Journal des débats de la Commission des institutions
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mercredi 26 avril 2023
-
Vol. 47 N° 18
Étude des crédits budgétaires du ministère du Conseil exécutif, volet Conseil exécutif
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14 h 30 (version non révisée)
(Quinze heures)
Le Président (M.
Bachand) :Bonjour, tout le monde. Bon
après-midi. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des
institutions ouverte.
La commission est réunie afin de procéder
à l'étude du volet Conseil exécutif des crédits budgétaires du portefeuille
Conseil Exécutif pour l'exercice financier 2023-2024. Une enveloppe de 3 heures
est allouée pour la suite de ces crédits.
Mme la secrétaire, avant le débuter, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Monsieur... Mme Boivin... Boivin Roy, pardon, (Anjou—Louis-Riel),
est remplacé par M. Poulin (Beauce-Sud); Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides), par M. Bernard (Rouyn-Noranda); M. Lemieux
(Saint-Jean), par M. Caron (Portneuf); Mme Schmaltz (Vimont), par M. Gagnon
(Jonquière); Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis), par M. Derraji
(Nelligan); M. Morin (Acadie), par M. Tanguay (LaFontaine); M. Zanetti
(Jean-Lesage), par M. Nadeau-Dubois (Gouin).
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Donc, nous
allons procéder à une discussion d'ordre général par bloc d'échange, dans une
franche camaraderie qui vous est sienne, qui vous est vôtre bien sûr. La mise
aux voix de ces crédits sera effectuée à la fin du temps qui est alloué, donc
vers 18 h.
Alors, M. le chef de l'opposition
officielle, député de La Fontaine, la parole est à vous.
M. Tanguay : Merci beaucoup, M.
le Président. D'abord, pour vous saluer, très heureux, honnêtement, très, très
heureux de vous retrouver, vous êtes un bon président de commission puis je
tiens...
15 h (version non révisée)
M. Tanguay : ...non seulement
hors micro, mais en micro. Puis je pense que ça se dit. Donc, bravo, chapeau!
Heureux de vous retrouver. C'est la première fois sous cette législature qu'on
a siégé ensemble. On remercie évidemment celle qui nous accompagne à la table.
Saluer le premier ministre, les membres de son cabinet et également les membres
du conseil exécutif. Ce sont les crédits du conseil exécutif. Donc, merci à
celles et ceux qui vont nous aider à y voir clair aux questions que nous
poserons. Saluer les collègues, évidemment, de la banquette ministérielle, mes
collègues de la deuxième opposition et de la troisième opposition.
J'aurais le goût de dire au premier
ministre, là, de prendre ça «easy» après-midi, là. On va se parler, on a le
temps, là. On a plus que 1 min 30 s, 1 min 45 s.
J'aurais même le goût de l'inviter à prendre la détente et répondre à nos
questions sur le même ton qu'il fait son balado Bonjour, tout le monde, hein?
Alors, s'il peut se prendre au jeu et être un peu comme l'invité, qu'il se
livre en toute transparence et qu'il nous dit le fond de sa pensée. En passant,
le balado, on a vu passer des chiffres, je ne sais pas si le premier ministre
peut nous dire combien coûte-t-il, le balado.
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Oui, M. le
Président, à mon tour, je veux vous saluer, saluer le chef de l'opposition
officielle, chef du deuxième groupe, chef du troisième groupe. Je veux saluer
mes collègues qui sont ici. Je veux saluer mon directeur de cabinet, le
secrétaire général et toute son équipe ou une partie de son équipe, donc,
merci, puis des gens du cabinet qui sont là.
Écoutez, le chef de l'opposition
officielle... là, j'attends les documents. Combien il coûte, le balado? Vous
avez bien entendu ça? C'est Manu qui est en charge de ça, donc Manu devrait me
donner ça dans quelques secondes. Mais vous dire que le balado, le chef de l'opposition
officielle dit : On pourrait faire comme si on était dans un balado. La
beauté de l'affaire, c'est que c'est moi qui pose les questions, hein? Donc là,
depuis un certain temps, depuis que je suis au gouvernement, c'est moi qui
réponds aux questions. Maintenant, quel est le coût du balado? On va
regarder...
(Consultation)
M. Legault : Oui. Donc ça
coûte un... Ça a coûté 20 000 $ pour le matériel. Le reste, c'est du
personnel qui fait ça sur son temps régulier.
M. Tanguay : Il y a 20 00 $,
donc c'est le coût total. Il n'y a pas d'autres coûts que l'achat de matériel,
20 000 $?
M. Legault : Non.
(Consultation)
M. Legault : C'est les
employés du cabinet, là, qui ont d'autres fonctions.
M. Tanguay : O.K.. Et donc ce
n'est pas un balado qui a pour fonction d'être partisan, c'est un balado du
premier ministre du Québec parce que c'est payé par le conseil exécutif, là, c'est
ça, il n'y a pas de partisanerie là-dessus, là?
M. Legault : C'est un balado
où je pose des questions à des personnes de différents milieux, là. Aujourd'hui,
j'ai publié un balado avec la rectrice de l'Université Laval, donc je lui pose
des questions sur l'innovation. Je pense que c'est pour tout le monde.
M. Tanguay : ...s'engage à ce
que ça ne soit jamais un balado partisan, parce qu'évidemment c'est payé par le
Conseil exécutif.
M. Legault : C'est le premier
ministre, oui.
M. Tanguay : Parfait. Le
ministre de l'Éducation, quant au troisième lien, s'est excusé. Vous refusez de
vous excuser. Est-ce que le ministre de l'Éducation a eu tort de s'excuser?
M. Legault : Bon, d'abord, je
veux revenir sur la séquence. Il y a eu jusqu'à il y a quelques semaines un
projet qui était basé sur un certain nombre de données. Il y a trois semaines,
on a reçu des nouvelles données. Donc, ça nous a amenés à prendre une nouvelle
décision. Je comprends qu'il y ait des gens qui soient déçus de la nouvelle
décision, mais je pense que la décision est prise pour le bien des Québécois.
Bon, le ministre de l'Éducation a choisi de s'excuser parce qu'il y en a qui
ont peut-être la perception qu'il y a eu un changement de cap, mais dans le
fond, le changement de cap est basé sur un changement de situation. Donc, de
mon côté, je pense que j'ai la responsabilité depuis quatre ans et demi de
gérer les fonds publics, de prendre les meilleures décisions dans l'intérêt des
Québécois. C'est ce que je fais avec les nouvelles données. Donc, vous ne m'excuserez
pas, là, de bien gérer les fonds publics.
M. Tanguay : Oui, les excuses
du ministre de l'Éducation étaient parce qu'il n'allait pas livrer ce à quoi il
s'était engagé. Visiblement, vous aussi, par extension, vous...
M. Tanguay : ...N'allez pas
livrer ce à quoi vous vous étiez engagés fermement pendant six ans. Alors, je
pense que, ces excuses, ça ne corrige pas tout, mais étaient très bienvenues.
Ça coûterait quoi pour vous de vous excuser, de reconnaître ce tort-là?
M. Legault : Bien, je pense
que, si la situation n'avait pas changé puis qu'il y avait eu de la mauvaise
foi ou, comme j'entendais certaines personnes dire : il y a un complot, on
le savait avant l'élection, je pourrais dire : bon, effectivement, on a
changé d'idée. Mais je pense que, quand il y a une nouvelle situation, quand il
y a des nouvelles données, c'est mon devoir de m'ajuster, ça fait partie de mes
responsabilités, donc je n'ai pas à m'excuser de prendre mes responsabilités.
M. Tanguay : Donc, le
ministre de l'Éducation n'avait pas à s'excuser?
M. Legault : Bien, écoutez,
il a choisi, face à la déception de certains de ses concitoyens, de dire :
je m'excuse, vous avez pensé qu'on le ferait, puis on avait l'intention de le
faire avec les données qu'on avait. Maintenant, il y a des nouvelles données,
donc c'est plate, on... ce n'est plus justifié.
Ce n'est pas noir ou blanc. On est dans
une situation où il y a des pour, il y a des contre, puis on pèse les deux.
Puis le poids, avant les nouvelles données, penchait d'un côté. Maintenant que
les nouvelles données, elles penchent d'un autre côté... Donc, question
d'interprétation.
M. Tanguay : La ministre
députée de Chutes-de-la-Chaudière a reconnu que c'était une promesse brisée.
Est-ce qu'elle a commis une erreur, de reconnaître ça?
M. Legault : Bien, écoutez,
la promesse était faite en fonction d'un certain nombre de données. À partir du
moment où les données, sur lesquelles on se base pour faire une promesse,
changent, bien, moi, je ne considère pas que c'est une promesse brisée.
M. Tanguay : Donc, elle a eu
tort d'utiliser ces termes?
M. Legault : Bien, écoutez,
là, c'est une question d'interprétation.
M. Tanguay : Vous n'êtes pas
d'accord avec elle, c'est ce que vous venez de dire.
M. Legault : C'est une
question d'interprétation.
M. Tanguay : Mais vous n'êtes
pas prêt à le qualifier ainsi, «promesse brisée», c'est ce que j'entends?
M. Legault : Non, je ne suis
pas prêt à dire que c'est une promesse brisée, parce qu'une promesse, ça serait
qu'il n'y ait pas de changement qui justifie le changement d'engagement.
M. Tanguay : Celui qui... Et
c'est le propre d'une promesse, de ne pas changer aux aléas, celui qui en a
fait une promesse sine qua non, c'est le... l'actuel député de La Peltrie.
Lorsqu'il a lié la réalisation, indépendamment des études, la réalisation du
troisième lien, il a lié sa continuation comme député. Il a dit : Si on ne
le fait pas, je démissionne. Est-ce qu'il a eu tort de lier son siège à la
réalisation du troisième lien?
M. Legault : Bien, d'abord,
c'est important, là, puis je vous corrige, il y aura un troisième lien.
M. Tanguay : Routier, on
s'entend, là.
M. Legault : Il y aura un
troisième lien en transport en commun, donc il y aura un troisième lien.
Maintenant...
M. Tanguay : vous n'allez pas
me la faire, Troisième lien, là.
M. Legault : Pardon?
Le Président (M.
Bachand) :...il faut s'entendre
mutuellement, s'il vous plaît. M. le chef de l'opposition officielle.
M. Tanguay : Oui... juste, M.
le premier ministre, si vous permettez, troisième lien routier, là, c'est ça, la
promesse?
M. Legault : O.K. Donc, il
n'y aura pas de troisième lien routier, mais il y aura un troisième lien de
transport en commun.
M. Tanguay : Est-ce que
toutes les Québécoises et Québécois qui ont cru la CAQ avaient raison de croire
qu'on parlait d'un troisième lien routier, là? Vous n'allez pas me dire qu'il y
avait un troisième lien autre que routier, là?
M. Legault : Bien, sur la
base des données, c'est ce qu'on disait. C'est ce que le député de La Peltrie,
le ministre de la Cybersécurité... Bien, évidemment, se fiaient sur les données
qu'on avait pour prendre des engagements.
M. Tanguay : Quand le député
de La Peltrie disait : La promesse est formelle, il n'y aura aucune excuse
pour reculer, je mets mon siège en jeu, êtes-vous d'accord avec moi qu'on ne
peut lire qu'une seule chose, c'est qu'il faisait cet engagement-là et il liait
son siège, indépendamment, parce... des études parce qu'il disait : il n'y
aura aucune excuse? Êtes-vous d'accord avec ça? Tout le monde a compris ça.
M. Legault : Oui, bien,
écoutez, quand on a commencé à travailler sur le projet, il n'y avait pas de
pandémie. Il y a une situation, là, vraiment imprévue qui est arrivée, qui a
changé les habitudes de transport des Québécois. Donc, je pense que cet
engagement a été fait de bonne foi.
M. Tanguay : Et l'engagement,
je vous ferai remarquer, a été réitéré post-pandémie, moi, post-pandémie, c'est
l'automne dernier, à la veille des élections, il a été réitéré. Donc,
indépendamment de la pandémie, le député de La Peltrie a mis son siège en jeu,
indépendamment des études. Ce faisant, a-t-il eu tort de le faire?
M. Legault : Bien, je pense
qu'il y a beaucoup...
M. Tanguay : C'est une
erreur?
M. Legault : Non. Il y a
beaucoup de personnes qui ont pensé qu'une fois la pandémie sous contrôle, là,
parce qu'il y a toujours encore le virus qui circule, mais qu'une fois le gros
de la situation passée, on reviendrait à la situation avant la pandémie. Or, ce
n'est pas le cas.
• (15 h 10) •
M. Tanguay : Vous avez dit
hier, parlant du député de La Peltrie...
M. Tanguay : ...je lui donne
mon appui total. Il est là depuis le début. Qu'est-ce ça veut dire ça, il est
là depuis le début?
M. Legault : Bien, c'est
quelqu'un en qui j'ai confiance depuis longtemps. C'est quelqu'un qui a aidé à
faire avancer notre parti, qui a aidé à réaliser des choses depuis que la CAQ
existe. Et donc, dans ce sens-là, bien, il a toute ma confiance et je le
répète, la décision que le troisième lien devienne seulement un troisième lien
de transport en commun, en bout de ligne, c'est ma décision. Ce n'est pas la
décision du député de La Peltrie.
M. Tanguay : Est-ce que, ce
faisant, votre façon de définir "il est là depuis le début", lui
pardonne tout, notamment de ne pas respecter sa parole?
M. Legault : Non, il y a des
gens qui sont là depuis longtemps. Il y a des gens qui sont là depuis
récemment. Ça n'a pas nécessairement rien à voir avec la confiance que je peux
avoir. Mais c'est certain que quelqu'un qui est là depuis longtemps, bien, j'ai
pu pendant plus longtemps me rassurer sur ma confiance en cette personne-là.
M. Tanguay : Et s'il avait
été là depuis beaucoup moins longtemps, votre idée aurait-elle pu changer? En
toute logique.
M. Legault : Bien, écoutez.
C'est une question, là, qui est très hypothétique et vous avez assez
d'expérience en politique pour savoir qu'on est toujours prudent avec des
questions hypothétiques, là. Donc je ne peux pas dire exactement, là qu'est-ce
qui arriverait si... bon.
M. Tanguay : Dans tout ça,
qu'est-ce que vous avez appris? Qu'est-ce que vous feriez différemment dans
tout ça, là? Il y a-tu quelque chose de différent si on regarde les six
dernières années dans ce dossier-là?
M. Legault : Bien, je pense
que non. Il faut à un moment donné être capable de se dire... il faut être
capable de se dire c'est quoi, les besoins, c'est quoi, les temps de parcours,
qu'est-ce que la population doit avoir pour être capable de circuler dans des
délais raisonnables. Bon, est-ce qu'il y a six ans, je pouvais prévoir qu'il y
aurait une pandémie? Est-ce que je pouvais prévoir que les chiffres de temps de
parcours moyen pour l'année 2022 seraient beaucoup plus bas que ceux de
2019? Je ne pouvais pas prévoir ça, là, donc à l'impossible, nul n'est tenu.
Évidemment, je pense que tout le monde a été... pas surpris, mais quand même,
on a vu une accélération du télétravail qu'on n'aurait jamais pensé il y a
trois, quatre ans, là, je pense que la pandémie a amené des changements
structurels qui ont... qui restent, même avec la fin de la pandémie.
M. Tanguay : Si les chiffres
d'aujourd'hui étaient ceux avant la pandémie, le faites-vous le troisième lien?
M. Legault : Oui.
M. Tanguay : Vous le faites.
M. Legault : Oui.
M. Tanguay : Donc, la faute,
c'est uniquement la pandémie.
M. Legault : Bien, écoutez...
M. Tanguay : C'est plate pour
les gens de Québec.
M. Legault : Comme je vous
dis, il n'y a pas juste la pandémie, là, parce que l'après pandémie, on voit
les habitudes de travail à cause, entre autres, du télétravail, le fait que les
gens ne circulent pas nécessairement aux heures de pointe. Il y a des
changements des habitudes. Mais je l'ai dit souvent ici à l'Assemblée nationale,
les chiffres que j'avais montraient que les temps de parcours étaient plus
élevés que sur certains ponts comme Jacques-Cartier ou Champlain à Montréal.
Donc, je pense que les gens de Québec puis de Lévis ont le droit à des services
dans des délais raisonnables, autant que les gens de Montréal.
M. Tanguay : Je veux vous
donner une autre occasion de répondre, puis peut-être de modifier votre réponse
à celle-ci. Dans les six dernières années, de tout ce que vous avez dit, à tout
moment, à toute époque concernant le troisième lien routier, il y a-tu quelque
chose que vous auriez fait différemment ou dit différemment?
M. Legault : Bien écoutez, on
peut-u prévoir l'avenir, hein? Je trouve que votre question ressemble à ce
qu'on appelle le quart-arrière du lundi matin. Est-ce qu'il aurait dû faire une
passe ou aller au sol, maintenant qu'on sait que la passe n'a pas fonctionné?
Écoutez, avec les informations, avec les informations qu'on avait il y a six
ans, je pense qu'on a pris la bonne décision. Maintenant, on a des nouvelles
informations, puis on prend une nouvelle décision.
M. Tanguay : Quel est le coût
du bureau de projet pour le troisième lien routier? Combien a été dépensé
depuis les cinq dernières années?
M. Legault : Je vais demander
qu'on vous sorte ça, là, puis je vais vous revenir.
M. Tanguay : Puis, comme pour
les...
Le Président (M.
Bachand) :...
M. Legault : Je l'ai...
Le Président
(M. Bachand) :...parfait. Merci
beaucoup.
M. Tanguay : Vous
l'aurez au... Sinon peut-être les communiquer au secrétariat.
Le Président
(M. Bachand) :Merci.
M. Tanguay : Quelle
somme est prévue pour le prochain projet, le troisième lien, transport
collectif?
M. Legault : Bien,
écoutez, vous l'avez vu, là, puis je pense que la vice-première ministre,
ministre des Transports et de la Mobilité durable l'a bien dit, le projet reste
à définir. Et il y en a qui parlent d'un tramway. Il y en a qui parlent
d'autobus. Donc, évidemment, dépendamment de quelle forme de transport en
commun il y aura dans le tunnel Québec-Lévis, bien, évidemment, là, il y aura
un coût. Puis ce coût-là sera à évaluer.
M. Tanguay : Quel est
l'échéancier des prochaines étapes?
M. Legault : Bien, le
plus vite possible. J'ai appris depuis quatre ans à dire le plus vite possible.
C'est certain que, moi, je suis quelqu'un d'impatient. Je m'imagine que tout
est possible en quelques mois. Mais en même temps, il faut être réaliste, là.
Il faut qu'il y ait une bonne planification, un bon tracé, s'assurer où ça va
sortir des deux côtés, du côté de Québec, du côté de Lévis. Quelle forme ça
prendra? Est-ce que ce sera un tramway? Est-ce que sera un REM? Ce sera-tu un
métro? Ce sera-tu des autobus? C'est ça qu'il faut regarder.
M. Tanguay : Là, vous
avez un postdoc dans le développement de tels projets, les échéanciers et les
délais réels. Selon vous, de façon réaliste, prochaine étape, c'est d'avoir une
ébauche du projet par écrit, là. Quoi, où, comment, combien? Ça, c'est ces
réponses à toutes ces questions-là qui sont l'étape 1, là, grosso modo.
Réalistement, ça peut prendre combien de temps?
M. Legault : Je ne peux
pas donner de délais, mais pour moi, c'est le plus rapidement possible. Mais ça
prend un bon moment pour avoir la planification.
M. Tanguay : Mais je
comprends, vous ne pouvez pas nous donner une date. Je ne demande pas une date,
mais entre six mois et trois ans, on peut-tu avoir une... On peut avoir une
idée. Vous êtes... Vous n'avez aucune idée par rapport à ça?
M. Legault : Bien,
écoutez, je ne peux pas effectivement m'engager sur une date, là. On fera les
études. Quand les études seront complétées, bien, on les déposera quand le plan
sera prêt. Mais mon intention, c'est de le faire le plus rapidement possible.
Mais ce n'est pas moi qui est l'ingénieur, les architectes, là, tous ceux qui
vont faire le travail.
M. Tanguay : Êtes-vous
prêts à dire, à affirmer que les travaux débuteront avant les prochaines
élections? Êtes-vous prêt à la dire?
M. Legault : Je le sais
que vous souhaiteriez que je dise ça, là, mais je...
M. Tanguay : Moi, je
souhaiterais juste la vérité.
M. Legault : Non, non,
mais écoutez, juste la vérité. La vérité, c'est qu'on ne le sait pas à ce
moment-ci. Ce qu'on veut, c'est que ça commence le plus vite possible, mais en
même temps, on veut que ça soit bien planifié.
M. Tanguay : O.K. Pour
terminer là-dessus, M. le Président, donc, au niveau des prochaines étapes,
qu'est ce que vous pouvez nous dire, là? Calendrier, coût, qu'est ce qui
arrivera, là, dans les prochaines étapes, là?
M. Legault : Bien, les
prochaines étapes, c'est vraiment la planification du projet. Donc, quel est le
tracé? Quel est le mode de transport en commun? Donc, c'est là-dessus qu'on va
travailler quand on va être prêt. On espère que ça sera le plus vite possible.
On va rendre ça public.
M. Tanguay : Merci.
Le Président
(M. Bachand) :Merci beaucoup. Alors,
je cède la parole maintenant au député de Gouin et chef du deuxième groupe
d'opposition pour une période de 12 min 2 s
M. Nadeau-Dubois : Merci,
M. le Président. D'abord, je vous salue, vous. Je salue le premier ministre,
son équipe, les différents députés de l'autre côté de la Chambre, mes collègues
des oppositions. Et je vais moi aussi dans le vif du sujet. Je veux qu'on parle
du troisième lien, le premier ministre et moi. J'ai eu le plaisir de consulter,
comme plusieurs, la fameuse synthèse des études sur le troisième lien. Et j'ai
une question toute simple pour commencer pour le premier ministre. Cette
synthèse-là, là, elle a été publiée tout récemment. Mais quand a-t-elle été
commandée?
Le Président
(M. Bachand) :M. le premier
ministre.
M. Legault : Oui. Bien,
au cours des dernières semaines, des derniers mois, donc, en 2023, certain,
moi, j'ai reçu une présentation le 5 avril. Mais là, il faudrait demander
à la ministre de Transports quand est-ce qu'elle a eu les premières ébauches.
M. Nadeau-Dubois : J'aimerais
savoir quand elle a été commandée parce que, selon Radio-Canada, dans un
article paru en septembre 2022, le contrat aurait été plutôt signé pour cette
étude-là en avril 2022. Est-ce que ce sont les bonnes informations?
M. Legault : Oui.
M. Nadeau-Dubois : O.K.
Donc, cette étude-là a été commandée en avril 2022. Lors de la dernière
campagne électorale, est-ce que le premier ministre était au courant que cette
étude-là était en cours.
M. Legault : Était en
cours? Bien, oui, je l'ai répété au moins 35 jours de suite.
• (15 h 20) •
M. Nadeau-Dubois : Est
ce que le premier ministre savait...
M. Nadeau-Dubois : ...que
durant, donc, la campagne électorale, cette étude étudiait plusieurs scénarios
de troisième lien.
M. Legault : Bien, je sais
qu'on étudiait le troisième lien à quatre voies, là, deux tubes. Bon. Est-ce
qu'il y avait différents tracés, différents... Je pense que le but de l'étude,
c'était surtout de voir, entre autres, les temps de parcours, de voir comment
ont évolué les temps de parcours. Quand la ministre des Transports est entrée
en poste, ça a été un des premiers dossiers sur lequel elle a travaillé. Puis
elle a demandé des précisions, parce qu'il n'y avait pas eu suffisamment
d'analyses de faites sur les impacts de la pandémie puis des nouvelles façons
de travailler suite à la pandémie.
