Journal des débats de la Commission des institutions
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
jeudi 19 septembre 2024
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Vol. 47 N° 82
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 67, Loi modifiant le Code des professions pour la modernisation du système professionnel et visant l’élargissement de certaines pratiques professionnelles dans le domaine de la santé et des services sociaux
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11 h (version non révisée)
(Onze heures vingt-cinq minutes)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! Bon
matin à tout le monde. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission des institutions ouverte.
La Commission est réunie afin de
poursuivre les consultations particulières et auditions publiques du projet de
loi n° 67, Loi modifiant le Code des professions pour la modernisation du
système professionnel et visant l'élargissement de certaines pratiques
professionnelles dans le domaine de la santé et des services sociaux.
Avant de débuter, M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Asselin, Vanier-Les Rivière, est remplacé par M. Allaire,
Maskinongé; Mme Maccarone, Westmount-Saint-Louis est remplacée par Mme Caron,
La Pinière; M. Zanetti, Jean-Lesage, est remplacé par M. Cliche-Rivard,
Saint-Henri-Sainte-Anne.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Ce matin, vous allez
entendre deux groupes, donc l'Ordre des ingénieurs du Québec. Mais il me fait
plaisir de débuter avec les représentants et représentantes du Barreau du
Québec. Bienvenue. Je vous disais à la blague mais on est contents de vous
re-re-revoir à la Commission des institutions. Donc, Mme la bâtonnière, je vous
laisse la parole. À vous.
Mme Claveau (Catherine) : Merci.
Alors, merci, M. le Président. Mme la ministre, Mmes et MM. les députés, Mme la
Présidente de l'Office des professions. Je suis Catherine Claveau, bâtonnière
du Québec. Je suis accompagnée aujourd'hui de maître Sylvie Champagne, à ma
gauche, qui est le secrétaire de l'Ordre et directrice des affaires juridiques,
ainsi que de Maître Nicolas Le Grand Alary à ma droite, qui est avocat au
secrétariat de l'ordre et aux affaires juridiques du Barreau du Québec. Le
Barreau du Québec vous remercie de l'avoir invité à participer aux
consultations entourant le projet de loi n° 67, qui constitue le premier
jalon important de la réforme du système professionnel québécois.
Ce vaste chantier de modernisation a
débuté, rappelons-nous-le, l'an dernier, soit en 2023, l'année du 50e anniversaire
du code de professions, le code qui a été adopté en 1973. C'est fort de son
expérience et de sa volonté de réaliser pleinement sa mission que le Barreau du
Québec vous soumet ses commentaires sur le présent projet de loi.
Tout d'abord, le projet de loi n° 67
octroie au Gouvernement le pouvoir d'adopter un projet pilote relatif à toute
matière applicable au code de professions et aux lois constitutives des ordres
professionnels. Ce projet pilote peut proposer des normes différentes de même
que suspendre l'application de toute règle et disposition inconciliables d'une
loi ou d'un règlement.
Le Barreau du Québec salue cet ajout au
code de professions. Toutefois, nous constatons que ce mécanisme est limité à l'initiative
du Gouvernement. Nous sommes d'avis que ce pouvoir devrait être élargi aux ordres
professionnels afin que ceux-ci puissent agir avec la flexibilité requise.
Ainsi, nous soumettons que ce mécanisme ne devrait pas être conditionnel à un
décret du Gouvernement. Une autorisation de l'Office des professions du Québec
ou du ministre responsable de l'application des lois professionnelles serait
suffisante.
Nous pouvons témoigner en toute
connaissance de cause, puisque dans la Loi sur le Barreau, nous possédons déjà
un pouvoir de cette nature en ce qui concerne le programme de formation, notamment
à l'École du Barreau...
Mme Claveau (Catherine) :
...forts de notre récente expérience, nous proposons que ce pouvoir soit élargi
à d'autres domaines et inscrits au Code des professions afin de permettre
notamment des initiatives en matière d'accès à la justice et d'encadrement de
l'intelligence artificielle par le biais de programmes de bac à sable
d'innovation. Un tel pouvoir, assujetti à un processus d'adoption non
réglementaire, offrira suffisamment de souplesse et d'agilité au Barreau du
Québec et aux ordres professionnels, tout en permettant à l'Office des
professions d'exercer son rôle de surveillance et de conseil. Par ailleurs, le
projet de loi propose de permettre à tous les ordres professionnels d'autoriser
leurs membres à exercer leur profession au sein d'une personne morale sans but
lucratif connue sous le nom de PMSBL. Plus particulièrement, le projet de loi
abroge les différentes modifications apportées par la loi visant à améliorer
l'accès à la justice en bonifiant l'offre de services juridiques gratuits ou à
coûts modiques qui avaient permis au Barreau et à la Chambre des notaires
d'adopter un règlement encadrant en PMSBL par les membres et les transferts de
ces dispositions au Code des professions. Le Barreau du Québec est fier d'avoir
participé à l'élaboration de l'encadrement de l'exercice au sein d'une PMSBL.
L'accès à la justice est un dossier prioritaire pour l'avenir de la justice au
Québec et l'exercice au sein d'une PMSBL constitue un moyen attendu et réclamé
par les organismes à vocation juridique et les cliniques juridiques pour
répondre plus adéquatement aux besoins particuliers des citoyens en matière de
justice. Puisque nous sommes un précurseur dans le domaine, nous souhaitons
vous faire part de quelques réflexions visant à bonifier cette section du
projet de loi qui permettront aux autres ordres professionnels de favoriser
l'accès du public à leurs services professionnels en adoptant des règles
encadrant l'exercice au sein d'une PMSBL. Tout d'abord, on retrouve au Code des
professions une disposition précisant que tout professionnel exerçant ses
activités professionnelles au sein d'une PMSBL ne doit pas permettre que soient
exigés des honoraires ou des frais qui, globalement, excèdent un coût modique.
Or, la notion de coût modique n'est pas définie dans le projet de loi. Il n'y a
donc pas un montant chiffré qui correspond à un tel coût modique. Selon notre
expérience, ce coût modique peut varier selon les circonstances. En effet, un
simple chiffre mathématique ne prend pas en considération tous les enjeux
relatifs à l'exercice au sein d'une PMSBL comme le lieu ou la région
d'exercice. La nécessité d'attirer des avocats de qualité comme salariés et les
dépenses opérationnelles d'un tel organisme. Le Barreau du Québec soumet que
cette exigence devrait être retirée. En effet, les ordres professionnels, par
leur pouvoir d'adopter un code de déontologie, ont déjà les outils nécessaires
pour encadrer la facturation d'honoraires au sein d'une PMSBL. De plus, le Code
des professions prévoit que le conseil d'administration d'un ordre
professionnel a le pouvoir de suggérer un tarif horaire professionnel que les
membres de l'Ordre peuvent appliquer à l'égard des services professionnels
qu'ils rendent. Ce pouvoir pourrait être renforcé en prévoyant la possibilité
d'établir des lignes directrices obligatoires quant aux honoraires exigés pour
des services professionnels offerts au sein d'une PMSBL. En outre, le projet de
loi modifie la procédure d'approbation de certains règlements, notamment ceux
donnant effet à une reconnaissance mutuelle des compétences professionnelles
connue comme étant l'ARM, de même que ceux permettant l'exercice d'activités
professionnelles au sein d'une société en nom collectif à responsabilité
limitée, la S.E.N.C.R.L. ou d'une société par actions, la S.P.A.. Le Barreau du
Québec salue ces modifications qui permettent d'alléger le processus d'adoption
de certains règlements.
• (11 h 30) •
Nous sommes toutefois déçus de constater
que les mesures concernant l'allègement du traitement réglementaire s'arrêtent
ici. Le projet de loi aurait été l'occasion parfaite de présenter une réforme
réelle du mécanisme d'adoption réglementaire dans le système professionnel. Le
projet de loi aurait pu notamment proposer la création d'un processus non
réglementaire pour les dispositions qui concernent uniquement l'ordre
professionnel et ses professionnels, par exemple, la formation continue
obligatoire ou les normes d'exercice professionnel. Il s'agirait également de
ce qui concerne la régie interne des ordres, par exemple les élections ou la
gestion du tableau de l'ordre. En terminant, le Barreau du Québec tient à
réitérer son appui au projet de loi qui se veut le premier jalon d'un grand et
ambitieux chantier de la modernisation du service... du système professionnel,
pardon. Beaucoup de travail reste à faire et le Barreau du Québec répond
présent pour mettre l'épaule à la roue. Au fil des consultations publiques,
plusieurs sous-chantiers, si vous me permettez l'expression, se sont dessinés.
Nous...
11 h 30 (version non révisée)
Mme Claveau (Catherine) : ...attendons
avec impatience les propositions législatives et réglementaires qui permettront
de mettre en œuvre ces grands changements qui porteront notamment sur les
fondements de la structure du système professionnel, l'allègement réglementaire
de même que la définition de la mission de protection du public et des ordres
professionnels.
Le présent projet de loi ne constitue qu'une
partie de la réforme, et nous sommes d'avis qu'il est primordial de compléter
rapidement tous les travaux pour l'achever. Il est essentiel que cet important
chantier législatif constitue un véritable projet sociétal pour le Québec
visant à améliorer la protection du public tout en s'assurant de sa confiance
envers les institutions du système professionnel. D'autres commentaires se
trouvent dans notre mémoire. Nous vous remercions, encore une fois, pour cette
invitation et nous sommes disponibles maintenant pour répondre à vos questions.
Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, Mme la
bâtonnière. Donc, je me tourne vers le gouvernement, pour 14 minutes. Mme
la ministre, s'il vous plaît.
Mme LeBel : Merci, M. le
Président. Alors, merci, Mme la bâtonnière, je dirais même, merci, Mme ma
bâtonnière, de votre présentation aujourd'hui. Ça va être un plaisir de pouvoir
échanger avec vous, parce que je pense qu'on a ici, autour de la table, avec
les collègues aussi de l'opposition, le même objectif, c'est-à-dire de... de
donner le plus d'air à notre système professionnel mais tout en ne
compromettant pas sa mission première. Parce que je pense qu'il faut être très
fier, au Québec, du système professionnel qu'on a mis en place dans les 50 dernières
années, mais force est de constater qu'il est temps de voir comment on peut à
la fois respecter les objectifs de protection du public et de la confiance du
public dans nos professionnels et de voir comment on peut lui donner un peu d'air,
là, pour le moderniser. Alors, merci beaucoup de vos commentaires, c'est
toujours très apprécié.
Je vais vous amener peut-être sur deux ou
trois sujets particuliers. Et l'objectif est de creuser un peu plus avec vous,
là, votre... votre point de vue pour nous... pour alimenter nos réflexions en
vue de l'étude détaillée, et, si... comme je le disais à tout le monde, s'il y
a quoi que ce soit d'autre pour lequel vous n'êtes pas en mesure pour l'instant
de répondre, il n'y a aucun problème, vous enverrez vos commentaires
supplémentaires à la commission, puis on va pouvoir en bénéficier quand on fera
entre nous les débats article par article. Parlons des projets pilotes. Je sais
que ça existe dans plusieurs lois professionnelles. L'objectif, aujourd'hui,
est d'amener cette notion-là à la grandeur du Code des professions. Et c'est un
peu le même objectif dans certaines notions, hein? On parlait hier des permis
plus restrictifs, et l'Ordre des infirmières nous disait : Bien, dans mon
cas, c'est moins utile parce que ma réalité est différente. Mais l'idée, c'est
d'en faire bénéficier à tous. Donc, parlons des projets pilotes. Vous parlez...
vous mentionnez qu'en plus de la possibilité pour le gouvernement de pouvoir
autoriser la mise en œuvre d'un projet pilote, et on verra peut-être le niveau
d'autorisation... c'est bien compris, là. Puis ça a été mentionné par d'autres,
que peut-être que le niveau d'autorisation n'est pas nécessaire au niveau d'un
décret, mais qu'on pourrait penser à une autorisation ministérielle dans
certains cas. Ça fait partie des autres commentaires. Donc, on le met dans
notre... dans notre réflexion. Vous parlez des ordres qui pourraient initier
eux-mêmes un projet pilote. C'est quand même beaucoup plus large que de revoir
le niveau d'autorisation. Je serais un peu intéressée, avec vous, de voir...
peut-être nous aider et nous illustrer dans quel but un ordre professionnel,
dans... de sa propre initiative, pourrait initier un tel projet et comment on
ferait pour le circonscrire, là aussi, parce que c'est important d'avoir aussi
cette notion-là.
Mme Champagne (Sylvie) : Alors,
en fait, ce n'est pas un remplacement qu'on veut, c'est un ajout. Donc, on
comprend que l'article pour le projet pilote à l'initiative du gouvernement
demeurerait au Code des professions, et c'est une bonne chose, mais on ne peut
pas non plus couper l'herbe sous le pied aux ordres professionnels qui ont
peut-être des bonnes idées au niveau de l'innovation. Et, comme on sait qu'on n'a
pas tout de suite l'allègement réglementaire, ça serait une façon pour nous d'essayer
des changements avec les pouvoirs réglementaires qu'on a déjà, et, plutôt que d'aller
avec un décret, on irait avec une autorisation de l'Office des professions.
Donc, il y aurait cet encadrement-là, mais ça viendrait à l'initiative de l'ordre.
Et nous, on l'a fait, au Barreau. On est fiers de dire qu'on le fait pour la
formation professionnelle. Alors, on a obtenu un projet pilote. L'office a
révisé notre projet pilote. Le conseil d'administration a quand même adopté un
règlement, qui est le règlement du projet pilote. Ça a été très transparent
pour les étudiants, ça a été mis sur notre site Web. Et ça l'a permis,
justement, de mettre en œuvre assez rapidement et de façon efficace ce projet
pilote, qui éventuellement est devenu un règlement. Donc, ça permet aux ordres
professionnels d'avoir de bonnes initiatives. Puis on pense que, pour l'innovation,
si on veut que le Québec, là, soit...
Mme Champagne (Sylvie) : ...toujours
à l'avant-garde, parce qu'on peut être, comme vous avez dit, fiers de notre
système professionnel au Québec qui assure la protection du public. Bien, cet
outil-là est nécessaire pour tous les ordres. Puis ce seraient les ordres qui
sentent le besoin de mettre sur pied des projets pilotes, qui pourraient le
faire, évidemment, ça ne serait pas tous les ordres.
Mme LeBel : Donc, bon, ce que
vous nous dites, c'est que vous avez présentement une possibilité de mettre sur
pied certains projets pilotes. Je comprends qu'ils sont approuvés par l'ordre
et révisés par l'Office, mais approuvés par l'Ordre au final. Dans le fond, ce
qu'on vient faire ici dans le code, c'est qu'on introduit une nouvelle notion
de projet pilote, ce qui ramène effectivement le niveau d'approbation au niveau
gouvernemental. Ce que... ce qui m'intéresse, dans le fond, c'est de savoir,
par rapport à la notion que vous avez déjà, bon, je comprends l'écart avec ce
qu'on propose, là, mais votre espèce de solution où on pourrait avoir divers
projets pilotes approuvés par divers niveaux d'approbation en fonction du
projet pilote, est-ce que ça vous donnerait un peu plus que ce que vous
possédez déjà, un peu... ou à peu près la même chose?
Mme Champagne (Sylvie) : Non,
ça nous donnerait... ça nous donnerait plus, parce que, là, il est spécifique.
Premièrement, ça ne bénéficie qu'au Barreau du Québec, et nous, on voudrait
qu'effectivement les autres ordres puissent en bénéficier aussi. Et nous, on
l'a... pour mettre en œuvre pour la formation professionnelle, on voudrait que
ce soit étendu à d'autres domaines. Évidemment, tout le monde sait que
l'intelligence artificielle est à nos portes et on sait que beaucoup d'autres
barreaux canadiens ont mis en place des bacs à sable d'innovation. Nous, le
Barreau du Québec, on est très intéressés. On a un conseiller qui travaille
avec nous sur l'intelligence artificielle puis on aimerait pouvoir tester des
choses. Et on trouve que la meilleure façon de le faire, ce serait par le biais
d'un projet pilote. Et, comme ce serait à l'initiative de l'ordre, évidemment,
on comprend qu'on doit discuter avec l'Office des professions, parce
qu'évidemment on peut avoir des très bonnes initiatives, mais il faut s'assurer
qu'il y ait un certain encadrement. Et, comme on l'a fait dans le... la version
de la formation professionnelle, on voudrait vraiment être capables de
l'étendre à d'autres domaines.
Maintenant, ce que vous pensez, vous,
parlementaires, est-ce que l'approbation de l'Office des professions serait
suffisante ou prendrait l'approbation ministérielle? On n'est pas fermés, mais
on ne voudrait pas, comme vous avez dit, au niveau de peut-être différents
types, là, d'approbation, aller jusqu'au décret. Donc, ça devrait être
modulable, mais d'avoir une belle ouverture pour les ordres qui ont des
initiatives à mettre en œuvre.
Mme LeBel : Bon, la
disposition qui est introduite par le biais du projet de loi n° 67, dans
le Code des professions, demande l'approbation gouvernementale par le biais
d'un décret, mais ne spécifie pas nécessairement que les projets doivent être à
l'initiative du gouvernement. On se comprend que le gouvernement, bon, on...
qui veut initier des projets pilotes avec un ordre ou des ordres
professionnels... À titre d'exemple, l'intelligence artificielle pourrait être
par un regroupement d'ordres professionnels, exact? Parce qu'on pourrait penser
que ça touche plus... plus qu'un. Je pense... je dirais, moi, il y a deux
ordres professionnels qui me viennent en tête avec l'intelligence artificielle,
c'est la santé, les domaines de la santé, et le domaine juridique qui
pourraient, bon, se regrouper.
• (11 h 40) •
Donc, l'idée n'est pas d'avoir des projets
initiés par le gouvernement, mais approuvés par le gouvernement. Êtes-vous en
mesure de nous donner peut-être des catégories? Parce que, là, vous avez parlé
de la formation professionnelle. Si on réfléchit à avoir dans le Code des
professions, au bénéfice de toutes... de toutes les professions, introduire une
notion de projet pilote modulé en fonction des domaines ou des initiatives avec
des niveaux d'approbation différents, quels sont les domaines, on parle de la
formation professionnelle, qui pourraient demeurer au niveau des ordres? Quels
sont certains domaines qui pourraient être au niveau de l'Office ou d'un arrêté
ministériel, parce qu'ils regroupent plusieurs ordres tout en étant... en
n'introduisant pas encore une fois un niveau de complexité? Je ne dis pas que
c'est idéal, ce qui est là-dedans, au contraire. Je dis juste que d'avoir une
façon unique de faire vient aussi simplifier les procédures. Donc, l'idée c'est
que... et encore une fois, je réitère, même si vous n'avez pas la réponse
complète aujourd'hui, c'est... Des fois, je lance des pistes de réflexion pour
nous aider, là.
Quand on commence à penser à des niveaux
d'approbation différents pour des catégories différentes, spontanément, j'ai
l'impression qu'on ne va pas dans la bonne... dans la direction de l'allègement
et de la simplification. Mais, en même temps, je comprends que le niveau
supérieur n'est pas toujours le niveau idéal pour tout. Donc, juste nous aider
à réfléchir à la façon dont on pourrait...
Mme LeBel : ...structurer tout
ça, disons, là.
Mme Champagne (Sylvie) : C'est
sûr qu'on n'a pas toutes les réponses ce matin, comme vous dites, Mme la
ministre...
Mme LeBel : Ce n'était pas
l'objectif.
Mme Champagne (Sylvie) : ...puis
on va y réfléchir. Mais c'est sûr que nous, en ayant vécu la façon de mettre en
œuvre un projet pilote pour la formation professionnelle qui était très souple,
quand on a vu la disposition dans le projet de loi n° 67, ça nous a un peu surpris
en se disant : On n'aura pas la même flexibilité puis l'agilité qu'on
souhaiterait avoir. Puis ça fait plusieurs années qu'on veut justement déployer
un bac à sable pour l'intelligence artificielle. Puis on a beaucoup... on le
voit, il y a beaucoup de très bonnes idées pour favoriser l'accès à la justice.
Donc, pour nous, que d'autres ordres professionnels veulent en mettre en place,
probablement que ça va être pour des objectifs différents. Donc, c'est pour ça
qu'à l'initiative des ordres, c'est plus facile, mais ça n'empêche pas que le
gouvernement puisse avoir son... ses propres idées aussi et d'en déployer.
Mais donc, pour faire des catégories, on
pourrait vous revenir. Je pense évidemment à l'inspection professionnelle, où
il y a certainement des nouvelles façons d'inspecter nos membres, mais sans
avoir à changer la réglementation sur l'inspection professionnelle, on pourrait
essayer des nouvelles choses. On a parlé de problèmes de santé mentale chez nos
membres. Il y aurait certainement des choses qu'on pourrait changer, nos façons
de faire, être plus en approche collaborative et sans avoir à changer
nécessairement nos règlements. Donc, ça, c'est quelque chose qui me vient ce
matin, mais il y en aurait... il y en aurait sûrement beaucoup d'autres, parce
qu'on est toujours à la recherche, là, d'améliorer nos processus dans un
processus d'amélioration continue pour mieux protéger le public.
Mme LeBel : Je vous lance la
réflexion, on va la poursuivre de notre côté, évidemment.
Les PMSBL, revenons. Dans la loi sur le
Barreau, dans a la loi sur les notaires, depuis 2022, la notion de coût modique
est déjà intégrée. On a repris grosso modo, là... j'allais dire mutatis
mutandis, mais on a repris grosso modo la même notion pour la ramener au niveau
du Code des professions, l'idée étant que, quand on travaille dans une PMSBL,
c'est d'avoir des services accessibles pour les citoyens aussi. Donc, la notion
de coût modique pour moi, d'entrée de jeu, de mon... du point de vue,
peut-être, d'une avocate, n'est pas choquante, au contraire. On a entendu hier
différentes... différents discours là-dessus. Des gens nous disent : Dans
certains secteurs, oui et non, d'autres : On n'est pas contre, mais il
faut se laisser le choix. Mais elle existe déjà, cette notion, depuis 2022.
Donc, j'imagine qu'elle est déjà définie ou est déjà connue.
Peut-être me donner un peu qu'est-ce qu'il
se fait depuis 2022, puis, si on la retire du code, quelle serait l'assurance
qu'elle demeure, que les honoraires n'explosent. Parce que je me dis : Si
un avocat veut charger ses pleins honoraires, il ira ailleurs que dans une
PMSBL, c'est... le tout respectueusement soumis. C'est mon opinion à moi. Elle
n'engage personne d'autre que moi.
M. Le Grand Alary (Nicolas) : Non,
mais... Oui, tout à fait. Écoutez, le projet de loi n° 34 à l'époque, là, puis
le titre du projet de loi, la bâtonnière l'a mentionné lors de l'allocution,
c'était vraiment d'améliorer l'accès à la justice. L'objectif, c'est vraiment
d'améliorer l'accès aux services professionnels. Je comprends qu'avec le projet
de loi ici, c'est également ça, l'objectif. Et donc ça s'est transposé dans la
loi sur le Barreau par une exigence, là, qui était sur le caractère modique des
honoraires.
Il faut comprendre que le terme «modique»
n'est pas autrement défini. Il y a des chiffres qui ont été évoqués à l'étude
détaillée, là, par le ministre de la Justice notamment, un 50 $ de
l'heure. Lors de la mise en œuvre de la réglementation, puis on a fait une très
belle collaboration avec l'office, avec la Chambre des notaires, avec le
ministère de la Justice, pour mettre en place le règlement, là, d'application,
on a eu des consultations auprès des personnes morales sans but lucratif et
d'autres organismes qui étaient intéressés par notre... par la possibilité
d'être réglementés de cette façon-là puis d'offrir des services. Et c'est une
question qui est revenue souvent. Et il y a un enjeu d'application parce que
c'est difficile de quantifier réellement le chiffre.
