Journal des débats de la Commission des institutions
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mardi 25 avril 2023
-
Vol. 47 N° 16
Étude des crédits budgétaires du ministère de la Justice, volet Justice
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15 h (version non révisée)
(Quinze heures trente minutes)
Le Président (M.
Bachand) :Bonjour, tout le monde. Bon
après-midi. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des
sessions ouvertes. La commission est réunie afin de procéder à l'étude du volet
Justice des crédits budgétaires du portefeuille Justice pour l'exercice
financier 2023-2024. Une enveloppe de 3 heures 45 minutes a été allouée pour l'étude
de ces crédits.
Mme la députée... Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Boivin Roy (Anjou—Louis-Riel) est remplacée par M. Montigny
(René-Lévesque); M. Lemieux (Saint-Jean), par M. Jacques (Mégantic); Mme Schmaltz
(Vimont), par M. Caron (Portneuf); M. Zanetti (Jean-Lesage), par
monsieur M. Cliche-Rivard (Saint-Henri—Sainte-Anne).
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Nous allons
procéder à une discussion d'ordre général par bloc d'échange, incluant les
questions et les réponses. La mise aux voix de ces crédits sera effectuée à la
fin du temps qui leur est alloué, soit vers 19 h 15. M. le député de l'Acadie,
vous avez la parole pour un premier bloc d'échange de 18 minutes huit secondes.
M.
Morin :Merci, M. le Président. Alors, M. le ministre, dans...
15 h 30 (version non révisée)
M.
Morin :...dans un premier temps, j'aurai des questions en ce
qui a trait à ce que j'appellerais l'accès à la justice. Donc, on sait que, et
on a lu dans les journaux, entre 48 000 et 55 000 dossiers risquent de dépasser
les plafonds du célèbre arrêt Jordan pour les causes criminelles. Y aura-t-il
des arrêts de procédure ou pas? On verra. On a entendu également, par les
journaux, un manque assez important de personnel dans les palais de justice,
manque de personnel greffiers, des huissiers, pas de constables spéciaux. Et
plusieurs personnes, plusieurs associations, dont la bâtonnière du Québec, ont
sonné l'alarme.
Alors, ma première série de questions,
pour M. le ministre, est la suivante : Quel est le nombre de dossiers qui
sont ouverts à la Cour du Québec en chambres civile, criminelle, de la
jeunesse? Combien de procès sont reportés? Et quel est le délai pour conclure
ces audiences dans les trois chambres?
Le Président (M.
Bachand) :Merci, M. le ministre, s'il
vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Alors, bonjour. Merci, M. le Président. Merci de votre présence aujourd'hui. Je
tiens à vous présenter également les gens qui nous accompagnent. Donc,
salutations au collègue de l'Acadie, au collègue de Saint-Henri-Sainte-Anne, au
collègue de Vaudreuil, mes collègues de la partie gouvernementale, la députée
de Charlevoix-Côte-de-Beaupré, qui est également adjointe parlementaire au
ministère de la Justice, Mme la députée de Laval-des-Rapides, M. le député de
René-Lévesque, M. le député de Portneuf, ainsi que M. le député de Mégantic.
Vous présenter également les membres de la
fonction publique qui sont avec nous aujourd'hui, maître Yan Paquette,
sous-ministre en titre au ministère de la Justice; Me Mylène Martel,
sous-ministre associée au sous-ministériat des Services à l'organisation de la
transformation; Me Patrick Thierry Grenier, sous-ministre associé; maître Cathy
Plante, sous-ministre associée; Me Marjorie Forgues, sous-ministre associée; Me
Véronique Morin, directrice du Bureau du sous-ministre et secrétaire général;
maître Gaétan Rancourt, maître Martine Allard de la Commission des services
juridiques; Me Daniel Lafrance, président de la Commission des services
juridiques; Me Nadine Couça, vice-présidente de la Commission des services
juridiques; du directeur des poursuites criminelles et pénales, maître Patrick
Michel, donc directeur des poursuites criminelles et pénales; maître Vincent
Martin Beau, DPCP adjoint; Me Annie Bernier, DPCP adjointe; Me Sophie Lamarre,
DPCP adjointe, ainsi que de la Commission des droits de la personne et des
droits de la jeunesse, maître Philippe-André Tessier, Mme Josée Morin, madame
Mirlande Pierre, Me Suzanne Arpin, ainsi que les membres de mon cabinet.
Donc, pour répondre à votre question
relativement aux délais. Donc, en matière de chambre civile, donc le nombre de
dossiers ouverts...
M.
Morin :...le premier volet traitait du nombre de dossiers et
après es délais pour terminer les dossiers.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Donc, le
nombre de dossiers en matière civile?
M.
Morin :Civile, à la chambre criminelle, à la chambre de la
jeunesse.
M. Jolin-Barrette : O.K.
Donc, en matière civile, le nombre de dossiers ouverts est de 38 846, donc ça
exclut la division des petites créances. À la division des petites créances, c'est
14 468. À la chambre criminelle, c'est 79 755. À la chambre pénale, c'est
236 146. À la chambre de la jeunesse, c'est 8063, en matière de délinquance, en
matière de protection, c'est 10 509 dossiers.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de l'Acadie.
M.
Morin :Et...
M. Jolin-Barrette : Ah!
excusez-moi, en adoption, c'est 687 dossiers.
M.
Morin :Je vous remercie, M. le ministre. Et le temps moyen pour
régler un dossier.
M. Jolin-Barrette : Donc,
exemple, à la chambre... Bien, je vous ai présenté le nombre de dossiers
ouverts puis ensuite je vais vous présenter les données par rapport aux délais
moyens. Donc, délai moyen d'audition à la chambre civile, 225 jours; à la
division des petites créances, 682; à la chambre criminelle, délai médian des
causes criminelles réglées, c'est 302 jours.
Il faut juste comprendre qu'en matière civile et
en matière criminelle, la façon de calculer le délais de durée de vie du
dossier n'est pas le même. Donc, ce n'est pas calculé de la même façon. En
matière pénale, délai médian des causes réglées, c'est 161 jours. En matière de
chambre de la jeunesse, délinquance, c'est 80 jours avec procès, pour la
comparution, c'est 37 jours; pour le délai moyen d'audition en protection, c'est
103 jours; et pour... en matière d'adoption, c'est 42 jours.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie.
M.
Morin :Et combien, en matière criminelle, combien est-ce qu'il
y a de dossiers qui se terminent par des arrêts de procédures, arrêts de
procédures qui sont demandés par le poursuivant ou arrêts de procédures
décrétés par la cour?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre...
M. Jolin-Barrette : ...au
total... Donc, au total, on a 24 dossiers qui ont été des arrêts des
procédures pour l'année. À votre question, combien sont le fait du tribunal...
qui sont imputables dans le fond à la défense ou qui sont décrétés par le
tribunal versus la poursuite? Donc, est-ce qu'on a cette information-là? Donc
je vais céder la parole à Maître Patrick Michel, qui est Directeur des poursuites
criminelles et pénales.
M. Morin : J'aimerais, M. le
Président, que ce soit M. le ministre qui réponde, s'il vous plaît.
(Consultation)
M. Jolin-Barrette : Alors, ce
que le Directeur des poursuites criminelles et pénales m'indique, c'est :
sur les 24 arrêts de procédures, dans le fond, il y en a 17 de ce 24 là
parce qu'il y a plus d'un accusé qui a bénéficié d'un arrêt des procédures.
Donc, au total, c'est 17 arrêts de procédures qui touchent
24 accusés.
M. Morin : De ces arrêts des
procédures là, les 17, est-ce que ce sont des arrêts qui ont été demandés par
le DPCP ou ce sont des arrêts qui ont été ordonnés par la Cour pour abus de
procédure?
M. Jolin-Barrette : Donc,
ceux-là, ce sont des arrêts par la Cour. C'est ça.
M. Morin : Par la Cour, donc,
pour abus de procédure.
M. Jolin-Barrette : Bien, pas
nécessairement abus de procédure. C'est des arrêts des procédures en raison des
délais, là, ce n'est pas nécessairement des abus de procédures.
M. Morin : Si vous ne
respectez pas les délais, ça va finir par faire un abus de procédure. Et est-ce
qu'il y a un suivi qui est fait?
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, ça ne veut pas dire, parce qu'il y a un délai qui n'est pas
respecté, que le tribunal prononce un arrêt des procédures, que c'est parce
qu'il y a nécessairement eu un abus au sens où... un abus par le poursuivant
public. Il y a plusieurs circonstances qui font en sorte que le tribunal peut
en venir où il y a un arrêt des procédures. Vous savez, on se retrouvait dans
une situation où les délais étaient très serrés, notamment sur plusieurs
facteurs que vous connaissez, notamment l'implantation du ratio, donc ça fait
en sorte que ça met beaucoup de pression sur le poursuivant public. Et il peut
y arriver que dans certaines circonstances... qui font en sorte que les
dossiers sont sous pression et qu'il peut arriver qu'un délai institutionnel
est imputé, ce qui fait en sorte que ça peut amener un arrêt des procédures.
Mais il faut faire attention. Ce n'est pas nécessairement parce qu'il y a un
abus de l'État qu'il y a nécessairement un arrêt des procédures.
M. Morin : Et quand c'est un
arrêt des procédures qui est imposé par le tribunal, est-ce qu'il y a un suivi
de ces dossiers-là qui sont faits pour déterminer les causes de l'arrêt de
procédures pour ne pas que ça se répète?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, tous les dossiers au directeur des poursuites criminelles et pénales sont
recensés. À partir du moment où il y a un arrêt des procédures, dans le fond,
c'est pour ça qu'on est en mesure de vous donner la donnée. Parce qu'il y a
quelques années, à l'époque où j'étais assis dans la chaise du collègue de
Saint-Henri–Sainte-Anne... posé la question à l'une de mes prédécesseurs, la
députée de Gatineau. Puis ce n'était pas comptabilisé à l'époque. Alors, le
Directeur des poursuites criminelles et pénales maintenant est en mesure de
nous dire combien il y a d'arrêts des procédures qui sont indiqués. Alors, bien
entendu, on les comptabilise maintenant, le nombre d'arrêts des procédures.
Puis vous comprendrez qu'avec l'arrêt Jordan, tous les acteurs en matière de
justice, particulièrement en matière de justice criminelle et pénale ont fait
vraiment tous les efforts pour éviter qu'il y ait des arrêts des procédures. Et
ce qui est intéressant de constater, puis je suis un peu déçu, M. le Président,
que le député de l'Acadie n'ait pas commencé par ça, pour féliciter le
gouvernement d'avoir conclu une entente avec la juge en chef.
M. Morin : ...un appel au
règlement. Est-ce que le ministre me prête des intentions ou c'est son état
d'âme? En fait, je comprends mal ses propos, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Répondez directement à la
question, M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Alors, ce
que je voulais dire, c'est qu'on a eu un bon règlement pour les victimes et
pour les citoyens, donc vendredi dernier. Et ça, j'aurais cru que mon collègue
de l'Acadie l'aurait souligné.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Merci, M. le
Président. On voulait également savoir combien vous aviez de causes pendantes
devant la Cour d'appel et la Cour suprême du Canada. La réponse qu'on a
obtenue, c'est que le gouvernement trouve que ce n'est pas pertinent. Est-ce
que vous... Il me semble que c'est pertinent pour connaître le nombre de causes
qui sont devant les tribunaux. Est-ce que vous pouvez nous informer, M. le
ministre?
• (15 h 40) •
M. Jolin-Barrette : Alors,
par rapport au nombre de causes, il y en a plusieurs. Dans le fond, le
procureur général se retrouve devant la cour d'appel et devant la Cour suprême
à plusieurs reprises. Alors, je ne crois pas que nous avons comptabilisé...
M. Jolin-Barrette : ...le
tout, mais, si vous voulez, on pourrait faire l'exercice et vous revenir
éventuellement à ce niveau-là. Parfois, il y a des causes aussi qu'on est en
attente d'un jugement aussi depuis longtemps. Donc, ça fait plusieurs mois
aussi, donc ce sont des dossiers qui ont été plaidés et qu'on attend que les
tribunaux rendent leur décision. Je donne un exemple, C-92, parce que je sais
que collègue est également porte-parole en matière d'affaires autochtones,
également. Donc, le dossier, ça fait un certain temps qu'il a été entendu par
la Cour d'appel.
Le Président (M.
Bachand) :...l'information puis on pourra
partager avec les membres. Merci.
M. Morin : Oui. Alors, M. le
Président, je vais attendre les renseignements que M. le ministre pourra
m'acheminer. Maintenant, en lien avec la Commission des services juridiques,
pouvez-vous, M. le ministre, nous donner des informations sur leur budget, le
nombre d'employés et le nombre d'avocats permanents qui travaillent pour la
commission?
M. Jolin-Barrette : Encore
là, on a eu des bonnes nouvelles dans ce dossier-là parce qu'il y a eu un
accord de principe. Donc, les avocats de l'aide juridique, les avocats
permanents, un peu plus que la moitié avaient exercé des moyens de pression par
la grève, donc ceux qui étaient syndiqués avec la CSN plus la Rive-Sud. Donc,
on a eu un accord de principe avec eux. L'autre partie, qui était un petit peu
moins que la moitié et qui était représentée par un autre syndicat, eux avaient
déjà signé une entente. Alors, c'est une très bonne nouvelle. Tous les avocats
de l'aide juridique, désormais, ont signé la nouvelle entente, et on m'informe
également que ceux de la CSN ont entériné également, dans chacun des centres
communautaires juridiques, l'entente. Donc, c'est une très bonne nouvelle.
Je dois remercier Me Lafrance et Me... qui
sont président et vice-président de la Commission des services juridiques, pour
leur excellent travail dans le cadre de ces négociations-là. Puis je pense que
ça envoie un signal positif. Ça va bien, en matière de justice, notamment avec
la signature des procureurs permanents de l'aide juridique, notamment avec
l'entente avec la Cour du Québec. Vous voyez, on est en train d'améliorer les
choses.
À votre question : Il y a combien de
personnes qui travaillent. Donc, le budget, la Commission des services
juridiques, c'est 177 300 900 $. Il y a des transferts provenant
d'autres entités du périmètre comptable du gouvernement de 255 000 $,
des revenus autonomes estimés, ça, c'est la contribution... lorsque vous
atteignez un certain niveau de revenus, vous pouvez payer jusqu'à 800 $
pour obtenir des services juridiques de la Commission des services juridiques,
ça, ça représente 4 000 $ de revenus autonomes...
Une voix : 4 millions.
M. Jolin-Barrette : 4
millions, pardon, excusez, 4 millions. Donc, on est à
181 555 900 $ de budget. Pour le nombre de personnes qui
travaillent à la Commission des services juridiques, on a
1 034 personnes, dont 392 avocats et notaires qui étaient sur la
paye en date de février 2023 au moment de la fermeture pour compléter les
crédits, ce qui est une augmentation de 22 avocats en une année.
M. Morin : Et...
Le Président (M.
Bachand) :...
M. Morin : Oui, merci, M. le
Président. Et là ces avocats-là à l'aide juridique, il y en a combien qui se
consacrent spécifiquement au droit criminel, en défense?
M. Jolin-Barrette : En
matière de droit criminel? Peut-être que... je ne sais pas si Me Lafrance...
Souhaitez-vous que je réponde ou vous souhaitez que...
M. Morin : Oui,
j'apprécierais que le ministre réponde, M. le Président.
M. Jolin-Barrette : Bon,
d'accord. Alors, on va me communiquer l'information à savoir combien d'avocats
sont désignés en matière criminelle à l'aide juridique. Et il faut comprendre
aussi que dans le régime de la Commission des services juridiques, dans le
fond, il y a deux volets. Dans le fond, pour les mandats, il y a les permanents
de l'aide juridique qui sont au nombre de 80... 392, et un autre volet
également d'avocats en pratique privée qui prennent les mandats d'aide
juridique, et on a une entente, notamment avec le Barreau, où on a mis en place
les recommandations intérimaires du groupe de travail et également
18 autres recommandations permanentes qui étaient jugées urgentes au mois
de septembre dernier, ou août ou septembre dernier, donc, qui, notamment,
faisait en sorte de bonifier beaucoup de tarifs en matière criminelle pour les avocats
de la pratique privée.
En réponse à votre question, il y a
environ 40 % des dossiers, pardon, 40 % des avocats qui font du droit
criminel à la Commission des services juridiques au niveau des permanents de
l'aide juridique.
Puis il faut savoir, au niveau de la
structure de l'aide juridique, là, il y a, oui, la Commission des services
juridiques qui chapeaute l'ensemble des centres communautaires juridiques, mais
dans... dans les différentes régions, les centres communautaires, exemple la
Rive-Sud, exemple l'Estrie, exemple Québec, Chaudière-Appalaches, ce sont des
centres communautaires autonomes qui ont leur convention collective et...
M. Morin : ...M. le
Président, portait sur le nombre de procureurs ou d'avocats qui travaillent à
l'aide juridique. Alors, je comprends la structure de l'aide juridique en
général...
M. Morin : ...M. le ministre a
répondu à ma question, je le remercie. J'aurais également...
M. Jolin-Barrette : Je veux
juste donner davantage d'informations, M. le Président.
M. Morin : J'aurais également
une autre question, M. le Président, pour M. le ministre. On parle beaucoup
d'accès à la justice. Donc, combien d'organismes ont reçu des montants de votre
ministère et les montants qui ont été reçus pour mettre en place des
programmes, que ce soit de médiation, d'information pour le public en général,
sur le système de justice au Québec?
M. Jolin-Barrette : Est-ce
que vous parlez des montants, supposons, du Fonds d'accès justice ou vous
parlez de subventions? Parce que la majorité des...
M. Morin : Je parle du Fonds
d'accès justice, mais je parle aussi des subventions qui sont données par le
ministère, M. le Président, notamment que ce soit Éduc'alcool, Juripop ou
d'autres organismes qui, j'imagine, reçoivent des montants autres qu'uniquement
celui du Fonds d'accès Justice.
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, les organismes... En fait, le ministère de la Justice, il est un bailleur
de fonds principalement par le biais du fonds Accès Justice et par le biais du
Fonds d'aide aux victimes d'actes criminels. Donc, ce sont les deux fonds qui
sont le plus générateurs de subventions. Donc, dans le cadre... le fonds Accès
Justice dans le cadre du programme d'aide financière pour favoriser l'accès à
la justice, le montant global, c'est 936 555 $, donc, qu'on a donnés
dans le cadre d'appels à projets. Ensuite, pour le... on finance également à la
mission les centres de justice de proximité par le biais du fonds Accès
Justice. Ça, c'est 5 302 604 $. Donc, ça va de
328 227 $ pour le Centre de justice de proximité des îles de la...
Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, jusqu'à 958 418 $ pour le Centre de
justice de proximité du Grand Montréal, donc l'ensemble des CJP est en... varie
entre ça. On a annoncé récemment la création de nouveaux centres de justice de
proximité qui sont en développement, notamment on a indiqué Sherbrooke...
M. Morin : ...est-ce qu'il y
a... il y a combien de montants qui vont être consacrés à former, par exemple,
des médiateurs, compte tenu du projet de loi n° 8 qui a été adopté et qui
met l'emphase sur la médiation?
Le Président (M.
Bachand) :Très rapidement, M. le
ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui,
bien, en fait, ça, ça va être une mesure budgétaire distincte qui fait suite au
projet de loi n° 8.
M. Morin : Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Ça va?
M. Morin : Oui, merci,
monsieur...
Le Président (M.
Bachand) :Alors, M. le député de Saint-Henri-Sainte-Anne
pour un temps de 18 minutes 8 secondes, s'il vous plaît. M. le
député.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci à tous et toutes qui sont présents
aujourd'hui. M. le ministre, vous en avez parlé de votre entente avec Mme la
juge en chef Rondeau. Je voudrais y revenir. L'Entente prévoit 14 nouveaux
juges, alors que c'étaient 41 qui étaient demandés. Je voudrais savoir
qu'est-ce qui vous rend si réticent à nommer ou à ajouter des budgets pour la
magistrature?
M. Jolin-Barrette : ...il n'y
a absolument rien qui me rend réticent à ajouter des budgets pour la
magistrature. Par contre, je suis content de la question, M. le Président,
parce que j'ai toujours dit que moi, je serais... j'étais prêt à ajouter des ressources
dans le système de justice, mais, par contre, il faut que ça se traduise par un
gain d'efficacité et surtout que le citoyen, le justiciable et également la
victime y trouvent leur compte. Il faut qu'on ait un système de justice qui est
beaucoup plus efficace, beaucoup plus moderne également, il faut changer nos
façons de faire. Et il faut surtout s'assurer d'être performant parce qu'il
faut que le citoyen, peu importe, là on est en matière criminelle et pénale,
peu importe qu'il y ait un acquittement ou une condamnation, il faut que
l'ensemble des intervenants du système de justice soit orienté vers les
citoyens, ou vers la victime, ou vers les droits de l'accusé. Alors, il n'y a
pas de raison pour lesquels nos délais sont extrêmement longs.
Moi, je suis responsable, comme ministre
de la Justice, de l'ensemble des délais, mais je ne suis pas le seul acteur
dans le système de justice. Vous savez, il y a le Directeur des poursuites
criminelles et pénales qui est avec moi, il y a à la Commission des services
juridiques mais également la magistrature. La magistrature est un volet
important, est un intervenant du système de justice. Tout le monde qui est
assis ici, devant vous, est imputable. La magistrature doit l'être également,
et c'est pour ça que, dans le cadre de l'entente, on s'est fixé des cibles
communes. Et c'est la première fois que la magistrature va s'engager à
respecter certaines cibles, notamment un taux de fermeture de dossier de 1,1,
le fait d'avoir un délai médian de 212 jours au lieu de plus de 300 et
également le fait de respecter les délais de 18, 30 mois dans une
proportion de 87,7 %. Alors, c'est une très bonne entente au bénéfice des
citoyens.
M. Cliche-Rivard : Merci, M.
le Président. Je n'ai pas beaucoup de temps, donc j'aimerais que le ministre
réponde simplement directement à la question. Vous ne pensez pas que
30 juges de plus auraient amélioré le ratio et auraient donné un meilleur
service?
M. Jolin-Barrette : Non.
M. Cliche-Rivard : Non?
• (15 h 50) •
M. Jolin-Barrette : Non.
Savez-vous pourquoi? Parce...
M. Jolin-Barrette : ...ce
n'est pas nécessairement uniquement une question de rajouter des ressources.
Écoutez, en 2013, là, il y avait environ 45 000 dossiers de plus dans le système.
Il y avait une vingtaine de juges de moins. Écoutez, en 2013, là, on avait
113 570 causes ouvertes, il y avait 128 juges puis les délais étaient
plus courts. Aujourd'hui, en 2022-2023, il y a quatre 80 702 causes
ouvertes, on a 146 juges, donc 18 juges de plus, et les délais sont
effarants. Alors, voyez-vous, quand il y a eu l'arrêt Jordan, Mme Vallée à
l'époque était ministre de la Justice, il y a eu une injection de 16 juges
dans le système. La première et la deuxième année, ça s'est amélioré, puis
après ça, ça a recommencé à décliner. Il faut avoir des cibles, des objectifs
de performance et c'est ce qu'on a eu dans l'entente. Et c'est une excellente
entente au bénéfice des citoyens. La magistrature sera imputable puis je pense
que c'est un bon signal à envoyer. Tout le monde est responsable.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député, s'il vous plaît.
M. Cliche-Rivard : Avant
l'entente, vous parliez de jusqu'à 50 000 dossiers en danger qui
pourraient faire l'objet d'arrêts de procédure. Après l'entente, c'est quoi, le
chiffre? Combien de dossiers sont en danger?
M. Jolin-Barrette : Bien, ce
que l'entente nous permet de faire, c'est de rajouter, dès le mois de septembre
et même avant, il n'y a rien qui empêche la cour de déjà augmenter le nombre de
jours siégé par ses juges, ça nous permet justement de faire en sorte d'avoir
plus de disponibilité, plus de jours d'audience qui vont être disponibles.
Donc, ça fait en sorte que la pression sur le système de justice va diminuer.
M. Cliche-Rivard : Est-ce
qu'il va y en avoir des...
M. Jolin-Barrette : Est-ce
qu'il va y avoir des arrêts des procédures? Peut-être. Je ne peux pas vous
garantir qu'il n'y aura pas d'arrêts de procédure. Honnêtement, on...
M. Cliche-Rivard : Vous
disiez 50 000, donc vous étiez capable de l'estimer. Là, aujourd'hui, vous
ne pouvez pas l'estimer?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, on a des ressources supplémentaires, donc 14 juges de plus qui vont
siéger. La cour également s'est engagée à avoir des taux de fermeture beaucoup
plus réduits. Alors, dans les faits, on a une formule gagnante.
M. Cliche-Rivard : ...
Le Président (M.
Bachand) :J'ai de la misère à vous
entendre. C'est parce que, là, il y a du monde qui a de la misère à vous
entendre. Laissez la personne poser la question et l'autre répondre. Oui, M. le
ministre.
Le Président (M.
Bachand) :Si les ratios rencontrés.
M. Jolin-Barrette : Notre
taux, là, actuellement, il est à 79,4 % des dossiers qui est à l'intérieur
du délai de 18-30 mois. À terme, avec l'entente, on va être à 87,7 %.
M. Cliche-Rivard : Donc
13 %.
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait ce n'est pas 13 % des dossiers que ça va être des arrêts des procédures.
C'est 13 % des dossiers qui pourraient être hors délais de
18-30 mois. Mais ce n'est pas systématiquement parce que vous êtes hors
délais, parce que, parfois, c'est la responsabilité de la défense, parfois il y
a une renonciation aux délais. Alors, on a vraiment une bonne entente qui
permet de sécuriser. Est-ce que vous...
M. Cliche-Rivard : Donc,
jusqu'à 13 000 dossiers, ils sont donc en danger. Est-ce qu'on n'aurait
pas pu régler ça en augmentant le nombre de juges avec votre ratio en même
temps, faire les deux en même temps, s'engager pour des ratios, mais donner le
nombre de juges qui était demandé à la cour?
M. Jolin-Barrette : Bien, je
ne sais pas comment vous faites votre calcul, là, mais 13 % de
50 000, ça ne donne pas 13 000.
M. Cliche-Rivard : C'est
vrai. Vous avez tout à fait raison, mais la question reste la même.
M. Jolin-Barrette : O.K.
Alors, en réponse à votre question, ce ne sont pas tous les dossiers qui sont
au-delà du délai de 18-30 mois qui se soldent par des arrêts de
procédures, parce que ce n'est pas nécessairement imputable à l'État ou à
l'administration de la poursuite. Donc, on est dans une situation où on vient
sécuriser la situation. Et vous savez, la Cour a une responsabilité de constater
que, s'il se retrouve hors délais... Et ça, je dois faire un point, M. le
Président, qui est très clair, là. Je remercie tous les juges de la Chambre
criminelle et pénale qui décident de sortir de leur délibéré pour éviter qu'il
y ait des arrêts des procédures. Parce que nous avons une magistrature qui est
consciente de l'impact que ça peut avoir, alors ils se rendent disponibles
malgré le fait qu'ils ne devaient pas siéger ou qu'ils étaient en délibéré. Et
ça, je pense que, quand je parle de la responsabilité collective, je les
remercie de faire ce choix.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député d'Acadie...
Excusez-moi, Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : ...le
ministre ne peut pas nous confirmer aujourd'hui que son entente va permettre
d'éviter les arrêts de procédure.
M. Jolin-Barrette : Bien,
vous posez une drôle de question. En 2022, on a eu 17 arrêts de procédure,
puis ce n'est pas nécessairement une question uniquement de délais. Des fois,
c'est la conduite, puis tout ça. Il peut y arriver des circonstances
exceptionnelles, des causes complexes qui peuvent justifier un dépassement des
plafonds sans qu'il y ait des arrêts des procédures. Mais sur les arrêts des
procédures directement, je ne peux pas vous le garantir à 100 %, mais ce
n'est pas à cause de l'entente. Et même si on avait rajouté 41 juges, et
même si on avait rajouté 50 juges, il aurait pu arriver qu'il y ait
certains dossiers pour des circonstances exceptionnelles où est ce qu'on excède
le 18-30 mois. Mais il y a une chose qui est sûre, c'est que, là, on est
mobilisés pour éviter tous les arrêts de procédure. Et moi, je peux vous dire
une chose, je ne suis...
M. Jolin-Barrette : ...pas
satisfait quand on est hors délais. Et c'est pour ça qu'on a fait en sorte de
donner des ressources supplémentaires au Directeur des poursuites criminelles
et pénales, de faire en sorte d'ajouter 14 juges de plus aussi.
Le Président
(M. Bachand) :...s'il vous plaît.
M. Cliche-Rivard : Dans
les deux cas, j'aimerais savoir combien ont coûté aux contribuables la demande
de renvoi en Cour d'appel et la rémunération en matière de médiation de
l'ex-juge Chamberland. Combien ce processus-là a coûté aux contribuables?
M. Jolin-Barrette : Sur
la question de la rémunération du juge Chamberland, c'est fixé par voie
réglementaire. Dans le fond, dans un règlement, pour un avocat de plus de
15 ans de pratique, c'est un taux horaire de 300 $ de l'heure.
Honnêtement, je n'ai pas eu la facture de M. le juge Chamberland parce qu'on
vient de régler la situation vendredi. Donc, je vais attendre d'avoir des
données préliminaires. Donc, dans le cadre du processus de facilitation... Ça,
c'est le chiffre à jour?
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : O.K.
Donc, le chiffre préliminaire est de 25 119 $ pour les honoraires de
M. le juge Chamberland. Pour ce qui est du coût de renvoi à la Cour d'appel,
pour ce qui est des coûts du procureur général, bien, dans le fond, ce sont nos
avocats à l'interne qui gèrent le dossier. Donc, ça fait partie des ressources
qui ont consacrées. Je pense que nous avions une équipe de deux ou trois
juristes qui... deux ou trois plaideurs qui s'occupaient notamment de ce
dossier-là, mais ils ne sont pas à temps plein sur ce dossier-là.
M. Cliche-Rivard : Sur
les 14 nouveaux juges, combien vont être assignés ou dédiés à la justice
dans le monde?
M. Jolin-Barrette : Ça
sera une conversation que j'aurai avec la juge en chef. Vous connaissez à quel
point nous collaborons bien ensemble. Alors, à chaque fois qu'il y a la
création d'un nouveau poste ou une demande de changement de district, de lieu
de résidence, c'est une discussion qui se fait entre le ministre de la Justice
et la juge en chef. La façon que ça procède pour, supposons, créer un nouveau
poste, je fais un exemple, l'an passé, nous avions ajouté huit postes de juge à
la Loi sur les tribunaux judiciaires, donc, notamment en matière jeunesse, pour
réussir à travailler sur les délais en matière jeunesse. Et donc la juge en
chef m'a suggéré d'ouvrir les postes de juge dans certains districts.
