Journal des débats de la Commission des institutions
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Le
mardi 21 février 2023
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Vol. 47 N° 4
Étude détaillée du projet de loi n° 8, Loi visant à améliorer l’efficacité et l’accessibilité de la justice, notamment en favorisant la médiation et l’arbitrage et en simplifiant la procédure civile à la Cour du Québec
Aller directement au contenu du Journal des débats
Intervenants par tranches d'heure
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Bachand, André
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Jolin-Barrette, Simon
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Morin, André Albert
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Nichols, Marie-Claude
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Nichols, Marie-Claude
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Bachand, André
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Labrie, Christine
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Lemieux, Louis
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Jolin-Barrette, Simon
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Morin, André Albert
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Garceau, Brigitte B.
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Bachand, André
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Jolin-Barrette, Simon
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Morin, André Albert
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Garceau, Brigitte B.
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Nichols, Marie-Claude
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Labrie, Christine
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Bachand, André
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Jolin-Barrette, Simon
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Morin, André Albert
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Labrie, Christine
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Garceau, Brigitte B.
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Nichols, Marie-Claude
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Jolin-Barrette, Simon
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Bachand, André
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Nichols, Marie-Claude
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Morin, André Albert
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Garceau, Brigitte B.
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Labrie, Christine
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Morin, André Albert
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Jolin-Barrette, Simon
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Bachand, André
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Nichols, Marie-Claude
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Garceau, Brigitte B.
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Bachand, André
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Jolin-Barrette, Simon
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Morin, André Albert
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Morin, André Albert
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Bachand, André
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Jolin-Barrette, Simon
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Garceau, Brigitte B.
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Labrie, Christine
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Morin, André Albert
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Jolin-Barrette, Simon
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Bachand, André
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Labrie, Christine
15 h (version révisée)
(Quinze heures quinze minutes)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît!
Bonjour, tout le monde. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission des institutions ouvertes.
La commission est réunie afin d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi n° 8, Loi visant à améliorer l'efficacité et
l'accessibilité de la justice, notamment en favorisant la médiation et
l'arbitrage et en simplifiant la procédure civile à la Cour du Québec.
Avant de débuter, Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Zanetti (Jean-Lesage) est remplacé par Mme Labrie
(Sherbrooke).
Mémoire déposé
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Alors, je
dépose, parallèlement, le mémoire reçu depuis la fin des auditions, soit le mémoire
du Centre de justice de proximité.
Remarques préliminaires
Nous allons débuter avec les remarques
préliminaires. Donc, M. le ministre, la parole est à vous, vous disposez de 20 minutes.
M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Oui, M.
le Président. Un plaisir de vous retrouver aujourd'hui, en ce mardi. Écoutez,
je tiens à remercier tous les intervenants qui sont venus en commission
parlementaire, lors des auditions publiques, la semaine dernière, donc, deux jours
de consultations. Je pense qu'on a pu recevoir <beaucoup de...
M. Jolin-Barrette :
Je
pense qu'on a pu recevoir >beaucoup de commentaires, beaucoup de points
de vue relativement au projet de loi. Dans l'ensemble, je crois que les
intervenants ont accueilli favorablement le projet de loi, notamment sur la
simplification de la procédure à la Cour du Québec, sur le fait, également,
qu'il va y avoir de la médiation et de l'arbitrage automatique à la division
des petites créances. Je pense que l'ensemble des groupes ont souligné cette
avenue importante pour l'accessibilité et l'efficacité de la justice.
Je résumerais ainsi, relativement à la
nomination pour les juges... bien, en fait, pour les notaires qui pourraient
accéder à la fonction de juge. Vous aurez constaté, M. le Président, que les
positions semblent assez tranchées, entre les professionnels pratiquant la
profession notariale et, je vous dirais, le Barreau du Québec, qui a une
position opposée. Alors, il faut concilier tout ça, M. le Président, mais le
désir de la partie gouvernementale de permettre aux notaires d'accéder à la
fonction de juge, pour plusieurs raisons, notamment la question de compétence,
d'impartialité, de diversification, également, de la magistrature... Je pense
qu'on n'a pas le loisir de se priver de tous les juristes que nous avons au
Québec. Et je tiens à le rappeler, M. le Président, il y a un processus qui
fait en sorte que ce sont les meilleurs candidats qui sont recommandés. Et
donc, moi, je n'ai aucun malaise, à cet effet-là, de poursuivre dans cette
voie-là.
Autre point, le Conseil de la
magistrature, davantage de transparence, davantage également de reddition de
comptes, je pense que c'est ce que les citoyens s'attendent également. Et, un
point extrêmement important également, la présence d'une personne oeuvrant
auprès des personnes victimes d'actes criminels, pour qu'elles puissent avoir
une voix, notamment, en matière de déontologie judiciaire et en matière de
formation. Je pense que le fait que le gouvernement ait cette sensibilité-là,
c'est fort important.
M. le Président, je vais m'arrêter ici
pour les remarques préliminaires, simplement remercier les gens qui nous
accompagnent, du ministère de la Justice, du contentieux du Procureur général,
également les légistes qui sont avec nous, de remercier mes collègues,
également, députés de la partie gouvernementale, le député de Vanier-Les Rivières,
la députée d'Anjou—Louis-Riel, la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré, qui
est mon adjointe parlementaire en matière de justice, la députée de
Laval-des-Rapides, le député de Saint-Jean et la députée de Vimont, qui
travailleront avec nous sur ce projet de loi, en plus de saluer les collègues
des oppositions qui vont travailler avec vous, donc, M. le député de l'Acadie,
Mme la députée de... Robert-Baldwin — je me trompe encore dans les
comtés — Mme la députée de Sherbrooke et Mme la députée de Vaudreuil,
qui, j'espère, dimanche dernier, n'a pas eu de conflit familial avec sa mère et
son frère. Vous m'inviterez au prochain souper de famille. Merci.
• (15 h 20) •
Le Président (M.
Bachand) :Merci, M. le ministre. M. le
député de l'Acadie, s'il vous plaît.
M. André Albert Morin
M. Morin : Alors, merci. Merci,
M. le Président. Merci, M. le ministre. Je suis très heureux, cet après-midi,
d'être accompagné par ma collègue la députée de Robert-Baldwin. Et j'aimerais
d'abord vous dire, dans mes remarques en ce qui a trait à cet important projet
de loi, je vous dirai... je parlerai d'abord de remarques plus générales et,
par la suite, j'aurai des remarques un peu plus spécifiques sur différentes
dispositions.
J'aimerais dire d'emblée, évidemment, que
nous appuyons le principe de l'accès à la justice. On ne peut pas être contre
l'accès à la justice, c'est un volet qui est éminemment important pour les
justiciables au Québec. Et on sait, présentement, comment c'est parfois
difficile ou long d'avoir accès aux tribunaux. Mais je ne peux pas passer sous
silence le fait que ce projet de loi et ce qu'il apporte, à mon avis, n'aura
pas les effets escomptés, si les ressources et les budgets ne sont pas au
rendez-vous, pour une raison bien simple.
Je comprends que M. le ministre souhaite,
évidemment, qu'il y ait plus de médiation, qu'il y ait de l'arbitrage. Ce sont
des principes qui sont à la base de notre Code de procédure civile. Sauf qu'il
va falloir des gens pour remplir cette mission, il va falloir qu'il y ait plus
de personnel judiciaire pour être capable de faire avancer des dossiers, qu'ils
soient en médiation ou en conférence de gestion. Je vous donne un exemple
concret. L'article 535.12 du projet de loi, qui parle de la conférence
préparatoire, bien, évidemment, ça va nécessairement <mobiliser des...
M. Morin :
...conférence
préparatoire, bien, évidemment, ça va nécessairement >mobiliser des ressources
d'une façon importante. Et, si ces gens-là ne sont pas là, ça n'ira pas plus
vite. En fait, on va déplacer le problème de place. Et je vous ferai remarquer,
et M. le ministre en parlait quand il saluait les interventions, les organismes
communautaires, les organismes à but non lucratif que nous avons entendus
pendant les travaux de la commission ont tous été unanimes à ce point de vue
là : il faudra les financer adéquatement pour qu'ils soient capables de
remplir leur mission.
On a également entendu le fait que le
gouvernement devra prévoir davantage de campagnes de sensibilisation afin
d'informer la population sur la médiation et sur l'arbitrage, la différence
entre les deux. Et évidemment je rajouterais que le gouvernement devra
s'assurer que les services seront également offerts en français et en anglais
pour la population du Québec.
Au sujet de mes commentaires généraux, je
vous dirai également, bien que le titre du projet de loi parle de l'accès à la
justice, il y a aussi des dispositions qui touchent le Conseil de la
magistrature et l'accessibilité des notaires à la magistrature. Donc, au niveau
de mes commentaires généraux, je vous dirai que je m'interroge sur l'impact que
peut avoir le projet de loi sur l'indépendance institutionnelle de la Cour du
Québec et du Conseil de la magistrature. Je parle ici, véritablement, de
l'indépendance institutionnelle, donc de l'indépendance du corps de l'ensemble
de l'organisme.
Et on l'a vu, quand on a entendu les
différents groupes, il y a une position tranchée sur un élément important du
projet de loi, à savoir est-ce que les notaires peuvent accéder à la magistrature
ou pas. La majorité des associations de notaires ainsi que la Chambre des
notaires étaient favorables, le Barreau ne l'est pas. J'ai moi-même posé des
questions, à savoir : Est-ce qu'il manquait des juges?, est-ce qu'il
manquait des candidats dans les concours de juges? On nous a répondu que non.
Donc, peut-être que la sagesse du législateur commanderait à ce que ces
dispositions-là soient retirées du p.l. n° 8 afin de les insérer dans un
autre projet de loi qui traiterait non pas uniquement de l'accès à la justice,
mais bien de l'accès pour les notaires à la magistrature.
Quant à mes recommandations plus
spécifiques, d'emblée, je vous dirais qu'il faut harmoniser le projet de loi,
d'abord, avec l'article 2 du Code de procédure civile, qui invite,
évidemment, les modes privés de règlement des conflits, mais qui le fait sur
une base volontaire, alors que là, ici, on impose une obligation.
Et, comme on l'a entendu de la part des
différents organismes qui sont venus en commission parlementaire, si la médiation
demeure obligatoire, il faut ajouter dans la loi, non pas dans le règlement,
comme suggérait M. le ministre, mais, dans la loi, une disposition qui indique
clairement que ce mode alternatif de règlement ne peut pas être obligatoire
pour des victimes d'agression sexuelle, pour des victimes de harcèlement, pour
des victimes de toutes formes de violence ou d'intimidation.
Pour l'article 2, il faut s'assurer
que la priorité accordée aux dossiers accompagnés d'une attestation délivrée
par un médiateur accrédité ne favorisera pas les mieux nantis, qui peuvent se
payer ce type de services, au détriment des autres.
Et évidemment, il faudrait harmoniser le
nouvel article 535.1 avec l'article 35 du Code de procédure civile
afin de prévoir l'indexation des sommes dans les deux cas.
On l'a dit, à l'article 535.6, il
faudrait prévoir plus de 85 jours pour que le défendeur puisse finaliser
son dossier.
Et je souligne également, comme certains
l'ont fait remarquer, que le mot «avis» est utilisé à gauche et à droite dans
le projet de loi, sans parfois être toujours très clair pour qu'on puisse
déterminer quel type d'avis il s'agit.
Relativement aux notaires qui pourront
accéder à la magistrature, je suis ouvert à une réflexion à l'égard de
l'éligibilité des notaires à la magistrature, sauf que, dans notre droit, cette
question soulève des enjeux importants et, comme je le mentionnais d'emblée,
qui ne sont pas en lien avec l'accès à la justice. Donc, une réflexion de fond
est nécessaire puisque les notaires, bien qu'on reconnaisse leurs compétences
et leurs connaissances en droit, en tant qu'officiers publics, évidemment,
jouent un rôle unique dans notre droit civil. Et, au niveau de la formation
professionnelle, ils ne reçoivent pas la même formation que les avocats,
notamment en ce qui a trait au dépôt des procédures, à <l'interrogatoire
et...
M.
Morin :
... notamment en ce qui a trait au dépôt des
procédures, à >l'interrogatoire et au contre-interrogatoire des témoins.
Donc, la formation professionnelle des notaires diffère de celle des avocats.
Lorsque j'ai posé la question, comme je le
soulignais, aux notaires afin de savoir quel était l'avantage pour les notaires
d'accéder à la magistrature, la réponse obtenue est que cela augmenterait la
diversité. Soit, et la diversité en soi, c'est bien, sauf qu'entre la diversité
et l'accès à la justice il y a autre chose, c'est deux pas.
Quant au Conseil de la magistrature, si ma
compréhension du projet de loi est bonne, elle vise à soumettre le conseil à
l'article 4 de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics. Il
faut souligner que la magistrature et son conseil ne constituent pas ou ne sont
pas un organisme du gouvernement, et il est donc étonnant d'utiliser
l'article 4 de la Loi sur l'accès pour y assujettir le conseil. Bien sûr,
je le disais d'entrée de jeu, on n'est pas, évidemment, fermés, on n'est pas
contre la transparence et l'imputabilité, mais nous devons aussi nous assurer
que l'indépendance institutionnelle du Conseil de la magistrature soit
respectée. Et je pense que ça, c'est un élément important.
En fait, ce que je suggère, c'est que le projet
de loi prévoie un régime spécial pour permettre l'accès à certains documents du
conseil. Ça permettrait, donc, de préserver l'indépendance institutionnelle du
conseil et, évidemment, ça permettrait aussi, bien sûr, au conseil,
éventuellement, d'être financé adéquatement. Parce que le Conseil de la
magistrature, présentement, est composé d'un nombre restreint de personnes.
Tout dépendant du nombre de demandes d'accès qu'il pourrait recevoir, il faudra,
évidemment, des gens pour traiter ces demandes et respecter les délais de
traitement. Le conseil doit être à l'abri de toute influence extérieure, c'est
son indépendance institutionnelle. Je pense que le législateur doit le
respecter, et donc il faut trouver un mécanisme qui va permettre de respecter
cet enjeu.
Quant à l'article 36 du projet de loi,
qui modifie la Loi sur les tribunaux judiciaires, nous nous interrogeons sur
l'idée de permettre au Vérificateur général de vérifier les livres et les
comptes du conseil. En fait, le projet de loi mentionne «aux cinq ans». Déjà,
la Vérificatrice générale nous a écrit pour nous dire que c'était préférable à
tous les ans. Mais, encore là, et je comprends que le Vérificateur général
n'est pas l'Exécutif, mais il faut faire attention, encore une fois, pour ne
pas poser des gestes qui vont venir avoir un impact sur l'indépendance
institutionnelle du conseil. On peut donc s'inquiéter à ce que ces deux
dispositions-là soient, en fait, une menace pour son indépendance institutionnelle.
Et, encore une fois, je suggère la
création d'un mécanisme intermédiaire, comme le gouvernement, par exemple, a
mis en place quand vient le temps de traiter de la rémunération des juges.
Alors, ce n'est pas le gouvernement qui le fait directement, il y a un
organisme qui fait le lien entre la magistrature, le gouvernement. Donc, il
pourrait y avoir la création d'un tel organisme qui permettrait de faire le
pont entre la Vérificatrice générale, le Conseil de la magistrature, ce qui
permettrait au gouvernement et au ministre de parler de l'imputabilité du
conseil, sans toutefois qu'il y ait la moindre ingérence. Donc, un comité
conjoint pourrait remplir ce mandat-là.
Je vous le disais également, tout à
l'heure, le Conseil de la magistrature emploie peu de personnes. Donc, il faut
aussi s'interroger sur l'imposition de ces nouvelles obligations pour s'assurer
que le conseil serait financé adéquatement pour qu'il puisse répondre à ses
obligations. Donc, le gouvernement doit allouer des sommes pour permettre au
conseil de remplir son travail, et ce budget devrait être voté par l'Assemblée
nationale.
Je vous dirais qu'en conclusion il faut
aussi faire confiance aux institutions et que l'indépendance institutionnelle
du conseil ne doit pas être diminuée en utilisant l'accessibilité et
l'imputabilité. Le conseil est indépendant du gouvernement, et c'est un volet
fondamental. En aucun moment, les juges et le conseil ne doivent être soumis à
l'intervention de l'Exécutif. Merci, M. le Président.
• (15 h 30) •
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le député. Mme
la députée de Vaudreuil, s'il vous plaît.
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols : Merci, M. le
Président. Alors, d'emblée, je tiens évidemment à remercier les groupes qui se
sont déplacés, qui sont venus nous livrer ou nous donner leurs commentaires en
lien avec le projet de loi n° 8, ceux qui ont été présents aux auditions
mais ceux aussi qui, après les auditions, ont pris la peine, là, d'envoyer un
mémoire à la commission. Donc, je les rassure, bien sûr, nous en prenons
connaissance et nous en tenons compte aussi, là, dans l'étude détaillée, en
fait, dans les travaux qui continuent. Donc, merci.
On sait évidemment que la <période
de temps...
>
15 h 30 (version révisée)
<15439
Mme
Nichols :
...dans les travaux qui continuent. Donc, merci. On
sait évidemment que la >période de temps est toujours restreinte. On
demande toujours au gouvernement de donner un peu plus de temps puis plus de
latitude aux groupes quand on les invite. Malheureusement, cette
recommandation-là n'est pas suivie.
Tout de même, sur le projet de loi n° 8,
M. le Président, là, je tiens à rappeler que c'est un projet de loi... Je ne
vois pas qui pourrait s'opposer à l'accessibilité à la justice, surtout avec ce
qu'on entend. Particulièrement, aux petites créances, les délais sont longs.
Dans certains coins, c'est encore plus long. En tout cas, nous, à Beauharnois,
nous, c'est le district de Beauharnois, là, c'est très, très long, les petites
créances. Ça peut prendre jusqu'à deux ans avant qu'une cause soit entendue.
Donc, bien sûr, on voit l'utilité puis on voit la nécessité, là, d'apporter des
améliorations pour l'accès à la justice, particulièrement aux petites créances.
On a entendu les groupes puis ce qu'on a
retenu aussi aux groupes, c'était... Je pense que ça va être très important de
mettre l'accent, pendant l'étude du projet de loi, sur les ressources puis les
budgets qui vont devoir suivre, parce qu'on apporte des changements majeurs, mais
certains groupes nous ont dit… Puis je vais donner l'exemple, là, M. le
Président, beaucoup nous ont parlé d'accompagnement, un accompagnateur. Même qu'il
y a un groupe qui nous a dit : Il faut aussi garder dans l'angle mort, là,
les personnes à faibles revenus. Je pense que c'est quelque chose qu'on doit
garder en tête en traitant le présent projet de loi, que ça... dans l'article
par article, là, je pense qu'il va falloir ramener ça puis ne pas l'oublier.
Puis justement, le ministre nous a assuré qu'il était pour avoir des ressources
puis du budget, mais je pense qu'il va falloir le rappeler au fur et à mesure
où on avancera dans l'étude du projet de loi.
Comme le disait le ministre, bien sûr, les
oppositions ont une opinion tranchée, mais je pense que ce n'est pas juste les
opinions qui ont une opinion tranchée relativement à l'accès à la législature
pour les notaires. On l'a entendu, on l'a vu, on l'a constaté, il y avait
beaucoup de représentants des notaires, là, qui sont passés devant nous à la commission.
Puis je le dis très gentiment, je le dis sans préjudice, tous ceux qui sont
venus faire des représentations pour les notaires, ce qu'ils nous disaient, c'est
qu'ils avaient les qualités pour, puis ça, je ne remets pas en doute, là, que
les notaires ont la qualité... ont des qualités… sont impartiaux, sont gentils.
Ils sont plus populaires que les avocats, c'est revenu aussi beaucoup. Ce n'est
pas ça qu'on remet en doute dans le projet de loi ou, en fait, en lien avec
cette notion-là. Tu sais, ce qu'on remet en doute, c'est pourquoi, à ce moment-ci,
arriver comme ça… Est-ce que ça va changer...
Tu sais, le projet de loi, je reviens… c'est
l'accessibilité à la justice. Donc, est-ce que ça va... Un, il n'y a pas de
manque à gagner, hein? Quand on posait la question, là, il n'y a pas... Quand
il y a un poste de juge qui rouvre, que ça soit un peu partout à travers le
Québec, même dans le Grand Nord, le poste est comblé. Ça fait qu'il n'y avait
pas de problème à cet effet-là. Ça fait que la question, c'était :
Pourquoi, à ce moment-ci, on vient l'ouvrir? Je partage l'avis de mon collègue
à l'effet que ça prend peut-être une étude un peu plus en profondeur.
Et oui, il y a eu… pour répondre à la
question de M. le ministre, là, oui, il y a eu des débats, un débat familial
sur… entre les notaires et les avocats, puis ça ressemblait drôlement à la
commission parlementaire, aux auditions qu'on a eues en commission
parlementaire. Et puis, non, vous ne serez pas invité à souper à la maison. Ma
mère a dit non. Alors...
Une voix : ...
Mme Nichols : Même pas, même
pas, voilà. Alors, voilà, M. le Président, mais on est prêts… Évidemment, je
suis prête, moi et mon caucus, à étudier, là, article par article le projet de
loi n° 8.
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup. Mme la députée de Sherbrooke, la parole est
à vous.
Mme Nichols : On est dans les
remarques préliminaires.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Oui, donc, pour
les remarques préliminaires… Merci, M. le Président. J'ai été agréablement
surprise par le contenu des consultations. Il y a eu des propositions très
pertinentes qui ont été faites notamment pour s'assurer de bien baliser, là, le
recours à la médiation, notamment, concernant, là, l'accueil au sein de la
magistrature des notaires.
Donc, j'ai bien hâte de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi. J'espère que le ministre va accueillir
favorablement les propositions d'amendement qu'on aura, qui sont issues des
consultations qu'on vient d'entendre. Moi, je suis ici dans une attitude
collaborative. C'est un projet de loi qui va améliorer les choses, là, de toute
évidence, dans le système de justice. C'est ce que beaucoup d'intervenants sont
venus nous dire. Donc, j'espère qu'on pourra travailler ensemble dans ce sens-là.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Interventions
du côté gouvernemental? M. le député de Saint-Jean, oui.
M. Louis Lemieux
M. Lemieux : Oui, merci, M.
le Président, quelques minutes à peine. Loin de moi la volonté de retarder l'étude
article par article à laquelle j'ai hâte puisque c'est un projet de <loi...
M. Lemieux :
...c'est
un projet de >loi, le projet de loi n° 8, qui n'est pas juste
intéressant. Il est passionnant, justement, à cause du clivage de certaines
opinions par rapport à ce qu'on va décider au cours des prochaines heures, des
prochains jours. On verra combien de temps ça dure.
Ceci dit, je salue tous les collègues
parce que ça fait toujours étape de commencer l'étude article par article.
C'est un moment que j'attends toujours avec plaisir, et je suis rarement déçu,
mais, dans ce cas-ci, je dois dire que les consultations qui ont précédé
étaient particulièrement intéressantes et me donnent encore plus envie de
comprendre ce qu'on va décider ensemble au cours des... au cours de ces
travaux.
Il faut que je dise, puis je termine
là-dessus, que, pour moi, c'est le gros bon sens, ce qu'on est en train de
faire. L'accessibilité à la justice, la collègue le disait, on ne peut pas
s'opposer à ça. Il y a peut-être le comment du pourquoi, mais le pourquoi, il
est clair. On a du gros bon sens au travail aussi avec les autres grands
titres, si on veut, du projet de loi. Entre autres, tout ce qui a trait au
Conseil de la magistrature, en ce qui me concerne, ça va de soi.
