Journal des débats de la Commission des institutions
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mardi 23 avril 2024
-
Vol. 47 N° 63
Étude des crédits budgétaires du ministère du Conseil exécutif, volet Affaires autochtones
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9 h (version non révisée)
(Neuf heures trente minutes)
Le Président (M.
Bachand) :Bonjour, tout le monde! À l'ordre,
s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission des institutions ouverte. La commission est réunie afin de procéder
à l'étude du volet Affaires autochtones des crédits budgétaires du portefeuille
Conseil exécutif pour l'exercice financier 2024 2025. Une enveloppe de deux
heures a été allouée pour l'étude de ces crédits.
Avant de débuter, M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire
: Oui, M.
le Président. M. Asselin (Vanier-Les Rivières), remplacé par M. St-Louis
(Joliette); Mme Bourassa
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré) est remplacée par M. Bernard
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue); et M. M. Zanetti (Jean-Lesage) est remplacé
par M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve).
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Comme vous le
savez, nous allons procéder à une discussion d'ordre général par bloc d'environ
20 minutes, incluant les questions et les réponses. La mise aux voix sera
effectuée à la fin du temps qui est l'étude de ces crédits. Alors, on débute
avec un premier bloc, avec le député de l'Acadie pour 18 minutes, 10 secondes. M.
le député, s'il vous plaît?
M.
Morin :Bonjour, bonjour, tout le monde. Merci, M. le Président.
Alors, bonjour, collègues parlementaires, M. le ministre, bonjour avec votre
équipe. Alors, je vous salue. Première question, évidemment, on a tous écouté
le budget du gouvernement : Quelles ont été vos demandes au ministre des
Finances et quels sont les gains que vous avez obtenus lors du dépôt du budget?
M. Lafrenière : Merci beaucoup,
cher collègue d'Acadie. Et, à mon tour, de remercier les gens de la banquette
ministérielle qui sont avec nous pour un beau deux heures de temps de qualité
aujourd'hui. J'apprécie beaucoup votre présence. Les équipes, puis vous avez
bien fait de le mentionner, il y a beaucoup de travail, hein, aujourd'hui, on
va livrer ça pendant deux heures, mais je veux vous rassurer, il y a plusieurs
heures de sueur et de sang qui ont été mis là-dedans. C'est un exercice qui est
important puis, aujourd'hui, on va faire le résumé.
Quand vous me demandez pour les crédits, M.
le Président, clairement, on a eu un gain cette année, un gain de 13,3 millions
comparativement à l'année passée. Ça fait que je veux rassurer mon collègue, on
a donc réussi à aller chercher des gains. Et je vais demeurer certains
exemples, si vous me permettez, M. le Président, parce que je pense que c'est
important de comprendre où on s'en va cette année. Alors, si on regarde du côté
du fonds d'investissement autochtone qu'on a présentement, notre... au
secrétariat, de 2022 à 2027, on est à...
9 h 30 (version non révisée)
M. Lafrenière : ...millions.
Ça, c'est 21 millions de plus que ce qu'on avait avant, M. le Président.
Ça fait qu'encore une fois, pour vous nous démontrez qu'on n'ait pas... qu'il n'y
ait pas de coupures, on a réussi à faire des gains. Pour les consultations, M.
le Président, pour répondre à mon collègue, vous donner un exemple, c'est 17,4 millions
qu'on met pour les consultations. Puis ça, c'est un dossier qu'on va parler
beaucoup aujourd'hui, j'ai l'impression, parce que les gens veulent savoir
est-ce qu'on donne les moyens appropriés aux Premières Nations pour être
consultés. C'est bien beau dire qu'on les consulte, parce qu'ils ont les
moyens... Puis, oui, c'est 17,4 millions qui sont là.
On a aussi un programme ponctuel
autochtone qui est de 1 350 000 qui est, je vous dirais, un entre-deux, entre
un discrétionnaire et un programme normé. Et ça, c'est important parce que je
suis sûr qu'on va revenir tantôt. Il y a le discrétionnaire du ministre puis
aussi une partie qui s'appelle un programme ponctuel autochtone. Il y a un plan
d'action sociale qu'on a déposé en 2022 aussi, qui est de 141 millions.
Et, vous savez, dans le passé, on a parlé
du plan J'ai espoir, qui est pour répondre à la commission Viens. Il y a plus
de 600 recommandations. On aura la chance d'en parler aujourd'hui, mais on
a des sommes importantes, M. le Président, puis je vais répondre à mon
collègue, il y a des sommes importantes qui ont été octroyées pour répondre aux
besoins des Premières Nations, des Inuit. Vous savez que les besoins sont
immenses. Ce que je veux vous dresser comme bilan aujourd'hui, ce sont des
actions concrètes, des choses très, très, très concrètes qu'on a réalisées, qu'on
est en point de réaliser. Et, dans le budget, il y a des sommes qui ont été
octroyées pour des... des points qui sont importants. Pour les services de
police autochtones, entre autres, c'est 147 millions. On l'a fait en
infrastructures et en financement aussi pour des policiers, 10 policiers
de plus cette année. Ça fait que vous voyez, on améliore les conditions de vie
des Premières Nations et des Inuit.
Le Président (M.
Bachand) :...
M. Morin : Oui. Merci, M. le
Président. Alors, passons maintenant au travail... en fait, qui nous intéresse,
nous, les parlementaires, puis j'aimerais parler du projet de loi n° 32
sur la sécurisation culturelle des Premières Nations. On a commencé à siéger en
commission. Ce projet de loi a été comme retiré. Est-ce qu'il est bloqué au
sein de l'appareil gouvernemental?
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président. Puis c'est vrai, qu'on a travaillé, on a siégé sur le projet de loi.
Puis je veux juste corriger un point, il n'est pas bloqué. Ce qu'on a fait, on
a consulté, on a entendu puis on a répondu, et ce qui nous a été dit... On a
reçu, hein, puis mon collègue était présent, puis on a entendu des
commentaires, des demandes qui nous ont été formulées. Alors, on a décidé de
prendre un moment pour regarder ce qui nous a été proposé, entre autres, par
les groupes autochtones qui sont venus nous voir. Vous n'êtes pas sans savoir
que je porte ce projet de loi là pour mon collègue à la santé. Alors, il y
avait un projet de loi n° 15 qui... en même temps. On s'est laissé le temps de
regarder ce qui nous avait été proposé, de revenir avec des propositions, de
continuer de travailler avec les groupes autochtones. Puis je veux rassurer mon
collègue, on a bel et bien l'intention de déposer ce projet de loi là puis d'aller
de l'avant, mais bien entendu avec des modifications, parce qu'on a entendu les
groupes autochtones.
M. Morin : Alors, je
comprends donc que ce projet de loi ne va pas mourir au feuilleton.
M. Lafrenière : Non, ce n'est
pas mon intention, mais pas du tout.
M. Morin : D'accord.
M. Lafrenière : Cependant,
excusez, M. le Président, cependant, quand... Puis, vous le savez, ce n'est pas
la première fois qu'on fait un projet de loi ensemble pour les... dans cette
Assemblée, on en a fait trois, hein, trois projets de loi qui touchent vraiment
les Premières Nations, les Inuit, c'est trois de plus qui avaient été faits
avant, parce qu'il n'y en avait pas vraiment du côté du Secrétariat aux
Premières Nations. Cependant, il faut faire les choses différemment, il faut se
laisser le temps, il faut entendre les groupes, il faut se permettre de faire
des changements, puis c'est exactement pour ça que ça prend un petit peu plus
de temps.
M. Morin : Donc, est-ce
que... Parce que, pendant... pendant les consultations particulières, on se
rappelle très bien de ce qui est arrivé, il y a des groupes, un groupe
notamment, le bureau du Principe de Joyce, qui sont partis pendant les travaux.
Et ce qu'on percevait, c'est qu'il n'y avait pas eu de consultation avant.
Est-ce que, là, vous êtes en train de faire des consultations après, alors que
ça aurait dû être fait avant?
M. Lafrenière : Si on se
rappelle bien ce qui est arrivé, puis spécifiquement avec le groupe du bureau
de consultation du Principe de Joyce, pour eux, c'était inacceptable, qu'on ne
reconnaisse pas le Principe de Joyce, donc qu'on ne reconnaisse pas le...
racisme systémique. Puis, on dire les vraies choses, là, c'est ce qui est
arrivé cette journée-là, ils ont décidé de quitter. Cependant, ils nous ont mis
un mémoire qu'on a pu consulter, donc. Il y avait dans ce mémoire des points
intéressants qu'on était en train d'étudier, de voir de quelle façon on peut
répondre à ça. Puis je veux nous rappeler aussi, puis je veux rappeler aux
collègues, pendant la même commission, pendant le même projet de loi, il y a
des gens qui sont venus nous voir aussi en disant : Il n'est pas minuit
moins quart, il est minuit moins une. Il faut agir. Dr Vollant a même dit qu'il
était minuit et cinq, selon lui. Il faut agir. On deviendrait la première
province au Canada à agir, à rajouter le principe de la sécurisation culturelle
dans la santé. Puis ça, c'est extrêmement important.
Alors, oui, on est... on a toujours cette
même volonté de le faire. Cependant, on le connaît bien en réalité autochtone,
il faut se donner le temps de faire les choses différemment, d'entendre, de
corriger, de s'ajuster. Alors, je veux rassurer le collègue, c'est...
Effectivement, on a entendu les gens, on a reçu tous les... tous les documents
qui nous ont été remis, les mémoires, puis on s'ajuste, puis on tente de
déposer quelque chose qui va répondre le plus...
M. Lafrenière : ...aux
demandes qu'il y avait là. Et je vais donner des exemples de ce qui a été présenté,
mon cher collègue d'Acadie. Définition de la sécurité culturelle, la nature
plus ou moins contraignante de la loi, de voir de quelle façon on pouvait faire
une rétroaction, qu'on pouvait revenir devant les gens, en disant ce qui a été
fait, ce qui n'a pas été fait. Donc, c'est la reddition de comptes.
Et il y avait tout le principe de la
formation, puis ça, en passant, M. le Président, je profite de cette
question-là pour parler de la formation en matière de sécurisation culturelle.
Ça a été co-construit, autochtones, allochtones ensemble. Souvent, on cherche
des exemples de co-construction, comment on a pu faire des choses ensemble.
C'est un exemple, la formation, une des formations, entre autres, qui a été
co-construite, le guide de sécurisation culturelle, qui a été co-construit avec
les autochtones aussi. Mon message — je l'ai entendu souvent
aujourd'hui, M. le Président — c'est loin d'être parfait, puis jamais
je ne vais me tenir devant vous en disant que tout est parfait, mais on avance,
on avance grâce aux collègues aussi.
M.
Morin :...ah! bien, justement, M. le Président, à l'invitation
de M. le ministre, bien, c'est ça, parlons-nous des vraies choses, des vraies
affaires. Et je me rappelle une motion que j'ai présentée à l'Assemblée
nationale, justement, pour reconnaître le principe de Joyce, pour reconnaître,
évidemment, le racisme systémique. Je me souviens aussi d'avoir été chahuté par
la banquette gouvernementale, je me souviens de ça. Ça fait qu'on va se dire
les vraies affaires.
Quand est-ce que le gouvernement va
reconnaître le racisme systémique? Parce que... Puis je tiens à le rappeler,
parce que les gens nous écoutent, là, pour moi, puis vous me direz si vous êtes
d'accord, M. le ministre, le racisme systémique, ce n'est pas de dire que
quelqu'un, A, B ou C, est raciste. Ce n'est pas ça, là. C'est de comprendre
qu'au sein de certaines institutions il y a des processus, il y a des procédés
qui font en sorte qu'il y a des gens qui sont traités, soignés, et qui ne
reçoivent pas le même traitement, et donc qui subissent du racisme, par
opposition à d'autres groupes. C'est de ça dont on parle. Et rappelez-vous ce
que disait la Dre Basile, qui, d'ailleurs a, dans une première phase, étudié
toute la question du consentement libre et éclairé, parce qu'il y a des femmes
autochtones au Québec qui ont subi des stérilisations imposées, et qui disait,
écoutez : «Des femmes — et je la cite — ont vécu des
expériences semblables, véritables traumatismes, à différentes époques.» Est-ce
que ça peut être plus systémique que ça?
Et rappelons-nous... Parce que vous
faisiez référence au Dr Vollant, qui disait : Bien oui, il faut dire les
vraies choses, il faut parler de l'éléphant qui est dans la pièce. La Dre
Basile en rajoute puis elle dit : Oui, moi, je pense qu'il faudrait le
sortir de là, l'éléphant. Puis je pense que c'est une excellente idée, en ce
qui me concerne. Donc, qu'est-ce que vous allez faire? Quand allez-vous
reconnaître le racisme systémique? Je pense que ça commence comme ça, puis ça,
c'est très précis. Quand? Avez-vous un plan? Puis comment vous allez procéder?
• (9 h 40) •
M. Lafrenière : Merci
beaucoup, M. le Président. Puis, effectivement, hein, quand on parle de racisme
systémique, ça déclenche des choses. Et je vais être bien honnête, je vais dire
la même chose que j'ai toujours dit, puis... Le collègue, tantôt, il faisait
référence à un chahutement. Je ne pense pas que je faisais partie du
chahutement, je ne m'en rappelle pas du tout. Mais je vais mettre les choses bien
au clair. Il y a du racisme au Québec, il y a de l'intolérance, puis il y a du
profilage, M. le Président, puis ça, on ne l'a jamais nié, et moi même, dans
toutes mes sorties publiques, je ne l'ai jamais nié.
J'ai dit une autre chose aussi, si le simple
fait de parler du terme «racisme systémique» réglait tout. Moi, je n'y crois
pas, je n'y crois pas que le simple fait d'aller vers ce terme, ça réglait
tout. Et, bien au contraire, à chaque fois qu'on utilise le terme, de part et
d'autre. M. le Président, puis je vais très honnête avec mon collègue, il y a
des gens pour qui ça a un écho, il y a des gens qui sont d'accord, c'est vrai,
il y a des gens qui réagissent fortement, puis moi, à ce moment-là, M. le
Président, présentement, ça ne me permet pas de faire mon travail. Puis mon
travail, de la manière que je l'évalue, c'est quoi? C'est de lutter au racisme,
de lutter à l'intolérance, de lutter au profilage. Et, M. le Président, si
j'avais ce discours-là devant vous aujourd'hui, puis je n'avais pas aucune
action concrète à présenter, ce serait insoutenable.
Alors, quand mon collègue me demande c'est
quoi, mon travail, c'est quoi, mon plan, je vais commencer par le Groupe
d'action contre le racisme, M. le Président. On a déposé 25 actions, dont 12
spécifiques pour les Premières Nations et les Inuit. Alors, ça, c'est du
concret. Puis, mon collègue l'a vue, puis je sais qu'il l'avait appréciée, dont
une campagne de publicité, où on rappelait aux gens qu'il y avait 11 nations au
Québec, on devait se connaître. On va dire : Ça ne règle pas tout. C'est
vrai, puis il n'y a aucune des actions qui règle tout, de façon individuelle.
Mais, collectivement, ce sont des exemples. Alors, Groupe d'action contre le
racisme, c'est un exemple.
Formation, formation qui a été donnée à
l'intérieur de l'appareil gouvernemental. Puis je dis «formations» avec un «s».
Il y a plusieurs formations qui existent. Il y en a, comme je l'ai mentionné
tantôt, qui ont été co-construites avec des groupes autochtones. Il y a des
formations qui sont données par des groupes autochtones aussi. Alors, on fait
de la formation aussi, parce qu'on y...
M. Lafrenière : ... Quand on a
parlé tantôt, on a eu un échange ensemble sur le projet de loi n° 32 pour
inclure la sécurisation culturelle dans la loi sur la santé. C'est un autre
exemple d'action concrète qu'on veut faire pour faire la lutte au racisme, à
l'intolérance.
Je vais terminer en revenant sur ce que le
collègue a parlé lorsqu'il mentionnait la position des médecins, parce que c'est
vrai, quand on a fait le projet de loi n° 32 ensemble, le Collège des
médecins est venu et a parlé de la position, de leur reconnaissance, quant à
eux. Je vous dirais qu'il y a un danger. Il faut... Il faut s'attaquer aux
vrais problèmes. Et, quand on a parlé de stérilisation forcée, j'ai bien aimé
le fait que le Collège des médecins a fait un rappel à ses médecins, parce
qu'il faut rappeler que ce n'est pas l'État qui a fait les stérilisations
forcées, ce sont les médecins, ça fait qu'il y a un rôle individuel aussi. Oui,
comme gouvernement, on a un message à faire, on doit former les gens, on doit
faire des lois, on doit adopter ensemble des lois pour s'assurer qu'il n'y ait
plus de racisme, mais de façon individuelle les gens ont une responsabilité aussi,
puis les médecins n'y échappent pas. Les stérilisations forcées, c'est quelque
chose d'horrible. On a attendu un rapport, on a vu le rapport, qui a confirmé
qu'il y en avait eu au Québec. Il y a un message clair qui a été envoyé, des
actions claires qui ont été posées pour ne plus que ça se reproduise, et de
façon individuelle on a une responsabilité aussi.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie
M.
Morin :Merci, M. le Président. Au début du mois de mars, il y a
un reportage de Radio-Canada qui révélait que 85 femmes inuites et autochtones
ont été portées disparues à Montréal en 2023, 6 % de toutes les femmes
disparues, alors que les femmes inuites et autochtones représentent 1 % de
la population montréalaise. Il s'agit d'une hausse de 23 % en cinq ans.
Quel est votre plan pour assurer la sécurité des femmes autochtones à Montréal?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui, merci.
Merci pour la question, puis le collègue sait que c'est un dossier qui est
important pour moi, ayant été moi-même policier à Montréal. Puis, quand on
parle de disparitions, de femmes manquantes, de femmes disparues, les actions
concrètes à poser... Puis on se rappellera tous de la commission Viens, qui
nous a rappelé des actions à poser, des changements à faire dans notre société,
il y a l'ENFFADA aussi, l'Enquête nationale sur les femmes disparues et
assassinées, et ce sont des actions qu'on est en train de réaliser sur le
terrain.
Mais je veux revenir plus spécifiquement
sur Montréal, M. le Président, et à Montréal il y a des exemples concrets comme
Résilience, le Women Shelter aussi. Ce sont des organismes qui agissent déjà à
Montréal qu'on a subventionnés. On donne plus d'argent, entre autres avec le...
le gouvernement fédéral, pardon, entre autres avec des sociétés privées.
Pourquoi c'est si important? Parce que, M. le Président, ce que j'ai réalisé
quand j'étais à Montréal, au centre-ville, il y a un endroit où les
autochtones, majoritairement des Inuits, gravitent, c'est le square Cabot, et
il y a une recrudescence de propriétés qui ont été bâties. Bref, je devrais
vous dire que les valeurs ont augmenté, les valeurs foncières, ce qui faisait
en sorte que les organismes avaient de la difficulté à rester autour du square
Cabot. Les gens s'y retrouvaient, les gens vulnérables qui avaient besoin de
soins, qui avaient besoin d'aide, je devrais dire, mais les organismes
commençaient à déménager parce que ça coûtait cher. Alors, rapidement, on a
agi, M. le Président, puis ça, c'est du concret. Avec l'organisme Résilience,
on a mis de l'argent pour qu'il puisse acheter un building, qu'il ne soit plus
locataire, qu'il puisse acheter, donner des soins.
Puis ce n'est pas tout. Il faut y aller
aussi avec des patrouilles mixtes. Patrouilles mixtes, on y croit. On en a fait
plusieurs avec la Sûreté du Québec, on en a fait avec le SPVM aussi et le
Centre d'amitié autochtone de Montréal. Pourquoi? Pour avoir un travailleur
social, pour avoir quelqu'un de la communauté qui est dans le
véhicule-patrouille. Ce que ça amène à ce moment-là? Plusieurs choses. Un, un
meilleur lien entre la police et les organismes autochtones, et deux, quand on
intervient auprès de personnes, que ce soient des Inuits, des gens des
Premières Nations, et ça permet, des fois, au niveau de la langue, de la
culture, que ce soit plus approprié, et surtout de donner plus que le policier
pourrait donner sur place, c'est-à-dire une intervention rapide, on est capable
d'aller avec un deuxième, un troisième niveau, de faire du référencement.
