(Onze
heures trente-six minutes)
Le
Président (M. Bachand) : À l'ordre, s'il
vous plaît! Bienvenue. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
des institutions ouverte.
La commission est
réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 64, Loi modernisant des dispositions législatives en matière de protection
des renseignements personnels.
Avant de débuter, Mme
la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire :
Oui, M. le Président. M. Zanetti (Jean-Lesage) est remplacé par M. Nadeau-Dubois
(Gouin) et Mme Hivon (Joliette) est remplacée par M. Ouellet
(René-Lévesque).
Étude détaillée (suite)
Le Président (M. Bachand) : Merci. Je vous informe que les votes pour ce
mandat devront se tenir par appel nominal, et ce, jusqu'au 2 avril
2021.
De
plus, je vous rappelle qu'en fonction des mesures de distanciation physique
énoncées par la Santé publique, vous devez conserver votre place assise
en commission. De plus, le port du masque de procédure est obligatoire en tout
temps, hormis au moment de prendre la parole dans le cadre de nos travaux.
Lors
de l'ajournement de nos travaux le mercredi 17 février 2021, il avait
été convenu de suspendre l'étude de l'amendement visant à introduire
l'article 12.1 et celui visant à introduire l'article 13.1, qui ont
été tous les deux déposés par le député de René-Lévesque.
Nos
discussions, à ce moment-là, portaient donc sur l'article 63.4 énoncé à
l'article 14 du projet de loi. Interventions?
On avait sur 63.4 puis on avait discuté de 63.5 aussi, où on avait eu une
adoption d'amendement. M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay :
Oui. Bien là, on a le défi de se remettre dans un dossier qui est à rebours,
qui est par saccades, dirions-nous. Ça fait que 63.4, M. le Président, je pense
que vous nous aviez indiqué, sans que ce soit formel, que nous allions descendre les articles. Je pense
qu'on avait discuté beaucoup de 63.4. Est-ce que nous étions donc rendus,
dans notre logique... Vous le voyez, on y allait, grosso modo, article par
article.
Alors, est-ce qu'on
pourrait peut-être demander au ministre de lire 63.5, toujours en n'étant pas
forclos de revenir en arrière? Puis on pourrait peut-être relire 63.5. Je pense
qu'on était rendus là.
Le Président (M. Bachand) : Il avait été lu puis il avait été amendé, mais on
avait... Il y avait un amendement qui avait été proposé pour 63.4. On
était revenus alors.
M. Tanguay :
Puis on n'a pas, dans nos travaux, d'amendement suspendu, là, à 60... à 14, là.
Le Président (M. Bachand) : Non, non, mais on va avoir des amendements supplémentaires
plus tard dans l'étude.
M. Tanguay :
O.K. Ça fait qu'on pourrait peut-être inviter le ministre, peut-être, si ça lui
chante, de nous relire 63.6. On serait rendus là puis là on pourrait
le...
Le
Président (M. Bachand) : M. le député de Gouin, s'il vous
plaît.
M. Caire :
Merci, M. le député de Gouin...
M. Nadeau-Dubois :
...M. le Président.
M. Tanguay :
On se passe la puck.
M. Nadeau-Dubois :
C'est de l'entraide. On était en train de discuter de 63.5, en fait, si mon
souvenir est bon, parce que j'avais posé...
Une voix :
...
M.
Nadeau-Dubois : Oui, 63.5, puisque j'avais posé une question sur le
caractère public de l'évaluation des facteurs
relatifs à la vie privée. Il me semble que j'avais à peine eu le temps, même,
de poser la question, puis la séance s'était interrompue. Ça fait que je
peux essayer de reprendre le questionnement? Oui.
Une voix :
...
M. Nadeau-Dubois : Je veux la
réponse maintenant. Non. Ma question était au sujet, donc, de 63.5, où on peut lire que «les organismes publics doivent
procéder à une évaluation des facteurs relatifs à la vie privée», et le Barreau
du Québec, à la page 21 de leur mémoire, posait la question : Pourquoi
ne pas exiger de la part des organismes publics que soit rendue publique l'évaluation des facteurs relatifs à la vie privée? Et je me demandais, donc, si le ministre avait une réponse à cette
interrogation formulée par le Barreau du Québec.
M. Caire : En
fait, je vais peut-être demander à Me Miville-Deschênes de répondre à
cette question. J'essaierai tentativement une réponse qui ferait en sorte que
je me demande s'il n'y a pas une question de mettre à jour des informations qui
pourraient être préjudiciables pour les organismes en question, mais je vais
laisser Me Miville-Deschênes, là, répondre à cette question-là, puis ça va
me permettre à moi aussi de me démêler dans mes affaires.
• (11 h 40) •
Le Président (M. Bachand) :
Donc, est-ce qu'il y a consentement? Consentement. Me Miville-Deschênes, s'il
vous plaît.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui. Dans le fond, dans l'évaluation des facteurs
relatifs à la vie privée, il est susceptible d'y avoir des renseignements, là,
qui pourraient être confidentiels. Notamment, en vertu de l'article 29 de
la loi sur l'accès, là, c'est tout renseignement qui pourrait nuire à «l'efficacité
d'un programme, d'un plan d'action ou d'un dispositif de sécurité». Donc, quand
l'organisme public identifie certaines éventuelles failles de sécurité ou
certains risques qui pourraient découler de la mise en place d'un système
informatique, bien, il pourrait y avoir des renseignements là-dedans qui sont
confidentiels.
Donc, dans certains cas, le fait de rendre
publique une telle évaluation, bien, aurait pour effet... on peut croire que ça aurait pour effet d'aseptiser un peu cette
évaluation-là, là, de sorte que les renseignements un peu plus confidentiels,
bien, qui ne doivent pas, parce que c'est
une restriction obligatoire, qui ne doivent pas être communiqués seraient
retirés, là.
M. Nadeau-Dubois : Je comprends la préoccupation. Elle
m'apparaît, à première vue, bien légitime. D'ailleurs, le Barreau le mentionne dans son mémoire en
disant : «Le Barreau du Québec propose que ces évaluations devraient
obligatoirement être rendues publiques, à moins que certains impératifs
l'empêchent. On peut penser à de rares cas où la divulgation pourrait
occasionner un risque quant à l'intégrité du système ou du logiciel.» Donc, pourquoi
ne... Et je fais juste vraiment poser des questions pour bien comprendre
l'intention du ministre puis pourquoi il a fait le choix, qui pourrait par
ailleurs être justifié, de ne pas donner suite à cette recommandation du
Barreau d'écrire dans la loi que les
évaluations doivent être rendues publiques, quitte à inscrire des exceptions,
notamment si ça représente des risques pour l'intégrité des systèmes ou pour
répondre aux préoccupations que vient d'émettre Me Miville-Deschênes.
Donc, pourquoi ne pas faire preuve de cette transparence pour que les citoyens
et citoyennes qui sont en relation avec les organismes publics sachent que
voici les risques théoriques auxquels je m'expose en transmettant mes
renseignements personnels?
M.
Caire : Bien,
là-dessus, je vais, puis Me Miville-Deschênes pourra compléter, mais je
dirais d'abord, puis là je vous parle un peu
plus d'expérience, ce n'est pas... ça ne sera pas un épiphénomène dans le sens
où les évaluations des facteurs relatifs à la vie privée n'amèneront que
rarement des situations où ça pourrait être préjudiciable, et/ou pour
l'organisme, et/ou pour le citoyen, parce que l'objectif est effectivement de
mettre au jour d'éventuelles failles, que ce
soit une faille technologique ou que ce soit une faille, bon, dans le système.
Donc, c'est l'objectif de l'évaluation. Donc, de penser que ce ne sont que quelques évaluations qui vont nous
conduire à ce résultat-là, à mon avis, ce n'est pas comme ça que ça va
se traduire sur le terrain. Je pense que, de façon majoritaire, il y aura de
ces situations-là dans un premier temps.
Dans un deuxième temps, cette évaluation-là,
elle est évaluée par la Commission d'accès à l'information. Donc, ce chien de garde qu'on s'est donné
collectivement va être capable de mesurer l'impact, de mesurer les dangers
potentiels, les écueils potentiels, je
devrais dire, dans ce qui pourrait être un... bon, ce qu'on a statué, là, une
acquisition, un développement ou une
refonte de système. La Commission d'accès à l'information va avoir ce rôle-là,
justement, de protéger l'intérêt
public et de préserver cette partie-là du travail de développement d'un
système, d'une refonte ou d'une acquisition
qui pourrait être préjudiciable soit pour nos organismes publics, parce qu'on
comprend qu'ici on s'adresse à nos organismes publics, soit pour nos organismes
publics, soit pour les concitoyens avec qui ils font affaire.
Donc, dans ce contexte-là, l'utilité de la
rendre publique, je pense que, dans la balance des inconvénients, les
inconvénients sont beaucoup plus grands que les avantages, notamment par le
fait que la Commission d'accès à
l'information va jouer ce rôle-là, de s'assurer qu'on ne se lance pas dans une
acquisition, un développement ou une refonte qui va être préjudiciable
pour le citoyen dans les façons de traiter nos renseignements personnels.
Le Président
(M. Bachand) : M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay :
Oui. Merci beaucoup. Dans son mémoire, le Barreau proposait que ces évaluations
soient publiques et être rendues publiques. Je ne sais pas, le ministre,
qu'en pense-t-il? Évidemment sous réserve d'impératifs pouvant l'empêcher tels
que protection des renseignements personnels ou les risques de sécurité...
M. Caire :
C'est le plexiglas, le son ne se rend pas.
M. Tanguay : Hein?
M. Caire : C'est parce
que le député de Gouin vient de me poser exactement la même question
M. Tanguay : Ah! Désolé.
M. Caire : Pas de
problème.
M. Tanguay : Puis la... O.K.
La réponse, c'est oui ou non? C'est parce que la réponse, là...
M. Caire : La
réponse, c'est...
M. Tanguay : Est-ce que
vous faites du temps?
M. Caire : La réponse... Non, mais ça va me faire plaisir de
la répéter, M. le député, parce
que je comprends la situation,
là, puis on est tous à la même place. Ça a parti raide, un peu.
M. Tanguay : En plus,
j'étais sûr que ma question était bonne. J'ai dit...
M. Caire : Non,
mais ceci étant, elle est excellente.
M. Tanguay : Parce que
j'étais convaincu...
M. Nadeau-Dubois : Je suis d'accord,
elle est excellente.
M. Caire : Elle
est excellente.
M. Tanguay : Bien, elle
méritait d'être posée une deuxième fois.
M. Caire : C'est
juste qu'elle arrive en deuxième, mais bon. C'est comme au salon bleu.
M. Tanguay : Non, mais
le «executive summary», là, c'est oui ou c'est non?
M. Caire : Oui.
Bien, en fait, c'est qu'il y a une possibilité de révéler des failles qui
seraient préjudiciables contre l'organisation ou pour le citoyen en la rendant
publique. Puis, de toute façon, c'est pour ça qu'on demande à la Commission
d'accès à l'information de faire les évaluations,
de ces évaluations-là, pour s'assurer que, quand on fait une
refonte, bon, etc., on a bien évalué le risque potentiel et on a mis en place
les mesures de mitigation pertinentes.
M. Tanguay : O.K. Ce qui va être public, à tout le moins, c'est qu'il y a,
dans tel organisme public, untel projet en route qui
occasionne tel coût. Tu sais, il y a toujours une publicité de l'octroi des
contrats. Donc, tout ça, ça sera public, mais le «nitty-gritty» du système, le
cas échéant, et son évaluation...
M. Caire : Oui.
Le comment pouvez-vous nous attaquer, on ne le rendra pas public.
M. Tanguay : Ça, ça ne
sera pas public. O.K. Et donc on préjuge que toute demande d'accès à l'information
pour obtenir, justement, le détail serait systématiquement refusée à ce
moment-là.
M. Caire : On
peut penser que le préjudice ferait en sorte, effectivement, sans présumer de
ce que la Commission d'accès à l'information et toute la structure qu'on vient de mettre en
place prendraient comme décision, mais on
peut penser que, ce document-là n'ayant pas un caractère public à sa face même,
la réponse pourrait effectivement
être négative.
M. Tanguay : En toute transparence, est-ce que le ministre
est convaincu que la rédaction actuelle de la Loi sur l'accès à l'information
prévoit... je pense que c'est aux articles 36, déjà,
cette exception-là. Parce que je ne voudrais pas qu'on détourne le sens
d'un article en disant : Bien, on va l'embarquer là-dedans. Si on veut
faire un débat public sur le caractère non
public de ces évaluations-là, en toute transparence, est-ce qu'il est satisfait
de la rédaction actuelle de la loi?
M. Caire : Je
vais laisser Me Miville-Deschênes répondre à celle-là.
M. Tanguay : Pas parce
que je ne veux pas qu'on l'ait puis qu'on mette une porte bien cadenassée, mais
je voulais savoir... que le débat soit fait. Puis, s'il faut mettre un article,
bien, proposez-le, puis on va voter contre, tout simplement, là.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui, mais
il y a une restriction qui est obligatoire. En fait, si la restriction
s'applique, l'organisme est obligé de refuser. C'est le deuxième alinéa, là, de
l'article 29 qui... Je vais vous le lire, là. Puis il a déjà été
interprété pour protéger vraiment de l'information qui révélait des failles,
là, dans des systèmes informatiques.
C'est :
«L'organisme doit refuser de confirmer l'existence ou de donner communication
d'un renseignement dont la divulgation aurait pour effet de réduire
l'efficacité d'un programme, d'un plan d'action ou d'un dispositif de sécurité destiné à la protection d'un bien ou
d'une personne.» Donc, c'est cette disposition-là qui est invoquée pour refuser
de donner accès à ce type de renseignement qui serait préjudiciable.
M. Tanguay : O.K. Quel est l'état des lieux? Actuellement, des monopoles ont beaucoup de désavantages quant aux fournisseurs de
services, le cas échéant, parce que, là, j'entends qu'il va falloir
formaliser l'évaluation, la mise en place de tels systèmes, puis
ça va être plus qu'hier et moins que demain. Quel est l'état des lieux? Je sais
que ce n'est pas dans la cour du ministre, mais j'imagine... Est-ce qu'on va
faire ça à l'interne? Est-ce qu'on va donner ça à des fournisseurs externes? Est-ce
qu'il y a une saine écologie d'acteurs à l'extérieur pour s'assurer que ça ne
soit pas tout le temps un quasi-monopole
d'une compagnie qui fait tout ça clé en main, puis c'est bien parfait, mais qu'à un moment donné, collectivement, on se
rend compte que, oups, on a peut-être échappé...
M. Caire : C'est une excellente question, M. le député. En fait, il y a une demande actuellement de la Commission
d'accès à l'information pour que le gouvernement se dote d'outils qui vont
permettre d'automatiser et de systématiser ce genre d'évaluation là. Et
il y a aussi une expertise. Parce que la notion d'évaluation des facteurs
relatifs à la vie privée n'est pas une notion qui arrive avec le projet de loi n° 64, on l'avait déjà adoptée dans le projet de loi n° 14 l'année dernière,
où il y a... En tout cas, ma mémoire me fait défaut, vous m'excuserez, mais on
avait déjà adopté cette notion-là. Donc, déjà, au niveau de la
Commission d'accès à l'information et au niveau des ministères et organismes,
on était sensibilisés au fait que cette situation-là allait prévaloir. Donc,
dans le fond, ce qu'on fait ici, c'est de
formaliser, dans la loi sur la protection des renseignements personnels, cette
procédure-là, cette façon de faire. Mais déjà il y a une expertise à
l'interne qui se met en place. On nous demande des outils aussi. Comme je vous
ai déjà dit, là, on nous demande des outils,
demande à laquelle nous acquiesçons, évidemment — là, il faut quand même prendre le
temps de le faire — pour
formaliser et systématiser la production de ces évaluations-là.
Donc,
l'objectif n'est pas d'aller à l'externe ou... Je ne dis pas que ça n'arrivera
jamais, je ne dis pas qu'il n'y a pas des expertises externes qui seront
nécessaires, mais l'idée, c'est de se donner au moins les assises à l'interne
pour qu'on puisse avoir cette capacité-là de produire de telles évaluations.
• (11 h 50) •
M. Tanguay :
Et dans le contexte du débat de l'article 1 qui référait au nouvel
article 8, notamment, et suivants, on se rappellera qu'on avait eu la
confirmation du ministre que... parce que, là, 63.5, au coeur de l'action, il y
a le comité sur l'accès à l'information et à la protection des renseignements
personnels, ce comité-là. On avait déjà eu la discussion avec le ministre, qui
pourra, le cas échéant... Des membres externes pourraient, le cas échéant, être
assis à la table de ce comité-là. Ça
pourrait vouloir dire le représentant d'un fournisseur qui a eu le mandat de
procéder?
M. Caire :
Ça pourrait, oui, effectivement, pour avoir peut-être une connaissance plus
approfondie de l'application. Ça pourrait être aussi des expertises par rapport
à des technologies plus récentes. Je pense aux chaînes de blocs. Quand on parle de protection de communication, je pense à
l'intelligence artificielle, notamment,
où, au sein du gouvernement, c'est des expertises qui sont naissantes et
pour lesquelles il pourrait y avoir temporairement un besoin d'aller à
l'externe.
M. Tanguay :
Est-ce que le ministre a une évaluation du coût que ça va représenter? Ou
a-t-il demandé... Je ne vais pas lui demander le coût pour tout le monde, là.
M. Caire :
Oui. Bien, écoutez, je veux... Oui, il y a une évaluation des coûts qui a
été...
M. Tanguay :
Il faut s'attendre à ce que...
M.
Caire : Bien, je
vous avoue que... Écoutez, l'évaluation qui a été faite, je vous le dis... Puis, je ne sais pas, on a-tu le... On peut-tu fournir les documents à la commission
à cet effet-là, là? Les évaluations qui ont été faites, si ma mémoire est
bonne, seraient de 11 000 $ environ pour la mise en place de tout ça
dans une organisation.
M. Tanguay :
11 000 $? Dans une organisation donnée?
M. Caire :
Oui, dans une organisation.
M. Tanguay :
Ah oui? 11 000 $. Si on pouvait avoir le détail...
M. Caire :
Mais là c'est pour ça que je suis un peu... J'y vais sur la pointe...
M. Tanguay : Ça me
semble peu. Ça me semble peu, 11 000 $, pour... Évidemment, là, tu
sais, ça peut être... Il y a des plus petits puis des plus gros organismes, là.
M.
Caire :
Oui, c'est ça, c'est des moyennes puis c'est des... En tout cas, je... Mais je
m'engage à fournir l'information qu'on a là-dessus à la commission et je
laisserai mes collègues évaluer...
M. Tanguay :
À 11 000 $, j'en prendrais deux. Et je ferais écho...
M. Caire :
Oui, d'accord. J'envoie ça à quelle adresse?
M. Tanguay :
Bien, regardez bien, ça, vous vous l'enverrez. Le Barreau du Québec a
recommandé également la mise en
place, puis je reviens là-dessus, on ne refera pas le débat, d'une
disposition transitoire afin que les organismes publics procèdent à une
analyse des systèmes d'information déjà en place.
Tu sais, quand on se
disait... Il y a le coût. 11 000 $, j'en prends deux. J'en prends
deux, là, mais il y avait l'aspect
organisationnel puis sclérosant de ce mandat-là pour ce qui est en place. Mais
je pense, puis je relance l'idée, puis je ne redirai pas tout ce que j'ai dit,
M. le Président, mais je pense que le gros, gros... 100 % des données, à
l'heure actuelle, c'est dans les systèmes actuels. Alors, si on fait la
loi uniquement pour l'avenir, il va y avoir des organismes qui n'auront, pour
les prochaines années, pas de nouveau système à implanter et ils n'auront pas
procédé à un état des lieux, évaluation quant à la conformité de leur système
actuel qui contient 100 % des renseignements personnels.
Alors,
je relance l'idée au ministre. Il faudrait trouver une voie de passage, quelque
chose pour qu'ils y jettent un oeil,
sans que ce soit... Puis j'avais même... Excusez-moi. Rapidement, j'avais même
dit : Bien, on pourrait... Puis je pense qu'on avait déposé un
amendement là-dessus, par rapport au fait de demander que, pour les systèmes
actuels, il y ait une évaluation qui soit faite, mais sans que ce soit
formalisé, tel que rédigé par 63.5.
M. Caire :
Bon, bien, M. le Président, je vais revenir sur cette discussion-là qu'on a eue
avec le député de LaFontaine. Puis il faut
comprendre, là, que je n'ai plus le chiffre, exemple, le chiffre en tête, là, mais c'est des milliers de systèmes dont le gouvernement du Québec dispose
présentement, puis tous, d'une façon directe ou indirecte, vont
traiter des renseignements, ou personnels, ou sensibles, ou etc., pour lesquels il faudrait faire
une évaluation. Donc, je laisse... Puis en admettant, là,
en admettant que le coût dont je vous parle, il est exact, je vais laisser le
député de LaFontaine faire le calcul de ce que ça représente pour le
contribuable québécois.
Pour faire quoi? Pour
en arriver à quoi? L'idée d'une évaluation des facteurs relatifs à la vie
privée, c'est de voir, dans les processus,
dans la façon de faire, dans ce qui est planifié, dans ce qui est prévu,
dans ce que sont les résultats attendus
d'un système, quels sont les facteurs qui pourraient représenter un risque ou
une faille pour la vie privée. Or, les systèmes que nous utilisons, ces
éléments-là, ils sont connus, on les connaît. On connaît les intrants, on
connaît les extrants, on connaît les
manipulations, on sait qui a accès à quoi, qui a la permission de faire quoi
avec ça. On le sait déjà parce
que c'est l'usage qui nous a permis d'aller chercher cette information-là.
Donc, l'évaluation
des facteurs relatifs à la vie privée, dans ces cas-là, ne nous apporterait pas
de réponse que nous n'avons pas. Et c'est là
où je dis aux collègues : Nous sommes aussi, à l'Assemblée nationale,
gardiens des deniers des
contribuables. Ce sont les députés de l'Assemblée nationale qui dotent le
gouvernement de ses budgets. Puis je sais que mon collègue est très sensible à ces questions-là. Alors, on parle
de millions de dollars pour un exercice qui ne va pas produire d'effet
positif.
Alors,
c'est là où je dis : C'est pour ça qu'on l'impose pour les futurs
systèmes. Parce que les futurs systèmes, c'est des questions pour
lesquelles on doit trouver ces réponses-là, et non pas par la pratique du
terrain, mais il faut que ces évaluations se
fassent justement avant qu'on les déploie. Puis c'est même une mesure qu'on a
mise... deux mesures, en fait, qu'on
a mises dans la politique de cybersécurité. La première, c'est, quand on
dessine un système, il faut avoir cette pensée-là de sécurité. Et quand
on acquiert un système, il faut faire ces évaluations-là pour savoir, lorsqu'on
va le déployer, est-ce qu'on va avoir des
mauvaises surprises, oui ou non? C'est ça, l'idée. Donc là, à ce moment-là,
c'est pertinent de le faire dans les
paramètres dont nous avons discuté précédemment, avec les amendements que nous
avons apportés.
C'est la même logique
qui fait que je disais aux collègues... tu sais, on a commencé l'article en
disant «tout système» puis là on s'est dit :
Bien non, parce qu'il y a bien des
moments où une telle évaluation ne sera pas pertinente. Donc, on va engager des ressources matérielles,
financières et humaines à faire quelque
chose qui n'a pas d'utilité. C'est
pour ça qu'on a apporté la modification de dire «acquisition, développement ou refonte» parce que, là, effectivement, on est dans une situation où
ces questions-là se posent et où on doit aller chercher les réponses.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député,
s'il vous plaît.
M. Tanguay :
Très rapidement, puis je... On l'avait fait, le débat. On avait déposé l'amendement 63.4.1
qui demandait que ça soit fait pour les systèmes actuels dans les six mois,
puis ça aurait pu être un an, puis ça aurait pu être un autre délai, évidemment.
Puis, en tout respect, je ne suis pas d'accord avec le ministre, en tout
respect, puis c'est pour ça que ça...
M. Caire :
C'est correct.
M. Tanguay : C'est pour ça qu'on siège. C'est bien correct. Moi, je pense que coût-bénéfice...
Tout a un coût. Coût-bénéfice, je pense que le jeu en vaut la chandelle.
Et allez parler à toutes celles et ceux qui, tant au ministère du Revenu,
au ministère de la Santé, au ministère
de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur, qui ont été victimes de
vol de données parce que, visiblement, il y avait des carences.
Évidemment, un système parfait à
100 % et à l'abri à 100 %, je veux dire... La CIA se fait hacker aux
États-Unis, M. le Président, puis il
y en a qui sont capables d'entrer. Alors, des systèmes parfaits, ça n'existe
pas. Il y aura toujours une course
technologique face aux malfaiteurs. Des fois, ils vont être en avance, des
fois, nous, on sera en avance, mais je pense que, coût-bénéfice, le jeu
en aurait valu la chandelle. Voilà, tout simplement.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Interventions? Sinon, on
continue l'étude de l'article. On serait à 63.6. M. le ministre.
M. Caire :
Oui, merci, M. le Président. J'ai un amendement. Non, c'est à 63.6.1. O.K.
Excusez. Non, mais je vais me remettre dedans, là, promis, promis, promis.
63.6,
M. le Président, se lirait comme suit : «Le comité peut, à toute étape
d'un projet visé à l'article 63.5, suggérer des mesures de
protection des renseignements personnels applicables à ce projet, telles
que :
«1°
la nomination d'une personne chargée de la mise en oeuvre des mesures de
protection des renseignements personnels;
«2° des mesures de
protection des renseignements personnels dans tout document relatif au projet,
tel un cahier des charges ou [de] contrat;
«3° une description
des responsabilités des participants au projet en matière de protection des
renseignements personnels;
«4°
la tenue d'activités de formation sur la protection des renseignements
personnels pour les participants au projet.»
Donc, M. le
Président, le 63.6., cet article prévoit que le comité sur l'accès à
l'information et à la protection des renseignements personnels peut, à toute
étape d'un projet de système d'information ou de prestation électronique de services visé par l'article précédent, suggérer
des mesures de protection des renseignements personnels applicables à ce
projet telles que certaines mesures qu'il énumère.
Le
Président (M. Bachand) : Merci, M. le ministre.
Interventions? M. le député LaFontaine, s'il vous plaît.
• (12 heures) •
M. Tanguay :
Oui. Merci, M. le Président. Je retombe dans l'article 8 et 8.1. De facto,
la plus haute autorité, est-ce qu'elle est membre du comité de facto, ou elle constitue
le comité?
M.
Caire :
Elle le constitue.
M. Tanguay :
Elle le constitue puis elle n'y siège pas.
M.
Caire :
Non.
M. Tanguay :
O.K. Est-ce qu'il est bon que le comité sous-délègue la nomination d'une personne
chargée de la mise en oeuvre des mesures de protection sans qu'il y ait une
sorte de lien fait avec la plus haute autorité ou...
M.
Caire :
Bien, en fait, c'est que la plus haute autorité, de par la loi, sera toujours
responsable, sera toujours imputable. C'est d'ailleurs, je vous dirais, le
coeur de l'argument que nous avons eu, vous et moi, pour lequel nous étions entièrement
d'accord, d'ailleurs. Donc, tout acte de délégation se fait dans l'exécution
d'une tâche mais non pas dans la responsabilité qui incombe au premier
dirigeant de l'organisation.
Le Président (M. Bachand) : Interventions? Sinon, nous allons continuer. M. le ministre, vous aviez un amendement.
M.
Caire : Oui, 63...
cette fois, j'y suis, 63.6.1. Donc, l'amendement se lit comme suit : Insérer, après l'article 63.6
de la Loi sur l'accès aux documents
des organismes publics et de la protection des renseignements personnels,
proposé par l'article 14 du projet de loi, l'article suivant :
«63.6.1.
Un organisme public qui recueille des renseignements personnels
en offrant au public un produit ou un service
technologique disposant de paramètres de confidentialité doit s'assurer que, par
défaut, ces paramètres assurent le plus haut niveau de
confidentialité, sans aucune intervention de la personne concernée.
«Ne sont pas visés au
premier alinéa les paramètres de confidentialité d'un témoin de connexion.»
Le
Président (M. Bachand) : C'est beau. Alors, on va suspendre
quelques instants...
M.
Caire :
Bon, bien...
Le
Président (M. Bachand) : Oui?
M.
Caire :
Ah! il n'avait pas été déposé, M. le Président?
Le
Président (M. Bachand) : C'est parce qu'il était... il avait
été déposé, mais je pense qu'il a été retiré puis il va être redéposé.
M.
Caire :
Ah! c'est le nouvel amendement, oui, effectivement. C'est pour mettre la...
Le
Président (M. Bachand) : C'est ça. Merci.
Ça fait qu'on va suspendre quelques instants.
Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 02)
(Reprise à 12 h 04)
Le
Président (M. Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît!
La commission reprend ses travaux. Interventions sur l'amendement du
ministre? M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay : Oui, j'aimerais
savoir qu'entend le ministre lorsqu'il dit : «Un organisme qui recueille
des renseignements personnels en offrant au public un produit [...] disposant
de paramètres [...] doit s'assurer que, par défaut,
ces paramètres assurent le plus haut niveau de confidentialité, sans aucune
intervention de la personne concernée.»
Je vous donne
un exemple bien tangible que j'ai vécu, moi. Je devais envoyer à Revenu Québec
un document, et c'était bien, bien,
simple, l'affaire. J'avais parlé à la dame au téléphone, ça allait super bien,
elle dit : Envoyez-le-moi. Moi, c'est un document qui était, par
ailleurs, public, mais elle a dit : Non, non, vous devez l'envoyer de
façon sécurisée. Puis vous savez, dans nos vies, du temps, on n'en a pas... des
fois, on n'en a pas de lousse. Alors, je lui dis : Quelle est votre
adresse courriel? Je l'ai, votre adresse courriel. Elle a dit : Non, non,
non, vous devez l'envoyer de façon
sécurisée. Bien, j'ai dit : Il est public. Non, correct, parfait. Alors,
je vous envoie la procédure. Elle m'envoie la procédure. Je reçois un
courriel, et là je devais... c'est là, «aucune intervention de la personne
concernée», je devais aller créer un compte, me faire un mot de passe,
m'identifier et télécharger de façon sécurisée le document qui, par ailleurs,
est public, pour pouvoir lui envoyer puis qu'elle le récupère. Moi, je l'aurais
imprimé, là, puis, si on n'était pas en pandémie, j'aurais...
Alors, est-ce que c'est ça qu'on vise ici? Parce
que ça m'a demandé, honnêtement, moi, comme citoyen... Je pense que, finalement, je ne l'ai même pas envoyé
parce que je me disais : Elle va l'avoir, de toute façon, selon les voies
naturelles, puis c'est ce qui est arrivé.
M.
Caire : Bien, en
fait, non, ce n'est pas à ça... parce que là on parle vraiment d'une
transmission d'une information entre vous et un organisme public. Donc, sur la
transmission, bon, ils sont tenus à certaines procédures, surtout dans le cas de Revenu Québec. Ceci étant, je ne me permettrai pas
de juger si c'est exagéré ou non, je
vais vous laisser ça, là.
Mais ici, ce dont on parle, c'est que si vous
avez... si vous utilisez un système sur un... ou un site Web, ou une application
de toute nature et que les paramètres de sécurité... bien, en fait, la sécurité
est paramétrisable, dans le sens où vous
pouvez autoriser, je ne sais pas, moi, l'utilisation de votre
adresse IP, vous pouvez utiliser... quoique ça, ce n'est pas vraiment
sécurisé, mais bon, vous pouvez définir par quelles caractéristiques de
sécurité vous voulez que l'échange ou l'utilisation de l'application soit fait.
Ce qu'on
demande, c'est que, par défaut, on vous offre les plus hauts paramètres de
sécurité qui sont disponibles dans
l'application sans que vous ayez à aller à paramètres, paramètres d'affichage,
sous-paramètres de ci, aller cliquer ici et là parce que vous ne voulez
pas... Par exemple, Google, vous ne voulez pas que Google garde des renseignements,
donc là vous dites : O.K.,
bien là, je vais aller le paramétrer pour qu'il n'y ait pas de renseignement dans mon navigateur qui soit
conservé, ou etc. Donc, quand vous utilisez une application, ce qu'on dit,
c'est qu'elle doit d'emblée vous amener dans son environnement le plus
sécurisé possible sans que vous ayez à intervenir.
M. Tanguay : O.K. Avez-vous
un exemple concret?
M.
Caire : Bien, je vous dirais, mettons, quand vous... Oui,
ce n'est peut-être pas le meilleur exemple. Quand vous
allez sur Google, vous pouvez...
M. Tanguay : Mais avec un organisme
public.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : L'application de
la SAQ. La SAQ, c'est un organisme public, ils ont une application où il y a
des fonctions de localisation.
M.
Caire : C'est un bon exemple. Il y a
des fonctions de localisation, il y a l'utilisation de certains paramètres d'identification.
M. Nadeau-Dubois : Des fonctions de
profilage aussi.
M.
Caire : Oui, je
pense que tu peux utiliser ta carte.
M. Nadeau-Dubois : L'application...
M. Tanguay :
La carte Inspire?
M.
Caire : La
carte Inspire, oui.
M. Nadeau-Dubois : Bien, il y a la
carte, mais il y a l'application. Moi, je ne l'utilise jamais.
M. Tanguay : C'est pour
d'autres, c'est pour d'autres.
M. Nadeau-Dubois : Bien, c'est pour
les gens qui parfois boivent du vin. Moi, ça ne m'arrive jamais, mais on
m'informe que l'application de la SAQ a des fonctions de localisation.
M.
Caire : Des citoyens
nous ont dit que...
M.
Nadeau-Dubois : Exact. Des
fonctions de profilage aussi, peut enregistrer les achats qu'on fait pour créer
un profil de consommateur puis nous proposer
certains produits. Ça fait que ça, je pense, c'est un bon exemple
concret parce que c'est un organisme public.
