(Dix-neuf
heures trente-quatre minutes)
Le
Président (M. Bachand) : Alors, bonsoir, tout le monde. À
l'ordre, s'il vous plaît! Merci.
Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des institutions
ouverte. Je demande, bien sûr, comme
vous le savez, à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est
réunie afin de procéder à l'étude du volet Ordres professionnels, Lois
professionnelles des crédits budgétaires
du portefeuille Conseil exécutif pour
l'exercice financier 2019‑2020. Une enveloppe d'une heure a été
allouée pour l'étude de ces crédits.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire :
Oui, M. le Président. M. Lafrenière (Vachon) est remplacé par
Mme Hébert (Saint-François); M. Martel
(Nicolet-Bécancour) est remplacé par M. Girard (Lac-Saint-Jean); M. Fontecilla
(Laurier-Dorion) est remplacé par M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve);
et M. LeBel (Rimouski) est remplacé par Mme Hivon (Joliette).
Ordres professionnels et Lois professionnelles
Le Président (M. Bachand) : Étant donné qu'une période d'une heure est
accordée pour ce volet, il n'y a donc pas de remarques préliminaires. Nous allons donc procéder à une discussion
d'ordre général par blocs d'environ 20 minutes, incluant les
questions et les réponses. Je vous remercie de votre attention.
Discussion générale
Et
je suis maintenant prêt à reconnaître une première intervention de l'opposition
officielle pour un premier bloc d'échange. Mme la députée
Notre-Dame-de-Grâce, la parole est à vous pour 19 min 20 s.
Mme Weil : Merci, M.
le Président. Alors, rebonjour et
bonsoir, Mme la ministre, et toute son équipe. Donc, je salue aussi évidemment,
de nouveau, les collègues du parti ministériel, les oppositions.
Alors, nous sommes
ici, ce soir, pour discuter des lois professionnelles qui régissent et
encadrent l'exercice de 50 professions réglementées au Québec. Notre
réseau d'ordres professionnels fait face à plusieurs défis, notamment et prioritairement celui de l'accession aux ordres professionnels pour les personnes
immigrantes qualifiées. Alors, Mme la ministre,
dans les dernières années, un véritable bouillonnement d'activités a eu lieu à
ce sujet et, donc, vous arrivez aux affaires en étant vraiment dotée
d'outils très intéressants qui ont été développés ces dernières années.
Il
y a eu la création du Commissaire aux plaintes en 2010. Ensuite, un rapport
d'un comité interministériel sur la reconnaissance
des compétences des personnes immigrantes ou immigrantes formées à l'étranger
en 2017, un rendez-vous national
sur la main-d'oeuvre en 2017 avec un chapitre spécial sur toute cette question
de reconnaissance des acquis d'intégration
des membres à l'ordre professionnel, formation, etc. Il y a eu la grande
rencontre avec les ordres professionnels en octobre 2017 et finalement l'adoption du projet de loi n° 98 en
2017, qui est venu notamment élargir les pouvoirs du Commissaire,
maintenant, qui s'appelle le Commissaire à l'admission.
Alors,
je ne ferai pas ici la déclinaison des programmes et des initiatives, le temps
est trop court, mais je voulais vous dire,
Mme la ministre, que c'est un grand dossier important pour l'économie du
Québec, évidemment, et qui concerne tout le monde. Mais je pense que c'est
important de dire qu'il y a eu vraiment beaucoup de progrès dans ce domaine et
des outils, des outils qui nous permettent d'aller encore plus loin.
Alors, j'ai bien hâte de pouvoir en parler.
Donc,
tout d'abord, j'aurai des questions pour le Commissaire à l'admission aux ordres
professionnels. Alors, pour peut-être rendre plus faciles les
échanges...
Mme LeBel :
Absolument.
Mme Weil :
Parce que c'est quand même très technique, hein, vous l'avez vu.
Mme LeBel :
Oui, absolument.
Mme Weil :
Même moi, j'ai lu tout son rapport et les types d'enjeux, les types
d'obstacles, de blocages...
Mme LeBel :
Le temps qu'il s'approche, si vous permettez.
Mme Weil :
Oui, oui, oui. Absolument.
Le Président (M. Bachand) : Juste un moment. Mme la députée, juste pour...
comme vous connaissez les règles. Juste savoir s'il y a consentement.
Consentement? Merci beaucoup.
Mme Weil :
Donc, bonsoir, M. Gariepy, plaisir de vous revoir. Donc, j'ai fait une
lecture attentive du rapport annuel d'activités 2017‑2018.
Je tiens à dire qu'il s'agit d'un excellent outil, je trouve, genre de lampe de
poche qui nous permet de... bien, qui
permet de mettre en lumière, d'une part, les améliorations requises au sein des
ordres professionnels pour faciliter
l'admission des personnes immigrantes, dont environ 10 % se destinent à
l'exercice d'une profession réglementée. L'institution du Commissaire à l'admission en est une qui est proche de
mon coeur, parce que j'ai eu le privilège, quand j'étais ministre de la Justice, de créer, en 2010, le Commissaire aux
plaintes, hein, le Commissaire s'appelait le Commissaire aux plaintes. C'était notre première tentative de
venir voir un peu les genres de problèmes que les immigrants, les nouveaux
arrivants vivaient.
Donc, par cette loi, l'action du commissaire a
été élargie afin de porter sur l'ensemble des étapes de la démarche d'admission, non seulement des mécanismes de
reconnaissance des compétences ainsi que sur l'ensemble des acteurs de cette démarche et non seulement les ordres
professionnels. On pense aux universités notamment et les institutions du
réseau de la santé par exemple.
Alors, nous sommes maintenant presque deux ans
après l'adoption de la loi n° 98. Et je pense que,
maintenant, M. le Commissaire est très
familier avec les nouveaux pouvoirs et je pense que le rapport annuel ne fait
pas nécessairement état de tous les pouvoirs... tous les avancements que
vous avez pu faire. Et, dans le rapport d'activité, il est fait état du traitement de plusieurs plaintes qui sont
démontrées comme cas d'espèce. On peut y lire qu'il y a des problèmes
systémiques qui subsistent au sein
des ordres professionnels, par exemple, les changements de règles soudains et rétroactifs en cours du processus, l'exigence parfois injustifiée d'une
expérience de travail canadienne ou québécoise ou bien les difficultés d'accès à
la formation d'appoint obligatoire pour être admis à l'ordre.
Alors, mes questions
pour la ministre et le commissaire, évidemment : Selon vous,
M. le commissaire, quelles sont les
prochaines étapes afin d'aller plus loin en matière de reconnaissance
des compétences? Quelles sont les grandes priorités d'action? Et ensuite
j'aurai quelques autres questions à vous poser, avec votre permission, Mme la
ministre.
• (19 h 40) •
Le Président (M. Bachand) :
M. le commissaire.
M. Gariépy (André) : Alors,
bonjour. André Gariépy, Commissaire à l'admission aux professions.
Ça me fait
plaisir d'être ici aujourd'hui, d'autant plus que vous êtes une nouvelle équipe
à l'Assemblée nationale, pour la plupart d'entre vous. Vous avez
une communication de la part de mon bureau pour vous présenter ce qu'est le commissaire, ce qu'il peut faire pour certains de
vos concitoyens dans vos comtés qui font face à certaines difficultés
dans leurs démarches d'admission à l'ordre professionnel.
En fait, ce
que je veux, en premier lieu, vous dire au travers de cette lettre-là, c'est
que ne vous embêtez pas de creuser
trop, il faut nous les diriger, nous allons nous en occuper,
nous connaissons bien notre travail, et ça va vous soulager de quelques
cas de comté certainement. Donc, utilisez donc la documentation qui vous a été
transmise et n'hésitez pas à recourir aux
services de mon équipe pour traiter ces cas qui sont souvent, bien entendu,
assez sensibles. Les gens vous arrivent un peu en état de choc, de crise
par rapport à leurs perspectives d'intégration au Québec.
Alors, je remercie de ce temps qui m'est alloué
pour vous expliquer un peu la nature du travail du commissaire.
Mme Weil : ...
M. Gariépy (André) : Oui?
Mme Weil :
Pardonnez-moi. Je vais vous donner les quatre questions que j'ai, comme ça, ça
va vous permettre d'organiser un peu tout ça.
Donc,
premièrement, évidemment, quelles sont les prochaines étapes afin d'aller plus
loin en matière de reconnaissance des
compétences? Quelles sont les grandes priorités d'action? Deuxièmement, est-ce
que vous disposez des pouvoirs nécessaires pour bien effectuer votre
tâche suite à l'adoption du projet de loi n° 98? Est-ce qu'il subsiste des
bastions de résistance au sein de certains ordres professionnels? Et avez-vous
progressé, parce que ça, je trouve ça très stratégique,
au chapitre de la collecte de données fiables sur le nombre de demandes
d'admission et sur le nombre d'admissions réussies et le nombre de
refus?