Le Président (M.
Bachand) :M.... M. le député de l'Acadie.
M.
Morin :Oui. Merci, M. le Président. Alors, concrètement,
combien de ressources additionnelles ont été déployées sur le terrain?
M. Lafrenière : Concrètement,
M. le Président... Tantôt, je faisais la liste du budget de l'année, c'était la
question en introduction. Et, pour les corps de police autochtones au Québec,
ils sont 22, cette année, c'est 10 policiers de plus. L'an passé, c'était 25,
si ma mémoire est exacte. Donc, en deux ans, ce sont 35 policiers de plus pour
les 22 corps de police autochtones. C'est quand même...
M.
Morin :Mais à Montréal comme tel?
M. Lafrenière : Lorsqu'on
parle de Montréal, c'est un budget qui a été octroyé pour payer... pas payer
les policiers, pour payer les intervenants du Centre d'amitié autochtone de
Montréal, qu'ils puissent patrouiller avec les policiers. C'est comme ça qu'on
a agi. Vous savez déjà qu'au SPVM, il y a un budget de 225, 250 millions qui a
été octroyé pour ajouter des policiers sur l'île. Ça, je vais laisser mon
collègue de la Sécurité publique vous en parler. Mais il y a des ajouts qui ont
été faits, et ce qui a été fait pour un poste civil, c'est un coordonnateur qui
pourrait coordonner le travail qui se faisait ensemble. Alors, moi, j'ai...
c'est de ce côté-là que j'ai agi.
Et, vous savez, M. le Président, ça me
permet de résumer comment on agit dans ce gouvernement-là. Avec un secrétariat,
je ne peux pas agir tout seul. Ça serait impossible aujourd'hui de vous dire
tout ce qu'on a pu réaliser sans travailler avec mes collègues de la Sécurité
publique, de la Santé, des Services sociaux, des Finances. Il faut
travailler...
M. Lafrenière : ...ensemble.
C'est pour ça qu'on a un secrétariat, on travaille avec vraiment tous les
autres ministères. Puis l'exemple que mon collègue amène, quand on parle du
travail policier, il faut absolument voir l'aide de la sécurité publique. Puis
on le fait, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Il reste
1 minute 30 s au premier bloc.
M. Morin : Oui. En septembre
dernier, c'est neuf personnes, dont malheureusement plusieurs sans-abri
autochtones, qui ont dû être transportées à l'hôpital pour des surdoses
potentiellement liées au fentanyl, et en une seule journée. Il y avait un
article dans La Presse qui disait et qui rappelait que la communauté est
dévastée, selon Heather Johnston, directrice générale de Projets autochtones du
Québec. Qu'est-ce que vous avez fait concrètement pour faire face à cette
problématique et la résoudre? Et est-ce que des ressources supplémentaires ont
été déployées pour mettre fin à cette crise?
Le Président (M.
Bachand) :...
M. Lafrenière : Oui,
rapidement, M. le Président. Je veux commencer par remercier Heather Johnson,
qui a quitté son poste à PAQ. Elle a terminé son mandat. Puis elle fait un
mandat incroyable. Merci beaucoup, Heather.
Et, lorsqu'on parle de surdoses, M. le
Président, c'est un sujet extrêmement sensible. On le vit partout au Québec.
Oui, on l'a vécu à Montréal. Je veux rappeler au collègue qu'il y a Isuarsivik,
qui est un centre de traitement qui a vu le jour au Nunavik. On a annoncé aussi
sur la Côte-Nord, dans la région de Uashat Mak Mani-Utenam plus de ressources
pour faire la lutte au crime organisé, la lutte au trafic de stupéfiants. Et à
Montréal même, vous avez mentionné, M.... mon collègue a parlé de PAQ, Projets
autochtones Québec, il y a trois niveaux d'hébergement qui ont été faits. Donc,
l'hébergement d'urgence, qu'on appelle le «wet shelter», qui permet d'aider les
gens qui ont consommé. Parce que le danger, c'est souvent dans les ressources,
on n'accepte pas les gens qui ont consommé. Alors, on a travaillé avec PAQ pour
avoir cet hébergement-là qu'on appelle un «wet shelter» pour accueillir les
gens qui ont consommé.
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
M. Lafrenière : Puis j'aurai
le plaisir de revenir tantôt.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve, pour un bloc de 12 minutes six secondes, s'il
vous plaît.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Bonjour, M. le ministre. Content d'être de retour avec vous.
M. Lafrenière : ...
M. Leduc : On a collaboré
dans le passé sur d'autres... d'autres projets. On se revoit dans ce
contexte-ci. Je remplace ma collègue Manon Massé, je me permets de dire son
nom, dans les circonstances, qui est toujours en rémission de sa troisième
opération au cœur. On la salue d'ailleurs, notre chère Manon.
Je veux parler du traité de Petapan. Et je
veux saluer dans l'assistance, derrière, la présence du chef de Mashteuiatsh,
Gilbert Dominique, qui est là. Bonjour. Il y a des articles qui sont sortis il
y a quelques semaines de trois chefs, là, qui étaient très, très déçus, je vais
le dire comme ça, en termes polis, des délais alentour du traité de Petapan.
Ma... J'ai quelques questions techniques d'abord, M. le ministre, puis on
pourra peut-être aller plus en profondeur après. Depuis quand est-ce que c'est
en négociation, le traité de Petapan?
M. Lafrenière : Merci
beaucoup, M. le Président. Je vais me permettre de répondre à plusieurs petits
points d'introduction. Premièrement, très heureux de vous retrouver. On a eu le
plaisir de travailler ensemble sur la Commission spéciale sur l'exploitation
sexuelle des mineurs. Puis, M. le Président, je le dis souvent, un point que je
vais me rappeler toute ma vie, c'est ce travail-là qu'on a fait ensemble, la
députation ici, pour un sujet qui est extrêmement sérieux, et on l'a bien fait.
Alors, je veux vous saluer.
Pour notre collègue, moi aussi je vais me
permettre d'appeler Manon, Manon, prompt rétablissement. Bien hâte de te
retrouver, d'avoir des beaux échanges corsés ensemble, c'est toujours plaisant.
• (9 h 50) •
Et j'aimerais corriger un point. Parce
que, oui, on a un chef qui est dans l'assistance, il s'agit du chef Réal
Tettaut, qui est de la communauté de Nutashkuan. Alors, j'imagine que chef Dominique
va se joindre à nous, mais pour l'instant, c'est le chef Tettaut qui est avec
nous, qui est un des trois chefs qui est impliqué dans le traité Petapan.
Revenons à Petapan, parce que c'est votre
question, puis c'est la question qui est importante. C'est vrai, c'est vrai
qu'il y a de l'impatience. Puis, je vais vous dire, M. le Président, je
comprends. Ça fait 43 ans qu'on négocie ce traité, alors... à des niveaux
différents, M. le Président, en toute honnêteté. Il y a des niveaux où on a eu
plus d'énergie, d'autres moins. Et, à l'automne 2022, les trois chefs
avaient invité le premier ministre à Sept-Îles, ils avaient lancé un défi, en
disant : Il faudrait qu'au 31 mars prochain on ait réglé le traité
Petapan. Je vous ai dit tantôt que ça faisait 43 ans qu'on négociait. En
toute honnêteté, je n'étais pas content du tout du défi que mes collègues chefs
avaient lancé au premier ministre parce que je trouvais ça très serré. Mais ça
a bougé les choses, M. notre président.
Puis notre premier ministre a passé une
commande claire : il faut régler Petapan. Alors, les équipes se sont
mobilisées. Puis je veux répondre rapidement, mais depuis ce temps-là, on est
allés en vitesse très rapide, les chefs l'ont avoué eux-mêmes, on a avancé
comme jamais. Mais ce qu'ils viennent nous dire aujourd'hui, c'est qu'on doit
régler Petapan, et on est à la même place qu'eux.
Le Président (M.
Bachand) :...
M. Leduc : C'est quoi, la
moyenne d'années de négociation des différents traités?
M. Lafrenière : Bien, M. le
Président, le problème, c'est qu'on n'a pas de traité récent. Le plus récent,
c'est la convention de la Baie-James.
M. Leduc : Ça a pris combien
de temps, celui-là?
M. Lafrenière : Je
pourrais... Je pourrais regarder dans les notes. Ça a été... Ça a été... Ça a
été devancé vers la fin, on va se le dire, là. Je pense qu'il y a une commande
très claire qui est arrivée du premier ministre en place, en disant : Ça
nous prend un traité. C'est vrai. Puis c'est exactement ce qui est arrivé dans
le cas de Petapan, où, pendant 43 ans...
M. Lafrenière : ...on avançait
tranquillement puis on a un premier ministre qui nous a dit : Je veux un
traité. Puis là les machines se sont mobilisées.
M. Leduc : Moi, M. le ministre,
cet été, je vais fêter mon 40 ᵉ anniversaire de naissance. Ça veut dire
que le début des négociations de ce traité-là a commencé avant ma naissance.
C'est quelque chose, quand même.
M. Lafrenière : C'est quelque
chose, M. le Président, puis je pense qu'on peut tous se regarder dans le
miroir, là, autant les oppositions qui étaient là à l'époque, il y a eu
plusieurs personnes qui ont passé sur ce projet-là. Cependant, à la défense de
tout le monde... puis je n'étais pas là. M. le Président, je ne célébrais pas
mon 43 ᵉ anniversaire dans mon cas, mais je n'étais pas là à l'époque.
Mais je peux vous dire une chose, c'est que même du côté autochtone, on a
commencé avec 12 groupes qui voulaient négocier au début. Il y a eu des
changements, ça fait que ça serait... ça ne serait pas honnête de mon côté, M.
le Président, de venir vous dire que, pendant 43 ans, on a négocié avec la
même intensité. Ce n'est pas vrai. De part et d'autre, il y a eu des volontés
différentes. Une chose qui est claire, à l'automne 2022, on a décidé
ensemble, les chefs, moi, le premier ministre, d'aller en vitesse plus rapide,
puis c'est vraiment ce qui se passe. On n'a jamais été aussi près d'un traité.
On travaille très fort. Je comprends les communautés autochtones qui, elles aussi,
vivent avec ça, hein, dans leur communauté en disant : Ça fait 43 ans
que tu négocies ça, pourquoi qu'on n'arrive pas avec un résultat? Bien, on est
vraiment rendus sur le bord de la ligne d'arrivée. Il reste encore des points à
ajouter.
Puis ce qui se passe présentement, M. le
Président, c'est que tous les ministères ont été mobilisés, parce que ce qu'on
a fait en 43 ans, on a négocié... Là, lorsqu'on a tout remis ça ensemble
comme un gros casse-tête, qu'il y a des petits fils qui se sont mis à sortir,
on a travaillé sur chacun de ces points-là, entre autres l'arrimage entre les
règlements innus, les règlements du Québec, pour s'assurer que personne n'est
perdant là-dedans, entre autres en droit de la famille, entre autres pour les
femmes.
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
M. Lafrenière : Ce sont des
points très importants, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député.
M. Leduc : Merci beaucoup, M.
le ministre. Êtes-vous personnellement impliqué dans cette négociation-là?
M. Lafrenière : Absolument.
Question courte, réponse courte.
M. Leduc : Combien
d'années... Après combien d'années, à partir de maintenant, vous allez
considérer que c'est trop?
M. Lafrenière : M. le Président,
j'ai une belle qualité, mais je n'ai pas la patience. Alors déjà, c'est long,
c'est clair. Cependant, M. le Président, la question n'est pas la suivante, ce
n'est pas se dire : Est-ce que moi je fais confiance au chef? Est-ce que
les chefs me font confiance? Est-ce que mutuellement on se fait confiance
là-dedans? La question se pose, c'est : Est-ce que dans 10 ans, dans
12 ans, dans 15 ans, comment quelqu'un qui n'était pas assis autour
de la table va évaluer ce qu'on a mis dans ce traité-là puis va pouvoir le
mettre en place? Puis en tout respect les avocats qui sont là à ce moment-là...
M. Leduc : Je comprends.
M. Lafrenière : ...ce qu'on
ne veut pas, c'est créer quelque chose, un traité qui ne survivra pas dans le
temps. On veut faire les choses comme il faut...
M. Leduc : Bien, M. le
ministre...
M. Lafrenière : ...pour les
Québécois et les Innus.
M. Leduc : ...vous n'avez pas
nécessairement la faute de tous les gens qui vous ont précédés avant vous, mais
là, vous êtes ministre depuis deux ans, trois ans?
M. Lafrenière : Je vais
arriver à trois ans...
M. Leduc : Trois bientôt.
M. Lafrenière : ...deux ans
et demi.
M. Leduc : On vous souhaite
de rester ministre jusqu'à la fin du mandat.
M. Lafrenière : C'est
vraiment gentil.
M. Leduc : Sauf que, là,
donc, ces trois ans-là sont sur vos épaules.
M. Lafrenière : Absolument.
M. Leduc : C'est vous qui les
assumez. Mettons qu'il vous reste deux ans devant vous... On verra quelle
couleur le prochain gouvernement aura, puis, mettons, vous restez en poste pour
les prochaines deux années. Est-ce que vous estimez qu'il faudrait avoir
terminé ce mandat-là d'ici deux ans? Est-ce que vous vous engagez, vous,
personnellement comme ministre, à avoir terminé ce traité-là, cette
négociation-là d'ici deux ans?
M. Lafrenière : Puis la
raison pour laquelle je n'ai pas répondu directement tantôt, quand le collègue
a posé la question, c'est que, pour moi, c'est déjà trop long, c'est clair.
C'est clair qu'on a demandé aux équipes de mettre toute l'énergie, puis, je
veux dire, à chaque semaine, il y a les rencontres des équipes ministérielles.
J'ai eu une rencontre avec le bureau du premier ministre. On met beaucoup
d'énergie là-dedans. La raison pour laquelle je ne mets pas de délai... Je ne
veux pas non plus ralentir les équipes qui m'entourent en leur disant qu'ils
ont un an, un an et demi, deux ans devant eux. Pour moi, ils savent qu'à chaque
semaine ils ont une semaine devant eux. Alors, on y va très rapidement. On veut
livrer...
M. Leduc : ...un autre cinq
ans, un autre 10 ans?
M. Lafrenière : Absolument
pas. Je vous le dis, moi, si c'est des semaines, je vais être très heureux...
M. Leduc : O.K. ...moins de
cinq ans.
M. Lafrenière : ...des mois
ça va me fatiguer, des années, je vais être déçu.
M. Leduc : On a moins de cinq
ans, là. C'est le plus haut chiffre que je vous ai... que je vous ai tiré des
vers du nez, là.
M. Lafrenière : On va aller
beaucoup plus bas que ça.
M. Leduc : Plus bas que ça.
O.K., parfait.
M. Lafrenière : On le veut...
Juste mettre quelque chose de clair. Si j'étais tout seul à le vouloir, là,
honnêtement, je pourrais parler devant vous, mais on n'amènerait absolument
rien. L'appareil gouvernemental est mobilisé. On a un premier ministre qui a
dit qu'il voulait l'entente. Puis lui aussi, il a une autre belle qualité de ne
pas être très patient. Il va y avoir une entente.
M. Leduc : Bien, c'est
sûrement l'objet de la colère des trois chefs dans l'article en question. Parce
que moi, vous savez, M. le ministre, on se connaît assez bien pour que... vous
connaissez mes états de service préalables à la politique où j'étais
négociateur dans milieu syndical. Puis dans l'article en question, là, c'est un
article de Radio-Canada... oui, article de Radio-Canada d'avril, les chefs se
plaignent du fait que le gouvernement du Québec tente de rouvrir certaines
clauses du traité qui avaient pourtant déjà été négociées. Et ça, dans le
milieu du travail, en tout cas, celui que je connais, dans le droit du travail,
ça s'appelle la négociation de mauvaise foi, c'est qu'on peut recevoir une
amende si on fait de la négociation de mauvaise foi, si on va au tribunal, si
on se plaint, etc. On comprend qu'il n'y a pas de tribunal similaire pour faire
de la négociation, il faut faire une plainte de négociation de mauvaise foi. La
plainte, elle est faite ici, là, dans le milieu médiatique. Mais donc, est-ce
qu'ils ont raison? Est-ce que le gouvernement du Québec, en ce moment, veut
rouvrir des ententes qui avaient déjà été négociées dans le traité?
M. Lafrenière : M. le
Président, je vais vous donner un contre-exemple, puis...
M. Lafrenière : ...je suis sûr
que les collègues vont en parler tantôt, Pessamit. Ce n'est pas un traité. On
va mettre ça clair, ce n'est pas un traité. C'est une entente qu'on a réglée en
quatre mois. Je ne pourrais pas vous plaider aujourd'hui, puis je connais les
états de service de mon collègue... je ne pourrais pas vous plaider aujourd'hui
qu'en quatre mois les choses ont changé dans la vie, mais je pense que mon collègue
va comprendre qu'en 43 ans il y a des choses qui ont changé. Quand on a
mis tout ça ensemble, il y a des choses qui ont évolué et... puis exemple, le
C-92, qui est un jugement qui a été rendu récemment, les choses... la société a
évolué, il y a des... il y a des jugements qui ont changé, alors c'est clair
que présentement on fait de l'arrimage, on fait de l'arrimage, et c'est vrai
pour les...
Puis, je vous le dis, je comprends très
bien le ou les chefs qui sont assis derrière moi... Je les comprends parce
qu'eux autres aussi, dans leur communauté, ils ont de la pression. Puis eux, en
passant, M. le Président, une fois qu'on va avoir paraphé ça, bien, c'est la
prochaine étape pour le collègue, là, on va parapher négociateur à négociateur,
ils vont devoir aller consulter leur communauté, les trois communautés. Puis ça
aussi, il y a du temps à prendre là-dedans. C'est pour ça, tantôt, j'avais de
la misère à mettre une date. Vous comprenez qu'après ça il y a une autre étape
de processus. Et, pour le parapher, je veux que ce soit rapide. Moi,
présentement, je vous dis qu'on a mis... on met toute l'énergie pour arriver à
un résultat. Puis c'est clair, quand on prend 43 ans puis qu'on met ça
ensemble, il y a des choses qui ont besoin d'arrimage puis, je pense, c'est
normal. Est-ce que c'est normal que ça prenne 43 ans, M. le Président?
Non... c'est long.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député, s'il vous plaît.
M. Leduc : Oui, merci. Je
veux aussi saluer le chef d'État... Désolé pour m'être trompé il y a quelques
instants. M. le ministre, là, vous avez commencé à réduire un peu la
perspective, O.K., moins de cinq ans à quelques semaines peut-être. Vous n'êtes
pas allé dans le détail des négociations de quelle clause serait rouverte par
le gouvernent du Québec. Allons-y sur un autre angle. Est-ce que, d'après vous,
l'éventuelle élection d'un gouvernement conservateur au fédéral mettrait en
péril l'entente.
M. Lafrenière : Non, je ne le
vois pas. Je ne le vois pas parce qu'à notre niveau, je regarde les
rencontres... Parce qu'il y a des négociations tripartites, M. le Président.
Quand on parle de traité, c'est tripartite...
M. Leduc : Donc, ça ne
changera rien dans la dynamique, qu'un gouvernement conservateur arrive?
M. Lafrenière : Je ne peux
pas, mais je ne peux pas prendre d'engagement pour le futur au gouvernement.
Mais je sais que ce n'est pas pour demain matin, puis je sais que j'ai du
temps, je sais que j'ai de la pression pour livrer avant un changement
quelconque, en passant. Moi, ce n'est pas... Ce qui me met une pression, ce
n'est pas de savoir quel sera le prochain gouvernement, c'est de savoir si on
part en élection. Il y a une période où ça va être plus difficile d'avancer.
Alors, je me mets de la pression là-dessus, M. le Président, c'est clair.
