Journal des débats de la Commission des institutions
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mercredi 24 avril 2024
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Vol. 47 N° 66
Étude des crédits budgétaires du ministère des Relations internationales et de la Francophonie, volet Relations internationales et Francophonie
Étude des crédits budgétaires du ministère des Relations internationales et de la Francophonie, volet Lutte à l'homophobie et la transphobie
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11 h (version non révisée)
(Onze heures vingt-neuf minutes)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît!
Bonjour, tout le monde. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission des institutions ouvertes. La commission est réunie afin de procéder
à l'étude du volet Relations internationales et Francophonie des crédits
budgétaires du portefeuille Relations internationales et Francophonie pour l'exercice
financier 2024-2025. Une enveloppe d'une heure 15 a été allouée pour l'étude de
ces crédits.
Avant de débuter, M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Zanetti (Jean-Lesage) est remplacé par M. Cliche-Rivard
(Saint-Henri—Sainte-Anne).
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Comme vous savez, nous
allons procéder à une discussion d'ordre général par bloc d'environ 20 minutes,
incluant les questions et les réponses. La mise aux voix sera effectuée à la
fin du temps qui est alloué à l'étude de ces crédits. Donc, il me fait plaisir
de céder la parole au député de l'Acadie pour un premier bloc de 22 minutes 33
secondes. M. le député de l'Acadie.
• (11 h 30) •
M. Morin : Merci, merci, M.
le Président. Bonjour, Mme la ministre. Je salue les collègues députés ainsi
que les fonctionnaires qui vous accompagnent. Je prends quelques secondes, M.
le Président, mais pour souligner qu'aujourd'hui on est en train d'étudier des
crédits en relations internationales et nous commémorons également le génocide
du peuple arménien. Il y a un très grand nombre d'Arméniens dans ma
circonscription, je tenais à le souligner et je suis de tout cœur avec eux.
Maintenant, revenons aux crédits. Vous
avez, Mme la ministre, je crois, dans un discours que vous avez prononcé devant
le CORIM, vous avez annoncé que vous alliez augmenter de manière significative
vos effectifs en sol américain, puis on sait que c'est une année importante
pour les États-Unis d'Amérique, notamment, il y aura des élections. Cependant,
quand on regarde dans le budget de dépenses au niveau des affaires
internationales, dans le programme 2, les crédits que vous avez pour les
relations Amériques, affaires économiques et intelligence stratégique, il y a
une diminution quand même significative. Donc, comment allez-vous être capable
d'augmenter vos effectifs quand vous avez une diminution dans vos crédits?
Mme Biron : Bonjour, M. le
député de l'Acadie. Si vous me permettez, moi aussi, j'aimerais quand même
faire un petit préambule, saluer le député de Saint-Henri-Sainte-Anne, qui est
ici aujourd'hui, ainsi que mes quatre collègues que j'apprécie beaucoup et qui
ont travaillé fort pour, justement pour bâtir certaines questions pour qu'on
puisse être éclairé sur ce qu'on fait aux relations internationales. Et moi
aussi, j'en profite, puisque la députée de Laval-des-Rapides, qui a tenu la
motion aujourd'hui à l'Assemblée nationale pour commémorer le génocide
arménien, elle le fait, elle l'a fait l'année dernière, elle est de la
communauté. C'est d'ailleurs très apprécié qu'elle puisse rendre cet hommage-là
à la souffrance de ce peuple-là.
J'en profite également pour remercier mon
équipe. Je suis bien entourée puis j'ai plusieurs gens ici autour qui m'appuient.
Je veux saluer aussi les fonctionnaires du ministère des Relations
internationales et de la Francophonie qui ont travaillé excessivement fort. C'est
un gros travail que de monter ces dossiers-là, et ils le font très bien.
Franchement, les dossiers que j'ai devant moi sont très bien montés. Alors, je
tiens à le souligner compte tenu de l'effort que ça demande à la fonction
publique.
Maintenant, M. le député de l'Acadie, vous
avez raison. J'ai annoncé un grand redéploiement de... Bon, le député de Jean-Talon
arrive, alors il me restait juste vous à saluer. Alors, maintenant que vous
arrivez, je le fais. Alors, oui, je reviens. Effectivement, nous avons décidé
de redéployer notre réseau. La géopolitique actuelle, la situation de la COVID,
le refermement aussi. Le nouveau positionnement de la Chine nous a amenés à
décider de revoir la façon dont on était pour redéployer le personnel sur le
terrain. Vous avez raison, nous avons... mous allons ajouter substantiellement
des effectifs aux États-Unis. Cela dit, le redéploiement se fait à coût nul. Là
où vous n'avez pas tout à fait raison, c'est quand vous dites que j'ai une
diminution significative de mon budget...
11 h 30 (version non révisée)
Mme Biron : ...moi, je l'estime
plutôt stable. C'est le statu quo par rapport à ce que nous avions l'année
dernière. Et effectivement notre tarte, en fait, budgétaire est assez stricte,
c'est-à-dire qu'on doit opérer à l'intérieur de ce que nous avons, compte tenu
du contexte temporaire des finances publiques. Alors, nous avons décidé de
bouger certains pions à l'intérieur même du réseau. Alors, effectivement, ça
veut dire des effectifs supplémentaires aux États-Unis.
La raison pour laquelle nous avons décidé
d'augmenter de façon importante nos effectifs aux États-Unis... D'abord, je
vous fais un topo. Les affaires étrangères, le Québec, le commerce
international, c'est à peu près 250 milliards de dollars d'échanges
commerciaux dans le monde. La moitié de ces échanges-là sont avec les
Américains. On est dans une situation où il y a un grand tiraillement entre le
protectionnisme et le libre-échangisme. Nous avons décidé d'investir et d'être
plus présents aux États-Unis.
Le Président (M. Bachand) :...
M. Morin : Oui. En fait, je
faisais référence plus spécifiquement à vos crédits dans les relations avec les
Amériques, pas votre budget global, et là il y a une diminution au niveau des
crédits. Donc, je comprends l'idée du redéploiement, mais il n'en demeure pas
moins que les crédits diminuent.
Quand vous parlez du redéploiement et de
la géopolitique et des changements, est-ce que c'est la raison pour laquelle
vous fermez le bureau du Québec à Hong Kong? Et je vous réfère à la... à la
question, en fait, RP-11 dans l'étude des crédits, renseignements particuliers.
Mme Biron : Oui, nous avons
effectivement décidé de revoir notre présence en Chine. Nous avons cinq
bureaux... Nous avions, en fait, cinq bureaux en Chine. Nous sommes installés à
Shanghai et à Beijing et nous avons deux antennes ainsi que le bureau de Hong
Kong. À Hong Kong, les effectifs étaient quand même assez faibles, et nous
avons décidé que... qu'il était approprié de travailler à partir des bureaux de
Beijing et de... et de Shanghai.
M. Morin : Bien. Au... Dans
la question, encore là, des renseignements particuliers, RP-13, quand on
regarde votre ventilation des effectifs dans la Silicon Valley et à Washington,
on voit qu'il y a quand même moins de postes que dans d'autres... dans d'autres
bureaux, Washington étant évidemment, on le sait tous, la capitale américaine,
avec tout ce que ça comporte. Est-ce qu'il y a une raison pour laquelle vous n'avez
pas plus d'effectifs à Washington? Puis, quand on compare la masse salariale de
ces deux postes-là avec les autres bureaux aux États-Unis, c'est moindre.
Est-ce que vous pouvez m'expliquer pourquoi?
Mme Biron : Bien, Washington,
nous avons pris une décision par rapport à Washington, nous avons décidé de
rehausser le statut de ce bureau à Washington, essentiellement pour les raisons
que je vous ai élaborées tout à l'heure. Je pense que, dans le contexte,
actuellement, où on doit manœuvrer dans une... dans une population... dans un
système où le protectionnisme est en croissance, il faut avoir des yeux et des
oreilles un peu partout, tant au niveau politique qu'au niveau économique.
Alors, nous avons décidé de rehausser le bureau de Washington D.C. au statut de
délégation. Le Conseil des ministres a adopté ce décret il y a environ deux...
je voudrais être précise, quelle date, le décret de...
Des voix : ...
Mme Biron : ...le 28 février,
alors, ce qui va vouloir dire que nous allons augmenter un peu plus les
effectifs à Washington D.C. L'objectif, c'est effectivement d'être un peu plus
branchés sur le... les acteurs politiques. C'est vraiment... vous l'avez dit
vous-même, c'est la capitale. Alors, c'est là que les choses se passent. C'est
bien de savoir quels sont les projets de loi ou les règlements qui sont en
cours de route. Ça permet, en fait, de voir venir, un, deuxièmement, de donner
un peu plus de prévisibilité au milieu économique québécois, mais également de
faire valoir notre point de vue et peut-être d'être à l'abri de différentes
mesures.
M. Morin : Toujours dans la
même... la même question, RP-13, on voit à la fin le bureau de Tel-Aviv. J'aimerais
savoir... parce qu'il y a une motion... à un moment donné, on a eu en
commission une motion qui a été présentée, on voulait...
M. Morin : ...vous entendre,
la motion a été rejetée. Maintenant, dans le cadre de l'étude des crédits, on
voit qu'il y a un employé représentant du Québec. Alors, cet employé-là est-il
à Tel-Aviv? Est-il à Montréal? Où est-il exactement?
Mme Biron : Merci pour cette
question. Enfin, je vais pouvoir vous faire le narratif du... de ce qui se
passe avec le bureau de Tel-Aviv. Nous... Ça fait longtemps, vous savez, qu'il
y a un intérêt pour l'ouverture d'un bureau en Israël, à Tel-Aviv. D'ailleurs,
les libéraux, sous Philippe Couillard... Je me rappelle, quand il est passé à
Tel-Aviv en 2017, j'étais journaliste, je couvrais son dernier discours, et il
avait annoncé qu'il souhaitait ouvrir un bureau en Israël. Ça ne s'est pas
produit pour toutes sortes de raisons, il y a eu la COVID. Quand, moi, je suis
arrivée en fonctions, il y avait beaucoup de voix, notamment au ministère de
l'Économie, mais également au ministère de l'Enseignement supérieur, ces
voix-là s'élevaient pour qu'on ouvre un bureau en Israël. Nous avons fait les
différentes analyses et nous avons décidé d'aller de l'avant.
• (11 h 40) •
Ce que nous avons fait, c'est : nous
avons loué des espaces à l'intérieur de l'ambassade du Canada. Ça s'est fait au
mois d'avril 2023. Quand on a loué ces espaces-là, venait dans le «package», si
je peux m'exprimer de cette façon, un logement pour notre chef de bureau. Nous
avons nommé le chef de bureau le 18 septembre 2023. Il était dans l'agenda que
je... j'aille en Israël au mois d'octobre pour ouvrir officiellement ce
bureau-là, et le chef de bureau allait officiellement s'installer. Le 7 octobre
2023 est survenu, avec un massacre barbare d'un groupe terroriste contre le
peuple israélien, et nous avons décidé pour des raisons de sécurité de ne pas y
aller.
Les choses se sont un peu calmées avant
les fêtes, et, lors de rencontres avec ma cheffe de cabinet et mon
sous-ministre, nous avons décidé que le chef de bureau ferait des
allers-retours, parce qu'il travaillait, il était en poste, il travaillait de
Montréal. Bon. Il est allé après les fêtes. Les dates, je devrais les avoir
ici. En fait, moi-même, je ne le savais pas. Remarquez que, quand j'ai su qu'il
y était, je n'ai pas été surprise, c'était effectivement dans les cartons qu'il
y aille. À mon retour, je suis... En fait, il est allé du 27 février au 26
mars. À mon retour, je me suis informée parce que c'était dans les médias un
peu partout, le chef de bureau était revenu, et il est question qu'il retourne
un peu plus tard au printemps, et idéalement il s'installerait à demeure avec
sa famille au cours de l'été prochain.
Est-ce que ça se fera? Actuellement, au
moment où je vous parle, il n'y a aucun billet d'avion d'acheté. Nous allons
considérer la situation sécuritaire, la question sécuritaire est primordiale.
Mais je tiens à vous indiquer que l'ambassade canadienne est ouverte et que les
bureaux du Québec sont à l'intérieur de l'ambassade canadienne, ce qui confère
un statut de diplomate canadien à notre chef de bureau.
M. Morin : Vous... Merci.
Vous avez déclaré dans une entrevue à La Presse : «Le bureau du Québec
n'est en rien une prise de position.» Et vous avez dit, Mme la ministre :
«C'est vraiment la porte d'entrée du Moyen-Orient. Il y aura des affaires avec
la Turquie, le Liban, les Émirats arabes, et ce n'est pas juste Israël.» Alors,
c'est votre déclaration.
D'après vous, comment les gens du Liban,
comment les gens de la Palestine vont être capables d'aller dans le bureau à
Tel-Aviv? Puis quels services vont-ils pouvoir recevoir?
Mme Biron : Nous ne ferons
pas affaire avec le Liban. La porte d'entrée du Moyen-Orient, c'est pour la
Turquie, essentiellement, les Émirats arabes, avec qui nous faisons déjà des
affaires. Mais, idéalement, idéalement, en fait, le mandat du bureau du Québec
à Tel-Aviv, c'est de faire des affaires avec Israël ainsi qu'avec les
territoires palestiniens, ce que nous faisons déjà. Nous estimons qu'en Israël
il y a un potentiel énorme, c'est le paradis de la start-up, c'est une
population qui est équivalente à celle du Québec. Nous avons déjà des contacts
serrés avec la communauté juive, ici au Québec, et nous avons également des
contacts avec... dans les territoires palestiniens. D'ailleurs, quand le
premier ministre Philippe Couillard est allé en Israël, il a fait... il est
allé à Ramallah pour...
Mme Biron : ...faire des
affaires. Et moi, je me rappelle que le ministre de l'Éducation à Ramallah
parlait français. Il devait probablement être dans mon reportage, je ne m'en
rappelle plus, mais il devait certainement y être. Alors, nous avons quand même
certaines relations avec la Palestine et je pense que c'est important que nous
gardions cet équilibre-là.
M. Morin : Donc, dans votre
déclaration, quand vous faisiez référence au Liban, c'était plus ou moins
juste, ou ce n'était pas juste, ou ça a dépassé votre pensée, ou vous avez
réorienté le mandat du bureau?
Mme Biron : Je vous laisse
juger de vous-même.
M. Morin : D'accord, les gens
jugeront. Autre autre sujet dans l'étude des crédits, des Renseignements
généraux. Quand on regarde les voyages des différents ministres avec les
dépenses, alors, j'ai fait une compilation de vos voyages. Vous êtes la
ministre des Relations internationales, c'est normal que vous puissiez voyager.
Donc, six voyages pour 35 jours, et le coût total, si mon calcul est bon,
est de 62 203 $. Quand on regarde les voyages de votre collègue, le
ministre de l'Économie, on est dans une autre catégorie. Six voyages,
34 jours, une journée de moins, 114 567 $. C'est presque le
double. Est-ce qu'il y a une raison particulière?
Mme Biron : Le ministre de
l'Économie, je pense, avait 13 heures de crédits, c'est quand même
considérable. Alors, je vous invite à poser la question au ministre de
l'Économie. Moi, je peux répondre pour mes dépenses à moi.
M. Morin : D'accord. Donc,
c'est dans ses crédits qu'il faudrait... mais, pourtant, ça apparaît dans vos
documents à vous.
Le Président (M.
Bachand) :Oui, Mme la députée.
Mme Biron : Je pense que
c'est à chacun de justifier ses propres dépenses.
M. Morin : C'est parce que
c'est dans vos crédits à vous, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Je vous écoute, oui.
M. Morin : C'est ça. Alors,
moi, j'aimerais avoir une réponse.
Le Président (M.
Bachand) :J'avais la députée de
Laval--des-Rapides qui voulait soulever une...
Mme Haytayan : Oui. Merci, M.
le Président. Je voulais soulever... Je comprends que la pertinence est
élastique lors de crédits budgétaires. Il y a peut-être des limites ici,
question des crédits budgétaires, Relations internationales, volet Relations
internationales, MRIF, et non d'Économie, Innovation et Énergie.
Le Président (M.
Bachand) :...Mme la députée, c'est dans
les documents officiels du ministère pour les études de crédits. Alors, M. le
député d'Acadie.
M. Morin : Merci, M. le
Président. Donc, on voit qu'il y a un écart énorme. Alors, comment vous
expliquez ça? C'est dans vos crédits.
Mme Biron : Oui. Bien, en
fait, nous, on compile les missions, mais c'est chaque ministre et son
ministère qui doit payer pour les missions... pour leurs propres missions.
Nous, on les compile au général, au moins ça vous permet d'avoir justement
l'information de savoir qui a fait quoi dans l'année au niveau international,
mais ce n'est pas dans nos budgets à nous que nous déterminons ce qui est
pertinent ou ce qui n'est pas pertinent.
Le Président (M.
Bachand) :Sauf que, quand un ministre
comme ça voyage pour ce montant-là, est-ce que vous avez des liens? Est-ce que
vous planifiez? Est-ce que c'est pour des délégations particulières? Avez-vous
votre mot à dire? Je comprends... je comprends que le ministre décide, mais
vous, parce que c'est dans vos crédits, donc vous ne regardez rien? Est-ce que
vous en parlez avec vos collègues? Est-ce qu'il y a un... En fait, au niveau de
la reddition de comptes, est-ce qu'on a une plus-value? C'est parce que le
montant est quand même substantiel.
