Journal des débats de la Commission des institutions
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mercredi 17 avril 2024
-
Vol. 47 N° 61
Étude des crédits budgétaires du ministère du Conseil exécutif, volet Conseil exécutif
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14 h 30 (version non révisée)
(Quinze heures)
Le Président (M.
Bachand) :Alors, bonjour, tout le monde.
À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission des institutions ouverte. La commission est réunie afin de
procéder à l'étude du volet Conseil exécutif des crédits budgétaires du
portefeuille Conseil exécutif pour l'exercice financier 2024-2025. Une
enveloppe de trois heures a été allouée pour l'étude de ces crédits.
Avant de débuter, M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Schmaltz (Vimont) est remplacée par M. Poulin (Beauce-Sud); M.
Morin (Acadie) est remplacé par M. Tanguay (LaFontaine); et M. Zanetti (Jean-Lesage)
est remplacé par M. Nadeau-Dubois (Gouin).
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Cela dit, je
dépose les réponses aux demandes de renseignements de l'opposition du volet
Relations avec les Québécois d'expression anglaise.
Cela dit, il me fait plaisir de vous
présenter le premier bloc, avec l'opposition officielle pour 18 min 13s. M. le
député, chef de l'opposition officielle, s'il vous plaît.
M. Tanguay : Merci beaucoup, M.
le Président. D'abord, vous saluer. Heureux de vous retrouver. On a toujours
bien travaillé ensemble, dans différents projets de loi, puis je le dis
sincèrement. Merci beaucoup. Bravo pour ce que vous faites! Je trouve que vous
faites un très bon travail comme président de nos commissions parlementaires.
La table, celles et ceux qui vous accompagnent, M. le premier ministre,
bonjour, bon après-midi, celles et ceux qui vous accompagnent, collègues de la
banquette ministérielle et mon collègue de la deuxième opposition. Voilà.
M. le premier ministre, vous nous avez
toujours dit : Vous nous jugerez sur les résultats, et nous... force est
de constater que la majorité des résultats sont plutôt négatifs que positifs.
Alors, question : Allez-vous être candidat lors des prochaines élections
générales?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre, s'il
vous plaît.
M. Legault : Oui.
M. Tanguay : Je commence
tranquillement.
M. Legault : Bonjour, M. le Président.
Merci d'être là. Ça commence fort. À mon tour, bien, je veux saluer le chef de
l'opposition officielle, le chef du deuxième groupe d'opposition, la secrétaire
générale, donc la patronne de tous les fonctionnaires, mon directeur de cabinet
puis toutes les personnes qui sont avec nous, évidemment, mes collègues du
caucus de la CAQ.
Bien, écoutez, la question du chef de l'opposition,
c'est : Est-ce qu'on a réussi, là, est-ce qu'on... comment qu'il disait
ça? Est-ce que... On nous jugera sur les résultats, bon. Évidemment, on
pourrait les prendre un par un, les différents secteurs, mais disons que le
secteur où je suis le plus fier, c'est l'économie. On a réussi à réduire notre
écart de richesse par rapport au reste du Canada, ce qui n'avait pas été fait
pendant les 15 années libérales. On a réussi à augmenter le salaire moyen de
plus que le reste du Canada. On a commencé à développer une filière batterie
qui est très, très prometteuse. Donc, bon, est-ce qu'il va rester du travail à
faire pour un troisième mandat? Oui. Et, oui, je serai candidat.
M. Tanguay : Considérez-vous
que vous méritez un troisième mandat?
M. Legault : Bon. Ça va me
donner la chance de continuer dans mes autres priorités. J'ai parlé de l'économie,
on pourrait parler de l'environnement aussi. Quand on regarde du côté de l'environnement
puis qu'on se compare avec les 59 autres États et provinces en Amérique du
Nord...
15 h (version non révisée)
M. Legault : ...le Québec est
l'État où il y a le moins de GES par habitant, puis qu'il a aussi... Puis on a
mis en place un plan pour une économie verte. On a le plan qui est le plus
ambitieux en Amérique du Nord. Donc, en environnement aussi, je pense qu'on
peut dire que les résultats sont là. En matière d'identité, bien, on a adopté
une loi 21, loi 96, donc on a posé des gestes pour défendre notre langue,
défendre notre culture et... Bien, je pourrais continuer sur les autres sujets.
M. Tanguay : Ma question est
toute simple : Considérez-vous que vous méritez un troisième mandat?
M. Legault : Oui, oui, sans
être arrogant, puis je ne dirais pas juste moi, là, toute l'équipe de la CAQ,
on a un groupe, là, de députés qui se consultent. C'est ce soir, notre caucus.
Donc, on s'aide entre nous, on travaille ensemble. C'est sûr que, dans le
premier mandat, on a vécu, comme partout ailleurs dans le monde, une pandémie.
On a mis en place des mesures sévères qui, selon les spécialistes, nous ont
fait sauver entre 10 et 20 000 décès et... Bien, on est encore en rattrapage,
mais quand on se compare, on se console.
M. Tanguay : Alors, votre
niveau de consolation vous fait vous mettre quelle note sur 10?
M. Legault : Bien, écoutez,
là, on est-tu à Génies en herbe... ou je ne sais pas, là. Mais ce n'est pas à
moi de me donner une note, là, c'est aux Québécois de me donner une note. Ils m'en
ont donné une en 2018, une en 2022, puis la prochaine, ça va être en 2026.
M. Tanguay : Donc, vous n'êtes
pas capable de vous dire... de dire si vous avez une note de passage, ne
serait-ce?
M. Legault : Bien, écoutez,
comme je vous dis, je pense que, dans le contexte où on a eu une pandémie, avec
modestie, je dirais que je pense pas que le chef de l'opposition officielle
aurait fait mieux.
M. Tanguay : Depuis un an et
demi, vous vous donnez la note de passage depuis la dernière élection générale?
M. Legault : Écoutez, je le
répète, ce n'est pas à moi à me donner une note, c'est aux Québécois. Je ne
peux pas à la fois être celui qui juge et celui qui est jugé.
M. Tanguay : Northvolt, si c'était
à refaire, qu'est-ce que vous feriez de différent?
M. Legault : Écoutez, d'abord,
c'est une grande fierté, Northvolt, puis je pense qu'il faut regarder ça dans
son ensemble. Il n'y a pas seulement Northvolt, mais il y a aussi GM, il y a
aussi Ford. Regardons ce qu'on a fait d'abord à Bécancour. Je me rappelle,
quand j'étais dans l'opposition, d'avoir visité le parc industriel de
Bécancour. Il était vide. Actuellement, il est plein. C'est le parc industriel
le plus grand au Canada, pourtant. Donc, on a GM, on a Ford, on a Northvolt, on
parle d'investissement de 16 milliards de dollars puis on parle de retombées
à terme de 9 milliards par année.
M. Tanguay : M. le Président,
ma question est simple : Northvolt, y a-tu de quoi... Ça se peut que la réponse
ne soit rien... Northvolt, dans le dossier, y a-tu de quoi de différent, si
pouviez refaire, que vous feriez différemment, Northvolt?
M. Legault : Bon...
M. Tanguay : Ça se peut que
ce ne soit rien.
M. Legault : ...écoutez, je
pense qu'on a réussi à convaincre le gouvernement fédéral de mettre beaucoup d'argent
qui serait allé autrement en Ontario. Je pense aussi qu'on a les normes
environnementales les plus élevées. Donc, évidemment, il n'y a jamais rien de
parfait...
M. Tanguay : Qu'est-ce que
vous referiez...
M. Legault : ...mais dans le contexte
de compétition internationale où la Suède bâtit des usines de batteries, l'Allemagne
bâtit des usines de batteries, l'Ontario construit des usines, bien, je trouve
qu'on a pris notre place. Ça n'a pas été toujours le cas dans l'histoire du
Québec. On se souvient que les manufacturiers automobiles s'étaient surtout
installés en Ontario. Donc là, on a réussi à avoir les GM, les Ford, les
Northvolt au Québec. Donc, de façon générale, je suis satisfait.
M. Tanguay : Et vous n'êtes
pas capable d'identifier une seule chose que vous feriez différemment, c'est ce
que j'entends, pour Northvolt, c'est ça?
M. Legault : Bien, écoutez,
on peut toujours s'améliorer, on peut toujours s'améliorer. Évidemment, ça a
été une négociation. Donc, moi, je continue à penser que le montant d'aide qu'on
a donné à Northvolt est très inférieur aux retombées attendues sur le projet de
Northvolt. Maintenant, bon, est-ce qu'on aurait pu négocier plus bas? Je pense
que non, non, je ne pense pas, là, parce que je pense qu'on l'aurait perdu à
un autre État en Amérique du Nord.
M. Tanguay : Est-il sûr à
100 %, pour vous, qu'indépendamment de l'administration américaine qui
pourrait changer puis de la compétition nouvelle qui viendrait des États-Unis,
que Northvolt, on ne risque pas de le perdre? Êtes-vous 100 % sûr...
M. Tanguay : ...de ça?
M. Legault : Bon, d'abord, il
y a un programme aux États-Unis qui s'appelle IRA, qui est très généreux pour
les entreprises. On a, avec le gouvernement fédéral, copié ce programme-là.
Mais ce programme-là prévoit que les sommes, qui vont être données autant par
le gouvernement fédéral que le gouvernement du Québec, vont être données graduellement
sur plusieurs années, selon le nombre de batteries qui seront produites. Donc,
moi, je trouve que le risque est minime, et c'est prévu dans le contrat que, si
le programme disparaît aux États-Unis, on fait la même chose, et le fédéral et
Québec.
M. Tanguay : Et vous n'avez
pas de garantie que, d'ici une couple d'années, on perdrait, le cas échéant,
Northvolt. C'est une possibilité qu'on le perde.
M. Legault : Bien, je vous
propose d'aller à McMasterville puis Saint-Basile-le-Grand, là. C'est
plusieurs, plusieurs terrains de football. La construction est commencée,
l'entreprise a investi 7 milliards. Je ne pense pas, là, qu'ils vont commencer
à déménager les usines. Puis, en plus, bien, une des raisons pourquoi ils ont
choisi le Québec... à cause des ressources naturelles, entre autres, le
lithium. Donc, je pense que Northvolt, GM et Ford sont ici pour rester puis je
vous invite à aller visiter les trois chantiers, vous allez voir que ça n'a pas
l'air des gens qui veulent déménager.
• (15 h 10) •
M. Tanguay : Bon. Ça n'a pas
l'air. Allez-vous faire un remaniement ministériel cette année?
M. Legault : Il n'y a rien de
prévu.
M. Tanguay : O.K.
Considérez-vous que tous vos ministres sont à la bonne place?
M. Legault : Bien, moi, je
suis très satisfait de l'équipe que j'ai au Conseil des ministres. J'en ai
connu d'autres, dans un autre parti, puis j'ai regardé, j'ai toujours suivi la
politique, et je me considère chanceux d'avoir les personnes... d'avoir réussi
à convaincre ces personnes-là, compétentes, de venir en politique. Donc, je
suis satisfait de mon Conseil des ministres.
M. Tanguay : Êtes-vous
également satisfait de chacun de vos ministres?
M. Legault : Bien oui, je
viens de dire que j'étais satisfait de l'ensemble, donc ça inclut chacun.
M. Tanguay : Pour notre
capitale nationale, auriez-vous aimé ça avoir livré un grand projet? Puis là
parlez-moi pas de la place Samuel de Champlain, la promenade Samuel de
Champlain, ou de pistes cyclables, là, un grand projet... ou des écoles. Pour
la capitale nationale, vous n'auriez pas aimé ça, livrer un grand projet?
M. Legault : Bon. D'abord, la
capitale nationale a un des taux de chômage les plus bas au Canada. Donc, ça
veut dire, quand même, que les affaires vont bien. J'espère que vous avez
visité la promenade Samuel de Champlain, c'est merveilleux, d'avoir une plage
comme ça. On a la Caisse de dépôt qui, dans deux mois, va nous livrer une étude
sur un éventuel troisième lien entre Québec et Lévis et sur un transport
structurant. On a investi plus de 2,2 milliards pour des projets, entre autres,
en santé, l'agrandissement de l'hôpital de La Malbaie, nouveau complexe
Enfant-Jésus. On a fait une annonce extraordinaire avec Davie, Davie, qui, dans
le temps des libéraux, ne fonctionnait pas, on a ouvert six écoles, quatre
maisons des aînés. On vient d'annoncer aussi le pont d'Orléans, qui aurait dû
être fait depuis plusieurs, plusieurs années. Donc, je pense qu'il y a des
investissements qui sont importants, qui ont été faits. Puis, évidemment, selon
le rapport de la Caisse de dépôt, dans deux mois, bien, il pourrait y en avoir
d'autres, projets très importants.
M. Tanguay : O.K. Mais là,
vous êtes dans votre sixième année. Ma question est : N'avez-vous pas le
début du commencement d'un regret, dans votre sixième année, de ne pas avoir
amorcé un seul grand projet? Je parle d'un grand projet, là, je ne parle pas
d'hôpital puis d'école. Puis ne venez pas me dire : Ah bien, ça, c'est des
grands projets, ça, c'est partout au Québec, la nécessité des services
essentiels. Mais, pour notre capitale nationale, vous n'avez même pas le début
du commencement d'un regret de dire : Oui, ce n'était pas prévu de même,
en 2018, que, dans notre sixième année, on n'aurait initié aucun grand projet.
M. Legault : Bien, écoutez,
on a chacun notre définition de projet important. Moi, quand je dis qu'on a
investi 2,2 milliards juste en santé, à Québec, dans la capitale nationale,
déjà, juste là, on pourrait arrêter là. Maintenant, on vient d'annoncer le pont
de l'île d'Orléans, qui va être 2,7 milliards. Il y a, éventuellement, d'autres
projets, peut-être, qui vont venir suite à l'étude qui va être livrée en juin
par la Caisse de dépôt.
Je le répète en économie, parce que c'est
ce qui est le plus important pour les gens de la capitale nationale, d'avoir
des bons emplois, et... bien, écoutez, taux de chômage très, très bas, un des
plus bas dans tout le Canada. Donc, je pense que les gens qui vivent dans la
capitale nationale sont quand même heureux des résultats.
M. Tanguay : O.K. Ça n'arrête
pas de bien aller. Et là, M....
M. Tanguay : ...Président,
juste pour vous préciser, puis pour le premier ministre, j'y vais de façon macro,
et, après ça, dans les cinq autres blocs, on aura l'occasion d'aller dans
chacun de ces dossiers-là dans le détail.
Je vais continuer. Le premier ministre a
des qualités. Quel est son principal défaut? Est-ce qu'il est capable de faire
une introspection puis de nous dire ça?
M. Legault : Je pense...
J'entends les gens dire...
M. Tanguay : Qu'est-ce qu'ils
disent, justement?
M. Legault : Je ne suis pas
patient.
M. Tanguay : Non?
M. Legault : Je ne suis pas patient,
je suis... hein, même la secrétaire générale aussi est d'accord. Je suis
quelqu'un qui veut des résultats à court terme, qui est têtu. À chaque lundi,
on se rencontre, et puis je reviens avec mes cinq priorités : l'éducation,
la santé, l'économie, l'environnement, l'identité. Donc, je travaille sur ces
cinq-là. Puis on a, de rattaché à chacune de nos cinq priorités, des gestes
concrets sur lesquels on travaille. Et je voudrais que ça aille plus vite,
mais, bon, c'est un gros paquebot. Donc, je pense que ça va plus vite qu'il y a
cinq ans et demi, mais il y a encore du travail à faire.
M. Tanguay
: Vous êtes
impatient, c'est votre principal défaut, vous dites, puis vous voulez... vous
êtes axé sur les résultats, mais, depuis cinq ans et demi, vous devez être
l'homme le plus malheureux de la terre.
M. Legault : Bien, écoutez,
pendant 15 ans, le Parti libéral au gouvernement a maintenu l'écart de richesse
à 20 % avec le reste du Canada. Nous, on a réussi à le réduire à
16 %. C'est plus de 15 milliards, ça, par année, de retombées
additionnelles. Donc, je pense qu'on peut quand même dire que c'est des
excellents résultats.
On a fait le choix d'augmenter de façon
importante les salaires des enseignants. Donc, on a été... puis ça, c'est important
aussi, dans toute l'histoire du Québec, ce n'était jamais arrivé qu'un
gouvernement donne des augmentations de salaire plus grandes à certains
employés. On donnait les mêmes augmentations à tout le monde. Bien, moi, je
pense que, si on croit vraiment que l'éducation, c'est la priorité, bien, il
fallait faire ce qu'on a fait dans les deux dernières négociations,
c'est-à-dire augmenter de façon plus importante les salaires des enseignants.
On a rajouté aussi... on est en train d'ajouter des aides à la classe, on a
ajouté aussi, dans le premier mandat, plus de 2000 orthophonistes,
orthopédagogues. Donc, on a augmenté, ce n'est quand même pas rien, M. le
Président, depuis cinq ans et demi, le budget de l'éducation de 50 %, puis
divisez ça comme vous voulez, là, sur cinq ans, 50 % d'augmentation du
budget de l'éducation, moi, je suis vraiment fier de ça.
M. Tanguay : Dans la
catégorie... parce que vous avez dit que la santé, c'était une de vos
priorités, je pense même que c'est la première que vous mentionnez, dans la
catégorie «qui a raison», le ministre de la Santé, en février 2023,
disait : «On est chanceux, parlant de la santé, si ça prend trois ans.
L'agence de santé, ça va prendre des années.» Lui, il dit ça, le ministre de la
Santé, puis, le 12 mars dernier, le ministre des Finances dit : Je
m'attends à des améliorations dès le printemps. Alors, en santé, qui en raison,
le ministre de la Santé ou les Finances?
M. Legault : Bien, je pense
qu'en santé... la secrétaire générale a été sous-ministre à la Santé, donc
c'est un dossier qu'elle connaît bien, il y a des résultats à court terme puis
des résultats à moyen terme. Parlons des résultats à court terme. Quand on est
arrivés, en 2018, le Parti libéral nous avait laissé un bilan où il y avait
6 400 000 Québécois qui avaient accès à un médecin de famille ou à un GMF.
Aujourd'hui, il y a 7000000 de Québécois qui ont accès à un médecin de famille
ou un GMF. Donc, on a augmenté de 600 000. En plus, on vient d'annoncer qu'à
l'avenir les IPS, donc les infirmières praticiennes, vont pouvoir agir dans un
GMF sans supervision par un médecin. Donc, on pense que ça va donner des
résultats.
Maintenant, bien, on ne peut pas ignorer
qu'il y a une pandémie, qu'il y a du rattrapage à faire dans les chirurgies. Ça
nous a permis de sauver entre 10 000 et 20 000 vies pendant la pandémie, mais,
actuellement, il y a encore du rattrapage à faire, comme à peu près partout
dans les autres provinces puis les autres États.
M. Tanguay : Parfait. Pour le
premier ministre, y a-t-il une différence entre une prise en charge par un
médecin de famille qui vous suit, versus un guichet de rendez-vous, dont on a
vu la valeur hier avec mon collègue de Pontiac, où on n'est pas capable, dans
bien des cas, d'avoir des rendez-vous? Pour lui, là, fondamentalement, c'est-tu
du un pour un, une prise en charge par un médecin de famille et une liste de
rendez-vous? Si vous êtes chanceux, cliquez, vous allez peut-être en avoir un.
Pour lui, est-ce que c'est la même chose?
Le Président (M.
Bachand) :Une minute.
M. Legault : Moi, je pense
que ce qui est le plus important, c'est une prise en charge, O.K.? Puis, quand
je dis une prise en charge, quand on est arrivés, les libéraux prenaient en
charge seulement 6,4 millions de Québécois. Aujourd'hui, il y en a 7000000, de
Québécois qui sont pris en charge. Maintenant, pour ceux qui n'ont pas de...
M. Legault : ...dans le 2
millions qui restent, il y a un guichet, il y a 1 million de rendez- vous qui
ont été pris via ce guichet-là. Et puis, oui, il y a des ajustements à faire,
oui, il y a des délais à réduire dans le guichet, mais notre objectif, c'est
qu'éventuellement on augmente le 7 millions de Québécois pris en charge. Ce qui
a été fait en partie depuis qu'on a commencé, ce qui a été fait bien plus que
quand il y avait les libéraux au pouvoir.
Le Président (M.
Bachand) :Quinze secondes.
M. Tanguay : ...la santé,
mais il est clair que le bilan libéral, en 2018, était meilleur pour la prise
en charge que le bilan de la Coalition avenir Québec. Et ce n'est pas vrai
qu'une prise en charge peut être remplacée par un registre de rendez-vous qui
ne marche pas. On reviendra.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le chef de
la deuxième opposition, pour 12 minutes, huit secondes, s'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : Merci, M.
le Président. Salutations, bien sûr, au premier ministre, au chef de
l'opposition officielle, à leurs équipes respectives et aux députés du gouvernement
qui sont présents avec nous aujourd'hui.
M. le premier ministre, à chaque fois
qu'on discute, vous et moi, de logement, ça nous arrive de temps en temps, vous
me répondez en parlant d'immigration, plus particulièrement d'immigration
temporaire, dont c'est de ce sujet-là que j'aimerais parler avec vous
aujourd'hui. Les dernières statistiques font état de 560 000 immigrants sur le
territoire du Québec. À Québec solidaire, on est d'accord que c'est trop. Ce
qui est intéressant, c'est que les deux tiers de ces gens-là sont des
travailleurs étrangers temporaires ou des étudiants internationaux. Et la
question que je me pose, c'est : Comment on en est arrivé là? Regardons,
depuis que vous êtes au pouvoir, les décisions qui ont été prises par le gouvernement
du Québec.
• (15 h 20) •
J'ai ici, avec moi, aujourd'hui, le plan
d'immigration du Québec 2020, vous le reconnaîtrez sûrement. À la page 5 de ce
plan, on peut lire la phrase suivante, donc dans les orientations du
gouvernement du Québec en matière d'immigration : «Appuyer les employeurs
de toutes les régions du Québec dans leur démarche de recrutement des
travailleurs étrangers temporaires afin d'en augmenter le nombre.» Donc, est-ce
que le premier ministre reconnaît qu'en 2020 son gouvernement avait comme
orientation l'augmentation du nombre d'immigrants temporaires au Québec?
M. Legault : Oui, bien, M. le
Président, je pense qu'il faut être prudent, là, mais je vais y aller un peu de
mémoire. Bon, il y a sept ou huit ans, on avait à peu près 100 0000 immigrants
temporaires ou ce qu'eux autres... ce que les spécialistes appellent des
non-permanents, on est rendus à 560 000. Regardons les catégories une par une.
D'abord, les demandeurs d'asile. On était à 20 000, on est rendu à 178 000
demandeurs d'asile. Bon, c'est la moitié des demandeurs d'asile du Canada. On a
posé, pour l'instant, avec le gouvernement fédéral, deux gestes pour réduire
les demandeurs d'asile. Un, on a fermé le chemin Roxham; deux, on a convaincu
le gouvernement fédéral de remettre en place un visa pour les Mexicains. Mais
ce ne sera pas suffisant, il va falloir aller beaucoup plus loin. Ensuite, il y
a à peu près 110 000 étudiants, ensuite, il y a des travailleurs temporaires.
La majorité des travailleurs temporaires sont choisis par Ottawa. Ce qu'on
veut, ce qu'on veut, c'est d'être capable de réduire ce nombre.
M. Nadeau-Dubois : Je
comprends, mais, aujourd'hui, c'est un exercice de reddition de comptes, puis
je vous pose des questions sur les gestes que vous avez posés comme premier
ministre. En 2020, dans votre plan d'immigration, on peut lire :
«Augmenter le nombre de travailleurs étrangers temporaires.» Donc, est-ce que
vous reconnaissez qu'en 2020 votre gouvernement avait comme orientation
d'augmenter le nombre d'immigrants temporaires au Québec? Question simple.
M. Legault : Oui. Bien,
écoutez, là, les travailleurs temporaires qui sont contrôlés par le
gouvernement du Québec, c'est un programme qui s'appelle PTET. O.K. En 2021, il
y en avait 29 000; en 2022, il y en avait 41 000; en 2023, il y en avait
65 000. Ces travailleurs-là sont importants, sont choisis par le gouvernement
du Québec. Le problème qu'on a, c'est que les travailleurs temporaires qui sont
choisis par le gouvernement fédéral dans un programme qui s'appelle PMI, bien,
on est passé de 131 000 à 233 000. Donc, on a une situation où le fédéral a
beaucoup trop augmenté le nombre de travailleurs temporaires. Et donc ce qu'on
demande au gouvernement fédéral, c'est de dire : Bien, est-ce que tout le
PMI ne pourrait pas être contrôlé par le gouvernement du Québec?
