Journal des débats de la Commission des institutions
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
Pour en savoir plus sur le Journal des débats et ses différentes versions
Le
jeudi 25 mai 2023
-
Vol. 47 N° 32
Étude détaillée du projet de loi n° 24, Loi donnant suite aux recommandations du rapport du Comité consultatif indépendant sur la révision de l’indemnité annuelle des membres de l’Assemblée nationale
Aller directement au contenu du Journal des débats
Intervenants par tranches d'heure
-
-
Bachand, André
-
Jolin-Barrette, Simon
-
Derraji, Monsef
-
Leduc, Alexandre
-
-
Bachand, André
-
Leduc, Alexandre
-
Jacques, François
-
Jolin-Barrette, Simon
-
Lefebvre, Eric
-
-
Leduc, Alexandre
-
Bachand, André
-
Jolin-Barrette, Simon
-
Lefebvre, Eric
-
Jacques, François
-
Haytayan, Céline
-
Boutin, Joëlle
-
Asselin, Mario
-
Lemieux, Louis
-
Derraji, Monsef
-
Nichols, Marie-Claude
-
-
Bachand, André
-
Leduc, Alexandre
-
-
Leduc, Alexandre
-
Bachand, André
-
Derraji, Monsef
-
Jolin-Barrette, Simon
-
Lefebvre, Eric
-
Jacques, François
-
Haytayan, Céline
-
Boutin, Joëlle
-
Asselin, Mario
-
Lemieux, Louis
-
Nichols, Marie-Claude
-
Ghazal, Ruba
-
-
Leduc, Alexandre
-
Jolin-Barrette, Simon
-
Bachand, André
-
Lefebvre, Eric
-
Jacques, François
-
Haytayan, Céline
-
Boutin, Joëlle
-
Asselin, Mario
-
Lemieux, Louis
-
Nichols, Marie-Claude
-
-
Leduc, Alexandre
-
Jolin-Barrette, Simon
-
Bachand, André
-
Derraji, Monsef
-
-
Derraji, Monsef
-
Leduc, Alexandre
-
Bachand, André
-
Jolin-Barrette, Simon
-
Lefebvre, Eric
-
Jacques, François
-
Haytayan, Céline
-
Boutin, Joëlle
-
Asselin, Mario
-
Lemieux, Louis
-
Nichols, Marie-Claude
-
-
Bachand, André
-
Leduc, Alexandre
-
Jolin-Barrette, Simon
11 h 30 (version révisée)
(Onze heures trente-huit minutes)
Le Président (M.
Bachand) :Alors, bonjour, tout le monde.
Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des
institutions ouverte.
La commission est réunie afin d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi n° 24, Loi donnant suite aux
recommandations du rapport du Comité consultatif indépendant sur la révision de
l'indemnité annuelle des membres de l'Assemblée nationale.
Avant de débuter, Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui. M. Boivin
Roy (Anjou—Louis-Riel)... madame... Pardon. Mme Boivin Roy
(Anjou—Louis-Riel) est remplacée par M. Jacques (Mégantic); Mme Bourassa (Charlevoix—Côte-de-Beaupré),
par M. Lefebvre (Arthabaska); Mme Schmaltz (Vimont), par Mme Boutin
(Jean-Talon); M. Morin (Acadie), par M. Derraji (Nelligan); M. Zanetti
(Jean-Lesage), par M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve).
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Nous sommes
maintenant aux remarques préliminaires. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Pas de
remarque.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Nelligan.
M. Derraji : Bonjour. Pas de
remarque.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Nous sommes maintenant
aux motions préliminaires. Y a-t-il des motions préliminaires? S'il n'y a pas
de motion préliminaire, nous sommes maintenant à l'étude article par article. Donc,
je prends en considération l'article 1 du projet de loi. M. le ministre,
la parole est à vous.
M. Jolin-Barrette : Oui. L'article 1
de la Loi sur les conditions de travail et le régime de retraite des membres de
l'Assemblée nationale est remplacé par le suivant :
«1. Chaque député reçoit une indemnité
annuelle égale à 131 766 $. «Cette indemnité est augmentée de
tout montant équivalent à toute augmentation du maximum de l'échelle de
traitement d'un titulaire d'un emploi supérieur applicable aux premiers
dirigeants, vice-présidents et membres d'un organisme du gouvernement de niveau 4.
«En outre, chaque député reçoit un montant
équivalent à toute autre augmentation de traitement accordée aux titulaires d'un
emploi supérieur auxquels l'échelle visée au deuxième alinéa est applicable.»
Commentaire. Conformément aux
recommandations du Comité consultatif indépendant par le Bureau de l'Assemblée
nationale, cette disposition fixe l'indemnité annuelle d'un député à 131 766 $
et prévoit les conditions de sa majoration. Elle prévoit également le versement,
aux députés, d'un montant équivalent à toute autre augmentation de traitement
accordée aux titulaires d'un emploi de dirigeant, vice-président et membre d'un
organisme de gouvernement de niveau 4.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Interventions
sur l'article 1? M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Je vais demander
un temps de suspension pour rédaction d'un amendement, M. le Président.
M. Jolin-Barrette : Non, il n'y
a pas de consentement là-dessus, M. le Président.
• (11 h 40) •
Le Président (M.
Bachand) :O.K. Alors donc, écoutez...
Alors, l'idée, c'est... Combien de temps? Parce que, moi, là, s'il n'y a pas de
consentement, c'est difficile pour moi, à moins que vous ayez... de temps.
M. Leduc : Bien, moi, M. le
Président, j'aurais aimé ça faire des remarques préliminaires. On n'a pas eu la
décence de m'attendre...
Le Président (M.
Bachand) :Bien, écoutez, on a commencé
avec un avis de l'Assemblée nationale. On suit l'avis de l'Assemblée nationale.
M. Leduc : Oui, mais...
Le Président (M.
Bachand) :Alors, vous êtes un
parlementaire expérimenté...
M. Leduc : ...j'étais à cinq mètres,
en haut, ici, là.
Le Président (M.
Bachand) :...vous êtes un parlementaire
expérimenté, vous êtes un groupe parlementaire reconnu...
M. Leduc : Je le suis...
expérimenté, en effet.
Le Président (M.
Bachand) :Alors donc, nous sommes
maintenant à l'amendement... à l'article 1.
M. Leduc : Bien, il va
falloir qu'on vous l'achemine, là.
Le Président (M. Bachand) :Oui, mais est-ce que...
M. Leduc : Moi, toutes les
commissions que j'ai faites ici depuis que je suis arrivé, il y a cinq ans...
Le Président (M.
Bachand) :Oui, je n'ai pas... j'ai
pris... je n'ai pas pris ma décision, O.K., mais ce que je vous dis, c'est
que... Vous me demandez combien de temps, approximativement?
M. Leduc : Moi, je n'ai rien
demandé. Vous me demandez ça.
Le Président (M.
Bachand) :Oui, je vous demande combien de
temps approximativement vous avez de besoin.
M. Leduc : Oui.On va
prendre... On va commencer par deux minutes.
Le Président (M.
Bachand) :Parfait. Alors, on va suspendre
deux minutes. Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 41)
12 h (version révisée)
(Reprise à 12 h 02)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. Juste avant d'aller plus loin, bien, on a un
petit bogue informatique à l'intérieur de l'Assemblée nationale, donc, on va
faire, pour l'instant, l'amendement et, s'il y en a d'autres, les futurs
amendements de façon manuscrite. Donc, on a fait une distribution papier, et la
lecture du député qui proposera l'amendement va faire foi. Alors, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
s'il vous plaît.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. L'amendement se lit comme suit : Article 1 du projet de
loi est remplacé par :
La loi est modifiée par la suppression des
articles 1 à 77 et par l'ajout des paragraphes suivants :
«1° l'ensemble des conditions de travail
des députés et des membres de l'exécutif ayant une incidence monétaire sont
déterminées par un comité indépendant et exécutoire;
«2° le Bureau de l'Assemblée nationale
doit donner suite, par règlement, à l'ensemble des recommandations contenues
dans le rapport du comité indépendant, et ce, sans autre formalité;
«3° les conditions de travail et le régime
de retraite des membres de l'Assemblée nationale sont définis dans le règlement
adopté par le Bureau de l'Assemblée nationale.»
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Interventions
sur l'amendement du député d'Hochelaga-Maisonneuve? M. le député de Mégantic.
M. Jacques : M. le Président,
je veux juste apporter, là, que ce cet amendement-là dénature complètement le
projet de loi. Par contre, je n'appellerai pas le règlement. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Autres interventions? M.
le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Oui, merci. On
évoque la recevabilité de mon amendement. J'aimerais ça que vous vous
positionnez, M. le Président, si possible, par décision écrite, s'il vous plaît.
Le Président (M.
Bachand) :Le président peut le faire d'une
façon verbale aussi. Alors donc, il fait foi. Donc, la recevabilité est
acceptée. Alors, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, allez-y.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. L'amendement qu'on dépose aujourd'hui est cohérent avec ce qu'on dit
depuis une dizaine d'années. Cela dit, M. le Président, considérant qu'on m'a
privé de mon droit de faire des remarques préliminaires et, en particulier, des
remarques de motion préliminaire, vous me permettrez de faire une légère
digression sur l'échange que j'ai eu au salon bleu avant de descendre ici, avant
de constater, là, qu'on n'avait peut-être pas eu l'élégance de m'attendre
littéralement 30 secondes. Je discutais avec votre collègue leader adjoint
de la possibilité de procéder à des auditions, parce qu'il n'y en a pas eu. À
ma satisfaction, le leader adjoint ouvrait la porte, il y a quelques minutes à
peine, au salon bleu, en disant : C'est vrai, les leaders se parlent, il
serait possible d'avoir des auditions. Je lui soumettais que je n'avais pas nécessairement
un appétit immense sur le nombre de groupes que je souhaiterais qu'on entende.
J'étais...
Le Président (M.
Bachand) :Oui.
M. Jacques : Il y a... Il y a
des gens trop à la table.
Le Président (M. Bachand) :Juste... Donnez-moi quelques secondes. Je vous reviens. Merci.
Donc, vous parlez du député de Saint-Henri—Sainte-Anne. Alors, il est assis,
mais je le vois comme invité présentement, parce que, tant qu'il n'y a pas de
consentement, il ne peut pas prendre la parole. Donc, je pense, par politesse,
il peut s'asseoir alentour de la table, si vous êtes d'accord, mais il n'a pas
le droit de prendre parole. Ça va? M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Il est très gentil,
le député de Saint-Henri—Sainte-Anne. Il ne mord pas, sauf à l'occasion
peut-être, on le verra, on le verra. Merci, M. le Président. Salutations à mon
collègue de Saint-Henri—Sainte-Anne. Merci pour <la visite...
M. Leduc :
...on le verra, on le verra. Merci, M. le Président.
Salutations à mon collègue de
Saint-Henri—Sainte-Anne. Merci pour >la
visite.
J'en étais donc à dire que, il y a
quelques minutes à peine, le leader adjoint de... J'espère que je ne me trompe
pas sur sa fonction, le député de Chapleau, il est bien leader adjoint? Voilà.
Alors, le leader adjoint évoquait la possibilité d'avoir des discussions pour
procéder à des audiences. Là, je comprends que, comme je le disais tantôt, on
m'a privé de mon droit de pouvoir déposer des motions préliminaires, mais je
profite de l'échange que je vais avoir avec le ministre, dans le cadre de cet
amendement, pour voir s'il y aurait de l'ouverture de la part du ministre à
procéder à des auditions préliminaires... à des auditions, pardon.
Le Président (M.
Bachand) :Interventions? Pas
d'intervention.
M. Leduc : Je pose une
question ministre. Est-ce qu'il est intéressé à faire des audiences?
Le Président (M.
Bachand) :Alors, je me tourne vers...
s'il y a d'autres interventions de la part du ministre. Il n'y a pas
d'intervention.
M. Leduc : Pas intéressé ou
pas intéressé à me répondre?
Le Président (M.
Bachand) :Comme vous savez, le ministre a
le choix de répondre. Ce n'est pas à la présidence de juger de la qualité ou de
la quantité du nombre de mots dans sa réponse.
M. Leduc : C'est quoi,
l'article en question?
Une voix : ...le ministre n'a
pas l'obligation de répondre aux questions.
Le Président (M.
Bachand) :O.K. S'il vous plait! S'il vous
plaît! La présidence est de ce côté-ci.
Une voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :Alors, donc... Merci. M. le
député.
M. Leduc : Est-ce que je peux
poser une autre question en ce cas-ci, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Oui, bien sûr.
M. Leduc : Est-ce que le
ministre a l'intention de prendre la parole dans le cadre de cette étude
détaillée en dehors, évidemment, de la lecture des articles?
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Est-ce qu'il y a une
intervention? M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, je vais intervenir lorsque je jugerai pertinent d'intervenir,
considérant que le député d'Hochelaga a manifestement indiqué qu'il souhaitait
filibuster le projet de loi. Moi, ce n'est pas une façon que je travaille.
Alors, manifestement, Québec solidaire veut faire une guérilla. Ça leur
appartient, mais je ne jouerai pas dans ce film-là et je ne participerai pas
aux tactiques dilatoires du député d'Hochelaga-Maisonneuve, qu'il fasse son
travail avec sérieux.
Le Président (M.
Bachand) :Juste faire attention, là, on
est en début d'étude, alors faites attention aux mots et au ton. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Ça ne me dérange
pas, là, qu'on m'accuse de procès d'intention comme ça, M. le Président. Ça
fait partie du jeu, j'imagine. Je reviens avec ma question. Le ministre pourra
m'accuser de faire de la dilatoire, s'il veut, mais ma question est sérieuse.
On procède à l'adoption d'un projet de loi sans n'avoir fait aucune audience.
Ça veut donc dire que le ministre est à l'aise de procéder. Je n'en ai pas vu
souvent, moi, des projets de loi avec absolument aucune audience. C'est sa
volonté, c'est ça qu'il veut faire?
M. Jolin-Barrette : Alors,
très sommairement, M. le Président, il y en a plusieurs projets de loi, et ce
n'est pas vrai qu'il n'y a pas eu d'audiences. Il y a eu une conférence de
presse de la part des membres du comité indépendant. D'ailleurs, ils ont été
présenter également le rapport au BAN. Donc, il y a déjà eu des auditions qui
se sont tenues. Alors, ça arrive à de multiples reprises qu'il n'y a pas
d'auditions en commission parlementaire, et vous le savez très bien. Alors,
peut-être que vous n'écoutiez pas au BAN, votre collègue la députée de Mercier
n'écoutait pas au BAN ou ne voulait pas participer, comme à son habitude, dans
le cadre de ce dossier-là, mais ça, ça vous appartient. Mais, dans tous les
cas, on a déjà entendu les gens au Bureau de l'Assemblée nationale et il y a...
que vous pouvez consulter d'ailleurs, et ils ont même fait une conférence de
presse.
M. Leduc : Est-ce que le
ministre peut confirmer que les audiences du BAN étaient publiques?
M. Jolin-Barrette : Vous connaissez
les règles au niveau du Bureau de l'Assemblée nationale, mais j'ai très bien vu
une conférence de presse avec les trois membres du comité qui ont répondu aux
questions.
M. Leduc : Et ça, selon vous,
c'est similaire à l'idée d'inviter des gens ici, dans le cadre d'une commission
parlementaire en bonne et due forme, pour pouvoir leur poser des questions par
les parlementaires?
M. Jolin-Barrette : Moi, M.
le Président, je pense qu'on est sur l'amendement du collègue d'Hochelaga-Maisonneuve,
et donc, s'il veut m'en parler, je suis ouvert à l'écouter. Cependant, sinon,
je suis prêt à voter.
• (12 h 10) •
Le Président (M.
Bachand) :M. le député, s'il vous plaît.
M. Leduc : Merci. Dommage,
parce que c'est étonnant. Il y a quelques minutes à peine, comme je le disais,
le leader adjoint était ouvert à des auditions, il disait : C'est
intéressant, on va s'échanger des groupes. Il disait même, à ma surprise, qu'il
y avait des communications en cours entre les deux bureaux de leader. Étant une
des deux parties impliquées, j'étais surpris de savoir que j'étais dans une
communication alors que, dans les faits, ce n'était pas le cas. Je comprends
donc que le ministre est parfaitement à l'aise de procéder avec l'adoption de
ce projet de loi sans n'avoir entendu absolument aucun témoin.
Je vous soumets bien respectueusement, M.
le ministre, une des personnes qu'on aurait voulu entendre, c'est la juge à la
retraite Mme L'Heureux-Dubé. Vous ne pensez pas qu'il aurait été pertinent dans
le cadre des échanges que nous avons en ce moment...
Le Président (M.
Bachand) :Oui. M. le député d'Arthabaska.
M. Lefebvre : Présentement,
les arguments du collègue ne sont pas en lien avec l'amendement. J'aimerais
qu'on puisse avoir les interventions, en lien avec l'amendement qui est déposé,
pour qu'après on puisse voter sur cet amendement. L'article 211.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Vous rendez une
décision ou...
Le Président (M.
Bachand) :Je vous laisse aller, donc, si
je vous laisse parler, <c'est que...
Le Président (M.
Bachand) :
...d'
Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc :
Vous
rendez une décision ou...
Le Président (M.
Bachand) :
Je vous laisse aller,
donc, si je vous laisse parler, >c'est que...
M. Leduc : Je continue. Donc,
c'est refusé comme appel au règlement.
Le Président (M.
Bachand) :Ce n'est pas nécessairement refusé.
Je vous laisse aller pour avoir un débat constructif. Alors, allez-y.
M. Leduc : D'accord. Merci.
Alors, je repose la question au ministre : Est-ce que l'idée d'avoir
convoqué Mme L'Heureux-Dubé pour qu'elle puisse nous présenter ses analyses
aurait pu être une chose pertinente dans le cadre de ce débat? Je comprends
que...
Le Président (M.
Bachand) :Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Leduc : Bien oui, bien, je
comprends que le cellulaire du ministre est plus intéressant que mes questions.
C'est correct. Est-ce que le ministre peut m'expliquer... Parce que c'est une
autre chose qui m'a surpris dans le cadre de cette étude du projet de loi, M.
le Président, c'est le fait que le ministre n'a pas pris la parole lors de
l'adoption du principe du projet de loi. Et ça, je n'ai pas vu ça souvent. Ça
fait cinq ans que je suis député ici... ou quatre ans et demi, là, je vous
laisse la chicane entre la CAQ et le PLQ sur l'exacte date, même si je peux
bien... je peux bien dire cinq ans pour faire plaisir à mon collègue de
Nelligan et me ranger de son côté de la clôture pour ce débat-là. Mais, moi, je
n'ai pas vu ça souvent, un ministre qui dépose un projet de loi et qui ne vient
pas prendre la parole sur ce projet de loi là.
Est-ce que le ministre peut me confirmer
qu'il a fait ça combien de fois dans les projets de loi qu'il a déposés ici
depuis qu'il est arrivé?
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Est-ce qu'il y a
interventions? Pas d'intervention. Donc, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Bon, là, j'ai le
droit au traitement du silence visiblement. Moi, je me désole vraiment du fait
que le ministre a été absent au salon bleu...
Le Président (M.
Bachand) :Faites attention, faites
attention, vous connaissez les règles, M. le député.
M. Leduc : C'est-à-dire?
Le Président (M.
Bachand) :On ne peut pas parler de
l'absence d'une personne. Alors, allez-y.
M. Leduc : Oui, mais je ne
peux pas souligner sa présence, il n'était pas là, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Allez-y, M. le député, vous
connaissez les règles.
Une voix : ...
M. Leduc : Pardon?
Le Président (M.
Bachand) :Alors, allez-y, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
vous connaissez les règles.
M. Leduc : Parfait. Moi, je
n'ai pas vu ça souvent sur un projet de loi aussi important. Je demeure sidéré,
sidéré que le ministre n'ait pas pris la parole sur ce projet de loi ni sur la
présentation, parce qu'à la limite, il est-tu occupé, il fait autre chose, il
ne peut pas être là le matin même. Moi, je trouve ça étonnant, là, tu es un
ministre, tu travailles sur un projet de loi, tu veux le présenter, tu veux en
faire la promotion, tu veux être actif sur ce dossier-là. Donc, c'était une
chose de ne pas venir le présenter, le soutenir, c'en était une autre de ne pas
du tout intervenir pour le restant, parce qu'on a eu en masse de temps, là,
pour qu'il y ait d'autres interventions de la CAQ à ce sujet-là. À aucune
reprise le ministre n'est venu s'exprimer sur le projet de loi. Moi, je trouve,
ça en disait long. Ça en disait long sur le manque... comment je pourrais dire
ça, le côté mal assumé de la posture gouvernementale par rapport à ce projet de
loi là. Il y avait quelque chose qui n'était pas saisi à bras-le-corps.
Souvent, dans des projets de loi qui sont
déposés par le gouvernement, on a le droit quand même à une bonne présentation
du ministre, ça varie en termes de minutes, il n'y a pas de règle exacte, mais,
après ça, on a quand même l'occasion d'entendre la vision gouvernementale à
travers le ministre et ensuite d'entendre plusieurs députés. On nous parlait ce
matin... Il y avait une belle lettre ouverte de notre collègue de Beauce...
Beauce-Nord ou Beauce-Sud...
Des voix : ...
M. Leduc : ...Sud, Beauce-Sud,
de M. Samuel Poulin, que j'apprécie beaucoup, qui faisait référence au rôle
important des députés gouvernementaux qui ne sont pas pas ministres, puis je
trouvais sa lettre intéressante. Mais, M. le Président, on a été privé de ces
lumières-là dans le cadre de l'adoption du principe du projet de loi
n° 24.
Ma question au ministre, c'est juste une
étape, là, le principe, il y en aura deux autres au bleu, il va avoir
l'adoption du rapport, il va avoir l'adoption finale : Est-ce que je dois
déduire que ce que nous annonce le gouvernement, c'est qu'à ces deux étapes là
subséquentes nous n'aurons de nouveau absolument aucune prise de parole du
gouvernement?
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Interventions? Alors, M.
le député, s'il vous plaît.
M. Leduc : Bon, alors il ne
faut pas s'attendre à une prise de position ou, du moins, à un étalage de
fierté. On parle souvent de fierté du côté du gouvernement, il n'y en aura, pas
cette fois-ci, visiblement, c'est regrettable, c'est regrettable.
Le gouvernement nous propose un projet de
loi ici qui vise à rehausser l'indemnité de base. Or, on le sait très bien,
l'indemnité de base, c'est une seule partie de la rémunération globale de notre
fonction ici, M. le Président. Plusieurs personnes se sont penchées
historiquement sur ce dossier-là — mon collègue de Gouin, dans sa
présentation hier, si je me rappelle bien, ou avant-hier, a fait l'historique
des rapports — qui se sont penchées sur le sujet ici, au salon bleu.
Et il y en a, M. le Président, depuis les années 70, si je me rappelle
bien sa présentation, donc, <bien avant...
M. Leduc :
...l'historique
des rapports
— qui se sont penchées sur le sujet ici, au salon
bleu. Et il y en a, M. le Président, depuis les années 70, si je me
rappelle bien sa présentation, donc, >bien avant ma naissance et celle
du député de Gouin, bien entendu. Le plus récent étant celui ayant été utilisé,
là, pour rédiger le projet de loi, le précédent, c'était celui de la juge L'Heureux-Dubé
et d'autres personnes, là, dont j'oublie le nom, malheureusement, je les ai
mentionnées au salon bleu, mais c'était surtout Mme L'Heureux-Dubé, là, dont on
a retenu la plume, si on pourrait dire ça. Mme L'Heureux-Dubé, elle avait... Son
rapport avait été salué, là, de manière assez unanime, et ça a fait en sorte de
créer un relatif consensus. Ça fait près de 10 ans de ça, M. le Président,
c'est 2013, si je ne me trompe pas. Et, en substance, Mme L'Heureux-Dubé disait :
Surtout, surtout, ne faites pas l'erreur d'aller prendre un seul élément isolé
de la rémunération, et de le changer lui tout seul, et de ne pas le garder en
lien avec l'ensemble de la rémunération et des autres conditions de travail.
Des paroles pleines de sagesse qui avaient été reprises par, notamment, mon
prédécesseur, député de Mercier, Amir Khadir, par plusieurs autres
personnalités à l'époque.
Il y a même eu une motion de la CAQ, si je
me rappelle bien, on me corrigera, là, mais pendant tout le débat, là, sur les
régimes de retraite municipaux, vous vous en rappellerez, M. le Président, là,
on est alentour de peut-être 2015 ou 2016, là, dans ces eaux-là. C'était un
projet de loi du gouvernement libéral de l'époque qui visait à imposer une
cotisation 50-50, parce que, dans certains secteurs municipaux, à force de
batailles, à force de compromis, de négociations, certains groupes avaient
réussi à aller chercher une contribution un peu plus large de l'employeur que
celle des salariés. Souvent, c'est des gains qui avaient été faits en
contrepartie, par exemple, d'une augmentation de salaire plus limitée ou, bref,
de compromis sur d'autres aspects. Or, on avait laminé ça au grand complet à
travers un projet de loi du gouvernement, qui disait : Non, non, non,
c'est 50-50 partout. Et, de mémoire, on corrigera si je me trompe, la CAQ avait
déposé une motion pour faire en sorte que ce 50-50 là, ce principe-là qu'on
était en train d'imposer comme législature au milieu municipal, dans les fonds
de retraite municipaux, bien, il s'applique, s'applique au milieu des élus de
l'Assemblée nationale.
On ne retrouve pas cette logique dans le
projet de loi du gouvernement. Est-ce que... Ma question pour le ministre,
est-ce qu'il était présent, est-ce qu'il a souvenir de cette motion-là adoptée ou,
en tout cas, certainement déposée par la CAQ, alentour de 2015, 2016, sur le
50-50 dans le milieu municipal?
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Interventions?
S'il n'y a pas d'intervention, M. le député dd'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Bien, je pense
qu'on... Je fais un appel à mes collègues, on va commencer à noter le nombre de
questions que je pose au ministre, à laquelle il ne répond pas, on doit être
rendu à cinq, six minimalement, là, en ce moment, là. Alors, on fera un beau
petit décompte à la fin de la journée. Alors, Jean-François, je te nomme
responsable du décompte. On part à six, c'est bon? Cinq, six. Parfait. On
commence le décompte, c'est parti. Alors, pas de réponse du ministre, pas de
souvenir, on va prendre pour acquis qu'il est d'accord avec mon exposé sur
cette portion-là.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, je voudrais juste rassurer le député d'Hochelaga-Maisonneuve, là, il
ne devrait jamais prendre pour acquis que je suis d'accord avec lui. Puis vous
savez à quoi ça me fait penser, M. le Président, parce qu'on est manifestement
dans une situation de «filibuste», hein, parce que le député d'Hochelaga-Maisonneuve
ne nous parle même pas de son amendement, hein? Parce que si son amendement est
bon, il nous parlerait du fond de son amendement, mais non, il n'est pas
capable, parce qu'il sait que son amendement, il est uniquement là pour
retarder le processus législatif. Il l'a annoncé de toute façon dans les
médias. Mais, moi, M. le Président, là, ce que je déteste profondément en
politique, c'est l'hypocrisie.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, vous devez
faire très attention, s'il vous plaît...
• (16 h 20) •
M. Jolin-Barrette : C'est
vrai, vous avez raison, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :...très attention.
M. Jolin-Barrette : Je me
sens comme dans un bal des hypocrites, M. le Président. Savez-vous pourquoi...
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre!
M. Jolin-Barrette : ...savez-vous
pourquoi?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, s'il vous
plaît!
M. Jolin-Barrette : Oui,
c'est vrai, M. le Président. M. le Président, le député d'Hochelaga-Maisonneuve
fait plusieurs arguments pour dire : Ah, il n'y a pas de consultation.
C'est drôle, quand ça fait leur affaire à Québec solidaire, c'est correct de ne
pas faire de consultation. Ah, quand il y a eu le serment au roi, le député d'Hochelaga-Maisonneuve
ne m'a pas demandé de faire des consultations. Là, c'est correct. Le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
je l'ai entendu au salon bleu, puis tous ses confrères aussi, dire :
Écoutez, ça n'a pas de bon sens que l'Assemblée nationale adopte une loi, parce
que vous savez que le processus législatif fait en sorte que les conditions de
travail des élus sont dans des lois, ce n'est pas normal d'avoir à adopter une
loi sur les conditions de travail des élus.
