Journal des débats de la Commission des institutions
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Le
vendredi 2 juin 2023
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Vol. 47 N° 37
Étude détaillée du projet de loi n° 26, Loi modifiant la Loi sur les tribunaux judiciaires afin notamment de donner suite à l’Entente entre la juge en chef de la Cour du Québec et le ministre de la Justice
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Intervenants par tranches d'heure
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Bachand, André
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Jolin-Barrette, Simon
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Morin, André Albert
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Cliche-Rivard, Guillaume
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Nichols, Marie-Claude
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Haytayan, Céline
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Schmaltz, Valérie
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Sainte-Croix, Stéphane
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Bourassa, Kariane
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Lemieux, Louis
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Morin, André Albert
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Bachand, André
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Cliche-Rivard, Guillaume
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Jolin-Barrette, Simon
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Nichols, Marie-Claude
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Haytayan, Céline
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Schmaltz, Valérie
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Sainte-Croix, Stéphane
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Bourassa, Kariane
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Lemieux, Louis
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Cliche-Rivard, Guillaume
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Bachand, André
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Jolin-Barrette, Simon
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Morin, André Albert
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Nichols, Marie-Claude
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Haytayan, Céline
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Schmaltz, Valérie
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Sainte-Croix, Stéphane
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Bourassa, Kariane
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Lemieux, Louis
11 h 30 (version révisée)
(Onze heures quarante-neuf minutes)
Le Président (M.
Bachand) :Bonjour, tout le monde. À l'ordre,
s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission des institutions ouverte.
La commission est réunie afin d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi n° 26, Loi modifiant la Loi sur les
tribunaux judiciaires afin notamment de donner suite à l'Entente entre la juge
en chef de la Cour du Québec et le ministre de la Justice.
Avant de débuter, Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Boivin Roy (Anjou—Louis-Riel) est remplacée par M. Sainte-Croix
(Gaspé); M. Zanetti (Jean-Lesage), par M. Cliche-Rivard
(Saint-Henri—Sainte-Anne).
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup. Donc, nous sommes aux remarques
préliminaires. M. le ministre, vous avez la parole.
M. Jolin-Barrette : Bonjour,
M. le Président. J'ai eu l'occasion de faire des remarques préliminaires hier,
puis on est prêts à étudier le projet de loi, court projet de loi, quatre articles,
puis je suis ouvert à entendre mes collègues.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
l'Acadie, s'il vous plaît.
M. Morin : Merci, M. le
Président. Donc, nous avons déposé un amendement, M. le Président, et... puis,
si on peut le voir sur...
Le Président (M.
Bachand) :On est aux...
M. Morin : Pardon? On est aux
remarques préliminaires?
Le Président (M.
Bachand) :...M. le député de l'Acadie.
Après ça, on va aller à l'étude détaillée.
M. Morin : O.K. Parce que je
pensais, moi, que ça avait déjà été fait. On continue les remarques
préliminaires, M. le Président?
Le Président (M.
Bachand) :Oui.
M. Jolin-Barrette : ...vos préliminaires
d'hier aujourd'hui.
• (11 h 50) •
M. Morin : Oui, c'est ça, d'hier,
parce que c'est... en fait, c'est les mêmes, là, on a travaillé, puis il y a
des enjeux, voilà.
Le Président (M.
Bachand) :Parfait. Mais je dois... mais
je dois quand même y aller... Alors donc...
M. Morin : Non, non, mais je
vous comprends. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Parfait. Merci. M. le député de
Saint-Henri—Sainte-Anne, pour les remarques préliminaires.
M. Cliche-Rivard : Non, je n'aurai
pas de remarque préliminaire. On aura une motion préliminaire, mais pas de
remarque, non.
Le Président (M.
Bachand) :Parfait. Mme la députée de
Vaudreuil, pour les remarques préliminaires.
Mme Nichols : Même chose, M.
le Président, les mêmes remarques préliminaires qu'hier. Ça fait que...
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup.
Donc, nous sommes aux motions
préliminaires. Y a-t-il des motions préliminaires? M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci, M.
le Président. On fait motion pour :
«Qu'en vertu de l'article 244 de nos
règles de procédure, la Commission des institutions, avant d'entreprendre l'étude
détaillée en vertu du projet de loi n° 26, Loi modifiant la Loi sur les
tribunaux judiciaires afin notamment de donner suite à l'Entente entre la juge
en chef de la Cour du Québec et le ministre de la Justice, qu'elle tienne des
consultations particulières et qu'à cette fin, elle entende le groupe suivant :
le Conseil de la magistrature du Québec.»
Le Président (M.
Bachand) :Alors donc, est-ce qu'on a...
On n'a pas encore reçu la motion <préliminaire...
Le Président (M.
Bachand) : ...reçu la motion >préliminaire...
M. Cliche-Rivard : Ça ne
devrait être pas très...
Le Président
(M. Bachand) :Ça ne devrait pas être
tellement long. On va attendre. Ça va? Alors donc, interventions? M. le député
de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Oui,
bien sûr. Alors, on a entendu beaucoup de choses, mais il demeure encore
beaucoup de questions. Et je pense que le conseil devrait avoir le droit de nous
présenter leurs arguments au bénéfice de la commission. Ce sont les principaux
impactés par le changement de la loi. Bien sûr, on a lu ce qu'ils nous ont
transmis, mais on n'a pas eu le bénéfice des échanges, et des questions, et des
demandes de précisions. La partie surtout sur le financement n'entre pas en
vigueur avant plusieurs mois. On a du temps devant nous, on a du temps la
semaine prochaine. Donc, je ne vois pas pourquoi on ne prendrait pas le temps
de les entendre.
Le conseil demande à être entendu. À cette
fin, on sollicitera le consentement de déposer une lettre dudit conseil qui
nous transmettait ou nous informait de sa disponibilité hier, qui aurait voulu
être entendu. Ce matin, on voit aussi dans La Presse un article à
l'effet que ma formation politique et l'opposition officielle avaient demandé
la présence du conseil. Alors, d'autant plus que mes collègues ou
potentiellement la partie gouvernementale va modifier ou suggère de modifier
certaines des dispositions, il aurait été encore plus intéressant d'entendre le
conseil sur ces nouvelles informations.
Alors, considérant qu'ils sont au centre
de la discussion, je pense que la moindre des choses, ç'aurait été qu'on les
entende.
Le Président
(M. Bachand) :Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Rapidement,
M. le Président, on va voter contre cette motion préliminaire là.
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : On
va voter contre la motion préliminaire. Je comprends que le député de Saint-Henri—Sainte-Anne
aurait souhaité les inviter. On est dans une situation où l'ensemble des
mémoires sont communiqués aux membres de la commission. D'ailleurs, je pense
que le mémoire du Conseil de la magistrature est fort éloquent sur sa position.
C'est clair comme de l'eau de roche, qu'ils sont contre cette proposition-là de
modifier. Alors, c'est détaillé. Il y a un communiqué de presse. Il y a un
mémoire à l'intention des membres de la commission parlementaire de neuf pages.
Il y a des lettres jointes également, donc, une vingtaine de pages de
documentation. On sait très bien où loge le conseil. Il y a eu des sorties
médiatiques de la part du conseil aussi. Ils se sont exprimés largement sur
leur position. Tout le monde connaît leur position ici. Alors, c'est très clair
pour nous.
L'autre élément aussi, on a tenu des
consultations. L'ensemble des formations politiques se sont entendues sur une
liste de groupes. Votre leader, votre formation politique, a donné son
consentement également. Alors, comme on fait les choses à l'habitude, on s'est
entendu sur une liste de groupes. Et, pour cette raison, nous ne consentirons
pas à votre motion. Mais je comprends que votre désir aura été de les entendre.
Le Président
(M. Bachand) :Merci. Autres
interventions sur la motion? M. le député de l'Acadie, s'il vous plaît.
M. Morin : Merci. Merci,
M. le Président. Alors, écoutez, c'est un projet de loi qui va entraîner un
changement important dans la façon dont le Conseil de la magistrature est
financé. Je l'ai dit à plusieurs reprises, on n'est pas évidemment contre la
reddition de comptes, pas contre l'imputabilité. Ça, c'est très, très clair.
Cependant, dans le continuum législatif, on vient... le Parlement vient
d'adopter une loi qui va donner des pouvoirs à la Vérificatrice générale
d'aller évaluer, faire un audit des comptes du conseil. Et le conseil est
maintenant soumis à la loi sur l'accès à l'information. Donc, il y a des
experts, hier, qui nous ont dit, notamment le Barreau, si mon souvenir est bon,
que c'était un pas évidemment dans la bonne direction et... mais on n'aura pas
le bénéfice de voir en action ce que ça va donner parce qu'il y a ce projet de
loi qui est déposé et qui va déjà plus loin.
Moi, je vous dirais, quant à la position,
en tout cas, de certains juges ou de certaines conférences de juges, je
nuancerais, je nuancerais les propos. Dans une lettre qui a été envoyée à M. le
ministre de la Justice, on dit : «Les conférences des juges — et
je cite — sont particulièrement préoccupées des effets qu'auront la
mise en vigueur des dispositions des articles 2 et 3.»
Donc, quand on a une modification aussi
importante et qu'il y a des groupes qui soulèvent des préoccupations, le
Conseil de la magistrature en a également soulevé, je pense qu'il est important
comme législateurs de les... de les entendre et de voir... et d'entrer dans un
dialogue pour <voir...
