Journal des débats de la Commission des institutions
Version préliminaire
42e législature, 2e session
(19 octobre 2021 au 28 août 2022)
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Le
mardi 26 avril 2022
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Vol. 46 N° 23
Étude des crédits budgétaires du ministère du Conseil exécutif, volet Réforme des institutions démocratiques
Étude des crédits budgétaires du ministère du Conseil exécutif, volet Affaires autochtones
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Intervenants par tranches d'heure
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Bachand, André
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Tanguay, Marc
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LeBel, Sonia
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Zanetti, Sol
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Bachand, André
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Zanetti, Sol
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LeBel, Sonia
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Tanguay, Marc
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Bérubé, Pascal
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Martel, Donald
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Bachand, André
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Kelley, Gregory
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Lafrenière, Ian
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Massé, Manon
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Lafrenière, Ian
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Massé, Manon
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Bachand, André
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Kelley, Gregory
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Bachand, André
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Kelley, Gregory
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Lafrenière, Ian
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Lemieux, Louis
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Guillemette, Nancy
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Tardif, Marie-Louise
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Ouellet, Martin
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Ouellet, Martin
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Lafrenière, Ian
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Bachand, André
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Kelley, Gregory
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Bachand, André
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Kelley, Gregory
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Lafrenière, Ian
11 h 30 (version révisée)
(Onze heures quarante-cinq minutes)
Le Président (M. Bachand) :...une enveloppe de 45 minutes a été allouée pour l'étude
de ces crédits.
Avant de débuter, Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Lachance (Bellechasse) est remplacée par <M. Campeau...
La Secrétaire :
...est
remplacée par >M. Campeau (Bourget); et M. Lemieux
(Saint-Jean), par M. Caron (Portneuf); M. Lévesque (Chapleau), par M. Bélanger
(Orford); M. Barrette (La Pinière), par M. Tanguay (LaFontaine); et Mme Hivon
(Joliette), par M. Bérubé (Matane-Matapédia).
Réformes des institutions démocratiques
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Nous allons donc
procéder à une discussion d'ordre général par blocs d'environ 20 minutes,
incluant les questions et les réponses.
Discussion générale
Je suis maintenant prêt à reconnaître une
première période d'échange et d'intervention avec le représentant de
l'opposition officielle, M. le député de LaFontaine, pour 12 min 13 s.
M. le député, s'il vous plaît.
M. Tanguay : Merci beaucoup,
M. le Président. Alors, heureux de vous retrouver, heureux de retrouver la
ministre, je pense, en forme. Alors, on est heureux de la ravoir avec nous.
Évidemment, deux blocs de 12 min 13 s, on va y aller de
façon... rondement. On va y aller rondement. Projet de loi n° 39, réforme
de mode de scrutin, est-ce que ce sera un engagement électoral de la CAQ, lors
de l'élection d'octobre 2022, que de relancer le débat, si d'aventure elle
était reportée au pouvoir? Si, si, si, il y a un gros «si», là.
Mme LeBel : Bien, premièrement,
permettez-moi de vous saluer, de prendre quelques quelques minutes, quelques
secondes sur mon temps pour vous saluer, saluer mes collègues qui
m'accompagnent dans cet exercice-là, saluer les collègues de l'opposition avec
qui on a peut-être peu de temps, mais je suis convaincue qu'on va avoir quand
même une belle conversation, et avec lesquels on a eu l'occasion d'avoir des
conversations dans le cadre du projet de loi n° 39, exactement. Merci de
vous être enquis de ma santé. Oui, effectivement, je ne sais pas si on est
toujours assez en forme pour faire les crédits, mais on est là. Donc, allons-y
et discutons.
Projet de loi n° 39, comme vous le
savez, je pense que c'est bon de réitérer un peu que l'engagement qui avait été
pris par le gouvernement et deux autres partis d'opposition, c'était de déposer
un projet... déposer une loi dans l'année, là, qui suivait l'élection, ce qui a
été fait. Je pense qu'on a déposé un projet de loi qui était équilibré. On a eu
le temps, on est allés très loin dans notre engagement. On a eu le temps de
l'étudier, on a progressé en consultations et on était rendus à faire l'article
par article.
La pandémie est arrivée. Comme vous le
savez, ça a fait en sorte que, bon, on n'a pas eu l'occasion de remettre ce
projet de loi à l'étude comme... dans le cheminement dans lequel on était à ce
moment-là. Présentement, je pense qu'il est trop tôt pour répondre à votre
question, en toute sincérité. C'est une discussion qui est fort importante pour
la société de savoir si... de changer son mode de scrutin ou non. D'ailleurs,
comme vous le savez, dans le projet de loi qu'on a déposé, le projet de loi
n° 39, il y avait une très grande partie de ce projet de loi qui se
voulait être un référendum au moment de l'élection, référendum qui demandait de
la préparation, qui demandait de la discussion, qui demandait de l'information
pour s'assurer que les citoyens étaient bien au fait des implications de
changer de mode de scrutin. Et, pour moi, à ce stade-ci, je pense que c'est une
question qui est trop importante pour qu'elle ait lieu au moment où on se
parle, dans les quelques prochains mois qui nous auraient menés à l'élection
d'octobre 2022. Je pourrai poursuivre par la suite.
M. Tanguay : Oui, merci
beaucoup, M. le Président. C'est ça, en respectant la règle de la
proportionnalité. Donc, ni oui ni non, bien au contraire?
Mme LeBel : Ni oui ni non,
bien au contraire? Non. À ce stade-ci, ce que nous avons annoncé, c'est qu'on
tourne la page sur ce projet-là. Et non seulement on tourne la page sur ce
projet-là, mais on considère qu'à ce stade-ci il n'est pas opportun d'en
parler. Il y a beaucoup de priorités pour les Québécois présentement. On le
sait, on pourra en avoir d'autres, discussions, probablement dans les crédits
du Conseil du trésor et de Finances avec mon collègue. Il y a beaucoup d'enjeux
présentement sur la table, et je pense qu'il ne faut pas jouer avec la
stabilité de notre mode de scrutin au moment où on se parle.
M. Tanguay : Et est-ce que la
simulation qui avait été rendue publique, là, qui faisait en sorte que, si
appliqué le mode de scrutin en octobre 2018, le nouveau mode de scrutin,
la CAQ aurait eu 60 députés, le Parti libéral, 36... Est-ce que vous êtes
prêts à affirmer que cette donnée brute là a été une considération dans vos
discussions au sein du caucus, de dire : Bien là, wo, On ne va pas de
l'avant là-dessus?
Mme LeBel : Vous voulez
savoir si elle a fait partie des discussions, si elle a été une considération
pour ne pas aller de l'avant? Non, elle n'a pas été une considération pour ne
pas aller de l'avant.
M. Tanguay : Est-ce qu'elle a
fait partie des discussions?
Mme LeBel : La discussion...
bien, elle a fait partie des discussions à un certain... pas de cette donnée-là
particulière, mais il y a eu des discussions au sein du caucus, mais beaucoup
plus tôt dans le processus, avant même qu'on dépose le projet de loi. Dans
l'élaboration du projet de loi, il y a eu un an qui s'est passé entre
l'élection et le dépôt du projet de loi. Il y a très certainement eu des
discussions au sein du caucus pour savoir dans quelle direction on allait aller
pour pouvoir respecter notre engagement. Par la suite, non, il n'y a pas eu
de... Ça n'a pas été un facteur déterminant dans la prise de décision en décembre
dernier, je pense. Le facteur déterminant, c'est ce que je viens de vous dire,
c'est l'opportunité d'aller de l'avant compte tenu du contexte actuel que l'on
vit depuis bientôt deux, plus de deux ans, même, je vous dirais.
• (11 h 50) •
M. Tanguay : O.K. Mais, à
l'heure où on se parle, le ministre responsable, donc, du dossier de la réforme
des institutions démocratiques, donc responsable du projet loi n° 39, mode
de scrutin... vous ne pouvez pas affirmer si ça va faire... ce sera un
engagement <renouvelé...
M. Tanguay :
...un
engagement >renouvelé lors de la prochaine... vous ne pouvez pas l'affirmer
aujourd'hui, lors de la prochaine campagne électorale?
Mme LeBel : Ce que je peux
vous affirmer, c'est qu'est-ce qu'on nous a... ce qu'on a dit, c'est que nous
tournions la page sur ce projet-là. Donc, c'est l'état de situation à ce
stade-ci.
M. Tanguay : Alors, c'est la
doctrine René et Nathalie Simard, Tourne la page?
Mme LeBel :
Tourne la
page, Chibouki, peut-être? Non, je ne sais pas, mais...
M. Tanguay : Non.
Mme LeBel : Non, pas du tout.
On a expliqué les raisons en décembre dernier, il y a plus de cinq mois,
pour lesquelles on n'allait pas de l'avant. Il y a une... Il y a toujours une
question d'opportunité, de contexte, et, vous le savez très bien, là, dans les
deux dernières années, le contexte a grandement changé.
M. Tanguay : Oui. Le
contexte, il est bien verrat, comme on disait à l'époque.
Mme LeBel : Oui, mais on ne
peut pas en faire fi, il existe.
M. Tanguay : Les
renseignements particuliers demandés par l'opposition officielle, là, P.13, P.14...
Mais, sur le principe, puis vos gens qui vous accompagnent, que je salue,
pourront vous le dire, là, il s'agissait de communiquer, le cas échéant, toutes
les analyses et études — je résume, là — relatives, d'une
part, P.13, au mode de scrutin, donc la réforme, et, d'autre part, du
référendum dans le contexte de la réforme du mode de scrutin, P.13, P.14. On
nous dit essentiellement : Les documents demandés sont constitués de
renseignements confidentiels, faites une demande en vertu de la loi. Pourriez-vous
nous dire s'il y en a qui existent? Puis, le cas échéant, est-ce que vous
pouvez nous dispenser de faire appel... Puis, vous, pouvez-vous le communiquer,
en toute transparence? Parce que c'est fondamental, c'est notre démocratie.
Mme LeBel : Bon, je n'ai pas
eu... En toute transparence, je n'ai pas lu ces deux éléments-là particuliers
du cahier des demandes d'opposition. Mais, écoutez, si la réponse qu'on vous a
faite, c'est que c'était couvert par la loi sur l'accès à l'information, vous
pourrez en faire, vous pourrez en discuter avec mon collègue Éric Caire aussi,
qui, comme vous le savez, est maintenant en charge de ce volet-là. Moi, je
considère qu'il y a beaucoup de discussions, beaucoup de choses qui sont
effectivement nécessaires d'être confidentielles; d'autres, si elles ne le sont
pas, j'imagine que la loi vous permettra d'y avoir accès.
M. Tanguay : Mais c'est
là-dessus, puis je ne ferai pas un débat technique, là, sur l'affiliation...
mais, quand on parle de réforme de mode de scrutin, on parle du fondement même
de notre démocratie. On demande : Est-ce que... Sur le mode de scrutin
proportionnel mixte, y a-tu des études qui ont été demandées entre autres au
secrétariat, au DGEQ puis à la commission de représentation? Puis, quand on nous
dit : Écoutez, dans les deux cas... Donc, sur la réforme du mode de
scrutin puis sur le référendum, on nous dit : Les documents demandés sont
essentiellement constitués de renseignements confidentiels.
C'est là où, politiquement, j'aimerais
avoir votre son de cloche là-dessus. Ce n'est pas confidentiel, c'est un
référendum puis c'est le mode de scrutin. On devrait avoir accès à ça, puis
peut-être justement que le débat n'a pas pu se faire de façon plus complète
parce qu'on n'a pas accès à ces documents-là. Ma première question, c'est de
savoir : Êtes-vous au courant s'il en existe, de tels documents?
Visiblement oui, on nous dit qu'il y a des renseignements confidentiels, puis
on ne les a pas.
Mme LeBel : ...des
renseignements, des documents, c'est deux choses. Naturellement, des
documents contiennent des renseignements, je n'ai pas besoin de vous l'apprendre,
mais des renseignements ne sont pas nécessairement contenus dans des documents.
Mais, écoutez, là, je vais remettre mon chapeau de membre du Barreau pour vous
dire que je n'ai pas vu les documents particuliers. Moi, j'ai eu des
discussions avec différentes instances, avec mon caucus, avec mon Conseil des
ministres, avec les gens du secrétariat dans l'élaboration et du projet de loi
et dans la foulée des consultations. Donc, oui, il y a des discussions qui ont
eu lieu, oui, il y a des... à la base de ces discussions-là, il y avait des
informations. Mais là, écoutez, là, je n'ai pas les documents particuliers
devant moi, donc je ne vous répondrai pas sur le fait s'ils sont confidentiels
ou non. Si on a évalué qu'ils étaient confidentiels, ils le sont, puis on va...
on pourra peut-être les regarder à nouveau. Mais moi, je crois à la loi sur l'accès
à l'information, mais je crois aussi qu'il y a des circonstances et certains
documents qui, pour des raisons qui sont valables, doivent demeurer
confidentiels pendant un certain temps.
M. Tanguay : Est-ce que vous
pouvez prendre l'engagement de... le cas échéant, de confirmer ou de préciser
votre réponse après vérification?
Mme LeBel : Je pourrai le
vérifier par la suite, quelle est la teneur des documents, parce que, là, je
parle... on s'entend que je parle... Je n'aime pas trop...
M. Tanguay : Oui, oui, oui.
Non, non, vous ne les avez pas relus à matin, là. Ça, je prends pour acquis...
Mme LeBel : Les documents
particuliers, non, auxquels vous faites référence, non.
M. Tanguay : Non, c'est ça.
Mais pouvez-vous prendre l'engagement, donc, de communiquer, le cas échéant, un
complément de réponse, si d'aventure vous vouliez la compléter, là, sur ces
deux aspects-là, au secrétariat?
Mme LeBel : Si, le cas
échéant, il y avait d'aventure un élément... un complément de réponse, vous
seriez informé.
M. Tanguay : Là, on va poser
une question plate.
Le Président (M.
Bachand) : Je comprends, Mme la ministre...
Mme LeBel : Ah! ce n'était
pas déjà ça?
M. Tanguay : Non.
Le Président (M.
Bachand) : Non. Donc, je comprends...
M. Tanguay : Non. Vous allez
voir, la prochaine est encore plus plate que ça.
Le Président (M.
Bachand) : Donc, je comprends que, s'il y a lieu, vous
transmettrez les documents au secrétariat de la commission?
Mme LeBel : Bien, écoutez, j'ai
dit : Le cas échéant, si d'aventure il y avait quelque chose à
communiquer, je le communiquerai. Donc, c'est considéré comme un engagement.
M. Tanguay : G.43. Vous avez
parlé de membres du Barreau du Québec. Il y a un montant total de 3 158 $
qui a été payé à titre de cotisation au Barreau du Québec. De qui? Qui a
bénéficié de ce paiement-là?
Mme LeBel : C'est deux avocats
au secrétariat qui ont besoin... qui sont membres du Barreau, et c'est
nécessaire. Je n'ai pas le nom des personnes, mais ça concerne la cotisation de
deux avocats au secrétariat.
M. Tanguay : O.K., qui sont
au secrétariat, les deux. Et c'est... Le 3 158 $ couvre en <entier...
M. Tanguay :
...en >entier
que ces deux-là, là?
Mme LeBel : Bien, oui.
Effectivement, oui.
M. Tanguay : O.K. Quelle est
la politique par rapport à ça, payer les honoraires? Est-ce que, dans la
fonction publique, il est usuel qu'on paie les...
Mme LeBel : Bien, je ne peux...
je ne suis pas sûre que c'est pour tous les secteurs. Je peux vous dire que,
dans certains secteurs, bon, pour avoir été dans la fonction publique, dans un
secteur où la cotisation au Barreau était remboursée, habituellement, si elle
fait partie des exigences pour le travail, habituellement, c'est la règle. Mais
je ne ferai pas de... on s'entend que je ne ferai pas d'affirmation à
l'emporte-pièce pour tous les secteurs. Je peux vous dire que moi, je viens
d'un secteur ou c'était le cas. À ce moment-là, elle est considérée, là, dans...
comme un ajout au salaire, donc dans la rémunération, puis donc elle n'est pas
déductible au même titre qu'une cotisation qui serait payée, là, qui n'est pas
remboursée par l'employeur. Mais dans ce cas-ci, c'est deux avocats du
secrétariat.
M. Tanguay : Parfait. Sans
les déposer, mais... les communiquer, M. le Président, pour préserver la
confidentialité, est-ce qu'on pourrait avoir, au secrétariat, le nom des deux avocats,
avocates?
Mme LeBel : Bien, à ce
stade-ci, je ne m'engagerai pas. Je vais quand même faire des vérifications,
mais je ne pense pas que ce soit approprié que vous ayez le nom. Sachez que
c'est deux avocats, mais je vais vérifier, pour la suite des événements,
oui, mais je ne prendrai pas d'engagement.
M. Tanguay : O.K., si on peut
faire la... Puis, le cas échéant, savoir en vertu de quel article ce serait
irrecevable, cette demande-là. Le nom et les fonctions, le cas échéant,
communiqués au secrétariat sous une base qui ne serait pas communiquée
publiquement dans le processus de reddition de comptes.
Le Président (M.
Bachand) :Mais je n'ai pas entendu, la
ministre, qu'elle était prête à le faire. Est-ce que vous êtes prête à le faire
ou pas, là? Il faut que ce soit clair.
Mme LeBel : Non, je ne
m'engage pas à le faire, mais je vais quand même... mon collègue le sait, je
vais quand même faire une vérification puis je verrai. Mais je ne m'engagerai
pas à faire quoi que ce soit dans ce sens-là.
M. Tanguay : O.K. Puis, si
d'aventure vous ne le faites pas, j'aimerais ça savoir en vertu de quoi, tout
simplement. Ce serait, je pense, de bon aloi.
Mme LeBel : Absolument.
M. Tanguay : Mouvement
Démocratie Nouvelle ont eu une dernière portion de 75 000 $. Au
total, combien ont-ils reçu? Puis est-il prévu... y a-t-il eu, pour ce
75 000 $ là... Restons, là... le total, on le sait, là... restons sur
le dernier exercice financier, 75 000 $. Y a-t-il eu une reddition de
comptes qui a été demandée là-dessus et est-il de l'intention de la ministre de
poursuivre un financement de MDN?
Mme LeBel : Je suis en train
de faire le total. C'est 225 000 $ plus 75 000 $, alors je
vais vous laisser le calculer. C'est parce que, si je le fais de même, on
risque de se retrouver ailleurs. Donc, 225 000 $ plus
75 000 $. Est-ce qu'il y a eu une reddition de comptes? Probablement
qu'il y a eu des discussions avec MDN, une reddition de comptes spécifique. On
me dit que oui. Je ne l'ai pas vue, par contre, mais il y a sûrement eu une
reddition de comptes. Est-ce qu'on a l'intention de poursuivre à ce stade-ci?
On n'est pas... on n'est pas dans cette réflexion-là.
M. Tanguay : O.K. Est-ce
qu'on pourrait, le cas échéant, avoir copie de la reddition de comptes qui
aurait été rendue?
Mme LeBel : Encore une fois,
je ne m'engagerai pas, mais je vais vérifier la faisabilité de tout ça.
M. Tanguay : Mais si vous
pouvez nous revenir sur les engagements. Si vous ne le faites pas, savoir
pourquoi vous ne le feriez pas, là, oui?
Mme LeBel : C'est ce que je
fais habituellement, oui.
M. Tanguay : O.K. Bien, c'est
ça.
Le Président (M.
Bachand) :Il vous reste quelques
secondes, M. le...
M. Tanguay : Bon, bien, je
vais poursuivre au prochain bloc. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Parfait, merci beaucoup. M. le
député de Jean-Lesage, s'il vous plaît, pour 6 min 7 s.
M. Zanetti : Merci, M. le
Président. Alors, Mme la ministre, vous êtes responsable des institutions
démocratiques depuis bientôt quatre ans. La démocratie québécoise
s'est-elle améliorée?
Mme LeBel : Hé, mon Dieu,
Seigneur! Vous me demandez mon évaluation de la démocratie québécoise? Ce n'est
pas une évaluation que je peux personnellement faire. Je pense que la
démocratie québécoise, quand on la compare à beaucoup d'autres démocraties dans
le monde, est en très bonne santé. Malgré les turbulences qu'une... que nous
avons vécues dans la société, je pense que notre démocratie est en bonne santé.
Notre démocratie s'exerce, d'ailleurs, au moment où on se parle, par des gens
qui manifestent autour de l'Assemblée nationale. Donc, je pense que oui. Moi,
je vous dirais, et c'est une... je dirais que c'est une opinion très
personnelle, la démocratie, au Québec, elle est en bonne santé, je crois.
M. Zanetti : Et ma question
était : S'est-elle améliorée? Est-ce qu'il y a des choses qui se sont
améliorées dans la démocratie, au Québec, depuis que vous en êtes responsable?
Mme LeBel : Comment
mesure-t-on l'amélioration d'une démocratie? On a fait en sorte de, tu sais...
Écoutez, c'est très... ça peut être à la fois très subjectif. Est-ce que c'est
objectif? Si on regarde le taux de participation aux dernières partielles, qui
était quand même assez impressionnant pour une partielle, je vous dirais que la
démocratie s'est améliorée. Si on regarde le taux de participation aux
dernières élections municipales, on pourrait dire que c'est plus difficile.
Est-ce que le contexte de la pandémie en est? Est-ce que nous,
individuellement, comme députés, comme politiciens, on est responsables aussi
du cynisme ou de la façon de faire et de l'opinion des gens pour exercer leur
démocratie? Moi, je pense qu'objectivement on a pris des moyens pour être capables
de faire en sorte qu'elle se porte mieux.
• (12 heures) •
On a ouvert, d'ailleurs, dans des projets
de loi, des nouvelles façons de faire, avec... pour permettre à des gens...
Puis c'est très spécifique comme mesure, mais, pour moi, j'y vois une mesure
positive. D'ailleurs, avec mon collègue le député de LaFontaine, quand on en a
discuté, d'ouvrir la possibilité à des gens de 16 et 17 ans de pouvoir
travailler aux élections, je pense que c'est une belle façon de les initier à
notre système électoral, qui n'est pas la démocratie au sens large, mais qui
est une partie fort importante.
Moi, je considère que la démocratie, au <Québec...
>
12 h (version révisée)
<17847
Mme LeBel :
...démocratie, au >Québec, est en très bonne santé. Mais
comment mesure-t-on l'amélioration? Je pourrais vous dire oui, vous pourriez
être en désaccord. Moi, je pense que oui, je pense qu'elle n'est pas pire qu'elle
l'était. Je pense qu'elle s'améliore à chaque fois. Et je pense qu'à chaque
fois qu'on est capables de faire, comme politiciens, des discussions comme on
le fait présentement, de bonnes discussions, d'avoir des... de mettre en place
des comités, comme j'ai eu l'occasion de le mettre avec mes collègues de l'Assemblée
nationale sur l'accompagnement des victimes de violence conjugale dans le
système de justice, je pense qu'à chaque fois on contribue à améliorer la
démocratie.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député.
M. Zanetti : Est-ce que,
par exemple, vous trouvez que le mode de scrutin qu'on a, qui permet, par
exemple, à un parti ayant obtenu 37 % du suffrage exprimé, à peu près
25 % du vote des électeurs inscrits, qu'il obtienne la majorité des sièges,
trouvez-vous que c'est démocratique?
Mme LeBel : Oui, il est
démocratique. Est-ce qu'il est... Est-ce qu'on peut toujours réfléchir? Il est
très démocratique. Il y a beaucoup de systèmes dans le monde qui ne sont pas
démocratiques. Et je pense qu'il ne faut pas donner l'impression aux citoyens
qu'on ne vit pas dans une société hautement démocratique, où on n'a pas le...
où on ne peut pas faire valoir nos droits et notre opinion. Je pense qu'on vit dans
une société où on est libres de s'exprimer.
Et oui, notre système est démocratique. Est-ce
que ce système est parfait? Non, comme tous les systèmes dans le monde qui sont
démocratiques, il n'est pas parfait. Est-ce que le projet de loi qu'on a déposé
visait à peut-être pallier à certaines de ces imperfections? La réponse est
oui. Mais est-ce que le système alternatif qui était discuté est aussi parfait?
La réponse est non. Il existe, dans le monde aussi, ce système plus
proportionnel et il a, comme d'autres systèmes, des pour et des contre. Et on était
justement en train de les discuter, de ces pour et de ces contre là. Et je
pense que cette discussion-là doit avoir lieu avec les Québécois, et c'est...
et ce n'est pas le moment d'avoir cette discussion-là. Mais, oui, notre système
est démocratique, et je ne voudrais pas qu'on insinue qu'il ne l'est pas, parce
que, pour moi, ça, c'est la plus grande atteinte à la démocratie.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député.
M. Zanetti : Oupelaïe!
Alors, questionner nos institutions démocratiques est une atteinte à la
démocratie. Je retiens ça pour mon livre. Quels députés du gouvernement ne
voulaient pas d'une réforme de mode de scrutin?
Mme LeBel : Je n'ai pas
dit «questionner». J'ai dit sous-entendre que notre système n'est pas
démocratique, ce qui est très différent que de questionner, de discuter et de
vouloir améliorer les choses.
M. Zanetti : Excusez, M.
le Président. Je pense que la ministre me prête des intentions en vertu de l'article 35
parce que je n'ai rien sous-entendu. J'ai posé une simple question tout à fait
légitime dans une institution démocratique.
Le Président (M.
Bachand) :On continue. Merci.
M. Zanetti : Quels
députés du gouvernement ne voulaient pas de la réforme du mode de scrutin?
Mme LeBel : Je n'ai pas
à discuter ça avec vous. On a déposé un projet de loi, on était en
consultations, on était sur le point de faire une étude détaillée, la pandémie
est arrivée, et nous avons expliqué la décision que nous avons prise.
M. Zanetti : On va voir
si les gens voient ça du même oeil. J'ai combien de temps encore?
Le Président (M.
Bachand) :Une minute.
M. Zanetti : Une minute.
Je comprends donc dans votre réponse qu'il y avait effectivement des députés du
gouvernement qui étaient en désaccord. Vous ne voulez simplement pas nommer
lesquels.
Mme LeBel : Non. Je
pense que vous me prêtez, à votre tour, des intentions. J'ai dit que je n'ai
pas à discuter de cet élément-là. Donc, ça ne veut rien dire. Ça veut juste
dire que je n'en discuterai pas.
M. Zanetti : Est-ce que
je peux vous demander, mettons : Pourriez-vous dire, affirmer... Serait-il
honnête d'affirmer que tous les députés du gouvernement étaient en faveur d'une
réforme du mode de scrutin?
