harnois, directeur général de l'Association des consommateurs
pour la qualité dans la construction, donc l'ACQC, qui est un membre affilié à
Union des consommateurs. Marc-André vous présentera les commentaires
relativement à la vente itinérante, également, Mme Marie-Anne... pardon,
Anne-Marie Leblanc, analyste en protection des consommateurs à Union des
consommateurs. Ça fait beaucoup de «consommateurs», désolé.
Alors, de manière générale, nous recevons
très favorablement les mesures prévues dans le projet de loi n° 72.
Néanmoins, aussi intéressant que le projet de loi puisse être, le nerf de la
guerre sera de s'assurer que l'on donne à l'OPC les moyens nécessaires pour
faire appliquer la LPC, donc la Loi sur la protection des consommateurs.
Sur ces considérations, je passerais la
parole à Mme Anne-Marie Leblanc.
• (16 h 50) •
Mme Leblanc (Anne-Marie) : Bonjour,
tout le monde. Donc, nous tenons à souligner la part du projet de loi n° 72
qui vise à mieux protéger les consommateurs en incluant de nouveaux droits à la
loi et en renforçant certaines protections déjà existantes...
Mme Leblanc (Anne-Marie) : ...les
modifications sur lesquelles nous nous sommes tout particulièrement penchées
sont celles en matière de contrats de crédit. Sur le terrain, nos ACEF membres
rencontrent quotidiennement des consommateurs aux prises avec des contrats de
crédit qui, bien trop souvent, ne respectent pas les dispositions de la loi ou
en contournent les objectifs. À cet effet, de nombreux prêteurs ont remplacé
dans leur terminologie «les contrats de prêt d'argent» par ce qu'ils qualifient
«des contrats de crédit variable», et ce, afin de facturer des frais de
renouvellement et d'adhésion sans les inclure dans le calcul du taux de crédit.
La Cour supérieure s'est prononcée l'an
dernier sur la qualification en droit des contrats en litiges présentés comme
des avances d'argent. Et le DPCP a su démontrer qu'il s'agissait, en fait, de
contrats de prêt d'argent à des taux de crédits pouvant excéder 200 %.
Malgré cette décision, des prêteurs offrent toujours ce type de contrat à des
taux de crédit qui vont au-delà de la limite permise, laissant au consommateur
qui voudrait faire réduire les frais de crédit le fardeau de s'opposer à la
qualification du contrat en question.
Le projet de loi vise à interdire
explicitement des pratiques commerciales qui détournent les objectifs de la
loi, et nous soutenons ces mesures. S'il est vrai que ces changements
pourraient freiner les pratiques qui ont cours actuellement, il faut s'assurer
que des règles claires permettent aux mesures de protection de prendre leur
plein effet. L'évolution rapide des pratiques commerciales dans le secteur des
prêts rapides appelle une approche diligente de la part du législateur dans
l'élaboration des mesures de protection du consommateur.
De plus, les consommateurs rapportent à
nos ACEF membres d'autres problèmes liés à des contrats de crédit qui
contreviennent aux dispositions de la loi. La première est la crainte que leur
dossier de crédit soit affecté négativement alors qu'ils contestent des frais
réclamés. De nombreux prêteurs menacent d'informer ou informent les agents
d'évaluation du crédit de l'absence de remboursement, même quand des montants
ou des frais réclamés sont contestés. Le but de cette pratique malheureusement
trop répandue est bien souvent de mettre de la pression sur le consommateur
pour qu'il paie malgré sa contestation, et ce, pour éviter les effets négatifs
d'un mauvais dossier de crédit.
À notre avis, dès qu'un montant réclamé
est contesté par le consommateur en vertu d'une disposition de la loi, aucune
référence à un défaut de paiement ne devrait pouvoir apparaître au dossier de
crédit. Cette demande n'est pas étrangère à un principe fondamental de la loi
qui interdit la stipulation qui réserve à un commerçant le droit de décider
unilatéralement que le consommateur a manqué à l'une ou l'autre de ses
obligations. Étendre la portée de l'article 250.1... 251.2 de la loi
serait un moyen de s'assurer que ce principe est respecté au-delà des seules
interdictions de stipulations contractuelles.
Deuxièmement, les consommateurs rapportent
trop souvent avoir de la difficulté à faire cesser des prélèvements
préautorisés dans leur compte. Ainsi, ils ont souvent l'impression d'avoir
signé un chèque en blanc après avoir signé une entente de paiements
préautorisés... par débit préautorisés, pardon. Actuellement, la loi contient
une protection lorsqu'une entente de paiement prévoit des prélèvements
automatiques sur une carte de crédit, mais aucune protection spécifique aux
paiements préautorisés dans le compte bancaire d'un consommateur n'est prévue à
la loi. Les institutions financières devraient avoir la responsabilité claire
de cesser de débiter le compte du consommateur pour effectuer les paiements aux
commerçants lorsqu'elles reçoivent un avis à cet effet. Dans le cas contraire,
elles devraient avoir l'obligation de créditer le compte du consommateur dans
un délai imparti par la loi.
Finalement, nous tenons à partager nos
préoccupations sur les nouvelles dispositions encadrant l'inclusion du solde
d'une dette antérieure découlant d'un contrat relatif à un bien donné en
échange dans le cadre d'un contrat de vente à tempérament ou de location à long
terme. Union des consommateurs s'est historiquement opposée à ce qui est...
communément, pardon, appelé des paiements ballons, une pratique grandement
présente dans le secteur automobile et qui est source de surendettement. Sans
encadrement adéquat, il peut être difficile pour le consommateur d'évaluer le
choix qui comporte le moins de risques pour sa santé financière. Dans bien des
cas, le consommateur aurait eu avantage à conserver son automobile plus
longtemps, mais la facilité de l'accès au crédit et la possibilité d'étendre le
financement sur une longue période entretiennent l'illusion d'une transaction
sans risque.
De plus, des consommateurs rapportent
avoir été incités à changer de véhicule, par exemple lors de visites pour l'entretien
de leur automobile, alors qu'ils n'avaient pas indiqué le souhait de se
procurer un nouveau véhicule.
Devant ces constats, nous demandons que
soit créé un comité dont le mandat serait de représenter... de présenter des
recommandations relativement aux mesures d'encadrement nécessaires pour
protéger les consommateurs des risques de surendettement liés au capital
négatif.
Je passe maintenant la parole à mon
collègue de l'ACQC, Marc-André.
M. Harnois (Marc-André) : Merci,
Anne-Marie. Donc, bonjour, très heureux d'être là avec vous pour traiter de
l'encadrement du commerce itinérant dans la LPC, un élément qu'on juge
essentiel dans la protection des consommateurs dans le domaine de la
rénovation. En particulier, vraiment, le droit de résolution du consommateur
puis le système de cautionnement, à l'OPC, c'est des éléments qu'on juge
fondamentaux.
Or, tout en saluant bien haut l'intention
du projet de loi de mieux encadrer le secteur, on conserve principalement deux
craintes face aux mesures proposées.
D'abord, ça nous semble effectivement
avisé d'interdire le porte-à-porte dans les domaines des thermopompes et de
l'isolation thermique...
M. Harnois (Marc-André) : ...on
aurait même pu ajouter les panneaux solaires, voire d'autres systèmes de production
d'énergie. Cependant, le porte-à-porte, c'est de plus en plus rare. Puis
l'encadrement du commerce itinérant concerne beaucoup plus que le seul
porte-à-porte, dont notamment l'essentiel des cas où c'est le consommateur qui
sollicite le commerçant pour des travaux de couverture, de portes et fenêtres,
de revêtement extérieur ou d'isolation thermique, jusqu'à ce jour. Donc, le
projet de loi n° 72, en retirant l'isolation thermique de l'article sept
du règlement d'application, va également retirer des protections cruciales à
une majorité des consommateurs pour, espère-t-on, mieux en protéger une
minorité, tout cela sans empêcher une bonne part des commerçants problématiques
de fonctionner. Plusieurs sont déjà très actifs, par exemple sur Facebook, où ils
vont cibler des profils potentiellement vulnérables, des cas où est-ce que le
consommateur est actuellement protégé et où, suite au projet de loi, il ne le
sera plus. De plus, ça pourrait même se répercuter sur d'autres domaines
mentionnés à l'article sept du règlement d'application, puisque l'isolation
accessoire peut être comprise, par exemple, dans un contrat de couverture ou de
revêtement extérieur.
Ainsi, plutôt que de retirer des domaines
de l'article sept, on devrait, selon nous, en ajouter. Ça impliquerait
évidemment d'amender les articles sept et 91.15 du règlement d'application
pour faire en sorte que l'article sept prenne application même dans les cas où
les contrats sont interdits en vertu de l'article 244.7, c'est-à-dire
qu'il s'agisse d'une vente itinérante même si c'est le client qui a sollicité
la visite du commerçant.
Ensuite, concernant l'interdiction des
travaux durant le délai de résolution, on croit que ça va causer problème dans
le cas des travaux urgents. Dans les domaines qui sont protégés par l'article
sept, ça va vraiment forcer l'ensemble des consommateurs, s'ils veulent que les
travaux soient exécutés dans les 10 jours, à renoncer aux protections
qu'ils ont en cas de vente itinérante.
Ainsi, on vient proposer trois cas qui devraient,
selon nous, être exemptés, soit les sinistres assurés, les travaux qui sont
recommandés par un expert en bâtiment ou un professionnel qui est indépendant
du commerçant, et les cas où il y a une grave détérioration qui est imminente
au bâtiment.
Finalement, bien que ça ne soit pas
l'objet du projet de loi, on réitère que les règles actuelles qui concernent
l'hypothèque légale de la construction demeurent un frein majeur à
l'application du droit de résolution une fois que les travaux sont réalisés.
Bien qu'il y ait des protections qui existent, les règles actuelles de
l'hypothèque légale de la construction rendent souvent désavantageux de faire
valoir ses droits. Il s'agit vraiment d'un enjeu essentiel à régler si on veut
que les consommateurs profitent réellement des protections qui vont être
adoptées.
Merci beaucoup pour votre attention.
Le Président (M.
Bachand) :Merci infiniment. M. le
ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui,
merci, M. le Président. M. Dorais, Mme Leblanc, M. Harnois, bonjour. Merci de
participer aux travaux de la commission parlementaire.
D'entrée de jeu, là, j'aimerais qu'on
revienne, là, sur les institutions financières, lorsque vous avez abordé la
question des prélèvements préautorisés, là. Je comprends qu'avec les organismes
que vous représentez ça amène des difficultés concrètes, le fait de dire :
Bon, bien, je ne sais pas, mon téléphone cellulaire, la facture de mon... le
paiement de mon téléphone cellulaire passe dans mon compte en préautorisé, mes
frais de condo passent en préautorisé, et là, parfois, les institutions
financières, malgré le fait qu'elles ont été notifiées, ne cessent pas le
paiement, là. Ce n'est pas...
Mme Leblanc (Anne-Marie) : Exactement.
En fait, la réglementation fédérale oblige les institutions financières à
rembourser le consommateur, si, une fois qu'il a avisé le bénéficiaire qui est
inclus dans l'entente de paiement, n'a pas cessé de faire le paiement. Mais,
comme tel, quand les consommateurs appellent les institutions financières,
souvent, on va leur dire soit : On ne peut pas cesser, contactez
directement le commerçant, ou on va leur dire : Bien, ou on peut cesser
les prélèvements, mais moyennant des frais. Donc, les ententes de paiement
préautorisé, là, c'est... c'est... c'est quand même risqué comme procédure de
paiement. Et souvent, les consommateurs ne sont pas au courant. Donc, ils
valident pour un certain montant, pour une certaine date ou un montant... un
bénéficiaire, mais il faut savoir que souvent, les gens, ils vont être amenés à
cocher, dire que le montant peut changer ou que le bénéficiaire du paiement
préautorisé peut changer. Et donc nous, en fait, on... ce qu'on veut, c'est
faciliter pour le commerçant qui peut contacter son institution financière,
dire : Je veux faire cesser le prélèvement préautorisé, qu'il n'y ait pas
des frais supplémentaires qui lui soient chargés et que ce soit prévu dans la
loi, le délai dans lequel le remboursement doit être fait, si le paiement passe
malgré qu'il ait retiré son autorisation.
• (17 heures) •
M. Jolin-Barrette : Donc, ça,
c'est un peu le fameux arrêt de paiement. Supposons, lorsqu'auparavant vous
tiriez un chèque sur votre compte, puis là, vous alliez à l'institution
financière puis vous disiez : Bien, je veux un arrêt de paiement, puis ça
coûtait 10 $ ou 15 $ pour bloquer le chèque. Vous voudriez la même
chose, mais sans coût pour...
17 h (version non révisée)
M. Jolin-Barrette : ...les
virements automatiques, les débits autorisés.