Est-ce qu'en fonction de cet amendement-là, les...
On va y aller schématiquement, là, mais est-ce que, par exemple, les
fonctions de localisation de l'application de la SAQ devraient être d'emblée
désactivées quand on télécharge l'application?
M.
Caire :
Si ça va dans le sens de vous offrir le plus haut niveau de protection possible
dans l'application, la réponse à cette question-là, c'est oui.
M.
Nadeau-Dubois : Mais est-ce que ça implique que nécessairement...
parce que là je prends l'exemple de la SAQ, mais, tu sais, je ne le sais pas,
est-ce que la SQDC a une application? Bien, on pourrait penser à plusieurs
organismes publics qui développent
des applications de service à la clientèle. Puis on sait que, de plus en plus,
la mode, on peut le critiquer ou pas,
là, mais, bon, tu sais, c'est de faire de la publicité ciblée, de proposer les
options proches du consommateur. On pourrait imaginer d'autres
applications d'autres organismes publics qui auraient des fonctions comme
celle-là. Est-ce que la fonction de localisation devrait être nécessairement
désactivée si on adopte l'amendement?
• (12 h 10) •
M.
Caire : Oui, oui,
oui. En fait, il faudrait que vous l'activiez. Donc, d'emblée, sans que vous
interveniez, il faudrait que ce soit
désactivé, et là on pourrait vous offrir de dire : Bon, bien, si vous
voulez avoir tel et tel service, ça nécessite
d'activer ce volet-là de l'application. Voulez-vous l'activer? Oui, je
l'active, ou non, je ne veux pas l'activer, je vais me passer du
service.
M. Nadeau-Dubois : Est-ce que ça
implique nécessairement que les fonctions qu'on appelle, des fois, de profilage soient automatiquement désactivées? Par
exemple, l'application de la SAQ, je présume puis je pense que c'est une
hypothèse qu'on peut faire, enregistre les recherches qu'on effectue pour
ensuite nous proposer des produits liés aux recherches qu'on a effectuées.
Est-ce qu'une fonction comme celle-là, si on adopte l'amendement, devrait être
désactivée?
M.
Caire : Oui.
M. Nadeau-Dubois : Et il faudrait
volontairement l'activer.
M.
Caire : Voilà.
M. Nadeau-Dubois : O.K. Et tous les
organismes publics devraient...
M.
Caire : Se
conformer.
M. Nadeau-Dubois : ...se conformer à
ça.
M.
Caire : Bien,
évidemment, la loi s'applique à tous.
M.
Nadeau-Dubois : Parfait. Bien, déjà, ça me permet de mieux comprendre
un peu la portée de l'amendement.
M. Tanguay :
O.K., je comprends, mais je ne le lisais pas pantoute comme ça. J'étais
ailleurs, moi, j'étais sur d'autres choses, je ne le lisais pas comme ça. Une
fois qu'on a dit, est-ce que ça inclut qu'une fois... Si je reprends
l'application de la SAQ, je ne sais pas, je ne l'ai, pas cette application-là.
J'ai la carte à points par contre.
M.
Caire : Moi non
plus, je ne bois pas de vin.
M. Tanguay :
Quand je vais faire des commissions pour les autres, ils me laissent les
points, c'est mon pourboire.
M.
Caire : Bon bonhomme.
M. Tanguay :
Mais si je veux... Parce que la SAQ, si je veux : Ah! quelle est la SAQ...
j'imagine, quelle est la SAQ la plus près?,
il va me géolocaliser puis il va m'offrir : Il y en a une à huit
kilomètres, 11 kilomètres, 12 kilomètres. J'imagine que ça, ça implique qu'évidemment je vais
leur permettre de me géolocaliser, mais ça implique aussi qu'après il
n'y aura pas conservation, j'imagine. J'en suis sur l'aspect conservation.
Est-ce qu'on doit
lire cet article comme étant que la SAQ, une fois que la demande a été faite,
on lui a ciblé à huit kilomètres la SAQ la plus près, parfait, que je ne suis
plus, après cette réponse-là... je ne suis plus géolocalisé après une certaine
période de temps, je ne sais pas s'il y a un temps, et que cette information-là
ne reste pas dans leur système, que ce
soit... parce que la vie de l'information... On arrive toujours à la mort de
l'information qui est... C'est quoi, le terme? Détruite...
M.
Caire :
Le cycle de vie, la destruction du cycle de vie.
M. Tanguay :
Le cycle de vie, mais la dernière étape, c'est «détruite», c'est-tu ça?
Une voix :
...
M. Tanguay :
Destruction, que ça soit détruit. Ça implique ça aussi, j'imagine?
M.
Caire : Bien, en
fait, là, on ne tombe pas dans la portée de l'amendement sur le cycle de vie de
l'information puis l'utilisation. Ça, c'est vraiment quand vous faites
une utilisation de l'application pour dire : Je vous convie dans
l'environnement le plus sécuritaire que mon application peut vous proposer. Et
donc à vous de paramétriser, après ça, pour permettre l'utilisation
d'information ou d'outils d'information qui vont permettre de personnaliser
votre navigation, mais le cycle de vie de
ces informations-là ne sont pas traitées par l'amendement. Mais on va voir ça
ailleurs, ceci étant.
M. Tanguay :
On va voir ça ailleurs.
M.
Caire :
Oui, on voit ça ailleurs.
M. Tanguay :
Puis, à la partie destruction, est-ce que... je ne sais pas à quel article on
va voir ça, mais est-ce qu'on aura le débat sur : Est-ce que la SAQ... ou
ce n'est pas au niveau de la loi du n° 64, parce que
là on est réellement trop dans le détail, mais est-ce qu'on veut, comme
législateur, se poser la question : Est-ce que la SAQ pourrait garder
cette information-là, que le député de LaFontaine, tel jour, telle heure, tel
endroit, a demandé ça? Parce que ça a une certaine valeur commerciale aussi,
là.
M.
Caire : Oui, bien,
en fait, la réponse à votre question, c'est oui, la SAQ pourrait garder ces
informations-là. Ceci étant, il y a des articles auxquels ils devront se
conformer dans l'utilisation, dans les consentements qui sont demandés, dans le
cycle de vie d'une information, à quel moment on doit détruire une information,
etc. On va aussi adresser ces questions-là.
M. Tanguay :
À quel article on va en parler?
M.
Caire :
Ça, c'est une excellente question. Là, je ne les ai pas tous par coeur en tête.
M. Tanguay :
Ça, on ne les amende pas, hein?
Une voix :
...
M.
Tanguay : Oui, 73,
mais on l'amende. O.K. Ça fait qu'on va en parler là, de la destruction.
O.K. Dernière question de
compréhension : «Ne sont pas visés — deuxième
alinéa — au
premier alinéa les paramètres de confidentialité d'un témoin de
connexion.» C'est quoi, un témoin de connexion?
M.
Caire :
Un cookie.
M. Tanguay :
Un cookie. C'est quoi, un cookie?
M.
Caire :
Quand vous rentrez sur un site, le cookie, c'est une espèce de petit fichier
qu'on va déposer sur votre navigateur, qui
va enregistrer certains renseignements dans votre séance de navigation. Ce
qu'on va faire, par contre, c'est vous demander, dire : Ce site
utilise des cookies, les témoins...
M. Tanguay :
O.K. Moi, je dis toujours «accepter». Je dis toujours «accepter».
M.
Caire : Puis, si vous dites oui, il va être en mesure de
déposer ce petit fichier-là, puis c'est des informations dont lui se sert pour paramétriser votre navigation
mais à l'intérieur du site. Mais normalement on vous dit : Est-ce que
vous l'acceptez, oui ou non?
M.
Tanguay : O.K.
Donc, si je vais sur le site SAQ, puis : Voulez-vous accepter, moi, je
fais toujours «accepter», là, parce que je n'ai pas le
temps de lire les termes de : Ah! oui, je veux mon...
M.
Caire :
En fait, il n'y a pas de termes, hein, c'est vraiment : Ce site utilise
des... bien, moi, l'expression connue, c'est les cookies. Est-ce que vous
acceptez qu'on s'en serve, oui ou non? Vous dites oui ou vous dites non.
M. Tanguay :
Dans le fond, on pourrait... Francisé, c'est-tu un mouchard? Il me semble que
ça serait un...
M.
Caire :
Non, je pense, témoin de connexion, c'est la traduction usuelle, là.
M. Tanguay :
O.K. Donc, ça, ça veut dire que ça... ce que j'ai fait pendant le deux minutes,
trois minutes sur le site, c'est enregistré.
M.
Caire :
C'est enregistré.
M. Tanguay :
Je pars, ça garde ça.
M.
Caire :
C'est déposé sur votre navigateur.
M. Tanguay :
O.K., ce n'est pas de l'information qu'il... O.K.
M.
Caire : Non, non.
Ce que vous pouvez faire, à la limite, c'est l'effacer, le supprimer. Une fois
que la navigation est terminée, vous pouvez le supprimer.
M. Tanguay :
Puis quelle est son utilité?
M.
Caire :
Le site va aller chercher des informations sur ce que vous avez fait durant
votre navigation, c'est son fichier de
référence par rapport à vous pour dire : O.K., bien, moi, je suis allé...
j'ai consulté telle page, telle page, telle page, etc., là. C'est
vraiment comme votre...
M. Tanguay :
Puis, quand vous y retournez, il s'en rappelle, c'est sa mémoire.
M.
Caire :
Il revient chercher le cookie, il va le chercher parce que lui, il sait où il
l'a déposé sur votre ordi, il va rechercher
le cookie, puis lui, c'est un pro forma qu'il est capable de lire, puis il
vient chercher l'information comme ça.
Donc, la prochaine fois, ça lui permet de dire : Ah! O.K., la dernière
fois que tu es venu me voir, tu as regardé ça, tu as regardé ça, tu as
regardé ça, tu es resté tant de temps, parfait. Puis là il peut faire des
suggestions.
Ce que vous pouvez
faire très simplement, c'est... vous les supprimez. Ils sont dans un fichier
puis... Souvent même, votre système d'exploitation, votre ordinateur va vous
offrir cette opportunité-là : Voulez-vous supprimer les cookies?
Absolument, puis il va tout faire le ménage là-dedans.
M. Tanguay :
Pour les organismes publics, pourquoi c'est important de préserver les cookies?
Parce qu'on l'exclut du premier alinéa.
M.
Caire :
Bien, parce qu'en fait c'est au niveau de la paramétrisation, c'est-à-dire
qu'on n'interdira pas l'utilisation d'un cookie, parce que normalement, si on
se fie au premier alinéa, ça viendra dire que je ne peux pas me servir d'un cookie. Donc, ce que je vais faire,
je vais plutôt vous demander le consentement pour l'utiliser, mais je ne
vais pas... je ne peux pas désactiver. Je m'en sers ou je ne m'en sers pas.
Puis souvent les
applications sont construites comme ça. Je veux dire, c'est prévu dans la
conception de l'application de dire : Bon, bien, telle information, je
vais la garder dans un fichier, je la dépose sur le poste du client. Donc, ce n'est pas une intrusion, là. Je n'essaie
pas de hacker votre système d'exploitation, je fais juste le déposer dans
un fichier, bye bye. Puis après ça, ça me donne... ce n'est pas des...
M. Tanguay :
C'est une aide à la conduite, dans le fond.
M.
Caire :
Oui, ce n'est pas... puis sans dire qu'il n'y a pas d'enjeu de sécurité, parce
que ça ne serait pas vrai, là, ce n'est pas
un outil pour faire une intrusion malicieuse dans votre système, là, c'est
vraiment un fichier qui est constitué par l'application. Puis, par
contre, comme je vous dis, on va demander le consentement sur l'utilisation,
parce que ça reste que je dépose sur votre ordinateur un fichier que vous
n'avez pas constitué, que l'application va se constituer elle-même.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de Gouin, s'il vous plaît.
M.
Nadeau-Dubois : Oui. Ma
question, c'est, si on adopte cet amendement... D'ailleurs, un bon amendement,
hein, on l'avait préparé, mais c'est toujours bien d'être devancé par le
ministre, parce que c'est une recommandation qui avait été faite par plusieurs
groupes.
Je présume
que le ministre va également amender l'article 18 pour que ce soit
cohérent, puisqu'à l'article 18 on proposait de devoir informer
l'utilisateur du recours à une telle technologie, référant à une technologie
comprenant des fonctions permettant de l'identifier, le localiser ou
d'effectuer un profilage et des moyens offerts pour activer les fonctions
permettant d'identifier, de localiser ou d'effectuer un profilage. Est-ce que
le 18 va être amendé pour le rendre cohérent avec notre nouveau 63.6?
M.
Caire : Je ne vois
pas d'amendement en ce sens-là. L'article 18, écoutez, on aura des
explications rendu à l'article 18, mais
à ma connaissance on a déposé... On a-tu déposé l'amendement
pour l'article 18? Oui, bon, alors on a déposé les amendements
prévus, M. le Président, à l'article 18.
• (12 h 20) •
M. Nadeau-Dubois : Parce que ça
dit... Puis je suis désolé, j'ai lu la mauvaise version de l'article, j'ai
vendu le punch, j'ai lu l'amendement que je
voulais déposer à l'article plutôt que l'article. Ce que l'article dit, c'est
qu'il faut informer l'utilisateur des
moyens offerts pour désactiver les fonctions permettant d'identifier, de
localiser ou d'effectuer. Oui, donc, ce n'était pas du «privacy by
design», le leader du gouvernement n'est pas là, on a le droit d'utiliser des anglicismes, c'était, au contraire, une
disposition qui disait : Il faut informer les gens de comment désactiver
les fonctions de localisation, de profilage, d'identification.
Là, ce que
j'ai posé comme question tantôt, c'est... avec le nouvel amendement on va changer
toute l'approche puis, au contraire,
on va être dans une approche de plus haut niveau de confidentialité par défaut,
donc il faudrait amender 18.
M.
Caire : Bien, M. le
Président, on aura cette discussion-là quand on sera rendu à 18, mais ceci
étant, là, d'entrée de jeu, je n'ai aucun problème... s'il y a une dichotomie
entre les deux articles, je n'ai aucun problème à ce qu'on adopte les
amendements qui seront jugés nécessaires pour être cohérent, aucun problème
avec ça. L'idée est de dire que, quand vous
entrez dans un espace numérique, on devrait vous offrir cet espace-là dans ces
conditions les plus sécuritaires possible. C'est ça, le principe, puis
je n'ai aucun problème à ce qu'on puisse adopter des amendements qui vont aller
dans ce sens-là.
M. Nadeau-Dubois : Parfait, parce
que c'est ça, je donnais ces exemples-là, justement, parce que c'est les... Je
cherchais, comme le député de LaFontaine, un exemple, puis là c'est l'exemple
de l'application de la SAQV qui m'est venu.
M.
Caire : Le député
de LaFontaine étant lui-même un exemple.
M. Nadeau-Dubois : À plusieurs
égards.
M.
Caire : Il n'y a
pas de double sens, c'était juste téteux, Marc.
M. Nadeau-Dubois : Et donc je me
disais, si l'objectif de l'amendement à l'article 63, c'est de faire en
sorte que les gens doivent activer ces fonctions-là, bien, il va falloir
harmoniser...
M.
Caire : Bien, comme
je vous dis, on aura la discussion à 18, mais effectivement, s'il y a une
incohérence, on va s'assurer de la régler.
M.
Nadeau-Dubois : Bien, je me permets de dire, M. le Président, que
c'est un excellent amendement, là, je... Est-ce que le ministre a
l'occasion de faire un amendement similaire pour la loi dans le secteur privé?
M.
Caire : Oui, ça va
être la même disposition, si tant est qu'elle n'est pas... Elle est-tu déjà là?
Une voix : ...
M.
Caire : Elle est déjà
là, hein? C'est ça, c'est le public qui s'adapte à ce qui se fait au privé. Il
me semblait que ça... Je n'étais pas sûr, là, mais...
M. Nadeau-Dubois : Voilà, c'est ça,
c'était déjà le cas pour le privé.
M.
Caire : C'est déjà
le cas pour le privé. On fait juste mettre... En fait, on s'assure qu'il y ait
une cohérence par rapport à ce qu'on faisait au public.
M.
Nadeau-Dubois : Voilà. En effet, désolé, moi aussi, je me remets dans
le bain, mais ça confirme les souvenirs et les notes que j'ai.
M.
Caire : Oui, oui.
Non, ce n'est pas grave, on est tous à la même page.
M.
Nadeau-Dubois : Bien, parfait, M. le Président, ça complète mes
questions pour cet amendement.
Le Président (M. Bachand) : Merci. Autres interventions sur l'amendement?
S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux
voix. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire :
Pour, contre, abstention. M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire :
Pour.
La
Secrétaire : Pour les membres du groupe parlementaire formant
le gouvernement, M. Lévesque (Chapleau)?
M. Lévesque
(Chapleau) : Pour.
La Secrétaire :
Pour les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay :
Pour.
La Secrétaire :
M. Nadeau-Dubois (Gouin)?
M.
Nadeau-Dubois : Pour.
La Secrétaire :
M. Bachand (Richmond)?
Le
Président (M. Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement est
adopté. M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire :
Oui, 63.7, M. le Président. Alors, il se lit comme suit :
«Un organisme public
qui a des motifs de croire que s'est produit un incident de confidentialité
impliquant un renseignement personnel qu'il
détient doit prendre les mesures raisonnables pour diminuer les risques qu'un
préjudice soit causé et éviter que de nouveaux incidents de même nature
ne se produisent.
«Si l'incident
présente un risque qu'un préjudice sérieux soit causé, l'organisme doit, avec
diligence, aviser la commission. Il doit également aviser toute personne dont
un renseignement personnel est concerné par l'incident, à défaut de quoi la commission peut lui ordonner de le faire. Il peut
également aviser toute personne ou tout organisme susceptible de
diminuer ce risque, en ne lui communiquant que les renseignements personnels
nécessaires à cette fin sans le consentement
de la personne concernée. Dans ce dernier cas, le responsable de la protection
des renseignements personnels doit enregistrer la communication.
«Malgré le deuxième
alinéa, une personne dont un renseignement personnel est concerné par
l'incident n'a pas à être avisée tant que
cela serait susceptible d'entraver une enquête faite par une personne ou par un
organisme qui, en vertu de la loi, est chargé de prévenir, détecter ou
réprimer le crime ou les infractions aux lois.
«Un
règlement du gouvernement peut déterminer le contenu et les modalités des avis
prévus au présent article.»
Donc,
M. le Président, 63.7, cet article prévoit qu'un organisme public qui a
des motifs de croire que s'est produit un incident de...
M.
Nadeau-Dubois : ...le temps que j'aille effectuer un vote au salon
bleu, M. le Président.
Le
Président (M. Bachand) : Parfait.
M. Nadeau-Dubois : Le ministre peut finir la lecture de l'article.
Je pensais que vous me donneriez la parole juste à la fin.
M.
Caire :
O.K. Bien, c'est l'explication. J'en ai pour 30 secondes, M. le
député.
M.
Nadeau-Dubois : Allez-y, allez-y.
M.
Caire :
Donc, qu'il s'est produit un incident de confidentialité impliquant un
renseignement personnel qu'il détient doit prendre les mesures raisonnables
pour diminuer les risques qu'un préjudice soit causé et éviter que de nouveaux
incidents de même nature ne se produisent.
Il
prévoit également que, si l'incident présente un risque qu'un préjudice sérieux
soit causé, l'organisme doit, avec diligence, aviser la commission et
toute personne concernée par... renseignement personnel impliqué.
Afin...
Enfin, pardon, il prévoit que l'organisme peut aussi aviser toute personne ou
tout organisme susceptible de diminuer le risque du préjudice à
certaines conditions. Voilà.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Donc, on va suspendre
les travaux pour permettre au député de Gouin d'aller voter. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 25)
(Reprise à 12 h 29)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission
reprend ses travaux. Interventions sur l'article 63.7? M. le député de LaFontaine,
s'il vous plaît.
M. Tanguay : ...j'aimerais
entendre le ministre sur c'est quoi, un préjudice sérieux.
M.
Caire : La réponse à la question du député se retrouve à l'article 63.8, où on
dit... Bon, en fait, un incident de confidentialité...
Puis à 63.9 : «Lorsqu'il évalue le risque que d'un préjudice soit causé à
une personne...» En tout cas, les deux articles vont répondre à cette
question-là.
M. Tanguay : «63.9. Lorsqu'il
évalue le risque qu'un préjudice soit causé à une personne [...] un organisme
[...] doit considérer notamment la sensibilité du renseignement [...] les
conséquences appréhendées de son utilisation et la probabilité qu'il soit
utilisé à des fins préjudiciables.»
On va faire le débat à 63.9. Est-ce que ces
pistes de réflexion là sont cumulatives ou sont alternatives?
• (12 h 30) •
M.
Caire :
C'est-à-dire que chacune en soi est un élément à considérer...
M. Tanguay : Qui le ferait
sérieux comme préjudice.
M.
Caire : Oui, oui.
M. Tanguay : Elles ne sont
pas cumulatives, là? Il n'y a pas besoin d'avoir...
M.
Caire : Non.
M. Tanguay : O.K. C'est là où
il est important d'avancer avec C-11. C-11, à l'article 58, 1, Déclaration
au commissaire, on parle dans le contexte de «l'organisme déclare au commissaire toute atteinte aux mesures de sécurité qui a trait à des renseignements
personnels qui relèvent d'elle s'il
est raisonnable de croire», donc déjà là... Je retourne dans le 64 : «Si l'incident présente un risque qu'un préjudice
sérieux soit causé, l'organisme doit aviser la commission.» Au fédéral,
l'analyse... «...raisonnable de croire que, dans les circonstances, l'atteinte présente un risque réel
de préjudice grave...» Et ça, C-11, ça va avoir un impact encore plus,
peut-être, déstabilisant pour les entreprises privées, puis, j'imagine, c'est
la même rédaction plus tard, dans le 64, sur les entreprises privées, mais n'y
échappent pas aussi les organismes publics, tant les organismes fédéraux que
provinciaux.
Est-ce qu'il y a eu une réflexion quant à
l'harmonisation avec la définition faite avec le fédéral? Parce que le
législateur provincial, dans l'exercice de sa prérogative, ne parle pas pour ne
rien dire. Je sais que ce n'est pas la même bouche qui parle quand c'est le
Parlement canadien, mais les deux lois doivent vivre ensemble, puis là force
est de constater qu'en français j'ai des mots différents qui réfèrent à des
réalités différentes.
M.
Caire : Mais les
concepts ne sont pas éloignés l'un de... Le phrasé est différent, mais, je veux
dire, on arrive pas mal sur la même cible. Quand vous regardez, mettons, 63.8,
où là on va vraiment définir c'est quoi, un incident de confidentialité, puis
63.9, la combinaison de ces deux articles-là vient vraiment circonscrire de
façon... à mon humble avis, là, puis je ne veux pas partir de polémique
fédérale-provinciale, là, mais, à mon avis, je pense qu'on vient circonscrire
l'environnement d'un incident de confidentialité et d'un préjudice sérieux de
façon quand même assez précise, là, dans la mesure où trop, ce n'est comme pas
assez, là.
M. Tanguay : Est-ce que
l'existence même d'un préjudice n'aurait pas justifié la communication, au deuxième alinéa? Parce qu'un préjudice, c'est un
préjudice. Pourquoi ce... parce que préjudice sérieux égale communiquer.
Moi, j'aurais été peut-être de l'école, puis
on discute, là, préjudice égale communiquer et préjudice sérieux encore plus,
une autre couche, là, à ce moment-là, là, mais... parce que, s'il y a un
préjudice simple, il n'y aura pas l'obligation de communiquer?
M.
Caire : Bien, c'est-à-dire
que si... On vient qualifier le préjudice parce qu'on se dit : Bon, bien,
dans le cas d'un... Je vous donne un exemple
précis. Moi, je télécharge, sur un site, une information par erreur. Je me
rends compte que cette information-là peut avoir été rendue publique. J'ai un
préjudice sérieux, je dois prendre des mesures pour contrer les effets
de ça, corriger l'erreur, prendre tous les moyens à ma disposition pour mitiger
tout ça.
Vous envoyez,
je ne sais pas, moi, une fiche avec des renseignements personnels, vous vous trompez d'adresse, vous l'envoyez au
mauvais collègue. Tu sais, est-ce que... Puis le collègue
vous dit : Aïe! ce n'était pas la bonne adresse. O.K., excuse.
Bien, ce n'est pas grave, j'ai supprimé le courrier, mais fais
juste l'envoyer à un tel, ce n'est pas... Vous comprenez le contexte? Bon, est-ce
qu'il y a là un préjudice sérieux qui nécessite qu'on appelle la personne qui
est concernée par les renseignements
personnels, qu'on mette la Commission d'accès à l'information pour dire :
Excusez, je me suis trompé d'adresse?
Tu sais,
c'est parce qu'il y a des démarches qui viennent avec ça, puis il faut juste
s'assurer que ces démarches-là sont faites lorsqu'effectivement il
peut... ça se justifie par le risque qui est encouru de les faire, ces
démarches-là, et de mettre tout ce monde-là... parce que,
là, on sonne l'alarme. Là, la Commission d'accès à l'information, elle doit prendre des actions une fois qu'elle a été avisée,
là. Elle va prendre des actions, elle ne fera pas juste : Ah! O.K., c'est
correct, là. Puis la personne... Bien, vous
venez de créer quand même un certain environnement. O.K. Mes renseignements
personnels se sont promenés puis ils n'avaient
pas d'affaire à... alors que, dans les faits, la situation ne le justifie pas,
par le fait qu'il n'y a pas de risque, là. C'est une erreur bébête, mais
sans plus.
M. Tanguay : Deux choses.
Suivez-moi bien. En droit, j'ai un recours judiciaire pour tout préjudice que
vous m'avez causé. En droit, Code civil, j'ai un recours judiciaire pour tout
préjudice. Que le préjudice soit minime, 10 000 $, 5 000 $,
100 $, j'ai un droit, ou qu'il soit sérieux, 1 million,
3 millions, j'ai un recours judiciaire. Et il n'y a pas de qualification
dans notre corpus législatif de... Un préjudice, c'est un préjudice. Puis la
façon que le juge va vous accorder un recours, vous
devez faire la preuve de trois choses : la faute, j'ai commis une faute;
il y a eu un dommage, un préjudice, 10 $ ou 1 million; puis il y a un
lien de causalité. Une fois que vous avez établi ça devant une cour de justice,
vous gagnez. Vous avez donc votre 10 $, votre 100 $, votre
1 000 $ ou votre million.
Mon point, c'est que, s'il y a possibilité d'avoir
un préjudice, effectivement, peut-être qu'on ne va pas alerter la commission,
qui va déclarer... déclencher une enquête, puis tout ça, mais, s'il y a
possibilité d'avoir un préjudice, j'en
informerais le citoyen. C'est pour ça que je garderais les mêmes mots, mais je
déplacerais «sérieux» : «Si l'incident présente un risque sérieux
qu'un préjudice soit causé», et non pas «un préjudice sérieux».
Ce qui doit être sérieux, c'est l'analyse que je
pense qu'il pourrait y avoir un préjudice, j'en informe le citoyen, et non pas : S'il y a juste un
préjudice, je m'en fous, il ne sera pas au courant. Je vais attendre juste un préjudice sérieux, là, tu
sais, 1 000 $, 10 000 $, non, non. Ah! 1 million,
c'est sérieux, potentiel sérieux. Le «sérieux», je le déplacerais. «Si
l'incident présente un risque sérieux qu'un préjudice soit causé», là, j'en
informerais le citoyen puis peut-être qu'on pourrait en aviser la commission,
j'aimerais ça qu'elle soit au courant. Mais elle, à ce moment-là, à l'interne, elle pourrait dire : Regarde,
O.K., on ne va pas déclencher la commission Gomery n° 2,
là. Il est arrivé ça, parfait, on en prend bonne note, bon citoyen.
Mais préjudice... Tu n'es pas à moitié enceinte,
là. Préjudice, il y a un préjudice ou il n'y en a pas. Mais, s'il n'y a pas de
risque sérieux qu'il y ait un préjudice, oublie ça.
M. Caire :
...suspendre?
Le Président (M.
Bachand) : Bien, j'ai le député de Gouin peut-être
sur le même sujet.
M. Nadeau-Dubois : Sur un sujet
complémentaire, mais...
Le Président (M.
Bachand) : Oui, allez-y, allez-y.
M. Nadeau-Dubois : ...aussi bien de
le faire tout de suite. Puis le ministre, s'il souhaite suspendre, il pourra
brasser les deux idées en même temps.
J'avais essentiellement les mêmes questions que
mon collègue de LaFontaine. J'en ajoute une autre. Puisque l'article 63.7,
à sa fin, là, ajoute une exception, en disant qu'il y ait préjudice ou
préjudice sérieux, il y a une exception à la responsabilité de divulguer
l'incident, et cette exception-là, c'est «tant que cela serait susceptible
d'entraver une enquête faite par une personne ou par un organisme qui, en vertu
de la loi, est chargé de prévenir, détecter ou réprimer le crime ou les
infractions aux lois.» Malheureusement, les enquêtes pour fuites de données, ça
peut être très long. Est-ce que le ministre ne craint pas que cette
disposition-là de la loi devienne une espèce de prétexte pour se soustraire à l'obligation
de divulguer?
La Ligue des droits et libertés, en tout cas,
émet ce commentaire-là dans son rapport... dans son mémoire, et le Barreau fait
le même commentaire, en disant : Là, on voit une exception. Et on
dit : Si le fait d'informer les gens qu'il y a eu fuite de données, c'est
«susceptible d'entraver une enquête faite par une personne ou par un organisme
qui, en vertu de la loi, est chargé de prévenir, détecter ou réprimer le crime
ou les infractions aux lois...» D'ailleurs, c'est un libellé très général. Si
le département de la sécurité, il doit y avoir des départements de sécurité
informatique dans les organismes publics, enquête sur un incident... Ah! on n'a
pas fini nos vérifications, on n'a pas encore... on n'est pas obligés par la
loi de divulguer aux gens qu'il y a eu un incident. Il me semble, ça ouvre la
porte à des interprétations un peu larges. Et d'ailleurs la loi fédérale ne
prévoit pas une telle exception, et le règlement d'application de la loi
fédérale non plus.
Donc, j'avoue que ça, ça m'inquiète, d'autant
plus que, tu sais, ça peut bouleverser une vie, là. Pas toujours, tu sais, des
fois, c'est banal, mais ça peut bouleverser une vie, le fait d'être victime
d'une fuite de données.
M.
Caire : Mais si je
peux...
M. Nadeau-Dubois : Ça fait que j'ai
comme la crainte, puis elle est appuyée sur les craintes de la Ligue des droits
et libertés puis du Barreau, que cet article-là puisse être utilisé, c'est ça,
comme prétexte pour bloquer la communication aux personnes concernées.
Est-ce qu'on ne pourrait pas modifier l'article
en disant : Il faut que ce soit vraiment, tu sais, préjudiciable pour
l'enquête, par exemple, tu sais, venir préciser le libellé un peu? Parce que,
là, j'ai l'impression, et ce n'est sans doute
pas ça, la volonté, mais qu'on ouvre une potentielle exception très, très
large et générale pour permettre à beaucoup
de gens de dire :
Ah! on enquête encore, on enquête encore, ce n'est pas fini, ne divulguez pas
l'information. Je ne sais pas si le ministre voit un peu la crainte que
j'ai.
• (12 h 40) •
M.
Caire :
Oui, mais je ne la partage pas. Puis la réponse du député, elle est dans deux
éléments. D'abord, on s'entend que les enquêtes ne sont pas faites par les
organismes. Donc, quand je dis : l'incident présente un... Bon, pour l'instant, le libellé est «un risque de
préjudice sérieux...» «l'organisme doit, avec diligence, aviser la commission», donc la commission
est avisée. «Il doit également aviser toute personne dont un renseignement personnel est concerné par l'incident, à défaut de
quoi la commission peut lui ordonner de le faire.»
Donc,
ce qu'on amène comme élément, c'est que, si, dans sa... Puis on parle d'une
personne ou d'un organisme. Donc, on
peut penser que ça peut être un corps policier. On a tous des exemples
en tête où les policiers ont dû enquêter sur des fuites de renseignements personnels. Ça peut être la commission, le volet
surveillance de la commission,
qui est capable de faire des audits, qui a évidemment
cette capacité, ce pouvoir-là d'enquête. Mais, pour pallier à ce dont le député
parle et pourquoi moi, je n'ai pas cette
crainte-là, c'est que la Commission
d'accès à l'information peut aussi
ordonner à un organisme de divulguer le fait qu'il y a eu fuite de
renseignements, ou qu'il y a eu un incident de confidentialité, devrais-je
dire. Et donc une organisation qui voudrait retarder l'exécution de cette
obligation légale pour se protéger verrait certainement... et je ne veux pas
parler au nom de la Commission d'accès à l'information, mais je pense que je
vais le faire quand même, verrait certainement la Commission d'accès à
l'information utiliser ce pouvoir-là de lui ordonner de communiquer avec la
personne qui a fait l'objet de ce préjudice-là et de l'aviser de cette
situation-là.
Donc, non, ça ne
m'inquiète pas parce que je pense que cette disposition-là de la loi, ce
pouvoir-là de la Commission d'accès à l'information, qui doit être avisée avec
diligence... donc ça, c'est des mots qui sont très forts, et donc qui a ce pouvoir-là d'audit, qui a ce
pouvoir-là de faire les enquêtes en question, donc à qui on ne pourra pas
cacher le fait qu'on se traîne les
pieds, si tant est que cette situation-là prévaut, elle aura le pouvoir
d'ordonner à l'organisme : Non, tu dois faire ça, c'est une
obligation légale, et tu le fais, point à la ligne.
Et l'idée étant qu'il
peut arriver des situations où d'aviser la personne, et après ça la personne
est libre de faire ce qu'elle veut avec cette information-là qu'on lui a
donnée, notamment des interventions publiques, pourrait peut-être avoir causé
un préjudice à une enquête, ce qu'on ne souhaite pas, personne, parce que...
puis je sais que c'est le cas aussi du député de Gouin.