Et pour les postes que j'ai ouverts, j'ai
respecté la demande de lieu de résidence de la juge en chef. Donc, c'est une
discussion qui se fait ensemble. Mais votre question est intéressante pour le
fait que ne devrions-nous pas avoir un juge qui a un lieu de résidence fixé
dans le Nord? Moi, je trouve que c'est une idée fort intéressante, et
j'envisagerais très positivement, et si le collègue veut m'appuyer là-dedans,
le fait que peut-être qu'un juge devrait avoir son lieu de résidence à
Kuujjuaq.
M. Cliche-Rivard : Vous
aurez mon sur ça, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Cliche-Rivard : Qu'est
ce qu'une ministre répond au Barreau du Québec qui demandait de doubler le
budget en Justice? Vraisemblablement, ce n'est pas ça du tout qui s'est passé.
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, tout le monde aimerait ça que son budget double, à la Santé, à
l'Éducation, en Transport. L'État québécois a des ressources limitées et des
besoins qui sont illimités. Cependant, on n'a pas à être gêné de l'augmentation
en matière budgétaire qu'on a eue. Cette année, on a eu 5,8 %
d'augmentation de croissance du budget, qui est un montant substantiel de croissance.
Puis écoutez, depuis que le gouvernement de la CAQ est au pouvoir, c'est une
augmentation de près de 26 % du budget au cours des quatre dernières
années ou cinq dernières années, comme vous aimez le rappeler. Mais donc,
écoutez, un budget qui croît du quart à l'intérieur de cinq ans ou de quatre
ans, c'est exceptionnel. Alors, la Justice est vraiment une priorité du
gouvernement.
Et si on compare avec les autres États
fédérés du Canada, et ça, c'est fort intéressant ce taux de comparaison là, M.
le Président, écoutez, en termes de dollars de l'évolution des dépenses
publiques en matière de justice par habitant, on augmente constamment et on est
rendus à près de 160 $. Et j'aimerais déposer, M. le Président, ce
document-là qui démontre les courbes comparativement aux autres États. Quand
vous regardez le Québec, là, en 2016-2017, à l'époque du Parti libéral, on
était en dessous de l'Ontario, on était en dessous de l'Alberta, en dessous de
la Colombie-Britannique. On a dépassé l'Ontario et l'Alberta, et on est en
train de rejoindre la Colombie-Britannique. Alors, M. le Président, j'aimerais
pouvoir le donner aux collègues, ce document-là. J'en ai fait d'ailleurs des
copies, M. le Président.
Le Président
(M. Bachand) :...de transmettre par
courriel à la Commission des institutions...
M. Jolin-Barrette : D'accord,
on va le faire.
Le Président
(M. Bachand) :...qui va pouvoir en
assurer la distribution...
M. Cliche-Rivard : Combien
de temps reste-t-il, M. le Président?
Le Président
(M. Bachand) :Il vous reste six
minutes.
• (16 heures) •
M. Cliche-Rivard : Six
minutes. Parfait. Alors, écoutez, c'est quand même assez impressionnant de voir
le ministre dire que tout va bien en justice. Il salue les ententes, mais...
16 h (version non révisée)
M. Cliche-Rivard : ...le
Barreau du Québec, d'un côté, parle de potentielles ruptures de services, que
le DPCP est obligé de faire des priorisations de ce qui va être poursuivi, de
ce qui ne va pas être poursuivi. Les groupes de défense qu'on rencontre me
disent que tout le monde est à bout de nerfs ou à bout de souffle, que les
salles de palais n'ouvrent pas. Je veux dire, il y a quand même, je veux dire,
un énorme «distinguishing» ou distinction entre ce qui se passe sur le terrain
puis ce que le ministre nous répond. Bien sincèrement, le ministre doit
regarder la réalité en face puis voir que ça ne se passe pas si bien qu'il le
prédit, là.
M. Jolin-Barrette : ...un
gros bémol à ce que vous dites, et peut-être que le Directeur des poursuites
criminelles et pénales pourra ajouter, là. Mais la directive qui a été envoyée
par le Directeur des poursuites criminelles et pénales faisait état de la
situation avec le ratio pris, unilatéralement, par la direction de la Cour du
Québec, avec un ratio de un pour un. Le DPCP se retrouvait obligatoirement dans
un... devait réagir obligatoirement par rapport au mur qui allait être atteint
en raison de la décision de la Cour.
Puis je ne pense pas que vous trouvez ça
normal, vous non plus, comme membre du Barreau, que la Cour du Québec dise :
Écoutez, nous, on arrête de siéger le tiers du temps, peu importe les
considérations pour les victimes. Pensez à une victime d'agression sexuelle,
là, qui, elle, elle veut raconter son histoire, puis on lui dit, bien, il n'y a
pas de date, ou les délais vont aller à l'année prochaine ou dans un an et
demi, alors qu'elle souhaite raconter son histoire. Alors, c'est pour ça que l'entente,
elle est bonne, parce qu'on a une cible de taux de fermeture où on va fermer
plus de dossiers, annuellement, qu'on en ouvre, et la Cour est responsable.
Vous savez, moi, comme ministre de la Justice, là...
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne,
s'il vous plaît.
M. Cliche-Rivard : J'aimerais
qu'on parle de financement de l'aide juridique. Dans le budget, on prévoit 9,1 millions
sur trois ans pour bonifier les services d'offres à la Commission des services
juridiques. Le Barreau demandait 60 millions supplémentaires pour mettre
en œuvre les 43 recommandations par rapport au rapport d'étape de juillet 2021.
Donc, j'ai deux questions. À quoi serviront ces 9,1 millions sur trois
ans? Et comment, avec ces sommes réduites, en fait, qui sont à peu près le
sixième de ce qui était demandé, est-ce qu'on va pouvoir mettre en place les
recommandations?
M. Jolin-Barrette : Oui,
bien, on travaille déjà sur les recommandations. On a rempli les
recommandations qui sont intérimaires, dans le rapport intérimaire. On a déjà
appliqué les 18 recommandations les plus urgentes. Puis on est en négociation
avec le groupe de... c'est le CITAJ, donc c'est le comité indépendant de la
pratique privée, et là on leur a demandé de prioriser leurs demandes, hein,
pour dire quelles sont les plus urgentes, pour être en mesure de financer
adéquatement.
Il y a une chose qui est importante :
la progression du budget du ministère de la Justice, en termes de pourcentage,
est l'une des plus grosses au sein du gouvernement du Québec. Alors, le
Barreau, lorsqu'ils disent : Il faut doubler le budget, il faut être
réalistes aussi. Comme je vous le disais, lorsqu'on présente des demandes, il
faut que ce soit des demandes qui sont crédibles et des demandes qui ne sont
pas faites dans l'absolu. Alors, moi, je vais toujours me battre pour la
justice au Québec, pour le ministère de la Justice, pour qu'il y ait les sommes
nécessaires, mais il faut faire en sorte d'envoyer l'argent au bon endroit, et
c'est ce qu'on fait. Mais c'est surtout, il ne faut pas juste mettre de l'argent
pour mettre de l'argent. Il faut changer nos façons de faire, il faut changer
les pratiques, et c'est ce qu'on a eu avec l'entente avec la Cour du Québec, en
ayant des cibles puis des indicateurs de performance.
M. Cliche-Rivard : Donc, vous
dites que les demandes du Barreau ne sont pas crédibles, si j'ai bien compris?
M. Jolin-Barrette : Ce que je
dis, c'est qu'il ne faut pas juste rajouter des ressources. Ce n'est pas qu'une
question de ressources. C'est une question de quelle façon est-ce qu'on
travaille. Et l'entente avec la Cour du Québec en est la démonstration. On a
des objectifs qui sont ciblés, des engagements pour dire : Écoutez, il
faut fermer plus de dossiers qu'on a de dossiers d'ouverts. Écoutez, les taux
de fermeture, là, en 2013-2014, on avait un taux de fermeture de 1,07 %;
en 2016-2017, 1,13 %; en 2017-2018, 1,14 %, puis là on était tombé à
0,9 %. Comment voulez-vous fonctionner si vous avez plus de juges, vous
avez 45 000 dossiers de moins, mais que vous ne fermez pas un dossier
ouvert pour un dossier fermé? Donc, il faut que tout le monde travaille dans la
même direction. Puis ce n'est pas uniquement une question de dire : Ah! il
y a une pénurie de main-d'oeuvre, il manque de greffiers. On s'est adaptés.
Puis le ministère de la Justice, je peux vous dire, là, qu'ils font un travail
extraordinaire, à tous les matins, pour s'assurer qu'on a le nombre de
greffiers disponibles.
Le Président (M.
Bachand) :...Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Est-ce que
vous estimez, en général, M. le ministre, que les sommes allouées à un mandat d'aide
juridique sont suffisantes et raisonnables pour le mandat qui a été exécuté,
là, aujourd'hui, en 2023?
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, justement, le Groupe tactique d'intervention, le GTI, que j'ai mis sur
pied suite à la précédente signature de l'entente, avait pour objectif de faire
des recommandations, et, notamment, on a bonifié les tarifs d'aide juridique à
la satisfaction du groupe... du Barreau du Québec...
M. Jolin-Barrette : ...négociations,
et notamment en matière d'immigration aussi pour les mandats en matière
d'immigration.
M. Cliche-Rivard : ...Tel
qu'il est aujourd'hui?
M. Jolin-Barrette : Ce
que je vous dis, c'est qu'on a répondu à plusieurs recommandations qui nous
avaient été faites.
M. Cliche-Rivard : Mais,
moi, je vous pose la question.
M. Jolin-Barrette : Bien,
moi, ce que je vous dis, c'est que l'objectif est de faire en sorte d'assurer à
tous les citoyens d'avoir une représentation optimale dans leurs droits,
incluant lorsqu'ils saisissent des mandats d'aide juridique, sont sous mandat
d'aide juridique.
M. Cliche-Rivard : M. le
Président?
M. Jolin-Barrette : Et
on se retrouve dans une situation...
M. Cliche-Rivard : Oui
ou non, sont-ils suffisants, les mandats?
M. Jolin-Barrette : ...Où
on négocie et qu'on a des sommes investies en matière de justice.
Le Président (M.
Bachand) :S'il vous plaît! S'il vous
plaît! C'est parce qu'encore une fois donnez-vous la chance d'entendre l'autre.
Alors, il reste 30 secondes, M. le député.
M. Cliche-Rivard : Alors,
je vais faire très court. Oui ou non, les mandats actuels sont-ils suffisamment
payés?
M. Jolin-Barrette : Bien,
vous posez la question sous l'angle corporatiste...
M. Cliche-Rivard : Non,
non, pas du tout. Je pense qu'on prête des intentions, là.
M. Jolin-Barrette : ...de
quelqu'un qui dit : Est-ce qu'ils sont suffisamment payants...
M. Cliche-Rivard : Je
pense que c'est très clairement des intentions.
M. Jolin-Barrette : ...Pour
qui, l'important, c'est que le justiciable puisse être bien représenté par un
professionnel du droit.
Et d'ailleurs, en matière d'immigration,
on a sensibilisé notre collègue au fédéral, M. Lametti, sur la formule de
financement qui doit être accordée par le fédéral et pour que le Québec ait sa
juste part.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. En terminant.
M. Jolin-Barrette : Et
J'ai signifié à M. Lametti que ce n'était pas suffisant, ce que nous
avons.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Merci beaucoup.
M. Jolin-Barrette : Je
lui ai d'ailleurs envoyé une lettre le 4 avril...
M. Cliche-Rivard : Quand
même.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député d'Acadie.
M. Morin : Merci, M. le
Président. Alors, ma question, elle est très simple : combien y a-t-il
présentement de postes vacants à combler à la Cour du Québec, M. le ministre?
M. Jolin-Barrette : En
termes de juges?
M. Morin : Juges.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, de juges... On va vérifier. On peut vous donner le nombre de personnes
qui manquent dans nos palais de justice, si vous le souhaitez, puis on... je
vais vous revenir avec la réponse pour le nombre de juges.
M. Morin : Bien,
j'aimerais qu'on parle du nombre de postes de juges vacants. Puis, à ceux-là,
j'imagine...
M. Jolin-Barrette : Bien,
actuellement, il y a cinq concours d'ouverts, je crois. Il y a des concours,
donc ça fait cinq. Il y a des concours en attente également.
Vous savez aussi qu'il y a un sursis sur
un des postes que j'ai ouvert à Longueuil. À Longueuil, en chambre jeunesse,
là, la direction de la Cour du Québec s'est adressée à la Cour supérieure pour
faire suspendre un concours de juges, M. le Président, alors que je souhaite le
combler.
M. Morin : M. le
Président, je pense que ma question était très simple. J'ai demandé à M. le
ministre le nombre de postes vacants, c'est... tout simplement. Je n'ai pas
parlé de sursis, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Jolin-Barrette : Bien,
moi, j'en parle, M. le Président, du sursis.
Le Président (M.
Bachand) :Oui, mais...
M. Jolin-Barrette : J'en
parle parce que c'est fort important. Savez-vous pourquoi? Parce que, moi, je
veux combler les postes, mais on se retrouve dans une situation où la direction
de la Cour du Québec poursuit l'État québécois...
M. Morin : M. le
Président, à nouveau, s'il vous plaît, je vais faire appel à vous, ma question
est simple, je veux avoir le nombre de postes.
Le Président (M.
Bachand) :Oui, mais en même temps, je
veux dire, le ministre, si... il a quand même une certaine liberté dans sa
réponse, alors, tout comme vous avez une liberté dans vos questions. Mais, bien
sûr, M. le ministre, je vous demanderais quand même de répondre à la question
du député, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : J'y
arrive, M. le Président, avec le nombre.
Le Président (M. Bachand) :Merci.
M. Jolin-Barrette : Donc,
un en Abitibi, quatre, Laval, Laurentides, Lanaudière, Bois-Francs, un,
Montréal, quatre, Montérégie, cinq. Chaudière-Appalaches, deux,
Bas-Saint-Laurent, un, donc, pour un total de 18.
Et, moi, je tente de combler des postes,
mais par contre, la direction de la Cour du Québec m'empêche de le faire parce
qu'elle présente une demande de sursis...
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Merci.
M. Jolin-Barrette : ...À
la Cour supérieure...
M. Morin : M. le
Président, si vous permettez?
M. Jolin-Barrette : ...M.
le Président, et ça fait en sorte que ça bloque le processus judiciaire.
M. Morin : M. le
Président, s'il vous plaît, mon temps est quand même restreint et j'aimerais
que M. le ministre...
Le Président (M.
Bachand) :Oui, mais, en même temps, il
faut laisser la personne poser la question, M. le ministre, et, M. le député,
laisser le temps au ministre de répondre aussi, puis on s'assure d'avoir un
équilibre dans les temps. Alors, M. le député de l'Acadie, s'il vous plaît.
M. Morin : Merci, M. le
Président. Donc, aux 18, on va ajouter les 14 nouveaux postes? Dans
l'entente, vous allez avoir combien de nouveaux postes de juges?
M. Jolin-Barrette : En
2023?
M. Morin : Oui.
M. Jolin-Barrette : Bien,
je le souhaite, avec votre collaboration, si c'est possible. On doit modifier
la loi sur les tribunaux judiciaires, donc, à l'Assemblée nationale. Donc, on
va ajouter 14 postes de juges à la loi sur les tribunaux judiciaires.
M.
Morin :Parfait. Et, en général, il faut combien de temps pour
combler un poste de juge?
M. Jolin-Barrette : Ah
bien, ça, je suis content que vous me posiez la question. C'est vraiment très
variable. Moi, comme ministre de la Justice, à partir du moment où je reçois la
demande, O.K., je tente d'ouvrir les postes avec célérité.
Cependant, à partir du moment où j'ai
désigné les personnes qui sont désignées sur le comité de sélection, donc, vous
le savez, le juge en chef désigne un juge de la Cour du Québec, le Barreau du
Québec désigne deux membres du Barreau du Québec, l'Office des professions
désigne deux membres, à partir du moment où j'ai l'ensemble des noms, j'envoie
une lettre pour les désigner sur le comité. Et, à partir de ce moment-là, ça
sort des mains du ministre de la Justice. Et là, ce sont les juges en chef
adjoint, qui sont désignés généralement pour présider le comité, qui fixent les
entrevues.
L'année passée, on a lancé des concours,
je crois, au mois d'avril ou mai, et il y a des entrevues qui se sont tenues au
mois de janvier 2023. Pouvez-vous croire, mai, juin, juillet, août, septembre,
octobre, novembre, décembre, janvier : neuf mois pour tenir des entrevues
pour des concours de juges.
• (16 h 10) •
Alors, moi, à partir du moment où je
reçois le rapport, j'essaie de procéder avec célérité...
M. Jolin-Barrette : ...ça
doit... il y a des vérifications de sécurité...
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
M. Jolin-Barrette : ...doivent
être faite avec la Sûreté du Québec, avec les autres professionnels. Mais ça,
c'est un élément fondamental, le ministre de la Justice ne contrôle pas le
délai dans lequel les gens sont nommés. Mais vous conviendrez avec moi que neuf
mois pour tenir des entrevues pour des postes de juges, ça n'a pas vraiment de
bon sens. On devrait pouvoir être en mesure d'avoir des délais très courts...
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : ...pour
les comités d'entrevue pour pouvoir nommer les juges.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Je vais laisser M.
le ministre avec son évaluation de la chose. Moi, je réserve mes commentaires,
d'ailleurs, je n'en ai pas là-dessus. Mais j'ai une autre question cependant.
On parle... J'aimerais qu'on parle des employés maintenant au ministère de la
Justice. Vous avez combien d'employés, vous avez combien de postes vacants et
vous avez embauché combien d'employés dans la dernière année?
M. Jolin-Barrette : O.K. Je
vais répondre à votre question. M. le Président, est-ce que je pourrais
demander au député de l'Acadie juste de baisser son micro un petit peu vers lui
pour qu'on puisse entendre dans notre haut-parleur aussi? Merci beaucoup.
M. Morin : Est-ce que c'est
mieux comme ça?
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
M. Jolin-Barrette : Je pense,
ça va être mieux.
M. Morin : Parfait.
M. Jolin-Barrette : Donc, les
données au... 31 mars? O.K. Au 31 mars, on avait
4 320 employés au ministère de la Justice...
Des voix : ...
M. Jolin-Barrette : O.K.
Donc, excusez-moi, 4 336 au MJQ. Dans les palais de justice, on en a
2 395. Donc, au niveau des postes vacants, donc, on a 213 postes
vacants à pourvoir, donc 100 dans la métropole, qui comprend Montréal, Lanaudière,
Laval, Longueuil, Laurentides, Montérégie Ouest, et 113 dans la capitale
nationale et les régions, qui comprend Capitale-Nationale,
Chaudière-Appalaches, Bas-Saint-Laurent, Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine,
Côte-Nord, Outaouais, Montérégie, Saguenay, Lac-Saint-Jean, Mauricie
Bois-Francs, Abitibi-Témiscamingue, Nord du Québec et Centre du Québec Estrie.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
l'Acadie, s'il vous plaît.
M. Morin : Oui. Alors,
maintenant, j'aimerais qu'on parle, là, du taux de rétention, M. le Président.
Quel est le taux de rétention pour les employés au ministère de la Justice?
M. Jolin-Barrette : Excusez-moi,
j'ai manqué votre dernière...
M. Morin : Oui. Alors, M. le
Président, maintenant je vais parler des taux de rétention. Quels sont les taux
de rétention pour vos employés au ministère de la Justice?
M. Jolin-Barrette : Donc, on
va trouver le taux de rétention. Par ailleurs, pour la dernière année, on a
engagé au ministère 1 708 personnes et, dans les palais de justice,
1 242. Donc, on a vraiment mis l'accent sur le recrutement pour justement
combler la pénurie de main-d'oeuvre.
M. Morin : Maintenant, de ces
embauches-là, est-ce que ce sont des postes permanents ou ce sont des postes
contractuels à durée déterminée?
M. Jolin-Barrette : C'est des
postes permanents. Vous savez, c'est des postes permanents, puis, moi, je le
dis à la caméra, si vous voulez avoir une carrière qui est intéressante, qui
est très trépidante, le ministère de la Justice a plein d'opportunités à vous
offrir, et notamment, que ce soit...
Le Président (M.
Bachand) :Merci, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : ...au
niveau des palais de justice, mais également au ministère de la Justice, on a
des campagnes de publicité et on est un employeur de choix.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup.
M. Jolin-Barrette : Puis
c'est un plaisir de travailler sous la supervision de maîtres Paquette.
M. Morin : Alors, M. le
Président...
Le Président (M.
Bachand) :Merci. On a reçu le document du
ministre, alors on va le mettre sur Greffier dans quelques instants. M. le député
de l'Acadie.
M.
Morin :Bien. Alors, de ces employés-là qui ont été embauchés,
combien sont encore en poste?
M. Jolin-Barrette : Au niveau
du taux de rétention?
M. Morin : Oui.
M. Jolin-Barrette : 89,4 %.
Donc, le taux de rétention, c'est 89,4 %.
M. Morin : Parfait. Pour les
100 postes qui sont vacants dans la grande région de Montréal puis les 113
dans la région de Québec, quelle est votre stratégie de recrutement pour
combler ces postes le plus rapidement possible? Et est-ce que ce sont des
postes permanents ou occasionnels?
M. Jolin-Barrette : Est-ce
que ce sont des postes permanents ou des postes?
M. Morin : Occasionnels ou,
en fait, à durée déterminée?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, on vise à retenir 100 % des employés. Bien entendu, ça représente un
défi. Donc, je vous parlais de la campagne de recrutement. On a tenu une
campagne de recrutement du 28 novembre 2022 au 5 février 2023,
notamment sur les médias sociaux, dans les collèges, pour parler du ministère
de la Justice. Donc, on a fait des entrevues de groupe de sélection
centralisée. Donc, la campagne a permis d'attirer des candidatures
intéressantes.
Ce qu'on fait également à l'interne, c'est
qu'on crée des formations pour justement conserver nos employés, donc pour les
faire migrer à l'intérieur de l'organisation pour développer leurs compétences.
Puis aussi le ministère de la Justice, ça va être appelé à se transformer dans
les tâches qui vont être effectuées avec la numérisation du ministère de la
Justice, avec le fait que les cours vont devenir numériques également. On s'en
va vers une amélioration du bagage de compétences de l'ensemble des personnes.
Alors, pour... Également, dans la mesure de rétention, on offre des programmes
de formation accrédités par...
M. Jolin-Barrette : ...enseignement,
en matière de justice. Donc... des démarches auprès justement technique
juridique, secrétariat juridique pour faire en sorte de mieux cibler les
ressources qu'on veut.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de
l'Acadie.
M. Morin : Parfait. Oui.
J'aimerais maintenant... quand on parlait du nombre de postes de juges, et vous
l'avez évoqué. J'aimerais savoir si vous avez l'intention de créer des postes
de juges et des postes de juges de paix, de magistrats permanents dans la
région du Grand-Nord du Québec, au Nunavik. Rappelez-vous, c'est une
recommandation d'un rapport que vous avez demandé. Je ne crois pas que cette
recommandation-là a été mise en œuvre maintenant. Qu'est-ce que vous attendez
pour le faire? Ça n'a pas été fait. Puis quel est votre plan là-dessus?
M. Jolin-Barrette : Mais
écoutez, moi, je suis extrêmement ouvert. Puis, comme à la question du député
de Saint-Henri–Sainte-Anne, je trouve que c'est une excellente idée. Alors je
dois comprendre de votre intervention, quand vous dites : Qu'attendez-vous
pour le faire? Que vous m'invitez à le faire et à mettre un lieu de résidence
qui se retrouverait, exemple, à Kuujjuaq ou à Puvirnituq. Moi, je pense qu'on
est en train de mettre en place les recommandations du rapport de Maître
Latraverse. Ça fait partie des réflexions. J'ai déjà eu l'opportunité
d'échanger avec la direction de la Cour à ce sujet-là. D'ailleurs, je pense que
j'ai même déjà envoyé une correspondance à cet effet-là. Et je peux vous dire
que...
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de...
M. Jolin-Barrette : ...l'enthousiasme
n'est pas tout aussi réciproque à fixer un poste dans le Nord. Mais je pense
que nous devrions le faire. Mais voyez-vous, en tout respect et en
collaboration avec la magistrature, je souhaite arriver à un accord comme celui
que j'ai conclu pour justement expliquer l'importance pour les membres des
Premières Nations d'avoir un juge en résidence dans le Nord. Ça pourrait
prendre plusieurs formes. Ce n'est pas obligé d'être 100 % des jours qui
sont dans le Nord. Ça pourrait être deux ou trois semaines de résidence par
mois aussi. Alors, moi, je suis ouvert à ça.
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
M. Jolin-Barrette : Puis je
pense que c'est important par contre d'avoir une présence permanente au niveau
du directeur des poursuites criminelles et pénales.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie.
M. Morin : M. le Président,
Oui, parce qu'en effet, c'est une recommandation importante du Rapport
Latraverse que vous avez vous-même demandé, M. le ministre. Mais je vous dirais
que je vais en plus vous poser quelques questions là-dessus parce que c'est
beau d'avoir du personnel, mais encore faut-il être capable d'avoir un endroit
pour qu'ils puissent travailler. Or, une des recommandations du rapport
Latraverse, c'est évidemment qu'il y ait une mise à niveau, augmentation des
palais de justice à Kuujjuaq puis à Puvirnituq. Or, quand on regarde le PQI,
2023-2033, il n'y a aucun montant qui est alloué pour que ce soit une
amélioration, construction, rénovation, agrandissement de ces deux centres de
justice. Alors, est-ce que vous pouvez nous expliquer pourquoi?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, là, vous êtes dans le Plan québécois des infrastructures.
M. Morin : C'est exact, M. le
Président.
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, dans le budget, là, il y a une mesure de 71,2 millions de dollars
sur six ans, donc pour renforcer les services offerts aux autochtones et d'en
faciliter l'accès. Donc, il y a 7,5 millions de dollars sur cinq ans
qui est alloué au MJQ pour améliorer la situation de la cour itinérante et de
l'administration de la justice au Nunavik. Et de ce montant-là, il y a des
sommes qui vont pouvoir être utilisées, notamment pour les infrastructures.
Parce qu'il faut comprendre que les infrastructures du ministère de la Justice
se retrouvent dans le PQI quand c'est des montants qui sont substantiels. Ça
fait plusieurs années qu'on sait que le palais de justice à Kuujjuaq a besoin
de rénovation, mais également les autres communautés, parce que, bien souvent,
dans les autres communautés, on n'est pas propriétaires de l'immeuble, c'est la
communauté qui est propriétaire et ça se trouve parfois que, dans la cour
itinérante, bien, c'est des gymnases d'école, c'est des garages municipaux.
Donc, on veut que... En fait, notre demande est à l'effet que deux sites soient
étudiés d'une façon plus approfondie, Kuujjuaq et Puvirnituq pour avoir
des installations plus adéquates. Cependant, on a investi beaucoup de
ressources en matière de visioconférence, puis là, 92 % des enquêtes pour
mise en liberté se sont tenues par visioconférence au Nunavik. Alors, on a
amélioré la qualité de la bande passante. Mais est-ce que les installations
sont optimales? La réponse, c'est non. Cependant, ce n'est pas le ministère de
la Justice qui arrive là tout seul. Ça se fait avec les communautés. Puis il
faut qu'il y ait une volonté des communautés aussi.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie.
• (16 h 20) •
M.
Morin :Parfait. Donc, autre chose en ce qui a trait au
financement du...
M. Morin : ...Conseil de la
magistrature, on a lu que le financement n'était pas adéquat pour qu'il soit
capable de remplir sa mission. Quels sont les montants que vous allez allouer?
D'autant plus qu'après l'adoption du projet de loi n° 8, le conseil aura
d'autres responsabilités. Alors, comment vont-ils faire pour remplir leur
mandat avec les fonds suffisants?
M. Jolin-Barrette : Bien,
vous savez, les ressources sont disponibles pour le Conseil de la magistrature.
M. Morin : Alors, vous
trouvez que leur financement est adéquat?
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, je n'ai pas eu de... Je ne pense pas avoir eu de plainte pour dire que
le financement n'était pas adéquat.
M. Morin : En fait, quand on
était dans la commission parlementaire, c'est ce qu'ils nous ont dit, qu'ils
n'arrivaient pas à suffire à la tâche, donc... Bref, si vous trouvez qu'ils ont
suffisamment d'argent, c'est votre réponse. Excellent. Je vous remercie.
Maintenant pour le DPCP, est-ce que vous
avez également l'intention, parce que là on a parlé des juges, qu'il y ait des
procureurs permanents qui soient assignés au Nunavik?
M. Jolin-Barrette : Donc,
actuellement, il a été mis en place une équipe de choc par le Directeur des
poursuites criminelles et pénales. Est-ce que vous souhaitez que le Directeur
des poursuites criminelles et pénales vous explique quelles sont ces mesures-là
par rapport à l'organisation de la cour dans le Nord ou vous voulez que je le
fasse?
M. Morin : Oui. Alors, je
vous demandais si vous aviez l'intention qu'il y ait des procureurs du DPCP
permanents dans les villes du Grand Nord.
M. Jolin-Barrette : Oui. Puis
moi, j'ai répondu à votre question en vous posant une question, à savoir :
Est-ce que vous voulez que moi, je vous l'explique ou que le Directeur des
poursuites criminelles et pénales vous l'explique?
M. Morin : J'aimerais que
vous me l'expliquiez, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bon,
d'accord. On se prive quand même d'une expertise fort importante de Me Michel.
Mais, dans le fond, les procureurs aux poursuites criminelles et pénales, il y
aura des... une équipe basée notamment à partir de Montréal, qui vont aller
deux semaines dans le Nord et deux semaines à Montréal. Mais ça va permettre
justement de faire en sorte d'aller plus rapidement dans le Nord, avant les
audiences, pour rencontrer les victimes. Parce qu'un des défis qu'il y avait,
et le rapport Latraverse en fait état, est à l'effet que les... les procureurs qui
étaient sur la cour itinérante arrivaient en même temps que la cour, et là
rencontraient les victimes, et n'avaient pas nécessairement le temps de bien
détailler la relation, de rencontrer.
Donc, je pense, ce qui est important,
c'est de faire en sorte, avec cette équipe-là, qu'on a une équipe qui part de
Montréal, qui va plus tôt rencontrer les victimes, préparer les procès, leur
rappeler l'importance d'être présents, les mesures d'accompagnement, de soutien
qu'on est en mesure d'avoir pour les personnes. Même chose pour la commission
des services juridiques, qui souhaite dégager également des gens pour
rencontrer les accusés plus rapidement également.
M. Morin : Parfait, oui,
merci. Alors, j'allais vous poser la question pour l'aide juridique, et vous y
avez répondu. Je vous remercie. Maintenant...
