(Neuf heures cinquante-neuf
minutes)
Le
Président (M. Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! Merci. Alors, merci beaucoup. Bienvenue. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des institutions
ouverte. Je demande, bien sûr, à toutes les personnes présentes dans la
salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission
est réunie afin de procéder à l'étude du volet Relations canadiennes et
Francophonie canadienne des crédits
budgétaires du portefeuille Conseil exécutif de l'exercice financier 2019‑2020.
Une enveloppe de quatre heures a été allouée pour l'étude de ces
crédits.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
• (10 heures) •
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Lafrenière (Vachon) est remplacé par Mme Hébert
(Saint-François); M. Martel
(Nicolet-Bécancour) est remplacé par M. Girard (Lac-Saint-Jean); M. Fontecilla
(Laurier-Dorion) est remplacé
par M. Zanetti (Jean-Lesage); et M. LeBel (Rimouski) est remplacé par
Mme Hivon (Joliette).
Relations
canadiennes et Francophonie canadienne
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Nous allons
débuter par les remarques préliminaires, puis nous allons procéder à une discussion d'ordre général par blocs d'environ 20 minutes,
incluant les questions et les réponses. La mise aux voix de ces
crédits sera effectuée à la fin du temps qui leur est alloué cet après-midi,
vers 17 heures.
Remarques
préliminaires
Nous débutons
donc avec les remarques préliminaires. Mme la
ministre, bienvenue. Vous disposez de
12 minutes. Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme Sonia
LeBel
Mme LeBel : Alors, merci. Merci, M. le Président. Merci,
tout le monde. Alors, bienvenue à tous. C'était vraiment un
plaisir qu'on débute l'étude des crédits du Secrétariat du Québec
aux relations canadiennes, le SQRC. Donc, avant de débuter, si
vous me permettez, je vais vous
présenter les gens qui m'accompagnent aujourd'hui : M. Nicolas Descroix, qui est mon chef de cabinet adjoint, et
M. Jean-Stéphane Bernard, qui est le secrétaire général associé au
secrétariat québécois des
relations canadiennes.
Donc,
j'amorce ces remarques préliminaires par une brève présentation du SQRC et des
éléments importants qui apparaissent au livre des crédits. Par
la suite, je vous entretiendrai des principaux enjeux du secrétariat québécois
aux relations canadiennes tels qu'on les conçoit.
Alors, le
SQRC a pour mandat de conseiller le gouvernement sur toute question ayant trait aux
relations canadiennes et
de soutenir la ministre responsable dans sa mission de veiller au respect
des compétences constitutionnelles du
Québec, à l'intégrité de ses
institutions ainsi qu'à la défense et à la promotion des intérêts du Québec
dans la fédération canadienne. De
plus, le SQRC a la responsabilité du dossier constitutionnel et il coordonne la
mise en oeuvre de la politique d'intégrité du territoire du Québec dans
ses aspects intergouvernementaux. Le SQRC assure également la mise en oeuvre
des orientations gouvernementales en matière
de relations canadiennes et, dans cet esprit, a pour mandat de coordonner
l'ensemble des activités intergouvernementales québécoises au Canada.
De concert
avec les ministres sectoriels, le SQRC participe aux travaux des conférences
intergouvernementales et veille à la négociation des ententes avec le
gouvernement fédéral et ceux des provinces et territoires. En outre, en tant
que conseiller auprès des ministères
et des organismes du gouvernement du Québec, il participe à l'élaboration des
politiques et des prises de position qui touchent aux relations avec les
autres gouvernements au Canada.
Le SQRC est
également chargé de maintenir des liens privilégiés avec la francophonie
canadienne et d'administrer le réseau de bureaux et d'antennes chargés de la
représentation du Québec au Canada. Il soutient également les échanges entre le Québec et ses partenaires au Canada,
notamment en favorisant les interactions avec la société civile. Il est donc
responsable d'une mission capitale :
voir à la défense et à la promotion des compétences législatives et des
intérêts constitutionnels, économiques et culturels du Québec dans ses
relations avec les autres gouvernements du Canada ainsi qu'à l'égard des
relations canadiennes de manière générale.
Le programme Relations canadiennes du ministère
du Conseil exécutif se compose donc de trois éléments : le SQRC à
proprement dit, la représentation du Québec au Canada et le cabinet de la
ministre. Sur le plan des ressources humaines, le SQRC a pu compter, au 28 février
2018, sur un effectif total de 63 personnes. Sur le plan des ressources financières, les crédits pour l'année 2019‑2020
représentent un montant total de 14,1 millions, soit une diminution de
près de 1 million
comparativement aux crédits 2018‑2019. Par contre, cette variation est
principalement attribuable à la diminution des crédits attribués au cabinet de la ministre
responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne. Le
cabinet de la ministre a subi, dans ses
crédits, une diminution d'environ 66 %. Au cours de la dernière année, les
activités et dossiers de nature
intergouvernementale sur lesquels le gouvernement a été appelé à intervenir ont
été nombreux. Le renforcement de la
cohérence de l'action gouvernementale québécoise en matière de relations
canadiennes s'est poursuivi en 2018‑2019, notamment par l'intermédiaire
du réseau des responsables des unités de relations canadiennes.
Ce réseau rassemble des répondants provenant de 30 ministères
et organismes actifs au plan intergouvernemental. En cours d'année, en
plus de ses rencontres régulières, il a tenu plusieurs activités de formation,
dont à l'École nationale d'administration publique, qu'on connaît sous le nom
de l'ENAP. Des outils facilitants la communication entre les différents répondants en affaires intergouvernementales des ministères et organismes
ont également été mis en place par le SQRC, lesquels permettent d'améliorer l'échange
d'information, la diffusion de documentation pertinente et la
veille en temps réel. Le travail à cet effet se poursuit.
Au
28 février 2019, le SQRC a contribué à la préparation de nombreuses
réunions intergouvernementales et a participé activement à 70 conférences
de niveau ministériel et sous-ministériel, dont la rencontre estivale du Conseil de la fédération et une réunion fédérale-provinciale-territoriale des premiers ministres. Le SQRC a été associé aux négociations ayant conduit, en 2018‑2019,
à la signature de 60 ententes... 64, pardon, ententes
intergouvernementales canadiennes, dont plusieurs concernent les infrastructures et les services de police autochtones.
En outre, pas moins de 130 projets d'entente entre un organisme
public, municipal ou scolaire
québécois, d'une part, et un autre gouvernement au Canada, l'un de ses
ministères, ou de ses organismes, ou
un organisme public fédéral, d'autre part, ont été approuvés ou autorisés par
le gouvernement du Québec.
Au
cours de la dernière année, sur le plan constitutionnel, le SQRC a procédé à
l'analyse de projets de loi fédéraux susceptibles
de soulever des enjeux en matière de relations canadiennes. Il a également
procédé à l'analyse de la jurisprudence constitutionnelle des tribunaux
supérieurs afin d'en dégager les incidences sur le partage des compétences et
sur les institutions de la fédération. Il a
activement collaboré à l'élaboration des positions défendues par la Procureur
général du Québec dans le cadre de contestations judiciaires, dont la
défense devant la Cour supérieure du Québec de la validité constitutionnelle de la Loi sur l'exercice des
droits fondamentaux et des prérogatives du peuple québécois et de l'État du
Québec, la loi n° 99.
En
concertation étroite avec les ministères sectoriels responsables, le SQRC a
aussi contribué à la préservation de l'intégrité
du territoire du Québec. Un volet important de cette action a pour objet le
maintien de l'autorité législative du Parlement du Québec sur l'ensemble
du territoire québécois. Plusieurs dossiers récents ont mis en cause cette
autorité législative pourtant essentielle,
particulièrement sur les plans de l'aménagement du territoire et de
l'environnement. Pensons ici aux dossiers
des administrations portuaires fédérales, de la construction d'aérodromes et de
l'installation de tours de télécommunication.
Le SQRC a également maintenu sa collaboration avec le Secrétariat aux affaires
autochtones dans le dossier du cadre fédéral de reconnaissance et de
mise en oeuvre des droits des peuples autochtones.
En matière de
francophonie, le gouvernement est résolu à maintenir des liens privilégiés avec
les communautés francophones et acadiennes
du Canada et à soutenir diverses initiatives dont les impacts sont structurants
et significatifs pour la vitalité de
ses communautés et celle de la francophonie canadienne ainsi que pour la
pérennité du français. À cet égard, nous
entendons revoir la politique du Québec en matière de francophonie canadienne
adoptée en 2006. J'y reviendrai plus longuement lors de nos échanges.
• (10 h 10) •
Cela
n'a pas empêché pour autant le gouvernement du Québec de démontrer sa
solidarité envers les Franco-Ontariens à
la suite des annonces du transfert du Commissariat aux services en français de
l'Ontario au Bureau de l'ombudsman et
de la suspension du financement provincial de l'Université de l'Ontario français. Parmi les actions posées, notamment,
mentionnons... le sujet a été discuté lors
de la rencontre entre les premiers ministres Legault et Ford le
19 novembre 2018 et entre les
ministres LeBel — moi — et Mme Mulroney les 15 et
16 novembre 2018. Une motion a été adoptée à l'unanimité par l'Assemblée nationale du Québec le
30 novembre 2018, et la levée du drapeau franco-ontarien sur l'un des mâts
de l'hôtel du Parlement le
1er décembre, journée de mobilisation organisée par l'AFO et marquée par
une série et de manifestations
populaires en appui aux francophones de l'Ontario. Il y a eu également une
lettre ouverte dans LeDroit le 3 décembre
2018 qui témoignait de la solidarité du gouvernement du Québec envers les
communautés francophones partout au
pays et envers la communauté franco-ontarienne en particulier. Aussi, je ne
compte plus le nombre de résolutions d'appui adoptées par plus d'une centaine de villes et municipalités qui ont tenu
à manifester leur soutien aux Franco-Ontariens. Cette solidarité des
Québécois a été chaudement accueillie par les communautés francophones et
acadiennes partout au pays.
En
matière de francophonie canadienne,
le SQRC est responsable de deux programmes d'aide financière dont la mise en oeuvre s'est poursuivie en 2018‑2019 :
Programme d'appui à la francophonie canadienne, en date du 28 février,
un montant d'environ
1 269 000 $ avait été accordé à 153 projets; Programme de
coopération intergouvernementale, en date du 28 février, un montant
d'environ 558 000 $ avait été accordé à 90 projets.
De
plus en plus, le gouvernement, dans la conduite des relations canadiennes, est
appelé à soutenir les échanges entre le
Québec et ses partenaires au Canada, incluant ceux entre citoyens et groupes de
la société civile du Québec et d'ailleurs au Canada afin de faire mieux connaître le Québec. Cette présence
accrue, notamment par l'entremise des bureaux du Québec à Toronto et à Moncton s'est traduite et se
traduira par une participation active dans les milieux universitaires auprès
des groupes d'affaires et sociaux, dans les médias traditionnels et
sociaux.
À
cet égard, le réseau des bureaux du Québec au Canada a été renforcé cette année
avec l'arrivée en poste d'un attaché en développement économique et
commercial au Bureau du Québec à Moncton ainsi qu'avec l'ouverture d'une
antenne à Vancouver qui relève du Bureau du
Québec de Toronto. Ces ressources additionnelles permettront aux bureaux de
mieux faire connaître le Québec dans
les autres provinces et territoires en plus d'y favoriser son rayonnement, ce
qui est au coeur de leur mandat.
En
matière de diplomatie publique, le SQRC est responsable de deux programmes
d'aide financière. En 2018‑2019, le
Programme d'appui à la recherche, le PAR, a été bonifié pour permettre des
projets triennaux, élargir la... aux institutions de recherche et associations de chercheurs et
intégrer les nouvelles règles du Conseil du trésor en matière de cumul des
subventions publiques québécoises et
fédérales. En date du 28 février, un montant de 293 000 $ avait
été accordé à 11 projets.
Le Programme
d'appui aux relations canadiennes, le PARC, a été créé en 2018‑2019 dans le
cadre du renforcement du mandat de diplomatie publique du SQRC. Ce
programme vise à mieux faire connaître et comprendre le Québec en encourageant les collaborations dans différents
domaines entre la société civile québécoise et celle des autres provinces et
territoires au Canada. En date du 28 février, un montant d'environ
233 000 $ avait été accordé à 12 projets.
C'est par
l'intermédiaire du PAR qu'un soutien financier a été accordé entre autres à la
tenue du colloque Le Québec et
la francophonie canadienne : un avant et un après Ford? le 31 janvier dernier à l'Université
d'Ottawa, au cours duquel des
universitaires, des observateurs, des acteurs politiques issus du milieu
associatif de la francophonie ont eu l'occasion de faire le point sur la nouvelle conjoncture dans la foulée de
différentes décisions du gouvernement progressiste-conservateur ontarien
annoncées à l'automne 2018. On aurait eu besoin d'une virgule quelque
part, hein?
Des
représentants du SQRC ont également participé à des conférences, colloques,
présentations et autres événements de
nature scientifique dont les thèmes de discussions portaient sur l'identité
québécoise, les relations intergouvernementales et les questions
institutionnelles, constitutionnelles et géopolitiques relatives au
fédéralisme. Depuis son entrée en fonction, le présent gouvernement a
misé sur l'édification d'une relation constructive avec nos partenaires
fédératifs, fondée sur l'ouverture et le
dialogue pour veiller à la défense des compétences constitutionnelles des
institutions et des intérêts supérieurs du Québec. Nous entendons
poursuivre dans cette voie.
Avant de
conclure, permettez-moi de prendre quelques instants pour vous présenter le
Centre de la francophonie des
Amériques, le CFA. C'est un jeune organisme du gouvernement du Québec créé par
une loi adoptée à l'unanimité en 2006.
Ses opérations ont débuté en 2008 alors qu'il a été inauguré en marge du Sommet
de la Francophonie du 400e anniversaire de la ville de Québec.
Aujourd'hui, il compte près de 45 500 membres, et plus de
400 organismes francophones sont
partenaires. Le centre est présent sur les réseaux sociaux, et ses publications
sont nombreusement suivies. Pour 2018‑2019,
cette présence sur les réseaux sociaux s'est, par exemple, traduite par
2 millions d'impressions totales sur Facebook et 500 000 sur
Twitter. Depuis sa création, le centre contribue à la promotion et à la mise en
valeur d'une francophonie porteuse d'avenir pour la langue française sur le
territoire des Amériques dans le contexte de la diversité culturelle. C'est ainsi que, par ses actions, le
centre vise à briser le sentiment d'isolement de certaines communautés et à
créer un leadership de collaboration. Nous croyons que la nation québécoise et
les communautés ayant le français en partage doivent donc approfondir et
renforcer le dialogue.
Merci de votre attention. Et je suis maintenant
prête à répondre à vos questions.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup, Mme la
ministre. Avant que vous puissiez
répondre aux questions, j'invite la porte-parole de l'opposition officielle à faire ses remarques préliminaires pour un maximum
de huit minutes. Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît.
Mme Kathleen
Weil
Mme Weil : Oui, alors, dans un premier temps, je voudrais
saluer la ministre et son équipe. On a eu l'occasion de... bien, j'ai eu l'occasion de participer dans les
crédits pour la Justice, ça a été une expérience vraiment enrichissante et intéressante, et je pense qu'on va mener
ces crédits avec ce même esprit. Mais juste vous dire à quel point les enjeux
sont passionnants quand on parle de
relations canadiennes et de la francophonie
canadienne, et j'ai senti, dans, comment dire, les informations qui ont été transmises par la ministre dans son
discours d'ouverture, qu'il y a beaucoup de matériel là à aller chercher pour
moi, personnellement, parce que je le trouve
extrêmement intéressant. Et de voir la continuité des actions du Québec en ces
matières et des relations... et des bonnes
relations avec les autres provinces. Évidemment, je salue aussi les députés des
partis d'opposition, les députés
ministériels et aussi vous, M. le Président. Alors, je vais garder mon temps
pour la période d'échange.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Maintenant, la
parole est au représentant du deuxième groupe d'opposition pour ses remarques
préliminaires. M. le député de Jean-Lesage.
M. Zanetti : Merci beaucoup, je
vais préserver mon temps pour les questions.
Discussion
générale
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Alors, je suis maintenant prêt à reconnaître
une première intervention de l'opposition officielle pour un premier bloc
d'échange. Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, pour 18 minutes.
Mme Weil : Oui, merci, M. le Président. Donc, la ministre
a évoqué les crédits, on va commencer peut-être avec ces
questions-là, juste pour pouvoir comprendre précisément,
donc, les éléments du programme 3. Donc, on voit qu'il y a une
baisse en 2019‑2020 par
rapport aux crédits alloués en 2018‑2019.
Donc, on trouve une baisse de 427 000 $ à l'élément deux, soit le Secrétariat du Québec aux relations canadiennes, et dans les crédits de
transfert, à la page 66, une baisse de près de 100 000 $ pour le soutien à la recherche. Donc, c'est tout simplement de revenir sur les explications que la ministre
a données d'entrée de jeu pour chacun d'entre eux et, c'est ça, peut-être
revenir sur l'explication de ces baisses.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la ministre.
Mme LeBel : Oui. Je peux peut-être... de faire les
remarques de façon très générale puis, après ça, pour plus de précisions, je
pourrai passer la parole au secrétaire, qui sera capable de vous donner des
précisions vraiment en détail quand on creuse dans les chiffres, vous comprendrez. Effectivement, il y a eu une baisse, le budget de dépenses a
toutefois, là... Je peux vous dire
qu'aucun programme du SQRC n'a été aboli, je pense que c'est important
de le mentionner. Le budget de dépenses a toutefois, effectivement, diminué de 6,6 % pour s'établir à 14 millions de dollars environ.
Là, j'ai arrondi, naturellement, vous le permettrez pour ces remarques plus
générales. La majorité de la dépense est due à une diminution d'environ 900 000 $,
mais qui est une baisse de crédits qui est attribuée au budget de fonctionnement
du cabinet de la ministre, qui correspond, je vous dirais, à plus de la
moitié de la baisse de 6 %. Je n'ai pas fait les chiffres, les corrélations,
mais la majorité des budgets,
des diminutions des crédits du SQRC sont dans mon cabinet, si
vous me permettez de le dire de cette façon-là.
Mme Weil : Oui, juste pour vous dire... Oui, ça, j'avais
bien compris, à cause des fonctions de notre ex-collègue Jean-Marc Fournier, qui avait plusieurs fonctions aussi,
mais c'était surtout l'item deux et trois.
Mme LeBel : Parfait. Les
mesures d'économie, naturellement, qui ont été appliquées à l'administration du
SQRC d'environ 400 000 $,
plus précisément, les budgets, là, se traduisent... comme s'il y a
une baisse... On est maintenant,
dans le budget d'administration du SQRC, on est à environ 13,7 millions
de dollars, il y a
13 000 $... j'ai de la
misère avec ça, c'est 13 000 $, hein, en rémunération?
307 000 $ en fonctionnement et 90 000 $ en transferts.
Si vous
permettez, Mme la députée, je vais laisser le secrétaire répondre quand on est
dans... de façon plus précise à quel endroit les crédits, à ce
moment-là, ont été diminués, le 400 000 $.
Le
Président (M. Bachand) :
Avant, M. le secrétaire, j'ai besoin d'un consentement. Est-ce qu'il y a
consentement?
Des voix : Consentement.
Le
Président (M. Bachand) :
Alors, M. le secrétaire, bienvenue. Veuillez vous présenter, s'il vous plaît,
et débuter. Merci.
• (10 h 20) •
M. Bernard (Jean-Stéphane) :
Oui. Bonjour. Jean-Stéphane Bernard, secrétaire général associé aux relations
canadiennes.
Donc, comme
la ministre le mentionnait, la baisse de l'administration, cette année, c'est à
peu près 40 %, 45 %, là, de
la baisse totale. En fait, il y a trois éléments : 13 000 $ en
rémunération, il y a eu des optimisations au niveau du personnel dans la dernière année, 308 000 $ en
fonctionnement, en fait, c'est essentiellement dû au fait qu'on a devancé,
cette année, une contribution qu'on
devait faire au Conseil de la fédération, puis finalement 90 000 $,
91 000 $, en fait, en transferts, mais c'étaient des crédits que nous avions obtenus qui n'avaient jamais
été utilisés. Donc, en fait, comme la ministre le mentionnait, aucun
partenaire n'a été affecté par les diminutions, en fait, qu'on a faites au
niveau du secrétariat.
Mme Weil : C'est plus
technique.
M. Bernard (Jean-Stéphane) :
Tout à fait.
Mme Weil : Donc, quand on regarde «recherche», ce n'est pas
parce qu'il y a moins d'argent en recherche, c'est vraiment technique
dans le temps ici. C'est comme ça que je résumerais ça.
M. Bernard (Jean-Stéphane) :
Oui, tout à fait, tout à fait.
Mme Weil : D'accord.
Mme LeBel : Par rapport aux
règles comptables, on pourrait dire.
Mme Weil : Très bien. Maintenant, on pourra en
parler mais peut-être que c'est l'occasion... par rapport à la vision,
puis on aura l'occasion de parler de la
vision en matière de francophonie, mais pour ce qui est du budget,
vous n'avez pas prévu ou demandé des
sommes additionnelles pour mettre en branle ce que vous voulez faire en matière
de francophonie ou relations
canadiennes. C'est sûr qu'on pourra y revenir plus tard parce qu'on va parler
de ça, qu'est-ce que vous voulez faire
en matière de vision. Je pense que j'ai entendu, dans les remarques
préliminaires, que vous souhaitez mettre à jour la vision que vous avez en la matière, donc... mais peut-être
juste une réponse courte, à ce stade-ci, par rapport à cette vision ou de nouveaux éléments de votre programme,
de votre vision où vous ne sentiez pas le besoin d'avoir plus de crédits ou
d'argent pour le faire.
Mme LeBel : Bien, pour répondre de façon très succincte et
précise : pas à ce stade-ci. Ce n'est pas parce qu'on ne le fera pas pour le prochain budget.
J'arrive, naturellement, je ne suis pas en train de dire que... bon, ça
fait six mois, mais on est en train
de regarder tant la politique en matière de relations canadiennes, surtout,
vous le savez, dans la foulée des derniers événements
avec l'Ontario, notre réflexion, je dois le dire, a été beaucoup plus avancée
et axée en matière de francophonie canadienne. Donc, il y a une réflexion qui
est en cours avec le SQRC, avec les partenaires en matière de francophonie canadienne pour voir s'il y aura une
révision de la politique tant en matière de relations qu'en matière de francophonie. Naturellement, en fonction de l'aboutissement de cette réflexion-là,
bien, si des crédits sont évalués nécessaires, bien, on fera la demande pour le prochain budget. Mais pour l'instant,
puis c'est important de le réitérer, aucun programme n'a été affecté, donc c'est «business as usual»,
on va continuer à être présent, être partenaire avec le reste du Canada en
matière de francophonie, on va continuer à
exercer notre mandat de la défense des compétences des droits du Québec, la
vigie sur les lois fédérales en matière
constitutionnelle, et les crédits sont suffisants pour ce faire à ce stade-ci,
pour être sûrs que la mission du SQRC n'est pas compromise en aucune
façon, ça, je peux vous l'assurer.
Mme Weil :
Oui, alors, Mme la ministre, j'aimerais m'attarder sur des dossiers plus précis
qui vous touchent, mais qui touchent
vos collègues aussi. Vous allez tout de suite reconnaître le sujet, celui des
compensations pour les agriculteurs, donc,
un dossier qui a fait couler beaucoup d'encre, hein, la gestion de l'offre, ces
dernières années dans le cadre de ces trois
négociations, le Partenariat transpacifique, l'accord économique commercial
avec l'Union européenne, l'accord de libre-échange
Canada—États-Unis—Mexique. Donc, juste pour parler un peu de ce
secteur de notre économie, le système d'agriculture qui permet une
exploitation d'un modèle basé beaucoup sur la ferme familiale. Donc, si on
regarde juste l'industrie laitière au
Québec, c'est 5 400 fermes laitières et 110 usines de
transformation laitière, ça représente plus de 82 000 emplois directs et indirects, et cette industrie est au
coeur de la vitalité de nos régions. Et on a senti, au cours des dernières années, un grand consensus québécois à
l'égard de ce secteur de nos producteurs laitiers et de vouloir les appuyer.
Donc, dans les trois
cas, les trois ententes, le gouvernement libéral s'est engagé à offrir des
compensations aux producteurs affectés, et
dans le récent budget fédéral, une somme de 2 015 000 000 $
a été annoncée en guise de compensation sur les deux premières ententes, donc le Partenariat transpacifique et
l'accord avec l'Union européenne. Cela s'ajoute à un 250 millions de dollars déjà annoncés pour un
programme d'investissement dans l'innovation. De plus, un 1,5 milliard a
été prévu pour protéger la valeur des
quotas. Mais on sent une frustration sur le terrain dans le sens de la lenteur
de transmettre les informations sur
le quand et le comment, un peu sur comment les sommes vont être distribuées,
selon quelles orientations, et
quand est-ce que ces producteurs verront ces compensations.
Alors,
je voulais juste savoir si votre secrétariat, vous-même... et vous pouvez
demander à vos fonctionnaires si vous
le souhaitez, mais je veux comprendre un peu l'implication que vous, le
secrétariat, vous avez, vous, Mme la ministre, au niveau de contacts avec le gouvernement fédéral pour en savoir plus.
Parce que ça passe par le gouvernement du Québec aussi de rassurer ces personnes, ces gens, hein, ça fait partie de nous
et de savoir les modalités de compensation, mais aussi la part qui reviendra aux producteurs du Québec
et, surtout, du moment où ces sommes seront versées, d'une part. Ça, c'est
une question que j'ai.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la ministre.
Mme LeBel :
Oui, bien, merci, M. le Président. Donc, d'ailleurs, je veux rassurer tous les
Québécois, surtout les agriculteurs qui sont particulièrement touchés
par cet accord-là, cette renégociation de l'accord. Donc, naturellement, l'objectif du gouvernement du Québec, à tous les
niveaux, est l'octroi, nécessairement, par le gouvernement fédéral de compensations pleines et entières pour l'ensemble
des producteurs et transformateurs agricoles qui ont été touchés par les
concessions qui ont été malheureusement
accordées dans les secteurs sous gestion de l'offre, en particulier dans les
récents accords du commerce international.