Ce que nous, on propose, c'est d'au lieu
d'avoir une ligne stricte dans le Code des professions là-dessus... c'est de
peut-être le prévoir soit dans une ligne directrice, soit dans une obligation
de... réglementaire, que l'ordre puisse déterminer selon les circonstances. Il
y a différents cas de figure qui n'ont peut-être pas été vus en 2022 lors de
l'adoption de la loi, qui s'est faite quand même rapidement, notamment les
services de PMSBL qui offrent des services à d'autres entreprises. On peut
penser à différentes entreprises qui elles-mêmes sont à but non lucratif, là,
différents organismes, qui offrent des services au public, mais qui veulent
mutualiser des services professionnels, par exemple de comptabilité, ça peut
être d'ingénierie, des services juridiques aussi, et donc ils créent une
coopérative ou ils créent une structure juridique qui offre des services
uniquement à ces entreprises-là.
L'enjeu de protection du public puis
l'enjeu d'éviter que les coûts explosent pour le public, c'est vraiment
lorsqu'on a une PMSBL qui offre des services juridiques, pour le cas des
avocats...
M. Le Grand Alary (Nicolas) :...au
public. Quand on parle de PMSBL qui peuvent offrir des services à d'autres
entreprises selon d'autres... modèles d'affaires, bien, c'est... c'est... c'est
tout ça qu'il faut tenir en compte. Et c'est... c'est... c'est pour ça qu'on
demande un peu peut-être de la souplesse et l'agilité là-dessus, pour pouvoir
s'assurer que le niveau de contrôle puis la surveillance qu'on fait au niveau
des honoraires est approprié selon les circonstances et selon les cas de
figure.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Je cède
maintenant la parole à l'opposition officielle pour un bloc de 10 minutes
30 secondes. M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Merci, M. le
Président. Alors, Mme la bâtonnière, Maître Champagne, Maître Le Grand Alary,
bonjour, bienvenue. Merci pour votre... pour votre mémoire et votre exposé.
J'ai... J'ai quelques questions pour vous, en fait, pour... puis vous nous
invitez à le faire avec... dans votre mémoire, au tout début, parce que vous
parlez des opportunités à explorer. Et vous comprendrez que, comme députés dans
l'opposition, on est toujours intéressés à soumettre des propositions au
gouvernement pour bonifier un projet de loi pour qu'évidemment il soit tout à
fait approprié pour l'ensemble de la population québécoise. Donc, dans les
opportunités à explorer, vous en mentionnez deux. Vous parlez des mesures
concernant l'allègement du traitement réglementaire. Le projet de loi, ce que
je comprends, n'irait pas assez loin. Et est-ce que vous avez des suggestions
ou des exemples très précis qu'on pourrait mettre en œuvre? Si vous n'en avez
pas maintenant, ce matin, vous... je vous invite évidemment à les faire
parvenir à la commission. Mais j'aimerais... j'aimerais qu'on puisse discuter
de ça, parce qu'il y a d'autres ordres professionnels qui nous ont dit que ça
n'allait pas assez loin, puis qu'il y avait aussi une lourdeur bureaucratique
qui faisait que ça pourrait mettre un frein, finalement, à la réforme que veut
opérer le gouvernement.
M. Le Grand Alary (Nicolas) : Oui.
Effectivement, le projet de loi prévoit certaines mesures concernant
l'allègement réglementaire, là, de certains règlements. La bâtonnière les a
évoquées dans l'allocution, notamment au niveau des ARM, de l'exercice en... si
vous me permettez les différents acronymes. Lors de... dans le cadre des
différents travaux, là, de réforme, il y a beaucoup de propositions qui ont été
émises sur la table, d'allègement réglementaire. On pense qu'il y a beaucoup de
travail qui a déjà été fait de la part de l'office là-dessus et donc on vous
invite à y aller de l'avant sur l'allègement.
Puis, sans vouloir revenir au niveau de
l'approbation, mais il y a également, dans le Code des professions, au niveau
des différents règlements, différents niveaux d'approbation. Certains
règlements qui sont peut-être les plus importants, par exemple le code de
déontologie des membres d'un ordre, sont soumis à l'approbation, là, du Conseil
des ministres, tandis qu'il y en a d'autres qui sont uniquement, là, approuvés
par l'Office des professions, on peut penser notamment, là, à la formation
continue obligatoire, l'inspection professionnelle, des règlements qui sont
plus dans la relation entre le membre et son ordre professionnel. Et il y a
certains... Et il y a d'autres mécanismes qui sont uniquement, là, de l'ordre.
Et donc nous, ce qu'on... ce qu'on propose puis ce qu'on évoque comme piste de
solution, c'est ceux peut-être qui sont uniquement de la gestion interne, là,
par exemple la gestion du tableau de l'ordre, la gestion des élections, la
composition des conseils d'administration, des choses comme ça, qui sont
prévues actuellement par règlement, pourraient être prises sans doute par résolution
du conseil, puis, ce qui est actuellement des règlements, là, par exemple, Code
de déontologie et autres, mais ils pourraient être transférés vers le régime de
95-deux. Là, c'est un peu technique, ce que je dis, mais c'est le régime qui
est essentiellement uniquement l'approbation par l'office, là. Je pense qu'il y
a différents modèles puis il y a différents règlements. Puis je pense que c'est
des choses qui ont déjà été réfléchies. Donc, nous, on le voyait juste
peut-être comme une opportunité de le faire. Je sais que les travaux ont été
déjà avancés dans ce sens-là, là.
• (11 h 50) •
M. Morin : Parfait. Je vous
remercie. Dans les autres opportunités, vous soulignez également «clarifier des
règles applicables lorsqu'un juge du Tribunal des professions est absent ou
empêché d'agir.» Donc, vous suggérez d'adopter une disposition similaire, mais
qui viserait les comités statutaires des ordres professionnels. Quel est...
Quel est l'enjeu que vous vivez présentement, puis comment on pourrait le corriger?
Mme Champagne (Sylvie) : Oui.
En fait, c'est des situations évidemment qui sont exceptionnelles, qu'on ne vit
pas souvent. Mais ça arrive que, par exemple, un comité d'accès à la profession
convoque un candidat pour déterminer s'il va être admissible à notre
profession. Alors, le comité est composé de trois membres désignés par le
conseil d'administration. Ils font l'audition. Ils prennent le dossier en
délibéré. Et, pendant le délibéré, bonne nouvelle, un des membres est nommé à
la magistrature. On est très heureux pour ce membre, mais il fait en sorte
qu'on n'a pas de modalité dans la loi sur le Barreau ni dans le code pour
déterminer ce qu'on... ce qu'on fait avec le dossier qui était en délibéré.
Donc, soit que le candidat accepte qu'un troisième membre soit nommé et qu'il
continue, ou on est obligés de tout recommencer. Donc le code est muet à ce
sujet-là. Et on n'est pas le seul ordre qui a des comités statutaires, là, qui
rendent des décisions...
Mme Champagne (Sylvie) :
...c'est individuel. Il pourrait y avoir pour d'autres ordres. Évidemment, ça
ne serait pas la nomination de la magistrature, mais ça serait peut-être un
autre élément heureux ou, des fois, malheureux, là, à cause de maladie ou...
Alors, on croit que le Code des professions devrait. C'est une correction, là,
qui est simple corriger cette situation-là pour permettre aux ordres de rendre
des décisions, là, dans des délais optimaux.
M. Morin : Je vous remercie
beaucoup, Me Champagne! Donc, évidemment pour la réponse, la précision aussi
que vous apportez, c'est très utile. Donc, je comprends, là, que comme vous
l'avez dit, comité d'accès à la profession, ce comité-là se réunit
régulièrement, là. Mais si un des membres qui ne peut qui n'est plus capable
d'agir, évidemment, de consentement, on peut tout faire ou à peu près, là,
quand on demeure dans le domaine de l'ordre public, bien sûr, mais si la
personne intéressée ne consent pas, vous êtes obligés de recommencer au
complet.
Mme Champagne (Sylvie) : Tout
à fait. Tout à fait ça et donc, ça entraîne des délais pour le candidat à
l'admission à la profession. Mais on peut penser dans d'autres cas aussi, ça
pourrait empêcher un ordre, par exemple, il y a des délégations de pouvoir avec
des comités qui vont déterminer si une personne doit subir un examen médical.
Qu'est-ce qui arrive donc pour tous les comités statutaires, on pense qu'il
devrait y avoir une disposition dans le Code des professions qui prévoit le
mécanisme de remplacement de membre qui est empêché d'agir alors qu'il a
commencé à siéger sur un comité.
M. Morin : Parfait. Je vous
remercie beaucoup, c'est très, très éclairant. J'ai une autre question. On a
parlé des PMSBL et dans votre mémoire, il y a... il y a des références aussi
aux avocats qui sont inscrits au tableau à titre d'avocat à la retraite et. Et
donc, est-ce que je comprends qu'il faudrait peut-être modifier le projet de
loi actuel pour s'assurer qu'il pourrait donner des conseils juridiques. Ce
n'est pas le cas présentement?
M. Le Grand Alary (Nicolas) :
Non, en fait, en fait, les avocats à la retraite, puis c'est une des
innovations, là, du projet de loi n° 34 que, maintenant, ils peuvent
donner des consultations à vie d'ordre juridique au sein d'une PMSBL. La
modification qu'on demande là-dessus, c'est réellement une modification de
concordance concernant l'obligation de formation continue obligatoire de ces
avocats-là qui, vu qu'ils exercent une composante de la profession, devraient
être assujettis, là, à une obligation de formation continue obligatoire. Puis
il y a eu différentes modifications, mais ils peuvent également être médiateurs
accrédités aux petites créances. Et donc on demande, on modifie déjà le
règlement FCO, le règlement formation continue obligatoire du Barreau dans le
projet de loi, à titre de concordance. Mais on demande de juste arrimer le tout
pour que tous les avocats à la retraite qui exercent d'une certaine façon la
profession, soit en donnant des consultations, soit en agissant à titre de
médiateurs agréés aux petites créances soient assujettis à l'obligation de
faire le 9 heures de formation FCO qui avait été, là, déterminé lors de
l'adoption, là, du projet de loi n° 34.
M. Morin : Ce qui n'est pas
le cas présentement?
M. Le Grand Alary (Nicolas) :
Non, pour les médiateurs accrédités, effectivement, il y a eu un oubli à ce
niveau-là.
M. Morin : O.K., parfait. Je
vous. Je vous remercie. Maintenant, on a parlé aussi des montants ou des frais,
là, que ce soit modiques ou autres, bon, je comprends. Et puis j'ai, en fait,
je partage ça avec vous. Il y a des centres de justice de proximité. C'est un
des moyens que le gouvernement a mis de l'avant pour faciliter l'accès à la
justice. Je comprends que présentement, ils donnent beaucoup d'informations
juridiques, mais qu'éventuellement il y aurait peut-être une possibilité qu'ils
donnent des conseils juridiques. Donc, mais c'est des organismes à but non
lucratif. Donc, comment? Qu'est-ce qu'on pourrait faire si ça arrive, pour
s'assurer qu'ils vont pouvoir charger quand même des honoraires, s'ils donnent
du conseil juridique tout en ne n'empêchant pas l'accès à la justice?
Finalement, dans le cadre de ce projet de loi là?
M. Le Grand Alary (Nicolas) :
Tout à fait. En fait, notre compréhension pour les centres de justice de
proximité, c'était que leur intention était d'offrir des services juridiques
gratuits, là, qui auraient été subventionnés en bonne partie par l'État, un
peu en service complémentaire au service d'aide juridique pour une population
qui n'était pas admissible à l'aide juridique, mais qui n'a pas les moyens de
payer un honoraire d'avocat. Puis c'est un peu la conception de ce
règlement-là. Le concept de ça, c'était d'offrir des services pour ceux qui ne
sont pas admissibles à l'aide juridique, ceux qui n'ont pas les moyens de payer
un avocat, donc. Mais nous, ce qu'on propose, c'est qu'au lieu de l'avoir peut
être dans le Code des professions, l'obligation d'avoir des honoraires modiques
peut être de plus, orienter l'exercice au BNL, PMSBL dans le Code des
professions comme étant pour favoriser l'accès aux services professionnels,
puis ainsi, puis permettre à l'ordre d'établir soit des lignes directrices,
soit...
M. Le Grand Alary (Nicolas) : ...une
autre façon, là, par un règlement, un barème ou, en tout cas, une évaluation
des cas de figure, puis je les ai évoqués précédemment. Il peut y avoir
différents types d'organismes qui vont avoir différents besoins. La Bâtonnière
l'a mentionné également dans l'allocution, il peut avoir aussi des cas... par
exemple, entre les régions, ça n'a été pas les mêmes coûts d'opération pour
avoir un bureau ou, tu sais, offrir ce service-là. Ça peut être aussi selon le
domaine, selon la nature de certains dossiers ou de certains clients, si on parle
d'un client qui est une entreprise par exemple. Donc, je pense qu'il faut
qu'on... soit qu'il faut donner à l'ordre la possibilité d'évaluer toutes ces
conditions-là puis d'ensuite arriver avec quelque chose qui s'assure qu'il y a
une offre de services juridiques gratuits à coût modique, que les honoraires
demeurent raisonnables et modiques dans les circonstances puis que ça réponde
aux besoins aussi des clientèles et que ça protège le public.
M. Morin : Merci. Je vais
céder la parole...
Le Président (M.
Bachand) :Il reste 35 secondes.
M. Morin : Désolé.
Mme Caron : ...vous entendre
sur la modification que vous proposez pour rendre public le fait qu'il y a une
enquête... Alors, je... je ne prends pas plus de temps, je vous laisse le reste
du temps pour...
Le Président (M.
Bachand) :Rapidement, s'il vous plaît.
Mme Claveau (Catherine) : ...les
cas souvent qui font l'objet de... de nouvelles. Alors, tous les gens savent
qu'on a un membre qui est surveillé et on... Lorsqu'on nous pose des questions,
malheureusement on ne peut pas répondre tant que l'enquête n'est pas terminée.
Donc, c'est un peu pour démontrer qu'on agit, évidemment, sans donner les
informations qui seraient... qui seraient trop confidentielles dans certains
cas, pas dans tous les cas. Dans certains cas, ça pourrait être, pour le
public, donner l'image et l'assurance que, oui, comme ordre professionnel, on
fait une enquête, on agit, maintenant on attend les conclusions de l'enquête
pour voir si, effectivement, il y a une violation.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Merci beaucoup. M. le
député de Saint-Henri-Sainte-Anne, pour 3 min 30 s, s'il vous
plaît.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup. Merci au Barreau du Québec d'être là. Mme la Bâtonnière, bonjour,
chers collègues, confrères, consœurs. Pas beaucoup de temps, donc je vais y
aller directement. L'article 6, là, qui parle d'autorisation spéciale en
cas d'urgence, beaucoup de groupes nous ont parlé de baliser la définition.
Est-ce que vous avez une proposition ou une position sur ça?
Mme Champagne (Sylvie) : En
fait, effectivement, la notion d'urgence n'est pas précisée dans la
disposition. Alors, vous avez deux options, soit que vous la définissez de
façon positive ou que vous dites ce qui n'est pas inclus comme urgence. Et
nous, on favorise toujours une façon positive de rédiger, de dire ce que
constitue une urgence pour que ce soit plus clair. Évidemment, ce qu'on pense,
nous, quand on pense à des urgences, c'est évidemment la COVID, ça, qui nous
vient tous en tête, peut-être le verglas. Mais il faut que ce soit quand même
des situations assez exceptionnelles, et ne pas vouloir pallier à d'autres
problématiques, comme on a entendu hier, là, la pénurie de main-d'œuvre, qui ne
devrait pas faire partie de...
M. Cliche-Rivard : On
pourrait permettre à des non-avocats de pratiquer le... C'est quand même assez
particulier, là. Il faudrait vraiment qu'on... Ça fait que ce que vous dites,
c'est qu'il faudrait vraiment que ce soit précisé. La formulation telle quelle,
vous ne la trouvez pas suffisante.
• (12 heures) •
Mme Champagne (Sylvie) : Mais,
en fait, peut-être qu'en matière d'urgence nous, on n'avait pas une situation
pour les avocats, c'est pour ça, qu'on n'avait pas commenté cette
disposition-là, à moins qu'il n'y ait plus d'avocat qui soit en vie, là, sur...
au Québec, et là je regarde la ministre, je... ça serait assez exceptionnel et
assez urgent. Mais, blague à part, ça nous avait moins frappés peut-être que
d'ordres professionnels en matière de santé, parce qu'évidemment on vient de
vivre la COVID, et ça, c'est... c'est plus frappant pour nous. Mais on pensait
quand même... Tu sais, une région qui serait complètement isolée à cause d'une
catastrophe naturelle ou... peut-être d'autres services que des services
professionnels, l'avocat, là, devrait être rendu... Tu sais, par exemple, je ne
sais pas, moi, si quelqu'un a vraiment besoin de soins médicaux puis... c'est
peut-être mieux d'être assisté de quelqu'un qui a certaines connaissances que
par n'importe qui d'autre, alors... Mais on n'avait pas approfondi notre
réflexion. On peut le faire et vous revenir peut-être avec une... une
proposition.
M. Cliche-Rivard : Je serais
intéressé, pour une proposition de balise. Puis vous avez formulé quelque chose
en disant : Si on ne dit pas ce que c'est, il faudrait dire ce que ce
n'est pas. Ça, je trouve ça quand même intéressant, comme approche. Donc, s'il
y a des réflexions au Barreau, je suis preneur, vous pourrez les faire
acheminer à la commission.
Sur les OBNL, les médecins... le Collège
des médecins hier nous a parlé de, eux, difficultés qu'ils avaient des fois à
accéder aux dossiers des patients. Je sais que, pour le Barreau, ce n'est pas
un problème. Pour... en sociétés commerciales, quand ce n'est pas directement
des professionnels qui la dirigent, des avocats en l'occurrence ou des
médecins, comment vous, vous êtes sorti de ça pour que ça n'arrive pas au
Barreau du Québec?
M. Le Grand Alary (Nicolas) : Mais
il y a deux choses. Dans le règlement sur l'exercice en PMSBL puis aussi dans
les règlements sur l'exercice en SPA, SENCRL, tout ce qui est qu'un cabinet
d'avocats...
12 h (version non révisée)
M. Le Grand Alary (Nicolas) : ...en
tout cas, où il y a des avocats qui exercent, c'est sûr qu'il y a un engagement
de la société de donner accès à tous les documents et autres dossiers. Je
dirais aussi de... il y a des... qui est prévu, mais si on est dans d'autres
structures, peut-être, c'est sûr que les pouvoirs du Code des professions,
normalement, ont été interprétés par la Cour suprême, notamment dans
Pharmascience contre Binet, que les ordres professionnels peuvent aller
requérir les dossiers. C'est quelque chose qu'on avait déjà mentionné par le
passé de codifier ce pouvoir-là pour éviter d'avoir à référer à la
jurisprudence de la Cour suprême pour aller saisir un dossier. Il y a peut-être
un petit effort là-dessus à faire, mais la réalité pour le Barreau, c'est que
normalement, lorsqu'on parle de cabinet ou de lieu où il y a des services
juridiques, il y a un engagement, et normalement on a une collaboration là-dessus.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Le temps passe
très rapidement. Encore une fois, merci beaucoup d'être... d'avoir été avec
nous. Puis on se dit : Bien, à la prochaine. Merci beaucoup.
Je suspends les travaux quelques instants.
Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 03)
(Reprise à 12 h 08)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît!
Merci beaucoup. La commission reprend ses travaux. Ça nous fait plaisir
d'accueillir les représentants, représentantes de l'Ordre des ingénieurs du
Québec. Merci beaucoup d'être avec nous. C'est un grand privilège. Alors, comme
vous savez, vous avez 10 minutes de présentation, après ça on aura un
échange avec les membres. Donc, je vous invite d'abord à vous présenter et,
après ça, à débuter votre exposé. Merci beaucoup.
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : ...est-ce
que le... Parfait. Merci beaucoup. Donc, merci beaucoup, M. le Président. Mme
la ministre, Mme la Présidente de l'Office des professions, chers membres de la
commission. Nous sommes ravis de participer à cet exercice de consultation, qui
est un premier pas dans la bonne direction pour l'avenir du système
professionnel au Québec. Avant de commencer, j'aimerais présenter les membres
de notre équipe qui sont présents aujourd'hui. Je suis accompagnée de M.
Patrick Savard, ingénieur et directeur général de l'ordre, et de Maître
François-Xavier Robert... avocat à l'ordre, pardon. Pour ma part, je suis
Sophie Larivière-Mantha, présidente et ingénieure de l'Ordre des ingénieurs du
Québec depuis 2022.
Permettez-moi de dire quelques mots sur
notre ordre professionnel. L'ordre des ingénieurs du Québec a célébré son
100e anniversaire en 2020. Il compte plus de 72 000 membres et
personnes candidates à la profession d'ingénieur. Nos membres assurent la
sécurité, la fiabilité et la durabilité des ouvrages d'ingénierie dans de
multiples domaines de l'économie.
Le système professionnel actuel date de
1973 et sa création constituait alors une avancée majeure pour la société
québécoise. Toutefois, celui-ci n'a pas connu de réforme d'envergure dans les
50 dernières années. Ceci a amené à un certain décalage entre le Code des
professions et les réalités de l'exercice des professionnels au
XXIe siècle ainsi qu'aux besoins opérationnels des ordres. Nous
accueillons donc très favorablement la modernisation du système professionnel
annoncée par la ministre en 2023.
Le projet de loi n° 67 constitue un des
premiers jalons de cette réforme. Ce projet de loi nous permet à la fois de
renforcer la protection du public, d'intégrer plus facilement des
professionnels formés à l'étranger et d'augmenter la souplesse du système
professionnel. Cette modernisation est essentielle pour assurer la pérennité du
système professionnel et le maintien de la confiance du public envers ce
dernier.
Le projet de loi propose plusieurs
améliorations au système professionnel, tout d'abord la création d'un permis
spécial, qui est un élément très positif du projet de loi. Cette demande a été
formulée par l'Ordre des ingénieurs à de nombreuses reprises dans le passé afin
de faciliter l'intégration de personnes formées à l'étranger. La création de ce
permis nous permettra d'atteindre deux objectifs : la protection du public
et l'intégration de professionnels aux profils atypiques.
Par exemple, une personne peut être très
spécialisée dans les trains d'atterrissage sans pour autant être en mesure
d'exercer dans les autres aspects du génie mécanique. Le permis spécial lui
donnera la possibilité d'exercer des activités relevant de sa compétence
spécifique.
• (12 h 10) •
Seule petite ombre au tableau : il serait
préférable de corriger le projet de loi pour éviter qu'une personne puisse
cumuler un permis d'ingénieur et un permis spécial, comme nous le proposons
dans la première recommandation de notre mémoire.
Nous croyons également qu'il serait
pertinent de préciser au Code des professions le caractère public du type
d'activités professionnelles qui peuvent être exercées par un membre. Ainsi, un
citoyen pourrait vérifier si un membre peut exercer telle ou telle activité.
Ceci ne ferait que renforcer la mission de protection du public.
La possibilité de réaliser des projets
pilotes est un autre élément qui va contribuer à rehausser la qualité de la
réglementation professionnelle en permettant d'explorer différentes mesures qui
vont favoriser l'innovation dans le système professionnel. Pour l'ordre, il
s'agit d'une excellente initiative qui apportera la flexibilité nécessaire pour
suivre l'évolution de nouvelles technologies telles que l'intelligence
artificielle.
Le projet de loi prévoit aussi que les ordres
professionnels devront refuser de divulguer certains renseignements sur un
membre lorsque la sécurité de la personne est en jeu. L'Ordre des ingénieurs
accueille favorablement cette disposition, car elle répond à un problème réel.
Effectivement, il arrive qu'un membre, plus souvent une femme, soit victime de
violence conjugale ou de harcèlement. À l'heure actuelle, une personne mal
intentionnée peut tenter d'obtenir certains renseignements auprès d'un ordre
professionnel afin de nuire à sa victime.
Le projet de loi vise à autoriser des
professionnels... les professionnels à exercer au sein d'organismes à but non
lucratif. D'après notre analyse, ce mode d'exercice est déjà permis et il y a
déjà des ingénieurs qui contribuent au bien-être du public au sein d'OBNL.