M. Morin :
...pour >voir
s'il n'y aurait pas, justement, des voies qui pourraient être ouvertes, s'il
n'y aurait pas des ponts qui pourraient être construits, bâtis pour faire en
sorte qu'on arrive finalement à un résultat qui est négocié pour le bénéfice de
tout le monde.
Donc, c'est la raison pour laquelle, M. le
Président, j'appuie la motion de mon collègue le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Ce projet de loi là, une fois terminé, parce qu'il sera terminé, évidemment, je
l'évoquais hier, avec la majorité gouvernementale, éventuellement il va être
adopté, mais il ne rentrera pas en vigueur immédiatement. Donc, je pense que ça
nous laisse du temps pour être capables de bien cerner et d'écouter, en fait,
très important, l'écoute, d'écouter des groupes qui sont directement visés par
les modifications et qui vont faire en sorte qu'ils pourraient nous éclairer
sur l'impact. Et ça, je pense que c'est particulièrement important. Donc, c'est
la raison, M. le Président, pour laquelle je vais appuyer la motion de mon confrère,
de mon collègue.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Mme la députée
de Vaudreuil, s'il vous plaît.
Mme Nichols : Oui. Merci, M.
le Président. Je suis aussi d'accord. En fait, je ne pourrais même pas être
d'accord avec la motion de mon collègue puisque le Conseil de la magistrature
était sur la liste que j'ai... que j'ai transmise au ministre pour les groupes
qu'on voulait entendre dans le cadre de ce projet de loi là, dans la liste de
groupes. D'ailleurs, il y a eu des désistements étant donné, là, la courte
période pour laquelle... la courte période qu'on leur donnait pour venir se
présenter ici, au projet de loi n° 26, il y a eu des désistements, il y
avait de la place. Et d'ailleurs le Conseil de la magistrature avait même
manifesté être disponible en tout temps, une grande... il y avait une grande
flexibilité dans leur horaire. Puis on fait aussi les rencontres par
visioconférence. Donc, je pense qu'on est capables d'accommoder tout le monde.
On le sait, ils sont principalement
concernés par le projet de loi n° 26. Puis je le dis, M. le Président, je
pense que ça peut même être une façon de trouver un terrain d'entente avec le
Conseil de la magistrature. Je pense que, justement, ça peut même faire baisser
la tension qu'on a... bien, je dis «qu'on», je m'exclus, peut-être la tension
que le ministre de la Justice a avec le conseil... du Conseil de la
magistrature. Ça peut faire baisser la température, parce qu'on fait des
propositions, on essaie de trouver une voie de passage. Comme par exemple, je
vais donner l'exemple d'hier, là, il y a un M. Taillon qui proposait même
de couper la poire en deux en mettant la déontologie à l'extérieur, donc... bien,
on aurait pu prendre le pouls du Conseil de la magistrature, là, à cet effet-là.
En fait, peut-être qu'ils ont... et je suis certaine, convaincue que le Conseil
de la magistrature a, entre autres, écouté, là, les différentes interventions
hier, les consultations.
C'est quand même majeur, tu sais, on parle
que le conseil ne sera plus financé à même les fonds consolidés du revenu mais
plutôt par des crédits votés. La position, on la connaît, oui, mais, les voies
de passage, on les connaît... on les connaît plus ou moins. Puis je suis
certaine qu'il y a de la flexibilité de part et d'autre, soit du côté... du
côté du ministre mais aussi du côté du Conseil de la magistrature. Alors, vous
comprendrez, M. le Président, que moi, je suis en faveur d'entendre le Conseil
de la magistrature ici, au projet de loi n° 26.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Juste vous rappeler que
c'est une seule intervention par membre et qu'il n'y a pas de droit de
réplique. Alors, est-ce qu'il y aurait d'autres membres de la commission qui
désireraient prendre la parole? S'il n'y a pas d'autre intervention... Oui, Mme
la députée de Laval-des-Rapides, ça va? Alors, s'il n'y a pas d'autre
intervention, est-ce que la motion est adoptée?
Une voix : ...
Le Président (M. Bachand) :Vote par appel nominal. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Cliche-Rivard (Saint-Henri—Sainte-Anne)?
M. Cliche-Rivard : Pour.
La Secrétaire
: M. Jolin-Barrette
(Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Contre.
La Secrétaire
: Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Contre.
La Secrétaire
: Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
La Secrétaire
: M. Sainte-Croix
(Gaspé)?
M. Sainte-Croix : Contre.
La Secrétaire
:Mme Bourassa (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Bourassa : Contre.
La Secrétaire
: M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire
: M. Morin
(Acadie)?
M. Morin : Pour.
La Secrétaire
: Mme Nichols
(Vaudreuil)?
Mme Nichols : Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
• (12 heures) •
Le Président (M.
Bachand) :Abstention. Donc, la motion est
rejetée. Y a-t-il d'autres motions?
S'il n'y a pas d'autre motion, je suis
prêt à prendre en considération l'article 1 du projet de loi. M. le
ministre, la parole est à vous.
M. Jolin-Barrette : Oui, M.
le présent. L'article 85 de la Loi modifiant la Loi sur les tribunaux
judiciaires est modifié par le remplacement de «319» par «333».
Commentaire. L'article 85 de la Loi
sur les tribunaux judiciaires est modifié afin d'augmenter à 333 le nombre de
juges composant la Cour du Québec.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Interventions
sur l'article 1? M. le député de l'Acadie, s'il vous plaît.
M. Morin : Merci, merci, M.
le Président. Alors, je comprends, évidemment, qu'en montant le nombre de 319 à
333, c'est l'ajout, évidemment, de 14 postes de juges. Et cet article est
conforme...
12 h (version révisée)
M.
Morin :...cet article est conforme à l'entente entre la juge en
chef de la Cour du Québec et le ministre de la Justice, puisque l'article 1
de l'entente indique que «le ministre ajoutera 14 postes de juge aux
effectifs actuels de la Cour du Québec, chambre criminelle et pénale, et verra à
la nomination des juges additionnels». Alors, dans ce cas-ci, c'est tout à fait
conforme à l'entente, donc je n'ai pas d'autre commentaire, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Interventions
sur l'article 1? M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne, s'il vous plaît.
M. Cliche-Rivard : Oui.
Alors, belle entente et belles dispositions. Je salue, je salue l'entente que
le ministre a pu signer. C'est une bonne nouvelle, et, quand on peut lancer des
fleurs, on le fait. Alors, on est très heureux que cette mésentente soit donc
derrière nous.
Une voix : ...
M. Cliche-Rivard : Bien,
quand on fait une entente, des fois, c'est parce qu'il y avait une mésentente
avant, mais je ne vais pas m'attarder là-dessus plus qu'il faut. Je me demande
quand même si le ministre peut nous expliquer pourquoi 14, d'où ça sort, 14,
comment ça a été calculé, pourquoi pas 15, pourquoi pas 20, pourquoi pas 25.
Alors, d'où vient cette... cette négociation, d'où vient cette décision?
M. Jolin-Barrette : Alors, M.
le Président, juste avant de répondre à la question du député de Saint-Henri—Sainte-Anne,
je comprends que, s'il y a eu une entente entre le ministre de la Justice
fédéral puis le Conseil canadien de la magistrature, ça veut dire qu'il y avait
mésentente auparavant, selon sa réflexion.
M. Cliche-Rivard : Bien, j'ai
un droit de réplique à ça? C'est une question qu'il me renvoie.
Le Président (M.
Bachand) :Oui, oui, on est rendus à l'étude
détaillée, oui.
M. Cliche-Rivard : Fantastique.
Fantastique. Bien, écoutez, si le ministre veut soumettre au public qu'il n'y
avait pas mésentente entre lui et le Conseil de la magistrature ou avec lui et
la juge Rondeau, libre à lui de le faire. Je pense que tout le monde a tiré ses
propres conclusions dans les faits d'actualité sur sa relation avec la
magistrature. Je vais lui laisser ça là-dessus.
M. Jolin-Barrette : Oui. Moi,
comme commentaire, M. le Président, je vous dirais qu'en ma qualité de ministre
de la Justice, M. le Président, je prends des décisions dans l'intérêt du
système de justice et dans l'intérêt collectif. Mon rôle, ma job, comme ministre
de la Justice, c'est de faire en sorte de penser aux citoyens qui sont... qui
vont à la cour, aux citoyens qui ont affaire avec les greffes, aux citoyens qui
se retrouvent devant le tribunal, on les appelle les justiciables, de penser,
particulièrement en matière criminelle et pénale, aux victimes, aux victimes
qui ont été, supposons, agressées sexuellement, et qu'on leur dit :
Écoutez, nous, on va moins siéger à la cour, donc ça va allonger les délais. Puis
une femme qui a été agressée sexuellement, qui aurait dû témoigner dans les six
mois, finalement, on va la prolonger d'une couple de mois, de quatre, cinq, six
mois supplémentaires. Moi, là, ça, je n'accepte pas ça. Alors, comme ministre
de la Justice, lorsqu'il y a des décisions unilatérales qui sont prises qui
défavorisent les justiciables et les victimes, je vais toujours... et le
gouvernement va toujours s'ériger contre ça.
Cela étant, on est arrivé à un accord, et
les 14 juges visent à faire en sorte de pouvoir combler les besoins,
notamment de donner des ressources supplémentaires dans le système de justice,
et j'en ai toujours été, de donner des ressources supplémentaires. Cependant,
ça vient avec des indicateurs de performance, d'efficacité, et c'est ça le plus
important dans l'entente, pour réussir, en matière de justice criminelle et
pénale, à réduire les délais et arrêter d'avoir un inventaire.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci.