Moi, mon
expérience, c'est que, malheureusement, on n'avait aucune donnée pour pouvoir
évaluer les progrès qu'on était en
train de faire en matière de reconnaissance des acquis et que ça, ça fait
maintenant partie des obligations de produire ces recherches, alors,
avec le temps, essayer de voir les avancées sur ces quatre points. Je vous
laisser aller.
M. Gariépy
(André) : Alors, merci, M.
le Président. Je remercie la députée pour ses questions. Elles sont toutes
pertinentes et importantes. Je corrigerais
une petite chose. En fait, Mme la députée, qui fut ministre à l'époque, c'est
en 2009 que vous avez présenté le
projet de loi, qui a été adopté en décembre 2009. La confusion vient du fait
que je suis arrivé en poste comme premier titulaire en juillet 2010.
Alors, voilà.
Donc, pour ce qui est des prochaines étapes, je
crois qu'on a abordé souvent la question de l'admission par des éléments, des
blocs, et que, là, avec la loi n° 11 qui a été
adoptée à l'unanimité de l'Assemblée nationale en juin 2017, il y a un vent, je dirais, de regard collectif
global avec un souci de la coordination qui est vraiment dans le discours et qui
s'amorce dans les actions aussi.
Donc, ce que je dirais, c'est que, pour ce qui est des prochaines étapes, je
pense qu'il faut intégrer
les interventions que nous avons faites, que ce soit le commissaire, l'office
ou d'autres, le ministère de l'Immigration, ministère de l'Emploi, il faut les intégrer dans une vision nationale
québécoise pour pouvoir avancer effectivement. Chacun peut faire un petit bout, mais c'est dans la
coordination, une coordination qui est consciente, qui est de tous les jours,
qui met de côté un peu
l'isolationnisme qui peut être une tentation pour certaines organisations ou
acteurs de notre société et de saisir
le levier que chacun a pour apporter sa contribution à cet enjeu, comme vous le
disiez, là, un enjeu de société. Donc,
globalement, les prochaines étapes seraient ça.
Pour ce qui
est de la deuxième question, les priorités, pour moi, la priorité, c'est de justement
alimenter ce regard global, ce regard
intégré de tous les acteurs. Il y a le pôle de coordination pour ce qui est
de la formation d'appoint, et je pense que la présidente de l'office, qui le préside, aura certainement
des informations à livrer là-dessus.
Moi, en ce qui me concerne, pour ce qui est du rôle du commissaire dans son
regard critique, dans ses enquêtes, dans son examen des plaintes, dans ses vérifications, c'est de
nourrir, c'est d'aller chercher tous ces éléments-là, de ne pas tout simplement continuer ce qu'on faisait et aller dans les territoires
que nous investiguions jusqu'à maintenant. Il faut aller vers ces nouveaux univers que sont
les établissements d'enseignement, que sont les milieux de travail qui sont aussi des
milieux de stage, de toutes ces politiques
qui agissent comme un levier positif ou négatif dans la démarche d'admission à
une profession. Donc, les priorités de mon bureau sont là-dessus,
il y a déjà des travaux qui sont en cours, dont je pourrais
vous parler plus en détail, si le temps le permettra, dans des questions
ultérieures.
À votre
troisième question, est-ce
que le commissaire a des pouvoirs nécessaires,
je vous dis que oui, parce que
le travail a été bien fait par la députation
en juin 2017. On a eu un très bon dialogue, beaucoup de questionnements, des remises en question aussi par certains acteurs qui se croyaient
menacés par la chose, qui finalement découvrent des aspects positifs à ces pouvoirs-là. Ce que je pourrais
dire, c'est que les pouvoirs, actuellement, ils sont suffisants pour faire le travail
et je le démontre à tous les jours en m'aventurant dans ces nouveaux espaces
que la loi nous a donnés.
Mme Weil : Je vais
aller... parce que j'ai tellement peu de temps...
Le Président (M. Bachand) :
Merci. Mme la députée.
Mme Weil : ...puis
j'aimerais aller sur le pôle.
M. Gariépy (André) :
...questions, par contre.
Le Président (M. Bachand) :
Désolé. Mme la députée, s'il vous plaît.
Mme Weil : Oui. Au
chapitre de la collecte de données qui... Est-ce qu'il y a eu des avancées à
cet égard?
M. Gariépy
(André) : La collecte de
données. Si vous lisez mes rapports
annuels depuis 2010, je répète à peu près le même texte, et c'est une provocation intellectuelle. Et, lorsque
vous lisez entre les lignes de ce texte, c'est que ce n'est pas facile, premièrement, parce que
beaucoup de gens sont intéressés à savoir ce qui se passe
dans les ordres professionnels,
et ce qui se passe dans les ordres professionnels aussi en lien avec le continuum d'une démarche d'intégration à la société
québécoise, ce qui fait que le commissaire aurait tous les pouvoirs d'aller
chercher pas mal d'information, sauf que, dans
une saine application d'interventions des entités publiques, j'ai toujours
tendu la main à d'autres organisations, que ce
soient l'Office des professions, le ministère
de l'Éducation, le ministère des Relations internationales, le ministère
de l'Immigration, qui réfléchissent, mais qui ont, je dirais, leurs
réserves, des inquiétudes.
Mais ce que je peux vous dire, c'est que, depuis
une bonne année, les choses ont comme changé. Il y a... Tout particulièrement avec la venue de Mme la
présidente de l'office, ce que je peux noter, à tout le moins, au sein de
l'office, c'est qu'il y a une volonté
d'avancer un peu plus là-dedans et d'avancer avec du courage. Et, s'il y a des
problèmes techniques, voire
juridiques avec la Commission d'accès à l'information pour mailler des choses,
confrontons ces choses-là, allons-y, étudions-les et trouvons des
solutions plutôt que de regarder la pile de problèmes. Et ce que je peux vous
dire, c'est qu'il y a un vent, je dirais, de
communauté de pensée dans plusieurs entités gouvernementales en ce moment pour
qu'on ait effectivement cette
collecte de données qui va me servir à moi, à l'office, au ministère de
l'Immigration, au ministère de l'Emploi pour voir où nous en sommes, où
sont les problèmes et qu'est-ce qu'on peut faire pour les régler.
Mme Weil :
Le rapport annuel du pôle de coordination pour 2017‑2018 mentionne qu'un plan
d'action devrait être adopté à l'automne 2018. Savez-vous où en
est... et quand est-ce que ce plan d'action pourra être rendu public?
Mme LeBel :
Oui, avec votre permission, peut-être que la présidente pourra répondre. Je
pense qu'elle a les données pour votre question.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. Mme la présidente, s'il vous plaît, juste vous identifier.
• (19 h 50) •
Mme Legault
(Diane) : Mais, bien,
certainement. Alors, je suis Diane Legault, présidente de l'Office des
professions. Merci, M. le Président.
Alors, Mme la
députée, vous allez être heureuse aussi d'apprendre que, dans la foulée de la
rencontre, la grande rencontre, là, qui
s'était tenue à l'automne, et l'adoption de la loi, le pôle de coordination a
été institutionnalisé, et maintenant, autour
de la table, nous avons tous les acteurs interpelés par la question, donc,
d'accès à un ordre professionnel et à l'obtention d'un emploi de plein potentiel. Alors, il y a le
MIDI, le MRIF, le ministère de la Santé, l'Éducation, la Fédération des cégeps,
le Conseil interprofessionnel, bon. Alors, on est 10 partenaires, et, très
rapidement, on s'est mis dans l'action. On s'est rencontrés, là, en janvier,
quand je suis arrivée, en 2018, et on a élaboré un plan d'action qu'on a déposé
en mars 2018. Il y avait, là-dedans, une trentaine de mesures, et il y a
des mesures qui sont maintenant tout à
fait déployées, dont l'une qui
est celle de la mise en place d'un guichet unique qui permet aux personnes qui
considèrent venir s'établir au Québec d'obtenir
une information qui soit pertinente et de qualité, et puis, à
travers ce guichet unique aussi, on les aiguille vers les bonnes ressources. Alors, au courant de l'année, il y a
plus de 52 000 de ces personnes qui ont consulté ce guichet unique,
et donc on pense que c'est une mesure porteuse.