Mme Leblanc (Anne-Marie) : Exactement.
Puis les ententes de prélèvement autorisées, là, par débit, comme on dit, c'est
quand même risqué, puis on peut le voir dans le cas où... on le voit même dans
le cas où des gens contractent des prêts. Donc souvent ça vient avec une
entente de paiement préautorisé et, à ce moment-là, des fois il peut y avoir
aussi un litige avec le commerçant avec qui tu veux faire cesser le prêt, et les
instituions financières vont souvent dire aux consommateurs qu'ils doivent s'adresser
à cette personne-là qui, par exemple, peut ne pas prélever le bon montant ou
qui peut prélever le montant des moments différents. Donc, ce qu'on voudrait en
fait, c'est que le consommateur puisse contacter l'institution financière, dire :
Je veux arrêter les prélèvements autorisés sur mon compte et que ce soit fait
sans frais. Et si jamais les montants sont toujours prélevés, bien, qu'il y ait
un remboursement dans un délai de cinq jours.
M. Jolin-Barrette : O.K. Sur
un autre sujet, sur la question, là, de l'équité négative sur les véhicules,
là, là, vous voudriez que ça ne soit pas permis du tout, là.
Mme Leblanc (Anne-Marie) : En
fait, ce qu'on ce qu'on a dit dans notre mémoire, c'est qu'on aurait besoin d'un
temps de réflexion, parce que la question de l'équité négative, puis comme on
le voit dans la proposition du projet de loi, c'est qu'on veut encadrer une
fois qu'un consommateur a un capital négatif sur son véhicule et qu'il veut
refinancer un véhicule. Mais une problématique qu'on voit beaucoup sur le
terrain, en fait, c'est que, dès l'achat, le consommateur n'est pas au courant
des risques qu'i; risque d'accumuler une équité négative sur son véhicule à
capital négatif. On voit des financements d'automobiles usagées sur huit ans.
Donc à ce moment-là, on n'est même pas en train de parler d'un capital négatif,
mais ce n'est pas prévu présentement dans le projet de loi. Donc, on veut
encadrer une fois qu'il y a le capital négatif. Mais nous, on dit : Il
faut travailler, il faut réfléchir en amont, comment on fait pour protéger le
consommateur et qu'il ne soit pas amené à avoir un capital négatif sur son
véhicule après autant d'années, donc après...
M. Jolin-Barrette : ...concret,
là, j'achète un véhicule qui a, supposons, sept ans, puis là je le paye, je ne
sais pas, jusqu'à 25 000$ parce que maintenant les véhicules automobiles usagés
sont élevés. Mais là, mon véhicule va peut-être se rendre à 12 ans, mais
avec les paiements que je fais par mois, il va me rester une balance à payer
quand je vais aller le porter, en bon québécois, à la scrap. Donc, le véhicule,
il va me rester un solde de plusieurs milliers de dollars. Vous vous dites :
On devrait intervenir dès le départ à ce niveau-là. Mais comment est-ce qu'on
pourrait intervenir, dès le départ, pour le consommateur, pour lui dire :
Bien, faites attention à votre achat, la valeur de votre véhicule risque d'être
moindre que votre balance de paiements? Comment vous voyez ça?
Mme Leblanc (Anne-Marie) : Exactement.
Oui, c'est ça. En fait, on a des 15 associations qui travaillent sur le
terrain partout au Québec, qui voient les consommateurs, qui voient des
contrats, qui ont... qui auraient aussi des propositions à faire. Par contre,
dans le court délai, on n'a pas eu le temps de consulter tout le monde. Donc, c'est
pour ça qu'on demandait... C'est une question vraiment d'importance, là, de
surendettement pour les consommateurs. Donc, c'est un premier pas, mais on
voudrait qu'il y ait une réflexion plus large sur la question de dire :
Pas juste une fois qu'il y a un capital négatif, mais comment on fait pour le
prévenir en amont?
M. Jolin-Barrette : J'entends
bien ce que vous me proposez. Mais en lien avec le projet de loi sur l'encadrement
de l'équité négative lorsqu'elle... lorsqu'elle est avérée, là, lorsqu'on se
retrouve en fin de course, supposons, avec le premier véhicule, là. Est-ce qu'il
y a une limite de pourcentage que vous souhaiteriez voir ou pas du tout?
Mme Leblanc (Anne-Marie) : Bien,
pour nous...
M. Jolin-Barrette : Parce que
nous, on part de la prémisse de base que pour certains consommateurs, on ne
peut pas l'interdire complètement parce qu'en fonction de la situation financière
de tous et chacun, il y en a certains que ça peut être avéré, mais ça peut être
opportun. Là, on se retrouve parfois dans une situation que c'est deux, trois
véhicules qui sont refinancés. Le prêt ballon est tellement élevé que ça... ça
égorge financièrement les familles. Est-ce que ce n'est pas du tout, c'est à
hauteur d'un certain pourcentage pour vous?
Mme Leblanc (Anne-Marie) : Bien
pour nous, c'est un premier pas. Là, ce que je comprends, c'est qu'il va y
avoir des dispositions réglementaires qui vont l'encadrer. C'est pour ça qu'on
demande aussi d'être consultés et qu'on ait le temps de consulter nos membres
sur le terrain sur cette question-là. C'est sûr que c'est un premier pas, là,
avec le fait qu'on sait que, maintenant, l'article 148 a été interprété d'une
façon qui permettrait la vente à tempérament. On ne peut pas rester avec le
statu quo, on veut agir sur cette question, mais, c'est ça, il faudra se
pencher sur ce qui peut être prévu par règlement.
M. Jolin-Barrette : Peut-être
une dernière question avant de céder la parole à mes collègues. Sur la question
de l'affichage des prix chez les détaillants alimentaires, qu'est-ce que vous
en pensez?
M. Dorais (Maxime) : Donc, en
fait, on est on est très favorables à plus de transparence, plus de clarté dans
l'affichage des prix. On pense que les mesures qui sont proposées sont un bon
premier pas. Comme on vous l'a écrit dans le mémoire, l'Union des consommateurs
s'apprête à entamer un travail en profondeur sur, comment dire, une réflexion
en profondeur sur qu'est-ce qui doit se retrouver...
M. Dorais (Maxime) : ...sur
une étiquette de prix et également l'ensemble du contexte qui l'entoure. Donc,
que ce soit les choix de police, les couleurs, bref, tout ce qui peut venir intervenir
dans la perception du consommateur, c'est quelque chose qu'on veut étudier. Et
donc on accueille favorablement le premier pas qui est fait, mais on pense que
la réflexion doit aller beaucoup plus loin. Et, en ce sens-là, il nous fera
plaisir de partager les conclusions de notre étude avec vous.
M. Jolin-Barrette : Je vous
remercie pour votre présence en commission parlementaire.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le ministre.
Mme la députée de Vimont, s'il vous plaît.
Mme Schmaltz : Merci, M. le
Président. Merci de vous être déplacés, toujours apprécié. Vous mentionnez,
dans votre mémoire, d'interdire complètement les propositions de pourboire et
de laisser le choix aux consommateurs de choisir. C'est sûr qu'on a entendu le
groupe... les groupes, juste avant vous, qui mettaient en garde, justement,
qu'avec ce qu'on s'apprête à faire, justement, avec le projet de loi sur les
pourboires, notamment, bon, avant les taxes, là, etc. Puis, en dépit de tout
ça, ils nous ont mis en garde à l'effet qu'il y avait la crainte de rétention
de personnel, etc., puis que ça touchait principalement les serveurs et
serveuses. Vous n'avez pas peur, avec une proposition comme ça, de créer une
petite, je ne sais pas, émeute, là, pratiquement en restauration.
Mme Leblanc (Anne-Marie) : Je
peux y aller, là. C'est qu'en fait, ce qu'on... avec notre proposition, puis
c'est un premier pas que le gouvernement fait, c'est ôter la pression qu'il y a
sur le consommateur. Présentement, on voit sur des machines, ça commence à
18 %, ça peut monter jusqu'à 30 %. Donc, ce qu'on dit, ce n'est pas
que les consommateurs ne pourront plus laisser de pourboire, c'est juste de
laisser... de miser sur la neutralité, sur les machines de paiement, d'ôter les
les petits bonhommes sourire, le fait que, si tu pèses sur un tel montant du
pourcentage de pourboire, ça veut dire que le service a été bon ou pas bon.
Donc, on a vraiment misé sur la neutralité.
Mme Schmaltz : Parce que
c'est sûr que, dans le projet loi, il y a aussi la possibilité d'autres
montants. Donc, on sait que c'est à la discrétion, toujours, du consommateur
aussi de donner le pourboire, là, qui lui convient. Mais c'est sûr que c'est
une espèce de petit filet social aussi, là, pour les serveurs et serveuses.
Est-ce que vous ne pensez pas que c'est un peu drastique? Puis peut-être de se
dire : Bon, bien, est-ce qu'on devrait, à ce moment-là, baisser, imposer,
peut-être, de dire : Bien, c'est un minimum, ou... Parce que les gens,
s'ils voient ça, ils pourront calculer. : Bien, moi, j'arrondis à
3 $, alors ça... Vous comprenez un petit peu, là, il y a comme un danger
un peu de dérapage, là, selon certains... certains clients aussi.
M. Dorais (Maxime) : Bien, si
je peux me permettre. Il y a eu une époque préterminaux de paiement, où est-ce
que là, tout simplement, il y avait une ligne qui disait «pourboire» et la
personne remplissait le montant qu'elle souhaitait... qu'elle souhaitait donner
sans indication de montant. Et la norme qui... le 15 % avant taxes, elle
est bien instituée. On n'a pas de crainte à l'effet que cette notion-là
pourrait tout à coup disparaître. Et d'ailleurs on a pu voir avec, justement,
les propositions parfois un peu, disons, audacieuses de certains... certains
restaurants, que cette notion-là, justement, du 15 % avant taxes, a été
malmenée. Donc, on pense que, finalement, la façon la plus simple de
l'encadrer, c'est de dire : Laissons le choix au consommateur de donner un
pourcentage, de donner un montant ou de ne rien donner, mais sans suggestion,
et sans jouer sur la perception ou sur une certaine forme de pression à donner
un pourboire.
Et, encore là, ce qu'on sait, c'est que,
finalement, le pourboire est suggéré dans plein d'endroits, pas seulement les
restaurants. Est-ce que le 15 % est applicable ailleurs? Bien, en fait, on
pense que, finalement, en restant très, très neutre et sans suggestion, on
vient couvrir la majorité des cas, et puis ça simplifie, à notre sens,
l'application de la loi.
Mme Schmaltz : Je peux
laisser la parole à d'autres collègues.
Le Président (M.
Bachand) :Oui. M. le député de
Saint-Jean, pour 5 minutes 30 secondes.
• (17 h 10) •
M. Lemieux : Merci, M. le
Président, pour tant de précisions. M. Dorais, vous me rendez presque
nostalgique du bon vieux temps, quand vous me parlez de la façon dont, il n'y a
pas si longtemps encore, on décidait du pourboire. Parlez-moi de l'affichage,
le ministre y a fait référence. Vous avez, tout de suite, dit : Oui, oui,
on travaille sur quelque chose, là, nous autres, les couleurs, les ci, les ça.
Donc, le projet de loi arrive à point nommé, peut-être que votre étude et les
résultats vont arriver trop tard pour nous guider. Mais, essentiellement, avant
même de faire l'étude, il y avait du ménage à faire. Est-ce qu'on fait le bon
ménage...
M. Dorais (Maxime) : ...comme
je l'ai mentionné, je pense que c'est un bon premier pas. Mais assurément, il y
a d'autres... d'autres considérations à regarder. On est très préoccupés par,
par exemple, les rabais aux volumes. On est très préoccupé par différentes
choses qu'on peut voir sur les étiquettes et autour des étiquettes, qui
viennent vraiment fausser la perception. Les fameuses aubaines du patron qui ne
veulent souvent rien dire, le bon prix de la semaine, bref. Et on vient jouer
avec des couleurs qui laissent croire qu'il y a un rabais, le jaune, le rouge,
alors que... alors qu'il n'y a aucun rabais qui est applicable. Donc, vraiment,
il y a un gros ménage. On pense que la mesure qui est proposée dans le projet
de loi, elle est intéressante, mais ce n'est à notre avis que la pointe de
l'iceberg. Et il y a vraiment, vraiment un gros travail de fond. Et on le sent
depuis... depuis la pandémie, qu'il y a eu, disons, une accélération des
mesures de... je vais dire, disons, visant à fausser la perception des prix ou
des avantages pour les consommateurs. Et on sent également que les
consommateurs sont de plus en plus excédés face à ces différents stratagèmes
qui sont utilisés par les... par les épiciers.