Naturellement,
comme vous le savez, Mme la députée, au niveau du SQRC, nous sommes en appui au
ministère de l'Agriculture, qui
négocie avec ses vis-à-vis fédéraux, particulièrement sur les impacts de cet
accord-là. Vous avez mentionné qu'effectivement le budget fédéral 2019 a
proposé déjà un soutien financier de l'ordre d'environ 4 milliards — 3,9 milliards, je pense — dont 2,4 milliards pour les producteurs
admissibles des produits laitiers, de la volaille et des oeufs.
Le
SQRC, lui, maintient ses pressions au niveau de l'exécutif fédéral, c'est notre
rôle. Je l'ai mentionné d'entrée de
jeu dans le discours d'ouverture, le SQRC est en soutien aux ministères
sectoriels dans ces domaines-là. On n'est pas le premier interlocuteur,
naturellement, on est là pour appuyer le ministère de l'Agriculture. Nous
maintenons nos pressions de façon
active. Il y a encore des discussions qui sont menées. On poursuit les
discussions puis on est bien confiants de pouvoir pousser un peu plus
loin ce qui a déjà été obtenu.
D'ailleurs,
je vous le mentionnerai qu'en matière du programme pour... je n'aurai pas le
bon nom, là, mais vous allez le
retrouver, le programme en matière de... pour la sécheresse, les impacts de la
sécheresse, on a réussi à obtenir des compensations
de l'ordre de 15 millions de dollars qui n'étaient pas prévues au
programme comme tel. Vous comprendrez qu'au
niveau... C'est calculé en fonction du nombre de retombées pluviales, là, dans
une année. Malheureusement, l'année 2018,
le nombre d'eau, si on le calcule sur la période de l'année, était suffisant,
mais tout ça est tombé à un moment trop
tard pour que les producteurs puissent en bénéficier, donc, à toutes fins
pratiques, pour les agriculteurs, il y avait une sécheresse. Et on a
réussi, donc, j'en suis très fiere, à obtenir, en collaboration avec le
ministère de l'Agriculture, des compensations supplémentaires de l'ordre de
15 millions.
Donc,
pour répondre à votre question de façon plus précise, on continue.
Effectivement, il y a quelques gains, il y a des avancées. Tout n'est
pas... Les discussions vont bon train, donc on continue les discussions, mais
c'est le ministère, naturellement, de l'Agriculture qui est porteur de ballon,
comme vous le savez très bien, dans ce dossier.
Mme Weil :
Mais est-ce que votre secrétariat est capable de dire si, bon, vous... le
gouvernement dans son entièreté est
capable de dire si la compensation est une juste compensation selon... et je
parle des deux ententes déjà signées. Est-ce que
vous êtes dans ce détail-là ou est-ce que c'est fait entre le gouvernement
fédéral et le secteur agricole? J'essaie de comprendre un peu jusqu'où le
gouvernement du Québec est engagé pour mener à bon port les résultats, si on
veut.
Mme LeBel :
Je vais passer la parole, avec la permission de tout le monde, s'il y a
consentement, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) :
Oui, bien sûr. M. le Secrétaire général associé.
M. Bernard
(Jean-Stéphane) :
Évidemment, c'est le fédéral qui mène les consultations avec les différents
partenaires concernés, mais le
ministère de l'Agriculture du Québec est un partenaire au premier plan, là,
dans les discussions à ce niveau-là. Donc,
le gouvernement est pleinement engagé puis c'est un sujet aussi qui a fait
l'objet de plusieurs discussions entre les ministres de l'Agriculture, au niveau, évidemment, sous-ministériel sur
une base constante puis le premier ministre Legault a eu plusieurs discussions avec le premier
ministre Trudeau sur cette question-là et Mme LeBel également, avec le
ministre LeBlanc.
Mme Weil :
Est-ce que vous avez, vous, globalement, le gouvernement, avez un objectif de
temps par rapport au moment où ces
versements viendront? Parce que, ça, on le voit beaucoup, même dans la revue
médiatique, une impatience à cet égard. Est-ce que le gouvernement du
Québec a un objectif de temps ou met une pression à cet égard?
• (10 h 30) •
Mme LeBel : Naturellement, on est
très, très, très conscients de l'impact que cet accord ou, en tout cas, les concessions qui ont été accordées ont sur les
agriculteurs et les producteurs, particulièrement, de lait et de volaille au Québec. On
y va bon train, là, ce dossier-là n'est pas sur la glace. Les discussions sont
actives, toutes les occasions sont saisies. Alors, je vous dirais, le
plus rapidement possible, naturellement. Le sentiment d'urgence, si vous me
permettez, est partagé.
Mme Weil : Très bien. Maintenant,
je vais en venir à l'accord de libre-échange... bon, c'est soit Canada—États-Unis—Mexique
soit États-Unis—Mexique—Canada,
dépendant de quel pays, mais, pour moi, c'est Canada—États-Unis—Mexique. Donc,
là aussi, c'était de voir si votre secrétariat fait les représentations auprès
du gouvernement fédéral concernant le montant, si vous êtes impliquée
aussi là-dedans, de ces compensations à venir et si vous disposez d'analyses sur ce qui constituerait une juste
compensation pour la brèche, si on veut, dans la gestion de l'offre causée par
l'accord de libre-échange. Encore une fois,
c'est de comprendre le gouvernement dans son entièreté, comment vous agissez
et comment vous portez la voix du Québec dans ces négociations.
Mme LeBel : C'est le
ministère...
Une voix : ...
Mme LeBel :
Effectivement. C'est le ministère des Relations internationales et le ministère
de l'Économie qui sont en avant-plan
sur ce dossier, je vous dirais, et ils disposent des données probantes que vous
mentionnez. Naturellement, encore une
fois, le ministère des Relations canadiennes est en support sur ce dossier-là.
On met la pression, le secrétaire général l'a mentionné. M. Legault a rencontré à deux reprises M. Trudeau.
À chaque fois, ce sujet-là est venu sur la table. J'ai rencontré, moi-même, le 30 janvier, Dominic LeBlanc, qui
est mon vis-à-vis en Relations canadiennes ou intergouvernementales, avant,
naturellement, son départ. Je prends
l'occasion pour le saluer puis lui souhaiter, là, de prendre soin de sa santé,
on a appris récemment qu'il avait des
difficultés de santé... qui est un homme très actif au sein du gouvernement
fédéral. Alors, j'ai eu l'occasion de le rencontrer le 30 janvier,
et ça a fait partie des discussions.
Mais, encore une fois, ce n'est pas parce que je
ne veux pas vous répondre, Mme la députée, mais le SQRC, effectivement, en support, met les pressions qu'il
a à mettre à tous les niveaux. Dans les nombreux dossiers, naturellement,
un peu comme le ministère de la Justice à un
autre niveau, le secrétariat québécois aux relations canadiennes sert de
support aux ministères sectoriels,
donc, en Santé, en Agriculture, en Immigration. Nous sommes rarement les
porteurs de ballon, donc, mais on est
là pour, justement, leur faire bénéficier de l'expertise secrétariat... des
stratégies de communication. Donc, on
est très actifs, mais c'est le ministère des Relations internationales et le
ministre de l'Économie qui sont à l'avant-plan sur ce dossier.
Mme Weil :
J'apprécie la réponse. Essentiellement, je trouvais important de vous en parler
parce que je sais que le... ce n'est pas le SAIC, le secrétariat
québécois, là, aux relations canadiennes...
Mme LeBel : ...c'est la même
chose.
Mme Weil :
...c'est difficile de s'habituer à ça. Je sais qu'ils sont à tous les niveaux,
sur tous les plans parce que j'ai eu
l'expérience aussi et parce que c'est un sujet tellement important pour le
Québec, qui a été délicat, hein, très, très, très délicat, on ne savait pas trop comment les choses iraient. Donc, je
voulais signaler aussi notre intérêt, notre préoccupation. On le partage avec vous, avec les producteurs, et
que le Québec soit très attentif. Le gouvernement du Québec... On l'entend
dans votre ton, dans vos paroles, je
comprends que vous êtes... je comprends que le rôle du secrétariat, c'est
toujours d'être en appui. Mais ce qui fait la force, je pense, de l'approche du
gouvernement du Québec, ça a toujours été notre force en matière de porter la voix du Québec... Je suis au
gouvernement depuis... bien, j'ai été au gouvernement quand même plusieurs
années et je vois que cette approche se
continue, évidemment, au fil des années pour porter la voix du Québec. Alors,
je remercie la
ministre pour ses réponses. Parce qu'il reste peu de temps, j'en finirais là
parce que le prochain bloc, ça va être un tout autre sujet. Merci.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup, Mme la députée. Je me tourne
maintenant vers les députés ministériels. M. le député de Chapleau, s'il vous
plaît.
M. Lévesque
(Chapleau) : Merci beaucoup, M. le Président. Donc, d'entrée de jeu,
j'aimerais en profiter pour saluer, là,
la ministre, également l'ensemble de l'équipe. Donc, bonjour également à
l'ensemble des collègues ici, là, autant de l'opposition officielle que
des autres oppositions, également de la banquette gouvernementale.
J'aimerais
entretenir, M. le Président, la ministre sur quelques enjeux, notamment des
enjeux constitutionnels et des enjeux
institutionnels. Donc, si vous me le permettez, là, j'aimerais procéder avec,
dans le fond, ma question. Donc, les échecs
des accords du lac Meech et de Charlottetown illustrent à quel point il est
devenu pratiquement impossible de procéder à quelque modification constitutionnelle que ce soit. Toutefois, la
modification bilatérale de l'article 93 de la Loi constitutionnelle de 1867 permettant la mise en
place de commissions scolaires linguistiques en 1997 représente le dernier
aménagement mutuellement agréé entre Ottawa
et Québec et illustre la possibilité pour les deux gouvernements de s'entendre
sur des enjeux de nature constitutionnelle.
À titre
d'exemple, prenons le processus de nomination des sénateurs. En décembre 2015,
le gouvernement fédéral a fait
connaître le nouveau processus consultatif qu'il entendait mettre sur pied pour
procéder aux futures nominations au Sénat
fédéral. Une phase transitoire a d'abord été mise en place afin de procéder à
la nomination de sept sénateurs, soit trois de l'Ontario, deux du Québec
et deux du Manitoba. La phase permanente a été lancée le 8 juillet 2016.
Le Comité consultatif indépendant sur les
nominations au Sénat, mis sur pied pendant la phase transitoire, a alors été
reconduit dans ses fonctions de façon permanente. Ce comité est formé de cinq
membres, dont trois permanents et deux ad hoc, ces derniers étant choisis
dans la province où un siège devient vacant. Le Comité consultatif doit
identifier des candidats potentiels puis
fournir au premier ministre du Canada une liste non contraignante de cinq noms
à considérer pour chaque siège à combler. Le Comité consultatif reçoit
également les candidatures provenant d'un processus en ligne, qui est
ouvert à tous.
Jusque-là, il
n'y a pas de problème. Le gouvernement libéral fédéral a décidé, conformément à
sa promesse électorale, de procéder à des changements dans la manière de
choisir les sénateurs, mais il l'a fait de façon unilatérale, sans aucune consultation sur le plan intergouvernemental, en
dépit, bien entendu, du souhait des provinces d'être consultées à ce sujet,
particulièrement le Québec. Et, depuis le printemps 2016, le premier
ministre Trudeau a quand même recommandé la nomination
de 40 personnes au gouverneur général dans le cadre du nouveau processus
de nomination, tout cela en dépit de l'avis de la Cour suprême, on se
souviendra, du Canada dans le renvoi relatif à la réforme du Sénat qui a
clarifié le rôle des provinces dans
une réforme du Sénat, où un rôle majeur qui devait être joué par les provinces,
selon la cour, dans cet arrêt.
Pour le
Québec, le processus consultatif soulève, dans le fond, l'enjeu d'une
participation plus significative de sa part
dans le choix des futurs sénateurs québécois, compte tenu notamment du rôle
imparti au Sénat dans la représentation des intérêts des provinces. Des
discussions ont eu lieu entre le précédent gouvernement du Québec et le
gouvernement fédéral. Il a fait connaître
les attentes du Québec à l'égard de la phase permanente du nouveau processus,
notamment en soumettant une
proposition visant à rendre paritaire le Comité consultatif, donc trois
personnes désignées par Québec et trois
personnes qui seraient désignées par Ottawa, dont une ces dernières assurerait
la présidence, à convenir d'une prise de décision unanime au sein du
comité consultatif et à prévoir que le premier ministre du Québec soit consulté
quant aux candidats recommandés par le
Comité consultatif. Mais toute cette démarche est restée lettre morte, le
gouvernement du Canada faisant à sa
tête, soulignant que le processus de la phase transitoire serait conservé,
étant donné qu'il était, selon lui, bien équilibré, respectait le
caractère fédéral des nominations et permettait d'assurer une représentation
provinciale.
Donc, M. le
Président, ma question pour la ministre, donc : Est-ce qu'elle croit
qu'une entente avec Ottawa au sujet du processus de nomination des
sénateurs serait possible à l'avenir?
Le Président (M.
Bachand) : Mme la ministre, s'il vous plaît.
• (10 h 40) •
Mme LeBel :
Alors, merci, merci, M. le Président. Effectivement, c'est un sujet qu'il est
important de mettre de l'avant, et je
vous remercie pour la question, c'est important. Le processus consultatif
soulève, naturellement, pour le Québec l'enjeu d'une participation qui
est beaucoup plus significative, hein? Je le répète, le Sénat est un rouage
extrêmement important du système fédéral canadien. Bien qu'il ait comme rôle
principal de représenter les intérêts des régions au sein du Parlement du Canada, la Constitution ne prévoit aucun rôle pour
les provinces au chapitre des nominations sénatoriales. Je rappelle que le Québec a toujours dénoncé cette
problématique, et on continue de le faire, je veux rassurer tout le monde.
Il y a quand même 24 des 105 sénateurs
qui doivent provenir du Québec, et c'est une aberration, de notre point de vue,
qu'on ne puisse pas participer au mécanisme de nomination.
Donc, depuis
que je suis entrée en poste comme ministre responsable des Relations
canadiennes, j'ai eu l'occasion de faire connaître au nouveau
gouvernement la position... notre position, pardon, à la ministre fédérale des
Institutions démocratiques, qui avait
d'ailleurs écrit au premier ministre du Québec en novembre dernier. Dans ma réponse que je lui ai adressée le 11 décembre dernier — la lettre se retrouve, d'ailleurs, pour,
fins de consultation, au cahier des crédits, si vous voulez la voir, c'est une lettre du 11 décembre dernier — je rappelle l'essentiel de la position
québécoise à l'effet que «la position
du Québec à l'égard du Sénat est fondée sur le fait que cette institution
appartient à l'ensemble des partenaires fédératifs. La Cour suprême du Canada a d'ailleurs rappelé en 2014 que
le Sénat est une institution qui fait partie intégrante du système
fédéral et qui met en cause les intérêts des provinces tels que représentés par
leurs gouvernements.» Là, je m'adresse autant aux citoyens du Québec qu'au gouvernement fédéral dans
mes propos. «Le processus
de sélection que le gouvernement fédéral a instauré en 2015 n'assure pas, de notre point de vue, un rôle suffisamment important aux États membres, qui devraient pouvoir intervenir de façon plus significative
dans la formation de cette institution commune, en principe appelée à représenter
leurs intérêts au sein du pouvoir législatif fédéral. Nous ne sommes pas, d'ailleurs,
la seule province à revendiquer cette chose.
En conséquence, le gouvernement du Québec ne fera pas de recommandation pour les deux postes sur le Comité consultatif, mais
nous acceptons volontiers son invitation à collaborer pour rendre le Sénat
plus représentatif des intérêts régionaux afin que la population ait confiance
dans nos institutions communes.»
En
résumé, la position du Québec, jusqu'à présent, a été de refuser de soumettre
des noms tant que le processus de collaboration pour le Québec n'aura pas été formalisé. Nous avons exprimé le
souhait d'entamer des discussions avec le gouvernement fédéral pour trouver un arrangement intergouvernemental mutuellement satisfaisant quant à la participation du gouvernement du Québec dans le processus de sélection de nos 24 sénateurs, ceux qui
doivent provenir du Québec. M. Trudeau,
en 2014, dans la foulée de la décision de la Cour suprême, avait démontré
une ouverture quant au processus
de nomination des juges de la Cour suprême.
Alors,
mon message éditorial, c'est : J'espère que cette ouverture va se
prolonger dans celle de la nomination des sénateurs pour nos 24 représentants
et je dois vous dire qu'à ce stade-ci c'est une fin de non-recevoir du gouvernement
fédéral. Je pense qu'en toute transparence je dois le dire. On continue nos
pressions et on continue de faire valoir notre position, qui est extrêmement
ferme et précise en cette matière. Merci.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député de Chapleau,
s'il vous plaît.
M. Lévesque
(Chapleau) : Merci beaucoup, M. le Président. Donc, je remercie la ministre
pour sa réponse.
Peut-être
une question en lien avec certains enjeux institutionnels.
Depuis près d'un demi-siècle, de la conférence de Victoria en 1971, en passant par les négociations
constitutionnelles menant au rapatriement de la Constitution en 1982, aux péripéties de l'accord du lac Meech et de
l'accord de Charlottetown, le Québec a vainement tenté de faire reconnaître son caractère distinct dans les textes
constitutionnels canadiens. À défaut d'une telle reconnaissance, cela n'a
pas empêché le gouvernement du Québec, au cours de son histoire, de conclure des
ententes de nature asymétrique. On pense ici à la création du régime public de rentes québécois
en 1964, la mise sur pied de la Société générale de financement et de la Caisse de
dépôt en 1965, aux accords Lang-Cloutier en 1971, Andras-Bienvenue en 1975,
Cullen-Couture en 1979 puis McDougall-Tremblay
en 1991, notamment en matière d'immigration. Toutes ces ententes asymétriques
ont témoigné de la capacité du Canada
à s'entendre avec le Québec pour modifier les pratiques de gouvernance du
fédéralisme canadien lorsque l'identité et les compétences québécoises
sont en jeu.
Toutefois,
à l'exception de l'entente sur la main-d'oeuvre de 1999, il semble de plus en
plus difficile au gouvernement fédéral
de manifester de la flexibilité et de l'ouverture requise pour conclure de
nouvelles ententes asymétriques avec le Québec, comme si le prix politique à payer dans le reste du pays pour
consentir aux demandes du Québec devenait de plus en plus élevé. Nous en avons un nouvel exemple
avec la Stratégie nationale sur le logement prévue dans le premier budget
Morneau. Alors que celle-ci devait être élaborée en consultation et en
partenariat avec les provinces et les territoires, elle a été annoncée unilatéralement par le gouvernement
fédéral en novembre 2017 sans avoir convenu au préalable de son contenu
avec les provinces et avec les territoires, et ce, malgré qu'Ottawa exige de
ces derniers une contrepartie financière. Le gouvernement
fédéral cherche à assumer un rôle central dans la planification des politiques,
des programmes et des interventions
en matière de logement. La stratégie fédérale sur le logement présente les
provinces et les territoires comme les
partenaires principaux du gouvernement fédéral dans la mise en oeuvre de cette
stratégie, laissant ce dernier intervenir directement auprès des municipalités, des coopératives d'habitation, des
organismes sans but lucratif et du secteur privé. Les dissidences exprimées par
le Québec depuis le début des discussions relatives à l'élaboration d'une stratégie
fédérale sur le logement découlent de
sa volonté de préserver l'intégralité de sa compétence en matière d'habitation
et d'éviter de reconnaître des responsabilités au gouvernement fédéral
allant au-delà de celles de simples partenaires financiers.
Nous
voici devant une situation évidente qui pourrait servir d'exemple à la formule
d'un fédéralisme asymétrique qui permet l'atteinte d'objectifs communs
sans faire du mur-à-mur et de respecter les priorités et les façons de faire du
Québec de même que ses compétences reconnues
par la Constitution. Il ne s'agit pas d'un accord de façade qui donnerait
au Québec un avantage indu où il se
distinguerait aux dépens des autres provinces, mais plutôt d'une manière de
faciliter l'adhésion du Québec à un projet commun et de respecter son
champ de compétence, mais non, Ottawa a choisi de privilégier la voie du
fédéralisme dominateur et centralisateur.
Donc,
ma question pour Mme la ministre, M. le Président : Est-ce qu'elle croit
toujours possible une entente sur le logement, avec le gouvernement fédéral, de
nature asymétrique? Et, peut-être plus largement, peut-on penser qu'il est
possible de promouvoir et de défendre les intérêts du Québec dans le cadre d'un
fédéralisme asymétrique?
Le
Président (M. Bachand) : Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme LeBel :
Oui, alors, merci pour la question. Effectivement, en matière de défense des
compétences, le Québec a toujours eu
une attitude extrêmement féroce, et c'est important de le comprendre. Des fois,
c'est difficile pour le citoyen de
comprendre sur le terrain pourquoi on s'attarde tant que ça à défendre nos
compétences, pourquoi on ne fait pas juste accepter l'argent des
transferts fédéraux sans autre condition. Parce que, quand on parle de
compétences, c'est comme céder du terrain,
hein, et, si on cède un pouce, c'est difficile d'y revenir. Et c'est très
important pour l'autonomie du Québec, surtout pour un Québec qui se veut
nationaliste, de garder ses compétences extrêmement jalousement et férocement.
Une des clés pour dénouer cette
impasse entre la sauvegarde de nos compétences et d'accepter... justement, dans
des cas où on pense, en matière de
logement — on parle
de la Stratégie nationale du logement — dans des cas où ça pourrait être bénéfique pour nos citoyens québécois, ce
sont justement ce qu'on appelle les ententes asymétriques, c'est-à-dire ce sont des ententes qui font en sorte de réaffirmer la
compétence du Québec et de poser certaines conditions aux transferts. Parce que
l'objectif, naturellement, du gouvernement du Québec, bien que la défense des
compétences soit importante, c'est également que nos citoyens bénéficient de ces transferts, entre autres en matière
d'habitation. Alors, la réponse est oui, nous sommes très confiants qu'on pourra arriver avec des ententes. Ça s'est
fait dans le passé. C'est une des façons pour le Québec de, justement, ne pas
céder en matière de ses compétences et de s'assurer que les retombées sont là
pour les citoyens du Québec, les
argents fédéraux, qui leur appartiennent également, parce qu'on fait partie de
cette fédération-là, leur soient attribués.
Donc,
il existe d'ailleurs un projet d'entente qui a été proposé en matière de
logement, pour être plus précis, au gouvernement fédéral par ma collègue
des Affaires municipales et de l'Habitation, Mme Laforest. Et toute
reprise des discussions doit se faire sur la base de ce projet d'entente
asymétrique, nous avons été très clairs. Le ministre Duclos, d'ailleurs, a déjà fait partie d'une de ces
ententes asymétriques par le passé en matière de services de garde, je pense,
et c'est le modèle que l'on privilégie dans ce domaine-là.
Pourquoi
on insiste? Je viens de le mentionner, simplement parce que le logement est une
matière qui relève de la compétence
du Québec. Le Québec se considère comme étant le mieux placé, le plus près de
ses citoyens pour savoir où est-ce
que l'argent est nécessaire en matière de logement, que ce soit en matière de
logements sociaux. Cette matière peut aussi,
d'ailleurs, se rattacher à la compétence provinciale sous les Affaires
municipales. Donc, il y a plusieurs arguments pour dire que c'est notre compétence. Je pense que je n'ai pas ici
intérêt, pour les gens qui nous écoutent, à entrer dans les domaines techniques. Mais je pense que c'est
important d'expliquer pourquoi... ce qui a l'air un peu ésotérique, puis
pourquoi on défend les compétences du
Québec, puis pourquoi on ne fait pas juste prendre l'argent alors qu'il y des
argents qui est disponible et que le fédéral, d'ailleurs, se fait un
malin plaisir de crier sur toutes les tribunes que l'argent est disponible et remet le singe sur l'épaule du Québec alors que
ce qu'il ne sait pas, c'est à quel prix, cet argent-là, puis ça nous coûte
cher pour le futur. Et, si on veut vraiment
continuer à défendre l'autonomie du Québec, le nationalisme du Québec, et que
les Québécois, aujourd'hui, l'ont signalé de
façon très claire, ne sont pas prêts à aller dans le mouvement de la
séparation, je pense que la défense
de nos compétences est un enjeu extrêmement important et qui a effets beaucoup
plus pratiques qu'on peut le concevoir.
Donc,
la réponse à votre question est oui, on travaille fort. Naturellement, je l'ai
mentionné tantôt à une question précédente,
c'est le ministre des Affaires municipales et de l'Habitation qui est porteur
de ce dossier. Plusieurs discussions, lettres, rencontres... j'ai
d'ailleurs, moi, dans ma rencontre du 30 janvier dernier avec le ministre
LeBlanc, fait part de cet enjeu-là. Il y a
de l'ouverture de la part du ministre Duclos, je dois le mentionner, hein, il
faut rendre à César ce qui appartient à César. M. Duclos a
d'ailleurs signé déjà des ententes asymétriques. Présentement, la nature de
l'asymétrie demeure à discuter, mais ma
collègue est très ferme dans ce dossier, son cabinet est très actif, on est
très actifs également auprès du Conseil exécutif. Donc, sur toutes les
tribunes où le SQRC et moi-même pouvons nous prononcer avec notre vis-à-vis, on
le fait.
Donc,
je pense que c'était bien de pouvoir préciser aux gens qui nous écoutent que la
défense des compétences, ce n'est pas juste l'affaire des
constitutionnalistes et ce n'est pas juste un sujet purement intellectuel. Ça a
des impacts extrêmement pratiques et non pas
juste théoriques pour les Québécois. Et je veux juste rappeler aux Québécois,
qui sont très jaloux, très fiers, très gardiens de leur identité, de
leur autonomie, de leur territoire, bien, quand on cède un pouce, après ça c'est dur de le récupérer. Alors, c'est
pour ça qu'on est si féroces et si jalousement gardiens de nos compétences.