Pour ce qui est de l'accès à la
magistrature des notaires, moi, je fais partie de ceux… et je me range vraiment
solidement du côté des notaires. Et je l'avais dit pendant les questions avec
les invités en consultations, je me souvenais que, pour les coroners, alors
que, dans le bon vieux temps, il y avait seulement un bon vieux docteur qui était
capable d'être coroner, on a adopté une loi qui modifie la loi des coroners,
qui permet maintenant à des ingénieurs, à toutes sortes de spécialistes, de se
joindre aux coroners pour aller plus loin.
La diversité, je n'y crois pas seulement
pour les coroners, mais pour les juges aussi. Il ne s'agit pas de faire du
sur-mesure, mais il s'agit d'être capable d'avoir à notre disposition, je
pense, un certain nombre de juges qui ne sont pas issus du même tronc. Le tronc
commun de la formation, oui, mais, par rapport à la spécialisation, il me
semble que ce serait intéressant qu'on puisse aller piger dans ce bassin de
notaires, et je suis de tout cœur avec eux, et j'espère qu'on va réussir à les
inclure pour avoir accès à la magistrature.
Ceci dit, ils ne sont pas juste
populaires, Mme la députée. Ils sont aussi très... Les notaires… Par rapport à
l'opinion publique, on a pas mal plus confiance aux notaires. Ça n'enlève rien
aux avocats. On le savait. C'est pareil pour les journalistes. J'en suis un. Je
sais que la confiance, elle ne règne pas toujours, et puis je ne voulais pas
améliorer mon sort en devenant politicien. Donc, je vais le terminer là-dessus
et je vais vous souhaiter de très beaux débats pour l'étude article par article
du p.l. n° 8. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions? S'il n'y a pas d'intervention, y a-t-il des motions
préliminaires?
Étude détaillée
S'il n'y a pas de motion préliminaire,
nous allons débuter l'étude article par article. Donc, je prends en
considération l'article 1. M. le ministre, s'il vous plaît, la parle est à
vous.
M. Jolin-Barrette : Alors,
bonjour, M. le Président. Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas fait une étude
détaillée. Je suis heureux de vous retrouver. Alors, article 1, M. le Président :
L'article 4 du Code de procédure civile
est modifié par l'ajout, à la fin, de l'alinéa suivant :
«À cet égard, les parties peuvent
s'entendre pour verser au dossier du tribunal le contenu d'un protocole
préjudiciaire ainsi que les éléments de preuve échangés entre les parties pour
l'élaborer et l'appliquer.»
Commentaire : L'article 4 du Code de
procédure civile prévoit que les parties qui choisissent de régler leur
différend par un mode privé et le tiers qui les assiste s'engagent à préserver
la confidentialité de ce qui est dit, écrit ou fait dans le cours du processus,
sous réserve de leur entente sur le sujet ou des dispositions particulières de
la loi. Il est donc proposé de modifier cet article pour prévoir que le contenu
d'un protocole préjudiciable ainsi que les éléments de preuves échangés entre
les parties pour l'élaborer et l'appliquer peuvent être versés au dossier du
tribunal d'un commun accord.
• (15 h 40) •
Le Président (M.
Bachand) :Interventions? M. le député de
l'Acadie.
M. Morin : En fait,
brièvement, puis ma collègue pourra également compléter, mais, si je comprends
bien ce qu'on veut par un protocole préjudiciaire dans l'optique du Code de
procédure civile tel qu'il a été adopté, c'est de permettre à des parties
privées d'utiliser des modes alternatifs de règlement des conflits, et, règle
générale, que ce soit par la médiation ou l'arbitrage, éventuellement, ça se
termine sans qu'il y ait une judiciarisation. L'article 4 du procédure… du Code
de procédure civile traite de ces éléments-là.
Donc, si on veut déposer ou si le ministre
veut permettre le dépôt d'un protocole préjudiciaire, est-ce que c'est parce
que la médiation ou l'arbitrage a échoué et que, donc, là, on se prépare pour
un litige et, donc, qu'on veut faire accélérer le dossier ou si c'est
uniquement pour... et, en fait, quelle <est la...
M. Morin :
...quelle
>est la pertinence de le déposer puisque, dans bien des cas, ça devrait
se régler, de toute façon, hors cour? Et, quand j'écoutais le commentaire, ce
n'est pas très clair.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Essentiellement,
dans le fond, là, on est dans la procédure simplifiée pour la Cour du Québec,
puis l'idée, c'est de faire en sorte que, lorsque vous aurez eu accès à un mode
alternatif de règlement des différends, exemple, la médiation, bien, désormais,
vous allez être fixé en priorité, mais le protocole préjudiciaire que vous
aurez eu va pouvoir instruire la cour. Donc, vous allez pouvoir le déposer
parce que vous avez déjà eu des échanges avec l'autre partie. Donc, on vous
permet… Désormais, malgré le fait que, normalement, les modes de règlement
alternatifs des différends sont de nature privée entre les parties, là, on va
prendre le protocole préjudiciaire. On va pouvoir le déposer au dossier de la
Cour pour justement être fixé par préférence, puis déjà qu'il y a déjà eu du
travail qui a été fait en amont…
Ça fait que l'idée, c'est d'amener les
gens, avec la procédure simplifiée, à aller, justement, en mode alternatif de
règlement des différends parce qu'ils vont avoir un avantage. Puis peut-être
que, dans le cadre de la médiation ou du mode alternatif de règlement des
différends, bien, il va y avoir moins de points en litige à partir du moment où
ils vont se retrouver à la cour. Ça se peut bien, là. Supposons, il y avait 10
points en litige dans la poursuite, en médiation, ils en règlent cinq, il va en
rester cinq pour aller devant le tribunal. Puis là ils vont être fixés par
priorité parce qu'ils vont avoir été en médiation préalablement, versus, si
vous n'allez pas pantoute en mode alternatif de règlement des différends, bien,
vous allez être en dessous de la pile pour passer devant le tribunal.
Ça fait que, ça, on est vraiment dans la
procédure simplifiée à la Cour du Québec, donc, entre 15 000 $, 75 000 $,
100 000 $. Si on est en matière de petites créances, là, ça va être
différent, parce que, là, ça va être par projet pilote pour débuter, puis
ensuite on va l'étendre. Ça va être, dans un premier temps, la médiation
obligatoire, contrairement à la procédure simplifiée où la médiation n'est pas
obligatoire, puis ils peuvent prendre un mode alternatif de règlement des
différends. Puis je réitérerais que cette demande-là provient de la Table Justice-Québec
où est-ce que la magistrature siège, le Barreau, le MJQ.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie, ça
va?
M. Morin : Oui, ça va.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de
Robert-Baldwin.
Mme Garceau : Deux
commentaires, parce que, quand je lis, premièrement, l'article 4, là, on est en
train de modifier un article qui fait partie, là, des articles… si on peut
dire, les principes généraux du Code de procédure civile, donc, applicables
également en Cour supérieure. On parle ici… au niveau de la Cour du Québec. Donc,
je voulais avoir une clarification au niveau de pourquoi on est en train de
modifier cet article-là qui va s'appliquer également en Cour supérieure.
Et, deuxième point, la pertinence de
l'amendement, parce que l'article 4 prévoit déjà tous les documents, les
échanges en médiation. C'est ça, c'est le principe de base, ils sont
confidentiels, mais l'article 4 n'empêche pas les parties, sous réserve d'une
entente, de déposer n'importe quoi, des procédures, des documents. Donc, je
tentais de comprendre l'utilité d'avoir cet amendement à l'article 4 parce
qu'on dirait qu'on est en train de détailler quelque chose qu'on pourrait
déposer, tandis que l'article 4 est général. On peut déposer n'importe
quoi.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Effectivement,
vous avez raison, ça va se retrouver au dossier de la cour, même à la Cour
supérieure. L'idée est de favoriser… d'amener les parties à favoriser le
recours à ce mode alternatif de règlement des différends, là. Donc, le fait que
la procédure à la Cour du Québec vient le reconnaître, bien, ça va leur donner,
je vous dirais, une voie rapide. Pour ce qui est de la Cour supérieure, bien,
écoutez, c'est positif aussi que les parties… déjà, leurs procureurs leur
disent : Voyez-vous, ça va nous permettre, justement, que vous participiez
au règlement du litige vous aussi, donc, en tant que partie en médiation, et ça
pourra justement être constaté par la cour aussi, que vous avez été en
médiation.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée.
Mme Garceau : Je reviens à
mon point. D'où vient l'utilité d'ajouter ce paragraphe… cet amendement au
paragraphe 4° lorsque c'est déjà prévu, parce qu'on a... La dernière phrase dit :
«Sous réserve de leur entente». Donc, les parties sont maîtres de la preuve,
des documents qu'ils souhaitent déposer au dossier de la cour. Il n'y a rien
dans cet article-là qui limite les parties sous entente.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors,
les parties aussi... Quand on <regarde…
M. Jolin-Barrette :
Quand
on >regarde le deuxième alinéa qu'on ajoute, là : «À cet égard, les
parties peuvent s'entendre pour verser au dossier du tribunal le contenu d'un
protocole préjudiciaire ainsi que les éléments de preuve échangés entre les
parties pour l'élaborer et l'appliquer», ça veut dire que... supposons que vous
êtes en Cour supérieure puis que, là, vous ne vous êtes pas entendus ou vous
vous êtes entendus sur certains éléments, bien, auparavant, avec
l'article 4, normalement, on ne le déposait pas, mais là les parties
pourraient décider de dire : Aïe! On a eu des discussions en médiation, on
s'est entendus sur certains éléments puis, c'est vrai, on n'a pas réglé le
dossier en médiation, mais on a réglé certains points ou, même, pour le
tribunal, voici le travail qu'on a fait en amont. Même si ça s'en va en Cour
supérieure, supposons, un dossier de 75 000 $ et plus ou 100 000 $
et plus... et voici, M. le juge, Mme la juge, nous, là, on a fait du travail en
amont, puis voici les points qu'on a avancés, puis voici ce sur quoi on s'est
entendus aussi.
Ça fait que ça va donner davantage
d'information aussi au tribunal pour bien cerner les litiges puis peut-être
éventuellement aussi réduire les frais parce qu'il y a déjà du travail qui a
été fait en amont avec les avocats, avec les procureurs de chaque côté. Donc,
pour la Cour supérieure, effectivement, ils ne seront pas fixés par préférence,
parce que la procédure simplifiée ne s'applique pas à eux, mais si, de l'accord
des parties, les deux sont d'accord pour dire : Aïe! On dépose une partie
du protocole préjudiciaire qu'on a négociée entre nous à la cour, ils vont
pouvoir le faire.
Mme Garceau : Mais je reviens
à mon point, cet article n'empêche pas aux parties de faire exactement ce que
vous venez de dire.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
c'est...
Mme Garceau : Il n'y a rien
qui empêche... Là, vous êtes en train de détailler les documents que les
parties pourraient déposer. Rien n'empêche… En ce moment, je le sais… J'ai fait
30 ans de litige puis je suis médiateur accrédité, je le sais, il n'y a rien
qui empêche des parties à déposer, s'ils le désirent, un protocole
préjudiciaire ou autres documents.
M. Jolin-Barrette : Vous avez
tout à fait raison. Mme la Présidente, la députée de Robert-Baldwin a raison.
Cependant, la Table Justice-Québec nous demandait de venir le préciser. La
Table Justice était consciente du fait que l'article 4 le prévoyait, mais
elle demandait de modifier l'article pour mieux illustrer qu'il est possible de
verser au dossier de la cour les éléments de preuve échangés. Donc, on fait
suite à une demande de la Table Justice-Québec.
Donc, vous avez raison de dire : Oui,
de consentement, les parties pouvaient le faire, mais, nommément, la Table
Justice-Québec nous demandait de venir le spécifier. Mais, par ailleurs, moi,
je pense que ça envoie un bon signal aussi aux différentes parties que ce soit
inscrit dans le code, parce que, théoriquement, on peut quasiment tout faire de
consentement, là, mais le fait que ce soit écrit, ça peut donner des idées,
supposons, à des gens qui connaissent moins la procédure civile. Ce n'est pas
tous des experts comme vous. Alors, à ce moment-là, ça peut inciter des avocats
à dire : Ah! bien, peut-être qu'on devrait le déposer puis le favoriser.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée, oui, allez-y.
Mme Garceau : Pas d'autre
commentaire.
Le Président (M.
Bachand) :Interventions? Ça va? S'il n'y
a pas d'autre intervention, est-ce que l'article 1 est adopté?
Des voix
: Adopté..
Le Président (M.
Bachand) :Adopté. Merci. M. le ministre,
s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Article 2 :
L'article 7 de ce code est modifié par l'ajout, à la fin, de l'alinéa
suivant :
«Si les parties exercent leur droit d'agir
en justice, la demande alors introduite est instruite par priorité si elle est
accompagnée d'une attestation délivrée par un médiateur accrédité ou par un
organisme offrant la médiation en matière civile qui répond aux conditions
prévues par règlement du ministre de la Justice et confirmant qu'elles ont eu
recours à un mode privé de prévention et de règlement des différends ou d'une
preuve que les parties ont convenu d'un protocole préjudiciaire.»
Commentaire : l'article 7 du
Code de procédure civile est modifié pour prévoir qu'une demande en justice est
instruite par priorité si les parties prouvent qu'elles ont eu recours à un
mode privé de prévention de règlement… et de règlement des différends ou
qu'elles ont convenu d'un protocole préjudiciaire.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Mme la députée
de Sherbrooke, s'il vous plaît.
Mme Labrie : Merci, M. le
Président. Est-ce que le ministre a un amendement pour cet article-là? Parce
que, quand Juripop est venu nous voir, ils ont notamment plaidé pour qu'il y
ait un motif d'exonération, pour l'instruction plus rapide, pour les personnes
qui n'ont pas la capacité de payer la médiation.
• (15 h 50) •
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : En fait,
la médiation va être offerte gratuitement aux petites créances, au niveau des
tarifs. Donc, actuellement... Puis, bon, vous avez sûrement entendu les
commentaires de certains témoins qui sont venus. Donc, la médiation aux petites
créances est offerte… trois heures gratuites à 114 $ de l'heure.
Mme Labrie : Mais cet
article-là, il concerne seulement les petites créances ou il concerne aussi les
causes...
M. Jolin-Barrette : Non. Il
concerne également les causes relativement, supposons, à la procédure civile
normale.
Mme Labrie : Et donc
l'amendement qui était recommandé par Juripop concerne les personnes qui n'ont
pas... qui ne sont pas... qui n'ont pas un dossier de petites créances puis qui
n'ont pas accès à la médiation gratuite.
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, il y a des organismes qui offrent de la médiation aussi. Ça fait qu'il
est toujours <possible de…
M. Jolin-Barrette :
...toujours
>possible de trouver un endroit… Notamment, dans les centres de justice
de proximité, là, on a fait en sorte avec... lors de la dernière session
parlementaire, de faire en sorte que, désormais, ils vont pouvoir donner des
conseils, des avis, tout ça. Il y avait déjà un programme de prémédiation qu'on
finançait dans les centres de justice de proximité. Donc, on finance les
ressources qui offrent de la médiation soit gratuitement ou à faible coût.
Donc, je comprends l'enjeu, mais ce n'est pas une problématique.
Mme Labrie : Donc, le
ministre a l'assurance que ça ne va pas pénaliser des gens qui n'auraient pas
eu la capacité financière… qui auraient eu la volonté, mais qui n'auraient pas
eu la capacité financière, pour un dossier qui n'est pas de petites créances,
d'aller en médiation. Ils ne seront pas pénalisés par le fait que leur dossier
à eux ne sera pas priorisé tout simplement parce qu'ils n'avaient pas la
capacité financière de payer.
M. Jolin-Barrette : Non.
Mme Labrie : Il est certain de
répondre à toutes les demandes en matière de médiation à coût abordable.
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, il y a… l'État finance déjà. On subventionne… Dans certaines situations,
dans les centres de justice de proximité ou, exemple, Équijustice, on finance
différents programmes, donc, pour offrir des fois de la médiation citoyenne,
notamment. Donc, il en existe, des ressources pour quelqu'un qui n'utiliserait
pas le recours à un médiateur.
Mme Labrie : Ce sont des
ressources, quand même, qui sont venues nous dire qu'elles manquaient de moyens
pour répondre à la demande, là. C'est un message qui était particulièrement
récurrent de la part de plusieurs organismes qui sont venus ici. Moi, je me
questionne quand même, là. Tu sais, l'intention du ministre, elle ne serait pas
anéantie par l'ajout d'une disposition pour prévoir que cette instruction par
priorité soit également accessible aux personnes qui n'avaient pas la capacité
de payer.
M. Jolin-Barrette : Effectivement,
les ressources sont disponibles. Puis, comme je vous le dis, on finance déjà
des organismes pour offrir de la médiation citoyenne, ou de la médiation à
faible coût, ou de la médiation gratuite. Donc, ce n'est pas un enjeu. Je
comprends qu'on voudrait que ce soit tout le temps gratuit, mais ce n'est pas
tout le temps le cas. Il faut comprendre également qu'un litige, ça entraîne
certains coûts aussi qui sont pas mal plus importants que, supposons, d'aller
en médiation. Donc, l'objectif, justement, de favoriser la médiation, c'est
d'éviter de se rendre à la judiciarisation.
Mme Labrie : O.K. Donc, le
ministre ne partage pas du tout l'inquiétude de Juripop, là, à l'effet qu'il y
a des gens qui pourraient être pénalisés par le fait que les dossiers qui vont
être instruits en priorité, s'il y avait médiation… Le ministre n'est pas
inquiet de ça.
M. Jolin-Barrette : Non, je
ne suis pas inquiet de ça. Puis il faut vraiment distinguer aussi, là… Tu sais,
les petites créances... Dans le fond, la fixation par priorité ne concerne pas
les petites créances. Ça concerne vraiment l'autre.
Mme Labrie : C'est bon.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Bien, en fait, ma
consoeur la députée de Sherbrooke a posé des questions, M. le ministre,
exactement dans la même ligne, parce qu'on a entendu en commission
parlementaire, M. le Président, que c'était un enjeu et qu'il y a des
organismes communautaires qui sont inquiets. L'article 7 est dans les premiers
articles du Code de procédure, donc, qui vise toutes les parties dans tous les
litiges, incluant ceux qui vont se rendre en Cour supérieure, pas uniquement la
Cour des petites créances. Donc, je partage l'inquiétude de ma collègue la
députée de Sherbrooke.
Maintenant, on a parlé d'emblée, avec les
remarques préliminaires, de la question des ressources et des juges. Je
comprends qu'avec cet article est-ce que des gens plus fortunés n'auront pas le
loisir de se payer un médiateur de façon systématique et donc d'avoir toujours
leur cause fixée en priorité, par opposition à des gens moins fortunés, M. le
Président, qui n'auront pas le loisir d'avoir recours à ces services-là? Et
est-ce que le ministre a un plan? Parce que, théoriquement, les gens pourraient
déposer leur action à la Cour supérieure. Est-ce que le ministre a un plan pour
s'assurer que la Cour supérieure sera dotée de suffisamment de personnel pour
être capable de répondre à cette demande-là, si tout le monde se lance en
médiation, tel que suggéré dans le projet de loi?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, ce
n'est pas à la... Ce n'est pas la Cour supérieure qui gère ça, là. Dans le
fond, les médiateurs ne relèvent pas de la Cour supérieure. Dans le fond, c'est
un mode alternatif de règlement des différends puis ce n'est pas relié avec la
Cour supérieure. La Cour supérieure, supposons, va constater... mais, en fait,
on est à la Cour du Québec, là. À la Cour du Québec, on va constater que, oui,
il y a eu un mode alternatif de règlement des différends, et là, à ce
moment-là, ils vont être fixés par priorité dans le cadre de la procédure
simplifiée.
Ce qu'on veut faire, c'est, bien entendu,
inciter toutes les parties à aller en médiation, mais ça va arriver qu'il y a
des parties qui vont ne vouloir rien savoir. Puis, même dans votre exemple, la
personne qui est fortunée, supposons, pourrait décider… bien, supposons, il y
en a, des malcommodes, dans le système de justice, puis qui veulent faire
étirer les procédures, tout ça, bien, eux, ils pourraient dire : Bien,
moi, non, je ne vais pas de médiation parce que, là, la médiation n'est pas <obligatoire…
M. Jolin-Barrette :
...médiation
n'est pas >obligatoire.
Donc, c'est sûr que la question des
ressources financières, elle est toujours importante. Tu sais, c'est un enjeu
dans le système de justice, mais c'est pour ça qu'avec la procédure civile
simplifiée à la Cour du Québec on veut faire en sorte que les coûts soient plus
restreints pour les justiciables, qu'il y ait le moins de vacations possible à
la cour, puis surtout qu'on met la conférence de règlement à l'amiable aussi.
Mais, à votre question précisément, la question de l'argent va toujours être
présente, mais, d'un autre côté, si tout le monde s'en va en médiation, ce que
l'on souhaite, bien, ça va faire diminuer le nombre de dossiers en cour. Donc,
ça va réduire les délais aussi.
Le Président (M.
Bachand) :Autres interventions? M. le
député de l'Acadie, oui.
M. Morin : Bien,
c'est-à-dire, éventuellement, c'est sûr que, si, à un moment donné, tout le
monde se lance en médiation, dans quelques années, effectivement, il va y avoir
moins de dossiers devant la cour, mais, pour l'instant, si ce projet de loi est
adopté tel qu'il est puis... quand il va rentrer en vigueur, puis que les gens
se lancent dans la médiation, vous n'avez pas plus de personnel. Vous n'avez
pas plus de juges. Les juges ne pourront pas faire les deux choses en même
temps, là.
M. Jolin-Barrette : Non,
mais, en médiation, les juges ne sont pas dedans, là. Dans le fond, c'est des
médiateurs accrédités. Dans le fond, les gens peuvent décider d'aller en
arbitrage aussi. Donc, ça, ça ne concerne pas les juges à la Cour supérieure.
Donc, on est vraiment avant. On est au... avant la judiciarisation. Puis
éventuellement, tu sais, la médiation puis les modes alternatifs de règlement
des différends permettent justement aux gens de ne pas se rendre à la cour. Ça
fait que, là, on parle, plus largement, Cour supérieure, Cour du Québec, où, là,
Cour du Québec, on a une solution taillée sur mesure pour les justiciables pour
les plus petits litiges.
Moi, je pense qu'au fur et à mesure où on
va avancer ça va avoir un impact sur la réduction des délais et ça va sûrement
régler plusieurs litiges aussi. Le fait de dire : Bien, écoute, on a un
litige, on veut le régler, on ne veut pas étirer ça, on va passer en médiation
en premier, ça va nous donner un avantage. Puis ça se peut bien que le dossier
ne se rende même pas à la cour, parce qu'il va être réglé en médiation, parce
qu'on s'est parlé puis on a fait des compromis. Moi, je vois ça positivement.
M. Morin :
O.K., merci.
Le Président (M.
Bachand) :Autres interventions? Mme la
députée de Robert-Baldwin.
• (16 heures) •
Mme Garceau : Quelques points
au niveau... Encore, je reviens à... parce qu'évidemment l'objectif ici du
projet de loi du ministre, c'est de simplifier la procédure civile à la Cour du
Québec. Là, on est en train d'empiéter sur la juridiction, si je peux dire, au
niveau de la Cour supérieure en amendant le paragraphe 7° parce que, là,
on est en train de... Donc là, on a fait la médiation. Si ça n'a pas
fonctionné, là, c'est… des parties exercent leur droit d'aller en justice. Là,
on va déposer une demande. Et donc, si on est allés en médiation, ça veut dire
qu'on va prioriser tous ces dossiers-là. On ne s'en va pas maintenant en
demande pour une audience préférentielle. Là, on est en train de...
