Journal des débats de la Commission des institutions
Version préliminaire
42e législature, 2e session
(19 octobre 2021 au 28 août 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Le
mercredi 27 avril 2022
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Vol. 46 N° 25
Étude des crédits budgétaires du ministère du Conseil exécutif, volet Accès à l'information
Étude des crédits budgétaires du ministère du Conseil exécutif, volet Relations avec les Québécois d'expression anglaise
Étude des crédits budgétaires du ministère du Conseil exécutif, volet Relations canadiennes et Francophonie canadienne
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Intervenants par tranches d'heure
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Bachand, André
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Barrette, Gaétan
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Caire, Éric
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Leduc, Alexandre
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Leduc, Alexandre
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Caire, Éric
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Bachand, André
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Barrette, Gaétan
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Ouellet, Martin
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Ouellet, Martin
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Caire, Éric
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Bachand, André
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Barrette, Gaétan
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Lévesque, Mathieu
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Caron, Vincent
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Thouin, Louis-Charles
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Martel, Donald
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Allaire, Simon
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Lachance, Stéphanie
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Reid, Claude
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Bachand, André
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Birnbaum, David
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Bachand, André
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LeBel, Sonia
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Birnbaum, David
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Zanetti, Sol
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LeBel, Sonia
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Birnbaum, David
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Bachand, André
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Hivon, Véronique
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Allaire, Simon
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Bachand, André
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Birnbaum, David
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Legault, François
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Birnbaum, David
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Bachand, André
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Legault, François
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Ghazal, Ruba
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Bachand, André
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Legault, François
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Birnbaum, David
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Bérubé, Pascal
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Birnbaum, David
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Bachand, André
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Skeete, Christopher
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Legault, François
11 h 30 (version révisée)
(Onze heures trente-sept minutes)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! Bonjour,
tout le monde. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
des institutions ouverte.
La commission est réunie afin de procéder
à l'étude du volet Accès à l'information des crédits budgétaires du
portefeuille Conseil exécutif pour l'exercice financier 2022‑2023. Une
enveloppe de 1 h 30 min a été allouée pour l'étude de ces crédits.
Avant de débuter, Mme la secrétaire, y a-t-il
des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Jeannotte (Labelle) est remplacée par M. Caron (Portneuf); M.
Lamothe (Ungava) est remplacé par M. Reid (Beauharnois); M. Lemieux (Saint-Jean)
est remplacé par M. Allaire (Maskinongé); M. Zanetti (Jean-Lesage) est remplacé
par M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve); et Mme Hivon (Joliette) est remplacée par
M. Ouellet (René-Lévesque).
Accès à l'information
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Nous allons donc
procéder à une discussion d'ordre général par blocs d'environ 20 minutes,
incluant les questions et les réponses. La mise aux voix de ces crédits sera
effectuée à la fin du temps qui leur est alloué, soit vers 13 heures.
Comme nous avons débuté en retard, sept
minutes, je comprends que le gouvernement consent à ce que ce temps soit réputé
écoulé sur son enveloppe de temps? Consentement.
Discussion générale
Alors, je cède maintenant la parole au
député de La Pinière pour 16 min 18 s. M. le député de La
Pinière.
M. Barrette : Merci, M. le
Président. Alors, salutations aux collègues, à vous, M. le Président, aux
équipes, aux collègues des oppositions et au ministre. J'espère que le ministre
ne va pas être vexé que je le salue en dernier. Ça tombe bien. D'habitude, on
le salue en premier.
M. Caire : ...pas de grand-chose,
M. le député.
M. Barrette : C'est correct, moi
non plus. Alors, M. le Président, on va y aller… d'emblée, c'est une étude de
crédits. Alors, on va se servir au cahier de crédits. M. le Président, je vais
commencer sur une note humoristique. J'ai pensé commencer ma période de
questions, on va l'appeler comme ça, en demandant au ministre quel est son
budget de caviardage, mais, avec le cahier de crédits que l'on a aujourd'hui,
il y a tellement de pages blanches que, là, ça a dû faire des économies. Ce n'est
presque que des pages blanches dans le cahier. Alors, ça m'a beaucoup étonné,
surtout qu'à peu près à chaque page c'est : Ah! quelqu'un d'autre vous
donnera la réponse. Alors, on va essayer aujourd'hui d'avoir des réponses, mais
le budget de caviardage a-t-il augmenté ou y a-t-il une formation pour le
caviardage?
M. Caire : En fait, on est à
évaluer combien de kilomètres linéaires on peut faire avec un Sharpie.
M. Barrette : Ça va bien. Ça
va bien, parce que vous êtes rendu...
M.
Caire
: Ce
n'est pas simple, là.
M. Barrette : Avez-vous fait
plusieurs fois le tour de la Terre? Ceci dit, M. le Président, j'invite le
ministre à aller à la page 103 de son cahier pour ma question particulière P.20,
qui est probablement, dans le cahier, le sujet le plus intéressant. Alors, c'est
la question, évidemment, sur le budget de la Commission d'accès à l'information,
et ce que l'on constate, et là, M. le Président, je vais le mettre à la caméra,
là, pour que les gens nous suivent, ils vont voir un tableau au bas de la page
où on voit des colonnes, et il y a toujours trois colonnes, une grande, une
moyenne, une petite, et la petite colonne est petite. Elle est vraiment petite,
et ce sont… c'est le «réel», et la grande colonne, c'est le «demandé». En
français et en clair, la Commission d'accès à l'information a fait des demandes
qui étaient assez, je dirais, précises, je pense que c'est le bon mot, et ce ne
sont pas des demandes qui ont été faites au hasard, j'insiste.
• (11 h 40) •
Alors, le ministre sait très bien de quoi
je parle puisqu'ensemble le hasard fait que, dans cette législature-ci, on a eu
à travailler ensemble sur plusieurs projets qui touchaient à l'accès à l'information
et auxquels a participé la commission. Et je sais, parce que le ministre l'a
dit à plusieurs reprises, qu'il croit à la fonction de... pas le commissaire,
mais de la Commission d'accès à l'information. Il y croit, et j'irais même
jusqu'à dire qu'il la défend. Et conséquemment, c'eût été naturel pour lui de s'assurer
que les budgets demandés par la commission, de par les multiples lois que le
ministre a déposées et fait passer... Et moi, je l'ai dit à de nombreuses
reprises, là, les lois, ce n'est pas le problème, c'est leur application.
Vont-ils avoir les moyens de le faire? Et, quand on regarde les pages... la
question P.20, les pages 103 et 104, ils ne pourront pas le faire.
Alors, je suis très étonné, très, très,
très, étonné de ce tableau-là. Et les commentaires évidemment qui viennent...
Et ils sont là, j'imagine, les gens de la Commission d'accès. Excusez-moi, madame,
j'aurais dû vous saluer, parce que, de ce côté-là, en général... pardonnez-moi,
parce que, là, c'est l'adversaire, et ici vous n'êtes pas une adversaire.
Alors, je suis désolé. Vous allez me pardonner, je l'espère. Alors là, j'aimerais
avoir un échange là-dessus, parce qu'ils ont raison, en ce qui me concerne, et
l'argent <n'est...
M. Barrette :
...et
l'argent >n'est pas au rendez-vous. Et les réponses que l'on a à P.20,
là, sont explicites. Ce n'est pas des estimations, c'est explicite. Alors là,
là, il va falloir qu'on m'explique, qu'on me fasse un dessin, là.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Caire : Bien, écoutez, je
vais répondre au collègue, puis Me Poitras aura très certainement l'occasion,
si elle le désire, évidemment, de répondre, évidemment, au député de La
Pinière.
Le député fait mention d'entrée
d'intervention des lois et des mesures qui ont été adoptées. Je comprends, M.
le Président, qu'ici ce sont les crédits Accès à l'information et Protection
des renseignements personnels. Il n'en demeure pas moins qu'il y a un volet
technologique, et le député y a fait référence, donc je me permets d'aller dans
cette direction-là, qui a aussi été considéré dans d'autres projets de loi,
notamment, évidemment, la création du ministère de la Cybersécurité et du
Numérique, dont l'objectif est de s'assurer de la sécurité des systèmes
d'information, qui vient s'amalgamer, je dirais, à ce qu'on a fait aussi avec
le p.l. n° 64, qui est maintenant la loi n° 25,
et avec le travail que la Commission d'accès à l'information a à faire et aura
à faire, parce qu'effectivement, puis je l'ai dit d'entrée de jeu, puis je l'ai
dit pendant l'étude du projet de loi n° 64, le travail de la Commission
d'accès à l'information va se transformer, va évoluer, va probablement... Les
responsabilités de la Commission d'accès à l'information ont augmenté.
Une fois qu'on a dit ça, ce qui a été fait
par le ministère des Finances, il faut comprendre, d'une part, qu'il y avait
déjà eu des augmentations de budgets qui avaient été consenties en 2019, si ma
mémoire est exacte, d'un 600 000 $ annuel. Ce qui a été octroyé par
le ministère des Finances, puis je comprends la demande versus le réel, ce qui
est demandé versus ce qui est octroyé, c'est 1,5 million, ce qui nous fait
une augmentation, cette année, de 2,1 millions. À ça s'ajoute l'octroi par
le Conseil du trésor de 23 ETC. Donc, il y a 23 ETC de plus, pour l'année 2022‑2023,
qui sont accordés à la Commission d'accès à l'information.
Maintenant, est-ce que ça comble les
demandes qui ont été faites par la Commission d'accès à l'information? La
réponse à ça, c'est non. Maintenant, pourquoi? Bien, premièrement, parce qu'il
y a un contexte budgétaire. M. le Président, là, je vous dirais que c'est à peu
près tous les organismes publics qui ont eu des demandes qui étaient à cette
hauteur-là et des frais accordés qui étaient en deçà des attentes, d'une part.
On connaît le contexte. On connaît le contexte de pandémie. On connaît le
contexte budgétaire. Ça, c'est une explication.
L'autre explication, c'est que la capacité
à remplir la mission de protection des renseignements personnels va être
augmentée par les différentes instances dont ce sera la responsabilité. Et là
je reviens à ce que je disais, le ministère de la Cybersécurité... Si on parle
de protéger nos systèmes d'information, et donc les renseignements personnels,
de fuites éventuelles de données, bien, le ministère de la Cybersécurité a un
budget de 100 millions. Si vous regardez parallèlement à ça, le budget sur
cinq ans, si ma mémoire est exacte, là, c'est un 19 millions. La
Commission d'accès à l'information, sur cinq ans, voit son budget augmenter de
19 millions. Donc, les ressources... On attribue des ressources qui sont
quand même conséquentes, et, sur 2022‑2023, c'est 23 ETC, puis 2023‑2024, c'est
35 ETC de plus qui vont être octroyés à la Commission d'accès à l'information.
Il faut comprendre que l'entrée en vigueur
de la loi n° 25 va se faire aussi... Il y a une
première tranche au printemps... c'est-à-dire, à l'automne 2022. La majorité
des articles vont rentrer en vigueur en septembre 2023 et, au final, les
derniers articles vont rentrer en vigueur en 2024. Donc...
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de La
Pinière, s'il vous plaît, allez-y.
M. Barrette : Ah! bon, merci.
Merci. Vous avez senti une pulsion de ma part de vouloir intervenir. M. le
Président, je pense que le ministre est en train d'inventer le caviardage
verbal.
M. Caire : Appelez-moi
Sharpie.
M. Barrette : Tu sais, la
réponse que j'ai à P.20, là, aux pages 103 et 104, c'est une réponse qui vient
de la Commission d'accès à l'information?
M.
Caire
: Oui.
M. Barrette : Bon, ça ne vient
pas du ministre. Bon, eux autres, là... Me Poitras, je ne veux pas que vous me
répondiez maintenant. Vous pouvez me faire un signe de la tête. Ça vient de
chez vous, ça, là. Vous <n'avez…
M. Barrette :
Vous >n'avez
rien inventé, hein? Vous avez parlé de la réalité. Alors, moi, la réalité, là,
M. le Président, là, là, je n'en peux plus, là, parce que, là, le ministre
vient de faire référence, comme contexte, là, pour expliquer ça, à la pandémie.
Non, non, non, on ne prendra pas ça comme excuse, là. Le ministre, là, a été un
ministre très actif en début de mandat, et tout le long du mandat dans certains
projets de loi, et des projets de loi qui ont des conséquences sur la
Commission d'accès à l'information.
Moi, je m'en souviens, là, je l'ai dit des
dizaines de fois, et, des dizaines de fois, le ministre a acquiescé au principe
que ça allait demander des ressources à la Commission d'accès à l'information
pour s'assurer que ce que le ministre met en application législativement soit
opérationnel, opérationnel pas simplement dans sa loi, mais dans ce qui est
connexe, à savoir le rôle, le pouvoir, la mission, l'exigence, la nécessité
d'avoir une commission d'accès à l'information qui a les moyens d'agir. Alors,
qu'on ne vienne pas me dire la pandémie, là, parce que, si, d'un côté, on met
en application les lois qu'on fait voter, ce qui est le cas, le ministre le
fait, puis qu'on ne donne pas les moyens, bien, voyons donc, ce n'est pas la
pandémie qui fait ça.
Autre élément, M. le Président, le
ministre nous a dit qu'il y a de l'argent qui s'est vient parce qu'il y a de la
cybersécurité. Moi, je regarde la question P.22, là, qui est la page
suivante, 105, où, de façon détaillée, la Commission d'accès à l'information
nous énumère ce qu'elle doit faire. O.K., c'est clair, là, c'est des
pages 8½ X 14, il y en a deux, il y en a beaucoup, il n'y a pas le mot «cybersécurité»
là-dedans, là. Qu'on ne vienne pas me dire qu'il y a de l'argent dans la
cybersécurité. Ça, c'est leur fonction et, eux autres, ils ne demandent pas des
ordinateurs. C'est écrit, à la page 103, ils ont un besoin clair de
personnel, premier tableau, ressources humaines, ressources actuelles, 77,
besoins supplémentaires, 79, besoin total, 156. Ce n'est pas des ordinateurs,
ce n'est pas des serveurs.
Comment, aujourd'hui, dans la situation
actuelle, puis je l'inclus, là, je veux bien l'inclure, la cybersécurité, mais,
avec toutes les lois qu'on a passées, avec tous les besoins, puis je vais les
qualifier légitimes, qu'a exprimés la Commission d'accès à l'information, comment
on peut arriver avec un plan de trois ans qui est en dessous de façon
significative, majeure? On arrive à peu près à 50 % de ce qu'ils demandent…
de faire passer ça. Puis là on n'est pas dans des sommes astronomiques, là. Si
c'est vrai, là, que la protection des renseignements personnels et ainsi de
suite… si c'est vrai que ce rôle-là est important, est vital, il est important
et vital... J'ai-tu besoin de nommer une banque, une coopérative, hein? Je suis
fin, là, je ne nomme personne aujourd'hui. En général, je nomme, mais ça a
traumatisé le Québec, ça. Est-ce que, M. le Président, il est acceptable,
compte tenu des enjeux en cause, que la Commission d'accès n'ait pas accès à
ces budgets? Ça ne tient pas la route et ça ne tient certainement pas la route
de l'énergie que le ministre a mis là-dedans, parce qu'il y a mis bien de
l'énergie et il s'est exprimé avec beaucoup d'emphase sur l'importance des
sujets que je traite.
Alors, expliquez-moi ça, là, et, s'il vous
plaît, arrivez-moi pas avec des arguments comme la pandémie. On n'est pas dans les...
Ah oui! puis, en passant, c'est tellement une belle journée pour poser cette
question-là, alors que mon collègue le député de Mont-Royal–Outremont,
aujourd'hui, a mis la lumière, suite aux crédits d'hier, que vous aviez dépensé
130 millions de dollars en publicité, hein, 130 millions, alors
que, per capita, là, c'est à peu près 10 fois moins ailleurs au Canada, puis là
vous ne trouvez pas d'argent pour la Commission d'accès à l'information à moyen,
long terme. Écoutez, là, est-ce que c'est sérieux?
Le Président (M. Bachand) :M. le ministre.
• (11 h 50) •
M. Caire : Bien sûr que c'est
sérieux. Et je vais m'inscrire en faux par rapport à une partie de ce que mon
collègue a dit, notamment que la pandémie n'explique rien. Ça, M. le Président,
j'ai beaucoup de difficulté à adhérer au fait qu'on puisse dire qu'un
gouvernement...
M. Barrette : M. le
Président, article 35.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de La Pinière, je
vous écoute.
M. Barrette : Oui, c'est parce
qu'on me met des mots dans la bouche. Ce n'est pas ça que j'ai dit. On ne peut
pas se servir de la pandémie comme une espèce d'excuse.
M. Caire : Oui, subtile
nuance.
Le Président (M.
Bachand) :Allez-y, M. le ministre.
M.
Caire
: Alors,
on ne peut pas se servir de la pandémie pour expliquer qu'un gouvernement qui a
géré une pandémie puisse avoir des moyens financiers limités qui vont
prioritairement être orientés vers la pandémie, mais on ne <peut...
M. Caire :
...mais
on ne >peut pas évoquer la pandémie pour dire qu'il faut orienter nos
moyens financiers vers la pandémie parce que ce qui est essentiel, c'est de
sauver des vies. Ça, je pense que tout le monde ici va être d'accord. Alors,
oui, je pense que la pandémie peut expliquer qu'il y a des orientations qui ont
été prises par le gouvernement avec des moyens financiers, et que c'était
hautement prioritaire de protéger notre population, et je suis convaincu que
mon collègue est d'accord avec ça. Ceci étant dit, ça n'explique pas tout.
M. Barrette : Et le
130 millions, lui, il était-tu si essentiel que ça?
M. Caire : M. le
Président, j'ai écouté mon collègue avec beaucoup d'attention. Je m'attends à
la même chose de sa part.
Le Président (M.
Bachand) :Oui, vous avez la parole.
Allez-y.
M. Caire : Donc,
ensuite, M. le Président, quand on dit : Ce n'est pas une question de
cybersécurité, bien, je suis désolé. Je suis désolé, mais, au XXIe siècle, les
fuites de données sont une question essentiellement de protection de nos
systèmes d'information. Je m'excuse, là, mais ce n'est pas des classeurs à
papier qui se font voler, là. Les hackeurs, là, ils ne rentrent pas dans des
soutes à voler des dossiers papier, là. Ce n'est pas ça qui se passe. Ce sont
essentiellement des fuites qui sont dues à toutes sortes de causes, erreurs
humaines, mais aussi des pirates informatiques. Ça se passe dans l'univers
informatique. La fuite des données chez Desjardins, là, c'est essentiellement
une fuite informatique. Capital One, c'est la même chose. C'est ce qui s'est
passé au sein de nos propres ministères, ce sont essentiellement... non, pas
essentiellement, exclusivement des fuites informatiques.
Le Président (M.
Bachand) :Juste parce que le temps file
rapidement... Le premier bloc achève. M. le député de La Pinière.
M. Barrette : «Eh boy»!
C'est facile de passer à côté de la question. Personne ne met en doute la
question de la cybersécurité, chacun sa fonction.
M. Caire : C'est ce que
vous venez de faire, M. le député.
M. Barrette : Non, pas
du tout. La fonction cybersécurité, je comprends que le ministre a plusieurs
titres, là, elle a un coût. La fonction de Commission d'accès à l'information a
un coût. Les deux peuvent collaborer, mais un ne vient pas parasiter l'autre en
termes budgétaires. Vous avez fait un choix que je ne comprends pas, de ne pas
financer adéquatement la fonction Commission d'accès à l'information à la
demande estimée rationnellement par eux-mêmes. Alors, qu'on ne vienne pas
passer par l'autre sujet pour justifier le non-financement approprié de la
Commission d'accès à l'information. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le député.
Je cède maintenant la parole au député d'Hochelaga-Maisonneuve pour…
M. Caire : Bien, M. le
Président, peut-être juste une question de directive pour vous, M. le
Président.
Le Président (M.
Bachand) :Oui.
M. Caire : C'est parce que,
dans un bloc de 16 minutes, moi, je... s'il en prend 14 minutes, puis moi,
j'en ai deux…
Le Président (M.
Bachand) :Bien, c'est parce que les
directives ont été négociées avec les leaders, M. le ministre. Alors, je cède
la parole au député d'Hochelaga-Maisonneuve. Merci.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Bonjour, M. le ministre. Vous vous êtes auto-identifié tantôt comme M.
Sharpie. Je ne peux pas m'empêcher de faire le petit trait d'humour, là. Après,
le shérif de La Peltrie, on a maintenant le Sharpie de La Peltrie. Blague à
part, allons-y directement sur la question de l'environnement.
Ça fait maintenant cinq ans que la Loi sur
la qualité de l'environnement a été réformée. Il y avait, dans cette loi-là,
une volonté d'améliorer aussi l'accès à l'information. Il y a un article qui n'est
toujours pas en vigueur dans la loi, c'est l'article 118.5 qui établit un
registre sur les autorisations ministérielles. Il y a plusieurs groupes qui
réclament depuis longtemps que ça soit mis en place, ce registre-là, donc, des
autorisations ministérielles. Qu'en est-il ?
Est-ce qu'on peut espérer que ça se fasse bientôt?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Caire : Bien, écoutez, sur
la loi sur l'environnement, là, vous comprendrez que je ne suis pas responsable
ni de son application ni de sa modification. Donc, là-dessus, malheureusement,
là, M. le député, il faudrait poser la question au ministre responsable, qui
est le ministre de l'Environnement.
M. Leduc : Mais moi,
j'ai compris que votre ministère récupérerait quand même beaucoup de
responsabilités de plusieurs ministères à gauche et à droite dans l'application
de l'accès aux données.
M. Caire : Bien, en
fait, ce que le… Ma responsabilité au niveau de l'accès à l'information et de
la protection des renseignements personnels, c'est évidemment la modification
de la loi d'accès à l'information. Donc, je peux... Je n'ai pas d'autorité à
modifier la loi sur l'environnement même si...
M. Leduc : Non, non,
non, ce n'est pas ça, la question. La loi, elle est déjà modifiée. C'est qu'il
y a un article qui n'est pas en vigueur, qui vise à rendre disponibles les
autorisations ministérielles.
M. Caire : Ça inclut... parce
que l'application de la loi, c'est la responsabilité qui est... qui est
responsable de la loi, qui est responsable de sa mise en application, de la
même façon que moi, ma responsabilité, c'est de voir à l'application de la loi n° 25, donc, m'assurer que les décrets qui doivent être
pris sont pris, décrets d'application, etc. Donc, à ce moment-là, c'est au
ministre de l'Environnement, qui doit, lui... en fait, qui a la responsabilité
de voir à l'application de sa loi quand bien même que des articles de sa loi
auraient une connotation...
Je vais vous donner un exemple, M. le
député. Quand on a modifié la Loi sur la protection des renseignements
personnels, on a modifié d'autres lois, notamment la Loi sur le ministère de la
Santé et des Services sociaux, la Loi sur l'Agence du revenu. On les a
modifiées à travers la <loi...
M. Caire :
...travers
la >loi... le p.l. n° 64. Maintenant, la mise
en application de ces lois-là reste quand même une responsabilité des
collègues. Et donc la mise en application d'un article, si cet article-là
nécessite... Puis là, honnêtement, je m'en vais sur un terrain glissant parce
que je ne connais pas la loi ni l'article en question, là, n'étant pas le
ministre responsable de ça. S'il y a des gestes à faire par le ministre pour...
c'est au ministre à...
M. Leduc : Dans ce cas-là,
oui, bien, je vous invite peut-être à vous y intéresser, parce que le fait de
rendre publiques ces décisions-là en matière d'autorisation ministérielle
pourrait faciliter l'accès aux données, l'accès au débat public. Je sais que
c'est quelque chose que vous valorisez.
Sur un sujet connexe, toujours sur l'enjeu
de l'environnement, le ministère de l'Environnement et de la Lutte aux
changements climatiques connaît les quantités d'eau qui sont prélevées par
chaque entreprise d'embouteillage au Québec, mais on invoque parfois le secret
industriel pour cacher, dans le fond, aux Québécois puis aux Québécoises les
quantités d'eau prélevées. Est-ce que c'est quelque chose qui... avec lequel
vous êtes confortables? Est-ce que c'est quelque chose qui... Est-ce que vous
pourriez adhérer au fait qu'on devrait permettre la diffusion de ces données
d'eau?
M. Caire : Écoutez, avant de
vous répondre, parce que c'est toujours très tentant d'avoir une réponse à
brûle-pourpoint… Ceci étant dit, mes expériences récentes en la matière me conseillent
de demander des avis à notre éclairée équipe responsable de l'accès à
l'information et de la protection des renseignements personnels. Mais ce que je
peux vous dire, c'est que si...
Puis il faut bien comprendre quelque
chose, là, puis votre question là-dessus, elle est intéressante, si
l'information n'est pas rendue publique, il faut comprendre que ce n'est pas le
fait du ministre. Ce n'est pas le ministre qui décide : Est-ce que vous
rendez cette information-là publique ou vous ne la rendez pas publique? Il y a
des responsables d'accès à l'information dans chaque organisation. Ces
responsables d'accès à l'information là ont le mandat, en vertu de la loi qui
est en vigueur, de déterminer si l'accès peut être donné ou non à une
information. Si le responsable prend une décision et que le demandeur n'est pas
en accord avec la décision qui a été prise, il y a des recours qui vont
jusqu'au tribunal d'accès à l'information que Me Poitras, avec... que la
Commission d'accès à l'information préside, évidemment, et qui a ultimement le
pouvoir de décider si, oui ou non, la décision était la bonne en vertu de
l'interprétation de la loi.
M. Leduc : Bien sûr, mais
vous...
M. Caire : Donc, ce n'est pas
le ministre. Puis je vous dirais que je me garde une petite gêne parce que ce
n'est pas le ministre qui décide : Est-ce que c'est une bonne chose, est-ce
que c'est une mauvaise chose? Je veux dire, c'est une bonne chose d'appliquer
la loi. Ceci étant dit, dans une éventuelle réforme de l'accès à l'information,
c'est des questions qui seront intéressantes, et ce sera aux parlementaires, à
ce moment-là, à débattre comme on l'a fait avec la Loi sur la protection des
renseignements personnels.
M. Leduc : Mais êtes-vous
d'accord avec moi, M. le ministre, que vous avez quand même le mandat de
faciliter, d'élargir cet accès aux données là? Donc, dans ce cas particulier,
peut-être vous ne voulez pas vous prononcer aujourd'hui, mais d'emblée, vous,
vous dites : Quand même, je pense, il faut élargir le plus possible les
données au Québec.
M. Caire : C'est sûr que,
quand le gouvernement du Québec a adhéré au partenariat mondial pour les
gouvernements ouverts, à l'automne 2020, l'objectif de ça, c'était d'aller
vers une plus grande transparence. Je veux dire, la loi d'accès à l'information
le dit, il faut donner accès à l'information. Donc, le principe de base, puis
auquel tout le monde adhère, c'est que, sauf preuve du contraire, on devrait
toujours rendre…
M. Leduc : Bien sûr.
M.
Caire
: Et
là-dessus, peut-être, j'en profite, M. le député, l'orientation qu'on est en
train de prendre... Puis, bon, bien, on verra ce qui arrivera cet automne, mais
l'orientation qu'on voudrait prendre, c'est vraiment d'aller vers une
information ouverte. Donc, une information, la prémisse de base dans ce qu'on
est en train de faire, c'est que l'information est une information qui doit
être publique, donc ouverte par défaut.
Donc, on est en train de changer la
mentalité, à savoir, c'est à l'organisme maintenant à faire la démonstration
que cette information-là ne peut pas être rendue publique parce qu'il y aurait
un préjudice, ce qui ne veut pas dire que l'information dont vous parlez, M. le
député, ne serait pas maintenue dans un état de secret, parce que peut-être
qu'on en arriverait à la conclusion que le préjudice est plus grand que le
bénéfice.
• (12 heures) •
M. Leduc : Je comprends. Vous
me permettrez, le temps étant précieux, de passer peut-être à un sujet connexe.
Vous venez de faire référence à la question, là, de la gestion des décisions de
la Commission de l'accès à l'information avec Me Poitras, que je salue.
Bonjour. On n'a pas trouvé, peut-être que c'est notre erreur, dans vos dossiers
qui nous ont été soumis, de statistiques par rapport à la proportion des
dossiers dans lesquels la décision originale du ministère aurait été renversée
par la commission. Est-ce que ces statistiques-là existent?
M. Caire : Me Poitras, je
vais peut-être vous laisser répondre à ça.
Le Président (M.
Bachand) :Est-ce qu'il y a un
consentement pour autoriser Me Poitras?
M. Caire : Consentement.
Le Président (M.
Bachand) :Me Poitras, je vous invite à
prendre la parole et vous présenter officiellement, s'il vous plaît.
Mme Poitras (Diane) :Bonjour, Diane Poitras, présidente de la Commission d'accès
à l'information. On <m'indique que…
>
12 h (version révisée)
< Mme Poitras
(Diane) :
...présidente de la
Commission d'accès à l'information. On >m'indique que non, on n'a pas de
statistiques sur...
M. Leduc : Est-ce que ce
serait des statistiques pertinentes à colliger, à nous partager quand même?
Mme Poitras (Diane) :Oui, on peut voir qu'est-ce qu'on fait pour colliger, à l'avenir,
ce genre de statistiques.
M. Leduc : Parfait.
Merci.
M. Caire : De notre côté, M.
le député, si je peux me permettre, c'est justement un chantier qu'on a entrepris
il y a quelques semaines, de voir ce que ça représentait, toutes les demandes d'accès
à l'information, donc, combien on traite de demandes d'accès à l'information,
ça sous-entend quoi, comme ressources humaines, ressources financières, gérer l'ensemble
des demandes d'accès à l'information, puis avoir peut-être un peu plus d'information
sur le résultat de ça.
M. Leduc : Bien sûr, mais
vous comprendrez que, pour les oppositions puis pour la société en général, c'est
intéressant d'aller voir quelle est la proportion qui est refusée ou qui est
renversée de la décision du gouvernement...
M. Caire : Oui, mais ça,
ça relève de la CAI. Je ne me mêlerai pas de ça, là.
M. Leduc : ...on
pourrait y déceler là, peut-être, une volonté de restreindre l'accès ou de l'ouvrir,
au contraire. Donc, on attendra vos chiffres avec beaucoup d'intérêt, Mme la
commissaire.
On parlait, M. le ministre, de la
question... Bien, en fait, non, je vais rester avec vous, madame... Me Poitras,
plutôt, sur la question de l'accès aux documents caviardés. On en parlait
précédemment. Vous avez, Mme la commissaire, parlé qu'il fallait... qu'il y
avait un trou dans la loi, un trou dans l'accès à l'information, parfois, il
manquait des documents, il manquait des éléments de décision, dans les
documents caviardés, qui étaient soulevés, qui étaient soumis. Est-ce que vous
pensez qu'il faut agir à ce sujet-là? Qu'est-ce qu'on pourrait faire pour agir
à ce sujet-là et modifier la situation par rapport aux lourds caviardages qui
font l'objet de plusieurs plaintes, notamment, de nos collègues de la tribune
parlementaire? En quelques secondes, vu que le temps est court, bien sûr.
Mme Poitras (Diane) :Bien, évidemment, comme on l'a mentionné dans notre dernier
rapport annuel, qui date déjà de six ans, mais qui est toujours d'actualité, c'est
une réforme du volet Accès à l'information qui est nécessaire. Les restrictions
sont beaucoup trop nombreuses, peu spécifiques, et elles laissent une grande
part de discrétion qui ne permet pas de rendre des décisions uniquement dans l'intérêt
public, c'est-à-dire de caviarder uniquement quand c'est dans l'intérêt public.
On a proposé... Ça va me faire plaisir de vous envoyer le lien pour la partie
pertinente. Il y a plusieurs propositions qu'on y fait.
Et un autre aspect important est de
documenter le processus qui mène à une décision. C'est une obligation, de
documenter, dans certaines situations, les décisions d'intérêt... est
aussi une obligation qui existe, par exemple, qui a été ajoutée dans la loi en
Colombie-Britannique ou qui existe ailleurs dans le monde, je pense, c'est
Angleterre et Australie, si ma mémoire est bonne, qui est susceptible de
favoriser une meilleure transparence et de permettre à la population de mieux
comprendre les décisions ou les choix qui sont faits par les autorités
gouvernementales.
M. Leduc : Donc, un
prochain gouvernement devrait s'atteler à cette tâche de réformer la loi.
Mme Poitras (Diane) :La loi a 40 ans cette année. Elle n'a jamais subi de
modification.
M. Leduc : Parfait. C'est
bien noté. Merci beaucoup. Avec le temps qu'il me reste, M. le Président, je
reviendrai à vous, M. le ministre, peut-être, deux questions, puis vous
broderez alentour de ça. Le projet de loi n° 19, la La Loi sur le
renseignement de santé et de services sociaux modifiant diverses dispositions législatives,
visait, entre autres, à interdire la vente de renseignements personnels à des
intérêts privés. Il n'a pas été appelé, au-delà, là, de l'adoption de principe.
Ce n'est pas vous le leader, bien sûr, mais vous avez une certaine porte d'entrée,
je pense, avec M. le leader. Pouvez-vous nous confirmer si ça va être traité?
M. Caire : Bien, la loi n° 95, de toute façon, a spécifiquement indiqué qu'on ne
pouvait pas... le gouvernement ne pouvait pas vendre des données. C'est dans la
loi n° 95, cette disposition-là.