Le Président (M. Bachand) : Merci beaucoup. Je cède la parole, maintenant, au
représentant du deuxième groupe d'opposition, M. le député de
Jean-Lesage, pour une période de 19 min 35 s. M. le député, s'il
vous plaît.
• (10 h 50) •
M. Zanetti :
Oui, je vous remercie. Alors, tout d'abord, c'est un grand plaisir de pouvoir
être ici à vos côtés et vous poser les questions sur le sujet des
relations canadiennes.
La
première qui me vient est un peu d'actualité, je dirais, elle concerne Carles
Puigdemont. Carles Puigdemont est un
ancien président de la Catalogne, c'est un démocrate pacifique, et le Canada
vient de lui refuser l'accès au Québec — au
Canada tout entier, mais il vient de refuser qu'il vienne au Québec.
C'est un enjeu de relations internationales, mais c'est un enjeu de relations canadiennes aussi, alors
j'aimerais savoir si la ministre est d'accord avec cette décision du gouvernement canadien.
Le Président
(M. Bachand) : Mme la ministre, s'il vous
plaît.
Mme LeBel : Vous comprendrez qu'en matière de relations
internationales ou en matière de relations canadiennes, il serait fort inapproprié pour moi de me
prononcer sur un accord ou un désaccord sur cet enjeu. Vous l'avez bien
mentionné, c'est une affaire de
relations internationales. J'ai appris, exactement comme vous, par les
journaux ce qui s'est passé, je pense
que c'est hier ou avant-hier, là, pour ne pas y mettre une date plus précise.
Je suis confiante... Je n'en ai pas parlé avec ma collègue, je vais vous dire, Mme Girault, pour voir
quelle était la position du ministère des
Relations internationales. Vous me permettrez, par contre, d'avancer avec
prudence de façon publique sur cet enjeu. L'Assemblée nationale s'est déjà prononcée sur ce qui se passait en
Espagne, sur un certain sujet.
Pour
ce qui est de la décision du Canada dans l'affaire de M. Puidgemont de façon
particulière, c'est devant la Cour fédérale. Je pense que je vais m'en
limiter à ça, si vous le permettez.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député.
M. Zanetti : Oui, alors je comprends votre réserve, je vais
donc amener ma question à un niveau de généralité plus grand.
Trouvez-vous que Carles Puidgemont est un homme dangereux?
Mme LeBel : Je ne le connais
pas personnellement, je ne me prononcerai pas.
M. Zanetti : Est-ce que vous trouvez qu'il est avantageux de
laisser le Canada décider des personnalités politiques
internationales démocrates et pacifiques que nous avons le droit d'inviter?
Mme LeBel : De façon très générale, je pense que le Canada
doit avoir des règles concernant les gens qui franchissent ses frontières, de façon très générale. Maintenant,
votre question s'adresse à du cas par cas que je ne peux pas
commenter et que je ne commenterai
pas. Mais, de façon générale, oui, il est judicieux que le Canada
régisse l'entrée sur son territoire.
M. Zanetti : Bien, je vous pose la question
parce que c'est un sujet qui m'apparaît très préoccupant, et je pense que
c'est un sujet qui devrait préoccuper énormément
le gouvernement du Québec lorsqu'un cas particulier, certes, comme ça
arrive, mais qui, somme toute, est un cas
international et qui concerne l'attachement que nous avons, tous les peuples du
monde et tous les États du monde, à l'enjeu
de la démocratie, à la liberté d'expression. Et j'attire votre
attention là-dessus parce que c'est
très préoccupant, et moi, j'espère voir le gouvernement du Québec prendre
position sur cet enjeu-là et refuser ce
qui est vraiment une erreur et une injure de la part du gouvernement du Canada envers toutes les personnes sur la terre,
je dirais, qui sont attachées à la démocratie.
Je voudrais maintenant
vous poser d'autres questions. On a déjà abordé le sujet, là, des pouvoirs, et je trouvais
ça très intéressant, la question de mon collègue, la question des
pouvoirs que le Québec a à l'intérieur du Canada et des possibilités qu'offre le
fédéralisme canadien, si asymétrique soit-il. Dans la plateforme électorale, justement,
à la Coalition avenir Québec, on disait, là... vous disiez que vous vouliez davantage
d'autonomie pour le Québec à
l'intérieur du Canada, et l'objectif,
là, d'une reconnaissance constitutionnelle pleine et entière en tant que
nation. Alors, ma question est assez simple, ce serait : Quelles seraient, mettons, les trois demandes
constitutionnelles prioritaires que vous allez faire au gouvernement
canadien?
Le Président (M.
Bachand) : Mme la ministre.
Mme LeBel : Oui. Le premier
ministre l'a dit, hein, c'est d'avoir
de l'autonomie, une plus grande autonomie en matière
d'immigration. C'est un des sujets qui est, je ne vous le cacherai pas,
prioritaire. Encore une fois, le ministre de l'Immigration est à avoir des discussions extrêmement poussées et
quotidiennes... je ne dirais pas quotidiennes, parce que ça veut dire au jour
le jour, mais très présentes, concernant, naturellement, les transferts, les
compensations pour l'accueil des
immigrants sur le chemin Roxham et les seuils en immigration. Je ne suis pas au
fait des détails parce que c'est le dossier de mon collègue en
Immigration, mais il a des discussions en matière d'immigration.
De façon plus
présente, compte tenu du départ imminent du juge Gascon, j'en suis à discuter,
à tout le moins, d'une entente qui
pourrait nous permettre de pallier à cette nomination-là, et c'est-à-dire
d'avoir un rôle beaucoup plus actif du Québec
dans la nomination du remplaçant du juge Gascon à la Cour suprême.
Naturellement, les discussions à plus long terme sur un rôle permanent et non pas temporaire ou provisoire pour une
nomination particulière, mais un rôle permanent du Québec pour participer à la nomination des trois
juges du Québec qui font partie du panel de la Cour suprême, va demeurer
dans nos priorités.
Il y a, en matière de...
Une voix : ...
Mme LeBel : Pardon? Oui,
d'infrastructures, oui, excuse-moi, en matière d'infrastructures également, où
mes collègues en charge de ces dossiers-là
ont également des discussions très actives. Mais, de façon très immédiate, en
matière d'immigration, je pense que
c'est le sujet qui est d'actualité, si vous me permettez, dans les discussions
fédérales-provinciales présentement. Il y en a d'autres, là, mais vous
m'avez demandé quels sont les principaux, naturellement.
M.
Zanetti : Alors, en matière d'infrastructures, donc, ce serait de
dire... de demander à Ottawa, au fond, de rapatrier, là, de l'argent au
Québec et puis de dire : On va utiliser notre argent comme on le souhaite
nous-mêmes?
Mme LeBel :
Bien, vous l'avez bien résumé, effectivement. Naturellement, c'est d'avoir
l'argent qui nous est dû, mais de ne
pas avoir... d'avoir les conditions fédérales qui y sont attachées en matière
d'endroits où on doit dépenser. On pense que, naturellement, sur les
territoires québécois, comme en d'autres matières de nos compétences, on est
les mieux équipés, hein, pour savoir où sont... ces investissements-là doivent
être, et, dans les derniers transferts du budget, malheureusement, ils semblaient être ciblés vers des actions
particulières, et c'est là où le bât blesse. Et je le répète, je l'ai
dit tantôt, ce n'est pas par caprice, hein, qu'on fait valoir nos compétences
ou on fait valoir nos objections. Les gens, naturellement,
disent : Bien, pourquoi vous ne prenez pas l'argent, tout simplement, puis
ce n'est pas grave? Bien, c'est parce que ce n'est pas ça qui est
l'objectif.
Si je vous dis,
moi, comment gérer votre budget familial puis que je vous dis : Bien, je
vais vous donner de l'argent, mais
vous devez le mettre dans la peinture sur les murs, puis vous me dites :
Bien, moi, ce n'est pas là que j'en ai besoin, bien, je pense que vous êtes la meilleure personne pour gérer votre
budget familial. Donc, c'est un peu ça qui est la notion de base. Naturellement,
je ne veux pas simplifier à outrance, mais c'est ça qui est le principe général
derrière la défense de nos compétences, puis je pense que vous le
comprenez autant que moi, là.
M. Zanetti :
Je comprends très bien et je trouve votre analogie sur le budget personnel et
le budget d'un peuple très cohérente.
D'ailleurs, je pense qu'on devrait toujours aller jusqu'au bout, en cette
matière-là, et dire : Bien, faisons l'indépendance du Québec parce que c'est la seule façon de faire
en sorte qu'Ottawa cesse de décider où on va mettre notre argent et ça aurait fait en sorte qu'en ce moment on ne serait
pas en train de se demander à Québec comment on va financer notre projet
de tramway. Parce que, bon, on fait des
concessions comme ça sur notre liberté, on fait des concessions, dans le
Canada, tout le temps sur notre
liberté de dépenser notre argent, l'argent des Québécoises et Québécois, dans
le sens de nos intérêts, bon, on se
demande si ça a vraiment un avantage. Je pense que je ne partirai pas dans
cette voie-là maintenant parce que j'ai beaucoup de questions à vous
poser.
La question, là, du rapport d'impôt unique, ça a
été soulevé à plusieurs reprises. La CAQ est en faveur de ça. Est-ce que vous allez faire en sorte qu'on ait,
d'ici 2022, un rapport d'impôt unique, évidemment géré par le gouvernement
du Québec, ce qui nous donnerait un rapport
de force véritable, après ça, pour décider où va notre argent parce que ce
serait nous qui le percevrait?
Mme LeBel :
Bien, le truc est dans ce que vous venez de dire, hein? Le hic, c'est dans...
parce que, naturellement, toutes les
autres provinces dans la fédération canadienne ont présentement un rapport
d'impôt unique. Le problème, c'est qu'il est géré par le fédéral.
Naturellement,
notre objectif, c'est un rapport d'impôt unique, mais géré par le provincial,
vous l'avez bien dit. Oui, on
continue à pousser. Maintenant, quel est l'objectif? Bien, le plus rapidement
possible, naturellement, hein? Et, si vous me dites : Est-ce que
c'est l'idéal, 2022?, bien, moi, l'idéal, c'est 2020, mais on travaille dans le
sens de l'avoir le plus rapidement possible.
Je vais vous dire qu'il y a, encore une fois, une très grande résistance au
niveau fédéral à nous laisser aller
ses pouvoirs, alors que le Québec exerce déjà les pouvoirs en matière de
collecte de la taxe fédérale. Donc, je pense qu'on a déjà une expertise
en la matière.
Donc, on a
placé le principe d'autonomie, naturellement, au coeur de notre projet
politique. Ça en fait partie, le premier
ministre l'a réitéré dans sa rencontre avec M. Trudeau, l'a réitéré en
conférence de presse au sortir. On est dans la foulée d'une élection fédérale. Je pense que c'est un bon moment pour
faire part de nos positions et les faire entendre à ceux qui se présentent maintenant. Et c'est
important pour le Québec, effectivement, de gérer son propre rapport d'impôt
sans compter sur les retombées pratiques et économiques des citoyens.
On est en
plein dans la période d'impôt, présentement. On doit, quand on a des
difficultés, s'adresser à deux agences. Quand on perd nos mots de passe, vous le savez, c'est infernal, il faut
aller avec l'Agence du revenu du Québec et l'Agence du revenu du Canada pour avoir accès à nos
renseignements. Donc, je pense que, du point de vue pratique, c'est aussi un
objectif qui est tout à fait en ligne avec la volonté des Québécois.
• (11 heures) •
M. Zanetti :
Je vous remercie. Je vous trouve excellente pour démontrer la nécessité et
l'urgence de l'indépendance du Québec sur les arguments de fond.
Mme LeBel : Oui, ce n'est pas
la volonté des Québécois à ce stade-ci, alors on va travailler avec les moyens
qu'ils veulent qu'on travaille.
M. Zanetti : J'ai une question par
rapport à ça. Le rapport de force que
vous avez, là, pour aller obtenir le rapport d'impôt unique, c'est quoi
si on reste dans le Canada?
Mme LeBel : Bien, notre rapport de force, c'est de continuer
les pressions. Qu'on en parle aujourd'hui, hein, ça fait partie d'un rapport de force. Puis ce que je trouve
important, c'est de parler d'une seule voix, tant au niveau gouvernemental, on l'a dit, qu'au
niveau de l'Assemblée nationale. Et, dans ce genre de situation là, il faut
faire front commun, tous les Québécois,
peu importe l'allégeance politique qu'on pourrait
avoir. Je pense que les Québécois ont été clairs,
et, quand je vous dis ça, ce n'est pas pour rabaisser votre projet politique,
c'est simplement pour vous dire : On est dans un mandat où les Québécois
nous ont demandé de travailler à
l'intérieur du Canada
et de faire valoir notre autonomie, et c'est toujours apprécié quand on
est capables de le faire de concert. Et le rapport de force, c'est de le faire
comme on l'a fait, de faire des motions à l'Assemblée nationale, de faire valoir, surtout en temps d'élections
fédérales, haut et fort notre
volonté, et de dire que c'est la volonté des Québécois, et de la porter,
cette voix, d'une même voix au fédéral. Ça fait partie beaucoup de notre
rapport de force quand on parle de négociation.
M. Zanetti : Et là je vais vous donner une occasion de
cultiver votre rapport de force. Après combien de fois où ils vont auront dit non vous allez dire : C'en
est trop, on fait l'indépendance? Là, si vous dites : Un nombre infini de
fois, vous perdez tout rapport de
force, et, si vous donnez un nombre défini de fois, là vous gagnez un rapport
de force extraordinaire, ça fait plaisir.
Mme LeBel : Bien, je n'irai pas
là parce que ce n'est pas la volonté des Québécois, puis elle a été clairement
exprimée. Alors, je vais refaire, et redire, et refaire autant de fois que nécessaire
dans le mandat qui m'a été donné.
M. Zanetti : Je conclus donc un
nombre infini de fois ou indéfini.
Mme LeBel :
Non divulgué?
M. Zanetti : Non divulgué.
C'est le fun, l'étude des crédits.
Des voix : Ha, ha, ha!
Mme LeBel : Bien, on est contents que vous vous joigniez à
nous. Vous allez voir comment on s'amuse, c'est vrai.
M. Zanetti : Bien oui, certain. Sur la question
d'Énergie Est, votre gouvernement a été très clair, Énergie Est, là, si ça devait être reproposé au Québec, ça ne passera
pas, il n'y a pas d'acceptabilité
sociale, et là-dessus je ne peux que m'en réjouir.
Maintenant, vous savez comme moi qu'à
l'intérieur de ce système canadien, que vous trouvez si confortable, manifestement, le transport interprovincial
d'hydrocarbures relève d'une juridiction canadienne, du gouvernement canadien,
et ultimement c'est lui qui a le pouvoir,
selon leurs lois, là, pas la légitimité, et je ne la reconnais d'aucune façon,
mais c'est eux qui peuvent dire si,
oui ou non, ça passe. Dans le cas où, d'ici 2022, on nous repropose, sous une
nouvelle formule ou une formule
similaire, avec le même nom, avec un autre nom, un projet de type Énergie Est
et que le gouvernement canadien l'impose, qu'est-ce que vous allez faire
concrètement pour ne pas que ça passe?
Mme LeBel :
Bien, vous l'avez mentionné, hein, la clé, c'est l'acceptabilité sociale. Outre
les difficultés que pose la
circulation du pétrole sur notre territoire, le tracé était l'enjeu, je pense,
qui était problématique dans le projet d'Énergie Est. Donc, je pense qu'on va continuer à agir comme on
l'a fait. Si le projet d'Énergie Est n'est pas passé, c'est parce qu'on a fait
nos devoirs correctement. Et je pense que le
gouvernement fédéral doit comprendre que, s'il veut passer de cette façon sur
notre territoire, bien, il faut qu'il, en
bon français, deale avec nous. Et, pour nous, pour le gouvernement Legault, la
clé est l'acceptabilité sociale.
M.
Zanetti : Alors, vous seriez donc... votre gouvernement serait ouvert
à un Énergie Est qui modifierait légèrement son tracé, si je comprends
bien?
Mme LeBel :
Je ne veux pas donner d'accord à des hypothèses. Dans le projet actuel, il n'y
a pas d'acceptabilité sociale. Naturellement, une grosse partie, pas
uniquement, mais une grosse partie des oppositions était le tracé. Quel serait le niveau d'acceptabilité sociale si un
autre tracé était proposé? Bien, on fera les consultations nécessaires. Parce
que la clé, je vous le dis, la clé est vraiment ça, c'est l'intégrité du
territoire, c'est de nos compétences, et on va continuer à maintenir cette
intégrité.
M. Zanetti :
Et, s'ils proposent un projet, il n'y a pas d'acceptabilité sociale, vous
essayez de dealer, vous obtenez une minime
modification du trajet, peut-être, peut-être pas, mais il n'y a pas plus
d'acceptabilité sociale, et là, à un moment donné, ils arrivent, puis ils commencent, là, à le construire et
arrivent avec les pépines, le matériel lourd, les tuyaux, puis là ils commencent ce jour-là ou les jours avant,
vous faites quoi pour ne pas que ça passe? Est-ce que vous dites : Bien,
ils ont la légitimité de le décider puis ils le décident ou est-ce que
vous avez un rapport de force pour empêcher ça?
Mme LeBel :
Moi, je n'aime pas... je suis une personne extrêmement pragmatique puis je
pense qu'au jeu des «si» puis des hypothèses
on pourrait passer les quatre heures de la période de crédits là-dessus,
et je n'ai pas l'intention de le faire.
Donc, on verra en temps et lieu, on va faire les étapes au fur et à mesure qu'on
le fait. Dans Énergie Est, on en est rendus
où on est rendus parce qu'on a fait part de notre position, et, à ce que je
sache, le pipeline ne passe pas, et je n'ai pas vu de bulldozer à la frontière de l'Ontario, du Québec
encore. Donc, je pense que ça fonctionne. On va continuer à faire
valoir nos oppositions, et la clé, je le répète, demeurera l'acceptabilité
sociale.
M. Zanetti : Sur un autre
sujet, la question des francophones hors Québec, vous l'avez mentionné, et ça a
été mentionné à plusieurs reprises, et puis je pense
qu'on a un grand devoir de solidarité avec les francophones hors Québec,
partout. On vit des réalités aujourd'hui qui sont bien différentes dans plein de territoires et de contextes
différents, mais on est, au départ, un même peuple, et cette
solidarité... on a un destin commun aussi, à mon avis.
Maintenant, on dirait que le système canadien,
d'une certaine façon, il semble antagoniser, des fois, les intérêts de la majorité francophone et des minorités
francophones ailleurs au Canada, comme on l'a vu dans le cas, par exemple, de l'école au Yukon, l'école francophone au Yukon, qui voulait
accueillir, au sein de son école, des gens qui n'étaient pas nécessairement
de la communauté francophone, puis on a vu, des fois, dans l'histoire, des
espèces de prise de bec comme ça. Comment est-ce que le gouvernement du Québec peut concrètement, là, soutenir les francophones
hors Québec et arrêter le recul du français hors Québec?
Mme
LeBel : C'est une question
extrêmement importante, puis je pense qu'elle a été, malheureusement... je vais dire «malheureusement» parce que les raisons pour lesquelles elle a repris le
devant de l'actualité sont tristes et déplorables. Mais la question de la francophonie
canadienne a repris quand même le devant de l'actualité, puis je pense que
c'est important de le mentionner.
Je l'ai dit à
plusieurs reprises, hein, je suis extrêmement sensible à la francophonie hors
Québec. J'ai moi-même de la famille
qui vient du Nouveau-Brunswick. D'origine... du côté de ma mère, c'est des
francophones acadiens. Du côté de mon père, on fait
partie des Forces armées canadiennes, plusieurs se sont installés dans les
territoires de la Colombie-Britannique,
de l'Alberta et ont fondé des familles, là, donc font partie des minorités
francophones. Je pense qu'il est important de souligner, au Québec, qu'on doit être un leader, hein? Mais on ne
doit pas définir la réalité francophone hors Québec, on ne vit pas ce
qu'ils vivent. Ils sont une... Tu sais, on se considère, au Québec, comme étant
une minorité dans une mer anglophone quand
on parle du reste du Canada et du reste de l'Amérique, mais, quand on parle des
francophones hors Québec, ils sont encore une minorité dans une minorité. Donc,
je pense que le rôle du Québec, c'est de faire ce qu'on a fait jusqu'à présent, de les appuyer, d'être très
vocal. Et nous sommes justement en train de vouloir redéfinir nos actions et la
politique de la francophonie pour que le Québec... Dans les 50 dernières
années, le Québec a travaillé beaucoup également
en francophonie canadienne, mais à solidifier sa propre francophonie sur son
territoire, et on a fait quand même des
pas de géant depuis 50 ans. Maintenant, je pense qu'il faut se tourner
vers l'extérieur puis tendre la main à nos partenaires francophones, et
c'est important de le faire.
Il y a beaucoup de programmes — je
pourrais vous décliner les programmes financiers, je pense que vous les connaissez, ils sont aux crédits — où on appuie, justement, les initiatives
hors Québec pour être sûrs que ce sont des projets structurants. Ce qu'on veut, c'est renforcer la
francophonie hors Québec. Puis il y a un petit côté aussi un peu, je vais dire égoïste,
mais avec un sourire en coin, c'est-à-dire que, si la francophonie hors Québec
est très forte, on va en bénéficier, de
toute façon, au Québec et vice versa. Donc, tant que la francophonie est forte
au Québec, le reste du Canada va en bénéficier, et en contribuant à renforcir la francophonie hors Canada... hors
Québec, pardon, bien, on va en bénéficier également comme francophones
au Québec. Puis je pense que toutes les actions, et le fait d'en parler...
Le Président
(M. Bachand) : Merci. M. le député, rapidement, s'il vous
plaît.
• (11 h 10) •
M. Zanetti :
Il m'apparaît clair, quand on regarde l'évolution de la francophonie hors
Québec, là, que le système actuel
joue contre elle puis que le Québec n'en a pas fait assez ou peut-être qu'il ne
pouvait pas à cause du système canadien lui-même. Il m'apparaît clair aussi qu'un État francophone en Amérique
du Nord améliorerait grandement l'attractivité du français.
Maintenant, j'ai une question à poser. Jusqu'où
on va attendre pour tirer des conclusions par rapport au recul du français au Canada pour, disons, faire quelque
chose de significatif? Parce que, dans les... depuis... en 1974... en 1971,
pardon, le pourcentage de personnes qui
utilisaient le français comme langue d'usage au Canada, en dehors du Québec,
là, en 1971, il était de 4,3 % et en 2006 — ça doit être pire aujourd'hui — il était de 2 %, donc une réduction de
moitié. Alors, je me demande, avant
de faire quelque chose de significatif pour l'avenir du français en Amérique du
Nord, on va attendre quoi, que ça diminue jusqu'où.
Le Président
(M. Bachand) : Malheureusement, le temps est terminé.
Alors, je me tourne maintenant du côté gouvernemental, avec la députée de
Saint-François, s'il vous plaît.
Mme Hébert :
Merci, M. le Président. Mes salutations à tous.
Alors, le
sujet que je vais vous entretenir, un des deux sujets, c'est l'entrave aux
compétences. Donc, en 2010, la Cour
suprême du Canada a rendu deux décisions qui ont eu des répercussions
importantes sur le partage de compétences constitutionnelles relativement à l'aéronautique. Dans l'affaire
Lacombe, elle a déterminé que la compétence fédérale en aéronautique rendait invalide un règlement de
zonage interdisant l'exploitation d'un aérodrome sur une partie du territoire
d'une municipalité. Dans la décision COPA,
elle a jugé que la Loi sur la protection du territoire et des activités
agricoles ne pouvait pas empêcher
l'utilisation d'une terre agricole à des fins aéronautiques. À la suite de ces
décisions, la question de l'aménagement
et de l'exploitation des aérodromes sur le territoire québécois se pose en
véritable enjeu sur le plan constitutionnel. Comme c'est aussi le cas dans le dossier de l'aérodrome de Neuville, on
parle ici d'un promoteur privé, Neuville Aéro, qui opère depuis 2012 un
aérodrome sur une terre agricole située à proximité de l'autoroute 40 dans
la municipalité de Neuville, dans le comté de Portneuf de notre collègue
Vincent Caron, et ce, malgré une vive opposition citoyenne.
Dès les
premiers mois de l'opération, la ville de Neuville a signifié un constat
d'infraction à Neuville Aéro pour avoir
effectué des travaux de déblai et de remblai sans obtenir le certificat
d'autorisation requis par les règlements municipaux. En décembre 2014, la cour municipale a annulé le
constat d'infraction au motif que le processus d'autorisation municipale
constituait une entrave à la compétence
fédérale en aéronautique. La ville a porté cette décision devant la Cour
supérieure, et la Procureur général du Québec est intervenue au dossier
pour appuyer la ville. L'appel a été rejeté le 7 janvier 2016. Neuville et
la Procureur général ont décidé de ne pas soumettre l'affaire à la Cour d'appel
du Québec.
Une situation
similaire est survenue à Saint-Cuthbert. Un promoteur privé, Gestion DGNE inc.,
souhaite aménager un vaste projet
récréotouristique comprenant une piste d'atterrissage longue de 3 000 pieds.
Le projet serait situé en partie dans
une zone agricole. Les travaux de déboisement devaient débuter l'été 2016.
La ville, toutefois, a obtenu de la Cour supérieure une ordonnance de
sauvegarde suspendant les travaux jusqu'à jugement final statuant sur
l'application ou non de l'article 22 de
la Loi sur la qualité de l'environnement. Le 21 février 2017, un règlement
hors cour a été conclu entre la ville
de Saint-Cuthbert et le promoteur privé, entente dans laquelle les parties ont
convenu que la réglementation municipale était inapplicable pour ce qui concerne les activités soumises à la
législation fédérale en matière d'aéronautique et que la ville renonçait à l'ordonnance de sauvegarde
qu'elle avait obtenue. Ce sont les coûts importants des procédures judiciaires
qui ont incité la ville à convenir de ce règlement à l'amiable. Précisons au
passage que le promoteur a procédé à une consultation publique au
printemps 2016, mais le rapport transmis à Transports Canada n'a pas été
rendu public.
