Journal des débats de la Commission des institutions
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Le
mardi 18 avril 2023
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Vol. 47 N° 12
Étude détaillée du projet de loi n° 12, Loi portant sur la réforme du droit de la famille en matière de filiation et visant la protection des enfants nés à la suite d’une agression sexuelle et des personnes victimes de cette agression ainsi que les droits des mères porteuses et des enfants issus d’un projet de grossesse pour autrui
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Intervenants par tranches d'heure
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Bachand, André
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Jolin-Barrette, Simon
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Morin, André Albert
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Bachand, André
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Morin, André Albert
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Cliche-Rivard, Guillaume
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Nichols, Marie-Claude
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Jolin-Barrette, Simon
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Bachand, André
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Jolin-Barrette, Simon
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Morin, André Albert
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Cliche-Rivard, Guillaume
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Garceau, Brigitte B.
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Morin, André Albert
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Jolin-Barrette, Simon
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Bachand, André
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Garceau, Brigitte B.
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Cliche-Rivard, Guillaume
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Nichols, Marie-Claude
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Morin, André Albert
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Jolin-Barrette, Simon
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Bachand, André
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Cliche-Rivard, Guillaume
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Garceau, Brigitte B.
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Jolin-Barrette, Simon
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Garceau, Brigitte B.
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Bachand, André
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Cliche-Rivard, Guillaume
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Morin, André Albert
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Nichols, Marie-Claude
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Bachand, André
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Garceau, Brigitte B.
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Jolin-Barrette, Simon
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Morin, André Albert
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Cliche-Rivard, Guillaume
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Bachand, André
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Morin, André Albert
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Cliche-Rivard, Guillaume
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Jolin-Barrette, Simon
15 h 30 (version révisée)
(Quinze heures quarante-cinq minutes)
17859
Le Président (M. Bachand) :À
l'ordre, s'il vous plaît! Bon après-midi. Ayant constaté le quorum, je déclare
la séance de la Commission des institutions ouverte.
La commission est réunie afin d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi n° 12, Loi portant sur la réforme du
droit de la famille en matière de filiation et visant la protection des enfants
nés à la suite d'une agression sexuelle et des personnes victimes de cette
agression ainsi que les droits des mères porteuses et des enfants issus d'un
projet de grossesse pour autrui.
Avant de débuter, Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Zanetti (Jean-Lesage) est remplacé par M. Cliche-Rivard
(Saint-Henri—Sainte-Anne).
Remarques préliminaires
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Donc, nous
allons débuter par les remarques préliminaires. M. le ministre, la parole est à
vous.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Oui. Merci,
M. le Président. Alors, nous entamons aujourd'hui l'étude détaillée du projet
de loi n° 12, qui vise à poursuivre l'importante réforme du droit de la
famille.
Au cours des dernières semaines se sont
tenues les consultations particulières. Une vingtaine de groupes et
intervenants sont venus partager leurs expertises et leurs expériences en
commission parlementaire. Ils nous ont fait part de leurs points de vue sur des
éléments centraux du projet de loi. L'exercice aura permis de rassurer les
intervenants et de clarifier certains points et certaines des positions. Alors,
les questions et les différentes suggestions qui ont été faites permettront
assurément de bonifier notre réflexion pour les travaux à venir. Nous avons été
heureux de constater que le projet de loi dans son ensemble était très bien
reçu.
<En tant que...
M. Jolin-Barrette :
...
projet de loi dans son ensemble était très bien reçu.
>En tant que père, en tant que
mère, comme beau-parent ou comme parent adoptif, peu importe quel rôle nous
nous... dans quel rôle nous nous reconnaissons, nous voulons tous la même
chose, que nos enfants puissent grandir, se développer, s'épanouir dans un
milieu sain et sécuritaire. Comme société et comme gouvernement, nous avons le
devoir de mettre en place toutes les protections nécessaires pour que nos
enfants puissent évoluer de façon équitable, peu importe la façon dont ils
viennent au monde.
C'est dans cet état d'esprit que le projet
de loi n° 12 a été rédigé. Il se décline en trois grands axes : la
protection des mères dont l'enfant est issu d'une agression sexuelle et la fin
de la possibilité, pour un agresseur sexuel, de forcer l'établissement de sa
paternité; l'encadrement des grossesses pour autrui en vue d'assurer la
protection des droits de l'enfant à naître et ceux de la mère porteuse; puis un
meilleur accès à la connaissance des origines pour les enfants nés d'une
procréation assistée, que l'on parle d'un don de gamètes ou d'une grossesse
pour autrui.
Nous avons tous été outrés d'apprendre, à
travers l'histoire de celle que l'on connaît sous le pseudonyme d'Océane, qu'un
agresseur peut, dans l'état actuel du droit... d'établir sa paternité à l'égard
d'un enfant issu d'une agression sexuelle. Avec le projet de loi n° 12,
nous nous assurons de colmater cette faille dans la loi, et ce, sans pénaliser
financièrement la mère de l'enfant.
Par ailleurs, chaque année, des enfants
naissent d'une grossesse pour autrui au Québec, un processus qui n'est pas
reconnu par la loi, et peuvent ainsi se retrouver dans une position de
vulnérabilité. C'est pourquoi nous venons encadrer la grossesse pour autrui.
Nous proposons un cadre prévisible, sécuritaire et sécurisant pour tous et nous
nous assurons que les droits de l'enfant à naître et de la mère porteuse seront
protégés quoi qu'il arrive.
Enfin, comme les experts s'entendent sur
le besoin fondamental, pour une personne, d'avoir accès à la connaissance de
ses origines, nous voulons garantir cet accès aux enfants issus d'une
procréation impliquant la contribution d'un tiers. La connaissance des origines
permet à tout individu de construire son identité et de s'approprier son
histoire. Il s'agit d'un besoin intrinsèque et crucial pour beaucoup d'enfants.
L'étude détaillée sera l'occasion d'aborder chacun de ces aspects en
profondeur.
Nous entamons cette étape avec ouverture
et avec la même volonté qui a guidé toutes nos décisions jusqu'ici :
offrir ce qu'il y a de mieux à nos enfants. La famille est au fondement même de
notre société. Comme nous le savons, les réalités familiales évoluent, et le
droit de la famille doit également s'adapter. La réforme que nous proposons
permettra de mieux répondre aux besoins des familles d'aujourd'hui et de mieux
protéger les enfants.
En terminant, je tiens à remercier mes
collègues de la partie gouvernementale ainsi que les collègues de la... des
différentes oppositions, qui ont jusqu'ici permis que les travaux se déroulent
rondement et dans un esprit de collaboration. L'étude détaillée sera
l'occasion, une fois de plus, de mettre nos efforts en commun dans l'intérêt
des familles québécoises. Et, je le répète, en tant que gouvernement, nous ne
devons rien laisser au hasard quand vient le temps de protéger l'intérêt de nos
enfants. Merci. M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le ministre.
M. le député de l'Acadie, s'il vous plaît.
M. André Albert Morin
M. Morin : Merci, M. le
Président. Alors, comme le mentionnait M. le ministre, on commence aujourd'hui
l'analyse, l'étude article par article des dispositions du projet de loi n° 12.
On aborde le projet de loi avec beaucoup d'ouverture parce qu'un des éléments
importants du projet de loi est de légiférer, réglementer toutes les
conventions de grossesse pour autrui, ce qui est... ce qui, présentement, n'est
pas fait comme... en tant que tel dans le Code civil.
Et ce projet de loi va apporter aussi
différentes modifications importantes en matière de filiation, tout comme le
projet de loi va permettre à un enfant, lorsqu'il est issu d'une agression
sexuelle, de contester sa filiation avec l'agresseur ou de s'opposer à ce
qu'une telle filiation soit établie. Donc, c'est un projet de loi qui doit
conjuguer l'intérêt de l'enfant, la protection des droits des femmes et
également les parents qui voudront se lancer dans un projet parental lorsqu'on
réfère plus spécifiquement à la convention de grossesse.
• (15 h 50) •
Le projet de loi va permettre l'obligation
de conclure une convention de grossesse pour autrui avant le début de la
grossesse et donc prévoit aussi l'obligation d'obtenir, après la naissance de
l'enfant, le consentement de la personne qui lui a donné naissance à ce que le
lien de filiation avec l'enfant soit établi exclusivement à l'égard des parents
d'intention. Et ça, nous... j'y reviendrai, éventuellement.
Il est donc important de s'assurer que le
consentement qui sera donné par tous les intervenants, toutes les parties au
projet, le... soit fait d'une façon vraiment claire et éclairée et que les
différents... en fait, les parents d'intention, la personne porteuse soient
bien au courant de l'ensemble de leurs droits et des obligations dans le... en
vertu desquels ils vont s'engager dans ce projet.
Donc, c'est un projet de loi qui est très
important, mais qui, à mon avis, et <je le dis bien...
M. Morin :
... c'est
un projet de loi qui est très important, mais qui, à mon avis, et >je le
dis bien humblement, est perfectible. Donc, j'étais heureux d'entendre M. le
ministre dire qu'il débutait cet exercice-là avec ouverture, parce que, dans le
projet de loi, il y a un certain manque de précision, et j'y reviendrai.
Il y a toute la question, également, de la
possibilité pour des femmes porteuses de participer au projet alors qu'elles
sont hors Canada. Et là il y a toute une procédure, en fait, qui est prévue au
projet de loi, où le ministre aura à évaluer certains pays où, évidemment, les
droits des personnes porteuses seront semblables à celles qu'elles auront au
Québec. Et ça, quant à moi, je vous le dis d'emblée, M. le Président, c'est un
élément qui est problématique, parce que je comprends qu'on veuille encadrer la
convention, mais il m'apparaît clair que la loi ou les lois québécoises ne
s'appliquent pas en dehors du territoire du Québec. Donc, comment protéger la
femme porteuse? Comment s'assurer que tout va bien fonctionner? Alors là, il y
a énormément de questions qui restent en suspens.
L'autre élément aussi qui, à mon avis, est
problématique avec le projet de loi, c'est toute la question, au fond, de
l'encadrement ou de l'absence d'encadrement des agences et des tiers. Parce
qu'on le sait, ça existe. On comprend, à la lecture du projet de loi, que la
convention de grossesse sera à titre gratuit, donc la femme porteuse ne sera
pas rémunérée. Qu'en est-il des agences qui peuvent contribuer au projet? Il
n'y a pas d'encadrement, et ça, quant à moi, c'est assez problématique, et je
vais y revenir éventuellement, quand on fera l'analyse article par article.
Tout ce qui a trait au montant pour aider
l'enfant issu d'une agression sexuelle... Et ça, on en a beaucoup parlé et on a
écouté beaucoup de groupes qui sont venus témoigner en commission parlementaire,
M. le Président, et qui nous ont dit qu'en soi, qu'il y ait cette
reconnaissance, je pense que c'est un pas dans la bonne direction. L'ennui,
c'est que le projet de loi, dans sa forme actuelle, fait en sorte que tout le
fardeau repose sur les épaules de la mère. Et évidemment, dans certains cas, ça
peut être un exercice périlleux, voire onéreux pour que la mère puisse
démontrer, d'une part, l'agression sexuelle puis qu'en plus le tribunal puisse
comptabiliser l'indemnité qui sera éventuellement versée. Donc là, il faudra
éventuellement y penser. On aura des suggestions pour M. le ministre en ce qui
a trait à ces dispositions-là.
Il y a également un concept qui est
totalement absent du projet de loi et... celui qui traite de la pluriparentalité.
Ça existe dans d'autres lois, dans d'autres provinces au Canada. Je pense que,
si on veut moderniser, adapter le Code civil à une réalité québécoise telle
qu'elle est aujourd'hui, parce que ça existe, il faudrait également prévoir ce
concept-là dans le projet de loi. On a entendu des groupes qui étaient pour,
d'autres qui étaient contre, mais je pense qu'il faut saisir cette opportunité.
J'aurais également certains commentaires
généraux sur le style de rédaction du projet de loi. Il y a quelques articles
dans le projet de loi, permettez-moi de référer notamment aux articles 18
et 19, qui, eux, énoncent une série de dispositions les unes après les autres,
avec une numérotation qui... bon, qui n'est pas toujours évidente. Et il y a
même des dispositions ou des articles, dans le projet de loi, qui ont une
numérotation qui, quant à moi, commence à s'apparenter à la Loi sur l'impôt et
sur le revenu. Donc, ça commence à être problématique. Puis je rappelle qu'il
s'agit d'un code <civil, donc un...
M. Morin :
...
problématique. Puis je rappelle qu'il s'agit d'un code >civil, donc un document
qui devrait normalement énoncer des grands principes. Puis, quand je vous
parlais, tantôt, des articles un peu particuliers, si vous regardez
l'article 47, là, là, on est rendu à 431.0.2, 431.0.3, etc. C'est loin
d'être simple et ce n'est peut-être pas toujours non plus très élégant comme
façon de faire.
Donc, revenons à l'essence même du Code
civil, qui est un élément essentiel dans la reconnaissance, évidemment, du
Québec et de toute sa spécificité. Et je pense que le législateur, à ce
niveau-là, devrait faire un effort. Je ne suis pas le seul à l'avoir remarqué.
Dans son mémoire, le Barreau du Québec en arrivait à la même... sensiblement,
la même conclusion, et donc il rappelait, finalement, les principes et la façon
dont on devrait harmoniser les dispositions du Code civil, et je cite :
«Un ensemble de règles qui, en toute matière auxquelles se rapporte la lettre,
l'esprit ou l'objet de ces dispositions, établit en termes express ou de façon
implicite le droit commun.» Parce qu'évidemment on parle du droit commun au
Québec, dans ce cas-là. Donc, il y a des éléments qui mériteraient, d'une façon,
je vous dirais, générale, d'être analysés, d'être regardés pour s'assurer qu'on
aura un document dont la facture, la rédaction représentera ou, véritablement,
s'harmonisera avec les autres dispositions du Code civil.
Mais j'aimerais aussi prendre quelques
instants. Quand on parle, évidemment, de l'encadrement des grossesses pour
autrui, il y a des principes qu'il ne faut pas oublier, qui, quant à moi, sont
totalement essentiels et qui doivent inspirer le législateur dans sa rédaction
d'un projet de loi. Je pense notamment à la prohibition de la marchandisation
de l'enfant, la prohibition de l'exploitation du corps de la femme et de sa
commercialisation. Et ça, c'est un élément sur lequel je veux m'attarder parce
que ça m'apparaît essentiel. Et je vous dirais que je ne suis pas convaincu que
le projet de loi, tel qu'il est maintenant, fait en sorte que le corps de la
femme ne pourra pas être commercialisé ou exploité, j'y faisais référence tout
à l'heure, M. le Président, notamment quand on parle de conception ou de
personne porteuse à l'extérieur du Canada. Et le législateur doit jongler avec
l'intérêt de l'enfant, l'intérêt de la femme puis aussi le projet que les deux
personnes veulent réaliser, finalement, avec la convention de grossesse.
Donc, il y a des éléments importants,
pendant l'étude article par article, que je vais soulever, M. le Président. On
aura des propositions à faire au gouvernement dans un but d'apporter, je pense,
des solutions, bonifier le projet de loi pour s'assurer que les droits de tous
et de chacun seront effectivement bien respectés.
• (16 heures) •
J'aimerais aussi souligner, parce que
c'est intéressant, on a étudié, dans cette législature, deux projets de loi en
matière de justice, qui, dans les deux cas, positionnaient, si vous me
permettez l'expression, les notaires d'un côté puis les avocats de l'autre. Et,
dans ce projet de loi, pour y avoir bien réfléchi et puis dans un but, je vous
dirais, de simplifier un accès à la justice, je suis prêt à reconnaître que la
convention de grossesse par acte notarié peut représenter un avantage. Parce
que ma compréhension, c'est qu'une fois que vous avez un document notarié qui
est déposé, évidemment, il fait preuve de son contenu. Puis je pense qu'on a
tous à cœur le fait de vouloir désengorger les tribunaux, au Québec, qui sont
déjà pas mal engorgés comme c'est là. Puis ce n'est pas parce que les officiers
de justice ne travaillent pas fort, c'est parce que, malheureusement, il n'y a
pas ni assez d'argent ni assez de monde pour que ça fonctionne correctement.
Cependant, le projet, ce projet de vie, ce
projet de procréation est tellement important que je vous dirais qu'il devient
essentiel, à ce moment-là, pour les parties d'obtenir un avis juridique
indépendant pour que les gens comprennent bien ce dans quoi ils s'engagent. Et
ça, ça m'apparaît être un élément qui est essentiel, tout comme il m'apparaît
très important de circonscrire tout le rôle des intermédiaires privés dans le
cas des grossesses pour autrui. Et je vous dirai <également...
>
16 h (version révisée)
<19253
M.
Morin :
...des intermédiaires privés dans le cas des grossesses
pour autrui. Et je vous dirai >également, et ça, ce n'est pas comme tel
dans le projet de loi, mais c'est quelque chose que je mets d'emblée, que je
partage avec M. le ministre, il faudrait qu'il y ait une évaluation qui soit
faite et que ce soit inséré dans la législation pour qu'on puisse, après trois
ou cinq ans, avoir une analyse pour savoir exactement où on en est, si ça
fonctionne bien, s'il y a des embûches. Parce que tout projet de loi qui, à un
moment donné, devient une loi est toujours perfectible, et il faut toujours
être en mesure de s'adapter à nos différentes réalités sociales. Donc, à ce
stade-ci... et là je regarde mon temps.
Le Président (M.
Bachand) :...minutes.
M. Morin : D'accord. C'est
bon, mais je pense que ma collègue aimerait peut-être ajouter quelque chose,
alors j'arrêterai ici. Je pense que j'ai mis… j'ai mis la table. Et on va donc
continuer à analyser ce projet de loi article par article avec beaucoup d'attention.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. J'aurais peut-être dû
indiquer que c'est 20 minutes total par intervention, donc vous avez du
temps amplement pour vous exprimer, mais on fait, bien sûr, un tour de table
des différents groupes parlementaires. M. le député de Sainte-Anne… Saint-Henri—Sainte-Anne,
pardon.
M. Guillaume Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Merci, M.
le Président. Je pense que la question... les questions qui sont traitées dans
ce projet de loi sont très importantes. Les discussions que nous aurons au
cours des prochaines semaines toucheront des sujets sensibles, mèneront à
certains questionnements éthiques, mais ce sont des discussions nécessaires
afin d'arrimer le projet de loi avec les différentes propositions amenées par
les groupes de consultation que nous avons entendus. Il s'agit de droit nouveau,
et, comme il a été mentionné par certains intervenants dans le domaine
juridique, l'intention du législateur doit faire en sorte de fournir à la
magistrature les balises claires et nécessaires afin d'interpréter les
dispositions de la loi, et ce, en tenant compte de la jurisprudence actuelle.
Par exemple, il a été souligné, dans le
cas des enfants issus d'une agression sexuelle, que la déchéance parentale est
une mesure rarement privilégiée par les juges et que, bien souvent, ces recours
peuvent même se retourner contre la mère, notamment lorsque la DPJ est dans le
portrait. Il ne faut pas sous-estimer les nombreux drapeaux rouges qui ont été
levés à la fois par les groupes de femmes et des juristes. Malgré les
intentions louables du législateur, il ne faudrait pas faire en sorte que les
démarches judiciaires dans le but de rompre la filiation avec l'agresseur
puissent, au contraire, faire en sorte que la mère soit accusée d'aliénation
parentale ou, pire, que son enfant soit confié à un agresseur.
Bref, la question d'avoir une déchéance
parentale, avec ou sans possibilité de retour en arrière en cas de condamnation
criminelle pour les agressions sexuelles, nous semble un recours qui
protégerait à la fois la mère, mais aussi l'intérêt de l'enfant, car il est
toujours possible qu'une femme coincée dans une dynamique de violence conjugale
souhaite maintenir une filiation avec le père agresseur, alors que ce n'est pas
nécessairement dans l'intérêt de son enfant. Il faut donc donner des choix à
cette femme, certes, mais il faut aussi, en tant que législateur, protéger l'intérêt
supérieur de l'enfant.
Bien que nous ayons voté en faveur du
principe du projet de loi n° 12, nous pensons que ce projet de loi aurait
eu le potentiel de s'inscrire dans la modernité en venant explorer la
reconnaissance de la pluriparentalité dans notre cadre légal québécois, comme
le font d'autres provinces et d'autres législations sans problème. C'est une
demande de plusieurs groupes et de plusieurs familles au Québec, et nous
pensons que ce projet de loi aurait pu minimalement ouvrir la réflexion à ce
niveau.
En effet, il a été souligné par des
intervenants que des dispositions légales pourraient faciliter la vie des
familles pluriparentales sans nécessairement qu'il y ait trois parents sur l'acte
de naissance. De plus, il aurait été possible d'y aller avec prudence et d'examiner,
par exemple, quels droits parentaux ou quelles dispositions légales pourraient
être appliqués pour un troisième parent dans certaines circonstances. On ne
parle pas de quatrième, cinquième ou de sixième parent comme le laissaient
entendre certains. Toutefois, nous sommes sensibles aux arguments évoqués par
les avocats et avocates en droit de la famille au niveau de l'intérêt de l'enfant
en cas de séparation. C'est pourquoi il faut en tenir compte dans un contexte
législatif.
Permettez-moi maintenant de soulever
quelques éléments, quelques points qui mériteraient d'être traités, discutés et
parfois amendés dans le cadre de l'étude détaillée. Premièrement, au niveau de
la gestation pour autrui, de la GPA, plusieurs précisions entourant ce qui
devra et surtout ce qui ne devra pas être régi dans les conventions pourront
être étudiées. Des groupes nous ont également demandé d'ouvrir les mandats de
GPA aux avocats et non seulement aux notaires. C'est une question qui devra
être étudiée aussi. Des groupes nous ont suggéré de ne pas avoir à déposer l'ensemble
de la convention de GPA auprès du Directeur de l'état civil, mais seulement un
extrait afin de limiter le partage de certaines informations non nécessaires ou
confidentielles.
Par ailleurs, il a été souligné aussi que
le droit à la connaissance des origines est important pour les enfants issus d'une
GPA et que le législateur pourrait s'inspirer, à cet égard, des nouvelles
dispositions en adoption. Par ailleurs, il faudra prendre en considération que
le droit à la connaissance de ses origines ne veut pas nécessairement dire qu'il
faille briser le droit à la vie privée des femmes porteuses ou des donneurs. C'est
un enjeu qu'il faudra considérer. Nous aurons le devoir, en tant que
législateurs, de permettre un cadre de convention suffisamment souple pour
qu'il puisse être modulable en <fonction...
M. Cliche-Rivard :
...nous
aurons le devoir, en tant que législateurs, de permettre un cadre de convention
suffisamment souple pour qu'il puisse être modulable en >fonction des
différentes situations, mais suffisamment encadré pour que la vie privée et
l'autonomie des femmes porteuses ne soient pas atteintes.