Mme LeBel : Je ne
discuterai pas de ce qui s'est passé dans le caucus ni pour affirmer une chose
ni son contraire.
M. Zanetti : Parce que
vous ne pourriez pas le faire?
Mme LeBel : Parce que je
ne discute jamais de ce qui se passe dans un caucus, parce que je considère que
les conversations que nous avons dans le caucus, peu importe la teneur de ces
conversations, sont confidentielles et je respecte la confidentialité du caucus
et du Conseil des ministres.
M. Zanetti : Je vous
remercie, M. le Président. Nous devinerons ce que nous avons à deviner.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay : Pour 12 min 13 s,
hein, M. le Président?
Le Président (M.
Bachand) :Exactement.
M. Tanguay : Je vais
essayer de toucher, en 12 min 13 s, à quatre sujets qui
mériteraient plus que 12 min 13 s, là, mais je vais y aller.
Première des choses, ministre responsable
de nos institutions démocratiques, j'aimerais qu'elle commente... Puis je le
sais que... je comprends, là, la nature de son rôle, puis elle fait partie d'un
caucus puis d'un gouvernement. Mais honnêtement, je vous dirais, ça n'a pas de
bon sens, ce qui s'est fait avec le projet de loi n° 96, de décider de
façon unilatérale de changer le nom d'une circonscription électorale. Vous le
savez mieux que quiconque, il y a un processus indépendant. C'était une
première, ça, puis ça a été dénoncé, je vais le mettre entre guillemets, par le
Directeur général des élections. Puis, sur le fond, c'est-tu un bon... ou une
pas bonne chose, ce n'est pas à nous de décider de faire ça. Mais ça a été fait,
puis le gouvernement a imposé sa majorité pour le faire. J'en suis sur le
principe. Je n'en suis pas sur le nom comme tel. J'aimerais entendre la
ministre là-dessus, parce que ce n'est pas une avancée, là, c'est un recul, ce
qui s'est fait. En l'imposant, c'était une première au Québec, puis le DGEQ l'a
dénoncé.
Mme LeBel : Bien, on est
d'accord que ce n'est pas usuel. Par contre, c'est un pouvoir délégué, le
pouvoir de la commission. Vous avez eu le loisir d'en discuter en commission
parlementaire, un projet de loi a été déposé, vous avez eu les commentaires à
faire, et je pense que le processus de l'Assemblée nationale a eu lieu.
Maintenant, et ce que... Et, si je comprends bien, c'est terminé, là. J'ai
peut-être...
M. Tanguay : L'article
par article est fini.
Mme LeBel : Oui, bien,
vous <comprendrez...
Mme LeBel :
Oui,
bien, vous >comprendrez que, dans les 10 derniers jours, là, j'ai été moins
attentive à ce qui se passait en commission parlementaire, là, vu mon absence,
mais j'ai eu ouï-dire, effectivement, que c'était terminé. Donc, on verra pour
la suite.
M. Tanguay : Mais
pouvez-vous au moins reconnaître, à titre de ministre responsable des
Institutions démocratiques, que ce n'est réellement pas souhaitable, cette
façon de faire là, qui était une première au Québec?
Mme LeBel : Je peux dire
que ce n'est pas habituel, mais on peut le faire par modification législative.
M. Tanguay : Donc, pour
vous, il n'y a pas de problème là. Ça peut se faire, puis il n'y a pas de
problème à court-circuiter la Commission de représentation électorale, pour
laquelle on a nommé deux autres membres récemment aux deux tiers, un vote aux
deux tiers. C'est leur travail, ça.
Mme LeBel : Oui, mais
l'Assemblée nationale demeurera souveraine. Et, si elle décide de le faire
autrement, elle décide de le faire autrement, ce qui n'enlève pas le pouvoir de
la commission pour le reste des circonscriptions, pour la suite.
M. Tanguay : Une fois au
chalet.
Projet de loi n° 896,
pourquoi ne pas faire avancer le Québec sur la parité? Le projet de loi n° 896, que j'ai déposé au nom de ma formation politique,
Loi modifiant la Loi électorale afin de favoriser la parité entre les femmes et
les hommes dans les candidatures au sein des partis politiques... Je le sais
que, dans projet de loi n° 39, il y avait des dispositions qui ne
demandaient que... uniquement que les partis politiques envoient au Directeur
général des élections, pour publication sur le site Web, de... leur politique
de... qui visait à favoriser, au sein de leur instance, des candidatures... la
parité, mais sans plus, là. C'était juste publié sur le site Web du DGEQ. On a
déposé un projet de loi, avec un bonus et un malus — c'est ce qui
avait été confirmé en conférence de presse — pour que les partis
soient... aient réellement, s'ils ne déposent pas, dans une zone paritaire, de
candidatures représentant 40 % ou plus, bien, qu'il y aurait une pénalité.
Et, si d'aventure ils faisaient élire... parce que c'est bien beau, déposer des
candidatures, mais il faut les déposer dans des comtés qui sont gagnables pour
les différents partis. Bien, si d'aventure ils se faisaient élire un caucus
paritaire, bien, que là, il pouvait y avoir également un incitatif financier.
Pourquoi ne pas faire avancer le Québec là-dessus en appelant le projet de loi?
Mme LeBel : Bien, je
pense que je vais... Il est très clair pour moi d'affirmer, en mon nom, au nom
de ma formation, au nom du gouvernement, que... puis je pense qu'il y a
consensus, là, sur l'objectif très clair que la parité, dans la sphère
politique, doit être très encouragée, est importante, que ce soit au niveau
municipal ou au niveau provincial.
Maintenant, cet objectif de parité là, on
doit l'atteindre. Et, pour moi, il est très... On a eu, d'ailleurs, des... beaucoup
de groupes qui sont venus en consultations parce qu'on a... on a eu l'occasion
d'en discuter, dans le cadre du projet de loi n° 39, puis ça a occupé une
place importante. Mais ce qui a occupé une place importante, ce n'est pas sur
l'objectif d'atteindre la parité à l'Assemblée nationale, c'est sur le chemin
pour y parvenir. Et je pense que cette discussion-là doit continuer d'avoir
lieu, ce qui est fort important présentement, je pense, pour les partis
politiques, les formations. Puis je sais que je peux m'engager au nom de ma
formation. On est en train d'y travailler puis on va atteindre l'objectif de
présenter des candidatures dans un ordre paritaire. On l'a fait aux dernières
élections. D'ailleurs, on était, si je ne me trompe pas, avec Québec
solidaire, à la tête du peloton, là, en termes de candidatures féminines. On
a l'intention de le faire. Il y a un engagement qui s'est pris le 20 octobre...
21 octobre dernier, à l'Assemblée nationale, unanimement, pour souligner
l'importance et s'engager à présenter une parité féminine.
Ça fait que, pour moi, je ne remets pas en
question la... et l'objectif d'atteindre la parité n'est pas remis en question.
Mais, pour avoir participé, puis j'ai eu l'occasion de le dire en consultations,
c'est sur la façon d'atteindre l'objectif, je pense, qu'il faut continuer
d'avoir des discussions, à réfléchir.
Oui, vous avez déposé un projet de loi. C'est
une des façons qui a été discutée, présentée, d'autres façons ont été
discutées. Cette façon-là a même été, pour certains partis émergents, a été présentée
comme un enjeu, d'avoir soit un bonus... bien, pas «le bonus», mais surtout le
malus, d'être coupés dans le financement. Est-ce que c'est la bonne façon de
faire pour atteindre l'objectif? Moi, je crois beaucoup à travailler aussi sur
le terrain, sur faciliter, améliorer l'accès des femmes.
J'ai eu beaucoup de discussions
dernièrement avec des candidatures féminines fort importantes, potentiellement
importantes pour la prochaine élection, et des jeunes femmes avec des enfants.
Et souvent... pas «souvent», mais quelques-unes d'entre elles, qui n'ont pas
accepté ou qui réfléchissent encore très sérieusement, c'est toujours l'aménagement
du temps de travail. Puis j'espère que la pandémie va nous permettre d'avoir
gardé les leçons et qu'on soit capables de revoir notre système parlementaire,
justement, pour favoriser l'accès des femmes au sein de la politique, parce que,
moi, ça a été un enjeu aussi. Mes enfants étaient grands, puis ça m'a pris du
temps à réfléchir, parce que ça a un impact sur la famille.
Le Président (M.
Bachand) : ...la parole au député...
Mme LeBel : Puis je crois
qu'il faut travailler là-dessus d'abord et avant tout.
M. Bachand : ...M. le
député.
• (12 h 10) •
M. Tanguay : Êtes-vous
d'accord avec celles et ceux qui constatent que, si ce n'est pas une obligation
en vertu de la loi, de laisser ça au bon plaisir de tout un chacun ne nous
offrira jamais les garanties minimales qu'il y ait une véritable <parité...
M. Tanguay :
...véritable
>parité? Donc, êtes-vous d'accord sur cette affirmation-là, que tant et
aussi longtemps que c'est laissé au bon vouloir de tout un chacun, ça demeure
aléatoire puis ce n'est pas souhaitable?
Mme LeBel : Bien, je ne peux
pas être en accord avec l'affirmation parce qu'actuellement ce n'est pas ça que
la tendance nous démontre. Aux dernières élections, les quatre partis étaient
dans la zone paritaire. Je dis «la zone paritaire» parce que certains étaient
plus... en haut de 50 %, d'autres étaient dans la zone de 40 %. On
verra aux prochaines élections mais je suis confiante qu'on va être encore dans
la zone paritaire.
Maintenant, est-ce qu'il faut réfléchir à
faire en sorte que cette tendance-là et ce qu'on vit actuellement se
pérennisent? La question est oui, mais je ne peux pas... je ne peux pas affirmer
de la façon dont vous l'affirmez. J'affirme l'importance de la parité, j'affirme
l'importance de travailler sur ça, j'affirme l'importance de trouver des
solutions pour maintenir cette parité-là, de cette représentativité-là,
paritaire, mais je ne peux pas prendre votre affirmation comme étant totalement
mienne.
M. Tanguay : Mais vous le
savez, quand c'est laissé aléatoirement, là, aux partis politiques — on
parle des candidatures des partis politiques et ultimement au sein des caucus — la
représentation paritaire, l'histoire est en dents de scie, là. On ne peut pas
se dire : La dernière élection nous fait montre d'une augmentation. Mais
il y a des dents de scie. L'histoire, vous le savez, ça monte, ça baisse, ça
monte, ça baisse. Quand il n'y a pas d'obligation, c'est l'aléatoire le plus
complet, là. Et, en tout cas, on vous... c'est un... on vous tend la main.
Honnêtement, le projet de loi n° 896,
là, on peut le bonifier. En passant, technicalité, on ne pouvait pas mettre l'incitatif
financier parce qu'on ne peut pas engager des fonds, comme députés.
Mme LeBel : Non, d'où le
règlement.
M. Tanguay
: Ce sera un
amendement que vous pourriez déposer, où on fera le travail article par article.
Mais le fait que le projet de loi n° 39 — mon point, puis c'est
ça que j'avais dit — n'avance pas, puis il est clair qu'il n'avancera
pas d'ici le 8 juin, bien, on a sorti ce débat-là dans un projet de loi,
qui est, somme toute, tout simple, trois, quatre articles, mais qui sont
majeurs pour faire avancer le Québec en matière de parité. Je vous invite à
l'appeler puis je pense que vous auriez la collaboration de tout le monde. Puis
ça, quand c'est dans la loi, vous le savez mieux que quiconque, là, c'est fini,
l'aléatoire, puis c'est fini, les dents de scie, puis on fait avancer le
Québec. Je suis sûr que ça vous tenterait, en plus.
Mme LeBel : Oui. Puis moi, je
vous invite, vous et votre formation politique, à respecter la motion du
21 octobre comme nous, on a l'intention de le faire. Puis je pense qu'on
pourra voir, aux prochaines élections, ce que ça aura donné dans la tendance.
M. Tanguay : La motion du
21 octobre?
Mme LeBel : Oui, qui disait
qu'en plus on... en plus, de s'engager à respecter le principe de la zone
paritaire lors de la prochaine élection générale. Alors, tout le monde l'a
fait, le 21 octobre, toute l'Assemblée nationale, les quatre partis qui
sont présents se sont engagés, par le biais de la motion, à respecter la zone
paritaire aux prochaines élections, et je pense que je suis très confiante que
ça va se faire.
M. Tanguay : Bien là,
partez-moi pas sur le respect des motions qui sont votées parce que votre bilan
n'est pas très reluisant à la CAQ, là.
Mme LeBel : Ah! bien là,
écoutez, ce n'est pas le débat. Je vous dirais que cette motion-là va être
respectée.
M. Tanguay : Non, non, mais une
motion, c'est une motion, une loi, c'est une loi. C'est ça, mon point.
Mme LeBel : Je vous engage à
la respecter.
M. Tanguay : Bon, on voudrait
le mettre dans la loi puis pas dans une motion.
Ceci dit, M. le Président, j'aimerais
qu'on parle du code d'éthique, parce que ça relève de notre institution, qui
est... institution démocratique, qui relève du débat. J'avais écrit une lettre,
moi, le 6 décembre 2019, à vous, M. le Président, disant... le
5 décembre dernier. Le président avait déposé le rapport de Me Mignolet,
qui faisait suite, quatre ans après, au rapport de Me Saint-Laurent. Et là il y
avait eu des discussions dans la foulée du ministre de l'Économie, là, qui a
fait couler beaucoup d'encre du crayon de la Commissaire à
l'éthique, et le rejet... la dernière décision qui
a été prise par la majorité gouvernementale de rejeter le rapport de la
commissaire à l'éthique, par laquelle il était blâmé... par lequel il était
blâmé. Vous aviez dit, à ce moment-là : Ah! bien, code d'éthique, il
faudrait réformer ça, il faudrait réformer ça. Mais, depuis le 7 octobre
dernier, là, plus rien ne s'est passé.
Est-ce que la réforme du code d'éthique,
on doit mettre ça sous le même titre que la réforme du mode de scrutin?
Autrement dit, ce n'est pas une priorité, c'est trop tard, c'est trop compliqué
ou on ne le fera pas?
Mme LeBel : Bien, c'est parce
que là, vous faites un amalgame parce que ce n'est pas tout à fait comme ça que
ça s'est passé. Ce qu'on a dit... Moi, ce que je me souviens, ce que j'ai dit,
à l'époque, c'était qu'il était important, effectivement, qu'il y avait eu, si
je ne me trompe pas, depuis l'adoption, deux rapports, dont le dernier, de Mme
Mignolet, en 2019, où elle faisait, vous me pardonnerez le nombre, là, mais je
pense que c'est 22 recommandations. Mais, en tout cas, il y a eu un
rapport en mai 2015 qui contenait 23 recommandations. Il y a eu un rapport
dernièrement, en 2019, de Mme Mignolet, sur la mise en œuvre de la loi,
qui... à peu près le même nombre de...
M. Tanguay : 22.
Mme LeBel : 22? C'est 22, le
chiffre. Merci. 22 recommandations. Et ce que j'ai dit aussi, à l'époque, c'est
que jamais, dans... mais, malgré que la commission parlementaire, qui avait été
saisie de ça en 2015, avait également fait des recommandations de modifications...
et, depuis le rapport de Mme Mignolet, jamais on n'avait revu le code
d'éthique malgré les deux rapports qui recommandaient certaines modifications.
Ce que j'ai dit également, c'est qu'il était quand même approprié que la
commission parlementaire se saisisse du rapport de Mme Mignolet, fasse son
travail, évalue les recommandations de Mme Mignolet et fasse ses propres
recommandations. Et j'ai également dit que c'est un... Et, par la suite, qu'on
pourrait avancer, s'il y avait une volonté de l'ensemble des <parlementaires...
Mme LeBel :
...volonté
de l'ensemble des >parlementaires de le faire, parce que, pour moi, le code
de déontologie appartient à l'ensemble des parlementaires et ça ne peut pas se
faire de façon unilatérale. Donc, c'est ce que j'ai dit. Je pourrais faire une
chronologie un peu plus précise, mais c'est ça que j'ai dit, à l'époque. J'ai
dit : Ça ne se fera pas unilatéralement, ça va se faire avec l'ensemble
des formations politiques. Pour moi, là, ça appartient à tout le monde. Mais ce
n'est pas moi qui l'a dit, c'est les deux commissaires précédents, dans 23 et
22 recommandations, qu'il y avait, oui, des modifications. Puis c'est
normal, hein, il faut que ça vive, un code d'éthique, il faut voir.
Le Président (M.
Bachand) :Alors, merci. M. le député, il
vous reste 20 secondes.
M. Tanguay : Bien, nous,
on est prêts à travailler là-dessus. Puis, chose certaine, la convocation ne s'est
pas faite.
Pendant le 12 secondes qu'il me
reste, ma proposition, je la réitère : que l'on se dote d'une étiquette,
une... les députés, à l'Assemblée nationale, qui pourrait être, le cas échéant,
une annexe au code d'éthique, pour qu'on soit proactifs dans la gestion de nos
réseaux...
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Merci beaucoup, M. le
député.
M. Tanguay : ...commentaires
inacceptables.
Le Président (M. Bachand) :Alors, je cède maintenant la parole au député de
Matane-Matapédia pour 6 min 7 s. M. le député, s'il vous plaît.
M. Bérubé : Merci, M. le
Président. Bonjour à tout le monde.
Je veux d'abord montrer une image à la
ministre. Alors, on est en mai 2018, la ministre est directrice de cabinet
adjointe du...
Le Président (M.
Bachand) :M. le député, ce n'est pas un
tableau didactique, là, alors donc...
M. Bérubé : Pardon?
Le Président (M.
Bachand) :Ce n'est pas un tableau, là, alors
donc c'est une découpure de presse.
M. Bérubé : Bien, en
Chambre, régulièrement, on le fait.
Le Président (M.
Bachand) :Continuez, continuez, s'il vous
plaît.
M. Bérubé : Mais je vous
laisse vérifier votre jurisprudence.
M. le Président, en mai 2018, la ministre
est directrice de cabinet adjointe de l'actuel premier ministre. Le premier
ministre, à l'époque chef de la CAQ, signe une entente pour une réforme du mode
de scrutin. C'est la photo que j'ai tenté, malgré votre intervention, de
présenter. L'élection a eu lieu. La CAQ a remporté.
La CAQ renie son engagement. De quelle
façon? Le 17 décembre, à quelques jours de Noël, un vendredi après-midi — on
n'y aurait pas pensé, très astucieux — ce n'est pas une coïncidence,
M. le Président, un conseiller que la ministre connaît, Jean-Benoit Ratté, qui
a déjà travaillé avec nous, fait un témoignage éloquent. Il nous dit que, neuf
mois avant, il avait l'assurance, dans son emploi de conseiller politique de
cabinet à la CAQ, que c'était déjà abandonné, et qu'ils ont attendu neuf mois,
jouant l'horloge, pour dire : Bien là, on manquait de temps.
Ma question à la ministre : Qu'est-ce
qu'elle répond à Jean-Benoit Ratté, qui, j'ai l'impression, viendrait faire un
témoignage, si on l'invitait, qui nous dit qu'on aurait pu, dans les temps,
adopter cette réforme, mais que le gouvernement, son gouvernement avait décidé
d'abandonner la réforme bien avant?
Le Président (M. Bachand) :
Mme la ministre.
Mme LeBel : Bon, beaucoup
de choses que je ne relèverai pas dans la question de mon collègue, qui est de
l'ordre de son opinion et du commentaire, premièrement.
Par contre, je vais réitérer qu'on n'a pas
renié notre engagement. L'engagement était de déposer un projet de loi dans l'année
qui suivait. On a... Non seulement on a déposé un projet de loi, mais on a
commencé à l'étudier, on a eu des consultations sur ce projet de loi là. C'était
le collègue de... mon collègue qui était présent à l'époque, le député de
Rimouski. On a eu beaucoup de discussions, même avec la formation politique de
mon collègue, sur cet aspect-là, et on a travaillé et avancé.
Maintenant, il est vrai qu'au mois de
décembre, et je vous rappellerai qu'on est rendus cinq mois plus tard, donc,
au mois de décembre, on a annoncé que, compte tenu du contexte, je pense qu'on
vivait, là... j'ai perdu le compte, mais on devait vivre la quatrième vague, à
cette époque-là, compte tenu du contexte, qu'il n'était pas opportun d'aller de
l'avant avec ce projet de loi là. Mais je considère qu'on a rempli l'engagement,
qui fait partie de la photo non didactique qu'il a tenté d'exhiber, là.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député de
Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Je lui
enverrai la photo non didactique. M. le Président. L'engagement, ce n'est pas
celui-là. C'est de déposer et faire adopter une réforme. C'est écrit dans l'entente.
La ministre, si elle avait à questionner elle-même dans ce dossier-là, elle n'accepterait
pas les réponses qu'elle donne. Je vous le dis, c'est ce qui est écrit dans l'entente,
dans le document signé par les chefs. Elle ne répond pas. Et malheureusement, c'est
un engagement rompu, un engagement auquel nous croyons qu'il était opportun...
Manifestement, on nous indique, notamment
dans l'actualité, qu'il y a eu des débats au caucus, qu'il y a des
parlementaires qui ont dit : Il n'en est pas question. C'est comme ça que
ça s'est fait. Mais ce n'est pas de l'ordre du commentaire. Le 17 décembre,
à quelques jours de Noël, ils l'abandonnent, en mai 2018, ils signent puis,
entre les deux, ils trouvent manifestement des raisons pour ne pas le faire.
Quant à ça, il y a plein de choses qui n'étaient pas opportunes à faire en
temps de pandémie, ils l'ont fait quand même. Je voudrais juste que la ministre
dise : C'est ce qu'on m'a demandé de faire, de l'abandonner, je l'assume.
C'est ça que je lui demande.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la ministre.
Mme LeBel : Moi, je
réitère, M. le Président, puis j'ai eu l'occasion d'en discuter avec le député
de LaFontaine et mon collègue...
M. Zanetti : Jean-Lesage.
• (12 h 20) •
Mme LeBel : ...merci,
Jean-Lesage... je m'excuse, je m'en allais dire «Sol», mais j'ai comme bloqué...
mon collègue de Jean-Lesage, à l'effet que, pour moi, c'est une discussion de
société qui est fort importante, très importante pour transformer un mode de
scrutin, une réforme du système de votation. Et je pense sincèrement que, dans
le contexte actuel, dans le contexte de ce qu'on vit, on n'a pas l'oreille des
Québécois pour avoir cette discussion-là, qui va les impacter dans le futur.
Alors, je réponds que, pour moi, je considère et je suis convaincue que ce
n'était pas opportun d'aller de l'avant avec ce dossier-là dans les
circonstances actuelles.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le <député...
Mme LeBel :
Merci.
M. le >député.
M. Bérubé : Donc, une
discussion avec le caucus a eu préséance avec une discussion avec la
population.
Mme LeBel : Ce n'est pas ça
que j'ai dit.
M. Bérubé : C'est ça qui a
préséance?
Mme LeBel : Non. J'ai dit que
je considère que c'est une discussion importante à avoir avec les Québécois.
M. Bérubé : Je vais continuer
ma question. Je n'ai pas terminé. Je n'ai pas terminé, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :S'il vous plaît! S'il vous
plaît!
Mme LeBel : Bien, c'est parce
que, M. le Président, on peut bien résumer ma réponse, mais si elle est
inexacte, elle est inexacte. Le résumer, point.
Le Président (M.
Bachand) :Bon, M. le député, allez-y, il
vous reste 1 min 56 s.
M. Bérubé : Bon, le veux
parler des nominations des circonscriptions électorales. Je siège sur le projet
de loi n° 96. Le collègue de LaFontaine en a parlé tout à l'heure. Est-ce
que la ministre est consciente qu'il y a un processus très clair, notamment de
consultations publiques, et que son collègue, son estimé collègue qui s'occupe
de la Langue française, a fait le choix, lui, de ne pas permettre au public
d'intervenir, comme c'est le cas dans tous les cas depuis des années, parce que
lui voulait absolument faire en sorte que la circonscription de son député de
Bourget puisse porter le nom de Camille-Laurin à quelques mois d'une élection?
La procédure, c'est celle de consulter le public, puis il y a la toponymie,
puis il y a toutes sortes d'enjeux. Est-ce qu'elle reconnaît que le processus
normal n'a pas été suivi?
Le Président (M.
Bachand) :Mme la ministre.
Mme LeBel : Bien, j'ai
reconnu déjà, dans ma réponse précédente, que ce n'était pas la façon
habituelle. Je peux le reconnaître, mais ça fait partie des façons qu'on peut
le faire. L'Assemblée nationale est souveraine. Il y a eu des consultations,
des discussions, dans le cadre du projet de loi n° 96.
Je n'ai pas assisté à ces consultations ni à ces discussions, M. le Président,
mais je suis convaincue, ce l'était. Ce n'était pas... Ce n'est pas un article
qui était caché dans le projet de loi, alors, non.
M. Bérubé : Je lui soumets
humblement qu'avec la majorité elle pourrait décider à l'avenir que, quelqu'un
qui plaît particulièrement au gouvernement de la CAQ, on va donner son nom,
parce qu'ils ont la majorité, ils en ont discuté puis ils ont voté. Ça n'a
aucun sens, cet argument-là. Et je regrette que la ministre aurait souvent des
occasions, justement, de contester des interventions particulières, en termes
de justice, de son collègue. Celle-là, j'aurais souhaité qu'elle intervienne
aussi parce que ça ne tient pas la route. Et c'est manifestement, et j'utilise
ce terme-là, un abus de procédure. Je pense qu'on avait une structure. Parce
que vous savez qu'après l'élection...
Le Président (M.
Bachand) :Juste... M. le député, je vous
demanderais, là, de choisir vos mots comme il faut, là.
Mme LeBel : Oui. Je pense que
de dire que l'Assemblée nationale fait des abus de procédure, là, on exagère.
Le Président (M. Bachand) :Il vous reste 15 secondes, là, puis je vous demanderais de
faire attention à ce que vous dites.
M. Bérubé : Alors, vous savez
qu'après l'élection, en novembre 2022, le processus repart pour le nom des
comtés. C'était déjà prévu, mais il ne pouvait pas attendre, il avait besoin de
ça pour l'élection. C'est malheureux. Et, à l'avenir, il va peut-être nommer
d'autres personnes que la CAQ aime, comme étant un processus comme celui-là. Je
regrette.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Puis, en
passant, une décision de 2007 que la présentation d'une photo de député n'est
pas permise. Je me tourne du côté gouvernemental.