M. Nadeau-Dubois : Oui, je
comprends ça, sauf que ma question était : Est-ce que le premier ministre
était au courant que, dans cette étude-là, on comparait plusieurs scénarios
différents de troisième lien? On les retrouve à la page 124. On étudie, là,
quatre scénarios, donc un tunnel routier bitube à voie... par deux directions,
un duplex routier à gabarit réduit seulement, donc sans tunnel, transport en
commun, un duplex routier à gabarit réduit, et tunnel dédié au transport en
commun, et quatrième scénario étudié dans l'étude, un tunnel transport en
commun, centre-ville à centre-ville seulement.
Lors de la dernière campagne électorale,
est-ce que le premier ministre savait que ces quatre scénarios-là étaient
étudiés?
M. Legault : Honnêtement,
non, non.
M. Nadeau-Dubois : Non. Donc,
il y avait une étude qui était en cours, commandée par son gouvernement, ou le
scénario qu'il a finalement retenu, celui d'un tunnel de transport en commun,
centre-ville à centre-ville était à l'étude, mais le ministre ne le savait pas.
M. Legault : Ce qu'on a
demandé, c'est d'avoir un scénario bitube, donc deux tubes, un tube pour le
transport routier puis un tube, en partie, aux heures de pointe pour le
transport en commun. Maintenant, est-ce que les gens qui faisaient l'étude ont
choisi de regarder d'autres scénarios? En tout cas, moi, de mon côté, je
n'étais pas au courant qu'ils regardaient d'autres scénarios que celui que je
viens de vous mentionner.
M. Nadeau-Dubois : O.K.
Est-ce que l'ancien ministre des Transports, qui était responsable donc du
bureau de projet au printemps 2022, où le contrat a été donné, ou l'actuel
ministre des Transports savait, durant la campagne électorale, que cette
étude-là se penchait sur quatre scénarios, notamment un scénario 100 %
transport en commun?
M. Legault : Il faudrait lui
demander...
M. Nadeau-Dubois : O.K.
Donc...
M. Legault : ...mais sûrement
pas la nouvelle ministre des Transports, puisqu'elle ne savait pas qu'elle
serait ministre des Transports.
M. Nadeau-Dubois : Donc,
quand le premier ministre est allé devant le peuple québécois et a
réitéré...comment le premier a dit, 35 reprises ou à peu près...
M. Legault : Au moins, au
moins...
M. Nadeau-Dubois : ...pendant
la campagne électorale, que le scénario que le gouvernement étudiait puis
envisageait, c'était un tunnel où il y avait... c'était, dans le fond, un
projet routier. Le premier ministre ne savait pas, pendant ce temps-là, que son
propre gouvernement avait commandé une étude qui envisageait un scénario
100 % en transport en commun. Est-ce que je comprends bien?
M. Legault : Ce qu'on
voulait, c'est qu'il y ait du routier et du transport en commun.
M. Nadeau-Dubois : O.K. Mais
l'existence d'un scénario 100 % transport en commun, ça, le premier
ministre ne le savait pas.
M. Legault : Moi, je ne
savais pas.
M. Nadeau-Dubois : O.K. Ses
députés non plus.
M. Legault : Je ne pense pas,
non, peut-être que le ministre des Transports...
M. Nadeau-Dubois : Peut-être
le ministre des Transports le savait-il.
M. Legault : ...mais je ne
pense pas.
M. Nadeau-Dubois : Parfait.
Bien, j'espère qu'on aura la réponse, parce que moi, je trouve ça important.
Puisque le premier ministre, en campagne, répétait que le seul scénario
envisageable, c'était un scénario avec du transport routier, ça m'apparaît
pertinent de savoir qui savait, dans son équipe, qu'il y avait une étude de
commandée, qui envisageait un scénario différent de celui auquel lui
s'engageait, c'est-à-dire un scénario 100 % transport en commun.
M. Legault : Il faudrait
poser la question à l'ancien ministre des Transports.
M. Nadeau-Dubois : Cette
étude-là, vous l'avez donc reçue, il y a quelques semaines, dites-vous. À la
page 124, les quatre scénarios sont expliqués, et il y a une estimation des
coûts de chacun des projets. Est-ce que le premier ministre a consulté la
version non caviardée de cette étude-là?
M. Legault : Non. Moi, j'ai
eu le résumé de la ministre des Transports.
M. Nadeau-Dubois : Le premier
ministre n'a pas eu accès à la version non caviardée.
M. Legault : Bien, j'aurais
pu avoir accès, mais je n'ai pas consulté la version longue, là, puis, encore
moins, la version non caviardée.
M. Nadeau-Dubois : O.K. Dans
la version longue, il y a une estimation des coûts de chaque scénario, mais les
coûts sont caviardés. Dans la version courte que le premier ministre a
consultée, est-ce que les coûts étaient caviardés...
M. Legault : ...non.
M. Nadeau-Dubois : Non. Donc,
le premier ministre connaît, contrairement à moi, les chiffres qui sont censés
être ici.
M. Legault : Non.
M. Nadeau-Dubois : Il vient
de me dire qu'ils n'étaient pas caviardés, les chiffres, le premier ministre.
M. Legault : Non, non, mais
je ne les ai pas vus. Ça, c'était dans la version longue que je n'ai pas vu.
M. Nadeau-Dubois : Dans la
version courte, il n'y avait pas d'estimations de coûts.
M. Legault : Non.
M. Nadeau-Dubois : Est-ce que
le premier ministre est ouvert... est-ce que le premier accepte de dévoiler la
version non caviardée de ce tableau-là pour qu'on sache l'estimation qui était
prévue pour les différents scénarios de troisième lien?
M. Legault : Bien, il
faudrait voir, là, les enjeux concernant la firme qui a fait ces études-là, si
elle est prête à ce que ces chiffres-là soient publiés.
M. Nadeau-Dubois : Ça
m'étonnerait que ce soit la firme qui ait caviardé le document, là. Je pense
que c'est son gouvernement qui l'a fait. Est-ce qu'il est ouvert à décaviarder
les coûts des quatre scénarios de troisième lien?
M. Legault : Bien, écoutez,
j'aimerais d'abord qu'on s'assure que ces chiffres-là sont valides, sont bons
avant de dire : On va ça rendre publique, puis qu'on va faire un débat sur
des chiffres sans savoir si ces chiffres-là sont bons.
M. Nadeau-Dubois : O.K. Bien,
le chiffre de la ministre des Transports, le 20 avril, la ministre des
Transports, en conférence de presse, nous dit : À peu près
10 milliards. C'était ça que ça allait nous coûter si on continuait avec
le projet tel qu'annoncé en campagne électorale. Ces 10 milliards-là,
est-ce qu'il vient de ce tableau-là?
M. Legault : Je ne pourrais
pas vous dire.
M. Nadeau-Dubois : ...la
ministre des Transports a utilisé en public un chiffre. Elle nous a dit :
On était rendu à 10 millions. Moi, je me demande il était dans laquelle
des quatre colonnes, le 10 milliards. Puis le nouveau projet du premier
ministre : tunnel, transports en commun, centre-ville à centre-ville, il
était chiffré dans ce document-là. Pourquoi ne pas rendre public ce chiffre-là
si on rend public le chiffre du projet qu'on a abandonné?
M. Legault : Bien, il faut
voir, là. Ce qu'on me dit, c'est que c'était des estimés sommaires et je ne
voudrais pas non plus partir un débat public avec des estimés qui n'ont pas été
validés.
M. Nadeau-Dubois : Le premier
ministre ne voudrait pas partir de débat public avec des informations non
validées. Ce serait la première fois dans le débat sur le troisième lien, parce
ça fait 10 ans qu'on débat du troisième lien sur des informations non validées.
M. Legault : Je ne voudrais
pas démarrer un débat public sur des chiffres qui ne sont pas validés.
M. Nadeau-Dubois : O.K.
Est-ce que le premier ministre peut prendre l'engagement de consulter sa
collègue aux Transports pour décaviarder cette information-là? Parce que la
ministre nous a dit : 10 milliards. Moi, je me demande s'il vient de
là, le 10 milliards, puis j'aimerais ça que le gouvernement du Québec, le
premier ministre fasse preuve de transparence puis il nous le disent, là. Ils
en ont un. Vous en avez un, M. le premier ministre, sur un chiffre pour votre
nouveau projet. Tout le monde va comprendre que c'est un estimé sommaire. Ce ne
serait pas le premier estimé sommaire dans le débat sur le troisième lien.
Est-ce que le premier ministre est ouvert à le dévoiler publiquement?
M. Legault : Écoutez,
lorsqu'on aura un estimé valable, valide, validé sur le nouveau projet de
tunnel Québec-Lévis pour le transport en commun, on le rendra public.
M. Nadeau-Dubois : Donc, je
comprends que la réponse, pour le moment, c'est non.
M. Legault : C'est non.
M. Nadeau-Dubois : Cette
information-là va rester secrète. C'est dommage. Je pense qu'avec tout le débat
public qu'on a en ce moment, cette transparence-là aurait été bienvenue pour
que le premier ministre montre qu'à partir de maintenant, là, il va jouer à
livre ouvert de manière transparente sur la question du troisième lien. Je
pense, ça aurait été une information pertinente pour notre débat public. Mais,
au moins, la réponse est claire. J'ai une question maintenant...
M. Legault : Non, mais, M. le
Président...
M. Nadeau-Dubois : Je n'ai
juste pas fini mon intervention, M. le Président.
M. Legault : M. le Président,
je ne peux pas laisser passer une fausse affirmation comme ça.
M. Nadeau-Dubois : M. le
Président, le premier ministre, en tout respect, n'a pas le droit de
m'interrompre.
Le Président (M.
Bachand) :Rapidement, M. le premier
ministre, très rapidement, oui.
M. Legault : Oui, rapidement.
Il y a des raisons fondées de ne pas rendre là ces chiffres-là qui ne sont pas
validés publics. Il y a aussi des questions d'éventuelles soumissions. Donc, ce
n'est pas la première fois qu'on refuse de rendre publics des chiffres qui
pourraient nuire à la bonne gestion du projet.
Le Président (M. Bachand) :
M. le député de Gouin, s'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : On a eu
des estimés sommaires sur la prolongation de la ligne bleue. On a eu des
estimés sommaires sur le tramway à Québec, bien avant les appels d'offres.
C'est usuel pour le gouvernement, sans donner le détail, bien sûr, d'un
éventuel appel d'offres, de produire des estimés sommaires pour informer la
population. Le premier ministre choisit de ne pas le faire dans le dossier du
troisième lien. C'est son choix. Je le respecte.
M. Legault : Je ne suis pas
d'accord avec cette... M. le Président.
M. Nadeau-Dubois : J'ai
maintenant une prochaine question. M. le Président, notre règlement est clair,
le premier ministre n'a pas le droit de m'interrompre.
M. Legault : ...je ne suis
pas d'accord avec cette conclusion concernant la ligne bleue ou d'autres
projets. Quand il y a des projets qui vont éventuellement aller en soumission,
l'habitude des gouvernements, pas seulement notre gouvernement, c'est de ne pas
rendre publics ces chiffres-là pour ne pas nuire à la bonne gestion du projet.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Est-ce que
la question des changements climatiques a fait partie des motivations pour
lesquelles le premier ministre a décidé finalement de ne pas réaliser un projet
de troisième lien autoroutier?
• (15 h 30) •
M. Legault : Bien, écoutez,
d'abord, là, nous, on a proposé...
15 h 30 (version non révisée)
M. Legault : ...puis on
propose toujours un tunnel centre-ville à centre-ville. Je sais que Québec
solidaire propose de passer par les ponts existants. Je continue de penser que,
pour des raisons environnementales, c'est préférable d'avoir un lien
centre-ville à centre-ville.
Le Président (M.
Bachand) :...député de Gouin, en
terminant, oui.
M. Nadeau-Dubois : Est-ce que
les changements climatiques ont fait partie des raisons pour lesquelles le
premier ministre a décidé de ne pas réaliser son projet de lien autoroutier,
oui ou non? Est-ce que ça a été un critère?
M. Legault : C'est un critère
qui a été utilisé depuis le début dans le projet centre-ville à centre-ville.
Puis je pense que, pour des raisons environnementales, le projet de la CAQ est
meilleur que celui de Québec solidaire.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le chef de l'opposition
officielle, s'il vous plaît.
M. Tanguay : Oui, merci, M.
le Président. Je ne sais pas si le Premier ministre a l'information par rapport
au coût du bureau de projet au total.
M. Legault : Pas tout de
suite. Ça s'en vient.
M. Tanguay : Ah! j'ai hâte de
voir ça. Je ne sais pas si on peut prendre quelques secondes. Prenez quelques
secondes sur mon temps, là, je pense qu'on vous donne la réponse, non?
Le Président (M.
Bachand) :On va revenir d'ici la...
Rapidement, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Tanguay : Parce que c'est
important. Moi, les chiffres, Sophie Grammond parlait, le 26 avril 2023,
de 325 millions accordés au bureau de projet. Plus tôt, le 23 septembre
2022, Marie-Pier Mercier, Radio-Canada, parlait de contrat de 31 millions
pour la préparation de l'avant-projet puis dans les études, 59,3 millions.
Avez-vous les chiffres?
M. Legault : ...les coûts du
bureau de projet, puis ça va être... Ces coûts-là, évidemment, là, sont des
investissements qui vont être très utiles pour le projet qu'on regarde, là, de
tunnel en transport en commun Québec-Lévis. Donc, en 2018, il y a eu 2,5 millions.
En 2019, 4,5 millions. En 2020, 4,9 millions. En 2021, 7,6 millions.
Puis, en 2022, 9,1 millions.
M. Tanguay : Est-ce qu'on
pourrait avoir... parce que je suis certain que le premier ministre ne l'a pas
là, là, mais d'avoir la ventilation de ça. C'est des coûts qui sont reliés à
quoi? Autrement dit, on est payé collectivement pour quoi? À moins que vous les
ayez sous les yeux.
M. Legault : Essentiellement,
c'est de la rémunération pour des honoraires professionnels.
M. Tanguay : O.K. Et est-ce
que... C'était qui, dans les derniers milles, les dernières années, le bureau
de projet? C'était qui? Le bureau de projet était constitué de qui? Ça
existe-tu, un bureau de projet? Il existait-tu, le bureau de projet, dans ce
dossier-là?
Une voix : ...
M. Legault : Oui. On me dit
que ce sont des fonctionnaires du ministère des Transports.
M. Tanguay : Donc, les coûts
seraient essentiellement... Puis, encore une fois, là, le Premier ministre ne
pourra pas me donner le détail, mais j'aimerais, s'il vous plaît, qu'on ait l'engagement
de transmettre au secrétariat la liste des contrats qui ont été donnés afin de
justifier le 2,5, 4.5, afin de justifier tous ces montants-là. On aimerait savoir
qui a eu quel contrat, pour combien et pourquoi.
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : On me dit que
tout ce qui peut être rendu public va être rendu public.
Le Président (M.
Bachand) :Donc, vous êtes... c'est un
engagement à partager l'information avec le secrétariat de la commission?
M. Legault : Oui.
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
M. Tanguay : Et ce qui serait
considéré comme ne pouvant pas être rendu public, est-ce qu'on pourrait avoir
la raison également? Parce que je vous pose déjà la question, là.
M. Legault : Oui, oui.
M. Tanguay : O.K.. Vous dites
ça va servir à de quoi pour le prochain projet, là, de transport collectif. Ça
va servir à quoi?
M. Legault : Bien, écoutez,
il y a eu des analyses qui ont été faites, entre autres, là, on le sait, quand
on fait un tunnel, puis en plus il y a une pente qui est importante du côté de
Lévis, donc on passe sous le fleuve, donc il y a des analyses qui ont été
faites même sous le fleuve. Donc, toutes ces données-là, qu'on ait un ou deux
tuyaux, que ça soit pour des autos ou pour du transport en commun, évidemment
que ça va être utile.
M. Tanguay : ...ça pourrait
très bien être des autobus.
M. Legault : Pour l'instant,
le mode de transport n'a pas été déterminé.
M. Tanguay : Mais êtes-vous d'accord
avec moi qu'à la fin ça pourrait être des autobus?
M. Legault : Ça pourrait être
des autobus, ça pourrait être un tramway, ça pourrait être plusieurs modes de
transport en commun.
M. Tanguay : Question simple,
réponse simple : oui, ça pourrait être des autobus.
M. Legault : Bien là, ça
pourrait être des autobus, ça pourrait être un tramway, ça pourrait être un
REM, ça pourrait être plus un métro, ça pourrait être plusieurs formes de
transport en commun.
M. Tanguay : Si d'aventure c'étaient
des autobus, est-ce que le premier ministre... Puis là je ne préjuge pas, je
veux juste savoir dans sa tête c'est quoi, là. Si d'aventure c'étaient des
autobus, est-ce que le premier ministre pense qu'il pourrait y avoir un
scénario où aussi, à un certain moment donné, il y a des véhicules qui puissent
y rouler si c'est des autobus...
M. Legault : ...non, pour
l'instant, c'est... pas pour l'instant. On parle d'un projet de transport en
commun uniquement.
M. Tanguay : O.K. Question au
premier ministre, puis ce n'est pas ma position. Je veux juste poser la
question, à savoir, lui, c'est quoi sa position : Est-ce que, donc, il
serait aujourd'hui en désaccord à ce que, si c'était un transport collectif en
autobus, et que, physiquement, des autobus... pas des autobus, des autos
peuvent y rouler... est-il aujourd'hui en désaccord avec le fait qu'elles
pourraient, des autos, y rouler, dans ce tunnel-là?
M. Legault : Ce n'est pas le
projet qui est envisagé. C'est un projet uniquement transport en commun.
M. Tanguay : Puis est-ce que
le premier ministre ferme la porte à du transport autoroutier?
M. Legault : Oui.
M. Tanguay : Vous fermez la
porte aujourd'hui, même si, physiquement, ça pourrait être possible? Il n'est
pas question qu'il y ait du transport d'autos dans le tunnel?
M. Legault : On veut un
transport en commun ou un transport collectif rapide.
M. Tanguay : O.K. Est-ce
qu'également il pourrait y avoir... Est-ce que vous excluez aussi le transport
de marchandises?
M. Legault : Je pense
qu'encore plus, c'est encore plus non prévu parce qu'à cause de la pente il y
aurait un risque pour le transport de marchandises.
M. Tanguay : Est-ce que vous
en faites, ce troisième lien transport collectif, aujourd'hui, un engagement
ferme, aussi ferme que l'autoroutier des six dernières années?
M. Legault : Oui.
M. Tanguay : Aussi ferme?
M. Legault : Bien, on avait
un projet...
M. Tanguay : Faites
attention, là.
M. Legault : Bien non, mais,
écoutez, là...
M. Tanguay : Bien, j'ai vu
votre sourire aussi, vous voyez.
M. Legault : Non, non, mais
c'est tellement gros, là, ce que vous... qu'on ne soit pas...
M. Tanguay : Non, mais elle
est pas pire, quand même, elle est pas pire.
M. Legault : Oui. Écoutez, je
répète qu'on avait un projet pour des autos et pour du transport collectif. On
était de bonne foi. On a des nouvelles données qui manquent... qui montrent que
les temps de parcours pour les autos sont raisonnables, mais les temps de
parcours pour le transport collectif ne sont pas raisonnables. On propose
maintenant, avec ces nouvelles données, un projet de transport collectif
uniquement.
M. Tanguay : Avec les données
que vous avez aujourd'hui quant à l'achalandage, un lien, un troisième lien
autoroutier, vous le dites, n'est pas justifié, mais un lien transport
collectif est justifié. C'est quoi, la différence entre les deux, en termes de
chiffres?
M. Legault : Bien, c'est
surtout le temps de parcours. Vous avez vu, dans l'étude, que les temps de
parcours en auto ont diminué, quand on regarde les chiffres de 2022 par rapport
à 2019. Par contre, les temps de parcours en transport collectif sont très
élevés, là, on parle de plus d'une heure, dépendamment où on part, où on
arrive. Donc, de ce côté-là, c'est surtout les temps de parcours qui ont été
examinés. Évidemment, on a aussi regardé l'achalandage, puis les coûts, etc.,
mais le temps de parcours, je dirais que c'est probablement l'élément le plus
important.
M. Tanguay : O.K. Mais vous
êtes un gestionnaire des fonds publics. Le temps de parcours pour peu de
personnes est beaucoup moins lourd que le temps de parcours pour beaucoup de
personnes. Alors, combien de personnes seront positivement touchées, le cas
échéant, par ce troisième lien transport collectif, combien de personnes?
M. Legault : Oui, c'est ça,
là, c'est qu'à un moment donné il y a l'oeuf puis la poule là. C'est que, quand
il n'y a pas d'offre de transport collectif, bien, il y a moins de gens qui
l'utilisent. Quand il y a une offre intéressante de transport collectif, il y a
plus de gens qui l'utilisent. Donc, on peut penser que, dans les prochaines
années, il y aura une augmentation de l'utilisation du transport collectif.
Donc, il faut être prudents quand on regarde l'achalandage.
Mais je reviens au temps de parcours. Je
pense que les gens de Québec puis les gens de Lévis ont le droit à avoir un
temps de parcours raisonnable, comme les gens, là, qui habitent sur la rive-sud
ou sur la rive-nord de Montréal.
M. Tanguay : ...je pensais
que la raison cardinale était, justement, l'achalandage, que le volume ne
justifiait pas, pour le transport routier, un troisième lien, mais que là,
l'achalandage le justifierait. Parce que là, je vous écoute, c'est comme si
vous appliquiez la règle de «on va le construire, puis les gens vont venir».
Aujourd'hui, les gens, en termes de nombre d'utilisateurs, aujourd'hui, est-ce
que ça le justifie ou ça ne le justifie pas, aujourd'hui?
• (15 h 40) •
M. Legault : Je répète que le
temps de parcours puis l'achalandage, c'est deux choses différentes. Donc, le
temps de parcours, c'est le temps qu'une personne qui prend son auto ou qui va
en transport en commun d'un côté à l'autre de la rive, prend pour faire son
parcours. L'achalandage, c'est le nombre de personnes. Mais l'achalandage,
aussi, dépend de l'offre de transport collectif...
M. Legault : ...à partir du
moment où on a une offre confortable, rapide, bien, on peut penser qu'il y aura
une augmentation du nombre de personnes. Il faut se rappeler aussi que tout ce
projet-là est dans le Réseau express de la capitale, ça veut dire que,
techniquement, on peut avoir des gens des banlieues de Québec qui vont utiliser
le tramway de Québec, ensuite vont prendre le transport en commun du tunnel
Québec pour aller vers Lévis. Puis même chose de l'autre côté, on peut penser
que des gens des banlieues de Lévis qui vont être rabattus en autobus vers le
transport collectif du tunnel. Donc, une fois qu'on a un système qui est tout
unifié, puis idéalement avec un titre unique pour Québec et Lévis, bien, les
gens des banlieues de Québec puis des banlieues de Lévis pourraient être
capables d'avoir du transport collectif qui les amène rapidement là où ils
travaillent, l'autre côté de la rive.
M. Tanguay : Aujourd'hui,
pour bâtir le tunnel, transport collectif, ça vous prendrait combien
d'utilisateurs, aujourd'hui, pour justifier le coût? Parce que vous êtes
déterminé, comme vous le l'étiez pour la première mouture, à le réaliser. Là,
vous dites : On verra. Il devrait y avoir... Je veux savoir, là. Moi, je
veux que ça se fasse, là, le transport collectif, là. Mais je veux savoir sur
quelle assise vous, vous êtes solide aujourd'hui pour dire : Oui, oui,
oui, on va le faire, c'est justifié. Puis j'aimerais ça, parce que vous avez le
bénéfice de ce qui se passe au gouvernement depuis cinq ans, aujourd'hui,
transports, troisième lien collectif pour qu'il soit justifié, ça prendrait
combien, dans la journée, d'utilisateurs, là? On est mercredi, aujourd'hui.
M. Legault : Bon, d'abord, à
chaque fois que vous allez dire cinq ans, je vais vous dire, quatre ans et
demi, là, mais c'est correct.
M. Tanguay : Bien, pour six
mois.
M. Legault : Continuez puis
je vais continuer. Maintenant, je répète que l'achalandage puis le temps de
parcours, ce n'est pas la même chose.