Au niveau de l'encadrement des GPA pour
une femme porteuse hors Québec, dans la version actuelle du p.l., le
législateur prévoit peu de dispositions dans un contexte où les conditions ne
seraient pas respectées en contexte de GPA transnational. De plus, il nous
apparaît clair de fixer des balises claires concernant les critères de
sélection des États qui seraient admissibles pour un projet parental au moyen
d'une GPA. Il est aussi primordial d'avoir des mécanismes rigoureux pour
s'assurer du maintien des critères par les États concernés. Le principe de
précaution devrait s'appliquer. Pensons notamment à nos voisins du Sud qui ont
modifié certaines dispositions importantes quant aux droits reproductifs des
femmes, notamment le droit à l'avortement. Faudra-t-il sélectionner les États
américains à la pièce, éliminer les États américains où des projets de loi
potentiellement problématiques sont à venir? La question du droit à
l'avortement en contexte de GPA transnational ne nous semble pas assez
enchâssée dans le projet de loi actuel. Certains groupes ont également levé un
drapeau rouge concernant la faiblesse de l'encadrement proposé par ce projet de
loi concernant les agences en GPA. On a également des craintes concernant la
capacité du législateur à assurer les mêmes niveaux d'encadrement, de sécurité
et de respect des droits pour les projets GPA qui concernent une femme porteuse
en dehors du Québec.
En matière de filiation, lorsqu'un enfant
est né des suites d'une agression sexuelle, nous pensons que le projet de loi
devrait tenir compte de l'expertise des groupes de femmes en matière de
violence sexuelle dans un contexte de violence conjugale, notamment sur la
question du contrôle coercitif. Une demande à cet effet, d'inscrire une
définition du contrôle coercitif dans le Code civil, nous apparaît pertinente,
le but étant d'offrir des outils aux juges pour interpréter le projet de loi
lorsqu'il en sera question, de filiation, à la suite d'une agression sexuelle.
Aussi, en cas de non-condamnation ou
d'acquittement en matière d'agression sexuelle, le fardeau de preuve sera sur
la victime, qui devra prouver à un juge son agression afin d'obtenir la
non-reconnaissance de la filiation envers l'agresseur. Plusieurs pistes de
solution ont été amenées pour éviter le plus possible les contacts entre la
victime et son agresseur, de même que les recours légaux que ceux-ci... que
celui-ci pourrait intenter en retour. Il faudra en tenir compte lors de l'étude
détaillée.
Enfin, puisque le projet de loi n° 12
prévoit qu'en cas de condamnation pour agression sexuelle au criminel le
retrait de la filiation parentale serait facilité, nous avons été sensibles à
l'argument selon lequel il faudrait aussi considérer, dans une certaine mesure,
la portée des jugements en matière civile. En effet, il n'est pas rare qu'une
agression sexuelle amène un acquittement au criminel mais une condamnation au
civil.
Concernant, finalement, la question des
indemnités, à la suite du passage en commission de Mme Suzanne Zaccour, il
n'est pas clair, à nos yeux, quel intérêt la nouvelle indemnité aurait par
rapport à un recours normal en droit civil. Selon elle, il semble même que les
indemnités prévues au projet de loi n° 12 pourraient être inférieures à ce
qu'on pourrait obtenir avec un recours en droit commun. En ce sens, il est
difficile de comprendre en quoi la nouvelle indemnité serait préférable à une
demande à l'IVAC.
En terminant, il pourrait être intéressant
de considérer la proposition des CAVAC de permettre que l'enfant issu d'une
agression sexuelle soit aussi considéré comme une victime, au même titre que sa
mère, ce qui permettrait de meilleures indemnisations et donnerait plus
d'options aux mères et aux enfants. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Mme la députée
de Vaudreuil.
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols : Merci. Merci,
M. le Président. Projet de loi n° 12, projet de
loi... Je pense, tout le monde en a parlé, tous les collègues l'ont dit, c'est
un projet de loi en droit familial, le droit familial, c'est souvent un droit
qui est très humain. C'est un droit qui touche... pas nécessairement tout le
monde, mais il y a des aspects qui viennent chercher plusieurs personnes
dans... Là, je vais parler comme députée, là, mais, souvent, les citoyens, on
nous appelle au bureau, on nous soulève… on nous soulève des problématiques, on
les lit aussi dans les journaux. Donc, bien sûr, bien sûr, il y a des choses
qu'on veut régler dans ce projet de loi là.
• (16 h 10) •
Donc, c'est un projet de loi qui... dont
le principe est salué, mais évidemment on a entendu les groupes puis on
comprend qu'il y aura certaines difficultés en lien avec la mise en application
de certains de ces articles-là. Donc, on... nous essaierons de démystifier
peut-être certains articles ou, en fait, trouver une façon pour appliquer
certains éléments à éclaircir comme, entre autres, comment... comme le disaient
précédemment mes collègues, comment protéger la femme porteuse, comment mieux
aussi encadrer les agences. C'est des points qui ont été soulevés, là, par les
groupes qui sont venus aux auditions particulières.
On a parlé du concept, qui était absent,
de pluriparenté, on dit souvent «pluriparentalité», mais c'est pluriparenté.
Donc, ça a été soulevé aussi. C'est un concept qui est absent. Est-ce que c'est
parce que le ministre ne veut pas aller là? Mais toutefois on est là, on
travaille… on travaille un projet de loi avec un… du droit un peu… du droit nouveau,
des aspects nouveaux. Donc, pourquoi ne pas le traiter ici?
Et, bien sûr, moi, j'aurai des questions
sur certains articles, particulièrement, là, dans la section pour les enfants
issus du viol, en lien avec l'indemnité. Puis je pense qu'il y a eu beaucoup de
questions qui ont tourné <autour...
Mme Nichols :
...en
lien avec l'indemnité. Puis je pense qu'il y a eu beaucoup de questions qui ont
tourné >autour de l'indemnité. Évidemment, tu sais, comment calculer les
besoins? Comment calculer les besoins de l'enfant? Quelle part va être assumée
par l'agresseur? Mais surtout comment va être versée l'indemnité? Est-ce que ça
va être versé sur une somme globale? Est-ce que ça va être considéré comme des
aliments? Parce que, bien sûr, ça va avoir des effets, des conséquences, soit
directes ou indirectes, sur la prescription, mais aussi sur, après ça… Parce
qu'on sait qu'il y a des mesures fiscales de reliées à tout ça. Une pension
alimentaire, c'est défiscalisé. Donc, ça va être important, là, de bien définir…
de bien définir tous ces aspects-là.
Alors, voilà, M. le Président. Donc, c'est
donc article par article que j'aurai la possibilité, comme l'ensemble de mes
collègues, de lever ma main pour apporter... pour apporter mes questions, mais
je pense que l'objectif est clair ici, puis je l'ai compris de l'ensemble…
l'ensemble des parlementaires autour de la table, c'est bonifier, c'est
bonifier... bonifier le projet de loi pour que nos citoyens puissent être être
mieux protégés. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Est-ce qu'il y
a d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons
passer... Est-ce qu'il y a des motions préliminaires?
Étude détaillée
S'il n'y a pas de motion préliminaire,
nous allons... Est-ce qu'on est prêt pour faire l'étude article par article? M.
le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui, M.
le Président, avec le consentement des collègues de l'opposition, je vous
proposerais un plan de travail pour qu'on puisse étudier le projet de loi par
blocs. Alors, je crois que vous en avez une copie. Alors, si les collègues sont
d'accord, on procéderait par blocs.
Le Président (M.
Bachand) :Oui.M. le député de
l'Acadie, s'il vous plaît, oui.
M. Morin : …ici, on parle
bien de la proposition, la… bloc a, mesures concernant d'abord la grossesse
pour autrui; bloc b, mesures concernant la filiation; c, la connaissance des
origines; d, l'enfant issu de l'agression sexuelle; et e, les dispositions
transitoires. Il n'y a pas de... il n'y a pas de souci, M. le ministre, on peut
travailler… on peut procéder par blocs pour l'étude.
Le Président (M.
Bachand) :Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires sur la proposition du ministre? Ça va. Donc, nous allons procéder
par blocs. Tout le monde est d'accord? Parfait. Alors, M. le ministre, s'il
vous plaît.
M. Morin : ...
Le Président (M.
Bachand) :Oui, allez-y, M. le député de
l'Acadie, pardon.
M. Morin : Pour le temps de
parole pour chaque intervention.
Le Président (M.
Bachand) :Oui, écoutez, c'est parce qu'il
y a des articles qui vont être étudiés deux fois. C'est ça que vous voulez
soulever? Ah! pour l'article, oui, oui, 245?
M. Morin : Oui, c'est ça,
l'article 245.
Le Président (M.
Bachand) :Parfait. Oui. Puis, avant
d'aller plus loin aussi, il y a des articles qui seront étudiés deux fois,
exemple, l'article 17. Donc, normalement, c'est 20 minutes par
intervenant, mais est-ce que... La secrétaire de la commission me disait :
C'est déjà arrivé dans une autre commission que les membres ont décidé de se
donner plus de laps de temps. Donc, vu qu'on va deux fois étudier, si la
commission est d'accord, on ferait deux fois 20 minutes pour donner le
laps de temps aux membres de la commission. Si ça va plus vite, ça va plus
vite, là, mais au moins ça va vous donner le temps pour étudier ça. Donc, on va
le faire à 17, on le fait aussi dans d'autres... à 19, mais, si on s'entend sur
le principe, on pourra l'appliquer aux autres articles étudiés en double.
Est-ce que ça va? Consentement? O.K. Donc, M. le ministre, s'il vous plaît, la
parole est à vous.
M. Jolin-Barrette : O.K.
parce que... Oui. Alors, M. le Président, on irait à l'article 17 du
projet de loi pour l'article qui introduit l'article 541.
M. Morin : …
Le Président (M.
Bachand) :Oui, allez-y, M. le député de
l'Acadie, allez-y, oui.
M. Morin : …compte tenu de ce
bloc-là, est-ce que ce serait... puis, compte tenu que l'article 17 et 18
comportent beaucoup d'autres dispositions, est-ce qu'on pourrait commencer par
les articles 1, 3, 4?
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, moi, je n'ai pas vraiment d'enjeu, simplement les équipes jugeaient
que la façon prioritaire, ce serait préférable d'y aller par 17, 18, 1, 3 et 4.
M. Morin : O.K.
M. Jolin-Barrette : Mais ce
serait préférable de commencer par 17, oui, parce que ce qu'on me dit, c'est
que 3 et 4 est accessoire aux autres articles.
M. Morin : Bon, alors, on… Donc,
ça va, on va commencer par faire 17.
Le Président (M.
Bachand) :Donc, M. le ministre, pour la
lecture de l'article 17, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui.
L'article 17 : Les articles 539.1 et 541 de ce code sont
abrogés.
Commentaire. L'article 17 abroge les
articles 539.1 et 541 du Code civil du Québec.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Donc, interventions?
M. Morin : Moi, je n'ai pas
de commentaire à ce stade-ci.
Le Président (M.
Bachand) :S'il n'y a pas d'intervention,
est-ce que l'article 17 est adopté?
M. Jolin-Barrette : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) :Adopté. Merci. Monsieur… Pardon?
On ne peut pas l'adopter. Excusez-moi. Oui, il faut faire le bloc au complet.
Désolé. Alors donc, on va continuer. M. le ministre, pardon, 18.
M. Jolin-Barrette : Parce
que, là, on suspend parce qu'il se retrouve aussi dans le bloc b, c'est-tu ça?
Le Président (M.
Bachand) :Exactement, exactement. Merci
beaucoup de votre aide, M. le ministre. Alors donc, l'article 17 est
suspendu. M le ministre, pour 18.
M. Jolin-Barrette : On dirait
qu'on a déjà fait ça, vous et moi, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :C'est déjà arrivé une fois ou
deux.
M. Jolin-Barrette : O.K.
Article 18 : Ce code est modifié par l'insertion, après l'article 541,
de ce qui suit :
«2. Du projet parental impliquant une
grossesse pour autrui.»
«I. Dispositions générales.»
«541.1. Le projet parental impliquant une
grossesse pour autrui est formé dès lors qu'une personne seule ou des conjoints
domiciliés au Québec ont décidé d'avoir un enfant, de recourir à une <femme…
M. Jolin-Barrette :
...domiciliés
au Québec ont décidé d'avoir un enfant, de recourir à une >femme ou à
une personne qui n'est pas partie au projet parental pour donner naissance à
cet enfant.
«Le projet parental vise tous les enfants
qui en sont issus et ne peut permettre de les dissocier.
«541.2...» Je lis tous les… tous les
sous-articles, M. le Président, ou on y va...
Le Président (M.
Bachand) :...complète, puis après ça on
va y aller sous-article par sous-article.
M. Jolin-Barrette : Parce
qu'il y en a quand même beaucoup.
Le Président (M.
Bachand) :À moins… à moins qu'il y ait
consentement, parce que, souvent, ce qui arrive, c'est que... c'est parce que
ce qui va arriver, c'est déjà arrivé, c'est qu'exemple, 549… un article
pourrait avoir une influence sur l'autre aussi. Mais, si vous êtes d'accord de
fonctionner comme ça, il n'y a pas de problème.
M. Jolin-Barrette : Bien, je
peux les lire tous d'une traite.
Le Président (M.
Bachand) :Non, non, mais, s'il y a
consentement, là, on va vous...
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :Parfait. Donc, vous êtes
comblé. Merci. Donc, interventions sur 541.1? Est-ce qu'il y a une
intervention? M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Jolin-Barrette : Oui,
excusez, excusez, il y avait un commentaire. Vous m'avez dit que j'étais
comblé, là, j'étais un peu sous le choc, là.
Le Président (M.
Bachand) :Donc, le commentaire. Allez-y.
M. Jolin-Barrette : Oui, le
commentaire. Il est proposé d'introduire au Code civil une sous-section 2
concernant les projets parentaux impliquant une grossesse pour autrui, qui
comprendrait les articles 541.1 à 541.37.
Le caractère impératif de l'application
des règles québécoises en matière de grossesse pour autrui a un but
particulier, celui de protéger les droits et les intérêts des enfants et des
femmes ou des personnes qui ont accepté de leur donner naissance. En effet, en
raison des droits et des intérêts en jeu, notamment afin d'éviter que ceux-ci
se trouvent dans une position de vulnérabilité, il importe d'encadrer le
recours à la grossesse pour autrui. Conséquemment, seules les règles relatives
à la grossesse pour autrui prévue dans cette sous-section 2 seront
applicables. De plus, ces règles prévoient que la personne seule ou les conjoints
ayant formé le projet parental qui sont domiciliés au Québec sont les seuls à
pouvoir faire établir la filiation de l'enfant à leur égard.
Il est également proposé d'ajouter une
sous-section I concernant les dispositions générales, incluant des conditions
générales applicables à tout projet parental impliquant une grossesse pour
autrui. Cette sous-section comprendrait les articles 541.1 à 541.6.
L'article 541.1 prévoit comment se forme un projet parental impliquant une
grossesse pour autrui. Cet article prévoit aussi qu'un tel projet vise tous les
enfants qui en sont issus et qu'il ne peut permettre de les dissocier.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Donc,
interventions sur 541.1? M. le député de l'Acadie, s'il vous plaît.
M. Morin : Oui, exact. Donc,
en fait, et c'est un peu la raison pour laquelle je faisais référence aux
articles 1, 3 et 4, c'est que dans le projet de loi, puis on le voit en
partie ici, à 541.1, c'est qu'on dit que «[les] conjoints domiciliés au Québec [qui]
ont décidé, [...]d'avoir un enfant, [ou] de recourir à une femme ou à une
personne qui n'est pas partie au projet parental pour donner naissance à cet
enfant». Et, moi, la modification que je voudrais apporter pour avoir un
langage qui est plus inclusif dans l'ensemble du projet de loi, parce que ça
revient à gauche et à droite, ce serait de faire référence à une personne
porteuse ou à une personne qui va faire partie du projet parental.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Donc, la
proposition du député de l'Acadie, c'est d'enlever «femme [...] qui n'est pas
partie au projet parental»?
M. Morin : C'est ça. Puis ça,
ça a une répercussion sur l'ensemble du projet de loi, ça fait que peut-être qu'à
ce stade-ci, M. le Président, je demanderais une suspension pour que je sois
capable de m'entretenir avec M. le ministre, pour qu'on puisse délimiter
l'ensemble, parce que ça revient partout dans le projet de loi.
M. Jolin-Barrette : Dans le fond,
pour que je comprenne bien, «femme qui porte l'enfant», vous voudriez l'enlever
pour que ce soit juste «personne qui porte l'enfant».
M. Morin : Exact. Tout à
fait.
M. Jolin-Barrette : O.K. Vous
pouvez déposer un amendement, mais, d'entrée de jeu, la partie gouvernementale
va voter contre, parce qu'on tient à ce que les femmes ne soient pas
invisibilisées du Code civil du Québec. Donc, on a prévu une disposition qui
est inclusive à l'effet que ce soit une femme qui porte un enfant parce que,
biologiquement, c'est le cas, hein, les femmes, ce sont elles qui portent les
enfants.
• (16 h 20) •
On vit dans une nouvelle réalité
aujourd'hui, où des personnes s'identifient non pas comme des femmes ou des
personnes qui sont… qui sont trans, qui est une nouvelle... en fait, je vous
dirais, ce n'est pas une nouvelle réalité, mais une réalité qui est plus
apparente aujourd'hui. Et donc on vient couvrir ces personnes également par le
libellé qui dit «les personnes qui portent l'enfant». Donc, on vise les
personnes qui se retrouvent dans cette situation-là, mais le gouvernement
souhaite maintenir le terme «femme», une femme qui porte un enfant. Je crois
qu'on est en mesure, dans notre texte législatif, de faire de la place aux
personnes qui sont non binaires, aux personnes qui sont trans, sans toutefois
enlever aux femmes le droit d'être des femmes puis d'être identifiées comme
femmes. Alors, c'est pour ça que, pour nous, on souhaite que ce soit conservé.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député…
M. Jolin-Barrette : Mais vous
pouvez déposer l'amendement, puis on va en disposer.
M. Morin : Oui, oui, oui. On
va déposer l'amendement, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :O.K. Donc, est-ce que vous
voulez...
M. Morin : Bien, on va
demander une <suspension…
M. Morin :
...on va
déposer l'amendement, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :
O.K. Donc, est-ce que
vous voulez...
M. Morin :
Bien, on
va demander une >suspension puis on va travailler l'amendement.
M. Jolin-Barrette : Mais
juste...
Le Président (M.
Bachand) :Oui, allez-y, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : On peut
suspendre. Suspendons.
M. Morin : C'est ce que...
Oui, c'est ça.
Le Président (M.
Bachand) :Parfait. Alors, on va suspendre
quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 22)
16 h 30 (version révisée)
(Reprise à 16 h 32)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Alors, M. le Président, en collaboration avec mes collègues, puisque les
collègues souhaitent déposer un amendement qui s'inscrit dans l'ensemble de la
section... bien, ce serait plus simple de l'insérer à l'article 1. On vous
proposerait de suspendre l'article 18 pour aller à l'article 1, pour
que les collègues puissent faire leur amendement. On va voter l'amendement et,
par la suite, on suspendrait 1 et on reviendrait à 18.
Le Président (M.
Bachand) :Parfait. Est-ce qu'il y a
consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M.
Bachand) :Consentement. Donc...
M. Morin : ...demandais, M.
le Président, ça fait que c'est parfait. Je consens.
Le Président (M.
Bachand) :Donc, on... Je suis obligé de
vous le demander pareil, pour être sûr, sûr, sûr et certain.
M. Morin : Je comprends, je
comprends.
Le Président (M.
Bachand) :Donc, on s'en va à l'article 1
pour la lecture. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Ah! ce n'est
pas mon amendement.
Le Président (M.
Bachand) :Non, non...
M. Jolin-Barrette : Ah oui! C'est
vrai, il faut que je lise l'article. Excusez-moi, M. le Président. Je suis
rouillé, M. le Président. L'article 1 : L'article 113 du
Code civil du Québec est modifié :
1° par l'insertion, après «mère», de «ou
par les parents»;
2° par l'ajout, à la fin, des alinéas
suivants :
«Lorsqu'un projet parental impliquant une
grossesse pour autrui est mené à terme, la déclaration doit être accompagnée
d'une copie authentique de la convention de grossesse pour autrui notariée et
d'une copie de l'écrit qui fait état du consentement visé à l'article 541.9.
Si la femme ou la personne qui a donné naissance à l'enfant décède ou devient
inapte à consentir avant d'avoir exprimé sa volonté, la déclaration doit alors
être accompagnée d'un document faisant état du décès ou d'une attestation
concluant à cette inaptitude, selon le cas.
«Lorsque le projet parental n'est pas mené
à terme, la déclaration doit être accompagnée des renseignements déterminés par
règlement du gouvernement concernant le profil de toute partie à la convention
de grossesse pour autrui, autre que la femme ou la personne qui a donné
naissance à l'enfant, qui a fourni son matériel reproductif.»
Commentaire. L'article 1 modifie l'article 113
du Code civil afin de prévoir des règles particulières concernant la
déclaration de naissance de l'enfant faite au Directeur de l'état civil par les
parents lorsque l'enfant est issu d'un projet de grossesse pour autrui.
Cet article a également pour objet de
rendre l'article 113 plus inclusif.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Donc,
interventions? M. le député d'Acadie.
M. Morin : Alors donc, l'amendement
que je propose, c'est pour aller même plus loin dans le... tout ce qu'on
appelle l'inclusivité, finalement, et de faire en sorte qu'on réfère à une
personne, et non pas femme ou mère, parce que la... ma compréhension de la
convention, c'est qu'une personne va, donc, d'une certaine façon, donner son
corps ou va permettre, dans son corps, qu'il y ait ait une gestation pour
autrui. Et donc, à ce moment-là, c'est la raison pour laquelle je dépose l'amendement
dont on a parlé.
Le Président (M.
Bachand) :...faire la lecture, s'il vous
plaît.
M. Morin : Et je peux
faire...
Le Président (M.
Bachand) :La lecture, s'il vous plaît,
oui.
M. Morin : ...la lecture de
ce qui est là. Donc, l'article 1 du projet de loi est modifié, dans le
deuxième alinéa du paragraphe 2°, par la suppression des mots «la femme ou»
après le mot «Si». Puis ça nous permettrait de garder le mot «personne».
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Interventions
sur l'amendement du député d'Acadie? M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien,
moi, je voudrais intervenir. Je suis un peu... Je suis un homme, M. le
Président. Je suis un peu surpris que le Parti libéral du Québec veuille faire
disparaître le terme «femme» dans le cadre du Code civil du Québec.
Honnêtement, la façon dont c'est rédigé, actuellement, on prévoit justement
pour faire en sorte d'inclure les personnes qui ne s'identifient pas comme
femmes, les personnes qui sont non binaires, notamment, les personnes trans,
également.
On fait en sorte d'adapter le texte pour
qu'ils puissent se retrouver à l'intérieur du texte législatif, mais ce n'est
pas parce qu'on fait en sorte de rajouter un terme, justement, pour être plus
inclusif, qu'on doit nécessairement exclure et éliminer les femmes, la notion
de femme. Honnêtement, moi, je pense qu'on doit nommer et on doit conserver le
terme «femme» parce que ce sont les femmes qui portent les enfants. Bien
entendu, il y a des personnes qui ne s'identifient pas comme femmes qui portent
également des enfants, sauf que moi, je <m'explique...
