(Douze heures vingt minutes)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! Merci
beaucoup et bienvenue.
Alors, ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission des institutions ouverte. Je demande, bien sûr, aux
personnes présentes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs
appareils électroniques.
La commission
est réunie afin de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi n° 32, Loi visant
principalement à favoriser
l'efficacité de la justice pénale et à établir les modalités d'intervention de
la Cour du Québec dans un pourvoi en appel.
Avant de débuter, y a-t-il des remplacements, M.
le secrétaire?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Lemieux (Saint-Jean) est remplacé par M. Bussière
(Gatineau); M. Martel
(Nicolet-Bécancour) est remplacé par Mme Picard (Soulanges); M. Fontecilla
(Laurier-Dorion) est remplacé par M. Nadeau-Dubois (Gouin); et
M. LeBel (Rimouski) est remplacé par Mme Hivon (Joliette).
Étude détaillée (suite)
Le
Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup. Je vous rappelle que l'étude des articles 12, 15, 16, 19, 20,
21, 22, 23, 24, 26, 27 et 58... sont
suspendus. Au moment d'ajourner nos travaux, à la dernière séance, les échanges
portaient sur un amendement de la ministre à l'article 5. Mme la
ministre, s'il vous plaît.
Mme
LeBel : Alors, on était... on n'avait pas clos sur 89... oui, mais je
pense qu'on avait conclu, là, au niveau de la façon dont les étapes...
des alinéas puis des exigences.
M. Tanguay : ...dans le
micro.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay : Oui, c'est ça,
la ministre a tout à fait raison. Donc, pour compréhension... Mais nos travaux participent de ça aussi, de nous permettre d'avoir
des transcriptions. Et, par la suite, quand, d'aventure, les gens sur le
terrain qui ont à vivre avec, entre autres, ici, le Code de procédure
pénale, de dire, bien, c'était quoi,
l'intention du législateur, en le disant dans le micro, bien, on leur
permet d'avoir cet éclairage-là.
Donc, le
dernier commentaire que j'avais suite à ma discussion, effectivement, avec Mme la ministre, c'est que... est à l'effet que le
deuxième alinéa de l'article 89.1... le «et» est cumulatif. Le deuxième «et»
est cumulatif. Autrement dit : «Toutefois, dans ce dernier cas, le
consentement du poursuivant et de la personne arrêtée est nécessaire si des témoignages devaient être rendus lors de la
comparution et — donc ça s'ajoute à ce qui précède — s'il
est impossible pour cette dernière de
comparaître par un moyen technologique lui permettant ainsi qu'au juge de se
voir et de communiquer simultanément.»
Alors, il
faut lire le deuxième alinéa comme un tout, pas deux alternatives, mais comme
un tout. C'est cumulatif avec le fameux : «Et s'il est impossible
pour cette dernière de comparaître», et ainsi de suite. Alors, c'est juste si
Mme la ministre peut comprendre... peut confirmer ma compréhension du texte.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Mme la ministre.
Mme LeBel : Effectivement, c'est
cumulatif et non pas alternatif.
Le Président (M.
Bachand) : Autres interventions sur l'amendement à l'article
25? S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) : Adopté. Merci beaucoup. Mme la
ministre, s'il vous plaît.
Mme LeBel : J'aurais un autre amendement
à déposer à l'article 25, qui concerne maintenant l'article 89.2, qui est
également...
Le Président (M.
Bachand) : Juste un point d'information...
Mme LeBel : Je
m'excuse.
Le Président (M. Bachand) : Juste vous rappeler qu'il y avait eu un amendement qui avait été circulé par la ministre à
titre informatif, mais il n'avait pas été déposé. Donc, on n'a pas à le
retirer. Mme la ministre.
Mme
LeBel : Donc, j'introduis un amendement
à l'article 25 qui introduisait un article 89.2 au Code de procédure pénale. Donc, l'article
25 concernant l'article 89.2 du Code
de procédure pénale : Retirer
l'article 89.2 du Code de procédure pénale introduit par l'article 25 du
projet de loi.