L'engorgement, là, il va être beaucoup plus vite parce qu'on va prioriser un
paquet de dossiers, parce qu'il faut se comprendre, au niveau de la pratique,
que la médiation, on peut bien la rendre obligatoire, mais, les deux parties en
médiation, ça prend une volonté de vouloir régler, de faire des compromis. S'il
n'y a pas cette volonté-là, on l'oublie, la médiation, sauf qu'en raison de cet
article, là, on va prioriser le dossier.
Donc, ça veut dire que, dans un contexte
où il y a déjà une pénurie de juges, il y a déjà une pénurie de personnel,
l'engorgement, là, dont on avait mentionné au tout début des consultations,
dans vos remarques préliminaires, on va le voir beaucoup plus vite. Mais là ma
préoccupation, c'est qu'on est en train aussi de toucher à la Cour supérieure.
Donc, je vous demanderais au niveau de... Il faut regarder de très près cet
article-là, parce que je ne pense pas que la juge... avec tout respect, que la
juge en chef de la Cour supérieure va vouloir avoir des dossiers priorisés
suite à des médiations parce que tout le monde, comme on dit en bon français,
va se garrocher en médiation pour prioriser... pour éviter des délais de deux
ans pour une date d'audition. Ça, c'est le côté pratique de ça.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors,
vous avez raison, j'ai fait un petit accroc, là. Effectivement, ça touche la
Cour supérieure également, qui va être fixée par priorité. Tout à l'heure, dans
le projet de loi, on va voir un chapitre distinct sur la procédure simplifiée à
la Cour du Québec. Bien, vous avez raison, cet article-là touche <également
la…
>
16 h (version révisée)
<15359
M.
Jolin-Barrette :
...du Québec, bien, vous avez raison, cet
article-là touche >également la procédure à la Cour supérieure. Mais, au
contraire... puis, tu sais, la demande aussi provient de la Table Justice.
Puis l'autre élément qui est important, c'est
que, si les gens... Le volume, là, de dossiers... lorsque la députée de
Robert-Baldwin dit, supposons : Tout le monde va se garrocher en
médiation, bien, effectivement, c'est ce qu'on veut. On veut que les gens s'en
aillent vers le mode alternatif de règlement des différends. Ça fait qu'à
partir du moment où tout le monde va aller en médiation, là, on dit : Après
ça, les gens se sont déjà parlé, que ce soit à la Cour du Québec, que ce soit
la Cour supérieure, puis après ça, bien, leur dossier va être fixé par
priorité, si vous êtes allé en médiation ou en PRD avant.
Parce qu'il faut comprendre, là, les gens
ne vont pas commencer à déposer des demandes en justice plus souvent maintenant
parce que la médiation favorise la fixation au rôle. Quelqu'un, là, qui avait
une requête à faire, là, bien, une demande à faire, il allait la faire, de
toute façon, à la cour. Là, on lui dit maintenant : Bien, écoute, si tu
veux que ton dossier avance plus vite, il va falloir que tu ailles en
médiation. Ça fait que c'est le même volume de dossiers qui aurait été présenté
à la cour, mais là le volume risque d'être réduit parce qu'il y a des gens qui
vont avoir été en médiation et que ça va avoir été entendu en médiation
préalablement. Ça fait qu'à la Cour supérieure, eux, ils vont recevoir les
dossiers puis ils vont les regarder, ils vont dire : Ah! bien, vous
autres, vous avez décidé d'aller en mode alternatif de règlement des
différends, on vous fixe une priorité.
Donc, vous disiez que la juge en chef ne
souhaitait pas ça, mais écoutez, nous, on a un autre écho. Les juges de la Cour
du Québec et de la Cour supérieure voulaient ça à la Table Justice.
Puis l'autre point, là, qui est
superimportant, là, l'objectif, c'est de réduire à la source le nombre de
dossiers judiciaires. Donc là, exemple, là, moi, je veux faire valoir un droit,
là, un droit, supposons que... Non, je ne prendrai pas cet exemple-là.
Supposons que je suis en litige avec Me Paradis, parce que nous, on n'est
jamais en litige, supposons que je suis en litige avec Me Paradis,
actuellement, supposons que j'ai passé 50 000 $ à Me Paradis, puis là
c'est une mauvaise créance, supposons. Mais actuellement, dans le cadre de
notre litige, je m'adressais à la Cour du Québec, mais là on n'allait pas
nécessairement en médiation. Mais là, supposons qu'il est en désaccord, je suis
en désaccord, puis là on se dit : Bien, écoutez, si on passe en médiation,
on va être fixés plus rapidement... puis moi, je veux le ravoir, mon 50 000 $,
puis Me Paradis ne veut pas me le donner, ça fait qu'on a hâte que ça se
transige plus rapidement. Mais ça se peut qu'en médiation, en se parlant, bien,
on arrive à un compromis puis qu'on participe à la solution.
Le Président (M.
Bachand) :Merci, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : C'est un
peu le sens de la démarche, de diminuer la judiciarisation des dossiers. Puis
honnêtement, pour le justiciable, la médiation risque de coûter moins cher que
le protocole judiciaire normal, avec toute la...
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de l'Acadie.
M. Jolin-Barrette : Avec
toute la run.
M. Morin : En fait, mais c'est
parce qu'où j'ai de la difficulté à saisir, c'est que c'est comme si vous
assumiez que les gens vont tous aller en médiation et que les dossiers vont
tous se régler là, alors que, quand on regarde l'article 1 du Code de procédure
civile présentement... Puis c'était ça, une grosse différence avec l'ancien Code
de procédure civile. C'est que le législateur a mis l'emphase... pas l'emphase,
mais, en fait, a fait en sorte qu'on a favorisé les modes privés de prévention
des règlements. C'est l'article 1. Donc, ça existe déjà.
Moi, ce que je crains, c'est que, là, ce
que vous allez faire, c'est que vous accordez une priorité à ceux qui vont y
aller. Donc, il y a des gens, là, qui vont répondre présent. Et s'ils
choisissent, par exemple, la Cour supérieure, parce que, là, on n'est pas allés
à la Cour des petites créances, bien, vous risquez de vous ramasser
soudainement avec un nombre de dossiers prioritaires devant la Cour supérieure
qui ne seront pas nécessairement réglés. Et c'est ce que dit ma collègue. Et
là, à un moment donné, votre goulot d'étranglement, finalement, vous allez le
déplacer. Et puis c'est ça, en fait, notre argument, c'est de dire : Si
vous ne changez rien pour permettre à la Cour supérieure de faire face à ça,
bien, les délais ne vont pas nécessairement diminuer.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien,
pouvez-vous étayer davantage?
M. Morin : Bien, c'est-à-dire
que moi, là, je veux que ma cause se règle vite. Puis je ne suis pas tout seul.
Puis je ne pense pas que le nombre de litiges va diminuer au Québec. Ce serait
bien, là, que tout le monde s'aime, <mais...
M.
Morin :
...au Québec. Ce serait bien, là, que tout le
monde s'aime, >mais il y a beaucoup de litiges à la cour, hein, bon, que
ce soit en domaine civil, familial, ou autres, bon. Mais là on parle du Code de
procédure civile.
Donc, moi, là, je vois cet article-là, je
vais y aller, en médiation, parce que je me dis : Moi, là, mon dossier,
là, il va aller plus vite après, à la cour. Puis moi, c'est à la Cour
supérieure que je veux aller. Ça fait que je vais prendre ça, je vais faire un
peu de médiation, puis là, après ça, je vais déposer le certificat accrédité,
puis je vais dire : Go, go, go, Cour supérieure. Puis là, après ça, bien,
je vais aller interroger la Cour supérieure, je vais dire : Aïe! le
ministre l'a dit, il faut que ce soit ma priorité, vite. Mais, s'ils n'ont pas
plus de monde, ils ne pourront pas aller plus vite, puis les dossiers ne vont
pas nécessairement se régler. C'est ça, le point. Alors là, j'étaie davantage.
M. Jolin-Barrette : Mais
vous, vous êtes un homme de bonne foi, comme la majorité des justiciables.
Donc, l'objectif, là, des gens, de les amener en médiation, c'est justement
qu'ils se parlent puis qu'ils puissent régler le dossier. Je suis d'accord avec
vous qu'il y aura certaines personnes, fort probablement, qui vont se dire :
Bien, je vais proposer la médiation à la partie adverse pour être fixé par
priorité, mais la fixation par priorité, ça demeure quand même la prérogative
de la Cour supérieure.
Donc, à votre argument de dire : Bien,
ils n'ont pas plus de monde, bien, premièrement, c'est le fédéral qui désigne
le nombre de juges... D'ailleurs, la Loi sur les tribunaux judiciaires avait
été modifiée par Mme Vallée, j'étais présent également avec elle, puis il nous
manque toujours deux postes de juges à la Cour supérieure. Puis d'ailleurs les
nominations pour combler... les nominations, au fédéral, c'est très long, là. Je
pense qu'à Montréal il manque une dizaine de juges, notamment, parce qu'ils ne
sont pas aussi efficaces qu'au Québec relativement à la retraite puis aux...
M.
Morin :Aux juges surnuméraires.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
C'est plus facile à dire...
M.
Morin :Aux juges surnuméraires.
M. Jolin-Barrette : C'est ça,
c'est ça. Donc, l'objectif de la priorisation, c'est de dire, bien, entre deux
dossiers, un qui est allé en médiation puis que l'autre n'est pas allé en
médiation...
Des voix : ...
M. Jolin-Barrette : Je pense
que ça va être une camomille. Entre deux dossiers, dans le fond, un qui est
allé en médiation versus un qui n'est pas allé en médiation, celui qui a été en
médiation va passer par priorité. Mais le volume... À la base, là, les juges de
la Cour supérieure, là, eux, là, ils vont recevoir moins de dossiers
maintenant, parce qu'on dit : Vous allez en médiation. Bien, vous pouvez
aller en médiation. Si vous pouvez aller en médiation, ce sont ces dossiers-là
qui vont passer par priorité. Les juges conservent la gestion du rôle, tout ça,
la Cour supérieure et la Cour du Québec. Cependant, ça fait en sorte que le
volume de dossiers va être moindre, parce qu'il y en a qui vont se régler en
médiation, des dossiers.
Vous me diriez... Moi, j'achèterais votre
argument si vous me disiez : Bien là, êtes-vous inquiet, M. le ministre,
par rapport au nombre de médiateurs, parce qu'il va y avoir tellement de
demandes, en termes de médiation, que ça va vous prendre plus de médiateurs?
Là, je vous dirais : On a déjà beaucoup de médiateurs, mais ça va amener
un incitatif encore plus grand pour développer une pratique en médiation, parce
que les gens vont vouloir y aller. Puis en se parlant, bien, on risque de
régler des dossiers ou, même, que les dossiers soient moins complexes, puis
régler plusieurs points en litige.
L'idée, là, c'est de faire en sorte... les
juges nous le demandaient aussi, à la Table Justice, c'est de faire en sorte
qu'il y ait déjà eu du débroussaillage, au moins, dans les dossiers... puis
que, parfois, c'est des dossiers qui peuvent se régler avant d'arriver, en
instance, devant le tribunal puis avoir tout le... comment on appelle ça, pas
l'échéancier, le protocole d'instance, le protocole d'instance pour aller
devant le juge à plusieurs reprises, et tout ça. Au moins, ils vont s'être
assis puis ils vont s'être parlé.
• (16 h 10) •
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Mme la députée de
Robert-Baldwin.
Mme Garceau : Je comprends
l'argument, je comprends... Dans le monde idéal, oui, je peux voir qu'il y
aurait peut-être moins de dossiers en raison de la médiation, et tout ça.
Cependant, je reviens à mon point de base et qui est vraiment lié à c'est quoi,
la médiation. Ça prend une volonté de vouloir régler, entre les parties, et de
faire des compromis, et malheureusement, la médiation, ce n'est pas pour tout
le monde.
Et ma crainte, c'est qu'on va mettre... en
priorisant les dossiers qui ont passé via la médiation, on va mettre beaucoup
de pression, on va ajouter de la pression sur un système judiciaire qui en a
déjà beaucoup, de pression, où il y a beaucoup de justiciables. Les avocats et les
juges, il y a beaucoup de frustration parce que les délais pour aller devant un
juge sont <beaucoup...
Mme Garceau :
...il
y a beaucoup de frustration parce que les délais pour aller devant un juge sont
>beaucoup trop grands. Donc, la crainte ici, de prioriser... et incluant
la Cour supérieure, parce qu'on a un mode pour prioriser des auditions, c'est
par voie préférentielle, ça prend des raisons importantes, pour faire avancer
un dossier via un autre. Il me semble que c'est important de maintenir ce
système de prioriser des dossiers ou peut-être, si je peux dire, même en
matière de... familial, c'est sûr et certain qu'il y a des circonstances qui
nécessitent de prioriser un dossier versus une autre. Et d'avoir une règle
générale de prioriser des dossiers, n'importe quel dossier, ça enlève un peu cette
opportunité, qui est quand même importante au justiciable, de prioriser des
dossiers où les enjeux sont, en raison des circonstances, très importants. Je
fais ce point pour...
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
je suis... M. le Président, je suis un peu en désaccord parce que, puis je fais
du rebond sur l'intervention du député de l'Acadie tout à l'heure, dans le
fond, tu sais, oui, le ministre St-Arnaud avait adopté le Code de procédure
civile en 2012 ou 2013, le nouveau code. On a mis : Les parties doivent
favoriser le règlement de leur différend puis favoriser les PRD. Le monde n'y
vont pas. Tu sais, il n'y a comme pas d'incitatif véritablement à y aller.
Depuis 10 ans... ça va faire 10 ans, là, que le projet de loi est
adopté, les gens, ils n'y vont pas tant que ça, là, en PRD. Donc, il faut
mettre des incitatifs à y aller, puis notamment, celui-là... bien, la médiation
en est un. On dit aux parties : Parlez-vous avant de dépenser des fortunes
en frais d'avocats, avant d'aller dans des dossiers judiciarisés, des dossiers
confrontationnels, pour faire en sorte que, justement, les parties essaient de
trouver une solution entre eux avant de se rendre à la cour.
Puis le fait de fixer par priorité, là, la
cour va gérer son inventaire de dossiers, puis c'est les juges qui vont les
fixer. Mais ce qu'on dit, c'est que le législateur dit : Écoutez, vous
devez prioriser ces dossiers-là. Puis honnêtement, ça ne va pas très bien dans
le système de justice actuellement sur la question des délais. Donc, on trouve
différentes solutions pour justement améliorer.
Puis ça, c'est une demande qui nous a été
faite par la Table Justice pour justement dire : Bien, à la base, si on
diminue le volume, ça va avoir un impact sur le nombre de dossiers parce que,
la médiation, c'est démontré, il y a beaucoup de dossiers qui se règlent en
médiation, le taux de succès.
Mais je suis d'accord avec vous, Mme la
députée de Robert-Baldwin, il y a du monde en médiation qui ne veulent pas tant
que ça régler puis qui veulent aller dire leur histoire au juge, tout ça. Ce
n'est pas nécessairement à leur avantage. Mais nous, on met les règles claires
sur la table. On dit : Écoutez, si vous allez en médiation, vous allez
être fixés par priorité, vous risquez d'avoir une décision plus rapidement. Mais,
au moins, allez vous asseoir en médiation. Donc, ça va diminuer le volume de
dossiers à la Cour supérieure.
Puis les parties peuvent décider de ne pas
aller en médiation. Ils peuvent dire, là, parce que c'est permis, là, ils
peuvent dire : Bien non, nous autres, là, on se chicane pour vrai, là,
puis on s'en va direct devant le juge. Bien, ça se peut que ça prenne un petit
peu plus de temps que versus des parties qui ont fait l'effort d'aller
s'asseoir avec un médiateur puis d'essayer de trouver une solution à leur
litige. Puis c'est un peu la réflexion derrière l'article que nous avons.
Puis si jamais, en médiation, supposons,
50 % des dossiers qui vont là, ils se règlent, bien, le volume sur la Cour
supérieure va être pas mal moindre. Moi, je pense que ça vaut la peine de le
faire.
Mme Garceau : Un des... Je
veux juste... Un des incitatifs, c'est sûr et certain, c'est les frais, les
frais que les justiciables vont encourir, les frais d'avocats, et tout ça. Si
c'est toujours... On encourage toujours, et je suis la première à encourager
les parties à régler en médiation, parce qu'un des motifs qu'on donne, c'est le
fait que ça va vous coûter beaucoup de sous si vous continuez. C'est cher,
d'aller devant les tribunaux, surtout quand il y a des demandes vigoureusement
contestées. Donc, c'est en soi un incitatif, les frais d'avocats pour
poursuivre une demande en <justice...
Mme Garceau :
...c'est en soi un incitatif, les frais d'avocats pour poursuivre une demande
en >justice.
M. Jolin-Barrette : Mais ça
ne devrait pas.
Mme Garceau : Mais ça l'est.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
ça ne devrait pas.
Mais nous, là, on veut un système de
justice qui est efficace, qui est accessible aussi. Alors, moi, mon objectif,
avec la médiation, c'est que les dossiers se règlent à la satisfaction des
parties. Moi, je ne veux pas me retrouver avec un justiciable qui se dit :
Bien là, écoutez, la procédure est telle que telle, on n'incite pas à la
médiation, ça fait que je ne prendrai pas de recours parce que je sais que ça
va me coûter vraiment trop cher d'honoraires. Je vais aller en médiation, dans
un premier temps, pour essayer de trouver... de régler le litige.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée?
Mme Garceau : Non, ça va.
Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Interventions? Mme la députée
de Vaudreuil.
Mme Nichols : Merci. Merci,
M. le Président. Moi, j'ai juste une petite question en lien... parce qu'on dit
que c'est «aux conditions prévues par règlement du ministre de la Justice».
Quand on parle du règlement, le règlement, ça va être en lien avec la forme que
devra prendre le document ou...
M. Jolin-Barrette : ...la
question, Mme la députée, s'il vous plaît?
Mme Nichols : Oui. Quand... parce
que vous avez indiqué que ça serait «aux conditions prévues par règlement du
ministre de la Justice». Le règlement auquel vous faites référence, c'est pour
déterminer la forme que va prendre... parce qu'on parle... «est accompagnée
d'une attestation délivrée». Donc, le règlement, c'est pour parler de la forme
que prendra l'attestation délivrée ou... Le règlement va venir préciser quoi?
M. Jolin-Barrette : Bon, dans
le fond, on m'indique que le règlement, c'est au niveau de la médiation. Donc,
dans le fond, quand on dit «délivrée par un médiateur accrédité ou par un
organisme offrant la médiation en matière de civil qui répond aux conditions
prévues par règlement du ministre de la Justice», donc le règlement fait
référence à l'organisme accrédité ou au médiateur accrédité.
Dans le fond, exemple, on va pouvoir avoir
un organisme qui est accrédité, puis les conditions qui vont lui permettre
d'accréditer des membres vont être fixées par règlement. C'est pour ça que le
règlement est là. Exemple, supposons, dans le règlement, c'est : le Barreau
du Québec, la Chambre des notaires, l'Ordre des comptables... des CPA peut
accréditer des médiateurs, ou l'Institut de médiation et d'arbitrage du
Québec sont des organismes permettant d'accréditer des médiateurs.
Mme Nichols : O.K. C'est moi
qui faisais la mauvaise association. Je pensais que le règlement venait
déterminer la forme que l'attestation prendra. Ce n'est pas ça. C'est plutôt en
lien avec l'accréditation du médiateur.
M. Jolin-Barrette : Oui. C'est
pour l'accréditation du médiateur.
Mme Nichols : Il existe déjà,
ce règlement-là. On a déjà un règlement, là, qui détermine c'est quoi, un
médiateur accrédité.
M. Jolin-Barrette : Alors, ce
qu'on m'indique, c'est qu'actuellement il y a un règlement pour, supposons, le
Barreau et la Chambre des notaires, sauf qu'il n'y a pas d'organisme accrédité.
Donc, exemple, l'IMAQ pourrait être accrédité.
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
Dans le fond, on pourrait avoir d'autres organismes d'accréditeurs de
médiateurs qui pourraient être accrédités par voie réglementaire. Donc,
exemple, actuellement, vous avez les membres du Barreau, les membres de la Chambre
des notaires qui peuvent être des médiateurs. Là, on viendrait... on pourrait
permettre à certains autres organismes, outre que ces deux ordres
professionnels là, d'accréditer en tant que médiateurs. Donc, supposons que
vous partez l'Institut de la médiation de Vaudreuil, puis que, là, vous
répondez aux critères, puis que vous donnez de la formation pour accréditer des
médiateurs, bien, votre organisme pourrait être accrédité, sous réserve des
conditions impératives prévues au règlement.
• (16 h 20) •
Mme Nichols : Ça me donne
vraiment le goût de partir un organisme, mais... C'est parce que vous m'avez
citée comme exemple. Mais est-ce qu'il y a déjà des organismes qui existent qui
ont demandé de devenir... de pouvoir devenir médiateur, qui ont déjà demandé
une accréditation?
M. Jolin-Barrette : Bien,
actuellement, je sais que, dans les médiateurs qu'on a, on a le Barreau, la Chambre
des notaires, on a les CPA... On en a-tu d'autres? Oui, l'Université de
Sherbrooke avec l'Institut de la médiation d'arbitrage qui sont accrédités. On
peut prendre votre question en délibéré puis on va vous revenir, mais
actuellement, il y en a déjà qui sont accrédités.
Le Président (M.
Bachand) : C'est beau? Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Oui. Bon, le
ministre a déjà dit qu'il avait l'intention de prévoir, par règlement, une
exclusion de l'obligation de médiation pour les Petites Créances, pour les
personnes qui sont, par exemple, en situation de violence conjugale. Est-ce
que... parce que ça va aussi arriver qu'on déborde des Petites Créances pour
des personnes qui ont vécu de la violence <conjugale...
Mme Labrie :
...qu'on
déborde des Petites Créances pour des personnes qui ont vécu de la violence
>conjugale. Par exemple, est-ce que ces personnes-là vont se voir
privées de la possibilité que leur dossier soit instruit en priorité ou est-ce
que, dans le règlement dont on parle à l'article ici, le ministre va prévoir
que, dans les situations où la médiation n'était pas appropriée, que ces
personnes-là ne seront pas pénalisées au moment de la priorisation?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien,
votre question est bonne, là, mais ça faisait partie de la réflexion. Donc, on
vérifie avec le légiste de laquelle façon c'est fait, mais je crois que c'est
par voie réglementaire.
Mme Labrie : Donc, par voie
réglementaire, non seulement il va prévoir que la médiation ne sera pas
obligatoire pour certaines personnes aux Petites Créances, mais il va prévoir,
le ministre, que, pour ce qui déborde des Petites Créances, quelqu'un ne sera
pas pénalisé au niveau de la priorisation, s'il y avait, par exemple, un
contexte qui était un motif d'exclusion?
M. Jolin-Barrette : C'est
l'objectif.
Mme Labrie : On s'est compris,
oui?
M. Jolin-Barrette : On s'est
compris. C'est l'objectif, mais je vous reviens avec votre réponse plus
précise.
Mme Labrie : Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de
l'Acadie, s'il vous plaît.