M. Jolin-Barrette :
...ne
s'identifient pas comme femmes qui portent également des enfants, sauf que moi,
je >m'explique mal que le Parti libéral veut faire en sorte de faire
disparaître les femmes des textes législatifs, particulièrement dans le Code
civil du Québec, mais ça, c'est mon opinion. C'est pour ça qu'on va voter
contre la proposition du collègue, mais je trouve que...
Le Président (M.
Bachand) :Oui, M. le député d'Acadie.
M. Morin : Alors, bien,
écoutez, l'idée, là, ce n'est pas de faire disparaître les femmes du Code civil,
ni les femmes de la société, mais c'est dans le cadre de dispositions
particulières du Code civil où on parle de convention de grossesse, donc
d'avoir une façon, finalement, plus inclusive de le faire. Et c'est la raison
pour laquelle cet amendement-là est proposé.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne,
s'il vous plaît.
M. Cliche-Rivard : Bien,
écoutez, la proposition, telle qu'amendée, je trouve, elle n'est pas
nécessairement plus inclusive, là, je pense... Moi, j'apprécie bien «la femme
ou la personne qui a donné naissance». Je trouve que, dans les deux cas, on est
très inclusif. Donc, nous, on va probablement voter contre l'amendement.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Autres interventions?
S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que l'amendement est adopté?
M. Jolin-Barrette : Rejeté.
Le Président (M. Bachand) :Rejeté. Merci. Alors, si je comprends bien, on serait... il
y aurait consentement pour suspendre 1 pour revenir à 18. Consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Donc, on
revient à 18. Interventions... On était à 541.1. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Mais, en passant, là, on va y aller de cette façon-là, mais on
peut toujours revenir aussi, là. Alors, je pense... parce que c'est quand même
assez complexe, là. Donc, si vous êtes d'accord, on irait à 541.2. Oui,
allez-y, M. le député d'Acadie.
M. Cliche-Rivard : ...
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne,
pardon.
M. Cliche-Rivard : C'est dans
quel... Je comprends que le contexte du dernier alinéa, c'est dans le cas où,
finalement, il y aurait des jumeaux qui seraient, finalement, nés dans... à
l'intérieur de la GPA, qui ne seraient pas prévus initialement, mais ce qui
ferait en sorte que les parents auraient les jumeaux, et ce serait impossible,
selon vous, de les dissocier parce que, finalement, il n'y aurait pas eu de
convention avec un autre couple ou avec d'autres parents d'intention. C'est ça,
la logique?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, oui, c'est la logique, des jumeaux, des triplés, des...
M. Cliche-Rivard : Oui, oui.
M. Jolin-Barrette : ...des
quintuplés, tout ça. Et c'est pour faire en sorte qu'à partir du moment où vous
avez la convention de grossesse pour autrui avec la mère porteuse, à ce
moment-là, ce n'est pas... puis il y a des jumeaux : J'en prends juste un
ou, pire que ça, bien, je vais en prendre un, puis vous allez vous faire
avorter pour l'autre. Donc, ce qu'on veut, c'est que... Ça fait partie, comme
quand on a de la procréation par voie naturelle... vous ne savez pas combien
vous allez avoir d'enfants, donc. À partir du moment où vous avez des enfants,
bien, ça fait partie des surprises, du bonheur que vous pouvez avoir, d'avoir
plus d'un enfant. Alors, on veut faire en sorte qu'à partir du moment où les
parents d'intention conviennent par voie de convention avec la mère porteuse...
qu'ils vont avoir tous les enfants et qu'ils ne pourront pas dire : On en
prend un versus un autre.
M. Cliche-Rivard : Ça va.
Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député d'Acadie.
M. Morin : ...M. le
Président, quand on... à 541.1, quand on fait référence aux conjoints
domiciliés au Québec, donc, dans la définition de «conjoints», ça inclut les
conjoints mariés, pas mariés, conjoints de même sexe, donc c'est... tout le
monde est inclus dans la définition de «conjoints», exact?
M. Jolin-Barrette : Effectivement.
M. Morin : Parfait.
M. Jolin-Barrette : Donc, ça
couvre tout le monde.
M. Morin : Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Alors, si on est d'accord, on
irait à 541.2. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui. Ce
code est modifié par l'insertion, après l'article 541, de ce qui suit :
«541.2. La personne seule ou les conjoints
ayant formé le projet parental doivent, avant la grossesse projetée, conclure
une convention de grossesse pour autrui avec la femme ou la personne qui a
accepté de donner naissance à l'enfant. Aucune autre personne ne peut y être
partie.
«Cette femme ou cette personne qui a
accepté de donner naissance à l'enfant doit, au moment de la conclusion de la
convention, être âgée de 21 ans ou plus. Si elle est une sœur, une
ascendante ou une descendante de la personne seule ou de l'un des conjoints
ayant formé le projet parental, il ne doit y avoir aucune combinaison de son
matériel reproductif avec celui de sa fratrie, de son ascendant ou de son
descendant.».
• (16 h 40) •
Commentaire. L'article 541.2 oblige
la conclusion, avant la grossesse, d'une convention de grossesse pour autrui
entre la personne seule ou les conjoints ayant formé un projet parental et la
femme ou la personne qui a accepté de donner naissance à l'enfant. Il prévoit
aussi que cette dernière doit être âgée de 21 ans ou plus et qu'il ne doit
y avoir aucune combinaison de son matériel reproductif avec celui de sa
fratrie, de son ascendant ou de son descendant lorsqu'elle est une sœur, une ascendante
ou une descendante de la personne seule ou des conjoints ayant formé le projet
parental.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Interventions?
M. le député d'Acadie.
M. Morin : Merci, M. le
Président. Donc, je comprends que la façon dont vous définissez le matériel
reproductif avec la fratrie, donc, on parle de descendants, d'ascendants.
Est-ce que ça se rend, par exemple aux cousins ou s'ils sont exclus?
M. Jolin-Barrette : Non,
les cousins ne sont pas <visés...
M. Morin :
...Est-ce
que ça se rend, par exemple aux cousins ou s'ils sont exclus?
M. Jolin-Barrette :
Non,
les cousins ne sont pas >visés. L'idée, là, c'est de faire en sorte, là,
qu'une mère porteuse ne puisse pas avoir le matériel génétique, supposons, de
son frère avec son propre ovule, supposons, avec la combinaison du matériel
génétique de la fratrie, de l'ascendant ou du descendant. Autre exemple, elle
peut porter un enfant qui provient de l'ovule de sa sœur. Elle peut aussi
porter un enfant qui provient du sperme de son frère si elle n'a pas fourni son
ovule. Ça fait qu'il ne faut pas qu'il y ait combinaison du matériel génétique.
M. Morin : O.K. Puis...
Oui, allez-y.
M. Jolin-Barrette : Et
les cousins germains peuvent se marier.
M. Morin : O.K. Oui,
effectivement.
M. Jolin-Barrette : Ça
n'arrive pas souvent, là.
M. Morin : Ça n'arrive
pas souvent, mais ça peut arriver. O.K.
M. Jolin-Barrette : On
a... C'est déjà arrivé dans certaines familles. Vous savez, l'amour, hein?
M. Morin : Ah! effectivement.
Maintenant, on a écouté des groupes, en commission parlementaire, qui sont
venus recommander assez fortement que, dans certains cas, la femme porteuse ait
déjà eu une grossesse avant, donc que ça ne soit pas sa première grossesse,
compte tenu de l'impact que ça peut avoir chez la personne. Donc, je comprends
que le projet de loi ne vise pas ça ou n'oblige pas la personne porteuse à
avoir une grossesse avant.
M. Jolin-Barrette : Effectivement,
le projet loi ne l'oblige pas. Ça a fait partie des réflexions. Cependant, on a
décidé de ne pas donner suite parce que, notamment, on vise l'autonomie de la
femme. Et donc on comprend que, pour certains groupes, c'est une recommandation.
Cependant, comme État, on ne veut pas faire en sorte de limiter la liberté de
la mère porteuse d'utiliser son corps comme elle le souhaite.
Le Président
(M. Bachand) :J'aurais le député de Saint-Henri—Sainte-Anne,
s'il vous plaît.
M. Cliche-Rivard : Dans le
même contexte que votre réponse, M. le ministre, je voudrais savoir quels
travaux, quelles études ont mené au choix de 21 ans comme âge minimal?
M. Jolin-Barrette : Bien,
en fait, c'est une question notamment de vulnérabilité. L'importance aussi
d'avoir un cadre législatif qui est cohérent aussi avec l'ensemble canadien.
Donc, au niveau de la loi n° 21... au niveau de la
loi fédérale, c'est 21 ans aussi.
M. Cliche-Rivard : O.K.
Le Président
(M. Bachand) :Mme la députée de
Robert-Baldwin.
Mme Garceau : Juste une
remarque pour revenir... concernant la grossesse préalable, parce que, plus
tard, on va parler du consentement clair, libre et clair, éclairé, évidemment, de
la femme porteuse, et c'est dans ce contexte-là, je ne sais pas si... M. le
ministre, si vous avez eu une réflexion. C'est sûr et certain qu'une jeune
femme de 21 ans versus une femme de 35 ans qui a déjà eu un enfant,
lorsqu'on va viser une rencontre avec un professionnel pour faire... pour
regarder l'aspect psychologique d'avoir un enfant, et tout cet aspect-là, qui
est quand même assez important avant de signer une convention... Dans
l'évaluation de donner un consentement vraiment libre et éclairé, je voulais
voir quelle a été votre réflexion au sujet d'avoir une autre, si je peux dire,
condition à la convention.
M. Jolin-Barrette : Bien,
en fait, d'avoir une grossesse préalable?
Mme Garceau : Oui.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, en fait, maintenant, le Conseil du statut de la femme ne recommande plus
le fait d'avoir une grossesse préalable aussi. Et puis vous soulevez un bon
point, parce que chaque cas est un cas d'espèce en soi. Vous faites référence,
supposons, à une femme qui a 35 ans, qui a eu des grossesses préalables,
versus une femme de 21 ans qui n'a pas eu de grossesse, effectivement, mais,
à l'inverse aussi, cas d'espèce pour cas d'espèce, à 35 ans, les
grossesses peuvent être plus à risque aussi, avec davantage de complications,
fondées sur les données scientifiques aussi. Alors, sur cet aspect-là, je pense
que c'est toujours important de respecter l'autonomie de la femme. Donc, c'est
ce qui a guidé.
L'autre point sur votre question
relativement au consentement, bien, le notaire va s'assurer du consentement
libre et éclairé lors d'une séance psychosociale d'information sur l'enjeu
psychosocial, les conséquences aussi rattachées à la grossesse, les impacts
aussi que ça va avoir. Donc, l'objectif est de faire en sorte que la femme soit
le mieux informée possible et qu'elle puisse donner son <consentement...
M. Jolin-Barrette :
...de
faire en sorte que la femme soit le mieux informée possible et qu'elle puisse
donner son >consentement d'une façon libre et éclairée, mais, je suis
d'accord avec vous, il y a plusieurs cas d'espèce, il faut dresser... il faut
mettre un cadre et des balises, puis c'est le cadre qu'on a proposé.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de
Robert-Baldwin.
Mme Garceau : Je vais juste
faire un autre commentaire. Ayant eu des enfants, et je suis certaine que
plusieurs ont eu des enfants ici, dans cette salle, ça vient avec des
conséquences. On vit des conséquences, évidemment, très émotionnelles, et tout,
et c'est sûr et certain que je me mets dans les souliers d'une jeune femme de
21, 22 ans qui n'a jamais eu des enfants, qui va venir signer un
consentement, versus quelqu'un de 28 ans qui a déjà eu deux enfants, ce
n'est pas la même chose. Lorsqu'on va aller signer une convention, on a déjà
passé... on a... on a une certaine expérience, on connaît les attentes, on sait
le niveau de... qu'est-ce que ça implique, la grossesse, de donner naissance à
un enfant, on comprend parce qu'on l'a vécu. C'est cet aspect-là qui me
préoccupe, surtout avec l'âge de 21 ans. C'est jeune.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, les préoccupations de la députée sont légitimes. Je suis d'accord
avec elle. Cependant, il s'agit d'une question d'équilibre aussi pour faire en
sorte de permettre, justement, aux personnes qui souhaitent faire cette
démarche-là de pouvoir le faire. Et on vient s'assurer aussi que les parents
d'intention pourront également offrir une filiation à des enfants aussi.
Peut-être aussi que l'exigence d'une grossesse préalable pourrait entraîner
aussi des... des questionnements aussi par rapport à la fratrie. La mère
porteuse qui décide de porter un enfant et qui a déjà des enfants aussi, ça
aussi, c'est un aspect qui doit être considéré aussi si on exige une grossesse
préalable aussi.
Ça fait qu'il y a plusieurs enjeux qui...
qui... Votre point est bon sur le fait de dire : Bien, l'expérience
d'avoir une grossesse, on ne percevra peut-être pas ça de la même façon que si
je n'ai pas déjà eu d'enfant. Je peux vous dire que je n'ai pas porté d'enfant
puis j'ai appris beaucoup là-dedans. Alors, voyez-vous, c'est comme... c'est
comme un équilibre. On met... on met 21 ans. Il y a une question
d'autonomie, il y a une question du respect du contrôle du corps de la femme, mais
vous amenez des bons points aussi sur le fait que, peut-être, vous savez
davantage dans quoi vous embarquez lorsque vous avez déjà porté un enfant. Mais
prenez le cas d'une femme qui aurait, je ne sais pas, 33, 34 ans puis qui
ne veut pas avoir d'enfant pour elle-même, mais qui souhaite faire ce geste-là,
supposons, pour sa sœur ou n'importe qui. Alors, on va lui interdire à elle,
qui a un âge avancé... bien, pas avancé, je...
Mme Garceau : Faites
attention!
M. Jolin-Barrette : ...qui a
un âge plus avancé... qui a un âge plus avancé... qui a un âge plus avancé que
21 ans, qui est en âge de procréer, mais... Vous comprenez ce que je veux
dire, là.
Mme Garceau : Donc, si je
suis cette logique, est-ce que 21 ans est trop jeune?
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, au fédéral, c'est 21 ans. Dans le reste du Canada, il n'y a pas
d'exigence non plus d'avoir une grossesse préalable, dans les autres États
fédérés du Canada.
• (16 h 50) •
Mme Garceau : Mais là on est
au Québec, donc vous êtes le législateur.
M. Jolin-Barrette : Bien,
vous aussi.
Mme Garceau : Oui, mais on
est ici pour discuter, pour voir tous les enjeux. Est-ce qu'on devrait ou pas?
Donc, je voulais juste avoir cet échange pour avoir votre opinion là-dessus.
M. Jolin-Barrette : Oui,
bien, moi, je vous dirais, M. le Président, les points que la députée de Robert
Baldwin... sont... sont légitimes, mais il faut tracer une ligne à un certain
moment. Ça nous apparaît être l'équilibre. Il ne faut pas non plus aussi... Plus
on va ajouter des conditions, plus on va fragiliser également le droit de
l'enfant à une filiation aussi. Donc, dans le global, je pense qu'on doit
laisser à la femme décider si, oui ou non, elle veut porter un enfant pour
autrui, mais... Bien entendu, ça peut amener des <inconnues...
M. Jolin-Barrette :
...décider
si, oui ou non, elle veut porter un enfant pour autrui, mais... Bien entendu, ça
peut amener des >inconnues, mais, au même titre, quelqu'un qui a déjà eu
des enfants aussi, la prochaine grossesse peut amener des complications aussi,
peut amener... C'est une situation qui est vraiment... qui est vraiment
particulière. Sauf que ce qu'on veut, c'est que la femme puisse décider pour
elle-même.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député d'Acadie, s'il
vous plaît.
M.
Morin :...juste un commentaire. Quand vous disiez, M. le
ministre, que ça pourrait poser peut-être des problèmes avec la fratrie des
autres enfants... mais je comprends que, dans le projet de loi actuel, pour la
personne porteuse, ce n'est pas limité à une grossesse, donc la situation
pourrait se poser de toute façon si elle en a trois, quatre, grossesses pour
autrui, là.
M. Jolin-Barrette : Ah! tout
à fait, mais... Tout à fait. Vous avez raison.
M.
Morin :O.K.
Le Président (M.
Bachand) :Autres interventions? On
continue. Alors, 541.3. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui. «541.3.
La contribution au projet parental de la femme ou de la personne qui a accepté
de donner naissance à un enfant doit être à titre gratuit; elle a néanmoins
droit, conformément aux normes prévues par règlement du gouvernement, au
remboursement ou au paiement de certains frais ou à une indemnisation, le cas
échéant, pour la perte de revenus de travail occasionnée par cette
contribution. Lorsqu'elle est domiciliée hors du Québec, elle a aussi droit,
selon ce qui est prévu par la loi de l'État de son domicile, au remboursement
ou au paiement de certains frais et à l'indemnisation pour la perte de revenus
de travail.
«La personne seule ou les conjoints ayant
formé le projet parental ne peuvent réclamer le remboursement des montants
qu'ils ont versés en vertu du premier alinéa du seul fait que le projet n'a pas
été mené à terme.»
Commentaire. L'article 541.3 prévoit
que la contribution au projet parental de la femme ou de la personne qui a
accepté de donner naissance à l'enfant doit être à titre gratuit, sous réserve
du droit au remboursement ou au paiement de certains frais et à
l'indemnisation, le cas échéant, de la perte de revenus de travail occasionnée
par cette contribution conformément aux normes prévues par règlement du
gouvernement. Lorsqu'elle est domiciliée hors du Québec, l'article propose
qu'elle ait droit, selon ce qui est prévu dans la loi de l'État de son
domicile, au remboursement ou au paiement de certains frais et à
l'indemnisation de la perte de revenus de travail.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Interventions?
M. le député d'Acadie.
M.
Morin :Oui. Alors, merci, M. le Président. Comme on en a parlé
et on en a discuté avec les associations et les personnes qui sont venues
témoigner, je comprends que le principe, c'est que la contribution est à titre
gratuit. Cependant, on sait que, notamment avec des agences, il y a différents
remboursements qui sont faits.
Et mon commentaire est plutôt général. Je
trouve que l'article, lui, est très général, il ne prévoit pas d'une façon
spécifique ce qui pourrait être remboursé ou pas à la femme qui va décider de
porter l'enfant. On parle de certains frais, l'indemnisation pour la perte de
revenus du travail. Qu'est-ce qui arrive, par exemple, si elle est malade... et
des journées de maladie? Est-ce que... Alors, moi, je pense que ça devrait être
plus spécifique, ça devrait prévoir d'une façon plus claire ce à quoi elle va
avoir droit.
Et il y a un autre élément dans cet
article, puis ça, ça se retrouve ailleurs dans le projet de loi, mais je vais
l'aborder en partie ici, parce que, là, on le voit. Ça dit : La femme ou
la personne qui a accepté de donner naissance à un enfant pourrait être domiciliée
hors du Québec. Est-ce que je me trompe?
M. Jolin-Barrette : La femme
qui accepte de donner naissance?
M.
Morin :Oui.
M. Jolin-Barrette : Effectivement,
elle pourrait être domiciliée, supposons, en Ontario.
M.
Morin :Mais elle pourrait être aussi domiciliée dans un autre
pays.
M. Jolin-Barrette : Oui, en
vertu de la loi, en vertu du projet de loi. Cependant, ça devra être dans un État
désigné. Donc, dans le fond, on vient faire en sorte qu'on ne pourra reconnaître
une grossesse pour autrui à l'étranger. Supposons, des parents québécois qui
font affaire avec, supposons, un État américain, supposons... fictif, là,
supposons le Vermont, O.K., bien, il faudrait que le Vermont soit désigné par
le ministre de la Santé comme État accrédité.
À ce stade-ci, présentement, il n'y a pas
d'autre État dans le monde qui a des comparables à celui qu'on va mettre en
place pour le Québec. Il y aurait l'Ontario, supposons, mais il n'y aurait pas
d'État autre, canadien, qui pourrait respecter les paramètres, actuellement.
M.
Morin :Je suis d'accord avec vous, on fait la même lecture, sauf
que... Puis j'avais des commentaires aussi pour 541.28, parce qu'on parle même,
à ce moment-là, de la personne qui a donné naissance à l'enfant, mais hors
Canada. Et je me demandais quel est l'attrait, l'intérêt de vouloir permettre à
une femme ou une personne porteuse d'être domiciliée hors <Canada...
M. Morin :
...de
vouloir permettre à une femme ou une personne porteuse d'être domiciliée hors >Canada
alors qu'au fond on parle... D'abord, le droit, à l'étranger, va être assez
difficile à évaluer, le Code civil ne s'appliquera pas à l'étranger. Vous aurez
beau faire une évaluation, il y a peu d'États, puis vous l'avez mentionné, à
l'étranger qui accordent les mêmes droits aux femmes.
Donc, j'essaie de comprendre. Est-ce que
c'est pour permettre, par exemple, je ne sais pas, moi, deux, tu sais... Cas de
figure, là, on parle d'un État autre, la Californie, par exemple. Alors, vous
avez deux supervedettes d'Hollywood, multimillionnaires, qui sont résidents au
Québec, ils ont un chalet au Québec, ils viennent passer du temps au Québec, il
y a...
M. Jolin-Barrette : ...il
faut qu'ils soient domiciliés
M.
Morin :Ou domiciliés. Domiciliés. Ils ont un domicile au
Québec.
M. Jolin-Barrette : Bien, on
va être contents de les avoir au Québec.
M. Morin : Oui.
M. Jolin-Barrette : Ils vont
payer leurs impôts au Québec.
M. Morin : Oui, mais ça veut
dire...
M. Jolin-Barrette : C'est
bon, ça, j'aime votre proposition.
M. Morin : C'est bon, ça,
hein, vous aimez ça, hein? Mais ça veut dire qu'ils pourraient identifier une
femme en Californie puis lui demander de contribuer au projet?
M. Jolin-Barrette : Bien, reprenons
votre... Excusez-moi, M. le Président.
M. Morin : Non, non. Allez-y,
oui.
M. Jolin-Barrette : Prenons
votre exemple. Supposons, là, que c'est deux acteurs hollywoodiens fameux qui
jouent dans des blockbusters. Ils viennent s'établir au Québec parce qu'ils
aiment ça, venir skier à Mont-Tremblant, supposons, ou ils habitent dans
l'Acadie, ils habitent dans le beau comté de l'Acadie. Puis supposons que la
Californie, c'est un État qui serait reconnu, ce qui n'est pas le cas, parce
qu'eux, actuellement, ils permettent la rémunération des mères porteuses, là,
mais faisons... on est dans un cas fictif, mais supposons que c'est un État
désigné puis que la sœur de madame voulait être leur mère porteuse, puis elle,
elle habite en Californie. Bien, dans le fond, les parents d'intention sont
domiciliés au Québec, et la sœur de madame, qui est la mère d'intention, sa
sœur à elle accepte de porter l'enfant pour eux parce qu'elle ne peut pas avoir
d'enfant, supposons, bien, ça, ce serait une situation à l'étranger aussi qui
pourrait s'avérer.