Mme Biron : Bien, ce n'est
pas à moi à répondre des dépenses des autres ministres. Déjà, je vais répondre
des miennes, c'est suffisant. Je peux simplement vous dire qu'on arrime nos
missions. Tu sais, on s'assure qu'on n'est pas trois ou quatre ministres au
même endroit pour faire à peu près la même chose. Alors, je pense que... Moi,
je suis ministre des Relations internationales, je suis davantage une généraliste,
je porte les dossiers de l'éducation, de la culture, de l'économie, tous nos
champs de compétence et chacun des ministres va faire des missions qui sont
sectorielles dans son propre champ de compétence. On a vu d'ailleurs le
ministre de la Culture à Paris faire une excellente mission au Salon du livre
où le Québec était à l'honneur, pendant que nous, ici au Québec, on recevait le
premier ministre français. Je pense que ça a été un énorme succès. Je peux vous
dire essentiellement ce que nous avons, nous, dépensé pour recevoir le premier
ministre français et comment nous avons travaillé. Mais, pour ce qui est de la
mission du ministre de la Culture, c'est à lui à porter les dépenses et les
montants de sa propre mission.
M. Morin : Je vous remercie...
M. Morin : ...dans les
déplacements hors Québec, et toujours dans le... le cahier qui traite des
renseignements généraux, on voit qu'il y a... et c'est probablement deux
fonctionnaires qui ont voyagé à Kinshasa, en République démocratique du Congo,
c'est le 19 mai 2023. Et le but de la mission, c'était la participation à
des rencontres de travail dans le cadre de la préparation de la neuvième
édition des Jeux de la Francophonie. Est-ce que vous pouvez m'en dire un peu
plus sur cette mission?
Mme Biron : Oui, nous avions
certaines inquiétudes au niveau de la sécurité, et c'étaient des inquiétudes
qui étaient partagées, notamment par la France, mais également par le Canada.
Alors, nous avons décidé d'envoyer des missions pour vérifier sur le terrain le
niveau de sécurité, s'assurer que les travaux étaient faits et que, si nous
décidions d'envoyer des... des participants à ces jeux-là, qu'ils soient en
sécurité tout au long de la mission, bien logés, bien nourris et bien
transportés. Alors, c'est dans ce contexte-là que nous avons décidé d'envoyer
des équipes pour vérifier... des équipes conjointes, d'ailleurs, pour vérifier
la situation, l'état des lieux.
• (11 h 50) •
M. Morin : Et finalement,
est-ce que vous avez envoyé... Est-ce qu'il y a des jeunes du Québec qui ont
participé aux jeux?
Mme Biron : Nous avons décidé
d'envoyer une mission diplomatique d'observateurs et nous avons fait le choix
de ne pas envoyer de participants, tant au niveau culturel qu'au niveau sportif.
M. Morin : Donc, il n'y a
aucun... Ma compréhension, là, de votre réponse, c'est qu'il n'y a aucun jeune,
finalement, du Québec qui a participé aux jeux comme tels.
Mme Biron : Nous avons
participé, parce que nous avons envoyé une délégation diplomatique qui a fait
le travail, et j'ai rencontré d'ailleurs l'ambassadeur de la République du
Congo qui est venu à mon bureau pour qu'on discute de tout ça. Et il comprenait
très bien notre position. Il nous a même félicité d'avoir envoyé cette
délégation.
M. Morin : Parce que la
délégation, quand on regarde, on la retrouve un peu plus loin, et ça a coûté
25 490 $. Mais je comprends que ces gens-là, ce n'est pas des... ce n'est
pas des gens qui ont participé aux jeux comme tels. Comme vous l'avez
mentionné, c'est une mission. C'est bien ça?
Mme Biron : Bien, nous avions
des choix à faire, parce que si on envoyait des équipes, il fallait assurer la
sécurité. Et, dans les conversations que nous avons eues avec le gouvernement fédéral,
on était dans une situation où on devait financer cette sécurité-là. Ça n'a pas
été simple, ces Jeux-là. Nous, ce que nous avons fait comme choix, pour la
sécurité et parce que les frais étaient quand même très élevés pour assurer la
sécurité de ces jeunes-là, c'est d'envoyer une mission diplomatique, qui a très
bien fonctionné.
M. Morin : Et donc il y avait
un danger pour la participation des jeunes, mais il y avait moins de danger
pour la mission diplomatique. Comment vous vous êtes assurée de bien les
protéger? Parce qu'ils sont allés au même endroit.
Mme Biron : En fait, le
rapport des... de sécurité ne me permettait pas d'envoyer des jeunes en
République du... Congo. C'était pour moi impossible que je le fasse. La mission
diplomatique qui est allée ne vivait pas dans les mêmes lieux. Ils étaient dans
une situation plus sécuritaire.
M. Morin : D'accord.
Le Président (M.
Bachand) :20 secondes, M. le député
de l'Acadie.
M. Morin : Combien?
Le Président (M.
Bachand) :20 secondes.
M. Morin : 20 secondes.
Alors, rapidement et on pourra continuer, parlez-moi de ce que vous avez fait
pour protéger des employés compte tenu du climat toxique qui régnait à Houston
dans une de vos délégations?
Le Président (M.
Bachand) :Alors, on reviendra pour le
deuxième bloc. Désolé, M. le député de l'Acadie. Alors, M. le député de
Saint-Henri–Sainte-Anne, là, pour 15 minutes, deux secondes, s'il vous
plaît.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la ministre, merci, le président. Merci aux équipes. J'y vais rapidement quand
même. Mme la ministre, le Québec possède-t-il des règles, des lignes
directrices sur l'ouverture de missions à l'étranger quant à la conduite
minimale de l'État où il ouvrira ou maintiendra une telle représentation
diplomatique? Est-ce qu'on a ça, nous, au Québec?
Mme Biron : Est-ce que vous
pourriez être plus précis?
M. Cliche-Rivard : Bien, des
lignes rouges à ne pas franchir en matière de droits de la personne, par
exemple.
Mme Biron : Le Québec a fait
un virage économique important et nos relations économiques sont importantes.
Je vais vous donner un exemple. La Chine.
M. Cliche-Rivard : Oui.
Mme Biron : La Chine, on a
fait affaire en Chine pendant des années et des années. Puis, c'est... les
gouvernements précédents ont investi beaucoup pour amener des Québécois à faire
affaire en Chine. Est arrivée la pandémie...
Mme Biron : ...un niveau de
répression plus élevé. Actuellement, en Chine, les Québécois qui y sont
continuent de faire des affaires, mais c'est difficile de... d'amener de
nouveaux Québécois en Chine. Alors, c'est dans ce sens-là que nous avons décidé
de travailler avec les équipes, s'assurer que les Québécois qui veulent faire
affaire en Chine puissent faire affaire en Chine et que, si des gens veulent
développer, puissent le faire. Mais...
M. Cliche-Rivard : Donc, il
n'y a rien qui nous empêche, dans nos règles, dans les guides, le Québec n'a
pas de ligne directrice sur cette... sur cette question-là. Est-ce qu'il y a
une ligne rouge à ne pas franchir? Je vous pose la question.
Mme Biron : Bien, votre
question n'est pas tout à fait précise.
M. Cliche-Rivard : Non mais
je vous pose une question : est-ce qu'il y a une ligne rouge à ne pas
franchir? Je vous donne un exemple. Entre 2012 et 2017, le régime syrien a
utilisé du gaz sarin contre sa propre population à plus de 100 reprises.
C'est connu. Est-ce que ça, par exemple, ça... ça constituerait une ligne
rouge, en ce sens où en aucun cas est-ce que ça serait possible d'ouvrir un
bureau du Québec à Damas dans de telles circonstances?
Mme Biron : Écoutez, je
peux... on pourrait philosopher pendant des heures, vous et moi, puis j'apprécie
toujours...
M. Cliche-Rivard : Je ne veux
pas philosopher. Je veux savoir si c'est important pour le Québec d'ouvrir une
mission là où il y a un respect fondamental de droits de la personne.
Mme Biron : Ce n'est pas dans
les cartons du Québec d'ouvrir un bureau à Damas.
M. Cliche-Rivard : Ma
question, Damas ou ailleurs, posez-la ailleurs dans le monde, posez-la en
Russie, posez-la en Corée du Nord, posez-la ailleurs, moi, je pose une question
de fond sur vos politiques. Est-ce que...
Mme Biron : C'est
hypothétique.
M. Cliche-Rivard : Est-ce
que... O.K. Non hypothétique, oui ou non, il y a des lignes rouges à ne pas
franchir là où une mission du Québec ne pourrait pas être ouverte? C'est une
question simple. Elle n'est pas philosophique, là. Il n'y en a pas.
Mme Biron : Bien, écoutez, il
faudrait que vous soyez plus précis, là, je veux dire...
M. Cliche-Rivard : Bien, je
vais vous en poser une plus précise. Quand il y a un État qui fait l'objet de
surveillance par la Cour internationale de justice pour un crime ou pour un
risque plausible de génocide, c'est très précis, là, est-ce que, dans ce
cas-là, vous ne pensez pas qu'on devrait faire attention puis attendre puis ne
pas ouvrir un bureau dans de tels contextes, quand c'est la Cour internationale
de justice qui le dit?
Mme Biron : Je pense que
c'est du cas par cas.
M. Cliche-Rivard : Puis, si
c'est un cas par cas, je vous pose la question : dans un contexte où un
pays est visé par la Cour internationale de justice comme étant en train de
commettre de manière plausible, parce que la Cour n'a pas tranché sur le fond,
de manière plausible un risque de génocide, oui ou non, le Québec devrait
maintenir son ouverture quand même?
Mme Biron : Bien, vous avez
dit vous-même que c'est plausible, mais que ce n'est pas tranché et que ce
n'est pas un fait. Alors, nous faisons... Nous, nos intérêts en Israël, parce
que c'est en Israël que vous voulez m'amener, sont économiques. Nous ne sommes
pas en Israël pour des raisons politiques.
M. Cliche-Rivard : Donc, il
n'y a pas de limite de droits humains et de droits de la personne à vos
interventions économiques dans un pays tiers?
Mme Biron : C'est du cas par
cas.
M. Cliche-Rivard : Il n'y a
pas de ligne rouge?
Mme Biron : Arrivez-moi avec
un texte plus défini.
M. Cliche-Rivard : La Cour
internationale vient trancher... viendrait trancher l'année prochaine qu'il y
a...
Le Président (M. Bachand) :...excusez-moi, M. le député. Mme la députée de
Laval-des-Rapides, en règlement?
Mme Haytayan : Oui, M. le
Président. On sort des principes internationaux de diplomatie ici. La même
question est reposée et reposée.
Le Président (M.
Bachand) :Non, absolument pas, absolument
pas. Non. Alors, c'est rejeté. On va laisser la parole au député de... S'il
vous plaît. On est dans le mandat. Alors, M. le député.
M. Cliche-Rivard : Donc,
la... Ça me semble clairement dans le mandat. C'est la deuxième intervention
négative. Je pense qu'on pourrait nous laisser poser nos questions, on n'a pas
beaucoup de temps. Oui ou non, s'il y avait décision finale sur le fond, est-ce
que ça, ça changerait votre position?
Mme Biron : M. le député de
Saint-Henri-Sainte-Anne, votre question, elle est hypothétique.
M. Cliche-Rivard : Elle n'est
pas hypothétique.
Mme Biron : Et...
Le Président (M.
Bachand) :...juste, par exemple, de
respecter la... d'attendre la réponse à la question, s'il vous plaît. M.... Mme
la ministre.
Mme Biron : La Cour n'a pas
tranché, alors partons de cet état-là. Il y a beaucoup de souffrances
actuellement, tant dans la bande de Gaza qu'en Israël, et j'aimerais ça qu'on
reste dans une position la plus équilibrée possible pour être capables de
maintenir les sensibilités de chacune des parties.
M. Cliche-Rivard : Moi, la...
Je suis d'avis qu'il faut une position équilibrée. Je suis... Et nous avons
condamné hautement et à plusieurs reprises les exactions terroristes du Hamas,
qui sont inacceptables, et je vais le redire plusieurs fois. Mais moi, je pense
que le Québec devrait se doter de lignes directrices minimales en matière de
bilan des droits humains et se restreindre à continuer le développement de
missions à l'étranger dans des pays qui sont sur haute surveillance de la Cour
internationale de justice pour risque plausible de génocide. C'est ça, mon
propos. Et vous, vous me dites que pour l'instant, ça n'affecte pas la mission.
Donc, il n'existe pas de ces règles minimales fondamentales là. C'est ce qu'on
a établi. C'est votre position, mais pour moi, je la trouve préoccupante.
Mme Biron : Moi aussi, je
suis préoccupée par le Hamas. Je suis préoccupée...
Mme Biron : ...par les
citoyens de Gaza qui n'ont pas l'aide internationale que l'ONU leur demande de
transférer. Je suis très préoccupée par la situation complexe qu'il y a
actuellement en Israël et dans la bande de Gaza, ainsi que par l'Iran.
M. Cliche-Rivard : En
octobre, novembre, Mme la ministre, votre position était d'attendre après la
guerre avant d'ouvrir le bureau. J'ai des citations. Vous dites : «C'est
passablement sur la glace. Je ne pense pas que ce soit un très bon moment pour
aller ouvrir un bureau à Tel-Aviv. On va attendre que la paix revienne, on va
faire l'état des lieux et puis on va voir ce qu'on va faire.» C'est vous qui
avez dit ça. Et, le 24 novembre, vous avez dit... Le Devoir rapportait
de plus que «la nouvelle représentation diplomatique annoncée en août ne verra
pas le jour — citation — "à court ou moyen
terme"». «On va réévaluer la situation», aviez-vous déclaré. «Je pense que
c'était central et correct. Bon, est-ce qu'on va faire la même situation... ou
est-ce qu'on va faire la même chose quand la guerre sera finie? On verra.»
C'est ce que vous avez dit à l'automne.
Comment vous réconciliez vos propos
d'aujourd'hui avec ceux de l'automne?
• (12 heures) •
Mme Biron : Le Bureau du
Québec est à l'intérieur de l'ambassade du Canada. À ce moment-là, à partir du
7 octobre, le Canada a réduit son empreinte diplomatique en Israël. Alors, il
était tout à fait clair pour nous que nous devions être dans ce sillon-là. Les
choses se sont placées, l'économie a repris, les signaux d'un désir de
reprendre les affaires économiques étaient là. Le Canada a gardé son ambassade
ouverte. Alors, il est... il a été convenu que notre chef de bureau commence à
entrer sur place, sur les lieux, pour aller voir comment les choses se passent,
peaufiner ses contacts, ouvrir cet espace-là, prendre possession de son
logement, et, tranquillement, l'idée, c'est qu'il s'installe, comme il est
prévu, à Tel-Aviv.
M. Cliche-Rivard : Mais, avec
égard, Mme la ministre, vous dites, là : «Les choses se sont placées.»
Tantôt, vous avez parlé d'une accalmie à la fin de l'année passée. Moi, je vois
qu'il y a maintenant 35 000 civils morts à Gaza, 1 200 en
Israël. J'ai de la misère à dire que les choses se sont calmées. Puis, la
semaine dernière ou la semaine d'avant, il y a eu une attaque militaire de
l'Iran contre Israël. Donc, avec égards, les choses ne se sont pas placées. Il
n'y a pas eu d'accalmie. Les choses continuent de s'aggraver, et on est
malheureusement loin d'une paix. Et ce que vous disiez, c'est : On va
attendre après la guerre puis on verra ce qu'on va faire. Donc, avec immense
respect, ça ne fonctionne pas, vos déclarations d'aujourd'hui et ceux de
novembre?
Mme Biron : C'est
épouvantable ce qui se passe dans la bande de Gaza. Je suis frappée et choquée
que l'aide humanitaire ne puisse pas entrer à grande échelle, comme le Conseil
de sécurité de l'ONU l'a... l'a demandé et exigé à plus d'une reprise. Nous
avons adopté une motion qui condamne cette situation-là, à l'unanimité, à l'Assemblée
nationale. Je pense que c'est une bonne chose.
Actuellement, les ambassades sont ouvertes
à Tel-Aviv. L'ambassade du Canada fonctionne. Nous ne sommes pas installés en
Israël pour des raisons politiques. Nous sommes là essentiellement pour des raisons
économiques. Et le Bureau du Québec à Tel-Aviv a toujours été ouvert depuis le
18 septembre 2023. Son chef de poste a travaillé essentiellement de Montréal.
Et là, tranquillement, puisque l'ambassade est opérationnelle et que ça
fonctionne plutôt bien, nous aimerions qu'il puisse y aller et qu'il puisse
aussi faire des contacts en territoire palestinien.
M. Cliche-Rivard : J'entends
ce que vous me dites, mais vos déclarations de l'automne, c'était : «Je ne
pense pas que ce soit un très bon moment pour aller ouvrir un bureau à
Tel-Aviv. On va attendre que la paix revienne.» C'était ça, vos propos, là.
C'est ça que je dis qui est en contradiction. Je comprends vos explications,
mais ce n'est pas réconciliable, à mon humble avis.
Je vous pose une question. Est-ce qu'on
peut certifier ici, là, que le Québec ne fera pas affaire, ni de près ni de
loin, avec quelconque entreprise liée à l'industrie militaire ou à l'industrie
des armes au Proche-Orient? Est-ce qu'on peut confirmer ça? Est-ce que c'est...
ça fait partie de vos principes?
Mme Biron : Écoutez, je ne
pense pas qu'au Québec on se procure vraiment des armes, là, je pense que c'est
de juridiction fédérale, mais...