M. Morin : Oui. Brièvement,
sur ce point-là, vous vous rappellerez, M. le ministre, il y a des groupes
qu'on a entendus qui souhaitaient voir cette exception-là dans la loi et non
pas par règlement. Vous aviez souligné, au départ, dans votre présentation, que
les groupes seraient exclus par règlement. Dans mes remarques préliminaires, je
parlais de l'importance, je pense, de le faire dans la loi pour que ce soit
bien clair. Une loi se change moins facilement qu'un règlement. Donc, moi, ce
que je vous suggère, c'est de le faire dans la loi et non pas par règlement.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, moi, je suis ouvert à ça, autant la violence conjugale que la violence
sexuelle. Je suis ouvert à ça, à nommément exclure, dans la loi, ces
situations-là. Je suis ouvert à ça.
M. Morin : O.K. Parfait.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de
Robert-Baldwin, oui.
Mme Garceau : Juste pour
préciser, parce qu'évidemment, en matière familiale, parce que ça va
s'appliquer également en Cour supérieure, il y a déjà des exemptions pour les
victimes de violence conjugale qui ne doivent pas aller en médiation. Donc, il
faudrait aussi s'assurer que ces dossiers-là soient priorisés lorsqu'une
exemption est valide.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Est-ce qu'on peut suspendre une seconde?
Le Président (M. Bachand) :O.K. On va suspendre quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 24)
16 h 30 (version révisée)
(Reprise à 16 h 46)
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Alors, écoutez, s'il n'y a pas d'autre commentaire sur l'article 2, de la
part des collègues, je vous proposerais de le suspendre, M. le Président, de
façon à faire en sorte de travailler sur des amendements, à la demande des
collègues des oppositions. Comme ça, lorsque les amendements seront prêts, on
va revenir à l'article 2.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie, oui.
M. Morin : Oui. Le seul
élément... On a constaté, quand on a regardé le projet de loi, que le protocole
préjudiciaire, en tant que tel, se retrouve dans différents articles, mais ce n'est
pas défini. Alors, on se demandait, pour que ce soit plus clair, s'il ne serait
pas important de définir ce que c'est, pour que tout le monde comprenne.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, le protocole préjudiciaire existe déjà, là, dans le cadre... dans le code,
mais, dans le fond, c'est le faire volontairement, de façon transparente, avec
les collègues. C'est d'aller, dans le fond, dans un mode alternatif de
règlement des différends. C'est ce qui est convenu entre les parties.
M. Morin : O.K. C'est bon.
Maintenant, est-ce que...
Le Président (M.
Bachand) :Oui, allez-y, M. le député de l'Acadie.
M. Morin : C'est parce que,
dans mon empressement du début, après l'introduction générale de M. le
ministre, je ne vous ai pas lu l'article 245 du code. Vous permettez que
je le fasse ou...
Le Président (M.
Bachand) :Juste le souligner qu'on étudie
l'article 245.
M. Morin : Le souligner qu'on
étudie... Parfait. Et, conformément à la jurisprudence, on va étudier les dispositions
article par article, paragraphe par paragraphe. C'est bien.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Est-ce que... D'autres
interventions avant la suspension de l'article 2? Mme la députée de
Sherbrooke.
Mme Labrie : Oui. Bien,
peut-être juste pour énoncer clairement mes attentes pour quand le ministre va
revenir avec son amendement. Moi, ce que je souhaiterais, c'est qu'on prévoie
explicitement un pouvoir discrétionnaire du médiateur pour pouvoir considérer
qu'un dossier n'est pas propice à la médiation. Il y a des situations qu'il
faut baliser clairement en les nommant explicitement, notamment les situations
de violence familiale. Le ministre a déjà donné son intention de faire ça, mais
il y a des situations qu'on ne peut pas nécessairement anticiper et qui
justifieraient de ne pas aller en médiation.
L'exemple que j'ai donné au ministre tout
à l'heure, c'est, disons, une chicane de voisins. Donc, on n'est pas dans une
situation de violence familiale, mais un des deux voisins a fait des menaces de
mort et du harcèlement envers l'autre, puis la cause est en attente au criminel.
On peut supposer que ce n'est pas approprié d'aller en médiation pour ces
gens-là. On veut que ce soit possible pour le médiateur de les dispenser de la
médiation. Donc, moi, je veux qu'il y ait un pouvoir discrétionnaire, là, pour
le médiateur, dans l'amendement du ministre, et que ces gens-là ne soient pas
pénalisés non plus, là, si le cas n'est pas un cas de petites créances, qu'ils
ne soient pas pénalisés non plus pour la priorisation des dossiers.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors,
bien, dans les amendements qu'on est en train de préparer, ce qu'on envisage, c'est
de faire en sorte qu'il y ait un pouvoir pour le ministre de prévoir certaines
situations, justement, pour répondre à votre interrogation.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de Sherbrooke,
ça va?
Mme Labrie : J'ai hâte de
consulter cet amendement-là. Mais moi, mon attente est claire, puis on peut
penser à des gens aussi, tu sais, qui... par exemple, des aînés qui commencent
à avoir des pertes cognitives, ce n'est peut-être pas approprié des les envoyer
en médiation, peut-être que ce serait pénalisant pour eux, là, d'y aller. Donc,
il faut prévoir un discrétionnaire.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Alors, s'il y a
consentement, on suspendrait l'article 2.
Des voix : Consentement.
Le Président (M.
Bachand) :Consentement. Merci. M. le
ministre. Pour 3.
• (16 h 50) •
M. Jolin-Barrette : 3. L'article 35
de ce code est modifié :
1° dans le premier alinéa :
a) par le remplacement de «85 000 $»
par «75 000 $ et compétence concurrente avec la Cour supérieure, au
choix du demandeur, lorsque cette valeur ou cette somme atteint ou excède 75 000 $
tout en étant inférieure à 100 000 $, et ce»;
b) par le remplacement de «cette
compétence» par «l'une ou l'autre compétence»;
c) par l'ajout, à la fin, de la phrase
suivante : «Le choix du demandeur continue de prévaloir si, en vertu du
deuxième alinéa, la cour choisie demeure compétente.»;
2° par le remplacement, dans le deuxième
alinéa, de «85 000 $» et de «ce montant. Dans l'un ou l'autre cas,
le» par, respectivement, «100 000 $» et «75 000 $. Le»;
3° dans le quatrième alinéa :
a) par l'insertion, avant «de la Cour du
Québec est haussée», de «exclusive»;
b) par l'ajout, à la fin, de la phrase
suivante : «Il en est de même de la hausse de la limite monétaire
supérieure de compétence concurrente de la Cour du Québec et de l'indexation
annuelle de la valeur de cette limite.»
Commentaires : L'article 35 du
Code de procédure civile est modifié afin d'abaisser le seuil monétaire de
compétence exclusive de la Cour du <Québec...
M. Jolin-Barrette :
...monétaire
de compétence exclusive de la Cour du >Québec de 85 000 $ à
75 000 $ pour prévoir que la Cour du Québec a compétence concurrente
avec la Cour supérieure à partir de ce seuil de 75 000 $ jusqu'à un
seuil de 100 000 $.
Donc, cet article-là... en fait, la
proposition de l'article vise à faire en sorte de répondre au jugement de la
Cour suprême. Vous vous souviendrez que le ministre St-Arnaud, en 2012‑2013,
avait modifié le Code de procédure civile pour faire en sorte que la compétence
de la Cour du Québec soit fixée à 85 000 $. Il y a eu un litige entre
les juges de la Cour supérieure, les juges de la Cour du Québec et l'État
québécois où les juges de la Cour supérieure ont poursuivi devant les
tribunaux, en fait, l'État pour attaquer ce changement législatif là. Grosso
modo, la Cour suprême a dit : Bien, écoutez, 85 000 $ à titre
exclusif, c'est trop élevé, j'invite le législateur à faire une modification
législative, que nous faisons dans le cadre de ce projet de loi là, en fonction
de six critères différents. Et c'est pour ça qu'on fait une modification
législative, pour permettre à la Cour supérieure de conserver sa juridiction,
tel que l'a indiqué la Cour suprême, à cinq contre quatre, et on vient fixer à
75 000 $ le seuil de compétence exclusive de la Cour du Québec et une
compétence concurrente entre 75 000 $ et 100 000 $.
Il faut dire qu'en dollars constants
aujourd'hui, si on était uniquement avec… en compétence exclusive, avec
l'inflation, on serait autour, en dollars de 2023, autour de 82 000 $,
à peu près, de juridiction exclusive à la Cour du Québec. Ça fait que, là, on
vient diminuer notre seuil pour mettre la compétence concurrente, mais on met
une procédure simplifiée, justement, pour favoriser l'accès à la justice.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Interventions? M. le
député de l'Acadie.
M. Morin : Oui, en fait,
brièvement, je comprends que la disposition, surtout au quatrième alinéa, n'est
pas présentement en vigueur. Elle va le devenir avec l'ajout que vous venez de
souligner, M. le ministre, afin de répondre à la décision de la Cour suprême.
M. Jolin-Barrette : Oui, bien,
dans le fond, l'article, il n'est pas en vigueur à 85 000 $ actuellement,
c'est à 70 000 $, je crois.
Des voix : ...
M. Jolin-Barrette : Ah! il
est à 85 000 $, on va tomber…
M. Morin : Il l'est, oui,
mais c'est parce que je parle de l'alinéa quatre.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
C'est ça, mais, dans le fond, il va rentrer en vigueur également le 30... fin
juin, la date du jugement de la Cour suprême, qu'on a prolongé d'une année
lorsqu'on a fait une requête la semaine dernière.
M. Morin : C'est ça. Donc, à
ce moment-là, ça va être... Ça, ça va être un ajout au quatrième alinéa pour
tenir compte de la compétence et de la compétence concurrente.
Maintenant, quand on lit l'article... et
je me mets dans la peau d'un justiciable qui n'est pas représenté par avocat, et
ce n'est pas évident de bien comprendre, avec le libellé actuel, devant quelle
cour il va aller. Et on a l'impression que, compte tenu de la procédure puis de
la procédure rapide qui est présentée à la Cour du Québec, bien qu'on reconnaît
la compétence de la Cour supérieure, c'est comme si on attirait
particulièrement l'attention sur la Cour du Québec pour dire, finalement, au
justiciable : Allez là. Donc, il y a une compétence concurrente, mais
c'est comme si on privilégiait la Cour du Québec. En tout cas, moi, quand je
l'ai lu, c'est l'impression que ça me donnait.
M. Jolin-Barrette : Qu'on
privilégie la Cour du Québec?
M. Morin : Oui.
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, on permet à la Cour au Québec d'être un tribunal qui est accessible,
efficace pour les litiges entre 15 000 $ et 100 000 $.
Donc, au niveau de la procédure de la compétence de la cour, effectivement, on
veut une procédure la plus simplifiée possible : cinq pages en demande,
deux pages en défense; les interrogatoires, en bas de 50 000 $, ce
n'est plus permis; fixation par priorité, qui touche aussi également la Cour
supérieure. Mais on répond, dans le fond, au jugement de la Cour suprême en
créant une procédure simplifiée visant à faire en sorte qu'il y a un intérêt
supérieur à développer un tribunal d'un État fédéré qui est accessible et
efficace pour le citoyen à moindre coût possible.
M.
Morin :Parfait. As-tu des questions?
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de Robert-Baldwin.
Mme Garceau : Oui, juste un
point, parce qu'il y avait quand même certains groupes qui avaient parlé de...
surtout les gens qui se représentent seuls, surtout au niveau d'un demandeur
qui n'est pas représenté par avocat, le choix de la Cour du Québec versus Cour
supérieure, loin d'être évident. Je sais que certains groupes avaient parlé
d'une campagne, là, de publicité et ce genre de chose au niveau de... C'est sûr
qu'on va vouloir encourager, probablement, les demandeurs de procéder via la
Cour du Québec versus la Cour supérieure, lorsque c'est entre le
75 000 $ et 100 000 $.
Moi, c'était juste ça, la question de
porter à votre attention cette question-là, là, de comment nous allons… vous
allez, je devrais dire, attirer l'attention à ce <choix-là...
Mme Garceau :
...allons...
vous allez, je devrais dire, attirer l'attention à ce >choix-là, que ça
soit clair que les demandeurs, surtout les justiciables qui se représentent
eux-mêmes, vont pouvoir discerner la différence entre je procède devant la Cour
du Québec versus la Cour supérieure.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien,
dans le fond, ça va être au choix des parties. Dans le fond, si vous avez un
litige de 90 000 $, à ce moment-là, ça va être au choix des parties.
Il y en a certains qui vont décider, qui vont préférer d'introduire leur
demande à la Cour supérieure pour des raisons qui leur appartiennent.
Supposons, dans les différentes régions, là, peut-être que la Cour supérieure
va avoir des délais qui sont mieux que la Cour du Québec dans certaines
situations, puis ils vont décider d'introduire volontairement leur recours à la
Cour supérieure ou ils sont plus à l'aise de l'introduire à la Cour supérieure
pour des raisons qui leur sont propres dans le cadre des litiges entre 75 000 $
et 100 000 $, mais on permet aux justiciables de faire ce choix-là.
Donc, quelqu'un qui a une pratique
davantage à la Cour supérieure va peut-être conseiller à son client d'aller à
la Cour supérieure pour différents motifs. Je donne un exemple, supposons qu'il
voudrait faire des interrogatoires... Non, ça, ça ne marche pas. Attendez. En
répondant, j'ai réfléchi aussi, donc c'est toujours important. Mais il pourrait
arriver certaines situations avec des motivations où le choix se ferait. Donc,
les deux cours vont exercer une compétence concurrente au fur et à mesure. Puis
il faut dire, hein, les litiges en haut de 85 000 $... entre 85 000 $
puis 100 000 $ représentent une infime partie des litiges à la Cour
supérieure, donc, c'est minime.
Le Président (M.
Bachand) :Autres interventions? Est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur l'article 3? Mme la députée de
Vaudreuil, oui.
Mme Nichols : Bien, ce n'est
pas... c'est un commentaire, là, mais... puis je le dis comme ça, mais est-ce
qu'il n'y a pas des gens qui choisiraient la Cour supérieure, justement, pour
ne pas avoir à plaider devant un notaire? Parce que les notaires vont
pouvoir... seront certainement... parce que, tu sais, je fais référence à la… aux
deux classes. Non, mais je me demande si le ministre y a pensé, parce que le
Barreau parlait, entre autres, de deux classes de juges. Parce qu'on cherchait
des exemples, là, des fois, on parle en... on réfléchit en parlant, là, en
parlant, oui.
M. Jolin-Barrette : Bien,
exemple pour exemple, là, je doute fortement qu'un justiciable qui n'est pas
représenté par quiconque, dans le fond, qui n'est pas représenté par avocat,
par procureur se dise, dans son analyse : Moi, je veux être entendu par un
juge qui antérieurement était avocat. Ça va peut-être arriver. Ça va peut-être
arriver, peut-être. Est-ce qu'il y a des avocats qui vont dire à leurs clients :
On va aller à la Cour supérieure parce que moi, je veux être sûr d'être entendu
par un ancien confrère? O.K. Mais, d'un autre côté, l'avocat, il ne sait pas
c'est qui, le juge, avant d'inscrire son dossier. Ça fait que... Puis ce n'est
pas le ministre de la Justice qui décide qui est assis dans les salles de cour,
à quelle heure, tout ça. Ça, c'est l'indépendance judiciaire, mon collègue de
l'Acadie va être d'accord avec moi là-dessus. Alors, le ministre, il n'a pas le
pouvoir, puis je n'ai pas l'intention de décider ça non plus puis d'aller dans
ce sens-là.
Mme Nichols : C'est une bonne
nouvelle. C'est une bonne nouvelle…
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait...
Mme Nichols : ...que le
ministre ne s'ingère pas.
M. Jolin-Barrette : Bien non,
mais je suis content...
Mme Nichols : Mais, tu sais,
ce n'est pas vrai qu'on ne le sait pas. Ce n'est pas vrai qu'on ne le sait pas.
Le Président (M.
Bachand) :Juste vous assurer que les gens
vous entendent individuellement. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : M. le Président,
je suis content que la députée de Vaudreuil souligne le fait que j'exerce ma
fonction en respect de l'indépendance des pouvoirs puis de la séparation des
pouvoirs.
Mme Nichols : Oui. M. le
Président, je le dis en tout respect, là, ce n'était pas déplacé, je vous en
assure, mais je tiens à rappeler que ça arrive qu'on... que la journée... pas ça
arrive, là, la plupart du temps, on arrive à la cour, puis on regarde les juges
qui siègent, puis ça arrive qu'on dit à nos clients que ce serait mieux de
faire une remise ou... On en entend, des cas comme ça.
M. Jolin-Barrette : Pourquoi?
• (17 heures) •
Mme Nichols : Bien, moi, je
ne sais pas. Moi, je suis députée à temps plein, là, ça fait que je ne pratique
pas.
M. Jolin-Barrette : Ce n'est
pas ça que vous m'avez dit la dernière fois, par exemple.
Mme Nichols : Bien, je fais
des... Bien, je ne vais pas devant la cour, je fais des dossiers non
judiciarisés.
M. Jolin-Barrette : O.K.,
comme les notaires.
Mme Nichols : Oui.
Des voix : ...
Mme Nichols : Pas tout à fait.Pas tout à fait, mais, encore là, en tout respect, si j'avais voulu être
notaire, j'aurais choisi... après mon bac en droit, j'aurais choisi le
notariat, mais j'ai choisi le Barreau, et je connaissais où pouvait mener le
Barreau, comme mon frère est <notaire et savait...
>
17 h (version révisée)
<15439
Mme
Nichols :
...et je connaissais où pouvait mener le Barreau,
comme, mon frère est >notaire, il savait où pouvait le mener le
notariat. Mais, bon, ce point-là est fait.
M. Jolin-Barrette : Mais on
dit que le droit mène à tout.
Le Président (M.
Bachand) :Alors, Mme la députée, allez-y,
oui.
Mme Nichols : ...Président, mais
tout ça pour dire que, oui, ça arrive, là, que... Tout bon juriste, là, qui
plaide, là, on arrive à la cour puis on regarde c'est qui, les juges qui vont
être là. Puis, tu sais, je donne des exemples qui sont venus à mes oreilles.
Par exemple, en droit familial, quand on va pour une garde partagée, puis ce n'est
pas des juges qui sont nécessairement pro-garde partagée, bien, ça arrive que,
hein, on remet la cause ou...
Ça fait que je le dis comme ça, mais je
pense que c'est... Je suis sûr que le ministre est au courant, M. le Président,
mais je fais juste dire que c'est des choses, là, tu sais... c'est des choses qui
risquent d'arriver. Je pense qu'il faut quand même prendre le temps de le
souligner puis d'y penser. Je ne dis pas que ça arrive à tous les jours puis
que c'est fréquent, mais je suis certaine que tous les juristes ont déjà
entendu parler de cas comme ça.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, juste
en lien avec le commentaire de la députée de Vaudreuil, moi, je ne partage pas
son analyse puis je crois que les juges qui sont nommés et qui sont sur le
banc, présentement et pour le futur, le sont... regardent chacun des dossiers
et évaluent au mérite le dossier. Je pense que c'est important de le dire aux
gens que les juges évaluent la preuve qu'ils ont devant eux et décident au
mérite du dossier pour savoir... surtout en matière de droit familial, je pense
que c'est important de faire en sorte de rassurer les gens pour dire que leurs dossiers
vont être instruits en fonction des faits de la cause puis que le juge est...
lorsqu'il prend le dossier et qu'il rend sa décision, il la rend dans le
meilleur intérêt des justiciables. Je pense que c'est important de le rappeler.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'article 3? S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce
que l'article 3 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) :Adopté. Merci. M. le ministre,
s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui. L'article 4 :
L'article 175 de ce code est modifié par l'insertion, dans le premier
alinéa et après «l'instance», de «ou par le code».
Commentaires : Il s'agit d'une
modification de concordance avec la procédure simplifiée introduite par le
projet de loi.
Le Président (M.
Bachand) :Interventions?
M. Morin : ...de commentaire
pour cet article, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Donc, s'il n'y a pas d'autre
intervention, est-ce que l'article 4 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) :Adopté. Merci. M. le ministre,
s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Article 5 :
L'article 180 de ce code est modifié par l'insertion, dans le deuxième
alinéa et après «l'instance», de «ou par le code».
Commentaire : Il s'agit d'une
modification de concordance avec la procédure simplifiée introduite par le
projet de loi.
Le Président (M.
Bachand) :...interventions?
M. Morin : ...intervention
pour cet article, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :S'il n'y a pas d'autre
intervention, est-ce que l'article 5 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) :Adopté. Merci. M. le ministre,
s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Article 6 :
L'article 229 de ce code est modifié par le remplacement, dans le premier
alinéa, de «30 000 $» par «50 000 $».
Commentaire : L'article 229 de
ce code... du Code de procédure civileest modifié afin qu'aucun
interrogatoire oral préalable à l'instruction ne soit permis dans les affaires
dont la valeur en litige est inférieure à 50 000 $. On en discutait
tout à l'heure, donc, désormais, les interrogatoires vont être permis
uniquement à partir de 50 000 $.
Le Président (M.
Bachand) :Interventions? M. le député d'Acadie,
s'il vous plaît.
M. Morin : Oui. Alors, l'intervention
est la suivante, M. le Président. Dans un cas comme celui-ci, pourquoi ne pas
laisser une discrétion au juge de décider relativement aux interrogatoires
préalables? Je ne crois pas que ça aurait pour effet, compte tenu de l'expérience
des juges, qu'ils ont à gérer des litiges... je ne pense pas que ça aurait pour
effet de limiter... non pas de limiter, mais de faire en sorte que la procédure...
ne soit quand même pas accélérée, je pense que les juges sont conscients, mais
ça laisserait une discrétion au juge pour être capable de bien gérer sa cour et
de donner toutes les opportunités possibles aux parties de faire entendre leurs
droits.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui. Bien,
écoutez, les interrogatoires au préalable, ça engendre énormément de coûts, ça
rallonge les délais, notamment, également. Il y a production des notes
sténographiques, il y a des délais rattachés à ça aussi. Dans un litige qui...
Là, on passe de 30 000 $ à 50 000 $. Donc, relativement au
coût-bénéfice, le témoin pourra être à la cour, pourra être interrogé à la
cour. Il faut toujours évaluer, et l'objectif est d'avoir une simplification,
le moindre coût possible pour le justiciable. Les interrogatoires au préalable
font en sorte de gonfler quand même substantiellement les honoraires
extrajudiciaires et les honoraires judiciaires aussi. Donc, c'est notamment
pour ça qu'on fait ce choix-là.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de
Robert-Baldwin.
Mme Garceau : Je comprends. <Cependant...
Mme Garceau :
Je
comprends. >Cependant, en augmentant le montant, des fois, ça veut dire
aussi, dans certains cas, que le dossier est un petit peu plus complexe. Il y a
des circonstances qui font en sorte que... De permettre au justiciable de faire
une demande devant le tribunal pour une autorisation, compte tenu des
circonstances, pour procéder à un interrogatoire au préalable, je crois que ça
ferait en sorte que, pour certains justiciables...
Vous savez, des interrogatoires au
préalable sont faits pour différentes raisons, et, des fois, on est en train de
vraiment, si je peux m'exprimer, brimer les droits d'un justiciable, de ne pas
lui permettre, dans certaines circonstances, de procéder à l'interrogatoire au
préalable pour tester la véracité des allégations, pour poser certaines
questions au niveau des documents, en raison du fait qu'on peut déposer la
transcription.