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
M. Nadeau-Dubois : Aux
dernières nouvelles, ce n'est pas Justin Trudeau que j'ai devant moi. Moi, je
souhaite qu'on discute des politiques du gouvernement du Québec. Vous le savez,
je suis d'accord avec vous, pour que le Québec...
M. Nadeau-Dubois : ...tous
les pouvoirs en immigration, mais ce n'est pas ça le sujet de notre échange
aujourd'hui. Dans votre plan, en 2020, le gouvernement du Québec souhaite
augmenter le nombre de travailleurs étrangers temporaires. Dans le même... dans
ce même plan en 2021, à la page 6, on peut lire à nouveau la même phrase,
«augmenter le nombre de travailleurs étrangers temporaires». Dans votre plan
d'immigration, en 2022, à nouveau à la page 6, je l'ai avec moi
aujourd'hui, on peut lire la même phrase, «augmenter le nombre de travailleurs
étrangers temporaires». Dans votre plan 2023, à la page 7 cette
fois-ci, on peut lire : «Appuyer les employeurs de toutes les régions du
Québec dans leurs démarches de recrutement en travailleurs étrangers temporaire
afin d'en augmenter le nombre.
Donc, 2020, 2021, 2022, 2023, quatre plans
du gouvernement du Québec où l'orientation est claire, on veut augmenter le
nombre de travailleurs étrangers temporaires au Québec. Ça, c'est dans les
programmes que vous contrôlez. En 2024, nouveau document, et, cette fois-ci à
la page 6, cette phrase disparaît. Ma question pour le premier ministre,
puis j'aimerais ça qu'il y réponde, qu'il ne parle pas de Justin Trudeau :
Pourquoi, pendant quatre ans, votre gouvernement avait comme orientation
d'augmenter les travailleurs étrangers temporaires au Québec, et que, tout d'un
coup, pouf, en 2024, cette orientation-là disparaît?
M. Legault : Bien, M. le
Président, effectivement, avec les besoins du marché du travail, on avait
besoin d'une augmentation. C'est pour ça que les travailleurs temporaires
choisis par le gouvernement du Québec sont passés de 29 000 à 65 000.
Si on s'était arrêté là, il n'y en aurait pas de problème. Mais il faut ajouter
aux 65 000, 178 000 demandeurs d'asile,
233 000 travailleurs temporaires choisis par le gouvernement fédéral
et d'autres catégories. On en a 560 000. Donc, le problème, ce n'est pas
la catégorie qui est choisie par Québec, c'est ce qui est choisi par Ottawa.
M. Nadeau-Dubois : ...si je
comprends bien le premier ministre, il y a eu quatre ministres de l'Immigration
entre 2019... entre 2020 et 2023, qui ont tous appliqué une orientation
d'augmenter l'immigration temporaire au Québec. Et ça, le premier ministre juge
que c'était une bonne orientation, c'était une bonne idée.
M. Legault : Bien,
d'augmenter le nombre de travailleurs temporaires de 29 000 à 65 000,
c'était une bonne orientation. Que le gouvernement fédéral nous amène à
560 000, bien là, ce n'est plus une augmentation, c'est une explosion. Et
c'est une explosion qu'on n'est pas capable d'assumer en Santé, en Éducation,
en Logement.
M. Nadeau-Dubois : Je
comprends que le...
M. Legault : Puis toute la
question du français à Montréal, la question se pose, contrairement à ce que
dit Québec solidaire, qu'il n'y en a pas de problème.
M. Nadeau-Dubois : Je viens
de dire...
M. Legault : Bien,
560 000, il y en a un problème.
M. Nadeau-Dubois : M. le
premier ministre...
M. Legault : Ça ne vient pas
du Québec, ça vient d'Ottawa.
M. Nadeau-Dubois : M. le
premier ministre, l'immigration, c'est un sujet sérieux, puis il faut avoir des
débats de faits. Puis la deuxième phrase que j'ai prononcée, c'était il y a
quoi, M. le Président, six minutes, c'était qu'on reconnaît que 560 000,
c'est trop. Ça fait que je vais vous inviter à bien informer la population
québécoise sur les positions de ma formation politique et cesser de dire que je
dis que ce n'est pas un problème. On est entre nous, après tout. Je viens de
dire que nous reconnaissons, et nous l'avons fait depuis 2021, que l'explosion
de l'immigration temporaire au Québec, ce n'est pas souhaitable.
Cette précision étant faite, j'ai sous les
yeux trois communiqués de presse, 6 août 2021, 6 décembre 2021, 1ᵉʳ avril
2022, trois annonces du ministre de l'Immigration à l'époque qui se réjouit
d'avoir assoupli le programme québécois, donc le PTET, d'immigration pour les
travailleurs étrangers temporaires, en disant : C'est une bonne chose, il
faut augmenter les travailleurs étrangers temporaires. Trois communiqués de
presse. Là, j'essaie de comprendre, M. le premier ministre, vous faites des
conférences de presse, où vous dites que l'immigration temporaire, c'est un
cataclysme pour le Québec. Vous dites que c'est la cause numéro un de la crise
du logement, que c'est en train de casser le Québec en deux, si je prends un
petit raccourci. Mais ce qu'on constate, c'est que, depuis que vous êtes
premier ministre, vous avez appliqué toute une série de réformes, je viens d'en
faire la démonstration, pour faire exploser l'immigration temporaire au Québec.
Donc là, j'essaie de comprendre. Vous nous
dites que c'est un problème épouvantable et vous n'avez cessé... vous venez de
le reconnaître, preuves à l'appui, vous n'avez cessé de contribuer à
l'augmentation de l'immigration temporaire au Québec. Si c'était si un
cataclysme que ça, pourquoi vous avez continué à augmenter dans vos programmes
d'étudiants...
M. Nadeau-Dubois : ...de
travailleurs étrangers temporaires et d'étudiants étrangers, pourquoi vous avez
cessé d'augmenter les chiffres, si c'est si un cataclysme que ça? Je ne
comprends pas.
M. Legault : Bon. Je vais
réessayer. Je suis certain... Le chef du deuxième groupe d'opposition, c'est un
homme intelligent, je suis certain qu'il va finir par comprendre. Dans le
programme qui est géré par le gouvernement du Québec, depuis deux ans, on est
passé de 29 000 travailleurs temporaires à 65 000. Par contre,
quand on ajoute tous ceux qui sont admis par le fédéral, incluant les
demandeurs d'asile, on est passé au total de 300 000 à 560 000. Ça
veut dire qu'il y en a 60 000 qui ont été choisis par le Québec, mais il y
en a 500 000 que ça vient d'Ottawa. Donc, je ne comprends pas que le
chef de Québec solidaire ne comprenne pas que le problème vienne d'Ottawa. Je
sais que c'est quelque chose qui ne l'intéresse pas, là, les champs de
compétence, il dit : Ah! ce n'est pas important pour Québec solidaire, les
champs de compétence. Mais le PTET, le programme pour les travailleurs
temporaires choisis par le gouvernement du Québec, est passé depuis deux ans de
29 000 à 65 000. Donc, on est très loin du 560 000 où je
dis : C'est une explosion qui n'a pas de bon sens. Québec solidaire n'ose
pas l'affirmer, ils ne veulent pas dire que ça crée la majorité du problème de
logement...
• (15 h 30) •
M. Nadeau-Dubois : Je viens
de le dire, je viens de le dire, je viens...
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le premier
ministre. Merci. 1 min 20 s, M. le...
M. Nadeau-Dubois : Oui.
Répéter des inexactitudes à répétition n'en font pas des faits exacts. Vous
avez fait augmenter dans vos programmes le nombre des immigrants temporaires au
Québec de 121 %. 121 %, c'est votre bilan, et après vous nous dites
que c'est un cataclysme social. Et ça, c'est juste le passé, M. le premier
ministre. L'année dernière, votre gouvernement a dépensé
7,3 millions de dollars, en 2023, pour faire activement du
recrutement à l'étranger d'immigrants temporaires, l'année dernière. Est-ce que
c'était de l'argent bien dépensé dans la perspective qui est la vôtre,
c'est-à-dire qu'on est inondés d'immigrants temporaires au Québec? 7,3 millions
en 2023, c'est dans vos cahiers de crédits, pour recruter davantage
d'immigrants temporaires au Québec.
Le Président (M.
Bachand) :35 secondes.
M. Legault : Oui. M. le
Président, j'essaie, là, puis je pense que les gens qui nous écoutent, là,
s'ils sont de bonne foi, vont comprendre. Le gouvernement du Québec est passé
de 29 000 à 65000. Ça a été entre autres des infirmières, des enseignants,
des gens qu'on avait besoin. Mais, au total, on est passés de 300 000 à
560 000. Est-ce que le chef de Québec solidaire peut comprendre la
différence entre 65 000 choisis par le Québec puis 560 000 au total? Je
suis certain que s'il se force un peu, là, il va réussir à comprendre qu'il y a
une différence.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le chef de
l'opposition officielle, pour 18 min 13 s, s'il vous plaît.
M. Tanguay : Merci beaucoup,
M. le Président. Je vais en poser une facile, là, au premier ministre. Ça ne se
peut pas qu'il n'ait pas la réponse. Il l'a, c'est sûr, depuis plusieurs
années. Quel est le coût moyen du loyer pour un appartement quatre et demie à
Montréal?
M. Legault : Écoutez, je sais
que ça avait été une question qui avait été posée par la cocheffe de Québec
solidaire, puis là, bien, le Parti libéral dit : Aïe! on a scoré avec ça,
ou la cocheffe avait scoré, donc je vais essayer de scorer moi-même. Je vais
sortir les chiffres. On va demander aux gens de vous donner ça puis on va vous
revenir avec le chiffre exact.
M. Tanguay : O.K. Mais
fâchez-vous pas, là, M. le premier ministre.
M. Legault : Je ne suis pas
fâché...
M. Tanguay : O.K. Parce c'est
une question qui se pose.
M. Legault : Mais je vois des
rapprochements entre le Parti libéral puis Québec solidaire, de plus en plus.
M. Tanguay : Oh, là, là! Si
vous en voyez de tels, ça explique bien des affaires. La question, justement,
vous avait été posée, puis vous ne le savez toujours pas aujourd'hui, là. On va
vous le donner, je suis certain qu'on va vous donner la bonne information. Mais
vous, comme premier ministre, vous êtes incapable aujourd'hui de le dire.
M. Legault : Est-ce que vous
êtes capable? Bien oui, vous avez fait des recherches, probablement.
M. Tanguay : Oui.
M. Legault : Donc, vous le
saviez... vous le savez maintenant.
M. Tanguay : Oui. Bien, c'est
parce que c'est important. Mais...
M. Legault : C'est combien?
M. Tanguay : Mais vous, vous
ne le savez pas. C'est ça, la réponse.
M. Legault : Est-ce que,
vous, vous le savez, c'est combien?
M. Tanguay : Oui. Mais vous,
vous ne le savez pas?
M. Legault : C'est combien?
C'est pour une famille de combien de personnes?
M. Tanguay : Un quatre et
demie, deux chambres.
M. Legault : Oui. Bien, à
l'époque, avec la cocheffe de Québec solidaire, je parlais d'un appartement
partagé par deux étudiants.
M. Tanguay : À 500 $?
M. Legault : Là, il a...
Québec solidaire s'est amusé à dire : Ah! Il parlait d'un quatre et demi
pour une famille. Parlez à la cocheffe, là, qui est de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, elle va vous avouer en privé qu'on parlait
d'étudiants qui partageaient un logement. Donc, c'était... je m'excuse, je veux
rester parlementaire, mais, disons, de la politique comme on n'aime pas.
M. Tanguay : O.K.
Considérez-vous que je fais de la politique comme vous n'aimez pas en vous
posant la question aujourd'hui?
M. Legault : Des fois.
M. Tanguay : Ah oui?
M. Legault : Oui.
M. Tanguay : Mais
choquez-vous pas, vous êtes premier ministre du Québec. Il y a une crise en
habitation. Là, je sais que vous regardez à votre gauche, vous avez hâte qu'il
vous...
15 h 30 (version non révisée)
M. Tanguay : ...dise la
réponse, il n'a pas le chiffre. Il rit. Alors, M. le premier ministre, vous ne
savez pas, un quatre et demi à Montréal, c'est combien? Là, votre sous-ministre
vous le donne. Vous ne le saviez pas. Wow! On vous a informé de combien?
Une voix : ...
M. Legault : On a les
chiffres, là, mais je pense que c'est plus haut que ça. Donc, on va continuer
de fouiller.
M. Tanguay : ...les
chiffres qu'on vous a donnés?
M. Legault : Écoutez,
la... Je sais que vous essayez de faire une Manon Massé de vous-mêmes, là, mais
ça ne marchera pas.
M. Tanguay : Non, non.
M. Legault : Mais il ne
faut pas le dire, oui.
M. Tanguay : Non, non,
mais... Mais, M. le premier ministre, honnêtement, j'ai commencé ça de même en
disant : On va baisser le ton un peu par rapport à l'échange précédent. Je
vais vous en donner une facile. Puis là je suis complètement surpris que vous
et toute votre équipe, vous n'êtes pas capables de dire combien ça coûte à
Montréal, un quatre et demi. C'est deux chambres.
M. Legault : On va vous
revenir.
M. Tanguay : Donc, vous
n'avez pas l'information.
M. Legault : On n'a pas
l'information exacte. Et je ne veux pas prendre la chance de me tromper, même
de 100 $ par mois, parce que vous allez en profiter.
M. Tanguay : Je pense
que je n'aurai pas besoin d'en profiter.
M. Legault : J'ai assez
d'expérience en politique pour savoir, là, ce que vous essayez de jouer
actuellement.
M. Tanguay : Oui, mais
je pense que je n'ai même pas besoin d'essayer d'en profiter. Je pense que le
coup vient de porter en lui-même, puis je n'aurai pas besoin de rien ajouter.
Le point est fait. Ce matin, je vous ai demandé pour les travailleurs filière
batterie. Bécancour, on attend probablement jusqu'à 3 000 travailleurs.
Bécancour, la grande... La région métropolitaine de Trois-Rivières, le taux d'inoccupation
est de 0,4 %. On dit normalement qu'un taux d'occupation à 3 %, c'est
ça qui est viable. Il est à 0,4 %. Bécancour, il va y avoir 3 000 travailleurs
nouveaux. Northvolt, ça va être 4 000 travailleurs nouveaux dans les
prochaines années, on parle d'ici deux ou trois ans, alors qu'on sait que dans
la région où sera Northvolt, le taux d'inoccupation dans la même période va
passer de 1,5 % à 0,9 %.
Ma question. Il va les loger où, les
travailleurs? Et qu'est-ce qu'il fait pour qu'il y ait des logements
disponibles?
M. Legault : Oui. Bien, M.
le Président, quand le Parti libéral était au pouvoir, il y avait un taux de
chômage très élevé, et on se retrouvait dans une situation où les salaires...
Le salaire moyen augmentait moins vite que dans le reste du Canada. Actuellement,
depuis qu'on était au pouvoir, le salaire moyen au Québec a augmenté de
24 %, alors qu'il a augmenté de 19 % dans le reste du Canada. On est
actuellement dans une situation de plein emploi. On a, dans la région de
Bécancour, Shawinigan, Trois-Rivières, on est en train de mettre en place des
formations parce qu'il y a beaucoup de Québécois qui préfèrent avoir un salaire
plus élevé. Donc, ils sont prêts à se former pour aller avoir accès à un emploi
qui est mieux payé. C'est une bonne nouvelle.
Maintenant, pour ce qui est du logement,
on est en train d'investir. On a investi 6,3 milliards. Ce n'est pas
simple parce que, là aussi, il manque de travailleurs de la construction. Donc,
on a mis en place des formations accélérées en construction. Et bon, les
usines, que ça soit GM, Ford ou Northvolt, ça va prendre quelques années avant
que ça soit complètement opérationnel. Ça va nous donner le temps de construire
des logements puis de former des employés. Mais c'est une excellente nouvelle.
On crée des emplois de l'avenir, des emplois à valeur ajoutée, des emplois
mieux payés. C'est ça qu'il faut faire pour réduire notre écart de richesse.
M. Tanguay : Mais
Northvolt, là, c'est dans trois ans. Puis, en matière de développer la
nécessité d'avoir des habitations, c'est demain matin. Northvolt, c'est 4 000 employés
dans trois ans. Ma question. Sur l'argent qui est mis là-dedans, là, quelle est
sa cible? SCHL nous dit que, pour répondre aux besoins, c'est 150 000 nouvelles
unités de logement par année jusqu'en 2030. Quelle est sa cible de création de
nouvelles unités de logement cette année puis les années à venir?
M. Legault : Bien, je
sais que les députés libéraux posent des questions à peu près à chaque jour à
la ministre de l'Habitation qui est excellente, qui connaît bien l'immobilier,
qui est en train de regarder tout ce qui est disponible. On est allé chercher
de la flexibilité pour que les permis se donnent plus vite dans les
municipalités, pour qu'on puisse faire l'acquisition des terrains plus
rapidement. On est en train de former des travailleurs de la construction.
Donc, on agit actuellement, c'est un ensemble de mesures, mais on vit le
problème de dire : Il y a eu une augmentation du nombre de travailleurs
puis de demandeurs d'asile de 268 000 depuis deux ans. Donc, c'est certain
que c'est venu débalancer la demande et l'offre.
M. Tanguay : Je sens que
Northvolt, ce n'est pas ça qu'ils veulent entendre, là. Northvolt, c'est 4 000 travailleurs,
là. Ils vont vous dire : On veut de l'habitation pour nos travailleurs
parce qu'on... On va avoir de la difficulté à les recruter. Alors, c'est bien
beau de gagner un bon salaire, j'en suis, mais où vont-ils...
M. Tanguay : ...y vont-elles
loger? Et c'est 150 000, je reviens à ma question, il va me trouver
fatigant là-dessus, c'est ça nous en prend 150 000 par année. L'an passé,
il s'en est sorti de terre 39 000 unités de logement. Quel est son
objectif pour les prochaines années, année après année? Sinon, il ne répondra
pas à la demande puis la crise va s'accentuer parce que vous voyez que c'est un
retard qui s'accumule, là, on est rendus 9 millions de Québécois.
M. Legault : Ouin. Bien,
écoutez, là, on voit, là, la démonstration de la différence entre un
gouvernement libéral où il manquait d'emplois puis un gouvernement de la CAQ où
il manque d'employés. Ça fatigue le Parti libéral. Mais ce que ça veut dire,
c'est que ça veut dire que ça met de la pression à la hausse pour augmenter les
salaires. C'est pour ça que les salaires au Québec ont augmenté de 24 %
alors qu'ils ont augmenté de seulement 19 % dans le reste du Canada. C'est
sûr que les entreprises voudraient en avoir plus, incluant Karl Blackburn, mais
de notre côté les travailleurs sont contents, ils gagnent plus d'argent, ils
ont un meilleur salaire.
M. Tanguay : Pensez-vous
qu'un travailleur il peut s'abriter avec son chèque de paie?
M. Legault : Que?
M. Tanguay : Qu'un
travailleur peut s'abriter des intempéries avec son chèque de paie? Il n'y en a
pas de logements. Vous devez en bâtir ou en favoriser la... la construction de
150 000 par année. C'était 39 000, il y a une baisse. Puis il y a
même, au Canada, triste record, on est la pire province du taux de propriété,
c'est sous votre gouverne. Je ne suis pas en train de dire que c'est votre
faute, M. le premier ministre. Vous avez nié la crise du logement puis la crise
de la pénurie de main-d'œuvre longtemps. Mais ceci dit, aujourd'hui, c'est le
premier jour du reste de notre vie, il faut en faire 150 000 par année.
C'était 39 000 l'an passé. Quelle est votre cible? Puis par quel moyen
vous allez nous permettre de loger les travailleurs et la population en
général? C'est une crise, là.
• (15 h 40) •
M. Legault : Bien, je note
qu'à chaque fois qu'on parle de l'immigration temporaire, le Parti libéral
n'ose pas dire : Il faudrait réduire. Tantôt, j'ai entendu le chef de
Québec solidaire dire : Il faudrait réduire le nombre de 560 000. Le
Parti libéral n'ose pas mentionner ça.
Mais moi, je voudrais qu'il m'explique,
là, comment on peut augmenter en deux ans le nombre de travailleurs temporaires
de 268 000, O.K., donc prenons 268 000 divisés par quatre,
disons, par logement, comment peut-on penser en deux ans construire des
logements pour 268 000 personnes? Comment il... Qu'est-ce qu'il nous
propose, là? Parce qu'on a une série de mesures. Ce que nous propose le Parti
libéral, c'est d'enlever la TVQ, mais encore?
M. Tanguay : Alors, M. le
Président, si le premier ministre, il est à court d'idée, il ne sait plus quoi
faire, puis qu'il regarde le problème grossir, il y a une solution à ça, qu'il
laisse sa place à quelqu'un d'autre. Parce que là, honnêtement, là, je
n'entends pas un premier ministre qui est en contrôle puis qui nous dit :
Oui, il y a un enjeu avec les demandeurs d'asile puis le Parti libéral l'a déjà
dit très clairement.
Mais les... Maintenant, les travailleurs
étrangers temporaires, Véronique de... Proulx de la... Manufacturiers
exportateurs du Québec va venir lui dire : On en a 15 000 nous
autres, qui travaillent avec nous autres puis on en a besoin. Alors, je ne le
sais pas, lui, quel travailleur étranger temporaire, il va vouloir retourner
chez lui ou chez elle.
Question, tiens, au premier ministre, il
veut parler d'immigration : M. le premier ministre, quels travailleurs
étrangers temporaires vous voulez voir quitter le Québec?
M. Legault : Bon, d'abord, il
y a 178 000 demandeurs d'asile, là, donc on ne parle pas vraiment de
travailleurs, mais il y a aussi beaucoup de travailleurs, on est rendus à peu
près à 250 000.
Une voix : ...
M. Legault : Bien, on garde
ceux qu'on est capables de loger, pour commencer, ceux qu'on est capables de
soigner. O.K. Mais je le sais, le Parti libéral dit : Nous autres, on les
garde tous, là. Il en rentrerait 1 million, le Parti libéral dit : On
les garde tous, le million.
Donc, on agit sur les deux côtés, on agit
sur l'offre, on agit sur la demande. Du côté de l'offre, bien, on a mis
3,9 milliards dans le logement abordable, on a mis 900 millions dans
des programmes d'aide au logement, 300 millions dans le crédit solidarité
pour aider à payer le logement, 400 millions en amélioration des
habitations, ce qu'on appelle RénoRégion, on a mis 300 millions pour rénover
des HLM, on a mis 400 millions, entre autres dans le nord du Québec. Et,
M. le Président, on continue d'investir, le dernier, au dernier budget, on a
annoncé 1,8 milliard, c'est une subvention moyenne de
225 000 piastres par porte. Donc, le Parti libéral ne peut pas
dire : Le déficit est trop gros. Mais 225 000 piastres par
porte, ce n'est pas assez. Je pense qu'on fait tous les efforts possibles,
mais...
M. Legault : ...il y a un
déséquilibre entre la demande puis l'offre, puis il faut être capable
d'augmenter l'offre puis réduire la demande. Mais ni le Parti libéral ni Québec
solidaire ne croient vraiment qu'on doit réduire de façon importante. Je vois
Québec solidaire qui s'arrache les cheveux, mais à combien veut-il réduire?
Est-il sérieux?
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le premier
ministre. M. le chef de l'opposition officielle, s'il vous plaît.
M. Tanguay : Là, je parle des
travailleurs, travailleuses de Bécancour, 3 000. Je parle des... de Northvolt,
je parle de toutes nos entreprises partout au Québec, taux d'inoccupation
record. Puis le premier ministre dit : On agit, il nomme les loyers
abordables, logements abordables, aide au logement, crédit solidarité, HLM puis
le Nord-du-Québec. C'est ça, votre message à celles et ceux qui vont venir
travailler chez Northvolt?
M. Legault : Oui. Bon,
d'abord, j'ai nommé effectivement certaines mesures pour du logement abordable
pour les gens qui ont des revenus plus bas. Maintenant, pour les gens qui ont
des revenus plus élevés, c'est une question d'offre et de demande. Si le prix
des maisons augmente, c'est parce qu'il y a des gens qui acceptent de payer ce
prix-là parce qu'il manque de maison, il manque de logement. Donc, qu'est-ce
qu'on doit faire? Les aider en leur donnant de l'argent dans leur portefeuille.
Est-ce que le Parti libéral est d'accord pour... Est-ce qu'il était d'accord
pour baisser les impôts? Était-il d'accord pour donner 2 000 $ aux aînés?
Était-il d'accord pour baisser la taxe scolaire? Était-il d'accord qu'on enlève
la taxe famille qui avait été mis sur les garderies par le Parti libéral?