M. Leduc : Mais
concernant le p.l. n° 19, est-ce qu'on va en voir la
couleur avant la fin de la législature?
M. Caire : Bien là, M.
le député, je pense que vous avez autant de contrôle que moi là-dessus, à
savoir comment ça se passe dans les commissions parlementaires, pour... puis ce
serait notre souhait le plus cher. Ce serait notre souhait le plus cher, M. le
député.
M. Leduc : Vous avez
quand même un peu plus de contrôle que moi là-dessus, mine de rien.
M. Caire : Moi?
M. Leduc : Oui, un peu
plus que moi, je suis convaincu.
M. Caire : À peine.
M. Leduc : Dernière
question, peut-être, M. le Président. On l'évoquait tantôt avec mon collègue de
La Pinière, vous avez évoqué, dans la loi... 64, pardon, la Loi
modernisant des dispositions législatives en matière de protection des
renseignements personnels, qui a été adoptée, là, en septembre 2021...
M. Caire : 2021, oui.
M. Leduc : Vous vous étiez
donné un an pour engager 118 nouvelles ressources, là. On arrive bientôt à
ce un an là, en septembre, dans quelques mois. On est rendus où, là, dans ces
118 nouvelles ressources? Est-ce qu'on a un chiffre à nous soumettre
aujourd'hui sur le nombre de personnes?
Le Président (M.
Bachand) :En 30 secondes, M. le
ministre, s'il vous plaît.
M. Caire : Bien, comme j'ai
dit, on y va aussi avec la capacité budgétaire puis avec l'entrée en vigueur
des articles. Et donc ce qui va être de la responsabilité... Puis ce que j'essayais
d'expliquer aussi à mon collègue de La Pinière, c'est que l'objectif qui
est visé par le gouvernement dans d'autres dispositions, c'est de faire en
sorte qu'il n'y en ait plus, de fuites informatiques, et donc de diminuer cet
aspect-là de la charge de travail.
M. Leduc : Le chiffre?
Pas de chiffre à nous donner aujourd'hui?
M. Caire : Bien oui, c'est 23 ETC,
là, qui sont accordés pour 2022‑2023.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
La Pinière, s'il vous plaît.
M. Barrette : M. le
Président, <écoutez...
M. Barrette :
M.
le Président, >écoutez, M. le Président, c'est la deuxième fois, dans
cette séance, que le ministre justifie ou utilise, comme justification, la
capacité budgétaire. Écoutez, c'est comme si là on s'en allait vers une
nouvelle ère. On comprend que vous avez hérité de surplus astronomiques, mais
là on est dans les restrictions budgétaires, restrictions qui vont toucher...
Il y a un choix, là, qui a été fait, là, de toucher l'accès à l'information. C'est
un choix. Le ministre, ça fait deux fois qu'il fait référence à ça à propos
d'un financement qui n'est pas à la hauteur de ce qui est demandé. M. le
Président, s'il y a consentement, j'aimerais poser une question à Me Poitras.
Le Président (M.
Bachand) :Oui, allez-y, Me Poitras...
Bien, allez-y, M. le député de La Pinière. Il y a consentement.
M. Barrette : Alors, M.
le Président, Me Poitras, rebonjour. Je vais vous poser une question simple.
J'espère que vous n'allez avoir aucune hésitation à me répondre. Des fois, ça
peut arriver, puis je le comprends. Mais dites-moi donc une chose, là, quand on
regarde votre tableau, là, qui est sur cinq ans et qui est essentiellement du
sous-financement prévu sur cinq ans, à une époque où on a mis des nouvelles
lois, vous y avez participé positivement. Moi, je vous remercie d'ailleurs
parce que votre contribution a été très significative. On l'a tout fait
ensemble. Puis je l'ai dit, là, je l'ai dit dans tous les projets de loi
auxquels j'ai participé, 96, c'était encore pire. On met des lois en place,
mais on n'a pas les moyens.
Compte tenu de ce que vous nous indiquez à
P-22, là, qu'est-ce que vous estimez ne pas pouvoir faire à la hauteur
appropriée et/ou quelles seront les conséquences prévisibles de ce
sous-financement-là? Moi, quand je regarde ça, corrigez-moi si je me trompe,
là, n'hésitez pas à corriger, c'est pour ça qu'on est ici, compte tenu du fait
qu'on est dans la protection des renseignements personnels, dans l'accès à
l'information, tout ce continuum-là, si vous n'avez pas les moyens, en quelque
part, il y a de ces renseignements-là, il y a de l'accès à l'information qui va
être en danger. Qu'est-ce que... Ça vous expose à quoi?
Le Président (M.
Bachand) :Me Poitras.
Mme Poitras (Diane) :Merci pour cette question. Essentiellement, trois volets
importants qui vous sont affectés, trois choses qu'on ne pourra pas faire. Et,
juste avant de les nommer, je veux juste souligner que la protection des
renseignements personnels, ça ne se limite pas à de la cybersécurité, c'est
aussi minimiser la collecte des informations, c'est aussi s'assurer de leur
utilisation correcte. Donc, on ne peut pas réduire la protection des
renseignements personnels à de la sécurité informatique. Première précision.
Ce que ça va nous empêcher de faire, si je
regarde en catégorie, premièrement, il ne faut pas s'attendre à une baisse
significative de nos délais, qui sont déjà très élevés et qui sont dénoncés
depuis des années. Deuxièmement, c'est toutes les initiatives... toutes les
activités à l'initiative de la commission. Donc, c'est sûr qu'on a
l'obligation, tous les intrants, les plaintes que nous sont... les recours qui
nous sont faits, on n'a pas le choix, on va devoir traiter ces intrants que j'appelle,
mais tout ce qui est à l'initiative de la commission et que devrait faire un
organisme de surveillance, c'est-à-dire de la surveillance proactive, aller
dans un secteur d'activité, aller voir si un projet gouvernemental d'envergure
est bien aligné, est conforme et respecte la loi, aller voir si les
informations sont bien protégées dans le secteur public, dans le secteur privé.
C'est aussi toutes les activités de prévention. En matière de protection des
renseignements personnels, c'est important d'agir en amont. C'est là qu'elles
sont rentables, les activités.
Alors, tout ce qui est notre volet
promotion, sensibilisation, faire des inspections préventives, aller voir
comment se déploie une nouvelle technologie, aller voir tel organisme qui
envisage d'utiliser la reconnaissance faciale, la biométrie, tous les projets
de transformation numérique, est-ce qu'ils sont faits dans le respect de la
loi? Alors, tout ce qui est... sans qu'il y ait une plainte, on ne peut pas
limiter nos activités de surveillance uniquement aux plaintes, surtout dans une
époque où l'opacité des pratiques, à l'ère numérique, quant à la gestion des
documents, on le sait, ce n'est pas toujours transparent. Le citoyen, il ne
voit pas qu'est-ce qu'on fait avec ses renseignements ou comment ils sont
protégés. Il faut que la commission puisse jouer un rôle proactif.
Et je pense que, plus que jamais, la
situation démontre que le budget de la commission doit être protégé de
décisions gouvernementales alors qu'elle est aussi chargée de le surveiller.
• (11 h 10) •
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de La Pinière.
M. Barrette : Vous
n'avez pas idée à quel point je suis d'accord avec vous, parce que je me
souviens avoir eu des échanges, dans les différents projets de loi, à cet
effet-là. En partant, vous ne pouvez pas faire tout ce que vous voudriez faire,
en partant, là, avant, là, <aujourd'hui. Ça fait qu'en...
M. Barrette :
...tout
ce que vous voudriez faire, en partant, là, avant, là, >aujourd'hui. Ça
fait qu'en partant, là, il y a... je vais dire le mot «déficit», c'est un
déficit. Ce n'est pas de votre faute, mais il est là. Et là, si je vous
comprends bien, on vient rajouter des nouvelles activités, puis je vais aller
plus loin, des nouveaux secteurs d'activité où, normalement, vous devriez être
impliqués. Puis là, essentiellement, si ça reste de même, vous ne pourrez, là...
Donc, il y a un danger pour la population, pour leurs renseignements, là. Ça,
c'est clair.
Je vais aller plus loin. Corrigez-moi si
je me trompe, il me semble que, dans les différents projets de loi, on a prévu,
dans plusieurs d'entre eux, des articles qui exigent qu'on vous consulte, hein?
Et ça, s'il y en a plus, c'est parce que ça va prendre plus de ressources.
Est-ce que je me trompe?
Mme Poitras (Diane) :Tout à fait. Effectivement, vous l'avez mentionné, il y a...
la réponse à la question, je pense, c'est P-22, où on fait la liste des
nouvelles responsabilités qui nous ont été confiées. Et vous avez raison de
dire qu'on était déjà en déficit. Et ce n'est pas que la commission qui le dit,
ce sont les représentants de groupes de consommateurs, les représentants de la
communauté juridique, incluant le Barreau, et les représentants des
entreprises. Et moi, je suis déçue, parce qu'on a écouté avec intérêt les attentes
qui ont été formulées par ces personnes et les parlementaires, lors de l'étude
du projet de loi n° 64 notamment, et, en toute honnêteté, je ne vois pas
comment la commission va être capable de répondre à ces attentes avec, par
exemple, pour cette année, 1,5 million.
M. Barrette : O.K. Donc, ce
n'est pas juste une question de délais, là, c'est répondre dans l'absolu tout
court, là. Je vous remercie de m'avoir corrigé. Vous ne vous en êtes pas rendue
compte, mais vous m'avez corrigé sur un point, 122, là, ce sont les nouvelles
fonctions. Ce n'est pas votre quotidien qui, lui, va être amplifié, ce sont des
fonctions additionnelles qui, à la lecture de ces fonctions-là, c'est clair que
ça demande des ressources, là.
Mme Poitras (Diane) :Est-ce que vous me permettez une courte précision?
M. Barrette : Bien, une
longue, même. Allez-y, gênez-vous pas.
Mme Poitras (Diane) :La liste qui est là, c'est seulement la loi n° 25,
donc la réforme en protection des renseignements personnels. Il y a quatre
autres lois qui ont été adoptées, dans la dernière année, qui confient des
nouvelles responsabilités à la commission.
M. Barrette : O.K. Et là je
vais vous paraphraser, parce que j'ai bien aimé votre expression, ces nouvelles
responsabilités là, à part la bureautique, ce n'est pas une question de serveurs,
là, puis ce n'est pas une question de cybersécurité, même si la finalité est la
cybersécurité. Vous, dans votre univers, là, qui êtes garante de la protection
de l'information, c'est l'accès à l'information... O.K., bon, c'est votre job.
Là, il y a vraiment, là... Ce qu'on vous propose, essentiellement, c'est un
gros talon d'Achille?
Mme Poitras (Diane) :Oui. En fait, pour cette année, ça correspond, là, pour
ceux qui nous écoutent, peut-être qu'ils ne voient pas le tableau, ça
correspond à 11 %. Ce qu'on nous octroie comme ressources, c'est 11 %
de nos besoins qui ont été identifiés, puis, pour les autres années, ça
correspond à peu près à 37 %.
M. Barrette : Écoutez, je ne
veux pas... Honnêtement, là, ça va peut-être surprendre, là, mais ma job de
ministre de la Santé était plus simple que la vôtre, parce que, là, vous, là,
vous allez être prise à décider de continuer ce que vous faisiez ou de
fractionner votre performance en divers secteurs d'activité, parce que vous ne
serez pas capable de tout faire correctement.
Mme Poitras (Diane) :Il va falloir agir en priorités. Et ça se peut que notre
capacité, par exemple, d'approuver des règles de gouvernance ou de donner des
avis pour certains projets ou de finaliser une enquête, ça va prendre plus de
temps, effectivement. Ce n'est pas ce qu'on souhaite.
M. Barrette : Ce n'est pas ce
qu'on souhaite de notre côté. Alors... Et vous, là, puis là je suis sûr vous
allez me répondre oui, le contraire me surprendrait, mais comme vous êtes des
gens prudents à la case départ, je ne pense pas que vous avez exagéré
là-dedans, là.
Mme Poitras (Diane) :Non. Je peux vous assurer que les estimations qui ont été
faites ont été faites avec rigueur, et chaque fois qu'on le pouvait, on s'est
basé sur des données empiriques, là. On est dans des estimations, ce n'est pas
toujours possible. Mais pour vous donner un exemple concret, pour les incidents...
les déclarations d'incident de confidentialité, on a été voir dans d'autres
provinces et au fédéral, où une fois que les déclarations sont devenues
obligatoires et non seulement volontaires, quel est le pourcentage
d'augmentation qu'on a vu? On parle d'augmentation de 400 % à 600 %
dès la première année.
M. Barrette : Attends.
Répétez-moi ça. Là, je ne vous ai pas suivie, là.
Mme Poitras (Diane) :Les déclarations, vous savez, qu'en vertu de la loi n° 25...
M. Barrette : Oui, oui, les incidents
là, je comprends, là.
Mme Poitras (Diane) :...ça va devenir obligatoire. Alors...
M. Barrette : Oui.Alors,
vous estimez qu'il va y en avoir, une augmentation de...
Mme Poitras (Diane) :400 % à 600 % dès la première année. À
600 %, dès la première année, c'est le pourcentage d'augmentation qu'a vu,
par exemple, l'Alberta, l'Ontario ou le fédéral, quand l'obligation de déclarer
les incidents de sécurité est devenue obligatoire.
M. Barrette : Et,eux, à
votre connaissance, vous devez vous parler d'une province <à l'autre...
M. Barrette :
...province
>à l'autre, eux, ils ont eu un ajustement budgétaire. Vous ne le savez
pas, là.
Mme Poitras (Diane) :...je ne pourrais pas vous dire.
M. Barrette : Mais c'est
quand même spectaculaire.
Mme Poitras (Diane) :Oui.
M. Barrette : Moi,
écoutez, je suis assez surpris de ce chiffre-là. Quand est-ce qu'ils ont fait
ça dans les autres provinces?
Mme Poitras (Diane) :Oh boy! Le fédéral, je pense que ça date de deux ans. L'Alberta,
ça fait un peu plus longtemps, Ontario aussi, mais Alberta, Ontario, je pense
que c'est seulement dans le domaine de la santé.
M. Barrette : Wow! Alors,
nous, on a, là... parce que nous, c'est avec les lois qui ont été passées, 25
et compagnie, là. Nous, c'est vaste. Ça fait que vous vous attendez à ce que ça
soit encore plus que ça.
Mme Poitras (Diane) :Nos estimations ont été faites sur la base du 600 %.
Alors donc, comme je vous dis, nos estimations, on les a faites de façon le
plus raisonnable possible. On est conscient des limites. On sait qu'on
administre des fonds publics, là. On a été... On a essayé d'être le plus
conservateur possible et on continue toujours d'essayer d'améliorer notre
performance et de faire plus avec moins.
M. Barrette : En tout
cas, c'est certainement plus qu'avec pas assez, là, ça, c'est clair. Le total,
là, que vous souhaitiez, compte tenu de votre estimé, je lis bien que c'est
12,4?
Mme Poitras (Diane) :Oui.
M. Barrette : Ça, c'était
le total, juste pour que je comprenne bien. C'est l'objectif récurrent que vous
recherchiez?
Mme Poitras (Diane) :Oui.
M. Barrette : O.K. Puis
que vous aviez... Pour vous, vous étiez confortable à l'avoir sur plusieurs
années?
Mme Poitras (Diane) :Oui, on l'avait ventilé. Après l'entrée en vigueur de la loi
n° 25...
M. Barrette : Le projet
de loi, là.
Mme Poitras (Diane) :...on l'a ventilé sur trois ans, ce qu'on n'avait pas fait
à l'origine, parce qu'on ne savait pas que ça allait être ventilé. Donc, après,
on l'a ventilé sur trois ans.
M. Barrette : Écoutez, moi,
ça m'attriste beaucoup, parce qu'en quelque part, il y a quelqu'un qui va... c'est
quasiment vous mettre dans une position de bouc émissaire, parce que, si vous n'avez
pas le budget et puis que vous n'arrivez pas à faire ce que vous avez à faire,
là, à un moment donné, vous savez comment c'est, l'espace public.
Mme Poitras (Diane) :Oui.
M. Barrette : Moi, je le
sais, je suis un bouc émissaire professionnel. Alors, ça va être vous autres.
Alors, c'est... Non, c'est vrai. C'est vrai, à toutes les périodes de
questions, c'est tout moi.
Une voix : ...
M. Barrette : Quasiment,
mais c'est quand même triste. Y a-tu d'autres choses que je devrais... qu'on
devrait savoir? Là, vous avez votre enjeu budgétaire. Y a-tu d'autres enjeux,
chez vous, à part la loi comme telle, là?
Mme Poitras (Diane) :Je vous dirais que c'est pas mal l'essentiel de nos enjeux.
Puis, comme je disais, il faut... c'est aussi... On a parlé de l'entrée en
vigueur progressive de la loi, mais on a quand même des processus à réviser, de
la documentation à faire et à produire pour s'assurer de la conformité des organisations
aussi à produire avant l'entrée en vigueur, là. Donc, notre capacité est assez
limitée.
M. Barrette : Là, je
vais vous poser une question subjective, puis répondez-moi librement, là, puis
gênez-vous pas pour me dire que... Ça existe, ça, des fois, des organisations
qui ne sont pas si fiables que ça. Mais vous voyez sûrement les classements que
font des organisations comme le Centre for Law and Democracy. Vous avez
sûrement vu ça, là.
• (11 h 20) •
Mme Poitras (Diane) :Oui
M. Barrette : Nous
autres... bien, pour les gens qui nous écoutent, là, ils classent l'accès à l'information
par provinces et territoires. Dans le Canada, on est 13 provinces et
territoires, et le Québec se classe 11e. Pourquoi? Ce n'est certainement pas parce
que vous n'êtes pas bons, là, puis certainement pas parce que vous ne voulez
pas, là.
Mme Poitras (Diane) :Non. L'évaluation de ce classement là est faite en vertu de
la loi. Donc, c'est la loi. Et est-ce qu'elle prévoit, par exemple, une
autorité de contrôle indépendante? Ça, on coche oui. Avec des pouvoirs d'ordonnance?
On coche oui. C'est plus la loi... Essentiellement, ce sont les restrictions, comme
j'ai mentionné tout à l'heure, c'est ce volet-là qui devrait être révisé. Et c'est
dommage, parce que le Québec était vraiment à l'avant-garde, était un des
premiers à adopter une loi. Elle était vantée comme un modèle, mais c'était il
y a 40 ans. Alors, je pense qu'elle est due pour être revue. Ce n'est plus
à la hauteur de nos attentes en matière de transparence.
M. Barrette : C'est un
bon point. Donc, ce classement-là, vous considérez qu'il est valide?
Mme Poitras (Diane) :Oui, oui, ils ont... C'est une grille. Oui, oui, oui, tout
à fait. Et, dans le monde, on est... on se classe comme 76e à peu près, le
classement mondial n'est pas meilleur. Je pense qu'il y a juste six pays en
Amérique du Nord, Centrale et Sud qui sont moins... qui sont en deçà du Québec.
M. Barrette : O.K.
Avez-vous été surprise quand le ministre a dit tantôt qu'il voulait s'en aller,
ou il souhaitait, ou on s'en allait, je ne me rappelle plus quel était le verbe
qu'il a utilisé, là, le côté affirmatif, hein, qu'il a dit, qu'on s'en allait
vers une information ouverte? Moi, ça m'a marqué. Je l'ai pris en note, mais je
n'ai pas pris....
Mme Poitras
(Diane) :...je sais que... je pense que
c'est positif, là, qu'on ait...
M. Barrette : Oui, mais c'est
parce qu'on est <loin de ça, là...
M. Barrette :
Oui,
mais c'est parce qu'on est >loin de ça, là.
Mme Poitras (Diane) :Oui, je pense qu'on peut faire un effort en matière de
données ouvertes et de diffusion proactive, c'est-à-dire ne pas attendre une
demande d'accès pour diffuser de l'information d'intérêt public, mais ça ne
remplacera jamais la nécessaire modification et modernisation du volet Accès à
l'information de la loi.
M. Barrette : Madame,écoutez,
je ne conteste pas ça, au contraire, parce que c'est assez ironique de parler
d'informations ouvertes lorsqu'on a des galons de caviardage dans nos placards,
pour les utiliser abondamment. Alors, j'ai trouvé ça ironique, mais ça, ça ne
vous met pas en cause. O.K.
Le Président (M.
Bachand) :...M. le député.
M. Barrette : 30 secondes?
Je vais revenir au prochain bloc, mais je vais permettre au ministre de
commencer sa réflexion, parce que je vais lui demander une question bien simple :
Comment réagit-il aux commentaires de Me Poitras, qui sont justes, tout
simplement, objectifs et légitimes? Parce que là, en matière d'accès à
l'information et de protection des renseignements personnels, c'est comme si on
disait, dans le système de santé : O.K., on va sous-financer les urgences,
mais ça va être correct pour les CLSC.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le député de
La Pinière. M. le député de René-Lévesque, s'il vous plaît.
M. Ouellet : Merci beaucoup,
M. le Président. Donc, à mon tour de vous saluer, M. le ministre, entouré de
votre équipe. Me Poitras, merci d'être avec nous aujourd'hui.
Quelques questions dans mon court bloc, M.
le ministre. Données ouvertes versus l'accès à l'information, en 2018, l'énoncé
d'orientations, qui date du 6 juillet, prévoyait trois choses : que
les organismes publics soient encouragés à diffuser proactivement les données
ouvertes, toutes données accessibles en vertu de la loi; que les organismes
publics privilégient l'utilisation de données ouvertes lors d'échanges de
données publiques; et que les organismes publics sont encouragés à diffuser des
données de qualité. Actuellement, il y a 1 236 jeux de données qui
sont ouvertes. Combien on peut avoir de jeux de données lorsque le tout sera
complété, M. le ministre? À quoi on peut s'attendre?
M. Caire : Bien, écoutez, je
pense que la statistique que j'avais, c'est que le gouvernement néo-zélandais
était à 35 000 jeux de données, qui est un gouvernement...
partenariat de gouvernement ouvert. Peut-être, pour revenir sur la séquence, il
faut comprendre qu'on devait s'attaquer à la protection des renseignements
personnels, prioritairement. On l'a fait à travers une loi, dont mon collègue,
d'ailleurs, de La Pinière disait lui-même qu'on en aurait pour 10 ans
avant d'être capable de moderniser le régime. On l'a fait à l'intérieur du
mandat. Maintenant, on va aller vers l'accès à l'information. L'accès à
l'information, j'entends ce que Me Poitras dit puis je suis tout à fait
d'accord, ceci étant dit, là, qu'il faudra regarder quelles seront les
modifications nécessaires. Mais c'est évident que, si on va dans une
orientation d'une donnée ouverte par défaut, ça va avoir un impact sur la
disponibilité de la donnée, ça va avoir un impact sur les demandes d'accès à
l'information. Alors, c'est tout ça qu'il faut évaluer en priorité.
Maintenant, pour savoir combien de jeux de
données le gouvernement du Québec, lui, pourrait, avec une politique comme
celle-là, mettre à disposition, comme je vous dis, si on regarde des... puis là
on fait de la futurologie, là, mais, si on regarde des comparables, on serait
peut-être plus de l'ordre de ce que le gouvernement néo-zélandais fait que ce
que nous, on fait actuellement. Il faut comprendre que ce n'est pas... Il y a
une question culturelle là-dedans. Ce n'est pas... je dirais, ce n'est pas un
réflexe de nos ministères et organismes de rendre publique quelque information
que ce soit, là. Donc, comme, pour l'instant, cette dimension-là, elle se
faisait de façon volontaire, puis c'était laissé à chacun de décider s'il le
faisait ou non, qu'est-ce qu'il mettait en données ouvertes ou non, bien, ça
donne le résultat que vous mentionnez. Maintenant...
M. Ouellet : Si je prends
votre chiffre, on est comme à 3 % de l'objectif.
M. Caire : On peut aller
beaucoup plus loin. Mais de là à vous mettre à un chiffre, combien de jeux de
données, ça voudrait dire, là... je ne peux pas... je ne suis pas en mesure de
faire ça.
M. Ouellet : ...à 35 000,
il y en a 1 236 aujourd'hui, donc...
Le Président (M.
Bachand) :Juste vous rappeler, j'ai de la
misère à entendre le député de René-Lévesque. Alors, s'il vous plaît, gardez...
M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Donc, onserait
à 3 %.
M. Caire : Comme je vous dis,
M. le député, sans aller sur des chiffres, parce que je n'ai pas l'estimation,
là, je vous donne un étalon de mesure avec un gouvernement d'une taille qui se
compare, là. Ça ne veut pas dire qu'on peut aller à ces niveaux-là. C'est-tu
moins? C'est-tu plus? Honnêtement, je ne le sais pas, mais c'est sûr que c'est
plus que 1 200, là, ça, c'est sûr et certain, là. Donc, il faut aller...
peut-être moins se fier au volontariat puis aller plus vers une politique
formelle, et c'est l'orientation qu'on souhaiterait prendre.
Ceci étant dit, ça n'empêche pas
effectivement qu'il faudrait regarder les impacts sur la loi d'accès à
l'information. Puis là-dessus, on collaborerait avec la commission pour voir
s'il y a des modifications législatives qui sont à prévoir.
M. Ouellet : J'aimerais
peut-être démêler plusieurs choses qui ont été écrites dans les médias, pour
être certain qu'aujourd'hui on a une <vision claire...
M. Ouellet :
...plusieurs
choses qui ont été écrites dans les médias, pour être certain qu'aujourd'hui on
a une >vision claire de ce qui s'en vient. Le 20 mars 2022, je vais
citer un article de Radio-Canada : «Pas de refonte de la loi sur l'accès à
l'information en vue, selon le ministre...» de La Peltrie, puisque c'est votre
nom qui est cité. Donc, vous estimez plutôt qu'«une refonte de la loi sur
l'accès à l'information n'est pas nécessaire, contrairement à ce que réclamait
la Fédération des professionnels. Je pense qu'on a besoin de revamper l'accès à
l'information d'emblée, et c'est plus un changement de culture.»
Je pense que ce n'était pas la position de
Me Poitras plus tôt, qui avait demandé des modifications à la loi. Donc, Me
Poitras nous indique qu'on devrait modifier la loi, vous nous dites que ce
n'est peut-être pas la chose à faire. Mais là je vous ai écouté tout à l'heure
puis je regarde mes notes, c'est peut-être la chose à faire, mais pas
présentement, prochainement.
Puis là je vais descendre, avec vous,
certaines données qu'on a réussi à obtenir pour les demandes d'accès à
l'information, O.K. Si je prends le ministère de la Famille, 47 % des
demandes ont dépassé le délai de 31 jours en date de 2020‑2021; si je
prends le ministère de la Santé et des Services sociaux, 66 %, au-delà du
délai de 31 jours et plus, pour la demande d'accès à l'information — je
suis bon joueur — ministère de la Justice, 2020‑2021, aucune, donc,
on était dans les délais, 86 % dans le 0-20 jours; ministère de la
Sécurité publique, 76 % au-delà du délai de 31 jours; ministère de
l'Éducation, 55 %.
Donc, c'est-tu un problème de loi? C'est-tu
un problème de ressources? C'est-tu un problème de moyens? Parce que j'essaie
de comprendre pour les citoyens, les journalistes et les gens veulent avoir
accès à plus d'information, ça semble plus compliqué. Le collègue de La Pinière
faisait référence à du caviardage, selon des normes qui sont édictées, pour
dire : Cette information-là n'est pas à rendre disponible. On a les délais
qui explosent, je vous ai donné des exemples de délais qui explosent. Elle nous
dit qu'elle a besoin de moyens, vous nous dites : Il faut changer la
culture. Dites-moi, là, je veux avoir accès à de l'information, le gouvernement
doit rendre des comptes selon des dates, ça ne marche pas. Qu'est-ce qu'il faut
faire pour que ça marche?
• (12 h 30) •
M. Caire : Bien, moi, je
pense que la première chose à faire... Puis, compte tenu des circonstances,
vous comprendrez, là, qu'on ne peut pas se lancer dans une refonte législative
d'accès à l'information. Je veux dire, c'est la dernière session de la
législature. On connaît tous le contexte, donc on ne se contentera pas d'histoires,
là, on ne lancera pas législativement dans une réforme d'accès à l'information.
Maintenant, qu'est-ce qu'on peut faire à
plus court terme, c'est d'aller dans la direction dont je vous parlais. Vous me
donnez les statistiques, combien de demandes sont hors délai. La question que
je poserais, M. le député, c'est combien de ces demandes-là... On ne vous
dérange pas, M. le député de La Pinière, j'espère?
M. Barrette : ...
M. Caire : D'accord, enjeu
technologique. Et donc, M. le Président, combien de ces demandes-là hors délai
n'auraient pas été hors délai, si ça avait été en données ouvertes? Parce que
comprenons-nous bien, si je vous donne accès à l'information, ça veut dire que
l'information peut être rendue publique. À ce moment-là, pourquoi ça prend une
demande d'accès à l'information pour rendre publique une information qui peut
être rendue publique? C'est dans cet esprit-là qu'on... Et là, à partir de là,
combien de demandes d'accès à l'information n'auraient pas lieu, si ces données-là
étaient mises à disposition sans demande d'accès à l'information? Or, c'est
tout ça qu'on est en train de faire avec le secrétariat, voir on a combien de
demandes d'accès à l'information, combien de ces demandes d'accès à
l'information là ont révélé que l'information demandée était de notoriété
publique.
Donc, on aurait pu les rendre publiques
sans qu'il y ait de demande d'accès à l'information. À ce moment-là, ça veut
dire quoi sur les délais? Ça veut dire quoi sur les ressources qui sont
allouées à ça, les ressources matérielles, ressources financières, ressources
humaines qui sont allouées à toute l'infrastructure qui répond à ces
demandes-là? C'est autant de questions pour lesquelles on n'a pas de réponse.
Tout à l'heure, Me Poitras, puis je le comprends, là, on est dans la même
situation, vous disait : Mais je ne sais pas, moi, combien on a renversé
de décisions qui ont été prises par les responsables d'accès à l'information.
Donc, c'est toute cette information-là, c'est tout ce portrait-là qu'il faut
faire pour voir... Mais l'accès à l'information, puis Me Poitras le disait,
puis elle a raison, ça fait 40 ans, on a adopté une loi, parce qu'on
voulait rendre accessible l'information, mais, depuis ce temps-là, on ne s'est
pas repenché sur cette question-là.
Alors, je pense qu'on est rendus là. Je
pense que l'Assemblée nationale est rendue là. Je pense que le gouvernement,
puis sans présumer de ce qui se passera cet automne, je pense que le prochain
gouvernement est rendu là. Mais il faut faire les choses, il faut prendre les
bonnes décisions puis il faut faire une refonte parce qu'effectivement ça
serait le fun qu'on n'en fasse pas une aux cinq ans. Donc, la prochaine refonte
devra répondre à des principes de transparence. Et quand on a adhéré au partenariat
<mondial...
>
12 h 30 (version révisée)
<485
M.
Caire :
...>mondial pour le gouvernement ouvert, bien, c'est
parce qu'on voulait s'inscrire dans cette philosophie-là, qui est nouvelle, de
dire : Rendons les données disponibles par défaut et mettons le fardeau de
la preuve sur les organismes de ne pas les rendre publiques par défaut. Et ça,
ça va changer complètement la dynamique à travers laquelle on va gérer l'accès
à l'information.
M. Ouellet : Aidez-moi à
comprendre pourquoi qu'il y a des ministères que c'est plus compliqué. Santé et
Services sociaux, je donnais référence tantôt, 66 %. J'arrive à la
Sécurité publique, 76 % hors délai. J'arrive, après ça, ministère de l'Éducation,
moins pire, 55 %. Puis je vous donne l'exemple de la Justice, 0 %.
Je veux dire, qu'est-ce qui explique qu'il
y a une énorme différence? C'est-tu parce que le ministère de la Justice, ils
sont plus prompts à répondre parce qu'ils ont des délais judiciaires, puis il y
a des avocats? Tu sais, je me projette, là. Sécurité publique, c'est plutôt «touchy»,
on a vu toute la situation avec l'événement qui s'est présenté au Métropolis,
les gens voulaient avoir accès à un document, il n'existe pas, puis les avocats
ont été obligés de se battre puis se forcer, puis là, finalement, boum, le
rapport apparaît. Vous comprenez que, pour certaines personnes, pour des
journalistes ou pour des citoyens, c'est le concours... c'est le... voyons...
M. Caire : C'est le
parcours du combattant, tout à fait.
M. Ouellet : Le parcours
du combattant, merci de me corriger. Puis là je vois que, dans certains
ministères, ce n'est pas parfait, mais c'est quand même efficient, puis j'arrive
dans d'autres ministères où c'est catastrophique. Comment expliquer ça? C'est-tu
la gestion de l'équipe? C'est-tu... les demandes arrivent trop en même temps
puis le pipeline est trop plein? J'essaie juste de comprendre.
M. Caire : Bien, M. le
député, votre question, elle est excellente. Le problème, c'est que je n'ai pas
d'excellente réponse à vous donner, justement parce que ce fin portrait là, on
ne l'a pas, on est en train de le faire. Ça n'a jamais été demandé. Là, c'est
demandé, on est rendus là, on va le demander.