Donc, je pense que
ces deux dispositions-là nous garantissent... Tu sais, notre chien de garde a
le pouvoir d'ordonner, là, de le faire. Ça
fait que moi, pour moi, ça me rassure sur le fait qu'une rétention d'informations
à des fins de préserver sa réputation, pour moi, ça ne serait pas
possible à cause de ce pouvoir-là de la CAI.
M.
Nadeau-Dubois : Le ministre a bien compris l'objet de mon
interrogation, là, en effet, parce que c'est ce qu'on veut éviter, qu'un
organisme public, par crainte de scandale de relations publiques...
M.
Caire :
Oui, oui, tout à fait, pour des mauvaises raisons.
M.
Nadeau-Dubois : ...par crainte d'un appel courroucé de la part d'un
ministre, se dise...
M.
Caire :
Une question en Chambre.
M.
Nadeau-Dubois : Ouf! Ah! il y a encore une enquête, il y a encore une
enquête, puis, dans la loi, quand il y a une enquête, on a le droit d'attendre
un petit peu avant de le dire, tu sais. Puis c'est ce qu'on veut éviter, puis
je caricature mais pas tant que ça, là.
Sur les dérives
potentielles, ce que le ministre me dit, c'est que la commission a, de toute
façon, le pouvoir d'ordonner à l'organisme
d'informer les gens qui seraient visés par une fuite ou un incident. Mais,
encore une fois, là, ça nous ramène à l'interrogation du collègue de LaFontaine.
C'est seulement dans la version actuelle du projet de loi, s'il y a un
préjudice...
M.
Caire :
Sérieux.
M. Nadeau-Dubois : ...jugé sérieux, puis je fais miennes ses
préoccupations sur, exactement, qu'est-ce qu'un préjudice sérieux et...
M.
Caire :
Et je vais consulter Dieu sur...
M.
Nadeau-Dubois : O.K.
Parfait. Bien, on peut... Si le ministre souhaite suspendre, on peut procéder, puis je reviendrai.
Le Président (M. Bachand) : Ça va? Alors, on va suspendre quelques... Oui, M.
le député de LaFontaine avant.
M. Tanguay :
Pour la suite du point du collègue de Gouin, juste... Vous l'avez peut-être
dit, puis ça m'a échappé, parce qu'on essaie
de lire en même temps. Puis, si le ministre le dit, ça va être dit au micro
puis... Le troisième alinéa, qui
dit : «Malgré le deuxième alinéa, une personne dont un renseignement
personnel est concerné par l'incident n'a pas à être avisée», bla, bla,
bla... Mais, en tous les cas d'espèce, si l'organisme public juge que c'est
susceptible d'entraver une enquête, dans tous les cas d'espèce, la CAI va être
avisée?
M.
Caire :
Oui. C'est seulement la personne qui n'a pas à être avisée en cas d'enquête.
Dans tous les cas où il y a un préjudice sérieux, la CAI doit être avisée.
M. Tanguay : Et la CAI aura
tous les pouvoirs de dire à l'organisme public : Bien, désolée, je ne
considère pas qu'en l'espèce c'est susceptible d'entraver une enquête. Puis la
CAI pourrait même avoir... Tout en respectant le champ... l'indépendance des
institutions, le cas échéant, policières, la CAI pourrait même... Je veux dire,
la CAI va devoir aussi développer une
relation avec celles et ceux qui vont mener de telles enquêtes pour leur
dire... Il va falloir qu'il y ait une ligne de communication, sans aller
dans le détail, parce que ce n'est pas sa job... mais de dire : Vous êtes réellement sûrs? Puis même, je vous dirais de
challenger ça, parce que nos amis, nos amis qui font des enquêtes, au sens très large, valorisent beaucoup le secret,
valorisent très, très, très beaucoup le secret. Dans le doute, il y a secret,
puis on ne dit rien.
M.
Caire : Oui, mais
comprenons de ça que, dans un contexte administratif, on s'entend que la CAI va
faire son enquête. Elle a ce pouvoir-là. La
CAI a deux volets. Il y a le volet juridictionnel, il y a le volet
surveillance. Donc, dans le volet surveillance, la CAI peut faire de la
prévention mais peut aussi faire des enquêtes. Bon, alors, ça, ce pouvoir-là,
il est exercé pleinement par la CAI.
Dans le cas où le préjudice ou l'incident de
confidentialité aurait des répercussions plus qu'administratives, on peut
penser, par exemple, qu'un corps policier pourrait être impliqué, et donc là il
y a une nécessaire coordination avec la CAI,
qui garde son pouvoir, là, qui garde son pouvoir. Mais on l'a vécu avec un
incident que nous avons tous en tête, qui a impliqué à peu près tous les
Québécois, là, où la police a fait enquête, mais où la CAI est aussi intervenue,
là. La CAI faisait son travail, nonobstant
tout ça. Donc, à ce moment-là, on a un beau cas d'espèce où... Est-ce qu'il
aurait été justifié d'aviser immédiatement les gens qui ont été victimes
de ces incidents de confidentialité là? Est-ce que ça
entraverait le travail des policiers? La CAI a l'autorité pour le faire, et, à
la limite, la CAI aurait pu ordonner...
Transposons cette situation-là à une situation
qui implique un organisme public, parce que, dans ce cas-ci, on parle
d'organismes publics, là. La CAI, donc, par l'adoption de 63.7, aura le
pouvoir, si elle arrive à la conclusion qu'il n'y a pas entrave à une enquête,
elle aura le pouvoir d'ordonner à l'organisme d'aviser les gens qui seront
visés par l'incident et qui, de ce fait, pourraient subir un préjudice, jusqu'à
ce jour, sérieux.
M. Tanguay : Là, on pourrait mettre du béton armé à ça. Est-ce
que l'on veut que ce pouvoir juridictionnel là de la CAI soit exclusif? Ou, si on ne le fait pas, s'il n'est pas
exclusif, ce qui va arriver, il va peut-être y avoir des avocates, avocats de corps policiers qui vont se rendre en Cour supérieure puis qui vont contester
l'évaluation de la CAI puis ils vont demander une ordonnance de la Cour
supérieure. Il pourrait y avoir un débat juridictionnel.
Est-ce que
l'on veut mettre dans la loi... Puis, si c'est marqué dans la loi, comme dans
le Code de procédure civile, c'est une loi qui donne les compétences des cours,
est-ce qu'on veut que ce soit une compétence exclusive de la CAI de statuer quant à l'à-propos de cela ou... il
pourrait peut-être même y avoir là un argument constitutionnel, mais là ce
n'est pas des droits individuels.
Est-ce que l'on veut permettre à un corps policier de contester ça? Parce que
ça peut être un méchant noeud, là.
M.
Caire :
Bien, moi, je vous dirais, là, puis on jase, là, je n'ai pas fait une longue
réflexion sur le sujet, là, mais il me semble, ça ferait beaucoup, là,
ça ferait beaucoup, là.
M. Tanguay : De?
• (12 h 50) •
M.
Caire : Bien, de
dire que la CAI a, là, la seule autorité pour décider si on doit...
M. Tanguay : On laisse le
recours possible. O.K.
M.
Caire : Bien, il me
semble que, tu sais, dans une idée de justice...
M. Tanguay : Comme soupape de
sécurité, oui, oui.
M.
Caire :
Oui, parce que ça fait un énorme pouvoir, puis là les policiers pourraient
trouver que la CAI a effectivement une mauvaise évaluation, puis, à par le
pape, personne n'est parfait. Donc, je trouve qu'on aurait comme un
contre-pouvoir pour dire à la CAI : Non, non, non, attends un peu, là.
M. Tanguay :
Parfait. Alors, ce que vous venez de dire là est excessivement important, parce
que ça sera utilisé, le cas échéant, si la CAI voudrait prétendre s'être
fait octroyer une juridiction exclusive. Alors, l'ayant dit, puis on peut y
réfléchir, on n'a pas fermé notre article par article, l'ayant dit, que nos
amis qui travaillent avec vous puissent parfaire la réflexion, s'il y a lieu,
ou on laisse ça de même... Effectivement, moi, je suis plus du poids et
contrepoids puis pas de créer des royaumes.
Mais, en le disant que non, ce n'est pas, par ailleurs, une juridiction exclusive,
ça a des conséquences importantes et,
je crois, à prime abord, bénéfiques, que si, effectivement, un corps de police
dit : O.K., non, je me tue à essayer d'expliquer, puis
ils ne voient pas ça à la CAI, puis ils vont le rendre public, ça n'a pas de bon
sens, là...
M.
Caire : Ça va
scraper mon enquête, puis je vais chercher une injonction, puis...
M.
Tanguay : ...on peut essayer quelque chose, là. Ça va.
J'aimerais savoir...
parce que, là, j'imagine, la réflexion sur le sérieux... à moins que, sans
qu'on suspende... J'avais une autre question de compréhension. À la fin du
deuxième alinéa, dernière phrase : «Dans ce dernier cas, le responsable de la protection des renseignements...» Alors : «Il peut également aviser toute personne ou tout organisme
susceptible de diminuer ce risque, en ne lui communiquant que les
renseignements personnels nécessaires à cette fin sans le consentement de la personne concernée.» Ça, on comprend ça. «Dans ce dernier cas, le responsable de la
protection des renseignements personnels doit enregistrer la
communication.» Qu'est-ce qu'on entend par là?
M.
Caire :
Il va tenir un registre du fait que... qui a été avisé, à quelle date, à quel
propos, etc. C'est vraiment tenir un registre. Ce registre-là, annuellement,
peut être fourni à la CAI.
M. Tanguay : O.K. Donc, dans la légistique québécoise, quand on dit,
dans une loi, «enregistrer la communication»...
M.
Caire :
Non, ce n'est pas avec... Ce n'est pas «taper», là...
M. Tanguay :
Non, non, c'est ça.
M.
Caire :
...c'est tenir un registre.
M. Tanguay :
Ça aurait pu être chose que...
M.
Caire :
Puis là, si je dis des niaiseries, Me Miville-Deschênes, vous avez le
droit de me corriger.
M.
Tanguay : Parce qu'enregistrer, que ce soit dit, là, justement,
ce n'est pas faire... comme quand on écoutait la radio, quand on était
jeunes, puis on... Aïe! la toune va commencer après les annonces, puis on
faisait «Rec» puis «Play», là, dans le
petit... puis c'était la haute technologie. Je referme la parenthèse, mais
c'est ça que ça veut dire. Alors, je ne sais pas si monsieur...
Me Miville-Deschênes...
M.
Miville-Deschênes (Jean-Philippe) : Effectivement, déjà, il y a des
enregistrements de communications de renseignements
personnels qui sont prévus dans la loi, à l'article 60 notamment. Donc, il
y a déjà ce mécanisme-là d'enregistrer certaines communications,
effectivement, dans un registre, là, qui est tenu par l'organisme public.
M.
Tanguay : Donc, un registre, c'est que, tel jour, telle heure,
j'ai parlé à un tel, je lui ai dit ça, essentiellement, avec un petit...
donc de garder une trace, à quelque part, de ça.
M.
Miville-Deschênes (Jean-Philippe) : De la communication, oui.
M. Tanguay :
O.K. C'est bon. Écoute... Puis c'est ça, moi, j'avais les mêmes préoccupations
pour le troisième alinéa, que ça ne soit pas systématiquement : Ah! bien
là, ça entrave, ça entrave, ça entrave, puis toujours des enfarges. La CAI va
veiller au grain, comme on dit.
M.
Caire :
Oui, oui.
M. Tanguay :
Parfait. Alors, sous réserve, là, du «sérieux».
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre?
M.
Caire :
On va juste suspendre, peut-être, une petite minute. Je vais juste aller...
Le
Président (M. Bachand) : Parfait. On va suspendre quelques
instants. Merci.
M.
Caire :
Bien, je dis «une minute». Je suis peut-être optimiste, là, de penser que je
vais avoir un avis en une minute, mais bon.
Le
Président (M. Bachand) : Merci.
(Suspension de la séance à
12 h 53)
(Reprise à 12 h 56)
Le
Président (M. Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire :
Oui. Merci, M. le Président. Bien, pour la suggestion du député de LaFontaine,
je vais laisser Me Miville-Deschênes
expliquer le pourquoi du libellé puis pourquoi on l'a libellé comme ça, alors,
avec le consentement de la commission.
Le Président (M.
Bachand) : Me Miville-Deschênes.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Oui. Bien, d'une part, notamment les lignes directrices de l'OCDE, mais la
plupart des législations qui ont... toutes les législations qu'on a consultées
qui ont une obligation similaire, il y a
toujours une approche basée sur un degré de risque, principalement pour éviter
qu'il y ait trop d'avis qui soient transmis aux citoyens par rapport aux... et qui rendent plus difficile de
déterminer quels sont les incidents qui présentent vraiment un risque
par rapport aux incidents qui sont peut-être plus légers.
Deuxième aspect, puis c'était la principale
raison pour laquelle, là, ces termes-là ont été utilisés, c'est l'harmonisation
avec le fédéral. Les entreprises nous ont demandé d'être... là, on est dans le
secteur public, mais les deux sont... c'est
un miroir entre public, privé, d'être harmonisées avec les dispositions
fédérales, qui prévoient, eux, un risque
de préjudice grave. Dans notre cas, c'est «sérieux», mais les critères sont les
mêmes, c'est-à-dire la sensibilité du renseignement et la probabilité
qu'il soit utilisé, là, de façon préjudiciable. Donc, c'est les motifs, là,
pour lesquels on a également prévu un degré de risque, là, avant la
communication.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay : Oui. Moi, je
comprends. Par contre, je ne peux pas me réconcilier avec l'idée qu'il y a des
incidents où il y aura un risque sérieux de préjudice et qu'on ne va pas en
informer le citoyen. C'est juste ça avec lequel je ne suis pas capable de me
réconcilier.
Le Président (M.
Bachand) : Juste vous dire qu'il y a un vote présentement à
l'Assemblée. Donc, on...
M. Nadeau-Dubois : ...s'assurent
qu'on ne termine pas sur l'article dans les...
Le Président (M.
Bachand) : Bien, c'est ça. Alors, on va...
M. Nadeau-Dubois : C'est ça, ou
sinon je vous laisse discuter, ça ne me dérange pas. Juste ne pas finir
l'article avant que je revienne.
Le
Président (M. Bachand) : On
va vous laisser aller voter et on va suspendre les travaux jusqu'à
14 h 30. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 58)
(Reprise à 14 h 33)
Le
Président (M. Bachand) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Bon après-midi. La Commission des institutions
reprend ses travaux.
Nous poursuivons l'étude détaillée du projet de
loi n° 84, Loi modernisant des dispositions législatives en matière de
protection des renseignements personnels.
Lors de la
suspension de nos travaux cet avant-midi, nous étions rendus à l'étude de
l'article 63.7, introduit par l'article 14. Interventions? M.
le député de LaFontaine.
M. Tanguay : Oui, bien,
regardez, je vais parler.
Une voix : ...
M. Tanguay :
Oui, c'est ça. M. le Président, on est en train de peaufiner ce qui sera...
puis je vous l'annonce déjà, là, je déposerai l'amendement sur
l'article... Là, on est — j'y
vais de mémoire — à
65... 63.7, c'est-tu ça? Bon, 63.7.
Je suis en
train de jongler avec l'idée de déposer un amendement où là, je vous disais,
bien, on pourrait peut-être changer le «sérieux» de place, dans le sens
premier de cette expression-là. «Si l'incident présente un risque sérieux qu'un
préjudice soit causé, l'organisme doit, avec diligence, aviser la commission.
Il doit également aviser toute personne...» Donc, évidemment, cette
phrase-là... Je vais vous arriver avec un amendement, M. le Président.
Puis ce qui est important pour nous autres, là,
c'est que la phrase fait état qu'il doit aviser la commission, mais aussi, au
premier titre, il doit également aviser toute personne dont un renseignement
est concerné. Bon, ici, on est en matière
d'un organisme public et on aura l'occasion... Sophie m'indiquait à l'article 95,
pour ce qui est de la loi, projet de loi n° 64, à l'article — c'est-tu
ça, Sophie? — 95,
on aura le pendant de cette obligation-là à l'article 3.5, qui sera
introduit par l'article 95 de la loi.
Puis plus je
jongle avec l'idée, M. le Président, plus je suis en train de me dire si on ne
devrait pas tout simplement enlever le mot «sérieux». Donc : «Si
l'incident présente un risque qu'un préjudice soit causé, l'organisme doit,
avec diligence, aviser la commission. Il doit également
aviser toute personne...» Autrement dit, un risque qu'un préjudice ou un risque
sérieux... on pourrait laisser le «sérieux» là. Mais j'ai fait certaines
recherches, M. le Président, puis sur la fondamentale de la chose, là, ce qui
est important de retenir, c'est que, tant en matière civile, en matière privée
qu'en matière publique, il y a des obligations excessivement importantes qui
découlent de la bonne foi.
Et dans notre Code civil, M. le Président, il y
a les articles 6 et 7 du Code civil, mais également en matière contractuelle.
Pourquoi je parle de contractuel? Parce qu'on va vouloir faire miroir de cette obligation-là.
Je pense qu'un renseignement personnel, pour un citoyen, que ce soit... qu'il y
ait une fuite auprès d'un organisme public ou qu'il y ait
une fuite auprès d'un organisme privé, une entreprise privée, je pense
qu'il doit en être informé, le citoyen doit en
être informé aujourd'hui. Puis il n'y a pas de raison, puisque c'est un renseignement personnel qui, par définition, est sur un support informatique. Ça veut donc dire qu'aujourd'hui, contrairement à il y a 50 ans, où on devait communiquer avec un client, bien, on lui envoyait une lettre,
on lui envoyait... les fax n'existaient même pas, c'était compliqué, c'était
ardu. Là, de dire : Veuillez prendre note,
par courriel, qu'il y a eu une... Ça va-tu? Es-tu correcte? Oui, O.K. Elle me regarde avec des grands
yeux. Il y a eu une fuite, je pense que ça peut se faire de façon
efficace.
Et, à 1375 du Code civil, «la bonne foi doit
gouverner la conduite des parties tant au moment de la naissance de
l'obligation qu'à celui de son exécution ou de son extinction». Et j'ai mis la
main, durant l'heure et demie qu'on a pour manger, avec un caucus à travers ça,
puis sur le coin de la table, un sandwich, puis on va se brosser les dents
après, puis on court ici, puis on arrive en retard... j'ai un article écrit par
Élise Poisson : La bonne foi et loyauté dans les relations commerciales,
octobre 2006. Et il y a très clairement... puis c'est ça mon point, il y a une
obligation d'information dans un rapport
contractuel. Il y a une obligation d'information qui découle, oui, de 1375 du
Code civil, qui fait en sorte... Et là il y a des exemples
jurisprudentiels où, en matière de contenu implicite et d'interprétation de contrat, l'obligation implicite de renseignement,
il y a l'obligation implicite de collaboration et d'assistance technique
et l'interprétation d'une clause de modification unilatérale.
Mais ça, c'est des notions très, très établies
en droit, l'obligation implicite de renseignement, l'obligation implicite de
collaboration et d'assistance technique. Ce qui fait en sorte que moi, M. le
Président, je ne voudrais pas puis je vais résumer mon argument de même, là...
parce qu'à 95, quand on va être rendu dans les rapports privés, je ne voudrais
pas qu'on vienne diminuer la protection, le corpus jurisprudentiel puis légal
dans la relation privée qui fait en sorte que vous avez une obligation
proactive.
Si on le
laisse de même dans la sphère privée, on vient de diminuer l'obligation pour
une partie cocontractante qui sait qu'il y a eu un accroc... je ne suis
pas en train de dire qu'il a commis une faute, je ne suis pas en train de dire que la personne a commis une faute, mais qui sait
qu'il y a eu un accroc, elle sait qu'il y a un risque de préjudice, il y a un
préjudice qui va en découler. Indépendamment qu'il soit sérieux ou pas, il y a
un risque de préjudice. Il a, en vertu de notre droit québécois,
l'obligation d'en informer.
Et là la loi viendrait diminuer ça, M. le Président.
Et je vous dirais même, a fortiori, en matière de protection du consommateur
aussi, je pense qu'on viendrait, sans que ce soit notre intention comme
législateur, mais on viendrait diminuer ça, puis ça serait un recul pour
la protection du consommateur, pour les citoyens. Puis là, M. le Président, je veux dire, moi, là, on ne pourra pas me taxer
de ne pas être partie du système capitaliste puis d'être contre les entreprises,
puis tout ça. Non, non. Si vous avez une
relation contractuelle, vous détenez de l'information ou un mandat vous a été
donné par un tiers qui, lui, a une relation directe avec le client, bien, vous
avez des obligations là-dedans, puis il ne faudrait pas que la loi diminue ça. Pour
ce qui est de nos organismes publics, même chose.
• (14 h 40) •
Alors,
j'aimerais entendre le ministre. Honnêtement, là, si l'incident présente un
risque... j'enlèverais «sérieux», présente un risque qu'un préjudice soit
causé, l'organisme doit, avec diligence, aviser la commission puis doit aviser
la personne... qu'un risque soit causé, il doit en aviser la commission et la
personne.
La commission va prendre ça puis elle va
dire : Ah! O.K. La commission... puis les articles 63.8 et 63.9 sont
tout à fait pertinents parce que la commission, ça va lui donner son guide pour
dire : O.K., face à ça, qu'est-ce qu'il doit faire? Bon, bien, ce n'est
pas hautement sensible, ce n'est pas excessivement préjudiciable... le
préjudice serait limité. Tu peux réagir de
telle, telle façon, puis on «monitore» ça, si vous me permettez l'expression,
puis on va gérer ça de même. Et la
personne reçoit puis est informée, puis la personne pourra, à ce moment-là,
agir en conséquence, sous réserve du fait que s'ils enquêtent, il ne
pourra pas le faire.
Alors, moi,
j'enlèverais, puis j'aimerais entendre le ministre... j'enlèverais «sérieux»,
parce que ce qu'on fait là, je ne pourrais pas croire qu'on aurait un
régime distinct pour les privés... tantôt, à l'article 95. Ce qu'on fait
là, moi, je le ferais aux deux. Puis ce n'est pas la mer à boire, en 2021 et
plus, là, au XXIe siècle, de dire : On a les adresses courriel, on peut communiquer, on les en informe.
Puis là ce n'est pas supposé d'être une grosse alarme, là. Oh my God!.
Non, non. Un incident limité... nous vous informons qu'un incident limité
aurait peut-être fait en sorte que votre information
serait mise à risque. Sachez que nous en avons informé les autorités
compétentes, nous travaillons là-dessus et nous allons vous tenir
informé, tout simplement. Puis ça, c'est une obligation contractuelle.
Le Président (M.
Bachand) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M.
Caire :
Oui. M. le Président, avec le consentement de la commission, je vais laisser
Me Miville-Deschênes répondre,
parce que c'est essentiellement des arguments d'harmonisation et des arguments
juridiques qui nous amènent à vouloir garder le libellé tel qu'il est
présentement.
Le Président (M.
Bachand) : Me Miville-Deschênes, s'il vous plaît.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui, bien, je vais revenir rapidement sur les
éléments, là, qui nous ont conduits à faire référence à un risque de préjudice
sérieux. Premièrement, c'était le fait qu'au Canada, là, et dans la majorité
des États américains, on fait référence à un certain degré de préjudices. C'est
aussi les lignes directrices de l'OCDE.
Pourquoi? Bien, c'est principalement pour éviter
une multiplication des avis qui seraient faits, peu importe le niveau de risque, parce que la notion de
préjudice, c'est une atteinte portée aux droits et aux intérêts
de quelqu'un, d'une personne. Donc, c'est une notion
qui est quand même facilement rencontrée, c'est-à-dire un risque de préjudice,
ça peut être un préjudice qui est mineur ou insignifiant puis dans le contexte
aussi où la définition d'un incident est très large, ça peut être une communication
non autorisée, un accès non autorisé. Donc, automatiquement qu'il y a une communication
qui n'est pas autorisée, on pourrait conclure qu'il y a effectivement un risque
de préjudice. Puis, de ce fait, il y aurait de nombreux, là... de nombreux avis qui seraient communiqués aux personnes
à la commission pour des préjudices qui sont très, très
minimes ou mineurs.
Donc, l'autre aspect, bon, je me répète peut-être,
mais, si on diminue le seuil, on s'éloigne de la pratique canadienne puis du
fédéral qui nous a précédée. Ça fait deux ans que les entreprises canadiennes,
les entreprises en Ontario, Maritimes ainsi que les entreprises pancanadiennes
sont soumises à un régime de notification qui repose sur un risque de préjudice grave. Et puis, dans le
cadre des consultations, il y avait une douzaine, là, d'intervenants qui nous
ont mentionné l'importance d'harmoniser,
donc c'est dans cette finalité-là qu'on a inclus un risque de préjudice
sérieux.
C'est sûr que, s'il y a un risque
de préjudice tout court, il y a quand même des mesures qui doivent être prises
par l'organisme public, là, pour diminuer le risque, là, au premier alinéa de
l'article. Donc, je comprends la relation contractuelle, mais rien n'empêche
dans le cadre... que la loi n'a pas préséance sur les obligations
contractuelles. Mais la loi met minimalement l'obligation d'aviser les
personnes lorsque le préjudice est sérieux, mais n'empêche pas de l'aviser dans
d'autres circonstances s'il y a un préjudice, là, qui ne répondrait pas à ces
critères-là.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup, maître. M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay :
Oui, merci beaucoup. Est-ce que l'analyse a été faite, de l'impact, dans
l'interprétation de cet article-là? Puis le débat qu'on fait là est utile pour
95, gardons toujours les deux choses en tête, là.
Puis mon point s'exprime peut-être
mieux en matière privé-privé, mais c'est copié-collé ici. Nécessairement, si
ça, c'est la loi, nécessairement, moi, je ne me sentirai pas obligé de vous en
informer. Nécessairement, je n'ai pas, en vertu de la loi... La loi met le standard
du bon comportement. Si vous ne me dites pas que je dois l'informer à moins
qu'il y ait un préjudice sérieux, s'il y a juste un simple préjudice, je ne
l'informerai pas, c'est très clair. Puis on ne pourra pas me dire : Tu as
commis une faute, parce que la loi québécoise va me dire que je n'avais pas...
Bien, écoutez, c'est un préjudice, oui, il a perdu de l'argent, il s'est
fait... il a eu tel, tel préjudice, mais ce n'était pas sérieux. Puis là le
juge va dire : O.K., est-ce que c'était sérieux ou pas? Ça va être ça, le
débat juridique. Puis s'il dit : Oui, il y a eu un préjudice, tout le
monde s'entend. Mais sérieux, que veut dire sérieux? Oui, il y a eu une perte,
mais la perte n'était pas si grande que ça, alors, dans le fond, il a
bien fait de ne pas l'informer.
Et, si bien, M. le Président, qu'on dit, quand
on visite une maison, là : Vous avez le devoir d'informer la personne qui
vient. Mais la personne qui vient visiter aussi a un devoir de s'informer. En
latin, ça s'appelle caveat emptor. Posez les
bonnes questions, puis renseignez-vous, puis faites affaire à un... vous
devez... Les relations contractuelles sont
basées sur la bonne foi. Vous devez vous renseigner puis vous devez me dire...
s'il y a un vice que vous connaissez, ça va être un vice caché puis je
vais pouvoir annuler la vente, mais vous devez vous renseigner.
Si bien que cette logique-là est reprise dans
l'article où l'on dit que la personne qui voit qu'il y a une fuite, elle doit
limiter. Elle doit tout faire pour limiter les risques. Elle doit patcher puis
elle doit faire ci, elle doit faire ça, mais l'individu l'autre bout, là, il
n'est pas mis dans le coup. Il y a peut-être des choses qu'il pourrait faire
lui aussi. Il a peut-être de l'information qu'il pourrait donner à l'entreprise.
Il y a peut-être des... il faut le mettre dans le coup. Il ne faut pas le voir
comme étant une épée de Damoclès, que si on l'informe, j'ai l'impression qu'on
met derrière ça, là... si on l'informe, bien, tabarnouche, on n'aura pas juste
un problème à gérer, il va falloir en gérer deux, parce que lui va falloir le
gérer, mais il faut le mettre dans le coup. Il faut le mettre dans le coup.
Alors, M. le Président, j'aurai l'occasion de
parfaire mon... peut-être vous donner... puis des arrêts de la Cour suprême,
l'arrêt de 1992, Montréal c. Bail Ltée, où la Cour suprême disait : «Alors
qu'auparavant il était de mise de laisser le soin à chacun de se renseigner et
de s'informer avant d'agir, le droit civil est maintenant plus attentif aux inégalités informationnelles et il impose une
obligation positive de renseignement dans le cas où une partie se retrouve
dans une position informationnelle
vulnérable d'où des dommages pourraient s'en suivre.» La Cour suprême ne parle
pas de dommages sérieux. Ici, préjudices puis dommages, c'est du un pour un,
c'est la même affaire. Alors, je pense qu'on irait même à l'encontre de l'arrêt
de la Cour suprême, puis ce n'est pas peu dire, là.
Moi, je pense que l'article 95, si on
l'adopte, puis je ne ferai pas peur à personne après-midi ici dedans, mais ça va être challengé puis je ne suis pas sûr que
ça tienne la route devant la Cour suprême en vertu de l'arrêt de la Cour
suprême, Bail, en 1992. Vous devez le faire,
puis il en va de la bonne foi de nos rapports contractuels. Et là on vient
diminuer le régime de protection du Code civil et l'interprétation que
les tribunaux en ont donnée. Vous devez être proactifs.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre... Me Miville-Deschênes.
M.
Miville-Deschênes (Jean-Philippe) : Oui, en fait, premier élément, là, les... dans le projet de loi, on ne
l'a pas indiqué, mais certaines lois l'indiquent, elles énumèrent un peu
qu'est-ce qui peut constituer un préjudice sérieux ou grave dans ce cas-là. Donc, ça reprend
l'ensemble, quand même, des préjudices qui sont généralement considérés comme
importants, là, dans ce genre de situations là, comme l'humiliation, le dommage
à la réputation, pertes financières, vol
d'identité, effet négatif sur le dossier de crédit, dommages aux biens et à
leur perte, perte de possibilité d'emploi ou d'occasion d'affaires ou
d'activités professionnelles. Donc, c'est le type de préjudice dont l'on fait
référence quand on parle de préjudice sérieux.
Par rapport à la
relation contractuelle, il y a une distinction, je pense, à apporter sur le
fait que, dans la loi sur l'accès, c'est sûr
qu'on exige lorsque, présentement, préjudice sérieux... on avise. Mais, dans un
contexte contractuel, une entreprise
ou un citoyen pourrait intenter un recours contre une entreprise qui ne serait
pas... qui serait fondée sur la personne raisonnable. On dit : Il y a eu
une faute contractuelle parce que, dans cette circonstance-là, il y a eu
communication d'un renseignement, puis on pense qu'une personne
raisonnable, dans les mêmes circonstances, m'aurait informé. Ça fait que ce
n'est pas parce que l'obligation, dans la loi sur l'accès, se situe ici que,
dans le contexte contractuel, la personne,
là, concernée perd tout recours face à son cocontractant. C'est sûr que le fait
de ne pas avoir avisé ne sera pas automatiquement une violation de la loi,
puisque la loi, effectivement, a un certain seuil, mais il y a quand même...
je dirais que c'est deux voies de recours
différentes, là, par rapport à la poursuite de nature contractuelle qu'une
personne peut déposer à l'encontre,
là, d'une entreprise qui aurait agi de façon non responsable avec ses
renseignements personnels.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député de LaFontaine.
M.
Tanguay : Oui, puis merci. Je vous suis, mais là où... Puis je
suis d'accord avec vous, tout ce que vous avez dit, mais là où on commence à prendre des chemins divergents,
c'est : Quel sera l'étalon de mesure du comportement fautif ou pas
du cocontractant? Ce sera s'il a respecté ses obligations légales, s'il a
respecté ses obligations légales, sinon contractuelles.
Donc, ce que vous
pourriez me dire, c'est que moi, je pourrais le mettre dans le contrat que,
nonobstant la loi, je peux resserrer ça
encore plus. Mais, si le contrat ne le prévoit pas, je dois me rabattre sur la
loi qui donne l'étalon de mesure. En matière contractuelle, c'est 1458
du Code civil et c'est ce que l'exécution que les parties en font, une personne
raisonnable, c'est l'étalon de mesure.
• (14 h 50) •
Mais une personne
raisonnable qui respecte la loi, qui ne va pas au-delà de la loi ne serait pas
fautive. Elle serait fautive si elle avait, de façon non contractuelle, de
façon... contrairement à ses obligations contractuelles, elle n'aurait pas
respecté telle, telle clause ou elle aurait, de façon... de mauvaise foi, elle
aurait engagé quelqu'un qui s'en foutait complètement puis qu'elle n'avait pas
encadrée, et ainsi de suite. Ça, c'est la faute qui explique pourquoi
l'information a été éventée. Mais est-ce que moi... J'en suis sur l'obligation.