M. Lemieux : Selon vous, même
si votre étude n'est pas complétée, là, même pas commencée, le prix unitaire
devrait faire la loi à quelque part. Quand on parle du prix unitaire, c'est
combien ça coûte par litre, par centilitre, par gramme, d'une compagnie à
l'autre, de... en autant que c'est comparable jusqu'à un certain point dans les
produits qu'on choisit. On va savoir si, à deux fois moins cher, c'est deux
fois moins bon ou si à deux fois moins cher, c'est l'équivalent, selon notre
choix, notre goût. Ça, ça devrait être la norme?
Parce que c'est un peu là où on s'en va en
ce moment, là, on ne tombera pas dans les couleurs, je pense, puis sauf erreur,
le ministre va... il va faire un peu de nettoyage par rapport à ce qu'il nous
présente comme plan, mais de s'en remettre à la valeur... à l'unité de mesure,
c'est... c'est la bonne chose à faire?
M. Dorais (Maxime) : On est
d'accord que c'est une information très importante. En fait, à savoir :
Est-ce que c'est une information qui est plus importante que le prix ou,
disons, pour le contenant complet ou, bref, c'est les... ça fera partie de ce
qu'on... de ce qu'on va étudier, mais on pense que ces deux notions-là
doivent... doivent cohabiter. Mais maintenant, est-ce que le prix unitaire doit
être plus important dans l'information qui est transmise au consommateur?
Peut-être. À ce stade-ci, on n'a pas la réponse.
M. Lemieux : La neutralité a
toujours sa place et bien meilleur goût, quand il est question de couleur, et
tout le reste, par exemple, sur les affiches...
M. Dorais (Maxime) : Tout à
fait. Et notre souhait, c'est d'arriver avec une étiquette normalisée qui
éventuellement pourrait être être adoptée par, on le souhaiterait... par
exemple, dans le cas des... dans le cas des épiciers. Alors, vraiment d'avoir
une uniformité, peu importe le commerce, d'avoir vraiment la même étiquette qui
serait normalisée partout.
M. Lemieux : Je regarde du
côté de la banquette. Il me reste deux minutes ou à peine deux minutes, M. le
Président, c'est pour M. Rochette, je vous ai... M. Rochette, vous ne m'avez
pas perdu, mais j'étais surpris que vous disiez...
M. Harnois (Marc-André) : M.
Harnois.
M. Lemieux : Ah! Pardon, j'ai
changé de ligne. Oui, M. Harnois, pardon. M. Rochette, c'est le prochain, ça va
être votre tour, ça ne sera pas long M. Harnois, j'étais un peu perdu quand
vous avez dit : Même quand c'est le consommateur qui appelle puis, même
s'ils ne sont pas sur la liste, on devrait en rajouter, pas en enlever. Ça
vient d'où? Puis là je m'excuse, vous avez juste une minute et quelques peut
répondre, mais ça vient d'où, ça?
M. Harnois (Marc-André) : Bien,
en fait, ça ne révolutionne pas la LPC, dans le sens où c'est déjà le cas à
cause de l'article sept du règlement d'application. Donc, présentement... et la
logique est là... on appelle le commerce itinérant, on imagine que le
commerçant fait du porte à porte, alors que, dans les faits, l'enjeu c'est
surtout que le client... Et je ne vais pas dire «essayer», mais quand même, il
est... il est influencé chez lui dans bien des cas. Des fois, on est face à un
commerçant qui est peut-être un peu insistant dans un magasin, ça peut être
difficile de s'en débarrasser. Quand il est chez vous et qu'il faut le mettre à
la porte, c'est encore plus difficile. Donc, de dire que, même si c'est la
personne qui a contacté le commerçant, une fois qu'il est chez lui, ce
commerçant-là, le consommateur se trouve davantage vulnérable que s'il avait
été en magasin. C'est... selon moi, dans l'esprit de la LPC, c'est ce qui est
déjà prévu à l'article sept du règlement d'application dans certains secteurs.
Là, on propose d'enlever l'isolation, ce serait selon nous une erreur et on
pourrait même, dans la même logique, en ajouter.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Merci. M. le
député de l'Acadie.
M. Morin : Oui. Merci, M. le
Président. Alors, Mme Leblanc, M. Dorais, M. Harnois, bon... bonne fin de
journée, hein, bonsoir, quasiment, rendu à l'heure qu'il est. Merci d'être avec
nous aujourd'hui. Merci pour votre... votre mémoire qui est exhaustif. Très
intéressant. J'ai une question pour vous...
M. Morin : ...à la page 5
de votre mémoire, parce qu'il y a plusieurs groupes qui nous ont parlé de
l'article 10 du projet de loi, qui vient, finalement, imposer une limite,
quand on utilise une carte de débit, s'il y a une fraude, dans ce qui peut
être, finalement, à la responsabilité du consommateur. C'est un article un peu
miroir de ce qui se fait avec les cartes de crédit, sauf que plusieurs groupes
nous ont dit que, bon, la rédaction pouvait peut-être être améliorée. On parle
de «prévenir la fraude malgré la présence d'indices probants permettant de la
soupçonner».
Alors, avez-vous réfléchi à ça? Avez-vous
des suggestions, peut-être, pour un libellé qui serait plus clair, qui aiderait
davantage? Ça, c'est ma première question.
Et la deuxième question... Puis j'aimerais
savoir un peu comment ça va s'articuler. Parce qu'au fond vous suggérez
qu'éventuellement, si jamais il y avait une faute lourde, il faudrait qu'il y
ait une décision du tribunal, si jamais il y avait une contestation. Avec les
délais qu'on a devant les tribunaux présentement, avez-vous réfléchi combien...
combien ça pourrait prendre de temps? Devant quel tribunal? Comment... Comment
ça fonctionnerait? Parce que je comprends ce que vous voulez faire, mais
peut-être que la mise en application serait peut-être un peu difficile ou
longue. Ça fait que j'aimerais ça que vous puissiez nous en parler davantage,
s'il vous plaît.
Mme Leblanc (Anne-Marie) : ...donc,
en matière de transaction, ce qui est autorisé, non autorisé, Option aussi en a
parlé longuement. Donc, on abonde dans ce sens-là où présentement on... il y a
comme un flou autour de ce qui serait une transaction autorisée, non autorisée.
Et le fait que... dans le cas d'une transaction qui serait considérée
autorisée, bien là, ça serait sur les épaules du consommateur de prouver qu'il
y avait des indices probants et que l'institution financière n'a pas agi. Donc,
nous, on va dans le même sens. Dans le cas où l'autorisation est obtenue par la
fraude, ça devrait être considéré comme une transaction non autorisée.
Où on est allés avec, ensuite, la faute
lourde, c'est qu'on s'est dit qu'une fois qu'on considère que c'est une
transaction non autorisée et que l'institution financière dit au consommateur,
nous, on considère que c'est une faute lourde. Présentement, les épaules sont
mises sur le fardeau du consommateur d'aller devant les tribunaux pour
contester, donc contester la qualification de la faute lourde. Donc, nous, en
fait, on voudrait renverser le fardeau de... d'entreprendre les démarches
judiciaires et de dire... bien, une fois que l'institution financière a dit que
c'est une faute lourde, ils devraient avoir aussi quand même l'obligation de
rembourser, à moins qu'ils demandent la suspension du remboursement devant les
tribunaux. Et ultimement, même si les délais sont plus longs, au moins sur...
le consommateur serait dans la mesure de récupérer son argent. Et, par la
suite, les tribunaux pourraient statuer sur la faute lourde.
Et ce n'est pas... Présentement, là, ce
n'est pas étranger à ce qui se passe, là. On est bien conscients qu'il y a des
longs délais devant les tribunaux. C'est juste que, présentement, c'est le
consommateur qui en subit le plus les conséquences, parce qu'une fois que la
faute lourde a été invoquée, c'est à lui d'entreprendre les démarches devant
les tribunaux.
M. Morin : Bien. Quel
pourrait être l'impact de l'intelligence artificielle? Parce qu'évidemment
le... la façon dont ça fonctionne, il faut que ça soit, évidemment, tu sais,
non autorisé. L'ennui avec l'intelligence artificielle maintenant, c'est qu'on
peut voler, quasiment, la voix de quelqu'un. Donc, on peut... on peut vraiment
avoir l'impression que la personne a consenti, alors que ce n'est pas vrai, là.
Et là, à ce moment-là, bien, c'est une fraude également. Donc, dans un cas
comme ça, même dans un cas comme ça, finalement, vous êtes d'avis que ça ne
devrait pas reposer sur les épaules du consommateur, mais ça devrait être le
commerçant qui devra évidemment...
Mme Leblanc (Anne-Marie) : ...l'autorisation
a été obtenue de manière frauduleuse. On ne veut pas que la notion
d'autorisation devienne aussi une échappatoire pour les institutions
financières de dire : Bien, ça, c'est une transaction qui est autorisée.
M. Morin : ...parfait. Je
vous remercie. Vous nous avez parlé également, en ce qui a trait aux ventes
avec des vendeurs itinérants, qu'il faudrait, finalement, en ajouter et pas en
enlever. Vous avez parlé de l'isolation. Avez-vous... Qu'est-ce que...
Qu'est-ce que vous avez véritablement en tête? Qu'est-ce qui serait mieux,
finalement, pour encadrer davantage? Parce que, là, on... le gouvernement vise
certains types de vente. Vous voudriez que ce soit plus large que ça, est-ce
que je vous ai bien compris...
M. Harnois (Marc-André) : ...Bien,
en fait, la priorité, ce serait d'abord de ne pas enlever l'isolation. Et après
ça, dans la même logique, oui, on a pensé aux panneaux solaires parce que c'est
le dernier sujet qui avait fait scandale, il y a deux ou trois ans. Et puis,
dans la même ligne, on peut penser qu'avec l'augmentation des coûts de
l'électricité, qu'il peut y avoir d'autres moyens de production d'énergie qui
vont peut-être être ciblés par ces merveilleux commerçants itinérants. Mais il
y aurait... il y aurait un travail, effectivement. On s'est posé la question.
C'est difficile de trouver quel secteur devrait ou ne devrait pas être ciblé.
Dans l'immédiat, c'était surtout de ne pas enlever l'isolation et possiblement
d'ajouter les panneaux solaires.
• (17 h 20) •
M. Morin : ...avec votre
expérience, évidemment, ça pose véritablement un enjeu. Donc... vous avez des
gens qui se plaignent ou vous avez un nombre de cas plus grand qu'on vous...
qu'on vous signale?
M. Harnois (Marc-André) : C'est
surtout qu'en enlevant l'isolation, on va enlever, dans le cas de ces
contrats-là, des protections importantes à une majorité de consommateurs. On
s'entend, par exemple, on fait faire des travaux de couverture chez soi, le
modèle habituel, on va appeler le couvreur, il va venir chez nous faire un
estimé, et possiblement que ça va se signer sur place, ça va être un contrat de
vente itinérante. Si on modifie l'article sept, dans le cas d'isolation, ce ne
le sera plus.
Et pour... juste pour donner un ordre de
grandeur des différences de protection, pour un entrepreneur spécialisé en
construction, le cautionnement prévu à la Régie du bâtiment du Québec est de
20 000 $, celui à l'OPC est de 100 000 $. Donc les
protections ne sont pas du tout du même niveau. Et je n'ai même pas parlé de ce
qui est admissible pour un remboursement.
Donc, vraiment, en enlevant l'isolation de
l'article sept du règlement d'application, on vient faire perdre ce potentiel
cautionnement là à un bon nombre de consommateurs pour, on espère, mieux en
aider un plus petit nombre qui... c'est ce qui est très louable, mais on va
quand même enlever des protections à un grand nombre.
M. Morin : Je vous remercie.
À votre... À la page 27 de votre mémoire, quand on parle de l'affichage
des prix par unité de mesure, au fond, je comprends que ce que vous proposez...
Parce que là, la modification vise les produits alimentaires destinés à la
consommation humaine. Vous, vous voudriez enlever ça pour qu'au fond ça couvre
tous les produits. Est-ce que je vous comprends bien?
M. Dorais (Maxime) : Exactement.
Exactement. En fait, la nuance ne nous apparaît pas nécessaire de préciser que
c'est seulement pour les produits alimentaires. On pense que peu importe... peu
importe le type de produit, s'il y a... le prix unitaire doit effectivement
figurer.
M. Morin : O.K. Donc...
Mme Leblanc (Anne-Marie) : ...juste
un exemple, là, ça pourrait être des produits ménagers, par exemple, si tu veux
comparer d'un prix à l'autre.
M. Morin : Oui. On peut...
bon, on peut trouver dans un magasin d'alimentation, mais dans d'autres
magasins, ailleurs. Donc, pour vous, ça assurerait finalement une meilleure
protection pour le consommateur, parce qu'il y a de ces produits-là qui peuvent
être vendus aussi comme en différents lots, différents... Très bien. Je vous
remercie.