Maintenant, je peux quand même élaborer
quelques hypothèses avec vous. D'abord, peut-être que notre façon de faire date
d'une autre époque sur l'accès à l'information. Peut-être que notre façon de
faire date d'une autre époque, peut-être qu'aussi le fait qu'il y ait un
responsable, mais que ces responsables-là sont dans chacun de leurs organismes,
donc, c'est une interprétation qu'ils font de la loi, puis peut-être… Bon, pour
avoir travaillé avec différents avocats, dans les derniers mois, je peux vous
dire qu'ils peuvent voir, dans un même article de loi, 12 interprétations différentes.
C'est pour ça que j'aime l'informatique, moi... Mais non, je les taquine, ils
sont vraiment excellents. Mais, ceci étant dit, il arrive qu'il peut y avoir
des interprétations, dire : Je...
Écoutez, c'est une excellente question, ça
prend une excellente réponse à votre question, mais il est clair qu'on est
rendu à une étape, comme gouvernement, comme organisation, où il faut
considérer l'accès à l'information à travers un autre prisme que celui qu'on
utilise depuis 40 ans. Ça, pour moi, c'est très clair.
Le Président (M.
Bachand) :...M. le député.
M. Ouellet : Lors de la
dernière élection, M. le ministre, vous avez mis votre siège en jeu pour le
troisième lien. Êtes-vous game de le mettre en jeu pour une réforme de loi à l'accès
à l'information pour le prochain mandat?
M. Caire : Bien non, et
pour une raison fort simple, c'est que d'occuper des fonctions ministérielles,
c'est la seule prérogative du premier ministre. Alors là… Puis je peux vous
dire, des fois, c'est plus difficile de le convaincre lui que de convaincre les
électeurs de ma circonscription. Non, c'est une blague.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
La Pinière.
M. Barrette : ...finalement,
est-ce qu'il est encore en jeu?
M. Caire : Mon siège?
M. Barrette : Oui.
M. Caire : Bien oui. Ça
va très bien, d'ailleurs.
M. Barrette : Ça sent la
pépine sur le bord de la 20 ou... Vous allez la mettre où, la pépine, sans
trou?
M. Caire : Non, mais on
ne travaille plus avec des pépines,
à cette heure.
M. Barrette : Ah non! Le
trou va se faire tout seul.
M. Caire : On est...
M. Barrette : Oui, c'est
sûr. C'est sûr, c'est Star Trek.
Des voix : …
M. Caire : On travaille
avec des tunneliers. Merci. Des tunneliers. Des pépines, voyons donc.
M. Barrette : Alors,M.
le Président, j'avais posé une question au ministre pour… à dessein, pour qu'il
puisse avoir le temps de se préparer. Alors, allez-y.
M. Caire : Bien, d'abord,
je tiens à dire que je suis d'accord sur le fait que la protection des
renseignements personnels, l'accès à l'information, ce n'est pas une seule
question qui relève de la cybersécurité. Ceci étant dit, au XXIe siècle,
je pense qu'il faut être conscient que ce n'est pas exclusivement, mais c'est
essentiellement ça. Et donc il faut aborder ces questions-là de... C'est un peu
comme l'accès à l'information. Ce qu'on faisait il y a 40 ans, c'était bon
il y a 40 ans. Aujourd'hui, il faut voir les choses d'une façon
différente, je pense.
C'est la raison pour laquelle l'Assemblée
nationale et les parlementaires ont modifié la composition, d'ailleurs, de la Commission
d'accès à l'information pour s'assurer qu'il y a maintenant une vice-présidence
qui va s'occuper des questions qui relèvent des technologies de l'information.
L'idée ne vient pas de moi, je dois le dire, là, j'ai été inspiré de d'autres
organisations à l'international qui ont fait ce changement-là pour le plus
grand bénéfice de l'organisation. Donc, il y a effectivement encore toute la
notion du consentement, du respect de la loi, puis on comprend ça. Puis il y a
tout le pouvoir de <directive…
M. Caire :
...toute
la notion du consentement, du respect de la loi, puis on comprend ça. Puis il y
a tout le pouvoir de >directive, qui a été demandé et octroyé à la Commission
d'accès à l'information, qui était une excellente idée, parce que, justement,
ça va permettre, surtout aux entreprises privées... parce qu'au niveau du
public je pense que, cette relation-là avec le secrétariat, on a ce... Les
conseils avec le secrétariat, nos organismes publics peuvent en bénéficier, ce
qui n'est pas nécessairement le cas des organismes privés. Donc, d'avoir ces
directives-là, ça va être essentiel pour savoir ce que l'on doit faire pour se
prémunir de tout recours ou de mauvaise surprise par rapport à l'application de
la loi.
Donc, il faut… puis je tiens à le
mentionner, là, il faut quand même souligner que... Oui, je comprends que les
demandes étaient d'une certaine hauteur, puis ce qui a été octroyé était d'un
autre ordre, mais c'est quand même, je répète, presque 20 millions sur
cinq ans, là, qu'on va donner de plus à la Commission d'accès à l'information,
ce qui ne veut pas dire que… Dans les années futures, compte tenu qu'il y aura
mise en application des articles de la loi, principalement en 2023, on pourra
vérifier si les hypothèses qui ont été soumises se vérifient ou non puis on
pourra effectivement ajuster les montants en conséquence. Mais quand même, là,
tu sais, je veux dire, sur deux ans, on parle de 58 ETC de plus à la
commission. Ce n'est quand même pas rien, là. Tantôt, on parlait de 108, puis
108 sur cinq ans, on va être à 58 sur deux ans. Ce n'est quand même pas si
pire.
Puis on parle de... comme je disais, c'est
un 20 millions de plus par rapport aux 600 000 $ annuels sur cinq ans qui avaient
déjà été octroyés, là. Donc, comme, cette année, dans les crédits, on voit 1,5,
mais la vérité, c'est que c'est 2,1... Donc, c'est plus que 20 millions
qui va être octroyé à la commission sur 20 ans. Donc, des ressources, je
pense que... Bon, ce n'est pas à la hauteur de ce que la commission estime
avoir besoin, j'en suis conscient, mais je pense que ces ressources-là, elles
sont quand même importantes. Ce n'est pas négligeable, les efforts qui sont
faits pour aider la commission à soutenir son mandat.
• (12 h 40) •
Autre chose, il faut comprendre que les
actions que le gouvernement pose visent à diminuer les risques de fuite et des
incidents de confidentialité. Et donc, conséquemment, s'il y a moins de fuites,
bien, nécessairement, il y a moins de divulgations à la commission. S'il y a
moins de fuites, il y a moins d'enquêtes conséquentes à ça. Donc, il y a un
volet où je suis d'accord, la commission, ses responsabilités ont augmenté, c'est
indéniable, mais il y a un autre volet où ce que le gouvernement vise à faire,
c'est de travailler en prévention, justement, pour qu'on n'ait pas ce genre de
désagrément là à gérer.
Puis sans compter que, bon, tout à l'heure,
le député disait : Oui, 100 millions en cybersécurité, là, ce n'est
pas... ça n'a pas rapport. Bien oui, parce qu'il y a des montants là-dedans... Puis,
notamment pour cette année, là, on est en discussion avec le ministère de l'Économie
et de l'Innovation, il y a des montants là-dedans, M. le Président, qui visent,
justement, à mettre en place un programme qui vont aider les entreprises
privées à se conformer à la loi n° 64, à mettre en place non seulement,
juridiquement, les éléments de reddition de comptes, et les éléments de
demandes de consentement, et les éléments qui sont en lien avec les obligations
et les responsabilités sur la collecte, mais aussi sur la conservation, la
gestion du cycle de vie, la destruction, etc.
Donc, il y a des sommes additionnelles qui
ne sont pas nécessairement dévolues à la commission, mais qui vont être dévolues
à d'autres organisations qui vont aider les entreprises à se conformer aux
directives que la commission va émettre dans les prochaines semaines, les
prochains mois. Et, à travers ça, bien, il y a des organisations, il y a des
bureaux, des cabinets d'avocats, il y a des entreprises dans l'écosystème qui
vont avoir les mandats d'aider ces entreprises-là à se conformer. Puis, au
niveau de nos organismes publics, bien, évidemment, il y a des budgets qui sont
inhérents à nos organismes publics pour s'assurer de travailler puis de se
conformer aux directives que la commission nous fera connaître, en plus des
directives qui émanent directement du gouvernement.
Donc, tout cet écosystème-là travaille à
mettre en place des éléments qui vont faire en sorte que ce qu'on veut, c'est
ne pas gérer des incidents de confidentialité, ne pas gérer des fuites de
données et s'assurer que tout le monde sait ce qu'il a à faire pour se
conformer, pour s'y conformer. Parce que je vous dirais qu'il y a une chose,
dans la loi n° 25, qui est d'une efficacité redoutable, M. le député, à
laquelle vous avez participé, c'est les sanctions. Et ça, plus que n'importe
quoi d'autre, j'en entends parler, moi, sur le terrain. Les entreprises
privées, même nos organismes publics nous <disent...
M. Caire :
...parler,
moi, sur le terrain. Les entreprises privées, même nos organismes publics nous
>disent : Oui, là, on veut savoir. Ils ont les oreilles grandes ouvertes
puis ils n'ont pas envie de rire avec l'application de la loi, parce qu'ils
savent que maintenant, et ça, je sais que c'était une demande de la Commission
d'accès à l'information, la commission a des dents à cause des sanctions qui
sont prévues par la loi.
Donc, il y a aussi un effet dissuasif qui
est très fort et qui va faire en sorte, je le pense, en tout cas, de ce que j'entends
sur le terrain à travers l'écosystème, que nos organismes publics, mais nos
entreprises privées ont plutôt envie de se conformer et d'être très, très
rigoureux dans le respect de la loi et de leurs responsabilités,
responsabilités qui visent, encore une fois, à avoir une utilisation saine des
renseignements personnels qui sont collectés.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de La
Pinière, s'il vous plaît, allez-y.
M. Barrette : J'ai envie
de dire : bel effort, bel effort.
M. Caire : Pas plus que
ça?
M. Barrette : Très bel
effort.
M. Caire : Merci.
M. Barrette : Je vais
aller à Me Poitras, M. le Président. Je peux y aller, je n'ai pas besoin de...
Merci. Me Poitras, vous êtes une personne travaillante et rigoureuse. Vous
entendez le ministre, là. Moi, je lis votre document, là, puis je pense, puis j'aimerais
ça que vous me le confirmiez, que, quand vous avez produit ce document-là, vous
avez pris en considération le passé récent, que le gouvernement… O.K., on a
prévu mettre tant d'argent, tant de ci, tant de ça. Vous avez pris ça en
considération pour arriver à votre conclusion qui est votre document.
Mme Poitras (Diane) :Le rôle de la Commission d'accès à l'information, c'est de
surveiller.
M. Barrette : Non, non,
je m'excuse, je me suis mal exprimé. Sur le plan budgétaire, le ministre, là,
il vient de faire un long laïus sur le fait que, oui, mais on fait un gros effort,
parce qu'on avait déjà prévu tant d'argent, tant de ressources, et ainsi de
suite. Vous l'avez pris en compte, ça?
Mme Poitras (Diane) :Ce que j'allais dire avec… notre rôle, c'est de surveiller.
Je ne peux pas... Le rôle de la commission, c'est d'aller voir : Est-ce
que c'est vrai qu'on a mis tout ça en place? Et, pour arriver, par exemple, à
une sanction, il faut aller surveiller, il faut aller détecter, il faut aller
voir s'il y a conformité de la loi ou non, et ça prend des ressources pour faire
ça. Alors, oui, nous, ce qu'on a considéré, c'est quelles ressources sont
nécessaires pour nous permettre d'assumer l'ensemble des activités pour
réaliser nos mandats.
M. Barrette : Je me suis
encore mal exprimé, et puis c'est de ma faute, ce n'est pas de votre faute. Le
ministre, quand il raconte ce qu'il vient de raconter, là, c'est comme s'il
disait : Oui, oui, mais eux autres, ils nous demandent ça, mais on leur en
a déjà donné, hein? On leur a déjà donné ce qu'ils demandent. Là, moi, ce que j'ai
dit, dans les dernières cinq minutes, là, c'est dedans ça. Moi, je me dis que
probablement, peut-être que ce que le ministre dit, vous l'avez pris en compte
puis que ça, c'est par-dessus tout ce que le ministre dit.
Mme Poitras (Diane) :Oui, oui, tout à fait, on l'a considéré. Puis ce
600 000 $ là récurrent était pour un volet très spécifique au niveau
des autorisations de recherche, et la capacité de la commission de changer avec
le rôle de l'ISQ, là, puis de changer pour approuver les règles de gouvernance
de l'ISQ, puis aller surveiller la… comment les données sont utilisées à des
fins de recherche dans le respect de la loi.
M. Barrette : Alors
donc, ça, c'est vraiment par-dessus ce que le ministre vient d'énumérer, que j'ai
qualifié d'un très bel effort. Ça ne veut pas dire que le résultat est bon. Il
n'aura pas de médaille là-dessus. Vous, oui, parce que vous répondez très
précisément à la question, et je… on l'apprécie tous ici, Me Poitras, et c'est
à ça que ça sert, les crédits.
Donc, il y a vraiment un problème. Moi, j'ai
senti... peut-être que je me trompe, là, je ne veux pas que vous me
répondiez... en fait, répondez-moi pas, là, mais, si j'avais été dans vos
souliers, j'aurais été un peu mal à l'aise quand le ministre a dit : C'est
d'abord et avant tout de la cybersécurité. Oui, mais je comprends, là, mais la
Commission d'accès à l'information, elle a dit... elle l'a dit, le dit, le
dira, quand c'est rendu dans la boîte qui est l'ordinateur, correct, c'est la
cybersécurité, mais, avant de se rendre là, il y a des règles. Puis, après ça,
il y a de la vérification puis il y a de la prévention. C'est avant la boîte. On
s'entend sur la cybersécurité, ce n'est pas ça, la question.
Et la cybersécurité, c'est probablement
des centaines, sinon des milliards de dollars. Si on inclut les serveurs, là,
on est dans les milliards de dollars, et c'est ça qui est choquant. Ce qui est
choquant, c'est que, dans ce grand tableau là de données personnelles, qui
inclue des entrepôts de données à milliards de dollars sur plusieurs années et
ainsi de suite, ah, bien là, c'est-tu plate, la pandémie nous empêche de
dépenser 12,4 millions sur cinq ans. C'est on ne peut plus étonnant et
certainement énormément décevant.
Comment qu'on peut expliquer ça? Comment
peut-on <expliquer...
M. Barrette :
...certainement
énormément décevant.
Comment qu'on peut expliquer ça?
Comment peut-on >expliquer ça? Le ministre s'était engagé avec énergie,
de façon fondée, à réformer les choses, à... Il y a eu des projets de loi pour…
en termes de gestion de la donnée, de passer des contrats sans appel d'offres,
en dehors de la pandémie, avant la pandémie. Puis c'est des centaines et des
milliards de dollars, là, sur une période de cinq ans, là, puis on zigonne sur
12,4 millions. Là, je… le «zigonne», là, c'est pour le montant d'argent,
là, ce n'est pas pour la fonction. Moi, ça dépasse l'entendement. Comment le
ministre peut m'expliquer ça, là? Dans la piscine de l'information, là,
12,4 millions, là, c'est définitivement une goutte dans cet océan-là, là.
M. Caire : Oui, bien,
peut-être qu'il faudrait expliquer ça aux contribuables qui font leur rapport
d'impôt, présentement, que 12 millions, c'est des pinottes, là. On a
peut-être un…
M. Barrette : Est-ce que le
ministre est en train de dire : La protection de l'information, c'est
secondaire?
M. Caire : …on a un désaccord
là-dessus. Non, pas du tout. Non, non, pas du tout. Bien, en fait, ce n'est
tellement pas secondaire que, sous l'impulsion de notre gouvernement, et contrairement
à ce que le député de La Pinière a pu dire, ça n'a pas été une réforme qui a
pris 10 ans à faire. Et je vous signale que son collègue de LaFontaine
nous suggérait de scinder le projet de loi en trois, parce qu'il trouvait ça
trop costaud, puis on l'a fait adopter à l'unanimité en trois ans. Ça fait que
venir me dire que je prends ça à la légère, M. le Président, là, c'est
contraire à ce qu'on a livré comme gouvernement, un des régimes les plus
sévères au monde et très clairement le régime le plus sévère en Amérique, très
clairement, très clairement. Donc, non, je ne pense pas qu'on prenne ça à la
légère. Puis on n'a certainement pas fait adopter ce projet de loi là pour,
après ça, ne pas déployer les moyens qu'il faut pour que la loi soit respectée.
Ça, ce n'est pas... je veux dire, on… ce n'est même pas proche.
Ceci étant dit, ce que j'essayais
d'expliquer à mon collègue de La Pinière, c'est que je suis tout à fait
d'accord avec Me Poitras que les responsabilités de la commission ont été augmentées.
L'idée n'est pas de nier ça, pas du tout. Ce que je dis, c'est qu'on donne, en
plus de ce qui a déjà été octroyé, 20 millions de plus, là, 19,5 pour être
précis. Il y a 58 ETC, sur deux ans, qui sont octroyés de plus à la commission.
Donc, de dire qu'on ne veut pas que la commission remplisse ses
responsabilités, encore là, ce n'est pas... ça ne reflète pas ce qu'on est en
train de faire. Et, en plus, je viens de dire, que, si d'aventure, on en arrive
à la conclusion claire que ce que nous, on fait, n'a pas l'impact souhaité,
bien, écoutez, on sera, à ce moment-là, en discussion, comme on l'est
annuellement, avec la Commission d'accès à l'information pour voir quels sont
les résultats, quels sont les résultats puis quelles sont les solutions. On discutera
des solutions.
Ceci étant dit, dire que 20 millions
sur cinq ans, ce n'est pas un montant conséquent, là, je suis désolé, mais j'ai
un désaccord avec le député de La Pinière. C'est beaucoup d'argent,
20 millions, et c'est beaucoup d'ETC, là. Il y a beaucoup de... M. le
Président, on a 305 organismes publics, là. Je vous garantis qu'il y en a
plusieurs qui salivent, présentement, en regardant ça puis en disant : Moi
aussi, j'en prendrais, 58 ETC de plus, parce qu'eux autres ils s'en font... ils
se font dire : Non, c'est zéro, là, zéro ETC de plus, là. Puis ce n'est
pas parce que leur mission n'a pas augmenté ou que leur responsabilité n'a pas
augmenté.
Donc, est-ce que c'est suffisant? Bien,
nous, on pense que oui. Puis peut-être qu'avec la mise en application des
articles, avec ce qui aura été fait comme travail de terrain pour aider nos
organismes publics à se conformer, pour aider nos entreprises, nos entreprises
qui nous le demandent… Les entreprises nous le demandent, M. le Président, ils
sont en demande à travers les associations, les différentes associations :
Venez nous aider, on veut se conformer à la loi.
• (12 h 50) •
Le Président (M.
Bachand) :Merci, M. le ministre. Il reste
30 quelques secondes pour le député de La Pinière.
M. Barrette : Ma collègue de Notre-Dame-de-Grâce,
en 2018, a déposé un projet de loi qui visait à revoir cette loi-là. Pourquoi
ça n'a jamais été étudié, repris? On a jusqu'au 15 mai.
M. Caire : Là, je m'excuse...
M. Barrette : En 2018, ma
collègue...
M. Caire : Oui, oui, mais
oui, je me souviens, qui avait été déposé au mois de juin, si ma mémoire est
exacte.
M. Barrette : Mois de mai.
Pourquoi ce n'est pas repris? On a jusqu'au 15 mai, là, on pourrait
déposer ça, là.
M. Caire : Pourquoi ce n'est
pas... parce que... Ah! bien, parce que je viens de le dire, là, si on veut
faire une refonte de l'accès à l'information, on va le faire, mais sur la... Puis
je vous signale que le...
Le Président (M.
Bachand) :Merci, M. le ministre. Je dois
céder la parole au représentant du parti ministériel. M. le député de Chapleau,
s'il vous plaît.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui.
Merci beaucoup, M. le Président. Bonjour, M. le Président. <Également…
M. Lévesque (Chapleau) :
...Président.
>Également, j'en profite pour saluer le ministre, les collègues de la
banquette gouvernementale, également le député de La Pinière.
J'aimerais peut-être ramener, M. le
Président, le ministre à des souvenirs très positifs. D'ailleurs, on a eu l'occasion
de partager des moments, là, lors du travail sur le projet de loi n° 64
qui a été adopté en septembre 2021. D'ailleurs, le ministre m'avait accordé,
là, sa confiance pour que je puisse travailler sur un volet du projet de loi,
notamment concernant les partis politiques. Puis ça avait été un travail, il
faut le dire, M. le Président, de longue haleine et transpartisan. Et
effectivement il n'y avait pas une pierre qui n'avait pas été retournée dans
cette étude du projet de loi. Maintenant, on est rendus à la loi n° 25,
puis c'est vraiment un grand accomplissement, là. Comme vous le savez, M. le
Président, la protection des renseignements personnels n'avait pas été
modernisée, et depuis de nombreuses, nombreuses années, M. le Président, puis
le travail qui a été abattu est vraiment spectaculaire.
Donc, durant ce mandat-ci, notre
gouvernement puis le... par l'impulsion du ministre, a réussi, durant le
mandat, à actualiser une loi qui était désuète et la mettre non seulement au
goût du jour, mais surtout à la fine pointe de tout ce qui a été fait en
Amérique du Nord, et en s'inspirant de plusieurs, plusieurs bonnes pratiques en
Amérique du Nord, mais aussi à travers le monde, quand on parle, notamment, d'obligations
pour les entreprises. On se souviendra qu'on a bonifié les informations
transmises aux citoyens lors de la collecte de leurs renseignements personnels.
On a demandé de détruire ou de rendre anonymes les renseignements personnels, dans
certaines circonstances, d'obtenir au préalable le consentement de la personne
pour utiliser ses renseignements personnels à des fins de prospection, là,
commerciale. Il y a également des obligations qui vont permettre aux citoyens
de bénéficier, là... d'être avisés, lors d'un incident de confidentialité
concernant leurs renseignements personnels, lorsque cet incident présente un
risque qu'un préjudice sérieux soit causé, évidemment, d'un droit à l'effacement
et au déréférencement. On avait eu une longue… de longues discussions à cet effet,
justement, sur ces droits-là, M. le ministre, je m'en souviens très bien, lors
des études détaillées... également, de consentement demandé en termes simples
et clairs.
C'est une petite révolution, on peut le
dire, honnêtement, qu'on a menée, que vous avez menée, M. le Président, par
votre entremise, le ministre. À cela, on l'a vu, lors du plus récent budget, c'est
près de 20 millions, sur les prochaines cinq années, qui sont ajoutés aux
3 millions supplémentaires du budget 2020‑2021 qui sont octroyés
également à la Commission d'accès à l'information.
Puis j'aimerais peut-être poser une
question au ministre, M. le Président, là. Est-il satisfait où on est rendus en
protection des renseignements personnels? Et où il voit la suite des choses,
là, à ce niveau-là?
M. Caire : Bien oui,
effectivement, c'est difficile… D'ailleurs, j'en profite, M. le Président, pour
saluer le travail qui a été fait par le collègue de Chapleau, parce qu'un des
trois volets de la loi qu'on nous avait suggéré de scinder a été assumé par le
député de Chapleau sur le… la loi sur la… la Loi électorale, là, sur les partis
politiques. Et ça a été fait de main de maître, parce qu'effectivement ce
volet-là aussi a été voté à l'unanimité par les membres de l'Assemblée.
Est-ce que je suis satisfait? Oui,
absolument, parce que, je vais vous dire, M. le député, quand j'ai pris mes
fonctions, j'ai eu l'occasion, notamment, de discuter avec des représentants du
gouvernement français, des représentants de la CNIL, qui est la commission d'accès
à l'information de la France, et où on nous disait, justement, comment
maintenant, avec le Règlement général de protection des données européen, l'Europe
était en avance sur nous au niveau de la protection des renseignements personnels,
de façon exponentielle.
Puis moi, j'ai eu l'occasion de le dire en
commission parlementaire... tu sais, on a tous cette expérience où on va
magasiner, puis moi, je prends toujours l'exemple de la paire de jeans, là. Tu
vas t'acheter une paire de jeans, puis on te demande ton nom, ton prénom, ton
numéro de téléphone, ton adresse de courriel. Tu dis : Moi, je veux juste
acheter des jeans, là, dis-moi combien ça coûte, puis c'est tout.
Alors, comment on est rendus, dans nos
habitudes de consommation... ou les fameux… les cookies, là, les témoins
navigation, je pense, qu'ils appellent ça en français, où on vous dit :
Ah! mais là, pour ton plus grand bénéfice, on va regarder où tu vas surfer, ce
que tu... comme ça, ça va nous permettre de te donner de la publicité ciblée.
Bien oui, c'est sûr que tu fais ça pour mon plus grand bénéfice, là, c'est
certain. Merci beaucoup, tu es trop gentil. Alors, on était rendus dans des
habitudes où l'information personnelle, les habitudes de navigation, et tout
ça, c'était pratiquement la propriété d'autres personnes que l'individu
lui-même. Puis ça, ça n'a aucun bon sens, aucun, aucun, aucun bon sens. Je
pense que les parlementaires ont été unanimes <là-dessus…
M. Caire :
...aucun,
aucun bon sens. Je pense que les parlementaires ont été unanimes >là-dessus.
Et oui, effectivement, je pense que la
loi, le p.l. n° 64, maintenant la loi n° 25, va faire du Québec
l'État en Amérique du Nord où on prend la protection des renseignements
personnels le plus au sérieux. Ça a ébranlé les colonnes du temple. Puis je
l'ai dit tantôt à mon collègue de La Pinière, il y a beaucoup d'entreprises,
notamment du fait des sanctions… Parce que je vous dirais qu'adopter ces
articles-là sur la protection des renseignements personnels, c'était déjà un
pas en avant très important, mais ce qui rend ça vraiment applicable, concret,
c'est le fait que, si vous ne vous conformez pas à ça... Écoutez, quand vous
dites à une entreprise : Là, je peux aller à 2 % de ton chiffre
d'affaires mondial, 10 millions de pénalités, ou 4 % de ton chiffre
d'affaires, 25 millions, le plus haut des deux… Bien, regardez ce qui
s'est passé, je pense, c'est avec Amazon, ou Google, ou Microsoft, je ne
souviens pas, un des GAFAM en Europe, là, c'est 250 millions ou
150 millions, en tout cas, je ne sais pas, c'est un chiffre astronomique
d'euros de pénalités, parce qu'il ne se conformait pas à la… au règlement
général sur la collecte, la façon de collecter les données.
Donc, aujourd'hui, on a donné, notamment à
la CAI, avec ces sanctions-là, parce qu'évidemment c'est la CAI qui, éventuellement,
imposera les sanctions… on a donné, je dirais, un pouvoir de persuasion
phénoménal, et au point où je vous dirais qu'avant, mais même après l'adoption
de la loi, là les entreprises se disent : Aïe! Comment on se conforme à ça?,
puis là aidez-nous, le gouvernement, parce que, je veux dire, on était là, puis
là vous nous demandez de changer radicalement notre culture, vous nous demandez
de changer radicalement nos façons de faire, vous nous amenez dans un autre
univers, là. On a besoin d'aide, là.
Puis effectivement, je veux les rassurer,
on va les aider. On va les aider, on va travailler en collaboration, évidemment
dans le respect des directives que la Commission d'accès à l'information va
adopter ou va nous… va rendre publiques. Puis on va les aider, mais cet
élément-là extrêmement dissuasif fait en sorte, à mon avis, que les
entreprises, de façon, je dirais, naturelle, si je peux m'exprimer ainsi, vont
se conformer à la loi et vont changer leurs pratiques de façon radicale. Et
donc on va faire du Québec l'État en Amérique où le respect de la protection
des renseignements personnels va être le plus sévère.
Adoption des crédits
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Le temps alloué
à l'étude du volet Accès à l'information des crédits budgétaires du
portefeuille Conseil exécutif étant presque écoulé, nous allons maintenant
procéder à la mise aux voix des crédits.
Est-ce que le programme 6, intitulé
Réformes des institutions démocratiques, Accès à l'information et Laïcité... est-il
adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : …
Le Président (M.
Bachand) :Par vote nominal?
M. Caire : Tu dis
«adopté», puis tout est beau.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la secrétaire, s'il vous
plaît, par vote nominal.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention, M. Caron (Portneuf)?
M. Caron : Pour.
La Secrétaire : M. Thouin
(Rousseau)?
M. Thouin : Pour.
La Secrétaire : M. Martel
(Nicolet-Bécancour)?
M. Martel : Pour.
La Secrétaire : M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire : M. Allaire
(Maskinongé)?
M. Allaire : Pour.
La Secrétaire : Mme Lachance
(Bellechasse)?
Mme Lachance : …
La Secrétaire : M. Reid
(Beauharnois)?
M. Reid : …
La Secrétaire : M. Barrette
(La Pinière)?
M. Barrette : Contre.
La Secrétaire : M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) :Abstention. Donc, les crédits
sont adoptés.
Documents déposés
Cela dit, je dépose les réponses aux
demandes de renseignements de l'opposition.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 15 heures, où elle va entreprendre l'étude des
crédits budgétaires du volet Relations canadiennes et Francophonie canadienne
du portefeuille Conseil exécutif. Merci. Bon lunch.
(Suspension de la séance à 13 h 01)
14 h 30 (version révisée)
(Reprise à 15 heures)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! Bon
après-midi. La Commission des institutions reprend ses travaux.
La commission est réunie afin de procéder
à l'étude du volet Relations canadiennes et Francophonie canadienne des crédits
budgétaires du portefeuille Conseil exécutif pour l'exercice financier 2022‑2023.
Une enveloppe d'une heure a été allouée pour l'étude de ces crédits.
Avant de débuter, M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le Président.
Mme Lachance (Bellechasse) est remplacée par Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice); M. Lamothe (Ungava), par M. Reid
(Beauharnois); M. Lemieux (Saint-Jean), par M. Tremblay (Dubuc); M. Lévesque
(Chapleau), par M. Allaire (Maskinongé); et M. Rousselle (Vimont),
par M. Birnbaum (D'Arcy-McGee).
Relations canadiennes et Francophonie canadienne
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Nous allons
procéder à une discussion d'ordre général par blocs d'environ huit à 16 minutes,
incluant les questions et les réponses. La mise aux voix de ces crédits sera
effectuée à la fin du temps qui leur est alloué, soit vers 16 heures.
Discussion générale
Alors, il me fait plaisir de céder la
parole au député de D'Arcy-McGee pour un premier bloc de 15 min 58 s.
M. le député, s'il vous plaît.
M. Birnbaum : Merci
beaucoup, M. le Président. Bonjour, Mme la ministre. Mes salutations aux
membres des autres formations de l'opposition, de l'équipe du cabinet de la
ministre ainsi que de... pardon, du Conseil exécutif. Et merci pour cette
opportunité qui se fait, j'oserais dire, souvent à l'abri des manchettes, et
malheureusement, en quelque part, parce que je crois qu'on va échanger sur deux
dossiers, dans un premier temps... si on réfléchissait comme il faut, sont, oui,
névralgiques pour le Québec, de façon indirecte des fois, mais névralgiques
pour le Québec et surtout, dans le cas de la francophonie, d'une source de
devoir solennel, à la fois heureuse aussi, mais important; dossiers qui me
touchent, je me permets de le dire, en tant que Québécois d'expression anglaise.
J'ai eu, dans mes vies antérieures et ma vie actuelle, l'opportunité de
travailler de très près avec les communautés francophones et acadiennes du
Canada, et c'est avec empathie, affection et intérêt que je me permets de dire
que j'ai toujours abordé ces dossiers.
Donc, il me semble important d'en parler
et d'être toujours en objectif de <résultat, c'est, en quelque
part, le but de nos discussions...
>
15 h (version révisée)
<15371
M.
Birnbaum :
...toujours en objectif de >résultat, c'est,
en quelque part, le but de nos discussions ici, et j'oserais dire, de façon réaliste,
qui touche aux autres dossiers, M. le Président, c'est-à-dire de toujours être
conséquent. Et ce que j'entends par ça, il y a toujours des valeurs, des
intérêts, des obligations à équilibrer, et c'est là où j'aimerais commencer. Je
pense, à titre d'exemple, à l'immigration. Et je parle à la ministre avec ses
deux chapeaux aujourd'hui, parce qu'on parle des Affaires intergouvernementales
canadiennes aussi, l'Immigration est là. Ce que j'entends par ça, quand je
parle de… pas d'une ambivalence, mais des valeurs, des objectifs qui ne sont
pas toujours à 100 % complémentaires, et je m'explique, et j'aimerais
avoir, sur deux aspects de questions, des clarifications de la ministre.
Quand je parle de l'immigration
francophone, évidemment, le Québec a tout son intérêt. On est devant la pénurie
de main-d'œuvre. On a la préoccupation de continuer à se rayonner en français.
Donc, il y a des questions qui se posent là-dessus. D'un côté, j'ai en tête, en
quelque part, les longs délais en tout ce qui a trait à accueillir ces
immigrants en français, les postes vacants en contexte de pénurie de main-d'œuvre,
les délais qui se comparent de façon très négative aux délais des autres
provinces du Québec. Dans les autres provinces, les délais pour avoir le
certificat et faire bouger le dossier sont de l'ordre de six mois. Quand on
parle de la résidence permanente, les besoins ici, on parle des délais jusqu'à
27 mois.