L'amendement proposé retire l'article 89.2 du Code
de procédure pénale introduit par l'article
25 du projet de loi. Cet article sera déplacé à l'article 92
du Code de procédure pénale.
Le Président (M.
Bachand) : Est-ce qu'il y a des interventions? M. le député de LaFontaine,
s'il vous plaît.
M. Tanguay : Ce que je
comprends...
Mme
LeBel : ...peut-être,
M. le député de LaFontaine... M.
le Président, si vous permettez, peut-être
pour le traiter dans sa globalité, je
me proposerais, avec le consentement de tout le
monde, de déposer l'article 26.1 qui introduit l'article 92 auquel on
fait référence dans l'amendement que je viens de déposer, et peut-être que vous
aurez une réflexion plus globale, à moins que vous n'ayez pas de consentement.
M. Tanguay : Je veux juste
comprendre...
Le Président (M.
Bachand) : Oui, allez-y, M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay : Donc, il nous a
été communiqué sans que ce soit déposé le 28 novembre dernier, l'amendement qui
modifiait 89.2, et vous suggérez... Donc, on n'a pas besoin de le retirer. Il
n'a pas été communiqué officiellement. Il
n'a pas été déposé. Donc, l'amendement qui est devant nous : Retirer
l'article 89 du Code de procédure pénale
introduit par l'article 25 du projet de loi. Donc, dans le fond, ça, O.K.,
c'est un amendement à l'article 25, O.K., je comprends. Je me suis
répondu, autorépondu. M. le Président, là, on est à la même page.
Le Président (M.
Bachand) : Donc, vous vous êtes autorépondu?
M. Tanguay :
Oui, ça va vite.
Le Président (M.
Bachand) : On reconnaît votre efficacité, M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay : Ah! des fois,
même, je suis en conflit avec...
Le
Président (M. Bachand) :
Autres interventions sur l'amendement? S'il n'y a pas d'amendement, est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) : Adopté. Merci beaucoup. Mme la
ministre, s'il vous plaît.
Mme LeBel : Oui, on va aller sur l'article
principal, le 26.1. J'attendrai, donc, pour le déposer.
Le Président (M.
Bachand) : Pas de trouble. On est sur l'article 25 amendé.
Mme LeBel : Donc, qui ne contient maintenant
que l'article 89.1.
Le
Président (M. Bachand) : Ça
va, est-ce qu'on comprend? Donc,
l'article 25 a été modifié. Alors, M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay :
Nous, M. le Président, donc, c'est ça, donc, on revient à l'article 25 tel
qu'amendé. Donc, exit 89.2 et 89.1. On a fait largement le débat. Moi,
je n'aurai pas d'autre commentaire.
Le Président (M.
Bachand) : Parfait. Donc, d'autres interventions sur
l'article 25? S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que
l'article 25, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Bachand) : Adopté.
Merci beaucoup. Donc, si on suit la procédure, on serait à 26, mais je vous
rappelle que 26 était suspendu. Alors, est-ce qu'il y aurait consentement pour
qu'on soit à 26?
Mme
LeBel : Oui.
Le
Président (M. Bachand) : Je regarde M. le député...
M. Tanguay :
On tomberait à 28 normalement.
Le Président (M. Bachand) : Oui, c'est pour ça que je demande juste... Là,
vous voulez introduire un nouvel article, là?
Mme LeBel :
Oui, mais on pourrait parler de 26.1, s'il vous plaît, mais pas 26.
Le
Président (M. Bachand) : O.K., ce serait l'introduction d'un
nouvel article?
Mme LeBel :
Et voilà, avec le consentement.
M. Tanguay :
Autrement dit, la compréhension, c'est que l'objet du débat revient toujours à
l'article suivant dans la numérotation, qui
n'est pas suspendu. Comme on vient de faire 25, 26 est suspendu, 27 est
suspendu, on aurait 28, mais, la ministre, elle peut toujours faire de
quoi avant. Alors, j'entends 26.1. On va... Vous n'avez même pas besoin de
notre consentement. On vous suit.