M. Tanguay : On a compris ça.
M. Legault : Je précise aussi
que, pour le projet de transport collectif, 40 % du coût va être payé par
le fédéral, donc par l'ensemble du Canada. Donc, il faut tenir compte de tout
ça, là, dans l'analyse. Mais je répète qu'il y a une différence entre le temps
de parcours puis l'achalandage.
M. Tanguay : Avez-vous un
document qui confirme que le fédéral va mettre 40 % là-dedans?
M. Legault : Oui. Le
gouvernement fédéral a fait une annonce de programme où il finance 40 % du
transport collectif et il l'a fait dans d'autres provinces. Puis ce que j'ai
compris, c'est qu'il y avait une ouverture pour le faire ici aussi.
M. Tanguay : Si le fédéral
n'est pas là, vous allez faire quoi?
M. Legault : Bien, c'est une
question hypothétique. Là, si le Parti libéral n'est pas là, je n'aurais pas de
questions, ça fait que je n'aurais pas de réponse à donner, là, et c'est
hypothétique.
M. Tanguay : O.K.. Question
qui n'est pas hypothétique : Si le fédéral n'est pas là, allez-vous faire
la même chose que vous avez faite pour les transferts en santé?
M. Legault : Bien là, vous
êtes en train de dire : Si le fédéral n'est pas là. Le fédéral nous dit
qu'ils vont être là. Puis je ne vois pas pourquoi le fédéral ne serait pas là,
là. On envoie des impôts à Ottawa, on a le droit aux programmes qui sont
annoncés.
M. Tanguay : Le fédéral vous
dit que, dans ce projet-là, il allait être là?
M. Legault : Bien, il y a
déjà des programmes qui sont annoncés.
M. Tanguay : Oui, mais
avez-vous commencé à avoir des discussions avec le fédéral?
M. Legault : Bien, il
faudrait d'abord avoir l'estimé du coût du projet, du nouveau projet.
M. Tanguay : Donc, vous
n'avez pas commencé à parler avec Ottawa?
M. Legault : Pardon?
M. Tanguay : Vous n'avez pas
entamé de discussions avec Ottawa? Vous prenez pour acquis qu'ils vont être là
pour 40 %?
M. Legault : On a eu des
discussions de principe, mais sûrement pas sur les chiffres puisque je vous dis
qu'on va faire une planification détaillée, là, du coût du projet, avec un
tracé puis un mode de transport à définir.
M. Tanguay : À partir de
combien, jusqu'à combien vous allez dire : Non, non, non? Il y a tu un
prix maximum où vous allez dire : Non, on n'y va pas? Encore une fois, je
veux tester votre résolution à le réaliser. À partir de combien vous y êtes,
puis au-delà de combien vous n'y êtes plus, là? Il doit avoir une limite.
M. Legault : Je ne répondrai
pas à cette question-là, là.
M. Tanguay : Non?
M. Legault : C'est une
question qui est hypothétique. On a un ordre de grandeur, là, qui a été vu.
Mais je n'embarquerai pas là-dedans.
M. Tanguay : Quel est l'ordre
de grandeur?
M. Legault : Bien, les
chiffres qui circulent. Mais je n'irai pas prononcer des chiffres là. Je vais
vous laisser les mentionner.
M. Tanguay : Mais vous êtes
d'accord avec moi, oui ou non, ça, ce n'est pas hypothétique, que le coût du
projet est un facteur très déterminant, le coût du projet?
M. Legault : Oui, mais
n'oublions pas que le fédéral va payer 40 % du projet, donc il faut quand
même tenir compte de ça aussi. Puis je pense que, si on prend le projet fois
60 %, je pense que ça reste un montant qui est raisonnable.
M. Tanguay : Dans le
programme auquel vous faites référence, n'est-il pas vrai que le fédéral met au
total 14,9 milliards sur 8 ans? Donc, si le Québec représente
23 % de la population...
M. Tanguay : ...multiplié par
0,4, multiplié par 14,9 milliards pendant huit ans. C'est un projet qui ne
coûtera pas 500 millions, là.
M. Legault : À chaque budget,
ils annoncent des nouvelles sommes. Ils annoncent des nouveaux projets en
Ontario, je pense, c'est normal que le Québec obtienne sa part.
M. Tanguay : Donc, vous êtes
d'accord avec moi qu'avec ce qui est prévu là, c'est insuffisant, dans le
programme fédéral actuellement, 14,9 milliards sur huit ans.
M. Legault : 14,9 milliards
représentant 40 % du projet. Je pense qu'on va en avoir assez, là.
M. Tanguay : Le poids du
Québec, c'est 23 %.
M. Legault : Écoutez, je sais
que vous essayez de nous faire sortir des chiffres. Je ne vous sortirai pas de
chiffres.
M. Tanguay : ...
M. Legault : Bien oui, mais
je comprends, là.
M. Tanguay : C'est le but de
l'exercice, M. le premier ministre, ça s'appelle les crédits. Mais qu'est-ce
que vous avez me dire par rapport à ça? Parce que c'est assez implacable. Puis
je sais que vous êtes premier ministre, je respecte la fonction que vous
occupez. C'est important. C'est des choix importants. Mais quand vous dites :
On s'embarque dans un projet collectif de transport collectif, puis
faites-vous-en en pas, le fédéral va être là, pour 40 % d'un projet. Vous
m'avez dit que grosso modo, on les connaît les chiffres, c'est plusieurs
milliards. On est passés de 4,9 à 6 à 10. Ça nous donne un ordre de grandeur.
Et quand vous dites : La facture va être ramassée à 40 %, peut-être
2, 3, 4 milliards d'un programme fédéral qui en a 15 pour huit ans. Puis
le poids du Québec, c'est un quart, vous ne pouvez pas aujourd'hui, de façon
réaliste, M. le premier ministre, dire : Inquiétez-vous pas, le 40 %
du fédéral, il est là. Il n'est pas là. N'êtes-vous pas d'accord avec
l'analyse?
M. Legault : Bien, moi je
suis confiant d'obtenir 40 % du coût du projet de financement du
gouvernement fédéral.
M. Tanguay : Là, vous me
faites penser lorsque vous nous disiez que vous étiez confiant pour les
transferts en santé également, là, 6 milliards, 1 milliard.
Faites-vous le lien?
M. Legault : Bien écoutez, on
a eu... Il y a beaucoup de discussions avec le fédéral. Il y a des discussions
actuellement sur la filière batterie pour des contributions du fédéral. On a eu
une contribution dans le dossier de la Davie. Il y a plein, plein, plein de
dossiers qu'on discute avec le fédéral. Puis mon intention, c'est que dans
chaque secteur, on obtienne notre part.
M. Tanguay : Est-ce que vous
avez analysé le scénario d'un gouvernement... parce que vous avez déjà joué
dans la politique fédérale, d'un gouvernement fédéral conservateur, vous savez,
eux où ils logent, ils ne financeront pas de ça. Avez-vous envisagé ce
scénario-là?
M. Legault : Ce n'est pas
quelque chose que j'ai regardé, non.
M. Tanguay : Pour la défense
de votre projet, puis là je sens que celui-là, là, il vous tient à cœur. Ça, je
le sens, là, je sens votre conviction, là, chiffres à l'appui. Pour ce
projet-là, allez-vous donner des indications aux Québécoises et Québécois à
savoir comment voter au fédéral?
M. Legault : Bien, écoutez,
il est trop tôt pour parler de ça, là, on va avoir des discussions avec les
chefs de partis quand il y aura une campagne électorale fédérale et il y aura
une décision à prendre si on appuie ou non un parti.
M. Tanguay : Seriez-vous sur
le bord d'inviter les gens pour sauver votre projet de troisième lien collectif
à voter pour le... Justin Trudeau au fédéral?
M. Legault : Écoutez, il y a
beaucoup de dossiers qui concernent le fédéral. On se parle beaucoup
d'immigration, de français. On a parlé de santé. On a parlé de Roxham qui s'est
réglé. On va parler de la filière batterie, de toute l'économie verte. Donc, il
y a plusieurs dossiers. Il y a la loi 21, il y a plein plein, plein de
dossiers qui sont en discussion avec Ottawa. Donc, on ne peut pas résumer ça à un
enjeu.
M. Tanguay : Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Député de Beauce-Sud pour 9 min
54 secondes, s'il vous plaît.
M. Poulin : ...
Le Président (M.
Bachand) :On m'a dit que c'était vous...
ça peut être une autre personne.
M. Poulin : C'est bon.
Le Président (M.
Bachand) :On m'a indiqué que c'était
vous.
M. Poulin : O.K., d'accord,
non, je vais prendre tout mon temps, M. le député, je vous rassure. Alors,
bonjour, M. le premier ministre. Salutations à mes collègues du gouvernement et
mes collègues de l'opposition. Je vous amène sur un autre sujet, évidemment.
Vous avez... ça me fait plaisir de le faire... Ah! on continue-tu, finalement?
Non, non, ce n'est pas vrai, c'est une blague.
• (15 h 50) •
Donc, sur l'avenir de la langue française.
Comme premier ministre du Québec, vous avez décidé d'en faire une de vos
grandes priorités. Vous avez fait adopter le projet de loi n° 96. Vous
avez également mis en lumière assez rapidement les difficultés du français à
Montréal, entre autres, les derniers rapports de l'OQLF qui nous démontrent que
le français non seulement recule, l'indifférence également du français auprès
des jeunes. C'est un déclin qui est graduel, somme toute, mais qui est
inquiétant. Vous avez comme premier ministre créé le Groupe d'action pour
l'avenir de la langue française. Et je sais que pour vous, c'est important de
mettre le mot action au plan d'action et vous poussez nos gens à agir. Donc,
j'aimerais vous entendre là-dessus également...
M. Poulin : ...en ce qui a
trait à la proportion des immigrants qui parlent le français. Vous avez
souhaité, du moins, vous mettez sur la table ces enjeux-là. Vous souhaitez des
modifications également en ce qui a trait à la culture, parce que bonifier
l'offre et la consommation de produits culturels en français, ça fait partie de
vos priorités. Comment on va faire pour l'accomplir, entre autres chez les
jeunes? On a annoncé il y a quelques semaines à peine un 300 $ par année à
chaque enseignant pour pouvoir faire l'achat de livres. Vous êtes également un
grand lecteur. C'est une préoccupation que vous avez. Donc, comment faire en
sorte que nos jeunes en consomment plus de livres québécois et puissent
également davantage maîtriser la langue française? Également, bon, dans le
projet de loi n° 96 que nous avons adopté lors du précédent mandat, il y
avait différentes mesures sur le renforcement de la langue française. Est-ce
que, selon vous, c'est suffisant? Est-ce qu'on doit en faire davantage? Est-ce
qu'on doit en faire plus?
M. Legault : Oui. Bien,
d'abord, je veux remercier le député de Beauce-Sud pour sa question.
Effectivement, comme il le sait, c'est un sujet qui me tient beaucoup à cœur,
l'avenir de la langue française. Malheureusement, depuis, je dirais, 10,
20 ans, on voit, chaque année, peu importe le critère qu'on utilise, une
baisse du nombre de francophones. Que ça soit la langue parlée à la maison, la
langue parlée au travail, il y a une baisse importante, en particulier sur
l'île de Montréal. Donc, il faut agir. Et je souhaite être le gouvernement qui
arrête le déclin du français puis qui repart dans l'autre direction pour
augmenter le pourcentage de francophones au Québec.
La première chose qu'on a faite dans le
premier mandat, c'est d'adopter la loi 96, qui était la première loi
importante depuis la loi 101 de Camille Laurin et de René Lévesque, où,
entre autres, on a étendu la loi 101 aux PME. C'est important parce
qu'auparavant il y avait seulement les grandes entreprises où la loi 101
s'appliquait. On était dans une situation où il y avait beaucoup de petites...
puis c'est encore le cas actuellement, là, mais ça va changer, de petites
entreprises où on travaillait en anglais. Puis, ça, c'est un signal important
pour un nouvel arrivant : Est-ce que je suis capable ou non de travailler
en français ou c'est correct si je travaille en anglais? Donc, signal
important.
Il y avait aussi les entreprises à charte
fédérale. Assez... Donc, de façon assez surprenante, les banques, compagnies de
chemin de fer, toutes les entreprises à charte fédérale n'étaient pas
assujetties à la loi 101. Or, sur 400 entreprises, je pense qu'on est
rendu à plus de 390 qui ont accepté de s'assujettir à la loi 101. Donc, ça
inclut des compagnies, même, comme Air Canada. Donc, il y a des pas importants
qui sont faits de ce côté-là, mais ce n'est pas suffisant, ce n'est pas
suffisant.
Il faut aller plus loin, puis il y a un
élément très important, c'est l'immigration, parce qu'on le veuille ou non,
compte tenu du nombre d'enfants qu'on a au Québec, puis je ne porte pas de
jugement là-dessus, si on veut que le français reparte à la hausse, bien, c'est
important que le pourcentage de nouveaux arrivants qui parle français soit
augmenté. Puis, malheureusement, que ça soit les gouvernements libéraux ou les
gouvernements péquistes, le seul changement qui a été fait, c'est par un
gouvernement péquiste pour un programme, qui s'appelle le PEQ, le programme
d'expérience québécoise, où là on a exigé un niveau de connaissance du
français. Pourtant, dans toute l'immigration économique, c'est-à-dire 60 %
de l'immigration, ce n'est pas la faute d'Ottawa, c'est le gouvernement du
Québec qui sélectionne les nouveaux arrivants. Donc, c'est important
d'augmenter le pourcentage de nouveaux arrivants qui parlent français, pas
seulement dans le programme du PEQ, mais dans toute l'immigration économique.
Puis c'est assez spécial que ça n'ait pas été fait par le dernier gouvernement
du Parti québécois, parce qu'à mon avis, c'est l'élément le plus important. On
aura l'occasion d'en parler, on l'espère, dans les prochaines semaines. Donc,
on va revoir les critères de sélection...
M. Legault : ...pour qu'enfin
il y ait une obligation de connaissance du français, ça sera un gouvernement de
la CAQ qui l'aura fait, pas un gouvernement du PQ. Le PQ l'a fait seulement
pour un programme qui est le PEQ.
Maintenant, il faut aller encore plus loin
sur la motivation, la mobilisation des jeunes. Puis je sais c'est un sujet qui
touche beaucoup à l'adjoint parlementaire du ministre de la Culture. Et on en a
discuté lors de la dernière réunion de l'OIF, il faut que tous les pays
francophones, puis ça inclut la France, ça inclut la Suisse, ça inclut la
Belgique, qu'on travaille ensemble à développer plus de produits culturels pour
les jeunes en français, parce que, bon, presque un état de fait, là, on le
voit, les jeunes vont sur Netflix, les jeunes vont toutes sortes... sur toutes
sortes de médias sociaux sont souvent en anglais. Donc, il faut que ça soit du
contenu excitant, emballant pour, entre autres, les jeunes.
Parce qu'on voit quand même que, bon, les
gens de mon âge sont préoccupés par l'avenir du français. Bien, il faut aussi
que tous les jeunes, il y en a, entre autres, à la CAQ qui sont motivés puis
mobilisés pour l'avenir du français, mais c'est quelque chose qui doit être
partagé chez un plus grand pourcentage de jeunes. Puis ça passe par la création
de plus de produits culturels en français pour les jeunes. Donc, il y a du
travail qui va être fait aussi chez Télé-Québec. Et je sais que vous travaillez
aussi sur des projets que, j'espère, on sera capables d'annoncer dans les
prochains mois, dans la prochaine année, mais c'est très important.
Puis évidemment, quand on parle de projets
culturels, bien là, il y a plusieurs formes d'art. Il y a la visite des musées,
il y a la fréquentation des théâtres, il y a aussi la lecture. Et là j'étais
content que, rapidement, une de nos promesses électorales soit concrétisée,
c'est-à-dire qu'on s'était engagés, durant la campagne électorale, à donner
personnellement à chaque enseignant 300 $ par année pour qu'ils achètent
des livres québécois en français pour les faire circuler dans leurs classes.
Donc, on a annoncé, je pense, c'était la semaine dernière, avec le ministre de
l'Éducation. J'essaie aussi personnellement, toutes les fins de semaine ou à
toutes les deux fins de semaine, de parler d'un livre que j'ai lu pour
encourager plus de Québécois à lire. C'est très important de lire en français,
d'avoir du plaisir à lire en français. Et évidemment il faut souhaiter que ça
se fasse aussi, et plus encore, chez les jeunes.
Donc, il y a plusieurs mesures. Le député
de Beauce-Sud l'a dit. Le ministre qui est responsable de la Langue française a
formé un groupe d'action. Donc, ça se passe dans beaucoup de ministères. Je
parlais tantôt de l'Immigration, je parlais tantôt de l'Éducation, mais ça
s'applique dans presque tous les ministères.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le premier
ministre.
Une voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le chef de
l'opposition officielle, s'il vous plaît.
M. Tanguay : On aurait
tellement aimé ça continuer de vous entendre pendant des heures, hein? Écoute,
les cotes d'écoute, hein, c'est... Non, mais c'est des questions pertinentes et
importantes, puis je trouve ça... je trouve ça important, c'est beau.
Une voix : ...
M. Tanguay : Voilà, tout à fait.
Surtout que le premier ministre ne manque jamais une occasion de me reprendre
quand j'utilise un terme anglais. On dit balado, vous avez vu, balado, hein?
Bon, je vais passer...
M. Legault : Donc, est-ce que
je dois m'attendre que le Parti libéral va me poser des questions sur le
français?
M. Tanguay : Bien, je
pourrais vous poser la question...
M. Legault : Pas cette
fois-ci?
M. Tanguay : À la débotté,
c'est quoi, le plan de match pour que nos élèves réussissent mieux en français
au primaire puis au secondaire? C'est quoi le plan de match?
• (16 heures) •
M. Legault : Ah! bien,
écoutez, là, je m'excuse, mais je vais être obligé d'avoir une longue réponse.
Parce que ça commence très tôt, la lecture. Puis, entre autres, je sais qu'on a
un désaccord sur les maternelles quatre ans, mais il y a 25 % de nos
enfants qui ont des difficultés d'apprentissage, que ça soit autisme, dyslexie,
troubles d'attention. Ces jeunes-là, si on leur donne des services très tôt, on
multiplie les chances qu'ils soient capables de réussir leurs examens de
français. Parce que le français, c'est au cœur de la réussite scolaire. Même
quand on parle de réussite en mathématiques, en sciences, en histoire, ça
commence avec une bonne maîtrise du français. Donc, il faut agir très jeune.
Évidemment, on est en train de compléter
le réseau des services de garde. On va, contrairement à ce que propose le parti
libéral...
16 h (version non révisée)
M. Legault : ...continuer à
augmenter le nombre de maternelles quatre ans. Quand on est arrivés,
malheureusement, les libéraux avaient seulement 3 000 enfants qui
avaient accès à la maternelle quatre ans, il y en a maintenant 18 000. Puis,
bon, évidemment, il y a des défis concernant le nombre d'enseignants, mais on
continue de travailler avec le ministre de l'Éducation. On a bonifié aussi de
18 % le salaire des enseignants, parce que, quand on parle de réussir un
examen de français, ça commence d'abord par un bon enseignant. Donc, on a
augmenté le salaire de 18 %. On a mis aussi des incitatifs, là :
2 500 $ par session pour tous les étudiants qui sont à l'université en
éducation. Donc, on veut aussi qu'il y ait plus d'enseignants.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le premier
ministre.
M. Legault : Merci.
Le Président (M.
Bachand) :M. le chef de l'opposition
officielle.
M. Tanguay : Je reviens avec
ma question. La réponse était longue, mais ce n'était pas la question tout à
fait. Les solutions sur les bancs d'école. L'avenir du français, vous le savez,
là, passe d'abord et avant tout sur la qualité du français, la réussite de nos
jeunes, nos gars, nos filles au primaire puis au secondaire. On attend toujours
le plan du ministre de l'Éducation. Il y a des solutions qui existent, et des
expertes ont, entre autres, publié les 10 solutions proposées : s'entraîner
à écrire plus souvent en classe, s'attaquer aux fautes de français dans toutes
les matières, faire réfléchir les élèves grâce aux dictées 2.0. Quand on a eu
notre rencontre en janvier face à face, je vous l'avais dit, j'avais un cas
très précis d'une... puis je ne tape pas sur la tête des professeurs, mais qui
était dans son cours de français, résumé de lecture d'un roman, puis le
professeur de français lui dit : Faites-vous-en pas, on ne corrige pas les
fautes. À quand un plan pour que ça soit une réalité, la réussite du français
sur nos bancs d'école?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Legault : Oui. Bien, je m'excuse
d'un peu reprendre ce que j'ai dit, parce que... Bon. Première, première chose
à faire : agir tôt, agir tôt. Si on veut qu'un élève de secondaire IV ou
secondaire V réussisse bien son examen de français, maîtrise bien le français,
il faut agir tôt. Le ministre des Services sociaux, qui est un spécialiste, un
médecin spécialiste dans les... entre autres, les troubles d'apprentissage des
enfants, va nous dire : Ça devrait même commencer à deux ans, trois ans.
Donc, j'ai de la difficulté à comprendre
que les trois oppositions s'opposent à la maternelle quatre ans, parce qu'on a
besoin d'enseignants. Et c'est là aussi que je répète ce que j'ai dit : il
faut faire confiance aux enseignants. Ce n'est pas moi, ce n'est pas le chef de
l'opposition officielle, ce n'est pas le ministre de l'Éducation qui va aller
enseigner aux enfants dans chaque école, ce sont les enseignants, et c'est là
qu'il faut les motiver, les aider, mieux les payer, mieux les sélectionner. Ça
suppose d'avoir plus d'étudiants en éducation. Donc, c'est vraiment là qu'on
met nos efforts, puis moi, je suis convaincu qu'une bonne réussite, ça commence
tôt puis ça commence par un bon enseignant.
M. Tanguay : Maternelle
quatre ans, c'est une autre promesse brisée. Maternelle quatre ans, c'est une
autre promesse brisée. L'engagement en 2018, c'était 5000 classes. En
2020, ça a passé, ça a diminué à 3400 classes; 2022, 2600 classes; et
là, finalement, c'est 2600 classes, ministre de l'Éducation en titre, pour
2030.
Mon point : agir tôt, on n'a pas
attendu le gouvernement de la CAQ pour en être conscients, dès la formation des
CPE. Pendant ce temps-là, une classe pour en moyenne huit élèves en maternelle
quatre ans, quand on voit que c'est passé de 120 000 $ pour la CAQ à
800 000 $ en moyenne, et certains vont dire que les estimations parlent plus de
1 million par classe, pendant ce temps-là, la liste d'attente sur les
services de garde est passée de 2018, à 42 000, à aujourd'hui, tableau de
bord, 28 février, 68 416. En cinq ans, 42 000 à 68 416 enfants
inscrits sur la liste d'attente pour une place en service de garde.
Le premier ministre va dire : Mais ce
n'est pas la même chose. Pour un enfant d'un an et demi, deux ans et demi,
trois ans et demi, une place en service de garde, c'est déjà reconnaître les
problèmes langagiers, les défis particuliers, y répondre. Le premier ministre
ne réalise-t-il pas qu'il a brisé sa promesse, lorsqu'il disait : On va
faire les maternelles quatre ans, puis il n'y aura plus personne sur la liste d'attente
pour une place en CPE?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. M. le
Président, bon, d'abord, rétablissons les faits. Quand on est arrivés en 2018,
il y avait 3 000 enfants qui allaient à la maternelle quatre ans.
Aujourd'hui, il y en a 18 000. Probablement que, si le Parti libéral était
resté au gouvernement, on serait encore à 3000, puisqu'ils ne sont pas favorables
à la maternelle quatre ans. Donc, on a augmenté de 15 000 le nombre d'enfants
qui...
M. Legault : ...fréquentent la
maternelle quatre ans.