M. Bérubé : Elle sera sur
Twitter.
Le Président (M.
Bachand) :Monsieur, est-ce que... intervention
gouvernementale. M. le député de Nicolet-Bécancour.
M. Martel : Merci, M. le
Président. Bien, je veux vous saluer d'abord, saluer la ministre, députée aussi
juste l'autre bord du fleuve, par rapport à chez nous, de Champlain, mes
collègues du gouvernement et les députés de l'opposition, même des... pas des
colocataires, mais des gens qui habitent à peu près au même endroit.
Je veux revenir un petit peu au niveau de
la réforme électorale. Puis, pour moi, c'est une bonne tribune pour expliquer
un peu mon point de vue à moi sans révéler, là, des grands secrets du caucus.
Pour moi, on avait... Puis j'étais député, à l'époque où on a signé l'entente,
et je pense que ça a été fait de façon très sincère.
La ministre à déposé un projet de loi, un
bon projet de loi, puis moi, ma compréhension, ma perception, c'est qu'on était
déterminés à respecter notre promesse comme on a fait pour la plus grande
partie de nos promesses. Je pense que, s'il y a une chose qu'on ne peut pas
nous reprocher, c'est justement de ne pas avoir respecté nos promesses. Puis
ça, ça en faisait partie, mais il est arrivé la COVID. Qu'on le veuille ou non,
la COVID a pris beaucoup d'énergie, beaucoup de concentration au gouvernement,
puis on a dû faire des choix, dont celui d'abandonner ce projet de loi là.
Si vous me demandez ma perception, moi,
j'étais convaincu qu'on l'adoptait. Mais, compte tenu des circonstances... Puis
ça nous a donné... en tout cas, moi, ça m'a donné l'occasion de réfléchir
beaucoup à on change pourquoi puis est-ce qu'on est sûrs que la réforme qu'on
peut adopter serait meilleure. On a vu ce qui s'est passé aux États-Unis, on a
vu ce qui s'est passé en France, on voit ce qui se passe en Israël. Et moi, je
suis toujours émerveillé quand je vois des gens tout à fait assumés affirmer
que ce projet de loi est meilleur qu'un autre. Moi, j'ai fait quatre élections
provinciales, j'ai travaillé plus que 20 ans dans le milieu municipal,
donc j'ai déjà organisé des élections municipales, j'ai bougé beaucoup dans notre
démocratie puis je ne suis pas capable d'avoir une opinion <tranchée...
M. Martel :
...opinion
>tranchée, dire : Ce qu'on avait, actuellement, ce n'était pas bon,
on est mieux de le changer. Donc...
Puis, dans toute cette réflexion-là, bien,
je ne peux pas m'empêcher de penser qu'au Québec on a connu deux référendums,
un en 1980, un en 1995, sur des questions extrêmement sensibles, puis les
Québécois, on a fait ces référendums-là de façon exemplaire, aucune violence.
Ça fait que, quand tu regardes les résultats par rapport à notre système, tu
dis : Est-ce que, si on change, on est certains d'améliorer les choses?
Moi, je pense que le hasard a fait qu'on a reporté une décision qu'on voulait
prendre, qu'on aurait assumée comme les autres, mais en rétroaction, moi, je
pense que la réflexion qu'on a à y avoir, tout le monde, collectivement, même à
l'aube d'une prochaine campagne électorale, c'est bénéfique.
Je dois dire aussi que... puis je ne sais
pas, c'est... peut-être que c'est particulier à Nicolet-Bécancour, mais je
pense que, pour en avoir parlé à beaucoup de mes collègues, à part des
organisations de chaînes d'appels, là, moi, là, sur le terrain... Puis je me
considère un député de terrain. C'est sûr qu'on en a fait moins dans les deux
dernières années, mais je suis accessible par téléphone, par les réseaux
sociaux. Honnêtement, des citoyens, là, qui m'ont téléphoné, que je connais,
des gens que je connais puis qui ont dit : Donald, la décision que vous
avez prise, là, ce n'est pas correct, je vous le dis, je n'en ai pas eu. Je
n'ai eu aucune réaction par rapport à ça. Ça fait qu'en même temps, on discute
d'un sujet qui est fondamental, là, pour la suite des choses de notre
démocratie, puis on veut impliquer les citoyens, puis les circonstances ont
fait qu'on a abandonné ce projet de loi là. Aucune réaction des citoyens. Ça
fait que je me dis : Il faut continuer de réfléchir.
Puis évidemment, il faut que j'aboutisse à
une question, Mme la ministre. Moi, j'aimerais ça savoir : De votre point
de vue, de votre rôle, là, avez-vous eu des réactions, tu sais, en Chambre,
dans les commissions parlementaires, dans votre comté, suite... Puis c'est vous
qui étiez la porte-parole de ça. Est-ce que vous avez des réactions, somme
toute?
Mme LeBel : Non. Suite à
l'annonce, au mois de décembre, qu'on n'irait plus de l'avant avec ce projet de
loi là, il y a eu quelques articles qui ont été produits dans les médias, mais
je n'ai pas eu de Chambre... de questions en Chambre sur ce sujet-là depuis.
J'imagine que, parce que, justement, à l'instar des Québécois, l'Assemblée
nationale était beaucoup plus préoccupée par la pandémie, par les questions de
santé, ce sont les questions de santé et d'économie, hein, qui ont pris la
place au salon bleu depuis le mois de décembre, et pas la question de la
réforme du mode de scrutin, pas du tout. Je n'ai pas été interpelée par mes citoyens
sur cette question-là.
Je l'ai été un peu avant, je vous dirais,
quand... avant la pandémie, dans les débuts. Et je vous disais... je vous
dirais que c'était plus pour expliquer vers quoi on s'en allait, qu'est-ce que
ça signifiait puis, pour reprendre, des fois, l'expression, qu'est-ce que ça
mange en hiver, la réforme qu'on avait proposée, parce que... Et c'est un peu
dans cette foulée-là également qu'on avait pris la décision de faire un
référendum pour... parce que, pour moi, c'est une discussion qui est fort
importante. C'est un changement important. Est-ce qu'il est meilleur? Est-ce
qu'il est moins bon? C'est une discussion qu'on doit avoir avec aussi les
Québécois. Et puis vous vous rappellerez que, malgré qu'on aurait pu adopter le
projet de loi, il était tributaire de l'acceptation par les Québécois à l'issue
d'un référendum pour entrer en vigueur.
Le Président (M.
Bachand) :En terminant, en terminant.
Mme LeBel : Donc, la
réponse, c'est non, je n'ai pas été interpelée depuis décembre sur cette
question-là, même pas par les collègues de
l'opposition.
Documents déposés
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Cela dit, je dépose les
réponses aux demandes de renseignements de l'opposition.
Compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 15 h 30, où elle va entreprendre l'étude
du volet Affaires autochtones des crédits budgétaires du portefeuille Conseil
exécutif. Merci. Bon appétit.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
15 h 30 (version révisée)
(Reprise à 15 h 37)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! Bon
après-midi. La Commission des institutions reprend ses travaux.
La commission est réunie afin de procéder
à l'étude du volet Affaires autochtones des crédits budgétaires du portefeuille
Conseil exécutif pour l'exercice financier 2022‑2023. Une enveloppe de
deux heures est allouée pour l'étude de ces crédits.
Avant de débuter, M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le Président.
Mme Lachance (Bellechasse) est remplacée par Mme Guillemette
(Roberval); M. Lamothe (Ungava) est remplacé par Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac); M. Lévesque (Chapleau) est remplacé par Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice); M. Rousselle (Vimont) est remplacé par M. Kelley
(Jacques-Cartier); M. Zanetti (Jean-Lesage) est remplacé par Mme Massé
(Sainte-Marie—Saint-Jacques); et Mme Hivon (Joliette) est remplacée par M. Ouellet
(René-Lévesque).
Affaires autochtones
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Comme vous le savez,
nous allons procéder à une discussion d'ordre général par blocs d'environ 20 minutes,
incluant les questions et les réponses. La mise aux voix de ces crédits sera
effectuée à la fin du temps qui leur est alloué.
Puisque nous avons débuté nos travaux à 15 h 39
et qu'une période de deux heures doit être consacrée à l'étude de ces crédits,
y a-t-il consentement pour poursuivre nos travaux au-delà de l'heure prévue,
soit jusqu'à 19 h 39?
Des voix : Consentement.
Discussion générale
Le Président (M.
Bachand) :Consentement. Merci beaucoup.
Je cède donc la parole au porte-parole de l'opposition officielle, M. le député
de Jacques-Cartier, pour une période de 21 min 46 s. Bienvenue.
M. Kelley : Merci
beaucoup, M. le Président. Bonjour, tout le monde. Bonjour, l'équipe de la SAA,
les fonctionnaires qui, je sais, ont travaillé très, très fort pour préparer le
ministre et de préparer des cahiers des crédits. C'est très important pour
notre démocratie de faire cet exercice, chaque année, de voir comment on a
dépensé l'argent des citoyens du Québec et où on a eu du succès et des places
où peut-être on peut faire meilleur.
C'est peut-être notre dernière
opportunité, M. le Président, de prendre le temps, dans cette vie de ce
Parlement et de ce gouvernement, de retourner sur le sujet de le Principe de
Joyce. Nous avons posé une question au ministre. Je me souviens très bien quand
lui a fait un point de presse, tout le monde ici a lu le document, le Principe
de Joyce, qui a dit que ça va être quelque chose qui va guider lui dans ses
actions.
Dans le cahier des crédits, on a déposé...
on a posé une question : Combien de crédits étaient octroyés dans la mise
en œuvre de le Principe de Joyce? Puis la réponse, c'était : aucune. Je
sais que le ministre a pris des autres actions, mais je pense que c'est
important, pas juste pour la famille de Joyce Echaquan, mais pour tous les
autochtones puis aussi des Québécois qui ont demandé que nous, comme une
société, faire mieux et que le gouvernement... faire mieux pour nos peuples
autochtones au Québec.
Alors, juste entendre le ministre
peut-être de répondre à pourquoi il n'y a aucun crédit spécifiquement mis en
œuvre pour le Principe de Joyce et comment il est toujours inspiré et guidé par
le Principe de Joyce.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Lafrenière : Oui.
Merci beaucoup, M. le Président. Et je suis persuadé que mon collègue va
accepter qu'on salue les équipes qui sont avec nous, comme il l'a fait. Et il l'a
bien mentionné, on sait à quel point les équipes travaillent extrêmement fort
pour cette période importante pour nous, qui est les crédits. Alors, merci aux
équipes, équipe du cabinet, équipe du SAA, qui ont travaillé extrêmement fort
pour cet exercice-là aujourd'hui.
• (15 h 40) •
M. le Président, mon collègue fait
référence au Principe de Joyce et il a bien raison quand il dit que j'avais
promis de m'en inspirer, et c'est effectivement ce qu'on fait, M. le Président.
Et vous <savez...
M. Lafrenière :
...j'avais
promis de m'en inspirer, et c'est
effectivement ce qu'on fait,
M.
le Président. Et vous >savez, dans le Principe de Joyce, il y a un
élément qui est extrêmement important lorsqu'on parle de sécurisation
culturelle. Et, M. le Président, dès mon arrivée en place, on a mis en place un
plan qui s'appelle J'ai espoir, mon collègue le connaît bien. C'est une
série d'annonces qu'on a faites. Au-delà des annonces, il y a des gestes
concrets, et le premier geste concret, c'est en matière de sécurisation
culturelle, et on l'a fait à Joliette, M. le Président. C'était hautement
symbolique, et la symbolique est très importante pour les Premières Nations
aussi. Et on l'a fait, parce que c'est là que tout a commencé du côté de
Joliette, avec Joyce Echaquan, avec Carol Dubé, avec la famille. Et ce qu'on
est venu annoncer, M. le Président, c'est certains changements, entre autres en
matière de formation, donc formation des gens qui travaillent auprès des Premières
Nations, des autochtones. On aurait pu décider... mon collègue de la Santé
aurait pu décider que la formation serait donnée uniquement au personnel
soignant. Il a décidé de le donner à l'ensemble du personnel des hôpitaux. On
aurait pu décider d'agir seulement à Joliette, il a décidé que c'était pour
être l'ensemble des hôpitaux.
Je suis heureux de dire à mon collègue
que, bien que ça ne va pas aussi vite qu'on voudrait pour les formations, M. le
Président, dans le monde de la santé, on est rendu à 108 000 personnes
qui ont été formées. Il y a 3 000 fonctionnaires qui ont été formés
aussi. Ce n'est pas terminé, on a le même objectif, d'ici la fin de l'année, de
former l'ensemble du personnel.
Et, quand on dit que c'est important de
faire des formations, d'y aller à plusieurs niveaux, mon collègue le sait parce
que, tout comme moi, il a fait la formation obligatoire, là, qui a été faite
par l'Assemblée nationale, par le Bureau de l'Assemblée nationale. C'est une
autre des étapes. Mais, M. le Président, j'ai… sans dépasser la longueur de la
question de mon collègue, qui était quand même assez brève, là, je vais me
permettre d'étirer un tout petit peu, puis il me ramènera à l'ordre, lorsqu'on
parle de sécurisation culturelle, c'est beaucoup plus large que ça. Oui, il y a
le terme, on va en reparler tantôt, je suis persuadé que c'est un terme qui est
important aujourd'hui, on va en reparler, mais la sécurisation culturelle,
c'est dans nos actions au quotidien.
Et j'ai le goût de prendre deux petites
minutes pour vous donner un exemple bien concret, comment ça s'est matérialisé,
M. le Président, et c'est avec la famille Tolley la semaine passée, vendredi
dernier. C'est une famille qui a été impliquée dans le décès, décès de leur
mère il y a de cela 20 ans, M. le Président. Et la famille, ce qu'elle
demandait, c'est une rencontre avec des élus, avec des gens qui représentaient
le gouvernement, pour passer à une autre étape de leur deuil. Et je vais être
bien honnête avec vous, M. le Président, ce n'est pas le genre de rencontre
qu'on fait normalement, bon, en tout respect avec nos conseillers juridiques
qui vont souvent nous dire qu'on ne devrait pas se présenter là, mais un
exemple de comment s'adapter et de changer la donne, ça a été de se présenter,
d'aller à Maniwaki, d'aller à Kitigan Zibi, d'aller avec la famille, de
participer à un grand cercle, un cercle de parole, alors vraiment de changer
nos habitudes, de s'adapter à une réalité qui était différente. Et pour la
famille, M. le Président, ça a fait la différence.
Et je pourrais vous en nommer, puis on va
passer la période de crédits ensemble, se nommer des exemples qui sont concrets.
C'est un exemple concret que je voulais apporter à mon collègue. Et ça, bien
honnêtement, je suis parti du Principe de Joyce pour finir sur la sécurisation
culturelle, parce que c'est un élément qui est important, de s'adapter,
s'adapter aux gens. On l'a fait en santé puis on va donner d'autres exemples
tantôt, là, mais on a commencé par la santé, parce que c'est là que c'est
important, mais c'est dans l'ensemble du gouvernement, M. le Président.
M. Kelley : Merci, M. le
ministre et M. le Président. Je ne veux pas juste toujours être... on a un
rôle, dans l'opposition, d'être critique, je ne vais pas dire que le ministre
donne un excellent exemple d'un cas où on a fait un gain, ça a bien marché.
Mais pourquoi je pose une question sur le Principe de Joyce, c'est... oui, le
ministre a parlé de la sécurisation culturelle, mais quand même sur…
excusez-moi, c'était hier, on a eu la nouvelle, dans Le Devoir,
concernant le bébé innu qui a été renvoyé cinq fois à la maison malgré une
tumeur. Puis le médecin a dit... et, dans l'exemple qui était cité par la mère,
c'était comme : Retournez chez vous, tout est correct.
Et ça, c'est quelque chose qui revient
souvent, M. le Président, avec les autochtones, quand il dit : On arrive à
le système de santé, on n'est pas traité comme les autres. C'est comme, prend
une Tylenol, retournez chez vous autres, c'est vous autres qui ont… tous
différents types de stéréotypes, ils ne sont pas en santé, ils sont... etc. Ils
sont déjà étiquetés comme, grâce à leur, entre guillemets, histoire, pas en
santé, tout ça. Ça, c'est une des choses qu'on veut briser, c'est une des
raisons pourquoi le Principe de Joyce a été mis en place, c'est... quand les
autochtones arrivent dans nos établissements, ils… face à aucune
discrimination, ils sont traités comme le reste des Québécois. Ça, c'est une
demande, c'est pas mal, je trouve, «basic» comme demande, mais c'est un exemple
concret.
Alors, je veux juste donner le ministre
une chance de peut-être répondre à cette famille-là puis si lui a des autres
nouvelles concernant ce cas-là, de ce petit bébé qui a, finalement, reçu un
excellent traitement ici, à Québec. Mais, quand même, ça démontre pourquoi plusieurs
autochtones sont tellement stressés, quand ils arrivent dans nos institutions,
parce qu'ils ont peur qu'ils vont avoir un traitement différent que le reste
des Québécois.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président. Merci à mon collègue de me donner une autre chance de parler de
cette situation-là. En passant, comme père de famille de deux jeunes filles de
12 ans, 14 ans, j'étais <extrêmement...
M. Lafrenière :
...cette
situation-là. En passant, comme père de famille de deux jeunes filles de
12 ans, 14 ans, j'étais >extrêmement peiné, choqué de lire ce
que j'ai lu par rapport à cette famille. Puis mon collègue fait bien de le
mentionner. Et je me rappelle très bien aussi, l'an passé, on était assis au
même endroit... bien, pas mal au même endroit, et on m'avait demandé de
promettre que plus jamais un événement de la sorte ne se reproduirait, puis
j'avais dit, tout candidement, que c'était impossible, promettre ça. Ce qui est
important, c'est de tout mettre en place pour ne pas que ça arrive, mais aussi d'avoir
la lucidité de se dire que c'est possible. On travaille avec des humains, des
fois il y a des erreurs. Moi, dans le cas présent, j'ai bien hâte de voir, de
lire le rapport, parce qu'il y a un rapport qui a été demandé, il y a un état
de situation qui a été demandé, de voir mais qu'est-ce qui s'est passé, qu'est-ce
qui s'est passé sur place. Et c'est pour ça que, si je reviens avec ce qu'on a
mis en place, oui, il y a des formations, oui, il y a des campagnes de
sensibilisation, c'est vrai, mais j'ai déjà dit que ce n'était pas un vaccin,
ce n'est pas ce qui va tout régler. Ol y a beaucoup d'autres mesures à mettre
en place.
Et je vais donner l'exemple de l'hôpital
de Joliette, si vous me le permettez, M. le Président, parce que mon collègue a
mentionné le fait que certains membres des Premières Nations et des Inuits vont
dans le système de santé puis ils ne se sentent pas à l'aise, ils ne se sentent
pas traités comme tout le monde. Mais quel est leur réflexe? Est-ce que leur
réflexe, c'est d'aller voir un ombudsman? Est-ce que leur réflexe, c'est
d'aller porter plainte sur un site Web? La réponse, c'est non, M. le Président.
Normalement, ils vont se... puis je vous dis normalement, je ne veux pas faire
de généralités, ils vont se confier à quelqu'un qu'ils connaissent, quelqu'un
en qui ils ont confiance, et parfois ça va se terminer là.
Alors, ce qu'on a décidé de faire, M. le
Président, avec l'exemple de Joliette, c'est de mettre en place des gens de la
communauté autochtone. On a une personne sur le conseil d'administration de
l'hôpital qui est membre de la communauté de Manawan. On a sur place embauché
brancardiers, infirmières qui proviennent de la communauté de Manawan. On a des
navigateurs, on a des agents de liaison. Donc, on a multiplié le nombre de
personnes qui pourraient recevoir une plainte de la part d'un autochtone qui
sent qu'il n'a pas reçu le bon service ou le service qu'il aurait dû avoir.
Parce que je me suis bien rendu compte, M. le Président, que le système de
référence habituel, ce qu'on connaît, l'ombudsman, un système de plaintes par
courriel, ce n'est pas la réalité que les Premières Nations veulent. Ils
veulent se confier à quelqu'un, et, dans le cas présent, on a multiplié les
possibilités de porter plainte.
Est-ce que ça vient tout régler, M. le
Président? La réponse, c'est non. Il y a encore beaucoup de travail à faire.
Mais moi, j'ai vraiment espoir de voir cette volonté, donc, la formation qui a
été offerte, de voir les gens qui y ont adhéré. Il y a encore beaucoup de gens
à former, c'est vrai, mais de voir les changements, de voir des changements de
réalité sur le terrain, moi, j'en suis bien, bien heureux. Mais je vais
terminer ma réponse, M. le Président, à mon collègue de l'opposition, en lui
disant : Bien entendu, il y a encore du travail à faire. On en est très
conscients, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député.
M. Kelley : Merci. M. le
ministre, j'ai une question pour vous : Il y a combien de personnes au
sein de notre fonction publique en général?
M. Lafrenière : En
général, au total, je peux vous dire qu'à la santé on parle de plus de 300 000 personnes.
Le temps qu'on se parle, j'ai l'impression qu'un chiffre va m'arriver sur mon
bureau, mais je vous dirais qu'au niveau de la santé, là, c'est plus de 300 000 personnes.
M. Kelley : Puis vous
avez dit qu'il y a environ 3 000 personnes...
M. Lafrenière : 108 000 personnes
dans la santé. 108 000, donc c'est le tiers. Mais honnêtement, M. le
Président, on s'était... puis excusez-moi, je ne veux pas jouer au ping-pong
avec mon collègue, mais je veux juste bien lui répondre. On avait, moi et mon
collègue Christian Dubé, ministre de la Santé, on s'est dit préoccupés, hein, on
pensait vraiment qu'il y aurait un plus grand nombre de personnes qui auraient
déjà reçu cette formation-là. Ce n'est pas le chiffre qu'on voulait. C'est un
pas dans la bonne direction, ce n'est pas le chiffre qu'on voulait.
Cependant, j'aimerais terminer rapidement
en vous disant, M. le Président, du côté positif, là, je donne l'exemple de
Joliette, il y a cette formation-là de base qui est donnée, mais le centre
hospitalier a décidé d'avoir une autre formation. Donc, en ajout, c'est une
autre formation qui est donnée spécifiquement pour les gens de Joliette. Les
gens ont décidé de le faire.
Et au total, pour répondre à la question
très précise de mon collègue, c'est 70 000 fonctionnaires au sein de
la fonction publique. Et donc j'imagine sa question, à savoir, à ce rythme-là,
dans combien d'années tout le monde va être formé. M. le Président… J'aime ça
me donner des coups de pelle moi-même, M. le Président, et ce que je veux vous
dire par là, c'est que, oui, il y a la formation pour la santé, mais à chaque
semaine, les professionnels du SAA, que mon collègue connaît très bien, font
des séances de formation pour l'ensemble des fonctionnaires. Il y a plusieurs
séminaires qui ont lieu, donc plusieurs façons de rejoindre ces gens-là. Parce
que c'est vrai qu'il y a des fonctionnaires à plusieurs niveaux, et il y a des
formations pour le P.D.G., il y a plusieurs formations différentes qui sont
offertes, M. le Président, il n'y en a pas une seule. Alors, je veux rassurer
mon collègue et lui dire que c'est plus de 3 143 employés de la
fonction publique qui ont reçu des formations en ligne, c'est vrai, mais il y a
les séminaires aussi qui sont donnés par les gens du SAA, puis ça, si je ne me
trompe pas, c'est même à chaque semaine, là, il y a plusieurs formations qui
sont données, là, à plusieurs personnes.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député.
• (15 h 50) •
M. Kelley : Merci.
C'était juste une... parce qu'on va arriver à un certain moment et, quand même,
on a déjà eu des discussions, une formation... nous avons, comme des élus, fait
une formation très intéressante, mais je sais que ça a soulevé des fois plus
des questions que des réponses, pas dans une façon négative, dans une façon que
les <gens...
M. Kelley :
...plus
des
questions que des réponses, pas dans une façon négative, dans une
façon que les >gens disent : Ah! j'ai beaucoup des choses à
apprendre des réalités des peuples des Premières Nations et des Inuits du
Québec. Mais, bref, on va continuer de travailler là-dessus.
On a eu une visite, au mois d'avril, M. le
Président, de la Fédération médicale des étudiants du Québec, et quand même,
moi, j'ai pris beaucoup des nouvelles concernant l'état de le système de santé
envers les peuples autochtones du Québec et certains chiffres qui... sortir
d'une étude qu'eux autres ont faite. Ils ont fait une excellente recherche sur
la réalité des Premières Nations et des Inuits du Québec. Une chose que j'ai
vraiment... je sais quand… on est dans le débat des médecins de famille, mais
quand même, c'est environ 43 % des Premières Nations et des Inuits qui ont
accès à un médecin de famille. Quand on regarde, 52 % des adultes
Premières Nations et 71 % des Inuits n'ont aucun diplôme des études
secondaires contre les allochtones. Alors, on sait, on a un gros problème
d'éducation aussi de bien comprendre les bien... des bonnes habitudes de vie,
excusez-moi. Si on regarde aussi, il y a plein des... le manque des services
culturels adaptés un petit peu partout sur le territoire.
Mais je veux juste entendre le ministre,
on a parlé le… un élément, c'est la sécurisation culturelle, mais aussi sur le
service des premières lignes. Je sais que le ministre était dans le Grand Nord,
il a visité un paquet de communautés, mais je veux juste entendre le ministre,
c'est quoi, le plan de s'assurer que, dans la refondation de notre système de
santé, que les Premières Nations et les Inuits sont bien inclus, qu'il y a des
recommandations et des pistes d'action précises pour attaquer des différents
gros enjeux socioéconomiques et démographiques et des enjeux de santé pour les
Premières Nations et les Inuits du Québec.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci à mon collègue pour sa question, parce
qu'effectivement la santé, c'est extrêmement important. Quand on parlait tantôt
de la qualité des soins de santé, là, on parle de l'accessibilité. Et, M. le
Président, une des annonces, dans le plan J'ai espoir, c'est de s'assurer
de développer des cliniques qu'on appelle du style Minowé, Clinique Minowé, qui
est à Val-d'Or, où on vient combiner deux styles d'approches complètement
différentes, M. le Président, alors la clinique de soins médicale qu'on
connaît, vous et moi, et la clinique plus traditionnelle, les soins plus
traditionnels des Premières Nations.