Alors, moi, je vous ai... j'ai commencé en saluant votre entente, M. le
ministre. Alors, ne me dites pas ou n'inférez pas que je ne suis pas pour les
meilleures ressources dans le système de la justice ou la défense des intérêts
des justiciables ou des victimes, je suis tout à fait avec vous et je vous
appuie là-dedans. Je posais une question.
M. Jolin-Barrette : Ah! M. le
Président, juste pour être clair, mon commentaire ne visait aucunement le
député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Fantastique.
M. Jolin-Barrette : Je sais
qu'il a à cœur la justice.
M. Cliche-Rivard : C'est
bien. Alors, que ce soit noté. Bien dit.
M. Jolin-Barrette : Au
procès-verbal, M. le Président.
M. Cliche-Rivard : Au
procès-verbal, oui. Alors, je posais quand même la question à savoir pourquoi
on est arrivé à 14 juges, c'était dans quel esprit ou est-ce que les
négociations... Comment on rationalise, là, comment on s'explique 14 juges?
C'est ma question.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, vous aurez noté que nous avons une entente, mais que, préalablement à ça,
en vue du processus de facilitation, nous nous sommes engagés à la
confidentialité avec la juge en chef de la Cour du Québec. Alors, je ne peux
pas commenter les discussions que nous avons eues dans le cadre de ces
discussions-là de la facilitation.
Cependant, je constate que c'est à la
satisfaction des deux parties. La Cour du Québec, vous le savez très bien, à l'époque,
demandait 41 juges. Elle a conclu l'entente à 14 juges. Mais l'élément
le plus important, c'est que les deux parties, on constate qu'il y a des gains
d'efficacité, il y a des cibles de performance à atteindre, et les deux
parties, autant le ministère de la Justice et la Cour du Québec, s'y engagent.
M. Cliche-Rivard : Et je
salue les cibles de performance. Je pense que c'est un superbon indicateur,
puis ça va nous permettre justement de voir qu'est-ce qui <fonctionne...
M. Cliche-Rivard :
...un
superbon indicateur, puis ça va nous permettre justement de voir qu'est-ce qui
>fonctionne, et je le souhaite, hein, que ça va fonctionner.
Est-ce qu'on n'aurait pas pu faire les
deux? Et je pose la question, là, bien ouvertement, est-ce qu'on n'aurait pas
pu et fixer des indicateurs et accorder les 41 juges qui étaient réclamés?
Est-ce que ce n'était pas possible de faire les deux, tout en disant que je
salue tout à fait la mise en place d'indicateurs de performance?
M. Jolin-Barrette : Bien...
on est arrivés à une entente, 14 juges, les juges siègent davantage que la
décision unilatérale qui avait été prise, donc, passent de 104 à 121 jours
avec des cibles de performance. C'est ça, l'entente.
M. Cliche-Rivard : Mais on
n'aurait pas pu faire les deux?
M. Jolin-Barrette : Bien,
faire les deux...
M. Cliche-Rivard : Avoir
41 juges et mettre des cibles de performance? C'est une question. Je sais
que vous avez une entente puis je respecte l'entente.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
Mais vous savez, dans le fond, il faut toujours faire des choix. On est
présentement en tentative de règlement, notamment de donner davantage de
ressources aux greffiers, aux adjoints à la magistrature, alors c'est un tout,
là.
M. Cliche-Rivard : Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Autres interventions sur
l'article 1? S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que
l'article 1 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) :Adopté. Merci. Et j'ai... M. le
député de l'Acadie, vous avez la parole.
M.
Morin :Merci. Merci, M. le Président. Donc, suite à
l'article 1, il y a un amendement que j'aimerais déposer avant que nous
puissions nous attarder à l'étude des articles 2 et 3. Est-ce qu'on
peut...
Le Président (M.
Bachand) :Quelques secondes...
M.
Morin :Très bien. Je vous remercie.
Des
voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de
l'Acadie.
M.
Morin :Oui. Alors, permettez-moi, M. le Président, d'abord, de
lire l'amendement : Insérer, après l'article 1 du projet de loi, le
suivant :
1.1. L'article 90 de la Loi sur les
tribunaux judiciaires est modifié par :
1° l'insertion, dans le premier alinéa,
après les mots «Le gouvernement», des mots «, sur recommandation du comité consultatif,»;
et
2° l'insertion, après le premier alinéa,
de l'alinéa suivant :
«Le comité consultatif est composé de
juges de la Cour supérieure — là, il y a une faute qu'il faudra
corriger — de la Cour du Québec, de la Cour d'appel ainsi que du juge
en chef sortant de la Cour du Québec et a pour mission de solliciter les
candidatures, de tenir des entrevues et de recommander deux candidats.»
• (12 h 10) •
Une voix : ...
M.
Morin :Parfait. Et en dessous, il y a Article ajouté, est-ce qu'on...
je peux continuer la lecture? Non? C'est complet?
Une voix : ...
M.
Morin :
Parfait. Donc, pourquoi cet amendement, M. le Président? Bien, c'est parce que,
quand j'ai lu le titre du projet de loi n° 26, j'y ai vu évidemment et je
me suis attardé au «notamment». Et, quand j'ai lu les quelques articles, bien,
j'ai vu que le projet de loi ne tenait pas compte, ou ne mettait pas en
vigueur, ou ne transposait pas dans la législation uniquement l'entente avec la
juge en chef... qui est intervenue entre la juge en chef et M. le ministre de
la Justice, mais visait également à faire en sorte que les crédits, donc le
budget du Conseil de la magistrature, puissent être votés par... par le
Parlement.
M. le ministre nous l'a expliqué, il
s'agit évidemment de reddition de compte, de transparence et... et ça m'a
inspiré, et je me suis dit : Bien, tant qu'à parler de transparence,
pourquoi ne pas améliorer le processus et donc faire en sorte que, dans la Loi
sur les tribunaux judiciaires, il y ait maintenant un comité qui soit formé
pour éventuellement proposer des candidats ou candidates pour la nomination du
juge en chef de la Cour du Québec? Ce qui, évidemment, va aider le ministre
dans son travail.
Ce n'est pas... L'amendement, si je le
propose aujourd'hui, c'est parce que ce n'est pas un cas hypothétique. Nous
savons que le mandat de la juge en chef actuelle va venir à échéance dans
quelques mois. Donc, le gouvernement et le ministre auront à se pencher sur la
nomination, et je trouvais évidemment qu'il s'agissait d'un moment opportun
pour rajouter et tenter de bonifier la législation. Le gouvernement et le
ministre, je le sais, en est, nous invitent toujours, les oppositions, à
améliorer les lois. Et évidemment je sais qu'il y a une ouverture, et on nous
dit que, comme législateurs, notre travail est de bonifier des textes
législatifs. Alors, je pense que cet amendement à la loi permettrait évidemment
une amélioration des lois et permettrait, et ça, on en a parlé hier, M. le
Président, c'est fort intéressant, de mettre en place un système qui pourrait
dépolitiser davantage les <rapports...
M. Morin :
...intéressant,
de mettre en place un système qui pourrait dépolitiser davantage les >rapports
entre le judiciaire et les pouvoirs, donc le législatif et l'exécutif. Dans ce
cas-ci, on parle beaucoup plus de l'exécutif que du législatif, évidemment.
Ça repose, entre autres, sur l'état du
droit et sur la jurisprudence. On a cité, hier, l'arrêt de la Colombie-Britannique
contre le Procureur général, en 2020, une décision de la Cour suprême du
Canada. Bon, ça portait plus spécifiquement sur la sécurité financière, mais la
cour, quand même, d'une façon plus générale, dit que les rapports entre le
judiciaire et les deux autres pouvoirs de l'État soient dépolitisés. Et je
pense que cet amendement va exactement dans le sens de la jurisprudence.
Permettez-moi également de citer un arrêt
important de la Cour d'appel fédérale dans l'affaire Girouard, juge qui était
juge à la Cour supérieure et le Procureur général du Canada et le Procureur
général du Québec, où la cour rappelle, et je cite... et fait aussi une revue
de la jurisprudence sur l'importance de l'indépendance judiciaire, et indique,
signale les garanties objectives qu'exige l'indépendance judiciaire, évidemment,
on parle de sécurité financière, d'indépendance administrative, et ça, c'est
dans le but de «donner confiance au public dans l'administration de la justice
et d'assurer la primauté du droit ainsi que la séparation des pouvoirs».
La primauté du droit est une assise dans
notre société démocratique, elle est excessivement importante et elle fait en
sorte, et la Cour suprême nous le rappelait dans l'arrêt Shirose contre
Campbell, en faisant référence à l'arrêt Roncarelli contre Duplessis, qu'au
Québec, au Canada, nul n'est au-dessus de la loi, que ce soit du premier
ministre à n'importe quel autre citoyen. S'il y a une infraction de commise,
bien, évidemment, il y aura... l'État, le poursuivant, la police pourra faire
une enquête. Donc, volet fondamentalement très important et que je tenais à
soumettre et à partager.
L'arrêt Valente, et on en a parlé, un
autre arrêt de la Cour suprême, disait également qu'il faut s'attendre à ce que
des efforts soient déployés «en vue d'affermir les conditions de l'indépendance
judiciaire», et ça, ça doit viser, évidemment, un idéal. D'ailleurs, le Pr Taillon
en parlait hier, quand il a témoigné devant cette commission. Et on parle aussi
de la perception de l'indépendance judiciaire, éventuellement, donc
l'importance, évidemment, d'agir d'une façon neutre.