Maintenant,
on a fait ça rapidement, on avait un plan à remettre pour une année, mais
là on s'est réunis, en début d'année 2019,
et on a convenu, les 10 partenaires, qu'on était pour se donner un plan
quinquennal, cette fois-ci, et qui va se décliner avec des plans d'action
annuels, bien sûr, mais un plan quinquennal dont l'objectif
principal, et un objectif qui
est partagé par les acteurs, c'est celui de dire
qu'est-ce qu'on va faire ensemble pour améliorer les processus,
tant du point de vue
qualitatif que quantitatif, pour permettre aux professionnels qui sont formés
à l'étranger d'intégrer un ordre puis d'obtenir un emploi, donc le plein
potentiel.
Puis
on s'est donné des objectifs spécifiques qui touchent l'information, la reconnaissance des compétences comme telles, la condition
d'obtention d'un permis d'exercice puis l'intégration au marché du travail.
Mais la bonne nouvelle, puis là encore, M.
le commissaire faisait, tout
à l'heure, référence à la notion de
courage, bien, on s'est donné, comme table de concertation, des lignes directrices pour qualifier les mesures qu'on
était pour retenir. Alors, il y a des qualificatifs comme des mesures qui soient cohérentes, efficaces, c'est-à-dire qui ne sont pas des doublons d'une autre mesure que pourrait mettre en place un ministère. Des mesures aussi dont la portée va être
pérenne, c'est-à-dire que les efforts qui vont être consentis
vont porter fruit et pourraient porter fruit
à plus long terme, puis enfin des mesures observables, ça veut dire des mesures
qu'on est capables de quantifier, d'évaluer de façon plus précise le
déploiement et le succès de la mesure.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup. Mme
la députée, s'il vous plaît.
Mme Weil : Mme Legault, il me reste deux minutes
et j'ai une autre question importante, mais c'est fascinant, il va falloir qu'on trouve un forum autre, parce que, je
pense, c'est important que le public sache les progrès, c'est bien important qu'ils aient confiance dans nos institutions,
les ordres, les avancées qu'ils font à cet égard.
Ça
concerne les ingénieurs, les architectes, les technologues, hein, je pense que
vous savez de quoi je parle. Donc, c'est le projet de loi n° 401, mort au feuilleton. Donc, les modifications législatives
qui étaient contenues là-dedans, est-ce que vous, Mme la ministre, vous
avez l'intention de les proposer à nouveau, et, si oui, quel est son
échéancier?
Le
Président (M. Bachand) : Mme la ministre, s'il
vous plaît.
Mme LeBel :
Oui. Alors, sans reprendre dans l'intégralité le projet de loi n° 401,
je pense qu'il y avait... Donc, on est en
train... la section sur l'habitation, la ministre Laforest travaille
sur cette section-là, et on est en train de travailler pour remettre, là, sur la table, dans le cadre
d'un projet qu'on pourrait qualifier d'un projet omnibus, là, en matière d'ordres professionnels, beaucoup des mesures qui sont là, et ça devrait se faire
dans un délai quand même, toutefois, assez raisonnable, là.
Mme Weil : Donc, les mêmes mesures qui étaient, donc... sont
contenues dans cette loi-là. Moi, j'avais compris que ce n'était pas...
mais peut-être que j'ai mal compris.
Mme LeBel : La grande majorité des mesures. Je n'ai
pas le détail, mais la grande majorité des mesures. Mais pas toutes les mesures
dans leur intégralité, là, je ne veux pas...
Mme Weil :
Donc, qui va régler les enjeux qui préoccupaient, donc, les trois ordres. C'est
bien ça?
Mme LeBel : Oui, c'est
ça, effectivement, mais on va
ouvrir encore aussi sur d'autres enjeux qu'avaient d'autres professions. Donc, on a ramené, on a refait un
tour de piste. Donc, la majorité des mesures qui étaient dans le projet de loi, effectivement, et plus encore.
Mme Weil :
...ces trois ordres, c'est ça?
Mme LeBel :
Entre autres, oui.
Mme Weil :
Le rôle des technologues professionnels à moderniser.
Mme LeBel :
Entre autres.
Mme Weil :
Je pense que c'est tout le temps qu'il me reste.
Le
Président (M. Bachand) : Il vous reste 30 secondes.
Mme Weil : Bien, moi, je m'excuse, parce que j'avais très
peu de temps pour parler d'un grand, comment dire, chantier de travail, hein, qui concerne tout le
travail que les ordres professionnels
font aussi, et la raison pour laquelle je voulais mettre ça en lumière... Parce que souvent je trouve qu'on
dénigre un peu le travail des ordres professionnels et les efforts qu'ils font par rapport à l'admission des
nouveaux arrivants. Et, je le sais parce qu'on a fait des comparaisons avec
les autres provinces, ils ont autant de
difficulté dans d'autres juridictions. Donc, j'espère qu'on aura l'occasion, à
un moment donné, de pouvoir creuser,
trouver un forum quelconque avec la ministre pour que tout ça se sache et qu'on
puisse échanger. Mais sur la question de recherche, je continue à dire, c'est
bien important, et on va suivre, peut-être que la ministre pourrait trouver des façons d'amener un support quelconque, je ne sais pas comment, pour
faciliter cet exercice de recherche, pour se comparer.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci. Merci beaucoup, Mme la députée. Merci infiniment. M. le député de
Saint-Jean, s'il vous plaît.
M. Lemieux : Pour combien de
temps, M. le Président?
Le Président (M. Bachand) :
Combien de temps vous avez besoin? Non, non. 14 minutes.
M. Lemieux : 40,
45 minutes devraient faire l'affaire.
Le Président (M. Bachand) :
14 minutes, M. le député.
M. Lemieux : Combien, vous
dites?
Le Président (M. Bachand) :
14.
M. Lemieux : 14 minutes.
Le Président (M. Bachand) :
Oui.
M. Lemieux : Merci,
M. le Président. Les grands esprits se
rencontrent. Décidément, l'étude des
crédits, ce n'est pas une affaire transpartisane, mais vous êtes
allée dans le vif du sujet et vous disiez que c'est important que les députés,
Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, puissent mieux comprendre. Bien, je vais faire
mon petit bout, moi aussi, parce
que
je vais rester, mais un peu plus macro, un
peu plus large, et reculer un petit peu pour mieux considérer la question et en
poser une à Mme la ministre au sujet de la formule pour présenter une demande
pour créer un ordre.
Mais, avant
d'arriver à ça, faisons un petit peu le tour du jardin, parce que les
ostéopathes sont dans l'actualité plus souvent qu'à leur tour depuis quelques
années, à chaque année, pour créer un ordre. En fait, au Québec, c'est l'Office
des professions qui est l'instance
compétente à recevoir une demande d'encadrement pour un système professionnel.
Cette organisation, lorsqu'elle le
juge opportun, effectue la constitution de nouveaux ordres, la fusion ou la
dissolution d'ordres existants ou
l'intégration d'un groupe de personnes à un ordre existant. Ça a été le cas,
par exemple, lors de la fusion des ordres comptables il y a quelques
années.
Je vous
raconte ça parce qu'on a des décisions à prendre, mais des choses à faire
aujourd'hui. Mais reculons un peu
dans l'histoire pour voir comment on est arrivé là. Au début des
années 70, l'État québécois a décidé de protéger le public dans ses rapports avec les différents
professionnels. Je le répète parce que c'est important. L'État a senti le
besoin et a légiféré pour protéger le
public dans ses rapports avec les différents professionnels. Il faut se
souvenir de ça quand on considère ce dont on est en train de parler.
Cette volonté de protéger le public est née en raison de ce qu'on percevait à l'époque comme un déséquilibre entre le
professionnel et son client. Le premier détient un savoir et peut-être un même
un pouvoir que le second n'a pas, en tout
cas, pas toujours. C'est du b-a, ba, mais c'est important, c'est un service
public, la compréhension de tout ça.
Parce qu'il faut savoir qu'un ordre professionnel n'a pas pour but de
reconnaître à sa juste valeur une
profession. Un ordre professionnel n'est pas un regroupement de personnes ayant
un travail de même nature et qui, de
ce fait, souhaite défendre collectivement leurs intérêts sociaux et
économiques, surtout pas, et, je dirais même, presque le contraire. Mais
là je serais un petit peu trop vague. Alors, soyons précis.
L'ordre n'a
surtout pas pour mission d'améliorer le statut et les conditions de travail de
ses membres. Ça, c'est le rôle des associations professionnelles ou syndicales.
Et elles sont là, et elles font leur travail. Donc, les ordres professionnels
servent à protéger le public, c'est important
de le rappeler, de là le service public, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce,
qu'il faut continuer de faire, comme vous le disiez.