On voit donc
par ces deux exemples à quel point la réglementation fédérale vient empêcher
une municipalité ou une ville
d'aménager son territoire selon ses besoins et en fonction des préoccupations
de ses citoyens. M. le Président, ma question pour Mme la ministre est la
suivante : Qu'est-ce que le gouvernement du Québec entend faire pour
protéger les juridictions des villes contre les empiétements fédéraux?
Mme LeBel :
Merci, M. le Président. Merci pour la question. Ça fait un peu référence aussi
à ce que j'ai mentionné dans ma
déclaration d'ouverture, où il y a la défense des compétences du Québec, mais
il y a aussi l'harmonisation des compétences
fédérales et des compétences du Québec sur son propre territoire. Les exemples
des aéroports que vous venez de mentionner sont un bel exemple où on peut... ou
des matières, même, municipales... le pouvoir de réglementation des municipalités, que ce soit en matière de zonage,
en matière de réglementation sur le bruit, à titre d'exemple, ou même la
compétence environnementale du Québec peut
entrer en conflit avec la compétence fédérale dans ces cas-là, quand on parle
d'aéroport ou de parachutisme en matière d'aéronautique.
Donc, il y a
un enjeu non pas de... il y a un enjeu de défense des compétences, mais
d'harmonisation des compétences pour
en faire un tout cohérent, et c'est ce qui a donné lieu à ces nombreuses
contestations qui émanent la plupart du temps d'entreprises ou de citoyens sur le territoire qui se plaignent du bruit
d'un aérodrome, par exemple, et s'en
plaignent à la municipalité, qui a une réglementation sur le bruit et
qui tente de la faire appliquer à l'aérodrome en question.
Donc, ce sont
des situations de chevauchement qui occasionnent des réelles difficultés
au moment de s'assurer, comme je
viens de le dire, d'une intégration harmonieuse et c'est fondamentalement un problème qui est d'ordre juridique. Alors, une des façons d'agir, pour le Québec,
par la voie de la Procureur général, que je suis, par le plus grand des hasards, également au
ministère de la Justice, c'est
d'intervenir et de défendre, justement, la priorité des compétences du Québec
sur son territoire, l'application des compétences, et c'est l'argumentaire qui
est fait valoir par la Procureur général à tous les niveaux.
Malheureusement,
les tribunaux, la jurisprudence tend, dans les nombreux dossiers auxquels on
fait face, à faire plutôt valoir la prépondérance de la compétence
fédérale, surtout en matière d'aéronautique, et ça a des conséquences assez
particulières...
(Interruption)
Mme LeBel : Mon Dieu, Seigneur!
Je m'excuse. Je comprends, mais... Je m'excuse, c'est mon réveil. Je suis
manifestement en retard.
Des voix : Ha, ha, ha!
Mme LeBel :
Donc, assez particulières pour le Québec et pour les citoyens, hein? C'est dans
le quotidien des citoyens, quand tu
as un aérodrome dans ta cour, ça fait du bruit parce que les avions sont passés
une heure. On peut penser que les activités de l'aérodrome sont
nécessaires, mais c'est assez néfaste pour l'aérodrome.
Donc, on est
intervenus, comme je vous le disais, la Procureur général du Québec, dans le
passé, et présentement intervient en
appui à la ville... ailleurs, à la ville de Lévis particulièrement, pour
défendre l'applicabilité de la réglementation municipale dans la cause particulière de l'aérodrome de Pintendre ainsi
qu'en soutien à la ville de Mascouche, qui en a appelé de la décision de la Cour suprême. Donc, on est en soutien dans
le cas de l'aérodrome de Pintendre, on est également présents dans le
cas de l'aérodrome de Mascouche, donc on ne laisse pas les municipalités se
défendre seules face au gouvernement fédéral.
Naturellement, bien qu'on prenne acte, et on a
une très grande déférence pour nos tribunaux, la plus haute instance judiciaire à Québec, on continue à
défendre ces lois puis on continue à faire valoir la priorité ou, à tout le
moins, le besoin d'harmoniser nos
compétences avec celles du Canada devant les tribunaux. C'est la voie,
présentement, à privilégier. Des
ministres du précédent gouvernement du Québec, dont mon prédécesseur, ont écrit
aussi à maintes reprises au ministère fédéral des Transports pour le
sensibiliser — je
pense qu'il y a la voie juridique, il y a la voie politique, il y a la voie exécutive — des relations concernant les différents
projets d'aérodromes, pour lui demander que ce soit pris en compte.
L'Assemblée
nationale du Québec a également adopté plusieurs motions qui concernent les
dossiers d'aérodromes. C'est une
autre façon de faire valoir notre voix. Le 20 février 2018, le précédent
premier ministre du Québec a écrit à son homologue canadien afin de réitérer la volonté du Québec de travailler
avec le gouvernement du Canada à la mise en place d'un comité de travail biparti sur la question des
chevauchements de compétence en matière d'aménagement. Donc, ce n'est pas le fait de nier la compétence du fédéral
ni de nier la compétence du Québec et de nos municipalités, mais c'est
de prendre acte des effets pervers qu'ils
ont pour nos citoyens sur le terrain et de trouver des façons d'harmoniser ces
compétences pour respecter, justement, nos citoyens, puis je pense que
la voix du travail du comité est une des voies à privilégier.
Le premier
ministre du Canada, le premier ministre actuel, a répondu le 12 avril 2018
qu'il acceptait la tenue d'une rencontre bilatérale entre les hauts
fonctionnaires responsables qui porterait sur l'aménagement du territoire afin
de mieux comprendre les préoccupations du
Québec, ce qu'on va se charger de lui expliquer clairement, et d'évaluer les
options concernant les chevauchements
de compétences en matière d'aménagement du territoire. Une rencontre a eu lieu
le 15 août dernier, 2018, entre
des hauts fonctionnaires du gouvernement du Québec, Secrétariat du Québec aux
relations canadiennes, ministère des
Transports, de la Mobilité durable, Électrification des transports, le ministère
des Affaires municipales et le gouvernement du Canada.
Par ailleurs, sur le plan des relations
canadiennes, le Québec maintient sa demande que des changements soient ultimement apportés par le gouvernement fédéral à
sa réglementation pour qu'il puisse, de concert avec les municipalités,
jouer un rôle de premier plan quant à la détermination de l'emplacement des
aérodromes privés en territoire québécois.
Je pense
qu'on connaît... on est tous d'accord avec l'importance de ces aérodromes-là,
mais il faut aussi respecter nos citoyens puis je pense que ça peut se
faire de façon respectueuse et non pas cavalière dans le futur.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Mme la députée de
Saint-François.
• (11 h 20) •
Mme Hébert : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci pour votre réponse. Alors, maintenant, mon second sujet sera la péréquation, tellement passionnant comme
sujet, et pour ceux qui ne le savent pas, bien, ils vont pouvoir en
apprendre un peu plus, ceux qui ne la connaissent pas.
Donc, avec
l'élection de Jason Kenney comme premier ministre de l'Alberta, la péréquation
est revenue au centre des préoccupations politiques nationales. La péréquation, c'est un programme
de transfert qui nous permet, où que nous soyons au Canada, d'accéder à des services publics de qualité
similaire à des niveaux de taxation comparables. Le fédéralisme comporte en soi cet engagement entre les
partenaires. En fait, au-delà de sa description administrative, la péréquation est parfois décrite comme le ciment de la fédération. Ce principe est à ce
point fondamental qu'il fait partie de la Constitution canadienne. L'objectif du Programme de la
péréquation est inscrit dans la Constitution canadienne depuis 1982, que je
vais citer comme suit : «Le Parlement
et le gouvernement du Canada prennent l'engagement de principe de faire des
paiements de péréquation propres à
donner aux gouvernements provinciaux des revenus suffisants pour les mettre en
mesure d'assurer les services publics à un niveau de qualité et de
fiscalité sensiblement comparables.»
La très
grande majorité des fédérations ont un programme de péréquation. Ce principe
fait partie intégrante de la vie dans
une fédération. Voici comment fonctionne la péréquation. À l'heure actuelle, le
Programme de péréquation est le seul programme
qui redistribue la richesse au pays. Il s'agit d'un programme auquel
contribuent tous les citoyens par l'intermédiaire des taxes et impôts que nous versons. La capacité
fiscale est calculée sur ce qui peut être taxé et non sur la taxation réelle.
Par exemple, si une province décidait
d'abolir tous ses impôts et ses taxes, elle continuerait de recevoir des
paiements de péréquation comparables.
Les paiements de péréquation sont inconditionnels, c'est-à-dire que les provinces
qui en reçoivent peuvent les
réinvestir à leur guise selon leurs choix et leurs priorités. Après les
contribuables ontariens, les contribuables québécois sont au deuxième rang à
l'égard de la contribution brute au Programme de péréquation, comme c'est
le cas de tous les programmes et services financés à même les taxes et impôts
fédéraux.
Par ailleurs,
il n'existe pas de source d'information statistique détaillant l'historique de
la contribution des contribuables par
province pour ce programme. Toutes les provinces ont, à un moment ou un autre
de leur histoire, reçu des paiements de péréquation. Dans l'optique où le
Programme de péréquation est calculé sur une base par habitant, le
Québec n'est pas la province qui reçoit le paiement de péréquation le plus
élevé. Il se situe au dernier rang parmi les provinces bénéficiaires, 1 549 $ par habitant en 2019‑2020. Certains
affirment que les Québécois ont accès, grâce à la péréquation, à des services publics plus généreux que ceux qui
sont offerts dans d'autres provinces, notamment celles qui ne reçoivent
pas de péréquation. En fait, les Québécois supportent un fardeau fiscal plus
élevé, ce qui assure le financement de ces programmes
par leur gouvernement. Par exemple, en 2016‑2017, les revenus effectivement perçus
par le Québec par habitant, 9 685 $,
étaient de 17 % plus élevés que ceux de l'Alberta à 8 272 $,
bien que la capacité fiscale par habitant de l'Alberta,
11 227 $, était de 50 % plus élevée que celle du Québec, à
7 497 $, ce qui explique pourquoi l'Alberta n'a pas reçu de
péréquation alors qu'elle affichait un déficit de près 11 milliards.
Plusieurs domaines de compétence exclusive des
provinces, tels que la santé, l'éducation et les services sociaux accaparent une part importante du budget des
gouvernements et ont un impact déterminant sur la qualité de vie des citoyens.
Afin d'assumer adéquatement ces
responsabilités, les provinces disposent d'une autonomie fiscale importante.
Toutefois, leurs moyens financiers
diffèrent en raison des écarts qui existent entre elles quant à leur capacité à
prélever des revenus. En 2019‑2020,
la péréquation ne représentera qu'environ le quart des transferts fédéraux,
péréquation, Transfert canadien en
matière de santé et les transferts canadiens en matière de programmes sociaux.
À l'échelle fédérale, ce programme n'est qu'une fraction de toutes les dépenses du gouvernement du Canada. Les
transferts fédéraux, péréquation, TCS et TCPS doivent être analysés en matière globale afin de mieux en
évaluer les effets. À la suite des changements apportés unilatéralement aux principaux transferts fédéraux sous le
gouvernement Harper, la valeur des points d'impôt attribués aux provinces en
1977 pour la santé et l'éducation
postsecondaire n'est plus prise en compte dans la répartition des enveloppes du
Transfert canadien en matière de
santé et du Transfert canadien en matière de programmes sociaux. Par
conséquent, en 2014‑2015, le gouvernement
fédéral répartit le Transfert canadien en matière de santé exclusivement en
espèces per capita. Cette formule de
répartition est appliquée au Transfert canadien en matière de programmes
sociaux depuis 2007 et 2008. Les provinces ayant une croissance démographique supérieure à la moyenne canadienne, l'Alberta,
Colombie-Britannique, l'Ontario, sont nettement
avantagées par une répartition du transfert canadien en matière sociale et du
transfert canadien en programmes sociaux
strictement per capita. Selon cette formule, l'Alberta est la province qui a le
plus profité de cette nouvelle répartition, alors que cette répartition du Transfert canadien en matière santé sur
une base strictement per capita privera le Québec de 2,2 milliards en 2016‑2017 et en 2026 et
2027. Ainsi, la péréquation est le principal programme ayant des effets
redistributifs entre les provinces. Alors, ma question, M. le Président, pour
Mme la ministre : Quelle position le Québec adoptera-t-il dans le
contexte d'un débat national sur la péréquation?
Le
Président (M. Bachand) :
Malheureusement, c'est tout le temps que vous aviez. Alors, restez à l'écoute,
je cède la parole à la députée de Notre-Dame-de-Grâce pour une période
de 21 minutes, s'il vous plaît.
Mme Weil :
Oui, merci, M. le Président. J'aimerais revenir sur un sujet majeur pour le
Québec, je pense que la ministre sera d'accord avec moi, puis
j'aimerais... c'est les nominations, la nomination à la Cour suprême du Canada.
J'aimerais citer aussi, parce que je trouve
que c'est bien dit dans ce document, Québécois, notre façon d'être Canadiens...
Ça, c'est le document synthèse qui met
toutes les demandes du Québec face à nos demandes traditionnelles. Et,
lorsqu'on parle, justement, de la
nomination de ces trois juges, je le cite, le document : «La participation
du Québec à la nomination de ses
trois juges au plus haut tribunal du pays est un impératif dans un système
fédéral où la Cour suprême joue le rôle d'arbitre ultime des différends fédératifs.» Et je
pense que c'est important de comprendre pourquoi est-ce que nous, au Québec, on insiste sur cet élément-là. Et il faut
souvent qu'on explique que, bon, on est une nation qui a été reconnue, bon,
reconnue par le Parlement canadien, on
aimerait notamment que ce soit reconnu de façon constitutionnelle, une
reconnaissance constitutionnelle que le Québec est une nation
québécoise.
Il y a
d'autres demandes traditionnelles, mais je voudrais revenir... parce que, Mme
la ministre, vous vous rappelez, avec mon collègue le député de LaFontaine, il
vous a posé des questions sur où en sont les discussions. Donc, pour les gens
qui nous écoutent à la maison, c'est de
rappeler qu'en vertu de la Loi sur la Cour suprême du Canada trois des neufs
juges doivent provenir du Québec afin
notamment de représenter notre tradition civiliste, le reste du Canada,
évidemment, étant sous le régime de
la common law. Et donc, pour nous, évidemment, il est clair qu'on doit être
consultés dans ce type de nomination,
il s'agit d'une revendication historique. D'ailleurs, bon, le député de
Borduas, qui était à l'opposition, qui est l'actuel leader, avait déposé
un projet de loi, il avait évoqué des scénarios. Peut-être ma question... j'y
viendrai, mais peut-être... Lui parlait,
dans ce projet de loi, de soumettre trois candidatures. Juste de voir votre
vision avant de parler des gestes que
vous aurez pu poser en la matière vis-à-vis le gouvernement fédéral. Est-ce
que, dans votre tête, ce serait de proposer
les trois noms? Est-ce que ce serait un nom, deux noms, trois noms? Un peu
qu'est-ce que vous avez en tête par rapport à... Parce que vous avez
bien expliqué, lors de ces crédits, que vous étiez d'accord, évidemment, que
c'est bien important, mais je vous laisse peut-être parler un peu de ça.
Et ensuite la
question, c'est si vous pouvez nous dire, depuis ce temps-là, parce qu'on
sentait que ce serait imminent, là,
est-ce que vous avez pu avoir des discussions personnellement? Parce qu'il y a
deux semaines nos échanges... si vous avez
pu avoir des échanges avec le gouvernement fédéral à ce sujet et nous indiquer
de quelle façon l'avis du Québec sera exprimé pour cette nomination.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la ministre.
• (11 h 30) •
Mme LeBel : Oui, alors, deux
volets. Effectivement, à titre de ministre de la Justice, quand on en a parlé,
c'est effectivement... c'est sûr que la
question de la nomination des juges à la Cour suprême, pour moi, est
extrêmement importante. Sur le plan
juridique, c'est extrêmement important que les trois sièges qui sont réservés pour le Québec, pour des raisons
fondamentales, hein, compte tenu de la spécificité du Québec, surtout en
matière de droit civil, vous l'avez mentionné, c'est important qu'il soit préservé. Je pense que la Cour suprême les a,
en quelque sorte, enchâssés dans la Constitution en 2014 lors de sa décision, décision, d'ailleurs,
qui a donné ouverture à l'ouverture
du premier ministre Trudeau de donner, justement,
une voix ou une participation, je vais le dire de cette façon-là, au Québec
dans la nomination de ces trois juges-là qui nous sont réservés, ce qui a fait
en sorte qu'en 2 août 2016, puis je pense que c'est important de le
réitérer, le gouvernement fédéral a
annoncé qu'un nouveau processus, un comité indépendant était mis en place sur
la nomination des juges à la Cour suprême,
ce qui est déjà une bonne nouvelle en soi. Je pense qu'il faut saluer les bons
gestes, mais il ne faut pas s'arrêter pour aller plus loin.
Donc, vous l'avez dit, traditionnellement,
depuis cette époque-là, mais bien avant aussi, mais également depuis cette époque-là, le Québec a toujours fait valoir
sa volonté de participer de façon beaucoup plus concrète et plus active à la
nomination des juges. Le processus, le
nouveau processus a d'ailleurs été suivi, là, pour la nomination des deux
derniers juges qui ont été nommés.
C'est quand même, je pense qu'il faut le souligner, assez rassurant, dans ce
processus-là, où on avait le bilinguisme,
dans le comité, qui faisait partie des critères de sélection des juges, bien
que ça fait partie d'un comité... bon,
on peut toujours être pessimiste et penser qu'on peut faire et défaire, mais il
a quand même été mis en place par le gouvernement
fédéral, et cette notion de bilinguisme là, qui est très chère au Québec pour
des raisons que l'on connaît, le droit
de plaider en français, de se faire comprendre dans notre langue et non pas par
le biais d'un traducteur, je pense que c'est important, je le souligne.
Oui, effectivement, les discussions avaient lieu
de façon continue pour être capables de mettre en place un mécanisme... je ne définirai pas ce mécanisme-là
ici aujourd'hui, mais de mettre en place un mécanisme qui assurerait une
participation vraiment pertinente et
concrète du Québec à la nomination d'un juge qui est sur un siège québécois, je
vais le dire de cette façon-là.
Naturellement, le 15 avril 2019, le juge
Gascon nous a un peu pris par surprise parce qu'il a annoncé, de façon inattendue dans le domaine des juristes, sa
retraite le 15 septembre 2019. On pouvait anticiper que le juge Gascon
pourrait encore être sur le banc
pendant de nombreuses années, et pas parce qu'on pensait qu'on avait tout le
temps nécessaire, on pensait quand
même qu'on avait plus de temps avant que la nouvelle nomination d'un juge
québécois se présente et qu'on pouvait travailler sur ce processus-là.
Je dois
souligner aussi, de façon très rassurante, que le gouvernement fédéral a quand
même, dans la nomination du juge
Wagner comme juge en chef, respecté le principe de l'alternance et a nommé
quand même un juge québécois d'origine francophone
à la tête du plus haut tribunal du pays. Je pense que, même si on n'a pas de
processus formel, il faut quand même noter
les aspects positifs parce que tout n'est pas négatif, ce qui me rend confiante
qu'on est conscients de la nécessité... ce n'est peut-être pas le cas dans le cas des sénateurs, il y a plus de
chemin à parcourir, malheureusement, mais dans le cas des juges à la
Cour suprême, pour les sièges québécois, la nécessité de notre participation.
À très court
terme, je dois vous dire que je n'ai pas eu, moi, personnellement, je vais le
dire de cette façon-là parce que
c'est la réalité, de conversation. Des membres de mon cabinet en ont eu avec le
Conseil exécutif du cabinet de M. Trudeau, fédéral, avec le
ministre de la Justice fédéral, son cabinet. Le cabinet du premier ministre
Legault a également eu des discussions, et
nous travaillons... Je suis, naturellement, au courant de ces discussions-là,
je n'en ferai pas part dans le détail parce
qu'il s'agit de négociations, puis vous comprenez la délicatesse de ces
négociations-là, mais par contre je dois vous dire qu'on travaille activement pour mettre en place un processus plus
provisoire pour la nomination du remplaçant du juge
Gascon. Naturellement, puis c'est important de le dire, qu'on veut travailler
en deux temps. Il y a quand même une urgence,
une urgence à travailler sur le juge Gascon, et j'espère, je suis confiante de
pouvoir peut-être être plus précise d'ici quelques semaines.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée, s'il vous plaît.
Mme Weil :
Oui, pour continuer, en passant, le juge Gascon était mon collègue de classe à
McGill, et puis on était dans le
secteur francophone, on prenait les obligations en français, le droit
constitutionnel en français ensemble, un chic type et un homme, en fait,
brillant, une perte pour la Cour suprême.
Mme LeBel :
...son passage à la Cour d'appel, aussi, du Québec pendant 10 ans, je
pense, a été très remarqué et remarquable.
Mme Weil :
Oui, oui, oui, formidable. Oui, je comprends le deux temps, c'est tout à fait
logique et cohérent, mais il y avait
quand même une proposition que la CAQ avait déjà faite. Est-ce que vous le
voyez... Juste pour voir votre vision des
choses, jusqu'où vous pouvez aller pour nous le dire, quand un juge, par
exemple, bon, prend sa retraite, est-ce que vous voyez que le Québec
pourrait mettre un nom de l'avant ou trois noms? Parce que vous aviez toujours...
on avait toujours... bien, c'est-à-dire, la
CAQ avait toujours cette position de trois noms, je crois bien, là, dans le
projet de loi, si je me souviens bien, en tout cas.
Et ensuite, est-ce qu'à un moment donné...
c'est-à-dire, est-ce que vous voyez ce processus comme étant public, comme le projet de loi l'avait évoqué? Et
finalement... Parce que vous êtes en négociation, je comprends qu'il y aura un
processus intérimaire, mais ensuite, éventuellement, un processus bien réfléchi
que vous allez, j'espère, rendre public, et c'est tout ça que je voulais savoir. Et donc comment vous allez
exprimer, finalement, l'avis? Quand est-ce que vous allez rendre public
l'avis du Québec en la matière? C'est important parce que je pense que beaucoup
de gens attendent et s'intéressent à la
question parce que ça demande quand
même une demande traditionnelle, mais
aussi qu'à la rigueur on voudrait, bien, éventuellement que ce soit
constitutionnalisé si jamais des discussions avaient lieu. Alors, c'est de voir
jusqu'où vous pouvez aller pour partager votre vision des choses.
Mme LeBel : Oui, de constitutionnaliser un tel processus
pourrait être l'objectif ultime, mais vous connaissez les difficultés
de modification à la Constitution canadienne, alors...
Mme Weil :
...vous interrompre, je dis ce mot-là parce que ça traduit l'importance que ça
revêt pour nous, hein, les Québécois.
Mme LeBel :
Et voilà, effectivement, et c'est pour ça que j'allais vous dire que, sur une
question de principe, je suis d'accord
avec vous. Maintenant, sur une question de démarches à plus court terme, il
faut être réalistes puis obtenir des gains.
Il y a
beaucoup d'éléments dans votre question. Pour le futur, je pense que ce qui est
important, c'est de s'assurer d'une
participation concrète et pertinente du Québec. Et je vais dire
«malheureusement», mais de façon très réaliste, cette participation-là concrète se traduit, peu importe
le chemin qu'on emprunte, par un accord avec le fédéral, une entente avec
le fédéral. Les objectifs poursuivis par mon
collègue dans son projet de loi et surtout par le dépôt du projet de loi — parce que je pense qu'un des objectifs était de ramener ce sujet-là sur la
table et de faire valoir l'importance de notre participation, du Québec, et ça a été un objectif qui a été
rempli — étaient
louables et étaient de faire en sorte que le Québec se dote d'une espèce
de mécanisme, d'un comité qui passe par l'Assemblée nationale.
Je n'y
rentrerai pas dans les détails parce que je pense que l'objet de la discussion
n'est pas le détail du projet de loi de
mon collègue, mais plutôt de parler des objectifs. Mais la difficulté de ce
projet de loi là, c'est qu'au bout du compte, même si l'Assemblée nationale se met d'accord sur trois
noms et qu'on les soumet au fédéral, ça ne les lie pas. Donc, il demeurera
toujours une nécessité, ultimement, que ce soit par le biais du mécanisme
proposé par mon collègue ou un autre mécanisme dont on pourrait vouloir se doter, c'est-à-dire un comité indépendant au
Québec, qui se fasse d'une façon ou d'une autre... il demeure toujours... Si on veut s'assurer
d'avoir un apport réel et concret dans les nominations, il demeurera toujours,
dans l'état actuel des choses, une
obligation de s'entendre avec le fédéral, donc c'est pour ça qu'à long terme je
travaille sur cette notion d'entente
là. À court terme, vous avez compris qu'on parle d'un mécanisme qui est
provisoire. Naturellement, c'est quand
même une ouverture et une brèche qu'on va faire, hein? Si on met en place un
mécanisme qui fonctionne, on pourra peut-être
partir de cette base-là pour négocier et aller avec un mécanisme qui est
beaucoup plus pérenne. Mais il faut que les gens soient conscients qu'on va toujours devoir, dans l'état actuel
des choses et de la Constitution actuelle, s'entendre avec le
gouvernement fédéral. Donc, on aura beau leur proposer un ou trois noms, il
faut qu'il y ait un certain accord.
Donc, ce qui
est important, je pense, c'est que le Québec n'ait pas un mécanisme indépendant
de sélection, mais soit inclus et intimement lié dans le mécanisme de
sélection qui lie le gouvernement fédéral et qu'il participe... Que ce soit un, ou trois, ou quatre, ou cinq noms qui
sortent de ce processus-là, si le Québec est impliqué dans la sélection de ces
noms-là, à ce moment-là, je vais le dire de
façon très candide, peu importe le candidat qui est nommé, il devrait, en
principe, faire l'affaire du Québec
parce que le Québec aura participé au niveau de la sélection. Donc, c'est au
niveau de la sélection que le Québec doit être présent.