Le
Président (M. Bachand) : Parfait. Merci beaucoup.
Mme LeBel :
Donnez-moi pas trop d'alternatives, là, j'ai...
Le
Président (M. Bachand) : O.K., Mme la ministre, 26.1, on va le
distribuer, oui.
Mme LeBel :
Oui, on va distribuer un amendement, et je vais... Est-ce que vous voulez qu'on
le distribue avant que je le lise ou ça va aller?
Le
Président (M. Bachand) : Vous pouvez le lire. On va le
distribuer simultanément.
Mme
LeBel : Bon, parfait. Donc, je demande d'introduire
l'article 26.1. D'ailleurs, j'y faisais référence dans l'article
précédent, où je retirais 89.2. Insérer, après l'article 26 du projet de
loi, le suivant :
Article 26.1.
L'article 92 de ce code est modifié par l'insertion, après le premier
alinéa, du suivant :
«Lorsque
le juge ordonne le maintien en détention de la personne arrêtée, il peut, sur
demande de cette personne ou du
poursuivant, ajourner l'instruction de la poursuite dans le délai prévu à
l'article 94 et renvoyer celle-ci en détention dans un
établissement de détention, par mandat de renvoi sous garde.»
Commentaire. L'amendement proposé vient déplacer
le mandat de renvoi sous garde qui était prévu à l'article 89.2 du Code de procédure pénale introduit par
l'article 25 du projet de loi puisque l'ajournement de l'instruction de la
poursuite et le mandat de renvoi sous garde se passent après que le juge
ait ordonné le maintien en détention du défendeur.
L'amendement proposé
vient également corriger une erreur qui s'était glissée dans
l'article 89.2 introduit par l'article 25
du projet de loi. Cet article s'inspirait du paragraphe 1 de l'article 516
du Code criminel, qui prévoit la possibilité de se présenter devant un
juge avant la comparution, soit pour l'enquête sur remise en liberté.
Or, l'étape de l'enquête sur remise en liberté
n'existe pas en droit pénal. En vertu de l'article 89 du Code de procédure
pénale, un défendeur doit comparaître dans
les 24 heures de son arrestation. En vertu de l'article 92 du Code de
procédure pénale : «Le juge
devant qui comparaît une personne arrêtée la met en liberté, à moins qu'il ne
soit convaincu que la détention de
cette personne est justifiée», et ce, en vertu des articles 74, 75 et
suivants. En vertu de l'article 94 du Code de procédure pénale : «L'instruction de la poursuite
intentée contre le défendeur [...] doit débuter sans retard injustifié et au
plus tard le huitième jour suivant son arrestation...»
Le
Président (M. Bachand) : Ça va? Alors, on va suspendre quelques
instants, s'il vous plaît. Merci.
(Suspension de la séance à
12 h 29)
(Reprise à 12 h 35)
Le Président (M. Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses travaux.
Nous sommes maintenant à l'étude d'un nouvel article
déposé par la ministre, l'article 26.1. Interventions? M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M.
Tanguay : Merci beaucoup, M. le Président. Je veux juste bien comprendre, puis peut-être
que la ministre pourrait me vulgariser un peu les cas de figure ou
quels cas de figure voyons-nous ici, parce
qu'on jongle avec des concepts
où on parle de la comparution, on parle du
maintien en détention et, après ça, on parle de l'instruction de la poursuite.
L'instruction de la poursuite doit être, en vertu de 94, intentée au plus tard
le huitième jour.
Et là je comprends mal, parce que
ma compréhension, visiblement, est parcellaire et non complète. 26.1 ajoute à
92, et là on dit : «Lorsque le juge ordonne le maintien en
détention de la personne arrêtée — déjà là, je me dis, l'instruction va arriver dans les huit jours
maximum en vertu du 94 — il peut, sur demande de cette personne ou du
poursuivant, ajourner l'instruction de la poursuite dans le délai prévu
[de] 94», qui est huit jours. Je veux juste qu'elle m'explique peut-être en ses
mots...