Ceci étant,
donc, il n'existe pas, et il faut le savoir, de formule officielle pour
présenter une demande. C'est fou comme
ça. Chaque personne ou groupe de personnes intéressé à soumettre à l'office un
projet de création d'un ordre est libre de procéder à sa façon, presque
à sa guise. À moins que ça ait changé, et c'est là le but de ma question, Mme
la ministre, il existe une démarche
préalable à accomplir, à savoir démontrer d'abord à l'office pourquoi il
devrait de pencher sur ce projet et
procéder à évaluer s'il est possible, réaliste et avantageux de faire appel au
mécanisme d'autogestion et de contrôle prévu par le code dans l'optique
de la protection du public.
Le groupe
requérant qui est le mieux placé pour fournir cet éclairage, évidemment, mais
il semble difficile pour les groupes
demandeurs d'un encadrement professionnel de s'y retrouver et de bien comprendre,
ceux qui veulent et qui ne sont pas
encore rendus, le processus en vigueur à l'office. Il n'existe pas de formule
ou de formulaire. Il y a sûrement des formulaires, mais
pas de formule officielle. Comment notre gouvernement, Mme la ministre,
compte-t-il mieux outiller ceux et celles qui veulent protéger le public
et qui cherchent à trouver leur chemin pour devenir un ordre?
Le Président (M. Bachand) :
Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme LeBel :
Oui. Alors, beaucoup de choses importantes ont été dites dans le préambule de
votre question, puis je pense que
c'est important de réitérer qu'effectivement un ordre professionnel, l'objectif
d'un ordre professionnel, c'est d'encadrer et de réglementer une profession.
Mais le but est de protéger le public, et non pas de rehausser une profession
pour le bénéfice des membres, et non pas non
plus de représenter les intérêts des membres auprès d'entités quelconques.
Donc, c'est important de le mentionner et de recadrer un peu qu'est-ce que le
système professionnel.
Le système
professionnel, au Québec, on l'a mentionné un petit peu tantôt brièvement, est
quand même assez bien... bien garni, je dirais. Et il y a... Avec une
reconnaissance ou la naissance d'un ordre professionnel, une reconnaissance
professionnelle, vient des obligations et des devoirs.
• (20 heures) •
Il y a
46 ordres professionnels au Québec. J'en ai fait un petit peu la... Je
l'ai bien vu quand j'ai déposé tous les rapports, là, à l'Assemblée nationale,
mais 55 professions réglementées. Donc, c'est important de comprendre ça,
puis c'est important de comprendre pourquoi
l'accès à un ordre professionnel est réglementé, puis pourquoi il y a
un rite de passage, si vous voulez,
les règles. L'article 25 d'ailleurs, 26 du Code des professions
qui viennent encadrer cet exercice-là...
Donc, pour
évaluer l'opportunité de recommander que le système professionnel encadre un
nouveau groupe de personnes qui
fournissent un service ou accomplissent des activités déterminées, l'office
tient compte de facteurs qui sont indiqués à l'article 25 et l'article 26
du Code des professions.
Notamment, l'article 25, on parle des
connaissances, on doit...
Des voix : ...
Mme LeBel : Donc, les
connaissances requises pour... on doit évaluer les facteurs suivants : les
connaissances requises pour exercer les
activités des personnes qui seraient régies par l'ordre dont la constitution
est proposée, le degré d'autonomie
dont jouissent les personnes qui seraient membres de l'ordre dans l'exercice
des activités dont il s'agit, la difficulté
de porter un jugement sur ces activités pour des gens ne possédant pas une
formation, une qualification de même nature, le caractère personnel des
rapports entre ces personnes et les gens recourant à leurs services en raison
de la confiance particulière que ces derniers sont appelés à leur témoigner — donc
c'est pour ça qu'on parle de l'intérêt du public,
de la protection du public — par
le fait notamment qu'elles leur dispensent des soins ou qu'elles
administrent leurs biens, la gravité
du préjudice qui pourrait être subi par les gens recourant aux services de ces
personnes par suite du fait que leurs
compétences ou leur intégrité ne seraient pas contrôlées par l'ordre, le
caractère confidentiel des renseignements que ces personnes sont appelées à connaître dans l'exercice de leur
profession. Je pense, c'est important de le noter, parce que ça démontre l'importance de
l'ordre professionnel et la raison pour laquelle on crée un ordre
professionnel.
Cependant,
l'office peut, en outre, donc tenir compte aussi d'autres facteurs dans le
cadre de ses analyses, mais la base de l'analyse se situe à l'article 25
et 26 du Code des professions. Cependant, une démarche préalable doit être
accomplie pour présenter une demande, à savoir démontrer d'abord à
l'office pourquoi il devrait se pencher sur ce projet. Donc, il y a un certain
travail qui doit être fait par une profession ou un secteur qui désire accéder
à un ordre professionnel. On doit établir qu'il y a des préjudices ou des
risques de préjudices sérieux et relativement fréquents... sont directement associés à l'intervention des personnes
concernées. J'en ai fait un peu la nomenclature quand j'ai donné les critères
de l'article 25.
Cette
démonstration doit être faite de façon probante. Donc, il ne suffit pas de
l'alléguer, encore faut-il le démontrer, à l'aide de données qui sont
fiables, qui sont confirmées, le cas échéant, par les organismes publics
responsables dans le milieu en cause. Il
s'agit d'une démonstration que le groupe demandeur et ses membres doivent
pouvoir fournir, étant bien
d'ailleurs aux faits de leurs pratiques. Donc, encore faut-il pouvoir le
démontrer et non pas juste souhaiter y accéder.
Pour répondre plus spécifiquement, pour les
assister... En septembre 2018, l'Office des professions du Québec a diffusé sur son site Internet le Guide
d'analyse préliminaire des demandes d'encadrement professionnel — Critères
et processus. Ce guide va permettre également
de préciser le processus en vigueur dans le cadre de l'analyse des demandes
d'encadrement professionnel. Et il apporte des clarifications à l'égard des
éléments suivants : C'est quoi, un risque de préjudice? Si on veut le démontrer, il faut toujours être capable de le
définir. Le guide va nous aider dans cet exercice-là. Quels sont les
risques de préjudice jugés pertinents au soutien d'une demande? Parce qu'il
peut y avoir certains risques qui ne
demandent pas nécessairement d'encadrement par un ordre professionnel.
Peut-être qu'une profession a besoin d'être encadrée, mais l'ordre professionnel n'est peut-être pas la solution. Il
y a peut-être d'autres façons d'encadrer une profession et de s'assurer qu'elle est bien exercée par les
gens qui l'exercent. Quels critères permettent d'évaluer la gravité du risque
de préjudice illustré? C'est un peu sur le
même élément. Quels éléments permettent de mitiger les risques en cause? Donc,
effectivement, est-ce qu'on parle d'un ordre
professionnel? Est-ce que c'est de la formation? Est-ce que c'est d'autres
types de réglementation? La question
se pose. Quelles démarches peuvent favoriser la collecte des renseignements
recherchés? Et l'Office des professions, donc, entend, donc, analyser
les demandes d'encadrement soumises à la lumière du Guide d'analyse préliminairedes demandesd'encadrement
professionnel, et ce guide est diffusé, je le répète... pour ceux qui sont
intéressés, à tout le moins, à en apprendre
plus sur notre système professionnel et les façons d'y accéder, ce guide est
diffusé sur le site Internet de l'Office des professions.
Le Président (M. Bachand) :
...
M. Lemieux : Une
toute petite sous-question, puis quelqu'un d'autre va prendre le relais. Mais
est-ce que vous avez senti, puis ce
n'est peut-être pas à vous qu'il faut que je pose la question, vous venez
d'arriver là, Mme la ministre, mais est-ce que vous avez l'impression, à
la barre du ministère, que c'est un peu n'importe quoi?
Je
veux dire, j'ai entendu des histoires sur toutes sortes de groupes qui
voulaient devenir un ordre. Autant vous avez un guide maintenant pour les aider à entrer, autant ce n'est pas tout le
monde qui a besoin d'un ordre, vous l'avez tellement bien dit, Mme la ministre,
en disant : Il y a peut-être
d'autres meilleures façons et de protéger le public et d'encadrer cette profession.
Mais est-ce qu'on
répond à un besoin, en ce moment, en voulant préciser les choses? Est-ce que
c'est une impression que j'ai ou effectivement un peu tout le monde est venu cogner à la porte en disant : Aïe!
Un ordre, on aimerait ça, nous autres, se faire un ordre, là? Est-ce
qu'on en était rendus là? Est-ce qu'il fallait placer les choses?