Toutefois, les dispositions proposées viendront en réalité rendre cette
pratique impossible pour nos membres pour deux raisons. D'une part, adopter un
nouveau règlement pour autoriser une pratique particulière prendra plusieurs
années, surtout si on considère l'état actuel du délai de traitement des
règlements soumis par les ordres professionnels. D'autre part, pour être
viables, les OBNL en génie doivent facturer des honoraires qui leur permettent
de couvrir leurs frais. Or, le projet de loi introduit la notion d'honoraires
modiques, qui est mal définie et qui causera des problèmes d'application...
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : ...les
règles proposées vont nuire à des OBNL existants comme Coop carbone et la
Fédération québécoise des municipalités. De plus, cette disposition obligerait
l'ordre à créer un règlement pour un très petit nombre de membres, ce qui va à
l'encontre du concept de réglementation intelligente énoncée par le Conseil des
ministres et qui devrait être au cœur du système professionnel.
Selon nous, une approche conforme à ces
principes de réglementation intelligente consisterait à autoriser par défaut
l'exercice en OBNL sans formalité particulière. Cependant, si un... un ordre
professionnel identifiait des problèmes relatifs à l'exercice en OBNL, il
pourrait fixer des règles pour les corriger. De leur côté, les... les ordres
pour qui l'exercice en OBNL ne représente pas de risque significatif pourraient
décider de ne pas réglementer ce type de pratique sans pour autant pénaliser
les professionnels ainsi que leur clientèle. C'est pourquoi nous croyons que
les modifications... que des modifications significatives doivent être
apportées au projet de loi sur ce sujet. Vous pouvez consulter la
recommandation numéro trois de notre mémoire pour plus d'informations.
L'Ordre propose d'autres modifications qui
seraient simples à mettre en place. Celles-ci ne viendraient pas bouleverser le
système professionnel et s'inscriraient dans l'esprit du projet de loi, qui est
de générer des gains rapides au sein du système professionnel. Pour nous, il
est important de saisir l'occasion pour éliminer les règles qui sont... des
règles qui sont trop rigides ou qui n'apportent aucune plus-value à la
protection du public.
Tout d'abord, nous pensons qu'il serait
opportun de prévoir la radiation d'un membre qui fait défaut de remplir les
formalités requises pour le maintien de son inscription au tableau, en
particulier, la déclaration annuelle. Bien qu'elle ne soit pas prévue
explicitement dans le Code des professions, cette déclaration s'est généralisée
depuis longtemps dans le système professionnel. Les renseignements qu'elle
permet d'obtenir sont essentiels au travail de l'ordre, notamment pour la
planification des inspections.
De plus, l'Ordre des ingénieurs
souhaiterait bénéficier de plus de souplesse à propos de la délégation des
pouvoirs du conseil d'administration. Présentement, certains pouvoirs peuvent
être délégués uniquement à un comité exécutif, même si ce n'est pas une
pratique qui est optimale du point de vue de la gouvernance des organisations.
Un ordre professionnel devrait également pouvoir limiter définitivement le
droit d'un de ses membres d'exercer des activités non réservées lorsqu'il a
échoué à plusieurs reprises un cours de perfectionnement. À l'heure actuelle,
si un membre se voit imposer de réussir des mesures de perfectionnement et
qu'il les échoue à plusieurs reprises, nous pouvons seulement le limiter de
manière permanente dans le cadre de ses activités réservées. Cette distinction
entre les activités réservées et non réservées nous apparaît incohérente, et
nous souhaiterions qu'elle soit éliminée.
Finalement, nous voudrions... nous
voudrions proposer de modifier le Code des professions afin de retirer
l'interdiction d'utiliser le titre de spécialiste lorsque celui-ci n'est pas
régi par un certificat de spécialiste. Cette disposition est unique au Québec
et elle peut entraîner des situations qui frôlent l'absurdité. Prenons
l'exemple d'une ingénieure en environnement qui travaille dans la même
entreprise qu'une biologiste en réhabilitation des terrains contaminés. Cet
ingénieur ne pourra utiliser le titre de spécialiste en environnement,
contrairement à sa collègue biologiste. En plus de causer certains soucis pour les
employeurs, ce règlement crée un double standard qui dévalue l'éthique
professionnelle et qui amène de la confusion au sein de la clientèle. Nous
voyons mal en quoi cela contribue à protéger le public.
En terminant, ce projet de loi n'est que
la première étape de la modernisation du système professionnel. Je profite de
cette tribune pour rappeler les objectifs visés par l'Ordre des ingénieurs dans
la perspective d'une réforme plus large.
Pour nous, une telle réforme devrait viser
l'atteinte des objectifs suivants : mieux informer le public sur le
système professionnel; améliorer le traitement réglementaire, ce qui peut être
fait par divers moyens, notamment en éliminant les règles qui ne présentent
aucun gain réel; dans le Code des professions, privilégier les objectifs plutôt
que les moyens en recadrant les rôles et les responsabilités des ordres;
disposer d'un mécanisme administratif de révision périodique de la législation
et de la réglementation professionnelle; finalement, reconnaître la spécificité
des ordres professionnels en évitant l'uniformisation excessive.
C'est en prenant compte de l'ensemble de
ces recommandations que nous serons en mesure d'adapter le système
professionnel afin qu'il ait la flexibilité nécessaire pour répondre aux réalités
de notre époque et pour protéger le public adéquatement. Je vous remercie de
votre temps et pour l'invitation d'aujourd'hui.
Le Président (M.
Bachand) :Merci infiniment. Donc, je me
tourne vers le gouvernement, Mme la ministre, pour un bloc de 15 minutes
30 secondes.
Mme LeBel : Merci, M. le
Président. Merci, Mme Larivière-Mantha. C'est très intéressant. Puis je vais
même... Il y a beaucoup de choses d'ailleurs qui se recoupent avec ce qu'on a
déjà entendu, mais c'est parfait, ça veut dire qu'on est dans la bonne
direction. Puis je vous remercie pour votre enthousiasme. Et non...
Mme LeBel : ...seulement
aujourd'hui, mais à la participation des travaux qui mènent à ce qu'on fait
aujourd'hui et qui vont mener aux autres étapes, là. Je sais que l'ordre est
très impliqué dans tout ça. Donc, je profite de l'occasion pour vous remercier,
parce que ça nous permet de faire... Vous avez... vous avez qualifié ça de
premier jalon, donc ça veut dire qu'il va y en avoir d'autres, et d'ailleurs
toute la section de «Autres recommandations», je le prends comme des réflexions
pour la suite, et on va les regarder avec beaucoup d'attention.
Je vais vous amener sur quelque chose
dont... un sujet dont on a parlé avec les autres, mais je veux peut-être avoir
votre point de vue sur le fameux... ce que... le permis restrictif permanent,
là, ce qu'on appelle le «PRP» ou le «permis spécial», là, on va prendre... on
va prendre les termes du projet de loi. Beaucoup sont très favorables, je sais
que l'ordre y est très favorable, là. Quand j'ai eu l'occasion de demander aux
ordres professionnels, dans le début, là, de mon second mandat avec vous, quels
étaient les... ce que j'appelais les «gains rapides», ce type de permis là est
revenu... je ne dirais pas à l'unanimité, ce serait exagéré, mais à la
quasi-unanimité. Vous faisiez partie des... du groupe le plus en... un des
groupes les plus enthousiastes. Je sais que ça se fait déjà ailleurs, le permis
modulable.
Plusieurs ont parlé de confusion de
permis. Pouvez-vous nous expliquer un peu? Vous, vous dites : Il n'y a pas
de risque de confusion. Je pense qu'on est capables de ne pas avoir de risque
de confusion. Mais pouvez-vous l'aborder un peu sur l'utilité de ce permis-là,
sur ce qui se fait ailleurs et, peut-être pour notre fin de compréhension,
illustrer ce qu'on échappe présentement parce qu'on ne l'a pas, dans certains
cas?
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : En
fait, oui, pour nous, ce permis-là est important. En fait, ça fait partie du
coffre d'outils que les ordres vont avoir en termes de permis. Il y a plusieurs
types de permis, puis je ne pense pas qu'on va s'étendre sur les détails de
chacun ici, mais ça fait partie des outils supplémentaires. On a déjà des
permis restrictifs qui sont temporaires, on a déjà des permis pour projets.
Celui-là vient pour vraiment quelqu'un qui va venir pour un emploi qui est
permanent.
Si je donne l'exemple, par exemple, de
quelqu'un qui serait spécialisé dans les trains d'atterrissage, mais qui ne
pourrait pas faire l'ensemble de ce qui doit être fait en génie mécanique, on
pourrait lui donner un permis restrictif qui serait permanent, le fameux
parmi... permis spécial, et ça lui permettrait d'exercer au Québec. Ce n'est
pas que c'est beaucoup de demandes pour l'Ordre des ingénieurs, on pense qu'on
aurait peut-être 100, 150 personnes qui bénéficieraient de ce permis-là,
mais pour nous c'est 100, 150 personnes qui auraient accès à ça. Ça ne les
empêcherait pas non plus, s'ils faisaient l'ensemble des prescriptions requises
pour avoir un plein permis, d'éventuellement transiger vers un plein permis
d'ingénieur. Mais, s'ils le souhaitent, ils pourraient rester et travailler
simplement avec un permis qui est restrictif. Donc, pour nous, c'est vraiment
intéressant.
• (12 h 20) •
On aurait aussi... On a des cas de figure
de gens qui sont des gestionnaires de projets multidisciplinaires avec des
compétences particulières à qui on pourrait octroyer des permis d'ingénieur. On
pourrait penser aussi, dans le domaine de l'économie circulaire :
quelqu'un qui aurait seulement une petite facette du génie, par exemple génie
de l'environnement ou d'un autre type de génie, pourrait venir exercer chez
nous dans ce domaine spécifique là. Donc, pour nous, c'est vraiment un outil
supplémentaire.
Pour ce qui est de la confusion, ce n'est
pas parce qu'on a des nouveaux types de permis qu'on a des nouveaux titres.
Donc, à proprement parler, pour le public, ça va vraiment être à l'ordre de
décider : Est-ce que ce nouveau type de permis là requiert un titre qui
serait légèrement différent du titre normal? Mais ce n'est pas automatique.
Donc, nous, on a moins de titres qu'on a de types de permis qu'on octroie, à
l'ordre. Donc, ça va vraiment être une analyse que les ordres vont pouvoir faire,
à savoir comment on va informer le public que cette... que cette personne-là,
elle est restreinte dans sa pratique. Donc, quel va être le meilleur moyen? À
ce moment-ci, on ne peut pas nécessairement le dire, parce qu'on a très, très
hâte de le mettre en application. Mais c'est ça. Donc, c'est vraiment ça ici.
Peut-être, pour des exemples de ce qui se
fait à l'international, je passerais la parole à mon collègue, Me Robert... ou
ailleurs.
M. Robert (François-Xavier) : Bien,
à l'international... Bon. En tout cas, c'est ça, on va reparler du reste du
Canada. Peut-être, c'est un peu moins ambitieux. Bien, il y a effectivement en
ce moment quatre provinces qui ont déjà un type de permis comme ça, qui
s'appelle en général un permis... un «permis restrictif», là, ou «limited
licence». Le nom peut varier évidemment d'une province à l'autre, mais c'est un
peu le même principe, c'est-à-dire que c'est vraiment un permis qui permet de
faire une gamme d'activités qui est restreinte puis qui est déterminée de façon...
par... ad hoc, là, en fonction du profil du candidat. Ils en donnent. Ça... En
tout cas, personne ne nous a dit que ça ne fonctionnait pas.
Et, peut-être pour compléter ce que disait
notre présidente, au niveau de la confusion, il y a une chose qu'il faut se
rappeler, c'est que, même si vous... si vous avez un permis, vous êtes inscrit
au tableau, puis, si vous êtes inscrit au tableau, vous avez les mêmes
obligations que tous les autres ingénieurs. Ça fait que les gens qui vont être
titulaires d'un permis spécial vont avoir la formation continue, ils vont avoir
une assurance responsabilité qui est la même, ils vont avoir le même code de
déontologie, qu'on aimerait bien moderniser par ailleurs. Donc, il y a... c'est
les mêmes obligations.
La confusion va peut-être être au niveau du droit
d'exercice. Mais ça, justement, on a une recommandation qui vise à rendre ça
public, puis, je pense, ça va régler le problème. Mais déjà, vous savez...
M. Robert (François-Xavier) :
...deux ingénieurs qui ont le même permis, ils ne peuvent pas faire
nécessairement les mêmes choses. Un ingénieur en génie électrique ne peut pas
commencer à faire de la réhabilitation de terrain contaminé demain matin, là.
Mme LeBel : Je reçois de
votre remarque qu'il y a beaucoup d'appétit pour la suite de nos travaux et on
va être au rendez-vous. Donc, il n'y a pas d'enjeu là-dessus, mais il y a, il y
a. Bon, je vais simplifier à outrance, là, pour les fins des travaux, parce
que sinon on pourrait entrer dans des choses complexes, mais la... la...
l'objectif du permis du permis spécial est... était de deux natures, hein? Le
premier objectif était de pouvoir accueillir des gens qui viennent, qui ont été
formés à l'étranger, dont la formation n'est peut-être en totale adéquation
avec la nôtre, qui fait qu'aujourd'hui c'est, je vais le dire, c'est du tout ou
rien, c'est-à-dire ou bien ils se mettent à niveau, ou font ou complètent la
formation à notre satisfaction entre guillemets, ou bien ils ne peuvent pas et
ne peuvent pas exercer comme professionnel. Donc, accueillir des étrangers et
leur permettre d'exercer dans leur domaine où la formation est, je dirais,
concomitante avec la nôtre et/ou bien des gens qui ont pris leur retraite et
veulent revenir pratiquer et que vous donnez trains d'atterrissage à cette
personne-là dans les 20 dernières années de sa vie, a pratiqué ou exercé
uniquement dans ce domaine-là, bien, elle revient et elle ne veut pas , bon,
réactiver tout sa, bon... et on pourrait lui donner un permis spécial ou a
permis restrictif. Il y a des gens qui ont soulevé une préoccupation qui me
préoccupe parce que ce n'est pas l'objet de ça. Puis j'aimerais voir selon ce
que vous avez vu ailleurs aussi, comment ils le font. La notion de
déprofessionnalisation de la profession, de dé professionnaliser les
professionnels. Je m'explique. L'idée n'est pas de prendre quelqu'un au Québec
qui fait, je vais le dire vraiment de façon quasi scandaleuse, qui va faire
trois quarts de la formation, on va lui donner trois quarts d'un permis. On se
comprend, ce n'est pas ça l'idée du tout. Et je le dis pour les fins du débat
parlementaire, hein, quelle est l'intention du législateur? Ce n'est pas
celle-là, mais comment on peut s'assurer que parce que vous avez semblé évoquer
quelque chose qui m'a un peu titillée, mais je suis convaincue que ce n'est pas
ça que vous vouliez dire donc, je vais vous donner l'idée de l'objet,
l'opportunité de débattre puis de le circonscrire, comment on peut s'assurer
qu'on vient pas donner, tu sais, trois quarts de la formation ou qu'on
dit : Bien, je forme, là, je manque d'imagination avec les ingénieurs, là,
parce que je ne connais pas votre profession, mais que quelqu'un fait un cours
avancé, accéléré de train d'atterrissage. Bon, je sais que ce n'est pas ça, là,
que c'est plus complexe, puis qu'il va venir taper à la porte de l'ordre, puis
dire : Bien, moi, je peux faire... Comprenez-vous ce que je veux dire?
Donc, comment on s'assure de ces balises-là? Parce que, pour moi, quand on
parle de ce permis-là, il y a une notion de formation complète, sous-jacente,
et, après ça, d'exercice partiel et non pas de formation partielle. Peut-être
que je suis en train de répondre à ma propre question, finalement, ça m'arrive,
mais j'aimerais vous entendre.
Mme Larivière-Mantha (Sophie) :
Merci. Excellent! Je vais permettre à mon collègue , Me Robert...
M. Robert (François-Xavier) :
Bien, en fait, il peut y avoir plusieurs situations puis, effectivement, je
pense aux ordres, le législateur doit faire confiance aux ordres, ils sont
capables d'analyser, C'est ça? Et puis aussi, vous remarquez que le projet de
loi ne dit pas qu'on doit donner un permis spécial qu'on peut donner. Donc il
faut quand même que ça soit justifié par l'intérêt public, comme le reste de
nos décisions. Par ailleurs, en génie, ce qui peut se passer souvent, si on
prend l'exemple typique, ce sont les professeurs d'université. Ils ne sont pas
nécessairement le bac en génie qui est d'habitude qui est la clé pour rentrer à
l'Ordre des ingénieurs, c'est d'avoir un diplôme de premier cycle de cinq ans,
là, au Canada. Donc nous autres, c'est trois ans, c'est quatre ans plus la
dernière année de cégep. Mais les professeurs universitaires vont souvent avoir
étudié dans d'autres choses et vont après ça, par contre, avoir fait beaucoup
d'études supérieures, hein, on parle de maîtrise, doctorat, postdoctorat en
génie, dans certains cas, ces gens-là, ils ont, ils ont des compétences, dans
certains cas, qui sont plus élevées que certains ingénieurs, mais vraiment dans
un domaine très précis. Donc ce n'est pas et ce n'est pas, ce n'est vraiment
pas le cas que vous soulevez, à savoir quelqu'un qui a lâché à mi-bac puis qui
a décidé d'aller faire de la sociologie à la place par exemple, là. C'est très
un projet très louable, mais c'est ça que ça donne... Ce n'est pas une personne
qui devrait normalement se faire voir donner un permis spécial, ce n'est pas Il
y a aucune compétence particulière dans son domaine. On n'est pas là pour
donner des permis pour des gens qui vont faire un travail de technicien. Il y
en a un autre ordre qui serait peut être plus approprié dans un cas comme ça,
mais donc, moi, je ne vois pas, effectivement, vous avez raison, ça ne devrait
pas. Je pense qu'il y a un ordre qui déciderait de faire un peu des permis à
rabais dans un style-là je pense qu'il se tirerait dans le pied, puis je pense
qu'il n'accomplirait peut-être pas son mandat, c'est sûr? Si j'étais l'office,
je poserais des questions, disons...
Mme LeBel : Bien, je suis
contente de vous entendre parce que le fait que la question soit soulevée,
c'est légitime. On doit y réfléchir. D'un autre côté, c'était tellement loin de
l'intention que nous avions et des cas de figure qui étaient illustrés que je
me suis mise... je me suis mise à me demander : Est-ce qu'on devrait
vraiment baliser? Parce qu'effectivement, vous avez raison, il y a la
formation. Vous avez parlé de la...
Mme LeBel : ...formation
régulière, classique, celle où on coche, là, le bac égale permis... bien, sous
réserve de, etc., mais on se comprend, et quelqu'un peut avoir une formation,
un chemin différent, mais remplir quand même les objectifs de compétence, donc.
Mais donc vous nous conseillez de ne pas baliser à outrance, peut-être,
peut-être avoir certains indicateurs, par contre, pour guider les ordres et
l'office qui devra peut-être exercer son rôle, mais de ne pas trop barrer les
ordres dans un carcan où ils ne pourraient pas avoir l'agilité de dire :
Bien, moi, je reconnais d'autres types de maîtrise comme étant une compétence
suffisante pour avoir un permis dans une... restreint, finalement.
Une voix : Le principe de ce
permis-là, c'est de passer... c'est d'aller chercher les gens qui passent entre
les craques du trottoir, si on veut. Si vous commencez à mettre des balises
fermes dans le projet de loi, bien, à ce moment-là, en fait, on va vraiment
avoir d'autres craques qui vont se créer, puis vous n'atteindrez pas
l'objectif. Maintenant, si on peut avoir une réflexion entre ordres avec
l'office, dire : Bien, dans quel cas c'est opportun de donner ça. Puis ça
peut servir à outiller les ordres qui auraient peut-être... seraient peut-être
un peu plus au dépourvu dans des situations comme ça. Mais si on prend le...
train d'atterrissage, là, il n'a pas étudié un demi-bac, là. C'est quelqu'un
qui a... qui a été agréé par Transports Canada, ce qui veut dire qu'il a un
minimum de six ans d'expérience dans ce domaine-là avant d'être agréé. On parle
d'experts, là. Ces gens-là, c'est des experts, c'est juste qu'ils sont experts
dans un spectre assez étroit.
Mme LeBel : Voilà. Bien,
merci, merci, Ça va pour moi.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Mme la députée
de La Pinière, pour 15 minutes, 30 secondes.
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Alors, merci à vous trois pour votre présence et pour les travaux
effectués. Alors, un petit peu en lien avec le permis, ce que je comprends des
discussions, c'est que le permis spécial va faciliter les choses pour permettre
de reconnaître, de donner le titre à des personnes qui, comme vous avez dit,
passent dans les craques du trottoir, qu'ils soient formés à l'étranger ou ici,
peu importe. Et la question que je vais vous poser, qui dépasse un petit peu le
projet de loi, c'est que... En fait, je m'étais fait dire que l'Ordre des
ingénieurs était un modèle dans l'intégration de travailleurs formés à
l'étranger. Alors, est-ce que c'est... Qu'est- ce que vous faites que d'autres
ordres, peut-être, ne font pas, ou peut-être ne peuvent pas faire? Mais
qu'est-ce que vous faites, dans ce sens-là, qui peut aider, outre ça, ce
nouveau permis qui vous aiderait...
• (12 h 30) •
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : Je
vais me concentrer dans ma réponse sur ce que l'ordre fait. Je préfère qu'on ne
fasse pas de comparatif, mais pas pour les besoins de la commission, là. Donc,
nous, entre 2018 et 2023, nos délais de traitement des dossiers sont passés de
18 mois à six mois. Ce qu'on a fait là-dedans, c'est qu'on est allé voir non
seulement ce que les gens avaient comme études, parce que chez nous, ce qui est
qualifié, c'est le bac, mais, en plus, on a tenu compte de toutes les
expériences de travail qu'ils avaient par la suite, qui pouvaient combler les
lacunes qui étaient potentiellement dans leurs études, si on regardait
exclusivement les études. Donc, on est allé faire ça, on est allés
personnaliser davantage l'étude des dossiers qu'on faisait. On est allés
améliorer évidemment nos mécanismes derrière, et toutes ces modifications-là,
finalement, nous ont permis d'être plus rapides sur l'analyse du dossier. Ça ne
fait pas qu'il n'y a personne qui a refusé, des fois, les qualifications ne
sont pas là ou, des fois, les prescriptions sont très longues, et ça prend
quand même du temps.
Donc, avec ce processus-là, on est parti
de beaucoup, beaucoup de prescriptions à beaucoup moins. On parle de l'ordre de
deux à trois fois moins de prescriptions parce qu'on tient compte davantage du
parcours de la personne. Donc, ça nous a permis de personnaliser et d'accélérer
beaucoup le délai de traitement, ça fait qu'on est très fiers des avancées
qu'on a fait dans ce domaine-là. On a une grosse proportion de nos candidats
qui rentrent, nos candidats à la profession d'ingénieur, qui sont des personnes
formées à l'étranger. D'année en année, là, on est entre 20 et 30 % des
gens qui rentrent à l'ordre, qui sont issus de ces profils-là. Donc, c'est
quand même des gros volumes chez nous, là, considérant qu'on a 72 000 membres
et candidats à la profession, c'est quand même beaucoup, là.
Mme Caron : Donc, un effort
vraiment d'optimisation et de personnalisation des dossiers...
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : Exact.
Mme Caron : ...et non pas
juste cocher des cases. C'est ce que je comprends...
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : Non,
c'est ça, c'est ça. Puis on en a beaucoup, bon, qui viennent de rentrer dans la
profession, mais, globalement, on en a peut-être 17 % actuellement, là,
quand on le met sur le 72 000, donc... après ça.
Mme Caron : D'accord. Merci
pour cette réponse. Maintenant, vous avez évoqué tout à l'heure, peut-être, des
membres des professionnels qui malheureusement seraient victimes de violence
conjugale ou autres. Et je n'ai pas tout à fait saisi ce que vous vouliez... ce
que vous vouliez apporter comme amendement aux recommandations.