Maintenant,
sur la question de notion de public, c'est très délicat, hein? Il y a... Je
pense que la notion de consultation des
partenaires est importante. Maintenant, la notion de rendre publiques les
candidatures, je pense qu'il faut y réfléchir avec beaucoup de sérieux et de prudence parce que ce
n'est pas banal de soumettre sa candidature à la Cour suprême, et je ne suis pas sûre que ces
gens-là, qui sont des hauts juristes de notre province, voudraient se voir
ballottés. Maintenant, je pense que
vous parliez de rendre la proposition du Québec publique. Je pense que je vais
me garder de voir où on se rend dans les négociations et de voir où va
le mécanisme pour voir après ça comment on peut, justement, informer
adéquatement les Québécois de nos actions dans ce dossier-là.
• (11 h 40) •
Mme Weil :
Oui. Je remercie la ministre, et je pense qu'il y aura beaucoup d'intérêt,
beaucoup de questions que vous allez avoir, de toute façon, alors qu'on
s'approche de ça, puis qu'on en parle, et de connaître le processus que
vous envisagez.
Là,
j'aimerais revenir... On a eu l'occasion de parler de la francophonie
canadienne, hein, un sujet, je pense, qui passionne beaucoup d'entre nous, et l'année 2018, à cet égard, a
été une année difficile, avec des signaux d'alarme, je vous dirais. Quand on entend la plus grande province canadienne
mettre le français au même niveau que le chinois, je vous dis...
C'est revenu encore... je ne sais pas si
vous le savez, Mme la ministre, dans la réforme que fait actuellement l'Ontario en
matière d'accès aux services de santé,
services sociaux, cette question de langue est aussi prise en compte. Nous, on
a donc des garanties ici, au Québec,
pour la minorité anglophone par rapport à l'accès, mais ce que j'ai entendu, en
discussion avec des francophones de
l'Ontario, là encore, on mettait le français sur le même palier, le même niveau
que d'autres langues qui seraient
parlées. Avec la diversité qu'ils ont, mon inquiétude, je vous le dis, c'est
cette banalisation à haut niveau. Quand on parle d'un gouvernement et des institutions du gouvernement qui
évoquent la langue française en même temps que d'autres langues, je
pense qu'on a du travail à faire. Alors, ça va un peu colorer, peut-être,
certaines des questions que j'aurai.
On
va commencer par l'Ontario. Et d'ailleurs les commentaires tout récents, encore
une fois, du commissaire... Donc, on
sait ce qui s'est passé, deux choses : l'abolition du poste du
commissaire, mais aussi... puis avec 600 000 Franco-Ontariens,
donc, ça commence avec une population,
évidemment, importante, donc, et aussi un recul sur la seule université
francophone dans la région de
Toronto. Là aussi, je reviens sur ça, je vous dirais que tout est choquant,
mais il y avait tellement d'espoir avec
ce projet-là, tellement d'espoir parce que — et il y avait une étude qui le
démontre — si vous
n'offrez pas accès aux cours universitaires en français, les gens vont
quitter la région, donc ça veut dire que les francophones vont quitter.
Et alors que nous, on
a réussi le... D'ailleurs, c'est le Conseil de la fédération qui a eu cette
discussion, c'est en 2016, de garantir et de
faire en sorte que le gouvernement fédéral s'engage à un objectif de 5 %
d'immigration francophone pour les
différentes provinces, parce qu'évidemment ça commence avec une vitalité qui s'exprime
par le nombre de personnes qui
parlent français, on parle beaucoup de francophiles, ça, c'est important aussi,
mais de gens dont la première langue est le français...
Donc,
je dis ça parce qu'il y a un contexte d'évolution et de mouvement et il y a
quand même des bonnes nouvelles à cet égard. Et d'ailleurs, en 2016, il y avait
eu une rencontre, à Moncton, des ministères responsables de la Francophonie
dans leur province et des ministres de
l'Immigration. Alors, nous, à l'époque, comme gouvernement — et moi, j'étais ministre de l'Immigration — on a participé pour prêter main-forte, si on
veut, pour partager nos pratiques. Évidemment, on n'a pas senti de compétition, on a beaucoup de Français et
de personnes qui sont francophones qui visent le Québec, évidemment, parce que c'est la langue commune, et donc ils
souhaitent venir au Québec, mais par ailleurs de leur dire comment... bon,
les aider puis de pouvoir, comme je dis, partager nos expertises en la matière...
Donc,
j'aimerais citer quand même... parce que c'est tout récent, hein, c'est le
17 avril, c'est le commissaire sortant qui répète que la disparition de cette institution demeure inexplicable
et injustifiable, en plus de marquer un véritable recul pour la
communauté franco-ontarienne, et puis qui dit qu'il est tellement surpris par
cette décision qu'il qualifie de mécanique, hein? Donc, cette insensibilité...
on voit qu'on a du travail sur la planche.
Alors,
on va commencer avec l'Ontario, parce qu'il y a aussi le Nouveau-Brunswick,
évidemment, qui nous inquiète à cet
égard. Donc, pouvez-vous nous dire si, donc, au-delà des premiers échanges que
vous avez eus avec la ministre fédérale Mélanie Joly et la ministre
ontarienne Caroline Mulroney, vous avez eu d'autres échanges sur cette notion
de droits linguistiques des Franco-Ontariens et aussi au sujet du projet
d'université? Donc, voir si vous avez eu des échanges.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme LeBel : O.K. De façon personnelle, j'ai eu les échanges, effectivement, dans la foulée immédiate, hein, au lendemain, je pense, si ce n'est le jour même de l'annonce du gouvernement ontarien, dans son annonce budgétaire de couper, naturellement, des services du
commissaire... aux services francophones du commissaire. Et l'université ontarienne, avec Mme Mulroney, qui s'est trouvée, effectivement, très... moi, je
l'ai sentie très sensible à la situation. Je pense qu'elle est une porte-parole
active au sein de son gouvernement, mais nous avons vu, malgré tout, le
résultat.
Je vais peut-être
faire une petite parenthèse pour revenir sur ce que vous avez dit au niveau de
l'université francophone. Effectivement, c'est un projet qui se veut un projet de services, mais aussi un
projet de rassemblement pour sécuriser
la communauté francophone sur le territoire. C'est un peu pour ça qu'on a peu... on n'a pas
mis de l'avant l'idée de subventionner
ou donner des bourses à ces gens-là pour qu'ils viennent étudier au Québec.
Je pense que l'objectif de l'université
francophone... C'est important de le préciser, hein, parce que ça a circulé, à
une certaine époque, comme étant une
façon pour le Québec de pallier ou de... Naturellement, tous les étudiants étrangers ou les étudiants hors Québec — quand
je parle d'étrangers, je parle dans d'autres
pays ou hors Québec, à l'intérieur du reste du Canada — sont
les bienvenus pour venir étudier en français au Québec, mais je pense que ce n'était pas ça, l'objectif
de l'université francophone. C'était offrir, oui, des services, mais ce n'était pas qu'offrir
des services, c'est d'avoir les services sur le territoire, justement
pour favoriser l'immigration francophone et pour maintenir aussi les jeunes dans la communauté.
Donc, je pense que c'est un peu pour ça
qu'on doit expliquer aux citoyens qui nous écoutent pourquoi cette idée-là n'a pas
été reprise et mise de l'avant par le gouvernement, parce que ça ne répondait pas aux objectifs.
De toute façon, on avait discuté avec les organisations, l'AFO et la FCSFA, l'AFO particulièrement, mais ce n'était pas
une idée qui correspondait à leurs objectifs.
Donc,
ce sujet a été discuté à plusieurs reprises. Moi, personnellement, je n'ai pas
eu d'autres discussions personnelles avec
mes vis-à-vis. J'en ai eu avec Dominic LeBlanc, par contre,
quand je l'ai rencontré le 30 janvier, on a réitéré... Il y a eu
une foule de sujets, vous le comprendrez, le 30 janvier, comme étant...
comme ministre des Relations canadiennes, et lui étant mon vis-à-vis pour les Relations
intergouvernementales. On a parlé de transferts en santé, d'immigration, on a parlé de toutes sortes de sujets d'actualité qui... pas
opposent, mais qui intéressent nos deux gouvernements — quelquefois
opposent, quelquefois ça va beaucoup
mieux — et
la francophonie en a fait partie,
naturellement, pour voir, bon... Naturellement, Mme Joly a annoncé son
fonds pour les procédures judiciaires, pour la contestation, il y a ce
soutien-là, mais, personnellement,
moi, je n'ai pas eu d'autres discussions. Mon cabinet en a eu, le cabinet du
premier ministre en a eu, naturellement,
également, et on continue de dénoncer cette situation-là dans la mesure de nos
capacités. D'ailleurs, vous le savez...
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Merci, Mme la ministre. Je m'excuse de vous
interrompre.
Mme LeBel : Bon, bien, merci.
Je suis désolée. On a tant de choses à dire.
Le
Président (M. Bachand) :
Désolé. Merci beaucoup. Je me tourne maintenant vers le gouvernement pour une
période de 12 min 30 s. M. le député d'Ungava, s'il vous
plaît.
M.
Lamothe : M. le Président, Mme la ministre, j'aimerais peut-être
élaborer sur la politique des relations canadiennes. En vertu du premier alinéa de l'article 3.2 de la Loi
sur le ministère du Conseil exécutif, le, la ministre responsable de l'application de la section II de cette
loi, intitulée Des affaires intergouvernementales canadiennes, «élabore
et propose au gouvernement une politique en matière d'affaires
intergouvernementales canadiennes et met en oeuvre cette politique».
La politique
en matière d'affaires intergouvernementales canadiennes qui est présentement en
vigueur est la Politique d'affirmation du Québec et de relations canadiennes,
dévoilée le 1er juin 2017 par le gouvernement libéral de Philippe
Couillard. Comme l'avait affirmé à l'époque notre collègue député de Borduas,
cette politique était un recueil d'évidences,
une énumération, affirmation de principes connus, des principes avec lesquels
nous sommes en accord pour l'essentiel
et qui prônent un dialogue avec le reste du Canada. Il s'agissait en fait d'un
document très théorique qui recyclait le
lexique constitutionnel et qui lançait un exercice pédagogique, genre de «faut
qu'on se parle» constitutionnel. C'était une vieille approche, qui sentait le réchauffé, et surtout qui était timide
et sans ambition. Dans son livre intitulé L'idéologie du hasard : retour sur la question nationale, notre collègue député de Montmorency décortique ce
qui semble être le véritable sens de
l'expression chérie des Couillard et Fournier : Québec, c'est notre façon
d'être Canadiens, qui constitue, à son avis, une manière d'enrégimenter l'identité québécoise et de la soumettre à un
projet forcément et totalement canadien. Ma question, Mme la ministre : Quelles sont les lignes
directrices qui vont guider le gouvernement du Québec dans ses relations avec
le reste du pays?
Le Président (M.
Bachand) : Mme la ministre, s'il vous plaît.
• (11 h 50) •
Mme LeBel :
Merci. Merci, M. le Président. C'est important de le mentionner parce que
c'était beaucoup la base des
discussions, et on les a eues avec notre collègue de Québec solidaire, sur la
façon dont nous allons aborder nos relations avec le reste du Canada et
surtout dans la défense, là, de la mission du SQRC, qui est la défense des
compétences canadiennes. Nous l'avons
affirmé dans notre énoncé de politique en novembre 2015, la CAQ... Et, comme on
l'a démontré, les résultats de
l'élection d'octobre dernier, les Québécois et les Québécoises, puis,
je pense, c'est important de le dire, ont choisi à deux reprises de
demeurer au sein du Canada. À ce stade-ci, ils n'ont pas envie qu'on les
contraigne à se prononcer de nouveau sur
cette question, donc on doit travailler avec ces paramètres, c'est important
de le mentionner. On entend donc
respecter cette volonté de la population et faire en sorte que le Québec
s'implique de manière constructive, active également en tant que
véritable partenaire au sein de la fédération canadienne.
Ça va
impliquer, d'ailleurs, qu'on joue, comme gouvernement, un rôle actif en matière
de relations gouvernementales canadiennes.
Il faut protéger nos compétences. Il faut faire valoir notre voix sur toutes
les tribunes possibles. On va donc privilégier
la cohérence dans les actions pour l'atteinte des résultats tangibles pour les
Québécois et les Québécoises. Une majorité
de la population québécoise souhaite que leur nation soit mieux reconnue et
dispose d'une plus grande autonomie politique et économique dans
l'ensemble canadien. Le projet, donc, nationaliste de la CAQ regroupe la
majorité des Québécois. La CAQ s'inscrit
pleinement dans ce courant qui a des racines profondes dans l'histoire du
Québec. Les premières tentatives de réforme, ça ne date pas d'hier,
hein? La fédération avait d'ailleurs également l'objectif d'augmenter les pouvoirs du Québec, ça remonte aux origines de la
Confédération à travers, notamment, les luttes politiques qui ont été menées par Honoré Mercier. Donc, ce n'est pas d'hier que le Québec tente de faire
valoir son autonomie dans la fédération canadienne.
Le
Québec a enregistré ses gains politiques les plus significatifs durant les
années 60, il faut le mentionner, au moment où les grands partis politiques de l'époque, le
Parti libéral et l'Union
nationale, souscrivaient à une position commune visant à renforcer la place du Québec dans l'ensemble
canadien. Donc, ce n'est pas banal, ce que j'ai dit tantôt. Quand je dis que
c'est en parlant, tant au niveau
gouvernemental qu'au niveau de l'Assemblée nationale, d'une même voix quand on
se tourne vers le Canada, c'est
extrêmement important de faire front commun. Et c'est de cette façon-là,
d'ailleurs, en 1960, que le Québec a obtenu ses plus grands gains sans
avoir à faire séparation ou à faire la souveraineté.
Donc, en
plaçant le principe d'autonomie au coeur de notre projet politique, notre
gouvernement s'inscrit dans une lignée
qui, au cours de l'histoire, a fait de la défense des intérêts vitaux du Québec
une priorité absolue. Et, en proposant de rassembler les nationalistes autour d'objectifs
communs, on multiplie les chances de réussite. Notre projet national se
démarque clairement des autres options mises sur la table concernant
l'avenir du Québec, d'abord par son objectif central qui est d'accroître l'autonomie et les pouvoirs du Québec
dans le Canada. Donc, on doit travailler tous ensemble. S'il y a un point
sur lequel on doit être ensemble, c'est bien dans la défense de notre autonomie
face au Canada.
Notre approche se
veut résolument pragmatique, et notre finalité consiste en l'atteinte de
résultats concrets. Encore une fois, je fais
un aparté en disant que c'est une... c'est la raison pour laquelle j'ai
expliqué tantôt, d'entrée de jeu, que
la défense des compétences, ce n'est pas juste une utopie de
constitutionnaliste qui s'amuse, là, à parler de droits dont personne ne comprend l'utilité. La défense des
compétences a une utilité extrêmement pratique sur le territoire. On l'a vu
dans le cas des aérodromes de Mascouche, de
Pintendre, qui, pour le citoyen qui a des avions qui tournent autour de sa tête
constamment la nuit et où le règlement
municipal ne peut pas trouver application, bien, il y a une application
pratique des compétences, et c'est pour ça qu'on est féroces et jaloux
dans la défense de nos droits.
D'ailleurs,
on cherche des résultats qui vont permettre aux Québécois et aux Québécoises
d'affirmer leur identité en obtenant
la prépondérance des pouvoirs, donc, on l'a dit, en matière de langue, en
matière d'immigration, une autonomie fiscale
accrue — on parle
du rapport d'impôt unique, c'en est un exemple — un développement économique conforme à des aspirations grâce à la récupération de
nouveaux leviers afin de déployer un projet de société qui leur est propre. On
pourra parler de nos objectifs en matière de
péréquation un peu plus tard, où je pourrai avoir l'occasion de répondre à la
question qui m'a été posée.
Finalement,
notre projet vise l'obtention d'une reconnaissance constitutionnelle pleine et
entière accompagnée de garanties
quant au poids du Québec dans les institutions fédérales. On parle du Sénat, on
parle de la Cour suprême. Alors, tout
ça n'est pas juste théorique, tout ça est extrêmement concret. S'appuyant sur
une stratégie à la fois volontariste et réaliste, la CAQ entend réclamer avec vigueur des
changements qui ont des réelles chances de se produire. Donc, on est
pragmatiques, pratiques. J'y ai fait
référence avec l'entente provisoire pour la nomination du remplaçant du juge
Gascon, je pense qu'on peut avoir des objectifs plus larges à plus long terme,
mais, quand on a des gains concrets, pratiques et immédiats, ce n'est
pas à négliger. Nous n'en sommes plus aux grandes manoeuvres constitutionnelles
qui requièrent... en particulier celles requérant
l'unanimité des provinces. On l'a mentionné, c'est un mécanisme qui est
extrêmement lourd. On peut viser ces objectifs-là,
mais dans l'intervalle, il faut viser
des gains concrets. Celles-ci ne doivent pas constituer le point de départ,
mais plutôt, au contraire, le point d'arrivée. Alors, je l'ai dit, ultimement,
effectivement, ça demeure un objectif, mais dans l'intervalle, il y a une foule d'affaires qu'on peut... foule de petits
gains qu'on peut obtenir qui vont affecter les gens dans leur quotidien,
positivement d'ailleurs, affecter positivement.
Nous
nous devons d'adopter une approche souple en favorisant notamment des
modifications constitutionnelles bilatérales
avec le gouvernement fédéral, la négociation d'ententes asymétriques de nature administrative
en est un exemple. En matière de
Stratégie nationale du logement, on en a parlé, c'est de compétence québécoise,
on doit pouvoir dépenser où on le
veut parce qu'on est ceux qui connaissons le mieux notre territoire. En matière
de main-d'oeuvre également, c'est la
même chose, les transferts en matière de main-d'oeuvre. Qui connaît mieux la
main-d'oeuvre et les difficultés du territoire québécois que les gens du
Québec?
En résumé, c'est une
approche réfléchie, progressive et adaptée au contexte d'aujourd'hui pour faire
des gains, à petits pas peut-être, mais des
gains néanmoins, à l'intérieur du Canada et pour bâtir un Québec plus fort au
sein de la fédération canadienne. Et
chaque fois qu'on peut en parler, je trouve que c'est avantageux pour la
compréhension des gens. Alors, merci beaucoup.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député d'Ungava, s'il vous
plaît.
M.
Lamothe : J'aurais peut-être une autre question pour la ministre.
Comment pourriez-vous décrire vos relations avec le reste du pays depuis
que vous êtes en poste?
Le
Président (M. Bachand) : Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme LeBel :
J'ai eu de très bonnes relations quand j'ai eu des discussions avec mes
homologues provinciaux. Avec mes
homologues fédéraux également, avec M. LeBlanc, les discussions sont
toujours ouvertes. Il semble y avoir un niveau de compréhension,
toutefois il faut que les résultats suivent.
Mais,
si je parle des provinces, beaucoup de provinces, on l'ignore, hein, parce
qu'on est quand même, au Québec... on
pense qu'on est isolés, mais... peut-être pour le fait francophone, mais pour
le reste de nos... la défense de nos compétences, l'Alberta, entre
autres, est un partenaire extrêmement pertinent et efficace quand on parle des conférences
fédérales-provinciales-territoriales, qui
sont les conférences où les ministres de différents portefeuilles se réunissent
et rencontrent les homologues fédéraux entre autres. J'y ai participé à
St.John's, Terre-Neuve, avant les fêtes à titre de ministre de la Justice, où les enjeux de justice ont été discutés
à la fois avec mes homologues provinciaux, et par la suite ces enjeux-là ont
été portés au niveau fédéral pour les divers projets de loi fédéraux.
On a avantage à
maintenir des discussions avec les autres provinces parce qu'on n'est pas les
seuls à décrier l'empiétement fédéral et
cette espèce de fédéralisme un peu féroce où le fédéral, bon, peut-être avec
des objectifs qui sont louables... en
matière d'environnement, c'est un exemple, mon collègue, d'ailleurs,
M. Charette est allé témoigner, on en reparlera, devant le Comité sénatorial la semaine passée, mais peut-être
avec des objectifs louables, mais qui ne respectent pas les compétences
du Québec. Mais je dois vous dire que les relations sont tout à fait positives.
Nous faisons preuve d'ouverture, d'ailleurs,
dans ces relations. De nouveaux gouvernements ont été élus, alors peu importent
leurs allégeances politiques, nous
allons être prêts à travailler, ouverts à travailler avec tous ceux qui auront
des objectifs communs en tant que provinces, c'est-à-dire faire face au
fédéral pour faire valoir nos compétences et les défendre.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup. Il reste une minute au
côté gouvernemental, petite question? Ça va là-dessus?
Donc, on va
suspendre les travaux. La commission suspend ses travaux jusqu'après les
affaires courantes. Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 59)
(Reprise à 15 h 42)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons reprendre
nos travaux.
Je vous rappelle que la commission est réunie
afin de poursuivre l'étude du volet Relations canadiennes et Francophonie
canadienne des crédits budgétaires du portefeuille Conseil exécutif pour
l'exercice 2019‑2020.
Nous étions
rendus à un bloc d'échange du gouvernement, mais, avant d'aller là, il y a eu
des discussions, peut-être, Mme la
ministre, pour demander un consentement pour que les travaux de la commission
se terminent autour de 5 heures. Et
ce qu'on va faire, à ce moment-là, si le consentement est donné, on va enlever
le temps du côté gouvernemental — donc l'opposition ne perdra pas de
temps — pour
s'enligner pour terminer vers 17 heures, plus ou moins quelques instants,
s'il y a consentement de la part des membres de la commission. Est-ce qu'il y a
consentement?
Des voix : Consentement.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci. Alors, nous allons d'abord débuter avec... c'était le gouvernement,
hein? O.K., on va débuter avec la
représentante du troisième groupe d'opposition. Alors, Mme la députée de
Joliette, s'il vous plaît. Merci.
Mme Hivon :
Merci beaucoup, M. le Président. Donc, bonjour à Mme la ministre, à l'ensemble
des collègues et, bien sûr, à toute
l'équipe, donc, du secrétariat. Je suis désolée, j'aurais beaucoup voulu être
ici ce matin, mais je n'ai pas encore le don d'ubiquité et je devais
faire les crédits en éducation.
Donc, pour
commencer, je voudrais revenir sur la motion qu'on vient de présenter sur le
refus, donc, d'accepter la présence
du leader catalan Carles Puigdemont au Canada par les autorités fédérales.
Donc, j'ai noté que le premier ministre du Québec a dit tout à l'heure, dans une mêlée de presse, qu'il
attendait de voir les explications du gouvernement fédéral d'expliquer sa décision parce que, pour l'instant,
ça ne semble pas défendable de refuser. Or, à l'heure actuelle, il n'y a
toujours pas eu d'explication. Il y a le premier ministre qui a dit qu'il ne
souhaitait pas s'en mêler, le premier ministre canadien. Donc, je voulais savoir si la ministre responsable des
Affaires intergouvernementales allait, donc, demander des explications
au gouvernement fédéral.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme LeBel :
Oui. Alors, j'ai eu l'occasion de le préciser ce matin en votre absence — ceci n'est pas un reproche, c'est plus un état de fait — j'ai eu l'occasion de le préciser, à une
autre question d'un collègue autour de la table que c'était un dossier qui
était porté par ma collègue Mme Girault, aux Relations internationales.
Alors, moi, d'entrée de jeu, je n'ai pas
l'intention de faire de démarches, à moins qu'on juge qu'il soit pertinent que
le SQRC intervienne, et à ce moment-là on
sera, naturellement, comme toujours, en support concernant les moyens. Le
premier ministre l'a dit, je pense... Legault l'a dit, il est important, pour l'instant, de comprendre et de connaître
les motifs de refus avant de pouvoir soit s'y opposer soit les discuter, et je partage la même opinion.
Malheureusement, pour l'instant, on est, je dirais, dans le noir concernant
les raisons.
Mme Hivon : Mais
est-ce que la ministre, comme membre, donc, du gouvernement, peut nous dire si
c'est de l'intention du gouvernement du
Québec de demander des explications au gouvernement fédéral, explications qui
se font toujours attendre?
Mme LeBel :
Bien, les intentions du gouvernement du Québec ont été portées par la voix du
premier ministre de façon publique. Donc, je pense qu'on est encore en
attente, la demande a été faite, et on pourra réagir en temps et lieu. Je suis ici, moi-même, aux crédits depuis ce
matin, je n'ai pas eu l'occasion d'avoir des discussions avec mes autres
collègues ministres, mais pour
l'instant je pense que ce que le premier ministre a expliqué de façon très
publique et très claire, on attend des explications et on pourra
travailler à partir de ça.
Mme Hivon : Moi, je veux juste apporter à la ministre
une nuance : c'est une chose de dire qu'on attend des explications, c'en est une autre de dire qu'on va demander de manière proactive des
explications. Donc, j'invite la ministre à
être proactive et à demander au gouvernement fédéral ou à ses collègues... donc, d'intervenir
auprès de ses collègues pour que ces explications-là soient demandées de
manière proactive.
Mme LeBel : Bien, je
pense qu'on ne peut pas être plus
proactif, avec beaucoup de respect, Mme la députée, que quand c'est le PM lui-même qui demande des explications. Alors, c'est fait, nous sommes proactifs. Une fois que la demande
est faite, il faut toujours bien attendre la réponse.
Mme Hivon : Je suis contente de noter que la ministre
juge que le premier ministre a demandé des explications, car ce n'est pas ce que je déduis de ses propos, je
lisais plutôt qu'il était en attente d'explications. Donc, j'estime qu'il doit y avoir une demande formelle du gouvernement du Québec pour qu'il manifeste clairement
ses attentes. Mais tant mieux si c'est la lecture qu'en fait la ministre.
Par ailleurs, je voulais aborder le document qui s'appelle Un nouveau projet pour les
nationalistes du Québec, de la Coalition
avenir Québec, qui est le document
qui, je crois, fait toujours office de programme, donc,
constitutionnel et en affaires
intergouvernementales canadiennes du gouvernement actuel. Donc, peut-être, dans un premier
temps, est-ce que la ministre peut me dire si effectivement ce document-là,
qui est ce que l'on retrouve sur le site, notamment, de la Coalition avenir
Québec, est toujours
leur document d'orientation pour les questions constitutionnelles et
d'affaires gouvernementales?
Mme LeBel : Oui, absolument. Je pense que vous faites référence, je veux
juste être certaine, au document de 2015, effectivement?