M. Jolin-Barrette : Peut-être
juste en complément d'information, là, on m'indique que le DPCP vient de
combler cinq postes pour arriver à mettre en œuvre ce projet. Donc, ça va être
trois postes à partir de Montréal et deux postes à partir d'Amos, justement
pour que les procureurs aillent d'avance rencontrer les victimes sur le
circuit, avant que la cour arrive, de façon à faire en sorte que tout le monde
va être préparé. Puis, quand la cour arrive, bien, dans le fond, ils sont prêts
à procéder, ils ont déjà rencontré la victime, tout ça. C'est une des
recommandations du rapport Latraverse. Puis on tente de faire la même chose
avec la commission des services juridiques.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député d'Acadie, il reste
deux minutes 12 secondes à votre bloc, pardon.
M. Morin : Oui, parfait.
Quand on parlait, M. le Président, des délais de l'entente dont faisait
référence M. le ministre et de vouloir réduire le temps de jours pour rendre
des décisions, particulièrement en matière criminelle, je pense que votre
objectif, comme durée moyenne, c'est 212 jours, et, quand on regarde les... le
nombre de jours présentement dans l'ensemble des districts judiciaires et des
palais de justice pour les délais médians en jour, vous avez seulement un,
deux, trois, quatre, cinq centres de services qui sont en bas ou autour de 212
jours. Donc, la majorité de tous ces autres centres là sont vraiment au-delà,
puis il y en a même que c'est 387 jours, ou 365 jours à Mégantic. Donc, quelle
est la stratégie que vous allez mettre en place pour être capable de ramener
ces nombres de jours là, médians, à 212 jours?
M. Jolin-Barrette : ...ce qui
est important, puis c'est un document que je souhaite déposer également, M. le
Président, c'est l'évolution du délai médian de fermeture. Donc, en 2013-2014,
là, on était à 246 pour arriver, en 2020-2021 à 307, 303. Là, on est à 308
cette année. Puis, avec l'entente, on va être en mesure de redescendre jusqu'à
212. Donc, le fait d'avoir signé l'entente, puis ça...
M. Jolin-Barrette : ...on va
pouvoir le déposer, M. le Président, sur le site Web. Puis ça va nous permettre
de réduire ces délais-là, puis la cour s'est engagée avec le taux de fermeture
de dossier, donc, de 1,1. Puis j'aimerais déposer également l'évolution du taux
de fermeture où est-ce qu'on était à 1,7 % en 2013-2014, on est monté à
1,14 %, mais avec les cibles que nous avons, cette année en l'année
judiciaire 2023-2024, on va être à 1,15 % pour, par la suite, être à
1,1 %, donc, l'atteinte de la cible. Justement, ça, ça va permettre de
diminuer plus de dossiers, en fait, de fermer plus de dossiers qui sont ouverts
annuellement. Et ça, dans l'ensemble des districts judiciaires, la coordination
va être responsable de l'atteinte de ces cibles-là avec les ressources
supplémentaires qui sont accordées.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Merci. Donc,
vous connaissez la procédure, nous le faire parvenir par courriel, s'il vous
plaît. Mme la députée de Vaudreuil pour 18 min 8 s.
Mme Nichols : Oui. Merci
beaucoup, M. le Président. Bonjour, M. le ministre. Bonjour à... aux équipes
qui... qui vous accompagnent, qui ont sûrement travaillé aussi très fort parce
qu'on a reçu des boîtes... des boîtes de documents. Donc, félicitations pour
votre travail qui est quand même un travail de... de précision. J'ai travaillé,
vous allez être content, j'ai travaillé avec les cahiers, donc, j'ai épluché,
là, les... les nombreux cahiers, et si vous permettez, M. le ministre,
j'aimerais commencer par... bien, en fait, bien, je vais vous lire la question,
mais, en fait, c'est plus la réponse où j'ai vraiment... la réponse me plaît
plus ou moins ou, en fait, je ne sais pas si vous allez pouvoir la... la
préciser. Dans le... dans le cahier des renseignements particuliers de
l'opposition officielle, il y a une des questions... il y a une des questions
où on demande la... la ventilation des budgets 2022-2023 qui sont alloués
à la magistrature sous la juridiction du Québec pour le perfectionnement des
juges, les congrès et les colloques, incluant les budgets supplémentaires qui
auraient pu être accordés. La réponse, puis je vais vous donner la réponse qui
est... qui est dans le cahier, puis je vais me permettre en même temps de...
d'apporter certains... certaines questions, la réponse dit que les
crédits 2022-2023 du Conseil de la magistrature sont de l'ordre de
3,2 millions de dollars, que les dépenses probables 2022-2023 du
Conseil de la magistrature s'élèvent à plus de 4,2 millions de dollars.
Déjà là, M. le ministre, j'ai une question, le ministère qui n'est pas en
mesure de confirmer la nature du dépassement probable de 1 million, donc
je me demande pourquoi le... le... le ministère n'est pas en mesure de... de...
de confirmer la nature, la nature du dépassement, puis on ajoute qu'il y a une
correspondance qui a été transmise au Conseil de la magistrature afin d'obtenir
des précisions sur l'utilisation des sommes, y compris une ventilation selon
les postes budgétaires. Donc, ma sous-question, c'est est-ce que vous êtes en
mesure de nous donner la... la ventilation? Est-ce que vous avez une réponse...
une réponse à la correspondance? Puis on parle plus spécifiquement pour
2022-2023, d'un budget de 1 355 500 $ qui a été alloué pour le
perfectionnement des juges qui sont sous la juridiction du Conseil de la
magistrature du Québec. Évidemment, là, puis on peut lire aussi, là, dans la
réponse qu'il y a un ajout de 108 000 $ qui vient du gouvernement
fédéral pour le perfectionnement des... des juges en langue anglaise. C'est mes
deux questions pour commencer, mais j'aurai des sous-questions évidemment.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, M. le Président, c'est une très bonne question de la députée de
Vaudreuil. Je pense que... en fait, c'est préoccupant. Puis vous l'avez dit,
là, le ministère de la Justice a envoyé une lettre au Conseil de la
magistrature, il y a des crédits budgétés de 3,2 millions de dollars
puis il y a un dépassement de coûts d'environ 1 million de dollars de
la part du Conseil de la magistrature. Le Conseil de la magistrature est
supposé être le responsable de la formation des juges, puis là on voit que les
crédits qui ont été consacrés, les sommes dépensées, c'est
1 355 000 $ du Conseil de la magistrature, alors qu'ils vont
dépenser 4,2 millions puis ils ont fait des dépassements de coûts de
1 million de dollars, ça représente plus de 30 % du budget que le
Conseil de la magistrature a dépassé cette année.
Puis je ne sais pas si vous savez ça, mais
le Conseil de la magistrature, eux, ne sont pas assujettis aux crédits votés,
au fait que l'Assemblée nationale ici entérine le budget, mais eux, le Conseil
de la magistrature, ce sont des crédits permanents, ça signifie que toute
dépense est autorisée et ce n'est assujettie à aucun contrôle. Donc, le Conseil
de la magistrature dépense les sommes comme il le souhaite, et c'est pour ça
que, vous faisiez référence à une lettre, là, le sous-ministre du ministre de
la Justice a écrit une lettre au Conseil de la magistrature, que je vais
déposer, M. le Président, pour demander au Conseil de la magistrature quelles
sont les sommes, à quoi est attribuable les sommes du dépassement
exceptionnellement élevé des prévisions budgétaires du Conseil. Le ministère de
la Justice souhaite obtenir des précisions sur l'utilisation de ces sommes
excédentaires, y compris une ventilation selon les postes budgétaires.
• (16 h 30) •
Alors, je ne suis pas en mesure de vous
répondre, mais moi, comme ministre de la Justice, d'un organisme qui est... qui
fait partie du périmètre de la Justice, je trouve ça extrêmement préoccupant...
16 h 30 (version non révisée)
M. Jolin-Barrette : ...qu'un
organisme dépense plus de 1 million de dollars de son budget connecté
directement sur le fonds consolidé, qu'il ne soit pas assujetti au contrôle des
parlementaires, ça me préoccupe hautement. Donc, je vais déposer la lettre, M.
le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup.
Mme Nichols : La lettre date
de quand? La correspondance date de quand?
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, la lettre a été envoyée... je ne peux pas vous dire à quel moment elle
a été envoyée, elle n'est pas datée, mais par contre, on ne peut pas se
retrouver dans une situation où il n'y a aucun contrôle des deniers publics qui
sont octroyés. Il n'y a pas d'organismes normalement dans l'État qui peut
dépenser des sommes sans être assujetties à aucun contrôle de l'État. Mais, M.
le Président, un dépassement de coûts de 30 % annuellement, 1 million de
dollars, vous avez un budget de 3,2 millions de dollars puis il y a 1 million de
dollars qui est dépensé puis on ne sait pas où, puis on ne sait pas comment. Ça
pose des questions.
Le Président (M.
Bachand) :Merci... par les voies
habituelles. Mme la ministre... Mme la députée de Vaudreuil, pardon.
Mme Nichols : Bien, je
comprends les propos du ministre puis je me demande, à part la correspondance,
là, qu'est ce qu'il fait pour... qu'est ce qu'il fait... C'est vrai, là, qu'il
devrait y avoir une certaine reddition de comptes, là, mais où c'est prévu ou
quelles mesures peuvent être mises en place pour que... pour avoir de l'information
justement sur cette ventilation-là, sur cette reddition de comptes, pour ces...
Il n'y a pas moyen d'intervenir auprès du Conseil de la magistrature du Québec?
Le ministre de la Justice ne peut pas intervenir?
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, on est laissé au bon vouloir de la discrétion du Conseil de la
magistrature. Le sous-ministre a envoyé une lettre. On n'a pas eu de réponse à
ce jour. Cependant, écoutez, comme je vous le dis, la Loi sur les tribunaux
judiciaires pour le Conseil de la magistrature, ce sont des crédits qui sont
permanents dans le cadre de la Loi sur les tribunaux judiciaires. Ça veut dire
qu'ils ne sont pas assujettis à aucun contrôle des parlementaires,
contrairement à des crédits votés où, annuellement, ici on approuve le budget
du ministère de la Justice puis il y a un contrôle puis vous pouvez poser des
questions. Mais, même moi, je ne le sais pas parce que le Conseil de la
magistrature ne fait pas de reddition de comptes.
Puis vous vous souviendrez, dans le cadre
du projet de loi n° 8, on a mis
certaines mesures en place pour avoir un rapport annuel détaillé. Pendant des
années, je pense que, pendant quatre ans, il n'y a pas eu de rapport annuel de
la part du Conseil de la magistrature qui a été rendu public. Et je pense qu'il
y avait eu une correspondance à l'endroit des membres de la commission
parlementaire. Et on nous avait indiqué, dans le cadre de la correspondance, de
la part du Conseil de la magistrature, que le site Internet ne fonctionnait
pas. Donc, pendant quatre ans, on n'a pas pu dire aux citoyens québécois à quoi
était utilisé le budget québécois pour le Conseil de la magistrature. À quoi
servaient les sommes. Aucune transparence, aucune reddition de comptes. Là, je
suis heureux qu'avec vous on ait pu modifier le projet de loi n° 8.
Et d'ailleurs, je tiens à vous remercier d'avoir participé aux travaux du
projet de loi n° 8. Maintenant, la vérificatrice
générale peut aller vérifier les livres et les états de compte du Conseil de la
magistrature. Mais voyez-vous l'importance d'avoir de la transparence, de la
reddition de comptes au sein de cette institution-là qui utilise des fonds
publics? Puis ce n'est pas des peanuts, là, on parle de 1 million de
dollars de dépassement de coûts supplémentaires, 3,2, à plus de 4 millions de
dollars supplémentaires. C'est une somme qui est importante. Écoutez, on
dépense 1 000 piastres de plus, iIl y a des vérifications qui sont
faites. Là, il n'y a aucune vérification, aucune, aucun....
Le Président (M.
Bachand) :Merci, M. le ministre. Merci.
Alors, le tableau sur les données prospectives est sur Greffier. Mme la députée
de Vaudreuil.
Mme Nichols : Merci, M. le
Président. Bien, j'entends le ministre puis, sincèrement... bien, je vais vous
donner ma position. Tant qu'à moi, c'est un scandale. Qu'on ne soit pas... Qu'on
n'ait pas cette... puis peut être pas les oppositions, mais du moins que le
ministre de la Justice n'ait pas ces informations-là du Conseil de la
magistrature, je trouve ça bien effrayant. Et je me permets de souligner, là,
que, même si c'est indiqué que c'est pour le perfectionnement des juges qui
sont sous cette juridiction là, ça serait plus qu'intéressant, là, d'avoir l'information,
du moins la ventilation. Est-ce que le ministre peut prendre un engagement, du moins,
que, quand il aura les informations, il y aura une correspondance écrite à cet
effet là et il pourra la déposer?
M. Jolin-Barrette : Oui, je n'ai
pas de problème avec ça. Puis, honnêtement, M. le Président, c'est important
pour moi que tous les organismes qui relèvent de l'État, qu'ils soient de la
branche législative, exécutive ou judiciaire, puissent donner des comptes à la
population. C'est de l'argent public puis il faut savoir qu'est-ce qui est fait
avec l'argent public des Québécois et des Québécoises? Puis, je le réitère,
nous, comme ministres, on doit venir devant l'Assemblée pour faire autoriser
les crédits. Et c'est un exercice qui est important, fait par les collègues des
oppositions aujourd'hui, de venir dire à quoi servent les sommes. Et il n'y a
personne qui se sert dans le fonds consolidé directement. Et moi, je veux
savoir également à quoi a servi ce million supplémentaire...
M. Jolin-Barrette : ...et
c'est surtout important aussi d'amener de la reddition de comptes, de la
transparence. Et tout le monde au Québec doit respecter les normes, les règles
et surtout faire en sorte de faire preuve de transparence.
Le Président
(M. Bachand) :...faire des
interventions qui sont...
M. Jolin-Barrette : Oui.
Le Président
(M. Bachand) :Merci. Mme la députée
de Vaudreuil.
Mme Nichols : Merci, M.
le Président. Je voudrais revenir aussi sur l'entente... l'entente entre le
ministre de la Justice puis la juge en chef de la Cour du Québec. On sait que
la collaboration a été quand même assez difficile, au point tel qu'il a fallu
nommer, en janvier, un médiateur... un médiateur pour enfin aider les parties à
s'entendre. Comme disait mon collègue précédemment, c'était quand même
41 nouveaux magistrats qui étaient demandés. Puis le gouvernement a créé
14 nouveaux postes à la magistrature. Puis ce qu'on... Ce qu'on comprend
aussi, c'est que c'est en droit criminel, en matière criminelle. Je me
demandais, est-ce que le ministre peut être un peu plus précis sur ses
intentions? Les districts dans lesquels... dans lesquels il pense... il pense
desservir un peu plus.
Puis je fais référence à un tableau, un
tableau à la question 86, là, qui dit que pour chaque district judiciaire
les délais de traitement moyen des dossiers criminels, c'est quand même assez
impressionnant, et que les délais médians tournent autour de 302 jours,
mais qu'à des endroits comme Mégantic il y a trois... c'est 365 jours,
Saint-François, 320 jours. Il y a quand même pas loin d'une dizaine de
districts judiciaires où c'est en haut de 300 jours.
C'est quand même beaucoup. Ça fait que je
me demandais si on était pour... pour prioriser... prioriser ces... ces
endroits-là. J'ai compris aussi que c'était pour être à partir de septembre.
Puis mon autre question, je la pose tout de suite parce que je sais que le
ministre est très articulé puis il va nous amener ailleurs. Sur le plan
linguistique, est-ce qu'il y aura des exigences sur le plan linguistique pour
ces 14 nouveaux juges là?
M. Jolin-Barrette : Bien,
en fait, je vous dirais, la réponse, elle se retrouve notamment dans le
règlement sur la sélection des juges, où est ce qu'on dit, à l'article 6.1 :
«Une fois par année, le ministre invite la juge en chef de la Cour du Québec,
les municipalités où est situé le chef-lieu d'une cour municipale où les juges
exercent leurs fonctions à temps plein de façon exclusive et le juge en chef
adjoint à la Cour du Québec responsable des commissaires, à lui soumettre, à
titre informatif, une planification des postes à pourvoir en tenant compte du
nombre de juges en poste, des vacances prévisibles ainsi que des postes de
juges par chambre, ou par lieu de résidence rattachés à un poste, ou par cour,
le cas échéant. En cas de vacances non planifiées, le ministre peut consulter
la juge en chef de la Cour du Québec, bon, concernant la chambre visée et le
lieu résidence rattaché au poste.»
Donc, à partir du moment où on aura
modifié la loi, je vais consulter la juge en chef parce ce n'est pas une
vacance qui est planifiée, ce sont des nouveaux postes, pour lui demander où
elle croit que nous devrions établir ces nouveaux postes. Mais bien entendu,
dans le cadre de mon analyse, je vais vouloir viser les districts judiciaires
où les délais sont les plus grands. D'un autre côté, il faut favoriser la
performance, l'optimisation des ressources. Puis, comme je l'expliquais à mes
collègues tantôt, il ne faut pas juste venir corriger, il ne faut pas... il ne
faut pas venir récompenser les moins performants en leur donnant davantage de
ressources. Il faut qu'à l'interne ils puissent changer les méthodes de
travail, être plus efficaces.
Mais nous, on ajoute 14 juges, mais
on ajoute aussi du personnel de soutien. Donc, on va ajouter 13 adjoints à
la magistrature, trois huissiers audienciers, neuf greffiers audienciers,
quatre techniciens en droit, des agents de bureau également. Donc, ça
représente une somme de près de 8 millions de dollars qu'on investit
en plus du salaire des juges puis des ressources pour les accompagner. Dons,
quand on crée un poste de juge, on ne fait pas juste créer un poste de juge. On
amène également des gens avec eux.
Pour la situation linguistique, bien,
écoutez, c'est du cas par cas en fonction de la... On a modifié la loi l'an
passé dans la Charte de la langue française avec la modification au Règlement
sur la sélection des juges. Et dans le fond, il faut prendre tous les moyens
raisonnables pour éviter d'imposer une telle exigence. Puis les seuls critères
que le ministre doit tenir compte, c'est le nombre de juges, ainsi que...
qu'ils maîtrisent la langue, ainsi que le nombre de procès en vertu de 530...
Le Président
(M. Bachand) :Merci.
M. Jolin-Barrette : ...du
Code criminel.
Mme Nichols : Est ce qu'on
est capable de chiffrer... de chiffrer ou de dire quel montant va être budgété
pour... pour mettre en place... mettre en place cette entente-là?
M. Jolin-Barrette : Bien,
en fait, c'est plusieurs millions de dollars, là. Donc, c'est 8 millions.
C'est ça, 8 millions.
Mme Nichols : C'est
8 millions de dollars qui sont prévus?
M. Jolin-Barrette : Bien,
ça va nous coûter 8 millions de dollars par année à la suite de
l'entente.
• (16 h 40) •
Mme Nichols : Parfait.
Vous avez... On a... On en a beaucoup parlé, là, des délais... des délais...
les délais à rattraper. Entre autres, à la... On parle... on parle des
pourcentages d'efficacité... On parle des taux d'utilisation moyen des salles
d'audience pour les palais de justice. Ça aussi, c'est quand même assez...
Mme Nichols : ...surprenant.
Il y a des endroits où seulement 8 % de taux d'utilisation, des endroits
comme Lachute, 5 % du taux d'utilisation. J'imagine que vous allez n'en
tenir compte aussi dans la répartition, ça va faire partie... du moins, on
porte à votre attention que ça devrait faire partie des aspects à retenir.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, sur cette question-là, là, le taux d'utilisation est calculé à partir des
séances tenues et enregistrées dans les salles d'audience, il ne tient pas
compte de l'ensemble des activités judiciaires comme les règlements, les
conférences de règlement à l'amiable. Les séances de juillet et d'août ne sont
pas considérées parce qu'elles ne reflètent pas l'activité judiciaire normale.
Mais c'est sûr que le taux d'utilisation, c'est quand le juge est assis là,
puis il parle enregistrement aussi. Mais, bien entendu, des fois, il y a des
salles qui sont peu utilisées, ou il y a des règlements, ou même que les procès
se finissent plus tôt, donc l'après-midi, ça ne siège pas jusqu'à
4 h 30.
Donc, lorsque je vous parle
d'optimisation, d'efficacité, et ce n'est pas une question de jours siégés,
c'est une question de planification et de changer la façon que les méthodes
sont faites. Mais ça, ce n'est pas le ministre de la Justice qui détermine ça.
Le ministre de la Justice, ce n'est pas lui qui entend les dossiers, ce n'est
pas lui qui assigne les juges, ce n'est pas lui qui fait le rôle. C'est la
responsabilité de la cour. Donc, c'est pour ça que les indicateurs de
performance, c'est un engagement de leur part à : Voici, on vous donne des
ressources supplémentaires, on comprend que les juges veulent siéger moins de
jours d'audience, mais vous avez une obligation de résultat, de respecter les cibles
visées pour réduire les délais dans le système judiciaire.
Mme Nichols : Quand vous
parliez de... que vous vous êtes réjoui de cet accord-là, vous avez dit entre
autres que ça permet de réaliser les... des gains concrets. Les gains concrets
que vous parlez, c'est ça, c'est la reddition de comptes que la cour ne va pas
vous transmettre? Est-ce qu'il y avait d'autres...
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, les gains, ce sont pour...
Mme Nichols : Mais
concrets...
M. Jolin-Barrette : Bien, les
gains concrets pour les justiciables, c'est la réduction des délais et
notamment le fait qu'en ayant des objectifs ciblés... Auparavant, là...
Souvent, là, le discours en matière de justice, c'est : Il manque de
ressources, il manque de ressources. O.K. On pourrait rajouter, là,
100 personnes, là. Si on ne change pas nos méthodes de travail, on n'a pas
d'objectif puis on continue toujours de faire la même chose, est-ce que ça va
changer quelque chose dans...
Mme Nichols : Il y a une
partie rémunération aussi, là. Il y a une partie rémunération, là.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Mme Nichols : Les greffiers,
greffières-audiencières sont sous-payées si on compare avec le milieu municipal.
Une greffière-audiencière peut gagner 50 000, mais, au niveau municipal, 69 000
$. Ça fait que je pense qu'il y a du rattrapage à faire aussi de ce côté-là, M.
le ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors, la
députée de Vaudreuil a raison que, pour assurer la rétention et l'attraction
des gens, il faut être en mesure d'être compétitifs, notamment sur le plan
salarial. C'est pour ça que ma collègue du Trésor, présentement, est très en
train de faire un exercice de reclassification, elle consulte notamment les
syndicats, conformément à ce qui est prévu dans la loi. On avait réglé, avant
Noël, une partie l'an passé avec une prime de 10 % puis avec des nouvelles
échelles. Mais je suis d'accord avec vous, ça représente un défi.
Alors, on est en exercice de
reclassification, justement, c'est étudié présentement, pour faire en sorte
d'être compétitifs. Parce que les greffiers, les adjoints à la magistrature
font un travail important et, sans eux, c'est difficile de fonctionner. Ça
prend des greffiers. Alors, ils sont vraiment importants pour le système de
justice et ils font un travail important, et surtout, ce sont des gens qui sont
dévoués envers la justice.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député
d'Acadie pour 18 min 3 s, s'il vous plaît.
M. Morin : Oui. Merci, M. le
Président. J'aimerais, M. le Président, revenir à une des questions que posait
ma collègue la députée de Vaudreuil, à la question de... en fait, 34 dans notre
cahier, relativement aux dépassements du... en fait, du budget et des dépenses
du Conseil de la magistrature. Est-ce qu'il y a, M. le ministre, au sein de
votre ministère, des indicateurs, des mesures en place qui vous avertissent
quand il y a des dépassements de coûts puis quels sont-ils?
M. Jolin-Barrette : Non, les
contrôles et les dépenses se font directement par le Conseil de la
magistrature. Donc, le ministère de la Justice ne valide pas et n'approuve pas
les dépenses du Conseil de la magistrature. Et le ministère de la Justice ne
pose aucun geste, aucune action pour déclencher les paiements envers les
fournisseurs ou envers le conseil. Donc, le ministère de la Justice ne se mêle
aucunement et n'est pas informé des dépenses du Conseil de la magistrature, ne
contrôle pas les dépenses du Conseil de la magistrature.
Ceci étant dit, lorsqu'à la lecture du
cahier de crédits je constate qu'il y a un dépassement de coûts de plus de
1 million de dollars...
M. Jolin-Barrette : ...qui
représente plus de 30 % d'augmentation du budget. Je me pose de sérieuses
questions, parce que le Conseil de la magistrature prévoit un certain budget
annuellement, puis là, on se retrouve pour cette année à quasiment
1 million de plus. Je pense que les Québécois ont le droit de savoir à
quoi sert l'argent, de quelle façon sont utilisés les sommes, surtout que
l'information que nous avons relativement à la formation, qui devrait être la
dépense la plus grande du Conseil de la Magistrature, on parle de 1 000
355 500$, O.K.? Là, la dépense probable est à 4,2 millions. Le Conseil de
la magistrature, son autre responsabilité, c'est d'entendre les dossiers
déontologiques des juges. Écoutez, en raison des obligations
constitutionnelles, l'État québécois rémunère l'avocat qui représente un juge
au Conseil de la magistrature. Il n'y a pas tant de dossiers par année qui se
retrouvent au Conseil de la magistrature. Et je rappellerais que les membres du
Conseil de la magistrature, ce sont... qui est composé de 16 personnes, il
y a deux membres du public. Maintenant, à partir du 15 mai, il y aura un
représentant des victimes. Il y a deux avocats, il y aura un notaire et il y a
10 juges qui sont payés par l'État. Donc ce n'est pas une dépense en masse
salariale quand le conseil se réunit fort élevée, là,.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Juste vous dire
que la lettre est maintenant déposée. Merci beaucoup. M. le ministre... M. le
député de l'Acadie, pardon.
M. Morin : Merci M. le
Président. Donc je comprends qu'il y a... votre sous-ministre, peut-être, qui a
envoyé une lettre au Conseil, M. le ministre pour en savoir davantage.
M. Jolin-Barrette : Pardon?
M. Morin : Je disais :
Je comprends que, probablement, votre sous-ministre a envoyé une lettre pour en
savoir davantage. Et comment avait été mis... comment vous avez été mis au fait
de ce dépassement-là? C'est en lisant nos cahiers de crédits ou il y a un
mécanisme interne qui vérifie quand même certaines dépenses? Parce que je
comprends que ça aurait pu être 2 millions, 3 millions. Puis, en bout
de piste, qui va payer? C'est des dépenses... c'est vous, c'est votre ministère
qui allez éponger le million de plus?
M. Jolin-Barrette : En fait,
ce n'est pas le ministère, c'est connecté directement sur le fonds consolidé
parce que ce sont des crédits permanents. Et donc juste pour vous dire, dans le
rapport annuel qui a finalement été rendu public, hein, après quatre ans. Donc,
il y a des données qui ont été rendues publiques en 2022, dans un rapport qui
n'avait pas été produit, je pense, depuis quatre ans. Donc, on a vu que les
budgets accordés à la déontologie, c'est 471 000 $, documentation
juridique, 538 000 $, rémunération 535 000 $, mais vous comprendrez
qu'ils sont connectés directement sur le fonds consolidé.
M. Morin : Parfait.
M. Jolin-Barrette : Mais que
ce n'est pas des crédits votés.
M. Morin : Merci, M. le
Président. J'ai regardé également les formations, M. le Président, qui étaient
suivies par les employés du ministère de la Justice. Et, quand on regarde
l'ensemble des formations, il y a très peu d'employés qui ont abordé toute la
question de l'intelligence artificielle qui fait débat depuis maintenant
plusieurs semaines, ici, à l'Assemblée nationale, et dans le public en général.
L'intelligence artificielle, évidemment, il y a déjà un impact, mais
éventuellement, il y aura sûrement un cadre juridique qui devra être adopté.
Alors, quel est le plan du ministère relativement à l'intelligence
artificielle, à sa place et avez-vous un plan pour que finalement vous ayez
plus de vos employés qui soient formés pour être capables de composer avec
cette réalité?
• (16 h 50) •
M. Jolin-Barrette : Oui,
bien, en fait, au niveau de l'intelligence artificielle, le cadre
réglementaire, le cadre législatif relève de mon collègue au ministère de la
Cybersécurité et du numérique. Et donc on travaille en collaboration avec eux
pour le volet juridique sur l'intelligence artificielle. Donc là, on est en
train de voir quelles mesures vont être mises en place par le ministère de la
Justice. Là, il y a 21 millions de dollars qui a été annoncés pour
favoriser la recherche éthique et responsable. On souhaite faire en sorte, par
le biais des directions d'affaires juridiques qui se retrouvent au ministère de
la cybersécurité... être en mesure d'avoir des règles claires, des règles
éthiques détaillées puis également le fait que nous soyons également des
experts de l'encadrement juridique rattaché à ça. Mais je vous dirais que ça
représente un défi parce que c'est un nouveau cadre, il y a déjà la loi sur...
la loi sur les...
M. Jolin-Barrette : ...la LGG,
j'oublie le terme, là, c'est la loi sur les technologies de l'information ou...
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : La
loi-cadre sur les... En tout cas, la loi sur les technologies de l'information,
donc, qui chapeaute tout ça. Donc, peut-être qu'il y aura lieu d'encadrer
davantage et prévoir... Loi concernant le cadre juridique des technologies de
l'information.
M. Morin : Et, quand vous
faites référence à un service juridique qui est au sein du ministère de la
Cybersécurité, ce ministère-là relève de vous ou du ministère de la
Cybersécurité?
M. Jolin-Barrette : Oui,
bien, dans le fond, de la façon qu'est organisé le ministère de la Justice,
juste pour vous faire une histoire courte, là, dans le fond, il y a le
ministère de la Justice avec le 1 200 de l'église, supposons le siège
social, mais, dans chacun des ministères, ou parfois il y a des ministères qui
sont regroupés, où il y a des directions affaires juridiques, les directions
d'affaire juridique qui relèvent du ministère de la Justice. Donc, souvent,
elles sont physiquement à l'intérieur du ministère, avec le ministère, mais
elles relèvent et elles sont chargées de conseiller mes différents collègues,
de conseiller... et exercent le rôle de jurisconsulte. Ce sont eux qui font les
projets de loi, donc, qui sont des légistes, qui donnent des avis juridiques,
opinions juridiques. Donc, les... se retrouvent dans les ministères.
M.
Morin :Exact. Mais donc, au niveau du leadership juridique, ça
relève de vous?
M. Jolin-Barrette : Oui,
ultimement, ultimement, oui. Mais, dans le fond, nous, on est... Dans le fond,
notre client, c'est le ministre de la Cybersécurité et du Numérique. Donc, on
répond aux demandes du client.