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : Oui,
en fait, le projet de loi prévoit qu'il serait possible de ne pas divulguer
certaines informations qui sont normalement de nature publique sur un membre.
Quand on pense notamment aux lieux d'exercice, aux numéros de téléphone au
travail puis, parfois, il y en a qui travaillent de la maison, donc...
12 h 30 (version non révisée)
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : ...un
lieu de travail qui serait normalement public, parce que c'est de l'ordre
public, vu que c'est un professionnel, pourrait, dans ces cas-là, ne pas être
divulgué à quelqu'un qui en ferait la demande, particulièrement quand c'est des
cas de protection du public. Il faut comprendre qu'on en a déjà, des demandes
de cette nature-là et évidemment, on les accepte. Ceci dit, comme il y a un
flou à savoir si on peut ou pas les accepter, on préfèrerait que ça devienne...
que ça devienne plus clair. Et c'est ça, mais je ne veux pas que vous pensiez
qu'on laisse aller ces cas-là, évidemment, là, on prend sur nous de le faire.
Mme Caron : Bien sûr. Mais l'information
sur les champs de pratique, par exemple, de cette personne-là sont toujours...
ça, on n'y touche pas, c'est toujours accessible au public, aux employeurs, et
tout ça.
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : On
souhaite que ça soit accessible, effectivement, là, y compris les nouvelles
dispositions qui sont proposées dans la loi, que ce soit accessible. Est-ce que
tu veux préciser les...
M. Robert (François-Xavier) : Bien,
je pense que ça irait de toute façon. Si on pense d'une situation de violence
conjugale ou d'un harceleur, je dirais que c'est ça que la précaution s'impose.
Puis même dans certains cas, avec certains domaines d'exercice, les gens
peuvent avoir une bonne idée d'où ils travaillent. Ça peut être délicat, ça
fait que c'est sûr, je pense que c'est une situation qui serait au cas par cas,
vraiment, dans d'autres cas, c'est sûr quelqu'un qui travaille en génie civil,
il y en a tellement, ça ne vous aidera pas à trouver, à retracer votre ex, là.
Mais... parce que, malheureusement, c'est une situation qu'on voit, mais
effectivement, l'important... c'est sûr qu'au niveau... surtout qu'il y a des
gens qui travaillent de la maison. Ça, c'est sûr qu'il faut absolument taire
cette information-là. Et on est... on le fait déjà, mais là on est vraiment
content que le projet de loi l'officialise, si on peut dire, puis qu'il en
fasse même un devoir aux ordres professionnels.
Mme Caron : Oui, de
protection de ses membres, finalement. Parfait. Maintenant, parmi les
recommandations que vous avez faites pour aller plus loin, parce qu'on
comprend... puis d'autres ordres aussi, vous n'êtes pas les seuls, il y a d'autres
ordres qui nous ont dit : C'est un bon premier pas. Comme vous avez dit au
début de votre présentation, c'est un premier jalon, puis on veut aller plus
loin. Et il y a... On sent un empressement de vouloir aller plus loin aussi.
Parmi les recommandations que vous avez pour aller plus loin, est-ce qu'il y en
a qui sont prioritaires et que vous aimeriez... dont vous aimeriez parler
davantage?
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : Bien,
en fait, il y en a... il y en a quatre qui sont proposées dans notre mémoire.
Et, bien, on pense que c'est des gains qui peuvent être relativement rapides.
Il y avait notamment l'abolition de l'obligation de déléguer certains pouvoirs
du conseil d'administration seulement au comité exécutif. Donc, on souhaiterait
que les mêmes pouvoirs puissent être délégués à n'importe quel comité nommé par
le conseil d'administration. On peut penser au cas d'un candidat à la
profession d'ingénieur qui serait sous enquête par le bureau du syndic, donc,
pour un cas de déontologie. Ces dossiers-là ne peuvent pas aller au conseil de
discipline, ils doivent aller au conseil d'administration. Et là, au conseil d'administration,
on est 15 membres, plus le support, ça fait beaucoup de gens devant qui
aller pour témoigner, si c'est le cas. Donc, on veut faire ça dans un plus
petit comité, mais ça ne peut être délégué qu'à une instance qui s'appelle le
comité exécutif. On souhaiterait pouvoir appeler ça d'une autre manière. On
pense qu'au niveau des règles de gouvernance, le comité exécutif a une
connotation qui est comme un C.A. dans un C.A. Alors, on voudrait juste que ça
soit retiré, que les mêmes pouvoirs soient délégués, mais que le mot... l'obligation
d'être dans un comité exécutif soit retirée.
On avait aussi la déclaration annuelle. On
souhaiterait qu'elle devienne obligatoire. On pense que c'est un outil pour les
ordres qui s'est largement répandu dans les dernières années. Et actuellement,
il serait possible pour un membre de seulement payer sa cotisation sans faire
sa déclaration annuelle. Nous, ça nous aide énormément, notamment en
inspection. Je vais utiliser cet exemple-là. En inspection, on a un programme d'inspection
basé sur le risque. Donc, on va vraiment aller regarder quelle est la pratique
du membre. On a des domaines à risque qu'on établit en regardant autant des
dossiers avec la CNESST. On va regarder aussi les assurances, les déclarations
d'assurance qu'on a et on va établir ces domaines-là puis on va regarder dans
quoi le membre pratique quand on va établir notre plan d'inspection. Donc, pour
nous, que les déclarations annuelles soient faites annuellement, finalement, ça
a un impact, ça a un impact sur tous nos mécanismes de protection du public qui
se servent de cette information-là également.
On avait aussi des limitations
permanentes, donc, des activités. On peut actuellement limiter de façon
temporaire un membre dans des activités réservées et non réservées. Mais au
bout de quelques manquements, donc de plusieurs moments où il va faire les
cours, par exemple, s'il y avait des échecs répétés ou s'il ne faisait pas les
cours, on pourrait le limiter de façon permanente seulement dans des actes qui
sont réservés et non pour des actes qui sont non réservés. On souhaiterait qu'il
y ait de la cohérence à ce niveau-là.
Mme Caron : ...soit dans les
deux, autant réservés que non réservés?
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : ...que
non réservés, qu'on puisse limiter de façon permanente. Parce qu'actuellement
les limitations permanentes sont seulement dans les cas d'actes réservés. Donc,
il y a des cas d'application...
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : ...là,
où on souhaiterait limiter pour un membre, c'est ça, qui ne ferait pas, dans le
fond, les prescriptions qui lui sont données par l'ordre, là, à plusieurs
reprises. Ça nous permettrait à ce moment-là de le limiter.
On avait aussi, là... je l'ai mentionné en
introduction, là, mais le titre de spécialiste, que, si une profession n'a pas
régi le titre de spécialiste... que les membres de cette profession-là puissent
l'utiliser, là, s'ils le souhaitent, comme les gens qui sont non membres de
l'ordre, en fait.
Mme Caron : D'accord. Merci.
Il reste combien de temps, M. le Président?
Le Président (M.
Bachand) :Six minutes.
Mme Caron : Il reste six
minutes. Alors, est-ce que vous... il y a des choses que vous n'avez pas...
pour lesquelles vous n'avez pas eu le temps de parler durant la présentation du
mémoire et que vous voudriez approfondir?
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : Bien,
je ne sais pas. D'entrée de jeu, on avait parlé des OBNL. Est-ce que c'était
clair pour vous, notre position? En fait, au niveau des organismes à but non
lucratif, nous, ce qu'on souhaiterait, c'est que les ordres professionnels
puissent régir s'il y avait un besoin, mais qu'il n'y ait pas d'obligation de
régir. Comme c'est écrit actuellement dans le projet de loi, on aurait
l'obligation. Cette obligation-là ferait que l'ensemble des ordres
professionnels ou presque, parce qu'il y en a quelques-uns qui ont déjà des
règlements, devrait déposer des règlements pour encadrer. Alors, nous, ce qu'on
souhaiterait, c'est qu'on puisse. Donc, des ordres qui, comme nous, n'ont pas
d'enjeu avec l'exercice en OBNL ne seraient pas obligés de faire un règlement.
Ça serait, selon nous, là, plus juste de le faire de cette façon-là. Ça
éviterait aussi d'embourber le système réglementaire, qui est actuellement, là,
surchargé. Donc, on pense que ça, c'est important.
Et, au niveau des honoraires qui sont
modiques, c'est vraiment plus au niveau de la définition de modique que
vraiment sur le fait que les honoraires sont peut-être moins chers en OBNL.
Donc, pour nous, le concept d'un OBNL fait que, comme ils sont limités dans les
profits qu'ils peuvent faire, bien, ils sont également, peut-être, limités dans
ce qu'ils peuvent faire avec ça. Puis nous, on a différentes coops et on a des
gens qui travaillent dans ces coops-là actuellement, qui nous disent que leurs
tarifs ne sont pas nécessairement modiques, mais qu'ils sont en dessous du
marché. Alors là, ça... c'est ça, au niveau de l'interprétation, ça serait plus
difficile pour nous, là, d'interpréter ça, le concept de modique, pas qu'on
n'est pas d'accord avec le fait qu'il y ait des tarifs d'ingénierie qui soient
moins chers que d'autres, donnés par des OBNL, c'est vraiment la difficulté
pour nous, là, d'interpréter ce titre-là. Ça fait que c'est peut-être ça, là.
• (12 h 40) •
Mme Caron : D'accord. Alors,
est-ce que... est-ce que le fait qu'il y ait ou non une définition de coûts
modiques ou d'honoraires modiques, ça serait aidant ou pas nécessairement parce
que ça peut venir restreindre plus, ou pas de différence pour vous?
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : Bien,
peut-être... Tu me diras si tu veux compléter, là, mais je me lance. Au niveau
du «modique», je ne sais pas si on serait capable de le définir pour les 46
professions, parce que : Que veut dire «modique» d'un côté ou de l'autre?
Ça dépend d'où on part. Pour nous, si les professionnels exercent dans des
OBNL, il y a déjà une forme de limitation au niveau des profits. Tu sais, on
peut penser notamment à la Fédération québécoise des municipalités, qui va
offrir des services d'ingénierie et de d'autres professionnels comme des avocats
à des petites municipalités qui ne sont pas capables d'avoir des départements
d'ingénierie. Donc, évidemment, les tarifs qu'ils offrent sont moins chers que
celles des... par exemple, des firmes privées, mais ils ont besoin d'un
minimum, là, pour fonctionner également.
Ça fait que c'est vraiment dans la
définition. Je ne sais pas comment on le définirait. Je ne sais pas si ce
terme-là est nécessaire pour certaines applications, peut-être dans d'autres
ordres. Je sais qu'il y a eu énormément de discussions sur le sujet dans les
derniers jours également, mais nous, de notre côté, c'est vraiment la
difficulté d'application du «modique». On ne sait pas comment on le définirait.
Est-ce que c'est... moins que le marché, c'est modique? Puis là, quel serait le
marché? Parce qu'on a des firmes privées, on a beaucoup d'ingénieurs qui
travaillent dans des ministères également. Ça fait que comment on établirait
cette espèce de seuil là, ça pourrait être une difficulté un petit peu plus
grande chez nous.
Puis ce n'est pas tout à fait comme l'aide
juridique non plus, qui, elle, est en partie subventionnée par le gouvernement.
Donc là, on sait que c'est plus modique. Ça fait que c'est ça, on... Voilà.
Puis je vais être honnête avec vous, nous,
dans nos recherches, on a trouvé trois coopératives en ingénierie. Ça fait que
ce n'est pas... ce n'est pas des gros volumes non plus, là, d'où la
non-nécessité, selon nous, là, d'avoir un règlement, là, pour ces gens-là, mais
voilà.
Mme Caron : Et ma dernière
question, à propos du... des OBNL : Est-ce que vous... Parce que vous avez
mentionné : Autant de règlements qu'il y a d'ordres, ça pourrait être...
ce serait... En fait, d'autres ont mentionné que ce serait beaucoup. Vous
semblez préférer que ce soit à l'ordre. Mais, s'il y avait... si c'était dans
le code où tout le monde était... avait cette obligation-là, est-ce que ça
causerait un problème à l'Ordre des ingénieurs?
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : Bien,
en fait, nous, on souhaite que les ordres puissent réglementer s'ils en...
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : ...et
non le besoin. Actuellement, c'est «doit» réglementer. Si on va dans le «doit»
réglementer, on a des gens qui travaillent dans des coopératives actuellement
qui ne pourront pas travailler tant qu'on n'adoptera pas de règlement. Étant
donné la quantité de règlements et le gel réglementaire actuel, ça peut prendre
quelques années. Donc, il y a des services qui ne seront pas donnés.
Donc, nous, ce qu'on souhaite, c'est
vraiment que les ordres puissent réglementer si c'est nécessaire et non doivent
réglementer. Donc, on dit essentiellement la même chose que nos collègues, dans
beaucoup de cas, là.
Mme Caron : Merci beaucoup.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. À moi de vous remercier,
ça a été très, très, très agréable et très instructif.
Et, sur ce, la commission suspend ses
travaux jusqu'à 14 heures. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 12 h 43)
13 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 14 heures)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît. Bon
après-midi à tout le monde. La Commission des institutions reprend ses travaux.
Donc, on poursuit les consultations
particulières et auditions publiques sur projet de loi n° 67,
Loi modifiant le Code des professions pour la modernisation du système
professionnel et visant l'élargissement de certaines pratiques professionnelles
dans le domaine de la santé et des services sociaux.
Cet après-midi, on aura le privilège d'entendre
les associations professionnelles suivantes : l'Association des dentistes,
l'Association canadienne des compagnies d'assurances, mais il nous fait plaisir
d'accueillir, pour débuter, l'Association des pharmaciens des établissements de
santé de Québec.
Alors, merci beaucoup d'être avec nous.
Alors, vous connaissez les règles, 10 minutes de présentation, après ça,
on aura un échange avec les membres. La parole est à vous. Merci.
Mme
Racicot
(Julie) : Merci. M. le Président de la commission, Mme la ministre,
Mmes et MM. les parlementaires, merci aux membres de la Commission des institutions
de nous permettre de commenter ce projet de loi. Je suis Julie Racicot,
pharmacienne et présidente de l'Association des pharmaciens des établissements
de santé du Québec, et je suis accompagnée aujourd'hui de Mme Linda
Vaillant, directrice générale de l'association.
D'entrée de jeu, nous tenons vraiment à
souligner que L'A.P.E.S. adhère au plan santé, aux principes qu'il soutient,
bien sûr. Toutefois, pour nous, le projet de loi n° 67
laisse une impression d'oeuvre inachevée. Un pan important des conditions d'exercice
qui permettent aux pharmaciens d'améliorer l'accès et la sécurité des soins est
absent, à notre avis. Cet élément manquant, c'est l'instauration de pharmaciens
spécialistes au Québec, au même titre que des médecins spécialistes et des
infirmières praticiennes spécialisées. Sans ça, le plan santé ne pourra pas se
concrétiser complètement et nous permettre d'atteindre pleinement les objectifs
visés avec lesquels nous sommes d'accord.
D'abord, ce type de spécialistes seraient
attribués aux pharmaciens qui détiennent une maîtrise en pharmacothérapie
avancée, diplôme que détiennent une majorité de pharmaciens dans les hôpitaux
notamment. Alors, on parle ici de 1 500 pharmaciens sur un total de
10 000 au Québec. Le contexte de pratique des pharmaciens d'établissements
de santé au Québec, leur formation unique et de haut niveau sont des atouts
desquels le réseau de la santé peut tirer encore plus profit pour répondre aux
besoins de la population. On a aujourd'hui une belle opportunité de le faire.
La formation générale du pharmacien est constituée déjà d'un doctorat
professionnel de premier cycle contingenté, très exigeant, mais à cela s'ajoute,
pour le pharmacien d'établissement, une formation postdoctorale...
14 h (version non révisée)
Mme
Racicot
(Julie) : ...de deuxième cycle, une maîtrise en pharmacothérapie
avancée qui inclut une résidence en établissement. Et c'est là où sont
enseignées les thérapies novatrices, les médicaments de recherche, les
médicaments injectables comme la chimiothérapie intraveineuse, par exemple. C'est
là qu'on voit aussi toutes les situations cliniques urgentes, graves, aiguës,
instables, complexes. C'est à la maîtrise qu'on apprend ça.
En 2024, ça nous apparaît inconcevable que
ces pharmaciens hautement qualifiés doivent encore dépendre de lourdes ententes
administratives à convenir, en partenariat avec les médecins et les infirmières
praticiennes spécialisées, et autres instances, pour qu'elles nous autorisent à
prescrire les médicaments. Donc, on doit obtenir leur permission. Lorsque de
telles ententes sont finalement instaurées dans un établissement et appliquées
par tous les pharmaciens, ça conduit à une réduction de la durée d'hospitalisation
des patients, une diminution des consultations médicales et une meilleure
transition des soins entre l'hôpital et le domicile. Mais malheureusement, ces
pratiques-là ne sont pas la norme au Québec. Elles sont issues de mesures
administratives très lourdes. Et surtout, il faut savoir qu'elles dépendent de
la volonté des pharmaciens eux-mêmes et de la volonté des médecins et des
infirmières praticiennes spécialisées à déléguer aux pharmaciens cette
possibilité-là. Donc, on laisse le choix aux professionnels.
Par exemple, on peut voir des ententes de
partenariat instaurées dans les unités de soins, par exemple en psychiatrie. En
psychiatrie, le pharmacien, où il y a une entente d'établie, va pouvoir
prescrire la médication, même pour les conditions médicales physiques, comme
par exemple le diabète, que le patient peut développer suite à la prise d'antipsychotiques,
même d'antidépresseurs. Donc le pharmacien initie les traitements pour réussir
à avoir le contrôle, par exemple, du diabète du patient. Donc, ce pharmacien-là
va jouer complètement le rôle d'un médecin de famille ou d'un interniste que le
psychiatre aurait demandé en consultation dans le dossier. Donc, il s'assure
également aussi que le traitement va être adéquat pour ces conditions de santé
là, et évidemment va participer à l'ajustement des médicaments comme les
antipsychotiques, les antidépresseurs.
Qu'est-ce qu'on a fait au plus haut de la
pandémie lorsque les médicaments contre la COVID 19 sont arrivés au début au
compte-gouttes? Dans un contexte de crise, on avait des médicaments nouveaux,
complexes qui présentaient plusieurs interactions médicamenteuses et contre-indications.
Certains étaient intraveineux, d'autres en comprimés et les quantités étaient
très, très, très limitées. Ce qu'on a fait au Québec, c'est qu'on a demandé aux
pharmaciens d'établissements de contrôler l'accès et de s'assurer de leur usage
judicieux et sécuritaire et de les... de les prescrire. Une fois la
prescription faite, quand c'est intraveineux, c'était donné dans les hôpitaux
et les centres de perfusion, pour le Paxlovid, on remettait la prescription au
patient et il était dirigé vers la pharmacie privée de première ligne où on lui
servait le médicament. Mais le pharmacien d'établissement demeurait toujours en
référence et disponible au pharmacien de première ligne. Donc, au tout début,
dans la pandémie, c'est ce qu'on a fait et on s'est tourné vers ces pharmaciens
spécialistes.
Reconnaissons ces pharmaciens à juste
titre, pour ce qu'ils sont, des spécialistes. Donnons-leur la responsabilité d'être
en soutien au réseau, notamment aux pharmaciens de première ligne, et pas
seulement dans un contexte de pandémie. Des responsabilités additionnelles
viennent avec un type de spécialiste, et elles rendraient les trajectoires de
soins plus efficientes et sécuritaires. Comment peut-on dire non à ça dans le
contexte actuel, si on veut réellement améliorer les soins et les rendre plus
efficients? Les pharmaciens spécialistes vont aussi pouvoir faire des
consultations, rédiger des ordonnances d'admission, de départ. Ils vont aussi
pouvoir prendre en charge la pharmacothérapie de certains patients de cliniques
externes spécialisées et en assumer, comme spécialistes, l'entière
responsabilité. On parle ici de patients qui sont atteints de VIH, qui ont reçu
une greffe cardiaque, qui sont sous dialyse. Ils dégageraient ici les médecins
de famille, aussi les médecins spécialistes qui pourront se consacrer davantage
à la prise en charge de patients en cabinet, en GMF ou en clinique externe. Je
cède maintenant la parole à ma collègue, Linda Vaillant.
Mme Vaillant (Linda) : Merci.
Bonjour à tous. Alors, vous aurez compris à ce moment-ci que la principale
recommandation d'association, c'est d'inclure, en fait, la spécialisation en
pharmacothérapie avancée au projet de loi. On pense que ces modifications-là
permettraient rapidement de mettre en place une nouvelle organisation du
travail et des trajectoires de soins formels en pharmacie. Ça pourrait
également, cette spécialisation-là permettre à la population en général et aux
autres professionnels de la santé d'identifier le pharmacien qui possède les
compétences pour traiter une population qui a des besoins de santé plus
complexes. Et cette différenciation...
Mme Vaillant (Linda) : ...différenciation
permettrait aussi aux autorités concernées de définir des paramètres clairs
pour la pratique spécialisée et les rôles et responsabilités spécifiques, on en
parle à l'instant, et d'en assurer le déploiement uniforme partout au Québec.
Je voudrais prendre un bref instant pour
vous parler des infirmières praticiennes spécialisées, les IPS. En 2002, le
Québec a choisi de se doter de superinfirmières. En 2002, il n'y avait pas de
programme de formation. La loi a été adoptée, le programme a été fait par la
suite. Aujourd'hui, c'est un programme de maîtrise auquel les pharmaciens
d'établissement contribuent pour former les IPS à prescrire des médicaments.
En pharmacie, le programme de deuxième
cycle en pharmacie d'hôpital existe depuis 1961. C'est devenu un programme de
maîtrise en 1992, et, depuis 2011, on le connaît sous sa forme actuelle, soit
la maîtrise en pharmacothérapie avancée. Quand on analyse ça, il nous semble
que c'est de nature à vous convaincre, à convaincre le législateur et à le
rassurer sur les compétences des pharmaciens d'établissement et leur capacité
d'utiliser pleinement ces compétences-là pour augmenter l'accès et améliorer la
fluidité.
La pratique hospitalière a toujours été à
l'avant-garde de la pharmacie en général. Les deux derniers projets de loi, qui
ont été des réformes importantes de la Loi sur la pharmacie, projet de loi
n° 41 et 31, ont permis, je dirais, de rendre conforme cette pratique
hospitalière. Cependant, ces changements-là n'ont pas nécessairement permis aux
professionnels que sont les pharmaciens d'établissement de progresser, d'en
faire plus pour le réseau de la santé, de prendre en charge davantage les
clientèles et les patients instables et complexes. On a même l'impression, de
notre point de vue, que le Québec laisse stagner jusqu'à un certain point le
groupe de professionnels qu'on représente.
C'est pour toutes ces raisons-là qu'on
vous demande d'intégrer dans le projet de loi la notion de spécialisation en
pharmacie, à l'instar de ce qui s'est fait pour les IPS dans la Loi sur les
infirmières et les infirmiers du Québec. Pour nous, c'est la seule façon de
garantir une mise en œuvre rapide de son application et de prévoir un
changement rapide et efficient.
D'ailleurs, je tiens à vous dire que cette
demande de l'association est appuyée par de nombreux partenaires de l'APES.
Vous aurez peut-être remarqué à l'annexe 6 de notre mémoire, nous avons
les collègues, la grande famille pharmaceutique, qui ont tous appuyé la
demande, mais aussi les collègues médecins. Les médecins appuient la demande
parce qu'ils savent que les pharmaciens d'établissement peuvent en faire encore
plus pour augmenter leur contribution et les libérer, eux, davantage de
certaines tâches.