M. Cliche-Rivard : Indirectement
ou directement.
Mme Biron : Mais, écoutez, je
ne suis pas dans le microdétail, là, des contacts que mon chef de poste...
M. Cliche-Rivard : Mme la
ministre, microdétail... Si le Québec s'apprête à faire affaire avec une
société qui détient des actions dans une compagnie d'armement, je pense que ce
n'est pas un microdétail. Moi, ce que je vous demande, c'est, au minimum, si on
maintient cette mission-là, que vous vous assuriez que l'argent des
contribuables, du Québec, des affaires qu'on va y brasser au moins ait un bilan
impeccable en matière de droits de la personne et qu'on ne vienne pas à
développer des accords ou à investir, de par vos développements commerciaux,
des accords économiques...
12 h (version non révisée)
M. Cliche-Rivard : ...des
contrats économiques avec des entreprises, pour qui? Il y aurait des
investissements dans l'économie militaire. C'est ce que je vous demande comme
engagement. Êtes-vous prête à faire la lumière ou le travail de vérification
pour être sûre qu'on n'est pas allé en Israël, de près ou de loin,
indirectement ou directement, pour établir des contacts financiers avec des
entreprises qui ont des liens avec des entreprises militaires?
Mme Biron : Merci pour votre commentaire.
M. Cliche-Rivard : Mais êtes-vous
prête à prendre cet engagement-là, de faire cette vérification-là?
Mme Biron : Je n'ai pas le
fin détail des contacts qu'a fait le chef de bureau en Israël, ça me
demanderait une certaine vérification dans ce sens-là.
M. Cliche-Rivard : Vous
engagez-vous à nous fournir la vérification?
Mme Biron : Oui, je pense qu'on
peut vous fournir ça.
Le Président (M.
Bachand) :Bien sûr.
M. Cliche-Rivard : Et
émettez-vous cette demande prospective? Vous êtes quand même la ministre des
Relations internationales, c'est quand même vous qui êtes en chef de cette
mission-là. Est-ce que vous demandez directement à ce que ça, ce soit fait
comme vérification dans les alliances, puis dans les contrats, puis dans les
développements financiers qui seront faits dans la région, qu'on soit certains,
certaines qu'on ne contribue d'aucune façon au développement de l'économie
militaire?
Mme Biron : M. le député,
nous avons 37 bureaux dans 20 pays. Nous faisons des affaires à hauteur de 250
milliards de dollars par année dans le monde entier. Je ne passe pas mon
temps à vérifier chacune des transactions avec les entreprises privées qui se
font. Il y a certaines transactions qui se font directement avec le concours
des délégations. Il y en a plusieurs, parce qu'on leur donne des cibles, parce
qu'on souhaite que nos délégations, qu'on puisse mesurer l'efficacité de nos
délégations dans le monde. Alors, nous leur donnons des cibles. Et je peux vous
dire que ça fonctionne plutôt bien et que ça va en augmentant.
Alors, je pense que les Québécois peuvent
être très fiers du réseau international qui a été bâti, un des plus puissants
réseaux internationaux dans le monde, et je pense que c'est un legs de la
Révolution tranquille, je dirais, un symbole aussi important qu'Hydro-Québec et
que la Caisse de dépôt, ce qu'il se fait au niveau du Québec, le ministère des
Relations internationales.
M. Cliche-Rivard : On ne
remet pas en question, je ne remets pas ça en question, Mme la ministre, vous
le savez. Ce n'est pas ça, ma question, la question, c'est de s'assurer que l'argent
des contribuables du Québec ne serve ni de près ni de loin à brasser des
affaires, puis à développer des investissements dans des compagnies qui
investissent, qui détiennent des actions, qui détiennent des fonds dans des
entreprises qui développent du matériel militaire, alors que, pas très loin, à
plusieurs kilomètres de là, à quelques kilomètres de là, il y a un risque
plausible de génocide tel que déterminé par une cour internationale de justice.
C'est ça, mon inquiétude, et jamais de mettre à mal ou de limiter la portée de
nos missions diplomatiques à l'international. Vous le savez très bien.
Ma collègue de Mercier vous a parlé ou
vous a envoyé une lettre quant à un possible financement d'aide d'urgence à
Gaza. On était dans l'attente d'une réponse de votre part sur ce point là.
Est-ce que vous avez eu le temps de trancher?
Le Président (M.
Bachand) :Je vous rappelle qu'il reste
une minute.
Mme Biron : Je pense qu'on y
a répondu.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député, est-ce que vous
avez d'autres questions en attendant la réponse?
M. Cliche-Rivard : Et, du
même coup, est-ce que le Québec a une position? Est-ce que MRI a une position
sur la reconnaissance de l'État palestinien comme membre à part entière des
Nations unies? Ce sera ma dernière question.
Le Président (M.
Bachand) :Mme le ministre.
Mme Biron : Excusez.
M. Cliche-Rivard : Avez-vous
une position sur la reconnaissance de l'État palestinien comme membre à part
entière des Nations unies, au MRI?
Mme Biron : Bien, je pense
que la Palestine... Moi, j'aimerais que ces négociations-là continuent évoluer
et se fassent. Je pense que chaque peuple devrait avoir le droit de vivre en
paix chez lui. Alors, je souhaite que ces négociations puissent se faire.
M. Cliche-Rivard : Est-ce qu'on
peut s'engager à nous fournir la réponse à l'autre question?
Le Président (M.
Bachand) :Il reste 20 secondes, Mme la
ministre.
Mme Biron : Bien, en fait, je
voulais, parce que... Bon, sur la question de la députée de Mercier, qui...
Notre action, sur le terrain, est quand même assez limitée, là, c'est-à-dire qu'on
n'a pas des grands moyens, on n'a pas d'armée au Québec, on ne peut pas
contribuer. On a... La sécurité de nos gens, c'est assez important...
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, Mme la
ministre. Désolé. Je dois céder la parole au député de Jean-Talon pour une
période de 44 minutes, 53 secondes. M. le député Jean-Talon, s'il vous plaît.
M. Paradis : Bonjour. Martine
Biron, salon bleu de l'Assemblée nationale, 15 février...
Le Président (M.
Bachand) :...M. le député, on appelle
bien sûr...
M. Paradis : Mme la ministre.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup.
M. Paradis : Bonjour. Non,
mais c'est parce que j'allais la citer. Donc, je vous cite, à l'Assemblée
nationale, le 15 février dernier : «Le Bureau du Québec à Tel-Aviv est
ouvert et fonctionnel. Le chef de bureau est présentement basé à Montréal.
Martine Biron... Mme la ministre...
M. Paradis : ...21 mars,
lettre déposée au salon bleu de l'Assemblée nationale. Le chef de poste
travaille depuis Montréal. Mme la ministre, Martine Biron, 22 mars, au...
je la cite textuellement : «Actuellement, on travaille de Montréal.»
Pendant ce temps-là, vous avez confirmé aujourd'hui, les crédits le confirment
aussi, le directeur de bureau était en Israël pendant un mois. Où est la
vérité?
Mme Biron : En fait, je ne
savais pas qu'il était là, pendant ce mois-là. Les dates, je vous les ai
données. Je ne le savais pas, essentiellement, parce qu'on avait convenu... Il
travaillait de Montréal, il est toujours à Montréal, mais on avait convenu
avant les Fêtes qu'il fasse des allers-retours. Alors, son... son poste, ou, en
fait, il était basé à Montréal, faisait des allers-retours. Avant les fêtes, je
savais qu'il en ferait. On ne m'a pas donné les dates précises où il irait...
• (12 h 10) •
M. Paradis : Mme la ministre,
il a été là un mois, ce n'est pas un aller-retour, c'est une mission officielle
et ça se prépare. Vous avez répété trois fois, entre le 15 février et le
22 mars, qu'il était à Montréal. Vous êtes en train de me dire que
personne au ministère ne vous a dit : Oups! Mme la ministre, c'est parce
que M. est à... en Israël. C'est ça que vous êtes en train de nous dire. Sur
l'enjeu de relations internationales numéro un, pendant que vous étiez en train
d'affirmer ça trois fois...
Mme Biron : Mais qu'est-ce
qui aurait été un aller-retour pour vous? Parce que, quand même, Israël, là,
c'est...
M. Paradis : Je ne veux même
pas aller sur l'aller-retour. C'est un mois. C'est une présence significative.
J'en sais quelque chose. Puis, vous le savez, en matière de diplomatie, des
allers-retours, ça ne dure pas un mois. Mais là vous aviez répété sur trois
mois... trois fois en dedans d'un mois qu'il était à Montréal pendant qu'il
était en Israël. Il n'y a personne dans votre ministère qui vous a avisée qu'il
était en Israël?
Mme Biron : Je savais qu'il
irait en Israël, mais je ne savais pas quand. Alors, je n'avais pas les dates.
Il est allé du 27 février au 26 mars. Je l'ai appris, j'étais à
l'étranger moi-même, qu'il était là, parce que je n'ai pas l'agenda de
l'ensemble de mes chefs de poste, alors. Mais je savais. Je n'ai pas été
surprise quand j'ai su qu'il était là, je veux dire, je savais qu'il devait y
aller. Et, je vous le dis, il va retourner au printemps. C'est ce qui est
prévu. Parce que, quand je suis revenue, je me suis intéressée, et
possiblement, si la sécurité le permet, il va s'installer avec sa famille au cours
de l'été 2024.
M. Paradis : Donc, si je
comprends bien, vous corrigez vos réponses précédentes, vous saviez?
Le Président (M.
Bachand) :...
Mme Biron : ...non, avant les
fêtes, je savais qu'il ferait des allers-retours.
Le Président (M.
Bachand) :Juste faire attention dans le
choix des mots. Allez-y, Mme la ministre.
Mme Biron : Avant les fêtes,
je savais qu'il ferait des aller-retour, mais on ne m'a pas précisé les dates
de ces allers-retours. Alors, j'ai appris qu'il était là au mois de février,
février, mars. Mais on ne m'a pas précisé quand il irait pour la première fois
en Israël.
Le Président (M.
Bachand) :...M. le député.
M. Paradis : Est ce que...
Est-ce qu'il y a, pas derrière ça, Mme la ministre, le fait que ce que vous
disiez à l'époque est préférable à ce qui se passait réellement, c'est-à-dire
que la prudence requiert du Québec de faire un gel sur le déploiement du bureau
en Israël? Est-ce que ce n'est pas ça, la vérité?
Mme Biron : Le chef de
bureau, il est basé à Montréal. Quand il est allé en Israël, au mois de... au
mois de mars, il était toujours passé à Montréal. Il est allé faire une mission
d'un mois. Il est revenu. Il est toujours basé à Montréal. Il va faire un autre
aller-retour au printemps et, si la sécurité le permet, on aimerait qu'il
s'installe. Parce que c'est l'idée derrière cette nomination-là, c'est qu'il
soit basé à demeure en Israël.
Le Président (M.
Bachand) :35 secondes, M. le député.
M. Paradis : Est-ce que la
ministre n'est pas d'accord... est-ce que vous n'êtes pas d'accord que la
prudence, actuellement, c'est de revenir à votre position initiale que mon
collègue de Saint-Henri–Sainte-Anne a rappelé, c'est-à-dire que la prudence,
actuellement, en matière diplomatique, c'est d'attendre? Parce qu'il y a un
grave conflit qui fait des dizaines de milliers de victimes, avec une décision
de la Cour internationale de justice qui dit qu'il y a des risques plausibles
que les droits des Palestiniens d'être protégés contre les crimes de génocide
est à risque. Est-ce que ce n'est pas ça, la prudence?
Le Président (M.
Bachand) :En sept secondes, Mme la
ministre, rapidement.
Mme Biron : Actuellement, le
bureau de... à Tel-Aviv est ouvert et le chef de poste, au moment où on se
parle, travaille de Montréal.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député
d'Acadie, pour un autre bloc de 22 minutes 30... 22 secondes,
28 secondes, pardon. M. le député.
M. Morin : Merci. Merci, M.
le Président. J'ai écouté attentivement vos réponses, Mme la ministre, en ce
qui a trait aux bureaux du Québec à Tel-Aviv. Mais je dois vous dire,
sincèrement, là, pour moi, ce n'est pas clair. Donc, est-ce qu'il est là ou pas
là? Est-ce qu'il travaille là ou pas? Parce que, quand on regarde...
M. Morin : ...dans les
crédits, le but de la mission où le représentant a été là plus d'un mois, c'est
«participation au déploiement progressif du Bureau du Québec à Tel-Aviv». Donc,
c'est ça, le but de sa mission, alors c'est ce qui est indiqué dans nos cahiers
de crédits. Donc, il travaille de là? Il est allé ou il n'est pas allé? Je
pense que ce serait important pour tout le monde de le savoir, parce que je
vous entends répondre à mes collègues, pour moi, ce n'est pas clair.
Mme Biron : Bien ça va me
faire plaisir. Je vais vraiment tout faire pour que ce soit extrêmement clair.
Alors, nous avons décidé, en avril 2023, d'ouvrir un bureau en Israël. Nous
avons nommé par décret le chef de poste le 18 septembre 2023. Le chef de
poste devait prendre l'avion le 8 octobre 2023 pour aller s'installer.
Parce que nous avons loué des locaux à l'intérieur de l'ambassade du Canada, et
vient avec cette location-là un logement. Parce que le Canada a différents
logements pour loger ses diplomates qui restent dans un même secteur, et ça
vient avec le bail, si vous voulez, pour les locaux à l'intérieur de
l'ambassade. On fait ça pas juste en Israël, on l'a fait à Bogota, on l'a fait
en Chine...
M. Morin : Si vous permettez,
M. le Président, ma question est très claire, là. Puis je sais comment
fonctionne un peu la diplomatie mondiale, là, mais ce n'est pas ça, ma
question. Ma question, c'est : est-ce qu'il est là ou il n'est pas là,
quand il a été là, puis est-ce qu'il travaille de Montréal ou pas? Ça se répond
rapidement, M. le Président.
Mme Biron : À partir du
18 septembre, à partir du moment où il a été nommé, et comme il n'est pas
parti parce qu'il y a eu l'attaque barbare du Hamas, il est... il a été basé
à... il a été décidé qu'il travaille de Montréal. Alors, pendant les cinq mois
qui ont suivi, il a travaillé à Montréal. Il est toujours basé à Montréal.
Mais, avant les fêtes, nous avons déterminé qu'il pourrait aller faire une
mission et revenir à Montréal. L'installation permanente n'était pas encore
décidée. Alors, il est allé pendant un mois prendre possession de son local, de
ses... de ses espaces à l'intérieur de l'ambassade, de son logement. Il a
habité dans ce logement-là. Il a fait différentes rencontres économiques sur le
territoire. Il est de retour. Il travaille de Montréal. Il est... Il a été
également convenu qu'il retourne au printemps, si la sécurité le permet. Et, si
la sécurité le permet et que l'ambassade est toujours ouverte et puisse offrir
le statut de protection diplomatique à notre chef de bureau, il a été convenu
qu'il s'installe en permanence quelque part autour de l'été 2024.
M. Morin : Parfait. Merci, M.
le Président. Maintenant, parlons de la sécurité. Quand on regarde les montants
qui sont indiqués à la question RG-6, ce sont une liste de contrats. Quand
j'ai terminé mon premier bloc, je vous parlais, je faisais référence à la
délégation du Québec à Houston. Il y a un article dans La Presse qui parlait
d'une diplomate québécoise toxique. On voit, à la première page, Avison Young
Texas, services professionnels, consultant en gestion, pour 9 794 $
et Avison Young Commercial Real Estate pour 15 000 $. Est-ce que
c'est en lien avec l'atmosphère qui régnait au bureau du Québec à Houston?
Mme Biron : C'est une
question que... qui est extrêmement technique, et je pense que peut-être que
mes équipes seraient mieux équipées pour répondre, peut-être mon sous-ministre,
parce que vraiment c'est extrêmement... là.
Le Président (M.
Bachand) :Est-ce qu'il y a consentement
pour donner la parole au sous-ministre?
M. Morin : J'aimerais que Mme
la ministre réponde. M. le sous-ministre est juste à côté, là, ils peuvent se
parler.
Le Président (M.
Bachand) :O.K. Donc, il n'y a pas de
consentement. Mme la ministre.
Mme Biron : Bien...
Des voix : ...
Mme Biron : ...je vais être
obligée de vous demander de... d'être plus précis, parce que ce que je
comprends, c'est que c'est des entreprises immobilières...
M. Morin : Bien, ce n'est
pas... Très bien. Alors, je vais... je vais être très précis. Écoutez, vous
avez signé un contrat de gré à gré avec Avison Young Texas, ça s'appelle
Services professionnels, consultant en gestion de projet, pour
9 794 $. Alors, moi, je veux savoir si c'est en lien avec le climat
qui régnait dans la délégation du Québec à Houston.
Et j'ai d'autres questions. Quand on
regarde vos documents, vous avez également RM...
M. Morin : ...psychologie,
service professionnel d'accompagnement en psychologie, 43 504 $.
C'était un contrat de gré à gré et vous avez également un consultant, Sandra
Goagio. Là, c'était un contrat négocié, celui-là n'était pas de gré à gré, pour
32 552 $. Alors, ma question est la suivante : Est-ce que ça,
c'était en lien avec le climat qui régnait à la délégation du Québec à Houston?
Oui ou non? Et ma question aussi que je vous posais, c'était en lien avec
l'état, la santé, santé physique, la santé mentale des diplomates québécois qui
sont en poste, quels sont les mécanismes que vous avez en place pour les
protéger et est-ce que ces montants-là sont reliés à la situation qui prévalait
à Houston?