Est-ce que je devais
vous en informer pour que, le cas échéant, vous puissiez diminuer votre
préjudice, vous en prémunir ou faire quoi que ce soit? Vous avez l'obligation
de m'informer en vertu des rapports minimums entre les parties. Quand la loi
dit : Dans ce contexte très précis là, vous n'avez pas l'obligation de
l'informer, il n'y aura pas de faute. Il n'y aura pas de faute, et le recours
pour avoir manqué à votre obligation de m'informer, je vous dirais, serait
encore plus affaibli par 95 adopté que si on n'adoptait pas 95, parce que là,
au moins, les tribunaux pourraient
dire : Bien, la loi ne le prévoit pas. Là, je pense qu'une personne
raisonnable, parce qu'il y avait un préjudice, aurait pris le temps de
vous informer, c'est clair.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) : Bien,
écoutez, je pense que votre point sur l'impact sur les relations
contractuelles est effectivement, là, correct, là, c'est-à-dire que
l'entreprise, sachant que l'obligation est d'aviser... préjudice sérieux, puis
qui ne le ferait pas puisque le préjudice n'est pas sérieux, bien, il
respecterait la loi, donc, ça serait plus
difficile de démontrer une responsabilité contractuelle. J'en suis. Par contre,
là, je réitère, en fait, là, que... je comprends
très bien l'objectif, mais je réitère la préoccupation, un peu, qui a été
soulevée par une quinzaine d'intervenants, incluant, là, les différents
représentants d'entreprise, à l'effet que, quand il y a un incident, bien, ils
voudraient avoir un seul étalon de mesure à appliquer pour l'ensemble du
Canada, là. Et c'est la raison pour laquelle, pour l'instant, on a mis le
préjudice sérieux, là, cette raison-là, et aussi le fait qu'en Californie,
entre autres, il y a eu certaines critiques à l'effet que la communication...
Automatiquement, lorsqu'il y a une communication d'un renseignement qui n'est
pas autorisée par la loi, il y a un avis, et puis ça résulte dans de nombreux
avis communiqués aux personnes qui, dans
certains cas, perdent un peu le, comment dire... le degré de préoccupation
qu'ils devraient avoir. Puis ce n'est peut-être pas bien dit, mais en voulant dire que, quand tu
as trop d'avis, bien, c'est sûr que tu n'y prêtes plus attention. Donc,
c'est les deux enjeux, aussi, principaux, qui justifiaient de maintenir un
degré de préjudice, là.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député de LaFontaine.
M.
Tanguay : Oui. Merci,
M. le Président. Alors, j'ai dit ce que j'avais à dire. Si vous me le
permettez, j'aimerais lire l'amendement qui est déjà sur Greffier. Puis je
peux laisser le temps aux collègues de rafraîchir leur Pentium 100.
Amendement, article 14 :
Dans le deuxième
alinéa de l'article 63.7, introduit par l'article 14 du projet de loi,
remplacer la première phrase par la
suivante : «Si l'incident présente un risque sérieux qu'un préjudice soit
causé, l'organisme doit, avec diligence, aviser la commission.»
Et
ça, M. le Président, ce sera un amendement pour lequel on pourra faire un
amendement miroir à l'article 95, et je pense... dernier élément,
j'ai jonglé avec l'idée d'enlever carrément «sérieux», là, un risque qu'un
préjudice, un risque sérieux. Parce qu'on
aurait pu dire, à ce moment-là : Bien, un risque... il y a tout le temps
un risque. Je veux dire, je me lève le matin puis
je suis à risque qu'il arrive de quoi. La principale cause de la mort, c'est la
vie. Alors, il y a un risque à toute chose.
Mais qu'un risque sérieux qu'un préjudice soit causé, à ce moment-là,
informez-le. Donc, ça ne vient pas
dire qu'à toutes les fois, là, aïe, il y a un risque. J'ai envoyé un courriel
avec l'information, on pourrait dire : Bien, il y a un risque. Alors, gardons «sérieux». Mais avec le risque
sérieux qu'un préjudice soit causé parce qu'il y a une anomalie qui est
arrivée, je pense que ce serait... je pense qu'on est rendus là en 2021. Voilà.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Interventions sur l'amendement? Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Sinon, nous allons procéder à la mise aux voix de l'amendement du député de LaFontaine. Mme la
secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire :
Pour, contre, abstention. Pour les membres du groupe parlementaire formant
l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay :
Pour.
La Secrétaire :
M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire :
Contre.
La
Secrétaire : Pour les
membres du groupe parlementaire
formant le gouvernement, M. Lévesque (Chapleau)?
M. Lévesque
(Chapleau) : Contre.
La Secrétaire :
M. Nadeau-Dubois (Gouin)?
M.
Nadeau-Dubois : Abstention.
La Secrétaire :
M. Bachand (Richmond)?
Le
Président (M. Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement est
rejeté.
Donc,
on retourne à l'article 63.7. Interventions? S'il n'y a pas d'autre
intervention, M. le ministre, s'il
vous plaît.
M.
Caire :
Oui. Merci, M. le Président. Donc, article 63.8 :
«Pour l'application
de la présente loi, on entend par "incident de
confidentialité" :
«1° l'accès non
autorisé par la loi à un renseignement personnel;
«2° l'utilisation non
autorisée par la loi d'un renseignement personnel;
«3° la communication
non autorisée par la loi d'un renseignement personnel;
«4° la perte d'un
renseignement personnel ou toute autre atteinte à la protection d'un tel
renseignement.»
Alors, M. le
Président, cet article définit, pour l'application des nouvelles dispositions
de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection
des renseignements personnels introduites par le projet de loi, le terme
«incident de confidentialité».
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Interventions? M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay :
Quand on dit... je pense que oui, là, quand on dit «non autorisé par la loi»,
ça inclut de facto non autorisé, par ailleurs, en vertu d'une obligation prise
par un règlement. C'est inclusif, ça aussi, là. Quand on dit «la loi», c'est
les règlements qui en découlent également, n'est-ce pas?
M.
Caire :
Oui, et les règlements qui en découlent, oui.
M. Tanguay :
Oui? O.K. L'accès non autorisé, la perte d'un renseignement personnel ou toute
autre atteinte à la protection d'un tel
renseignement, est-ce que... puis je vois qu'on a quand même
été dans le détail ici, est-ce qu'on
est assurés de pas mal couvrir tous les cas d'espèce ici? Parce qu'on
dit : l'accès non autorisé, O.K., l'utilisation non autorisée, la
communication... On couvre tout?
M.
Caire :
Oui, oui. On fait... Oui, oui.
M. Tanguay :
Parce que, là, on est limitatifs.
M.
Caire :
Oui, oui, oui. Puis la perte peut avoir un sens aussi qui est assez large, là,
une suppression d'un renseignement qui
n'aurait pas été autorisé, etc., là. Ça fait que, oui, je pense qu'on couvre
vraiment tous les cas de figure.
M. Tanguay :
O.K. Puis juste pour conclure là-dessus, là, puis ça va être mon dernier
commentaire, je fais un lien avec le débat
qu'on vient d'avoir, on dit beaucoup : Si, en vertu de la loi, en vertu de la loi, en
vertu de la loi... La loi donne le ton.
Alors, je ne referai pas
le débat, mais quand la loi nous dit : Dans ce contexte-là, vous n'avez
pas besoin de les aviser, tu peux être sûr, M. le Président, que vous ne
pourrez jamais faire reconnaître... j'ose me tromper, mais vous avez toute
une... que si la loi ne vous obligeait pas à renseigner, de faire dire à un
juge que c'est une faute parce que vous
n'avez pas été au-delà de la loi, ça ne tiendra pas la route. Alors, je referme
la parenthèse, mais ça me va, 63.8.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. Interventions sur 63... 63.8, pardon? S'il n'en a pas... M. le ministre.
M.
Caire : Alors, 63.9, M. le Président, se lit comme suit : «Lorsqu'il évalue le risque
qu'un préjudice soit causé à une personne dont un renseignement
personnel est concerné par un incident de confidentialité, un organisme public doit considérer notamment la sensibilité du
renseignement concerné, les conséquences appréhendées de son utilisation
et la probabilité qu'il soit utilisé à des
fins préjudiciables. L'organisme doit également consulter son responsable de la
protection des renseignements personnels.»
Donc, M. le Président, l'article 63.9, cet
article prévoit que, lorsqu'un organisme public évalue le risque qu'un préjudice soit causé à une personne dont un
renseignement personnel est concerné par un accident... un incident,
pardon, de confidentialité, il doit considérer notamment la sensibilité du
renseignement concerné, les conséquences appréhendées de son utilisation et la
probabilité qu'il soit utilisé à des fins préjudiciables, en plus de consulter
son responsable de la protection des renseignements personnels.
Le Président (M.
Bachand) : Merci, M. le ministre. M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay : Oui, là, vous
allez dire : Je parle des deux côtés de la bouche, mais c'est juste par
simple cohérence. Je veux dire, j'ai déposé mon amendement, il a été battu, ça
fait que c'est la loi. Juste par cohérence, ne devrait-on pas lire : Lorsqu'il évalue le risque... parce que le
concept, c'est le préjudice sérieux. Alors, lorsqu'il évalue le risque
qu'un préjudice sérieux soit causé... parce qu'il doit trouver un préjudice
sérieux, il ne doit pas trouver...
M.
Caire : Pas
nécessairement.
M. Tanguay : Moi, je pense,
par cohérence, il faudrait mettre «un préjudice sérieux soit causé», parce
que lorsqu'il évalue le risque qu'un préjudice soit causé... Ce qu'il cherche,
ce n'est pas un préjudice, ce qu'il cherche... puis, contrairement à mon amendement, il doit évaluer un risque qu'un
préjudice sérieux soit causé. Alors, j'ajouterais «sérieux» après
«préjudice», par simple cohérence.
• (15 heures) •
M.
Caire :
Bien, en fait, non, parce que, là, on est à l'étape où on doit évaluer,
justement, si c'est un préjudice, un préjudice sérieux et quelles sont les
mesures conséquemment qu'on doit prendre. Donc, on ne peut pas dire :
Pour évaluer si un préjudice est sérieux, vous devez considérer la sensibilité,
vous devez évaluer l'utilisation appréhendée à des fins préjudiciables. Alors,
c'est là où vous allez décider, est-ce que c'est un préjudice sans conséquence,
est-ce que c'est un préjudice sérieux. Donc,
c'est ça que l'article vient faire, il vient vous donner quelles sont les unités de mesure pour déterminer quel est, justement,
le degré... à quel degré il est préjudiciable.
M. Tanguay : Oui. Bien,
là-dessus... Des fois, si tu fais des arguments, tu sais... Là, je suis sûr à
100 %, là. 100 %, là. Vous me dites, plus haut : Vous devez...
Un risque qu'un préjudice sérieux soit causé. Un risque qu'un préjudice sérieux
soit causé. Il y a huit mots. En bas, le risque qu'un préjudice soit causé.
Vous ne cherchez pas un préjudice. Si je vous dis : Allez à l'épicerie
puis trouvez-moi des oranges, cherchez-moi pas d'autres choses. Lorsque vous devez évaluer le risque qu'un préjudice
sérieux soit causé, vous devez... parce que vous pourriez prendre les mêmes
critères plus bas puis dire : Oui, finalement, je considère que j'ai
trouvé un préjudice. Bien, ce n'est pas ça qu'il faut que tu cherches. C'est
des oranges que je veux, ce n'est pas une banane. C'est un préjudice sérieux,
puis il considère la sensibilité, ci, ça, ça. Ça, là-dessus, là...
M.
Caire : Non, mais j'entends ce que mon collègue
dit, mais suivez-moi, là. Alors, deuxième alinéa de 63.7 :
«Si l'incident présente un risque qu'un préjudice sérieux soit causé,
l'organisme doit...» Alors là, on dit... On vient d'évaluer le préjudice. Est-ce que c'est un préjudice? Est-ce que
c'est un préjudice sérieux? Là, on est... L'article 63.7 arrive
avant 63.9, dans le phrasé, mais je dirais que 63.9, dans les étapes, arrive
avant 63.7 en ce sens que 63.9 nous indique sur quelles bases on doit... sur
quoi on doit se baser, pardon, pour déterminer le niveau de préjudice. Donc là,
ce que ça dit, c'est : «Lorsqu'il
évalue le risque qu'un préjudice soit causé». Première étape, il y a-tu un
préjudice qui a été causé par la situation? Alors, est-ce qu'il y a
un... Mais est-ce qu'il y en a un?
M. Tanguay : C'est quoi,
la deuxième étape?
M. Caire : Parce qu'il peut n'y en avoir aucun. Et s'il y en a un, est-ce que c'est un préjudice
sérieux ou non?
M. Tanguay : À la
lumière de quels critères il va être sérieux? 63.9?
M. Caire :
À la lumière... Mais en même temps, là, je rajoute la réponse de
Me Miville-Deschênes, tout à l'heure, mais 63.9 va nous dire
notamment... Mais Me Miville-Deschênes nous a dit qu'il y a d'autres lois
qui disent... Sur la question de ce qui est sérieux, il y
a d'autres lois qui vont vous dire : Bon, bien là, vous avez... Ça porte
une atteinte à l'emploi, à la réputation, à la dignité, à blablabla et donc
«notamment la sensibilité du renseignement concerné». Donc, ça, c'est un
critère, la sensibilité du renseignement, les conséquences appréhendées de son
utilisation. Est-ce qu'il y a des conséquences s'il est utilisé à mauvaise fin,
oui ou non? La probabilité qu'il soit utilisé à des fins préjudiciables...
Donc, on est en train de vous donner des critères sur lesquels vous évaluez
s'il y a préjudice ou non. Et vous avez
d'autres critères qui existent, qui ont été mentionnés, qui viennent vous dire
si c'est un préjudice sérieux ou non. Donc, première étape, il y a-tu un
préjudice? Si oui, il y a-tu un préjudice sérieux, oui ou non?
Le Président
(M. Bachand) : Le député de Gouin, ensuite le député de
LaFontaine.
M. Nadeau-Dubois : Merci, M. le Président. Question
complémentaire à celle de mon collègue de LaFontaine. À la dernière phrase de 63.9, on peut
lire : «L'organisme doit également consulter son responsable de la
protection des renseignements personnels.» Donc, il y a une obligation
de consulter le responsable, dans quel objectif?
M. Caire : Bien,
on est toujours dans l'évaluation du risque.
M. Nadeau-Dubois : Dans
l'évaluation du risque. Est-ce qu'il y a, à quelque part dans le projet de loi,
une obligation, pour les organismes publics... puis c'est une question
très simple, je l'assume, mais, des fois, il faut écrire les choses même si
elles sont simples. Est-ce qu'il y a, à quelque part dans le projet de loi,
une obligation d'informer, tout simplement,
le responsable de la protection des renseignements personnels dans les
organismes publics au moment où il y a un incident de confidentialité?
M. Caire : De
l'informer...
M. Nadeau-Dubois : Qu'il y a eu
un tel incident de confidentialité.
M. Caire : Je
vais laisser... Je ne pense pas. Je vais laisser Me Miville-Deschênes,
mais c'est des notions qu'on introduit avec
le projet de loi n° 64. Là, je ne pense pas que ça existe dans le
corps législatif, actuellement, là, mais ça, c'est des notions qu'on amène ici et maintenant. Mais peut-être, maître... Je ne sais pas, moi, à ma connaissance, non.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, il
n'y en a pas actuellement, puis dans la section sur les incidents, le moment où
il est consulté, c'est vraiment lors de l'évaluation du préjudice, évaluation
qui a lieu pour tous les incidents, là.
M. Nadeau-Dubois : Oui, qui a
lieu après l'incident. L'Association des archivistes du Québec, dans leur
mémoire, soulevait cette... peut-être cette absence, dans le projet de loi,
c'est-à-dire il y a un organisme public, il y a un incident de confidentialité, ce n'est pas nécessairement le
responsable de la protection des renseignements personnels tel que défini par la loi qui va le constater en
premier, là, ça pourrait être dans plusieurs... dans un département autre de
l'organisation.
M. Caire : Ah!
tout à fait, tout à fait, tout à fait.
M. Nadeau-Dubois : Est-ce qu'il
n'y aurait pas lieu de prévoir une obligation légale d'informer, sur-le-champ
ou le plus rapidement possible, le responsable de la protection des
renseignements personnels? Parce que, là, on est... Le ministre a raison de le
dire, là, c'est ici qu'on vient intégrer dans le projet de loi une interaction
avec le responsable, mais on le fait dans une étape subséquente. Puis je ne
veux pas insinuer que ça va arriver trois ans plus tard, là, ce n'est pas ça que je dis, mais quand même... ou plus tard
dans le processus. Ce serait donc seulement au moment où il est temps
d'évaluer le préjudice qu'on le consulte.
Est-ce qu'il n'y aurait pas... Est-ce que ce ne
serait pas pertinent d'inclure, nommément, dans la loi, un truc aussi... Tu sais, je reconnais que c'est
élémentaire un peu, là, mais est-ce que ce ne serait pas pertinent de
dire : Quand il y a... Dès que c'est constaté dans l'organisation,
il y a une obligation d'informer le responsable de la protection des
renseignements personnels?
M. Caire : Bien,
en fait, je vais dire à mon collègue : Je ne pense pas. Compte tenu du
rôle du responsable de la protection des
renseignements personnels, ce n'est pas quelqu'un qui va avoir nécessairement
pour mandat de mitiger les conséquences, dans le sens où il y a un
incident de confidentialité, il y a des mesures à prendre pour circonscrire les conséquences au maximum, voire si on peut même
les éviter. Et c'est pour ça qu'on va dire, essentiellement... Dans la réaction, on va dire essentiellement, par exemple,
qu'il peut aviser également «toute personne ou tout organisme susceptible
de diminuer ce risque».
Donc, dans l'opérationnalisation d'un événement,
il est arrivé un événement, un incident de confidentialité, on a des mesures à prendre rapidement pour
limiter, voire faire en sorte qu'il n'y ait pas de dégât ou les limiter, s'il y
a des dégâts. Le responsable de la protection des renseignements personnels,
là, a plus un objectif d'application de la loi, mais son intervention, je comparerais ça au... Le feu est pris? Vous
appelez les pompiers, vous n'appelez pas l'assureur. Vous commencez par appeler
les pompiers. Après ça, là, quand il sera le temps de constater les dégâts puis
de... Là, vous appellerez l'assureur.
Et
donc, dans ce sens-là, 63.9 vient faire obligation dans le sens de ce que le
collègue de Gouin suggère parce qu'on dit : Il doit également consulter. Donc, tôt ou tard, là,
quand on aura éteint l'incendie, là, il sera le temps d'évaluer les dégâts. Donc, c'est ce que 63.9 fait, et, dans
ce cas-là, vous devez consulter le responsable de la protection des
renseignements personnels. Donc, ce n'est pas un choix que vous avez,
vous devez le faire, mais c'est juste que ça vient séquencer à quel moment
c'est une obligation de le faire. Ce n'est pas quand le feu est pris. Là, c'est
les pompiers qu'on appelle. Et, quand tout ça est sous contrôle, quand on a
contrôlé la situation, qu'on s'est assuré qu'il n'y avait pas ou peu de danger,
bien oui, à ce moment-là, quand il sera le temps d'évaluer le risque de ce qui
s'est passé, là... parce que c'est... Dans la chaîne des événements, c'est à ce
moment-là que lui doit intervenir.
Le Président
(M. Bachand) : M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Je
comprends. Je comprends ce que le ministre dit, là, puis je comprends bien que,
dans un organisme public, puis surtout
si ce sont des grandes organisations, ce n'est pas le responsable de la protection des renseignements personnels
qui va aller vérifier à la mitaine si le code est correct ou qui va faire le...
qui va se mettre les mains dans le cambouis, là, dès le moment où on remarque
un incident, mais c'est quand même lui qui est légalement, le ministre l'a dit,
le responsable de l'application de la loi. Il est redevable au sein de son
organisation de tout ce qui se passe de lié à la protection des renseignements
personnels. En dernière instance, là, c'est lui qui est... Puis il y a eu une grande discussion, par
ailleurs, entre le collègue de LaFontaine et le ministre sur cette question-là,
là, tu sais, pour évaluer son niveau de responsabilité puis de
redevabilité dans ces situations-là.
• (15 h 10) •
Qu'est-ce que
ça... tu sais, qu'est-ce que ça coûte? Qu'est-ce que ça... Quel est
l'inconvénient de venir inscrire dans
la loi une obligation qui, oui, est élémentaire, mais est à la fois très
importante, de dire : Quand il y a un incident... Puis là je comprends bien, ce n'est pas comme, tu
sais... Je comprends le ministre quand il me dit... S'il y a un incident
de confidentialité, je comprends que le
ministre nous dise que ce n'est pas pendant que le feu est pris, dans la
minute, là... On en convient tous,
puis je pense que les gens qui appliquent la loi, ils sont capables de jugement
aussi, là, mais de dire que, lorsqu'il
y a un bris de... lorsqu'un incident de confidentialité est constaté, qu'il y a
une obligation légale d'informer la personne qui va être responsable de
la situation dans l'organisme, pas seulement quand vient le temps, dans un
deuxième ou un troisième temps, de dire : O.K. quels sont les préjudices?,
mais dès que... bien, dès que l'événement se produit, dans un délai
raisonnable, disons-le comme ça.
Je me demande qu'est-ce que ça coûte puis je me
demande surtout, est-ce que ce n'est pas une espèce de filet de sécurité pour
les organismes publics eux-mêmes puis pour les responsables dans ces
organismes-là de savoir que, s'il y a un événement, bien, il y a une
responsabilité légale de communiquer l'incident en question puis son existence au responsable des renseignements personnels, puis
pas juste quand, après, par exemple, quelques jours de vérification, on
commence à prendre la mesure de l'ampleur, par exemple, de la fuite.
Parce que le ministre sait comme moi que ce
n'est pas tranché au couteau, ces affaires-là. Des fois, on se rend compte qu'il y a une fuite. Puis, dans le cas
de Desjardins, là, je sais que ce n'est pas un organisme public, mais c'est
l'exemple qui a été beaucoup médiatisé, ça a
pris quand même plusieurs semaines pour qu'on prenne progressivement, en tout cas, publiquement, conscience de l'ampleur de la fuite. Au début, on
pensait que c'était certains clients, au début. On pensait que c'était
un petit peu plus de clients, puis c'est quoi, quelques semaines plus tard,
voire quelques mois plus tard que, finalement, c'était tout le monde, bon. Là,
je prends un exemple extrême, je prends un exemple dans le privé, mais, tu sais, souvent, quand on remarque
un incident de confidentialité, ce n'est pas dans les premières heures ni
même dans les premiers jours qu'on peut tout
de suite savoir exactement son ampleur puis tout ce qui a été compromis.
Moi, je présume que l'évaluation du préjudice,
elle vient quand même en aval dans le processus, dans la mesure où, le ministre l'a dit lui-même, on
commence par essayer de comprendre qu'est-ce
qui s'est passé, où sont, par exemple, les brèches de sécurité, quelles
données ont été compromises. Une fois qu'on a fait tout ça puis qu'on a un
portrait de la situation, dans un deuxième temps, on essaie d'évaluer le
préjudice. Et là c'est à ce moment-là que la loi vient dire, là, quand vous
arrivez à évaluer le préjudice, c'est quand même en aval pas mal, là, vous
devez avertir.
Est-ce que ce ne serait pas pertinent de
dire : Non, dès qu'il y a connaissance d'un incident, il doit y avoir communication au responsable, ne serait-ce que
pour que cette personne-là soit, je veux dire, au courant que la situation
existe? Ce qui n'empêche pas, par la suite,
la disposition de 63.9 qui vient dire : Par ailleurs, vous le consultez à
nouveau quand vient le temps d'évaluer le préjudice.
M. Caire :
Bien, en fait, quand on regarde la loi, c'est... Ce que le député de Gouin
décrit, c'est ce qui va se passer. J'explique. Si vous regardez le
premier alinéa, 63.7, bon, on dit : Il y a un motif. Il y a un incident de
confidentialité, ça implique un renseignement personnel. On prend les mesures
raisonnables pour diminuer le risque qu'un préjudice soit causé. Donc, la première chose à faire, comme je disais, c'est de
s'assurer qu'on va limiter les dégâts au maximum.
Ensuite de
ça, on dit : Si l'incident présente un risque de préjudice sérieux. Alors
là, déjà, au deuxième alinéa, on est
dans l'évaluation du préjudice, là. Or, dans l'évaluation du préjudice, on se
rapporte à 63.9. Et 63.9 nous dit quoi? Nous dit comment on va... sur
quoi on va se baser pour évaluer s'il y a eu un préjudice, sérieux ou non. Et,
déjà là, on dit : Vous devez consulter
le responsable. Donc, ça arrive en amont de tout le reste de la séquence, mais
tout de suite après le fait qu'on prend des mesures pour mitiger le
risque.
C'est un peu... puis c'est un peu ce que
j'expliquais. La première étape, c'est de s'assurer que l'incident est circonscrit. La deuxième étape, c'est d'évaluer le préjudice, si tant est qu'il y
en ait un. Et déjà, à cette étape-là, il faut informer le
responsable de la protection des renseignements personnels, en vertu de 63.9.
Donc,
on est pas mal à la genèse. Dans la chaîne des événements, là, on est pas mal à
la genèse, tout de suite après le fait
que : O.K. Prenez les mesures immédiates pour contrer le préjudice, pour
s'assurer qu'il y en ait le moins possible,
mais tout de suite après, là, on est dans : O.K. Est-ce qu'il y a eu
préjudice, oui ou non? Puis tout de suite, à ce moment-là, on doit
consulter le responsable. Donc, on est vraiment à la genèse, là, des mesures
administratives, là, qui ne sont pas directement liées au fait qu'on veut
circonscrire l'incendie, là.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois :
Je comprends, mais, à moins de me tromper, puis le ministre connaît bien le
domaine de l'informatique, colmater les brèches en question, là, ça ne prend
pas une demi-journée, tu sais. Ça ne prend pas nécessairement une demi-journée,
là. Ça peut prendre... Ça peut être long, là. Si les systèmes sont compromis,
c'est, pour reprendre les métaphores à notre portée, là, c'est des réparations,
c'est des interventions qui peuvent prendre un certain temps.
Et
pendant ce temps-là, s'il y a brèche de confidentialité, cette brèche-là peut
rester ouverte, peut rester béante pendant le temps qu'on procède, tu
sais. On constate un problème de confidentialité, on constate un problème de sécurité. On est au travail pour le corriger. Ça
va parfois nécessiter de faire affaire avec des consultants externes, avec
des entreprises avec lesquelles on a des partenariats pour nos serveurs, qui ne
sont pas toujours au Québec, bon.
Ce travail-là
d'éteindre l'incendie, pour reprendre la métaphore du ministre, ce n'est pas...
Justement, la différence avec éteindre un
feu, c'est que ça ne prend pas seulement... Souvent, ça ne prend pas seulement
quelques heures. Ça peut être un travail... Oui, d'ailleurs, je suis
béni des dieux pour illustrer mon propos. Ça ne prend pas seulement quelques
heures, tu sais, ça peut prendre plusieurs jours et ça peut prendre plusieurs
semaines si des systèmes sont sévèrement compromis. Pendant ce temps-là, on est
encore en train d'éteindre l'incendie.
Et donc,
techniquement, si je comprends bien l'explication du ministre, pendant toute
cette période de temps, techniquement
parlant, il n'y a pas d'obligation légale, à ce stade-là, d'informer. Ça
viendra seulement en aval, quand vient le temps d'évaluer le préjudice.
Ça fait que je me demande, à la rigueur, pour le bien de ces responsables-là
qui vont être ceux qui seront imputables de la situation, pourquoi ne pas
inclure... Puis l'idée, elle ne m'a pas été donnée par intervention divine, là. C'est l'Association des archivistes du
Québec qui lançait la proposition au
ministre, pourquoi ne pas inscrire
une obligation légale, dès que c'est constaté, dans un délai raisonnable, c'est
communiqué au responsable.
Moi, je trouve que ce
serait une manière de s'assurer qu'il y a une gouvernance saine puis que, puis
je vais le dire peut-être de manière plus familière, là, mais, s'il y a
quelqu'un qui l'a échappé quelque part dans l'organisation, cette personne-là,
elle a beau l'avoir échappé, elle a une obligation légale d'informer le patron
des patrons de la question plutôt que de dire : Oui, oui, je vais
rattraper, je vais essayer de remettre la pâte à dents dans le tube, je vais essayer de réparer mon erreur. Puis une fois que
j'aurai fait ça, on verra l'étendue des dégâts puis, à ce moment-là, on
informera, tu sais. Il me semble qu'on ne devrait pas laisser cette
possibilité-là ouverte puis s'assurer que personne ne peut essayer, dans un
organisme public, de peut-être réparer la situation sans en informer le
responsable.
• (15 h 20) •
M. Caire :
Oui. Mais ça, je rassure le député, ça ne peut pas arriver, là. Cette
situation-là, où il y aurait un incident de confidentialité et où la
personne... où le responsable de la protection des renseignements personnels ne
serait pas impliqué, ça ne peut pas arriver, là. Ça ne peut pas arriver parce
que...
M. Nadeau-Dubois :
Pourquoi le ministre... Pourquoi une telle certitude?
M.
Caire :
Bien, parce que, si vous avez un incident de confidentialité, donc, il se passe
un incident de quelque nature que ce soit,
vous avez donc une obligation d'évaluer s'il y a un préjudice. Et aussitôt que
vous faites ça, et vous devez le
faire, vous devez consulter le responsable de la protection des renseignements
personnels. Ce n'est pas un choix.
Et je reprends un peu
ce que mon collègue de Gouin disait, c'est vrai qu'un incident de
confidentialité, ça peut se régler en quelques minutes, ça peut se régler en
plusieurs mois. Et, je veux dire, ça, c'est... On ne le sait pas. Mais ce qu'on comprend, là, c'est qu'aussitôt
qu'on a un motif de croire que s'est produit un incident de confidentialité,
donc, j'ai trouvé, sur un site non
approprié, des renseignements gouvernementaux — là, je ne sais pas si mon exemple est
bon, là — mais
j'ai un motif de croire qu'il y a un incident, tu sais, j'ai un motif, là, j'ai
une raison de penser que... À ce moment-là,
il y a une évaluation du risque qui va se faire, et, à ce moment-là, je dois
consulter le responsable de la protection des renseignements personnels.
Donc, ce que je fais
dans la séquence, là : il arrive un incident, je prends les mesures
appropriées pour essayer de colmater la brèche. Et aussitôt je dis : Bon,
est-ce qu'il y a un préjudice? Est-ce que c'est préjudiciable? Est-ce que cet incident de confidentialité là est
préjudiciable, oui ou non? Bien là, il y a une évaluation qui se fait. Et là
je dois consulter, selon ce qui est écrit dans 63.9, je dois consulter le responsable
de la protection des renseignements personnels.
On fait l'évaluation. L'évaluation nous dit : Oui, le risque est sérieux.
À ce moment-là, j'avise la Commission d'accès à l'information et j'avise
la ou les personnes qui pourraient être visées par cet incident de
confidentialité là.
Ça
fait que je vous dirais que, dans la séquence des événements, là, le responsable de la protection des renseignements
personnels arriverait même avant la Commission d'accès à l'information.
M. Nadeau-Dubois :
C'est intéressant parce que le ministre, au départ, dans cette première
réponse, je croyais comprendre, parce qu'il a même pris la métaphore de :
il y a un feu, on commence par éteindre puis, une fois que c'est fait, une fois
que c'est terminé, le feu est éteint, là, on appelle l'assureur.
M.
Caire :
Oui, mais si je peux me permettre...
M. Nadeau-Dubois : Donc,
c'était consécutif dans sa...
M.
Caire : Mais dans
une séquence où on est sur plusieurs mois, bien, c'est sûr
que... Il faut contextualiser, là, c'est...
M. Nadeau-Dubois : Non, non,
mais c'est parce que... J'explique pourquoi j'avais l'interrogation.
M. Caire : Oui,
oui, je comprends.
M. Nadeau-Dubois : C'est que,
dans son explication initiale, le ministre l'a représenté de manière vraiment consécutive. D'abord, on s'assure que le feu est
éteint. Donc, on traduit, d'abord, on s'assure que l'incident est vraiment, vraiment,
vraiment réglé, les flammes sont complètement apaisées, et ensuite, dans un
deuxième temps, on... alors que, là,
dans sa dernière réponse, il a dit : Bien non, dès qu'on constate
l'incident, on fait l'évaluation du risque puis, si ça prend, pendant ce
temps-là, six mois pour évaluer l'ampleur des dégâts, bien, l'évaluation du
risque, elle va s'être faite non pas après le sixième mois, mais au départ.
Donc, ce n'est pas consécutif.
M. Caire : Non.
Bien, dans une situation où, par exemple, prenons...
M. Nadeau-Dubois : Parce que si
ce n'est pas consécutif, en effet, mon objection ou mon questionnement est
répondu.
M. Caire : Oui.
M. Nadeau-Dubois : Parce que
moi, l'impression que j'avais, c'est que c'était consécutif.
M. Caire : Bien,
pas nécessairement. Je vais donner un exemple, un exemple qui est sorti
publiquement, là, donc, je peux m'en servir, un hôpital dont les systèmes ont
été victimes d'un rançongiciel. Alors là, on comprend que... Est-ce que j'ai un motif de croire qu'il s'est produit un
incident de confidentialité? Oui. Donc, est-ce qu'il y a un préjudice? Le
responsable de la protection des renseignements personnels doit être consulté,
mais, pendant ce temps-là, ça ne veut pas dire que j'ai réglé mon
problème de rançongiciel.
M. Nadeau-Dubois : Ça peut
prendre plusieurs jours.
M.
Caire : Alors, je
comprends ce que le député... Puis je vous présente mes excuses pour la
confusion, mais ce que je voulais dire, c'est que la première chose à faire,
c'est d'essayer de protéger le renseignement personnel. Maintenant, on est
conscients que, dans le temps, ça peut s'étirer. Et, à ce moment-là, oui, vous
avez tout à fait raison, M. le député, il va être nécessaire d'aviser le
responsable de la protection des renseignements personnels parce qu'il y a,
administrativement, des mesures à prendre aussi et que tout ça peut se faire de
façon concomitante.
M. Nadeau-Dubois : Exactement.
Ça peut se faire en simultané, pendant qu'on répare...
M. Caire : Absolument.
Donc, je m'excuse de la confusion, mais c'est sûr qu'on...
M. Nadeau-Dubois : Pendant
qu'on répare... Non, non, pas de problème. C'est pour ça que...
M. Caire : Je
pensais plus à un incident très, très restreint...
M. Nadeau-Dubois : Ponctuel.
Oui, oui, mais...
M. Caire :
...mais dans un cas comme celui-là, où ça a pris des mois avant de régler la
problématique, là, parce qu'on comprend que le niveau de complexité était
nettement supérieur par rapport à un courriel que j'aurais envoyé à la mauvaise
adresse, par exemple.
