(Quatorze heures)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! Bon
après-midi, tout le monde. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission des institutions ouverte.
La commission est réunie afin de poursuivre
l'étude détaillée du projet de loi n° 14, Loi modifiant diverses
dispositions relatives à la sécurité publique et édictant la Loi visant à aider
à retrouver des personnes disparues.
Avant de débuter, Mme la secrétaire, y a-t-il
des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Boivin Roy (Anjou—Louis-Riel) est remplacée par M. Lamothe
(Ungava); Mme Schmaltz (Vimont), par Mme Abou-Khalil... (Fabre),
pardon; M. Zanetti (Jean-Lesage), par M. Fontecilla (Laurier-Dorion).
Étude détaillée (suite)
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Petit rappel,
nous étudions le projet de loi n° 14 par sujets. Lors de l'ajournement de nos travaux, le jeudi 20 avril
dernier, nous avions amorcé l'étude du sujet 1 sur les disparitions
de personnes. De façon plus précise, nos discussions portaient sur l'article 7
de la loi visant à retrouver des personnes disparues, proposé par
l'article 117 du projet de loi. Donc, interventions sur l'article 7?
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui. Bien, dans le
fond, ce que je souhaite, c'est une explication, parce que c'est un court
article, mais un article que je ne comprends pas nécessairement le sens. La
façon que c'est écrit, on dit : «Les demandes présentées en vertu des
articles 3 et 6 le sont en la seule présence du membre du corps de police
qui en fait la demande et peuvent l'être à distance par un moyen
technologique». Qu'est-ce qui est fait à distance? Puis la présence du membre
du corps de police, c'est fait où et quand? C'est la mécanique, je pense, que
je ne comprends pas, la façon que c'est écrit. Puis est-ce que ça veut dire que
c'est le membre du corps de police qui peut... Il faut que ce soit lui qui est
là pour peser sur «send»? Est-ce que c'est ça que nous sommes en train de dire?
M. Bonnardel : Bien, le policier qui
va en faire la demande. Donc, c'est lui, la seule présence du membre du corps de police, et qui va être... et qui peuvent
le faire... peuvent l'être à distance, pardon, par un moyen technologique, donc
devant un iPad, ou devant un écran, ou devant...
Mme Maccarone : C'est ça, mais c'est
en visio, c'est en seule présence. C'est... Peut-être, c'est ça, la
terminologie que je trouve bizarre.
M. Bonnardel : ...en la seule
présence du membre. Donc, la seule présence, c'est nécessairement la seule
présence, c'est... ça veut dire lui-même, lui-même ou elle-même en personne,
là.
Mme Maccarone : O.K., ça fait que,
lui, il faut qu'il soit physiquement là, c'est ça que ça veut dire?
M. Bonnardel : C'est ça, c'est ça.
Mme Maccarone : O.K.
M. Bonnardel : ...ou à distance,
nécessaire, à distance, par un moyen technologique, là.
Mme Maccarone : Oui, mais c'est ça
que je ne comprends pas. On dit qu'il peut le faire par un moyen technologique, ça fait que, mettons, il peut être
de... à... chez lui, envoyer un courriel, mais en seule présence du corps.
M. Bonnardel : Les télémandats,
c'est plus en Zoom, là, mais c'est...
Mme Maccarone : En Zoom?
M. Bonnardel : Oui. Téléphone.
Mme Maccarone : O.K... le libellé
que je trouvais bizarre.
Le
Président (M. Bachand) : Autres
interventions à l'article 7? S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce
que l'article 7 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) : Adopté. Merci. M. le ministre,
s'il vous plaît.
M. Bonnardel : ...M. le Président,
on avait suspendu l'article 4, on avait un amendement qu'on avait... qu'on
allait étudier. Et je pense que, bien, les oppositions, Mme la députée avait
peut-être un amendement pour améliorer le projet de loi... pas le projet de
loi, mais l'article.
Mme Maccarone : Oui, donne-moi juste
un instant, je ne l'ai pas, l'amendement, devant mes yeux.
Des voix :
...
Le
Président (M. Bachand) : ...oui.
Mme
Maccarone : Oui, c'est : Article 117, article 4
de la Loi visant à aider à retrouver des personnes disparues :
Insérer, après le sous-paragraphe d du
paragraphe 2° de l'article 4 de la Loi visant à aider à retrouver des
personnes disparues, proposé par l'article 117 du projet de loi, le
sous-paragraphe suivant :
«e) des renseignements se trouvant sur des
médias sociaux;».
Et le commentaire se lit : Cet amendement
précise que les renseignements se trouvant sur des médias sociaux sont compris dans les communications électroniques
prévues au paragraphe 2° pouvant faire l'objet d'une ordonnance de
communication.
Le Président (M.
Bachand) : ...pour rouvrir
l'article 4 qui avait été amendé? Oui. Donc, interventions sur
l'amendement de la députée de Westmount—Saint-Louis? M. le ministre.
M. Bonnardel : Bien, entièrement
d'accord, c'est un ajout qui est important, quand même, pour bien définir ce
que peut être aussi les renseignements qu'on obtient sur la majorité de tous
les... toutes les plateformes, même pour ne pas appeler les médias sociaux, là.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci. Autres interventions
pour... Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, oui.
Mme Maccarone : Oui, évidemment, je
veux remercier l'équipe du ministre de nous avoir aidés à rédiger l'amendement.
Comme notre équipe est quand même petite, mais très forte, on apprécie quand
même la contribution. Parce que, c'est vrai, ça rejoint quand même les demandes
que nous avons entendues en ce qui concerne les réseaux sociaux, qui sont fort
importants en ce qui concerne la disparition des personnes qu'on souhaite
retracer rapidement.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Autres interventions sur
l'amendement de la députée de Westmount—Saint-Louis? S'il n'y a pas d'autre
intervention, est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Bachand) :
Adopté. Donc, on retourne à 4,
article 4 tel qu'amendé. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme
Maccarone : Oui. Quand nous avons entendu Mme Béchard,
elle, elle avait parlé beaucoup des moyens disponibles. Puis, en faisant la lecture de son mémoire, elle parlait
beaucoup des informations qui sont non disponibles ou la difficulté
d'avoir accès à des informations, surtout pour les policiers, quand on souhaite
retracer quelqu'un. Puis elle nous donne
l'exemple d'avoir accès, comme au dossier médical. Puis je vois, dans le
point n° 5, on parle «des renseignements de santé et
services sociaux, y compris ceux relatifs à l'enregistrement, à l'inscription,
à l'admission, au transfert», etc. Ça fait que je pense qu'on rejoint sa
demande de vouloir donner cet accès. Mais elle avait aussi parlé d'avoir accès,
comme, par exemple, si une personne est disparue dans une maison d'hébergement,
par exemple, ou en ce qui concerne le DPJ,
puis on sait que c'est très difficile. Puis, pour des bonnes raisons, nous
souhaitons protéger les renseignements personnels de toutes les
personnes, surtout quand on parle de la DPJ puis nos jeunes, mais est-ce qu'il
n'y a pas un moyen d'inclure ici, pour s'assurer que... Parce que les maisons
d'hébergement ne font pas partie. Ici, c'est
quand même un organisme communautaire, hein, ça fait que c'est différent. Ça
fait que comment pouvons-nous rejoindre ce besoin, comme si on parle d'un
fugueur, par exemple, puis on a vu que, dernièrement, il y en a beaucoup plus qu'avant, pour s'assurer que les policiers
vont pouvoir avoir accès à cette information aussi, qu'il y a une personne
qui est manquante?
Puis je vous donne l'explication que nous avons
eue, dernièrement, des policiers que nous avons contactés en ce qui concerne
cette difficulté. Ce n'est pas parce qu'il y a un manque de volonté, mais
souvent on a un manque d'effectifs, aussi au niveau de DPJ. Ça fait que, si
c'est le soir, si c'est la fin de semaine, puis on fait un appel, bien il n'y a personne pour
répondre au téléphone, ce qui met quand même des freins dans leur processus
quand ils souhaitent essayer de retracer la personne qui est disparue.
Alors, est-ce qu'il y a moyen de bonifier peut-être, que ce soit cet article, un 5.1° ou quelque chose comme ça, ou le
5°a, pour s'assurer que les informations seront disponibles, aussi, pour
nos corps policiers en ce qui concerne ces deux enjeux, par exemple?
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M. Bonnardel :
Pour répondre à votre question,
Mme la députée, on a modifié l'article, l'article 4, au paragraphe 5°,
justement, pour inclure «au sens de l'article 2 de la Loi sur les renseignements de santé et de services
sociaux et modifiant diverses
dispositions législatives». Donc, ça peut répondre... ça va répondre, par
exemple, à la DPJ. Et, s'il y avait autre problème ou... j'allais dire en anglais «miscommunication», mais une
information qui n'était pas adéquate, le point 11°, «tout autre renseignement qu'elle précise et que
le juge estime approprié», donc, on aurait la possibilité, avec ce point 11°, d'aller
chercher l'information additionnelle.
Mme
Maccarone : Mais ça, ça va comprendre comme une maison d'hébergement.
Ça, ça va comprendre tous les autres endroits. Ça fait qu'il n'y aura aucun
frein ou aucun endroit où ils vont pouvoir répondre pour dire : Non, c'est un dossier confidentiel, on ne peut pas
vous donner cette information. Ça fait qu'ils auront quand même la... puis
d'avoir accès à de l'information...
M.
Bonnardel : Exact.
Mme
Maccarone : ...dans un temps rapide, évidemment, parce que le sens
d'urgence est important.
M. Bonnardel :
Exact.
Le Président (M. Bachand) : Merci. Autres interventions sur l'article 4 tel qu'amendé? S'il n'y
a pas d'autre intervention, est-ce que l'article 4 tel qu'amendé
est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Bachand) : Adopté. M. le
ministre. Alors donc, on retournerait à l'article 8.
• (14 h 10) •
M.
Bonnardel : Alors, l'article 8 :
«Chapitre III
«Communication au
public
«8.
Le directeur d'un corps de police ou la personne qu'il désigne peut, s'il
estime que cela est nécessaire pour aider à retrouver la personne
disparue, communiquer au public notamment les renseignements suivants :
«1° le nom de la
personne disparue et, le cas échéant, de celle qui l'accompagne;
«2° l'âge et la
description physique de la personne disparue et, le cas échéant, de celle qui
l'accompagne;
«3°
une photo ou une autre représentation visuelle de la personne disparue et, le
cas échéant, de celle qui l'accompagne;
«4° l'état de la
personne disparue lorsqu'il représente un risque pour sa sécurité ou sa santé;
«5°
les renseignements relatifs à un moyen de transport ou à un mode de déplacement
de la personne disparue et, le cas échéant, de celle qui l'accompagne;
«6°
l'endroit où la personne disparue a été vue pour la dernière fois et les
circonstances entourant sa disparition.»
Commentaires :
L'article 8 de la loi permet au directeur d'un corps de police ou à la
personne qu'il désigne de communiquer certains renseignements au public
lorsqu'il estime que cela est nécessaire pour retrouver la personne disparue et
détermine les renseignements qui peuvent ainsi être communiqués.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme
Maccarone : En ce qui concerne la communication aux municipalités,
est-ce que ça, c'est quelque chose qui
serait différent de la façon que nous allons communiquer au public? Parce qu'on
a aussi entendu... Quand ils sont
venus témoigner en commission parlementaire, ils ont demandé d'avoir de
l'information pour les renseignements, par exemple, parce qu'ils
voulaient prêter main forte. Parce qu'ici on donne toutes les directives en ce
qui concerne «communications au public», mais comment qu'on communique aux
municipalités? Comment qu'on communique, par
exemple, aussi, aux... santé et services sociaux, nos hôpitaux, par exemple,
quand il y a quelqu'un qui est disparu? Est-ce que c'est les mêmes
informations ou est-ce qu'ils ont plus d'informations...
M.
Bonnardel :
C'est les mêmes informations qui sont communiquées au public, à moins, à moins
d'avoir des informations qui ne peuvent être rendues, mais ça, c'est à la
discrétion du corps de police, mais les informations que vous avez là, c'est les mêmes informations qui seront données à un
directeur général, à un maire, une mairesse, ou peu importe qui, là.
Mme Maccarone : Est-ce
qu'il y avait quand même... Je ne sais pas si c'est ici ou si c'est ailleurs
que nous devons l'aborder, mais, encore une fois... Parce que, là, on parle
beaucoup de Mme Béchard puis on parle beaucoup des organismes qui sont là pour
retracer les personnes puis porter la voix de ces familles, mais ils avaient
parlé beaucoup de la difficulté pour les familles d'avoir de l'information par
la suite. On comprend quand c'est un enjeu aujourd'hui,
mais peut-être, un an plus tard, des fois, ils font face à beaucoup de
difficultés à retracer de l'information. Ça fait que... Est-ce qu'il y
avait une considération qui a été faite en ce qui concerne la communication aux
familles? Nous avons pensé à un amendement pour ça. Je ne sais pas si c'est ici
que nous devons le faire ou si c'est dans une autre place, mais, quand on parle
de communications... Mais la façon que nous allons communiquer avec la famille,
est-ce que ça, ça a été pris en considération?
M. Bonnardel : Bien, vous
comprendrez que, si papa ou maman signale la disparition de leur enfant, toutes
les informations possibles qu'on peut communiquer
aux parents va être fait, va être fait. Il y a... Je pense que les corps
de police, qui, malheureusement, sont habitués à gérer... Comme je l'ai déjà
mentionné, là, il y a 13 000 disparitions au Québec par année. C'est
beaucoup trop, mais c'est ça. Alors, les policiers sont habitués à gérer ce
genre de cas et à comprendre comment expliquer, quelles sortes d'infos qu'elles
peuvent donner. Donc, si c'est de l'information, nécessairement, qui est donnée au public... Ce n'est pas toute, toute,
toute l'information, parce que la police va garder pour elle-même des
informations plus cruciales, mais je pense qu'avec les infos qui sont là c'est
nécessairement le minimum auquel on peut s'attendre pour être capable de donner
aux citoyens la possibilité de participer ou de donner un coup de main à
retrouver le... un enfant, ou autres.
Mme Maccarone : Parce que, des fois,
les enquêtes peuvent être très longues. Mettons, après un an, puis c'est le sens que j'avais compris de
Mme Béchard, c'est : mettons, après un an, on a de moins en moins
d'informations, après deux ans, on a de moins en moins d'informations,
puis ce qu'elle avait souhaité, c'est d'inclure, à quelque part dans la loi, un
amendement qui disait qu'on prend un engagement de s'assurer qu'on aura une
communication assez régulière, mettons, avec les familles. Je ne vous demande
pas de faire un engagement à chaque mois ou à chaque an, mais d'avoir quelque
chose, une notion de dire que les familles ne seront pas oubliées, même après
un bout de temps où on ne retrace pas la personne.
On avait pensé de préparer quelque chose. On a
une ébauche. C'est juste que je veux... Je suis prête à déposer un amendement,
mais je ne veux pas le faire puis perdre le temps de la commission si ce n'est
pas ici que nous devons le faire non plus. Mais je pense que ça va être
important d'avoir cette notion de l'humanité en ce qui concerne la disparition.
M. Bonnardel : Bien, c'est à votre
guise, Mme la députée, si vous souhaitez déposer un amendement, mais c'est plus
dans les pratiques policières. Je ne pense pas que, malheureusement, si on ne
retrouve pas un enfant au bout de trois mois, six mois, tu sais, que le dossier
est fermé puis qu'on n'en parle plus. À chaque information qui peut entrer de
la part de peu importe qui, le dossier sera toujours ouvert, et nécessairement
la famille sera informée. C'est sûr qu'après 10 ans, 12 ans,
15 ans de disparition... Je ne connais pas les pratiques de A à Z sur
chaque cas, qui est malheureux, on en connaît, là, qui ont été médiatisées,
mais, à quelque part, je reste convaincu que les enquêteurs ont toujours en
tête et informent s'il y a des informations additionnelles qui rentrent pour
peut-être rouvrir la cause. Donc, là-dessus, c'est plus dans la pratique
policière, là, que de dire, spécifiquement, aujourd'hui, dans une loi :
Bien, vous devez obligatoirement informer la famille après, je ne sais pas...
Mais je pense que, honnêtement, on pourrait
questionner des policiers, je pense qu'eux-mêmes le font à chaque fois qu'ils...
Ils le font, c'est certain, s'il y a des informations additionnelles qui
rentrent, mais, si vous souhaitez donner... amener un amendement additionnel,
bien, vous aurez la même réponse, nécessairement, que je vous donne là,
là.
Mme
Maccarone : Il y a une différence entre la communication qu'on
offre au public puis la communication qu'on offre aux familles. Alors,
c'est ça qu'on souhaitait aborder ici. Je ne m'en doute pas, de la bonne foi
des policiers, puis je comprends qu'ils ont une charge de travail qui est très
importante. Le but, comme j'ai dit, c'était d'au
moins l'inscrire dans la loi, noir et blanc, leur souhait qu'on ne va pas les
oublier, qu'ils font partie du processus, même après une période de temps, puis de s'assurer que, oui, on comprend
qu'il faut toujours continuer à communiquer avec eux. Mais vous avez
peut-être une réponse pour moi.
M. Bonnardel : Bien, juste... Bien
oui, ça peut peut-être vous aider. C'est dans le code de... dans le guide de
pratiques, pardon, des pratiques policières, ça dit, au point d.1 :
«Le corps de police établit déjà des lignes de communication régulières avec
les familles. Lors d'une disparition ou d'une fugue, la communication peut être
directe ou le corps de police peut être soutenu par un organisme avec lequel il
a convenu de l'information à fournir.» Donc, ça, c'est dans le guide de
pratiques.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : En effet, la
question se pose, M. le ministre, surtout lorsque les disparitions
s'éternisent, là, dans le temps, là. Je vois
qu'il y a quand même un... comment dire, une certaine forme de protocole, là,
de communication avec les familles,
là, mais ce que je... à la lecture, à vous entendre, c'est comme... ça se passe
beaucoup, là, pendant la première
période, là. On sait qu'il peut y avoir des cas de disparition, heureusement,
où des informations surgissent plus tard et beaucoup... et très longtemps après, là.