Mme Biron : O.K. C'est toute
une question. Puis il y a plusieurs contrats, il y en a certains qui sont pour
les locaux, d'autres pour l'immobilier. Je pense que ça, ça n'a strictement
rien à faire avec les ressources humaines. Je pense que votre point II est
en lien, effectivement, avec ce qui se passe. Nous avons reçu des plaintes.
Moi, j'ai été informé avant les fêtes qu'il y avait un psychologue industriel
qui avait été embauché pour faire un diagnostic à l'intérieur parce qu'il y
avait eu des plaintes. Je pense que c'était la façon de le faire. Après, bon,
nous avons reçu la documentation sur la situation à l'intérieur du bureau. Nous
avons... nous voulions rehausser ce bureau-là et il était clair que nous
ferions des changements à l'intérieur de ce bureau-là. Alors, à ce compte-là,
bien, nous avons décidé de relever la cheffe de bureau. Et ça s'est fait très
bien, je pense, dans le respect des employés qui sont là, mais aussi dans le
respect de la cheffe de poste qui était sur place.
• (12 h 20) •
M. Morin : Est-ce que vous
avez fait un suivi par la suite auprès des employés pour voir comment ils
étaient?
Mme Biron : Bien sûr, nous
avons nommé un chef de poste qui est bien connu à l'intérieur du ministère des
Relations internationales. Et l'objectif était justement d'avoir une personne
de confiance qui avait déjà un très bon contact avec les gens de cette
délégation-là. C'est pour ça qu'on a fait ce choix là, stratégique, d'envoyer
un chef de poste qui était connu des employés et qui pourrait permettre une
certaine restructuration de ce bureau-là en vue de le rehausser éventuellement
parce que c'est un bureau qui performe très bien. Économiquement... je pense
que c'est aux États-Unis... Si vous me donnez une petite seconde, je vais juste
aller chercher un document que j'aime bien et qui me donne une bonne...
Le Président (M.
Bachand) :M. le député, est-ce que vous
avez, une question en attendant?
M. Morin : Oui. Est-ce que
cette personne-là que vous avez mandatée vous a fait un rapport sur un état de
la situation?
Mme Biron : Bien, cette
personne-là fait un rapport régulier avec les gens du ministère, là. Mon
sous-ministre, mes sous-ministres adjoints se tiennent quand même très au
courant de ce qui se passe dans les délégations. Il faut comprendre qu'on a
presque 380 personnes qui représentent le Québec, qui travaillent à
l'étranger. Ces gens-là sont souvent isolés, ils sont loin. Je ne sais pas si
ça vous est déjà arrivé de travailler à l'étranger, mais on est mandatés, puis
on arrive là, puis à un moment donné, il faut avoir une capacité de travailler,
d'être très autonome. Alors, c'est important qu'il y ait un bon contact avec la
base. Et les équipes du ministère sont assez agiles et bien formées,
professionnelles, si bien que ces relations là, elles sont continues et on se
tient au courant de ce qui se passe dans les différentes délégations. Moi,
personnellement, vous devez savoir, je ne peux pas constamment avoir les agendas
de tout le monde et savoir ce que tout le monde fait, mais j'ai les équipes en
place pour être capable de me donner l'information.
M. Morin : Mais si vous
permettez, oui, effectivement, je suis très conscient que ces employés-là sont
des professionnels qui travaillent très fort, qui doivent faire preuve
d'autonomie, de créativité puis c'est justement pour ça que je me soucie de
leur santé, d'où les questions que je vous pose. Alors... parce
qu'effectivement ils jouent un rôle très important pour le Québec. Suite à la
situation, avez-vous eu un rapport qui vous a été fait?
Mme Biron : Bien, un rapport
verbal me disant que les choses vont bien. Houston, c'est un bureau important,
c'est notre quatrième partenaire aux États-Unis.
M. Morin : C'est justement,
d'où ma question.
Mme Biron : Écoutez, on fait
des affaires d'à peu près... de plus de 20 milliards de dollars par
année en haut de 40 %.
M. Morin : Parfait. Donc,
votre rapport était... le rapport était verbal.
Mme Biron : Oui.
M. Morin : O.K., parfait.
Dans votre ministère, est-ce que vous avez un service juridique?
Mme Biron : Oui.
M. Morin : Donc, vous avez
des...
M. Morin : ...avocats du
ministère de la Justice qui vous donnent des conseils au quotidien. Parce que,
dans les contrats, vous avez accordé au cabinet d'avocats Therrien Couture
Joli-Coeur un montant de gré à gré pour 130 332 $. Est-ce qu'il y a
des raisons particulières? Parce que c'est quand même une somme importante.
Mme Biron : Je vais le
prendre en délibéré parce que je ne le sais pas. Je ne suis pas au courant.
M. Morin : D'accord. Est-ce
que vous vous engagez à nous revenir et à nous expliquer pourquoi vous avez
utilisé ce cabinet-là, et la somme, évidemment, qui apparaît dans le cahier des
crédits?
Le Président (M.
Bachand) :...au secrétariat de la
commission. Merci beaucoup. M. le député.
M. Morin : Merci. Merci, M.
le Président. Maintenant, autre... autre sujet. Cette fois-ci, c'est en lien
avec le Bureau du Québec à Paris. Est-ce qu'il y a toujours des rénovations en
cours?
Mme Biron : Oui.
M. Morin : Et quel est le
montant que vous avez investi jusqu'à maintenant dans le Bureau du Québec à
Paris?
Mme Biron : Écoutez, je ne le
sais pas, mais je peux vous dire une chose : on est dans les temps et nous
sommes dans le budget. Et je pense que ça va... c'est... c'est assez
intéressant. Je pense que...
Des voix : ...
Mme Biron : C'est
25 millions de dollars.
M. Morin : 25 millions de
dollars?
Mme Biron : Oui.
M. Morin : Merci. Et, pendant
ce temps-là, j'imagine que la délégation travaille ailleurs et ils ont un local
pour travailler ailleurs. Combien coûte ce local?
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :...en attendant qu'elle trouve
l'information? Oui.
M. Morin : Oui. En fait,
bien, j'aimerais savoir combien il en coûte pour faire travailler la délégation
ailleurs, quand seront-ils relocalisés. Ça, c'est... c'est deux questions.
Mme Biron : ...dans les
temps, septembre 2024, au 66 Pergolèse.
M. Morin : Parfait. Je
vous... Je vous remercie. Prochaine question. C'était une journée émouvante
aujourd'hui à l'Assemblée nationale parce qu'on a commémoré le génocide
arménien. Est-ce que, dans vos... dans votre plan stratégique, dans vos
objectifs, est-ce que vous prévoyez éventuellement ouvrir une représentation du
Québec en Arménie, puisque le Canada a ouvert une ambassade récemment? Et, si
oui, quelles sont les étapes prévues?
Mme Biron : Ce n'est pas dans
nos plans, M. le député, d'ouvrir.
M. Morin : Ce n'est pas du
tout dans vos plans?
Mme Biron : Non.
M. Morin : D'accord. Compte
tenu de la situation en Artsakh, on y a fait référence un peu plus tôt
aujourd'hui, quelles sont les actions que vous poserez, ça peut être avec
l'ambassade canadienne, pour aider le peuple arménien qui est en déplacement
présentement dans des conditions qui sont totalement atroces?
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :Mme la ministre.
Mme Biron : Nous... Je pense
qu'on met support, à l'Assemblée nationale, le support politique de... des membres
de l'Assemblée nationale à l'égard du peuple arménien. Il peut y avoir des
conversations avec différentes de mes équipes avec le... Affaires mondiales
Canada. Mais, à courte vue, là, je ne peux pas vous dire que ça prend
énormément, là, de nos efforts, malgré le fait que nous sommes quand même
extrêmement touchés par rapport à ce qui se passe, et que les différentes
motions que l'Assemblée nationale adopte, c'est un peu notre poids politique et
notre voix qui est entendue.
M. Morin : Merci. M. le
Président, il y a... il y a un autre endroit dans le monde où il y a aussi
énormément de souffrance, des conditions excessivement difficiles pour la
population, et c'est Haïti. C'est dans les Amériques, c'est tout près de chez
nous. Et le peuple haïtien souffre énormément. Quand on regarde les cahiers de
crédits, à la question RP-28, il y a des crédits qui ont été alloués, et
j'ai quelque... j'ai quelques questions pour vous. Entre autres, à 3.1, on
parle de la mobilisation de l'expertise québécoise et francophone pour le
renforcement des capacités de gouvernance démocratique, un montant de
17 100 $ sera dépensé en 2023-2024. Comment... Comment ça va
fonctionner? Est-ce que vous...
M. Morin : ...obtenir un
rapport avec une reddition de comptes. Vous avez la même chose à 3.2, Alliance
pour une gouvernance inclusive et redevable en Haïti, donc agir... d'aide
financière de 700 000 $ sur trois ans pour la réalisation du projet
Alliance pour une gouvernance inclusive et redevable. Quels sont les gestes
concrets que vous avez posés? Comment vous allez vous assurer que l'argent va
se rendre au bon endroit? Puis évidemment, qu'est-ce que... Comment vous allez
mesurer l'impact et le succès pour aider la population haïtienne?
• (12 h 30) •
Mme Biron : Bon. Merci pour
cette question-là parce que c'est un plan qui me tient à cœur. Et comme vous
vous en doutez, on n'a pas d'armée, on ne peut pas entrer là. Haïti a des
crises multiples, et ce n'est pas facile. Nous sommes... nos organismes
d'aide... de coopération internationale et d'aide humanitaire sont sur... sont
en place depuis... depuis très longtemps en Haïti. Et nous avons une diaspora
de... qui compte à peu près 100 000 citoyens. Je pense qu'il doit y
en avoir plusieurs de la communauté haïtienne dans votre circonscription.
Alors, dans... Moi, je voulais qu'on fasse quelque chose pour Haïti, alors j'ai
réuni les gens des organismes, La Maison d'Haïti, des organismes du Québec en
Haïti, puis je leur ai demandé : Qu'est-ce qu'on peut faire? Et il y a de
l'expertise en coopération internationale. Les postes dont vous me parlez, il y
en a certains qui vont travailler avec le CECI, qui... Et l'idée, c'est de
travailler sur le terrain à la hauteur de nos capacités. Comme je vous le dis,
on ne peut pas entrer dans Port-au-Prince puis régler la situation ou
réinstaller un pouvoir politique sur place. Alors, nous avons décidé de
travailler pour permettre aux gens, par exemple, qui sont en processus
d'éducation, de... qui veulent faire des... Par exemple, on avait besoin de
dentiste, alors il y a des gens qui sont en formation mais qui ne peuvent plus
faire leur formation, alors on a décidé d'investir dans ce type de programme là
pour permettre à des Haïtiens en dehors... Puis on a beaucoup investi dans Cap-Haïtien
surtout, un peu en dehors de Port-au-Prince, pour que la vie puisse continuer.
Et on a ciblé les plus démunis, c'est-à-dire les femmes, les enfants, pour
qu'il puisse y avoir de l'éducation, mais aussi une prise en charge. Le
programme du CECI, là, celui que vous parliez, dont le montant est assez... est
plus élevé, c'est aussi pour investir dans les communautés pour qu'elles se
prennent en charge, qu'elles prennent en charge leur propre gouvernance. Parce
qu'écoutez, le dernier gouvernement a été élu avec un taux de participation de
10 %, ce n'est pas vraiment des gouvernements légitimes. Ça veut dire que
les citoyens ne sont pas investis dans leur propre communauté. Alors, on a
décidé de faire un travail à ce niveau-là. Alors, il y a de l'aide aux femmes,
l'aide aux enfants, mais aussi l'aide aux communautés pour qu'elles puissent se
prendre en main.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Merci, M. le
Président. Et au niveau de la reddition de comptes, est-ce que vous obtenez des
rapports?
Mme Biron : Oui.
M. Morin : Comment êtes-vous
capable de mesurer l'avancement de ces travaux-là? Vous avez également, à la
même page, d'autres d'autres... d'autres montants, 626 273 $ dans le cadre
du nouveau Québec sans frontières, des activités de solidarité internationale,
lesquelles? Et vous avez aussi des programmes de coopération bilatérale
Québec-Haïti, toujours dans la même page, 77 000 $, pour des
retombées tangibles. Quelles sont-elles?
Mme Biron : Oui. La
reddition, oui, parce qu'écoutez on met 4.3 millions $. Je sais que
c'est... ce n'est pas ce que les États-Unis mettent ou même le Canada, qui a
mis pas loin de 350 millions de dollars, c'est tout petit, mais c'est
notre intervention. Puis on veut s'assurer effectivement que l'argent se rende
au bon endroit. Alors, on a mis en place un comité de suivi. Et la première
rencontre de ce comité de suivi là aura lieu le 7 mai, et je vais y assister.
Sont membres plusieurs membres de la communauté haïtienne, des membres du CECI
et aussi le ministre de la Santé et Sécurité sociale...
Une voix : ...
Mme Biron : ...Santé et
Services sociaux, qui... bien, haïtien d'origine et qui a un très grand intérêt
à suivre ce qui se passe sur le terrain.
M. Morin : Parfait. Je vous
remercie. Ma prochaine question, c'est en lien avec la promotion du français à
l'international, Relations internationales et Francophonie. Quelles sont les
plus récentes initiatives que vous avez mises en place pour promouvoir la
langue française à l'étranger? Et quelles sont les initiatives, mesures que
vous mettez en place pour le sommet...
12 h 30 (version non révisée)
M. Morin : ...de la
Francophonie, qui cette année se tiendra à Paris au mois d'octobre?
Mme Biron : Oui. Bien, merci
pour cette question-là. Je pense que la francophonie, à l'international, il y a
beaucoup de choses à faire, c'est un potentiel énorme. Les membres de l'Organisation
internationale de la Francophonie, c'est quand même 88 États et c'est un
potentiel énorme. Le gouvernement du Québec est un membre de plein droit, c'est
le seul endroit où le Québec a un vote officiel. Pour un gouvernement
infranational, bien, c'est beaucoup. Le Québec, c'est le vaisseau amiral de la
francophonie en Amérique du Nord. Je dis souvent : Nous sommes une petite
goutte d'eau francophone dans un océan anglophone et nous avons un travail
énorme pour protéger notre langue, nous avons besoin de la francophonie.
Alors, le sommet. Il y a différents
projets qui sont en cours dont je vous détaillerai les sujets au fil des mois
qui vont venir, mais nous avons effectivement différents projets pour que le
Québec prenne le leadership, mais, plus que ça, pour qu'on puisse prendre un
leadership avec la France. Et d'ailleurs, quand le premier ministre de la
France est venu, nous avons eu une rencontre de travail et nous avons discuté
de la francophonie et de certains projets que nous pourrions mettre en place
pour que la France et le Québec puissent assumer un leadership important.
M. Morin : Merci, parce qu'il
reste quelques secondes.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Le temps va très rapidement.
Il reste 35 secondes, M. le député.
M. Morin : Alors, quels sont
les indicateurs que vous avez en place présentement pour valider, évaluer vos
efforts, le succès de vos efforts pour la promotion du français et le succès de
vos initiatives dans ce domaine?
Le Président (M.
Bachand) :Très rapidement, Mme la
ministre, 20 secondes.
Mme Biron : Oui. Bien,
écoutez, nous allons continuer d'investir au sein de l'Organisation
internationale de la Francophonie et nous allons travailler très fort pour...
au niveau culturel pour la découvrabilité des contenus en français pour que ce
soit plus agile et motiver notre jeunesse à s'intéresser à la francophonie.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Merci beaucoup.
Maintenant, je me tourne vers la partie gouvernementale pour 8 min 14 s,
là. Mme la députée de Laval-des-Rapides, s'il vous plaît.
Mme Haytayan : Merci. Mes
salutations, M. le Président, M. le secrétaire, aux collègues ministériels et
du cabinet ministériel, aux collègues de la banquette gouvernementale ainsi qu'aux
collègues des oppositions.
Sur la nouvelle politique internationale, Mme
la ministre, le 22 mars dernier, au CORIM, au Conseil des relations
internationales de Montréal, vous avez annoncé lors de votre allocution que
votre ministère travaillait sur une nouvelle politique internationale pour le
Québec. Est-ce que vous pouvez nous en dire plus à ce sujet?
Mme Biron : Merci beaucoup, Mme
la députée de Laval-des-Rapides, pour cette question-là. C'est bien évident
que, quand je suis arrivée en fonctions, j'ai... on a choisi, avec les équipes,
de reprendre davantage le terrain, de faire plusieurs missions, parce que des
années de pandémie avaient été extrêmement difficiles, on était refermés sur
nous-mêmes. Et les relations internationales, c'est des relations, hein? Si on
arrive à faire autant de travail par exemple avec les Américains ou par exemple
en Europe, c'est parce que nous sommes là depuis longtemps et que nous avons
travaillé nos contacts. Les... Dans le monde entier, les gens veulent faire
affaire avec des amis. Et, dans cette nouvelle géopolitique, actuellement, avec
la guerre en Ukraine, avec la Russie qui se... qui s'isole davantage, ce qui s'est
passé en Chine, en Inde également et aussi avec les élections américaines, qui
sont quand même passablement importantes, et cette espèce de tiraillement entre
les postures libre-échangiste et protectionniste, nous nous... nous nous sommes
bien positionnés au Québec, et nous voyons beaucoup d'opportunités dans cette
géopolitique en mouvement essentiellement parce que nous occupons très bien le
terrain et que nous avons des contacts politiques et économiques passablement
partout.