Mme
LeBel : Je vais peut-être vous faire, si vous permettez, une espèce de
petit «timeline», ou une ligne de temps, pour être plus exacte, sur... parce que c'est l'Association des juristes
progressistes qui, sur le 89.2... Parce qu'on va faire le parallèle.
C'est celui-là qu'on a remplacé. On a bougé à 92 le 89.2 d'origine, parce qu'il
pouvait y avoir... Effectivement, à la
relecture, ce n'était pas l'intention, mais il pouvait y avoir une certaine
confusion d'interprétation, et on a tenu à la clarifier. Il fait un
parallèle avec l'article 516 du Code criminel.
Je
vous explique. En matière criminelle, quand il y a une comparution d'une
personne en détention, il y a ce qu'on appelle une enquête en remise en
liberté, une enquête caution. La procédure, il a 24 heures pour
comparaître aussi, et, souvent, l'enquête
caution se fait... doit se faire au moment de la comparution. Sauf exception,
dans le Code criminel, on permet de
reporter l'enquête sur remise en liberté pour toutes sortes de raisons, mais il
y a une limite à ne pas reporter plus
loin que trois jours francs, O.K.? Et, par la suite, au bout de trois mois, il
y a une procédure de révision qui est prévue au Code criminel si le
procès n'a pas eu lieu dans les trois mois, parce qu'on comprend
qu'habituellement les procès de nature criminelle, que ce soit sommaire ou
criminel, sont beaucoup plus longs que ces procès de nature pénale là.
L'article 89.2,
à l'origine, tel que rédigé, permettait de peut-être interpréter, et, comme je
dis toujours, ce n'était pas l'intention...
mais permettait d'interpréter, de la façon dont il était écrit, la chose
suivante. En matière pénale, la remise en
liberté est la règle, vraiment la règle... Bien, en matière criminelle aussi,
là, mais, en matière pénale, est non seulement la règle écrite, mais
c'est la pratique, la remise en liberté. On va s'entendre là-dessus. Il y a
quelques cas d'exception qui sont prévus. Je les ai nommés tantôt à 74...
Une voix :
...
• (12 h 40) •
Mme LeBel : ...oui, 74, 75 et 76, qui sont des cas d'exception pour qu'en matière
pénale, parce qu'on se retrouve en matière pénale, quelqu'un reste détenu.
C'est souvent des questions d'identification ou des choses comme ça, mais c'est des exceptions. Ça se règle au moment
de la comparution. Il n'y a pas de... On n'est pas dans les mêmes objectifs
et les mêmes critères, les mêmes
démonstrations qu'on fait en matière criminelle, qui sont le fait qu'il ne
reviendra pas, le fait qu'il présente un niveau de dangerosité, la
déconsidération de l'administration de la justice. Les trois critères en droit criminel, on n'est pas dans ces
discussions-là en matière pénale. C'est très, très simple, les critères que le
juge doit... très simple, je veux dire, très concis et précis, les
critères que le juge doit prendre.
La
façon dont c'était rédigé... Présentement, les gens qui demeurent détenus le
sont dans des postes de police. Le
juge n'avait pas l'opportunité de faire un mandat de renvoi, pour les
exceptions où ça se produit, pour qu'ils soient dans des centres de détention. Et ce n'est pas adéquat que ces gens-là
soient détenus dans des centres de police. C'est huit jours maximum,
mais ce n'est pas adéquat.
Donc,
l'objet de l'article, c'était de permettre au juge de faire un renvoi dans un
centre de détention. La rédaction initiale...
Je reviens. Je ne veux pas me perdre dans mes explications. La rédaction initiale
laissait accroire que le juge pouvait
ajourner avant d'avoir rendu sa décision sur la détention. Ce n'est pas le cas.
C'est pour ça qu'on a dit : «Le juge [qui] ordonne le maintien en
détention de la personne arrêtée...» Donc, c'est après que sa décision est
rendue.