Écoutez, leur opinion, elle est légitime,
c'est leur position de parti, ils la défendent. Cependant, savez-vous ce qui
est ironique, M. le Président? Encore une fois, quand ça fait <leur
affaire...
M. Jolin-Barrette :
...leur opinion, elle est légitime, c'est leur position de
parti, ils la défendent. Cependant, savez-vous ce qui est ironique, M. le
Président? Encore une fois, quand ça fait >leur affaire à Québec
solidaire puis quand ça les avantage, là il n'y en a pas, de problème. Au cours
de la 42e puis de la 43e législature, quand est venu le temps de donner à
Québec solidaire des ressources supplémentaires, d'avoir des postes avec des
primes, d'avoir des salaires supplémentaires, d'avoir des véhicules de
fonction, d'avoir des salaires de chef, d'avoir des salaires de leader, d'avoir
des salaires de whip, d'avoir des budgets supplémentaires pour la ressource...
les ressources, ça, le député d'Hochelaga-Maisonneuve n'avait aucun enjeu avec
ça lors de la 42e législature, alors que c'était le député de Gouin qui
était leader, mais même lui avec la 43e législature, lui, il était très à
l'aise d'entériner un projet de loi pour se voter lui-même des conditions
salariales supplémentaires puis des conditions supplémentaires pour son équipe.
Alors, voyez-vous, M. le Président, on est
dans une situation où quand Québec solidaire veut faire un show de boucane,
quand Québec solidaire veut tirer un avantage politique partisan là-dessus, ils
n'ont aucun enjeu. C'est pour ça que je vous parle du bal des hypocrites, M. le
Président, hein?
Le Président
(M. Bachand) :M. le ministre, s'il
vous plaît!
M. Jolin-Barrette : Parce
que quand ça sert Québec solidaire, là c'est correct, c'est correct d'avoir des
vice-présidences supplémentaires, c'est correct de bonifier. Et le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
à mon souvenir, a voté deux fois sur ses propres conditions de travail lors de
l'entente de la 42elégislature dans le cadre d'un projet de
loi et lors de l'entente de la 43e législature. C'est d'ailleurs lui qui a
négocié pour son groupe parlementaire sur ses propres conditions de travail à
lui, à celle de ses collègues. Là, il n'y en a pas, de problèmes? C'est un peu
ironique, la position de Québec solidaire.
Alors, tout le monde est conscient, ici,
de la politique du blocage et de l'utilisation des outils parlementaires qui
sont faits par Québec solidaire puis par le leader du deuxième groupe
d'opposition. Alors je n'ai aucun problème à m'exprimer. Je n'ai aucun problème
d'assumer les projets de loi que j'ai faits. Puis un dernier élément. Lorsque
vous dites que le ministre n'était pas présent au salon bleu, bien, le
ministre, il est pas mal tout le temps, en commission parlementaire, à adopter
des projets de loi, notamment sur le droit de la famille, avec votre collègue
de Saint-Henri—Sainte-Anne, qui est un très bon projet de loi.
Alors, avant de me critiquer puis de dire
que je suis absent, vous devriez faire vos vérifications. Puis je pense que
vous devriez reconnaître que nous adoptons énormément de projets de loi en
matière de justice. Je pense que vous devriez avoir l'honneur, la transparence
et la franchise de dire ce genre de choses là, au lieu de prêter des
allégations mensongères comme vous le faites.
Le Président
(M. Bachand) :Merci. Juste...
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :Donc, monsieur... Veuillez
retirer vos propos, «mensongères», M. le ministre, veuillez retirer
«mensongères».
M. Jolin-Barrette : Des
allégations inexactes, M. le Président.
Le Président
(M. Bachand) :Merci. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Loin de moi l'idée de vouloir laisser entendre que le ministre se
tourne les pouces. Je le connais de plus en plus maintenant qu'on travaille
maintenant, comme leader, ensemble. Il était déjà leader, bien sûr. Je ne crois
pas qu'il ne fait rien ici. Ce n'est pas du tout ça que je pense. Je le savais
qu'il était en commission parlementaire.
Cela étant dit, j'en ai vu, des ministres,
venir trouver le temps de présenter leur vision de leur projet de loi au salon
bleu. Ça aurait pu être cinq minutes, ça aurait pu être deux minutes, faire
acte de présence pour nommer c'est quoi, sa vision, comment il voit ce projet
de loi là, c'est son projet de loi. Comme je vous dis, je n'ai pas vu ça
souvent, un ministre qui ne vient pas prendre la parole. Puis là je ne dis pas
ça, là... Il était-tu là, il n'était-tu pas là? J'aurais aimé ça qu'il prenne
la parole sur son projet de loi. Il ne l'a pas fait. Là, il le fait aujourd'hui,
c'est très bien, on a un échange, puis c'est bien correct. Mais au moment le
plus symbolique qui soit, c'est-à-dire le dépôt du projet de loi, la prise de
parole à l'adoption de principe, il ne l'a pas fait.
Dans le fond, je souligne ça aujourd'hui,
M. le Président, pour l'inviter à ne pas répéter cette situation-là aux deux
prochaines étapes qui nous attendent, j'imagine, la semaine prochaine,
considérant l'empressement du gouvernement d'adopter ce projet de loi là. Je
l'invite sincèrement à venir prendre la parole au salon bleu à ce moment-là, à
venir dire pourquoi il veut qu'on l'adopte en deuxième lecture, pourquoi il
veut qu'on l'adopte en adoption finale. Je trouve ça important. Ça relève, à mon
avis, d'une forme... C'est une partie de la responsabilité ministérielle, de
venir assumer ce rôle-là. Ce n'est pas ça qui s'est passé, je l'ai regretté, je
le regrette et je le souligne ici. Après ça, j'invite le ministre, je me sers
de ça pour inviter le ministre à revenir au salon bleu lors des prochaines
étapes, d'assumer son rôle de ministre et de livrer son discours en bonne et
due forme.
M. le ministre évoquait, à l'instant, les
comparaisons...
M. Leduc : ...vous me
permettrez, M. le Président, que je pourrais qualifier un peu de boiteuses. La
comparaison avec le serment du roi, il y a une différence assez claire. On
était tous d'accord avec le projet de loi d'abolition du serment au roi. C'est
pour ça qu'on a procédé rapidement. Nous, à la limite, on aurait... des
auditions, on aurait pu, on aurait pu en faire, une journée d'auditions,
pourquoi pas, ce n'est pas une mauvaise chose. Mais tout le monde était
d'accord de procéder rapidement parce que tout le monde était d'accord. Et vous
avez bien constaté, cette semaine et dans les semaines précédentes, M. le
Président, que ce n'est pas tout le monde qui est d'accord avec ce projet de
loi là. Nos collègues du Parti québécois, dont j'aurais aimé voir la présence
aujourd'hui, mais, bon, ont manifesté ce matin, finalement, leur position
finale, leur désaccord, eux autres aussi, sur le fond de la chose. Les
collègues du Parti libéral ont pris la parole au salon bleu, pas aussi
longtemps que d'autres projets de loi, mais ça leur appartient, puis je
respecte ça, mais ils ont pris la parole. Ils sont venus aujourd'hui, ils sont
là aujourd'hui.
Donc, la différence, elle est claire, on
n'est pas tous d'accord sur ce projet de loi là. Nous, ce qu'on dit, ce qu'on
répète, c'est qu'il n'y a pas feu en la demeure de procéder avec ce
rehaussement-là majeur. Personne, pour reprendre la belle expression du premier
ministre, ne se bat dans les autobus pour une hausse à 30 000 $ de
l'indemnité de base. Si personne ne se battait pour la réforme du mode de
scrutin, qui requiert des adhésions larges dans tous les sondages qui se
produisent depuis les 15 dernières années, était suffisant pour dire qu'on ne
la fera pas, pour briser une promesse, briser une signature faite en bonne et
due forme juste ici, dans l'agora, bien, le même argument devrait peser tout
aussi lourd pour dire : Non. On a été peut-être un petit peu trop rapide
sur la gâchette. On va prendre un pas de recul, laisser l'été passer, laisser
les esprits se calmer. On s'en reparle en septembre, puis on voit si on est
toujours à l'aise, si on est toujours à la même place, si on procède. Est-ce
que ça serait une possibilité, ça, M. le ministre, de mettre sur table le
projet de loi, de laisser l'été s'écouler, et de s'en reparler en septembre?
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Interventions? Pas
d'intervention. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve... autour de cinq minutes,
à peu près.
• (12 h 30) •
M. Leduc : Cinq minutes. On
est à sept, là, sept réponses... sept questions non répondues. M. le ministre a
évoqué, avec un petit sourire rigolo, l'entente, l'entente, entre les parties,
que nous avons notamment négociée ensemble. Moi, je n'étais pas à la table de
négos de la précédente, bien sûr, je venais d'arriver, mais j'ai pris plaisir à
participer dans la négociation de l'entente de la présente législature, de la
43e. Est-ce que le ministre peut me confirmer le nombre de postes
supplémentaires? Je fais référence au président de séance, aux
vice-présidences, etc. Est-ce qu'il peut me confirmer le nombre de postes
supplémentaires qui ont été négociés et accordés, dans le cadre de cette
entente-là, pour son groupe parlementaire?
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Interventions? Pas
d'intervention. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : On est rendu à
huit. C'est une information publique. Je ne l'ai pas sous la main. On me la
communiquera, j'imagine, en temps et lieu, là, mais il y en a pas mal, M. le
Président, de postes supplémentaires qui ont été créés à la demande du leader
gouvernemental, pas qu'on avait une opposition de principe à ces créations-là.
On ne les a pas réclamées évidemment, vu que ça ne s'applique pas à nous, mais
il y avait certainement un empressement de l'autre côté de procéder à ça.
Quand j'ai vu le rapport Ouellet-Thériault,
j'ai compris un peu ce qui s'était passé, où là le rapport Ouellet-Thériault
confirme que, sur les 125 élus, il n'y en a que 10 qui n'ont pas une des
primes qui sont clairement indiquées dans le règlement. Et, dans les 10, si mon
compte est bon, il y a sept députés chez nous, deux députés au PQ, puis je
pense que c'est la députée indépendante qui est la dixième. Ça fait-tu 10?
Sept, neuf, 10, oui. Voilà. Alors, actuellement, aucun député du gouvernement,
aucun député de l'opposition officielle n'a l'indemnité de base. Donc, quand on
parle du 30 000 $, c'est un chiffre bien théorique, parce que, pour
l'entièreté du caucus gouvernemental, ce sera bien au-delà de 30 000 qu'ils
toucheront tout un chacun. Dans le temps qu'il me reste...
12 h 30 (version révisée)
M. Leduc : ...qu'il me reste,
M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Deux petites minutes, M.
le député.
M. Leduc : Deux petites
minutes? Oui, d'accord. Bien, mon amendement, il est très simple en réalité. Il
vise à rendre concrète la proposition L'Heureux-Dubé. Est-ce que le ministre
peut s'exprimer sur la raison pour laquelle il a refusé, jusqu'à ce moment-ci,
de rendre décisionnel le comité dit indépendant?
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le député.
Interventions? S'il n'y a pas l'intervention, M. le député, s'il vous plaît.
M. Leduc : On est rendus à
neuf. Le ministre m'a demandé de poser des questions. Il m'a dit qu'il
répondrait à mes questions sur l'amendement. C'est une question sur l'amendement :
Pourquoi le comité qui a été décrété par le BAN n'était pas décisionnel?
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Est-ce qu'il y
a interventions? S'il n'y a pas intervention, M. le député, s'il vous plaît.
M. Leduc : Est-ce que le ministre...
Le Président (M.
Bachand) :15 secondes.
M. Leduc : Pardon?
Le Président (M.
Bachand) :Ah!désolé. Oui, j'étais
pour vous donner 15 secondes, mais c'est malheureusement terminé. Le
secrétariat...
M. Leduc : Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Donc, le temps est écoulé.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention,
est-ce que l'amendement est adopté?
Une voix : Rejeté.
Une voix : Vote par appel
nominal, s'il vous plaît.
Le Président (M. Bachand) :Vote par appel nominal. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire : M. Jolin-Barrette
(Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Contre.
La Secrétaire
: M. Lefebvre
(Arthabaska)?
M. Lefebvre : Contre.
La Secrétaire
: M. Jacques
(Mégantic)?
M. Jacques : Contre.
La Secrétaire : Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Contre.
La Secrétaire
: Mme Boutin
(Jean-Talon)?
Mme Boutin : Contre.
La Secrétaire
: M. Asselin
(Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin : Contre.
La Secrétaire : M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire
: M. Derraji
(Nelligan)?
M. Derraji : Contre.
La Secrétaire : Mme Nichols
(Vaudreuil)?
Mme Nichols : Contre.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) :Abstention. Donc, l'amendement
est rejeté. Donc, on revient à l'étude de l'article 1. Interventions? M.
le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : M. le Président,
on a un autre amendement. Là, il va falloir le mettre par écrit, comme... à
moins qu'on m'indique que c'est... que le système informatique est corrigé.
Le Président (M.
Bachand) :Oui, c'est... pour l'instant,
le système fonctionne. Alors...
M. Leduc : Le système
fonctionne?
Le Président (M.
Bachand) :Exactement, oui.
M. Leduc : Bon. Bien, on va
vous l'acheminer par courriel. Ça va prendre quelques minutes. Une petite légère
suspension, s'il vous plaît.
Le Président (M.
Bachand) :Je vais faire une courte
suspension. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 33)
(Reprise à 12 h 39)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. Donc, le système s'améliore lentement mais
sûrement. Mais, encore une fois, on ne peut pas afficher sur Greffier, donc la
lecture va faire foi. Alors, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. On va y aller avec l'amendement qui se lit comme suit :
L'article 1 du projet de loi est modifié par l'ajout du paragraphe suivant :
«La présente révision de l'indemnité annuelle n'est pas rétroactive.»
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Est-ce qu'il y
a des interventions?
M. Jolin-Barrette : Est-ce
que le député d'Hochelaga-Maisonneuve veut l'expliquer ou?
M. Leduc : Certainement.
Le Président (M.
Bachand) :Oui, allez-y, M. le député.
• (12 h 40) •
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Il y a eu beaucoup d'encres qui ont coulé sur ce sujet-là, à savoir :
Est-ce que la hausse que prévoit s'accorder la partie gouvernementale... À
partir de quand ça s'applique, là? Est-ce que ça s'applique au moment de la
sanction? Est-ce que ça... Est-ce que ça remonte jusqu'au 3 octobre? Il y
a un flou là-dessus. Est-ce que c'est un flou à cause de la rédaction de la
loi? Est-ce que c'est un flou... Bref, on vise à clarifier ça. Peut-être que le
ministre pourrait nous éclairer.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, je vais citer un ancien chef d'antenne qui est respecté par tous
au... par tout le monde au Québec, je pense : Rigueur, rigueur, rigueur.
Le député d'Hochelaga-Maisonneuve est un homme, ma foi, intelligent. Il y a des
gens intelligents qui l'accompagnent en commission parlementaire. Il y a deux articles
dans le projet de loi. Et le député d'Hochelaga-Maisonneuve, ce n'est pas son
premier projet de loi. Lisons ensemble l'article 2 pour l'effet pédagogique
du député d'Hochelaga-Maisonneuve, pour qu'on soit bien sûrs de bien comprendre
le projet de loi ensemble.
Alors, l'article 2, même si on n'est
pas rendus là, mais je sens qu'on va y arriver bientôt : «La présente loi
entre en vigueur le (indiquer ici la <date...
M. Jolin-Barrette :
...on
va y arriver bientôt : «La présente loi entre en vigueur le (indiquer ici
la >date de la sanction de la présente loi).»
Donc, c'est au moment où la loi va être
sanctionnée par le lieutenant-gouverneur. Vous le connaissez, c'est M. Doyon.
Oui, c'est comme ça que les lois rentrent en vigueur, quand il y a la sanction.
Donc, je m'imagine bien que, sur un projet
de loi de deux articles, le député d'Hochelaga-Maisonneuve avait lu la
totalité du projet de loi. Puis loin de lui de vouloir induire les
parlementaires, la Chambre ou la population en erreur en disant que c'était
rétroactif, comme il l'a fait, ou comme son chef l'a fait. Mais c'est ce qu'ils
ont fait quand même, publiquement, en disant que c'était rétroactif. Alors
qu'il savait pertinemment bien que ce n'était pas rétroactif dans le cadre du
projet de loi. Mais il a choisi de formuler des propos erronés à l'attention du
public. Ça, je n'accepte pas ça. Comme parlementaire, il doit avoir la rigueur
de dire la vérité.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, je vous
demanderais de retirer la dernière phrase de votre...
M. Jolin-Barrette : Je retire,
M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Bon, sur ces
belles paroles, M. le Président, je pense qu'il n'y a jamais... il n'y a jamais
trop de clarté, il n'y a jamais trop de clarté. Et, pour être honnête avec
vous, M. le ministre... je m'adresse à la présidence, bien sûr, quand on a reçu
le projet de loi, quand vous l'avez déposé en Chambre — cette
fois-là, c'est vous qui l'avez fait — on s'est quand même creusé la
tête un bon bout de la journée, avec les collègues de la recherche puis des
communications, puis, bref, tout le monde a mis la main à la pâte pour dire :
Oui, mais là ça s'applique à partir de quand, là? Ça commence tout de suite? Ça
commence... c'est-tu... Ça commence-tu en octobre? Même si... évidemment qu'on
comprend comment ça s'applique, une sanction de la loi. Merci pour le petit
cours, sur un ton constructif, de parlementarisme et de procédure législative,
je l'apprécie, c'est une petite...
M. Jolin-Barrette : Le député
de Saint-Henri—Sainte-Anne, il est gêné.
M. Leduc : Gêné de?
Le Président (M.
Bachand) :Vous portez des... des motifs
au député de Saint-Henri—Sainte-Anne, monsieur...
M. Jolin-Barrette : Oui. Oui,
oui.
Le Président (M.
Bachand) :O.K.Alors, M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve, allez-y.
M. Leduc : Je n'ai pas
compris de quoi il était gêné, le député. De moi? Gêné de moi?
M. Jolin-Barrette : ...
Le Président (M.
Bachand) :Non, non. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, le député d'Hochelaga-Maisonneuve a le bénéfice de compter sur un
collègue de qualité comme le député de Saint-Henri—Sainte-Anne. Puis il vient
de nous le dire, il l'a conseillé. Moi, je ne peux pas croire, M. le Président,
que le député de Saint-Henri—Sainte-Anne, qui est un avocat d'expérience, qu'il
n'aurait pas expliqué au député d'Hochelaga-Maisonneuve qu'à la sanction d'un
projet de loi... ça veut dire, ça rentre en vigueur à la sanction.
Le Président (M.
Bachand) :Bon, monsieur...Merci
beaucoup. Alors...
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, moi, je fais confiance au député de Saint-Henri–Sainte-Anne.
Le Président (M. Bachand) :Alors, vous savez que M. le député ne peut pas participer.
Alors, on y va... on y va de façon...
M. Leduc : Bien, justement,
est-ce qu'on pourrait peut-être lui donner la parole?
M. Jolin-Barrette : ...
Le Président (M.
Bachand) :Alors, M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve, il n'y a pas de consentement. Alors, allez-y.
M. Leduc : Ah bon! On est
intéressés d'avoir ses lumières, mais pas tant que ça, finalement. O.K. O.K., O.K.
Une des raisons, M. le Président, qui
expliquait notre interrogation quant à l'application immédiate ou pas, ou
rétroactive ou pas de la loi, c'est que... on me corrigera si je me trompe,
mais le rapport sur lequel se base la loi faisait référence à la rétroactivité.
Et, pas plus tard que ce matin au salon bleu, le premier ministre a dit ad
nauseam qu'il ne se basait que sur le rapport. Alors, si c'était ça la logique,
qu'on reprend textuellement et intégralement le rapport, puis on le transforme
en projet de loi, on était certainement légitimés de se poser la question, s'il
n'y avait pas rétroactivité.
Alors, ma question pour le ministre, là,
il nous a clarifié que, non, ce n'était pas rétroactif. Est-ce qu'il peut nous
expliquer pourquoi ils ont choisi de ne pas faire ça rétroactif? Pourquoi ils
ont choisi de ne pas appliquer la recommandation du comité?
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Est-ce qu'il y a une
intervention? Pas d'intervention. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : On est rendus à
11, 11 questions non répondues. O.K., donc un choix a été fait, on ne le
saura jamais vraiment pourquoi, de ne pas appliquer la rétroactivité. Dans ce
cas-ci, M. le Président, qu'est-ce qui serait contraire à un bon esprit de
collaboration de ne pas accepter cet amendement-là pour que ça soit clair pour
tout le monde?
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Interventions? S'il n'y
a pas d'intervention, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : 12. Si on est
d'accord avec le principe, si on est d'accord que ça vient clarifier... ce
qu'on aura... On nous a accusés d'avoir prêté le... bon, ce sera certainement
une erreur de bonne foi qu'on nous reconnaîtra, mais donnons-nous l'occasion
alors de la corriger, cette perception. Adoptons cet amendement, il n'y aura
pas de souci, tout le monde va être au courant qu'il n'y aura pas un <chèque...
M. Leduc :
...tout
le monde va être au courant qu'il n'y aura pas un >chèque qui va nous
arriver dans la malle, comme on dit, dans les prochaines semaines, pour faire
le rattrapage depuis le 3 octobre. Est-ce que le ministre peut s'engager à
faire ça?
Le Président (M.
Bachand) :...Est-ce qu'il y a interventions?
Pas d'intervention. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : 13. Je me demande
on va se rendre à combien, aujourd'hui.
Une voix : ...
M. Leduc : 24? On va viser 24,
on va commencer par ça. 24, ça sera l'objectif du jour.
Pendant qu'on révisait l'amendement, M. le
Président, on est allés vérifier, là, ce à quoi je faisais référence à
l'instant, à savoir les fameux postes, là, parce que, là, on m'a... On m'a dit
que je m'étais voté des postes ou je ne sais pas trop, là. C'est intéressant,
ça. C'est intéressant, c'est un argument intéressant parce que toutes les
fonctions sont prévues au règlement, les pourcentages d'indemnités sont
statutaires, on ne peut pas en cumuler, d'ailleurs, même si on occupe plus
qu'une fonction. Et, oui, moi, j'ai voulu aller chercher le maximum de
fonctions pour mon groupe parlementaire. J'aurais été un bien mauvais
négociateur et un bien mauvais leader si j'avais fait l'inverse. En fait, je ne
serais probablement plus leader si j'avais fait l'inverse, j'aurais eu une
démotion de mon chef parlementaire et de mon caucus si je ne m'étais pas battu
corps et âme pour aller chercher le maximum pour mon caucus. Parce qu'on
avait... On s'était fait reconnaître une chefferie. On s'est fait reconnaître
une fonction de leader avec 10 députés, et là on ouvrait la législature avec
11 députés. La partie gouvernementale n'était même pas capable de nous
garantir à ce moment-là qu'on aurait au moins les deux fonctions. C'était
une position de départ, on dira, c'est bien correct. C'est ça, le jeu de la
négo. On l'a fait. Je suis allé chercher, en effet, une chefferie et un bureau
de leader, un bureau de whip, deux vice-présidences de commission et j'en suis
particulièrement fier, M. le Président. Je suis particulièrement fier d'avoir
participé à faire en sorte que la députation de Québec solidaire qui a été
envoyée par les Québécois et les Québécoises ici pour défendre des convictions,
défendre une vision, des principes le fasse avec tous les outils possibles,
avec le maximum d'outils possible. Ça, je n'ai absolument aucune honte de ça.
Bien au contraire, je le mets dans la liste des choses que j'ai réussi à
accomplir ici depuis que je suis arrivé.
Mais je renverse l'argument, M. le
Président, du ministre. Puis, encore une fois, pendant qu'on rédigeait
l'amendement, j'ai demandé à mes collègues de faire la recherche, parce qu'à ce
moment-là je ne l'avais pas vu comme ça, puis en... J'espère que je ne suis pas
en train de prêter des intentions, vous me corrigerez, M. le Président, si
c'est le cas, mais, dans le cadre de cette discussion-là, de cette négo-là sur
l'entente de début de législature... Et c'est encore une fois un document
public, hein? Les gens peuvent aller voir l'entente, c'est une loi, en effet,
le nombre de présidents de séance, le nombre d'adjoints supplémentaires qui est
allé réclamer et qu'a obtenu le gouvernement. Le chiffre, ici, là, que je suis
allé chercher, là, par rapport à ce qu'ils avaient déjà dans la précédente
législature, il y avait trois présidents de séance supplémentaires, six adjoints
parlementaires supplémentaires, et ça, évidemment, avec quatre ministres
supplémentaires. Moi, je n'avais pas fait le lien, à l'époque, entre ces
ajouts-là et le fait que la totalité du caucus de la CAQ aurait donc accès à
une prime qui varie. Là, hein, évidemment, ça part de 15 %, si je ne me trompe
pas. Membre du BAN, c'est 15 %, président de séance, 15 %,
vice-président de commission, 20 %. Ça part de 15 %, ça va jusqu'à
105 %. 105 %, c'est évidemment le premier ministre qui a la plus
haute prime, les ministres ont 75 %.
• (12 h 50) •
Bref, il y a toute une déclinaison, là.
Mais je n'avais pas fait le lien. J'aurais dû le faire, puis, en même temps,
honnêtement, je l'aurais fait à ce moment-là. Est-ce que je me serais battu
contre ça? Pas nécessairement. Je veux dire, c'est ça, la négo, tu... tu
réclames des choses, tu acceptes que l'autre partie en obtienne un peu aussi.
Mais je n'avais pas fait le lien entre le fait que... Plus trois présidents
de séance, plus six adjoints parlementaires, plus quatre ministres...
«plus quatre ministres», c'est eux qui décident, là, on s'entend, on n'a aucun
pouvoir là-dessus, mais, plus trois présidents de séance, plus six adjoints,
il fallait une entente, il fallait un consensus des partis gouvernementaux et
des partis d'opposition. Je n'avais pas fait le lien que ça ferait en sorte que
la totalité du caucus gouvernemental aurait une prime. Est-ce que c'était ça,
l'objectif du ministre, quand il était à la table de discussion, de s'assurer
que ses 90 collègues... ses 89 collègues, devrais-je dire, obtiennent
une prime de 15 % à <20 %...
M. Leduc :
...obtiennent
une prime de 15 % à >20 %?
Le Président
(M. Bachand) :Interventions? S'il
n'y a pas d'intervention, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : 14. 14. On approche
du 24. Bon...
Des voix : ...
Le Président
(M. Bachand) :Non, non, non, il n'y
a pas de consentement. Merci.
M. Jolin-Barrette : M.
le Président...
M. Leduc : Je peux le
répéter, ce que t'as dit, chère collègue.
Des voix : ...
Le Président
(M. Bachand) :Juste... Juste parce
que... Je vais avertir tout le monde qui n'est pas membre de la commission, par
consentement, on... de faire très attention. Je n'accepterai pas des
commentaires, O.K.? Faire très attention. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui,
M. le Président, un commentaire. Pour la conduite de nos travaux, je ne pense
pas que les parlementaires qui ne sont pas membres de la commission
parlementaire peuvent interpeler les parlementaires qui font un travail
législatif. Si Québec solidaire veut agir comme des radicaux, faire une
guérilla dans le cadre...
Le Président
(M. Bachand) :M. le ministre... M.
le ministre, j'ai déjà... j'ai déjà averti.
M. Jolin-Barrette : ...c'est
inacceptable.
Le Président
(M. Bachand) :J'ai déjà averti.
Merci beaucoup. Donc, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : J'ai déjà été
pas mal plus radical dans ma vie passée militante étudiante, M. le Président.
Je ne me considère pas particulièrement radical aujourd'hui, je peux vous le
garantir.
Le ministre s'est exprimé à l'instant.
Profitons de sa présence pour le relancer. Quel était l'objectif d'aller
chercher plus trois présidents de séance, plus six adjoints
parlementaires dans le cadre de l'entente? Est-ce que l'objectif du ministre
était de s'assurer que ses 90 députés de la CAQ aient une prime d'au moins 15 %?