Alors, nous avons décidé de revoir notre
politique. En 2025 se fera... ce sera le 60ᵉ anniversaire de la doctrine
Gérin-Lajoie. Pendant le premier mandat, alors que se passait... que se
déroulait la pandémie, le Québec a décidé de prendre un virage économique dans
sa politique internationale. Je dis souvent que la politique internationale du
Québec, elle repose sur deux piliers, la diplomatie économique, où nous faisons
des affaires... Je l'ai dit tout à l'heure, c'est à peu près 250 milliards de
dollars d'échanges par année. Dans ce monde géopolitique... où la géopolitique
est en mouvement, vous avez certainement dû entendre les mots «friendshoring or
nearshoring», qui veut dire : On veut faire affaire avec des amis, on veut
faire ami... affaire avec des amis qui...
Mme Biron : ...mais le Québec
est extrêmement bien positionné pour en faire davantage. Le monde veut faire
plus de relations économiques, et je pense que ce choix-là, ce
positionnement-là, ce premier pilier-là, il est au bon endroit. Le deuxième
pilier que j'appelle la diplomatie identitaire, ça, c'est ce que nous sommes,
nous, les Québécois. On en a parlé tout à l'heure avec le député de l'Acadie,
nous sommes francophones. Nous sommes pour l'égalité entre les hommes et les
femmes. Nous sommes laïques. Nous avons une culture spécifique. Nous sommes...
Nous travaillons sur nos relations éducationnelles, c'est-à-dire nous faisons
de plus en plus de contacts au niveau de l'enseignement supérieur. Alors, tout
ça ensemble fait que nous avons beaucoup à offrir et nous pouvons saisir
plusieurs opportunités.
Alors, nous avons estimé qu'il était tout
approprié de revoir la politique internationale du Québec, ce sera... La
dernière, je pense, date de... 2017. Et nous pensons que, pour le 60e
anniversaire de la doctrine Gérin-Lajoie, ce serait bien qu'on se donne une
posture plus nationaliste à notre image et à l'image de ce que sont les
Québécois à l'international. Je le disais tout à l'heure, les relations
internationales pour le Québec, c'est un symbole qui est très, très fort et
c'est un des des legs de la Révolution tranquille que nous devons chérir. C'est
un joyau qu'il nous faut frotter pour être bien sûr qu'il puisse continuer à
briller.
• (12 h 40) •
Mme Haytayan : Merci, Mme la
ministre. Toujours au CORIM, vous aviez annoncé lors de votre allocution un
certain rééquilibrage dans le réseau des représentations du Québec à
l'étranger. Vous avez annoncé votre intention d'ouvrir des représentations
différents endroits dans le monde, le rehaussement aussi de quelques bureaux de
délégation, notamment aux États-Unis et en Asie. Pouvez-vous nous expliquer
pourquoi vous jugez pertinent de faire ce rééquilibrage, puis en quoi il
consiste exactement?
Mme Biron : Tout à fait.
Bien, en fait, j'ai mis la table, je pense, dans ma dernière réponse en vous
expliquant toute cette géopolitique et ce qui se passait dans les différents
coins du monde et qui sont des opportunités pour nous. Alors, pour bien saisir
ces opportunités-là, il fallait aussi être stratégique, c'est-à-dire où est-ce
qu'on va être plus présent, où est-ce qu'on peut être plus efficace. Est-ce
que, dans certains endroits, on a besoin d'autant de personnes? Est-ce qu'on
est capable d'en faire autant avec moins? Alors, on a décidé de faire certains
choix stratégiques, je pense, notamment, aux États-Unis, on va augmenter nos
effectifs de près de 20 %. J'ai parlé tout à l'heure de Washington où on
va rehausser le bureau au statut de délégation, mais Miami aussi était dans ce
même décret là, sera rehaussé au niveau de délégation. Nous envisageons, pour
l'année prochaine, l'ouverture d'un bureau à Seattle.
En Europe, nous sommes bien placés, nous
avons six bureaux. Nous voyons que dans les pays nordiques, il y a un intérêt
important, le ministère de l'Économie est intéressé. Il y a des villes qui sont
allées... qui ont dit : Écoutez, il y a des affaires à faire dans les pays
nordiques. Alors, nous envisageons d'ouvrir l'année prochaine une
représentation à Stockholm. L'Europe, c'est un peu ... est dans ma mire, parce
que je sens que les Européens, avec la guerre en Ukraine, ont tourné le regard
vers l'Ouest. Et je ne pense pas que ce sera l'affaire d'une seule génération,
je pense que ça va être durable dans le temps. Et on se demandait qu'est-ce qu'on
pourrait faire pour en faire plus en Europe. Je suis allée il y a quelques
semaines en Belgique, et nous avons signé une lettre d'intention avec le Comité
des régions de l'Union européenne. C'est le premier État infranational ou monde
qui n'est pas partie de l'Union européenne, qui a signé une lettre d'intention
avec le comité des régions. Et ça, ça va nous donner un accès à à peu près 600
villes et régions européennes. On va pouvoir assister à ces débats-là.
On va travailler, dans les prochains mois,
pour faire un véritable partenariat et ouvrir de nouveaux marchés pour le
Québec en Europe. Alors, il y a beaucoup d'opportunités. En Indopacifique,
même...
Mme Biron : ...chose. Ce qui
s'est passé en Chine a eu un grand impact, notamment sur l'indopacifique. Là
aussi, on parle de revoir...
Le Président (M.
Bachand) :En terminant, Mme la ministre.
Mme Biron : ...les statuts
des bureaux de Séoul et de Singapour.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Le temps alloué
à l'étude du volet Relations internationales et Francophonie des crédits
budgétaires du portefeuille Relations internationales et Francophonie étant
presque écoulé, nous allons maintenant procéder à la mise aux voix des crédits.
Est-ce que le programme 1, intitulé direction et administration, est
adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Président (M.
Bachand) : Adopté sur division. Est-ce que le programme 2,
intitulé affaires internationales... est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Président (M.
Bachand) : Adopté sur division. En terminant, je dépose les
réponses aux demandes de renseignements de l'opposition. Et compte tenu de
l'heure, la commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures où elle va entreprendre
l'étude du volet lutte à l'homophobie et la transphobie des crédits budgétaires
du portefeuille Relations internationales et Francophonie. Merci. À tantôt.
(Suspension de la séance à 12 h 45)
14 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 heures)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! Bon
après-midi, tout le monde. La commission reprend ses travaux. Nous sommes
réunis afin de procéder à l'étude du volet lutte à l'homophobie et la
transphobie des crédits budgétaires du portefeuille Relations internationales
et Francophonie pour l'exercice financier 2024-2025. Une enveloppe d'une
heure a été allouée pour l'étude de ces... ces crédits, pardon.
Avant de débuter, M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Non...
Le Président (M.
Bachand) :Aucun remplacement. Donc, comme
vous le savez, nous allons procéder à une discussion d'ordre général par blocs
d'environ 20 minutes. Il me fait plaisir de céder la parole à la députée de
Westmount-Saint-Louis pour un premier bloc de 18 minutes. Mme la députée,
s'il vous plaît.
Mme Maccarone : ...à votre
équipe. Un plaisir d'être parmi vous cet après-midi pour discuter de la lutte
contre l'homophobie et la transphobie, un dossier qui me passionne. Alors, je
me lance tout de suite dedans. Mme la ministre, je souhaite parler un peu de le
comité de sages. Le comité de sages... Puis ce que je souhaite savoir, c'est...
Vous n'avez pas trouvé que c'était plus votre place, comme ministre responsable
de la Condition féminine, qui est responsable de la lutte contre l'homophobie
et la transphobie, de faire partie de ce comité, de gérer ce comité? Pourquoi
que vous avez légué vos responsabilités à un autre collègue?
Le Président (M.
Bachand) :...le mot «nier», il faut faire
attention. Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme Biron : Oui, bonjour...
Des voix : ...
Mme Biron : Vous allez me
permettre de faire quelques petites salutations, bien, d'abord à vous, Mme la
députée de Westmount-Saint-Louis. Je vois que le député de Jean-Lesage... ou c'est
un nouveau portefeuille pour vous. Je pensais, à un moment donné, que c'était
le député de Taschereau qui était venu se présenter. Alors, bienvenue dans ce
dossier-là. Je veux aussi saluer mes collègues députés à l'Assemblée nationale,
fidèles et qui ont travaillé très fort dans le dossier de la lutte contre l'homophobie
et la transphobie pour bâtir des questions qu'ils vont pouvoir me poser un peu
plus tard et qui vont nous permettre de nous éclairer sur ce dossier. Je
voudrais également remercier toute l'équipe du Secrétariat à la condition
féminine, parce que c'est énormément de travail que de monter ces dossiers-là.
Et ce sont des gens qui s'assurent que l'information est au bon endroit et qu'on
puisse informer autant vous, les députés, que l'ensemble de la population.
Alors, cela dit, pour ce qui est du comité
de sages, bien sûr, nous avons eu quelques discussions à ce sujet. Moi, je suis
dans... j'étais dans la préparation et dans l'objectif de mettre en place
toutes les... toute notre stratégie de lutte contre l'homophobie et la
transphobie. Alors, c'est important que je puisse travailler avec les
différents organismes communautaires qui représentent la communauté. On s'est
dit que ce serait bien que j'aie les coudées franches pour pouvoir le faire et
que le comité des sages pourrait chapeauter et contribuer. Moi, ce que je me
suis préoccupée dans mes discussions, c'est de m'assurer que le conseil LGBTQ
devienne l'organisme-conseil du comité des sages. Je voulais avoir un organisme
qui fédère bien, ou, en fait, presque entièrement la communauté au Québec, pour
être capable de contribuer et de bien conseiller le comité des sages.
Mme Maccarone : Ma question,
c'est : Est-ce que vous vous êtes battue pour garder le comité sous votre
responsabilité?
Mme Biron : On a eu des
discussions sur la meilleure façon de le faire, et je pense qu'à l'intérieur de
nos discussions on a tous convenu que c'était une bonne idée que ce comité-là
soit dirigé par un tiers pour que je puisse garder les coudées franches et
avancer...
15 h (version non révisée)
Mme Biron : ...dans notre
stratégie.
Mme Maccarone : Ça fait que
la réponse est non. À la suite de... quand le comité va terminer leur travail,
c'est qui qui va être responsable de mettre à l'œuvre le fruit du travail de ce
comité de sages, entre guillemets?
Mme Biron : Bien, ce sera un
document qui sera présenté au Conseil des ministres et nous en ferons un
document gouvernemental, et c'est au gouvernement de porter l'ensemble de ce dossier-là.
Mme Maccarone : Ma question
est simple : C'est vous? C'est la ministre de la Famille? C'est qui qui va
mettre ça à l'oeuvre?
Mme Biron : On va laisser le
comité de sages arriver avec ses conclusions. L'idée, c'est d'avoir un état des
lieux. Nous travaillons tous ensemble, moi et la ministre de la Famille. Nous
travaillons très bien ensemble. Nous sommes voisines à l'Assemblée nationale,
nous communiquons très bien, l'information circule.
Mme Maccarone : Vous me
permettez, Mme la ministre, avec beaucoup de respect, c'est parce que la
réponse est floue. Moi, ma question est vraiment simple. Moi, je souhaite
savoir, quand le document est terminé, ça va être la responsabilité de quel
ministre, au sein du gouvernement de la CAQ, de le mettre à l'oeuvre? C'est
vous, la ministre, la personne responsable de la lutte contre l'homophobie et
la transphobie, alors est-ce que c'est vous ou, dans les prochains crédits,
moi, je dois poser mes questions à la ministre de la Famille?
Mme Biron : J'apprécie votre
question. Vous connaissez bien ce dossier-là et vous savez qu'au Secrétariat de
la Condition féminine et au Bureau de lutte contre l'homophobie et la
transphobie, ça concerne l'ensemble du gouvernement. Nous sommes... nous
travaillons de façon transversale, c'est-à-dire avec tout le monde, avec la
sécurité publique, avec l'éducation, avec la santé, avec différents ministères.
Alors, c'est un projet gouvernemental. Les communautés qui sont représentées
dans le Bureau de lutte contre l'homophobie, la transphobie, ils font partie de
notre société. Et je pense que nous avons un devoir collectif, en tant que
gouvernement, de représenter et de mettre en place différentes mesures pour
contribuer à l'avancement.
Mme Maccarone : Encore une
fois, respectueusement, je pourrais dire ça comme réponse de chacun des
ministères. L'éducation, c'est le travail de tous les ministères, la santé, c'est
le travail de tous les députés. On peut dire ça de tout le monde, mais ça reste
que chacun ont quand même des responsabilités, donc ils doivent mettre à l'oeuvre.
Alors, ça reste que ce n'est pas clair.
Moi, je reviens que le bataille que j'avais
faite dans le passé, qu'on n'a toujours pas de ministre responsable du dossier,
pas de ministre n'en a, on a un secrétariat qui est responsable d'un bureau de
lutte. Moi, je trouve ça désolant. Je sais que je ne suis pas la seule, mais ça
reste que c'est vraiment flou. Puis c'est des enjeux qui prennent de l'ampleur,
alors, quand je pose la question, c'est parce que c'est la question de
plusieurs membres de la communauté qui se sentent abandonnés, préoccupés,
beaucoup de stress, beaucoup d'anxiété. Je sais que, ça, vous le savez déjà,
mais de savoir qu'on a quand même un pilier au sein du gouvernement qui va être
là pour aller au bat, pour nous, ça, c'est quelque chose qui est important.
Pour continuer dans le mien du comité de
sages, la Ligue de droits et libertés, eux, ils ont dit qu'ils dénoncent l'existence
de la composition du comité de sages sur l'identité de genre. Puis je leur
cite, ils disent que «c'est plutôt le cadre de référence des droits humains qui
doit se trouver au cœur des réflexions et des décisions qui concernent les
personnes trans et non-binaires. Qu'est-ce que vous répondez à eux?
Mme Biron : Moi, je trouve ça
formidable qu'on ait mis en place un comité de sages. Je pense que ce sont des
enjeux qui sont complexes. Et nous étions, nous, au gouvernement, happés, à la
petite semaine, avec différents enjeux qui étaient soit dans une école, soit
dans un club sportif, soit en prison. Ça touchait la sécurité publique, l'éducation,
la santé, la santé mentale. Alors, il y avait des questions où on n'avait pas
de réponse.
Alors, je pense que l'idée de mettre en
place un comité de sages, conseillé par un groupe LGBTQ... Dans la communauté,
il y a différents courants d'idées, alors, l'idée, c'était de mettre en place
des gens qui avaient une ouverture d'esprit, qui avaient... qui avaient le vécu
nécessaire pour être capables de s'élever et regarder les choses et qui étaient
capables de faire un travail de recherche pour s'inspirer des meilleures
pratiques, de faire une recension de ce qui se passe dans le monde.
Alors là, on se retrouve dans des
situations où on doit réfléchir. Qu'est-ce qu'on fait en prison? Qu'est-ce qu'on
fait avec... qu'est-ce qu'on fait dans les compétitions sportives? Alors, je
pense que l'idée d'avoir un comité de sages bien structuré et qui est conseillé
par un groupe LGBTQ qui est quand même largement crédible au sein de sa propre
communauté... je pense que c'est sage et que c'est une bonne pratique du
gouvernement. Pourquoi est-ce qu'on devrait prendre des décisions de but en
bout...
Mme Maccarone : Bien, Mme la
ministre...
Mme Biron : Bien, je ne
prends pas plus de temps que vous, là, je...
Mme Maccarone : Oui. Oui. Il
faut que ça soit quand même égalitaire.
Mme Biron : Oui, je... je le
concède.
Mme Maccarone : Mais ça reste
que, quand vous dites que... C'est vrai, on va consulter le conseil québécois
LGBT, mais ils ne font pas partie de ce comité. Alors...
Mme Maccarone : ...je sais...
pourquoi on appelait ça même un comité de sages? Pourquoi qu'on n'a pas utilisé
comité consultatif, Comité conseil? Pourquoi cette terminologie? Parce que
comité de sages... Puis on n'a pas nommé quelqu'un issu de la... de la
communauté dont nous sommes en train de prendre des décisions, faire des
recommandations, trans, non binaire. Eux, ils ne sont pas assez sages pour en
faire partie de ce groupe?
Mme Biron : Bien, écoutez,
c'est de la terminologie. Moi, je pense que l'idée c'est de faire au mieux, là,
je veux dire, on... l'idée, c'est d'avoir un comité qui est expérimenté, qui a
une expérience valable, un comité qui est également bienveillant et qui est
capable d'arriver... qui... de par son expérience, est capable d'arriver avec
certaines conclusions. Mais l'idée, c'était d'avoir la communauté LGBTQ qui
puisse collaborer aux travaux. Et c'est exactement ce que fait le conseil
LGBTQ, et je pense que c'est un gain pour le comité de sages. Et le comité
semble bien travailler avec le conseil LGBTQ.
Mme Maccarone : Vous allez le
comprendre que je suis en désaccord avec votre position. Ça aurait été un gain
si le gouvernement a trouvé que c'était absolument nécessaire d'avoir un
comité, encore une fois, de sages, on a quand même des personnes sages issues
de la communauté qui auront pu siéger. Martin Blain, Annie Pullen Sansfaçon, on
a quand même des grandes têtes, des gens qui auront pu assister puis contribuer
pleinement à ce comité, que moi, je pense, n'est pas nécessaire. Les
parlementaires se sont déjà légiféré en ce qui concerne les droits de la
communauté.