M. Tanguay : M. le Président,
le chat vient de sortir du sac. Alors, il est d'accord avec moi que tous les
programmes qu'il a nommés ne s'adressent pas aux travailleurs, notamment
Northvolt, toutes celles et ceux... Et là il a dit maintenant : Le prix
des maisons a augmenté, les salaires ont augmenté. Et le premier ministre, sa
réponse économique, tenez-vous bien, M. le Président, c'est de dire : On
va booster la demande plutôt que de booster l'offre. Il faut qu'il y ait du
logement qui sorte de terre. Oui, logement abordable, crédit solidarité, HLM
dans le Nord-du-Québec, mais il faut que les logements, tous les types
d'habitation sortent de terre. Le premier ministre dit : On va mettre de
l'argent plus dans les poches de celles et ceux qui sont en compétition pour
avoir une maison, alors qu'ils sont six, sept, huit à s'arracher pour l'avoir.
Il n'a pas compris un aspect fondamental d'économie il doit booster l'offre,
augmenter le nombre de logements.
Ce que la SCHL lui dit, c'est que ça en
prenait 150 000 l'an passé, il y en a 39 000 qui sont sortis de terre. C'est un
manque à gagner. Et là, dans les prochaines années, jusqu'en 2030, à tous les
ans, ça nous en prend 150 000, pas uniquement de l'abordable, là, beaucoup dans
les... Puis je constate qu'il n'y a absolument rien pour favoriser ça.
M. Legault : Oui, M. le
Président. Bien là, je vois encore un grand rapprochement avec Québec solidaire,
entre le Parti libéral puis Québec solidaire. Ce que le chef du Parti libéral
est en train de nous dire, là, c'est que le gouvernement devrait construire des
maisons pour les plus riches. O.K. Donc, on ne devrait plus laisser ça au
privé, là, c'est le gouvernement qui devrait construire des maisons pour les
plus riches. Nous, ce qu'on pense, c'est que c'est mieux de leur donner de
l'argent, aux individus, dans leur portefeuille, pour être capables de payer le
prix de ces maisons-là. Mais bon, je ne sais pas si le Parti libéral veut
nationaliser la construction des maisons haut de gamme, là, où va-t-il
s'arrêter?
M. Tanguay : Alors, M. le
Président, je pense que toutes celles et ceux qui écoutent le débat, là,
viennent de voir par quelle dérision, le premier ministre prend le problème,
par quel manque total de solutions tangibles, puis on en a fait, des
propositions, mais il n'y a rien qu'ils mettent. Mais les propositions, ça
marche ailleurs, la crise est moins pire ailleurs. En Ontario, entre autres,
lorsqu'ils ont éliminé une partie de la taxe provinciale sur les intrants de
construction, les intrants de construction, ça, c'est un élément qu'on avait
mis dans notre bouquet de mesures. Alors, le premier ministre, on le voit
là-dessus, M. le Président, là, il ne sait absolument pas quoi dire. Puis ce
qui est préoccupant, c'est que la crise va en s'accélérant, la crise va en
s'accélérant. A-t-il une conversation avec Northvolt pour savoir où est-ce
qu'ils vont loger, les 4 000 travailleurs? Ils vont faire quoi? A-t-il une
conversation avec Northvolt?
M. Legault : Bon, M. le
Président, il y a deux approches ici qui s'affrontent. Parlons d'une maison
pour la classe moyenne, pas des logements abordables, une maison pour la classe
moyenne. Nous, on pense que la meilleure façon, c'est de mettre de l'argent
dans le portefeuille des Québécois. Donc, non seulement on a réussi avec des
entreprises qui ont des meilleurs salaires, augmenter plus vite le salaire des
Québécois...
M. Legault : ...mais en plus,
on a réduit leurs impôts, donc ils ont plus d'argent dans leur poche pour être
capables éventuellement de se payer une maison.
Donc, M. le Président, j'essaie juste de
comprendre ce que suggère le Parti libéral, là. Ce qu'il nous dit, c'est que le
gouvernement ne devrait pas seulement construire des logements abordables,
devrait aussi construire des maisons pour la classe moyenne, pour les plus
riches, d'aller interférer dans le marché de l'offre et la demande. C'est
vraiment, là, différent de ce qu'on a vu. J'aimerais demander à quelqu'un comme
Carlos Leitao ou quelqu'un comme Raymond Bachand, ils doivent être découragés
d'entendre le chef actuel de l'opposition officielle.
Le Président (M.
Bachand) :Oui, M. le... Oui.
M. Tanguay : Alors, M. le
Président, en quelques secondes, on peut voir que le premier ministre, si, lui,
sa seule conception, c'est que ça serait le gouvernement qui bâtirait les
maisons unifamiliales, puis, si ce n'est pas le gouvernement qui les bâtit, il
n'a absolument rien à proposer, on vient d'avoir une autre preuve additionnelle
du néant quant à une politique répondant réellement à la crise en habitation
par le gouvernement caquiste.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Je me tourne maintenant
vers le gouvernement pour une période de neuf minutes 59 secondes. Mme la
députée de Charlevoix-Côte-de-Beaupré.
Mme Bourassa : Merci
beaucoup. C'est maintenant à mon tour de saluer les collègues, M. le Premier
ministre, collègues du côté parlementaire et de l'opposition.
• (15 h 50) •
Je le dis chaque fois que j'ai la chance
de le dire, je viens d'un petit village, je représente aujourd'hui plusieurs
petites municipalités. J'ai 27 municipalités, mais ma plus petite, il y a
180 habitants, des MRC dévitalisées, dont une, Charlevoix-Est, qui est
l'une des plus dévitalisées, et pourtant, la branche économique de cette MRC
est dynamique, innovante, il y a des entrepreneurs créatifs, dévoués, qui sont
fiers de leur région et qui veulent mettre l'économie de l'avant. C'est parfois
difficile.
Alors, ma question pour le premier
ministre est très simple : qu'est-ce qu'on fait pour aider le
développement économique des régions qui sont dévitalisées, les MRC notamment
les plus dévitalisées? Je pense au programme Départ, dont j'ai souvent entendu
parler, mais pouvez-vous nous en parler?
M. Legault : Oui. Bien, je
veux remercier la députée de Charlevoix. Quelle belle région, hein? J'ose le
dire, peut-être la plus belle au Québec.
Bien, première chose, quand on est
arrivés, les CLD, hein, je pense que c'est une créature du Parti québécois,
dans le temps, je pense que c'était Guy Chevrette qui avait mis ça en place,
bien, le Parti libéral avait décidé de couper dans les budgets des CLD. Les CLD,
en gros, il y en a une... un CLD... il y avait un CLD par MRC, puis, bien, il y
avait des fonds additionnels dans les MRC qui étaient dévitalisées.
Bon. On est arrivés, les budgets coupés.
Bon. Ce qu'on a fait, c'est qu'on a augmenté les budgets, on a changé de nom,
maintenant, ça s'appelle Accès Entreprise Québec. Donc, on veut s'assurer que
les gens comprennent que quand une entreprise, une petite entreprise a besoin
d'aide, ils vont voir Accès Entreprise Québec.
Et ça a été le modèle qui est recherché
partout au Canada. Entre autres, ce qui s'est passé pendant la pandémie.
Pendant la pandémie, quand on regarde les chiffres à la fin de la pandémie, le
Québec a été le premier à sortir de la pandémie, économiquement, à cause
d'Accès Entreprise Québec. Les gens qui travaillent là habitent dans la MRC,
connaissent leur entreprise et donc ont réussi à aider les entreprises.
Maintenant, il y a un programme, la
députée de Charlevoix en parlait, qui s'appelle Départ. Donc, on a mis
75 millions entre autres pour les MRC, les 25 MRC qui sont
dévitalisées.
L'autre chose qu'on a faite, et puis ça,
j'en suis très fier, c'est Internet haute vitesse. Parce qu'écoutez combien de
gouvernements et du Parti libéral et du Parti québécois ont promis de rendre
accessible Internet haute vitesse à tous les Québécois? Ce n'est jamais arrivé
avant un gouvernement de la CAQ. Donc, on dit merci au député d'Orford, qui a
travaillé ça presque porte par porte. Et donc aujourd'hui, on peut dire que
tout le monde est desservi par Internet haute vitesse. Puis là, bien, on est
rendus à la deuxième étape, c'est le cellulaire. Parce que, qu'on parle point
de vue d'un individu ou d'une petite entreprise, c'est incontournable d'avoir
cet accès.
L'autre chose qu'on a faite et puis qu'on
est en train de faire, c'est tout le transport régional par avion. Là, les
régions qui sont plus éloignées, on a commencé. Puis là, on a le député de
René-Lévesque qui est là-dessus et avec qui je travaille, et on va pouvoir
élargir.
L'autre chose qu'on a faite aussi, on
avait promis, en 2018, de transférer 5 000 postes du gouvernement du
Québec vers les régions. On avait dit on va faire ça sur 10 ans. On est
rendus en 2024, on a...
M. Legault : ...déjà
4 800 de faits, donc ça veut dire qu'on va dépasser le 5 000. Puis
l'objectif, bien, c'est ça, c'est de dire : Il nous manque d'employés.
Donc, si, dans une MRC dévitalisée, il y a des gens qui cherchent un emploi,
bien, aujourd'hui, avec le télétravail, ils peuvent participer. Donc,
4 800. Et puis, honnêtement, si on est capables d'en transférer encore
plus, on va en transférer encore plus, parce qu'il y a des postes, au
gouvernement du Québec, qu'on n'arrive pas à combler, donc les MRC dévitalisées
vont pouvoir participer.
Bon, je pourrais parler longuement, aussi,
de tous les chantiers économiques, que ce soient l'aluminium vert, l'acier
vert. Bon, ce qui s'en vient aussi pour les régions, c'est toute la question
des barrages dans le Nord-du-Québec et sur la Côte-Nord, donc des beaux projets
qui s'en viennent. L'éolien. L'éolien, bien, écoutez, à partir du moment où...
Quand on est arrivés, il y avait des surplus d'électricité. Là, on est rendus
qu'il y a une centaine de projets d'entreprises. On a réussi à exporter, à très
bon prix, l'électricité à New York. Donc, on se retrouve dans une situation,
actuellement, où on peut construire, de façon rentable, et de l'éolien et des
barrages.
Donc, je pense qu'on va voir, on va
continuer de voir le boom économique s'accélérer dans les prochaines années,
puis ça, bien, c'est ma plus grande fierté. Puis ça va inclure toutes les
régions, parce qu'on a besoin de main-d'œuvre, donc toutes les régions où il y
a de la main-d'œuvre. Quand les entreprises viennent nous voir, bien, ils nous
disent : O.K., dans quelles régions il y a de la main-d'œuvre? Puis ils
vont installer leurs usines là. Donc, il y a plein de beaux projets qui s'en
viennent.
Le Président (M.
Bachand) :Oui, autres intervenants?
M. Asselin : M. le PM...
Le Président (M.
Bachand) :Oui, M. le député de Vanier-Les
Rivières.
M. Asselin : Oui, s'il vous
plaît. Donc, quand vous parlez des zones d'innovation, votre enthousiasme est
séduisant, puis vos yeux s'illuminent. Alors, avant de vous laisser la parole,
je voudrais quand même nommer que deux promoteurs inusités ont parlé de ça. Un
certain M. Philippe Couillard a parlé qu'il fallait que le Québec devienne
autre chose qu'un acheteur de batteries. Il y a aussi Grégoire Baillargeon, le
grand patron de la BMO, qui a dit : C'est une occasion qui va durer des
générations. Et même, lors du récent voyage de Gabriel Attal au Québec, qui a
rappelé l'importance de la vallée de... de la transition énergétique pour la
France, il a dit : C'est une occasion de le regarder avec un oeil neuf et,
surtout, responsable, le développement économique entre le Québec et la France.
Alors, parlez-nous un peu des zones d'innovation, de cette zone-là de la
filière batterie, puis des retombées visées, exactement.
M. Legault : J'ai combien de
temps, M. le Président?
Le Président (M.
Bachand) :3 min 20 s, M.
le premier ministre.
M. Legault : 3 min 20 s?
Bien, effectivement, je suis excité quand on parle des zones d'innovation. J'ai
écrit un livre qui s'appelle Le projet Saint-Laurent, inspiré de ce qui
se passe dans la Silicon Valley. Dans la Silicon Valley, il y a des grandes
universités prestigieuses qui sont très proches des entreprises, et qui
innovent, puis qui commercialisent leurs innovations. Un des problèmes qu'on a
au Québec, puis j'ai vécu ça même quand j'étais ministre de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur, c'est que, malheureusement, on est parmi les
meilleurs quand on regarde l'innovation dans nos universités, en pourcentage du
PIB, mais, quand on regarde les brevets, la commercialisation, on est plutôt
dans les derniers de classe.
Donc, le but des zones d'innovation, c'est
de mettre ensemble des universités et des entreprises, entre autres, avec des
lieux communs, pour qu'ils s'échangent des idées. Et c'est comme ça que ça
fonctionne aussi... Je me rappelle d'avoir visité, en Suède, à Stockholm, une
zone d'innovation, et il y avait des chercheurs de l'université de Stockholm
qui étaient dans les bureaux d'Electrolux, pour être capables de trouver des
nouveaux produits. Puis j'ai demandé à la Suède : Oui, mais là vous n'avez
pas de la résistance de la part des professeurs-chercheurs? Ils m'ont
dit : Ça, c'est arrivé il y a 20 ans, là. Tout le monde a compris,
maintenant, que c'est bon pour la Suède d'avoir des chercheurs qui aident, à
commercialiser, des États. J'ai visité aussi... Ils appellent ça des clusters
en Bavière. C'est la même approche à Boston aussi, avec, entre autres, le MIT,
puis Harvard, même chose.
Donc, ce qu'on essaie de faire, c'est de
créer un certain nombre de zones d'innovation. Pour l'instant, on en a trois.
Il y en a deux qui sont dans la région de l'Estrie, une qui est dans le
quantique. Puis, bien, j'étais content d'en discuter, la semaine passée, avec
le premier ministre de la France, parce qu'il y a beaucoup de chercheurs,
aussi, de la France qui ont accepté de déménager, même un ancien prix Nobel, là — c'était
la première fois de ma vie que je lunchais avec un prix Nobel — et
donc ça se développe. L'autre...
M. Legault : ...zone
d'innovation, bien, c'est celle qu'on parlait tantôt, la filière batterie.
Écoutez, on s'est assuré, là, parce qu'il y avait toutes sortes d'enjeux
Bécancour, Trois-Rivières, Shawinigan, de dire : On en a pour tout le
monde. Et avec des entreprises comme GM, Ford et accompagnées par des
entreprises de la Corée du Sud qui ont beaucoup d'expertise pour développer les
batteries, bien, on est en train... on a rempli le parc industriel de Bécancour
qui est juste sur le bord de l'eau. Donc, ça aide pour l'expédition des
marchandises, la réception des marchandises. Et on est en train, entre autres,
avec l'Université du Québec à Trois-Rivières, d'amener des chercheurs, de
s'assurer aussi que la formation soit donnée aux employés éventuellement, puis
qu'on s'autostimule entre les différentes entreprises. Donc, c'est ça,
l'idée...
Le Président (M.
Bachand) :En terminant.
M. Legault : ...des zones
d'innovation. Je sais que...
Une voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :En terminant.
M. Legault : Oui. Puis il y
en a... Actuellement, je pense qu'il y a 32 demandes, mais on ne fera pas
32 zones. On est en train de choisir les meilleures, donc on va ouvrir
d'autres dans les prochaines années.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup, M. le chef de l'opposition
officielle, s'il vous plaît.
M. Tanguay : Oui, M. le
Président. Le premier ministre vient de faire l'éloge en... pour les cinq
minutes, des zones d'innovation puis il nous répète qu'à la Capitale-Nationale,
c'est une... c'est une priorité. Pourquoi il n'y a pas de zone d'innovation,
dans sa sixième année, dans la Capitale-Nationale?
• (16 heures) •
M. Legault : Oui. Bien, ce
n'est pas impossible qu'il y en ait une. Il y a une demande qui est faite.
Étant donné qu'on a 32 demandes, ce qu'on priorise actuellement, c'est
quand il y a des investisseurs privés qui sont prêts à investir quelques
centaines de millions. Donc, de dire le gouvernement du Québec va contribuer en
fournissant des chercheurs, mais le privé va contribuer en faisant des
investissements importants puis en amenant des employés. Donc, dans les
32 demandes qu'on a, il y en a pour Québec, il y en a pour la Rive-Sud de
Québec aussi. Maintenant, moi, j'ai... j'ai confiance qu'on va, avec
l'Université Laval, qui est excellente dans plusieurs secteurs de la recherche
et de l'innovation, qu'on va réussir éventuellement avoir une belle zone
d'innovation à Québec.
M. Tanguay : Bon. Encore une
fois, M. le Président, puis je le dis en tout respect pour le premier ministre,
quand il me répond ça, j'entends la Bolduc quand elle disait : Ça va
venir.... Elle chantait, la Bolduc : Ça va venir, ça va venir,
découragez-vous pas. Il y a six mois, le ministre de l'Économie a dit, je le
cite : «Il n'y a pas de zone d'innovation à Québec, dans les cartons.
Alors, qui a raison?
M. Legault : Bien, j'ai dit,
là, on ne fera pas de 32 zones d'innovation...
M. Tanguay : Au Québec?
M. Legault : ...au Québec.
O.K.?
M. Tanguay : À Québec?
M. Legault : Dans les
prochains mois, il y a effectivement, dans les cartons, des annonces qui s'en
viennent, iIl y a... puis là, je fais attention avec ce que je dis, mais, entre
autres, autour du chantier naval de la Davie, puis là, il y a beaucoup de gens
de Québec qui travaillent à la Davie, on est en train de développer quelque
chose qui commence à ressembler à une zone d'innovation. Donc, c'est des
exemples. Mais bon, je comprends que toutes les régions voudraient avoir une
zone d'innovation, on va y aller graduellement.
M. Tanguay : Oui, de
graduellement, puis ça ne bouge pas pantoute...
J'aimerais ça, parce qu'on est le Parti
libéral du Québec, du parler de l'équilibre budgétaire, de la saine gestion des
finances publiques. Le déficit record de 11 milliards de dollars,
c'est le résultat de son administration. Il m'a affirmé, le 10 avril
dernier, que le 2 avril, le ministre des Finances était allé à New York
pour, je le cite : Rencontrer les agences de notation. Finalement, il a
fallu se raviser puis dire : Finalement, ce n'est pas ça. Malgré le fait
que le premier ministre l'avait affirmé en cette Chambre, il n'a pas été
visiter les agences de notation quand il est allé à New York, le 2 avril.
Ma question au premier ministre : Quand le ministre des Finances va-t-il
aller rencontrer les agences de notation et est-ce que lui, le premier
ministre, sera présent?
M. Legault : Oui. M. le
Président. D'abord, au cours des dernières semaines, on a émis des obligations
du Québec pour plus de 10 milliards. C'est un record. Le taux d'intérêt
est de deux points, là, disons 4,25 au lieu de 4,23. Donc, ça a bien été pour
l'instant. Donc, le ministre des Finances est allé, dans les dernières semaines
rencontrer les fonds de pension qui investissent dans les obligations du
Québec. En mai, donc le mois prochain, il va rencontrer les agences de
notation. Maintenant, ce qui est important de dire, et puis il faut le répéter,
c'est que le déficit de cette année, c'est de 1,5 % du PIB, puis dans deux
ans, pas dans 10 ans, pas dans cinq ans, dans deux ans, donc avant
l'élection, on a déjà un...
16 h (version non révisée)
M. Legault : ...déjà un plan
pour le réduire à 0,3 % du PIB. Donc, il y a, entre autres, des crédits d'impôt
aux entreprises qui sont abolis. Puis notre intention, c'est de ramener ça à
zéro de façon graduelle. Mais le choix qu'on a fait, c'est à la fois de baisser
les impôts et d'investir dans les conditions de travail en santé puis en
éducation plutôt que de faire des coupures comme l'a fait le dernier
gouvernement libéral.
M. Tanguay : M. le Président,
Moody's et DBRS ont dit, et je les cite : «Les perspectives financières se
sont clairement détériorées.» Le premier ministre l'a dit, ça a augmenté le
taux d'intérêt que l'on doit, comme société, payer pour vendre... obligations.
Pour le premier ministre, pour lui, tout ça, c'est raisonnable. Et je repose ma
question : Quand est-il prévu... Quand le ministre des Finances va-t-il
rencontrer les agences? Et est-ce que le premier ministre va être là?
M. Legault : Bien, je viens
de le dire, le mois prochain, au mois de mai. Mais je veux quand même rappeler
que l'ex-ministre des Finances, Carlos Leitão, a dit que ça a été une erreur de
faire autant de coupures en santé et en éducation, que, si c'était à refaire,
il n'aurait pas fait ça. Donc, je ne sais pas ce que le chef de l'opposition officielle
en pense, là, mais effectivement, si on fait des coupures de dépenses, on peut
atteindre l'équilibre budgétaire plus vite, là, mais ce n'est pas le choix qu'on
a fait.
M. Tanguay : M. le Président,
en 2012, le premier ministre, alors qu'il était député, ici, de la troisième
opposition, disait, pour un déficit du PQ de 1,6 milliard, et je le cite :
«Je me permets... Je me mets à la place des agences. Ils doivent avoir hâte d'avoir
une visite de la première ministre, puis pas pour aller faire du shopping, pour
vraiment discuter des finances du Québec.» Ça, c'était en 2012, 1,6 milliard.
En 2024, 11 milliards. Je ne sens pas l'urgence du premier ministre. Et lui, le
premier ministre, va-t-il aller voir les agences? Parce que les agences ont déjà
commencé à lancer le premier... quand elles ont dit : «Les perspectives
financières se sont clairement détériorées.» Puis le premier ministre vient de
nous confirmer qu'on paie plus cher pour les emprunts. Qu'en est-il de sa
position de 2012 et aujourd'hui face à 11 milliards de dollars?
M. Legault : Bien, M. le
Président, la situation de 2012 n'a rien à voir avec la situation d'aujourd'hui.
Les finances publiques du Québec sont en bien meilleur état aujourd'hui qu'en
2012.
Pour ce qui est d'aller visiter les
agences de notation, bien, on y va quand c'est nécessaire d'y aller. Puis je me
rappelle qu'il y a eu autant des gouvernements puis des premiers ministres du
PQ puis du Parti libéral qui sont allés. Mais actuellement, là, moi, j'ai
totalement confiance à notre ministre des Finances, il va faire un très bon
travail. Et déjà, bien, les émissions d'obligations démontrent que le Québec
est vu comme un bon risque pour les investisseurs.
M. Tanguay : Est-ce que le
ministre des Finances va se présenter devant les agences de notation avec un
plan complet de retour à l'équilibre budgétaire?
M. Legault : Bon, je le
répète, là, parce que ça fait plusieurs fois je le dis, mais je pense que ça ne
rentre pas. Cette année, le déficit est de 1,5 % du PIB. Dans le plan qui
est prévu ici, dans le budget qui a été déposé par le ministre des Finances, on
prévoit que, dans deux ans, donc en 2026, le déficit va être réduit à
0,3 %. Donc, si on fait un petit calcul, là, on a 1,5 % de déficit.
Dans deux ans, on va être rendus à 0,3 %. Donc, il y a déjà un bout de chemin
de fait. Maintenant, dans l'année qui vient, on va identifier des mesures pour
se rendre à zéro.
M. Tanguay : ...le premier
ministre aime beaucoup ça, se comparer à l'Ontario. Je vais citer Francis
Vailles de La Presse le 16 mars dernier lorsqu'il dit : «2024
restera dans l'histoire comme l'année où le Québec est redevenu plus endetté
que son voisin. Et, selon les prévisions, ça ne changera pas de sitôt.» Est-ce
qu'il est fier de ce bilan-là?
M. Legault : Bien, il y a...
il y a deux choses, M. le Président. Il faut faire la distinction entre l'économie,
donc le PIB par habitant, la richesse, puis la dette par habitant, O.K.? Ce qui
est important au Québec, depuis longtemps, c'est que notre richesse est moins
grande que l'Ontario. On a, pour toutes sortes de raisons, une économie qui
performe, depuis plusieurs, plusieurs années, moins bien que l'Ontario, moins
bien que le reste du Canada. Ma priorité, c'est de retrouver une richesse par
habitant qui se rapproche de l'Ontario, qui se rapproche du Canada. Donc, c'est
ça, ma priorité.
Pour ce qui est de la dette, ça, c'est une
autre chose. Et, la dette, on prévoit qu'elle va continuer de diminuer. C'est
vrai que l'Ontario, dans la dernière année, a prévu...