Donc, on n'est plus dans l'espace entre la
comparution et la décision telle qu'on la retrouve dans l'enquête caution
en droit criminel, où on limitait à trois
jours. Il n'existe pas, cet espace-là. Au moment de la comparution, le juge se
prononce également sur la remise en
liberté, quand le cas le mentionne, et fait un renvoi qui ne peut pas être de
plus que huit jours, parce que 94 dit que le procès doit se tenir dans
les huit jours. C'était simplement pour clarifier que le seul objectif de l'article 92 maintenant, 89.2 à l'époque, était de donner au juge le
pouvoir de faire un mandat de renvoi dans un centre de détention.
C'était le seul objet de l'article.
Effectivement je reviens au commentaire de l'Association des juristes progressistes, la
rédaction initiale qui disait : «Un
juge peut, avant ou lors de la comparution... arrêtée...» Donc, si on était en
cours de comparution, on pouvait interpréter que le juge n'avait pas rendu sa décision et qu'on interrompait le processus
de la comparution, donc le processus décisionnel, et on pouvait peut-être
penser que la personne, avant d'avoir une décision sur sa remise en liberté,
aurait pu attendre indéfiniment, entre
guillemets, jamais plus que huit jours, parce que le procès va être
dans les huit jours, mais aurait pu attendre potentiellement huit jours
en droit pénal, alors que c'est trois jours en droit criminel. Ça ne
fonctionnait pas, mais ce n'était pas ça, l'objectif. Donc, on a simplement
clarifié la rédaction.
C'est un long laïus,
là, mais il faut mettre les deux en parallèle.
M.
Tanguay : Oui, puis,
je vous avoue, dans... Le 89.2, moi, je l'ai mis de côté. Réellement, là, je
vais m'axer sur le 26.1.
Mme LeBel :
C'est simplement pour clarifier la raison de l'amendement.
M.
Tanguay : La raison
pour laquelle... C'est parfait. Puis, ça, il n'existe plus déjà,
pour moi, le 89.2. Le 26.1, j'essaie
juste de comprendre. La personne, donc, comparaît — je vais revenir à l'article 92 — et
là on statue sur sa remise en liberté ou pas. Si la personne comparaît et qu'il y a détention... Avant
de lire... Autrement dit, je me mets
dans la situation où la personne...
Avant de lire 26.1, là, qui ajoute l'alinéa à 92, je me mets dans la situation
où une personne comparaît et il y a détention, donc s'en va en
détention.
Mme LeBel :
...pardon, M. le Président, parce qu'il a rendu une décision.
M.
Tanguay : C'est ça. Alors là, j'essaie de lire... Il a rendu
une décision comme de quoi il va être détenu, voilà. Il y a 94 qui existe. Moi, mon instruction, je
vais l'avoir dans un délai maximal de huit jours, mais ça, c'est un cas de
figure. La première minute, je viens
de comparaître, le juge a décrété que je reste en détention. Parfait. C'est là
où je lis le 26.1 : «Lorsque le
juge ordonne le maintien en détention — c'est moi, ça — de la personne arrêtée, il peut, sur demande de
cette personne — donc,
soit de moi — ou
du poursuivant, ajourner l'instruction de la poursuite — c'est
ce bout-là que je ne comprends pas — dans le délai prévu à
l'article 94...»
Moi,
je l'enlèverais. Puis dites-moi, parce que ma compréhension... c'est là où je
bloque au niveau de la compréhension, je me dis : «Ajourner
l'instruction de la poursuite». Donc, je prends pour acquis que c'est dans un
contexte où j'ai comparu, je suis en détention, et que l'instruction va
commencer. Donc, il peut ajourner l'instruction de la poursuite et renvoyer
celle-ci en détention, dans un établissement de détention, par mandat de renvoi
sous garde. C'est juste le délai.
Puis
c'est ça, ma question. Je ne le comprends pas, «dans le délai prévu à l'article
94», parce que je ne peux... L'article
94 a pour fonction de me dire que ton instruction va commencer dans les huit
jours. Or, si je demande la suspension de l'instruction, c'est parce
que, nécessairement, l'instruction va commencer, puis on prend pour acquis que
le délai de huit jours a été respecté. Ce n'est
pas plaider. Ce n'est pas ça. Alors, «dans le délai prévu à l'article 94», moi,
ma compréhension serait, je pense, plus claire si on enlevait ça.