• (15 h 10) •
Alors, on prend un pas de recul que je ne
comprends vraiment pas avec un type de comité qu'encore une fois je ne
comprends pas. Puis j'ajoute qu'il y a autre chose que je ne comprends pas,
parce que j'ai quand même allé regarder dans les SAO, dans les engagements financiers
pour les contrats de sages. C'est trois contrats de gré à gré, trois salaires
combinés qui s'élèvent à 348 000 $. Ça, c'est l'équivalent du financement
qui aurait été nécessaire pour une autre année pour Interligne, pour les
services d'aide, renseignements, le service d'appel de nuit, c'est ça que
finance un an, si jamais on a besoin d'aller au-delà, si jamais il y a un
besoin. Diane Lavallée va gagner 119 600 $, Patrick Taillon,
114 200 $, Jean Bernard Trudeau, 114 200 $. Est-ce que vous êtes
d'accord avec ces montants?
Mme Biron : Mme la députée de
Westmount–Saint-Louis, je pense que vous étiez sur les crédits du ministère de
la Famille, est-ce que... oui. Alors, c'est... c'est au ministère de la Famille
qu'il faut poser ces questions sur la question des... de l'ensemble des
contrats.
Mme Maccarone : Mais ma
question est simple : Est-ce que vous êtes d'accord avec ces montants?
Mme Biron : Écoutez, je pense
que... moi, je suis prête à défendre mes crédits à moi au Bureau de lutte
contre l'homophobie et la transphobie. La Famille va le faire. Bon, vous avez
aussi parlé d'Interligne, de la ligne téléphonique Interligne. Là-dessus, ça,
c'est moi. Ça, c'est mes crédits à moi. Et on est... on a fait... on a fait
énormément de travail. J'ai une conseillère ainsi que le secrétariat de la
condition féminine a travaillé beaucoup pour qu'on puisse récupérer des fonds
de... qui avaient été libérés par le gouvernement fédéral pour financer des
lignes d'entraide dans le cadre de la COVID. Et on a réussi à gagner les fonds
nécessaires pour qu'on puisse financer cette ligne-là. Et c'est important pour
moi et pour mon équipe et pour le secrétariat de Condition féminine de le
faire, parce que c'est...
Mme Maccarone : ...mais ce
n'était pas ça, la question.
Mme Biron : Bien, vous avez
parlé d'Interligne et du financement...
Mme Maccarone : Oui, parce
que...
Mme Biron : ...mes crédits,
mais les crédits des sages, ça va au ministère de la Famille.
Mme Maccarone : Oui. C'est
parce que j'ai fait l'équivalent entre le montant qui est octroyé au comité de
sages, qui s'élève à pas loin de 350 000 $
en salaires, qu'eux, ils vont recevoir de l'argent qu'on a pu utiliser pour
aider des organismes qui travaillent au quotidien pour aider des personnes
issues de la communauté, des organismes comme Interligne. C'est de l'argent qui
pourra financer une année de ce qu'ils font, qui est essentiel en ce qui
concerne une ligne d'écoute. C'est un exemple.
Alors, la question de si vous êtes
d'accord avec les montants, ça, ça se relève à vous, parce que vous, vous êtes
quand même la personne responsable de le budget qui est octroyé aux organismes.
Alors, c'est de l'argent du gouvernement... Quand on fait face à un déficit important
de 11 milliards de dollars, c'est de l'argent qu'on est en train de
détourner à un groupe, qu'on aurait pu donner aux organismes qui sont en grand
besoin. Puis, quand je parle des montants qu'ils vont recevoir, comme le
119 000 $ qui va être octroyé à Mme Lavallée, je peux faire la
comparaison. Un prof aujourd'hui au top de l'échelle ne gagne pas plus que
109 000 $. Ça fait que j'essaie d'avoir une explication de pourquoi vous
ne vous êtes pas battu pour garder cet argent pour donner aux organismes communautaires...
Mme Biron : ...d'abord, ce
n'est pas mon argent à moi. Mais, deuxièmement, je vais vous dire, je trouve ça
vraiment intéressant, votre ligne de question, parce que, quand même, ça fait
quelques minutes qu'on vient de commencer notre séance, et vous me demandez de
commenter les dépenses du ministère de la Famille, alors que vous étiez sur
l'étude des crédits, vous aviez tout le loisir de poser ces questions-là. En
même temps, vous me dites : Vous, votre responsabilité sur le comité de
sages, et je vous dis : Ça touche l'ensemble du gouvernement. Alors, vous
me dites que ça, ce n'est pas bon que ça touche l'ensemble du gouvernement et
que la Sécurité publique, la Santé, les Services sociaux, la Justice soient impliqués
au sens large. Mais là vous voudriez que je commente les crédits du ministère
de la Famille. Alors, il y a comme une incohérence dans votre façon de poser
les questions. Mais ce que je peux vous dire c'est que le... pour mes crédits à
moi, moi, mon... moi, ce qui est important pour moi, c'était de financer ma
stratégie de lutte contre l'homophobie et la transphobie et de pérenniser le
bureau de lutte, et ça, on a réussi ça, et je pense que c'est un énorme succès.
Mme Maccarone : J'avoue, M.
le Président, j'ai un peu de la misère à comprendre les réponses. Je pose des
questions. J'aurais voulu avoir des réponses. Je sais qu'il y a beaucoup de
gens qui suivent aux crédits aujourd'hui qui vont être déçus des réponses
qu'ils reçoivent aujourd'hui. On donne l'impression qu'on ne veut pas répondre
aux questions. Je comprends le malaise de la ministre, mais ça reste que c'est
des questions qui sont posées par plusieurs personnes qui suivent nos... qui
suivent nos travaux puis qui sont issues de la communauté. Je vais changer...
Le Président (M.
Bachand) :...pas à moi de justifier la
qualité des questions ni la qualité des réponses. Bien, alors, il y a question,
il y a réponse. Alors, on continue, Mme la députée.
Mme Maccarone : Merci. Oui.
Je veux parler de l'immigration puis le délai pour la réunification familiale,
Mme... Mme la ministre. Vous n'êtes pas sans savoir que le gouvernement du
Québec retarde indûment la réunification familiale au Québec. On sait que le
délai, c'est près de trois ans. Le gouvernement fédéral vient de s'insérer dans
le dossier, ça fait que ça réduit un peu le temps d'attente versus les gens
dans les autres provinces qui doivent attendre un an. Est-ce que vous avez
analysé les conséquences que cela pourrait avoir pour les couples LGBT
québécois?
Mme Biron : J'aimerais
d'abord répondre à votre prémisse où vous dites que je ne réponds pas aux
questions puis que les gens vont être déçus. Je voudrais vous dire que j'ai
d'excellentes relations avec l'ensemble des groupes représentant la communauté
LGBTQ. Nous avons fait un travail solide et coriace pour monter le plan de
lutte contre l'homophobie et la transphobie, et c'est important de le faire
dans un contexte où il y a une montée du discours haineux importante. Et on
s'est battus, nous, ici, au bureau de lutte, pour avoir
11 millions de dollars pour les organismes communautaires. Je tiens à
vous dire que c'est du jamais-vu. C'est une somme record. Et, moi, ce n'est pas
ce que je ressens dans la communauté. Et ils ont accès très facilement à moi et
à l'ensemble de mes conseillers, puis j'y tiens. Je tiens à aider la communauté
et je fais un travail solide. Alors, j'apprécierais qu'on tempère un peu la
façon de...
Mme Maccarone : Vous savez sans
doute que, souvent, c'est des groupes qui ont peur des représailles. C'est des
groupes qui sont fragiles. C'est des groupes qui souvent ont peur que, s'ils
dénoncent, s'ils parlent ouvertement, leur financement va être coupé. Le gros
bout du bâton, c'est ailleurs puis ce n'est pas dans leurs mains, puis ça,
c'est une réalité. Et, moi, ma question, c'est : Avez-vous analysé les
conséquences en ce qui concerne la réunification familiale pour les couples
LGBT?
Mme Biron : En termes
d'immigration, vous n'êtes pas sans savoir que le Québec a une partie de ces
pouvoirs et que la réunification familiale ne fait pas partie de ces pouvoirs.
C'est donc de juridiction fédérale. Est-ce qu'il y a des discussions avec ma
collègue de l'Immigration? Bien sûr. Vous savez comme moi, vous écoutez les
nouvelles comme moi, vous suivez l'actualité, vous savez pertinemment bien que
le gouvernement souhaite rapatrier l'ensemble des pouvoirs en immigration.
Cela dit, je n'irai pas vraiment plus loin
que ça parce que ce n'est pas mon dossier. Vous êtes finalement dans le carré
de sable de ma collègue ministre de l'Immigration, qui fait un travail colossal
et qui travaille très fort auprès du gouvernement fédéral pour rapatrier
certains pouvoirs. La question de la réunification familiale fait partie des
enjeux qui nous atteignent.
Le Président (M.
Bachand) :...Mme la députée.
Mme Maccarone : Sauf que vous
avez dit au début que c'est un dossier transversal, dont tout le monde
travaille dans le dossier. Alors, moi, j'ai quand même des attentes que vous,
vous avez rencontré, comme vous avez dit, votre collègue. Le fruit de cette
rencontre, est-ce qu'il va y avoir...
Mme Maccarone : ...quelque
chose qui va être là pour aider ces couples-là qui sont doublement pénalisés.
Non seulement les familles ne peuvent pas être réunies, mais ils sont
assujettis à des crimes haineux, à des lois qui disent que c'est criminel
d'être homosexuel ou lesbienne.
Le Président (M.
Bachand) :En terminant.
Mme Maccarone : Alors, qu'est
ce que vous faites pour leur aider?
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
Jean-Lesage pour 12 minutes, s'il vous plaît.
M. Zanetti : Merci, M. le
Président. Merci, Mme la ministre, et tout le monde qui l'accompagne.
J'aimerais savoir ce que la ministre pense de l'idée suivante, qui n'est
évidemment pas mon idée, mais l'idée, par exemple, que la transidentité, c'est
une épidémie qui est le résultat d'une propagande mondiale. Est-ce que la ministre
pense qu'une affirmation comme ça, c'est transphobe?
Le Président (M.
Bachand) :Mme la ministre.
Mme Biron : Écoutez, je ne
sais pas trop, trop où vous en allez, là, mais moi, je... Les personnes trans
sont rares, c'est rare, tu sais, c'est... ça représente moins de 0,5 % de
la population. Ces gens-là qui sont en... en questionnement souffrent beaucoup,
alors je pense que nous devons les accompagner et s'assurer qu'ils vivent bien.
Comme des gens de la communauté m'ont dit... LGBTQ, quand on voit l'ensemble
du... de la montée du discours haineux à leur égard, et ça nous vient du Sud,
il y en... un représentant qui m'a dit... va peut-être se reconnaître :
Qu'est-ce qu'on a mérité pour vivre ça, tant de haine? On ne dérange pas personne,
on vit notre vie. Alors, moi, je pense qu'il faut nous tous ici, les élus et la
société civile, contrer ça de toutes nos forces. Et moi, j'en ai fait une
priorité dans mon plan de lutte.
• (15 h 20) •
M. Zanetti : Je souligne quand
même que la ministre ne répond pas directement à la question, mais je ne vais
pas insister là-dessus, mais je vous invite quand même à vous... trouver votre
réponse à ça, parce que c'est vraiment important pour lutter contre la
transphobie de pouvoir dire : Oui, ça, c'est clairement une affirmation
transphobe ou pas.
J'en... je pose une question : Est ce
que d'affirmer, disons, qu'il n'y a pas plus de suicides chez les personnes
transgenres que chez les autres, est-ce que ça, selon la ministre, ce serait de
la désinformation?
Mme Biron : Bien, écoutez,
je... Est-ce que j'ai des statistiques, moi, sur...
Le Président (M.
Bachand) :...
Mme Haytayan : ...on dirait
une entrevue.
Le Président (M.
Bachand) :Je vous arrête. La pertinence
est là... les crédits dépassent les piastres et les sous. Alors, M. le député
Jean-Lesage.
M. Zanetti : Mais ça va se
rendre à une question de sous, vous allez voir. Alors, bien, je laisserai
répondre la ministre, est-ce que l'idée de dire : Il n'y a pas plus de
suicides chez les personnes transgenres, est-ce que ce serait de la
désinformation, de dire ça?
Mme Biron : Mais, écoutez,
j'essaie de voir si on a des chiffres sur le suicide. Je sais que c'est une...
que c'est généralement conclu de cette façon là et qu'il y a plus d'enjeux de
santé mentale dans les communautés trans...
Une voix : ...
Mme Biron : Oui, bon, bien,
c'est... c'est un fait qu'il y a plus de suicides, ou de tentatives de suicide,
ou de problèmes de santé mentale dans les communautés trans.
M. Zanetti : Je vous
remercie. Puis je ne voulais pas vous piéger, là, puis c'est pour ça que je
n'insiste pas sur les questions, mais je suis content que vous ayez répondu
aussi bien à la deuxième. C'est parce que je vais vous expliquer le fond de ma
préoccupation aussi pour les autres collègues, puis pourquoi ça a une
pertinence avec les crédits dans la lutte à l'homophobie et la transphobie,
c'est que, bien, le gouvernement, dans le fonds, subventionne une organisation
qui ne porte pas toujours bien son nom, qui s'appelle PDF Québec, Pour le droit
des femmes, et sur leurs réseaux sociaux, bien, ils disent ces affaires-là. Ça
fait que le premier à faire, c'est pas mal de la désinformation puis l'autre,
bien, c'est pas mal de la transphobie. Et puis je me demande si le
144 000 $ qu'ils reçoivent par année de l'État du Québec est bien
investi dans une perspective de lutte à l'homophobie et la transphobie. Puis
j'invite la ministre à réfléchir à la possibilité, peut-être, de revoir ce
financement largement à la baisse pour le transférer à des gens qui luttent
vraiment contre la transphobie et l'homophobie, parce que, comme l'a souligné
aussi la collègue de Westmount Saint-Louis, ils ne sont pas toujours... ils
n'ont pas évidemment tous les besoins, tout le temps, toutes les ressources
nécessaires pour pouvoir faire face aux besoins auxquels ils sont confrontés.
Alors, je voulais aborder un autre sujet
aussi, puis il me restait quelques minutes, donc j'y vais sur un mode encore
interrogatoire parce que c'est quand même, je veux dire, pourquoi pas? Est-ce
que la ministre pourrait nous définir ce qu'est la sagesse?
M. Zanetti : ...
Mme Biron : Excusez-moi, vous
me parlez?
M. Zanetti : Oui, c'est bon.
Mme Biron : Mais j'ai manqué
le dernier bout de votre question.
M. Zanetti : Alors, est-ce
que la ministre pourrait nous définir ce qu'est la sagesse?
Mme Biron : La quoi?
M. Zanetti : La sagesse.
Mme Biron : La sagesse?
M. Zanetti : Oui.
Le Président (M.
Bachand) :Oui, Mme la ministre, vous avez
le droit de...
Mme Biron : Est-ce que je
peux regarder dans le dictionnaire?
Le Président (M. Bachand) :Vous avez le droit de regarder dans un dictionnaire, vous
avez le droit de demander des éclaircissements.
Mme Biron : Écoutez,
d'abord... d'abord, il y a une chose qu'il faut qu'on mette au clair, là, puis
je reprends un peu parce qu'il y a beaucoup de choses dans ce que vous avez
dit, puis, bon, je ne sais pas à quand datent les... les... ce que vous parlez,
des déclarations de PDF, puis tout ça. Puis bon, c'est des choses, moi, qui
m'ont inquiétée, surtout l'année dernière, pas... pas cette année. On les a
rencontrés d'ailleurs pour voir exactement quels étaient leurs objectifs et
s'assurer qu'on respecte les gens, et ça, je pense qu'on a été bien entendus.
Alors, je pense que la liberté de parole, la liberté d'expression, elle existe,
et que ça doit tout se faire dans le respect. Et je pense qu'on a été entendus
à ce niveau-là. Bon.
Pour la définition de la sagesse, bien,
écoutez, on pourrait philosopher très longtemps. Moi, j'ai... j'avais un
collègue qui aimait à faire de longues discussions sur est-ce que l'homme
évolue ou s'il change? Alors, on peut parler comme ça, pendant l'ensemble de
votre temps, sur la sagesse. Étant donné que vous avez étudié en philosophie,
je pense qu'on pourrait avoir certainement un bon moment autour d'une bière, si
vous le voulez, mais je pense que le temps sera mieux rentabilisé. Là, je pense
que...
M. Zanetti : Je suggère,
mettons, parce que c'est évidemment une discussion qui pourrait prendre des
heures, ça serait vraiment le fun, mais je suggère qu'il y a quand même un lien
entre la sagesse, disons, et la connaissance, peut-être aussi, si vous êtes
d'accord, entre la connaissance et l'expérience. Puis moi, la question que je
voudrais poser, la ministre, c'est : Selon elle, est-ce que, par exemple,
pour être sage sur un sujet, parce que, quand on fait un comité de sages,
évidemment, sur les enjeux de l'identité de genre, bien, on ne veut pas des
sages nécessairement qui sont des sages en mathématiques ou des sages en
littérature gréco-romaine, mais des sages en une identité de genre? Puis il me
semble que ce qui accroît la sagesse et la connaissance sur un sujet comme
celui-là, c'est l'expérience. Et je me demande si la ministre ne pense-t-elle
pas que, par exemple, avoir sur le comité de... de sages des gens qui ont
l'expérience des questionnements puis d'un parcours de vie et des enjeux
d'identité de genre serait pas plus sage peut-être, ou pas, n'aurait pas une
sagesse particulière à amener sur un tel comité?