Alors là, j'aurais deux questions pour la
ministre à ce sujet, comme je dis, sur les deux pôles, parce qu'il y a
peut-être une espèce d'ambivalence. Dans un premier temps, et je parle à la
ministre responsable des Affaires intergouvernementales, est-ce qu'elle peut
nous expliquer si elle a eu des discussions concrètes avec son collègue le
ministre de l'Immigration, avec le Conseil des ministres pour faire en sorte
que ces délais pour assurer une immigration francophone au Québec, devant cette
pénurie de main-d'œuvre, s'améliorent? Les délais sur le terre-à-terre sont
énormes. Là, c'est une première question, et j'aurai une autre sur l'autre côté
de cette médaille, si vous voulez.
Le Président (M. Bachand) :Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme LeBel : Oui. Écoutez, vous
avez raison, puis on croit fermement que la capacité d'immigration du Québec
doit être respectée en fonction de… sa capacité, pardon, d'intégration et en
fonction de l'avenir du Québec francophone. Je pense que c'est important de le
mentionner. Quand on établit notre capacité d'intégration, quand on parle de
notre capacité d'accueil, naturellement, c'est toujours en tenant compte de
cette capacité d'intégration qui se veut une intégration francophone.
Oui, effectivement, il y a beaucoup de
discussions qui se font sur la meilleure façon de le faire. Si je ne m'abuse,
mon collègue de l'Immigration a annoncé quelque chose, il y a quelques jours,
par rapport à cet enjeu-là. On pourra... vous pourrez, naturellement, en
discuter avec lui avec plaisir, mais, pour ce qui est des discussions que nous
avons avec le fédéral, c'est plus à ce niveau-là, naturellement, que je suis
impliquée.
Bon, vous parlez des délais en matière... Bon,
quand on… Vous le savez très bien, on demande de rapatrier plus de pouvoirs en
matière d'immigration, surtout avec la réunification familiale. Présentement,
comme vous le savez, on a la capacité de faire une sélection des gens qu'on
veut avoir avec le certificat de sélection du Québec, le fameux CSQ. Mais présentement,
les délais, là, auxquels vous faites référence, ce sont des délais d'Immigration
Canada. Et oui, on a, naturellement, des conversations avec eux pour dénoncer à
quel point c'est inadmissible, la longueur de temps.
Mon collègue aussi, qui est à la fois
ministre de l'Immigration et ministre du Travail, a dit, il y a quelques jours
et à quelques reprises, que l'immigration fait très certainement partie de la
solution. Ce n'est pas la solution unique à la pénurie de main-d'oeuvre, parce
qu'on a ces enjeux, nous, d'intégration, on a ces enjeux-là d'être capable
aussi de mieux régionaliser. Je n'ai pas tous les leviers, là, à discuter, vous
pourrez en discuter avec le ministre de l'Immigration, les leviers en main, mais
il y a cet enjeu de mieux régionaliser et surtout de mieux intégrer. Mais oui, il
y a, <effectivement...
Mme LeBel :
...de
mieux régionaliser et surtout de mieux intégrer. Mais oui,
il y a, >effectivement,
des conversations, des discussions avec nos homologues du fédéral sur… surtout
mon collègue de l'Immigration avec son homologue fédéral en Immigration, sur le
fait que ça n'a pas de bon sens, là, les délais, présentement. Et il semblerait
que les délais pour le Québec soient plus élevés, d'ailleurs, qu'ailleurs au
Canada, là.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : M. le
Président, petite question de précision très courte, alors j'espère une réponse
courte aussi. Est-ce qu'on est déjà en train de dire que six mois dans le reste
du pays et 27 mois ici, au Québec, c'est la faute du fédéral? Et, si oui,
est-ce qu'on peut avoir une précision là-dessus?
Mme LeBel : Bien, absolument,
puis je pense qu'on l'a déjà dit, là, que là où il y a des délais,
présentement... Nous, on les a émis, nos certificats de sélection, au Québec, nos
sélections sont faites. Le travail que le Québec pouvait faire en matière de…
en cette matière-là est fait. Et oui, les enjeux, présentement, de délais en
immigration, se retrouvent au fédéral, ce qui ne rend pas ça plus acceptable,
comprenez-moi bien. Alors, on a des discussions avec eux pour leur faire
comprendre à quel point ça n'a pas de bon sens. Ils doivent régler ça.
Et ça fait partie un peu aussi de toute la
volonté que nous avons, au Québec, de rapatrier beaucoup plus de pouvoirs en
matière d'immigration. C'est pour aussi répondre à ces enjeux-là. Mais, au
moment où on se parle, effectivement, le délai auquel vous faites référence,
bien, nous, au Québec, nos certificats sont émis, puis c'est dans… dans
beaucoup de cas, c'est des gens qui sont déjà présents sur le territoire, si je
ne me trompe pas. Je n'ai pas les chiffres exacts, là, parce que je ne suis pas
ministre de l'Immigration, mais c'est la compréhension que j'en ai, là.
M. Birnbaum : En même temps,
si j'ai bien compris, l'embouteillage a, en quelque part, ses origines le
Québec. Évidemment, ils sont filés à Ottawa. Est-ce que je ne m'abuse?
Mme LeBel : Mais nous, notre
sélection est faite, là, et les dossiers sont soumis. Alors, je veux dire, on
peut bien prétendre que l'embouteillage est le fait du Québec, mais, au moment
où on se parle, dans le processus, le travail du Québec est fait, là.
M. Birnbaum : Bon,
maintenant, comme je dis, il y a un autre côté du médaille, et je trouve ça
très important, dans le dossier de la francophonie canadienne. On se donne la
tâche d'aller, au-delà des vœux, et des principes, et de la vision, à l'action.
C'est une réalité. Et j'aurai eu des discussions avec l'ACFO, avec la société
acadienne, c'est une réalité que les sources de renflouement de nos voisins,
voisines francophones, à travers le pays, sont limitées. Et il faut des gestes
concrets et réels qui les assureraient, en quelque part, d'une proportion de
l'immigration francophone qui arriverait au Canada.
Y a-t-il le moindre de geste ou de constat
public qu'il va faire… qu'il aurait fait, le gouvernement de la CAQ, pour
appuyer les efforts de nos confrères acadiens et francophones dans le reste du
pays pour avoir leur part de l'immigration francophone?
• (15 h 10) •
Mme LeBel : Oui. Est-ce que
vous… Je veux juste être sûre de bien comprendre votre question, parce qu'il y
a beaucoup de choses. Vous parlez de l'immigration francophone dans le reste du
Canada, qui a nécessairement un effet démographique, là, sur la démographie des
communautés francophones. C'est ça?
M. Birnbaum : Justement,
c'est là où je veux qu'on soit conséquent. Je comprends que, dans un premier
temps...
Mme LeBel : Non, je veux
savoir, c'est de ce sujet-là que vous...
M. Birnbaum : Voilà. Exact.
Mme LeBel : Je veux juste être
sûre de bien comprendre.
M. Birnbaum : C'est là où je
suis.
Mme LeBel : Absolument, on est
conséquent. Ce sujet de discussion là a lieu, d'ailleurs, dans les derniers… conférences
fédérales-provinciales en matière de francophonie canadienne. La dernière qu'on
a eue, à la table, il y avait Mme Joly, à l'époque. On en a eu, bon,
quelques-unes, dans l'intermédiaire, mais qui n'étaient pas en présence, là, parce
que… à cause de la pandémie. Mais oui, la question de l'immigration, de
l'impact de l'immigration anglophone, massivement, dans les autres communautés,
dans les autres provinces, et sur le fait que ça… bien, que leur nombre absolu
ne diminue pas nécessairement, naturellement, leur nombre… leur poids relatif
est nécessairement affecté, oui.
Et on appuie, autour de la table, le
Québec appuie, autour de la table, à la table ministérielle… il y a le partage
de notre expertise qui se fait aussi, en matière d'immigration, pour
l'intégration. Naturellement, c'est plus complexe pour nos communautés
francophones hors Québec, parce qu'elles sont minoritaires, elles n'ont pas
toutes la même taille. Mais oui, cet enjeu-là est porté principalement... je vous
dirais qu'il a été porté à la table des… à la conférence fédérale-provinciale.
Et, à cette table-là, le Québec a nécessairement appuyé… Le Nouveau-Brunswick
aussi, qui est bilingue, dans son statut officiel, a aussi fait beaucoup de
commentaires à cet effet-là. Oui, cette réalité-là... Et d'ailleurs on donne, à
titre d'exemple, souvent, dans ces conversations-là, que le Québec a un enjeu <d'immigration...
Mme LeBel :
...d'exemple,
souvent, dans ces conversations-là, que le Québec a un enjeu >d'immigration,
un enjeu d'intégration francophone. Donc, imaginez une communauté francophone,
quel est l'impact sur elle, alors qu'elle n'a pas du tout la même réalité
terrain, si vous me permettez l'expression, que le Québec. Donc, oui, on est
porteur de ce message-là et on appuie ce message-là, naturellement, dans les
forums où on peut le faire, là.
M. Birnbaum : Dans la
politique sur la francophonie ainsi que le plan d'action et la plateforme en
2016 de la CAQ, on parle d'une plateforme soi-disant nationaliste et de l'idée
de réclamer la mainmise sur la politique culturelle, une idée louable et très
intéressante, mais c'est dans les détails et les gestes que ça se
manifesterait. Dans un premier temps, en réponse aux questions, aux demandes de
renseignements sur la question, dans les échanges sur les crédits, il n'y a eu
aucune rencontre de démarche ou même de correspondance avec les autorités
fédérales en lien avec le rapatriement des pouvoirs en culture. Alors, de quoi
on parle? Et à quoi on peut signaler qui est plus que juste des mots? Est-ce
qu'on parle de rapatrier Radio-Canada, notre part de l'Office national du film?
C'est quoi, au juste? Et comment on peut expliquer cette idée, ce concept qui a
l'air de rester lettre morte, en quelque part?
Mme LeBel : Bien, je ne
vous cacherai pas que deux choses se sont produites dans le contexte de la
pandémie. Les relations canadiennes, et je vous dirais même que les relations
interprovinciales sont devenues plus centrales que jamais. Donc, on a eu
beaucoup de discussions avec le fédéral dans les derniers deux ans. Je pourrais
vous faire la nomenclature de toutes les rencontres qu'il y a eu, mais beaucoup
de ces discussions-là se sont portées avec le fédéral, et on recommence à
remettre de l'avant les priorités dont vous parlez. On a toujours gardé les
transferts en santé, les questions d'immigration en premier lieu. D'ailleurs,
c'était ce que le premier ministre a dit dans ses annonces, quand on a interpelé
le gouvernement fédéral lors des dernières élections. Mais la culture n'a pas
fait partie des discussions de premier plan dans les deux dernières années.
Santé, immigration, contrôle des frontières, commerce interprovincial, ça
faisait partie aussi des discussions, le corridor sécurisé qui passe à travers
le Nouveau-Brunswick et l'Île-du-Prince-Édouard pour se rendre aux Îles-de-la-Madeleine,
donc beaucoup de choses ont été... des mesures aussi pour être capable... de
compensation, donc il y a eu beaucoup de choses se sont passées.
Mais vous avez raison, au plan de la
culture comme telle, ça n'a pas été dans les discussions de premier plan, mais
on recommence présentement. J'ai eu dernièrement une rencontre avec mon
collègue le ministre LeBlanc. Ce sujet-là n'en faisait pas partie, mais je
recommence à mettre sur la table tous ces sujets-là qui n'ont pas été au centre
des conversations pendant les deux dernières années.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député.
M. Birnbaum : Merci, M.
le Président. Si j'ai compris, j'ai une minute qui reste dans ce bloc-ci. Autre
concept intéressant, mais qui a l'air éphémère dans le plan d'action, on parle
d'améliorer la découvrabilité du contenu francophone, surtout sur les
plateformes numériques éphémères mais réelles. Je me permets une petite
parenthèse, ce n'est pas éphémère, quand on parle de la protection de la langue
française au Québec. Et là-dessus les gestes et les réponses du gouvernement
restent pas mal éphémères aussi. Est-ce qu'on peut au moins, dans les secondes
qui restent, me dire de quoi on parle et quels vecteurs d'activité risquent de
suivre cette idée d'améliorer la découvrabilité du contenu francophone sur les
plateformes numériques?
Le Président (M.
Bachand) :30 secondes, Mme la
ministre.
Mme LeBel : Bien, c'est
offrir des résidences de création francophone ailleurs au Canada — j'essaie
de vous donner une réponse rapide, là, moins élaborée, là — pour des
Québécois, des séjours dans des milieux culturels d'accueil, mais il y a
beaucoup de choses, là. Vous parliez des plateformes électroniques. Je pense
que ça va être important de travailler avec tout… On travaille avec la FCFA,
avec la SNA, avec l'ACFAS, avec beaucoup d'organismes, il y a 8 millions
sur trois ans, la SODEC également. Ça fait partie, donc... et le ministère de la
Culture également. Donc, ça va faire partie des enjeux, mais on a peu de temps
pour répondre.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
Jean-Lesage, pour 7 min 59 s, s'il vous plaît.
M. Zanetti : Merci, M.
le Président. Très brièvement, bon, je pourrais poser des questions, un peu
comme je l'ai fait hier, sur les institutions démocratiques, sur votre bilan en
termes de relations canadiennes, est-ce que le Québec a eu plus de pouvoirs, tout
ça, mais je n'ai pas assez de temps. Ça fait que je vais juste résumer, essayer
de faire un peu le bilan, là, c'est qu'il ne s'est rien passé. C'est
probablement, ce mandat caquiste là, d'un point de vue de l'histoire du
nationalisme québécois, le plus gros <pétard...
M. Zanetti :
...ce
mandat caquiste là, d'un
point de vue de l'histoire du nationalisme
québécois,
le plus gros >pétard mouillé que je n'ai jamais vu, moins d'ambition que
le libéral Robert Bourassa à l'époque du lac Meech, loin, loin, loin derrière,
là, en termes de niveau d'ambition. Je ne sais pas, ça me rend triste.
Il y a une affaire qui est liée aux
relations qu'on a avec le Canada, parce que ça vient de là, et c'est le mode de
scrutin. Hier, on a eu des discussions là-dessus, puis vous avez dit que vous n'aviez
jamais promis que... la ministre a dit qu'elle n'avait jamais promis... que la
Coalition avenir Québec n'avait jamais promis qu'il y aurait une réforme de
mode de scrutin qui serait mise en place avant le prochain scrutin. Puis ça a été...
Je veux dire, c'est... On a lu les journaux, tout le monde, puis on l'a vu, là,
que ce n'est pas vrai, ils ont mis plein de citations : Regardez, là, il l'a
dit, là, lui… elle, elle l'a dit, là, celui-là, il l'a dit. Ça fait que ça a
été dit.
Je voulais voir si on pourrait comme, au
moins, finir ça en beauté puis que... voir si la ministre pourrait juste nous
dire : Est-ce qu'elle reconnaît que ça a été un engagement de la Coalition
avenir Québec qu'il y ait une réforme du mode de scrutin effective pour les
prochaines élections ou la 43e législature? Est-ce qu'elle pourrait
reconnaître ça?
Mme LeBel : Bien, je
trouve ça, honnêtement, très agréable que vous me donniez cette opportunité-là
de remettre un peu les pendules à l'heure. Il y a eu un échange quand même
assez... où, à un moment donné, on était peut-être moins disciplinés qu'on
devrait l'être, avec mon collègue de Matane. Et effectivement il y a eu un
engagement, effectivement, de la CAQ. Non seulement il y a eu un engagement, l'engagement
premier, principal, était de déposer un projet de loi dans l'année, mais on a
aussi l'engagement d'aller jusqu'au bout. Et moi, jusqu'au mois de décembre
dernier, je faisais cheminer ce projet-là et j'étais déterminée à le mener à
terme. La décision qui a été prise en décembre, j'ai eu l'occasion de l'expliquer
hier. Mais, oui, il y a eu un engagement, et on a expliqué les raisons pour
lesquelles... On peut être d'accord ou pas d'accord avec ces raisons-là, naturellement,
tout ça se débat avec beaucoup de respect, sans problème, mais quand on a...
Moi, jusqu'à l'annonce, au mois de décembre dernier, je travaillais… d'ailleurs,
on a eu quelques échanges, à quelques reprises, cher collègue, suite aux
consultations. Je travaillais de façon sincère et ouverte sur la finalité, c'est-à-dire
l'adoption du mode de scrutin pour, par la suite, naturellement, tenir le
référendum qui en faisait partie.
Donc, je ne renie pas cet engagement-là. C'est
vrai que, dans l'échange avec mon collègue de Matane, hier, j'ai été
peut-être... j'ai peut-être fait un raccourci, mais je ne renie pas cet
engagement-là, parce que, quand on m'a présenté le dossier, ça a été une de mes
discussions de dire : Bien, si je le fais, c'est pour le faire, et on a
fait beaucoup. Il y a eu un contexte qui s'est présenté. Est-ce que je trouve
que ce contexte-là est heureux? Non. Mais est-ce que je suis... Est-ce que je
comprends et est-ce que j'accepte les raisons? Oui, je comprends pourquoi on y
a mis fin. Je faisais… j'ai fait partie de la décision, donc, et je suis tout à
fait d'accord avec la raison pour laquelle, en décembre, on y a mis fin. Mais,
si vous voulez que je reconnaisse l'engagement, je le reconnais.
On est allés… On a fait beaucoup de
travail, donc, et je pense que... j'ai même eu l'occasion de le dire hier, ça a
été moins repris, que je n'aurais pas mis toute cette énergie-là, que je n'aurais
pas fait une année avec mes équipes à trouver une solution qui, quant à moi,
cherchait le consensus. Donc, ce n'était pas la solution idéale, mais j'ai
toujours parlé, vous vous souvenez, dans les consultations, d'un projet de loi
qui se voulait équilibré entre la représentativité régionale, faire bouger l'aiguille
de la proportionnalité, et je peux vous assurer, cher collègue de Jean-Lesage — j'ai
retenu — que je n'aurais pas mis toute cette énergie-là avec mes
équipes à faire une consultation... Et je me souviens même bien d'avoir dit
hier, à part cette phrase-là, qui est la seule qui a été retenue, parce que j'ai
quand même complété mon propos, je me souviens bien d'avoir dit hier qu'on n'aurait
pas mis toutes ces énergies-là... Et je ne suis pas dans l'habitude, moi, de
faire semblant de faire cheminer des dossiers, et ce dossier-là est compris
dans ça.
• (15 h 20) •
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de
Jean-Lesage, s'il vous plaît.
M. Zanetti : Merci. Dans
l'échange qu'on a eu hier au sujet des institutions démocratiques, c'est très
lié à la question des relations canadiennes, là, essentiellement, je demandais :
Est-ce qu'on est dans des meilleures institutions démocratiques qu'avant? La
démocratie québécoise a-t-elle avancé? Puis essentiellement... bon, on ne
reprendra pas la discussion, mais moi, ce que j'ai compris de ça, c'est qu'essentiellement,
bien, il n'y a pas grand-chose qui a été fait pour améliorer la démocratie
québécoise parce que vous la trouviez pas pire. Puis j'ai...
Mme LeBel : ...
M. Zanetti : Non, non,
mais je résume, là.
Mme LeBel : Non, mais c'est
parce que c'est ce genre de résumé là qui fait qu'à un moment donné il faut
rectifier.
M. Zanetti : Non, non,
mais, si on réécoute l'extrait, c'est quand même un résumé fidèle.
Mme LeBel : Bien, non.
M. Zanetti : O.K., bien,
vous le referez. Mais ce que je veux dire, c'est que... Est-ce que, du point de
vue des relations canadiennes, on pourrait expliquer le fait que, finalement,
on n'est pas allés chercher de nouveaux pouvoirs, là, pour le Québec parce que
la ministre qui en est responsable trouve que, finalement, le Québec en a assez?
Le Québec, il est-tu correct comme ça, ou bien il faudrait qu'il aille <chercher...
M. Zanetti :
...aille
>chercher plus, ou bien il a assez d'espace, puis on est dans une
démocratie, puis le peuple québécois a des leviers, puis il est capable d'aller
obtenir des affaires, même s'il n'en obtient quasiment jamais? Alors, je
voudrais voir, est-ce qu'on est correct ou il y a du chemin à faire? Puis, si
oui, quel chemin? Parce que, je veux dire, si vous trouviez qu'il y en a à
faire, vous en auriez fait un petit peu, j'imagine.
Mme LeBel : Oui. Bien,
écoutez, je vais essayer d'être le plus clair possible, comme ça votre résumé
va pouvoir être le plus fidèle possible à ma réponse. Puis je ne reviendrai pas
sur ce que j'ai dit hier, j'ai dit... j'ai été très claire en disant que je
trouvais que notre démocratie se portait très bien et qu'il ne fallait pas
prétendre qu'elle ne se portait pas bien, ce qui ne veut pas dire qu'on ne peut
pas toujours ouvrir cet espace démocratique le plus possible. Alors, je referme
la parenthèse. De faire un constat n'est pas de dire qu'on se contente de peu.
On n'a pas peu au Québec. On a quand même une démocratie qui est en santé, mais
ce qui ne veut pas dire qu'on ne peut pas toujours travailler constamment pour la
maintenir et l'améliorer.
Ceci étant dit, non, je n'ai pas renoncé à
aller chercher des pouvoirs. L'ensemble de mon mandat, de mes actions, de mes
positions, de mes conversations avec le fédéral part peut-être d'un point de
vue différent du vôtre sur où on devrait se rendre. Et c'est correct d'avoir
des points de vue divergents. Pour nous, on pense qu'on est capable de faire...
d'avoir des gains, de faire respecter notre autonomie, d'avoir un Québec
autonome, capable de s'occuper de ses compétences et d'aller en chercher même
plus dans des domaines qui nous concernent sans nécessairement aller à la
séparation et à la souveraineté. Et c'est là, je pense, qu'on...
philosophiquement, où on a des points de vue différents, et c'est correct
d'avoir des points de vue différents.
Alors, moi, dans les dernières années, on
a conclu des ententes avec le fédéral, relativement au marché du travail, qui
sont majeures. On a eu la... Pendant la pandémie, il y a eu les accords sur la
relance sécuritaire, on a eu beaucoup d'accords asymétriques sur les garderies,
et c'est là qu'on va chercher toute notre autonomie, faire respecter les
compétences du Québec. Et souvent le Québec est un peu, je ne dirais pas
dernier, mais pas le premier à signer des ententes avec le Canada, justement
parce que, nous, on s'assure que dans les ententes que l'on signe, quitte à
attendre plus longtemps, des fois, puis c'est... des fois, il y a la pression
d'aller chercher l'argent, puis vous le savez, on l'a tous, dans nos comtés,
mais il faut faire comprendre aux gens qu'on a le droit à cette part d'argent
du fédéral là, mais il ne faut pas aller la chercher à n'importe quel prix et
surtout pas au prix de notre autonomie et de nos compétences.
Donc, on n'a pas renoncé à aller chercher
des pouvoirs, on revendique toujours. Mon collègue... d'ailleurs, c'est mon
collègue en Immigration qui est chargé parce que les... il faut comprendre que
les ministres sectoriels ont le...
Le Président (M.
Bachand) :En terminant, Mme la ministre.
Mme LeBel : ...le devant
du flambeau. Et moi, je suis en support, en collaboration. Je parle à mon
collègue LeBlanc de plusieurs enjeux. Mais, non, on n'a pas renoncé à aller
chercher des pouvoirs…
Le Président (M.
Bachand) : Mme la ministre, désolé de vous interrompre. Le
temps…
Mme LeBel : …mais, dans
l'intervalle, on fait respecter nos compétences.
Le Président (M.
Bachand) :Merci, Mme la ministre. Désolé,
le temps va tellement rapidement. M. le député de D'Arcy-McGee, s'il vous
plaît.
M. Birnbaum : Oui, ça
passe vite, hein ? Bon, merci,
M. le Président. Bon, j'aimerais me... utiliser le temps qu'il me reste pour
parler des affaires intergouvernementales canadiennes. Dans un premier temps,
ce n'est pas une surprise que la vision, et c'est un grand mot, avec tout
respect, dans le cas de la CAQ, la vision de notre pays est différente que
notre vision, où, de façon fière, on veut faire rayonner le Québec dans le
reste du pays et, évidemment, tirer tous les avantages de cette fédération pour
chacun des citoyennes et citoyens du Québec.
Bon, j'aurai... j'espère qu'on partage ce
deuxième objectif. Je n'ai pas grand optimisme sur le premier. Mais sur
l'objectif de nous assurer que chaque Québécoise et Québécois et chaque
industrie, chaque expertise du Québec est exploitée de la façon optimale au
sein de notre pays, je suis dans le carré de sable assez clair de la ministre
devant moi. On est aussi devant une année où l'opportunité d'exploiter ce lien
aurait été, j'espère, accentuée par le fait que notre premier ministre actuel
est président... et a été président du Conseil de la fédération.
Dans cette optique-là, c'est intéressant
de voir que, bon, l'Alberta, à titre d'exemple, multiplie les ententes de
libéralisation de commerce avec ses voisins. Le Québec, en quelque part, est en
neutre en tout ce qui a trait au développement des marchés. C'est un constat
pas que je fais, c'est l'Institut économique de Montréal, qui a une certaine
crédibilité, qui suggère que le Québec arrive au dernier rang pour son
ouverture à la libéralisation du commerce entre provinces.
Bon, je ne suis pas en train de faire
flotter le drapeau <canadien...
M. Birnbaum :
Bon,
je ne suis pas en train de faire flotter le drapeau >canadien, que je
serais fier de faire, je suis en train de demander qu'est-ce que notre
gouvernement laisse sur la table, qu'est-ce qu'il fait pour ne pas laisser sur
la table les opportunités d'exploiter notre économie en conjoncture difficile
dans l'optique d'améliorer la situation pour nous tous. C'est assez silence
radio, de ma lecture et, comme je dis, de lecture de quelques experts dans le
domaine.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la ministre, s'il vous
plaît.
Mme LeBel : Écoutez, je ne
suis pas d'accord avec vous qu'on est les derniers. Il y a effectivement des
domaines où on est très soucieux. Puis je trouve ça quand même assez
intéressant, parce que j'ai, avec votre collègue de Mont-Royal—Outremont,
une conversation sur le p.l. n° 12, sur l'achat
québécois et sur les accords de libéralisation du marché, d'être capable
d'ouvrir les marges de manœuvre. D'ailleurs, j'ai même la conversation inverse
avec Québec solidaire sur le fait qu'on devrait avoir... favoriser plus l'économie
québécoise.
Donc, il y a toute une question
d'équilibre, cher collègue, là-dedans, et je ne pense pas que le Québec est bon
dernier. Au contraire, on est signataire du dernier accord canadien. C'est vrai
qu'on est très soucieux quand on parle d'Hydro-Québec, de la Société des
alcools, de protéger certains de nos monopoles. D'autres provinces sont
soucieuses sur d'autres aspects. Mon collègue à l'Économie travaille aussi avec
ses partenaires des autres provinces à… parce que c'est eux qui sont responsables
des accords, comme vous le savez, de libéralisation du marché, c'est le
ministère de l'Économie. Et donc il faut trouver, surtout avec ce qu'on vient
de traverser, avec cette pandémie, où il y a un juste équilibre entre l'accès
de nos entreprises au marché canadien et vice versa, naturellement, parce
que c'est un échange, et la sécurisation de certaines de nos chaînes
d'approvisionnement… Donc, oui, il y a… on est soucieux de ça. Je ne pense pas
qu'on est dernier. On veut profiter de ce marché-là.
Quand on parle de l'expertise du Québec,
on pousse beaucoup, présentement, l'économie francophone, la francophonie
économique. J'ai eu l'occasion d'aller à Toronto pour parler de l'échange
économique francophone pour favoriser le fait que nos entreprises...
D'ailleurs, on a mis sur place le prix Québec-Ontario pour favoriser nos
entreprises francophones à aller faire des affaires au Nouveau-Brunswick, aller
faire des affaires dans les Maritimes, en Ontario, en français. Et de voir
aussi que des entreprises avec la chambre de commerce, je n'ai pas les bons
acronymes, mais la chambre de commerce à Toronto, qui a une section
francophone, de voir aussi... de voir à ce que leurs entreprises aient un
meilleur accueil, un meilleur accès à venir faire des affaires au Québec.
Donc, on est très soucieux de cet échange
économique là, de ce partage d'expertise là, partage d'expertise aussi à
plusieurs niveaux, en français, dans la politique de la francophonie
canadienne, notre politique qu'on vient de mettre, le partage d'expertise en
éducation, en culture également. Ça a été beaucoup demandé, dans les garderies,
dans les CPE.
• (15 h 30) •
Donc, oui, on est très soucieux de ces
échanges-là, à plusieurs niveaux, mais il y a aussi, vous devez comprendre, il
y a un équilibre à atteindre entre le fait qu'on... d'un côté, on nous demande
d'avoir plus d'achats québécois, ce qui est une bonne chose, et ce qu'on veut
faire dans le projet de loi n° 12. C'est d'exploiter les marges de
manœuvre et, de l'autre côté, d'avoir ces accords de libéralisation là du
marché. Mais on est partie à ces accords-là. On a un accord Ontario-Québec
également. Donc, on est partie à ces accords-là. Donc, on n'est pas bon
dernier, on n'est pas en queue de peloton puis on n'est pas fermé, là, au
marché canadien.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Merci. M. le
député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Merci, M. le
Président. J'aimerais inviter la ministre de me signaler quelque indicateur de
gestion ou évaluation du résultat en tout ce qui a trait à le commerce rétabli,
accentué dans un secteur ou un autre. Est-ce qu'elle peut me donner la moindre
mesure? Je la rappelle que je ne suis pas en train de parler de la francophonie
actuellement. Je suis en train de parler de l'économie du Québec, qui est, en quelque
part, aveugle. Je ne fais pas abstraction de toutes nos responsabilités de
gérer nos entreprises en français, et tout ça. Je parle de l'économie et le
bénéfice que devrait en tirer le Québec en tant que partenaire dans la
fédération canadienne.
Est-ce que la ministre peut m'identifier
un indicateur de gestion, un critère d'évaluation qui démontre une
accélération, une amélioration, une réalisation en tout ce qui a trait à l'échange
interprovincial?
Mme LeBel : Oui. Bien, je
n'ai pas tous les indicateurs parce qu'ils appartiennent au ministère de
l'Économie avec Investissement Québec. Vous savez que les bureaux du Québec, à
travers le Canada, participent à cette politique et cette promotion-là des
échanges pour augmenter, là, nos... Et oui, les bureaux du Québec au Canada ont
dépassé les cibles économiques qui avaient été fixées par Investissement Québec
avec plus de <35 millions...
>
15 h 30 (version révisée)
<17847
Mme LeBel :
...cible économique qui avait été fixée par Investissement Québec
avec plus de >35 millions de ventes fermes, là. C'est-tu dans la
dernière année?
Une voix : Oui.
Mme LeBel : C'est dans la
dernière année. Je voulais juste être sûre. Donc, oui, et on a des cibles qui
avaient été fixées avec le ministère de l'Économie, en partenariat avec le secrétariat
des relations canadiennes, à travers les bureaux du Québec au Canada, dont le
bureau de Toronto, à titre d'exemple. Et on a même dépassé les cibles qui nous
avaient été fixées par le ministère de l'Économie et Investissement Québec, là,
pour plus de 35 millions de ventes. Mais ce sont, moi, les indicateurs que
j'ai au niveau du secrétariat, vous comprendrez. Le ministère de l'Économie a
beaucoup plus de données à fournir, le cas échéant.
M. Birnbaum : Est-ce qu'on
peut au moins décortiquer ce chiffre un tout petit peu? Est-ce qu'on peut me
signaler un secteur ou un autre où il y a un «breakdown» quelconque?
Mme LeBel : Maintenant,
non, mais je pourrais vous revenir avec une ventilation de ce 35 millions,
mais je n'ai pas ça devant moi aujourd'hui, mais ça existe.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la ministre, juste pour
être sûr, donc vous vous engagez à fournir l'information à la commission, puis
on va la partager?
Mme LeBel : Bien oui, je
peux le faire à travers la commission.
M. Birnbaum : Merci, M.
le Président. Bon, c'est sûr qu'un des volets qui touchent à cette activité et
l'exploitation optimale de cette activité, c'est d'enlever des barrières, des
barrières qui ont l'air assez souvent absurdes, et surtout pour nos producteurs
sur le terrain qui se disent : Mon produit est formidable, comment ça se
fait que... Et, une autre fois, on constate du progrès davantage dans les
autres provinces du Canada et territoires. Est-ce qu'on peut savoir s'il y
avait le moindre progrès? Je vous donne quatre exemples.
Les fromages québécois non pasteurisés qui
ne peuvent toujours pas être exportés à l'extérieur de la province, ça se
parlait beaucoup, c'est un marché où on s'illustre. Les normes provinciales sur
les catégories du sirop d'érable, bon, est-ce que c'est un marché qu'on veut
exploiter à son maximum? Évidemment, les normes sur les aliments biologiques,
un secteur croissant, qui ne sont pas uniformes et qui limitent l'accès à
certains marchés, les camionneurs qui doivent changer leur train de pneus avant
de traverser plusieurs frontières provinciales pour respecter différentes
normes, ce genre de chose, si j'ai bien compris, une autre fois, il n'y a rien
dans les réponses aux questions posées au secrétariat qui indiquent un plan,
une feuille de route sur cette question de réglage des obstacles à la mobilité
de main-d'oeuvre et les exemples que je donne, l'accès aux marchés. Est-ce qu'on
peut me donner quelques exemples du progrès à ce sujet-là?