M. Morin : Je comprends.
M. Jolin-Barrette : Un peu la
même chose quand que... Lorsque je suis dans mon rôle de procureur général du
Québec, bien, on a deux contentieux, un à Montréal, un à Québec. Dans le fond,
nos clients sont les ministères. Donc, mes collègues sont mes clients.
M. Morin : D'accord. Mais
comme procureur général, c'est vous qui, ultimement, êtes le jurisconsulte du
gouvernement. Donc, c'est vous qui avez, évidemment, le leadership dans ce
domaine-là.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
pas dans mon rôle de procureur général, dans mon rôle de ministre de la
Justice.
M.
Morin :Parfait. Merci. Merci, M. le Président. Donc, maintenant,
on a commencé à parler un peu de la justice dans le Nord. Puis,
malheureusement, le tableau qu'on peut dresser est sombre : un adulte sur
six qui est judiciarisé au Nunavik. On a fait référence, je vous ai déposé des
questions sur les palais de justice, des locaux vétustes, malpropres, beaucoup
de personnes qui sont obligées de se promener d'une communauté à l'autre dans
des situations souvent difficiles, la cour qui a siégé dans les communautés de
la baie d'Ungava. Alors, vous avez commandé, M. le ministre, le rapport
Latraverse, qui a été déposé il y a de cela plus d'un an avec une série de
recommandations. Combien de recommandations du rapport Latraverse ont été mises
en vigueur?
M. Jolin-Barrette : Il y en a
plusieurs, recommandations. Donc, actuellement, nous, on a
27 recommandations qui touchent le ministère de la Justice ou les
organismes. Et là on est environ à une douzaine de recommandations qui sont
déjà mises en œuvre ou sur le point de l'être. Donc, il y a d'autres recommandations
qui touchent les collègues Santé et Services sociaux, supposons, Sécurité
publique, mais on a environ la moitié, là, qui est... qui est en voie de
réalisation ou qui ont déjà été réalisées.
M. Morin : Et quel est votre
plan et votre échéancier pour que toutes les recommandations soient mises en
œuvre?
M. Jolin-Barrette : Bien, je
vous dirais le plus rapidement possible. Il y a certaines recommandations, par
contre, que c'est... avec les... avec les Inuits, ce n'est pas uniquement le
ministère de la Justice qui arrive, qui débarque, qui fait les mesures. Il y a
des mesures qu'on est capables de mettre en place. Exemple, sur la question de
la cour itinérante, le Directeur des poursuites criminelles et pénales peut le
faire de son propre chef, parce qu'on déploie nous-mêmes nos propres
ressources. Mais pour ce qui est de la question, supposons, des bâtiments
là-bas, c'est une négociation avec les communautés, donc ce n'est pas...
Dans le fond, ce que je veux vous dire,
c'est que ce n'est pas unilatéral. Ce n'est pas : le gouvernement du
Québec qui décide sur toutes les recommandations, on arrive, on fait ça, puis
c'est fini. Il faut discuter avec les communautés. Il y a des recommandations
également qui touchent la Cour du Québec. Là, dans le budget de cette année, on
a eu une mesure budgétaire de 7,5 millions de dollars qui s'ajoute à
d'autres mesures qui étaient déjà existantes pour améliorer l'accès de la
justice au Nunavik, fait suite aux recommandations du rapport. Puis là on a
quatre sous-comités de travail avec...
M. Jolin-Barrette : ...le
Nunavik. Donc, avec la DPJ, la Régie régionale de santé, la Société Makivik et
l'administration régionale Kativik, donc, on est en place. On a quatre
sous-comités de travail sur les infrastructures : Protection de la
jeunesse et jeunes contrevenants, formation des intervenants innus et
judiciaire et la Cour régionale et juge de paix. Et ça, c'est un élément qui
est intéressant parce que, dans le rapport Latraverse, il recommande également
d'avoir une cour régionale qui serait l'équivalent d'une cour municipale.
Alors, on a déjà financé, donné le mandat à Makivik... Makivik pour qu'ils
soient en mesure, déjà, de travailler à mettre en place cette cour-là. Donc,
ça, ça signifierait une cour permanente, qui est l'équivalent, supposons, d'une
cour municipale. Donc, les infractions, supposons, par poursuite sommaire
pourraient, supposons que la partie 27 est là, pourraient être traités
directement. Donc, ça ne serait plus la cour qui arrive en avion qui débarque
dans chacune des communautés, mais où il y a un chef-lieu qui est directement
là-bas. Alors, ça peut être une avenue intéressante.
Alors, on a débloqué plus de... bien,
plusieurs milliers de dollars, justement, pour pour que ça soit étudié. Donc,
c'est sûr que nous, on ne débarque pas pour dire : Rapport à Latraverse
dit : Ça prend une cour régionale, on fait une cour régionale. On a pris
acte de la recommandation. On a contacté les Inuits. On a dit : On
souhaiterait faire ça. Est-ce qu'on peut étudier? Ça fait que, là, on l'étudie
avec eux pour arriver à une mise en place éventuelle, mais ça ne se fait pas
d'une façon unilatérale, big bang, on débarque, là.
M.
Morin :Et croyez-moi, M. le Président, je ne suggère pas une
unilatérale, mais... une façon unilatérale de le faire, sûrement pas avec les
Premières Nations et les Inuits, ça, c'est très clair, sauf que c'est important
de voir quelle est la progression de ces recommandations-là. Et vous avez...
vous avez répondu, M. le ministre.
Toujours dans la justice dans le Nord,
j'imagine que vous avez différents comités pour traiter de la gouvernance de
ces différents dossiers-là. J'ai noté que vous avez un comité concernant la
capacité de détention au Nunavik qui ferait des enquêtes pour remise en
liberté, des solutions possibles pour identifier les problèmes reliés à ces
enquêtes-là, à la capacité de détention. Est-ce que vous savez combien de fois
votre comité s'est réuni?
M. Jolin-Barrette : Ce
comité-là s'est réuni.... On va vérifier, je vais vous revenir. Mais
entretemps, là, au cours des dernières années, là, on a annoncé des
investissements de plus de 33 millions de dollars en matière de services
aux communautés autochtones, 7,7 millions pour l'embauche d'intervenants
autochtones additionnels responsables d'offrir des services d'aide aux victimes
d'actes criminels, 6 millions pour le déploiement accru de services de
conseillers parajudiciaires autochtones, 5,5 millions pour l'amélioration des
services d'interprètes en langues autochtones, 7,2 millions pour le soutien et
le déploiement d'initiatives en matière de justice communautaire dans les
communautés des Premières Nations et des Inuits, donc les comités de justice, 4
millions pour la mise en place de nouvelles initiatives de justice
communautaire en milieu urbain, 2,9 millions pour l'amélioration de la
rémunération de...
M.
Morin :Sauf que, si vous permettez, M. le Président, ma
question est simple et précise.
M. Jolin-Barrette : Bien, je
vous détaille toutes les bonnes mesures que le gouvernement du Québec met en
place.
M.
Morin :Oui, mais parce que ma question, ce n'était pas ça, M.
le Président.
Le Président (M. Bachand) :
Allez-y, M. le député de l'Acadie.
M.
Morin :
Vous avez également un comité permanent de mise en œuvre des ententes avec le
milieu nordique, ce qui aiderait probablement à faire avancer certains dossiers
avec les Inuits. Est-ce que vous savez combien ce comité s'est réuni la
dernière année, M. le ministre?
M. Jolin-Barrette : Donc, il
ne s'est pas réuni.
M.
Morin :Zéro. Puis votre autre premier comité concernant la
capacité de détention au Nunavik pour les enquêtes pour remise en liberté,
savez-vous combien de fois il s'est réuni?
M. Jolin-Barrette : On est en
train de chercher l'information.
M.
Morin :D'accord. Alors, ce comité-là, c'est zéro. Maintenant...
M. Jolin-Barrette : Pas ce
comité-là, l'autre comité. Là, on vous revient avec la réponse.
M.
Morin :Non, je vous parle du Comité permanent de mise en œuvre
des ententes du milieu juridique. Rencontres, il n'y en a eu aucune.
Maintenant, si on regarde, toujours dans le volet qui touche les Premières
Nations, combien d'argent a été alloué dans votre organisation pour faire
fonctionner le programme du volet Gladue, pour que des ententes de type Gladue
soient rédigées?
M. Jolin-Barrette : Pour le
volet Gladue?
M.
Morin :Oui.
M. Jolin-Barrette : Mais,
pour le volet Gladue, là, on a consacré, attendez, bon, 2,9 millions l'année
passée. On a fait une annonce, 2,9 millions pour l'amélioration de la
rémunération des rédacteurs Gladue et pour l'embauche de rédacteurs Gladue
supplémentaires auprès des organismes autochtones. Donc, c'est important.
Lorsqu'une peine de moins de 90 jours... oui, la rédaction, puis vous, vous
voulez savoir la somme totale, cette année, pour les rédacteurs Gladue...
M.
Morin :Oui, exact.
M. Jolin-Barrette : ...avec
les... judiciaires autochtones. Ça, on a-tu ça? Je vais...
• (17 heures) •
M.
Morin :Et j'ai d'autres questions là-dessus. Vous avez combien
de postes à temps plein pour les rédacteurs...
17 h (version non révisée)
M. Morin : ...Gladue?
M. Jolin-Barrette : Bien, ça,
il y a une partie des rédacteurs qui ne sont pas au ministère de la Justice
mais qui sont dans les communautés, notamment on en avait ajouté avec la
communauté attikamek. Donc, souvent, on finance des mesures avec des organismes
autochtones qui sont employés des organismes autochtones. Donc, il y a des
ententes de service permettant l'embauche de rédacteurs Gladue à temps plein
qui sont conclues avec certaines organisations. Donc, je vous parlais de... les
Services parajudiciaires autochtones du Québec, le Gouvernement de la nation
crie, le Conseil de la nation atikamekw, le Conseil des Mohawks d'Akwesasne, la
Société Makivik, le centre des premiers peuples de Montréal. Donc,
actuellement, il y a 108 rédacteurs de rapports Gladue qui sont accrédités au
Québec. Puis, entre le 1er avril 2022 et le 28 février 2023, il y a eu 219
rapports Gladue qui ont été ordonnés. Donc... En mars 2002, on a conclu quatre
ententes de trois ans pour le soutien à l'embauche de rédacteurs Gladue à temps
plein par les Services parajudiciaires autochtones, Centre de justice des
premiers peuples de Montréal... Makivik...
M. Morin : Et ça prend...
M. Jolin-Barrette : ...nation
crie.
M. Morin : Ça prend combien
de temps, règle générale, pour obtenir un rapport Gladue?
M. Jolin-Barrette : Je n'ai
pas cette information-là.
M. Morin : Elle pourra, j'imagine,
nous être donnée éventuellement.
M. Jolin-Barrette : Oui. On va
vérifier.
M. Morin : Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Alors, Mme la
députée de...
M. Jolin-Barrette : Mais
juste...
Le Président (M.
Bachand) :Oui, rapidement, très, très
rapidement.
M. Jolin-Barrette : Oui,
juste vous dire, par contre, là, c'est dans chacun des dossiers, là. Ça fait
que ça varie en fonction de quand est-ce que c'est ordonné puis...
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup.
M. Morin : Merci, M. le
Président.
Le Président (M.
Bachand) :Donc, Mme la députée de
Charlevoix-Côte-de-Beaupré pour 12 min 26 s, s'il vous plaît.
Mme Bourassa : Oui, merci.
Pour les besoins de la cause, je vais regarder par en avant plutôt que... je
vais regarder mon collègue. Alors, je vous salue, M. le Président, M. le
ministre, collègues de la banquette du gouvernement et les oppositions, ainsi
que tout le monde derrière moi. Merci beaucoup d'être là, parce que c'est un
exercice qui est très important pour les gens, pour les citoyens.
Je voulais aborder aujourd'hui la question
de l'accessibilité du système de justice, parce que l'information juridique,
pour les gens qui ne sont pas notaires ou membres du Barreau, peut parfois
sembler compliquée, il faut vulgariser, et c'est vraiment là la clé, il faut
rendre l'information accessible. Et ça, le ministère de la Justice l'a
clairement compris.
Depuis octobre 2020, il y a une porte d'entrée
virtuelle qui a été créée pour aider les gens à mieux être guidés, mieux être
informés, mieux être accompagnés dans toutes les procédures juridiques. Et,
justement, ça s'appelle Juridique, c'est le service en ligne qui est gratuit,
dans un langage clair, et ça, c'est primordial. Ça facilite l'utilisation des
différents services qui sont offerts, et l'objectif, c'est très simple, c'est
aider les citoyens à mieux comprendre leurs droits.
Je suis allée justement sur ce site pour
tenter de voir ce qui est offert. On parle de 1500 liens. Il y a des services
également de balados, des webinaires, bref, beaucoup d'information vulgarisée.
Je l'ai mentionné, ça sert à accompagner les citoyens. C'est la Société
québécoise de l'information juridique qui s'occupe de ce projet, et d'ailleurs
ils ont reçu un prix en 2022... bien, en fait, ils étaient finalistes pour le
prix Zénith, dans la catégorie communication, donc ça montre que, clairement,
ce qui est fait, ça correspond aux besoins des citoyens.
En me promenant également sur le site, ce
que j'ai vu, c'est qu'on peut presque, et j'utilise le mot «presque», divorcer
en un clic de souris parce qu'il y a un service pour les couples qui n'ont pas
d'enfants nés de leur union et qui veulent divorcer à l'amiable, et c'est assez
simple, comme façon de faire, c'est assez impressionnant. En fait, il y a
des... on se crée un compte, il y a un questionnaire, par la suite, il y a des
questions personnalisées en fonction de la situation, et souvent ça peut être
compliqué, pour les gens qui tentent de se repérer dans le système judiciaire,
de récupérer, de rassembler tous les papiers, notamment pour les demandes de
divorce. Alors c'est un outil très, très simple. Il y a également des bottins,
là, après... à chaque page, il y a des bottins avec les professionnels auxquels
on pourrait avoir accès, notamment des avocats, des notaires, et tout ça.
Alors, j'ai trouvé ça très convivial, et c'est vers ça qu'il faut aller vers de
l'information vulgarisée, simple, claire, concise.
Alors, c'était mon préambule, mais j'en
viens à mes questions, M. le ministre. Ce que j'aimerais savoir, en fait, c'est,
des nouveautés comme celle-là, est-ce qu'il y en a d'autres qui sont à venir?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien,
pour la SOQUIJ, je pense que c'est un organisme, une société d'État, c'est une
société d'État qui est mal connue un peu, je vous dirais, mais c'est une
société d'État qui est fort importante, parce que justement leur objectif, c'est,
entre autres, de vulgariser la justice et de faire en sorte qu'ils sont...
M. Jolin-Barrette : ...qui
diffusent, notamment, qui font la traduction de jugement et qui permettent aux
citoyens de retrouver des jugements. Puis vous avez raison de dire que, sur le
site juridique qui a été mis en place par la SOQUIJ, bien, ça permet de faire
en sorte d'avoir de l'information et notamment sur, supposons, les procédures
de divorce conjointes. Maintenant, avec... On parlait de l'intelligence
artificielle, mais les justiciables qui se représentent seuls peuvent verser
leurs informations, quand il n'y a pas d'enfants, là, quand c'est une demande
de divorce conjointe qui n'est pas contestée. Donc, quand les gens sont heureux
de se divorcer conjointement, alors ils peuvent. Ça génère quatre documents avec
les informations. Puis tout ce qu'ils ont à faire à partir du moment où les
informations sont générées, ils peuvent aller les déposer à la cour. Donc, ça
permet d'accompagner les personnes dans ce processus-là.
L'autre point qui est important sur le site
de la SOQUIJ... Et on a insisté aussi en matière d'information juridique. Vous
savez, on lutte beaucoup contre la violence faite aux femmes, contre les
violences sexuelles, les violences conjugales, et on a mis un bandeau également
sur le site de la SOQUIJ, en tout temps, pour... Lorsque les gens recherchent
de l'information juridique, ils ont tout de suite les numéros de téléphone puis
les informations disponibles, s'ils sont victimes de violences sexuelles ou de
violences conjugales.
Et ils peuvent aussi... ça me fait penser,
parce qu'on a la commission des services juridiques avec nous, le fait qu'on...
Le service Rebâtir est en place, donc une ligne téléphonique qui donne 4 h de
service juridique gratuit à toute personne. C'est véritablement un vrai succès.
Et je tiens à remercier les représentants de la Commission des services
juridiques d'avoir mis ça en place, parce que ça permet vraiment de répondre à
un besoin, également, les avocats et les avocates qui pratiquent à la ligne
Rebâtir. Donc, toute question, que ce soit sur n'importe quel sujet, exemple,
je suis victime de violences conjugales, j'ai des questions, qu'est-ce qui va
arriver avec la garde des enfants, qu'est-ce qui va arriver avec la maison?
Qu'est ce qui va arriver avec la garderie, l'école? Est-ce que mon conjoint va
pouvoir voir les enfants? Est-ce qu'il va devoir payer une pension alimentaire?
J'ai un statut d'immigration précaire, mais je suis dans une relation toxique,
qu'est-ce qui va m'arriver, quel est mon statut? Alors, les avocats de la
Commission des affaires juridiques qui sont sur la ligne Rebâtir, on a 15
avocats qui travaillent là, c'est un investissement majeur de l'État québécois
pour justement accompagner les gens sur leurs droits et les renseigner
adéquatement.
Et en réponse à votre question, ça va être
quoi, les nouveautés à venir? Bien, on va mettre le thème du logement qui va se
concentrer sur le parcours du locataire. Je suis convaincu que le collègue de
Saint-Henri-Sainte-Anne va être heureux et il pourra constater, avec sa
formation politique, qu'on renseigne les gens adéquatement sur leurs droits en
matière de logement. Donc, il va y avoir également une série de balados, hein,
de quatre épisodes sur la séparation et le divorce, et également sur le thème
du travail, les événements de vie à être précisés auprès du citoyen, également.
Alors, plein d'informations qui sont simples et accessibles, justement au
bénéfice des citoyens, pour être bien renseigné juridiquement.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée, oui.
Mme Bourassa : Parfait. Je
continue?
Le Président (M.
Bachand) :Oui, allez-y.
Mme Bourassa : Parfait. Bien,
effectivement, c'est un service qui a été beaucoup utilisé. Je ne sais pas si
on avait les statistiques d'utilisation, mais je sais qu'il y a d'ailleurs des
sondages qui ont été effectués auprès des citoyens, parce que c'est ce qu'on
veut, quand on met un service en place, c'est, par la suite voir, si ça
correspond à l'attente, aux attentes des citoyens.
Alors, il y a des sondages qui ont été
envoyés aussi pour savoir le taux de satisfaction, mais aussi qu'est-ce qu'il
faudrait changer, s'il y a des choses qui peuvent être ajoutées, effectivement.
Il faut dire que l'information juridique, puis on l'a vu en commission
parlementaire, beaucoup de groupes nous disent que c'est vraiment ça, la
problématique, la compréhension des citoyens, que ceux derrière moi appellent
souvent les judiciarisés. Moi, je préfère les appeler les citoyens, parce que
c'est difficile d'avoir beaucoup de connaissances dans le milieu juridique.
Puis, souvent, quand les gens doivent faire appel aux services judiciaires,
bien, ils sont dans un état préoccupé, parce que, quand on a affaire aux
services de justice, souvent ce n'est pas de gaieté de cœur, c'est lorsqu'il y
a un litige qui est en cours. Alors, on veut que ça soit simple, que les gens
soient guidés. Alors, les gens ont été quand même nombreux, après la mise en
place de ce service, à répondre, et les taux de satisfaction étaient quand même
très élevés, là, mon collègue va pouvoir répondre à cette question-là lorsqu'il
va revenir.
• (17 h 10) •
Mais ce qu'on voulait savoir aussi, c'est
comment est-ce qu'on peut, nous, au gouvernement, puisqu'on a bien sûr le
fardeau de contrôler les finances et de gérer les finances, comment est-ce
qu'on peut aider les citoyens en répondant le mieux possible à leurs...
Mme Bourassa : ...alors, M.
le ministre, ce que je voulais savoir, c'est : Est-ce que vous avez en
main les taux de satisfaction de ce service, qui est quand même nouvellement...
je crois que c'était depuis le début de cette année, là, qu'il est en...
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Je pense
que, dans toute chose, la satisfaction est très importante. Alors, on a
effectué un sondage pour monitorer le tout, notamment auprès de 1 718
répondants, pour les avoir consultés, donc, relativement au taux de notoriété,
donc, qui est de 31 %. Les citoyens nous ont dit également que l'information
était facile à repérer dans un taux de 68 %, les ressources, dans un taux
de 69 %, puis les informations, la facilité avec laquelle elles sont à
comprendre, de 76 %. Ça, je pense que c'est fort important parce que...
Bon, ici, il y a beaucoup de juristes dans la salle, sauf que les citoyens,
pour eux, parfois, le système de justice, il peut paraître éloigné. Donc,
l'importance de la vulgarisation... il est fort important.
Et, à la lumière du sondage, pour avoir
monitoré le tout auprès des citoyens, à la suite de ce sondage-là, on constate
que les taux sont assez élevés où est-ce que les citoyens se retrouvent
satisfaits du fait que l'information, elle est claire, elle est disponible. Et
probablement que le député de Saint-Henri-Sainte-Anne a déjà fureté sur le site
juridique pour constater à quel point l'information, elle est claire. Alors, je
pense que ça valait la peine d'investir sur ce site-là, dans un souci d'accès à
la justice et d'information juridique.
Et ça me fait penser que, dans les
démarches que nous faisons, on a adopté deux projets de loi pour faire en sorte
que les étudiants universitaires peuvent donner des conseils et des avis
juridiques désormais. Et ça, ça va permettre d'aider les gens qui n'ont pas
nécessairement les moyens d'aller voir un avocat, d'être... d'avoir un début de
commencement de comment être renseignés sur leurs droits, leurs obligations. Et
même, avec mes collègues, l'an dernier, avec le projet de loi n° 34, on a fait
en sorte que les avocats et les notaires, désormais, peuvent pratiquer dans un
organisme à but non lucratif et donner des conseils et des avis juridiques.
Donc, ça, également, ça faisait longtemps que c'était réclamé par le milieu
communautaire, et je pense qu'en matière d'accès à la justice, c'est fort
important.
Donc, ça va permettre également, les
avocats à la retraite, de donner des conseils, des avis juridiques. Un avocat
qui a pratiqué toute sa vie, qui ne fait plus de représentation, mais qui
souhaite donner de son temps pour mieux renseigner les gens, je pense que c'est
approprié. Donc, ce sont des mesures d'accès à la justice, tout comme le site
Web de juridique. Autre pourcentage intéressant, 82 % des gens
recommandent d'utiliser le site, donc, en termes de référence, pour dire :
Bien, j'ai eu une expérience satisfaisante, et 67 % des gens disent :
J'ai confiance pour entamer des démarches juridiques à la suite de la
consultation du site, et 80 %... 81 % des citoyens recommandent
que... de consulter un professionnel du droit aussi à la suite de ça.
Donc, voyez-vous, je pense que le fait...
plus on donne de l'information juridique, plus ça va permettre aux gens d'être
outillés et d'avoir une opinion sur leurs droits. Et ça s'inscrit dans la
perspective de l'État québécois, puis ça, je pense que c'est tous les
gouvernements qui partageraient cette idée-là. On fait face à des défis devant
le système de justice, il y a de plus en plus d'autoreprésentations devant les
tribunaux. Puis là les tribunaux doivent souvent renseigner les gens à partir
du moment où ils se représentent seuls. Donc, si, en amont, oui, je termine si,
en amont, ils ont été mieux informés sur leurs droits, sur le système de
justice, comment ça fonctionne, bie, ça va justement permettre d'être plus
efficaces un coup qu'ils sont rendus devant les tribunaux et qu'ils sont non
représentés.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de
l'Acadie, s'il vous plaît.
M.
Morin :Merci, M. le Président. Alors, puisqu'on parlait de
sondages et d'information, votre ministère a fait effectuer des sondages
pendant la dernière année, mais il n'y a eu aucun sondage, en fait,
semble-t-il, qui a été fait pour le Fonds d'aide aux victimes d'actes
criminels, ni au Fonds des registres, ni au Fonds relatif aux contrats publics.
Est-ce qu'il y a une raison particulière?
M. Jolin-Barrette : Il n'y a
pas de sondages qui ont été effectués sur ces registres-là.
M.
Morin :Exactement. En fait... puis pas pour le Fonds d'aide aux
victimes d'actes criminels non plus.
M. Jolin-Barrette : Le Fonds
d'aide aux victimes d'actes criminels, dans le fond, il sert à financer les
organismes. Donc, il y a des appels à projets annuellement. Et là le ministère
de la Justice octroie des sommes par le biais du Fonds d'aide aux victimes
d'actes criminels. Tu sais, la façon qu'il est financé, le Fonds d'aide aux
victimes d'actes criminels, c'est, exemple, sur les constats d'infraction. Mais
il y a une partie des frais qui va au Fonds d'aide aux victimes d'actes criminels.
Je pense qu'auparavant, c'était 8 $. Là, c'est rendu, le Fonds d'aide aux
victimes d'actes criminels...
M. Jolin-Barrette : ...c'est
rendu 10 $ qui s'en va directement au fonds d'aide d'actes criminels puis
4 $... 8 $... C'est ça, c'est 10 $ au Fonds d'aide aux victimes d'actes
criminels, 8 $ au Fonds Accès Justice puis 25 % du montant total de
l'amende, ça s'en va au fonds consolidé.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de
l'Acadie.
M. Morin : Merci. Alors,
toujours en ce qui a trait à l'accès à la justice puis la sensibilisation pour
le public, en ce qui a trait aux campagnes de publicité puis de
sensibilisation, on a demandé combien il y avait eu de campagnes, les coûts. Et
puis la réponse qu'on a reçue : pour le ministère, aucune, pour le Fonds
d'accès à la justice, aucune, pour le fonds d'aide aux victimes, aucune. Donc,
finalement, vous n'avez pas fait aucune campagne de publicité et de
sensibilisation pour la population en général?
M. Jolin-Barrette : Bien, pas
par le biais de ces organismes-là, mais il faut comprendre qu'exemple, au Fonds
Accès Justice, dans les projets que nous avons qui sont retenus par le projet
Accès Justice, je pense que c'est... quoi, c'est 500 000 par année dans le
Fonds Accès Justice, des appels à projets.
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : 650 000.
Dans le 650 000 dans le Fonds Accès Justice, il y en a qui font de la
publicité, ou des campagnes, ou des balados, ou des projets particuliers. Donc,
ce n'est pas tant le rôle... Dans le fond, les projets sont sélectionnés, le
financement est donné, puis il y a un comité qui fait des recommandations pour
les projets à sélectionner pour le Fonds Accès Justice. Là, les projets sont
soumis, c'est à hauteur de... jusqu'à concurrence de 50 000 $, je crois,
et là eux font le projet qui est déterminé. Donc, on se sert du fonds justement
pour financer des appels à projets comme ça.
Même chose pour le Fonds d'aide aux
victimes d'actes criminels, à ce moment-là, on finance les projets. Je donne un
exemple, là, question 22 des renseignements particuliers de l'opposition
officielle, là, pour le... ça, c'est le FAVAC, le Fonds d'aide aux victimes
d'actes criminels, bien, dans les projets qu'il y a, supposons, pour les
victimes, bien, à l'Université de Montréal, il y a une somme de 9987$ qui leur
a été octroyée pour l'examen de l'effet des chiens de soutien lors d'entrevues
d'enquête auprès des enfants. À l'Université de Montréal, action des proches et
perceptions des femmes victimes de violence conjugale à l'égard de ces actions,
prise en compte des particularités ethnoculturelles dans la proposition
adaptée. L'association québécoise Plaidoyer victimes 80 587 $, les
victimes d'acte criminel qui se représentent seules devant les tribunaux. Donc,
il y a une série de mesures dans le cadre du FAVAC qui sont financées, même
chose pour le Fonds Accès Justice. Attendez, je vais trouver ça, donc...
Le Président (M.
Bachand) :M. le député d'Acadie, oui,
allez-y.
M.
Morin :Oui. Alors, très bien. Donc, si on continue avec la
gouvernance, avez-vous la réponse, M. le Président, à la question que je posais
tout à l'heure, en ce qui a trait au comité concernant la capacité de détention
au Nunavik, pour le nombre de fois où ils se sont réunis et le travail qui a
été accompli?
Aucune? Donc, le mandat de ce comité-là,
c'est de travailler, puis vous pourrez nous informer davantage, sur toute la
question de la capacité de détention, toutes les enquêtes pour remise en
liberté, ce qui pose un enjeu majeur dans le système. Le comité ne s'est pas
réuni une seule fois?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, vous aurez constaté que, depuis les dernières années, il y a beaucoup
moins de problématiques. Parce que vous vous souviendrez, vers 2016, à peu
près, la Protectrice du citoyen, à l'époque, avait clairement indiqué qu'il y
avait des enjeux en matière d'enquête sur mise en liberté dans le Nord. Parce
que ce qui arrivait, supposons, si vous étiez arrêté, supposons, dans un des 14
villages ou, supposons, prenons... puis là ce qui arrivait, c'est qu'ils
prenaient le détenu, ils l'amenaient à Montréal. À Montréal, ils le
transféraient à Saint-Jérôme puis, ensuite, de Saint-Jérôme, ils l'amenaient à
Amos, O.K.? Puis là il comparaissait à Amos.
• (17 h 20) •
Comme on dit, c'était la grosse run de
lait, puis la personne, avant d'avoir son enquête sur mise en liberté, pouvait
passer, dans le fond, 10 jours avant de pouvoir accéder à son enquête sur mise
en liberté, ce qui n'avait aucun sens. Là, désormais, 90 % des ententes se
font par visiocomparution parce qu'on a amélioré la question de la bande
passante. Ça fait que...
M. Jolin-Barrette : ...fait
directement dans la communauté, maintenant, alors c'est beaucoup mieux. Puis,
également, il y a un pont aérien qui peut être mis en place, également, puis on
avait eu ça auparavant, avant la pandémie. Excusez-moi, je dis 90%, 92 %,
que ça se fait par visioconférence, désormais, alors ça ne représente plus un
enjeu.
M.
Morin :Parfait. Merci. Alors, on parle aussi d'imputabilité.
M. Jolin-Barrette : Peut-être
un dernier point aussi, là, on a ajouté deux juges en Abitibi aussi pour faire
la cour itinérante, en fonction des besoins de la cour itinérante, là, puis on
a...
Le Président (M.
Bachand) :...allez-y.
M. Jolin-Barrette : Dernier
petit point.
M. Morin : Rapidement.
M. Jolin-Barrette : On a pris
des ententes supplémentaires aussi avec les communautés pour que les locaux de
la cour itinérante soient adaptés, enquête sur mise en liberté aussi.