Évidemment, il y a toujours la préoccupation de ne pas donner des informations
qui peuvent compromettre une enquête, ça, c'est une dimension de la chose, mais
aussi d'informer les familles qu'il y a de nouvelles pistes ou, etc., là, qui
peuvent s'ouvrir, éventuellement, là, quelque temps après, là. Est-ce que ce
que vous nous avez lu, là, ça concerne précisément, là, la période critique,
là, les jours juste après la disparition de la personne, ou ça comprend aussi,
là, le long terme?
M. Bonnardel : Le long terme aussi.
Ça ne dicte pas, dans la pratique policière, seulement une période, exemple, de 0-3 mois ou de 0-6 mois.
C'est toute information additionnelle qui peut être reçue par le corps de
police, ou le policier, ou
l'enquêteur, bien, va nécessairement donner un outil additionnel... ou de
rouvrir l'enquête et de communiquer, nécessairement, à la famille des
informations additionnelles. Donc, il n'y a pas un laps de temps prescrit, là,
dans le guide de pratiques, là.
M. Fontecilla : Très bien, M. le
ministre. Je voudrais avoir des renseignements, là, sur l'alinéa 4°, donc, des
informations qui sont fournies au public, là, «l'état de la personne disparue
lorsqu'il [présente] un risque pour sa sécurité ou sa santé», là. Pourriez-vous
être plus précis, là? Qu'est-ce que vous entendez par «l'état»?
M. Bonnardel : Ça peut être une
personne dépressive, un cas de démence.
M.
Fontecilla : Donc, on pourrait entendre à la télévision, par
exemple, un policier qui dit : Bien, la personne est dépressive ou
présente des symptômes de démence...
M. Bonnardel : ...d'Alzheimer.
M. Fontecilla : O.K., parfait. Très
bien.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Westmount—Saint-Louis,
d'autres interventions?
Mme
Maccarone : Bien, dans le fond, j'ai l'intention de déposer un
amendement, mais par la suite, M. le Président, parce que je crois qu'il
faut adopter cet article avant que nous procédions.
Le
Président (M. Bachand) :
Donc, s'il n'y a pas d'autre
intervention à l'article 8, est-ce que l'article 8 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) : Adopté. Donc, Mme la députée de
Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Est-ce que ça a été
envoyé au Greffier?
Le
Président (M. Bachand) :
Oui, on va vous mettre ça... Donc,
on a reçu l'amendement pour créer un nouvel article.
• (14 h 20) •
Mme
Maccarone : Alors, article 117, article 8 de la Loi
visant à aider à retrouver des personnes disparues. Insérer, après
l'article 8 de la Loi visant à aider à retrouver des personnes disparues,
introduit par l'article 117 du projet de loi, l'article
suivant :
«8.1. Le
directeur de police ou la personne qu'il désigne doit communiquer sur une base
régulière avec les familles de la personne disparue le suivi de
l'enquête jusqu'à ce qu'elle a été retrouvée ou est décédée.
«Lorsque la disparition excède un an, le
directeur de police ou la personne qu'il désigne doit communiquer au moins une
fois par année avec les familles des personnes disparues.»
Encore une fois, M. le Président, on avait fait
la discussion, ça fait juste quelques minutes, je pense que c'est assez clair.
Le but de cet amendement, c'est de s'assurer que les familles, les proches des
personnes disparues se voient à l'intérieur
de cette loi. Je comprends que c'est écrit sur le d.1 dans le guide du... le
guide de pratiques, mais le but, c'est de s'assurer que ça fait partie
de la loi, qu'eux ils font partie des communications plus à long terme dans le
cas, très déchirant, où on ne retrace pas la personne après une longue période
de temps.
Le Président (M.
Bachand) : ...quelques instants. Et voilà.
Donc, on connaît le sens, et l'amendement va apparaître très bientôt. Et voilà.
Donc, interventions sur l'amendement de la députée de Westmount—Saint-Louis?
M. le ministre.
M. Bonnardel : Bien, j'ai déjà
répondu, M. le Président, là. La pratique policière indique bien de quelle
façon les corps de police travaillent pour partager l'information qu'ils ont
nécessairement au début de l'enquête, qu'ils pourraient recevoir, dans le
futur, suite à des informations additionnelles. Puis, dans la pratique
policière, je pense que c'est de bonne foi
que chaque enquêteur qui reçoit de l'information va partager l'information ou
questionner la famille sur des ajouts qui pourraient permettre de
retrouver la personne disparue. Donc, que ce soit dans un laps de trois mois, six mois, un an, deux ans, cinq ans,
10 ans, bien, c'est dans la pratique policière de ces... pour ces
policiers de communiquer avec la famille, les
membres de la famille pour leur indiquer, là, l'avancement ou non de l'enquête
suite à des informations additionnelles. Voilà.
Le Président (M. Bachand) : Merci. Autres interventions sur l'amendement? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone :
Oui. J'entends le ministre puis
je ne pense pas que c'est un amendement qui dénature la loi. Je ne pense
pas que c'est un amendement qui enlève quoi qu'il soit du guide de pratiques.
Dans le fond, ce que ça amène, c'est une obligation qui n'est pas
nécessairement le cas. Le guide de pratiques est très important, puis je
n'enlève rien. Puis, encore une fois, ce n'est pas une question de penser qu'il
n'y a personne de mauvaise foi, même que je pense que c'est le contraire, mais,
si on se base sur ce que nous avons entendu, les cris de coeur, puis c'est des demandes très humaines, c'est un article qui est
très humain, c'est un article qui ne va pas dénaturer la loi du tout. Le but, c'est que les familles ne sont pas oubliées ou
qu'ils ne se sentent pas oubliés, parce qu'actuellement c'est ce que nous
avons entendu, c'est ce qui est écrit dans les mémoires. Je pense même que ça
va leur rassurer de savoir qu'ils font toujours partie de ce processus.
Je ne souhaite pas
que c'est une loi qui... on ne rouvre pas encore dans un autre 20 ans,
puis qu'on a dit : On aurait dû, puis
qu'on ne l'aura pas fait. C'est quelque chose qui est facile à adopter. Ça ne
va... selon le ministre, ça ne va pas
changer le processus pour personne, mais, dans le fond, ça va juste l'entériner
dans la loi, hein, puis ce serait écrit noir et blanc pour que les familles se sentent rassurées. Parce
qu'encore une fois, si on lit les mémoires, si on entend les familles,
eux, ils ont dit que, malgré que c'est peut-être écrit dans le guide de
pratiques, ce n'est pas nécessairement leur
réalité. Alors, on espérait porter leurs voix ici, en commission, pour que tout
le monde comprenne que nous, ici aussi, à l'Assemblée, on comprend que
ça fait partie du processus puis que c'est un élément très important.
Le
Président (M. Bachand) : Interventions sur
l'amendement de la députée de Westmount—Saint-Louis? M. le député de Laurier-Dorion.
M.
Fontecilla : Oui. Vous n'êtes pas sans savoir, M. le ministre, depuis
quelque temps, là, et avec raison, là, l'attention qu'on porte au sort des
victimes, là, que ce soit dans le système judiciaire ou plus largement, là. Et,
dans ce sens-là, les familles des personnes disparues,
à mon avis, là, c'est aussi des victimes, là. Et je suppose que vous êtes
très facilement en mesure de comprendre le drame vécu par ces... par ces
familles-là. Tant et aussi longtemps qu'on ne
connaît pas le sort de la personne disparue, là, de l'être cher, c'est une
personne qui est absente, c'est une... Et même, et même malheureusement,
là, on peut concevoir que beaucoup de ces familles-là aimeraient savoir...
aimeraient au moins avoir la certitude du sort de la personne, même si elle est
décédée, parce qu'elles sont fixées en quelque sorte. Et il y a comme un...
pour beaucoup de ces familles-là, surtout pour les disparitions qui n'arrivent
pas à être réglées et qui s'éternisent dans le temps, là, il y a comme un
deuil, là, qui n'arrive pas à être complété, là, qui s'éternise, qui demeure en
permanence.
Et, dans ce sens-là,
et on peut le comprendre aisément, là, lorsqu'il n'y a pas... évidemment, les
services de... les corps de police ne sont pas en mesure de communiquer des
informations qu'ils ne possèdent pas et... Mais, de l'autre côté, du côté des
familles, là, ces familles-là peuvent sentir que les corps de police les ont
oubliées. Ce n'est pas nécessairement le
cas, là, c'est une impression subjective : absence de nouvelle, absence de
communication, donc la police a
oublié mon... a oublié le sort de la... de l'être cher qui est disparu, là. Et
cela s'ajoute au drame, là, vécu par ces familles-là.
Donc, dans un souci
de considérer le sort de ces familles-là qui vivent dans une attente insupportable
pendant de longues années, là... Et je crois qu'un appel par an, là, pour au
moins informer la famille que le cas est toujours actif, qu'il n'y a pas de
nouveaux développements, mais que la police est toujours à l'affût des
nouvelles pistes et que ce cas-là n'a pas
été oublié, tout simplement, là, peut grandement rassurer ces familles-là.
Donc, je vous invite à considérer la possibilité d'inclure une
obligation légale, là, pour que les corps de police communiquent régulièrement.
Bon, la députée de Westmount—Saint-Louis propose un an, ça peut être plus, ça peut être moins. C'est à vous de
donner votre opinion, là, mais qu'il y ait une communication, là, pour indiquer
à ces familles-là, au moins, que le cas est toujours actif, là, entre
guillemets, là.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Autres interventions? S'il n'y a pas d'autre d'intervention, est-ce que
l'amendement est adopté?
Mme
Maccarone : ...par appel nominal, s'il vous plaît.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Mme la
secrétaire, s'il vous plaît.
La
Secrétaire : Pour, contre, abstention. Mme Maccarone... Westmount—Saint-Louis,
pardon?
Mme
Maccarone : Pour.
La Secrétaire :
M. Bonnardel (Granby)?
M.
Bonnardel : Contre.
La Secrétaire :
M. Lamothe (Ungava)?
M. Lamothe : Contre.
La Secrétaire : Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Contre.
La Secrétaire : M. Asselin
(Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin : Contre.
La Secrétaire : Mme Bourassa
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Bourassa : Contre.
La Secrétaire : M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire : M. Fontecilla
(Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Pour.
La Secrétaire : M. Bachand
(Richmond)?
Le
Président (M. Bachand) :
Abstention. Donc, l'amendement
est rejeté. Et je cède la parole à la députée de Westmount—Saint-Louis,
s'il vous plaît.
Mme
Maccarone : Oui, j'avais un autre amendement que je souhaite
déposer, M. le Président. Alors, si tout le monde a une copie... Oui,
non?
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) : Parfait. Alors, Mme la députée
de Westmount—Saint-Louis,
s'il vous plaît.
Mme Maccarone : Article 117,
article 8 de la Loi visant à aider à retrouver des personnes disparues.
Insérer, après l'article 8 de la Loi
visant à aider à retrouver des personnes disparues, introduit par
l'article 117 du projet de loi, l'article suivant :
«8.1. Le
ministre publie et tient à jour [...] le site Internet de son ministère, un
registre centralisé des personnes disparues.
«Le registre doit publier les informations
prévues à l'article 8 de la Loi.
«Chaque corps
de police [pourra] transmettre sans délai l'information prévue à
l'article 8 de la Loi au ministre pour publication dans le
registre.»
Encore une
fois, M. le Président, je me réfère à Mme Béchard, qui nous a parlé de son
expérience personnelle, de sa fille
qui est toujours disparue, et ça fait partie de ses recommandations. Elle se
base sur des expériences puis des registres qui sont créés ailleurs,
entre autres, aux États-Unis, puis qui fonctionnent très bien. Elle nous a
parlé aussi, lors de son témoignage, du besoin d'avoir une fiche unique, parce
que, présentement, c'est très difficile de retracer de l'information d'un corps de police à l'autre, parce que chacun
d'entre eux vont avoir leur propre fiche. Avoir un registre où toutes les
informations peuvent être retracées, bien, ça peut non seulement être aidant,
non seulement pour les familles, ça
peut aider tous les policiers. Ils le font ailleurs, puis c'est nommé comme une
pratique à suivre puis à adopter, ailleurs.
On est
ouverts sur l'endroit du registre, si... Comme vous le savez, on l'a rédigé
nous-mêmes, mais, si la place, ce n'est pas de garder au sein du ministère,
mais de... que ça repose ailleurs, nous pouvons le faire, nous sommes parlables. Mais je pense que le but essentiel,
c'est de s'assurer que nous avons ce registre. On parle de
13 000 personnes, on ne
parle pas de deux, trois personnes, c'est quand même un chiffre élevé. Et je
soumets aussi, juste par information et
curiosité, que nous avons pensé hier, il y a 13 000 personnes aussi
qui sont sous la responsabilité du Curateur
public. Et nous avons un
registre pour ces personnes aussi, pour regrouper toutes les informations qui
sont pertinentes pour ces personnes qui se retrouvent en situation de
vulnérabilité ou qui sont eux-mêmes vulnérables.
Alors, je trouve la recommandation de
Mme Béchard honorable et très bien, et je pense que ça peut être même très
aidant en ce qui concerne la façon qu'on travaille pour retracer les personnes
disparues, et non seulement pour les
familles et pour le ministère, mais aussi pour tous les corps policiers puis
toutes les personnes sur le terrain qui souhaitent aider quand nous
sommes en train d'essayer de retracer une personne.
• (14 h 30) •
Le Président (M. Bachand) : Merci
beaucoup. Interventions? M. le ministre.
M.
Bonnardel : Oui. Un court commentaire pour informer la députée que,
présentement, il y a à peu près 95 % des 13 000 personnes
disparues qui sont retrouvées en moins de 24 heures. Deuxièmement, sur le
site de la Sûreté du Québec, il y a déjà un fichier des personnes disparues.
Ce que je souhaite aussi, c'est d'établir, dans les lignes directrices
que nous allons discuter un peu plus loin, là, quand on va commencer la Loi sur
la police... on pourra établir des lignes
directrices pour être capable, comme ministre, de donner l'information avec
tous les corps de police, tous les
corps de police au Québec. Donc, c'est une question de temps avant qu'on soit
capables d'établir des modalités qui vont ressembler puis qui vont
donner des outils comme on... qui vont obliger, en réalité — oui,
c'est ça, pardon — qui
vont obliger tous les corps de police à identifier, nécessairement, ou à nommer
les personnes disparues avec les renseignements que nous pouvons donner
pour retrouver ces personnes, comme on le retrouve présentement sur le site de
la Sûreté du Québec, où il y a plus ou moins 13 pages de personnes
disparues.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la députée de
Westmount—Saint-Louis,
oui.
Mme
Maccarone : Oui. Merci beaucoup. Puis je comprends qu'on... Puis, dans
le fond, c'est une très bonne nouvelle qu'on dit que beaucoup de gens sont
retracés, on est contents d'entendre ça, mais ça reste que ce n'est pas toutes
les personnes disparues, hein? En inscrivant ça dans la loi, on vient d'assurer
que ce sera appliqué, peu importe le corps de police. Ça fait que, ça aussi,
c'est un souhait que nous avons entendu des familles. Puis là je vous dis
d'emblée, je sais que je ne suis pas légiste, je sais que je ne suis pas
avocate, je sais que j'amène tout ce qui est l'aspect... l'humanité à la loi,
mais je pense que nous avons quand même une responsabilité d'essayer de
répondre à ces besoins. Ça se fait ailleurs,
ça se fait ailleurs, puis je pense que c'est une occasion en or que nous avons
actuellement d'avoir ce registre, ça ne coûte pas grand-chose. Ça existe
aussi dans les autres lois de ce genre. C'est une façon de retracer l'information puis c'est aussi une
façon... Parce que nous avons entendu, encore une fois, la voix des familles,
puis eux, ce qu'ils ont dit, c'est : C'est très compliqué quand on parle
de... On n'a pas cette fiche unique. C'est une façon, pour nous, d'avoir cette
fiche unique, c'est une façon, pour nous, d'assurer qu'on porte la voix de ces
familles, de les amener dans la loi.
Puis le registre,
même si on parle de 1 000 personnes ou même si on dit que c'est un
registre qui est toujours mis à jour, parce
qu'on retrace les personnes après un bout de temps, c'est quand même une place
avec une fiche unique, ça donne
l'obligation à tous les corps de policier de transmettre à un seul endroit une
information qui est standardisée, qui peut juste aider, surtout, les
familles qui vont faire des appels un peu partout. Mais eux, ils vont pouvoir
dire : Ah! bien, dans votre document, c'est écrit x, y, z, dans l'autre
document, c'est écrit a, b, c, mais, au moins, ce serait vraiment standardisé.
Puis c'est ça qui était souhaité, parce qu'il ne faut pas oublier, à part des
policiers qui font un travail essentiel, les
familles aussi font une enquête, les familles aussi sont sur le terrain, puis
on doit les équiper. Je pense qu'on a une responsabilité même de les
équiper pour qu'ils puissent être partie prenante puis contribuer à cette... dans les recherches, parce que c'est leur être
cher. Puis je vois mal... Si c'était mon enfant, je voudrais avoir toutes les chances
de mon côté, que je puisse prêter main-forte puis aider dans le processus. Puis
ça, c'est un moyen qu'on peut leur donner pour le faire.