Mme Biron : Ce qui est important,
c'est que les sages choisis combinent la connaissance et l'expérience, et il y
a plusieurs courants dans la communauté LGBTQ. Alors, l'idée, c'était de
s'assurer que la communauté puisse bien conseiller le comité de sages, et il
s'agissait de trouver l'organisme qui fédérait davantage le plus grand nombre
d'organismes au Québec, et le Conseil LGBTQ le fait admirablement bien, et je
peux vous assurer qu'ils sont consultés parce que j'en entends parler par la
communauté elle-même. Alors donc, je pense que ça fonctionne quand même assez
bien. C'est sûr que des sages qui ont la connaissance et l'expérience, il y en
a beaucoup au Québec, alors, à un moment donné, on fait un choix.
M. Zanetti : Et qu'est-ce qui
a motivé l'idée? Parce que d'exclure, par exemple, de ne pas mettre sur le
comité, de ne pas nommer au comité des gens qui auraient eu l'expérience, qui
auraient dû faire partie de la communauté finalement LGBTQIA+. Qu'est-ce que...
qu'est-ce... Pourquoi ne pas en avoir mis? Parce que c'est quand même une
décision surprenante qui a fait réagir beaucoup de monde, là. Plus de cent...
d'une centaine de groupes ont dit :Ça n'a pas de bon sens, on rejette
cette idée-là. Alors, pourquoi est-ce que vous... qu'est ce qui fait que vous
vous êtes dit : Ce n'est pas une bonne idée de faire ça?
Mme Biron : Bien, l'idée
générale, c'était vraiment d'avoir un comité de sages qui combinait, comme vous
l'avez dit, la connaissance et l'expérience, et de... que ce soit un comité qui
serait consulté par une organisation qui fédère. Il y a beaucoup de courants
dans la communauté LGBTQ, alors il s'agissait... Pour nous, on ne voulait pas
favoriser un courant plus qu'un autre. L'idée, c'était d'avoir un comité de
sages avec des gens qui ont suffisamment d'expérience et qui sont respectés
dans la société en général, et qui ont une ouverture d'esprit, et qui sont
conseillés... qui sont conseillés par un groupe LGBTQ, et ça, ça a été fait. Ce
comité-là, moi, je pense aussi, travaille beaucoup dans la bienveillance. C'est
important, ça, la question de la bienveillance...
Mme Biron : ...On l'utilise
souvent ce mot-là, mais je pense qu'en ce qui a trait spécifiquement au... à la
transe... aux transes ou aux communautés transes et non-binaires, il fallait un
comité qui avait des qualités bienveillantes.
M. Zanetti : Je vais... Je
suis certain que des personnes transes ou non-binaires ou des communautés
auraient pu avoir toute cette bienveillance-là et puis ils auraient amené aussi
cette expérience-là. Parce que même si les sages ont de l'expérience, ils n'ont
pas nécessairement l'expérience dans le sujet traité. Alors, je raffine ma
question : Qu'est-ce qui aurait été problématique? Quel problème ça aurait
amené de nommer quelqu'un de la... des communautés sur ce comité de sages?
Mme Biron : Il y a plusieurs
courants dans la communauté. Alors, l'idée, c'était de ne pas favoriser un
courant plus qu'un autre. L'idée, c'était d'avoir des gens qui avaient une
expérience globale, qui avaient une connaissance globale, une ouverture
d'esprit et la bienveillance. Et ce qu'on voulait, c'est que ce comité-là soit
conseillé, c'est-à-dire bien branché sur un organisme qui fédère le plus
d'organisations communautaires. Le conseil LGBTQ fait un travail formidable. Il
est extrêmement crédible dans la communauté. C'était le bon véhicule pour
pouvoir conseiller le comité de sages, et, très franchement, je pense qu'on
peut être fiers.
Le Président (M.
Bachand) :Il vous reste une minute, M. le
député de Jean-Lesage.
• (15 h 30) •
M. Zanetti : Si, par exemple,
le gouvernement avait mis en place un comité qui se penchait sur le droit des
femmes en contexte de droit à l'équité salariale, par exemple, est-ce que vous
auriez trouvé que c'est une bonne idée de mettre sur ce comité-là uniquement
finalement des hommes...
Mme Biron : Oui, mais les...
les femmes représentent presque 51 % de la population. Je pense que
j'aimerais ça, moi, que les femmes, ça soit 50-50 partout, puis qu'il y ait de
l'équité partout. Je pense que c'est... c'est ça qu'on... qu'on recherche, et
ce n'est pas le cas. Je peux vous le dire, on est à 46 % à l'Assemblée
nationale, c'est historique. Je peux vous dire que ce n'est pas acquis. Alors,
les batailles, elles ne sont pas acquises. Là, on parle quand même de
communautés qui... Les transes et non binaires, c'est moins d'un demi-% de la
population. Je pense que c'est important qu'ils soient consultés, qu'ils
fassent partie des décisions, mais... et qu'ils aient le droit de vivre en paix
et en sécurité.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, Mme la
ministre. M. le député de Jean-Talon pour trois minutes 54, s'il vous plaît.
M. Paradis : Merci. Combien
de temps, M. le Président?
Le Président (M. Bachand) :Trois, 54.
M. Paradis : Merci. Dans son
plus récent dénombrement sur les personnes en situation d'itinérance, votre
gouvernement, le 13 septembre 2023, Mme la ministre, indique que les
personnes de la diversité sexuelle et de genre représentent 15,15 % des
personnes recensées dans la rue et même 28,7 % des jeunes de moins de
30 ans. Donc, c'est une surreprésentation des personnes issues de la
diversité sexuelle et de genre par rapport au reste de la population.
L'itinérance, généralement, est en forte croissance. Elle a augmenté de
44 % en cinq ans, mais donc de manière beaucoup plus forte pour les
personnes de la diversité sexuelle et de genre. Quelles mesures ont été mises
en place par votre gouvernement pour faire face à ce phénomène?
Mme Biron : Nous avons mis en
place au gouvernement un comité interministériel, qui est présidé par le
ministre de... des Services sociaux, et je siège sur ce comité-là à double
titre, c'est-à-dire avec le chapeau de ministre responsable de la Condition
féminine, parce qu'il y a de plus en plus de femmes également dans la rue, mais
aussi à titre de ministre responsable du Bureau de lutte contre la transphobie
et l'homophobie. Ce sont des enjeux qui sont, je dirais, connexes parce qu'il y
a beaucoup de... de... de craintes, particulièrement chez les femmes dans la
rue. Elles se cachent, et c'est la même chose dans les groupes LGBTQ. Alors,
oui, je suis préoccupée par cette question-là. Il y a différentes organisations
qui viennent en aide, notamment aux femmes... Bien, en fait, je suis plus...
plus au courant parce que... à cause de mes fonctions... et qui prennent
facilement les groupes de la communauté LGBTQ dans leurs institutions.
Le Président (M.
Bachand) :Le temps va très rapidement
pour le député Jean-Talon. Oui.
M. Paradis : On a très peu de
temps, Mme la ministre. Dans votre plan d'action gouvernemental de 2023-2028,
la mesure 15, c'est de développer un outil de sensibilisation pour
défendre les droits des personnes de la diversité sexuelle et de genre en
situation d'itinérance. Là, on voit qu'il y a une situation assez urgente. Où
en est-on sur ce guide-là? Est-il disponible? Est-il en préparation?
Mme Biron : ...oui. On
travaille sur l'ensemble de... de ces formules-là. Quand même, en tout respect,
je veux juste vous dire que c'est un plan qui...
15 h 30 (version non révisée)
Mme Biron : ...2023-2028,
mais, comme je vous disais, je vais commencer à vous dire, c'est que les
différents refuges en itinérance, notamment pour femmes, prennent aussi les
gens de communauté LGBTQ, ils sont accueillis, et on sensibilise davantage les
différents refuges pour qu'ils le fassent. Mais l'idée, ça serait d'avoir plus
de logements, être capable de loger davantage, mais c'est un enjeu qui prend de
l'expansion partout, puis c'est la raison, en fait, du comité interministériel.
M. Paradis : Donc, l'outil n'est
pas encore prêt, puis je comprends le début du plan, mais ce que je peux
suggérer à la ministre, que ce serait, disons, dans les priorités prioritaires.
Une autre sur laquelle j'aimerais entendre la ministre, le Conseil québécois,
LGBTQ+ et d'autres organisations dénoncent le fait que les personnes de la
diversité de genre et de la diversité sexuelle sont plus susceptibles de vivre
de la discrimination au moment de trouver un logement. Vous savez que c'est une
question extrêmement importante actuellement, double facteur ici de
vulnérabilisation. Qu'est-ce que le ministère fait là-dessus?
Mme Biron : Bien, c'est un
peu pour ça qu'on a mis autant d'argent dans les organismes communautaires,
parce qu'ils ont énormément de crédibilité auprès de leurs propres membres. Et
il y a des organismes qui aident les personnes qui se cherchent des logements.
C'est difficile de trouver un logement, point, un logement abordable, parce que
les logements, c'est... Si vous avez de l'argent, vous allez vous en trouver,
un logement, mais les logements abordables, c'est un enjeu. Et, au ministère de
l'Habitation, on travaille quand mêm...
Le Président (M.
Bachand) :Merci, merci beaucoup, Mme la
ministre. Désolé. Alors, Mme la députée de Westmount-Saint-Louis pour 17, 40.
Mme Maccarone : Merci, M. le
Président. Mme la ministre, je souhaite parler par rapport à le marqueur X. En
décembre dernier, le gouvernement a confirmé qu'il repoussait, à 2025, toute
décision relative à l'utilisation du marqueur de sexe X. Et là on a assisté à
un virage de 180 degrés. Quel gâchis! Qu'est-ce qui s'est passé? C'était bien
documenté par les journalistes à l'exemple du... Puis là même, juste aujourd'hui,
on a un article qui est sorti de François Carabin, qui nous dise que ça va être
disponible dès le début de mois de mai. Tout le monde était prêt, la RAMQ était
prête, la SAAQ était prête, mais le gouvernement a hésité pendant des mois,
alors que la loi l'exigeait. Pourquoi le gouvernement ont traité les membres de
la communauté qui souhaitaient avoir accès à ce marqueur X comme des citoyens
de seconde classe pendant des mois, causant l'inquiétude, l'anxiété, le stress,
plusieurs grèves de faim, de quelques personnes comme Alexe Frédéric Migneault?
Pourquoi faire ça pour revenir à le résultat de respecter la loi de toute
façon?
Mme Biron : J'ai lu l'article
qui a été publié aujourd'hui. Je voudrais faire une correction. C'est indiqué
que le marqueur X sera disponible à partir du 8 mai, mais, dans les faits, ce
sera à partir du 6 mai, donc deux jours plus tôt. Cela dit, c'est une
excellente nouvelle quand même, admettez, que le marqueur X qu'on... que les
communautés n'aient pas eu à attendre jusqu'en 2025. La question a été soumise
et le comité de sages avait déjà conclu, et il était unanime sur cette
question-là, le conseil LGBTQ avait bien conseillé, bien alimenté le comité de
sages, si bien que le comité est sorti de sa réserve, a informé la ministre de
la Famille, que valait mieux, tout de suite, sortir avec cette information-là.
Puis-je vous dire à quel point j'étais enchantée de cette nouvelle-là,
vraiment, je pense que le gouvernement a pris une excellente décision, et on n'a
pas eu à attendre jusqu'au dépôt du rapport. Alors, je pense que nous sommes
très, très heureux de ça.
Mme Maccarone : Mais je ne
comprends pas, je comprends qu'on est content que le gouvernement va finalement
respecter la loi, mais de faire attendre les gens qui souhaitaient avoir accès
à le marqueur de sexe X jusqu'à 2025, ça aurait été à l'encontre de la loi. J'ai
siégé en commission parlementaire, de cette commission, la Commission des
institutions pour la réforme du droit de la famille, où on a adopté une loi qui
donnait accès à cette population depuis 2022. Ça fait que les instances
gouvernementales étaient prêtes, mais le gouvernement a déjà viré pour dire :
Non, non, non, on n'est pas prêt. On va vous faire attendre jusqu'à 2025. Mais
non, je ne suis pas enchantée, c'est une bonne nouvelle, oui, que finalement on
va respecter la loi, mais pourquoi vous avez fait un volte-face? Pourquoi vous
n'avez dit pas dès le départ : La loi existe, on va respecter la loi. C'était
un projet de loi déposé par votre collègue, le ministre de la Justice, même qu'on
a adopté à l'unanimité. Pourquoi faire attendre ce monde-là puis causer tout ce
stress et anxiété?
Mme Biron : La loi qui a été
adoptée et déposée par...
Mme Biron : ...mon collègue
ministre de la Justice respectait le jugement Moore, qui disait que le marqueur
X devait se retrouver sur les documents d'état civil, et ce qui a été fait.
Dans le jugement Moore, on ne parlait pas des autres documents. C'est entré
dans le débat plus tard. Chaque province a ses dispositions sur son permis de
conduire, sur ses cartes x, y, z, là.
Alors, nous, on a fait le travail, on a
mandaté un comité aussi, qui est arrivé avec différentes idées, mais,
finalement, on a décidé qu'on allait de l'avant, notamment parce que le comité
de sages estimait que c'était le bon chemin à prendre. Alors, le... à partir du
6 mai, la Société d'assurance automobile du Québec va informer une cinquantaine
de personnes qui a fait la demande que le marqueur X pourra être inscrit sur
son permis de conduire. Et ce sera la même chose pour les demandeurs de la
carte d'assurance maladie.
Mme Maccarone : Vous êtes
sûrement d'accord, Mme la ministre... Ce que vous venez de dire, c'est vrai,
oui, c'est les documents qui vont être préparés par le directeur de l'état civil
qui vont être changés, mais, si mon certificat de naissance est changé pour
avoir un x, bien, il me semble que c'est logique que mon permis de conduire
puis ma carte d'assurance maladie va aussi avoir un x. Sinon, on a quelque
chose qui n'est pas congruent, ça va être à... un de l'autre. Alors, c'est pour
ça que tout le monde s'attendait à avoir tous les documents qui seront
préparés. C'est le cheminement logique.
• (15 h 40) •
Alors, la question se pose de pourquoi le
gouvernement a quand même fait une volte-face. Les demandes... Ce que nous
avons entendu en commission parlementaire, ce n'était pas juste pour mon
certificat de naissance, c'était pour tous mes documents qui sont à être
préparés par le gouvernement. Ça reste que ça a blessé la communauté, ça a
fragilisé beaucoup de gens de la communauté qui, maintenant, sont méfiants de
comment que nous allons se comporter. Surtout que ce qu'on voit sur la scène
internationale à travers le monde, c'est un recul de droits, que ce soit pour
la communauté LGBT, pour les femmes. On voit un changement de tendances. Alors,
ils sont méfiants. Est-ce qu'on doit s'attendre à avoir autre changement de ce
type dans le futur?
Mme Biron : Moi, je trouve
que c'est extraordinaire, ce qui se passe. On avance, la société actuelle. La
bonne nouvelle, c'est que, le 6 mai, les marqueurs x seront disponibles sur les
cartes d'assurance maladie et sur les cartes de permis de conduire. Je pense
que c'est une excellente nouvelle, et on a réussi à le faire avant le dépôt du
rapport du comité de sages.
J'aurais pu passer ma séance en entier ici
à vous dire : Attendez le rapport du comité de sages, attendez le rapport
du comité de sages. Mais non, on a réussi à le faire avant. Je trouve ça
extraordinaire. Et je vous dirais même qu'Alex Frédéric Migneault, qui a mon
numéro de cellulaire, que j'ai rencontré, m'a même écrit pour me remercier,
pour me dire que c'était une excellente nouvelle pour la communauté.
Moi, je pense que notre société, elle
avance, que les communautés LGBTQ, que les communautés trans et non-binaires
sont bien respectées. Et l'idée, c'est de pouvoir leur permettre de vivre en
paix et correctement dans notre société, en sécurité aussi.
Mme Maccarone : Ça aurait été
une excellente nouvelle que le gouvernement respecte leur parole lors de
l'adoption de la loi sur la réforme du droit de la famille, dès le départ, puis
ne pas causer tout ce stress puis toute cette anxiété pour cette communauté,
qui sont déjà vulnérables. Ce n'est pas normal que quelqu'un fasse cinq ou six
grèves de faim pour faire écouter le gouvernement, pour changer l'état de
lieux. Ça, ce n'est pas normal. Il y a autres choses qui ne sont pas normales
qui se passent. Actuellement, c'est au quotidien, il y a une montée de violence
contre les jeunes LGBT puis il faut briser pour briser cette haine que nous
sommes en train de vivre. La ministre s'en doute, elle va... elle sait, on l'a
vu l'année passée. Puis je soulève quelque chose qui s'est passé l'année passée
parce que ça a quand même causé beaucoup de mal dans la communauté. Lors de la
Journée internationale contre l'homophobie et la transphobie, l'année passée,
il y a quand même une école secondaire ici, au Québec, que je ne nommerai pas,
qui ont littéralement arraché et piétiné le drapeau aux couleurs de la fierté.
Ça a blessé beaucoup de gens de la communauté. C'est difficile de remonter
cette pente.