M. Legault : ...une baisse de
la dette qui fait que l'année passée on était meilleurs. Là, on est rendus un
petit peu moins bon, mais ce qui est important, c'est que la dette du Québec,
bien, continue d'être à un niveau qui est gérable. Mais grosse nouvelle, on a
réussi à réduire notre écart de richesse et avec l'Ontario et avec le reste du
Canada. Ça, ça va nous donner les moyens, soit d'investir dans les services,
soit de baisser les impôts, soit de réduire la dette. Donc, chaque gouvernement
va faire ses choix. Le choix du Parti libéral, ça a été de faire des coupures
dans les services. Ce n'est pas le choix qu'on a fait.
M. Tanguay : Le premier
ministre, il a déposé son sixième budget puis il a dit que c'est... ça fait son
sixième budget qu'il travaille pour augmenter la croissance économique, donc le
PIB, entre autres. Or, c'est sous sa gouverne, dans ce sixième budget-là qu'on
a moins fait en lien avec notre croissance économique et le ratio dette-PIB.
Alors, c'est son... c'est son bulletin qui est négatif, bien, sur son critère
même de dire : Je veux augmenter la richesse collective, le PIB. Mais
quand on regarde la dette-PIB, le Québec, c'est sous ce sixième budget là, en
2024, qu'on fait moins bien que l'Ontario, alors que dans les années
précédentes, c'était le contraire. C'est... C'est son résultat net. Le ratio
dette-PIB Québec est 39 %; Ontario, 38 %.
• (16 h 10) •
M. Legault : Il y a deux
notions. Le revenu par habitant, donc, ça, c'est le PIB par habitant. Donc,
quand on regarde depuis 2018 puis qu'on se compare avec l'Ontario, bien, on a
réduit notre écart. Maintenant, la dette puis les coûts de la dette sont dans
le PIB, mais la dette par habitant, bien, oui, il y a eu une amélioration en
Ontario. Mais ce qui m'intéresse le plus, c'est le PIB par habitant. C'est ce
qui est le plus important pour les gens.
Puis l'autre chose qui est importante, c'est
le salaire moyen. Le salaire moyen, depuis cinq ans, a augmenté de 24 % au
Québec puis 19 % dans le reste du Canada. Ça, là, ça amène de l'argent de
plus dans les poches des Québécois, puis ça, c'est le revenu brut. Ajoutons à
ça les baisses d'impôts.
Donc, si on regarde le revenu disponible,
bien, il y a eu au Québec, en moyenne, une augmentation plus grande que
l'inflation.
M. Tanguay : Et toute cette
belle argent-là va, entre autres, sur l'incapacité des nouvelles générations
d'acquérir une habitation, puis que, dans Montréal, c'est 112 000,
120 000 $ minimum de revenus annuels que vous devez avoir pour... ne
serait-ce que pouvoir prétendre vous inscrire dans le marché pour acquérir une
maison, mais ce n'est pas le cas.
Le premier ministre a dit, puis on
continue à le talonner là-dessus : On veut le plan de rééquilibrage vers
un déficit... déficit zéro. Il nous dit : On a une partie du plan. Mais à
tous les jours, il prend des décisions. À toutes les semaines, il prend des
décisions qui fait en sorte que l'on coupe à gauche, coupe à droite, et ainsi
de suite. Là, le ministre des Finances, puis je veux entendre le ministre
là-dessus, a dit le 18 mars : On va plafonner toutes les dépenses à
3 % de hausse. 3 %, c'est quoi? C'est 4 % en Santé; 3 %,
Éducation puis 2 % pour tout le reste. Je veux l'entendre, 2 % pour
tout le reste. C'est-tu ça le message qu'il envoie aux Transports et aux
agriculteurs : 2 %, arrangez-vous avec ça?
M. Legault : Oui. Bien, M. le
Président, j'ai de la misère à suivre, là. Est-ce qu'il est trop gros ou pas
assez gros, le déficit? Est-ce que... on a trop de dépenses ou pas assez de
dépenses? Ce qu'on sait, par contre... puis j'invite le chef de l'opposition
officielle à ressortir le document de Dominique Anglade lors de la dernière
campagne électorale. Il va se rendre compte que le cadre financier du côté des
dépenses était plus élevé... par le Parti libéral, même s'il y avait plein
d'erreurs dans le cadre financier. Il reste qu'au total il y avait une
augmentation des dépenses qui était plus grande.
Donc, j'ai de la misère à suivre, là.
Est-ce qu'il trouve qu'il y a trop de dépenses, pas assez de dépenses, trop de
déficit, pas assez de déficit? Peut-être qu'il peut éclaircir sa question.
M. Tanguay : Bien, je veux
comprendre sa question. Pourquoi il me pose cette question-là? Parce qu'il est
en train de nous dire qu'il va faire des coupures?
M. Legault : Pas du tout.
Bien, regardez, là... Je n'ai pas mes lunettes, là, mais je pourrais peut-être
mettre mes lunettes parce que j'ai le cadre... le cadre financier des libéraux,
puis on voit...
M. Tanguay : Ça, M. le
Président, là, c'est complètement, là...
M. Legault : Ah! ça ne compte
pas?
M. Tanguay : Je vous pose des
questions... Pensez-vous que le monde qui nous écoute, là, il ne s'en fout pas
de ce qui... hein, de... de ça? Ce qu'on vous demande, c'est aujourd'hui les
coupures. Alors, est-ce qu'il est en train de contredire son ministre des
Finances quand il a dit qu'il allait... il allait, je le cite, «plafonner à
3 % des hausses»? Ça veut dire 4 % en Santé, 3 % en Éducation et
2 % pour tout le reste. Est-ce que son ministre des Finances... Est-ce
qu'il corrobore ce qu'a affirmé son ministre des Finances, qui annonce des
coupures?
M. Legault : Bien, M. le
Président, ce qui est certain, là, c'est...
M. Legault : ...contrairement
au gouvernement libéral, il n'y aura pas de coupures dans les services. Il n'y
aura pas de coupures dans les services. Donc, on pense être capable de
respecter le nouveau cadre financier. On pense que c'est possible de continuer
à donner des services d'une façon plus efficace, mais ne pas couper dans les
services comme a fait le Parti libéral, tout en respectant les baisses d'impôt
qu'on a fait et l'amélioration très importante des conditions de travail des
infirmières et des enseignants.
M. Tanguay : Est-ce que, pour
le premier ministre, pour un ministère donné, un plafonnement de 2 % des
dépenses annuelles, est-ce que, pour lui, ce n'est pas des coupures.
M. Legault : Bien, il n'y
aura pas de coupures de services. Maintenant, le 2 %, il y a des
ministères qui ont plus, il y a des ministères qui ont moins. Prenez la Santé,
par exemple. On sait qu'avec les impacts du vieillissement, pour garder les
mêmes services, ça coûte plus cher. Donc, il y a d'autres ministères où c'est
possible de respecter à peu près l'inflation. Donc, on pense qu'au total on le
budget est même conservateur, avec un petit c...
M. Tanguay : ...
M. Legault : Oui, peut-être,
peut-être, mais...
M. Tanguay : ...
M. Legault : J'y ai pensé en
le disant.
M. Tanguay : En le disant.
Oui, c'est ça.
M. Legault : Mais je pense
que les prévisions de dépenses sont réalistes et vont être respectées sans
coupures de services.
M. Tanguay : Question toute
simple, qu'il m'écoute bien, le premier ministre. Ce qui est devant nous, en
santé, est-ce vrai que c'est des hausses plafonnées de dépenses de 4 % en
santé? Est-ce que c'est vrai?
M. Legault : Bien, ce n'est
pas tout à fait les chiffres que j'ai, là, mais on peut peut-être les sortir
puis y revenir un peu plus tard, là, mais ça dépend de... Il parle de quelle
année, là, pour commencer?
M. Tanguay : En santé, cette
année puis les années à venir, elles plafonnaient à 4 %.
M. Legault : Là, il faut
comparer des pommes avec des pommes.
M. Tanguay : Oui, puis des
bananes puis des oranges.
M. Legault : Exact. Mais dans
les années précédentes, il y avait des montants pour la pandémie qui ne sont
plus là actuellement. Donc, s'il lit bien tous les documents, il va voir que...
C'est quoi, la croissance?
Une voix : 5.3 %.
M. Legault : 5.3 %.
M. Tanguay : Alors, pour
l'avenir, est-ce que c'est limiter la santé à 4 %? Il est en train de nous
dire que ça ne sera pas plafonné. Les fonds, les dépenses additionnelles en
santé, ça ne sera pas plafonné à 4 %? Non?
M. Legault : On pense que les
prévisions qui sont ici pour chacune des cinq prochaines années sont réalistes
puis impliquent que, contrairement au Parti libéral, il n'y aura pas de
coupures dans les services à la population.
M. Tanguay : O.K. Mais ma
question est toute simple, il ne peut pas ne pas le savoir. En santé, c'est sa
priorité. Peut-il me dire que, pour les années à venir, dans son plan de retour
à l'équilibre budgétaire, là, c'est-tu vrai que c'est plafonné à 4 %, la
santé? C'est une question toute simple. C'est sa priorité, il faut qu'il le
sache, là.
M. Legault : Bien, on vient
de dire c'était 5.3 %, là.
M. Tanguay : Pour l'année
prochaine, 5.3 %, puis l'année d'après. Donc, il n'y a pas question de
plafonner à 4 %, là.
M. Legault : Bien, écoutez,
ce que je vous dis, c'est que les prévisions tiennent compte qu'il n'y aura pas
de coupures de services, donc il y va y avoir des gains d'efficacité dans
certains cas, mais il n'y aura pas de coupures de services, contrairement au
Parti libéral.
M. Tanguay : Bon. Alors,
4 %, hausse des dépenses pour cette année et les années à venir, ce n'est
pas ça du tout. D'accord. En éducation, peut-il me dire si le plafond n'est pas
de 3 %? Même question, éducation, 3 %. Peut-il me confirmer que ça va
être ça?
M. Legault : Oui, bien,
écoutez, l'augmentation du budget de l'éducation, c'est 7,6 %.
M. Tanguay : ...l'année
prochaine, 3 %.
M. Legault : On peut-tu
commencer par regarder cette année?
M. Tanguay : Parce que c'est
le ministre des Finances qui l'a affirmé, lui, le 18 mars dernier,
4 %, 3 %.
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre,
rapidement.
M. Legault : Oui. Bien,
écoutez, les prévisions sont dans les documents du ministère des Finances, ce
sont les bonnes prévisions, puis il n'y aura pas de coupures de services.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le chef de
la deuxième opposition, s'il vous plaît, pour 12 min 8 s.
M. Nadeau-Dubois : Merci, M.
le Président. Plus tôt, cet après-midi, le premier ministre a énuméré ses cinq
priorités. Tout le monde a remarqué que le logement n'en faisait pas partie. Ça
explique peut-être le bilan de son gouvernement en la matière. C'est de ça dont
je veux lui parler pour le prochain bloc.
La semaine dernière, le premier ministre a
répété en Chambre que les salaires au Québec, depuis qu'il était premier
ministre, avaient augmenté de 24 %. Il était fier de ce bilan-là. Cette
semaine, on a appris que le prix médian des maisons unifamiliales au Québec a
augmenté, entre 2019 et 2024, de 68 %. Autrement dit, depuis qu'il est
premier ministre, le prix des maisons augmente, grosso modo...
M. Nadeau-Dubois : ...trois
fois plus vite que les salaires des Québécois, des Québécoises. Le 19 juin
dernier, le premier ministre a fait une déclaration célèbre à l'effet que
c'était normal que le prix des maisons augmente parce que le salaire moyen
augmente au Québec. Je le cite : «Je ne souhaite pas que le Québec reste
pauvre pour qu'on garde un prix des maisons plus bas qu'à Toronto ou
Vancouver». Est-ce que le premier ministre est toujours d'accord avec ça
aujourd'hui?
M. Legault : Oui, M. le
Président. Bon. Il y a actuellement un débalancement entre la demande et
l'offre. Donc, il y a eu une explosion de la demande de logements puis la
construction de logements n'a pas suivi. Qu'est-ce qui arrive dans une
situation comme ça? Les prix explosent. Donc, on se retrouve dans une situation
où il faut faire du rattrapage. Qu'est-ce qu'on a fait? On a adopté d'abord le
projet de loi n° 31. Qu'est-ce qu'il y a dans le projet de loi n° 31?
D'abord, on compte les loyers... les hausses de loyer abusives en encadrant la
clause F, on compte les évictions en changeant le fardeau de la preuve, au lieu
d'être le locataire, c'est maintenant le propriétaire, puis on accélère la
construction de logements en donnant plus de moyens aux municipalités. Donc, on
pose les gestes qui sont nécessaires pour qu'on augmente l'offre plus
rapidement, mais on n'y arrivera pas si on ne diminue pas la demande.
• (16 h 20) •
M. Nadeau-Dubois : Ma
question ne portait pas sur ça. Le 19 juin, il a dit : «Je ne veux
pas que le Québec reste pauvre pour qu'on garde un prix des maisons plus bas
qu'à Toronto ou Vancouver». Est-ce qu'il est toujours d'accord avec ça? Il
est-tu d'accord avec lui-même?
M. Legault : Bien, je sais où
veut aller Québec Solidaire, là, il veut faire une Manon Massé de lui-même puis
essayer d'avoir une grosse déclaration. Ce qu'on sait actuellement, c'est que
le prix des maisons, il est encore beaucoup plus élevé à Toronto qu'à Montréal.
Bon. Ce qu'il faut, c'est d'être capable de donner plus d'argent dans le
portefeuille, donc des meilleurs salaires, des baisses d'impôt, là, je sais que
Québec solidaire est complètement contre ça, les baisses d'impôts, d'être
capable de remettre de l'argent dans le portefeuille des Québécois, parce
qu'effectivement le prix des maisons, à cause du débalancement offre et
demande, est un problème. Si, demain matin, on réduisait la demande, on
réduisait de façon importante... Puis là j'aimerais entendre Québec solidaire,
parce que tantôt il a dit : Je suis prêt à réduire la demande de 560 000,
mais il ne nous a pas dit s'il voulait réduire de façon importante. Mais c'est
certain, si demain matin on réduisait de façon importante la demande, bien, ça
aurait un impact direct sur le prix...
Le Président (M.
Bachand) :Parfait. Merci. O.K.
M. Legault : ...des
logements.
M. Nadeau-Dubois : On va
régler... On va régler cette question-là une fois pour toutes, M. le premier
ministre. Si vous voulez réduire de manière importante le nombre d'immigrants
temporaires au Québec, ça, c'est votre proposition, pourquoi, en 2023,
avez-vous dépensé 7,3 millions de dollars pour 10 missions de
recrutement à l'étranger? Vos ministres ont fait le tour du monde. Pourquoi?
Pour recruter davantage d'immigrants temporaires. Pourquoi avez-vous dépensé
des millions de dollars pour en recruter davantage si, selon vous, ça représente
une menace pour le Québec et qu'il faut de toute urgence les diminuer? Moi, ce
que je lis ici, là, ce que je lis ici, c'est des dépenses de millions de
dollars pour recruter plus d'immigrants temporaires. Quand vous dites que la
crise du logement est causée par ces gens-là, mais que, pendant ce temps-là,
vous dépensez des dizaines, des millions de dollars pour aller en chercher
plus, ce que ça me dit, là, c'est que vous n'avez pas réellement l'intention ni
de régler la crise du logement ni qu'on ait un système d'immigration qui
fonctionne, vous voulez faire de la politique. C'est ce que vous faites, puis
c'est correct, c'est votre droit.
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Bien, je pense
que, s'il y a quelqu'un ici qui fait de la politique, c'est le chef de Québec
solidaire. Parce que je répète ce que j'ai dit encore une fois, on a 560
000 immigrants temporaires actuellement au Québec, là-dessus, il y en a 65
000 que c'est un programme où on est allé recruter, entre autres, des
infirmières, des enseignants, donc des personnes qui viennent combler des
postes, entre autres, dans les réseaux publics. Le problème, ce n'est pas avec
le 65 000, c'est avec le 495 000 qui reste. Comment le chef de Québec solidaire
ne peut pas faire la différence entre 65 000, entre autres pour des infirmières
puis des enseignants, puis 495 000, qui est une bombe qui est gérée par Ottawa?
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Gouin...
M. Nadeau-Dubois : ...Parlons-en,
de la construction de logements puisque c'est le sujet de ce bloc. Il y a deux
ans, le gouvernement de la CAQ annonçait un nouveau programme pour construire
plus de logements. Je cite la ministre de l'habitation à l'époque : «C'est
une révolution dans le monde de l'habitation». «Une révolution», mesdames et
Messieurs.
Deux ans plus tard, est-ce que le premier
ministre peut nous dire, en date d'aujourd'hui, combien de logements ont été
livrés par le programme d'habitation abordable du Québec?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. Bien, je
sais que le chef de Québec solidaire est en train de recycler des vieilles
questions. J'ai déjà répondu quelques fois à cette question-là, mais je vais y répondre
encore. Donc, il y a 6 970 unités qui ont été construites, il y en a
3 654 qui sont en réalisation, 5 087 qui sont en élaboration, donc
pour un grand total de 15 711, qui avaient été promis par le Parti
libéral, mais qui n'avait rien fait. Maintenant on ajoute à ça 11 700
logements, donc 3 500 qui vont être sous la responsabilité du Fonds de la
FTQ et de Desjardins, 2 700 dans le programme PHAQ, 450 dans le programme
CRL puis 8 000 qui ont été ajoutés dans la mise à jour économique. Je le
disais tantôt, c'est 225 000 $ par porte.
Le Président (M.
Bachand) :Merci...
M. Legault : Puis
actuellement, la ministre de l'Habitation est en train de faire des annonces à
peu près à toutes les semaines, mais ce n'est pas à tous les jours...
Le Président (M.
Bachand) :...M. le député de Gouin, s'il
vous plaît.
M. Legault : ... pour ajouter
ces logements.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Oui. Le
premier ministre l'a fait, en bon Québécois, un gros motton, avec tous les
programmes. Moi, je lui ai posé une question spécifique sur un programme
spécifique. Il a décidé de saborder le programme historique de logement social
au Québec, qui s'appelait AccèsLogis. Il l'a remplacé par un nouveau qui
s'appelle le PHAQ, en nous promettant, je cite sa ministre, que ce serait une
révolution. C'était il y a deux ans. En deux ans, combien de logements ce
programme-là, le PHAQ... a-t-il livré de logements? Des logements construits au
moment où on se parle, combien?
M. Legault : Bien, écoutez,
il y en a 5 000 qui sont en chantier et en développement. Et actuellement,
on dit me...
Une voix : ...
M. Legault : 5 000.
M. Nadeau-Dubois : Combien de
logements construits?
M. Legault : Bien, on vient
de lancer le programme, là.
M. Nadeau-Dubois : Bien, vous
l'avez lancé il y a deux ans.
M. Legault : Oui. Puis
combien...
M. Nadeau-Dubois : Deux ans
plus tard, combien de logements ont été livrés, donc construits par ce
programme?
M. Legault : Bien, ce que
j'ai devant moi, là, c'est qu'il y en a 5 000 qui sont en chantier, en
développement.
M. Nadeau-Dubois : J'invite
le premier ministre à consulter le tableau de bord de la SHQ, qui est en ligne
pour tous les Québécois, toutes les Québécoises. Moi, je suis allé voir ce
matin. Ce que j'ai lu, ce matin, et, si je me trompe, le premier ministre
devrait nous corriger, c'est que, deux ans après le lancement de son programme
qualifié de révolutionnaire par sa ministre, ce programme n'a livré aucun
logement pour les Québécois. Est-ce que le premier ministre peut confirmer
cette information-là?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Bien, M. le
Président, je pense que tout le monde qui nous écoute va comprendre que ça
prend un certain nombre d'années, effectivement, avant d'avoir terminé la
réalisation d'un nouveau programme. Donc, c'est en réalisation actuellement. Il
y a 5 000 logements qui sont en développement. Maintenant, est-ce
qu'ils vont être construits totalement d'ici six mois, un an? Il faut quand
même... Je ne pense pas que Québec solidaire irait plus vite, là.
M. Nadeau-Dubois : Selon
les... Selon les données de la SHQ, qui sont publiques, c'est
324 logements qui sont en réalisation, 324 en deux ans, 324 en
réalisation, zéro construit en logements dans son nouveau programme que sa
ministre qualifiait de révolutionnaire.
Mais ce n'est pas tout, Mme la Présidente,
parce qu'avant les coupures libérales dans AccèsLogis, la planification des
logements dans AccèsLogis, ça prenait 10 mois entre 2005 et 2008, avant
les mauvaises coupures libérales. Dans son nouveau programme, le délai de
planification est de 19 mois. Est-ce que le premier ministre reconnaît
qu'il a remplacé un programme qui, avant d'être magané par les libéraux,
planifiait des logements en 10 mois par un programme qui maintenant prend
19 mois à planifier la réalisation de logements? Est-ce que le premier
ministre reconnaît que son nouveau programme, là, il fonctionne moins bien que
le programme précédent, au milieu de la pire crise du logement en 40 ans?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. Bien, on a
fait les deux, M. le Président. C'est qu'il y avait un rattrapage à faire sur
15 700...
M. Legault : ...projets dans
AccèsLogis. On les a faits puis on ajoute 11 700, avec, entre autres, 2700 dans
le... et on est convaincus que ça va aller plus vite que ça allait avec les
gouvernements précédents, que ce soit le Parti libéral ou le Parti québécois.
M. Nadeau-Dubois : C'est
inexact. AccèsLogis, avant les coupures libérales, planifiait des logements en
10 mois. Aujourd'hui, c'est 19 mois. Au moment où on se parle, les gens qui
nous écoutent peuvent aller sur Internet, son nouveau programme révolutionnaire
a livré zéro logement pour les Québécois, Québécoises, et il y en a 324 en
réalisation, 324. Est-ce que le premier ministre est fier d'avoir lancé la
construction de 324 logements en deux ans avec son nouveau programme?
Le Président (M.
Bachand) : 30 secondes. 30 secondes, M. le premier ministre.
M. Legault : C'est inexact,
ce qui est dit actuellement par Québec solidaire, parce qu'il y avait 15 711
logements AccèsLogis qui n'ont jamais été commencés par les libéraux, donc il y
avait un rattrapage à faire, ce qu'on a fait, puis, en plus, on a lancé un
nouveau programme, le... donc je pense qu'il s'est construit depuis cinq ans
beaucoup plus de logements qu'on a vu pendant les 15 années libérales.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le chef de
l'opposition officielle, pour 18min 13s, s'il vous plaît.
• (16 h 30) •
M. Tanguay
: Merci
beaucoup, M. le Président. Je vais revenir parce que, là, c'est trop, trop,
trop important, puis c'est au cœur même, c'est le socle du budget et du plan de
retour à l'équilibre budgétaire.
Le premier ministre sait-il... peut-il
nous affirmer que, pour ce qui est de son cadre financier, cette année et les
années à venir, il y aura en santé un plafonnement de 4 % des dépenses, de
l'augmentation des dépenses en santé? Peut-il le confirmer?
Des voix : ...
M. Legault : Oui. Oui,
effectivement, 4 %.
M. Tanguay : Bon. Tantôt, ils
n'avaient pas la réponse, là, ils l'ont.
M. Legault : Pas pour l'année
qui vient, là, mais pour les autres années après, oui.
M. Tanguay : Cadre
financier, 4%.
M. Legault : Oui. Oui.
M. Tanguay : Peut-il
confirmer qu'en éducation ce sera 3 %?
M. Legault : C'est, en
moyenne, 5 %.
M. Tanguay : O.K., donc vous
dites, en éducation, 5 %. Pour tout le reste, vos priorités, santé,
éducation... peut-il confirmer que son cadre financier plafonne à 2 % pour
tout le reste, la hausse des dépenses?
M. Legault : Bien, la
Famille, c'est 4,9 %, les Transports, c'est 7,2 %, bon.
Effectivement, il doit y avoir, dans les autres portefeuilles, des
augmentations qui sont moins grandes, mais, encore une fois, gouverner, c'est
de faire des choix, puis nous, on a fait le choix de l'éducation puis de la
santé.
M. Tanguay : Donc, je repose
ma question. Et exclus santé et éducation, est-ce que, dans son cadre financier
pour les années à venir, les dépenses pour tout le reste est plafonné à la
hausse de 2 %?
M. Legault : Bien, écoutez,
d'abord, ce n'est pas les mêmes croissances prévues dans chaque ministère. Il y
a des ministères que c'est plus, des ministères, c'est moins, mais, en moyenne,
c'est 2 %.
M. Tanguay : Bon. Alors,
pourquoi lui arrive à 5 %, quand, le 18 mars dernier, son ministre des
Finances a dit qu'en éducation le cadre financier, ce n'était pas plafonné à
5 %, les hausses, mais c'était 3 %. Comment explique-t-il la
contradiction?