Puis, encore une
fois, ça ne coûte pas beaucoup. Ça peut être quelque chose qu'on dit dans les
dispositions législatives, à la fin, qu'on
s'engage que ce soit mis en vigueur entre 12 à 24 mois, après une
consultation avec les corps policiers, qui peuvent nous aider à développer
cette fiche unique, qui pourrait être mise en place suite à un règlement
adopté par le ministre. Alors, je ne vous engage pas à mettre toutes ces
précisions dans la loi, mais, au moins, de dire qu'on comprend que le registre est important puis on comprend que la
standardisation de l'information est aussi essentielle pour accompagner
les familles.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Autres
interventions sur l'amendement? M. le ministre.
M.
Bonnardel : Bien, M. le Président, oui, juste pour confirmer à la
députée que ce n'est pas une mauvaise idée.
Si j'avais été l'autre côté, j'aurais sûrement déposé le même amendement, mais
je lui dis, je lui dis que je lui donne ma parole, qu'on va adapter, par
les lignes directrices qui vont nous permettre de faire ça, d'adapter les
modalités. Et il faut aussi donner de la souplesse aux services de police qui
pourraient souhaiter, selon les particularités de l'enquête, de ne pas
médiatiser une disparition pour des raisons x, là, pour des raisons x. Donc,
dans ce cas-ci, je comprends très bien, très, très bien votre sensibilité. Je
suis sensible face à cela, mais on pourra... et on le fera dans l'ordre, dans
les prochains mois, pour être capables de faire exactement ce que la Sûreté du
Québec fait sur son site présentement. Donc, j'ai bien entendu.
Le
Président (M. Bachand) : Merci.
Interventions? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme
Maccarone : Et j'entends le ministre et je le remercie pour ses
remarques. Et je crois à sa parole, mais je
ne peux pas dire... je ne peux plus dire que je suis un bébé député, parce que
je suis rendue dans ma cinquième année, comme dirais ma recherchiste, je
suis rendue adolescente, ça fait que je suis peut-être dans ma crise
d'adolescence. Mais ce que j'ai vu aussi,
c'est que ça se peut que, dans un an, deux ans, ce ne serait plus vous qui êtes
le ministre responsable. Alors, malgré que je crois en votre parole, si
ce n'est pas écrit dans la loi, évidemment, on n'a pas un engagement ferme que
ce sera quelque chose qui sera mis en place. Ça fait que... Puis je dis ça avec
beaucoup de respect, mais je comprends que, si ce n'est pas ici, il n'y a
vraiment pas une obligation.
Ça
fait que ce n'est pas parce que je ne crois pas en la parole du ministre, c'est
parce que je sais que, souvent, ici, à l'Assemblée nationale, ça roule vite,
les choses changent, puis ça se peut que les engagements vont être perdus avec
des changements non voulus, mais c'est ça, la réalité, si ce n'est pas écrit
dans... enchâssé dans une loi.
Le Président (M. Bachand) : Merci. Autres interventions sur l'amendement? S'il n'y a pas d'autre
intervention, est-ce que l'amendement est adopté?
Mme
Maccarone : ...un vote par appel nominal.
Le
Président (M. Bachand) : Vote par appel
nominal. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La
Secrétaire : Pour, contre, abstention. Mme Maccarone...
Westmount—Saint-Louis? Pardon.
Mme
Maccarone : Pour.
La
Secrétaire : M. Bonnardel (Granby)?
M.
Bonnardel : Contre.
La
Secrétaire : M. Lamothe (Ungava)?
M. Lamothe : Contre.
La
Secrétaire : Mme Haytayan (Laval-des-Rapides)?
Mme
Haytayan : Contre.
La
Secrétaire : M. Asselin (Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin : Contre.
La Secrétaire :
M. Lemieux (Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La
Secrétaire : M. Fontecilla (Laurier-Dorion)?
M.
Fontecilla : Pour.
La
Secrétaire : M. Bachand (Richmond)?
Le
Président (M. Bachand) : Abstention. Donc,
l'amendement est rejeté. Merci. Donc, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme
Maccarone : Parce que je souhaite avoir des bons échanges avec mon
ministre préféré, j'ai l'intention de
déposer un autre amendement, parce que nous avons déjà adopté l'article, mais
on souhaite avoir une conversation en
ce qui concerne le niveau de communication avec le réseau de santé. Ça fait que
je ne sais pas si vous l'avez. Non? O.K.
Le Président (M. Bachand) : Nous n'avons pas reçu l'amendement. On va suspendre quelques instants,
le temps de nous le faire parvenir, s'il vous plaît. Merci.
(Suspension de la séance à
14 h 37)
(Reprise à 14 h 40)
Le Président (M. Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend
ses travaux. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, s'il vous plaît.
Mme
Maccarone : Oui. Article 117. L'article 8 de la Loi visant à
aider à retrouver des personnes disparues. Insérer,
après l'article 8 de la Loi visant à aider à retrouver des personnes
disparues, introduit par l'article 117 du projet de loi, l'article
suivant :
«8.1. Le directeur d'un corps de police ou la
personne qu'il désigne peut, s'il estime que cela est nécessaire pour aider à retrouver la personne disparue,
communiquer l'information prévue à l'article 8 de la Loi à tous les
établissements du réseau de santé et de services sociaux.»
La raison qu'on amène cet
amendement ou article introduit, M. le ministre, c'est parce que ce que nous avons aussi entendu... Puis je comprends la nature
de ce que nous avons adopté dans l'article 4, ce serait pour s'assurer
que les policiers vont pouvoir avoir l'accès
à l'information suite à une ordonnance. Mais ici on parle de la communication
au public. Ce que nous avons aussi entendu, c'est, souvent, l'information n'est
pas nécessairement communiquée directement, puis, encore une fois, on se base
sur les familles.
Puis, encore une fois, Mme Béchard, que je dois
vous remercier beaucoup pour votre excellent mémoire puis votre présentation que vous avez faite lors de
votre témoignage, parce que ça nous a vraiment inspirés. C'est beaucoup ses recommandations qu'elle a faites, basées sur
son expérience personnelle. Oui, elle, ce qu'elle a dit, c'est : Souvent, les
informations ne sont pas très transmises directement, par exemple, à une maison
d'hébergement, ne sont pas transmises directement au MSSS. Puis, malgré que
c'est très bien puis c'est excellent qu'on va mettre, dans la loi, la communication
au public, ça reste que, si ce n'est pas toutes les personnes qui travaillent
au sein du réseau de santé, par exemple, ou services sociaux qui vont être sur
les réseaux sociaux pour voir...
Ça fait qu'elle, ce qu'elle avait demandé, c'est
de s'assurer qu'on s'engage à transmettre aux MSSS l'avis de disparition, et la
photo de la personne disparue, puis toutes les informations, dans le fond, qui
sont écrites dans le chapitre 3, afin
que le ministère puisse l'acheminer à tout établissement de santé du Québec,
parce qu'elle dit que c'est une lacune basée, encore une fois, sur son
expérience. Puis ça, ça peut être fait... Encore une fois, on est négociable.
Si vous dites que, dans l'article qu'on vous propose, qu'on a besoin d'amener
des précisions, parce que ça prend une entente en ce qui concerne la façon
qu'on communique, mais évidemment on se base sur votre expérience puis votre expertise. Le but, encore une fois, c'est de
bonifier pour s'assurer que les policiers sont équipés pour faire leur travail.
Mais on est ouverts, s'il y a une façon de l'aborder, cet amendement, mais de
prendre un moyen pour que ça respecte toutes les dispositions législatives
nécessaires.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Interventions?
M. le ministre.
M.
Bonnardel : Bien, rapidement, M. le Président, je pense qu'il
faut faire confiance aux policiers. Le partage de renseignements d'un corps de police ou de sa personne désignée, bien,
nécessairement, il y a des informations déjà que le système de santé,
les hôpitaux auront. Et, si le policier doit partager quelque chose avec un
médecin ou les personnes qui sont sur place à l'urgence, bien, ils vont
nécessairement le faire, c'est juste une question de confiance.
Donc, je ne
vois pas en quoi il faut statuer, dans une loi, le fait que le directeur doit
absolument donner l'information. C'est une question de vie ou de mort,
donc, à quelque part, quand un enfant ou autre est disparu. L'information, nécessairement, va être donnée, que... tout ce qui
peut être donné va être donné aux services de santé pour être capable de
retrouver cette personne rapidement. Voilà.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Il n'y a rien, dans
cet article, qui dit «doit absolument». On dit très clairement qu'il désigne, «peut», s'il estime que cela est
nécessaire pour aider. Ça fait qu'on ne parle pas d'une obligation, encore une fois, on parle de porter la voix des familles qui
nous ont demandé de mettre ceci dans la loi, parce que, selon leur expérience,
ce n'est pas toujours le cas. Alors... Puis aussi je veux juste mettre le point
là-dessus, ce n'est pas une question... ça n'a rien à voir en ce qui
concerne la confiance que nous avons, en ce qui concerne les policiers puis les
enquêteurs. Ce n'est pas le sens de cette intervention. Le sens de
l'intervention puis la raison d'être derrière cet article, c'est pour porter la
voix des familles qui, encore une fois, ont
parlé de leur expérience personnelle, qui ont dit qu'ils souhaitent que ce soit
quelque chose qui est dans la loi, puis que ce soit clair que cette
communication, malgré que c'est excellent, que nous allons communiquer au public, bien, qu'on communique aussi aux
instances de santé et services sociaux pour mettre toutes les chances du
côté des familles de retracer la personne qui est disparue.
Ce n'est pas une question de confiance, encore
une fois, de nos corps policiers, mais c'est une question de rigueur, puis il
n'y a pas d'obligation. Moi, je pense que c'est important qu'il se voit à
l'intérieur de cette loi. Ça va faire trois
fois depuis que j'essaie d'amener les expériences personnelles de ces familles.
J'y crois, je pense que, si on a des modifications que nous pouvons
faire qui ne vont pas dénaturer la loi... Ce n'est pas du tout le sens. Puis,
encore une fois, c'est pour ça qu'on a fait
très attention de la façon que nous l'avons écrit. On ne veut pas parler
d'obligation, parce qu'on sait que les équipes qui sont sur le terrain
sont expérimentées, puis, eux aussi, ils ont à coeur de retracer ces personnes, mais si on peut dire qu'il y a
quand même une rigueur puis un processus à suivre, je pense que ça va rassurer
les familles aussi.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Autres interventions sur
l'amendement de la députée de Westmount—Saint-Louis? S'il n'y a pas d'autre
amendement, est-ce que l'amendement est adopté?
Une voix : ...
Le Président (M.
Bachand) : Vote par appel nominal. Mme la
secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Maccarone, (Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Pour.
La Secrétaire :
M. Bonnardel (Granby)?
M.
Bonnardel : Contre.
La Secrétaire : M. Lamothe
(Ungava)?
M. Lamothe : Contre.
La Secrétaire : Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Contre.
La Secrétaire : M. Asselin
Vanier-Les Rivières?
M. Asselin : Contre.
La Secrétaire : M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire : M. Fontecilla
(Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Abstention.
La Secrétaire : M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement
est rejeté. Donc, on continue. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Bonnardel : L'article 9 :
«Lorsque la personne disparue est retrouvée, le directeur du corps de police ou
la personne qu'il désigne peut communiquer au public qu'elle a été retrouvée ou
est décédée.»
Commentaires : L'article 9 de la loi
permet au directeur de police ou la personne qu'il désigne d'informer le public
que la personne disparue a été retrouvée ou est décédée.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? Mme la
députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui. J'essaie de
retracer mes notes, encore une fois, des familles qui disaient que ce n'est pas
facile pour eux en ce qui concerne ces informations. «Lorsque la personne
disparue est retrouvée, le directeur du corps de police ou la personne qu'il
désigne peut communiquer au public qu'elle a été retrouvée ou décédée.» Puis
elle, elle nous avait dit, pour ceux qui nous suivent, encore une fois, dans
son mémoire, la page 11, que l'accès aux documentations de disparition
après 15 ans, mais pas retrouvé, ça faisait des difficultés pour les
familles, comme, par exemple, après 15 ans, qui est le cas de
Mme Béchard, parce qu'elle, elle garde toujours l'espoir, elle garde
toujours l'espoir que sa fille est en vie, puis nous allons la retracer à un
moment donné. Mais, pour avoir accès à son dossier de MSSS, par exemple, il
faut avoir une déclaration qu'elle est décédée.
Ça fait qu'elle, ce qu'elle souhaite... puis
elle voulait savoir s'il y avait une ouverture ici. C'est après 15 ans,
qui est quand même une période de temps, je pense, assez longue, au lieu de
déclarer le décès de sa fille, si elle pouvait avoir accès à ces informations,
s'il y a un type d'amendement que nous pouvons amener. On n'a rien écrit, parce qu'on comprend que ceci est plus technique,
mais s'il y avait une ouverture... Parce que, sinon, elle, il faut qu'elle procède, quand même, à dire ouvertement que sa
fille est décédée, si elle souhaite avoir l'accès à tout son dossier
médical, par exemple.
Ça fait que, s'il y avait une période de temps,
comme un 15 ans, puis qu'on pouvait dire qu'après ce moment-là il y aura des exceptions pour les
familles qui ont perdu un proche. Est-ce qu'il y a quelque chose que nous
pouvons faire pour alléger la tâche et aussi respecter leur désir de ne pas
aller jusqu'au point de dire qu'ils acceptent que leur être cher a perdu sa
vie?
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions, M. le
ministre?
M. Bonnardel : Bien, court
commentaire. On est dans des renseignements de santé, on n'est peut-être pas à la bonne place pour, peut-être, statuer là-dessus.
Puis, deuxièmement, de notre côté, pour notre cour à nous, une
enquête, ce n'est jamais terminé tant que c'est terminé, puis qu'on a
toutes les informations ou qu'on a retrouvé ou non la personne. Donc, ce n'est
peut-être pas le bon endroit, là, pour statuer sur ce point-là.
Mme Maccarone : Est-ce qu'il y a un
autre endroit qui serait recommandé, même si c'est pour voter contre un futur
amendement? Mais si vous pouvez nous diriger au bon endroit où nous pouvons
mener le débat...
M. Bonnardel : On
va le faire. Je suis curieux, moi aussi, de savoir de quelle façon on pourrait
le faire. Mais je pense que, légalement,
légalement, là, ce n'est peut-être pas le bon forum ici, là, pour... bien, en
tout cas, dans cette loi, pour ceci. Mais je vais quand même, du côté du
sous-ministre, là, faire des vérifications, de quelle façon on peut répondre
positivement, peut-être, à ces demandes, que je me souviens très bien, là.
• (14 h 50) •
Mme Maccarone : Parfait. Merci.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Autres interventions? M.
le député de Laurier-Dorion.
M.
Fontecilla : Oui. Une demande d'information afin de savoir
comment ça se fait, là. Et, dans son mémoire, le Réseau Enfants-Retour
nous informait de leur protocole, là, suite à ce que... lorsqu'un enfant est
retrouvé, là, leur pratique, là, d'effacer
toutes les informations sur cet enfant-là, les photos sur Internet, sur leur
page Facebook, etc., sur leur site. Est-ce que, dans les corps de police
du Québec, il existe une telle façon d'agir, un tel protocole?
M. Bonnardel : Vous dites que, du
côté...
M.
Fontecilla : Pour un enfant qui a été retrouvé, par exemple,
surtout dans le cas de mineurs, là, donc, d'effacer toutes les
informations publiques, là, sur les différentes plateformes, le site de la
Sûreté du Québec, éventuellement, sur les réseaux sociaux, etc., là, effacer
toutes...
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M.
Bonnardel : Oui. C'est ambigu, mais c'est certain que la loi
dit que tout doit être retiré. C'est la Loi d'accès aux documents des
organismes publics et sur la protection des renseignements personnels qui
prévoit déjà qu'il est nécessaire de détruire les renseignements personnels
obtenus lorsque la fin pour laquelle ils ont été obtenus, est atteinte, donc,
d'avoir retrouvé nécessairement la personne, la personne disparue, là.
M. Fontecilla : Donc, il n'y a
plus de trace de... Et ça s'applique aux mineurs et aux majeurs?
M. Bonnardel : Aux mineurs, aux
mineurs. Mais c'était une question sur... Bien, non, excusez. Donnez-moi deux
petites secondes que je suspende, parce que le point était sur...
Des voix : ...
Le Président
(M. Bachand) : Allez-y, M. le
ministre.
M.
Bonnardel : Ça
s'applique aux mineurs et aux...
M. Fontecilla : Aux majeurs.
M.
Bonnardel : ...aux
majeurs.
M. Fontecilla : Parfait.Merci.
Le
Président (M. Bachand) :
Autres interventions sur l'article 9? S'il n'y a pas d'autre intervention,
est-ce que l'article 9 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président
(M. Bachand) : Adopté. Merci. M. le
ministre, s'il vous plaît.
M.
Bonnardel : Alors,
chapitre IV. On arrive à la fin de cette portion de la loi.
Dispositions modificatives et finale
Loi sur l'administration fiscale
Article 10 : L'article 69.0.0.13
de la Loi sur l'administration fiscale (chapitre A-6.002) est modifié par
le remplacement, dans le premier alinéa, de «69.0.0.12 et 69.0.2» par
«69.0.0.12, 69.0.2 et 69.0.4.1».
Commentaires : L'article 10 de la loi
est une modification de concordance avec l'article 11 de cette loi qui
propose d'introduire l'article 69.0.4.1 dans la Loi sur l'administration
fiscale.
Une voix : ...
M. Bonnardel : Sinon... Oui. S'il y
a consentement, je pourrais peut-être lire 11. Ça va avec.
Le Président
(M. Bachand) : Oui. Allez-y. Allez-y.
M.
Bonnardel : À moins que les...
Le
Président (M. Bachand) : Bien,
allez-y, puis on va pouvoir adopter les deux indépendamment.
M.
Bonnardel : Oui. Alors, 11 : Cette loi est modifiée par
l'insertion, après l'article 69.0.4, du suivant :
69.0.4.1.