Le Président
(M. Bachand) :Interventions? S'il
n'y a pas d'intervention, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Bon, encore
une fois, qui ne dit mot consent. On assume que l'hypothèse que j'émets n'est
pas suffisamment erronée pour qu'on daigne prendre la parole et la corriger.
Alors, je prends ça pour acquis.
Le Président
(M. Bachand) :Juste vous rappeler, M.
le député d'Hochelaga-Maisonneuve, c'est le loisir du ministre de répondre ou
de ne pas répondre.
M. Leduc : Ah! je sais.
Le Président
(M. Bachand) :Donc, le mot
«daigner», là, je ne suis pas sûr qu'il était... Alors, faites attention, s'il
vous plaît.
M. Leduc : Ce n'est pas
au lexique, quand même, M. le Président.
Le Président
(M. Bachand) :Non, mais c'est pour
ça, je vous dis de faire attention au ton.
M. Leduc : Bien sûr, je
vais faire attention, il n'y a pas de souci. Je constate juste que je peux
émettre des hypothèses, que personne du côté gouvernemental ne les conteste. Ça
me surprend, mais, bon, c'est correct.
Les... La rétroactivité, là, sur laquelle
on fait référence ici, est quand même quelque chose qui mériterait d'être
clarifiée. Parce que, dans tous les débats qu'on a en ce moment sur qu'est-ce
que ça veut dire, la hausse, tout l'argumentaire du gouvernement était
centralisé alentour du fameux 30 000 $. Oui, en fait, 30 %,
30 000 $. Ils ont tenté, au début, d'essayer de réduire ça à
21 %, là, par une espèce de calcul mathématique original. Peu importe. Ça
a donné l'impression à beaucoup de gens, puis il a fallu qu'on le répète dans
plusieurs points de presse, qu'advenant l'adoption de cette loi on ne recevra
pas un chèque de 30 000 $, là, tu sais. Il n'y aura pas, un bon
matin, un facteur de Postes Canada qui va nous déposer à la maison... ou,
plutôt, vraisemblablement, en cette ère numérique, un petit courriel pour nous
dire que, dans notre compte en banque, a été versé un montant de
30 000 $. Est-ce que le ministre peut nous confirmer que ce n'est pas
de cette façon-là qu'il va procéder advenant l'adoption de sa loi?
Le Président
(M. Bachand) :Merci beaucoup. Est-ce
qu'il y a interventions? Pas d'intervention. M. le député, s'il vous plaît.
M. Leduc : Bien, là, on
est à 15. M. le Président — elle me dit 16 — à défaut
d'avoir des réponses de ministre, est-ce que je peux m'adresser peut-être aux
autres députés de la partie gouvernementale?
Le Président
(M. Bachand) :Je demande s'il y a
des interventions. Ça inclut le ministre et ça inclut l'ensemble des membres de
la commission.
M. Leduc : Parfait.
Parce que, là, c'est une question quand même technique. Comment ça va
fonctionner, advenant l'adoption de la loi, la suite des choses? Ça va être
simplement... Ça va être quoi? Ça va être une hausse de salaire qui va être
majorée sur les 12 mois de l'année? Comment ça va fonctionner?
Le Président
(M. Bachand) :Merci. Interventions?
Alors, il n'y a pas d'intervention. M. le député, s'il vous plaît.
M. Leduc : Bien, par...
Pour de vrai, j'ai eu des questions de journalistes à ce sujet-là dans les
derniers jours, qui ne comprenaient pas comment ça allait s'appliquer. Je le
sais, qu'ils nous écoutent en ce moment. J'espère qu'ils ont du plaisir, en
tout cas, j'espère qu'ils ont autant de plaisir que moi. Je pense que j'en ai
plus que le ministre. Je fais une hypothèse encore. Il me corrigera si je me
trompe. Mais est-ce que quelqu'un de la partie gouvernementale peut nous
expliquer comment va procéder la hausse advenant l'adoption du projet de loi?
Le Président
(M. Bachand) :Merci beaucoup.
Interventions? Alors, s'il n'y a pas d'intervention, M. le député, on continue.
M. Leduc : Donc, on
verra. On...
Une voix : ...
M. Leduc : Pardon?
Peut-être, vous... Bien, j'aimerais ça qu'on m'explique pour vrai.
Une voix : ...
Le Président
(M. Bachand) :Alors, s'il vous
plaît...
Une voix : ...
M. Leduc : Non? O.K.
Le Président
(M. Bachand) :Alors, allez-y, M. le
député.
M. Leduc : On verra. On
verra qu'est-ce que ça va donner, on verra comment ça va fonctionner. C'est
quand même inusité, là, M. le Président, alors que tout ce qu'on fait ici est
codifié au coton, là. On faisait référence à la fameuse liste tantôt, là, tu
sais, tous les postes sont précisés à la virgule près. On fait référence à des
règlements à tout bout de champ. Et là, à une question très simple, comment va
fonctionner la hausse, on est incapables de me répondre, de ne me donner
absolument aucune indication.
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :M. le député.
M. Leduc : Bon. Là, je ne sais
plus on est <rendus...
M. Leduc :
...Bon. Là,
je ne sais plus on est >rendus à quoi, à 17, 18, on approche
tranquillement du 24. Bien, je me demanderais peut-être... Tant qu'à y être,
tant qu'à avoir la présence du député de Nelligan, est-ce que lui a... est-ce
qu'il a une idée de comment ça va s'appliquer, la hausse?
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Est-ce qu'il y a
interventions?
M. Derraji : Je n'ai aucune
idée, je suis l'étude du projet de loi article par article.
M. Leduc : Bon. Est-ce que
vous souhaiteriez, vous, une réponse du gouvernement à ma question?
M. Derraji : C'est très
habile de la part du député de Québec solidaire.
M. Leduc : Bien, je veux
profiter de la présence de tout le monde pour avoir une discussion
constructive.
Le Président (M.
Bachand) :C'est très généreux de votre
part, merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M. Leduc : C'est très
généreux de ma part. Merci, M. le Président, de reconnaître cette qualité. Je
fais référence à la rétroactivité, M. le Président, parce que c'est quand même
un principe de base dans le milieu du travail. Puis on a eu... on a eu le
ministre, hier... le premier ministre, pardon, qui faisait référence que c'est
important d'aller se battre pour donner plus à nos enfants, puis, coudon,
j'avais quasiment l'impression d'entendre un chef syndical en train de nous
faire un discours pour haranguer les membres avant un conflit de travail :
Ne lâchez pas, on va aller les chercher, nos augmentations.
Blague à part, la rétroactivité, c'est
quand même un principe de base important en discussions, en négos de travail,
en droit du travail, souvent, parce que, oui, une convention collective a des
dates de départ, de fin, mais ça devient bien vite théorique si on traverse la
date de fin, hein? Souvent, il y a une espèce de... il y a une précision, dans
les articles, qui dit : On commence à négocier avant un certain nombre de
semaines, de mois avant la fin de l'échéance de la convention collective. On
espère être capables de compléter cet exercice-là pour que la nouvelle
convention chevauche avant l'arrivée de cette date-là, l'ancienne.
Malheureusement, bien souvent, ça... Ça a
d'ailleurs été le cas de nos amis, ici, de la... du restaurant, du
Parlementaire, de la cafétéria, hein? Vous les avez vus souvent avec des... des
chandails de la CSN, si je ne me trompe pas. Souvent, ça arrive, qu'on défonce
complètement puis que, là, on traîne, on traîne, on traîne pendant des mois...
des années, et l'usage, à ce moment-là, quand on a fini par avoir un nouveau
règlement, une nouvelle convention, ce n'est pas de laisser un espace vide,
mais de le combler, donc de faire commencer la convention collective nouvelle
exactement le lendemain de l'échéance de la précédente. Ce qui veut dire que
les augmentations de salaire qu'on aura négociées dans la nouvelle convention
collective commencent, rétroactivement, à partir du moment où la précédente se
terminait, d'où la rétroactivité.
C'est un principe très clair en droit du
travail, c'est un principe de base. Ça se voit dans le privé, ça se voit dans
le public. Il y a quand même des chances qu'on vive ça, dans les prochains
mois, prochaines années, dans le secteur public. Avec des augmentations, des
offres aussi maigres offertes par le gouvernement, il est fort à parier qu'il y
aura mobilisation du côté de la partie syndicale dans les prochaines semaines.
Ça parle même, tranquillement, de grèves, de conflits de travail à partir de
septembre. Évidemment, ce n'est pas quelque chose qu'on souhaite, hein? Mais,
si les gens du secteur public veulent se mobiliser, puis se sentent l'énergie
et la volonté politique de mettre au défi le gouvernement sur ces offres
ridicules, bien, je leur souhaite bonne chance, puis ils pourront compter sur
Québec solidaire, bien sûr, pour les appuyer dans cette bataille-là.
Mais tout ça pour vous dire, M. le
Président, que ce n'était pas farfelu de se poser la question de la
rétroactivité, parce que c'est quand même quelque chose qui est très fréquent
dans tout le domaine de la rémunération. C'est tellement fréquent que... Oui? Ah!...
c'est tellement fréquent... vous me faisiez un signe de la tête, je ne
comprenais pas, c'est tellement fréquent que c'est, des fois, même, prévu dans
la fin de... La convention qui n'est pas encore terminée, on met des clauses
pour dire que s'appliquera une rétroactivité à partir de la prochaine.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le député.
Alors, compte tenu de l'heure, la
commission suspend ses travaux jusqu'à 14 heures. Merci, bon lunch.
(Suspension de la séance à 13 heures)
13 h 30 (version révisée)
(Reprise à 14 heures)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! Bon
après-midi. La Commission des institutions reprend ses travaux.
On poursuit donc l'étude détaillée du projet
de loi n° 24, Loi donnant suite aux recommandations du rapport du Comité
consultatif indépendant sur la révision de l'indemnité annuelle des membres de
l'Assemblée nationale .
Lors de notre suspension ce matin, nous
étions à l'étude de l'amendement du député d'Hochelaga-Maisonneuve. M. le
député, pour votre information, il vous reste 3 min 55 s sur
votre temps d'amendement. Merci.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. J'en étais, avant qu'on se quitte pour le dîner, à parler de la
rétroactivité, du fait que c'est un concept quand même de base en droit du
travail. Je relis, pour le bénéfice des gens qui nous écoutent, l'amendement
qui est en cours, là, qui dit : L'article 1 du projet de loi est
modifié par l'ajout du paragraphe suivant :
La présente révision de l'indemnité
annuelle n'est pas rétroactive.
On a eu un échange, M. le ministre et moi,
sur... bien, il critiquait peut-être la pertinence de cet amendement-là. Moi,
je le trouve, tout au contraire, bien pertinent. Parce qu'il y a eu ambiguïté, puis
là on commence à la déblayer un peu, cette ambiguïté-là, j'aurais aimé que le
ministre prenne plus souvent...
14 h (version révisée)
M. Leduc : ...Moi, je le
trouve, tout au contraire, bien pertinent. Parce qu'il y a eu ambiguïté, puis
là on commence à la déblayer un peu, cette ambiguïté-là, j'aurais aimé que le
ministre prenne plus souvent la parole pour le faire. D'ailleurs, on est rendus
à combien, cher collègue?
Une voix : 17.
M. Leduc : 17 questions non
répondues, et dans le sens de «non répondues», sur la forme même, là, même pas
sur le fond. Ça, c'est peut-être un autre débat. Mais je suis allé relire le
rapport Ouellet-Thériault, qu'on pourrait appeler Ouellet-Thériault-Côté, là,
bien sûr, qui dit, à sa recommandation n° 3 : «Le Comité recommande
la mise en oeuvre des recommandations dès l'exercice financier 2023-2024.»
Et c'est probablement là, M. le Président, qu'origine, je dirais, le flou, je n'oserais
pas dire l'incompréhension, parce que ce n'est pas vrai qu'on ne comprenait pas
du tout ce qui se passait, comme le laissait peut-être sous-entendre tantôt M.
le ministre, mais le flou est là, en tout cas. Alors, à l'idée de savoir est-ce
que le 30 000 $ est rétroactif à partir de notre élection à tous,
tout un chacun, le 3 octobre dernier? Bien, on lit la recommandation n° 3 :
«Le Comité recommande la mise en oeuvre des recommandations dès l'exercice financier 2023-2024.»
On lit le projet de loi, il y a quand même... On n'est pas sûrs, on n'est pas
sûrs. Alors, j'aimerais réitérer au ministre qu'il y avait lieu de poser la
question et je veux qu'il me confirme que j'ai bien compris que c'est à partir de
l'article 2 qu'on clarifie la... le début de l'application de la loi. J'ai
posé des questions tantôt à savoir ce serait quoi la mécanique? Est-ce que l'absence
de réponse du ministre, c'est parce qu'il ne connaît pas les détails techniques
de la mécanique de comment ça va fonctionner?
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Interventions? J'aurais
le député de Nelligan, s'il vous plaît.
M. Derraji : Merci, M. le
Président. Je vais juste recadrer un peu le débat, ce n'est pas mon rôle, mais
je vais intervenir quand même. Je pense qu'il y a beaucoup de choses qu'on
essaie de faire dire aux élus, je ne vais pas parler de moi-même, c'est que le
collègue d'Hochelaga, il est venu en retard ce matin au début de la commission,
en aucun cas, le Parti libéral n'a empêché Québec solidaire de déposer un
amendement. Je tenais juste à le clarifier, parce que quand on invite les gens
à suivre la commission... je m'adresse aux gens qui nous suivent, en aucun cas,
le Parti libéral n'a empêché Québec solidaire de déposer un amendement, ça, je
le clarifie une fois pour toutes.
Maintenant, juste par rapport à la
rétroactivité, pour le bénéfice de mes collègues, premièrement, je vais
remercier le comité présidé par Jérôme Côté et nos deux ex-collègues, à savoir
Martin Ouellet et Lise Thériault, nous, au Parti libéral, nous avons convoqué
le comité pour une heure d'échange au caucus. Pourquoi, c'est important? Parce
que ça rejoint la question de mon collègue et ça a été soulevé par plusieurs
membres de notre caucus, sur la question de la rétroactivité, clairement,
clairement, le rapport le mentionne que ça devrait être rétroactif. Il y avait
un malaise, les gens, les membres de notre caucus ont posé toutes les
questions. Je ne sais pas si les autres formations politiques ont eu cet
échange avec ce comité. Ils ont posé toutes les questions au comité présidé par
un expert en ressources humaines et c'était clair que l'une des
recommandations, c'est la rétroactivité. À la lumière, et je ne suis pas un
expert en rédaction de projet de loi, je ne suis pas ministre, je n'ai pas l'équipe
du ministre, je ne suis pas avocat, le ministre l'est, ce que je vois dans l'article 2,
clairement, «La présente loi entre en vigueur le», ça veut dire à la date de la
sanction de la loi. Je ne suis pas au premier projet de loi dans cette
assemblée et je pense que... j'invite le ministre à, s'il peut, gentiment, à
reconfirmer, si j'ai la même lecture que le collègue d'Hochelaga par rapport à
cette question. Quand on discute ou on échange sur un projet de loi, depuis le
début de cette assemblée, quand on lit un article qui dit que la présente loi,
ça veut dire ce qui a été étudié, entre en vigueur à la date de sanction de la
loi, ça veut dire l'article 1 qui... que nous avons devant nous, qui
parle... qu'on n'a pas encore discuté, on parle d'autre chose, cet article 1,
il sera en vigueur une fois la loi est sanctionnée, dans notre cas, c'est
sanctionné par le gouverneur général, ça veut dire adopté...
Une voix : ...
M. Derraji : Le lieutenant-gouverneur
général. Donc, la procédure, elle est la même, ça ne va pas changer, que ce
soit ce projet de loi ou autre. Moi, j'aimerais vraiment, pour que moi aussi je
puisse comprendre, et pour mes collègues : Il n'y a aucun changement, M.
le ministre, là, on reste toujours de la même façon? Une fois sanctionnée, la
loi, la loi est en vigueur, y compris tout le contenu du projet de loi. Est-ce
que j'ai bien compris?
Le Président (M.
Bachand) :Interventions? M. le ministre
M. Jolin-Barrette : Oui, M.
le Président, le député de Nelligan a très bien compris. Une des façons de
faire entrer en <vigueur...
Le Président (M.
Bachand) :
...M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Oui,
M. le Président, le député de Nelligan a très bien compris. Une des façons de
faire entrer en >vigueur le projet loi, et, règle générale, je vous
dirais que, ça doit être quoi, 90 %, 95 % des projets de loi, ils
rentrent en vigueur lors de la sanction royale. Donc, je suis désolé de ne pas
voir le député de Jean-Lesage ici, ça... je suis sûr qu'il aurait aimé avoir
cette discussion-là avec moi. Alors, c'est la sanction royale qui fait en sorte
que le projet de loi rentre en vigueur. Donc, à la fin de la cinquième étape de
la procédure législative, qui est l'adoption à l'Assemblée, même si tous les
parlementaires ont voté en faveur du projet de loi et qu'il a été dûment adopté
à chacune des étapes, ce qui fait en sorte qu'un projet de loi rentre en vigueur,
c'est lorsque c'est écrit «à la sanction». Donc, c'est lorsque le
lieutenant-gouverneur appose sa signature, donc qu'il donne la sanction royale.
Donc, dans ce cas-ci, pour faire du pouce
sur la question également du député d'Hochelaga-Maisonneuve, c'est la procédure
traditionnelle et ça sera au moment où le lieutenant-gouverneur sanctionnera le
projet de loi qu'il sera en vigueur. Par ailleurs, c'est toujours possible
également d'avoir différents types d'entrées en vigueur, notamment par décret
du gouvernement ou à une date précise également. Mais je suis convaincu que le
député de Saint-Henri—Sainte-Anne pourra renseigner adéquatement le député d'Hochelaga-Maisonneuve
sur les différents modes d'entrée en vigueur d'un projet de loi.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, juste pour votre information, il
vous reste 1 min 35 s sur l'amendement.
M. Leduc : Je reviens,
puisque le ministre est en verve, je reviens avec une question qui n'a pas été
répondue tantôt : Pourquoi n'avoir pas procédé à une rétroaction à partir
d'octobre? Quel a motivé le choix du gouvernement à ce niveau-là?
M. Jolin-Barrette : Bien, M.
le Président, dans un premier temps, il n'y a aucune recommandation d'aller au
mois d'octobre. Le comité indépendant, le comité Côté, hein, parce que le
président du comité était M. Jérôme Côté, qui a 25 ans d'expérience
en matière d'études salariales, et qui était un comité indépendant, formé de
trois personnes, qui a rendu son rapport. Et d'ailleurs je trouve ça
intéressant, ce que le député de Nelligan dit, à l'effet que son caucus a
convoqué le comité dans son caucus, s'il avait des questions à lui poser. Vous
auriez pu faire la même chose. Vous n'avez pas choisi de le faire. Cela étant,
le projet de loi va rentrer en vigueur à la date de la sanction. Pourquoi pas
rétroactivement au 1er avril? Eh bien, vous savez, c'est extrêmement rare
dans les lois qu'on mette de la rétroactivité. Qu'une mesure rentre en vigueur
rétroactivement, c'est une exception. Puis on a décidé d'y aller avec la clause
générale, donc en vigueur, comme la majorité des projets de loi, la très, très,
très vaste majorité des projets de loi, à la sanction du projet de loi.
M. Leduc : Je comprends votre
argument. Est-ce que c'est ça, donc, qui explique l'empressement de procéder
maintenant par rapport à ce que j'évoquais tantôt comme possibilité de reporter
ça après l'été?
M. Jolin-Barrette : Aucunement.
M. Leduc : Parce que, si on
décidait qu'on reportait ça après l'été et qu'on aurait le temps d'avoir des
discussions sur le fait de peut-être refaire un processus plus consensuel, on
arriverait peut-être à un résultat avec un comité indépendant exécutoire, qui
ne serait peut-être pas très loin, hein, de ce qui est dans le contenu du
rapport Côté, on va l'appeler comme ça pour vous faire plaisir. Il n'y a pas de
panique.
M. Jolin-Barrette : Je sais
que c'est votre souhait de toujours me faire plaisir.
M. Leduc : Toujours, non. Vraiment,
je vous confirme que non, mais, de temps à autre, ça me fait plaisir de vous
faire plaisir.
M. Jolin-Barrette : Oh! je
prends ça comme une offre.
M. Leduc : Parfait. Cela
étant dit, on peut attendre en septembre. Pourquoi on ne laisse pas passer
l'été, laisser tomber la poussière? Il n'y a pas de panique.
M. Jolin-Barrette : Écoutez,
le rapport disait... c'est un rapport qui est indépendant, c'est un rapport qui
disait : Écoutez, mettez ça rétroactif au 1er avril. Nous, on a fait
le choix d'entériner les recommandations du rapport, de faire en sorte de
déposer, de régler cette question-là. Je comprends que, quand vous dites :
Il n'y a pas de consensus, il n'y a pas de consensus de votre part, de votre
groupe parlementaire. Puis votre groupe parlementaire a décidé de faire de la
politique partisane sur ce point-là. Alors, ça vous appartient. Vous aviez une
représentante au Bureau de l'Assemblée nationale, à laquelle on a offert de
soumettre des noms. Elle a fait la politique de la chaise vide. Elle n'a pas
voulu répondre à ça. À partir de ce moment-là, ça devient à votre groupe
parlementaire... Et vos propositions, vos actions, elles sont légitimes dans
l'optique politique que vous défendez, je ne remets pas ça en question, mais
vous avez décidé, dans le cadre du présent processus législatif, de bloquer, de
ne pas y aller d'une façon collaborative que, notamment, on vous connaît,
notamment le député de Saint-Henri—Sainte-Anne, avec qui j'ai le bonheur de
travailler, ou la députée de Sherbrooke...
• (14 h 10) •
Le Président (M.
Bachand) :...
M. Jolin-Barrette : Oui. Non,
mais je voulais juste dire que ce n'est pas le premier projet de loi que je
fais avec des collègues de Québec solidaire. Puis manifestement votre chef a
annoncé et vous-même vous avez annoncé que vous allez faire un filibuster. Alors,
vous vous targuez souvent d'être un parti moderne. Or, le filibuster, dans la
tradition britannique des parlements, est une des plus... des plus vieux outils
parlementaires. Donc, vous utilisez, comme un vieux parti, des techniques
parlementaires pour le faire.
Le Président (M.
Bachand) :Alors, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
il reste 30 secondes sur l'amendement.
M. Leduc : Merci. La
recommandation, c'est de faire ça dans l'exercice financier 2023-2024. À
ma connaissance, en septembre, octobre, on est encore dans l'exercice <financier...
M. Leduc :
...2023-2024.
À ma connaissance, en septembre, octobre, on est encore dans l'exercice >financier
2023-2024.
Le Président (M.
Bachand) :Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
S'il n'y a pas d'intervention... M. le député, s'il vous plaît.
M. Leduc : Bien là, je
sens... je crois que le ministre est en train de vérifier pour répondre quelque
chose.
M. Jolin-Barrette : Non, ça
va. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
M. Leduc : Bien, est-ce
que... Donc, 2023-2024, c'est encore le bon exercice financier, on pourrait
attendre là puis on resterait encore dans les recommandations du rapport, ça
cadrerait avec votre volonté.
M. Jolin-Barrette : Je
comprends que le député d'Hochelaga-Maisonneuve utilise toutes les tactiques
dilatoires le plus possible pour reporter l'entrée en vigueur du rapport
indépendant. C'est son choix, c'est légitime, ça lui appartient. On comprend qu'il
va proposer que ça rentre en vigueur en 2026 comme il l'a fait, il va proposer
que ça soit à l'automne. Nous, le choix, il est clair, c'est à la date de la
sanction de la loi.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député,
rapidement.
M. Leduc : Parce que? C'est
ça qui me manque, on dirait. Pourquoi il faut que ça entre maintenant,
maintenant, maintenant?
M. Jolin-Barrette : Bien,
notamment, le rapport Côté, à la page 55, nous disait : «Considérant
l'écart constaté dans le cadre des travaux du Comité, il lui apparaît légitime
de poser rapidement ce geste pour combler ce retard.»
M. Leduc : Puis vous n'aimez
pas mieux prendre un petit peu plus de temps puis attacher ça pour que ça soit
consensuel et unanime avec l'ensemble des partis ici? Parce que je pense que
c'est possible.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Alors, le temps est
écoulé du côté du député d'Hochelaga-Maisonneuve. Est-ce qu'il y aura d'autres
interventions d'autres membres de la commission sur l'amendement? S'il n'y a
pas d'autres interventions, est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :Par appel nominal. Mme la
secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Jolin-Barrette
(Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Contre.
La Secrétaire
: M. Lefebvre
(Arthabaska)?
M. Lefebvre : Contre.
La Secrétaire
: M. Jacques
(Mégantic)?
M. Jacques : Contre.
La Secrétaire
: Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Contre.
La Secrétaire
: Mme Boutin
(Jean-Talon)?
Mme Boutin : Contre.
La Secrétaire
: M. Asselin
(Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin : Contre.
La Secrétaire
: M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire
: M. Derraji
(Nelligan)?
M. Derraji : Contre.
La Secrétaire
: Mme Nichols
(Vaudreuil)?
Mme Nichols : Contre.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) :Abstention. Donc, l'amendement
est rejeté. Donc, on revient à l'étude de l'article 1. Interventions? M.
le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Oui, revenons sur
la principale, comme on dit. M. le ministre faisait référence, à l'instant, à
qui est là, qui n'est pas là sur le consensus. Moi, pour vrai, j'y crois, au
consensus. On était très proches, hein, en 2019, d'atteindre le consensus de
procéder avec le comité exécutoire indépendant. Malheureusement, il y a un bout
qu'on a échappé là-dedans ou un bout et demi, on en reparlera. Mais moi, je
veux juste souligner que, malgré qu'ils soient absents aujourd'hui, c'est bel
et bien le cas, nos collègues du Parti québécois ont très clairement énoncé
leur malaise avec le processus en cours. Donc, on n'est pas isolés, là, à Québec
solidaire, dans ce dossier-là. Bien au contraire, je pense que c'est,
malheureusement, le gouvernement qui est isolé là-dessus. Il ne doit pas avoir
reçu beaucoup d'éloges dans ses bureaux de circonscription à ce sujet-là.
M. le Président, j'aurais un autre amendement
à déposer, alors je prendrais une courte suspension pour le vérifier et vous
l'acheminer.
Le Président (M.
Bachand) :Et je vous rappelle que le
système, maintenant, fonctionne. En espérant qu'il fonctionnera pour le reste
de la séance.
M. Leduc : Tout à fait. On
n'aura pas besoin de recopier...
Le Président (M.
Bachand) :Alors, on suspend quelques
instants. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 14 h 14)
(Reprise à 14 h 22)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Oui.
Le Président (M.
Bachand) : Oui, allez-y.
M. Leduc : Mais merci, M. le
Président, je suis en train d'ouvrir... bah, je vais aller lire...
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :Oui, allez-y, la parole est à
vous. S'il vous plaît!
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :S'il vous plaît! Allez-y, M. le
député.
M. Leduc : Merci. Alors,
l'article 1 : Remplacer, à l'article 1 du projet de loi, «131 766 $»
par «111 766 $».
Je vous explique, M. le Président, notre
logique. On essaie de trouver différentes voies de passage, différents chemins,
différentes façons de sensibiliser le gouvernement sur la suite des choses, sur
comment il pourrait éviter de rajouter une couche de cynisme dans la population
avec cette...
M. Jolin-Barrette : M. le
Président...
Le Président (M.
Bachand) :Faire très attention. Oui,
allez-y.
M. Jolin-Barrette : ...les
intentions. Je pense que le député ne doit pas faire cela.
Le Président (M.
Bachand) :Oui. S'il vous plaît, M. le
député de... Vous connaissez les règles, s'il vous plaît. Merci.