Mme
LeBel : Bien, je pense
qu'il fallait placer les choses, mais je
pense que c'est toujours
bon d'éclaircir les raisons pour lesquelles... vous l'avez dit, hein,
dans le public... peut-être pas au sein des organismes et des gens qui
demandent l'accréditation, si je peux l'appeler comme ça, ce n'était pas le
terme exact de mes demandes, mais ils avaient besoin d'outiller ces gens-là pour bien les guider dans leurs démarches. Et je pense
que le désarroi, si vous voulez, ou la confusion était plutôt comme sur
la façon d'entamer la démarche. Et c'est toujours important de préciser c'est
quoi, un ordre professionnel, hein? Vous
l'avez dit, ce n'est pas un syndicat, ce n'est pas une association. Souvent, il
y a de la confusion au sein du
public, on dit : Ah! ils sont tous pareils, ils se protègent entre eux.
L'ordre professionnel, ce n'est pas une association, c'est vraiment un organisme qui est là pour
s'assurer de la formation, de s'assurer de réguler la profession, mais
l'objectif a toujours et avant tout demeuré la protection et la sécurité
du public.
M. Lemieux :
Merci, Mme la ministre.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. La députée de Bellechasse, pour
2 min 30 s.
Mme Lachance :
Merci, M. le Président. Bien, alors, je prends la parole aujourd'hui pour la
première fois, bien que, ce matin, je m'y attendais, mais ça a été très
rapidement. Alors, je vous salue tous, merci d'être ici. Je salue aussi les
collègues des oppositions. Et je vais faire ça brièvement pour que tous et
chacun puisse prendre la parole aussi.
Je
vais prendre un petit peu au vol ce que la collègue de Notre-Dame-de-Grâce
disait tout à l'heure concernant les ordres professionnels. Vous l'avez dit...
bien, en fait Mme la ministre l'a dit, concernant les ordres professionnels,
leur première mission est la
surveillance, la protection du public et, évidemment, la protection du public
qui les amène à une surveillance de leurs membres. Toutefois, si on se
fie à un article qui est paru récemment dans LeJournal de Montréal,
entre trois et six médecins se sont enlevé
la vie, au cours des dernières années, alors qu'ils faisaient l'objet
d'inspection ou d'enquête de la part
du Collège des médecins. On note que, le 28 janvier 2019, la présidente de
l'office, Dre Diane Legault, annonçait, dans une lettre adressée aux
ordres professionnels, le lancement d'un chantier d'inspection professionnelle.
Donc,
comme vous le mentionniez il y a quelques minutes, ce que j'aimerais savoir,
c'est : Quel est l'avancement des travaux concernant ce chantier-là
et comment ça se déroule, comment ça se passe?
Le
Président (M. Bachand) : Merci.
Une voix :
Oui. Je pense que je vais laisser la présidente répondre...
Le
Président (M. Bachand) : Mme la présidente, s'il vous plaît.
Mme Legault (Diane) : Merci. Merci, Mme la ministre. Alors, je vous
remercie pour la question, Mme la députée. Effectivement, dans les activités de veille de l'office, l'inspection
professionnelle, c'est certainement un mécanisme qu'on regarde avec
beaucoup d'attention puisque ce mécanisme de contrôle de l'exercice est mis à
la disposition des ordres, qui est très,
très important, qui est assez central même. Et, dans l'exercice de veille,
justement, des données que les ordres nous
soumettent annuellement, on est en mesure, avec le rapport annuel, de dépister
une très grande variabilité dans les programmes
d'inspection professionnelle qui sont déployés par les ordres. Alors, tantôt,
c'est... c'est très variable, parce que,
bon, c'est le nombre de demandes qui sont inspectées, c'est les ressources
monétaires qu'on met dans le processus, c'est la diversité du programme,
tantôt c'est un questionnaire, tantôt c'est une visite sur place, bon... Et là
on s'est dit qu'il fallait que l'office
connaisse mieux, plus finement la diversité des mécanismes ou du déploiement
des mécanismes d'inspection professionnelle
au sein des 46 ordres. Alors, on a lancé, justement, un chantier,
c'est-à-dire qu'on a invité les ordres à se joindre à nous dans le cadre
d'un groupe de travail, et le groupe de travail a été formé. Le groupe de
travail est constitué de représentants qui
ont les mains mouillées, là, qui sont dans l'action de l'inspection
professionnelle de 10 ordres. Ces 10 ordres
là ont été choisis en fonction de certains critères : diversité, capacités
aussi des plus petits ordres, des plus gros ordres, des ordres de la santé, des ordres qui sont du domaine des
affaires, etc. On avait une espèce de matrice pour nous guider dans la
sélection, si je peux dire, parce qu'ils ont été très, très nombreux à lever la
main, puis vouloir se joindre à nous, mais, bon. Alors, on a constitué un
comité. Puis on a lancé un questionnaire, je pense qu'il y avait à peu près 70 questions, à tous les ordres pour
justement connaître plus finement comment ils déployaient leurs programmes, sur
quels critères ils s'appuient, etc.
Puis cette connaissance-là, qu'on va recueillir, on va l'analyser, on va, bien
sûr, la partager avec le comité de travail.
Puis notre objectif, dans tout ça, c'est de
mettre en lumière les pratiques qui sont les plus efficaces, et puis les diffuser, puis, très probablement, produire des
lignes directrices sur le sujet. Alors, le chantier a été lancé, les
questionnaires sont
en train de nous revenir bien remplis, le comité est constitué puis se réunit
en mai pour une première fois. Alors, on est très satisfaits de la
réponse des ordres.
Puis je vous
dirais que, dans le domaine de l'inspection professionnelle ou dans les autres
domaines, la collaboration des ordres
avec l'office, c'est une clé essentielle au succès. Mme LeBel le disait
tantôt, on est là pour la protection du
public. Nous, comme office, on est là pour surveiller les ordres, mais on fait
ça ensemble, on est dans le même bateau de la protection du public, ce sont des objectifs communs. Alors, dans
le chantier d'inspection professionnelle, c'est la réponse très positive
que nous avons des ordres.
• (20 h 10) •
Le
Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole au député d'Hochelaga-Maisonneuve
pour un bloc d'échange de 4 min 50 s. M. le député, s'il vous
plaît.
M. Leduc :
Merci, M. le Président. Bonsoir à tout le monde, bonsoir à Mme la ministre, ses
employés du cabinet et des différentes agences, et du ministère, merci
d'être là.
Directement dans le vif du sujet, je veux vous
parler des hygiénistes dentaires. Vous savez qu'actuellement la loi prévoit que
les hygiénistes dentaires du Québec doivent exercer leur profession sous la
supervision d'un dentiste. C'est une subordination professionnelle qui est
quand même considérée par plusieurs, en tout cas, de plus en plus de personnes,
comme étant archaïque et qui nuit à une approche ouverte, une approche
collective et une approche surtout préventive
en santé. Puis, au Canada, seuls le Québec et l'Île-du-Prince-Édouard font en
sorte que les hygiénistes dentaires sont obligés de pratiquer sous l'autorité
d'un dentiste. Nous, on pense que ça pourrait être intéressant d'ouvrir ça,
il y aurait tout un nombre de pratiques,
d'actes non médicaux qui pourraient être faits de manière autonome, les examens
sommaires de prévention, des nettoyages, des poses de scellants, et j'en passe.
Ça faciliterait notamment le déploiement des soins de santé dans les écoles, dans les CHSLD, deux
institutions qui ont beaucoup d'amour, je pense qu'on partage ça, l'ensemble
des personnes ici présentes.
La précédente
ministre avait envisagé de permettre aux hygiénistes dentaires de poser ce
genre de geste là sans la supervision
d'un dentiste. L'Office des professions et l'Ordre des dentistes s'étaient
montrés en accord avec cette réforme. Est-ce que la ministre s'engage à
réformer la loi dans le même sens?
Le Président (M. Bachand) :
Mme la ministre.
Mme LeBel :
D'entrée de jeu, je peux vous répondre que vous prêchez à une convertie quand
on parle de l'utilité d'ouvrir
certaines professions. On le fait... d'ailleurs, je travaille de façon très
étroite avec la ministre McCann, la ministre de la Santé, dans ces dossiers-là. Je travaille avec elle dans le
dossier des infirmières praticiennes spécialisées, où on a eu des bonnes
nouvelles. Je travaille également, donc, par rapport aux hygiénistes dentaires.
Vous savez,
l'accès aux soins de santé de première ligne, l'accessibilité, je pense qu'elle
passe aussi par l'ouverture de
certaines professions. On a parlé des pharmaciens aussi, qui pourraient être
prêts à faire plusieurs... certains actes, qu'on ne définira pas nécessairement ici aujourd'hui, là, mais il y a une
ouverture pour être capable de faire des actes et peut-être désengorger
nos médecins et nos cliniques, et justement...