Mme LeBel : Bien, malheureusement,
je ne pourrais pas vous donner d'exemples concrets dans tous ces secteurs-là.
Ce ne sont pas des secteurs qui relèvent du secrétariat comme tel. Je peux vous
dire qu'entre autres dans l'harmonisation des normes, là, pour que le
camionnage lourd... que vous venez de mentionner, je sais qu'il y a eu une
entente importante l'an passé avec le fédéral là-dessus. D'ailleurs, c'est mon
collègue au MTQ qui pourrait vous en parler plus précisément. Quand on parle
des produits tels que vous mentionnez, je pense, vous avez parlé du fromage et
du sirop d'érable entre autres, naturellement, c'est mon collègue au MEI qui
est chargé de ces discussions-là avec les différentes provinces, entre
provinces et pour le Canada.
Alors, non, je n'ai pas de donnée, moi, à
vous fournir, mais je sais qu'il y a des négociations et des discussions en
cours, mais je ne suis pas impliquée dans ces discussions-là à ce stade-ci.
M. Birnbaum : Je change
de sujet, Bay du Nord. Je crois qu'on se donne la fierté un petit peu moins
évidente, des fois, au sein de ce gouvernement actuel, mais d'être vigilants
sur le plan environnemental, développement durable, et de protéger nos atouts
en tout ce qui a trait aux ressources énergiques, et tout ça... énergétiques.
En tout ce qui a trait à la Bay du Nord, bon, on peut peut-être identifier une
petite manchette ici ou là.
Comment on explique, dans un dossier,
premièrement, sur le plan environnemental, qui pose des risques pour notre
territoire québécois... deuxièmement, l'exploitation qui risque d'avoir des
impacts sur nos propres atouts en tout ce qui a trait au développement durable
sur le plan d'énergie. Est-ce qu'on peut me corriger si je me trompe? Quels
sont les gestes, et est-ce que je peux comprendre quelles auraient été les
réponses, que le Québec a entamés pour protéger nos intérêts envers cette
décision du gouvernement fédéral en ce qui a trait à Bay du Nord?
Mme LeBel : Je serais portée
à vous renverser la question. En quoi les intérêts du Québec sont menacés dans
Bay du Nord, qui est à Terre-Neuve? Donc, s'il y a des enjeux à discuter, c'est
avec M. Guilbeault au fédéral. Il n'y a aucun... À ma connaissance, et à
moins que je me trompe, je vais me garder une marge de manoeuvre, il n'y a
aucun lien avec le Québec avec Bay du Nord, là, et peut-être que vous pouvez me
détromper et me préciser particulièrement en quoi les intérêts du Québec sont
menacés et quels intérêts du Québec sont menacés.
M. Birnbaum : Dans un
premier temps, et je ne suis pas un expert dans le sujet, mais on parle des
fuites possibles, des choses qui risquent de toucher l'intégrité de notre
territoire, sans que je n'invente rien. Est-ce qu'il n'y a aucune préoccupation...
Et, comme je <dis...
M. Birnbaum :
...comme
je >dis, vous êtes dans un ministère très transversal. Alors, je me
permets des questions où il y a des collègues qui sont plus impliqués
davantage.
Mme LeBel : Bien, je ne suis
pas transversale au point de m'occuper des intérêts de Terre-Neuve. Donc...
M. Birnbaum : Non, non, non,
mais je parle de notre territoire.
Mme LeBel : Bien là, on est
dans une plateforme de forage en plein milieu de l'Atlantique. Honnêtement, là,
si vous avez des indicateurs et des indications que notre territoire est
menacé, les intérêts du Québec sont menacés, je vais vous inviter à venir m'en
parler parce que je vais réagir avec... et on va faire ce qu'il y a à faire.
Mais, à ce stade-ci, là, Bay du Nord, précisément Bay du Nord, c'est une
décision fédérale qui n'a aucun impact sur les intérêts du Québec, là. Et je me
garde un bémol parce que je n'ai pas la science infuse, mais moi, ce que j'en
sais, dans la capacité des fonctions que j'occupe, Bay du Nord, on n'est pas du
tout interpelés dans ce dossier-là, on n'a pas été interpelés puis on n'a pas à
l'être non plus.
M. Birnbaum : ...Horizon ne vous
dit rien et...
Mme LeBel : Bien, pas à ce
stade-ci.
M. Birnbaum : La côte
littorale du Mexique et l'intégrité de notre littoral en Gaspésie et ailleurs,
il n'y a aucun risque qui touche...
Mme LeBel : Bien là, pour l'instant,
il n'y a pas d'indicateur que ça peut menacer cette intégrité.
M. Birnbaum : ...à nos
intérêts interprovinciaux?
Mme LeBel : À ma connaissance,
non. Si je me trompe, on fera les... je m'avouerai dans l'erreur, mais, à ma
connaissance, là, Bay du Nord n'a pas d'impact sur le territoire et les
intérêts du Québec au moment où est-ce qu'on se parle avec les informations que
j'ai, les données que nous avons.
M. Birnbaum : Merci. Dans le
petit temps qu'il me reste, bon, une question assez large...
Mme LeBel : ...d'exploitation
du genre, vous le savez, là.
M. Birnbaum : Oui, je le
sais.
Mme LeBel : Donc, dans ce
sens-là, ces intérêts-là sont protégés, mais il n'y a pas d'impact pour Bay du
Nord.
M. Birnbaum : Oui. À l'aune
des sujets que nous aurions abordés jusqu'à date, il me semble qu'on parle des
champs d'intérêt pas mal substantiels qui touchent, en quelque part, notre
avenir. À l'aune de tout ça, comment on explique une diminution nette des
budgets de près de 4 % dans les deux dossiers qui nous touchent? Est-ce
que le tout baigne dans l'huile? Il n'y a pas un intérêt d'exploiter comme il
faut ces sujets-là?
Mme LeBel : Il n'y a pas
de...
M. Birnbaum : Je me trompe? Il
n'y a pas de diminution.
Mme LeBel : Bien, il n'y a
pas de diminution du budget du SQRC. Il y a quelques postes qui ont... où on a
vu une diminution, entre autres...
M. Birnbaum : Le budget de
dépenses de 2022‑2023 de ce programme s'établit à 14,1 millions, soit une
baisse de 1,1 million comparativement aux dépenses probables en 2021‑2022.
Est-ce qu'on peut comprendre pourquoi?
Mme LeBel : Oui, mais il faut
tenir compte du budget de 2 millions qui a été accordé à la politique
aussi en Francophonie canadienne et ce que... oui, et lors du dépôt du budget...
et la diminution des crédits, là, ce sont des sommes qui étaient attribuées au
Sommet de la Francophonie de façon ponctuelle pour une année, qui ont fait qu'on
a eu une augmentation de budget, mais il n'y a aucun des programmes du SQRC qui
est touché ou qui subit une diminution. Au net, vous avez raison, quand on
regarde les feuilles, mais la variation s'explique par des sommes qui ont
été... des loyers, là, 700 millions, entre autres, de centralisation des
loyers qui ont été centralisés au MCE... 700 000 $, pardon, j'ai dit
700 millions, ça ne va pas bien.
M. Birnbaum : J'ai été au
sommet. Est-ce qu'il n'y avait aucun engagement qui entamerait des dépenses, un
powwow, c'est fini, et on peut dire : Zéro dépense conséquente?
• (15 h 40) •
Mme LeBel : Non. Je parle des
sommes pour l'organisation du sommet, donc, qui étaient prévues. Il y avait 500 000 $
pour le Sommet de la Francophonie qui est non récurrent et il y a 700 000 $
qui provient, là, de... la soustraction qui provient de la centralisation des
loyers au MCE par la SQI. Donc, nos loyers qu'on assumait avant dans notre
budget sont assumés maintenant au central, donc, ce qui explique la variation,
mais, dans les faits, aucun programme du SQRC n'a subi de baisse. Au contraire,
dans la Politique de la Francophonie canadienne, on a un investissement de 8 millions
sur trois ans, donc 2 millions cette année, trois l'année prochaine, 3 millions
l'année suivante.
Donc, vous avez raison, quand on regarde
de façon très brute, 15,2, 14,1, le livre des crédits, vous avez raison, mais
cette variation s'explique par le 700 millions de loyer qui va encore se
payer, mais dans un... à travers... 700 000 $, je dis 700 millions
depuis tantôt, je le sais, je m'excuse, 700 000 $, et je ne ferai
plus de «m»... mais je ne ferai plus de «m» ou je vais mettre un... mais la
variation s'explique comme ça.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée de Joliette, pour 7 min 59 s.
Mme LeBel : Alors, lire 700 000 $.
Mme Hivon : Merci beaucoup,
M. le Président. Alors, bonjour à la ministre et toute son équipe. L'année
dernière, on avait un auditoire vraiment prisé lors de nos crédits. Il y a
Michel David qui avait pondu une chronique intitulée Les limbes caquistes,
et donc qui disait que «la députée de Joliette — ça, c'est moi — s'est
étonnée, cette semaine, de retrouver encore sur le site du Secrétariat du
Québec aux relations canadiennes le document que le gouvernement Couillard
avait rendu public en juin 2017 sous le titre Québécois, notre façon d'être
Canadiens.» Alors, si j'étais surprise l'année dernière, imaginez-vous
comment je me suis surprise cette année d'aller faire la vérification et de <toujours...
Mme Hivon :
...et de
>toujours trouver que c'est la politique constitutionnelle du
gouvernement libéral. J'imagine que ça réjouit mon collègue de D'Arcy-McGee de
voir la pérennité de leur politique. Moi, ça me réjouit un peu moins. Donc,
l'année dernière, le ministre nous avait dit qu'elle n'avait pas vraiment de
plan pour revoir ça. Et donc je dois comprendre que, jusqu'à la fin de son
mandat, elle n'aura pas adopté de nouvelle politique constitutionnelle et la
politique va avoir été celle du gouvernement précédent.
Mme LeBel : Je ne suis pas
surprise de votre question. Je m'y attendais. On s'entend que vous alliez
ramener ça. Et je vais vous dire que ce qu'on a fait dans les deux dernières
années, pour moi, c'est une politique d'action et non pas une politique de
rédaction. Donc, les grands objectifs de la politique caquiste sont trois
grands objectifs : naturellement, le respect des compétences et des
priorités, naturellement, de toujours aller chercher notre juste part des fonds
fédéraux et d'avoir l'utilisation et la flexibilité dans l'usage de ces fonds
fédéraux là, puis on parle d'asymétrie.
On a conclu beaucoup d'ententes dans la
dernière année. Je l'ai dit, il y a eu... on a eu... Les relations canadiennes,
honnêtement, dans mes deux dernières années de mandat, ont été encore plus au
cœur des actions gouvernementales que jamais, ne serait-ce que par la gestion
de la pandémie, par le contrôle des frontières, par les transferts en matière
de relance sécuritaire. Et je vous dirais que les efforts de renouvellement de
politiques se sont faits sur la politique en matière de... l'intervention du
Québec en matière de francophonie canadienne.
D'ailleurs, on a présenté cette nouvelle
politique là et on a plutôt mis les efforts sur le renouvellement de cette
politique-là, qui, quant à moi, en avait grand besoin, parce qu'on peut... Dans
les relations intergouvernementales, on peut agir au lieu d'écrire, et, en
francophonie, je pense qu'il est important de revoir nos relations.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, Mme la
ministre. Vous avez... rapidement, Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Merci. Bien, je
comprends bien. On veut agir. Le problème, c'est que vous aviez fait un autre
document à vous qui était, évidemment, vous l'attendiez, celui-là aussi, c'est
mon classique à chaque année, Un nouveau projet pour les nationalistes du
Québec, et vous l'aviez écrit, vous l'aviez déposé, puis vous êtes arrivés
en poste, puis il n'y a absolument rien de ça qui se concrétise. On regarde
toute la liste de ce qui avait été prévu dans les colonnes 2 et 3, il n'y a
absolument rien.
Donc, c'est certain que je pense que le
bilan autonomiste est absent. En fait, c'est très bien, ce que le gouvernement
actuel fait, il fait la même chose que le gouvernement libéral faisait. Ils
essaient d'avoir des ententes administratives sur toutes sortes de choses,
d'aller chercher un peu d'argent, mais il n'y a absolument eu aucun changement
de fond pour un gouvernement, pourtant, qui se disait autonomiste avec un
programme autonomiste.
Donc, je veux juste la prendre au mot
parce qu'elle dit : Un de nos trois objectifs, c'est d'obtenir notre juste
part. Or, pourtant, lors du dernier budget fédéral, la ministre elle-même a
tweeté : «Nos demandes sont pourtant claires : plus de transferts en
santé. Une autre occasion manquée.» Et le ministre des Finances allait dans le
même sens. Donc, on a entendu sa ministre, ce matin, de l'Habitation nous dire
qu'elle reconnaissait finalement la crise. Certains dans l'opposition ont dit
que c'était un miracle. Est-ce qu'elle mise sur un miracle pour obtenir les
transferts ou elle va agir et vraiment agir fortement avec des actions pour
que, finalement, on les ait, ces milliards-là?
Mme LeBel : Écoutez, on n'est
pas... C'est effectivement une occasion manquée du gouvernement fédéral de
répondre à une demande qui est conjointe des 10 premiers ministres des 10
provinces et des trois territoires. C'est une demande qui est portée par tous
les premiers ministres, d'ailleurs, qui est portée à la table des premiers
ministres, puis je pense que c'est fort important de le dire. Puis on n'abandonne
pas le morceau là-dessus, là. On pense... Il est important que le fédéral fasse
sa juste part en matière de transferts en santé, surtout avec ce qu'on a vécu,
surtout avec le vieillissement de la population. Les efforts des provinces en
matière de santé ont constamment... d'investissements en santé ont constamment
augmenté dans les dernières années, alors que les efforts du fédéral, la juste
part du fédéral a constamment diminué.
Donc, ça fait partie effectivement de nos
objectifs, d'obtenir notre juste part des fonds fédéraux, surtout sans
condition, avec une flexibilité d'utilisation, parce que, là, on nous propose
des fonds ciblés, ce qui n'a pas de sens pour nous.
Mme Hivon : Moi, je veux
savoir les actions, parce que, sur le fait qu'on soit indignés, on l'est toutes
les deux, mais, à part d'attendre un miracle puis de dire qu'on est indignés,
on aimerait ça savoir s'il y a des actions qui sont posées. C'est quoi, le plan
de match?
Mme LeBel : On va obtenir une
rencontre des premiers ministres sur le sujet. Je peux vous dire que j'ai
assisté, dans mes fonctions, à presque toutes... je ne dirais pas toutes, mais
presque toutes les conférences de la COF qui sont entre les premiers ministres
provinciaux, les conférences fédérales, les appels téléphoniques entre les
premiers ministres provinciaux et Justin Trudeau, le premier ministre fédéral,
j'ai... quand M. Legault était le président. Maintenant que <c'est...
Mme LeBel :
...que >c'est
M. Horgan, de la Colombie-Britannique, qui est président... et la pression,
elle est mise par tous les premiers ministres. D'avoir réussi... D'ailleurs,
c'est l'oeuvre de notre premier ministre d'avoir réussi à rallier tous les
premiers ministres sur cet enjeu-là. Pour moi, ce sont des actions extrêmement
concrètes.
Mme Hivon : C'est bien
intéressant de rallier tout le monde, mais, si ça ne donne pas de résultat, je
dirais : Rallions-nous, les Québécois, puis essayons d'aller chercher
notre argent par nous-mêmes, parce qu'honnêtement il n'y a pas beaucoup de
résultats. D'ailleurs, notre auditoire prisé finissait sa chronique en disant :
«Après la réforme du mode de scrutin, on dirait bien que la ministre a aussi
reçu le mandat d'expédier le projet autonomiste de la CAQ dans les limbes.» Je
dois dire qu'encore une fois, aujourd'hui, c'est le sentiment aussi que j'ai.
Peut-être qu'elle va m'encourager un peu
avec mon dernier sujet, qui est ce qu'on abordait ce matin au salon bleu entre
notre chef parlementaire et le premier ministre, la question de la consultation
sur la révision des seuils d'immigration. Donc, on sait que le gouvernement
fédéral a annoncé son intention d'augmenter massivement les nouveaux... le
seuil des nouveaux arrivants d'immigration et on sait que, dans notre fameuse
entente, donc, Gagnon-Tremblay—McDougall, on a, là, aux articles 5 et 7, des
obligations claires que l'avis du Québec doit être sollicité et pris en
considération.
Donc, ma question : Est-ce que nous
avons été sollicités? Est-ce que nous avons donné notre avis? Et comment se
fait-il, dans ce cas-ci, le cas échéant, qu'on n'est pas du tout entendus et
qu'on nous demanderait trois fois plus d'intégration d'immigration que le seuil
prévu?
Le Président (M.
Bachand) :...secondes, Mme la ministre.
Mme LeBel : Oui, bien, je
vais répondre que ce n'est pas parce que le fédéral annonce des cibles
d'immigration records que nous, on n'a pas le contrôle de notre immigration. On
va respecter nos cibles. Ça n'aura pas... Ça n'affectera pas les cibles qu'on
s'est mises en place. Il faut comprendre que d'être consultés... On n'a pas de
droit de veto. On a émis haut et fort notre refus d'augmenter nos seuils
d'immigration. Alors, que le Canada désire aller... par trois fois, je pense,
ses seuils d'immigration n'aura... n'affectera pas... Le premier ministre l'a
dit ce matin, nous, on a nos propres seuils, et on va les respecter, et il n'y
aura pas d'influence.
Mme Hivon : Est-ce que vous
avez envoyé une lettre pour le dire et est-ce que vous pourriez déposer cette
lettre-là?
Mme LeBel : À ma
connaissance... Je sais que mon collègue en immigration en a parlé avec sa
collègue en immigration, mais, à ma connaissance, je ne sais pas s'il y a de
lettre.
Mme Hivon : Je vous encourage
à poser des gestes clairs puisqu'ils n'ont pas l'air de nous considérer.
Mme LeBel : Mais ça a été dit
haut et fort, là, sur toutes les tribunes.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Merci. Je me
tourne maintenant vers la partie ministérielle, M. le député de Maskinongé,
pour 9 min 35 s.
M. Allaire : Merci, M. le
Président. Salutations, chers collègues. Mme la ministre, salutations également
à vous, naturellement, mais aussi à vos deux équipes, votre équipe de cabinet
et votre équipe ministérielle. Ce n'est pas les mêmes qu'hier, naturellement.
Je suis content d'intervenir après les
collègues parce que c'est comme frappant à quel point que c'est comme des
extrêmes qui nous ont été présentés. Rt je pense que la ministre l'a bien dit,
c'est l'équilibre aussi qu'il faut chercher, puis on est un gouvernement
d'équilibre, je pense. En même temps, les questions que je vais poser à la
ministre, je pense, vont contrebalancer les propos du député de Jean-Lesage
qui... Honnêtement, c'était pratiquement comme une pièce de théâtre, là. C'est
comme si tout allait mal puis qu'on n'avait jamais rien fait. Tu sais, on
dirait que c'est souvent comme ça avec les oppositions, malheureusement, mais,
tu sais, je pense qu'on va clairement démontrer, là, avec les questions que je
vais poser à la ministre... au contraire, on a posé des gestes concrets, puis
il y a des résultats aussi concrets qui ont eu lieu depuis le début de notre
mandat.
• (15 h 50) •
Mme la ministre, on le dit souvent, la
CAQ, un gouvernement de la CAQ, c'est un gouvernement qui assume son
nationalisme. On se tient aussi debout, on se tient debout, on se tient fort
devant le gouvernement fédéral, je pense, mais on le fait dans un esprit de
collaboration qui reflète bien votre personnalité, je trouve, puis je pense que
l'ensemble des collègues ici, alentour de la table, peuvent en témoigner quand
ils travaillent avec vous en commission. On a fait des gains. On en a fait, des
gains, depuis 2018. Je pense que c'est une belle occasion de le dire puis je
vous cède la parole là-dessus. J'ai envie de vous entendre sur les gains qu'on
a faits depuis 2018.
Le Président (M. Bachand) :Mme la ministre.
Mme LeBel : Oui, bien, vous
avez tout à fait raison, on n'a pas la même façon de voir les choses. Je pense
qu'on a annoncé haut et fort que nous, c'était le nationalisme et
l'autonomisme, et on allait défendre la capacité du Québec de s'occuper de son
monde dans ses propres compétences haut et fort, d'aller chercher notre juste
part des fonds fédéraux, mais pas juste notre juste part, mais aussi avec le
moins... avec une flexibilité d'action le plus possible, et c'est ce qu'on a
fait dans les dernières années.
J'ai eu l'occasion de dire, je ne me
souviens plus à quel endroit, bien, peut-être même ici tantôt, que quelquefois
c'est au prix d'avoir... d'attendre avant d'avoir notre juste part. On a réussi
à conclure, entre autres, l'entente sur le logement, l'entente nationale sur le
logement, qui datait déjà... sous le gouvernement précédent, quand on est
arrivés, et on est allés la <chercher en...
Mme LeBel :
...la
>chercher en s'assurant de faire respecter nos compétences en matière
d'habitation. On a fait un gain énorme dans les domaines de l'apprentissage des
gardes d'enfants. Il faut être fier du fait que le programme fédéral pour
lequel on a obtenu notre 6 milliards sans lien, sans condition, était même
basé sur l'exemple québécois, mais je pense qu'on a aussi tenu notre bout
là-dedans parce qu'il y a eu beaucoup de pression, pour le fédéral, de nous
donner également des conditions. On a tenu notre bout puis on a réussi à garder
notre 6 milliards sans condition. Et le fédéral a d'ailleurs reconnu notre
compétence explicitement, là, notre compétence du Québec dans ce domaine-là.
Pour moi, c'est un gain qui a été fait.
Je peux vous parler de l'accord
Canada-Québec pour les refuges pour les femmes. C'est beaucoup plus concret. Puis
je ne suis pas d'accord avec mes collègues quand on dit qu'on ne fait que des
ententes administratives. Je m'excuse, là, mais ces ententes-là ont des effets
concrets sur les Québécois, sur les citoyens du Québec. Quand on parle du transfert
de fonds additionnels de 44 millions pour les organismes d'aide aux
victimes de violence sexuelle et de violence conjugale, c'est concret, ça. Ce
n'est pas de l'administration et ce n'est pas juste des ententes
administratives. Il y a des résultats puis il y a des retombées pour les
Québécois à la clé de ça dans le respect de nos compétences.
Quand on parle aussi des deux ententes de
contribution entre le Québec et le Canada pour... Je vais... Bon, ça s'appelle
Fonds pour la large bande universelle. En bon français, c'est Internet haute
vitesse, là. On s'entend, on était prêts, nous, au Québec. On est allés de
l'avant puis on était prêts à assumer... Je vous rappellerai, parce que j'ai eu
l'occasion de faire des crédits supplémentaires de 900 millions sur ce
sujet-là avec le Conseil du trésor, et, malgré qu'on était prêts à payer parce
qu'on... et que c'était une compétence fédérale, on s'est tenus debout puis on
a réussi à aller chercher 460 millions pour les Québécois dans ce
dossier-là. Je pense que c'est important de le mentionner.
Puis moi, je suis très contente, puis, je
vais le dire, je n'étais pas aux... j'étais aux Relations canadiennes, pardon,
je n'étais pas au Trésor à l'époque, j'étais à la Justice. Peut-être que mes
collègues avocats vont mieux l'apprécier que d'autres, mais c'est important, ce
qu'on est allés chercher comme voix plus prépondérante dans la nomination du
juge à la Cour suprême pour les sièges qui sont occupés par le Québec. Ça,
c'est important. Ça a peut-être moins d'impact direct pour les citoyens, mais
pour moi, là, quand on parle de la voix du Québec, où on a trois sièges
réservés, que la voix du Québec soit entendue, respectée dans ce domaine-là...
puis on l'a eu dans la dernière nomination. On l'a fait, et les choix du Québec
ont été pris en compte très sérieusement dans la nomination qui a été faite
pour le dernier siège du Québec qui a été nommé.
Puis, pour moi, ce sont des gains
importants en matière de retombées pour les Québécois. C'est juste quelques
exemples, là. Il y en a d'autres qui ont peut-être... à plus ou moins grande
échelle, mais je vous nomme celles qui sont peut-être les plus parlantes, là.
M. Allaire : Merci, Mme la
ministre. Je pense, ça vient bien contrebalancer les propos de tantôt. Ça démontre
à quel point qu'il y en a eu, des actions, puis il y en a eu, des gains. Ça ne
veut pas dire qu'il n'y a pas des enjeux, par contre. Tantôt, on les a nommés,
la députée de Joliette les a nommés. Je donne l'occasion peut-être de revenir
là-dessus. On a parlé d'immigration, on a parlé des seuils, on a parlé des
transferts en santé. Mme la ministre, c'est quoi, votre vision à moyen
terme, là? C'est quoi... Tu sais, vous en avez parlé un peu, des actions, là,
mais vos objectifs par rapport à ces deux sujets-là en particulier...
Mme LeBel : Bien, écoutez, il
y a des enjeux. Oui, il y a des enjeux. Ce n'est pas parfait. Et là où,
philosophiquement, je pense qu'on diverge de, à tout le moins, deux membres...
deux groupes de l'opposition, c'est que moi, je ne suis pas convaincue que, par
la souveraineté, on va régler ces enjeux-là puis je ne suis pas convaincue que,
par la souveraineté, on obtiendrait notre juste part en transferts de santé. Je
pense que, par la souveraineté, on aurait économiquement beaucoup de
difficultés. Alors, pour moi, ce n'est pas une réponse, ce qui ne fait pas... On
ne nie pas les enjeux, mais, pour moi, ce n'est pas une réponse aux enjeux que
l'on vit. Vous avez parlé... Bon, on a parlé d'immigration, d'aller chercher
plus de pouvoirs, de faire respecter nos seuils d'immigration, et c'est ce
qu'on va faire. Notre capacité d'intégration est à 50 millions. C'est bien
50 millions... 50 000 encore. Tu sais, je ne sais pas pourquoi il y
a...
Une voix : ...
Mme LeBel : Non, et puis,
anecdote, j'ai déjà annoncé, en Colombie-Britannique, 500 millions, alors
que c'était 500 000 également. Donc, je veux juste vous demander de lire,
pour fins d'enregistrement, «mille» dans mon chiffre «million» à chaque fois. Il
y a comme un «glitch» dans ma tête aujourd'hui, là, je m'en excuse. Mais nos
seuils d'immigration vont être respectés malgré l'annonce du gouvernement
fédéral, donc, et on continue de travailler, parce que ce n'est pas parce qu'on
veut... Et il y a présentement des conversations entre mes collègues du fédéral
et nous sur... et on a interpelé sur les retards en immigration. Ce n'est pas
parce que je veux remettre le singe sur le dos du fédéral, mais c'est pour ça
qu'on veut aller chercher plus de pouvoirs, parce que notre travail a été fait
au niveau du CSQ, et on veut que ces retards-là soient adressés, et on veut
qu'on traite en <priorité...
Mme LeBel :
...traite
en >priorité les demandes du Québec, justement, pour pouvoir accueillir
ces gens-là, mais dans l'optique de notre capacité d'immigration. Puis, dans
mon envolée sur les millions, milliers de dollars, j'ai perdu votre autre... Vous
avez parlé de deux...
M. Allaire : Transferts en
santé.
Mme LeBel : Transferts en
santé, parfait. Également, les transferts en santé, j'ai eu l'occasion d'en
parler, c'est fort important. Le fédéral nous dit : Oui, mais on a mis
beaucoup d'argent, mais ce sont des fonds non récurrents. Le premier ministre
l'a dit : Comment voulez-vous qu'on engage du monde avec des fonds qui
durent deux ans ou trois ans? Après ça, il faut continuer à les payer, ces
infirmières-là. Quand on donne des services aux Québécois, on en met en place,
on crée un... on ne crée pas un besoin, on comble un besoin qui ne s'éteint pas
au bout de trois ans ou cinq ans. Et, quand le fédéral nous donne des fonds
dans des catégories particulières, je vais parler, entre autres, des CHSLD puis
le soin au... on est très d'accord pour mettre des fonds là, mais on en met
déjà beaucoup. Peut-être que nous, nos fonds, on en a besoin un peu plus
ailleurs également. On a besoin d'en mettre là également, mais on doit garder
le plein contrôle de... parce qu'on est ceux qui connaissent notre réalité sur
le territoire.
Alors, oui, on va continuer à faire valoir
notre autonomie. C'est même à la table des premiers ministres, au niveau des
premiers ministres, et on en entend parler, je vous le dis, à chaque fois qu'il
y a une rencontre, presque à chaque semaine. Ça s'est un peu espacé, et il y a une
rencontre de prévue, justement, cet été avec les premiers ministres de toutes
les provinces, de la COF, où on va encore pousser cet enjeu-là.
M. Allaire : Merci, Mme la
ministre.
Le Président (M.
Bachand) :Il vous reste 50 secondes.
Un dernier commentaire?
M. Allaire : Non, ça va.
Mme LeBel : Bien, je vais
peut-être prendre le temps, si vous voulez, peut-être, pour remercier toutes
les équipes qui travaillent toujours très fort, remercier mes collègues de
l'opposition d'avoir participé à cet exercice-là. Ils ont... Ils font valoir
leur point de vue, et c'est l'objet de la discussion, et moi, je respecte ça, mais
je veux vraiment remercier les équipes, parce que tout le monde travaille très
fort pour... et il y a beaucoup plus de travail derrière que l'heure pour
laquelle on a été avec vous. Alors, je vais voler ce 50 là pour faire...
50 secondes pour faire mes remerciements à tout le monde.
Adoption des crédits
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Donc, le temps
alloué à l'étude du volet Relations canadiennes et francophonie canadienne des
crédits budgétaires du portefeuille Conseil exécutif étant presque écoulé, nous
allons maintenant procéder à la mise aux voix des crédits.
Est-ce que le programme 3, intitulé
Relations canadiennes, est adopté?
Des voix
: Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Président (M.
Bachand) :Sur division. Merci.
Documents déposés
En terminant, je dépose les réponses aux
demandes de renseignements de l'opposition.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 16 h 45, où elle va entreprendre l'étude
des crédits budgétaires du volet Relations avec les Québécois d'expression
anglaise du portefeuille Conseil exécutif. Merci, à tantôt.
(Suspension de la séance à 15 h 59)
16 h 30 (version révisée)
(Reprise à 16 h 45)
Le Président (M.
Bachand) :Alors, la Commission des
institutions reprend ses travaux.
La commission est réunie afin de procéder
à l'étude du volet Relations avec les Québécois d'expression anglaise des
crédits budgétaires du portefeuille Conseil exécutif pour l'année... l'exercice
financier, pardon, 2022‑2023. Une enveloppe de 1 h 45 min a été
allouée pour l'étude de ces crédits.
Avant de débuter, Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Alors, Mme Jeannotte (Labelle) est remplacée par M. Poulin
(Beauce-Sud); M. Lamothe (Ungava) est remplacé par M. Reid
(Beauharnois); M. Lévesque (Chapleau) est remplacé par M. Skeete
(Sainte-Rose); M. Rousselle (Vimont) est remplacé par M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee); M. Zanetti (Jean-Lesage) est remplacé par Mme Ghazal
(Mercier) et Mme Hivon (Joliette) est remplacée par <M. Bérubé
(Matane-Matapédia)...
La Secrétaire :
...M. Zanetti
(Jean-Lesage) est remplacé par Mme Ghazal (Mercier) et Mme Hivon
(Joliette) est remplacée par >M. Bérubé (Matane-Matapédia).
Relations avec les Québécois d'expression anglaise
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Donc, comme vous
le savez, nous allons procéder à une discussion d'ordre général par blocs de 14
à 19 minutes environ, incluant les questions et les réponses. La mise aux
voix de ces crédits sera effectuée à la fin du temps que leur est allouée, soit
vers 18 h 30.
Discussion générale
Il me fait plaisir maintenant de céder la
parole au député de D'Arcy-McGee. M. le député, s'il vous plaît, pour une
période de 17 min 4 s.
M. Birnbaum : Merci, M.
le Président. Mes salutations à M. le premier ministre, son équipe de MCE, de
son cabinet, à mes collègues les députés des autres formations de l'opposition
et les équipes qui vous entourent. Je trouve, c'est une opportunité d'une
importance primordiale pour le Québec, pour la communauté dont j'ai la fierté
d'être membre et pour nos discussions collectives qui vont suivre.
Je me permets de noter, dans un premier
temps, notre reconnaissance de l'intention du gouvernement de faire adopter
notre amendement sur les trois cours additionnels du français aux cégeps anglophones,
du français et pas en français. Oui, j'espère et je crois, des deux côtés de la
Chambre, nous allons reconnaître que nous avons nos rôles légitimes politiques
d'efforts musclés. Nous avons aussi un devoir qui passe de l'avant et qui, nécessairement,
à chaque jour, va faire le devant, c'est-à-dire le bien-être, le succès de nos
concitoyennes et concitoyens. Dans ce cas-là, nous risquons d'être devant une
solution qui va assurer en quelque part le bien-être, le succès ainsi qu'un
cheminement accompagné et particulier pour nos jeunes Québécois de langue
anglaise au cégep en tout ce qui a trait à leur responsabilité partagée par la
communauté et par tout le monde qui partagent le Québec avec nous de se
perfectionner de façon continue en français. Alors, je tenais à noter que je
trouve qu'on est devant un développement prometteur en tout ce qui a trait à
ces trois cours.