On nous a aussi parlé que l'entrée en
vigueur de la loi, il n'y aurait probablement pas assez de délai pour que
différentes corporations, sociétés ou autres soient capables de s'y conformer.
Est-ce que c'est quelque chose auquel vous avez réfléchi ou ça vous pose des
problèmes ou pas ou...
M. Dorais (Maxime) : Je pense
que l'industrie vous a fait part de ses doléances à cet effet-là. Et puis, de
notre côté, évidemment, le plus rapidement seront... entreront en vigueur les
dispositions, le mieux on se portera et les consommateurs aussi. Mais, on n'a
pas d'opinion comme telle sur les doléances qui vous ont été faites.
M. Morin : Mais le plus tôt
sera le mieux. C'est ce que je comprends de votre... de votre positionnement.
M. Dorais (Maxime) : Nécessairement.
M. Morin : D'accord. Je vous
remercie. À l'article 20 du projet de loi, dans le cas des contrats de
prêt d'argent ou de contrats assortis de crédit, il y a des groupes qui nous
ont dit qu'utiliser «le commerçant», ce n'était pas assez précis. Notamment
dans le cas de vente d'automobile, souvent, le contrat de prêt se fait entre
une institution financière et l'acheteur, non... le commerçant, le
concessionnaire n'est pas partie à ce contrat-là. Est-ce que vous pensez qu'on
devrait rajouter ou changer le terme, donc plutôt que d'utiliser «commerçant»,
utiliser «un prêteur» ou «commerçant et prêteur», ou si, d'après vous, le mot
«commerçant» protège suffisamment les consommateurs?
Le Président (M.
Bachand) :Très rapidement, s'il vous
plaît. Merci beaucoup.
Mme Leblanc (Anne-Marie) : Oui.
Très rapidement. Ce n'est pas une question sur laquelle on s'est précisément
penchés. Mais je peux vous dire pour le consommateur, en fait, si on parle dans
le domaine automobile, là, c'est avec le vendeur qu'il y a un lien. Donc, on
veut qu'il conserve le lien...
Mme Leblanc (Anne-Marie) : ...avec
qui... la personne qui lui a offert le contrat de crédit puisse...
M. Morin : ...
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de
Saint-Henri-Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci pour votre excellente présentation. Merci
beaucoup pour le mémoire également. Petite question. Vous en parlez, là, notamment,
interdire d'afficher le rabais au volume si ce n'est pas un vrai rabais. Vous
donnez l'exemple : neuf piasses pour trois, finalement, c'est trois pièces
l'unité. C'est l'exemple que vous donnez qui fait un peu rire, mais vous l'avez
écrit parce que vous l'avez vu puis vous l'avez noté. On se demandait :
Est-ce que vous pensez qu'il faudrait, cela dit, qu'il y ait un pourcentage
minimum de rabais, mettons, pour éviter 0,01 $ de rabais puis l'étiquette
prix du patron? Est-ce que vous pensez qu'il y a comme un minimum de
pourcentage, 5 %, 10 %, qui pourrait être justifié ou raisonnable?
M. Dorais (Maxime) : On est
toujours mal à l'aise avec ce type de demande là très précise. Je vous dirais
que ce n'est pas une... comment dire, ce n'est pas une recommandation qu'on est
en mesure de vous faire aujourd'hui. Cela dit, on va poursuivre nos réflexions
à cet effet-là. Mais nécessairement, il va de soi que, oui, il y aurait
vraisemblablement lieu d'avoir une limite minimale à prendre en compte, mais je
ne suis pas en mesure de vous donner le chiffre aujourd'hui.
M. Cliche-Rivard : ...juste
pour comprendre votre malaise, parce que vous n'étiez pas positionnés
formellement sur un pourcentage, c'est ça?
M. Dorais (Maxime) : Exact.
M. Cliche-Rivard : O.K. Parce
que, sur plein d'autres éléments, vous fournissez, là, donc, les réponses
précises. Ça fait que je comprends mieux. Est-ce que vous avez le même malaise
ou est-ce que vous avez donné une position sur le pourcentage de rabais qui
peut amener un programme de fidélisation? Est-ce que, là, on doit prévoir un
maximum de 25 % de rabais? Est-ce que... Bref, est-ce que vous avez
réfléchi à ça aussi?
M. Dorais (Maxime) : C'est un
sujet complexe, la question des programmes de fidélisation. On a notamment de
sérieuses préoccupations concernant les atteintes à la vie privée et le
consentement qui est offert par les consommateurs pour, finalement, jouir de
rabais en échange de leurs données personnelles. Je vous dirais qu'il y a... il
y a une réflexion de notre côté à cet effet-là, mais bon, force est de
constater que c'est une pratique qui est très implantée dans le marché de
l'alimentation. On en prend acte. Mais, pour... ils ont... il y a une
préoccupation, là, très, très sérieuse à cet égard-là.
M. Cliche-Rivard : Vous ne
nous avez pas beaucoup parlé de votre... ou de votre position sur les 10 à
15 $, là. Est-ce que vous voulez nous... prendre le temps de nous
présenter?
M. Dorais (Maxime) : En
matière de politique d'affichage des prix?
M. Cliche-Rivard : Oui.
M. Dorais (Maxime) : Bien, en
fait, de ce côté-là, évidemment, de tenir compte de l'évolution des prix, c'est
évidemment pertinent. Maintenant, est-ce que... est-ce que la politique
d'affichage des prix a besoin d'un dépoussiérage plus grand que celui-là? Ce
qu'on constate, c'est que cette politique-là est souvent mal appliquée et mal
connue tant par les commerçants que par le personnel de première ligne, donc
les caissiers, caissières. Et on constate également que les gens ont une gêne,
voire une honte à demander que soit appliquée la Politique d'exactitude des
prix. Et donc, dans cette optique-là, je vous dirais qu'on a une préoccupation.
On souhaite que vraisemblablement l'OPC, peut-être, poursuive la réflexion à savoir
comment mieux informer, mieux informer les commerçants et mieux informer le
public également puis venir briser cette barrière-là à, finalement, revendiquer
un droit de faire appliquer la Politique d'exactitude des prix.
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup. Mme la députée de Vaudreuil, s'il vous
plaît.
Mme Nichols : Merci, M. le
Président. Dans votre mémoire, là, vous prenez déjà... bien, en fait, vous
faites des recommandations, le 13 et 14, en lien avec le pourboire. Le groupe avant
vous, on a parlé un peu du, puis là j'utilise le terme anglophone, «no-show».
Je comprends que vous ne vous êtes probablement pas prononcé à cause que ce
n'était pas dans le projet de loi. Cependant, vous étiez là, vous étiez là
depuis un petit bout de temps. Vous avez vu qu'il y a une ouverture peut-être à
regarder si on peut légiférer sur le «no-show». Bien sûr, vous êtes... vous
êtes un... L'Union des consommateurs, vous représentez, vous défendez les
droits des consommateurs. Ça fait que ma question, c'est un peu en deux volets,
là. Je comprends que vous ne vous êtes pas prononcé, mais seriez-vous prêt à
prononcer en faveur ou pas? Puis, présentement, est-ce que vous en avez déjà,
des... je vais dire des plaintes ou est-ce que vous recevez déjà des
commentaires à cet effet-là? Parce qu'on le sait, là, ça a été dit, puis il y a
même eu un pourcentage, là, comme quoi il y a déjà des restaurateurs, là, qui
l'appliquent puis qui en prennent, des montants d'argent pour les «no-shows»,
là.
• (17 h 30) •
M. Dorais (Maxime) : Ce...
et, sauf erreur, Anne-Marie, tu me corrigera au besoin, mais ce n'est pas une
problématique qui nous a été remontée par nos associations membres. On a un...
comment dire, un contact très...
17 h 30 (version non révisée)
M. Dorais (Maxime) : ...et
trois avec nos associations membres qui nous ramènent de l'information terrain.
En l'occurrence, je n'ai pas vu passer ce type d'informations là. Et à savoir
est ce qu'on est aujourd'hui en mesure de vous... de vous dire est-ce qu'il y
aurait un pourcentage qui serait adéquat ou non, on n'est pas... on n'est pas
là. Et même notre position, je dirais, sur la question des... d'un frais
applicable au «no show» n'est pas... n'est pas formalisée à cette étape-ci.
Mme Nichols : O.K. Donc, il n'y
a pas de... il n'y a pas de...
Mme Leblanc (Anne-Marie) : Je
peux quand même dire qu'à brûle-pourpoint, là, puis après avoir aussi entendu
ce que... ce qu'Option Consommateurs aussi avait à dire, on va dans le même
sens, là, il ne faudrait pas mettre une brèche dans la protection en matière de
prêts qui serait considérée comme un peu... En fait, ce serait le commerçant
qui prendrait seul la décision, donc ça pourrait mener à des abus. Là,
présentement, on voit qu'il y a des... Les restaurateurs nous disent qu'il y a
des abus de leur côté, mais on risque de transférer les abus, et là, c'est les
consommateurs qui risquent de les vivre. Donc, pour nous, ce n'est pas une voie
dans laquelle il faut... il faut aller. Et pour ce qui est des frais de
pénalité, là, dans certains secteurs, ça... ça se fait, oui, ça se fait déjà.
Ce n'est pas une problématique qu'on voit. C'est une des problématiques qu'on a
un peu... mais ce n'est pas répandu et on ne voudrait pas que ça le devienne
en... en permettant aux commerçants de charger ce genre de frais.
Mme Nichols : Merci. Je
comprends la ligne directrice, je comprends que ce n'est pas répertorié, mais
qu'il y a peut être un malaise si le restaurateur, celui qui devient le juge à
savoir si... étant donné qu'il y a la protection du consommateur dans tout ça,
là, vous prenez position pour le... pour le consommateur. Le fait que le
restaurateur deviendrait le juge à savoir si la pénalité s'applique ou pas, ça
pourrait être un préjudice pour le consommateur.
Mme Leblanc (Anne-Marie) : Exact.
Mme Nichols : Très bien.
Merci beaucoup.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Alors, merci
encore d'avoir été avec nous. Sur ce, je suspends les travaux quelques instants
pour accueillir notre prochain groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 32
)
(Reprise à 17 h 36)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend
ses travaux. Alors il nous fait plaisir d'accueillir représentant et
représentante du Conseil canadien du commerce de détail. Merci beaucoup d'être
avec nous. Alors je vous invite, bien sûr, d'abord à vous présenter, débuter
votre exposé et après ça on aura un échange avec les membres de la commission.
La parole est à vous. Merci beaucoup d'être ici.
M. Rochette (Michel) :
Merci. Je suis Michel Rochette, je suis le président pour le Québec du Conseil
canadien du commerce de détail et je suis accompagné par ma collègue, Melissa
Parseghian qui est directrice des affaires publiques dans le domaine de
l'alimentation pour notre association. M. le Président, M. le ministre, Mmes et
MM. les députés, tout d'abord, permettez-moi de vous remercier de nous
accueillir et de nous permettre de participer à cette consultation. Ça nous
paraît fondamental de partager les perspectives et les réalités opérationnelles
des détaillants qui jouent un rôle fondamental dans la vie quotidienne de
chaque citoyen. Le Conseil canadien du commerce de détail représente des
détaillants de toutes tailles implantés dans toutes les régions du Québec et
ailleurs au pays. Au Québec seulement, nous représentons près de
18 000 commerces de tous les types de commerce de détail. Pour le
secteur alimentaire, nous représentons à l'échelle du pays près de 95 %
des distributeurs et détaillants de l'ensemble du marché. Le projet de loi
n° 72, qui vise à protéger les consommateurs et à offrir une transparence
en matière de prix, est une initiative que nous saluons dans son principe. La
transparence est un objectif que nous partageons et il est primordial que les
citoyens comprennent clairement les prix qu'ils devront payer à la Caisse.