Mme Hivon : Exact.
Mme LeBel : Parfait, juste pour
être sûre qu'on est sur la même longueur d'onde. Alors, ce document demeure toujours
pertinent, dans le sens où nous sommes en train de regarder avec le SQRC
comment on peut faire évoluer ce document-là — il
date de 2015 — et
comment on peut adapter la politique actuelle, là, dans ce sens-là. Mais on est en
travaux, si vous le permettez, sur cette question-là et en réflexion, effectivement.
Mme Hivon : Parfait. Donc, à la page 5, on voit qu'il est
question, donc, de demander des modifications constitutionnelles bilatérales, et j'aimerais savoir quelles sont les
modifications constitutionnelles bilatérales qui vont être demandées en
priorité par le gouvernement de la CAQ.
Mme LeBel : La page 5?
Mme Hivon : Oui.
Il n'est pas paginé, là, mais je l'ai paginé.
Mme LeBel : O.K. C'est peut-être
pour ça que...
Mme Hivon : J'ai
pris cette initiative.
Mme LeBel : Non, mais c'est une
très bonne initiative, mais c'est un peu pour ça... pourquoi je...
Mme
Hivon : Donc, c'est dans la rubrique... il y a
une page «Plus de pouvoirs pour le Québec», la page suivante, troisième paragraphe, on dit, à la fin : «...favorisant notamment
des modifications constitutionnelles bilatérales avec le gouvernement
fédéral...» En fait, je veux simplement savoir si la ministre... quelles sont
les priorités de la ministre, de demandes, donc, de modifications
constitutionnelles bilatérales.
Le Président
(M. Bachand) : Mme la ministre.
Mme LeBel : La prépondérance en matière... entre autres, il y a la... je veux être sûre de ne pas me
tromper parce qu'on fait référence à
un document bien précis. Naturellement, on a l'intention de rapatrier des
pouvoirs, de travailler sur nos
compétences, j'ai tout dit ça ce matin, mais je veux être sûre de faire
référence au même document que vous. Naturellement, la prépondérance du Québec en matière de langue,
d'immigration et de culture, on en a parlé ce matin. Présentement, on travaille de façon peut-être plus proactive,
compte tenu de la nécessité de faire une bonne adéquation en immigration avec
le marché du travail sur le rapatriement de certaines compétences en
immigration, on a parlé des seuils d'immigration.
Alors, oui,
on travaille toujours de façon proactive sur ces sujets-là. Naturellement, on
les priorise en fonction des besoins
de l'actualité... actuels, pas de l'actualité, mais actuels, c'est le terme le
plus exact. Je pense que, quand on parle... en matière d'immigration, c'est ce qu'il y a de plus présent,
finalement, dans notre actualité, là, quotidienne au niveau du SQRC.
Mme Hivon :
Donc, c'est la priorité, cette demande, donc, de rapatrier des pouvoirs, en
quelque sorte, constitutionnels en matière d'immigration.
Il y a
évidemment aussi toute la question de la langue et de la culture qui est bien
présente dans ce document-là. Donc,
je voulais savoir si la question de faire appliquer la loi 101 aux
entreprises fédérales, qui est nommée clairement comme une volonté de la Coalition avenir Québec, est
toujours dans votre volonté. Est-ce qu'il y a des démarches en cours? Et
est-ce que ça va, selon vous, nécessiter une modification constitutionnelle?
• (15 h 50) •
Mme LeBel :
Pour l'instant, ce qui est dans mon horizon immédiat en tant que ministre de la
Francophonie canadienne, c'est de
faire en sorte de favoriser, justement, la francophonie hors... hors Québec,
pardon, et non pas hors Canada, et on travaille sur beaucoup de mesures
et d'actions pour renforcer cette francophonie hors Canada.
Pour ce qui
est de la loi 101 plus particulièrement, elle est sous la responsabilité,
comme vous le savez, de la ministre de
la Culture et de la responsable de Langue française au Québec. On travaille de
concert avec elle pour voir des moyens d'action.
Ce n'est pas... Pour l'instant, elle a bien parlé du fait d'avant de voir...
d'ouvrir la loi 101... Je pense que le gouvernement et le premier ministre...
et la ministre de la Culture a été très précise là-dessus, avant d'ouvrir la
loi 101, on va s'assurer que son
application est adéquate sur le territoire. Mais je peux vous dire qu'en matière de
francophonie les divisions gouvernementales font en sorte, présentement, que la francophonie internationale, la
francophonie canadienne et, je dirais, la francophonie sur notre territoire,
que ce soit la langue française ou la francophonie québécoise, sont la responsabilité de trois personnes différentes. Je pense que le premier plan d'action,
qui est très important, c'est qu'on essaie de travailler toutes
les trois ensemble, et on est en train de regarder, justement, comment on peut
agir.
Mme Hivon : Je note votre enthousiasme, mais j'ai très peu de
temps, donc c'est pour ça que je souhaite avoir des réponses assez précises. Donc, il y avait
vraiment cette volonté de demander les pouvoirs pour
pouvoir appliquer la loi 101 aux entreprises fédérales. Est-ce que
je comprends que ce n'est plus une volonté du gouvernement?
Mme LeBel : Je ne dis pas que ce n'est plus une volonté, mais
on est en train de travailler sur ces questions puis on va voir comment on priorise ces
choses-là.
Mme Hivon : Donc,
pour l'instant, ce ne serait pas une priorité du gouvernement.
Mme LeBel : Pas immédiate.
Mme Hivon : Et vous n'êtes pas en mesure de me dire si ça
demeure toutefois un objectif de votre gouvernement.
Mme LeBel : Je n'ai aucun signal à l'effet que cet objectif
a été abandonné, donc ce n'est pas quelque
chose qui est exclus, mais je
dois vous dire qu'à très court terme ce n'est pas une priorité immédiate.
Mme Hivon : Ce
n'est pas une priorité, et donc ce n'est pas un engagement de faire advenir
cette réalité-là, d'y travailler pendant le prochain mandat, pendant le mandat
actuel, par exemple.
Mme LeBel : Ce n'est ni un engagement ni une absence d'engagement,
je vous dirais qu'on travaille sur les enjeux à court terme. Beaucoup de choses sont survenues, dans l'actualité, qui
ont fait en sorte qu'il a fallu que nos efforts soient priorisés. Donc, je ne voudrais pas qu'on
comprenne de mes propos que c'est abandonné, mais, à très court terme, ce n'est
pas sur notre planche à dessin.
Mme Hivon : Ce n'est pas abandonné, mais il n'y a pas d'engagement
de le faire, contrairement à ce qui était dit dans le document.
Mme LeBel : Bien, je pense que
mes propos ont été clairs, là.
Mme Hivon : Parfait. Donc, par ailleurs, un autre engagement
était, donc, de rapatrier tous les pouvoirs en matière de culture.
Est-ce que la ministre peut nous dire si c'est toujours un engagement et si ça
va être une priorité du mandat?
Mme LeBel : Je peux vous dire que tout ce qui est dans le document
de 2015 fait toujours partie des choses que l'on considère avec sérieux. Maintenant,
je n'ai pas fait, pour aujourd'hui, une liste des priorités, c'est-à-dire dans quel ordre on va les
faire, de quelle façon on va les faire. Je pense que j'ai mentionné d'entrée de jeu que cette politique était toujours
d'actualité, en ce sens que nous étions en
train de l'étudier, ce qui veut dire qu'on va étudier tout et chacun des engagements
qui sont à l'intérieur de cette politique-là
pour reprendre une position formelle. Donc, on pourrait les passer une par une,
puis je vais vous faire la même réponse, là.
Mme Hivon : Mais je pense que la ministre
peut comprendre qu'il peut y avoir une certaine surprise quand on a un programme,
donc, politique, avec des engagements très clairs qui n'ont pas été revus dans
un gouvernement qui se dit nationaliste et
revendicateur et que, donc, quand on passe ces engagements-là qui étaient
très clairs, aujourd'hui on refuse de les réitérer ou de dire que
c'est des engagements que l'on souhaite, donc, réaliser dans l'actuel mandat.
Mme LeBel : Ce sont des engagements qu'on souhaite
réaliser, qui demeurent d'actualité. Maintenant, dans quel échéancier, c'est sur ce
point-là que je ne peux pas m'engager ce matin... cet après-midi, plutôt.
Mme Hivon : Donc, en matière de culture non plus, il n'y a
pas d'engagement par
rapport à ça. Donc, je comprends
qu'autant pour ce qui est de la langue, donc, que pour la culture il n'y a pas
d'engagement, il n'y a pas de démarche formelle, il n'y
a pas de projet, de revendication constitutionnelle.
Mme LeBel :
Bien, c'est un peu difficile pour moi de répondre, cet après-midi, puis je vais
vous expliquer pourquoi. Ce n'est pas parce
que je n'ai pas d'enthousiasme par rapport à ces engagements-là puis que je ne
trouve pas que c'est des priorités qui sont essentielles et toujours
pertinentes, mais vous devez comprendre qu'en matière... Exemple, on parlait de la loi 101, on parle de
rapatrier en culture, c'est ma collègue de la Culture qui travaille sur ces
engagements-là. Probablement qu'ils
sont encore sur son radar, ça fait probablement partie de sa planche à travail.
Ce document-là... Je l'ai expliqué ce matin, il y a des ministres sectoriels qui travaillent sur
chacun des engagements, et le SQRC est là pour les soutenir dans leurs
démarches. Alors, moi, je serai là quand on sera rendus à faire des mouvements
ou à faire des représentations. Je n'ai pas
le contrôle de l'échéancier sur ces engagements-là, puis je ne voudrais pas
qu'on pense de mes propos aujourd'hui que
la ministre de la Culture ne travaille pas sur le rapatriement des compétences
en culture, qu'elle ne travaille pas sur l'assujettissement des compagnies fédérales par rapport à la loi 101.
Je ne veux pas qu'on comprenne ça, ce n'est pas dans ma responsabilité, puis je ne voudrais pas
m'engager pour eux. Maintenant, je vais être là en soutien. Cette politique-là, elle est générale. Moi, je travaille sur une politique générale
d'intervention et de relations canadiennes comme je travaille sur une politique en francophonie canadienne, et
ça, pour ça, naturellement, moi, je vais réitérer mon soutien à tous mes
collègues, que ce soit en matière de langue,
en matière de culture, en matière d'immigration et tous les engagements qui font
partie de cette politique, là, que je n'ai pas relue récemment, je dois
l'avouer.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la députée,
oui.
Mme Hivon :
Mais je pense que la ministre est quand même consciente qu'elle est l'ultime
responsable parce qu'elle est responsable de
ce portefeuille. Donc, si on parle d'ententes administratives bilatérales,
surtout de modifications constitutionnelles,
évidemment ça fait partie de sa vision à elle aussi comme porteuse de ce
dossier-là. Donc, je pense que c'est
pertinent aujourd'hui de savoir si, comme titulaire de cette fonction-là, elle
estime que des chantiers de modifications constitutionnelles bilatérales dans ces domaines-là devraient être mis
de l'avant en collaboration, bien sûr, avec ses collègues.
Mme LeBel :
Je pense qu'il faut remettre les pendules à l'heure parce que je suis capable
d'assumer les responsabilités qui me reviennent, et habituellement je les
assume de façon adéquate, je pense, même si c'est moi qui le qualifie moi-même.
Je ne suis pas l'ultime responsable, je suis
là en soutien, en aide. Il y a des ministères porteurs de ces dossiers-là qui,
d'ailleurs, travaillent là-dessus. Et, quand on aura à travailler, soyez
assurée que je serai au premier plan pour les assister.
Mme Hivon :
Donc, je comprends que, jusqu'à ce jour, ceci dit, les collègues de la
ministre, en travaillant avec la ministre,
n'ont pas mis de l'avant une volonté, donc, d'ouvrir des discussions pour des
modifications constitutionnelles bilatérales.
Mme LeBel :
Présentement, vous devez comprendre qu'il y a beaucoup d'actions pressantes
auprès du gouvernement fédéral, il
faut prioriser, il faut faire les choses dans l'ordre. Encore une fois, je n'ai
pas dit qu'on a abandonné ces priorités-là, mais je pense qu'il faut les faire dans un ordre qui est utile. On parle
d'immigration, présentement, on parle des transferts en santé, on parle de transferts en habitation, il
y a l'environnement qui est une priorité. D'ailleurs, mon collègue est
intervenu au niveau du Sénat sur C-69, je pense, je ne veux pas me
tromper de nom... de numéro, c'est ça?
Une voix :
Oui.
Mme LeBel :
Donc, il y a des priorités, donc le fait qu'on ne travaille pas dans l'immédiat
sur ces choses-là ne signifie pas
qu'on les a abandonnées. On est en période d'élection fédérale, on a priorisé
des enjeux qui nous semblaient les plus
urgents, les plus pressants. On travaille également sur le comité de nomination
du juge de la Cour suprême pour remplacer le juge Gascon. Donc, on a beaucoup de travail sur la planche, on est
très actifs. Alors, je voudrais répéter et réitérer que je ne voudrais pas qu'on lise dans mes propos que ces
choses-là sont abandonnées, mais on est dans une séquence peut-être
différente de celle que vous souhaiteriez nous voir prendre.
Mme Hivon :
Bien, moi, ce que je souhaiterais tout simplement, c'est être capable de savoir
si les engagements qui étaient pris dans ce document-là sont toujours
des engagements, puis je pense que la période est propice à ce que le Québec puisse, effectivement, réitérer ses
volontés. Et, puisqu'on a un gouvernement qui se dit nationaliste et
autonomiste, oui, je pense que c'est pertinent de savoir comment va se
refléter ce visage-là et si, donc, il y a une volonté d'avoir des modifications
constitutionnelles ou autres éléments.
Et j'arrive à mon
autre élément, j'imagine que la ministre va me faire la même réponse, mais je
vais m'essayer quand même. Donc, il y a une
demande de rapatrier des points d'impôt, et donc j'aimerais savoir si cette
demande, donc, d'avoir un champ
fiscal accru par la libération de points d'impôt fédéraux est une volonté qui
demeure et donc un engagement qui demeure.
Mme LeBel :
Oui, ça, je peux vous répondre de façon plus précise. Je sais qu'il y a des
discussions, actuellement, entre les
ministres des Finances et que c'est toujours d'actualité. Maintenant, on est en
cours de discussion et on pourra vous faire part des résultats quand on
sera heureux d'en avoir.
Mme Hivon :
Donc, ce que la ministre nous dit par rapport aux points d'impôt, c'est que des
discussions sont amorcées pour un rapatriement de points d'impôt au Québec?
Mme LeBel :
Oui.
Mme Hivon :
Et est-ce qu'elle peut nous donner l'état de l'avancement de ce dossier-là?
Est-ce qu'elle a espoir que ça aboutisse à court terme?
Mme LeBel : On a espoir que ça
aboutisse, mais je ne peux pas vous donner l'état précis d'avancement, non.
Mme Hivon :
Parfait. Je sais que vous en avez parlé ce matin, mais rapidement je voulais
revenir sur la nomination, donc, à la
Cour suprême. Comme la ministre le sait très bien, son collègue l'actuel leader
du gouvernement, ministre de l'Immigration,
avait déposé le projet de loi n° 591. Donc, j'aimerais savoir si elle estime que
l'idée d'une motion du premier ministre
adoptée aux trois quarts des membres de l'Assemblée nationale pour faire la
recommandation au gouvernement fédéral est une idée qui devrait tenir ou
si elle veut se distancer de cette idée.
• (16 heures) •
Mme LeBel :
Je n'ai ni l'intention de confirmer quoi que ce soit ni de me distancer. J'ai
bien expliqué ce matin que le départ, je dirais, prématuré à la retraite du
juge Gascon nous a obligés de prioriser nos actions. Ce que j'ai bien expliqué
ce matin, c'est que, malgré toute la bonne
volonté, l'objectif du projet de loi de mon collègue, il n'en demeure pas moins
que ça demeure un voeu pieux parce que, même si on a une motion de l'Assemblée
nationale, ça n'attache pas le premier ministre
du Canada. Et moi, je recherche présentement, de façon plus rapide, des
solutions pour participer au processus et de faire en sorte que la voix
du Québec soit réellement entendue. Donc, à court terme, il n'est pas de mon
intention de déposer un projet de loi ou de discuter de ce projet de loi parce
qu'à très court terme j'en suis à travailler avec le gouvernement fédéral pour mettre en place un processus où on aura
vraiment quelque chose à dire et que
notre voix sera... dont on tiendra
compte, notre opinion, on en tiendra compte, avec le gouvernement du Canada dans le cadre de la nomination du
remplaçant du juge Gascon. Pour la suite des événements, on pourra étudier les
possibilités.
Mme Hivon : J'ai compris que la ministre a parlé de voeu
pieux, je suis un petit peu surprise. J'imagine qu'elle ne veut pas dire qu'une motion, par exemple, unanime
de l'Assemblée nationale ne serait qu'un voeu pieux. Donc, je veux juste comprendre, quand elle dit qu'il y a un voeu
pieux dans le projet de loi de son collègue, à quoi elle réfère. Le fait
d'avoir une motion formelle adoptée
par les trois quarts des élus, donc, à ce stade-ci, elle juge que ce serait davantage
de l'ordre du voeu pieux et elle veut avoir une démarche plus informelle
avec son homologue fédéral.
Le Président (M.
Bachand) : En 20 secondes, s'il vous plaît.
Mme LeBel : Oui. Ce que je trouve très difficile, M. le Président, en politique, c'est la distorsion qu'on donne à nos propos. Je pense
que ma collègue sait tout à fait bien que le pouvoir suprême de nommer un juge à
la Cour suprême va demeurer le pouvoir de l'Exécutif fédéral. Donc,
même si une motion de l'Assemblée
nationale a quand même
une très grande valeur, il n'en
demeure pas moins que, si le fédéral décide à en faire fi, il en fera fi.
Alors, non seulement je désire travailler
sur un processus qui va littéralement attacher le gouvernement fédéral avec son accord, mais je pense que ce qui est d'intérêt du Québec d'avoir une réelle
participation au processus de nomination, et, à très court terme, c'est ce que
je suis en train de faire pour la nomination du remplaçant du juge
Gascon.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Le temps est écoulé. Je me tourne maintenant
vers les députés ministériels pour une période de six minutes. M. le député d'Ungava,
s'il vous plaît.
M. Lamothe : M. le Président, Mme la
ministre, j'aimerais élaborer sur le respect des compétences du Québec. Depuis l'avènement de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, le Québec a toujours été extrêmement soucieux du respect de ses compétences afin que celles-ci demeurent
actuelles et pertinentes en dépit des grandes transformations survenues depuis
1867. Les défis actuels auxquels fait face le
Québec sont multiples, complexes et concernent tous les citoyens québécois.
Leur importance ne doit cependant pas être
sous-estimée. C'est pourquoi le gouvernement
du Québec continue au quotidien
de chercher des solutions créatives et constructives pour y faire face.
Au fil du
temps, les jugements rendus par les tribunaux sont venus délimiter et préciser
l'étendue des champs de compétence du Québec découlant du partage des
compétences. Cela n'a toutefois pas empêché le gouvernement fédéral d'intervenir directement dans un domaine
qui relève, du point de vue constitutionnel, exclusivement des provinces. La
tentative du gouvernement fédéral d'écarter unilatéralement, en matière bancaire, la loi québécoise sur
la protection du consommateur, une
loi importante de notre système de droit civil, en est un bon exemple. Les
relations fédérales-provinciales recèlent des défis, des visées d'empiétement et
parfois des affrontements, lesquels exigent du Québec qu'il fasse preuve
d'une vigilance constante afin de protéger les intérêts de ses citoyens.
À ce sujet,
la problématique récurrente, au cours des dernières années, de l'aménagement
d'aérodromes privés sur le territoire québécois sans égard aux
règlements de zonage et aux préoccupations des citoyens et des municipalités,
la Stratégie nationale du logement ou la difficulté qu'éprouve le gouvernement
du Québec à faire respecter ses normes environnementales
à l'égard des activités portuaires mettent en lumière les désavantages de
vouloir élaborer des politiques mur à mur sans tenir compte des réalités
locales et des lois adoptées par les provinces dans l'intérêt de leurs
citoyens.
À défaut de compétences constitutionnelles qui
lui permettraient d'agir directement, c'est souvent au moyen d'interventions financières que le gouvernement fédéral va s'ingérer dans les domaines qui relèvent des provinces. Ce pouvoir
fédéral de dépenser, qui s'est développé en
marge de la Constitution, s'exerce aujourd'hui sans encadrement et souvent sans égard au
partage des compétences constitutionnelles. Pourtant, le partage des
compétences est au coeur du compromis fédératif
canadien et, plus particulièrement, pour le Québec, il représente la
garantie la plus importante de la pérennité et de l'épanouissement de
son identité nationale.
La
spécificité du Québec impose des responsabilités particulières à l'État québécois dans les domaines
liés à son identité de même que dans
les secteurs de compétence que lui reconnaît la Constitution, notamment en
santé, en éducation, en matière
d'affaires municipales et d'aménagement du territoire et, de façon générale, de
politiques sociales. Le caractère essentiel
de l'exercice sans interférence de ses responsabilités explique pourquoi le
Québec exige à l'occasion une plus grande liberté d'action qu'ils ne le font pas... qu'ils
ne le font, ses partenaires fédératifs — je m'en excuse, ça va sortir. Cette liberté
est inhérente à l'existence même de la nation québécoise dans le cadre
constitutionnel canadien.
Ma question,
Mme la ministre : Est-ce que le respect des compétences
constitutionnelles du Québec constitue toujours un défi pour le gouvernement?
Le Président (M.
Bachand) : Mme la ministre, s'il vous
plaît.
Mme LeBel : Oui, merci,
M. le Président. C'est effectivement un défi, un défi quotidien. Il ne faut jamais baisser la garde, vous
l'avez dit. L'empiétement des compétences constitutionnelles québécoises peut
se faire de différentes façons par le
gouvernement fédéral. Souvent, c'est par, effectivement, des mesures financières, où il devient très difficile pour les provinces de refuser les transferts fédéraux, mais
qui souvent comportent des enjeux cachés d'empiétement des compétences. Alors, c'est un peu difficile de voir comment on
peut ménager la chèvre et le chou, et souvent, comme je l'ai dit ce matin,
les ententes asymétriques sont souvent la
porte de sortie et la voie de passage qui permettent à la fois de bénéficier de
ces transferts monétaires, qui sont dus, d'ailleurs, aux Québécois,
c'est notre argent à tous, et de faire en sorte que nous respectons... ou, en
tout cas, de faire respecter les compétences fédérales.
L'un des
domaines où les empiétements fédéraux sur le champ des compétences provinciales
devient de plus en plus problématique,
c'est dans les compétences qu'on appelle des compétences partagées. Il y a des
compétences qui sont très clairement
du champ fédéral, comme l'aéronautique ce matin, et d'autres compétences qui
sont très clairement du champ
provincial, comme la santé et l'éducation. Mais une compétence partagée est une compétence qui nous donne les plus grands défis. L'environnement en est une de
ces compétences qui n'est pas clairement définie comme étant de compétence
fédérale ou provinciale, mais souvent se
rattache à une autre compétence. C'est une... qui va faire... Bon,
l'environnement, comme le reste, est
rattaché souvent à une autre compétence, donc en matière, je ne sais pas, moi,
de construction de logements, l'environnement peut entrer en jeu, etc.
D'ailleurs, on
en a parlé un petit peu brièvement à la période de questions de ce matin, mais
ça me permet de revenir sur un des
enjeux qui a été soulevé par mon collègue le ministre de l'Environnement,
M. Charette. Le 8 février 2018, le gouvernement a déposé le
projet de loi C-69, j'en ai fait brièvement mention tantôt, dont la première
partie abroge la Loi canadienne sur
l'évaluation environnementale, une loi de 2012, et la remplace par la Loi sur
l'évaluation d'impact, la LCEI. Les
modifications apportées par la LCEI visent notamment à confier à un seul
organisme, qui est l'agence canadienne d'évaluation
des impacts, la responsabilité de mener les évaluations des impacts et de
coordonner les consultations auprès des
autochtones, entre autres, pour l'ensemble des projets désignés. En outre, les
évaluations d'impact fédérales tiendraient dorénavant compte des répercussions sur l'environnement, la société, la
santé, l'économie, les peuples autochtones, mais sur l'environnement, entre autres. Le projet de loi a fait l'objet d'un
vote favorable en troisième lecture le 20 juin 2018 à la Chambre
des communes et est maintenant rendu devant le Sénat, où, suivant la deuxième
lecture, il a été renvoyé au Comité
sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources
naturelles. C'était ce comité-là qui était de passage à maintenant et devant lequel mon collègue M. Charette a
témoigné il y a de ça une semaine environ, vendredi dernier.
Le
Président (M. Bachand) : Mme
la ministre, malheureusement, je dois vous arrêter pour passer la parole
maintenant à l'opposition officielle.
Mme LeBel : J'ai commencé.
Le
Président (M. Bachand) :
Bon, on va revenir. Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît,
pour un bloc de 19 min 35 s.
Mme Weil : Oui, bonjour. Merci, M. le Président. Donc, Mme la ministre, ce matin, on était, comment dire, dans un élan sur la francophonie canadienne, et j'aimerais poursuivre parce que
je pense que c'est une discussion qu'on doit avoir qui est urgente, je pense, dans le sens qu'on a senti, cette année, des
inquiétudes. Alors, j'avais parlé de l'Ontario, mais là il y a aussi le Nouveau-Brunswick. Vous avez parlé vous-même de vos racines acadiennes — j'ai
trouvé ça intéressant, je ne savais
pas que vous en aviez — puis
évidemment on sait qu'il y a beaucoup
de gens qui en ont. C'est toujours touchant quand on entend quelqu'un
qui a des racines acadiennes, en particulier.
Donc, ce
qu'on voit au Nouveau-Brunswick, c'est
sûr que je vais vouloir avoir votre
vision des choses. Donc, on avait
fait une demande de voir si vous avez eu des des correspondances, s'il y avait
eu des démarches ou des rencontres avec, en particulier, le gouvernement du Nouveau-Brunswick, mais peut-être aussi avec la Société de l'Acadie du Nouveau-Brunswick. Alors, est-ce que vous en avez eu ou est-ce que votre équipe,
soit du cabinet ou du secrétariat, a pu avoir des contacts?