Comment dois-je lire ça?
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Mme la ministre.
Mme
LeBel : C'était vraiment parce qu'on est dans... Oui, vous avez
raison, on pourrait peut-être... Mais je pense que, pour... Il est préférable de le maintenir pour être certain de la
clarté, parce que, théoriquement, une personne pourrait comparaître et
avoir son procès le même jour. Ce qu'on dit ici, c'est que, si le juge, en
vertu de 74, 75 ou 76, décide de maintenir
la personne en détention, ce qui est quand même un fait extrêmement rare, c'est
simplement pour être certain que la
compréhension est bien... la compréhension est bien comprise, c'est un petit
peu redondant, que c'est bien clair qu'on ne peut pas... On ne pourrait
pas ajourner, même dans ces cas-là, à neuf, ou à 10, ou à 11 jours.
Donc, oui, le 94
existe. Oui, cette notion est là, mais c'était vraiment pour répondre à... Moi,
j'avais senti qu'il y avait peut-être des
confusions d'interprétation. J'ai voulu... On veut prêcher par clarté. Mais
l'idée, c'est qu'il comparaît. Le juge émet une... rend une décision sur
la détention. S'il est en liberté, bien, il n'y a pas de problème, il ne fait
pas un renvoi dans un service de détention. Mais, s'il le maintient détenu et
que, là, les parties, les deux parties décident que le procès... l'audition ou l'instruction n'a pas lieu le même jour,
bien, c'est juste pour plus de clarté que le mandat de renvoi que le
juge va émettre... Parce que c'est une nouvelle notion, le mandat de renvoi,
là. Il ne pourra pas dépasser huit jours. Donc, c'est vraiment pour s'assurer
qu'on est clairs.
M.
Tanguay : Si on le disait de même : Ajourner l'instruction
de la poursuite qui, dans tous les cas de figure... Ce n'est pas du langage juridique, c'est juste
l'idée : Ajourner l'instruction de la poursuite qui, dans tous les cas de
figure, assurerait le respect du délai quant à
l'instruction prévue à l'article 94, parce que, là, c'est comme si
vous... Moi, je le lis... Parce que je lis, là, c'est steak, blé d'Inde, patates, là,
c'est très clair : «Ajourner l'instruction de la poursuite dans le
délai...» C'est comme si mon ajournement doit être fait dans le délai de
huit jours. Or, ce que l'on veut, c'est que l'ajournement n'ait pas pour effet de retarder l'instruction dans les
huit jours prévus à l'article 94. Je le dirais de même.
Mme
LeBel : Oui, mais, avec
beaucoup de respect, je pense qu'on a atteint l'objectif, parce que,
quand on va voir 94, ça dit que l'instruction doit débuter sans retard
injustifié ou au plus tard le huitième jour. Donc, l'idée, c'est de faire
une référence à l'article 94. Je pense qu'on peut la faire le plus
simplement possible. C'est ce qu'on a choisi de faire. Et l'idée, aussi, c'est pour rendre très clair le fait que le mandat de
renvoi du juge ne peut pas... est lié au délai de 94, donc, le tout
respectueusement soumis.
M.
Tanguay : Puis vous
ne croyez pas que ce serait plus clair, parce que moi, je le lisais de
même, honnêtement, là, je le lisais de
même, là, de dire : Il peut, sur demande de cette personne ou du
poursuivant, ajourner l'instruction de la poursuite tout en respectant
le délai de l'article 94.
Mme LeBel :
On peut... Au lieu de dire «dans le délai», on pourrait dire «en respectant le
délai».
M.
Tanguay : Parce que,
quand vous dites, dans le délai... Je lis 1 et 2 pour me rendre à 3, je passe
par «ajourner l'instruction de la
poursuite dans le délai»... Dans le délai de huit jours. Je peux donc
ajourner l'instruction de la poursuite dans le délai de huit jours.
C'est comme ça que je le lis.