Le premier ministre va me permettre,
j'espère, en quelque part, d'établir quelques paramètres pour qu'on se
comprenne, dans un premier temps, la communauté dont on va parler cet
après-midi et la vision du gouvernement en ce qui a trait à la place, les
préoccupations, l'avenir de cette communauté de plus que 1 million d'âmes,
c'est-à-dire les communautés québécoises d'expression anglaise.
Dans un premier temps, j'inviterais le
premier ministre à nous expliquer comment cette communauté aurait bénéficié de
sa décision de ne pas poursuivre un modèle du gouvernement antérieur, de nommer
un ministre pour ce dossier-là et d'avoir assumé ces tâches lui-même. Est-ce
qu'il peut m'identifier... nous identifier une ou deux réalisations qui
découlent de cette décision de donner la responsabilité à l'ultime élu,
c'est-à-dire le premier ministre du Québec?
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le premier ministre.
• (16 h 50) •
M. Legault : Oui. Bien,
M. le Président, moi aussi, je veux saluer les collègues, autant du côté
ministériel que du côté des oppositions, puis les équipes aussi qui sont du
secrétariat et qui sont de mon cabinet.
Bien, écoutez, d'abord, si je commence par
regarder les résultats chiffrés, bien, on se rend compte que le Secrétariat aux
relations avec les Québécois d'expression anglaise, en 2018‑2019, donc
dernières années... bien, on peut regarder même en 2017‑2018, le budget était
de 1,9 million. En 2018‑2019, le budget est passé à 3 millions,
dernière année libérale. Puis cette année et l'année dernière, le budget excède
12 millions. Donc, il y a eu effectivement une augmentation importante, là,
le budget a été multiplié par quatre.
Et, bien là, je pourrais regarder tous les
montants qui ont été envoyés, entre autres à toutes sortes d'organismes, là,
Youth for Youth, Bishop's, Collective Community Services, etc., puis mon
adjoint parlementaire, le député de Sainte-Rose, a fait le tour des régions du
Québec, le tour des organismes depuis trois ans et demi, puis on a réussi, je
pense, à établir une bonne communication. Il y a eu une étape difficile avec la
pandémie, où on a, encore là, augmenté de façon importante les budgets pour
aider les organismes qui aidaient les <citoyens d'expression anglaise...
M. Legault :
...pandémie,
où on a, encore là, augmenté de façon importante les budgets pour aider les
organismes qui aidaient les >citoyens d'expression anglaise. Donc, il y
a eu, je pense, là... On a multiplié par quatre le budget, donc on a multiplié
par quatre l'aide, essentiellement, qui a été donnée aux organismes qui
représentent les citoyens d'expression anglaise.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Merci, M. le
Président. En parlant des paramètres, on va convenir sur l'importance de savoir
de qui on parle. Le premier ministre va reconnaître, et pas pour une seule fois
dans son mandat, l'anxiété, la colère, l'insécurité et la tristesse, en quelque
part, qui s'exprime de façon assez marquante à travers le Québec dans les
communautés de langue anglaise dont on parle.
Une des sources de cette anxiété, c'est
une sortie suite à l'intervention à l'Assemblée nationale par le premier
ministre, où il a dévié, pas juste d'un constat, d'une façon de faire entamée
par les huit premiers ministres du Québec antérieurs... Moi, j'ai eu le
plaisir, dans mes jobs antérieures, à coordonner et à participer dans les
réunions avec René Lévesque, avec Lucien Bouchard, avec Bernard Landry, avec
Jacques Parizeau, avec Pierre Marc Johnson, avec Jean Charest, Robert Bourassa,
pour ne pas... participer au gouvernement de Philippe Couillard. Pour chacun de
ces premiers ministres, y compris un mentor, si je peux, du premier ministre
Lucien Bouchard, il n'y avait aucunement, mais aucunement un critère que le
premier ministre a insisté de mettre de l'avant à plus qu'une reprise, c'est la
notion d'un anglophone historique. Invité à préciser, le premier ministre, avec
son don typique de clarté, insistait qu'afin d'identifier les Québécois
d'expression anglaise pour accès aux services, c'est un concept important... À
la question : J'entends quoi quand je parle des Québécois de langue
anglaise historique?, c'est des ayants droit.
Comme je tiens à préciser, afin de
protéger les services de disponibles pour les Québécois d'expression anglaise,
ces huit premiers ministres n'ont jamais fait une telle distinction. Le premier
ministre l'a faite. Je lui rappelle... et ayants droit, qu'on complète la
définition, c'est les gens qui ont accès à l'école anglaise.
Est-ce qu'on peut se comprendre que
plusieurs experts, y compris, j'ose espérer... je ne veux pas avancer trop,
mais, j'ose espérer, les grands experts au sein du secrétariat vont convenir
qu'il y a peut-être 300 000, 500 000 Québécois d'expression
anglaise qui ne sont pas ayants droit?
Je me permettrai... avant que le premier
ministre suggère ce que son ministre responsable de la Langue suggère chaque
fois que j'ouvre ma bouche sur ces questions, je ne suis pas en train de parler
des gens légitimement dirigés vers les écoles françaises qui sont nouvellement
arrivants, qui ne parlent ni anglais ni français. C'est le nœud de la Charte de
la langue française. Je ne parle pas de ces gens-là, je parle des gens d'une...
je vais vous donner quelques petits exemples, des gens très établis au Québec
et depuis longue date et ceux de l'Angleterre, de New York, de l'Australie, des
Indes, peut-être. Voilà une catégorie de non-ayants droit qui s'expriment en
anglais, qui font leurs efforts énormes pour maîtriser le français. Bien, voilà
une autre catégorie.
Il y a, parmi cette liste-là... En bonne
foi, j'espère qu'on va, de façon humaine toujours, essayer de continuer nos
efforts légitimes de franciser le monde. Là, je parle aussi de plusieurs
milliers de personnes issues de quelques-unes de nos communautés
traditionnelles qui ont tellement contribué au Québec, d'origine grecque,
d'origine italienne, d'origine de l'Inde, d'origine de Pakistan, qui utilisent
l'anglais en même temps qu'ils essaient de maîtriser le français depuis longue
date.
Je tiens à ajouter un autre élément, juste
avant d'entendre le premier ministre sur cette question d'une importance
primordiale, <la définition...
M. Birnbaum :
...à
ajouter un autre élément, juste avant d'entendre le premier ministre sur cette
question d'une importance primordiale, >la définition, qu'on se comprennne,
de l'Office québécois de la langue française. Qui est un anglophone? Quelqu'un
qui a l'habitude et l'expertise de s'exprimer en anglais. Est-ce que le premier
ministre peut rassurer la communauté de langue anglaise qu'il ne va pas faire
abstraction de ces 500 000 personnes, peut-être, en termes de donner
accès aux services? Et je parle des services essentiels. Ou est-ce qu'on va
comprendre que dorénavant, malgré la tradition de René Lévesque, de Lucien
Bouchard et autres, il y aurait que certains Québécois d'expression anglaise
qui vont avoir accès aux services dans leur langue?
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le premier ministre,
s'il vous plaît.
M. Legault : Bien, M. le
Président, d'abord, je pense qu'il faut être prudent quand on définit «services
essentiels». C'est certain que, dans une urgence, on est toujours prêt à
accommoder les personnes. Mais revenons à la loi 101, revenons à ce qui
avait été déposé par René Lévesque, par Camille Laurin. Au début, les personnes
qui avaient le droit d'aller à l'école en anglais, ce sont les personnes dont
les parents avaient été à l'école en anglais. Puis on a étendu ça aussi à ceux
qui restent dans le reste du Canada et qui sont allés à l'école en anglais.
Mais quelqu'un qui vient des États-Unis, qui immigre au Québec, bien, il doit envoyer
ses enfants à l'école en français. Ça, ce n'est pas la CAQ qui a changé ça,
c'était comme ça avec le Parti québécois, c'était comme ça avec le Parti
libéral. Puis je peux comprendre, là, on voit deux nouveaux partis politiques
qui se créent, puis il y a des gens qui se disent : Bon, il y a 9 %
de la population qu'on appelle les ayants droit, là, ceux qui ont le droit
d'envoyer leurs enfants à l'école en anglais. Et, à chaque année, il y a
50 000 nouveaux arrivants et, parmi ceux-là, bien, il y en a qui
parlent anglais, il y en a qui parlent français, il y en a qui parlent
espagnol. Et les nouveaux arrivants, selon la définition qui existe depuis le
temps de René Lévesque puis de Camille Laurin, ces gens-là n'ont pas le droit
d'aller à l'école en anglais.
Je comprends qu'il y a des anglophones qui
disent : Bon, le Québec est dans un pays bilingue, puis on devrait avoir
le choix, et puis on a des écoles qui se vident du côté anglophone. Donc,
pourquoi on ne permettrait pas, par exemple, à un Américain qui arrive au
Québec de pouvoir aller à l'école en anglais? Bien, ce que je dirais, c'est :
C'est important pour la survie du français. C'est important parce que le
français sera toujours vulnérable en Amérique du Nord. Quand on regarde aussi
la démographie, bien, le poids des 50 000 immigrants qui arrivent à
chaque année, s'ils choisissent l'anglais, ça devient une question de temps
avant que le Québec, à commencer par Montréal, ne parle plus français.
Donc, c'est important que la loi 101
continue d'être appliquée puis que les nouveaux arrivants, bien, envoient leurs
enfants à l'école française. Puis c'est important de reconnaître, puis j'espère
que le député de D'Arcy-McGee est d'accord avec ça, qu'il y a une seule langue
officielle au Québec, puis c'est le français.
M. Birnbaum : ...M. le
premier ministre, je viens de passer quelque 200 heures en commission où
le ministre responsable pour la Langue française m'a donné des cours magistraux
complètement non nécessaires sur la Charte de la langue française, que le
premier ministre comprend bien, je ne remets aucunement en question.
Est-ce que je peux comprendre, donc, que
différemment, en contraste avec Lucien Bouchard, Jacques Parizeau, Bernard
Landry, dorénavant, ce premier ministre va dire à quelques 300 000 à
500 000 Québécois d'expression anglaise, pas nouvellement arrivés
d'ailleurs, que leur accès aux services essentiels, et je parle surtout des
services de santé et services sociaux, va être restreint de façon jamais vue au
Québec?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
• (17 heures) •
M. Legault : Bien,
écoutez, j'ai eu la chance de travailler et avec Lucien Bouchard et avec
Bernard Landry puis je peux vous assurer que les deux étaient d'accord avec la
loi 101, c'est-à-dire qu'un nouvel arrivant, qu'il soit arrivé il y a deux
ans, ou il y a 10 ans, ou il y a 20 ans, si la clause grand-père ne
s'applique pas, c'est-à-dire que les parents n'ont pas étudié en anglais au
Québec ou au Canada, bien, ils n'ont pas le droit d'envoyer leurs enfants à
l'école en anglais. Puis ça, c'était vrai avec Bernard Landry, c'était vrai
avec Lucien Bouchard puis c'est <vrai avec moi...
>
17 h (version révisée)
<4131
M.
Legault :
...en anglais. Puis ça, c'était vrai avec Bernard
Landry, c'était vrai avec Lucien Bouchard puis c'est >vrai avec moi.
M. Birnbaum : ...temps
précieux en démantelant l'épouvantail mis de l'avant, à chaque reprise, par le
premier ministre de tous les Québécois que la communauté d'expression anglaise,
en quelque part, n'a aucunement évolué avec le Québec, qu'elle est en train, à
chaque minute, de mettre en question la Charte de la langue française. Ma
question n'a aucunement, mais aucunement à faire là-dessus. Ses réponses m'invitent
à quelques autres questions.
Est-ce que je peux inviter le premier
ministre... et je n'ai eu que silence radio quand j'ai posé la même question au
ministre responsable de la promotion de la langue... est-ce que le premier
ministre peut nous parler de comment il voit le rôle, légitime et nécessaire,
de la communauté d'expression anglaise dans le rayonnement de notre langue
commune au Québec, s'il a un mot à dire sur sa façon de l'avoir fait à travers
les dernières deux générations, mais surtout en dedans de son mandat comme premier
ministre?
Le Président (M.
Bachand) :...ministre.
M. Legault : Bien, M. le
Président, je pense que mon rôle, comme premier ministre, c'est d'être le
premier ministre de tous les Québécois, de rassembler les Québécois. Que ce soient
des francophones, des anglophones, des allophones, c'est de rassembler tous les
Québécois. Maintenant, s'il y a des Québécois qui se voient comme étant des
Québécois d'expression anglaise, c'est un choix qui est individuel. Mais quand
on regarde les droits, entre autres, à l'école, bien, c'est important, là, pour
la survie du français, que les nouveaux arrivants, ceux qui n'ont pas de clause
grand-père, envoient leurs enfants à l'école en français.
Mais moi, je suis prêt à reconnaître que
les anglophones ont eu un rôle très important dans l'histoire du Québec, ont
participé de façon importante, entre autres, à son développement économique, à
tout ce qu'on a comme musées, comme endroits, là, qui font qu'il y a des
anglophones qui aiment mieux vivre à Montréal qu'à Toronto. Bien, ça, ça va
rester. Mais pour protéger le français, seule langue officielle au Québec, bien,
c'est important de se donner des lois pour que les nouveaux qui arrivent, bien,
s'intègrent à la communauté francophone. C'est une question de survie.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député.
M. Birnbaum : Justement, un
objectif que j'ai dit, à maintes reprises, que notre formation partage, et a
été... et reste à la recherche de mesures concrètes et réelles, qui vont s'adresser
comme il faut à cette vision-là.
Une autre question où je n'ai eu que
silence radio, que j'invite le premier ministre à adresser, et j'ai en tête une
mesure spécifique qui va nuire aux entreprises du Québec, qui va nuire à notre
épanouissement collectif, un geste pour limiter, malgré nos efforts, sans arrêt,
d'avoir un amendement là-dessus, la possibilité, pour des gens qui arrivent en
séjour temporaire, souvent, des chefs de file qui vont investir, souvent, des
experts en intelligence artificielle, souvent, les profs invités pour bâtir des
nouveaux départements, au Québec, en séjour temporaire, avec pas la moindre
prétention de rester au Québec, mais qui choisissent ici, au lieu d'aller... d'accepter
des offres partout au monde, parce qu'ils veulent nous aider à s'épanouir, mais
ils n'ont aucunement l'intention de faire acquérir le français par leurs
enfants, ils vont se trouver ailleurs...
Le gouvernement a refusé nos amendements,
ce qui m'amène à ma question dont la réponse, une autre fois, a été silence radio
du ministre responsable : Est-ce que votre gouvernement peut imaginer le
moindre geste modeste qui, oui, va encourager la communauté d'expression
anglaise à se renflouer, à s'épanouir? Et je regarde le premier ministre dans
les yeux. Oui, un geste comme celle-là qui, modestement, aurait un impact
minimal sur le rayonnement de notre langue française. Y aurait-il...
Le Président (M.
Bachand) :M. le député, merci. Le temps
est écoulé.
M. Birnbaum : ...y aurait-il
jamais le moindre geste recevable dans ce contexte-là?
Le Président (M.
Bachand) :Alors donc, je cède la parole à
la députée de Mercier, merci, pour 14 min 18 s.
Mme Ghazal : Très bien, merci
beaucoup, M. le Président. Bonjour, M. le premier ministre. Bonjour, salutations
à mes collègues membres de la commission, et bonjour à tout le monde. Écoutez,
c'est la première fois que j'ai un échange avec le premier ministre. J'en suis
très, très heureuse aujourd'hui.
Québec solidaire, on l'a dit, on va voter
pour le projet de loi n° 96. Si le projet de loi n° 96 allait à l'encontre
le moindrement contre les droits de la minorité historique anglophone, on
aurait été les premiers à le dénoncer, mais ce n'est pas le cas. Le projet de
loi n° 96, selon notre <lecture...
Mme Ghazal :
...selon
notre >lecture, ne diminue pas les droits de la minorité anglophone. Je
pense, notamment, à la santé. Par exemple, le projet de loi n° 96
permet même à des immigrants qui veulent parler en anglais, dans le système de
santé, de pouvoir le faire. Le projet de loi n° 96
n'empêche pas les immigrants de parler français... de parler anglais dans le
système de santé. Certains groupes m'ont contacté par rapport à cette question,
parce qu'ils n'arrivaient pas à trouver de réponse, ni de la part du ministre
de la Langue française ni de la part du ministre de la Santé, donc, pour être
rassurés sur cette question-là.
Donc, j'aimerais profiter de l'opportunité
que j'ai, aujourd'hui, d'avoir le premier ministre. Est-ce qu'il peut rassurer
les personnes qui sont inquiètes, les personnes de la minorité anglophone qui
sont inquiètes par rapport à leurs droits? Ou est-ce que... Peut-être qu'on ne
le fait pas assez, peut-être que les ministres du gouvernement... ou le premier
ministre ne le fait pas assez, parce qu'il est inquiet qu'on le taxe, par
exemple, de ne pas être assez nationaliste, s'il défend... s'il reconnaît que
le projet de loi n° 96 n'est pas assez dur envers les
minorités?
Le Président (M.
Bachand) :...le premier ministre.
M. Legault : Bien, merci, M.
le Président. Moi aussi, je suis content d'échanger avec la députée de Mercier
pour, peut-être, la première fois. D'abord, je suis content qu'elle nous dise
que, un, elle va voter pour le projet de loi n° 96,
que deux, selon elle, ça ne va pas contre les droits des minorités historiques
anglophones. Puis ça me ferait plaisir aussi... ça me fait plaisir de lui
confirmer que, si on parle des services en santé, ce n'est pas dans la loi n° 101 ou dans la loi n° 96,
c'est dans la loi sur la santé, et donc que les services urgents vont continuer
d'être donnés en anglais, si c'est demandé. Donc, il n'y a aucun changement
dans les services qui sont donnés en santé.
Mme Ghazal : ...par exemple?
M. Legault : Il n'y a aucun
changement, aucun changement.
Mme Ghazal : Très bien. Bien,
merci beaucoup. J'espère que les gens qui nous écoutent vont être rassurés.
Je voudrais aller sur un autre sujet
aussi, c'est la clause dérogatoire ou la disposition de dérogation en français.
M. le premier ministre, vous parlez beaucoup de la défense des droits de la
nation québécoise, même si, maintenant, il faut le reconnaître... Je sais que
le ministre de la Langue française n'aime pas quand je le dis, mais c'est la
vérité, la CAQ est fédéraliste, donc les gens qui composent la CAQ, dont le
premier ministre est rendu maintenant un fédéraliste. À Québec solidaire aussi,
c'est important pour nous de protéger les droits collectifs, notamment les
droits sociaux, pour réduire les inégalités économiques, dont on parle très,
très peu au Québec, comme si ça n'existait plus. On n'est pas uniquement des
gens qui viennent d'ailleurs, avec des identités différentes. Il y a aussi des
différences de classe, des différences économiques.
Mais on vous entend très peu, M. le
premier ministre, défendre la Charte des droits et libertés de la personne du
Québec. Quand vous en parlez, de cette charte-là, c'est pour restreindre les
droits qui y sont inscrits, en utilisant la disposition de dérogation à tout
bout de champ. M. le premier ministre, j'ai une question pour vous :
Est-ce que vous aimez la Charte des droits et libertés de la personne du
Québec? Et, si oui, pourquoi vous ne la défendez jamais?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
• (17 h 10) •
M. Legault : Oui. Bien,
merci, M. le Président. Puis c'est une très bonne question, parce qu'on
pourrait parler des signes religieux, on pourrait parler du français. D'abord,
c'est important de rappeler que, dans la Constitution canadienne, c'est prévu
qu'il y ait une clause dérogatoire quand, pour protéger certains droits
collectifs, on en vienne à ne pas vraiment respecter tous les droits
individuels. Donc, il faut avoir un équilibre, et c'est important, à un moment
donné, quand on se dit défenseur des droits individuels, que ça ne se fasse pas
au détriment de protéger le français, de protéger des valeurs comme la laïcité.
Je sais que Québec Solidaire a de la misère avec ça. Québec solidaire veut
protéger les droits individuels à tout prix, entre autres, est contre
l'interdiction des signes religieux pour les personnes en autorité, ce qui va
beaucoup moins loin que ce qu'on vit, par exemple, en France. Et nous, on pense
que c'est important aussi de le faire pour le français.
Donc, pour protéger le français, ça veut
dire qu'il y a une minorité anglophone qui n'aurait peut-être pas accès à
certains postes, s'ils ne parlent pas français. Et, dans ce sens-là, bien, je
sais que Québec solidaire met juste l'emphase sur les droits individuels, mais je
pense que c'est important de ne pas oublier la défense de la nation québécoise.
La nation québécoise est en minorité en Amérique du Nord, le français sera
toujours vulnérable. C'est important de défendre notre langue, c'est important
de défendre aussi nos valeurs, comme la laïcité, et c'est important d'utiliser
la clause dérogatoire, qui est incluse dans la Constitution canadienne, pour être
capables d'y arriver.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de <Mercier...
Le Président (M.
Bachand) :
Mme la députée de >Mercier.
Mme Ghazal : Je voulais
entendre le ministre me dire comment est-ce que lui défend les droits, la charte
des droits de la personne aussi, pas uniquement les droits collectifs. Je l'ai
dit, nous sommes pour les droits collectifs, la protection de la langue
française, la laïcité, selon la définition de Québec solidaire. Ça fait partie
de nos valeurs aussi, qui sont importantes pour le Québec, mais les droits
individuels existent. Ce qu'il faut, ce n'est pas, à tout crin, les droits
collectifs, à tout crin, les droits de la personne, mais un équilibre.
Mais je ne l'entends jamais, jamais,
jamais défendre les droits de la personne, la Charte des droits et libertés de
la personne. Vous savez, moi, je suis née dans des pays où ce n'est pas
respecté, ces droits-là. Il y a des gens, si, par exemple, ils enseignent la
science, et non pas la religion, dans un cours, ils peuvent se faire arrêter.
Donc, leurs droits, les droits de la personne ne sont pas respectés. Nous
devons y tenir comme à la prunelle de nos yeux dans une société démocratique.
Or, je n'entends jamais le premier ministre défendre avec autant d'ardeur les
droits et libertés de la personne du Québec. C'est la charte du Québec. On a
été les premiers, on devrait être fiers de ça, et je ne l'entends jamais être
fier de ça.
M. Legault : Bien, moi, je
suis fier, effectivement, qu'au Québec on est une société de droit et, dans la grande,
grande, grande majorité des cas, on défend les droits individuels. Prenez
l'égalité entre les hommes puis les femmes. Je pense qu'on est une des sociétés
les plus égalitaires. Je pense aussi que, quand on parle de racisme, ce n'est
pas toléré au Québec.
Par contre, pour défendre le français, on
a besoin d'utiliser — c'est exceptionnel — la clause
dérogatoire et on l'utilise. On souhaite aussi, puis la majorité des Québécois
souhaitent aussi que les personnes qui sont en autorité montrent une
neutralité, une laïcité, puis ne puissent pas porter de signes religieux, s'ils
sont en autorité, puis, pour faire ça, on a besoin d'utiliser la clause
dérogatoire. C'est exceptionnel, mais le reste du temps, dans la vie courante,
bien, au Québec, on est une société qui protège les droits individuels
continuellement.
Mme Ghazal : Donc, est-ce que
le premier ministre peut me dire... est-ce que les droits et libertés de la
personne du Québec font partie des valeurs québécoises?
M. Legault : Bien, absolument.
Absolument, puis on peut être fiers, effectivement, de cette charte des droits
et libertés puis de la façon dont notre société protège... Je pense, entre
autres, à l'égalité hommes-femmes. La députée de Mercier faisait référence à
des pays où, peut-être, on respecte moins l'égalité entre les hommes puis les
femmes. Donc, ici, au Québec, là, les droits des femmes, des gais, des
minorités, selon la couleur de leur... on est une société qui est un modèle.
Mme Ghazal : Bien, je suis
contente de vous entendre dire... C'est la première fois que j'entends le
premier ministre parler des droits et libertés de la personne puis dire que
c'est une bonne chose. Puis ça ne va pas à l'encontre des droits de la nation
québécoise.
M. Legault : Ça peut arriver.
Mme Ghazal : Parce qu'à
entendre le premier ministre, on a toujours l'impression que c'est soit un,
soit l'autre. Tu es soit avec un, soit avec l'autre. Moi, je veux les deux.
M. Legault : ...moi, ce que
je pense, c'est que, parfois, ça vient en opposition. Puis je vous donne deux
exemples. La loi n° 21... Nous, on pense, puis les
Québécois pensent, que, par exemple, un policier ou une policière ne devrait
pas porter de signes religieux. C'est comme ça en France. Nous, c'est ce qu'on
souhaite au Québec et, dans ce cas-là, bien, on fait primer les droits
collectifs. Le français, c'est la même chose. Quelqu'un qui arrive au Québec ne
peut pas choisir d'envoyer ses enfants à l'école publique en anglais, parce
qu'on a fait le choix collectif, en Amérique du Nord, de protéger le français.
Donc, ça arrive dans... Pour l'instant,
là, j'en vois deux, exceptions, la loi n° 21 puis la
loi 101, où on utilise l'exception pour protéger des droits collectifs. Mais,
le reste du temps, on protège des droits individuels.
Mme Ghazal : Avec votre
respect, je veux juste corriger quelque chose. La disposition de dérogation est
utilisée sur le projet de loi n° 96, mais le fait que... Par exemple, moi,
quand je suis arrivée, je ne parlais pas le français, je suis allée dans l'école...
une école francophone, parce que mes parents ont été obligés de m'envoyer là,
parce qu'on n'est pas des ayants droit. Il n'y avait pas de clause de... de disposition
de dérogation qui était utilisée à l'époque de Camille Laurin, pour la loi 101,
donc c'était possible de le faire.
M. Legault : Oui, mais la loi
101 de Camille Laurin a été contestée, charcutée, a été amoindrie sur son
effet, justement, parce qu'on n'avait pas utilisé la clause dérogatoire. C'est
pour ça qu'on pense que, dans la loi n° 96, c'est
important de l'utiliser. À partir du moment où on se met tous les deux d'accord
que, par exemple, les enfants des nouveaux arrivants doivent aller à l'école en
français, bien, pourquoi ne pas utiliser la clause dérogatoire? On a le <droit...
M. Legault :
On a le >droit, c'est dans la Constitution
canadienne.
Mme Ghazal : J'ai peu de
temps, je voulais juste demander, rapidement... puis, après ça, j'ai une autre
question importante : Est-ce que la loi 101 est un échec au Québec?
M. Legault : Bien, je pense
qu'on est chanceux d'avoir eu la loi 101, mais il faut aller plus loin. On
voit actuellement, quand on regarde la langue parlée à la maison, quand on
regarde l'évolution du nombre de personnes qui parlent français, quand on
regarde la langue dans les commerces à Montréal, je pense qu'il y a du travail
à faire. Il faut en faire plus. Il est temps qu'on la mette à jour, la
loi 101.
Mme Ghazal : ...échec, ou il
y a quand même eu des bonnes choses?
M. Legault : Bien, il y a eu
des bons côtés.
Mme Ghazal : Est-ce que c'est
un échec? Est-ce que c'est un échec?
M. Legault : Il y a eu des
bons côtés. Il y a eu des bons côtés, mais ce n'est pas suffisant. C'est pour
ça que je suis content d'entendre que Québec solidaire va accepter de renforcer
tout ça en votant pour la loi n° 96.
Mme Ghazal : On a vu, dans
les derniers jours, émerger de nouveaux partis inquiets pour les droits des
minorités : Mouvement Québec, le Parti canadien du Québec. La langue, la
laïcité, ce sont des sujets sensibles dans notre société. C'est important d'en
parler, parce que ça fait partie des valeurs québécoises. Je suis d'accord avec
ça, mais ce qui est encore beaucoup plus important, M. le premier ministre,
c'est la façon dont on en parle.
Il y a des gens... Puis moi, je fais
beaucoup cet effort-là de parler de la laïcité, de parler de la protection de
la langue française, de parler de nos droits collectifs de façon inclusive, en
faisant en sorte que tout le monde se sente inclus dans la discussion. Puis il
y a une autre façon d'en parler, qui, moi, m'inquiète et qui divise les
Québécois. Malheureusement, j'ai souvent entendu le premier ministre, qui est
mon premier ministre — on n'en a pas deux, hein, on en a juste un,
peu importe notre formation politique — en parler de façon qui divise,
et ça me fait vraiment de la peine de dire ça. On se rappellera de : C'est
comme ça qu'on vit au Québec. Et on se rappellera de : Les immigrants à
moins de 56 000 $, bien, ça augmente mon problème. Camille Laurin
avait fait beaucoup d'efforts pour rassembler les Québécois en 1977. Un des
principes du livre blanc, qui se base... sur lequel se base la Charte de la
langue française, c'était, et je cite, ça a été écrit en 1977, le respect des
minorités, de leurs langues et de leurs cultures.
M. le premier ministre, mon premier
ministre... comme je le dis, il n'y en a pas deux, il y en a juste un, il est
devant moi... comment est-ce que vous voyez votre rôle de premier ministre pour
rassembler tous les Québécois autour de la langue française, notre langue
commune, y compris la minorité anglophone?
Le Président (M.
Bachand) :Il reste
1 min 20 s, M. le premier ministre.
M. Legault : Bien, écoutez,
je connais des personnes qui viennent de pays où ils n'avaient pas le choix,
entre autres, les femmes, de porter certains signes religieux, puis ils sont
contents de vivre au Québec. Et ce que je ne comprends pas, c'est que Québec
solidaire pense que c'est... que ça n'arrive jamais que les droits collectifs
sont en désaccord avec les droits individuels. Puis le plus bel exemple, c'est
la loi n° 21.
Donc, quand on parle de la façon, moi, je
pense que, si on veut rassembler les Québécois puis éviter des dérapages à la
Trump ou à la Le Pen, il faut trouver un équilibre. Puis je pense que notre
gouvernement a réussi à trouver un équilibre, entre autres, avec la loi n° 21. Puis je trouve ça malheureux que Québec solidaire,
au nom des droits individuels, refuse de reconnaître les droits collectifs de
la nation québécoise.
Le Président (M.
Bachand) :30 secondes.
Mme Ghazal : Oui. Quand je
demande au premier ministre de parler, de façon rassembleuse, de la langue
française, il ne répond pas sur la langue française et il parle des femmes
voilées. C'est de ça qu'il parle. Et ma mère porte le voile. Je suis vraiment
très triste.
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre,
rapidement.
M. Legault : ...votre mère a
le droit de porter un voile. Les femmes, au Québec, ont le droit de porter un
voile dans la rue. Mais si elles sont en position d'autorité, elles n'ont pas
le droit, au Québec, de porter un signe religieux, parce qu'elles sont en
autorité. Et ça, ça fait partie, effectivement, des valeurs québécoises, la
laïcité.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le premier
ministre. M. le député de D'Arcy-McGee, s'il vous plaît.
• (17 h 20) •
M. Birnbaum : Merci, M. le
Président. J'aimerais parler du collège Dawson, Dawson College. Le premier
ministre va se rappeler que, suite au travail de notre gouvernement et de
l'analyse de son gouvernement, pas seulement c'est un projet inclus sur son
PQI, il y avait une loi spéciale qui identifiait Dawson et son projet
d'agrandissement comme tout à fait, pas juste recevable, nécessaire. Son propre
ministre de la Santé, probablement pas autorisé par le premier ministre, a
reconnu que, bon, ce projet a été pour aussi instaurer une clinique de santé,
dirigée par les étudiants finissants, qui aurait vraiment aidé à notre pénurie
et nos manques de services en santé. Malgré tout ça, et de façon claire et
transparente, le premier ministre a ordonné l'annulation de ce projet, et pour
la raison claire et nette qu'il y avait des besoins plus criants dans le
secteur francophone.
Là, vous allez <comprendre...
M. Birnbaum :
Là,
vous allez >comprendre la réaction de ce collège-là et de sa population,
tellement bien intégrée dans le fabric... le tissu du Québec, vous allez
comprendre l'inquiétude de l'Université de McGill, Bishop's, l'Hôpital général
juif, le CUSM, peut-être la commission scolaire Central Québec. Est-ce que le
premier ministre est en train de formaliser, et est-ce qu'il peut nous donner
une réponse claire là-dessus, que maintenant, en tout ce qui a trait à
l'analyse, les paramètres de son gouvernement, il y a un critère linguistique
qui va s'imposer sur les autres critères objectifs en tout ce qui a trait aux
besoins des Québécois de toutes origines?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. M. le
Président, je pense que c'est important de remettre tout ça dans le contexte.
On a, au Québec, puis je sais que le député de D'Arcy-McGee n'aime pas ça
quand je... quand on dit ça, 9 % d'anglophones au Québec, des
anglophones dont les parents sont allés à l'école en anglais au Canada. Il y en
a 9 %, O.K.? Les autres, ce sont des nouveaux arrivants, qui avaient...
devaient envoyer leurs enfants à l'école en français. Quand on regarde les
cégeps au Québec, il y a 17 % des places qui sont dans des cégeps
anglophones, alors que les anglophones représentent 9 % de la population,
donc presque le double. Là, on se retrouve dans une situation où il manque
énormément de place dans les cégeps, en particulier dans les cégeps
francophones. Donc, c'est une question de priorité.