Et, quand on
parle des hygiénistes dentaires, je viens d'un comté, Champlain, où
effectivement il y a des problèmes de
déplacement, souvent, de mobilité, ce sont des populations, dans Mékinac, dans
le haut de mon comté, particulièrement, des populations vieillissantes. Et on sait que l'hygiène dentaire,
l'hygiène buccodentaire, quand on n'en prend pas soin de façon adéquate, ça peut mener à plusieurs autres
problèmes d'ordre... de santé qui sont déjà des fois beaucoup plus graves
que le simple entretien des dents, comme on pourrait le penser.
Donc,
effectivement, on travaille là-dessus. Je n'ai pas d'échéancier, pour moi,
c'est le plus rapidement possible. Je travaille là-dessus avec la ministre de
la Santé, j'ai eu d'ailleurs une rencontre il n'y a pas longtemps avec elle sur
ce sujet précis. Mais je dois vous dire qu'on travaille également sur
les infirmières praticiennes spécialisées, donc, pour nous, c'est dans une globalité de voir... d'ouvrir tout ça. Mais il y a
très certainement, très certainement une ouverture dans ce sens-là.
M. Leduc : Il y a une adhésion
de principe, en tout cas, philosophique à cette démarche-là.
Mme LeBel : Absolument.
Absolument. Maintenant, le diable étant dans les détails, il faut travailler
sur le changement que ça prend, il faut
travailler sur les modalités. Comme je vous dis, je travaille avec la ministre
de la Santé, qui a également les
infirmières praticiennes spécialisées, donc on fait ça dans l'ordre, mais ça
fait partie de l'ouverture que nous allons démontrer du travail qu'on
veut faire sur ces aspects-là.
Le Président (M. Bachand) :
M. le député.
M. Leduc : Nous serons
présents, lorsque le moment sera opportun, pour travailler dans le même sens.
Prochaine question, probablement la dernière
dans ce petit bloc, sur le pouvoir et le cadre d'exercice des syndics. Parce
qu'on a parlé tantôt qu'en effet les ordres sont là pour protéger le public, ce
n'est pas un syndicat, c'est la protection du public qui est au centre de leurs
actions, puis souvent le rôle de protection se traduit par la présence au sein de chaque ordre d'inspecteurs ou de syndics,
entre autres, qui doivent faire respecter le cadre normatif. Ces gens-là
jouent un rôle indispensable. Ils sont essentiels, mais les décisions qu'ils
peuvent prendre peuvent avoir des immenses répercussions, tant au plan professionnel
que personnel, différentes personnes.
Or,
il semble que le cadre dans lequel ils opèrent peut peut-être présenter quelques
lacunes, du moins, on a lu, dans un mémoire
de l'Ordre des psychologues, qui date de 2013, qui... ils considèrent, dans le fond, que le pouvoir qui est accordé aux syndics est énorme, mais qu'il
n'y a aucun organisme de surveillance alentour ou... en tout cas, qui se concentre envers les syndics. Ça, donc, fait... le
système professionnel n'a, semble-t-il, pas prévu de possibilité de dérapage
ou de mauvaises pratiques dans l'exercice de la fonction des syndics.
Ça
fait que la question est la suivante : Est-ce que vous seriez disposée à
mettre en place une forme d'encadrement pour pallier à cette lacune-là? On
pourrait parler d'un code de déontologie, un organisme de surveillance,
un ombudsman ou d'autres excellentes idées que vous pourriez avoir vous-même,
Mme la ministre.
Le
Président (M. Bachand) : En cinq secondes, si possible.
Mme LeBel :
Bien, j'aurai l'occasion de vous y répondre un peu plus avant, parce que j'ai
l'intention d'en faire état, effectivement, de ce qu'on est en train de
faire.
Le Président (M. Bachand) : Merci beaucoup. Je cède la parole à la députée de
Joliette pour un bloc de 4 min 50 s. Mme la députée, s'il
vous plaît.
Mme Hivon :
Merci beaucoup, M. le Président. Bonjour à nouveau et bonjour à toute l'équipe
de l'office. Alors, vu le gros cinq
minutes qui m'est alloué, j'ai une petite stratégie, c'est que je vais vous
poser mes trois questions et puis vous pourrez, donc, répondre et
chercher au besoin.
La première, j'étais
curieuse de savoir si l'office avait été, via la personne, donc, du Commissaire
à l'admission, consulté pour le projet de loi n° 9 sur l'immigration,
parce qu'il y a une volonté d'arrimage des besoins.
La deuxième question,
c'est : Les informations qu'on détient, les données qu'on détient sur les
stages, donc, jusqu'où c'est possible et
difficile d'obtenir un stage? Je pense notamment à l'État, au gouvernement,
comme employeur en matière de santé, tout ça. Donc, est-ce qu'on a des
données là-dessus?
Et
puis ma dernière question... Bien, je vais vous laisser aller... Ma dernière
question, c'est de savoir s'il y a un plan
pour financer le Conseil interprofessionnel du Québec, qui a demandé,
récemment, un 63 millions pour dire que c'est la somme dont il jugeait avoir besoin pour
faciliter l'intégration des professionnels étrangers. Donc, c'est les trois
enjeux.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la ministre, Mme la présidente?
Des voix :
...
Le Président
(M. Bachand) : Mme la présidente, oui.
Mme Legault
(Diane) : Sur les stages, on n'a pas de donnée dans l'immédiat, mais
on est en train de travailler à en avoir.
Justement, à travers le pôle, c'est là qu'on identifie là où on a besoin
d'information pour préciser le diagnostic, si je puis dire, pour
qu'ensuite le plan de traitement, le plan d'action soit vraiment bien arrimé et
qu'on comble des besoins qui sont peut-être
plus particuliers que généraux. C'est ce qu'on s'aperçoit. Et ce qu'on est en
train de se dire aussi, c'est qu'il y aura peut-être une approche un peu
plus ciblée, avec des plus petites équipes, sur certaines problématiques pour
qu'on puisse, justement, les résoudre, ces problématiques-là, puis avoir des
avancées plus significatives.
Mais il est entendu
que la collecte de données, ça demeure un enjeu. M. le commissaire en faisait
état tout à l'heure. On a un projet qu'on
envisage de mener, notamment avec le ministère de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur, parce
qu'ils ont beaucoup de données, bien sûr, et on sait que le BCI a de l'intérêt
pour un projet comme celui-là. Alors, il y a de l'espoir... en tout cas,
on est en action, si je puis dire.
Mme LeBel :
À moins que vous vouliez... c'est de vous demander de compléter, peut-être ou
vous avez une autre question.
Mme Hivon : Bien, vous connaissez mes deux autres questions,
puis il me reste deux minutes, ça fait que j'implore votre...
Mme LeBel : Bon, pour ce qui est de... oui, mais ce qui est
du financement, je pense qu'effectivement, on a identifié,
avec le conseil, qu'il y avait... Le problème est que 63 % des demandes
des immigrants finissent par une reconnaissance partielle, hein, et qu'il y a peu d'accès aux stages pour obtenir une
reconnaissance totale. Donc, on travaille sur cette question-là.
Maintenant, pour ce
qui est du financement, je n'ai rien à annoncer. Je comprends qu'ils ont fait
des demandes, mais on travaille sur cette
question-là avec eux. On va progresser. C'est une préoccupation, ça prend une
bonne adéquation entre le marché du travail et l'immigration, ça va
répondre à nos problèmes de main-d'oeuvre et je pense que c'est une bonne... Il
faut travailler là-dessus, et je pense que c'est une des avenues, la
reconnaissance des compétences.
Pour
ce qui est du projet de loi n° 9, c'est sûr que l'Office des professions,
leur opinion est pertinente, ils vont nous la soumettre. Pour savoir
est-ce qu'ils seront appelés en commission parlementaire, c'est une autre
chose. Mais, très certainement, je
comprends, parce qu'on parle effectivement... le service professionnel... le
secteur professionnel est au centre de cette... pas de cette
problématique-là, mais fait partie des solutions, si on veut.
Donc,
on sera très certainement... Leur opinion va très certainement nous être
véhiculée puis on pourra en discuter devant
la commission, qui est pertinente, et avec le ministre aussi, qui est en charge
de ce projet de loi là, si vous permettez.
• (20 h 20) •
Mme Hivon :
Merci beaucoup. J'apprécie beaucoup votre collaboration pour les réponses.