Mais ce qui est important, avec la
grossesse pour autrui à l'étranger, c'est qu'à cause qu'on développe un cadre
légal... ça vise à éviter que ce cadre légal là soit contourné. Supposons...
parce que les parents d'intention... supposons qu'il y a un acte de filiation
de l'État étranger envers monsieur, supposons, parce que c'était son sperme,
O.K., bien, quand il va revenir ici, il va savoir que les règles de filiation,
pour être établies, pour être reconnues, bien, il faut que le contrat, ce soit
un contrat... une convention notariée et que les règles s'appliquent, que ce soit...
ça va être encadré ici.
Ça fait qu'en partant les parties, quand ils
vont vouloir faire un projet de grossesse pour autrui, ils vont devoir quand
même rencontrer, un peu comme le Secrétariat à l'adoption internationale, la
séance de formation, les démarches, tout ça. Ça fait qu'on risque de mieux
encadrer que... versus le cas qui a cours actuellement, où ce n'est pas encadré
et où les parents vont à l'étranger, puis ils reviennent ici, puis ils font
l'adoption sur consentement spécial. Parce que la pratique, elle se fait déjà présentement,
sauf que, vu qu'elle n'est pas balisée, bien, on se retrouve avec des
situations où les droits de l'enfant ne sont pas nécessairement encadrés, on ne
s'assure pas que la grossesse pour autrui est faite d'une bonne façon, avec des
standards équivalents aux standards québécois qu'on va mettre en application.
Donc, l'objectif est d'éviter de pouvoir contourner un cadre juridique qu'on
vient mettre en application.
M. Morin : Sauf que comment
vous allez faire si la personne qui est dans l'État étranger ne respecte pas la
convention puis qu'elle reste dans l'État étranger? Qu'est-ce que vous allez
faire? Je veux dire, il n'y a pas moyen de...
M. Jolin-Barrette : Vous
voulez dire qu'elle ne redonne pas l'enfant, supposons?
M. Morin : Elle ne redonne
pas l'enfant, ou il y a des termes dans la convention de grossesse, elle ne les
respecte pas, ou, je ne sais pas, moi, elle développe une maladie ou des
complications. À ce moment-là, comment vous allez faire pour faire appliquer le
droit québécois ou la convention à l'étranger?
• (17 heures) •
M. Jolin-Barrette : Bien, on
ne peut pas faire appliquer le droit québécois à l'étranger, mais ce qu'on est
capable de régir, par contre, c'est les parents d'intention — ils
sont au Québec — donc ce qu'on dit, c'est que, si vous décidez de
faire... d'avoir recours à une grossesse pour autrui, vous allez le faire selon
les règles, les valeurs et les lois québécoises. Donc, sachez que vous, couples
ou parents d'intention, vous allez à l'étranger, voici le cadre que vous devez
respecter pour assurer les droits de l'enfant et, par conséquent, aussi les
droits de la mère porteuse. Donc, ne pensez pas aller dans une usine à bébés,
en Inde, supposons, pour aller avoir un enfant par le biais d'une mère
porteuse. Le cadre légal au Québec ne vous permettrait pas ça. Puis, dans le
fond, si vous faites ça, votre projet parental ici ne sera pas sanctionné, vous
ne pourrez pas obtenir les documents pour faire en sorte de régulariser votre
situation ici.
M. Morin : Et si l'enfant
revient au Québec, il ne sera jamais régularisé, sa situation?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, il va se <retrouver...
>
17 h (version révisée)
<15359
M.
Jolin-Barrette :
...oui.
M. Morin :
Il ne
sera jamais régularisé, sa situation?
M. Jolin-Barrette :
Bien,
en fait, il va se >retrouver dans une situation tout dépendant est-ce
que le certificat de l'État étranger, relativement à la filiation là-bas,
comprend le matériel génétique d'un ou deux parents.
Je vous donne un exemple, là. Supposons
que c'est juste le sperme de monsieur, puis c'est monsieur qui est sur le
certificat de naissance dans l'État étranger, à ce moment-là, madame, qui est
la mère d'intention ici, elle, ne pourrait jamais se retrouver sur le
certificat de naissance de l'enfant au Québec. Donc, ça place les parents d'intention
dans une situation où on leur dit clairement dès le départ : Voici les
paramètres, voici, là... Écoutez, vous voulez faire ça, faites-le de la bonne
façon, et, voici, il y a un cadre pour le faire.
Un peu comme l'adoption internationale
aussi. L'adoption internationale, il y a le Secrétariat à l'adoption internationale,
il y a des balises, il y a des règles claires. Donc, l'autre point, c'est qu'on
ne veut pas contourner l'adoption internationale non plus en mettant une voie
pour... Il y a l'adoption internationale puis, de l'autre côté, il y a la
grossesse pour autrui. Et voici, c'est deux chemins différents. Mais on ne veut
pas contourner l'adoption internationale comme ça aussi.
M. Morin : L'enfant qui
naîtrait, parce que l'enfant pourrait naître à l'étranger, aurait aussi la
citoyenneté du pays étranger?
M. Jolin-Barrette : Bien,
sous réserve des règles associées à l'État étranger. Ce n'est pas dans... Ce n'est
pas tous les États que la nationalité s'acquiert par le sol.
M. Morin : Mais il y en a
plusieurs.
M. Jolin-Barrette : Ah! bien
oui, il y en a plusieurs, mais...
M. Morin : Exact. Ce n'est
pas exhaustif, là.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
M. Morin : Puis là il va
revenir ici?
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Morin : O.K.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de
Robert-Baldwin.
Mme Garceau : Mais la
convention signée ici ne sera pas exécutoire à l'étranger. Donc, la mère
porteuse qui est à l'extérieur du Québec, admettons aux États-Unis, décide de
garder l'enfant. Le contrat, la convention n'est pas exécutoire.
M. Jolin-Barrette : Mais la
convention est signée là-bas. Mais, dans tous les cas, elle a le droit de
garder l'enfant. Ici aussi, une mère porteuse a le droit de garder l'enfant.
Mme Garceau : Ça, on va en
rediscuter, je pense, plus tard.
M. Jolin-Barrette : Bien,
dans l'état actuel du projet de loi...
Mme Garceau : Plus tard.
M. Jolin-Barrette : Dans l'état
actuel du projet de loi...
Mme Garceau : Plus tard.
M. Jolin-Barrette : Vous me
dévoilez vos intentions, là, un peu, là. C'est bon. C'est des scoops.
M. Morin : C'est parce qu'on
essaie de faire un tout avec le projet de loi. Mais, à l'étranger, là, si la
personne qui porte l'enfant, comme je disais tantôt, ne respecte pas la
convention, vous ne pouvez pas faire exécuter la convention à l'étranger, ça
fait que vous allez vous ramasser ou les parents vont se ramasser... les
parents d'intention vont se ramasser dans une situation... ou bien ça va créer
un conflit de droit international privé, ils vont avoir recours aux tribunaux,
puis ça devient hypercompliqué.
Alors, je comprends votre exemple de
tantôt, mais je me demandais pourquoi vous ne voulez pas vous concentrer puis
permettre ça au Canada seulement.
M. Jolin-Barrette : Bien, on
a les mêmes enjeux au Canada aussi. Dans le fond, là, c'est du droit québécois,
c'est du droit international privé aussi.
M. Morin : Oui, sauf que, si
vous avez un problème, par exemple, avec la femme porteuse en Ontario, qui a
des complications de grossesse, qu'elle doit aller à l'hôpital, je veux dire,
il y a quand même des ententes entre les provinces, là, au niveau, par exemple,
du paiement des frais médicaux, du remboursement, etc. À l'étranger, les
parents d'intention vont faire quoi?
M. Jolin-Barrette : Oui, mais,
là, vous me parlez, supposons, des soins, là. Vous ne me parlez pas du fond sur
la reconnaissance, là, l'enjeu. Parce que, supposons, la mère... Dans le fond,
là, on ne peut pas faire plus exécuter votre convention en Ontario qu'ici, là,
ou que dans un autre État, là.
M. Morin : Sauf qu'au
niveau... Si on revient, par exemple, au niveau des frais, bien, il y a des
ententes entre les provinces. Si ça se met à aller mal, puis que la femme qui
porte l'enfant a des complications dans un État aux États-Unis, puis c'est là
qu'elle est, bien, qui va payer? Tout va être prévu dans la convention avant?
Ils vont mettre des sommes en fidéicommis pour couvrir ça au cas? Parce qu'il
peut y avoir des complications pendant la grossesse.
M. Jolin-Barrette : Bien,
dans le fond, la convention va être signée là-bas avec la mère porteuse dans l'État
du domicile. Mais, bien entendu, la mère porteuse se retrouve dans une situation
où elle convient, avec les parents d'intention, les modalités de la convention.
Mais, comme je vous dis, actuellement, il
n'y a pas d'États qui ont les mêmes standards que nous. Donc, actuellement, la
liste des États étrangers serait à <zéro...
M. Jolin-Barrette :
...que nous. Donc, actuellement, la liste des États étrangers serait à >zéro.
M. Morin : Bien, c'est ça. Mais
ça, c'est... ça, c'est l'autre élément. Parce que si vous regardez, par
exemple, ne serait-ce, je ne sais pas, ne serait-ce qu'au niveau, par exemple,
de l'interruption volontaire de grossesse, au Québec présentement, il n'y a
pas... législativement parlant, il n'y a pas de limite, alors qu'à peu près
dans tous les pays, y compris les pays du monde occidental, il y en a. Donc, si
vous voulez accorder les mêmes droits à la femme qui porte l'enfant, vous ne
trouverez jamais un État qui va rentrer dans votre liste, parce qu'elle n'aura
pas les mêmes droits à l'étranger. Donc, ça donne quoi?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, selon les standards qui vont être mis en place en fonction de l'État
désigné.
M. Morin : Oui, mais vous
voulez une réciprocité.
M. Jolin-Barrette : Bien non,
mais ce que... Non, mais, dans le fond, le ministre de la Santé, là, va établir
la liste des États qui ont des normes équivalentes aux nôtres. Donc, les États
ne seront pas reconnus. Mais, tu sais, dans «États étrangers», ça comprend les
États fédérés du Canada aussi. En termes de droit international, là...
M. Morin : O.K., vous rentrez
ça dans un État étranger. D'accord.
M. Jolin-Barrette : Certainement.
C'est un État étranger. En fonction du Code civil, les règles qui s'appliquent,
c'est comme un État étranger. Puis le droit québécois, bien que vous le
souhaiteriez comme moi, qu'il s'applique d'un océan à l'autre, bien, il
s'applique d'une rivière à l'autre.
M. Morin : À l'autre. O.K.
Le Président (M.
Bachand) :D'autres interventions? Ça va? Alors,
on continue.
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) : Oui.
M. Cliche-Rivard : Il y a
quand même des groupes qui... je sais que vous avez prévu que ça sera par
règlement, là, mais il y a quand même plusieurs groupes qui ont parlé de, tu
sais, quel type de frais, à quel moment la fréquence du paiement, comment ce
serait administré. Bien que ce soit dans le contexte de... que ce sera défini
par le règlement, j'aimerais vous entendre sur ce que vous avez comme idée.
M. Jolin-Barrette : Bien,
dans le fond, ça va être par voie réglementaire, mais, exemple, ça va notamment
respecter le cadre fédéral aussi. Mais on pourrait penser aux frais de
déplacement, frais de transport, stationnement, repas, hébergement, frais pour
prestations aux soins de personnes à charge, les frais de service de
consultation, les frais de service juridique, les débours, les remboursements
d'indemnité pour avoir manqué des journées de travail, supposons, pour aller à
un rendez-vous médical, les frais relatifs à l'accouchement, les frais
relativement aux vêtements, tout ça.
Ce qui est important de comprendre, c'est
que ce n'est pas permis de rémunérer la personne pour être une mère porteuse.
Par contre, les dépenses associées à la grossesse vont pouvoir être couvertes,
puis ça va être par voie réglementaire, un peu avec les exemples que je viens
de vous donner.
M. Cliche-Rivard : Puis vous
allez définir comme une marge, genre entre 100 $ et 400 $ pour telle
affaire, ou il va y avoir un... tu sais, avec un reçu ou... C'est quoi, la
logique?
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, on va le voir plus loin, là, c'est le notaire qui va administrer, dans le
fond. Les parents d'intention vont placer l'argent en fidéicommis, puis c'est
le notaire qui va administrer les dépenses sur remboursement.
M. Cliche-Rivard : Puis ça,
on l'aura défini, la fréquence, dans la convention?
• (17 h 10) •
M. Jolin-Barrette : Par la
convention, effectivement. Donc, les parties vont pouvoir convenir des
modalités de remboursement entre ceux-ci, mais c'est le notaire qui va débourser.
M. Cliche-Rivard : Puis des
groupes nous ont parlé de la possibilité, là, de prévoir un mécanisme de
règlement de différends ou... Si jamais il y a une... tu sais, il y a une
mésentente sur quel fonds est remboursé, pas remboursé, qu'est-ce que vous
aviez comme idée là-dessus?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, c'est le notaire, eu égard à la convention, qui va prendre la décision de
rembourser. Mais, comment je pourrais dire, la convention va être claire
relativement aux dépenses qui sont couvertes et qui ne sont pas couvertes.
M. Cliche-Rivard : Je vous
entends. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Bien, les
dépenses ne seront pas encadrées, là, c'est-à-dire, vous n'allez pas venir dire
que c'est en fait balisé, là, que telle dépense, ça vaut entre tant et tant,
sinon ça peut être contesté, là. Il n'y a pas de...
M. Jolin-Barrette : Non.
Mme Nichols : Ça n'ira pas
jusque-là.
M. Jolin-Barrette : Non.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. M. le député de l'Acadie. Oui, M. le ministre.
M. Morin : Oui, oui.
Continuez, oui.
M. Jolin-Barrette : Bien,
j'allais juste dire, les parties entre elles peuvent convenir de ce qu'ils
veulent, là, mais ce n'est pas le gouvernement qui va dire : Vous avez
juste... Je ne sais pas, là. Les vêtements de maternité, vous avez un budget de
100 $. Hein, on sait que ce n'est pas réaliste. Mais, ce que je veux dire,
ça ne sera pas dans le règlement. C'est ça que je veux dire. Ce qui va être...
Mme Nichols : Non, mais
c'était ça, ma question. Je voulais savoir, mettons, la massothérapie pour
femme enceinte, maximum 1 000 $. Tu sais, je ne veux pas que... Il
faut...
M. Jolin-Barrette : C'est les
parties qui vont convenir.
Mme Nichols : Les parties
vont convenir, là, d'un montant, soit maximum... <Parfait.
Mme Nichols : ... parties
vont convenir, là, d'un montant, soit maximum... >Parfait.
M. Jolin-Barrette : Nous, ce
qu'on va... ce qu'on va mettre dans le règlement, par contre, c'est que...
Mme Nichols : L'énumération.
M. Jolin-Barrette : ...les
soins de services corporels peuvent être remboursés.
Mme Nichols : Puis les
parties s'entendront entre elles sur les définitions de «services corporels».
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Mme Nichols : Très bien.
Le Président (M.
Bachand) : ...
M. Morin : Oui, brièvement. Je
reviens encore avec la personne qui est à l'étranger. Donc, l'idée, ce n'est
pas de l'amener au Québec pour qu'elle signe la convention au Québec, mais
c'est... la convention va être signée dans l'État de son domicile?
M. Jolin-Barrette : Exactement.
M. Morin : O.K. Donc, on va
avoir un acte, une convention notariée en partie au Québec puis... Parce que,
là, si elle signe dans l'État de son domicile...
M. Jolin-Barrette : Pour
l'étranger, ce n'est pas notarié. C'est une convention entre les parties qui
n'est pas notariée. C'est en fonction des règles qui... par le Secrétariat à
l'adoption internationale. Donc, comme c'est le cas, supposons, en adoption,
dans le fond, entre les États, il conclut des conventions ou quoi que ce soit,
bien, le notaire... il n'y a pas de notaire instrumentant dans le cadre d'une
grossesse pour autrui à l'étranger.
M. Morin : O.K. Puis, dans la
convention, parce que, là, je comprends que les parties vont pouvoir décider
entre eux puis d'inscrire différents aspects, mais, au niveau, par exemple,
certaines indemnités, des congés de... que ce soit de maladie ou autres, ou du
fait qu'on peut prévoir, par exemple, une assurance si la femme porteuse est
malade, ou etc., bon, ça, vous laissez ça aux parties qui vont décider ce
qu'ils vont mettre dans la convention. Vous ne voulez pas légiférer là-dessus
pour dire : La convention doit au moins comporter tel, tel, tel éléments.
M. Jolin-Barrette : À
l'étranger ou ici?
M. Morin : Ici.
M. Jolin-Barrette : Bien là,
il va y avoir des règles impératives dans la convention, mais, exemple, pour
l'assurance vie, puis ça nous a été suggéré, mais on ne comptait pas l'obliger.
Dans le fond, ça revient à la discrétion des parties.
M. Morin : Mais vous n'avez
pas peur que, compte tenu des parties en présence, il n'y aurait pas une
instrumentalisation ou... du corps de la femme ou qu'elle ne se retrouverait
pas dans un... en fait, dans un état ou une situation qui serait défavorisée,
tout dépendant des gens qui veulent rentrer dans la convention de grossesse?
M. Jolin-Barrette : Vous
voulez dire par le... par l'assurance vie ou...
M. Morin : L'assurance vie,
des journées d'assurance maladie, des trucs comme ça qui pourraient être prévus
puis qui s'appliqueraient à tout le monde, finalement, alors que, là, vous
laissez ça à l'intérêt des parties. Donc, d'une femme porteuse à l'autre, ça
peut varier.
M. Jolin-Barrette : Effectivement.
C'est... Dans le fond, c'est les parties qui conviennent des modalités
associées à ça.
Je vous donne un exemple. Il y en a qui
vont le faire par altruisme aussi. Exemple, ils pourraient se retrouver.... la
sœur d'une mère d'intention décide de le faire complètement... d'une façon
altruiste, sans même demander quoi que ce soit aussi. Ils pourraient convenir
de ça. Donc, il y a un cadre impératif au niveau de la convention, le fait
d'avoir 21 ans, c'est par acte notarié, tout ça, mais, pour ce qui est des
modalités de remboursement ou d'indemnités, ça, c'est les parties qui le
déterminent. Même chose, si jamais ils veulent avoir une assurance vie, si la
mère porteuse veut avoir une assurance vie, bien, elle va le convenir avec les
parents d'intention.
Parce qu'il faut comprendre aussi que les
parents d'intention sont à la recherche de mères porteuses aussi. Donc, la mère
porteuse aussi a les... comment je pourrais dire, les moyens d'imposer ses
conditions.
Le Président (M.
Bachand) :D'autres interventions pour
l'instant? Alors, on pourra toujours revenir, bien sûr.
Donc, M. le ministre, 541.4, s'il vous
plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui. «Pour
que soit mené à terme le projet parental impliquant une grossesse pour autrui,
la femme ou la personne qui a donné naissance à l'enfant doit, après la
naissance de celui-ci, consentir à ce que la filiation de l'enfant soit établie
exclusivement à l'égard de la personne seule ou des deux conjoints ayant formé
le projet parental.»
Commentaire. L'article 541.4 prévoit
que, pour que soit mené à terme le projet parental, la femme ou la personne qui
a accepté de donner naissance à l'enfant doit, après la naissance de l'enfant,
consentir à ce que sa filiation soit établie exclusivement à l'égard de la
personne seule ou des conjoints ayant formé le projet parental.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. <Interventions...
M. Jolin-Barrette :
...de la personne seule ou des conjoints ayant formé le projet parental.
Le Président (M.
Bachand) :
Merci beaucoup. >Interventions?
Est-ce qu'il y a des interventions pour l'instant?
M. Morin : Non, pas pour
l'instant.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Donc, 541.5, M. le
ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : «Est sans
effet la renonciation de la femme ou de la personne qui a accepté de donner
naissance à l'enfant à son droit d'exprimer, après la naissance de l'enfant, sa
volonté quant à l'établissement de la filiation de celui-ci.
«Est aussi sans effet la clause tendant à
empêcher la femme ou la personne qui a accepté de donner naissance à un enfant
d'exprimer de façon libre et éclairée son consentement après la naissance de
l'enfant. L'est également la clause pénale visant le même but.»
Commentaire. L'article 541.5 prévoit
qu'une renonciation par la femme ou la personne qui a accepté de donner
naissance à l'enfant à l'obligation de donner son consentement après la
naissance de l'enfant est sans effet.
Cet article prévoit qu'est également sans
effet la clause tendant à empêcher celle-ci d'exprimer de façon libre et
éclairée son consentement après la naissance de l'enfant ou la clause pénale
visant le même but.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Interventions? M. le
député de l'Acadie, oui, allez-y.
M. Morin : En fait, si je
comprends bien, à 541.5, la femme qui donne naissance à l'enfant ne pourrait
pas renoncer, après la naissance, à sa volonté quant à l'établissement de la
filiation de celui-ci?
M. Jolin-Barrette : Dans le
cadre de la convention. Supposons, la clause qui ferait en sorte qu'elle ne
pourrait pas exprimer son consentement, elle est nulle, dans le fond. En tout
temps, on vient s'assurer, dans la convention, que la femme qui a donné
naissance à l'enfant va pouvoir dire : Je conserve l'enfant. Elle va
pouvoir toujours consentir, même après l'accouchement. Dans le fond, elle ne
peut pas dire : C'est sûr que je vais renoncer à l'avance. Dans le fond,
c'est comme le patrimoine familial. Dans le fond, vous ne pouvez pas dire :
Je suis en amour, tout va bien, je ne te demanderai rien. Non. La renonciation
s'exécute après la séparation.
M. Morin : Oui, sauf que...
M. Cliche-Rivard : ...
M. Jolin-Barrette : Comme
quoi?
M. Cliche-Rivard : Dans le
délai que vous avez prévu, entre sept et 30 jours.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
C'est ça.
M. Morin : Sauf que, dans le
cas du patrimoine familial, bien, les gens qui décident de vivre ensemble ou
qui sont mariés, forcément, normalement, devraient vivre ensemble un petit peu,
un petit bout de temps, donc ils vont accroître un patrimoine familial. Ça va
exister forcément.
Ici, la différence que je vois, c'est que
l'idée, l'objet même du contrat, c'est que des parents d'intention qui ne
peuvent pas avoir d'enfant ont recours à une femme porteuse. Puis le but, bien,
évidemment, c'est qu'elle mette au monde un enfant pour qu'ils puissent, après
ça, avoir l'enfant. Donc, elle ne pourrait pas renoncer à l'avance à la
filiation de l'enfant.
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Dans le fond, là, on conserve l'entière autonomie de la femme tout au long du
processus jusqu'à l'accouchement.
C'est le même principe que pour
l'interruption volontaire de grossesse. On ne pourrait pas prévoir dans la
convention : Vous ne pouvez pas vous faire avorter.
M. Morin : Exact.
M. Jolin-Barrette : Peu
importe ce qui arrive, vous ne pouvez pas vous faire avorter. Non, ça, ce n'est
pas permis dans la convention.