Et souvent il y a une question de
crédibilité entre les allégations du demandeur, admettons, et qu'est-ce qui est
dit devant le sténographe, et aussi la personne qui va témoigner devant le
tribunal. C'est un élément de preuve, des fois, qui est très, très important,
et je le vois comme étant... Je crois que ça serait raisonnable de laisser à un
tribunal cette opportunité, s'il y a les circonstances qui le méritent, de
laisser à un justiciable la chance d'interroger. Ça sera au juge de décider.
M. Jolin-Barrette : Oui. Je
comprends votre point. L'enjeu, c'est que, dans le cadre de la procédure
simplifiée, on veut faire en sorte, justement, d'éviter de toujours aller
devant le juge avec des requêtes intérimaires pour dire : Bien, écoutez,
on veut ci, on veut ça, tout ça. On se retrouve à aller le moins souvent
possible à la cour. Donc, on veut éviter d'avoir recours toujours au juge. Puis
le juge, il va pouvoir les entendre, les témoins, au bout du compte, qui vont
être produits, pour faire reconnaître les documents, tout ça. L'objectif est
vraiment de faire réduire les coûts, de réduire également le processus
judiciaire aussi.
Là, actuellement, à 30 000 $ et
moins, il n'y en avait pas, d'interro. Là, on hausse à 50 000 $ et
moins parce que ça fait en sorte que le dossier est moins lourd, ça engendre
moins de coûts, on va pouvoir aller plus rapidement, également, pour le fond du
litige. Puis on ne veut surtout pas que ça fasse en sorte d'alourdir le dossier
puis que ça fasse en sorte aussi de décourager les gens. Ça fait que, 50 000 $
aujourd'hui, pour beaucoup de gens, c'est un montant substantiel, mais, d'un
autre côté aussi, en dollars d'aujourd'hui, c'est moins un gros montant
qu'auparavant.
Puis là, si les honoraires
extrajudiciaires puis vos honoraires judiciaires sont d'un montant très élevé...
Des fois, vous l'entendez sûrement comme moi, là, pour dire : Bien,
écoutez, j'ai x créances d'une valeur de tant, comme... je vais récupérer
combien sur ça, un coup que tous mes frais, tous mes frais d'avocats aussi vont
être couverts par ça? Donc, ça contribue à tout l'accès puis l'efficacité.
Puis vu que la procédure, elle est simple,
la preuve se fait simplement aussi, bien, il faut changer nos façons de faire
aussi pour réduire les délais puis avoir plus d'efficacité.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de Sherbrooke,
s'il vous plaît.
• (16 h 10) •
Mme Labrie : Oui. Bien,
j'aimerais simplement que le ministre nous explique comment il a déterminé le
choix de passer de 30 000 $ à 50 000 $. Qu'est-ce qui l'a
guidé dans le choix du montant de 50 000 $? Puis justement il vient
de parler lui-même de l'évolution de la valeur de ce montant-là dans le temps,
là, il n'y a pas d'indexation prévue. Ça fait que j'aimerais comprendre
pourquoi 50 000 $, pourquoi pas d'indexation prévue.
M. Jolin-Barrette : Oui. Bien,
auparavant, on était à 30 000 $. Il faut comprendre aussi que, dans
le modèle de la procédure simplifiée qu'on amène, on vient répondre au jugement
de la Cour suprême aussi. Ça fait que la Cour suprême nous a donné une série de
critères, dont le sixième critère qui est un critère pour faire en sorte de
dire : Bien, vous devez, comme, favoriser... ayez un intérêt supérieur
pour favoriser l'intérêt des justiciables. Et ça fait partie de l'ensemble de
la solution qui est développée pour dire : Bien, réduisons les coûts pour
les citoyens. Donc, on est passé de 30 000 $, en 2016, à 50 000 $.
Il faut savoir, là, que les coûts pour un
sténographe, supposons, à chaque heure, on parle plus d'une centaine de dollars
par heure, aussi. Donc, à 50 000 $, le litige est <substantiel...
M. Jolin-Barrette :
...
plus d'une centaine de dollars par heure, aussi. Donc, à 50 000 $, le
litige est >substantiel. Alors, c'est un montant qui apparaît être une
augmentation de plus de 30 000 $. Depuis 2016, c'était 30 000 $.
Dans le fond, on contrevient à la règle de base qui était, antérieurement, où
vous pouviez interroger tout le temps. Donc, c'était une étape de plus où vous
pouvez interroger. Là, on dit : Bien, à partir de 50 000 $, vous
allez pouvoir encore interroger, le montant est plus important. Mais on se
retrouve dans une situation où, si on veut réduire les coûts, il faut faire des
choix puis...
Mme Labrie : Mais ce
n'est pas tant sur le principe, moi, que je questionne le ministre. Parce que,
là, il me dit : Bon, bien, en 2016, c'était 30 000 $. Si je
comprends bien, avant, il n'y avait pas de balise, en 2016, c'est devenu 30 000 $.
Pourquoi il n'a pas simplement calculé ce que représente l'indexation depuis
2016 pour déterminer le nouveau montant? Pourquoi 50 000 $? Pourquoi
pas 40 000 $ ou 60 000 $? C'est ça que j'essaie de
comprendre, en fait.
M. Jolin-Barrette : Avant,
on était à 25 000 $, dans l'ancien code. Le nouveau code a fixé à 30 000 $.
Elle est rentrée en vigueur, cette disposition-là, en 2016, c'est ce que je
comprends. Puis là, à la lumière du jugement, pour se distinguer, notamment, de
la Cour supérieure, bien, on se retrouve à 50 000 $. On aurait pu
fixer à 55 000 $, 60 000 $, 65 000 $.
Mme Labrie : C'est
vraiment le choix du ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien,
en fait, vous constaterez qu'il y a plusieurs acteurs qui se disent : on
devrait continuer de permettre d'interroger. C'est un juste équilibre. 50 000 $,
c'est la moitié de la juridiction de la Cour du Québec, tu sais. Supposons,
quand vous prenez le...
Mme Labrie : Donc, c'est
ça qui a guidé le choix du ministre sur 50 000 $, c'est que c'est la
moitié de la juridiction de la Cour du Québec? O.K.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, la moitié en partant de 15 000 $, parce que, vous comprenez, la
Cour du Québec est compétente de 0 $ à 100 000 $, mais le
premier 15 000 $, il est aux petites créances.
Mme Labrie : O.K. Puis
ce montant-là, donc, à chaque fois qu'il va falloir le mettre à jour, ça va
prendre une modification législative. Il n'y a pas de modalités d'indexation
prévues?
M. Jolin-Barrette : Non.
Mme Labrie : Pourquoi?
M. Jolin-Barrette : Bien,
souvent, c'est un montant fixe qu'on met. Là, on a décidé d'indexer les petites
créances, parce qu'auparavant les petites créances n'étaient pas indexées. Là,
les deux plafonds vont augmenter. Ça fait que, dans le fond, le plafond des
petites créances va augmenter, la compétence de la Cour du Québec, exclusive,
va augmenter, la compétence concurrente va augmenter aussi. Ça, on ne l'avait
pas indexé.
Mme Labrie : Et pour
quelle raison, si, tout le reste, vous prévoyez de l'indexer? Pourquoi, ça,
vous ne prévoyez pas de l'indexer pour que ça continue de se suivre puis d'être
cohérent dans l'ensemble?
M. Jolin-Barrette : Bien,
ça amène une certaine stabilité dans les règles de procédure, notamment, pour
les praticiens du droit. Donc, durant des années, ça a été 25 000 $,
là, tu sais. Depuis 2013... depuis 2016, on a doublé, là, en l'espace de si peu
de temps, mais ça amène une certaine stabilité. Les règles sont claires, en bas
de 50 000 $, tu n'interroges pas.
Mme Labrie : Mais je me
permets de souligner quand même, tu sais, ça, c'est la décision du ministre, ça
lui revient, bien, il s'expliquera. Mais il me semble qu'en toute cohérence,
s'il y a une indexation qui est prévue pour tous les autres plafonds, ça aurait
été cohérent de prévoir un mécanisme similaire. Parce que, là, on va se
retrouver avec des plafonds qui évoluent, mais pas celui-là. Donc, à un moment
donné, l'esprit de ce qui a guidé le choix de 50 000 $, aujourd'hui,
on ne sera plus là, puis ça va prendre une autre modification législative pour
ça. Je pense que ça aurait été plus prudent de prévoir que ça continue de
s'autoréguler avec un processus d'indexation, mais ça lui appartient, là.
M. Jolin-Barrette : Je
comprends votre point.
Mme Labrie : Ce n'est
pas trop tard pour un amendement, si le ministre se rend compte que ce n'est
pas cohérent.
M. Jolin-Barrette : Non,
mais, vous savez, il y a plusieurs projets de loi de justice par année, puis je
suis convaincu que mes successeurs, là, seront sensibles à ces arguments-là.
Mme Labrie : O.K. C'est
bon. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Interventions? S'il n'y a pas
d'autre intervention, est-ce que l'article 6 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) :Adopté. Merci. M. le ministre,
s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Article 7, M. le Président : Ce code est modifié par l'insertion,
après l'article 535, du titre suivant :
«Titre I.1.
«Les règles simplifiées particulières au
recouvrement de certaines créances.
«Chapitre I.
«Dispositions générales.
«535.1. Les demandes dans lesquelles soit
la valeur de l'objet du litige, soit la somme réclamée, y compris en matière de
résiliation de bail, est inférieure à 100 000 $, sans égard aux
intérêts, et celles qui leur sont accessoires portant notamment sur l'exécution
en nature d'une obligation contractuelle, introduites suivant les règles du
livre II devant la Cour du Québec dans l'exercice de sa compétence en
vertu de l'article 35, sont en outre conduites selon les règles
particulières qui suivent.»
Voulez-vous qu'on fasse article... Je le
lis au complet?
Le Président (M.
Bachand) :Au complet, oui.
M. Jolin-Barrette : O.K.
«Chapitre II.
«La demande, la défense et la gestion de
l'instance.
«535.2. La préparation d'un protocole
de l'instance n'est pas requise.
«535.3. Les énoncés de la demande
introductive d'instance comptent au plus cinq pages. Si des motifs sérieux le <commandent...
M. Jolin-Barrette :
...
d'instance comptent au plus cinq pages. Si des motifs sérieux le >commandent
le tribunal peut, exceptionnellement, autoriser l'ajout subséquent de pages
supplémentaires.
«535.4. Le demandeur doit, dans les
30 jours de la signification de l'avis d'assignation, compléter sa demande
en communiquant au défendeur les pièces au soutien de sa demande et en déposant
au greffe un avis indiquant la nature et le nombre des témoignages par
déclaration qu'il entend déposer ainsi que la nature et le nombre des interrogatoires
préalables auxquels il entend procéder et des expertises dont il entend se
prévaloir pour que le tribunal les autorise, le cas échéant.
«535.5. Les moyens préliminaires et
les incidents qu'une partie entend soulever doivent être dénoncés par écrit à
l'autre partie; cet écrit doit être déposé au greffe dans les 45 jours de
la signification de l'avis d'assignation et l'autre partie peut, dans les 10 jours
de la dénonciation, présenter ses observations par écrit. Ils sont par la suite
présentés au tribunal, le cas échéant.
«Les moyens préliminaires et les incidents
qui n'ont pu être dénoncés avant l'expiration de ce délai sont présentés au
tribunal dans les plus brefs délais.
«À l'expiration du délai pour présenter
des observations par écrit, une demande en rejet de l'instance fondée sur un
moyen déclinatoire ou d'irrecevabilité peut être refusée sur le vu du dossier
et une demande de suspension de l'instance résultant d'un moyen préliminaire ou
d'un incident peut être décidée sur le vu du dossier.
«535.6. Le défendeur doit, dans les
85 jours de la signification de l'avis d'assignation, déposer au greffe un
exposé sommaire des éléments de sa contestation et un avis indiquant la nature
et le nombre des témoignages par déclaration qu'il entend déposer ainsi que la
nature et le nombre des interrogatoires préalables auxquels il entend procéder
et des expertises dont il entend se prévaloir pour que le tribunal les
autorise, le cas échéant. Il doit, dans le même délai, communiquer au demandeur
les pièces au soutien de la défense.
«Les énoncés de l'exposé sommaire des
éléments de la contestation comptent au plus deux pages ou au plus sept pages
si le défendeur se porte demandeur reconventionnel. Si des motifs sérieux le
commandent, le tribunal peut, exceptionnellement, autoriser l'ajout subséquent
de pages supplémentaires.
«[535.5.] Le tiers intervenant ou le
mis en cause doit, dans un délai de 45 jours de la notification de la
demande introductive d'instance ou de l'acte d'intervention, déposer au greffe
soit son acte d'intervention, soit un exposé sommaire des éléments de sa
contestation, obéissant respectivement aux mêmes règles que celles s'appliquant
à la demande introductive d'instance ou à l'exposé sommaire.
«535.8. Une conférence de gestion de
l'instance est tenue après le dépôt du dossier complet de la défense, mais au
plus tard dans les 100 jours de la signification de l'avis d'assignation,
si l'une des parties n'est pas représentée ou si le tribunal a à décider des
moyens préliminaires ou des incidents qui ne lui ont pas déjà été présentés ou
à autoriser les interrogatoires préalables auxquels une partie entend procéder,
les expertises dont elle entend se prévaloir ou le nombre de pages de la
demande, de la contestation ou d'une déclaration écrite d'un témoin.
«Cette conférence est tenue à distance, à
moins que le tribunal n'exige qu'elle le soit en présence, et les parties sont
tenues d'y assister si le tribunal l'exige.
«535.9. Un interrogatoire écrit,
préalable à l'instruction, compte au plus trois pages.
«Chacune des parties n'a droit qu'à un
seul interrogatoire oral, préalable à l'instruction, dans les affaires où la
demande en justice porte sur la réclamation d'une somme d'argent ou d'un bien
dont la valeur est égale ou supérieure à 50 000 $, à moins que le
tribunal n'en décide autrement.
«535.10. L'origine d'un élément de
preuve déposé au greffe ou l'intégrité de l'information qu'il porte est
présumée reconnue, à moins que l'une des parties ne s'y oppose.
«535.11. Le tribunal ne peut qu'exceptionnellement,
si des motifs sérieux le commandent, ordonner à une partie, notamment lors de
la conférence de gestion, de fournir des précisions sur des allégations ou de
procéder à la radiation d'allégations non pertinentes.
«Chapitre III.
«La conciliation judiciaire, l'inscription
et l'instruction.
«535.12. Une conférence de règlement
à l'amiable est tenue après le dépôt du dossier complet de la défense, au plus
tôt 120 jours à compter de la signification de l'avis d'assignation et au plus
tard 150 jours à compter de cette signification. Si aucun règlement à
l'amiable n'intervient, cette conférence est convertie en conférence
préparatoire à l'instruction.
«Cette conférence de règlement à l'amiable
peut, du consentement des parties, être remplacée par une conférence
préparatoire à l'instruction si les parties ont déjà participé à une autre
conférence de règlement à l'amiable au cours de l'instance ou si le demandeur a
déposé au greffe, en complétant sa demande, une attestation délivrée par un
médiateur accrédité ou par un organisme offrant la médiation en matière civile
et confirmant que les parties ont eu recours à un mode privé de prévention et
de règlement des différends ou une preuve qu'elles ont convenu d'un protocole
préjudiciaire.
«Cette conférence de règlement à l'amiable
peut également être remplacée par une conférence préparatoire à l'instruction
si le tribunal estime qu'il doit en être ainsi compte tenu des circonstances.
«Lors de la conférence préparatoire à
l'instruction, les parties procèdent en outre à la mise en état du dossier.
«535.13. L'inscription pour
instruction et jugement est faite par le greffier sur ordre du tribunal,
notamment lors de la conférence de gestion ou de la conférence préparatoire à
l'instruction, ou au plus tard dans les six mois de la signification de l'avis
d'assignation.
«535.14. Une partie peut, pour tenir
lieu du témoignage de l'un de ses témoins sur les faits du litige, produire une
déclaration écrite de ce <dernier...
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M. Jolin-Barrette :
...déclaration écrite de ce >dernier, pourvu que cette
déclaration ait été préalablement notifiée aux autres parties. Une déclaration
écrite ne peut excéder cinq pages, mais si des motifs sérieux le commandent, le
tribunal peut, exceptionnellement, autoriser l'ajout subséquent de pages
supplémentaires.
«535.15. Les parties doivent se
prévaloir d'une expertise commune dans les affaires où la demande en justice
porte sur la réclamation d'une somme d'argent ou d'un bien dont la valeur est
inférieure à 50 000 $, à moins que le tribunal n'autorise qu'elle ne
le soit pas.»
Commentaires : Cet article introduit
le...
17 859
Le Président (M. Bachand) :C'est
un article qui est quand même massif, alors... même très massif, alors, si vous
êtes d'accord, on va y aller avec des commentaires sur chacun des paragraphes,
alors... Mais vous pouvez revenir n'importe quand, mais on va y aller
exactement... Vous allez lire, exemple, le commentaire de 535.1, et on pourra
avoir une discussion puis, après ça, on pourrait y aller de façon subséquente.
M. le ministre.
15 359
M. Jolin-Barrette :
Alors, le commentaire, M. le Président, pour 535.1 : Cette disposition
prévoit que les règles simplifiées du nouveau titre I.1 du livre VI du
Code de procédure civiles'appliqueront aux demandes introduites devant
la Cour du Québec en matière d'obligations dont la valeur est inférieure à 100 000 $.
Les règles du livre II continueront de s'appliquer avec les adaptations
nécessaires.
17 859
Le Président (M. Bachand) :Je
vous rappelle qu'on va adopter tout ça en bloc à la fin des discussions
seulement. Alors, interventions sur 535.1? M. le député de l'Acadie, s'il
vous plaît.
19 253
M. Morin :
Merci, M. le Président. Écoutez, un des commentaires que j'avais, il a été
réglé, parce qu'on parle, à un moment donné, de médiation, et ça, bien, il y
aura une modification qui va être présentée, il y a des groupes qui vont être
exclus. Donc, ça, ça va.
Maintenant, je comprends que tout ce
bloc-là va être inséré avant le titre II dans le Code de procédure civile,
qui, lui, traite spécifiquement du recouvrement des petites créances. Donc, ce
nouveau bloc là, c'est, au fond, la procédure simplifiée que M. le ministre
suggère pour la Cour du Québec.
15 359
M. Jolin-Barrette :
Oui.
19 253
M. Morin :
Exact, uniquement. Et cette procédure-là simplifiée ne pourrait pas être
utilisée en Cour supérieure, parce qu'il y a une jurisprudence... en fait, pas
une jurisprudence, mais il y a une compétence concurrente, à un moment donné,
entre la Cour du Québec et la Cour supérieure.
15 359
M. Jolin-Barrette :
Effectivement, M. le Président, le député de l'Acadie a raison. Dans le
fond, l'article que nous étudions vise uniquement la procédure à la Cour du
Québec, donc la procédure simplifiée, entre 15 000 $ et 100 000 $.
Pour ce qui est de la Cour supérieure, c'est les règles normales qui
s'appliquent sur la compétence de la Cour supérieure, qui est de 75 000 $
et plus.
19 253
M. Morin :
Ma question est la suivante... Puisqu'il y a une portion où la compétence
est concurrente, un justiciable pourrait décider d'aller à la Cour supérieure,
pourrait vouloir décider d'aller rapidement, mais à la Cour supérieure. Alors,
pourquoi vous ne lui offrez pas le choix complet, finalement, avec la procédure
simplifiée?
15 359
M. Jolin-Barrette :
Vous voulez dire, entre 75 000 $ et 100 000 $, pourquoi
aller à la Cour supérieure avec la procédure lourde, supposons?
19 253
M. Morin :
Oui, c'est ça, parce qu'au fond, tout ce qui reste, c'est la procédure
lourde, alors que la procédure simplifiée pourrait fonctionner en Cour
supérieure aussi.
15 359
M. Jolin-Barrette :
Bien, en fait, la procédure simplifiée, elle est faite pour la Cour du
Québec, dans le fond. La juridiction de la Cour du Québec, on en fait... notamment,
réponse au jugement de la Cour suprême, on en fait, dans le fond, une réponse à
ce jugement-là pour dire : Bien, écoutez, ça prend des règles
particulières à ce tribunal de proximité là, la Cour du Québec, pour les
justiciables, et voici le modèle d'accès à la justice qu'on offre ici, au
Québec, pour la Cour du Québec.
Le justiciable, lui, a le choix. Il sait
en toute connaissance de cause que, s'il a un litige de 85 000 $ ou
92 000 $, bien, s'il s'en va à la Cour supérieure, ça va être la
procédure lourde. Là, il est devant ses choix, là. Peut-être qu'il va choisir,
comme je le disais tantôt, la Cour supérieure, parce que, dans le district, je ne
sais pas, de Rimouski, il n'y a pas de délai d'attente en civil à la Cour
supérieure. Ça fait que le justiciable va peut-être choisir ça stratégiquement
ou... Dans le fond, ça lui appartient, mais il a le choix. Mais, pour la Cour
du Québec, voici cette procédure-là. C'est un choix qui est fait par le
législateur.
19 253
M. Morin :
O.K. Merci. Maintenant, on a entendu aussi qu'il y a de plus en plus de
gens qui se représentent seuls, au Québec, en demande. Alors, est-ce que le
ministre a un plan d'information? Parce que, là, on crée véritablement une
procédure simplifiée pour un tribunal. Comment le citoyen qui se représente
seul et qui a une créance qui n'est pas de la compétence de la Cour des petites
créances, lui, il va être capable de faire un choix éclairé, en toute
connaissance de cause, d'aller dans une cour plutôt qu'une autre? Est-ce que
vous avez un plan pour ça?
15 359
M. Jolin-Barrette :
Dans le fond, il y a déjà de l'information qui est donnée dans les centres
de justice de proximité, qu'on a entendus. On a modifié <également la
loi...
M. Jolin-Barrette :
...
centres de justice de proximité, qu'on a entendus. On a modifié >également
la loi, au mois de juin dernier, donc, c'était dans le cadre du projet de loi
n° 34, pour permettre de donner, dans le cas des OBNL, des conseils et des
avis juridiques. Donc, ils vont pouvoir renseigner adéquatement. Donc, ça va
être des conseils, des avis juridiques à coût modique ou gratuitement, donc... ou
les gens pourront également aller consulter un professionnel du droit, un
avocat, notamment, et ils vont pouvoir les renseigner, même s'ils sont en
matière d'autoreprésentation, donc... Et ça va être expliqué également sur le
site juridique qui a été lancé il y a quelques années, donc, avec la
collaboration de la SOQUIJ, qui est un site d'information juridique pour
expliquer, dans le fond, le système de justice également.
Donc, c'est sûr que le ministre de la
Justice va expliquer très clairement, sur son site Web, comment est-ce que la
procédure se détaille à la Cour du Québec, comment la procédure se détaille à
la Cour supérieure. Donc, c'est sûr qu'on a un défi communicationnel, comme
toujours. Parce qu'honnêtement, on vient de lire les articles, ce n'est pas
simple, tout ça, la procédure civile, ça n'excite pas grand monde, je vous
dirais, à part certains membres du Barreau qui font du litige. Mais honnêtement,
ce n'est pas de ça qu'on parle, le dimanche soir, autour de la table. C'est
plutôt rare. Remarquez, peut-être, vous et moi, on aimerait ça tous deux, là,
mais...