Ça m'apparaît particulièrement important
parce que c'est un mécanisme, s'il est adopté, qui va faire appel, bien sûr, à
la transparence, qui va éviter des querelles et qui rappelle que la nomination
des juges est un devoir et non pas un privilège. D'ailleurs, d'ailleurs, il y a
des journalistes qui écrivaient dans différents journaux, notamment LaPresse,
à ce sujet, il n'y a pas si longtemps, donc on rappelait que «c'est au
gouvernement que revient le devoir de décider qui seront les magistrats qui
jugeront notamment de la commission de crimes au Québec et auront le pouvoir de
priver un individu de sa liberté, le cas échéant».
Donc, ce n'est pas un privilège pour un
ministre de la Justice et un procureur général, M. le Président, de nommer des
juges, mais c'est un devoir. Et donc, dans le but d'aider le ministre, quand il
aura à remplir ce devoir excessivement exigeant... Pardon?
M. Jolin-Barrette : ...
M. Morin : Oui, c'est un
article paru dans LaPresse.
M. Jolin-Barrette : Ah!
mais est-ce que c'est un journaliste qui a signé ça? Je ne crois pas.
M. Morin : Photo, Hugo-Sébastien
Aubert, archives de LaPresse.
M. Jolin-Barrette : Non,
je pense, c'est la photo, ça. Mais ce n'est pas une lettre ouverte, ça?
Le Président (M.
Bachand) :Juste une personne à la fois.
M. Jolin-Barrette : Qui
est le journaliste?
M. Morin : C'est un
texte du Pr Valois, je pense.
M. Jolin-Barrette : Ah!
O.K. Ce n'est pas des journalistes. Parce que le collègue, l'estimé collègue de
l'Acadie disait : Les journalistes ont écrit un texte dans LaPresse,
or c'est une lettre d'opinion.
M. Morin : Non, celui-ci est
de Mme Valois, sauf que...
M. Jolin-Barrette : Mais
vous convenez avec moi que c'est une lettre d'opinion, une lettre ouverte dans LaPresse.
M. Morin : Ça, cet
article-là, oui, M. le Président, mais il y a des journalistes qui ont écrit à
de multiples reprises récemment sur les récentes nominations à la magistrature
du ministre de la Justice, mais ça, ici, j'en conviens, c'est une <lettre...
M.
Morin :
...du ministre de la Justice, mais ça, ici, j'en
conviens, c'est une >lettre du Pr Valois. Donc, ceci étant, il n'en
demeure pas moins que c'est un devoir et non un privilège. Et on a entendu la Pre Valois,
hier, dans le cadre des travaux de cette commission.
Donc, je reviens à mon propos, et c'est
d'autant plus important que cet élément-là va arriver. Je l'ai mentionné hier,
M. le Président, il a fallu une entente et un conciliateur-médiateur pour en
arriver, finalement... une entente signée entre le juge... la juge en chef et
le ministre de la Justice. La Pre Valois, hier, nous disait, et là,
évidemment, c'est son opinion, et j'ai pris quelques notes, donc je vais la
citer, elle nous disait, et puis ça faisait référence aussi à l'importance de
la confiance et de la perception que la Cour suprême a soulignée dans Valente :
«Le mal est déjà fait, la confiance entre le politique et la Cour du Québec est
brisée, la politisation est déjà arrivée», selon le Pr Valois. Et
évidemment j'ai écrit moi-même son témoignage, tout est enregistré, donc on
pourra toujours vérifier, le cas échéant, si ce sont exactement les mots
qu'elle a prononcés, mais ça correspond beaucoup, entre autres, à une opinion
qu'elle a émise hier en fin de journée.
Donc, raison de plus, s'il y a un problème
de confiance, si la confiance est brisée, raison de plus pour trouver les
mécanismes qui vont faire en sorte qu'on va être capable de redonner la
confiance aux citoyens et aux citoyennes dans le cadre de la nomination à un
poste qui est aussi important que la ou le juge en chef de la Cour... de la
Cour du Québec.
Donc, je pense que cet amendement-là
redonnerait la confiance puisqu'effectivement la confiance a été mise à mal. On
l'a vu, dans les journaux, les récentes nominations de M. le ministre de la
Justice ont fait couler beaucoup d'encre. Je pense notamment à l'annulation de
concours à Sept-Îles et à d'autres... Donc, on a ici une mécanique qui ne fera
pas en sorte que ça ne va pas... ça ne va pas prendre beaucoup plus de temps.
Quand vous regardez les personnes qui seraient appelées à siéger, ces gens-là
sont déjà tous nommés. Donc, il ne s'agit pas d'aller chercher d'autres
personnes qui pourraient, par exemple... ou engager des frais additionnels pour
l'État. Mais ça ferait en sorte que le ministre, après ça, pourrait avoir des
noms de candidats qu'il pourra, évidemment, expliquer au premier ministre et à
ses collègues du Conseil des ministres, et faire en sorte que la personne,
après ça, qui sera nommée, pourra exercer évidemment ses fonctions.
Alors, ça m'apparaît, finalement... enfin,
on verra, mais ça m'apparaît, pour moi, en tout cas, être une bonification et
accroître la transparence en ce qui a trait à la sélection éventuelle d'un juge
ou d'une juge en chef de la Cour du Québec, puisque le mandat de la juge en
chef actuelle arrive à échéance bientôt. Je vous remercie, M. le Président.
• (12 h 20) •
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Interventions sur
l'amendement du député de l'Acadie? Oui, M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Bien,
écoutez, je trouve ça intéressant, je pense que l'explication, elle est
formulée, j'entends mon collègue sur les récentes manchettes dans les dernières
semaines, donc je ne vais pas m'étendre plus sur le sujet, mais je trouve la
proposition très intéressante.
Le Président (M.
Bachand) :Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement? Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Oui, merci, M.
le Président. Donc, j'adhère aux propos, aux propos de mon collègue. Je trouve
ça, je trouve ça très intéressant, puis je trouve que c'est peut-être le bon
moment pour introduire ce genre de modification là pour les motifs... pour les
mêmes motifs qu'invoqués par le député.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Autres interventions sur
l'amendement? M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, simplement, je constate... je crois que mes estimés collègues avaient
dit : Écoutez, il ne faut pas inclure d'autres choses dans le projet de
loi que l'augmentation du nombre de juges. Alors, vous-même, vous êtes en train
de faire ce que vous êtes en train de me dire de ne pas faire. Alors, je
comprends, je comprends la démarche du collègue de l'Acadie, il souhaiterait
que ce soit encadré de cette façon-là. Cependant, la <prérogative...
M. Jolin-Barrette :
...
de
l'Acadie, il souhaiterait que ce soit encadré de cette façon-là. Cependant, la
>prérogative de nommer le prochain juge en chef appartient au
gouvernement du Québec, et ça va demeurer ainsi. Donc, je comprends l'objectif,
je comprends la part qu'il souhaiterait que ce soit davantage prévu, les
modalités avec des membres de la magistrature, notamment de tribunaux fédéraux,
de nomination... ce sont des tribunaux québécois mais de nomination fédérale.
J'apprécie et je comprends sa démarche. Cependant, nous n'irons pas de l'avant.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie.
M.
Morin :Oui, très brièvement, en fait, dans la démarche, il
n'est pas du tout question de faire en sorte que ce ne soit pas le gouvernement
du Québec qui nomme, là. Ce n'est pas... ce n'est pas ce que dit l'amendement.
Le gouvernement du Québec, en fait, le Conseil des ministres va nommer, mais
c'est dans la procédure, finalement, pour aider le ministre et aider,
finalement, à la transparence.
Et j'aimerais également souligner, au tout
début, quand nous avons eu l'entente et qu'on pensait que ce projet de loi
allait être déposé, rappelez-vous, M. le ministre nous disait qu'il souhaitait
une procédure un, deux, trois, je me souviens de ses paroles. Mais évidemment,
moi, je m'attendais qu'il y ait deux articles, l'article 1,
l'article 4. Mais, quand j'ai vu le ministre s'inspirer et indiquer
«notamment», bien, vous comprendrez que... puis d'ajouter des choses, bien, moi
aussi, ça m'a finalement inspiré beaucoup, comme je le disais, et j'ai donc
utilisé «notamment» pour aider la population québécoise. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Autres interventions sur
l'amendement du député de l'Acadie? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons procéder à sa mise aux voix. Est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :Appel nominal? Mme la
secrétaire, s'il vous plaît. Merci.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Morin (Acadie)?
M.
Morin :Pour.
La Secrétaire : M. Jolin-Barrette
(Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Contre.
La Secrétaire : Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Contre.
La Secrétaire : Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
La Secrétaire : M. Sainte-Croix
(Gaspé)?
M. Sainte-Croix : Contre.
La Secrétaire : Mme Bourassa (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Bourassa : Contre.
La Secrétaire : M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire : M. Cliche-Rivard
(Saint-Henri—Sainte-Anne)?
M. Cliche-Rivard : Pour.
La Secrétaire : Mme Nichols
(Vaudreuil)?
Mme Nichols : Pour.
La Secrétaire : M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) :Abstention. Donc, l'amendement
est rejeté. Alors, si... donc on continuerait, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Article 2 :
L'article 281.2 de cette loi est modifié par la suppression du deuxième
alinéa.
Commentaires : L'article 281.2
de la Loi sur les tribunaux judiciaires est modifié par concordance avec la
modification proposée à l'article 282 de cette même loi par l'article
suivant du projet de loi.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Interventions
sur l'article 2? M. le député de l'Acadie.
M.
Morin :Merci. Merci, M. le Président. Donc, est-ce que... Alors
là, c'est... ça, c'est mon amendement...
Le Président (M.