Deuxièmement, quand on regarde les enfants
qui sont en attente d'une place en garderie, on se souviendra tous, là, que,
quand on enlève les doublons, puis qu'on enlève les enfants qui ne sont pas
encore à l'âge de fréquenter, ou selon la volonté des parents de vouloir
fréquenter, on était à 37 000. On se souvient tous, on a répété, en tout cas,
moi, des dizaines de fois, il y a 37 000 places qui manquent pour des
enfants en services de garde. Bien, aujourd'hui, on est rendus à 27 000. Ça
veut dire qu'on a réussi à réduire de 10 000, déjà, le nombre d'enfants qui
sont en attente d'une place en garderie maintenant. Pas une place pour dans
deux ans, dans trois ans. Une place pour maintenant. Donc, c'est tout un
accomplissement, parce que, quand on avait le gouvernement libéral, le nombre
d'enfants qui attendaient, il était tout le temps en croissance. Là, enfin, on
passe de 37 000 à 27 000. Donc, une amélioration de 10 000, ce n'est
quand même pas rien, en plus des 15 000 de plus qui fréquentent la maternelle
quatre ans. Ça, ça fait 25 000 de plus.
M. Tanguay : M. le premier
ministre, avec tout le respect que je vous dois, vous n'avez pas les bons
chiffres. Vous venez de dire que la liste d'attente, c'est 27 000?
M. Legault : Oui.
M. Tanguay : Ouch! Tableau de
bord, 28 février 2023, 29 801. Mais, pire que ça... Je vous l'aurais
donné, le 2 801. Ça, c'est en date de plusieurs mois, du 30 novembre
2022, il y a six mois, que c'étaient des places en souffrance. C'est des gens
qui sont prêts, ils ont levé la main, ils veulent une place. Ils sont en
souffrance depuis plus de six mois. Pour toutes celles et ceux qui viennent
après, ajoutez à cela 38 615 qui ont demandé une place puis qui en ont besoin.
Bien, c'est votre propre tableau de bord. Donc, la liste d'attente, elle est
passée de 42 000 à 68 000. Ça, c'est des jeunes qui sont inscrits,
leur nom est donné, les parents attendent des places, puis on peut... On est
très loin du 27 000, là, M. le premier ministre. Ne serait-ce qu'en date du
30 novembre 2022 c'est 29 801, et, après, il faut que vous en rajoutiez
38 615. C'est 68 000.
M. Legault : Bon, là, on a
vraiment un désaccord sur les chiffres, là. D'abord, le 30 novembre 2022,
il y avait 29 801 enfants qui étaient en attente d'une place immédiate, O.K. Il
y en avait d'autres que c'était pour dans un an, dans deux ans, dans trois ans.
Mais au 30 novembre 2022... Il y en avait 29 801 qui attendaient pour une
place le 30 novembre 2022. On est rendus au mois d'avril 2023, on est rendus
à 27 000, donc la situation s'améliore. On est parti de 37 000, on est descendu
à 29 000, on est rendu à 27 000. Le chiffre que mentionne le chef de
l'opposition officielle, c'est des enfants qui veulent des places plus tard,
pas des places maintenant.
M. Tanguay : En tout respect,
je vais lire votre tableau. Faites venir le témoin, amenez de l'eau, parce
qu'il va falloir qu'il parle. Reconnaissez-vous ce document-là? C'est votre
tableau de bord. Qu'est-ce qu'on y lit? On y lit : 29 801, nombre
d'enfants en attente d'une place souhaitée le 30 novembre 2022.
M. Legault : C'est ça.
M. Tanguay : Parfait. Plus
bas, j'ai un chiffre de 38 600. Qu'est-ce qui est marqué? Enfants inscrits dont
la date de fréquentation souhaitée... ça veut dire qu'ils en veulent, une
place, pas dans un an, deux ans, trois ans... ultérieure, tout de suite après
le 30 novembre 2022, mais ultérieure. Donc, le premier ministre... On ne
peut pas prendre cette information-là et dire qu'ultérieure au
30 novembre, c'est forcément dans deux ans. Ultérieure au
30 novembre, c'est le 1ᵉʳ décembre, c'est le 10 décembre, c'est
le 13 janvier 2023, et ainsi de suite, et ainsi de suite.
• (16 h 10) •
Alors, mon point, c'est que les
maternelles quatre ans, qui est un coût qui limite l'expansion du réseau,
explique que la liste d'attente sur une place en service de garde est passée,
sous la CAQ, de 42 000 à 68 416. Et, si je veux faire une preuve par
trois, M. le Président, je réfère le sommaire, ministère de la famille, document
fait par le ministère de la famille, sommaire des créations nettes de places :
à ce jour, quand la CAQ est arrivée au pouvoir, le total de places, c'étaient
392 554 et aujourd'hui 392 987...
M. Tanguay : ...n'a pas.
Quand vous calculez les places qui ferment puis les places qui se créent, le
réseau n'a pas cheminé, n'a pas été bonifié en cinq ans. Puis il va me dire :
Oui, oui, on a créé des places, mais vous êtes en train de courir après la
fermeture des places, donc il faut que ça déborde à quelque part. Je ne sais
pas si vous allez faire ouvrir votre piscine bientôt, mais, à un moment donné,
l'eau, il faut qu'elle déborde. Elle déborde où? Sur la liste d'attente, qui
est passée de 42000 à 68000 places. Puis, pendant ce temps-là, promesse brisée
pour maternelle quatre ans n'a pas créé... Allez-vous le reconnaître, ce que
vous disiez en 2018? On va faire... on va éliminer la liste d'attente des
50 000 places en service de garde par la maternelle quatre ans. Rien qu'à voir
on voit bien.
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Oui, bien, je
vais essayer de... encore essayer d'expliquer. Le 30 novembre 2022... il y
avait 29 801 enfants qui étaient en attente d'une place au 30 novembre 2022. Il
y avait d'autres enfants qui attendaient pour une place pour des dates
ultérieures, mais ce qu'il faut comprendre, c'est que, dans les dates
ultérieures, il y a aussi des enfants qui vont quitter les services de garde
puis il y en a d'autres qui vont s'ajouter. Ce qui est important de regarder,
c'est le portrait à une date précise, puis, en date du 30 novembre 2022, il
manquait 29 801 places puis, en date d'aujourd'hui, il en manque 27 000.
Donc, quand on regarde qu'on est passé de
37000 à 27000, on s'en va dans la bonne direction, mais, quand le chef de
l'opposition officielle dit : Oui, mais il y a des enfants qui vont
vouloir avoir des places ultérieurement, bien, ultérieurement, il va y avoir
aussi des places qui vont se libérer. C'est ça que le chef de l'opposition
officielle ne comprend pas. Je ne sais pas, je ne sais plus comment lui expliquer.
M. Tanguay : Alors, on va
cheminer avec le premier ministre. Le premier ministre... On va poursuivre la
discussion. Le premier ministre dit que c'est 29 801. Déjà là, ce n'est pas
27 000, c'est 29 801 qui sont sur la liste d'attente en vertu du tableau de
bord du gouvernement. 29 801, à cela, il y est exclu le 38 615. Je vais
arrondir 39 000, il est exclu le 39 000, date ultérieure. Il y est exclu les
27700, les 28 000 femmes enceintes préinscrites pour le 30 novembre 2022. Quand
vous faites 39 000 plus 28 000, ça fait 67 000, donc 67 000, 29801. Ils en ont
besoin tout de suite, ils n'en ont pas. On s'entend là-dessus. Quand vous
additionnez celles qui sont inscrites ultérieurement et celles qui sont
enceintes puis qui veulent une place déjà qui est commandée, c'est 67000. Or,
or, quand il dit : Il y a des jeunes qui rentrent puis d'autres qui
sortent, c'est évalué, retenez mon 67000, à 50000, ça, qui rentrent, qui
sortent. Donc, déjà là, minimalement, à votre 29 801... vous me suivez, là,
vous savez, il n'y a rien de plus simple que ça. Bien oui, bien là, si vous ne
voyez pas l'évidence, je veux dire, je vais vous rappeler votre citation du 21
octobre 2021, quand vous disiez : Hey! Ce ministère-là, c'est une maison
de fous, je veux dire, faites attention, là. Alors, 67 000 moins 50 000, ça
fait au moins 17 000 enfants qui ne seront pas couverts par les entrants et les
sortants que vous évaluez vous-même à 50 000. À ce moment-là, on est loin, bien
loin du 29 800. C'est le besoin.
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : M. le Président,
si je construisais demain matin 67 000 places, là, on se retrouverait avec des
milliers de places vides. J'essaie de réexpliquer une autre fois, une dernière
fois, j'espère. Le 30 novembre 2022, il y avait 29 801 enfants qui attendaient pour
une place le 30 novembre 2022, O.K.? Aujourd'hui, on est rendu à peu près à
27 000. Il y avait aussi des enfants qui attendaient pour des dates ultérieures
et il y avait des femmes enceintes aussi qui s'étaient inscrites. Ces
personnes-là... bien, le mot ultérieur veut dire ultérieur. Donc, ça veut dire
qu'ultérieurement, au 30 novembre, ils vont avoir besoin d'une place. Mais,
ultérieurement, il y aura aussi des enfants qui n'auront plus besoin de places.
Donc, si je construisais 67 000 places, ça serait du gros, gros, gros
gaspillage de fonds publics.
Le Président (M.
Bachand) :M. le chef de l'opposition
officielle.
M. Tanguay : M. le Président,
construire une place, ça prend plusieurs années. Ça prend deux ans,
plusieurs... ça prend minimalement deux ans, puis avec le gouvernement, c'était
du trois, puis du quatre ans...
M. Tanguay : ...liste
d'attente que le premier ministre voulait voir éliminée à cause des maternelles
quatre ans. Ne reconnaît-il pas que, de un, c'est une promesse brisée parce que
la liste d'attente, on s'entend, elle est toujours là? Moi, je la mets à 68,
lui, mais il la met à 29. Et reconnaît-il que c'est une promesse brisée? Et
reconnaît-il que, coûts-bénéfices, avec la capacité et le coût pour les maternelles
quatre ans... Puis qu'il ne me ne serve pas sa ligne : Ah! pour moi, il
n'y a rien de trop beau pour les enfants, parce que le nombre est extrêmement
limité, de celles et ceux qui y ont accès, versus le double, puis le triple,
puis le quadruple qui n'ont pas de place. Reconnaît-il que c'était de faire
fausse route et qu'il n'a pas atteint sa promesse qui était d'éliminer la liste
d'attente en cinq ans, cinq ans?
Le Président (M.
Bachand) :Une minute, monsieur.
M. Legault : Oui. Oui. M. le
Président, bon, d'abord, on a créé 15 000 places en maternelle quatre
ans, on a créé 10 000 places en service de garde. Maintenant, je ne
sais plus comment l'expliquer, là, mais il y a des enfants qui vont
éventuellement rentrer à l'école, O.K.? Si on regarde les maternelles cinq ans,
il en rentre 55 000 par année. Bien, dans les 55 000 qui rentrent par
année à la maternelle cinq ans, il y en a qui viennent des services de garde.
Donc, il y a des plus, il y a des moins. Ce qui est important, c'est de
regarder à une date précise combien il manque de places pour des enfants qui
voudraient aller à la garderie cette date-là. Puis on est... on est à
29 800 le 30 novembre 2022, on est rendu à 27 000. On est parti
de 37 000. Donc, on fait du chemin. Puis on a créé aussi
15 000 places en maternelle quatre ans. En tout cas, c'est pas mal
des meilleurs résultats que quand on avant un gouvernement libéral.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Merci beaucoup. M. le
chef du deuxième groupe d'opposition, M. le député de Gouin, s'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : Merci, M.
le Président. D'abord, peut-être un petit bilan de ce qu'on a appris tantôt,
là. Le premier ministre était en campagne électorale, il faisait des promesses
jurées, crachées qu'il ferait un... un troisième lien autoroutier entre Québec
et Lévis. Son gouvernement avait commandé une étude qui évaluait les coûts d'un
autre scénario, un scénario 100 % transports en commun, mais le premier
ministre ne le savait pas. Est-ce que la ministre des Transports, elle le
savait? Ça, on ne le sait pas. Finalement, il y a dans cette étude-là, donc,
quatre scénarios qui sont chiffrés. Le premier ministre nous dit : Je n'ai
pas vu les chiffres. Il me semble, ça devrait l'intéresser. Je ne comprends pas
pourquoi il ne les a pas demandés. Et il nous dit : Non seulement je ne
les ai pas vus, mais je ne demanderai pas à la ministre des Transports de les
rendre publics. Donc, les quatre scénarios sont chiffrés, mais le premier
ministre refuse que ces chiffres-là soient publics. Ça, c'est ce qu'on a appris
dans le premier bloc tantôt.
En conclusion de ce bloc-là, j'ai demandé au
premier ministre : Est-ce que la question des changements climatiques, la
question de l'environnement, ça fait partie des raisons pour lesquelles le
premier ministre a reculé sur son projet autoroutier? La réponse n'était
vraiment pas claire, mais, un peu plus tôt, il a répondu au chef de
l'opposition officielle que, s'il n'y avait pas eu de pandémie, s'il n'y avait
pas eu de pandémie, le projet aurait eu lieu. Or, les changements climatiques
existaient avant la pandémie. J'en arrive donc à la conclusion que ça n'a, en
fait, jamais vraiment été un critère pour le premier ministre, la question
environnementale.
Or, dans la fameuse étude, la fameuse
étude dont on parle depuis tantôt, à la page 96, l'étude se prononce sur
les questions environnementales, et je vais citer, donc, l'étude en question,
page 96 : «Les risques d'assister à une augmentation de véhicules
lourds sur le réseau local, une amplification des nuisances sonores et
olfactives dans certains secteurs, une dégradation considérable de la qualité
de l'air, un accroissement de la production de GES sont considérables. Ça fait
que cette étude-là nous dit le projet, version six, en tout cas, le projet de
bitube sur lequel le premier ministre faisait campagne en 2022. Ce projet-là
prévoyait des véhicules lourds, et cette étude-là dit : C'est très mauvais
pour l'environnement que d'avoir des véhicules lourds dans ce projet-là. Ma
question pour le premier ministre : Est-ce qu'il est d'accord avec ce
passage-là de l'étude que son gouvernement a financée?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
• (16 h 20) •
M. Legault : Bien, M. le
Président, je veux reprendre. Durant la campagne électorale, on avait un projet
avec deux tubes, un tube pour le transport routier, un tube pour le transport
en commun. Les deux tubes étaient centre-ville de Lévis à centre-ville de...
M. Legault : ...Ville de
Québec. Je rappelle que le projet de Québec solidaire, c'est d'avoir des
autobus qui font le grand tour sur le vieux pont de Québec et donc, qui vont
émettre beaucoup de GES pendant tout ce parcours-là. Ça, c'est le choix de
Québec solidaire.
Compte tenu des nouvelles données, avec
les nouveaux temps de parcours, on a choisi de laisser tomber le tube sur le
routier. On garde le tube sur le transport collectif centre-ville de Québec à
centre-ville de Lévis. Selon moi, c'est un bien meilleur projet pour
l'environnement que le projet de Québec solidaire.
M. Nadeau-Dubois : Je
comprends que le premier ministre, comme d'habitude, prend beaucoup de plaisir
à parler de Québec solidaire, mais, moi, je lui parle de son projet à lui, son
projet où il y avait un tube réservé au transport routier. L'étude qu'il a
commandée dit : ce n'est pas bon pour l'environnement. Est-ce que le
premier ministre est d'accord que ce projet-là n'était pas bon pour
l'environnement? Est-ce qu'il est d'accord avec l'étude qu'il a commandée?
M. Legault : Oui. M. le
Président, ce qu'on avait avant les dernières données, c'est que le temps de
parcours pour une automobile de la rive nord à la rive sud ou de la rive sud à
la rive nord, c'était plus long que le parcours sur le pont Jacques-Cartier ou
le pont Champlain à Montréal. Est-ce que le chef du deuxième groupe
d'opposition est en train de nous dire que, lui, il souhaiterait fermer le pont
Champlain ou le pont Jacques-Cartier parce qu'il y a des autos qui passent sur
ces deux ponts là?
À un moment donné, on est capables de
faire les deux. C'est ça, la différence entre lui et moi, c'est que son parti,
c'est un parti dogmatique, alors que, nous, on est un parti pragmatique. On
sait qu'il va continuer d'y avoir des autos. Il y aura beaucoup... De plus en
plus d'autos qui vont être électriques. Mais le chef du deuxième groupe
d'opposition pense qu'il y a juste Montréal au Québec, il est d'accord pour
garder le pont Champlain puis le pont Jacques-Cartier, où il y a des autos à
Montréal, mais il ne voudrait pas qu'il y ait des routes dans le reste du
Québec pour les autos.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Je veux
juste rappeler au premier ministre, c'est lui, là, qui vient de tirer la plogue
sur un projet d'autoroute, pas moi. Je veux juste qu'on replace bien les rôles
ici. Je lui ai posé une question simple, je vais la reformuler : est-ce
qu'il trouve que sa version 100 % transport en commun va être meilleure
pour l'environnement que la version précédente, oui ou non?
M. Legault : Oui.
M. Nadeau-Dubois : Donc, le
nouveau projet est meilleur pour l'environnement que l'ancien. Donc, l'ancien
ne devait pas être parfait sur le plan de l'environnement, si le nouveau est
meilleur. Déjà, M. le Président, on progresse. Le ministre premier ministre
vient de reconnaître que c'est... La version précédente du troisième bien était
moins bonne pour l'environnement que sa nouvelle version. Je lui concède, je
suis d'accord avec lui. On a maintenant tranché cette question-là.
On peut passer au prochain sujet, dont je
voulais discuter avec lui. Et je vais le faire avec délicatesse, parce que
c'est un sujet qui est sensible, qui crée même parfois un malaise, puis je le
comprends, en ces murs. Je veux qu'on parle de rémunération des élus. C'est une
situation qui est délicate pour les élus québécois parce qu'on se retrouve dans
une situation où on doit statuer sur notre propre rémunération. Et, moi, je
concède d'entrée de jeu au premier ministre puis à tous les collègues qu'il n'y
a personne qui s'en va en politique pour faire de l'argent et que la motivation
des élus en cette chambre, c'est... Ce n'est pas, en aucune situation, de se
mettre de l'argent dans les poches. Et c'est pour ça que ça nous met mal à
l'aise, ce sujet-là, comme élus, la fameuse... Le fameux débat qui s'étire
depuis des années au Québec sur la rémunération des députés.
Il y a un rapport qui vient d'être déposé.
C'est le parti du premier ministre qui a initié le processus et qui a donné le
mandat à ce comité d'étudier la question du salaire des députés. Et ce
comité-là recommande une augmentation significative, à peu près de
30 000 $ minimum, là, d'augmentation, une augmentation qui serait
immédiate et qui serait rétroactive.
J'aimerais ça... J'ai adressé une lettre
au premier ministre sur cette question-là dans les dernières heures. J'aimerais
savoir ce qu'il pense de ce rapport-là. Est-ce qu'il compte donner suite au
rapport et déposer un projet de loi pour augmenter le salaire des députés au
Québec?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. M. le
Président, bon, avant de répondre à cette question, je veux quand même revenir
sur sa conclusion, où il conclut des choses, il me fait dire des...
M. Legault : ...choses qui
sont inexactes. Quand on regarde un projet de transport, nous, on se demande
est-ce que c'est bon pour les automobiles qui sont éventuellement des autos
électriques, est-ce que c'est bon pour le transport en commun. On regarde
l'ensemble du projet, on est pragmatique. Le parti du deuxième chef
d'opposition, lui est dogmatique. Il regarde est-ce que c'est un projet qui est
bon pour le transport en commun, mais, même si le projet est désastreux pour
les autos, ça ne le dérange pas. Ça ne le dérangerait pas d'enlever toutes les
autos au Québec. C'est ce qu'on appelle un parti dogmatique.
Maintenant, concernant la rémunération des
députés, on a mis en place un comité qui est indépendant du gouvernement, où il
y avait, entre autres, un ex, une ex-députée du Parti libéral et un ex-député
du Parti québécois. On a reçu le rapport, on va en discuter avec le Parti
libéral et avec le Parti québécois, j'ai bien compris la position de Québec
solidaire, puis on prendra ensuite une décision.
M. Nadeau-Dubois : ...commentaire.
le Président, on dit toujours que tout ce qui est exagéré est insignifiant.
Quand même, penser que Québec solidaire va... quoi? C'est... détruire toutes
les voitures? Les faire disparaître? Le premier ministre aurait pu dire «les
faire fondre dans un grand four». Non, mais je veux dire, tant qu'à dire
n'importe quoi, je veux dire pourquoi s'arrêter en si bon chemin. Le dossier
est clos. Puis le premier ministre justifiera les exagérations qui sont les
siennes.
Sur la rémunération des élus, il y a un
rapport qui a été publié il y a 10 ans, je n'étais pas encore en
politique, le premier ministre, oui, sur la rémunération des élus, c'est la
juge L'Heureux-Dubé qui recommandait qu'on sorte les députés de cette situation
délicate, malaisante où ils doivent être juge et partie sur leurs propres
rémunérations. Moi, je... je trouve cette recommandation-là intéressante.
J'entendais le ministre de l'Économie, gestionnaire dont, je pense, le premier
ministre apprécie les qualités dire : Je ne comprends pas qu'on vote notre
propre salaire. Je suis d'accord avec lui. Je suis d'accord avec la juge
L'Heureux-Dubé. Il me semble qu'on aurait dû faire ça il y a longtemps au
Québec, se doter d'un processus réellement indépendant et exécutoire pour ce
que... pour qu'il n'y ait même pas d'apparence de conflit d'intérêts quand
vient le temps pour les députés de déterminer leur rémunération. Est-ce que le
premier ministre est d'accord avec moi, la juge L'Heureux-Dubé et le ministre
de l'Économie qu'on devrait au Québec se donner ce mécanisme-là, y travailler
ensemble de manière transpartisane pour qu'on arrête de se mettre dans cette
situation franchement désagréable, de devoir statuer sur notre propre salaire?
Le Président (M.
Bachand) :40 secondes, M. le... M le
premier ministre. Rapidement, s'il vous plaît.
M. Legault : Oui, M. le
Président. Bon, écoutez, tout le monde souhaiterait avoir un comité
indépendant, ça a été fait à plusieurs reprises, ça n'a pas eu beaucoup de
succès parce qu'il y a... Là, je ne vise pas personne, là, mais il y a toujours
un ou deux partis qui font de la petite politique avec ça puis qui disent :
Aïe, nous autres, on gagne... je ne sais pas, le chef du deuxième groupe
d'opposition, c'est quoi? 150 000 $? Je suis déjà trop payé, donc je
ne voudrais pas gagner plus que 150 000 $ parce que, quand je vais
rencontrer les membres de Québec solidaire, bien, ils vont dire : Ah, mon
co-chef gagne 150 000 $. Puis là il veut augmenter à
180 000 $.
Le Président (M.
Bachand) :En terminant.
M. Legault : Donc, c'est
toujours facile de faire de la petite politique, c'est pour ça qu'on a demandé
à des anciens députés de différents partis de faire une analyse comparative...
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup.
M. Legault : ...des salaires
qui sont payés, entre autres, à Ottawa...
Le Président (M.
Bachand) :On pourra y revenir plus tard,
on pourrait y revenir. M. le chef de l'opposition officielle, s'il vous plaît.
M. Tanguay : Merci, M. le
Président. Je veux juste terminer l'échange qu'on avait sur les services de
garde parce que, tu sais, c'est excessivement important. Le premier ministre ne
reconnaît-il pas qu'au total, dans un tableau ici, là, le tableau fait par le
ministère de la Famille, quand on regarde le nombre de places
nettes 2018-2019, je pars de ce chiffre-là, 292 554, et cinq ans plus
tard, 2022-2023, on partait de 292, 292 987, c'est un différentiel de plus
433 places en cinq ans, ça, le premier ministre reconnaît-il ces chiffres-là
qui viennent du ministère de la Famille?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre, s'il
vous plaît.