Mme LeBel :
Je vous suggère «en respectant»...
M. Tanguay :
Alors, ajourner l'instruction de la poursuite tout en respectant le délai prévu
à l'article 94.
Mme LeBel : Ça me conviendrait. On
peut ajourner pour le préparer, suspendre pour le préparer.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup.
Alors, on suspend quelques instants. Merci
beaucoup.
(Suspension de la séance à 12 h 47)
(Reprise à 12 h 58)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît!
Merci beaucoup. On était en discussion sur le nouvel article 26.1. M. le
député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay : Oui, merci beaucoup,
M. le Président. Alors, je vais récupérer à mon compte le fruit du travail de
la ministre et des gens qui l'accompagnent et j'aimerais déposer le sous-amendement
suivant :
Remplacer,
dans l'article 92 du Code de procédure pénale introduit par l'article
26.1... projet de loi, «dans le délai» par «en respectant le délai».
Alors, ça va en plein dans le sens de ce qu'on
disait. Voilà, merci.
Le
Président (M. Bachand) : O.K., juste
peut-être ajouter, si vous êtes d'accord, après «26.1», «du projet de loi».
Il manquait le «du», s'il vous plaît.
M. Tanguay : Ah! parfait.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Ça va? Interventions sur le sous-amendement?
Ça va. S'il n'y a pas d'intervention, est-ce que le sous-amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) : Adopté. Nous sommes maintenant à 26.1 tel qu'amendé.
Est-ce que...
Mme LeBel : Compte tenu du temps
qu'il reste, est-ce que vous me permettez un aparté, M. le Président?
Le Président (M.
Bachand) : Oui.
Mme LeBel : J'aimerais introduire
peut-être... pour faire circuler et... distribuer, plutôt, trois amendements
que nous aurons à discuter à la prochaine séance, vraisemblablement, un
amendement à l'article 19, un amendement à
l'article 20 et un amendement à l'article 26, pour fins de
distribution. On pourra les déposer officiellement au moment convenu.
Le Président (M.
Bachand) : Merci infiniment. Donc, ça va être distribué aux
membres de la commission. Nous sommes maintenant à l'article 26.1 tel
qu'amendé. S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que l'article 26.1,
tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Bachand) :
Adopté. Et ceci, dans cet esprit du temps des fêtes, Mme la ministre, vous avez
la parole, s'il vous plaît.
Mme
LeBel : Bien, merci. Merci de nous avoir donné le temps. Puis je ne
veux pas le prendre tout pour laisser à
mes collègues de le faire... Joyeux Noël à tous, profitez-en, et surtout du
repos. On va en avoir besoin pour nos discussions à venir.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci à vous de mener nos travaux de main de maître. Merci à Mme la ministre. Je partage également ses
souhaits. Prenons le temps d'être avec nos proches, puis de profiter...
puis de se ressourcer, parce qu'effectivement on va se revoir. Alors, joyeux
Noël à tous, à tous les collègues.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de Gouin, s'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : Bien, joyeuses
fêtes, tout le monde, joyeux Noël. Profitez-en. Prenez soin de vous.
Puis,
petit commentaire éditorial, on est en train d'étudier un projet de loi qui
porte sur des personnes qui sont surjudiciarisées parce qu'elles sont dans des mauvaises passes, parce qu'elles ont des
problèmes de toxicomanie, de santé
mentale, parce qu'elles sont victimes de discrimination systémique aussi dans
les cas des autochtones, des gens issus de la diversité. Ça fait qu'essayons,
en 2020, de transformer cette société pour qu'on ait non seulement pas à les
judiciariser, mais que, bien en amont, il y ait moins d'inégalités,
moins de discrimination, puis que ni par la loi ni par aucune autre manière
est-ce qu'on accable ces gens-là davantage. Voilà.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Alors, je vous remercie de votre
collaboration.
Et la
commission ajourne ses travaux au mercredi 22 janvier 2020. Et, cela dit,
joyeux Noël et très bonne année. Merci.
(Fin de la séance à 13 heures)