Bachand) :On va l'enlever, oui.
M.
Morin :...c'est mon amendement, donc je voulais juste...
M. Jolin-Barrette : Essentiellement,
le texte, pour les fins de pédagogie, là...
M.
Morin :Oui, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : ...on... dans
le fond, le texte va uniquement être, le nouveau texte de 281.2 va être :
«Le président du conseil soumet chaque année au conseil les prévisions
budgétaires du conseil pour l'exercice financier suivant. Il en transmet une
copie au ministre de la Justice.»
Donc, ça, c'était le libellé de l'alinéa un
actuel, ça demeure intact. Ce qu'on fait, c'est qu'on supprime le deuxième
alinéa : «Le président du conseil doit également soumettre au conseil des
prévisions budgétaires supplémentaires lorsque, en cours d'exercice, les dépenses
du conseil excèdent les prévisions. Il en transmet une copie au ministre.»
Donc, désormais, puisque les crédits
deviennent des crédits votés, dans le fond, le président du Conseil du trésor
va soumettre ses prévisions budgétaires au conseil, en transmet une copie au
ministre de la Justice, c'est lui qui l'établit, mais les crédits vont être
votés. Dans le fond, c'est le corollaire de l'article suivant, de
l'article 3. Donc, peut-être, je vous invite à faire le débat sur
l'article 3, parce que la question, c'est, dans le fond, puisque ça
devient des crédits votés à l'Assemblée, les crédits supplémentaires se
retrouvent en crédits votés.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Bien, M.
le ministre apporte un bon point. Je suggérerais qu'on suspende, de
consentement, l'article 2, on irait à l'article 3 et on reviendra à
l'article 2.
M. Jolin-Barrette : Moi, je
n'ai pas d'enjeu, si ça convient aux collègues.
Le Président (M. Bachand) :Est-ce que... Consentement?
Des voix
: Consentement.
Le Président (M.
Bachand) :Alors, consentement pour
suspendre l'article 2. Donc, on irait à l'article 3. M le ministre,
s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui. L'article 282
de cette loi est modifié par le remplacement de «à même le fonds consolidé du
revenu» par «sur les crédits votés annuellement à cette fin par l'Assemblée
nationale».
Commentaires : L'article 282 de
la Loi sur les tribunaux judiciaires est modifié pour prévoir que les activités
du Conseil de la magistrature sont financées à même des crédits votés
annuellement par l'Assemblée nationale, et non plus par des sommes prises à
même le fonds consolidé du revenu.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Oui, bien
sûr. Alors, écoutez, dans le contexte, là, évidemment, toute chose a son
contexte, et dans l'objet de ce que j'ai appelé moi-même des tensions entre le
Conseil de la magistrature et le ministre, on venait d'avoir une entente, une
entente qui ne semble pas avoir duré, là, alors que ça aurait été souhaitable.
En effet, là, il semble que les dispositions actuelles que j'appellerai,
disons, <litigieuses...
M. Cliche-Rivard :
...il
semble que les dispositions actuelles que j'appellerai, disons, >litigieuses,
avec le Conseil de la magistrature, auraient pu être évitées. On en parlait
hier, il y a une lettre que je cosignais, dans Le Devoir, avec une
douzaine de professeurs en droit et juristes qui suggéraient plutôt qu'on
enterre la hache de guerre plutôt que de relancer un conflit. Et il me semble
qu'il va dans notre devoir de trouver une potentielle voie de passage. Hier, la
Pre Valois nous indiquait que les dispositions actuelles ouvraient
certainement la porte à des attaques constitutionnelles, ce qui laisse présager
que l'histoire n'est pas terminée.
Évidemment, je souligne et j'appuie le
ministre dans son impératif de reddition de compte, je pense que c'est la
moindre des... disons, des choses, et c'est très, très important qu'on aille
vers ça. Je me range, moi, par contre, aussi du côté du ministre en ce qui a
trait au rôle complémentaire que pourraient jouer les crédits avec celui de la
Vérificatrice générale. Par contre, compte tenu l'urgence, là, qui semble
actuellement, d'adopter le projet de loi, j'ai de la misère à comprendre
pourquoi ces dispositions-là ou ces procédures complémentaires là n'étaient pas
aussi dans le p.l. n° 8, si c'était si urgent, là.
Force est de constater qu'il y a quelques mois, le ministre trouvait la
modification qu'il apportait avec le p.l. n° 8
suffisante, les modifications étaient suffisantes, alors que là on semble
comprendre que ce n'est pas le cas.
Alors, de notre côté, il n'y a pas de
problème à passer aux crédits votés. Qu'on puisse examiner les dépenses, je
pense que c'est très normal et très important, mais je suis inquiet et je
demeurai inquiet s'il n'y a pas de mécanisme nécessaire pour assurer
complètement le financement du mandat du Conseil de la magistrature. Je demande
donc au ministre, avec les oppositions, si je peux me permettre, de trouver une
voie de passage, un équilibre entre les deux considérations, entre ces deux
considérations.
Je note quand même que le ministre s'est
engagé devant nous, devant la commission, à ne pas limiter le budget du Conseil
de la magistrature. Par contre, M. le ministre ne sera pas éternellement le
ministre de la Justice, peut-être sera-t-il premier ministre un jour, je ne
sais pas, peut-être aura-t-il une autre fonction, je ne sais pas, mais il ne
sera pas inamovible.
• (12 h 30) •
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, juste un point là-dessus, certainement, nous ne sommes pas
inamovibles, ça, c'est sûr, et c'est ça la force aussi de la démocratie...
M. Cliche-Rivard : Tout à
fait.
M. Jolin-Barrette : ...parce
que nous sommes redevables devant la population. Et la sagesse du Parlement, il
ne faut jamais oublier qu'en démocratie la nature et la base de tous les
pouvoirs, des trois pouvoirs, tire sa source dans la sagesse de la population.
M. Cliche-Rivard : Et je ne
dirai pas le contraire.
M. Jolin-Barrette : Il ne
faut jamais oublier ça, la légitimité démocratique. Et c'est pour ça... et je
fais juste un point sur l'amendement qui a été déposé par le député de l'Acadie,
c'est fondamental, la population vote pour ses élus, ses représentants. Ces
élus font les lois, ces élus gouvernent à l'exécutif, mais c'est... appartient
également aux élus de nommer le pouvoir judiciaire. Il ne faut jamais perdre de
vue cela aussi. À partir du moment où il y a une nomination, l'indépendance
s'applique, mais il y a des applications extensives de l'indépendance
judiciaire, ça, c'est une autre chose. Mais, juste pour compléter, j'espère que
le député de Saint-Henri—Sainte-Anne ne me souhaite pas un remaniement
ministériel, M. le Président, j'espère qu'il souhaite continuer de travailler
avec moi.
M. Cliche-Rivard : Bien sûr,
rien de moins, je disais juste...
M. Jolin-Barrette : Pour
combien de temps?
M. Cliche-Rivard : Ah! pour
très longtemps. On verra où l'avenir vous mène, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Je vais
le dire au premier ministre que vous m'appuyez dans mes fonctions.
M. Cliche-Rivard : Vous
pourrez dire à votre premier ministre ce que vous voulez dire. Je ne m'engage
pas sur ces paroles.
M. Jolin-Barrette : Je suis
un peu déçu.
M. Cliche-Rivard : D'accord.
Cela dit, il y aura quelqu'un un jour qui vous succédera dans ce poste, je
pense que ça, vous pouvez en convenir, là, vous ne serez pas éternellement
ministre de la Justice, et donc c'est dans ce scénario où je pose des
questions. Je pense aux derniers recours judiciaires, notamment, que le conseil
a entrepris ou dans lesquels il est intervenu, sans fonds ou sans financement
complet, je me demande comment le conseil aurait pu aller de l'avant avec ces
recours, et ces recours-là... dont certains leur ont donné gain de cause.
Alors, comment est-ce que le conseil aurait pu le financer dans un scénario où
ce financement-là n'aurait pas été assuré? Ça, ça m'inquiète.
Et, par exemple, on a soumis l'exemple, et
c'est un exemple du ministère de la Justice au fédéral, qui présente, sans modification
de budget au Trésor fédéral... et nous, on irait encore plus loin. De notre
avis, si la réelle intention est une reddition de comptes du conseil devant les
parlementaires, alors le plus possible qu'on y exclurait l'exécutif, je pense
que ce serait adéquat. Alors, on va vous soumettre une proposition d'amendement,
je pense que vous l'avez déjà. Je vais le... je vais le lire. Alors, je ne sais
pas si je peux vous donner...
12 h 30 (version révisée)
M. Cliche-Rivard : ...amendement,
je pense que vous l'avez déjà. Je vais le lire. Alors, je ne sais pas si je
peux vous donner trois secondes pour le mettre en ligne.
Le Président (M.
Bachand) :...commencez la lecture, on va le
mettre immédiatement. Dans quelques instants, ça va être sur les écrans. Merci.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
Alors, l'article 3 du projet de loi est modifié :
1° par le remplacement de «à même le fonds
consolidé du revenu» par «prises à même le fonds consolidé du revenu»;
2° par le remplacement de «sur les crédits
votés annuellement à cette fin par l'Assemblée nationale» par «déterminées par
le conseil et soumises à la présidente du Conseil du trésor, qui les inscrit à
son budget de dépenses, sans modification».