On vient combiner ces deux approches-là. Et
ça... puis je veux faire attention, M. le Président, je ne veux pas passer mon
temps à vous parler de sécurisation culturelle, mais disons que c'est une
approche adaptée. C'est une approche adaptée qui sort beaucoup de notre système
de santé, de ce qu'on ferait normalement. Et non seulement on s'est assuré de
bien financer ce qui se passe à Val-d'Or, mais on a mis du financement en place
pour avoir deux autres cliniques de ce type-là ailleurs au Québec. On ne veut
pas l'imposer, on ne veut pas venir dire, de façon géographique : Voici où
on croit que ça devrait aller. On veut laisser les Premières Nations et les
Inuits décider du lieu. Et c'est un… excusez l'anglicisme, c'est un «success
story», ce qui se passe à Val-d'Or, ça va bien, les gens l'apprécient. Alors,
on veut multiplier ce genre d'approche là.
Alors, mon collègue me parle d'accès à un
médecin de famille. Il y a du travail à faire, puis je vais travailler avec mon
collègue ministre de la Santé. Et mon collègue de l'opposition le sait très
bien, je n'ai pas un ministère, j'ai un secrétariat. Il y a du bon et du
mauvais, je vous dirais, M. le Président. Au tout début, je me disais : Peut-être
qu'avec un ministère j'aurais plus d'impact sur les décisions, et tout. Et
force est de constater qu'il y aurait eu un danger, quand même, que les gens
réfèrent rapidement en disant : Ça, c'est au ministre des Affaires
autochtones.
Alors, c'est l'ensemble du gouvernement
qui doit travailler ensemble en autochtonie, dans les dossiers autochtones. Et
en santé, c'est ce qu'on va faire, je vais travailler avec mon collègue
Christian Dubé, ministre de la Santé, mais c'est une des pistes qui est
intéressante, M. le Président. Donc, les cliniques du style Minowé, c'est
une chose, on a plusieurs dossiers qu'on travaille, entre autres avec des
cliniques urbaines, avec une approche qui est différente, mais je pense qu'il n'y
aura pas une solution pour ça, M. le Président. Il va falloir donner de
l'accessibilité, entre autres on a parlé des personnes vulnérables, on en a
parlé beaucoup pendant la pandémie, on a fait en sorte de bien financer, puis
mon collègue connaît bien le dossier, bien financer des organismes qui sont à
Montréal pour donner des soins qui sont ajustés. Alors, ça va prendre une
kyrielle d'annonces, une kyrielle de services de ce type-là pour répondre aux
besoins, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député, s'il vous plaît.
M. Kelley : Merci beaucoup.
Une autre chose, M. le Président, que j'ai entendue, quand on a eu la visite de
Force Jeunesse, puis j'ai rencontré deux jeunes Inuits qui ont parlé un petit
peu des barrières en termes de l'éducation... de rendre dans le Sud pour
étudier à un cégep, quand même, à une université, c'est, des fois, difficile,
mais je sais que c'est une préoccupation pour plusieurs différentes nations
aussi. Est-ce que le ministre a réfléchi un petit peu sur comment on peut s'assurer,
comme l'accès, si c'est à l'école de médecine, si c'est à des programmes pour
les infirmières, quand même, en éducation, qu'il y a des programmes en place
pour <s'assurer...
M. Kelley :
...en
éducation,
qu'il y a des
programmes en place pour >s'assurer
qu'il n'y a aucune barrière financière pour les jeunes autochtones? Parce qu'on
sait que l'éducation et les défis de réussite scolaire est vraiment un
challenge pour tous les autochtones du Québec. Alors, juste entendre le
ministre, si lui a dépensé l'argent pour aider les enfants... aider des
étudiants autochtones. Je sais qu'il a fait des annonces en logement, mais plus
d'efforts dans les dépenses de la vie quotidienne d'un étudiant, pour s'assurer
que c'est tout gratuit puis aucune barrière n'est en place pour les jeunes
autochtones du Québec.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Lafrenière : Merci
beaucoup, M. le Président. Vous allez me permettre d'être un petit peu plus
long, parce qu'effectivement la question est bonne, puis ça a besoin de
beaucoup, beaucoup de détails. Et mon collègue l'a bien mentionné, on a fait des
annonces en matière d'éducation pour le logement, logement qui est non
seulement… logement étudiant, pardon, mais du logement qui est adapté.
Le premier qui va être sur place, qu'on va
ouvrir tout prochainement, avant la prochaine saison scolaire, M. le Président,
c'est à Sept-Îles. Et non seulement je suis fier de vous dire que ce sont des
logements pour les étudiants, mais ça va permettre d'accueillir des familles
qui sont plus nombreuses. Alors, il y a même des logements qui vont être
jusqu'à des cinq, des six et demie. Parce que, M. le Président, ce qu'on a
découvert, quand on veut s'adapter à la réalité, ce n'est pas... la personne ne
viendra pas seule faire ses études, elle va se déplacer avec sa famille. Donc,
ça prend des logements qui sont plus grands, adaptés, avec CPE, maternelle
quatre ans, des espaces communs. Alors, ça, c'est une partie de la réponse.
Présentement, on a Sept-Îles, on aura très prochainement Trois-Rivières et, par
la suite, Québec. Premier élément.
Mon collègue le mentionnait bien, il faut
tout mettre en place pour donner accès à ces jeunes à de l'éducation. Et je
suis heureux de vous dire qu'il y a des cohortes spécialisées qui sont
réservées aux autochtones, entre autres au niveau de la médecine. Ça, encore
là, c'est une autre facette.
L'autre facette que je pourrais vous
rajouter, M. le Président, il y a de l'accès à des bourses aussi, sur lequel on
travaille, parce qu'on sait que les études sont remboursées, mais quand même,
non seulement pour le montant, mais pour la valorisation, c'est une autre chose
qu'on regarde.
Je peux aller plus loin, M. le Président,
si vous prenez l'exemple du Nunavik, puis mon collègue y a bien référé, j'y
étais tout récemment, il y a aussi de faire l'éducation à distance. On peut
bien dire aux gens : Vous allez faire l'éducation à distance, mais,
lorsque le réseau est défaillant, ça devient compliqué. C'est pour ça que la
fibre optique est si importante au Nunavik, entre autres pour des besoins
d'éducation, besoins de santé, besoins, même, judiciaires, pour les gens qui
doivent faire des visiocomparutions. C'est un autre élément sur lequel on
travaille pour avoir une fibre optique qui va tenir, qui va permettre aux gens
de faire de l'éducation à distance.
Ce que je vous dis, dans le fond, M. le
Président, c'est que ça prend plusieurs possibilités. On pourrait parler de la
police aussi, qui est un domaine que je connais un peu, juste pour dire qu'on a
des... on s'est assuré d'avoir une formation qui était remboursée pour les
nouveaux policiers à l'ENPQ, alors… et qui correspondait aussi aux besoins des
membres des Premières Nations, ne serait-ce que dans les timings, excusez-moi
l'expression. Mon collègue le sait bien, on a le «goose break», on a le «moose
break» aussi, alors on fait en sorte d'adapter la formation pour ne pas arriver
dans ces périodes-là qui sont si importantes pour les étudiants.
Puis en terminant, M. le Président, tout
récemment, on faisait une autre annonce en matière d'éducation avec mon
collègue ministre de l'Éducation, et non seulement on vient changer le cursus,
c'est-à-dire ce qui va être diffusé aux jeunes allochtones pour connaître les
réalités des Premières Nations, on fait en sorte aussi que, lorsqu'il y a des membres
des Premières Nations et des Inuits qui sont dans des classes, qu'on puisse les
suivre, les aider pour qu'ils aient le meilleur parcours scolaire. Parce
qu'effectivement, puis je ne vous le cacherai pas, M. le Président, je suis
allé au Nunavik récemment, puis, encore une fois, le taux de décrochage est
monstrueux. Il faut y travailler. Alors, on en est très conscients, M. le
Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député, il vous
reste à peu près une minute dans votre premier bloc.
M. Kelley : Oui, pas beaucoup
de temps. Peut-être juste une dernière question, parce qu'on parle un petit peu
de Nunavik, si le ministre a une mise à jour sur la vidéo troublante qu'on a
vue sur les réseaux. Ce n'est pas nécessairement sur le cas de la famille, mais
sur l'intervention policière, on n'a pas tout le contexte. Alors, je veux
savoir si le ministre a un petit peu plus d'informations pour nous, à ce stade
ici. Sinon, je comprends très bien, mais je veux juste entendre le ministre là-dessus.
Le Président (M.
Bachand) :15 secondes, M. le
ministre.
M. Lafrenière : Ma réponse va
être très brève. La réponse, c'est non, je n'ai pas encore eu de détails. J'ai
demandé à la police du Nunavik d'avoir plus de détails parce que ça m'a
interpelé, comme père, comme ex-policier, de savoir ce qui s'était passé, puis surtout
de voir de quelle façon travailler avec la DPJ aussi, parce que les policiers
étaient la fin de la chaîne, mais il est arrivé d'autres choses avant. On veut
savoir ce qui est arrivé.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Mme la députée
de Sainte-Marie—Saint-Jacques, pour 16 min 19 s. Mme la députée,
s'il vous plaît.
• (16 heures) •
Mme Massé : Je vais mettre
mon minuteur, puisque ça passe tellement vite, 16 minutes. Permettez-moi
de m'ajuster, M. le Président. Bonjour, tout le monde. Contente d'être là avec
vous. M. le ministre, j'aimerais, à mon tour, revenir sur la situation d'Aby
Piétacho, cette jeune fille qu'on a retournée à la maison. En fait, ce que je
me rends compte, c'est... depuis le <malheureux...
>
16 h (version révisée)
<15421
Mme Massé :
...en fait, ce que je me rends compte, c'est... depuis le >malheureux
événement avec Joyce Echaquan, je pense que les langues se sont déliées, je
pense que les gens... les autochtones sont plus vocaux, on les entend plus, ou
peut-être plus que nos oreilles sont plus ouvertes. Parce que je pense que ça
faisait quand même quelques décennies qu'ils nous disaient clairement qu'il y
avait quelque chose qui ne fonctionnait pas.
C'est clair que la situation d'Aby
Piétacho, tu sais, encore là, on... c'est la pointe du iceberg, c'est... on le
sait quand ça passe dans les médias, ça sort, mais ça ne dispose pas des autres
cas, des autres situations qui, malheureusement, se déroulent, et dont, lorsqu'on
est sur le terrain... je sais que vous êtes sur le terrain, on entend
systématiquement parler. Ça s'appelle du racisme systémique. Je ne fais pas de
débat sur le mot, le Principe de Joyce l'a démontré.
Mais moi, il y a quelque chose qui me
turlupine un peu, c'est que, dans la commission Viens, on avait l'appel à l'action
n° 4 qui nous disait, dans le fond : On manque de données sur la
réalité des personnes autochtones qui sont dans le système et/ou qui portent
plainte dans le système. Alors donc, il faut avoir des données ethnoculturelles.
Et, cette collecte-là, j'aimerais savoir où vous en êtes rendu parce que c'est
essentiel pour comprendre la situation.
M. Lafrenière : Oui,
merci beaucoup, M. le Président, puis merci à ma collègue pour sa question. Je
veux commencer sur le cas spécifique, puis, après ça, on va revenir sur la
collecte de données ethnoculturelles, si c'est correct pour vous, chère
collègue. Parce que ce qui est arrivé sur place nous rappelle à quel point c'est
important, je le disais tout à l'heure, là, qu'il y ait plusieurs mécanismes,
plusieurs façons d'entendre les plaintes des membres des Premières Nations, des
Inuits. Puis ma collègue l'a dit à juste mesure tantôt : Est-ce qu'on est
plus à l'écoute? Moi, je le crois. Je crois que, présentement, c'est une
réalité qu'on a en plein visage, puis l'ensemble des Québécois sont à l'écoute.
Ils veulent un changement, puis ça, ça me rassure.
M. le Président, suite aux terribles
événements de Joyce Echaquan, on a vécu un autre événement aussi à l'hôpital dans
la région de Joliette, et la P.D.G. a pris des décisions rapidement. Et moi, j'étais
très heureux de voir cette prise de conscience là, parce qu'il va arriver
encore des événements, M. le Président. Je vous l'avais dit l'an passé à l'étude
de crédits, il ne faut pas se mettre la tête dans le sable. Ce n'est pas... c'est
des choses qui arrivent, il faut agir.
Maintenant, pour ce qui est de la collecte
de données, M. le Président, on a fait beaucoup de travaux en ce sens-là avec
différents groupes, avec, entre autres, les membres des Premières Nations, avec
certains groupes. Et je vous dirais qu'on est encore en train de l'évaluer avec
eux. Pourquoi? Pour deux raisons. Tout à l'heure, je le disais, M. le
Président, est-ce que les Premières Nations et les Inuits ont le réflexe d'aller
compléter des formulaires en ligne? Il ne semble pas que c'est la plus grande
majorité. Ça a été testé à d'autres endroits, M. le Président, entre autres à
Toronto, puis dans un autre milieu, qui est le milieu policier, où on faisait,
justement, une collecte de données. Lorsqu'une personne avait un constat d'infraction,
on lui demandait à quel groupe il voulait s'identifier. Et, M. le Président, je
dois vous avouer en toute honnêteté que ça a causé certains autres défis où les
gens n'étaient pas à l'aise de se faire demander de quel groupe ils venaient.
Alors, il y a une autre possibilité, ma
collègue va sûrement me le suggérer : Pourquoi ne pas y aller d'une façon
volontaire? Puis je termine rapidement pour ma collègue. Pourquoi ne pas y
aller d'une façon volontaire, une déclaration volontaire? L'autre enjeu qu'on y
voit, puis c'est des groupes autochtones qui nous l'ont rapporté, ce qu'ils ont
peur, c'est que certaines personnes s'autoproclament autochtones, et sans que,
là, on regarde avec eux une solution... Puis là je vais me taire parce que je
sais que ma collègue veut me poser une autre question.
Mme Massé : Bien,
écoutez, c'est parce que je pense que, là, tu sais, le rapport Viens... on est
rendu à sa quatrième année? Moi, je veux bien qu'on étudie, je veux bien qu'on
regarde, mais il y a une chose qui est une vérité de La Palice, c'est que, si
on n'a pas de données, on ne peut pas agir adéquatement. Puis, quand j'entends
un cas comme Aby, c'est plutôt évident, par le courage de la mère, par la
détermination de la communauté, puis on connaît le chef, et, s'il y en a un qui
est déterminé, c'est bien lui... fait en sorte qu'on entend parler de cette
situation-là.
Ceci étant dit, je ne peux pas croire qu'après
quatre ans, malgré les défis que vous avez soulevés, vous n'avez pas
trouvé des voies de passage, alors qu'on en a trouvé en matière d'identification
des enfants disparus dans le système de santé. Alors, moi, je suis très
inquiète de ça parce que ce que ça fait, c'est... au-delà de toute la question
de la sécurisation culturelle... On ne sait même pas il y a combien d'autochtones
qui rentrent dans nos hôpitaux. Puis je ne vous parle pas seulement des
plaintes, c'est l'ensemble du traitement. On n'a pas de données, alors que,
dans les faits, je pense que ça pourrait nous aider.
Et ça m'amène à ma deuxième... J'aurai
trois grands champs d'intervention, en plus de ce que vous allez m'inspirer
dans vos <réponses...
Mme Massé :
...vos
>réponses. Le deuxième champ qui me revient, c'est la question de la
protection de la jeunesse. Là, on a un sérieux problème. D'ailleurs, il y a la
situation dont mon collègue parlait au Nunavik. Moi, j'ai reçu une
communication à l'effet que ce n'est pas rare que ça se passe de même. Alors,
je vous invite à vous y préoccuper bien, bien, bien le nez dessus.
Ceci étant dit, là où, moi, je suis
préoccupée, c'est qu'au moment où notre Assemblée nationale avait le pouvoir de
dire comment nous voulions respecter les demandes des Premières Nations en
matière de protection de la jeunesse... Puis je ne vous parle même pas de la
contestation judiciaire, je ne veux pas qu'on perde une minute là-dessus, on ne
s'entend pas. Moi, je reconnais qu'il y a un troisième niveau de gouvernement et
il s'appelle le gouvernement autochtone. Ça fait que, fin de l'histoire, je ne
veux pas parler de ça.
Mais ce que je veux parler, c'est du
projet de loi n° 15 qu'on vient d'adopter ici,
M. le Président, dans lequel on a essayé autant comme un autant que le ministre
responsable inclue des amendements qui respectent des amendements demandés par
les Premières Nations, demandés par les représentants des Premières Nations,
demandés par la Commission de la santé et des services sociaux des Premières
Nations, et que systématiquement, M. le ministre, ces amendements-là ont été
rejetés. Vous dites vous-même, vous n'êtes pas un ministère parce que c'est l'affaire
de votre gouvernement. Bien, expliquez-moi ce qui s'est passé dans le cas du
projet de loi n° 15. Parce qu'il y a des explications à dire à nos frères
et soeurs autochtones concernant le refus systématique des amendements que nous
avons déposés.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui, M.
le Président. Je vais tenter d'être bref parce que c'est une question à quatre volets
puis je ne peux absolument pas passer à côté d'aucun de ces volets-là. Alors,
je vais y aller rapidement pour ma collègue. Premièrement, juste en terminer
avec l'identification des gens qui se présentent dans le milieu de la santé. M.
le Président, ce n'est pas une réaction fataliste de vous dire qu'il n'arrivera
rien. Au contraire, je répète ce que j'ai dit à ma collègue tout à l'heure, on
est à la recherche de solutions. On n'est pas les seuls en passant, M. le
Président. L'Université Laval a le même défi. Ils ont décidé récemment de
demander une carte, une carte pour les gens qui proviennent d'une bande parce
qu'il y avait des faux autochtones qui s'inscrivaient. Alors, on est à la
recherche d'une solution. Je veux rappeler à ma collègue qu'on est rendu à... 68,
pardon, mises en oeuvre, donc des actions concrètes qu'on met sur le terrain.
On n'est pas assis sur nos mains. Mais, dans ce cas-là bien précis, on cherche
encore la solution avec les Premières Nations. On ne veut pas l'imposer.
Ceci étant dit, C-92, bien qu'on ne s'entende
pas, je vais prendre 30 secondes, sans parler de la partie judiciaire
parce que ça ne m'intéresse pas, mais pas pantoute. Je vais parler du bien-être
des enfants en 30 secondes, M. le Président. Là où j'ai levé la main et j'ai
rencontré le chef Mequish pour lui dire que moi, j'avais une grande
préoccupation, c'était au niveau de l'application de la loi, pas pour une histoire
de juridiction, de chicane. Le problème que j'y voyais, puis, M. le Président,
vous savez que j'ai présidé la Commission spéciale sur l'exploitation sexuelle
des mineurs, il y avait un grand, grand, grand danger, parce que les seuls
policiers qui pouvaient appliquer cette nouvelle loi par le conseil de bande d'Obedjiwan,
c'étaient les policiers d'Obedjiwan, et ce, partout au Canada. Donc, un enfant
qui était dans le trouble en Saskatchewan, la seule personne qui aurait pu le sortir
de là, c'est un policier d'Obedjiwan. Et, pour moi, je devais lever la main
comme père, comme policier, comme personne qui a présidé la commission, mais c'était
le seul petit détour que voulais faire pour ma collègue. Je ne parlerai pas de
l'enjeu légal, je vous le promets, M. le Président.
Maintenant, si on revient avec la
protection de la jeunesse, parce que c'est de ça qu'on parle, j'étais tout
récemment au Nunavik, j'ai rencontré autant Makivik que l'ARK. Ils m'ont
signifié leur volonté de travailler avec le gouvernement du Québec. Là, ça va
avoir l'air d'un charabia très administratif de développer ce qu'on appelle le
37.5. Donc, ce sont des ententes avec le gouvernement du Québec en matière de
gestion de la protection de la jeunesse.
M. le Président, je suis d'accord avec ma
collègue qu'il y a des gestes qui n'ont pas été faits, mais je vois le verre à
moitié plein, M. le Président, je vous explique pourquoi. Dans le projet de loi
n° 15, il y a la possibilité de faire des projets pilotes, et ça, pour
moi, M. le Président, c'est fort, fort positif. Ça nous permet justement de s'ajuster
avec ce qui est demandé par certaines communautés. Et l'exemple concret que je
peux vous donner, M. le Président, c'est le Nunavik, le Nunavik qui m'ont dit
clairement qu'ils voulaient travailler avec nous, mais à leur façon. Ils
veulent qu'on développe le... je vais y aller rapidement, ils veulent qu'on
développe le système de protection de la jeunesse, mais avec eux, quelque chose
qui répond, qui correspond à leur vision, et c'est pour ça, pour nous, là, c'était
important, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Mme la députée,
s'il vous plaît.
• (16 h 10) •
Mme Massé : Le problème,
c'est que, dans le projet de loi n° 15, on aurait pu
encadrer pas juste la communauté conventionnée du Nunavik, on aurait pu
encadrer l'ensemble sur le territoire de l'ensemble du territoire du Québec. C'est
ça. Je comprends, ce n'était pas vous qui étiez assis en face de moi, je n'ai
pas été <capable...
Mme Massé :
...je n'ai pas été >capable de vous influencer sur cette question-là,
mais je peux vous dire que votre collègue n'a pas été une seconde et quart
influençable, là. Puis pas juste parce que c'est moi qui le dis, c'est surtout
parce que c'est les Premières Nations qui le disent. Puis d'ailleurs... Tiens,
allons-y, là, tu sais, les chefs de l'APNQL qui demandent une rencontre, qui
demandent une commission spéciale, qui souhaiteraient qu'on sorte du seul
gouvernement, les grands échanges, les grands dialogues nécessaires pour qu'on
y soit au niveau de l'ensemble des élus du Québec, fin de non-recevoir; la
contestation au niveau des peuples sur la question de leur autonomie en matière
de protection de l'enfance; le refus systématique de se pencher sur les droits
linguistiques des Premières Nations, des autochtones; puis malheureusement
votre statu quo a mal résonné, là. Phrase malheureuse, ça ne peut pas être le
statu quo. Leur langue, pour plusieurs, est en train de mourir. Alors, il y a
un nécessaire ajustement là.
Bref, à plusieurs endroits, dans des
rapports, etc., on nous dit... Puis on avait même adopté, à l'époque, il y a
très longtemps de ça, quatre ans, une motion qui disait qu'on était prêts
à mettre en œuvre la Déclaration des Nations unies, pas juste un par un, sur
l'ensemble. Les droits linguistiques, ce n'est pas juste les droits pour les
Cris, les droits pour les Naskapis, les droits pour les Innus. C'est de
reconnaître les langues ancestrales, leur donner des droits linguistiques, mais
on n'est pas là. On n'est pas là. Oui, oui, vous avez fait beaucoup d'annonces,
vous avez... On vous a entendus. Ça, là-dessus, sincèrement, je ne remets pas
ça en cause. Mais concrètement, là, par exemple, sur la grande rencontre avec
toutes les nations... pas isolément, parce que, quand on les prend isolément,
il y a des choses qu'on ne réussit pas à régler. Je ne fais que nommer la
question des droits linguistiques.
Alors, qu'est-ce qu'on fait avec ça, M. le
ministre? Vous le dites, vous êtes celui qui doit amener vos collègues... Je ne
vous parle pas du projet de loi n° 96, où je me suis ostinée avec votre
collègue pour faire reconnaître qu'il y a des enfants autochtones qui vivent
des discriminations particulières, parce qu'on les présume comme étant francophones
ou anglophones de naissance, et non pas de leurs cultures et langues
originales.
Ça fait que je ne sais pas, là... Sur le
projet de loi de la protection des... pardon, sur le projet de loi concernant
les enfants disparus dans le système de santé, ça a super bien été. D'ailleurs,
on va déposer, cette semaine, le rapport. Mais, avec vos collègues, là, ça n'a
pas bien été du tout, du tout. Ça fait que je ne sais pas comment m'y prendre,
je... Peut-être que vous... les mois qui restent, vous pouvez m'aider à
comprendre, mais, notamment en matière de langue, protection de la jeunesse...
mais dans les quelques instants qu'il vous reste, parce qu'il ne nous reste que
trois minutes, j'aimerais ça vous entendre parler des langues puis, après
ça, des caribous forestiers.
M. Lafrenière : Juste
sept questions dans la même... en trois minutes. Merci beaucoup, M. le
Président. Je vais y aller rapidement. Ce que j'ai appris, M. le Président,
puis ça ne fait pas longtemps que je suis là, ça va faire deux ans,
mais... Je comprends très bien ce que ma collègue dit, mais je vais me
permettre de lui dire que je ne suis au même endroit qu'elle, puis c'est rare.
C'est rare, parce qu'on est souvent à la même place. Le mur-à-mur, les
Premières Nations ne le veulent pas, puis je vais vous donner des exemples bien
concrets, parce qu'elle m'a dit de faire une grande rencontre... C'est vrai que
l'APNQL nous l'a demandé. Et, M. le Président, je me suis questionné puis je me
suis dit : Regardez, on va l'essayer. J'ai convié tous les membres des
Premières Nations à une rencontre, le 17 janvier de cette année, en disant :
On va parler de négociations, on va le faire ensemble. Et, M. le Président, ça
va être très facile, puis mon collègue de la troisième opposition ne veut plus
que je dise : zéro, comme dans Ouellette, je vais dire : zéro comme
dans Ouimet, là, mais il n'y a personne qui a répondu à mon offre, M. le
Président. Ils m'ont dit clairement qu'ils ne voulaient pas de grande messe,
excusez l'expression, ils ne voulaient pas de grande rencontre où on discutait
tout le monde ensemble.
Alors, je comprends ce que ma collègue
veut dire. Elle veut dire : Il faut se donner des outils — je
comprends — se donner des outils pour être capables de régler des
cas. Mais, je vous le dis, du mur-à-mur, imposer la réalité algonquine aux
Innus, imposer la réalité de Mashteuiatsh à Ekuanitshit, ils ne veulent pas ça.
Ils veulent leur réalité à eux.
Alors, M. le Président, ce qu'on a fait
suite à ça... je vous donne des exemples bien, bien concrets, parce qu'il y a quand
même sept questions dans cette question. Pour la loi n° 96, elle
disait que les propos étaient malheureux quand on parlait d'un statu quo. Ce qu'on
venait dire, c'est qu'on ne nie pas du tout l'importance de protéger et de
promouvoir langues et cultures autochtones, sauf que ce n'est pas la loi n° 96
qui venait régler ça. La loi n° 96 vient protéger le fait français. Là, on
n'est pas obligés de mettre les autochtones, les allochtones un contre l'autre
dans tout ça, et c'est le message qu'on a eu avec les Premières Nations. Mon
collègue ministre a rencontré, avant même le <dépôt...