M. Morin : D'accord. Quand on
parle de gouvernance, d'indicateurs, d'imputabilité, vous avez également un
groupe de travail en matière pénale qui vise à travailler et valider des
indicateurs, en matière pénale, évidemment, pour être efficace. Savez-vous
combien de fois ce comité-là s'est réuni l'am passé?
M. Jolin-Barrette : Je vais
vérifier, je vais vous revenir.
M. Morin : Puis vous avez également
un comité interministériel de développement durable. On parle évidemment de
l'impact de la pollution, lutte aux changements climatiques. J'aimerais ça,
savoir quel est le mandat de ce comité puis combien de fois il s'est réuni,
également, s'il vous plaît, M. le Président, donc vous pourrez regarder.
Maintenant, si on revient...
M. Jolin-Barrette : ...bien,
juste un point, il y a énormément de comités et ils se réunissent à réunions
variables. Cependant, il y a un volet sur la question de la détention, là, et
c'est fort important. Là, on est en matière de justice, mais c'est le ministère
de la Sécurité publique qui est responsable au niveau de la détention pour les
détenus, pour les prévenus aussi.
Oui, mais ce comité-là vise à traiter...
en fait, il ne s'est pas réuni, là, mais il vise à traiter... Il y a la
capacité de détention, mais il y a les enquêtes pour remise en liberté puis les
solutions possibles. Donc, ça, ce n'est pas uniquement le ministère de la
Sécurité publique.
Maintenant, si on revient à tous les
services aux autochtones, dans votre ministère, combien avez-vous présentement
de programmes qui aident à traiter la toxicomanie dans les différents tribunaux
puis le montant qui est alloué à ça?
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, juste pour bien comprendre la question, est-ce que c'est dans les
communautés autochtones.
M. Morin : Communautés
autochtones, oui, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Combien
de programmes on a dans les communautés autochtones pour toucher la
toxicomanie?
M. Morin : Tout à fait, M. le
Président.
M. Jolin-Barrette : On est en
train de faire la vérification, donc.
M. Morin : Et pendant, M. le Président,
qu'il y a des recherches qui sont faites, j'aimerais également savoir combien
vous avez de programmes de mesures de rechange pour les populations
autochtones, le budget qui est alloué, le nombre de dossiers, les succès et les
récidives.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : O.K.
Alors, je peux répondre à la première question. Il existe trois programmes de
traitement de la toxicomanie de la Cour du Québec qui sont en vigueur au
Québec, donc dans le district judiciaire de Montréal et dans le village
nordique de Puvirnituq et... pardon. Donc, l'entente couvre la période du 1ᵉʳ
avril 2018 au 31 mars 2023. Pour l'exercice financier 2022-2023, la
contribution fédérale maximale était de 1 125 000$. Donc, chaque ministère et
organisme qui participe au programme de traitement de la toxicomanie de la Cour
du Québec assume, à même ses budgets de financement, le programme.
Votre deuxième question...
M. Morin : En fait, je
voulais savoir combien vous avez de programmes de rechange, mesures de rechange
pour les populations autochtones, le nombre de dossiers, les succès et les
récidives.
M. Jolin-Barrette : O.K.
Donc, dans le programme de mesures de rechange, il est offert dans 27
communautés et villages autochtones. Donc, ça se fait par le biais de
protocoles d'entente entre le Directeur des poursuites criminelles et pénales
et les autorités politiques des nations autochtones.
Alors, dans les nations qui sont visées,
il y a les Mohawks, à Akwesasne, il y a la nation crie pour Mistissini...
Chisasibi, Waswanipi, Nemaska... bon, pour la nation inuite, il y a...
Kuujjuaq... Inukjuak...
M. Jolin-Barrette : ...Tasiujaq,
Umiujaq, pour la nation attikamek, vous avez Opiticiwan, Manawan, Wemotaci,
pour la nation naskapie, vous avez Kawawachikamach, pour les Micmacs, vous avez
Restigouche, puis, pour la nation algonquine, vous avez Kitigan Zibi.
M.
Morin :Et il y a combien de dossiers qui sont traités dans le
cadre de ces programmes de mesures de rechange? Et quels sont les succès qui
sont, évidemment, obtenus?
M. Jolin-Barrette : Oui. On
est en train de faire les recherches pour voir si on a l'information
relativement...
M.
Morin :Donc, je comprends, éventuellement, M. le Président, que
cette information-là pourra être donnée. Je vous remercie. Pouvez-vous me
rappeler, M. le ministre, le temps médian pour régler les causes, que ce soit criminel
ou civil, à Kuujjuaq?
M. Jolin-Barrette : À
Kuujjuaq. Ce ne sera pas long, on va vous donner l'information.
M.
Morin :Très bien. Entre-temps...
M. Jolin-Barrette : Puis un
des défis, puis le rapport Latraverse en parlait relativement aux dossiers en
matière criminelle, la population, elle est très judiciarisée dans le Nord.
Donc, souvent, il y a des personnes qui se retrouvent en bris, parce qu'ils...
pas leurs conditions, ou ils ne se présentent pas... mandat, parce que, pour de
multiples raisons, ils ne se présentent pas à la cour. Puis un des enjeux que
nous souhaitons régler avec la présence du Directeur des poursuites criminelles
et pénales, avec les procureurs, avant l'audience, c'est de rappeler aussi
l'importance pour les victimes d'être présentes à la cour, pour ne pas qu'il y
ait des reports de dossiers notamment aussi. Parce qu'il arrive fréquemment
que, supposons, la victime n'est pas là ou l'accusé n'est pas là, ne se
présente pas, il se retrouve dans une problématique où le procès ne peut pas
avoir lieu aussi.
Donc, c'est important d'avoir cette
sensibilité-là puis cet effort-là qu'on doit faire aussi pour que le système de
justice soit compris aussi dans les différentes communautés.
M.
Morin :M. le Président, alors, puisque...
M. Jolin-Barrette : Le taux
de réussite du PMERG, on me dit, général, c'est 93,2 %.
M.
Morin :Donc, ça permet au fonds de moins judiciariser les
dossiers, où ce sont des Inuits ou des membres des Premières Nations qui sont
poursuivis.
M. Jolin-Barrette : C'est des
mesures de rechange, dans le fond...
M.
Morin :Exact.
M. Jolin-Barrette : ...parce
que l'idée là-dedans, quand les individus, supposons, ont des enjeux de
toxicomanie, supposons, ou de dépendance, c'est le fait de les aider à
retrouver le cours de leur vie et non pas nécessairement de les judiciariser.
M.
Morin :M. le Président, donc, évidemment, on me donnera la
réponse pour le temps moyen d'une cause criminelle et civile à Kuujjuaq. Mais
vous avez... Quand vous parliez tout à l'heure, M. le ministre, des conditions
de remise en liberté, c'est certain que, tout dépendant des conditions qui sont
données, ça peut permettre à une personne, évidemment, de commettre une
infraction. Si, par exemple, vous donnez quelqu'un de ne pas rencontrer une
autre personne, puis qu'ils vivent dans une communauté où il n'y a pas beaucoup
de monde, il y a des bien bonnes chances qu'il risque de rencontrer la personne
en question. Donc, il va avoir un bris de condition.
Allez-vous donner des directives pour
qu'il y ait des conditions de remise en liberté, en matière pénale, qui soient
adaptées aux communautés autochtones et inuites pour éviter ce genre de
problématique là?
• (17 h 30) •
M. Jolin-Barrette : Alors, le
Directeur des poursuites criminelles et pénales m'informe qu'il y a déjà des
directives à cet effet-là. Est-ce que vous souhaitez entendre le Directeur des
poursuites criminelles et pénales sur ce point-là?
M.
Morin :Je préférerais vous entendre, vous, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Écoutez,
moi aussi, j'ai mes préférés, ça me fait plaisir que vous me préférez. Alors,
il y a déjà des directives... Vous savez, Me Michel est très sympathique aussi,
là. Donc, oui, il y a déjà des directives qui sont données. Pour les délais,
ça, c'est le médian, moyen... Bon. Pour les délais moyens... pardon, médians,
excusez, médians, à votre précédente question, pour la baie d'Ungava, la région
de Kuujjuaq, c'est 302 jours, pour la baie d'Hudson, c'est 212.
M.
Morin :Merci. Donc... et oui, il y a des directives. Je vous
remercie. Maintenant, pour le Nord, notamment à Kuujjuaq, vous avez combien
d'employés inuits qui travaillent pour le ministère de la Justice à Kuujjuaq?
M. Jolin-Barrette : Oui, je
vais vous revenir avec la réponse. On m'indique également, du côté du Directeur
des poursuites criminelles et pénales que, bien entendu, les procureurs évitent
de demander des conditions qui placent nécessairement le contrevenant en
contravention avec l'objectif de la mesure. Donc...
17 h 30 (version non révisée)
M. Jolin-Barrette : ...procureurs,
lorsqu'ils font leurs représentations, c'est sûr que, s'il n'y a pas de
logements suffisants, ils ne demanderont pas une interdiction de contact à la
communauté. Donc, c'est pris au...
M. Morin : C'était le but de
ma question, M. le Président, là.
M. Jolin-Barrette : ...au cas
par cas. Donc...
M. Morin : Je suis satisfait
de la réponse de M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : O.K.
Pour...
M. Morin : Donc, si on
continue, pour les employés inuits qui travaillent pour vous à Kuujjuaq?
M. Jolin-Barrette : Oui. On a
14 interprètes de langue inuite, donc, à l'emploi et on a une employée aussi.
M. Morin : Et ce sont des
employés à temps plein ou des employés contractuels?
M. Jolin-Barrette : C'est des
employés contractuels et les autres employés que nous avons sont basés à Amos,
qui soutiennent la région.
M. Morin : Donc, les employés
inuits, à Kuujjuaq, sont contractuels. Les employés à Amos, est-ce que ce sont
des Inuits?
M. Jolin-Barrette : Est-ce
que ce sont des?
M. Morin : Inuits?
M. Jolin-Barrette : Non.
M. Morin : Est-ce qu'ils sont
permanents ou contractuels?
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, pour tous les employés que nous avons, on souhaite les permanentiser dès
qu'on peut.
M. Morin : Pardon?
M. Jolin-Barrette : Pour tout
employé, on souhaite les permanentiser. Donc, même les employés contractuels qu'on
a, même dans le Nord, s'ils souhaitent devenir permanents, on souhaite qu'ils
deviennent permanents.
M. Morin : Mais avez-vous la
capacité puis un programme pour rendre ces emplois-là permanents?
M. Jolin-Barrette : Oui. Ce
qui arrive, c'est que souvent, supposons, il n'y a pas les minimums pour être
embauché permanents, donc ce qu'on fait, on les engage contractuels puis on
leur donne la formation pour qu'ils puissent accéder au statut de permanent.
M.
Morin :D'accord. Donc, mon temps est écoulé. Parfait, je...
M. Jolin-Barrette : En vertu
des règles de dotation.
Le Président (M. Bachand) :Il reste une vingtaine de secondes que vous allez pouvoir
reprendre tantôt.
M. Morin : Pardon?
Le Président (M.
Bachand) :Il restait une vingtaine de
secondes qu'on va additionner tantôt.
M. Morin : Une vingtaine. D'accord.
Alors, je continuerai tout à l'heure. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Donc, je céderais la parole au
député de Camille-Laurin pour une période de 14 min 14 s. M. le député, s'il
vous plaît.
M. St-Pierre Plamondon : M.
le Président. Salutations au ministre. J'ai eu le bénéfice d'écouter les
échanges entre les oppositions et le ministre et, évidemment, les sujets qui
ressortent, c'est le manque d'investissement dans le système de justice, le
manque de ressources, pénurie de main-d'œuvre. Et donc, en introduction, juste
pour orienter mes questions, j'aimerais rappeler ce qui s'est passé sous le
régime libéral, parce que c'est important de tenter d'améliorer comment on gère
notre système de justice. Rappelons-nous qu'à l'époque plusieurs voix s'élevaient
par rapport à des inquiétudes, des inquiétudes légitimes vis-à-vis les
conséquences potentielles de l'arrêt Jordan. Et, à l'époque, la ministre Vallée
et le gouvernement Couillard répondaient qu'il n'y avait pas de problème de
manque de ressources, qu'on avait ici un enjeu de culture, il fallait changer
la culture, alléger les procédures. Or, on connaît la suite.
Il y a eu quelques juges d'ajoutés, des
projets de loi pour améliorer l'efficacité de la justice, mais les ressources n'ont
pas suivi et on n'a donc pas pu éviter ce qu'on peut qualifier d'hécatombe d'arrêts
de procédures, donc des accusés de meurtre, d'agressions sexuelles, de fraudes,
un paquet de personnes qui s'en sont sorties avec un arrêt de procédures faute
de ressources. Et c'est en 2018 seulement que le gouvernement Couillard a
dépensé d'un trait 500 millions de dollars pour essayer de soutenir le
système de justice, mais évidemment, le mal était fait.
Les mêmes questions, je pense, doivent se
poser ici, là, c'est-à-dire que je veux bien qu'il y ait une culture, il y a
des négociations, mais la question des ressources pour faire fonctionner notre
système de justice me semble fondamentale : pénurie de greffiers, de
personnel de soutien qui oblige les juges à annuler des séances, des délais qui
s'allongent. Donc, ce sera le sens de mes questions, parce que je note, dans un
contexte d'inflation, que les ressources supplémentaires allouées à notre
système de justice semblent disproportionnées avec les besoins urgents.
Je vais commencer par le sujet central, M.
le Président, donc tout ce qui touche les requêtes Jordan. Nous avons, au Parti
québécois, envoyé une demande de renseignements particuliers au ministère de la
Justice dans laquelle nous demandons, et je cite, les «statistiques sur le
nombre d'accusés libérés à la suite d'une requête en arrêt de procédures pour
délais raisonnables depuis l'arrêt Jordan rendu le 8 juillet 2016.
Indiquer le nombre de requêtes présentées, le nombre de requêtes entendues, le
nombre de procès abandonnés, le nombre de dossiers à risque dans les six
prochains mois, voire 1 an, 2 ans.»
Le ministère de la Justice nous a répondu
que la réponse se trouvera dans le cahier DPCP. Or, le cahier DPCP, en page 24,
nous dit que la réponse nous sera fournie par le ministère de la Justice. Donc,
je pense qu'aujourd'hui les deux sont là. Donc, ma question, pour la première,
qui, je pense, est importante : Est-ce que quelqu'un peut me donner une
réponse, le nombre de requêtes Jordan le nombre de procès annulés? C'est ma
question, M. le ministre...
Le Président (M. Bachand) :...M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Alors,
finalement, la réponse était dans le cahier de l'opposition officielle, à la
question 89. Alors, cette année, il y a eu 24 arrêts de procédures
pour des délais raisonnables demandés par la défense et autorisés par un juge
qui ont été constatés. Mais, de ce 24 là, dans le fond, ça touche
24 accusés distincts, mais, dans le fond, ça touche 17 dossiers parce
qu'il y avait des coaccusés dans certains districts... dans certains dossiers.
M. St-Pierre Plamondon : M.
le Président, ma question, c'est : Combien de requêtes Jordan, en ce
moment, qui sont pendantes?
M. Jolin-Barrette : À la
grandeur du Québec? Est-ce qu'on a l'information sur le nombre... Oui, ça, ce
n'est pas comptabilisé, le nombre de requêtes qui sont présentées. Parce que
vous comprendrez que, dans un procès, dans n'importe quel procès criminel, il
peut y avoir une multitude de requêtes qui sont présentées au fur et à mesure
du dossier, mais le ministère de la Justice ne compte pas chacune des requêtes
en fonction de est-ce que c'est une requête Lavallée, est-ce que c'est une
requête Babos, est-ce que c'est une requête en arrêt des procédures. Ce qu'on
comptabilise, parce qu'on souhaite que nos ressources soient consacrées
prioritairement au traitement des dossiers, mais ce qu'on comptabilise c'est
combien d'arrêts de procédure. Ça fait que s'il y a une requête qui est acceptée
par le juge à cause d'un arrêt, ça, on le comptabilise.
M. St-Pierre Plamondon : M.
le Président, c'est parce que le sens de ma question, c'est de prévenir plutôt
que de guérir. Donc, je comprends qu'on ait des statistiques sur les arrêts de
procédures, mais là, je comprends qu'on n'a pas de statistiques sur les
requêtes. Or, dans nos recherches, pour essayer de comprendre ce qui se passe,
on a trouvé le mémoire du Procureur général du Québec daté du 30 mars 2023
dans l'affaire concernant le renvoi relatif à la décision de la juge en chef de
la Cour du Québec de diminuer le nombre de jours où siègent les juges affectés
à la Chambre criminelle et pénale. Et on trouve, au paragraphe 15,
l'affirmation suivante : «En décembre 2022, le ministère évalue qu'à titre
de conséquence directe du changement de ratio, environ 9 000 causes
pourraient dépasser les plafonds fixés par la Cour suprême dans l'arrêt Jordan
et potentiellement faire l'objet d'une requête en arrêt des procédures. Donc,
d'où vient ce chiffre de 9 000 si on n'a pas de données?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, ce n'est pas... Vous, votre question à l'origine, c'était : Combien
de requêtes ont été présentées? Ça, c'est un estimé du nombre de dossiers qui
pourraient être hors délais. Dans le fond, là, et puis j'ai déposé à la
commission tout à l'heure, puis c'est sur le site Greffier, de disponible, dans
le fond, ce tableau-là. Dans le fond, actuellement, pour les délais
18-30 mois... Je peux vous en donner une copie si vous voulez. En voulez-vous
une copie papier?
M. St-Pierre Plamondon : Je
vous écoute.
M. Jolin-Barrette : O.K. Dans
le fond, supposons que vous prenez l'année 2019-2020, on était à 90 %
des dossiers qui étaient à l'intérieur du délai de 18-30 mois. Et là,
cette année, on a glissé jusqu'à 78,9 %, 79,4 % des dossiers qui
respectent le délai 18-30 mois. Avec l'entente qu'on a signée avec la juge
en chef, on va remonter jusqu'à 87,7 % des dossiers. Ça signifie que
13 % des dossiers pourraient être hors délais, mais ça ne signifie pas que
c'est en raison des actions de l'État, parce que la défense renonce, supposons,
aux dossiers.
M. St-Pierre Plamondon : Non,
non, ça, je comprends, M. le Président, mais je veux juste clarifier pour être
certain de la réponse. Le ministère estime que 9 000 dossiers sont à
risque au niveau des délais, mais il n'y a pas de comptabilité du nombre de
requêtes présentées pour une requête Jordan.
M. Jolin-Barrette : Parce que
les 9 000 dossiers, si le ratio demeurait intact, là, le un pour un,
la décision unilatérale de la juge en chef de la Cour du Québec, l'estimé que
nous avons, c'est qu'en fonction des délais, en fonction de l'absence de date
de cour, on avait 9 000 dossiers à risque que nous, on est capable de
voir quand est-ce que le dossier est inscrit, donc quand est-ce que la
dénonciation a été faite. Donc, c'est le point de départ de la... du
chronomètre, si je peux dire, pour notre 18 mois, pour notre 30 mois.
Donc, en fonction du délai de l'introduction de la poursuite, ça permettrait
d'estimer à 9 000 dossiers le nombre de dossiers qui se
retrouveraient hors délais si le ratio changeait parce qu'on n'avait pas de
date de cour. Mais là, heureusement, on a conclu une entente avec des cibles,
des objectifs et avec un rajout de juges, donc 17 jours... jours audience
par juge, plus on ajoute 14 ressources. Ça va permettre d'enlever de la
pression sur le système de justice pour éviter justement que ces
9 000 dossiers-là soient à risque.
• (17 h 40) •
M. St-Pierre Plamondon : M.
le Président, donc, je clos cette section-là en suggérant au ministre, compte
tenu que 9 000 dossiers sont à risque, d'évaluer si une comptabilité
du nombre de requêtes en bonne et due forme qui sont présentées, c'est une
comptabilité qui puisse être faite de sorte qu'on soit en prévention. Parce
qu'évidemment, lorsqu'on a une comptabilité de ce qui est jugé hors délais,
bien, il est trop tard pour agir.
M. Jolin-Barrette : Bien, le
seul enjeu avec votre proposition... Je suis ouvert à votre proposition.
L'enjeu, c'est parce que, si mes greffiers au comptoir, là, ils commencent à
documenter chacune des requêtes, ça, c'est une requête en arrêt des procédures,
ça, c'est une Babos, ça, c'est une Lavallée, ça, c'est une...
M. St-Pierre Plamondon : Non,
mais un Jordan, je veux dire...
M. Jolin-Barrette : Oui, sauf
que ce que je veux dire, le greffier, lui, normalement, là, ce n'est pas lui
qui distingue la nature de la requête, vous comprenez? Puis déjà on est sur la
corde raide...
M. Jolin-Barrette : ...relativement
au nombre de ressources. Ça fait qu'on veut affecter les greffiers aux dossiers
puis aux salles de cour.
M. St-Pierre Plamondon : Vu
que j'ai 15 minutes... Donc, je prends acte de la réponse du ministre. Je vais
changer de sujet pour parler du financement du système de justice en général.
Donc, comme je disais, le dernier
investissement sérieux dans le système de justice date de 2018, on avait ajouté
500 millions consacrés à la modernisation du système de justice. Or, le
sous-financement de la justice est chronique. Les besoins sont énormes en
termes de tarifs d'aide juridique, pénurie de main-d'oeuvre, rémunération du
personnel de soutien, seuil d'accès à l'aide juridique, amélioration de l'accès
à la justice, réduction des délais, rénovation et sécurisation des palais de
justice.
Sous la CAQ, une nouvelle crise des arrêts
de procédures pour délais déraisonnables pourrait avoir lieu si on prend le
chiffre de 9 000. Je comprends, là, les nuances apportées par le ministre, mais
vous comprendrez qu'avec ce que je viens de nommer comme problèmes liés au
sous-financement, on est à risque à plusieurs niveaux. Le juge en chef de la
Cour supérieure est très inquiet alors même que le ministre se voit dans
l'obligation de faire des sorties publiques, que je veux mentionner. J'en ai
plusieurs, je pourrais... je n'aurai pas le temps, mais notamment, en octobre
2021, au palais de justice de Montréal, des greffières quittent les bureaux
pour des emplois plus payants, présentement 20 % des juges n'ont pas
d'adjointe et des huissiers-audienciers doivent régulièrement couvrir deux
salles d'audience en même temps. Donc, la réaction du ministère, c'était que,
malgré le manque de main-d'oeuvre, le ministère de la Justice assurait qu'il
n'y a aucun problème et qu'il se dit proactif pour pouvoir... pour pourvoir des
postes en usant de «différentes stratégies innovantes d'embauche et de
recrutement». Ça, c'est entre guillemets, c'est vraiment ce qui a été dit.
Donc, il y a eu plusieurs sorties en lien
avec le manque de ressources. La plus récente que j'ai trouvée, 24 mai 2022,
c'est une autre sortie du juge en chef de la Cour supérieure, au niveau de la
pénurie de main-d'œuvre, qualifiant de «catastrophe» la pénurie de main-d'œuvre :
«On vit une crise, on vit une catastrophe.» Donc, ça se poursuit. En juin 2022,
un détenu incapable d'obtenir une demande de remise en liberté dans les délais
et donc dépose une requête extraordinaire. Septembre 2022, un juge déplore le
manque d'action du gouvernement et le mutisme de la classe politique sur la
crise, en contexte de campagne électorale. Novembre 2022, le nombre de demandes
d'évaluations psychiatriques de criminels a tellement augmenté que les experts
ne suffisent plus à la tâche par manque de ressources allouées par le
gouvernement. Décembre 2022, un violent criminel n'a plus à se soucier d'être
déclaré délinquant dangereux en raison des délais déraisonnables pour lui faire
subir une évaluation psychiatrique. Donc, je donne ces exemples-là pour montrer
qu'il y a l'arrêt Jordan, mais il y a tout ce qui fait fonctionner un système
de justice, et, lorsqu'il n'y a pas de ressources, évidemment, ça pose
problème.
Donc, j'ai des questions pointues pour essayer
de comprendre l'état des lieux puis ce qu'on va faire. Combien il y a de postes
de greffiers-audienciers qui sont actuellement vacants, M. le ministre?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, en fait, j'ai déjà donné la réponse plus tôt, mais ça va me faire plaisir
de vous la redonner tout à l'heure. Mais juste un point relativement aux
ressources, là. En 2017, là, au mois d'avril 2017, le ministère de la Justice
comptait 3 505 employés, puis, en date du... en mars 2023, donc le mois
dernier, on comptait 4 315 employés. Donc, on est en hausse constante depuis
les dernières années par rapport au nombre de ressources. Ensuite, le budget,
cette année, a augmenté de 5,8 %, le budget du ministère de la Justice,
donc ce qui est un des plus hauts pourcentages d'augmentation de l'ensemble des
ministères ici. Et, au cours des quatre dernières années, plus du quart du
budget du ministère de la Justice, donc presque 26 %, le budget du
ministère de la Justice. Donc, le ministère de la Justice a sa part du lion en termes
d'augmentation de... du budget du ministère de la Justice. Au DPCP également,
on n'a jamais eu autant de procureurs aux poursuites criminelles et pénales
depuis que le gouvernement est là. Donc, on investit dans le système de
justice.
L'autre point, pour votre intervention,
relativement à la Cour supérieure, 99 % des dossiers à peu près en
matières criminelles et pénales se retrouvent en Cour du Québec et non pas en
Cour supérieure. Ça, c'est le premier élément.
Pour la question des greffiers. Est-ce que
nous avons un défi de rétention et d'attraction? La réponse, c'est oui.
M. St-Pierre Plamondon : M.
le Président, je suis obligé, vu mon temps limité, de vraiment poser la
question : Combien de postes vacants chez les greffiers? C'est ça, ma
question.
M. Jolin-Barrette : Alors,
pour la région métropolitaine, qui comprend Montréal, Lanaudière, Laval,
Longueuil, Laurentides, Montérégie-Ouest, c'est 100 postes qui sont
disponibles, et Capitale-Nationale et les régions, donc, qui comprend
Chaudière-Appalaches, Bas-Saint-Laurent, Gaspésie, les Îles, Côte-Nord,
Outaouais, Montérégie-Est, Saguenay-Lac-Saint-Jean, Mauricie-Bois-Francs,
Abitibi, Nord du Québec, Centre Québec, Estrie, c'est... c'est 113. Donc, pour
un total de 213...
M. Jolin-Barrette : ...mais ce
n'est pas uniquement des postes de greffiers, là, c'est des postes à pourvoir.
M. St-Pierre Plamondon : Donc,
s'il y a 213 postes à pourvoir, ma question, combien de postes sont
ouverts? Combien de concours sont actuellement ouverts pour pourvoir ces
postes?
M. Jolin-Barrette : On est en
recrutement continu. Donc, cette année, dans les palais de justice québécois,
là, on a embauché 1 242 personnes, donc au total, au MJQ, 1 708,
puis, au... bien, dans les palais, 1 242. Donc là...
M. St-Pierre Plamondon : Mais
ce que je comprends, M. le Président, juste... je comprends qu'on n'a pas de
données sur le nombre de postes ouverts quant aux 213 postes de greffier à
pourvoir. Est-ce que c'est le cas, oui ou non?
M. Jolin-Barrette : En fait,
tous les postes vacants sont ouverts.
M. St-Pierre Plamondon : Il y
a un concours, il y a un poste affiché pour chacun d'entre eux?
M. Jolin-Barrette : Tout est
ouvert.
M. St-Pierre Plamondon : Quelle
est la stratégie...
M. Jolin-Barrette : Si vous
voulez soumettre votre candidature, on est prêts à vous prendre.
M. St-Pierre Plamondon : Merci.
J'aurai la même pensée pour vous.
M. Jolin-Barrette : Bien,
peut-être qu'on va se retrouver là tous les deux. On serait des acteurs
intéressés au système de justice.
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
ce qui me fait demander, M. le Président, quelle est la...
Le Président (M.
Bachand) :...secondes, M. le député.
M. St-Pierre Plamondon : Combien
de temps?
Le Président (M.
Bachand) :45 secondes.
M. St-Pierre Plamondon : Quelle
est la stratégie que vous allez mettre en place pour pourvoir ces postes-là,
sachant que, là, on est à 200 quelques postes puis il ne se passe pas
grand-chose?
M. Jolin-Barrette : Bien, il
y a beaucoup de travail qui a déjà été fait , relativement aux campagnes de
recrutement. Puis, écoutez, embaucher 1 200 personnes dans une année,
moi, je trouve que le ministère de la Justice a fait une pas mal bonne job,
parce que, dès que vous embauchez quelqu'un, il faut également le former. Donc,
ça demande énormément d'efforts de la part des équipes, puis on réussit à
intégrer puis à faire fonctionner le système de justice. Puis on a des méthodes
alternatives aussi. Lorsque, supposons, vous faisiez référence à des salles de
cours qui n'avaient pas ouvertes, bien, désormais, on a une équipe de greffiers
à distance, que, si jamais il y a greffier qui est malade le matin puis que...
ou qu'il est malade ou qu'il ne peut pas se présenter au travail, bien, on peut
basculer dans une autre région, ce n'est pas l'idéal, mais de façon virtuelle,
ça fait que pour éviter qu'une salle n'ouvre, ou ce qu'on se retrouve, c'est
que lorsqu'une salle ferme, bien, on va chercher le greffier dans l'autre
salle.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
l'Acadie, s'il vous plaît.
M. Morin : ...M. le
Président. Alors, rapidement, M. le ministre, est-ce que, présentement, au
Nunavik, toutes les communautés sont branchées avec la visioconférence?
M. Jolin-Barrette : On
m'indique que non. Je peux vous dire lesquelles ne sont pas branchées.
M. Morin : Bien, en fait, donnez-moi
le nombre. Est-ce que vous le savez? Puis pourquoi ne sont-elles pas branchées?
M. Jolin-Barrette : Ça ne
sera pas bien long.
M. Morin : Alors, pendant que
les collègues cherchent...
Le Président (M.
Bachand) :Oui, allez-y, M. le député de
l'Acadie.
M. Morin : J'aimerais savoir
également : Pour les avocats, les procureurs qui vont avec la cour
itinérante au Nunavik, est-ce que vous avez des programmes de formation
spéciale sur le mode de vie des Inuits?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors, au
Directeur des poursuites criminelles et pénales, il y a de la formation sur la
culture inuite et également sur la conception du système de justice québécois
pour... pour la nation inuite. Donc, les procureurs, avant d'aller dans le
Nord, ont cette formation-là.
M.
Morin :Merci. Et à... et à l'aide juridique?
M. Jolin-Barrette : Est-ce
que vous me permettez de céder la parole à Me Lafrance?
M. Morin : Non, je
préférerais vous entendre, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Me
Lafrance, est-ce qu'il y a de la formation?