M. Nadeau-Dubois : Oui, oui.
Puis il fallait, dans le cas des rançongiciels... La réponse n'était même pas
au Québec, elle était chez Microsoft...
M. Caire : Absolument.
M. Nadeau-Dubois : ...aux États-Unis, puis on attendait en se
croisant les doigts et en espérant que le problème se règle là-bas. Donc,
voilà, puis c'est pour ça qu'on a des commissions aussi, là, c'est pour bien
comprendre la séquence puis l'application de la loi.
Ça fait que
moi, ce que je comprends, juste pour bien être sûr qu'on est sur la même
longueur d'onde, c'est qu'à partir du
moment où l'incident est constaté, il y a, de manière pratiquement simultanée, déjà, une évaluation du risque de préjudice, à quel
point on a mis le monde dans le trouble, pour prendre une expression polie.
Puis dès ce moment-là, donc, le
responsable est consulté, on n'a pas besoin d'avoir fini l'évaluation de la
situation ou encore moins d'avoir fini de réparer les systèmes qui
auraient été compromis pour que la communication soit faite. Parfait.
M. Caire :
Tout à fait. Ce que je souhaitais exprimer, dans le fond, c'est de dire :
Écoutez, le premier téléphone que vous faites devrait être envers la personne
ou l'organisme qui peut vous aider à mitiger les préjudices, là, faire en sorte que... Mais après ça, le
deuxième téléphone, effectivement, peut se faire au responsable de la
protection des renseignements
personnels. Je vais le libeller comme ça, ça va être peut-être un peu plus
clair et plus compréhensible.
M. Nadeau-Dubois :
J'ai réponse à ma question, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) : Merci, M. le député de Gouin. Interventions sur
68.9? M. le ministre, s'il vous plaît, pour la suite des choses.
M. Caire :
Ah! c'est... Mon Dieu! 63.10, M. le Président.
Le
Président (M. Bachand) : 63.10, pardon, oui.
M. Caire :
63.10, M. le Président, donc, se lit comme suit :
«Un
organisme public doit tenir un registre des incidents de confidentialité. Un
règlement du gouvernement peut déterminer la teneur de ce registre.
«Sur demande de la
commission, une copie de ce registre lui est transmise.»
Donc, M. le
Président, cet article prévoit qu'un organisme public doit tenir un registre
des incidents de confidentialité et que, sur demande de la Commission de
l'accès à l'information, une copie de ce registre lui est transmise. Il prévoit
enfin que la teneur de ce registre peut être déterminée par règlement du gouvernement.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député de LaFontaine, s'il
vous plaît.
M. Tanguay :
Oui. Est-ce qu'il est prévu qu'un tel registre pourrait être public?
M. Caire :
Ce n'est pas prévu, non.
M. Tanguay :
Et, dans les rapports annuels, on verrait qui sont les premiers de classe puis
les derniers de classe, j'imagine, sur le nombre d'incidents et leurs
qualifications.
M. Caire : Je ne croirais pas. Ça, je pense que ce n'est pas prévu comme ça. En fait, ce qui... Ça fait obligation
à une organisation de tenir,
vraiment, quels sont les incidents de confidentialités qui se sont produits.
Aux fins de consultations, la Commission d'accès à l'information
pourrait les demander soit dans son volet juridictionnel, soit dans son volet
de surveillance, c'est-à-dire que ça lui est transmis, mais...
M. Tanguay :
...pas public, c'est...
M. Caire :
Ça s'arrête là. Ce n'est pas public, non.
M. Tanguay : Et ici, c'est tous, tous, tous les incidents.
Qu'ils aient résulté de préjudices ou préjudices sérieux, c'est tous les
incidents qui vont être dans le registre?
M. Caire : Oui, oui. Et je vous dirais, en même temps, il y a une idée de ne pas les rendre publics qui
permettrait, j'imagine, de mettre plus d'informations, voire des informations plus sensibles sur un état des lieux au niveau de la sécurité de l'information, par exemple, ou en se disant, bien, si c'est tenu par l'organisme,
bon, l'organisme a l'état des
lieux de sa situation au niveau de la sécurité des systèmes d'institution,
et/ou la Commission d'accès à l'information qui,
à mon avis, doit avoir un accès complet à ce genre d'information là, parce que la commission à cette capacité à traiter de l'information confidentielle dans le cadre de ses opérations. A
contrario, le rendre public, à mon avis, ferait en sorte d'avoir un
registre qui est une espèce de générique un peu beige pâle de choses qui sont
plus ou moins informatives.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député
de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Le registre en question, à 63.10, on peut
lire : «une copie de ce registre lui est transmise», mais c'est sur demande de la commission. Donc, la commission
devrait, quand elle est intéressée à
savoir s'il y a eu incident dans son
organisme public, faire la demande, puis ça lui est transmis. Il y a quand même
beaucoup d'organismes publics au Québec, là.
M. Caire :
À peu près 300.
Une voix : 3 000.
M. Caire :
3 000. Ah oui! C'est vrai, la loi ce n'est pas juste gouvernement, c'est
les 3 000. Excusez.
M. Nadeau-Dubois : Bien là, je
ne demande pas au ministre de me donner des arguments, hein? Ce n'est pas
nécessaire.
M. Caire : Non,
mais on n'est pas à un zéro... On n'est pas un zéro près.
M. Nadeau-Dubois : Et encore
moins à ses juristes.
M. Caire : 300,
3 000, c'est un zéro ça, là, là.
M. Nadeau-Dubois : Et donc il y
a quand même 3 000 organismes publics, là.
M. Caire : Oui.
• (15 h 30) •
M. Nadeau-Dubois : Je ne sais
pas si la commission va faire une vigie, tu sais, mettons, tu sais : Cette
année, à qui on demande le registre? Bon.
Pourquoi ne pas prévoir que c'est : les organismes publics transmettent
des registres à la commission, et, tu sais, je me demande, par exemple,
pour des fins de production de statistiques, de rapports, pour émettre des
recommandations?
Parce que c'est un des rôles de la Commission
d'accès à l'information, tu sais, d'avoir une espèce d'expertise puis de compréhension du phénomène. Tu sais, pour
parler... Tu sais, ils ne les liront peut-être pas tous tout le temps, mais
est-ce qu'au lieu que ce soit sur demande ce ne serait pas une bonne pratique
de dire... Si on veut faire de la CAI, puis je sais que c'est un des objectifs
du ministre, un genre de chien de garde qui a des vraies dents, là, en matière
de renseignements personnels, pourquoi ne pas dire aux organismes publics...
Bien, déjà là, ils ont l'obligation de le produire,
le registre, O.K. La paperasse en question, elle va exister, ils vont la
garder. Le gouvernement, par règlement, peut en déterminer le cadre, et là on
dit : Bien... et si la commission est intéressée, elle peut le demander
puis elle le reçoit.
Mais pourquoi
ne pas dire : Les organismes publics, c'est une bonne pratique, vous
l'établissez de toute façon, envoyez-le
donc à notre chien de garde pour que le chien de garde en question ait
l'information? Puis pas nécessairement dans une optique de surveillance
et de répression des mauvais comportements mais comme je le disais, tu sais,
dans une logique de production de statistiques, de rapports.
Encore une fois, là, ça ne sort pas non plus de
mon chapeau. C'est l'Association des archivistes aussi qui proposait ça. Il me
semble que ça pourrait être une bonne pratique en matière de gouvernance.
M.
Caire :
Bien, d'abord, parce que, bien... puis on me corrigera si je me trompe, mais la
CAI ne l'a pas demandé. On peut comprendre que recevoir annuellement
3 000 registres d'incidents... Je pense qu'il y a une logique à
dire : Bien, si la CAI en a besoin, ces
organismes-là doivent rendre disponible cette information, le registre en
question. L'inverse, c'est de présumer
que la CAI en a besoin et va en avoir l'usage, puis ce qui n'est pas le cas,
dans le sens où la CAI ne nous a pas
fait cette demande-là. Et soyez assuré, M. le député, que, si ça avait été le
cas, j'aurais répondu positivement à cette demande-là. Je pense qu'elle
voyait plutôt, dans la situation actuelle, justement, le fait de ne pas se
faire envoyer 3 000 registres par
année dont elle n'a pas nécessairement... ou dont elle juge qu'elle n'a pas
nécessairement besoin.
Le fait que ce soit disponible à la demande fait
en sorte que, si la CAI, dans une opération, par exemple, de surveillance, donc
de prévention... parce que je suis à la même enseigne que le collègue, on n'est
pas nécessairement dans la répression mais dans la prévention. Si, dans un exercice
de prévention, le volet surveillance de la CAI voulait avoir un historique des
incidents de confidentialité ou tout autre usage qu'elle peut faire du
registre, bien, c'est à sa disposition. Donc, je pense qu'il y a une commodité,
il y a une question de commodité là-dedans, pour la CAI, de ne pas recevoir
inutilement ces registres-là.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Bien, je le vois
bien, là, tu sais, que c'est disponible à la demande, mais... Puis là c'est parce
que je ne veux pas tomber trop dans la spéculation, mais on est forcés quand
même, quand on adopte une loi comme ça,
d'essayer d'imaginer des applications concrètes, puis ça nous force quand même
à faire des hypothèses un peu, là.
Si la CAI voulait, par exemple, prendre la
mesure de l'état de la confidentialité dans les municipalités, elle devrait
contacter chacune des municipalités pour leur faire la demande d'obtenir leur
registre, puis, en vertu de la loi, chaque municipalité aurait la responsabilité légale de répondre. Bon, en effet,
ça peut quand même être un exercice qui peut être chronophage, là. Tu sais, ça va
prendre du temps, écrire à chaque municipalité pour demander leur registre de confidentialité,
là, puis avoir une réponse.
M.
Caire : Je peux peut-être
leur suggérer d'avoir une liste d'envoi.
M. Nadeau-Dubois : Puis là est-ce
que ça ouvre la porte à des stratégies, tu sais, par exemple, dilatoires de
certaines... Évidemment, je suis conscient que je spécule, mais, tu sais, une municipalité
ou un organisme public, il pourrait y avoir des délais, tu sais. Je me demande, de prévoir un
mécanisme où ces informations-là sont automatiquement centralisées
à la CAI, est-ce que ça ne met pas à la disposition de la CAI, encore
plus rapidement puis de manière plus efficace, une banque d'informations pertinente pour faire son travail de surveillance puis d'étude du phénomène?
M.
Caire : Écoutez, je
vais réitérer que ce n'est pas une demande que la CAI a faite. Puis ils ont quand
même passé à travers le projet de loi, puis c'est sûr qu'une disposition comme
celle-là ne leur a pas échappé. Donc, je
présume que, si la présidente avait vu un intérêt à l'exiger d'emblée,
elle nous l'aurait fait savoir. Puis je peux vous dire qu'on a eu quelques discussions avec
Me Poitras sur différentes dispositions du projet
de loi n° 64,
et, à aucun moment, elle n'a manifesté un intérêt qui allait dans ce sens-là.
Je ne veux
pas... Puis vous comprenez mon malaise, M. le député, là, je ne veux
pas parler au nom de la présidente de
la CAI, mais, en même temps, je pense qu'on peut comprendre que c'est peut-être
plus simple, de façon ad hoc, de contacter des organismes pour exiger ce
registre-là que d'en recevoir 3 000 systématiquement chaque année avec le
traitement que ça implique.
Mais je réitère, M. le député, que, si la CAI
avait cette demande-là, je pense que... puis je ne veux pas me prononcer pour les collègues, mais on recevrait
cette demande-là très favorablement,
là. Ça ne serait pas... parce qu'une fois
que le registre est produit, il s'agit de l'envoyer, là, ça fait que ce n'est
même pas... mais j'extrapole, là, mais j'imagine que c'est parce que, du côté de la CAI, on se dit : Bien, écoute,
je vais recevoir annuellement, là, 3 000 registres dont j'ai plus
ou moins l'usage ou l'utilité de façon systématique, alors que, de façon
ponctuelle, elle pourra aller chercher cette information-là au gré de ses
besoins.
Et j'entends ce que le collègue dit, mais la CAI
a quand même un pouvoir assez important pour contraindre une organisation qui
fait preuve d'une certaine négligence, là. Je pense que la loi n° 64 va
donner des pouvoirs réels à la CAI de se faire entendre par tout le monde.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Interventions? M. le député de
LaFontaine.
M. Tanguay : Sur le dernier point du ministre, pourrait-il
nous indiquer c'est à quel endroit, dans le p.l. n° 64, où, justement,
on va revisiter les pouvoirs de la CAI? Puis j'imagine... Sa vocation qui est
justement d'être un chien de garde, là, avec plusieurs... autour de quels
articles qu'on va aborder ça?
M.
Caire : Je ne les
ai pas tous en tête, là, mais entre autres, notamment, quand on va donner son
pouvoir de directive.
Une voix : ...
M.
Caire : À partir de
35? À partir de 35, M. le député.
M. Tanguay : On parle de ça comme si c'était un roman : À
partir du chapitre 35, vous allez voir, là, l'intrigue, là...
M.
Caire : Oui, c'est
ça, verset 12, chapitre 35.
M. Tanguay : Ah! bien là, ça,
c'est une autre histoire. Amen. Amen pour l'article 14, M. le
Président.
Le
Président (M. Bachand) :
Alors, c'était ma question. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'article 14 tel qu'amendé? S'il
n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix.
Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire : Pour.
La
Secrétaire : Pour les
membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque (Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire : Pour les
membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay : Abstention.
La Secrétaire : M. Nadeau-Dubois
(Gouin)?
M. Nadeau-Dubois : Pour.
La Secrétaire : M. Bachand
(Richmond)?
Le
Président (M. Bachand) :
Abstention. Donc, l'article 14, tel qu'amendé, est adopté. Merci.
M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire : Oui, M. le Président, article 15, qui se
lit comme suit : L'article 64 de cette loi est modifié par le
remplacement du troisième alinéa par les suivants :
«La collecte visée au
deuxième alinéa doit être précédée d'une évaluation des facteurs relatifs à la
vie privée et s'effectuer dans le cadre d'une entente écrite transmise à la
commission. L'entente entre en vigueur 30 jours après sa réception par la
commission.
«Cette entente doit
prévoir :
«1° l'identification
de l'organisme public qui recueille le renseignement et celle de l'organisme
public pour lesquels la collecte est effectuée;
«2° les fins
auxquelles le renseignement est recueilli;
«3° la nature ou le
type du renseignement recueilli;
«4° les moyens par
lesquels le renseignement est recueilli;
«5° les mesures
propres à assurer la protection du renseignement personnel;
«6° la périodicité de
la collecte;
«7° la durée de
l'entente.»
Alors,
M. le Président, l'article 64 de la Loi sur l'accès aux documents des
organismes publics et sur la protection des renseignements personnels
est modifié afin de prévoir le contenu de l'entente qu'il prévoit. Il est également
modifié afin de prévoir que cette entente doit être précédée d'une évaluation
des facteurs relatifs à la vie privée.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup. Interventions?
M. le député de LaFontaine.
• (15 h 40) •
M. Tanguay :
Oui, merci, M. le Président. On avait un commentaire de la Ligue des droits et
libertés qui faisait écho d'une recommandation qui était à l'intérieur du rapport quinquennal 2016 de la CAI mais qui
n'était pas dans son mémoire quant à
l'actuel projet de loi, qui indiquait que le consentement ne permet pas de recueillir des renseignements personnels qui ne sont pas nécessaires aux fins
poursuivies.
Alors, la Ligue des
droits et libertés disait : «Nous souscrivons donc à la proposition
suivante de la CAI : "La commission
recommande que les articles 64 de la Loi sur l'accès et 5 de la Loi sur le
privé précisent qu'un renseignement qui n'est pas nécessaire ne peut
être recueilli, même avec le consentement de la personne concernée".»
M.
Caire : Bien, je
vous dirais, du moment où quelqu'un consent à quelque chose qui lui
appartient, je ne vois pas comment la loi pourrait l'interdire.
M. Tanguay :
C'est-à-dire, le consentement, c'est une chose, mais que l'organisme public le
recueille, c'est surtout là, l'écueil, là.
M.
Caire :
Bien, j'essaie de voir c'est quoi... parce qu'on dit : «Nul ne peut, au
nom d'un organisme public, recueillir un renseignement personnel si cela n'est
pas nécessaire à l'exercice des attributions de cet organisme ou à la mise en
oeuvre d'un programme dont il a la gestion.
«Un
organisme public peut toutefois recueillir un renseignement personnel si cela
est nécessaire à l'exercice des attributions ou à la mise en oeuvre d'un
programme de l'organisme public avec lequel il collabore pour la prestation de
services ou pour la réalisation d'une mission commune.»
Et là, après ça, on
dit, bon, bien : «La collecte visée au deuxième alinéa doit être précédée
d'une évaluation des facteurs...» Donc, je ne sais pas, là. Il m'apparaît que
c'est assez clair qu'on recueille les renseignements qui sont nécessaires à la
prestation de services de l'organisme ou d'un ou de plusieurs organismes.
M.
Tanguay : Et l'ajout
qui est fait, le remplacement du troisième alinéa, quand on parle d'une évaluation
des facteurs, on fait écho ici à une
même évaluation de facteurs qu'on avait vue un peu plus haut, là, à 63.4 et 63.5, c'est ça, hein?
M.
Caire :
C'est ça.
M.
Tanguay : O.K. Et ça, est-ce que c'est... L'entente entre en
vigueur 30 jours après sa
réception. Et la façon dont ça doit
être interprété, c'est pour l'avenir. C'est la même logique, j'imagine, on ne
revisitera pas des ententes passées.
M.
Caire :
Des collectes qui ont déjà été faites, oui.
M.
Tanguay : Puis ici,
dans le fond, la collecte doit être précédée... Donc, c'est de la
sous-traitance entre organismes
publics-publics ou ça peut impliquer un...
M.
Caire :
Entre public-public.
M. Tanguay :
O.K., pas un privé, là, à ce moment-là.
M.
Caire :
Non, public-public.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
...c'est juste pour la transitoire, en fait, là, pour les ententes comme à 64,
là. À l'article 163, on prévoit que, dans le fond... Je vais juste le
lire, là.
M.
Caire : Parce qu'on parle d'organisme public.
M.
Miville-Deschênes (Jean-Philippe) : L'article 64 continue à
s'appliquer à l'entente, là, l'article 64 actuel, jusqu'à son renouvellement ou au plus tard deux ans suivant son
entrée en vigueur. Donc, il y a comme un délai de deux ans pour...
M.
Caire :
Ah! bien, ça, c'est le prochain article, oui.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) : Pour s'assurer que l'entente entre 64... respecte
le nouveau 64. Il y a comme une disposition transitoire : si
tu as une entente en cours, tu as deux ans pour la renouveler pour respecter le
nouvel article 64.
M. Tanguay :
Autrement dit... Puis ça, c'est le 163 du projet de loi, hein, c'est ça?
M.
Miville-Deschênes (Jean-Philippe) : C'est ça.
M. Tanguay :
On dit : Les articles 64, tels qu'ils se lisent, continuent de
s'appliquer à toute entente conclue conformément...
Des voix :
...
M. Tanguay :
Transitoire... À l'un de ces articles avant cette date et toujours en vigueur
et jusqu'à la date... Autrement dit, c'est
pour l'avenir et ça va être aussi lorsqu'il y a renouvellement d'une entente
qui existait déjà, mais, troisièmement... C'est-tu ça qu'il faut que je
comprenne : troisièmement, s'il ne se passe rien, il n'y a pas... Si ce
n'est pas une entente déjà existante qui n'était pas à renouveler, si, dans les
deux ans, il y a une entente déjà existante, elle doit être revisitée en
vertu du nouveau?
M.
Miville-Deschênes (Jean-Philippe) : Oui, oui. Dans le cas où il y a
des ententes qui se renouvellent automatiquement
ou qui sont pour 10, 12 ans, bien, souvent, c'est plus des ententes qui se
renouvellent automatiquement aux trois ans, donc c'est pour ça qu'il y a
un délai maximal qui a été prévu à 163.
M. Tanguay :
Là, vous me voyez... Ça aurait été un bel argument que j'aurais pu vous servir
pour le passé, pour l'évaluation, l'article et...
M.
Caire :
Mais malheureusement, on avait tout prévu.
M. Tanguay :
M. le Président, je demande le consentement de rouvrir l'article 14. Je ne
vous le demande même pas, ça regarde mal, mais là on voit la logique d'un
regard vers le passé, là.
M.
Caire :
Oui, mais dans le cas d'un système d'information... puis je l'entends, mais on
est quand même dans deux choses différentes, dans le sens où là on parle d'une
entente pour collecter de l'information, donc par un organisme, alors que, dans l'article précédent, on parlait de la
refonte, l'acquisition ou le développement d'une application, d'un système. Donc, le système, puis ça, je suis
bien placé pour vous le dire, là, il
ne changera pas ses comportements. Le système d'information, là, sa
façon d'opérer sera toujours la même, donc les failles, les vulnérabilités, là,
si, après x mois d'utilisation, vous ne les avez pas détectées, là, vous
ne les détecterez pas avec une évaluation des facteurs relatifs à la vie
privée, là.
Donc, ce n'est quand
même pas le même univers où là on parle qu'un organisme public peut toutefois
recueillir un renseignement personnel. Donc, on n'est pas dans une application
informatique qui suit un algorithme de travail, là.
M. Tanguay :
Et quand on regarde, justement, 63.5 avec la proposition du troisième alinéa
nouveau du 64 : «La collecte visée doit être précédée d'une évaluation de
facteurs relatifs à la vie privée dans le cadre d'une entente écrite transmise
à la commission.
«Cette entente doit
prévoir l'identification; la fin auquel est recueillie; la nature», et
tout ça. Donc, est-ce à dire que pour les
ententes... Là, ici, la mesure transitoire, il y a deux choses. On parle de
l'évaluation et on parle de ce que
doit contenir l'entente. Alors, ça se peut que les ententes actuelles, qui
pourraient être renouvelables, ne contiennent pas le dernier alinéa, là, 1°, 2°, 3° jusqu'à 7°. Ça, est-ce que ça veut
dire que, sur cet aspect-là, une entente déjà existante devrait être
reformulée ou devrait être amendée de manière, le cas échéant, à prévoir tout
ça?
M.
Caire :
Selon les modalités des mesures transitoires.
M.
Tanguay : Donc, dans les deux ans, si elle n'était pas
renouvelée, par fiction, on va dire : Il faut que vous la
renouveliez même si c'était prévu, puis là on va...
M.
Caire :
C'est ça, maximum deux ans, on va la renouveler puis on va se conformer aux
paragraphes 1° à 7° de l'article 64, du nouveau troisième
alinéa de l'article 64.
M. Tanguay :
O.K. Alors là, il y a deux choses. Il y a ce que doit contenir l'entente, 1° à
7°, on vient d'en parler, puis la deuxième chose, c'est l'évaluation des
facteurs relatifs à la vie privée. Ça, il faut que ce soit fait, dans
100 % des cas, au plus tard dans les deux ans.
M.
Caire :
C'est ça.
M. Tanguay :
Donc, il y a deux choses à faire pour se mettre à niveau.
M.
Caire :
C'est ça.
M. Tanguay :
Et juste comprendre, dans le 64, premier, deuxième alinéa, «nul ne peut»,
«nul», ça peut être un privé, ça, ou c'est juste un public?
M.
Caire :
Bien là, on est dans une relation entre deux organismes publics, parce que, si
vous regardez le deuxième alinéa,
c'est : «Un organisme public peut toutefois recueillir un renseignement
personnel si cela est nécessaire à l'exercice des attributions ou à la
mise en oeuvre d'un programme de l'organisme public avec lequel il collabore».
Ça fait que là la loi est vraiment sur les organismes publics.
M. Tanguay :
Oui, le deux, il est clair, mais le un, on parle de : «Nul ne peut...»
Puis... en droit, quand on dit «nul ne peut», ça inclut tout le monde incluant
les privés.
M.
Caire :
Oui, bien, c'est tout le monde, tout le monde, au nom d'un organisme public.
M. Tanguay :
Mais ça peut être un privé au nom d'un organisme public, dans le premier
alinéa?
M.
Caire :
Oui, oui.
M. Tanguay :
Oui, O.K., mais le deuxième alinéa, c'est dans la relation public-public.
O.K.
Puis l'objectif...
Juste dernière question de compréhension, l'objectif de «cette entente doit
prévoir», dans le fond, c'est de documenter, de donner le sérieux, d'étayer
puis de s'assurer que les bonnes questions soient posées. Et j'imagine...
Évidemment, on dit «une entente écrite transmise à la commission», puis
elle, elle pourra faire oeuvre pédagogique ou taper sur les doigts, le cas
échéant, là.
M.
Caire :
Le cas échéant.
Le
Président (M. Bachand) : Interventions sur l'article 15?
M. le député de Gouin, s'il vous plaît.
M.
Nadeau-Dubois : Si je comprends bien l'article 15 qui introduit
le 64... Puis je vais peut-être répéter une question du collègue de LaFontaine,
mais, bon, il l'a fait tantôt, ça fait que... Non, mais juste pour être...
parce que des fois on lit aussi, en tout cas, on fait beaucoup de choses en
même temps, là.
L'article 64
permet à l'organisme public de recueillir un renseignement personnel si c'est
nécessaire à l'exercice de ses activités ou des activités d'un organisme public
avec lequel il collabore. Bien, donc, juste pour être bien compris, là, ça,
c'est un pont ici entre deux organismes publics, seulement ça.
M.
Caire :
Voilà, strictement, oui.
M.
Nadeau-Dubois : C'était ma question.
Le
Président (M. Bachand) : D'autres questions sur
l'article 15? S'il n'y a pas d'autre question, nous allons procéder à la
mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
• (15 h 50) •
La Secrétaire :
Pour, contre, abstention. M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire :
Pour.
La
Secrétaire : Pour les membres du groupe parlementaire formant
le gouvernement, M. Lévesque (Chapleau)?
M. Lévesque
(Chapleau) : Pour.
La Secrétaire :
Pour les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay : Pour.
La Secrétaire :
M. Nadeau-Dubois (Gouin)?
M. Nadeau-Dubois : Pour.
La Secrétaire :
M. Bachand (Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'article 15 est adopté.
Merci beaucoup. M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire :
Oui, M. le Président, l'article 16. Article 16 : Cette loi est
modifiée par l'insertion, après l'article 64, du suivant :
«64.1. Les renseignements personnels concernant
un mineur de moins de 14 ans ne peuvent être recueillis auprès de celui-ci sans le consentement du
titulaire de l'autorité parentale, sauf lorsque cette collecte est
manifestement au bénéfice de ce mineur.»
Et, M. le Président, je dépose un amendement,
amendement qui dit : Insérer, à l'article 64.1 de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et
sur la protection des renseignements personnels, proposé par l'article 16
du projet de loi, après «titulaire de l'autorité parentale», «ou du tuteur».
Le
Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup. Alors, on va suspendre quelques instants... On l'a déjà sur
Greffier?
M.
Caire : Ça a tout
été déposé, ça, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : O.K. Quelle efficacité, M. le ministre. Quelle
efficacité! Merci beaucoup.
M.
Caire : Une
machine.
Le Président (M.
Bachand) : Alors, interventions sur l'amendement du ministre?
M. Tanguay : On va l'ouvrir.
M.
Caire :
...l'autorité parentale ou le tuteur.
M. Tanguay : ...on a fait du
84 puis on parle beaucoup du... on parlait des 14 ans, puis ça va toujours
de pair, c'est l'autorité parentale ou le tuteur sur le 84. On faisait de ça
hier. Ça fait que ça me va, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Autres interventions sur l'amendement? Nous allons
procéder à sa mise aux voix donc. Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire : Pour.
La Secrétaire : Pour les membres du groupe parlementaire formant
le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire : Pour les
membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay : Pour.
La Secrétaire : M. Nadeau-Dubois
(Gouin)?
M. Nadeau-Dubois : Pour.
La Secrétaire :
M. Bachand (Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement à l'article 16
est adopté. Donc, interventions sur l'article 16 tel qu'amendé? M. le
député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Oui, merci, M. le
Président. L'article 64.1 se termine avec une phrase que certains
pourraient juger un peu... bien, une phrase, avec un bout de phrase que
certains pourraient juger un peu critique, là, «sauf lorsque cette collecte est
manifestement au bénéfice du mineur».
Qu'est-ce que
ça veut dire? Comment on évalue le bénéfice du mineur? «Manifestement au
bénéfice du mineur», est-ce que ça, c'est des notions qui sont usuelles?
Il y a-tu des précédents, des références dans d'autres lois? Parce que c'est à la fois très clair et potentiellement très flou
sur qu'est-ce que ça peut vouloir dire puis qui est juge de ça. Qui est juge de
quel est l'intérêt manifeste du mineur?
M.
Caire : Sur les
assises juridiques, je vais laisser Me Miville-Deschênes répondre à votre
question, mais ce qui est manifestement au bénéfice du mineur, si le député de
La Pinière était ici, je pense qu'il nous dirait que, par exemple, un
renseignement qui est collecté par un médecin ou qui, dans l'objectif d'une
prestation de soins envers le mineur ou... Bon, je pense que... des différents
exemples comme ça qu'on peut avoir.
Maintenant, sur la notion juridique de
«manifestement au bénéfice de ce mineur», je vais laisser Me Miville-Deschênes
nous donner les assises juridiques sur lesquelles on s'est basées pour libeller
l'article de cette façon.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Oui, bien, en fait, une communication... À l'article 68, on a déjà la
communication qui est manifestement au bénéfice d'une personne, donc qui peut
se faire sans consentement. C'est une
communication, dans le cas de l'article 68, là... Exemple, s'il y a un
chèque ou un montant d'argent qui est dû à une personne, dans le secteur public, bien, tu peux lui communiquer des
renseignements, là, afin de lui faire parvenir puisque c'est considéré
comme manifestement à son bénéfice.
Dans le cas de l'article qui nous concerne,
c'est ça, c'était le même libellé un peu pour s'assurer que c'était clairement à son bénéficie. Puis on visait
principalement les cas, justement, dans le secteur de la santé où il peut y
avoir soit une urgence pour
différentes raisons, une collecte de renseignements à un moment où le tuteur
n'est pas disponible puis qu'on veut faire une intervention auprès du
mineur. Ou il y a aussi les cas de la DPJ qui nous ont été soulevés, où là il pourrait y avoir, évidemment, là, une
utilité de collecter des renseignements sur le mineur sans le consentement
du titulaire ou du tuteur.
Donc, les exemples qu'on a, c'est ça. Puis
«manifestement», bien, c'était pour que ce soit clair que ça soit... un peu à l'instar de l'article 68, là, qu'il
n'y ait pas de doute sur le fait que c'est au bénéfice du mineur ou de la
personne concernée.
M. Nadeau-Dubois :
O.K. Et, si c'était dans le cas d'un enfant qui a un parcours DPJ, tout ça,
dans ces cas-là, le tuteur, ce n'est pas un réseau que je connais bien,
là, ça se trouve à être qui?
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Bien, au début de...
M.
Nadeau-Dubois : Parce que vous, tu sais, vous me donnez l'exemple d'un
enfant qui serait dans une situation de
violence, par exemple, pris en charge par la DPJ. Dans ce cas-là, qui doit
consentir à la cueillette des renseignements personnels?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, si
on n'avait pas cette exception-là, au tout début de l'intervention, ça
serait le tuteur ou le titulaire de l'autorité parentale, donc la personne qui
serait présumée être le...
Une voix : ...
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Le parent... bien, oui, qui serait la personne qui maltraite le mineur,
finalement.
M. Nadeau-Dubois : O.K., bien là,
dans le fond... parce que moi, c'est que je ne suis pas familier avec le statut
juridique d'un enfant qui est pris en charge par la DPJ, là. Le titulaire de
l'autorité parentale, est-ce que ça reste le parent? Est-ce que le parent est
relevé? Est-ce qu'il se fait... Est-ce que le parent biologique se fait retirer
ce titre-là? Si oui, à quel moment? Parce que ce qu'il y avait derrière mon
intervention, c'est justement ce genre de situation là où les parents peuvent
faire partie du problème, là, plutôt que la solution. Comment on fait pour que
l'État garde sa capacité d'intervenir auprès de ces enfants-là, tu sais?
Donc...
M.
Caire : Ce qui va
se produire... Un exemple, M. le député, un enfant mineur qui, justement...
Bon, j'ai une situation de maltraitance à la maison, c'est signalé à la DPJ, la
DPJ intervient, bien, le représentant de la DPJ, compte tenu du signalement qui
pourrait impliquer le titulaire de l'autorité parentale ou le tuteur, bien, évidemment,
à ce moment-là, le représentant de la DPJ aurait l'autorité parce que c'est
manifestement dans son intérêt de collecter des
informations concernant cet enfant-là pour étayer la plainte,
monter le dossier, aller de l'avant avec des procédures dans l'objectif
de protéger l'enfant.
Et, dans un cas où, évidemment, c'est le
titulaire de l'autorité parentale qui fait l'objet de la plainte, bien, vous
comprendrez qu'on ne peut pas lui demander son consentement pour recueillir des
enfants pour aider la DPJ à monter un dossier contre lui pour éventuellement
prendre des mesures administratives, voire judiciaires, là.
Donc, c'est une occasion ou situation vécue, un
enfant se blesse de façon très importante, doit recevoir des soins rapidement,
pas capable de rejoindre les parents, bien là, j'ai besoin de collecter des
renseignements sur l'enfant : Prends-tu des médicaments? Ta, ta, ta.
Est-ce que tu es asthmatique? Est-ce que tu es diabétique? Est-ce que tu es allergique? Est-ce que... Bon, bien...
Puis là je n'ai pas le temps de demander à l'autorité parentale ou au tuteur
si je peux collecter ces informations-là,
c'est manifestement dans son intérêt. Donc, c'est des situations comme ça qu'on
cherche à couvrir avec cet article-là.