Cependant, nous le mentionnons dans notre mémoire, nous vous avons identifié
quelques éléments qui, selon nous, méritent d'être ajustés. Nos commentaires et
recommandations se concentrent principalement sur les dispositions qui touchent
l'étiquetage des produits alimentaires, un aspect fondamental pour un grand
nombre de commerces que nous représentons. L'importance... En fait, il est
important de rappeler, d'une part, que les détaillants alimentaires qu'ils
soient grands, qu'ils soient petits, sont déjà soumis à un ensemble de
règlements particulièrement nombreux, qui couvrent un grand nombre d'aspects de
leurs opérations : la salubrité, la sécurité, la manutention, la
préservation des aliments, l'étiquetage des produits, tant pour le format que
le contenu même, la provenance, par exemple pour les fruits et légumes. Comme
vous le savez, le caractère des lettres est régi par règlement, la taille de
l'étiquette au millimètre près est régie par les règles gouvernementales,
incluant la disposition sur les étagères. À ça, s'ajoutent d'autres règles,
également gouvernementales, qui touchent par exemple les enjeux
environnementaux, par exemple les plastiques, la gestion des emballages, la
gestion des résidus, et s'ajoutent dans quelques cas des règles municipales qui
sont uniques à chacune, par exemple des redevances qui sont chargées sur
certains produits et qui, dans certains cas, sont taxables, dans d'autres cas
non dépendant des villes. Les détaillants s'adaptent dans un contexte normé et
s'efforcent d'offrir aux consommateurs une expérience qui est à la fois
agréable, claire et transparente. C'est dans ce contexte déjà très encadré que
le projet de loi n° 72 vient introduire de nouvelles exigences, notamment
en ce qui concerne l'affichage des prix. Nous tenons à souligner et répéter que
nous souscrivons aux objectifs du projet de loi, mais nous croyons qu'il est
nécessaire de faire attention à ne pas rendre l'étiquette trop complexe, ce qui
pourrait avoir l'effet inverse que celui recherché, embrouillant dans certains
cas les consommateurs plutôt que les éclairer. Il est essentiel également de
rappeler que les commerces alimentaires doivent gérer des stocks énormes en
diversité. Vous le savez, car ça a été mentionné, une épicerie moyenne compte
entre 20 000 et 40 000 produits différents, avec une étiquette
unique à chaque. Donc, tout changement dans l'étiquetage représente donc, vous le
devinez, un défi opérationnel majeur. Aujourd'hui, les consommateurs, en plus,
ont accès à une mine d'informations en ligne. Ils peuvent comparer les prix,
consulter les promotions et ils sont de plus en plus exigeants en matière de
clarté et de transparence et de recherche de rabais.
• (17 h 40) •
C'est dans ce contexte que nous devons
veiller à ce que les nouvelles exigences proposées aujourd'hui contribuent à
renforcer la confiance des consommateurs, mais de manière effective. Nos
recommandations, vous l'avez vu dans notre mémoire, sont en quatre points
essentiellement. En fait, c'est les commentaires que nous ferons aujourd'hui.
Donc les observations se portent sur les questions de taxation, la disposition
de l'information sur l'étiquette, l'équité entre tous les commerces qui vendent
des produits alimentaires et enfin les délais d'application. Sur la taxe...
M. Rochette (Michel) : ...sont
les produits. Le projet de loi propose d'afficher clairement si un produit est
taxable. Nous appuyons cette mesure qui est déjà largement appliquée... en
fait, qui est appliquée par l'ensemble des épiceries et l'essentiel des
commerces qui vendent des produits alimentaires. C'est une bonne idée
d'uniformiser.
On a une crainte, une seule, celle où, sur
le site de l'Office de la protection du consommateur, une affiche qui a été
faite pour expliquer avec graphique les éléments du projet de loi laisse
entendre qu'il faut écrire lorsque le produit est non taxable. Évidemment, les
étiquettes sont déjà chargées, et cette information supplémentaire risquerait
de créer un peu plus de confusion que de clarté. Indiquer seulement lorsque les
taxes s'appliquent nous paraît une approche simple et directe.
Au niveau plus général de la disposition
de l'information sur les étiquettes, à quelques endroits, le projet de loi
suggère que le prix apparaisse... en fait, que certains prix apparaissent à
côté du prix de l'étiquette, par exemple, comme le prix régulier à côté du prix
en promotion, le prix lié à un programme de fidélisation lorsque ça s'applique
ou le prix de produits groupés en un seul ensemble. Par souci de cohérence et
d'espace, nous suggérons plutôt d'utiliser le terme «à proximité». L'important
est que l'information soit visible et compréhensible pour le consommateur et
non nécessairement disposée de manière... Vous aurez compris que dans certains
cas, quand... à force... je pense qu'il y a trois niveaux d'information aux
côtés, on finit par manquer de côté autour du prix. Donc, c'est pour ça qu'on
suggère «à proximité».
Et justement sur... au sujet des produits
groupés dans un ensemble de produits, vous ajoutez une nouvelle disposition qui
demande à ce que chaque produit qui compose l'ensemble soit également affiché
individuellement avec leur prix respectif. Tel que rédigé, n'importe quel
ensemble de produits vendus en groupe serait lié par cette nouvelle obligation.
Par exemple, dans la période estivale, alors qu'on voit, des fois, des
commerces vendre des produits ensemble, là, par exemple, des condiments, là, liés
à l'été qui sont vendus en paquet de trois ou en paquet, ou pour les fêtes,
Saint-Valentin, Pâques, ou des paniers cadeaux dans lesquels il y a des
produits alimentaires, les dispositions actuelles font en sorte que le...
chaque produit dans le contenant, dans le... dans le paquet devrait être
indiqué individuellement, chaque item. Et en plus, selon le règlement
d'application, comme vous le savez, il faudrait en plus, pour chacun des
produits, indiquer le coût par unité de mesure. Si jamais le paquet est en
spécial, toute cette information-là compressée dans un prix devra être doublée.
Dans ce cas-ci, on recommande par exemple que cette disposition ne s'applique
que lorsque les produits vendus en groupe sont identiques.
J'ai mentionné les coûts par unité de
mesure. Bon. Vous le savez, vous ajoutez certaines précisions à ce sujet qui
vont dans le sens de ce que les épiceries font déjà. Ça fait même plusieurs
années que les... qu'on indique les prix par unité de mesure. Ça donne beaucoup
d'informations aux consommateurs et ça leur permet de réellement comparer
chaque produit entre eux.
Votre projet de loi vise de façon générale
tous les commerces qui vendent des produits alimentaires destinés à
consommation humaine, sauf celui-là. Sur la question des prix par unité de
mesure, vous limitez cette mesure-là seulement aux détenteurs de permis
d'épicerie. C'est pourquoi, par souci d'équité, on suggère que tous les
commerces qui vendent des produits alimentaires soient touchés de la même
façon. Ça garantirait une cohérence dans l'affichage des prix, offrirait aux
consommateurs la possibilité de comparer les prix de manière équitable entre
tous les types de commerces.
Enfin, le délai d'application. Et c'est
peut-être là le point le plus important pour nos membres. Nous recommandons un
délai d'application beaucoup plus long pour ces nouvelles règles. Le projet de
loi prévoit un délai de trois mois, mais nous croyons que six mois seraient
plus appropriés. Modifier l'étiquetage de dizaines de milliers de produits demande
du temps et surtout, avec la période des fêtes qui arrive, vous l'avez déjà
entendu, il y a à peu près aucun commerce qui va changer ses systèmes
informatiques ou ses dispositions d'étiquetage pendant la période qui devient
la période la plus active de l'année. Donc, on suggère une période de six mois
qui nous permet de traverser des fêtes, puis après ça, avoir le temps suffisant
pour mettre les changements en application. Autrement, au risque de perturber
les opérations des commerces et créer de la confusion chez les consommateurs,
dans le cas où il y aurait des erreurs d'application.
En conclusion, nous souhaitons réaffirmer
notre engagement à travailler avec le gouvernement pour mettre en œuvre les
mesures de ce projet de loi de manière efficace. Nous partageons pleinement
l'objectif de rendre une information plus transparente et plus accessible pour
les consommateurs. Cependant, il est important de tenir compte à la fois des
réalités opérationnelles des commerces alimentaires pour éviter des complications
inutiles et qui pourraient avoir des effets contre-productifs autant chez le
détaillant que chez le consommateur.
Évidemment, le mémoire est un peu plus
complet. On est prêts à répondre aux questions, et ce sera avec plaisir. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. Rochette. M.
le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui,
merci, M. le Président. M. Rochette, Mme Parseghian, merci de participer aux
travaux de la commission parlementaire.
D'entrée de jeu, je tiens à vous rassurer,
là. Pour l'exemple que vous avez donné, supposons, relativement au panier
cadeau ou pour... aux produits qui sont, supposons, dans le même empaquetage,
pensez à ketchup...
M. Jolin-Barrette : ...moutarde,
qui, en saison estivale, saison des barbecues. Parfois, il y a certains
détaillants d'alimentation qui vendent les trois produits ensemble, là, puis
vous prenez le paquet, puis ça vient ensemble. Mais, à ce moment-là, le prix,
c'est le prix du paquet, ce n'est pas le prix de la moutarde, le prix de la
relish, le prix du ketchup, individuellement, c'est le prix des trois. Même
chose pour un panier cadeau, supposons, qui serait en vente chez le détaillant
à l'épicerie. Dans le fond, c'est le prix du panier, non pas chacun des
articles individuels qui... bien, en fait, pas besoin d'identifier le prix de
chacun des articles.
J'aimerais ça qu'on revienne sur la
question, là, de l'affichage et de l'affiche elle-même, de l'affichette. Dans
le fond, à la lecture de votre mémoire, vous dites : Il ne faut pas
surcharger le... tout ce que l'on voit, ce que le consommateur voit sur
l'affichage. Vous, vous dites : Le à côté nous semble problématique.
Exemple, si on mettait le prix membre, prix régulier, parce qu'on veut avoir le
prix régulier lorsque c'est en rabais également, pour savoir ça. Les prix
groupés aussi, vous, vous dites : La notion de à côté selon votre lecture,
ça pose problème.
M. Rochette (Michel) : D'abord,
rappelons que l'étiquette, elle est relativement petite, d'une part, de deux,
il est difficile de cacher de l'information sur une étiquette qui est... sur
une étiquette qui est relativement petite. Vous savez, dans certains cas, dans
certains commerces, par exemple, pour les programmes de... de fidélité, il peut
y arriver des fois qu'il y ait deux étiquettes une à côté de l'autre, du même
format, prix normal, prix avec le programme. Dans tous les cas, l'idée, c'est
de... par principe... puis, dans certains cas, puis aussi pour les rabais, dans
certains commerces, on va mettre le prix normal, le prix à rabais, le prix
final. Donc, l'idée c'est de laisser un peu de marge de manœuvre aux
commerçants pour que... tant que l'information, elle est présente, complète,
accessible et claire, c'est ce qu'on propose. De toute façon, c'est l'esprit du
projet de loi, puis ça apparaît une technicalité, mais, pour les détaillants,
quand l'étiquette est relativement petite, de leur donner un peu de marge de
manœuvre. Et, encore une fois, dans certains cas, il y aurait trois informations
qui devraient apparaître à côté du prix. Quelle l'information a préséance sur
laquelle? Nous, ce qu'on demande, c'est à proximité. Ce qui nous laisse encore
une fois très peu de marge de manœuvre de toute façon.
M. Jolin-Barrette : Mais on
pourra le détaillant en commission parlementaire, mais le à côté permet
d'être... à l'exception du prix unitaire qui doit être sur l'affichette
elle-même, si vous avez une autre affiche à côté, ça permet de répondre à cette
problématique-là que vous soulevez.
M. Rochette (Michel) : Dans
ce cas-là en particulier, dans d'autres cas, c'est que le prix va apparaître
au-dessus ou en dessous. L'important, c'est juste... Parce que, dans certains
cas, on va dire qu'à côté c'est les quatre côtés. Évidemment, on tombe dans
l'interprétation. Je ne suis pas juriste, mais l'important c'est qu'en
indiquant «à proximité»... puis on peut en rajouter avec clarté, mais, dans
tous les cas, il faut s'assurer à mon avis de laisser un petit peu de marge de
manœuvre aux commerçants pour qu'ils puissent disposer... encore une fois, il y
a beaucoup, beaucoup, beaucoup d'informations qui vont être ajoutées sur les
étiquettes. Il y en a déjà beaucoup, puis vous l'avez vous-même noté, la
semaine passée, que l'information, qui est relativement petite... et c'est
parce qu'il y aussi des normes sur certains... le prix, par exemple, doit être
normé, la grosseur du prix. Donc, il y a peu de marge de manœuvre pour beaucoup
d'informations.
Sans compter, et vous le savez, qu'il y a
d'autres informations sur l'étiquette qui servent, par exemple... d'abord, il y
a des fameux problèmes de certification comme Aliments du Québec. Il y a des
codes également, le code barre pour le produit, les codes qui servent aux
employés, qui permettent de gérer la manutention et la rotation. Donc, il y a
déjà un peu d'information qui apparaît encore plus petite sur l'étiquette.
L'idée, c'est de leur donner cet espace-là, qui est relativement petit, pour
qu'ils puissent au moins, encore une fois, s'assurer que l'information soit
claire et accessible.