M. Leduc : Donc, idéalement,
ça serait mieux de le faire avant l'arrivée d'un nouveau gouvernement fédéral?
M. Lafrenière : Idéalement,
ça aurait mieux de le faire voilà plusieurs années, M....
M. Leduc : Oui, oui, mais
c'est parce que, là, je veux comprendre où est-ce qu'elle est, votre piste
d'atterrissage, là.
M. Lafrenière : Elle est...
plus vite possible.
M. Leduc : Parce qu'on le
sait, que le gouvernement Poilievre n'a peut-être pas la même sensibilité sur
les dossiers autochtones que l'autre gouvernement en place, donc... C'est
quelque chose qui est évoqué, d'ailleurs, parfois dans les... dans les textes,
d'une crainte de changement de gouvernement fédéral. Ici, s'il y a un
changement de gouvernement au niveau du Québec, on prend pour acquis que, peu
importe les partis, on va continuer... il va y avoir une continuation de...
peut-être même un peu plus rapide, mais ça... ça... c'est mon côté...
M. Lafrenière : Ah! M. le
Président, laissez-moi embarquer...
M. Leduc : C'est mon côté
partisan qui parle, mais, blague à part, par rapport au fédéral, vous, vous
n'avez absolument aucune crainte, mais vous voulez quand même vous assurer de
le conclure avant que ça se termine.
• (10 heures) •
M. Lafrenière : Deux choses,
M. le Président, un, les offres qu'on a mis sur la table, parce qu'on parle du
traité... Puis, en passant, le projet de traité, là, juste pour se donner une
image tout le monde autour de la table, c'est 300 pages de traité. C'est
costaud. Notre projet de traité inclut une offre économique qui est
complètement indépendante de ce que le fédéral voudrait ou voudra. Ça, je veux
rassurer le collègue. Deuxièmement, quand il me lance à la boutade qu'avec un
autre gouvernement ça pourrait aller plus vite, je vais être méchant en vous
disant que l'histoire nous confirme que, pendant 43 ans... 40 ans sur
43, ça l'a avancé très moyennement. Mais on avance très vite présentement.
M. Leduc : ...
Le Président (M.
Bachand) :20 secondes. M. le député.
M. Leduc : 20 secondes?
Le Président (M.
Bachand) :Oui.
M. Leduc : Bien, dans ce
cas-là, on va terminer parce qu'à 20 secondes on ne peut pas vous lancer
beaucoup de questions. Je comprends, M. le ministre, que vous avez évité de
donner une date exacte, mais vous avez quand même dit moins de cinq ans pour la
fin de ce traité-là, le plus vite possible. Je comprends qu'il faut essayer de
le faire aussi avant l'arrivée d'un éventuel gouvernement conservateur. Je
remercie la présence du chef et merci. On... se poursuivra...
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie, pour
18, 10 secondes, s'il vous plaît.
M. Morin : ...sur le le
traité de Petapan, M. le Président. Et je tiens à saluer la présence du chef...
qui est dans l'assistance. Bonjour, merci d'être là. Qu'est-ce qu'il fait... Je
vais commencer comme ça avec ma première question. Qu'est-ce qui fait que ça n'avance
pas aussi rapidement? Parce que vous vous rappellerez, M. le ministre, il y a
un an, là, on était ici, à l'Assemblée nationale, il y a un point de presse, il
y a une motion, les chefs étaient là, tout allait bien, puis là on est un an
après, puis ça semble encore bloqué. D'autant que certains chefs, et je cite
ici le chef Gilbert Dominique dans un article dans Pivot en mars 2024. Le chef
Dominique dit : «On a constaté que Québec souhaitait revenir sur des
enjeux névralgiques qui venaient porter atteinte à nos droits... Pour nous,
c'était inadmissible...
10 h (version non révisée)
M.
Morin :...alors, qu'est-ce qui fait que ça n'avance pas plus
vite? Puis, sur quel droit vous voulez porter atteinte? Parce que là, la
négociation semble ne pas déboucher.
M. Lafrenière : Bien, merci, M.
le Président. Puis mes mes collègues, que ça soit autant mon collègue d'Hochelaga,
d'Acadie, me connaissent assez bien, et Jean-Talon, on va commencer à se
connaître, c'est pour ça que je ne vous nomme pas, je n'aime pas faire de la
politique partisane quand on parle de Premières Nations et d'Inuits. Mais, dans
ce cas-là, quand on m'a... quand on nous reproche la vitesse à laquelle la
négociation avance, permettez-moi d'être désagréable deux secondes, en disant :
j'aurais aimé ça que les partis qui étaient au pouvoir à l'époque mettent
autant d'énergie sur cette entente-là, on serait peut-être arrivés à d'autres
choses. Mais c'est... ce n'est pas très, très constructif quand je dis ça.
J'ai plutôt le goût de dire que je suis
heureux moi, aujourd'hui, de voir qu'autour de la table mes collègues des
partis d'opposition veulent la même chose que nous, c'est-à-dire d'arriver avec
une entente. Puis, M. le Président, c'est vrai que c'est long. Je comprends
que, pour les Premières Nations, ils tapent du pied en se disant : on veut
avoir une entente. On a mis beaucoup d'énergie, puis on s'est donné ce défi-là
d'arriver rapidement à quelque chose.
M. le Président, on fait les choses de la
bonne façon. Ce qu'on fait présentement, c'est une révision qui aurait dû être
faite après le paraphe de cette fameuse entente. Ça fait que le six mois qui a
été utilisé récemment, ce n'est pas un six mois qui a été perdu. C'est une
révision légale qui est importante, qu'on a faite. Ça fait que... Puis ça, je l'ai
dit aux chefs récemment, ce n'est pas du temps qui a été perdu, mais pas du
tout. Alors, pourquoi ça prend encore du temps? Parce que, je vous l'ai dit
tout à l'heure, on prend 43 ans de négos, on met ça ensemble. On veut arriver à
quelque chose qui va... qui va fonctionner pour les prochaines années. On veut
avoir le meilleur traité, M. le Président.
Et dans l'offre économique... l'offre
économique a été très bien reçue. Dans les points... puis je ne ferai pas la
négociation devant vous, M. le Président, avec 300 pages de traité, il y a des
points sur lesquels on voulait travailler, il y a des points, justement, où il
y a de l'arrimage à faire entre les règles innues, les règles québécoises, pour
s'assurer... que ce soit le patrimoine familial, pour les femmes, on veut que
ça soit gagnant pour tous, mais on veut surtout que ce traité-là, dans l'avenir,
soit le traité moderne qui sera la base pour d'autres traités, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député d'Acadie.
M.
Morin :Si vous me permettez, M. le Président, si mon souvenir
est bon, c'était une promesse phare de la CAQ, donc, de conclure le traité en
2023. Le fédéral, lui, a rencontré l'échéance. Pour le gouvernement actuel, ce
n'est pas encore le cas. Alors, moi, je voudrais savoir, qu'est-ce qui bloque
puis qui bloque les négociations? Est-ce que c'est au bureau du premier
ministre? Est-ce que c'est le leader du gouvernement? Est-ce que c'est dans
votre secrétariat? Parce que, moi, ce que j'entends du terrain, c'est que... de
la part des chefs des Premières Nations, c'est qu'à chaque fois qu'il y a une
avancée on dirait que le gouvernement déplace la ligne d'arrivée pour que ça
prenne plus de temps.
Donc, j'aimerais... là, on a une
opportunité d'en parler aujourd'hui, j'aimerais ça que vous puissiez nous
expliquer, M. le ministre, où ça bloque puis quand ça va se terminer.
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président, puis c'est vrai que c'est un dossier qui est extrêmement important,
puis je ne l'ai pas nié, hein, c'est notre engagement, et j'ai un premier
ministre qui veut des résultats. Alors, M. le Président, ce que mon collègue d'Acadie
a dit, là... je m'inscris en vrai avec tout ce qu'il a dit. C'est notre
promesse de finalement livrer, on ne voulait plus garder ça sur la vitesse
neutre pendant des années, on voulait arriver à un traité, puis on est encore
là aujourd'hui. C'est vrai que ça prend du temps.
Puis, M. le Président, je veux rassurer
mon collègue, il n'y a pas personne qui se lève debout pour bloquer le traité.
Présentement, là, c'est une... puis excusez-moi dans ce que je vais répondre,
là, je pense que c'est normal. Quand on a un traité qui vient toucher autant de
ministères, un traité de 300 pages, c'est normal de prendre le temps pour faire
de l'arrimage. Je veux rassurer le collègue parce que, écoutez, si je dis au
collègue que personne ne bloque, que tout va bien puis qu'on ne livre pas, il
va être le premier à me le rappeler, puis je le sais, je le connais, c'est un
homme de parole puis c'est un homme qui fait des suivis.
Moi, ce que je dis aujourd'hui : Ça
prend un petit peu plus de temps. J'ai rassuré les chefs en disant qu'il n'y a
pas de blocage, et, surtout, M. le Président, on a un premier ministre qui est
sorti publiquement, qui a dit aux chefs qu'il va être prêt à les rencontrer
sous peu. Il veut la même chose, une entente, puis c'est mon patron, puis c'est
ce qu'il veut.
M.
Morin :Oui. Alors, M. le Président, en avril 2024, ma
compréhension, début avril, c'est que le premier ministre n'avait toujours pas
rencontré les chefs. Je comprends, M. le ministre nous dit : Le premier
ministre veut des résultats, c'est ce que le premier ministre nous dit, il veut
des résultats. Bien, parfait, alors là, on va lui donner une opportunité pour
qu'il y en ait, des résultats.
Qu'est-ce qu'il attend pour rencontrer des
chefs, hein, puis pourquoi il ne les a pas encore rencontrés? Parce que, là, j'essaie
de comprendre, là, si ça, ça peut faire avancer une négociation. Puis, de la
part des chefs, il me semble que c'est une demande qui est légitime, ça fait
plusieurs fois qu'ils le demandent. Ce que j'ai de la misère à comprendre, c'est
le refus du premier ministre.
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président, puis je veux commencer par mettre une chose au clair : il n'y a
pas de refus. Le premier ministre a dit qu'il était prêt à rencontrer les chefs
au moment qui était opportun. Puis je vais m'accoter sur ce que mon collègue d'Hochelaga
a dit tantôt en disant qu'il avait négocié pendant plusieurs années, puis il
sait que, dans une négociation comme ça...
M. Lafrenière : ...trois,
quatre tentatives comme ça. Il faut faire cette rencontre-là au bon moment,
parce que, mon collègue le sait, il y a un certain point où c'est le premier
ministre qui devra trancher certaines choses, c'est vrai, mais on n'est pas
rendus là. Et, M. le Président, la dernière chose que je veux, c'est organiser
une rencontre avec les chefs pour se faire dire, au final : Continuez de
négocier. Ça ne nous aidera pas quand ce sera le moment de trancher, qu'on a
fait tout notre travail avant cette rencontre.
Ce sera opportun de faire la rencontre
avec le premier ministre, puis je suis le premier à le dire, M. le Président.
Le premier ministre l'a offert, il a dit qu'il était disponible. À deux
reprises, l'ensemble de la machine, c'est-à-dire son chef de cabinet, le
secrétaire général, a rencontré les chefs pour rappeler les... ce qu'il y
avait, comme étapes, de fait, puis où on s'en allait, puis confirmer la volonté
du gouvernement. Mais l'étape du premier ministre, puis c'est comme dans
d'autres étapes de négociation, ça va arriver quand il restera quelques points.
Puis là on a du travail à faire, puis c'est là-dessus qu'on s'attelle. Puis
c'est le défi que j'ai lancé aux chefs qui sont dans cette salle, en
disant : On doit arriver avec des résultats, soyons créatifs, trouvons des
solutions pour les embûches qu'il y a sur notre chemin, parce qu'au final on
veut tous la même chose, c'est une entente.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député.
M. Morin : Oui. Bien, en
avril, 5 avril 2024, le gouvernement du Québec disait qu'on n'a jamais été
aussi proches de livrer le fameux traité. C'est un article publié dans La
Presse. Et vous avez assuré, M. le ministre, à ce moment-là, la volonté du
gouvernement de s'entendre rapidement avec les communautés innues. Quand on
regarde l'article... et entre autres, dans l'article, on fait référence à un
dialogue qui a... qui s'est... en fait, qui est arrivé avec M. Louis Bernard.
On connaît tous M. Louis Bernard. Mais, selon lui, le premier ministre doit
prendre le leadership dans ce dossier. Selon M. Bernard, c'est la
responsabilité du premier ministre de faire en sorte que son gouvernement
décide. Et donc, entre autres, à un moment donné, on entendait que le premier
ministre craignait que les Premières Nations auraient un droit de veto. On
souligne que ce n'est pas exact. Donc, on veut plus d'autonomie pour les
communautés locales, ce qui est tout à fait normal, puis, d'abord, c'est tout à
fait en lien avec la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples
autochtones.
Donc, quand est-ce que le premier ministre
va agir? Quand est-ce qu'il va exercer son leadership, et qu'il va faire en
sorte que ce traité-là soit signé rapidement?
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président. Puis le collègue fait référence à plus d'autonomie, puis tout ça,
puis on en est, puis... C'est pour ça, je vous dis, M. le Président, que
c'est... c'est important. Puis on ne réussit jamais en quelques minutes à
parler de Petapan parce que c'est trop... c'est trop important comme
changement. Je vais prendre un instant pour expliquer une différence. Quand on
parle de l'Innu Assi, c'est-à-dire l'équivalent... puis en même temps, je pense,
pour tout le monde, ça va juste nous permettre de comprendre, l'équivalent d'un
territoire de réserve, comme on les connaît présentement, selon la Loi sur les
Indiens, puis ce n'est pas moi qui l'invente, là, l'Innu Assi, c'est la plus
partie... la plus petite partie du territoire. Par la suite, on va au
Nitassinan. Puis nous, ce qu'on veut regarder avec les Innus, c'est de quelle
façon nos règles vont s'arrimer sur le Nitassinan, qui est une partie beaucoup
plus large. Alors, si on regardait une carte, si vous gardez la terre de
réserve qui est ce qu'on connaît aujourd'hui, l'Innu Assi, Nitassinan, qui est
un territoire qui est immense, où il y a des communautés allochtones qui vivent
ce territoire-là, on regarde avec les Innus pour dire comment on peut faire
l'arrimage sur ce plus grand territoire pour que ça fonctionne.
• (10 h 10) •
Encore une fois, je ne veux pas faire les
négociations devant vous aujourd'hui, je veux juste expliquer aux collègues. Ce
sont des exemples de points sur lesquels on travaille. Quand on regarde la
carte du temps, parce que mon collègue fait référence au 5 avril en disant
qu'on est rendus deux semaines et demie plus tard puis ça n'a pas... ça n'a pas
encore été livré... Écoutez, j'ai la ligne du temps, là, qui commence en 1979,
avec des acceptations, huit ans avant conclusion, un autre six ans avant le
dépôt du gouvernement d'offre, six ans plus tard, une première approche.
Écoutez, il y a eu beaucoup de temps dans le passé qui est mis là-dessus. Moi,
je suis heureux aujourd'hui de voir les oppositions avec nous en disant :
On veut un traité, on veut la même chose. Tout ce qu'on dit, il faut faire les
choses correctement. D'un côté, je comprends l'impatience des chefs. Puis c'est
correct de s'assurer que ce dossier-là est dans l'actualité. Puis ils ont fait
un très bon travail. La preuve, c'est que tout le monde m'en parle aujourd'hui.
Ça fait que c'est un bon travail qui a été fait de la part des chefs. Je pense
qu'ils savent bien... bien... bien faire le lien avec les oppositions. Je le
dis à la blague, mais je le pense, que c'est important, parce qu'on ne parle
pas assez souvent des dossiers autochtones. Même au salon bleu, on n'a pas
toujours la chance de parler des dossiers autochtones. Moi, je suis heureux
qu'on en parle aujourd'hui. Petapan, c'est important.
Je veux dire quelque chose, cependant, en
terminant, aux collègues. À chaque semaine, je reçois une lettre d'une
communauté autochtone qui me disent que, pour eux, ils ont de gros problèmes
avec Petapan. Ça fait que je veux juste le rappeler. Pour nous, c'est
important. Il faut comprendre que, de l'autre côté, il y a des communautés qui
sont plus ou moins d'accord. Moi, je suis dans tout ça. On veut livrer Petapan.
La dernière chose qu'on veut, c'est un traité qui, le lendemain, va amener plus
de problèmes que de solutions. C'est pour ça qu'on fait le travail en amont.
C'est ça être un gouvernement responsable, M. le Président. Mais c'est sûr que
ce n'est pas simple. La preuve, si ça avait été si simple que ça, mes
collègues, dans le passé, quand ils ont passé sur Petapan, ils l'auraient réglé
bien rapidement...
M. Lafrenière : ...c'est
lourd, c'est complexe, M. le Président.
Le Président
(M. Bachand) :M. le député.
M. Morin : Alors, moi,
ce que j'entends du terrain, entre autres, c'est que le gouvernement du Québec
espérait gagner, dans son litige en Cour suprême, en ce qui a trait aux jeunes
autochtones et au droit pour les communautés autochtones d'être capables de
gérer toute la question des droits de la jeunesse. Certains disaient même que
le gouvernement du Québec espérait gagner parce que, comme ça, ça aurait permis
de renégocier certaines parties du traité. Bien, Québec a perdu en Cour
suprême.
Donc, est-ce que vous allez enfin reconnaître
que, pour les communautés autochtones, elles ont un droit de gérer toutes les
questions de la jeunesse sur leurs territoires? Puis est-ce que vous allez
faire avancer, oui ou non, le traité? Parce qu'il me semble que, suite à la
promesse que le premier ministre avait faite, un an plus tard, moi, j'ai
l'impression qu'on est à peu près toujours à la même place.
Le Président
(M. Bachand) :...
M. Lafrenière : M. le
Président, et il y a deux volets à la question du collègue, alors je vais
tenter d'y répondre. Le premier, pour l'attente, la stratégie de négociation
d'attendre un règlement C-92, je veux défaire cet argument-là, M. le
Président, avec un fait qui est indéniable : on a déposé notre offre
économique aux représentants innus avant même d'avoir le résultat. Alors, M. le
Président, si on s'est engagés dans cette voie-là, ce n'est pas pour attendre
qu'un jugement du fédéral vienne tout changer. Je veux défaire cet argument-là.
Pour ce qui est de C-92 puis de la plus
grande autonomie, puis le collègue en parle... Puis je sais son attachement
aussi pour le Nunavik, pour les réalités nordiques, puis je veux le rassurer.
La semaine passée, pas plus tard que vendredi dernier, j'étais à la rencontre
annuelle de Makivik, à... et, sur place, je présentais une vidéo de mon
collègue, Lionel Carmant, le ministre responsable de la Santé et Services
sociaux, où on confirmait devant tout le monde, ça, ça a été diffusé à la
radio, les 14 000 Inuits ont pu l'entendre, on confirmait notre
volonté de travailler avec les Inuits d'une façon différente pour donner plus
d'autonomie.
Puis toutes les ententes, puis je pourrais
faire la liste, tout à l'heure, M. le Président, on a fait sept ententes, dans
mon dernier mandat, quatre ententes, présentement, on tend vers plus
d'autonomie. Ça fait que ce que le collègue dit aujourd'hui, il a raison de
dire que ça prend plus d'autonomie. Mon collègue ministre délégué à la Santé
l'a déjà dit que... le responsable de Santé et des Services sociaux, je suis
désolé, a déjà dit que les personnes les mieux placées pour s'occuper des
enfants autochtones, ce sont les parents autochtones. On le reconnaît. La
commission Laurent l'a dit. On le dit aussi.
Le Président
(M. Bachand) :Merci. M. le député.