Donc, deux petites précisions. Donc, jusqu'à
ce jour, ni l'office ni le commissaire n'ont été, donc, consultés par le
gouvernement pour le projet de loi n° 9. Juste
me répondre rapidement.
Puis, pour ce
qui est des stages, ça, c'est une demande que je fais, je pense que ce serait
particulièrement pertinent de
documenter, dans le secteur public, l'ouverture et, je dirais, la proactivité
du secteur public pour trouver des stages aux nouveaux arrivants.
Le Président (M. Bachand) :
Rapidement, Mme la présidente.
Mme Legault
(Diane) : Oui, parfait.
Alors, ce que je voudrais ajouter, c'est que, sur le pôle, justement, il y a la
Commission des partenaires du marché du
travail qui y siège, qui sont membres aussi. Alors, dans le prochain plan
d'action qu'on va définir, il y a
cette volonté, là, de décrire mieux les stages mais d'arrimer aussi les stages
ou les opportunités en région ou où on peut, finalement, atteindre, des
fois, double objectif.
Le
Président (M. Bachand) :
Parfait. Merci beaucoup. Avant de passer au gouvernement, j'aurais... On a pris
un petit retard. J'aurais besoin d'un consentement pour un maximum de
cinq minutes additionnelles à la séance de travail. Est-ce qu'il y a
consentement? Merci.
Alors, je me
tourne vers la députée de Les Plaines pour le bloc de
13 min 12 s. Mme la députée de Les Plaines, s'il vous
plaît.
Mme Lecours (Les Plaines) :
Merci beaucoup, M. le Président. Je vais juste me permettre de souligner... de remercier, à tout le moins, la présence des gens
qui entourent la ministre. Ce n'est pas les mêmes que ce matin, évidemment,
on n'est pas dans la même portion d'étude de
crédits. Alors, Mme la présidente, les gens qui vous accompagnent, M. Fournier,
également, qui accompagne la ministre, alors je vous salue.
Ma question va être quand même... Je vais aller
de façon rapide. Je vais revenir un petit peu sur le projet de loi n° 98 adopté en... Et je me permets de faire un petit préambule
pour tous les gens qui nous écoutent. Alors, adopté en 2017, le projet de loi n° 98, c'est-à-dire la Loi modifiant diverses lois
concernant principalement l'admission des professions
et la gouvernance du système professionnel, mieux connue, comme on le disait
tout à l'heure, dans le milieu professionnel comme la loi n° 11,
amène aussi son lot de changements pour les ordres professionnels québécois.
C'est effectivement, comme ma collègue le disait, de belles améliorations.
Bien, il y a quelques petites notes discordantes à y ajouter. En effet, en décembre 2017, le Conseil interprofessionnel du
Québec a décrié les délais de traitement réglementaires. On soulève qu'une des
conséquences de la loi n° 11 faisait en sorte que plus de 200 règlements
issus des ordres professionnels sont actuellement en attente de
traitement par l'Office des professions.
Alors, M. le Président, ma question pour Mme la
ministre est la suivante : Pouvez-vous nous parler du rôle des règlements au sein du système professionnel et de
ce que l'office professionnel a fait depuis l'adoption de la loi n° 11 pour accélérer le traitement des règlements par son personnel?
Le Président (M. Bachand) :
Mme la ministre.
Mme LeBel :
Alors, merci. Merci de la question. Effectivement, peut-être qu'on pourra
compléter si on voit que c'est nécessaire, mais je veux vous donner
quand même les grandes lignes de la réponse, là, à votre question.
Le Code des
professions a délégué, effectivement, un important pouvoir de réglementer aux
ordres professionnels dans
différentes sphères, hein? On peut parler de formation, on peut parler de
déontologie, d'inspection, de mobilité des professionnels, donc toutes des sphères qui sont importantes toujours et
d'abord et avant tout pour la protection du public. Je pense, c'est
important de le resouligner, de le remettre sur la table à chaque fois qu'on
peut.
L'Office des
professions, qui s'occupe d'ailleurs de la publication des règlements
approuvés, des publications à titre de
projets, est l'organisme public, donc, qui publie le plus de règlements dans
l'appareil gouvernemental québécois. On parlait tantôt, hein, de 46 ordres
professionnels, de 55 professions réglementées, et on parlait tantôt de
la... je ne dirais pas la prudence, mais de
l'importance de très bien considérer la nécessité de faire partie d'un ordre
professionnel, ou d'en créer un
autre, ou d'assujettir une profession à un ordre professionnel déjà existant ou
non. Mais c'est parce qu'il vient avec son
lot de... Il y a un lot de lourdeurs administratives, je vais le dire, dans le
service professionnel, qui se justifie, justement, par l'importance que
représente notre système professionnel au Québec, mais c'est important de le
noter.
Le corpus
réglementaire découlant du Code des professions, d'ailleurs, comporte plus de
800 règlements. C'est plus de
règlements que le ministère de la Santé, de l'Éducation et des Finances
rassemblés. Donc, c'est un corpus réglementaire extrêmement important. L'office et le gouvernement ont également le
pouvoir d'adopter en propre des règlements, naturellement.
Les
processus, donc, sont complexes et font intervenir plusieurs intervenants :
les ordres, leurs membres, l'office, les
partenaires gouvernementaux concernés, le Conseil interprofessionnel du Québec.
Donc, il y a une lourdeur administrative qui n'est pas à nier, qui est nécessaire parce qu'on le comprend, le
système professionnel est important, mais ça vient quand même avec sa
lourdeur administrative.
Peu après sa nomination, la présidente de
l'office, qui est à mes côtés, a nommé une personne spécifiquement chargée du
chantier d'optimisation du traitement réglementaire. Des consultations ont eu
lieu à l'interne et auprès des ordres professionnels. Plusieurs pistes de
solution, d'ailleurs, ont été mises en oeuvre au cours des derniers mois. Donc,
il y a... Plusieurs ordres professionnels se
plaignaient des délais, si on veut, de la lenteur, mais on comprend que, quand
on a 800 règlements à gérer, si je peux dire comme ça, ça vient
avec son lot de difficultés.
Une clarification des
rôles au sein de l'office a permis de recentrer le rôle de la direction
responsable des orientations au sein de
l'office. Cette direction, maintenant appelée la Direction de la veille et des
orientations, la DVO, est donc
chargée spécifiquement de déterminer les orientations, de fournir des lignes
directrices ou autres au bénéfice des ordres dans le cadre de
l'élaboration de leurs règlements.
Donc, on apporte un support aux ordres
professionnels, qui n'ont pas tous, on doit le comprendre... ils sont à géométrie variable, hein, ce n'est pas tous le
Collège des médecins ou le Barreau, ils n'ont pas tous le même personnel, les
mêmes moyens. Des ordres professionnels sont
plus petits, ont peut-être moins de capacité de rédiger des règlements, moins
de moyens. Donc, c'était important pour
l'office de leur fournir des lignes directrices et un cadre pour les supporter
dans cette production réglementaire, je vais le dire de cette façon-là.
Au cours des derniers mois, donc, des lignes
directrices ont été notamment adoptées en matière d'élection, de communication
électorale, d'éligibilité, et j'en passe. La clarification des rôles a
notamment permis la création de ce qu'on appelle le secrétariat de l'office, à
même les ressources présentes. Le secrétariat est devenu la porte d'entrée des règlements. Ainsi, l'office a pu se doter d'une
base de données qui permet de monitorer l'activité réglementaire et de pouvoir
en rendre compte, tant auprès des ordres, que de la ministre, que des
parlementaires, quand la question est posée. Le secrétariat est aussi chargé de
coordonner le traitement réglementaire et s'assurer de la communication accrue
avec les ordres. Alors, on le fait dans un système, on l'a dit, de
collaboration. Même si l'office est là pour, en quelque sorte, surveiller les ordres professionnels, bien, le
travail se fait quand même en collaboration avec les ordres professionnels et
le Conseil interprofessionnel. C'est ça, hein?
Une voix : Exactement.
Mme LeBel :
Merci. À ce chapitre, l'office a mis sur pied un projet pilote visant à fournir
aux ordres une rétroaction rapide pour tout projet de règlement qui est
soumis. En date du 4 avril 2019, l'office a produit sept bilans
d'évaluation sommaire dans les 10 jours de réception du projet de
règlement. Ce bilan permet de mieux cerner la contribution respective de l'office et des ordres pour le
cheminement des règlements, et tout ça naturellement dans l'objectif de rendre
ce processus-là perfectible.
Le Président (M. Bachand) :
...
Mme Lecours
(Les Plaines) : Est-ce que je comprends qu'on peut se doter également
de délais d'encadrement très spécifiques, à tout le moins pour les
dossiers, là, qui sont en attente?