Même chose au niveau... dans la convention
de grossesse pour autrui, à partir du moment où les parents d'intention...
Bien, en fait, les parents sont informés qu'il pourrait y arriver que la mère
porteuse décide de conserver l'enfant après l'accouchement, puis, tout au long
de la grossesse, elle peut manifester le fait qu'elle va conserver l'enfant
également.
Donc, dans le fond, la disposition est
pour faire en sorte qu'elle ne puisse pas s'engager à dire : Je mène à
terme ma grossesse et je m'engage à le donner, peu importe ce qui arrive.
• (17 h 20) •
Le Président (M. Bachand) :Ça va pour l'instant? Merci. M. le ministre, 541.6.
M. Jolin-Barrette : Oui. «L'enfant
ne peut réclamer une filiation à l'égard de la femme ou de la personne qui lui
a donné naissance dans le cadre d'un projet parental impliquant une grossesse
pour autrui auquel elle a contribué. Pareillement, celle-ci ne peut, une fois
que son consentement à ce que la filiation de l'enfant soit établie
exclusivement à l'égard de la personne seule ou des deux conjoints ayant formé
le projet parental a été donné ou est réputé avoir été donné, réclamer le lien
de filiation à l'égard de l'enfant.»
Commentaire. L'article 541.6 prévoit que
l'enfant ne peut réclamer une filiation à l'égard de la femme ou de la personne
qui lui a donné naissance. Il prévoit aussi que celle-ci ne peut réclamer un
lien de filiation à l'égard de l'enfant une fois que son consentement à ce que
la filiation de l'enfant soit établie exclusivement à l'égard de la personne
seule ou des conjoints ayant formé le projet parental a été donné ou est réputé
avoir été donné.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. <Interventions...
Le Président (M.
Bachand) :
...merci beaucoup. >Interventions?
S'il n'y a pas d'intervention, nous allons
continuer. 541.7, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : «La
personne seule ou les conjoints ayant formé le projet parental ainsi que la
femme ou la personne qui a accepté de donner naissance à l'enfant doivent être
domiciliés au Québec depuis au moins un an lors de la conclusion de la
convention de grossesse pour autrui pour que les règles permettant
l'établissement légal ou judiciaire de la filiation de l'enfant puissent
s'appliquer au projet parental impliquant une grossesse pour autrui.»
Commentaire. Il est proposé d'introduire
la sous-section II, qui réunit les dispositions concernant les enfants
issus d'un projet parental dans le cadre duquel les parties à la convention
sont domiciliées au Québec, qui comprendrait les articles 541.7 à 541.25.
Il est proposé d'introduire, dans la
sous-section II, la sous-section 1 comprenant des dispositions
générales, incluant certaines conditions générales, applicables pour
l'établissement légal ou judiciaire de la filiation. Cette sous-section
comprendrait les articles 541.7 à 541.10.
L'article 541.7 prévoit que
l'établissement légal ou judiciaire de la filiation ne peut se faire que si la
personne seule ou les conjoints ayant formé le projet parental et la femme ou
la personne qui a accepté de donner naissance à l'enfant sont domiciliés au
Québec depuis au moins un an lors de la conclusion de la convention.
Le Président (M. Bachand) :Merci. M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Oui. Alors,
pourquoi un délai d'un an plutôt que six mois, ou 18 mois, ou...
M. Jolin-Barrette : En fait,
c'est pour assurer que le domicile soit véritablement le domicile des conjoints
ou de la personne qui fait le projet parental. Donc, il y a un critère de
stabilité et de présence sur le territoire québécois.
M. Morin : O.K. Puis ils
doivent être domiciliés au Québec, mais ils ne sont pas nécessairement... être
obligés d'être citoyens canadiens.
M. Jolin-Barrette : Non. Ils
doivent être domiciliés.
Le Président (M.
Bachand) :Est-ce qu'il y a... Mme la
députée de Robert-Baldwin, oui, allez-y. Non? S'il y a quelque chose... Est-ce
que ça va pour l'instant? M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne, oui,
allez-y, oui.
M. Cliche-Rivard : À 541.1,
on a déjà l'obligation de «domiciliés au Québec», et là, à 541.7, on a «domiciliés
au Québec [plus] un an». Je me demandais juste, dans une lecture de cohésion,
si on ne voulait pas mettre là soit «domiciliées» une fois ou soit «un an» deux
fois, ou si c'étaient des régimes distincts que je ne saisissais pas la
distinction, dans les conditions générales.
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, à 541.1, ce que l'on me glisse à l'oreille, c'est que ça couvre la GPA au
Québec, mais ça couvre la GPA à l'étranger aussi. Tandis que la 541.7, ça
couvre la GPA au Québec précisément. C'est la région.
M. Cliche-Rivard : Seul, spécifiquement?
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Cliche-Rivard : Je
comprends. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Autres interventions?
Alors, on continue. 541.8, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui. Et
l'élément d'information supplémentaire en complément, le un an, c'est en
complémentarité des articles 59 et 71 du Code civil.
«Seule la femme ou la personne qui a
accepté de donner naissance à un enfant dans le cadre d'un projet parental
impliquant une grossesse pour autrui peut, en tout temps avant la [grossesse] — pardon,
avant la naissance — de l'enfant, mettre fin unilatéralement à la
convention de grossesse pour autrui; elle doit alors le faire par écrit et en
notifier copie à la personne seule ou aux conjoints ayant formé le projet
parental. Dans ce dernier cas, la notification à l'un des conjoints est réputée
faite à l'égard de l'autre.
«En cas d'interruption de la grossesse, il
est mis fin à la convention de grossesse pour autrui sans autre formalité.»
Commentaire. L'article 541.8 prévoit
que seule la femme ou la personne qui a accepté de donner naissance à l'enfant
peut, en tout temps avant la naissance de l'enfant et par écrit notifié à la
personne seule ou aux conjoints ayant formé le projet parental, mettre fin
unilatéralement à la convention de grossesse pour autrui.
Cet article prévoit aussi qu'en cas
d'interruption de grossesse il est mis fin à la convention sans autre
formalité.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de
l'Acadie, ça va? Donc, est-ce qu'il y a interventions?
Ça va. On va continuer. M. le ministre,
541.9... Oui, pardon. M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne, allez-y.
M. Cliche-Rivard : Dans les
commentaires, ça dit : «…en tout temps avant la naissance de l'enfant…» Donc,
après la naissance, dans... ça doit être fait autrement.
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond...
M. Cliche-Rivard : Si elle
refuse de donner son consentement.
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, madame accouche. Pour une période de sept jours, elle ne peut donner son
consentement. Ensuite, à partir du septième jour, du huitième jour jusqu'au
30e jour, elle doit donner son consentement pour entériner la
convention...
M. Cliche-Rivard : Donc, le
geste positif.
M. Jolin-Barrette : C'est un
geste positif. Si, au 30e jour, elle ne l'a pas donné, elle est présumée ne pas
le donner.
M. Cliche-Rivard : <
Parfait...
M. Cliche-Rivard :
...>Parfait.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Donc, M. le ministre,
541.9.
M. Jolin-Barrette : «541.9. Pour
donner son consentement, la femme ou la personne qui a donné naissance à
l'enfant doit consentir expressément à ce que son lien de filiation à l'égard
de l'enfant soit réputé n'avoir jamais existé et à ce qu'un lien de filiation
soit établi à l'égard de la personne seule ou des deux conjoints ayant formé le
projet parental.
«Le consentement doit être donné par acte
notarié en minute ou par acte sous seing privé en présence de deux témoins qui
n'ont pas d'intérêt au projet de grossesse pour autrui. Dans ce cas, son auteur
et les témoins le signent et y indiquent la date et le lieu où il est donné. Le
consentement peut aussi être donné par une déclaration judiciaire dans le cadre
d'une instance ayant trait à la filiation de l'enfant. Le refus de consentir
n'est, pour sa part, soumis à aucune forme particulière.
«Si le consentement est donné dans une
autre langue que le français, il doit être accompagné d'une traduction vidimée
au Québec.
«Un règlement du gouvernement peut
déterminer d'autres éléments sur lesquels le consentement doit porter ainsi que
le contenu du document qui en fait état.»
L'article 541.9 détermine la forme que
doit prendre le consentement de la femme ou de la personne qui a accepté de
donner naissance à l'enfant à ce que son lien de filiation à l'égard de
l'enfant soit réputé n'avoir jamais existé et qu'un lien de filiation soit
établi à l'égard de la personne seule ou des conjoints ayant formé le projet
parental.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
l'Acadie.
M. Morin : Oui. Merci, M. le
Président. Donc, je comprends, M. le ministre, qu'à 541.9 on est dans le
scénario où la femme porteuse ou la personne qui a donné naissance à l'enfant
va décider... va donner son consentement pour savoir si elle va remettre ou
garder l'enfant.
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Morin : Exact? C'est ce
cas de figure là?
M. Jolin-Barrette : Bien,
dans le fond, c'est... Pouvez-vous répéter votre question?
M. Morin : Oui. À 541.9,
quand on parle du consentement pour la femme ou la personne qui a décidé de porter
l'enfant, le consentement dont on parle ici, c'est celui par lequel elle va
décider de remettre ou de garder l'enfant?
M. Jolin-Barrette : C'est ça,
en grossesse pour autrui ici, au Québec. C'est ça.
M. Morin : Exact. Si elle est
à l'étranger, qu'est ce qu'on fait?
M. Jolin-Barrette : Ça va
être un autre article.
M. Morin : C'est un autre
article? O.K. Alors, on va parler de l'autre article plus tard.
Maintenant, la convention de grossesse
doit être faite par acte notarié, mais le consentement, lui, pour remettre ou
pas l'enfant, peut être fait par acte notarié ou par un acte sous seing privé.
Puis...
M. Jolin-Barrette : Donc,
quand qu'ils concluent la convention notariée, ça se fait par acte notarié
devant le notaire.
M. Morin : Exact.
M. Jolin-Barrette : Le
consentement à la remise de l'enfant...
M. Morin : Ou de le garder.
M. Jolin-Barrette : ...ou de
le garder, ça ne se fait pas par acte notarié.
M. Morin : Donc, le consentement
doit être donné par acte notarié en minute. Ce n'est pas par acte notarié?
Une voix : ...
M. Morin : Oui, oui. Oui, oui.
C'est un ou l'autre, mais ça peut être fait par acte notarié.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
M. Morin : C'est ce que je
dis. C'est ça, mon point. Mais ça peut être fait par acte notarié.
M. Jolin-Barrette : Oui, oui,
c'est ça.
M. Morin : Alors...
M. Jolin-Barrette : C'est
soit par acte notarié ou acte sous seing privé, mais devant deux témoins.
M. Morin : Exact. Qui ne sont
pas... bien, qui ne sont pas d'intérêt... qui n'ont pas d'intérêt dans le
projet, évidemment...
M. Jolin-Barrette : Exactement.
M. Morin : ...pour qu'ils
soient totalement indépendants. Alors...
M. Jolin-Barrette : Donc, ça
va devenir un choix pour la mère porteuse de donner son consentement de la
forme qu'elle le souhaite.
• (17 h 30) •
M. Morin : Exact. Puis
pourquoi vous ne demandez pas que le consentement soit donné par acte notarié
seulement? Parce que, si, dans la convention de grossesse... notamment ce que
la Chambre des notaires nous ont expliqué, c'est que l'avantage d'un acte
notarié, c'est un acte authentique. Ils nous ont dit que ça n'avait pas besoin
d'être exemplifié par le tribunal après. Ça dégage les tribunaux, puis, bon, on
s'en va comme ça.
Pour éviter des litiges puis sauver du
temps, si elle donne son consentement... Puis c'est quand même assez assez
important, là. Il est possible que les parents d'intention disent : Bien
là, la mère porteuse, elle veut garder l'enfant, mais nous, on veut avoir
l'enfant. Puis finalement son consentement sous seing privé, il n'est pas
valable, on va la poursuivre, etc. Donc, ça va créer des litiges.
Alors, pourquoi ne pas... que ça ne soit
pas fait uniquement par acte notarié? Donc, ça simplifierait puis ça dégagerait
les tribunaux à nouveau.
M. Jolin-Barrette : En fait,
si elle ne consent pas, il n'y a pas de formalité associée à ça. Elle a
simplement à le notifier. Donc, elle n'a pas besoin de le faire devant <témoins...
>
17 h 30 (version révisée)
<15359
M.
Jolin-Barrette :
...elle a simplement à le notifier. Donc, elle
n'a pas besoin de le faire devant >témoin ou de le faire par acte
notarié. Lorsqu'elle consent, là, à ce moment-là, il faut qu'elle le fasse par
acte notarié ou qu'elle le fasse devant deux témoins, c'est ça, la distinction,
parce qu'on veut... Dans le fond, si jamais la mère porteuse, là, elle y met
fin, il n'y a pas de formalisme associé à ça pour l'acceptation de la remise de
l'enfant... pas la remise de l'enfant, mais son consentement à la filiation à l'hôpital,
supposons, elle pourrait le faire après sept jours. À ce moment-là, c'est
devant deux témoins ou ils peuvent aller devant... chez le notaire, mais on...
Dans le fond, pour... parce qu'on se
retrouve dans une situation où la mère porteuse crée, avec les parents d'intention,
au départ, la convention. Donc, l'acte le créant, le caractère formel se
retrouve au début de la convention. Donc, tout au long de la grossesse, la mère
porteuse décide que, oui, elle va donner l'enfant. On se retrouve à la fin,
elle accouche, tout ça, on lui dit : Tu n'as pas besoin de repasser devant
le notaire, mais, quand tu vas donner ton consentement, tu peux le faire devant
deux personnes, mais, si vous voulez passer devant le notaire, vous pouvez le
faire quand même. Donc, ça amène une plus grande souplesse.
M. Morin : Puis si elle
décide de garder l'enfant?
M. Jolin-Barrette : Là, à ce
moment-là, c'est uniquement de notifier aux parties. Supposons, dans le cadre
de la grossesse, on dit… supposons, à huit mois, elle dit : Finalement, je
le garde, bien, elle doit simplement notifier aux parties qu'elle garde l'enfant.
M. Morin : O.K. Donc, vous
avez...
M. Jolin-Barrette : Donc, c'est
simplement transmettre l'information aux parents d'intention.
M. Morin : Donc… puis je vous
écoute très attentivement, mais la femme porteuse, elle a vraiment beaucoup de
droits ou d'avantages. Elle peut décider de le garder. Les parents d'intention,
eux autres, elle fait juste leur notifier : Je le garde, bonjour. Alors,
eux, ils vont être complètement dévastés, mais il n'y a pas d'autre... Il n'y a
pas d'autre mécanisme, c'est par simple notification. Donc, son consentement n'est
pas non plus, tu sais, comment dirais-je, évalué ou considéré par un acte
notarié ou autre, c'est juste une notification puis bonjour.
M. Jolin-Barrette : Bien, dans
le fond, on a construit, dans le fond, tout le processus de cette façon-là
parce que... et ça fait partie des choix que nous avons faits, de faire en
sorte que la mère porteuse peut se retirer à tout moment. Donc, dans certains
États, la convention, elle est exécutoire, vous signez... vous êtes une mère
porteuse, vous signez au début, là, bien, vous êtes obligée, comme une marchandise,
de livrer le produit, produit étant le bébé, vous êtes obligée de le faire.
Nous, on n'a pas choisi ça. On a choisi de dire : Écoutez, on permet... on
encadre la grossesse pour autrui. Cependant, en tout temps, la femme contrôle
et conserve l'entière autonomie de son corps et elle peut changer d'idée.
Donc, le contrat, il est exécutoire, la
convention est exécutoire d'une façon unidirectionnelle, donc, de la mère
porteuse... en fait, des parents d'intention vers la mère porteuse, qui, eux,
sont obligés d'honorer le contrat. À partir du moment où ils concluent le
contrat, eux sont obligés d'honorer le contrat. La mère porteuse n'est pas
obligée d'honorer le contrat parce qu'elle peut changer d'avis à tout moment.
Si elle change d'avis en cours de processus, bien, effectivement, on veut la
plus grande souplesse pour la mère porteuse, donc elle n'a qu'à notifier les
parties à la convention, donc le parent d'intention. Et même chose après, lors
de l'accouchement, bien, si elle décide de remettre l'enfant, bien, à ce
moment-là, ça se fait par... soit par acte notarié soit par consentement par
déclaration devant deux témoins.
M. Morin : Si elle le remet.
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Morin : O.K.
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, si elle consent à la filiation.
M. Morin : À la filiation
pour les parents d'intention.
M. Jolin-Barrette : Parce
que, dans les faits, là, dans les faits, l'enfant, à la naissance, dans le
cadre d'une convention, va être remis aux parents d'intention, puis là on va
avoir... ils vont avoir l'autorité parentale pendant cette période-là, tu sais,
au départ ou selon ce qui est convenu. Tu sais, les parties pourraient
décider... La mère porteuse pourrait décider de dire... Dans la convention, ça
pourrait être convenu que, le premier 24 heures, l'enfant, il le passe
avec la mère porteuse, tu sais, ils pourraient convenir ça, puis ensuite elle
remet l'enfant, mais, si jamais elle ne consent pas entre sept et 30 jours,
à ce moment-là, elle est présumée ne pas consentir.
Le Président (M.
Bachand) :J'aurais le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Bien, je
pose la suggestion : Est-ce qu'elle pourrait ne pas seulement notifier?
Pas que j'y tienne <nécessairement, mais...
M. Cliche-Rivard :
...tienne
>nécessairement, mais dans le sens… avant la naissance, elle notifie
quand même qu'elle est... qu'elle retire son consentement.
M. Jolin-Barrette : Qu'elle
le garde, c'est ça.
M. Cliche-Rivard : Postnaissance,
là, tout simplement le fait de ne pas consentir dans le 7-30 jours fait
que la convention devient nulle, finalement?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, elle est présumée conserver l'enfant.
M. Cliche-Rivard : Elle est
présumée conserver l'enfant. Ne pourrait-elle pas notifier… Là, je pose la
question, là. Je ne sais pas si c'est ma position, mais...
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, là, c'est parce que c'est un geste positif, dans le fond…
M. Cliche-Rivard : Je
comprends.
M. Jolin-Barrette : …le
consentement à la filiation. Ça fait qu'il y a quand même un formalisme un
petit peu plus grand pour faire en sorte que, oui, je consens à avoir rupture
du lien de filiation.
M. Cliche-Rivard : Pourriez-vous
définir «qui n'ont pas d'intérêt [dans le] projet»? C'est la sœur? L'amie?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, c'est vraiment quelqu'un qui n'a pas d'intérêt, qui n'a pas de lien avec
l'enfant. Exemple, si c'est vous qui avez donné le sperme puis que vous
voudriez être dans... exercer dans le cadre des droits parentaux suite au
projet parental, vous ne pourriez pas être un des témoins.
M. Cliche-Rivard : Et la
future tante ou parrain, je ne sais pas, tu sais, à quel point il faut vraiment
qu'il y ait une absence d'intérêt ou est-ce que le personnel médical seulement…
Faut-il vraiment quelqu'un qui soit absent d'intérêt? Je pose la question.
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, c'est «pas d'intérêt».
M. Cliche-Rivard : «Pas
d'intérêt».
M. Jolin-Barrette : «Pas
d'intérêt». Il faut éviter qu'il y ait une pression sur la mère porteuse, là. Ça
fait qu'il faut vraiment que ce soient des gens qui n'ont pas d'intérêt dans le
projet parental.
M. Cliche-Rivard : Il y avait
discussion sur une forme sous serment, là, au lieu de «sous seing privé». Est-ce
que vous aviez étudié cette possibilité-là ou vous voulez que ce soit le plus
simple possible pour la femme?
M. Jolin-Barrette : Bien, ce
qu'on souhaitait, c'est que ça soit le plus simple possible pour la femme.
M. Cliche-Rivard : J'en
conviens aussi.
M. Jolin-Barrette : Il y a
des commissaires à l'assermentation à toutes les caisses populaires, là, mais
on souhaite que ça soit simple quand même.
M. Cliche-Rivard : Ça me va.
Merci.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Dans le même
article, à la fin, on dit : «Un règlement du gouvernement peut déterminer
d'autres éléments sur lesquels le consentement doit porter ainsi que le contenu
du document qui est en fait état.» Ça me semble être excessivement large. Alors,
qu'est-ce que vous avez en tête? Qu'est-ce que ça comporte ou qu'est-ce que ça
peut comporter?
M. Jolin-Barrette : Je vais
vous dire ça.
Le Président (M.
Bachand) :Oui, allez-y, pour maître...
M. Jolin-Barrette : Me
Allaire.
Le Président (M.
Bachand) :Est-ce qu'il y aurait
consentement pour autoriser Me Allaire à prendre la parole? Consentement. Donc,
Me Allaire, s'il vous plaît.
Mme Allaire (Nancy) : Oui. En
fait, l'idée ici, c'est de s'assurer que le consentement soit complet pour ne
pas... pour éviter, par exemple, qu'une mère signerait simplement un document
qui dirait : J'accepte que le projet soit mené à terme. Donc, on veut que
ça soit vraiment... qu'elle reconnaisse qu'elle est la mère à la naissance, que
la filiation, elle est à son égard, mais qu'elle reconnaît aussi qu'elle
renonce à cette filiation-là pour qu'elle soit établie à l'égard des parents
d'intention. C'est vraiment de s'assurer que ça soit aussi uniforme en termes
de consentement pour ne pas laisser à tout et chacun de décider d'écrire ce
qu'il veut dans un consentement puis qu'il… On se retrouverait à devoir se
demander : C'est-tu un consentement valable? C'est-tu un consentement qui
n'est pas valable? Donc, on veut encadrer ce qu'il doit contenir.
M. Morin : Puis ce
consentement-là, c'est le consentement qui peut être donné par acte notarié en
minutes.
• (17 h 40) •
Mme Allaire (Nancy) : Ou sous
seing privé, là. Dans le fond, le règlement, le contenu, c'est peu importe la
forme qu'il va prendre, là.
M. Morin : Mais c'est là que j'ai
de la difficulté à comprendre, parce que, si le consentement doit être donné
par acte notarié en minutes, puis, personnellement, je pense que ça devrait
être juste ça, les notaires nous ont tellement expliqué que c'étaient des
officiers de justice impartiaux, que tout était parfait, alors pourquoi vous
voulez en plus un règlement qui va prévoir ou qui va déterminer des éléments
sur lesquels le consentement peut être donné?
M. Jolin-Barrette : Supposons
que c'est un consentement qui est fait sous seing privé, là, devant deux
personnes sous seing privé, devant témoin, là, dans le fond, on veut que ça
respecte un cadre applicable aussi. Tu sais, dans le fond, je consens... Il
faut savoir... Il faut qu'il y ait une...
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : …c'est
ça, comme la députée de Vaudreuil dit, une certaine formule pour dire : Bien,
voici ce à quoi on consent, là. Ce n'est pas tout le monde <qui...
M. Jolin-Barrette :
...tout
le monde >qui… Dans le fond, ça permet au gouvernement de développer un
règlement, en fait, une formule, un formulaire pour dire : Je consens à la
remise de l'enfant X, Y, Z avec les conditions. Dans le fond, c'est comme une
sorte de modèle qu'on va développer, qui va être disponible.