Actuellement, on ne peut pas tout agrandir,
partout. Donc, on dit : Étant donné que déjà, les cégeps anglophones
représentent 17 % des places de l'ensemble des cégeps, on va se concentrer
sur le 83 % de cégeps francophones pour les agrandir. C'est ce qu'on a
dit. Par contre, on a dit : À Dawson, on est prêts à regarder pour louer
des espaces, donc regarder des ajustements. Mais actuellement, je ne pense pas
qu'il n'y ait personne qui puisse dire : Bien, on est injustes envers les
anglophones. On a déjà 17 % des places, dans les cégeps, qui sont
anglophones. Écoutez, donc, effectivement, on priorise, parce que c'est
important, encore une fois, de protéger le français, les cégeps francophones.
M. Birnbaum : Alors là,
M. le premier ministre, vous êtes en train de confirmer que les hauts
fonctionnaires vont dorénavant avoir une autre directive en tout ce qui a trait
au financement des projets du PQI, des dépenses. Il y aurait dorénavant un
critère linguistique qui va faire partie de l'évaluation avant qu'on ajoute une
unité chirurgicale à l'Hôpital général juif, aux dépens de Charles-Le Moyne
ou... Est-ce que le premier ministre est en train de dire qu'il y a un nouveau
critère dorénavant, qu'il a activé dans le cas de Dawson, qui va s'imposer dans
les décisions des dépenses capitales de son gouvernement?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Ça ne
s'applique pas dans le réseau de la santé. On a vu des projets annoncés à
McGill. Actuellement, effectivement, il y a un débat, au Québec, à savoir :
Est-ce qu'on devrait étendre la loi 101 aux cégeps? Bon, il y a des
solutions intermédiaires, où on ajoute trois cours de français. Donc, on essaie
quand même de pousser vers étendre les incitatifs à apprendre le français,
parce qu'on voit qu'au Québec, malheureusement, le français a moins de place
qu'il en avait il y a 10 ans, il y a 20 ans, puis ça nous inquiète. Ça
nous inquiète.
Et donc c'est pour ça qu'on a fait le
compromis de dire... Bon, le Parti québécois dit : Nous, on fermerait la
moitié des cégeps anglophones puis on permettrait seulement aux 9 %
d'anglophones d'aller aux cégeps anglophones. Puis, bon, il y a le Parti
libéral qui dit : Bien, 17 % des places... pourquoi pas 20 %,
30 %, 40 %, 50 % des places des cégeps, au Québec, ne seraient pas
en anglais? Nous, on a proposé une solution qui est équilibrée, raisonnable, où
on dit : On gèle à 17 %. C'est ce qu'on propose.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député.
M. Birnbaum : Parlons
des cégeps et ces chiffres. Est-ce que le premier ministre comprend, en quelque
part, la réaction mitigée, pour utiliser un mot de la communauté d'expression
anglaise... d'apprendre que dorénavant, dorénavant, il y a zéro croissance de
possible, d'ici la <perpétuité...
M. Birnbaum :
...possible,
d'ici la >perpétuité, au sein des cégeps de langue anglaise? Le chiffre
absolu est gelé au chiffre de l'année précédente. En plus, la proportion des
étudiants qui vont se perfectionner en français — ça a été le cas
avant cet amendement — au sein des établissements québécois... Le
premier ministre, il défend la notion... devant quelque 25 000 étudiants de...
supplémentaires anticipés dans les prochains 10 ans, il défend le fait que
dorénavant, pas un seul étudiant ne va s'ajouter au réseau de cégeps de langue
anglaise.
Le Président (M.
Bachand) :...premier ministre.
M. Legault : Oui. M. le
Président, je répète ce que je viens de dire, c'est important, on a, au Québec,
9 % de la population qui est anglophone, on a 17 % des places, dans
les cégeps, qui sont dans des cégeps anglophones. Moi, j'aurais le goût de
savoir : Le député de D'Arcy-McGee est prêt à aller jusqu'à quoi?
20 % pour les anglophones? 30 % pour les anglophones? 50 % pour
les anglophones? Jusqu'où est prêt à aller le député de D'Arcy-McGee?
Le Président (M.
Bachand) :M. le député.
M. Birnbaum : M. le
Président, j'imagine que le premier ministre va être d'accord avec une
observation que le député de Sainte-Rose a contribué lors du début de l'étude
détaillée du projet de loi n° 96, et je le cite : «We
looked, and we looked, and we looked for where it was that the English
community was impacted, and there was no indication of that», en parlant
du projet de loi n° 96. Le premier ministre se donne la tâche de lire les
manchettes et de parler au monde, ici et là. Est-ce qu'il peut, honnêtement,
défendre cette observation, qui est démantelée par des manchettes de chaque
jour, et de chaque contact que j'ai de notre communauté de langue anglaise,
dans toute sa diversité? Lui non plus, il ne comprend pas la moindre
possibilité qu'il y ait des mesures incluses dans le projet de loi n° 96,
qui risquent de ne pas faire l'affaire d'une communauté de langue anglaise
raisonnable et prête à évoluer au Québec d'aujourd'hui.
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. M. le
Président, au Québec, on a 9 %, je le répète, là, puis je sais que le
député de D'Arcy-McGee n'aime pas ça entendre ça, 9 % des citoyens qui
sont des anglophones, dont les parents sont allés à l'école en anglais au
Canada. Ces 9 % là ne perdent aucun droit. Ils vont pouvoir, autant qu'ils
veulent, aller au cégep en anglais. Ce que défend le Parti libéral
actuellement, c'est les nouveaux arrivants. Il voudrait qu'il y en ait plus qui
étudient en anglais. Mais là on a un différend de ce côté-là. Mais, du côté des
anglophones, ils vont avoir toutes les places, puis même, c'est prévu, dans la
loi n° 96, de commencer par eux, toutes les places qu'ils veulent dans les
cégeps anglophones.
• (17 h 30) •
M. Birnbaum : ...si ça
existait. Le premier ministre, c'est qu'il parle, une autre fois, d'une invention,
c'est-à-dire une formation rétrograde, qui ne reconnaît aucunement le Québec
d'aujourd'hui, qui est de la foutaise.
Est-ce qu'on peut passer aux réalités? On
va parler un petit peu de ce 9 %, si le premier ministre veut bien.
J'espère qu'il est sensible au fait qu'un bon pourcentage de cette population...
et il y a un parallèle avec des francophones hors Québec là-dessus... qui
habitent en région, en bonne foi, qui... avec des résultats, des fois, mitigés,
mais assez impressionnants, se débrouillent en français, sur la
Basse-Côte-Nord, en Estrie, en Gaspésie, en Mauricie, à Québec, et ces
communautés essaient de sauvegarder, oui, leur identité. Je ne sais pas combien
de fois des gens m'ont dit : Ah! vous parlez l'anglais? Il y a une
identité québécoise anglophone, en même temps, mais, plus que ça, ces
communautés cherchent à survivre.
J'aimerais lui parler de Bonne-Espérance,
un des villages de la Basse-Côte-Nord, population, à peu près 700 personnes de
langue anglaise, qui se débrouillent de façon formidable. Je me souviens d'un
exemple, pendant que je travaillais de près avec eux. Il y avait un opticien
qui était en mesure de visiter ces villages, une fois par année, ces villages
de langue anglaise. Il fallait céduler des <rendez-vous...
>
17 h 30 (version révisée)
<15371
M.
Birnbaum :
...>rendez-vous de 9 heures le matin,
toute la nuit, jusqu'à 6 heures le matin, le lendemain, parce que cette
communauté, que ce soit Harrington Harbour, La Tabatière, Blanc-Sablon, n'est
souvent pas accessible à cause de la brume l'été, les vols annulés, aucun
chemin qui les rattache, et l'hiver, bon, les tempêtes. Des fois, en motoneige,
on peut s'y rendre.
J'aimerais donner un exemple qui touche l'aspect
de langue anglaise de la communauté de Bonne-Espérance. La clinique... malgré
les correspondances dont le député de Sainte-Rose — s'il veut
écouter, peut-être a une petite réponse — a été mis en copie conforme
à plusieurs reprises, la seule clinique dans les environs de 60 kilomètres,
Blanc-Sablon, était la plus proche, a été fermée pour des mois, et des mois, et
des mois. Aucun service à l'extérieur des heures de bureau, fermée la fin de
semaine. Déjà, une personne en soins palliatifs a été invitée de se rendre à
Blanc-Sablon, malgré le fait qu'il fallait nettoyer ses poumons pour qu'il
puisse continuer à survivre. Comme je dis, la fermeture de cette clinique, le
député de Sainte-Rose était en copie conforme à plusieurs, plusieurs, plusieurs
courriels à ce sujet.
Voilà un exemple. Il y a une clinique que
je viens de visiter, de santé mentale, en Estrie, qui accompagne des gens en
Estrie qui ont des problèmes de santé mentale, troubles de personnalité et tout
ça. Cette clinique... ce regroupement communautaire m'a fait constater que,
malgré des plans d'accès aux services, tel qu'exigé, à notre grand honneur
collectif, dans la Loi sur la santé et les services sociaux, malgré les plans d'accès,
il n'y avait aucun service d'accueil à Sherbrooke pour cette personne quand
elle a appelé à l'hôpital, ce qui veut dire aucun service. Est-ce qu'on peut se
comprendre? Une autre fois, on n'est pas en train de parler de la langue, on
est en train de parler de l'accès aux services de santé et services sociaux.
Est-ce que le premier ministre peut
justifier ces genres de cas et avec référence à une structure mise en place
avec fierté par ses huit prédécesseurs, c'est-à-dire un régime d'accès aux
services de santé et services sociaux en anglais, chapeauté par un comité, qui
a été congédié par son ministre, et dont les recommandations pour le renouvellement
de ces plans a été même pas examiné?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : M. le Président,
j'ai fait beaucoup la tournée des régions au Québec. Il m'est arrivé
régulièrement, dans les régions éloignées, de voir des jeunes, francophones et
anglophones, ne pas, malheureusement, avoir accès aux programmes qu'ils
voulaient, entre autres dans les cégeps francophones ou anglophones. C'est une
réalité puis, à un moment donné, à cause du nombre, ça devient un vrai
problème.
Mais ce que ne nous dit pas le Parti
libéral puis le député de D'Arcy-McGee, c'est jusqu'où veut-il aller, jusqu'où
le parti libéral veut aller. Au Québec, 9 % des citoyens sont anglophones,
et le Parti libéral n'est pas content de voir qu'il y a seulement, selon le Parti
libéral, 17 % des places qui sont dans les cégeps anglophones. Puis on n'est
pas capable de savoir jusqu'où veut aller le Parti libéral. Jusqu'à 20 %,
30 %, 50 %? À combien veulent-ils augmenter le nombre de places dans
les cégeps anglophones? Bien, évidemment, le député de D'Arcy-McGee fait tout
pour ne pas répondre à cette question-là.
Mais ce qu'on sait, c'est qu'ils veulent
plus, plus, plus, toujours plus de places dans les cégeps anglophones, puis
déjà on a 17 % des places.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Si le premier
ministre le juge bien, et je doute fort, on peut prendre une bière pour parler
de mes croyances là-dessus. Jusqu'où est-ce qu'on peut commencer, M. le premier
ministre, à parler de ces 750 résidents de ce village en Basse-Côte-Nord?
C'était ça, ma question. Est-ce qu'on peut parler de ce monsieur en trouble de
personnalités multiples qui n'a pas accès à la santé parce qu'il faut que ça
soit dans sa langue et que le service d'accueil à Sherbrooke, dans une région
où il y a une population assez importante de Québécois de langue anglaise, n'est
aucunement capable de répondre à ses besoins dans une situation de crise? Jusqu'où...
Est-ce qu'on peut commencer là, M. le premier ministre, dans votre réponse?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : M. le Président,
on dirait que le député de D'Arcy-McGee est le seul à avoir visité la Basse-Côte-Nord.
Je suis allé sur la Basse-Côte-Nord puis je peux vous dire qu'il y a aussi des
francophones qui ont de <la difficulté...
M. Legault :
...francophones
qui ont de >la difficulté à avoir certains services, certains
programmes, entre autres dans les cégeps. Donc, ce qu'il nous raconte
aujourd'hui, on est d'accord avec ça, mais ça s'applique autant aux
francophones qu'aux anglophones. Mais la question qu'il fait exprès pour ne pas
répondre... C'est 17 %. Il veut augmenter ça à quoi, 20 %, 25 %,
50 %? À combien il veut augmenter le pourcentage de places dans les cégeps
anglophones? Il refuse de le dire.
M. Birnbaum : Je fais exprès
de ne pas répondre au leader de deuxième opposition. J'ai le premier ministre
du Québec devant moi. Est-ce qu'on peut avoir des réponses à nos questions? Il
me semble que c'est ça, le but de cet exercice.
Est-ce qu'on peut peut-être... il ne me
reste pas grand temps dans ce... deux minutes, merci, M. le Président, parler
d'un dossier qui perdure de longue date. Je ne vous cache pas que les
gouvernements précédents n'ont pas une fiche si impressionnante que ça
là-dessus, mais j'aimerais savoir si, peut-être, avec l'aide de son équipe, il
peut me donner la moindre réponse, c'est-à-dire la représentation au sein de
notre fonction publique, et y compris l'éducation et la santé... on parle de
quoi? Quelque 500 emplois très importants, névralgiques pour le Québec, où
ça ne bouge aucunement. Deux choses. Premièrement, peut-être, il y a un petit
chiffre, là, en quelque part, mais, deuxième chose, est-ce que le premier
ministre, avec moi, est d'accord que c'est souhaitable d'avoir de représenté
dans les instances qui planifient, qui décident, qui représentent notre Québec,
une diversité qui reflète les réalités de notre population actuelle?
Le Président (M.
Bachand) :Une minute, M. le premier
ministre.
M. Legault : Bien, M. le
Président, là, je suis content, parce qu'enfin on est d'accord tous les deux,
là. Puis je pense qu'avec le télétravail, ça va être possible, parce que, bon,
actuellement... avant le télétravail, les emplois au gouvernement du Québec
étaient beaucoup à Québec. Effectivement, il y a seulement 1 % des
employés du gouvernement du Québec qui sont des anglophones. On aimerait ça
augmenter ça à 9 %, donc, la représentation des anglophones, mais le
problème qu'on a, c'est que les anglophones n'appliquent pas.
Là, avec le télétravail, ce que la
présidente du Conseil du trésor est en train de faire pour régionaliser les
postes, bien... mais ça va être possible d'avoir des anglophones qui appliquent
sur les postes. Donc, c'est souhaitable. On a changé, là, je ne sais pas si le
député D'Arcy-McGee s'en est rendu compte, mais il y a 10 ans, il y a
20 ans, on manquait d'emplois. Aujourd'hui, on manque d'employés. Donc,
les employés anglophones, qui parlent français, évidemment, sont bienvenus au
gouvernement du Québec.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
Matane-Matapédia, pour 14 min 14 s.
M. Bérubé : Merci, M. le
Président. M. le premier ministre... Je veux saluer toutes les personnes
présentes dans cette salle. On va parler du projet de loi n° 96, et j'ai
des questions au premier ministre sur ses intentions. On a appris, en décembre
dernier, par Radio-Canada et ensuite dans La Presse, en février dernier,
qu'il y avait des débats animés au caucus de la CAQ sur ces questions. Il y a
un camp dit nationaliste puis il y a un camp fédéraliste. Et, quand je regarde
comment s'est passé le projet de loi, on sait lequel des deux a gagné.
Alors, j'ai une question pour le premier
ministre. Le cégep en français, il est contre, comme le Parti libéral du Québec
et comme Québec solidaire. Nous, on a une position qui est différente et qui
s'appuie sur des gens qui connaissent ça un peu. Le grand sociologue Guy Rocher
est venu nous dire : C'est ça qu'il faut faire. Marc Termote est venu nous
dire ça, les démographes, les mathématiciens, les gens qui ont étudié ça. Ce
n'est pas la maison la plus populaire, mais c'est la plus nécessaire, quoique,
dans un sondage récent, il y a une majorité qui est en faveur de la mesure.
Le premier ministre décide de ne pas aller
de l'avant. C'est son choix. Mais ma première question : Est-ce qu'il
considère toujours que c'est une mesure extrémiste?
• (17 h 40) •
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. M. le
Président, ce serait tentant de faire des blagues sur le caucus du Parti
québécois, mais je ne ferai pas de blague. Bon, le député de Matane, je viens
de l'entendre dire, là, qu'on a la même position que le Parti libéral. Bien, il
vient de manquer une bonne game, comme on dit, là, un bon échange, là. Ce n'est
pas ce que j'ai compris du député de D'Arcy-McGee, qu'il était d'accord avec
nous sur le projet de loi n° 96, là. Ce qu'on fait, et puis l'essentiel du
différend qu'on a entre le Parti québécois puis la CAQ, c'est effectivement sur
les cégeps. Je le disais tantôt, au Québec, 9 % des citoyens sont
anglophones, mais il y a 17 % des places qui sont dans des cégeps anglophones.
Ce que propose le Parti québécois, c'est de réduire le nombre de places à
9 %, donc de fermer la moitié des cégeps anglophones.
Une voix : ...
M. Legault : Non, mais c'est
ce que propose... <Ce que dit le Parti québécois...
M. Legault :
Non,
mais c'est ce que propose... >Ce que dit le Parti québécois, c'est, par
exemple, un francophone n'aurait pas le droit d'aller au cégep en anglais.
C'est ça que dit le Parti québécois. Nous, ce qu'on dit, c'est qu'on gèle le
nombre de places à 17 %...
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de
Matane-Matapédia.
M. Legault : ...je pense
que c'est un beau compromis.
M. Bérubé : Je lui ai
demandé de répéter s'il trouvait que c'est toujours extrémiste. Il a refusé de
le faire. Ça sera noté pour les fins de la commission. Alors, est-ce que Guy
Rocher est un extrémiste parce qu'il propose ça? Je ne pense pas que le premier
ministre, là, peut se payer ce genre d'intervention là aujourd'hui.
Ceci étant dit, je vais donner le cas de
Dawson. Combien il y a d'allophones qui vont à Dawson, des étudiants, des
élèves qui sont passés par le primaire, avec la loi 101, par le
secondaire? Puis au cégep, il n'y a pas de règle. Il y a 41,6 % des
étudiants, étudiantes de Dawson qui sont des allophones. Il y en a plus que les
ayants droit avec les anglophones. Alors, nous, on accepte de financer la
socialisation en anglais d'élèves qui sont passés par notre primaire et notre
secondaire, c'est un choix qu'on peut faire. Nous, on trouve que ça n'a pas de
sens. On est d'accord avec Guy Rocher là-dessus et on pense que c'est une
erreur.
Et j'aurais aimé que le premier ministre
se range aux arguments de son propre ministre responsable de la langue qui,
lui, est en faveur de la mesure. Malheureusement, ils ont tranché différemment.
Je pense que c'est une erreur. Parce que, si le premier ministre évoque
9 %, pourquoi on donnerait plus que la communauté? Moi, je considère que
la communauté anglophone, c'est la minorité la mieux traitée au Canada. Je ne
sais pas s'il est d'accord avec ça. Moi, je le dis ici puis je peux dire à
l'extérieur. Qu'est-ce qu'il en pense?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Bon, M. le
Président, je répète, là, puis j'ai vu tantôt que je le... j'allais dire le
chef du Parti québécois, mais c'est le député de Matane, n'avait pas l'air
d'accord quand j'ai dit que le Parti québécois voulait fermer la moitié des
cégeps anglophones. Donc, je voudrais quand même essayer de comprendre. Parce
que moi, ce que j'ai compris, c'est qu'il voulait limiter aux 9 %
d'anglophones les places dans les cégeps anglophones. Donc, étant donné qu'on a
17 % de places, il voudrait couper de moitié les cégeps anglophones. Moi,
j'aimerais qu'il me corrige, si ce n'est pas le cas.
Maintenant, un nouvel arrivant est obligé
d'envoyer ses enfants tout le primaire, tout secondaire en français. Puis là le
Parti québécois dit : Oui, mais s'il y avait un deux, trois ans de plus au
cégep, ça changerait la réalité du français au Québec. Nous, ce n'est pas ce
qu'on pense. Nous, on pense que c'est l'immigration qui fait la différence. Et
ce qui est important, c'est de récupérer tous les pouvoirs pour faire la
sélection des immigrants, incluant le regroupement familial, puis d'être plus
exigeant sur la connaissance du français. C'est là qu'il y a du travail à faire,
pas d'ajouter deux ou trois ans au cégep.
Le Président (M.
Bachand) :Merci.M. le député de
Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Sur la
question de l'immigration, ça tombe mal parce que, s'il veut faire le débat, il
ne demande pas la connaissance du français à l'entrée puis il en rentre plus
que sous les libéraux. Mais ça, je veux en parler avec son collègue qui
s'occupe de l'immigration.
Une autre clause du projet de loi n° 85, c'est sur les municipalités bilingues. Est-ce que le
premier ministre trouve normal que la coquette municipalité d'Otterburn Park,
dans le comté de son ministre responsable de la Langue, compte 5,6 %
d'anglophones, mais va demeurer une municipalité anglophone?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Bon, d'abord,
M. le Président, je note que le Parti Québécois a quand même changé de position
parce que Pauline Marois ne proposait pas d'étendre la loi 101 aux cégeps.
Maintenant, pour ce qui est des
municipalités, je pense qu'il y a comme un consensus à l'Assemblée nationale
qu'il faut donner plus d'autonomie aux municipalités. Or, ce qu'on dit, nous,
c'est que les municipalités qui veulent le statut bilingue, bien, ils vont devoir
le voter. Puis je pense que les municipalités, les conseillers, le maire, la
mairesse représentent leur population. Puis je pense que c'est bien de leur
donner de l'autonomie, puis de ne pas jouer au grand frère, puis de tout
décider à Québec.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député.
M. Bérubé : Guy Rocher a
changé de position, puis nous, on a évolué dans notre position. C'est possible
de changer de position. Le premier ministre en est la plus belle incarnation en
politique depuis 20 ans. Alors, si on veut faire le débat, on peut le
faire.
Ceci étant dit, sur Dawson... Ah! là,
c'est intéressant parce que les libéraux, dans leurs priorités, il y avait
Dawson puis Royal Victoria. Et la CAQ, c'était tellement prioritaire que, dans
leur plan de relance économique, dans le projet de loi n° 61
puis n° 66, ça nous prenait absolument ça. Aucun
autre projet des collèges francophones du Québec, mais ils avaient Dawson.
J'ai juste besoin d'une précision. Le
ministre de la Santé a dit en anglais, il ne l'a pas dit en français : Je
suis encore ouvert pour faire que ça se poursuive. Il devrait-tu espérer ou
c'est terminé, ça, le financement de la prolongation de ce cégep de 11 000 places,
qui est le plus gros au Québec? Est-ce qu'il fait bien d'espérer ou c'est un <dossier
clos?
M. Bérubé :
...de ce
cégep de 11 000 places, qui est le plus gros au Québec? Est-ce qu'il
fait bien d'espérer ou c'est un >dossier clos?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : ...qu'actuellement,
avec 17 % des places dans les cégeps anglophones, il n'est pas question
d'agrandir.
M. Bérubé : ...à qui j'ai
posé la question hier, le ministre responsable de la Langue, donc, le ministre
de la Santé, on va lui transmettre la transcription.
Royal Victoria, ah, ça, par exemple,
McGill était prêt à payer 700 millions de dollars, mais le
gouvernement a dit : Non, non, on vous le donne puis on rajoute
475 millions de dollars pour des travaux plus une dote d'à peu près
40 millions. On dépasse le milliard de dollars. J'aimerais ça savoir, puis
il y a le secrétaire général du gouvernement du Québec qui est juste à sa
droite, c'est quoi, la contribution du gouvernement du Québec dans ce projet là,
qui est un cadeau royal, c'est le cas de le dire, de plus de 1 milliard de
dollars en plein centre-ville de Montréal. Je ne sais pas quel nationalisme que
c'est, ça, mais il n'y a pas une université francophone qui a ça. À moins qu'il
me dise qu'il va donner la même somme à l'UQAM, à l'Université de Montréal, à
l'ETS, mais ça, là, il n'est pas différent des libéraux là-dessus. Et là c'est
moi qui lui dis : Essayez de me contredire là-dessus.
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Bien, M. le
Président, je sais que le député de Matane connaît beaucoup de monde. Donc,
nous, on n'a pas vu aucun projet pour Royal Victoria, là, où ils étaient prêts
à mettre des centaines de millions de dollars. Donc, actuellement, McGill était
prêt à investir, et, je pense, c'est un site patrimonial puis il y a un espace
qui est important. Et de participer avec la communauté anglophone à donner les
services de santé, comme c'est prévu dans la loi de la santé, bien, moi, je
pense que c'est normal qu'on accepte. Puis moi, ce qu'on m'a dit, c'est que
c'était le seul projet.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député.
M. Bérubé : ...parce que j'ai
un rapport que je vais déposer. Financer notre assimilation au centre-ville de
Montréal, ce n'est pas du nationalisme, ça. Le gouvernement précédent a demandé
à un groupe d'experts sur l'avenir des bâtiments préhospitaliers excédentaires
de Montréal, 31 mars 2014, il y a sûrement quelqu'un qui va prendre des
notes, qu'est-ce qu'on devait faire avec ça. Recommandation n° 7 :
«Le groupe recommande au gouvernement du Québec que la cession de l'ensemble
immobilier de l'Hôpital Royal Victoria de l'Université McGill se réalise dans
le cadre d'un acte d'emphytéose d'une durée de 99 ans et liant
l'établissement et le gouvernement.» Espace public, c'est ça que ça... On
aurait dû prendre le temps, réfléchir, questionner. On fait un don à McGill de
1 milliard de dollars. C'est quoi, le chèque pour l'UQAM? C'est quoi, le
chèque pour l'Université de Montréal? C'est quoi, le chèque pour les autres
institutions? Bon, peut-être que le député de Sainte-Rose a la réponse, mais
moi, je ne l'ai pas.
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Le député de
Matane parle d'un bail emphytéotique. Avec qui? Parce que, là, la communauté
anglophone puis McGill sont prêts à investir dans le projet.
M. Bérubé : Bien, voyons, on
vous l'a dit, c'est 1 milliard, 700 millions déjà.
M. Legault : Oui, mais il n'y
a personne qui est prêt à prendre la responsabilité du site de Royal Victoria
du côté des francophones.
M. Bérubé : Selon la même
logique en fonction de laquelle il faut prioriser, prioriser les cégeps
francophones au plan collégial, j'invite le premier ministre à prendre son
temps puis à faire le tour des institutions universitaires en disant :
Écoutez, seriez-vous prêts à utiliser ce terrain-là avec les mêmes conditions,
le don de 1 milliard de dollars? Je pense qu'ils vont dire oui. Je connais
assez bien les recteurs, comme le premier ministre, pour dire, je pense qu'ils
l'évalueraient. Donnez-leur du temps puis on va être capable de le rapatrier
dans le giron francophone.
Si Montréal est une grande ville
francophone, puis le savoir, c'est l'avenir puis c'est là que va se jouer le
prestige d'une ville, je pense qu'il fait une erreur non seulement en accordant
ce cadeau à McGill, mais en le priorisant en plus dans un projet de loi qui
était le 66. Ça, là, ça me dépasse au plus haut point. J'ai beaucoup de
difficulté à croire que le gouvernement, avec la posture qu'il veut se donner,
a fait ce choix-là. Ça donne l'impression que, quand ça compte pour vrai, que
ça soit dans une loi sur la langue ou que ça soit dans les investissements, je
ne le retrouve pas, moi, le nationalisme qu'il évoque. Je ne vois pas ce qui
est nationaliste là-dedans. C'est comme... on a comme bradé trop rapidement,
selon moi. Puis je ne suis pas le seul, il y a beaucoup de gens impliqués
là-dedans. Un joyau, trop tard, vous l'aurez donné. Vous aurez marqué
l'histoire en donnant 1 milliard de cadeau à McGill. Ce n'était pas une
bonne chose à faire.
• (17 h 50) •
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Oui.Bien,
M. le Président, là, le député de Matane dit : Moi, je suis certain qu'il
y aurait quelqu'un du côté des francophones, du CHUM, qui aurait accepté le
même deal. Bien, je m'excuse, la réponse, c'est non.
M. Bérubé : O.K. Tout à
l'heure, la députée de Mercier disait : C'est important d'unir les gens,
puis elle a raison. Mais je veux quand même la rassurer d'une certaine façon en
lui disant que, dès l'arrivée de la Coalition avenir Québec, le premier
ministre a déployé des efforts singuliers pour rassurer la communauté
anglophone. Ils ont dit : Voici maintenant une alternative fédéraliste
pour les anglophones. Vous pouvez vous fier à ça, il n'y aura pas de
référendum. On est des fédéralistes <comme vous...
M. Bérubé :
...fédéralistes
>comme vous. Ça n'a jamais été répété en français, mais... Et ça existe,
j'en ai cinq, citations ici, comme ça. Alors, je pense que les anglophones
peuvent être rassurés, ils peuvent voter pour la CAQ sans problème. Puis le
projet de loi, c'est service minimum. Selon nous, ce n'est pas très engageant.
Alors, je voulais la rassurer là-dessus parce que je l'ai entendu puis je
voulais contribuer à l'échange.
Le Président (M.
Bachand) :...premier ministre.
M. Legault : Bien, M. le
Président, tantôt, j'ai entendu la députée de Québec solidaire dire qu'elle va
voter, que Québec solidaire va voter pour le projet de loi n° 96. On ne
sait toujours pas si le député de Matane puis le Parti québécois vont voter
pour, contre, bien au contraire, peut-être, abstention. On ne le sait pas. Ce
que...
M.
Bérubé
: ...
M. Legault : Oui? Bien, on a
hâte de vous entendre. Allez-vous voter pour ou contre le projet de loi
n° 96?
M. Bérubé : On verra.
Le Président (M.
Bachand) :Il vous reste une minute, M. le
député.
M. Bérubé : ...intéressant parce
que le ministre responsable de la Langue, la semaine passée, il essayait de
sortir du trouble le Parti libéral, qui s'était lui-même placé dans le trouble
avec des motions. Et là il vient me voir puis il me dit : Là, il faudrait
que tu m'appuies parce que, si j'ai l'air d'aider les libéraux, ce n'est pas
bon, puis là, tu sais, moi, mon positionnement nationaliste, puis tout ça. Ça
fait qu'il attendait de voir si on allait voter pour, puis quand il a vu que,
courageusement, Québec solidaire et nous, on n'allait pas embarquer dans cette
affaire-là, il a choké puis là il a renié sa parole auprès des... C'est vrai,
ça, le député est témoin de ça.
Alors là, ils veulent savoir si on va
encore embarquer. La réponse, c'est : Organisez-vous avec les libéraux en
matière de langue. Nous, ce n'est pas ça qui est important. Nous, là, c'est
l'immigration francophone, c'est le cégep en français, c'est de poser des
gestes forts. Ce n'est pas un projet de loi costaud que j'ai devant moi, c'est
molo. C'est à ça que ça ressemble. Alors, c'est... je réfléchis à ce qu'on va
faire avec, mais il sera le premier informé, en même temps que la Chambre.
Le Président (M.
Bachand) :15 secondes pour un
commentaire.
M. Legault : Bien, écoutez,
trois cours de français ou en français, quelle est la position du Parti
québécois? On verra, on ne le sait pas, peut-être, on s'abstient. Pas fort.
Le Président (M.
Bachand) :...de D'Arcy-McGee, s'il vous
plaît. Vous avez la parole, M. le député.
M. Birnbaum : Merci, M. le
Président. J'aimerais parler de la clause dérogatoire, un outil... parce que
j'anticipe déjà les réponses du premier ministre, un outil légitime, utilisé à
plusieurs reprises à travers le Canada, au Québec, pour instaurer les
commissions scolaires linguistiques, un outil, mais que les législateurs de
toutes couleurs voyaient et continuent de voir comme recours légitime, mais de
dernier recours. La CAQ a l'air de décider que c'est une arme de première
frappe.
C'est drôle, c'est le Québécois
d'expression anglaise qui le dit, mais j'espère et j'ose croire qu'il y a
plein, plein de Québécois francophones, y compris plein d'experts juridiques,
qui ont des questions et ce n'est pas une question qui appartient aux
anglophones du Québec, qui ont une préoccupation avec l'idée que la CAQ a jugé
nécessaire, sans la moindre transparence ou de précision, imposer la clause
dérogatoire sur chacun des articles du projet de loi n° 96.
Est-ce que le premier ministre peut nous
expliquer si, dans une société libre et démocratique, il n'y en a pas plein,
plein, plein d'actions qui devraient être adoptées et proposées en transparence
et avec le courage et la confiance de permettre un autre pilier de notre
société à s'impliquer, c'est-à-dire les tribunaux? Beaucoup de gens... et ce
n'est pas une question libérale anglophone, beaucoup de gens se posent la
question : Comment ça se fait que ce gouvernement a jugé nécessaire
d'imposer, de façon préalable, la clause dérogatoire qui écarte nos chartes
québécoises ainsi que canadiennes à la discussion sur la totalité du projet de
loi n° 96?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. M. le
Président, la clause dérogatoire est dans la Constitution canadienne. Elle
n'est pas là pour rien, elle est là pour être utilisée de façon très
exceptionnelle. Les droits individuels sont en désaccord avec les droits
collectifs ou le contraire. Et Robert Bourassa, du Parti libéral du Québec, a
utilisé la <clause dérogatoire...