Un employé de l'Agence peut, sans le consentement de la personne concernée,
communiquer au membre d'un corps de police nommé dans une ordonnance
rendue en vertu de l'article 3 de la Loi visant à aider à retrouver des personnes disparues (indiquer ici l'année et
le numéro de chapitre de la présente loi ainsi que le numéro de l'article
de cette loi qui édicte la Loi visant à
retrouver des personnes disparues) un renseignement contenu dans un dossier
fiscal et visé par cette ordonnance.
Commentaires :
L'article 11 de la loi vise à permettre la communication d'un
renseignement contenu dans un dossier fiscal
par un employé de l'Agence du revenu du Québec à un membre d'un corps de police
sans le consentement de la personne concernée lorsque le policier est
nommé dans une ordonnance rendue en vertu de la loi. Voilà.
Le
Président (M. Bachand) : Donc,
interventions? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
M.
Bonnardel : Ça, c'est pour lever...
Le
Président (M. Bachand) : Allez-y,
allez-y, M. le ministre.
M.
Bonnardel :
...le secret fiscal. Ça, c'est pour répondre à ça.
Le
Président (M. Bachand) : Merci.Mme
la députée.
Mme Maccarone :
Juste pour vous suivre. Je n'ai pas d'intervention sur le 10, mais j'en ai
sur le 11. Alors, j'interviens maintenant sur le 11?
Le Président (M. Bachand) : ...on va y aller, quand même, vu que c'est des articles importants, on
va... On serait prêt à voter sur 10, à ce moment-là, à moins qu'il y ait
une intervention. M. le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla :
...est-ce que, dans l'ordonnance en vertu de l'article 3,
l'article 3 vise... c'est une ordonnance générale ou ça doit viser
spécifiquement un renseignement fiscal?
M.
Bonnardel : Renseignement fiscal. C'est l'Agence du revenu qui nous a
demandé ça.
M. Fontecilla :
Oui, mais l'ordonnance, est-ce qu'elle doit nommer et spécifier que c'est
un renseignement fiscal ou ça peut être une ordonnance plus générale aussi?
M.
Bonnardel : Bien, c'est une ordonnance plus générale, mais qui peut inclure
une portion fiscale pour l'agence, là, comme telle.
M. Fontecilla :
Mais est-ce que ça doit être nommé dans l'ordonnance?
M.
Bonnardel : Oui. Bien oui.
M. Fontecilla :
O.K.
Le
Président (M. Bachand) : Autres
interventions sur 10? S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que
l'article 10 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le
Président (M. Bachand) : Adopté.
Donc, l'article 11. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui. Je veux mieux comprendre.
Dans le libellé, on dit : «Un employé de l'agence peut», mais ce
n'est pas «doit». Mais là on parle d'une l'ordonnance, ça fait que pourquoi le
choix du mot «peut» et non «doit», si on parle d'une ordonnance, suite à
qu'est-ce qui est écrit dans l'article 10?
M.
Bonnardel :
Il y a sûrement un juriste qui peut vous répondre à ça. Je l'avais deviné.
Le
Président (M. Bachand) : Merci.
Alors, est-ce qu'il y a consentement?
Mme Maccarone :
Consentement.
Le Président (M. Bachand) : Consentement. Donc, s'il vous plaît, peut-être, d'abord, vous identifier
puis prendre la parole. Merci.
Mme Bugeaud-Fortin
(Geneviève) : Bonjour. Geneviève Bugeaud-Fortin, avocate, direction
des affaires juridiques, sécurité publique. Alors, c'est à des fins de
cohérence. C'est compte tenu de la mécanique qui est prévue à la Loi sur
l'administration publique... excusez-moi, l'administration fiscale. L'Agence de
revenu a lieu de... nous a demandé de maintenir le «peut» pour la cohérence de
sa loi au niveau de son employé. Donc, l'utilisation du «peut» n'est pas en lien avec l'ordonnance de communication, parce qu'elle est obligatoire, parce
qu'elle est rendue par le juge, donc, et par rapport à permettre à
l'employé à donner suite à l'ordonnance.
Mme
Maccarone : Merci. J'avoue que, pour moi... Encore une fois, ça fait
cinq ans, puis je pense qu'on a quand même
une responsabilité. Malgré qu'on souhaite avoir une concordance avec autres
lois, ça donne quand même l'impression que ce n'est pas une obligation parce
qu'on dit «peut». Ça fait que j'aurais souhaité qu'on fait une
modification. Ce ne serait pas peut-être en lien avec ce qu'on voit dans un
autre article. Mais l'article précédent, dans cette loi, dit très clairement
que c'est une ordonnance, si c'est une ordonnance, c'est une obligation. Ça
donne l'impression, si on dit «peut», qu'il peut refuser puis, s'il peut
refuser, mais là je suis en train de demander à quel intérêt est-ce qu'ils auront à refuser pour protéger une personne quand
on souhaite avoir cet accès puis c'est essentiel. Si nous avons eu une
ordonnance, bien, ça ne va jamais être un «non», ça va toujours être un «oui»,
il va falloir qu'ils procèdent, mais c'est comme si on leur donne un pouvoir de
refuser.
Mme Bugeaud-Fortin
(Geneviève) : En fait, ce qu'on donne, c'est le pouvoir de dire oui à
l'employé. L'employé ne détient pas le
renseignement, c'est l'agence du revenu qui détient le renseignement. Donc,
ici, l'Agence du revenu permet à son employé de diffuser ce
renseignement-là, que l'employé ne détient pas lui-même. Donc, l'ordonnance va
viser le détenteur du renseignement qui est l'Agence du revenu. Et, avec cet
article-là, l'Agence du revenu nous dit qu'il faut que lui autorise son employé
à diffuser le renseignement. C'est l'effet de cet article-là.
Mme Maccarone :
Oui, mais sauf que ça dit :
«Un employé de l'agence peut, sans le consentement de la personne
concernée».
Mme Bugeaud-Fortin
(Geneviève) : Qui est la personne disparue.
M. Bonnardel :
C'est la personne disparue, oui.
Mme
Maccarone : Oui, tout à fait, mais... Peut-être que c'est parce que je
comprends mal l'explication, mais ce ne
serait pas mieux qu'on dit : «Un employé de l'agence doit, sans le
consentement de la personne concernée, communiquer aux membres d'un
corps de police nommé dans une ordonnance rendue»? Parce qu'encore une fois, on fait référence à l'ordonnance, mais on doit...
on donne l'impression que ce n'est pas une obligation, qu'on peut refuser si on
souhaite. On peut, on ne peut pas, ça, ça dépend de la façon de... Moi, ma
lecture de ça, si je suis une personne qui travaille à l'Agence du revenu du Québec, c'est que, oui, je ne sais
pas, oui, j'ai vu votre ordonnance, mais c'est marqué que je peux, mais
ce n'est pas une obligation.
M.
Bonnardel : Avec l'ordonnance, vous savez, l'agence n'a pas le choix.
L'ordonnance le dit, là, l'agence n'a pas le
choix de donner le pouvoir à l'employé X de partager l'information avec le
corps de police, là. Il ne peut pas se substituer, il ne peut pas
l'empêcher, c'est...
Mme
Maccarone : Ça fait que pourquoi ne pas changer la terminologie
d'abord?
M. Bonnardel :
Mais là c'est des textes préparés
par des légistes. J'ai déjà eu des débats avec des «peut» et des «doit»,
là, ce n'est pas la première fois que j'en vois, mais...
Mme
Maccarone : Mais, maintenant, c'est vous le ministre, ça fait que
vous, vous avez le pouvoir de dire...
M.
Bonnardel : Mais je le sais, je le sais, mais il faut faire confiance,
il faut faire confiance aux légistes, là. Dans
les textes de loi, le «peut» et le «doit», il y a souvent des interprétations
qui sont prises par autant l'opposition que par les légistes. Mais les légistes écrivent plusieurs, plusieurs lois
par année. Donc, comme la légiste l'a mentionné, là, l'ordonnance, c'est
elle qui fait foi de tout, là.
Mme
Maccarone : Qu'est-ce qui changerait, dans cette loi, si on change le
«peut» pour «doit»? Qu'est-ce qui changerait ailleurs, si on modifie le mot
puis que ce ne serait plus «peut», mais ce serait «doit»?
• (15 heures) •
Mme Bugeaud-Fortin
(Geneviève) : Ce qu'on a compris de l'Agence du revenu, c'est que, si
on mettait un «doit», c'est que ça
autorisait ses employés à le diffuser alors qu'ils ont une chaîne. Donc, ce
n'est pas tous les employés qui vont
pouvoir diffuser sur la demande, comme sa demande... Dans le fond, l'ordonnance
va viser l'Agence du revenu et non pas l'employé. Eux préféraient
vraiment...Parce que tout leur corpus au niveau de la communication, c'est tous
des «peut», parce qu'ils veulent décider qui peuvent communiquer ces
renseignements-là.
Mme
Maccarone : Mais pourquoi qu'on ne modifie pas d'abord pour
dire... de rentrer ça dans la loi, l'indication qu'un employé de
l'agence «doit», après consultation avec... pour s'assurer que c'est la bonne
personne qui offre l'information, le libellé
que vous souhaitez, mais que ça, ça serait clairement indiqué. Pourquoi qu'on
ne fait pas cette modification d'abord pour rejoindre leurs critères?
Mme Bugeaud-Fortin (Geneviève) : C'est
en cohérence avec les autres articles de la loi.
M.
Bonnardel : Mais si on allait là, Mme la députée, là, on
passerait des mois, et des mois, et des mois, là, à changer et à changer
les différentes lois, là, qui sont identifiées par, plus souvent qu'autrement,
des «peut».
Mme Maccarone : Je suis ici pendant
des mois puis des mois, jusqu'à 2026. Ça fait que je me porte bénévole pour
m'asseoir en commission pour faire toutes ces modifications. Je n'ai pas
l'intention de déchirer ma chemise là-dessus, M. le Président, mais,
évidemment, pour moi, c'est un manque de cohérence. Je comprends les
explications puis je ne dis pas qu'elles ne sont pas valides. Votre explication
était excellente. Merci beaucoup. C'est juste une question de cohérence, je
pense, pour les gens qui le lisent, qui ne comprennent pas puis qui n'ont pas
eu cette explication non plus. Je pense que
c'est important de s'assurer que les gens comprennent que, oui, il y a une
certaine légitimité derrière le raisonnement, mais ce serait bien qu'on
ait des commentaires puis des notes peut-être pour tous ces articles pour que
les gens comprennent. Parce que n'importe quelle personne qui va le livre va
peut-être dire : Oui, mais ma compréhension est. Puis vous, vous n'êtes
pas là, malheureusement, pour leur aider. Merci.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Si je comprends bien
les explications fournies, là, ce n'est pas un... l'employé, là, qui est tellement concerné ici, là, c'est l'autorisation
de l'agence en tant que telle. Donc, je... c'est l'agence qui doit fournir les
renseignements, là, que ce soit par son employé A ou son employé X, là.
Donc, pourquoi ne pas parler de l'agence en
tant que telle, là? «L'agence doit communiquer aux membres d'un corps de
police», là, et c'est l'agence ensuite qui va déterminer qui va fournir
les renseignements exacts.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Bonnardel : Bien, comme la
légiste l'a mentionné, M. le député, là, c'est bien dit que ça vise à permettre
la communication d'un renseignement dans un dossier fiscal par un employé de
l'Agence du revenu à un membre d'un corps de police. Donc, c'est l'employé qui
obtient l'information, nécessairement, de l'agence, qui va partager une information sans le consentement de la
personne concernée à un policier pour lui permettre de faire son travail de...
qui suit... qui fait suite à une décision, d'une ordonnance, donc, qui a été
rendue en vertu de la loi.
Donc, comme je vous l'ai mentionné, là, c'est
avec transparence que je vous dis que c'est l'agence qui nous demande de dicter ou de libeller cet article pour
explicitement lever le secret fiscal qu'une personne peut avoir sans son
consentement.
M.
Fontecilla : Oui. Le problème est que, comme le souligne notre
collègue de Westmount—Saint-Louis, là, c'est que ça donne
implicitement le... ça donne le droit de refuser, là, c'est-à-dire «peut», mais
ça ne veut pas dire «doit». L'agence...
L'employé de l'agence pourrait dire : Bien non, je ne le donne pas parce
que c'est inscrit dans l'article qu'on est en train d'étudier, là.
C'est ça, le
problème, au fond. Si on remplaçait «l'agence doit communiquer les
renseignements demandés», bien, ce serait beaucoup plus clair et...
M. Bonnardel : Non, mais, comme je
l'ai mentionné à Mme la députée, M. le député, c'est... la réponse est la même : Suite à une ordonnance, vous ne
vous... vous ne pouvez pas ne pas répondre à cette ordonnance qui demande
un partage de renseignements, une information cruciale peut-être, cruciale de
matière fiscale, pour retrouver la personne disparue ou la personne qui
accompagne la personne disparue. Donc, vous ne pouvez pas vous sauver de ça, là. L'agence doit obligatoirement, par
l'entremise d'un employé, d'un de ses employés, donner les renseignements
requis que l'ordonnance mentionne.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui. Évidemment, je
suis perplexe puis je trouve que c'est un très bon débat. Puis, suite à ce que nous avons entendu de Me Bugeaud, ce
que je souhaite savoir, pour rejoindre les besoins de l'Agence du revenu du Québec, qui ont demandé
d'avoir ceci... Parce que, je pense, sincèrement, ce serait mieux qu'on utilise
le mot «doit», qu'on dit : «un employé désigné de l'agence doit,
sans le consentement». Comme ça, ça leur donne la liberté de procéder de la
façon qu'eux ils ont souhaitée suite à leur demande. Parce que je comprends,
dans une hiérarchie, eux, ils souhaitent désigner la personne, si j'ai bien
compris. Mais pourquoi ne pas juste l'ajouter : «un employé désigné de l'agence»? Ça fait que ce n'est pas n'importe
qui, ce n'est pas nécessairement le député de Laurier-Dorion, ce n'est
pas nécessairement la députée de Westmount—Saint-Louis. Ça peut être Florence
Thivierge, puis qu'on dit que ça va être elle, mais ça sera désigné. Mais «elle
doit», pas «peut», parce que, pour vrai, si Me Bujold, elle n'est pas là avec tout le monde lors de la lecture de la loi, ça se peut
qu'il y ait des gens qui vont avoir une compréhension qu'on peut aller à
l'encontre de l'ordonnance.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? M. le
ministre.
M. Bonnardel : Bien, je l'ai
mentionné déjà, là, un employé désigné ou un employé de l'agence, c'est un
employé de l'agence, là, qui est nécessairement désigné pour donner
l'information qui est demandée suite à une ordonnance. Alors, là-dessus,
là-dessus, je ne vois pas en quoi on améliore le libellé comme tel, là. Ça le
dit. Puis, je le répète, une ordonnance,
c'est une ordonnance. L'agence ne peut pas ne pas répondre à une ordonnance,
là. Elle doit donner une information fiscale que... Mais je comprends
que la discussion sur un «peut» ou un «doit»... Il y a plein de... il pourrait y avoir plein de façons de le
voir, mais, comme la légiste l'a mentionné puis comme je vous le mentionne,
l'information va être obtenue par le corps de police ou le policier qui en a
fait la demande. Donc, voilà.
Mme Maccarone : Mais pas si
l'employé de l'agence décide que non, parce qu'un employé de l'agence «peut». Pour vrai, c'est ça que ça dit. Puis, pour
rejoindre la particularité, la raison qu'il voulait avoir le «peut», c'est
parce qu'on ne voulait pas que ce soit n'importe qui qui le fait. On
voulait désigner la personne. Mais pourquoi pas juste dire qu'on désigne, «un
employé désigné de l'agence»? Ça fait que ça, ça veut dire peu importe c'est
qui qui est au téléphone, ça se peut que ce
n'est pas vous qui êtes désigné. Nous, nous allons vous dire c'est qui qui doit
le faire. Ça se peut que ce n'est pas
vous, et on est allés désigner. Mais on a une obligation. Si c'est une vraie
obligation, ça devrait être écrit en noir et blanc.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Vous avez dit
tantôt, il y a quelques minutes, M. le ministre, que l'agence veut garder
le contrôle sur qui peut donner, qui peut répondre à cette ordonnance-là, suivant
une hiérarchie que... leur procédure, le protocole, etc., là. Je comprends...
On comprend cela aisément. Et donc... Mais ce que... ce qu'on est en train de
dire ici, là, c'est que ça vise à clarifier
l'article de loi. Les mots sont importants, là, je pense, surtout dans un...
dans une loi, là. Donc la porte de sortie, c'est que, justement, l'agence, un
employé désigné par l'agence «doit, sans le consentement de la personne
concernée». Ça clarifierait beaucoup, beaucoup le texte, et on s'enlève toute ambiguïté,
là, quant à l'utilisation du verbe devoir. «Peut», ça introduit toute une
possibilité, là, de refuser ce renseignement-là, et ce n'est justement pas ça, l'esprit de ce qu'on veut,
alors, de ce qu'on veut faire là, alors que ce serait tellement plus facile,
là, d'indiquer, là, que l'employé de l'agence doive être autorisé ou
désigné, enfin, trouver la formulation qui vous convient le plus, et qu'il
doit, qu'il doit fournir le renseignement requis.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? Mme la
députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme
Maccarone : Je veux juste dire que je pense que la raison
aussi que c'est important de faire une modification, c'est parce qu'ici,
dans cette section, on parle des personnes disparues, hein, quand on veut
essayer de trouver du monde. Ça fait que je
pense que c'est pour ça que c'est important que ce soit écrit en noir et blanc.
Le but, c'est de retrouver les
personnes disparues, puis c'est pour ça qu'on devrait avoir une loi qui est
très claire, puis c'est écrit en noir et blanc, puis qu'il n'y a aucune
ambiguïté en ce qui concerne la nature de ce que nous souhaitons faire.