M. Lafrenière :
...rencontré,
avant même le >dépôt du projet de loi, Makivik, l'APNQL pour leur dire :
Regardez, oui, on parlait de statu quo dans le sens qu'on ne voulait pas nuire.
Cependant, ma collègue a amené un très bon
point au niveau de l'éducation de certains jeunes, l'absence d'accès à
l'éducation pour des problèmes de langue. Et, suite à ça, mon collègue ministre
de l'Éducation a trouvé une solution qui est technique. On y travaille
présentement. Ce n'est pas parfait, M. le Président, mais ça permet de donner à
plus de 200 jeunes, là, qui avaient des problèmes d'avoir accès, ça permet
de leur trouver une solution. On est dans l'action, M. le Président. Je ne
pourrais pas rester ici et vous dire : Je le sais, puis on va passer à
d'autre chose. Ce n'est pas le cas, pas du tout.
Déclaration des Nations Unies... je
m'excuse, j'y vais vite parce qu'il y avait beaucoup de questions dans sa
question.
Le Président (M.
Bachand) :....
M. Lafrenière : En
10 secondes, Déclaration des Nations Unies et droits de la personne, on a
voté à l'unanimité à deux reprises... Et, M. le Président, ce qu'on a
décidé de faire... Quand on fait nos négociations de nation à nation, là, et je
ne peux pas vous dire aujourd'hui laquelle va... on va accoucher parce qu'on y
travaille encore, nos équipes travaillent très fort dans les négociations.
M. Lafrenière : On
inclut le principe de la Déclaration des Nations Unies dans nos négociations.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Alors, M. le député de
Jacques-Cartier, vous avez la parole.
M. Kelley : Merci
beaucoup. M. le ministre, est-ce que vous pouvez... Expliquez-nous la situation
avec les caribous.
M. Lafrenière : On
travaille en équipe. Merci beaucoup, je vais en avoir besoin. Merci, merci
beaucoup, M. le Président. La situation du caribou est... c'est une situation
qui n'est vraiment pas simple, et mon collègue le sait très bien. J'ai
rencontré récemment mes collègues du fédéral. On était sur un autre sujet, bien
honnêtement, M. le Président, et le sujet s'y prêtait, là, pour parler de cette
situation-là du caribou parce qu'on venait juste d'apprendre, et mon
collègue connaît la situation, là, ce qui est arrivé à Nutashkuan, c'est-à-dire
une chasse qui avait été organisée. On parle entre 50 et 70 caribous qui
avaient été abattus. Et, dans la même période de temps, j'avais reçu des
lettres d'au moins deux autres chefs qui me demandaient de protéger le
caribou.
Alors, M. le Président, ça nous rappelle
une chose, c'est qu'on doit tous travailler ensemble pour la préservation de
l'espèce, parce qu'effectivement mes collègues l'ont mentionné, j'ai été très
présent sur le terrain. J'ai pu faire des visites sur le terrain, voir la
réalité du terrain et je vous confirme que, pour eux, c'est leur garde-manger.
Quand on parle du caribou, là, ce n'est pas une chasse sportive, ce n'est pas
une chasse qui est par plaisir. C'est le garde-manger pour plusieurs membres
des Premières Nations. C'est des habitudes ancestrales et c'est important pour
eux. Mais, si on veut que ça demeure pour les prochaines générations, M. le
Président, il va falloir protéger l'espèce. Et c'est dans cette optique que je
me suis adressé autant au chef de... au chef Tettaut de Nutashkuan, en lui
disant : Il faut qu'on se parle, il est arrivé quelque chose. Il va
falloir trouver une solution parce que vous faites partie de la solution.
Comment on peut protéger le caribou?
Cependant, je dois dire immédiatement, M.
le Président, que ce n'est pas une responsabilité qui est unique aux Premières
Nations, bien au-delà. Les forestières, les gens qui utilisent le territoire,
lorsqu'on bâtit des routes, on a tous un impact sur l'habitacle du caribou.
C'est pour ça que mon collègue a décidé de mettre sur place... sur pied, pardon,
une commission pour rencontrer les gens, les rencontrer sur le terrain pour
trouver des solutions. Mais moi, ce que je suis venu dire à mes collègues du
fédéral la dernière fois, c'était une situation qui était complexe, qu'on
devait prendre le temps avec les Premières Nations puis les Inuits pour trouver
une solution à ça, et c'est ce que je leur ai dit.
Et, M. le Président, il y a quelque chose
qui n'a pas été jasé énormément dans le public récemment, puis je voudrais
l'amener à votre connaissance. Il y a eu une entente récemment, et je suis sûr
que mes collègues des oppositions la connaissent, mais il y a eu une entente
récemment entre les communautés innues et les communautés cries, et ça, c'est
historique, une entente pour partager de la ressource, c'est-à-dire du caribou.
Tantôt, ma collègue faisait allusion à conventionné, non conventionné. Ils se
sont entendus pour partager 300 bêtes, donc des chasses communautaires,
qui est organisé pour qu'il y ait 300 bêtes qui soient partagées entre les
Cris et les Innus. Ça, quand on parle de solutions qui sont différentes, quand
on parle d'oser, d'être créatif, c'est un bel exemple. Moi, je l'ai salué. Ce
n'est pas dans nos façons de faire. Ce n'est pas dans l'entente qu'on a avec...
lors de l'entente de la Baie James, ou quoi que ce soit, mais c'est quand même
un geste qui est important, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député.
M. Kelley : Merci, M. le
Président. Écoute, dans le communiqué de presse du Conseil des Innus de
Pessamit, il était pas mal clair quand même, une commission indépendante, c'est
plus un stratagème du gouvernement. Je ne sais pas s'ils ont beaucoup de
confiance dans ce processus-ci, d'être traités... d'un champ de compétence,
quand leur opinion semble être, des fois, un petit peu perdue. On a vu sur... plusieurs
reprises que le ministre de la Forêt a eu des difficultés concernant la
protection des caribous, pas juste dans l'est, mais dans l'ouest du Québec
aussi.
• (16 h 20) •
Mais, bref, je vais passer les autres
sujets parce qu'il y a plein des choses à discuter. Il y a plein des choses à
discuter, mais je reviens un petit peu à M. le ministre dans... Vous êtes en
action. Vous dites ça souvent. Je sais que vous travaillez très fort, mais
qu'est-ce qu'on a vu dans les dernières couples de semaines? Les refus de
plusieurs amendements, si c'était concernant la protection des jeunes
autochtones, si c'était concernant un protecteur des élèves autochtones. Mais,
juste en général, sur... en plus du <projet de loi...
M. Kelley :
...en
plus du >projet de loi où j'ai participé, quand même, sur le projet de
loi n° 96, on demande à l'Assemblée des Premières Nations du Québec et
Labrador de préparer des mémoires puis des recommandations pour nous, et je
trouve... souvent, vous dites : Bien, ils ne veulent pas mur à mur, mais,
de temps en temps, je trouve qu'ils parlent à un mur avec vos collègues. C'est
comme, vous... O.K., on est prêts à discuter, participer dans votre processus,
le gouvernement du Québec, votre processus de préparer un projet de loi. On a
deux semaines de regarder ça avec nos avocats, préparer un mémoire,
déposer ça, et, le moment que leurs suggestions sont mises sur la table, c'est
souvent : Ce n'est pas possible de faire ça, ou c'est : Non, ça ne
marche pas. Je ne dis pas pour chaque amendement qui est suggéré, mais je
trouve que, souvent, vos collègues disent non, et ce n'est pas juste. Ce n'est
pas eux autres nécessairement, comme personnes, peut-être c'est aussi les
fonctionnaires autour d'eux autres.
Alors, je veux juste poser une question à
vous : Notre processus de préparer des projets de loi, quand même, la
dernière étape vers le greffier, et le comité de gestation que... écoutez, vos
collègues siègent sur... avant qu'un projet de loi soit déposé, est-ce que vous
trouvez que, présentement, on fait un travail adéquat pour s'assurer que les
droits et les besoins des peuples autochtones sont inclus dans nos projets de
loi le moment qu'ils sont déposés?
M. Lafrenière : Oui, merci,
M. le Président. Puis la question est fort à propos, puis j'aimerais amener
deux petits points rapides là-dessus. C'est vrai que, lorsqu'il y a un
dépôt de mémoire, ce n'est pas intégralement que ces éléments-là vont être
repris dans le projet de loi, puis ça... J'ai siégé sur plusieurs commissions, moi
aussi, comme mon collègue. On sait que les gens nous font des dépôts de
mémoires, nous donnent de l'information, puis il y a des décisions qui sont
prises par la suite. Et, dans le p.l. n° 15, on est arrivés avec la
possibilité de faire des projets pilotes, ce qui est un petit pas.
Cependant, là où mon collègue a
entièrement raison : Est-ce que ce processus-là de commissions, de déposer
des mémoires, de venir nous rencontrer ici, est-ce que ça correspond à la
vision, à la réalité d'une relation de nation à nation? M. le Président, je ne
me ferai pas d'amis aujourd'hui, mais la réponse, c'est non. C'est non. Et
savez-vous ce qu'on a fait, M. le Président? C'est pour ça qu'on a établi une
table, une table politique, donc, un espace, parce que je déteste le terme
«table», on dirait que c'est vraiment très technocratique, puis il ne se passe
rien. Mais la table, c'est un lieu d'échange entre l'APNQL et le gouvernement
du Québec. M. le Président, le premier ministre était présent à la table à
plusieurs reprises. On a invité des ministres, selon les sujets qui étaient
demandés par l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador. Alors,
ce qu'on est venu donner aux membres des Premières Nations et des Inuits, c'est
un lieu d'échange qui était privilégié, parce qu'on veut voir cette
relation-là, justement, d'égal à égal.
Alors, oui, il y a des commissions, puis,
mon collègue le dit bien, hein, quand on est devant la commission, est-ce que
c'est la façon la plus adéquate pour eux? C'est une des façons, une des
solutions. On a rajouté un nouveau lieu d'échange, M. le Président, ce sont nos
tables, tables politiques, qui ont amené des tables techniques. Et là, pour les
gens qui nous écoutent, qui vont se dire : Ça a l'air très technocratique,
qu'est-ce que ça a amené, tout ça?, ça a amené des choses très précises, M. le
Président, puis je vais vous donner un exemple très concret. On a fait une
table technique sur la sécurité publique, et c'est là qu'il y a un enjeu, qui
nous a été apporté par la communauté de Long Point, Winneway, qu'il n'y avait
pas de couverture policière. C'était la Sûreté du Québec qui y allait, et, pour
eux, c'est un sentiment d'insécurité qu'ils avaient. Et, en échangeant avec les
autres communautés, on a été capables, M. le Président, d'avoir quelque chose
de complètement créatif, quelque chose de nouveau, c'est-à-dire que les deux communautés
voisines, Kebaowek, KFN, se sont mises d'accord pour patrouiller avec la Sûreté
du Québec, en échange, sur cette communauté-là. Donc, on a réussi à avoir
quelque chose de complètement créatif, de regarder aussi la possibilité d'avoir
une régie de police, et ça, M. le Président, il y a plusieurs communautés
innues qui la regardent aussi.
Alors, je vous ai fait cet exemple-là, qui
est un exemple policier, pour vous dire que les tables, bien au-delà du nom
«table», c'est un lieu d'échange qui est important et qui est privilégié, et
c'est comme ça qu'on bâtit notre relation d'égal à égal, de gouvernement à gouvernement,
avec des membres des Premières Nations, qui veulent être traitées différemment,
et c'est ce qu'on fait, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député.
M. Kelley : Merci, M. le
ministre. Bref, c'est quelque chose à réfléchir. Je ne sais pas... Je sais
qu'au Conseil exécutif tous les gens qui travaillent sur les dernières,
dernières étapes d'un projet de loi, avant que ce soit déposé, peut-être qu'il
y a une façon qu'on peut inclure quelqu'un qui est responsable, un jour, qui
soit vraiment responsable, pour avoir un vrai oeil sur l'aspect autochtone. Je
sais qu'on fait ça, des fois, pour la traduction des projets de loi. Ce n'est
pas une grosse gang qui travaille au MCE sur ce stage-là des projets de loi,
mais bref, peut-être une chose... un jour, on va réviser tout ça.
Je veux maintenant passer à le sujet du
logement. C'est une priorité pour tout le monde au Québec, mais il demeure
toujours une préoccupation des Premières Nations et des Inuits du Québec. J'ai
bien aimé, dans les cahiers des crédits, où on commence, d'entrée de jeu... c'est
important de mentionner que c'est une responsabilité partagée. Mais, un petit
peu plus loin, on parle de le fait qu'il y a une couverture... déficit <d'exploitation...
M. Kelley :
...déficit
>d'exploitation et que Québec a environ... que le gouvernement du
Québec, lorsqu'il peut... partie aux ententes... Bref, qu'on dit un petit peu
que ce n'est pas notre responsabilité, mais Québec a aussi une responsabilité
dans plusieurs dossiers, d'être responsable pour le logement. Alors, je sais,
M. le ministre, que c'est complexe.
L'Assemblée des Premières Nations du
Québec et Labrador, je sais, eux autres ont déposé des notes d'information à
vous, quand vous avez fait un cercle et une rencontre avec plusieurs des
ministres, quand ils ont eu la chance de rencontrer la ministre qui est responsable
pour l'Habitation. Mais, pour eux autres, là, ils pensent que, pour le
logement, ça prend 15 541 unités de logement pour répondre à le
besoin qui existe. C'est au minimum 10 000 nouvelles unités dans cinq ans
qui sont nécessaires pour régler la crise du logement, si c'est dans le Grand
Nord ou, on va juste dire, partout au Québec. Mais aussi tout l'aspect de
rénover des unités ou réparer qui... présentement, ils pensent qu'il y a
environ 8 000 unités qui doivent être rénovées... excusez-moi, 3 700 unités
qui doivent être décontaminées, et il y a 9 400 terrains qui sont à
viabiliser.
Alors, le besoin, bref, pour faire le
sommaire de tout ça, c'est environ 4 milliards de dollars. Et quand
même, ça, c'est une étude de 2021, alors on est probablement, M. le Président,
à un autre milliard, environ. Mais, M. le ministre, défi majeur. C'est quoi,
les actions que vous avez prises pour mettre la pression sur vos collègues
fédéraux pour mettre plus d'argent dans ce dossier? Mais aussi, sur notre côté,
comment le Québec peut faire plus et mieux?
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui,
merci beaucoup, M. le Président. Puis je savais très bien que mon collègue me
poserait la question, il me l'avait même annoncé dans... je pense, c'était dans
une période de questions ou dans un autre projet, il me l'avait dit clairement,
que c'était un dossier important, puis effectivement, M. le Président, je viens
de faire la tournée. J'aurais aimé vous dire qu'aujourd'hui j'ai fait les
55 communautés des Premières Nations, mais ce n'est pas le cas, j'en ai
fait 44 pour l'instant, et, dans chacune des communautés, M. le Président,
quand je demandais la priorité, la priorité numéro un, c'était le logis.
Et il faut comprendre que le logis amène
beaucoup, beaucoup d'impacts sur d'autres choses aussi, M. le Président. On va
comprendre la promiscuité, on l'a vécu avec la pandémie. Quand on vit 10, 12,
14 personnes dans une maison, on peut comprendre que, rapidement, il y a des
dangers quand il arrive une pandémie. On parlait d'éducation à distance.
Imaginez-vous un instant, d'essayer de faire vos études à distance quand vous
êtes trois, quatre familles dans le même petit bungalow devient
extrêmement difficile, alors, ça, c'est indéniable.
Puis ce que mon collègue a dit, c'est
juste. Et c'est juste aussi, ce que l'APNQL a demandé. Moi, j'ai évalué, là, en
moyenne, là, c'étaient 100 unités de logement par communauté visitée qui
étaient nécessaires. Et les chefs me disaient : On a du budget du fédéral
pour deux à trois unités par année. Alors, à ce compte-là, dans
33 ans, on va encore se parler, puis il va encore y avoir des besoins.
Et ce qu'il faut comprendre, M. le
Président, en plus, c'est qu'au Québec, présentement, là, 50 % des membres
des Premières Nations ont moins de 35 ans. Il y a des communautés comme
Lac-Simon où il y a 100 naissances par année dans une communauté d'environ
2 000 personnes. Alors, vous comprenez, la démographie va juste
exploser, puis ce que mon collègue dit, c'est que ça va s'accentuer pour le
futur. Dans chacune des rencontres et avec mon nouveau collègue du fédéral,
j'ai ramené cette priorité-là. Il y a plusieurs champs de compétence, mais
celui-là... elle a un impact majeur sur la qualité de vie des membres des
Premières Nations, et je l'ai rappelé.
Cependant, M. le Président, on ne
s'enlèvera pas notre partie de responsabilités. Hors communauté, c'est de notre
responsabilité. Et ça, il y a des logements qui ont été créés, M. le Président,
plusieurs logements, entre autres, avec AccèsLogis. Et, pour le Nord-du-Québec,
M. le Président, on a une responsabilité partagée aussi, et ça, je ne m'en
cacherai pas, mais pas du tout. Ma collègue ministre responsable des Affaires
municipales et de l'Habitation s'est entendu avec Makivik pour nommer un
facilitateur, une personne qui va pouvoir travailler, parce que, là, on a le
fédéral, on a nous et on a Makivik, l'ARK qui travaillons ensemble. Et ce qui
est arrivé dans le passé, M. le Président, c'est que, malheureusement, on ne
travaillait pas bien ensemble, c'est-à-dire qu'il y avait des logements qui
étaient bâtis, et nous, on est venus donner un coup de main pour le déficit
d'exploitation, puis on parle d'un demi-milliard. Récemment, là, c'est un demi-milliard
de déficit d'exploitation, ce qui est majeur.
• (16 h 30) •
L'autre point que je tiens à mentionner,
M. le Président, qui est hyperimportant, et, dans l'étude de crédits l'an
passé, on m'avait posé la question, puis je crois que c'est ma collègue de Sainte-Marie—Saint-Jacques
qui m'avait demandé : Pourquoi, M. le ministre, vous avez bâti des un et
demie, des deux et demie, des trois et demie, alors que ce sont des grandes
familles? Et je lui avais dit que je lui reviendrais. J'ai une bonne mémoire
sélective, mais celle-là, je m'en rappelle très bien. Et je me suis rendu au
Nunavik pour voir comment ça se passait. Et de la façon que ça fonctionne,
c'est : Nous donnons les crédits, donc l'argent, aux sociétés, donc au
Nord, aux gens du Nunavik, que ça soit l'ARK ou Makivik, et eux le gèrent. Ils
disent : C'est suite à des sondages. Quand ils ont consulté la population,
c'est ce que les gens demandaient. Alors, c'est la <limite...
>
16 h 30 (version révisée)
<17903
M. Lafrenière :
...alors, c'est la >limite de ce que je peux dire. Parce que
je suis allé sur place, j'ai vu qu'il y avait des besoins de logements. Dans
certaines communautés, pour être bien honnête, ça se passait bien. Puis c'était
très inégal, ça... Pour le Nunavik, je vais vous dire, M. le Président, là, il
y a des communautés que j'ai visitées que ça se passait bien, dans d'autres, il
y a un déficit, puis je vous dirais même, M. le Président, on peut parler des
résidents du Nunavik, mais on peut parler des travailleurs, des gens qui
vont... les infirmières, les éducateurs qui vont se rendre là. Alors, il y a du
travail à faire. Ma collègue est bien engagée là-dedans.
Puis je vais vous donner des chiffres, M.
le Président, parce que je pense que c'est important d'en parler. Donc, en date
du 31 mars 2022, là, il y avait 3 818 logements sociaux, au
Nunavik, qui avaient été faits. De ça, là, il y en a 1 175 qui ont été
réalisés en vertu de l'entente de logement social avec la SCHL, 1 371 qui
sont réalisés en vertu de la convention de la Baie James, 444 logements
qui ont été financés par le Québec, entre autres, par le Plan Nord, 328 logements
qui ont été financés, temporairement, par le Québec.
Et l'autre point que je veux vous amener,
M. le Président, qui est quand même assez récent, qui est nouveau, et on le vit
au Nunavik, mais on le vit ailleurs, dans les communautés, c'est des logements
privés. C'est de permettre à des gens de se bâtir eux-mêmes un logement, donc d'avoir
accès à la propriété. Ça, pour le Nunavik, c'est 151 logements. Et dans d'autres
communautés, je l'ai vu, c'est quelque chose qui est intéressant. Plusieurs
membres des Premières Nations, ça les intéresse, ça, d'avoir accès à la
propriété eux-mêmes, donc que ce ne soit pas une maison qui appartient au
conseil de bande, ça leur appartient. Ça a amené des petits défis très
techniques, parce qu'ils ne sont pas propriétaires du terrain, alors les
conseils de bande ont pu émettre des certificats de localisation. Mais on y
travaille, mais, vous comprenez, M. le Président, sur plusieurs facettes.
Mais ce que mon collègue a dit, là :
Le logement, est-ce que c'est une priorité au Québec?, oui, absolument. Est-ce
que je veux travailler avec le fédéral? Oui. Est-ce qu'ils se font attendre? Un
petit peu, mais j'ai espoir, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député.
M. Kelley : M. le
ministre, est-ce que vous avez pensé à peut-être faire une offre, sur la
question du logement, dans des places que c'est partagé, de dire à nos
partenaires que Québec va juste prendre charge dans le dossier, on va
construire les maisons puis on va envoyer la facture au gouvernement fédéral?
M. Lafrenière : M. le
Président, j'aime beaucoup cette idée.
M. Kelley : Bien, un
gouvernement nationaliste, autonomiste, je pense que ça marche bien, là, non?
M. Lafrenière : Non,
mais, M. le Président, cette idée-là était tellement bonne que mon... mes
prédécesseurs libéraux l'ont fait. Puis il fallait l'essayer, M. le Président,
puis je le reconnais. Puis je vais vous donner un exemple, puis vous le connaissez
très bien, c'est le centre de la Tortue, à Wendake. Et, sur place, c'est une
responsabilité fédérale. Le fédéral s'était... a décidé de ne pas se présenter,
mais on a fait un «gamble», on a dit : Regarde, on va y aller le tout pour
le tout, on va le bâtir puis on va envoyer la facture au fédéral. Et le retour,
c'est un petit peu comme dans le dossier que je vous ai dit tout à l'heure, M.
le Président, c'est zéro comme dans Ouimet. Ils nous ont dit : Vous avez
décidé de vous impliquer, en bon français, vous allez vous licher la patte avec
ça, alors jamais ils ne vont nous rembourser. C'est un enjeu, M. le Président,
alors on travaille avec eux.
Mais l'idée, je vous le dis, M. le
Président, ce n'est pas fou du tout. Ça a été tenté dans le centre de soins de
longue durée à Wendake, la Tortue. On l'a bâti et, finalement, on l'a payé,
parce qu'il y a eu des dépassements de coûts. On les a aidés, on les a
supportés, mais sans aucune aide du fédéral, M. le Président. Vous savez, même
si je voulais, demain matin, avec la société de... avec la SHQ, dire : On
va investir en communauté... On n'a pas le pouvoir de le faire, malheureusement.
Mais on le fait, M. le Président. C'est
pour ça que je veux prendre deux secondes pour terminer ma réponse. On le fait
en milieu urbain. Il y a plusieurs projets fort intéressants qu'on a faits, on
continue. Et ce qu'il y a d'intéressant, M. le Président, c'est qu'il y a
plusieurs communautés qui commencent à s'organiser pour développer du logement
en milieu urbain. On l'a dans la région de La Tuque, de Joliette, du Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Donc, les communautés commencent à avoir un bras immobilier, développent des
logements à l'extérieur de leur communauté, et ça, on les finance grandement,
on les aide énormément, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député.
M. Kelley : Merci, M. le
ministre. Et encore, c'était juste une offre que Québec peut faire. Ce n'est
pas... on ne veut pas décider pour aucune personne.
M. Lafrenière : Vous l'avez
déjà fait.
M. Kelley : C'est juste
une suggestion, mais, comme on a fait dans le dossier des CHSLD, je pense que c'est
une bonne et utile... maintenant, pour les citoyens, les aînés de Wendake.
Mais, M. le ministre, juste parce qu'on
est sur le sujet de l'infrastructure dans le Nord, à Nunavik, la question de l'eau
potable... Encore, des fois, c'est une question d'avoir la main-d'oeuvre
disponible pour faire le travail. Quand même, de trouver quelqu'un du sud de
venir travailler dans le nord, elle est, de temps en temps, complexe. Faire de la
formation en communauté, c'est toujours la piste la plus favorisée. Mais est-ce
que le ministre peut donner nous une mise à jour après la tournée qu'il a
faite? Et c'est quoi, les possibles pistes de solutions pour s'assurer que tout
le monde dans le Nord a l'accès à l'eau potable, particulièrement au milieu de
l'été, quand les gens n'ont pas eu accès à ça pour plusieurs semaines? Et,
quand même, on parle ici de ne pas être capable de prendre une douche ni aussi
des toilettes qui ont marché. Qu'est-ce que le ministre envisage comme une
solution pour aider les différentes municipalités, entre guillemets, des
communautés dans le Nord?
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Peut-être juste
aviser les <gens...
M. Kelley :
...les
différentes municipalités, entre guillemets, des communautés dans le Nord?
Le Président (M.
Bachand) :
Merci beaucoup.
Peut-être juste aviser les >gens de la partie ministérielle qu'après le
bloc d'opposition officielle on va aller à vous avant d'aller au troisième
groupe, donc, de vous préparer en conséquence. Merci. M. le ministre.
M. Lafrenière : Merci,
M. le Président. Puis mon collègue fait bien de parler de la réalité de l'eau
potable, parce qu'avant la période des fêtes ça m'a été signalé, plusieurs
personnes qui m'ont écrit, M. le Président, pour me dire que ça ne se passait
pas bien dans le Nunavik. J'ai demandé, à deux reprises, des rencontres à
distance avec l'ARK. Alors, des rapports de situation qui m'ont dit que, oui,
ils étaient au courant, puis on recevait un rapport. Je me suis déplacé, après
ça, au mois de mars, à la rencontre annuelle de l'ARK, pour avoir quel était
leur plan de match, et c'est là que j'ai décidé de faire la tournée, d'aller
dans les communautés moi-même, rencontrer les municipalités, les directeurs
généraux, les maires, les mairesses des communautés.