M. Jolin-Barrette : Mais je
suis sensible à ce que vous dites pour le commerçant, que c'est une
organisation, puis au niveau des affiches. Cependant, ça se fait déjà, là, le
fait d'indiquer clairement les différents prix groupés, le prix régulier,
lorsque le prix est un rabais, quel est le prix régulier, et combien vous
économisez, ça se fait déjà. Nos voisins américains, là, sur la côte Est, là,
ils le font très clairement, là. Ils vous disent combien vous sauvez, c'est
quoi, le prix régulier, c'est quoi, le prix par unité, sur leurs... Puis
honnêtement leurs affiches sont pas mal la même grosseur que nous, bien
souvent, là, pour... puis je témoigne à la commission par expérience
personnelle, M. le Président. Mais... mais ça se fait.
• (17 h 50) •
Alors, moi, j'ai confiance que les
entreprises qui oeuvrent dans le domaine de l'alimentation vont être capables.
Alors, je vais préciser le tout dans le cadre de l'étude détaillée sur
l'interprétation d'à côté, qu'est-ce que ça signifie, tout ça. Alors, je vais
inviter vos membres à être à l'écoute de l'étude détaillée. Mais c'est sûr que
ce qu'on veut, c'est quelque chose de clair pour les consommateurs, quand ils
arrivent à l'épicerie, qu'ils puissent savoir : Si je prends un produit,
quand je vais être rendu à la caisse à la fin de mon épicerie, combien ça me
coûte. Puis là, actuellement, ce n'est pas clair. Moi, quand je fais mon
épicerie, puis je veux regarder le prix par 100 grammes parfois, il faut
que je me colle le nez dans certains...
M. Jolin-Barrette : ...certaines
bannières, pour voir c'est quoi vraiment le prix par 100 grammes. C'est
tellement petit, puis je ne porte pas encore de lunettes. Il y a du ménage à
faire là-dedans, là. Le fait que ça soit plus clair, plus transparent, je
pense, ça va être favorable à tout le monde puis même ça risque d'enlever de la
frustration au consommateur quand il arrive à... à la caisse, puis là qui passe
leurs articles, que ce soit avec le caissier ou même eux-mêmes, parce que de
plus en plus, c'est des caisses libre-service, puis là, il voit : Bien,
non, ce n'est pas ça que j'ai acheté, ce n'est pas le bon prix.
Alors, ça aussi ça a... ça a un coût pour
le marchand aussi, que l'employé vienne passer du temps, va dans l'allée, à
l'autre bout de l'allée pour aller voir quel est le prix affiché, revient ici.
La politique d'exactitude des prix, si la personne...
Donc, l'idée c'est vraiment d'avoir des
mesures de transparence. C'est clair. Programme de fidélisation aussi. Vous
dites dans votre mémoire il y a beaucoup de différents programmes de
fidélisation, ce qui est vrai. Il y a plusieurs cartes dans le portefeuille des
Québécois et des Québécoises, mais il faut qu'ils puissent savoir qu'est-ce
qu'ils achètent, à quel prix aussi.
M. Rochette (Michel) : Tout à
fait.
M. Jolin-Barrette : Ça fait
que je pense qu'on partage le même objectif.
M. Rochette (Michel) : Tout à
fait. Bien, tout à fait. En fait, notre objectif, c'est de s'assurer que le
prix le plus clairement indiqué sur l'étiquette soit le prix qu'on paiera à la
caisse, puis là il y a quand même d'autres informations qui s'ajoutent. Mais
encore une fois, l'étiquette, rappelons-le, il est relativement petit. Il est
petit aussi, notamment parce que vous le voyez sur les étagères, là, quand on a
à peu près 30 000 produits,
sans compter... Je ne ferai pas la liste des produits qui sont très petits,
pour lesquels même l'étiquetage est un peu complexe, parce qu'il faut... on ne
peut pas non plus tout séparer les produits si on veut rentrer le maximum de
produits et la diversité de produits. Mais encore une fois, l'important c'est
que l'information soit le plus clair sur le prix définitif que les gens vont
payer à la caisse.
M. Jolin-Barrette : Tout à
fait. Sur la question du délai d'entrée en vigueur, là, vous dites : Trois
mois, c'est trop court.
M. Rochette (Michel) : Oui.
M. Jolin-Barrette : Vous nous
suggérez six mois.
M. Rochette (Michel) : Mais
ça pourrait être... En fait, l'important c'est de laisser le temps des fêtes se
passer, parce qu'il est... en termes opérationnels, c'est d'une immense
complexité pour les détaillants, de toute taille qu'il soit. D'ailleurs, c'est
le premier commentaire que tout le monde nous a dit, c'est... les délais
d'implantation sont trop courts, et à cause du fait qu'on ne peut pas modifier
des systèmes informatiques pendant la période qui précède le temps des fêtes,
il va y avoir des erreurs. Donc, on ne veut pas ça, on veut que ce soit bien
implanté, correctement fait et que les citoyens s'y reconnaissent. Donc,
laissez passer le temps des fêtes et après on pourra... et c'est pour ça qu'on
suggère six mois. Il n'y a pas de chiffre magique, mais assurément il faut
laisser passer le temps des fêtes pour ensuite qu'ils puissent reprogrammer
l'ensemble des systèmes et voir où est-ce que... lorsqu'il y a des conflits ou
des problèmes, comment est-ce qu'on va réinventer, dans certains cas, la
disposition de certains produits, quand l'étiquetage, par exemple, va devoir
grandir, ou grossir, ou changer, là.
M. Jolin-Barrette : O.K.,
peut-être une dernière question avant de céder la parole à mes collègues. Vous,
le temps des fêtes, ça finit quand?
M. Rochette (Michel) : Quand
les... bien, normalement, pendant le temps des fêtes, c'est quoi? Noël, c'est
le 25... autour du... en fait, le 24 décembre, par principe, là.
M. Jolin-Barrette : Là, mais
parce que je calcule, là. Mais supposons, ça dépend de mes collègues, pendant
combien de temps on fait l'étude du projet, là, mais supposons qu'on adopte ça
en novembre, ça fait novembre, décembre, janvier, déjà trois mois, on est
rendus en janvier.
M. Rochette (Michel) : Oui,
c'est la première fois qu'on me pose la question : C'est quand le temps
des fêtes? Mais oui, c'est... encore en même temps. Ce que je vous dis, c'est
qu'on ne peut pas modifier les systèmes informatiques avant le temps des fêtes.
Donc, on le calcule, là, je ne pense pas qu'on ferait rentrer non plus les
employés le 26 décembre, là, ça peut se faire, mais dans les faits, en
tout cas, vous comprenez l'idée, là. Ça fait que, si on peut se donner six
mois, ça nous permet de traverser les fêtes, puis de dépasser un peu, là,
évidemment, la période de janvier, février, c'est une question pratique tout
simplement, là.
M. Jolin-Barrette : Excellent.
Mais auparavant, ils rentraient le 26 décembre, les employés dans les
épiceries, j'en témoigne personnellement. Alors, je cède la parole.
Le Président (M.
Bachand) :Merci, M. le ministre.
Interventions du côté gouvernemental? M. le député de Saint-Jean.
M. Lemieux : Merci beaucoup,
M. le Président. Moi aussi, j'ai placé sur les tablettes, M. le...
M. Rochette (Michel) : Moi
aussi...
M. Lemieux : ...j'ai livré
aussi, même fait la caisse, j'étais bon à la caisse. Bon, M. Rochette, je vous
ai écouté attentivement. J'ai essayé de décoder précisément de quoi vous
parliez et surtout de qui vous parliez quand vous avez dit : Bien, ce
serait bien que ça s'applique aussi à ceux pour qui les produits alimentaires
ne sont pas nécessairement la majorité de, mais qu'on puisse, comme
consommateurs, comparer entre tout le monde, puis pas seulement entre ceux qui
sont visés par la loi. Réglez mon problème, je ne suis pas bon dans les
devinettes, on parlait...
M. Rochette (Michel) : Ah!
bien, ce n'est pas compliqué. En fait, le projet de loi au complet et c'est une
beauté du projet de loi, s'il y en a une, c'est qu'il précise d'entrée de jeu
qu'il vise tout commerce qui vend des produits alimentaires à la consommation
humaine. C'est clair. Mais il y a une disposition qui précise que c'est
seulement ceux qui détiennent un permis, puis on vient de rapetisser et de
ramener ça seulement aux épiceries qui ne vendent que donc des produits...
donc, essentiellement des produits alimentaires. Il y a des critères à
respecter.
Nous, ce qu'on dit, c'est que tout
commerce qui vend des produits alimentaires, des... pour les humains, devraient
être touchés de la même façon, comme pour le reste du projet de loi. Tout ce
qu'on dit, c'est qu'une disposition dans le projet de loi qui fait une
exception, on dit pourquoi une exception? On l'applique à tout le monde, tout
simplement.
M. Lemieux : Vous considérez
qu'il y en a pour qui ça ne s'appliquerait pas, qui vendent quand même beaucoup
de...
M. Rochette (Michel) : Honnêtement,
c'est juste une question de...
M. Rochette (Michel) : ...cohérence
dans le projet de loi parce qu'encore une fois le projet de loi vise tout le
monde de même... de la même façon, sauf un article. Pourquoi?
M. Lemieux : Si vous m'amenez
là, je vais vous suivre. Est-ce que Dollorama est membre chez vous? Est-ce que
vous représentez Dollorama?
M. Rochette (Michel) : Bien,
entre autres, oui. En fait, on a beaucoup de commerces qui sont membres chez
nous.
M. Lemieux : Est-ce qu'ils
seraient visés dans le projet de loi tel qu'il est inscrit en ce moment avec
l'exception dont vous parlez?
M. Rochette (Michel) : Oui,
parce que c'est un commerce qui vend des produits alimentaires pour
consommation humaine.
M. Lemieux : Donc, qui ne le
serait pas?
M. Rochette (Michel) : Ceux
qui ne vendent pas de produits alimentaires pour consommation humaine. Qu'est-ce
vous voulez dire qu'ils ne le seraient pas?
M. Lemieux : Bien, c'est
parce que vous dites, on pourrait comparer des choses comparables partout, mais
là vous semblez trouver une catégorie ou en tout cas...
M. Rochette (Michel) : Mais
en fait, c'est une... c'est une exception du projet de loi qu'on explique mal,
tout simplement. On comprend, comme le projet de loi vise tous les commerces, à
l'exception de celles où on indique qu'il faut le faire par unité de mesure. On
dit, mais c'est une excellente unité de mesure. Les détaillants, en général, le
font déjà, mais pas tous. Ce qu'on dit, c'est qu'on le fait tous, tous ceux qui
vendent des produits alimentaires.
M. Lemieux : O.K. Bien, on va
avoir des heures de plaisir en étude détaillée, puis je suis certain que je
vais comprendre rendu là.
M. Rochette (Michel) : Oui.
Bien en fait... c'est un peu technique. C'est dans le règlement d'application
de la Loi de la protection du consommateur ou dans un article modifié
d'ailleurs par le projet de loi. Puis, tant qu'à mettre à jour cet article-là,
on se dit : Ils devraient l'ouvrir à tous les commerces comme le reste du
projet de loi l'indique tout simplement. Donc, c'est une question de cohérence.
M. Lemieux : Parlez-moi de
l'unité de mesure. Parce que le ministre disait qu'il n'y a pas besoin de
lunettes, lui, puis il a de la misère à voir. Je peux vous dire que j'ai
vraiment besoin de lunettes puis j'ai vraiment de la misère, surtout l'allée du
bas. À mon âge, l'allée du bas, là, ça, ce n'est pas évident. Il y a des trucs,
par exemple. Certaines pharmacies, on peut relever la tablette et on trouve
d'autres choses que ce qu'on avait sur la première. Bon. On n'installera pas ça
partout, je comprends, mais il y a des trucs.
M. Rochette (Michel) : Non
parce que les règlements ne le permettraient pas.
M. Lemieux : Il y a des
possibilités. Il y aurait même éventuellement, je ne sais pas si ça passerait,
mais faciliter... quand vous dites : Tout le monde est branché, tout le monde
a son téléphone, s'il y avait un QR au bout de l'affichette, moi, je serais
tout le temps en train de prendre les QR puis j'arrêterais d'essayer de
m'étirer le cou ou de me pencher pour aller voir. Ce que je cherche, c'est
l'unité de mesure. Après ça, je suis capable de commencer à comparer certaines
affaires. Est-ce que vous avez réfléchi à ce genre de proposition au moment où
vous avez compris qu'on arrivait avec un projet de loi?
M. Rochette (Michel) : De
façon générale…
M. Lemieux : Avez-vous des
propositions qui ne sont pas dans le projet de loi.