Le Président (M.
Bachand) : Mme la ministre, s'il vous plaît.
• (16 h 10) •
Mme LeBel : Personnellement, pour faire bien la part des
choses... Oui, effectivement, je vous le soulignais, oui, effectivement, j'ai des racines acadiennes, et elles ne sont pas lointaines, il
s'agit de mes grands-parents maternels, donc, j'en suis très fière. J'ai encore beaucoup de cousins et de
cousines, dans la région de Tracadie, que je fréquente et que je vois peut-être
moins régulièrement qu'avant, mais je les salue. Donc, effectivement, et beaucoup d'entre nous, beaucoup de Québécois en ont, et on peut s'identifier très facilement
à nos compatriotes acadiens.
Pour
répondre, donc, plus précisément à votre question, personnellement, je n'ai pas eu d'échanges, non. Par contre,
le premier ministre Legault a eu un entretien qui portait spécifiquement sur la
question de la francophonie canadienne, spécifiquement dans les provinces de l'Atlantique, au Nouveau-Brunswick, avec le premier ministre Higgs après son élection. Et
notre bureau de Moncton, je dois vous le dire, est très actif sur le terrain.
J'ai la chance d'avoir un adjoint parlementaire
extraordinaire en la personne du député
de Chapleau, ici présent autour
de la table — oui,
j'attire votre attention, M. le
député de Chapleau, je vais parler de vous en bien — et
il s'est présenté récemment dans le cadre de la remise du Prix Champlain de la littérature. C'est présenté
au Nouveau-Brunswick, à Moncton plus précisément. Il a rencontré le ministre Gauvin
et a eu des échanges également... Donc, par l'intermédiaire du député de
Chapleau, j'ai eu, oui, des échanges. Le bureau de Moncton, comme je
vous dis, est un bureau qui est extrêmement bien implanté, qui est très actif.
Donc, ces échanges-là ont lieu de façon
régulière, mais moi, personnellement, pour répondre précisément à votre question — et ça, c'est plus ma formation juridique, j'aime ça être
précise — non,
je n'en ai pas eu. Mais est-ce que j'ai un intérêt? Oui, absolument.
Mme Weil : Peut-être, pour les gens qui nous écoutent, un petit rappel
de ce qui s'est passé. D'une part, c'est le gouvernement minoritaire qui
est appuyé par le parti L'Alliance des gens du Nouveau-Brunswick, the
People's Alliance of New Brunswick, qui est anti-bilinguisme, donc qui a une vision contraire à, en fait,
le statut même du Nouveau-Brunswick, mais aussi c'était cette inquiétude qu'on
avait tous concernant l'exigence du bilinguisme chez les ambulanciers du Nouveau-Brunswick. Finalement, le gouvernement du Nouveau-Brunswick a fait marche arrière, donc on a été soulagés
de voir qu'ils ont fait marche arrière.
Tout ça pour
dire que, pour ce qui s'en vient, hein, parce qu'on a vu, dans... on parle
d'états généraux, un sommet de la francophonie canadienne, un sommet, donc, qui est
proposé par la Fédération des communautés francophones et acadienne. J'ai vu que vous, Mme la ministre... je pense que
j'ai vu que vous êtes citée. Peut-être que j'ai vu... en tout cas, vous
pourriez en parler, de dire l'intérêt... Je pense que vous avez exprimé
un intérêt, non, pour cette... peut-être que je me trompe, il y a tellement d'articles, j'ai vu quelque part
votre intérêt à appuyer. Mais je voulais savoir, donc, si le gouvernement du
Québec va exercer son leadership en matière
de promotion de la francophonie. Est-ce que vous, vous êtes intéressée? Est-ce
que vous avez un dialogue, donc, avec la FCFA pour savoir qu'est-ce qu'il en
est de ces États?
Pour ma part,
je pense que c'est une occasion extraordinaire. Je sais que certains ont
peut-être des questions, une inquiétude
par rapport aux attentes quant à ce sommet, mais je vois plus de voix pour, de
personnes qui se prononcent pour ce sommet. Quant à moi, je pense que la
conjoncture est intéressante, dans le sens qu'on a senti une fragilisation,
mais en même temps qu'est-ce qu'on a
senti, on a senti un mouvement de solidarité. Et ce qui est souvent répété par
les francophones canadiens, les
Franco-Canadiens, ils vont toujours parler des francophones et des francophiles,
parce qu'ils savent qu'ils ont
l'appui de ces gens qui ont appris le français, qui sont capables de
travailler, parler, échanger en français... qui leur donne une force.
Alors donc,
je voulais savoir si le gouvernement du Québec est impliqué dans ça, si vous
avez des discussions, dans un premier temps, puis ensuite on verra la
suite.
Mme LeBel :
Donc, deux choses, peut-être, parce qu'il y avait beaucoup de choses dans votre
prémisse puis que je trouve tout à fait importantes. La première, c'est
qu'effectivement on ne peut pas nier que ce qu'on recevait comme impression, dans la foulée de l'élection du
nouveau gouvernement au Nouveau-Brunswick, pouvait soulever des inquiétudes.
Mais je dois vous rassurer que les messages que l'on reçoit de la part du
premier ministre Higgs, qui ont été d'ailleurs véhiculés au premier ministre Legault lors de leur entretien
téléphonique, les messages qu'on reçoit, les messages qu'on reçoit de
M. Gauvin sont tout à fait positifs, et je suis extrêmement confiante que
cette impression de départ que nous avions tous en surface s'avère non fondée. Pour l'instant, c'est
positif, donc je pense que c'est rassurant puis je pense qu'il fallait le
réitérer.
J'imagine que
votre demande s'inscrit dans la question à savoir s'il y aura un sommet de la
francophonie et si le gouvernement québécois s'inscrit dans cette
démarche-là, c'est comme ça que je l'ai compris.
Mme Weil : Oui, mais là j'ai trouvé la source, c'est Un
sommet de la francophonie canadienne dans les cartons. Et là je pense
que ça vient de la bouche de Jean Johnson, c'est bien ça? En tout cas, il dit... il aimerait faire une annonce avec Mme la ministre — on
ne peut pas la nommer — et
le premier ministre à la fin du mois d'avril. Maintenant,
c'est d'où ma question : Est-ce
qu'il y a eu des échanges avec eux? Est-ce que
vous avez exprimé un intérêt? Et, si oui, dans quelle mesure est-ce que
le gouvernement du Québec pourra s'impliquer?
Mme LeBel : Oui, je peux vous confirmer quelques petites
choses puis je vais les préciser pour ne pas que ça ait l'air d'une
confirmation générale de vos affirmations, c'est très important, je commence à le
comprendre. Alors, on a reconnu, hein...
tous les gouvernements reconnaissent que le Québec doit jouer un rôle
de leader pour s'assurer de la vitalité et de la pérennité des cultures francophones hors Québec. On a eu l'occasion de le dire à plusieurs
reprises ce matin, puis je pense que c'est important, et on partage, je
le constate et je le savais déjà, cet intérêt-là.
Donc, oui, c'est dans les cartons, si je peux
reprendre l'expression, dans le sens où de nombreuses discussions... Il y a
un intérêt, il y a certainement
une pertinence de le faire. Je l'ai peut-être mentionné du revers de la main ce
matin, ça fait près de 50 ans
qu'on n'a pas eu... je ne veux pas appeler ça des états généraux, je ne veux
pas appeler ça un sommet, je ne veux
pas le qualifier, là, mais ça fait longtemps qu'on n'a pas eu de discussions,
je vais le dire, sur l'état de la francophonie canadienne et sur les
actions et la façon dont on veut se comporter tous ensemble dans le futur et le
rôle surtout que le Québec devra y jouer
parce que je pense que le Québec doit être... une certaine forme de leadership.
Mais le Québec doit également comprendre que les besoins de la
francophonie canadienne sont connus aussi par les gens de la francophonie hors Québec, et ils ne vivent pas la même réalité
que nous. Malgré qu'on est isolés dans le Canada, je l'ai dit, on est quand
même une province francophone, on vit en français, au Québec, et on n'a pas les
mêmes réalités que les petits îlots de francophones hors Québec qui sont isolés
dans leurs provinces respectives. Donc, oui, on a eu des discussions avec M. Johnson, de la
FCFA, on est très présents et nous sommes d'ailleurs... on a des discussions
avec des nombreux partenaires, et nos réflexions s'inscrivent dans cette
même démarche.
Maintenant,
la forme que prendra ces échanges va rester à déterminer, mais je n'ai pas
l'intention de faire une annonce ce
matin. S'il y a une annonce, elle sera faite en temps et lieu. Mais je peux
vous assurer qu'il y a un intérêt et qu'effectivement des discussions se poursuivent parce qu'il y a
certainement une pertinence à avoir ce type de rencontre, que je ne qualifierai
pas.
Le Président
(M. Bachand) : Merci. Mme la députée.
Mme Weil :
Oui. Et, dans ce même article, puis vous l'avez mentionné ce matin, l'attente
qu'ils auraient, c'est : «Idéalement — et je cite — ce serait de développer une nouvelle
politique avec le Québec à l'égard des francophones du pays, [selon]
Jean Johnson. Et qu'elle soit entérinée par son appareil gouvernemental.»
Donc, ce que
je comprends, c'est leur vision de la chose, en quoi le Québec peut jouer un
rôle. En tout cas, sur cette question,
vous aurez tout mon appui, honnêtement, tout ce qu'on peut faire pour appuyer.
Moi, j'ai eu l'occasion, il y a très, très longtemps, de participer dans
une cause concernant les Franco-Albertains, c'était la cause Mahe, jusqu'à la
Cour suprême, donc, et j'ai eu l'occasion de
rencontrer toutes ces communautés à travers le Canada, et il y a évidemment une
vitalité à préserver, et je pense que le Québec... je pense sincèrement que c'est
le temps.
J'aimerais
quand même souligner qu'on avait fait aussi, je l'ai mentionné ce matin... et
c'est dans le cadre du Conseil de la fédération aussi que ça s'est
concrétisé, et j'en viendrais au Conseil de la fédération, cette entente par
rapport à l'immigration. Ça, c'est très bien
aussi, honnêtement, c'est très concret, quand on parle de vitalité, vous l'avez
souligné, donc qui m'amène donc au Conseil de la fédération. Donc,
quelles sont, premièrement, au prochain conseil...
• (16 h 20) •
Donc, un peu
l'historique, encore pour les gens qui nous écoutent, c'est en 2003, sous le
leadership du premier ministre Jean
Charest, que les premiers ministres des provinces et des territoires ont créé
le Conseil de la fédération, donc, une instance qui permet aux provinces
d'unir leurs forces. On a beaucoup parlé de ça, ce... tantôt, en fait, la
ministre l'a évoqué, en réponse à des
questions qui sont posées par les uns et les autres, qu'il y a des défis
communs parmi les provinces face au gouvernement
fédéral. Donc là, il y a une réunion qui se fait à chaque année. C'est un outil
très, très précieux pour le Québec aussi
d'exercer son leadership au sein de la fédération, et, bon, forger des
alliances sur différents sujets en amont, et d'échanger avec les autres
provinces par rapport aux différents enjeux.
Donc, je
voulais savoir, bon, premièrement, est-ce qu'il y a une date pour la prochaine
réunion du Conseil de la fédération.
Et quels seraient les enjeux que le gouvernement du Québec souhaiterait mettre
de l'avant dans le cadre de la prochaine rencontre? J'ai d'autres
questions aussi, mais peut-être, on va commencer avec ça.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la ministre, s'il vous plaît.
Des voix :
...
Mme LeBel :
Oui, j'essayais d'avoir des réponses précises à vos questions précises. Alors,
oui, il y a une réunion du Conseil de
la fédération qui est prévue du 9 au 11 juillet cette année pour le...
C'est le premier ministre de la Saskatchewan qui préside cette rencontre. Naturellement, vous savez, chers collègues,
comment ça se déroule. Alors, il devrait y avoir un appel téléphonique qui sera prévu d'ici peu, je
n'ai pas l'échéancier de l'appel téléphonique, je dois vous l'avouer, mais
pour mettre en place l'ordre du jour de
cette rencontre. Donc, l'ordre du jour n'est pas encore établi, et ce sera fait
de concert avec le premier ministre
de la Saskatchewan, qui préside, d'ailleurs, cette rencontre, je pense que je
l'ai dit, du 9 au 11 juillet.
Mme Weil :
On a évoqué certains enjeux dans des échanges tantôt, mais moi, je vous
demanderai : Est-ce que... Moi,
je crois que c'est une occasion importante de revenir sur la francophonie,
comme on l'a fait la dernière fois, puis on a eu l'adhésion... le gouvernement
du Québec a eu l'adhésion... bien, tout le monde a eu l'adhésion et un
consensus d'appuyer la francophonie
par l'immigration. Est-ce que vous comptez utiliser la prochaine rencontre pour
mettre de l'avant l'importance de la promotion des intérêts des
francophones d'un océan à l'autre?
Mme LeBel : Vous allez
comprendre pourquoi j'avance avec prudence, hein? Je ne suis pas le maître
d'oeuvre, il s'agit de la rencontre des
premiers ministres. Je vais y participer, naturellement, autant que c'est
nécessaire, mais je pense qu'il est
trop tôt pour mettre de l'avant quoi que ce soit. C'est très délicat quand on
avance pour travailler sur les ordres du jour. Alors, les priorités seront
mises en temps et lieu avec le premier ministre de la Saskatchewan au moment
opportun, et vous me permettrez d'être plus discrète sur ces sujets-là.
Mme Weil : Je vais tout
simplement en profiter, donc, de dire...
Mme LeBel : ...
Mme Weil :
Oui, oui, et surtout qu'il y a beaucoup de nouveaux gouvernements, c'est ce
qu'on voit, donc le tout a changé. Et
c'est quand même ce qui est souvent intéressant en matière de relations
intergouvernementales, c'est qu'alors qu'on a noué des alliances sur
différents enjeux, woups! les acteurs sont différents. Je peux imaginer les
questions environnementales, les politiques
environnementales, mais c'est sûr que, la francophonie, je pense qu'il y a une
occasion importante d'évoquer,
d'aborder... Donc, ça, c'est notre vision des choses. Je pense que... Et, s'il
y a bien une année pour le faire, avec ce qu'on a vécu, ce que les Franco-Ontariens vivent,
l'éveil aussi de tous et chacun, mais un éveil particulier au Québec, une nouvelle génération de Québécois
qui n'ont pas nécessairement connu tout ce qui s'est passé par rapport à la relation entre le Québec et les minorités
francophones, hein, et donc c'était quand même intéressant de voir la volonté
de tous. Et on s'est tous présentés à
Ottawa puis, bon, pour montrer notre solidarité, et ça a beaucoup marqué les
Franco-Ontariens, donc je pense qu'il faut poursuivre dans cette
avancée.
Maintenant,
il y a un autre véhicule que nous trouvons intéressant, et je voulais avoir
aussi votre point de vue, là aussi
j'ai vu un commentaire du premier ministre, c'est le Conseil des ministres
conjoint avec l'Ontario. Donc, ensemble... Écoutez, la dernière statistique que j'avais vue, c'est que les deux
économies ensemble, en Amérique du Nord, et peut-être que votre sous-ministre adjoint ou associé pourra confirmer...
je pense que c'est la quatrième économie de l'Amérique du Nord, donc, l'Ontario et le Québec ensemble. Je ne
sais pas... Donc, ensemble, les deux provinces ont un produit intérieur brut de 1 000 milliards, de
1 000 milliards de dollars, donc c'est une... Ça fait plusieurs
années... Moi, j'ai participé à ces rencontres. Donc, je voulais aussi
avoir votre vision des choses ou des discussions que vous avez pu avoir pour
vous rapprocher de ce nouveau, relativement
nouveau gouvernement pour bâtir des alliances. C'est toujours l'objectif, c'est
de pouvoir avoir des consensus sur certaines orientations pour être plus
forts ensemble. Des fois, il y aura des divergences, et c'est ce que c'est,
mais qui ne devraient pas empêcher la continuation de ces rencontres
conjointes.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme LeBel :
Oui, merci. Donc, effectivement, bon, la collaboration Québec-Ontario, une
longue histoire de collaboration et
de coopération. On partage une frontière, on partage également des intérêts.
D'ailleurs, en matière de gestion de l'offre, on était concernés de la même
façon sur ces enjeux-là. Comme vous le savez, le 19 novembre 2018 à
Toronto, lors de leur première
rencontre bilatérale, le premier ministre
du Québec, M. Legault, et le premier ministre de l'Ontario, M. Ford, ont convenu de plusieurs
façons de concrétiser ce partenariat-là ou ces échanges-là.
Maintenant,
le Conseil des ministres, je dirais, interprovincial, pour le nommer comme
ça — ce n'est
peut-être pas le bon terme, mais,
bon, on se comprend — ils ont
convenu qu'on aurait des rencontres
des ministres économiques. D'ailleurs, une
rencontre réunissant les ministres à vocation économique est envisagée, et on
est en train de travailler sur une date pour cette première rencontre. Et, bon,
ce sera précédé d'une rencontre téléphonique, mais on est en train d'organiser
la première rencontre entre les
ministres économiques. Donc, ils ont convenu, d'ailleurs, de l'opportunité
d'une hausse de ces échanges commerciaux.
Je pense que l'accent, on ne se le cachera pas, des discussions entre le premier ministre Ford et M. Legault étaient des échanges économiques,
comment augmenter les échanges économiques entre Québec et l'Ontario.
On a mis en
place le principe de rencontres deux fois l'an entre les ministres à vocation
économique, donc deux fois par année. On va mettre l'accent sur la création de
richesse au Québec, en Ontario, je l'ai dit. On a demandé... on a mis... Ils
ont convenu de demander au gouvernement fédéral des indemnités pour les coûts occasionnés par les demandeurs d'asile,
une autre chose que nous avons en commun,
outre la gestion de l'offre, et de poursuivre les relations en matière d'énergie. Mais ce qui est particulier, c'est que non
seulement ce ne sera pas seulement les premiers ministres qui se parleront,
mais les ministres à vocation
économique ont convenu de faire des rencontres sur une base beaucoup plus
statutaire, je vais le dire comme ça, même si ce n'est pas le terme
approprié.
Mme Weil :
Juste un commentaire si j'ai le temps. Des fois, les enjeux économiques se
trouvent dans beaucoup de dossiers différents, hein, l'éducation, les
dossiers d'innovation. Donc, est-ce que vous allez avoir une vision... Bien, je
plaide, je plaide, quand vous allez
réfléchir à qui va se rencontrer, c'est d'avoir une vision large de l'économie.
Souvent, ça peut être des échanges
entre les ministres de l'Éducation. On ne soupçonne pas à quel point toutes les
missions, presque, touchent, à
quelque part, l'économie, l'immigration en tout premier lieu. Donc, est-ce
qu'il y a une possibilité d'ouverture par rapport à cette vision de
qu'est-ce qui constitue l'économie? Et, bon, puis je parle à vous
personnellement, je comprends que c'est le
premier ministre qui souhaiterait puis qui a déjà décidé que ce serait la
priorité, mais vous, en tant que ministre responsable des Relations
canadiennes, sans vous dire quoi faire ou quoi penser, je pense que ce serait
éventuellement intéressant de pouvoir
élargir parce que... et, à quelque part, c'est sûr que la francophonie devra
éventuellement être soulignée, mais
ça peut être fait. J'ai bien compris que le premier ministre avait un certain
malaise, sa première rencontre, on l'a senti, avec M. Ford, d'évoquer,
justement, ce dossier, mais ça va être important parce que ça touche aussi,
hein, l'économie? Quand on parle d'avoir une université...
Le Président (M.
Bachand) : Merci.
Mme Weil : Est-ce que
c'est la fin?
Le
Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup, Mme la députée. Merci infiniment de votre compréhension. Alors,
je me tourne vers les députés du
parti ministériel pour une période de 5 min 52 s et M. le député
de Saint-Jean, s'il vous plaît.
Des voix : ...
M. Lemieux : Je pensais que
c'était à moi... Ah!
• (16 h 30) •
Le
Président (M. Bachand) :
Cohésion, s'il vous plaît, messieurs dames, cohésion. M. le député de
Saint-Jean, s'il vous plaît.
M. Lemieux : Merci,
M. le Président. Mme la ministre, c'est vos premiers crédits, à vous aussi.
Comme député, on m'avait dit que les
crédits, c'était long et pénible, mais qu'en même temps il y avait des belles
occasions, en voici une. La députée
de Notre-Dame-de-Grâce m'a lancé dans énormément de nostalgie depuis qu'elle
parle de francophonie, et ça me fait
sentir un peu vieux, mais en même temps ça tombe bien parce que je connais bien
les francophones du reste du pays.
Elle parlait de la nouvelle génération qui ne sait pas nécessairement ce que
les générations d'avant ont fait pour les francophones, on peut remonter
à loin, puis je peux vous suivre là-dedans un petit brin.
Vous
parliez, tout à l'heure, d'une cause célèbre en Alberta. Vous vous souvenez
sûrement, Mme la ministre, de la
cause de Georges Forest, qui est enseignée dans les écoles de droit,
M. Forest qui était un bon ami, à l'époque, qui était au Manitoba français, qui s'est rendu jusqu'en
Cour suprême pour faire respecter ses droits et les droits de tous ses
concitoyens franco-manitobains et qui
a gagné. Malheureusement, il n'y a pas eu beaucoup de victoires dans le Canada
français hors Québec au fil des années, des grandes victoires comme
celle-là. C'en était une des rares, disons. Mais ça nous ramène à une époque — d'ailleurs, soit dit en passant,
M. Forest est décédé il y a 25 ans le mois dernier — du «là où le nombre le justifie», l'époque de la FFHQ, qu'on appelait dans le temps, la Fédération des
francophones hors Québec, qui est devenue, et c'est très bien ainsi, la FCFA, la Fédération des communautés
francophones et acadienne. Il est important de voir, quand on parle d'eux, qu'ils ont traversé, au fil des ans, ces communautés,
énormément de difficultés, et on n'a pas toujours, au Québec,
été de leur côté. Je vous rappelle que René
Lévesque, après son élection en 1976, avait fait une sortie qu'on pleure
encore dans le reste du Canada français, où
il disait... vous vous souvenez, Mme la ministre, il disait : Bien, les
francophones hors Québec, s'ils veulent déménager au Québec, on va les
prendre, ils sont les bienvenus, mais on ne peut pas faire grand-chose pour eux
autres, ils sont dans le mauvais bord du Canada. On lui reprochait et on lui a
reproché longtemps cette vision du Canada
qu'il avait. Mais ça les a beaucoup aidés quand même parce que ça les a
galvanisés, ça les a fait s'organiser davantage. Ils n'ont pas boudé le Québec
pour autant parce qu'ils sont trop au fait de l'importance de cette
relation très particulière, très privilégiée, très fraternelle des francophones
du reste du Canada et du Québec.
Vous
avez dit deux fois, tout à l'heure, Mme la ministre : On va annoncer
bientôt, on est en train d'organiser ou de réorganiser l'action du Québec au Canada français, redéfinir nos politiques.
J'ai vu passer... Vous avez parlé d'une antenne du Bureau du Québec à
Vancouver bientôt. C'est quoi, la relation idéale que vous voyez, vous, entre
le Québec et les francophones du reste du Canada, donc ces
francophones acadiens et du reste du pays, jusqu'à Victoria et dans les
Territoires du Nord-Ouest?
Le
Président (M. Bachand) : Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme LeBel :
Oui. Oui, l'antenne est actuelle à Vancouver, il faut bien le préciser.
D'ailleurs, je pense que c'est 7,5 milliards
qui a été attribué... Millions. Voyons, milliards, mon Dieu Seigneur! Mon
collègue le ministre des Finances va...
J'aimerais ça qu'on ne lui donne pas cette portion de l'enregistrement, s'il
vous plaît. 7,5 millions qui a été accordé au ministère de
l'Économie mais qui va servir, entre autres, à renforcir l'antenne de Vancouver
et de rajouter des effectifs partout à nos
bureaux. Donc, je tenais à le préciser, ce n'est pas un objectif, elle est
ouverte et on va même la renforcir, donc c'est important de le
mentionner.
Donc, la coopération
avec la FCFA, pour ne pas la nommer, la Fédération des communautés francophones
et acadienne et la Société nationale de
l'Acadie est excellente. J'ai eu d'ailleurs... Le premier contact que j'ai eu avec ces
gens-là est malheureusement lors d'une triste nouvelle, dans la foulée de l'annonce du gouvernement Ford de mettre fin au programme de l'université francophone, entre autres, et j'ai eu des conférences
téléphoniques rapidement avec, entre autres, les gens de la FCFA. La prise de
contact est excellente. On a une entente de coopération, qui a été signée en
2004, avec la FCFA de façon
particulière, elle a été renouvelée en 2007 et plus récemment le 15 août
2018. Cette entente affirme le rôle que la FCFA a, de premier plan, comme interlocuteur au Canada
pour toutes les questions touchant l'essor de la francophonie et de la
vitalité du français au pays comme partenaire privilégié du Québec. L'entente
de 2018 prévoit donc deux séances annuelles
de travail qui auront lieu entre les représentants mandatés au sein de chacune
des organisations afin d'en faire le suivi administratif. Donc, ces deux
rencontres sont une avec le premier ministre et une avec la ministre des
Relations canadiennes, qui est moi-même, en
l'occurrence. Donc, d'abord, une séance de travail entre le premier ministre du
Québec et les dirigeants de la FCFA qui va permettre d'assurer une action
cohérente de la part du gouvernement du Québec, puis ensuite une séance de travail avec la ministre des
Relations canadiennes et de la Francophonie qui aura pour but d'assurer la
suite de la rencontre. Donc, mon travail sera d'assurer le suivi de la
rencontre qui aura été faite entre cet organisme et le bureau du premier
ministre.
La
Société nationale de l'Acadie, on a renouvelé, en février 2018, une entente de
coopération qui était assortie d'une contribution annuelle de
50 000 $ qui provient du gouvernement du Québec. Cette entente vise à
intensifier la collaboration entre
chacun des partenaires et à favoriser l'accroissement des relations et des
échanges entre la nation québécoise et le peuple acadien. Alors, la
réponse est oui.