Et, M. le Président, le premier réflexe,
quand on est une personne d'action, c'est de dire : Il y a un problème, on
va mettre un «plaster». Je vais trouver des camions, je vais les mettre sur un
bateau, puis on les shippe là-bas, puis on va le régler, le problème, ou
d'envoyer l'argent en disant : On va régler ça. Et, M. le Président, ce
que je me suis rendu compte après avoir fait la tournée, justement, ce n'était
pas un problème d'argent, c'était un problème de ressources qualifiées, c'était
un problème de mécaniciens. Dans certains cas, c'était un problème d'avoir
accès, même, à des pièces.
Et ce qu'il faut se rappeler, M. le
Président, c'est que nous, on est à proximité de tout, ici, hein? Demain matin,
si vous avez besoin de pièces de véhicules, M. le Président, vous allez en
avoir à proximité. Pour eux, c'est beaucoup plus complexe, et, pendant une
période de temps, le Nunavik n'était pas accessible pour les gens de
l'extérieur. Alors, pour eux, d'avoir même un mécanicien qui partait du sud
pour aller travailler au Nord, c'était impossible. Alors, ça a fait en sorte
que l'entretien des véhicules — c'est ce qu'on m'a rapporté sur le
terrain — a été extrêmement complexe.
Ce n'était pas un problème d'argent, c'était
un problème d'accessibilité. Ils l'ont, surtout, avec un problème
d'accessibilité aux camions, où, dans les communautés... Parce que là, mon
collègue parle d'eau potable, mais on peut parler aussi d'égouts, parce que c'est
le même principe, hein? Vous savez, l'eau est livrée, mais l'égout est retiré
par la suite. Ça prend des camions-pompes pour faire la même chose. Dans les
communautés, là, on a de trois à six camions qui font ça 24 heures par
jour, sept jours par semaine, là. C'est la réalité des gens du Nord, qu'on ne
connaît pas, nous, ici, dans le sud, mais pas du tout. Et les camions brisent,
parce que les routes sont en mauvais état.
Et ce que j'ai vu à Ivujivik, entre
autres, M. le Président, où j'étais tout récemment, c'est que la canalisation
qui part du point d'eau jusqu'au centre de traitement a gelé. Pourquoi ça a
gelé? Vous allez me dire : C'est le Nord, ils devraient être habitués. Mais
absolument pas. D'habitude, ils ont de la neige. Cette année, très peu de neige
à cet endroit-là, donc ça n'a pas fait l'isolant qu'ils ont, d'habitude, sur la
canalisation et ça a gelé... en bon québécois, ça a gelé «tight». Ils nous ont
amenés jusqu'au point d'eau pour voir comment ça fonctionnait. Ils doivent
percer, M. le Président. La glace avait cinq pieds d'épais. Ils doivent percer,
pomper l'eau, en camion, l'amener jusqu'au village pour la traiter et la
livrer. Alors, c'est des problèmes qui sont majeurs.
Et quand mon collègue me demande quelles
seront les solutions, il y en a plusieurs. Un, ce qu'on a compris dans certains
villages, rapidement...
Le Président (M.
Bachand) :Merci, M. le ministre, je
vais... je dois me tourner vers la partie ministérielle. M. le député de
Saint-Jean, s'il vous plaît, pour... et vous avez 19 min 35 s.
M. Lemieux : Combien?
Le Président (M.
Bachand) :19 min 35 s pour
la partie ministérielle.
M. Lemieux : D'accord.
Donc, on fait tout dans un bloc, dans les circonstances. Merci beaucoup. M. le
ministre, ce n'est pas de la flagornerie, là, je vous écoute avec des écouteurs
depuis le début, et vous connaissez vos dossiers, vous avez les réponses au
bout des doigts, vous savez même l'épaisseur de la glace, puis là où ça a gelé
«tight» parce qu'il n'y avait pas de neige. C'est fabuleux. Je voudrais que
vous pensiez comme vous l'avez fait tout à l'heure, en disant... s'il y a des
gens qui nous écoutent, là, qui ne sont pas dans vos dossiers, qui ne
connaissent pas les statistiques, qui ne savent même pas où ça se trouve sur la
carte, mais qui... pour qui la chose autochtone, depuis quelques années,
particulièrement après ce qui s'est passé avec Joyce, particulièrement avec les
barrages de chemins de fer, ont été... se sont ouverts à la chose autochtone...
Question bien simple, tellement simple que
c'en est simpliste, mais je vous fais cette présentation-là pour que vous me
répondiez simplement, s'il vous plaît : Comment ça va, votre plan quinquennal
pour la qualité de vie des autochtones? Parce que, dans le fond, quand tu es
assis à Montréal, dans une tour à bureaux, ou dans une tour à logements, ou dans
ton petit condo, sur la Rive-Sud, le monde autochtone, c'est à la TV que ça se
passe. Mais vous, vous y allez, vous les avez vus. Je le sais, dans ma
carrière, je suis allé plus que moins. Mais c'est vous qui êtes responsable, là,
vous rendez des comptes aujourd'hui. Comment ça va, la qualité de vie des
autochtones en 2022, M. le ministre?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
• (16 h 40) •
M. Lafrenière : Oui, merci,
M. le Président. Je commencerais en vous répondant qu'il y a des beaux
changements qui ont été faits, puis au gré des années, hein, on parle de
plusieurs années, des travaux qui ont été faits... Je pourrais parler du fonds
d'investissement autochtone, qui est en place depuis... ça va être la quatrième
mouture qu'on va déposer bientôt. Mais, au-delà des chiffres... Puis je suis
content que vous posiez la question, parce que, souvent, on parle de chiffres,
puis je déteste ça. Je déteste ça, parce que c'est très, très loin de l'humain,
c'est loin de la réalité des gens. Qu'est-ce que ça amène sur le terrain? Bien,
ça amène de la création d'emplois. Puis je vais vous donner un exemple bien
concret, le fonds d'investissement <autochtone...
M. Lafrenière :
...terrain?
Bien, ça amène de la création d'emplois. Puis je vais vous donner un exemple
bien concret, le fonds d'investissement >autochtone. Quand je suis
arrivé en place, j'étais surpris, souvent, je devais signer des documents pour
un prêt, pour une création d'une job, pour... un prêt pour acheter un véhicule
puis je me disais : Pourquoi ça finit aux Affaires autochtones, tout ça?
Mais c'est de permettre aux membres des Premières Nations et des Inuits d'aller
au bout de leurs rêves, de se réaliser. Donc, la partie développement
économique, d'avoir accès à ça... puis c'est plus de 1 300 emplois
qui ont été créés, donc excessivement important.
Et, la semaine dernière, j'étais à
Maniwaki, avec notre collègue député de l'endroit, puis il me disait :
Ian, n'oublie pas que, oui, il y a des impacts pour les communautés
autochtones, mais pour les communautés allochtones avoisinantes, il y a de gros
impacts aussi, au niveau économique. Alors, quand on annonce dans un endroit,
M. le Président, qu'on va refaire un stade de baseball, un aréna ou quoi que ce
soit, il y a un impact aussi pour les communautés avoisinantes, et ce sont
souvent des facilités qui sont partagées entre autochtones, allochtones, ce qui
permet le rapprochement. Ça fait que ça, c'est un des volets.
Au niveau plus social, on s'est assurés...
on a un volet femmes, volet femmes, volet jeunes aussi. On permet à ces gens d'avoir
accès en priorité à du financement pour développer des entreprises. Entre
autres, l'entreprise Atikuss, que j'ai visitée quand je me suis déplacé à
Uashat, c'est incroyable, ils sont reconnus de façon internationale. Mais c'est
un autre «success story». Et on a Mocassins & Talons Hauts qui nous ont
déposé une demande tout récemment, des femmes qui sont créatives.
Et ce qu'ils nous ont dit, au grand cercle
économique, M. le Président... parce que, vous vous rappellerez, juste avant
Noël, on a eu un grand cercle économique, ma collègue de Sainte-Marie—Saint-Jacques
était avec nous aussi, et il y a une dame qui s'est levée... puis ça m'a
vraiment frappé, puis je suis sûr que ma collègue s'en rappelle... elle a dit :
Quand on va googler «femmes autochtones», j'aimerais ça qu'il y ait d'autres
choses qui apparaissent, sur notre moteur de recherche, que «femmes violentées,
femmes battues, femmes disparues, femmes assassinées», j'aimerais ça qu'il y
ait une vision plus positive des femmes autochtones qui en ressorte. Et ça, ça
passe... Puis il ne faut pas mettre ça de côté, c'est une réalité, puis il faut
y travailler, mais il faut quand même faire la promotion du côté entrepreneuriat
des femmes autochtones, puis ça, il y a un volet spécifique, dans nos plans d'action,
pour mon collègue. Et les budgets ont été reconduits... non seulement ont été
reconduits, mais ont été bonifiés. Donc, c'est 185 millions qu'on a eus
dans les crédits qu'on va voter aujourd'hui, qui permettent de faire du
développement économique, du développement social aussi.
Depuis tout à l'heure, on parle de l'importance
des langues autochtones, des langues vernaculaires, et il y a des sommes qui
ont été investies, que ce soit, entre autres, pour les radios communautaires.
Dans les communautés autochtones, M. le Président, je veux vous le dire, là, la
source numéro un d'information en langues vernaculaires, en langues
autochtones, c'est la radio communautaire. On est venu les financer, donc de
les aider à maintenir ce lien-là, qui est tellement important pour eux. Oui, c'est
important pour le bingo, puis je veux dire qu'en communautés, le bingo, dans la
radio communautaire, c'est ce qu'il y a de numéro un, mais c'est la source numéro
un pour aviser des gens. Et, pendant la période de pandémie... puis mon
collègue aime bien les communications... pendant la période de pandémie, ça a
été l'outil numéro un pour rejoindre les gens de la communauté, pour leur dire
d'aller se faire vacciner, de garder leur distance et quoi faire s'ils étaient
malades. Alors, ça, c'est un exemple. On en a beaucoup comme ça, quand on parle
de notre plan d'action communautaire, là, qui tire à sa fin, on en a un
nouveau.
Et ce qu'on a changé, M. le Président, parce
que c'est important de voir vers l'avenir, c'est qu'en renouvelant le plan...
on avait l'habitude de renouveler le plan, de le faire avec les ministères...
on a décidé, puis ça, je suis sûr que mes collègues des oppositions vont être
contents d'entendre ça, de consulter les Premières Nations et les Inuits, de
les consulter, alors que normalement... je ne vous dis pas qu'on ne voulait pas
le faire, mais ce n'était pas fait de cette façon-là. On les a consultés et on
s'est laissé la chance, pendant le plan, de réajuster le tir. Alors, si on voit
que, dans deux ans, dans trois ans, il y a des choses qui doivent être
ajustées, M. le Président, on va s'ajuster aussi, parce que ça change. Ça
change vite, mais des...
Je m'étais fait une liste de dossiers fort
intéressants. Je vous donne un exemple. En pleine période de pandémie, du côté
de Kahnawake, on a les industries LaFlesche, qui ont décidé de se convertir
pour faire des masques, des équipements de protection. Et ça, c'est à
Kahnawake, c'est 1 million qu'on a mis sur place pour les aider, mais ça a
amené un changement réel, ça a aidé les membres des Premières Nations. Un
projet d'hôtel aussi, sur place, qui est fort intéressant. J'ai parlé d'Atikuss.
Il y a plusieurs, plusieurs entreprises de cette sorte-là, et ça amène des
changements. Je les rencontre sur le terrain puis, quand je fais ma tournée, j'ai
le plaisir de voir ce que ça a amené comme changements, mais c'est des
changements qui sont réels. Ce n'est pas cosmétique, mais pas du tout.
Et, M. le Président, comme mon collègue
prend la peine de me parler des communautés, j'avais pris la peine d'amener
certaines cartes avec moi aujourd'hui, M. le Président, parce que je me suis
rendu compte d'une chose dans ma tournée, c'est que, un, on ne connaît pas
beaucoup notre Québec, on ne connaît pas beaucoup nos Premières Nations. Quand
je fais des présentations dans les écoles, j'apporte toujours cette carte-là, et
le premier devoir que je donne, c'est de nommer les 11 nations qui
constituent le Québec. Quand on a réussi à se rendre là, là, je demande les
55 communautés, puis, quand je veux être vraiment, vraiment pas gentil, je
demande d'écrire les 14 villages nordiques, et c'est très complexe pour
nous.
Mais vous voyez ce que je veux vous dire,
M. le Président, c'est qu'on se connaît peu au Québec, et ça, cette
méconnaissance amène, justement, un déficit de confiance de part et d'autre,
parce que, oui, on est voisins, on se connaît peu. Les membres des Premières <Nations...
M. Lafrenière :
...Premières
>Nations... Puis tantôt, mon collègue de l'opposition officielle disait :
Est-ce que notre système de l'Assemblée nationale répond vraiment à ce que les
autochtones, les membres des Premières Nations veulent, souhaitent? Il y a
encore beaucoup de méfiance, M. le Président. C'est une méfiance qui est là,
qui est bien installée. On y travaille. Moi, j'ai espoir qu'on va réussir à
changer ça en allant à leur rencontre, sur le terrain. Mais moi, j'ai bien
espoir aussi, d'ici la fin de cette session, M. le Président, de vous confirmer
que j'aurai visité les 55 communautés, et je serai capable de vous dire à
quel point il y a des besoins qui sont réels, et on a besoin de se rapprocher
pour travailler avec eux.
M. Lemieux : J'espère que le
ministre va nous écrire les 12 noms de villages nordiques, par écrit.
M. Lafrenière : 14.
M. Lemieux : 14.
M. Lafrenière : Je vous
laisse le défi.
M. Lemieux : M. le Président,
à travers vous, je remercie le ministre, en lui disant que, s'il reste du temps,
à la fin, j'aurai une question, pour lui faire plaisir, sur la police
autochtone. Mais je vais céder la parole à ma collègue de Roberval, avec votre
permission, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) :...Roberval, s'il vous plaît.
Mme Guillemette : Merci, M.
le Président. Merci, M. le député, de me céder la parole. M. le ministre, je
suis très fière d'être à l'étude de crédits pour le Secrétariat aux affaires
autochtones aujourd'hui, comme je l'étais, en février dernier, quand on a
annoncé, chez nous, un 24 logements, le projet Mishtik. Il y a un 3,7 millions de
dollars. J'étais fière du 3,7 millions, je vais vous... je vous l'accorde,
mais j'étais encore plus fière d'avoir un 24 logements adapté aux
populations autochtones chez nous, vous le disiez tout à l'heure, des quatre et
demie, des cinq et demie, mais des six et demie et des sept et demie, où il y
aura de la sécurisation culturelle, où il y aura des services adaptés pour eux.
Donc, j'étais très fière de ça.
Je vous entendais parler, tout à l'heure,
de Mocassins & Talons Hauts. Mélanie Paul, c'est une entrepreneure de Mashteuiatsh,
c'est une entrepreneure de mon comté, donc, et elle a plein d'autres
entreprises. Elle travaille en étroite collaboration avec Danièle Henkel. C'est
quelqu'un qui a le vent dans les voiles et c'est vraiment un beau modèle, au
niveau entrepreneurial pour autochtones, pour le territoire de Mashteuiatsh.
Puis, bien, j'ai eu le plaisir aussi, justement, la semaine dernière, de
discuter avec ma collègue Marjolaine Étienne, qui est présidente de Femmes
autochtones Québec. Donc, vous voyez que, chez nous, dans le... dans le comté
de Roberval, on est beaucoup... on a des belles collaborations avec nos
autochtones.
Et ça m'amène à vous parler de la
sécurisation culturelle. Bon, tout à l'heure, vous avez parlé, avec les
collègues, de... du plan de J'ai espoir. On a plusieurs... bon, on a déjà
plusieurs choses sur la table. Nous, le centre hospitalier chez nous, le réseau
local de services de Domaine-du-Roy, dans Roberval, n'a pas hésité à embaucher
une coordonnatrice qui... je la salue, d'ailleurs, Judith Camier. Bonjour,
Judith, bonjour à toute l'équipe aussi. Puis merci à tous les gestionnaires qui
ont permis possible, rapidement, l'embauche de Judith. Elle fait le tour de
Mashteuiatsh, parce qu'on sait que, chez nous, sur le territoire de Domaine-du-Roy,
il y a Mashteuiatsh qui vient recevoir des services, mais il y a également la
communauté d'Obedjiwan. Donc, il y a des résidences pour eux, ils viennent
recevoir les services chez nous.
Donc, suite aux événements de Joyce
Echaquan, c'était très important pour tout le milieu, là, d'avoir une
sécurisation culturelle. Et il y a un bureau de collaboration autochtone qui a
été mis en place également, au niveau du centre hospitalier, qui est, bon, pour
la formation du personnel, pour soutenir la concertation avec le milieu,
promouvoir l'approche de sécurisation culturelle, faciliter l'accès et
l'adaptation aux services et aux soins de santé et assurer le suivi aussi des
ententes de partenariat au niveau de tous les partenaires autochtones. Donc,
j'aimerais vous entendre sur la sécurisation culturelle. Chez nous, on a des
choses en place, mais c'est quoi, la suite? C'est quoi, le... c'est quoi, notre
plan de match, là, qui s'en vient pour les prochains mois et les prochaines
années?
• (16 h 50) •
M. Lafrenière : Oui, merci,
M. le Président. Bien, merci, puis je suis heureux que vous ayez parlé de...
justement, du 24 logis, de réalisations qui sont concrètes. Mais je suis
déçu, parce que vous avez oublié de parler de 1 000 places en
garderie qu'on a annoncées à Mashteuiatsh, mais ce n'est pas grave, je ne vous
en tiendrai pas rigueur. Mais c'est un exemple de sécurisation culturelle.
C'est pour ça que je voulais le prendre, parce qu'effectivement, dans le passé
on annonçait des places en garderie pour les Premières Nations, des places qui
étaient vraiment dédiées pour eux, et malheureusement, le problème, c'est que
les places, on se rendait compte, à la fin du programme, qu'ils n'avaient pas
été utilisés. Pourquoi? Peut-être parce que notre système n'était pas adapté.
Ce qu'on a permis, c'est de développer...
Les gens peuvent nous dire... donc, une communauté pourrait nous dire :
Regardez, moi, je veux développer des places en garderie, pouvez-vous
m'appuyer, m'aider là-dedans? Donc, on a décidé de changer notre système, et je
pense que c'est un exemple de sécurisation culturelle, parce que, souvent, on
s'attend à ce que les gens s'adaptent au système, qui est très <rigide...
M. Lafrenière :
...très
>rigide.
Tantôt, le collègue de l'opposition
officielle parlait de notre façon de faire à l'Assemblée nationale. Je veux le
remercier puis je veux remercier les gens des oppositions, parce qu'entre
autres, avec la loi n° 79, on est venus faire des
choses complètement différentes, puis je sais que vous connaissez bien cette
loi-là. Entre autres... Normalement, le dépôt du rapport, on devrait le faire à
l'Assemblée nationale, c'est ce qu'on va faire jeudi, cette semaine. Et le
vendredi, on a décidé ensemble, avec les oppositions, de se déplacer dans une
communauté, avec les familles, pour leur présenter le rapport. Puis ça, d'après
moi, je vais me permettre de dire que c'est un exemple de sécurisation
culturelle de s'adapter à leurs besoins. Parce qu'eux, de venir à l'Assemblée
nationale, honnêtement, là, ce n'est pas ça qui les «drive», ce n'est pas ça
qui change leur vie, mais pas du tout. Ils s'attendent à ce qu'on se déplace.
On va se déplacer à Pakuashipi ensemble, on va se rendre sur place, les
rencontrer, déposer le rapport devant eux.
Ça, ce sont tous des exemples de ce qu'on
appelle la sécurisation culturelle, qui, dans le fond... parce que c'est un
terme que, des fois, les gens à la maison se demandent qu'est-ce que ça veut
dire. Ça veut dire d'arrêter de demander aux gens de s'adapter au système, de
faire les premiers pas, de changer nos façons de faire, de s'adapter quand
c'est possible. Il y a des fois que c'est plus compliqué un peu, M. le
Président, mais dans des cas comme ça, grâce au travail des oppositions, on a pu
trouver quelque chose de vraiment intéressant pour eux, et ça a touché beaucoup
les familles de savoir qu'on était pour aller à leur rencontre puis d'y aller
ensemble. Pour eux, c'est un message qui est fort. Tantôt, je vous parlais de
la famille Tolley, que j'ai rencontrée vendredi dernier... qui est hors normes.
Ce n'est pas ce qu'on fait d'habitude. Mais, encore là, d'oser, de faire des
choses différentes, de s'adapter à eux, c'est ce qu'on va tenter de faire dans
plusieurs facettes. Du côté du ministère de la Famille, très heureux de cette
annonce, de voir qu'on a un mode qui est hybride aussi. Mais dans... Je le
disais tout à l'heure, moi, je suis dans un secrétariat, donc on travaille avec
tous les collègues ministres.
Dans toutes les facettes, on veut
s'adapter. Je l'ai dit, du côté policier, on s'est adaptés aussi, avec des
formations qui répondent à leurs besoins, en français, en anglais. On a fait en
sorte de payer la formation initiale, mais aussi les formations qui sont
complémentaires. On a fait aussi en sorte que, dans certaines communautés, on
va avoir une desserte policière qui va être mixte. On a fait des patrouilles
mixtes aussi, M. le Président. À Montréal, je suis très, très fier de savoir...
Puis ma collègue a patrouillé avec eux. À Montréal, les policiers patrouillent
avec un membre du Centre d'amitié autochtone de Montréal, dans le même véhicule
de patrouille. Donc, quand ils vont à la rencontre des Premières Nations,
bientôt des Inuits, parce qu'on va rajouter un intervenant inuit, il y a
quelqu'un, à bord, qui peut faire le lien au niveau de la langue, de la
culture. Mais ce qu'il y a de fort intéressant aussi, M. le Président,
quand on parle du vivre-ensemble, c'est que cet intervenant-là, quand il
retourne au centre d'amitié autochtone, il est capable de parler de la réalité
policière, et vice versa. Puis je me rappelle, à l'époque, quand on a fait la
commission spéciale, j'avais invité des collègues à aller patrouiller avec les
policiers de Montréal. Pourquoi? Pour connaître cette réalité-là. Mais là c'est
ce qui se vit au quotidien.
Patrouille mixte, on l'a à plusieurs
endroits. On l'a annoncé à Maniwaki, donc dans plusieurs endroits au Québec. Ce
sont tous des exemples, et oui, à Mashteuiatsh aussi, plusieurs endroits où on
fait cette patrouille-là, mixte, où on met des intervenants sociaux et des
policiers. Ça vient répondre à une recommandation de la Commission spéciale sur
l'exploitation sexuelle des mineurs, et ça vient répondre aussi à un besoin,
commission Viens, ENFFADA.
Mme Guillemette : Merci, M. le
ministre.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Merci. Mme la
députée de Laviolette—Saint-Maurice, s'il vous plaît.
Mme Tardif : Merci, M. le
Président. Bonjour, chers collègues, un plaisir d'être ici aujourd'hui, M. le
ministre, toute votre équipe qui est avec vous, là. C'est toujours un plaisir
pour moi, vous le savez, de faire partie de ce caucus spécial là, privé, hein,
on peut dire, notre petit caucus autochtone, avec mes collègues, parce que,
vous le savez, j'ai deux communautés autochtones qui sont très vivantes, très
belles, donc Wemotaci et Obedjiwan, en plus de Coucoucache.
Et là je prends la balle au bond, parce
que vous parliez des CPE, puis, vous le savez, on a un modèle de CPE, le CPE
Les Premiers Pas, à La Tuque, où les autochtones et les allochtones, les
enfants d'âge préscolaire sont ensemble, et c'est un très, très beau
partenariat. Il y a des belles choses qui se font là, c'est magnifique.
Dans un autre ordre d'idées, je voulais
vous demander, là... Le 3 juin 2021, on a adopté la loi qui
autorisait les communications de renseignements personnels aux familles
d'enfants autochtones, à la suite d'une admission dans un pensionnat. Bon, vous
savez, personnellement, je connais quand même plusieurs autochtones qui ont été
dans ces institutions-là, qui demeurent soit à La Tuque, qui demeurent à
Obedjiwan ou Wemotaci. C'est toute une génération, là, qui a été affectée, en
tout cas, marquée par ces pensionnats-là. Et là je me demandais où est-ce qu'on
en est rendus dans ce dossier-là.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui, merci
beaucoup, M. le Président. Avant de parler de la loi n° 79,
juste revenir sur ce que ma collègue parlait pour sa région. On peut parler de
dynamisme économique aussi, entre autres, à Wemo, avec une scierie. On a
annoncé ensemble, récemment, 600 000 $ pour cette scierie-là. Ils ont
même développé, M. le Président, un parc industriel. Donc, les gens qui veulent
se lancer en <affaires...
M. Lafrenière :
...pour
cette scierie-là. Ils ont même développé, M. le Président, un parc industriel.
Donc, les gens qui veulent se lancer en >affaires, avoir une petite
entreprise, il y a une possibilité, sur place, d'avoir accès à des locaux. Alors,
c'est fort dynamique.
M. le Président, quand on parle de la loi n° 79, je ne veux pas corriger ma collègue, mais on parle
vraiment d'admissions en établissement, donc établissements de santé et
protection de la jeunesse. Et ça, lorsqu'on l'a fait ensemble, on répondait à
un besoin qui était exprimé depuis 2015. Anne Panasuk, journaliste, à l'époque,
avait soulevé ça dans la sphère publique, et on se devait d'agir. Et je veux
remercier... je vais prendre la balle au bond, je vous remercie, pour
remercier les oppositions, avec qui on a très bien travaillé, on est arrivés
avec un résultat incroyable. Il y a eu plusieurs suggestions des collègues de
l'opposition qu'on a pu prendre pour améliorer notre projet de loi puis arriver
à ce qui correspondait le plus à la réalité des autochtones. Et c'est entré en
vigueur le 1er septembre, et on a décidé de se donner un challenge de
plus, disons-le ainsi, en déposant, après seulement quelques mois, un premier rapport
d'étape. Et, M. le Président, je veux dire... j'ai l'honneur de vous dire — puis
on va avoir le rapport dans quelques jours — qu'on a déjà plus... près
d'une soixantaine d'enfants, de familles à qui on a pu venir en aide en
trouvant l'information. On travaille avec eux.