Avec le mot «peut», bien, c'est clair, c'est une
ambiguïté. On n'aura pas toujours un légiste à côté de nous qui va nous aider à expliquer le sens de ce qu'on
souhaite faire. Quelqu'un qui va lire le 10 et quelqu'un qui va lire le 11,
ils vont dire qu'on a une incohérence.
• (15 h 10) •
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Autres interventions?
S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que l'article 10 est adopté?
Adopté?
Une voix : ...
Le
Président (M. Bachand) :
Pardon? Excusez-moi. J'étais à... Désolé, désolé. 11. Est-ce que
l'article 11 est adopté? Pardon. Adopté.
Mme Maccarone : J'ai un amendement à
amener.
Le Président (M.
Bachand) : Oui, mais c'est un nouvel
article qu'on fait à 11.
Mme Maccarone : Oui, un nouvel article.
Le
Président (M. Bachand) :
O.K. Donc, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis pour un amendement.
Mme Maccarone : Oui.
Article 117, article 11 de la Loi visant à aider à retrouver des
personnes disparues.
Insérer,
après l'article 11 de la Loi visant à aider à retrouver des personnes
disparues, introduit par l'article 17 du projet de loi, l'article
suivant :
«11.1.
Le ministre dresse un bilan annuel de l'application de la loi au plus tard le
31 décembre de chaque année, qu'il
dépose dans les 15 jours suivants devant l'Assemblée nationale ou, si elle
ne siège pas, dans les 15 jours de la reprise de ses travaux.»
L'introduction de cet article, c'est quelque
chose dont nous nous sommes inspirés des projets de loi dont nous avons débattu
dans le passé puis ont été aussi acceptés favorablement. Quand on parle des
personnes disparues, c'est une façon d'avoir
de l'information en ce qui concerne ce que nous sommes en train de faire ici,
dans la loi. C'est une question de
transparence. C'est très commun. On l'a vu ailleurs. C'est une façon de voir si
tout va bien, puis aussi ça donne de l'information au ministre, s'il
doit aborder des modifications, des changements. On sait qu'on peut adopter toutes sortes de règlements pour aider à
améliorer le processus, que ça soit peut-être un futur registre ou de parler
d'autres moyens que nous avons besoin. Je
pense qu'aussi ça fait la démonstration de ce que nous faisons à l'intérieur
de nos ministères ou dans tous les services publics dont nous sommes
responsables, qu'on démontre la transparence puis
la responsabilité de toutes nos actions. On l'a vu, par exemple, quand on parle
du Curateur public, c'est une façon de partager l'information avec les élus, à
l'Assemblée nationale, puis aussi avec tous les gens qui suivent nos travaux.
C'est vraiment une façon de voir si les choses fonctionnent bien.
Puis, encore une fois, je répète le mot
«transparence» à maintes reprises parce que c'est nouveau. Ça fait plus que 20 ans depuis que nous n'avons pas ouvert
cette loi. Puis là nous sommes en train d'introduire des nouvelles façons
de fonctionner. Je pense que c'est une belle
façon de faire la démonstration qu'on a envie aussi de faire la démonstration
qu'on travaille bien puis aussi de faire la démonstration qu'on voit qu'il y a
des éléments que nous devons améliorer.
Le Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
M. Bonnardel : Si je comprends bien,
M. le Président, on a adopté l'article 11, et ça, c'est un ajout après l'article 11?
Le Président (M.
Bachand) : C'est un nouvel article.
M. Bonnardel : Nouvel article. Donc,
je vais demander à la... de suspendre cet article pour que je sois capable de l'étudier plus longuement et de vous
revenir, si, oui ou non, nous allons l'amender ou nous allons l'accepter
comme écrit.
Donc, je suspendrais cette discussion sur leur
amendement. Et là, vu qu'il nous reste l'article 12 qui adopte la loi,
peut-être que...
Le Président (M.
Bachand) : On pourrait... Il faudrait...
M. Bonnardel : C'est ça, on va
attendre en même temps que...
Le Président (M.
Bachand) : On va suspendre... Donc, est-ce
qu'il y a consentement pour suspendre l'étude de l'amendement de la députée de Westmount—Saint-Louis?
Parfait.
Donc, article... M. le ministre, pour
l'article 12.
M. Bonnardel : Donc... Mais là
l'article... Là, on va se rendre à l'autre...
Le Président (M.
Bachand) : Donc, on suspendrait, là.
M. Bonnardel : Oui, c'est ça. Donc,
12 est suspendu aussi.
Le
Président (M. Bachand) :
O.K. Donc, on va suspendre
l'étude de 117 et on revient au deuxième bloc, tel que...
M. Bonnardel : Loi sur la police.
Le Président (M.
Bachand) : Exactement, la Loi sur la
police. Alors, M. le ministre.
M. Bonnardel : Attendez-moi deux
petites secondes. J'arrive. Donc, on s'en va à l'article 96. Alors, est-ce
que ça vous va? Êtes-vous prêts? Oui?
L'article 96 : L'article 307 de
cette loi est remplacé par le suivant :
«307. Le ministre conseille et surveille les
corps de police ainsi que les autorités dont ils relèvent dans la mise en
oeuvre des mesures visées par la présente loi et vérifie l'efficacité des
services de police qu'ils fournissent.
«À cette fin, il établit des lignes directrices
concernant toute question se rapportant à la présente loi ou à ses textes
d'application de même qu'à l'égard de toute question relative à l'activité
policière [ou] les rend publiques. Ces lignes directrices peuvent porter
notamment sur la collaboration et la concertation entre les corps de police de
même qu'entre ces derniers et les différents intervenants concernés. Les lignes
directrices ne peuvent porter sur une enquête ou une intervention policière en
particulier.
«Les autorités dont relèvent les corps de police
communiquent au ministre tous les renseignements utiles concernant leurs
priorités d'action, leurs projets et leurs réalisations.»
Commentaires :
L'article 96 du projet de loi propose de remplacer l'article 307 de
la loi afin d'étendre le pouvoir du ministre d'établir des lignes directrices à
l'égard de tout corps de police et sur tout sujet relatif à l'activité policière. Ces lignes directrices peuvent porter
notamment sur la concertation entre les corps de police de même qu'entre
ces derniers et les différents intervenants concernés. Elles ne peuvent
cependant pas porter sur une enquête ou une intervention policière en
particulier. Ces lignes directrices sont rendues publiques par le ministre.
Par ailleurs, cet
article oblige la communication de certains renseignements au ministre par les
autorités de qui relèvent les corps de police.
Donc,
voilà. L'article 96, c'est celui-là. L'article 97, juste pour votre
gouverne aussi, établit, là, donc les lignes directrices. Alors, les
deux se... vont nécessairement ensemble, là.
M.
Bonnardel : Merci. Interventions sur 96?
Mme
Maccarone : Oui.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme
Maccarone : Oui. On a beaucoup entendu parler, lors des auditions, des
inquiétudes des groupes en ce qui concerne
les lignes directrices, parce qu'évidemment tout le monde souhaite être
consulté. Est-ce que le ministre peut au moins s'exprimer maintenant au
micro, c'est quoi, ses intentions, en ce qui concerne les lignes directrices
ici?
M.
Bonnardel : Bien, comme je l'ai déjà mentionné, les lignes directrices
vont nécessairement concerner particulièrement les interpellations policières
et les interceptions routières. Ça a été un sujet d'actualité. Et j'ai bien
entendu les corps de police qui sont venus nous voir, qui nous demandaient
d'être partie prenante de ces discussions futures,
et ce que je peux leur dire, c'est que, lors de l'adoption... après l'adoption
de la loi, à l'intérieur de 60 jours, on aura défini le cadre des lignes
directrices spécifiquement pour les interpellations et les interceptions avec
eux, avec eux. Donc, je leur dis qu'après 60 jours après l'adoption
de la loi, nous serons prêts, après discussion avec les partenaires policiers,
pour établir les lignes directrices qui, nécessairement, concernent en premier
lieu les interpellations et les interceptions.
Mme Maccarone :
Ça fait que... Merci. D'abord, si
le ministre s'engage qu'après le 60 jours... puis qu'il va bel et bien faire ça avec la collaboration de nos corps
de police, est-ce que nous pouvons aborder un amendement qui parle de consultation?
Parce que...
M.
Bonnardel : Bien, si vous... Mme la députée, ça, je peux... ça vous
appartient, ça vous appartient, mais...
Mme Maccarone :
Bien, c'est sûr, avant de le
faire, je souhaite savoir s'il y a une ouverture, parce que je pense que
ça serait rassurant. Encore une fois, ce n'est pas une question de ne pas
croire aux paroles du ministre...
M.
Bonnardel :
Oui, je comprends.
Mme
Maccarone : ...mais ce n'est pas toujours notre ministre qui est en
place qui sera le ministre, mettons, peut-être,
dans 10 ans, dans 15 ans. Puis ce n'est pas à chaque jour que nous
allons avoir une réforme puis une ouverture de cette loi. Alors, c'est quand même un superpouvoir. Puis on voit
qu'il y a beaucoup de superpouvoirs qu'on se donne au gouvernement. Je
pense que ça serait rassurant parce qu'il y aura un après... je sais que je
n'ai pas le droit de dire «M. Bonnardel», là, mais il va y avoir un après.
Ça fait que c'est de s'assurer que tous les futurs ministres qui seront en place auront le même sens d'esprit de
collaboration, et le vouloir, et le devoir de consulter. Parce que, si ce n'est
pas écrit dans la loi, cette obligation n'est pas en place. Puis on a vu
qu'on peut avoir des dérives, puis c'est ça qu'on souhaite éviter. On souhaite qu'ils font toujours partie de
la conversation, parce que, là, on parle de corps de police, mais on peut aussi
parler des autres groupes qui seront concernés aussi par les lignes
directrices.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Intervention, M. le ministre?
M. Bonnardel :
Bien, comme je l'ai mentionné,
l'information... les discussions se font déjà. Puis ce n'est pas parce que
c'est moi qui est arrivé depuis six mois que ça s'est amélioré. Ma
prédécesseure, ceux qui étaient là avant moi et ceux qui seront après moi, les discussions se font en continu,
semaine après semaine, avec les différents corps de police. Ce sont nos
principaux partenaires, nos principaux partenaires. Et on les a bien entendus.
Je les ai bien entendus, mon sous-ministre aussi. Et ces discussions se
font en continu, semaine après semaine. Et je peux vous affirmer, noir sur blanc, que 60 jours... bien, dès le lendemain
de l'adoption de cette loi, les discussions seront entreprises avec eux pour
définir ces lignes spécifiques, et eux vont nous accompagner dans ce processus.
Mme
Maccarone : Mais c'est ça, ce n'est pas noir sur blanc.
M.
Bonnardel : Oui, mais ça, c'est... ça, c'est ma parole. C'est ma
parole...
Mme Maccarone : C'est ça, c'est
votre parole.
M. Bonnardel : ...et
c'est le travail que les équipes administratives font. Peu importe que je sois
là ou que je ne sois pas là, ce travail se fait et continuera de se faire en
continu dans les prochaines années.
Mme Maccarone : Et je ne doute pas
de votre bonne foi puis j'espère que ce sera le cas, mais, pour s'assurer que ce sera le cas, puis, si le ministre a raison,
que c'est toujours la pratique en place, bien, encore une fois, pourquoi ne
pas le mettre dans la loi, d'assurer que, dans la loi, c'est clair que nos
corps policiers seront consultés? Si on dit que c'est clair — je
vois le sous-ministre qui est en train de dire oui — le
ministre dit : Oui, peu importe, même si ce n'est pas moi, c'est sûr, on va avoir une consultation,
mets-le dans la loi, fais-nous plaisir, puis je pense qu'il y a plein de gens
qui vont être rassurés de ça aussi.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions sur 96?
Mme Maccarone : J'ai un amendement à
déposer, M. le Président, mais on est en train de l'écrire. Si nous pouvons
suspendre?
Le Président (M.
Bachand) : Donc, on va suspendre. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 20)
(Reprise à 15 h 28)
Le
Président (M. Bachand) :
C'est juste... Alors donc, je
regarde la députée de Westmount—Saint-Louis, il y a des petits correctifs à faire pour l'amendement?
Mme Maccarone : Oui, tout à fait.
Le Président (M.
Bachand) : Parfait. Alors, désolé, on va
continuer la suspension quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 29)
(Reprise à 15 h 33)
Le Président (M.
Bachand) : Merci. À l'ordre, s'il vous
plaît! Alors, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, pour un amendement.
Mme
Maccarone : Oui. Alors, un amendement proposé à
l'article 96. Ajouter au premier alinéa de l'article 307 de la
Loi sur la police, proposé par l'article 96 du projet de loi, après les
mots «il établit» des mots «, après avoir consulté les partenaires,».
L'article se lira ainsi :
96. L'article 307 de cette loi est remplacé
par le suivant :
«307. Le ministre conseille et surveille [ses]
corps de police ainsi que les autorités dont ils relèvent dans la mise en
oeuvre des mesures visées par la présente loi et vérifie l'efficacité des
services de police qu'ils fournissent.
«À cette fin, il établit, après avoir consulté
les partenaires, des lignes directrices concernant toute question se rapportant
à la présente loi ou à ses textes d'application de même qu'à l'égard de toute
question relative à l'activité policière et les rend publiques. Ces lignes
directrices peuvent porter notamment sur la collaboration et la concertation entre les corps de police de même qu'entre ces
derniers et les différents intervenants concernés. Les lignes directrices ne
peuvent porter sur une enquête ou une intervention policière en particulier.
«Les autorités dont relèvent les corps de police
communiquent au ministre tous les renseignements utiles concernant leurs
priorités d'action, leurs projets et leurs réalisations.»
Alors, comme nous n'avons... nous avons débattu
juste dernièrement, avant notre suspension, le but, c'est de s'assurer que, malgré qu'on entend l'engagement du
ministre, mais... puis que nous avons entendu dire que c'est de rigueur,
c'est notre façon de faire, si c'est
vraiment notre façon de faire, ça ne devrait pas être compliqué d'adopter cet
amendement à l'article 96 parce que c'est déjà notre pratique puis
notre façon de faire.
Je pense que ça va amener une certaine souplesse
aussi puis ça va rassurer les groupes concernés parce que je sais que, lors des
auditions, nous avons beaucoup entendu en ce qui concerne les lignes
directrices, les groupes sont préoccupés,
ils souhaitent garder l'indépendance des corps de police et de tous leurs
membres, c'est une préoccupation qu'ils ont, puis le but, c'est de
s'assurer qu'ils font partie du processus.
Encore une fois, je... juste pour répéter, M. le
Président, si c'est déjà le cas, si c'est déjà notre pratique, si c'est déjà notre façon de faire, pourquoi ne pas
le mettre dans la loi pour s'assurer qu'au-delà de l'adoption de cette loi ce
sera la pratique à chaque fois que nous allons renouveler les lignes
directrices dans le futur?
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? M. le
ministre.
M.
Bonnardel : ...commentaire pour dire que les discussions
avec les différents partenaires, nos principaux partenaires, les corps de police, se font, se font toujours, se font
toujours, continueront de se faire, ils vont se faire, comme je l'ai mentionné, dès l'adoption de la loi, pour
qu'on soit capables d'établir les lignes directrices avec eux, et qui se fera...
qui seront déposées 60 jours après l'adoption de la loi.
Le
Président (M. Bachand) : Merci.
Interventions? M. le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla :
Oui. Une question,
M. le ministre : Qui sont vos partenaires? Est-ce que ce sont exclusivement
les corps policiers?
M. Bonnardel :
Bien, les lignes directrices,
nécessairement, les corps de police sont partie prenante. Il peut y avoir
d'autres partenaires qui sont aussi partie prenante, qui ont été présents aussi
lors des consultations, ou d'organismes que nous avons rencontrés pendant la
période de vacances cet hiver, au mois de janvier.
M.
Fontecilla : Vous avez dit que si la loi est adoptée dans... vous
avez... vous vous êtes engagé à définir des lignes directrices concernant
particulièrement les interpellations aléatoires dans les 60 jours, là, et
vous avez aussi dit que vous allez... vous alliez préparer ces lignes
directrices en étroite collaboration avec les corps policiers. C'est très bien,
mais je voudrais savoir si vous allez organiser des consultations auprès
d'autres partenaires, autres que les corps policiers, là.
M.
Bonnardel : C'est le ministère lui-même qui va entreprendre les
discussions, nécessairement, pas moi. On a déjà entendu les discussions, les
consultations, les organismes. Comme je l'ai déjà mentionné, là, j'ai rencontré
plusieurs organismes aussi avec mon collègue le ministre responsable de la
Lutte contre le racisme. Donc, c'est le ministère
qui va aller chercher un consensus, un consensus autant du côté des corps de
police que des organismes concernés, les organismes de défense, on va
les nommer ainsi, là, qui... comme je l'ai déjà mentionné, que j'ai rencontrés,
au mois de janvier dernier, et qui m'ont expliqué la situation de cas
particuliers de gens qui ont vécu ces cas particuliers de certains corps de
police. Donc, là-dessus, bien, il va être important de statuer puis de les
rendre disponibles pour nous aussi, pour être capables de leur expliquer où on
s'en va.
M. Fontecilla :
C'est bien, mais, dans
l'article 307, là, vous vous octroyez, en tant que ministre, évidemment,
le droit d'établir des lignes concernant toute
question se rapportant à la présente loi, là. Évidemment, il y a... tantôt,
après l'étude de cet article-là, on va regarder l'article 97, là,
qui va concerner plus particulièrement les interpellations, là, mais, par cet article-là, vous vous donnez les
pouvoirs de donner des lignes directrices, là. Expliquez-nous, là, qu'est-ce
que c'est, dans votre esprit, là, une ligne directrice, là, au-delà des aspects
particuliers, là. Est-ce que c'est... je vais le dire comme ça, est-ce
que c'est un ordre que vous donnez à l'ensemble des corps policiers, là, à
certains corps policiers, concernant quoi,
particulièrement, là? Qu'est-ce que vous avez à... Quelle est la préoccupation
du... comment dire, quel est le projet du ministère de la Sécurité
publique, là, concernant les lignes directrices générales? Parce qu'ici on
parle de lignes directrices dans un sens large, là, je voudrais comprendre
qu'est-ce que vous avez en tête, là, avec les lignes directrices.