Mme LeBel : ...laisser répondre
de façon plus précise.
Mme Legault
(Diane) : Oui, merci. Alors,
Mme la ministre a brossé un... (panne de son)... cours de l'année à l'office.
Parce que, de fait, quand je suis arrivée en poste, pour les équipes, le message
était clair : on avait une ambition avouée d'optimiser le traitement réglementaire. Parce que c'est ça, le mot-clé,
au fond, optimiser. Et moi, je profite de l'occasion qui m'est donnée
maintenant pour saluer le travail de mes équipes, parce qu'il y a eu de la
transformation, cette année, considérable, mais on sent une mobilisation, puis
les résultats, là, se manifestent.
Alors, en
date du 30 avril, c'est 14 projets de règlement qu'on a étudiés dans
le cadre du projet pilote. Et ce que j'aimerais
vous dire, justement, c'est que, bon, bien, cette année, on aura complété le
traitement de 79 règlements, il y en aura 86 qui auront été publiés à la Gazette officielle soit à titre de
projet ou de projet. Et, au moment où on se parle... Parce que, comme le disait la ministre tout à l'heure, on a
maintenant des outils de reddition, des tableaux de bord qui nous permettent,
en temps réel, de connaître l'état des
lieux. Alors, ça, ça va faciliter beaucoup la communication avec les ordres,
bien sûr, et tous ceux qui sont
intéressés par la question réglementaire, quand viendra le temps peut-être de
réfléchir à comment on peut améliorer
les processus plus globalement, mais toujours est-il qu'au moment où on se
parle on a 55 règlements qui sont en traitement et 44, là, pour
lesquels on attend des documents ou autre.
Mme la ministre le disait tout à l'heure, le
processus d'adoption réglementaire, c'est un processus qui peut être compliqué, parce que, quand le code a été créé,
les ordres, on leur a reconnu une grande souveraineté, une grande autonomie.
L'État voulait cependant se donner un contrôle, alors les règlements sont
adoptés par l'office ou par le gouvernement en bout de piste, et il y a tout... des procédures qui sont en place selon
le type de règlement. Est-ce que c'est un règlement sur l'inspection professionnelle? Est-ce que c'est un
règlement sur la formation continue? Est-ce que c'est un règlement sur
les diplômes, par exemple? Les processus varient.
Et, pour le
bénéfice des ordres, on a préparé un document qui est assez clair sur les
différents cheminements, puis je pense que nous en avons des copies. Si vous
l'autorisez, on pourrait les remettre aux parlementaires, Mme la secrétaire, hein, M. Nadeau? Alors, vous allez voir. Au fond, on va le
distribuer, peut-être, et puis...
• (20 h 30) •
Une voix : ...
Document
déposé
Le Président (M.
Bachand) : Oui.
Une voix : On peut continuer
à l'expliquer pendant ce temps-là.
Mme Legault
(Diane) : Oui. O.K.
Pardon. Excusez-moi. Le temps s'écoule. Excusez-moi. On veut profiter du temps.
Alors, il y a
cinq cheminements, au fond. Alors, il
y a des règlements
qui sont adoptés par les ordres, approuvés par l'office, adoptés par les ordres, publiés à la Gazette officielle, approuvés finalement par l'office, mais là il y a
des consultations avec les différents
ministères. Il y
a des règlements qui sont adoptés
par les ordres, publiés à la Gazette
officielle, et, après recommandations de l'office, approuvés par le gouvernement. Il y a d'autres règlements qui sont carrément des règlements
de l'office, notamment le règlement
qui porte sur les normes d'éthique puis déontologie des administrateurs des conseils d'administration d'ordre, et ceux-là sont
approuvés, finalement, par le gouvernement, puis, enfin, il y a des règlements
qui sont des règlements du gouvernement, notamment ceux qui portent sur
les diplômes.
Alors, nous, ce qui nous intéresse dans la
clarification des rôles, dans la description des processus du traitement réglementaires, c'est de bien préciser les étapes
qui appartiennent, j'ai envie de dire, exclusivement à l'office, pour être
capable de mesurer les délais moyens, se
fixer des cibles, ensuite, de réduction de ces délais-là. Alors, j'espère me
présenter devant vous l'année
prochaine avec un bilan encore plus détaillé des gains que nous aurons
effectués, engrangés au cours de l'année.
Mme Lecours (Les Plaines) :
Merci beaucoup. C'était d'une clarté limpide. Merci. Je vais céder la parole...
Le Président (M. Bachand) :
Autres interventions? M. le député d'Ungava, pour 2 min 30 s,
s'il vous plaît.
M. Lamothe :
2 min 30 s. Peut-être sur les syndics et inspections
professionnelles. En décembre 2018, un groupe de médecins s'est adressé à la ministre de la Justice afin de partager
leur détresse face à ce qu'ils qualifient de harcèlement institutionnel et moral de la part du Collège des
médecins du Québec et de son bureau de syndic. Selon ce groupe, d'autres
professionnels membres de différents ordres professionnels feraient aussi
l'objet de harcèlement de la part des syndics ou inspecteurs de leur ordre respectif. Il semblerait que plusieurs
d'entre eux, par peur de représailles, n'osent pas en parler
publiquement.
Par ailleurs, un autre joueur, l'Association des
psychologues du Québec demande aussi, depuis longtemps, l'intervention du
gouvernement afin de mieux encadrer les syndics des ordres professionnels en
réclamant un code de déontologie pour les
syndics. J'ai pris la peine de regarder un petit peu, Mme la ministre, des
témoignages de médecins, puis, je ne sais pas, à moins que je me trompe,
mais du harcèlement à répétition, ce n'est pas loin de criminel, ça.
Ça fait que ma question est la suivante :
Pensez-vous inclure dans votre réflexion l'ensemble des mécanismes de justice
disciplinaire?
Le Président (M. Bachand) :
Mme la ministre.
Mme LeBel :
Bien, merci, M. le Président. Je vais profiter des quelques minutes qui me
restent pour y répondre, ça va probablement répondre aussi à la question que je
n'ai pas eu le temps de faire de mon collègue député de l'opposition.
Donc, le
système professionnel, effectivement — j'ai l'intention de le faire — le système professionnel est fondé sur l'autorégulation, hein, des ordres
professionnels, ce qui implique le jugement par les pairs, et c'est important
dans le niveau de confiance du public
dans les ordres professionnels, c'est une des clés. Donc, c'est, en effet, à
l'ordre professionnel que le Code des professions confie la mission de
protéger le public. À cette fin, la loi prévoit que l'ordre doit contrôler l'exercice de la profession par ses membres et ce
qu'il doit mettre en application, les mécanismes prévus par la loi pour
ce faire. Mais qui contrôle le contrôleur? C'est un peu la question qui m'était
posée.
Donc, profitant d'ailleurs d'un contexte de
réflexion sur le système disciplinaire et plus spécifiquement sur les mécanismes de contrôle et devant,
particulièrement, des témoignages qui sont parfois très dramatiques... pas
juste parfois, qui sont très
dramatiques, le gouvernement, nous avons donné le mandat au Conseil
interprofessionnel du Québec, le mandat de faire un état de la situation sur
les processus d'enquête des bureaux de syndic des ordres professionnels. De
plus, il leur est demandé de recenser
les pratiques actuelles, d'analyser la portée et les impacts des meilleures
pratiques en matière d'exercice, le
cas échéant, de proposer des modifications afin de répondre aux enjeux actuels
liés aux rôles et aux responsabilités des syndics, l'objectif principal étant de faire en sorte que le syndic et
l'ordre professionnel exercent efficacement leurs devoirs et les pouvoirs qui leur sont conférés par la loi
et de voir quels sont les mécanismes de contrôle qu'on pourrait mettre en
place.
Je vais
profiter des dernières secondes pour remercier tout le monde, M. le Président,
les gens qui m'accompagnent, la
présidente de l'ordre, le commissaire qui est venu vous apporter... répondre à
certaines questions. Je ne les nommerai pas tous, parce que j'ai peu de temps, mais le travail a été exceptionnel,
et ça nous a permis d'avoir une belle heure de crédits. Alors, merci à
tous.
Documents
déposés
Le
Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup. Cela dit, je dépose les réponses aux demandes de renseignements
de l'opposition.
Et, compte
tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux jusqu'au mercredi 1er mai,
après les affaires courantes, où elle
va entreprendre l'étude des crédits budgétaires du volet Réforme des
institutions démocratiques du portefeuille Conseil exécutif. Merci, tout
le monde. Merci.
(Fin de la séance à 20 h 35)