• (14 h 10) •
Si on ne fait rien, qu'est-ce qui va
arriver? On va conserver le modèle actuel, le modèle que nous, on qualifie de
courtepointe ou de fromage gruyère, c'est-à-dire qu'il y a certains endroits où
on aura des... un accès aux soins plus efficients et d'autres, ce ne sera pas
le cas, il y aura des trous. On va continuer à laisser les professionnels et
les gestionnaires décider de l'accès aux soins. On va maintenir les iniquités
pour les patients. Les pharmaciens occupent une place importante dans le projet
de loi n° 67, mais les pharmaciens d'établissement, à notre avis, en sont
absents. On pense qu'il faut faire faire un petit pas supplémentaire, qui
pourrait avoir l'effet d'un pas de géant, dans la question de l'accès aux soins
et la question de la fluidité aussi. Pour nous, c'est une façon d'optimiser les
ressources. On vise aussi l'efficience par cette recommandation, on vise aussi
à augmenter l'accès. C'est une question d'avoir le bon professionnel qui pose
le bon geste au bon endroit et au meilleur coût.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Malheureusement, le
10 minutes est passé, mais on va avoir du temps avec la période d'échange.
Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme LeBel : Oui. Merci, M. le
Président. Effectivement, on a du temps, et, si ça vous... vous avez l'envie ou
vous sentez le besoin d'ajouter quelque chose, n'hésitez pas, là, on est là
pour échanger. Donc, je constate que vous... l'essentiel de votre propos,
finalement, est sur cette notion-là. Donc, vous n'avez pas de commentaire sur
les permis restreints, pas de commentaire sur les permis spéciaux, sur les
projets pilotes, sur l'essence du projet de loi n° 67, qui, quant à moi,
est quand même un projet de loi assez important, là, même si, selon votre
notion, il est inachevé. Mais, sur l'essentiel de ce qui est dans le projet de
loi, je pense que... je considère que, si vous n'avez... vous ne commentez pas,
c'est que, pour l'essentiel, vous êtes en d'accord. Est-ce que je peux vous
mettre ces mots-là dans la bouche, ou vous pouvez les... vous pouvez les
corriger aussi, là?
Mme
Racicot
(Julie) : Ce qui est proposé, nous sommes d'accord avec ça. Puis je
vous dirais que le rôle de l'association ici... on sait qu'il y a nos collègues
de l'Ordre des pharmaciens, ça relève davantage d'eux, puis on fait beaucoup de
travail à ce niveau-là. Nous, il y a... Je vous dirais que l'éléphant dans la
pièce, pour nous, c'est le pharmacien spécialiste et c'est sur ça qu'on a
choisi de se consacrer.
Mme LeBel : O.K. Bien,
d'ailleurs, l'ordre est venu mentionner cet aspect, le Collège des médecins est
venu également mentionner cet aspect. Mais plus sur l'angle des objectifs à
atteindre plutôt que sur le moyen de l'atteindre... Et je considère, avec tout
... avec un grand respect, que de nommer un titre de spécialiste, pour moi,
c'est le moyen, alors que...
Mme LeBel : ...je pense qu'il
faut... qu'on soit... qu'on profite de l'occasion pour clarifier à nouveau le
fait que sur l'objectif de faire en sorte que les gens détenteurs de la
maîtrise en pharmacothérapie avancée aient un pouvoir accru de prescription
dans les cas de figure que vous avez nommés, que l'ordre et le Collège des
médecins a bien illustré est un objectif qu'il faut... qu'il faut atteindre,
là. Donc, je peux vous rassurer, c'est l'intention de faire en sorte que les
gens qui ont la formation appropriée pour le faire puissent avoir ce pouvoir
accru de prescription. Donc, je pense que c'est clair. L'intention est de le
faire par voie réglementaire, pour toutes sortes de raisons. Comme toute...
comme toute comparaison, je pense qu'il y a une limite avec la comparaison des
IPS. Quand vous parlez des infirmières praticiennes spécialisées, pour avoir
travaillé aussi sur le projet de loi précédent, ces infirmières-là ont des
actes réservés différents des infirmières... des infirmières qui ne sont pas
IPF alors qu'ici tous les... l'acte réservé, l'acte de prescription qui va être
offert à tous les pharmaciens, mais dans le cas des... des pharmaciens qui ont
la fameuse maîtrise, ils auront un pouvoir accru de prescription. Donc l'idée,
c'est de savoir comment on atteint cet objectif-là. Est-ce que c'est à l'instar
de ce que les sexologues nous ont présenté hier? Une attestation de formation
qui fait que, dans le cas des sexologues, ils ont le droit de diagnostiquer,
alors que ceux qui n'ont pas l'attestation de formation n'ont pas le droit au
diagnostic et ils n'ont pas nécessairement un titre de sexologue spécialisé en
diagnostic. Alors, j'ai beaucoup de mal à comprendre.
Je suis capable de voir le point de vue
d'une association, mais du point de vue de la protection du public, parce que
je suis avec vous sur l'accès. Considérez que je suis avec vous sur l'accès, je
suis avec vous sur le fait de permettre à ces pharmaciens-là qui ont une
formation importante et différente ou, en tout cas accrue, puissent exercer
cette formation-là. Là-dessus, j'en suis, mais j'ai du mal à voir comment c'est
la création d'un titre de spécialiste à tout prix, alors que présentement, par
le biais d'ententes, d'ententes, de pratiques avancées en partenariat qui ont
le défaut de ne pas être uniformes, mais on pourrait penser à une entente de
pratique en partenariat qui s'applique à l'ensemble du Québec, là, à travers
Santé Québec. Mais je ne veux pas aller là-dedans. Ce que je veux dire, c'est
que ça se fait déjà sans titre spécialisé. Ça se fait déjà, le problème, c'est
que ça se fait par entente, et là, là-dessus, je suis d'accord avec vous, ça
n'a pas de sens que ça ne soit pas uniforme à travers le Québec.
Donc, partons des postulats où on est
d'accord, hein? Ça va être plus facile. Mais j'ai beaucoup de mal, alors que
même le Collège des médecins nous a dit hier : Moi, le titre de
spécialiste, on pense que c'est une bonne solution, mais ça pourrait être par
voie réglementaire. C'est le Collège médecins qui a dit : Ça pourrait être
par voie réglementaire tant qu'on atteint l'objectif. D'autres ordres
professionnels atteignent ces mêmes objectifs-là par d'autres outils. Et on
connaît toutes les implications à créer un autre titre et on est dans la voie
de l'allègement du système professionnel ou pas et pas de la complication de ce
système-là. Donc, j'essaie de trouver une façon d'atteindre l'objectif tout en
ne créant pas des titres nécessairement ou d'autres ordres même au final.
Mme
Racicot
(Julie) : Vous parliez de protection du public tantôt, moi, je me
ramène à ça beaucoup parce que c'est la raison pour laquelle j'ai choisi d'être
pharmacienne. Présentement, il y a des soins qui ne sont pas offerts aux
patients au Québec. Les patients ne bénéficient pas des soins qu'ils pourraient
recevoir totalement. Il y a des craques dans les corridors de soins. Les
patients sortent de l'hôpital. La prescription, ce n'est pas clair. Le
pharmacien communautaire est tout seul le vendredi soir à cinq heures, personne
au bout du fil. Il ne sait pas qui rappeler, plein de questions.
Je travaille à l'Institut universitaire de
cardiologie et de pneumologie à Québec, il n'y a pas une journée sans qu'on
n'ait pas des multiples appels de pharmaciens communautaires à l'hôpital qui
cherchent à qui parler parce que la prescription n'est pas claire puis qu'ils
ne savent pas quoi faire puis qui... à travers qu'on essaie de, bon,
débroussailler et leur donner un coup de main là-dessus et tout. Ça fait qu'à
ce niveau-là, c'est sûr qu'on va améliorer l'accès. Pour moi, en fait, pour
nous, ce qu'on voit, ce n'est pas la recherche d'un titre absolu, c'est de
donner des responsabilités additionnelles avec ça. Ça fait qu'on est tout à
fait en phase. Je n'aurai pas le discours de l'Ordre des pharmaciens qu'ils ont
eu hier, ils vous l'ont bien expliqué. Il y a une vigie certaine à avoir sur la
formation, la qualification des pharmaciens à qui on donne une extrême
responsabilité. Donc, on parle ici d'aller prescrire des médicaments aux soins
intensifs, des patients qui viennent d'avoir un nouveau cœur, des... donc on
parle de très, très grandes responsabilités auxquelles présentement ce sont
souvent, dans nos hôpitaux, avec qui on travaille, les médecins spécialistes,
qui le font. Donc, on commence à le faire par des ententes balisées. Mais c'est
une chose de donner à quelqu'un le droit de le faire ou de prendre la décision
au Québec, c'est ça que ça fait un pharmacien spécialiste, puis quand on te
nomme spécialiste, puis que t'as une responsabilité à l'égard de ça, puis t'as
la responsabilité d'établir des trajectoires directes de consultations. Entre
un médecin de famille et un médecin spécialiste, on voit ça. Entre une
infirmière, une infirmière praticienne...
Mme
Racicot
(Julie) : ...on voit ça. Nous, on est pharmaciens. On a tous le même
type d'emploi, on est pharmaciens. Le pharmacien communautaire qui a besoin
d'un collègue, il a besoin du spécialiste... on va lui donner plus de
responsabilités, au pharmacien en pharmacie communautaire aussi. Ce pharmacien-là
atteint sa limite : le patient n'a pas de médecin de famille. Ça prend des
corridors. Il y a un pharmacien spécialiste en néphrologie. On en voit, dans
les secteurs de l'hôpital, ils sont là, en établissement. Je vais appeler mon
pharmacien spécialiste en établissement, il va pouvoir m'aider. Donc, on aurait
ce rôle-là en établissant des corridors formels de consultation.
Donc, oui, il vient, avec le titre de
spécialiste, des responsabilités additionnelles déterminées par l'Ordre des
pharmaciens, qui décernera ce certificat-là au pharmacien. Donc, c'est un
engagement encore plus grand qu'on demande aux pharmaciens d'établissement de
tout simplement leur donner le droit de le faire, demain matin, sans
paperasserie administrative.
Mme LeBel : Donc, j'entends
beaucoup corridor de soins, formation, collaboration entre les collègues,
savoir vers qui se tourner. Je pense que ce sont des enjeux qui sont
extrêmement louables, des enjeux qu'on doit régler, puis on le sait, à partir
du moment où on est dans des grands systèmes, il y a toujours certains
enjeux : vers qui se tourner, comment se tourner. Donc, dans le fond, ce
que je comprends également, moi, ce que je retiens, puis je vais continuer à
retenir les objectifs, c'est un accès uniforme parce qu'il y a des... mais il y
a des pharmaciens qui sont détenteurs de cette formation spécialisée là, qui
est la maîtrise avancée, qui, présentement, parce qu'il n'y a pas d'entente de
partenariat, n'ont pas l'occasion d'exercer leurs pleines compétences. Je pense
qu'il faut trouver une solution ou un moyen de faire en sorte que ces
gens-là... où qu'ils soient, aient cet accès-là. Le fait de leur donner un
pouvoir accru de prescription, on en est, mais est-ce que c'est par voie
réglementaire? Est-ce que c'est par type de spécialistes, je vais vous avoue
que je demeure à être convaincue, mais on va faire nos nos analyses de notre
côté.
Mais je vois aussi qu'il faut y avoir de
meilleures communications. À titre d'exemple, et je vais prendre un exemple,
encore une fois, un peu boiteux, mais, comme je le disais tantôt, les
infirmières praticiennes spécialisées, elles ont des actes réservés, qui sont
des actes qui n'existent pas pour une autre infirmière. Donc, on est vraiment
dans un autre paradigme, mais il y a aussi toute la question du permis
restreint, où il faut bien identifier, dans le cadre du permis restreint, ce
que quelqu'un est à même de faire. Donc, on pourrait penser aussi à voir
comment on peut bien informer les gens sur... les gens qui ont l'attestation de
formation, à titre d'exemple, sont capables de faire, à l'instar des autres
ordres, qui nous disent : Bien, moi, quand ils ont une attestation de
formation, ils peuvent diagnostiquer, quand ils n'ont pas l'attestation de
formation, ils ne peuvent pas, ils ne peuvent pas faire tel acte.
• (14 h 20) •
Donc, ne comprenez pas mes propos comme
une fermeture ou un manque de respect envers la formation et la capacité. Au
contraire, j'en suis, parce que je pense qu'il faut être capable de les mettre
à contribution pleinement et que ce sont des personnes qui ont un apport
extrêmement important et crucial dans des trajectoires de soins qui sont... qui
sont souvent critiques. J'en suis plus à une réflexion, je pense, qui devra se
poursuivre sur la façon de l'atteindre. Je vous remercie. Je n'ai pas d'autres
questions. Merci beaucoup.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Donc, je me
tourne vers l'opposition officielle pour...
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) : Oui, allez-y, voulez-vous réagir? Bien sûr. Avec
plaisir. Allez-y. Pardon.
Mme Vaillant (Linda) : Je
voulais juste réagir à vos propos. En fait, la façon dont on voit la
distinction, nous, dans la spécialisation en pharmacie, c'est sur le droit de
prescrire autonome, peu importe le type de patient qui est devant nous. Donc,
il y a une distinction, à notre avis, par rapport à ce qui est prévu
actuellement, dans le sens où notre droit de prescrire, si on est un pharmacien
spécialiste, dans notre perception, peut s'appliquer tous azimuts, qu'on ait
des patients instables ou des patients qui sont plus stables. Et pour nous
c'est une distinction qui viendrait avec le certificat de spécialiste. C'est la
façon dont nous, on le voit.
L'autre chose, c'est que la distinction, à
notre avis, est importante entre les types de pharmaciens. On a actuellement,
c'est un état de fait... les pharmaciens qui détiennent la maîtrise ont une
pratique spécialisée. C'est déjà un état de fait. Ce qu'on dit, c'est que la
façon dont on est encadré à l'heure actuelle, ça ne permet pas qu'on se déploie
adéquatement et qu'on donne les soins qu'on devrait donner partout. Et c'est un
peu laissé au bon vouloir, je dirais, des milieux autant des pharmaciens que
des médecins ou des gestionnaires dans certains établissements. Ça fait qu'à
notre avis, il y en a un, parallèle à faire avec les IPS, et on le voit sur la
base du droit de prescrire autonome, peu importe le type de client, le type de
patient devant qui on est.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Maintenant, M.
le député d'Acadie, s'il vous plaît.
M. Morin : Merci. Merci, M.
le Président. Alors, bonjour. Merci d'être là avec nous cet après-midi. Merci
pour le mémoire que vous avez produit, également. Hier, il y a d'autres groupes,
qu'on a entendus avec beaucoup d'attention... mais il y a des pharmaciens qui
nous ont parlé des EPAP.
Une voix : ...
M. Morin : Oui, qui est une
entente... Et j'aimerais que vous nous en parliez, parce que moi, ce que j'ai
compris, puis moi, je ne suis pas un spécialiste dans le domaine de la santé,
je ne suis pas un médecin, mais ça avait l'air bien compliqué, les EPAP, puis
pas facile à atteindre. Donc, parlez-nous donc de ça un peu. Est-ce que ça
pourrait vous aider? Est-ce que...
M. Morin : ...ce n'est pas une
option? Est-ce que c'est trop compliqué? Parce qu'on nous donnait l'exemple
d'un pharmacien qui, dans le cadre d'une EPAP pouvait, évidemment, suivre un
patient, prescrire, on nous donnait le cas de l'oncologie par exemple. Mais, si
le même patient, deux jours après, à cause de son traitement, ne va pas bien,
se présente à l'urgence puis que, là, le pharmacien n'est pas à l'urgence avec
une EPAP, bien là, il ne peut plus prescrire. Alors, ça avait de l'air bien compliqué
puis ça n'avait pas l'air bien bon pour le patient. Ça fait que moi, ce qui
m'intéresse, c'est le patient. Donc, j'aimerais ça que nous parliez de ça, s'il
vous plaît, puis comment vos propositions pourraient aider.
Mme Vaillant (Linda) : Absolument.
M. Morin : Merci.
Mme Vaillant (Linda) : En
fait, c'est bon l'EPAP une fois qu'elle est en place. La difficulté, c'est de
la mettre en place.
M. Morin : Bien, c'est ça.
Mme Vaillant (Linda) : La
loi, ça doit dater maintenant de 2021, 2022,... ça fait déjà trois à quatre ans
qu'on peut mettre en place ces ententes, et, au Québec, le tiers seulement des
établissements ont une entente générale. Ça fait que c'est vous dire... oui, ça
a pris un certain nombre d'années, on a que le tiers. Quand on a une EPAP en
place... je vais vous donner un exemple, au Centre universitaire de santé
McGill, on vient de voir le résultat d'une étude aux soins intensifs. Aux soins
intensifs, ils ont démontré que les pharmaciens rédigent 40 % des ordonnances
des patients, des ordonnances de médicaments. C'est beaucoup, là. Imaginez-vous
le médecin à quel point il est libéré. 40 % des ordonnances sont rédigées
par les pharmaciens. On va être dans l'hôpital à côté, de l'autre bord de la
rue, il n'y a pas d'EPAP. Donc, les ordonnances sont toutes rédigées par les
médecins sur la recommandation du pharmacien, donc le pharmacien va devoir dire
au médecin : Je te recommande de prescrire telle chose. Oui, d'accord,
telle... Ah! non, tu l'as... tu t'es trompé de dose, il faudrait que tu
rechanges l'ordonnance. Alors, vous voyez un peu les allers-retours qui sont
vraiment inutiles quand on n'a pas la fameuse EPAP.
Maintenant, la mise en place de l'EPAP,
c'est compliqué. Il faut que tous les prescripteurs soient d'accord, les
médecins, les IPS, il faut que tout le monde soit d'accord. Ensuite, il faut
que ce soit entériné à différentes instances dans l'établissement, et, dès
qu'il y a un changement, même l'ajout d'un médecin, il faut faire réapprouver à
nouveau ces ententes pour un contexte où le professionnel qu'est le pharmacien
est déjà capable de réaliser le travail. Vous voyez, il va le réaliser de
manière autonome dans une entente où, à côté, il va le dire au médecin quoi
écrire. C'est à peu près ça. Donc, le contexte, pour nous, de passer à un droit
de prescrire autonome avec une reconnaissance de spécialisation, c'est que le
pharmacien spécialiste va le faire partout tout le temps, il va prendre en
charge les patients dans tous les secteurs de soins, dans tous les hôpitaux au
Québec en même temps, à partir du moment où il a cette maîtrise, et pas juste
dans le tiers des hôpitaux, comme on le voit à l'heure actuelle.
M. Morin : Là, en fait,
c'est... c'est ça que je comprends. Donc, avec une reconnaissance d'une
spécialité, évidemment, qui arrive après une formation, vous en avez parlé, là,
bon, ce n'est pas tous les pharmaciens qui sont comme ça, bien, à ce moment-là,
avec un droit de reconnaissance d'une spécialité, on accompagne ça, évidemment,
de plus grandes responsabilités, donc plus grandes possibilités de prescrire,
et là, à ce moment-là, on n'aurait pas besoin d'EPAP. Donc, ça pourrait être
applicable partout, dans l'ensemble du Québec, d'autant plus que vous avez
ajouté des éléments qu'on n'avait pas hier, je vous remercie. Moi, je n'avais
pas compris que, par exemple pour l'EPAP, il faut que tout le monde soit
d'accord, puis, si vous avez un nouveau médecin, c'est ce que vous venez dire,
il faut... il faut qu'il soit partie prenante, puis, si, à un moment donné, il
y en a un qui n'est plus d'accord, bien, il n'y a plus d'EPAP. Donc là, on
se... Oui?
Mme Vaillant (Linda) : Donc,
quand lui est là, il n'y a plus d'EPAP.
M. Morin : Il n'y a plus
d'EPAP, c'est ça.
Mme Vaillant (Linda) : Exact.
Donc, ça change, une journée, ça peut se faire, le lendemain, ça ne se fait
plus.
M. Morin : Puis vous avez le
même pharmacien, qui, lui, est un professionnel reconnu, qui serait prêt à
agir, mais qui ne peut pas, puis on a le patient à l'autre bout qui, lui, bien,
attend. O.K. Bien, sinon, je vous remercie, je vous remercie beaucoup. Deux
autres questions rapidement, parce que, malheureusement, je vais devoir quitter
pour aller dans un autre établissement au sein du Parlement, n'est-ce pas? Ça arrive
quand on est député. Comment la présence... Pardon?
Mme LeBel : ...
M. Morin : Ah! oui, ça,
c'est... Bien, là, c'est généraliste après-midi. Comment la présence des
pharmaciens spécialistes dans nos hôpitaux changerait le quotidien? Puis quel
serait l'impact pour les patients?
Mme
Racicot
(Julie) : C'est une excellente question. En fait, c'est une chose, le
droit de prescrire. Ça, c'est une chose. Le droit de prescrire autonome, on
vient aplanir beaucoup de problèmes administratifs, on vient donner la
permission de le faire aux pharmaciens. C'est ce qu'on vient de faire. Demain
matin, on nomme des pharmaciens spécialistes dans les hôpitaux, on décerne
cette certification-là de spécialistes... des pharmaciens, on lui donne cette responsabilité-là
de devenir un prescripteur autonome dans sa pratique. Ça vient avec sa
pratique. Ce n'est pas la loi qui lui permet que de le faire, il y a cette
responsabilité-là comme pharmacien spécialiste, il y a la responsabilité comme
spécialiste d'être en référence aux autres professionnels, aux pharmaciens
communautaires. Il est reconnu pharmacien spécialiste, il va servir de
référence à ces gens-là. On va établir des trajectoires de consultations entre
pharmaciens de première ligne et pharmaciens spécialistes. Parce que les
pharmaciens de première...
Mme
Racicot
(Julie) : ...mais ils vont pouvoir en faire beaucoup. Quand ils vont
arriver au bout de ce qu'ils peuvent faire, patient orphelin, qu'est-ce qu'on
fait? Ils pourront appeler le pharmacien spécialiste, ça fera partie de son
travail. Les pharmaciens, dans les hôpitaux, on n'est pas payés à l'acte. C'est
un système de rémunération globale sur une échelle salariale. Donc, ils nous
contactent, on va les aider. Ce n'est pas des consultations... Donc, il y a des
coûts qu'on peut sauver dans ça aussi. Ils vont contacter le pharmacien
spécialiste. Ça va être son rôle, ça va être sa responsabilité d'être en
support. Il va pouvoir en faire un bout, aider le pharmacien de première ligne,
et il a accès facilement aussi aux médecins. Ça va permettre de dégager des
cliniques ambulatoires.
Présentement, dans les hôpitaux, il y a
des patients suivis en clinique ambulatoire avec des médecins spécialistes,
infirmières cliniciennes, infirmières praticiennes spécialisées, beaucoup de
professionnels. Il y a des cliniques où il y a des 1000 1200 patients qui sont
suivis : c'est énorme. On n'est pas capable de les transférer à la
première ligne parce qu'il n'y a pas de trajectoire. Et, bien souvent, les patients
n'ont pas de médecin de famille quand ils sont moribonds ou hypothéqués de
cette façon-là. Donc, on les garde à l'hôpital. Si le pharmacien spécialiste
est capable de transférer même une partie de la prise en charge au pharmacien
en pharmacie communautaire en première ligne, le pharmacien aura sa
trajectoire. Donc, il va pouvoir ajuster la thérapie, s'assurer que tout est
beau pour le patient. Puis, s'il y a un problème, il va rappeler le pharmacien
spécialiste à l'hôpital qui, lui, pourra le faire voir par le médecin
spécialiste, au besoin, ou pourra lui-même régler le problème ou avoir
rapidement une consultation. On pourrait dégager, dès maintenant, rapidement,
une grande partie des suivis de patients ambulatoires qui se font à partir des
hôpitaux par des équipes de médecins spécialistes, infirmières, pharmaciens.
Donc, c'est un autre exemple.