M. Morin : Oui. Quand on
regarde la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples
autochtones, on souligne, notamment à l'article 20, que les peuples
autochtones ont le droit de conserver et de développer leurs systèmes...
politique, économique, sociale. Et à l'article 21, donc, les peuples
autochtones ont le droit, sans discrimination d'aucune sorte, à l'amélioration
de leur situation économique et sociale, notamment dans le domaine de
l'éducation, de l'emploi et de la formation. Donc, le Traité de Petapan vise,
justement, à faire réaliser ça. Et dans le même traité, à l'article 46, on
dit qu'aucune disposition de la présente déclaration ne peut être interprétée
comme impliquant pour un État, un peuple, un groupement ou un individu, un
droit quelconque de se livrer à une activité ou d'accomplir un acte contraire à
la charte. Et on dit également que ça ne peut pas être considéré comme ayant
pour effet d'amoindrir, de détruire l'intégrité territoriale ou l'unité
politique d'un État souverain et indépendant.
Alors, vous avez peur de quoi avec
Petapan? Qu'est-ce qui bloque? Parce que je regarde ça, là, puis moi,
écoutez... Écoutez, je lis ça, puis je me dis, au fond, les Nations unies
reconnaissent que les peuples autochtones, les Premières Nations, ont le droit
de ne pas être discriminés, d'avoir droit au développement économique sur leur
territoire. Ça ne peut pas être interprété comme étant une façon de démembrer
le territoire d'un État souverain. C'est ce qui est dit. Pis là, ça n'avance
pas. Puis il me semble qu'en plus, je le disais tantôt, c'est le premier
ministre qui a pris cet engagement-là. Ce n'est pas moi, c'est lui qui était au
pouvoir. Donc, il ne rencontre pas les chefs autochtones, ça n'avance pas. On
est un an après et puis les chefs autochtones nous disent : Écoutez. Nous,
là, on a l'impression que le gouvernement fait tout pour ne pas que ça avance.
Ça fait que, M. le ministre, pouvez-vous nous éclairer où ça bloque? Puis
qu'est-ce qu'on peut faire pour vous aider pour que ça débloque?
Le Président
(M. Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : Bien,
merci, M. le Président. Puis je pense qu'une des premières choses à faire,
c'est ce qu'on fait aujourd'hui, c'est de parler de Petapan. Puis j'en suis
très heureux. C'est vrai que ce n'est pas simple. Puis c'est vrai que c'est
notre gouvernement qui a pris l'engagement de finalement livrer Petapan qui
traînait depuis plus de 40 ans. Je l'ai dit tantôt, je n'aime pas, je
n'aime pas faire de la politique de cette façon-là. Je suis capable de prendre
le blâme qui nous revient sur trois ans sur 43, mais 40 ans que je n'étais
quand même pas là, ni mon gouvernement. Alors, bien, bien humblement, il y a
quelque chose qui devait accrocher dans le passé aussi.
Présentement, on est dans l'arrimage. Les
chefs l'ont déjà dit. Puis ils le confirment. Puis je suis très à l'aise de le
dire devant eux, on a avancé comme jamais. C'est normal, c'est un traité. Un
traité, c'est 300 pages, un traité c'est long. Et puis tantôt il faisait
référence à la Déclaration des Nations Unies...
M. Lafrenière : ...puis je
suis d'accord avec la majorité des points qu'il a dit. Je veux juste vous dire,
M. le Président, comment, dans notre gouvernement, on donne... on donne vie aux
principes de la Déclaration des Nations Unies. On l'a fait dans plusieurs
ententes. On l'a fait dans l'attente de... où on donne plus d'autonomie en
matière de consultation sur les mines, la forêt, les aires protégées. On l'a
fait dans une entente avec Mashteuiatsh, sur la foresterie, sur les droits
fauniques aussi. On l'a fait avec l'entente avec une nation algonquine pour la
protection de l'orignal. On l'a fait sur... pour la consultation avec une
entente avec... j'en ai une liste, M. le Président, puis une page, je ne veux
pas faire la liste au complet, juste dire aux collègues que la Déclaration des
Nations unies, c'est important. C'est un principe qui est fort important. Je me
suis rendu en Colombie-Britannique pour aller voir comment ils le mettent en
place, là, on voulait regarder toutes leurs lois. Nous, on donne action.
Le Président (M.
Bachand) :...20 secondes.
M.
Morin :Oui, mais je vais encore reposer la question. Où ça
bloque? Puis qu'est-ce qu'on peut faire pour que ça débloque? Parce que, M. le ministre,
vous nous dites : Quand on parle de ces enjeux-là, moi, je ne veux pas de
partisanerie, c'est trop important, là, je vous écoute, je vous entends. Mais,
à ce moment-là, moi, je vous tends la main. Qu'est... où ça bloque? Puis ça...
ça, c'est précis comme question. Où ça achoppe? Puis qu'est-ce qu'on peut faire
pour que ce soit réglé? Parce que moi, je me mets à la place des chefs des
Premières Nations avec qui on a parlé régulièrement. Qu'est-ce... où ça bloque?
C'est simple, là.
M. Lafrenière : Oui, ma
réponse, M. le Président, ça ne bloque pas, présentement, on a des questions
d'arrimage. Mais ce que les collègues... puis j'en ai deux sur trois
aujourd'hui, m'ont tendu la main. Moi, je suis heureux de vous dire, M. le
Président, que je comprends qu'avec leur intervention, nonobstant ce qui est
arrivé dans le passé, puis le fait que ça n'a pas été livré avant, quand on va
être rendus à l'étape de consultation... Parce que ça va être important, ça, M.
le Président, quand on va avoir paraphé, il va falloir consulter, il va y avoir
des gens, des autochtones, allochtones... vont vouloir entendre le point de
vue. Mais je suis content de voir qu'avec les oppositions, on va travailler
ensemble. Puis cette façon-là, ça va avancer beaucoup plus vite. Ça fait que
merci de l'offre du collègue. Moi, je prends ça comme un engagement, en se
disant : Quand on va être rendus à consulter, les partis d'opposition vont
travailler avec nous. C'est sûr que ça va bien aller, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de
Jean-Talon, pour 7 min 52s.
M. Paradis : Merci. Bonjour à
tous. Vous avez fait référence tout à l'heure, M. le ministre, à la Loi sur les
Indiens. Nous, au Parti québécois, on pense que c'est une loi coloniale qui est
le successeur de l'acte des sauvages, qui visait la dépossession des Premières
Nations, de leur culture, de leurs terres, l'assimilation. Vous, vous en pensez
quoi de cette loi-là?
M. Lafrenière : M. le
Président, je ne peux pas être en désaccord. Il y a bien des points qu'on
réussirait à être en désaccord, mais pas sur celui-là. Il y a deux, trois
choses, puis écoutez, vous savez que c'est un enjeu fédéral, mais il faut quand
même prendre le temps d'en jaser. Sur la loi sur les Indiens, vous comprenez,
quand on parle des... des nations qui sont toujours... assujetties, pardon, sur
la Loi sur les Indiens, c'est une relation qui est avec le gouvernement
fédéral. Il y a eu des tentatives dans le passé où ils ont demandé au
chef : Est-ce que vous voulez vous retirer sur la loi sur les Indiens? Ça
n'a donné de résultat. Mais je vais vous donner une solution, moi, M. le
Président, pour le collègue, c'est lorsqu'on fait des conventions. Nous, on l'a
fait avec les Cris, avec les Naskapis, avec les Inuits, puis là je me mets de
la pression avec... en vous disant ça. Quand on a des conventions, on sort les
communautés de cette loi sur les Indiens. Alors, les cris, les Naskapis, les
Inuits sont sortis de cette relation-là avec la Loi sur les Indiens. Ça, c'est
le pouvoir qu'on a au Québec. Puis vous avez compris qu'on en a déjà trois
communautés, 50 % du territoire qui est comme ça. On veut en faire plus.
• (10 h 20) •
M. Paradis : Sur la Loi sur
les Indiens, qu'est-ce que votre gouvernement a fait depuis sa première
élection, en 2018, pour changer cette loi-là ou pour la remplacer?
M. Lafrenière : M. le
Président, j'ai appris une chose assez rapidement dans mon poste, ce n'est pas
à moi à prendre position pour les communautés, pour les nations. Les nations,
qui le veulent peuvent se sortir de cette relation-là en faisant un traité avec
le gouvernement du Québec. On l'a fait dans trois ans... quand je dis «on»,
c'est comme gouvernement, je n'étais pas là, les Naskapis, les Cris, les Inuits,
ça a été fait. On y travaille pour des communautés, avec Petapan, ce n'est pas
une nation au complet. C'est une belle façon.
M. Paradis : Relativement à
la Loi sur les Indiens.
M. Lafrenière : Ça les sort
complètement de la Loi sur les Indiens.
M. Paradis : Est-ce que vous
avez fait des démarches relativement à la Loi sur les Indiens, oui ou non?
M. Lafrenière : On le fait
dans Petapan, pour les sortir de la Loi sur les Indiens.
M. Paradis : Oui, mais
relativement à la loi elle-même.
M. Lafrenière : Moi, je n'ai
pas pris parole au nom des autochtones au Québec, pour les sortir de la Loi sur
les Indiens. Ça serait très paternaliste, comme approche.
M. Paradis : O.K. Bien, voyez-vous,
nous, on pense que l'indépendance du Québec, c'est une occasion de se
débarrasser de cette loi coloniale et de repartir vraiment sur des bases de
nation à nation pour redéfinir un pays où on va pouvoir dialoguer comme ça.
Vous avez raison, en attendant, on peut
faire des conventions. Vous avez nommé celle de Petapan. Quand on a un objectif
clair et qu'on veut y arriver, on le fixe et on le dit publiquement. Quelle est
votre échéance pour clôturer les négociations et signer le traité Petapan? Une
date.
M. Lafrenière : On l'a fixé
puis on l'a dit clairement, comme objectif, qu'on s'était donné au 31 mars
2023. On dépasse ce temps-là, on le sait. Ensemble, avec les chefs, on s'est
donné un objectif d'y aller dans un mode qui était un sprint. Et je l'ai dit
tantôt au collègue....
M. Lafrenière : ...le député
d'Hochelaga qui posait la question, pour moi, ce sera le plus tôt possible.
M. Paradis : Êtes-vous...
Pouvez-vous vous engager aujourd'hui à une date à laquelle le gouvernement du
Québec veut avoir conclu les négociations et signer Petapan.
M. Lafrenière : Le plus tôt
possible. On a déjà dépassé la date qui avait été fixée, monsieur le Président.
Alors, en toute honnêteté, je ne veux pas que mes équipes se donnent une année,
huit mois, neuf mois. Si on le règle dans deux semaines, puis je n'imposerai
pas le rythme à mes collègues des Premières Nations, on va le faire ensemble
puis on va livrer. Si c'est dans deux semaines, je vais être très heureux, M.
le Président.
M. Paradis : Donc, le
gouvernement ne veut pas se donner un objectif clair pour signer Petapan. C'est
ça...
M. Lafrenière : L'objectif
est plus que clair, ça s'appelle plus vite possible.
M. Paradis : OK Mais ça, ce
n'est pas une date. C'est signé depuis le 31 mars 2004, vous avez parlé que
tous les gouvernements étaient un peu responsables de ce délai-là, mais là vous
êtes au pouvoir depuis six ans. Et ce qu'on entend, c'est qu'il semble avoir un
retour en arrière sur ce qui a été convenu en 2004, sur le contenu de
l'entente. Et là vous nous avez dit: Le premier ministre nous dit: Il faut
régler Petapan, mais c'est lui-même qui, en septembre 2023, je le cite, dit:
«Il y a une condition, comme tous les gouvernements qui ont précédé celui de la
CAQ, on ne veut pas que, dans l'entente, il y ait un droit de veto sur les
futurs projets économiques.» Quel droit de veto? Quels projets économiques? De
quoi le premier ministre parle-t-il?
M. Lafrenière : Monsieur le
Président, je tiens à amener...Puis je sais que mon collègue a un passé
d'avocat, ça fait que je ne me lancerai pas dans un débat d'avocat avec lui. Et
je savais qu'on trouverait un point sur lequel on ne s'entendrait pas, puis
c'est définitivement... sur l'indépendance du Québec, mais, sur le reste, je
pense, ça va bien. En 2004, je veux juste corriger, ce qui a été signé, c'est
l'EPOG, l'entente de principe d'ordre général. Ce n'était pas le traité. Puis
je ne veux pas jouer sur les mots, là, mais il faut être très honnête dans tout
ça. C'est une première entente qui a été faite, c'est vrai. Ce n'était pas le
traité qui a été signé en 2004, puis on a dormi sur la switch pendant 20 ans,
ce n'est pas ce qui est arrivé. C'est une première entente qui était importante,
puis je le reconnais à ceux qui étaient en place à l'époque, c'était le
gouvernement Charest avec les libéraux. Avant ça, en 2000, avec le gouvernement
de monsieur Landry, on avait avancé aussi. Il y a plusieurs personnes qui ont
joué dans ce traité-là, puis on a réussi à avancer. Ce que je dis, là...
M. Paradis : Je m'excuse...
M. Lafrenière : ...ce que je
le dis présentement, c'est qu'on va le livrer.
M. Paradis : Vous savez que
j'ai très peu de temps, là, donc j'essaie d'y aller avec des questions courtes,
avec des réponses courtes. De quel droit de veto le premier ministre parle-t-il
et de quels projets économiques le premier ministre parle-t-il? Alors, en
réalité, est-ce que ce n'est pas le premier ministre qui ralentit les
négociations?
M. Lafrenière : Absolument
pas. On a un premier ministre qui m'a lancé le même défi, qui me demande à
chaque semaine un suivi sur Petapan. Et, dans l'entente économique, dans le
projet d'entente économique qu'on a avec les chefs innus, je ne peux pas vous
partager les détails, mais il y a des projets de développement économique qui
sont inclus là-dedans. Alors, ce n'est pas ça qui ralentit les choses, là. Ce
n'est qu'une question d'arrimage de faire en sorte que les règles innues, les
règles allochtones, ça fonctionne bien ensemble, c'est tout...
M. Paradis : Votre
gouvernement est toujours en accord avec la Déclaration des Nations unies sur
les droits des peuples autochtones.
M. Lafrenière : Question
courte, réponse courte. J'ai commencé à y répondre tantôt en disant de quelle
façon donner vie à cette déclaration des Nations unies.
M. Paradis : J'ai bien noté
dans votre réponse tout à l'heure que vous avez noté... vous avez parlé de
plusieurs ententes, mais vous n'avez pas... mais vous n'avez pas nommé Petapan.
Les chefs du regroupement de Petapan disent: Cette entente-là respecte la
Déclaration de l'ONU sur les droits des peuples autochtones, qui ne concède pas
de droit de veto. Puis les chefs disent: Il n'y a pas de droit de veto. Le
premier ministre est inquiet d'un droit de veto. De quoi a-t-on peur?
M. Lafrenière : On revient à
sa question, la réponse, c'est oui, on est d'accord avec la Déclaration des
Nations unies. Oui, dans le traité Petapan, on s'inspire de la Déclaration des
Nations Unies. Je ne veux pas être plate, là, on est tous les deux en accord
là-dessus. Tantôt... à la liste, j'ai juste arrêté de la lire. JE peux passer
au travers, si vous voulez, vous avez très peu de temps. Je dis à quel point,
dans nos ententes, on inclut...
M. Paradis : Est-ce qu'il y a
Petapan dans votre liste?
M. Lafrenière : Absolument,
mais elle n'est pas signée. Je peux bien vous dire... Je ne ferai pas de la
politique sur une future entente, là.
M. Paradis : Alors, est-ce
qu'on peut revenir: De quoi le premier ministre a-t-il peur? Et pourquoi on ne
conclut pas l'entente Petapan?
M. Lafrenière : Monsieur le
Président, regardez, je vais vous répondre de façon très claire, là. J'ai des
communautés innues qui m'écrivent des lettres en disant qu'ils sont inquiets.
J'ai des communautés allochtones qui m'écrivent en disant qu'ils sont... C'est
normal, monsieur le Président. De se poser des questions, je pense, c'est
totalement normal et lucide. Là ce que je comprends de la part des trois
oppositions, c'est que le jour qu'on va aller en consultation, je vais avoir
leur plein appui. Ça, ça va nous aider grandement, monsieur le Président. Puis
c'est normal d'être inquiet.
Le Président (M.
Bachand) :30 secondes, monsieur le député
de Jean-Talon.
M. Paradis : J'aimerais vous
amener sur le dossier de Chalk River, des déchets nucléaires et de la
communauté Anishnabe de Kebaowek. Est-ce que vous faites vôtre leur
revendication à l'écart à l'égard des déchets nucléaires?
M. Lafrenière : Monsieur le
Président, puis ma réponse va être très, très courte. Nous avons rencontré le
chef Lance Haymond, que je connais très bien de la communauté de Kebaowek,
Anishnabe, Kebaowek, et on a dit la même chose qu'on a envoyée comme lettre au
fédéral, puis c'est mon collègue qui est ministre de l'Environnement. Il m'a
dit...
M. Lafrenière : ...consultations,
clairement, n'ont pas été bien faites dans ce dossier-là. Et je suis d'accord
là-dessus.
Le Président
(M. Bachand) :Merci beaucoup. M. le
député de l'opposition officielle pour 18 min 10 s
M. Morin : Oui. Alors,
merci, M. le Président. Alors, M. le ministre, pourquoi le premier ministre
refuse de rencontrer des chefs de Petapan? Clairement, c'est parce que,
visiblement, il y a quelque chose qui ne marche pas. Pourquoi?
M. Lafrenière : M. le
Président, pour les gens qui nous écoutent, je vais avoir l'air de répéter
exactement la même chose, mais je vais reprendre les mêmes lignes que j'ai
dites tout à l'heure, puis je vais être... je vais être conséquent avec ma
position de tout à l'heure, le président... le premier ministre, pardon, a
confirmé sa volonté de rencontrer les chefs de Petapan. Il l'a dit par écrit.
Ce qu'on a mentionné, cependant, c'est au bon moment, au moment opportun.
Pourquoi, M. le Président? Je reviens à ce que j'ai dit tout à l'heure, le
premier ministre va arriver dans un moment où il y aura des... il aura à
trancher. On n'est pas rendus là, M. le Président. On a encore des points sur
lesquels on doit travailler ensemble. On a demandé à nos équipes de
négociateurs de travailler, d'être créatifs, de trouver des solutions. Au
final, il reste quelques points. Puis oui, il y aura un jour où le premier
ministre pourra trancher, mais on doit faire notre travail avant ça. Puis c'est
ce qu'on s'est lancé comme défi pour les négociateurs de part et d'autre.
Le Président
(M. Bachand) :M. le député.
M. Morin : Combien il
vous en reste, de points à régler?
M. Lafrenière : M. le
Président, j'ai un grand, grand, grand malaise à faire la négociation sur la
place publique, mais je vais trouver une façon de répondre à mon collègue.
Quand on a rencontré les chefs, puis ça fait déjà quelques semaines, il y avait
des points qui demandaient des clarifications, des points qui étaient plus
compliqués. Vous comprenez, il y avait des gradations de points un peu. Il y a
des points qu'on a réussi à proposer, des solutions qui, pour nous, sont
acceptables de part et d'autre. Ça fait que déjà, en quelques semaines, ça a
avancé, M. le Président. Mais je n'irai pas faire la négociation sur la place
publique. Un, on a une entente de confidentialité. Puis deux, ça serait
irrespectueux pour mes collègues qui sont assis derrière moi. Mais on a avancé,
M. le Président. Mon point que je veux dire, là, c'est qu'en quelques semaines,
il y a des points sur lesquels soit qu'on a entendu la position de nos
collègues innus pour... puis ça nous satisfait avec les détails qu'on a eus,
soit qu'on a amené des contre-propositions qui sont pour nous acceptables. Il y
a encore du travail à faire, mais ça avance. Je comprends la pression que j'ai
aujourd'hui. Je comprends le travail des chefs innus qui ont fait un travail
remarquable. Puis je comprends aussi qu'avec les oppositions ça va être
merveilleux, comment ça va bien avancer après ça?
M.
Morin :Moi j'ai... Sauf que...
M. Lafrenière : Je vis
d'espoir.
M. Morin : Sauf que, M.
le Président, M. le ministre vous disait tantôt... Oui, ils vont arriver à une
signature. Puis après ça, si j'ai bien compris, vous allez consulter. Donc, les
consultations ne sont pas faites? Vous allez les faire après?