Le Président (M. Bachand) : Merci beaucoup, Mme la ministre, désolé. Merci.
Je cède maintenant la parole à la députée de Notre-Dame-de-Grâce pour un
bloc d'échange de 19 min 24 s. Mme la députée, s'il vous plaît.
Mme Weil :
Oui, merci, M. le Président. Donc, j'aimerais maintenant vous parler de... on
en a parlé un peu ce matin, c'est le
programme fédéral de péréquation. Il s'agit d'un enjeu important, d'ailleurs,
dans l'actualité, puis on voit qu'il y a certaines provinces, évidemment, qui s'unissent pour revoir la formule.
Le ministre des Finances s'est déjà prononcé,
tant provincial, au Québec, qu'au niveau fédéral, que la formule ne
changera pas pour les quatre prochaines années.
Donc, le Québec
recevra cette année 13,1 milliards
de dollars via la péréquation, donc, ce qui en fait le plus grand bénéficiaire en montant brut, bien que nous recevions moins per capita
que d'autres provinces. J'ai vu le premier
ministre qui
dit... le dit un peu de façon raide, là, mais peut-être
qu'on va nous haïr moins. Je ne pense pas que les Canadiens
nous haïssent, mais je pense que j'ai vu dans les échanges, à cause de
la péréquation, c'est qu'il y a une certaine mauvaise compréhension, parce qu'on a
équilibré et fait des pas de géant en matière de contrôle des finances
publiques, qu'on a de l'argent, soudainement on doit changer la formule.
C'est plus ce que je retiens des échanges.
Mais quoi
qu'il en soit, on sent que des provinces, donc, vont unir leurs forces et leurs
voix pour, et ils le font déjà, pour
mettre beaucoup de pression sur le gouvernement fédéral de revoir la formule.
Donc, moi, je voulais voir... Donc, on parle
de l'Alberta, la Saskatchewan, l'Ontario et Terre-Neuve. Je ferais aussi un
commentaire en passant. On voit que, dans tout ça, on se rappelle, comment dire, une certaine... on nous appelait
un peu les cancres, hein? Le Québec, c'était le cancre de la fédération, puis,
hein, une époque où on a vécu ça beaucoup. Et là on est devenus, en anglais...
Fitch nous appelait «the fiscal stars
of Canada» avec le travail que notre gouvernement a fait, et vraiment les gens
se sont réveillés pour dire : Il y a une volonté ferme de changer
la donne pour le Québec. Là, ils ont vu qu'on a réussi, l'économie, la
croissance économique la plus forte du
Canada, création d'emplois la plus forte aussi. Donc, tant au plan fiscal qu'au
plan économique, le Québec s'est montré premier de classe.
Moi, je pense que le Québec, quand on parle de
péréquation, c'est mon opinion personnelle, quand on va, là, pour négocier, il faut mettre de l'avant les
forces du Québec et la volonté du Québec. Le premier ministre actuel, le
premier ministre, il l'exprime à sa
façon, mais les actions du Québec remontent quand même à loin de vouloir...
jusqu'à la gestion de la crise
économique en 2007‑2008. Là aussi, le Québec a eu beaucoup de crédibilité.
Parce que, si on ne parle pas d'une voix,
je pense qu'on se fragilise. Ce n'est pas l'année 1 de rétablir ou
d'établir une crédibilité vis-à-vis la façon qu'on gère nos affaires ici, au
Québec, au contraire, c'est tous les Québécois qui ont mis l'épaule à la roue
et plusieurs gouvernements successifs.
Donc, ça, c'est
mon point de vue, parce que je pense... Et c'est ça, la question que j'ai,
c'est : Comment vous allez développer votre stratégie ou quelle est
la stratégie du Québec afin de s'assurer que le Québec ne se retrouve pas isolé
dans cette question? Parce qu'il y a
évidemment des provinces qui sont d'accord avec nous pour la... avec la formule
telle qu'elle est, mais on sent la
pression qui s'en vient. Je sais que M. Kenney a l'intention, je pense, de
venir visiter le premier ministre ou
ils vont se voir. Donc, je voulais savoir votre... je suis plus au niveau
stratégique de la question parce qu'on sent un vent fort qui s'en vient
concernant cette formule de péréquation.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la ministre, s'il vous plaît.
• (16 h 40) •
Mme LeBel :
Bien, l'objectif ultime du gouvernement du Québec est de faire en sorte qu'à
terme le Québec ne reçoive plus de
péréquation, hein, je pense que c'est un objectif vers lequel on doit
travailler. Vous l'avez mentionné, 11,2 milliards qu'on reçoit du gouvernement fédéral, ce sont des
sommes importantes, mais c'est important de dire que ça représente 10 %
du budget provincial. Donc, on est la
deuxième province... je veux l'exprimer de façon adéquate, le paiement de
péréquation comptait pour 10 % des revenus totaux du Québec, ce qui en
fait la plus faible part parmi les provinces bénéficiaires, à part l'Ontario. Donc, les montants sont importants,
mais en termes de pourcentage du budget de la province, on n'est pas ceux qui
reçoivent le plus gros pourcentage de notre
budget de fonctionnement, j'aimerais qu'on le dise comme ça, en matière
d'absolu.
Donc, je peux
vous dire que le ministre... bon, je ne me lancerai pas dans une analyse de la
formule, c'est de l'expertise de mon collègue le ministre des Finances, qui a
d'abord... qui est en train de planifier, je dois vous le dire, une
tournée dans les provinces de l'Ouest
canadien pour rencontrer ses homologues provinciaux en matière de finances, et
le sujet du calcul de la péréquation
dans l'intervalle, avant que le Québec puisse atteindre son objectif de ne plus
avoir besoin de la péréquation, on
doit quand même s'attarder à la formule actuelle et comment les calculs sont faits, ça fera certainement partie des discussions. Mais malheureusement je vais laisser l'expert en la matière pouvoir en discuter, parce que
je ne voudrais pas m'enfarger dans
des calculs et des formules, mais c'est sur la table pour voir les moyens,
comment on peut travailler avec les autres provinces pour améliorer ces
formules.
Mme Weil : Oui, et
juste un commentaire, c'est que quatre ans, là, ça passe très vite, et je pense qu'on
comprend tous que... en tout cas, ici, au Québec, et certainement les membres du gouvernement, l'importance
de cet, comment dire, arrangement constitutionnel, et pourquoi il existe. Oui, on
souhaiterait tous... Et tous les ministres des Finances, d'ailleurs, que j'ai
rencontrés dans ma courte vie politique, ils disent tous la même chose, qu'ils
voudraient voir le jour... mais je pense qu'on est conscients qu'il faut faire attention aussi, il faut faire
attention et ne pas créer d'attentes que ça peut se faire plus vite que ça se
fera et qu'on peut avoir toute la bonne volonté... Donc, c'est une mise en
garde que je fais dans... Ce n'est pas à
moi de... mais je partage mon opinion, c'est pour ça que je... C'est un dossier
très stratégique et important pour le Québec.
Donc,
essentiellement, le premier ministre annonce qu'il voudrait s'en départir, mais
de bien comprendre l'utilité de cette
formule actuelle... Donc, vous, vous rentrez... bien, comme vous dites, ce
n'est pas vous, c'est plus votre collègue, mais quand même, j'imagine que le secrétariat, votre secrétariat suit
ces débats de façon très, très intense. Parce que, moi, mon expérience
avec le secrétariat... il voit les choses venir, c'est beaucoup le rôle du
secrétariat. Je ne sais pas si les membres
du secrétariat sont d'accord avec moi. Moi, je l'ai vécu dans un de mes
dossiers, il voit les choses venir et il faut qu'il plante les graines, il faut qu'il s'assure que les discussions
vont bon train de part et d'autre, etc. Donc, je voulais savoir,
peut-être que les gens puissent s'exprimer, s'ils voient aussi l'importance
d'une certaine prudence dans ce dossier-là.
Le Président (M. Bachand) :
Mme la ministre.
Mme LeBel :
Je peux vous assurer et vous rassurer que le ministre des Finances actuel est
très conscient également de la
délicatesse de cet enjeu. Les objectifs sont clairs pour le premier ministre du
Québec, il travaille sur cet objectif-là de plusieurs façons, mais je peux vous rassurer que
nous travaillons... que le SQRC travaille en étroite collaboration avec le
ministre des Finances. Vous l'avez dit un
peu dans un autre enjeu, hein, l'économie, les finances, l'environnement,
toutes ces questions-là sont entrelacées, et la force du SQRC,
justement, du secrétariat québécois aux relations canadiennes, c'est d'avoir une vue d'ensemble et de faire
bénéficier de cette vue d'ensemble là aux divers ministres sectoriels pour leur
permettre de mieux avancer dans leurs
dossiers respectifs, mais en ayant... Souvent, quand on avance puis qu'on a
notre vision tunnel, il est bon
d'avoir des gens comme, effectivement, le SQRC, qui assurent une veille et une
analyse de l'état de la situation
pour nous conseiller. Et je peux vous assurer qu'on ne travaille pas en silo et
que le SQRC accompagne le ministre
des Finances et le ministère dans ses démarches. Mais, comme je vous le dis,
sur la question plus précise de la péréquation, je vais laisser mon
collègue naviguer dans ce dossier délicat.
Mme Weil :
D'ailleurs, j'aimerais souligner que le ministre des Finances a félicité
l'ancien ministre des Finances. Donc,
j'ai senti qu'il comprend exactement l'importance, parce qu'il faut parler
d'une voix, le Québec. Et les efforts que le Québec, dans son entièreté, a faits... Donc, je trouvais que c'était un
signal quand même intéressant dans un dossier comme la péréquation, donc, de montrer tous les efforts
que nous avons faits au plan des politiques fiscales saines et la croissance économique.
Là, j'aurais... J'ai combien de temps?
Le Président (M.
Bachand) : Pratiquement neuf minutes.
Mme Weil : Pardon?
Le Président (M.
Bachand) : Neuf minutes.
Mme Weil :
Neuf minutes. Ce seraient les tarifs américains sur l'acier et sur l'aluminium.
N'hésitez pas à faire appel, à faire
appel... n'hésitez pas. C'est un autre dossier, évidemment, c'est comme la
gestion de l'offre, c'est ces grands, grands dossiers qui affectent l'économie du Québec et qui nécessitent,
évidemment, comment dire, des échanges, des négociations à plusieurs niveaux. Donc, en juin, pour remettre
un peu les gens dans le bain, le gouvernement américain a imposé des
tarifs douaniers de 25 % sur l'acier, de 10 % sur l'aluminium
importés du Canada afin d'accroître la pression sur notre économie dans la foulée de la renégociation de
l'Accord de libre-échange nord-américain. Donc, l'industrie de l'aluminium,
on l'a crié haut et fort, très importante pour le Québec. C'est ici que se
trouvent neuf des 10 alumineries au Canada, ça représente 30 000 emplois et des
exportations de 6,1 milliards de dollars en 2017. Il s'agit d'une
industrie majeure pour quelques-unes
de nos régions, la Côte-Nord et la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean,
donc nombre de PME qui comptent
sur tout ça, donc. J'ai peu de temps, donc,
depuis le temps du nouvel accord, je ne veux pas rien manquer dans cette
histoire, mais le nouvel Accord de
libre-échange États-Unis—Mexique—Canada, mais je dirais Canada—États-Unis—Mexique, l'AEUMC,
a été conclu, mais ses tarifs demeurent, évidemment, nuisants pour... non
seulement à nos exportations, mais se reflétant aussi dans le prix des
produits à la consommation.
Donc, j'ai
quelques questions pour la ministre. Lors de l'imposition de ces tarifs, votre
collègue, actuel ministre de l'Agriculture,
mais à l'époque... de l'Environnement, député de Deux-Montagnes et alors
porte-parole en relations canadiennes, avait déclaré qu'Ottawa et Québec
devaient se tenir debout et défendre par tous les moyens possibles nos industries de l'acier et de l'aluminium. Nous
aussi, on avait fait, comme gouvernement, exactement les mêmes constats.
Et pour donner suite à cet énoncé de
l'époque, pouvez-vous m'indiquer quelles stratégies et quelles actions sont en
cours au niveau canadien afin de multiplier les représentations auprès
du gouvernement fédéral, mais aussi du gouvernement américain, pour que ces tarifs soient levés le plus rapidement que
possible? Puis la deuxième question, parce qu'on a peu de temps, vous allez peut-être pouvoir répondre en
même temps : Le Québec et l'Ontario sont très directement impactés par
ces tarifs, avez-vous discuté d'une stratégie de représentation commune avec
l'Ontario à ce sujet pour, essentiellement, additionner la force de persuasion?
Le Président (M.
Bachand) : Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme LeBel :
Bien, je vais répondre à l'inverse de vos questions. En plus, ensuite je serai
peut-être un peu plus précise. Oui, il y a eu des discussions entre le
premier ministre Legault et le premier ministre Ford sur ces sujets. Donc, oui, ça fait partie des discussions. Ce sujet a
également été abordé par le Québec avec le premier ministre Trudeau et son
vis-à-vis chaque fois. Chaque fois qu'il y a des rencontres entre
M. Legault... toutes les rencontres qu'il y a eu entre le premier ministre Legault et M. Trudeau, ce
sujet-là faisait partie de la liste des discussions, je dois vous le dire.
Mme Freeland, également, a eu
des discussions avec nous, avec le Québec, sur ces questions-là, qui est
d'ailleurs... Mme Freeland, qui est la ministre des Affaires
étrangères. Donc, des discussions sont en cours de façon très active.
Les bureaux
du Québec aux États-Unis... notamment, le bureau de Washington est également
très actif dans ce dossier-là, et je pense que c'est important. Ça va me
permettre de rappeler que, concernant les tarifs sur l'aluminium et l'acier, l'objectif du Québec est d'obtenir une
exemption permanente, hein, des tarifs imposés par l'administration Trump
de 10 % sur les importations
d'aluminium et de 25 % sur les importations d'acier. C'est l'objectif que
l'on poursuit. Et on doit amener,
donc, le gouvernement fédéral, dans l'intervalle, à revoir ses mesures de
soutien et à considérer l'octroi des compensations
additionnelles aux entreprises et aux travailleurs affectés. Donc, on a
l'objectif, il faut prévoir l'intérim, si on veut. Donc, on travaille
sur ces deux aspects-là de façon concomitante.
On doit
s'assurer, donc, au niveau politique et administratif, que le gouvernement
fédéral poursuive ses efforts afin de
régler cette question et permettre la levée complète et permanente des tarifs
actuels. On n'est pas l'interlocuteur de premier plan,
c'est Mme Freeland, alors on continue à travailler avec elle, à lui
adresser nos recommandations, si je peux le dire de façon respectueuse, et à
continuer nos discussions de façon très active avec elle. Par contre, on
discute également avec le
gouvernement fédéral dans l'intervalle pour les compensations, et le
gouvernement fédéral a annoncé, le 11 mars dernier, une nouvelle initiative à l'échelle pancanadienne laquelle
renferme une enveloppe de 26,2 millions pour les PME québécoises
qui sont utilisatrices d'acier et d'aluminium afin d'appuyer les projets
innovateurs qui améliorent leur productivité
et/ou leur... compétitivité, bon, c'est un mot difficile. Donc, on travaille
sur les deux aspects, sur les deux plans.
Bon, comme je
vous l'ai mentionné, le Québec n'est pas celui qui négocie avec les États-Unis,
donc on doit travailler à travers notre interlocuteur, mais on prend tous les
moyens d'action. Et l'émissaire du Québec sur cette question, qui est M. Raymond Chrétien, est toujours à l'emploi
du gouvernement du Québec concernant les tarifs, donc c'est quelqu'un qui a la
compétence et la connaissance. Donc, il y a une continuité dans cette affaire,
pour vous rassurer.
Mme Weil : Excellent. Il
me reste encore quelques minutes?
Le Président (M.
Bachand) : Oui, oui.
• (16 h 50) •
Mme Weil :
Bon, on va arriver sur Québécois — hein, la politique, je pense, à notre ancien
collègue, évidemment, Jean-Marc
Fournier — notre
façon d'être Canadiens, donc une politique d'affirmation du Québec qui a
été dévoilée, donc, il y a deux ans,
au mois de juin 2017. C'est un document, évidemment, très fouillé qui offre une
perspective historique très, très
intéressante. D'ailleurs, j'invite les collègues qui n'ont... peut-être juste
la synthèse... vraiment, c'est toutes les positions historiques et
constitutionnelles que le Québec a prises, très intéressant.
Donc, il y a
plusieurs éléments, plusieurs éléments, donc, dans la politique qui est
proposée. Un, c'est de mettre de l'avant
une déclaration d'affirmation qui reprend toutes les dimensions de l'identité
québécoise. Cette politique propose une nouvelle démarche d'affirmation basée sur une diplomatie active pour
multipler les alliances interprovinciales — c'est sûr que beaucoup de mes questions allaient dans ce sens-là — et un autre aspect très important est
l'intensification des liens et actions de coopération visant le
renforcement de la francophonie canadienne.
Donc, question très simple : Est-ce que
vous, Mme la ministre, vous comptez poursuivre l'application de cette politique? Est-ce que vous songez à remanier
certains éléments? Si oui, lesquels et votre échéancier, dans un premier temps?
Et, plus globalement, n'hésitez pas indiquer
votre vision, évidemment, d'une politique quelconque en matière de relations
canadiennes et la place du Québec. Je sais
que vous l'avez évoqué dans certains dossiers, évidemment, l'importance pour
le Québec de protéger ses acquis et, plus
que ça, d'aller plus loin pour aller conquérir des acquis, mais, dans l'esprit
de cette politique, comment vous voyez le positionnement du gouvernement
du Québec, actuellement?
Le Président (M.
Bachand) : Merci. En une minute, Mme la ministre.
Mme LeBel :
Une minute. Alors, il y a un travail dans cette politique... toute la partie
historique qui est extrêmement importante, pertinente. Il faut savoir
d'où l'on vient pour savoir où on veut aller, hein, je pense que c'est
important. Et il y a beaucoup de choses qui
sont intéressantes dans cette politique. Je veux juste vous dire que j'en suis
à travailler, justement, pour voir
comment on peut la faire évoluer et la mettre un peu plus au goût du
gouvernement actuel, et on est en train de travailler sur cette politique-là,
cette future politique. Donc, c'est très difficile pour moi de vous identifier
les choses, mais on est en train de
former notre réflexion sur cet aspect-là. Il n'y a pas l'intention de tout
jeter à la poubelle et de recommencer, ce
n'est pas l'intérêt. Mais je pense qu'il faut nous permettre... nous donner le
temps de passer à travers et de voir comment on peut la faire évoluer
pour qu'elle nous ressemble et qu'elle ressemble aux objectifs que le premier
ministre poursuit, actuellement.
Mme Weil : Avez-vous un
échéancier?
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Malheureusement, c'est tout le temps qu'on a.
Mme Weil : Ah! c'est
tout le temps.
Le Président (M.
Bachand) : Je cède maintenant la parole à la députée de Les
Plaines pour une période de 6 min 20 s. Mme la députée, s'il vous
plaît.
Mme Lecours
(Les Plaines) : Merci beaucoup, M. le Président. Je vais avoir des
petites questions économiques à la ministre, alors ma collègue va être
contente. Je vais revenir de façon peut-être un petit peu plus macro sur le
rôle du Secrétariat du Québec aux relations
canadiennes. En fait, je vais faire une petite mise en contexte, et, vous allez
voir, ma question va être très axée sur l'économie et aussi
l'environnement parce que les deux, maintenant, sont indissociables à bien des
égards.
Le Secrétariat
du Québec aux relations canadiennes compte deux bureaux à l'extérieur du Québec
pour couvrir le Canada : le
Bureau du Québec pour les Provinces atlantiques, à Moncton, qui assure, entre
autres, les liens avec les communautés francophones et acadiennes, et le
Bureau de Québec à Toronto, qui compte également une antenne à Vancouver, qui n'a pas coûté des millions, on a
réajusté le tir, fiou! Le mandat premier de ces bureaux est de défendre et
promouvoir les intérêts du Québec sur les
plans politique, économique, touristique, social et culturel. Dans cette
perspective, ils affectent... ils
effectuent, je m'excuse, des activités de représentation et de promotion en
assurant la diffusion d'une image réaliste, dynamique et factuelle de la société
québécoise. Ils informent et conseillent également les autorités
gouvernementales sur les grands dossiers de l'actualité politique et
économique de leur territoire.
Autre
mandat très important, l'entretien d'étroites relations avec les communautés
francophones et acadienne du Canada, et, bien entendu, ils collaborent à
la mise en oeuvre de la Politique du Québec en matière de francophonie canadienne en suscitant l'émergence d'initiatives
pouvant contribuer au dynamisme et à la pérennité du français partout sur
le territoire.
Si
ma mémoire est bonne, Mme la ministre, et les recherchistes ont fait un travail
véridique, nous avons déjà eu des bureaux du Québec à Ottawa, Edmonton et
Vancouver qui répondaient chacun à leur époque à des préoccupations bien particulières. Il y en a eu un à Ottawa, à la
fin des années 70, qui avait un mandat un peu plus politique de vigie et
de liaison, il y en a eu un à
Edmonton, au début des années 80, qui avait notamment comme objectif le
soutien aux communautés francophones
de l'Ouest et de saines relations avec les provinces de l'Ouest, et enfin il y
en a eu un à Vancouver, au début des
années 90, encore là, sous l'impulsion de la relation des premiers
ministres Bourassa et Harcourt, qui devait tirer profit des nouveaux investissements originant de l'Asie.
Ces bureaux ont été successivement fermés pour des raisons strictement
financières, sans égard aux considérations d'ordre politique, économique ou
socioculturel.
De l'avis de
plusieurs, il serait peut-être temps de faire le bilan de notre présence sur
notre action au Canada, surtout que, dans
son discours inaugural, le premier ministre a indiqué, et je le cite : «...pour
élever notre richesse, on doit, pays
par pays, augmenter nos exportations, diversifier nos marchés parce qu'on a un
voisin qui est plutôt protectionniste. Donc, on doit regarder outre-mer, mais
n'oublions pas de nous tourner vers nos voisins canadiens. On doit maximiser
les échanges commerciaux avec les provinces et on va s'y atteler.»
Je
viens d'un milieu de chambres de commerce, où les relations avec nos voisins du
Sud, certes, sont importantes, mais aussi avec nos voisins des provinces.
Alors, voici ma question, M. le Président, pour Mme la ministre :
Comment entendez-vous concrétiser
l'engagement du premier ministre de miser sur les échanges commerciaux avec les
provinces voisines?
Le
Président (M. Bachand) : Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme LeBel :
Oui, effectivement, on sait que pour chaque... d'ailleurs, selon le calepin 2018
du ministre de l'Économie et de
l'Innovation du Québec, on sait que pour chaque million de dollars qu'on
exporte dans le reste du Canada, il se crée 8,5 emplois et pour chaque
million qu'on exporte à l'extérieur du Canada, il se crée sept emplois. Donc,
je pense qu'on vient de démontrer, ne
serait-ce que de façon statistique, l'importance de favoriser le commerce à
l'intérieur du Canada entre les
provinces. Donc, il ne faut jamais sous-estimer l'importance que peut avoir le
marché canadien pour l'économie québécoise.
J'aimerais
peut-être revenir un peu sur les bureaux également. Vous avez parlé des
antennes. Présentement, on a un bureau à Moncton, on a un bureau à
Toronto. J'ai parlé de l'antenne de Vancouver, qui va être renforcie par
l'ajout de 7,5 millions sur cinq ans.
Ce 7,5 millions, bien qu'il se retrouve dans le budget du ministre de
l'Économie, est affecté au bureau du
SQRC. On va pouvoir retourner, donc, à Calgary parce qu'effectivement, dans le
passé, on était à Calgary, et on va arriver à Halifax pour la première
fois.
Donc, on est en train
de mettre en place sur le territoire et de réactiver, de renforcir des antennes
qui vont nous permettre, justement, de
concrétiser l'engagement du premier ministre d'augmenter les échanges
commerciaux avec les autres provinces.
Ça fait partie, donc, des actions qu'on passe de façon concrète. Ces bureaux-là
mènent... sont des experts, font des rencontres, mettent en relation des
entreprises tant québécoises que... je vais dire canadiennes, mais canadiennes
de toutes les autres provinces, créent des
relations, font connaître les opportunités de marché. Et je pense que d'avoir
déjà attribué, dans le budget actuel, 7,5 millions sur cinq ans
pour renforcir ces antennes, c'est une action concrète, je dois le dire. On ne pourra jamais mettre suffisamment
l'accent sur l'importance de ces échanges commerciaux là à travers le
Canada.
En matière,
d'ailleurs, de francophonie canadienne également, les bureaux assument un rôle
qui sont... un rôle conseil sur le terrain
auprès des comités francophones et acadiens. Ces antennes-là sont extrêmement,
extrêmement importantes. D'ailleurs,
c'est pour ça que j'étais extrêmement contente de dire que, malgré la
diminution des crédits de 6 % qui se sont expliqués ce matin, au
contraire, ces bureaux-là n'ont pas été affectés, et des budgets
supplémentaires ont été affectés pour renforcir leurs actions.
Le Président (M. Bachand) : Merci beaucoup, Mme la ministre. L'échange des
bureaux du Québec à Ottawa m'a rappelé de doux souvenirs.
Adoption des crédits
Le temps alloué à
l'étude du volet Relations canadiennes et Francophonie canadienne du
portefeuille Conseil exécutif étant presque écoulé, nous allons maintenant
procéder à la mise aux voix des crédits.
Le programme 3,
intitulé Relations canadiennes, est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
Une voix :
Sur division.
Documents déposés
Le
Président (M. Bachand) : Sur
division. En terminant, je dépose les réponses aux demandes de renseignements
de l'opposition.
Compte tenu de l'heure, la commission suspend
ses travaux jusqu'à 19 h 30, où elle va entreprendre l'étude du volet
Ordres professionnels et Lois professionnelles du portefeuille Conseil exécutif
des crédits budgétaires. Merci.
(Fin de la séance à 17 heures)