Une voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :...directement au ministre.
Désolé.
M. Jolin-Barrette : Alors, le
président de la commission des services juridiques m'informe qu'il y a de la
formation pour les avocats de l'aide juridique qui vont dans le Nord.
• (17 h 50) •
M.
Morin :Parfait. Merci. Avant, quand j'ai terminé l'autre...
l'autre bloc, on parlait de postes d'employés inuits qui étaient contractuels,
à Kuujjuaq. Quand ces postes-là vont-ils devenir permanents pour la rétention
des populations locales au sein du système de justice, ce qui aiderait
grandement le ministère?
M. Jolin-Barrette : Oui. De
ce que je comprends, c'est qu'on souhaite permanentiser, toutes les ressources
que nous avons par voie contractuelle de les rendre permanents. Par contre, les
règles de dotation font en sorte que, souvent, il y a un minimum requis pour
être permanent. Donc, il y a des examens, je crois, de la fonction publique à
remplir. Et donc on accompagne les employés dans leurs démarches de succès vers
l'examen de la fonction publique. Cependant, ça arrive parfois que les employés
ne réussissent pas l'examen de la fonction publique. Donc, on ne peut pas les
embaucher permanents à cause qu'ils n'atteignent pas... qu'ils ne passent pas
l'examen. Ça fait que c'est pour ça qu'ils sont contractuels. Et cette
situation-là n'est pas le cas uniquement du Nord, supposons, là, parce que, là,
je ne vous donne pas en cas d'exemples le Nord, mais, ce que je veux dire, dans
le Sud, ça se passe également. Dans nos palais de justice, ça arrive, des fois,
qu'on ait des employés contractuels qui...
M. Jolin-Barrette : ...ne
réussissent pas à être permanents en raison des règles de dotation, qui ne
réussissent pas à passer l'examen, mais leur contrat est renouvelé. Puis...
M. Morin : Des Chèques?
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Je n'ai
pas cette information-là.
M. Morin : Alors, vous
pourrez nous la fournir, éventuellement?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Puis, dans le fond, l'employée que nous avons dans le Nord, elle a un double
contrat, soit un contrat d'interprète et d'agent de bureau. Donc, c'était
son... on m'indique que c'est son choix, de travailler à honoraire à titre
d'interprète plutôt que d'avoir un contrat permanent en tant qu'agent de
bureau.
L'autre point également, tantôt vous
m'avez demandé combien de communautés n'ont pas accès à Internet sur les 14,
ces cinq communautés.
M.
Morin :Parfait. Je vous remercie. Est-ce que vous avez
également des postes de parajuristes et d'interprètes, qui sont capables de...
d'utiliser les langues des Premières Nations pour éviter qu'il y ait des
reports, pour encadrer les victimes, pour que le système fonctionne plus
efficacement?
M. Jolin-Barrette : Bien
là...
M. Morin : Combien?
M. Jolin-Barrette : Dans Le
Nord, on en a 14, interprètes, je pense, en langue inuit?
Des voix : ...
M. Jolin-Barrette : Mais je
pense que c'est... Sous réserve, M. le Président, je pense, c'est 14.
M. Morin : Parfait.
M. Jolin-Barrette : Puis,
pour la question de l'internet, là, dans le fond, on m'indique, là, que c'est
une question de fibre optique. Donc, la fibre optique, éventuellement, va se
rendre dans le Nord. Donc, on est au travail, également, pour faire en sorte
d'utiliser Starlink. Donc, c'est ça, à partir du moment où les communautés vont
être branchées, on va pouvoir utiliser la visioconférence, ce qui va nous
aider, ça fait que... L'Internet satellitaire. Donc, il y a des contrats du
gouvernement du Québec qui ont été donnés, avec Starling, ça fait qu'on travaille
avec eux pour le Nord, en attendant que la fibre optique arrive également dans
les différentes communautés.
Je voulais vous dire aussi... Oui, le
nombre d'interprètes autochtones sous contrat, donc, pour les Inuits, c'est 14,
les Cris, c'est 10, les Innus, 10, Naskapis, un, communauté algonquine, un,
Algonquins et Cris, un, Attikamek, trois, Micmacs, un.
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de L'Acadie, oui,
on continue.
M. Morin : Maintenant,
pour... j'aurais des questions pour le volet Numérisation de la justice, M. le
Président.
M. Jolin-Barrette : Juste une
précision.
Le Président (M.
Bachand) :Oui. Allez-y, M. le ministre,
oui.
M. Jolin-Barrette : Donc,
dans ceux que je vous ai nommés, c'est le nombre d'interprètes autochtones sous
contrat. Puis il y a une autre catégorie, c'est non-Interprètes sous contrat
qualifiés, donc, qui ont passé également un examen. Donc là, on en rajoute 10
pour les Inuits, les Algonquins et les Cris, un supplémentaire, puis les Innus,
deux. Ça veut dire, pour le Nord, on en a 24 au total.
M.
Morin :Merci. Donc, si on regarde maintenant la numérisation de
la justice. Le... votre ministère a investi beaucoup dans le programme Lexius,
donc vous êtes rendus à quelle phase de mise en œuvre?
M. Jolin-Barrette : Bien là,
je suis heureux que vous me posiez la question parce qu'hier, qui était lundi,
on a livré la procédure, la... Le volet de procédures non contentieuses, et ça
fonctionne avec succès. Alors, je tiens à remercier les équipes. On est rendus
à la phase deux. Donc, ça signifie que les procédures non contentieuses peuvent
être déposées désormais en ligne. Donc, c'est ça.
Puis, dans le fond, parallèlement à ça, le
DPCP travaille sur l'informatisation, lui aussi, avec... Et au niveau de l'aide
juridique aussi, il y a... Je ne me souviens plus comment s'appelle...
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : image.
Donc, l'ensemble des acteurs sont mobilisés pour le service d'informatisation,
de numérisation du système de justice.
M. Morin : Puis est-ce que
vous êtes en retard avec votre plan stratégique ou si les délais et les
échéanciers sont respectés?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, en 2018, quand madame Vallée avait été chercher le... parce que tantôt,
vous avez dit : le... Ah, je pense, c'est le député Camille-Laurin, il a
dit 500 millions, dans le 500 millions, ça ne comprenait pas
uniquement de l'argent pour l'informatisation, là, je pense que c'était une
centaine de millions qui était dans le plan de transformation. Et, au départ,
c'étaient cinq ans, mais par contre, c'est davantage sur 2025. Donc, il y a
deux ans qui ont été rajoutés pour être en mesure de faire les livrables.
Mais, tu sais, Exemple, là, dans
transformation de la justice, là, ce qui a été livré, là, il y a eu le
déploiement des audiences en salle virtuelle et semi-virtuelle. Parce que, ça,
c'est important de le dire, là, on est en 2023, mais avant...
M. Jolin-Barrette : ...2020,
là, il n'était pas question de faire des audiences virtuelles, là, ou très peu,
très, très peu. Là, la pandémie, je vous dirais qu'il y a eu beaucoup de points
négatifs à la pandémie, mais pour le système de justice, ça a eu ça de bon, où
est-ce que ça a donné un bon élan au système de justice pour le moderniser.
Donc, ensuite, il y a eu l'instauration du greffe numérique à la cour d'appel,
la mise en place du greffe numérique judiciaire du Québec par la Cour du Québec
et la Cour supérieure, la mise en place de la signature et de la transmission
électronique des jugements, la mise en place des séances d'information sur la
parentalité après la rupture à distance, le déploiement des comparutions de fin
de semaine et les jours fériés. Paiement du cautionnement pour les comparutions
tenues les fins de semaine et les jours fériés par virement Interac, carte de
crédit ou argent comptant... de l'argent comptant... mise en ligne...
M.
Morin :Oui, parfait. Donc, vous êtes... Vous suivez vos
échéanciers ou vous êtes en retard? C'était ça, ma question.
M. Jolin-Barrette : Bien, je
vous dirais qu'on va être... On va être fermes sur 2025, donc on devrait tout
livrer pour 2025.
M. Morin : Donc vous visez
2025.
M. Jolin-Barrette : En
matière de justice criminelle.
M. Morin : Parfait.
Maintenant, quand vous avez fait référence au travail... au DPCP, il y a un
projet à un moment donné qui soulignait que les forces policières pourraient
transmettre leurs dossiers d'une façon numérique aux procureurs qui, par la
suite, pourraient envoyer par exemple une dénonciation au greffe pour qu'elle
soit éventuellement assermentée. Tout ça étant fait d'une façon numérique. Vous
être rendus avec ce projet-là, est-ce que ça fonctionne?
M. Jolin-Barrette : Alors,
pour le projet... ça, c'est le projet geste, dans le fond, que les policiers
vont pouvoir envoyer leurs informations directement, donc un dossier
entièrement numérisé. Donc là, on m'indique... voulez-vous que Me Michel réponde
ou je réponds?
M. Morin : Oui, oui, je vous
écoute.
M. Jolin-Barrette : O.K..
Donc, les deux projets d'affaires sont réalisés. On est rendus au troisième
projet d'affaires, donc, et il reste à déployer le programme au sein des corps
policiers progressivement. Vous allez commencer par quel corps de police?
Une voix : Gatineau.
M. Jolin-Barrette : Donc, on
va commencer par Gatineau, puis ensuite?
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Ah! O.K.
on a... O.K., alors Gatineau, c'est déjà comme ça. C'est déjà en vigueur. Donc,
les policiers, quand ils mettent en état d'arrestation un individu, ils
transmettent au Directeur des poursuites criminelles et pénales, la preuve?
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Ah! C'est
un projet pilote, alors pas tous les dossiers. Alors on commence par Gatineau,
puis là, dans le fond, le procureur dans le cadre du projet pilote, exemple les
types d'infraction qui sont transmis?
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : O.K..
Alors, demande d'intenter, les dossiers sont faits numériquement. Divulgation
de la preuve également. Est-ce que c'est pour tous les chefs?
Une voix : ...
M. Morin : Donc, je comprends
que...
M. Jolin-Barrette : Donc,
exemple, les dossiers vol, recel. On débute également les dossiers d'agressions
sexuelles également. Donc vous comprenez qu'un des objectifs, c'est que tout
aille plus rapidement. Ça simplifie le travail des policiers, ça simplifie le
travail des procureurs. On évite d'avoir les chariots. Tout est numérique,
alors c'est important.
M. Morin : Puis comment ça...
quelles sont les mesures en place pour vous assurer de la sécurité de
l'information qui est envoyée sur une base numérique?
M. Jolin-Barrette : Excusez-moi.
Qu'est-ce qui est transféré sur la base numérique?
M. Morin : Quelles sont les
mesures en place pour protéger? C'est de l'information hautement
confidentielle. Donc, qu'est-ce qui est mis en place pour assurer que le
système va fonctionner, ça va être tout à fait protégé puis qu'il n'y aura pas
de renseignements personnels qui vont être, par exemple, divulgués d'une façon
non conforme à la loi?
• (18 heures) •
M. Jolin-Barrette : Donc, ça
part du corps de police, puis ça s'en va directement dans une boîte au DPCP,
j'imagine?
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : C'est sur
un site sécurisé au MJQ?
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Donc, ça
prend un code?
(Consultation)
M. Jolin-Barrette : Donc on m'indique
du côté du Directeur des poursuites criminelles et pénales que les plus hauts
standards de sécurité sont respectés, notamment la cote ZIP, ZIP 444. Alors je
ne suis pas un expert de tout ça. Alors bien entendu, le policier et le
procureur qui accèdent au dossier ont des codes d'accès sécurisés pour pouvoir
obtenir les informations en lien avec le dossier où il y a une demande
d'intenter et/ou...
18 h (version non révisée)
M. Jolin-Barrette : ...la
preuve est transmise. Donc, il y a un cadre de gouvernance interne qui a été
établi afin notamment de respecter les plus hauts standards sur l'intégrité de
l'information puis, bien entendu, pour ne pas que ça puisse être divulgué puis
pour ne pas que ça puisse être attaqué en terme informatique au même titre que
les dossiers auparavant, lorsqu'ils étaient papier, bien, ils n'étaient pas
laissés sur le coin du bureau.
M. Morin : Quelles sont les
mesures en place pour s'assurer d'une divulgation complète à la défense, par la
suite?
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : O.K.
Alors, c'est une application sécurisée auquel la défense a accès en fonction du
numéro de dossier puis avec un code particulier pour l'avocat. Donc, l'avocat
de la défense qui représente l'accusé a un code et peut aller consulter la
preuve. C'est une sorte de portail?
(Consultation)
M. Jolin-Barrette : O.K. C'est
ça, c'est un portail. Puis, dans le fond, l'avocat de la défense la reçoit
directement, donc se connecter pour pouvoir consulter la preuve sur cet
outil... c'est une passerelle sécurisée qui existe pour transmettre la preuve.
M. Morin : Parfait.
Particulièrement à Montréal, mais dans d'autres districts au Québec, depuis
très longtemps, les avocats de la défense et... demandaient d'avoir accès
automatiquement directement aux enregistrements judiciaires dans les palais de
justice. Quand les avocats ont à préparer des requêtes Jordan ou d'autres types
de requêtes, plutôt que de demander une transcription, bien, tout comme les
juges dans leurs bureaux... pour avoir accès, ça a toujours été refusé. Est-ce
que vous avez un projet pour rendre accessibles ces différents
enregistrements-là pour sauver du temps, être plus efficace, sauver de l'argent?
M. Jolin-Barrette : Vous,
vous parlez, là, du repiquage, supposons? Au lieu de passer par le repiquage...
M.
Morin :Oui, exactement. Donc, il y a... il y a un
enregistrement qui est fait, il y a des participants du service judiciaire, ou
de la Justice, ou même des juges qui y ont accès directement, mais les avocats
de la défense puis les procureurs en dehors du système n'ont pas accès à ça.
Pourtant, il y a une intégrité dans le système. Pourquoi on ne leur donne pas
accès? Ça serait... permettrait d'être plus efficace.
M. Jolin-Barrette : Donc, à
terme, oui, mais pas pour deux... pas... pas d'ici 2025. Dans le fond, on se
concentre sur les différentes plateformes, le fait d'avoir le dossier criminel
numérique. Donc, l'enjeu, c'est pour des raisons de sécurité. Actuellement, le
système qu'on a en place ne permettrait pas de se connecter de l'externe pour
les enregistrements.
M. Morin : Puis, à terme, c'est
quand?
M. Jolin-Barrette : Bien là,
notre plan, dans un premier temps, c'est de livrer la numérisation, on n'a pas
d'échéancier précis pour ça.
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Oui, pas
à cette étape-ci. Donc, ce n'est pas la priorité, mais...
M. Morin : Ce serait, par
ailleurs, très efficace pour les intervenants dans le système de justice,
cependant.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
on peut, par contre, envoyer numériquement les enregistrements audio.
M. Morin : Oui, sauf que ça,
ça prend du temps et c'est ça le problème.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Mais, dans le fond, d'ici 2023, là, il y a l'implantation du dossier judiciaire
numérique en matière non contentieuse et modernisation du processus, donc au
complet, ça, ça a été fait lundi. Ensuite, il y a l'architecture des services
en technologies de l'information commun complétée ainsi que l'architecture des
volets criminels, pénal, et gestion des assignations, le calendrier, la
finalisation des processus d'affaires de la Cour d'appel du Québec, la mise en
place d'un projet pilote de transcription assistée des audiences, donc l'enregistrement
audio, la mise en place d'un rappel par texto pour les rendez-vous pris par le
service du centre administratif et judiciaire, la modernisation du processus de
demande et de délivrance des télémandats, la mise en place d'un projet pilote
sur l'utilisation d'un outil afin de faciliter le travail de... du juge à l'audience,
la modernisation du processus de comparution les jours de semaine. Donc, ça, ça
va être le début de déploiement.
M. Morin : ...Président.
Maintenant, il y a également un rapport très important qui s'appelle Rebâtir la
confiance. Alors, j'aurais quelques questions pour ça. Combien vous avez
présentement de tribunaux spécialisés? Est-ce qu'ils sont... est-ce que les
projets pilotes sont évalués? Quelles sont les premières conclusions que vous
pouvez nous livrer?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, en fait, là, actuellement, on a 10 projets pilotes, donc, qui sont
en lancement. L'analyse est faite en continu, donc on a... on travaille en
collaboration avec... c'est l'Université McGill?
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : C'est l'Université
du Québec en Outaouais puis avec l'UQAM, donc, pour faire... On a signé une entente
de service avec l'équipe de recherche l'Université du Québec en Outaouais, en
collaboration avec l'Université du Québec à Montréal, donc les chercheuses et
professeures, Mme Céline Lalande du Département de travail social de l'Université
du Québec en Outaouais, et Mme Dominique Bernier, du Département de
sciences juridiques de l'Université du Québec à Montréal, sont désignées comme
directrices du projet d'évaluation. Donc, le...
M. Jolin-Barrette : ...l'évaluation
du tribunal spécialisé en matière violence sexuelle et de violence conjugale
vise à rendre compte de l'implantation du projet pilote de tribunal spécialisé,
la mise en œuvre du tribunal spécialisé, l'atteinte des objectifs du tribunal
spécialisé selon différents volets, notamment formation, divisions
spécialisées, aménagement des espaces et accompagnement. Donc...
M. Morin : Justement,
parlant de formations, est-ce vous pouvez nous en parler davantage? Quelle est
la formation qui est mise en place et comment vous vous assurez que les
intervenants vont être formés adéquatement?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, dans le fond, il y a beaucoup de formations qui ont été données depuis la
mise en place de la loi. Là, ce qu'il faut comprendre sur le tribunal
spécialisé, c'est que ce n'est pas uniquement la division spécialisée à la
cour, mais le tribunal spécialisé, comment nous l'avons construit, c'est que...
Le Président
(M. Bachand) :...M. le député de
Saint-Henri-Sainte-Anne, s'il vous plaît.
M. Cliche-Rivard : Merci,
M. le Président. Je vais poser des questions. Je vais poser une question à la
commission. On a des gens avec nous puis on va les utiliser à bon escient. En
octobre 2022, le juge Yergeau de la Cour supérieure a déclaré inopérant l'article 636
du Code de la sécurité routière, estimant qu'il contribuait au phénomène du
profilage racial. La Commission avait alors salué cette décision conforme à ses
orientations et ses recommandations. Depuis, le gouvernement a porté la
décision en appel et a déposé le projet de loi no 14. Quelle est
aujourd'hui la position de la commission quant à ces derniers développements?
Et sur quelles bases juridiques s'appuie-t-elle?
Le Président
(M. Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors,
M. le Président, suite à la décision du juge Yergeau, le gouvernement du Québec
a décidé de porter en appel le jugement. L'article 636 du Code de sécurité
routière, c'est un article qui est important, notamment dans l'application du
travail policier. Alors, il faut comprendre que les policiers, dans le cadre de
leur travail, doivent pouvoir assurer la sécurité routière notamment. Et mes
collègues, notamment à la Sécurité publique et à la lutte contre le racisme,
ont été très clairs. Il ne faut pas que cet article-là soit utilisé pour faire
quelconque profilage. Et c'est très, très clair.
M. Cliche-Rivard : On
peut avoir la commission... la réponse de la commission?
M. Jolin-Barrette : Ah
bien, avec plaisir. Me Tessier.
M. Cliche-Rivard : Qui
avez quand même salué la décision Yergeau.
Le Président
(M. Bachand) :...Alors, je vous
inviterais à vous présenter, s'il vous plaît.
M. Tessier (Philippe-André) :
Alors, Philippe-André Tessier. Je suis président de la Commission des
droits de la personne et des droits de la jeunesse.
Le Président
(M. Bachand) :Plus près du micro.
M. Tessier (Philippe-André) :
Oui, effectivement. Donc, simplement pour souligner que la Commission,
suite à... lorsque le jugement du juge Yergeau a été rendu, a salué ce
jugement-là en ayant, à nombreuses reprises, recommandé l'interdiction des
interpellations policières, aussi appelées contrôles de routine. Puis cette
décision là, effectivement, a été portée en appel devant la Cour d'appel, et la
commission a demandé à intervenir pour faire valoir les éléments de droit
qu'elle soutient dans ses nombreux mémoires et positions des 20 dernières
années sur ce sujet.
M. Cliche-Rivard : Donc,
la Commission n'aurait pas... Bien, ce n'est pas son rôle, là, mais elle était
d'accord avec la décision Yergeau.
M. Tessier (Philippe-André) :
La commission, soutient la... Elle demande une intervention en appel au
soutien, là, de la demande pour, donc, invalider l'article 636, ainsi
qu'interdire les interpellations policières, aussi appelées contrôles de
routine, ce qui est la position que la Commission a aussi exprimée lors des
consultations particulières sur le projet de loi no 14.
M. Cliche-Rivard : Donc,
la Commission ne se range pas du côté du procureur général.
M. Tessier (Philippe-André) :
Effectivement, oui, M. le Président, effectivement.
M. Jolin-Barrette : Alors,
M. le Président, ça démontre toute l'indépendance de la Commission des droits
de la personne. Mais cela étant dit, mon collègue le ministre de la Sécurité
publique a déposé le projet de loi no 14 pour prévoir des lignes
directrices, notamment pour les différents corps de police. Alors, nous sommes
d'avis comme gouvernement qu'il est nécessaire, entre autres, d'appuyer le
travail policier et de donner des outils aux policiers pour assurer la sécurité
routière et la sécurité de la population, tout en disant du même coup que
l'article ne doit pas être utilisé pour faire du profilage.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député, s'il vous plaît.
• (18 h 10) •
M. Cliche-Rivard : Question
également pour le DPCP. J'aimerais savoir, et si M. le ministre permet, on
permettra au directeur de répondre, son appréciation de ses troupes actuelles.
Et ainsi, que ferait-il de 20 ou 30 ressources additionnelles?
Le Président
(M. Bachand) :Merci. Est-ce qu'il y
aurait consentement, bien sûr? Consentement...
M. Jolin-Barrette : Juste
un point avant, M. le Président.
Le Président
(M. Bachand) :Pardon?
M. Jolin-Barrette : Juste
un point avant.
Le Président
(M. Bachand) :Oui.
M. Jolin-Barrette : Oui,
avant de céder la parole au directeur. C'est important de souligner que dans
l'organisation du Directeur des poursuites criminelles et pénales, il n'y a
jamais eu autant de ressources en termes de nombre de procureurs aux poursuites
criminelles et pénales. Si vous retournez il y a de cela environ 10 ans,
c'était la moitié moins environ de ressources. Alors, je pense qu'avec le
tribunal spécialisé, avec la lutte contre les armes à feu, la poursuite
verticale qu'on met en place, on donne énormément de ressources au Directeur
des poursuites criminelles et pénales...
M. Jolin-Barrette : ...je
laisse la parole à Me Michel.
Le Président (M.
Bachand) :Allez-y, maître.
M. Michel (Patrick) : Merci,
M. le Président. Merci de votre question, M. le député. Bien, le ministre m'a
volé un peu ma réponse, je m'en excuse, mais c'est essentiellement ce que
j'allais dire. C'est certain que, écoutez...
Le Président (M.
Bachand) :Excusez-moi, peut-être juste
vous présenter officiellement pour les fins de la transcription.
M. Michel (Patrick) : Oh oui!
Excusez-moi. Patrick Michel, Directeur des poursuites criminelles et pénales.
Alors, c'est certain, bon, comme m. le ministre l'a souligné, on a obtenu un
accroissement assez important, voire phénoménal de nos effectifs au cours des
trois derniers exercices financiers. C'est 142 postes de procureurs additionnels.
On est maintenant à 869 effectifs autorisés. Ça inclut nos postes de
gestionnaires, mais 786 postes de procureurs autorisés. Si on se reporte à
notre création en 2017, on était moins de 400 procureurs au DPCP, donc on
peut dire que nos effectifs ont doublé. Ce que j'allais dire, bien, évidemment,
avec 20, 30, 40 procureurs de plus, là, on ferait toujours mieux avec
plus, mais je peux vous dire qu'on est en mesure de livrer notre mission avec
les effectifs que nous avons. C'est ma conception des choses.
M. Cliche-Rivard : Donc, vous
êtes satisfait de vos ressources actuelles?
M. Michel (Patrick) : Je suis
satisfait de nos ressources actuelles. J'en prendrais plus si on veut m'en
donner plus, mais je suis en mesure de livrer notre mission, de répondre à nos
objectifs avec nos effectifs actuels.
M. Cliche-Rivard : Et on ne
veut pas vous en donner plus? Je pose la question. Est-ce qu'il y a une demande
qui a été formulée pour en avoir davantage?
M. Jolin-Barrette : M. le
Président...
Le Président (M.
Bachand) :M. le Ministre.
M. Jolin-Barrette : ...juste
dans le budget de cette année, là, mon collègue des Finances, là, a investi
20,5 millions de dollars pour faciliter le parcours judiciaire des
victimes, notamment par la poursuite du financement des procureurs qui oeuvrent
en matière de violences sexuelles et conjugales. 10 millions de
dollars pour bonifier les services offerts par les maisons d'hébergement pour
les femmes également. Alors, ce sont des engagements financiers significatifs
pour lutter contre les violences sexuelles et conjugales.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député, s'il vous plaît?
M. Cliche-Rivard : Oui,
l'équivalent du DPCP au fédéral a demandé de ne plus poursuivre, sauf exception,
pour possession simple en matière de drogue. Est-ce que le DPCP pourrait en
faire de même ici au Québec?
M. Jolin-Barrette : Alors, M.
le Président...
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, oui.
M. Jolin-Barrette : ...vous
savez, le gouvernement fédéral a adopté la loi C-5. Notamment dans le
cadre de cette loi-là, et vous l'aurez constaté, on permet... puis je fais un
aparté puis je reviens à votre question, on me permet maintenant
l'emprisonnement avec sursis pour des infractions de nature sexuelle. Ça n'a
aucun sens. J'ai fait de fortes représentations à mon collègue, le ministre
Lametti. D'ailleurs, je lui ai envoyé une lettre le 9 février dernier et
pour dénoncer, et vous me permettrez de me citer, là : «En raison de
l'élargissement des infractions donnant ouverture aux peines d'emprisonnement
dans la collectivité, un homme reconnu coupable d'une violente agression
sexuelle a, la semaine dernière, évité la prison ferme et a été condamné à
20 mois de prison à domicile. Une telle décision n'était plus possible en
cas d'agression sexuelle depuis 2007. Ces modifications législatives
constituent à notre avis un recul important en matière de lutte contre les
violences sexuelles et vont à l'encontre des efforts déployés par tous les
intervenants du système de justice pour éviter...
Le Président (M.
Bachand) :Merci, M. le ministre.
Rapidement, en terminant.
M. Jolin-Barrette : ...que
les personnes victimes hésitent à dénoncer, à porter plainte». Juste vous dire
dans ce cas là, c'était une dame qui s'était fait sodomiser, O.K., de force, et
le tribunal a condamné à 20 mois de prison en raison de la modification du
Parti libéral du Canada de la loi. C'est complètement inacceptable. Puis ce
qu'il a dit, le ministre Lametti, c'est de dire : Bien, faisons vivre la
loi, attendons de voir les conséquences parce qu'on veut lutter contre la
surreprésentation. La surreprésentation n'a rien à voir avec les cas
d'agressions sexuelles.
Le Président (M. Bachand) :M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Bien, je
vous posais la question puis je posais la question au DPCP, en matière de
directives pour la non-poursuite de possession simple, je conviens avec vous
que la situation est terrible. Mais la question n'était pas celle-là.
M. Jolin-Barrette : Alors,
dans le cadre du projet de loi C-5, la loi a été changée, donc le Code
criminel a été changé et qu'il demande aux poursuivants de modifier les
directives. Et j'ai publié une orientation en tant que mesure du ministre de la
Justice à la Gazette officielle du Québec du 24 avril 2023, donc
c'est-à-dire hier, qui donne des orientations au Directeur des poursuites
criminelles et pénales, où on indique... c'est à la page 13.03 A, où on
indique, vu le premier alinéa de l'article 22 de la loi sur le Directeur
des poursuites criminelles et pénales qui prévoit que les orientations que le
ministre de la Justice élabore et les mesures qu'il prend concernant la
conduite générale des affaires en matière criminelle et pénale. Il mise
notamment à assurer la prise en compte des intérêts légitimes des personnes
victimes d'infractions criminelles, le respect et la protection des témoins et
la présence de la répartition des procureurs aux poursuites criminelles et
pénales sur l'ensemble du territoire, le traitement de certaines catégories
d'affaires ainsi que le traitement non judiciaire de l'affaire ou les recours
des mesures de rechange de la poursuite. Bon, vue, vue, vue.
Donc, on indique que, lors de l'analyse de
l'opportunité d'engager une poursuite, le poursuivant doit évaluer l'ensemble
des circonstances liées à la commission de l'infraction afin d'apprécier la
présence d'un risque pour la sécurité publique, ce qui est...
M. Jolin-Barrette : ...le cas
lorsque celle-ci est perpétrée dans un contexte impliquant le crime organisé,
la possession et l'utilisation d'armes, la présence de personnes mineures ou
d'autres personnes vulnérables, la violence, la sécurité routière, la sécurité
des travailleurs. Dans le cas où le poursuivant décide de ne pas autoriser le
dépôt d'une dénonciation, mais qu'il estime qu'une alternative à la
judiciarisation est appropriée, il doit recourir aux mesures de rechange au
sens de l'article 716 du Code criminel plutôt qu'à l'avertissement ou au
renvoi, y compris dans le cas d'une première infraction.»
Ça signifie que le législateur fédéral
disait : «Vous pouvez donner uniquement un avertissement. Or,
l'orientation du ministre de la Justice au Directeur des poursuites criminelles
et pénales, c'est que vous devez dans ce cas-ci envoyer les gens dans des
programmes de mesures de rechange.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
J'ai des questions plus de type proposition, M. le ministre. On voit
régulièrement dans l'actualité des situations où un... des délinquants semblent
préférer risquer de payer une amende que de se conformer à nos lois ou nos
règlements. Cela tient en partie au fait que nous ne mettons pas toujours sur
le terrain des ressources nécessaires à l'application des lois. Cela semble
cependant également tenir au fait que, trop souvent, les amendes infligées sont
insuffisantes pour jouer leur rôle dissuasif. Quelquefois elles sont tout
simplement trop basses, et d'autres fois elles peuvent être appropriées à la
plupart des situations, mais pas aux individus hors normes. On a l'exemple
d'Amazon, par exemple, qui gagne des millions, des milliards et qui finalement,
s'il ne respecte pas nos procédures ou nos lois, se retrouve à avoir des
amendes dérisoires sur...qui n'ont aucun impact de dissuasion sur leur
comportement.
Alors, que pensez-vous de l'idée
d'instaurer plus largement un principe d'amendes proportionnelles au revenu pour
les personnes morales?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Mais,
exemple, vous faites référence, supposons, à la Loi sur la santé et sécurité au
travail?