M. Legault : Bien là, il faut
être capable de voir si on parle du consolidé, avec les centres de services
scolaires. Maintenant, je voudrais qu'il me précise de quelles années il parle.
Est-ce qu'il inclut l'année 2024-2025 ou il parle juste des années suivantes,
là? La question est très floue, là.
M. Tanguay : ...non, la
question n'est pas floue.
M. Legault : Mais tous les
chiffres sont là.
M. Tanguay : Mais vous devez
le savoir. J'allais utiliser un mot plus qu'antiparlementaire, vous devez le
savoir. Santé, c'est votre priorité, Éducation aussi. Vous en avez deux. Vous
n'en avez pas de 12. Vous devez le savoir. Quand votre ministre des Finances
dit, le 18 mars : «Le gouvernement devra ainsi plafonner le rythme de
croissance de ses dépenses à un rythme de 3 % pour enrayer le déficit
budgétaire.» Et là on cite le ministre des Finances. 3 %, c'est quoi?
C'est 4 % en Santé, 3 % en Éducation puis 2 % pour tout le
reste.
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. Bien, M. le
Président, depuis qu'on est là, on a augmenté de 50 % les dépenses en
éducation. Donc, si le passé est garant de...
16 h 30 (version non révisée)
M. Legault : ...je pense qu'on
peut se rassurer, on ne fera pas des coupures comme le Parti libéral.
M. Tanguay : Donc, le
ministre des Finances, le 18 mars dernier, avait tort de dire qu'en
éducation, ça allait être plafonné à 3 %.
M. Legault : Oui, 3 %
pour les autres.
M. Tanguay : Pour l'éducation.
M. Legault : Pour l'éducation.
Pas pour l'année qui vient, en tout cas. L'année qui vient, c'est 7.6 %.
M. Tanguay : Le cadre
financier, incluant l'année qui vient, pour les prochaines années, le cadre
financier.
M. Legault : Bien, écoutez,
là, je ne suis pas...
M. Tanguay : Il a eu tort de
dire ça? Il s'est trompé?
M. Legault : Non, pas du
tout. On va les sortir puis on va vous donner ça, là, mais cette année, c'est
7,6 %. Mme Savoie, avez-vous ça?
M. Tanguay : Ça, M. le
Président... puis ce que je vais dire, là, puis merci de faire respecter la
règle, la proportionnalité, mais là je vais parler un petit peu pour donner du
temps au premier ministre de trouver la donnée. Mais moi, je suis abasourdi de
voir que le premier ministre ne l'a pas sur le bout de ses doigts. Santé, c'est
sa priorité. Éducation, c'est sa priorité. Puis tout le reste, on l'a établi à
2 %. Quand, le 18 mars dernier, une semaine exactement après le
budget du 12, le ministre dit : C'est 4 % en santé, 3 % en
éducation puis 2 % pour tout le reste, que le premier ministre vienne
contredire son ministre des Finances en disant nous, tu sais, il fait de la
politique, on ne fera pas comme les libéraux, on ne fera pas des coupures. Mais
quand son ministre dit : Ce n'est pas 3 % puis que, lui, il dit c'est
5 %, parlez-vous.
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre, s'il
vous plaît.
M. Legault : Bien, M. le
Président, si on regarde l'année 2024-2025, il y a une croissance. Si on
regarde l'année 2025, 2026, 2027, 2028, 2029, c'est d'autres croissances.
Donc, ça dépend de quelles années le chef de l'opposition parle... le détail?
M. Tanguay : Bien, M. le
Président, je lui demande d'expliquer l'affirmation de son ministre des
Finances, quand il dit que le niveau des dépenses des prochaines années, le
taux de croissance en éducation, ce n'est pas 5 %, c'est 3 %. Qui a
raison?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : O.K. On ne va
pas revenir sur cette question-là pour avoir les chiffres exacts.
M. Tanguay : Bon. Là, M. le
Président, je veux bien, là, pour donner une chance au premier ministre de
trouver une réponse, mais ça, il devrait le savoir sur le bout de ses doigts,
surtout que ça vient de la voix même de son ministre des Finances, une semaine
après le budget. Donc, 3 % en éducation, pour lui, est-ce qu'il trouve que
ce n'est pas des coupures? Est-ce qu'il considère que ce n'est pas des
coupures, 3 % en éducation?
M. Legault : Bien, M. le
Président, je répète que depuis 2018, le budget de l'éducation à augmenté de
50 %. Donc, c'est beaucoup plus que ce qu'on appelle les coûts de système.
Maintenant, on peut penser que les coûts de système en éducation sont autour de
3 %, oui.
M. Tanguay : Donc, ce sera,
uniquement en éducation, 3 %. Donc, il se ravise...
M. Legault : Bien, on a
augmenté de 50 % depuis 2018. Donc, je pense que de dire on couvre les
coûts de système, c'est pas mal mieux que les coupures qui ont été faites par
le gouvernement libéral, hein?
M. Tanguay : Donc, vous
annoncez aujourd'hui qu'à l'éducation, les hausses seront uniquement pour
couvrir les coûts de système. C'est ce que vous annoncez aujourd'hui.
M. Legault : Pardon.
M. Tanguay : En éducation,
vous affirmez donc et vous annoncez que les hausses ne seront que l'équivalent
de l'augmentation du coût du système. C'est ce que vous annoncez.
M. Legault : Bien, M. le
Président, encore une fois, on a augmenté de 50 % depuis 2018.
M. Tanguay : Mais le premier
ministre comprend que ce n'est pas ma question.
M. Legault : Là, on dit pour
les prochaines années, à part 2024-2025, là, à partir de 2026...
M. Tanguay : Incluant
2024-2025 et pour l'avenir, le cadre financier.
M. Legault : 2024-2025, c'est
plus de 5 %, 5,6 %.
M. Tanguay : C'est vous dire
que ça va couper dans l'avenir.
M. Legault : On va couvrir
les coûts de système.
M. Tanguay : Et donc vous
vous engagez uniquement à couvrir les coûts du système sans aucune autre
dépense additionnelle en éducation? Puis pour vous, ça, ce n'est pas des
coupures?
M. Legault : Bien, il peut y
avoir aussi des gains d'efficacité qui font qu'on peut réaménager des dépenses
pour améliorer les services.
M. Tanguay : À quel gain d'efficacité
pense-t-il?
M. Legault : Bien, écoutez,
si on est capable d'être plus efficace au ministère de l'Éducation, on est
capable de réallouer des sommes.
M. Tanguay : Puis comment ça
peut se faire, ça? En coupant des postes? Comment ça peut se faire, ça?
M. Legault : Bien, écoutez,
actuellement, les centres de services, on est en train de... On est passé des
commissions scolaires sur lesquelles on n'avait pas de contrôle à des centres
de services où maintenant on a un certain contrôle sur les directeurs généraux
des centres de services. Quand on compare les différents centres de services,
on voit qu'il y en a qui dépensent plus, il y en a qui dépensent moins dans
chacun des postes de dépenses. Donc, on essaie de faire de l'optimisation pour
être capable de faire des gains d'efficacité qui vont pouvoir être ajoutés aux
services.
M. Tanguay : Depuis qu'ils
ont créé les centres de services scolaires, combien d'argent a été économisé
par le Québec?
M. Legault : Je n'ai pas ce
chiffre-là.
M. Tanguay : Vous ne l'avez
pas?
M. Legault : Non.
M. Tanguay : Là, M. le
Président, je pose des questions, je pense, macro au premier ministre du
Québec. Je n'ai pas les réponses...
Le Président (M.
Bachand) :...oui, M. le chef de
l'opposition officielle, oui, est-ce que vous avez une question?
M. Tanguay : J'attends juste
la réponse à mes questions. Je peux bien ajouter des questions, mais je n'ai
pas de réponse. Je vous dirais même, en tout respect, que j'ai des
contradictions. On m'a dit 5 % tantôt, là on m'a dit 3 % en
éducation. Ce n'est pas des farces, c'est la top deux priorité du premier
ministre, l'éducation.
M. Legault : G-51, OK, G-51,
augmentation du budget de la santé, 2024-2025, 4,2 %; 2025-2026,
3,2 %; éducation, 2024-2025, 9,3 %; et, pour le cumulatif, 5 %;
enseignement supérieur, 3,5 % d'augmentation. Donc, évidemment, les années
suivantes, on les ajuste à chaque année, mais, pour l'instant, ce qu'on dit
c'est qu'on couvre les coûts de système.
M. Tanguay : Et pour lui, ça,
ce n'est pas des coupures, juste couvrir les coûts de système, ce n'est pas des
coupures.
M. Legault : ...couvrir des
coûts de système, ce n'est pas des coupures, ça veut dire... Coûts de système,
par définition, c'est de dire combien ça prend pour maintenir les mêmes
services.
M. Tanguay : En santé, la
facture ne va pas augmenter.
M. Legault : Bien, on prévoit
4 %, un peu plus que 4 % en santé. On pense que c'est autour des
coûts de système.
M. Tanguay : Plus que 4 %?
Parce que le ministre des Finances, il est allé dire que ça allait être
maximisé à 4 %.
M. Legault : ...4,2 %.
• (16 h 40) •
M. Tanguay : Donc, le vrai
chiffre, c'est quoi? Parce que le ministre des Finances, je termine là-dessus,
a dit: 4 en santé, 3 en éducation, 2 pour tout le reste. Est-ce que ça, ce sont
les vrais chiffres?
M. Legault : Bien, si on
regarde les années après 2024-2025.
M. Tanguay : Oui, puis
2 % pour tout le reste, agriculture, transport, cybersécurité, les
missions importantes, la culture. 2 % pour vous, c'est suffisant?
M. Legault : Bien, c'est à
peu près le niveau qui est prévu d'inflation. Donc, ça couvre ce qu'on appelle
les coûts du système. C'est pas mal plus que ce que faisait le Parti libéral
quand il était au gouvernement.
M. Tanguay : Et puis en
agriculture face à la crise.
M. Legault : Bien, je pense
qu'en agriculture, on n'a pas à être gêné de ce qu'on a fait l'année dernière
puis on va continuer. Mais quand on regarde l'aide qu'on donne en agriculture,
c'est pas mal plus élevé au Québec que dans les autres provinces. Donc, on va
continuer d'aider nos agriculteurs. Puis notre ministre de l'Agriculture suit,
de jour en jour, ceux qui ont des problèmes, puis vient les aider.
M. Tanguay : Vous voulez dire
qu'il suit, de jour en jour, les manifestations qui se multiplient partout sur
le territoire du Québec. Comment vous expliquez ça que les agriculteurs sont
descendus dans la rue par des manifestations sans précédent dans toutes les
régions du Québec?
M. Legault : Bien, d'abord,
il ne faut pas comparer ce qui s'est passé en France avec ce qui se passe chez
nous.
M. Tanguay : Je ne parle pas
de la France. Il n'est plus là, monsieur Attal.
M. Legault : Maintenant, là où
j'ai de la misère à suivre le chef de l'opposition officielle, c'est qu'il nous
dit: Vous avez un déficit qui est beaucoup trop gros, mais vous avez des
dépenses qui ne sont pas assez élevées. J'essaie juste de comprendre, là, puis
je suis vraiment mêlé avec ce que dit le chef du Parti libéral. Est-ce qu'il y
a trop de dépenses ou pas assez de dépenses? Est-ce qu'il y a trop de déficits
ou pas assez de déficits? Il faudrait qu'il soit, au minimum, un peu cohérent.
M. Tanguay : Parfait. La
cohérence que je demande au premier ministre, parce que c'est lui qui est au
pouvoir, c'est son sixième budget, il a déposé un budget déficitaire
historique, 11 milliards de dollars, puis il a dit: Inquiétez-vous pas, on va
arriver avec un équilibre budgétaire, mais on ne vous montre pas le plan. Et en
même temps, il dit: On ne fera pas de coupures comme les autres gouvernements,
mais, en même temps, il dit: On limite la santé à 4 %, l'éducation à 3,
puis tout le reste à 2, mais il n'y aura pas de coupures. Alors, je veux savoir
il est où, son plan. Et quand il dit: Il n'y aura pas de coupures, force est de
constater qu'il a déjà commencé. Si déjà il plafonne à 4, 3 et 2, il a déjà
commencé. Alors, je lui demande de la transparence. Pourquoi ne l'offre-t-il
pas?
M. Legault : M. le Président,
j'ai été ministre de la Santé, puis je pense qu'on est capable d'y arriver si
on veut garder les mêmes services à 4 %. J'ai déjà été ministre de
l'Éducation, je pense qu'à 3 %, on peut y arriver, compte tenu du fait
aussi qu'on a augmenté de 50 % le budget de l'éducation depuis cinq ans.
Puis, dans les autres ministères, d'arriver en moyenne à 2 %, ça veut dire
qu'il peut en avoir qui sont à 10 puis d'autres qui sont gelés, mais au total,
d'arriver à 2 %, je serais curieux de voir le cadre financier du Parti
libéral, mais ça doit ressembler à ça.
M. Tanguay : Monsieur le
Président, j'aimerais maintenant, parce que le temps file, parler d'économie.
Le premier ministre a dit, a affirmé en avril 2021, je le cite: «À chaque fois
que je rentre un immigrant qui gagne moins de 56 000, j'empire mon problème.»
Fin de la citation. Le premier ministre regrette-t-il cette citation-là ou
est-ce qu'il l'affirmerait encore aujourd'hui?
M. Legault : Bien, il faut
toujours être prudent, comment ça peut être perçu? Mais c'est certain...
M. Legault : ...que ce qu'on
souhaite, c'est d'augmenter le salaire moyen au Québec. Donc, on souhaite être
capables d'avoir des salaires plus élevés, qui vont permettre de payer des
impôts plus élevés, donc de mieux financer nos programmes sociaux. Donc, quand
on est rendus avec 560 000 immigrants temporaires, dont
178 000 demandeurs d'asile, ça pose problème.
M. Tanguay : ...parle des
travailleurs étrangers temporaires. «Quand j'en entre un... À chaque fois que
j'en rentre... un immigrant qui gagne moins de 56 000 $, j'empire mon
problème.» Est-ce qu'il regrette cette citation-là ou il l'affirme encore
aujourd'hui?
M. Legault : Bien, écoutez,
si l'objectif... puis c'est notre objectif, d'augmenter le salaire moyen, de
réduire notre écart de salaire puis notre écart de richesse avec le reste du
Canada, ça veut dire qu'il faut privilégier, puis je pense que tous les pays
font ça, l'immigration de personnes qualifiées qui vont gagner des bons
salaires.
M. Tanguay : Donc, il le
réaffirme aujourd'hui? Il ne renie pas son affirmation?
M. Legault : Bien, écoutez,
ce que je dis, là, c'est que, comme tous les pays dans le monde, ce qu'on
souhaite, autant que possible, c'est d'accueillir des immigrants bien formés
qui vont gagner des bons salaires. Par contre, on n'a pas à être gênés, si on
regarde les réfugiés, si on regarde les demandeurs d'asile, le Québec fait sa
part. Je regarde le nombre d'Ukrainiens qu'on a acceptés. Je pense que, quand
on compare l'immigration au Québec, toute proportion gardée, on accueille
beaucoup plus d'immigrants qu'aux États-Unis ou qu'en France. Donc, je pense
qu'il faut qu'il y ait un mix. Mais effectivement, si on parle des
travailleurs, bien, moi, je veux des travailleurs qui vont être capables de
gagner des bons salaires chez Northvolt. Je veux être capable d'avoir des
infirmières, être capable d'avoir des enseignants. C'est ça qui est notre
objectif.
M. Tanguay : Y a-t-il trop de
travailleurs étrangers temporaires? Celles et ceux qui se sont réveillés à
matin puis qui sont au travail encore à cette heure-là, là, 4 h 45, là... Y
a-t-il trop de travailleurs étrangers temporaires présentement au Québec?
M. Legault : Bien, c'est
difficile de répondre à la question parce qu'on a demandé au gouvernement
fédéral d'avoir plus d'information sur les 233 000 travailleurs. On
n'a pas cette information-là, c'est quand même spécial. On n'a pas
l'information sur les 233 000 travailleurs temporaires choisis par le
gouvernement fédéral. Donc, on aimerait savoir qu'est-ce qu'ils font dans la
vie, puis combien ils gagnent, puis ils sont dans quelles régions. Est-ce
que... Parce qu'on sait qu'entre autres, si on parle du français, bien, c'est
plus un défi à Montréal que dans les régions.
Maintenant, là où il y a un problème
majeur, c'est avec les 178 000 demandeurs d'asile, 178 000.
Avant, on en avait à peu près 20 000. Là, on est rendus à 178 000.
J'espère que le chef de l'opposition officielle est d'accord avec moi pour
dire : C'est beaucoup, beaucoup trop.
M. Tanguay : Tout à fait,
c'est beaucoup trop. Et ça, je le répète, ça fait 20 fois, 30 fois
que je le dis, je parle des travailleurs étrangers temporaires. Aujourd'hui,
sur le principe, est-ce qu'il serait prêt à dire à certains travailleurs
étrangers temporaires : Quittez le Québec parce que c'est trop, alors
qu'il... puis il me suit, là, il remplit un emploi, ils font un travail puis
ils participent à la société québécoise? Est-ce que, sur le principe des
travailleurs étrangers temporaires, il voudrait en voir quitter? Ou ça se
peut... puis j'aimerais ça, ça se peut qu'il évolue, qu'il dise : Non,
bien, écoutez, moi, j'aimerais ça tous les garder parce que force est de
constater qu'ils travaillent puis qu'ils sont... qu'ils contribuent.
M. Legault : Bien, la
première chose j'aurais le goût de répondre, c'est : Il faudrait quand
même être capable de leur offrir un logement. Mais, quand on est rendus à
233 000 travailleurs temporaires, ça crée un problème. En ajoutant
les 178 000 demandeurs d'asile, ça crée un problème en santé, en
éducation, logement puis pour l'avenir du français à Montréal.
Le Président (M.
Bachand) :30 secondes.
M. Tanguay : Pour vous, et
c'est là, M. le Président, le fait de dire que les travailleurs étrangers
temporaires, qui se lèvent à matin, le cadran sonne, puis ils sont au travail
encore, là, ils vont peut-être finir de travailler, pour certains, à 5 h, puis
d'autres vont avoir des horaires atypiques, puis ils sont dans tous les
systèmes, santé, public, privé... le fait de dire qu'eux, ces travailleurs
étrangers temporaires là, sont en trop grand nombre et sont la cause, entre
autres, de la crise du logement, M. le Président, je pense que c'est être, en tout
respect, déconnecté du fait qu'ils sont là pour participer à l'essor
économique, et c'est nos gens économiques...
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
M. Tanguay : ...qui nous le
disent.
Le Président (M.
Bachand) :Merci, le chef de l'opposition
officielle. Alors, je cède la parole au chef du Parti québécois pour
11 minutes 50 secondes. M. le chef du Parti québécois, s'il vous
plaît.
M.
St-Pierre
Plamondon :Merci beaucoup. Bonjour, M.
le premier ministre. J'ai une bonne nouvelle pour vous, je n'ai que
12 minutes, et donc peu de temps. Ça veut dire pas assez de temps pour
vous poser des questions sur le prix du yogourt grec à la vanille format
650 grammes à l'épicerie. On n'a pas le...
M.
St-Pierre
Plamondon :...pour ça. Vous me
permettrez donc d'aller à l'essentiel. Et vu que je n'ai que 12 minutes,
je vous demande simplement de répondre de manière assez succincte pour qu'on
puisse faire le tour de certaines questions qui intéressent les gens. Essentiellement,
le but de l'exercice, c'est qu'on comprenne votre pensée et vos politiques
publiques pour la suite des choses. Je vais commencer par des questions
faciles. La première, vous avez affirmé, il y a moins de deux ans, que le
Québec risquait la louisianisation. Est-ce que vous êtes toujours d'accord avec
votre affirmation d'il y a deux ans qu'il y a un risque de louisianisation au
Québec?
M. Legault : Bien, il y a une
baisse du français. Si on ne fait rien à long terme, il y a un risque certain.
Puis je pense que le Parti québécois puis la CAQ, on est d'accord là-dessus,
contrairement à Québec solidaire puis le Parti libéral.
M.
St-Pierre
Plamondon :Vous avez affirmé un peu
dans cette foulée-là, sur la louisianisation, que rapatrier les pouvoirs en
immigration, c'était une question de survie de la nation québécoise. Est-ce que
vous pensez toujours cela?
M. Legault : Bien, il faut
sélectionner. Mais je reviens au déclin du français. Le chef du Parti québécois
a dit, et je cite : «On attache peut-être trop d'importance aux
projections statistiques et démographiques...
M.
St-Pierre
Plamondon :Un instant. M. le
Président...
M. Legault : ...qui prédisent
un avenir sombre du français, comme si son déclin était inexorable». Donc, le
chef du Parti québécois le dit lui-même : Il faut y travailler, il faut
comprendre que c'est fragile puis c'est vulnérable.
• (16 h 50) •
M.
St-Pierre
Plamondon :M. le Président, on n'est
pas au salon bleu dans la période de questions ici. Si je pose une question,
j'ai l'attente que la réponse va porter sur ma question. La question, elle est
limpide. Est-ce qu'il pense toujours, comme il a déclaré il y a deux ans, que
le rapatriement des pleins pouvoirs en immigration est une question de survie
de la nation québécoise? Il faut que le premier ministre participe à l'exercice
de bonne foi en répondant à cette question-là, s'il vous plaît. Oui ou non,
est-ce que vous pensez toujours cela?
Le Président (M.
Bachand) :Mais ce n'est pas à la
présidence d'apprécier la qualité des questions et des réponses. M. le premier
ministre?
M. Legault : Oui. Bien,
l'important, c'est d'être capable de sélectionner les immigrants. Parce que si
les immigrants temporaires sont présélectionnés, préapprouvés par le Québec, ça
veut dire qu'on contrôle le nombre, on contrôle la connaissance du français.
M.
St-Pierre
Plamondon :Est-ce que, oui ou non,
vous pensez toujours ce que vous avez affirmé, à savoir que le rapatriement des
pleins pouvoirs en immigration est une question de survie de la nation? Je
demande une réponse oui ou non à une question hyper claire.
M. Legault : Bien, pour la
majorité des immigrants, le Québec doit préapprouver les immigrants.
M.
St-Pierre
Plamondon :Ce n'est pas ma question.
M. Legault : Maintenant, pour
ce qui est des réfugiés, pour ce qui est des réfugiés, des demandeurs d'asile,
ça prend une entente avec Ottawa.
M.
St-Pierre
Plamondon :Je vais passer à une autre
question parce je constate le refus de répondre à cette question-là. On sait
que vous avez fait la demande à Justin Trudeau d'obtenir les pleins pouvoirs,
en fait, le lendemain d'une question que je vous posais là dessus. Et je le
mentionne parce que les équipes du fédéral ont révélé qu'en fait ce n'était pas
à l'ordre du jour. Donc, je vais vous poser une question très, très précise et
simple. Avez-vous verbalement, lors de la rencontre avec Justin Trudeau,
demandé les pleins pouvoirs en immigration, oui ou non?
M. Legault : Oui.
M.
St-Pierre
Plamondon :Quelle a été la réponse de
Justin Trudeau lorsque vous lui avez demandé cela?
M. Legault : Bien, je ne
commencerai pas à... Je pense qu'il faudrait poser la question à Justin
Trudeau, là. Je ne commencerai pas à dévoiler ce qui a été dit par Justin
Trudeau.
M.
St-Pierre
Plamondon :Je constate que je ne peux
pas non plus obtenir de réponse là-dessus, donc je passerai à la prochaine
question la plus importante. Advenant que le peuple québécois en vienne à la
conclusion, au cours des prochaines années, que la troisième voie que vous
incarnez, que le mandat fort que vous avez obtenu ne permet pas de freiner les
empiétements sur nos champs de compétences, ne permet pas de freiner l'immigration
temporaire, ne permet pas de freiner l'érosion du français, ne permet pas
d'empêcher la diminution du poids politique dans le Canada, seriez-vous prêt à
envisager à vous repositionner en faveur du oui, constatant que vos efforts et
toutes les options à l'intérieur du Canada n'auront pas fonctionné? Seriez-vous
prêt à considérer ça?
M. Legault : Bien, je sais
que le chef du Parti québécois est relativement nouveau en politique, là, il
était orphelin politique. Après, il a été contre la souveraineté, maintenant
pour la souveraineté. Mais c'est une question qui est hautement hypothétique,
puis il devrait savoir qu'en politique on ne répond pas aux questions
hypothétiques. Ce que je lui dirais, c'est qu'on ne souhaite pas avoir un
référendum, on ne le souhaite pas, les Québécois. Puis d'ailleurs, lui-même le
disait, je le citais ce matin, que même les souverainistes ne souhaitent pas un
référendum parce qu'ils ne voudraient pas se faire dire non une troisième fois.