M.
Morin :Puis ce modèle-là pourrait être par acte notarié en
minutes avec votre formulaire.
M. Jolin-Barrette : Oui,
bien, le notaire pourrait l'intégrer parce que, c'est sûr, à partir du moment
où on se retrouve avec deux… un consentement devant deux témoins, ce ne sont
pas toutes les mères porteuses qui sont des juristes nécessairement puis qui
vont se mettre à rédiger le consentement.
M.
Morin :Je comprends, sauf que ce consentement-là, il va être
donné après la naissance de l'enfant. Il ne peut pas être donné avant.
M. Jolin-Barrette : Il ne
peut pas être donné avant.
M.
Morin :Exact. Donc, écoutez, est-ce qu'on peut avoir une
suspension, M. le Président?
Le Président (M.
Bachand) :Oui, on va suspendre quelques
instants. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 17 h 42)
(Reprise à 17 h 53)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. Donc, d'autres interventions sur 541.9? M. le
député de l'Acadie, s'il vous plaît.
M. Morin : Oui, merci. Merci,
M. le Président. Bien, je comprends, M. le ministre, puis vous l'avez expliqué
juste avant la pause, qu'au fond, dans votre corpus législatif, là, la femme
porteuse peut conserver l'enfant avec son consentement, mais l'objet même du
contrat, ce n'est pas justement qu'elle porte un enfant pour autrui, pour
lui... pour redonner l'enfant aux parents d'intention? Sinon, ça donne quoi?
Donc, en fait, je trouve que la façon dont votre projet de loi est conçu, c'est
que ça donne énormément de droits à la femme porteuse, puis les parents
d'intention, eux autres, qui chérissent, bon, un rêve d'avoir un enfant,
peuvent finalement se ramasser avec des frais puis pas d'enfant.
M. Jolin-Barrette : C'est un
risque qui doit être assumé par les parents d'intention et c'est un choix que
nous avons fait, de faire en sorte, en tout temps, de protéger l'autonomie des
femmes et d'avoir leur plein contrôle sur leur corps parce qu'on est dans une
situation où on ne sait pas comment la mère porteuse va réagir à partir du
moment où elle a un enfant en elle, et on fait un choix de dire : Le
contrat n'est exécutoire que par une seule partie, c'est-à-dire que par la mère
porteuse. On vise à s'assurer qu'une femme qui décide de porter un enfant pour
autrui, en tout temps, peut conserver son autonomie décisionnelle de le
conserver. C'est un choix conscient que nous faisons. On est conscients que,
dans d'autres juridictions, ce n'est pas le choix qu'ils ont fait, mais on veut
s'assurer que la mère porteuse a toujours la faculté de décider.
Par ailleurs, puis ça, c'est un obiter, de
la littérature que j'ai lue ou des recherches que nous avons effectuées, c'est
très, très rare que les mères porteuses décident de conserver l'enfant. Donc,
ça, c'est un état de fait, c'est notamment ce qui est véhiculé. Donc, on veut
quand même, pour les exceptions qui pourraient arriver, faire en sorte que la
mère qui a accouché de l'enfant… lui laisser l'autonomie de choisir.
M. Morin : Parce que je
comprends quand vous parlez de l'autonomie du corps de la femme pendant la
grossesse, mais, une <fois…
M.
Morin :
...mais, une >fois que l'enfant est né,
bien, ce n'est plus l'autonomie de son corps, là. Là, il y a un être, là,
complètement indépendant, conçu, à côté. Ça fait que c'est... Alors, c'est là
que, je vous dirais, honnêtement, j'ai de la difficulté parce que c'est comme
si, au fond, les parents d'intention signent un contrat, l'objet du contrat,
c'est d'avoir un enfant au bout, mais, en cours de route, là, ça peut
complètement changer, puis ils peuvent se ramasser pas d'enfant. Puis,
effectivement, comme vous l'avez mentionné, il y en a d'autres, juridictions,
où ils ont accordé plus de droits aux parents d'intention. Ça fait que j'essaie
de... puis je trouve que ça crée un déséquilibre entre les deux puis ça risque
de... Puis je comprends que vous dites, puis ça, on l'a entendu en commission
parlementaire, que, dans la très grande majorité des cas, les femmes porteuses
ne vont pas garder l'enfant. Bien, alors, si c'est un état de fait au Québec,
bien, pourquoi est-ce qu'on ne le reconnaît pas par la législation une fois que
l'enfant est né?
M. Jolin-Barrette : Bien, je
vous dirais que c'est une question de dignité humaine. De forcer une femme à
remettre un enfant qu'elle a porté pendant neuf mois, là, on se retrouve
véritablement dans une situation où la femme ne serait qu'un contenant. Dans le
fond, c'est ça, à partir du moment où vous avez signé la convention, vous devez
me remettre l'enfant obligatoirement. Donc, vous accouchez, là, et moi, je n'ai
jamais accouché, mais j'ai assisté à deux accouchements, c'est impressionnant puis...
Je pense que la députée de Robert-Baldwin veut intervenir.
Mme Garceau : C'est plus fort
que moi.
M. Jolin-Barrette : Mais allez-y.
Mais je comprends que, du point de vue des parents d'intention, cet état de
choix relativement législatif ne leur est pas favorable, parce que vous allez
me dire : Investissent temps, argent, espoir dans cet enfant-là, peut-être
même du matériel génétique. Bon, pour ce qui est du matériel génétique, il y
aura une filiation si c'est du matériel génétique provenant d'un des parents
d'intention. Cela étant, on fait quand même le choix de dire : La personne…
la femme qui accouche de l'enfant, elle peut conserver son droit à être la mère
de l'enfant. C'est un choix conscient que nous faisons pour assurer que la mère
porteuse, en tout temps, puisse décider pour elle-même. Puis c'est très... Ça
amène des questionnements éthiques de valeurs fondamentales, je vous dirais. Alors,
est-ce qu'on se dit : À partir du moment où une convention est signée,
bien, puis que la mère porteuse accouche de l'enfant, c'est exécutoire, puis
elle est obligée de remettre l'enfant? Nous, ce n'est pas le choix qu'on fait.
Il y a d'autres États qui ont fait ce choix-là.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de
Robert-Baldwin, puis j'ai le député de Saint-Henri—Sainte-Anne, s'il vous
plaît.
Mme Garceau : Il faut avoir
la discussion, c'est trop important, compte tenu du fait que l'objet de ce
projet de loi, c'est pour aider les parents qui veulent avoir des enfants, qui
ne peuvent pas avoir d'enfant. C'est ça, l'objet du projet de loi, ce n'est pas
pour que les femmes porteuses puissent garder des enfants qu'elles ont portés
pour autrui.
• (18 heures) •
M. Jolin-Barrette : Je ferais
juste vous interrompre une seconde puis je vous laisse continuer après. L'objet
du projet de loi est de venir encadrer la grossesse pour autrui et de protéger
les enfants, parce que, s'ils sont issus d'un projet de grossesse pour autrui,
on veut qu'ils aient les mêmes droits que les autres enfants, mais aussi faire
en sorte que les femmes qui décident d'être mères porteuses soient protégées
aussi puis que leur autonomie décisionnelle soit protégée. Nous, on l'a pris de
ce bout-là, de cette lunette-là. L'objectif n'est pas de garantir aux parents
d'intention d'avoir un enfant. Tu sais, quand on dit c'est quoi, l'objectif du
projet de loi, ce n'est pas ce que vous dites, c'est plus de la façon dont je
vous l'explique.
Mme Garceau : O.K., mais vous
comprendrez que, lorsqu'on parle de l'autonomie de la femme, on fait en sorte
que... Et je reviens à mon point de 21 ans, parce que vous avez fait état
du fait que... comment est-ce qu'elle va se sentir, et tout ça. Exactement, c'est
pour ça qu'au préalable elle ne devrait... J'avais parlé évidemment d'une grossesse
au préalable en raison d'exactement le point que... dont vous soulevez, mais c'est
pour ça qu'il va y avoir une rencontre avec un <psychologue…
>
18 h (version révisée)
<19271
Mme
Garceau :
...pour ça qu'il va y avoir une rencontre avec un >psychologue,
il va y avoir probablement, peut-être, une rencontre avec un avocat pour
connaître ses droits, et recours, et tout. Il y a des raisons pour lesquelles
il y a des conditions à une convention. La femme est autonome dans la prise de
décision, elle doit donner un consentement libre et éclairé qu'elle porte un
enfant pour autrui pour remettre après la grossesse, pas pour pouvoir garder l'enfant
après.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
c'est biologique, là. À l'intérieur de neuf mois, là, il peut arriver bien des
choses, puis suite à un accouchement aussi. Moi, je ne me sentirais pas à l'aise
de dire à une femme qui accouche d'un enfant : Tu dois obligatoirement le
remettre. Honnêtement, l'objet du projet de loi n'est pas de favoriser la
gestation pour autrui, mais de l'encadrer, parce que ça existe, puis les
personnes vulnérables dans le cadre du contrat de la convention, c'est l'enfant
puis la mère porteuse. Tu sais, on utilise le corps d'une femme pour avoir un
enfant. Donc, les personnes qui sont en situation de vulnérabilité, c'est l'enfant
issu de ça, du projet, et la femme dont... qui utilise son corps pour mener à
bien ce projet-là. Puis, bien entendu, puis pour la vaste majorité des cas,
puis c'est les témoignages qu'on a reçus, la mère porteuse va remettre l'enfant.
Mais je pense que, dans une approche prudente, on est mieux d'avoir des balises
comme on a dans le projet de loi pour protéger la mère porteuse dans le cadre
de la grossesse puis suite à l'accouchement.
Mme Garceau : Sauf que ce n'est
pas une mère porteuse, c'est une femme. Il y a une distinction à faire pour les
parents d'intention.
M. Jolin-Barrette : Bien, du
point de vue des parents d'intention, je comprends que c'est quelqu'un qui
prête son utérus pour livrer un enfant. Frette, net, sec, là, c'est ça, là,
hein, c'est une disposition mécanique. Nous, pour des raisons médicales, pour
des raisons biologiques, on ne peut pas avoir d'enfant, mais on veut avoir un
enfant, alors je vais utiliser le corps d'une autre personne pour avoir un
enfant. Comment est-ce qu'on caractérise cette tierce personne-là qui accepte,
il faut le dire, là, gratuitement, par altruisme, de prêter son corps? Ça se
peut bien que cette personne-là, même si, au départ, là, elle était bien, bien
d'accord de dire : Bien oui, je vais remettre l'enfant... C'est un
superbeau projet, puis je suis d'accord. Puis honnêtement ça prend quand même
beaucoup de volonté puis beaucoup d'altruisme, justement, pour dire : Je
vais accompagner un couple là-dedans ou une personne seule pour remettre un
enfant. Mais ça se peut que, durant ces neuf mois-là, elle vive des situations
particulières, des émotions, tout ça, puis que, psychologiquement, la personne,
elle a la vie en elle, puis qu'elle décide finalement qu'elle veut le conserver
ou que, jusqu'à l'accouchement, elle voulait le donner, l'enfant, mais que,
suite à l'accouchement, pour x, y raisons qui lui appartiennent, elle
dise : Bien, en rétrospective, j'y pense, je souhaite le conserver. Puis nous,
on viendrait dire à cette personne-là, qui a porté un enfant pendant neuf mois,
qui l'a accouché : On enlève le bébé puis on le donne, faisant fi de ton
consentement que tu as donné il y a plus de neuf mois?
Honnêtement, c'est un choix. Les points
que vous apportez sont légitimes. Cependant, nous, on a une approche où on fait
en sorte que ça soit vraiment l'intérêt premier de l'enfant et de la mère
porteuse qui sont considérés. Puis l'autre point aussi, en droit civil
québécois, ce qui fonde, là, la maternité, c'est l'accouchement. Donc, la
personne qui accouche, c'est la mère porteuse. En droit civil québécois, ça a
toujours été ça, puis on propose que ça le demeure. Donc, on...
Le Président (M.
Bachand) :M. le député... Oui, allez-y,
en terminant.
M. Jolin-Barrette : Oui. Je
vous dirais qu'on ne révolutionne pas le concept de maternité. Ce qu'on fait, c'est
qu'on instaure une nouvelle voie pour éviter le consentement par voie <spéciale...
M. Jolin-Barrette :
...instaure
une nouvelle voie pour éviter le consentement par voie >spéciale, sur
consentement spécial, pour faire en sorte que les règles soient claires dès le
départ. Dans le fond, ça existe. Le législateur a tardé à venir l'encadrer. On
vient l'encadrer au bénéfice des enfants, au bénéfice de la personne, la mère
porteuse qui, elle, voit son corps utilisé avec son consentement pour remettre
un bébé. Mais une mère porteuse, là, ce n'est pas... ce n'est pas UPS, là, non
plus, là. Tu sais, ce n'est pas parce que tu as un contrat avec une mère
porteuse qu'elle livre ton produit puis... c'est ça aussi. Ça fait que c'est
pour ça que je parlais de l'aspect éthique aussi là-dedans, où ce n'est pas
simple, ce n'est pas facile. Il y a l'intérêt des parents d'intention, mais il
y a aussi la contribution physique de la mère porteuse durant tous ces mois-là,
elle est importante.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne,
s'il vous plaît.
M. Cliche-Rivard : Dans la
logique de simplification pour la femme qui a accouché, là, je me demande c'est
quoi, le rôle, ou le mandat, ou l'utilité des deux témoins. Est-ce qu'elle ne
pourrait pas tout simplement signer son consentement sans qu'il y ait
nécessairement deux témoins ou signature sous seing privé, là, avec deux
témoins? Je pose la question.
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, c'est important de constater qu'elle n'est pas sous la contrainte,
notamment.
M. Cliche-Rivard : Puis ça,
c'est le rôle des témoins?
M. Jolin-Barrette : Entre
autres.
M. Cliche-Rivard : Puis on ne
devrait pas définir le rôle des témoins? Je pose la question.
M. Jolin-Barrette : Non, mais
ça devient une question de preuve. Quand vous faites le consentement, bien,
c'est qu'elle a véritablement donné son consentement aussi, puis que le
consentement n'est pas falsifié, c'est un vrai document.
M. Cliche-Rivard : Merci.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Oui, brièvement, évidemment,
on ne suggère pas que, tu sais, parce que, tantôt, vous faisiez référence à UPS
puis à un colis, là, on ne suggère pas qu'une femme porteuse, c'est un colis,
ce n'est pas ça qu'on dit.
M. Jolin-Barrette : Non, non,
mais je l'imagine.
M. Morin : Mais il y a un
débalancement, tu sais, il y a un débalancement dans le projet de loi entre...
Parce qu'on peut penser aussi aux parents d'intention qui, légitimement, ont
aussi un rêve d'avoir un enfant. Ils décident de ne pas adopter pour adopter,
mais ils décident d'utiliser un moyen autre pour avoir un enfant, puis ils
investissent, ils ont de l'espoir, etc., puis, à la dernière minute, bien là la
femme porteuse décide de le garder, puis bonjour. Et c'est pour ça que je me
dis...
Et, quand on parle du consentement, on
nous a tellement parlé de l'importance d'un rôle d'un notaire que, quant à moi,
ça devrait être par acte notarié. Ça fait que, comme ça, on va être bien sûrs.
Parce que je comprends que c'est votre
choix, tu sais, vous avez décidé, en rédigeant le projet de loi, de mettre
l'emphase sur les droits de la femme porteuse. Puis, en fait, toute la
discussion qu'on a est superintéressante, parce que, quand on le lit au départ,
je vous dirais, honnêtement, que c'est... pour moi, ce n'était pas aussi
évident, mais, au fur et à mesure qu'on échange avec vous puis que vous nous
donnez des informations, moi, je me rends compte que, quant à moi, il y a un
débalancement entre la femme porteuse puis les parents d'intention.
Donc, puisqu'on parle du consentement,
bien, assurons-nous donc qu'il soit donné par un acte. Parce que ça ne sera pas
bien, bien, bien plus compliqué, rendu là, là, que ce soit fait par acte
notarié puis qu'on n'ait pas l'option de l'acte sous seing privé. Comme ça, on
évite... on évite toute question de pression, de consentement qui pourrait être
vicié, compte tenu de l'impact. Parce que je comprends qu'à 541.9, corrigez-moi
si je fais erreur, mais c'est là, entre autres, que la femme porteuse pourrait
dire : Je garde l'enfant.
• (18 h 10) •
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, deux choses, là. On ne veut pas mettre un fardeau supplémentaire sur la
mère porteuse qui vient d'accoucher. Donc, ils peuvent aller chez le notaire, là,
ça peut être fait par notaire. Mais supposons que la mère porteuse ne veut pas
aller chez le notaire, ça se fait par consentement... pas par consentement,
par... sous seing privé devant deux personnes.
Pour ce qui est de l'enfant, là, à
l'accouchement, là, les parents d'intention savent aussi dans quoi ils
s'embarquent parce qu'ils vont être informés, lors de la rencontre
d'information, quels sont les tenants et aboutissants d'un projet parental.
Donc, c'est un choix, c'est un choix avec des risques, mais ils vont être
informés. Ils vont savoir, là, dès le départ, dès jour... avant jour 1,
là, la convention, dans quoi ils s'embarquent, c'est probable, c'est un risque
qu'il arrive telle, telle situation. Ils peuvent se <tourner...
M. Jolin-Barrette :
...probable,
c'est un risque qu'il arrive telle, telle situation. Ils peuvent se >tourner
vers l'adoption, vers là, c'est un choix qui est effectué. Mais, à partir du
moment où les risques clairs sont exposés, ça fait partie du... du
paquet-cadeau, si je peux dire. Puis le notaire aussi va l'expliquer aussi.
Mais, pour ce qui est de votre proposition, à la fin, chez le notaire, bien,
c'est déjà prévu. Sauf que, si on enlève, dans le fond, le «sous seing privé
devant deux personnes», ça fait en sorte que ça ajoute quand même une plus
grande lourdeur sur les... sur la mère porteuse. Puis il y a aussi les frais
associés au notaire aussi, là. Les parents d'intention, il faudrait qu'ils
repaient également des frais.
M. Morin : Oui, mais, tant
qu'à avoir payé des frais de notaire pour la convention de grossesse, avoir
payé l'ensemble des frais, écoutez, honnêtement, là, je ne pense pas qu'à la
toute fin, là, ce frais-là additionnel va faire en sorte que quelqu'un va dire :
Ah! mais ce frais-là, moi, je ne m'engage pas dans le projet, c'est trop
dispendieux. Je serais... je serais surpris. Puis là, à ce moment-là, bien,
on... Oui?
M. Jolin-Barrette : Je vous
dirais déjà que les parents d'intention, s'ils font un achat de sperme, un
achat d'ovules, les coûts associés à la grossesse, tout ça, ce n'est pas tout
le monde qui a l'opportunité d'avoir des enfants par la voie naturelle, puis,
pour beaucoup de familles, ça peut représenter des sommes qui sont fort
importantes, le fait d'acquérir un ovule, le fait d'acquérir du sperme
également aussi. Ça fait que, tu sais, plus on rajoute aussi des coûts pour les
parents d'intention, eux aussi, là...
M. Morin : Un consentement
sous seing... un consentement par acte notarié dans un formulaire, bon, qui est
notarié, c'est... est-ce qu'on a une idée des coûts?
M. Jolin-Barrette : Bien, ça
n'existe pas présentement, donc les notaires vont fixer...
M. Morin : Non, je comprends,
mais un document notarié, ça existe, là. Ça fait que, tu sais, ça ne coûte pas
des millions, d'habitude, là. Puis là on ne parle pas d'une hypothèque ici, là.
M. Jolin-Barrette : Bien, ça
varie, ça varie des notaires. Il n'y a pas de tarif obligatoire chez les
notaires, malgré le fait que c'est dans l'air depuis une trentaine d'années,
là. Mais je ne peux pas vous dire; actuellement, ça n'existe pas. Peut-être
qu'on devrait demander à Me Brown combien elle charge, par exemple.
Le Président (M.
Bachand) :...la députée de Vaudreuil.
Allez-y, Mme la députée de Robert-Baldwin, après, Vaudreuil, oui.
Mme Garceau : Je m'excuse, je
pensais que c'était ma collègue.
M. Jolin-Barrette : Puis
peut-être juste un petit parallèle, là, en matière d'adoption, là, le
consentement, il est donné devant deux témoins, puis la mère biologique peut
retirer son consentement dans les 30 jours aussi.
Mme Garceau : Je veux juste revenir.
J'ai rencontré beaucoup de parents ou beaucoup, je devrais dire, de gens qui ne
peuvent pas avoir d'enfants. Et il faut regarder, il me semble, et on dirait
que c'est oublié ici, là, l'objet principal de la grossesse pour autrui, c'est
pour aider des conjoints, des gens à devenir parents. Il me semble qu'on a
oublié l'idée derrière la raison d'être de ce projet de loi là. C'est pour
aider. Qu'est-ce qu'on est en train de dire à tous les Québécois, les
Québécoises qui veulent avoir des enfants, qui ne peuvent pas, qui ont essayé
toutes sortes de méthodes, ça n'a pas fonctionné... Et là c'est vraiment leur
seule option, c'est ça, une grossesse pour autrui, O.K.? Et qu'il n'y a rien
dans ce projet, vraiment, honnêtement, qui protège les parents d'intension.
C'est hautement préjudiciable aux parents d'intention, et j'essaie de
comprendre pourquoi. Parce qu'ultimement c'est les... les... si je peux dire,
les hommes et les femmes qui veulent avoir des enfants qui vont payer le prix
ou qui vont subir les conséquences de laisser cette porte ouverte, qu'une femme
puisse changer d'idée. J'ai de la difficulté à comprendre cette emphase sur les
droits de la femme. Oui, elle a l'autonomie. L'autonomie de son corps, c'est de
<prendre...
Mme Garceau :
...droits
de la femme. Oui, elle a l'autonomie. L'autonomie de son corps, c'est de >prendre
des décisions, des décisions où elle est allée consulter un avocat, elle a
rencontré un psychologue, travailleurs sociaux, tout, elle a parlé à sa famille
et elle signe en toute connaissance de cause, mais on laisse la porte de
sortie. J'ai beaucoup de difficultés.
Et je suis certaine que, si vous le
laissez tel quel, M. le ministre, il va y avoir beaucoup de parents, de gens
qui veulent devenir parents qui vont se poser les mêmes questions : Comment
est-ce que le gouvernement fait valoir mes droits, mes droits d'avoir un
enfant?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, je vous dirais que le droit à l'enfant n'existe pas. Puis on ne vient
pas, dans le cadre du projet de loi, faire en sorte de donner à des adultes un
droit à avoir un enfant. Ce n'est pas parce que je veux avoir un enfant que
j'ai le droit d'avoir un enfant. On n'est pas en train de créer ce droit-là
dans le cadre du projet de loi. On est en train d'encadrer une pratique qui
existe, qui s'est développée au cours des années. Mais ce que l'on vise par le
projet de loi, et ce n'est pas d'encourager le recours à la grossesse pour
autrui. Ce que l'on vise, c'est de venir encadrer pour protéger les enfants qui
sont issus de la grossesse pour autrui et également la personne, la femme qui
va porter cet enfant-là pour autrui.