• (15 h 40) •
M. Bonnardel :
Bien, les lignes directrices
peuvent... vont concerner nécessairement tous les corps de police, pas
juste un, pas juste deux, c'est l'ensemble, c'est l'ensemble des corps. On l'a
mentionné tantôt, je pense, à la question de la députée, pour ce qui est,
exemple, du registre des personnes disparues. Alors, on peut établir une ligne
directrice qui va définir, aux différents corps de police, le modus operandi ou
le processus pour établir le cadre comme
tel. Puis, si on choisit le cadre qui est celui de la Sûreté du Québec, bien, on va l'intégrer à l'ensemble du corps... des corps de
police.
M. Fontecilla :
Est-ce que vous avez déjà une
idée précise, là, de ce que vous avez... de ce que vous entendez établir
comme lignes directrices, là, au-delà des interpellations policières, là?
M.
Bonnardel : Bien, l'affichage des personnes disparues, c'est certain
que ça, ça fait partie du processus puis du travail des prochaines semaines,
des prochains mois.
M.
Fontecilla : Puis c'est le seul projet que vous avez en tête avec
ce...
M.
Bonnardel : Bien non, l'interception sur...
M.
Fontecilla : Parce que vous vous donnez un pouvoir très, très, très
important, là.
M.
Bonnardel : Oui, oui. Oui, oui, mais, comme je l'ai mentionné...
M.
Fontecilla : Et j'aimerais savoir vous allez l'utiliser à quelles
fins, là.
M. Bonnardel : Oui, puis j'ai
compris l'inquiétude que les corps pourraient avoir. Le but, le but, c'est de
travailler avec nos partenaires. C'est ce que le MSP a toujours fait. On n'a
jamais travaillé seul dans notre tour en disant :
Bien, on s'en va là puis on impose. Notre principal... nos principaux
partenaires, ce sont les policiers au Québec. Donc, le défi que... le but que
nous avons, c'est de rendre le cadre de travail... leur cadre... leur travail
adéquat, de moderniser, de mieux faire connaître et d'adapter les politiques
aussi, nos politiques, là, au monde d'aujourd'hui, dont nécessairement les
interpellations et l'interception qui ont été d'actualité dans les derniers
mois.
Donc, c'est un
partenariat qui va se faire, ce sont des discussions qui vont se faire avec les
partenaires. C'est pour ça que je vous dis aujourd'hui que les discussions, dès
l'adoption de la loi, seront entamées pour qu'au 60e jour on dépose les
premières lignes directrices qui seront sur les interpellations, interceptions.
M. Fontecilla :
Il existe plusieurs façons, là, pour un État, là, d'établir des
obligations, on va les appeler comme ça, de façon très générale, une obligation
légale, une loi, un règlement, une deuxième façon. Vous, vous avez trouvé une
troisième façon, là, qui pour moi est inédite, là, je ne l'ai pas vue,
peut-être que ça existe, vous allez me... ailleurs, dans d'autres ministères,
c'est les lignes directrices, là. Pourquoi ne pas avoir choisi, d'une part,
l'inclure... inclure... vous donner la capacité d'obliger les corps policiers,
là, dans la loi ou peut-être dans un règlement, là, pourquoi avoir choisi une
troisième voie?
M.
Bonnardel : Pour votre gouverne, M. le député et Mme la députée,
nécessairement, il existe déjà des lignes directrices au ministère de la
Sécurité publique qui concernent l'exclusivité de fonction des policiers qui
détiennent un poste d'encadrement et l'obligation de divulgation. Donc, ce
n'est pas nouveau pour eux. Puis, comme je
l'ai mentionné puis je vais répéter, les lignes, pour nous, ce n'est pas
d'imposer de façon unilatérale une position x. On ne peut pas faire
ça sans que nos partenaires soient partie prenante, partie prenante de
l'amélioration de leur travail, du défi qu'ils ont en 2023 et qu'ils auront
dans les prochaines années.
Donc, le but, le but,
c'est de travailler avec nos partenaires. Puis je vous le dis, que ce soit moi
ou quelqu'un d'autre dans les prochaines années, on aura... on devra... on aura
toujours ce défi d'accompagner nos policiers, nos policières dans le cadre de
leur travail. Donc, ce n'est pas nouveau, là, ça ne vient pas d'arriver, ce
terme, «lignes directrices», pour une première fois, ça existe déjà.
M. Fontecilla :
Pourquoi ne vous... vous ne
donnez pas aussi l'obligation, là, de justement, là, dans l'esprit de partenariat,
là, qui est inscrit dans la mission même de la police, là, d'établir, d'adopter
des lignes directrices, là, qui sont fondées
justement sur la notion de partenariat tel que présenté dans l'amendement de
notre collègue de Westmount—Saint-Louis?
M. Bonnardel :
C'est un peu
la réponse que j'ai donnée, c'est dans notre... dans nos façons de faire. On
n'est pas, au MSP, au ministère de la Sécurité publique... on n'a pas beaucoup
de partenaires. Le principal partenaire, c'est notre police nationale, c'est nos services de police municipaux. Ce sont
eux nos partenaires. C'est avec eux qu'on doit travailler. C'est avec eux qu'on doit donner tous les outils possibles
pour les aider à bien faire leur travail, pour rassurer la population,
pour sécuriser nos rues.
Donc, ce travail, ce
travail, le MSP ne peut pas le faire seul. Je ne peux pas le faire seul dans
mon coin sans qu'eux soient informés, sans qu'eux participent à ce que nous
souhaitons mettre de l'avant, c'est impensable, c'est impensable. Le MSP ne
peut pas travailler comme ça. Puis c'est pour ça que, qui était là avant moi
versus qui sera là après moi, c'est un modus
operandi, les façons de faire qui vont continuer d'être imbriquées dans leur...
dans le gène du MSP, qui est celui de communiquer et de faire participer
nos partenaires pour améliorer, améliorer nos processus.
M.
Fontecilla : Donc, en quelque sorte, si je comprends votre propos, la
collaboration et les partenariats, c'est
implicite dans le travail du ministère. Je comprends cela aisément, là, mais je
vois comme une... comment dire, un double
traitement, là, d'une part, et on l'a adopté, on... vous mettez de l'avant, là,
une mission fondée sur... vous mettez de l'avant une mission de la police, là,
fondée sur le partenariat, entre autres, et vous vous donnez le pouvoir d'établir
des lignes directrices, là, qui... donc un très grand pouvoir. Mais, dans ce
cas-là, la notion de partenariat disparaît. Et vous me dites : C'est parce qu'elle est déjà implicite, là. Mais
pourquoi vous... l'avoir établie dans la mission elle-même de la police
et non pas dans la pratique d'établir des lignes directrices, là?
M. Bonnardel :
Bien, ça a déjà été... comme je
l'ai mentionné, ça a déjà été établi, ces lignes directrices, dans le cadre des fonctions des policiers qui détiennent
un poste d'encadrement. Comme je l'ai mentionné, les corps de police ont
participé à ces lignes directrices que nous avons établies.
Donc, pour moi, c'est
important de donner un message qui est fort, qu'on va établir des lignes qui
vont répondre aux inquiétudes que beaucoup de personnes ont eues concernant les
interpellations et les interceptions, ça, c'est
le prochain article, et que, là-dessus, il ne faut pas oublier, il y a des
corps de police qui ont déjà des processus, des lignes spécifiques. Le
SPVM en a, là, mais, pour nous, ça va être important d'encadrer ça dans un
ensemble...
Une voix :
...
M.
Bonnardel :
...d'équité, c'est ça, un principe d'équité pour que tous les corps se disent :
O.K., ça, c'est les lignes sur lesquelles on doit s'adapter, se préparer. Il y
en a qui vont dire : Bien, on est déjà à la même place ou presque, on va
améliorer ceci ou enlever cela. Puis voilà, c'est un cadre spécifique, un
thème, une façon de faire qui va représenter notre vision et que,
nécessairement, de l'autre côté, aller chercher des pratiques aussi que les
corps de police ont déjà appliquées, pour ne pas nommer, exemple, le SPVQ à
Québec ou le SPVM à Montréal.
M.
Fontecilla : Je ne doute aucunement de votre capacité à collaborer
avec les corps policiers et d'autres acteurs
de la société civile, là, intéressés par la sécurité publique, là, comme par
exemple les organismes de défense, là. Mais
vous vous êtes donné, encore une fois, un très grand pouvoir d'établir des
lignes directrices, mais la loi, telle qu'elle est, telle qu'elle est
formulée en ce moment, là, vous avez ce pouvoir-là et vous l'exercez de
façon... vous pouvez l'exercer de façon solitaire. Vous me dites : Non,
non, non, je vais... la pratique, dans le ministère, c'est de travailler de
façon collaborative, concertée, etc., mais, dans ce que nous voyons ici, vous
vous donnez la capacité d'exercer seul ce pouvoir-là, alors qu'encore une fois
vous avez établi dans la mission de la police qu'elle doit fonctionner sur la
notion de partenariat, là.
M.
Bonnardel : On a toujours fonctionné comme ça. La seule réponse que je
vais vous donner, la mission du ministère se lit comme suit, une portion de la
mission : «Sa mission est de faire du milieu de vie des Québécois un
endroit sécuritaire, propice au développement social et économique de la
société en intervenant, de concert — de concert — avec
ses partenaires, dans différents secteurs, dont — exemple — les
services correctionnels.»
M. Fontecilla :
...ne pas transcrire cette
notion-là de partenariat dans la loi, dans l'article sur les lignes
directrices, là?
M.
Bonnardel : Parce que c'est important, comme je vous l'ai mentionné,
que les lignes directrices qui ont déjà été
établies dans d'autres moments où je n'étais pas ministre, aujourd'hui, on
définit la même sensibilité que nous avons
pour ces lignes directrices pour avoir une équité dans l'ensemble des corps de
police, pour répondre spécifiquement à une des inquiétudes que vous avez
sûrement, parce que vous aussi, vous avez entendu les groupes de défense, sur
la question des interpellations et des interceptions aléatoires.
M.
Fontecilla : Est-ce que votre intention, en vous donnant le pouvoir
d'établir des lignes directrices sans nécessairement
consulter, consulter vos partenaires, là, parce que ce n'est pas... ce n'est
pas inscrit, là, ici, là, ce qu'on voit, là, c'est que vous pouvez exercer...
définir les lignes directrices sans consulter vos partenaires, ça ne figure
pas dans le texte que nous avons, nous avons
devant nous, là. Est-ce pour vous donner la capacité de vaincre des
résistances? Pourquoi vous donner ce pouvoir, ce si grand pouvoir, là,
en l'absence de la mention explicite dans la loi du devoir de partenariat, là?
C'est ça qui m'intéresse.
• (15 h 50) •
M.
Bonnardel : Il pourrait y avoir des corps de police qui se
disent : Bien, nous, on n'a jamais eu de cas comme ça, on n'a pas besoin
de statuer sur les interceptions ou interventions. Alors, pour nous, c'est
important, de par ces lignes, de définir, de
définir l'équité, les principes mêmes, les principes mêmes d'une interception
ou interpellation aléatoire qui se fait sans motif, discriminatoire.
Donc, voilà, c'est... Puis je reste convaincu, présentement, que l'ensemble des
corps de police répondent très, très bien à ces situations, mais on va
l'encadrer, on va le travailler avec eux, puis on aura des lignes qui vont
nécessairement définir ce cadre et qui risquent, pour certains corps, comme je
l'ai mentionné, que ce soit Québec, ou Montréal, ou la Sûreté, qui sont déjà...
qui ont déjà des principes mêmes, là-dessus,
bien, ils vont peut-être se dire : Bien, ça, on répond à ça, on répond à
ça, on répond à ça, on est O.K., on est O.K. pour la suite des choses.
Donc, on ne change pas nos... notre processus. Voilà.
M.
Fontecilla : Donc, si je comprends bien votre propos, en ce moment,
là, lorsque vous dites... vous vous donnez le pouvoir d'établir des lignes
directrices, là, c'est... dans le pratico-pratique, là, dans l'immédiat, là,
dans votre plan d'action immédiat, là, c'est concernant les interpellations
aléatoires et toutes les pratiques concernant les personnes disparues. C'est
ces deux aspects-là où vous allez établir des lignes directrices dans
l'immédiat, là.
M.
Bonnardel : À court terme, oui. À court terme, oui.
M.
Fontecilla : Et à plus long terme?
M.
Bonnardel : On n'est pas rendu là.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la députée de
Westmount—Saint-Louis.
Mme
Maccarone : Moi, je veux juste dire que mon but, c'est d'aider le ministre
d'être conséquent et cohérent avec lui-même. C'est ça, mon but. Dans tout ce
qu'il vient de dire, il a parlé de la mission, il a parlé de... c'est impensable qu'on ne consulte pas, il a dit
qu'il faut faire participer nos policiers. Si c'est le cas, c'est quoi, le mal d'ajouter
la notion de consultation, «après avoir consulté les partenaires»? Qu'est-ce
que ça va changer? Je veux comprendre pourquoi c'est un non, si c'est... ça
fait déjà partie de la mission, si ça fait déjà partie de la façon que le
ministre travaille. Puis il dit que c'est comme ça que nous avons travaillé
précédemment puis c'est comme ça que nous
allons travailler dans le futur. «C'est impensable», ses mots à lui. Ça fait
que, si c'est le cas, pourquoi ne pas le mettre? Qu'est-ce que ça va
dénaturer dans le processus d'avoir une obligation dans la loi de consulter?
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M. Bonnardel : Bien,
je l'ai déjà mentionné au collègue député, ça fait partie du modus operandi du ministère depuis le tout début. Ça fait partie de
sa mission. Pas besoin de mettre ça dans le projet de loi pour identifier
spécifiquement qu'on doit communiquer. Comme je l'ai mentionné, il n'y a pas
36 partenaires, au MSP. Le plus important,
c'est celui avec lequel on travaille depuis des années, des années et des
années, c'est les corps de police. Donc, on ne peut pas jouer seul dans
notre coin, là, c'est impensable.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée.
Mme Maccarone : Ce n'est pas une
réponse à ma question, c'est une réponse à pourquoi la façon qu'on travaille. Mais qu'est-ce que ça change de
l'ajouter si ça fait partie de notre processus? Ça fait que des partenaires qui
sont consultés, c'est les corps de
police, mais ce n'est pas nécessairement tous les policiers. Est-ce que ça
comprend tous les partenaires?
M. Bonnardel : Bien, les
partenaires, je l'ai mentionné tantôt au député sur la même question, les corps
de police, les organismes de défense, tous
ceux avec lesquels on aura... on aurait à travailler pour répondre aux
inquiétudes de la population, oui, les corps de police, puis, de l'autre
côté, pour les interceptions et les interpellations, il y a des organismes de
défense que le MSP connaît, que je connais, que nous avons rencontrés déjà, mes
collègues et moi. Alors, c'est certain que certains d'entre eux vont être
interpelés, là.
Mme Maccarone : Comment est-ce que
ça fonctionne aujourd'hui sans les lignes directrices? Pourquoi avez-vous
besoin de ça?
M. Bonnardel : Bien, c'est justement
parce que chaque corps de police peut par lui-même définir de quelle façon son
corps doit travailler ou répondre face à des interpellations qui se font avec
motif ou non. Donc, pour... le principe même d'une ligne directrice, c'est
d'avoir un principe d'équité.
Mme Maccarone : Ça fait qu'ici on va
parler uniquement des interpellations parce qu'à 97 on parle des
interpellations. Ça fait que, là, à 96, on parle des lignes directrices, mais
ce n'est pas défini qu'est-ce que nous avons besoin de la ligne directrice. Ça
fait que d'où le sens de ma question. Si on a déjà le 97 qui s'en vient pour
traiter les interpellations policières, la façon qu'on travaille aujourd'hui,
pourquoi que nous avons besoin des lignes directrices si on va déjà avoir un
autre article qui va traiter des interpellations?
M. Bonnardel : Bien, 96, ça va
dicter de futures lignes directrices, dont le sujet que vous m'avez mentionné tantôt, les personnes disparues. Et 97, on l'écrit
immédiatement pour dicter le fait que nous prenons cette situation au sérieux
et que les lignes directrices sur les
interpellations et interceptions seront déposées au 60e jour après
l'adoption de la loi.
Mme
Maccarone : Puis de la façon que ça fonctionne aujourd'hui,
c'est qu'on dit que tout le monde travaille en silo, puis ils font leurs
affaires de leur façon puis pas nécessairement...
M. Bonnardel : Bien, exemple, les
personnes disparues, la Sûreté du Québec a un... pas un portail, là, mais un
site sur les personnes. Le SPVM, je ne crois pas.
Une voix : ...
M. Bonnardel : Ils en ont-tu un
aussi? Je pense que oui, donc c'est pour ça qu'on va...
Une voix : ...
M. Bonnardel : Il y a d'autres corps
de police qui ne l'ont nécessairement pas. Donc, le défi, pour répondre à votre
inquiétude de tantôt, c'est d'encadrer ce registre comme tel et de le faire de
la bonne façon.
Mme Maccarone : C'est juste que...