• (16 h 30) •
M. Legault : Oui. Bien...
16 h 30 (version non révisée)
M. Legault : ...M. le
Président, encore une fois, le chef de l'opposition officielle ne regarde pas
le portrait d'ensemble. Il ne regarde pas les maternelles quatre ans. Si un
enfant part d'un service de garde, s'en va dans une maternelle quatre ans,
bien, ça libère une place dans les services de garde.
Ce qui est important, c'est qu'à une date
précise, puis là la date précise qu'on a, la dernière officielle avec les
chiffres détaillés, c'est le 30 novembre 2022... or, le 30 novembre 2022, il y
avait 29 801 enfants qui étaient en attente d'une place pour le 30 novembre
2022. Donc, c'est ça, le vrai chiffre, c'est ça, le vrai chiffre. S'il y a des
enfants qui sont allés dans les maternelles quatre ans, bien, ça libère des
places. Donc, le bon chiffre, c'est 29 801 le 30 novembre 2022. Puis là, bien,
ce que je lui dis, puis, bon, il peut me croire ou ne pas me croire, c'est qu'on
estime aujourd'hui qu'on est rendu à 27 000. Mais s'il veut utiliser 29 801,
travaillons avec 29 801, mais ce que je lui dis, c'est qu'il nous manque au
Québec 29 801 places en service de garde.
Le Président (M.
Bachand) :...
M. Tanguay : Je répète ma
question. La question était de savoir ne reconnaît-il pas le tableau? Parce qu'il
dit : Il faut regarder la vue d'ensemble. Je suis d'accord avec le premier
ministre, il faut regarder la vue d'ensemble. Le tableau, il y a cinq ans,
avant le cinq ans caquiste, c'est 292 000, le nombre de places, au total, en
service de garde, 292 000. Cinq ans après, c'est toujours 292 000. Pourquoi?
Parce que le rythme de création était insuffisant pour faire avancer le réseau
par rapport aux fermetures. Il y a du surplace. On a perdu cinq ans avec la
CAQ. Ça, c'est une chose.
Quand le premier ministre nous dit, puis
je suis d'accord avec lui, là, on s'entend, il y a du un pour un. Si vous créez
une place en maternelle quatre ans, il n'est pas... lorsqu'il a quatre ans, on
s'entend que maternelle quatre ans, ce n'est pas pour les deux ans, les trois
ans puis les trois ans et demi, quand il a quatre ans, donc, déjà, au départ,
ce n'est pas l'entièreté de la liste, il libère une place si d'aventure il
était dans un CPE. Mais au rythme, au rythme d'une création, qu'il dit 15 000
en cinq ans, c'est insuffisant pour répondre à la demande. D'où, coût-bénéfice,
un peu comme les maisons des aînés, coût-bénéfice... Puis il comprend tout ça,
là. Il parle que les collègues de la deuxième opposition sont dogmatiques. Je
pourrais lui resservir le même qualificatif, dogmatique dans ses promesses
électorales de maternelles quatre ans et de maisons des aînés, qui, ultimement,
ne servent pas l'ensemble de la population. Une fois que j'ai dit ça, tout le
monde a compris, là.
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. M. le
Président, j'ai mis mes lunettes, là, parce que les chiffres sont un peu
petits, là, mais ce qui est important... Parce que le chef de l'opposition
officielle dit que ce n'est pas assez. O.K., ce n'est pas assez. Regardons la
dernière année du Parti libéral, 2017-2018, il s'est créé 1894 places.
2018-2019, bon, à moitié Parti libéral, à moitié CAQ, 981 places. Sautons
quelques années et allons voir 2021-2022, 4964 places. Regardons 2022-2023,
8478 nouvelles places. C'est un record. J'ai tous les chiffres depuis 1998.
Jamais un gouvernement, qu'il soit libéral ou péquiste, n'a créé autant de
places que ce qu'on a fait dans l'année 2022-2023 : 8478 nouvelles places,
bon.
Maintenant, le chef de l'opposition
officielle nous dit : Oui, mais ce n'est pas encore assez. Effectivement,
il nous en manque encore 27 000, puis on s'est engagé à le faire sur cinq ans.
Il y a une année de faite, et on a déjà réduit de 37000 à 27000. Donc, on est
dans la bonne direction pour remplir notre promesse.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le chef de l'opposition
officielle.
M. Tanguay : Pour... Et puis
le premier ministre, là... Je veux dire, les chiffres sont évidents, ce n'est
pas 27000, ce n'est pas 29000, le vrai chiffre, c'est 67 000, la liste. Et une
fois que j'ai dit ça, M. le Président, puis je n'ai pas la prétention qu'il va
rire de ce que je vais dire, là, mais je l'invite à penser et j'aimerais l'entendre
lui donner un commentaire, c'est sous son gouvernement qu'on a vu... Puis il l'a
vu quand j'étais critique de l'opposition officielle en matière de famille,
quand j'interpellais le collègue qui était à l'époque ministre de la Famille,
avec des C.V. de bébés. C'est sous la CAQ qu'on a vu ça...
M. Tanguay : ...de bébé pour
aller essayer de décrocher une place en service de garde, parce que les parents
étaient à bout. La détresse psychologique, pression financière, C.V. de bébé
sur les réseaux sociaux, C.V. de bébé publiés... publicités achetées et payées
dans des hebdos régionaux, et ultimement, M. le Président, c'est encore une
fois sous la CAQ. Et jamais sous un autre gouvernement, peu importe qui était
là, où on a vu des parents en être réduits à cela, notamment un couple de la
région de Québec qui, sur Kijiji, était prêt à acheter pour des places :
1 000 $ pour une, 3 000 $ pour deux places et 5 000 $ pour trois
places. J'aimerais l'entendre là-dessus. Ça, c'était la traduction des chiffres
qu'on lui montre, et que lui nie, puis c'est correct, il peut le faire, mais
ça, c'est sous sa gouverne que ça s'est fait et ça traduisait les chiffres qui
ne démontrent pas que tout va bien.
M. Legault : Oui. Bon. Comme
je le dis souvent, là, les chiffres sont têtus. 2018, il s'est créé
981 places. 981 places. 2022, il s'est créé 8 478 places. Est-ce que
c'est assez? Non, on va continuer, mais à ce rythme-là, ça va bien, nos
affaires. Et est-ce que le chef de l'opposition officielle veut que je lui
rappelle Tony Tomassi, ministre de la Famille libérale, où il fallait donner de
l'argent au Parti libéral pour avoir un permis de garderie?
M. Tanguay : Ça n'a pas
rapport.
M. Legault : Est-ce qu'il
veut qu'on retourne au temps de Tony Tomassi?
M. Tanguay : Ça n'a pas
rapport. Ça n'a pas rapport, M. le Président. Honnêtement, là, puis il est
satisfait de son coup, là, ça n'a pas rapport. Tony Tomassi, il a arrêté de
faire de la politique, ça fait 13 ans, même plus. Pensez-vous que les
parents... Je viens de vous parler des parents qui ont fait des C.V. de bébé,
qui ont un stress psychologique, détresse financière, pensez-vous qu'ils
veulent entendre parler de Tony Tomassi? Vous devriez le lâcher un peu aussi,
Tony Tomassi. C'est un être humain. Je ne trouverais pas ça drôle. Puis Tony
Tomassi, les gens, là, quand ils vous écoutent dire ça, ils en ont soupé. Je
suis certain que celles et ceux qui paient de la publicité, qui sont prêts à
acheter des places, sous la CAQ, les cinq ans caquistes, ils ne veulent pas entendre
leur premier ministre parler de Tony Tomassi.
Puis regardez donc trois colonnes plus
loin, les places qui se sont fermées. Vous dites : On en a créé, dernière
année, 7 247, mais l'année 2020-2021, c'était toujours bien la CAQ qui
était là, ce n'est pas 7 247 de créées, c'est 7 783 de places de fermées en
milieu familial. Lisez le tableau jusqu'à la fin. C'est du surplace dans le
réseau quand on compare les places créées, les places fermées.
Alors, je vous donne une autre occasion de
parler aux parents, là, qui sont en détresse psychologique; les femmes, aux
premiers titres, qui ne peuvent pas retourner au travail, qui aimeraient bien
ça participer à la société, se réaliser; les enfants pour lesquels il faut agir
tôt, puis qui sont à la maison, puis qui ne sont pas capables de socialiser,
puis qu'on n'est pas capable d'agir tôt. Je leur donne... Je donne une autre
occasion de ne pas nous parler de Tony Tomassi.
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Bien, M. le
Président, je ne sais pas si... où sont les personnes qui nous écoutent, mais,
effectivement, je vais m'adresser aux parents. On a vécu, au Québec,
15 années libérales. 15 ans du gouvernement libéral. On créait 1
000 places par année en service de garde, il en manquait, quand on est
arrivés, 37 000. On a réussi à renverser la situation puis à augmenter le
nombre de places. Malheureusement, ce n'est pas suffisant.
Puis je veux dire aux parents, là, on a
pris un engagement de donner une place à tous les parents sur cinq ans. On va
respecter notre engagement. Je sais qu'il y a des parents qui attendent pour
des places, qui attendent pour des places, entre autres, pour aller travailler.
Il faut être capables, un, d'avoir les employés nécessaires dans le secteur de
la construction. Deuxièmement, il faut être capables de former suffisamment
d'éducatrices en garderie. On a augmenté les salaires des éducatrices de
18 % lors de la dernière négociation de convention collective. C'était la
première fois, dans l'histoire du Québec, qu'on donnait des augmentations de
salaire différenciées, c'est-à-dire qu'on a donné des augmentations de salaires
plus élevés aux enseignants, puis aux éducatrices, puis préposés dans les
hôpitaux puis les maisons des aînés.
Donc, M. le Président, je le sais, qu'il y
a encore des parents qui attendent, mais je veux au moins leur dire, là, que ça
bouge pas mal plus que dans les 15 années libérales, où il ne se passait
pas grand-chose.
• (16 h 40) •
Le Président (M.
Bachand) :M. le chef...
Le Président (M.
Bachand) :...officielle.
M. Tanguay : Pardon?
Le Président (M.
Bachand) :À vous la parole.
M. Tanguay : Ah! pardon. Ça
gagne combien, une éducatrice en service de garde, au dernier échelon, le plus
élevé échelon?
M. Legault : On va vous
sortir le chiffre exact, là, mais, ce qu'on sait, c'est qu'on a augmenté les
salaires de 18 %. Est-Ce que c'est assez?, il faudrait regarder pour en
faire encore plus.
Mais qu'est-ce qu'a fait le gouvernement
libéral pendant 15 ans avec le salaire des éducatrices? Je sais que ce
n'est pas moi qui pose les questions, là, mais les gens qui nous écoutent, là,
devraient se poser la question. Le gouvernement de la CAQ a augmenté le salaire
des éducatrices de 18 %, qu'est-ce qu'a fait le gouvernement libéral
pendant 15 ans? Rien.
M. Tanguay : ...Quelle fine
analyse : on n'a rien fait pendant 15 ans. C'est pour ça que les...
Le peuple nous a réélus. Quelle fine analyse. Ça donne... ça gagne, pour le
bénéfice du premier ministre, 25,18 de l'heure, fois 40,
fois 52, 52 374 $. C'est insuffisant pour les garder au sein du
réseau. Le premier ministre va avoir besoin, à terme de, 18 000 éducatrices en
service de garde. Il va les prendre où?
M. Legault : Oui. Bien, je
m'excuse de corriger le chef de l'opposition officielle, là, mais depuis le 1ᵉʳ avril
2022, à l'échelon 10, le salaire est de 28,60.
Mais la vraie question qu'il faudrait se
poser : c'était combien, quand le gouvernement libéral était au pouvoir,
c'était combien? Je pense que ce n'était même pas 20 $.
Écoutez, là, M. le Président, est-ce qu'il
reste encore du travail à faire?, c'est sûr. Est-ce qu'il s'est fait quelque
chose pendant les 15 années libérales? Pas beaucoup, pour être gentil.
Le Président (M.
Bachand) :M. le chef de l'opposition
officielle.
M. Tanguay : Les
18 000 Éducatrices que vous avez de besoin pour répondre aux
besoins... Parce que ça, c'est une autre preuve que les places nécessaires, ce
ne sont pas les chiffres que le premier ministre prétend, parce que ce serait
bien moins que 18 000 éducatrices, si c'étaient ses chiffres, si ce n'étaient
pas 67 000, et si c'étaient 27 000 ou 29 801. Alors, les 18 000 éducatrices,
dans les prochaines années, avec son 159 000 par année, à l'échelle maximale, à
la fin, il va les prendre où?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Bien, M. le
Président, encore une fois, on agit. Partout il y a une pénurie de
main-d'œuvre, dans tout le monde industrialisé. Or, on a mis en place, pour les
éducatrices qui sont formées au collégial, un programme de 9 000 $ pour
donner un incitatif financier aux étudiants, étudiantes qui choisissent
d'apprendre pour devenir éducatrices en garderie. Je l'ai dit tantôt, on a
augmenté le salaire de 18 %. Il y a aussi de l'alternance travail-études.
Ce qu'on fait actuellement, c'est qu'on prend deux étudiantes qui alternent,
une semaine, elles sont aux études, une semaine, elles sont à la garderie.
Donc, on réussit, comme ça, de façon créative, à combler le plus rapidement
possible le nombre de postes qui est nécessaire.
Le Président (M.
Bachand) :M. le chef de l'opposition
officielle.
M. Tanguay : en éducation, M.
le Président, on va avoir de la suite dans les idées, on parle de la vétusté
des infrastructures scolaires. En 2018, la statistique était 48 % des
écoles étaient identifiées comme étant vétustes. L'indice est passé à
61 %.
Là, le premier ministre va nous
dire : Ah! Bien là, on a augmenté les sommes. Mais, toutes proportions
gardées, avec l'accélération des coûts nécessaires pour le maintien, je parle
juste du maintien, le premier ministre reconnaît-il qu'il n'y aura pas le
rattrapage nécessaire pour la vétusté?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. Bien, M. le
Président, d'abord, il faut être prudents, là, quand on parle de l'état des
écoles. Il y a énormément de travail à faire. Puis, le chef de l'opposition
officielle a raison, on a doublé, triplé les budgets d'entretien des écoles. On
avait, dernière année libérale, 9 milliards par année, on est rendus à 22
par année, 22 milliards par année. Donc, on est en train de corriger une
partie du problème.
Maintenant, il y a une différence entre
une école qui a besoin de rénovations puis une école qui n'est pas sécuritaire,
où il y a des risques pour la santé ou la sécurité des enfants. Je veux
rassurer les parents qui nous écoutent, là, il n'y a pas de risques du côté de
la sécurité puis de la santé des enfants. Mais, oui, il reste encore beaucoup
de travail à faire pour rénover les écoles du Québec...
M. Legault : ...à cause du
bilan négatif dont on a hérité en 2018.
Le Président (M.
Bachand) :M. le chef de l'opposition
officielle, s'il vous plaît.
M. Tanguay : Le premier
ministre conteste-t-il toujours ce chiffre de 61 % là...
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Tanguay : ...d'écoles
déclarées vétustes, autrement dit catégorisées en mauvais ou très mauvais état?
M. Legault : Bien, le critère
qui est utilisé, c'est 61 % des écoles ont besoin d'au moins 25 % de
rénovations sur la valeur de l'école. Donc, je ne conteste pas ce chiffre-là,
mais je veux quand même dire qu'on ne parle pas de la sécurité puis de la santé
des enfants.
M. Tanguay : Dans les
documents, notamment dans le PQI, il était dit... il était établi la
corrélation entre la vétusté d'une école et la réussite scolaire. Le premier
ministre reconnaît-il cette affirmation-là, qui est dans les propres documents
gouvernementaux?
M. Legault : Bien, M. le
Président, vous le savez, là, moi, durant toute ma vie politique, ma priorité
des priorités, ça a toujours été l'éducation. Il faut investir davantage, et
davantage, et davantage en éducation. Puis oui, c'est mieux d'avoir des locaux
qui sont les plus beaux possible, les plus éclairés possible, les plus grands
possible. C'est pour ça qu'on a fait passer le budget du PQI en éducation de 9
milliards par année, niveau auquel il était avec le gouvernement libéral, à 22
milliards par année, avec le gouvernement de la CAQ.
M. Tanguay : ...ou pas que
les sommes, dans le contexte actuel, investies ne nous permettra pas, à terme,
de faire en sorte qu'il n'y ait plus aucune école catégorisée vétuste?
Le Président (M.
Bachand) :...
M. Legault : Oui. Bien,
écoutez, là, on doit être très prudents. Il y a des rénovations à faire, mais
actuellement, nos écoles sont sécuritaires puis ne comportent pas de risque
pour les enfants. Maintenant, il faudra effectivement en faire encore plus,
mais, à un moment donné, 22 milliards par année... Il faut aussi trouver les travailleurs
de la construction parce qu'en plus il y a des hôpitaux, en plus il y a des
routes. Donc, il faut aussi être capable de voir qu'au total, quand la CAQ est
arrivée, il y avait un PQI de 100 milliards sur 10 ans, on est rendus à 150
milliards sur 10 ans, une augmentation de 50 %.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup.
M. Legault : Et je ne pense
pas que le chef de l'opposition officielle est en train de nous suggérer
d'augmenter encore plus la dette du Québec.
Le Président (M.
Bachand) :Alors, je cède la parole
maintenant au chef du deuxième groupe d'opposition... au troisième groupe
d'opposition, le député de Camille-Laurin et chef du Parti québécois. M. le
député, s'il vous plaît.
M.
St-Pierre
Plamondon :Pour combien de minutes?
Le Président (M.
Bachand) :Pour 11 minutes 48 secondes.
M.
St-Pierre
Plamondon :Donc, M. le Président, vous
comprendrez que, le Parti québécois ne disposant que de 11 minutes au total
dans le cadre de cet exercice, j'irai de questions très précises et succinctes,
et je demande la collaboration de tout le monde pour qu'on s'en tienne
également à des réponses précises et succinctes.
M. le Président, essentiellement, je veux
revenir sur un certain nombre d'engagements électoraux pour lesquels les
intentions réelles du premier ministre ne me semblent pas très claires. Donc,
je veux préciser un certain nombre d'éléments. Le premier : les seuils
d'immigration.
On se rappellera qu'en 2018 la CAQ a mené
campagne en proposant une baisse des seuils à 40 000, avec l'idée, le slogan,
répété très souvent, qu'il fallait en prendre moins pour en prendre soin. Or,
un an après cette élection de 2018, la CAQ allait remettre en vigueur le seuil
déterminé par Jean Charest et Philippe Couillard, soit 50 000. On arrive à
l'élection de 50 000, et le premier ministre a déclaré, et je le cite, ce n'est
pas mes paroles, que c'était «suicidaire» de dépasser un seuil de plus de
50 000. Or, la réalité de 2023, c'est qu'on est rendus à des seuils d'à peu
près 70 000, et le premier ministre suggère publiquement qu'il réfléchit à
augmenter davantage ces seuils.
Ma question est très simple : Est-ce
que le premier ministre peut préciser sa pensée et nous indiquer s'il s'engage
à ne pas hausser les seuils, à les ramener au 50 000, seuil ou chiffre à partir
duquel il avait utilisé le mot «suicidaire»?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre s'il
vous plaît.
• (16 h 50) •
M. Legault : Oui. M. le
Président, bon, d'abord, je reviens sur 2018. L'engagement, c'était
temporairement de baisser de 50 000 à 40 000 et ensuite revenir à 50 000. On a
respecté parfaitement notre engagement électoral.
Maintenant, j'ai dit durant la dernière
campagne électorale qu'il y avait un problème à augmenter les seuils parce
qu'actuellement, après avoir eu, entre autres, un gouvernement du Parti
québécois, si on excepte le PEQ, les nouveaux arrivants...
M. Legault : ...économiques
choisi par le gouvernement du Québec n'ont aucune exigence de connaissance du
français. Donc, ce qui est important, ce n'est pas tellement les seuils, c'est
de savoir : Est-ce qu'on exige ou non la connaissance du français?
M. St-Pierre Plamondon : O.k.
Donc, je comprends de la réponse du premier ministre, M. le Président, qu'il ne
s'engage pas à ramener les seuils à 50 000 et qu'il ne se prononce pas sur la
possibilité d'augmenter les seuils. C'est ce que je comprends de sa réponse.
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Bien, d'abord,
je répète, on s'était engagés à passer temporairement de 50 000 à 40 000 pour revenir à 50 000.
Actuellement, on est à 50 000. Mais le problème, ce n'est pas le 50 000. Le
problème, c'est que les gouvernements qui se sont succédé n'ont pas exigé de
connaissance du français...
M. St-Pierre Plamondon : ...une
réponse, M. le Président.
M. Legault : ...pour les
nouveaux arrivants choisis par le gouvernement du Québec.
M. St-Pierre Plamondon : J'ai
ma réponse, M. le Président.
M. Legault : M. le député,
oui. Deuxième question. En mai 2022, donc, il y a moins d'un an, le premier
ministre affirmait vouloir rapatrier les pouvoirs en immigration du fédéral
parce que c'était, et je cite : "une question de survie pour la
nation". Il a parlé également de louisianisation. Il demandait également
un mandat fort pour que ce rapatriement ait lieu. Il a aujourd'hui
90 députés. Le 1ᵉʳ octobre 2022, donc, à deux jours du scrutin, il a
également évoqué la possibilité d'un référendum sectoriel pour rapatrier les
pouvoirs en immigration. Donc ça fait certains... six mois de cela. Une
première question toute simple : Depuis l'élection et cette déclaration,
quels gestes concrets le gouvernement a-t-il posés pour rapatrier les pouvoirs
en immigration du fédéral?
M. Legault : Oui. Bon,
d'abord, il faut comprendre que quand on regarde l'immigration au Québec, le
50 000, il y en a 60 % que c'est l'immigration économique choisie...
M. St-Pierre Plamondon : ...
M. Legault : ...complètement
par le gouvernement du Québec. Ensuite, non, non...
Le Président (M.
Bachand) :Il faut quand même laisser le
premier ministre répondre, rapidement. Merci. M. le premier ministre.
M. Legault : ...quand même
l'expliquer, là. Il y a un autre 25 % qui est choisi par Ottawa. Mais
c'est de la réunification familiale. Ça veut dire quoi? Ça veut dire : Si
le 60 % est essentiellement francophone, bien, la réunification familiale
aussi va être francophone, il reste un dernier 15 %, ce sont des réfugiés,
c'est notre contribution humanitaire. Je ne pense pas que le Parti québécois
veut remettre ça en question. Maintenant, qu'est-ce qu'on a fait avec Ottawa?
Bien, on a fait un gros gain. Il en rentrait 39 000 l'année passée par le
chemin Roxham. On a réussi à convaincre le gouvernement fédéral de bloquer le
chemin Roxham, c'est-à-dire d'appliquer l'entente des tiers pays pour que ces
personnes-là soient envoyées au poste régulier.
Le Président (M. Bachand) :O.K...
M. St-Pierre Plamondon : ...rapatrier
ses pouvoirs, c'est simple, là. Donc je ne veux pas un cours sur l'immigration.
Je veux une réponse précise à une question on ne peut plus spécifique. Quels
gestes avez-vous posés pour rapatrier les pouvoirs en immigration depuis les
déclarations que j'ai citées? S'il n'y en a pas, faites juste dire qu'il n'y en
a pas.
Le Président (M.
Bachand) :...M. le député de
Camille-Laurin, il faut laisser le temps au premier ministre de répondre aussi.
M. le premier ministre.
M. Legault : Bien, je viens
de lui parler de Roxham. Donc je le répète, là, le fédéral contrôle deux
groupes : réunification familiale, qui viennent réunifier les arrivants
économiques choisis par le gouvernement du Québec. Et il y a ensuite les
réfugiés où, l là, ça a bondi à cause de Roxham, à cause des entrées à Roxham.
Puis, on a réussi à convaincre le gouvernement fédéral de bloquer Roxham. Donc
reste un 15 % de réfugiés où c'est choisi par Ottawa. Mais je pense sincèrement,
j'espère que le Parti québécois est d'accord avec ça.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
Camille-Laurin.
M. Legault : ...
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Camille-Laurin,
oui.