Et, M. le Président, c'est un besoin qui
était réel. Et quand on en avait parlé, la première fois, il y a plusieurs
personnes que ça a surprises. Il y a plusieurs Québécois qui connaissaient plus
ou moins cette réalité-là. Lors de l'étude du projet de loi, on a pu en parler
puis on se demandait : Ça veut dire combien de personnes, ça? Est-ce que,
vraiment, c'est plusieurs personnes? Là, on a commencé à faire la tournée sur
le territoire, d'aller sur le terrain. Mme Panasuk, qui est conseillère
spéciale, s'est rendue sur le terrain pour rencontrer les familles. Les langues
se sont déliées, les gens ont commencé à en parler, et déjà, aujourd'hui, là, près
d'une soixantaine d'enfants... Puis on va avoir le rapport plus tard cette
semaine. Alors, ça, c'est réel.
Ils sont en place, ils viennent aider les
familles. Moi, je vous dirais qu'à la demande d'une famille j'ai assisté à une
rencontre où de l'information a été diffusée à cette famille-là. Puis, M. le
Président, c'est... ça brise le cœur, d'un côté, de savoir que c'est arrivé.
Moi, j'ai deux jeunes filles, 12 ans, 14 ans, et de savoir qu'une famille
apprend plusieurs décennies plus tard, ce qui est arrivé, finalement, à leur
enfant, ça brise le coeur. Mais d'un autre côté, ça nous confirme à quel point
c'était important, cette loi-là. Ça a permis de donner de l'information et de
sensibiliser tout le monde dans l'appareil, parce que, non seulement la loi
fait en sorte qu'on trouve l'information mais on va sensibiliser les gens dans
l'appareil pour qu'ils donnent l'information, que ce soit la santé ou les
congrégations religieuses. Alors, des résultats qu'on va présenter cette
semaine, puis ensemble, on va se rendre à Pakuashipi, vendredi, rencontrer les
familles, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le ministre.
Je cède maintenant la parole au député de René-Lévesque pour 16 min 19 s.
M. Ouellet : Merci beaucoup,
M. le Président. Donc, à mon tour de vous saluer, membres de la commission. M. le
ministre. On va rentrer dans le vif du sujet. Je sais que mes collègues ont pu
aborder ce sujet-là, mais j'ai peut-être des questions plus précises, sur
certains aspects, que j'aimerais discuter avec vous, notamment celui de la
sécurisation culturelle.
Vous le savez, vous avez été présents,
l'Assemblée nationale a adopté deux motions pour inclure, dans la loi sur la
santé et les services sociaux, le principe de sécurisation culturelle. Vous
avez eu la chance de vous exprimer à ce sujet-là, d'apporter certaines
précisions. Et, dans les couloirs de l'Assemblée, je vous ai même tendu la main
pour essayer de trouver un compromis qui, peut-être, serait une chose
intéressante à mettre de l'avant. Je sais qu'on a déjà tenté d'aborder la... certaines
situations ou enjeux vécus par les communautés autochtones dans des projets de
loi qui n'étaient pas complets. Ils nous l'ont dit, d'ailleurs, notamment, pour
le projet de loi sur la disparition des enfants autochtones, on a fait un pas
de côté. Vous avez produit un projet de loi, toutes les oppositions et
l'appareil gouvernemental ont travaillé dans le même sens. Vous l'avez
mentionné, le rapport sera déposé ce jeudi, on sera ensemble à Pakuashipi,
vendredi, pour aller rencontrer les communautés, pour déposer le rapport.
Donc, j'aimerais savoir, de votre côté, est-ce
que la réflexion a cheminé? Est-ce qu'on pourrait penser que... Il y a
présentement, quand même, trois projets de loi en santé et services sociaux qui
sont déposés par votre gouvernement. Certains sont rendus à certaines étapes,
mais ils ne sont pas complétés. Est-ce que vous avez cheminé? Est-ce que vous
avez eu des discussions avec l'Assemblée des Premières Nations ou des groupes
autochtones pour dire : Écoutez, ce n'est peut-être pas parfait, ce qu'on
va faire, mais on avait pris un engagement et on pourrait le faire par un
projet de loi déjà existant pour aller déposer des dispositions qui, on l'espère,
répondraient à vos préoccupations, à savoir d'inscrire, dans une loi québécoise,
le principe de sécurisation culturelle? Donc, avez-vous avancé? Avez-vous eu
des discussions? Il y a-tu des possibilités? Est-ce que vous voulez que je
parle à mes autres collègues de l'opposition, là, de la deuxième opposition,
pour qu'on trouve un arrangement pour qu'ensemble on puisse adopter ça avant la
fin de la session? Bref, je veux savoir où est-ce qu'on est rendus avec ces
discussions-là.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
• (17 heures) •
M. Lafrenière : Oui. Merci,
M. le Président. Écoutez, je ne suis pas un parlementaire aguerri comme mon
collègue, mais je peux vous dire une chose : du côté autochtone, j'ai
beaucoup apprécié le travail avec les oppositions, que ce soient le projet de
loi n° 79, le projet de loi n° 16, et même, dans le projet de loi n° 16,
c'est du «staff» d'un des partis de l'opposition qui nous a donné une solution
pour que ça aille encore plus vite. On travaille vraiment bien ensemble, M. le
Président. Puis je tiens à le dire pour les gens qui nous écoutent, du côté
autochtone, sérieusement, là, on travaille extrêmement bien ensemble. Et j'ai
beaucoup apprécié l'offre qui m'a été faite, en disant : Si on a besoin de
produire quelque chose, on va le faire. Est-ce qu'on y va avec un projet de loi
indépendant? Est-ce qu'on le glisse… M. le <Président...
>
17 h (version révisée)
<17903
M.
Lafrenière :
...>Président, le travail, je le fais, puis
je veux rassurer mon collègue, entre autres avec Carol Dubé, avec les gens qui
sont les principaux intéressés, pour voir qu'est-ce qui répondrait à leur
réalité et à leurs besoins. Parce qu'il l'a bien dit, tout à l'heure, l'ancêtre
du p.l. n° 79... de la loi n° 79, c'était le projet de loi n° 31.
On sait ce que ça a causé dans les communautés. Ils n'étaient pas... Ce n'était
pas ce qu'ils voulaient, quand on l'a présenté, puis on a fait un pas de côté. On
l'a refait, et là ce qu'on veut faire, c'est vraiment de les consulter, de voir
ce qui est possible pour eux, ce que ça voudrait dire aussi, quand on parle de
définition de «sécurisation culturelle», donc on... de l'établir avec eux.
Mais je veux le rassurer, depuis cette
offre-là, depuis cette main tendue, puis ce n'est pas la première fois qu'il y
a une main tendue dans les projets de loi, j'y travaille activement, puis
rapidement, on va être capables de s'en reparler. Mais ça fait toujours son
cours. Je sais que vous allez me dire qu'il ne reste que quelques semaines,
mais en... du côté autochtone, M. le Président, je veux m'assurer qu'on a parlé
aux bonnes personnes, puis qu'on ne les brusque pas, puis on n'y va pas avec
notre façon de faire. Mais ne vous inquiétez pas, j'y travaille activement,
parce que cette offre-là, je la trouve très intéressante, M. le Président.
M. Ouellet : Bon, il nous
reste quatre semaines de travaux. Les deux semaines de crédits sert à faire la
reddition de comptes du gouvernement et notre rôle de contrôleurs des finances
aussi. Donc, il n'y a rien qui se passe en dehors des crédits. Ça, je pense que
vous en êtes conscient.
M. Lafrenière : Mais, nous, nous
travaillons pendant cette période-là.
M. Ouellet : Oui, vous
travaillez, bien oui, parce que vous ne serez pas toujours en crédits, je veux
dire...
M. Lafrenière : J'espère que
non. Pas que je n'aime pas le temps que je passe avec vous, mais, si on fait d'autres
choses, ce n'est pas grave.
M. Ouellet : Mais on a un
deux heures ensemble. C'est...
M. Lafrenière : Du temps de
qualité.
M. Ouellet : C'est du temps
de qualité. Oui, oui, oui. Attendez de voir les prochaines questions, vous allez
pouvoir évaluer.
Bien, en tout cas, je veux juste être
certain parce que ça me tient à cœur... Ma collègue de Joliette en a parlé
aussi, le drame de Joyce, ça a touché toute la communauté qui vit très près de
chez elle. Elle a fait beaucoup de sorties là-dessus, elle y tient dur comme
fer, et c'est pour ça que, tu sais, je fais la main tendue.
Puis je comprends, on ne veut pas créer le
même préjudice qui a été créé. Puis je suis bien conscient aussi que, si ça
prend un autre projet loi, il nous reste... on a jusqu'au 15 mai pour le
déposer, pour que vous puissiez l'appeler. Après le 15 mai, par
consentement, on peut l'appeler à l'Assemblée nationale et, si la procédure,
elle est très courte, on peut faire du 1-2-3. Bref, je vous demande, puis je
serai tenace là-dessus, mais faites-moi un suivi plus rapidement, si les
discussions avancent. Et, si les demandes des Premières Nations sont d'avoir un
projet de loi distinct, on peut mettre la main à la pâte. Si c'est de l'introduire
dans un projet de loi existant, moi, je vais parler à mon collègue Joël aussi. Je
le remplacerai à ce moment-là.
Bref, on est capables d'activer certaines
choses, mais je sais que c'est une priorité pour nous puis c'est une priorité
pour les gens des Premières Nations. Alors, j'offre toute ma collaboration à
une façon de trouver un sens à tout ce qu'on veut faire, mais surtout une loi
et un moyen de le faire qui va répondre aux gens des Premières Nations.
M. Lafrenière : M. le
Président, je veux juste prendre un instant pour remercier encore une fois l'offre
qui a été faite. Et, dans l'ordre, je parle aux gens terrain les plus près du
dossier de Joyce. Je pense que mon collègue sait très bien de qui je parle. Et
c'est de cette façon-là, par respect pour ces gens-là, que je vais les
contacter. Mais qu'il comprenne bien que, les deux semaines de crédits, j'ai
bien compris la fenêtre d'opportunité qui était donnée pour que je puisse
parler à ces gens-là. Et, je vous le dis en toute transparence, les personnes
les plus importantes, ce seront eux, et je vais m'adapter à leur volonté. C'est
difficile pour nous, parce que c'est un engagement, et je l'avais dit fort et
clair, mon collègue ministre de la Santé l'avait dit fort et clair aussi, mais
quand on parle de sécurisation culturelle, ça veut aussi dire, des fois, de s'adapter
puis de faire les choses non pas dans notre façon à nous, mais la façon qui est
attendue par les gens. Alors, ça ne sera pas facile, mais, M. le Président, je
m'engage à faire le suivi à mon collègue.
M. Ouellet : C'est parfait.
Deuxième sujet, commission parlementaire spéciale. Ce n'est pas la première
fois que j'en parle avec le ministre. Ghislain Picard, le chef de l'assemblée
des Premières Nations, avait sorti dans les médias, le 10 juin 2021, dans
une lettre ouverte qui demandait aux élus de l'Assemblée nationale de
considérer la tenue d'un grand rendez-vous dès l'automne, avec les dirigeants
des Premières Nations, qui prendrait la forme d'une commission parlementaire
spéciale. Le 18 octobre 2021, M. Picard publiait encore une lettre dans La
Presse, il demandait encore la tenue dans les plus brefs délais.
Et une telle commission parlementaire a
déjà eu lieu, une seule fois, en 1983, sous le gouvernement du Parti québécois
de René Lévesque. Pourquoi je dis ça? Parce que souvenez-vous, M. le ministre,
on a adopté deux projets de loi, au secrétaire des affaires autochtones. On n'avait
jamais fait ça. Je pense, c'était... il y en avait juste un, puis là, dans une
même session... oui, on a prorogé, mais en tout cas, dans la même législature,
je ne me tromperai pas, on en adoptait deux, puis peut-être trois, si
effectivement les ententes viennent à déposer un autre projet loi. Mais
Ghislain Picard, de l'assemblée des Premières Nations, nous invitait à ce grand
rendez-vous pour discuter de façon plus générale des enjeux qui touchent les Premières
Nations. On a eu cette discussion-là ensemble.
Puis, tu sais, je ne veux pas vous faire
dire des choses qu'on s'est dites sous... qui n'étaient pas sous micro, mais je
pense que je ne causerai pas d'impair en disant : Écoutez, vous avez déjà
un comité, vous avez déjà des discussions avec certains membres, vous avez la
table politique que vous animez, je sais que le premier ministre n'est pas
présent... ou vous me corrigerez, je pense, il a assisté à une rencontre. Mais
ce que les élus des Premières Nations nous invitaient, nous, les élus, à l'Assemblée
nationale, c'est un grand rendez-vous, justement, pour prendre un... je ne veux
pas dire «un pas de recul», mais prendre un peu notre envol, prendre notre élan
et de regarder de façon macro les enjeux qui touchent les Premières Nations,
qui touchent le Québec, et de quelle façon on peut les adresser ensemble et
commencer déjà à dénouer certaines impasses. Puis, tu sais, je pourrais en
passer une <panoplie...
M. Ouellet :
...passer
une >panoplie : la consultation sur le caribou en est un exemple, la
sécurisation culturelle en est une autre, ma collègue parlait... a parlé tout à
l'heure des langues autochtones qui ne seront pas reconnues dans le projet loi n° 96. Donc, il y a plusieurs endroits, par morceaux, où on
a eu l'opportunité d'avoir cette grande discussion là avec les Premières
Nations. On n'a pas eu, nous, l'occasion de le faire, si ce n'est que par de
courtes minutes lors des consultations.
Donc, j'aimerais savoir, M. le ministre :
Est-ce que votre réflexion a avancé? M. Picard... parce que vous, vous
avez vanté tout à l'heure le travail des oppositions, avec votre ministère,
avec vous, avec les membres de la commission aussi. Ça a donné des résultats.
Donc, M. Picard nous invite à ce grand rendez-vous de discussion et de
réflexion qui pourrait déjà mettre la table sur certains enjeux, et on pourrait
déjà travailler pour dénouer certaines impasses ou du moins intéresser les
Québécois, Québécoises à participer à ce grand rassemblement là, à cette grande
réconciliation là.
Parce que, malheureusement, c'est quand qu'il
y a des problèmes qu'on est obligés de réagir. Vous l'avez vécu avec ce qui s'est
passé avec le drame de Joyce, il y en a eu aussi avec les enjeux avec le
caribou forestier. Vous avez vu, dans les médias aussi, ce qui s'est passé avec
la dame qui raconte... puis c'est mon collègue de Jacques-Cartier qui en
parlait, je pense, tout à l'heure, qui a... qui avait des choses à reprocher à
la DPJ, notamment pour les soins de son enfant, puis elle a été obligée de se
déplacer par elle-même pour se rendre à Montréal. Bref, on dirait que ça prend
une crise ou une prise de... un événement dans les médias qui nous amène à une
prise de conscience pour dire qu'il faudrait faire quelque chose.
Donc, je ne vous lance pas la roche, parce
que c'est tous les gouvernements qui sont tributaires un peu de la... des
relations qui ne sont peut-être pas idéales ou optimales avec les Premières
Nations, mais est-ce que vous avez commencé à réfléchir? Est-ce qu'on devrait
aller de l'avant? Nous, on pense que oui. On en avait fait une motion d'ailleurs.
On a appuyé ça avec M. Picard. Est-ce que votre réflexion a avancé? Est-ce
qu'on pourrait voir ça apparaître? Est-ce que c'est une bonne chose? Bref, où
en est votre réflexion et est-ce qu'on peut donner suite à ce grand rendez-vous
demandé par le chef de l'Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui, merci,
M. le Président. La réponse est «noui», c'est-à-dire, il y a un non puis un
oui. Le oui, ça a été le grand cercle économique qu'on a fait avant Noël. Et j'avais
bien reçu la demande de l'APNQL, et, M. le Président, ça faisait 15 ans
qu'il n'y avait pas eu de rencontre économique de la sorte. La dernière
rencontre, si je ne me trompe pas, c'était au lac Saint-Jean — je ne vais
pas dire Saguenay au lac, je vais dire au lac Saint-Jean — à Mashteuiatsh.
Et, M. le Président, on a fait le grand cercle économique.
Et ça a été un succès, succès en ce sens
que le tiers du Conseil des ministres, qui était présent lors du cercle économique,
plus de 140 groupes, membres, que ce soient des industries, les caisses, les
banques, qui ont décidé de signer une déclaration d'engagement en disant :
On veut travailler avec les Premières Nations pour la relance économique. Un
succès, succès auquel on a participé économiquement, M. le Président. Mon
secrétariat a mis des sommes pour être capable de faire cette rencontre-là. Puis
ça a été à guichet fermé, plus de 200 personnes qui étaient présentes.
COVID oblige, on a dû refuser du monde. Ça a bien fonctionné. Alors, ça, c'est
le oui.
Il va y avoir un oui aussi, c'est-à-dire
que, suite à ce rendez-vous économique, ce grand cercle économique, il y a un
autre cercle régional qui va avoir lieu à Mashteuiatsh en juin prochain. Alors,
on continue cette façon-là des grandes tables de rencontrer les gens et les
intervenants.
Cependant, M. le Président, ce que je
disais tout à l'heure, c'est que, suite à l'offre de M. Picard, j'ai écrit
à l'ensemble des chefs en leur disant : Écoutez, je vous convie à une grande
rencontre, faisons ça le 17 janvier, je suis disponible, parlons de
négociations, comment on veut faire ça, et tout. Et la réponse, tout à l'heure,
pour... par respect par vous-même, j'ai décidé de dire: zéro comme dans Ouimet,
non pas comme dans Ouellet. Et la réponse a été : zéro comme dans Ouimet. Personne
ne s'est présenté.
Et ce que les communautés m'ont dit, c'est
que, compte tenu de la fenêtre d'opportunité qu'on a, ils voulaient qu'on
travaille sur du bilatéral présentement, et je respecte cette volonté-là
présentement. Et je ne dis pas... Ce n'est pas un non catégorique pour mon
collègue. Juste que présentement, quand on regarde, il y a une quantité d'énergie
qu'on peut mettre avec des résultats possibles. Ce que les communautés nous ont
demandé, c'est de négocier de nation à nation.
Sans vendre le punch ou sans me mettre
énormément de pression, aujourd'hui, je vous dis qu'on avance très bien avec
certaines communautés dans du nation à nation, et c'est ce que les gens veulent
présentement. Et, quand on fait du nation à nation comme ça, ça permet de
régler plusieurs enjeux de relations de gouvernement à gouvernement, au niveau
du territoire. Donc, il y a plusieurs enjeux qu'on peut régler dans du nation à
nation, et c'est ce que les gens nous demandent présentement.
• (17 h 10) •
Et, M. le Président, je vais terminer en
vous donnant un exemple, une entente qu'on n'avait pas vu venir du tout. On a
eu l'entente sur l'orignal — personne ne m'a parlé d'orignal aujourd'hui — on
a parlé du caribou, mais le petit frère, l'orignal, on a dû régler une entente
avec... du côté de l'Abitibi parce qu'il y avait des tensions au niveau des
relations en Abitibi. On a fait une entente, et, suite à ça, en ayant une bonne
oreille tendue vers les communautés, avec la communauté de Lac-Barrière, on a
réanimé une entente qui était pendante depuis plusieurs décennies au niveau de
la foresterie. On est arrivés à une entente entre le Québec et la communauté de
Lac-Barrière. Personne n'avait vu venir, mais pas du tout, moi-même, bien
honnêtement. Ça s'est présenté comme ça.
Alors, on est vraiment à l'écoute des
communautés, pour mon <collègue...
M. Lafrenière :
Alors,
on est vraiment à l'écoute des communautés, pour mon >collègue. Cette
volonté-là, de faire une commission spéciale, je l'ai bien entendue.
Présentement on n'arrivait pas à le faire. Ce n'est pas un non définitif, mais
présentement, ce n'est pas ce qui a été privilégié, mais on continue du
bilatéral. Et, mon collègue l'a bien mentionné, table politique avec l'APNQL,
table technique en matière de santé, en matière de sécurité publique, en
matière de transport, entre autres, donc ce sont des dossiers qui sont discutés
sur ces tables-là et qui amènent des résultats tangibles, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député.
M. Ouellet : Merci beaucoup.
Avec tout le respect que j'ai pour vous, M. le ministre, vous aurez
compris que les oppositions ne sont pas là. Et c'est un petit peu la demande,
de façon très transpartisane, de discuter d'enjeux qui touchent tout le monde
et qui va passer à travers le temps, peu importe qui sont les gouvernements,
là. Vous l'êtes actuellement, vous ne le serez peut-être pas dans les
prochaines années ou dans la prochaine décennie. On l'a déjà été, le Parti
libéral aussi, Québec solidaire aspire aussi, donc tout ça est un chemin de
possibilités. Et ce que M. Picard nous invitait, c'est justement qu'il y
ait un chemin qui soit tracé, peu importe le gouvernement, pour que ce
rendez-vous-là devienne un rendez-vous qui est plus fréquent et pour lequel on
a des avancées.
Vous avez fait mention tout à l'heure
qu'en janvier vous aviez convoqué des gens. Personne ne s'est présenté. Se
pourrait-il que, lorsque le premier ministre s'est présenté, justement, au
cercle économique, sa présence a déçu, ce qui fait que les chefs des Premières
Nations ont tout simplement dit : O.K., ce qu'on a entendu, puis vers où
il veut s'en aller, ce n'est pas quelque chose qui nous plaît? D'où
l'importance, je pense, d'inclure plus d'élus de toutes les formations
politiques pour avoir ce grand rendez-vous.
Tu sais, je ne suis pas en train de dire
que le premier ministre a mal fait les choses. Mais je prends l'article de La
Presse daté du 26 novembre 2021 : Un passage du premier
ministre qui déçoit les grands chefs, et je veux juste prendre quelques
lignes. «Des chefs extrêmement déçus.» «On n'a pas du tout apprécié le passage
du premier ministre.» «Je suis extrêmement déçu. Le fait qu'il ait saisi
l'opportunité de l'événement pour faire quelques annonces, à la limite, ça
reflète une certaine arrogance.» Donc, il reste encore des choses à travailler.
Puis je ne dis pas que c'est votre faute,
mais comme les chefs des Premières Nations veulent s'adresser aussi au chef du
gouvernement du Québec, qui est le premier ministre, et probablement aux autres
chefs, parce qu'on représente aussi une part de la population, ce
rendez-vous-là semble encore plus important.
Donc, encore une fois, je vous tends la
main. Si vous pensez qu'on peut être un vecteur de changement, on va vouloir y
participer, c'est sûr et certain. Mais je pense que ce que vous mettez sur la
table, ces différentes rencontres là, qui sont probablement bonnes dans le cas
du bilatéral, parce qu'il y a des enjeux qui doivent être gérés, parce qu'ils
sont vraiment circonscrits dans un territoire, j'en suis. Mais ce grand rendez-vous-là
des politiciens du Québec et des gens et des représentants des Premières
Nations, je pense que c'est un rendez-vous qui devrait se tenir, donc je vous
invite à continuer votre réflexion et de vous assurer que les autres collègues
aussi marchent avec vous. Parce que vous êtes un homme qui veut, mais je ne
suis pas convaincu que tout le monde veut à la même vitesse ou à la même
intention. Donc, si vous pensez qu'on peut avoir un rôle à jouer pour
convaincre vos collègues d'aller à la même vitesse, je me rends disponible, mon
numéro de cellulaire pourra même circuler, s'il le faut, mais on veut que ça
fonctionne. Nous, on y croit puis on pense que ce grand rendez-vous-là devrait
être tenu. Et tant mieux s'il est plus fréquent. Voyons qu'est-ce que la
première mouture va donner et de quelle façon on peut s'en reparler.
M. Lafrenière : M. le Président,
je vais...
Le Président (M.
Bachand) :Oui.
M. Lafrenière : En 15 secondes?
Le Président (M. Bachand) :
Quelques secondes.
M. Lafrenière : O.K. J'étais
pour répondre «noui» encore.
Le Président (M. Bachand) :Donc, c'est 37 secondes exactement.
M. Lafrenière : Je veux juste
rassurer mon collègue. Puis, il l'a bien dit, on réussit à travailler avec les
oppositions. La preuve, dans la loi n° 79, on a un
comité où les oppositions font partie du comité de suivi. On réussit à le faire.
Et je n'ai pas dit un non définitif, mais pas du tout.
Puis je veux rassurer mon collègue sur
deux points rapides. Pour l'implication de mes collègues, comme je suis à la
tête d'un secrétariat, sans mes collègues ministres, je n'y arriverais pas.
Alors, si j'ai pu faire des annonces, si on a pu se rendre à 167 millions
pour la mise en place des actions de Viens, c'est parce que j'ai des collègues
qui y croient, premièrement.
Deuxièmement, pour le cercle économique, vous
savez, ce n'est pas le protocole de l'Assemblée nationale, ce n'est pas le
protocole du premier ministre qui avait géré ça, c'est avec l'assemblée des
Premières Nations. On avait décidé d'honorer ensemble. Le premier ministre, suite
à une recommandation du chef Picard, a décidé de rester plus longtemps. C'est
ça, s'adapter, aussi.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup.
M. Lafrenière : On l'a joué
sur place puis...
Le Président (M.
Bachand) :Je me tourne maintenant vers le
député Jacques-Cartier pour le dernier bloc. M. le député de Jacques-Cartier,
s'il vous plaît.
M. Kelley : Merci, M. le
Président. M. le ministre, ça fait à peu près un an qu'on a eu la vague de
trouver des fosses communes partout au Canada. Puis, à l'époque, vous avez pris,
bien, l'engagement d'aider les communautés à leur vitesse pour les fouilles de
radars et la sécurisation d'un site. Je veux juste savoir : On est rendus
où? Le ministère a reçu combien de demandes pour l'aide du gouvernement pour
certaines expertises?
Le Président (M.
Bachand) :...M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui, merci
beaucoup, M. le Président. Et ça a commencé par une annonce conjointe avec le
gouvernement fédéral. On a dit que ce qu'on ne voulait pas faire, c'est
justement faire : Ce n'est pas ma responsabilité. On l'a travaillé
ensemble, avec le gouvernement fédéral, et on a nommé un facilitateur, Michel
Martin, une personne qui est très <disponible...
M. Lafrenière :
...personne
qui est très >disponible pour les Premières Nations, qui est en lien
avec eux. Et je vais... pour le bénéfice de tout le monde, je vais vous
partager un petit peu comment ça s'est passé jusqu'à présent.
Premièrement, on voulait s'assurer qu'il y
ait un interlocuteur unique. Donc, pour les Premières Nations, il n'y avait pas
de besoin de parler au fédéral, parler au provincial via M. Michel Martin, que ce
soit du soutien... parce que vous allez comprendre que, suite aux découvertes,
il y a des communautés qui ont été grandement affectées. Moi-même, je me suis
déplacé sur le terrain avec le lieutenant-gouverneur, on a rencontré des
ex-pensionnats de Uashat... des ex-pensionnaires, pardon, de Uashat, et je peux
vous confirmer qu'ils étaient encore sous le choc, là, plusieurs années plus
tard, alors que ce soit du soutien... Et, entre autres, la communauté de
Uashat, Lac-Simon, Wemotaci, Chisasibi nous ont mentionné qu'ils voulaient
faire un travail quelconque, qu'on commence à travailler avec eux.