M. Leduc : O.K. Moi, je
constate du cynisme dans la population alentour de cet enjeu-là. Ce cynisme-là,
il peut être alimenté de différentes manières. Je ne suis pas en train de dire
que c'est l'intention du gouvernement de faire ça. Je constate juste que la
démarche du gouvernement, en ce moment, n'aide pas à combattre ce cynisme dans
la population, alors je cherche différentes manières d'arriver à un compromis,
je ne sais pas si c'est le bon terme, je ne pense pas, ou, en tout cas, trouver
une façon d'atténuer l'attitude du gouvernement à ce niveau-là. On essaie ça,
donc, on essaie de réduire le montant proposé par le gouvernement. Je vous
explique pourquoi. Dans les différentes interactions que j'ai eues dans les
derniers jours, dernières semaines avec des gens que je croisais, des gens à
qui je parlais... hier même je faisais une entrevue, donc, à une télévision, puis
le technicien m'a jasé ça un peu après l'entrevue, puis il m'a dit :
Pourquoi vous ne faites pas une gradation? Pourquoi... Lui, ce qui le
dérangeait, là, personnellement, là, c'était le 30000 $ d'un coup. Encore une fois,
j'insiste, hein, 30000 $,
c'est bien théorique, pour l'entièreté de la députation caquiste, ce sera bien
plus que ça. Lui, ce qui le dérangeait, c'était le truc que ça se passe d'un
coup. Il était mal à l'aise avec ça. Je ne sais pas s'il était exactement à la
même place que nous, à Québec solidaire, sur ce dossier-là, on a eu un bel
échange, puis, à la fin, je pense qu'il comprenait notre démarche. Mais lui, il
avait l'air de dire : Bien, coudon, si c'était plus graduel, si ce n'était
pas un 30000 $
d'un seul coup, ça l'aurait moins dérangé. Alors, on s'est dit : Bien,
coudon, on pourrait peut-être le soumettre à l'attention du ministre, voir ce
qu'il en pense. Est-ce qu'une augmentation plus modérée pourrait participer à
le convaincre de changer un peu, d'adoucir son approche aujourd'hui?
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Interventions? M. le
ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui, M.
le Président. Mais en réponse au collègue, on met en vigueur les
recommandations du comité indépendant, le comité Côté. Donc, trois personnes
indépendantes ont rendu un rapport indépendant, et on suit leurs
recommandations relativement au reclassement de l'indemnité des élus de
l'Assemblée nationale. On s'appuie sur un comité indépendant qui a produit un
rapport indépendant qui a présenté ça au BAN. Je comprends que Québec solidaire
veut aller à l'encontre d'un comité et d'un rapport indépendant.
M. Leduc : Est-ce que le
gouvernement et le ministre en particulier, mais je m'adresse vraiment plus au
gouvernement, applique l'entièreté des recommandations de l'entièreté des
rapports qui lui sont soumis?
M. Jolin-Barrette : Le plus
souvent, oui. D'ailleurs, je peux vous parler du rapport Rebâtir la
confiance et je peux vous dire que j'en suis très fier, parce que, notamment,
on a tenu un colloque les deux derniers jours sur les... un an du tribunal
spécialisé, puis je m'efforce de mettre en œuvre les recommandations des
rapports que nous avons. Parfois, il arrive que nous ne pouvons pas mettre en
œuvre certaines recommandations pour des motifs qui sont légitimes. Vous aurez
noté, dans le cadre de mes réponses, tout à l'heure, que nous avons fait une
distinction relativement à l'entrée en vigueur, il n'y a pas de rétroactivité,
c'est à la date de la sanction. Ça m'apparaît tout à fait <raisonnable...
M. Jolin-Barrette :
...l'entrée
en vigueur, il n'y a pas de rétroactivité, c'est à la date de la sanction. Ça
m'apparaît tout à fait >raisonnable.
M. Leduc : Donc, vous
reconnaissez qu'il y a un choix éditorial qui est fait par le gouvernement dans
sa décision d'appliquer un rapport dans son entièreté ou d'en laisser de côté
une partie?
M. Jolin-Barrette : Non.
M. Leduc : Mais là vous venez
juste de me dire que vous n'appliquez pas 100 % des recommandations du
rapport, notamment sur la rétroactivité au 1er avril. Donc, vous n'avez
pas retenu cette fonction-là, cette recommandation-là du rapport.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, juste être très clair avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve, on
n'est pas en contre-interrogatoire, on n'est pas dans une situation où il
souhaite amener le témoin à un endroit pour essayer de le coincer. Écoutez, je
réponds de bonne foi aux questions du député d'Hochelaga-Maisonneuve, mais je
ne ferai pas son dossier. C'est très clair, là, pour tout le monde qui nous écoute
dans la salle, ici : Québec solidaire veut bloquer le projet de loi et
utilise tous les moyens parlementaires à sa disposition. On est dans une
situation où on est comme dans une sorte de dîner de vous savez quoi. Puis là Québec
solidaire se retrouve à faire des amendements pour faire des amendements et à
me poser des questions, à comptabiliser le nombre de fois que je réponds à la
question ou que je ne réponds pas. Je réponds de façon intelligible, mais je ne
me soumettrai pas à une ligne de questions du député d'Hochelaga-Maisonneuve pour
lui faire plaisir puis pour bâtir son cas.
M. Leduc : Pour bâtir son?
M. Jolin-Barrette : Son cas.
M. Leduc : Son cas? Ah! je ne
me vois pas comme un plaideur à la cour, M. le Président, ce n'est pas mon
ambition. J'ai un certificat en droit du travail, mais ça ne fait pas de moi un
avocat, comme mon député... mon collègue député de Saint-Henri—Sainte-Anne,
que, visiblement, le ministre affectionne.
M. Jolin-Barrette : Bien,
beaucoup, beaucoup.
M. Leduc : Peut-être plus que
moi, d'ailleurs. Je ne le prends pas trop personnel. J'essaie de ne pas être
trop jaloux.
M. Jolin-Barrette : Moi, je
dois vous dire, je l'aime beaucoup, votre... je l'aime beaucoup, votre
collègue.
M. Leduc : Parfait. Puis moi,
est-ce que vous m'aimez beaucoup aussi?
M. Jolin-Barrette : Bien,
beaucoup.
M. Leduc : Oui?
M. Jolin-Barrette : Je vous
aime aussi beaucoup. Par contre, je valorise beaucoup votre intelligence, votre
travail, effectivement, lorsqu'il est fait d'une façon...
Le Président (M.
Bachand) :Attention! Attention, M. le
ministre. Je vous laisse aller.
M. Jolin-Barrette : Je me
sens limite censuré, M. le Président. Lorsqu'il est fait de façon appropriée,
je vous dirais.
M. Leduc : D'accord.
M. Jolin-Barrette : Je vous
dirais qu'on la connaît, la technique que vous employez actuellement, ça
s'appelle un filibuste. Ça vous appartient. Mais moi, je ne veux pas jouer dans
ce film-là avec vous. Je peux jouer dans un autre film avec vous. On a d'autres
projets de loi à appeler. Vous avez manqué l'opportunité de compléter un dossier
qui vous tient beaucoup à cœur, le projet de loi n° 19. Vous avez...
Quoique... Mon collègue était très triste que vous ne soyez pas avec lui.
M. Leduc : Je le sais. Moi
aussi.
M. Jolin-Barrette : Bon. Mais
vous faites des choix.
M. Leduc : Mais il est déjà
terminé, semble-t-il.
M. Jolin-Barrette : Vous
faites des choix puis vous devez assumer vos choix, c'est tout ce que je vous
dis.
M. Leduc : Je suis très fier
d'avoir contribué à ce projet de loi là. C'est bon projet de loi. Très fier de
l'amendement qui a été réclamé de ma part et obtenu, en lien avec le milieu
agricole. Alors, je salue le projet de loi n° 19. J'étais triste de ne pas
y être. C'était mon septième projet de loi avec le ministre du Travail, imaginez-vous
donc. Je ne sais pas si on se rendra à ce chiffre, vous et moi, M. le ministre,
dans les prochains mois, dans les prochaines années. Ce sera un objectif
peut-être.
Mme Ghazal : ...
M. Leduc : Oui, vous m'avez
bien remplacé. Je l'apprécie.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée, ça fait deux
fois. La troisième fois, je vais vous demander de quitter la table. Alors, ça
fait deux fois que je vous demande de ne pas intervenir. Alors, monsieur...
M. Leduc : Elle me parlait à
moi, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Oui, bien, elle parlait fort
parce que je l'ai comprise. Alors...
M. Leduc : D'accord.
Le Président (M.
Bachand) :Elle faisait des commentaires.
Alors, allez-y, M. le député.
M. Leduc : On a bien compris.
Je reviens à la substance de l'amendement, M. le Président. L'idée d'une
gradation, ce n'est pas bête, là, c'est quelque chose qui pourrait dire :
On va peut-être atteindre une augmentation plus tard, mais elle ne sera pas,
comme ça, immédiate. Parce que peu de gens au Québec obtiennent une
augmentation aussi élevée d'un seul coup, la plupart des augmentations de
salaire qui sont négociées ou qui sont obtenues se font sur plusieurs années.
Le gouvernement lui-même, en tant qu'employeur pour le secteur public, soumet
quoi, c'est 9 % sur cinq ans, si je ne me trompe pas, pour le secteur
public. C'est quand même nettement moins que ce qui nous est... ce que nous
offre, en quelque sorte, le gouvernement avec son projet de loi.
Est-ce que le ministre ne pense pas
qu'avec une hausse plus modérée, à 111 000 $ plutôt que
131 000 $, il n'y aurait pas là moyen de calmer le jeu, de finir la
session sur une note plus positive, avec un projet de loi qui serait moins controversé?
• (14 h 30) •
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, j'ai déjà répondu à la question, on applique la recommandation du
rapport indépendant, du rapport Côté.
Cela étant dit, moi, je trouve qu'on finit
la session sur une... la session sur une note très positive. Écoutez, fort
probablement qu'on va réussir à adopter le projet de loi n° 12, sur la réforme
du droit de la famille, qui fait en sorte, vraiment, d'aider des centaines de
milliers d'enfants au Québec, qui vient inscrire la notion de violence sexuelle
dans la notion d'intérêt de l'enfant. Alors, je pense que le gouvernement est
au travail : projet de loi n° 19 qui va être
adopté, peut-être celui sur le Fonds bleu, peut-être celui sur l'hébergement
touristique. Il n'en dépend que de l'opposition. Alors, nous, on est
disponibles pour que tout ça soit... amène une fin positive comme vous le
souhaitez.
M. Leduc : On attend,
d'ailleurs, avec impatience celui sur le logement. On nous l'a promis depuis
longtemps. La ministre a même réitéré que ce serait déposé dans quelques
semaines. Il reste deux semaines. Vous êtes, entre autres, maître de l'ordre
des travaux...
14 h 30 (version révisée)
M. Leduc : ...la ministre a
même réitéré que ce serait déposé dans quelques semaines. Il reste deux
semaines. Vous êtes, entre autres, maître de l'ordre des travaux ici. J'espère
sincèrement qu'il sera déposé et peut-être même adopté avant le 1er juillet.
Mais ça, c'est sur un complet autre sujet.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, plus on termine rapidement ici, plus ça nous permet de travailler
sur autre chose.
M. Leduc : Je ne suis pas sûr
que ça fonctionne exactement comme ça avec le projet de loi sur le logement, M.
le Président...
M. Jolin-Barrette : Ça
fonctionne pas mal comme ça, M. le Président.
M. Leduc : ...peu importe ce
qui se passe ici aujourd'hui.
Le Président (M.
Bachand) :S'il vous plaît, une personne à
la fois. Allez-y, M. le député.
M. Leduc : Peu importe ce qui
va se passer ici aujourd'hui, je suis convaincu que ça n'accélérera pas le
dépôt du projet de loi sur le logement, qui aurait dû être déposé il y a déjà
bien longtemps, pour être honnête. Puis je veux vraiment rassurer M. le
ministre, là, on termine, là, la dernière journée de la semaine de la dernière
semaine régulière des travaux, parce qu'à partir de la semaine prochaine s'ouvrent
les deux semaines dites intensives. Il y a deux choses de différentes dans les
semaines intensives, pour les gens qui nous écoutent, c'est quatre jours à la
place de trois, donc on rajoute le vendredi, et les journées sont plus longues,
ça finit pas mal plus tard, de mémoire, c'est quoi, 22 heures, 22 h 30
même. Donc, des heures investies dans la complétion des travaux, autant en
commission qu'au salon bleu, il y en aura jusqu'à plus soif.
Alors, c'est une certitude, à mon avis,
que nous aurons terminé le projet de loi n° 24 d'ici la fin des travaux,
dans deux semaines, en bonne partie à cause des deux semaines intensives qui
nous guettent au tournant de la fin de semaine prochaine. Donc, moi, là, je
peux rassurer le ministre que je n'ai absolument aucune intention d'être assis
avec lui pendant les deux prochaines semaines à discuter et débattre de
rémunération des députés jusqu'à plus soif, pour reprendre ma propre
expression. Alors, là-dessus, il peut dormir tranquille, je ne le mobiliserai
pas jusqu'à la fin des vacances... jusqu'au début des vacances, pardon.
M. Jolin-Barrette : Ce n'est
pas des vacances.
M. Leduc : L'été, vous ne
prenez pas de vacances, M. le ministre?
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, un point d'ordre, là, à partir du moment... Peut-être que le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
lui, quand se termine le Parlement, le 9 juin, il tombe en vacances. Mais,
moi, je peux vous dire que tous mes collègues ici, qui sont assis sur la
banquette ici, ils ne tombent pas en vacances le 9 juin. Ils s'en vont
tous dans leur comté, puis ils sont déjà... ils retournent la fin de semaine
dans leur comté, puis le vendredi, ils vont rencontrer des organismes
communautaires, ils rencontrent des citoyens dans leur bureau de
circonscription, ils font avancer les dossiers des municipalités, ils sont à
plusieurs événements. L'été, qu'est-ce qu'il y a? Il y a beaucoup de festivals,
il y a beaucoup de sociétés d'agriculture qui tiennent des rencontres. Alors,
le fait que le député d'Hochelaga-Maisonneuve dise que les députés tombent en
vacances, je trouve ça méprisant pour les députés puis ses collègues.
Le Président (M.
Bachand) : Juste faire attention à vos mots.
M. Jolin-Barrette : Peut-être
que c'est ce qui se passe à Québec solidaire, où est-ce que, quand le Parlement
ferme, M. le Président, ils s'en vont en vacances, mais ce n'est pas le cas du
côté du gouvernement, puis je ne pense pas que c'est le cas du Parti libéral,
parce que je connais mes deux collègues d'en face, puis je le sais qu'ils
travaillent très fort... Mme la députée indépendante de Vaudreuil, mais je le
sais qu'ils travaillent dans leur comté. Mais peut-être qu'à Québec solidaire
ils se disent : Bah! Le Parlement, il est fini, puis on a fini de
travailler. Mais nous, de notre côté, je peux vous dire que chacun des députés
au gouvernement, dans toutes les régions du Québec, ils sont à pied d'oeuvre
tout l'été. Oui, ils vont prendre des congés avec leur famille, parce qu'ils
travaillent en moyenne, puis vous avez vu le sondage qui est sorti, en moyenne
63 heures par semaine, mais je peux vous dire une chose, c'est que les
députés sont sur le terrain tout l'été, notamment au niveau de la fête
nationale, notamment au niveau de la rentrée scolaire.
Moi, ça fait neuf ans que je suis élu,
bientôt 10 ans, puis je peux vous garantir que l'expérience que j'ai vue
de tous les députés, de toutes les formations politiques, dans mon expérience,
ce sont des députés qui travaillent extrêmement fort puis qui n'étaient pas en
vacances, qu'ils soient péquistes, libéraux ou caquistes. Alors, je n'accepte
pas vos propos, quand vous dites : Les députés s'en vont en vacances.
Peut-être que vous allez en vacances, puis, pour utiliser l'expression de votre
chef, peut-être que votre «gang» s'en va en vacances, mais les députés de la
CAQ, ils ne s'en vont pas en vacances, ils s'en vont travailler dans leur
comté.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député.
M. Leduc : ...dans les
différents événements auxquels vous faites référence, vous pensez qu'il y a des
gens qui vont venir vous féliciter d'avoir appliqué le projet de loi n° 24
aussi rapidement.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, nous, on est à l'écoute de tous les citoyens. Puis, quand on prend
des décisions, on les assume. Alors, peut-être que les citoyens vont voir le
député d'Hochelaga-Maisonneuve puis ils disent : Des taxes orange, ce n'est
pas nécessairement une bonne idée non plus, le fait de taxer des familles,
hein, qui ont des enfants puis qui ont une Dodge Caravan, puis de leur dire :
Aïe! Vous autres, vous allez payer plus cher pour vous transporter pour aller à
la garderie, pour aller à l'école, pour aller au soccer ou pour faire des activités
avec la famille. Moi, je serais curieux de savoir ce que les Québécois pensent
des choix puis des propositions de Québec solidaire.
M. Leduc : C'est une bonne
question. On les laissera venir nous expliquer leur position, en effet, sur la
précédente campagne.
M. Jolin-Barrette : Je pense
qu'ils nous l'ont dit lors de la dernière campagne.
M. Leduc : C'est une opinion
qui se vaut, M. le Président. Cela dit, ma question n'était pas à ce niveau-là,
là, ma question était...
M. Jolin-Barrette : Ah! mais
la mienne, M. le Président, était à ce niveau-là, parce que le député d'Hochelaga-Maisonneuve
ne veut pas parler du projet de loi précisément ni de son amendement, il <tourne...
M. Jolin-Barrette :
...ne
veut pas parler du
projet de loi précisément ni de son
amendement,
il >tourne autour du pot, il trouve toutes sortes de solutions pour
étirer le débat. Alors, moi, je pense qu'on devrait se concentrer sur le projet
de loi, sur l'article 1. S'il a des questions sérieuses à me poser sur
l'article 1, ça va me faire plaisir d'y répondre.
M. Leduc : Je lui soumets un
amendement, je lui pose des questions depuis tantôt sur mon amendement, à
savoir est-ce qu'il est sensible à cet argument que, moi, j'ai entendu du
terrain, encore une fois, à savoir qu'une hausse progressive, graduelle serait
peut-être plus facile à digérer par la moyenne des Québécois et Québécoises qui
nous écoutent et qui, manifestement, ne sont pas très enthousiastes auprès de
votre projet de loi n° 24. Vous ne pensez pas que ça pourrait un peu
assoupir la grogne alentour de ça?
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, j'ai déjà répondu, on applique les recommandations du rapport. Je
comprends que Québec solidaire, dans le fond, eux veulent seulement prendre ce
qui leur convient dans le cadre des rapports. Puis, quand il y a un comité
indépendant puis il y a un rapport indépendant, c'est correct quand ils sont
d'accord avec les conclusions, mais quand ils ne sont pas d'accord, bien là, ce
qu'ils font, c'est qu'ils attaquent les gens, ils attaquent la crédibilité des
gens qui ont servi le Québec pendant des années, comme la députée de Mercier l'a
fait avec Mme Thériault et avec M. Ouellet, qui ont passé des années
ici, à l'Assemblée nationale, à servir leurs concitoyens, puis qu'on attaque
leur crédibilité. Alors, Québec solidaire, quand ça fait leur affaire, un peu
comme quand vient le temps de se voter eux-mêmes des conditions particulières à
l'Assemblée nationale, lors de la 42e, 43e législature, ça, c'est correct.
Quand c'est pour eux, ça fait leur bonheur. Quand il y a un avantage politique
pour eux, ça fait leur bonheur, mais, par la suite, quand vient le temps
d'entériner un rapport indépendant, ah, bien là, on décide de faire de la
politique avec ça.
M. Leduc : C'est intéressant
ce que vous dites, M. le ministre, parce que vous mettez beaucoup d'arguments
puis beaucoup d'efforts sur l'idée d'appliquer le rapport, c'est vraiment ça,
là, qui guide votre action et qui guide votre analyse sur la suite des choses.
Ma question est la suivante : Si c'est important d'appliquer les rapports,
pourquoi on n'a pas appliqué au gouvernement le rapport L'Heureux-Dubé?
M. Jolin-Barrette : M. le
Président...
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : ...la CAQ
n'était pas au gouvernement.
M. Leduc : Oui, mais là vous
êtes au gouvernement depuis 2018, le rapport L'Heureux-Dubé n'était pas si
vieux que ça, en 2018, il avait, quoi, quatre ans d'âge à peine, puis c'était
le dernier rapport qui traitait de manière frontale et globale de la
rémunération des élus. Si c'était si important d'appliquer des rapports,
pourquoi ne pas avoir appliqué celui de L'Heureux-Dubé?
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, on a un rapport indépendant qui est contemporain, on applique le
rapport, c'est un rapport indépendant. Donc, je comprends que vous-même, là,
vous êtes en train de jouer sur le rapport indépendant, vous ne voulez pas
prendre les recommandations, vous proposez d'y aller d'une façon graduelle, ce
n'est pas ce que recommande le rapport d'un comité indépendant. Nous, on
applique le rapport.
M. Leduc : Bien, vous aurez
compris, M. le ministre, que ce n'est pas le premier amendement que j'ai
déposé. Le premier amendement que j'ai déposé, que vous avez refusé, était
beaucoup plus conforme à L'Heureux-Dubé. C'est ça, notre souhait, vous le
connaissez depuis des années. Mais, encore une fois, s'il faut... si c'est important
d'appliquer un rapport, là, je comprends, puis vous me corrigerez si j'ai tort,
mais je comprends que vous avez sciemment décidé, en laissant le dossier ou en laissant
le rapport perdre peut-être de son lustre avec les années qui passaient, de ne
pas l'appliquer et de vous gagner une espèce d'espace-temps pour dire :
Bien là, il y a peut-être une légitimité de recommencer un nouveau rapport sur
des bases qui nous sont plus agréables et sur lesquelles nous nous reposerons
pour procéder. Pourquoi ne pas avoir appliqué le rapport L'Heureux-Dubé? Il
était très bon, ce rapport-là aussi.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, j'ai déjà répondu à la question. C'est la même question.
• (14 h 40) •
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député.
M. Leduc : Oui. La logique
de... qui nous anime avec le 111 000 $ aussi, M. le Président, c'est
la suivante : si on est pour offrir aux salariés du secteur public,
notamment les professeurs qui ne sont supposément pas comparables au travail
des députés, si on est pour leur offrir, à ces personnes-là et au reste du
secteur public, des augmentations de 9 % sur cinq ans, n'est-il pas un peu
surprenant, pour utiliser un terme qui est un euphémisme en réalité, que, nous,
on s'offre une augmentation beaucoup plus proche du 30 % que du 9 %?
N'y aurait-il pas lieu d'aller... de se rapprocher d'une espèce de symétrie
avec ce que nous offrons dans le secteur public, M. le Président?
Le Président (M.
Bachand) :Interventions?
M. Jolin-Barrette : Écoutez,
M. le Président, le député d'Hochelaga-Maisonneuve nous parle des enseignants,
on a fait un rattrapage historique relativement aux enseignants dans l'ancien
mandat, j'espère que le député d'Hochelaga-Maisonneuve le reconnaît.
M. Leduc : Que le... je n'ai
pas compris la fin, que le député d'Hochelaga-Maisonneuve a...
M. Jolin-Barrette : Le
reconnaît.
M. Leduc : Le rattrapage, bien,
c'est difficile de soutenir le contraire. Est-ce que c'est à la satisfaction de
tout le monde? Visiblement, non, parce que ça part à la pelletée, dans le
milieu de <l'enseignement...
M. Leduc :
...de
tout le monde? Visiblement, non, parce que ça part à la pelletée, dans le
milieu de >l'enseignement. On en a parlé abondamment cette semaine. Moi,
ce que j'ai lu, là, puis ce que j'ai entendu de plusieurs personnes qui suivent
le débat, c'est que c'est un peu ordinaire de dire à des milliers de personnes
qui tiennent à bout de bras notre réseau de la santé, de l'éducation, puis à la
limite on pourrait élargir à la petite enfance aussi : Voici ce que le
gouvernement considère que vous méritez, 9 % sur cinq ans. Ça n'a pas
bien, bien bougé depuis que ces offres-là ont été faites il y a plusieurs mois
déjà.
On peut comprendre, des fois, qu'il y ait
une offre de départ qui est beaucoup plus modeste, puis qu'après ça on échange,
puis on atterrit sur quelque chose de plus intéressant, c'est un peu le jeu, là,
mais je ne comprends pas comment une enseignante au secondaire, qui se fait
offrir 9 % sur cinq ans, peut être contente et se réjouir que son député
ou sa députée, elle s'octroie, avec un s apostrophe bien majuscule, là,
s'octroie une hausse de 30 % immédiate, pas une hausse de 30 % dans
trois ans, comme on en débattra tantôt, pas une hausse progressive pour
atteindre 30 % sur je ne sais pas trop combien d'années. Combien d'années
ça va prendre pour que l'enseignante à laquelle vous offrez 9 % sur cinq
ans atteigne une hausse de 30 %? Combien de cycles de négos ça va prendre
pour toper, en bon français, le 30 % que vous vous apprêtez à nous
octroyer?
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Interventions?
M. Jolin-Barrette : Juste
pour donner un peu de perspective au député d'Hochelaga-Maisonneuve, parce
qu'il veut comparer puis il amène ça sur le salaire des enseignants, mais le
député d'Hochelaga devrait reconnaître que, sous notre gouvernement, on a
haussé de façon substantielle le salaire des enseignants, notamment parce que
c'est une priorité pour nous. Et le ministre actuel de l'Éducation développe et
travaille extrêmement fort pour améliorer les conditions d'enseignement des
enseignantes, les conditions de travail, notamment les aides à la classe, et
vous le savez très bien. Mais juste pour vous donner une illustration, là, on a
augmenté de 18 % le salaire d'entrée des enseignants dans le cadre du
dernier mandat, puis on a supprimé le dernier échelon, hein, on a ramené ça, au
lieu d'être 17 échelons, on a ramené ça à 16 échelons, au lieu de 17 échelons,
et le maximum de l'échelon a monté de 14 %, donc de 80 000 $ à
92 027 $. Alors, je m'attendrais à ce que le député d'Hochelaga-Maisonneuve
reconnaisse le rattrapage historique qu'on a fait également au niveau des
enseignants.
M. Leduc : Je reconnais là
mon estimé collègue le leader qui, souvent, dans ses interventions,
souhaiterait qu'on lui lance des fleurs à lui et à son gouvernement. Ça peut
arriver qu'on en fasse, mais ce n'est pas dans notre définition de tâches de le
faire de manière trop récurrente.
M. Jolin-Barrette : Moi, je
n'ai pas de misère à reconnaître quand mes collègues ou mes confrères font des
bons coups, puis à les féliciter, puis à reconnaître la qualité...
M. Leduc : Comme quand, par
exemple?
M. Jolin-Barrette : ...la
qualité de leurs interventions puis de leur service. D'ailleurs, avec le député
de Saint-Henri—Sainte-Anne, j'ai passé mon temps, dans le projet de loi n° 12,
à reconnaître la qualité de ses interventions. M. le Président, je n'ai pas de
misère à le dire, je suis heureux de compter sur un collègue d'une qualité
comme celui-ci. Puis le député d'Hochelaga-Maisonneuve, quand on fait d'autres
projets de loi que celui-ci, puis il amène des amendements qui sont
intelligibles et intéressants, puis qu'on n'est pas dans une situation de
filibuste, je reconnais sa qualité et son intelligence. Mais là, manifestement,
on se retrouve dans une situation où le député d'Hochelaga veut juste utiliser
tous les outils parlementaires pour bloquer le projet de loi.
Alors, c'est dommage d'avoir ce type de
conversation là qu'on a, parce qu'on sait que ce n'est pas dans un aspect qui
est positif, mais c'est plutôt pour nuire que vous faites ça. Alors, je m'en
désole, c'est ça que je veux vous dire.
M. Leduc : Encore une fois,
c'est intéressant ce que vous dites, parce que moi, je n'ai pas... je n'ai pas
utilisé... je n'ai pas fait ça souvent, poser beaucoup de questions dans des
commissions parlementaires, avec la notable...
M. Jolin-Barrette : On peut
en parler au ministre du Travail.
M. Leduc : Bien, j'allais
justement le dire moi-même, vous le soulevez, avec le projet de loi n° 59,
qui a animé beaucoup de nos travaux ici il y a deux ans, trois ans maintenant.