M. Cliche-Rivard : Par
exemple.
(Consultation)
M. Jolin-Barrette : Mon
collègue le ministre de la Cybersécurité et du Numérique... Il me semble que
dans le cadre de la Loi sur l'accès à l'information et la protection des
renseignements personnels, oui, le projet de loi n° 64, il y avait des
dispositions pénales associées en fonction du revenu des entreprises. Donc,
c'est quelque chose que le gouvernement du Québec regarde. On a déjà légiféré à
ce volet-là dans le cadre de la précédente législature, donc c'est quelque
chose sur lequel je suis ouvert.
M. Cliche-Rivard : Vous êtes
ouvert. Parfait. Une autre proposition, une autre discussion sur les dommages
punitifs. On voyait récemment... Dans les médias, on en a reparlé récemment
suite à un jugement, là, de... qui accordait des dommages punitifs ou
exemplaires, et on a vu, dans le cas de Jean Charest, 385 000 $, dont
350 000 $ à titre de dommages punitifs. Cela signifie que la cour a estimé
que le dommage réel subi par M. Charest était de 35 000 $ et que, pour punir la
faute et envoyer un message de dissuasion, on rajoutait 350 000 $ en dommages
dit punitifs.
Considérant que les sommes octroyées à
titre de dommages punitifs ou exemplaires ne visent pas à indemniser le
demandeur, qui est déjà indemnisé par l'octroi de dommages et intérêts
compensatoires, mais bien plutôt à envoyer un message pour protéger la société,
on peut se demander pourquoi le demandeur se trouve alors à empocher l'ensemble
de la somme donnée. Considérant ce qui précède, que pense le ministre de l'idée
d'utiliser une partie des sommes octroyées à titre de dommages punitifs
compensatoires à des fins d'utilité collective? Nous pourrions par exemple
légiférer afin que 50 % de ces sommes aillent dans un fonds afin de
favoriser l'accès à la justice.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
(Consultation)
M. Jolin-Barrette : Bien,
d'entrée de jeu, c'est important de mentionner que le ministère de la Justice
n'a eu à verser aucune somme à titre de dommages dans les dossiers où on était
représenté par le PGQ, donc...
M. Cliche-Rivard : Tout à
fait. Mais le gouvernement, oui.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
le ministère de la Justice, non. Là, dans ce cas-ci, on parle de l'UPAC...
• (18 h 20) •
M. Cliche-Rivard : Tout à
fait.
M. Jolin-Barrette : ...donc,
qui est un organisme distinct qui était représenté bien entendu par le PGQ.
Donc, on prévoit déjà que des contributions obligatoires sont fixées, en vertu
de 8.1, donc que ça soit en matière de suramende compensatoire en matière
criminelle et pénale, que ce soit également sur les constats d'infraction, où
le montant... où, lorsque vous êtes condamné à la cour par un montant, il y a
une partie avec les frais, tout ça, qui s'en vont au FAVAC.
Pour ce qui est de votre proposition, là,
on est en matière civile, écoutez, ce n'est pas quelque chose à laquelle j'ai
réfléchi, mais je prends note de votre commentaire puis je vais réfléchir à
tout ça relativement aux dommages punitifs. Mais on est dans le cadre d'une
instance de nature civile, on n'est pas dans le cadre d'une instance de
réparation à l'endroit de la collectivité.
M. Cliche-Rivard : Mais le...
M. Cliche-Rivard : ...dommage
punitif sert quand même de dissuasion en matière de société, quand même, donc
ça envoie un message à la société que ce type d'action n'est pas acceptable.
Donc, il y a un message de dissuasion sociétale, si vous me permettez l'expression.
Donc, on pourrait quand même utiliser une bonne partie de ces sommes à des fins
d'accès à la justice, par exemple. C'est une proposition.
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, j'accueille votre proposition, je vais l'analyser. On est toujours à
la recherche de modes de financement de nos programmes en matière d'accès à la
justice. Ça aurait pu être des taxes sur des automobiles ou ça, alors...
M. Cliche-Rivard : Le
gouvernement a une batterie de juristes qui donnent des avis sur une panoplie
de sujets, ce qui est bien normal, évidemment. Or, il arrive fréquemment que
les ministres argumentent qu'un avis juridique leur permet ou ne leur permet
pas de faire quelque chose, sans toutefois rendre ces avis publics. Or, il
semble que le gouvernement fédéral, quant à lui, ait adopté toute une pratique
différente et publie très souvent ses avis juridiques pour soutenir les
arguments ou pour soutenir leurs analyses juridiques. Pour quelle raison le
gouvernement du Québec refuse de le faire? On parlait de transparence tout à
l'heure, donc je pense que ça en fait partie.
Le Président (M.
Bachand) :...ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors, au
fédéral, c'est un énoncé juridique de la loi, supposons, qui est rendu public.
Ce n'est pas un avis juridique, c'est un énoncé juridique de ce qu'il y a dans
le projet de loi. Donc, ce n'est pas un avis juridique.
M. Cliche-Rivard : Moi, mes
recherches me disent qu'il y a une analyse juridique qui est accessible après
sur l'avis juridique que le ministre soulève. On est capables d'avoir les avis
juridiques du gouvernement sur une question x qui avait été commandée par le
ministère. Donc, la réponse, c'est : Le Québec est-il... La question,
c'est : Le Québec serait-il ouvert à faire ça, à divulguer ses avis
juridiques internes? Et sinon, pourquoi? C'est une question de transparence,
c'est une question de fonds publics. Vous parlez de transparence du Conseil de
la magistrature. Je vous pose la question.
M. Jolin-Barrette : Non, c'est
totalement différent. Lorsqu'on est en matière de conseil juridique, donc, en
ma qualité de jurisconsulte du gouvernement, je conseille les différents
ministères clients, je conseille le gouvernement pour faire en sorte qu'il
prenne... qu'il prenne les meilleures décisions dans l'intérêt des Québécois.
Dans l'éventualité où on commençait à divulguer les avis juridiques de
l'ensemble de l'État et que des compagnies... Prenons un cas en environnement,
O.K..
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Prenons
un cas en environnement, O.K., supposons pour imposer de nouvelles mesures plus
contraignantes sur un sujet donné en matière d'environnement. Est-ce que le
député de Saint-Henri-Sainte-Anne souhaiterait qu'une compagnie qui a des
activités commerciales qui ont un impact sur l'environnement et qui,
manifestement, serait touchée par cette nouvelle réglementation là plus
stricte, en vue d'amener un environnement plus sain pour la communauté...
voudrait que cette compagnie-là se retrouve avec les avis juridiques du
gouvernement...
M. Cliche-Rivard : C'est un
exercice de reddition de comptes envers des questions qu'on vous pose.
M. Jolin-Barrette : ...parce
qu'elle contesterait le règlement ou la loi adoptée par le gouvernement? Je ne
crois pas que ça serait son objectif, mais sa proposition nous amène à ça.
Alors...
M. Cliche-Rivard : Bien, je
vous pose une question, vous dites : Non, on n'a pas l'intention de les
divulguer. C'est ça, la réponse?
M. Jolin-Barrette : La réponse,
c'est non.
M. Cliche-Rivard : Voilà.
M. Jolin-Barrette : Mais je
mets un peu de contexte autour de ça pour bien expliquer...
M. Cliche-Rivard : Bien, oui,
mais on n'a pas beaucoup de temps, il me reste une minute, M. le Président.
M. Jolin-Barrette : ...pour
m'assurer de vous donner toute l'information.
M. Cliche-Rivard : Alors, le
ministre de la Justice a piloté le PL 70 visant à abolir les thérapies de
conversion au Québec. Or, on apprenait, en mars 2023, que de telles thérapies
sont malheureusement pratiques courantes actuellement à Montréal. J'aimerais
savoir combien d'amendes ont été imposées depuis la sanction du projet de loi
n° 70?
M. Jolin-Barrette : Donc,
c'est ma collègue, la ministre de la Condition féminine, qui est maintenant
responsable du projet de loi sur les thérapies de conversion.
M. Cliche-Rivard : Mais c'est
votre ministère qui émet les amendes.
M. Jolin-Barrette : Pardon?
M. Cliche-Rivard : C'est vous
qui émettez les amendes, c'est votre ministère quand même.
M. Jolin-Barrette : Relativement
aux thérapies de conversion? Il faut constater une contravention à la loi.
Donc, est-ce qu'il y a des amendes qui ont été émises en vertu de la loi?
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : On
m'indique qu'il n'y a pas d'amendes qui ont été émises.
M. Cliche-Rivard : Aucune
amende émise depuis l'adoption du p.l. 70?
M. Jolin-Barrette : Donc, il
doit y avoir des constats émis pour qu'il y ait des amendes.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Mme la députée de
Vaudreuil, s'il vous plaît.
Mme Nichols : Merci. Merci,
M. le Président. J'ai des petites questions en rafale, mais, pour faire... pour
continuer un peu dans la thématique de mon précédent collègue qui parlait,
entre autres... Bien, il a parlé du DPCP, on sait que le DPCP, c'est lui qui
autorise et qui dirige les poursuites criminelles et pénales au nom de l'État
québécois, mais il y a aussi les poursuites contre le gouvernement. Je me
demandais combien ça a coûté à l'État, en 2022, les poursuites contre le
gouvernement. Puis il y a eu combien de...
Mme Nichols : ...aussi. Puis
je sais que vous faites une différence entre le gouvernement puis le ministère
de la Justice.
M. Jolin-Barrette : Bien,
juste pour bien comprendre votre question, les poursuites en matière civile?
Mme Nichols : Oui, en...
bien, on peut les ventiler, civile, criminelle, pénale. Oui, civile,
criminelle.
M. Jolin-Barrette : Vous
voulez dire... Mais juste pour bien comprendre, le coût, supposons, des
dommages que l'État a dû verser au total ou vous incluez, supposons, les coûts
des procureurs, de nos services juridiques?
Mme Nichols : Non, pas le
coût des procureurs, le coût versé total.
M. Jolin-Barrette : O.K. On
va vérifier. On va vous revenir avec le chiffre, on n'a pas l'information.
Mme Nichols : Parfait. Puis,
à ce jour, il y en a combien, encore, de poursuites contre l'État? Ça
représente quel montant?
M. Jolin-Barrette : Combien
de poursuites?
Mme Nichols : Il y a combien
de poursuites contre l'État puis ça représente quel montant?
M. Jolin-Barrette : En
matière civile, supposons.
Mme Nichols : En matière
civile.
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, on a beaucoup de litiges, on a des litiges en matière, supposons, de
transport, d'expropriation, de responsabilité civile. On a énormément de
dossiers...
Mme Nichols : O.K. Est-ce
qu'on est capable de les chiffrer?
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, on a, en matière... Au Procureur général du Québec, donc, pour les deux
contentieux, on a 100 000 dossiers annuellement. Donc, ça, c'est les
dossiers en matière civile, administratifs...
Mme Nichols : En matière
criminelle.
M. Jolin-Barrette : En
matière criminelle, on a 80 000 dossiers autorisés par année?
Des voix : ...
M. Jolin-Barrette : Donc :
l'année passée, 80 702 dossiers ouverts au DPCP; l'année précédente, 82 396;
2021, 85 516. Ça fait que c'est des dossiers qui ne sont pas fermés,
nécessairement, à l'intérieur d'une année. Mais là, avec l'entente qu'on a à la
Cour du Québec, ça va être un taux de fermeture de 1,1. Donc, on va fermer plus
de dossiers qu'on va en ouvrir. Très bonne entente.
Mme Nichols : Oui, ça, on l'a
compris, M. le ministre. Mais parfait, c'est correct. Le Conseil de la justice
administrative, il y avait une des questions qui disait : Le nombre, la nature,
les résultats des plaintes déposées devant le Conseil de la justice
administrative de... On sait qu'évidemment, c'est eux qui s'occupent des
enquêtes sur le comportement des membres des tribunaux administratifs qui sont
sous sa compétence. On parlait d'une ouverture d'environ 200 plaintes, et
ce qu'on remarque... on l'a de façon ventilée, là, votre équipe nous l'a
transmis : les plaintes pour le Tribunal administratif du Québec, 29;
Tribunal administratif du travail, 47; le TAL, 120; et les plaintes au bureau
des présidents des conseils de discipline, quatre; aucune plainte pour le
Tribunal administratif des marchés financiers. Ça saute aux yeux, là, les
plaintes sur le Tribunal administratif du logement : 120. Est-ce qu'il y
avait des explications ou est-ce qu'il y a...
M. Jolin-Barrette : Particulièrement,
sur la nature des plaintes? Bien, écoutez, on...
Mme Nichols : Bien, ça
s'explique comment qu'il y a des plaintes plus élevées au Tribunal
administratif du logement?
M. Jolin-Barrette : Bien,
vous savez, c'est un sujet qui est très émotif, le logement aussi.
Mme Nichols : Oui, mais quand
même, 120, 120, 29 au Tribunal administratif du Québec. Le Travail aussi, c'est
très sensible, c'est très humain, puis il y en a quand même juste 47.
M. Jolin-Barrette : Je vais
vous revenir avec l'information sur également le nombre de plaintes retenues
par le Conseil de la justice administrative. Parce que nécessairement, des
fois, il y a des plaintes qui sont formulées à l'égard des décideurs
administratifs, mais ça ne veut pas dire que la plainte est nécessairement
fondée. Donc, on va vous sortir l'information puis on va vous la communiquer.
Le Président (M.
Bachand) :...fin de la séance.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
Mme Nichols : Je m'excuse,
sur le nombre de plaintes retenues?
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, ce qu'on va vous envoyer comme information, c'est le nombre de plaintes
qui ont été jugées recevable, supposons, puis le nombre de plaintes qui ont été
amenées, supposons, à une... bien, je ne sais pas si c'est une réprimande pour
eux autres, là, mais... une... Parce que normalement, ça se fait en deux
processus, en deux étapes : recevabilité, ensuite analyses, enquêtes, et
auditions, puis tout ça. Donc, il y en a qui ne passent même pas l'étape de la
recevabilité.
• (18 h 30) •
Mme Nichols : Mais quand
même, il y a des enquêtes sur le comportement des membres des tribunaux administratifs.
Et je reviens au TAL, là, il y a quand même 120 plaintes, c'est beaucoup,
là. Il y a, définitivement, un problème au niveau des relations humaines, là,
je vais utiliser ce...
M. Jolin-Barrette : Écoutez,
le Conseil de la justice administrative fait partie d'une entité indépendante
du ministère de la Justice. Il faut comprendre que le Tribunal administratif du
logement ne relève pas du ministère de la Justice. Dans le fond, le ministre
titulaire, c'est le ministre des Affaires municipales... bien, Habitation,
excusez, c'est séparé maintenant. Alors, ça relève du ministre de l'Habitation.
Mais, écoutez, je m'engage à faire les vérifications, c'est quoi, le taux
d'acceptation des plaintes, puis où il y a eu enquête et auditions.
Mme Nichols : Parfait. Merci.
Le virage numérique...
M. Jolin-Barrette : Mais
juste un point...
18 h 30 (version non révisée)
M. Jolin-Barrette : ...par
rapport au volume de dossiers entendus par année, là, il y a beaucoup de
dossiers, là, qui sont attendus au TAQ, au TAL par année, là, on parle de
plusieurs milliers de dossiers par année.
Mme Nichols : Oui, oui,
définitivement. Puis le... je ne ferai pas un exposé sur le tribunal
administratif du logement, là, mais il y a définitivement une grosse
problématique, une grosse problématique. Je sais que ça a été porté à l'attention
de la ministre des Affaires municipales, mais quand vous nous transmettez ces
données-là, je me dis : Vous ne pouvez pas les ignorer vous non plus. C'est
quand même... c'est quand même important. Puis on l'entend, là, vous êtes
ministre de la Justice, là, vous l'entendez dans le milieu aussi. Il y a eu des
démissions en bloc, il y a eu des problèmes de gestion de personnel. Je me dis,
comme ministre de la Justice, c'est sûr qu'il faut lever un drapeau rouge puis
il y a sûrement des explications à tout ça. Je comprends qu'on s'en remet au
ministère des Affaires municipales, mais je suis certaine que vous en savez
beaucoup sur les problématiques concernant le TAL.
M. le Président, le virage numérique. J'avais
des petites questions, peut-être en rafale.Le... On en a parlé aussi un peu
précédemment sur le... pour continuer dans le fond, le virage numérique du
système de justice, puis l'accès aux documents, puis les services. Puis on voit
qu'il y a des prévisions, là, dans le budget 2023-2024. Et question, on...
il y a un projet pilote qui a été mis en place au niveau des équipements des
salles d'audience. Je me demandais c'est où, le projet pilote qui a été...
M. Jolin-Barrette : Pour les
salles d'audience?
Mme Nichols : Pour les salles
d'audience. Puis on comprend que ce n'est pas uniforme non plus. Alors, est-ce
qu'il y a un échéancier où on prévoit uniformiser le tout? Puis, quand on se
promène de palais de justice en palais de justice, là, on voit que la
différence est assez flagrante.
M. Jolin-Barrette : C'est un projet
qui est à la Cour d'appel. Puis, pour l'informatisation, il y a aussi...
Mme Nichols : La cour d'appel
de Montréal?
M. Jolin-Barrette : Les deux.
Montréal et Québec.
Mme Nichols : Montréal,
Québec.
1j Montréal et Québec. Et pour les palais
de justice, là, vous aurez constaté maintenant que pas mal toutes les salles d'audience
maintenant ont de la visio à l'intérieur, là, il y a des écrans, puis, peu
importe où vous vous promenez à la grandeur du Québec, les salles d'audience
sont équipées.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée. Ça va?
M. Jolin-Barrette : Oui, les
salles d'audience sont équipées, donc, moniteurs, caméras...
Mme Nichols : Oui, mais ce n'est
pas tout le monde uniforme. Est-ce qu'il y a un plan d'uniformiser le tout?
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, le projet pilote, c'est pour faire en sorte que les juges en salle d'audience
aient accès au dossier judiciaire numérique. Oui. Donc, on commence par la cour
d'appel.
Mme Nichols : C'est le projet
pilote dans les deux cours d'appel à Québec, Québec, Montréal.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Mme Nichols : Dans les
rénovations des palais de justice, on sait qu'il y a vraiment des palais de
justice qui sont assez... qui ont beaucoup d'amour, disons-le comme ça, qui ont
besoin de beaucoup d'amour. Il y a des salles qui sont assez désuètes, on a des
palais de justice qui sont assez désuets. On voit qu'il y a des montants, là,
qui sont prévus, entre autres, dans le bilan du plan d'agrandissement et de
rénovation des palais de justice. On voit que Roberval, 64,9 millions, on
voit qu'à Saint-Hyacinthe, 104,1 millions pour le réaménagement majeur du
palais de justice. On voit que c'est des projets qui sont en réalisation.
2024-2025, 2025-2026, et cetera. M. le ministre, moi, j'ai un pont dans mon
comté qui a explosé, un pont...
M. Jolin-Barrette : Un pont?
Mme Nichols : Un pont dont
les coûts ont explosé de 65 %. Je me demandais : Est-ce que quand
vous faites des prévisions comme ça, vous tenez compte entre autres des... les
explosions des coûts?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Nous, on connaît moins les ponts, on est plus dans les salles d'audience.
Mme Nichols : Mais vous
devriez venir à Vaudreuil, on pourrait...
M. Jolin-Barrette : Bien, j'attends
juste une invitation. J'attends juste une invitation. Mais là, ce que j'ai
compris de la vice-première ministre, par contre, c'est qu'on a garanti la
rénovation du pont de l'Île-aux-Tourtes, donc...
Mme Nichols : Je n'écoutais
pas, je m'excuse.
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, on a garanti la rénovation du pont de l'Île-aux-Tourtes.
Mme Nichols : Pas la
rénovation. On fait un nouveau pont de l'Île-aux-Tourtes.
M. Jolin-Barrette : Bien, c'est
encore mieux.
Mme Nichols : Un nouveau
pont, les coûts ont explosé de...
Mme Nichols : ...parce que
vous l'avez reporté deux fois. Mais je sais qu'on est dans les crédits en...
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
là...
Mme Nichols : On n'est pas
dans les crédits en transports, là, mais...
M. Jolin-Barrette : Un
nouveau pont. Vos citoyens de Vaudreuil vont être très contents. Vous pourrez
leur dire que vous avez...
Mme Nichols : Aïe! Partez-moi
pas. Un nouveau pont sans transport collectif, voyons donc! Les autobus vont
passer sur l'accotement. Crinquez-moi pas, M. le ministre. On va rester dans
les crédits en justice, mais...
M. Jolin-Barrette : Non, mais
les autobus vont rouler sur le pont.
Mme Nichols : Sur
l'accotement.
Le Président (M.
Bachand) :S'il vous plaît...
Mme Nichols : Quand il va y
avoir un accident, les autobus vont passer où?
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
ce n'est pas dans... ce n'est pas dans l'eau, c'est sur le pont. Ils vont être
sur le pont.
Le Président (M.
Bachand) :Alors, il n'y a pas personne...
(panne de son) ...on continue, on continue, on continue.
Mme Nichols : Oui, c'est ça,
c'est le président qui soulève la pertinence, ça ne va pas très bien.
M. Jolin-Barrette : Bon,
pour... pour Roberval, vous vous souvenez, il y a eu un incendie?
Mme Nichols : Oui.
M. Jolin-Barrette : Donc, il
était déjà en rénovation. D'ailleurs, c'est votre ancien premier ministre qui
avait annoncé un nouveau palais de justice à Roberval à l'époque. Alors, aussi
le palais de justice de Saint-Hyacinthe... Dans le fond, là actuellement le
palais de justice de Saint-Hyacinthe, il est dans un palais de justice
temporaire, dans une ancienne épicerie. Alors, la démolition a commencé, de
l'ancien palais de justice qui était complètement désuet, qui était coté E.
Donc, il devrait être en cours de réalisation pour 2025-2026. Rouyn-Noranda
également, agrandissement et... Bien, en fait, on construit...
Mme Nichols : Oui, mais ça,
on voit que c'est des projets qui sont...
M. Jolin-Barrette : Donc,
dans le fond, on a trois... trois gros projets, c'est Roberval,
Saint-Hyacinthe, Rouyn.
Des voix : ...
Mme Nichols : Puis il y a...
M. Jolin-Barrette : O.K. Puis
les accroissements de coûts sont couverts également avec le PQI, c'est ça, dans
ces budgets-là.
Mme Nichols : Parfait. Mais
il n'y a eu aucun projet de terminé? Parce qu'il y avait une question sur
les... le nombre de projets terminés, puis il n'y avait aucun projet de terminé
pour... dans les dossiers d'amélioration des palais de justice du Québec.
M. Jolin-Barrette : Bien non,
mais c'est parce qu'il y en a qui ne sont pas au PQI. Exemple, avec le tribunal
spécialisé, on est en train, dans les différents endroits, de rendre les lieux
mieux adaptés pour les victimes.
Ça fait que je vous donne un exemple. Au
palais de justice de Québec, où il y a un tribunal spécialisé... mais, exemple
on a... on a mis la salle d'attente des victimes dans le local, au
rez-de-chaussée, de la salle des mariages, parce qu'auparavant le local des
victimes, il était en haut, au deuxième ou au troisième étage, puis les
victimes devaient passer devant les salles d'audience pour aller à la salle des
victimes. Alors là, maintenant, la salle des mariages est en rentrant à gauche.
Ça fait que maintenant le CAVAC accueille les victimes tout de suite en
rentrant pour éviter qu'elles aillent sur les étages. Donc, maintenant, c'est
une grande salle, elle a été aménagée, c'est sur le bord de la fenêtre, il y a
de la luminosité également. Il faut arrêter de placer les victimes dans le
dernier placard à balai qu'il y avait, comme c'était le cas auparavant.
Donc, ça fait partie de la réforme qu'on
fait au niveau des aménagements, donc... mais ils n'apparaissent pas
nécessairement au PQI. C'est dans le cadre du budget du tribunal spécialisé
qu'on fait les travaux d'aménagement.
Mme Nichols : Merci pour les
précisions. On a travaillé ensemble le projet de loi n° 8 puis on travaille
présentement le projet de loi sur, entre autres, là, la gestation pour autrui
puis... Dans le projet de loi... dans le projet de loi n° 8, là, c'est prévu
qu'à un moment donné il y a des... je vais dire des compétences partagées,
c'est-à-dire que le citoyen va pouvoir choisir d'aller à la Cour du Québec ou
d'aller à la Cour supérieure parce que c'est là où il y a le partage...
M. Jolin-Barrette : La
compétence concurrente.
Mme Nichols : C'est ça, il y
aura... il va y avoir une compétence concurrente. Moi, je voulais le savoir, M.
le ministre, c'est quoi, les prévisions, vous voyez ça comment, parce que c'est
sûr que ça pourrait surcharger peut-être un peu plus la Cour du Québec ou...
Puis il faut prévoir, évidemment, les effectifs, il faut prévoir, vous en
parlez depuis le début, là, depuis le début de l'après-midi, là, la gestion...
la gestion des dossiers, il faut que ça soit plus efficace. C'est quoi, le plan
de match de ce côté-là?
• (18 h 40) •
M. Jolin-Barrette : Bien,
dans le fond, dans le projet de loi n° 8, on l'a vu, la médiation en matière
civile va être favorisée. Donc, si vous allez avec un mode alternatif de
règlement des différends, avant d'introduire votre dossier, vous allez être
fixé par priorité, autant à la Cour supérieure qu'à la Cour du Québec. Là, la
Cour du Québec, elle, elle va avoir juridiction jusqu'à 75 000 $, de façon
exclusive, et de compétence concurrente entre 75 000 $ et 100 000 $, mais ça
représente très peu de dossiers. Et là, dans le cadre du budget, on a 40
millions de dollars pour la création d'un programme de médiation aux
petites créances, comme on l'a vu. Donc, la médiation devient obligatoire aux
petites créances. Mais le fait que la médiation devienne obligatoire aux petites
créances, ça va libérer les juges des petites créances pour faire en sorte
qu'ils puissent se consacrer aux dossiers d'une... d'une valeur plus
importante.
Donc, on a travaillé avec la Cour du
Québec aussi pour la rédaction du projet de loi n° 8, qui ne prévoyait pas de
besoin additionnel pour la mise en place de ce projet-là, donc, la hausse du
seuil puis la compétence concurrente. Puis il faut dire qu'entre 75 000 $ puis
100 000 $, il y a... ce n'est pas un volume significatif de dossiers qui
sont...
M. Jolin-Barrette : ...entendus.
Mme Nichols : ...Puis la même
chose avec le projet de loi qu'on travaille, là, sur la gestation pour autrui.
Évidemment, il va y avoir des incidences sur le nombre de dossiers, sur les...
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, moins, je vous dirais moins. Ça va avoir une diminution des dossiers
devant la cour, parce qu'actuellement en grossesse pour autrui les gens doivent
absolument passer par la cour pour le consentement spécial. Or, là, la voie
principale qu'on trace, la voie légale, ça va être devant le notaire. Donc,
théoriquement, les gens, s'ils respectent les conditions de forme et les
conditions de fond, ce qu'on souhaite amener, là, ça va être la voie
principale, ils n'auront jamais affaire avec la Cour, contrairement à
aujourd'hui où chaque personne qui a un enfant par grossesse pour autrui n'a
pas le choix d'aller devant le tribunal puis de passer par la... par le
consentement sur autorisation spéciale. Alors, ce qu'on vient faire, c'est que
ça ne passe plus par le tribunal, mais ça passe par le notaire, puis ensuite,
par la déclaration au directeur de l'état civil, ça fait qu'on vient moins
embourber les tribunaux relativement à cet élément-là.
Puis ça sera qu'uniquement en dernier recours,
où on a développé la voie judiciaire. Exemple, supposons qu'il y avait une
condition de forme qui n'avait pas été respectée, supposons, la... Il n'y avait
pas de convention notariée, mais toutes les conditions de fond sont là,
exemple, pas de rémunération, mère porteuse, 21 ans, à ce moment-là, le
tribunal va pouvoir être saisi du dossier.
Mme Nichols : Le projet de
loi huit, on faisait appel à beaucoup... On... Enfin, on amène beaucoup les
citoyens à utiliser le service de médiateur, hein? On l'impose, on le sait,
dans certains dossiers, on vient l'imposer. Les médiateurs, il faut les former,
les médiateurs, il en manque : qu'est-ce qui est prévu à cet effet-là?
M. Jolin-Barrette : Bien,
dans le fond, on y va graduellement pour l'implantation des différents
districts. Mais il ne manque pas de médiateurs, actuellement, là. On avait
sorti les chiffres, dans le cadre du projet de loi huit, là, il y en a... il y
a un bassin d'environ 1 369 médiateurs accrédités qui peut prendre
des mandats aux petites créances. Mais, bien entendu, que ça soit le Barreau ou
la Chambre des notaires vont être invités à donner de la formation
supplémentaire puis accréditer davantage de médiateurs. Parce que ça va pouvoir
devenir une pratique intéressante aussi, en région, notamment, ou à Montréal
aussi, de faire de la médiation civile aux petites créances. Donc, il y a un
bassin, il y a un potentiel pour les avocats, pour les notaires ou pour les
médiateurs accrédités par les organismes de médiation, de faire ce travail-là.
Donc, dans le budget, on a
40 000 000 consacrés à ça pour faire en sorte de déployer les
ressources. Puis, l'idée, c'est de décharger la cour puis d'avoir des délais
beaucoup plus réduits pour que les gens passent en médiation.
Puis il faut se souvenir, là, 60 %
des dossiers qui passent en médiation se règlent. Et nous en sommes un bon
exemple, avec la juge en chef, voyez-vous, on a fait de la facilitation,
médiation, on a réglé notre dossier. On serait dans les statistiques.
Mme Nichols : Je rappelle
qu'il y a eu... Oui, c'est ça.
Le Président (M.
Bachand) :30 secondes.
Mme Nichols : parfait. Les
médiateurs... Bien, je fais un commentaire, étant donné qu'il reste
30 secondes, là. Les médiateurs, on le sait, ils le disent souvent, tu
sais : Ça ne vaut pas la peine tant que ça de prendre des dossiers en
médiation, la rémunération n'est pas là. Là, vous avez parlé d'un budget de
30 millions. Est-ce que c'est prévu peut-être bonifier, justement, les
montants qui vont être donnés aux médiateurs?
M. Jolin-Barrette : Bien, je
sais que c'est une demande des médiateurs, là. Mais actuellement, le taux
horaire est à 115 $...
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : 121 $
de l'heure actuellement.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député
d'Acadie, pour 17 min 32 secondes.
M. Morin : Merci. Merci, M.
le Président. Alors, je voudrais poursuivre, M. le Président, avec le projet
Rebâtir la confiance. Présentement, est-ce que tous les palais de justice sont
aménagés pour s'assurer que les victimes, par exemple, ne seront pas en contact
avec l'accusé?