M. Morin : C'est
effectivement fascinant, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : C'est
fascinant, mais je ne suis pas sûr qu'on aurait un gros auditoire.
M. Morin : Mais vous avez lu
ce premier bloc là, ce n'est pas simple pour des juristes. Alors, ma
préoccupation, elle est là, puis ça, on l'a entendu aussi de différents
organismes. Le législateur a décidé de ne pas utiliser ce que j'appellerais un
langage clair pour décrire cette procédure-là. En fait, moi, ce que je crains,
c'est qu'avec la procédure simplifiée, qui se veut une réponse pour le citoyen,
que ce soit très difficile pour le citoyen de comprendre ce dans quoi il
s'engage, à moins, comme on l'a entendu, qu'il y ait un plan également pour
financer adéquatement des organismes populaires qui vont conseiller les
justiciables pour les aider.
C'est sûr que, la personne qui est
représentée par un avocat, l'avocat va être en mesure de lui expliquer. Mais on
sait qu'il y a de plus en plus de gens qui ne sont pas représentés, et ça, en
soi, ça occasionne aussi des délais. À la Cour des petites créances, le juge,
évidemment, va être impartial, mais peut aider les parties. Mais, dans le cas
de la procédure simplifiée à la Cour du Québec, le juge ne pourra pas aider les
parties. Il va être obligé de les écouter, mais il ne pourra pas faire autre
chose.
Donc, j'aimerais ça que vous puissiez nous
parler de votre plan, pour qu'on comprenne bien ce que le gouvernement veut
faire puis comment ça va aider le justiciable.
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est une bonne intervention du député de l'Acadie. Dans le fond, vous n'êtes
pas sans savoir qu'on avait adopté le projet de loi n° 75 en décembre, je
crois, 2020, qui était pour permettre aux cliniques juridiques universitaires
de donner des conseils, des avis juridiques. Ça ne se faisait pas avant, on
était en retard par rapport aux autres États fédérés du Canada. Ensuite, projet
de loi n° 34 également, dans les OBNL, conseils et avis juridiques... même
les avocats à la retraite, maintenant, vont pouvoir donner des conseils, avis
juridiques. Les avocats qui travaillent dans les OBNL vont pouvoir faire même
de la représentation.
• (16 h 30) •
Donc, l'objectif est de diffuser le plus
d'information juridique possible pour l'ensemble de la population. C'est sûr
que je vais toujours conseiller d'aller voir un professionnel du droit, comme
un avocat, pour être bien outillé. Mais, dans les cliniques, les gens, ils sont
compétents, alors, bien entendu, le ministère de la Justice finance déjà ces
organismes. On va avoir un budget, prochainement, qui sait, peut-être que le
ministre des Finances dotera ces cliniques-là de fonds supplémentaires.
Mais il y a une chose qui est sûre, c'est
que ces avancées-là qu'on a faites au cours des deux dernières années, bien, ça
met fin à un certain corporatisme. Alors, moi, je suis très fier du projet de
loi n° 75, du projet de loi n° 34, puis je suis très fier du fait que,
maintenant, on se dit : Bien, plus les gens sont renseignés en droit, sur
leurs droits, sur leurs obligations, bien, plus ils ont les outils puis plus ça
va participer à la confiance du public dans le système de justice. Donc, il
faut se donner les moyens, justement, d'avoir de l'accessibilité.
On a ouvert trois nouveaux centres de
justice de proximité, notamment Laval, Laurentides, Lanaudière, en Beauce...
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Ah!
Sherbrooke s'en vient aussi. Pas encore, mais ça s'en vient. On a fait les
annonces, on est en train de chercher les locaux. Mais ce que je veux dire, tu
sais, c'est des mesures <d'accès à la justice...
>
17 h 30 (version révisée)
<15359
M.
Jolin-Barrette :
...tu sais, c'est des mesures >d'accès
à la justice qu'on met comme ça, mais, bien entendu, on ne souhaite pas que les
gens aient des litiges, mais, lorsqu'il y en a, bien, on développe l'offre pour
qu'ils soient adéquatement renseignés.
Puis, si je peux me permettre, dans la
recherche, supposons, du fait d'être représenté... parce que c'est un défi, l'autoreprésentation,
mais, avec la procédure à la Cour du Québec, ce qu'on veut diminuer aussi, c'est
les honoraires extrajudiciaires aussi, parce que, tantôt, on en parlait avec la
députée de Robert-Baldwin, on veut éviter que l'avocat soit tout le temps rendu
au palais pour des vacations à la cour, ce qui fait augmenter les frais, tout
ça. Tu sais, on a des moments stratégiques où la demande est introduite, la
conférence de règlement, puis, tu sais, on se retrouve au procès si ce n'est
pas réglé, même chose pour les interros, bien, ça coûte moins cher aussi. Tu
sais, il y a tout ça aussi qu'il faut penser… Si vous avez une créance de 50 000 $
puis ça vous coûte 25 000 $ en honoraires, coûts-bénéfices… puis on
ne veut pas ça. On veut que le système de justice roule, ça fonctionne, puis
que, tu sais, tout le monde travaille dans la même direction. Donc, c'est un
peu l'objectif.
M.
Morin :Je vous remercie. Lorsqu'on a écouté le témoignage des
juristes et puis du personnel d'Éducaloi, ils nous ont souligné que, lorsqu'ils
développaient, si j'ai bien compris, les programmes en langue anglaise, ils
recevaient des fonds du ministère fédéral de la Justice. L'administration de la
justice… Le Code de procédure civile étant de compétence tout à fait du Québec,
vu qu'il y a beaucoup de justiciables qui se représentent seuls, et que vous
parlez évidemment de mécanismes pour informer le public, quel est votre plan
pour être capable d'informer nos concitoyens en langue anglaise qu'ils ont
aussi accès à la justice?
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, beaucoup d'avocats se retrouvent dans une situation de bilinguisme.
Alors, lorsque, dans les centres de justice de proximité, supposons, ils sont
consultés, bien, ils répondent aux questions des justiciables, même chose
également dans les OBNL qu'on finance ou que ce soit à l'aide juridique pour
ceux qui se retrouvent à l'aide juridique aussi. Donc, l'État québécois assume
ses responsabilités en matière de droits pour l'ensemble des justiciables du
Québec.
M.
Morin :Et cela vise également les personnes qui se représentent
seules. Donc, elles vont être capables de trouver la documentation en anglais
également.
M. Jolin-Barrette : Effectivement.
Le Président (M.
Bachand) :On peut continuer, mais, comme
je vous dis, on évite de revenir, hein… J'essaie juste d'avoir un modèle de
travail. Alors, M. le ministre, on continue.
M. Jolin-Barrette : Oui, 535.2 :
«La préparation d'un protocole de l'instance n'est pas requise.»
Commentaire : Cette disposition
prévoit que la préparation d'un protocole d'instance n'est pas requise, le
protocole étant remplacé par l'application des règles simplifiées comportant
des délais prescrits proposée par le titre I.1 du livre VI du Code de
procédure civile.
Le Président (M.
Bachand) :Interventions? Ça va. Alors, on
continue, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : 535.3, commentaire :
Cette disposition prévoit que la demande introductive d'instance compte au plus
cinq pages.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie.
M.
Morin :En fait, ma question est des plus générales, parce qu'à
partir de 535.3 et suivants on a des délais, et, je comprends, M. le ministre,
expliquait la réponse que le gouvernement veut donner à la décision de la Cour
suprême. Mais ces délais-là, comment vous les avez déterminés? Est-ce que c'est
totalement arbitraire? Est-ce que vous avez des statistiques? Est-ce que... J'aimerais
qu'on puisse comprendre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Alors, on est partis du délai de 180 jours pour inscrire. Dans le fond,
pour les gens qui nous écoutent, notre auditoire nombreux cet après-midi, donc,
pour inscrire un dossier pour... Je ne sais pas si ça s'appelle encore comme
ça, là, mais, dans mon temps, ça s'appelait enquête et audition...
M.
Morin :
Ce n'est plus ça, c'est instruction…
M. Jolin-Barrette : Instruction
et jugement. Donc, voyez-vous, jadis… Alors, c'est 180 jours. Donc, on a
mis des délais qui étaient conformes à pouvoir faire en sorte de respecter ce
délai de 180 jours là, mais pour faire en sorte qu'il y a des éléments qui
sont supprimés, là, maintenant, là. Exemple, le protocole d'instance n'est plus
là. Donc, on se retrouve dans une situation où les délais sont fixés. Là,
probablement que vous allez me parler pour la défense, pour le délai associé à
la défense…
M.
Morin :C'est certain que ça s'en vient. Ça, ça fait partie de nos
échanges de cet après-midi, parce que, quand on regarde 535.3 puis, après, 535.4,
ce que je <comprends…
M. Morin :
...ce
que je >comprends, c'est que, bon, le demandeur a un délai, mais, par la
suite, il peut, dans les 30 jours de la signification de l'avis, continuer
de compléter sa demande au défendeur, et ça, on en a parlé quand on a reçu des
groupes. On s'est posé des questions là-dessus. Et après, quand on se reporte à
535.6, qui parle du défendeur, lui, il a 85 jours, sauf que... de la
signification de l'avis de l'assignation, sauf que, si le demandeur,
30 jours plus tard, lui envoie des documents qui sont véritablement
pertinents pour sa défense, bien, à ce moment-là, il ne lui reste plus
85 jours. Son délai est très réduit.
M. Jolin-Barrette : 55 jours.
M. Morin : Il lui reste
55 jours. Et donc on aimerait comprendre pourquoi le défendeur peut se
ramasser avec un délai qui est, au fond, aussi court, parce que le demandeur,
lui, sait ce qu'il va faire normalement, là, puis lui, il a une structure, il a
une compréhension. Le défendeur, lui, bien, évidemment, une fois qu'il a reçu
la demande, il peut se douter un peu, mais il ne sait pas nécessairement tout
ce que le demandeur a dans son jeu. On veut que les deux parties soient
évidemment équilibrées, parce que, si on reprend l'optique première, qui est de
faciliter le dialogue entre les parties, on veut qu'ils soient équipés rapidement,
et il me semble qu'il y a un débalancement entre ce que le défendeur peut faire
et ce que le demandeur, lui, peut accomplir.
M. Jolin-Barrette : Donc,
normalement, tu sais, c'était dans les 30 jours que, à partir du moment où
il y a la demande qui est signifiée, la partie envoyait ses pièces. Donc là, je
comprends de votre intervention que, normalement, quand on introduit une
demande, on sait pas mal les pièces qu'on va produire.
M. Morin : Normalement.
M. Jolin-Barrette : Puis
là ce que vous me dites, dans le fond, c'est qu'on devrait peut-être donner un
délai supplémentaire au défendeur, pour lui, quand il reçoit ça. Ça fait suite
notamment aux commentaires du Barreau, là, mais c'est sûr que ce qui est
important, si jamais on bougeait des choses, il faut que ça reste à l'intérieur
du 180 jours. Donc, si on diminue les délais… En fait, si on augmente les
délais pour le défendeur pour prendre connaissance de la preuve, bien, c'est
sûr qu'il faut compresser ailleurs.
M. Morin : Oui, puis
nous, justement, à 535.6, quand on parle du 85 jours, on a un amendement à
vous présenter, puis à 535.5 aussi. Bien, c'est ça, le défendeur est à 535.6
puis il y a 535.5 également.
M. Jolin-Barrette : O.K.
Juste avant, peut-être, de présenter votre amendement, si vous permettez, M. le
Président, je serais intéressé d'entendre le deuxième groupe d'opposition et la
députée de Vaudreuil, s'ils ont des commentaires par rapport aux délais sur la
défense, le délai, là, dans le fond, là. Non?
• (17 h 40) •
Le Président
(M. Bachand) :Mme la députée de
Vaudreuil, oui.
Mme Nichols : Merci, M.
le Président. Je partage le même avis. En demande, on sait qu'est-ce qu'on
dépose, on sait les pièces qu'on dépose. En défense, c'est autre chose.
Souvent, le délai requis va être nécessaire.
Le Président
(M. Bachand) :Merci. Mme la députée
de Robert-Baldwin, s'il vous plaît.
Mme Garceau : …juste
pour compléter, parce que je vois… On fait comme un genre d'échange en
disant... et on ne met pas de protocole parce que, souvent, dans le protocole,
c'est là où c'est comme l'agenda, et on met toutes nos dates pour l'échange de
documents, et tout ça. Donc, on dit : pas de protocole, mais il faut
regarder, il me semble, le 535.4, le 535.5, le 535.6, le 535.7 pas mal,
surtout 535.4, 535.5, 535.6, l'ensemble de qu'est-ce que ça veut dire,
pratico-pratique, parce que le demandeur qui a l'habitude... Lorsqu'on rédige
une procédure, on allègue toujours les documents. Donc, on a 535.1, 535.2,
535.3, 535.4, 535.5, 535.6. Le demandeur, fort probablement, a tous ses
documents. Donc, d'après moi, il devrait signifier au défendeur, en même temps
que sa demande, les documents.
Ceci étant dit, si on va permettre au
demandeur un autre 30 jours... donc, le défendeur reçoit la demande, mais
là il n'a pas tout reçu. Il n'a pas reçu les documents à l'appui ou les pièces
à l'appui de la demande. Donc, probablement, le demandeur va attendre à la
dernière minute. Il va signifier ça dans les 30 jours. Donc, le
défendeur... Et je porte à votre attention, au début… au 535.5, parce que, là,
le 535.5, qu'est-ce <que ça…
Mme Garceau :
...qu'est-ce
>que ça veut dire pour le défendeur... que, finalement, il reçoit, dans
les 30 jours, les documents, là, il regarde tout ça, mais là il a
45 jours de la date de signification pour dénoncer les moyens
préliminaires et les incidents, pas 45 jours après la réception des
documents.
Donc, ça veut dire, en pratique, que le
défendeur aurait vraiment juste 15 jours pour dénoncer les moyens
préliminaires et les incidents, puis vraiment, en pratique, ça veut dire
10 jours ouvrables. Donc, ça ne lui donne pas beaucoup de temps pour
réagir, pour consulter, pour dénoncer, qui est quand même un élément très
important, le 535.5, compte tenu des moyens préliminaires et les incidents
qu'on pourrait faire valoir.
Donc, c'est... Et là on veut... Je
reprends un petit peu vos paroles, dans le sens qu'on veut éviter des
déplacements devant les tribunaux. On veut éviter... On veut faciliter les
procédures, mais là on permet au défendeur que... au point... le prochain
aliéna, là, 535.5, que, s'il n'a pas dénoncé dans les 45 jours, bien, il
pourrait faire une demande devant le tribunal à l'expiration de ce délai, et là
dans les plus brefs délais... Et donc, là, on va laisser une discrétion
judiciaire aux juges pour déterminer, bon, c'est quoi, dans les plus brefs
délais. Est-ce que c'est un autre cinq jours, 10 jours, 20 jours?
Donc là, on est en train d'ajouter, là, un autre déplacement possible devant le
tribunal quand on veut vraiment limiter les déplacements devant les tribunaux.
Donc, juste de regarder la pratique, la
logique entre 535.4 et 535.5, il me semble qu'on pourrait amender le 535.5 pour
donner plus de temps aux défendeurs à répondre ou à dénoncer les moyens
préliminaires et les incidents, et peut-être regarder est-ce qu'on veut laisser
le... est-ce qu'on veut laisser cette discrétion au judiciaire après l'expiration
de ce délai. Je le questionne. Je le mets sous réserve dans un certain sens. On
peut toujours le laisser là, mais, si l'esprit de ce projet de loi, c'est de
limiter le plus que possible les vacations devant les tribunaux, il me semble
qu'on pourrait donner un petit plus de temps aux défendeurs. Et donc on est
dans le 535.6, avec le 55 jours, là, au niveau de la signification de la
contestation, pas vraiment un délai, d'après moi, qui est assez long. Il
faudrait aussi avoir plus de délais pour la contestation.
Donc, ça serait peut-être un peu à revoir.
On ne met pas de protocole. C'est correct, mais là il me semble qu'il faut
quand même donner des délais raisonnables aux défendeurs à répondre.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie, oui.
M. Morin : Et, quand on
regarde le bloc de 535.6 et 535.7, à 535.6, non seulement le défendeur peut se
ramasser avec peu de jours, mais, en plus, le deuxième alinéa dit qu'il doit
répondre avec au plus deux pages. Alors, le demandeur, lui, peut s'expliquer en
cinq pages, le demandeur peut s'expliquer en cinq pages, mais le défendeur,
lui, n'a que deux pages, puis pourtant, ça a un impact direct sur le défendeur.
Donc, pourquoi ne pas lui permettre cinq pages? On ne parle pas de
150 pages ici, là. On parle de cinq pages. Ça, c'est un autre élément
qu'on voulait soulever.
Et, à 535.7, quand on parle du tiers ou du
mis en cause, eux n'ont que 45 jours de la notification, puis le tiers
intervenant, lui, théoriquement, tout dépendant de ce qu'il a fait, pourrait
être aussi tenu responsable. Donc, lui, il a très peu de temps pour répondre à
la demande. Puis on semble mettre sur un même pied d'égalité le tiers ou le mis
en cause, alors que, souvent, le mis en cause peut être… sa responsabilité peut
être moindre que le tiers intervenant. Donc, si... Alors, on aurait des
propositions de modifications et peut-être, M. le Président, qu'on pourrait
suspendre à ce stade-ci.
Le Président (M.
Bachand) :Juste avant, M. le ministre,
oui.
M. Jolin-Barrette : ...les
interventions, vous <souhaitez…
M. Jolin-Barrette :
...vous
>souhaitez prioritairement faire en sorte qu'il y ait un délai de défense
qui soit plus grand pour le défendeur considérant que, lui, il reçoit la
demande puis il est un peu déculotté. Donc, c'est important que, pour avoir une
défense pleine et entière, il ait davantage de temps. Vous comprendrez qu'un de
nos objectifs, c'est de faire en sorte que ça rentre à l'intérieur de
180 jours et qu'on se retrouve dans une situation où les informations
puissent être rendues rapidement au défendeur, puis que tout le monde puisse
faire leurs moyens préliminaires, et que ça chemine rondement.
Alors, écoutez, moi, M. le Président, je
suis ouvert à ça. Donc, je pense, c'est une bonne suggestion de faire une
suspension, puis on va pouvoir se parler hors d'onde pour revenir avec un
compromis, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) :Merci. Alors on va se suspendre quelques instants. Merci
beaucoup.
(Suspension de la séance à 17 h 47)
18 h (version révisée)
(Reprise à 18 h 25)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend les travaux. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui. M.
le Président, écoutez, on a suspendu quelques instants pour avoir des
discussions avec les collègues des oppositions. Et vous connaissez notre
ouverture légendaire, M. le Président, à trouver des voies de passage et des
compromis. Alors, en ce sens-là, la députée de Sherbrooke est d'accord avec
moi. Alors, en ce sens-là, je pense que les collègues des oppositions ont des
amendements à proposer au texte de loi.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie.
M.
Morin :Oui. Alors donc...
M. Jolin-Barrette : Donc, ça
débuterait...
M.
Morin :Alors, il y aurait, à l'article 7 : Remplacer,
dans l'article 535.4 du Code de procédure civile, proposé par l'article 7
du projet de loi, «30» par «20».
Un instant. Donc, c'est ça. Alors, <534.4...
M.
Morin :
Un instant. Donc, c'est ça. Alors>, «535.4.
Le demandeur doit, dans les 20 jours de la signification de l'avis
d'assignation, compléter sa demande...»
Donc, M. le Président, à 535.6 du Code de
procédure civile...
Le Président (M.
Bachand) :...on va y aller un amendement,
oui, à la fois, oui.
M.
Morin :Parfait. D'accord. Excellent. Parfait.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le député de
l'Acadie.
M.
Morin :Je vous en prie.
Le Président (M.
Bachand) :O.K. Est-ce qu'il y a
intervention sur l'amendement proposé par le député de l'Acadie?
S'il n'y a pas d'autre intervention,
est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) :Adopté. Merci. M. le député de
l'Acadie, s'il vous plaît.
M.
Morin :Merci, M. le Président. Donc, à l'article 7, remplacer,
dans le premier alinéa de l'article 535.6 du Code de procédure civile,
proposé par l'article 7 du projet de loi, «85» par «95».
Donc, l'article se lirait :
«Le défendeur doit, dans les 95 jours
de la signification de l'avis d'assignation, déposer au greffe...»
Le Président (M.
Bachand) :Interventions?
S'il n'y a pas d'intervention, est-ce que
l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) :Adopté. Merci. M. le député de
l'Acadie, s'il vous plaît.
M.
Morin :Merci, M. le Président. Donc, à.... c'est ça, alors, à
535.8 du Code de procédure civile, qui serait modifié par l'article 7 du
projet de loi : «Une conférence de gestion de l'instance est tenue après
le dépôt du dossier complet de la défense, mais...» Alors, «au plus tard dans
les 110 jours de la signification de l'avis d'assignation, une conférence
de gestion de l'instance est tenue.» Donc, il s'agit de modifier le «100 jours»
par «110 jours».
Le Président (M.
Bachand) :Est-ce qu'il y a intervention
sur l'amendement du député de l'Acadie?
S'il n'y a pas d'intervention, est-ce que
l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) :Adopté. Merci. M. le député de
l'Acadie, s'il vous plaît.
M.
Morin :Oui. Maintenant, à 535... Donc, l'article 535.12 :
«Une conférence de règlement à l'amiable est tenue au plus tôt 130 jours à
compter de la signification de l'avis d'assignation et au plus tard
160 jours à compter de cette signification.»
Le Président (M.
Bachand) :Voulez-vous lire l'article au complet,
s'il vous plaît, pour être sûr qu'on...
M.
Morin :Oui. 535.12. Alors : «Une conférence de règlement à
l'amiable est tenue au plus tôt 130 jours à compter de la signification de
l'avis d'assignation et au plus tard 160 jours à compter de cette
signification.»
Le Président (M.
Bachand) :Juste peut-être, M. le député,
juste lire l'article 7 et «remplacer». Donc, de lire le paragraphe où on
parle de remplacer dans le premier alinéa.
M.
Morin :
Parfait. Alors, remplacer...
Le Président (M.
Bachand) : S'il vous plaît.
M.
Morin :Oui, M. le Président. Remplacer, dans le premier alinéa
de l'article 535.12 du Code de procédure civile, proposé par l'article 7
du projet de loi, «après le dépôt du dossier complet de la défense, au plus tôt
120 jours à compter de la signification de l'avis d'assignation et au plus tard
150 jours à compter de cette signification» par «au plus tôt
130 jours à compter de la signification de l'avis d'assignation et au plus
tard 160 jours à compter de cette signification».
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Interventions?
S'il n'y a pas d'intervention, est-ce que
l'amendement est adopté?
• (18 h 30) •
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) :Adopté. Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Alors, on va avoir un autre amendement à 535.7, qui est toujours en rédaction.
Bien, «on» va avoir, l'opposition officielle va avoir un amendement.
Alors, est-ce qu'il y avait d'autres
questions sur l'article 7?
M.
Morin :Oui.
Le Président (M.
Bachand) :Oui, M. le député d'Acadie,
allez-y, s'il vous plaît.
M.
Morin :Oui, M. le Président. Alors, dans l'article 7, à
535.8, le dernier alinéa : «Cette conférence est tenue à distance, à moins
que le tribunal n'exige qu'elle le soit en présence, et les parties sont tenues
d'y assister si le tribunal l'exige.» Je voulais simplement faire remarquer
qu'il y a plusieurs groupes qui ont témoigné devant la commission et qui ont
dit qu'il était important que les parties puissent assister à cette conférence.