M. St-Pierre Plamondon : Le
premier ministre me parle de Roxham. Question très simple encore pour une
question... une réponse très, très courte et spécifique, le gouvernement
fédéral a-t-il consulté le premier ministre et le gouvernement du Québec pour ce
qui est de l'entente entre les États-Unis et le Canada pour la fermeture du
chemin Roxham? Oui ou non? Avez-vous été consultés par le fédéral?
M. Legault : J'ai eu une
rencontre individuelle juste avant Noël avec Justin Trudeau, où on a discuté en
détail de ce dossier-là.
M. St-Pierre Plamondon : De
l'entente?
M. Legault : Et ce qu'a fait
le gouvernement fédéral, c'est exactement ce qu'on demandait, c'est-à-dire dans
un premier temps, en attendant une entente avec les États-Unis, prendre les
nouveaux arrivants de Roxham puis les envoyer dans les autres provinces. C'est
ce qu'ils ont fait. Puis négocier avec les États-Unis que les gens qui arrivent
par Roxham soient envoyés au poste régulier, c'est exactement ce qu'on
demandait.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député...
M. St-Pierre Plamondon : ...sur
la question du français, l'échange était très intéressant, tantôt, on parlait
du projet de loi no 96, et vous avez énoncé souhaiter être le gouvernement qui
freine le déclin du français. Or, les données, ce qu'elles nous disent à
l'heure actuelle, c'est que vous serez le gouvernement qui a creusé le plus le
déficit, le déclin du français.
Durant la campagne électorale de 2022,
vous avez affirmé que la loi 96 était... et c'est des choses que vous aviez
dites aussi également avant la campagne, était un projet de loi suffisant,
costaud, apte à renverser le déclin, et vous avez qualifié les projets, les
propositions de bonification du Parti québécois, de propositions extrémistes,
au moment de l'annonce sur la loi no 96.
Or, depuis l'élection, le discours a
changé, et là, c'est le temps du réveil national, des comités, des initiatives.
Est-ce que je comprends que vous vous engagez à faire plus que la loi no 96
pour renverser le déclin de la langue française? Et, si c'est le cas,
pouvez-vous reconnaître que la loi no 96 était n'était pas suffisante pour
véritablement renverser le déclin de la langue française?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Bon. D'abord, ce
qu'il est important de dire, c'est que le français sera toujours vulnérable en
Amérique du Nord. Maintenant, le Parti québécois propose de fermer la moitié
des cégeps anglophones puis pense que c'est comme ça qu'il va changer la
situation. C'est à peu près le seul amendement qu'il proposait au projet de loi
no 96. Ce qu'on propose nous puis qu'on va annoncer dans les prochaines
semaines, c'est de modifier la sélection des immigrants parce que le
gouvernement du Parti québécois n'a jamais eu le courage d'exiger la
connaissance du français pour les immigrants économiques choisis par le
gouvernement du Québec, à l'exception du PEQ. Tout le reste, le gouvernement du
Parti québécois n'a pas eu le courage d'agir sur la connaissance du français
chez les nouveaux arrivants. C'est là qui est critique, pas fermer la moitié
des cégeps anglophones comme le souhaitait le Parti québécois dans la loi no
85.
M. St-Pierre Plamondon : M.
le Président.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Camille-Laurin.
M. St-Pierre Plamondon : Le
premier ministre semble reprocher au Parti québécois nos actions ou le manque
d'action dans la période 2012 à 2014. Laissez-moi lire une citation du premier
ministre, datée, celle-là, de 2017 : «Le Québec a accordé trop
d'importance à la connaissance du français dans le processus de sélection des
immigrants et peut-être le premier ou peut-être le seul critère de sélection
d'immigration devrait être la capacité à répondre aux besoins du marché du
travail.» Est-ce que vous regrettez aujourd'hui cette prise de position?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. M. le
Président, il faut faire les deux. Ce qu'on s'est rendu compte, là, puis il y
avait une question du Parti libéral aujourd'hui, c'est que la proportion des
immigrants économiques qui est venue du PEQ, donc surtout des étudiants qui ne
répondaient pas nécessairement aux besoins du marché du travail, a pris trop de
place par rapport aux travailleurs qui répondent aux besoins du marché du
travail. Donc, ça prend les deux. Il faut avoir des francophones, des gens qui
parlent français, mais aussi des gens qui répondent aux besoins du marché du
travail.
M. St-Pierre Plamondon : ...le
temps pour une dernière question, je vais choisir le sujet parmi plusieurs
sujets, celui du sous-financement des universités francophones. En Chambre,
j'ai posé une question au premier premier ministre sur ce sous-financement là,
et il m'a répondu que tout le monde savait, dont mon collègue, Pascal Bérubé,
tout le monde qui connaissait ça savait que le financement par étudiant au
Québec, c'était exactement le même d'une université à l'autre. Je demanderais
au premier ministre s'il connaît l'économiste Pierre Fortin. Est-ce que ça lui
dit quelque chose?
M. Legault : Absolument. Puis
je l'apprécie beaucoup.
M. St-Pierre Plamondon : Oui?
C'est quelqu'un que vous respectez?
M. Legault : Oui.
M. St-Pierre Plamondon : Pierre
Fortin a publié ce tableau-là récemment sur le déséquilibre, et le tableau, là,
il ne peut pas être plus clair que ça, c'est : Ressources de
fonctionnement des universités par étudiant à partir de la moyenne québécoise.
En 2018-2019, on voit que McGill a un avantage de 34 %, puis les
universités francophones, c'est moins 18, moins 14, moins 12. Donc, je donne au
premier ministre l'occasion de faire amende honorable, de rectifier ce qu'il a
dit en Chambre à l'époque, mais surtout de rétablir, de s'engager à rétablir le
déséquilibre dans le financement des universités entre les universités
francophones et anglophones.
Le Président (M.
Bachand) :...
M. Legault : Oui. C'est
important de dire, le financement par étudiant qui est donné par le
gouvernement du Québec est le même par étudiant à l'Université de Montréal,
l'Université McGill. Là où il y a une différence, c'est les étudiants étrangers
qui paient plus cher. Et deuxième différence, un projet que connaît bien le
chef du troisième groupe, projet Royal-Victoria, où, là, c'est un projet
important de PQI que les universités francophones ne voulaient pas avoir. Mais
je le répète, le financement par étudiant du gouvernement du Québec est le même
pour McGill que pour Montréal puis que l'ensemble des universités.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le chef de
l'opposition officielle.
• (17 heures) •
M. Tanguay : Merci beaucoup,
M. le Président...
17 h (version non révisée)
M. Tanguay : ...j'aimerais
revenir sur le collègue ministre, ministre de la Cybersécurité et du Numérique,
sur le fiasco de la SAAQ et sur ce que le gouvernement caquiste a appris ou pas
avec ce fiasco-là en regard des grands projets numériques qui sont devant nous.
Première des choses, le... le premier
ministre est-il toujours d'avis que son ministre, qui est en charge de la
transformation numérique, a fait tout ce qu'il avait à faire dans le fiasco de
la SAAQ à la lumière de tout ce qu'on sait aujourd'hui et que, si c'était à
refaire, il ne demanderait pas de faire ça différemment dans l'exécution de ses
responsabilités de ministre?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. M. le
Président, il faut distinguer plusieurs dossiers, là. Quand on parle de la
transition qu'il y a eu à la SAAQ et qu'il y a eu dans d'autres ministères, d'autres
sociétés d'État et qu'il y aura dans d'autres ministères, actuellement, quand
un citoyen veut s'inscrire pour obtenir un permis de conduire, ou une carte d'assurance
maladie, ou peu importe les demandes qui sont faites, ils ont besoin de
recommencer à zéro toute l'inscription puis les preuves d'identité. Là, on est
en train de mettre en place une identité unique, et c'est quand même une
transition qui n'est pas simple. Maintenant, quand cette transition-là a été
faite à la SAAQ, la SAAQ a choisi de fermer ses bureaux pendant trois semaines
et n'ont pas prévu, lors de la réouverture, d'ajouter du personnel. Résultat
des courses, M. le Président, oui, il y a un certain nombre de Québécois qui
sont allés s'inscrire en ligne, mais il y en a beaucoup qui avaient besoin d'une
photo, par exemple, qui ont été obligés d'aller au bureau puis de faire une
longue file d'attente. Donc, il y a eu une mauvaise planification qui a été
faite à la SAAQ puis, d'ailleurs, le président de la SAAQ a démissionné ou... c'est
ça? S'est fait démissionner.
Le Président (M.
Bachand) :O.K. O.K. M. le chef de l'opposition
officielle.
M. Tanguay :
Oh, my God, mon Dieu. Le premier
ministre résume-t-il les responsabilités de son collègue de La Peltrie à titre
de ministre à créer une identification unique numérique, est-ce qu'il résume
son ministère à juste ça?
M. Legault : Non, il y a
beaucoup de projets, mais ça, c'est un projet important, là, si on était
capables, tous les Québécois, d'avoir la même identité pour tous les services
de tous les ministères, de toutes les sociétés d'État, déjà, je pense que ce
serait beau, mais il y a plein de transformations numériques qui se font dans
les différents ministères, dans les différentes sociétés d'État, puis le
ministre de la Cybersécurité a une responsabilité de conseil à ces différents
ministères ou organismes.
M. Tanguay : A-t-il échoué à
sa responsabilité de conseil, dans le cas de la SAAQ?
M. Legault : Bien, le
problème, c'est vraiment la question de la fermeture des bureaux pendant trois
semaines parce que le transfert vers la nouvelle formule d'identité numérique s'est
bien fait.
M. Tanguay : A-t-il posé la
question à son ministre? Parce que je suis certain qu'au bureau, là, je suis
certain qu'il est rentré puis il n'était pas content de voir ce qui se passait
à la SAAQ, comme tout le monde d'ailleurs. Il a dû lui dire : Coudon, tu t'en
es... tu ne nous as pas demandé qu'ils allaient faire ça en novembre quand tu
les as rencontrés?
M. Legault : Bien, j'ai
surtout posé cette question-là à la ministre des Transports parce que la SAAQ
relève de la ministre des Transports. La ministre des Transports, rappelez-vous,
qui était à l'étranger est revenue pour être capable de gérer ce qui était
devenu une crise, mais je répète que la SAAQ, pour ce qui est de ses
opérations, relève de la ministre des Transports.
M. Tanguay : Elle a répondu
quoi à votre question? Parce qu'elle était ministre avant de partir pour l'Europe.
M. Legault : Est-ce qu'elle a
répondu quoi?
M. Tanguay : Elle a répondu
quoi à votre question? Coudon, t'es-tu posé la question, fermer trois semaines,
ça n'a pas de bon sens. Elle a répondu quoi? Parce que vous avez dit : C'est
à elle que j'ai posé la question.
M. Legault : Oui, bien, je
pense qu'elle avait toutes les raisons de croire que les dirigeants de la SAAQ
avaient pensé à cette transition.
M. Tanguay : Mais elle, elle
a laissé faire?
M. Legault : Bien non, mais
écoutez, là, on ne va pas aller demander à chaque gestionnaire de chaque
société d'État... Moi, je n'appelle pas chez Hydro-Québec à tous les deux jours
de savoir : Avez-vous pensé qu'il y a telle personne qui est débranchée
puis il faudrait la brancher, là? À un moment donné, il faut aussi avoir une
certaine confiance dans les dirigeants.
M. Tanguay : Mais êtes-vous
au courant, M. le premier ministre, qu'il y a eu un briefing technique en
janvier offert aux députés, notamment mon collègue de l'Acadie, et là la
ministre, quant à ce projet-là, elle a confirmé : Tout va bien aller bien.
M. Legault : Bien, il y a eu
une étude, il y a eu des analyses qui ont été faites par la...
M. Legault : ...SAAQ. Eux
avaient calculé — ça n'a pas été le cas, là — qu'il y
aurait beaucoup plus de gens qui utiliseraient l'inscription en ligne. Ça n'a
pas été le cas, donc ils se sont retrouvés avec des files d'attente beaucoup
trop longues devant leurs bureaux.
M. Tanguay : Pour les
prochains projets, qu'est-ce qui va changer pour ne plus que ça se reproduise,
ça? Il y a plus de questions qui vont se poser par les ministres concernés,
j'imagine?
M. Legault : Bien, écoutez,
je continue à penser que chaque dirigeant de société d'État, de ministère a une
certaine imputabilité, est responsable. On nomme des gens qui ont une
expérience de gestion, donc cette transition doit être planifiée à chaque fois.
Maintenant, le ministre puis le ministère de la Cybersécurité vont aussi
peut-être voir si on peut mieux accompagner, faire profiter de cette mauvaise
expérience les autres sociétés d'État qui vont être en transition.
M. Tanguay : Donc, peut-être
mieux accompagner? J'aimerais vous entendre davantage.
M. Legault : Bien, écoutez,
il reste que le chef d'un ministère ou d'une société d'État est le responsable
final. Moi, j'utilise souvent une phrase : Quand il y a deux personnes de
responsables, il n'y a plus personne de responsable. Donc, la personne, là, qui
est «line», par rapport à la personne qui est «staff» - ça veut dire :
consultant, conseiller - bien, en bout de ligne, la personne qui est responsable,
c'est le ou la dirigeante.
M. Tanguay : Bien — variation
sur le même thème — quand il y a deux personnes de responsables, vous
dites, ll n'y a plus personne de responsable. Mais, quand au départ il n'y a
personne de responsable, il n'y a pas personne de responsable à la fin.
M. Legault : Bien, moi, je
calcule que le D.G., le président de la SAAQ devrait être responsable.
M. Tanguay : Trouvez-vous que
c'est un mode de gestion de l'État québécois, ça, de dire que la personne qui
est à la tête d'une organisation, indépendamment des responsabilités de chaque
ministre, si elle, elle part après un fiasco, on n'a pas d'autre enseignement à
tirer... ça quant à la responsabilité ministérielle? C'est-tu aussi simple que
ça, dire : On va dégommer la personne qui est à la tête, puis nous...
M. Legault : Attendez! Oui.
Attendez une minute, là. Il y a d'un côté des ministres avec des ministères
puis des sous-ministres, mais il y a des sociétés d'État qui ont des conseils
d'administration aussi, là. Donc, il faut aussi penser, là, que ça soit à la
SAAQ ou chez Hydro-Québec, il y a aussi un conseil d'administration, là, puis
ce conseil d'administration là aussi a une responsabilité de suivi. C'est sûr
que les administrateurs sur un conseil d'administration viennent à une réunion
par mois, ne peuvent pas être dans le quotidien comme les dirigeants, mais ils
ont quand même des questions à poser puis un suivi à faire.
M. Tanguay : Qu'est-ce qui va
arriver à Santé Québec quand ça ne marchera pas? Vous allez dégommer le P.D.G.
de Santé Québec, puis la cause aura été entendue?
M. Legault : Bon. D'abord, on
n'est pas rendu là, on est rendu pour l'instant encore à avoir un ministère de
la Santé puis un excellent ministre de la Santé qui est un excellent
gestionnaire. Bien, il faudra éventuellement s'assurer aussi que le ou la
présidente de Santé Québec soit un ou une excellente gestionnaire, il y aura un
conseil aussi qui suivra les résultats, l'opération puis il y aura toujours au
ministère de la Santé aussi la préparation des orientations.
M. Tanguay : Et le ministre
devra-t-il, en Chambre, répondre, le cas échéant, de malgestion par Santé
Québec?
M. Legault : Bien sûr. Bien
sûr, le ministre de la Santé continue d'être le responsable final puis doit
être capable de répondre. Mais ce qu'il faut s'assurer, c'est qu'à chaque
niveau, si on arrive aux P.D.G. des CISSS ou des CIUSSS, qu'eux autres aussi
soient imputables puis soient responsables. Mais ça suppose de leur donner plus
de pouvoirs, ça suppose aussi de revoir nos conventions collectives. C'est pour
ça que c'est un immense défi qu'on a devant nous, puis on a la meilleure
personne pour avoir un succès.
M. Tanguay : Vous ne trouvez
pas que ça éloigne le ministre des décisions, ça, de dire : On va prendre
une partie de son ministère, on va verser ça dans une nouvelle agence, Santé
Québec, où là ça va être géré en silo, que ça l'éloigne des décisions et donc
de la responsabilité ministérielle?
• (17 h 10) •
M. Legault : Bien, moi, je
dirais plutôt le contraire. Gaétan Barrette puis le gouvernement libéral
avaient centralisé les pouvoirs à Québec, c'est-à-dire dans le bureau de
Gaétan, et dans les mains des P.D.G. Là, ce qu'on a fait, c'est qu'on a
réembauché...
M. Legault : ...dirigeants
dans chaque établissement, puis, là, dans la nouvelle structure, vont avoir
plus de marge de manœuvre. En haut, on va être responsables de suivre les
résultats, mais le choix des moyens va se faire sur le plancher, proche de...
puis là où on connaît les enjeux.
M. Tanguay : Mais le choix
des moyens va relever, corrigez-moi si j'ai tort, de Santé Québec. Le choix des
moyens, ça va être l'opérationnalisation par Santé Québec.
M. Legault : C'est les
orientations. Mais quand on parle du choix des moyens... Vous savez, une bonne
gestion, que ça soit dans le secteur public ou dans le secteur privé, en haut,
on fixe des objectifs, on suit avec des tableaux de performance les résultats.
Mais, en bas, on choisit les moyens. Puis là, bien, on a des bons résultats ou
on n'a pas des bons résultats. Puis, quand on n'a pas des bons résultats, bien,
on change la personne. Mais les moyens doivent être choisis localement. En
haut, ce qu'on fait, c'est donner les orientations puis se donner des
indicateurs de performance pour suivre les résultats. Mais, le choix des moyens
pour atteindre les résultats, ça doit se faire localement. Ça, c'est de la
bonne gestion.
M. Tanguay : Mais je trouve
que ce n'est pas de la bonne gestion. Quand vous dites que ma soupape de
réaction politique à un fiasco, c'est dire : je congédie Denis Marsolais,
SAAQ, dossier est clos. Santé Québec, ils décident de fermer telle
installation, ça fait un tollé : c'est quoi, cette histoire-là, ce n'était
pas justifié, congédient quelqu'un, fin de la discussion. En amont, il y a un
gouvernement qui est élu et qui doit répondre de cela. Sinon, vous travaillez
en silo.
Mon point, c'est que vous ne pouvez pas,
puis ça a l'air à être le cas, là, dire : bien, moi, si ça ne marche pas,
je congédie le monde, puis après ça, on passe à une autre étape. Il ne faut pas
que ça arrive au départ. Là, il y a un beau lien avec le fiasco de la SAAQ. Il
n'aurait pas fallu que ça arrive puis il y a une responsabilité ministérielle.
M. Legault : Ah! Bien là, on
a une philosophie puis une approche de gestion différentes. L'approche
libérale, c'est de tout gérer dans le bureau du ministre et de prendre toutes
les décisions dans le bureau du ministre. Et, à un moment donné, le ministre,
il n'est pas le mieux placé pour connaître les vrais enjeux locaux partout.
Moi, ce que je préfère, c'est de donner des orientations, suivre les résultats,
mais laisser le pouvoir du choix des moyens aux dirigeants locaux. Ça, c'est
mon approche. Vous avez une approche centralisatrice, nous, on a une approche
décentralisatrice.
M. Tanguay : Bien, je ne le
dirais pas de même. Je pense qu'on a une approche de responsabilisation et vous
avez une approche de déresponsabilisation. Je le dirais de même, parce qu'il
doit répondre autrement que dire : faites-vous-en pas, on l'a congédié,
circulez, il n'y a rien à voir, comme on a vu à la SAAQ.
M. Legault : Bien, c'est le
choix, effectivement, là. Puis je pense qu'il y a deux philosophies de gestion
qui s'affrontent. Vous, vous appelez ça le contrôle, la responsabilisation.
Moi, j'appelle ça mettre les pouvoirs dans les mains d'une seule personne, pour
moi, c'est de la centralisation et, pour moi, ce n'est pas efficace. Puis, même
dans l'entreprise privée, on a des filiales, on a des responsables, des
présidents ou des D.G. de filiales puis ils sont responsables du choix des
moyens puis ils doivent vivre avec les résultats. Puis on s'assure d'avoir des
bons gestionnaires dans chaque établissement. On n'a pas besoin ou on ne met
pas tous nos oeufs dans le panier du grand boss en haut. On s'assure d'avoir à
tous les étages des bons ou des bonnes gestionnaires.
M. Tanguay : Le... Dans le
panier du grand boss, on a tous bien lu, ministre de la Santé, il va devoir...
Et, ça, c'est névralgique, ça, c'est l'ADN initial de tout ça, il va devoir
émettre, écrire des orientations. Le premier ministre est-il d'accord avec moi
de l'importance de la rédaction de ces orientations-là, est-il d'accord avec
moi que c'est névralgique?
M. Legault : Absolument.
M. Tanguay : Est-il d'accord
avec moi qu'il serait sain, dans notre démocratie, dans notre débat, en toute
transparence, que l'entièreté, l'ensemble des orientations que le ministre va
rédiger, qui va guider tout le reste de l'opérationnel, soit connue avant
l'adoption du projet de loi?
M. Legault : Bien, ça évolue,
là. Je m'excuse, là, ça évolue, les orientations. Il y a des situations, là, on
a juste à... Puis on a eu un bon exemple, peut-être extrême, avec la pandémie,
mais les orientations évoluent. Il faut être capables d'ailleurs de s'adapter.
Mais on ne peut pas gérer le ministère de la Santé à 125, ensemble, en train de
se dire : Bien, ça va être...
M. Legault : ...chaque
orientation de chaque sous-ministère puis de chaque : Bon, mais on fait
quoi, en santé mentale, à la DPJ, à... puis on va tout débattre ça, à 125. À un
moment donné, là, il faut être réalistes, là. Quand les gens élisent un
gouvernement, bien, ils font confiance à ce gouvernement-là, puis, quatre ans
plus tard, bien, ils jugent s'ils ont eu raison ou non de faire confiance à ce
gouvernement-là.
M. Tanguay : Ah! là, vous
utilisez le principe de responsabilité ministérielle pour dire : On ne
vous le donnera pas, puis tantôt vous disiez : Bien, vous, vous appelez ça
responsabilité ministérielle, pour ne pas répondre, entre autres, au fiasco de
la SAAQ. Là, il y a comme une contradiction.
M. Legault : Non.
M. Tanguay : Mon point,
c'est...
M. Legault : Non. La
meilleure manière d'avoir des bons résultats, c'est de décentraliser.
M. Tanguay : Et la
meilleure...
M. Legault : Vous, vous
pensez, le Parti libéral pense que la meilleure manière d'avoir des bons
résultats, c'est de centraliser ici, à Québec, toutes les décisions
importantes. On a deux approches qui sont complètement différentes.
M. Tanguay : Vous ne pouvez
pas, puis ce n'est pas moi qui vais vous l'apprendre, vous ne pouvez pas
améliorer ce que vous ne mesurez pas. Les orientations seront des outils de
mesure. Ça va être l'ADN, l'ADN initial. Puis arrivez-moi pas avec les tableaux
de bord, parce que les tableaux de bord, je veux dire, je veux dire, on n'est
pas... On n'est même pas capables de s'entendre sur les tableaux de bord. Vous
avez vu, l'échange qu'on a eu sur votre tableau de bord, aux services de garde?
Je ne parlerais pas trop des tableaux de bord.
Mais les orientations, les orientations,
est-il d'accord qu'on devrait les avoir? Ça, c'est les... entre autres, les
facteurs de succès ou de non-succès, les temps d'attente, les prises en charge,
et ainsi de suite. L'entièreté des orientations que le ministre va pouvoir
faire par règlement, qu'on les ait publics avant l'adoption du projet de loi.
M. Legault : Bien, écoutez...
M. Tanguay : C'est très
facile à donner, ça, là, là, ce serait, de toute façon, la seule
responsabilité, essentiellement, qui lui resterait.