Parce que, moi, ce qu'on me dit, M. le
Président, c'est qu'encore dans bien des endroits ou bien la victime rentre en
même temps, si l'accusé n'est détenu, en même temps que l'accusé est dans la
salle de cour, ça crée un paquet de malaises. Donc, quel est votre plan pour
s'assurer que cela ne se reproduise pas? Puis comment vous allez aménager les
palais de justice pour vous assurer que les victimes vont pouvoir être là sans
être inquiétées?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Alors, honnêtement, on a quand même beaucoup de travail à faire à la grandeur
du Québec dans nos palais de justice, parce que, quand ils ont été construits,
ils n'ont pas été construits en pensant aux victimes.
Je vous donne un exemple, là. Quand vous
allez au palais de justice de Victoriaville, là, les salles d'audience sont au
deuxième étage. Vous montez, puis, la salle des victimes, où elle était située,
vous deviez passer par la salle des pas perdus, puis après ça, elle est au bout
d'un corridor à gauche. Puis les toilettes sont à droite, complètement. Ça fait
qu'il faut repasser par la salle des pas perdus. Alors là, on est en train de
changer ça, notamment, pour faire en sorte de... Que la victime n'ait plus...
Et ne soit plus sur le même étage.
Même chose à Granby. Supposons, la salle,
supposons, à Granby, des victimes, elle était entre les deux salles d'audience,
puis vous aviez la salle des pas...
M. Jolin-Barrette : ...ça fait
que là, on est au rez-de-chaussée, puis les victimes peuvent entrer par une
porte distincte, qui n'est pas la porte principale aussi. Ça fait que, sur
chacun des palais de justice, on fait la cartographie, on analyse quels sont
les changements à apporter.
Je vous donne un autre exemple, tribunal
spécialisé à Sherbrooke. À Sherbrooke, vous montez l'édifice, vous arrivez...
je pense que c'est au premier étage où est-ce qu'il y a les chambres... les
salles criminelles. Les salles criminelles à Sherbrooke, là, elles donnent sur
l'esplanade puis elles sont en face, à l'arrière, vers... dans le fond, c'est
King, l'autre bord de King, O.K., puis là la salle des victimes, où il fallait
que vous tourniez à gauche, au bout du corridor, il y avait trois salles de
criminels, puis la salle des victimes était dans le fond, à gauche, pas de
fenêtre, complètement peinturée en rouge, genre années 80, avec des paravents
Shaggy beiges. Ça n'avait pas de bon sens. Ça fait que là, on est en train de
déplacer la bibliothèque du CAIJ, O.K., avec des travaux, on empiète...
M. Morin : Mais, si vous me
permettez, M. le Président...
M. Jolin-Barrette : Bien, je
veux juste vous...
M. Morin : ...ma question,
c'était : Quel est votre échéancier? Dans combien de temps ça va être
réglé pour l'ensemble des palais de justice? Puis est-ce que vous y travaillez
présentement?
M. Jolin-Barrette : Oui, on y
travaille présentement. Dans le fond, pour l'implantation des projets
pilotes... en fait, du tribunal permanent, c'est 2026, à la grandeur du Québec.
Mais on va plus vite que ça, l'équipe du ministère de la Justice est
complètement dédiée. Dans le projet de loi qu'on avait fait avec les collègues,
on prévoyait cinq projets pilotes. Là, on est déjà rendus à 10 projets pilotes,
justement parce que, quand on commence un projet pilote, on peut déjà entamer
le changement, donc, notamment des lieux, mais aussi de la formation des
acteurs qui travaillaient avec la... en collaboration avec les différents
partenaires du milieu.
Puis vous disiez : Il y a combien de
formations qui ont été données? Bien, écoutez, on a formé vraiment plusieurs
centaines de personnes, parce que le tribunal spécialisé, je vous disais, ce
n'est pas juste la division, mais c'est aussi l'accompagnement, à partir du
dépôt de la dénonciation, jusqu'à la sentence, et au-delà. Ça fait que tous les
acteurs qui vont avoir affaire avec, notamment, la division spécialisée devront
être formés, et donc...
M. Morin : On y reviendra
d'une façon plus spécifique, M. le Président. Mais alors là, je repose encore
ma question : Est-ce que vous avez un échéancier qui est mesurable pour
vous assurer que, dans les palais de justice, les victimes n'auront pas à
rencontrer les accusés, quand ces derniers, évidemment, sont en liberté? Ma
question, c'est ça. Là, je comprends que vous y travaillez. Quand est-ce que ça
va être terminé, dans tous les palais de justice, pour que les victimes n'aient
pas à vivre ça?
M. Jolin-Barrette : Bien, le
plus rapidement possible. Mais, en fonction de chacun des palais de justice, la
nature des travaux est variable. Il y en a que c'est...
M. Morin : Je le comprends,
M. le Président, c'est sûr.
M. Jolin-Barrette : Mais ce
que je veux vous dire, là, c'est que, quand on arrive dans un palais de
justice, là, puis le local est mal situé, O.K., on prend des mesures
temporaires, des mesures alternatives dès le moment où on implante un tribunal
spécialisé. Puis même, déjà, ceux qui ne sont pas encore tribunal spécialisé,
j'ai demandé à ce qu'on fasse en sorte que les locaux ne permettent pas de
croiser leur agresseur. Je vous donne un exemple...
M. Morin : Donc, est-ce que
vous pouvez... M. le Président, est-ce que le ministre peut nous assurer que,
justement, même si le tribunal spécialisé n'est pas en place, les victimes
n'auront pas à rencontrer l'accusé, leur agresseur quand ils vont témoigner à
la cour présentement?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Mais, déjà, là, avec les CAVAC, là, ce qui est prévu, dans plusieurs palais de
justice, quand la victime se présente, O.K., au CAVAC, souvent, il va... le
constable spécial qui est à l'accueil contacte le CAVAC, et l'intervenante du
CAVAC descend pour aller chercher la victime, pour l'accompagner et l'amener
directement au local du CAVAC.
Pour la formation, là, il y a déjà près de
2 000 personnes qui se sont inscrites aux formations sur les réalités
relatives à la violence sexuelle et à la violence conjugale lors des sessions
de printemps et automne 2022. Donc, on investit également pour avoir des
ressources supplémentaires dans les CAVAC, pour les ressources spécialisées.
Et, honnêtement, c'est très positif, ce qui se passe dans le système de justice
criminelle et pénale, de dire...
• (18 h 50) •
M. Morin : Monsieur...
Le Président (M.
Bachand) :Allez-y, M. le député d'Acadie.
M. Morin : Merci, M. le
Président. Donc, au niveau de la formation, là, on parle des CAVAC, mais,
souvent, ce qui est difficile, on le sait pour une victime, c'est d'aller
dénoncer, puis, dans un premier temps, souvent, elle va en parler à ses proches
ou à la police. Je comprends que la police relève de la Sécurité publique,
mais, au niveau de la formation, est-ce que vous travaillez avec votre collègue
pour vous assurer que les policiers vont être formés, qu'ils vont être capables
d'accueillir, d'écouter les victimes, de faire en sorte que ces dossiers-là
puissent cheminer, ou si c'est uniquement le ministre de la Sécurité publique
qui s'occupe de ça? Avez-vous un mot à dire là-dedans?
M. Jolin-Barrette : Oui. En
fait, tout le monde est formé. Tous les intervenants qui ont affaire avec le
tribunal spécialisé doivent être formés, donc ça veut dire également l'enquêteur
qui vient témoigner, les agents aussi, puis les policiers, qui sont les
premiers à recevoir les plaignantes ou les plaignants, également, sont formés à
la réalité. Donc, les policiers assistent à nos formations présentement aussi.
M. Morin : D'accord. Et au
niveau de l'information qui est donnée...
M. Morin : ...aux victimes
quelles sont les mesures qui sont en place. Est-ce que vous pouvez nous assurer
que les victimes sont informées des différentes étapes du processus judiciaire puis
que... si jamais l'accusé est remis en liberté et qu'elles seront accusées, et
puis qu'il y a des mesures qui vont être prises pour qu'elles soient protégées?
M. Jolin-Barrette : Oui. Puis
c'est important que vous le mentionniez dans le fond. Supposons qu'on est en
matière de violence sexuelle, donc, avant d'autoriser une plainte, dans le
fond, le procureur aux poursuites criminelles et pénales, on est en matière de
poursuites verticales, ça fait que c'est le même procureur du début à la fin, même
chose en violence conjugale, donc le procureur va rencontrer la victime au
préalable, en matière de violence sexuelle, pour lui expliquer l'ensemble du
processus. Donc, il y a une ligne d'information également, au DPCP, qui couvre
les questions de la victime avant qu'elle décide de porter plainte. Donc, il y
a une ligne de disponible. La personne peut appeler, la victime, puis elle peut
répondre à toutes ses questions.
Parallèlement à ça aussi, on a à Rebâtir,
avec l'aide juridique, où est-ce qu'il y a 4 heures de services juridiques
gratuits pour toute question de nature... dans tout domaine de droit pour être
informé. Alors, il y a aussi l'aide financière d'urgence qu'on déploie, où
est-ce que, quand une personne victime est dans un milieu toxique, il ne faut
pas qu'elle se pose la question : Est-ce que je reste dans mon milieu
toxique, là? Je prends mes clics puis mes clacs puis je m'en vais. Puis là, ça,
c'est géré par SOS violence conjugale. Puis, c'est ça, et donc là qu'ils
fournissent l'allocation pour le logement, le transport, la nourriture, le
temps que la personne puisse aller en période de transition dans une maison.
M.
Morin :Parfait. Je vous remercie. Vous avez mentionné que ces
dossiers-là sont en poursuite verticale. Est-ce que tous ces dossiers-là sont
en poursuite verticale, sans exception?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, il y existe des exceptions. Exemple, la procureure est enceinte, doit
quitter pour son congé de maternité, bien là, il y a un collègue qui la remplace.
Autre exemple...
M. Morin : Oui, ça, c'est
certain, M. le Président. Ce n'est pas de ça dont je parle. La façon dont ça
fonctionne au bureau du DPCP...
M. Jolin-Barrette : Ils sont
tous en poursuite verticale, sauf exception, le procureur est malade, il y a de
la mortalité, il n'est pas là.
M. Morin : Puis est-ce que
vous vous assurez que les...
M. Jolin-Barrette : Sauf...
il y a un bémol, sauf la cour itinérance, parce que ce n'est pas possible de
toujours avoir le même procureur.
M.
Morin :Je comprends. Est-ce que vous vous assurez puis vous
avez des directives en place pour que les victimes soient bien informées par
les procureurs des différentes étapes puis que, si jamais il y a une
négociation de plaidoyer, la victime va être capable de comprendre ce qui se
passe?
M. Jolin-Barrette : Alors, la
réponse du directeur des poursuites pénales : Oui, tout est prévu dans les
directives du directeur et le...
M. Morin : Puis elles sont
appliquées?
M. Jolin-Barrette : Certainement
que c'est appliqué.
M. Morin : Parfait.
M. Jolin-Barrette : Et, si je
peux rajouter, dans le fond, là, pour la commission des services juridiques,
pour la ligne Rebâtir, là, du 1er octobre 2021 au 31 mars 2023, on a
eu 25 961 consultations juridiques offertes à
7 347 bénéficiaires. Et pour les CAVAC, là, on a ajouté des
ressources également, donc 57 millions...
M. Morin : Bien, en fait, ma
question portait entre autres sur les CAVAC. Est-ce que les CAVAC sont
suffisamment financées? Puis est-ce qu'elles sont capables de remplir à leur
mandat?
M. Jolin-Barrette : Bien,
oui, on a ajouté des ressources, là, dans les CAVAC. Exemple, là, à Valleyfield,
on a ajouté une coordonnatrice, Granby aussi. On va avoir des arrivées à
Drummondville, La Tuque. Québec, il y a eu des ressources supplémentaires,
Laval, Sherbrooke, Montmagny aussi, puis Sept-Îles. Donc, c'est des ressources
supplémentaires qui sont données dans les CAVAC.
M. Morin : O.K. Parfait. Et
vous avez les CAVAC dans tous les palais de justice?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, dans... je vous dirais dans chacune des régions. Dans le fond, les CAVAC,
deux choses. Oui, les CAVAC ont des bureaux dans tous les palais de justice.
Par contre, est-ce que les CAVAC sont uniquement au palais de justice? La
réponse, c'est non. Dans les... Il y en a... Souvent, il y a une intervenante
CAVAC dans les corps de police pour faire l'Infovac, la liaison. Dès qu'un
dossier rentre, l'intervenante CAVAC peut contacter la victime. Puis...
M. Morin : Mais, pour
répondre à ma question, M. le Président, donc, dans les palais de justice, vous
avez des représentants des CAVAC qui vont accompagner les victimes, et ça, il y
en a dans tous les palais de justice.
M. Jolin-Barrette : Oui.
M.
Morin :Parfait. Excellent. Au niveau de l'aide psychosociale ou
de l'aide spécialisée qui est accordée aux victimes, pouvez-vous me dire s'il y
a suffisamment d'employés? Quelle est la rétroaction, l'évaluation du
programme? Est-ce que...
M. Morin : ...ça fait en sorte
que les victimes sont... sont bien d'accompagnées. Est-ce qu'il y a des choses
à améliorer? Est-ce que vous rencontrez des défis?
M. Jolin-Barrette : Pour le
tribunal spécialisé?
M.
Morin :Et puis... Oui, bien, premièrement. Puis aussi dans les
palais de justice où il n'y a pas encore de tribunal spécialisé.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, dans le fond, il faut dire, toutes les victimes sont accompagnées. Bien
entendu, le fait d'implanter les tribunaux spécialisés, ce que ça fait, c'est
que ça amène encore une plus grande concertation avec les milieux, avec les
organismes pivots de la région. Puis je donne un exemple, dans certains... dans
un certain district, dans le fond, on a davantage de... où on a parti un
tribunal spécialisé, on a davantage de cas d'inceste, O.K., ça fait que là ça permet
justement, puis c'est ça la beauté du projet pilote, de s'ajuster en fonction
de la réalité particulière de chaque district judiciaire, puis d'aller chercher
les intervenants en fonction de la nature des crimes, supposons, sexuels, puis
d'ajuster en fonction de la clientèle.
M. Morin : Merci. Merci, M.
le Président. Alors, maintenant, la Commission d'examen des troubles mentaux.
Il y a eu plusieurs articles qui ont été publiés dans les journaux récemment,
manque de personnel, manque de suivi de dossiers, on est au courant du tragique
événement de la sergente Breau. Qu'est-ce que vous allez faire, dans votre
ministère, pour vous assurer qu'il y aura suffisamment de personnel, qu'il y
aura un suivi de dossier et qu'il n'y aura plus d'autres tragédies?
M. Jolin-Barrette : Mais en
fait on a mis en place un comité interministériel qui est composé de M. le...
le sous-ministre, du sous-ministre à la Sécurité publique ainsi qu'à Santé et
Services sociaux...
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Oui, la
Commission des services juridiques, le directeur des poursuites criminelles et
pénales qui siègent à ce comité-là pour avoir des mesures concrètes, notamment
les policiers ont demandé d'avoir l'information directement dans... dans le
registre pour savoir est-ce que, bon, il y avait eu une mise en liberté? Est-ce
que la personne avait des troubles mentaux? Alors, on est en bonne direction
pour annoncer des éléments concrets, pour faire en sorte, justement, que... que
les policiers soient outillés, et là il y a des enquêtes également du coroner,
donc on va être en mesure également d'arriver avec une mise en place de
recommandations très claires.
Puis, les conditions de remise en liberté,
il faut le dire, sont prévues par le législateur fédéral dans le Code criminel.
Là, moi, j'ai déjà discuté avec mon homologue au fédéral, M. Lametti, pour
lui demander que les conditions de remise en liberté soient plus serrées, pour
voir qu'est-ce que le fédéral peut faire au niveau des critères, parce que la
Commission des troubles mentaux, elle examine, mais elle est liée par ce qui
est prévu dans le Code criminel.
M. Morin : ...le Président,
c'était le nombre d'employés pour les suivis. Quel est votre échéancier pour
que ces comités-là vous donnent des recommandations puis que vous puissiez
mettre en place des mesures appropriées pour qu'on n'ait plus de tragédies?
M. Jolin-Barrette : Donc, les
échéanciers, c'est un mois, trois mois pour le court terme, puis ensuite, les
autres mesures, notamment avec le fédéral, c'est un peu plus long, c'est plus
sur du moyen, long terme, mais il y a une chose qui est très claire, là, le
gouvernement fédéral, il faut qu'il prenne ses...
M. Morin : En fait, si vous
me permettez, M. le Président, ma question, c'était... les mois, les
échéanciers.
Le Président (M.
Bachand) :Il reste un peu de temps.
Allez-y, M. le député.
• (19 heures) •
M. Morin : Je vous remercie,
M. le ministre. Maintenant, d'autres questions, perceptions des amendes. Vous
avez combien de dossiers présentement chez le percepteur des amendes?
M. Jolin-Barrette : Combien
de dossiers nous avons? Il y en a beaucoup, alors on donne des...
M. Morin : Je comprends qu'on
pourra éventuellement me donner le montant exact des dossiers. Vous avez
combien... ça correspond... quel est le montant total des amendes?
M. Jolin-Barrette : Donc, en
date du 28 février, créance, 184,4 millions. Les sommes retrouvées...
recouvrées, 100 millions, 100, 7 millions.
M. Morin : Donc... donc, vous
avez quelque chose comme 60 millions qui n'est pas recouvré, grosso modo.
M. Jolin-Barrette : Bien, 83,
je pense. Donc, on a un taux de recouvrement de 78,7 %. Revenu, recette,
oui, 78,7 %.
M. Morin : Et avez-vous des
mesures en place pour augmenter la performance du percepteur puisqu'il y a un
pourcentage d'amendes que vous ne recouvrez pas?
M. Jolin-Barrette : Mais ça,
c'est pour l'année, mais ça ne veut pas dire que les... les amendes ne sont pas
recouvrées pour les années subséquentes aussi, là. Alors, pour... alors, les
mesures pour optimiser le recouvrement, donc traiter les demandes de la
clientèle...
19 h (version non révisée)
M. Jolin-Barrette : ...convenir
d'un mode de paiement, priorisation des activités qui présentent un fort
potentiel de recouvrement, entreprendre des mesures d'exécution forcée en ce
qui concerne les sommes non acquittées dans le délai prescrit par le tribunal.
Donc, transmission d'un avis de non-paiement...
M.
Morin :Et ma dernière question, M. le Président, vous avez
combien de personnes qui sont emprisonnées pour non-paiement d'amende?
Récemment, il y a une décision qui a été rendue où il y a des gens qui ont été
emprisonnés, puis ils ont été remis en liberté parce que le percepteur n'avait
pas agi correctement. Quelles sont les mesures que vous avez mises en place
pour éviter que des gens vulnérables se retrouvent en prison inutilement?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, il reste très
peu de temps.
M. Jolin-Barrette : Alors, la
loi a été modifiée par... J'ai fait une erreur., l'autre fois, à la période des
questions, j'avais dit madame Vallée, mais c'est ma collègue, la députée de
Champlain... qui l'a fait. Donc, c'était une bonne mesure, c'était notre
gouvernement qui l'avait faite. Et d'ailleurs...
Le Président (M.
Bachand) :Et c'est d'ailleurs
là-dessus... Mme la députée de Laval-des-Rapides, vous avez la parole. Merci.
Mme Haytayan : M. le
Président... Bonjour, M. le Président, et chers collègues de la Commission des
institutions. Poursuivons en abordant la hausse des seuils d'admissibilité pour
le programme d'aide juridique. Depuis les hausses historiques et successives
des seuils d'admissibilité à l'aide juridique de 2014 et de 2016, une personne
seule complétant une semaine de travail de 35 h au salaire minimum peut être
admise gratuitement à l'aide juridique. Et, depuis 2017, les indexations
annuelles au 31 mai permettent de maintenir la parité avec le salaire minimum.
En effet, le régime québécois d'aide juridique comporte deux volets, soit un
qui est gratuit et un qui est contributif, applicables, selon le seuil d'admissibilité
à l'aide juridique, basé sur les revenus annuels des personnes bénéficiant du
service. En 2022, une personne seule travaillant 35 h au salaire minimum, qui
représente 25 935 $ par année, pouvait bénéficier du service gratuitement.
Et, en ce qui concerne les familles
formées de deux adultes avec deux enfants, le seuil d'admissibilité, pour l'accès
sans frais à un avocat d'aide juridique, était de 42 531 $ par année. Qui
plus est, pour les justiciables, ayant un revenu se situant entre les seuils d'admissibilité
gratuits et les seuils maximums, une contribution variant entre 100 $ et
800 $, selon leur situation financière et leur composition familiale, leur
permet d'avoir accès aux services d'aide juridique. Cette formule permet de
connaître à l'avance le coût maximum d'honoraires et de frais qui pourraient
être dépensés pour leur représentation, la représentation d'un justiciable. Ce
système est essentiel pour fournir un meilleur accès à la justice aux
Québécois, notamment aux plus vulnérables.
Voici mes deux questions afférentes, M. le
Président. Premièrement, concrètement, quels sont les pourcentages d'augmentation
suite aux différentes hausses, depuis 2005, pour l'année d'indexation 2023?
Deuzio, en quoi, se traduiront ces pourcentages, en termes de seuil d'admissibilité
aux services, selon les revenus des justiciables et les niveaux de contribution
auxquels ils seront assujettis?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui,
merci Mme la députée de Laval-des-Rapides. Avec votre permission, je pense que
les représentants de la Commission des services juridiques pourraient répondre
à cette question, ils sont les mieux placés pour le faire, s'il y a
consentement.
Le Président (M.
Bachand) :Consentement. Donc, en débutant...
en vous présentant, pardon, s'il vous plaît. Désolé.
M. LaFrance (Daniel) : ...merci
pour la question, M. le Président. On est toujours très fiers de partager avec
vous les seuils d'admissibilité à l'aide juridique. On doit dire qu'à la création
même de l'aide juridique, c'était la volonté du législateur en 1972... Ça fait
50 ans d'ailleurs, on fête notre 50ᵉ anniversaire. Donc, la volonté, c'était de
faire en sorte qu'une personne travaillant 35 heures-semaine, salaire minimum,
soit admissible gratuitement. Alors, on a réussi, à force de travail, à
rétablir, à revenir à ce beau projet de départ à partir de 2016.
Et puis c'est renouvelé à chaque année, un
peu comme vous le mentionniez. Et c'est quand même... ce n'est pas rien, parce
que, si on parle du montant, juste pour que vous voyez un peu, qu'est-ce que ça
représente, on parlait de 8 870 $ par année, pour une personne seule, pour
être admissible gratuitement à l'aide juridique. Et ça, ça a perduré, dans le
temps, je vous dirais, un 15, 20 ans dans le temps. Donc, vous voyez qu'à cette
époque-là, à part un étudiant qui travaillait le jeudi soir, le vendredi soir,
ou quelqu'un qui était prestataire de la sécurité... de la sécurité du revenu,
pardon, bien, c'était eux qui étaient admissibles.
Donc, si on se reporte à aujourd'hui, là,
avec les hausses subséquentes, par rapport à 2005, ce que je viens de dire, on
est à une hausse de 212,9 % d'augmentation, alors ce n'est pas rien.
Alors, pour vous donner une idée, le fameux 8 870, que je vous parlais à l'instant,
il est maintenant à 27 755. Donc, vous voyez, c'est quand même assez important,
et puis...
M. LaFrance (Daniel) : ...on
parlait du volet contributif, le volet contributif qui a été instauré en 1996.
Eh bien ça permet... si je prends une famille formée de conjoints avec deux
enfants, avec une contribution maximum de 800 $, on va chercher un revenu
familial de 63 572... 572, pardon. Donc, on est au-delà du salaire minimum
35 heures semaine. Donc, on peut dire qu'aujourd'hui on est encore plus
généreux dans nos volets qu'à la création même de l'aide juridique.
Le Président (M.
Bachand) :...Mme la députée de
Charlevoix-Côte-de-Beaupré. Pardon.
Mme Bourassa : Merci
beaucoup. M. le Président, je vais vous amener, maintenant, sur un autre sujet,
un sujet d'intérêt qui préoccupe quand même les citoyens. On observe, depuis
2016, une augmentation de la violence surtout du côté de la région
métropolitaine. À la fin de l'année 21, on parle de 187 événements qui
impliquaient des coups de feu qui ont été enregistrés dans la région de
Montréal, que ce soient des meurtres, des tentatives de meurtre, parfois des
décharges sans victimes, mais il reste qu'il y a souvent des témoins, il y a
des gens qui voient ça, et c'est perturbant. Il y a une hausse de 30 %,
depuis l'année 2020, de ces genres d'événements. Alors, on parle de plus
de 600 armes à feu illégales qui ont été saisies également récemment.
Donc, c'est une tendance à la hausse. Il y a des événements, notamment le
24 septembre 2001, on a adopté la Stratégie québécoise de lutte contre la
violence liée aux armes à feu. Ma question qui s'adresse au ministre ou
peut-être au directeur... au DPCP, selon qui est la personne qui va vouloir
répondre : Pouvez-vous nous indiquer de quelle manière, justement, le DPCP
s'est impliqué dans cette lutte?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Merci pour la question de la députée de Charlevoix-Côte-de-Beaupré. Peut-être
que si le... M. le directeur des poursuites criminelles et pénales acceptait de
répondre à la question, si on a le consentement.
Le Président (M.
Bachand) :M. le directeur, s'il vous
plaît.
M. Michel (Patrick) : Oui,
merci, M. le Président. Alors, merci pour votre question, Mme la députée.
Alors, suite à l'annonce des effectifs policiers, quand même un déploiement
important d'effectifs policiers dans le cadre de la stratégie CENTAURE, alors
on a évalué, de notre côté, nos besoins pour voir comment on pouvait... au-delà
de... au-delà de prendre les dossiers et de traiter les poursuites mais pour
améliorer, disons, l'efficacité des enquêtes, tant sur le plan de la qualité
des enquêtes, sur le plan juridique, aussi l'efficacité des enquêtes en termes
de... en termes de délais d'enquête, comment on pouvait contribuer.
Alors, avec les effectifs qu'on a obtenus
au cours de l'exercice 2022-2023, on a mis en place et déployé une équipe
de 15 procureurs spécialisés qu'on a vite déployés, essentiellement, dans
les... disons, dans nos points de service ou les régions qu'on pourrait
qualifier de... un peu plus chaudes, là, où la problématique... la
problématique de la violence avec les armes à feu ou le trafic d'armes à feu
représente davantage... davantage un fléau. Alors, ces procureurs-là
travaillent, d'une part, de façon intégrée entre eux mais aussi de façon très
intégrée avec les policiers déployés dans le cadre du projet CENTAURE. Donc, on
parle de conseils juridiques, on parle de conseils stratégiques en enquêtes, on
parle de développer des stratégies pour s'assurer qu'au moment où on... au
moment où les opérations policières ont lieu, que les dossiers soient prêts à
être divulgués pour procéder, qu'il n'y ait pas de retard, disons, entre, si on
veut, les frappes policières et le moment où on porte des accusations, qu'on
diminue ces retards-là pour que, le plus tôt possible, on puisse traiter les
dossiers dans le cadre du système de justice.
Aussi, ces procureurs-là font une
veille... une veille jurisprudentielle, une mise en commun de tout ce qu'on
développe comme preuves d'experts avec les policiers pour qualifier le fléau
que représentent les armes à feu. On utilise ces preuves-là que ce soit au
stade de la remise en liberté, lorsqu'on s'oppose à la remise en liberté, ou au
stade de la détermination de la peine pour obtenir des sentences qui,
justement, reflètent la gravité de ce fléau-là, de la dangerosité de la
violence avec les armes à feu. Je ne sais pas si ça répond à votre question,
Mme la députée.
• (19 h 10) •
Le Président (M.
Bachand) :Merci. J'aurais la députée, le
temps file, de Laval-des-Rapides.
Mme Haytayan : Merci, M. le
Président. En terminant, à la lumière de la sanction du projet de loi
n° 2, p.l. 2, en juin dernier, soit la loi portant sur la réforme du droit
de la famille en matière de filiation et modifiant le Code civil en matière de
droits de la personnalité et d'état civil, ma question : Quelle clientèle
est visée par les nouvelles mesures du p.l. 2 et par les assouplissements apportés
au règlement sur l'aide juridique?
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le ministre. Le temps
file.
M. Jolin-Barrette : Alors,
avec l'aide... mais, en fait, avec le projet de loi n° 2, puis, vous
savez, c'est la première phase de la réforme du droit de la famille, là, on est
en train de faire la deuxième...
M. Jolin-Barrette : ...bien
entendu, on a fait des avancées significatives avec la réforme du droit de la
famille dans le projet de loi n° 2, notamment le fait que maintenant les
enfants, leur revenu n'est pas comptabilisé pour être représenté par un avocat
de la commission des services juridiques. Même chose également au niveau du
contre-interrogatoire. On a mis en place des mesures pour s'assurer qu'il
puisse y avoir une représentation et que, supposons, un agresseur qui est...
bien, en fait, un accusé d'agression ne puisse pas poser des questions
directement à la victime. Donc, automatiquement, il peut y avoir un avocat qui
est nommé pour poser les questions à la place. Donc c'est un service qui est
couvert. Puis je pense que ce sont des avancées significatives qu'on a faites
avec le projet de loi deux. Et heureusement, bien, les travaux du projet de loi
n° 12 vont rondement et je souhaite qu'on puisse l'adopter avant la fin de la
session parlementaire. Parce qu'il y a beaucoup d'enfants actuellement, encore
une fois, qui se retrouvent dans un vide juridique puis il faut réussir à
combler ça rapidement, notamment sur la grossesse pour autrui.
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup. Le temps alloué à l'étude du volet Jjustice
des crédits budgétaires du portefeuille Justice étant presque écoulé, nous
allons maintenant procéder à la mise aux voix des crédits. Est-ce que le
programme 1, intitulé Administration de la justice, est adopté? Sur
division. Merci. Est-ce que le programme deux, intitulé Activités judiciaires
est adopté? Sur division, merci. Est-ce que le programme 3, intitulé
Justice administrative est adopté? Sur division. Est-ce que le programme quatre,
intitulé Indemnisation et reconnaissance est adopté? Est-ce que le programme
six... Adopté. Est-ce que le programme 6, intitulé Poursuites criminelles
et pénales est adopté? Adopté sur division.
En terminant, je dépose les réponses aux
demandes de renseignements de l'opposition.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux au mercredi 26 avril à 11 h 30, où il
va entreprendre l'étude du volet Relations internationales et francophonie des
crédits budgétaires du portefeuille Relations internationales et Francophonie.
À bientôt. Merci. Bonne soirée.
(Fin de la séance à 19 h 13)