Et donc lecture telle que modifiée :
«Les sommes requises pour l'application de la présente partie sont déterminées
par le conseil et soumises à la présidente du Conseil du trésor, qui les
inscrit à son budget de dépenses, sans modification.» Ce serait notre
suggestion, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Donc, interventions sur
l'amendement du député de Saint-Henri—Sainte-Anne, s'il vous plaît? M. le
ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, je comprends ce qui est souhaité par le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Cependant, avec notre proposition qui se retrouve dans le projet de loi, on a
les garanties aussi. La mécanique que nous avons actuellement... Puis le
député, je le sais sensible aussi à la saine gestion des fonds publics. Il n'y
a aucun organisme, dans l'État, qui bénéficie d'un accès direct au fonds
consolidé. Et souvent, dans certains intervenants qui sont venus hier, on a
beaucoup entendu le fait de dire : Ah! ça viole l'indépendance judiciaire,
ça ne peut pas fonctionner. Or, vous aurez noté que le Conseil de la justice
administrative, c'est des crédits votés, ça ne pose pas de problème. Vous
noterez que la Cour du Québec, c'est des crédits votés, ça ne pose pas de
problème.
Et l'argument du député de Saint-Henri—Sainte-Anne,
c'est : Comment est-ce que, supposons, le Conseil de la magistrature
ferait pour ester en justice? Or, la Cour du Québec, ce sont des crédits votés,
ils se retrouvent dans les mêmes litiges. Alors, ils n'ont pas de problème.
Cour supérieure, crédits votés; Cour d'appel, crédits votés. Alors, il n'y a
pas d'enjeu, mais, par contre, et je ramène aux objectifs démocratiques de
notre système démocratique, il est tout à fait normal que ce soient les élus de
l'Assemblée nationale qui entérinent le budget, comme ça se fait partout.
Alors, pour cette raison-là, on ne donnera pas suite à l'amendement.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : La logique
de l'amendement ne vient certainement pas enlever le crédit voté, on reste dans
le crédit voté, parce qu'on vote, finalement, le budget de dépenses, là. Donc,
ma question n'est pas de rester sur le fonds consolidé. On vient effectivement
accepter une partie de votre modification, mais on s'assure que le budget de
financement soit assuré sans modification, donc qu'il soit directement présenté
au législatif sans passer par l'exécutif.
Moi, je comprends ce que vous dites dans
certains scénarios où les cours, les juges ont financé certains recours. Je ne
suis pas certain... En fait, je prends ma position que je ne pense pas qu'il
doit appartenir aux juges la constante charge de toujours financer des recours
judiciaires ou constitutionnels quand ils sont dans l'exercice direct de leurs
compétences et de leur mandat conféré par la loi, conféré par la loi
constitutionnelle notamment. Donc, je comprends le parallèle avec les autres
cours.
Cela dit, à mon avis, et c'est ce que j'essaie
de chercher... Puis s'il y a une meilleure solution, une meilleure formulation,
je suis très ouvert, mais je cherche un équilibre, je vois qu'il y a deux
façons de penser claires, là, il y a certains groupes qui sont venus nous dire,
en effet, qu'il n'y avait aucun problème, d'autres sont venus nous dire le
contraire. Est-ce qu'il n'y a pas façon de couper la poire en deux, de trouver
une solution qui permettrait au Conseil de la magistrature d'assurer, outre
seulement qu'une promesse de bonnes intentions, son financement eu égard à sa
mission qui est définie par la loi?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Vous êtes
d'accord avec moi que personne n'est au-dessus des lois?
M. Cliche-Rivard : Tout à
fait.
M. Jolin-Barrette : Que les
lois doivent s'appliquer à tout le monde de la même façon?
M. Cliche-Rivard : Bien sûr.
M. Jolin-Barrette : Que,
lorsqu'on est un administrateur public, on doit gérer les sommes en respect des
règles qui s'appliquent à l'administration de l'État à l'État?
M. Cliche-Rivard : Bien sûr.
M. Jolin-Barrette : Vous êtes
d'accord avec ça? Le Conseil de la magistrature ne doit pas échapper à la saine
gestion des fonds publics, vous êtes d'accord avec ça?
M. Cliche-Rivard : C'est pour
ça qu'il y a la Vérificatrice générale.
M. Jolin-Barrette : Bien, c'était
une bonne proposition, hein, dans le cadre du projet de loi n° 8...
M. Cliche-Rivard : C'est une
très bonne proposition, je vous le souligne, là, dans mon préambule.
M. Jolin-Barrette : ...et des
redditions de comptes. Alors... Et ceux qui sont chargés du contrôle des
dépenses, ce sont les parlementaires... Avec votre proposition, là... Puis,
dans un premier temps, le Conseil de la magistrature relève... est un organisme — je
ne dirais pas «relève» — est un organisme lié au ministère <de
la Justice...
M. Jolin-Barrette :
...votre
proposition, là... Puis, dans un premier temps, le Conseil de la magistrature
relève... est un organisme
— je ne dirais pas «relève»
— est
un organisme lié au ministère >de la Justice. C'est son ministère
d'appartenance, je vous dirais, et ça doit demeurer ainsi. D'autant plus que
dans la mécanique budgétaire, le Conseil du trésor, ce ne sont pas eux qui...
Non, en termes de prévisions budgétaires, c'est le ministre des Finances qui le
fait, mais le Conseil du trésor, ce sont eux qui accordent les crédits
rattachés à cela.
Et, à votre question, notamment, tout à
l'heure, dans le fond, bien, écoutez, c'est la députée de Vaudreuil qui a
souligné en étude de crédits un dépassement de coûts de 30 %. Et par
ailleurs les prévisions budgétaires, elles sont transmises uniquement en fin
d'année, donc il n'y avait pas de possibilité, au moment du dépôt du projet de
loi n° 8, de savoir qu'il y avait des dépassements de coûts de cette
nature.
Alors, la saine gestion des fonds publics
est importante. Moi, je crois que le meilleur contrôle pour ça, c'est celui des
parlementaires élus de l'Assemblée nationale. Et il n'y a pas d'enjeu
relativement au fonds. Écoutez, en plus, il y a un rapport annuel, il y a une
transmission. On amène de la transparence au Conseil de la magistrature. Ça ne
pose pas problème pour la Cour du Québec. Ça ne pose pas problème pour la Cour
supérieure, ni pour la Cour d'appel, ni pour le Conseil de la justice
administrative, ni pour les autres organismes de l'État, ni pour les tribunaux
administratifs.
J'apprécie votre suggestion. Cependant, on
ne donnera pas suite, mais je suis ouvert à entendre d'autres suggestions.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Le
scénario où, par exemple, l'année prochaine, M. le ministre, le conseil — ...
Des voix : ...
M. Cliche-Rivard : ...dernière
petite seconde quand même — le scénario où le conseil demanderait 4,5 millions,
par exemple, et que c'est possible, vous jugez que ce serait trop, c'est une
possibilité?
M. Jolin-Barrette : Ça relève
des parlementaires.
M. Cliche-Rivard : Mais vous,
là, vous êtes parlementaire, vous êtes la majorité gouvernementale, vous votez
donc majoritairement, à l'Assemblée, des crédits, on les vote aussi, mais on
n'est pas la majorité, on est d'accord. Et que là, vous décidez que non, il y a...
les crédits qui sont demandés, là, les budgets qui sont demandés sont
supérieurs à ce que vous voulez leur accorder. À la limite, même, sur les 4,5 millions
demandés ou les 4 millions demandés, vous en accordez 2, par exemple. Comment,
dans ce scénario-là, le Conseil de la magistrature va pouvoir assurer sa
capacité de financer ce recours judiciaire dans ce scénario-là?
M. Jolin-Barrette : À ma
connaissance, si on traite d'indépendance judiciaire, c'est d'autant plus
important, l'indépendance judiciaire, sur les fonctions, là, qui sont sur le
cœur même de l'action, celle des tribunaux judiciaires. Si vous comparez les
deux, là, la Cour du Québec, la Cour supérieure, la Cour d'appel, et ce sont des
crédits votés, et ça ne pose pas de problème.
M. Cliche-Rivard : Les
crédits votés, ce n'est pas le problème.
M. Jolin-Barrette : Non, non,
non, mais, je veux dire, la mécanique, elle s'applique, actuellement, puis il
n'y a jamais eu de problème avec la Cour du Québec, la Cour supérieure, la Cour
d'appel. Donc, il n'y a pas de problématique avec les tribunaux judiciaires,
pourquoi il y aurait une problématique avec le Conseil de la magistrature? Je
vous pose la question. Il n'y a pas d'enjeu à ce niveau-là.
M. Cliche-Rivard : Et, vous
savez, vous ouvrez la très belle porte où c'est exactement la question que
j'aurais aimé poser au Conseil de la magistrature. On en aurait tous et toutes
énormément bénéficié dans notre analyse. Et, s'ils nous écoutent, je lance
l'appel, parce qu'il restera une autre journée d'étude détaillée, si la juge en
chef ne peut pas participer aux auditions, probablement peut-elle envoyer un
mémoire supplémentaire. Et j'aimerais vraiment entendre, puis très sincèrement
et fondamentalement, là, entendre l'explication et la justification, à son
avis, à l'avis du Conseil de la magistrature, pourquoi c'est possible pour la
Cour supérieure et la Cour d'appel, mais que ce ne serait pas possible pour le
Conseil de la magistrature. C'est une vraie préoccupation.
• (12 h 40) •
M. Jolin-Barrette : Oui. M.
le Président, si vous demandez à tous les organismes de l'État, tout le monde
aimerait être branché sur le fonds consolidé puis pouvoir dépenser sans
compter.
M. Cliche-Rivard : Mais on ne
vous parle pas du fonds consolidé, là.