Je sais que le ministre est sensible aux préoccupations que nous avons, parce
qu'on porte la voix des gens qui sont venus témoigner, puis c'est écrit dans
plusieurs mémoires, il y a des inquiétudes parce que, malgré la bonne foi du
ministre qui dit qu'on va consulter, c'est une consultation, ce n'est pas
nécessairement qui va aller en lien avec les souhaits des groupes qui seront
consultés. Alors, on souhaite amener la lumière
et la préoccupation, que ce soit le corps de police ou que ce soient tous les
groupes qui ont des revendications, on
veut s'assurer que leur voix est portée ici. Mais ça donne l'impression...
c'est un peu : Fais ce que je dis, mais pas ce que je fais. C'est
un... le grand pouvoir qu'on se donne, au ministre, puis avec tout le respect,
ce n'est pas envers le ministre en question,
mais c'est dans la loi, c'est vraiment un superpouvoir que nous sommes en train
d'octroyer. Puis avec raison, puis avec justesse, je comprends pourquoi les
groupes sont concernés. Tous les partenaires sont concernés parce qu'il va toujours y avoir une peur qu'à
chaque fois qu'on souhaite faire un changement, une modification, bien, on n'a
pas besoin de suivre la loi, on a un superpouvoir qu'on va pouvoir le faire
puis on... ce n'est même pas écrit 60 jours. Ça, c'est quelque chose qui est dit au micro, mais
qui n'est pas écrit nulle part dans la loi. On dit que oui, on va consulter,
mais ce n'est pas dans la loi. Ça fait que c'est quand même un énorme pouvoir
qu'on donne. Puis ce n'est pas écrit ailleurs que cette consultation sera faite. Puis,
si les groupes, évidemment, sont préoccupés ou qu'ils ne sont pas contents
avec les lignes directrices, bien, ils vont
avoir un droit de recours, par exemple. Ça fait que je partage leurs
préoccupations.
Encore une fois, je
ne dis pas que le ministre n'est pas de bonne foi, puis j'entends les
explications, puis je pense qu'on a tous une responsabilité d'aider à
s'améliorer, que ce soit en ce qui concerne retracer les personnes disparues ou la lutte contre le profilage racial,
par exemple, mais je dois aborder une préoccupation en ce qui concerne
ce superpouvoir qui est quand même très inquiétant.
Le Président (M. Bachand) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement? S'il n'y a pas
d'autre intervention, est-ce que l'amendement est adopté?
Mme
Maccarone : Par appel nominal, s'il vous plaît.
Le
Président (M. Bachand) : Vote par appel
nominal. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La
Secrétaire : Pour, contre, abstention. Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis)?
Mme
Maccarone : Pour.
La
Secrétaire : M. Bonnardel (Granby)?
M.
Bonnardel : Contre.
La
Secrétaire : M. Lamothe (Ungava)?
M. Lamothe : Contre.
La
Secrétaire : Mme Haytayan (Laval-des-Rapides)?
Mme
Haytayan : Contre.
La
Secrétaire : M. Asselin (Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin : Contre.
La Secrétaire :
Mme Bourassa (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme
Bourassa : Contre.
La
Secrétaire : M. Lemieux (Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La
Secrétaire : M. Fontecilla (Laurier-Dorion)?
M.
Fontecilla : Pour.
La Secrétaire :
M. Bachand (Richmond)?
Le
Président (M. Bachand) : Abstention. Donc,
l'amendement est rejeté. Donc, on revient à l'article 96. Interventions?
S'il n'y a pas d'autre intervention... M. le député de Dorion.
M.
Fontecilla : Sur l'article 96?
Le
Président (M. Bachand) : Oui. Ça va?
Une voix :
...
Le Président (M. Bachand) : Intervention ou ça va? O.K. Donc, s'il n'y a pas
d'autre intervention, est-ce que l'article 96 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Une voix : Sur
division.
Le Président (M.
Bachand) : Sur division. Merci. M. le
ministre, s'il vous plaît.
M. Bonnardel : Alors,
article 97 : Cette loi est modifiée par l'insertion, après
l'article 307, du suivant :
«307.1. Le ministre doit établir, à l'égard des
corps de police et de leurs membres, une ligne directrice concernant les
interpellations policières, y compris les interceptions routières
effectuées en vertu de l'article 636 du Code de la sécurité routière (chapitre C-24.2),
et la rendre publique.»
Commentaires : L'article 97 du projet
de loi propose d'introduire l'article 307.1 à la loi afin d'obliger le ministre à établir une ligne directrice concernant
les interpellations policières, y compris les interceptions... routières, pardon, effectuées
en vertu de l'article 636 du Code
de la sécurité routière, à l'égard
des corps de police et de leurs membres et de la rendre publique.
Ça fait que
ça fait suite à la recommandation 132, là, du Comité consultatif sur la
réalité policière, comme je l'ai déjà mentionné, là.
• (16 heures) •
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? Mme la
députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui. Une
préoccupation côté de format puis la façon qu'on travaille, quand on parle de
l'article 636 du Code de la sécurité routière, qui a été jugé
inconstitutionnel par la Cour supérieure, le jugement est présentement en
appel, ne serait-il pas préférable d'attendre le résultat de ce dossier avant
de modifier la Loi sur la police et
mentionner un article de loi qui n'existera peut-être plus? Ça fait que ça,
c'est une question, je ne sais pas si vous avez un avis légal en ce qui
concerne l'article 97, parce que ça se peut qu'il va y avoir un impact
suite au jugement.
M. Bonnardel : Bien, s'il y a un
impact...
Le Président (M.
Bachand) : Juste... je vous rappelle, bien
sûr, la grande prudence, comme la députée de Westmount—Saint-Louis a souligné, la
grande prudence, s'il vous plaît. M. le ministre.
M. Bonnardel : Si j'avais suivi
votre raisonnement, on n'aurait rien fait ou presque, là, on aurait attendu la fin ou que la cause soit entendue en appel. Donc,
aujourd'hui, on répond, on répond à des inquiétudes, des inquiétudes des
gens, et le processus judiciaire suit son cours.
Mme Maccarone : Et j'entends le
ministre, puis avec beaucoup de prudence, M. le Président, c'est parce qu'ici dans cet article on parle spécifiquement
des interpellations policières, d'où la raison de la question. Ce n'est pas
une question d'être pour ou contre, on
pourra faire le débat, encore une fois, en ce qui concerne... consultation,
etc., mais, avant de même poursuivre, pour sauver du temps à la
commission, je voulais juste savoir s'il y a quand même un avis écrit qui nous
dit que, oui, on n'aura aucune difficulté législative de poursuivre avec cet
article. Parce que tout dépendamment ce qui sera rendu comme décision, parce
que c'est présentement en appel, est-ce qu'il va y avoir un impact ici? Encore
une fois, je ne suis pas avocate. Alors, c'est une question de rigueur dans
notre processus, puis je suis persuadée que
le collègue a quand même beaucoup d'interventions à faire, moi aussi également,
mais, avant même de poursuivre, je voulais juste m'assurer qu'on ne fait
pas fausse route, côté... dans le cadre législatif.
M. Bonnardel : ...Mme la députée, si
c'est dans la loi...
Mme Maccarone : Députée de Westmount—Saint-Louis.
J'aime ça entendre mon comté, c'est important.
M. Bonnardel : Mme la députée de Westmount—Saint-Louis,
si c'est écrit dans la loi ou si c'est dans la loi, c'est parce que tout cela
est passé à travers le processus des directions des affaires juridiques,
donc...
Mme Maccarone : Moi, j'ai déjà vu
beaucoup de débats où il y a des choses qu'on dit : Ah oui! c'est vrai, vous avez raison, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis. Ça fait que ça se peut que ça a été le cas cette fois-ci. Mais
est-ce qu'on a quand même un avis en ce qui concerne ceci? Parce que c'est
quand même... c'est spécifique, c'est rare qu'on fait face à cette
particularité, d'où la question. Puis on n'est pas les seuls qui ont posé la
question, on a quand même eu des recommandations, aussi, des avocats qui nous
ont demandé si on a quand même un avis qui dit que nous pouvons poursuivre,
que... vous dites, est probablement le cas, parce que la loi est écrite. Ça
fait que, si ça existe, est-ce que c'est un avis qui pourrait être déposé?
M. Bonnardel : Il n'y a pas d'avis
comme tel. La Direction des affaires juridiques a entériné les articles qui
sont dans la loi, donc ça fait foi.
Mme Maccarone : O.K. Bon, bien, il
faut que... je pense que la question se pose. Puis évidemment ça amène les mêmes préoccupations, le 97, que nous
avons abordées dans le 96, c'est un grand pouvoir que nous sommes en
train de donner au ministre en ce qui concerne les lignes directrices. Et là on
parle uniquement des interpellations policières. Ça fait qu'est-ce que le
ministre peut partager ses intentions?
M. Bonnardel : Bien, je l'ai déjà
mentionné, là, les lignes directrices qui sont établies vont définir un cadre comme tel, une forme d'équité qui ne permettra pas,
donc, des interpellations ou des interceptions avec motifs discriminatoires.
Mais là je vous le dis de façon très aisée, très facile, mais le libellé ou la
façon de l'écrire sera fait en collaboration, oui, avec
les différents corps de police. Mais le principe même, c'est de répondre, c'est
de répondre à ces cas qui ont été,
malheureusement, médiatisés, à ces situations qui sont arrivées, pas de façon
majoritaire, mais qui sont activées. Alors, c'était important, pour moi,
d'y répondre. Et là-dessus, bien, nos partenaires policiers seront parties
prenantes. Les partenaires, aussi, des groupes de défense, aussi, seront
interpellés là-dessus, comme je l'ai fait moi-même en les rencontrant, là, dans
les derniers mois, pour être capable de comprendre leur cas, leurs expériences
qui ont été, pour certains, malheureuses.
Mme Maccarone : C'est un sujet qui
est très délicat, qui ne fait pas de consensus nulle part, que ce soient les groupes concernés, qui sont des groupes qui
sont victimes de profilage racial, ou qu'on parle de corps policiers qui
souhaitent s'assurer qu'ils ont tout ce qu'il leur faut pour être en mesure de
faire leur travail comme il faut. Comment le
ministre voit sa façon de marier ces deux enjeux pour s'assurer qu'on protège
la population puis la société civile mais qu'on donne quand même les
outils nécessaires pour les policiers, d'agir?
Parce que, nous, ce qu'on a entendu, puis les
explications que nous avons entendues aussi lors des auditions particulières... Puis évidemment je suis de tout
coeur avec les personnes racisées, on veut mettre fin à ça, ça fait que je
comprends l'intention. Mais il y a une
différence entre profilage racial puis profilage criminel. Alors, comment
est-ce que le ministère voit sa directive pour marier toutes ces
intentions?
Je comprends qu'il y aura une consultation. Puis
là, évidemment, je déclare mes intentions de déposer un amendement pour parler
de consultation, parce que je pense que les consultations, ici, spécifiquement,
c'est quelque chose que nous devons mettre
dans la loi pour s'assurer qu'il y aura un engagement aujourd'hui et futur. Si
nous ne pouvons pas le faire pour le
96, je pense que c'est essentiel qu'on le fait pour le 97, parce que, là, on comprend
qu'il y a plein de choses qui peuvent arriver.
On a entendu aussi, dans les crédits
budgétaires... j'ai demandé juste de savoir c'étaient qui, les groupes qui
étaient consultés, le 17 et le 19 janvier, puis on a reçu une réponse, en
ce qui concerne notre demande de l'accès à l'information, que ces informations
sont confidentielles. Ça fait que vous me permettez d'avoir une préoccupation
en ce qui concerne la notion de
consultation, si on ne peut même pas dire ouvertement c'étaient qui, les
groupes qui ont été consultés, quand on parle de la prochaine étape pour
la lutte contre le racisme.
Alors, est-ce que le ministre peut au moins nous
expliquer un peu les intentions puis comment il voit le mariage entre ces deux
pôles qui sont différents? Puis peut-être s'il peut aussi l'expliquer comment
nous n'allons pas approfondir le désengagement policier que nous avons aussi
entendu, mais tout en protégeant notre société civile?
M. Bonnardel : Bien, c'est un
équilibre qui n'est pas simple à trouver, mais qui doit être trouvé. Et je l'ai
déjà dit, il y a des corps de police qui
appliquent déjà ces règles internes d'interpellation et d'interception. Il y en
a qui le font déjà, puis ils le font déjà très, très bien.
Mais, de l'autre côté, on va le voir plus loin,
l'article 83, à partir de 83 aussi, les règlements de discipline, la formation continue, les efforts que nous
souhaitons donner, puis on va le voir plus loin, au Commissaire à la déontologie
pour être capable d'épauler, d'outiller,
aussi, les plaignants, les accompagner, alors c'est tous des ajouts que nous
avons mis dans la loi, qui n'étaient
pas dans l'ancienne loi n° 18, qui, pour moi, sont un pas, un pas important
pour accompagner ces plaignants
qui... on va le souhaiter, là, qui vont être le moins... Oui, on va souhaiter
qu'il y en ait le moins possible, dans les prochaines années.
Nos corps de police sont déjà bien, bien, bien,
équipés, ils sont bien encadrés, mais il reste quand même que la formation
continue a été un sujet... a été un sujet, là, qui a été important avec nos
différents partenaires, puis tout le monde en est conscient que ça... Qu'on
parte à la... qu'on parte dans le cursus collégial à la formation pour devenir un aspirant policier, par la suite à l'École
nationale de police, bien, le profilage racial et social, il faut être... il
faut que la formation se fasse de
bonne manière. Puis le policier d'aujourd'hui versus celui de voilà 20 ans
et celui dans 25 ans, bien, le travail va évoluer, va changer.
Donc, voilà, c'est... je pense qu'on a... pas je
pense, je considère qu'on a trouvé un équilibre intéressant, intéressant dans
cette loi. On aura d'autres amendements qu'on va déposer, aussi, pour améliorer
et trouver des petites touches
additionnelles à cette loi. Mais je pense qu'on a un équilibre qui répond bien,
qui répond bien au travail que les policiers doivent faire versus,
aussi, la protection des plaignants dans le futur.
Mme Maccarone : Est-ce que c'est des
amendements qui sont déjà déposés, M. le ministre, pour que les oppositions
puissent en prendre...
M. Bonnardel : Non.
Mme Maccarone : Est-ce que ce serait
possible de les déposer d'avance pour nous?
M.
Bonnardel : On va avancer, on va avancer puis on va... On n'en
a pas beaucoup, mais, dès qu'on va avancer, je vais vous informer comme je l'ai
fait tantôt, comme je l'ai fait tantôt pour celui que vous aviez déposé. C'est
ça.
Mme Maccarone : Dans les lignes
directrices, est-ce que vous avez l'intention de faire une distinction entre
profilage racial et profilage criminel?
M. Bonnardel : Bien, profilage
social, profilage racial, ce sont des termes qui ont été utilisés...
Mme Maccarone : Profilage
criminel.
M. Bonnardel : Bien, si le profilage
criminel est un terme qui doit être utilisé de la part de nos différents
partenaires, on l'évaluera.
• (16 h 10) •
Mme
Maccarone : Parce que, de mon sens, ce que nous avons entendu,
c'est qu'il y a une grande différence. Puis évidemment, oui, le
profilage racial existe, puis nous souhaitons mettre fin à ceci. Mais il y a
une différence avec le profilage criminel,
que nous avons entendu très clairement défini lors des auditions. Puis ce qu'on
ne veut faire surtout pas, c'est empêcher les policiers de faire leurs
travaux.
Je souhaite entendre le ministre, quand on parle
de, spécifiquement, cet article, lors du mémoire qui a été déposé au Conseil
des ministres en ce qui concerne ce projet de loi, quand on parle des interceptions
routières, c'est écrit, dans le mémoire qui a été déposé : « Ainsi, le ministre de la
Sécurité publique serait en mesure d'émettre des lignes directrices claires, obligatoires, pour les corps de police, à
l'instar des recommandations du CCRP et du GACR de même que des attentes de la société civile. Et, advenant l'adoption de
cette proposition, une ligne directrice confirmait, donc, que l'interpellation
policière et l'interpellation routière basées sur des motifs discriminatoires
sont interdites.» Pourquoi ce n'est pas écrit dans la loi?
M. Bonnardel : Bien, c'est les
lignes directrices qui vont le définir.
Mme Maccarone : Mais vous avez dit
que...
M.
Bonnardel : Mais ça, c'est une recommandation... c'est la
recommandation 132 du CCRP... est explicite aussi, exactement, ou les mots
sont proches, mais c'est pas mal les mots que vous avez dits là, que... le
cadre normatif en vigueur pour interdire explicitement les
interpellations policières des piétons et des passagers de véhicules, basées
sur un motif discriminatoire, partout au Québec. Donc, c'est nécessairement les
lignes... Les lignes vont définir que ça ne
doit pas se faire avec un motif, comme cela existe déjà pour des corps de
police comme Québec et Montréal, qui eux-mêmes,
déjà, ont déjà défini des cadres comme tels. Alors, nos partenaires l'ont déjà
fait, on ne part pas de zéro, là, on ne part pas de zéro, là.
Mme Maccarone : Mais ce n'est pas
écrit dans la loi. Le mot «sont interdites», c'est dans votre mémoire que vous
avez déposé dans votre Conseil de ministres. Ça fait qu'encore une fois je
questionne si ça fait partie de ce qui était
proposé dans le Conseil des ministres et accepté par le Conseil des ministres.
Puis je comprends que nous avons fait un effort, ici, mais ce n'est pas
le même sens. J'entends les intentions du ministre, mais ce qui était présenté
au Conseil des ministres, puis c'est un document qui est public, pour les gens
qui souhaitent aller voir sur l'Internet, ils disent que l'interception
policière et l'interception routière basées sur des motifs discriminatoires
sont interdites. Ce n'est pas ça qui est
écrit dans cet article. Cet article dit : «Une ligne directrice concernant
les interpellations policières, y
compris les interceptions routières effectuées en vertu de l'article 636
du Code — qu'encore
une fois, est en appel, ça fait que d'où la préoccupation — de
la sécurité routière, et la rendre publique.» Mais on ne parle pas des intentions,
ici, de les interdire.
M. Bonnardel : Bien, c'est la ligne
directrice qui va définir notre ligne de pensée.