Donc, il y aurait lieu, en fait, finalement, d'enlever la discrétion du
tribunal et d'obliger les parties à y assister.
Et, à 535.9, quand on <parle d'un
interrogatoire écrit, préalable à...
>
18 h 30 (version révisée)
M. Morin : ...et, à 535.9,
quand on parle d'un «interrogatoire écrit, préalable à l'instruction, compte au
plus trois pages», on proposerait de laisser une discrétion au tribunal et de
dire : À moins que le tribunal en décide autrement.
Et, à 535.10, nous avons une question pour
M. le ministre. «L'origine d'un élément de preuve déposé au greffe ou
l'intégrité de l'information qu'il porte est présumée reconnue, à moins que
l'une des parties ne s'y oppose.» Alors, pourquoi, à ce stade-ci, insérer une
présomption et plutôt que de demander aux parties de faire la preuve, comme ça
se fait habituellement?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : O.K. Donc,
en réponse à vos questions, à 535.8, le deuxième alinéa : «Cette
conférence est tenue à distance, à moins que le tribunal n'exige qu'elle ne le
soit en présence, et les parties sont tenues d'y assister si le tribunal
l'exige.» Dans le fond, l'objectif, c'est de faire en sorte de favoriser la
visio pour faire en sorte d'éviter les déplacements et que ce soit beaucoup
plus simple, donc, «et les parties sont tenues d'y assister» fait référence en
présence. Donc, si le tribunal exige que ce soit en présence, ils doivent être
présents.
M. Morin : O.K. Et c'est très
bien qu'on veuille favoriser la visioconférence, là. Cependant, ne serait-il
pas opportun d'obliger les parties à y assister avec leur avocat pour qu'ils
comprennent ce qui se passe? Puis ça pourrait peut-être provoquer,
éventuellement, une meilleure résolution du conflit. Parce que, là, on est dans
la conférence de gestion, à 535.8.
M. Jolin-Barrette : Donc,
vous voudriez que...
M. Morin : Que les parties y
assistent, finalement, qu'on dise aux parties : Vous devez y assister.
M. Jolin-Barrette : Non, je
pense que… je pense que ce n'est pas nécessaire. Dans le fond, la conférence
est tenue à distance, une partie qui est intéressée par son litige va y
assister, normalement, mais ils peuvent être représentés par procureur.
M. Morin : O.K. Bien...
M. Jolin-Barrette : Puis ça
laisse la discrétion au tribunal de dire : Monsieur, madame, venez vous
asseoir. Tu sais, le tribunal a toujours la possibilité de le dire, là.
M. Morin : Exact.
M. Jolin-Barrette : Ça fait
que, moi, je pense que l'article, il fait le tour là-dessus.
M. Morin : Parfait. O.K.
M. Jolin-Barrette : Bon, à
535.9, bon, le trois pages, encore une fois, on veut limiter les frais, on veut
limiter aussi la complexité de la procédure. Donc, trois pages, un
interrogatoire, vous avez fait le tour pas mal, en trois pages, sur un litige
de ce montant-là.
À 535.10 : «L'origine d'un élément de
preuve déposé au greffe ou l'intégrité de l'information qu'il porte est
présumée reconnue, à moins que l'une des parties ne s'y oppose.» Donc, ça, c'était :
Cette disposition prévoit que les parties sont présumées reconnaître l'origine
d'un élément de preuve ou l'intégrité de l'information qu'il porte. Donc, ça, c'est
pour éviter d'avoir à en attester la véracité, hein, c'est ça, de faire
reconnaître la...
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : …ou
l'intégrité. Donc, on reconnaît que ça en est un qui est véridique, c'est ça?
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : On
présume que le document est intègre, il n'est pas falsifié.
Des voix : …
M. Jolin-Barrette : Ça évite
de déposer un article 264 du Code de procédure civile où est-ce qu'une
partie peut mettre en… peut mettre une autre partie en demeure de reconnaître
l'origine du document ou l'intégrité de l'information qu'il porte. Donc, ce n'est
pas le contenu, mais c'est le fait que c'est véritablement la photo ou
véritablement le document, le contrat, supposons, en question, donc, c'est un
vrai contrat, supposons, mais ça ne démontre pas ce qu'il contient, le contrat.
Donc, c'est sur l'authenticité du document.
M. Morin : Donc, je comprends
que ça ne fait pas preuve de la véracité du contenu.
M. Jolin-Barrette : Exactement,
mais ça démontre que... Supposons, je mets un... oui, une facture ou un billet
de banque, bien... Bon, prenons votre exemple de la facture du Canadian Tire, bien,
la facture, on présume qu'elle est vraie, mais ça ne dit pas que vous avez
acheté du...
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Oui, oui,
ou que ça ne démontre pas que...
M. Morin : Sauf que la façon
dont l'article est libellé, ça dit : L'origine d'un élément de preuve ou
l'intégrité de l'information qu'il <porte...
M. Morin :
...élément
de preuve ou l'intégrité de l'information qu'il >porte.
Des voix : ...
M. Morin : C'est ça, c'est ça,
moi, c'est ce que je pense.
Le Président (M.
Bachand) :Oui, Mme la députée de Robert-Baldwin,
peut-être ajouter.
M. Morin : Oui, bien sûr.
Le Président (M.
Bachand) :Voulez-vous ajouter, oui?
Mme Garceau : Juste parce que
ça va... Allez-y. Allez-y.
M. Jolin-Barrette : Juste une
petite spécification. Ce qu'on me dit, c'est que ça démontre… il y a une
présomption que le document n'est pas altéré.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée, oui.
Mme Garceau : Oui, et ça,
avec les ordinateurs, moyens technologiques et autres, on va se le dire, là, c'est
plus facile maintenant qu'auparavant de modifier des documents, même des
lettres de médecin et toutes sortes de choses. Ça, c'est un. Et, deux, là,
c'est, on est en train de mettre probablement… Parce que, là, on parle d'une
présomption, le document, il va être présumé reconnu. Là, à moins que l'une des
parties s'y oppose, ça veut dire que, là, le fardeau, peut-être, va être remis
à un justiciable qui se représente lui ou elle-même. Et ça veut dire quoi?
Est-ce que ça veut dire que le moment où on conteste va être devant le
tribunal?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Mais, dans le fond, là, normalement, c'est bien, bien rare que ça arrive, le
fait de mettre en demeure, de reconnaître la véracité...
Des voix : …
M. Jolin-Barrette : L'intégrité
de l'information, c'est très rare, par un 264, ça fait qu'on enlève une étape
procédurale «de reconnaître l'origine d'un document ou l'intégrité de
l'information qu'il porte». Ça, c'est 264. Donc, on vient dire : Écoute,
pour la procédure simplifiée, on enlève 264. Mais, par contre, ce sera toujours
possible pour une partie d'utiliser 262 :
«Une partie peut, au plus tard avant
l'inscription pour instruction et jugement, demander qu'une pièce ou un autre
document ne puisse être reçu en preuve si les formalités requises pour établir
sa validité n'ont pas été accomplies. Elle le peut également si elle le dénie
ou ne reconnaît pas son origine ou si elle conteste l'intégrité de
l'information qu'il porte.
«La partie qui entend contester l'origine
ou l'intégrité d'un document précise… d'un document précise, dans une
déclaration sous serment, les faits et les motifs qui fondent sa prétention et
la rendent probable.»
Donc, ça enlève une étape procédurale.
Mais, si jamais l'autre partie dit : Aïe! Ce n'est pas... le document a
été altéré sur son intégrité, il va toujours avoir le recours à 262. Mais ça
évite de produire du papier puis dire : Veuillez reconnaître l'intégrité.
On enlève une...
Mme Garceau : Oui, ça
enlève...
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
Mme Garceau : ...oui, oui, le
côté procédural.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
M. Morin : Sauf que… Vous me
permettez, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie,
allez-y, oui, allez-y.
M. Morin : 535.10 ne vient
pas annuler 264. Donc, une partie pourrait toujours utiliser 264. Ça fait que
j'essaie de voir qu'est-ce qu'on va gagner avec 535.10.
M. Jolin-Barrette : Oui, parce
qu'il n'a plus besoin de faire une mise en demeure. Mais, s'il veut le faire
puis charger à son client la mise en demeure, tout ça, il peut le faire en
vertu de 264, dans le fond, mais ce n'est plus nécessaire. Mais on est dans la
procédure simplifiée, justement, pour dire : Bien, écoute, ça, ce n'est
plus nécessaire. Mais par contre la personne qui dit : Aïe! Le document a
été altéré, lui, il a toujours son recours avec 262.
M. Morin : O.K. Ça va.
Le Président (M.
Bachand) :Alors, on continue sur
l'article 7. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Je comprends, M. le
ministre, s'il n'y a pas d'autre intervention, en attendant d'avoir d'autres
amendements...
M. Jolin-Barrette : Bien,
est-ce qu'il est rendu, l'amendement?
Des voix : …
M. Jolin-Barrette : Donc, il
n'y avait pas d'autres interventions sur les autres articles de 7?
Le Président (M.
Bachand) :Oui, Mme la députée de
Sherbrooke. Excusez-moi, M. le député de l'Acadie. Allez-y.
Mme Labrie : Bien, moi, c'est
un commentaire général sur l'article 7.
Le Président (M.
Bachand) :Oui, allez-y, allez-y.
• (18 h 40) •
Mme Labrie : Ça fait que
peut-être on peut continuer, si mes collègues ont des commentaires spécifiques
sur certains volets. Moi, je voudrais faire un commentaire général à la fin.
Le Président (M.
Bachand) :O.K., comme vous voulez. M. le
député de l'Acadie.
M. Morin : Oui. En fait, dans
l'article 7, il y avait... il y a l'article 535.14 qui dit qu'«une
partie peut, pour tenir lieu du témoignage de l'un de ses témoins sur les faits
du litige, produire une déclaration écrite de ce dernier, pourvu que cette
déclaration ait été notifiée». Donc, est-ce que je dois comprendre... Et ça,
c'est un article nouveau, ce n'était pas dans le projet de loi n° 40 dans
l'ancienne législature, la dernière. Donc, est-ce que je dois comprendre qu'une
partie pourrait déposer une déclaration écrite qui ferait preuve de son contenu
sans contre-interrogatoire possible?
M. Jolin-Barrette : Non, la
personne va toujours pouvoir être interrogée à la cour, n'est-ce pas? Oui.
M. Morin : O.K. Parfait.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Oui. Donc, mon <commentaire...
Le Président (M.
Bachand) :
Merci.
Mme la
députée de
Sherbrooke.
Mme Labrie : Oui. Donc, mon
>commentaire général, puisqu'on semble être près de la fin de l'article 7.
On est, en ce moment, en train de discuter des règles simplifiées. Ça m'apparaît
quand même assez complexe pour le citoyen moyen qui aura peut-être à se
confronter à ça. Donc, je nous ramènerais aux commentaires d'Éducaloi qui est
venu nous dire que ça prenait davantage d'outils de vulgarisation. Ça me
semblerait très approprié de prévoir des outils de vulgarisation pour cette
procédure simplifiée qui est passablement complexe, il y a notamment… je pense
à des infographies pour illustrer les délais à chacune des étapes. Je ne sais
pas si le ministre peut nous dire un peu ce qui est prévu, parce que c'est
quand même... c'est quand même beaucoup de textes à démêler, là. Considérant le
pourcentage d'analphabètes fonctionnels, là, il y a des gens qui vont avoir de
la difficulté avec ça, là.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui. Je
retiens positivement la suggestion de la députée de Sherbrooke, puis
effectivement, nous, l'objectif, c'est de renseigner le plus... le plus
facilement les gens. Ça fait que, tu sais, exemple, sur le site JuridiQC, ce
qui est prévu, c'est que pour tous les codes de procédure, toutes les demandes
de renseignement, que ce soit clair, puis, oui, que ce soit illustré d'une
façon qui est comprenable facilement aussi. Parce qu'honnêtement c'est
complexe, la procédure civile, puis ce n'est pas parce qu'on veut écrire ça d'une
façon difficile, mais on décrit en mots des règles, puis là, si vous ne
respectez pas les règles, bien là, les avocats peuvent aller devant le juge.
Alors, tu sais, dans ce magnifique Code de procédure civile, c'est du papier
bible, alors.... Mais j'en suis très conscient, alors il faut simplifier et
vulgariser le plus possible.
Mme Labrie : Est-ce que c'est
un engagement de la part du ministre à ce que le ministère le fasse ou est-ce
que lui compte sur des organismes comme Éducaloi pour créer ces outils de
vulgarisation là?
M. Jolin-Barrette : Bien, je
vous donne un exemple, bien, on finance plusieurs organismes aussi, mais au
ministère de la Justice aussi, que ce soit sur notre site Web, je souhaite qu'on
le fasse, mais aussi la plateforme gouvernementale qui a été développée, c'est JuridiQC,
dans le fonds, qui est administrée par la Société québécoise d'information
juridique, la SOQUIJ, qui relève du ministère de la Justice, puis on leur a
donné clairement le mandat d'information juridique. Donc, déjà, il y a déjà de
l'information actuellement. Puis on a lancé, je vous donne un exemple,
récemment, une procédure en matière d'intelligence artificielle pour les gens
qui souhaitent se divorcer à l'amiable. Bien là, les gens, ils remplissent un
formulaire directement en ligne sur le site JuridiQC, et ça génère la demande
de divorce conjointe, donc avec les quatre documents, donc la demande en
divorce, les deux déclarations assermentées, plus le quatrième document, je ne me
souviens plus c'est quoi, mais, bref... Puis ensuite les justiciables, les
citoyens ont juste à prendre les documents puis aller les déposer au greffe
pour le divorce conjoint. Ça fait que, tu sais, c'est des trucs qu'on développe
justement pour faciliter le tout pour les citoyens.
Mme Labrie : C'est bon. Bien,
je voulais juste m'assurer que le ministre ne pelletait pas la responsabilité
de vulgariser tout ça dans la cour des organismes qui le font très bien, mais
qui ne devraient pas avoir à pallier pour le fait que le ministère ne le fait
pas, là.
M. Jolin-Barrette : Mais par
ailleurs on est des partenaires des organismes aussi, puis le MJQ finance les
organismes aussi à ces fins de vulgarisation là aussi.
Mme Labrie : Insuffisamment,
comme ils nous l'ont mentionné clairement.
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, comment je pourrais dire, si les ressources étaient illimitées, on
financerait tout de façon supérieure, là, mais il y a un cadre budgétaire pour
l'ensemble de l'État.
Mme Labrie : Par exemple, s'il
n'y avait pas de baisses d'impôt anticipées, ça nous permettrait de financer
mieux ces organisations-là, entre autres.
M. Jolin-Barrette : Bien non,
ça, au contraire, au contraire, parce que dans le cadre de la situation
actuelle avec la hausse de l'inflation, vous savez, moi, je pense qu'il faut
donner un répit aux Québécois et aux Québécoises, puis on peut faire les deux,
parce qu'on a une gestion serrée des finances publiques. Puis vous savez, l'effet
CAQ sur l'économie, ça fait en sorte que l'économie tourne à plein régime.
Le Président (M. Bachand) :Merci. Mme la députée de Robert-Baldwin.
Mme Garceau : Désolée parce
que vous êtes allé de mon collègue ici, puis j'avais une question...
Le Président (M.
Bachand) :Allez-y, allez-y, pas de
problème.
Mme Garceau : ...je suis
désolée, au niveau du 535.14, en réponse au ministre concernant cette
déclaration écrite, elle est pour tenir lieu du témoignage. Donc, cette
personne-là qui va écrire, premièrement, mon premier commentaire, je crois, ça
devrait être une déclaration solennelle assermentée, numéro un. Numéro deux, c'est…
c'est pour tenir compte du témoignage, donc cette personne-là ne sera pas
contre-interrogée. Il n'y aura aucun moyen de vérifier la véracité de cet
écrit. Donc, au moins d'ajouter que ce soit une déclaration solennelle et aussi
que la partie adverse va pouvoir interroger cette personne-là, si elle ne va
pas aller témoigner. Il va falloir avoir un interrogatoire en quelque part.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
292 demeure, du Code de procédure civile, donc le <témoignage...
Mme Garceau :
...en
quelque part.
M. Jolin-Barrette :
Oui,
mais 292 demeure, du
Code de procédure civile, donc le >témoignage
par déclaration : «Une partie peut produire à titre de témoignage, outre
une déclaration prévue au livre De la preuve du Code civil, la déclaration
écrite de son témoin, y compris un constat d'huissier, pourvu que cette
déclaration ne vise à prouver qu'un fait secondaire du litige et qu'elle ait
été préalablement notifiée aux autres parties. Une autre partie peut, avant la
date fixée pour l'instruction, exiger la présence à l'enquête du témoin
concerné ou encore obtenir l'autorisation du tribunal de l'interroger hors de sa
présence.» Donc, il va pouvoir quand même l'interroger au procès.
Mme Garceau : Bien là...
parce que, là, je veux comprendre, là, c'est le 292 et… Parce que, là, est-ce
qu'on est en train de tenter d'alléger les procédures? Mais là on retourne, on
a le 535.14, mais on retourne au… Parce que, là, c'est contradictoire, là, ça
se contredit.
M. Jolin-Barrette : Non,
mais, dans le fonds, la déclaration, elle est toujours sous serment. Une
déclaration écrite, c'est 106 qui s'applique, c'est ça?
Des voix : …
M. Jolin-Barrette : Donc, la
déclaration, elle n'est pas nécessairement sous serment, mais, si la
déclaration n'est pas faite sous serment, l'autre partie peut exiger la
présence du témoin pour le contre-interroger. Ça fait que, dans le fond, à
535.14, ce qu'on dit, c'est que, par déclaration écrite, ça pourrait valoir
témoignage. Et supposons que c'est le demandeur qui le fait, bien, le défendeur
pourrait dire : Bien, moi, je veux l'interroger sur sa déclaration écrite
au tribunal, donc l'application de 292, alinéa deux. Donc, dans le cadre de la
procédure simplifiée, on dit, à 535.14 : Vous pouvez produire uniquement
une déclaration écrite pour valoir témoignage, puis, là, l'autre partie peut
dire : Bien, écoute, moi, je veux l'avoir dans la boîte pour le
contre-interroger.
Mme Garceau : Mais ce n'est
pas ça que ça dit, à 535.14.
M. Jolin-Barrette : Si vous
permettez, M. le Président, je céderais la parole à Me Rima Kayssi.
Le Président (M.
Bachand) :Avec consentement. Est-ce qu'il
y a consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Maître, attendez juste que le micro soit bien
allumé, par exemple. Merci.
Mme Kayssi (Rima) : Alors,
Rima Kayssi, pour le ministère de la Justice du Québec. Il faut comprendre que l'article 141
prévoit que le livre II continue de s'appliquer aux matières
contentieuses. Donc, le deuxième alinéa de l'article 292 est encore
applicable aux déclarations qui sont déposées, et donc on peut encore exiger la
présence du témoin déclarant à l'audience pour le contre-interroger.
Le Président (M.
Bachand) :Autre intervention, Mme la
députée de Robert-Baldwin?
Mme Garceau : J'y réfléchis.
M. Jolin-Barrette : En
attendant, je pense que l'amendement, il est rendu.
Le Président (M.
Bachand) :Oui, c'est ça, alors je vais
aller au député de l'Acadie.
Mme Garceau : Merci.
M. Jolin-Barrette : Faisons
l'amendement puis ensuite on reviendra.
Le Président (M.
Bachand) :Donc, M. le député de l'Acadie,
s'il vous plaît.
• (18 h 50) •
M. Morin : Oui, M. le
Président.
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) :La technologie… C'est beau?
Parfait. Merci. M. le député.
M. Morin : Donc, M. le
Président : À l'article 535.7 du Code de procédure civile, proposé
par l'article 7 du projet de loi :
1° remplacer «dans un délai de 45 jours
de la notification de la demande introductive d'instance ou de l'acte
d'intervention» par «dans les 95 jours de la signification de l'avis d'assignation»;
et
2° ajouter, à la fin, l'alinéa suivant :
«Toutefois, lorsque la demande
introductive d'instance ou l'acte d'intervention lui est notifié plus de 50 jours
après la signification de l'avis d'assignation, le tiers intervenant ou le mis
en cause dépose les mêmes documents dans un délai de 45 jours.»
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? S'il n'y a pas <d'intervention…
M. Morin :
...dans
un délai de 45 jours.»
Le Président (M.
Bachand) : Merci.
Interventions?
S'il n'y a pas
>d'intervention, est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) :Adopté. Merci beaucoup. Mme la
députée de Robert-Baldwin.
Mme Garceau : Non, ça va, vous...
Le point, c'était lié à l'article 292, le deuxième alinéa, c'est ça? O.K.
Merci. Ça va.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur l'article 7? S'il n'y a pas d'autre
intervention, est-ce que l'article 7, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) :Adopté. Merci. M. le ministre,
s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui.
L'article 8 : L'article 536 de ce code est modifié par l'ajout,
à la fin du premier alinéa, de la phrase suivante : «Il en est de même de
la demande qui lui est accessoire portant sur la revendication d'un bien.»
Commentaires : L'article 536 du
Code de procédure civile est modifié afin de prévoir que la division des
petites créances de la Cour du Québec a compétence en matière de demande de
revendication de biens lorsque cette demande est accessoire à une demande en
recouvrement d'une créance dont la valeur n'excède pas 15 000 $.
Donc, c'était une demande de la Cour du Québec soumise à la Table
Justice-Québec.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Interventions?
M. Morin : Nous n'avons pas
d'intervention, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Donc, s'il n'y a pas
d'intervention, est-ce que l'article 8 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) :Adopté. Merci. M. le ministre,
s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Article 9,
M. le Président : Ce code est modifié par l'insertion, après
l'article 539, des suivants :
«539.1. La limite monétaire du
recouvrement des petites créances prévue aux articles 536, 538, 539, 550,
565 et 660 est haussée de 1 000 $ le 1er septembre de l'année
civile qui suit celle où le montant cumulé résultant de l'indexation annuelle
de la valeur de cette limite, telle qu'indexée, suivant l'indice des prix à la
consommation pour le Québec, déterminé par Statistique Canada, atteint une
somme d'au moins 1 000 $ depuis la dernière augmentation. Un avis
indiquant la limite monétaire du recouvrement des petites créances qui découle
de cette opération est publié à la Gazette officielle du Québec par le
ministre de la Justice au plus tard le 1er août de l'année où cette
nouvelle limite entre en vigueur. Les demandes en justice introduites avant le
1er septembre de cette année se poursuivent suivant les règles en vertu
desquelles elles ont été introduites.
«539.2. Toute demande en cours d'instance
est faite par écrit. Le greffier en avise l'autre partie et lui indique qu'elle
peut présenter ses observations par écrit dans les 10 jours de l'avis. À
l'expiration de ce délai, le greffier soumet la demande et les observations au
tribunal qui en décide sur le vu du dossier, à moins que celui-ci n'estime
nécessaire d'entendre les parties.»
Commentaires : Cette disposition
introduit les nouveaux articles 539.1 et 539.2 dans le titre II du
livre VI au Code de procédure civile.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Interventions?
M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Alors, le seul
commentaire, c'est en lien avec les 10 jours de l'avis. Bon, je comprends
qu'on est à la Cour des petites créances, que le montant est moindre, c'est
quand même très rapide.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui. Je
vous demanderais de suspendre quelques instants, s'il vous plaît.