Mme Vaillant (Linda) : Je me
permets un tout petit exemple, un tout petit exemple en santé mentale. En santé
mentale, vous le savez, on a un enjeu de psychiatres. Il y a un problème, il y
a des listes d'attente, on attend, on attend. Les dernières données qu'on a
consultées nous indiquent que 30 % des demandes de consultation de la
première ligne, pour un psychiatre, concernent des ajustements de médicaments. Donc,
il y a des gens qui attendent pendant je ne sais pas combien de temps, qui ne
vont pas bien, qui ne peuvent pas voir un psychiatre et qui ont simplement
besoin, je dis simplement, parce que, pour un pharmacien d'établissement, ce
serait simple, simplement besoin d'ajuster la médication. Donc, on a 30 %
de gens sur des listes, là, dont on pourrait prendre en charge directement.
• (14 h 30) •
M. Morin : Je vous remercie
beaucoup. Veuillez m'excuser, M. le Président...
Le Président (M. Bachand) :Mme la députée de La Pinière pour huit minutes.
Mme Caron : Parfait. Merci.
Alors, juste pour bien comprendre, est-ce que les... Actuellement, les médecins
qui ont cette maîtrise en pharmacothérapie avancée, est-ce qu'ils exercent...
Est-ce qu'ils pratiquent uniquement en hôpital ou est-ce qu'il y en a qui
pratiquent ailleurs?
Mme
Racicot
(Julie) : La majeure partie... la quasi-totalité présentement
pratiquent dans les établissements de santé. Mais l'Université de Montréal
offre la maîtrise, la maîtrise en pharmacothérapie avancée, avec un volet
davantage ambulatoire. Il y a déjà des étudiants d'inscrits, mais, pour
l'instant, ils sont en nombre peu élevé.
Mme Caron : Et la façon dont
les ententes et donc les étapes fonctionnent, ça doit être à l'intérieur d'un
établissement, c'est bien ça? Alors, par exemple, si le pharmacien qui.... je
vais l'appeler spécialiste pour faciliter la discussion, donc, ce pharmacien
spécialiste, à l'heure actuelle, il doit travailler... Il peut prescrire de
manière autonome dans le cadre d'une... qui n'est pas nécessairement valable
pour l'ensemble de l'établissement. Et j'en déduis qu'il ne peut pas prendre en
charge des patients qui sont orphelins de médecin de famille, une fois qu'ils
sont sortis de l'hôpital, par exemple, ou est-ce que je me trompe?
Mme
Racicot
(Julie) : En fait, la façon que l'entente fonctionne, là, c'est au
moment où on est dans les murs de l'établissement, parfois, l'entente peut nous
permettre de suivre des patients ambulatoires, mais c'est une cohorte très
précise de patients qui sont déjà suivis ou pris en charge par le médecin de
l'hôpital, et ils s'en vont à la maison. Ça fait que c'est ces médecins-là qui
nous autorisent à procéder. Donc, si le médecin de famille est inexistant, je
ne pourrais pas avoir une entente avec un médecin de famille. Donc, ça prend...
Nous, on travaille beaucoup en établissement, souvent, avec le médecin
spécialiste qui nous transfère cette prise en charge là. Mais, bien sûr que ça
prend un médecin référent pour pouvoir établir des ententes de partenariat de
la sorte. C'est un groupe de médecins qui autorise un groupe de pharmaciens à
procéder à des initiations de thérapie.
Mme Caron : Et donc, si le...
si le pharmacien spécialiste ou spécialisé avait ce titre-là, ou une autre
manière, sans avoir le titre, pouvait conserver, je dirais, le droit de
prescrire de manière autonome en dehors des murs de l'hôpital. À ce moment-là,
toutes les personnes âgées qui veulent rester à domicile, recevoir des soins à
domicile, mais qui n'ont pas de médecin de famille ou qui perdent leur médecin
de famille en cours de route, parce que ça arrive tous les jours, à ce
moment-là, si ces personnes-là prennent des médicaments...
14 h 30 (version non révisée)
Mme Caron : ...un pharmacien,
avec cette formation, cette compétence pourrait le prendre en charge, et puis
serait, comme vous dites, la personne référence pour le pharmacien
communautaire.
Mme
Racicot
(Julie) : Mais tout compris, ça, oui.
Mme Caron : Donc, alors, de
permettre que ce soit, comme je disais tantôt, avec le titre ou d'une autre
manière, mais assez... mais je comprends que le titre, dans la vie de tous les
jours, pour M. et Mme tout le monde, ce serait facile de comprendre qu'un
pharmacien spécialisé, il fait plus puis il n'y aurait pas de confusion. C'est
comme, même, un peu... je fais un parallèle avec les autres modifications où au
lieu de parler d'une évaluation, on va parler de diagnostic. C'est clair, c'est
clair dans le langage de tous les jours pour tout le monde. Alors, dans ce cas-ci,
je comprends que ça pourrait être plus clair et que c'est ça... en tout cas, de
mon point de vue, ça ouvre une façon efficace, je pense, de faire le virage à
domicile, de soutien à domicile que le gouvernement veut faire pour notamment
les personnes âgées ou même des personnes handicapées qui n'ont pas de médecin
de famille ou qui perdent leur médecin de famille qui, là, ce moment là,
pourraient avoir... au moins que leur médication soit toujours correcte ou
ajustée au besoin. Je pense que vous vouliez ajouter quelque chose.
Mme Vaillant (Linda) : Non,
mais je voulais dire : Oui, vous avez raison, ça permet ça, mais ça
permettrait toutes sortes d'autres choses aussi. On peut penser à des
consultations à l'urgence aussi, où il serait possible de libérer le médecin
qui est là pour procéder à un certain nombre de consultations, rédiger des
ordonnances. Oui, on peut-être en soutien aussi à la première ligne. Tout ça,
ça fait partie de ce qui serait possible. Quand on dit que le... c'est
important, de notre point de vue, que la population, les patients, les autres
professionnels puissent identifier le pharmacien, je ne sais pas c'est quoi, l'autre
voie. En ce moment, on a des pharmaciens avec EPAP puis des pharmaciens sans
EPAP, mais il y a-tu quelqu'un qui comprend ça? Je ne pense pas, là.
Ça fait que, pour nous, le pharmacien
spécialiste, je ne le sais pas, appelons-là le pharmacien expert, donnons-lui
une dénomination qui fait en sorte qu'on peut distinguer sa pratique basée sur
sa formation et sur ce qu'il peut faire. Mais, pour nous, c'est essentiel, tant
pour la population que pour les autres professionnels avec qui on travaille
aussi, là.
Mme
Racicot
(Julie) : Demandez aux patients qui ont une greffe cardiaque, qui ont
un cancer en ce moment, qui sont traités par chimiothérapie, patients fibrose
kystique, demandez-leur quels sont... quels pharmaciens les suivent. Ils vont d'emblée...
déjà, ils vont vous dire : J'ai un pharmacien spécialiste qui me suit pour
mes antirejets avec mon cœur, ma greffe. Je ne prends aucun médicament sans
appeler mon pharmacien spécialiste là-dedans, qui travaille avec le cardiologue
puis le chirurgien cardiaque. Puis j'ai mon pharmacien de famille qui me suit à
ma pharmacie. Donc, dans l'imaginaire de bien des patients, ça existe déjà, ce
pharmacien spécialiste là.
Mme Caron : Et
aussi, quand vous parlez de rendre les pharmaciens complètement autonomes, ces
pharmaciens-là complètement autonomes pour prescrire, c'est qu'ils ne sont plus
à la remorque d'un médecin dans le cadre d'une entente ou des autres
professionnels qui doivent absolument être d'accord avec le fait de permettre à
ce pharmacien-là, finalement, d'exercer sa pratique pleine et entière à la
hauteur de ses compétences. Alors, ça viendrait... Si ça vient ajouter une
complexité dans le Code des professions ou dans un règlement, dans une loi d'un
ordre professionnel, par contre, la compensation, c'est que, dans les faits,
sur le terrain, ça viendrait ajouter des services, ça viendrait faciliter l'exercice
de cette pratique-là pour le bien des patients. Puis, bien, les ordres
professionnels sont là pour la protection du public, c'est pour ça qu'ils ont
été créés. Alors, c'est... il y a... à mon avis, il y a une cohérence, là, dans
cet objectif-là que vous poursuivez dans cette recommandation-là.
Mme
Racicot
(Julie) : Oui, ça simplifierait le quotidien des patients, des
soignants, plus fluide, on améliorerait l'accès aux soins. Donc, oui, il y a peut-être
une complexité législative, mais vous avez tout à fait raison que le reste
serait d'autant plus simplifié dans le quotidien, dans les soins, on s'enfarge
moins aussi dans des paperasseries administratives, mais on identifie
clairement des responsabilités à ces pharmaciens-là et ils sont clairement
identifiés par les autres professionnels, par la population. Donc, de nouvelles
responsabilités, au-delà du droit de prescrire, qu'on souhaiterait pouvoir
donner à ces pharmaciens spécialistes là.
Mme Caron : J'oserais même
dire que ça vient en appui aussi à l'autre projet de loi qui vise à réduire la
charge administrative des médecins qui portent d'autres papiers, disons, d'autre
paperasse, mais il n'en demeure pas moins que les médecins qui, dans le cadre d'une
étape, bien, il faut qu'ils posent un geste pour signifier leur accord. Et puis
quand il y a une consultation des autres... d'autres personnes qui s'ajoutent,
alors ça pourrait servir pour aller...
Mme Caron : ...aussi de ce
côté-là.
Mme
Racicot
(Julie) : Vous savez, on réitère que les partenaires sont d'accord,
les médecins avec qui on travaille sont d'accord. Donc, l'annexe du mémoire, ce
qu'on demande, c'est vraiment la... le type de spécialiste qui... vient avec ça
le droit de prescrire autonome, mais autres choses aussi, des... On parle de
l'organisation des soins ici, mais d'autres responsabilités vont venir avec ça.
Et c'est ce que les partenaires ont appuyé, les fédérations médicales, les
autres pharmaciens du milieu, donc... Les doyens des facultés de pharmacie, ils
considèrent qu'ils forment des spécialistes. Donc, c'est les appuis qu'on a
obtenus également. Donc, il n'y a aucune entrave. Tous les partenaires avec qui
on travaille sont en accord avec cette demande-là.
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
Mme Vaillant (Linda) : ...un
élément. C'est une...
Le Président (M.
Bachand) :Très rapidement, s'il vous
plaît.
Mme Vaillant (Linda) : Absolument.
C'est juste qu'on parle des spécialistes. Peut-être qu'on a l'impression qu'on
est en train de réduire l'accès. Je ne sais pas. Nous, on le voit... on le voit
plus comme une spécialisation à vocation très large, un peu comme les médecins...
les internistes, qui couvrent une vastitude, je dirais, de patients. Donc, on
le voit un peu comme ça. C'est une spécialisation à vocation très large, où on
va prendre en charge tout type de clientèle complexe, plus spécialisée, qu'on
retrouve dans les établissements. Donc, on n'est pas en train de restreindre ce
qu'on veut faire. C'est l'inverse, en fait. On le voit véritablement comme
quelque chose qui est plus large.
Le Président (M.
Bachand) :Sur ce, merci infiniment
d'avoir été membres de la commission... participé à la commission aujourd'hui.
Alors, je suspends les travaux quelques
instants pour accueillir le prochain groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 14 h 39)
(Reprise à 14 h 42)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. Alors, c'est avec grand plaisir que nous
accueillons la représentante et représentant de l'Association canadienne des
compagnies d'assurances de personnes. Encore une fois, merci beaucoup d'être avec
nous cet après-midi. Alors, vous connaissez les règles. Je vous inviterais
d'abord à vous présenter, débuter votre exposé. Après ça, nous aurons un
échange avec les membres de la commission. La parole est à vous.
Mme Duhaime (Lyne) : Merci.
M. le Président, Mme la ministre, membres de la commission. Mon nom est Lyne
Duhaime et je suis présidente de l'Association canadienne des compagnies
d'assurances de personnes...
Mme Duhaime (Lyne) : ...pour
le Québec, l'ACCAP-Québec. Je suis accompagnée aujourd'hui par M. Guillaume
Fillion, chef des affaires gouvernementales chez Beneva. Merci de nous donner
l'occasion de partager nos commentaires concernant le projet de loi n° 67.
L'ACCAP est une association qui regroupe
les compagnies d'assurance de personnes qui font affaire au Canada. Nos membres
travaillent de concert avec les employeurs, les syndicats et les associations
professionnelles afin d'offrir à plus de 2 millions de Québécois une
assurance maladie complémentaire par l'entremise des régimes d'avantages
sociaux et des régimes d'assurances individuelles. Nos membres offrent
également à près de 3 millions de Québécois une assurance invalidité. Ces
régimes d'assurance couvrent une vaste gamme de médicaments sur ordonnance, des
services paramédicaux, comme les traitements d'un psychologue, d'un
physiothérapeute, d'un chiropraticien, de même que les examens de la vue et les
soins dentaires.
Les assureurs de personnes estiment que,
pour améliorer l'accessibilité et la performance du réseau de la santé, il est
indispensable que tous les professionnels puissent contribuer à la hauteur de
leurs compétences. Ainsi, nous saluons les orientations du projet de loi
n° 67 visant à accroître l'autonomie des différents professionnels de la
santé en favorisant l'interdisciplinarité et l'élargissement des pratiques
professionnelles. Le projet de loi n° 67 s'inscrit en continuité avec
l'objectif gouvernemental poursuivi dans le projet de loi n° 68 qui porte
sur la charge administrative des médecins et dans lequel nous sommes
particulièrement engagés. Tel que l'ACCAP l'a précisé dans le cadre des
consultations sur le projet de loi n° 68, nous estimons que d'autres
professionnels peuvent détenir les compétences pour poser certains diagnostics,
notamment en matière de santé mentale.
Les assureurs ont analysé le projet de loi
n° 67 et nous vous soumettons les réflexions suivantes. Premièrement, tel
que mentionné précédemment, les assureurs de personnes estiment que
l'élargissement des pratiques professionnelles prévues au projet de loi offre
une avenue intéressante pour une meilleure répartition de la charge de travail
entre les différents professionnels de la santé. En ce qui concerne les
activités en pharmacie plus particulièrement, nous estimons que l'élargissement
des actes des pharmaciens doit s'accompagner d'un meilleur contrôle des coûts
des régimes d'assurance médicaments afin d'assurer leur pérennité, nous y
reviendrons. Et, troisièmement, aussi, afin d'assurer que les soins offerts
répondent pleinement aux besoins des patients, ceux-ci doivent se retrouver
dans un continuum de soins à la suite d'un diagnostic par un psychologue ou une
infirmière.
M. Fillion (Guillaume) : Merci.
Dans le contexte actuel, l'accès aux soins, notamment en matière de santé
mentale, peut être difficile pour les Québécois. Nous sommes d'avis que la
possibilité que d'autres professionnels de la santé puissent établir un
diagnostic en santé mentale est une avancée positive. Cela permettra aux
patients d'accéder à des services adaptés plus rapidement et ainsi de prévenir
l'aggravation de leurs symptômes et d'éviter le recours aux services d'urgence.
Nous appuyons donc la proposition du
gouvernement de modifier l'article 37.1 du Code de profession afin de
reconnaître comme équivalentes à un diagnostic les évaluations effectuées par
un psychologue afin de permettre l'identification d'un trouble mental ou
neuropsychologique, lorsque celui-ci détient les formations appropriées.
Nous saluons également l'initiative du
gouvernement de modifier l'article 36 de la Loi sur les infirmières et les
infirmiers, afin qu'une infirmière formée en la matière puisse également
diagnostiquer un trouble mental, excluant la déficience intellectuelle.
Considérant que, près de la moitié des personnes recevant des prestations
d'assurance invalidité d'un assureur privé le sont pour des enjeux de santé
mentale, nous accueillons favorablement les deux orientations du gouvernement
en la matière.
Nous tenons néanmoins à rappeler
l'importance du suivi médical et du plan de traitement pour le patient,
notamment pour les patients qui sont en invalidité. Par exemple, le patient qui
recevra un diagnostic d'un psychologue ou d'une infirmière qui requiert une
médication devrait avoir accès à un médecin ou une infirmière praticienne pour
obtenir l'ordonnance.
Les assureurs de personnes tiennent
également à commenter les dispositions du projet de loi qui portent sur
l'élargissement des actes des pharmaciens. Nous sommes interpellés par les
questions en lien avec les soins et les services pharmaceutiques, étant donné
que les assureurs ont versé 3,5 milliards de dollars pour les
médicaments d'ordonnance en 2022. En 2020, nous avons d'ailleurs accueilli
favorablement le projet de loi n° 31 octroyant des nouveaux actes aux
pharmaciens. Aujourd'hui, nous appuyons également les propositions du
gouvernement en matière d'élargissement des actes pharmaceutiques, tel que
proposé dans le projet de loi n° 67, comme par exemple de retirer les
délais pour la prolongation d'ordonnance. En effet, les assureurs de personnes
sont favorables à ce que les pharmaciens, tout comme d'autres professionnels de
la santé, puissent jouer un rôle accru dans le système de santé.
Nous estimons cependant qu'il est
important de faire preuve de prudence afin de s'assurer que l'élargissement des
actes de pharmaciens...
M. Fillion (Guillaume) : ...n'exerce
pas de pression financière sur le régime général d'assurance-médicaments. À
titre de rappel, plus de la moitié des Québécois sont couverts par le régime général
d'assurance-médicaments en vertu de leur assurance collective privée.
Contrairement à certaines activités qui sont couvertes par l'État dans le cadre
de la Loi sur l'assurance maladie, d'autres activités visées par
l'élargissement des actes des pharmaciens, comme la prolongation d'une
ordonnance, sont actuellement couvertes par le biais du régime général
d'assurance-médicaments. Concrètement, cela veut dire que les coûts liés à la
prolongation d'une ordonnance, par exemple, sont en partie absorbés par les
Québécois qui bénéficient d'un régime d'assurance collective. On peut
d'ailleurs supposer que le volume lié à cet acte pourrait augmenter de façon
importante, étant donné que sa portée sera élargie. Ainsi, comme les régimes
d'avantages sociaux sont entièrement payés par les personnes assurées et par
les preneurs de régime, qui sont des employeurs ou les syndicats dans le cadre
des services publics, il est crucial de contrôler leur coût afin qu'ils
demeurent pérennes. Concernant l'actuel projet de loi, l'analyse d'impact
réglementaire indique un coût annuel récurrent de 2 millions de
dollars pour les régimes privés.
Mme Duhaime (Lyne) : Par
ailleurs, le projet de loi n° 67 nous donne l'occasion de réitérer les
préoccupations des assureurs et de leurs clients, soit les employeurs et les
syndicats, envers l'enjeu plus global entourant le coût des médicaments. Les
honoraires des pharmaciens représentent l'un des éléments qui contribuent à
l'augmentation des coûts des médicaments pour les Québécois couverts par un
régime privé d'assurance-médicaments. En effet, les honoraires des pharmaciens
facturés aux Québécois couverts par un régime privé sont de manière générale
près du double de ceux facturés aux Québécois couverts par le régime public
pour exactement le même médicament et le même service. L'écart entre les volets
public et privé du régime général d'assurance-médicaments se chiffre à plus de
650 millions de dollars par année. Cet écart est entièrement financé
par les employeurs et les employés.
Cette situation s'explique par le fait que
les pharmaciens sont libres de fixer les honoraires qu'ils désirent pour les
Québécois assurés au privé, alors qu'ils sont réglementés pour le volet public
du régime général d'assurance-médicaments. Nous proposons donc au gouvernement
d'encadrer les honoraires des pharmaciens pour les Québécois couverts par un
régime privé d'assurance.
• (14 h 50) •
En terminant, nous souhaitons réitérer que
l'ACCAP accueille favorablement l'élargissement des pouvoirs accordés aux pharmaciens
et nous sommes favorables à une plus grande collaboration entre les différentes
professions du domaine de la santé et des services sociaux. Nous voulons
toutefois nous assurer que les modifications reliées au Code des professions
s'accompagnent d'un bon encadrement et que l'on minimise la hausse des coûts
pour les Québécois qui sont couverts par un régime d'assurance privé. Nous vous
remercions et nous sommes prêts à répondre à vos questions.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup pour votre
exposé. Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme LeBel : Merci. Merci
beaucoup pour votre contribution. De toute façon, moi, j'ai... tous ceux qui
veulent bien contribuer et discuter d'un projet de loi, je trouve qu'ils sont
les bienvenus. Alors, merci de votre présence. J'avoue que j'ai un peu de
difficulté à trouver quelques questions à vous... premièrement, votre mémoire
était très clair, donc, et on voit l'angle, là. Mais j'essaie de voir un peu
quelles sont vos recommandations de façon précise, outre des avertissements ou
des... je dirais, des drapeaux rouges ou des drapeaux jaunes que vous agitez.
J'essaie de voir quelles sont vos recommandations.
Je crois comprendre et entendre que, dans
le fond, ce que vous nous dites, avec plus de services, ce qui est une bonne
chose, va venir probablement un élargissement des couvertures et avec un
élargissement des couvertures, faites attention, vos primes vont augmenter.
Est-ce que je simplifie votre message ou c'est un peu... c'est ce que je
comprends, entre autres, là, mais il y aura d'autres aspects, là, c'est ce que
je comprends.
Mme Duhaime (Lyne) : Oui,
bien, en fait, il y a... le message, si on revient aux... parce que finalement
on vise beaucoup les psychologues et infirmières et au niveau des diagnostics
et les actes des pharmaciens. Si on revient aux actes des pharmaciens, nous, on
supporte l'élargissement des actes des pharmaciens, donc on pense qu'ils
pourraient contribuer beaucoup plus dans le domaine de la santé au Québec.
Donc, on est toujours favorables à ce qu'ils aient plus de pouvoirs.
Ceci étant dit, c'est de savoir qui paie
pour les actes des pharmaciens. Donc, il y avait eu le projet loi 31, il y a
quelques années, où on a accordé des pouvoirs additionnels aux pharmaciens.
Dans certains cas, si c'est, par exemple, la prescription, une prescription,
bien, à ce moment-là, c'était payé par le régime général d'assurance maladie.
Par contre, pour certains autres actes, c'est payé par le régime général
d'assurance-médicaments. Le régime d'assurance-médicaments, bien, c'est
distinct du régime général d'assurance maladie, il y a un volet public, il y a
un volet privé. Donc, à ce moment-là, c'est que finalement il y a... il y a un
transfert de payeur, c'est-à-dire le payeur n'est plus gouvernement, mais, pour
le volet privé, se trouve à être le régime d'assurance collective. Donc, c'est
un drapeau jaune, hein, je suis d'accord, j'utilise la même expression que
vous. Ce n'est pas un drapeau rouge. On ne demande pas de faire des
changements, on dit : Il faudrait l'évaluer. C'est une tangente qui est
la...
Mme Duhaime (Lyne) : ...mais,
après ça, c'est de savoir qui va payer pour ça.
Pour ce qui est du projet loi no 31, les
chiffres démontrent que l'impact a été minime. Tu sais, on a payé 3,5 milliards
de médicaments, l'an passé, là, juste pour le volet privé du régime d'assurance
médicaments, donc on reconnaît que les sommes sont énormes. Donc, ça s'est
dilué dans ces sommes-là, mais plus on va donner de pouvoir aux pharmaciens,
plus on va devoir se poser la question. Mais si, auparavant, ce même service
était offert par un médecin, c'est un service assuré, donc payé à même les
fonds généraux, à ce moment-là, bien, va payer... si, finalement, c'est dans le
régime général d'assurance médicaments, bien, le payeur n'est pas le même.
Donc, c'est comme un drapeau orange, et je suis d'accord avec vous, là, il n'y
a pas de drapeau rouge, on ne demande pas de modification à la loi, là.
Mme LeBel : ...je voulais
juste être sûre qu'on se comprenne bien pour être capable d'aller jusqu'au bout
de votre argumentaire, donc, parce que j'ai bien compris les préoccupations que
vous soulevez et les angles à évaluer, je vais le dire comme ça, dans le futur,
qui vont découler, probablement, qui vont découler de l'adoption du projet de
loi, le cas échéant. C'était pour bien comprendre. Donc, je comprends bien.