Puis la raison pour laquelle, M. le Président, j'avais utilisé beaucoup de
temps de parole, d'une part, c'était parce que c'était un projet de loi
titanesque d'à peu près 400 articles et parce qu'il y avait des reculs
majeurs pour la condition de travail des salariés du Québec, notamment sur la
santé auditive. Alors, est-ce qu'à deux occasions bien précises j'ai bombardé
le ministre, que j'appelle mon ami Jean, parce qu'après six projets de loi on
finit par bien se connaître puis rigoler ensemble? Moi, je l'assume
entièrement, M. le Président, d'avoir bombardé le ministre d'amendements, de
sous-amendements, de questions. Je l'assume entièrement. Puis savez-vous
pourquoi? Parce qu'à l'issue de cette séquence-là qui avait duré, de mémoire,
trois jours, sur les 193 heures d'étude <détaillée...
M. Leduc :
...
l'issue
de cette séquence-là qui avait duré, de mémoire, trois jours, sur les
193 heures d'étude >détaillée qu'on a faites, lui et moi, sur le
projet de loi n° 59, bien, savez-vous quoi, il a
entendu raison, il a entendu raison puis il a retiré son infâme article qui
allait faire reculer la santé auditive des salariés de dizaines d'années en
arrière. C'est un peu technique, là, mais pour vous l'expliquer rondement, M.
le Président, il imposait une perte auditive exactement à 0,5 décibel
près, identique dans les deux oreilles, sinon, vous étiez complètement
disqualifié.
Une voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :...M. le député d'Arthabaska.
M. Lefebvre : Écoutez, je
trouve intéressant, là, qu'on parle de santé auditive des gens puis du travail
que le député a fait dans d'autres... mais là je vais invoquer l'article 211,
on doit avoir des discussions qui parlent de l'amendement. Et, comme le
collègue ministre l'a dit, on voit très bien que le député veut filibuster. On
comprend, ils ont des outils qu'ils veulent utiliser, mais présentement, les
plus grands perdants, c'est la population. On a des gens ici, qui sont ici, qui
travaillent et qui perdent leur temps parce que, justement, on filibuste un
projet de loi. Alors, j'aimerais que le député revienne sur des recommandations
en lien avec son amendement, s'il vous plaît.
Le Président (M.
Bachand) :Juste vous rappeler que la
règle de la pertinence est très large, et ça se fait des deux côtés de la
Chambre aujourd'hui. Alors donc... Mais, M. le député, je vous inviterais quand
même à revenir le plus vite possible sur l'amendement que vous avez vous-même
présenté, s'il vous plaît.
M. Leduc : Je terminais, de
toute façon, M. le Président. Je voulais juste que les gens comprennent que le
recul qui nous était soumis par le ministre était proprement inacceptable et
allait faire reculer de dizaines d'années en arrière les salariés du Québec.
Puis savez-vous quoi? Après trois jours de bombardement du ministre,
d'amendements puis de questions, il a entendu raison, il a reculé, il a reculé.
Et, moi, je me couche le soir en sachant que si des gens, au moment où on se
parle, ont encore accès à de la santé auditive, à des appareils, c'est parce
que j'ai investi trois journées de ma vie, un certain mois d'avril 2021, à
bombarder le ministre de questions. Et ça, M. le Président, je le disais
tantôt, les choses dont je suis fier ici d'avoir fait depuis cinq ans, puis ça,
c'est clairement en haut de la liste. Et j'ai des collègues qui rient devant
moi, c'est correct, ça ne me fait rien, ça ne me fait rien.
Moi, je sais pourquoi je suis ici, je sais
pourquoi je fais ce travail-là, je sais pourquoi je pose des questions au
ministre aujourd'hui. Une des raisons, c'est que, contrairement à la réforme
sur la santé-sécurité, sur laquelle on n'avait pas la même vision, le ministre
et moi, il y avait quand même la pertinence de faire une réforme sur la santé-sécurité.
Les gens allaient avoir des conséquences positives ou négatives, ça pouvait
dépendre des points de vue. Mais il y avait une conséquence, dans la société,
réelle, du projet de loi qu'on allait adopter, le projet de loi n° 59.
Le projet de loi n° 24,
il concerne combien de personnes au Québec, M. le Président? Il en concerne
125. Il est passablement moins urgent, moins pertinent dans la grande liste des
priorités qui nous animent ici, tout un chacun des différentes formations
politiques, que l'a été, par exemple, le projet de loi n° 59
et tous les autres projets de loi que le ministre a évoqués dans sa précédente
réponse. On peut bien faire des comparaisons, ça ne me dérange pas, mais, quand
on fait référence au fait que la... c'est qui, les perdants, aujourd'hui, c'est
la population, ça, ça m'étonne, là, M. le Président.
• (14 h 50) •
La population du Québec aujourd'hui, qu'on
passe une heure, deux heures, trois heures à se poser des
questions puis aller en fond... de fond en comble sur la pertinence de ce
projet de loi là, il n'y a absolument rien qui va changer pour la population du
Québec, que l'on s'octroie ici 30 000 $. Puis, encore une fois, 30 000 $,
ça ne s'appliquera même pas pour les députés du gouvernement, ça va être bien
plus que ça. Donc, qu'on fasse référence à la population, ça, c'est un argument
qui se vaut dans certaines circonstances, selon certains projets de loi, mais
dans ce projet de loi là, M. le Président, sur le projet de loi n° 24,
je le trouve moins... je le trouve fort de café, je le trouve fort de café.
On le disait tantôt, ça ne se bat pas dans
les autobus. On le disait tantôt, est-ce que les gens vont aller poser la
question dans les barbecues cet été? Parce que, soit dit en passant, je n'ai
pas répliqué au ministre, mais, bien sûr, vous avez bien compris, M. le
Président, que je ne me barricade pas dans ma maison le lendemain de la
fermeture des travaux ici pour ne réémerger qu'au mois de septembre. Je
travaille l'été, moi aussi. J'ai une Saint-Jean dans Hochelaga, que j'organise
d'ailleurs, moi aussi. Moi, je prends des vacances aussi, j'assume que mes
collègues de la CAQ en prennent aussi, je leur souhaite, en tout cas. Je pense
que c'est un équilibre important, dans un mode de vie, de décrocher un peu.
Mais voilà, c'est important, ce qu'on
fait. Moi, je ne vois pas de péril en la demeure, je ne vois pas d'urgence à
augmenter de 30 % immédiatement le salaire des <députés...
M. Leduc :
...je
ne vois pas d'urgence à augmenter de 30 % immédiatement le salaire des
>députés. Là, je soumets une piste, c'est la troisième, je pense, qu'on
fait depuis l'ouverture de l'étude détaillée de ce matin. Je suis surpris qu'on
ne la prenne pas au mérite. Si le... Est-ce que je dois déduire que si le
comité avait dit : On y a pensé, puis on vous soumettrait un plan de
gradation d'augmentation qui totalise 30 %, mais sur trois ans, par
exemple... Tu sais, il nous reste trois ans avant la fin de la législature. Si
le comité, d'aventure, avait dit : On part ça cette année avec
10 000 $, 10 000 $ l'année d'après, 10 000 $
l'année d'après, est-ce que ça aurait été une proposition que le ministre
aurait trouvé recevable?
Le Président
(M. Bachand) :Interventions?
M. Jolin-Barrette : M.
le Président, j'ai déjà répondu, on applique les recommandations du rapport.
Le Président
(M. Bachand) :M. le député, il reste
autour de deux minutes à peu près, pour l'amendement.
M. Leduc : Merci.
Peut-être un dernier argument dans le deux minutes qu'il me reste, M. le
Président. Je faisais référence au 9 % d'augmentation qui sera... qui est
offert, on souhaite, bien sûr, que ce soit beaucoup plus, on verra où ça... où
tout ça a atterri, une chose est claire et déjà décidée, c'est l'augmentation
du salaire minimum qui, grâce aux pressions notamment de Québec solidaire et
des autres forces vives de la société civile, a augmenté plus que dans le
passé, mais nettement en deçà de ce qui serait nécessaire pour avoir un salaire
viable. On me corrigera si mes calculs ne sont pas bons, là, mais le salaire
minimum a augmenté de 7 % cette année. 7 %, là, j'ai fait un calcul
vite, vite, là, on n'est pas loin du 111 000 $. Je vais attendre que
le ministre termine sa discussion, peut-être, M. le Président.
Une voix : ...
M. Leduc : Bien, non, je
ne pense pas que vous m'écoutez. Si vous êtes en train activement de parler
avec votre collègue, non, je ne pense pas que vous m'écoutez.
M. Jolin-Barrette : ...honnêtement,
je pense avoir démontré des aptitudes communicationnelles, puis je pense que je
suis capable de faire plus que deux choses en même temps. Alors, que le député d'Hochelaga-Maisonneuve
ne s'inquiète pas, je suis à l'écoute et je suis tout ouïe pour lui, même si je
vérifie certaines choses avec mon collègue, parce que vous me donnez l'occasion
de travailler en même temps que vous parlez.
M. Leduc : C'est-à-dire...
vous travaillez en même temps que vous parlez?
Le Président
(M. Bachand) :M. le député, il vous
reste 1 min 25 s.
M. Leduc : Bien, M. le
Président, quand même, j'insiste juste un peu, c'est quelque chose qui n'est
pas tout à fait...
Le Président
(M. Bachand) :Oui, mais, vous savez,
les petites rencontres comme ça, ça se fait des deux côtés de la barrière
aussi. Alors donc, là, les... Alors, je vous inviterais tout simplement
comme... à continuer, s'il vous plaît, il vous reste à peu près une minute.
M. Leduc : Bien, qu'il y
ait... tu sais, qu'il y ait un petit échange de trois, quatre secondes, moi, ça
ne me dérange pas, mais si ça part une conversation d'une minute, deux minutes...
Le Président
(M. Bachand) :Oui, mais ce n'étaient
pas des minutes, ce n'étaient pas des minutes. Alors, continuez.
M. Leduc : C'était peut-être
parti pour une plus longue séquence, mais c'est correct, on va... on va y aller
pour ça. Ma question, M. le ministre : Est-ce que l'augmentation du
salaire minimum à 7 % cette année, ça ne pourrait pas être, ça aussi, un
barème plus intéressant sur lequel se baser?
M. Jolin-Barrette : Alors,
encore une fois, M. le Président, on applique le rapport d'un comité
indépendant, un comité indépendant qui fait des recommandations. On applique
les recommandations du comité indépendant.
M. Leduc : Donc, si le
rapport avait dit autre chose, vous auriez appliqué autre chose. Peu importe ce
qu'il y avait dans le rapport, vous l'appliquiez.
M. Jolin-Barrette : On applique
les recommandations du comité.
M. Leduc : Donc, si un
rapport, par exemple, l'année prochaine, vous dit : Il faut augmenter le
salaire minimum de 20 %, vous allez appliquer ce rapport-là.
M. Jolin-Barrette : M.
le Président, le député d'Hochelaga-Maisonneuve, comme je vous ai mis en garde
tout à l'heure, essaie de me faire dire des choses par des omissions, par des
silences, tout ça. Je lui ai dit que je ne ferais pas son cas. Alors, lorsqu'il
pose ce type de question pour essayer de mettre en boîte les gens, je ne pense
pas que c'est approprié pour les travaux parlementaires. Alors, dans ce cas-ci,
on applique le rapport d'un comité indépendant sur la rémunération.
M. Leduc : Moi, je
retiens de l'échange, M. le Président, et j'en prends d'ailleurs très bonne
note et je vais la transmettre à tous mes collègues, qu'il est excessivement
important pour le gouvernement d'appliquer l'entièreté des recommandations de
ces rapports qu'il reçoit. Ça va être utile, ça, dans plusieurs autres dossiers,
M. le Président. On parlait du projet de loi n° 59
tantôt, il y avait eu un très gros rapport qui avait été soumis par le
ministre... au ministre, pardon, par le CCTM, je peux vous garantir que le
ministre n'a pas appliqué l'entièreté des recommandations de ce rapport-là. Il
a choisi celles qui lui tentaient et il a procédé de cette manière-là.
Alors moi, je la retiens, là, cette
indication-là que c'est très important pour le gouvernement d'appliquer
l'entièreté des rapports de... les recommandations de l'entièreté des rapports.
Ça va être très utile dans d'autres débats. C'est correct. Là, cette fois-ci,
c'est important d'être 100 % collé ou à, je dirais, 95 %, là, par
rapport à la rétroactivité dont on a discuté tantôt. Bien, moi, je vais
m'attendre à la même discipline du gouvernement sur les autres dossiers qui
nous animeront dans les prochaines semaines.
Le Président
(M. Bachand) :Merci beaucoup. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement du député d'Hochelaga-Maisonneuve?
S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que l'amendement est adopté?
M. Leduc : Vote par
appel nominal, s'il vous plaît.
Le Président
(M. Bachand) :Vote par appel nominal.
Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire : M. Jolin-Barrette
(Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Contre.
La Secrétaire : M. Lefebvre
(Arthabaska)?
M. Lefebvre : Contre.
La Secrétaire : M. Jacques
(Mégantic)?
M. Jacques : Contre.
La Secrétaire : Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Contre.
La Secrétaire : Mme Boutin
(Jean-Talon)?
Mme Boutin : Contre.
La Secrétaire : M. Asselin
(Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin : Contre.
La Secrétaire : M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire
: Mme Nichols
(Vaudreuil)?
Mme Nichols : Contre.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement est <rejeté...
M. Lemieux :
...Contre.
La Secrétaire
:
Mme Nichols
(Vaudreuil)?
Mme Nichols : Contre.
La Secrétaire
:
M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement est >rejeté.
Donc, on revient à l'étude de l'article 1. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Oui, M. le
Président. Là, on avait déposé un amendement.
Des voix : ...
M. Leduc : Je veux juste voir,
M. le ministre... En fait, une question large : À quel point vous êtes
ouvert à recevoir des amendements aujourd'hui?
M. Jolin-Barrette : Moi, M.
le Président, je suis toujours ouvert à recevoir des amendements. C'est le
privilège des parlementaires de déposer des amendements pour faire en sorte
d'évoluer le projet de loi. Et on les étudie au mérite, M. le Président, comme
dans tous les cas.
Manifestement, ce que je constate,
cependant, c'est que le député d'Hochelaga veut simplement déposer des
amendements pour déposer des amendements. Écoutez, je regarde ses anciens
amendements, là, notamment sur la question de... «La présente révision de
l'indemnité annuelle n'est pas rétroactive.» Cet amendement-là, là, quand il
lit le texte de loi, il est complètement inutile. Et, à part pour parler
pendant 20 minutes, il ne sert à rien, cet amendement-là, parce que tous
ses collègues le savent très bien et lui-même le sait très bien que le projet
de loi entre en vigueur à la sanction.
L'ancien... son premier amendement faisait
en sorte de créer un trou dans la loi sur le traitement des élus de l'Assemblée
nationale, et ça faisait en sorte qu'il n'y avait plus de cadre juridique parce
qu'il supprimait tout. Ce n'est pas responsable, là, comme approche, là.
Donc, vous nous faites des amendements qui
dénaturent le projet de loi, qui ne sont pas sérieux, qui ne sont pas rigoureux.
Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Moi, envoyez-moi-z-en, des
amendements comme ça, qui... mais ça... ce n'est pas à la hauteur de votre
qualité de travail que vous pouvez faire.
M. Leduc : Moi, M. le
Président, si les amendements que je soumets sont irrecevables, je m'attends
que le ministre nous le souligne, là.
M. Jolin-Barrette : Je ne vous
dis pas qu'ils sont irrecevables. Ce que je vous dis, c'est que la conséquence
d'amendements qui sont non réfléchis, non travaillés et non professionnels, qui
mettraient en péril certaines lois...
Le Président (M.
Bachand) :...M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Jolin-Barrette : ...qui
mettraient en péril certaines lois de l'Assemblée nationale, moi, ça ne
m'apparaît pas un travail de qualité qui est fait par un parlementaire. C'est ce
que je vous soumets. Puis honnêtement je sais que vous êtes capables de faire
des bons amendements, notamment votre collègue de Saint-Henri—Sainte-Anne a
fait des très bons amendements dans le cadre du projet de loi n° 12.
M. Leduc : Ah! il est parti,
il est parti, il ne peut plus entendre vos belles paroles, on va lui
transmettre, on va lui transmettre vos bons mots. Je retiens, au milieu des
différentes choses plus ou moins gentilles qu'on me balance par la tête, qu'il
y a de l'ouverture pour des amendements, M. le Président. Alors, je vais
demander une courte suspension puis je vais...
M. Jolin-Barrette : Attendez,
attendez, je n'ai pas fini. Je voudrais savoir, là, du député d'Hochelaga-Maisonneuve,
là, c'est quoi, son véritable objectif aujourd'hui.
M. Leduc : C'est de vous...
Bien, moi, mon désir aujourd'hui, c'est qu'on retire le projet de loi. Ça, on
l'a dit ad nauseam, je peux vous le répéter.
M. Jolin-Barrette : O.K. Mais
je veux juste qu'on ait cette conversation-là avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
Il vient de nous avouer candidement qu'il veut retirer... il veut faire retirer
le projet de loi, ça fait qu'il n'est pas dans une optique positive de bonifier
le projet de loi, il veut juste déposer des amendements pour suffisamment,
j'imagine, placer le gouvernement ou moi, comme ministre... pour m'indisposer,
supposons, pour que je dise : Aïe! Le député d'Hochelaga-Maisonneuve veut
que j'arrête, veut que j'arrête de faire... d'étudier le projet de loi. Alors,
c'est votre but avoué, là, de dire : Bien, écoute, je veux que le ministre
arrête de faire cheminer le projet de loi dans le cadre des travaux
parlementaires. C'est ça, votre but avoué, là.
M. Leduc : C'est précisément
ce qu'on a dit sur plusieurs tribunes cette semaine, et c'est la raison pour
laquelle on a voté contre le principe, pas plus tard qu'il y a quelques heures.
Donc, en toute cohérence, je ne change pas ma version des faits suite à la question
du ministre.
M. Jolin-Barrette : O.K.,
mais vous êtes contre le projet de loi.
M. Leduc : Je ne vois pas
comment vous pourriez penser le contraire.
• (15 heures) •
M. Jolin-Barrette : O.K. Vous
nous dites : Écoutez, je suis contre, j'ai voté contre le principe. C'est
exact?
M. Leduc : Hum-hum.
M. Jolin-Barrette : Là, je
suis en étude détaillée sur le principe et je vais voter.... puis là je ne
pense pas qu'on dévoile de secret...
(Interruption)
M. Jolin-Barrette : Oh! êtes-vous
correct, M. le député?
Des voix : ...
M. Jolin-Barrette : Il y a
vraiment beaucoup d'émotions rattachées à ce projet de loi là. Alors, vous nous
dites, dans le fond, il y a deux articles dans le projet de loi, on est en
étude détaillée, qui est la troisième étape du projet de loi, alors vous nous
dites, manifestement, puis sans être un devin, vous allez voter contre les deux
articles.
M. Leduc : Ça va dépendre si
on réussit à les amender, si vous recevez nos amendements.
M. Jolin-Barrette : Non, mais
dans l'éventualité où ils n'étaient pas amendés, là, vous voteriez contre les
deux amendements?
M. Leduc : Bien là, vous nous
dites qu'il n'y aura aucun amendement qui sera reçu aujourd'hui.
M. Jolin-Barrette : Ah! bien,
ce n'est pas ça que je dis, je veux juste savoir, là.
M. Leduc : Bien, c'est ça que
je décode.
M. Jolin-Barrette : Je veux
juste connaître le fond de votre pensée, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Moi, je voterai au
mérite, M. le Président, de ce qui sera amendé ou pas. D'ailleurs, j'en aurais
un autre à déposer, M. le Président.
M. Jolin-Barrette : Non, mais
je veux qu'on continue là-dessus, M. le Président. Dans l'état actuel des
choses...
15 h (version révisée)
M. Leduc : ...en aurait un
autre à déposer, M. le Président.
M. Jolin-Barrette : Non, mais
je veux qu'on continue là-dessus, M. le Président. Dans l'état actuel des
choses, là, est-ce que vous voteriez en faveur de l'article 1?
M. Leduc : Ça va me faire
plaisir de continuer la discussion, mais je vais vouloir déposer l'amendement,
s'il vous plaît, M. le Président.
M. Jolin-Barrette : Non, mais
moi, je n'ai pas terminé, M. le Président, je veux qu'on continue à discuter
là-dessus. Alors...
Le Président (M.
Bachand) :...on propose un amendement,
donc je vais devoir... au député. En terminant, oui.
M. Jolin-Barrette : Moi, M.
le Président, je m'oppose aux suspensions, là.
Le Président (M.
Bachand) :C'est à la présidence de... la
présidence va en décider.
M. Jolin-Barrette : Bien,
moi, je vous manifeste que je pense qu'avec le nombre de personnes qui
accompagnent en soutien le député d'Hochelaga-Maisonneuve : la députée de
Mercier, le député de Laurier-Dorion, il y avait le député... j'espère qu'il va
revenir, il y avait le député de Saint-Henri—Sainte-Anne...
Le Président (M.
Bachand) :On ne peut pas souligner son
absence, vous le savez aussi, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Non, mais
il n'est pas membre de la commission, M. le Président, il ne peut pas... il ne
peut même pas être là, mais il est là, puis, tu sais, comme, on sent son
soutien. Alors, je veux juste savoir, de la part du député d'Hochelaga-Maisonneuve :
Est-ce que, dans l'état actuel des choses, il est contre les deux articles?
M. Leduc : Je vais répondre à
sa question avec plaisir dans deux petits instants, quand on aura suspendu pour
que je vous envoie notre amendement, M. le Président.
M. Jolin-Barrette : Non, mais
moi, moi, M. le Président, je veux l'entendre.
Le Président (M.
Bachand) :Alors donc, on va suspendre
deux petits instants. Alors donc, on s'en vient de plus en plus efficace, j'apprécie
ça. Donc, deux petits instants, puis on revient. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 02)
(Reprise à 15 h 07)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La commission
reprend ses travaux. Alors, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, pour un
amendement.
M. Leduc : ...la bouche
pleine, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Il n'y a pas de problème. Un
peu de sucré, c'est correct.
M. Leduc : Je vais quand même
digérer trois secondes. Alors : Remplacer, à l'article 1 du projet de
loi, «131 766 $» par «121 766 $».
Là, M. le Président, j'avoue que le
ministre m'a posé une question juste avant qu'on suspende, ça me ferait plaisir
de lui répondre. Peut-être qu'il pourrait juste me la répéter rapidement pour
que je puisse répondre à sa question.
Des voix : ...
M. Leduc : Vous m'avez posé
une question juste avant qu'on suspende. J'ai dit que je vous la répondrais,
mais là j'avoue que j'ai un blanc. Qu'est-ce que vous m'avez posé comme
question?
M. Jolin-Barrette : Bien, je
vous ai demandé si vous étiez ouvert à adopter les articles 1 et 2. En
fait, est-ce que vous allez voter contre les articles 1 et 2 du projet de
loi?
M. Leduc : Bien, si... Là, je
sous-entends que votre question, c'est s'ils sont tels quels.
M. Jolin-Barrette : Effectivement.
Dans leur intégralité actuelle.
M. Leduc : Si les articles
sont tels quels dans un projet de loi dont je viens de voter contre le
principe, je vois mal comment je voterais pour les deux articles. Ce serait
quoi, la logique?
M. Jolin-Barrette : Non, non,
mais je veux juste être informé de votre choix. Donc, je comprends que peu
importe...
M. Leduc : Bien, vous seriez
à ma place, là, vous seriez député de l'opposition...
M. Jolin-Barrette : Non,
mais, peu importe...
M. Leduc : ...vous vous
opposez sur la nature d'un projet de loi, vous avez voté contre le projet de
loi, contre le principe, puis là vous venez en commission, vous allez voter
pour les deux articles? Ça n'a pas rapport.
M. Jolin-Barrette : Non, mais,
peu importe ce qu'il arrive, là, aujourd'hui, là, vous allez vous opposer et
voter contre le projet de loi, là, les deux articles en étude détaillée.
M. Leduc : Bien, ce n'est pas
vrai. Quand vous dites : Peu importe ce qui arrive aujourd'hui, ce n'est
pas vrai. Moi, je soumets des amendements, on vous met des pistes de sortie de
crise.
M. Jolin-Barrette : Non, mais
dans la version...
Le Président (M.
Bachand) :Juste... O.K.
M. Jolin-Barrette : Dans la
version actuelle du projet de loi, votre choix est de voter contre
l'article 1 et de voter contre l'article 2.
M. Leduc : En toute cohérence
avec le vote contre le principe qu'on a fait ce matin, oui, si c'est ça que
vous voulez savoir.
M. Jolin-Barrette : O.K.
Donc, vous êtes même prêt à voter contre l'article 2, qui est la mise en
vigueur de la loi à la date de la sanction.
M. Leduc : M. le ministre, je
vous ai envoyé une lettre, il n'y a même pas 48 heures, pour vous demander
de reporter l'application en 2026. Je serais bien fou de me lever deux jours
après puis dire : Finalement, ça me convient, l'article 2 que je
viens de vous demander de modifier. Je suis un peu surpris de votre question.
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
M. Jolin-Barrette : Moi, on
m'a toujours dit, on peut...
• (15 h 10) •
Le Président (M.
Bachand) :...qui ne changent pas d'idée.
Alors, M. le député de Nelligan. M. le député de Nelligan.
M. Derraji : Écoutez, je suis
curieux. Je vais poser la question à mon collègue, parce que ça, c'est le
deuxième amendement... troisième amendement, désolé, j'ai raté un...
Des voix : ...
M. Derraji : Oh! quatrième.
Oh! vous... Quatrième, total, hein, de la journée. Non, non, moi, je parle de
l'amendement pour le premier... pour le salaire. Donc, est-ce que je comprends
bien maintenant que Québec solidaire est pour l'augmentation de salaire? Parce
que j'ai 121 plus 102. Vous proposez un nouveau salaire aux députés. Donc,
est-ce que je dois comprendre que Québec solidaire, aujourd'hui, il n'est pas
content du salaire des députés et, au lieu de suivre le comité indépendant et
le rapport fait par le comité indépendant, vous, vous proposez une nouvelle
grille, si je peux la qualifier «grille»? Avant, ça a été 111 000 $,
corrigez-moi... 101 000 $, c'est ça, et maintenant c'est
121 000 $, et je ne sais pas si on va avoir un autre amendement, mais
juste... je veux juste comprendre la logique derrière cet amendement, s'il vous
plaît.
M. Leduc : C'est une
excellente question, M. le député. Ça me fait plaisir d'y répondre. Vous avez
siégé avec moi pendant les 193 heures du projet de loi n° 59...
M. Derraji : Et on s'entend
très bien.
M. Leduc : Et on s'entend très
bien. Vous avez remarqué à quel point j'ai déposé des amendements. Vous en avez
déposé vous-mêmes. Certains ont été adoptés, certains ont été refusés. Moi,
j'ai réussi à faire adopter quelques amendements, mais ça n'a jamais changé ma
lecture globale de ce projet de loi là, et j'ai voté contre le projet de loi, à
la fin de l'exercice, même si j'avais réussi à faire amender quelques choses,
quelques éléments du projet de loi. C'est un peu le même esprit qui m'anime
aujourd'hui. C'est sûr qu'il faudrait qu'il se passe des amendements
radicalement différents de ce qui nous est soumis pour que je finisse par <voter...
M. Leduc :
...qu'il
se passe des amendements radicalement différents de ce qui nous est soumis pour
que je finisse par >voter pour, avec mes collègues. Dans tous les cas,
il faudrait qu'on s'en reparle en caucus, mais c'est ça qui m'anime dans l'idée
de déposer un amendement.
Maintenant, sur le montant, comme je
l'expliquais plus tôt, dans la première mouture, à 111 000 $, c'est
un peu la logique suivante, à savoir : dans toute la colère que nous avons
sentie, que nous avons vue, perçue, analysée, reçue dans nos bureaux — elle
ne nous était pas nécessairement adressée à nous, quoique des fois, les gens ne
font pas toujours la distinction, là, ils pensent que nous aussi, on voulait
s'auto-octroyer des hausses — j'ai perçu parfois certaines critiques
qui étaient sur le montant. C'était... 30 000 $ d'un coup, c'était
trop. Est-ce que ces personnes-là auraient pu se contenter d'une hausse plus
modeste? C'est une piste, c'est une hypothèse que je soumets à l'attention du
ministre.