On a fait aussi un cercle d'échange avec
des représentants de plusieurs communautés, parce que, M. le Président, le
premier réflexe géographique, pour un gouvernement, c'est de dire, exemple :
À Saint-Marc-de-Figuery, qui est près de Pikogan, si on a une demande, on va
aller voir la nation algonquine puis on va régler ça avec eux. Mais rapidement,
on découvre que les gens qui étaient pensionnaires à cet endroit-là, des fois,
c'étaient des Cris, c'étaient des gens d'autres communautés. On voulait être
sûrs de travailler avec tout le monde ensemble. Alors, le cercle qui a été
fait, M. le Président, c'est avec des membres de chacune des communautés. Et,
quand il y avait une demande, quand on était pour prendre une décision, on le
faisait avec eux.
À ce jour, M. le Président, est-ce que sur
le terrain il y a eu des exhumations, est-ce qu'il y a eu des fouilles qui ont
été faites, on n'est pas encore rendus là, M. le Président. On y va selon les
demandes, selon les volontés des Premières Nations, mais ça se fait avec eux.
Quand je me suis déplacé à Uashat, ils nous ont exprimé qu'ils se dirigeaient
vers cette étape-là, présentement, étaient à recueillir certains témoignages. Bien,
on va le faire avec eux, on les supporte entièrement là-dedans. Et M. Michel Martin
a été nommé pour les supporter, pour rester avec eux, puis il va rester en lien
avec eux, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député.
M. Kelley : Parfait. M.
Martin a deux mandats avec vous présentement, un aussi pour la question de la Sûreté
du Québec et des policiers?
M. Lafrenière : Oui.
M. Kelley : O.K. C'est juste
de s'assurer que c'est la même personne. Donc, c'est dans le cahier des
crédits.
M. Lafrenière : Absolument.
Oui, c'est le même. C'est aussi l'ancien directeur de police de KRPF, et M.
Michel Martin, on l'a nommé pour s'occuper des pensionnats. Et, je vous dirais,
ce n'était pas une job qui était à temps plein. Puis on a vu qu'il avait une
opportunité de donner un coup de main du côté de Winneway. Et, quand on y va
avec des négociateurs, on choisit les gens qui conviennent aux parties. Les
gens étaient heureux d'avoir une personne qui avait un background de policier. Alors,
c'est pour ça qu'on l'a offert.
M. Kelley : Merci. M. le
Président, maintenant, je veux aller un peu plus sur l'étude des crédits et
poser des questions sur certaines dépenses de le secrétariat.
Juste pour vous, M. le ministre, ce n'est
pas une critique sur les choses qui... sur les dépenses. Mais, je pense, c'est
important, quand on a un budget de 60 millions de dollars puis
plusieurs choses sont... projets sont appuyés, reçoit du financement, juste
bien comprendre c'est quoi, exactement. Je pense, c'est un exercice important
pour notre démocratie.
Mais je veux commencer juste... On a posé
des questions sur les différents voyages que le ministre a faits. C'est tout
simplement concernant... c'est sur la page 2.1, dans... deuxième.
Excusez-moi, c'est le...
Une voix : ...
M. Kelley
: Oui, conseil...
programme 4, cahier explicatif des renseignements généraux. C'est juste un
voyage à Schefferville, un porte-mineurs a coûté 27 000 $, c'est
entre le 30 août à 31 août. Je vois, les autres voyages sont un petit
peu moins chers que ça. Je veux juste... Est-ce qu'il y a comme eu un manque
des vols nolisés dans ce coin-là? Est-ce que c'était réservé à la dernière
minute? C'est juste de comprendre pourquoi il y a une grosse différence. Ou c'était
aussi à cause de la lieu puis la distance?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui, merci,
M. le Président. La question est fort pertinente, parce qu'effectivement il est
arrivé, en bon français, un problème majeur. L'avion a brisé sur place. On a dû
se revirer de bord, demander à Air Inuit de nous donner un coup de main.
Finalement, on est revenus avec un Beechcraft, un 350, au lieu de revenir avec
le petit avion qu'on avait, ce qui a coûté 10 000 $ de plus juste
pour le retour. Je suis un gars... Je pense que mon collègue me connaît très
bien, parce que la plupart ont voyagé avec moi dans certains déplacements, je
suis assez cheap d'habitude. Celle-là, je l'ai trouvée très, très dure, M. le
Président. Ça a coûté pas loin de 10 000 $ juste pour le retour.
Mais, bien que ce soit très, très beau, Schefferville, on ne pouvait pas rester
là pendant plusieurs semaines.
• (17 h 20) •
M. Kelley : Bien, merci pour
la réponse. Je pense que c'est assez clair pourquoi c'était un petit plus cher
que les autres vols. Peut-être, maintenant, avec les vols à 500 $, on va
avoir une... On verra.
Et maintenant, M. le ministre, je vais
tourner sur les différents frais qui étaient dépensés pour les Fonds d'initiatives
autochtones. Alors, je suis sur la question 47, encore sur les renseignements
de l'opposition officielle. Alors, on a un petit peu les différents
investissements, alors je veux juste poser des questions sur certains projets. Parce
que nous avons comme un nom, des fois, puis un montant qui a été dépensé, alors
moi, je suis juste curieux de <savoir...
M. Kelley :
..
curieux de >savoir un petit sur certains projets. Comme je vais
commencer avec le projet CAASI, acquisitions et rénovations, à un coût de 600 000 $.
Est-ce que le ministre peut juste expliquer, c'était quoi exactement, ce
projet-là?
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui, merci
beaucoup, M. le Président. Alors, M. le Président, je pourrais commencer à
parler de toutes sortes de choses, mais je ne le ferai pas. Est-ce que...
M. Kelley : C'est 47.1.
M. Lafrenière : Non. Je
le vois devant moi.
M. Kelley : O.K., parfait.
Parfait.
M. Lafrenière : Est-ce
qu'on peut permettre à une personne qui est la mieux placée dans cette Assemblée
pour répondre de façon très pointue à cette question technique?
M. Kelley : Bien sûr, il
est bienvenu, absolument.
M. Lafrenière : Parce
que je ne veux pas vous répondre n'importe quoi, M. le Président.Alors,
par consentement...
M. Kelley : Consentement.
M. Lafrenière :
...Yannick, qui est avec nous, du Secrétariat aux affaires autochtones, pourrait
répondre. Est-ce que c'est bon pour vous?
Le Président (M.
Bachand) :...en vous identifiant
formellement, s'il vous plaît.
M. Larouche-Tremblay (Yannick) :
Oui. Yannick Tremblay, Secrétariat aux affaires autochtones. J'ai juste mal
compris de quel projet il était question. Si c'était possible...
M. Kelley : Oui. Bien,
sur la liste, j'ai... c'est marqué, dans acronymes, «C-A-A-S-I, acquisitions et
rénovations», puis, après ça, ça... annonce de 600 000 $, entente de
financement. Je veux savoir c'est quoi exactement que le gouvernement a dépensé
600 000 $ sur.
M. Larouche-Tremblay (Yannick) :
C'est pour un projet de rénovation au Centre d'amitié autochtone de Sept-Îles.
Donc, c'est vraiment pour des travaux de rénovation puis d'acquisition de
matériel.
M. Kelley : Parfait.
C'est l'acronyme que ça n'a pas dit grand-chose à moi. Alors, merci beaucoup.
M. Lafrenière : M. le
Président, je vais me permettre de vous dire que moi-même, j'ai appris que le «SI»
était pour Sept-Îles. Alors, je savais qu'il y avait des centres d'amitié
autochtones. Je l'ai visité, en passant, le Centre d'amitié autochtone de
Sept-Îles, et effectivement, ils ont fait des bureaux. C'est des anciens
bureaux d'un dentiste qu'ils ont repris, et tout. Mais je viens de comprendre
le «SI». Je ne l'avais pas vu encore, alors on est deux à l'apprendre en même
temps, aujourd'hui.
M. Kelley : Parfait. Je
vais continuer. Aussi, discussion nation à nation, une dépense de 150 000 $.
C'était pour quelle discussion nation à nation?
M. Larouche-Tremblay
(Yannick) :
Il faut...
Le Président (M.
Bachand) : ...
M. Larouche-Tremblay
(Yannick) : Oui, oui, oui. Peut-être pour expliquer, là, c'est des
listes qui sont quand même très longues avec beaucoup de dossiers.
M. Kelley : Ah non! Je
sais, oui.
M. Larouche-Tremblay (Yannick) :
Moi-même, il faut que je les retrouve dans la liste pour vous donner les
bonnes.
M. Kelley : Pas de
trouble, pas de trouble... prendre votre temps.
M. Larouche-Tremblay (Yannick) :
Donc, c'est les discussions de nation à nation avec la communauté de Uashat.
C'est dans le cadre de travaux de négociation sur une entente de nation à
nation.
M. Kelley : Parfait.
Merci beaucoup. Prochaine question, c'est encore une table exploratoire, une
dépense de 200 035,549 $, entente de financement. Encore, c'est la
table exploratoire avec qui?
Le Président (M.
Bachand) :Toujours M. Tremblay, oui?
M. Larouche-Tremblay (Yannick) :
Oui. C'est Pikogan.
M. Kelley : Pikogan?
M. Larouche-Tremblay (Yannick) :
Oui.
M. Kelley : Parfait.
M. Lafrenière : M. le
Président?
Le Président (M.
Bachand) : Oui, M. le ministre.
M. Lafrenière : Je vais me permettre
juste un petit instant parce que ça fait deux dossiers qui touchent des
négociations. Juste pour les gens qui nous écoutent à la maison, qu'ils
comprennent que c'est des sommes qu'on remet aux communautés pour leur
permettre de faire des négociations, c'est-à-dire d'avoir des... souvent, ça va
être des spécialistes techniques, ça va être des gens qui vont négocier avec
nous. Et ça, on en a plusieurs puis, si on regarde dans le cahier, là, on en a
plusieurs, de nos négociateurs, mais chacune des communautés... C'est près de
8 millions par année qu'on remet à des communautés. Quand on parle de
consultations, là, ça leur permet d'être consultées, de répondre. Exemple, si
une minière veut s'implanter dans un territoire, d'être capables d'être à
forces égales, d'avoir des spécialistes de leur côté aussi lorsqu'ils sont
consultés... Mais, par année, là, je veux juste donner un exemple pour les gens
qui nous écoutent, là, c'est près de 8 millions qu'on remet à différentes
communautés pour les consultations.
M. Kelley : Parfait. Merci
beaucoup, M. le ministre. Je vais tourner sur la page 47.3, puis il y a
une aide au développement économique local pour 48 millions. C'est avec
quelle communauté?
M. Lafrenière : 48 000 $.
M. Kelley : 48 000 $,
excusez-moi, excusez-moi.
M. Lafrenière :
You scared me.
M. Larouche-Tremblay
(Yannick) : Ce ne sera pas long. Je vais juste retrouver l'aide dans
ma liste puis je vais vous la donner.
M. Kelley : Oui, oui,
bien sûr. Comme je dis, prendre votre temps.
Le Président (M.
Bachand) :M. Tremblay, oui?
M. Larouche-Tremblay
(Yannick) : Oui, mais je l'ai dans une autre liste, si je veux avoir
le nom de...
M. Lafrenière : Pendant
que mon collègue cherche la <réponse...
M. Lafrenière :
Pendant que mon collègue cherche la >réponse, M. le Président, je vais
en profiter un instant, parce qu'on passe au travers des dossiers de FIA, puis
moi-même, comme je disais tout à l'heure, quand je suis arrivé en poste, j'ai
été surpris de voir que, des fois, j'appelais ça du «microfinancement». Dans
certains cas, on permettait à une personne d'acheter une remorque pour faire de
la rénovation et, pour les membres des organisations des des Premières Nations
et des Inuits, souvent, c'est leur seule source possible de crédit. Alors, vous
allez voir, on a plusieurs aides, quand on parle du FIA, là, Fonds d'initiatives
autochtones, plusieurs aides qui permettent à plusieurs commerces... puis je
vous parle pendant que mon collègue cherche la réponse, mais c'est plusieurs
aides qui permet à des commerces, à des gens qui sont même comme seuls
employeurs de se développer, sinon, ils n'ont pas accès à du crédit. Et c'est
pour ça qu'on le fait avec le FIA. Et, jusqu'à date, là, on parle de 1 300 emplois
qui ont été créés.
M. Larouche-Tremblay (Yannick) :C'est Wendake.
M. Kelley :
Wendake? O.K.
M. Larouche-Tremblay (Yannick) :
C'est aide au développement économique local. Souvent, ça paie pour des
agents de développement économique qui travaillent à structurer le
développement des communautés.
M. Kelley : Excellent. Merci
beaucoup. Dans la même liste, je vois «cégep de Sept-Îles, table locale de
Sept-Îles, plan de communication». Est-ce que c'était en lien, M. le ministre,
avec une annonce que vous avez faite ou c'est appuyer peut-être quelque chose
qui a été fait avec les étudiants de Sept-Îles puis la communauté des Innus
là-bas? C'est juste encore une question sur le 45 000 $ qui a été
versé au cégep de Sept-Îles.
M. Lafrenière : On va le
vérifier, M. le Président, mais je doute fort que ce soit relié à l'annonce qu'on
a faite pour le logement, l'hébergement à Sept-Îles.
M. Larouche-Tremblay (Yannick) :
Non, c'est autre chose, ça. C'est les tables d'accessibilité. Il y a sept ou
huit tables d'accessibilité dans différentes régions du Québec qui travaillent
à essayer de favoriser l'accessibilité aux services, puis on les soutient, là,
pour permettre la réalisation puis l'avancement des travaux.
M. Kelley : Faire le
regroupement, un petit peu, pour les communautés... avec les communautés dans
le coin, au cégep.
M. Larouche-Tremblay (Yannick) :
Oui, puis il peut y avoir un peu de sous qui vont aller à payer le salaire
d'une personne qui coordonne la table...
M. Kelley : Qui fait la coordination.
M. Larouche-Tremblay (Yannick) :
...puis d'autres qui vont faire des petites initiatives pour permettre l'accessibilité
aux services.
M. Kelley : Qui est une
très bonne chose. Parfait. Merci beaucoup. Les consultations de le pont des
Îles-aux-Tourtes, ça, je trouve bien intéressant, M. le ministre, parce que je
sais que, quand le MTQ a fait des... a commencé les travaux exploratoires, ils
ont trouvé des artefacts autochtones, puis je veux juste savoir. Ce n'est pas
nécessairement sur les dépenses, les consultations, mais c'est très intéressant,
parce qu'on ne sait pas trop c'est qui exactement, est-ce que c'est des Mohawks
ou, quand même, peut-être Anichinabés, on ne sait pas trop. Alors, je ne sais
pas si vous avez une mise à jour pour nous un petit peu sur comment la consultation
avec les communautés autochtones autour de l'île de Montréal va concernant ce
projet. Et, si c'est nécessaire, je pense qu'on a déjà dépassé le chemin, c'est
possible, du projet...
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui,
merci, M. le Président. Tout à l'heure, je parlais des consultations puis je
parlais du 8 millions nécessaire annuellement pour aider les communautés
dans des consultations. Puis mon collègue le mentionne bien, hein, on parle du
pont de l'Île-aux-Tourtes, on peut parler aussi du pont Mercier, il y a
plusieurs autres projets qui sont majeurs autour de l'île de Montréal, et c'est
pour ça qu'on aide les communautés, avec la 132 aussi, à faire des
consultations.
Et, si mon collègue veut savoir, de façon
bien précise, si on en sait plus sur les artefacts, la réponse est non. Mais,
oui, on travaille avec les communautés puis on leur donne surtout les moyens de
participer à ces consultations-là, entre autres pour le pont Mercier, quand j'étais
avec la grande cheffe Sky-Deer. Il y a une partie importante aussi pour des
espèces. Il y a une espèce de poisson qui est sur place, ils voulaient être
consultés, l'esturgeon jaune. Alors, pour eux, c'était important. On les a
aidés dans ces consultations-là, et de voir quel est l'impact aussi pour la
communauté.
Et le troisième point qui est important, c'est
de voir de quelle façon la communauté peut être impliquée aussi dans ces
travaux-là, qui sont majeurs, pour avoir des retombées économiques. Et on
travaille déjà, entre autres, avec la communauté de Kahnawake pour ce genre de
dossier là.
M. Kelley : Parfait. Merci
beaucoup. Maintenant, sur la page 47.5, projet «KFN waterfront master plan»,
première phase, une dépense d'environ 1,5 million de dollars. C'est
quoi, ce projet-là? Je trouve ça bien intéressant, un projet de «waterfront». Peut-être
pas loin de Montréal, c'est bon pour l'économie locale, mais c'est quoi exactement?
Oui?
M. Lafrenière : Ah non! C'est
Kebaowek First Nation. C'est la marina de Kebaowek. Excusez-moi, des fois, je
cherche l'acronyme, moi aussi. On aime bien ça, les acronymes, nous autres.
Le Président (M.
Bachand) :Oui. Excusez-moi, M. le président...
M. le ministre, pourriez-vous répéter, parce que je n'ai pas entendu...
M. Lafrenière : Oui.
Kebaowek First Nation.
Le Président (M.
Bachand) :Merci.
• (17 h 30) •
M. Lafrenière : Donc c'est
Kipawa, et c'est une marina qu'ils ont développée sur place, que j'ai visitée.
Je suis allé une première fois, je suis retourné sur place, lorsqu'ils ont fait
le lancement. Et je vais reprendre des paroles du chef Ghislain Picard, qu'il a
dit que ça ressemblait plus à un «resort» qu'une réserve. Alors, ce qu'ils ont
développé, c'est vraiment incroyable. C'est de toute beauté et c'est vraiment
dans une approche touristique. Alors, sur place, ils ont développé une marina,
mais... oui, il y a de l'accueil de bateaux, mais ils ont même fait un endroit
pour avoir des spectacles pour accueillir des gens. Et ils le font avec la
communauté <voisine...
>
17 h 30 (version révisée)
<17903
M. Lafrenière :
...marina, mais oui, il y a de l'accueil de bateau, mais ils ont
même fait un endroit pour avoir des spectacles, pour accueillir des gens, et
ils le font avec la communauté >voisine de Kipawa. Ça va vraiment,
vraiment, vraiment bien, et j'espère pour eux qu'ils vont pouvoir faire l'acquisition
d'une auberge qui est à proximité. Je veux les aider beaucoup là-dessus, parce
qu'il y a un projet touristique qui est vraiment fort intéressant.
Et, M. le Président, justement, le développement
touristique, pour moi, j'y crois énormément. Tourisme Autochtone Québec a plus
de 250, là, possibilités touristiques autochtones au Québec. Et j'étais très,
très heureux d'apprendre, la semaine dernière, M. le Président, que, lors d'un
récent sondage, ils ont appris que 89 % des Québécois qu'ils ont sondés
ont répondu avoir l'intention de faire une expérience touristique autochtone.
Alors, quand je vous parle de Kebaowek-Kipawa avec une expérience touristique
de ce type-là, ça répond 100 % à cette vision, un. Et deuxièmement, dans
la deuxième vision qu'est le rapprochement d'apprendre à se connaître, alors,
avec cette approche touristique là, c'est fort intéressant, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député.
M. Kelley : Parfait. Je
vais maintenant juste poser une question plus globale sur le FIA. C'est quoi,
votre vision pour l'avenir? Mais aussi, je sais que, dans les cahiers, on parle
d'une section pour encourager les jeunes, mais des femmes, de participer dans
leur économie locale, alors, particulièrement sur le fonds, comme d'encourager
les femmes dans appliquer pour les projets, d'encourager encore. Est-ce que les
normes et, quand même, peut-être, la façon comment le projet est structuré, est-ce
qu'il y a peut-être des moyens de s'assurer c'est plus inclusif pour tous types
d'entreprises? Alors, c'est juste... je veux juste avoir vos pensées sur ça, M.
le ministre.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui,
merci, M. le Président. Puis effectivement c'est hyperimportant puis c'est pour
ça qu'on a développé... on aurait pu dire, là, qu'il se retrouvait parmi tous
les projets déposés au FIA, mais on a vraiment, j'étais pour dire, une
gradation ou une cote qui est remise quand on a des dossiers pour le côté
femmes, côté jeunes. Ils ne sont pas dans la même enveloppe. Alors, pour nous,
c'est important, puis on a des beaux projets.
Tantôt, j'ai parlé d'Atikuss, Atikuss avec
son économusée qui est incroyable, puis c'est une femme qui est investie dans
sa communauté. Alors, on va continuer là-dessus. Et c'est pour ça qu'on est
heureux, avec le dépôt de crédits, aujourd'hui, on va à 185 millions, donc
on a encore les moyens d'aider les communautés, même des projets majeurs. On va
regarder de quelle façon on va l'articuler, on va l'annoncer bientôt, mais on
veut permettre aux communautés, là, d'avoir accès à ces sommes-là pour faire du
développement économique. Je l'ai dit tantôt, là, plus de 1 300 emplois,
jusqu'à date, qui ont été créés face à ça, et avec une main-d'oeuvre qui est
présente. M. le Président, je vous l'ai tantôt, là, plus de 50 % des
autochtones au Québec ont moins de 35 ans, main-d'oeuvre active. On veut
continuer de créer de l'emploi avec eux.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le député.
M. Kelley : Parfait. M.
le ministre, je pense que... Juste de terminer un petit peu sur des relations
avec la situation des Premières Nations de Québec et Labrador. Je sais que,
dans les consultations de ce budget-là, le grand chef était déçu qu'ils n'ont
pas eu une rencontre face à face avec le ministre des Finances. Alors, je sais
qu'il y a eu ce forum, vous avez déjà parlé, concernant le forum économique, mais
pour l'année prochaine, pour le prochain budget, je pense, c'est important de
juste s'assurer qu'ils ne sont pas oubliés de cette façon-là, parce que le
grand chef a exprimé qu'il était déçu un petit peu parce qu'il a plein de
choses à discuter autour du développement économique.
Alors, je ne sais pas si le ministre veut
juste commenter là-dessus et comment, peut-être, on peut continuer d'avoir un
meilleur mécanisme pour s'assurer que... Je sais que le ministre des Finances a
beaucoup des gens à consulter, mais je pense que ça, c'est un groupe qui doit
toujours avoir une place et une opportunité de faire une rencontre face à face
avec le ministre des Finances.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Lafrenière : M. le
Président, mon collègue a entièrement raison. Et, à preuve, l'an passé, dans
les consultations prébudgétaires — puis, je pense, mon collègue sait
comment ça fonctionne, chacun des ministres a une période de temps qui nous est
allouée — j'avais décidé de couper de moitié ma période de temps pour
que le chef Picard soit présent avec moi et ait accès au ministre des Finances.
Cette année, je l'ai proposé au chef Picard, je n'ai pas eu de réponse de sa
part, mais je crois qu'il sortait de sa période d'élection.C'est peut-être pour
ça qu'on n'a pas réussi, là, mais à trois reprises je lui ai offert encore une
fois d'être présent avec moi.
M. Kelley : Parfait. Il
n'y a pas beaucoup de temps qui reste, alors juste peut-être une dernière
question. Je sais qu'on a ajouté des ressources partout pour les CIUSSS, des
gens, aussi des agents de liaison, et tout ça. Mais juste des dernières
pensées, le ministre, sur comment on peut continuer d'encourager des gens pas
juste de travailler pour un CIUSSS, mais encourager les gens de travailler dans
le système de santé, encourager les gens d'aller vers les programmes en... si c'est
des programmes... d'être une infirmière ou, quand même, un préposé. Mais je
pense, ça, c'est où on peut avoir une vraie révolution.
Alors, si le ministre peut juste commenter
dans environ une minute, comment ils vont... on peut mieux... On a seulement
une <minute...
M. Kelley :
On a
seulement une >minute qui reste, M. le ministre.
Le Président (M.
Bachand) :Alors, M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui. Je vais y
aller très brièvement, M. le Président, parce que mon collègue a bien raison,
hein, d'intéresser les membres de Premières Nations, des Inuits à travailler
dans le système de la santé, c'est une voie de succès. Puis je vais partager
une réflexion que j'ai eue avec des membres inuits lors de mon passage au Nunavik,
où ils me parlaient d'avoir, dans chacune des communautés, des intervenants, parce
que souvent, malheureusement, on a soit des suicides, des accidents graves,
puis ils se plaignaient du manque de ressources locales. Puis on a eu ce bel
échange là, en groupe, en disant : Est-ce que d'avoir un intervenant par
communauté, ça aiderait? Parce que vous allez comprendre, rapidement, M. le
Président, que si j'ai un intervenant qui est dans la communauté d'Akulivik,
petite communauté de 400 personnes, et qu'il arrive un accident, un
suicide, ou quoi que ce soit, fort à parier que cette personne-là va être
elle-même impactée.
Ça fait qu'on s'est mis à échanger en se
disant : On va continuer d'en parler, de regarder, peut-être, avec des
équipes volantes, le mot est bien choisi, parce que, souvent, ils vont se
déplacer en avion, mais d'avoir des équipes qui pourraient être pour le Nunavik
au complet, au lieu d'y aller avec notre premier réflexe de dire : On va
mettre une personne par communauté. Je vous donne des exemples de comment on
veut s'ajuster, trouver des solutions qui sont innovantes. Est-ce que ça doit
être absolument un psycho? Est-ce que ça doit être un travailleur social, une
personne avec une formation différente? C'est ce qu'on regarde, M. le
Président.
Adoption des crédits
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Alors, le temps
alloué à l'étude du volet Affaires autochtones des crédits budgétaires du
portefeuille Conseil exécutif étant presque écoulé, nous allons maintenant
procéder à la mise aux voix. Est-ce que le programme 4, intitulé Affaires
autochtones, est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Documents déposés
Le Président (M.
Bachand) :Adopté, sur division. En
terminant, je dépose les réponses aux demandes de renseignements de
l'opposition.
Et, cela dit, compte tenu de l'heure, la
commission ajourne ses travaux au mercredi 27 avril, où elle va
entreprendre l'étude du volet Accès à l'information des crédits budgétaires du
portefeuille Conseil exécutif. Merci. Bonne soirée.
(Fin de la séance à 17 h 37)