Maintenant, je vais venir au pouvoir de
diagnostic, maintenant, ou à la capacité de diagnostic qu'on donne à certains
professionnels en santé mentale, le sexologue, conseiller en orientation, on a
vu les psychologues, également, les orthophonistes, c'était... Puis je vais
peut-être en profiter pour vous interpeller sur une... sur une portion de ce
qui a été dit, qui peut-être concerne plus vos membres, les assureurs... les
assureurs. On parle d'un acte, finalement, qui est le même, là.
Pratico-pratique, le psychologue qui faisait une évaluation qui avait... de la
nature d'un diagnostic, qui va maintenant s'appeler diagnostic, nous disait
qu'il y a tout un dédale administratif, par la suite, qui doit se faire... qui
doit se clarifier et que, dans les faits, bon, le médecin qui a... qui est,
jusqu'à présent, reconnu comme étant le gardien presque exclusif du diagnostic,
là... ça change, depuis quelques années, donc, mais presque exclusif du
diagnostic, c'est normal que, dans les formulaires administratifs, et même pour
les assurances, qu'on parle de papier du médecin ou diagnostic signé par un
médecin. J'imagine que, compte tenu que vous êtes favorable à ce pouvoir de
diagnostic là, vous allez faire en sorte que vos assurances et vos assureurs
fassent de l'ordre et viennent inclure que le diagnostic, finalement, ce n'est
pas nécessairement un diagnostic par un médecin, mais plutôt un diagnostic en
santé mentale, qui pourrait être reconnu, peu importe la personne qui a la
capacité de le signer. Dans le fond, moi aussi c'est un drapeau jaune,
disons-le.
Mme Duhaime (Lyne) : Oui,
c'est bien dit, parce que, bien évidemment, je ne peux pas parler au nom de
tous les assureurs... bien, je vais parler en leur nom, mais, sur cette
question-là, je ne peux pas prendre d'engagement en leur nom. Puis aussi, vous
savez, les assureurs travaillent avec les preneurs de régime, donc les
syndicats, les employeurs. Donc, je ne peux pas dire : Tout le monde,
bien, maintenant, vous allez accepter les diagnostics des infirmières ou des
psychologues.
Et puis nous, on est beaucoup investi dans
le projet de loi no 68 pour diminuer la charge des médecins. Donc, tu sais,
c'est une grande période de changement, mais, clairement, il y a des nouvelles
orientations qui se prennent de reconnaître les professionnels de la santé à
leur pleine valeur, comme dans le projet de loi no 68. Maintenant, bon, on ne
pourra pas exiger qu'un médecin réfère une personne vers un physiothérapeute
pour couvrir les frais de physiothérapie, puisqu'on reconnaît que le
physiothérapeute est à même de décider si le soin est nécessaire. Donc, vous
savez, il y a comme... on est dans tout ce processus-là. Puis je pense que,
suite au projet de loi no 67, bien, ça aura certains impacts, là,
définitivement.
Mme LeBel : Bien, parfait.
Bien, merci. Merci de votre contribution. Merci. Je n'ai pas d'autre question.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Mme la députée
de La Pinière, s'il vous plaît.
Mme Caron : Merci beaucoup,
M. le Président. Alors, merci à vous deux pour votre présentation. Je vais
revenir sur le même point, à propos des coûts que vous nous dites de... votre
conseil de prudence, pour m'assurer que je comprends bien ce que vous voulez
dire. Par exemple, quand une personne va consulter son médecin, que le médecin
fait... prépare une ordonnance, la personne va à la pharmacie pour faire
remplir cette ordonnance-là, il y a des honoraires minimes du pharmacien, plus
le coût du médicament. Il n'y a pas d'honoraires du médecin pour faire
l'ordonnance qui sera payée par l'assureur ou... si assureur il y a. Alors,
dans ce cas-ci, les coûts se limitent aux honoraires du pharmacien pour remplir
l'ordonnance et le coût du médicament.
Et dans le cas que... sur lequel vous nous
alertez, c'est que, si la personne n'a pas de médecin ou n'a pas besoin d'aller
voir son médecin, il va voir le pharmacien pour obtenir une ordonnance, à ce
moment-là, il y a des honoraires du pharmacien ou il y aurait des honoraires du
pharmacien pour prescrire, et ensuite pour remplir l'ordonnance, et ensuite le
coût du médicament. Ce qui fait que la réclamation, par exemple, la demande de
remboursement qui arriverait à l'assureur serait plus...
Mme Caron : ...élevé que si le
patient était allé voir son médecin. Est-ce que c'est bien ça, la situation sur
laquelle vous nous mettez en garde?
Mme Duhaime (Lyne) : Oui.
Bon, en fait, premièrement, l'honoraire du pharmacien, il n'est pas minime,
hein? Vous savez, l'honoraire du pharmacien peut être très important, mais ça,
ça pourra faire l'objet d'une autre discussion. Et, oui, tout à fait. Donc,
dans certaines circonstances, selon les amendements qui ont déjà été apportés,
là, donc par le projet de loi n° 31, bon, il y a
certaines situations qui sont couvertes par le Régime d'assurance maladie.
Donc, finalement, si le pharmacien prescrit un médicament, donc prépare
l'ordonnance, c'est finalement payé à travers la Régie de l'assurance maladie.
Mais ça, pour des renouvellements, par exemple, à ce moment-là, bien, c'est
payé soit par la personne... c'est payé par le patient ou par le régime
d'assurance collective, donc, parce qu'on a ajouté ces actes-là à la Loi sur
l'assurance médicaments. Donc, à partir de ce moment-là, ça rentre dans le
régime général. Et nous, les assureurs, tentons de contrôler les coûts du
régime d'assurance médicaments, parce que ça représente une partie importante des
coûts d'un régime d'assurances collectives.
Donc, on fait juste lever le drapeau,
disant : Bien, lorsqu'on donne les pouvoirs aux pharmaciens et que ces
pouvoirs entrent dans les actes, surtout la Loi sur l'assurance médicaments, à
ce moment-là, il y a changement de payeur. Ce n'est plus finalement payé à
travers le régime d'assurance maladie, mais bien à travers les régimes
d'assurance collective lorsque les gens ont une couverture privée, ce qui est
60 % des Québécois.
Mme Caron : D'accord. Alors,
c'est là-dessus que vous nous demandez d'être prudents.
Mme Duhaime (Lyne) : Oui,
tout à fait.
Mme Caron : C'est ça,
d'accord. Parfait. Je n'aurai pas d'autre question. Je ne sais pas si vous
voulez ajouter quelque chose. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Bien, merci beaucoup. Merci
beaucoup. Vous avez donné à la commission un volet différent. C'est très
apprécié. Alors, sur ce, je suspends les travaux pour quelques instants. Merci
beaucoup.
(Suspension de la séance à 15 heures)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 05
)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre s'il vous plaît. La
commission reprend ses travaux. Alors, c'est avec grand plaisir que nous
accueillons les représentants des représentants de l'Association des dentistes
propriétaires. Merci beaucoup d'être avec nous après-midi. Alors, on finit — je
fais une blague plate, là, je le sais — avec le sourire. O.K. Elle
est facile. Je suis désolé, c'est jeudi après-midi. Alors, merci beaucoup d'être
ici. Alors, je vous invite d'abord à vous présenter, commencer votre exposé.
Après ça, on aura un échange avec les membres de la commission. Merci beaucoup
d'être ici.
Mme Setlakwe (Nancy) : O.K.
Donc, je me présente, je suis Dre Nancy Setlakwe et je suis la présidente des
dentistes propriétaires du Québec. Est-ce que vous voulez que je vous les
présente? O.K. bien, Dr Mario Gendron, vice-président, Pierre Millette qui est
notre VP Relations gouvernementales et un des membres fondateurs d'ADPQ et Dre
Catherine Lessard, directrice générale et membre fondateur de l'ADPQ.
Donc je voudrais commencer par vous
remercier, M. le Président et l'ensemble des élus, pour cette invitation. L'ADPQ
a été fondée en avril 2020. Au début, c'était pour apporter un soutien aux
dentistes propriétaires québécois dans un contexte de COVID 19. On est un
endroit d'échanges, de discussions, mais surtout de recherche de solutions en
plaçant le dentiste propriétaire au cœur de notre démarche. Il est toutefois
devenu évident, au terme de la pandémie, qu'un vaste chantier s'ouvrait et que
nous devions vraiment renouveler le modèle d'affaires des cliniques dentaires
au Québec dans un contexte du XXIᵉ siècle.
Le projet de loi n° 67 pour nous
apporte des modifications intéressantes. L'ADPQ vise à offrir un soutien
structuré, des ressources pertinentes et des conseils adaptés aux dentistes
propriétaires qui doivent faire face à des défis entrepreneuriaux et d'autres
qui relèvent du domaine de la santé. La création de l'ADPQ, c'est donc fondé
sur le besoin d'une voix distincte et forte pour représenter les intérêts des
propriétaires des cliniques dentaires, les propriétaires qui sont et qui
doivent être des dentistes, nous y reviendrons plus tard. Ces derniers sont
confrontés à des réalités multiples qui vont bien au-delà de la simple pratique
de la dentisterie. Ils doivent non seulement s'assurer de la qualité des soins
offerts, également gérer les aspects financiers, humains, légaux, tout en
faisant face aux exigences réglementaires complexes de la profession.
Le mandat principal de l'ADPQ est d'accompagner
et de soutenir les dentistes propriétaires à travers divers services,
ressources et programmes. L'association se concentre sur plusieurs axes
stratégiques pour accomplir cette mission. L'ADPQ se positionne comme un
interlocuteur de premier plan auprès des décideurs publics et des instances
gouvernementales en ce qui concerne les enjeux touchant les cliniques
dentaires. L'Association intervient notamment dans les débats sur les
politiques de santé, les règlements entourant la profession ainsi que les
aspects économiques et fiscaux qui affectent les dentistes propriétaires. L'objectif
est de faire en sorte que les voix de ces derniers soient entendues et que
leurs réalités soient prises en considération...
Mme Setlakwe (Nancy) : ...considérations
chez les décideurs. En plus de la gestion quotidienne de leurs cliniques, les
dentistes propriétaires doivent s'assurer que leur équipe demeure à la fine
pointe des connaissances et des techniques en matière de dentisterie. DPQ offre
ainsi à ses membres des formations spécialisées axées sur la gestion des
cabinets, le leadership ainsi que la gestion des ressources humaines et
financières. La gestion d'une clinique dentaire comporte de nombreux défis
administratifs et juridiques. DPQ propose à ses membres des conseils pour gérer
les contrats, les normes de conformité, les questions fiscales et d'autres
enjeux légaux. En collaborant avec des experts du domaine, l'association
fournit des informations à jour qui permettent aux propriétaires de prendre des
décisions éclairées. DPQ encourage l'esprit entrepreneurial chez les dentistes
en leur offrant des outils et des ressources afin de les aider à améliorer
l'efficacité et la rentabilité de leur clinique.
DPQ contribue aussi au développement d'un
secteur de la santé important qui est la médecine dentaire. L'association
organise régulièrement, par le travail en grande partie assumé par ma collègue,
Dre Catherine Lessard, des événements et des conférences pour favoriser
les échanges entre dentistes propriétaires. Ce sentiment de communauté est
essentiel pour rompre l'isolement que peuvent parfois ressentir les
propriétaires de cliniques tout en renforçant la cohésion de la profession.
Pour ce qui est de votre position face au projet de loi n° 67, je vais
laisser la parole à mon collègue, M. Pierre Millette.
M. Milette (Pierre) : Merci,
Dre Setlakwe. Merci de nous inviter. Comme l'a spécifié Dre Setlakwe, nous
avons fondé Dentistes propriétaire du Québec afin d'apporter un soutien aux
dentistes propriétaires québécois dans le contexte de la pandémie. Il faut
reconnaître que la santé dentaire et par le fait même l'état des cliniques
dentaires n'ont jamais été d'une grande préoccupation ces dernières décennies
au Québec. Les gouvernements successifs et l'administration publique n'ont
jamais porté une grande attention à cet important secteur de la santé des
Québécois. Et c'est loin d'être la faute des décideurs qui se sont succédé,
mais de l'ensemble du domaine de la santé dentaire.
Pour faire image, la dentisterie a l'air
d'exister au gouvernement uniquement lors des négociations sur les tarifs de la
RAMQ. Depuis plus de 50 ans, le gouvernement du Québec a dessiné par des
législations et des réglementations successives le contour des soins dentaires,
sans jamais vraiment reconnaître à sa juste valeur pour la santé la part des
dentistes et des propriétaires des cliniques dentaires. Le Québec avait besoin
d'une vision renouvelée de l'accessibilité aux soins dentaires depuis l'arrivée
de DPQ et, je l'avoue, d'une équipe de fonctionnaires. Maintenant, au ministère
de la Santé, on sent une nouvelle vision qui, nous le souhaitons, provoquera
des changements qui renforceront la place de la dentisterie dans le bouquet des
soins de santé.
• (15 h 10) •
On ne soupçonne pas toute la différence et
les disparités que peuvent avoir les cliniques dentaires dans les différentes
régions du Québec. Le livre blanc que vous avez devant vous sur les cliniques
dentaires est né dans ce contexte de questionnement, de pénurie de
main-d'œuvre, de délais de traitement de soins, de manque de relève dans la
propriété des cliniques. L'arrivée aussi de joueurs corporatifs à l'éthique
douteuse a aussi provoqué ce vaste chantier. Ce livre blanc n'est surtout pas
une finalité, c'est une étape dans la réflexion sérieuse que nous avons, mais
surtout sur l'avenir de l'accès aux soins dentaires de qualité pour tous les
Québécois, et ce, partout sur le territoire.
Le gouvernement a besoin des cliniques
dentaires privées et celles-ci ont besoin du gouvernement. Les Québécois ont
besoin que les deux instances travaillent ensemble. La population a besoin
d'avoir accès à des soins dentaires de qualité à proximité dans des délais
raisonnables. Le personnel des cliniques dentaires a besoin d'un coup de main
de la part du gouvernement et de leur association de dentistes.
Naturellement, en terminant, nous
comprenons que nous ne sommes pas directement visés par le projet de loi
no 67, sauf sur quelques articles, on pourra y revenir. Nous y voyons en
fait un lien avec le livre blanc. Par exemple, le projet de loi propose des
modifications visant à offrir une plus grande flexibilité aux ordres professionnels.
On pourra en reparler dans les prochaines minutes pendant nos échanges. On
comprend aussi que le projet de loi permettra, s'il est adopté, d'aider les
médecins sur la charge de la détection de la santé mentale. Il faudrait prévoir
rapidement un nouveau projet de loi pour aider en santé physique. Nous pouvons,
là, être d'une grande aide. Aidez-nous à vous aider à relever les défis du
réseau de la santé. Ces centaines de cliniques privées, ces centaines de salles
de chirurgie partout au Québec, opérées par des professionnels de la santé,
peuvent être une grande piste de solution aux défis du réseau de la santé
québécois. Continuez à donner à notre ordre professionnel les coudées franches,
et nous pourrons faire avec l'ordre et les propriétaires de ce grand réseau de
grandes choses pour les Québécois.
Ici, j'ai encore deux petites minutes pour
vous expliquer un peu le contexte des cliniques et des soins dentaires...
M. Milette (Pierre) : ...ses
relations avec le gouvernement du Québec qui ne datent pas d'hier, du
gouvernement précédent, puis l'autre précédent, et tout ça, quand il y a eu la
commission parlementaire sur la RAMQ, donc dans les années, fin 1969,
69-70, qui a mis en place la RAMQ, deux exemples. Il y a eu une grande, une
grande discussion sur les pharmacies, et qu'il fallait faire dans la loi sur la
RAMQ, mais dans la Loi sur la pharmacie, que les pharmacies soient la propriété
de pharmaciens membres de l'Ordre des pharmaciens. Pourquoi? Et le ministre de
l'époque, M. Castonguay, répond à l'opposition en disant : Il faut se
protéger des grandes corporations américaines qui pourraient acheter nos
pharmacies.
Jamais, il n'a été question de ça pour les
dentistes. Aujourd'hui, n'importe qui peut être propriétaire de clinique
dentaire. Ce n'est pas réservé aux dentistes membres de l'ordre. Deuxièmement,
autre exemple sur la place de la dentisterie et du gouvernement à cette même
commission parlementaire là. Et c'est là que toute la mentalité doit changer,
on n'en est plus là, et c'est une chance, mais ça a existé, et c'est encore
dans la tête de certains, c'est encore existant.
À cette même commission parlementaire là,
il y a quelqu'un qui dit : Oui, mais on ne parle pas beaucoup des
dentistes et tout ça, qu'on appelait à l'époque l'art dentaire, et non pas de
soins dentaires. On était dans l'art dentaire. Et il y a un député... Et là la
commission parlementaire, uniquement composée de membres masculins, habillés en
noir et en chemise blanche, dit...
Une voix : ...
M. Milette (Pierre) : Oui.
Je m'excuse, M. le Président, il y a quelqu'un qui parle des cliniques
dentaires puis qui dit : Ah! Bien là, l'art dentaire et tout ça... Et là,
il y une petite anecdote entre élus où il y a un élu qui dit : Ah! petite
anecdote, M. le Président, M. le ministre, juste vous dire que ma fille s'est
mariée cet été. Et comme cadeau de mariage, je lui ai tout fait arracher les
dents puis je lui ai payé un beau dentier. C'était ça que les élus québécois
pensaient des soins dentaires quand on a fait la loi sur la RAMQ. On n'en est
plus là, je vous l'accorde, mais on doit complètement aller ailleurs. Alors,
bien heureux d'être là, bien heureux de discuter du projet de loi, mais aussi
de la situation de l'avenir des cliniques dentaires au Québec. Merci, M. le
Président.
Le Président
(M. Bachand) :Merci infiniment.
Donc, l'homme habillé en noir et chemise blanche va passer la parole à la
ministre de la Santé. Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme LeBel : De la santé?
Oui?
Des voix : Ha, ha, ha!
Le Président
(M. Bachand) :De la santé? Là, je
reviens à la commission des années... En 1969, c'est ça. C'est ça, là.
Mme LeBel : Oui, mais...
Le Président
(M. Bachand) :Oui. Y a-tu un
remaniement qui s'en vient? Non?
Mme LeBel : Non.
Le Président
(M. Bachand) :Alors, Mme la
ministre, s'il vous plaît.
Mme LeBel : En tout cas,
je ne suis pas au courant. Je pourrais vous parler, M. le Président, de
l'époque où même les avocates avaient du mal à se faire appeler maître devant
les tribunaux, mais on n'en est pas là. Donc, merci pour la présentation de ce
livre blanc dans les grandes lignes et le document que vous nous avez fait
parvenir. Mais je vais vous avouer qu'étant très pragmatique et
pratico-pratique parce qu'on n'est plus à l'art dentaire mais aux soins
dentaires. Vous avez mentionné que quelques articles vous concernent dans le
projet de loi, et j'aurais voulu savoir lesquels et quels sont vos commentaires
par rapport à ces articles. Ils peuvent être positifs, naturellement, là. Je
vous incite même à être positif, mais je vous les invite. Mais je vais vous
dire que pour les fins de nos travaux je serais fort intéressé et j'aurais aimé
entendre dans votre présentation votre position sur ces articles, là.
M. Milette (Pierre) : Oui,
M. le Président. Oui. Bien, je vais amener entre autres à un article 6 qui
va vous amener dans le livre blanc. Je fais le lien, donc, l'article 6 du
projet de loi qui a, si on le comprend bien, donc, qui amènerait dans certaines
conditions particulières d'urgence et tout ça, qui pourrait amener une certaine
souplesse à accorder des permis temporaires. Bon, on s'entend, pas sur
quelqu'un qui n'a pas de compétences, là, mais donc de permis spéciaux, d'un
permis spécial dans une situation d'urgence. Si je vous amène à la page 14
du livre blanc, sans tomber dans trop de chiffres et tout ça, il y a une... Il
y a une difficulté présentement dans les cliniques dentaires, c'est de répondre
aux besoins de la population, surtout dans les régions. Enfin, hors grands
centres de Montréal, Québec, toutes les autres régions du Québec sont impactées
par un... par des listes d'attente qui sont énormes.
Les cliniques dentaires... Et là vous
pouvez avoir des chiffres, là, qui sont dans un livre blanc, là, mais les... il
n'y a pas assez d'équipes dentaires dans l'ensemble du Québec, mais on ne dit
pas qu'il n'y a pas assez de dentistes, et on ne dit pas qu'il n'y a pas assez
d'hygiénistes, et on ne dit pas qu'il n'y a pas assez... On pense qu'il y a
assez de personnel. Il pourrait y en avoir plus. Plus il y en a plus, mieux
c'est, mais c'est la répartition Québec qui n'est pas bonne, et il y a des
trous de services, des gens qui sont sur des listes d'attente dans des
cliniques dentaires, juste pour voir l'hygiène, pendant des six mois, huit
mois, même un an, c'est très long, à cause de la pénurie de main-d'oeuvre dans
ces coins-là, à cause de la pénurie d'équipes dentaires. Dans cet exemple-là,
là, l'article 6...
M. Milette (Pierre) : ..on le
comprend bien, ou si c'était ça vers... si ce n'est pas vers ça, bien, on va
vous amener à y aller, peut-être, à le réfléchir dans ce sens-là. Mais je
prends un exemple concret: de permettre à l'Ordre des dentistes du Québec de...
les étudiants qui sont en médecine dentaire, après leur deuxième ou troisième
année, là, je...
Une voix : Plus deuxième.
M. Milette (Pierre) : ...plus
deuxième année, sont capables de faire de l'hygiène dentaire. Donc, il y a une
grande pénurie d'hygiénistes en région, c'est par l'hygiène dentaire qu'est la
porte d'entrée des cliniques, c'est par là que se fait la prévention aussi, et
donc la détection de problèmes, de problèmes qui peuvent être plus graves plus
tard, donc occasionner plus de coûts, de frais, de temps, et tout ça. Donc, de
permettre aux étudiants, parce qu'on est dans une situation de ratio négatif...
puis là je vous amène dans le livre blanc voir ce que ça veut dire, mais de
pénurie de main-d'oeuvre aussi, qu'on se dit: Ah! il y a une situation
particulière qui est vraiment marquée. On va permettre aux étudiants,
temporairement... temporaire peut être quelques années ou le temps que ça dure,
de permettre, après leur deuxième année, l'été, admettons, d'aller faire de
l'hygiène dentaire dans les cliniques, ce qui fait qu'ils prennent de
l'expérience, mais, en plus, ça permet de faire avancer les listes. C'est
l'exemple que je vous donne sur l'article 6.
Et ce qui permettrait aussi, dans cet
allégement-là, de peut-être venir... ou si ce n'est pas là, bien, de venir
augmenter les actes ou permettre à d'autres corps de métier dans une clinique
dentaire de faire des actes qu'ils ne peuvent pas en ce moment, d'avoir cette
souplesse-là dans une situation de ratios. D'ailleurs, juste un petit mot, apparemment
que... bien, pas apparemment, mais le règlement sur les actes des assistantes
dentaires, qu'on aurait bien besoin, est dans les cartons depuis des années et
des années, et ce nouveau règlement là ne sort pas, là. Ce serait utile qu'il
puisse sortir puis... ou sur les actes. Si vous voulez en entendre parler, je
peux donner... Dr Gendron, un petit mot supplémentaire, là.
• (15 h 20) •
M. Gendron (Mario) : En fait,
bien, je vais rebondir un petit peu sur ce que Monsieur Milette a dit tout à
l'heure, il... parlait de pénurie de main-d'oeuvre, il parlait de, entre
autres, le manque d'hygiénistes en région, mais je peux vous dire que c'est
partout au Québec. On a un problème au niveau des cursus, on a... collégiaux,
on a un problème de répartition aussi des hygiénistes dentaires à travers le
Québec.