M. Derraji : ...
Le Président (M.
Bachand) :M. le député, oui. Allez-y.
M. Derraji : Bien, ce n'est
pas uniquement à l'intention du ministre, c'est à l'ensemble des membres, parce
que vous m'invitez aussi à voter sur ça, et c'est là où je suis interpellé, en
tant que membre. Parce que ça change de votre discours depuis plusieurs
semaines. Je trouve ça excellent. En fait, je vois quand même ça... une grande
ouverture de la part de Québec solidaire qui, aujourd'hui, dit sur la place
publique qu'il est prêt à augmenter le salaire de 21 000 $, des élus.
À la lecture de cet amendement, aujourd'hui, Québec solidaire, sur la place
publique... C'est très bien, on avance.
Parce qu'au lieu de nous... Moi, ma
lecture... Je ne parle pas à la place du ministre, il est ministre. Nous, on a
fait la lecture en se basant sur un rapport d'un comité indépendant. QS,
aujourd'hui, première tentative, ils demandent aux parlementaires membres de
cette commission d'accepter un premier amendement, en se basant je ne sais pas
sur quoi, avec une augmentation de 11 000 $. Je n'étais pas là pour
le moment du vote. Maintenant, cet amendement est accepté par Québec solidaire.
Ça veut dire qu'on peut voter, vous allez voter pour. Le message envoyé à la
population, que Québec solidaire, aujourd'hui, est prêt à augmenter le salaire
des élus de 21 000 $... La question que je me pose... 21 000 $
que Québec solidaire nous propose aujourd'hui sur la table, ce n'est même pas
l'augmentation que vous souhaitez pour l'ensemble des enseignants, si on veut
faire le parallèle avec la même logique de Québec solidaire. C'est juste, j'essaie,
cher collègue, de vous suivre. Je veux bien exploiter notre temps en commission
parlementaire, parce qu'on est tous occupés, vous êtes leader... il est leader,
je le suis, nous avons beaucoup de projets de loi. J'essaie juste de comprendre
la logique de Québec solidaire.
Aujourd'hui, ça, c'est nouveau, ce n'est
pas sur la place publique encore, mais on peut le dire, que Québec solidaire
est prêt à mettre sur la place publique qu'il propose une augmentation de 21 000 $
à l'ensemble des élus, en ne se basant pas sur un rapport d'un comité
indépendant, mais vous, vous avez fait l'exercice... et dire que... nous, on
pense, à Québec solidaire, que c'est correct, augmenter de 21 000 $.
Donc, première question. Est-ce que Québec
solidaire confirme qu'il est pour une augmentation de 21 000 $?
Deuxième question : Pouvez-vous me dire sur quelles bases, quel comité
indépendant vous avez consulté, quel expert en ressources humaines vous a dit
que c'est logique, 21 000 $ d'augmentation? Merci, cher collègue.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Oui, bien, cher
collègue, vous mentionnez que vous étiez absent au moment du vote. Je ne sais
pas si vous étiez là aussi dans toute la partie précédente, où j'avais l'argumentaire
derrière la première mouture. Je peux vous le répéter si vous avez envie. Je
vois mal comment on pourrait être plus clair sur notre posture par rapport à
l'entièreté de ce débat-là. Je viens à peine de le dire à M. le ministre,
quelle était mon intention. Mon intention, dans l'idéal, là, ce serait que le
projet de loi soit retiré.
M. Derraji : Non, mais, s'il
vous plaît, j'ai posé deux questions. On n'est pas là pour retirer le projet de
loi. Moi, je veux avoir vraiment cet échange avec vous. Éclairez-moi.
Éclairez-moi parce que je n'arrive pas à suivre et j'aimerais bien suivre.
Notre formation politique se base sur une lecture d'un comité indépendant qui a
fait des recommandations et une étude. Québec solidaire, aujourd'hui, vient
nous dire : Écoutez, oublions le comité indépendant un instant, on... au
lieu de 101 000 $, on passe à 111 000 $. Là, là,
maintenant, ce n'est plus ça, là, c'est 21 000 $ d'augmentation.
Donc, vous êtes pour une augmentation de 21 000 $. Parce que je ne
pense pas que vous allez voter contre cet amendement, je ne pense pas que vous
allez voter contre votre amendement.
M. Leduc : Alors, ça me fait
plaisir de vous réexpliquer ma logique et notre logique. Nous sommes contre le
projet de loi, nous pensons qu'il doit être retiré. Nous pensons qu'il est basé
sur une <mauvaise...
M. Leduc :
...Nous
sommes contre le projet de loi. Nous pensons qu'il doit être retiré. Nous
pensons qu'il est basé sur une >mauvaise logique, que nous contestons depuis
10 ans.
M. Derraji : Bien, vous devez
retirer votre amendement. Si vous êtes cohérent, retirez votre amendement.
M. Leduc : Si c'est votre
demande, je vais la prendre en délibéré et je rendrai ma décision tantôt. Cela
étant dit, la logique de ce comité-là, puis là on pourrait débattre longtemps
de son caractère indépendant ou pas, est biaisée dès le départ parce qu'il est
en contradiction directe et profonde avec ce que la juge L'Heureux-Dubé nous
avait dit : Surtout, surtout, ne sortez pas du chemin que je vous trace
d'un comité décisionnel exécutoire véritablement indépendant. C'est ça qu'elle
nous disait, la juge L'Heureux-Dubé, avec son rapport.
Le Président (M.
Bachand) :Juste pour un élément... Les
gens le savent, mais vous avez parlé de possibilité de retirer un amendement.
Ça prend le consentement, juste pour vous dire.
M. Leduc : Pas de problème.
Le Président (M.
Bachand) :Alors, excusez, vous pouvez
continuer...
M. Derraji : ...
Le Président (M.
Bachand) :M. le député.
M. Derraji : Il n'y a pas de
consentement.
Le Président (M.
Bachand) :Non, mais il n'y a pas... Ça
n'a pas été demandé, mais juste pour vous dire qu'au niveau technique ça prend
le consentement.
M. Derraji : Oui, mais je... C'est
très important, ce débat parce que votre temps est précieux, le temps du collègue,
il est précieux. Moi, aujourd'hui, là, j'ai mes collègues en haut, j'ai quatre
commissions parlementaires, j'ai beaucoup de nouveaux dans mon équipe, ils sont
dans d'autres commissions, et je vois le début des échanges, depuis ce matin...
Je ne vais pas commenter aucune attitude, chacun est maître de ce qu'il veut. Vous
venez de dire que la juge L'Heureux... excellent, comité Ouellet-Thériault... Je
vous repose la même question : Quel est votre comité indépendant qui vous
a suggéré 20 000 $ aujourd'hui pour venir nous proposer un amendement
que Québec solidaire... Québec solidaire, aujourd'hui, pose sur la table, une
augmentation de salaire de 21 000 $?
M. Leduc : Bien, vous
connaissez la réponse à votre propre question, M. le député. Il n'y en a pas,
de comité indépendant qui nous a donné ce chiffre-là, il n'y en avait pas plus
qui nous a donné le premier chiffre à 111 000 $.
M. Derraji : Donc, vous avez
fait une règle de trois?
M. Leduc : Une règle de
trois?
M. Derraji : De trois pour
proposer 21 000 $ d'augmentation?
M. Leduc : Règle de trois
avec quoi?
Le Président (M. Bachand) :
...
M. Derraji : Une simulation.
Oubliez «règle de trois», une simulation pour proposer 21 000 $?
Le Président (M.
Bachand) :Juste vous... donnez un petit
peu de temps, parce que... pour les techniciens, là, pour qu'on puisse bien
vous entendre et vous voir, même. Alors, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Alors, est-ce que
j'ai passé des heures à travailler sur des graphiques de comparaison de
salaires de députés et autres? Bien, vous savez la réponse à ça aussi, M. le
député, c'est non.
M. Derraji : Oui. Excellent.
M. Leduc : Est-ce que ça nous
prive de pouvoir déposer un amendement pour faire cheminer le débat? La réponse
est non aussi. Moi, je vous renverrais la question, M. le député. Vous
constatez qu'il n'y a pas de consensus sur un dossier aussi délicat qui devrait
faire l'objet d'un consensus avant de procéder, qu'est-ce qui vous, vous presse,
au Parti libéral du Québec, de procéder avec cette hausse-là immédiatement?
J'ai posé la question avec vos collègues de la CAQ, mais vu que vous me posez
la question, je me retourne vers vous puis... Qu'est-ce qui vous presse qu'on
adopte ça? Je proposais à l'instant de reporter ça au mois de septembre.
Pourquoi on ne reporterait pas ça au mois de septembre?
• (15 h 20) •
M. Derraji : Je vais... si je
vais poser... si j'ai le goût de poser un amendement... de déposer un
amendement, je vais le faire, et vous allez... Vous avez tout le droit de poser
n'importe quelle question. Je suis très ouvert. Vous savez très bien qu'on a...
Nous avons siégé ensemble dans un long projet de loi où on a fait beaucoup de
choses et d'avancées pour les Québécoises, les Québécoises par rapport aux
maladies professionnelles. Et vous êtes un député que je respecte beaucoup
parce que vous faites très bien vos devoirs avant de déposer un amendement. Ce
que je vois, maintenant, c'est un «statement» de Québec solidaire. Le
«statement», il est très clair, on ne peut pas changer le «statement», c'est
que le rapport Thériault-Ouellet-Côté... j'ai oublié Côté, présidé...
Une voix : ...
M. Derraji : Laissez-moi
terminer, présidé par Côté, expert en ressources humaines, a passé des heures
pour répondre à un mandat du BAN, où votre collègue siégeait, et il est venu
avec une recommandation.
Je réitère ma demande, est-ce que
121 000 $, c'est arbitraire, de la part de Québec solidaire, ou les
121 000 $ proposés, parce que je ne sais pas s'il n'y a pas un autre
amendement, probablement, où vous allez proposer... Je ne présume pas, M. le
Président, vous allez m'excuser, je fais juste des hypothèses, je ne dis pas
qu'ils vont le faire, mais, probablement, après 121 000 $, on va voir
un autre amendement de, probablement, 125 000 $ ou
127 000 $. La question demeure, je veux savoir... Le comité qui a
ordonné à Québec solidaire 121 000 $, j'aimerais bien le rencontrer.
Probablement que j'aurai des questions, comme j'aurai... comme j'ai posé des
questions au comité Thériault-Côté-Ouellet — je n'ai pas oublié cette
fois-ci.
S'il vous plaît. Parce que ce que vous
venez de dire, c'est un changement dans le discours de Québec solidaire. Québec
solidaire, ils étaient contre l'augmentation. Et <sérieux...
M. Derraji :
...ce
que vous venez de dire, c'est un changement dans le discours de Québec
solidaire. Québec solidaire, il était contre l'augmentation. Et >sérieux,
je vous le dis, en tant qu'élu membre de cette Assemblée, c'est un débat qui
est très difficile parce que, vous savez quoi, j'ai eu une discussion avec
notre collègue de Jean-Talon, ça touche tous les élus. Ça touche tous les élus.
Peu importe ce qu'on va faire, qu'on parle ou non de l'augmentation, ça touche
tous les élus.
Et, oui, le Parlement, il est fait pour
avoir tous les débats, mais là, maintenant, ce que vous venez de faire... vous
changez le narratif sur la place publique. C'est très bien, c'est très clair.
Cet amendement, je veux que vous l'expliquiez à la population. Québec
solidaire, aujourd'hui, propose et il est pour une augmentation de
20 000 $, oui ou non? Je pense que oui, c'est votre amendement.
Deuxième, pouvez-vous déclarer publiquement quel est votre comité? C'est quoi,
votre logique qui vous a ramené à proposer 121 000 au lieu de 131 000 $?
Le Président (M.
Bachand) :M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Oui, ça me fait
plaisir de répondre à mon collègue de l'opposition officielle. Le comité
Ouellet-Thériault-Côté — ne l'oublions pas — avait un
mandat très restreint, avait le mandat de se concentrer uniquement... et c'est
ce que nous dénonçons depuis la première discussion au BAN, à laquelle votre
parti participait aussi, avait le mandat de ne traiter que de l'indemnité de
base, ce qui était contraire de manière frontale avec la recommandation de la
juge L'Heureux-Dubé, un rapport qui, malheureusement, n'a pas eu autant
d'attention de la part du gouvernement que le rapport qui est devant nous
depuis quelques semaines à peine.
Malgré cela, malgré les œillères qu'on a
imposées à ce comité-là, le comité a décidé d'outrepasser un petit peu son
travail... son mandat, pardon, et de nous soumettre des pistes de réflexion. Ils
en soumettent trois. Je les lis : «Le comité consultatif indépendant
invite les parlementaires à se pencher sur les pistes de réflexion
suivantes : procéder à une analyse globale des conditions de travail afin
de compléter l'exercice de révision que le comité a entamé avec le présent
rapport.» C'est un choix de verbe important, ça, «entamé», c'est qu'on commence
quelque chose. Ce n'est pas la fin des haricots, quand on entame un processus,
c'est une étape, c'est une marche. Deuxième recommandation : «Intégrer
l'allocation des dépenses à l'indemnité annuelle», un truc qui aurait dû être
réglé il y a des années. Troisième recommandation : «Mettre en place un
processus périodique indépendant de révision des conditions de travail
parlementaire.» Trois éléments très intéressants.
Ce que je devine de l'esprit des
discussions qui ont animé le trio Côté-Thériault-Ouellet, c'est qu'il y avait
visiblement un malaise à s'être fait mettre des œillères et qu'ils ont voulu,
en quelque part, se rapprocher de l'esprit de L'Heureux-Dubé. Moi, là, je l'ai
lu, le rapport Côté-Ouellet-Thériault. Ce n'est pas un mauvais rapport, on n'a
jamais dit ça. Des fois, on se fait accuser de toutes sortes de choses, on se
fait mettre des mots dans la bouche, c'est bien correct, c'est ça, la politique
un peu aussi. On n'a jamais dit que c'était un rapport qu'il fallait jeter aux
poubelles. On a dit que le mandat qu'on lui avait donné était biaisé, trop
restreint, que la conclusion, avec le mandat qu'on lui donnait, était connue
d'avance, pas de surprise. Personne n'est tombé des nues quand le rapport a été
déposé, honnêtement, là, puis je vous dévoile qu'on en jasait au sein du
caucus, on se faisait... Bien, coudon, ils vont nous proposer combien,
finalement? Puis là, on s'échangeait des chiffres, puis on disait : Bien,
coudon, ça va-tu être ci, ça va-tu être ça? Ils sont atterris à 30 000 $.
Est-ce qu'un comité indépendant
exécutoire, tel que le suggérait Mme L'Heureux-Dubé, serait atterri à 30 000 $
aussi? Bien, il y a de bonnes chances. S'ils font le même travail sérieux de
comparaison que celui que nous a offert M. Côté et ses deux acolytes, il y a de
bonnes chances qu'un comité indépendant exécutoire atterrisse à la même somme
de... recommandation, peut-être un peu plus, peut-être un peu moins.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. J'aurais le député de
Nelligan.
M. Leduc : Bien oui, allez-y,
ça me fait plaisir.
M. Derraji : Cher collègue,
je vais juste vous poser une question : Est-ce que ça vous gêne que je
pose des questions sur votre amendement?
M. Leduc : C'est dans l'ordre
des choses.
M. Derraji : Voilà, c'est ça,
dans l'ordre des choses. Je pense que vous devez juste parler avec votre
directrice de communications, qui... je pense que c'est faux, ce qui
circule : «Commission sur le projet de loi sur le salaire des députés de
la CAQ, au lieu de questionner la CAQ, le député du PLQ — ça veut
dire moi — s'en prend à Québec solidaire.» Ce que je... Est-ce que vous
avez senti que... s'en prend à Québec solidaire? Pas sûr. «Vouloir une hausse
de salaire à ce point, c'est gênant.» Je pense que ce qui est gênant, c'est
déposer un amendement. Et je n'ai pas eu ma réponse. Ce n'est pas grave, je
vais la faire la dernière fois. Et je comprends que c'est <difficile...
M. Derraji :
.... Et
je n'ai pas eu ma réponse. Ce n'est pas grave, je vais la faire la dernière
fois. Et je comprends que c'est >difficile, mais on est dans une
commission parlementaire, et je veux comprendre pour pouvoir voter.
Je vous ai posé deux questions. Sur quelle
base vous vous êtes basés, à Québec solidaire, pour vouloir augmenter de
20 000 $ le salaire des élus, au lieu de 30 000 $, tel que
proposé par le comité? Et j'aimerais bien, s'il vous plaît... si Québec
solidaire, aujourd'hui, est prêt à dévoiler publiquement les membres du comité
indépendant que vous avez consultés pour venir nous proposer 21 000 $.
Je vous questionne de la même façon avec laquelle vous questionnez les membres
de cette commission. Vous critiquez les membres indépendants... qu'ils ne le
sont pas. C'est votre droit. J'ai le droit de questionner aussi ces membres
indépendants de Québec solidaire qui viennent aujourd'hui en commission
parlementaire nous proposer un amendement.
Et vous sollicitez mon vote. En fait, si
vous déposez un amendement, c'est probablement ce que votre directrice de la
communication doit comprendre dans les travaux parlementaires. Ce n'est pas le
ministre qui a déposé cet amendement, c'est son collègue leader de sa formation
politique, qui dépose un amendement et qui me demande... et qui demande au
Parti libéral de voter. Donc, pour que le Parti libéral, aujourd'hui, vote sur
cet amendement, j'ai deux conditions : dévoilez-nous le comité indépendant
qui vous a suggéré 121 000 $ et dévoilez-nous la méthode sur laquelle
vous vous êtes basés pour arriver à 121 766 $. Là, je vais être en
mesure de voter.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :Alors, vous avez droit au
conciliabule, vous aussi, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Oui. Parfait.
Le Président (M.
Bachand) :Allez-y.
M. Leduc : Je ne demanderai
pas une suspension pour ça, là, je ne suis pas sûr que vous me l'accorderiez,
de toute façon. Pour répondre à mon estimé collègue de Nelligan, mon collègue
leader, que j'affectionne aussi, bien, je peux répéter la même question, il la
connaît... la même réponse, pardon : Il n'y a pas de comité, il n'y a pas
de méthodologie particulière, là. Ça me fait plaisir de lui répéter.
Une chose est claire, l'indépendance... Je
viens juste de dire, hein, que ce n'est pas un mauvais rapport, sur le fond. Je
l'ai lu, c'est un travail important qui a été fait. Je le resouligne ici, mon
collègue, Gabriel Nadeau-Dubois, l'a dit dans des conférences de presse : Nous,
on n'a pas de problème avec la méthodologie qui a été utilisée, ce n'est pas un
mauvais travail qui nous est soumis.
Il y a deux problèmes avec le comité. Le
vrai, fondamental, problème, c'est son absence de caractère exécutoire,
décisionnel. C'est ce que nous disait L'Heureux-Dubé, c'est ce qui se passe
dans plusieurs autres législatures puis c'est ce que se refuse à faire le
gouvernement et, je le comprends selon la réflexion de mon collègue, le Parti
libéral aussi. Ça leur appartient. Nous, c'est ce qu'on tient comme ligne
depuis Amir Khadir et on ne la changera jamais.
• (15 h 30) •
On peut, par contre, débattre du caractère
indépendant du comité. Moi, je ne suis pas tranché sur la question. Je trouve
que ce n'est ni noir ni blanc, je trouve qu'on est dans une zone de gris, sur
le caractère indépendant du comité. Est-ce que deux ex-élus, que j'ai appréciés
pendant mes quatre ans dans la 42 e législature, ont assez de distance par
rapport à leur emploi précédent, par rapport à la composition du caucus qu'ils
viennent à peine de quitter, pour vraiment aspirer à un caractère pleinement
indépendant? Visiblement, la question se pose. Visiblement, ce n'est pas
l'unanimité sur ce sujet-là, sur le caractère dit indépendant.
Et j'insiste encore une fois pour dire
que, pour moi, ce n'est pas noir ou blanc, pour moi, il y a une zone de gris.
Bien sûr, qu'ils ne sont plus des élus au moment où on se parle, bien sûr,
qu'ils ne siègent plus au caucus au moment où on se parle, mais, vous savez,
dans nos codes d'éthique, on impose des passages à vide, hein, entre la
fonction de député et certains types d'emplois, où on nous demande de laisser
passer, des fois, quelques mois, quelques années avant de retourner dans
certains types d'emplois. Alors, la question se pose : Est-ce que c'était
un comité complètement indépendant? La question se pose. Moi, c'est jusque-là
que je vais. Je ne tranche pas pour dire qu'ils n'étaient pas indépendants, je
dis que la question se pose.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Nelligan.
M. Derraji : S'il vous plaît,
cher collègue, je veux vraiment qu'on parle de votre amendement. Si, par
hasard, aujourd'hui, dans votre réflexion, vous avez pensé une seconde que vous
allez réussir à convaincre la partie gouvernementale et nous à poser
121 000 $... On va dire que, écoutez, QS a fait un travail que le
comité n'a pas fait, ils nous arrivent avec un chiffre, et on vote pour. Est-ce
que vous allez être content si on vote sur 120 000 $, aujourd'hui,
là?
M. Leduc : Si je vais être
content?
M. Derraji : Oui, oui, vous
allez accepter...
M. Leduc : Par rapport à mon objectif
de faire retirer le projet de loi, est-ce que je vais être content que
121 000 $...
15 h 30 (version révisée)
M. Derraji : ...aujourd'hui,
là.
M. Leduc : Si je vais être
content?
M. Derraji : Oui, oui, vous
allez accepter...
M. Leduc : Par rapport à mon
objectif de faire retirer le projet de loi, est-ce que je vais être content que
le 121 000 $ passe?
M. Derraji : Non, non, mais s'il
vous plaît, là. Non, non, mais s'il vous plaît, là.
M. Leduc : Tout est relatif,
M. le Président.
M. Derraji : Non, non, ce n'est
pas que c'est relatif, là. Vous avez déposé un amendement. Votre... Vous avez
une attente, c'est que, si vous avez déposé cet amendement, ça veut dire qu'on
doit voter en commission parlementaire. Si par hasard, on vote pour, ça veut
dire que vous êtes pour une augmentation à 121 000 $.
M. Leduc : Vous allez voter
pour cet amendement-là, M. le député?
M. Derraji : Écoutez, je
vais...
M. Leduc : Pas mal sûr que,
le ministre, il ne votera pas pour mon amendement.
M. Derraji : Non, non, mais
ne lui prêtez pas d'attention. Restez avec moi.
M. Leduc : Bien, je lui pose
la question, par exemple.
M. Derraji : Restez avec moi,
s'il vous plaît, restez avec moi.
M. Leduc : Je serais curieux
de l'entendre lui aussi.
M. Derraji : Non mais je veux
comprendre. M. le député, cher collègue, cher collègue... Non, non, c'est très
important, c'est des enjeux sérieux, et il y a des gens qui nous écoutent. Vos
collègues, ils ont invité la population à nous suivre, je les remercie. Je les
remercie à inviter la population à nous suivre. Je les remercie du fond du
cœur, parce que, nous faire passer pour des caves, ce n'est pas bon.
M. Leduc : Hein? Pardon?
Juste pour être... là, vous me dites que...
M. Derraji : C'est un constat
que je fais moi-même. O.K. Je reviens à la...
M. Leduc : Bien là, M. le
Président, je vais juste vouloir que vous interveniez, peut-être, là.
M. Derraji : Je retire ce que
j'ai dit.
Le Président (M.
Bachand) :Merci, M. le député.
M. Derraji : Je reviens... Je
reviens à l'amendement. Quand vous avez déposé cet amendement... vous allez
voter pour votre amendement, vous invitez la commission à voter pour. Ça veut
dire... Une fois, on vote pour et on règle ça, ça veut dire quoi, ça veut dire Québec
solidaire a réussi... Je vous laisse terminer si vous voulez.
M. Leduc : C'est beau.
M. Derraji : Ce n'est pas
grave, si vous voulez qu'on vous laisse parler avec votre conseil, je n'ai pas
de problème.
Ça veut dire que Québec solidaire a réussi
son combat d'augmenter le salaire à 21 000 $. C'est ça, l'article 1.
L'article 1, il est le suivant. Donc, vous avez déposé un amendement pour
augmenter le salaire des élus à 21 000 $. C'est ce que Québec
solidaire nous propose aujourd'hui sans se baser sur aucune étude ni comité
indépendant. Mais vous l'avez faite, l'étude, vous nous convoquez aujourd'hui à
voter sur 121 000 $. Ça veut dire que vous êtes à l'aise avec ça.
M. Leduc : M. le député, sur
le projet de loi n° 59, combien de fois c'est arrivé...
M. Derraji : S'il vous plaît,
je ne parle pas du 59.
M. Leduc : Bien,
laissez-moi... laissez-moi vous faire ma démonstration.
M. Derraji : Mais ne me
ramenez pas 59, M. le Président, on parle de son amendement. Je ne parle pas
des maladies professionnelles. On est dans le salaire des élus. Il nous
convoque, il nous invite à voter sur 121 000 $, ça veut dire que
votre chef... cochefs sont pour l'augmentation du salaire des élus à 121 000 $.
C'est une avancée majeure de Québec solidaire aujourd'hui. Avancée majeure. On
avance. Mais, s'il vous plaît, vous êtes à l'aise, sur la place publique, de
dire : Ça, au nom de Québec solidaire... et vous nous invitez à voter. Ça
veut dire, si on vote, on règle l'article 1. L'article 1 est réglé. Il
reste juste la date de sanction. C'est ce qu'il reste.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Vous confirmez que
vous allez voter pour l'amendement, M. le député?
M. Derraji : Je vous pose des
questions. Rendu à l'appel...
M.
Leduc : Non, non, mais là vous êtes... vous êtes animé.
Le Président (M.
Bachand) :S'il vous plaît!
M. Derraji : Rendu à l'appel
du Président, je vais voter. Mais je vous... je vous pose des questions. C'est
votre amendement. Quand je vais... Quand je vais poser un... Quand je vais
déposer un amendement, je vais répondre à toutes vos questions. Éclairez-nous,
s'il vous plaît, probablement que QS a accès à de l'information que je n'ai
pas.
Le Président (M.
Bachand) :Donc, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
votre réponse.
M. Leduc : Vous êtes sûr? Je
peux le laisser encore aller un peu si...
Le Président (M.
Bachand) :...de vous entendre. On a hâte
de vous entendre.
M. Leduc : Deux choses, M. le
Président, deux choses. Je reviens... Ça déplaît peut-être à mon collègue, mais
je reviens avec un exemple — un exemple — du projet de loi
n° 59. Combien de fois, dans le projet de loi n° 59, alors que c'était
clair à peu près à toutes les étapes de cette adoption de projet de loi là que
j'allais voter contre... combien de fois on a déposé des amendements pour
adoucir certains articles, certaines normes, certains éléments, les décibels
qui allaient donner accès à des traitements, le nombre de milligrammes d'arsenic
ou je ne sais trop quel autre truc qu'on peut avoir comme normes pour avoir
accès à des traitements médicaux? C'était juste de ça qu'on faisait. À tout
bout de champ, moi, j'ai déposé des amendements pour rapprocher ces normes-là
avec toutes sortes d'éléments, des fois, c'était un comparatif international, des
fois, c'était ce que nous recommandait l'association de ci ou de ça, ça n'a
jamais fait en sorte que j'allais voter pour le projet de loi à la fin de l'exercice.
Puis c'était clair pour tout le monde, à la même enseigne que c'est clair pour
tout le monde que Québec solidaire va voter contre ce projet de loi là, même si,
d'aventure, le ministre et le gouvernement et la partie de l'opposition
officielle vont, de manière fort surprenante, voter pour le 121 000 $.
Le Président (M.
Bachand) :...il vous reste six minutes.
M. Derraji : À moi ou à lui?
Le Président (M.
Bachand) :À vous. Oui.
M. Derraji : À moi. Six
minutes?
Le Président (M.
Bachand) :Oui.