M. Lafrenière : M. le
Président, juste pour mettre ça clair, parce que c'est très technique, là.
M. Morin : Ça va prendre
combien de temps?
M. Lafrenière : C'est
très technique, mais respectons, encore là, les communautés autochtones. Quand
nos négociateurs vont arriver à un texte qui pourrait être mutuellement
acceptable, on va le parapher. Il va être mis... Par la suite qui est prévu
dans nos clauses que les communautés innues vont consulter les autres
communautés et les communautés allochtones. Ils veulent se donner ce moment-là,
comme on fait présentement. Présentement, ce qu'on fait, là, on s'en va
consulter les autres ministères pour voir quels sont les points d'arrimage.
Puis les communautés innues veulent faire la même chose, que ce soit avec les
autres communautés, que ce soit les communautés allochtones. Et ils se sont
même donné ce droit-là de faire un... Puis là mon collègue a quitté la... la
troisième opposition. J'étais pour dire le mot référendum. Je ne voulais pas
l'exciter là-dessus, mais il va y avoir un référendum dans les communautés.
• (10 h 30) •
M. Morin : Moi, je ne
pars pas, M. le Président, je vous le dis tout de suite, là. Je vais continuer.
Le Président (M. Bachand) :On fait attention. On fait attention, on ne souligne pas
l'absence de nos collègues, M. le député.
M. Lafrenière : Non, je
souligne sa présence.
M. Morin : Je n'ai pas
souligné l'absence de personne.
M. Lafrenière : C'est
moi qui ai... Non, c'est moi, M. le Président.
M. Morin : Je dis que je
serai présent.
Le Président
(M. Bachand) :Je sais.
M.
Morin :Vous consultez? Vous consultez combien de ministères?
M. Lafrenière : Il y a
plusieurs ministères qui sont avec nous. Je vous dirais que c'est l'ensemble
des ministères, parce qu'on veut s'assurer justement que personne ne va arriver
avec un petit point plus tard ou quoi que ce soit, là. C'est l'ensemble des
ministères qui sont mis à contribution.
M. Morin : L'ensemble
des ministères.
M. Lafrenière : Absolument.
M. Morin : Donc, tous
les ministères.
M. Lafrenière : L'ensemble
des ministères a des... Puis, M. le Président, vous comprenez que c'est une
négociation. Quand il arrive des points plus précis pour un ministère en
particulier, bien, on travaille avec ce ministère-là aussi. Mais à chaque
semaine, à chaque semaine, il y a un comité interministériel qui se réunit pour
faire le point. Chaque semaine, de mon côté, avec mon équipe, on fait le point
au bureau du premier ministre qui veut savoir qu'est-ce qui se passe dans le
traité. Alors, on n'est pas en mode neutre. On veut avancer.
M. Morin : Et je
comprends, M. le Président. Je comprends très bien M. le ministre, là.
Visiblement, le ministre n'est pas en mode neutre, sauf que, là, vous dites que
vous consultez l'ensemble des ministères. C'est quoi les échéanciers? Parce
que, écoutez, ça ne finira jamais.
M. Lafrenière : M. le
Président, je comprends la remarque du collègue, puis je veux juste réitérer ce
que j'ai dit tantôt. Puis je pense qu'on va arriver à quelque chose que les
gens vont comprendre. En quelques semaines, il y a des points qui ont été
réglés. Alors, si, comme mon collègue le suggère, on consultait, puis que
c'était remis aux calendes grecques puis que ça ne bougeait pas, il aurait
raison de s'inquiéter. Et présentement, quand on travaille avec les collègues,
c'est en mode solution. Puis ça, c'est la commande du premier ministre.
C'est : Arrivez-moi avec des solutions. Tout le monde, puis là je ne veux
pas être méchant avec mon collègue, tout le monde peut trouver des... des
critiques, mais là on...
10 h 30 (version non révisée)
M. Lafrenière : ...avec les
collègues, c'est en mode solution. C'est ce qui a été pensé comme commande. Et
la preuve tangible à ça passe, parce que je n'aime pas vendre de l'air, c'est
qu'il y a des points qu'on a avancés en seulement quelques semaines.
M.
Morin :D'accord. Quand le premier ministre vous dit :
Arrivez-moi avec des solutions. Le premier ministre nous dit que c'est un homme
de résultats, ça fait qu'il vous dit : Arrivez-moi avec des solutions,
puis il n'a pas d'échéancier. Il dit : Arrivez-moi avec des solutions. Ça,
ça peut prendre une semaine, deux semaines, trois semaines, un mois, deux mois,
trois mois. Ça ne finira pas. C'est... Je veux dire, je ne peux pas croire que
le premier ministre vous dit : Arrivez-moi avec des solutions, puis on
verra. Je veux dire, il doit vous dire : Non, non, moi, je veux une
réponse par telle date. C'est quoi vos dates?
M. Lafrenière : M. le
Président, je vais rassurer mon collègue, l'échéancier est à chaque semaine. À
chaque semaine, je dois faire rapport de comment on a avancé. Je l'ai déjà dit
que mon patron était un homme qui n'était pas nécessairement patient, alors j'ai
de la pression à chaque semaine pour livrer.
M.
Morin :O.K. Autre sujet, il n'y a pas longtemps, j'ai eu le
privilège à poser plusieurs questions à la présidente du Conseil du trésor qui
évidemment, comme vous le savez, est responsable de l'ensemble de l'appareil
gouvernemental comme employeur. Et je regardais les statistiques d'un très
grand nombre de ministères et je lui posais des questions là-dessus. Puis,
parmi ces réponses, elle disait : Oui, mais je travaille avec le
secrétariat, je travaille avec le secrétariat. C'est... c'est parfait parce que
vous êtes là ce matin.
Quelles sont les actions que vous posez,
au sein de l'appareil gouvernemental, pour vous assurer que vous allez
embaucher des membres des Premières Nations et des Innus? Parce qu'il y a un
nombre important d'organismes de l'État où il y en a très peu ou pas du tout.
Quels sont les programmes que vous avez? Comment vous fonctionnez avec vos
collègues? Parce que votre collègue me disait : Ah non, ça, c'est le
Secrétariat. Bien là, le Secrétariat est devant nous ce matin, moi, j'aimerais
ça savoir ce que vous faites.
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président. Puis c'est une question fort importante, puis je pense qu'il y a
trois niveaux qu'on doit regarder dans cette question-là. Premièrement, il y a
la représentativité au sein des conseils d'administration, parce que c'est beau
de dire que ça prend de l'embauche, mais ça prend aussi de la représentativité.
Et ça, quand on a fait le Groupe d'action contre le racisme, c'est un point
important qu'on a amené, ça prend une plus grande représentation, et je peux
vous sortir les chiffres, je peux vous nommer des gens, mais on est rendu à 14 personnes
qui ont été nommées sur des... au sein de conseils d'administration. Donc ça,
ça envoie un message très fort.
Deuxièmement, il y a des formations aussi
qu'on fait avec l'ensemble des ministères où on forme les employés des
ministères sur les réalités autochtones, pour un, amener moins d'intolérance. C'est
parce que je l'ai déjà dit tantôt, hein, puis je ne changerai pas mes phrases,
il y a de l'intolérance, du racisme, on le sait. Alors, la formation est
extrêmement importante. Et avec le Conseil du trésor, il y a une politique d'embauche
qu'on appelle... puis mon collègue d'Hochelaga connaît ça, le programme d'accès
à l'emploi, de s'assurer qu'il y a une bonne représentativité. Et je vous
dirais — puis, M. le Président, si vous... si mon collègue le permet,
je vais déborder une petite seconde de son point parce que je pense que ça va
répondre à sa question — il y a aussi comment on va rejoindre les
membres des Premières Nations, parce que j'étais à Quaqtaq la semaine passée,
vendredi, puis ce qu'on se faisait dire, c'est : Iqel y a des jobs qu'on
aime, il faut offrir la formation qui va avec ça. Ça, M. le Président, j'ai vu
que les Inuits se sont pris en main. Ils ont offert de faire un centre de
formation régional professionnel pour donner accès à des jobs que les gens
veulent, ça va prendre ça aussi, puis tantôt je parlerai de formation, là. Il
faut donner accès à de la formation pour tout le monde aussi, M. le Président.
M.
Morin :Est-ce que vous avez des cibles qui vont vous amener
vers des résultats pour l'embauche?
M. Lafrenière : Dans les...
Tantôt, quand je parlais des conseils d'administration, à chaque semaine, quand
il y a des nominations, comme vous le savez, ça passe au Conseil des ministres.
Puis à chaque fois, on voit des statistiques pour voir la représentativité,
puis c'est clair que j'en fais un devoir de regarder à chaque fois la
représentativité autochtone. On est rendus à 14 personnes qui ont été
nommées sur des conseils d'administration.
Je regardais avec ma collègue du Conseil
du trésor pour la politique, pour voir comment on va ressortir les chiffres,
mais au delà des chiffres, puis je reviens encore à sa formation, c'est beau de
dire qu'on veut embaucher des autochtones, mais il faut leur donner accès à de
la formation, puis une des choses... puis je sais que mon collègue connaît
ce... ce programme. On a bâti jusqu'à présent trois milieux de vie autochtones
pour que les gens puissent aller à l'école, que ce soit le cégep ou l'université,
parce que c'était une barrière, ça, M. le Président, qui existait, où souvent
ce sont des femmes qui retournent aux études avec de la famille, pas accès à un
logement, donc pas de retour aux études possible. On l'a fait à Sept-Îles.
Trois-Rivières, c'est déjà ouvert. Québec s'en vient, Chibougamau va suivre, et
encore là... Et vous allez dire que je ne réponds pas directement, mais si on
ne donne pas accès à de la formation, on n'arrive pas au bon... au résultat, M.
le Président.
M.
Morin :M. le Président, quand... quand vous dites 14, M. le
ministre, c'est 14 sur combien?
M. Lafrenière : Sur les
conseils d'administration, bien, on s'entend, là, sur les conseils d'administration,
on en a de 8 à 12 personnes, on parle d'une représentativité normalement,
donc il y a14 conseils d'administration qui ont une représentativité
autochtone.
M.
Morin :Oui. Et vous avez combien d'autochtones sur des conseils
d'administration sur un nombre total de combien de postes?
M. Lafrenière : Je ne
pourrais pas...
M. Lafrenière : ...je ne
pourrais pas répondre, M. le Président, pour être bien honnête avec vous. Je ne
sortirai pas un chiffre comme ça, là. Je sais cependant ceux qui sont nommés,
parce que dans mon autre cartable de périodes de questions, s'il me repose la
question au bleu, je pourrai y répondre, j'ai la liste des gens qui ont été
nommés avec leurs noms.
Une voix : ...
M. Lafrenière : Je n'ai pas
le bon cartable. Ça arrive. Mais sérieusement, il y a 14... Puis c'est
important, là, puis, tu sais, on en fait une blague mais c'est important parce
que ce sont des gens qui ont été nommés. Je peux donner, entre autres, M.
Konrad Sioui, qui a été nommé à la SAAQ, ce sont des postes qui sont
prestigieux, ça envoie un message et ils deviennent des ambassadeurs aussi pour
les membres des Premières Nations, en disant : J'ai eu accès, on peut y
arriver.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député.
M. Morin : M. le Président.
Est-ce que, M. le ministre, vous pouvez vous engager à nous transmettre ces
informations-là après? Parce que là, je comprends que vous n'avez pas le
cartable devant vous, là, mais moi, je veux faire un suivi là-dessus. Donc,
est-ce que vous pouvez vous engager à nous donner ces chiffres-là? C'est-à-dire
qu'il y a combien de postes puis vous avez combien de demandes des Premières
Nations ou des Inuits sur ces... sur ces conseils?
M. Lafrenière : Je vais même
en mettre une couche de plus. Je vais donner la liste des gens qui ont été
nommés avec les noms et aussi le nombre de conseils d'administration pour que
vous puissiez voir les chiffres. Absolument.
M. Morin : Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Faire parvenir ça à la
commission, bien sûr. Merci beaucoup.
M. Lafrenière : Absolument.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup.
M. Lafrenière : Merci à vous,
M. le Président. Bien sûr.
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
M. Morin : Merci, M. le
Président. Vous avez fait référence à ça, M. le ministre, il y a parfois, même
dans des critères de sélection, certains critères ou des enjeux qui font en
sorte qu'on va discriminer des Premières Nations ou des Inuits. Est-ce que vous
travaillez avec le Conseil du trésor pour vous assurer que quand il y a des
concours, il n'y aura pas des éléments dans les descriptions de travail ou dans
les... dans les qualifications recherchées dans le cadre des concours qui vont
faire en sorte que ça va entraîner une discrimination pour les Premières
Nations et les Inuits?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : M. le
Président, je n'aime pas dire dans la même phrase «discrimination» puis
«positive», mais je vais être obligé de le faire, parce que ce qu'on essaie de
faire justement, M. le Président, c'est de la discrimination positive. Et dans
chacun des ministères, il y a une direction des affaires autochtones. Et j'ai
rencontré, on est rendus à la moitié des ministères que j'ai rencontrés, pour
leur rappeler l'importance que cette direction-là se retrouve au plus haut
niveau, qu'on la valorise. Alors, oui, c'est une discrimination qui est
positive, parce que, ça aussi, M. le Président, je pense que c'est un facteur
de changement, un vecteur de changement, que cette direction des affaires
autochtones se retrouve le plus proche possible du ministre. Il y a plusieurs
de mes collègues qui ont déjà fait des changements. Ça existe. Alors, oui,
c'est une discrimination qui est positive.
Puis j'irais une couche de plus loin pour
mon collègue, M. le Président. On pourrait parler des contrats aussi. Avec ma
collègue du Conseil du trésor, on travaille à voir de quelle façon on pourrait
encourager, favoriser des entreprises autochtones dans certains contrats, tout
en étant prudents. Parce que, M. le Président, il y a un côté négatif à ça, on
le connaît, on a vu ce qui est arrivé avec ArriveCan du côté fédéral, ce qu'on
ne veut pas, puis ça, c'est des autochtones dans le projet puis qui me l'ont
dit, on ne veut pas que, de façon statistique, on vienne dire qu'il y a
20 personnes qui travaillent sur un projet, c'est qu'on ne leur donne pas
accès à un travail qu'ils veulent. Ce que je veux dire par là, c'est qu'on se
serve des chiffres puis qu'on dise : toi, je t'embauche comme autochtone
mais reste chez toi, comme ça je pourrai dire que j'ai embauché
20 autochtones. Ça, je l'ai entendu, M. le Président. Ce sont des gens
dans le projet Apuiat, qui ont dit : Nous, là, on veut avoir accès à une
job qu'on a le goût. Puis j'ai posé la question, en disant : Pourquoi vous
me dites ça? Ils ont dit : Dans le passé, souvent, ils étaient embauchés
en se faisant dire : Reste chez, toi tu es un chiffre pour moi. Puis on ne
veut pas ça.
• (10 h 40) •
M.
Morin :Oui. Je vous remercie. Maintenant, j'aimerais qu'on
parle du Nunavik. Est-ce que vous pouvez me renseigner sur l'état de la demande
pour qu'il y ait un CT scan au Nunavik? Parce que, quand j'ai posé des
questions, je vous ai posé des questions, j'ai posé des questions au ministre
de la Santé, ce n'était pas encore fait, pendant la période de questions. Donc
là, maintenant, vous êtes rendus où?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président. Puis je l'ai dit tantôt, puis excusez si je me répète, là, mais
j'étais à Quaqtaq pas plus tard que vendredi dernier. Et je rencontrais... Il y
a des gens de la régie qui étaient là. Parce que ça, c'est une autre réalité
aussi. Tantôt on parlait d'autonomie puis, dans Petapan, l'importance de donner
plus d'autonomie, mais quand ils en ont, il faut la respecter. Puis ça, c'est
un bel exemple avec les Inuits. Ils ont une régie, régie de la santé, qui est
une forme d'autonomie, en matière d'éducation, si on en parle tantôt, ils
ont... qui est une forme d'autonomie. Si on parle de l'eau potable, des
services rendus aux citoyens, ils ont... qui est une forme d'autonomie. Pour la
régie, M. le Président, pour la Régie, je l'ai demandé, puis j'ai fait le
suivi, parce que le collègue, ce n'est pas la première fois qu'il m'en parle,
puis je sais, c'est un dossier important, puis il a raison, je n'ai pas encore
de date. Je ne peux pas vous dire où on en est rendus du côté de la régie. Mais
mon collègue, quand je suis... je me suis déplacé à... avec lui, il avait fait
une demande. On... Je pourrais vérifier que la régie. Je n'ai pas la réponse à
lui donner aujourd'hui, M. le Président. Puis ce n'est pas parce que ce n'est
pas important, parce que ça l'est extrêmement.
Puis on l'a su, hein, pour les cas de
cancer, pour les cas de maladie, de tuberculose, c'est important d'avoir le CT
scan. Je me permettrais de rajouter, cependant, M. le Président, pour la côte
ouest du Nunavik, maintenant ils sont reliés par la fibre optique. Vous allez
me dire : Ian, pourquoi tu nous dis ça? En matière de santé, c'est
extrêmement important. Auparavant, on demandait à une infirmière de partir avec
une rayon X, une radio en avion pour aller dans le sud, maintenant, avec la
fibre optique, on peut faire suivre...
Le Président (M.
Bachand) :Merci...
Le Président (M.
Bachand) :...M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Ça coûte combien,
un CT-scan?
M. Lafrenière : J'ai... Je
vais être très honnête avec vous, M. le Président, je n'ai pas acheté ça dans
ma vie, je n'ai aucune idée ce que ça peut valoir.
M. Morin : Avez-vous les
coûts de ce que ça coûte au gouvernement pour les services de
l'avion-ambulance?
M. Lafrenière : Je ne
pourrais pas vous dire, M. le Président, on pourrait regarder avec la Santé,
mais, regardez, je vais répondre indirectement en disant qu'annuellement, parce
que j'ai demandé qu'on regarde, là, ce qui était transféré au Nunavik pour les
différents volets, hein, que ce soit la santé, l'éducation, les services
donnés, c'est près de 1 milliard par année qui est transféré au Nunavik
pour les différents soins. Comme je vous dis, que ce soit la santé, l'éducation
ou les services, alors c'est beaucoup de... c'est des sommes importantes qui
sont transférées. Si vous me demandez combien ça coûte, si vous me demandez
combien coûtent les déplacements, mais je sais très bien ce que mon collègue
veut dire : Est-ce qu'il n'y aurait pas une économie d'échelle? En disant
si on a un CT-scan, on ne les déplacera pas, je vous répondrais oui. Moi, je
pense plutôt à la santé des gens parce qu'il n'y aura pas 14 CT-scan au
Nunavik. Si on en a un, ça va quand même demander aux gens des communautés de
Salluit, d'Ivujivik ou de Quaqtaq de prendre l'avion pour aller à... Ça fait
que je pense qu'il y a une économie, mais honnêtement, le point le plus
important, c'est la santé des gens, ça fait que je suis d'accord avec lui.
M. Morin : Oui, mais mon
point... mon point est le... est le suivant, parce j'ai posé des questions, M.
le Président, à M. le ministre, là-dessus, quand vous avez un traumatisme
crânien au Nunavik, vous avez 40 fois plus de chances de mourir que si
vous l'avez à Montréal. Ce n'est pas banal, là, 40 fois plus de chance.
Ce que je comprends, c'est qu'ils n'ont
toujours pas de CT-scan. Puis... puis je comprends la réalité du Nunavik et
j'écoute... j'écoute votre réponse. Il n'y a pas... il n'y a pas un réseau
routier, là, ça fait que les villages autour ou les villes en périphérie vont
devoir quand même prendre l'avion, mais est ce qu'on s'entend que s'il y a un
CT-scan dans le Nord, je ne sais pas moi, que ça soit à Kuujjuaq ou dans une
autre ville, bon, Kuujjuaq étant un centre important, c'est quand même moins
loin que de se ramasser à Montréal. Parce que ce que je comprends,
présentement, c'est quand qu'il y a quelqu'un qui a besoin d'un CT-scan, vous
devez aller le chercher en avion puis vous le ramenez à Montréal ou à Québec,
il y a un coût à ça, et je vous... je vous avoue sincèrement, j'ai beaucoup...
parce que là vous avez parlé des sommes d'argent qui sont transférées. Écoutez,
je suis convaincu qu'un scan, ça ne coûte pas 1 milliard, là.