M. Rochette (Michel) : Oui,
bien, les détaillants appliquent déjà évidemment puis font déjà... il y a déjà
des étiquettes électroniques dans certains commerces, comme vous le savez, mais
on vit dans un... dans un environnement extrêmement encadré, normé, dans lequel
même l'étiquette est réglementée au 1 000ᵉ de centimètres... pas au 1 000ᵉ, au
100ᵉ de centimètre près, donc au... il y a deux chiffres après la virgule. On
est là dans la réglementation gouvernementale, sur la grosseur de l'étiquette,
et sur le caractère de lettre également, de la façon d'indiquer le prix. Donc,
on est déjà serré en quelque sorte. Puis il y a beaucoup d'informations
complémentaires qui sont obligatoires. Donc, c'est l'accumulation de tout ça
qui rend un peu la vie complexe quand on veut rendre l'information simple au
consommateur.
Donc, oui, si les règles et les lois nous
permettaient de modifier les étiquetages un peu plus, on pourrait certainement
le faire. Mais malheureusement, on est... c'est un environnement qui est très
encadré. Mais je réitère que les étiquettes électroniques... qui commencent
déjà à exister, mais encore une fois, il faut qu'on s'assure que tout rentre
dans les normes et dans les grandeurs et prérequis. Puis là il faut rappeler
qu'il y a des produits qui sont extrêmement petits dans les épiceries, ça fait
que... à un moment donné, il faut qu'on ajuste l'étiquetage en conséquence.
Donc, il y a beaucoup d'innovations possibles, mais plus il y a de normes et de
règles, plus on est limité dans la façon d'innover.
M. Lemieux : Je vous parlais
de vos membres, tout à l'heure, j'étais curieux de savoir si vous alliez du
plus petit au plus grand ou vous êtes dans petit, moyen et grand, parce que
je... pas que je m'inquiète, mais je me posais la question : Dans quelle
mesure certains vont avoir à s'équiper pour vrai? Parce que, pour l'instant,
ils ne sont probablement pas encore à la mitaine, comme on disait, mais pas
loin, là.
M. Rochette (Michel) : Tout à
fait. Bien... effectivement, puis l'Association des détaillants en alimentation
qui est venue, qui représente davantage les marchands qui sont soit des
marchands indépendants ou dans plusieurs cas des plus petits commerces. C'est
une réalité qui est unique à chacun, évidemment, dépendant du type de
commerces, proximité ou de grandes surfaces. Ce n'est pas plus simple pour
personne dans tous les cas, parce que, quand vous gérez 40 000 produits sur vos
étagères, le risque d'erreur de manutention peut arriver. Donc, il faut limiter
au minimum ces erreurs-là. Puis, dans le cas où on doit littéralement réinventer
les étiquetages, dans certains commerces qui sont peut-être plus petits, c'est
pour ça qu'eux aussi ont besoin de temps, puis s'assurer que l'ensemble des
règles soient vraiment appliquées. Mais on est... on est de tout coeur avec
tous les commerçants sur le terrain qui doivent s'assurer toujours de respecter
l'ensemble des réglementations, juste sur la façon d'indiquer les taxes,
qu'est-ce qui est taxable, qu'est-ce qui ne l'est pas, vous savez que c'est un
chantier complet qu'on pourrait réviser...vous l'a suggéré, mais là même le
format d'un produit peut affecter la taxe. Donc, pour les plus petits commerces
qui doivent le faire à la main... Puis je vous réitère que même des grands
commerçants ont quand même des étiquettes en carton pour... pour une partie,
parce qu'il faut qu'ils les changent régulièrement, puis l'étiquetage numérique
pour 40 000 produits, comprenez ce que ça représente, donc, mais on est de tout
cœur avec eux.
• (18 heures) •
M. Lemieux : Je veux vous
soumettre que, si c'est pour le plus grand bonheur et la facilité et la
transparence du consommateur...
18 h (version non révisée)
M. Lemieux : ...c'est
gagnant-gagnant pour les détaillants aussi. Si on est heureux, ils vont l'être.
Si on comprend bien, on va... on va mieux performer, entre guillemets, dans ce
qu'on est en train de faire. Parce qu'il y a des fois on sort de là...
Moi, je... ça me surprend toujours quand
ma blonde me dit : Bon, montre-moi ça, cette facture-là, là. On est
rendus... On est partis, là. Puis là elle est en train... puis on est à deux
coins de rue : C'était quoi, ça, déjà, là? Tu sais, je veux dire, ça me
surprend, puis, en même temps, ça me choque...
M. Rochette (Michel) : Mais
la facture aussi est régie par règlement, hein...
M. Lemieux : ...ça me choque.
Ça ne devrait pas être compliqué.
M. Rochette (Michel) : Non,
vous avez raison. Mais ça aussi, c'est un environnement qui est très normé,
même... le reçu de caisse est également très normé sur le type d'informations,
la totalité des informations. Puis on n'a pas fait la liste de tout ce qui doit
être marqué sur les étiquettes de prix de toute façon.
Mais vous avez raison, on veut cette
transparence-là. On est dans un domaine très compétitif, en général, hein? Si
un client n'est pas heureux, il va à la porte d'à côté qui est généralement à
deux rues, ou une rue à côté, ou de l'autre bord de la rue. Donc, quand on
commence à insatisfaire un client, on le perd. Donc, on fait tout pour lui
faciliter la vie. Si le client n'est pas heureux de la façon dont les prix sont
disposés, de façon répétée, effectivement il va aller ailleurs. Donc, les
commerçants font beaucoup d'efforts pour s'assurer que les consommateurs se
retrouvent et aiment leur expérience en magasin. Donc, encore une fois, dans un
contexte extrêmement normé, je pense qu'ils font leur possible.
M. Lemieux : Merci, M.
Rochette. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député d'Acadie,
s'il vous plaît.
M. Morin : Merci, M. le
Président. Alors, Mme Parseghian, M. Rochette, bonjour. Merci d'être là. Merci
pour votre mémoire.
J'ai une question pour vous. Je pense que
vous ne l'avez pas abordé, mais il y a d'autres groupes qui nous en ont parlé
beaucoup, et c'est l'article 58 du projet de loi, qui va modifier le
décret concernant la politique d'exactitude des prix pour des commerçants
utilisant la technologie du lecteur optique. Et évidemment le montant de
10 $ va être remplacé par 15 $, comme le souligne le projet de loi,
partout où cela se trouve. Pour vous, est-ce que ça représente un enjeu?
Avez-vous parlé avec les gens que vous représentez? Quel est le véritable
impact, etc.?
M. Rochette (Michel) : ...on
comprend l'impact, puis on comprend... Puis on est sensibles également à ce que
nos collègues du... de l'ADA sont venus vous mentionnez. D'augmenter un tarif
de 50 % d'un coup pour compenser une indexation qui n'a pas été faite
depuis quelques années... C'est pour ça que souvent on est en faveur des
indexations, ça évite des chocs de tarif. Dans ce cas-ci, c'en est un. Je ne
suis pas exactement certain à quel point ce changement-là va faire un
changement sur le terrain, parce qu'encore une fois, pour l'essentiel, les
erreurs d'étiquetage sont souvent des erreurs humaines, là, de bonne foi, de
part et d'autre, en passant. Et l'ADA vous a aussi mentionné qu'également, dans
certains cas, il peut arriver que des... ça arrive aussi que des clients, en
jouant avec les étiquettes, se retrouvent en disant : Bien, écoutez, j'ai
le mauvais étiquetage, donc je vais être remboursé. Donc, on est sensibles à
ça.
En même temps, on comprend que le montant
n'a jamais été indexé. On aurait préféré honnêtement que ça ne soit pas
50 % d'un coup sans aucun avertissement. Donc, on est sensibles à leur
écoute. Mais, chez nos membres, on n'a pas eu de demande particulière pour
réviser cette approche. Mais sachez qu'on est conscients qu'un tarif qui
augmente de 50 %, dans n'importe quel domaine, ça sera toujours perçu
comme un choc.
M. Morin : Pensez-vous que ça
va avoir, bien, probablement un impact? Parce que j'imagine que dans votre...
au Conseil canadien du commerce de détail, vous représentez toutes sortes de
bannières, toutes sortes d'entreprises, là, des... Dans le domaine de l'alimentation,
vous représentez probablement de très grandes chaînes nationales, comme
peut-être des petits commerçants locaux. On nous disait que, probablement, pour
les grandes chaînes nationales, ce serait plus simple, moins d'impact, alors
que le petit commerçant ou la petite épicerie du village, ça serait
probablement... l'impact serait plus grand. Est-ce que c'est une réalité que
vous partagez ou est-ce que c'est quelque chose qui vous inquiète
particulièrement?
M. Rochette (Michel) : Bien,
l'impact va être grand de toute façon. Puis il faut rappeler que, le système dans
lequel on fonctionne, pour plusieurs bannières, là, ils ont des franchisés qui
sont des commerces indépendants, en quelque sorte. Ce sont pratiquement des PME
en soi, des entreprises pratiquement indépendantes. Donc, quand un commerce est
frappé, il est frappé. Alors, s'il... s'il est pris à devoir rembourser, sans
trop de contrôle... Puis, encore une fois, on calcule que, généralement, d'exactitude
de prix sont souvent des erreurs de placement d'étiquette où l'employé ne l'a
pas mis au bon moment ou à temps, puis ça peut arriver... ça arrive
effectivement que des clients, des fois, déplacent des étiquettes, ça peut
arriver. Donc, dans tous les cas, les... mais les complexités sont aussi
grandes pour les grands détaillants que pour les petits, dans tous les cas, il
faut juste multiplier par le volume. Et, quand vous avez à gérer 40 000 produits
dans une épicerie, vous avez 40 000 chances que ça arrive.
M. Morin : Bien. Si vous
aviez eu à rédiger le projet de loi, vous auriez mis quel montant... quel
montant vous auriez suggéré?
M. Rochette (Michel) : On
aurait préféré, à l'origine, que ce soit un montant qui soit indexé avec le
temps pour éviter un choc, tout simplement. Bon, ce n'est pas le cas.
M. Morin : Ce n'est pas le
cas.
M. Rochette (Michel) : Il n'y
a pas de chiffre magique. Pourquoi c'était 10 à l'origine? Bon, vous savez que
90 % des produits qui se vendent en épicerie, pour l'essentiel, donc, sont
en bas de la barre du 10 $. Ça a été mentionné...
M. Rochette (Michel) : ...tu
sais, je présume qu'à l'époque, là, ça n'avait pas tout à fait... ce n'était
pas la raison qui avait amené le 10 $, parce qu'évidemment on parle d'il y
a plusieurs... quelques décennies, mais il n'y a pas de bon montant dans tous
les cas. Tout ce qu'on aurait souhaité, c'est... Bon, c'est une politique qui
est connue, peut-être pas assez, mais qui est connue, qui est affichée sur
toutes les caisses enregistreuses de tous les commerces d'alimentation au
Québec. On calcule simplement, encore une fois, que, si on avait pu se
permettre une certaine indexation ou amoindrir l'explosion de coûts, ça aurait
été utile pour tout le monde.
M. Morin : Parfait. Je
vous... Je vous remercie. Dans votre mémoire, vous suggérez de remplacer les
mots «à côté» par «à proximité», puis vous le mentionnez dans plusieurs
articles. Pour vous, c'est quoi, le plus gros problème avec «à côté»?
M. Rochette (Michel) : Bien,
c'est... vous allez rire, mais c'est le nombre de côtés qu'il y a dans le prix.
Parce que, quand vous êtes rendus à trois niveaux d'information que vous devez
mettre à côté du prix, je ne suis pas juriste, là, mais j'ai tendance à croire
qu'on pourrait s'amuser, des fois, à dire qu'il n'est pas exactement à côté.
Tout ce qu'on dit, c'est que l'information doit être à proximité, là. Dans les
faits, il y a quatre côtés, là, si on calcule le haut et le bas, le gauche, le
droit, mais encore une fois, si j'étais juriste, je m'amuserais à dire que...
côté gauche, côté droit, il n'y a pas de côté au-dessus ou en dessous. Donc,
«proximité», pour nous, c'est une question de simplicité, de clarté, puis
donner une certaine marge de manœuvre, encore une fois, aux épiciers pour
s'assurer que l'information soit là, clairement indiquée, mais dans une
disposition qui est plus évidente.
M. Morin : O.K. Parfait.
Mais, évidemment, on s'entend que ce soit «à côté» ou «à proximité», il faut
que ce soit quand.... il faut que ça rentre quand même dans une étiquette, là,
on n'a pas le choix.
M. Rochette (Michel) : Tout à
fait.
M. Morin : «À proximité», ce
n'est pas «à côté» de l'étiquette, c'est dedans.
M. Rochette (Michel) : On est
toujours dans un univers où on parle à proximité du prix ou à côté du prix dans
tous les cas, même si c'est une étiquette à côté, dans tous les cas. Vous
comprenez l'idée. C'est que, si on voit que les... que les prix ne sont pas
clairement à proximité un de l'autre, il y a un enjeu. Donc, c'est de la
sémantique, mais à mon avis, en termes... en termes opérationnels, ça fait une
grande différence sur le terrain, là.