M. Derraji : O.K. On doit
juste conclure, cher collègue, parce que, je pense, on a pris beaucoup de
temps. Je note. Québec solidaire change, aujourd'hui, sa stratégie. Québec
solidaire, aujourd'hui en proposant cet amendement, propose, il doit le dire
clairement aux Québécois, qu'il est à l'aise de donner aux élus
20 000 $ d'augmentation. C'est ça, là, qu'on doit dire sur la place
publique. C'est tout un changement dans le narratif. Ça, c'est bon. Au moins,
on est <clairs...
M. Derraji :
...élus
20 000 $ d'augmentation. C'est ça, là, qu'on doit dire sur la place
publique. C'est tout un changement dans le narratif. Ça, c'est bon. Au moins,
on est >clairs. Est-ce que je vais voter ou pas? Non parce que j'ai
beaucoup de contradictions dans votre discours, en tout respect, cher collègue.
Venir faire la bataille que le comité n'est pas indépendant, c'est légitime, vous
avez le droit de critiquer le comité même si vous avez dit que vous n'avez rien
contre les collègues, mais c'est légitime, je peux le reconnaître. Je peux
l'admettre. Mais, venir en commission parlementaire proposer une augmentation
de salaire, pas de 5 000 $, pas de 10 000 $, pas de
15 000 $, de 20 000 $, d'un seul coup... Au fait, c'est
l'argument que votre chef utilise depuis plusieurs jours, que ça n'a aucun bon
sens, augmenter d'un seul coup les députés à 30 000 $. Mais Québec
solidaire, aujourd'hui, vient, en après-midi, nous demander, nous convoquer à
voter pour son amendement, pour une augmentation de 20 000 $.
J'espère que les instances du parti sont au courant. Moi c'est impossible que
je fais passer ça sans passer par mon caucus.
Une voix : ...
M. Derraji : Non, mais
sérieux, sérieux, cher collègue... sérieux, cher collègue, notre temps est
précieux, et le vôtre. Et je sais ce que vous faites. Je sais. Je le vis
moi-même avec un effectif moindre et peu de collègues.
Ça, là, aujourd'hui, est un changement
dans le narratif de Québec solidaire sur la place publique, il faut l'admettre.
Ça, c'est un constat, c'est un fait. Mais, ce qui est troublant, cher collègue,
vous ne pouvez plus critiquer le comité indépendant, parce que le comité
indépendant a fait ses études, avec des collègues que vous connaissez très
bien, pour arriver à 131 000 $.
Je vous ai posé une question très simple.
Vous m'avez répondu : Adoucir. Adoucir. C'est beau, adoucir. Donc, Québec
solidaire vient aujourd'hui adoucir, hein?
Non, non, mais vous savez, j'adore
débattre avec vous, je l'ai vécu dans d'autres projets de loi. Mais soyons
sérieux. Le message qu'on mène dans une commission parlementaire, on doit le
mener sur la place publique. Mais au moins aujourd'hui, c'est très clair, mon
constat. Québec solidaire vient en commission parlementaire, avec la force et
toute l'énergie qu'ils ont, sans se baser sur aucune étude d'un comité
indépendant, un amendement écrit après réflexion, avec une bonne présence de
vos collègues, d'ailleurs ils sont tous probablement d'accord, probablement ils
ne s'attendaient pas à avoir tout ce débat sur son amendement, mais
probablement ça arrive qu'on dépose parfois des amendements pour adoucir, mais,
s'il vous plaît, cher collègue, soyons sérieux, sérieux, sérieux, s'il vous
plaît. Un comité indépendant, pas dévoilé par Québec solidaire, et Québec
solidaire, maintenant, sur la place publique, chers Québécoises et Québécois,
est à l'aise avec l'augmentation de 20 000 $ d'un seul coup.
Voilà. C'est ça, le constat, cher
collègue. Je vous dis, c'était toujours agréable, échanger avec vous. Mais
dorénavant, s'il vous plaît, là, sérieux, soyons sérieux dans ce travail. C'est
la fonction de député qui est en jeu. Je partage les commentaires de ma
collègue de Jean-Talon. Tout ce qu'on dit dans cette commission, tout ce qu'on
s'échange...
Une voix : ...
• (15 h 40) •
M. Derraji : On s'est échangé
en mode «off». Oui. On a le droit, probablement, d'avoir... d'avoir des échanges.
Mais je vous le dis, là, sérieusement, là, Québec solidaire, là, sérieusement,
là, je m'attendais à beaucoup plus de rigueur. Désolé, mais cet amendement
vient annuler tout votre... est-ce qu'on peut dire «déchirage»? Ça se dit «déchirage»?
Non, ça ne se dit pas en français, ça. Hein? Hein?
Des voix : ...
M. Derraji : Non,
déchiqueter, c'est autre chose. Non, mais vous savez...
Une voix : ...
M. Derraji : Déchirer la
chemise, que vous avez fait, sur la place publique depuis plusieurs semaines.
M. Leduc : ...
M. Derraji : Moi, ce n'est
pas... Tu en as beaucoup. Moi, je n'en ai pas beaucoup. Mais sérieux, là,
déchirer sa chemise pendant plusieurs semaines que ça n'a aucun bon sens et
venir aujourd'hui nous faire la leçon que vous êtes pour l'augmentation de
21 000 $, cher collègue, en tout respect, en tout respect, un peu de
rigueur.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Bon. Par où
commencer? Je ne sais pas si je recevrai des motions de blâme au conseil
national du mois de juin. J'ai plus l'impression que je recevrai des
félicitations. On verra bien comment les membres auront apprécié mon travail
sur ce dossier-là.
Moi, ce que... ce qui m'étonne, c'est deux
choses, cher collègue. La première, c'est que vous venez de passer... je
pourrais faire le calcul peut-être exact, là, mais probablement entre cinq et
10 fois plus de temps à débattre de mon amendement que vous en avez pris
au salon bleu pour exposer votre vision et pourquoi vous soutenez ce projet de
loi là. On en sait infiniment plus maintenant sur votre position sur
l'amendement n° 4 ou n° 5 de Québec solidaire que sur la
substantifique moelle du projet de loi n° 24. J'ai mentionné tantôt que
vous aviez, vous, pris le temps d'aller prendre la parole au salon <bleu...
M. Leduc :
...sur
l'amendement n° 4 ou n° 5 de Québec solidaire que sur la
substantifique moelle du projet de loi n° 24. J'ai mentionné tantôt que vous
aviez, vous, pris le temps d'aller prendre la parole au salon >bleu. Je
me dois de souligner que ça n'a pas été une prise de parole particulièrement
longue et détaillée. Donc, tant mieux si ça vous anime, mon amendement, puis
que vous avez pris beaucoup de temps pour en parler, moi, je n'ai aucun
problème avec ça. Mais j'aurais apprécié, en fait, que vous preniez au moins
autant de temps pour nous parler de votre vision du projet de loi puis pourquoi
vous le soutenez lors du dépôt et du vote sur la prise... le principe.
L'autre élément, cher collègue, qui me...
dont je ne m'explique pas la teneur, c'est qu'il y a à peu près maintenant 20 minutes,
une demi-heure, on débattait de la première version à 111 000 $, vous
n'avez pas dit un seul mot. Donc, à 10 000 $, pas un seul mot puis
là, à 20 000 $, on en est à débattre depuis une demi-heure sur le 20 000 $.
Ça fait que c'est quoi, l'affaire, là? C'est-tu le 10 000 $ de plus,
entre le 10 000 $ puis 20 000 $, qui... là, c'est la goutte
de trop, là? Si, à 10 000 $, ça aurait été correct, 20 000 $,
là, c'est... c'est scandaleux, puis la logique de Québec solidaire saute? C'est
correct.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Nelligan. Il
vous reste une petite minute et 25 s.
M. Leduc : Bien oui.
M. Derraji : Oui. Bien, je
pense que, comme vous, j'ai d'autres préoccupations, j'ai une planification de
l'immigration qui a été déposée, je dois aussi intervenir comme vous le faites.
Et je ne peux pas dire et vous dire aussi que vous êtes absent dans d'autres
commissions parlementaires. Je pense qu'on a le droit avec le peu de nombres
qu'on a.
Ceci étant dit, je reviens à votre
amendement, parce que vous essayez de s'éloigner de l'amendement et des
arguments. Encore une fois, je vous donne une autre chance. Il n'y a pas de
comité indépendant qui vous a proposé 121 000 $. Vous n'arrivez pas à
les nommer, vous n'arrivez pas à nous démontrer comment vous êtes arrivé à
121 000 $, et la conclusion : Québec solidaire demande
l'augmentation. En fait, on joue avec les chiffres, on lance 20 000 $
dans l'air... dans les airs, et vous souhaitez que je vote pour. En fait, vous
me demandez à voter pour sur quelque chose qui est brouillon. Je n'ai pas de
comité indépendant et je n'ai pas de méthode de calcul, et vous voulez que je
vote pour. Tu sais, j'ai cru que c'est le gouvernement qui était brouillon,
mais là, maintenant, c'est Québec solidaire aussi. Il l'est avec cette
proposition.
M. Leduc : ...
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve. Il vous reste 5 min 55 s pour
l'amendement.
M. Leduc : Parfait. Bien,
c'est drôle, parce que je constate que ma proposition à 10 000 $
n'était pas brouillonne parce qu'il n'y avait eu aucune intervention de mon
collègue de Nelligan, mais que, celle à 20 000 $, elle, elle est
brouillonne. Ça fait qu'encore une fois je constate que c'est la différence de
10 000 $ qui...
M. Derraji : Je peux vous
dire que, si j'étais là, je vais intervenir. Je n'étais pas là.
M. Leduc : Ah! d'accord.
M. Derraji : Vous voulez que
je mentionne mon absence, je vais mentionner mon absence, j'étais en conférence
de presse.
M. Leduc : Pas de souci.
M. Derraji : Oui, oui, mais,
écoutez, vous aussi, vous êtes occupé, parfois.
Le Président (M.
Bachand) :Merci... Merci... Merci.
M. Leduc : Bien honnêtement,
M. le député, j'étais concentré avec le ministre, dans la première partie de
l'échange, donc je n'ai pas noté si vous avez été là du début à la fin.
Le Président (M.
Bachand) :Alors, allez-y, M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Bien, en fait, si
je... si on en a terminé de l'échange avec mon collègue de Nelligan, je me
revire vers le ministre, parce que ça souriait beaucoup tantôt dans les
échanges animés. Puis c'est bien correct. Et on me posait la question
hypothétique, là, que se passerait-il si l'amendement était adopté, bien,
j'aimerais poser la question au ministre : Va-t-il adopter cet
amendement-là?
M. Jolin-Barrette : On peut
voter, M. le Président. On est prêts à voter.
M. Leduc : Ce n'est pas ce que
je propose. Je lui demande d'annoncer ses intentions.
M. Jolin-Barrette : Moi,
c'est ce que je propose. On est prêts à voter. Je vous demande l'appel au vote.
M. Derraji : ...
M. Leduc : Bien, écoutez,
moi, j'ai... s'il ne veut pas m'expliquer un peu sa démarche, il n'y a pas de problème.
Moi, je peux vous réexpliquer la mienne, par exemple.
Une voix : ...
M. Leduc : Je n'ai jamais
accepté le vote. Vous pouvez bien me mettre des mots dans la bouche. Ce n'est
pas ce que j'ai dit.
Le Président (M.
Bachand) :Allez-y, M. le député.
M. Leduc : La logique qui
m'anime, M. le Président, là, puis je l'ai répété trois fois pour le monsieur...
pour «le monsieur»... pour le collègue de Nelligan, pardon...
M. Derraji : ...
M. Leduc : Non, non, mais...
Bref. Je vais la répéter encore pour que ce soit parfaitement clair pour tout
le monde. S'il y a quelqu'un qui a un doute, parce que c'est vrai qu'il se dit
bien des choses sur ce sujet-là, que ce soit parfaitement clair que, pour
Québec solidaire, nous souhaitons quoi, nous souhaitons le retrait du projet de
loi, ne voulons pas que le projet de loi aille de l'avant. Et je suis
profondément convaincu que c'est la volonté de la majorité des Québécois et
Québécoises qui suivent le débat actuellement, qu'ils sont en désaccord avec ce
que le gouvernement s'apprête à faire — en toute amitié avec le Parti
libéral par ailleurs — cette façon-là de procéder. Puis on ne l'a pas
encore beaucoup abordé, puis ça me permet d'y aller de front : Que les
élus se votent eux-mêmes leur propre salaire, est-ce que c'est quelque chose
avec laquelle le gouvernement est à l'aise? Est-ce que le ministre est à l'aide
de voter son propre salaire?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, M.
le Président, je pense, j'ai fait la démonstration, tantôt, que Québec
solidaire est extrêmement à l'aise de le faire. Parce que, lors de la 42e et la
43e législature, ils ont décidé de voter sur leur <propre...
M. Jolin-Barrette :
...démonstration,
tantôt, que Québec solidaire est extrêmement à l'aise de le faire. Parce que, lors
de la 42e et la 43e législature, ils ont décidé de voter sur leur >propre...
En fait, même, vous étiez conjoint avec moi sur le projet de loi dans lequel
vous vous attribuiez des fonctions supplémentaires puis du salaire
supplémentaire. Donc, c'est un peu particulier, le type de question. Mais, en
réponse au député de Nelligan, peut-être que c'est le politburo qui décide
c'est quoi, le comité indépendant, puis qu'ils se sont... par le biais du vrai
chef de Québec solidaire ou... Mais il y a une chose que je veux mentionner
quand même, Mme la Présidente, parce que j'ai vu l'intervention sentie du député
Nelligan, et à juste titre, effectivement, le député de Nelligan a raison,
Québec solidaire est en accord avec une hausse de 20 000 $. Et je
crois concevoir que la future cocheffe de Québec solidaire, qui est ici pour
appuyer son collègue également, est d'accord avec le 20 000 $
supplémentaire qui est proposé par le député d'Hochelaga-Maisonneuve avec son
soutien physique en appui au député d'Hochelaga-Maisonneuve.
Donc, sachez, pour tout le monde, que la
députée de Mercier, qui veut devenir cocheffe de Québec solidaire, appuie cette
proposition-là, de hausser le salaire des élus de 20 000 $, basé sur
absolument rien, sans aucun rapport indépendant. Alors que nous, on fait une
démarche sérieuse avec des gens qui sont crédibles, avec un rapport d'un comité
indépendant, donc, qui vise à valoriser la fonction de député, le rapport Côté,
également, bien, Québec solidaire, comme à son habitude, prend un lapin de son
chapeau puis propose d'augmenter le salaire des députés de 20 000 $.
Alors, le chef de Québec solidaire, on comprend qu'il est d'accord avec la
hausse de 20 000 $.
M. Leduc : ...
M. Jolin-Barrette : Non. Je
parlais du vrai chef.
M. Leduc : L'autre chef. Le
vrai chef. C'est qui, le chef?
M. Jolin-Barrette : Non mais
je ne parlais pas du vrai chef.
M. Leduc : C'est qui, le
chef?
M. Jolin-Barrette : Je
parlais du chef porte-parole. Je parlais du chef parlementaire. Vous savez,
c'est un peu mélangeant, chez vous.
M. Leduc : C'est vrai.
M. Jolin-Barrette : C'est un
peu mélangeant.
M. Leduc : C'est dur à
suivre. On peut vous envoyer un petit graphique.
M. Jolin-Barrette : Alors,
vous savez, parlons du député de Gouin. Alors, on comprend que le député de
Gouin, la prochaine fois qu'il va poser une question au salon bleu, bien, on va
lui répondre : Vous avez vous-même proposé une augmentation de
20 000 $.
Alors, nous, on est prêts à voter.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Québec... M. le
député d'Hochelaga-Maisonneuve. Il reste 3 min 55 s.
M. Leduc : On a interpelé ma
collègue de Mercier. Je voulais voir s'il y aurait de l'intérêt de la laisser
s'exprimer.
M. Jolin-Barrette : ...
M. Derraji : ...
M. Leduc : Si on peut laisser
la collègue de Mercier s'exprimer. On l'a interpelée directement.
Le Président (M.
Bachand) :Il n'y a pas de consentement.
Alors, M. le député.
M. Leduc : Bon, je ne peux...
je ne peux que souligner le caractère étonnant, là. On interpelle directement
ma collègue, on lui offre de parler, on refuse. Bon. C'est... C'est
particulier.
Maintenant, le ministre fait référence au politburo...
Une voix : ...
M. Leduc : Pardon?
Une voix : ...
M. Leduc : Oui, on peut lire
les tweets, pas de problème.
Le ministre fait référence au politburo.
Moi, ça me fait... ça me fait rigoler, quand même, parce que... parce que la
dernière personne qui nous a accusés de ça, sa carrière politique s'est
terminée de manière un peu abrupte.
Une voix : ...
• (15 h 50) •
M. Leduc : Bien, vous savez
très bien, c'est qui. C'est l'ancien chef du Parti québécois. Ça fait que, que
vous vous inspiriez de ses bonnes lignes m'inquiète pour votre avenir
politique, M. le ministre. Vous devriez vous éloigner des lignes du précédent
chef du Parti québécois, qui n'y a pas très bien... ça ne lui a pas très bien
servi, cette ligne-là. On se rappellera ça, notamment, au fameux débat des
chefs de 2018.
Je comprends l'exercice qui nous... qui anime
mes deux collègues aujourd'hui d'essayer d'utiliser l'amendement qu'on dépose
aujourd'hui pour faire du judo, j'imagine, essayer de faire comprendre aux gens
que là, on est confus puis qu'on est rendus pour 20 000 $, puis parce
que... Ça me fait très rigoler, parce qu'il y a exactement 30 minutes
alors qu'on proposait 10 000 $, personne n'a utilisé cet argument-là.
Personne n'a utilisé cet argument. À 10 000 $, personne ne disait que
Québec solidaire avait changé son fusil d'épaule.
M. Derraji :...
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Nelligan! S'il
vous plaît! M. le député de Nelligan. Allez-y.
M. Leduc : Ça fait que là,
moi, la question que je me pose, M. le Président, c'est qu'elle est où, la
jauge, là? Est-ce que... Si j'avais proposé 12 000 $, 15 000 $,
17 000 $, c'est où est-ce que ça bascule, dans le renversement de
position de Québec solidaire? Parce que, visiblement à 10 000 $,
personne ne nous a accusés de ça. Là, à 20 000 $, oh boy, oh boy, on
a tous changé notre fusil d'épaule puis on est rendus radicalement pour une
hausse à 20 000 $. Ça fait que c'est-tu à 115 000 $, c'est-tu
à 115 000 $ que là, on a changé de couleur sur le... Voyons, M. le
Président. Voyons donc. Personne n'embarque.
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :S'il vous plaît! S'il vous
plaît! S'il vous plaît! M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, allez-y, là.
M. Leduc : Alors, bien,
voilà...
Le Président (M. Bachand) :
...interventions? On est prêts...
M. Leduc : Non, non, bien, je
continue, M. le Président. Je fais juste constater à quel point on m'accuse
d'incongruité. Il y a une belle incongruité dans l'accusation d'incongruité,
alors qu'elle n'apparaît qu'au deuxième amendement, à 20 000 $ plutôt
qu'à 10 000 $. Ça me fait rigoler. C'est correct. Ça fait partie du
jeu. Moi, je suis convaincu que tout le monde comprendra que Québec solidaire
est un parti fidèle à ses <principes...
M. Leduc :
...C'est
correct. Ça fait partie du jeu. Moi, je suis convaincu que tout le monde
comprendra que Québec solidaire est un parti fidèle à ses >principes, un
parti qui réclame, depuis Amir Khadir, un comité décisionnel exécutoire, et
qu'il n'y a pas de souci là-dessus, et que ça ne change rien. Ça ne change
rien, M. le Président, on va... nous, on va continuer à défendre ce projet-là,
d'un comité indépendant exécutoire. C'est la seule chose qui nous permettrait
d'éviter des moments désagréables, comme celui qu'on vit depuis quelques
semaines, où la population est en colère, les gens ne comprennent pas pourquoi
on fait ça, pourquoi, je dirais, vous faites ça. Les gens ne... décrochent de
la politique quand ils constatent des élus... que des élus s'octroient des
augmentations de salaire de ce genre.
Pour être franc, M. le Président, moi, je
suis déçu de la situation, franchement déçu. Parce qu'on était à ça d'y arriver.
Hein? On se rappellera, tout le monde ensemble, en 2019, lors du précédent
épisode, quand l'Agence du revenu du Canada avait commencé à imposer, c'est les
allocations, si je ne me trompe pas, et qu'on avait eu un projet de loi très
rapide, aussi rapide que celui-là d'ailleurs, pour corriger la situation, où,
là, on avait eu un jeu, là, d'échanges, puis que l'espèce de compromis sur
lequel on était atterris, c'était : On va voter une motion au salon bleu,
là, qui va parler d'un comité indépendant exécutoire pour la suite. Ça a été
long, ça a été laborieux, puis, malheureusement, la CAQ n'a pas été fidèle à
ses engagements à ce niveau-là.
M. Jolin-Barrette : ...ça. Je
pense qu'on doit être prudents.
Le Président (M.
Bachand) :Alors, on fait attention au
choix des mots, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve. Il reste quelques
secondes.
M. Leduc : Le choix... Les
choix des mots, à savoir?
Le Président (M.
Bachand) :Alors, le temps vient... on me
dit que le temps est écoulé. Donc, est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'amendement?
M. Jolin-Barrette : Non, un
vote par appel nominal, s'il vous plaît, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :...vote par appel nominal, Mme
la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pardon?
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Monsieur...
M. Leduc : Bien, pour, bien
sûr.
La Secrétaire : M. Jolin-Barrette
(Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Contre.
La Secrétaire : M. Lefebvre
(Arthabaska)?
M. Lefebvre : Contre.
La Secrétaire : M. Jacques
(Mégantic)?
M. Jacques : Contre.
La Secrétaire
:
Mme Haytayan (Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Contre.
La Secrétaire : Mme Boutin
(Jean-Talon)?
Mme Boutin : Contre.
La Secrétaire : M. Asselin
(Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin : Contre.
La Secrétaire : M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire : M. Derraji
(Nelligan)?
M. Derraji : Contre.
La Secrétaire : Mme Nichols
(Vaudreuil)?
Mme Nichols : Contre.
La Secrétaire : M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) :Abstention. Donc, l'amendement
est rejeté. Et on revient à l'étude de l'article 1. Interventions? Est-ce
qu'il y a d'autres interventions?
M. Leduc : Oui, M. le
Président. Je réitère une question, encore une fois, là...
Une voix : ...
Le Président (M.
Bachand) : Allez-y...
M. Leduc : À 151, vous votez
pour? Plus haut que le... Elle est bonne. Elle est bonne.
Je réitère la question au ministre, que
j'ai posée tantôt, à savoir s'il est ouvert à adopter des amendements
aujourd'hui? Parce que là, ça fait quatre, cinq... quatre qu'on dépose. Je
souligne, au passage, que j'apprécie qu'il réponde à mes questions. Maintenant,
on a arrêté le décompte, je le souligne. Je lui lance une fleur, le pot vient,
donc : Est-ce que... Est-ce qu'on peut aspirer à adopter des amendements
ici aujourd'hui? Est-ce que c'est tel quel ou rien ou s'il y a de la
flexibilité de la part du ministre?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, ça me déçoit un peu, la question du député d'Hochelaga-Maisonneuve.
Il me connaît. Il sait que je suis flexible. Écoutez, là, il le sait.
Avouez-le, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, vous le savez que je le suis.
M. Leduc : Tout à fait.
M. Jolin-Barrette : Bon.
M. Leduc : Là, ma question,
c'est sur... dans le projet de loi actuel. Je ne dis pas que vous n'êtes jamais
flexible sur rien.
M. Jolin-Barrette : ...
M. Leduc : Sur le projet de
loi actuel?
M. Jolin-Barrette : Très
ouvert. Cependant...
M. Leduc : Parfait. M. le
Président, je vais prendre une courte suspension pour déposer un amendement.
M. Jolin-Barrette : Attendez,
attendez, attendez. Moi, j'ai... je n'ai pas fini, je voudrais poser une
question au député d'Hochelaga-Maisonneuve. Tout à l'heure, il a dit :
Écoutez, il faudrait avoir un rapport exécutoire. L'exécution d'une chose, d'un
fait, c'est de prendre quelque chose puis de le mettre en vigueur. O.K.?
Expliquez-moi : Le fait d'avoir un rapport d'un comité indépendant... Vous
êtes d'accord avec le fait d'avoir un rapport d'un comité indépendant?
M. Leduc : Je pensais qu'il y
avait un autre bout à la question. Répétez-moi ça.
M. Jolin-Barrette : Oui. Non
mais je veux juste valider le premier bout de ma question : Vous êtes
d'accord avec le fait que ça prend un rapport d'un comité indépendant?
M. Leduc : Et décisionnel.
M. Jolin-Barrette : Non, mais
répondez, premier volet : Rapport indépendant?
M. Leduc : Bien, la réponse,
c'est oui et décisionnel.
M. Jolin-Barrette : O.K. Par
la suite, vous êtes d'accord que, si on prend les recommandations d'un rapport
puis qu'on les met dans une loi, ça devient exécutoire?
M. Leduc : Non.
M. Jolin-Barrette : Pourquoi?
Expliquez-moi ça.
M. Leduc : Parce qu'on aura
voté dessus nous-mêmes. Ça me semble assez clair, ce n'est pas exécutoire du
tout, ça.
M. Jolin-Barrette : Bien oui.
C'est exécutoire. Vous, là...
M. Leduc : Mais vous venez de
dire, tantôt, que vous n'aviez pas repris l'entièreté des recommandations, vous
avez refusé la rétroactivité, ça fait que ce n'est pas exécutoire. Vous avez
fait un éditorial.
M. Jolin-Barrette : O.K. Je vais juste
poser une question au député <d'Hochelaga-Maisonneuve...
M. Jolin-Barrette :
...O.K.
Je vais juste poser une question au député >d'Hochelaga-Maisonneuve :
Si, dans le projet de loi, là, c'était rétroactif au 1er avril 2023, O.K.,
est-ce que le député de Maisonneuve voterait en faveur du projet de loi?
M. Leduc : M. le Président,
ça va me faire plaisir de répondre à sa question juste après avoir déposé mon
nouvel amendement, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Mais, M.
le Président, on a une conversation. Moi aussi j'ai le droit d'échanger. Puis
on est en train d'étudier l'article, j'aimerais avoir des réponses à mes
questions en lien avec les questions légitimes que je pose. Le député
d'Hochelaga-Maisonneuve, depuis ce matin, pose une série de questions au
ministre, dit : Le ministre ne répond pas. Quand je réponds puis par la
suite je veux l'entendre sur sa vision, il refuse de répondre. Non mais...
M. Leduc : Je viens de dire
que j'allais répondre avec plaisir à sa réponse... à sa question lorsque
j'aurais déposé mon amendement.
M. Jolin-Barrette : Non, mais
ce n'est pas sur l'amendement, M. le Président. C'est sur l'article 1.
Le Président (M.
Bachand) :Non mais, à ce moment-là, on
ferait... Donc, ce que vous nous dites, c'est qu'au retour, avant de déposer
l'amendement, vous allez répondre à ses questions. Est-ce que c'est ça que vous
dites?
M. Leduc : Je ne comprends
pas.
Le Président (M.
Bachand) :Est-ce que vous êtes en train
de me dire qu'au retour, lorsque votre amendement sera prêt, avant de le lire,
vous allez répondre au ministre? Est-ce que c'est ça?
M. Leduc : Au retour de quoi?
Le Président (M.
Bachand) :Parce que vous me demandez une
suspension pour déposer votre amendement.
M. Leduc : Oui.
Le Président (M.
Bachand) : Bon.
M. Leduc : Oui, au retour de
la pause, oui, bien sûr, ça... Oui. Oui.
Le Président (M.
Bachand) :Alors, avant de déposer votre
amendement, vous allez répondre au ministre? C'est ça que le ministre pose.
M. Leduc : Non, non, je
déposerais mon amendement en premier. Bien sûr.
Le Président (M.
Bachand) : Alors, O.K.
M. Jolin-Barrette : Ah! bien,
ça ne marche pas, M. le Président, parce que moi, je veux garder mon temps pour
discuter de son amendement.
M. Leduc : Pas de problème.
M. Jolin-Barrette : Là, je
suis sur l'article puis je veux discuter de l'article, puis je lui ai posé une
question sur l'article 1.