M.
St-Pierre
Plamondon :Je vais essayer de poser la
question différemment. Moi, je respecte les efforts que vous faites au nom du
Québec dans un système où on a seulement le cinquième des sièges à Ottawa et
dans le cadre duquel, la plupart du temps, on n'est pas considéré en fonction
de notre volonté. Vous avez fait un certain nombre d'efforts. Advenant que la
population constate...
M.
St-Pierre
Plamondon :...que ça ne fonctionne
pas. Est-ce que je comprends que vous ne fermez pas la porte à vous joindre au
camp du Oui?
M. Legault : Bien, M. le
Président, le chef du Parti québécois n'est même pas capable de reconnaître
que, si Ottawa faisait préapprouver les immigrants temporaires, que ça serait
un gain important pour le Québec. Donc, le chef du Parti québécois, il ne veut
pas que ça marche avec Ottawa. Moi, je n'ai pas baissé les bras. Je n'ai pas
baissé les bras et je suis encore confiant qu'on va continuer à faire des gains
avec Ottawa.
M.
St-Pierre
Plamondon :Je veux bien... puis je
reconnais, là, si on obtient certains de ces éléments-là, ce serait positif.
Mais vous avez dit, puis je partage votre opinion, que les pleins pouvoirs en
immigration sont une question de viabilité à moyen et long terme. Donc, je fais
le suivi sur votre propre démarche. Je ne sais pas comment poser la question,
mais c'est parce que, si on ne les obtient pas, il va falloir aller au bout du
raisonnement. Puis je vais vous le dire en clair, ce que j'en pense, là, c'est
que vous avez mis beaucoup d'efforts, et les réponses du fédéral sont trop
souvent ultraclaires, même méprisantes envers votre démarche, puis je refuse de
croire qu'advenant un troisième référendum, vous allez faire campagne dans le
camp du non. Je ne vous crois pas. Donc, convainquez-moi de l'inverse, convainquez-moi
du contraire.
M. Legault : O.K. Bien,
d'abord, depuis cinq ans et demi, on est allé chercher près de
20 milliards sans condition dans les programmes qui avaient été annoncés
dans nos champs de compétences, donc, on a fait des gains. On a fait des gains
aussi sur la nomination des juges.
Maintenant, depuis deux, trois ans, il y a
une explosion du nombre d'immigrants temporaires. Donc, on demande à
M. Trudeau : Est-ce qu'on pourrait participer à la sélection?
M. Trudeau dit : Je suis ouvert à regarder ça. Donc, moi, je n'ai pas
baissé les bras. Je n'attends pas le grand soir, comme le chef du Parti
québécois.
M.
St-Pierre
Plamondon :Bien, non, mais votre grand
soir à vous, c'est de rapatrier tous les pouvoirs en immigration. Est-ce que je
suis en train de comprendre que, lors de la prochaine rencontre, vous ne le
demanderez pas, parce vous l'avez demandé la dernière fois? Là, vous avez
dit : J'ai besoin de temps, puis on va continuer à négocier. Est-ce que je
comprends que vous ne demanderez plus les pleins pouvoirs en immigration que
vous avez qualifiés d'essentiels à la survie de la nation québécoise?
M. Legault : Ce que je dis,
c'est que j'y travaille. Je n'ai pas baissé les bras...
M.
St-Pierre
Plamondon :Bon, bien, O.K., mais...
M. Legault : ...contrairement
au chef du Parti québécois.
M.
St-Pierre
Plamondon :Parfait. Ne baissez pas les
bras.
M. Legault : ...c'est ça.
M.
St-Pierre
Plamondon :S'il vous dit non encore
une fois, je... je ne vous crois pas que vous allez faire... Je comprends qu'on
vous a dépeint comme Capitaine Canada à travers certaines de vos réponses, mais
je ne vous crois pas que vous allez faire campagne pour le camp du non.
Convainquez-moi du contraire si vous êtes fédéraliste à ce point, mais je ne
vous crois pas, respectueusement soumis, là.
M. Legault : Oui. Bien,
respectueusement, j'ai plein de citations ici, 2014-2016, du chef du Parti
québécois qui ne croyait pas à la souveraineté du Québec. Donc, lui-même, il
n'y a pas si longtemps, là, 2016, c'est il y a huit ans, il ne croyait pas à la
souveraineté. Il disait : La souveraineté, ce n'est pas un remède magique
pour régler nos problèmes. Donc, le choix que j'ai fait, le choix que j'ai
fait, c'est d'aller négocier de bonne foi avec le fédéral pour avoir plus de
pouvoirs, entre autres les pouvoirs en immigration, mais aussi des pouvoirs
dans d'autres secteurs, comme la culture puis tout ce qui touche à notre
identité. C'est le choix que j'ai fait. Ce n'est pas le choix récent qu'a fait
le chef du Parti québécois.
M.
St-Pierre
Plamondon :M. le premier ministre, mon
premier vote, je l'ai fait à 18 ans, puis je l'ai fait pour le oui. Puis,
le lendemain du résultat, j'en pleurais. Ça fait que les procès d'intention sur
qui a changé d'idée dans sa carrière, je ne pense pas que ce soit à votre
avantage, et je vous demande simplement de répondre à ma question. Allez-vous à
nouveau demander les pleins pouvoirs en immigration à Justin Trudeau ou est-ce que
vous avez laissé tomber? Et s'il vous dit non, ouvrez-vous la porte à
considérer l'option du oui ou allez-vous demeurer toute votre carrière
Capitaine Canada, quitte à faire campagne dans le camp du Non lors d'un
troisième référendum? Ma question, elle est claire. Je demande simplement
d'autres choses que des citations de 2014.
M. Legault : Oui. Bien,
écoutez, le chef du Parti québécois vient de dire : Je n'ai pas de leçon à
recevoir. Bien, je vais lui donner une leçon parce que voici ce qu'il a
dit : À tort... ouvrez les guillemets : «À tort, le PQ a fait croire
pendant des années aux Québécois que la souveraineté du Québec était la
solution à tous nos déboires, qu'il s'agisse du déficit, des ratés en
éducation, de l'explosion des coûts en santé, des performances économiques. Il
n'y avait qu'à blâmer Ottawa à présenter l'indépendance comme un remède
infaillible». C'est lui qui disait ça. Donc, quelle crédibilité a-t-il
aujourd'hui de venir dire : Je ne vous crois pas.
M.
St-Pierre
Plamondon :Je pense, respectueusement
soumis, je considère en ce moment qu'on est en train de dénaturer l'exercice.
Donc, je vais...
M. Legault : ...
M.
St-Pierre
Plamondon :Bien, c'est-à-dire, ça ne
répond pas...
Le Président (M. Bachand) :Si on est prêt à poser des questions, on est prêt à prendre
les réponses. Alors, allez-y, M. le chef du Parti québécois.
M.
St-Pierre
Plamondon :Il faut que les réponses
soient liées à la question, respectueusement soumis.
Le Président (M.
Bachand) :Allez-y.
M.
St-Pierre
Plamondon : Ce n'est pas le cas. Dans quel cas, je vais tirer
des conclusions le mieux que je peux, parce que je n'ai que 12 minutes. Je
conclus que le premier ministre n'est...
M. St-Pierre Plamondon : ...n'est
pas en mesure de me dire s'il va demander à nouveau les pouvoirs en immigration
formellement. Je ne suis pas capable non plus de dire s'il va tirer des
conclusions dans l'hypothèse d'un refus à nouveau par Justin Trudeau de ce
qu'il considère est une question de survie de la nation. Maintenant, je
comprends qu'il ne ferme pas la porte à se repositionner en faveur du oui au
terme de sa démarche, que je respecte à certains égards. Et je m'arrêterai
là-dessus parce que l'exercice consiste, du côté du premier ministre, à lire
des citations aléatoires de... Donc, je suis désolé, mais je considère que les
réponses ne sont pas en lien avec mes questions et ne me permettent pas de
donner l'heure juste à la population sur ces questions-là en ce qui a trait à
l'intention du premier ministre sur des questions fondamentales qu'il considère
essentielles à la survie de la nation. Ça conclura mon intervention.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. N'oubliez pas que
l'article 35 s'applique. M. le premier ministre, je ne sais pas si vous
avez une intervention, dernière intervention.
M. Legault : Non, mais,
écoutez, je sais que ça choque le chef du Parti québécois, mais il a déjà dit
qu'il y avait un malaise avec le nationalisme, que le déclin du français
n'existait pas, que la loi 101 au cégep n'était pas une bonne idée, etc.
Donc, écoutez, quelle crédibilité a-t-il aujourd'hui?
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Alors, M. le chef de
l'opposition officielle pour 18 min 13 secondes, s'il vous plaît.
• (17 heures) •
M. Tanguay : Oui. Alors, on
va quitter les grands soirs pour parler des petits matins. M. le Président,
j'aimerais parler, parce qu'on a parlé... parce qu'on est le Parti libéral du
Québec, de finances publiques avec le premier ministre. J'aimerais ça parce que
je sais qu'il est d'accord, puis qu'il me détrompe si j'ai tort, là, directeur
parlementaire du budget, il est toujours d'accord avec ça. Quand allons-nous le
faire? Mon collègue de Nelligan, leader de l'opposition officielle, a déposé un
projet de loi pour que l'on ait une institution directeur parlementaire du
budget pour nous aider à mieux prévoir sur le long terme, faire toutes sortes
d'analyses. Puis il le sait, que ce n'est pas le même... la même institution que
la Vérificatrice générale. Alors, quand va-t-il appeler le projet de loi de mon
collègue de Nelligan?
M. Legault : Bien, M. le
Président, déjà il y a des négociations, entre autres, entre leaders sur une
série de propositions, incluant la création d'un directeur parlementaire du
budget. Maintenant, on a toujours été ouvert à la création de ce poste-là, puis
on est toujours ouvert. Puis moi, je... j'incite le chef de l'opposition
officielle à demander à son leader d'aller plus vite dans les négociations avec
notre leader. Maintenant, est-ce que c'est la priorité des priorités? Ce qu'on
sait, c'est qu'actuellement la Vérificatrice générale a du personnel, qu'à
chaque élection elle analyse les prévisions économiques et financières du
gouvernement, et donc, en plus, je pense que les chiffres qui sont ici, qui
sont validés par les fonctionnaires du ministère des Finances sont fiables.
Donc, oui, on est ouvert. Mais j'incite le chef de l'opposition officielle à
demander à son leader d'accélérer les discussions parce que c'est une des
propositions.
M. Tanguay : Oui, mais ça,
là-dessus, M. le Président, indépendamment de cela, le chef... le premier
ministre du Québec, à l'époque, en 2012, le proposait indépendamment de toute
réforme. Puis, en tout respect, je lui dirais qu'on mélange des pommes et des
oranges, là. Le fait, par exemple, d'inclure ça comme une condition, là, de
négociation... On en a de besoin d'un présentement, directeur parlementaire du
budget. Puis on m'indique, là, que son leader... il n'y a aucune discussion par
rapport à une réforme parlementaire, qui est tout à fait autre chose.
Maintenant, sachant que ça n'avance pas, et c'est tout à fait autre chose, la
procédure parlementaire, va-t-il rapidement faire avancer ce dossier-là pour...
dans l'intérêt du Québec?
M. Legault : Oui. Bien,
écoutez, M. le Président, vous le savez très bien, là, il y a une réforme
complète qui est proposée. Ce que mon leader m'a dit, c'est qu'il n'y a pas de
collaboration de la part du leader du Parti libéral. Maintenant, il y a déjà la
Vérificatrice générale qui vérifie les états financiers du gouvernement. Avant
l'élection, elle vérifie en plus les prévisions économiques. Veut-on créer un
autre groupe de personnes qui s'appellerait directeur parlementaire du budget?
On est ouvert. Mais j'invite le chef de l'opposition officielle à demander à
son leader de collaborer mieux avec notre leader.
M. Tanguay : Bien, je ne veux
pas passer tout le bloc là-dessus, M. le Président, mais, pour avoir été
moi-même leader avant d'être chef de l'opposition officielle... Je ne lui
poserai pas la question, s'il sait ne serait-ce qu'est-ce qu'il y a là-dedans
dans sa réforme parlementaire. Parce qu'honnêtement, là, c'est des pommes et
des oranges qu'on mélange complètement. Et il le sait très bien, et il le
disait même, lui, déjà en 2012, que le rôle du VG puis le rôle du directeur
parlementaire du budget est complémentaire, ce n'est pas du tout en
compétition, et on en a besoin. Mon point, c'est que, pour tous les projets, on
parle de Northvolt, on parle de nos finances, avoir quelqu'un, des personnes,
des femmes et des hommes qui réfléchissent à l'avenir en disant : Oui,
on...
17 h (version non révisée)
M. Tanguay : ...faire des
prévisions, et exemple, ça pourrait les aider, les directeurs parlementaires du
budget, pour dire, bien, comment arriver à l'équilibre budgétaire. Ça serait l'institution.
Je l'invite, l'invite fortement à appeler le projet de loi de mon collègue de
Nelligan puis de ne pas mélanger la réforme, également, la réforme
parlementaire, c'est des pommes et des oranges.
M. Legault : Bien, M. le
Président, d'abord, j'ai confiance aux fonctionnaires du ministère des Finances,
qui sont très compétents. J'ai confiance à la Vérificatrice générale, qui
vérifie les états financiers et les prévisions juste avant une campagne
électorale. On est ouvert à ajouter un directeur parlementaire du budget.
M. Tanguay : Mais il ne le
fera pas.
M. Legault : Pardon?
M. Tanguay : Mais vous ne le
ferez pas.
M. Legault : Bien, on est
ouvert. Discutons.
M. Tanguay : Parfait.
Productivité, c'est important, pénurie de main-d'œuvre, la productivité de nos
entreprises. Quand on regarde le budget et les résultats quant aux gains de
productivité, on peut voir que sur les cinq années, 2020 à 2024, la somme des
gains de pourcentage de productivité est de 0,1 %. 0,1 %, je
pourrais, sans être trop réducteur, dire que c'est zéro. Comment va-t-il faire
pour améliorer la productivité de nos entreprises? Ça devrait être un projet
prioritaire pour le premier ministre. Qu'est-ce qu'il entend faire?
M. Legault : Bien, j'ai droit
à un tableau comme ça? Essentiellement, quand on parle de productivité, on
parle de variation du PIB par habitant. Quand on regarde, depuis cinq ans, dans
le reste du Canada, il y a eu une baisse du PIB par habitant, et, au Québec, il
y a eu une augmentation du PIB par habitant. Donc, oui, il y a eu la pandémie,
où les gains de productivité n'ont peut-être pas été aussi élevés qu'on le
pensait, mais, quand on compare avec le reste du Canada, on voit que le Québec
a beaucoup mieux fait que le reste du Canada en matière de productivité.
M. Tanguay : La façon de
calculer la productivité, c'est le PIB réel par emploi. Puis, durant la
pandémie, 2020, 2021, ça a augmenté, alors le contraire de ce que le premier
ministre vient d'affirmer. Alors, encore une fois, le PIB réel par emploi est à
zéro dans ces cinq années caquiste, bon. Je peux bien lui faire le reproche, et
il peut même ressortir le tableau, mais je l'invite à aller consulter ses
documents budgétaires, c'est ce qu'ils nous enseignent. Alors, que va-t-il
faire pour améliorer la productivité, à savoir le PIB réel par emploi, qui, en
cinq ans, est à 0,1 %? Ça ne marche pas, là.
M. Legault : Bien, M. le
Président, là, on a vraiment un différend, là. Moi, je pense que ce qui est
important, c'est de regarder le PIB par habitant. On le sait, au Québec, bon,
ça a été longuement discuté, le nombre d'heures travaillées est moins élevé qu'en
Ontario puis dans le reste du Canada. Par contre, la participation des femmes
au marché du travail est parmi les plus élevées au monde. Veut-on augmenter le
nombre d'heures travaillées au Québec? Ce qu'on souhaite, c'est vraiment que le
PIB par habitant augmente plus vite que celui de nos voisins puis c'est ce qu'on
a réussi à faire depuis cinq ans.
M. Tanguay : Bien, je l'invite
à aller voir la page D.6 de son budget, D.6. Ce n'est pas ça qu'on voit, du
tout, du tout, du tout, puis j'aimerais ça qu'il explique le résultat. Quand on
cumule 2020 et 2024, inclusivement, on arrive à 0,1 %.
Et la productivité, on n'est pas là, M. le
Président. Dans un contexte de pénurie de main-d'oeuvre, il faut produire plus
avec moins d'employés, donc il faut s'assurer qu'il y ait des investissements.
Pourquoi ne me parle-t-il pas de l'automatisation, de la robotisation, l'innovation?
Pourquoi il ne me parle pas de ça? Pourquoi il n'a pas de plan pour améliorer
la productivité?
M. Legault : Bien, M. le
Président, allons-y, à D.6. Ce qu'on voit, c'est que la productivité en 2020 a
augmenté de 0,7, en 2021, 2,3. Donc, il faut regarder le cumulatif, puis, au
cumulatif, là, on n'a malheureusement pas les chiffres ici du reste du Canada
puis de l'Ontario, au cumulatif, depuis cinq ans, ça a augmenté plus vite au
Québec qu'en Ontario et dans le reste du Canada. Ça, c'est la réalité, c'est
factuel.
M. Tanguay : Bien, alors,
continuons. D.6, je vais le faire, l'exercice, là, mais il pourra le refaire ce
soir, là: 0,7 plus 2,3, moins 0,5, moins 2,1, moins 0,3, sur cinq ans, ça donne
0,1, zéro. Alors, ça, ce tableau-là, D.6, là, ça devrait être son obsession.
Que fait-il maintenant pour s'assurer que nos entreprises vont être plus
productives? Qu'il me parle, et je l'invite à le faire, de la robotisation, de
l'automatisation, de l'innovation. Qu'est-ce qu'il y a sur la table? Qu'est-ce
qu'il y a...
M. Tanguay : ...qui marche,
qui va nous rendre meilleurs?
M. Legault : Bien, quand je
regarde les interventions d'Investissement Québec depuis notre arrivée puis
qu'on compare les interventions qui étaient faites avec le gouvernement libéral,
on a doublé, doublé les interventions d'Investissement Québec pour aider les
entreprises à augmenter leur productivité.
Encore une fois, le chef de l'opposition
officielle, peut-être qu'il ne fait pas exprès, mais oublie qu'on a eu une
pandémie, où il y a eu un ralentissement économique, qu'il y a eu aussi, si on
regarde les années, les mois plus récents, une augmentation importante des taux
d'intérêt qui a ralenti l'économie. L'important, c'est de se comparer. Puis,
quand on se compare, on voit qu'on fait mieux que l'Ontario puis on fait mieux
que le reste du Canada. Puis ça, ce n'est jamais arrivé pendant que les
libéraux étaient au pouvoir.
M. Tanguay : Alors, M. le
Président, alors j'ai... j'ai voulu donner l'occasion au premier ministre de
nous parler de productivité. Nos entrepreneurs, nos femmes et nos hommes, là,
qui signent des chèques de paie, qui sont à la tête d'entreprises, là, ils
auraient aimé ça vous entendre parler de productivité. On est à 0,1 % sur
cinq ans. Je vous donne une dernière chance, après ça, je vais changer de
sujet : Productivité, c'est quoi, le plan de match? Quel est le plan de
match? Parce que ça ne marche pas.
• (17 h 10) •
M. Legault : Bien, le plan de
match, c'est tout ce que j'ai dit tantôt à propos des zones d'innovation, c'est
ce qu'on est en train de faire avec Hydro-Québec, c'est de créer des emplois
mieux payés, c'est de s'assurer que les entreprises investissent dans des
équipements, dans des robots, soient capables, parce qu'on manque d'employés,
d'être capables, avec le même nombre d'employés, de produire davantage. Donc,
c'est ce qu'on a réussi à faire depuis cinq ans.
M. Tanguay : Est-il d'accord
avec moi que d'avoir des emplois plus payants, ça n'a aucun lien avec la
productivité?
M. Legault : Bien, si les
emplois sont plus payants, c'est parce que l'entreprise est capable de payer
plus parce qu'elle est plus productive. Il y a un lien direct, contrairement à
ce que vient dire le chef de l'opposition officielle. Les emplois mieux payés,
c'est des emplois où il y a plus de contenu, où il y a plus de valeur ajoutée.
Pourquoi? Parce que ces entreprises-là ont investi. Donc, au lieu d'avoir des
lignes de montage où il n'y a pas de robots, on est capables de se servir de la
tête des employés, d'être capables de mieux les payer parce qu'on utilise des
machines. Donc, il y a un lien. Là, j'avoue, là, que je comprends qu'il a
peut-être besoin d'un cours d'économie, là. Mais honnêtement, là, si on a des
meilleurs salaires, ça veut dire qu'il y a plus de productivité. Puis c'est ce
qu'on souhaite dans les entreprises du Québec.
M. Tanguay : Là, le premier
ministre met la charrue avant les bœufs. Il est en train de me dire qu'un
entrepreneur va rentrer dans l'usine puis dit : Je vous augmente tous de
10 %, puis de ce fait, il va augmenter la productivité. C'est ça qu'il
dit? C'est ça que vous avez dit?
M. Legault : Oui. Bien,
écoutez, moi, j'ai été entrepreneur, là. Si l'entrepreneur ou l'entreprise paie
des meilleurs salaires, c'est parce qu'il est capable de faire un profit. Puis,
s'il est capable de faire un profit, c'est parce qu'il y a plus de
productivité. Parce qu'il faut être compétitifs, là, il y a d'autres
entreprises, d'autres compétiteurs. Donc, un entrepreneur n'ira pas augmenter
le salaire de 10 % s'il n'est pas capable d'augmenter sa productivité.
M. Tanguay : ...qui ne sont
pas capables. Alors, parfait, on... on laissera les gens économiques juger ce
que vient de dire le premier ministre. Une politique de hausse de productivité,
un des facteurs, c'est augmenter les salaires. Puis vous allez, comme par
magie, augmenter la productivité. C'est ça qu'ils viennent de dire, là. Parce
que c'était ça, mon affirmation. Puis qu'il a dit que j'avais tout faux. Voir
qu'une PME, il rentre sur l'usine puis il vous dit : je vous augmente tous
de 10 %, ça y est, j'ai réglé mon problème de productivité. Alors, j'aurai
posé la question au premier ministre sur la productivité. Je n'ai rien entendu
parler de façon tangible. Force est de constater qu'on vient de l'expliquer,
pourquoi le 0 %, c'est le résultat aujourd'hui.
Dans sa réponse, il a parlé d'énergie. On
va en parler, d'énergie. Hydro-Québec a déposé ce qui n'est pas un plan. On a
reçu ici, à l'Assemblée nationale, M. Sabia. Il n'a pas déposé un plan, une
feuille de route, il a déposé combien qu'on est dans le trouble. D'ici 2035, il
faut aller chercher 60 térawattheures, entre 8 000 et
9 000 mégawatts de puissance additionnelle d'ici 2035. Il n'y a pas
de feuille de route pour s'y rendre.
Les investissements requis, c'est
100 milliards de dollars. Commençons par ça. Qui va payer ce
100 milliards là? L'argent va venir d'où?
M. Legault : Bon. D'abord, je
vais compléter, parce qu'il a commencé en parlant encore de productivité, qu'on
a investi 2,6 milliards dans 839 projets d'automatisation, de
numérisation ou de robotisation. Donc, quand il dit qu'on ne fait rien en
productivité, c'est complètement faux.
Maintenant, je suis content qu'il amène...
M. Legault : ...le sujet
d'Hydro-Québec, parce que... Je pense que j'étais avec mon directeur de
cabinet. Une des premières personnes que j'ai rencontrées en 2018, quand je
suis arrivé, c'est le président d'Hydro-Québec, qui était, à l'époque, Éric Martel.
Et qu'est-ce que m'a dit Éric Martel? Bien, il m'a dit : Les libéraux nous
ont laissé des surplus d'électricité pour au moins les 20 prochaines années, on
est obligés de jeter de l'eau parce qu'on a trop d'électricité. Qu'est-ce qu'on
a fait? On a pris nos petites valises, on est allés à New York puis on a signé
un contrat de 30 milliards pour exporter de l'électricité. Qu'est-ce qu'on a
fait? Le ministre de l'Économie a trouvé une centaine d'entreprises qui sont
prêtes à acheter de l'électricité à un prix qui est payant. Donc, on se
retrouve dans une situation, M. le Président, où, avec les libéraux, on avait
trop d'électricité, puis, aujourd'hui, bien, on manque d'électricité. Donc,
qu'est-ce que ça veut dire? Ça veut dire qu'on va pouvoir recommencer, enfin, à
construire des barrages, à faire du développement éolien, à créer des emplois
payants chez Hydro-Québec.