Mme Maccarone : Parfait, mais
pourquoi ce n'est pas écrit dans l'article?
M.
Bonnardel : Bien, on ne peut pas l'écrire dans l'article, il
faut toujours bien questionner nos partenaires et participer avec eux à
l'élaboration de la ligne directrice.
Mme Maccarone : Mais vous n'avez pas
consulté les partenaires avant de déposer la loi?
M.
Bonnardel : Bien, c'est ce que je vous dis, si nos
partenaires... si on avait déjà en tête les lignes directrices, on
l'aurait écrit, mais là elle n'est pas définie, la ligne directrice, parce
qu'on va faire participer nos partenaires. Puis nécessairement on va se baser
sur ce qui se fait déjà, sur ce qui a déjà été écrit, pour trouver un consensus
puis un libellé qui va répondre, qui va répondre, en termes d'équité, à tout ce
qui se fait de bien, déjà, et comment on peut peut-être l'améliorer. Voilà
pour... Puis là, bien, il y a les corps de police, comme je l'ai mentionné,
puis il y a la question du député, tantôt, est-ce que d'autres partenaires de
groupes de défense aussi doivent être interpellés pour leur expliquer : Voici où on s'en va, alors, nécessairement, c'est
un travail qui va se faire assez... qui doit se faire assez rapidement,
là. Je l'ai mentionné, pour moi, c'est important qu'au 60e jour on
établisse ces lignes puis qu'elles soient définies à la 60e journée après
l'adoption de la loi.
Mme
Maccarone : Mais c'est un travail qui va se faire, mais c'est
une décision qui est déjà prise, parce que c'est ça qui était présenté
au Conseil des ministres.
M. Bonnardel : Bien, c'est un
engagement, c'est un engagement que je prends d'établir... la première ligne
directrice officielle de cette loi sera celle sur les interpellations,
interceptions.
Mme Maccarone : D'interdire,
c'est ça qui est écrit.
M. Bonnardel : Mais sans motif.
Mme Maccarone : Mais c'est écrit
«interdire», mais ce n'est pas écrit dans la loi. C'est ça, pour moi, ça, c'est incohérent, parce que la façon que ça
fonctionne... Ce n'est pas marqué, aussi, l'autre mot, que c'est basé sur des
motifs discriminatoires. Ça aussi, on ne le retrouve pas dans l'article. Puis
je comprends que c'est l'intention puis je ne
dis pas que ce n'est pas une mauvaise affaire, mais, si c'est ça qui était
présenté au Conseil des ministres puis adopté au Conseil des ministres, c'est un document qui est public pour tout le
monde, avoir, c'est ça, l'intention. L'intention est déjà prise.
Pourquoi ça ne fait pas partie de cette loi?
M. Bonnardel : Je l'ai mentionné,
j'ai déjà répondu.
Le Président (M.
Bachand) : Interventions? M. le député de
Laurier-Dorion.
M.
Fontecilla : Oui. Donc, vous nous dites... vous nous dites que
vous allez adopter, en vertu de l'article 307.1, là... vous allez
adopter des lignes directrices concernant les interpellations policières, y
compris les interceptions routières
effectuées en vertu de l'article 636 du Code de la sécurité routière.
Vous nous dites que c'est pour répondre aux inquiétudes des différents groupes,
des différentes personnes, en fait, une inquiétude sociétale, là, qui est celle
du profilage racial, on va le dire, là. Parce qu'il y a eu des études
qui l'ont démontré très clairement, dans la pratique de certains corps
policiers au Québec, là, et on peut supposer que c'est une pratique... que
c'est une conséquence, en tout cas, là, qui
affecte... qui concerne l'ensemble des corps policiers, là, c'est qu'il y a,
par l'utilisation des interceptions routières, en vertu de 636, ou les interpellations, on va dire, aléatoires, il y a
un phénomène de profilage racial, ce qui est interdit en ce moment, interdit
par les chartes, autant canadienne que québécoise, là. Et vous nous dites que
vous allez, par l'adoption de lignes directrices... vous allez, encore une
fois, interdire les interpellations, les interpellations routières ou autres, par... pour un motif discriminatoire.
Est-ce que vous n'êtes pas en train de réinterdire quelque chose qui est
interdit déjà?
Et puisque c'est déjà interdit, mais ça se
produit, il faut aller par un autre moyen que la réinterdiction par une ligne
directrice, non pas... non pas quelque chose... un article légal, là, mais
seulement une ligne directrice, là, qui... un acte, comment dire... bien, c'est
ça, je ne sais pas comment l'appeler, là, ce n'est pas réglementaire, un acte
de... une décision... une décision de fonctionnement, on va dire, là. Et vous
êtes en train de... vous nous dites que vous voulez interdire quelque chose qui
est déjà interdit, là. Expliquez-nous cette situation-là.
M. Bonnardel : Bien, le premier
point, c'est qu'on va pouvoir établir une ligne directrice qui va amener aussi
une sanction disciplinaire. Oui, c'est interdit, déjà. On va l'encadrer aussi
avec ces lignes directrices, où on va nous permettre d'aller chercher une
collecte de données. Donc, c'est ça qui va nous permettre de répondre, oui, à ce
qui est déjà interdit, de trouver un libellé
qui va répondre au... à un principe d'équité, partout sur le territoire québécois,
de colliger des données, d'un encadrement plus précis et d'établir aussi, dans
ces lignes directrices, une sanction disciplinaire qui va suivre, s'il y avait
cas de... où il y avait un motif de croire que ça s'est fait avec, donc, un
motif discriminatoire.
M. Fontecilla : Est-ce qu'il est
prévu... il est prévu quelque part dans votre projet de loi, là, qu'il va y
avoir des sanctions dans le cas de non-suivi des lignes directrices?
M. Bonnardel : Pardon?
M. Fontecilla : Est-ce qu'il est
prévu, dans votre projet de loi, le p.l. n° 14,
qu'il va y avoir des sanctions disciplinaires dans le cas de... où les lignes directrices
ne sont pas appliquées ou suivies, là?
M. Bonnardel : Ça, c'est dans le
projet de règlement. C'est un peu plus loin. On commence à 83, si je ne me
trompe pas. Oui.
M. Fontecilla : ...83?
M. Bonnardel : Oui, le règlement de
discipline, oui. C'est un pouvoir réglementaire.
M. Fontecilla : C'est le pouvoir
réglementaire. Donc, ce n'est pas dans le projet de loi, c'est dans...
M. Bonnardel : Ça va être par
règlement.
M. Fontecilla : ...règlement du
ministère de la Santé publique... — de la Santé publique! — de la
Sécurité publique, là?
M. Bonnardel : C'est ça, à
l'article 83.
M.
Fontecilla : Est-ce que c'est nommément lié, non-suivi d'une
ligne directrice et sanction, dans ce règlement-là?
M. Bonnardel : On va le décrire,
oui.
M. Fontecilla : On va le décrire...
M. Bonnardel : Bien, on va l'écrire,
on va le décrire, on va le définir dans le règlement.
• (16 h 20) •
M. Fontecilla : Mais c'est un projet
de règlement, ce n'est pas un régiment déjà existant, là?
M. Bonnardel : C'est ça.
M. Fontecilla : Donc, suite à
l'adoption de la loi, vous allez adopter un règlement où il va être spécifié
qu'il va y avoir des sanctions en cas de non-suivi de la ligne directrice concernant...
M. Bonnardel : Exactement.
M. Fontecilla : Donc, encore une
fois, là, la préoccupation centrale ici, là, c'est la question du profilage
racial, là, donc que certaines personnes, à cause de leur... de certaines
personnes racisées, à cause de la couleur de leur
peau, tout particulièrement, là, sont plus interpellées que d'autres, en
utilisant l'article 636 du Code
de la sécurité routière et la capacité d'interpellation policière de
façon générale, là. En quoi votre directive, là... comment va-t-elle faire en
sorte que ce profilage racial va disparaître?
M. Bonnardel : Bien, écoutez, les
policiers, majoritairement, là, dans les grands corps de police, ont déjà bien intégré ces directives, qui sont déjà
écrites, dans leur cadre... dans le cadre de leur travail, sur le profilage.
Est-ce que la formation est adéquate? Ça, c'est à discuter, il y a peut-être
des disparités entre les différents corps de police. Bien, du côté de l'école nationale, ça, c'est une
autre chose. Mais le but, c'est de s'assurer, encore une fois, puis, je pense,
c'est le député d'Ungava qui l'a souvent
mentionné, jusqu'à quel point... et Pierre Brochet, le directeur, le disait,
voilà quelques heures, déjà, jusqu'à quel point les interceptions sont
importantes, sont importantes.
Et je ne pense pas qu'il n'y a aucun policier au
Québec, aucun policier au Québec qui définit une voiture x avec la couleur de
peau d'une personne, homme ou femme, dans l'auto. À la fin, il y a une chose
qui interpelle le policier, c'est de sécuriser nos rues, c'est d'essayer de
protéger la population. Et le défi qu'on a, dans cette loi, c'est de trouver
cet équilibre, c'est de trouver cet équilibre. Oui, j'ai entendu, comme vous,
des cas. C'est arrivé, j'en ai entendu. Il
faut les réduire au maximum. Ils sont déjà bien, bien, bien formés sur cette
situation, sur ces cas particuliers. On va juste établir ces lignes
pour, encore une fois, dans un principe d'équité, donner des lignes qui vont
répondre à l'ensemble des corps de police.
Est-ce qu'on aura... Est-ce qu'on souhaite un cas zéro, dans le futur? Oui.
Est-ce qu'il pourrait arriver, malgré tout, des cas, dans le futur?
Peut-être, peut-être.
M. Fontecilla : Vous avez sans doute
lu attentivement le jugement Yergeau de la Cour supérieure, dans l'affaire
Luamba, où il est très clairement spécifié par le juge, là, qu'il est à toutes
fins impossible de démontrer les motivations discriminatoires d'une
interpellation routière, dans le cas de l'affaire Luamba. Cela m'amène à dire qu'évidemment, là, il n'y a pas... dans la très,
très grande majorité des cas, là, il n'y a pas de volonté manifeste, de la part
d'un policier, d'une policière, de faire du profilage racial. Or, les données
le démontrent, il y en a, il y a du profilage racial, là, en particulier dans
les zones où on retrouve les communautés, les communautés racisées, là.
Donc, ça dépasse la question de la formation,
c'est une question de... Et le jugement Yergeau a été très clair, c'est parce qu'il y a un véhicule, là, un outil
légal, un véhicule, dans ce cas-ci, l'article 638 du Code de la sécurité
routière, là, qui permette les
interpellations aléatoires. Et cela donne lieu systématiquement à... bien, de
façon générale, je veux dire, là, à du profilage racial. D'où son verdict,
sa décision, là, de carrément abolir cet article-là et passer à autre chose.
Bon, votre
gouvernement a décidé de porter la décision en appel, on verra ce qui va
arriver. Mais la question est que la problématique demeure, il y a du
profilage racial, et vous nous dites que vous allez le régler par des lignes directrices, là, qui vont interdire, encore une
fois, ce qui est déjà interdit, là. Mais vous permettez toujours l'outil,
l'outil qui est l'interpellation,
l'interpellation tout court ou l'interpellation aléatoire. Et donc on se
demande en quoi, par quel l'acte de
magie, là, ce qui n'a pas été réussi avec de la formation, avec des directives
internes à certains corps de police, avec l'éducation, avec, comment dire, les
messages politiques qui sont envoyés... Tout ça, ça n'a pas marché, mais vous
allez le réussir avec une ligne directrice. Je me demande quelle est la nature
de cette directive, là, qui va interdire... qui va réussir à enrayer
quelque chose qui s'est produit jusqu'à aujourd'hui, là.
M. Bonnardel : M. le député, je
répète ce que j'ai dit, on souhaite un cas zéro, après l'adoption de cette loi.
On souhaite. Est-ce qu'il pourrait arriver, dans le futur, des cas de
profilage, par la suite? Peut-être. Peut-être. Mais on va se donner tous les outils. Parce que ce projet de loi là, c'est un
tout. On va se donner tous les outils pour bien encadrer, établir des sanctions, s'il le faut, et établir
des lignes qui vont bien définir comment une interception ou une interpellation
doit se faire.
Les corps de police, vous l'avez dit, sont déjà
parties prenantes, aussi, dans leur travail, dans leur volonté de réduire ça à
zéro, que ce soit Montréal, que ce soit Québec. Est-ce que la formation est
adéquate pour tous les corps? Est-ce qu'il y en a qui le
font... qui le donnent ou qu'il y en a qui ne le donnent pas? C'est tout ça,
aussi, qu'on va encadrer. Quand je dis que c'est un tout, bien, c'est de
répondre, dans ce tout, à cette problématique que certains ont vécue et de
souhaiter qu'on ait un cas zéro pour l'année, l'année 2024. C'est mon
souhait, ça doit être votre souhait, c'est, tous et toutes, notre souhait. Mais
on va se donner des outils, là, dans cette loi.
Et c'est là que le mot «équilibre», je pense,
entre en ligne de compte, ce qui n'est pas simple, qui n'est pas simple. Mais on a un bon, bon, bon pas de fait
pour permettre aux policiers de travailler, de mettre le mot «désengagement»
de côté, de colliger de l'information, d'établir des lignes qui vont leur
permettre de faire le travail et, de l'autre côté, de répondre le plus
positivement possible aux plaignants, à ceux qui ont vécu ces cas particuliers,
dans les dernières années, à peut-être ceux
qui pourraient en vivre dans le futur, de leur dire : Bien, on a compris,
avec ceci, cela et cela, qu'on peut mieux vous défendre, mieux vous
accompagner, puis c'est ce qu'on va voir plus loin quand on va parler de la
déontologie.
M. Fontecilla : Vous savez, M. le
ministre, que c'est une question, la question du profilage racial, là, qui dépasse largement les individus, là, et ça
concerne un aspect fondamental du travail policier, là, c'est la confiance des populations
envers le travail policier, là. Et en ce moment, à cause du phénomène du
profilage racial, cela entame la confiance, non pas de quelques individus qui
se sont fait profiler, et on a la preuve, là, ou, en tout cas, pas quelques, beaucoup d'individus, mais ça affecte des
communautés entières, là, qui peuvent développer un sentiment de méfiance
envers les forces policières. Et vous allez
être d'accord avec moi, je l'espère, cela est néfaste pour le travail policier,
là.
Là, vous nous dites... vous nous demandez, en
quelque sorte, de faire acte de foi, là, et vous essayez de nous convaincre de
mettre toute notre confiance dans les lignes directrices qui restent à venir,
là, et que vous allez donner des outils, là. Mais on aimerait ça avoir un peu
plus de chair autour de l'os, là, nous donner quelques éléments pour,
justement, que l'acte de foi que vous nous demandez, là, bien, on soit capables
d'avoir un peu plus confiance, là, que ça va
marcher, là, que vos lignes directrices vont réussir à en finir avec le
phénomène du profilage racial. Vous avez parlé de... cette loi permet de se doter des outils, là, pour lutter contre le
profilage racial, c'est ce que j'ai compris, là. De quels outils
parlez-vous, là?
M. Bonnardel : Bien, quand j'ai
parlé d'un tout, M. le Président, j'ai parlé d'un tout qui va nous permettre de réduire, on l'espère, à zéro ces plaintes
possibles, un jour, face à la déontologie. Ça veut dire quoi? C'est une meilleure
formation continue, un rapport annuel sur les interpellations, interception,
une modernisation de la déontologie, une prévention en déontologie, ce sont des
mots et des articles que nous allons voir plus loin, dans la loi, sanctions disciplinaires qui pourraient suivre, aussi, face
à un manquement. Alors, ça, ce sont des outils où on va agir sur plusieurs
fronts, où on va être capables de donner des outils aux policiers pour faire
leur travail.
Il faut leur faire confiance, là, il faut leur
faire confiance, là. Ces outils existent déjà. Ils sont peut-être un peu
disparates, selon les différents corps de
police. C'est à nous maintenant de faire un tout avec ça et de les accompagner
dans un processus qui...
Puis je
n'aime pas... Le mot... Pour moi, là, ce projet de loi, ce n'est pas une forme
de désengagement, là, c'est une forme
d'accompagnement, une forme d'accompagnement dans leur travail. Parce qu'il
faut mieux les accompagner, il faut leur donner des outils pour qu'ils
fassent leur travail, pour qu'ils fassent leur travail. Puis, de l'autre côté,
je suis sensible aussi, là, je suis
extrêmement sensible aux plaignants, mais il faut donner des outils aux
policiers, il faut rassurer notre
population, il faut sécuriser nos rues. Puis les policiers ont besoin de nous,
ils ont besoin de nous, puis ils ont besoin de cet encadrement, puis
c'est l'outil qu'on leur donne, aussi, pour les accompagner.
M.
Fontecilla : ...j'entends de votre part, M. le ministre, là, le
fameux outil, là, que vous entendez vous donner, là, pour la question du profilage, ça concerne beaucoup les sanctions,
là. On a entendu, lors des consultations particulières, là, les différents représentants des policiers, là,
nous dire qu'ils ne veulent pas... qu'ils sentent une volonté de les
culpabiliser, là. Et, jusqu'à
présent, il y a des sanctions qui existent et qui sont... et qui pourraient
être appliquées, là. Mais vous nous dites :
Il y a l'éducation, là. Mais pourtant l'éducation n'a pas, jusqu'à présent,
réussi à enrayer le processus... le phénomène du profilage racial. Peut-être qu'il faut aller à la racine du problème,
là, et éliminer les mesures, les articles des lois qui permettent, justement, l'utilisation de ces
pouvoirs discrétionnaires qui, en bout de compte, se révèlent être
discriminatoires et produisent du profilage racial. Pourquoi n'êtes-vous
pas allés dans cette voie-là?
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup.
Malheureusement... malheureusement ou
heureusement, compte tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux sine
die. Merci.
(Fin de la séance à 16 h 30)