M. Nadeau-Dubois :
Dans le fond, ma question, c'est : Qui va être juge? Parce que les
exemples que j'allais donner, c'est ceux-là, là, par exemple, les services de
protection de la jeunesse souhaitent connaître les antécédents médicaux d'un
enfant, puis c'est une information essentielle dans un contexte comme celui-là.
Le parent aurait de très mauvaises raisons, mais, en même temps, de son point
de vue à lui, de très bonnes, s'il ne veut pas collaborer avec la protection de
la jeunesse, de refuser le consentement. Qui va être juge, dans ce
processus-là, que c'est manifestement au...
Parce que moi, je suis d'accord, mon opinion
personnelle est celle du ministre, là, mais, dans le processus, qui va être juge que là c'est manifestement au
bénéfice du mineur puis que là, bien, le parent ne veut pas, ce n'est pas
grave, la RAMQ communique, par exemple, les
informations directement à la protection de la jeunesse, puis c'est fini,
on ne niaise pas? Qui va être juge de ça?
• (16 heures) •
M.
Caire : Bien, dans
le cas de 64.1, ce sera l'organisme public qui a à rendre le service, qui
nécessite cette collecte de renseignements personnels là. Donc, si on parle,
par exemple, de la DPJ, bien, c'est l'officier représentant la DPJ qui va, dans
le cadre de son travail, ou les responsables de... qui vont être juges de cette
situation-là.
Donc, l'intervenant auprès du mineur qui aura à
donner une prestation de services conditionnée par une situation qui fait en
sorte que l'autorité parentale et/ou le tuteur ne peut être contacté, soit
qu'on ne peut le rejoindre, soit qu'on ne doit pas le contacter parce qu'il est
lui-même l'objet d'une situation problématique, à ce moment-là, il y a quand même une... Là, on parle d'organisme
public. Dans ce cas-ci, il y a effectivement une autorité publique qui a une
prestation de services à donner et qui, dans
ce sens-là, peut assumer qu'elle agit manifestement dans l'intérêt du mineur
en question.
Éventuellement, je vous rejoins, M. le député.
C'est sûr que l'autorité parentale et/ou le tuteur pourront, par la suite, prendre action parce qu'ils se sont
sentis lésés dans leur droit ou dans leur privilège, et, bon, bien... mais d'où
le fait que l'article est libellé pour ne laisser aucun doute sur le fait que
ça a été manifestement au bénéfice du mineur de le faire.
Donc, il ne faut pas qu'il y ait de doute non
plus, dire : Bien, oui, tu sais, je ne suis pas capable de rejoindre ta mère, ou ton père, ou le tuteur, puis, tu sais,
ce n'est pas grave, là, tu peux me le dire. Bon, tu sais, il faut que ce soit
vraiment manifeste.
M. Nadeau-Dubois : O.K. Et donc
l'officier représentant la DPJ serait habileté par la loi à agir, à collecter
les renseignements personnels auprès d'un autre organisme public, par exemple.
Si ensuite le parent souhaite... parce qu'il se sent lésé, à tort ou à raison,
pourra...
M.
Caire : Il aura des
recours.
M. Nadeau-Dubois : ...pourrait avoir
des recours juridiques, mais au moins l'intervention pourrait être faite, puis
on va venir en aide au mineur en question.
M.
Caire : Oui.
M. Nadeau-Dubois : C'était l'esprit
de ma question.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci. Intervention, M. le député de LaFontaine? Non, ça va, pas d'autre
intervention? Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention sur
l'article 16 tel qu'amendé, nous allons procéder à sa mise aux voix. Mme
la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire : Pour.
La
Secrétaire : Pour les membres du groupe parlementaire formant
le gouvernement, M. Lévesque (Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire : Pour les
membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay : Pour.
La Secrétaire :
M. Bachand (Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'article 16, tel qu'amendé,
est adopté. M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire : M. le
Président, article 17 se lit comme suit : L'article 65 de cette
loi est modifié :
1° par le remplacement des deux premiers alinéas
par les suivants :
«Quiconque,
au nom d'un organisme public, recueille des renseignements personnels auprès de
la personne concernée doit, lors de leur collecte et par la suite sur demande,
l'informer :
«1° du nom de
l'organisme public au nom de qui la collecte est faite;
«2° des fins
auxquelles ces renseignements sont recueillis;
«3° des moyens par
lesquels les renseignements sont recueillis;
«4° du caractère
obligatoire ou facultatif de la demande;
«5° des
conséquences pour la personne concernée ou, selon le cas, pour le tiers, d'un
refus de répondre à la demande ou, le cas
échéant, d'un retrait de son consentement à la communication ou à l'utilisation
des renseignements recueillis suivant une demande facultative;
«6° des droits
d'accès et de rectification prévus par la loi.
«Le
cas échéant, la personne concernée est informée du nom du tiers qui recueille
les renseignements au nom de l'organisme public et de la possibilité que
les renseignements soient communiqués à l'extérieur du Québec.
«Sur
demande, la personne concernée est également informée des renseignements
personnels recueillis auprès d'elle, des catégories de personnes qui ont accès
à ces renseignements au sein de l'organisme public, de la durée de la
conservation de ces renseignements, ainsi que des coordonnées du
responsable de la protection des renseignements personnels.»;
2° par la
suppression, dans le troisième alinéa, de «se nommer et»;
3° par
l'insertion, dans le cinquième alinéa et après «fait par», de «une personne
ou».
M. le Président, l'article 17... pardon, l'article 17, oui, c'est
ça. L'article 65 de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la
protection des renseignements personnels est modifié afin de préciser davantage
l'information devant être communiquée à la personne auprès de qui des renseignements
personnels sont recueillis au nom d'un organisme public.
Et,
M. le Président, j'ai un amendement à l'article 17. Donc, l'amendement se lit comme
suit : Remplacer, dans le deuxième alinéa de l'article 65 de la Loi
sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection
des renseignements personnels proposé par le paragraphe 1° de
l'article 17 du projet de loi, «et» par «, du nom des tiers à qui il est
nécessaire de communiquer les renseignements aux fins visées au
paragraphe 2° du premier alinéa et».
Le Président (M. Bachand) : Commentaires? Il y
avait des commentaires sur l'amendement, je ne
sais pas...
M. Tanguay :
...sur Greffier?
Le
Président (M. Bachand) : Oui, c'est sur Greffier.
M. Tanguay :
O.K. Est-ce qu'on peut suspendre une minute, M. le Président?
Le
Président (M. Bachand) : Oui, on va suspendre quelques
instants. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à
16 h 05)
(Reprise à 16 h 10)
Le
Président (M. Bachand) : À l'ordre, s'il
vous plaît! La commission reprend ses travaux. M. le député de LaFontaine, s'il
vous plaît.
M. Tanguay :
Alors, sur l'article 50, M. le Président... Non, à l'article 17, M.
le Président... On voyait que notre collègue de Gouin ne bronchait pas,
stoïque, flegmatique.
Sur l'amendement... Puis
je vais faire un commentaire, puis la petite pause a été bénéfique, des fois on
fait de l'ordre dans nos idées. Je fais un commentaire, peut-être
Me Miville-Deschênes pourra nous aider à voir, je n'ai pas vu à nulle
part... Tu sais, puis là, là, ça, c'est un exemple où on précise bien des
choses, là, je veux dire, on précise ça, on précise ça, puis on vous dit
comment marcher, on définit comment vous allez marcher, vous allez faire un
pas, très précis, mais je n'ai pas vu — puis à moins qu'on pourrait me
dire : Non, non, non, c'est déjà dans la loi actuelle ou c'est ailleurs dans le... je vais le dire tout
croche, là — de ligne
de communication constante et permanente avec la personne pour laquelle
on collecte et conserve des renseignements personnels.
Autrement dit, il y
a-tu, à quelque part, un devoir de s'assurer, lorsque vous collectez des
renseignements personnels ou si, et dans ce
cas-ci, vous êtes un tiers puis vous le collectez pour d'autres, d'en tout
temps être capable d'avoir une ligne
de communication avec la personne? Parce qu'il se pourrait qu'on puisse
collecter des renseignements personnels sans que l'on ait, par exemple,
une adresse courriel, sans qu'on ait une façon efficace de rejoindre la personne. Il y a-tu une obligation en quelque part
qui le dit que, si vous avez des renseignements personnels, vous devez
avoir une ligne de communication avec la personne? Et ça, ça fait écho un peu
au débat qu'on a eu dans le contexte de
l'article 14 où on dit : Bien, il faut communiquer, s'il y a un
incident. Mais c'est-tu marqué à quelque part que je vais pouvoir
communiquer de façon efficace, là?
M.
Caire : Bien, je
vais juste demander à mon collègue de préciser sa question, parce que, dans
l'article, on dit «quiconque, au nom d'un
organisme public, recueille des renseignements personnels auprès de la personne
concernée doit, lors de la collecte et par la suite sur demande»,
donc... mais je ne sais pas si c'est à ce niveau-là...
M.
Tanguay : Encore plus macro, là, à 30 000 pieds
d'altitude. On parle des organismes publics, puis même ça a un impact sur les
privés. Il y a-tu de quoi, un principe qui dit que, lorsque vous détenez de l'information
qui concerne un individu, vous devez vous
assurer en tout temps d'avoir un moyen de communication avec ledit
individu, ne serait-ce que pour lui souligner qu'il y a eu un incident,
ou ne serait-ce que pour vérifier son consentement, ou ne serait-ce que pour
que lui puisse communiquer avec vous, et vice versa?
M.
Caire : En fait,
là, je vous... Puis je vais laisser Me Miville-Deschênes compléter la
réponse, mais, compte tenu de
la façon dont l'information est gérée de par la loi, chaque organisme public a
la... j'allais dire l'obligation, mais ce
n'est pas... bien oui, d'une certaine façon. Elle peut collecter les informations qui sont nécessaires à sa prestation de services, et, ce
faisant, donc, récolter l'information qui lui permet d'entrer en contact avec
le citoyen. Il n'y a pas, au niveau du gouvernement du Québec, cette obligation-là, parce que la collecte d'information, la collecte de données est propre à chaque organisme public qui
est le détenteur et donc le responsable de l'information qu'il collecte. Donc,
c'est une prérogative de chaque organisme public dans l'état actuel de la loi.
M. Tanguay :
Parce que 63.7, mettons qu'il y a un préjudice sérieux, je dois aviser toute
personne. Puis vous allez me dire : Il
coule de source que vous devez donc vous assurer d'avoir une possibilité de communiquer directement avec la
personne. Puis oui, il coule de source, mais mon point, c'est que, puis ça m'a
frappé dans la petite pause tantôt, on est très précis, à 65, là, c'est ça, c'est
ça, c'est ça, on est très précis, très, très cartésien, endigué, mais je n'ai
pas vu à nulle part l'obligation nommée : Si vous avez des renseignements
personnels... parce que je pourrais les avoir collectés via un tiers aussi qui
pourrait les avoir collectés.
Comme
là, 65, ça met en action un tiers, puis 64 aussi, ça mettait dans l'action un
tiers, mais il n'est pas dit à nulle part, puis peut-être qu'on pourrait
le dire, je nous lance ça, là, que l'organisme public qui détient des renseignements
personnels doit s'assurer d'être capable de communiquer en temps efficace et efficacement
à la personne notamment visée à 63.7, parce qu'il va falloir que vous l'avisiez
d'une manière ou d'une autre.
M.
Caire :
Bien, je vous dirais que ce n'est pas explicite dans la loi, à moins que je me
trompe, là, il n'y a pas... même dans la loi
actuelle, il n'y a pas cette disposition-là explicite, mais c'est implicite. Et
je vous dirais que, dans la pratique,
généralement, le gouvernement qui a besoin de rejoindre un citoyen, je pense
qu'il y a tous les moyens à sa disposition pour y arriver, là. Ce n'est
pas...
M.
Tanguay : L'ensemble
du gouvernement, mais lorsqu'on parle d'un organisme tout seul dans son coin,
là...
M.
Caire :
Non, c'est ça que je vous expliquais, M. le député, dans l'état actuel de
la loi, c'est chaque organisme public qui a cette prérogative-là, dans une
perspective de prestation de services évidemment, on s'entend. Puis c'est ce que la loi dit, là, de collecter ces
informations-là et d'avoir cette capacité-là qui est individualisée à chaque
organisme. Puis c'est même, à mon humble
avis, puis j'ai en tête l'éditorial de notre collègue de La Pinière, là,
d'il y a trois semaines, avec lequel
j'étais tout à fait d'accord, c'est même un problème, si vous voulez mon humble
avis, mais dans...
M. Tanguay :
Parce qu'il n'y a pas de guichet unique.
M.
Caire :
Pardon?
M. Tanguay :
Parce qu'il n'y a pas de guichet unique.
M.
Caire : Bien,
c'est ça. Puis là, bien, ça reste la prérogative et la responsabilité de chaque
organisme public de le faire, de les
détenir, de les mettre à jour, de les sécuriser, ce qui cause plus de problèmes
que d'autres choses, à mon humble avis.
M. Tanguay :
Chacun est tout seul dans son coin, là.
M.
Caire :
Absolument, mais c'est l'état de nos lois actuelles.
M. Tanguay :
Puis vous avez un plan pour...
M.
Caire :
Absolument, que je vais vous déposer dans les prochains jours.
M. Tanguay :
En trois ans, il n'a pas été déposé encore?
M.
Caire :
C'est-à-dire que, sur cet événement-là très précis, je vais avoir des choses à
vous proposer.
M. Tanguay :
Incessamment.
M.
Caire :
Ah! très. Je brûle de vous le communiquer.
M. Tanguay : O.K., mais vous
voyez... Puis je ne sais pas si on peut entendre Me Miville-Deschênes, là.
M.
Caire : Oui, oui, absolument.
M.
Tanguay : Parce
qu'encore une fois on dit tout comment marcher aux organismes : Vous devez
faire ci, vous devez faire ça, puis on est précis, on est pointu, mais il me
semble que d'avoir l'obligation de vous assurer de pouvoir communiquer... parce
qu'il va y arriver des cas d'espèce où : Bien, voyons donc, la commission
va taper sur la tête d'un organisme.
63.7, je reprends cet
exemple-là parce que c'est l'exemple... vous devez avoir une ligne de
communication, puis il y a une certaine
urgence, là, si c'est un préjudice sérieux. Il y a-tu l'expression «sans
délai», là? Ou, en tout cas, il y a une certaine expression d'urgence,
bien, vous devez vous assurer... Puis on va vous le dire, parce que le but, ce
n'est pas de piéger les organismes puis dire : Ah! tu as mal fait, c'est
de leur dire, dans la loi, le livre de recettes.
Ça
fait que je ne veux pas qu'on dise : Bien, voyons donc, le gâteau sans
sucre, tu n'as pas mis de sucre dans la recette. Bien, moi, j'ai suivi la
recette, tu n'as pas dit de mettre de sucre. Bien, il coulait de source que,
dans un gâteau, on met du sucre.
Alors, tu sais, à un moment donné... Alors, il n'y aurait pas lieu de le dire,
ne serait-ce que pour remplir, encore une fois, 63.7, son obligation de
façon efficiente?
M.
Miville-Deschênes (Jean-Philippe) : Bien, je ne le sais pas. Je vais
vous faire un petit état, dans le fond, des exigences qu'il y a dans la loi,
là. Évidemment, au début, bon, il y a une exigence d'information, là,
l'article 65, où le citoyen doit être informé de différents éléments par
rapport à ses renseignements personnels.
Puis on est dans une situation
où... Bien, on vient de voir 64, tu sais, l'organisme public recueille des renseignements pour ses attributions, soit la mise en oeuvre de programmes
ou... Ça fait que je pense qu'il y a toujours une relation, là, entre l'organisme public et le citoyen,
puis l'organisme public a aussi l'obligation de tenir à jour, là, ses... Je vais vous sortir l'article, là, il doit
s'assurer que les renseignements qu'il détient sont à jour, complets et exacts.
Donc, il a une obligation quand même proactive de s'assurer que les renseignements
qu'il a sur le citoyen sont quand même à jour, là, pour... notamment quand
c'est le temps de prendre une décision à son sujet.
Donc, c'est un peu
ça, mais évidemment le citoyen aussi à un droit d'accès et de rectification,
là, mais je n'ai pas entendu, dans la pratique, de problème par rapport à un organisme
public qui n'avait pas le renseignement qui lui permettait de communiquer avec le citoyen, mais, dans la loi, il
n'y a comme pas cette obligation générale, là, là, de... exemple,
que l'organisme détienne tous les renseignements nécessaires pour communiquer avec le citoyen, ou quelque
chose comme ça, là.
M. Tanguay :
Sur votre point, je vais à l'article 113 de la loi. Ça, c'est rendu au
privé, je pense. À 113, on est rendu au privé, hein, je pense,
Me Miville-Deschênes?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui, mais...
M. Tanguay :
Oui?
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) : Excusez-moi. Bien, en fait, pour la mise à jour,
c'est l'article 72 de la loi actuelle. L'article 72, là, si c'est ce
que vous cherchiez, c'est : «Un organisme public doit veiller à ce que les renseignements personnels qui le concernent soient à jour, exacts et complets
pour servir aux fins pour lesquelles ils sont recueillis ou utilisés.» Donc, il y a une exigence quand même
que l'organisme s'assure d'avoir tous les renseignements, là, à jour, notamment si, dans la prestation de services, il
doit communiquer avec les citoyens de façon régulière, là.
• (16 h 20) •
M. Tanguay :
Puis les personnes concernées... des renseignements peut exiger qu'une
personne... diffusion des renseignements... Puis, dans le contexte à jour,
dans le contexte de ce qu'on va ajouter... parce que c'est intéressant, ce qu'on fait là, on fait des liens, 113, puis je
veux dire, on travaille, là, même si on dit : Aïe! On n'est pas sur
l'article. Non, non, je veux dire, on travaille, puis il y a des liens. C'est
parce qu'on va mélanger les oeufs, la farine puis le lait tantôt, ça
fait qu'il faut parler des... on ne parlera pas juste du lait puis, à un moment
donné, après ça, on va dire : On va aller chercher des oeufs au dépanneur.
L'article 113,
28.1, on dit, dans le contexte des privés : «Dans l'évaluation des
critères du deuxième alinéa, il est tenu
compte, notamment : du fait que le renseignement est à jour et exact;».
Alors, il y a cette notion-là. Puis vous disiez : «72. Un organisme public doit veiller à ce que les
renseignements personnels qu'il conserve soient à jour, exacts et
complets pour servir aux fins...» Ça, ça veut dire... O.K., 63.7, ça veut dire,
pour servir aux fins, s'il faut que tu envoies
un avis, assure-toi que : Aïe! J'ai une liste de
35 000 courriels puis j'ai 28 000 retours qui sont
«undelivered», ça ne va pas bien.
M.
Caire :
Ça ne va pas bien.
M. Tanguay :
Je pense qu'il y a un meeting lundi matin, à 8 heures. C'est bon.
Sur l'amendement, M.
le Président, je pense que vous aviez hâte qu'on revienne à l'amendement, mais
quand même c'est intéressant, ce qu'on fait
là, puis on travaille pour l'avenir
des articles. Qu'est-ce qu'on veut faire? On dit : Remplacer, dans
le deuxième alinéa...
M.
Caire :
Bien, en fait, ça se lirait... le premier paragraphe se lirait, donc :
«Sur demande [...] l'informer du nom de
l'organisme public au nom de qui la collecte est faite et du nom des tiers à
qui il est nécessaire de communiquer les
renseignements aux fins visées au paragraphe 2° du premier alinéa et...»
Après ça, on enchaîne avec le paragraphe 2°.
M.
Tanguay : O.K. Moi, j'avais vu aussi... O.K., c'est ça, puis ça
répondait à ma question, parce que j'avais fait,
à 65 tel que rédigé... À 65, là, de la loi actuelle, pas du 64, il y avait le
3° : «des catégories de personnes qui auraient accès à ce
renseignement». J'ai dit : Ah! il n'est pas listé. Lui, on l'a isolé dans
un deuxième alinéa : «...la personne concernée
est informée du nom du tiers qui recueille», donc... et par «nom du tiers à qui
il est nécessaire de communiquer les
renseignements», donc on ajoute... On n'a pas enlevé : «Le cas échéant, la
personne concernée est informée du nom du
tiers qui recueille», on fait juste ajouter «du nom du tiers à qui il est
nécessaire de communiquer les renseignements».
M.
Caire :
C'est ça.
M. Tanguay :
Autrement dit, si j'ai un sous-contractant qui collecte pour moi, la personne
qui va donner son renseignement personnel va connaître l'identité du
sous-contractant puis il va connaître que c'est pour Revenu Québec ou pour...
M.
Caire :
C'est pour... au nom de qui, c'est ça, c'est ça.
M.
Tanguay : De qui c'est fait. O.K. C'est ça, le but de... O.K.
Ça me va, M. le Président, sur l'amendement.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Interventions sur l'amendement
à l'article 17? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder
à sa mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire :
Pour, contre, abstention. M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire :
Pour.
La
Secrétaire : Pour les membres du groupe parlementaire formant
le gouvernement, M. Lévesque (Chapleau)?
M. Lévesque
(Chapleau) : Pour.
La Secrétaire :
Pour les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay :
Pour.
La Secrétaire :
M. Nadeau-Dubois (Gouin)?
M.
Nadeau-Dubois : Pour.
La Secrétaire :
M. Bachand (Richmond)?
Le Président (M. Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement à
l'article 17 est adopté. On revient maintenant à l'article 17,
tel qu'amendé, pour discussion. M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay :
Oui, merci beaucoup, M. le Président. Dans la nouvelle mouture de
l'article 65, je vais au troisième
alinéa, celui qui commence... le dernier nouveau, là, sur demande de la
personne concernée : «Sur demande, la personne concernée est également
informée des renseignements personnels recueillis auprès d'elle, des catégories
de personnes...» Donc : «Sur demande, la personne concernée est également
informée des renseignements personnels recueillis auprès d'elle», ça veut dire
quoi, ça? C'est bizarre un peu.
M.
Caire :
J'essaie de la retrouver, là.
M.
Tanguay : Le dernier alinéa nouveau, là, le troisième :
«Sur demande...» Quatrième avant-dernier du nouvel article, là :
«Sur demande, la personne concernée est également informée des renseignements
personnels recueillis auprès d'elle...» Comment devons-nous lire ça? Peut-être
Me Miville-Deschênes, il a de l'air à être...
M.
Miville-Deschênes (Jean-Philippe) : Bien, en fait, c'était pour viser
les cas où des renseignements sont collectés... Oui, consentement?
M. Tanguay :
Oui, consentement.
Le
Président (M. Bachand) : Consentement, toujours pour la séance
au complet.
M.
Miville-Deschênes (Jean-Philippe) : Ils sont collectés notamment suite
à la navigation de la personne ou un peu à
son insu. Tu sais, il y a des renseignements qu'on donne, qu'on fournit, mais
il y a d'autres renseignements qui sont
collectés à l'insu de la personne, dans le fond, là, notamment par la
navigation d'un site internet ou par l'utilisation d'un service. Donc, c'est des renseignements qui sont collectés par l'organisme
sur nous mais qu'on n'a pas nécessairement conscience. C'est un peu pour
viser ces situations-là, là.
M. Tanguay :
Ça, c'est intéressant, parce que, ce matin, j'ai été instruit sur les cookies.
Là, on cherchait le nom sur, justement... Puis ça, on ne parle pas des cookies,
ça, c'est d'autre chose. Là, on parle... Je ne le savais pas que les organismes
publics s'adonnaient, peut-être, sûrement oui, là, à collecter des renseignements
sur, par exemple, la navigation qui est faite sur leur site. J'imagine, c'est
de ça dont on parle.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Bien, je pense que la carte Inspire est peut-être un bon exemple aussi, là.
M. Tanguay : La
carte Inspire, ça, c'est la...
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
La SAQ.
M. Tanguay : La SAQ. Oui,
oui, O.K.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Ah oui! Puis je sais que vous ne l'utilisez pas, là.
M. Tanguay :
Non, je ne l'utilise pas. Tu sais, c'est contradictoire, j'ai un témoignage
contradictoire, à matin j'ai dit : Je l'utilisais même pour plein
d'autres mais pas pour moi. Témoignage... Pas crédible, le témoin.
Carte Inspire, O.K. Donc, la SAQ peut
collecter des renseignements, évidemment, sur la consommation de la personne qui utilise la carte, c'est ça? Et donc,
ce qu'on dit ici, c'est que, si c'est fait sans qu'on demande le consentement,
il faut l'en informer, c'est ça? Parce que là j'ai dit une hérésie, il va
falloir qu'il y ait un consentement.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Oui, mais la... Bien, en fait, tu peux demander. Dans le fond, la personne
concernée peut demander. Je dis : Je veux savoir quels sont les
renseignements collectés sur moi. Parce qu'il y a des situations où il ne les a
pas nécessairement tous fournis par écrit ou verbalement.
M. Tanguay : O.K., mais, M. le ministre, la nouvelle logique, ce n'est
pas de dire : On demande des consentements à tout bout de champ
puis spécifiques? Il ne devrait pas y en avoir un là?
M. Caire : Pas nécessairement.
M. Tanguay : Non?
M.
Caire : La nouvelle
logique, c'est de demander un consentement lorsqu'il y a des finalités
différentes dans un service, mais on va voir plus tard, M. le député, qu'il y a
des consentements qui seront implicites ou qui seront... bien, c'est ça,
implicites. Je ne veux dire en bloc, là, parce que je n'aime pas l'expression,
mais il ne faut pas non plus... Comment je dirais ça? Lorsque je collecte des
informations personnelles sur vous, je vous avise de ce que je veux faire avec, dans la mesure où ces
choses-là peuvent être éloignées les unes des autres par rapport à ce que je
vous ai dit. Puis on a pris l'exemple, là, de la paire de jeans qu'on
s'achète, là, où on nous demande le courriel.
M. Tanguay : Oui.
M.
Caire : Bon, bien,
parfait, si c'est pour m'envoyer une facture par courriel, c'est oui. Si c'est
pour me mettre sur une liste de télémarketing, c'est non, mais, si c'est pour
m'envoyer une facture par courriel puis que, dans la facture, il s'adonne que
vous me faites part d'une promotion, O.K., c'est correct, tu sais.
M. Tanguay : O.K.,, c'est ça. Puis, dans la logique des entreprises,
c'est pour servir la relation contractuelle, c'est toujours une finalité ou un objectif
qui sert la... Exemple, puis je prends un exemple peut-être un peu boiteux,
mais le «do not call list», ça ne s'applique pas si j'ai une relation
contractuelle. Moi, je peux vous appeler, si je suis votre assureur, je vais
prendre le téléphone, je vais vous appeler...
M.
Caire : Bien, dans
ce cas-ci, on parle d'un organisme public.
M. Tanguay : C'est ça. C'est
ça, c'est la même logique.
M.
Caire : Donc, dans
un contexte de prestation de services, je suis l'Agence de revenu, je dois
entrer en contact avec vous, je vais le faire.
M. Tanguay : Oui. D'ailleurs,
il faut que je les rappelle. M. le Président...
M.
Caire : C'est
rarement une bonne nouvelle.
M. Tanguay : Non, non, c'était... «de la durée de conservation
de ces renseignements», je me demande, est-ce que ça, ça tient la route?
Autrement dit, est-ce qu'il... Je comprends l'objectif, mais est-ce que les
organismes publics peuvent ne serait-ce que dire : O.K.,
parfait, vous leur faites la demande, je vous informe, puis on va garder ça un
an, deux ans ou trois ans? Ils vont pouvoir
le dire? Est-ce que de facto... O.K., là, je vais revenir à une fondamentale, tout
renseignement... Le fait de détenir un renseignement personnel doit avoir une date de péremption, ça,
c'est impératif?
M.
Caire : Non, pas tout renseignement personnel qui a
une date de péremption. Par contre... Puis on va reprendre l'Agence du revenu, normalement, vous avez l'obligation de garder vos états de cotisation cinq ans. Bien,
on peut penser qu'après x nombre d'années, c'est une information qu'on
peut supprimer.
C'est quand on établit le cycle de vie d'une information
qu'on se dit : Cette information-là, je la conserve. Vous pouvez avoir une
politique... Par exemple, je vous donne un exemple, un autre exemple :
J'ai un fichier... J'ai une politique, si le
fichier n'est pas ouvert pour une durée de tant d'années, après tant d'années,
je supprime le fichier. Donc, ce
fichier-là n'a plus d'utilité, je dois le supprimer. Donc... Et ça, je vous
dirais que le problème qu'on a actuellement, ce n'est pas de supprimer trop de données, c'est d'en garder trop, de la
donnée qui est, on va le dire, là, un peu passée date, là.
M. Tanguay : Mon point, c'est
qu'il faut lire «de la durée de conservation de ces renseignements»... le cas
échéant, ça pourrait très bien en arriver, puis probablement dans bien des cas,
que la durée de conservation ne soit pas déterminée, autrement dit qu'elle
soit... Il n'y a pas de date de péremption, monsieur.
M.
Caire : Tout à fait.
M. Tanguay : Vous allez
garder ça combien de temps? Bien, monsieur, aujourd'hui, je vous dis qu'on va
le garder toujours.
• (16 h 30) •
M.
Caire : Je vous
donne un exemple : votre adresse. Je ne peux pas mettre une date de
péremption sur votre adresse. Bien, peut-être que, dans un an, vous allez
déménager, peut-être que vous allez passer votre vie à la même adresse, il n'y a pas... Je ne peux pas établir un
cycle de vie précis pour cette information-là. Par contre, vos données
fiscales, bien, je le sais, qu'après cinq ans il n'y a plus de recours,
puis normalement, c'est cinq ans qui est le délai prévu.
M. Tanguay : Autrement
dit, il ne faut pas lire «de la durée
de conservation» comme prévenant un organisme,
comme interdisant un organisme
de dire : Bien, je n'ai pas prévu de date de destruction. Il peut le
faire, il peut le dire.
M.
Caire : Oui, oui.
M. Tanguay : Parfait. Quand on
dit... et tout de suite, à la fin, «ainsi que des coordonnées du responsable de
la protection des renseignements
personnels», ça, c'est le responsable auprès de l'organisme
public ou le responsable, le
cas échéant, auprès de celui qui collecte, qui pourrait être par ailleurs
public, privé?
M.
Caire : Le
responsable de l'organisme... bien, dans ce cas-ci, de l'organisme public
puisqu'on parle de l'organisme public.
M. Tanguay : Du mandant.
M.
Caire : C'est ça.
M. Tanguay : Et non du
mandataire.
M.
Caire : Celui dont
on a parlé à l'article 8.
M. Tanguay : O.K. Et on le
verra, que ce soit... parce qu'on a vu à l'article 64 précédent, qui
pouvait tantôt être... le mandataire pouvait être un public et tantôt pouvait
être un privé. Ces sous-traitants-là, ces mandataires-là, nécessairement, eux
aussi, ils vont avoir des comités tant sur la loi publique que sur la loi
privée, et des responsables normalement?
M.
Caire : Le privé,
il y a...
Une voix : ...
M.
Caire : Il y a un
responsable, il n'y a pas de comité, hein?
Une voix : Oui. On ajoute un
responsable dans le projet de loi.
M.
Caire : Oui, c'est
ça, c'est ça. C'est ça, il n'y a pas de comité, mais il y a un responsable...
M. Tanguay : Il y a un
responsable.
M.
Caire : ...au niveau du privé, oui.
M. Tanguay :
Mais ici, on parle du responsable, pas du mandataire du mandant.
M.
Caire :
C'est ça.
M. Tanguay :
O.K. Là, ça me va, M. le Président. Ça me va.
Le
Président (M. Bachand) : Interventions? M. le député de Gouin.
M.
Nadeau-Dubois : Dans le champ des informations qui sont à divulguer
quand il y a collecte de données, on n'indique pas notamment... on ne dit pas
aux gens à qui ces renseignements-là seront partagés. On n'informe pas, par
exemple, des catégories de personnes qui vont avoir accès à ces
renseignements-là, pourquoi?
M.
Miville-Deschênes (Jean-Philippe) : En fait, c'est l'amendement...
M.
Caire :
Vas-y.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) : Bien, j'allais dire que c'est l'amendement qui
vient d'être déposé, qui ajoutait...
M.
Caire :
C'est parce que je le cherchais.
M.
Nadeau-Dubois : Du nom des... oui, c'est les tiers.
M.
Caire :
Au «nom des tiers à qui il est nécessaire de communiquer les renseignements aux
fins visées au paragraphe 2° du premier alinéa». Puis je le cherchais, je
m'excuse, c'est parce que je scrollais puis...
M.
Nadeau-Dubois : Mais ça, c'est... Donc, c'est les tiers qui sont...
donc, ce n'est pas l'organisme public ni la personne qui consent, ça
serait un organisme, donc un autre organisme public, par exemple.
M.
Caire :
Bien, on a le nom de l'organisme public au nom de qui la collecte est faite.
M.
Nadeau-Dubois : Mais est-ce...
M.
Caire :
Mais on ajoute à ça... avec l'amendement, on a ajouté le nom des tiers à qui il
est nécessaire de communiquer les renseignements.
M.
Nadeau-Dubois : Oui, mais je vais... Ma question portait plutôt
sur : à l'intérieur de l'organisme public, est-ce que ce ne serait pas
pertinent d'informer la personne de qui aura accès aux informations?
M.
Caire :
Vous voulez dire... là on parle d'individus qui composent l'organisme public.
M.
Nadeau-Dubois : Ça pourrait
être des... évidemment, pas une liste, là.
M. Stéphane Tremblay, Mme Magalie...
M.
Caire :
Non, non, non, mais je veux dire, mettons, le responsable de, le directeur de.
M.
Nadeau-Dubois : Voilà, des catégories de personnes, par exemple.
Est-ce que ça peut... et c'est vraiment une
question, est-ce que ça peut ne pas faire partie d'éléments qui peuvent être
pertinents pour que les gens expriment un consentement qui soit éclairé?
M.
Caire :
Me Miville-Deschênes brûle du désir de vous répondre.