M. Lafrenière : Moi aussi.
M. Morin : Bon, alors, qu'est
ce que vous attendez? Parce que ce qu'on me répond là, mois après mois, après mois :
Ah, on va travailler de nation à nation. Ah, il y a une autonomie. Mais je
comprends tout ça, là, puis je ne suis pas contre ça. Sauf que là, demain matin
ou après-midi, s'il y a quelqu'un au Nunavik qui a un traumatisme crânien, il
n'y en aura pas de scan, ça fait que quand est-ce qu'ils vont en avoir un?
Le Président (M.
Bachand) :...ministre.
M. Lafrenière : M. le
Président, 30 secondes, le processus de réponse à sa question, ça va être
assez simple, M. le Président, pour moi, ça va être de parler à la régie puis
de leur demander quand est ce qu'ils vont le faire. Parce que je le sais que
cette approche-là est difficile pour nous, mais on ne peut pas être
paternaliste, l'argent est transféré, ils ont une forme d'autonomie, c'est à la
régie. Puis c'est pour ça que, lorsqu'il pose des questions, peut-être la
réponse n'arrive pas aussi vite, on doit demander à la régie pour voir où ils
sont. On a des enjeux aussi de personnel formé. Mais c'est clair que ce que mon
collègue a dit tantôt, M. le Président, quand on vit dans un village qui n'est
pas relié par la voie terrestre, c'est clair que ça amène plein d'enjeux de
santé. Mais il a raison, ça prend un CT-scan dans le Nord. Puis je vais faire
un retour.
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve pour
12 min 6 s, s'il vous plaît.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Rebonjour, M. le ministre. Deuxième... deuxième round. Deuxième et
dernier round. Parlons un peu de ce qui se passe à Kanesatake. On a des... on a
des... qui se passent beaucoup de... des coups de feu, dynamitage, les menaces,
les agressions physiques, c'est un climat qui est très difficile. Qu'est-ce
qu'on.... qu'est-ce qui ont été vos actions, en tant que ministre, dans ce
dossier-là pour assurer la sécurité des résidents de Kanesatake?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui. Merci,
M. le Président. Puis je vais rajouter des éléments de ce que mon collègue a
dit. C'est un dossier que je connais très bien, que je suis de très près, il y
a toute une dynamique au niveau du leadership, dans la communauté aussi, puis
ce n'est pas étranger à tout ce qui se passe, M. le Président. On a un grand
chef d'un côté qui a été isolé avec des chefs dissidents, en bon Québécois, là,
ça ne se passe pas bien, mais pas pantoute dans le conseil de bande, et ça,
c'est propice, dans ce temps-là à laisser, avec cette absence de leadership là,
laisser la place à des... à des problématiques qui ont lieu. Alors, si vous me
demandez qu'est-ce que je fais, je parle autant, je suis en lien, autant avec
les dissidents qu'au grand chef. Puis ça, en passant, il n'y a pas de surprise,
ça fait que je ne me mets pas dans le trouble en le disant aujourd'hui, les
deux groupes le savent, je dois parler à tous les groupes. J'ai fait à
plusieurs reprises appel au gouvernement fédéral en lui rappelant qu'il y avait
des enjeux de gouvernance dans la communauté. Moi, ça m'interpelle.
Dans le dossier de G&R Recycling, qui
est un dossier extrême, puis je le dis en anglais, je suis désolé, c'est le nom
de la compagnie, c'est un dossier extrêmement important. J'ai réussi à
provoquer une rencontre avec le gouvernement fédéral qui ont mis de l'argent
sur la table pour être capable de décontaminer le site, puis ça, c'est
extrêmement important. Présentement, la...
M. Lafrenière : ...puis je
vais dire le vrai terme, qu'il y a au sein du conseil de bande ne permet même
pas au gouvernement fédéral de commencer la décontamination. Alors, c'est un
problème qui est réel là-bas. Je tape du pied. Je tends la main à mes... à mes
collègues du fédéral pour qu'on trouve une solution.
M. le Président, je vais terminer en
disant : On a déjà évoqué la possibilité de mettre sous tutelle le conseil
de bande. Les deux groupes l'ont demandé. Je l'ai demandé, mais le gouvernement
fédéral nous suggère de ne pas aller de l'avant avec cette demande-là. Ils
l'ont fait ailleurs au pays, puis ça a été des catastrophes.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député.
M. Leduc : ...c'est ça que
vous nous dites? Il faudrait faire l'indépendance du Québec, c'est ça que vous
nous dites?
M. Lafrenière : Évidemment,
vous êtes deux à partir sur les mêmes histoires.
M. Leduc : Parlons des
langues autochtones. Il y a, à plusieurs reprises, des Premières Nations qui
ont émis le souhait que vous ne légifériez pas sur le dossier des langues
autochtones. Or, vous en parlez dans votre plan d'action gouvernemental. Vous
en avez parlé aussi en juin dernier lors de la Journée nationale des peuples
autochtones. Est-ce qu'il y a en ce moment, M. le ministre, un comité
interministériel qui travaille, au moment où on se parle, sur un projet de loi
sur les langues autochtones.
Le Président (M.
Bachand) :...
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président. Premièrement, ce n'est pas une cachette, on l'avait dit, puis le
premier ministre l'avait déclaré, qu'on était prêt à aller jusqu'à l'équivalent
d'une loi 101 pour les langues et cultures autochtones. Puis ça, ça a été
dit lors de la journée vérité et réconciliation... Ça fait que ça, on ne s'en
cachera pas, on l'a... on l'a offert. Vous savez aussi que j'ai tenu des
dialogues à plusieurs endroits au Québec sur les langues et cultures
autochtones pour savoir... Écoutez, qu'est-ce qu'on peut faire? Comment on peut
travailler ensemble? Parce qu'il y a un point qui est vrai, qui est extrêmement
vrai, c'est que les responsables de garder les langues, de promouvoir les
langues autochtones, ce n'est pas nous, ce sont les autochtones eux-mêmes.
Alors, l'offre qu'on a faite, c'est de dire : Comment on peut travailler
avec vous? Comment on peut vous aider? Comment on peut s'imposer, nous comme
gouvernement, certaines obligations en matière de langue et de culture
autochtone? On a tenu les... les consultations... des dialogues, pardon... Même
le terme, on l'a changé parce que ce n'était pas des consultations au sens
propre de la loi et des habitudes autochtones, on a appelé ça des dialogues. Et
d'un côté, j'ai entendu le monde politique qui nous disait : Mêlez-vous
pas de ça, c'est nos choses à nous. J'ai entendu aussi les aînés, les «kukum»
qui m'ont dit : Il faut faire de quoi. C'est nous autres qui... porteurs
des langues et des cultures autochtones.
Alors, le projet de loi a été mis de côté.
Je vais être encore là très honnête avec vous. Je ne touche plus à ce projet de
loi là. Cependant, dans nos actions concrètes, on fait des choses en matière de
langue et culture.
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
M. Lafrenière : Et un exemple
concret pour terminer...
M. Leduc : Donc, si je
comprends...
M. Lafrenière : ...Kahnawake.
On a fait un centre communautaire et culturel avec la communauté. On a investi,
ça fait qu'on y va dans des actions comme ça.
M. Leduc : O.K. Si je
comprends bien, M. le ministre, il y avait un projet de loi en préparation et
là il n'y a plus de préparation, il est sur...
M. Lafrenière : Il y avait
une volonté, je vais appeler ça comme ça. Il y avait une volonté.
M. Leduc : O.K., mais est-ce
qu'il y avait eu un comité interministériel? Est-ce que les travaux avaient
commencé?
M. Lafrenière : C'est plutôt...
puis c'est pour ça, je me tournais vers mon sous-ministre. C'est... Dans le
plan d'action sociale, ce qu'on appelle le... — on est bien bon dans
les acronymes, là — on a la plus grande priorité qui a été donnée,
c'est plus de 25 %, langue, culture autochtone. Ça fait que c'est clair
qu'on a ça, mais...
M. Leduc : Ce n'est pas... Ce
n'est pas ça ma question, c'est : Est-ce qu'il y avait eu comité...
M. Lafrenière : ...mais ça
n'a pas rapport avec le projet de loi.
• (10 h 50) •
M. Leduc : Est-ce qu'il y
avait eu un comité interministériel qui avait commencé à travailler, là, sur
des articles du projet de loi?
M. Lafrenière : ...nos
études. On a consulté nos... nos collègues de d'autres ministères pour
travailler à...
M. Leduc : O.K., mais la
rédaction n'avait pas commencé.
M. Lafrenière : ...au
dialogue, mais on n'est pas dans le projet de loi. Puis je vous le dis, je
n'irai pas mettre dans la gorge un projet de loi que les autochtones ne veulent
pas présentement, ça... absolument à rien.
M. Leduc : Ça fait qu'il y
avait eu discussion, il y avait eu dialogue...
M. Lafrenière : Oui.
M. Leduc : ...mais on n'était
pas allé plus loin que ça. Donc aucun article de projet de loi n'était en cours
de rédaction dans votre ministère sur les langues autochtones.
M. Lafrenière : Je m'en suis
assuré en regardant à ma gauche.
M. Leduc : C'est parfait.
Merci pour la réponse.
M. Lafrenière : Bien, vous
comprenez, en toute transparence, je vous le dis : J'étais prêt à aller
jusque là, parce que je l'ai entendu sur le terrain. J'ai fait les
55 communautés. Tout le monde me disait à quel point c'est important de
faire de quoi en langue et culture. On l'a offert.
M. Leduc : Parlons-en,
justement...
M. Lafrenière : Cette
fenêtre-là ne reviendra peut-être pas.
M. Leduc : Parlons-en,
justement, de l'importance de faire de quoi en langue et culture. Dans votre
plan d'action gouvernemental, justement, sur le mieux-être social et culturel
des Premières Nations, inuites 2022-2027, il y a quelques mesures, là, 7, si je
ne me trompe pas, qui parlent directement ou indirectement de langue. Et en
tout et partout vous leur accordez 6,6 millions sur quatre ans à ces 7 mesures-là,
dans ce plan d'action là. Et on a fait un exercice comparatif avec une province
comparable ou un État fédéré. Je sais que vous aimez mieux ce terme-là. Par
exemple, la Colombie-Britannique, eux, pour un an, ils offrent... ils mettent 25,4 millions
sur la table pour des mesures similaires en langue autochtone. Vous me
direz : Oui, mais ils ont plus de langues autochtones là-bas. Oui, ils en
ont 22; ici, il y en a 11. Vous me direz : Ils ont un peu plus de
population autochtone là-bas qu'ici. Oui, à peu près deux fois plus, mais
comment se fait-il qu'en termes de ratio de financement ils donnent
15 fois plus que le financement que vous offrez par année sur le dossier
des langues autochtones au Québec?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui. Merci,
M. le Président. Puis il y a un comité qui existe au sein de l'APNQL, qui...
C'est le Comité régional sur les...
M. Lafrenière : ...langues...
sur les langues ancestrales, bon terme, excusez-moi, puis on travaille avec
eux. Tu sais, quand je vous disais tantôt qu'on avait l'idée du projet de loi
puis finalement on aboutit vers d'autre chose, avec du concret, avec le
comité... Puis l'échange qu'on a présentement, mon collègue d'Hochelaga et
moi-même, on a eu le même échange avec eux sur les chiffres. Puis ce qu'on a
établi, c'est que c'est 30 millions sur cinq ans. Ce n'est pas très, très
loin de ce que vous avez dit tantôt. Vous avez parlé de 6 millions par
année, je crois. C'est 30 millions sur cinq ans, quand on regarde. Parce
que l'autre danger, M. le Président, c'est qu'on ne travaille pas en silo, il
faut regarder dans tous les ministères, au niveau de... MELCC, tous les autres
ministères ont des sommes aussi. On a regardé, ça équivalait à 30 millions
sur cinq ans. Ça fait que ce n'est pas loin de 6 millions par année.
M. Leduc : Le
6 millions, si vous aviez... bien, je peux répéter ma question au début,
mais c'était pour les sept mesures qui... Je sais bien que votre...
M. Lafrenière : Dans le plan
d'action de notre ministère.
M. Leduc : C'est ça. Je sais
que le plan d'action est plus gros. Le 6 millions, c'est pour les mesures
sur les langues autochtones. On vient de terminer un exercice budgétaire.
Êtes-vous allé voir le ministre des Finances pour obtenir plus d'argent sur les
langues autochtones?
M. Lafrenière : Première des
choses, M. le Président, comme je disais tantôt, on apprend. J'avais toute la
bonne volonté du monde, puis on veut faire les choses différemment, je pensais
que d'avoir un projet de loi sur les langues et cultures aiderait les Premières
Nations. Je me suis fait expliquer de prendre un pas de côté, c'est ce que j'ai
fait. Quand j'ai rencontré l'APNQL, à plusieurs reprises, ils m'ont dit
d'attendre. Ils m'ont dit qu'ils étaient présentement en train de se consulter
pour voir ce qu'ils voulaient. Alors, je pourrai faire des demandes plus tard,
mais là, présentement, je n'imposerai pas mon rythme à moi. J'ai compris leur
volonté. Ils veulent prendre du temps pour se consulter, voir ce qu'ils veulent
qu'on fasse, nous, comme gouvernement, comme allié. Mais ça ne nous empêche
pas... Puis je pourrais faire la liste des actions concrètes. Je vous donnais
l'exemple tantôt de Kahnawake, c'est 11 millions qu'on a mis dans le
centre communautaire culturel. Hydro-Québec a fait la même chose avec
10 millions. On fait des actions qui sont concrètes, M. le Président, mais
c'est clair qu'on attend de voir le retour de ce comité sur les langues
ancestrales. On veut voir avec eux comment on travaille.
M. Leduc : On parle de deux
choses différentes, M. le ministre. Moi, je vous parle de financement d'un plan
qui existe déjà, puis vous me parlez d'une loi plus large. Je comprends qu'il
n'y a pas eu de demande au ministère des Finances pour plus d'argent en langues
autochtones.
Parlons de ce qui existe déjà, alors. On
entend beaucoup de gens qui se plaignent que le financement pour les projets,
notamment la mesure 1.5, est plafonné à 50 000 $ par an par projet.
C'est très peu, ça, pour un projet. Puis, vous le savez, les projets, des
appels de projets, c'est très beau pour couper des rubans, là, puis faire des
belles annonces, mais c'est rarement quelque chose de structurant à moyen et à
long terme. Puis je... je me rappelle, vous m'avez vous-même parlé souvent,
notamment par rapport au rapport que vous avez présenté tantôt, qu'il faut
qu'on travaille pour les sept prochaines générations, je pense que c'est ça, le
chiffre, l'expression qu'on entend parfois. À 50 000 $ par an par
projet, pas toujours renouvelable, ce n'est pas terrible.
Est-ce qu'il y aurait moyen, à travers
votre leadership, de rouvrir un peu ce plafonnement-là et de permettre du
financement plus pérein pour les projets en langues autochtones dans votre plan
d'action?
M. Lafrenière : Oui, merci,
M. le Président. Puis mon collègue fait bien de faire la différence entre tout
ça, parce qu'il y a plusieurs choses. Oui, il y a le plan d'action auquel il
fait référence, c'est 100 millions d'argent neuf qui a été mis dans ce
plan d'action, puis il y a le fonds d'investissement autochtone aussi, puis
c'est à ça qu'il fait allusion quand il parle de la limite du plafonnement.
Et, en passant, dans notre plan d'action
pour les prochaines générations, on a décidé de faire différemment, M. le
Président. Donc, périodiquement, on révise notre plan avec les Premières
Nations. Ce qu'on veut dire par là, c'est que, des fois, il y a peut-être des
bonnes idées qu'on a mises là, on est partis d'une bonne initiative, mais on se
rend compte à terme qu'il faudrait mettre plus d'argent ou changer ça. Alors,
on se laisse cette chance-là pour réviser nos façons de faire. Puis, quand il
parlait... je sais qu'il faisait une boutade quand il parlait des rubans, mais
il peut regarder, je ne suis pas très, très fort là-dessus. Je préfère être sur
le terrain, d'être avec les gens, et, effectivement, de faire de la politique
là-dessus, ce n'est pas très, très gagnant.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député.
M. Leduc : Le temps file, M.
le ministre. Il me reste peut-être une ou deux questions. Je veux aller
toujours sur la question des langues, mais en lien avec le rapport de la
commission Viens. Il y a eu le Protecteur du citoyen qui a déposé en octobre
dernier, là, un premier rapport de suivi de la commission Viens, puis il
calculait qu'à peine un tiers des appels à l'action, 32 %, ont été
réalisés ou en voie de l'être. Je ne sais pas si vous pouvez qualifier, vous,
ce chiffre-là de 32 %.
Mais ma question... dans le fond, je vous
pose les deux puis je vous laisse le temps pour répondre après, il y avait un
appel à l'action, numéro 14, pour faire une banque centralisée d'interprètes et
de traducteurs à l'emploi du gouvernement. Puis, dans notre préparation des
crédits, on a demandé au ministère de nous fournir ladite liste, et semble-t-il
qu'elle n'existe pas. On nous a envoyé des chiffres en lien avec les
navigateurs autochtones dans différents CIUSSS et CISSS du Québec, mais un
navigateur autochtone, ce n'est pas la même chose qu'un traducteur et... Est-ce
que vous nous confirmez, donc, qu'il n'y a absolument aucune chose qui a été
faite sur la... les traducteurs de langues autochtones dans le réseau de la
santé au Québec?
Le Président (M.
Bachand) :Moins d'une minute, M. le
ministre, s'il vous plaît.
M. Lafrenière : On va y aller
rapidement. Alors, M. le Président, on me demandait de qualifier le Protecteur
du citoyen. Je veux juste mettre les choses bien au clair. J'ai écrit au
Protecteur du citoyen quand j'ai déposé mon plan d'action, j'ai espoir, en
disant : S'il vous plaît, allez vérifier qu'est-ce qui est fait comme...
comme avancement. Alors, je suis très heureux du rapport du citoyen puis je ne
veux pas embarquer dans les chiffres, parce qu'honnêtement, pour la personne
qui attend un changement dans sa communauté, qu'il fasse partie du 74 %...
M. Lafrenière : ...qui a été
fait du 24... Il faut faire des changements, tout le monde est d'accord qu'il y
ait des changements, tout le monde est d'accord qu'il y a encore du travail à
faire, il y a la commission Viens, j'ai... j'ai le groupe d'action d'action
contre le racisme, j'ai la Commission spéciale sur l'exploitation sexuelle des
mineurs. 600 recommandations. C'est un projet de société. Il y a encore
beaucoup de travail à faire.
Pour les langues et la partie très précise
que le collègue a amenée, je vous donner le contre-exemple. Au niveau de la
justice, dans le nord, au Nunavik, on est rendus avec des traducteurs, parce
qu'imaginez, M. le Président, il y a des gens qui se faisaient juger qui ne
comprenaient pas ce qui se passait. Puis je sais que mon collègue de
l'opposition officielle connaît cette réalité-là. Ça, ça a été ajusté, on a
tenté de faire cette banque-là, ce n'est pas fait, c'est complexe avec les
traducteurs.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le ministre.
M. le député de l'Acadie, pour 18min 10 s, s'il vous plaît.
M.
Morin :...M. le Président. M. le ministre, vous avez combien de
postes vacants, présentement, d'infirmières au Nunavik?