M. Legault : Bien, il va
continuer d'avoir des périodes de questions. Mais on ne peut pas dire, dans
cinq ans, je vais avoir les mêmes orientations qu'aujourd'hui, là. Ça évolue,
et il faut être capables de s'adapter selon, aussi, ce qu'on perçoit comme
besoins. Il peut y avoir... Je vous donne un exemple. Il y a une pandémie qui
fait que, là, il y a plus de demandes en santé mentale. Bien là, il faut être
capables de s'ajuster, il faut être capables d'aller chercher le personnel
formé nécessaire. Donc, il faut s'ajuster. On ne peut pas dire : On gèle
ça pour les 25 prochaines années, ça va être ça, les orientations. Ça ne
tient pas debout.
M. Tanguay : J'aimerais, M.
le Président, et je pense que c'est tout à fait justifié, d'avoir les
orientations. Il y a moyen de les avoir et on doit les avoir. Mais là je viens
de voir une évolution encore plus poussée de l'excuse de la pandémie. Parce
qu'on se faisait servir l'excuse de la pandémie pour le passé. C'est la faute
de la pandémie. Là, M. le Président, on est rendus qu'on a l'excuse de la
pandémie prochaine, le futur, pour ne pas nous donner, notamment en matière de
santé, les orientations, qui vont être le document de phare qui va donner le
ton à Santé Québec le cas échéant. Et ça, ça ne peut pas être autre chose qu'un
document public, discuté publiquement, puis qu'on les voit, puis qu'on en
discute de cela. Le premier ministre est-il d'accord à ce qu'on puisse en
discuter, de ces orientations?
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Bien, je dois
céder la parole au chef du deuxième groupe d'opposition, député de Gouin.
M. Tanguay : Mais est-ce
qu'il peut répondre juste sur notre prochain bloc?
Le Président (M.
Bachand) :Prochain bloc, avec plaisir. Oui,
M. le député, s'il vous plaît.
M. Legault : Là, bien, ce que
j'allais dire...
Le Président (M.
Bachand) :Non, non, mais... Non, mais
député de Gouin, après ça...
M. Tanguay : Il peut-u
prendre le temps de mon prochain bloc pour répondre? Parce que, là, il...
Le Président (M.
Bachand) :Non, on y va par bloc... M. le
débuté de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Moi, ce
que... Bien, moi, si je donne le consentement, c'est pour répondre sur le temps
du prochain bloc, que je garde mon temps, ça va juste...
Le Président (M.
Bachand) :Non, mais on y va par bloc. Il
y a un dernier bloc pour la partie libérale. Alors, allez-y.
M. Legault : Je répondrai
tantôt, là.
Le Président (M.
Bachand) :Oui.
M. Nadeau-Dubois : O.K. Bon,
c'est juste pour les gens qui nous écoutent, ça serait plus fluide, oui.
Le Président (M.
Bachand) :Ça va être tout être... Tout va
être parfait tantôt.
M. Nadeau-Dubois : Avec
consentement, M. le Président, on peut le faire.
Le Président (M.
Bachand) :Allez-y. Donc, la parole est à
vous.
M. Legault : À moi?
Le Président (M.
Bachand) :Non.
M. Nadeau-Dubois : Non. Je
voulais, mais...
Le Président (M. Bachand) :Au chef du deuxième groupe d'opposition, s'il vous plaît.
Merci.
M. Nadeau-Dubois : Je veux
revenir sur l'échange que j'ai eu tantôt avec le premier ministre. J'ai posé
des questions très simples, factuelles. J'ai eu le droit à... Je me suis fait
verser sur la tête une chaudière d'attaques partisanes complètement
injustifiées. Je vais résumer ma pensée très clairement, là. Moi, en ce moment,
là, je trouve ça inapproprié. On annonce un déficit cette année, déficit l'an
prochain. Dans ce contexte-là, augmenter le salaire des députés, je trouve ça
inapproprié. Est-ce que le premier ministre trouve que dire ça, c'est faire de
la petite politique?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Legault : Bien, M. le
Président, j'ai remarqué le style du chef du deuxième groupe d'opposition,
c'est de faire des attaques, puis après, quand on lui répond, là, il joue à la
victime : Ah! je suis pauvre victime, là, tu sais...
M. Nadeau-Dubois : J'ai posé
une question simple.
M. Legault : Écoutez, j'ai
dit ce que j'avais à dire. On a reçu le rapport, on va en discuter avec les
différents partis, puis on vous donnera une réponse quand on aura discuté avec
les autres partis.
M. Nadeau-Dubois : Est-ce que
dire ce que j'ai dit, c'est faire de la petite politique?
M. Legault : De dire que les
députés gagnent... que ça serait exagéré...
M. Nadeau-Dubois : J'ai dit
que c'est inapproprié.
M. Legault : Qu'est-ce que
vous avez dit?
M. Nadeau-Dubois : J'ai
dit : C'est inapproprié. On annonce un déficit cette année, un déficit
l'an prochain, c'est inapproprié, dans ce contexte-là, d'augmenter le salaire
des députés. Dire ça, c'est-u de la petite politique?
M. Legault :
O.K. Oui. Non, moi, je pense
que...
• (15 h 20) •
M. Nadeau-Dubois : O.K.
Parfait.
M. Legault : ...que vous
disiez : Bon, il y a un déficit, donc...
M. Legault : ...on ne doit pas
augmenter le salaire des députés.
M. Nadeau-Dubois : Parfait.
Je suis content...
M. Legault : Est-ce qu'on
devrait augmenter le salaire des enseignants plus?
M. Nadeau-Dubois : Je suis
content. Je suis content que le premier ministre...
M. Legault : Bon, en tout
cas, c'est une drôle d'approche, mais je la le respecte.
M. Nadeau-Dubois : Je suis
content... C'est l'approche du premier ministre, parce que cette phrase-là,
c'est lui qui l'a prononcée en 2013. Ça fait que je suis content, au moins
qu'il ne se qualifie pas lui-même de faire de la petite politique. Aujourd'hui,
il est premier ministre du Québec. Je lui demande de se mettre du point de vue
de... du point de vue des institutions. Puis je lui demande, là, au-delà des
affiliations partisanes, là, du point de vue des institutions, ça devrait être
son point de vue, il est premier ministre du Québec, est-ce qu'il trouve ça
normal que les législateurs soient appelés à statuer sur leur propre salaire?
Aussi simple que ça.
M. Legault : Bien, écoutez,
M. le Président, je le disais tantôt, moi, je souhaiterais avoir le comité le
plus indépendant possible. C'est pour ça que ce n'est pas le gouvernement qui a
donné un mandat, c'est le BAN. C'est le bureau de l'Assemblée nationale qui a
nommé Lise Thériault, Martin Ouellette, des gens du Parti libéral, du Parti
québécois pour que ça soit le plus indépendant possible du gouvernement.
Maintenant, on reçoit ce rapport-là, on en discute, on en débat.
M. Nadeau-Dubois : ...voter
dessus, ce rapport-là? Est-ce que le premier ministre trouverait ça mieux si on
n'avait pas statué nous-mêmes?
M. Legault : Bien, écoutez, à
un moment donné, il faut aussi se demander : Est-ce que... Ça fait
10 fois, là, il y a eu le rapport de la juge L'Heureux-Dubé, bien, il y en
a eu plein, de rapports. À un moment donné, bon, on peut décider qu'on fait un
autre comité plus indépendant que le... le comité qui a été nommé par le BAN,
par le bureau de l'Assemblée nationale. Moi, je trouve que c'est un comité qui
est indépendant, en tout cas, du gouvernement.
M. Nadeau-Dubois : Je ne lui
parle pas du comité. M. le Président, je ne parle pas du comité, je lui demande
juste s'il serait d'accord... est-ce qu'il est d'accord avec l'idée que les
députés ne devraient pas statuer sur leur propre rémunération? C'est ça, ma
question. Il est-u d'accord avec ça?
M. Legault : Oui, bien,
écoutez, on pourrait se demander : Est-ce que ça veut dire que le chef du
deuxième groupe d'opposition dit : Si on met un comité indépendant, après,
ça va être exécutoire, puis il va tout de suite s'engager à respecter les
recommandations?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
c'est ce qui existe dans de nombreuses provinces.
M. Legault : Est-ce que c'est
ça qu'il est en train de dire?
M. Nadeau-Dubois : C'est ce
qui existe dans de nombreuses provinces canadiennes, c'est ce qui existe en
Nouvelle-Zélande, c'est ce qui existe en Grande-Bretagne. C'était la
recommandation, d'ailleurs, de la juge L'Heureux-Dubé. Je veux savoir, lui,
c'est quoi, sa position là-dessus?
M. Legault : Oui, mais
j'essaie juste de comprendre....
M. Nadeau-Dubois : Non, non,
je lui demande c'est quoi, sa position à lui sur la recommandation de la juge
L'Heureux-Dubé. Il est pour ou il est contre? C'est tout.
M. Legault : Bien, écoutez,
là, on a un rapport qui a été fait en 2023. Là, il me parle d'un rapport qui a
été fait il y a 10 ans.
M. Nadeau-Dubois : Vous étiez
là.
M. Legault : J'aime mieux le
rapport qui était fait en 2023, O.K.? Maintenant, la question, c'est que le
chef du deuxième groupe d'opposition dit : Ce n'est pas un vrai comité
indépendant. Bien, écoutez, là, c'est le Bureau de l'Assemblée nationale qui a
choisi des personnes. Je ne sais pas pourquoi il n'a pas participé. Il aurait
pu nommer quelqu'un. Le Parti libéral a nommé quelqu'un, le Parti québécois
nommer quelqu'un. QS a décidé de ne pas nommer personne.
M. Nadeau-Dubois : Non, non,
non. M. le Président, il faut que le premier ministre parle à son whip, là,
c'est son whip qui a proposé ce comité-là. Les noms étaient déjà cannés. On n'a
même pas eu la possibilité de contribuer au mandat puis à la composition de ce
comité-là. Ça, ce n'est pas une opinion, ce sont les faits.
M. Legault : Bon, bien, je vais
vérifier avec...
M. Nadeau-Dubois : Ça fait
qu'on va clore ce dossier-là, parce que le premier ministre, il est juste mal
informé. Ça fait que la discussion ne sera pas productive. J'aimerais qu'on
parle de ce qui se passe en santé. Le premier ministre dit qu'il dirige un
gouvernement qui est pragmatique.
M. Legault : Non, mais
attendez une minute...
Le Président (M.
Bachand) :Juste... M. le premier
ministre...
M. Nadeau-Dubois : Le,
règlement est clair, M. le Président, le premier ministre n'a pas le droit de
m'interrompre.
Le Président (M.
Bachand) :Juste... Juste... M. le député
de Gouin.
M. Legault : M. le Président,
on n'a pas la même version. Ce qu'on me dit, c'est que Québec solidaire...
M. Nadeau-Dubois : M. le
Président, le règlement est clair. Vous devez le faire respecter.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Gouin, s'il vous plaît. M. le
premier ministre, rapidement.
M. Legault : Québec solidaire
a refusé de participer au choix puis à la création du comité. C'est ce qu'on
dit.
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
M. Legault : Bon, il nous dit
le contraire. On va vérifier.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Merci. Donc, M. le député
de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Le premier
ministre est mal informé. C'est correct.
Le Président (M.
Bachand) :O.K. Vous aviez... je pense,
vous aviez un autre sujet. Allez-y.
M. Nadeau-Dubois : M. le
Président, vous n'avez pas le pouvoir...
Le Président (M.
Bachand) :Non, non, mais là je veux vous
aider parce que le temps file pour vous, là. C'est pour ça que j'essaie de vous
aider.
M. Nadeau-Dubois : Non, mais
ce n'est pas à vous à décider les sujets que j'aborde.
Le Président (M.
Bachand) :Ah! non, absolument pas, libre
à vous, libre à vous.
M. Nadeau-Dubois : Magnifique.
Je voulais parler de la santé. Je voulais savoir, son projet de mini hôpitaux
privés, là, il y a un projet pilote dont les résultats qui viennent d'être
dévoilés qui parlent d'une marge de profit qui était de 10 % pour le
privé. Durant la pandémie, des fois, il y a eu des exceptions, c'était une
situation d'urgence, ça a été plus de 15 % de marge de profit pour le
privé. J'aimerais savoir : Pour le projet des mini hôpitaux privés, dans
le cadre de ce projet-là, est-ce que le premier ministre connaît la marge de
profit qui va être garantie aux entreprises en question?
M. Legault : Bon, d'abord,
c'est important...
M. Legault : ...parce que chez
Québec solidaire, quand on dit le mot «privé», là, c'est comme si le diable
venait d'arriver.
C'est important de dire que, les deux
projets de mini hôpitaux privés, les patients, les Québécois vont pouvoir
utiliser leur carte d'assurance maladie. Donc, ce n'est pas les riches qui vont
passer devant les pauvres, là, tout le monde, ça va être gratuit avec la carte
d'assurance maladie, même si c'est privé, comme les cliniques de médecins de
famille qui sont privées, O.K.?
M. Nadeau-Dubois : O.K. Ma
question...
M. Legault : Donc, je sais
que le chef du deuxième groupe d'opposition essaie de faire peur au monde avec
le mot «privé»...
M. Nadeau-Dubois : Question
de règlement, M. le Président. C'est au lexique des propos non...
Le Président (M.
Bachand) :...premier ministre, à vos
paroles, s'il vous plaît. Attention dans le contexte, là.
M. Legault : O.K. O.K. Bon,
maintenant, le chef du deuxième groupe d'opposition réfère à des études, puis,
au début de cette étude, c'est écrit : On ne peut pas comparer secteur
public puis secteur privé parce que, dans le secteur public, on n'a pas
l'amortissement ou la location de la salle d'opération. Donc, on dit, dans le
rapport...
M. Nadeau-Dubois : ...j'ai
demandé, là... M. le Président...
M. Legault : ...on ne peut
pas comparer les deux. Mais ce que je veux dire, c'est que le principe derrière
les mini hôpitaux privés, c'est qu'on va donner l'équivalent, c'est-à-dire le
même montant à l'hôpital privé, que ce qu'on donne à l'hôpital public.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
Gouin, s'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : Mais
est-ce que le premier ministre peut nous dire quelle sera la marge de profit
qui sera garantie aux mini hôpitaux privés?
M. Legault : Il n'y aura
aucune marge de profit qui va être garantie. Ce qu'on va faire, c'est qu'on va
leur donner, disons pour un épisode de soins, le même montant qu'on donne aux
hôpitaux publics, mais incluant tous les coûts, incluant l'amortissement des
salles d'opération.
M. Nadeau-Dubois : ...en ce
moment, donne des contrats au privé, en ce moment, garantit une marge de profit
d'à peu près 10 %. Durant la pandémie, ça a plutôt été 15 %,
notamment pour trois cliniques, là, Dix30, Rockland MD puis Groupe Opmedic.
Donc, c'était 10 %, il y a eu parfois des exceptions à 15 %, et là le
premier ministre nous dit : Pour les futurs mini hôpitaux privés, ça va
être 0 % de marge de profit. Est-ce que j'ai bien compris la réponse du
premier ministre?
M. Legault : Non. Très mal
compris. Bon, actuellement, on est en période, depuis la pandémie... Puis ce
n'est pas fini, le rattrapage qu'il y a à faire. Donc, il y a un montant qui
est payé, qui est plus élevé que ce qui sera payé dans les mini hôpitaux
privés. Maintenant, ce que je lui dis, c'est que le montant qui va être payé
aux mini hôpitaux privés va être l'équivalent de ce qui est donné aux hôpitaux
publics et ça sera au privé à travailler de façon assez efficace pour dégager
une marge de profit. Mais ce n'est pas nous qui allons garantir des profits. On
va payer, par épisode de soins, un montant équivalent à ce que ça nous coûte
dans le secteur public.
M. Nadeau-Dubois : O.K.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : C'est
intéressant parce que là ce que le ministre... ce que le premier ministre nous
annonce, c'est que ça va fonctionner, donc, différemment de comment ça
fonctionne actuellement. Parce qu'actuellement, dans les contrats pour les
chirurgies qui sont donnés au privé, en ce moment il y a un 10 % pour la
marge de profit. Ce que le premier ministre nous confirme aujourd'hui, c'est
que ça... ça va fonctionner différemment pour les mini hôpitaux privés et qu'il
n'y aura aucune marge de profit de réservée ou de garantie dans les contrats
pour les mini hôpitaux privés. Est-ce que j'ai bien compris?
M. Legault : Bien, ce que je
dis, c'est qu'actuellement on est dans du rattrapage. C'est important pour les
Québécois de faire ce rattrapage le plus rapidement possible, puis on est prêts
à payer une prime pour faire ce rattrapage. Maintenant, dans le modèle des
hôpitaux privés, on donnera aux hôpitaux privés un montant équivalent à ce que
ça nous coûte dans le secteur public.
M. Nadeau-Dubois : Parfait.
M. Legault : Ça sera aux
propriétaires privés à voir quelle marge de profit ils peuvent dégager avec
leur bonne gestion.
M. Nadeau-Dubois : O.K.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Et donc il
n'y aura aucune disposition dans ces contrats-là, aucune disposition qui vont
garantir un certain niveau de profit pour le partenaire privé?
M. Legault : Bien, ça ne sera
pas un montant, là, qu'on appelle en anglais «cost plus», c'est-à-dire :
Dites-moi combien ça vous coûte, puis en plus je vous donne un profit. Ça va
être un montant par épisode de soins équivalent à ce qu'on donne dans le
secteur public. Puis là, bon, le privé aura à travailler de façon efficace pour
dégager une marge de profit avec des montants équivalents à ce qu'on paie dans
le secteur public.
• (17 h 30) •
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Gouin, s'il
vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : Merci. Ça
éclaire le débat public sur ces futurs mini hôpitaux privés. Maintenant, la
vérificatrice générale du Québec a dit, ce n'était pas une commande de Québec
solidaire, qu'elle...
17 h 30 (version non révisée)
M. Nadeau-Dubois : ...avoir
plus de pouvoirs pour aller fouiller dans les contrats qui sont donnés par l'État
québécois à des cliniques privées. Est-ce que le premier ministre va donner
suite à cette demande de la Vérificatrice générale du Québec? Est-ce qu'il va
permettre à la VGQ de vérifier les contrats donnés aux cliniques privées comme
elle le demande?
Le Président (M.
Bachand) :En 30 secondes, M le premier
ministre, s'il vous plaît.
M. Legault : Bien, je suis
ouvert à ça parce que ce qu'on veut, c'est que la Vérificatrice générale fasse
son travail. Par contre, on sait que la Vérificatrice générale est débordée,
donc il faut évidemment s'entendre sur les ressources, mais on veut que la
Vérificatrice générale fasse le travail qu'elle juge approprié.
Le Président (M.
Bachand) :Ça va? Merci beaucoup. M. le
chef de l'opposition officielle pour 17 min 50 s, s'il vous plaît.
M. Tanguay : Merci, M. le
Président. Je vais terminer sur la transformation numérique. On a appris par
les médias que le ministère du collègue de La Peltrie, Cybersécurité et
Numérique, avait près de 1200 postes vacants sur environ 7000 postes occupés,
donc, 1200 postes vacants, était le champion ministères qui avait recours aux
ressources externes, de l'ordre d'un poste sur trois, 33 %, et que,
finalement, dans les derniers mois, pour ne pas dire dernière année, quatre des
six sous-secrétariats, des sous-ministres adjoints, quatre des six ont quitté.
Ça, c'est dans les huit derniers mois. Le premier ministre a-t-il un voyant
rouge, le premier ministre, quant à ce ministère-là qui visiblement ne
fonctionne pas bien?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre, s'il
vous plaît.
M. Legault : Bien, je pense
que le chef de l'opposition officielle utilise des gros mots pour dire qu'il y
a une pénurie d'employés, en particulier dans le secteur des technologies de l'information.
Je l'invite à aller s'asseoir une heure avec Serge Godin, de CGI, ou Louis
Têtu, de Coveo. Que ce soit dans le public ou dans le privé, il y a une pénurie
d'employés dans les technologies de l'information.
Donc, effectivement, il y a tout un défi
de combler les postes. Il faut se poser des questions sur la rémunération qui
est offerte par le gouvernement du Québec. On est dans une négociation de
convention collective, actuellement, la convention est échue depuis le 31 mars
dernier. Donc, c'est un enjeu, effectivement, de combler les postes en
technologies de l'information.
M. Tanguay : Le premier
ministre considère-t-il que le ministère en question est effectif, fonctionne
bien?
M. Legault : Bien, je pense
que, compte tenu des enjeux, des contraintes, il fonctionne bien. Il y a une
partie qui est faite à l'externe, effectivement, avec des consultants, puis il
y a une partie qui est faite à l'interne. Est-ce qu'on souhaiterait en faire
davantage à l'interne? Oui. Il y a un défi de combler ces postes-là.
M. Tanguay : Au ministère de
la Santé, on en a parlé rapidement un peu plus tôt, il y aura la création du
dossier numérique, là, la RAMQ va aller de l'avant, entre autres, avec la
création d'un dossier numérique. Dans le contexte auquel fait état le premier
ministre, de la pénurie de main-d'oeuvre en matière technologique, c'est un gros
morceau la Santé. Et, quand je regarde les notes, comme un vrai bulletin, là
qui sont données, indices de performance de l'administration publique dans
les... qui découle des plans stratégiques, au ministère de la Santé, d'abord,
le taux d'atteinte des engagements envers la population, c'est 46 %, la
note, mais taux de qualité de la gestion des ressources informationnelles, c'est...
en ce qui a trait à la sécurité de l'information, ce n'est pas la note de
passage, c'est 56 %. Il y a un enjeu de sécurité de l'information au
ministère de la Santé publique, à la face même des rendements ou de la note
accordée par les documents gouvernementaux. C'est 56 %, ce n'est pas la
note de passage. Le premier ministre, que fera-t-il, parce qu'on s'en va vers
cela, est-ce qu'il va mettre de côté, en attendant qu'on puisse reprendre le
contrôle, le grand projet de dossier numérique ou, sinon, comment aborde-t-il
notamment cet immense dossier là, ce n'est pas la SAAQ, là, c'est notre système
de santé, lorsqu'il sait que la sécurité de l'information, ce n'est pas couvert
et même qu'au niveau de la transformation numérique, c'est une note de
66 %? Il n'y a pas de quoi pavoiser, là. Pour moi, j'y vois un gros
drapeau rouge. Le premier ministre, lui, voit-il un drapeau?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Bon. J'aurais le
goût... on parlait tantôt de mon balado, j'aurais le goût d'inviter le chef de
l'opposition officielle à aller voir le dernier balado que j'ai publié avec la rectrice
de l'Université Laval. On parle, entre autres, de l'enjeu d'attirer plus d'étudiants,
puis, en particulier, d'étudiantes dans les sciences pures, incluant les
technologies de l'information...
M. Legault : ...C'est un défi
qui est partout dans le monde. Et je suis pas mal fier des résultats qu'on a
depuis 2018. Je vous donne quelques chiffres qui sont préliminaires : en
2018, on avait 216 000 personnes qualifiées dans le secteur des
technologies de l'information au Québec, en 2022, on en avait 244 000.
Donc, on a réussi à augmenter de 12 %, 12 et demi % le nombre de qualifiés
dans les TI. Puis honnêtement, là, pour moi, c'est un grand défi. Si on parle
de croissance économique pour les 10, 20 prochaines années, ce qu'on appelle
en anglais le «STEM», science, technologie, engineering, mathématiques, c'est
dans ces secteurs-là que se jouent 80 % de l'innovation. Puis c'est avec
l'innovation qu'on crée de la richesse.
Et donc, on doit, puis on a commencé à le
faire, mettre des incitatifs pour les étudiants qui étudient dans ces
secteurs-là. Puis on doit, puis c'est une... Un objectif que s'est fixé la
ministre de l'Enseignement supérieur, quand les TS, la Polytechnique, les
facultés en technologies de l'information ou génie viennent nous voir pour
augmenter le nombre de places dans ces secteurs-là, il faut que ça passe en
premier. C'est vraiment un défi.