M.
Nadeau-Dubois : C'est ce que je constate.
M.
Caire :
Je ne saurais le priver de ce plaisir.
M.
Miville-Deschênes (Jean-Philippe) : C'est gentil. Présentement, au
troisième alinéa, dans le fond, c'est une information qui est donnée sur
demande dans l'article 65 tel qu'il est déposé. Donc, on dit : «Sur
demande, la personne concernée est également informée des catégories de
personnes qui ont accès à ces renseignements au sein de l'organisme public.» Donc, c'est une information, dans l'article
présentement, qui est donnée à la personne concernée si elle le demande.
M.
Nadeau-Dubois : Bien, en fait, moi, je lis : «...lors de leur
collecte et par la suite sur demande.» Ma lecture, c'était que c'était automatique dès la collecte et
pour d'autres communications subséquentes sur demande. Est-ce que je lis
mal l'article?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Non, vous lisez bien l'article. Dans le fond, dans
les six premiers paragraphes, ça, c'est... on est obligé de donner lors de la
collecte et aussi sur demande.
M. Nadeau-Dubois : C'est ça.
M.
Miville-Deschênes (Jean-Philippe) : Pour ce qui est du troisième alinéa, là, il y a d'autres renseignements
qu'on donne uniquement sur demande. Donc, il n'y a pas d'obligation, pour le
point que vous soulignez, les catégories de
personnes, dans la mouture actuelle, il n'y a pas d'obligation d'informer la
personne concernée des catégories des personnes. Il y a obligation
uniquement s'il le demande.
M. Nadeau-Dubois : Donc,
l'information elle serait donnée, mais elle ne fait pas partie du bouquet
initial d'informations qui est transmis. Ça, c'est un type d'informations qui
va être seulement transmis si la personne est particulièrement intéressée par
la question, puis de dire : Moi, j'aimerais savoir qui exactement va avoir
accès à mes informations dans l'organisme public, par exemple? Est-ce que je
comprends bien votre réponse?
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Exact. Tout à fait.
M. Nadeau-Dubois :
Est-ce qu'il ne serait pas pertinent, quand un organisme public demande des
renseignements personnels et sollicite le consentement de la personne à
cet effet, de l'informer de qui est la personne responsable?
M.
Caire : Mais c'est
dit. On doit l'informer de qui est le responsable.
M. Nadeau-Dubois : «...ainsi que les
coordonnées du responsable de...» Parfait, ça répond à ma question.
Le Président (M.
Bachand) : Interventions sur 17 amendé? S'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il
vous plaît.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire : Pour
La
Secrétaire : Pour les membres du groupe parlementaire formant
le gouvernement, M. Lévesque (Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour
La Secrétaire : Pour les
membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay : Pour.
Le Secrétaire : M. Nadeau-Dubois
(Gouin)?
M. Nadeau-Dubois : Pour.
La Secrétaire : M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'article 17, tel qu'amendé,
est adopté. M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire :
Article 18 se lit comme suit :
Cette loi est modifiée par l'insertion, après
l'article 65, des suivants :
«65.0.1. En
plus des informations devant être fournies suivant l'article 65, quiconque
recueille des renseignements personnels auprès de la personne concernée en
ayant recours à une technologie comprenant des fonctions permettant de
l'identifier, de la localiser ou d'effectuer un profilage de celle-ci doit, au
préalable, l'informer :
«1° du recours à une telle technologie;
«2° des moyens offerts, le cas échéant, pour
désactiver les fonctions permettant d'identifier, de localiser ou d'effectuer
un profilage.
«Le profilage s'entend de la collecte et de
l'utilisation de renseignements personnels afin d'évaluer certaines
caractéristiques d'une personne physique, notamment à des fins d'analyse du
rendement au travail, de la situation économique, de la santé, des préférences
personnelles, des intérêts ou du comportement de cette personne.
«65.0.2.
Toute personne qui fournit ses renseignements personnels suivant
l'article 65 consent à leur utilisation aux fins visées au
paragraphe 2° du premier alinéa de cet article.»
Donc, M. le Président, cet article introduit les
articles 65.0.1 et 65.0.2 à la Loi sur l'accès des documents des renseignements publics et sur la protection des
renseignements personnels. Le nouvel article 65.0.1
de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la
protection des renseignements personnels prévoit l'information devant être
communiquée à la personne auprès de qui des renseignements personnels sont
recueillis en ayant recours à une technologie
comprenant des fonctions permettant de l'identifier, de la localiser ou
d'effectuer un profilage de celle-ci. Il définit également la notion de
profilage.
Le nouvel article 65.0.2 de la Loi sur
l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels prévoit que toute personne qui fournit ces renseignements
personnels, suivant l'article 65 de cette loi, consent à leur utilisation
aux fins visées par le paragraphe... du premier alinéa de cet article.
Et, M. le Président, j'ai un amendement à
déposer.
Le Président (M.
Bachand) : Allez-y, M. le ministre.
M.
Caire :
Alors : Insérer, dans l'article 65.0.2 de la Loi sur l'accès aux
documents des organismes publics et sur la protection des renseignements
personnels proposé par l'article 18 du projet de loi et après
l'«utilisation», «et à leur communication».
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : J'imagine qu'on
va traiter d'abord de l'amendement du ministre.
Le Président (M.
Bachand) : L'amendement. Après ça, on va
faire comme on a fait à 14, on va y aller par les articles introduits.
M. Nadeau-Dubois :
O.K. Bien, moi, je vais laisser le ministre nous parler de son amendement puis
j'interviendrai après sur l'article.
M.
Caire :
Bien, M. le Président, c'est juste de dire que l'article suit un... les
personnes... voyons, «toute personne qui fournit ses renseignements
personnels suivant l'article 65 consent à leur utilisation et à leur
communication aux fins visées par le
paragraphe 2° du premier alinéa de cet article.» Donc, c'est de rajouter le
fait que les renseignements pourraient être communiqués.
Le
Président (M. Bachand) :
Donc, interventions sur l'amendement du ministre? M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay : ...on vient juste d'avoir sur Greffier, bien, il
y a 43 secondes, là, l'amendement. Alors, on essaie d'être le plus
efficaces possible, M. le Président, là.
Après
«utilisation», «et à leur communication». Alors, après... «Toute personne qui
fournit ses renseignements personnels suivant l'article 65 consent
à leur utilisation et à leur communication...»
M.
Caire : Aux fins
visées...
• (16 h 40) •
M. Tanguay : Pourquoi c'était le «à leur utilisation»?
Utilisation n'incluait pas communication, à ce moment-là?
M.
Caire : Bien là, je vais laisser Me Miville-Deschênes
compléter la réponse, mais l'utilisation, c'est lorsque le renseignement sert à la prestation de services de
l'organisme. La communication, j'imagine que, là, quand on parle de
collecter pour un tiers, qu'on puisse communiquer les informations.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Oui, bien, bref retour en arrière, là, en matière de consentement, on a prévu
que le consentement devait être distinct par finalité, un consentement vraiment
qui ne peut pas être en bloc. Puis il y a eu
des commentaires et des questions à l'effet... à savoir : Est-ce que ça
veut dire qu'il faut qu'on... je consens à une utilisation puis si...
mettons que j'adhère à un service, puis ça implique une utilisation et une
communication, parce que, souvent, il y a les deux, est-ce que je dois
consentir à la fois pour l'utilisation et pour la communication? Ce qui serait
assez problématique, là.
Donc,
l'objectif, c'est de dire : Tu es informé, citoyen, tu es informé, d'une
part... bien, de plusieurs éléments, mais
d'une part de quelle façon... à quelles fins on va utiliser ton renseignement,
à qui il va être communiqué pour cette fin-là,
puis, une fois que tu es informé, bien, tu as consenti à cette utilisation et à
cette communication. Je ne sais pas si...
M. Tanguay : Autrement dit, c'est une présomption de
consentement, on n'a pas à le demander si... c'est une présomption de
consentement.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Bien, c'est un peu une technicalité, parce que, dans la loi actuelle, il n'y a
pas de consentement rattaché à la collecte. Dans le fond, on dit : La
collecte, je t'informe, puis après, bien, je peux l'utiliser, etc. On trouve
que c'est important de clarifier que c'était un consentement à la collecte,
d'une part, pour clarifier que c'était un consentement à l'utilisation et à la
communication, mais aussi pour permettre le retrait du consentement. Un peu plus loin, on arrive avec la notion de retirer
le consentement, mais pour le retirer, il fallait s'assurer que ça soit
clair dès le début que quand, moi, je donne mes renseignements à un organisme
public, je consens à cette collecte-là.
M.
Tanguay : ...ça va être spécifique pour le retrait, mais
quand... Ce que dit 65.02, puis avec l'amendement on fait «utilisation et
communication», c'est que, lorsque la personne fournit, bien, de facto, en
vertu de fiction de la loi, c'est comme si c'était un consentement aussi qui
coule de source pour l'utilisation et la communication, sans qu'on ait à le
demander. C'est ça?
M.
Miville-Deschênes (Jean-Philippe) : Bien, en fait, il y a déjà, à 65,
l'exigence de l'informer de plusieurs éléments. Ça fait qu'effectivement c'est
un peu une fiction, mais, en même temps, on lui a donné tous les éléments pour
que son consentement soit éclairé.
M. Tanguay :
O.K. C'est bon. Merci.
Le
Président (M. Bachand) : Interventions sur
l'amendement du ministre? M. le député de Gouin.
M.
Nadeau-Dubois : Oui. J'essaie juste de suivre la cascade des
références, là. Donc, quand on dit «au paragraphe 2° du premier alinéa de cet
article», c'est l'article actuel, l'article 65 dans la loi actuelle.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, dans la loi telle qu'amendée par notre projet
de loi.
M.
Nadeau-Dubois : Oui, mais c'est l'article 65 de la loi, pas du...
on s'entend.
M.
Miville-Deschênes (Jean-Philippe) : Oui, oui, de la loi. Exact.
M.
Nadeau-Dubois : Et les fins en question, est-ce qu'on peut me les
rappeler?
M.
Miville-Deschênes (Jean-Philippe) : Bien, en fait, tout organisme
public qui collecte doit l'informer... les
fins : Je collecte pour t'offrir le service de... ou pour pouvoir t'offrir
une prestation, RQAP, etc. Donc, c'est une exigence, lors de la
collecte, d'informer la personne des finalités. Puis une fois informée, bien,
la personne a consenti... 65.02, il dit : Bien, elle a consenti à l'utilisation
pour cette finalité-là.
M.
Nadeau-Dubois : Et là on
ajoute... on vient ajouter la notion de communication. Puis c'est
quoi, l'impact? Qu'est-ce que ça change d'ajouter cette notion de communication?
M.
Miville-Deschênes (Jean-Philippe) : Bien, pour plusieurs produits,
services, etc., il y a une utilisation et une communication à un sous-traitant
ou un autre organisme public. Donc, une fois qu'on a informé la personne de l'utilisation
qu'on va en faire et de la communication que ça nécessite, bien, 65.02, il
dit : La personne a consenti à ces éléments-là.
M.
Nadeau-Dubois : Parfait. Merci.
Le
Président (M. Bachand) : D'autres interventions sur l'amendement?
S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Mme
la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire :
Pour, contre, abstention. M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire :
Pour.
La
Secrétaire : Pour les
membres du groupe parlementaire
formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) :
Pour.
La Secrétaire :
Pour les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay :
Pour.
La Secrétaire :
M. Nadeau-Dubois (Gouin)?
M.
Nadeau-Dubois : Pour.
La Secrétaire :
M. Bachand (Richmond)?
Le
Président (M. Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement à
l'article 18 est adopté. Alors, si vous êtes d'accord, nous serions à
l'article introduit, 65.0.1. Interventions? M. le député de Gouin, s'il vous
plaît.
M. Nadeau-Dubois : J'ai envie de
reprendre où je l'avais laissé un peu plus tôt. À 65.0.1, on peut lire, donc
«des moyens offerts, le cas échéant, pour désactiver les fonctions permettant
d'identifier, de localiser ou d'effectuer un profilage».
Plus tôt, on a introduit dans la loi le principe du plus haut niveau de
confidentialité par défaut qui implique que
l'utilisateur doit faire le choix d'activer ces fonctions-là. Là, l'article
vient plutôt dire qu'il faut informer des moyens pour les désactiver.
Est-ce qu'il n'y a
pas un potentiel hiatus entre les deux qu'il faudrait combler en disant plutôt
que, par exemple, l'utilisateur doit être
informé, puisqu'on prend pour acquis que, par défaut, tout va être décoché, là?
Est-ce que ça ne vient pas être périmé, cette disposition-là? Je ne sais
pas si le ministre comprend ce que je veux dire.
M.
Caire :
C'est parce que, dans ce cas-ci, ce que l'article dit, c'est que, si je
recueille des renseignements personnels auprès d'une personne concernée en
ayant recours à une technologie comprenant des fonctions, donc c'est que là,
c'est l'utilisation de la technologie qui est inhérente au fait que j'utilise
ça.
La différence avec
tout à l'heure, c'est que, tout à l'heure, je disais : D'entrée de jeu, je
dois vous offrir un environnement qui offre le maximum de la sécurité
paramétrable. Parce que vous êtes dans cet environnement-là, vous n'avez pas nécessairement connaissance de ce
fait-là. Que le site collecte des informations, vous ne le savez pas,
puis là ça se fait un peu à votre insu. Puis ça, on ne veut pas ça.
Dans
le cas qui nous préoccupe, on dit «la personne concernée en ayant recours à une
technologie comprenant», donc c'est
que c'est inhérent... la technologie que j'utilise, c'est inhérent à son
fonctionnement, que j'utilise ça. Alors là, je dois vous en informer.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député de Gouin.
M.
Nadeau-Dubois : Mais le principe de plus haut niveau de
confidentialité par défaut, s'il vaut pour les exemples qu'on a donnés plus tôt, là, un site Internet, une application,
pourquoi est-ce qu'il ne... ne devrait-il pas valoir aussi pour les
technologies? En quoi... Je ne suis pas sûr de comprendre la distinction que le
ministre a faite. Il me semble qu'on est dans deux cas de figure extrêmement
similaires. Parce que la technologie à laquelle on a recours, ça pourrait être
une application, non?
M.
Caire :
Oui, oui, oui. Tout à fait.
M.
Nadeau-Dubois : Et donc pourquoi, dans ce cas-là, ça ne vaut pas le
principe de confidentialité par défaut? Puis pourquoi est-ce qu'on ne
pourrait pas simplement changer «désactiver» pour «activer»?
M.
Caire : Parce que...
Bon, bien, je vais reprendre l'exemple que vous avez pris tout à l'heure, M. le député. Vous dites : Je vais sur le site de
la SAQ, je m'en vais voir si le vin préféré du député de LaFontaine est
disponible à telle ou telle succursale,
espérant pouvoir écouler ses points. Je ne m'en vais pas nécessairement... c'est-à-dire que je m'en
vais faire une navigation sur un site, chercher une information, et là
l'application, elle, est paramétrée pour collecter de l'information ou non.
Donc, moi, je dois vous offrir, d'entrée de jeu, cet environnement-là qui vous
offre le plus haut niveau de sécurité.
Dans le cas qui nous
concerne, là, je suis dans une collecte d'information, donc je ne suis pas dans
une application de services, où il y a des paramètres de sécurité qui
pourraient vous géolocaliser ou... Comprenez-vous ce que je veux dire? Là, je suis... «En plus des informations
devant»... relisez l'article, vous allez voir. «En plus des informations devant être fournies suivant
l'article 65, quiconque recueille des renseignements personnels auprès
[d'une] personne concernée en ayant recours à une technologie...»
Donc là, je suis dans
une collecte d'information, je suis en train de collecter... Vous n'êtes pas...
On n'est pas dans une navigation générale, où vous entrez sur un site... Vous
n'êtes pas en interaction avec qui que ce soit, là. Vous êtes en train de
naviguer sur un site, vous voulez acheter une bouteille de vin. Vous vous
promenez sur le site, vous faites votre transaction, vous vous faites livrer
votre bouteille de vin. Donc là, il y a un certain nombre d'informations personnelles
qui sont nécessaires pour ça. Quand j'entre d'emblée dans le site, je peux peut-être
juste aller voir si tel ou tel vin est
disponible, mais je ne veux pas nécessairement acheter, je ne veux pas... Donc, si je clique sur
telle bouteille de vin, bien, je ne veux pas que ce soit enregistré, parce que
vous dites : Ah! ça, c'est une préférence de la personne qui visite le site, ou je ne veux pas... ou si j'achète
une bouteille, bien, je ne veux pas que vous enregistriez ça puis
dire : O.K., bien, ça, il aime tel type de vin. Là, on est dans une
collecte qui pourrait se faire à votre insu.
• (16 h 50) •
Donc, ce qu'on dit,
c'est que, si c'est ça, le cadre dans lequel vous naviguez, je dois vous offrir
que ces informations-là ne soient pas collectées, à moins que vous posiez des
gestes pour dire : Oui, oui, ça ne me dérange pas, garde mon adresse en mémoire, oui, fais... garde en mémoire mon
profil de consommateur, je n'ai aucun problème avec ça, ça ne me dérange
pas.
Alors
que là, on est dans une collecte d'information. Donc, vous, vous êtes dans une relation avec le gouvernement, il y a une prestation de
services, je dois collecter des informations. Ce faisant, j'utilise des technologies qui pourraient me permettre de vous géolocaliser, de vous
identifier, de... etc. Donc, ça... là, je dois vous le dire : Bien,
j'utilise telle application, et cette application-là pourrait avoir pour effet
de vous géolocaliser. Ça vous dérange-tu? Et sinon, voici comment la désactiver. Mais là je suis dans une
collecte d'information. On n'est pas dans une navigation où vous vous
promenez sur un site comme vous allez vous promener dans une succursale de la
SAQ, là.
M.
Nadeau-Dubois : Je comprends
ce que le ministre me dit, mais je n'ai pas l'impression que c'est ça
qui est écrit, c'est-à-dire que, dans les commentaires, on lit : «Le nouvel article
prévoit l'information devant être communiquée à la personne auprès de qui des renseignements personnels sont recueillis en ayant recours à une technologie comprenant des fonctions
d'identification, de localisation et de profilage.»
Moi, quand je lis ça, ce que je lis,
c'est : Cet article prévoit qu'est-ce qu'on doit dire à la personne quand
une personne utilise une technologie qui recueille des renseignements
personnels. Et donc notre fameux exemple qui est pratique, parce que c'est un
exemple qu'on connaît tous, par exemple, de l'application d'un organisme public
comme la SAQ, quand je lis l'article et les commentaires, l'article m'apparaît
s'appliquer, puisque l'application, c'est une technologie. En y ayant recours,
la technologie recueille des renseignements personnels sur moi. Cette
technologie-là comprend des fonctions d'identification, de localisation et de
profilage, et donc l'article me semble s'appliquer. Et donc il me semble y
avoir une contradiction entre ce qui est écrit ici, c'est-à-dire : Dites
aux gens que vous... par exemple, que vous les localisez et dites-leur comment
désactiver la localisation, alors que, plus tôt, on a adopté le contraire, on a adopté : Vous devez informer
les gens du contraire, c'est-à-dire comment activer la fonction. Donc, il me
semble y avoir une contradiction entre cet article puis celui qu'on a adopté
tantôt. On pourrait faire le même exemple avec un... je ne sais pas,
l'application de la... Je présume qu'Hydro-Québec a une application également.
Donc, j'ai comme l'impression qu'il y a une
tension ici, là, parce que... D'ailleurs, tu sais, les fonctions comme identification, localisation, profilage sont
comme... c'est des fonctions qu'on peut juger plus invasives que d'autres,
que, par exemple, juste donner volontairement son adresse. Donc, je ne suis pas
sûr de comprendre la distinction que fait le ministre entre... le ministre
parlait de navigation générale puis là d'une technologie précise. Il me semble
que...
M.
Caire : Non, je disais juste que, là, on est dans... on
parle de... là, on parle vraiment de collecte d'information. Je ne suis
pas dans une application où vous allez... Bon, j'essaie de trouver un exemple.
Mettons, je renouvelle mon permis de conduire puis là j'essaie de voir une
application pratique versus la SAQ, tu sais, où je m'en vais...
M.
Nadeau-Dubois : Oui. Bien,
mettons, j'appelle pour renouveler mon permis de conduire, là, au téléphone.
M.
Caire : Non, mais
je vais sur le site de la SAAQ, là.
M. Nadeau-Dubois : Parce que ça
dit... ça parle, quand même... «en ayant recours à une technologie».
M.
Caire : Oui, oui,
c'est ça.
M. Nadeau-Dubois : Donc, ça ne fait
pas référence à une interaction humaine, par exemple. Tu sais, on parle de
technologie.
M.
Caire : Non, non,
je ne m'en vais pas à un guichet de la... on s'entend, là, je ne suis pas au
guichet de la SAAQ, là. Je m'en vais sur le site de la SAAQ, je renouvelle mon
permis de conduire puis je dois transmettre ma photo, je dois donner... je dois
passer par l'application de paiement, donc, pour payer mon permis de conduire.
Et donc, avec... je transmets ma photo, bien, on s'entend que la photo, c'est
biométrique, biométrique, profilage.
Est-ce que je peux désactiver cette... Ce n'est
pas la même... c'est parce que ce n'est pas la même finalité, là, quand on
collecte de l'information versus quand on offre un service... un site où on
offre un service plus général.
M. Nadeau-Dubois : Tu sais, je
comprends, mais ça me semble... il me semble que ce n'est pas écrit dans la
loi, ça, tout le contexte que le ministre rajoute. Moi, ce que je lis, à
65.0.1, c'est : «En plus des informations devant être fournies suivant
l'article 65...» Quand on est dans des... ça semble être un cas spécifique
du cas général, pas un autre cas. Moi, ce que je lis, c'est : Il y a, à
l'article 65, des dispositions pour prévoir quelles...
M.
Caire : Ce que je
dois vous donner comme informations.
M. Nadeau-Dubois : Exactement,
quelles informations doivent être données. Et là on dit, cas spécifique de ce
cas plus général, 65.0.1. Donc, de manière générale, vous devez communiquer les
informations suivantes dans toutes les situations où il y a collecte de
renseignements personnels.
M.
Caire : C'est ça.
M. Nadeau-Dubois : 65.0.1, moi, je
le comprends comme un cas plus spécifique où, ah, attention, là, quand on est dans des situations spécifiques où il y a technologie qui permet d'identifier, de localiser ou de profiler, là, on rajoute
une exigence de plus, puisque c'est un cas
plus... puisqu'on est dans des situations qui peuvent être potentiellement plus invasives, et on ajoute... Là, il faut informer
qu'il y a une technologie comme celle que je viens de décrire, et vous
devez dire aux gens comment désactiver la localisation si ça ne fait pas
leur affaire.
M.
Caire : Voilà.
M. Nadeau-Dubois : Mais le concept
de confidentialité par défaut, c'est le contraire. C'est qu'on devrait dire aux
gens : Il y a une technologie, vous entrez dans un environnement numérique
qui va vous profiler. Si vous voulez que ce soit le cas, activez-le. La logique
de la confidentialité par défaut, il me semble que c'est celle-là, alors que, là, on dit non, ce
qu'on va dire aux gens, c'est : Nous allons vous profiler. Si vous ne
voulez pas que ça arrive, désactivez-le. Il me semble qu'on est en train
de renverser la logique de la confidentialité par défaut dans un cas spécifique
de la règle plus générale.
M.
Caire : Non, mais
je ne dis pas... Mais comprenons-nous bien, puis je vais laisser
Me Miville-Deschênes... mais
oui, ce que je vous dis, c'est que c'est le contexte qui est différent dans le
sens où, dans un premier cas, c'est un site de navigation, de service, et on
veut s'assurer que vous êtes... dans cette navigation-là, dans cet univers
numérique là, on veut s'assurer qu'ils vous offrent le meilleur niveau de
sécurité. Dans le cas précis ici, c'est que je suis dans une collecte d'information. Je me sers d'un outil. Cet
outil-là, qui me permet de collecter cette information-là, peut aussi me
permettre de faire le profilage, la, la, la. Si vous ne voulez pas, je dois
vous en informer et vous donner l'opportunité de le désactiver. Bon, est-ce
qu'on aurait pu dire : Je le désactive puis je te demande de l'activer?
M.
Nadeau-Dubois : Bien, il me semble que c'est ça, la logique de... ma
compréhension de la logique de la confidentialité par défaut, c'est qu'il faut
qu'il y ait un geste actif de la personne pour l'activer.
M.
Caire :
Mais ça, je le comprends. Je veux juste... pour les fins de la discussion, je
veux juste que mon collègue comprenne qu'on n'est pas dans le même contexte.
On n'est pas dans un contexte où, de façon candide, j'entre dans un site
puis là je me fais ramasser de l'information personnelle à mon insu, puis ça,
je ne veux pas ça.
M.
Nadeau-Dubois : Oui, oui, mais ça...
M.
Caire :
Mais ce que je veux dire, c'est qu'il n'y a quand même pas la notion, ici,
de : ceci va se passer à votre insu. C'est pour ça, je dis : Ce n'est
pas la même chose.
Maintenant, on peut
avoir le débat. Est-ce qu'on veut pousser plus loin puis dire : Bien, il
faut qu'il soit désactivé par défaut puis on va vous demander de l'activer?
Là-dessus, je vais demander à Me Miville-Deschênes de peut-être
compléter parce qu'il y a peut-être des raisons juridiques à tout ça, mais ce que je
veux dire, c'est qu'on n'est pas dans le même univers. Ce n'est pas quelque
chose qui va être fait à votre insu.
M.
Nadeau-Dubois : Non, je comprends parce qu'on est dans... puisqu'il y
a collecte, il y a eu demande de consentement.
M.
Caire :
C'est ça.
• (17 heures) •
M.
Nadeau-Dubois : Mais je vais donner un exemple. Reprenons notre fameux
exemple de l'application de la SAQ, là. Moi,
je m'inscris volontairement à cette application-là, je m'ouvre un compte. Donc,
j'inscris déjà mon courriel, je me crée un mot de passe, je me crée un
profil. Bon. Donc, j'ai déjà consenti à l'utilisation de l'application puis
j'ai déjà donné certaines informations, à
commencer, toujours bien, par mon nom, mon courriel pour m'ouvrir un compte.
Bon, honnêtement, tu
sais, je ne connais pas comment est programmée la fameuse application qu'on
utilise comme exemple depuis tantôt, mais, si j'arrive dans une situation où je
fais une certaine action sur l'application, par exemple un achat... Non, en
fait, je vais prendre un exemple qui existe vraiment. Je veux savoir si un
produit est disponible dans une succursale près de moi, et cette
fonctionnalité-là, elle existe sur l'application. Je clique : Informez-moi
s'il y en a proche de moi. Pour me fournir cette information-là, l'application
doit me géolocaliser, on en convient? Le principe de plus haut niveau de
confidentialité par défaut, ce qu'il veut dire, c'est que l'application devrait me dire : Pour faire ça, je vais
devoir te géolocaliser. Et là il faudrait que moi, je clique : Oui,
géolocalise-moi. L'impression que
j'ai... Et ça, ce serait... Et ça, tout le petit récit que je viens de faire,
ce serait respectueux du principe de «privacy by design».
Moi, ce que je lis
là, c'est que ce n'est pas exactement ça. Ce que je lis là, c'est : Il
faudrait que l'application m'informe des moyens pour désactiver la fonction de
géolocalisation, et ça pourrait se faire, donc, sans que je fasse un geste volontaire pour l'accepter. Il pourrait
me dire : Si vous ne voulez pas qu'on vous géolocalise, allez le désactiver dans x, y, z, le menu à droite, à gauche, trois
onglets, machin, machin, machin, ce qui représenterait un obstacle
supplémentaire pour l'utilisateur.
Donc, et c'est tout
ça, la logique du «privacy by design», c'est de dire : Il faut que ça soit
l'option la plus simple, la plus facile par
défaut, comme ça, la personne qui a le moins de littératie numérique, qui s'y
connaît moins dans l'environnement, si elle manipule mal l'objet, tout ça, il n'y a
pas de risque... on minimise les risques que ces technologies soient
actives de manière plus ou moins consciente.
Donc, est-ce qu'en
vertu du «privacy by design» on ne devrait pas juste venir faire cette
précision, subtile, j'en conviens, mais,
puisqu'on ne sait toujours pas, bien, quelles applications vont être
développées par les organismes publics
dans les 10, 15, 20, 30 premières années, être plus clair que clair sur le
fait que : Non, non, vous ne demandez pas aux gens de le
désactiver, vous demandez aux gens de l'activer, la fonction, parce qu'elle est
plus invasive? C'est un peu ça, ma question.
M.
Caire :
Bien, la réponse à ça, c'est oui, M. le Président. Puis c'est ce que je disais
tantôt à l'article 14, on pourra le
modifier. La seule chose que moi, je voulais faire, ce n'était pas de
dire : C'est une mauvaise idée, ne faisons pas ça. C'est dire que
ce n'est pas un même contexte, le contexte est différent. Puis la raison pour
laquelle on l'a libellé comme ça, c'est qu'on est vraiment dans...
Puis
là on le lit dans 65, là. Il faut lire 65. Donc, 65, je communique avec vous,
je le fais dans un but avoué de collecter
des informations sur vous et je dois
vous dire, bon, tout ce que 65 prévoit, les six paragraphes de 65 : à qui,
s'il y a un tiers, pourquoi, qu'est-ce que je vais faire avec ça, ça va être...
Alors, c'est tout ça, la mise en contexte, là.
On n'est pas dans le
contexte où je m'en vais sur le site de la SAQ, là. On est dans un contexte où
vous devez renouveler votre permis de conduire, il arrive à échéance, puis là
je prends cet exemple-là, ce n'est peut-être pas le meilleur exemple, mais bon,
et là je dois collecter de l'information sur vous, je dois collecter des
renseignements biométriques, parce que je dois avoir votre photo sur le permis
de conduire. Et donc je vous dis... je dois vous dire, si j'utilise une
technologie pour collecter ces informations-là, que cette technologie-là peut
m'amener aux éléments dont nous avons discuté, je dois vous en aviser, donc je
ne peux pas le faire à votre insu.
Alors, ceci étant, M.
le Président, puis je l'ai dit à 14, là, je ne suis pas hostile à ce qu'on le
modifie, mais il faut juste comprendre qu'on n'est pas dans le même contexte,
ce n'est pas la même finalité. Et, dans 14, on voulait s'assurer qu'il n'y avait
pas quelque chose qui se faisait à l'insu de la personne qui va naviguer, alors
que ça, on le sait que ça ne se fera pas à son insu. Maintenant, est-ce qu'on
pourrait aller plus loin et dire qu'on doit l'en aviser et lui permettre de l'activer?
Bien, je ne suis pas hostile à ça, M. le Président, là, puis, si les collègues
veulent soumettre un amendement dans ce sens-là, je leur dis d'emblée que je ne
serai pas hostile à ça du tout, là, mais on n'est pas dans le même contexte, et
c'est sûr qu'il faut comprendre que ça a un impact pour nos organismes publics parce
qu'on change la dynamique, mais je ne pense pas que ce soit dramatique.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député de Gouin.
M.
Nadeau-Dubois : Oui, bien, c'est ça. C'est que je pense qu'une des
raisons qui expliquent le niveau d'abstraction de la conversation qu'on a en ce
moment, c'est qu'on essaie de mettre des règles pour des technologies qui
existent, mais on essaie aussi de se dire : Bon, qu'est-ce qui pourrait exister
comme technologie prochainement? Puis ça nous... Puis c'est pour ça qu'on
tourne autour du même exemple. Il faudrait se donner le défi d'en trouver un
autre pour notre prochaine séance de commission, mais... parce qu'on pourrait
créer des imbroglios.
Mais
moi, je me dis : Ce n'est pas impossible de penser que des organismes
publics développent des technologies ou des applications dans leur interaction
avec les citoyens et citoyennes où il y a, par exemple, de la localisation
plus fréquente, tu sais : trouvez un point de service près de chez vous.
Grâce à votre profil de consommation, nous allons vous aider à... on va
personnaliser le service à la clientèle quand vous allez appeler dans tel
organisme public. Je ne sais pas, moi, tu sais. Bon, ça fait que c'est ça qu'on
parle quand qu'on parle de profilage, de localisation, bon.
C'est
dans ces cas-là où c'est encore plus important, il me semble, le «privacy by
design», parce que c'est encore plus invasif qu'une simple... qu'une collecte
générale de renseignements personnels. Donc, je vais déposer l'amendement
pour qu'on continue la conversation. Ça a été envoyé, M. le Président, à
la commission.
Le
Président (M. Bachand) : Si vous voulez en faire la lecture, on
va le mettre sur Greffier, s'il vous plaît.
M.
Nadeau-Dubois : Parfait. Donc : Remplacer, dans le deuxième
paragraphe de l'article 65.0.1 proposé par l'article 18 du projet de
loi, «désactiver» par «activer».
Le
Président (M. Bachand) : Parfait. Donc, il va être sur Greffier
dans quelques instants, si ce n'est pas déjà fait.
M.
Nadeau-Dubois : Simple de même.
M.
Caire :
On va prendre une petite minute, M. le Président.
Le
Président (M. Bachand) : O.K., on va suspendre quelques
instants. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à
17 h 07)
(Reprise à 17 h 43)
Le
Président (M. Bachand) : À l'ordre, s'il
vous plaît! La commission reprend ses travaux. M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire :
Après des débats, O.K.
Le
Président (M. Bachand) : Donc, interventions sur l'amendement?
M. Tanguay :
O.K. à quoi, là?
M.
Caire :
À l'amendement.
Le Président (M.
Bachand) : À l'amendement du député de Gouin.
M.
Nadeau-Dubois : C'était le
passage de la deuxième opposition comme opposition officielle à l'Assemblée nationale.
M.
Caire : Tant que ce
n'est pas le gouvernement, moi, ça va.