Le Président (M. Bachand) :Alors, on va suspendre quelques instants. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 18 h 54)
(Reprise à 18 h 56)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Alors, la demande du député de l'Acadie était pour dire : Un délai de 10 jours
de l'avis, est-ce que ce n'est pas court? Là, on est en situation de... où
c'est le greffier qui en avise l'autre partie et lui indique qu'elle peut présenter
ses observations par écrit dans les 10 jours de l'avis. Honnêtement, c'est
un délai qui est raisonnable, parce que c'est des <dossiers...
M. Jolin-Barrette :
...Honnêtement,
c'est un délai qui est raisonnable, parce que c'est des >dossiers peu
complexes, on est en matière de petites créances, là. Puis l'idée, c'est de
rapprocher les délais le plus possible.
Des voix : …
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Puis,
autre point supplémentaire, dans le fond, c'est jugé sur le vu du dossier, donc
c'est en cours d'instance. Ça fait que, tu sais, dans le fond, le dossier a été
déféré au juge. Là, on est en situation où les parties ne sont pas devant le
juge, là. Dans le fond, les parties ont consenti à ce que leur dossier soit
analysé sur le vu du dossier, donc il n'y a pas de témoins. Dans le fond, les
parties ont consenti à ce que le juge s'occupe sur le vu du dossier, ça fait
que, là, le juge les rappelle puis il dit : Écoutez, veuillez nous faire
part de vos observations, vous avez 10 jours pour le faire.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Bien, en fait, je
trouve que le délai est encore trop court. Écoutez, il n'a pas augmenté depuis
tantôt, là, M. le Président. Mais, bon, j'écoute le ministre.
M. Jolin-Barrette : Mais les
parties veulent que le dossier se règle rapidement, tu sais, ils acceptent de
ne pas aller... ils ne veulent pas aller devant la cour. Là, on est dans un
dossier de 3 000 $, on va voir tantôt si on le monte, mais, dans tous
les cas, tu sais, les parties disent : Oui, on veut que ça procède devant
le juge puis on ne veut pas avoir à se présenter. Ça fait que 10 jours,
pour moi, c'est un délai raisonnable.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de
Robert-Baldwin, oui.
Mme Garceau : Je vais juste
soulever... Parce que 10 jours, on tient compte des fins de semaine, là.
Il me semble qu'un 15 jours ça ferait en sorte qu'il y aurait un autre
cinq jours peut-être ouvrables. Ça pourrait faire une différence, quand même,
pour....
M. Jolin-Barrette : Mais
c'est un délai usuel aux petites créances, le 10 jours, là. Tu sais, quand
vous prenez 548 ou 549 du code, c'est déjà des délais de 10 jours, là. Ça
fait que, par cohérence, on va y aller avec 10 jours.
Le Président (M.
Bachand) :Interventions? S'il n'y a pas
d'autre intervention, est-ce que l'article 9 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) :Adopté. M. le ministre, s'il
vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Article 10 : L'article 541 de ce code est modifié par le
remplacement du «livre II» par «titre I.1 du présent livre».
Commentaires : Il s'agit d'une
modification de concordance pour tenir compte de la procédure simplifiée
introduite par le projet de loi.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Interventions?
M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Il n'y a pas de
commentaire, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Donc, s'il n'y
a pas d'autre intervention, est-ce que l'article 10 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Bachand) :Adopté. Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Article 11 :
L'article 547 de ce code est modifié par le remplacement, dans le
paragraphe 2° du deuxième alinéa, de «livre II» par «titre I.1
du présent livre».
Commentaires : Il s'agit d'une
modification de concordance pour tenir compte de la procédure simplifiée
introduite par le projet de loi.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Interventions
sur l'article 11?
M. Morin : Il n'y a pas
d'intervention, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Donc, s'il n'y a pas
d'intervention, est-ce que l'article 11 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) :Adopté. Merci. M. le ministre,
s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Article 12, M. le Président : L'intitulé de la section III du
chapitre III du titre II du livre VI de ce code est modifié par
l'ajout, à la fin, de «et l'arbitrage».
Commentaires : Il s'agit d'une
modification de concordance avec les modifications proposées aux articles 556
et 570 du Code de procédure civile respectivement par les articles 13 et
15 du projet de loi.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Interventions?
M. Morin : Il n'y a pas
d'intervention, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. S'il n'y a pas
d'intervention, est-ce que l'article 12 est adopté?
• (19 heures) •
Des voix
: Adopté.
Le Président (M.
Bachand) :Adopté. Merci. M. le ministre,
s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui. 13. L'article 556
de ce code est remplacé par le suivant :
«556. Les parties doivent privilégier la
médiation ou l'arbitrage pour régler leur litige.
«À cette fin, à la première occasion, le
greffier les informe qu'elles peuvent, sans frais additionnels, soumettre leur
litige à un médiateur accrédité. Cependant, dans les cas et selon les
conditions et modalités prévus par règlement du gouvernement pris en
application de l'article 570, le greffier soumet le litige à une telle
médiation avant que l'affaire ne puisse être entendue par le tribunal. Le
médiateur dépose au greffe un rapport sur la médiation qu'il a conduite.
«Si les parties s'entendent, elles
déposent au greffe soit un avis que le dossier a fait l'objet d'un règlement à
l'amiable, soit l'entente signée par elles. L'entente entérinée par le greffier
spécial ou le tribunal équivaut à jugement.
«Si les parties ne s'entendent pas, le
greffier, dans les cas et selon les conditions et modalités prévus par
règlement du gouvernement pris en application de l'article 570, leur offre
un arbitrage, sans frais additionnels, par un arbitre accrédité.»
Commentaires : L'article 556 du
Code de procédure civile est remplacé pour prévoir que les parties doivent
privilégier la médiation et l'arbitrage, de même que pour prévoir que la
médiation est obligatoire et que, si les parties ne s'entendent pas,
l'arbitrage leur est offert, dans les cas et selon les conditions et modalités
prévus par règlement du gouvernement.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de
l'Acadie, s'il vous plaît.
M. Morin : Merci, M. le
Président. Donc, à l'article 13, pour la modification à l'article 556,
on est aux petites créances. Donc, je comprends, M. le ministre, que la
médiation...
19 h (version révisée)
M. Morin : ...l'article 556,
on est aux Petites Créances. Donc, je comprends, M. le ministre, que la
médiation ou l'arbitrage qui est offert le sera sans frais.
M. Jolin-Barrette : Oui,
alors sans frais pour le médiateur. Comme, actuellement, on fonctionne avec trois heures
de médiation gratuites dans le projet pilote, donc c'est la même procédure qu'on
va utiliser. Même chose pour l'arbitrage, ce sera sans frais.
M. Morin : Et le greffier a
le devoir ou, enfin, l'obligation d'informer la différence entre la médiation
et/ou l'arbitrage?
M. Jolin-Barrette : Bien, là,
ici, on est dans le cadre des Petites Créances, et là, dans le fond, c'est
médiation obligatoire. Donc, dans le cadre du processus, quand vous introduisez
votre recours aux Petites Créances, vous allez être obligé de passer en
médiation en premier. Si la médiation ne fonctionne pas, là ça va être l'arbitrage
automatique.
Dans le fond... Et là on va le... par voie
réglementaire, c'est ce qu'on va venir détailler, là, parce qu'on ne peut pas,
constitutionnellement, obliger l'arbitrage. Donc, on va venir créer une
présomption qui va faire en sorte qu'un coup que votre mécanisme... un coup que
la médiation a échoué, le gouvernement va faire en sorte de vous offrir
automatiquement l'arbitrage, et on va venir créer une présomption que c'est l'arbitrage
automatique, à moins que la personne se retire dans les 30 jours.
Donc, le justiciable, lui, là, qui est en
médiation, O.K., il se retrouve en arbitrage automatiquement, à moins que, dans
les 30 jours, il dise : Non, je ne veux pas aller en arbitrage, je
veux aller au tribunal.
Donc, la majorité des dossiers vont s'en
aller en arbitrage, à moins qu'il y ait un geste positif de la part du
justiciable qui dit : Non, non, je ne veux pas être en arbitrage, je veux me
retrouver au tribunal, parce qu'on ne peut pas empêcher l'accès au tribunal.
M. Morin : Ça, c'est clair.
Mais, je dois vous dire, honnêtement, je suis très content de vous avoir posé
la question, parce qu'à la lecture de l'article je n'avais pas vu ça du tout,
mais pas du tout comme ça. Puis il n'y a pas de mention, évidemment, qu'il va y
avoir un règlement. Puis je comprends que l'arbitrage, contrairement à la
médiation... et corrigez-moi si je fais erreur, mais, dans la médiation, il y a
un spécialiste qui va tenter de rapprocher les parties alors que, dans l'arbitrage,
l'arbitre va trancher le litige.
M. Jolin-Barrette : Effectivement.
M. Morin : Et donc est-ce qu'il
y a un mécanisme qui va faire en sorte, parce que ce n'est pas dans la loi
actuellement, que le justiciable ou que les parties vont bien comprendre que, s'ils
optent pour l'arbitrage, ils n'iront pas au tribunal après, là?
M. Jolin-Barrette : Effectivement.
M.
Morin :
Ça va être fini. Puis... Oui.
M. Jolin-Barrette : En fait,
les parties vont être informées. Dans le fond, la démarche aux Petites Créances
va bien être expliquée par les documents explicatifs, notamment, puis les
règles vont être expliquées, notamment, rattachées à ça. Donc, dans les
documents, quand ça va être indiqué, ça va être indiqué : Bien, voici l'arbitrage.
Vous avez 30 jours pour vous soustraire à l'arbitrage.
M. Morin : Puis, s'il y a de
la médiation, si les parties se parlent, quel est l'avantage d'avoir une étape
où les parties pourraient aller en arbitrage plutôt que se rendre directement à
la cour puis que le juge tranche le dossier?
M. Jolin-Barrette : Bien,
parce qu'on contribue notamment à désengorger les tribunaux. Pour des dossiers
de 15 000 $ et moins, on vise à faire en sorte qu'un dossier puisse
être réglé par un arbitre. On est dans une situation où...
Tout à l'heure, la députée de Sherbrooke
me disait : Bien, il faudrait financer davantage tout. Bien, vous savez,
on a des ressources qui sont limitées au niveau de l'État. Donc, le temps-juge
que l'on souhaite consacrer au dossier, on souhaite notamment l'utiliser pour
les dossiers de plus grande envergure monétaire. Donc, ça permet justement à
faire en sorte que les citoyens vont pouvoir avoir leur jugement plus
rapidement.
Parce que ce qui est important pour les
justiciables, là, notamment aux Petites Créances, c'est d'avoir une solution à
leur litige et d'avoir une décision relativement à leur litige. Donc, le
premier élément, c'est la médiation. Là, les programmes pilotes qu'on a mis de
l'avant, il y a un taux de règlement de 60 % en médiation, ça fait que c'est
déjà un volume important. Ensuite, les dossiers qui ne se régleront pas, ils
vont être déférés à l'arbitrage automatique. Donc, là aussi, les dossiers vont
se terminer là, à moins que les parties veuillent aller... souhaitent aller en...
directement devant le juge et sous réserve de certaines exceptions
constitutionnelles où est-ce qu'on ne pourra pas envoyer en arbitrage.
M. Morin : Mais, justement,
pour respecter les obligations constitutionnelles puis la possibilité pour les
justiciables d'avoir accès aux tribunaux, pourquoi, après la médiation, ne pas
leur <permettre...
M. Morin :
...pour
les justiciables d'avoir accès aux tribunaux, pourquoi, après la médiation, ne
pas leur >permettre d'aller devant le juge, sauf si, d'un commun accord
des parties, il décide d'aller en arbitrage.
M. Jolin-Barrette : Non, on
le prend à l'inverse parce que tout le monde veut aller devant le juge. Tu
sais, normalement, quand vous introduisez un recours, vous voulez aller devant
le juge, vous voulez avoir... en anglais, ils disent le «day in court».
M. Morin :«Your day in court.»
M. Jolin-Barrette : C'est ça,
c'est ça. Vous avez sûrement vu ça dans votre pratique. Alors, un des
objectifs, c'est de désengorger le système de justice puis d'avoir davantage
d'agilité, notamment en matière civile. On a environ une centaine de juges en matière
civile à la Cour du Québec. C'est important qu'on puisse réduire les délais
partout. Une des façons d'optimiser le plus le temps de juges, ce n'est pas
nécessairement que les juges de la chambre civile gèrent les dossiers des Petites
Créances. Ils pourront toujours le faire, mais il faut faire en sorte que le
justiciable, lui, on accélère la rapidité avec laquelle il puisse avoir une
solution à son litige.
Puis c'est pour ça que la médiation, elle
fonctionne. Parce que les gens participent au règlement du dossier. Puis les
gens, ils veulent avoir une décision dans leur dossier. Donc, c'est pour ça
qu'on fait l'arbitrage automatique, dans un premier temps, mais ils auront
toujours la possibilité d'aller devant le tribunal, mais ils devront se soustraire.
Dans le fond, on trace une voie pour faire en sorte qu'il y ait une décision
dans le litige puis que, les parties, rapidement, la solution puisse être
réglée.
On se retrouve dans une situation où,
actuellement, là, aux Petites Créances, on a des délais, là, dans certains
districts judiciaires, de trois ans. Ça, ça déconsidère la confiance du public
dans l'administration de la justice. Les gens, ils se disent : Bien là,
j'ai une créance de 4 000 $ ou de 2 000 $, puis là je vais
attendre trois ans, des fois.
Moi, j'ai entendu des histoires. Les gens,
ils ne se souviennent plus trop c'était quoi, l'histoire. Tu sais, ce n'est pas
trop encourageant. Puis les gens oublient. Puis là, après ça, bien, les
témoins. Essayez d'aller retrouver votre témoin puis... Donc, on met une voie,
vraiment : médiation, arbitrage, sauf exception, les gens peuvent aller à
la cour.
M. Morin : Mais vous nous
avez dit, M. le ministre, que, dans... il y a un bon nombre de cas, la
médiation fait en sorte que le litige puisse terminer.
M. Jolin-Barrette : 60 %.
M. Morin : C'est ça. Donc,
comment se fait-il que, dans certains districts judiciaires, malgré tout ça, on
a encore un délai de trois ans?
M. Jolin-Barrette : Parce que
la médiation n'est pas obligatoire. Parce qu'actuellement, là, dans le cadre,
là, des projets pilotes qu'on avait, ils n'étaient pas dans tous les districts
judiciaires. C'est pour ça.
Dans le fond, nous, on l'a financé il y a,
quoi, il y a deux ans, environ, je pense, la médiation aux Petites Créances, le
programme, puis ça fonctionne vraiment bien. Alors, si on veut désengorger le
système de justice, justement, on fait participer les gens à la solution.
Puis, vous le savez, aux Petites Créances,
parfois, c'est des litiges très... de nature personnelle, où les gens veulent
que l'autre partie les entende. C'est souvent ça, là. Puis comme... Ce n'est
pas nécessairement important, le montant, mais, des fois, c'est juste une
question de principe, ou que l'autre reçoive ce que la personne a à dire, ou...
puis parfois s'excuse, juste s'excuser, ou dise : Je t'ai entendu, je t'ai
compris. Ça fait que la médiation, c'est une bonne voie. Ou même d'avoir un
décideur comme un arbitre, bien, ça aussi, c'est une bonne voie pour faire en
sorte que, bon, bien, il y a eu une décision qui a été rendue.
• (19 h 10) •
M. Morin : Et le fait de ne
pas indiquer clairement dans la loi ce que vous entendez faire avec
l'arbitrage, est-ce que c'est... vous avez des craintes qu'il puisse y avoir
des contestations de cette disposition-là? Parce que les gens ont le droit
d'aller à la cour.
M. Jolin-Barrette : Qu'est-ce
que vous voulez dire?
M. Morin : Bien, c'est-à-dire
que vous pourriez vous ramasser, tout dépendant de ce que vous allez faire...
Parce que, là, je comprends que ça va être pas règlement. Donc, s'il y a des
parties ou il y a des avocats qui croient que, par l'arbitrage, vous empêchez
des contribuables ou des justiciables d'aller à la cour, il est possible que
votre règlement soit contesté, parce que les justiciables ont le droit d'aller
devant le juge.
M. Jolin-Barrette : Non, mais
on ne l'empêchera pas. Dans le fond, on vient créer une présomption que le
dossier est référé à l'arbitrage, à moins que, dans les 30 jours, la
partie décide de dire : Non, je m'en vais à la cour.
Dans le fond, on dit aux gens :
Voici, la médiation n'a pas réussi aux Petites Créances, dans ce qu'on va
implanter, là, dans les différents districts, donc vous allez aux médiations.
Ensuite, la voie... la voie royale, la voie principale, c'est ça, ensuite
arbitrage. Mais ils ont 30 jours pour dire : Non, je ne veux pas être
devant l'arbitre, je veux être devant le juge. Mais, entre vous puis moi, quand
vous voyez les délais, ça va être plus intéressant d'être devant l'arbitre, si
ça ne se règle pas.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de Sherbrooke,
s'il vous plaît.
Mme Labrie : Oui, bien, j'ai
une question pour le ministre par rapport à ses projets pilotes. Il nous a dit,
tout à l'heure, que 60 % se règlent par <médiation...
Mme Labrie :
...par
rapport à ses
projets pilotes. Il nous a dit, tout à l'heure, que
60 % se règlent par >médiation dans le projet pilote. Est-ce que
l'arbitrage aussi était offert dans le projet pilote?
M. Jolin-Barrette : Non.
Mme Labrie : O.K. Donc, on
n'est pas en mesure de savoir quelle proportion des gens, dans ce projet pilote
là, le prenait, l'arbitrage, plutôt que d'aller en cour. Ça n'a pas été testé.
M. Jolin-Barrette : Non, ça
n'a pas été testé, mais, dans le modèle qu'on propose, l'arbitrage va mettre
fin au litige. Tu sais, dans le fond, ça met fin au litige. La seule façon de
comme... d'aller à la cour, un coup que vous avez eu l'arbitrage, c'est dans le
cadre de l'annulation de la sentence arbitrale. De la décision arbitrale,
pardon. Mais là c'est un recours qui est prévu au code, mais l'arbitrage va
mettre fin au litige. Puis là on est dans Petites Créances. On va commencer par
les dossiers de 5 000 $, 5 000 $ et moins, qui représentent
50 % du volume de dossiers. Éventuellement, on va étendre ça à
10 000 $, à 15 000 $, quand ça va être rodé, mais, tu sais,
l'objectif, c'est vraiment de faire en sorte de désengorger les tribunaux.
Mme Labrie : Donc, dans le
fond, cette disposition-là, d'ajouter l'arbitrage en l'offrant puis en le
rendant... en en faisant la voie royale, comme le ministre dit, c'est un peu un
projet pilote que le ministre est en train de faire, mais à l'échelle du Québec
au grand complet, là, dans tous les districts judiciaires.
M. Jolin-Barrette : Oui. Bien,
c'est ce qu'on va faire. On va y aller graduellement, par certains districts
judiciaires, pour faire en sorte d'y aller par étape, puis ensuite on va
couvrir l'ensemble du Québec. Un peu comme on a fait avec le Tribunal
spécialisé, on va y aller par étape. Parce que, du jour au lendemain...
Mme Labrie : ...
M. Jolin-Barrette : ...du
jour au lendemain, il faut organiser les choses, là : il faut organiser la
médiation, il faut organiser l'arbitrage, il faut tout ça. Mais ça va permettre,
vraiment, de désengorger rapidement les choses.
Mme Labrie : Bien,
l'intention, je la comprends. Je fais juste me demander... Parce que, là, ce
n'est pas présenté dans le projet de loi comme un projet pilote. Le ministre
vient le faire, puis là il nous dit, bon : Éventuellement, on élargira à
d'autres types de cause pour des montants supérieurs. Mais, en même temps, si,
lui, il développe ce projet-là comme un projet pilote, je me questionne à
savoir pourquoi, là, on l'inscrit dans la loi tout de suite. Pourquoi on n'en
crée pas, un projet pilote, comme ça a été fait pour tester la médiation dans
certains districts?
M. Jolin-Barrette : Bien,
parce que, dans le fond, le projet... La médiation, on l'a fait comme projet
pilote. Mais là ça me donne l'assise législative pour dire : C'est
obligatoire, la médiation.
Mme Labrie : Ça, je le
comprends, mais, pour l'arbitrage, le bout qu'il rajoute qui n'a pas été testé en
projet pilote, là, il l'ajoute directement à la loi sans l'avoir testé. Il va,
en fait, en faire un projet pilote à l'échelle du Québec, mais via une loi sans
appeler ça un projet pilote alors qu'il est en train de tester quelque chose.
M. Jolin-Barrette : Bien,
dans le fond, l'arbitrage, c'est un décideur. Ça fait que, dans le fond, c'est...
il va y avoir une décision finale.
Mme Labrie : J'ai compris comment
ça va marcher, sauf que, là, le ministre nous dit qu'il veut tester un nouveau
mode, d'offrir l'arbitrage à tout le monde si la médiation a échoué. Je ne dis
pas que ce n'est pas intéressant, là. Je fais juste me demander comment se
fait-il que, ça, on ne le teste pas par un projet pilote avant, pourquoi on
vient tout de suite l'inscrire dans la loi comme étant... dorénavant, ça va
être comme ça que ça va se passer. Pourquoi on ne l'a pas testé avant, comme on
l'a fait pour la médiation? Puis ça a donné des bons résultats, là. Je ne dis
pas que ce n'est pas une bonne idée. C'est juste que, là, ça me semble assez
unilatéral comme façon de l'imposer, alors que c'est quelque chose de nouveau
qui n'a pas été testé. Est-ce que ça a été testé ailleurs, par exemple, puis ça
donne des résultats ou...
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, en fait, c'est sûr que ça donne un résultat parce que vous allez vous
retrouver avec une décision à la fin. Ça met fin au litige. Donc, dans le fond,
l'intention du gouvernement est claire là-dessus, de dire : Bien, écoutez,
on se retrouve avec des délais importants à la cour, avec des juges qui font
des dossiers de Petites Créances, alors qu'ils devraient peut-être... Parce que
vous comprenez qu'avec les juges qui ne feront plus de petites créances, ils
vont se ramasser à faire des dossiers de 15 000 $ et plus. Ils vont
faire 15 000 $ à 100 000 $, donc c'est des dossiers d'une
plus grande complexité.
Ça fait que, là, on va... Mais ce n'est
pas moi qui assigne les juges, mais j'imagine que la direction de la Cour du
Québec, ou la coordination, ou le juge en chef adjoint va destiner les juges
qui faisaient des Petites Créances en matière civile à des dossiers de plus
grande importance. Ça fait que l'idée, c'est de décharger la cour par rapport à
ces dossiers-là.
Puis je ne veux pas... je ne veux pas minimiser
l'importance des dossiers de 15 000 $ et moins parce que, ça, c'est
extrêmement important de dire que toute créance ou tout recours est très
important, peu importe la valeur du litige. Ça, c'est extrêmement important,
peu importe la valeur des dommages. Ça peut être 50 $, c'est super
important parce que...
Le Président (M.
Bachand) :Merci. En terminant.
M. Jolin-Barrette : Oui,
bien, tout ça pour dire que ce n'est pas parce qu'on s'en va en médiation ou en
arbitrage puis que ce n'est pas devant le juge que ce n'est pas important. Tous
les dossiers sont importants, mais c'est juste l'utilisation des ressources
judiciaires.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. En terminant,
compte tenu de l'heure, la commission ajoute ces travaux sine die. On se revoit
très bientôt, de toute façon. Bonne soirée.
(Fin de la séance à 19 h 16)