Donc, c'est un problème qui est criant,
mais si je vais plus au niveau de... pour améliorer l'accessibilité aux soins
buccodentaires, parce que, dans le fond, c'est l'ultime... le but ultime, on
veut permettre au personnel dentaire spécialisé, entre autres, si on parle des
assistants dentaires, de faire plus d'actes pour décharger certaines
responsabilités aux dentistes et aux hygiénistes dentaires, qui permettrait de
donner un meilleur service, mais une meilleure accessibilité aux soins, parce
que, si on est en pénurie dans un secteur donné, si on élargit les actes que
certains autres membres de l'équipe peuvent faire, bien, ça nous permet de
dégager du temps pour les hygiénistes, qui peuvent faire des choses qu'eux
seuls peuvent faire. Et c'est la même chose pour les dentistes.
Et puis sachez que, dans les écoles
d'hygiène et d'assistante dentaire, ils apprennent des choses qu'ils ne peuvent
même pas appliquer en clinique parce que... pour diverses raisons
réglementaires, ils ne peuvent pas, ils ne peuvent pas appliquer ce qu'ils ont
appris. Donc, il y a du travail à faire de ce côté-là.
Et l'autre chose, c'est qu'on remarque
qu'il y a un problème d'attractivité de la profession d'hygiéniste dentaire, entre
autres, et, si on arrive à donner... d'élargir leur champ d'expertise et leur
champ de compétence, bien, ça va nous permettre d'attirer des nouvelles... des
nouveaux candidats ou des nouvelles candidates pour travailler au sein des
équipes dentaires et ainsi réduire la pénurie qu'on a, et en région, et dans
les grands centres aussi. Et puis, évidemment, sachez que les cursus, déjà,
sont prêts à s'adapter. Donc, il s'agit d'avoir une volonté puis de changer
certaines règles au niveau, par exemple, des ordres professionnels pour arriver
à ce que ça se réalise.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la ministre.
Mme LeBel : Oui, bien, merci
pour cet apport, dans le fond, ce... qui me surprend un peu, par contre, parce
que c'est un peu l'inverse de ce qu'on a entendu depuis hier, c'est-à-dire
qu'on a été mis en garde contre le fait d'utiliser la situation d'urgence qu'on
se propose d'introduire dans le code...
Mme LeBel : ...des
professions comme étant une façon de pallier à une pénurie de main-d'œuvre. Je
pense qu'il y a d'autres façons de pallier à une pénurie de main-d'œuvre, mais
je comprends que, dans la situation que vous nous décrivez, vous nous
dites : Bien, il y a peut-être des situations de pénurie de main-d'oeuvre
qui peuvent créer une situation d'urgence, ou c'est un peu l'oeuf et la poule,
là, et c'était simplement pour traduire vos propos. Donc, je pense qu'il y a
quelque chose à réfléchir, là, sur la façon de le faire, puis c'est peut-être
de laisser beaucoup de place aux autres professionnels.
Je reviens aux hygiénistes. J'ai eu...
J'ai eu le bonheur... M. le Président, on a eu le bonheur de faire, dans la
première législature, un projet de loi sur le buccodentaire. Un monde
fascinant. Je suis encore un peu traumatisée par les implants de tranvissés,
mais on va... on va y revenir. Mais je pense qu'il y a encore du travail à
faire dans le domaine du buccodentaire, mais je pense que les quatre ordres
professionnels qui sont concernés, c'est-à-dire l'Ordre des dentistes, des hygiénistes,
des denturologistes, et des techniciens en prothèses, bon, etc., sont en train
d'y travailler. Et je dois vous dire que... puis ce n'est pas à vous que je le
dis, mais peut-être que vous pourrez passer le message à votre ordre, il y a
encore des guides de pratique et des travaux que les ordres professionnels
doivent accomplir qui découlent du projet de loi qu'on a adopté, M. le
Président, à l'époque où on a fait ces belles discussions-là. Donc, je pense
qu'avant de passer à la prochaine étape, il faudrait commencer par régler la
première, mais ça, c'est mon mini livre blanc à moi. Mais disons que, quand on
parle d'accès, de plus d'autonomie potentiellement, potentiellement aux
hygiénistes dans le... naturellement dans le respect des compétences et de la
formation de chacun, là, c'est toujours important---je suis moi-même membre de
professionnel, je comprends très bien l'enjeu---mais je pense que c'est bien
noté. Et j'ai vu, là, on va prendre avec... on va prendre connaissance de la
liste des actes que vous nous proposez d'attribuer aux assistantes, aux
hygiénistes, etc. Naturellement, ce ne sera pas dans le cadre du projet de loi
no 67, hein? On recherche un consensus, alors je n'irais pas
unilatéralement attribuer ou redistribuer des actes, mais on en prend bonne
note. Merci. Merci de votre apport.
Le Président (M.
Bachand) :Je ne sais pas si vous voulez
commenter. Oui, allez-y, M. Milette, oui.
M. Milette (Pierre) : Un
petit commentaire. Peut-être qu'on est les seuls puis on n'a pas trop critiqué
l'article 6, peut-être parce que vous m'avez commencé en nous disant
d'être positifs avec votre projet de loi, mais outre ça... Non, mais on y voit
nous, avec ce qui est dans le livre blanc, on y a vu un, on y a vu un lien.
Après ça, quand vous... avoir le lien que
vous avez, que le projet de loi no 67 au complet, dans notre
intervention de départ aussi, c'était de dire : Bien, Oui, on s'est
inscrits là, puis on a été invités, puis on est très heureux, ça nous permet
d'en discuter, ça permet de faire connaître le livre blanc, mais il en faudrait
un semblable pour les soins physiques où là, on n'est plus. On va être... On
va vous revenir parce qu'on va être carrément plus dans notre domaine.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
l'Acadie, vous plaît.
M. Morin : Oui. Merci, M. le
Président. Bonjour, bon après-midi. Merci pour... pour votre mémoire. On en
avait reçu une première version, vous venez d'en distribuer une nouvelle. Merci
également pour vos... vos réflexions.
Pour continuer avec une question que vous
a posée Mme la ministre, si on revient au projet de loi no 67 plus
spécifiquement, vous avez dit qu'il y avait quelques articles qui vous
visaient. Vous en avez parlé d'un, le permis en situation d'urgence. Donc, je
comprends que... Si j'ai bien compris, là, si je fais erreur, corrigez-moi,
mais que le permis pourrait être utilisé parce que vous avez rattaché ça à une
pénurie notamment d'hygiénistes. Donc, ça pourrait, dans certains cas, faire en
sorte que la situation d'urgence pourrait être invoquée pour décloisonner pour
permettre certains exercices ou actes par certains professionnels s'il y a une
pénurie de main-d'œuvre par exemple.
M. Milette (Pierre) : Oui...
entre autres, ça nous a amenés à cette réflexion-là parce que, dans le livre
blanc, on dit qu'il faut être plus souples parce qu'il faut répondre à des
besoins, puis les listes d'attente sont énormes. Alors, comment on peut
répondre à des besoins? Il ne faut pas amener des professionnels qui n'ont rien
à voir à poser des gestes, là. Ce n'était pas ça... ce n'était pas ça le but.
Mais je vais revenir à mon exemple. Donc, des étudiants en médecine dentaire,
après leur deuxième année, ils sont capables de faire de l'hygiène et il
pourrait être très utile de leur permettre, parce qu'il y a... on a établi
qu'il y a une situation d'urgence, bien, à cause des listes d'attente, à cause
de la pénurie de main- d'œuvre, de leur permettre de venir faire l'hygiène
pendant...
M. Milette (Pierre) : ...je
vais essayer de parler sans en ajouter.
Mme Lessard (Catherine) : Ce
qui me vient... Bonjour, M. le Président. Il me vient une idée en tête quand on
parle de situations d'urgence, on a souvent dans nos cliniques des patients qui
sont en attente de chirurgie cardiaque et donc, le chirurgien cardiaque fait
une demande pour avoir une évaluation et le patient doit démontrer que sa
bouche est en parfaite santé. Quand on arrive dans des régions, par exemple, en
Gaspésie où il y a des listes d'attente de 1 à 2 ans avant de pouvoir voir un
dentiste et que le patient est en attente de sa chirurgie cardiaque, ça en est
des situations d'urgence où on a besoin d'avoir plus d'effectifs. Oui, en
région, c'est pire quand même. Millette le disait bien qu'on le vit maintenant
aussi dans les grands centres, là. Mais le lien entre la santé bucco-dentaire
et la santé globale, il n'est plus à prouver. Ça fait... Ça fait maintenant
plusieurs, plusieurs années que c'est connu. Et donc, si la population n'a plus
accès à des soins de prévention et que ce soit des plombages ou d'autres
traitements, si la santé des Québécois se détériore, on va avoir une situation
d'urgence, ça c'est sûr. Et c'est déjà amorcé. Dans plusieurs régions, il y a
des gens qui font des dizaines et des centaines de kilomètres pour avoir un
rendez-vous. J'ai des patients à moi, ici à Québec, qui viennent de
Rivière-du-Loup, Matane, un peu partout, parce qu'ils n'ont pas accès aux
soins. C'est quand même... c'est quand même inquiétant, puis je pense que ça
rentre dans Situations d'urgence, vraiment.
M. Morin : O.K., je vous
remercie. Bon, évidemment, on a entendu aussi des ordres professionnels qui
n'avaient pas tout à fait la même position que vous là-dessus, mais... mais,
par ailleurs, quand on lit le mémoire qui a été présenté au Conseil des
ministres à la page 9, c'est un des éléments qui est invoqué en ce qui a
trait à la situation d'urgence. Donc, je comprends qu'à ce niveau-là, vous,
vous peut-être pas rejoignez, mais vous n'êtes pas totalement en désaccord avec
ce qui est invoqué ou ce qui a été discuté au Conseil des ministres. Je vous
remercie. J'aimerais aussi avoir une précision parce qu'à un moment donné, vous
avez parlé de pénurie, puis de salle d'opération, si j'ai bien compris, qui ne
sont pas utilisées ou qui pourraient l'être davantage. Pouvez-vous nous donner
plus d'exemples, le nombre, les régions puis en quoi vous pourriez aider pour
solutionner ce problème-là, à moins que j'aie mal compris.
• (15 h 30) •
M. Milette (Pierre) : Non,
vous n'avez pas mal compris, c'est que j'ai fini mon introduction en disant on
a sous... on sous-estime la force que peut avoir le réseau des cliniques
dentaires au Québec, qui est un réseau de cliniques privées donc qui est détenu
par des entrepreneurs, on le souhaite, qui devraient être encadrés par une loi
qui oblige que les propriétaires soit des dentistes membres de l'Ordre. C'est
un autre débat. Mais ce qu'on disait, c'est que, dans l'optique qu'on aimerait
beaucoup qu'il y ait un projet de loi de ce type-là, mais sur les soins
physiques, de penser que ce réseau-là de professionnels de la santé qui sont
partout au Québec, qui ont des cliniques aseptisées avec des sacs, une salle de
dentiste, c'est une salle de chirurgie, c'est un chirurgien dentaire. Donc, ils
peuvent être utilisés pour aider le système de santé. Donc c'était juste pour
envoyer ce signal-là.
M. Morin : Merci. Merci pour.
Merci pour la précision. Maintenant, vous avez également souligné qu'il y a des
étudiants ou, en fait, et là je ne suis pas certain, c'est dans le programme
de soins dentaires à l'université ou si c'est dans le programme en technique
pour les hygiénistes, mais qu'au niveau de la compétence, de l'apprentissage,
ils apprennent une foule de choses, mais qu'il y a certains actes qu'ils ne
peuvent pas mettre en pratique parce que ce n'est pas permis. Puis j'aimerais
ça que vous puissiez élaborer davantage là-dessus, puis peut-être voir ce qui
pourrait être fait pour qu'effectivement il y ait plus d'actes qui soient posés
pour aider la population.
Mme Lessard (Catherine) :
Pour avoir... Bien, pour avoir fait mon cursus de dentiste, évidemment, mais
pour avoir enseigné aussi pendant 13 ans à l'Université Laval, aussi aux
futurs dentistes, je connais assez bien, là, comment ça se passe et pour finir
par avoir un diplôme de dentiste, ils apprennent évidemment tout ce qui a trait
à la médecine dentaire, mais ils apprennent aussi tout ce que fait une
assistante, tout ce que fait une hygiéniste, tout ce que fait un technicien
dentaire, tout ce que fait denturologie. Le dentiste quand il gradue. Il y a eu
toute la formation que toutes les autres ont eue. Et donc, pour l'exemple des
hygiénistes dentaires, dès la fin de la première année, ils commencent déjà à
faire des stages en clinique avec des patients et où ils font ce qu'on appelle
un nettoyage, là, quand vous allez chez le dentiste. Et donc ça se poursuit en
deuxième année et plus tard, ça va se transformer en nettoyage plus spécialisé
sous les gencives avec les chirurgies et tout et tout. Mais à la fin de la
deuxième année, ils ont toute la formation équivalente à ce que les hygiénistes
ont eu, elles, lors de leurs trois années de technique au cégep. Ce qui fait
qu'on a imaginé que l'ordre des dentistes pourrait avoir le droit de leur
émettre un permis...
15 h 30 (version non révisée)
Mme Lessard (Catherine) : ...restrictif
d'exercice de l'hygiène dentaire. À partir de ce moment-là, je ne pense pas qu'il
y aurait beaucoup d'étudiants qui travailleraient pendant leurs études, par
contre, parce qu'ils n'ont pas tant le temps, mais les vacances, à l'université,
sont quand même longues. J'en ai eu une, moi, cet été qui est venue, c'est une
ancienne hygiéniste qui est infirmière, qui a travaillé tout l'été chez nous,
et ça a vraiment donné un bon coup de main. Donc, on a imaginé qu'après la
deuxième année, comme ils ont les compétences, ces gens-là, pour avoir un
permis... et ça leur permettrait de gagner leur vie aussi pendant les études.
M. Morin : Donc en fait, ce
qu'il faudrait c'est que l'ordre leur émette un permis spécifique à ces
actes-là.
Mme Lessard (Catherine) : ...à
ces actes-là, oui.
M. Morin : O.K., restreints à
ces actes-là.
Mme Lessard (Catherine) : Oui.
Pour ne pas qu'ils se mettent à faire des choses qu'ils n'ont pas encore
appris, ça, c'est sûr, là.
M. Morin : Absolument. Tout à
fait. Parfait. Merci. Dans le projet de loi, comme tel, est-ce qu'il y a d'autres
éléments spécifiques qui, pour vous, pourraient être améliorés, ou...
problématiques ou pas, puis que vous voudriez porter à mon attention?
M. Milette (Pierre) : Je vais
revenir rapidement sur ce que j'ai... sur ce que ce que je disais, puis je l'ai
dit dans mon ouverture : On le sait, que le projet de loi ne nous vise pas
directement puis on s'est comme un peu insérés, mais ce qu'on dit, c'est... ce
projet de loi là, je répète, refait sur la santé physique... puis là je vais
prendre... je vais tourner les coins ronds, là, sur la santé physique, plutôt
que la santé mentale, on aimerait qu'il soit là. Et là vous avez un document.
Le gouvernement a un document dans les mains sur lequel on pourrait élaborer,
sur d'autres projets de loi, dans la propriété, les actes, les... nous autres,
on pourrait passer un mois ici, en commission avec vous, sur tout... comment
régler le système.
Une voix : ...
M. Milette (Pierre) : Mais c'était...
c'est... Si je peux résumer, c'est un peu ça, le point, on n'est pas contre le
projet de loi qui est là, on dit juste que, dans une version physique, soyez
assurés qu'on sera présents.
M. Morin : Parfait. Je vous
remercie. Maintenant, si on regarde le document que vous nous avez produit, je
vous en remercie, j'aurais quelques questions générales. La première, c'est à
la page 14. Vous y avez fait illusion, les plans régionaux d'effectifs
dentaires, les PRED. Ça fonctionne? Il y en a partout au Québec? C'est un
enjeu? Vous suggérez fortement d'instaurer un système non pas copié, mais
instauré... inspiré du PREM. En fait, je ne suis pas un spécialiste des
acronymes, là, mais si vous pouviez m'aider à démêler tout ça, ça m'aiderait.
M. Milette (Pierre) : Je vais
essayer, puis, des fois, je me mêle moi-même, mais je vais essayer de vous en
sortir. En fin de compte, le PRED, là, le plan qu'on propose, n'existe pas. On
dit que... Et le PREM, lui, il existe, là, c'est le plan d'effectifs
régionaux...
Mme LeBel : ...
M. Milette (Pierre) : Les
plans régionaux des effectifs médicaux. Merci, Mme la ministre. On dit que...
pas nécessairement qu'il soit du copier-coller du PREM, mais on... inspiré
du... pour essayer d'envoyer des effectifs d'équipe de santé dentaire dans les
régions où il en manque. Il y a... il y a... il y a un grave problème de
disparité.
Ça fait que, là, si je peux prendre
quelques minutes pour vous expliquer la situation parce qu'elle est marquante,
je vais prendre une région, je prends les exemples qui sont dans le livre blanc
exemple, mais... On a évalué qu'une équipe dentaire, ce qui veut dire dentiste
et hygiéniste assistante, là, on appelait ça, donc, une équipe dentaire, si...
ça devrait... c'est capable d'assurer, parrainer le service pour 2153 citoyens
en dedans de 50 kilomètres. Ça, c'est l'idéal, ce serait la situation idéale,
tu sais. Si on avait une équipe dentaire par 2153 citoyens dans un rayon de 50
kilomètres, ça y va. Je prends... je vais donner deux exemples, le
Bas-Saint-Laurent et la région de la capitale nationale. Au Bas Saint-Laurent,
avec une population de 200000, grosso modo, on sait qu'il y a environ 61 %
de la population qui vont chez le dentiste, on sait que la santé publique
voudrait que ça soit 100 %, mais on n'y arrive pas, 61 % de la
population va chez le dentiste. Si on ajoute les patients RAMQ, c'est à peu
près 70 % de la population qui va chez le dentiste. Si on prend, donc, les
70 % de la population du Bas-Saint-Laurent qui ont... qui vont chez le
dentiste, on n'a pas une équipe pour 2153 citoyens, on a une équipe pour 4764
citoyens. Donc, on est plus que du double de la capacité qu'une équipe peut
accueillir. Donc, c'est là que vous voyez que les délais vont augmenter
énormément parce qu'il y a une demande beaucoup trop élevée pour la capacité
des équipes en place.
On évalue qu'une région comme le
Bas-Saint-Laurent a besoin d'avoir 85 équipes dentaires. Je ne dis pas «clinique»,
parce qu'il peut y avoir plus qu'une équipe par clinique, mais 85 équipes
dentaires sur le territoire du Bas-Saint-Laurent pour 200 000 personnes. Il y
en a présentement 42. Donc, il manque la moitié des effectifs pour répondre aux
besoins de la population.
Si j'y vais avec la capitale nationale,
présentement, capitale nationale, il y a 325...
M. Milette (Pierre) : ...équipes
dentaires qui répondent à 770 000 de population, et il y a un surplus d'équipe
dentaire de 182. Donc, il y a trop d'équipes dentaires à Québec. Ce que ça
cause dans un... puis là je vais vous faire un aparté parce que, dans notre
mission de défendre les propriétaires de clinique dentaire qui sont des
entreprises privées de soins de... de soins de santé. Ce que ça cause donc en
région, c'est une surcharge de travail et vraiment une grande surcharge de
travail. Ce que ça... dans les... c'est ce qu'on appelle quand il y a un ratio
négatif de cliniques dentaires et quand on arrive avec un ratio positif comme à
Québec ou dans la région de Montréal, il ne faut pas prendre le mot positif
comme étant positif, mais positif comme étant un ratio excédentaire, je dirais.
La clinique dentaire ne vaut rien ou à peu près rien, parce qu'il y a tellement
de... de coûts de service, ou il y a... ils ne sont pas en pleine capacité,
qu'il y a trop de cliniques, donc de s'en ouvrir, d'essayer... Et souvent le
dentiste propriétaire, son fonds de pension, c'est la valeur de sa clinique,
donc, dans les deux situations, ça crée un problème.
Donc, ce qu'on propose par ce plan-là,
c'est est-ce qu'on a... est-ce qu'il y a moyen d'amener des incitatifs, toutes
sortes de procédures qui permettraient de mieux... d'amener des... d'amener les
équipes où il en manque et donc de permettre aux cliniques dentaires où il y en
a, entre guillemets, trop bien, de fonctionner à pleine capacité, puis
d'atteindre une valeur de revente plus intéressante.
Donc, c'est... vous allez... c'est tout
ça, là, ce qu'on propose comme programme, mais à chaque page du livre blanc,
vous allez voir, c'est un peu ça, on propose différentes situations, de toutes
les situations. Tu sais, allez même voir une place, dans une page on parle de
modernité de la RAMQ avec la santé dentaire, là, il serait grand temps qu'on
s'y attaque aussi.
Le Président (M.
Bachand) :Une minute, M. le député de
l'Acadie, s'il vous plaît.
• (15 h 40) •
M. Morin : Merci, M. le
Président. À la page 20, en fait, vous faites référence à un régime d'épargne
de soins dentaires, si j'ai bien compris.
M. Milette (Pierre) : Oui,
oui.
M. Morin : Et ça
s'articulerait comment?
M. Gendron (Mario) : Bien, je
peux répondre à la question, M. le Président. En fait, ce qu'on propose en
fait, au niveau de ce régime-là, c'est... dans le fond, c'est d'aplanir la
barrière économique pour l'accès aux soins dentaires, évidemment pour certaines
personnes, c'est plus difficile. Donc, on sait que, scientifiquement, la santé
dentaire et la santé globale, c'est relié. Donc, ce qu'on veut, c'est avoir...
donner une accessibilité le plus possible. Donc, c'est pour cette raison que,
dans un souci d'équité, bien, c'est important de trouver une façon d'aplanir
les disparités puis permettre au plus de gens possible d'avoir accès aux soins
dentaires.
Donc, c'est pour ça qu'on a pensé, on a
imaginé un système qui pourrait ressembler au régime... le régime d'épargne
études. Donc, c'est-à-dire que les gens pourraient cotiser à un régime qui
pourrait avoir les mêmes avantages que les régimes épargne étude, c'est-à-dire
que le gouvernement en place pourrait contribuer à une certaine quote-part du
régime, puis il y aurait des avantages fiscaux reliés aux régimes, comme le
régime d'épargne-études. Donc, c'était une façon, je dirais, qui sort des
sentiers battus, de ce qu'on a toujours voulu faire, mettre des programmes
standards qui donnent de l'argent, mais sans qu'il n'y ait une contribution, et
de la clientèle, et de l'État, mais à travers un véhicule qui est privé,
finalement.
Le Président (M.
Bachand) :Une trentaine de secondes.
M. Gendron (Mario) : Dans un
sens d'un autre côté, on sait qu'on a deux régimes en place, on a la RAMQ et on
a aussi le Régime canadien de soins dentaires qui s'est... qui a été mis en
place au printemps, mais la réalité, c'est qu'il y a beaucoup d'actes dans ces
régimes qui ne sont pas couverts, et ce sont des actes importants, ce qui fait
qu'il y a une partie de la population qui n'a pas accès de façon pleine et
entière à tous les soins dentaires que les professionnels peuvent proposer.
M. Morin : Parfait. Il me
reste 15 secondes. À la page... Président, il y a une liste des actes réservés
souhaités pour les assistants, assistantes, assistance à la chaise. Donc, vous
voudriez, vous espérez que ce soit inclus... puis vous en avez pour les
hygiénistes dans le p.l. no 67 ou dans d'autres lois, éventuellement, ou c'est
un souhait général?
M. Milette (Pierre) : Non,
non, c'est... Je ne veux pas vous décevoir, mais le livre blanc n'a pas été
écrit pour le p.l. no 67...
M. Milette (Pierre) : ...mais...
donc, c'est... puis c'est... Donc, c'est sur toute la réflexion sur l'avenir
des cliniques dentaires, où on parle d'acte réservé, mais j'ai bien noté
l'ouverture de ministre à nous revenir.
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
Mme LeBel : ...
Le Président (M.
Bachand) :Oui. Merci. Sur ce, ça a été
très constructif et très agréable, je dois le dire.
Alors, cela dit, la commission ajourne ses
travaux mardi 24 septembre, à 9 h 45. Merci beaucoup. À bientôt.
(Fin de la séance à 15 h 43)