Donc, vous avez raison de dire : Qu'est-ce
qu'il y a pour les parents d'intention là-dedans? Bien, il y a un cadre qui est
plus clair qu'actuellement, qui fait en sorte qu'il y a une voie légale, il y a
une voie judiciaire, ça devient balisé avec des impératifs pour les parties.
Mais, quand on a construit le projet de loi, on a vraiment fait en sorte de
dire : Ce n'est pas un droit à l'enfant et c'est pour ça qu'on permet à la
mère porteuse de conserver l'enfant, parce qu'en droit québécois, en droit
civil, la personne qui accouche de l'enfant, c'est elle, la mère de l'enfant, et
là on vient lui permettre de remettre l'enfant aux parents d'intention qui vont
s'occuper... qui ont ce projet parental là.
Je donne l'exemple, là, on fait ce
choix-là parce qu'on ne veut pas que des parents d'intention partent dans la
brousse puis se disent : Nous autres, on se sépare, puis on n'en veut
plus, de l'enfant. C'est vrai que ça devient des obligations légales
importantes sur les parents d'intention parce que les parents d'intention, eux
autres, vont toujours être attachés avec l'enfant. Ils ne peuvent pas se
pousser, ils vont devoir payer une pension alimentaire, ils vont devoir
subvenir aux besoins de l'enfant qu'ils ont décidé de concevoir.
Alors, est-ce que c'est défavorable aux
parents d'intention? La réponse, c'est oui. Est-ce que c'est un choix
conscient? La réponse, c'est oui aussi, parce que, dans l'échelle de la
balance, si je peux dire, on a décidé de prioriser les droits de l'enfant à
naître et les droits de la mère porteuse qui, elle, porte un enfant pendant
neuf mois et qui l'accouche. Donc, l'objet de la loi, ce n'est pas une loi pour
légitimer le recours à la grossesse pour autrui, ce n'est pas une loi pour
faire en sorte de dire : J'ai le droit d'avoir un enfant, c'est plutôt une
loi pour protéger l'intérêt de l'enfant à naître, la mère porteuse aussi.
Par ailleurs, par la bande, bien entendu
que ça va simplifier les choses pour les parents d'intention, mais on ne vient
pas leur donner un droit exécutoire d'avoir un enfant et de recevoir cet
enfant-là. Ça fait que, oui, c'est un cadre juridique qui est contraignant pour
les parents d'intention. Cela étant, on ne vient pas, en droit québécois, créer
un droit à l'enfant.
• (18 h 20) •
Mme Garceau : Je vais juste
mentionner, peut-être que je n'aurais pas dû utiliser le mot «droit», peut-être
l'opportunité d'avoir un enfant, c'est plus ça, mais... Et je comprends que
c'est un choix que vous faites.
M. Jolin-Barrette : Bien, exemple,
en Ontario aussi, la mère porteuse doit consentir à la remise de l'enfant. Dans
les autres juridictions canadiennes aussi, ça l'est, là.
Mme Garceau : Oui, mais c'est
très limité.
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est sept jours aussi en Ontario.
Mme Garceau : C'est... On y
arrivera plus tard.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Mme la députée de
Vaudreuil, s'il vous plaît.
Mme Nichols : Oui. Merci, M.
le Président. Je voulais juste être certaine. Si, à la fin, la femme porteuse ne
donne pas son consentement ou si elle est présumée ne pas donner son
consentement, là, dans les délais, les parents d'intention, ils ne peuvent pas
revenir puis <réclamer...
Mme Nichols :
...les
parents d'intention, ils ne peuvent pas revenir puis >réclamer les
frais, même si c'était prévu dans la convention, tu sais, toutes les dépenses,
tous les frais... c'était dans la...
M. Jolin-Barrette : Non,
c'est ça, c'est un risque associé au projet de grossesse pour autrui. Ce qui
est déboursé, ce n'est pas parce que vous ne remettez pas l'enfant que vous
avez une créance à l'endroit de la mère porteuse.
Mme Nichols : Mais ça ne peut
pas être une condition, à la fin, pas de consentement, ce n'est pas...
M. Jolin-Barrette : Non,
parce que, sinon, ça devient une... le consentement de la mère serait lié à des
considérations économiques. Supposons, je...
Mme Nichols : Oui, c'est
parce que ça peut être... tu sais, ça peut avoir l'effet inverse aussi, là.
M. Jolin-Barrette : Mais je
veux garder l'enfant, mais ils m'ont donné... je ne sais pas, ça a coûté
40 000 $, la grossesse, ça fait que je vais devoir débourser
40 000 $, ça fait que je vais donner l'enfant, parce que je n'ai pas
les moyens. Là, vous, vous allez me dire...
Mme Nichols : Oui, bien,
c'est ça, oui.
M. Jolin-Barrette : Oui,
mais, dans le fond, elle se fait payer une grossesse.
Mme Nichols : Le paquet
Purolator.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
je... en tout cas...
Mme Nichols : Non, je
comprends.
M. Jolin-Barrette : C'est une
situation qui pourrait arriver, oui, mais, à partir du moment où vous êtes
informé, que le notaire évalue votre consentement, je doute que...
Mme Nichols : Mais mon point,
c'était plus pour valider que, même si, dans la convention, il y a quelque
chose qui dit que, dans le cas où il n'y aurait pas le consentement dans les
délais prévus dans la loi, qu'il y aurait un remboursement, c'est non. Ça,
c'est nul...
M. Jolin-Barrette : Ça va
être non. C'est une disposition légale de la convention.
Mme Nichols : Parfait. Très
bien.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Petite
question : Dans le cas où la mère porteuse, donc, ne donne pas son
consentement, qu'est-ce qui arrive avec le lien de filiation de celui qui a
fourni un bagage génétique, donc, par exemple, le père qui a donné son sperme?
M. Jolin-Barrette : Oui, ça,
c'est la filiation par le sang, donc elle va s'établir. Donc, le père de
l'enfant va être celui qui a fourni le sperme.
M. Cliche-Rivard : Puis là,
si la mère a fourni l'ovule, par contre, il n'y aura pas... Comment ça va
fonctionner? Ça va être la mère porteuse qui va demeurer la mère sur l'acte de
naissance?
M. Jolin-Barrette : Exactement.
M. Cliche-Rivard : Et non pas
la mère qui a donné son ovule.
M. Jolin-Barrette : Exactement.
M. Cliche-Rivard : Et donc le
père qui a donné son sperme, lui, va conserver des droits parentaux, au même
titre que n'importe quelle situation où il y aurait eu un parent. Mais ça, ce
n'est pas possible pour un couple lesbien, par exemple, qui aurait donné un
ovule. Là, il n'y a aucune des deux mères d'intention qui obtient de droits
parentaux.
M. Jolin-Barrette : Exactement.
M. Cliche-Rivard : Je tenais
à... Bien, je pense que c'est utile de le préciser, là. Je n'étais pas sûr
d'avoir bien compris, mais, merci.
M. Jolin-Barrette : Vous avez
très bien compris.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de
Robert-Baldwin, s'il vous plaît.
Mme Garceau : Juste pour
conclure là-dessus, que la mère porteuse garde l'enfant, et donc les parents
d'intention ont une obligation alimentaire vis-à-vis l'enfant.
M. Jolin-Barrette : Non,
pas... si la mère porteuse conserve l'enfant, il n'y a pas d'obligation
alimentaire, parce qu'il n'y a pas de lien de filiation qui est établi à l'égard
des parents d'intention. Si, par contre, les parents d'intention partent dans
la brousse, O.K., puis qu'ils ne prennent pas l'enfant, eux... puis que la mère
porteuse donne son consentement à la remise de l'enfant, eux, ils sont liés,
jusqu'à l'autonomie de l'enfant, à l'enfant puis ils doivent une pension
alimentaire à l'enfant.
Mme Garceau : Mais là, si
c'est le sperme d'un parent d'intention?
M. Jolin-Barrette : Bien là,
c'est son père biologique.
Mme Garceau : Exact, donc il
y a une filiation.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
là ça dépend, parce qu'on est sur plusieurs cas de figure, là. Cas de figure
un, il n'y a pas de matériel génétique des parents d'intention, O.K., les
parents d'intention se chicanent, disent : On se sépare, on n'en veut
plus, de l'enfant. Madame est enceinte de huit mois, trois semaines, elle
accouche la semaine prochaine. Les parents d'intention s'en vont à Cayo Coco,
puis l'autre à Sainte-Adèle, puis ils ne se parlent plus, puis tout ça, mais
eux autres... puis la mère porteuse signe, là, elle dit : Moi, je remets
l'enfant, là, c'était ça, l'entente, puis j'honore mon entente, bien, les deux
parents d'intention, eux, vont devoir des aliments la vie durant de l'enfant.
Si, par ailleurs, monsieur avait fourni
son matériel génétique, lui, en plus, il a un lien de filiation avec l'enfant,
parce que c'est son père, avec filiation reconnue par le sang. Ça fait que lui,
il va devoir...
Mme Garceau : Donc, c'est ça.
Donc, c'est mon point que la mère porteuse garde l'enfant, et le père
biologique, qui, maintenant, lui et sa conjointe, on va dire, ou son conjoint
ne peuvent pas, ne <pourront...
Mme Garceau :
...lui
et sa conjointe, on va dire, ou son conjoint ne peuvent pas, ne >pourront
pas garder l'enfant, vont devoir des aliments. Il y a une obligation
alimentaire.
M. Jolin-Barrette : Oui, il y
a une obligation alimentaire, s'il y a une filiation par le sang, si elle n'a
pas donné son consentement, toujours dans le souci de protéger l'enfant.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Dans le projet,
que la femme porteuse utilise, par exemple, le sperme ou un ovule d'un des
parents d'intention ou que les parents d'intention achètent du matériel
reproductif puis qu'il y a, par exemple, une procréation assistée, le projet de
loi ne fait pas de différence entre les deux cas de figure.
M. Jolin-Barrette : Vous
voulez dire s'il n'y a pas de consentement de la mère à remettre l'enfant?
M. Morin : Oui.
M. Jolin-Barrette : Oui,
bien, le... En fait, il y a une distinction parce que... Premier cas d'exemple,
il n'y a pas de matériel génétique des parents d'intention, O.K.? La mère
porteuse ne donne pas son consentement, les parents d'intention sont
complètement libérés parce qu'elle n'a pas donné son consentement à la remise
de l'enfant. Elle garde l'enfant, les parents d'intention ne sont pas liés à
elle.
Deuxième cas de figure, supposons que le monsieur,
dans les parents d'intention, a donné son sperme, il est le père légal de
l'enfant. Madame ne donne pas son consentement, donc il n'y a pas établissement
du projet parental, par contre, monsieur est le père légal de l'enfant et va
pouvoir demander des droits de garde. Donc, ça pourrait être garde partagée
entre la... la mère porteuse.
M. Morin : Avec la... la
femme porteuse, en fait.
M. Jolin-Barrette : Oui, en
fonction de ce que le tribunal va décider en vertu de 33.
M. Morin : Oui. Puis, si les
parents d'intention, c'est un homme et une femme, bien, la femme, dans le
couple des parents d'intention, elle n'a pas de droit.
M. Jolin-Barrette : Elle n'a
pas de droit, non, à moins que ça soit... elle puisse être désignée... bien,
une tutelle pourrait lui être conférée par les parents.
M. Morin : Oui. Mais ça ne
crée pas une espèce de double... ou discrimination à l'égard de la femme
dans... si c'est un couple, tu sais, parents d'intention? Parce qu'elle,
finalement, elle n'a rien, là. Il faut qu'elle demande une tutelle, elle peut
être complètement exclue, elle n'est pas sur le certificat de naissance, filiation,
elle n'est nulle part.
M. Jolin-Barrette : Effectivement.
Mais ça fait partie des risques qui vont être expliqués au moment de la
convention... de la séance d'information sur la convention. C'est un risque qui
est lié au projet.
M. Morin : Mais c'est parce
que, là, on en discute depuis quelques minutes, là, puis moi, je serais le
spécialiste du droit qui va conseiller, par exemple, les parents d'intention
puis je leur dirais : Mais c'est quoi, votre avantage? Vous pouvez ne pas
avoir l'enfant, vous pouvez le perdre, ça va vous coûter cher, tu sais,
pourquoi vous allez faire ça, tant qu'à ça?
M. Jolin-Barrette : Bien,
parce que, présentement, ça se fait, il n'y a même pas de cadre légal. Puis,
dans la très grande majorité des cas, c'est fait par altruisme, et les mères
porteuses remettent l'enfant. Mais c'est un choix qui est fait par les parents
d'intention et c'est un choix avec des risques. C'est déjà le cas en ce moment,
là. Actuellement, là, il n'y a aucune garantie que la mère porteuse va donner
son consentement spécial à l'adoption, là. C'est encore plus un acte de foi
présentement qu'avec l'encadrement. Puis même le tribunal, actuellement, il a
un droit de regard là-dessus. Le tribunal peut dire non.
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Oui,
c'est vrai, l'enfant pourrait être mis en adoption. Ça fait qu'on vient
apporter un cadre beaucoup plus clair, mais, encore une fois, l'orientation
qu'on a choisie, c'est en fonction de l'intérêt de l'enfant puis de la mère
porteuse.
M. Morin : Puis de la femme
porteuse.
• (18 h 30) •
M. Jolin-Barrette : C'est ça,
le choix qu'on a fait.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne,
après ça, Mme la députée de Robert-Baldwin.
M. Cliche-Rivard : Puis, dans
ce contexte-là du... comme on parlait, du préjudice du couple lesbien qui,
finalement, lui, n'aura pas quelconque droit de filiation par le sang, est-ce
qu'il y a eu une évaluation du droit à l'égalité faite par le ministère ou...
M. Jolin-Barrette : Bien,
dans le fond, la filiation, elle est... en droit civil, elle est établie par
l'accouchement, donc c'est une règle qui est fondamentale dans notre droit
civil. Donc, ce qui crée le lien de filiation avec la mère, c'est
l'accouchement, donc on ne vient pas changer ça. Donc, effectivement, si
c'était du matériel génétique d'une des femmes qui étaient parents d'intention,
le lien de filiation, contrairement à celui de l'homme, par le sang ne peut pas
être <établi...
>
18 h 30 (version révisée)
<15359
M.
Jolin-Barrette :
...lien de filiation, contrairement à celui de
l'homme par le sang, ne peut pas être >établi parce que c'est...
biologiquement, c'est la femme qui accouche.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Mme la députée de Robert-Baldwin.
Mme Garceau : Oui. Mais là on
est dans du droit nouveau, on est dans du droit nouveau. Et on mise beaucoup
sur cet aspect du droit civil de l'accouchement, oui, parce que d'habitude,
celle qui accouche, c'est son ovule, c'est son enfant. Là, on est dans du droit
nouveau et on est en train de créer une discrimination...
M. Jolin-Barrette : ...juste
apporter un bémol. Parce qu'actuellement, là, en procréation assistée, là,
supposons, une femme, là, qui n'a pas d'ovule, là, puis qui achète des ovules,
mais qui porte l'enfant, qui se fait implanter des ovules, là, bien, ça arrive
que ce n'est pas son matériel génétique à elle. Ça fait que ça existe déjà, là.
Mme Garceau : Mais là je
reviens sur la distinction entre l'homme qui donne son sperme... les droits,
là, des deux individus. La femme qui donne son ovule n'a aucun droit à l'égard
de l'enfant si la femme porteuse garde l'enfant versus l'homme qui donne son
sperme, où on va reconnaître sa filiation, et donc va avoir une possibilité de
faire des recours en garde partagée ou droit d'accès.
M. Jolin-Barrette : Effectivement,
c'est une distinction...
Mme Garceau : Vous êtes
correct avec cette prise de décision?
M. Jolin-Barrette : Oui, tout
à fait. Parce qu'exemple, là, prenez le cas, actuellement, là, de don d'ovules,
là. Parfois, vous avez des dons d'ovules qui sont par le biais d'une banque où
l'identité du donneur n'est pas connue. Mais vous avez également des dons d'ovules,
actuellement, avec donneur connu. Dans le fond, je vous donne un de mes ovules
pour que vous puissiez mener à terme une grossesse, puis ça va être votre
enfant aussi, c'est vous qui allez être la mère. Donc, le fondement même du
droit civil, c'est : la femme qui accouche l'enfant, c'est ce qui est
générateur de droits pour le lien de filiation.
Alors, est-ce qu'il existe une distinction
entre monsieur qui donne son sperme puis madame qui donne un ovule? La réponse
est oui, parce qu'en droit civil québécois, dans le fond, c'est par le biais de
l'accouchement que le lien de filiation... avec la mère qui donne naissance. Ça
revient aussi à des fondements biologiques, où l'enfant est issu de l'utérus de
la mère qui l'a porté. On comprend qu'avec la science on intervient dans le
processus procréationnel, mais les règles... le lien de l'enfant, de son
identité est établi en fonction de la gestation, de la grossesse et de l'accouchement.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie.
M.
Morin :...sur ce sujet-là. Donc, si on a un cas de figure où c'est
l'ovule de la femme porteuse, et les parents d'intention, mettons que c'est
deux hommes ou un homme et une femme, puis que l'homme dans le couple des
parents d'intention donne son sperme. Donc, dans ce cas de figure là, l'enfant
naît de la femme porteuse, filiation est là, puis...
M. Jolin-Barrette : Mais,
dans ce cas-là, en plus, dans le cas que vous me présentez, la mère porteuse, c'est
la mère biologique de l'enfant aussi.
M.
Morin :Exact, puis l'homme, lui, parce qu'il a donné son
sperme, c'est donc le père biologique, puis il va avoir des droits vis-à-vis l'enfant.
M. Jolin-Barrette : À cause
de la filiation par le sang.
M.
Morin :Exact, sauf que, si, alors...
M. Jolin-Barrette : Si la
mère porteuse refuse de remettre l'enfant...
M.
Morin :Oui, exact. Donc, vous avez un couple, homme, femme,
puis la femme porteuse... L'homme, la femme porteuse, si c'est l'ovule de la
femme porteuse puis le sperme de l'homme, va avoir des droits. Si c'est deux
hommes, il y en a un des deux qui va avoir des droits. Mais, si c'est deux
femmes, c'est impossible.
M. Jolin-Barrette : Effectivement.
M.
Morin :Donc, vous discriminez deux femmes parce qu'elles ne
pourront pas avoir ce lien de filiation là <d'aucune façon, là...
M.
Morin :
Donc, vous discriminez deux femmes parce qu'elles
ne pourront pas avoir ce lien de filiation là >d'aucune façon, là
M. Jolin-Barrette : Non,
effectivement, vous avez raison, mais au même titre qu'un couple lesbiennes ont
la capacité généralement plus grande qu'un couple homosexuel d'avoir des
enfants.
M. Morin : Je comprends. S'il
y a un...
M. Jolin-Barrette : Bien non,
mais on vit avec une réalité biologique, aussi, qui existe. Dans le fond, là,
la situation que vous me présentez, elle n'est pas plus, je vous dirais,
équivalente pour un couple hommes homosexuels. L'homme homosexuel qui est dans
un projet parental, qui n'est pas celui qui a implanté son sperme dans l'ovule,
lui, il n'aura pas non plus de lien de filiation avec l'enfant.
M. Morin : Exact, ça, c'est
vrai. Mais, dans le cas d'un couple homosexuel où c'est deux hommes, il y a la
possibilité qu'un des deux hommes donne son sperme et qu'il y ait un lien de
filiation, alors que, pour deux femmes, c'est carrément impossible.
M. Jolin-Barrette : Effectivement.
Mais, d'un autre côté, deux hommes homosexuels ne peuvent pas porter un enfant
non plus. Tandis qu'un couple lesbiennes aussi, il est peut-être probable
qu'une des deux femmes puisse... à même d'être en mesure de porter un enfant.
M. Morin : Oui, mais là, à ce
moment-là, on n'est pas dans le cas qui est sous étude avec une femme porteuse.
C'est le couple qui décide d'avoir un enfant, ce n'est pas pareil.
M. Jolin-Barrette : Oui, vous
avez raison, mais il y a tellement de variations sur un même thème. Ce qu'on
vient faire, c'est encadrer une pratique.
M. Morin : Oui, je comprends...
M. Jolin-Barrette : Actuellement,
c'est... en fait, ce n'est pas encadré, ça fait que l'enfant est placé dans une
situation de vulnérabilité, la mère porteuse aussi. Puis la prévisibilité,
aussi, pour les parents d'intention, elle est beaucoup plus grande avec une
convention notariée puis avec le cadre qu'on met en place.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député.
M. Cliche-Rivard : Si vous
permettez, M. le ministre, je trouve qu'on est en train de faire la démonstration
du besoin d'entrer sur les questions de pluriparentalité, là, je veux dire,
c'est exactement ça qu'on est en train de faire. Finalement, c'est : «What
about» le troisième parent, là? Je veux dire, c'est un peu ça, la question,
finalement, là. Puis, indirectement, je veux dire, vous avez admis quand même
une certaine sensibilité envers le couple lesbien ou le troisième parent, donc
le deuxième donneur, homme... ou, en fait, dans le couple... dans le couple de
deux hommes homosexuels, du deuxième, de celui qui ne fournit pas son matériel
génétique. Quand même, on est en train de rentrer là-dedans indirectement, même
si ce n'était pas votre intention, là. Bien, je vous sens une sensibilité,
quand même, à moins que je me trompe, là.
M. Jolin-Barrette : Bien,
moi, sur tous les sujets, je suis toujours très sensible. Mais, le critère
cardinal, là, c'est l'intérêt de l'enfant, O.K.? Là, vous me dites, vous me
parlez de triparentalité. Encore une fois, tantôt, on parlait du droit à
l'enfant : j'ai le droit d'avoir un enfant, moi, je suis un adulte, j'ai
le droit d'avoir un enfant, j'ai le droit d'être un parent, aussi. C'est ça,
entre autres, aussi, dans le débat, que vous soulevez aussi. Ce n'est pas en
fonction de l'intérêt de l'enfant qu'on regarde ça. On regarde en fonction de
l'intérêt des adultes à être un parent, à être... à avoir un enfant, aussi. Alors,
pour moi, c'est des sujets distincts. Je comprends que vous faites habilement
le lien entre les deux, mais l'objectif est de faire en sorte d'encadrer la
grossesse pour autrui et que les règles soient claires puis amènent de la
prévisibilité. Mais, bien entendu, en droit civil, puis on revient à ça, la
femme qui accouche d'un enfant, ça signifie quelque chose, ce n'est pas...
• (18 h 40) •
M. Cliche-Rivard : ...son
ovule aussi, là, dans le sens...