M. Lafrenière : Votre
question est bonne, sauf quand vous dites «vous avez». Je n'ai aucun poste,
dans mon ministère. Je peux vérifier avec la régie. Honnêtement, je ne veux pas
lancer une boutade, là, je ne sais pas. Je peux vous dire, cependant, qu'il y a
des changements qui ont été faits, entre autres, pour la rémunération, pour
donner des avantages spécifiques aux infirmières au Nunavik, des primes de
rétention. Puis je n'aime pas ça, ne pas prendre la question puis ne pas y
répondre, mais ça va être plutôt la Santé et la régie qui vont pouvoir répondre
à ça, M. le Président, je suis désolé, je ne le sais pas.
Ce que je sais, cependant... mon collègue
ministre de la Santé et moi-même, on a annoncé, l'année passée, 150 logements
au Nunavik, près de la moitié qui sont déjà réalisés, pour les employés de la
santé. Parce que, oui, il y a des conditions de travail, niveau monétaire, mais
il y a aussi des conditions de vie, puis ça, c'est une demande qui avait été
faite. On y répond. Puis je sais qu'il y a une prime de rétention aussi qui a
été bonifiée, et des conditions spécifiques qui ont été faites aussi. Mais je
suis désolé, je n'ai pas la réponse à la question bien précise.
M.
Morin :Est-ce que, M. le Président, on peut avoir accès à ces
documents-là ou à ces chiffres-là, éventuellement? Est-ce que...
Le Président (M.
Bachand) :Est-ce que vous vous engagez à
trouver les documents et à les faire parvenir à la commission?
M. Lafrenière : C'est public,
je pourrais fournir le lien, mais c'est du côté de la Santé. Puis vous
comprenez, je veux juste être bien clair, ce n'est pas un chiffre que je
détiens, sinon, je vous le dirais. Je n'ai pas ce chiffre-là.
Le Président (M.
Bachand) :Parfait. Merci beaucoup, M. le
ministre.
M.
Morin :Merci, M. le Président. Avec les primes, est-ce que vous
savez combien il y a d'infirmières qui ont été embauchées?
Des voix : ...
M. Lafrenière : Je vais revenir
avec la même réponse. Je vais devoir vérifier avec la Santé et la régie. Je
suis désolé. C'est pour ça que je m'assurais, avec mes deux collègues, qu'on ne
l'avait pas à quelque part, sinon, je vous le donnerais, là.
M.
Morin :Très bien, je vous remercie. On a lu également qu'il
manquait plusieurs enseignants dans les écoles du Nunavik. Alors, il y a
présentement combien de postes vacants, des postes d'enseignants, au Nunavik?
M. Lafrenière : En février
2023, excusez, c'est le chiffre le plus récent que j'ai de mon côté, on
estimait qu'il manquait 67... qu'il y avait 67 postes de professeurs qui
étaient manquants.
M.
Morin :Donc, il y a 67 postes vacants.
M. Lafrenière : En... faites
attention, cependant, en février 20 23, c'est le chiffre le plus récent que
moi, j'ai.
• (11 heures) •
M.
Morin :Je comprends. Quelles sont les mesures qui ont été mises
en place pour combler ces postes vacants là? Parce qu'on lisait il y a quelques
mois qu'il y a des enfants, des adolescents qui n'allaient pas à l'école parce
qu'ils n'avaient pas d'enseignant.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : ...M. le
Président, puis tantôt je parlais qu'il faut agir sur plusieurs fronts. Oui, les
conditions de travail au niveau pécunier il y a le logement aussi, du logement
qui a été ajouté. Je l'ai vu, hein, je me suis déplacé au Nunavik, je l'ai vu.
Parce que c'est important pour l'éducation, le nombre de postes, je vous ai
donné ce que j'avais de plus récent. Je ne suis pas capable de vous dire
combien qu'on a pu embaucher de personnes récemment, avec les primes ou quoi
que ce soit. Je suis désolé, je n'ai pas cette information-là.
M.
Morin :Puis est-ce que, M. le Président, on peut avoir ces
informations-là, éventuellement?
Le Président (M.
Bachand) :Juste faire attention, par
exemple, parce que, là, on sort peut-être des responsabilités directes du
ministère, donc...
M. Lafrenière : Complètement.
Le Président (M.
Bachand) :...oui, on est prêt à avoir de
la documentation, pas de problème, si le ministre s'y engage, mais juste faire
attention parce que, là, on sort de la responsabilité ministérielle. Alors, je
vais laisser le ministre voir s'il s'engage ou pas, mais je demanderais au
collègue de faire attention. M. le ministre.
M.
Morin :Je vous remercie.
M. Lafrenière : Oui, M. le
Président. Les conditions de travail pour les enseignants au Nunavik, ça a été
réglé avec ma collègue. Cependant, la demande qu'il me fait pour des chiffres,
puis ça va être la même pour la réponse précédente, si c'est ce qu'on appelle,
en bon français, d'une source ouverte, je ferai suivre l'information, le lien,
mais ce ne sont pas des chiffres... puis vous avez raison de le mentionner, ce
ne sont pas des chiffres que nous détenons à notre ministère. Mais si je trouve
l'information en source ouverte, ça va me faire un grand plaisir de la
transférer à la commission.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député d'Acadie.
M.
Morin :Je vous remercie. On a lu également qu'il y avait une
éclosion de tuberculose au Nunavik. J'ai posé des questions, au salon bleu, sur
ce sujet-là. Il y a même des dispensaires qui étaient fermés à cause du manque
d'employés. Quel est le plan que vous avez mis en place, probablement avec
votre collègue de la santé, pour...
11 h (version non révisée)
M.
Morin :...freiner, et puis, après ça, réduire et faire
disparaître ces éclosions de tuberculose.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui. Merci, M.
le Président. Puis tantôt, je disais que j'étais là vendredi dernier. Vous
allez comprendre qu'avant et après notre voyage, on a eu le même questionnement
pour nous mêmes en allant en région où il y a de la tuberculose. Alors, on a
fait plusieurs vérifications. Il y a quelques points que je veux amener.
Premièrement, lorsqu'on parle d'un plan d'intervention,
puis je sais que mon collègue n'aimera pas la réponse, c'est à la régie de l'établir.
Cependant, on a fait nos devoirs voir ce qui se passait, parce que cette année,
on parle... bien, dans la dernière année, pardon, on parlait de 82 cas. L'année
précédente, 35, ça fait que, oui, une augmentation. Puis quand je regardais
dans la littérature, c'est cyclique, hein? pendant quelques années, 2012, 2013,
2015, il y a eu des augmentations. Ce qu'on nous répond, quand on questionne la
régie, c'est que, présentement, il y a beaucoup plus de cas parce qu'on teste
plus. Moi, je pensais que c'était l'inverse. Je pensais que, pendant la COVID,
les mesures barrières qu'on avait mis en place avaient diminué les cas de
tuberculose. Ce qu'on m'a dit, c'est que, pendant les années de COVID, il n'y a
pas eu de tests de tuberculose qui ont été faits. Donc, c'est pour ça qu'il y a
une augmentation. Ça ne veut pas dire que ce n'est pas important.
Il y a deux enjeux majeurs qu'on a avec la
tuberculose. Le premier, c'est la promiscuité. Depuis tantôt, je parle d'habitation,
je sais que j'ouvre flanc en lui disant, mais je veux être très transparent, le
fait de vivre à 12, 13, 14 dans la même maison, quand une personne a la
tuberculose, vous devez comprendre que c'est une augmentation qui est une
flambée, un.
Deuxièmement, puis ça, je lisais des
messages, entre autres, d'une mairesse, si je ne me trompe pas c'est à Salluit,
qui disait : Les gens de ma communauté, quand ils sont malades, ils ne
veulent pas se faire traiter dans le sud. Pourquoi? Parce que vous le savez,
puis on a travaillé ensemble sur la loi no 79. Il y a des gens qui ont cette
crainte de descendre pour aller chercher des soins de santé dans le sud de ne pas
revenir ou d'être plus malade. Ça fait qu'il y a encore des craintes qui
existent. Avec la loi no 79, on a mis en place des choses qui sont très
claires. On fait de la formation aussi pour le personnel dans le sud, des
navigateurs et tout. Alors, on agit sur les deux flancs, on augmente, et avec
ma collègue ministre de l'Habitation, on travaille pour augmenter le nombre d'habitations,
pour réduire justement cette promiscuité là.
Et pour la loi n° 79,
c'est un autre axe qui est vraiment important. Comme je vous dis, exemple,
depuis 2023, les nouveaux-nés au Nunavik reçoivent le vaccin pour les prévenir
contre la forme grave de tuberculose. Ça ne prévient pas tout, mais ça prévient
contre la forme grave de tuberculose. Parce qu'il y en a deux phases, là, il y
a la latente et il y a celle qui est plus grave. Donc, ça prévient ces cas là.
Et l'autre chose aussi que je peux vous
dire, c'est que, nous, depuis 2018, si je ne me trompe pas, lorsqu'il y a une
évacuation médicale, les parents peuvent embarquer dans l'avion. M. le
Président, jusqu'en 2018, lorsqu'un enfant était évacué médicalement pour
recevoir des soins, il devait embarquer seul dans l'avion. Et vous imaginez ce
que ça amenait comme traumatisme pour les femmes, les familles, les parents?
Pas 1918, 2018. Ça a été corrigé. Ça aussi, ça aide. Ça ne règle pas tout, mais
ça contribue à rassurer les parents aussi.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député.
M.
Morin :Oui. Alors, bien, justement, quand vous parlez, M. le
ministre, qu'il y a des gens dans le nord qui ont peur parfois d'aller dans le
sud pour se faire soigner, vous savez aussi qu'il y a des gens de Manawan qui
ont peur d'aller dans des centres hospitaliers pour se faire soigner. Alors là,
on revient la question du racisme systémique. À un moment donné, est-ce que
votre gouvernement va le reconnaître, puis on va arrêter de nommer l'éléphant
dans la pièce, on va lui permettre de sortir de la pièce pour paraphraser ce
que le docteur... disait? Ça aiderait.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : M. le
Président, quand on fait référence aux soins de santé puis à la communauté de
Manawan, je connais bien la communauté de Manawan pour l'avoir visité à
plusieurs reprises, entre autres une fois où la visite s'est étirée de 5 heures
parce que la route de Manawan a décidé de s'attaquer à mon camion, écoutez, c'est
une réalité. Et la preuve, ce qui a été changé, il y a deux ambulances, deux
véhicules de paramédics qui sont en tout temps en poste d'attente à Manawan. On
n'a pas arrêté là, M. le Président, il y a aussi l'héliport. Vous savez, on a
annoncé récemment le système d'héliport, Roberval, Joliette, Manawan, Obedjiwan — Obedjiwan,
c'est déjà fait — où il va y avoir la possibilité de sortir,
héliporter, de faire des évacuations médicales par hélicoptères de ces
communautés là, ce qui va venir aider. Parce que, M. le Président, il faut
comprendre que lorsqu'il y a une évacuation médicale de Manawan, par exemple,
on parle d'un 2 heures et demie d'un chemin forestier. Alors, c'est clair
que ce n'est pas évident. Ce qu'on a fait, on a ajouté ce service là. C'est
nouveau quand on parle d'héliports, il y en a quelques uns. Ici, on répond à
des appels à l'action de la commission Viens en rajoutant les héliports pour
faire des évacuations médicales.
L'hôpital de Joliette, M. le Président, je
me permets d'en parler, de souligner le travail incroyable de Mme Maryse
Poupart qui était la D.G. au CIUSSS à l'époque, qui était très appréciée des
gens de la communauté de Manawan, puis ensemble, ils ont réussi à rebâtir des
ponts. Vous avez parlé d'éléphant dans la pièce, on sait très bien qu'on a eu
un électro choc avec cet hôpital et ce qui est arrivé à Joyce Echaquan. On a
réussi à rebâtir des ponts, à travailler très bien avec la communauté, d'avoir
du personnel de la santé qui se rendait à Manawan et vice versa. Ça fait qu'il
y a du travail qui est fait. Ce n'est pas parfait, mais il y a du travail qui
est fait là aussi.
M.
Morin :Parfait, oui. Maintenant, j'aimerais qu'on parle du
rapport du Protecteur du citoyen...
M.
Morin :...son premier rapport de suivi de la commission Viens,
c'était en octobre 2023. Une des constatations que je vous dirais un peu
étonnantes ou alarmantes du Protecteur du citoyen, c'était, entre autres, le
manque de stratégie d'ensemble du gouvernement du Québec au regard du suivi des
appels à l'action de la commission Viens, et je cite les constats du Protecteur
du citoyen : «Depuis que ce constat-là est connu, qu'est-ce que vous avez
fait concrètement pour que la stratégie d'ensemble du gouvernement soit
cohérente avec les différentes recommandations et appels à l'action qui ont été
publiés par la commission Viens?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui, merci,
M. le Président. Puis avant de répondre à sa question, si le collègue me le
permet, parce qu'on a des équipes qui travaillent très fort autour de nous pour
le nombre de profs qui est manquant au Nunavik, c'est sur le tableau de bord du
ministère, puis le chiffre est rendu à 61. Je ferme la parenthèse, M. le
Président.
Mais quand on parle justement de tableaux
de bord puis de transparence, pour ce qui est de nos appels à l'action, de
notre réponse à la commission Viens, sur notre site Internet, puis j'ai fait le
test moi-même hier, ça ne prend pas sept clics, je vais vous rassurer, on peut
l'écrire dans tout moteur de recherche, puis on arrive rapidement sur notre...
sur notre site Web, on voit les actions qui ont été mises en place puis on n'y
va pas avec une approche avec un pourcentage, de se taper... de se taper sur
les épaules en disant qu'on est bons, on... on écrit clairement qu'est ce qui a
été fait comme action. Alors ça, c'est une... c'est une transparence. J'invite
le collègue à aller voir.
Et pour ce qui est d'avoir une cohérence,
d'avoir un plan. Monsieur le Président, bien honnêtement, bien honnêtement, je
m'inscris en faux dans tout ça. Pourquoi? J'ai 600 recommandations. J'ai
des commissions d'enquête qui ont été faites par-dessus commission d'enquête,
je ne pense pas que j'ai besoin de faire un plan sur le plan qui m'est imposé,
ma table de chevet compte 600 recommandations. On a décidé d'avancer
là-dedans, de faire des changements. Et ce que les communautés... les gens me
disaient sur le territoire, c'est : Là, vous nous avez entendus, on veut
voir des actions. C'est ce qu'on fait, monsieur le Président. Aucunement mon
intention de venir dire que c'est parfait, mais on bouge, on commence à faire
des changements. La Commission Viens a fait son rapport, il n'y avait pas eu de
changement. On est arrivé en poste, on a mis un plan d'action avec
200 millions, plusieurs mesures, bien qu'imparfaites, on bouge les choses,
Monsieur le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de
l'Acadie.
M.
Morin :Oui. Parmi les actions à portée transversale, le
Protecteur du citoyen, dans son rapport, identifiait 26 appels à l'action
transversaux, trois étaient pleinement réalisés, quatre, il y a eu certaines
suites, 19 n'ont eu aucune suite satisfaisante. Alors, c'était il y a
quelques mois. Depuis la publication du rapport, quelles sont les avancées qui
ont été faites au niveau de la réalisation des appels à l'action avec une portée
transversale?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Lafrenière : Excusez-moi,
M. le président, je suis désolé, puis c'est la première fois que ça arrive, et
je veux juste être bien sûr. Est-ce que mon collègue parle de Viens ou de
l'ENFFADA et/ou des deux?
M.
Morin :Je parle de la commission Viens.
M. Lafrenière : Parfait.
Merci, Monsieur le Président. Alors, bien clairement, tantôt je disais que,
dans l'exercice de transparence sur notre site Web, on peut voir les actions
qui ont été faites. Mais, Monsieur le Président, tout ça fait du sens, comme
dirait ma... ma fille, c'est-à-dire que, oui, on a notre plan d'action qui
était le plan J'ai espoir, on a le plan d'action sociale aussi, qu'on a mis en
place, et tout ça, exemple, il y a des sommes qui avaient été transférées dans
le nouveau plan d'action. On donne suite aussi à ces... à ces actions- là.
Alors, Monsieur le Président, ce n'est pas... ce n'est pas fait de façon
aléatoire, il y a une suite logique. Et en plus, je l'ai dit tout à l'heure,
lorsqu'on a fait le plan d'action sociale, on s'est même dit, puis c'est la
première fois qu'on fait ça, de façon ponctuelle, on va regarder avec les
Premières Nations, qu'est ce qu'on a fait, comment que c'est reçu de leur part,
et est-ce qu'on peut... Dans le fond, ce qu'on vient faire, c'est un genre de
reddition de comptes. Au lieu d'attendre aux cinq ans, on le fait de façon plus
fréquente pour être capable de changer ces mesures-là. Ça fait que je ne sais
pas si ça répond à la question du collègue, mais notre plan, il est important,
c'est important d'avoir un plan, mais c'est important aussi d'entendre des
membres des Premières Nations, de changer notre façon de faire si nécessaire,
puis c'est ce qu'on fait.
Mais dans l'approche mathématique, je me
refuse d'embarquer là-dedans. À chaque année, lorsque je dépose mon plan
d'action, je dis : Écoutez, je n'irai pas avec un pourcentage, je vais
vous dire qu'il y a des actions concrètes qu'ils ont faites sur le terrain. Je
pourrais... je pourrais prendre 2 h 30 min pour faire la liste
des actions concrètes, à vous de juger. Moi, j'invite les gens qui nous
écoutent à aller sur le site Web, à aller voir les actions, que ce soient les
milieux de vie, les résidences étudiantes autochtones qu'on a bâties, c'est du
concret, la police mixte, nos navigateurs dans le monde de la santé, puis je
vais m'arrêter là, mais on a plusieurs exemples. Moi, ce que j'invite les gens
à faire, c'est d'aller voir ce qu'on a fait, de nous juger sur ces actions-là.
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
M. Lafrenière : Puis est-ce
que c'est parfait? La réponse est non.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député.
• (11 h 10) •
M.
Morin :Oui. Un des éléments importants qui était aussi soulevé
dans le rapport, et vous y avez fait référence tout à l'heure, c'est toute la
question du logement. Vous avez parlé qu'il y a des logements en construction.
Est-ce que vous avez un plan pour l'ensemble du Nunavik? Vous avez parlé de
plusieurs logements, est-ce qu'il va y en avoir d'autres ailleurs puis quel est
votre plan puis...
M.
Morin :...votre plan? Puis quel est votre échéancier?
M. Lafrenière : Oui. Merci,
M. le Président. Et c'est important, parce que tantôt, quelqu'un faisait
référence — je pense, c'est mon collègue d'Hochelaga — sur
qu'est-ce que je suis allé chercher de mon collègue des Finances, et oui, dans
le récent budget, il y a une somme qui est allouée pour le logement. Ma
collègue ministre de... responsable de l'Habitation travaille présentement à
renouveler l'entente qu'on a avec le Nunavik. Tantôt, je parlais d'autonomie.
Mais, en attendant, ce qu'il faut comprendre, c'est que le fédéral a bâti des
logements, et nous, on a ramassé la facture du déficit d'exploitation pour le
Nunavik. Tantôt, j'ai parlé des logements pour le personnel. Il faut comprendre
que c'est complètement à part, mais c'est important.
Dans nos mesures qu'on a annoncées
récemment, il y a une mesure pour aider les gens qui veulent être propriétaires
d'une maison. Si on me disait : Ian... Ce n'est pas du logement social,
mais, quand les gens deviennent propriétaires d'une maison, libèrent un
logement social qui est accessible par la suite pour des familles à faibles
revenus, puis c'est une demande qu'on avait des Nunavimiuts. Alors, ça, on l'a
mis en action. Donc, plusieurs demandes, plusieurs... pardon, offres qu'on a
mises sur la table, et à ça se greffent deux autres choses qui sont importantes
de mentionner. J'ai parlé tantôt de logements étudiants. Trois endroits, un
quatrième qui s'en vient. Et l'autre chose, on n'a pas eu la chance d'en parler
beaucoup, Pessamit, entente fort importante qu'on a conclue avec la communauté
de Pessamit, et, bien que sur communauté c'est la responsabilité fédérale de
bâtir du logement, on a été créatifs, il y a un fonds qui a été octroyé à la
communauté, 45 millions, et de ce fonds-là, dès le mois de mai, il y a des
logements qui vont commencer à être bâtis. Voilà une communauté qui s'est prise
en main, qui a décidé d'investir les sommes d'une entente pour bâtir du
logement. C'est ce qu'ils font présentement. Ça va commencer au mois de mai.