M. Jolin-Barrette : Non, non,
mais, moi, je vous parle de ça.
M. Cliche-Rivard : Bien, pas
moi.
M. Jolin-Barrette : Je vous
parle de ça parce que, oui, la nature de l'objection du Conseil de la
magistrature, c'est ça, ils disent que ça porte atteinte à l'indépendance
judiciaire. Or, tous les autres organismes de l'État, incluant les tribunaux
judiciaires, ne sont pas branchés sur le 220, sur le fonds consolidé, puis ça
fonctionne très bien. Alors, le raisonnement associé à ça, je pense que vous le
connaissez très bien.
Cela étant, le député de Saint-Henri—Sainte-Anne
a dit : Il reste une autre journée d'étude détaillée, je vous dirais, avec
le consentement des collègues, si vous voulez, dans un souci de pouvoir avancer
le projet de loi, je vous demanderais le consentement d'excéder 13 heures,
comme ça, on pourrait vider la question aujourd'hui, pour faire en sorte de
pouvoir adopter... terminer l'étude détaillée pour traiter vos amendements.
Puis, comme ça, on se donnerait le temps de le faire aujourd'hui.
M. Cliche-Rivard : Moi, je
vais devoir demander une suspension sur ça.
Le Président (M.
Bachand) :...une suspension sur...
M. Cliche-Rivard : Pour
discuter avec mon équipe, je ne sais pas s'ils sont disponibles, ils ont des
engagements, je ne prends pas la décision à moi <tout seul...
Le Président (M.
Bachand) :
...une suspension sur...
M. Cliche-Rivard :
Pour
discuter avec mon équipe, je ne sais pas s'ils sont disponibles, ils ont des
engagements, je ne prends pas la décision à moi >tout seul.
M. Jolin-Barrette : Mais
c'est vous le député.
M. Cliche-Rivard : Oui, oui,
mais, je veux dire, les parlementaires ont des équipes, vous le savez autant
que moi.
Le Président (M.
Bachand) :Écoutez, on est... on continue
de toute façon. Alors, si vous êtes d'accord, on ne suspendra pas, on va
continuer la discussion, puis on reviendra sur la demande de consentement du
ministre...
M. Cliche-Rivard : C'est une
bonne proposition.
Le Président (M.
Bachand) :...après vérification. Ça va?
J'aurais le député d'Acadie. S'il vous plaît, M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Oui, merci. Merci,
M. le Président. Écoutez, je salue les efforts du député de Saint-Henri—Sainte-Anne,
sauf que, quand je regarde l'amendement, en fait, bon, ça soulève chez moi des
questions. En lien avec ce que je disais précédemment, si on veut dépolitiser
les rapports entre le judiciaire et, notamment, l'exécutif, bien, à ce
moment-là, la meilleure meilleure façon de le faire, ce serait de mettre un
intermédiaire, donc, de faire en sorte, par exemple, comme au fédéral, ou un
modèle un peu hybride comme en Colombie-Britannique, il y aurait donc un
intermédiaire entre le Conseil de la magistrature et l'Exécutif, que ce soit le
Conseil du trésor ou le ministre de la Justice, pour qu'on s'assure que
l'indépendance du Conseil de la magistrature va être respectée. Et pourquoi, et
pourquoi c'est important de respecter l'indépendance du Conseil de la
magistrature? Bien, c'est parce qu'ils sont, entre autres, responsables de la
déontologie judiciaire. Et ça, bien, il faut que l'État leur garantisse une
indépendance, ça fait partie des composantes de l'indépendance judiciaire.
Là, avec cette méthode-là, il n'y aurait
aucun intermédiaire. Et évidemment, avec un gouvernement qui est aussi
majoritaire... C'est sûr qu'on a fait l'exercice des crédits, c'est certain, M.
le Président, sauf qu'il n'y a pas beaucoup de crédits que l'opposition a été
capable d'arrêter, disons-le, disons-le honnêtement, disons-le franchement, donc.
Et puis j'aimerais... M. le ministre disait : Bon, écoutez, il faudrait
que ce soit le ministère de la Justice, parce que le Conseil de la magistrature
est lié au ministère de la Justice, en fait, lié, il n'est pas dépendant. C'est
sûr qu'à un moment donné, quand le conseil a besoin d'argent, il doit
s'adresser au Parlement, à quelque part, mais il y a d'autres modèles, c'est ce
que je disais, où il y a un intermédiaire. Et je pense que ça ferait en sorte
qu'on assurerait cette étanchéité, cette dépolitisation, tout en permettant
qu'une partie des crédits soit votée. Et là, je me répète, mais je ne suis
absolument pas contre le principe qu'il y ait des crédits qui soient votés.
D'ailleurs, ça se fait dans d'autres juridictions. On l'a vu, on en a parlé
hier, ça se fait au fédéral. Donc ça, il n'y a pas de problème.
Ce qui est particulier ici, cependant,
quand on parle de l'indépendance du conseil, notamment, pour les fins de la
déontologie, c'est que c'est aussi un principe constitutionnel. Donc, c'est
pour ça que c'est différent des autres ministères. Quand M. le ministre disait :
Les autres ministères aimeraient ça être directement sur le fonds consolidé,
oui, c'est évident, là, mais il y a quand même une obligation de rendre compte.
Il y a quand même une obligation de respecter des programmes avec des
enveloppes budgétaires, et ça, c'est la façon dont le gouvernement fonctionne.
D'autant que, quand on a travaillé le projet de loi n° 8,
on permet maintenant à la Vérificatrice générale de faire un audit. Donc, au
niveau de la reddition de comptes, il y a quand même un mécanisme de l'État.
Puis la Vérificatrice générale est totalement indépendante, donc, pour aller
voir s'il y a des choses qui ne sont pas correctes, puis, s'il y en a, bien,
elle fera un rapport.
Donc, moi, en fait, ce que je trouve, bon,
intéressant, c'est la volonté du député de vouloir améliorer, mais,
personnellement, un intermédiaire, comme des experts nous l'ont dit hier, par
exemple, ou une experte, le Pr Valois, notamment, entre le conseil et
l'État, je pense, garantirait davantage l'indépendance au niveau, notamment, de
la déontologie judiciaire. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Autres interventions sur
l'amendement du député de Saint-Henri—Sainte-Anne? Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Oui, bien,
peut-être une courte intervention, M. le Président. Bien, je comprends
évidemment où veut aller le collègue avec son amendement. Puis je pense que les
consultations qu'on a eues hier viennent justement, là, justifier le dépôt de
cet amendement-là. Moi, ma préoccupation est la même que celle mentionnée un
peu plus tôt, c'est au niveau de la dépolitisation, en fait. Puis j'ai un
groupe hier qui me revient en tête, là, les avocats de la défense, ils avaient
une position qui était clairement autre que celle du ministre, et on a bien
senti que, hein, ce n'était pas... que le ministre n'était pas favorable <à
leur position...
Mme Nichols :
...ils
avaient une position qui était clairement autre que celle du ministre, et on a
bien senti que, hein, ce n'était pas... que le ministre n'était pas favorable >à
leur position, ou, du moins, il avait vraiment...
M. Jolin-Barrette : ...une
réserve.
Mme Nichols : ...de
grandes réserves, là. Non, une réticence.
M. Jolin-Barrette : Non,
une réserve, des réserves.
Mme Nichols : Non, non,
non, c'était pas mal plus qu'une réserve, là, M. le ministre, là, mais... Puis
le réflexe c'est de penser tout de suite à l'ingérence politique qu'il pourrait
y avoir, si on arrive avec... Bien oui, oui, veux veux pas, puis c'est ce qu'on
mentionne, c'est ce que tout le monde mentionne, là... On ne veut pas que le
Conseil de la magistrature ait... La reddition de comptes, ça, je pense que
c'est clair, là, tout le monde est d'accord pour ça. Le projet de loi n° 8, tout le monde est d'accord, tout le monde dit que le
projet de loi n° 8, c'est une bonne chose. Tout le
monde aurait voulu attendre de voir le projet de loi n° 8,
comment ça va se passer. Puis, moi, je suis d'avis que c'est peut-être même
prématuré, là, qu'on vienne comme ça, de dire : Bon, bien là, c'est des
crédits, crédits votés, qu'on fasse cette transition-là aussi rapidement.
Je comprends, par exemple, qu'on est un
gouvernement... mais que vous êtes un gouvernement majoritaire puis que ça va
finir par passer quand même, mais là ce qu'on fait, c'est qu'on cherche une
voie de passage pour que le Conseil de la magistrature soit... Tu sais, on
essaie d'entrevoir les scénarios. Puis, oui, le Conseil de la magistrature
aurait pu nous aider à trouver cette voie-là, même si je sens encore une
réserve comme vous dites. Mais oui, ça aurait pu nous aider, ça aurait pu nous
aider de ce côté-là, parce que l'inquiétude, c'est que le Conseil de la
magistrature présente ses budgets, puis qu'on dise : Bien, non, non, ce
n'est pas justifié, ou qu'on vienne réduire le montant de leur budget. C'est ça,
c'est ça, je pense, la grande inquiétude.
Moi, j'ai une question. M. le ministre, c'est
parce que, quand on met... C'est juste l'introduction du Conseil du trésor, là,
moi, c'est là où je ne suis pas certaine... je ne suis pas certaine que c'est
la bonne chose que ce soit soumis à la présidente du Conseil du trésor. Est-ce
que... Bien, j'ai compris, là, dans votre intervention que ça relevait du
ministère de la Justice, donc, ça relevait de vous. Mais la présidente du
Conseil du trésor, si elle n'a pas de justification, elle va faire quoi avec
ça?