M. Leduc : Alors, que le
ministre le répète sa question, je la prends en note, et on y retourne dès que
l'amendement est fini.
M. Jolin-Barrette : Non. Je
veux que ce soit maintenant.
M. Leduc : Bon, alors on y
reviendra.
M. Jolin-Barrette : Écoutez,
vous avez déposé quatre amendements. Moi, je veux vous entendre sur le fond du
projet de loi.
Le Président (M.
Bachand) :Écoutez, là j'ai une demande...
j'ai une demande d'amendement, alors on va suspendre quelques instants. Quelques
instants. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 58)
16 h (version révisée)
(Reprise à 16 h 10)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît!
Merci. Juste un rappel d'un règlement : il est interdit de prendre des
photos ou de filmer durant une commission parlementaire. Alors, s'il vous plaît,
on a l'équipe technique qui s'occupe des images. Merci beaucoup. Alors, M. le
député de Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Voici notre amendement :
L'article 1 du projet de loi est modifié
par l'ajout du paragraphe suivant :
«Le Bureau de l'Assemblée nationale doit,
au plus tard le 1er juin 2025, déposer à l'Assemblée nationale un
bilan de la présente loi. Ce bilan doit faire l'objet d'une étude par la
commission compétente de l'Assemblée nationale d'une durée maximale de trois heures.»
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Je ne sais pas
s'il y a des commentaires? Oui.
M. Leduc : ...je sais que le
ministre a pris sa question en délibéré, mais je voudrais lui offrir de la
reposer s'il veut une réponse, là, avant que... que ça termine dans... dans 20 minutes.
M. Jolin-Barrette : ...
M. Leduc : Bien, je vous
offre la possibilité de me reposer la question, là, que vous vouliez me poser
tantôt, ou si vous voulez la garder en délibéré.
M. Jolin-Barrette : Vous êtes
un gentilhomme.
M. Leduc : J'essaie.
Le Président (M.
Bachand) :Juste pour la question, là, on
est sur... on est... on revient à l'article 1 ou si on est sur l'amendement?
M. Leduc : On est toujours
sur l'amendement, mais j'offrais la possibilité au ministre, s'il le désirait...
M. Jolin-Barrette : Et je
peux vous poser la question sur votre amendement. À partir du moment où vous
avez un rapport indépendant, puis qu'il est mis dans une loi et qu'il est... il
est... il est réalisé, en fait il devient effectif, il est donc exécutoire.
M. Leduc : C'est une bonne
question que vous posez, M. le ministre. Il y a deux aspects à ça. D'abord, c'est...
comme je le soulignais avant la suspension, vous ne l'avez pas pris 100 %,
du contenu, vous avez fait une digression par rapport à <l'application...
M. Leduc :
...suspension,
vous ne l'avez pas pris 100 %, du contenu, vous avez fait une digression
par rapport à >l'application. Vous avez fait un éditorial, vous avez
décidé de ne pas prendre... de modifier la virgule à... de quelques
centimètres. Donc, ce n'est pas vrai que c'est, textuellement, le contenu à
100 %. C'est, à la limite, correct de faire ça. On est des acteurs politiques,
on analyse, on soupèse. Et c'est d'ailleurs ça, le problème, c'est que là, on
soupèse nos propres conditions de travail. Alors, qu'on le reprenne
textuellement ou pas... D'abord, ce n'est pas tout à fait textuellement, comme
je l'ai démontré, puis ensuite, c'est le principe même de voter nos conditions
de travail qui pose problème. Ça nous met en conflit d'intérêts patent.
Il n'y a pas grand monde qui font ça au
Québec, voter ses propres conditions de travail. Votre propre collègue ministre
de l'Économie nous expliquait comment, dans le milieu des C.A., notamment,
c'est des gens qui sont complètement externes qui décrètent des choses. Ça se
fait dans d'autres législatures. Il faudrait que, dans la loi, nous donnions le
pouvoir, à un comité, d'appliquer ces modifications-là. Pas juste un droit de
regard, pas juste une suggestion, mais qu'ils aient le pouvoir de le faire. Ça
se fait, ça se fait très bien. C'est une délégation de pouvoir, en fait.
M. Jolin-Barrette : O.K. Je...
je repose ma question, mais d'une façon différente. Là, vous faites une... une
référence au fait que la loi entre en vigueur à la date de la sanction. Dans
l'éventualité où la loi ferait en sorte que l'application est rétroactive au
1er avril 2023, donc la totalité des recommandations du rapport,
est-ce que vous êtes d'accord avec moi que ça devient un rapport indépendant
qui est exécutoire?
M. Leduc : Bien, c'est... là,
on ne s'entend pas sur ce que ça veut dire, exécutoire. Vous, vous dites que
l'exécution, ce serait un copier-coller du contenu. Vous, c'est votre
définition, ce que je comprends, que l'exécution, c'est : on prend
100 % du contenu, on le met dans une loi, et voilà, on a exécuté. Ça se
défend, ça se défend, comme hypothèse, je... je le reconnais.
M. Jolin-Barrette : Mais, sur...
sur le fondement de cela, vous êtes d'accord avec moi que, si vous prenez un
rapport indépendant, puis que ça devient la loi, O.K., c'est exécutoire? Les
conclusions du rapport qui sont mises dans une loi, qui reprend les
recommandations du rapport, ça devient exécutoire?
M. Leduc : Justement, non, je
ne suis pas d'accord, parce que...
M. Jolin-Barrette : Pourquoi?
M. Leduc : Parce que le
principe de voter soi-même ses propres conditions de travail, ça ne devrait
jamais arriver pour des élus, et qu'on le reprenne à 100 %, le contenu...
M. Jolin-Barrette : Non, non,
mais...
M. Leduc : ...on finit quand
même par voter nos conditions de travail.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, je demande une pause au député de Hochelaga-Maisonneuve dans son
raisonnement intellectuel. Là, vous me dites : On ne devrait jamais voter
sur nos conditions de travail. Là, vous amenez un autre sujet. Moi, je vous
demande juste, sur le fondement : Est-ce que vous êtes d'accord que, quand
vous avez des recommandations, dans un rapport indépendant, puis qu'elles sont
mises en vigueur par une loi puis c'est ça qui s'applique, c'est ça,
exécutoire? Parlez-moi pas de : on vote dessus. Je vous parle juste du
caractère exécutoire.
M. Leduc : Bien, c'est ça,
là, je vous confirme qu'on n'est pas d'accord sur ce que ça veut dire,
exécutoire. On n'a... on n'a pas placé la virgule à la même place. Je comprends
où vous, vous la placez, vous vous concentrez sur le contenu. Puis ce je vous
dis, c'est que ça se défend, comme hypothèse. Ce n'est pas tombé des nues, ce
que vous me dites. Vous, vous dites : Moi, ce qui m'intéresse, c'est le
contenu, et que, si je reprends 100 % du contenu, et que je le mets dans
une loi, dans le véhicule de la loi, moi, je considère... je parle... je me
mets à votre place... je dis : Moi, je le considère être exécutoire. Moi,
je vous dis : Vous y êtes presque, vous avez fait la moitié... le 4/5 du
chemin, puis il vous reste le dernier cinquième du chemin à faire. Puis le
dernier cinquième du chemin à faire, c'est de déléguer ce pouvoir-là à une
autre personne, pour vous placer complètement en dehors de conflits d'intérêts
ou de perceptions de conflit d'intérêts.
M. Jolin-Barrette : Expliquez-moi
quelle est la différence entre le fait que le rapport, par une loi antérieure,
O.K., aurait prévu que ce rapport-là était exécutoire, et la situation
d'aujourd'hui. Quelle est la différence, au bout de la ligne? Ce sont les
conclusions du rapport qui deviennent exécutoires. Expliquez-moi ça, c'est quoi
la différence?
M. Leduc : Notamment, c'est
la perception.
M. Jolin-Barrette : Non, non,
mais je ne vous demande pas de...
M. Leduc : Bien, je vous
l'explique.
M. Jolin-Barrette : Non,
attendez, je ne vous demande pas des... des analyses perceptuelles. Parce que,
dans la vie, là, il y a la... la perception, mais est-ce qu'on fait des
choses... est-ce que vos décisions sont basées sur la perception des choses?
Est-ce que vous vous empêchez de prendre les décisions que vous devez prendre,
basé uniquement sur la perception? Est-ce que c'est la teneur de votre
engagement politique? Est-ce que vous dites : Ça va être mal perçu, ça
fait que je ne le ferai pas? La bonne décision à prendre est la suivante :
j'aurai le courage de prendre cette décision-là. Je ne parle pas de la question
du salaire des députés, je parle en général, là, philosophiquement, là.
Vous, là, je pense que vous avez des
convictions, hein? Pour vous présenter pour Québec solidaire, vous devez avoir
des convictions.
M. Leduc : Il y a quelques
prérequis, oui.
M. Jolin-Barrette : Oui,
c'est ça. Bien, j'imagine que le député de Hochelaga-Maisonneuve ne tient pas
sa conduite de député en fonction des perceptions?
M. Leduc : Vous avez raison.
Dans les mois qui ont suivi notre élection en 2018, en tout cas, dans mon
élection en 2018, on a eu des formations, notamment, de la Commissaire
à l'éthique. Puis, si je ne me trompe pas, il y a même des formations <récurrentes...
M. Leduc :
...en
2018, on a eu des formations, notamment, de la
Commissaire
à l'éthique. Puis, si je ne me trompe pas, il y a même des formations >récurrentes,
là. C'est vrai, on en a eu une il n'y a pas très longtemps d'ailleurs, une
espèce de mise à niveau, je pense. Qu'est-ce que nous disent ces formations-là,
puis à peu près toutes les formations qui sont données dans le domaine de... de
l'éthique, c'est que la perception de conflits d'intérêts est presque aussi
grave que le conflit d'intérêts, hein? Ça, c'est quelque chose qu'on entend
fréquemment. Vous l'avez certainement entendu ici ou dans d'autres domaines de...
de nature publique. Alors, oui, je me préoccupe de la perception de conflit
d'intérêts dans mon travail, c'est certain, parce qu'il en relève de la
confiance du public envers notre probité, envers notre capacité d'être
crédibles, aux yeux du public, dans notre fonction.
Alors, si vous me dites que vous, vous ne
voyez pas tellement de différence, puis... parce que... parce que vous
copiez-collez le contenu dans un projet de loi, parce qu'au final c'est la même
chose, comme conclusion, moi, je dis que c'est un argument qui se tient, là.
Depuis tantôt, je vous dis que ce n'est pas fou du tout, ce que vous dites.
Mais ça ne règle pas la perception du conflit d'intérêts, qui est basé à
100 % sur le fait que nous allons nous lever en Chambre pour voter sur nos
conditions de travail. Et c'est ce principe-là duquel il faut déroger, duquel
la juge L'Heureux-Dubé nous dit de déroger, que plusieurs autres rapports nous
recommandent de déroger, et qu'on vous supplie de déroger pour le futur.
M. Jolin-Barrette : Alors, à
ce moment-là, j'aimerais ça que vous m'expliquiez comment vous vous réconciliez
avec le fait que vous avez coparrainé le projet de loi mettant en vigueur la
43e législature, avec moi et avec le député de Nelligan, à l'effet que
vous vous accordiez des... un traitement supplémentaire, vous vous attribuiez
des avantages supplémentaires. Là, vous n'avez pas eu de malaise à faire ça.
M. Leduc : Je... je ne suis
pas certain de comprendre la... le fondement de votre comparaison, parce que,
dans l'entente parlementaire qu'on a négociée ensemble, M. le ministre, moi, ce
que je suis allé négocier c'est des... des fonctions d'officier de caucus et
deux vice-présidences de commission, parce que nous avions le désir de
participer à l'organisation des travaux ici, à l'Assemblée nationale, et nous
voulions, parce que nous aspirons à prendre le pouvoir, parce que nous aspirons,
éventuellement, aussi à l'opposition officielle, prendre de l'expérience dans
la gestion de cette belle bâtisse qu'est l'Assemblée nationale. Alors,
évidemment qu'on cherche à aller obtenir des... des fonctions d'officier, avec
tout le bagage de financements que ça vient, pour les équipes de... de cabinet
qu'on est capables de créer alentour de ces fonctions-là. Alors, évidemment que
c'était mon objectif, que c'était mon mandat. N'importe qui d'autre, à ma place,
aurait fait la même chose, et d'ailleurs tous les partis, incluant le vôtre,
ont fait la même chose.
Alors, moi, je... je ne vois pas le lien
entre le fait d'aller négocier et obtenir des fonctions qui devraient,
d'ailleurs — on en reparlera dans la réforme parlementaire — être
automatiquement accordées en fonction d'un certain nombre de députés, et non
négociées, à chaque fois, à la pièce, mais ça, c'est un autre débat... Moi, je
vois une différence fondamentale entre aller chercher des fonctions d'officier,
qui sont déjà prédéterminées en matière de... de bonification, là... tu sais,
comme je disais tantôt, ça va de 15 % à 105 %... je vois une
différence fondamentale entre ça, qui est quelque chose de prédéterminé, qui
est connu pour tout le monde, qui est public, sur le site Internet de
l'Assemblée nationale, et l'exercice qui nous anime aujourd'hui, qui est de
prendre cette grille-là et de la bonifier de 30 000 $, à l'issue d'un
processus qui est contesté. Pour moi, je... je ne vois pas le parallèle entre
les deux.
Alors, évidemment qu'on a voté en faveur
de l'entente parlementaire, au mois de décembre, avec enthousiasme. Moi,
j'étais très fier du travail que j'avais fait, j'étais très fier des gains que
j'avais faits pour mon caucus. Je suis tout aussi fier, aujourd'hui, de ce que
j'ai fait à ce moment-là. Je n'ai pas du tout eu l'impression de voter mes
conditions de travail. Bien au contraire, je suis allé sécuriser des fonctions
pour mon caucus, puis voilà.
• (16 h 20) •
M. Jolin-Barrette : Avec
égard, M. le Président, c'est exactement la même chose. Quand ça vous
avantageait, vous n'aviez pas de malaise, vous-mêmes, à voter vos propres
conditions. Parce que la réalité, c'est que vous avez été chercher des
fonctions parlementaires auxquelles vous n'aviez pas droit. Quand vous me dites :
Ah! bien, non, non, mais je voulais sécuriser le groupe parlementaire, et tout
ça... Les règles étaient claires. Avant l'élection, les règles étaient claires
pour Québec solidaire : 12 députés et 20 % du vote. C'est clair, vous
le saviez avant de commencer l'élection. Mais vous avez voulu être reconnus
comme groupe parlementaire reconnu, avec des fonctions de chef, des fonctions
de whip, des fonctions de leader, avec des primes salariales. Puis vous les
avez voulues puis vous avez voté pour ça. Moi, je ne vois pas de différence
entre la démarche que vous avez effectuée et celle-là. Alors, expliquez-moi
quelle est la différence.
M. Leduc : ...vous ne la
voyez pas, la différence. Je vous ai expliqué ma vision là-dessus, ça vous
appartient de... d'y adhérer ou pas. Si vous nous aviez proposé, dans le cadre
de l'entente parlementaire, de bonifier nos salaires de 30 %, on n'aurait
pas eu d'entente parlementaire, c'est une évidence. À savoir, maintenant, si
les règles étaient connues d'avance, évidemment, les 20 % et
12 députés, des règles qu'il faut, d'ailleurs, impérativement, changer...
J'attends d'ailleurs des... des invitations de votre part pour renouveler le
dialogue alentour de la commission... de la réforme parlementaire. Ça va
bientôt faire six <mois...
M. Leduc :
...des invitations
de votre part pour renouveler le dialogue alentour de la commission... de la
réforme parlementaire. Ça va bientôt faire six >mois, un an, là, qu'on
siège ici puis on n'a toujours aucune nouvelle de... de votre cabinet à ce
sujet-là. J'espère qu'on sera capables de redémarrer, en tout cas, dans les
prochains mois, la discussion, parce que moi c'est un dossier qui... qui
m'intéresse et qui m'anime. Je... je crois qu'on est capables de faire une
réforme parlementaire, certainement, d'ici la fin de la présente législature.
Alors, voilà, je... je ne sais pas si ça
vous convainc. Visiblement, peut-être pas, mais je trouve ça important, moi, de...
de faire la distinction entre les deux. Si vous nous aviez dit à la négo :
Oui, puis, en passant, on rajoute, dans l'entente, une augmentation de
30 %, wo! ce n'était juste pas possible.
M. Jolin-Barrette : Ah! c'est
drôle, M. le Président, ah! ce n'est juste pas possible, mais, dans le cadre de
l'entente, il n'y avait pas de problème à ce que votre chef, le député de
Gouin, ait une augmentation de 35 %. Ça, il n'y a pas de problème. Le fait
qu'il soit chef, 35 % de plus, 35 000 $ de plus pour le chef de
Québec solidaire, ça, il n'y a pas de problème. Pour vous, comme leader,
25 % de plus de prime salariale, là, il n'y a pas de problème non plus.
Là, vous me dites : Écoutez, si ça avait été 30 000 $ de plus,
non. Mais vous les avez eus, manifestement. Écoutez, reconnaissance, le whip,
20 %. Là j'avoue, on reste dans votre amendement, avec le
20 000 $, donc vous êtes à l'aise avec le 20 000 $. Mais
expliquez-moi quelle est la différence. Pourquoi est-ce qu'il y a quelques mois
vous étiez pleinement à l'aise de vous octroyer des augmentations salariales de
ce montant-là? Vous vous n'étiez pas gêné, là, pas du tout, là, vous m'avez
même sollicité, vous m'avez même relancé pour avoir des augmentations.
M. Leduc : Des augmentations
supplémentaires à ce qui était prévu dans le règlement?
M. Jolin-Barrette : Pour
avoir les postes supplémentaires.
M. Leduc : Oui.
M. Jolin-Barrette : Bon, vous
n'aviez pas de malaise, là, à ce moment-là.
M. Leduc : Non, mais je ne
comprends pas le...
M. Jolin-Barrette : ...non,
non...
M. Leduc : ...en tout cas, je
suis vraiment surpris du parallèle que vous faites, parce qu'il y a quand même
quelque chose d'assez de base dans le droit du travail puis dans... dans le
milieu de l'emploi. C'est des fonctions et des postes qui sont clairement prédéterminés,
avec des conditions qui y sont rattachées. Puis il y a une autre affaire très
différente, qui s'appelle une augmentation d'échelle. Ce n'est pas la même
chose pantoute.
M. Jolin-Barrette : Non, non.
M. Leduc : Là, vous mélangez
des postes déjà créés puis une augmentation d'échelle. Moi, je vous dis :
Les postes sont déjà créés. Je voulais des fonctions d'officier pour mon caucus,
je les ai obtenues, je suis bien content, je suis fier puis je n'ai pas honte
pantoute. Puis, après ça, vous me dites : Oui, c'est la même chose que si
on se vote une augmentation d'échelle généralisée. Non, ce n'est pas la même
chose du tout.
M. Jolin-Barrette : Ce que je
veux illustrer, M. le Président, c'est que, quand ça sert les intérêts de
Québec solidaire, ils sont d'accord puis ils sont prêts à plier sur leurs
principes. Puis ça, les gens, ils n'aiment pas ça. La population, là...
Le Président (M. Bachand) :...M. le ministre, s'il vous plaît, faites attention.
M. Jolin-Barrette : Oui,
certainement, vous avez raison. Le député de Hochelaga-Maisonneuve nous a parlé
de cynisme dans la politique. À tous les jours, moi, quand je fais de la
politique, je vise à faire en sorte à donner confiance aux gens en la
politique, en le système de justice particulièrement. Mais ce que vous faites
présentement, c'est que vous alimentez le cynisme, parce que, d'un côté, de la
main gauche, vous dites : Ah! non, les fonctions parlementaires, là, je
vais aller les chercher, j'y ai droit, même si vous avez pertinemment... vous
savez pertinemment que vous n'y avez pas droit, parce que vous ne respectez pas
le règlement. Mais vous êtes prêt à faire un deal, à dire : Bien non, non,
ça, on y a droit, là, ça, on y a droit, puis mon chef a droit à
35 000 $ de plus, puis moi, j'ai droit à 25 000 $ de plus.
Ça, c'est correct, ça, c'est correct. C'est ça que vous ne dites pas au monde.
Puis vous avez voté vous-mêmes, à
l'Assemblée, sur vos conditions de travail antérieurement, vous l'avez fait à deux
reprises, à deux reprises, en 2018 et en 2022. Qu'est-ce que vous dites aux gens
sur ça? Là, vous dites : Ah! non, non, ça n'a rien à voir, c'est
complètement différent. C'est la même chose. Qu'est-ce que vous dites aux gens?
M. Leduc : Quand les... quand
les gens appliquent... obtiennent des postes, dans leur travail, qui viennent
avec des autres conditions de travail, c'est une chose bien normale. Après ça,
est-ce qu'il y a une augmentation de l'échelle pour tout le monde ou pas, c'est
une chose complètement différente. Je... je n'adhère pas au parallèle que fait
le ministre. Je comprends ce qu'il essaie de faire puis c'est bien correct.
Moi, j'ai négocié ça puis je suis bien content du résultat. Puis je pense que
la hausse généralisée, qui, d'ailleurs, sur le salaire de base, faut-il le
répéter, ne s'applique à aucun député de la partie gouvernementale... Je... je
ne vois pas du tout la... je n'adhère pas à sa lecture, là, pas du tout.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, tout le monde ici sait quelle était la règle : 12 députés et
20 % du vote. En 2018, en 2022, vous n'avez pas atteint ça, vous avez fait
des représentations pour ne pas respecter la règle. Vous l'avez fait, vous. Le
chef de Québec solidaire, actuel, le député de Gouin, l'a fait pour avoir
voiture de fonction, garde du corps, des augmentations salariales. Vous avez
voté vous-mêmes là-dessus, vous l'avez fait.
M. Leduc : ...d'essayer de
convaincre, là, mais...
M. Jolin-Barrette : Non, parce
que...
M. Leduc : ...personne,
personne ne s'est plaint de ça ni en 2018 ni en 2022, je n'ai reçu aucune
plainte de membre, de... je n'ai lu aucune chronique qui disait que QS pilait
sur ses principes puis s'octroyait des augmentations de salaire, nulle part.
M. Jolin-Barrette : Bien, c'est
le cas.
M. Leduc : Là, vous
apparaissez avec cet argument-là aujourd'hui, puis je comprends, c'est le
contexte, c'est bien <correct...
M. Leduc :
...Là,
vous apparaissez avec cet argument-là aujourd'hui, puis je comprends, c'est le
contexte, c'est bien >correct. Allez-y, je ne sais pas quoi vous
répondre de plus que... Essayez de créer quelque chose avec ça, il n'y a pas de
problème.
M. Jolin-Barrette : Bien, je
comprends, M. le Président, que le député de Hochelaga-Maisonneuve ne
s'attendait pas à recevoir cet argument-là et qu'il s'en retrouve déstabilisé.
Je vais essayer de le prévenir à l'avenir.
M. Leduc : Vous me trouvez
déstabilisé?
M. Jolin-Barrette : Un peu,
un peu, un peu.
M. Leduc : Ah! bon. O.K.
M. Jolin-Barrette : Mais
c'est sûr que le député de Nelligan est passé avant moi, puis il avait des
bonnes questions, donc...
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Leduc : ...
M. Jolin-Barrette : Ça va.
Alors, j'aimerais savoir du député de Hochelaga-Maisonneuve : À partir du
moment où vous avez une règle qui dit «vous n'y avez pas droit», O.K...
M. Leduc : ...
M. Jolin-Barrette : ...à ces
postes d'officier là, au budget supplémentaire, aux fonctions associées à la
sécurité, vous n'y avez pas droit, mais que, pour votre groupe parlementaire,
parce que ça va les avantager, vous avez requis ces éléments-là en
contravention à la loi et au règlement... C'est ça, là. Dans le fond, le
règlement, il dit ça, vous n'y avez pas droit, mais là vous... vous dites :
On les veut. Puis ça se traduit, notamment, par une amélioration de vos
conditions de travail. C'est le cas, là. Expliquez-moi comment vous pouvez
réconcilier ça avec votre position actuelle sur la reclassification d'un
rapport indépendant. Expliquez-moi ça.
M. Leduc : Bien là, je vous
l'ai expliqué en long et en large.
M. Jolin-Barrette : Non, mais
je ne comprends pas.
M. Leduc : Je peux... je peux
le réexpliquer quatre fois, je ne suis pas sûr que ça va vous convaincre plus
la quatrième fois que la troisième puis la deuxième.
M. Jolin-Barrette : Je ne
demande pas à être convaincu, je ne demande pas à être convaincu.
M. Leduc : Bien, ça, j'ai
bien compris que vous ne demandiez pas à être bien convaincu, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Je
demande à bien comprendre puis à m'expliquer votre raisonnement derrière ça.
M. Leduc : On peut refaire la
longue histoire de la négo de l'entente parlementaire, si ça vous tente. Moi,
j'ai eu du plaisir à le faire avec vous puis avec les collègues. Je suis fier
du résultat, je... On peut avoir une longue discussion d'une heure là-dessus si
ça vous tente. Puis vous essayez de créer un parallèle. Moi, je ne le vois pas,
je ne trouve pas que le parallèle se tient. Je vous laisse continuer là-dessus
si vous voulez, là, ça me fait plaisir.
M. Jolin-Barrette : Mais ce
n'est... ce n'est pas un parallèle. Est-ce que vous êtes conscients que vous
avez voté déjà sur vos propres conditions de travail à deux reprises?
M. Leduc : Si vous voulez,
là, continuer à faire semblant que QS, en 2018 puis en 2022, a joué dans un
genre de film où il s'octroyait des primes, puis tout ça, allez-y, faites-vous
plaisir, M. le ministre, il n'y en a pas, de problème. Nous assumons
complètement ce que nous avons fait en 2018, nous assumons complètement ce que
nous avons fait en 2022. Et vous savez quoi? Nous assumons complètement ce que
nous faisons en ce moment. Ce n'est pas la même chose, tout le monde comprend
que ce n'est pas la même chose.
L'augmentation de salaire que vous êtes à
même de vous octroyer, parce qu'on comprend que ça va aller de l'avant la
semaine prochaine, c'est dans un autre univers. C'est dans un univers où vous
avez décidé, d'abord, d'avoir des primes pour l'entièreté de vos
90 collègues du caucus — ça, vous n'êtes pas très loquace
là-dessus — puis ensuite, de dire... Là, je ne sais pas trop c'est
quoi, le deal, à l'interne, du caucus, là, parce que, visiblement, vous êtes
volontaire pour qu'on aille là-dedans puis qu'on défonce les portes puis on y
va, là. Il y a... c'est pressant, visiblement, d'y aller, là. Ça ne peut pas
attendre en octobre, ça ne peut pas attendre en septembre. On pourrait même se
revoir au mois d'août, hein, on a le droit de siéger à la mi-août ici. On a
siégé sur le 59 à la mi-août.
M. Jolin-Barrette : Je
pensais que... je pensais que vous étiez en vacances, vous.
M. Leduc : Très drôle. Alors,
vous pouvez bien dire ça, moi, ça ne me dérange pas. Je le sais que, sur le
fond, les Québécois et les Québécoises sont d'accord avec nous que ce n'est pas
un procédé logique, que ce n'est pas un procédé utile pour la société que les
élus s'octroient eux-mêmes des augmentations de salaire. On n'est pas dans cet
univers-là dans la société québécoise en ce moment. Je suis surpris que vous ne
l'ayez pas perçu. Vous vous vantez souvent d'être un... un gouvernement bien
centré sur les préoccupations des Québécois et des Québécoises. Je ne peux pas
croire que vous ne sentez pas la grogne, en ce moment, à ce sujet-là, je ne
peux pas croire que vous ne voyez pas la colère. Ça ne se bat pas dans les
autobus. Bien non, ça ne se battait pas dans les autobus pour le mode de
scrutin, et vous avez reculé pareil. Bien, vous pourriez reculer là-dessus
aussi, ce serait bien commode.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Merci beaucoup.
Alors, compte tenu de l'heure, la
commission ajourne ses travaux au mardi 30 mai, à 10 heures, où elle
va poursuivre son mandat. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 16 h 30)