Alors, sur communauté — puis la
réponse est longue, là — sur communauté, responsabilité fédérale, on
est créatifs; hors communauté, en milieu urbain, on a du logement, on travaille
entre autres avec les centres d'amitié autochtones, avec Mamik, qui bâtit aussi
du logement. On a une offre qui est assez diversifiée.
M.
Morin :Un des éléments qui a été soulevé par la commission
Viens, c'était le fait que notre système juridique, le système de droit que
nous avons présentement au Québec est, sous différents angles, incompatible
avec les valeurs ou les traditions juridiques autochtones. Un des éléments qui
était soulevé, c'était la valorisation du droit autochtone, puis la commission
Viens soulignait que ça devait être placé en priorité. Quelles sont les actions
concrètes que vous avez posées avec le ministre de la Justice pour valoriser le
droit autochtone et favoriser évidemment l'enseignement du droit autochtone?
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui. Merci,
M. le Président, puis je reconnais l'intérêt de mon collègue pour la justice,
et la justice au Nunavik, et c'est superimportant, parce qu'entre autres...
M.
Morin :Autochtone en général, je vous dirais, M. le ministre.
Pas juste au Nunavik, là, dans l'ensemble des...
M. Lafrenière : Je vais
commencer par le Nunavik, si vous me permettez, parce que c'est...
M.
Morin :Oui. Bien sûr.
M. Lafrenière : ...je pense
qu'il y avait de grandes, grandes attentes. Il y a un rapport qui a été fait
par Me Latraverse qui était très attendu, et de ce rapport, là, j'ai compris
qu'il y avait 60 recommandations, dont 27 qui revenaient au ministère de
la Justice, il y en a une vingtaine qui sont déjà en cours de réalisation.
Mais du concret... Tantôt, j'ai parlé de
l'importance d'avoir des traducteurs dans les communautés, oui. L'autre chose,
j'ai parlé de la fibre optique. L'ajout de fibre optique permet d'avoir des
visiocomparutions aussi, puis ça, pour les droits fondamentaux des individus,
c'est important. Services parajudiciaires autochtones, SPAQ, on investit
beaucoup là-dedans, Justice alternative, on investit aussi. Je vais laisser mon
collègue...
M.
Morin :Oui. Si vous me permettez, M. le Président...
Le Président (M.
Bachand) :Oui. 40 secondes, oui.
M.
Morin :Oui, c'est ça. Moi, ce que je vous parle, c'est de la
valorisation du droit autochtone, et non pas la façon dont notre système de
justice actuel s'adapte à la réalité autochtone.
M. Lafrenière : Oui. M. le
Président, j'y arrivais. Je suis désolé, parce que c'est très large. Quand on
parle de justice, oui... Là, je vais faire l'analogie avec ce que mon collègue
vient de dire. Justice plus traditionnelle? De notre côté, on a les
traducteurs, ce que je viens de mentionner, on a justice alternative, on a mis
en place aussi la justice communautaire, on investit dans le programme de
justice communautaire, qui revient à ce que mon collègue dit, c'est-à-dire les
valeurs traditionnelles. Entre autres, au Nunavik, il y a un groupe, Saqijuq,
qui propose aux hommes entre autres d'avoir des activités traditionnelles sur
le territoire.
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
M. Lafrenière : Je suis allé
avec eux.
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
M. Lafrenière : Donc, on agit
sur plusieurs plans.
Le Président (M.
Bachand) :Alors, je me tourne du côté
gouvernemental pour un bloc de 13 min 16 s, M. le député de
Joliette.
M. St-Louis : Merci, M. le
Président. Permettez-moi d'abord de saluer M. le ministre ainsi que l'équipe
ministérielle, mes collègues des oppositions ainsi que mes collègues de la
banquette gouvernementale.
M. le ministre, on a parlé amplement tout
à l'heure de Petapan, donc je n'irai pas là. J'aimerais vous entendre sur une
entente qui est... En fait, le 15 février dernier, vous étiez à Pessamit en
compagnie du premier ministre et du P.D.G. d'Hydro-Québec, M. Michael Sabia.
Vous avez signé une entente qui... qualifiée d'historique de la bouche même de
la cheffe, Marielle Vachon, cheffe des Innus de Pessamit. Donc, deux volets à
ma question. Une entente-cadre, pour le bénéfice de la commission puis des gens
qui nous écoutent, j'aimerais en savoir un peu plus, en connaître les détails.
Et puis quels seront les effets à court, moyen et long termes de cette
entente-cadre là sur la communauté...
M. Lafrenière : ...bien,
merci. Merci, M. le Président. Oui, c'est quelque chose d'important, puis je
vous dirais, bien honnêtement, je ne suis pas sûr que quelqu'un aurait pu gager
sur cette entente-là autour de la table. C'était une surprise. Les premières
rencontres avec la cheffe ont été assez difficiles, pour prendre des termes qui
sont acceptables dans cette Assemblée, puis finalement, au terme de quatre
mois, on est arrivé avec une entente. Alors, je regardais tout à l'heure si
cheffe... était encore derrière nous, la communauté innue de... pour lui donner
espoir en disant qu'on peut y arriver. On a réussi à arriver à une entente. Et,
lorsque vous parlez d'une entente-cadre, qui est appelée dans le milieu, un
MOU, un Memorandum of Understanding, c'est une première étape.
Ce qu'on vient dire, M. le Président,
c'est qu'on se donne une période de 12 à 24 mois pour arriver avec une
entente à saveur économique. Dans cette entente pour la communauté de... ce qui
est important... parce que, quand on est arrivés en négociation avec eux, on
avait un grand déficit de confiance de leur part face à nous, face surtout à
Hydro-Québec, à cause de ce qui est arrivé dans le passé, et là on a réussi à
trouver un dénominateur commun.Puis je l'ai dit tantôt aux collègues de... je
pense, c'était de Hochelaga et de l'Acadie, c'est de trouver des fonds pour
qu'ils puissent bâtir des maisons pour les gens de la communauté, parce que
c'était extrêmement important. Bien, je vais vous donner quelques exemples de
choses importantes pour la communauté qu'ils ont reçues. On a le développement
éolien, parce que, M. le Président, on n'en parle pas beaucoup. Et, quand on a
parlé de la décarbonation du Québec, de la relance économique énergétique, il y
a plusieurs communautés autochtones qui ont levé la main en disant : Nous
autres, on veut faire partie de ça, on ne veut pas être des passagers. On va
être sur le siège avant. Et ça va permettre à la communauté d'aller chercher
entre 400 et 1000 mégawatts d'énergie éolienne. Puis ça, c'est la volonté
de la communauté, un, pour s'assurer de revenus intéressants pour les
prochaines années. Puis deux, quand on parle de changements climatiques, moi,
je peux vous dire, j'étais à... vendredi passé, ils ont devancé leur AGA d'un
mois, parce que les changements climatiques fait que, dans un mois, ils vont
avoir de la difficulté à se déplacer en motoneige, par exemple. Ça fait que les
changements climatiques, M. le Président, les communautés, ils les voient, ils
les sentent, ce sont les premiers à être impactés. Donc, ils veulent faire
partie de cette transition énergétique là. Un bloc d'éoliennes, un montant de
45 millions aussi qui va être réparti sur six ans. Et ça va permettre,
comme je disais tantôt, de bâtir des maisons, de donner des services.
Et le collègue de l'Acadie, tantôt, on
parlait du Nunavik, on parlait des soins de santé, c'est sûr que l'habitation a
un impact majeur sur plusieurs points, la santé, l'éducation, pour ne nommer
que ceux-ci. Alors, c'est majeur ce qui a été fait. Puis ça, c'est très
créatif. Parce que, comme je disais, en communauté, c'est le gouvernement
fédéral qui s'occupe de payer pour les habitations. Mais, dans ce cas là,
l'argent qui est versé à la communauté puis aussi un autre point bien important
pour la communauté de... Hydro-Québec s'est engagée à garder le niveau du
réservoir à 350 mètres. Puis ça, pour... pour la communauté, c'était
extrêmement important. On a déjà mis ensemble, là, des processus s'il arrivait
une grande quantité d'eau, et tout ça. Je veux rassurer les gens. Mais, pour la
communauté, ça, c'était un facteur qui était bien important.
Donc, c'est une première étape. On
s'assoit ensemble pour regarder la suite des choses. Il y a des collègues
tantôt qui parlaient de la Déclaration des Nations Unies et des peuples
autochtones. On veut s'en inspirer. On veut mettre en œuvre cette déclaration
dans l'entente qu'on fera ensemble. Puis on veut voir aussi comment on va faire
le développement ensemble. Puis c'est le message qu'on passe souvent, c'est le
ensemble. Dans le passé, il y a du développement qui s'est fait. Souvent, les
Premières Nations ont été parfois consultées, puis parfois pas. Je vais vous
donner l'exemple à... Quand je suis arrivé puis je vous disais, là, comment
c'était chargé. Il y a des sépultures autochtones qui ont été inondées,
c'est-à-dire qu'il y a un lieu où le niveau de l'eau, quand le barrage a été
fait il y a plusieurs années, les sépultures ont été mises sous l'eau. Donc,
pour les gens de la communauté, ils ne peuvent plus aller voir leurs proches.
Puis pour eux autres, c'était... puis je les comprends à quel point ça peut
être frustrant. Ça fait que vous comprenez, quand on se présente là comme
gouvernement, Hydro-Québec, de parler d'une entente ensemble, tout ça, là,
c'est très, très, très récent pour eux. C'est des cicatrices qui se rouvrent
facilement. Ça fait que ça n'a pas été simple. Mais en se donnant cet
objectif-là, commun, de faire avancer les négociations pour aider les membres
de la communauté, c'est ce qu'on a trouvé qui nous a aidés à arriver à une
entente en quatre mois, pas en 43 ans, en quatre mois dans ce cas-là. Mais
c'est une première étape.
Ça fait que, pour que les gens comprennent
ce qui est... ce qui va suivre, on embarque dans les autres étapes de
négociations avec la communauté. Il faut savoir que, dans certaines communautés
aussi, le... le processus électoral est aux deux, trois ou quatre ans. Dans le
cas de... c'est aux deux ans... deux ou trois...
Une voix : ...
• (11 h 20) •
M. Lafrenière : Deux ans.
Merci. Avec 55 communautés, des fois j'en perds, là, mais c'est aux deux
ans. Ça fait que vous comprenez que le temps qu'on essaie de négocier avec une
communauté, avec la... le nouveau conseil de bande arrive en place, se
familiarise avec les dossiers, ne laisse pas une période de temps très, très
longue. Puis ça appartient aux communautés, mais c'est du deux, trois ou quatre
ans. Ça aussi c'est un enjeu, quand je vous dis que ce n'est pas simple. Puis
quand je dis aussi qu'on ne peut pas faire du mur-à-mur, c'est un bel exemple.
Il faut s'ajuster aux communautés...
M. Lafrenière : ...dans ce
cas-là, on est arrivés avec ça. J'en suis extrêmement fier. Les gens de la
communauté en sont fiers. Dans ce mandat-ci, on est rendus à quatre ententes
qu'on a signées : Pessamit, les Inuits aussi, où on a signé juste avant
Noël une entente de principe, où là aussi, on veut revoir les principes
d'autonomie, comment on va travailler avec eux, on a fait des ententes
importantes en matière de foresterie avec le CNA, avec le conseil de bande de
Wemotaci, et dans le précédent mandat, on en a... on a signé cinq ententes plus
deux ententes plus sectorielles, entre autres, pour la police à... et l'orignal
en Abitibi.
Puis, la raison pour laquelle je mentionne
tout ça, c'est parce qu'on n'a pas souvent l'occasion d'en parler, soit au
Salon bleu ou même dans les médias. Mais ces ententes-là, c'est porteur, c'est
rassurant pour les communautés parce qu'ils veulent avoir leur entente de
nation à nation. Ils veulent avoir leur autonomie, comme le collègue parlait de
tout à l'heure. On en fait... Malheureusement, les sujets autochtones, on n'en
parle jamais assez souvent. Ça fait qu'aujourd'hui, tantôt, j'ai commencé en
disant qu'on avait un 2 h de qualité, je le pense, je le pense, qu'on n'a
pas assez souvent l'occasion de parler des réalités autochtones. Vous savez,
quand on parlait de la lutte au racisme puis de l'intolérance, tantôt, là, une
des premières façons de le faire, c'est de parler de ce sujet-là. Moi, j'espère
qu'on en parle comme jamais. On a des collègues des oppositions qui sont
extrêmement intéressés aux dossiers autochtones, ça va nous permettre
d'avancer. Moi, j'en suis heureux. Mais Pessamit, ça a été des retombées très
positives pour la communauté et pour les autres communautés qui vont s'en
inspirer aussi.
Une voix : Merci, M. le
ministre. M. le Président, si vous permettez, je céderais la parole à mon
collègue député de Rouyn-Noranda.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de
Rouyn-Noranda...
M. Bernard : Merci, merci, M.
le...
Le Président (M.
Bachand) :...Témiscamingue,
Témiscamingue, il ne faut pas oublier.
M. Bernard : Oui, ne pas
oublier. Ma préfète, Mme Bolduc, ne serait pas contente, quand qu'on oublie de
mentionner le mot «Témiscamingue». Bonjour, M. le ministre. Bonjour, tout le
monde. M. le Président puis les membres de la commission. Le Président l'a
mentionné, il y a neuf communautés anichinabées au Québec, dont sept en
Abitibi-Témiscamingue et quatre particulièrement au Témiscamingue, dans la
circonscription que je représente. Le ministre, je tiens à le mentionner,
maintenant, ça va faire bientôt 18 mois que j'ai été élu, puis j'ai pu
vraiment assister au travail du ministre, qu'il a fait au Témiscamingue puis
dans la région pour le support aux communautés anichinabées. Il a été très
présent. On a de nombreux enjeux, de nombreux dossiers. Il y a des communautés
qui vont très bien, qui sont dynamiques, qui collaborent au développement,
vraiment, économique et social de la région, d'autres qui ont plus de
difficultés. Et le ministre a toujours été présent, entre autres, pour les
projets que nous, dans les quatre communautés sur... lesquelles sont au
Témiscamingue.
Tantôt, j'écoutais les collègues parler
des choses qui prennent du temps, et autres. Mais je tiens à souligner, entre
autres, une annonce particulière que le ministre a faite au mois de novembre
dernier avec le ministre de l'Énergie, qui est l'électrification de la
communauté de Kitcisakik, qui était un dossier qui traînait depuis longtemps.
J'ai été élu, moi, en 2003, la première fois, et c'était un enjeu. Et c'est
notre gouvernement, par le travail du ministre... des deux ministères et
Hydro-Québec, que ce dossier-là s'est réglé. Et encore hier, je revenais par la
route de Rouyn-Noranda, ici, à Québec, et on voit le travail le long de
l'installation de cette ligne-là. Une grande avancée pour la région. Alors, il
faut souligner le travail du ministre à cet égard-là.
Le ministre a mentionné certaines
ententes, dont celles sur l'orignal, puis également aussi sur la... Winneway ou
la communauté de Long Point. Et je vais vous faire un petit aparté par rapport
à... Je ne vais pas parler de Long Point. Mais le ministre a parlé de
communautés où les sépultures avaient été inondées. Et au Témiscamingue, Long
Point et en partie aussi Témiscaming ont vécu la même chose lorsque les
barrages ont été construits il y a plus de 100 ans, et les gens me le
rapportaient. Ça a été un drame, eux aussi, de voir les sépultures qui ont été
complètement délavées, et autres. Donc, il y a eu des préjudices qui ont été
réglés, qui ont eu lieu à ce moment-là.
Et la communauté de Long Point, c'est ça
qui m'amène à la question, est... elle a un statut particulier parce que ce
n'était pas une réserve, c'est un établissement. Maintenant, je ne sais même
pas quel est le statut exact de la communauté. Mais depuis 2003, moi, les
premières années que j'étais là, un des enjeux majeurs que le ministre a
soulignés, c'était la mise en place d'un corps policier sur la communauté. Et,
entre autres, il y avait un projet également de mise en place d'un corps
policier régional. Alors, j'aimerais savoir, là, M. le Président, vraiment, où
en est rendu ce dossier-là, du corps policier de la communauté de Long Point.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui, merci
beaucoup. Puis merci au collègue pour la question. Puis ça démontre à quel
point, dans une même région...
M. Lafrenière : ...des
réalités complètement différentes. Quand je me suis rendu à Kebaowek avec le
chef Picard, il y avait... dans son discours d'ouverture, il avait dit que ça
ressemblait beaucoup plus à un «resort» qu'à une réserve. Et ça, c'est la
communauté de Kebaowek, qui a un développement touristique qui est merveilleux.
On se retrouve dans la communauté de... on a un problème avec l'assise
territoriale, il n'y a pas de statut, présentement. On y travaille, pour la
desserte policière, parce que, M. le Président, il n'y avait pas de desserte
policière, c'était la Sûreté du Québec qui y allait. Maintenant, grâce au
travail de Témiscamingue First Nation, Kebaowek et la Sûreté du Québec, les
trois travaillent ensemble pour cette communauté-là, et la prochaine étape, une
fois qu'on aura établi le... excusez-moi, le «land base», l'assise
territoriale, on va pouvoir justement avoir ce qu'on souhaite, c'est d'avoir
une police régionale. Donc, on y travaille.
Si on traverse du côté de... communauté
que certains connaissent un peu moins, bien, c'est une communauté où il n'y a
pas d'électricité. C'est une communauté où le choix final du lieu pour la
réserve n'a pas été fait. Il y a deux endroits possibles, il y a le lac Ribot,
qui est un des endroits, et l'autre côté, qui est la baie Barker. Il y a eu un
référendum, ça a passé très, très serré. Donc, la communauté n'a pas décidé de
lieu encore. Pourquoi je vous dis tout ça? Parce que les gens me
demandent : Pourquoi cet endroit-là? L'eau potable n'a pas été amenée dans
les maisons, le système d'égouts, on ne peut pas, présentement, la nappe
phréatique est trop haute, c'est un site qui est impropre à la construction.
Cependant, en attendant, le fait que ces
maisons-là ne soient pas reliées à l'électricité, c'était inacceptable, alors
on a trouvé une solution avec Hydro-Québec, c'est plusieurs poteaux qui vont
être installés au cours des prochaines... prochaines semaines, prochains mois.
Ça nous a demandé, de notre côté, 3,8 millions pour adapter les maisons qui
n'avaient pas d'électricité. Puis, M. le Président, lorsque j'étais policier au
SPVM, j'étais déployé dans la région lors des événements de Val d'Or, il y a
des femmes qui nous avaient rapporté des cas horribles où il y a des bébés qui
sont morts gelés dans la communauté de... dans les années 2000. Insupportable!
Alors, ce qu'on a fait avec Hydro-Québec, c'est de s'assurer que l'électricité
va se rendre dans la communauté. Ça se fait dans les prochaines 12 à 24 mois.
Premier poteau qu'on a pu voir qui a été mis en place. La communauté va
l'avoir, mais il fallait ajuster les maisons pour recevoir ça. C'est important.
C'est important pour la communauté de... et on a réussi à être créatifs, avec
Hydro-Québec.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le ministre.
Le temps alloué à l'étude du volet Affaires autochtones des crédits budgétaires
du portefeuille Conseil exécutif étant presque écoulé, nous allons maintenant
procéder à la mise aux voix des crédits.
Est-ce que le programme 4, intitulé
Relations avec les Premières Nations et les Inuits... est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) :Adopté sur division. En
terminant, je dépose des réponses aux demandes de renseignements de
l'opposition.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 11 h 45, où elle va entreprendre l'étude du volet
Lois professionnelles des crédits budgétaires du portefeuille Conseil du trésor
et administration gouvernementale. Merci. À tantôt.
(Suspension de la séance à 11 h 30)