M. Jolin-Barrette : Qu'est-ce
que vous voulez dire précisément?
Mme Nichols : Bien,
c'est-à-dire qu'il y a un... Parce qu'on dit que les sommes requises pour
l'application de la présente partie sont déterminées par le conseil et soumises
à la présidente du Conseil du trésor. Donc, ça ne passerait pas par vous, ça
s'en irait directement au Conseil du trésor.
M. Jolin-Barrette : Ce
que je comprends de l'amendement, c'est qu'on veut soustraire le ministre de la
Justice qui est... le ministère qui est associé, supposons, au Conseil de la
magistrature. C'est le souhait, mais ce n'est pas ce qui est désiré du côté de
la partie gouvernementale, parce que, dans tous les cas, le processus
budgétaire est encadré, et donc, ultimement, ça va être les parlementaires qui
vont voter. Puis il faut juste faire attention, avec le fédéral, c'est très
différent d'ici aussi, ça fait que... C'est différent.
Le Président
(M. Bachand) :Merci. Autres
interventions sur l'amendement du député de Saint-Henri—Sainte-Anne? S'il n'y a
pas d'autre intervention, est-ce que l'amendement est adopté.
M. Cliche-Rivard : Un
vote par appel nominal.
Le Président (M. Bachand) :Un vote par appel nominal. Merci beaucoup. Mme la
secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Cliche-Rivard (Saint-Henri—Sainte-Anne)?
M. Cliche-Rivard : Pour.
La Secrétaire
: M. Jolin-Barrette
(Borduas)?
M. Jolin-Barrette :
Contre.
La Secrétaire
: Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Contre.
La Secrétaire
: Mme Schmaltz
(Vimont)?
Mme Schmaltz : Contre.
La Secrétaire
: M. Sainte-Croix
(Gaspé)?
M. Sainte-Croix :
Contre.
La Secrétaire
:Mme Bourassa (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Bourassa : Contre.
La Secrétaire
: M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire
: M. Morin
(Acadie)?
M. Morin : Abstention.
La Secrétaire
: Mme Nichols
(Vaudreuil)?
Mme Nichols : Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président
(M. Bachand) :Abstention. Donc,
l'amendement est rejeté. Donc, on revient à l'article 3. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Est-ce
qu'on peut suspendre 30 secondes, M. le Président?
Le Président
(M. Bachand) :Alors, on va suspendre
quelques instants. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 12 h 50)
(Reprise à 12 h 52)
Le Président (M.
Bachand) :Donc, avant de débuter, pour le
temps qu'il nous reste, il y avait une demande d'un consentement du ministre
pour prolonger au-delà de 13 heures. Est-ce qu'il y a un consentement?
Des voix : Il n'y a pas de
consentement.
Le Président (M.
Bachand) :Il n'y a pas de consentement.
Donc, on continue. On est sur l'article... à l'article 3. Interventions à
l'article 3? Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Oui. J'aimerais
déposer un amendement.
Le Président (M. Bachand) :Oui.
Mme Nichols : Je pense que...
c'est déjà reçu.
Le Président (M.
Bachand) :Oui, on va le mettre à l'écran
dans les... qui s'en viennent.
Mme Nichols : Je vais
attendre l'écran, parce que mon ordinateur a...
Le Président (M.
Bachand) :Juste pour la suite des choses,
on va suspendre un petit moment, merci beaucoup, juste pour être sûr.
(Suspension de la séance à 12 h 53)
(Reprise à 12 h 55)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. Mme la députée de Vaudreuil, pour votre
amendement, s'il vous plaît.
Mme Nichols : Oui. Merci, M.
le Président. Voulez-vous que je lise le texte proposé?
Le Président (M. Bachand) :Oui. L'amendement, le texte proposé, c'est à votre loisir,
mais l'important, c'est l'article, oui.
Mme Nichols : Parfait. Vous
voulez que je lise tout l'article 3 ou juste la partie...
Une voix : Oui.
Mme Nichols : Oui. Bon, parfait.
L'article 3 du projet de loi est remplacé par le suivant :
3.2. L'article 282 de cette loi est
modifié :
1° par le remplacement de «à même les
fonds consolidés du revenu» par «sur les crédits votés annuellement à cette fin
par l'Assemblée nationale»;
2° par l'ajout, à la fin, de l'alinéa
suivant :
«Malgré le premier alinéa, si le solde des
crédits votés aux fins de l'application des sections III et IV du
chapitre III de la présente partie est insuffisant, les sommes
additionnelles requises pour ces fins sont prises à même le fonds consolidé du
revenu. Le conseil détaille l'utilisation de ces sommes additionnelles dans le
rapport prévu à l'article 281.4.»
Le Président (M.
Bachand) :Je ne sais pas si vous voulez
lire le commentaire qui va avec, s'il vous plaît. Merci.
Mme Nichols : Oui, parfait. Oui,
bien, en fait, c'est que ça vient modifier l'article 3 du projet de loi
pour prévoir la possibilité pour que le Conseil de la magistrature continue de
financer à même le fonds consolidé <du revenu...
Mme Nichols :
...vient
modifier l'article 3 du projet de loi pour prévoir la possibilité pour que
le Conseil de la magistrature continue de financer à même le fonds consolidé >du
revenu les examens et les enquêtes menées à la suite d'une plainte. Il prévoit
également que le conseil doive détailler dans son rapport annuel l'utilisation
des sommes additionnelles puisées dans le fonds consolidé du revenu.
Donc, explications... Je voyais déjà une
réaction, là, mais je...
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, oui.
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, ce que je comprends de l'amendement de la collègue de Vaudreuil, c'est
qu'elle dit, dans le fond : Ça demeure des crédits votés, sauf que,
lorsqu'on est en matière de déontologie pour les sections III et IV du
chapitre III, si jamais les crédits votés ne sont pas suffisants, ça,
c'est, je pense, les enquêtes du Conseil de la magistrature. La déontologie, si
jamais, en cours d'année, supposons, il manquait de sommes pour la déontologie,
le Conseil de la magistrature pourrait aller requérir directement les sommes
sur le fonds consolidé pour assurer la conduite de la mission déontologique du
conseil.
Mme Nichols : C'est
exactement... Le ministre comprend très bien l'amendement déposé. Et cet
amendement-là vient évidemment, là, suite aux représentations faites hier puis aux
questions qu'on a posées. D'ailleurs, je pense, c'était le Pr Taillon,
quand je lui ai posé la question si la partie déontologie... si on ne pouvait
pas ventiler les missions du Conseil de la magistrature, dont la mission
déontologique, si ce n'était pas une possibilité, là, de le retirer du fonds...
en fait, de le ventiler, là, dans les crédits votés. Et ce qu'on disait, ça
pourrait être une bonne façon de couper la poire en deux. Bon, je ne suis pas
sûre que la poire est coupée en deux, mais c'était une des avenues... une des
avenues possibles. Alors, je le soumets au ministre. Bien sûr, j'aurais aimé
avoir la position du Conseil de la magistrature sur cette...
M. Jolin-Barrette : Mais je
comprends de votre piste de solution également que vous référez, dans le fond,
un peu au jugement de la Cour d'appel de 2000, qui disait : Bon, bien, en
matière... et où est-ce qu'ils rattachaient un peu le critère d'indépendance
judiciaire aux fonctions déontologiques. Lorsque le conseil est en matière de
déontologie, là, à ce moment-là, il y a un caractère plus, comment... plus
proche de l'indépendance judiciaire, un peu comme ça a été le cas dans le cadre
du projet de loi n° 8, où on a fait en sorte que, pour l'accès à
l'information, dans le fond, les fonctions déontologiques du conseil ne sont
pas soumises à la Loi sur l'accès à l'information.
C'est un peu le comparable que vous voulez
faire, basé sur le précédent qu'on a fait dans le projet de loi n° 8, puis
basé sur le jugement de la Cour d'appel qui venait distinguer, dans le cadre
des fonctions du conseil, les fonctions déontologiques qui ont un caractère
particulier. C'est un peu ça que vous voulez faire?
Mme Nichols : C'est un peu ça
que je veux faire. Puis je pense que Martine Valois nous en a parlé aussi hier,
de cet arrêt de février 2000, il y en a d'autres aussi, là, qui nous en ont
parlé. Mais oui, c'est dans ce sens-là, c'est dans ce sens-là qu'est déposé cet
amendement-là.
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, je trouve, c'est raisonnable ce que vous proposez. Peut-être entendre
les collègues là-dessus.
Le Président (M.
Bachand) :Il reste très, très, très peu
de temps. M. le député de l'Acadie, peut-être, pour un premier commentaire.
M. Morin : Oui, en fait,
brièvement, je trouve que c'est un apport important et c'est définitivement un
pas dans la bonne direction, parce qu'au fond, et c'est un peu ce que je dis
depuis le début, M. le Président, moi, ce que je veux m'assurer, c'est que,
quand on... qu'on ne touche pas au financement qui pourrait avoir un impact sur
l'indépendance du conseil. Pour le reste, si c'est des crédits votés, je n'ai
pas de problème avec ça. Et là on... en fait, on s'éloigne de ce qui est prévu
dans l'actuel projet de loi, pour mettre, finalement, des balises
supplémentaires, et ça, je pense que c'est intéressant. Maintenant, il faudrait
juste être capable d'évaluer plus à fond l'impact de cet amendement.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Alors, cela
dit, compte tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux au mardi 6 juin,
à 10 heures, où elle va poursuivre son mandat. Merci. Bon week-end.
(Fin de la séance à 13 heures)