Est-ce que c'est suffisant?, non, ce n'est
pas suffisant. Il faut en faire encore plus. Vous avez... Le chef de
l'opposition officielle a raison, que ce qu'on est en train de faire ou ce
qu'on veut faire, au ministère de la Santé, ça va demander beaucoup de
personnel en technologies de l'information. Donc, c'est un vrai défi de trouver
tout le personnel en technologies de l'information.
M. Tanguay : Donc, vous ne
les avez pas présentement pour aller de l'avant.
M. Legault : Bien, on a
augmenté le nombre de 12 et demi % depuis quatre ans puis on continue, on
continue. Donc, il va y avoir... Maintenant, là, à la fin avril, une sortie
d'étudiants en technologies de l'information, donc ça s'ajoute. Puis,
honnêtement, j'aime la croissance que je vois.
M. Tanguay : Et est-ce que
vous les voyez se bousculer pour aller travailler au ministère de la Santé?
M. Legault : Bien, on réussit
à combler des postes, pas tous les postes, mais on fait quand même du
recrutement.
M. Tanguay : Quel est
l'échéancier? Parce qu'encore une fois on l'a échappé avec la SAAQ. Le
gouvernement l'a échappé avec la SAAQ. On ne veut pas l'échapper avec nos
données santé. Quel est l'échéancier? Et quand et comment va-t-il pouvoir juger
qu'ils sont prêts pour le faire?
M. Legault : Bon, d'abord, je
veux corriger le chef de l'opposition officielle. Je reviens sur la SAAQ. Ce
n'était pas tellement le changement qu'il y a eu du côté du numérique, c'est
plus la gestion des bureaux qui ont été fermés pendant trois semaines, sans
augmentation de personnel après trois semaines.
Maintenant, pour ce qui est de la santé,
là, je ne veux pas aller trop dans le détail. On est vraiment dans les dossiers
du ministre de la Santé. Puis je peux vous dire, là, que j'ai confiance
totalement au ministre de la Santé, qui connaît bien le numérique. C'est un
hasard, là, mais c'est... en plus de ses qualités de gestionnaire, il connaît
bien le numérique.
M. Tanguay : Est-ce qu'on
peut avoir un engagement d'avoir le calendrier et les phases d'implantation du
numérique?
M. Legault : Pardon?
M. Tanguay : Pouvons-nous
avoir l'engagement d'avoir, via le secrétariat, le calendrier d'implantation,
de mise en application des phases du numérique à la santé?
M. Legault : On va voir, là,
ce qui est disponible.
M. Tanguay : Vous me
dites : on va voir, mais la personne à votre gauche...
M. Legault : Non, non, mais,
écoutez, je ne suis pas ministre de la Santé, là. Je l'ai déjà été, là, mais je
ne suis pas ministre de la Santé actuellement.
• (17 h 40) •
M. Tanguay : ...à gauche,
elle vous dit non, là, mais comme premier ministre quand même, vous devez vous
intéresser à ça, parce que c'est majeur, là, c'est majeur. Il ne faut pas
l'échapper.
M. Legault : je suppose qu'il
y a un des députés libéraux, là, qui va poser des questions ou qui a posé des
questions au ministre de la Santé? J'espère qu'il lui a demandé cette
question-là, là. Je pensais qu'on faisait les crédits du MCE aujourd'hui.
M. Tanguay : Oui. Non, tout à
fait, tout à fait. Mais comme premier ministre, vous êtes responsable de tout
ce qui se passe partout, ultimement, de garder en poste l'actuel ministre du
Numérique et de la cybersécurité. Je veux dire, vous devez répondre de ça
aussi, là. Et je vous ai posé des questions en période de questions, puis vous
nous avez dit, vous m'aviez répondu, puis vous aviez le temps limité pour me
répondre, là, je vous donne plus de temps pour me rassurer davantage :
Inquiétez-vous pas pour la santé, ça ne sera pas le collègue de La Peltrie, ça
va être le ministre lui-même, de la Santé, qui va le gérer. Je vous paraphrase.
Mais là pourquoi il ne faudrait pas que je m'inquiète?
M. Legault : Oui, un peu...
en tournant un peu les coins ronds. Parce que ce que j'ai dit, c'est que le
ministre de la Cybersécurité a un rôle de conseil, mais, le responsable final,
ça va être le ministre de la Santé pour ce qui est du numérique dans le
ministère de la Santé. Et, si vous avez des questions, je pense qu'il y a
10 heures, là...
M. Legault : …sont prévus de
crédits avec le ministre de la Santé. Je vous invite à lui poser ces
questions-là.
M. Tanguay : Mais vous, comme
premier ministre, vous n'avez pas accès à cette information-là? Auquel cas vous
pourriez nous la transmettre.
M. Legault : En tout cas, je
ne l'ai pas dans mes poches actuellement, non. Non.
M. Tanguay : Non, non, je ne
vous demande pas de l'avoir dans vos poches. C'est pour ça que je vous
demandais de la transmettre au secrétariat. Est-ce qu'on peut avoir
l'engagement?
M. Legault : On va regarder
ce qu'on peut vous donner.
M. Tanguay : Parce que
l'annonce... ne rien transmettre au secrétariat, ça serait une réponse en ce
qui me concerne, vous ainsi diriez qu'au ministère du Conseil exécutif, on n'a
rien là-dessus, là mais j'ose espérer que vous avez quelque chose là-dessus.
Notamment, je le rephrase, calendrier et étapes de mise en application...
Le Président (M.
Bachand) :...partagé? Parfait. Merci.
M. Tanguay : ...santé,
restons dans la santé. Le cinq ans caquiste, je le sais que vous aimez ça quand
je dis ça, le cinq ans caquiste, c'est juste que moi je prends cinq budgets, je
dis : Un budget, ça nous guide pour une année, cinq ans. De toute façon,
le six mois, quatre et demi, cinq ans, ça ne change pas grand-chose. Mais le
cinq ans caquiste, promesse électorale 2018 : offrir un médecin de
famille à tous les Québécois. 600 000 Québécois n'avaient pas de médecin de
famille en 2018. C'est maintenant plus de 1 million, 1,1 million.
Alors là, vous allez me permettre de dire
que je considère ça comme étant une promesse brisée. Puis je ne vous parle pas
d'avoir une liste de rendez-vous, je vous parle d'une prise en charge, une
prise en charge, notamment pour les gens qui font face à des maladies
chroniques. Puis ils n'ont pas juste besoin d'avoir des rendez-vous, ils ont
besoin d'une prise en charge. Et également vous entendre sur une deuxième
promesse brisée de 2018, le 90 minutes pour voir un médecin à l'urgence.
En date du 25 avril, ce n'était pas 90 minutes, mais 2 h 45. Deux
promesses brisées. Comment le justifiez-vous aujourd'hui?
M. Legault : Oui, M. le
Président. Bon, d'abord, en octobre 2018, il y avait 6 425 000 Québécois
qui avaient accès soit à un médecin de famille ou à un GMF. En date du 15 avril
2023... quand même des chiffres pas mal à jour, 6 785 000 Québécois ont
accès à un médecin de famille ou à un GMF. Donc, une augmentation de
359 000 personnes de plus qui ont accès à un médecin de famille ou à un
GMF. Est-ce que c'est assez? Bien non. Ce n'est pas suffisant. Il y en a encore
600 000 qui n'ont pas de médecin de famille ou un GMF. On est en négociation,
parce que je parlais tantôt des conventions collectives avec les infirmières,
mais avec la FMOQ, la Fédération, le Syndicat des médecins de famille, on est
en négociation avec eux autres pour augmenter ce chiffre-là.
Maintenant, pour ce qui est du délai moyen
à l'urgence, bien, on peut comprendre qu'avec la pandémie... Non, mais moi,
j'invite, là, le chef de l'opposition officielle à aller voir un petit peu ce
qui se passe en Ontario, en Colombie-Britannique, aux États-Unis, dans les
différents pays en Europe. Tous les pays sont dans des situations pires
qu'elles avaient avant la pandémie pour les raisons qu'on connaît. Il y a un
rattrapage à faire. Le personnel était épuisé. Il y en a qui ont quitté le
réseau de la santé. Donc on essaie le plus possible de faire ce rattrapage-là
puis de poursuivre vers la réduction des délais à l'urgence.
Le Président (M.
Bachand) :...de l'opposition officielle.
M. Tanguay : ...check,
l'excuse de la pandémie, ce qui n'est pas excuse pandémie, c'est ce que vous
avez dit, vers la fin de la pandémie, ça, on s'entend là-dessus, notamment
promesse de retour au niveau prépandémie, à savoir 100 000 quant à la liste d'attente en chirurgie. Au
31 mars, on n'était pas à 100 000, on était à 158 000. Alors, vous ne pouvez
pas dire : C'est la pandémie, quand vous prenez l'engagement après la
pandémie.
M. Legault : On a pris
l'engagement pour quelle date?
M. Tanguay : On est en
train... en février 2022.
M. Legault : Oui, mais
c'était d'atteindre le nouveau niveau à quelle date?
M. Tanguay : 100 000.
M. Legault : Oui, mais à...
quand?
M. Tanguay : C'était le
prépandémie, dans les 12 mois. En un an.
M. Legault : Donc, dans les
12 mois.
M. Tanguay : Oui, février
2022... avril 2023.
M. Legault : Bien, il
faudrait voir, là, mais je serais surpris que le ministre de la Santé se soit
engagé à ce qu'on efface toute la liste de rattrapage...
M. Tanguay : Non, 100 000.
M. Legault : ...d'ici février
2023. Là, je serais surpris de tout ça, mais je n'ai pas cette information-là.
M. Tanguay : Il y a un an, un
engagement a été pris de faire descendre à 100 000 la liste d'attente en
chirurgie, il y a un an, de se rendre à 100 000
les attentes en chirurgie durant la prochaine année. La prochaine année, c'est
passé, ça fait 14 mois. Cette liste-là n'est pas à 100 000, elle est à 158 000. Ça, c'est postpandémie.
J'en ai un autre pour vous. Le 27 avril 2022, c'était 12 mois également
pour la liste d'attente de chirurgie. Plus d'un an, ça devait passer de 20 000 à 3 000, 31 mars, cette année, c'est 10 500...
M. Tanguay : ...je veux croire,
la pandémie, mais là, ça, ce n'est pas cette pandémie puis ce sont deux
engagements rompus aussi.
M. Legault : Bien, écoutez,
là, quand est-ce que la pandémie s'est terminée? Elle n'est pas encore
terminée.
M. Tanguay : On est toujours
en pandémie?
M. Legault : Bien, il y a
encore du virus, il y a encore des patients, moi, j'ai les chiffres à chaque
jour, il y a encore des patients qui sont... qui ont la COVID dans nos
hôpitaux. Donc, c'est... c'est clair qu'il y a encore de la COVID. Maintenant,
le rattrapage, bien, va se faire au fur et à mesure qu'on va être capable
d'avoir le personnel pour faire ce rattrapage-là, c'est ça, sur quoi on
travaille.
M. Tanguay : La pandémie, la
pandémie passée, présente et future pour justifier les promesses brisées.
Projet de loi N° 34. Mauvaise idée.
Lier, lier la hausse des tarifs d'hydroélectricité à l'inflation. Vous vous en
rappelez ce que vous disiez à Carlos Leitão, là : Il y en a qui pensent
que l'inflation, ça va monter à 4 %, 5 %, je ne sais pas sur quelle
planète ils vivent. Vous vous en rappelez. On a vu l'inflation, c'est plus que
6 %. Pour les particuliers, nous, on trouve que ça devrait être un gel, le
temps de revenir à la Régie de l'énergie qui fixait ça selon les besoins
d'Hydro-Québec. Là, ça va être aux cinq ans. Pour les PME, ça va être
6,5 %, puis les particuliers, 3 %. Pouvez-vous reconnaître que ça
aussi, ça avait été une mauvaise décision, parce qu'on ne peut pas
politiquement faire une patche puis dire : Bien, pour les particuliers, on
va limiter à trois puis, si ça ne fait pas, à tous les ans, on va la limiter ou
on va aller jouer là-dedans. Politiquement, socialement, on avait sorti le
politique de ça. Pouvez-vous reconnaître que c'était ça, une mauvaise idée?
Le Président (M.
Bachand) :...
M. Legault : Oui, M. le
Président, j'ai des chiffres devant moi, là, puis on voit que, souvent, quand
le Parti libéral était au pouvoir, les hausses de tarifs étaient supérieures à
l'inflation. Je donne un exemple, 2004, l'inflation 2 %, hausse de tarifs
de 4,45 %. Autre exemple, 2006, inflation 1,7 %, augmentation des
tarifs d'Hydro-Québec de 5,33 %. 2015, inflation 1,1 %, hausse des
tarifs de 2,9 %. Ce qui était visé avec le projet de loi n° 34, puis
bon, on n'était pas en pandémie puis avec les effets post... postpandémie,
c'est qu'on a dit : À partir de maintenant, là, les augmentations de
tarifs ne pourront pas excéder l'inflation. Je ne pense pas qu'il n'y avait
personne qui prévoyait qu'on se retrouverait avec des 6 %, 7 %
d'inflation.
M. Tanguay : Carlos.
M. Legault : Carlos est smatte
en maudit s'il a prévu des taux d'inflation de 7 %. Moi, je lui donnerais
une médaille en personne.
M. Tanguay : Non, mais il
vivait sur...
M. Legault : Oui... Non, ce
que Carlos Leitão disait, c'était...
M. Tanguay : C'était
possible.
M. Legault : On serait mieux
de faire autre chose. Et, bon, le Parti libéral, des fois, gelait, des fois,
augmentait de plus que l'inflation. Nous, on a dit : Il y a un système qui
ne fonctionne pas bien avec la Régie de l'énergie. Ce qu'on a, c'est que la
Régie de l'énergie autorise une augmentation ou autorisait une augmentation des
tarifs d'électricité égale à l'augmentation des coûts d'Hydro-Québec, ce n'est
pas un incitatif à bien gérer, ça. Ça veut dire que si, demain matin,
Hydro-Québec augmentait de 10 % ses dépenses, pourrait augmenter ses
tarifs de 10 %.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Mme la députée de Charlevoix-Côte-de-Beaupré,
s'il vous plaît.
• (17 h 50) •
M. Tanguay : J'avais une
dernière question, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Non, le temps est écoulé. Mme
la députée, s'il vous plaît.
Mme Bourassa : Oui. Je vais
être rapide pour laisser le temps à mes collègues de poser des questions.
Salutations à tous ceux qui se prêtent à l'exercice. M. le premier ministre,
vous commencez à me connaître, je vais vous parler des régions, de l'importance
des régions également pour le gouvernement. L'un des engagements majeurs était
de brancher tous les foyers à Internet haute vitesse, ce qui est majeur pour
nos entreprises, pour leur permettre de croître, pour retenir également la
main-d'oeuvre, c'est 1 milliard de dollars qui ont été investis.
Maintenant, on s'attaque à la téléphonie
cellulaire qui est aussi une grande demande dans ma circonscription. On pense
aux agriculteurs également qu'on accompagne, mais on l'a vu avec, bon, on a
parlé beaucoup de pandémie récemment, avec la pandémie, le bris
d'approvisionnement, notamment par la guerre en Ukraine, ça nous a fait
comprendre à quel point l'autonomie alimentaire est importante, on investit
157 millions de dollars, plus 90 millions pour doubler la production
de fruits et de légumes en serre. Alors, on a été là pour nos agriculteurs mais
également pour nos entreprises touristiques. Alors, ma question, j'aimerais
savoir qu'est-ce qu'on a fait avec la relance postpandémique pour nos
entreprises touristiques, alors qu'on sait que le tourisme est essentiel.
M. Legault : Bien,
effectivement, je reconnais la députée du plus beau comté au Québec, hein, à
part le mien, je vais dire...
M. Legault : ...là, mais,
honnêtement, Charlevoix, tellement une belle région.
Bien, je suis fier de ce qu'on a fait
depuis quatre ans pour les régions. La députée parlait d'Internet haute
vitesse. Il n'y a pas beaucoup de monde qui nous croyait parce que ça avait été
promis plusieurs fois. Là, on travaille sur la prochaine étape, c'est-à-dire le
cellulaire. J'ai rencontré, pas plus tard que lundi, Pierre Karl Péladeau. Là,
je suis en train de faire le tour des compagnies de télécommunications, puis on
va avoir un plan pour que tout le monde, dans toutes les régions, soit branché
au cellulaire.
Maintenant, oui, on a fait beaucoup aussi
en agriculture, puis c'est important si on veut occuper le territoire. Bien, on
a investi plus de 2 milliards dans le dernier mandat puis là on s'est engagé à
ajouter 175 millions, entre autres, pour la relève agricole. Parce que ça coûte
cher, être capable d'acheter une terre.
Maintenant, dans le secteur du tourisme,
bon, c'est sûr que c'est plus dur actuellement dans le secteur du tourisme,
entre autres, la pénurie de main-d'oeuvre vient affecter le tourisme qui est un
peu plus bas de gamme. Heureusement, il y a des beaux projets, comme au Massif,
avec le Club Med, où ces entreprises sont capables de payer des meilleurs
salaires. Puis là, bien, je vais prêcher contre mon ancienne paroisse, ce qu'on
veut, c'est de voir moins de Québécois aller à Cancún ou à Acapulco, Puerto
Plata, puis de les voir aller à Charlevoix, en Gaspésie, au Saguenay
Lac-Saint-Jean. C'est tellement beau, le Québec, puis, s'il y a un avantage de
la pandémie, c'est que les Québécois ont découvert ou redécouvert leur région.
Donc, il faut être capable effectivement de les aider. La ministre du Tourisme
a mis en place des forfaits pour être capable d'inciter les personnes à aller
visiter les régions. On a commencé aussi à mettre en place... puis là ce n'est
peut-être pas pour Charlevoix, parce que c'est moins loin, mais le transport
aérien régional, où les gens peuvent, pour 500 $ aller-retour, aller
visiter certaines régions.
Et j'ai demandé à la ministre du Tourisme
de me sortir des projets. Il faut être capable, là, de construire plus de
places d'hébergement. On me dit à chaque été, là, qu'il manque de places, par
exemple, en Gaspésie. Ça doit être la même chose à Charlevoix, c'est une région
où j'y vais à chaque été, donc, hein, puis je sais qu'il y a certains de vos
citoyens qui vous en parlent quand ils me voient à Charlevoix. Donc, il faut
continuer.
Moi, je pense qu'on parle souvent quand on
est en économie, d'exporter des produits. Bien, importer des touristes, c'est
la même chose, c'est qu'on prend de l'argent qui vient de l'extérieur pour
payer des salaires ici. Donc, on n'a rien à envier. Puis pendant les années où
j'ai été président d'Air Transat, j'ai beaucoup voyagé, à un point tel que
j'aime moins ça, aujourd'hui, mais on n'a rien à envier, là. On prend, là, les
places les plus belles dans le monde, c'est dur à battre, d'abord, la ville de
Québec, Charlevoix, tout le Saint-Laurent. Donc, les croisières aussi, il y a
quelque chose à faire de ce côté-là, les produits aussi du terroir, être
capable que les gens aillent dans les régions, découvrent les produits du
terroir de cette région-là.
Donc, je sais, avec la ministre du
Tourisme, qu'on travaille très fort à développer une offre, parce que, quand on
est parent puis qu'on s'en va une semaine en vacances à Charlevoix ou en
Gaspésie, bien, il faut occuper nos petits, hein, c'est vrai qu'on joue un
petit peu au G.O., comme parent, pendant une semaine, mais là, il faut être
capable effectivement de dire quelles sont les activités qui existent, bon. On
continue de développer graduellement les espaces bleus... au moins, il y a une
journée ou une demi-journée qu'on va visiter, mais il faut continuer à
développer le tourisme. Puis moi, je suis content de voir que les Québécois,
entre autres, de Montréal, ont redécouvert plus que jamais les régions du
Québec.
M. Caron : Merci beaucoup. M.
le député de Portneuf.
Le Président (M.
Bachand) :Oui. Combien il me reste de
temps, M. le Président?
Le Président (M.
Bachand) :Pas beaucoup, trois minutes.
M. Caron : Merci. Merci, M.
le premier ministre. Vous savez, il y a aussi Portneuf, qui est une belle
région touristique, hein?
M. Legault : Oui.
M. Caron : Portneuf, c'est
aussi le grenier, hein, de la capitale nationale, avec plus de 400 fermes. Moi,
j'aurais aimé avoir un peu plus de temps pour qu'on puisse discuter d'autonomie
alimentaire. On a lancé la Stratégie nationale d'achat d'aliments québécois.
Est-ce qu'on est capable aujourd'hui, déjà, d'en faire le bilan ou, en tout
cas, d'avoir un état de situation...
M. Caron : ...de ce qu'il en
est et puis des objectifs qui restent à atteindre?
M. Legault : Bien, d'abord,
je peux faire une parenthèse sur le tourisme à Portneuf, parce que, là, j'ai
bien parlé de Charlevoix, mais Portneuf, c'est une région aussi à découvrir. Et
puis je pense entre autres à tout le vélo. C'est incroyable le nombre de
personnes qui vont faire du vélo, entre autres du vélo de montagne, à Portneuf.
Il faut s'assurer, puis c'est un défi en tourisme, je sais que le député était
ou est encore propriétaire d'une auberge, donc je sais qu'il connaît bien le
tourisme, et le défi, c'est d'avoir du monde aussi d'hiver, parce que, si on a
beaucoup d'activités l'été, mais qu'on n'a pas grand-chose l'hiver, c'est
difficile de garder ses employés à l'année. Donc le ski de fond, même, on me
dit, le vélo de montagne, ça se fait l'hiver, donc, il y a aussi...
éventuellement, on va avoir de la motoneige électrique qui va devenir
disponible.
Mais je reviens sur l'agriculture, qui
était la question qui est posée. Bien, moi, je suis impressionné de voir les
investissements qui ont été faits par les producteurs agricoles au cours des
dernières années. Quand on est arrivé en 2018, il se faisait à peu près
1,2 milliard, 1,3 milliard par année d'investissement agricole. On
est rendu tout près de 2 milliards et demi. Ça veut dire qu'on a réussi à
doubler. Parce qu'un des défis qu'on a, c'est d'augmenter la productivité. Si
on veut être capable de... je parlais tantôt du tourisme, il y a un peu le même
enjeu en agriculture, être capable de bien payer nos employés, d'être
compétitif avec ce qui s'offre dans d'autres secteurs, bien, il faut être
capable, effectivement, de mieux les pays d'augmenter notre productivité. Donc,
il faut investir pour être capable d'avoir des fermes qui sont plus mécanisées,
plus robotisées. Et, de ce côté-là, bien, il se fait beaucoup de travail.
Évidemment aussi, il y a toute l'agriculture
durable, là. On vient d'annoncer un 50 million en agriculture durable. Puis il
y a une clientèle qui est disponible puis qui veut des produits biologiques.
Donc, il y a aussi beaucoup de travail à faire de ce côté-là.
Il y a évidemment la relève agricole.
Le Président (M.
Bachand) :...ministre, en terminant.
M. Legault : On a annoncé une
autre 50 millions parce qu'il faut aider nos jeunes. Il faut les
convaincre que c'est le fun, l'agriculture, mais en plus, financièrement, il
faut qu'ils soient capables de le faire. Donc, il y a aussi un montant de
50 millions qui a été annoncé de ce côté-là.
Le Président (M.
Bachand) :...le premier ministre. Le
temps alloué à l'étude du volet Conseil exécutif des crédits budgétaires du
portefeuille Conseil exécutif étant presque écoulé, nous allons maintenant
procéder à la mise aux voix des crédits. Est-ce que le programme 2,
intitulé Services de soutien auprès du premier ministre du Conseil exécutif est
adopté? Adopté, sur division. En terminant, je dépose les réponses aux demandes
de renseignements de l'opposition.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux au jeudi 27 avril, à 11 h 30, où elle va
entreprendre l'étude du volet Lutte contre l'homophobie et la transphobie des
crédits budgétaires du portefeuille Relations internationales et Francophonie.
Merci. Belle soirée. Merci, tout le monde.
(Fin de la séance à 17 h 59)