M. Morin : Parfait. Vous
suggérez aussi, à l'article 65 du projet de loi, parce que
l'article 65 vise, entre autres, à modifier ou à ajouter
l'article 91.0.1 qui vise au consommateur un prix de vente pour un produit
alimentaire... à la consommation humaine. Donc, vous, au fond, ce que vous
dites, c'est que ça devrait être plus large. Ça devrait être pour tous les
commerçants. Est-ce que vous auriez à dire que ça pourrait... on pourrait
enlever finalement «produit alimentaire»? Non.
M. Rochette (Michel) : Non,
non. En fait, c'est ces mots-là qui sont les bons.
M. Morin : C'est ces mots-là
qui sont les bons?
M. Rochette (Michel) : C'est
juste qu'il y a un endroit qui est modifié parce que le règlement
d'application, à un certain moment, indique «seulement les détaillants qui
possèdent un permis», c'est ce qu'on indique qui ne devrait pas être
nécessaire. Donc, si on se fie à la définition qui est là, «un commerce qui
fait... qui vend des produits alimentaires destinés à la consommation humaine»,
on comprend que c'est tous ceux qui vendent de la nourriture. Ce n'est pas
compliqué. Il faudrait que ça s'en tienne à ça.
M. Morin : Mais vous ne
voudriez pas par exemple que le législateur élargisse pour «tous les produits»,
comme ça nous a été suggéré, pour enlever «produits alimentaires destinés à la
consommation humaine», puis que ça viserait l'ensemble des produits?
M. Rochette (Michel) : Oui.
Bien là, on tombe dans un autre univers, là, qui n'est pas... qui n'est pas
dans le projet de loi. Là, dans ce cas-ci, on parle sur la question du prix
rabais, du prix... Oui. Bien, c'est une... Si jamais c'est amené dans un futur
projet de loi, on pourra en reparler, là. Mais dans ce cas-ci, on parle vraiment
d'un projet loi qui vise les détaillants alimentaires, donc on s'en tiendra à
ça.
M. Morin : C'est ça. Au fond,
vous, ce que vous dites, c'est que tout commerçant finalement qui vend des
produits alimentaires devrait être soumis aux mêmes normes.
M. Rochette (Michel) : Aux
mêmes règles. En fait, encore une fois, là, l'essentiel, là, 99 % du
projet de loi, dans ce qu'il touche les détaillants alimentaires, c'est les
mêmes règles pour tout le monde, à une exception. On demande : Pourquoi
une exception?
M. Morin : O.K. Je vous
comprends. Parfait. Alors, je vous remercie.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
Saint-Henri-Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup. Merci de votre présentation.
Petite question, là. Je voulais bien vous
comprendre. Vous dites, dans le fond, il n'y a pas... la majorité n'est pas...
des produits ne sont pas taxables. Là, vous dites : Là, il va falloir
ajouter le mot «taxable» à côté de certains d'entre eux. Puis là, vous dites
implicitement, de la lecture du projet de loi, il va falloir écrire que
celui-là, il n'est pas taxable, par contre. Ça fait que là, j'essaie juste de
bien comprendre ce que vous dites à la page 3.
M. Rochette (Michel) : En
fait... En fait, c'est déjà indiqué sur l'essentiel des affiches. Le projet de
loi précise que c'est les mêmes règles désormais pour tout le monde, qu'on
affiche «taxable». Et les mots du projet de loi sont clairs, c'est «si le
produit est taxable, on l'indique.» Ce qu'on dit, c'est que sur une affiche de
l'OPC, on vient indiquer «écrire le mot "non taxable"». On dit :
Si on peut se trouver un peu d'espace sur l'étiquette, quand ce n'est pas
nécessaire, dans ce cas-ci, on calcule que ce n'est pas nécessaire. On réitère,
là, si c'est taxable, il faut que ce soit indiqué.
M. Cliche-Rivard : On
l'écrit. Si ce n'est pas écrit, c'est que ce n'est pas taxable.
M. Rochette (Michel) : Voilà.
M. Cliche-Rivard : C'est de
la façon que vous le voyez.
M. Rochette (Michel) : C'est...
Puis c'est comme ça que le projet de loi est écrit. C'est... C'est sur une
affiche de l'OPC que ce n'est pas comme ça que c'est écrit.
M. Cliche-Rivard : C'est sur
l'OPC, puis c'est ça qu'il faut modifier.
M. Rochette (Michel) : Mais
le projet de loi, on aimerait que ce soit tel qu'il est rédigé, qu'on
dit : Si c'est taxable, on l'indique, point.
M. Cliche-Rivard : Ça fait
que vous dites que la fiche d'information sur le site... Bien, de façon, après
le projet de loi, j'imagine qu'elle sera mise à jour.
• (18 h 10) •
M. Rochette (Michel) : Bien,
c'est-à-dire, la fiche d'information en question est particulière parce qu'il y
a... il y a... il y a quatre niveaux d'informations nouvelles qui s'ajoutent,
là, dans le projet de loi. Puis ils l'ont... ils ont mis sur quatre étiquettes
différentes. On avait du plaisir à dire : Bien, il faut les ramener sur un
seul et même...
M. Rochette (Michel) : ...étiquette,
pour montrer la réalité, et c'est là qu'on avait noté qu'il y avait le mot «non
taxable», qui n'est pourtant pas une réalité du projet de loi.
M. Cliche-Rivard : Vous
demandez aussi à retirer le pouvoir réglementaire. Qu'est-ce que vous pensez
qu'il va se passer?
M. Rochette (Michel) : Le
quoi? Le...
M. Cliche-Rivard : Vous
dites ici, là : «Nous suggérons aussi que soit retirée la mention d'un
futur règlement sur la façon d'indiquer la taxation.»
M. Rochette (Michel) : Bien,
avec tout ce qu'on vient d'indiquer, là - tu sais, c'est tellement normé - là,
on indique que sur la question de la taxation... on prend la peine d'écrire
dans le projet de loi qu'un nouveau règlement pourrait venir déterminer comment
on doit indiquer la taxation. On est rendu à l'épaisseur du carton, on est
rendu aux caractères de lettres, là. Rendu là, je... Alors, ce qu'on disait,
c'est qu'on doit-tu vraiment, alors que là on va demander à l'ensemble des
commerces de réadapter, réajuster leurs étiquettes... de leur dire : En
passant, ça se peut qu'un nouveau règlement arrive pour remodifier les règles?
Là, on suggère, comme on est en train de les modifier, faisons-le maintenant,
et non pas laisser sous-entendre qu'un futur règlement viendrait encore changer
la donne, essentiellement.
M. Cliche-Rivard : Puis,
finalement, on s'approche d'une étiquette normalisée pas mal, là. Est-ce que
vous avez une...
M. Rochette (Michel) : Elle
est déjà beaucoup normalisée.
M. Cliche-Rivard : Elle
l'est... Elle l'est beaucoup.
M. Rochette (Michel) : En
passant, on va très loin. Là, on en rajoute quelques couches, mais elle est
déjà très normée. Je réitère, là, qu'aux centièmes de fractions sur les
règlements d'application, c'est déjà indiqué, la grandeur de l'étiquette, le
caractère de lettres est déjà indiqué. Il y a beaucoup, beaucoup de normes qui
sont obligatoires concernant les étiquettes et l'ensemble de l'affichage et des
normes qu'on respecte dans une épicerie, c'est déjà très normé. Ça fait qu'il
n'y aura pas d'immenses changements. Mais, encore une fois, les quelques
propositions qu'on fait permettraient au moins de préserver la clarté de
l'étiquette.
M. Cliche-Rivard : Parce
que vous pensez que sinon, ça ne sera pas clair, on va être dans le fouillis...
M. Rochette (Michel) : Bien,
les exemples qu'on donnait... C'est parce que, quand on ajoute beaucoup...
Parce que là il y aura beaucoup d'information monétaire sur la même étiquette.
M. Cliche-Rivard : Oui.
M. Rochette (Michel) : On
va voir plusieurs prix.
M. Cliche-Rivard : Prix
unité, prix par 100 millilitres, prix par...
M. Rochette (Michel) : Alors,
il va falloir comprendre, parce que, là, encore une fois, il n'y aura pas des
phrases pour expliquer : Ce prix est le prix de... et ce prix, le prix...
Non, il va falloir que les gens comprennent au premier coup d'œil. Je vous
reviens. Ça peut être compliqué pour certains, parce qu'encore une fois... Puis
en plus il faut, pour chaque prix, qu'il y ait l'explication par poids
unitaire. Donc, ça commence à faire beaucoup d'informations, encore une fois,
sur une étiquette qui, rappelons-le, est petite.
M. Cliche-Rivard : Bien,
merci beaucoup pour votre présentation aujourd'hui. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci, M. le député. Mme la
députée de Vaudreuil, s'il vous plaît.
Mme Nichols : Oui.
Merci. Merci, M. le Président. Étant donné que le Conseil canadien du commerce
de détail, là, représente des entreprises dans toutes les régions du Québec
puis dans le reste du pays, est-ce qu'il y a des... des choses qui se font
ailleurs qui pourraient être des recommandations intéressantes à nous suggérer
ou...
M. Rochette (Michel) : Pas
une en particulière, mais c'est vrai qu'en général, au Québec, bien, vous le
savez, on a... on a beaucoup de normes et de règles qui sont uniques au Québec,
de lois. En particulier pour le monde du détail, il y a plusieurs aspects qui
sont uniques au Québec. Alors, s'il y a des choses qui se font ailleurs, je
dirais que dans certains cas c'est peut-être un peu plus simple, des fois,
ailleurs. En même temps, on comprend l'importance de réglementer, parce que ça
permet d'assurer le respect des mêmes règles, au moins, pour tout le monde,
puis l'objectif est toujours de protéger le consommateur, ce avec quoi on est
d'accord. Mais, quelquefois, pour rappeler ce qui était mentionné tantôt, pour
laisser place à un peu d'innovation, des fois, c'est bien de laisser un peu
d'espace réglementaire, d'ouvrir un peu l'espace pour les... pour les nouvelles
idées. Mais, plus on ajoute des normes, évidemment, plus on restreint la
capacité d'innover, parce qu'évidemment, si on change une approche puis qu'un
règlement vient limiter la grosseur du produit, il faut remplacer toutes les
étiquettes. Par exemple, des étiquettes électroniques, si un nouveau règlement
vient... alors, ça prend des... c'est des millions d'étiquettes qu'il faudrait
changer.
Donc, tout ce qu'on suggère, c'est
peut-être de toujours garder en tête qu'il y a une réalité opérationnelle qui
est complexe pour un détaillant, puis l'objectif, c'est de garder la vie la
plus simple possible pour le consommateur.
Mme Nichols : M. Rochette,
vous dites que... Puis vous dites que, tu sais, les étiquettes, c'est normé, et
qu'on est très réglementés. Sur la politique d'exactitude de prix, est-ce que
je comprends que c'est un peu unique au Québec, si on se compare avec le reste
du Canada, ou avec l'Ontario, ou avec...
M. Rochette (Michel) : J'avoue
que je n'ai pas l'information dans les autres provinces sur les... sur cet
aspect-là. C'est une règle qui existe depuis longtemps au Québec puis qui est
déjà... puis il faut s'en féliciter, mais, clairement affichée sur chaque
caisse, elle est là, puis ça aussi, c'est normé, l'endroit où on met l'affiche
est également normé, l'affiche elle-même est normée, elle est faite par le
gouvernement. Donc... Non, je pense que c'est une bonne chose. J'avoue que je
n'ai pas d'information sur quelles provinces... Là-dessus, j'avoue que je ne
l'ai... je n'ai pas vérifié tout à fait.
Mme Nichols : Non, mais
c'est parce que même l'ADA, tu sais, l'ADA suggérait entre autres de retirer la
disposition du projet de loi pour éviter des répercussions financières, là.
Mais ça, c'est parce que c'est... c'était le montant, là, de hausser de
10 $ à 15 $, puis on se demandait... bien, on se demandait justement
si c'était, tu sais, un comparable avec... avec d'autres provinces.
M. Rochette (Michel) : Je
n'ai pas l'information.
Mme Nichols : Parfait.
Non, je n'avais pas d'autre question. C'était clair. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Cela dit, merci beaucoup
d'avoir été avec nous, c'est très, très, très apprécié.
Avant de conclure les auditions, je
procède au dépôt des mémoires des personnes et organismes qui n'ont pas été
entendus lors des auditions publiques.
Et, compte... Et, ayant accompli son
mandat, la commission ajourne ses travaux sine die. Merci beaucoup, belle
soirée.
(Fin de la séance à 18 h 15)