Bon, ça prend un certain temps pour
repartir la machine, parce que, pendant les années libérales, il ne s'était
passé à peu près rien. Donc, on repart la machine, puis ça va venir en deux
étapes. Première étape, construction, augmentation de la capacité chez
Hydro-Québec. Deuxième étape, bien, les GM, les Northvolt et compagnie vont
prendre cette électricité-là, vont la rendre rentable, vont exporter des
batteries pour les véhicules électriques un peu partout dans le monde, puis ils
vont, surtout, créer des emplois payants, des emplois de l'avenir. Donc, c'est
ce qu'on a fait, on a complètement changé la situation. Pas assez de projets
avec les libéraux, trop de projets avec la CAQ. Donc, on choisit les meilleurs.
M. Tanguay : Le premier
ministre, puis je suis content qu'il le souligne, il y avait des surplus
d'électricité quand il est arrivé au pouvoir. Même chose pour les finances publiques,
il y avait un surplus de 7 milliards de dollars. Là, il dit : On a
pris... et je le cite : On a pris nos petites valises, on est allés à New
York puis on a signé un contrat, contrat sur 25 ans. Peut-il me confirmer
qu'année après année ce contrat-là va rapporter le revenu, donc 1,3
milliard de dollars, bon an, mal an? Est-ce qu'il les connaît, les
chiffres?
M. Legault : Oui. Bon,
d'abord, il a l'air d'être content, le chef de l'opposition officielle, de
dire : On avait des surplus d'électricité, on jetait de l'électricité
parce qu'on ne savait pas quoi faire avec l'électricité. Il a l'air fier de ça.
Maintenant, contrat avec New York.
D'abord, c'est un contrat qui est dans les deux sens. Donc, selon les périodes
de pointe, qui ne sont pas les mêmes au Québec qu'à New York, on va pouvoir
exporter ou importer de l'électricité, puis, quand on va l'exporter, oui, ça va
être rentable pour le Québec. Puis ça va nous être utile aussi dans l'autre
sens, quand il y a de l'électricité en surplus à New York, ils vont pouvoir
nous l'envoyer. Donc, c'est un bon contrat.
M. Tanguay : ...les revenus,
quels sont les revenus anticipés sur 25 ans? Moi, j'ai le chiffre, qu'il me
détrompe si j'ai tort, de 1,3 milliard de dollars canadiens, bon an,
mal an, par année, pour les 25 prochaines années. C'est-tu ça, le chiffre?
Parce qu'il ne peut pas dire que c'est un bon contrat s'il ne connaît pas le
chiffre.
M. Legault : Oui. Bien,
effectivement, la première année, quand la ligne va être construite, c'est à
peu près 1,3 milliard. Par la suite, c'est indexé à chaque année, donc faites
le calcul, 1,3 milliard indexé pendant 25 ans, c'est extraordinaire. Puis je me
souviens de Philippe Couillard, on a le droit de le nommer comme ça, qui disait :
C'est fini, les barrages, c'est fini, oubliez ça, on n'a plus besoin puis on a
trop... Eh! 1,3 milliard de revenus par année, indexé, pendant 25 ans. C'est ça
que la CAQ amène aux Québécois.
M. Tanguay : 20 secondes?
Le Président (M.
Bachand) :20 secondes, M. le chef...
M. Tanguay : On va revenir,
pour les dernières secondes, dans le prochain bloc, M. le Président, très
clairement, parce qu'on est parti de surplus à : il n'y en a plus, puis il
nous a embarqués dans ce contrat-là, puis je questionne la profitabilité du
contrat, puis les chiffres, on les a, on va revenir là-dessus.
Puis là on est pris à dire non à nos
propres entreprises, il n'y en a plus, d'énergie, il est tout fier de ça. Il
n'y en a plus. On va revenir.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le chef de
l'opposition... deuxième opposition, pour 12min8s, pardon.
M. Nadeau-Dubois : Merci, M.
le Président. Rebonjour, M. le premier ministre. Je vous promets que je ne m'en
vais pas si je n'aime pas vos réponses, même si ça se peut que je ne les aime
pas. On va parler des conservateurs. Vous avez appris une mauvaise nouvelle, je
ne veux pas parler de ça, un de vos députés qui a quitté pour le Parti
conservateur, votre ministre des Finances, aujourd'hui, qui...
M. Nadeau-Dubois : ...qui a
eu de la difficulté à exclure la possibilité de se... de faire de la politique
fédérale et de se joindre, un jour, au Parti conservateur du Canada qu'il avait
déjà représenté par le passé, et ça m'a rappelé les élections fédérales de
2021, élections lors desquelles vous aviez décidé d'intervenir personnellement
en disant souhaiter l'élection d'un gouvernement conservateur. Est-ce que vous
comptez à nouveau intervenir dans les élections fédérales? Il y en a une qui
s'en vient.
M. Legault : Bon. D'abord, M.
le Président, je suis content de confirmer que, parmi les députés de la CAQ, il
y a des anciens du Parti libéral du Canada, il y a des anciens candidats,
incluant notre whip qui vient de nous quitter, qui avaient déjà été candidats
du Parti conservateur, puis on a entre autres, notre président de caucus, puis
d'autres qui ont déjà été députés du Bloc québécois. Donc, on a des gens qui
viennent de différents horizons, puis ils ont une chose en commun, ils veulent
que le Québec avance, pas attendre le grand soir, là, que le Québec avance en
économie, en éducation, en santé, etc. Maintenant, il y a une opportunité assez
spéciale, là, parce qu'il va y avoir une élection fédérale. On veut avoir plus
de pouvoir en immigration et on va... il est beaucoup trop tôt pour le
dire : Est-ce que je vais suggérer d'appuyer ou de ne pas appuyer
quelqu'un? Il est beaucoup trop tôt.
• (17 h 20) •
M. Nadeau-Dubois : À
l'époque, votre intervention était motivée par votre crainte de mesures
centralisatrices à Ottawa. Dans les dernières semaines, on a vu des ingérences
historiques du fédéral dans les compétences du Québec. Donc, je comprends que
vous ne fermez pas la porte à prendre position lors des prochaines élections
fédérales.
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Oui, M. le
Président. Je vais toujours défendre les intérêts du Québec d'abord. Puis
rappelons-nous, la dernière élection fédérale, le chef du Parti conservateur du
Canada était prêt à transférer des pouvoirs en immigration au gouvernement du
Québec. Donc, ça avait été important parce que M. Trudeau refusait de proposer
la même chose. Maintenant, je le répète, quand on parle des programmes annoncés
par M. Trudeau qui sont de l'ingérence dans nos compétences, jamais on n'a
accepté, jamais on n'acceptera, donc on va réclamer notre dû, 22 % des
montants, sans condition.
M. Nadeau-Dubois : Ah! Mais
je vous parle de la prochaine élection fédérale, puis vous avez le droit d'être
clair, ce n'est pas interdit. Je comprends que vous n'excluez pas de prendre
position lors de la prochaine élection fédérale, par exemple, pour défendre les
compétences du Québec.
M. Legault : Je n'exclus pas
ça.
M. Nadeau-Dubois : Si vous
preniez position, puisque vous ne l'excluez pas, j'imagine que vous ne
prendriez pas position pour le parti politique, le Parti libéral du Canada, qui
vient de procéder à une série d'ingérence quasiment sans précédent dans les
compétences du Québec. Quels sont les partis d'autres que vous pourriez
recommander aux Québécois, Québécoises, puisque vous n'excluez pas de faire une
telle recommandation?
M. Legault : Oui.
Le Président (M. Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Bien, écoutez,
ce n'est pas noir ou blanc, on le sait, dans un programme électoral, on parle
d'environnement, on parle d'identité, des pouvoirs, de décentralisation,
d'ingérence ou de non-ingérence dans les champs de compétences des provinces.
Donc, il y aura une analyse qui sera faite de tous les programmes de tous les
partis, puis, bon, on décidera à ce moment-là quel est... s'il y en a un qui
défend le mieux les intérêts des Québécois.
M. Nadeau-Dubois : Est-ce que
c'est une possibilité... Puisque vous n'excluez pas de faire un appui, est-ce
que c'est une possibilité que vous appuyiez le Parti libéral du Canada?
M. Legault : Bien, écoutez,
là, il est trop tôt pour répondre à cette question-là.
M. Nadeau-Dubois : Donc, vous
n'excluez pas d'appuyer le Parti libéral du Canada?
M. Legault : Je n'exclus pas
d'appuyer le Parti libéral, le Parti conservateur, le Bloc québécois. Je
n'exclus rien.
M. Nadeau-Dubois : O.K. Le
11 octobre 2022, vous aviez déclaré que vous n'entendiez pas intervenir
dans la prochaine élection fédérale. Donc le 11 septembre 2022, là, on est
en avril 2024, qu'est-ce qui a changé depuis pour que votre position évolue?
M. Legault : Bien, comme je
vous dis, ça se peut qu'on n'intervienne pas, que je n'intervienne pas, ça se
peut que j'intervienne. On va voir les programmes des différents partis.
M. Nadeau-Dubois : En septembre
2022, vous aviez spécifiquement exclu, là, d'appuyer...
M. Nadeau-Dubois : ...appuyé
M. Poilievre, là, aujourd'hui, vous ne l'excluez plus. Qu'est-ce qui a changé
depuis?
M. Legault : Bien, c'est la
question, de la façon qu'elle est posée. Ça commence à faire assez longtemps
que vous êtes en politique, si vous... le journaliste vous demande :
Est-ce que vous excluez d'appuyer M. Poilievre? Allez-vous appuyer M.
Poilievre? Allez-vous appuyer M. Trudeau? Écoutez, là, il est trop tôt, il est
trop tôt.
M. Nadeau-Dubois : Bien, je
peux vous dire que, dans mon cas, il n'est pas trop tôt. Moi, je suis assez à
l'aise d'emblée d'exclure un appui à M. Poilievre. Ça, là-dessus, moi, je suis
à l'aise, dès maintenant, je l'exclus. Pour ce qui est de vous, comme premier
ministre du Québec, c'était quand même... ça avait été remarqué, cet appui en
2021, à un gouvernement conservateur minoritaire. Vous étiez revenu sur cet
appui-là en septembre 2022 en disant : Ce n'est plus dans mes intentions.
Vous aviez dit, par exemple, ne pas assez connaître M. Poilievre pour
l'appuyer. Là, aujourd'hui, votre position a changé, vous nous dites : Je
ne l'exclus plus. Donc, ma question : qu'est-ce qui vous a fait changer
d'idée entre septembre 2022 puis aujourd'hui? Ça fait assez longtemps, vous
aussi, que vous faites de la politique pour savoir que ces mots ont un sens.
M. Legault : Bien, écoutez,
là, le chef de Québec solidaire vient de nous dire : C'est sûr que je
n'appuierai pas M. Poilievre. J'aimerais ça qu'il me dise est-ce qu'il exclut
d'appuyer M. Singh? Parce qu'il y a beaucoup de gens au... à Québec solidaire,
qui appuient le NPD, même si, officiellement, Québec solidaire est
souverainiste, souverainiste non nationaliste, il n'exclut pas d'appuyer M.
Singh, qui est encore plus intervenant dans les compétences des provinces que
M. Trudeau. Donc, je le sais que le chef de Québec solidaire nous a dit
souvent : Moi, les compétences, j'haïs ça, ça ne m'intéresse pas, les
compétences. Moi, ça m'intéresse.
M. Nadeau-Dubois : Des trois
chefs des formations politiques ici présentes, il y en a un seul qui n'a jamais
changé de position sur l'indépendance du Québec, et c'est celui qui parle en ce
moment. Le chef du Parti libéral a déjà été un indépendantiste, le chef du
Parti québécois, vous l'avez cité plus tôt, a déjà changé sa position,
vous-même, vous ne vous en cachez pas, vous avez changé de position. Le seul
ici qui n'a jamais changé de position sur la question fondamentale du statut politique
du Québec, c'est moi. Je ne dis pas ça pour me vanter, c'est un fait. Donc,
pour ce qui est de la cohérence, je me... je me porte bien. Et, par ailleurs,
je vous confirme, je n'ai jamais pris de position publique aux élections
fédérales. Ce ne sera pas le cas non plus la prochaine fois.
Ceci étant dit, j'aimerais maintenant
qu'on parle d'environnement, parce que ça, vous avez prétendu que ça fait
partie de vos priorités. Le 15 août 2023, le ministre de l'Économie,
j'allais l'appeler par son nom, a fait une déclaration qui m'a surpris. Il
avait déclaré : «Je suis un de ceux qui croient que les voitures
électriques, il faut... toutes électriques, mais il faut en avoir la moitié
moins», donc deux fois moins de véhicules sur les routes du Québec. Est-ce que
le premier ministre est d'accord avec cette affirmation de son ministre de
l'Économie qu'il faudrait grosso modo couper en deux le parc automobile au
Québec?
M. Legault : Bon. D'abord, je
veux revenir sur les premières remarques du chef de Québec solidaire pour lui
dire qu'aujourd'hui... Puis je l'invite à aller lire le livre qui s'appelle Les
Bleus d'Étienne Alexandre Beauregard, où il explique qu'il y a deux partis
multiculturalistes, donc le Parti libéral et Québec solidaire, puis deux partis
nationalistes, le Parti québécois et la CAQ, donc deux partis qui défendent le
français, qui défendent la laïcité. D'ailleurs, ça a dû choquer les oreilles du
chef de Québec solidaire, ce que nous a dit le premier ministre de la France,
la semaine dernière.
Maintenant, je reviens aux voitures
électriques. Évidemment, l'objectif, c'est de réduire les GES. Bon. Une des
façons, c'est avec plus de voitures électriques. Une autre des façons, c'est
plus de transports collectifs. Il y a aussi toute la décarbonation des
entreprises. Donc, ce qu'on fait, avec le PEV, c'est d'optimiser nos
investissements. On a un plan de 9 milliards.
M. Nadeau-Dubois : ...
M. Legault : On essaie de
dire : Bien, avec le 9 milliards, il faut faire le plus de chemin
possible, pour réduire les GES.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
Gouin, 2 min 40 s.
M. Nadeau-Dubois : C'est
très... C'est très intéressant. Ma question était : est-ce que le premier
ministre est d'accord qu'il faut couper en deux le parc automobile au Québec?
M. Legault : Bien, il
faudrait voir sur combien d'années puis... donc il faudrait savoir sur combien
d'années. Mais il va falloir réduire le nombre de voitures électriques. Puis,
bonne nouvelle, on va fabriquer au Québec des batteries pour les véhicules
électriques, même, même si Québec solidaire est contre l'investissement de
Northvolt.
M. Nadeau-Dubois : Donc, le
premier ministre, quand son ministre de l'Économie, il dit : Il faut avoir
la moitié moins de véhicules au Québec, le premier ministre, il est à l'aise
avec cette affirmation-là?
M. Legault : Bien, ça dépend
sur combien d'années.
M. Nadeau-Dubois : O.K.,
mais, mettons, à long terme, il est d'accord?
M. Legault : À...
M. Legault : ...très long
terme, oui.
M. Nadeau-Dubois : À très
long terme, il est d'accord. Il va falloir quand même que les gens se déplacent
sur le territoire. S'il y a moitié moins de véhicules, ça va prendre donc énormément
de transport collectif pour déplacer tout ce monde-là. Est-ce que le premier
ministre peut me citer un projet de transport collectif que son gouvernement a
initié et livré depuis qu'il est au pouvoir?
M. Legault : Bien, écoutez,
dans toute l'histoire des grands projets au Québec, malheureusement, c'est
souvent un parti ou un premier ministre qui lance un projet, puis un autre qui
vient inaugurer le projet, bon. Moi, j'espère devenir l'exception avec un
troisième mandat, mais c'est certain que, de lancer un projet puis de le
finaliser, c'est long.
Mais prenons la ligne bleue, à Québec, le
prolongement de la ligne bleue. Il n'y avait rien qui s'était fait par les
libéraux. Nous, c'est en construction.
M. Nadeau-Dubois : Non, mais
moi, si le premier ministre m'explique que ce n'est pas possible d'annoncer
puis de livrer un projet de transport collectif en un ou deux mandats, je suis
capable de l'entendre, je veux juste qu'on soit clair pour les gens qui nous
écoutent, donc, il reconnaît qu'il n'en a pas initié et livré jusqu'à
maintenant depuis qu'il est premier ministre?
M. Legault : Oui.
• (17 h 30) •
M. Nadeau-Dubois : Merci,
parce qu'on a eu beaucoup de difficulté à avoir cette réponse-là de la part de
la ministre des Transports, qui nous a parlé de la ligne bleue, du SRB Pie-IX,
du REM, tous des projets qui avaient été lancés sous le gouvernement précédent.
Maintenant, la cause est entendue. On pourra arrêter de s'obstiner, élégamment,
toujours, avec la ministre des Transports. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le chef de
l'opposition officielle, pour 18min 45 s, s'il vous plaît.
M. Tanguay : 18min 45 s.
Merci beaucoup, M. le Président. On va revenir en énergie. Comment ça va, les
discussions avec Terre-Neuve-Labrador pour Churchill Falls?
M. Legault : Bien, c'est
très confidentiel, mais les discussions se poursuivent.
M. Tanguay : Entre nous.
M. Legault : Je vous dirais,
d'abord, quel est l'objectif? Plusieurs objectifs. Le contrat se termine en
2041, donc, si on veut signer des contrats à long terme avec des entreprises,
il faut savoir ce qui se passe après 2041. Deuxièmement, c'est possible de
rehausser la puissance de Churchill Falls, donc... intéressé à participer puis
avoir une partie de cette puissance additionnelle. Troisième projet, Gull
Island, donc un nouveau barrage, donc, où on pourrait participer à la
construction puis éventuellement être un client. Donc, les discussions se
poursuivent, mais c'est évidemment très confidentiel.
M. Tanguay : Je comprends ça
puis je suis content d'entendre le premier ministre qui voit un potentiel
d'augmenter la capacité électrique. 2041, par contre, quand on parle de
développer cette puissance-là, ça va venir quand même assez vite, parce qu'on
parle de plus de 10 ans pour un barrage. Donc, s'il y a des aménagements à y
avoir, quel est son objectif d'arriver avec des résultats? Parce que le temps
file, là aussi, là. DQuel est son calendrier?
M. Legault : Bien, écoutez,
ça dépend de l'entente. Si on est capable d'avoir une bonne entente dans les
prochains mois, les prochaines années, tant mieux, mais on regarde aussi des
plans B, entre autres, sur la Côte-Nord, dans le nord du Québec, pour des nouveaux
barrages ou des rehaussements de barrages, et on regarde aussi pour ajouter
beaucoup d'éolien.
Maintenant, il va y avoir aussi des
nouvelles technologies, dans les prochaines années, qui vont s'ajouter. Donc,
on ne peut pas mettre tous nos œufs dans le panier de Terre-Neuve puis être
obligés d'accepter ce qui nous est proposé par Terre-Neuve.
M. Tanguay : Le premier
ministre a dit : Dans quelques mois ou dans quelques années. Il n'exclut
pas le scénario où il pourrait y avoir une entente dans quelques mois. Ça
pourrait être possible?
M. Legault : Bien, on ne peut
pas exclure ça, là, mais, bon, je n'irais pas jusqu'à dire que c'est probable,
mais ce n'est pas impossible.
M. Tanguay : Ce n'est pas
impossible, O.K. C'est important, c'est important, ce qu'il dit, puis ça a un
impact, évidemment, économique et énergétique. Est-ce que le fédéral est
impliqué dans les discussions?
M. Legault : Non. Non.
M. Tanguay : Aucunement?
M. Legault : Il y a des
discussions entre Andrew Fury, le premier ministre de Terre-Neuve, et moi, et
entre Hydro-Québec et l'équivalent à Terre-Neuve, mais le fédéral n'est pas
impliqué.
M. Tanguay : Parfait.
Dernière question là-dessus : Est-ce qu'il trouve que ça avance bien?
Est-ce qu'il est confiant?
M. Legault : Bien, les prix
qui sont demandés par Terre-Neuve sont élevés. Donc, on voudrait qu'ils soient
plus bas.
M. Tanguay : Ils sont
gourmands.
M. Legault : Bien, si j'étais
à leur place, je ferais la même chose.
M. Tanguay : Ah oui? Ah! là,
c'est moins bon, par exemple. Oui, parce que je pense que c'est le premier
ministre de Terre-Neuve qui a dit : Show us the money, je pense.
M. Legault : Oui. Je pense
que... je ne pense pas qu'il répéterait ça demain matin, Andrew, parce qu'on a
fait une proposition, on est rendu dans...
17 h 30 (version non révisée)
M. Legault : ...de
propositions. Donc, je ne pense pas qu'il dirait demain matin, là : Show
us the money. C'est plus : Bien, on voudrait avoir des prix plus élevés.
M. Tanguay : C'est bon, c'est
bon, c'est bon. Je reviens à New York. Puis si le premier ministre a d'autres
chiffres, qu'il me les... qu'il nous les donne parce qu'on essaie de les avoir,
puis je dois dire que ce n'est pas... ce n'est pas limpide.
Contrat de New York 2025-2050 sur 25 ans,
ça va, bon an mal an, rapporter un revenu, je ne parle pas d'un profit ou d'un
dividende là, ce n'est pas du un pour un, un revenu de 1,3 milliard
canadien annuel...
Une voix : ...
M. Tanguay
: ...indexé
et ça va engager notre énergie, 10,4 térawattheures. Bon, 2025-2050, 10,4 térawattheures
pour répondre à ça, 1,3 milliard indexé par année, pas de dividendes, pas
de profits, de revenus. Hydro-Québec nous dit : Arrêtez tout! Ne dit pas
«arrêtez tout», mais dit : Attention, attention, attention! 60
térawattheures d'ici 2035 on a besoin de ça, là, puis ça va coûter 100 milliards.
J'aimerais ça qu'il me rassure en m'expliquant la rationnelle économique quand
on regarde le besoin créé versus coût-bénéfice que ça va nous rapporter, New
York.
M. Legault : Bien, d'abord,
là, ce qu'il est important de dire, c'est qu'Hydro-Québec est très content d'avoir
et l'entente avec le Massachusetts, donc Boston et compagnie, et l'entente avec
New York, avec des lignes qui sont dans les deux sens. Parce que, dans les
prochaines années, pour la transition énergétique, la clé, ça va être les
lignes de transmission. Et le fait qu'on ait entre le Québec puis New York, là,
qui n'est quand même pas rien, une ligne qui va dans les deux sens, ça va nous
permettre de mieux gérer les pointes. Ça va être ça, là, l'enjeu, gérer les
pointes. Bon. Puis l'avantage qu'on a avec l'hydroélectricité, c'est que le
bassin d'eau agit un peu comme une batterie. Bon. À New York, oui, il y a de l'éolien,
mais c'est intermittent, donc il y a certains moments où ça peut être
avantageux, surtout le nouveau coût de l'éolien est beaucoup plus bas, donc on
est dans une situation qui est parfaite, avec des revenus garantis aussi, ce n'est
quand pas rien, là, d'avoir 1,3 milliard qui rentre bon an mal an indexé.
Donc, moi, je... je pense qu'Hydro-Québec puis moi, on est contents.
M. Tanguay : Est-ce que le
ministre peut nous dire, ou peut-être qu'il n'est pas capable, là, parce que
mais quand même, 2025, c'est l'an prochain, là, ça va commencer l'an prochain,
de nous dire indexé, là, selon sa prévision, on peut trouver un taux pour l'indexation,
là, ça va nous rapporter combien ça en tout, sur ces 25 années-là, en
milliard de dollars canadiens?
M. Legault : Oui, bien là, il
faut... il faut être prudent, là, parce que si vous voulez savoir combien de
cent par kilowattheure on charge, et puis c'est quoi le... c'est quoi le prix
pour chaque année à Boston, c'est quoi le prix à chaque année à New York? Là,
je pense que tout le monde va comprendre que c'est très confidentiel.
M. Tanguay : Oui, mais, je
veux dire, vous...
Une voix : ...
M. Tanguay : ... c'est...
oui. Puis je n'ai pas de problème à ce que ce soit rentable quand on vend
quelque chose qui a une valeur énorme. Je n'ai pas de problème à ce que le
contrat comme tel uniquement soit rentable. Mais quand je regarde dans toute la
patente dans laquelle Hydro-Québec veut nous embarquer, puis c'est normal, puis
c'est correct, c'est 60 térawattheures qui nous manquent.
Alors, tantôt, il me faisait grief qu'il y
avait des surplus d'énergie, mais là il n'y en a plus d'énergie, il faut aller
chercher 60 térawattheures, c'est 100 milliards. Alors, je comprends
que le contrat en soi, en tant que tel, il y a un preneur pour l'énergie puis
qu'il va être profitable, mais quand on regarde ce qu'il va falloir investir
pour y répondre, ma question est de savoir, donnez-moi du jus, là, pour voir qu'il
est profitable, parce que moi j'ai un grand questionnement : S'il nous
rapporte quelque chose comme 36 milliards de dollars canadiens ou 40 milliards de
dollars canadiens sur 25 ans, quand il va falloir investir 100 milliards
pour combler la carence, il comprend ce que je dis, moi, je ne suis pas... je
ne suis pas rassuré, là, je pose les questions.