Selon les organismes oeuvrant auprès des
jeunes, on assiste à une montée d'intolérance et de violence contre les jeunes
LGBT. Si je cite la Coalition des groupes jeunesses LGBT, eux, ils sont
inquiets : «On voit une remontée d'actions individuelles et collectives
portant atteinte à la sécurité, dignité et droits des personnes 2SLGBTQIA+ au
Québec, on a un recul d'ouverture du droit, de respect dans les écoles
démontrant la montée d'intimidation basée sur l'orientation...
Mme Maccarone : ...sexuelle et
l'identité de genre. Est-ce que la ministre parle avec son collègue le ministre
de l'Éducation pour mettre à l'œuvre des changements au sein de le cursus
scolaire pour attaquer ce fléau?
Mme Biron : Vous avez
tellement raison, Mme la députée, là, je suis contente de vous entendre. C'est
très, très difficile ce qui se passe pour les communautés LGBTQ actuellement,
et ça nous vient du Sud, ça nous vient de nos voisins aux États-Unis qui ont
durci le ton. Depuis... Depuis que le... le jugement Roe v. Wade, qui a fait
reculer les droits des femmes de façon très importante, on a vu des discours
haineux à l'égard des communautés. Rappelez-vous, là, ce qu'on a vécu avec les
drags et ce que... Il y a des livres maintenant sur les communautés LGBTQ qui
sont... qui sont brûlés ou qui sont mis à l'index. C'est épouvantable. Nous
devons, nous, ici, lutter contre cette polarisation. Il faut qu'on puisse
permettre aux gens des communautés LGBTQ de vivre en paix et en sécurité. Et,
moi, mon énergie, elle est là. C'est là que je mets toute mon énergie. Et, dans
mon plan de lutte, qui a cinq orientations, le renforcement du milieu communautaire,
c'est 11 millions de dollars. Mais le respect des droits de la communauté,
c'est 7 millions de dollars qu'on met là-dedans. On investit également
dans des formations des intervenants, c'est-à-dire des professeurs, vous
parliez du ministre de l'Éducation, du milieu sportif, les policiers, les
ambulanciers et les gens qui interviennent auprès des communautés pour mieux
les comprendre, mieux les connaître. Moi, je pense que le succès pour réussir à
permettre une vie plus paisible pour les gens des communautés, c'est de
s'assurer que l'ensemble de la population comprenne ce qui se passe et
connaisse mieux les communautés.
Mme Maccarone : Ma question
est spécifique : Avez-vous rencontré le ministre de l'Éducation pour
parler du cursus scolaire?
Mme Biron : Je rencontre
régulièrement le ministre de l'Éducation pour lui parler de plusieurs enjeux.
Nous avons discuté notamment des communautés LGBTQ à quelques reprises.
Mme Maccarone : ...
Mme Biron : Nous avançons. Je
viens de vous dire que nous avons mis de l'argent pour avoir des formations
avec les intervenants, et c'est dans le milieu scolaire également. Alors, nous
voulons soutenir, promouvoir la sensibilisation au personnel de... scolaire. Il
y a un travail qui se fait, là.
Mme Maccarone : Moi, je parle
des jeunes, je parle des jeunes, parce que, si je regarde l'orientation 1,
Rendre accessibles, oui, les sites Web gouvernementaux, de l'information, des
outils relatifs à diversité sexuelle et de genre, une perspective de promotion
sur la santé et bien-être de la population... mais en particulier les jeunes.
Les jeunes, ce qu'on entend, c'est à l'intérieur de nos écoles, c'est nos
écoles. Si on demande aux intervenants, que ça soit GRIS ou autre personne qui
rentre dans nos écoles, qui parle de formation, sensibilisation, nos jeunes
dans nos écoles primaires se disent eux-mêmes qu'ils sont homophobes, sans même
peut-être savoir qu'est-ce que ça veut dire. On a quand même, dans le cursus,
des cours qui sont offerts. Est-ce que la ministre a demandé à son collègue de
faire des modifications au sein de ces cours pour s'assurer qu'on enseigne la
tolérance, la diversité, la compréhension, surtout pour les membres de la
communauté 2SLGBTQIA+?
Mme Biron : Bien, merci pour
votre question. Bon, on me... on me pointe la mesure 10. Moi, je pense que
j'ai... j'ai ma version annotée. Mais la mesure 10 du plan, c'est... c'est
justement ça, là. Le ministère de l'Éducation, avec la collaboration du Bureau
de lutte contre l'homophobie et la transphobie, est... vise... dans cette
mesure-là, ça vise à accompagner le milieu scolaire dans une meilleure prise en
compte de la diversité sexuelle. Alors, il y a... c'est... c'est dans le cours
de Culture et citoyenneté notamment, mais c'est également dans le...
l'enseignement général que nous encourageons... que le ministère de l'Éducation
promouvoit.
Mme Maccarone : Moi, j'ai
rencontré AlterHéros à plusieurs reprises et je le remercie...
Mme Biron : ...excusez.
Mme Maccarone : AlterHéros.
Mme Biron : Alter ego, oui.
Mme Maccarone : Et je le
remercie pour leur militantisme puis leur excellence en termes de militer pour
les droits de le... de la communauté puis le travail qu'ils font, surtout que
c'est géré par des jeunes. Alors, c'est encore plus extraordinaire. Eux, ils
disent souvent, puis c'est le même discours que j'ai entendu de plusieurs
organismes communautaires qui oeuvrent au sein de les communautés 2SLGBTQIA+,
que pour faire application pour avoir accès aux...
Mme Maccarone : ...c'est
hypercompliqué. Ils nous ont donné un exemplaire d'une application de
18 pages, 18 pages, qui est supercompliquée pour des gens qui
travaillent à temps partiel, souvent, qui ne sont pas rémunérés, qui font du
bénévolat. C'est compliqué de répondre, ils ne sont pas expérimentés à faire
ceci. Et d'abord, c'est difficile pour eux, ça fait qu'ils vont être mis à part
souvent quand ils font application pour avoir accès aux fonds, parce qu'eux,
ils ne sont pas expérimentés comme un gros organisme, par exemple, comme une
Fondation Émergence, par exemple. Alors, eux, ils ont quand même fait des
recommandations. Puis je voulais savoir, par rapport à l'avis de la ministre,
si elle serait ouverte à offrir une assistance ou un accompagnement
individualisé pour aider ces organismes à remplir les documents en question et
aussi de modifier ou réviser les exigences en matière de documentation, par
exemple, de faire ça en deux temps. En faisant ça en deux temps, ça leur donne
le moyen d'envisager une mise en œuvre de processus de subvention et de
soumettre les demandes. En deux phases, première phase, on peut concentrer
uniquement sur les soumissions sous forme d'essai pour évaluer la viabilité et
l'innovation de l'idée, puis par la suite, de parler plus concrètement
qu'est-ce qu'il peut faire. Est-ce que ça, c'est quelque chose qui est
envisageable?
• (15 h 50) •
Mme Biron : Bien oui, je
vais... En tout cas, bien, je vais prendre le temps de répondre quand même.
Mais oui, écoutez, je vais vous donner un exemple. Les... Je vais référer,
parce que c'est... c'est quand même compatible, tout le travail qui a été fait
par... je regarde la violence faite aux femmes et les maisons d'hébergement. On
s'est rendu compte que les communautés voulaient développer des refuges, etc.,
mais... puis il y avait une expertise auprès de leur monde, ils étaient très
bons, avaient... pour accompagner les femmes, les diriger puis, bon, les...
leur permettre de... d'évoluer. Et mais ils voulaient construire des refuges,
puis il y a de l'argent pour en construire, mais ils se sont retrouvés dans une
situation où, écoute, il n'y avait aucune compétence en architecture puis en...
comme promoteur immobilier ou, etc. Alors, on a dégagé de l'argent au
secrétariat de la condition féminine, puis on a accompagné ces femmes-là. Puis
on leur permet de travailler. Puis on les a accompagnées aussi dans les
discussions que ces groupes-là ont eues avec l'habitation.
Mme Maccarone : ...
Mme Biron : Non mais c'est...
c'est... c'est... Tout à fait. Je prends à peu près le même temps que vous avez
pris pour répondre. Alors, ce que je veux dire...
Mme Maccarone : Juste
confirmer : c'est de l'argent qui est venu de votre budget?
Mme Biron : Oui. Ce que je
veux dire, écoutez, j'ai 11 millions de dollars, qui est un montant
historique, je veux dire, que... qui n'est jamais là. Et, si les communautés,
ils ont des difficultés, là, ils connaissent notre numéro de téléphone, ils
nous appellent, puis on va les accompagner, c'est bien certain. On a un bureau
de lutte contre la transphobie et l'homophobie, dont le bureau est pérennisé à
4 millions de dollars par... «par semaine», par année. Et c'est leur
job de... d'accompagner les groupes. Alors, bien sûr qu'on va le faire.
Le Président (M.
Bachand) :Merci, Mme la ministre. Une
minute 20 secondes, Mme la députée.
Mme Maccarone : ...que je
comprends, c'est on va pouvoir dire à AlterHéros qu'on va être en mesure de
modifier les applications pour avoir accès aux fonds.
Je veux parler, en terminant, parce qu'il
reste très peu de temps, de briser l'isolement de nos aînés. J'espère que la
ministre a quand même vu le documentaire de Dany Turcotte, qui parle du dernier
placard. Sinon, je vous encourage fortement de voir cet... ce documentaire qui
montre complètement pour quoi nous avons besoin d'avoir de plus en plus de
financement pour aider nos aînés qui font partie de la
communauté 2SLGBTQ+, comme Pour pour que vieillir soit gai. Actuellement,
ce programme, on ne peut plus le financer au long terme parce qu'ils ne sont
plus éligibles. Alors, qu'est-ce que la ministre ose faire pour aider nos
aînés? Puis souvent, ils vont falloir faire un autre coming out rendus au moment
où ils doivent se trouver ou face à une décision très difficile de rentrer dans
une maison des aînés, un CHSLD, une RPA, et qui souhaitent avoir leurs droits
respectés.
Le Président (M.
Bachand) :15 secondes, Mme la
ministre...
Mme Biron : Oui. Je veux
juste corriger ce que j'ai dit. Parce que j'ai dit 4 millions par année,
mais c'est 4 millions sur une période... c'est 800 000 $,
800 000 $ par année. C'est important que je le corrige, là, parce
que...
Le Président (M. Bachand) :Une dizaine de secondes. Allez-y, Mme la ministre.
Mme Biron : Mais on travaille
sur un projet là-dessus. On est en discussion. C'est important pour nous.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Alors, je me
tourne du côté gouvernemental pour six minutes 35 secondes. Mme la députée
d'Anjou-Louis-Riel.
Mme Boivin Roy : Merci, M. le
Président. Alors, salutations à vous. Salutations aux collègues des deux côtés
des banquettes. Mme la ministre, bonjour à vous et votre équipe. J'aimerais
qu'on continue sur le plan d'action gouvernemental de lutte contre l'homophobie
et la transphobie 2023-2028 puisque nous en parlons un peu depuis tout à
l'heure. Donc, initiative dans la continuité de la politique québécoise de lutte
contre l'homophobie et des deux plans d'action antérieurs en la matière, visant
dans... de manière générale, à contribuer à améliorer la qualité de vie et à
favoriser le mieux-être et le respect des droits des personnes, de la diversité
sexuelle et de genre. Vous l'avez mentionné brièvement, c'est un plan costaud,
44 mesures déployées...
Mme Boivin Roy : ...sur cinq
grandes orientations assorties d'une enveloppe de 23,7 millions de
dollars. Mme la ministre, vous en avez fait un peu mention à quelques occasions,
mais malheureusement, le temps étant court, vous n'avez pas eu la chance de
compléter. Donc, je vous donnerais l'occasion de le faire, davantage de détails
sur ce plan, sur ces objectifs et également l'enveloppe budgétaire de
11 millions en appui aux organismes communautaires.
Mme Biron : Merci beaucoup,
Mme la députée d'Anjou-Louis-Riel. C'est un plaisir de vous avoir ici
aujourd'hui. Je peux vous dire que je suis extrêmement fière de ce plan de
lutte là. On a travaillé fort pour le bâtir et on s'est entouré des communautés
LGBTQ et des différents organismes pour entendre ce qu'il avait à dire et
surtout prendre bonne note et s'assurer que l'on ciblait les bons endroits.
Alors, bien sûr, je pense que ça témoigne
aussi de l'engagement de notre gouvernement envers les personnes LGBTQ+ et
envers les organismes communautaires. On reconnaît leur effort et la façon dont
ils... ces organismes-là oeuvrent auprès de leur communauté. En fait, comme je
l'ai vendu au caucus ou au gouvernement, ce que j'ai dit, pourquoi est-ce qu'on
met 11 millions de dollars, qui est une somme record dans les
organismes communautaires, parce que ces organismes-là sont bons, ils
connaissent leurs clientèles. C'est eux qui sont à même de savoir où ils peuvent
intervenir directement et où ils peuvent améliorer la situation des personnes
de la diversité sexuelle et de genre, et surtout éliminer le plus d'obstacles à
l'égalité de fait.
Cela dit, les organismes, ils nous
alimentent, nous, au gouvernement. Alors, c'est une... c'est un bon... je
trouve, c'est une bonne façon, c'est un bon cercle pour être capable de
s'assurer que l'information circule. Alors, ce plan de lutte là a trois
objectifs, cinq orientations, si je vais dans le plus spécifique. Les
objectifs, c'est d'assurer bien sûr la stabilité et la continuité de
l'intervention communautaire, comme je vous l'ai expliqué. Promouvoir le
respect des droits, ces gens-là peuvent vivre en sécurité et en paix dans notre
communauté, et améliorer les pratiques administratives de nos services,
s'assurer que les intervenants soient bien formés pour être capables
d'intervenir dans ces communautés-là. Nos orientations plus spécifiques, et là
je détaille les enveloppes budgétaires, sur la reconnaissance générale de la
diversité sexuelle et de genre, on a mis une somme de 4 600 000 $. Le
respect et l'exercice des droits, c'est une somme de 1 million de dollars.
La mesure trois, renforcement du milieu communautaire, on est à
11 millions de dollars. Accès aux services publics et adaptation,
1 million et demi de dollars et renforcement de la cohérence et efficacité
des actions, et là, on est plus dans la recherche parce qu'il faut pousser
davantage pour mieux comprendre, mieux saisir les enjeux et être à même
d'intervenir.
Mme Boivin Roy : Merci pour
ces détails, Mme la ministre. On a parlé des difficultés qui peuvent être
vécues par des gens de la communauté de manière générale. Il n'en reste pas
moins quand même qu'on l'a dit et redit, le Québec est une société ouverte et
inclusive. Et évidemment, on fait même... dans les endroits dans le monde où
c'est le mieux vivre pour les personnes de la communauté LGBTQ, où leurs droits
sont le plus reconnus. Diverses choses, comme par exemple, le défilé à
Montréal, le défilé de la fierté à Montréal, qui attire des milliers de
personnes, donc des gens qui... (Panne de son) ...dans le monde. Ceci dit, les
défis demeurent quand même pour des gens qui vivent en région, à l'extérieur
des grands pôles urbains, on peut penser qu'il est plus difficile de vivre
librement son orientation sexuelle ou son identité de genre. Mme la ministre,
pouvez-vous nous dire ce que fait le Gouvernement pour soutenir les personnes
qui vivent en dehors des grands centres?
Mme Biron : Vous avez
tellement raison, c'est vrai que beaucoup de personnes LGBTQ choisissent de
s'établir en centres urbains... urbains parce qu'ils se sentent plus à l'aise,
et c'est facile dans une petite communauté, hein, les mots sont difficiles.
Puis, à chaque fois que je vais en région, j'essaie de rencontrer différents...
les organismes qui sont sur place. Et je suis allé en Abitibi-Témiscamingue et
puis on m'a rapporté des faits vraiment troublants, des gens qui... ils se
faisaient interpeller en pleine rue à voix haute. Même leurs installations ont
été saccagées lors d'un événement. Je trouve ça douloureux d'entendre ça. Je
trouve que ça ne nous ressemble pas à nous, les Québécois. On est beaucoup dans
la dynamique de vivre et laisser vivre. Mais je pense qu'on devrait être capable
de vivre et laisser vivre puis d'aider ceux qui sont en minorité. Et je pense
que c'est le message...
Mme Biron : ...que nous
devons... que nous devons porter puis propager dès qu'on le peut quand on va en
région... Nous... Je pense que les organismes qui sont en région ont leur
place. Je leur demande de tenir bon. On a du financement pour eux puis on a des
outils pour les aider à avancer. Plus tard d'ailleurs, cet après... Hier ou
aujourd'hui, on a annoncé, là, d'ailleurs, un montant supplémentaire de
2 millions de dollars pour soutenir 18 initiatives
communautaires partout au Québec, surtout en dehors des centres... urbains.
Vous me diriez... Des fois, j'ai entendu ça parce qu'on a fait des annonces
concernant les interruptions de grossesse. On me disait : Bien, écoutez,
2, 3 millions, ce n'est pas beaucoup d'argent. Mais pour les organismes
communautaires, 2 millions... 2 millions de dollars, c'est beaucoup
d'argent. Ils peuvent faire énormément de choses.
Le Président (M.
Bachand) :En terminant, Mme la ministre.
Mme Biron : Et je pense
que...
Le Président (M.
Bachand) :En terminant.
Mme Biron : ...le vivre
ensemble, c'est une valeur que nous devons promouvoir.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, Mme la
ministre. En terminant, je dépose les réponses aux demandes de renseignements
de l'opposition. Et, compte tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux
au 25 avril... jeudi 25 avril à 11 h 30. Merci.
(Fin de la séance à 16 heures)