M. Nadeau-Dubois : Non, c'était l'amendement...
Mon amendement, pour le bénéfice de tout le monde qui en a discuté, était de remplacer «désactiver» par «activer» dans
l'article 65.0.1, là, au deuxième : «des moyens offerts, le
cas échéant, pour — donc,
ça deviendrait — activer
les fonctions permettant d'identifier, localiser ou d'effectuer un profilage.»
M. Tanguay : O.K. Maintenant, le débat... Parfait, c'est un pas dans la bonne
direction. Maintenant, l'impact du «cas échéant», quant à la valeur systémique ou systématique de ce
«activer», il y a la Commission
d'accès à l'information qui, dans le contexte où c'était marqué «le cas
échéant, pour désactiver», disait : Bien là, «le cas échéant», ça veut dire : Quand ça sera offert. Ça veut dire
que, dans certains cas, ça ne sera pas offert. Elle le disait : retirez
«le cas échéant» parce que ça devrait être offert partout. Alors, «des
moyens offerts pour activer», on pourrait peut-être terminer notre cheminement
en enlevant «le cas échéant».
M.
Caire : Non, ça,
là-dessus, sur le «activer», «désactiver», j'ai fait... mais «le cas échéant»,
c'est qu'il va y avoir des applications où ce ne sera pas possible.
M. Tanguay : O.K. Ça fait que
ça, on est «back to square one».
M.
Caire : Ça fait que...
puis là, puis c'est le débat que nous avons eu sur le «activer», «désactiver»,
il pourrait arriver que 63.6.1 ne couvre pas
tous les cas de figure, notamment une technologie où ce ne serait pas possible,
auquel cas, là, avec la notion de «activer», il faut que je te donne, le cas
échéant, la possibilité de l'activer.
M. Tanguay : O.K. Autrement
dit, l'amendement du collègue de Gouin est un pas dans la bonne direction. On
n'a pas 100 %, mais, en changeant «désactiver» par «activer», ça veut
dire, à ce moment-là, que, quand c'est technologiquement
possible, il faut qu'on puisse... qu'on se fasse demander de l'activer, là,
qu'on se fasse demander...
M.
Caire : Oui, puis
ce que ça veut dire, c'est que, par défaut, je vais le désactiver. Donc, c'est
ça, «le cas échéant», c'est : si c'est
possible, si ça se fait, il sera désactivé, et je vais vous offrir la
possibilité de l'activer. Si j'enlève «le cas échéant», ça veut dire
qu'il faut que, dans toutes les circonstances, ce soit possible. Puis là, si
l'application ne le permet pas, bien, on fait quoi?
M. Tanguay : Quelle
surveillance va être faite pour que de bonne foi, tout le monde est présumé de
bonne foi, ça soit technologiquement possible
de demander pour activer les fonctions mais que l'organisme dit : Ah!
c'est marqué «le cas échéant», moi, je ne le demande pas? Quel sera...
M.
Caire : Bien, c'est
la beauté de l'amendement du collègue de Gouin parce que... Voilà, hein? Non,
mais je suis bon prince quand même. Non,
mais sérieusement, parce que, «le cas échéant, de l'activer», ça, ça veut dire
que moi, comme organisme, là, c'est
désactivé. Donc, mon intérêt de recueillir cette information-là par un moyen
technologique, je ne l'ai pas, à
moins que vous alliez l'activer. Ça fait que l'incitatif est plus du côté de
l'utilisateur que de celui de qui on collecte les informations.
M. Tanguay : Je reprends
votre même exemple. Vous êtes l'organisme et vous voulez... vous êtes technologiquement capable d'aller chercher cette
fonction-là. Qu'est-ce qui va... Mon point est très, très terre-à-terre, là.
Qu'est-ce qui va vous... Parce que oui, si
vous avez l'option... Vous vous dites : Moi, j'ai une obligation de le
demander si je suis capable de le
demander. Si je le veux et que je suis technologiquement capable d'aller
chercher le consentement pour que ce soit activé, je dois faire ça, mes
obligations en vertu de la loi, mais il va falloir que mon organisme soit tout
à fait de bonne foi pour me dire : Bien, je vais le collecter sans
demander le consentement de l'activer même si je sais... ou prétendant que je
ne peux pas le faire autrement technologiquement.
M.
Caire : Non, non,
non, je comprends. Je comprends le point du député. Non, non, non, ce que la
loi dit, c'est que je dois vous informer.
Premièrement, je dois vous informer que j'ai recours à cette technologie-là. Et
ce que ça dit, c'est que je dois vous indiquer comment... parce que ce paramètre-là
doit être désactivé. Puis on le lit dans la perspective de 63.6.1 qui dit que
je dois offrir le plus haut niveau de sécurité à la navigation dans le
paramétrage. Donc, ici, je dis que je dois
aussi vous indiquer comment l'activer, le
cas échéant, «le cas échéant» étant si cette possibilité-là, l'application le permet, mais ce
n'est pas si l'application...
C'est parce que l'application ne peut pas... Tu
sais, vous ne pouvez pas arriver puis dire : Bien, non, mais c'est parce
que moi, je n'ai pas le choix, je veux dire, c'est actif, puis ça ne se
désactive pas. Non, parce que... puis c'est
le débat que nous avons eu. L'état d'un paramètre, ça se change, c'est sûr.
Donc, la question est de savoir : Est-ce que, par défaut, on veut le mettre dans un état
inactif ou on veut le mettre dans un état actif? Ici, l'interprétation à faire, au vu et au su de
63.6.1 combiné à ça, c'est que l'état, par défaut, on souhaite qu'il soit
inactif et si une telle possibilité existe. Si elle n'existe pas, je ne peux pas vous
le demander, elle n'existe pas. Il
n'y a pas... Ce paramètre-là n'existe
pas. Ce n'est pas paramétrisable. Ça, ça se peut que ce ne soit pas
paramétrisable, ce n'est pas impossible. Et c'est d'où la proposition des juristes de dire actif ou... activer ou désactiver, parce qu'ils se disaient : Bien, c'est parce que là je veux
couvrir l'ensemble des cas. Et je disais : Si je peux l'activer, je peux
le désactiver.
Donc, ce n'est pas
comme ça qu'on va couvrir l'ensemble des cas, mais la notion de cas échéant,
là, elle prend encore plus d'importance, au contraire, parce que là je dis d'entrée
de jeu : Si une telle possibilité existe, ce paramètre-là doit être
inactif, et ce que... je dois poser un geste concret envers vous pour le rendre
actif. Donc, ça, je dois vous informer que ça existe et je dois vous informer
comment le rendre actif. Ce que je ferai, si cette collecte d'information là,
elle m'est nécessaire, bien là, j'ai, moi, le fardeau de vous indiquer comment
le faire, de vous le demander, ce qui ajoute une couche de plus parce que ça
devient une forme de consentement explicite.
• (17 h 50) •
M. Tanguay :
À la collecte.
M.
Caire :
À la collecte.
M. Tanguay :
Et pas à l'utilisation. Parce que, plus tard, on pourra en parler, dans le
dernier... plus bas, là, dans la définition de profilage, on parle de collecte
et utilisation. On pourra en reparler, mais là je vais rester sur l'amendement
du collègue.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député de Gouin, s'il vous
plaît.
M.
Nadeau-Dubois : Bien, je salue l'ouverture du ministre puis je pense que
c'est normal qu'on prenne le temps de bien comprendre ce qu'on est en train de
faire, là. Parce que je l'ai répété à plusieurs reprises puis j'ai l'occasion
de le faire encore, là, tu sais, c'est des enjeux qui sont nouveaux technologiquement,
puis on écrit la loi pour encore de nombreuses années.
La Commission d'accès
à l'information avait parlé du problème de l'expression «le cas échéant», puis
ce qu'elle nous disait, c'est : «Les mots "le cas échéant"
laissent entendre qu'il n'est pas obligatoire pour une entreprise ou un
organisme public d'offrir aux personnes la possibilité de désactiver ces
fonctions.» Donc, eux recommandaient qu'on retire le mot «le cas échéant» parce
qu'ils se disaient : Il faut que dans tous les cas, ils disaient, sauf
dans certains cas exceptionnels, ça devrait être permis de désactiver.
M.
Caire :
Mais si je peux me permettre, M. le député...
M.
Nadeau-Dubois : Là, ce qu'on... en changeant désactiver pour
activer...
M.
Caire :
On applique la même logique.
M.
Nadeau-Dubois : ...on vient
d'atteindre le même objectif que celui de la Commission d'accès à l'information...
M.
Caire :
Absolument, mais je réitère...
M.
Nadeau-Dubois : Et, dans ce
cas, ça ne devient plus problématique de conserver l'expression «le cas échéant», puisque l'idée, c'est de dire : Si c'est possible de
demander l'activation de ces fonctions, vous devez le faire.
M.
Caire :
Bien, oui, puis je n'y vois pas d'objection, mais c'est surtout que l'interprétation...
parce que là je comprends qu'il pouvait potentiellement, selon la CAI, y avoir
un problème d'interprétation. Là, je pense que ce problème d'interprétation là ne se pose plus parce que «le cas échéant», du point de vue de ce que nous, on voulait faire, était vraiment :
lorsque la technologie le permet. C'était ça, le point, bon, en phrasé
juridique.
Maintenant, comme il
s'agit d'activer, bien, on comprend qu'il n'y a plus de possibilité pour un organisme
de dire : Bien, je vais l'activer en
douce puis... Non, là, là, par défaut, tu dois le désactiver. C'est ça,
la logique de l'article.
Le
Président (M. Bachand) : Interventions sur
l'amendement du député de Gouin? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons procéder à sa mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire :
Pour, contre, abstention, M. Nadeau-Dubois (Gouin)?
M.
Nadeau-Dubois : Pour.
La Secrétaire :
M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire :
Pour.
La
Secrétaire : Pour les
membres du groupe parlementaire
formant le gouvernement, M. Lévesque (Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La
Secrétaire : Pour les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay
(LaFontaine)?
M. Tanguay :
Pour.
La Secrétaire :
M. Bachand (Richmond)?
Le
Président (M. Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement est
adopté. Donc, nous sommes toujours à l'article introduit, 65.0.1. M. le député
de LaFontaine.
M. Tanguay :
Oui, merci, M. le Président. À la fin de 65.0.1 : «Le profilage s'entend
de la collecte — on
vient d'en parler ad nauseam, de la collecte — et de l'utilisation de renseignements — donc,
j'en suis au niveau de l'utilisation — personnels
afin d'évaluer certaines caractéristiques d'une personne physique,
notamment — puis là
on donne des exemples, notamment, c'est
des exemples — à des
fins d'analyse du rendement au travail...» Ça, j'imagine que c'est le
rendement au travail, évidemment, des personnes qui travaillent au sein
d'organisme public.
Donc,
pour des fins autres que pour servir le citoyen qui nous a donné, on veut
utiliser ça pour faire des... tester des
affaires puis atteindre d'autres objectifs que de servir le citoyen.
Alors : «...des situations économiques, de la santé, des
préférences personnelles, des intérêts ou du comportement de cette personne.»
Ne pourrions-nous pas
ajouter, M. le Président, un amendement qui dirait textuellement ce qui
suit : Le consentement de la personne est nécessaire pour l'utilisation de
renseignements personnels à des fins de profilage? Parce que là c'est des fins autres, et je pourrais, moi, pouvoir décider
de ne pas être dans des statistiques qui vont analyser mon comportement,
notamment, là.
M.
Caire : Bien, je vous dirais, M. le député, que l'amendement
qu'on vient d'adopter... En fait, dans l'état initial, je vous aurais
dit : Oui, effectivement, regardons ça, mais, avec l'amendement du député
de Gouin, le fait d'activer les technologies
qui me permettent de faire ça, pour moi, puis je laisserai Me Deschênes me
corriger, mais, pour moi, c'est un consentement explicite.
C'est un peu ce que
je vous disais tantôt, M. le député, c'est qu'on vient effectivement de faire
d'une pierre deux coups, dans le sens où on
dit à la personne : Je vais faire ça, si tu es d'accord, vas à tel
endroit, active l'application. Et ça, ça devient un consentement,et un
consentement explicite. Puis ça relève de ce qu'on disait à 65, en
disant : Si tu me donnes les informations, dans le contexte où je te dis
pour quoi je les collecte, à quelles fins je les collecte, bien, ça revient à me donner le consentement de
les utiliser, ce pour quoi je t'ai dit que je les collectais. Donc, il y a
une...
M. Tanguay :
Excusez-moi. Quand on dit à 65, «les fins auxquelles ces renseignements sont
recueillis», je ne... on ne peut pas, je crois, le lire comme étant
l'obligation de tout lister les fins à titre de profilage pour lesquelles
j'utiliserais l'information. Les fins de 65, 2°, là, paragraphe 2°,
c'est : Je collecte tel, tel, tel renseignement, moi, organisme public, vous concernant puis je vais
utiliser ça afin de vous émettre un permis, afin de vous donner une carte
d'assurance maladie, tati, tata. Mais les fins de profilage, je pense, ne
seront jamais divulguées en vertu de 65, 2°, parce qu'elles sont
multiples, elles sont changeantes et elles sont autres par définition.
M.
Caire :
Bien, en fait, c'est parce que le paragraphe 1° et 2°... Vous dites :
Moi, je... Donc, en plus des informations,
si vous recueillez «des renseignements personnels auprès de personne concernée
en ayant recours à une technologie
comprenant des fonctions permettant de l'identifier, de la localiser ou
d'effectuer du profilage de celle-ci», on doit l'informer que... je dois
vous informer que je fais ça. Puis non seulement je dois vous informer que je
fais ça, mais vous devez aller... puis pour reprendre l'exemple du député de Gouin,
vous devez aller dans tel onglet, à telle case, activer telle case à cocher
pour me permettre d'activer ces outils-là qui vont me permettre de faire ce
dont je viens de vous informer.
M. Tanguay :
Autrement dit... puis je suis le ministre. Je suis le ministre jusqu'à un
certain point. Autrement dit, puis là on
pourrait suivre totalement, c'est qu'en activant de façon proactive, moi, je
suis l'utilisateur, là, on a changé «désactiver»
par «activer», en activant... Comme dirait Jean Lapierre, là, j'achète un
cochon dans un sac, je ne l'ai pas vu, je ne sais pas ce qu'on va faire
avec ça, mais on va faire du profilage.
M.
Caire : Non, non, non, parce que moi, je vous ai informé de
ça, là. Ça, c'est paragraphe 1°, je vous informe.
M. Tanguay :
Mais l'utilisation pourra être...
M.
Caire :
Non, mais je vous dis : Écoutez, là, moi, là, je collecte ces
informations-là, bon, 65, je décline le pourquoi,
le qui, le quand, le où et, en plus, je vous le dis, là, les outils que
j'utilise, ça ve me permettre peut-être de vous identifier, de faire du profilage et/ou de vous géolocaliser. Et là,
dans la loi... puis là vous allez me dire : Tout le monde ne lira pas la loi, là, je suis bien d'accord,
mais quand même, ça me donne les exemples de ce que c'est, le profilage, mais
moi, je vous informe de ça, là.
M. Tanguay :
C'est ça, mon point. Profilage, «sky is the limit», le profilage,
l'utilisation.
M.
Caire :
Je comprends, mais ça reste que vous avez l'opportunité de ne pas l'activer
puis de dire : Bien, écoute, moi, non, je ne suis pas sûr que... je ne
sais pas trop, là, tu veux faire du profilage... Parce que ça, je vous le dis,
là, c'est du profilage, c'est de la géolocalisation, c'est de l'identification.
Ça, paragraphe 1°, je vous dis que j'ai recours
à cette technologie-là, je vous informe comment l'activer. Vous ne l'activez
pas? Parfait. Vous l'activez? Bien, vous me posez trois, quatre
questions avant, là : O.K., tu vas faire quoi avec ça, là?
• (18 heures) •
M. Tanguay : Parce que le
collègue de Gouin avait un autre exemple aussi, si on veut sortir de la SAQ,
l'exemple, le cas échéant, d'une passe de transport en commun électronique, qui
va être une mine d'informations extraordinaire pour la collectivité, savoir si
tel le circuit... Avant, rappelez-vous, on était sur le quai de gare puis on faisait des sondages : Bonjour, madame.
Bonjour, monsieur. D'où vous venez? Quelles sont vos habitudes de transport?
Là, ça va être en temps réel, si vous cochez
«activer», puis ça va être extraordinaire, mais il y a des enjeux, évidemment,
de vie privée là-dedans aussi, là.
Mon point est que, tel qu'illustré, les
utilisations de profilage seront tellement... puis les exemples, je pense que
les exemples ne sont pas anodins et ne sont pas candides. Ça pourrait même être
du profilage, pas pantoute pour dire : Aïe! il y a du monde sur cette
ligne-là, le matin, là, il va falloir mettre deux autobus à l'heure, parce qu'il
y a réellement trop de monde. Ça, je vais embarquer à 100 milles à l'heure
là-dessus, mais ça pourrait même être pour le comportement, oui, de cette
personne, mais ça pourrait être pour des caractéristiques à des fins de
rendement au travail. Tu sais, quand vous dites l'analyse du rendement au
travail, des personnes pour qui ils travaillent, tout ça, là, c'est réellement,
là, 365 degrés, là.
M.
Caire : Bien, en
tout cas, là-dessus, je suis moins d'accord avec le collègue, mais, comme je
dis, il n'en demeure pas moins que le fait d'avoir la possibilité ou non
d'activer les technologies en question, pour moi, c'est l'arme ultime. C'est
que, dans le fond, tout le reste, oui, on peut, mais, tu sais, c'est...
M. Tanguay : Mais rien
n'empêcherait, ceci dit... mais rien n'empêcherait, de façon spécifique, de
demander l'autorisation spécifique en vue d'améliorer le service de transport.
Nous permettez-vous, de façon spécifique... On peut, de façon ad hoc, aller
chercher un organisme. On pourrait construire une façon d'aller chercher la
donnée.
M.
Caire : C'est juste
que, dans les circonstances où, vraiment, là, on active le... de le mettre dans
la loi, c'est parce que je me dis, il y a des cas, puis c'est là où je vais
rejoindre mes collègues juristes...
M. Tanguay : ...vous
réconcilier avec eux autres, parce que tantôt, ça brassait, puis on s'est
dit : Aïe! on n'interviendra...
M.
Caire : On a des discussions cordiales, mais viriles,
mais cordiales. Mais bref, tout ça pour dire, M. le Président, que là je
pense, compte tenu du fait qu'on a quasiment donné l'arme nucléaire,
là, le reste, je me dis : Il me semble, là, qu'on commence à rajouter des couches, puis là, c'est là que ça devient
bureaucratique, ça devient lourd, ça devient... Ça fait que, dans le
fond, le contrôle ultime, c'est la personne qui l'a en disant : Bien, moi,
non, je ne vais pas activer ça, là. Je ne sais pas qu'est-ce que tu vas faire
avec ça, là, ça fait que je ne l'active pas.
Le
Président (M. Bachand) : Député de Gouin? O.K. Donc, il y a un vote. M. le député de Gouin, on va suspendre
pour vous permettre d'aller voter. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 18 h 03)
(Reprise à 18 h 14)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission
reprend ses travaux. Interventions? M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay : M. le Président,
on est... là, on est sur l'article 18, qui introduit 65.0.1 puis 65.0.2,
c'est ça? On ne saucissonne pas les deux, là. La conversation est sur les deux,
puis il n'y a pas d'autre article. Moi, ça me va, il n'y a pas d'autre commentaire.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Nous parlions de
profilage, d'identification et de localisation tout à l'heure, sujets bien importants,
à la fois dans le public, puis on aura des discussions similaires dans le
privé, là, dans le privé, c'est-à-dire dans
la partie du projet de loi qui porte sur le secteur privé. Dans son mémoire,
la Commission d'accès à l'information
recommande plusieurs choses relativement aux dispositions qui portent sur le profilage. Une de ses recommandations, c'est d'interdire carrément l'utilisation de renseignements
personnels sensibles à des fins de profilage.
J'ai déposé un amendement un peu plus tôt dans
l'étude détaillée pour préciser la définition de ce qu'est un renseignement
personnel sensible. Et ce que recommande la CAI, pour des raisons qui, moi,
m'apparaissent assez évidentes,
là, c'est d'interdire l'utilisation de renseignements sensibles à des fins de profilage, sauf en cas
de consentement exprès de la personne concernée ou dans les cas où la
loi l'autorise expressément.
J'aimerais savoir... le ministre a dit à plusieurs
reprises qu'il avait eu des conversations avec la CAI, qu'il trouvait l'avis de
la CAI vraiment important dans l'élaboration du projet de loi. Je voulais
savoir quelles sont ses réflexions sur cette recommandation de la CAI. Puis, en
toute transparence, on a un amendement qu'on pourrait présenter pour donner
suite à cette recommandation-là, qui n'est pas une porte fermée à double tour,
hein, mais qui est de dire : Par défaut, c'est interdit de profiler avec
des renseignements sensibles, tels que nous les avons collectivement ici définis
un peu plus tôt, sauf quand il y a un consentement exprès. Qu'en pense le ministre?
M.
Caire : Bien, je vous dirais que j'ai... peut-être
à cause de mon mandat, j'ai peut-être un peu moins d'a priori. Je m'explique, M.
le Président. Ce que nous vivons au Québec présentement, ce n'est pas une utilisation...
Puis là je parle des organismes publics, parce que, là, on est... puis comme le collègue de Gouin l'a précisé,
on parle des organismes
publics. Nous aurons une conversation sur les entreprises privées, le cas
opportun, mais dans nos organismes publics, on
n'est pas dans une dynamique d'utilisation pernicieuse de renseignements personnels, renseignements sensibles. Et aux fins de la discussion, je vais parler de renseignements
personnels en englobant les renseignements sensibles, si le collègue le permet.
Ce qu'on vit,
c'est exactement le contraire, c'est-à-dire que, tout à l'heure, je parlais avec le député de LaFontaine
puis je lui disais : L'état du droit
fait en sorte que tous nos organismes
publics sont propriétaires et
détenteurs des renseignements qu'ils collectent. Il n'y a pas ou peu...
«pas», le mot est trop fort, mais il y a peu de possibilités de s'échanger des informations,
justement, au nom de la protection, je dirais justement au nom d'un concept de
la protection des renseignements personnels qui veut que je dois garder ça le
plus serré possible.
L'impact de ça, M. le député, c'est une médiocre
qualité de service à nos concitoyens, médiocre, et le mot... je pèse mes mots. L'impact de ça, c'est une offre de services anémique. Services numériques, on s'entend. Quand je parle de
l'offre et de la qualité, c'est les services numériques.
Je donne un exemple que j'aime bien reprendre
pour les fins de la discussion. Mon fils... j'inscris mon fils le plus jeune au
secondaire pour l'année prochaine, ce qui, outre le fait de me faire sentir
encore plus vieux, me permet de tester
l'état des lieux en termes de services numériques. Donc, je vais à une école X,
dont je tairai le nom, pour inscrire mon
fils. Cette école me demande les bulletins de mon fils de l'année dernière. Or,
la question : Pourquoi une entité du ministère de
l'Éducation me demande de communiquer avec le ministère de l'Éducation pour
demander au ministère de l'Éducation de me procurer un document que je vais
donner à cette entité du ministère de l'Éducation? Pourquoi ils ne se parlent pas? Pourquoi je suis obligé
de... Pourquoi, moi, je suis obligé de jouer à l'intermédiaire entre deux
entités du ministère de l'Éducation pour fournir une information au ministère de l'Éducation qui est produite par le ministère de l'Éducation? Comme citoyen,
c'est ça. C'est ça, ma vision des choses.
Alors là, on pousse un peu plus loin. On me
demande aussi un original de son certificat de naissance. Donc, je vais aller à
l'État civil, entité du gouvernement, lui demander de produire un document,
papier évidemment que je vais amener à l'école en question, qui va prendre une
copie dudit document et qui va retourner à l'État civil pour demander à l'État
civil d'attester qu'il s'agit bien d'un document produit par l'État civil.
C'est fou, là. C'est d'une inefficacité honteuse, honteuse. Ça me met hors de
moi qu'au XXIe siècle les Québécois soient au quotidien pris, je dis bien «pris», à jouer les intermédiaires entre
deux organismes, deux organisations publiques du gouvernement du Québec parce
que ces organisations publiques là ne sont pas capables de se parler. On pollue
l'existence de nos concitoyens, alors qu'on a juré de les servir.
• (18 h 20) •
Ça, M. le député, c'est la vision du ministre délégué à la Transformation numérique, qui
se dit : Au XXIe siècle, là, ce n'est pas normal, ce n'est pas
acceptable. Or, les organismes publics en question vont vous dire : M. le
député, je voudrais bien faire ce que vous me demandez, je n'ai pas le droit.
La loi ne me le permet pas. Puis là je pourrais vous donner, M. le député de Gouin, nombre d'exemples où on a demandé à nos
concitoyens de poser des gestes totalement inutiles. Je pourrais vous donner nombre d'exemples où on a demandé à
des employés de l'État de poser une panoplie de gestes totalement inutiles et injustifiables au XXIe siècle, parce
qu'ils ne se parlent pas, parce que la loi dit qu'ils n'ont pas le droit
de se parler.
Bien, comme législateur... puis moi, je renvoie
la balle au collègue. Je renvoie la balle au collègue, comme législateur, est-ce qu'on se sent interpelés par
ça? Est-ce qu'il ne serait pas temps d'aborder la loi dans une perspective
où nous avons une obligation, oui, de protéger les renseignements personnels
qui nous sont confiés, clairement, mais où nous avons aussi une obligation de
donner des services à la population, de faciliter la vie de nos concitoyens, de
rendre le service aussi convivial, et disponible, et simple à utiliser que
possible, et jamais le contraire?
Alors, je dis à mon collègue : Ce que j'en
pense?, bien, j'en pense, M. le Président, qu'on doit trouver... à chaque fois qu'on prend une décision, on doit
trouver un équilibre. Le rôle de la Commission d'accès à l'information, pour qui j'ai le plus grand respect, n'est pas de
faire ces arbitrages-là. Le rôle de la Commission d'accès à l'information,
c'est de s'assurer de veiller à ce que la loi soit respectée dans une
perspective où on a une protection adéquate des renseignements personnels de
nos concitoyens. Ça, c'est son rôle et elle le joue très bien, à mon avis.
Maintenant, pour aller plus précisément à la
question du collègue, ce que j'en pense, je ne suis pas d'accord. Je ne suis
pas d'accord qu'on devrait l'interdire. Je suis d'accord qu'on doit mettre des
mécanismes en place pour s'assurer que ces
renseignements-là, sensibles, personnels, pas sensibles, soient utilisés aux
fins pour lesquelles ils sont collectés. Je suis de ceux qui pensent qu'on doit
prendre tous les moyens possibles et nécessaires pour en assurer la protection d'une utilisation malveillante,
frauduleuse, négligente. J'en suis. Mais l'interdiction systématique
sous-entend que je ne peux pas utiliser ces
renseignements-là à des fins bénéfiques pour le citoyen, sauf si le citoyen y
consent, alors qu'on a amené tout à l'heure, avec Me Miville-Deschênes, la situation
où l'intérêt manifeste est quelque chose qu'on peut aussi considérer dans
l'utilisation des renseignements personnels. Et, pour moi, le renseignement
sensible ne fait pas exception à ça, dans le
sens où, si je les utilise dans l'intérêt manifeste d'un citoyen,
bien, je devrais pouvoir le faire.
Donc, avoir
une vision rigide, une vision en tunnel parce que ce sont des renseignements sensibles, c'est de dire qu'il
ne peut pas y avoir une utilisation... Bien non, là, je vais trop loin. C'est
de présumer que, outre le consentement, il n'y a pas une utilisation légitime qui
peut être faite de ces informations-là, et je ne loge pas à cette enseigne-là.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de Gouin.
M.
Nadeau-Dubois : Bien,
j'apprécie le plaidoyer du ministre, c'est juste que ce n'est pas l'objet ni de
l'article ni de l'amendement que je dépose, c'est-à-dire que la...
M.
Caire : Mais, si je peux me permettre, je faisais un
commentaire général à l'invitation du député de Gouin...
M.
Nadeau-Dubois : Oui, oui,
non, c'est correct, c'est juste que... puis on pourrait... c'est parce que moi,
je pourrais répondre sur le commentaire général, et de commentaire en
commentaire général, on pourrait avoir une discussion philosophique ou de
politique générale, mais bon.
M.
Caire : 120, c'est
moins.
M. Nadeau-Dubois : Pardon?
M.
Caire : 120, c'est
moins.
M. Nadeau-Dubois : Oui, c'est ça,
sans profilage de la part de la SAQ pour nous conseiller les bons achats de vins, ces déductions qui sont moins le fun.
Mais non, mais plus sérieusement, là, ici, la recommandation de la CAI,
ce n'est pas, comme disait le ministre,
là, une interdiction systématique. Là, c'est d'exiger un consentement plus exigeant pour ce type de renseignement personnel, les renseignements
personnels sensibles, que pour d'autres renseignements personnels.
M.
Caire : Mais on le
fait, M. le député.
M. Nadeau-Dubois : Donc, c'est de
dire... bien, j'y arrive, c'est-à-dire qu'on a défini, notamment suite à mon amendement...
on a bien cerné ce qu'est un renseignement personnel sensible, c'est-à-dire un renseignement
qui, de par sa nature... et là on avait ajouté «notamment médical, biométrique
ou autrement intime, ou en raison du contexte de son utilisation ou de sa communication
suscite un haut degré d'attente raisonnable en matière de vie privée», critère
qui nous a été expliqué par nos juristes, un critère qui existe déjà, notamment
défini par des décisions de la Cour suprême sur les fouilles abusives. Donc, on a déjà défini dans le projet de loi qu'il y a une certaine catégorie de renseignements personnels
qui sont plus sensibles que d'autres. À partir...
Le Président (M.
Bachand) : ...M. le député de Gouin. Vous parlez de votre amendement,
aimeriez vous le déposer?
M. Nadeau-Dubois : Bien, on y
viendra, là, je parlais... je répondais au commentaire général du ministre.
Le
Président (M. Bachand) :
Parfait. C'est beau. C'est juste parce que le temps file, je voulais juste
m'assurer...
M. Nadeau-Dubois : Oui, bien, sinon,
je le déposerai.. je veux dire, la prochaine fois, là, je...
Le Président (M.
Bachand) : Parfait. Merci.
M. Nadeau-Dubois : Vous allez avoir
le plaisir d'avoir ma compagnie mercredi prochain, M. le Président.
Donc, on
s'est entendu sur le fait qu'il y a certains types de renseignements personnels qui
sont plus sensibles que d'autres. Bon, à partir de ça... et si on a défini ça
dans le projet de loi, c'est bien parce qu'ils méritent d'être
traités différemment s'ils sont plus sensibles. On n'aurait pas pris la peine
de créer cette catégorie dans le projet de loi si nous n'avions pas comme intention de, plus loin dans le projet de loi, les considérer différemment des renseignements personnels qui
ne sont pas sensibles. Je pense que la... sinon, on n'aurait écrit une
définition. On a écrit une définition parce qu'ils sont particuliers
puis qu'on veut les traiter de manière particulière. C'est juste ça, mon
commentaire.
Et donc la CAI recommandait, à la page 23
de son mémoire, d'interdire l'utilisation des renseignements sensibles à des fins de profilage. Donc, ce n'est
pas interdire toute utilisation des renseignements sensibles, c'est d'interdire
leur utilisation à des fins de profilage. Et
la CAI faisait une grosse exception, c'est-à-dire sauf en cas de consentement
exprès de la personne concernée ou dans les cas où la loi l'autorise
expressément. Donc, ce n'était ni dans l'intention de la
CAI ni dans mon intention d'interdire systématiquement l'utilisation des
renseignements personnels sensibles par les organismes publics ni même
d'interdire systématiquement leur utilisation à des fins de profilage. Donc, il
y a deux niveaux de nuance : de un, personne ne dit qu'ils ne doivent pas
être utilisés; de deux, personne ne dit qu'ils ne doivent pas être utilisés à
des fins de profilage, ni moi, ni la CAI.
Ce que la CAI
dit et que je reprends à mon compte, c'est : Pour qu'ils puissent être
utilisés à des fins de profilage, ces
renseignements sensibles, on devrait demander un consentement exprès de la
personne concernée ou prévoir dans la
loi, de manière explicite, les moments où c'est possible pour les organismes
publics d'utiliser les renseignements personnels à des fins de
profilage. Là-dessus spécifiquement, qu'est-ce qu'en pense le ministre?
Le Président (M. Bachand) :
En quelques secondes, M. le ministre.
M.
Caire : Oui. Bien,
je dirai qu'on le fait déjà. Quand on a parlé... abordé les renseignements
sensibles dans les articles précédents, on a dit que, dans ce cas-là... parce
que, souvenez-vous, là, il y avait des cas de consentement où... on a établi
les cas de consentement, mais dans le cas des renseignements sensibles, on a
dit que le consentement devait être donné expressément. Donc, ça, on l'a déjà
fait ça dans la loi et...
M. Nadeau-Dubois : Juste, à quel
article, juste pour mon... pour que mes réflexions, d'ici mercredi prochain,
soient productives.
M.
Caire :
Me Deschênes...
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Il y a 65.1, en fait, c'est le 19, par rapport à l'utilisation.
M.
Caire : Mais dans
la définition des renseignements sensibles puis du...
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
C'était à 59, article 12.
M.
Caire : Oui, c'est
ça, article 12. C'est-tu ça, 12?
• (18 h 30) •
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Les renseignements sensibles dans le privé...
M.
Caire : Article 12.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Article 12 du projet de loi, 59 de la loi sur l'accès..
M.
Caire : C'est
ça, où on dit : «Un organisme public ne peut communiquer un renseignement sans le consentement de la personne
concernée. Ce consentement doit être manifesté de façon expresse dès qu'il
s'agit d'un renseignement personnel sensible.» Article 12, qui introduit
l'article 59.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup à tout le monde.
Compte tenu de l'heure, la commission ajourne
ses travaux sine die. Merci.
(Fin de la séance à 18 h 31)