M. Legault : O.K. Bon, d'abord,
je pense, c'est important de bien répondre à cette question-là. D'abord,
rassurons les individus, le résidentiel, là, il y a un bloc patrimonial et il
ne manquera jamais d'électricité pour les individus, pour les résidences au Québec.
Maintenant, on a un contrat avec New York,
on a un contrat avec... à Boston pour exporter. On est en train de signer des
contrats avec des entreprises comme GM, Ford, Northvolt...
M. Legault : ...là, on parle
avec des grandes entreprises, Hélio, Tinto, Arcelor Mittal, pour dire on va
leur vendre de l'électricité à profit, O.K.? Mais là, non seulement
Hydro-Québec va faire de l'argent, mais en plus, ces entreprises-là sont en
train de créer des emplois payants qui vont entrer des revenus additionnels au
ministère des Finances du Québec. Donc, on gagne deux fois : on gagne avec
ce que fait Hydro-Québec, le développement qui n'existait pas avec le Parti
libéral, puis on gagne en développant des entreprises de l'économie verte qui
vont être payantes pour le ministère des Finances du Québec. Donc, on gagne
deux fois. On relance la production chez Hydro-Québec. Puis moi, quand on me
dit : Ça va prendre 100, 150 milliards, d'abord, Hydro-Québec a une
capacité d'emprunt extraordinaire, c'est un actif, c'est un joyau qu'on a au
Québec. Donc, félicitons-nous d'avoir Hydro-Québec puis d'avoir la possibilité,
la possibilité de... d'avoir assez de clients, soit à l'extérieur du Québec,
soit dans les entreprises qui viennent s'installer au Québec, pour qu'on puisse
justifier plus de construction, donc un boom économique dans les prochaines
années.
• (17 h 40) •
M. Tanguay : Bien, pour que
le boom reste boom, et pas... là, moi, je n'ai pas de problème. Des clients, il
va y en avoir. Pour de l'énergie propre, là, des clients, il va y en avoir, à
l'interne puis à l'externe. Il n'y a aucun... aucun enjeu là-dessus. Par
contre, qu'est-ce qu'on fait avec notre énergie? Deux choses. On peut-tu
prioriser nos entreprises à nous qui auront un retour sur l'investissement, de
un, et de deux, à combien on signe des deals à l'étranger et est-ce que c'est
profitable? Avec la donne relativement récente, qu'il y a trois ans, on avait
encore des surplus, mais dans les derniers mois, dernières années, je veux dire,
on n'en a plus. La réalité a changé complètement. Alors, des clients pour des
clients, il n'y aura jamais un problème. Mais on peut-tu prioriser nos
entreprises dans les projets que l'on accepte? Et réellement, les ententes à
l'extérieur, est-ce qu'elles vont être rentables? C'est le questionnement que
j'ai.
M. Legault : Bon. D'abord, je
n'ai pas pu m'empêcher de sourire quand j'ai entendu le chef de l'opposition
officielle dire : Des clients, il n'y a pas de problème, on va en avoir.
Bien, quand on est arrivés en 2018, on les cherchait, les clients. Je pense
qu'il n'y en avait pas deux, O.K.? Et ce que nous a laissé... le bilan que nous
a laissé le gouvernement libéral, c'est qu'il n'y en avait pas, de clients ni à
l'extérieur comme des places comme New York ni des entreprises. Donc, on a
changé la situation, on a signé avec New York. Puis on a réussi, c'est surtout
le ministre de l'Économie, à attirer des dizaines et des dizaines
d'entreprises.
Maintenant, lesquelles on va choisir, bon,
bien, on choisit en fonction des retombées. Si une entreprise, demain matin,
nous dit : Moi, je vais créer 1 000 emplois à 75 000 $
ou à 100 000 $ par année, donc à un salaire moyen plus élevé que le
salaire moyen du Québec, bien là, on peut facilement calculer quelles sont les
retombées pour le Québec. Et là, bien, évidemment, on va signer avec les
entreprises où il y a le plus de retombées. Mais, une chose qui est sûre, c'est
qu'on n'ira jamais signer un contrat si, avec 1 $, on ne fait pas au moins
1,25 $, 1,50 $. Donc, c'est comme ça que le calcul se fait. Puis,
écoutez, là, moi, je suis très fier de ça, de dire il y a tellement
d'entreprises qui veulent investir au Québec qu'on a le choix. C'était le
contraire avec le gouvernement libéral, il n'y avait pas personne, c'était le
désert total.
M. Tanguay : Bon. Alors,
après cette affirmation équilibrée, «le désert total»... Il me fait rire, des
fois, le premier ministre. Là, j'allais être méchant, mais je ne le serai pas.
Ça va bien, on a une belle journée.
Le 11 avril dernier, le ministre de
l'Énergie a dit : Maintenant, le coût additionnel de l'électricité qui
va... qui va payer pour? Maintenant, le coût de l'électricité, qui va payer
pour?» Je cite toujours le ministre de l'Énergie : «Est-ce que ça va être
le commercial, l'industriel ou le ministre des Finances? Il y aura moins de
dividendes d'Hydro-Québec.» Qui va payer? Parce que ça va requérir, oui, des
emprunts, mais il va falloir rembourser les emprunts puis il va falloir faire
des investissements. Peut-il affirmer que le particulier sera toujours, si
d'aventure il était encore là pendant plusieurs années, sera toujours plafonné
à 3 %? Peut-il l'affirmer? Je vais commencer par les particuliers.
M. Legault : O.K. Donc,
les... oui, les particuliers sont plafonnés à 3 %.
Mais je veux revenir quand même sur
l'affirmation, parce que c'est très important, là. Prenons l'industriel, O.K.?
Je l'expliquais tantôt, si une entreprise industrielle vient nous dire...
M. Legault : ...vient nous
dire : Je vais créer 1 000 emplois à 100 000 $ par année, il y a
de l'argent qui va rentrer au ministère des Finances. Si pour faire ça,
Hydro-Québec doit baisser ses revenus d'un montant inférieur aux entrées, on
est gagnant. Donc, quand le ministre de l'Économie dit : Il y a trois
choix ou l'industriel va accepter de payer plus cher, ou c'est le ministère des
Finances qui va accepter, parce qu'il y a des entrées fiscales additionnelles,
d'en redonner une partie en acceptant qu'Hydro-Québec ait un moins gros profit.
Donc, c'est ça, la dynamique qu'on regarde actuellement.
M. Tanguay : Et oui, je suis
tout à fait d'accord, je le vois, le lien, les vases communicants, mais il ne
peut pas dire que c'est du un pour un et que j'aurai toujours l'ambition que
mes salaires élevés vont combler le manque à gagner des dividendes. Moi, je ne
vois pas de un pour un, là. Est-ce que c'est sa prétention, non?
M. Legault : Je suis d'accord
avec vous, là, ce n'est pas du un pour un, c'est idéalement du 1,25 pour un ou
1,50 pour un. Il faut qu'au total on soit gagnant. Donc quand on additionne le
profit d'Hydro-Québec et les retombées, il faut qu'on soit gagnant à chaque
fois.
M. Tanguay : Donc, en
particulier sous sa gouverne, ce sera 3 %, toujours, ad vitam aeternam,
entre guillemets. Est-ce qu'il va donc modifier la loi? Je pense que c'est la
loi n° 34 qui avait été adoptée, qui faisait en sorte
que la Régie de l'énergie après cinq ans — je crois que cinq ans, ça
va venir bientôt — pouvait revisiter ce... ce plafond-là, pouvait
revisiter ce qui était l'inflation. Est-ce qu'il doit déposer un projet de loi?
Est-ce qu'il va en faire un?
M. Legault : J'ai... j'ai une
entente, là. Je n'ai aucune inquiétude, là, de la part du président
Hydro-Québec, les tarifs vont être plafonnés à 3 % maximum.
M. Tanguay : La Régie de
l'énergie qui nécessiterait une modification législative parce qu'il y a un
mécanisme qui va embarquer, là.
M. Legault : Oui.
M. Tanguay : Va-t-il déposer
un projet de loi?
M. Legault : Bien, on l'a
fait cette année, là. Même si la Régie de l'énergie aurait permis d'avoir des
augmentations de plus que 3 %, on les a limités à 3 %.
M. Legault : Mais là, la
Régie de l'énergie va revisiter les cinq dernières années pour peut-être
l'augmenter d'au-delà 3 %. Je présume que, comme il le fait, le plaster,
si vous me permettez l'expression, le diachylon, il va le refaire aussi pour
l'an prochain, puis ça va être 3 %, le plafond.
M. Legault : Bien, oui. Mais
ce qui est arrivé, il faut le dire, là, autant avec les gouvernements du Parti
québécois que des gouvernements du Parti libéral...
M. Tanguay : Ça allait donc
mal.
M. Legault : ...plusieurs
années, les augmentations d'Hydro-Québec suggérées puis acceptées de la Régie
de l'énergie étaient plus élevées que l'inflation. Donc, les consommateurs
québécois, avec les Libéraux, puis le Parti québécois, c'est arrivé souvent
qu'ils ont payé une augmentation de tarifs d'Hydro-Québec plus élevée que
l'inflation, alors que, nous, ce qu'on dit, c'est le minimum, le moindre de
3 % ou l'inflation.
M. Tanguay : Donc, qui risque
de payer à ce moment-là, les entreprises ou les industriels, la facture?
M. Legault : Bien, les
entreprises puis les industriels, c'est la même chose, là?
M. Tanguay : Mais pas au
niveau des tarifs. On parle d'Hydro-Québec, là.
M. Legault : Mais de quoi
vous parlez, là, les entreprises industrielles?
M. Tanguay : Les tarifs, là.
Les tarifs des entreprises vont augmenter.
M. Legault : Bien, les
entreprises industrielles, ça se peut que ça augmente, sauf s'il y a des
retombées. Mais les entreprises industrielles, c'est la même chose, là.
M. Tanguay : Oui. O.K. Il y a
entreprises industrielles qui ont le tarif L. Ce n'est pas, tout le monde qui a
le tarif L.
M. Legault : Oui. Mais il y a
des ententes qui ont été signées par les gouvernements précédents. Il y en a
qui vont venir à échéance, mais on va s'assurer, dans chaque contrat, que ce
soit payant.
M. Tanguay : Donc... puis en
passant, c'était le même vocable qu'utilisait votre ministre de l'Énergie, là.
Alors, il parlait des particuliers, commercial et industriel. Donc, tarif L, on
ne touche pas à ça parce qu'il y a des ententes.
M. Legault : Bien, mais c'est
ça, peut-être que juste pour qu'on se comprenne, là, il y a trois groupes.
M. Tanguay : Oui.
M. Legault : Les individus,
les entreprises industrielles, puis le commercial, centre d'achats, les
magasins, tout ça. Donc, il y a trois groupes. Ce qu'on dit, c'est que les individus,
c'est le moindre de 3 % ou l'inflation. Maintenant, qu'est-ce qu'on fait
avec l'industriel, qu'est ce qu'on fait avec le commercial?
M. Tanguay : Le premier
ministre a dit «des barrages», c'est-tu... ce n'est pas une erreur, il risque
d'y avoir des... de nouveaux barrages, plus d'un barrage.
M. Legault : Oui.
M. Tanguay : Il pense à
combien de barrages?
M. Legault : Bien, écoutez,
là, un, on ne va pas faire peur au monde, là.
M. Tanguay : Non, non. C'est
les faire rêver.
M. Legault : Puis je ne vous
dirai pas non plus c'est exactement sur quelle rivière, puis où. Mais je l'ai
déjà dit à plusieurs reprises, on regarde pour avoir des barrages et/ou des
rehaussements de barrages, ce qui est aussi intéressant d'ailleurs.
M. Tanguay : Mais les
nouveaux, les nouveaux barrages, il va y en avoir plus d'un. C'est ce que vous
prévoyez, les nouveaux nouveaux, là?
M. Legault : Bien, il y a des
projets actuellement, il y a des discussions qui ont lieu avec, entre autres,
certaines communautés autochtones. Donc, on ne fera pas ça sans leur accord,
sans une acceptabilité sociale.
M. Tanguay : Une dernière
petite question, la prochaine rencontre avec Justin Trudeau, son rendez-vous
doit être cédulé, là, d'ici le 30 juin, là. Il...
M. Tanguay : ...il peut-tu la
faire dans notre capitale nationale? Ça va être la huitième rencontre. Est-ce
qu'il s'engage à cela?
M. Legault : Bien oui. Bien,
je ne sais pas si lui s'engage, mais moi, je m'engage...
M. Tanguay : Si c'était au
Québec...
M. Legault : ...ça fait que
ça va être correct. Si moi, je veux le recevoir à Québec, je pense qu'il va
venir à Québec. Même s'il habite à Montréal, il va venir à Québec.
M. Tanguay : Ça fait que si
ça se passe au Québec, vous vous engagez à ce que ça se passe dans notre
capitale nationale?
M. Legault : Oui, absolument.
J'ai déjà promis avant. Donc, n'inscrivez pas ça dans la colonne des gains du
Parti libéral, là, j'ai déjà promis ça.
M. Tanguay : Parce parce,
vous avez raison, il n'y a plus de place. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le député de
Lafontaine, chef de l'opposition officielle. Alors, je me tourne maintenant
vers le gouvernement pour 10 minutes, une seconde. M. le député de Beauce-Sud,
s'il vous plaît.
M. Poulin : Merci beaucoup,
M. le Président. À mon tour de saluer les collègues, évidemment, du
gouvernement, saluer le premier ministre, saluer les oppositions pour cet
exercice fort important, le député de Saint-Jean également qui va se joindre à
moi, dans les prochaines minutes, pour échanger avec vous, M. le premier
ministre. Vous savez, moi, je suis député d'une région agricole. C'est
extrêmement important, l'agriculture chez nous, l'acériculture. Comme député,
évidemment, je suis très près de mes agriculteurs, des gens, des femmes, des
hommes, des familles qui vivent de l'agriculture au Québec. On n'est pas sans
savoir également que, ces jours-ci, l'UPA parcourt le Québec. Je serai
d'ailleurs, en Beauce, avec eux, ce vendredi, pour, à nouveau, échanger,
discuter. On est conscients aussi de la réalité des enjeux internationaux que
vive le monde agricole, de la réalité financière, des changements climatiques,
des éléments qui sont loin d'être faciles pour nos agriculteurs au Québec. Et
on se doit de le faire avec calme, on doit le regarder, ce dossier-là, avec
sérieux et avec sérénité.
• (17 h 50) •
Cependant, au cours des dernières heures,
on a vu le Parti libéral du Québec lancer une campagne pour avoir des dons de
formations politiques sur l'agriculture au Québec. Je vous la lis, M. le
premier ministre : «Face à la crise en agriculture, entre parenthèses, nom
et prénom du premier ministre doit passer de la parole aux actes et agir pour
soutenir nos producteurs et productrices. Donnez, dès maintenant, pour nous
aider à défendre les intérêts de nos agriculteurs québécois contre l'inaction
de la CAQ.» Et on voit une photo du porte-parole en matière d'agriculture, des
pêcheries, d'alimentation du Parti libéral.
Et il y a un lien Je donne, qui nous amène
au site du Directeur général des élections, M. le Président. C'est assez
surprenant, c'est assez, j'ose le dire, épouvantable de voir qu'avec ce que
vivent les milieux agricoles actuellement, qu'on tente d'amasser des dons pour
une formation politique. M. le premier ministre, vous en pensez quoi?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Oui, bien,
écoutez...
M. Poulin : Je peux
déposer... que les collègues puissent en prendre connaissance. C'est public ou
allez sur le plq.org, vous allez tout voir, mais je peux vous le déposer.
Le Président (M.
Bachand) :O.K. Juste l'envoyer à la
commission, s'il vous plaît, au secrétariat. Merci.
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :S'il vous plaît! S'il vous
plaît...
M. Legault : Écoutez, moi, je
trouve complètement aberrant que le Parti libéral utilise la crise en
agriculture pour collecter de l'argent pour le Parti libéral du Québec. Ça n'a
pas de bon sens. On dirait qu'ils n'ont pas appris leur leçon de ce qui s'est
passé. Donc, on a effectivement le député de Pontiac qui dit : Donnez dès
maintenant pour aider à défendre les intérêts de nos agriculteurs. Puis là il y
a un lien, M. le Président, il y a un lien Je donne, puis là ça s'en va direct
donner de l'argent au Parti libéral. C'est quand même incroyable. Jamais je
n'oserais dire : On va utiliser la crise en agriculture pour collecter de
l'argent, collecter de l'argent pour le Parti libéral du Québec. C'est une
insulte, à mon avis, aux agriculteurs. Et je n'en reviens pas que le député de
Pontiac, qui a quand même de l'expérience, accepte de mettre sa photo avec...
Le Président (M.
Bachand) :Juste faire attention...
M. Legault : ...venez nous
aider à faire le combat pour l'agriculture et donnez de l'argent au Parti
libéral. C'est gênant pour le Parti libéral du Québec, c'est gênant.
M. Poulin : Merci, M. le
premier ministre. Ce sera intéressant certainement d'entendre ce qu'a à dire le
Parti libéral du Québec, le député de Pontiac. Je vois qu'il a convoqué les
médias demain avec les agriculteurs. Il pourra aussi leur expliquer ce que son
parti politique fait. C'était tout pour moi, M. le Président. Nous, on sera...
on continuera d'être présents aux côtés des agriculteurs sans demander de
formation, sans demander de dons...
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le député de
Beauce-Sud. D'autres intervenants...
Le Président (M.
Bachand) :...du côté gouvernemental. M.
le député Saint-Jean, s'il vous plaît.
M. Lemieux : Merci.
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :S'il vous plaît, s'il vous
plaît! M. le député de Saint-Jean, vous avez la parole.
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :S'il vous plaît, M. le député
de Beauce-Sud. M. le député de Saint-Jean, vous avez la parole.
M. Lemieux : Mais il a raison
d'être choqué, ça crie en face.
Le Président (M.
Bachand) :S'il vous plaît!
M. Lemieux : M. le Président,
il me reste combien de temps?
Le Président (M.
Bachand) :5 min 42 s.
M. Lemieux : Merci beaucoup.
Et ce sera la fin de cette étude des crédits du bureau du premier ministre.
Vous savez, M. le premier ministre, le problème a être le dernier à poser la
question, après 3 heures, presque 3 heures et trois chefs de parti et
trois députés du gouvernement, vous avez pas mal fait le tour, là, hein? Par
contre, ce que j'aime de l'idée... Puis je ne vous parlerai pas de français,
parce que je me suis payé la traite ce matin en déclarations de députés, je ne
vous dérangerai pas avec le français cet après-midi, mais ce que ce que je me
dis, c'est qu'on peut résumer tout ça peut être en mots simples, puis en
faisant une espèce de résumé de toute l'histoire. Vous savez qu'au discours sur
le budget, je me suis aventuré à faire mon allocution sans utiliser un seul
chiffre et j'ai presque réussi, mais... Et c'est pour ça que je vous amène,
oui, sur les questions économiques, mais en les prenant un peu comme les
citoyens nous prennent. Je réponds souvent à mes concitoyens qui me parlent la
crise de la main-d'œuvre, de celle du logement, de l'inflation, pour ne pas
dire surtout l'inflation, là, et je leur réponds : Il faut regarder ça
plus largement chez nos voisins canadiens, par exemple, nos voisins américains.
Puis à divers égards, ailleurs aussi.
Au risque de paraître simpliste, puis il
ne faut jamais essayer de paraître simpliste quand on parle de finances
publiques, mais je vais y aller d'un vieux dicton — puis vous m'avez
presque volé le punch tout à l'heure, quand vous avez commencé au tout début — un
vieux dicton que vous me voyez venir : Quand on se regarde, on se désole,
mais quand on se compare, on se console. Parce qu'un dicton, ça dit bien ce que
ça veut dire, puis quand on regarde l'état de l'économie puis l'état des
finances publiques du Québec, après un mois de budget, on se dit : Bien,
coudon, si nos salaires ont augmenté, si pendant tout ce temps-là, depuis même
avant la pandémie, le pouvoir d'achat moyen au Québec s'est maintenu au-dessus
de l'inflation, si les statistiques qu'on voit mois après mois, chômage, inflation
sont encore jouables et gérables, comme le dit le ministre des Finances, bien,
à quelque part, on peut se dire : Bien, c'est parce que le monde sont
inquiets. Il y en a peut-être même qui sont anxieux.
Vous, M. le premier ministre, quand vous
rencontrez vos concitoyens puis que vous sentez leur inquiétude, leur anxiété,
le fait que c'est juste le sentiment ou l'impression que ça ne va pas bien,
comment vous leur présenter la situation, vous, de votre point de vue?
M. Legault : Bien, merci au
député de Saint-Jean. D'abord, chaque cas est différent. Il faut faire
attention quand on prend des moyennes. On peut dire : Les salaires depuis
cinq ans ont augmenté de 24 % au Québec, puis l'inflation moyenne,
incluant le logement puis la nourriture, a été de 19 %. C'est une moyenne.
Il y a plein d'exceptions. Il y a plein de gens qui souffrent actuellement de
l'augmentation du coût de la vie, qui ont de la misère à arriver, qui ne sont
pas capables de se trouver un logement à un prix raisonnable, qui ont de la
misère à aller acheter toute la nourriture qu'ils ont besoin, et qu'est ce
qu'on doit faire pour les aider? Bien, il faut mettre de l'argent dans le
portefeuille. Puis ça, bien, on a devant nous autres, là, des oppositions qui
ont la misère avec ça. Nous, on a commencé tôt à parler de ça, là, de
dire : On va baisser les impôts, on va augmenter l'aide sociale, on va...
Les aînés, pensez aux aînés de 70 ans et plus, là, qui, des fois, ont une
pension pas indexée. Imaginez-vous comment ils sont mal pris. Eux autres, ils
ne l'ont pas eu l'augmentation de salaire de 24 %, mais ils ont eu le
19 % d'inflation en moyenne. Donc, ces personnes-là, il faut les aider.
C'est beaucoup d'argent, là. Le 2 000 $ qu'on envoie aux 70 ans
et plus, là, parlez au ministre des Finances, là, ça n'a pas été facile à
passer parce que c'est beaucoup, beaucoup, beaucoup d'argent.
Donc, je pense qu'il faut continuer à
mettre de l'argent dans le portefeuille, il faut continuer à en faire une
priorité, le portefeuille. Puis ce n'est pas en opposition avec le fait de bien
financer nos services. Puis d'ailleurs, qu'est-ce qu'on a fait surtout comme
investissement en santé puis en éducation, c'est pour augmenter... améliorer
les conditions de travail, donc augmenter le salaire des enseignants,
augmenter... Donc, au moins, ces personnes-là, on le voit, là, le minimum qui a
été...
M. Legault : ...c'est
17,4 %, pour les prochaines années, d'augmentation, plus des primes, entre
autres, les infirmières, primes de nuit, primes de fin de semaine, primes à
temps plein, bon, etc. Ça donne plus de 25 %, en moyenne, d'augmentation.
Mais, dans le secteur privé, il faut que les gens se trouvent des meilleurs
emplois. Quelqu'un qui gagne 20 $, ce n'est pas la même chose que quelqu'un
qui gagne 30$ ou 40$ de l'heure. Puis là, bien, c'est là qu'il faut des
formations courtes. Et là il y a une opportunité extraordinaire avec la
construction. Imaginez-vous, on a beaucoup d'hôpitaux puis d'écoles à
construire, on a du rattrapage à faire puis...
Le Président (M.
Bachand) :En terminant, M. le premier
ministre, en terminant.
M. Legault : En conclusion,
Hydro-Québec a plein de projets, donc il y a une opportunité, en six mois, de
se former en construction, de gagner un excellent salaire et d'être capable de
faire bien vivre sa famille. Donc, c'est ce qu'il faut essayer d'expliquer.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le premier
ministre. Alors, le temps alloué à l'étude du volet Conseil exécutif des
crédits budgétaires du portefeuille Conseil exécutif étant presque écoulé, nous
allons maintenant procéder à la mise aux voix des crédits.
Est-ce que le programme 2, intitulé
Services de soutien auprès du premier ministre et du Conseil exécutif est
adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) :Adopté sur division. Je dépose
également les réponses aux demandes de renseignements de l'opposition.
Et, compte tenu là, la commission ajourne
ses travaux au jeudi 18 avril, à 11 h 30. Merci, belle soirée.
(Fin de la séance à 18 heures)