M. Jolin-Barrette : Mais ce
n'est pas qu'un récipient, ce n'est pas qu'un véhicule. Alors, on se retrouve
dans une situation où les risques et les modalités vont être divulgués lors de
la séance d'information. Puis la séance d'information sert à ça. Puis le
notaire, également, va le dire : Voici, en fonction de votre
particularité, vous êtes un cas... un couple femme-femme, vous avez donné un
ovule... Ou peut-être qu'elles ne donneront pas d'ovule puis qu'elles vont
avoir recours à un ovule d'une banque X. Puis peut-être qu'elles vont avoir
recours à un ami qui va donner son sperme ou qu'elles vont avoir recours à une
banque de sperme, aussi. Mais la mère porteuse avec qui elles conviennent de le
faire...
Puis, il faut aussi le dire, là, <tout
ce...
M. Jolin-Barrette :
...
qui elles conviennent de le faire...
Puis, il faut aussi le dire, là, >tout
ce processus-là, là, ce n'est pas un processus qui est commercial. C'est un
processus où la mère d'intention accepte, là, d'être enceinte, avec tout le
bonheur et tous les désagréments qu'il peut y avoir dans une grossesse, je n'en
ai pas vécu, mais je présume, puis elle décide d'accoucher. Puis son intention,
au départ, c'est remettre l'enfant, aussi. Ça fait que, tu sais, il faut
toujours... Là, on parle beaucoup des exceptions, de peu de situations, puis,
tu sais, dans la littérature, ou dans les enquêtes qu'il y a, ou dans les
témoignages, donc, ce sont des exceptions à la marge. Donc, on vient prévoir le
cadre, la clarté du cadre, donc...
Mais vous faites bien de le soulever, c'est
des éléments qu'on avait identifiés lorsqu'on a rédigé le projet de loi, mais,
à un moment donné, il faut faire en sorte d'établir le cadre.
M. Cliche-Rivard : ...accorder
un droit pluriparental à la mère... à la femme qui donne l'ovule, sur l'acte de
naissance, par exemple, ça aurait pu être un choix, mais vous faites le choix
de ne pas le faire.
M. Jolin-Barrette : Je
comprends votre suggestion, mais effectivement ce n'est pas le choix que le
gouvernement du Québec a reconnu, parce qu'un enfant a deux personnes qui sont
titulaires de l'autorité parentale, c'est le choix que le législateur québécois
a fait. Vous replacez dans une situation... en Colombie-Britannique, je pense,
c'est six parents. Est-ce que c'est dans...
M. Cliche-Rivard : Oui, mais
là c'est l'autre extrême, là.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
pourquoi trois? Pourquoi pas quatre, pourquoi pas cinq? Non, mais...
M. Cliche-Rivard : Ou
pourquoi cinq, là?
M. Jolin-Barrette : Pourquoi
pas quatre? Plaçons-nous dans l'intérêt de l'enfant, est-ce que... Quel intérêt
regardons-nous?
M. Cliche-Rivard : Mais c'est
un débat à faire, là.
M. Jolin-Barrette : C'est un
débat qui est intéressant. Excusez-moi, c'est l'Ontario, pas la Colombie-Britannique.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de
l'Acadie.
M.
Morin :Oui. Merci, M. le Président. Mais justement, parce que
vous voulez encadrer, puis c'est la discussion qu'on avait, vous et moi, quand
on parlait, par exemple, de parents de même sexe, et donc ça arrive. Donc, si
vous voulez encadrer, bien, pourquoi ne pas profiter de ce projet de loi là
pour encadrer cette réalité?
Puis, pour répondre à votre position ou à
votre questionnement, pourquoi pas quatre, pourquoi pas cinq, pourquoi pas six,
bien, c'est parce qu'habituellement, souvent, dans les cas de figure, c'est
qu'il y a deux personnes qui vivent ensemble, puis, s'ils ne sont pas capables
de concevoir un enfant, bien... par exemple, c'est deux femmes, bien là ils
vont avoir besoin d'un tiers, d'un homme, pour être capables de procréer. Mais
trois, à ce moment-là, c'est suffisant.
Puis ce cas de figure là, là, il y en a,
là, ce n'est pas un épiphénomène, ça, là, là. Il y en a beaucoup, des conjoints
de même sexe qui font appel à une personne tierce pour créer, pour avoir...
pour avoir un enfant éventuellement, puis ça existe. Puis, au fond, c'est un
peu ce que je disais au début, donc, pourquoi, tant qu'à y être, ne pas
encadrer ça maintenant, puisqu'on parle de conventions de grossesse, de tous
ces sujets-là? Puis moi, je vous inviterais juste à étendre un peu votre cadre
et les faire rentrer dedans.
M. Jolin-Barrette : Bien, je
vous dirais, votre proposition, lorsque vous affirmez... Vous dites :
Bien, écoutez, bien, c'est parce que... Supposons, je traduis, là, un couple
lesbiennes a besoin de sperme pour avoir un enfant, donc ça va être un couple lesbiennes
qui vont faire appel à un ami, supposons, qui va le fournir, ça fait qu'il dit :
Ça devrait être une figure parentale. C'est un cas d'exemple. On pourrait avoir
un cas d'exemple où trois hommes vivent ensemble. On pourrait avoir un cas où
trois femmes vivent ensemble. On pourrait avoir un cas où quatre hommes vivent
ensemble, quatre femmes vivent ensemble. Il n'y a aucune étude qui démontre, à
ce jour, que c'est dans l'intérêt de l'enfant d'avoir plus de deux parents.
Alors, nous, on fait le choix clairement
qu'au Québec c'est deux parents qui sont titulaires de l'autorité parentale. Ce
qui ne veut pas dire que, dans les modèles familiaux, il peut y avoir des
figures d'attachement autres que les titulaires de l'autorité parentale. Mais
ils ne seront pas titulaires de l'autorité parentale. Puis la question suivante,
c'est : À qui ça sert d'être titulaire de l'autorité parentale? Est-ce que
c'est dans l'intérêt de l'enfant d'être titulaire de l'autorité parentale ou
d'être une figure significative pour l'enfant? Dans le fond, c'est le parent
qui veut être... J'ai des droits sur cette personne-là, cet enfant-là, pas :
Je veux être une figure <significative pour...
M. Jolin-Barrette :
...
droits sur cette personne-là, cet enfant-là, pas : Je veux être une figure
>significative pour l'enfant.
Et je vous invite aussi à réfléchir à la
rupture, qui...
Le Président (M.
Bachand) :Allez-y, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : ...en
fonction de qui. Puis là je me tourne vers la députée de Robert-Baldwin, qui,
dans sa pratique, a sûrement vécu des situations de séparation ou de divorce et
a conseillé ses clients. Je lui demande : Est-ce que c'était simple, à
deux parents?
Mme Garceau : Ça dépend des
parents.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de... À vous la
parole, Mme la députée.
Mme Garceau : Bien moi, je
vais... sur ce sujet, l'intérêt de l'enfant... Et vous êtes... Je comprends
qu'il y a une position ferme au niveau de : c'est dans l'intérêt des
enfants d'avoir deux parents. On est dans une réforme du droit de la famille, on
le sait très bien, on en a eu plusieurs, groupes, qui sont venus ici parler de...
on a évolué comme société. Et pourquoi est-ce que ce serait mal vu et contraire
à l'intérêt d'un enfant d'avoir trois parents? Qu'est-ce qui fait à ce que... il
y a des études qui disent le contraire, que ce n'est pas dans l'intérêt de
l'enfant. Parce qu'on en a eu, des groupes qui disent : J'ai trois parents
qui aiment l'enfant, qui sont là pour pourvoir aux besoins de l'enfant. Donc,
comment est-ce que ça, c'est contraire à son intérêt? Il me semble qu'il faut
regarder la réalité dans notre société québécoise au niveau des conjoints, des
conjoints qui veulent être... oui, qui veulent être parents, qui veulent donner
à des enfants, et d'élever des enfants, et d'être là pour les enfants. C'est
quand même quelque chose qu'on devrait, il me semble, accueillir et non rejeter
et de limiter à deux parents.
M. Jolin-Barrette : Bien,
avec égard, avec vos interventions précédentes, vous disiez : Bien, le
droit à un enfant...
Mme Garceau : ...j'ai dit «l'opportunité».
M. Jolin-Barrette : ...l'opportunité,
le fait que des parents veulent s'occuper d'un enfant, tout ça. Moi, je fais le
choix de faire un cadre en fonction de l'intérêt des enfants. Si jamais il y a
des études qui démontrent à quel point c'est fabuleux d'avoir quatre, cinq
parents, le législateur pourra se rasseoir. Mais, dans l'état actuel des
choses, il n'y a pas d'étude qui démontre ça. Et il faut penser à l'enfant
là-dedans, aussi. Donc, vous m'avez dit, à ma question : Les séparations,
les divorces, est-ce que c'est simple?, ça dépend des parents. Plus vous rentrez
d'intervenants, plus ça représente un enjeu.
Alors, je reviens à l'article. Donc, c'est
un débat fort intéressant, mais, pour nous, je pense qu'avec le cadre qu'on met
en place c'est vraiment ça qui va favoriser l'intérêt des enfants et celui de
la mère porteuse.
Puis, juste un dernier élément sur votre
intervention, le Code civil prévoit également les obligations des enfants
envers les parents au moment de la vieillesse, les obligations alimentaires,
tout ça. Ça fait que, là, les parents, eux autres, c'est bien le fun, là, on
est quatre, cinq, puis tout va bien, on s'occupe de l'enfant, tout ça. Quand
les quatre, cinq parents, ils vieillissent, là, ça fait reposer sur un enfant,
supposons, unique le fardeau de la vieillesse, des soins, des obligations alimentaires,
des obligations financières, sur l'enfant qui est rendu grand maintenant. Ça
aussi, je n'entends pas souvent ça dans le discours en fonction de l'intérêt de
l'enfant. On est beaucoup dans une logique de : J'ai le droit à un enfant
puis j'ai le droit d'être celui qui décide pour l'enfant, mais on regarde
rarement c'est quoi, les conséquences pour le futur sujet de droit, enfant à
naître, qui, lui, va vivre sa vie durant.
• (18 h 50) •
Mme Garceau : On se comprend
que ça, c'est hautement exceptionnel, numéro un, et...
M. Jolin-Barrette : Bien, au
même titre que c'est hautement exceptionnel que la mère porteuse ne donne pas
l'enfant.
Mme Garceau : Oui, sauf que
la façon que... Malheureusement, puis je vais le dire, le projet de loi ne
reflète pas cet aspect, ne reflète pas cette situation-là. Même, c'est le
contraire.
M. Jolin-Barrette : Moi, <je
suis ouvert...
Mme Garceau :
...ne
reflète pas cette situation-là. Même, c'est le contraire.
M. Jolin-Barrette :
Moi,
>je suis ouvert à recevoir un amendement puis à voter contre.
Mme Garceau : Je pense que...
M. Morin : ...suspension,
puis on va travailler là-dessus.
Mme Garceau : On va
travailler là-dessus.
M. Jolin-Barrette : Mais, si
vous voulez, puisque le temps avance, on pourrait peut-être continuer, le
temps... si vous ne l'avez pas écrit, puis revenir, à la prochaine séance, sur
votre amendement, puis on continue d'étudier les autres en attendant.
Le Président (M. Bachand) :Parce que, de toute façon, l'article reste ouvert, là, il
n'y a pas de souci là-dessus.
M. Morin : Oui. Non, je
comprends, mais là on en a déjà rédigé, puis j'aimerais ça, avoir une
suspension, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) :Avec plaisir. Alors, on suspend quelques instants. Merci.
(Suspension
de la séance à 18 h 52)
19 h (version révisée)
(Reprise à 19 h 05)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux.
Des voix : …
Le Président (M.
Bachand) :S'il vous plaît! Juste vous
dire... Bonjour, on a repris nos travaux. Merci. Alors, M. le député de l'Acadie,
s'il vous plaît.
M. Morin : Oui. Alors, merci,
merci, M. le Président. Donc, suite à… suite à toutes nos discussions et à nos
échanges pour l'article 541.9, on propose l'amendement suivant. Et l'idée,
c'est un peu d'équilibrer les choses entre les droits, l'intérêt de la femme
porteuse et des parents… des parents d'intention. Donc, au fond, pour... la
convention de grossesse serait présumée exécutoire lors de la naissance de l'enfant,
donc, à ce moment-là, il y a un contrat qui est déjà notarié.
Ce qu'on comprend du projet de loi, c'est
que toutes les parties se sont fait expliquer leurs obligations, leurs droits,
ce en quoi ils s'engagent, et donc ça vient, finalement, confirmer ça. Puis,
par la suite, la femme ou la personne qui a donné naissance et qui a un lien
génétique avec l'enfant doit consentir expressément à ce que son lien de
filiation à l'égard de l'enfant soit réputé n'avoir jamais existé et à ce qu'un
lien de filiation soit établi à <l'égard...
M. Morin :
...soit
réputé n'avoir jamais existé et à ce qu'un lien de filiation soit établi à >l'égard
de la personne seule ou des deux conjoints ayant formé le projet parental. Puis
on le limitait quand on a… évidemment, quand il y a un lien génétique avec le…
avec ce dernier pour faire une distinction entre le cas de figure où il n'y a
aucun lien génétique.
Et donc ça ferait en sorte que cet
amendement-là permettrait aux parents d'intention d'avoir peut-être une plus grande
certitude que le projet dans lequel ils s'engagent, à la fin, aura pour effet
pour eux d'avoir l'enfant, finalement, qu'ils ont le projet de créer avec une
femme ou une personne porteuse. Et ça donne, évidemment, préséance à la
convention de grossesse. Est-ce que tu veux ajouter quelque chose?
Le Président
(M. Bachand) :...M. le député de
l'Acadie, si vous pourriez la lire officiellement, s'il vous plaît, lire
l'amendement officiel.
M. Morin : Oui.Ah!
Bien, je… O.K. Ah! bien, je vais le lire à nouveau.
Le Président (M.
Bachand) : Parfait.
M. Morin : L'article 541.9,
tel que proposé par l'article 18 du projet de loi, est modifié par le
remplacement de la… du premier alinéa par les suivants :
«La convention de grossesse est présumée
exécutoire lors de la naissance de l'enfant.
«La femme ou la personne qui a donné
naissance qui a un lien génétique avec ce dernier doit consentir expressément à
ce qu'un lien de filiation à l'égard de l'enfant soit réputé n'avoir jamais existé
et à ce qu'un lien de filiation soit établi à l'égard de la personne seule ou
des deux conjoints ayant formé le projet parental.»
Le Président
(M. Bachand) :Merci beaucoup.
Interventions sur l'amendement du député d'Acadie? M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Je me
pose la question, là : N'est-elle pas exécutoire d'office, là, ou présumée
exécutoire d'office? Je vous pose la question. Vous me répondrez, mais, à mon
humble avis, là, du moment où elle est signée entre les parties... Et puis, dans
le deuxième alinéa, vous... vous dites donc... ça, c'est le cas de figure de la
personne qui a donné un ovule, si je ne me trompe pas.
M. Morin : Ça peut être
une personne, oui, effectivement, qui a donné un ovule ou c'est son bagage
génétique. Et donc, là, il y a un lien génétique avec l'enfant.
M. Cliche-Rivard : Ce
serait quoi l'autre cas qu'ovule pour le bagage génétique? C'est pour bien
comprendre.
M. Morin : Bien,
c'est-à-dire qu'il y a une distinction entre la femme porteuse qui utilise son
bagage génétique puis une qui, par exemple, n'utilise absolument pas le bagage
génétique des parents d'intention.
M. Cliche-Rivard : Donc,
c'est son ovule ou pas son ovule.
M. Morin : Exact.
M. Cliche-Rivard : O.K.
Et donc celle qui… la femme ou la personne qui a donné naissance, qui a un lien
génétique, donc la femme porteuse pour laquelle c'est son ovule... C'est ce que…
c'est ce qu'on comprend dans le premier alinéa?
M. Morin : Oui.
M. Cliche-Rivard : Dans
le deuxième, pardon.
M. Morin : Dans le
deuxième, oui.
M. Cliche-Rivard : La
femme porteuse qui a donné son ovule doit consentir, mais ne le fait-elle pas
déjà? Je pose… Non?
• (19 h 10) •
M. Morin : Bien, à ma
connaissance, non. Non. Et donc ça fait en sorte que, quand il y a un lien
génétique, ça permet évidemment... En fait, ça donne plus de certitude, en
fait, aux parents d'intention.
M. Cliche-Rivard : Ce
n'est pas «qui n'a pas donné naissance», c'est «qui a un lien génétique», c'est
ça que vous voulez dire ou si c'est moi qui ne comprends pas? Donc, la femme ou
la personne qui n'a pas donné naissance, mais qu'il y a un lien génétique avec
l'enfant.
M. Morin : Non. Là, on
parle de la femme porteuse.
M. Cliche-Rivard : O.K.
La femme porteuse, c'est son ovule, le matériel génétique du père…
M. Morin : Du père, oui.
M. Cliche-Rivard : Elle,
elle va devoir donner son consentement, avec le p.l., quand même, déjà, dans
les sept à 30 jours pour donner l'enfant ou je n'ai pas compris. Je le
pose vraiment de bonne foi pour être sûr de comprendre, là.
M. Morin : Non, non, non,
je comprends.
M. Jolin-Barrette : …
M. Morin : Oui, oui, oui.
M. Jolin-Barrette : …peut-être
que je peux l'expliquer, là. Dans le fond, là, la convention de grossesse, là,
dès le départ, là, elle est présumée exécutoire. Ça fait que, dans le fond, ça
ne prendrait pas nécessairement de consentement. On la présume exécutoire, mais
là, avec l'alinéa deux, là… «La femme ou la personne qui a donné naissance
[...] qui a un lien génétique avec ce dernier doit consentir expressément à ce
que son lien de filiation à l'égard de l'enfant soit réputé n'avoir jamais
existé», ça fait que, si c'est son matériel génétique à elle, elle, elle doit
expressément le dire : Je consens à remettre l'enfant. Mais, par contre,
pour la femme que ce n'est pas son ovule, là, elle, là, premièrement, elle est
présumée donner son consentement, mais, en fait, même, on n'a même pas besoin
de lui <demander...
M. Jolin-Barrette :
...ce
n'est pas son ovule, là, elle, là, premièrement, elle est présumée donner son
consentement, mais, en fait, même, on n'a même pas besoin de lui >demander
son consentement. Ça fait que la femme, dans le fond, avec votre proposition,
c'est juste un four à pain, dans le fond, c'est un utérus. Puis, dans le fond,
elle, elle se fait implanter un ovule, puis, dans le fond, elle livre le bébé, puis
elle n'a rien à dire. C'est un peu ça, là.
M. Morin : Bien, c'est-à-dire
que...
M. Jolin-Barrette : Tout ce
que c'est, c'est une femme qui est dans un contrat, puis elle doit absolument
remettre le bébé. Elle n'a rien à dire. Honnêtement, je ne trouve pas ça très
respectueux pour les femmes.
M. Morin : En fait… bien, en
fait, moi, je vous dirais que ce qu'on essaie de faire, c'est de trouver un
équilibre. Parce qu'on a parlé de la femme porteuse, on a parlé des parents
d'intention, vous avez pris une décision claire de privilégier la femme
porteuse. Ce qu'on essaie de faire, c'est d'équilibrer pour que les parents
d'intention aient un peu plus de... un peu plus de garanties, finalement,
qu'ils vont pouvoir avoir l'enfant. Alors, c'est ce qu'on essaie de
restreindre. Maintenant, je ne comparerais pas la femme à un... enfin, comment
vous l'avez comparé, là, puis ce n'est pas l'intention non plus, là, mais...
M. Jolin-Barrette : Bien, le
texte revient à ça, à faire en sorte de dire qu'une femme qui n'a pas de lien
génétique est obligée de donner l'enfant. Puis elle, elle fait juste porter
l'enfant puis elle accouche, puis c'est un véhicule pour un enfant.
Honnêtement, ça m'inquiète un peu, les démarches que j'entends, depuis le début
de l'après-midi, là, pour dire, là : Dans le fond, on se fonde juste sur
les parents d'intention, c'est le droit à l'enfant, on veut enlever les femmes
du projet de loi, du texte du projet de loi.
M. Morin : En fait, non, ce
n'est pas ça, ce n'est pas ça. Non, ce n'est pas ça du tout. On va recadrer un
peu. Vous parlez de cadre, là.
M. Jolin-Barrette : Bien, M.
le Président, l'amendement, dès le départ, c'était de dire : On exclut les
femmes nommément du texte législatif. Puis là, après ça, le Parti libéral nous
dit : Bien, une femme qui n'a pas mis son ovule, elle, elle n'aura aucun
droit. Puis c'est : un coup qu'elle a l'ovule implanté, elle n'aura plus
rien à dire puis elle doit livrer le bébé. Ça m'inquiète, ça m'inquiète.
M. Morin : Parce que dans... c'est
parce que, dans votre projet de loi... Bien, en fait, ce qui est aussi
inquiétant dans votre projet de loi, c'est que vous pouvez avoir des parents
d'intention qui vont se ramasser avec rien en bout de piste. Ça fait que ce
n'est pas mieux. D'un côté comme de l'autre, là, ce n'est pas plus respectueux
pour personne. Si on veut aller là, là, bien, moi, c'est ce que je vous
répondrais.
M. Jolin-Barrette : Mais
l'enjeu, M. le Président, là, c'est de protéger les parties qui sont en
situation de vulnérabilité, puis je l'ai dit dès le départ. Bien entendu, c'est
un risque, un risque assumé pour les parents d'intention. Effectivement, comme
le député de l'Acadie l'a dit, c'est possible que le parent... les parents
d'intention se retrouvent avec pas d'enfant au bout du processus, au bout de
l'accouchement. Ils auront fondé beaucoup d'espoir sur la venue d'un enfant
pour fonder leur famille, mais ça fait partie des enjeux inhérents rattachés au
cadre législatif qu'on est en train de mettre en place. Puis on en est
conscient, là, mais c'est un choix conscient que nous faisons parce que ce n'est
pas possible de réconcilier une obligation de résultat de livrer l'enfant avec
l'intérêt de la mère porteuse, associé à son corps, puis de conserver son
autonomie, parce que, sinon, ça vient lier la mère porteuse, dans tous les cas,
si on adoptait une approche exécutoire.
M. Morin : C'est-à-dire que,
pendant la grossesse, la mère porteuse est libre de décider de son corps, elle
peut interrompre la grossesse, le projet de loi le prévoit. Ça, on ne change
rien là-dedans. Sauf que, quand on arrive à la finalité... Puis l'idée du
projet de loi, c'est d'encadrer, justement, les conventions de grossesse pour
autrui. L'objet même de l'exercice, c'est ça. Alors, qu'on le veuille ou non,
forcément, il y a une femme qui va porter un enfant pour quelqu'un d'autre.
Puis où, à un moment donné, nos chemins diffèrent, c'est que vous, vous dites :
Moi, j'ai fait le choix conscient que cette femme-là peut garder l'enfant, puis
les parents d'intention, bien, à un moment donné, c'est bien dommage, mais bye
bye...
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Merci beaucoup.
M. Morin : ...puis, moi, ce
que je dis, bien, c'est qu'il y a peut-être un autre chemin.
Le Président (M.
Bachand) :En parlant de bye bye, compte
tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux sine die. Merci. À bientôt.
Bonne soirée.
(Fin de la séance à 19 h 16)