M. Legault :
...utilisé
la >clause dérogatoire pour l'affichage. Bon, il a payé le prix. Il s'est
créé un parti anglophone, Alliance Québec, que le député de D'Arcy-McGee
connaît très bien. Donc, on peut comprendre... Actuellement, vous avez entendu
comme moi, deux nouveaux partis qui viennent d'être créés. Donc, comprenez-vous
pourquoi le Parti libéral du Québec va voter contre le projet de loi n° 96
et l'utilisation de la clause dérogatoire?
M. le Président, c'est une question de
défendre la nation québécoise, quand c'est nécessaire, de façon exceptionnelle.
On l'a fait pour la loi n° 21 pour défendre la
laïcité, pour interdire aux personnes en autorité de porter un signe religieux,
on a utilisé la clause dérogatoire. Le Parti libéral est contre, même si la
majorité francophone appuie la loi n° 21. Maintenant,
on discute du français, protéger le français, qui sera toujours vulnérable en
Amérique du Nord. On veut utiliser la clause dérogatoire parce qu'effectivement
il y a un désaccord entre la protection des droits collectifs puis des droits
individuels. Bien, le Parti libéral est en train de faire le choix de nier les
droits collectifs, de nier l'importance pour la nation québécoise de protéger
le français parce qu'ils ont peur que les deux nouveaux partis anglophones qui
veulent un Québec bilingue viennent voler des votes au Parti libéral du Québec.
C'est ça, la situation triste qu'on a devant nous.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : M. le
Président, fascinant. Si la diversion était sport olympique, le premier
ministre aurait un torticolis parce que les médailles d'or qui pendraient de
son cou seraient nombreuses. Voyons donc! Voyons donc! Est-ce qu'on peut avoir
une réponse à la question ciblée? Dans un premier temps, est-ce que le Parti
libéral, à quelque moment donné, a dit : Oh! la protection, le rayonnement
du français, il n'y a rien à faire là-dessus, il n'y a aucune mesure de
nécessaire? Je n'ai jamais entendu ça. Est-ce que le Parti libéral du Québec a
écarté la légitimité de la clause dérogatoire? Aucunement. Est-ce que le
premier ministre peut me dire peut-être sa vision de la place du rayonnement du
français au Québec? Elle est tellement moins optimiste que la mienne. Est-ce
qu'il peut expliquer? Il a utilisé le mot «exceptionnel». C'est exceptionnel
qu'une juridiction en Amérique du Nord qui a à sauvegarder sa langue commune...
il n'y a pas d'outils non exceptionnels, musclés et raisonnables qui seraient
adoptables facilement sans avoir recours de façon défensive, divisive, de a à z,
à la clause dérogatoire. Voilà ma question.
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
• (17 heures) •
M. Legault : Bien, je serais
très curieux de savoir si le député de D'Arcy-McGee était d'accord avec Robert
Bourassa quand il a utilisé la clause dérogatoire pour le français langue
d'affichage au Québec. Je serais très curieux de savoir ça.
M. Birnbaum : Est-ce que je
peux savoir si, du jugement de l'équipe autour du premier ministre, dans son
propre esprit, à l'article... j'ai oublié le chiffre, l'article dont je ne suis
pas nécessairement d'accord, mais ce n'est pas important, sur l'idée que les
municipalités auraient à reconfirmer leur statut bilingue. Est-ce que, de son
avis, la clause nonobstant est nécessaire, on ne peut pas permettre la
transparence à un pilier de notre société, les tribunaux, d'avoir son mot à
dire là-dessus? Est-ce que le premier ministre me dirait que l'idée — une
autre fois, pas d'accord nécessairement — de ne pas permettre le
renouvellement des séjours temporaires a besoin des pouvoirs exceptionnels,
être à l'abri des cours, avant d'être adoptée? Est-ce qu'il peut me dire que le
fait que, maintenant, les sociétés vont être obligées de produire tous leurs
procès-verbaux dans les deux langues... Est-ce qu'il prétend... Est-ce que
c'est par lâcheté? C'est par quoi? Est-ce qu'il prétend que...
Une voix : ...
M. Birnbaum : Bien, j'ai des
questions. Comment ça se fait que la clause dérogatoire est imposée avant le
fait... et à travers les quelque 200 articles du projet de loi n° 96?
Le Président (M.
Bachand) :Attention au choix des mots. M.
le premier ministre.
M. Legault : Oui. Le député
de D'Arcy-McGee est en train de nous dire qu'il est d'accord avec le projet de
loi n° 96, avec les mesures du projet de loi n° 96, mais il n'est pas
d'accord avec l'utilisation de la clause dérogatoire. S'il est d'accord dur le
fond, c'est quoi son problème, à ce moment-là? Parce que moi, ce que je <comprends,
là...
>
18 h (version révisée)
<4131
M. Legault :
...sur le fond, c'est quoi son problème, à ce moment-là? Parce que
moi, ce que je >comprends, là, c'est que le Parti libéral utilise le
prétexte de la clause dérogatoire pour voter contre le projet de loi n° 96 pour éviter ce qui est arrivé à Robert Bourassa, c'est-à-dire
la création de partis anglophones qui veulent un Québec bilingue, qui feraient
perdre des votes dans l'ouest de l'île, entre autres, de Montréal au Parti
libéral du Québec. Mais là est-ce que... Moi, j'aimerais ça qu'il le dise
clairement, là. Est-ce que le député de D'Arcy-McGee... qu'il est d'accord avec
toutes les mesures du projet de loi n° 96? Que la seule chose qu'il n'aime
pas, c'est l'utilisation de la clause dérogatoire? Bien, voyons donc!
M. Birnbaum : ...contrairement
au premier ministre, dans un premier temps, le tout n'est pas un calcul
électoral. On est en train de parler de certains principes assez primordiaux,
dont le premier ministre, de tous les Québécois, a l'obligation de sauvegarder.
La règle de droit, bon, pas une petite chose, l'idée que nos lois, quand pas
complètement nécessaires, ne soient pas à l'abri de l'examen légitime et normal
de nos tribunaux... Si le premier ministre veut tester nos intentions, bon, il
y a du temps pour faire des amendements et, bon, il peut proposer de cibler,
pour que le Québec est au courant, des articles de son projet de loi qui
nécessitent la protection tout à fait possiblement légitime de la clause
nonobstant. Alors, il a cette possibilité à sa disposition, s'il le veut bien.
Mais de prétendre que, par calcul
électoral ou à cause de, comment il s'appelle, Balarama Holness, on se dirige
chaque matin... Voyons donc! Nous sommes en train de parler d'une communauté...
Ah oui! bien, le député de Sainte-Rose a ses théories là-dessus, bon. On parle
des principes d'une importance capitale. Je suis en train de parler depuis une
heure, sans réponse sérieuse et compatissante, sur le sort et la place de
quelque 800 000 Québécois d'expression anglaise. Alors, la chose
électorale, une autre fois... Si le premier ministre veut bien, on peut en
parler en dehors des quelques minutes qu'il me reste.
En parlant du député de Sainte-Rose,
premièrement, épaulé par un secrétariat... et je tiens à souligner qu'il fait
un travail formidable et colossal dans les circonstances pas faciles. Je tiens
à souligner leurs efforts ainsi que plusieurs des initiatives qui auront été
mises en place avec l'épaulement de ce secrétariat, qu'on était fiers de mettre
en place dans le gouvernement antérieur.
Le député de Sainte-Rose, au nom du
premier ministre, a fait des visites un petit peu partout et a fait quelques
constats, il avait quelques petites entrevues sur CGD, etc. Est-ce qu'on peut
comprendre c'est quoi, la prochaine étape? Y aurait-il un plan d'action qui va
découler de ce plan d'action? Y aurait-il des actions pour pallier pas juste
des difficultés objectives et des problèmes devant nous, mais cette
inquiétude... In my book, you don't yell at a problem, you
recognize it. I've stated a fact, which even a «député» should understand,
which is that there are hundreds of thousands of our fellow Quebeckers who are
worried, who feel excluded, who feel misunderstood, who feel willfully
neglected by the Premier of all Quebeckers, who's in front of me. Can we
understand if there's a plan, if there are some conclusions that will come out
of the observations that, I presume, le député de Sainte-Rose aurait constaté
lors de sa tournée?
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Alors donc, tout le
monde est d'accord pour que le député de Sainte-Rose prenne la parole? M. le
député de Sainte-Rose.
M. Skeete : Merci.
Combien de temps que j'ai, M. le Président?
Le Président (M.
Bachand) :Ah! c'est le temps global, M.
le député.
M. Skeete : Combien de
temps qu'il reste? Je veux juste être sûr de ne pas empiéter trop sur le temps
du collège parce que...
Le Président (M.
Bachand) :17 minutes au bloc du
parti...
M. Skeete : Donc, je
vais y aller rapidement. Vous savez, le collègue a raison quand il constate que
la population d'expression anglaise est inquiète. Difficile de ne pas être
inquiet quand les leaders de la communauté, incluant le Parti libéral en
général, font des allusions assez controversées sur les intentions du
gouvernement par rapport à divers projets de loi. Depuis notre élection, avec
le projet de loi n° 9, le projet de loi n° 40, le projet de loi n° 21,
le projet de loi n° 96... que la cheffe de l'opposition appelle des partis
radicaux, mais elle a la même position que ces groupes-là par rapport à divers
projets de loi. Alors, après trois ans d'une trame de fond où est-ce qu'on nous
dit que le gouvernement est drastique, est dangereux, il est vrai que certains
dans la communauté d'expression anglaise sont inquiets. Et je m'époumone
souvent et beaucoup pour essayer de leur faire comprendre les intentions du
gouvernement sur divers projets de loi. <Et la réalité...
M. Skeete :
...divers
projets de loi. >Et la réalité est que, dans le projet de loi n° 96, entre autres, tous les gens avec qui je suis allé à
l'école, avec qui j'ai grandi, mes amis, nos amis communs ne sont pas impactés
par ce projet de loi là. Alors, c'est difficile, mais nous voilà.
Le Président (M.
Bachand) :On va redonner la parole au
député de D'Arcy-McGee. M. le député de D'Arcy-McGee, s'il vous plaît.
M. Birnbaum : M. le
Président, I don't know whether to laugh or cry.
There are apparently 800,000
naive downtrodden English-speaking Quebeckers who are swallowing poisoned pills that we, Liberals, are offering
them. What claptrap. Perhaps I can go back to asking le premier ministre du
Québec quelques questions dans le temps qu'il me reste.
Je veux répéter
une question dont je n'ai pas de réponse. Est-ce que le premier ministre est en
mesure de me décrire deux choses : sa lecture de la contribution de la
communauté d'expression anglaise dans l'épanouissement et l'avenir du Québec?
Et, deuxième question, et peut-être il trouve qu'il aurait répondu, moi, je
trouve que non : y aurait-il, dans l'esprit de son gouvernement, dans le
temps qu'il reste, jamais une mesure qui risque d'être le moindrement
palliative et nécessaire pour l'épanouissement de la communauté de langue
anglaise, qui va aborder et peut-être considérer et adopter par son
gouvernement, malgré... je le regarde dans les yeux, je ne me cache pas, en
conséquence... malgré la possibilité qu'il y aurait un modeste, très modeste
effet sur le Québec francophone? On partage ce territoire avec nos concitoyens
et concitoyennes francophones. Est-ce que je peux avoir une réponse à ces deux
questions-là?
Le Président (M.
Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. Merci,
M. le Président. Bien, écoutez, comme le sait le député de D'Arcy-McGee,
j'arrive du monde des affaires, donc j'ai beaucoup travaillé avec la communauté
d'expression anglaise de Montréal, du Québec en général. Il y a des excellents
entrepreneurs, il y a des familles qui ont développé des entreprises qui sont
des fleurons aujourd'hui. J'ai été aussi trois ans ministre deml'Éducation, je
suis allé à l'étranger, j'étais fier de parler de McGill parce que McGill a une
réputation dans le monde entier comme étant une des meilleures universités au
monde. Donc, les réalisations de la communauté d'expression anglaise sont
énormes. Ça a fait partie, dès le début, de notre société, du développement qui
s'est fait dans tous les domaines.
M. le Président, il y a des groupes qui
financent des musées à Montréal, des groupes d'expression anglaise, des musées
incroyables. Entre autres, je pense à la communauté juive. Je l'ai souvent dit,
je rêve d'avoir les taux de diplomation des écoles juives du Québec. C'est
extraordinaire, la valorisation de l'éducation, ce sont des modèles, les
membres de la communauté juive. Donc, il y a effectivement des membres... Il y
a des Italiens, il y a des Grecs, il y a des gens qui sont de la communauté
d'expression anglaise, comme on dit, qui sont là depuis le début, qui ne
déménageraient pas demain matin pour aller vivre à Toronto, qui apprécient
d'ailleurs le fait qu'à Montréal il y a comme ce qu'on appelle la «fun city». Il
y a des festivals, il y a un côté latin, il y a un côté festif, et ces gens-là
ne déménageraient pas demain matin. Puis la plupart, puis j'en connais quand
même beaucoup, des anglophones, vivent bien avec la loi 101, vivent bien
avec le fait qu'il y a une seule langue officielle au Québec, qui est le
français.
• (18 h 10) •
Malheureusement, il y a une petite
minorité qui rêve à ce que les nouveaux arrivants puissent aller à l'école en
anglais, que le Québec soit bilingue et ne comprennent pas ou ne veulent pas
comprendre que le français sera toujours vulnérable en Amérique du Nord.
Quelqu'un qui arrive au Québec, bien, il voit Internet, il voit... Il va aller
faire un petit voyage à Toronto, à New York, il y a un attrait vers l'anglais
qui est normal. Donc, il faut faire des efforts. Puis même René Lévesque le
disait à l'époque, c'est presque frustrant de dire : Bien, les nouveaux
arrivants, là, ce n'est pas nécessairement par amour du français, c'est parce
que la loi les oblige. Bien, écoutez, c'est le prix à payer pour la survie de
la langue française. Je vous laisse les dernières minutes.
Le Président (M.
Bachand) :Il vous reste un peu plus
qu'une minute, M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Merci, M.
le Président. Malgré les prétentions du premier ministre, notre formation va
voter contre ce projet de loi avec une fierté qui défend un Québec moderne, un
Québec qui doit prendre ses responsabilités au très sérieux en tout ce qui a
trait <au rayonnement...
M. Birnbaum :
...trait
>au rayonnement et la protection de la langue française, de façon non
divisive, inclusive qui ferait avancer notre Québec dans sa langue commune,
malgré les défis énormes devant nous, on en convient. On va voter non, pas de
façon défensive, pas pour des petites raisons minables, électorales, que le
premier ministre ose mentionner, par principe, par préoccupation, avec la
confiance qu'il y a une façon de faire autrement, sans diviser les Québécois d'origines
différentes, sans diviser les immigrants contre les Québécois francophones de
souche, sans diviser les Québécois francophones de souche entre eux, de façon
positive pour faire avancer notre Québec de façon dont on peut tous être fiers.
Alors, ça va être avec la tête haute que notre formation va voter non, pas pour
des raisons qu'on va continuer à entendre du premier ministre du Québec.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. De retour maintenant
vers le député de Sainte-Rose.
M. Skeete : Merci, M. le
Président. Mais là c'est clair, le Parti libéral a fait son choix. Ils
choisissent de voter contre le projet de loi n° 96,
donc ils ne reconnaissent pas la faiblesse du français dans un territoire d'Amérique
du Nord rempli avec 350 millions d'anglophones. C'est clair. Je vois qu'il
y a des journalistes dans la tribune qui en prennent note. Parce que je vous
avoue, des fois, j'ai de l'empathie pour mes collègues de l'opposition, parce
qu'il y a des gens qui me croisent, M. le Président, dans la rue puis ils me
disent : Tu sais, Christopher... on m'appelle Chistopher dans la rue, pas
ici, ils disent : Christopher, ta job n'est pas facile. Puis c'est vrai,
des fois, ma job n'est pas facile. Mais quand que je me promène dans
Sainte-Rose, M. le Président, les citoyens me regardent puis ils disent qu'ils
sont fiers de leur gouvernement. Après tout ça, je représente fièrement les
citoyens de Sainte-Rose. Je ne sais pas comment font mes collègues pour se
promener dans leur circonscription, où est-ce que j'entends le feedback de la
communauté des fois, puis ce n'est pas toujours en lien avec ce qu'on a entend
du leadership de ce parti-là. Alors, moi, je vis bien sachant que je représente
les citoyens de Sainte-Rose dûment et correctement.
Le collègue l'autre bord de la banquette,
M. le Président, nous a parlé de la clause nonobstant, puis il disait que, tu
sais, ça n'a pas d'allure d'afficher la clause nonobstant partout dans le
projet de loi, puis ça, après qu'on a eu les leçons, suite au passage de la
loi 101, que, si on n'agit pas de manière défensive pour protéger nos lois,
pour protéger notre nation, bien, les juges nommés par le gouvernement fédéral
vont venir nous enlever nos droits collectifs. Alors, nous, on a eu la sagesse
d'agir en amont pour être sûrs qu'on lance un signal, parce que les trois
piliers... puis c'est des piliers, vous avez raison M. le... cher collègue, on
lance un message au juridique, on leur dit : Cette loi-là, là, touchez-la
pas. Et ça, c'est un signal important, puis on l'a vu dans la décision du
projet de loi n° 40. Dans la décision du projet de
loi n° 40, les juges ont évoqué que, écoutez, on est
limités dans la façon qu'on peut regarder certaines clauses parce que le
gouvernement nous a lancé un message et on est commis par ce message.
Alors, moi, je pense qu'il n'est pas
inopportun de mettre une clause dérogatoire en amont. Au contraire, je pense
que ça lance un signal, on communique avec l'autre pilier, et je pense que
cette communication-là, elle est importante dans une démocratie. Puis ça, ça me
ramène à ce que vous avez dit, M. le premier ministre, tantôt, quand vous
parliez du... le fait qu'ironiquement certaines personnes vont taxer le
gouvernement de faire quelque chose qui n'est pas constitutionnel en utilisant
une clause dans la Constitution. Moi, ça me fait... ça m'étourdit. Mais je vais
vous dire que cette constitution-là que les gens évoquent et disent souvent :
Mais là, c'est le document d'importance, singulier, c'est vrai, mais jamais les
provinces n'auraient accepté s'il n'y avait pas la clause nonobstant. En fait,
plusieurs premiers ministres de l'époque ont dit : S'il n'y a pas cette
clause-là, justement, pour s'en servir dans le cadre des droits collectifs, bien,
ce n'est pas vrai qu'on embarque dans ce projet-là. Alors, par compromis, il a
été inséré et il est là, et les gouvernements peuvent s'en servir à leur gré,
comme la démocratie nous impose ou nous permet de le faire.
Je regarde ici le débat. Le collègue
évoque qu'il y a 800000 Québécois
d'expression anglaise qui sont laissés pour compte par ce <gouvernement...
M. Skeete :
...compte
par ce >gouvernement. Puis moi, je ne suis pas d'accord. Je ne suis pas
d'accord du tout. Moi, je considère que les attentes étaient très bas pour ce
gouvernement en matière de relations avec les Québécois d'expression anglaise
et je considère qu'on a excédé toutes les attentes à divers niveaux.
Commençons par le financement. Le premier
ministre l'a évoqué tantôt, quand il parlait notamment de l'augmentation du
budget qu'on a donné au secrétariat. Puis il est vrai que le secrétariat et le
projet de l'ancien gouvernement, à l'aube de son règne, et par réaction,
peut-être, il voyait venir ce qui arrive aujourd'hui avec les deux autres
nouveaux partis, là, qui tentent de s'imposer dans l'échiquier politique, ils
ont vu que, oui, il va falloir faire quelque chose, là, avec la communauté
anglaise parce qu'ils risquent de voter CAQ puis ils risquent d'aller ailleurs.
Bien, ça fait que, là, on se retrouve avec un secrétariat qui est financé à
2 millions. Tu sais, il y a du personnel, il y a un programme qui est là
puis qui va bien, puis il y a un personnel, je dois le dire, qui a été choisi
avec rigueur.
Mais nous, on arrive puis on dit : On
va financer davantage ce secrétariat-là parce qu'il y a des vrais besoins, puis
les Québécois d'expression anglaise sont des Québécois à part entière. C'est la
raison pour laquelle on a investi des millions dans le développement
communautaire, pas dans le développement montréalais, parce qu'il y a comme une
perception ambiante que les anglophones, ça réside juste à Montréal, M. le Président.
En fait, il y a 20 % des Québécois d'expression anglaise qui vivent en
région, et c'est souvent eux qui ont le plus de difficultés dans la société
québécoise. Et, lors de ma consultation, j'ai rencontré plus de
150 personnes représentant plus de 130 groupes communautaires, et ils
m'ont tous dit la même chose, le constat était le même : Nous, on ne veut
pas que nos enfants quittent le Québec, parce que la division péquisto-libérale
qui a régné au Québec pendant 50 ans a fait fuir le capital, a fait fuir
les immigrants, a fait fuir les anglophones. Nous, on n'est pas dans cette
logique-là. Nous, on est dans la logique d'aider les vraies personnes sur le
terrain pour qu'ils puissent s'épanouir dans un Québec qui est passé à autre
chose.
Et dans ce sens-là, on a investi des
sommes importantes pour aider les communautés à apprendre le français, à
dynamiser et vitaliser leur communauté. Et, dans le projet de loi n° 96 de
mon collègue, on vient ajouter un nouveau droit pour ces Québécois d'expression
anglaise, le droit d'apprendre le français. Parce qu'on francise les
immigrants, on francise les francophones dans le réseau francophone, mais les
anglophones, une fois qu'ils sortent de l'école, bien là, si tu as travaillé
dans une PME avec 10 employés puis tu as parlé anglais pendant
10 ans, tu te retrouves sur le chômage puis là, tout à coup, tu as perdu
tes acquis, tu es coincé dans un cycle de pauvreté. Puis ça, on le voyait,
entre autres, en région. Et on est arrivés puis on a décidé, dans le projet de
loi n° 96, de créer ce nouveau droit là pour les Québécois d'expression
anglaise. Comme ça, ils vont avoir accès à la langue de la nation pour qu'ils
puissent s'épanouir complètement, et ça, c'est une bonne chose, dès que la loi
va être passée, parce que c'est non seulement important pour s'intégrer dans la
société québécoise, mais c'est la chose qu'ils demandaient. L'argument libéral-PQ
d'antérieur nous dirait que les anglophones n'aiment pas ça, le français. C'est
faux, puis je pense que le collègue serait d'accord. C'est faux. Les Québécois
d'expression anglaise qui sont au Québec aujourd'hui sont francophiles. Ils
demandent juste l'opportunité de l'améliorer, et c'est cette opportunité-là
qu'on leur donne dans le projet de loi n° 96, et c'est la chose qu'ils
demandent le plus.
• (18 h 20) •
Et une fois qu'on rouvre cette
parenthèse-là, bien là, tout devient possible, parce qu'après ça on peut
commencer à agir sur le faible taux d'emploi dans la fonction publique du Québec.
Parce que la première chose qu'on va nous demander, quand on va embaucher
quelqu'un, c'est une communication écrite ou une entrevue. Et, si on ne réussit
pas à passer cette étape-là, on ne sera pas en mesure d'intégrer la fonction
publique. Puis, après ça, ça rouvre d'autres portes. Ça rouvre des portes pour
l'emploi, pour avancer sa carrière, pour peut-être suivre des cours à
l'université et au cégep. C'est la raison pour laquelle, encore une fois, que,
dans le projet de loi n° 96, on vient rajouter du français, pas parce
qu'on veut imposer le français, parce qu'on veut diviser. Ça, c'est un
narratif, une trame de fond que le Québec a déjà joué durant les
50 dernières années.
Nous, notre trame de fond, c'est de dire
que, pour bien vivre au Québec, M. le Président, pour bien s'épanouir, il faut
maîtriser le français. C'est aussi simple que ça, et nous, on donne les outils
à la communauté d'expression anglaise pour le faire. Mais au-delà de ça, il y a
des enjeux de vitalité communautaire. Le collègue tantôt parlait de
Blanc-Sablon, une place que j'ai visitée également lors de ma tournée, et on a
parlé avec ces gens-là. Mais une des premières choses qu'on a faites, c'est...
on a investi 400 000 $ pour un <incubateur économique...
M. Skeete :
...pour
un >incubateur économique. Puis là ils prennent des fruits nordiques
puis ils les transforment dans des produits cosmétiques. Bien, ça, c'est une
initiative du secrétariat, du gouvernement du Québec et d'Investissement Québec,
parce que les communautés en région ont le droit de développer leur économie.
Les communautés anglophones ont le droit d'innover, eux aussi, et ils ont le
droit à avoir leur part du gâteau. Mais au-delà d'être là, c'est de reconnaître
l'importance de leur contribution. Et encore une fois, parlant de Blanc-Sablon,
c'est la raison pour laquelle, dans le PQI de mon collègue le ministre des
Transports, on agrandit la 138. On ne se rend pas tout à fait à Blanc-Sablon
pour le moment, mais c'est dans les plans d'y aller, parce qu'il faut casser
cet isolement-là. J'ai des citoyens que je représente, dans mon rôle avec les
Québécois d'expression anglaise, à Blanc-Sablon, qui ont plus d'affinités pour
Terre-Neuve, parce qu'ils sont plus près, qu'ils ont avec le Québec. Il faut
briser ça. Ça prend 25 heures de faire le tour pour descendre jusqu'à
Sept-Îles. Il faut arrêter ça, c'est des Québécois, et on y travaille.
Donc, on a investi des millions. On a
presque quintuplé le budget du secrétariat, tout en investissant dans les
communautés, puis pas juste à Montréal. On a 52 projets nationaux ou
d'initiatives de financement représentant 4,9 millions de dollars,
puis on est partout : le Bas-Saint-Laurent, Saguenay-Lac-Saint-Jean, en
Estrie. Oui, à Montréal, oui, à Laval, mais en Montérégie, à
Chaudière-Appalaches. Partout où est-ce que vous pouvez imaginer, il y a des
petites poches de Québécois d'expression anglaise qui veulent protéger leurs
communautés, et nous, on leur donne les moyens de le faire. Et c'est la raison
pour laquelle 44 % de nos initiatives vont financer directement la
vitalité des communautés et aussi les mesures économiques et d'employabilité.
Et ça, ça m'amène à ma question, M. le
premier ministre. La question que j'ai pour vous, c'est... vous avez souvent
évoqué, puis surtout lors de la campagne électorale en 2018... Vous avez parlé
beaucoup aux Québécois d'expression anglaise pour leur dire : Bien,
coudon, arrêtons de parler des Québécois d'expression anglaise comme si c'est
comme une sous-catégorie de gens. C'est des Québécois à part entière. Eux
aussi, ils veulent des emplois de qualité. Comment vous voyez la contribution
des Québécois d'expression anglaise par rapport à leur capacité d'inclure leur
contribution dans l'économie du Québec?
Le Président (M. Bachand) :M. le premier ministre, s'il vous plaît.
M. Legault : Oui, bien,
effectivement... D'abord, je suis très fier, mon adjoint parlementaire, hein,
qui vient de faire un beau résumé des efforts qui sont faits par notre
gouvernement pour aider les Québécois d'expression anglaise. Mais, au point de
vue économique, le grand défi qu'on a actuellement, c'est de trouver des
employés, et, entre autres, pour le gouvernement du Québec, dans les différents
ministères, dans les différentes sociétés d'État. Puis, s'il y a un bon côté à
la pandémie, c'est qu'on a développé le télétravail, qui nous permet... qui
permet, par exemple, à des Québécois d'expression anglaise de l'Outaouais, de
l'Estrie d'appliquer sur des postes au gouvernement du Québec. Et on a besoin
d'eux autres. Il y a une pénurie d'employés. Il manque d'employés. Donc, tout
le monde est bienvenu, dans toutes les régions du Québec.
Puis évidemment, quand on regarde
Blanc-Sablon, quand on regarde... J'étais, il y a quelques jours, en Gaspésie,
il y a une communauté d'expression anglaise en Gaspésie, il y a un taux de
chômage qui est élevé en Gaspésie. Ça adonne bien, on a plein d'emplois qu'on
n'arrive pas à combler. Donc, il y a effectivement une possibilité de tous
travailler ensemble, incluant au gouvernement du Québec. Moi, il n'y a rien que
j'aimerais mieux que d'augmenter le pourcentage de Québécois d'expression
anglaise au gouvernement du Québec. Ce n'est pas normal... puis ce n'est pas
nouveau, là, ce n'est pas depuis que la CAQ est au pouvoir qu'on est dans cette
situation-là. Ça fait des dizaines d'années qu'il y a très peu, là, moins de
1 % de la fonction publique québécoise qui est d'origine, là, d'expression
anglaise. Donc, il y a une opportunité de se rapprocher.
Puis effectivement, mon rôle, c'est de
rassembler les Québécois, tout en défendant le français, qui sera toujours dans
une situation vulnérable pour les raisons que vient de dire le collègue de
Sainte-Rose. Donc, il y a effectivement du travail à faire pour rassembler les
Québécois puis ne pas voir ça comme un moins, le français au Québec, voir ça
comme un plus.
Quand je regarde les villes, les grandes
villes aux États-Unis, ils essaient de se distinguer, ils essaient de trouver
quelque chose qui les différencie des autres villes. Bien, nous, on n'a pas
besoin de faire ça. Il y a le français, il y a la culture québécoise, il y a le
côté latin qui fait que Montréal, c'est différent de Boston, de Chicago, de New
York, des grandes <villes américaines...
M. Legault :
...il
y a le français, il y a la culture québécoise, il y a le côté latin qui fait
que, Montréal, c'est différent de Boston, de Chicago, de New York, des grandes >villes
américaines. Donc, il y a une opportunité en or de développer le Québec avec
les Québécois d'expression anglaise, mais arrêtons de diviser en disant :
Nous, on est contre les efforts qui sont faits pour protéger le français. On en
a besoin. Camille Laurin, René Lévesque a eu raison. Robert Bourassa a eu
raison d'utiliser la clause dérogatoire. Il y aura toujours des efforts à faire
au Québec pour protéger le français. Ça ne vient pas en contradiction avec le
respect des Québécois d'expression anglaise. Moi, je souhaiterais effectivement
que les francophones apprennent l'anglais, que les anglophones apprennent le
français, qu'on vive ensemble, mais, en même temps, pour protéger le français,
bien, il faut que le français soit la langue de travail, il faut qu'elle soit
la langue d'éducation, d'intégration des nouveaux arrivants. Donc, il faut effectivement
être capables de faire les deux : rassembler les Québécois, défendre,
promouvoir le français, mais le faire tous ensemble.
Puis moi, je connais plein de Québécois d'expression
anglaise qui n'ont aucun problème avec la loi 101. Ça fait longtemps qu'ils
ont accepté le principe qu'il y a une seule langue officielle, que les nouveaux
arrivants doivent être intégrés à la communauté francophone, puis qui sont d'accord
aussi avec les valeurs de laïcité puis l'interdiction des signes religieux.
Donc, il y a en a. Ce n'est pas juste les francophones qui sont d'accord avec l'interdiction
de signes religieux. Il y a aussi des anglophones, des Québécois d'expression
anglaise qui disent : Moi, là, je veux vivre dans un État laïque puis je
veux qu'un policier, ou un juge, ou un enseignant qui est avec un enfant, qu'il
ne mêle pas la religion à ça, que ça soit laïque. Puis ce n'est pas une
question de francophones, anglophones. Regardez ce qui se passe dans des pays
comme l'Allemagne, même au Royaume-Uni.
Il y a des efforts à faire pour travailler
ensemble, oui, défendre le français, mais rassembler autour de valeurs
communes, qui ne sont pas seulement communes aux francophones, mais qui sont
beaucoup communes aux anglophones, puis en particulier ceux qui sont ici depuis
longtemps, au Québec, puis qui ont vu aller la religion catholique, la religion
protestante puis la laïcisation des réseaux de la santé puis de l'éducation.
Donc, travaillons ensemble, soyons
rassembleurs tout en défendant puis en faisant la promotion du français. C'est
possible de faire les deux et c'est ce qu'on essaie de faire avec mon cher
collègue, mon adjoint parlementaire, le superdéputé de Sainte-Rose.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup.
Des voix : ...
Le Président (M. Bachand) :
S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Adoption des crédits
Le temps alloué à l'étude du volet
Relations avec les Québécois d'expression anglaise des crédits budgétaires du
portefeuille Conseil exécutif étant presque écoulé, nous allons maintenant
procéder à la mise aux voix des crédits.
Est-ce que le programme 7, intitulé
Relations avec les Québécois d'expression anglaise, est adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Le Président (M.
Bachand) :Adopté, sur division. Merci.
Documents déposés
Cela dit, je dépose les réponses aux
demandes de renseignements de l'opposition.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux au mardi 3 mai 2022 à 15 h 30, où elle
va entreprendre l'étude des crédits budgétaires du volet Justice du
portefeuille du même nom. Merci beaucoup. Bonne soirée.
(Fin de la séance à 18 h 29)