(Onze
heures vingt et une minutes)
Le Président (M. Bachand) : À
l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des institutions ouvertes. Je demande à toutes les personnes dans
la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques.
La
commission est réunie afin de procéder à l'étude des crédits
du portefeuille Justice pour l'exercice financier 2019‑2020. Une
enveloppe de sept heures a été allouée pour l'étude de ces crédits.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Lecours
(Les Plaines) est remplacée par Mme Chassé (Châteauguay); M. Martel (Nicolet-Bécancour) est remplacé par M. Lévesque (Chauveau); M. Fontecilla (Laurier-Dorion) est remplacé par M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve); et M. LeBel (Rimouski) est remplacé par Mme Hivon
(Joliette).
Justice
Discussion générale (suite)
Le Président (M. Bachand) : Merci
beaucoup. Je vous rappelle que nous
allons procéder à une discussion d'ordre général par blocs d'environ 20 minutes, incluant les questions et
les réponses. Les mises aux voix des programmes 1, 2, 3, 4 et 6 du portefeuille
Justice seront effectuées à la fin du temps qui leur est alloué ce matin.
Nous
débutons, premièrement, avec le premier bloc d'échange, avec l'opposition officielle, M. le député
de LaFontaine, pour
19 minutes, s'il vous plaît.
M. Tanguay :
Oui, M. le Président. Peut-être, avant de commencer le bloc... J'aurais aimé ça
qu'on fasse ça, l'intendance, avant qu'on
arrive en micro, mais faisons-le dans les micros. Combien nous reste-t-il... Est-ce qu'on finit à 13 heures? Est-ce
qu'on recédule avec tout le monde?
Le Président (M. Bachand) : Avec votre accord... On a 44 minutes de
retard, grosso modo. On est en train de regarder la mécanique. Mais je ne voulais pas commencer la séance avant.
Alors, si vous êtes d'accord de prendre votre premier bloc, et je vais vous revenir entre les deux blocs pour les
détails de tout ça. Parce que, grosso modo, on a 44 minutes de
retard présentement.
M. Tanguay :
Et, moi, il me resterait... Parce qu'il faut que je le sache, combien, à peu
près, de temps en tout et partout.
Le Président (M. Bachand) : Vous avez grosso modo un, deux, trois, quatre
blocs d'environ... une moyenne de 15 à 17 minutes, à peu près.
M. Tanguay :
15 à 17 minutes, quatre blocs. Ça fait au-dessus d'une heure, là,
1 h 10 min.
Le
Président (M. Bachand) : C'est ça.
M. Tanguay :
Alors, il faudra juste voir avec les collègues qu'est-ce qu'on fait à 13 heures.
Est-ce qu'on arrête? Est-ce qu'il y a
du temps du gouvernement qui... Je lance la réflexion. Là, M. le Président, ce
sera un bloc de combien de temps?
Le
Président (M. Bachand) : 19 minutes, pour commencer,
s'il vous plaît.
M. Tanguay :
19 minutes, O.K. C'est pour ça que j'aurais aimé ça qu'on se parle avant.
J'aimerais que l'on fasse venir le président
de la commission des droits, s'il vous plaît, avec votre consentement puis le
consentement tout le monde.
Le
Président (M. Bachand) : Parfait. Est-ce qu'il y a
consentement? Oui?
Des voix :
Consentement.
Le Président (M. Bachand) : Alors, merci beaucoup. Alors, bienvenue.
Veuillez, s'il vous plaît, vous identifier pour débuter, s'il vous
plaît, merci.
M. Tessier
(Philippe-André) : Mon nom
est Philippe-André Tessier, président de la Commission des droits de la
personne et des droits de la jeunesse. Je suis accompagné de
M. Jean-François Trudel, qui est secrétaire de la commission.
Le Président (M. Bachand) : Merci
beaucoup. M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay :
Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Alors, bien, rebonjour tout le monde,
chers collègues, bonjour à Mme la ministre.
Aujourd'hui,
de peut, peut-être... peut finir les crédits Justice, sinon, si on manque de
temps, on pourra recéduler à une date ultérieure. Mais il y aura
peut-être lieu de se parler, voir ce qu'on peut faire aujourd'hui ou pas.
Moi, M. le Président, je tiens à saluer et
remercier M. Philippe-André Tessier, qui est ici ce matin. Et on ne refera
pas la journée d'hier, mais je sais que, pour être présent, pour répondre à nos
questions ce matin, M. Tessier a dû, de façon majeure, réaménager
son agenda. Ça lui a demandé des efforts notables et notoires. Et je tiens à
vous remercier, M. Tessier, d'être ici
présent ce matin. Chapeau! Ça démontre tout le respect que vous avez pour le
processus parlementaire, pour les
élus. Et ça ne fait que nous conforter sur le vote important que nous avions
pris lors de votre nomination de président intérimaire à président
permanent. Chapeau! Merci d'être là ce matin.
Bloc
important, bloc important ce matin. Et ça se peut, M. le Président, que je
déborde. Donc, ça se peut, si on n'a
pas le temps... Parce que
je veux qu'on prenne le temps de faire la discussion sur la Commission des droits de la personne et des
droits de la jeunesse du Québec.
Donc,
sur le 19 minutes, on va aborder plusieurs points, parce
que la commission, on a vu dans les
deux dernières années, a vécu des
eaux troubles. Et je pense que, Me Tessier, vous êtes, comme président, un
facteur de stabilisation, de mise à niveau, dans tous les sens de
l'expression, et de relance, je dirais, de la commission, qui a un rôle majeur,
important, de conseil, d'enquête, de recherche, d'avis à donner pour la société
québécoise, mais, de façon particulière, aux députés à l'Assemblée nationale, notamment
lorsque ça touche à tous les projets de loi.
Je
ne remonterai pas jusqu'à Mathusalem, là, on ne parlera pas du rapport
Bourgault de 2011, on ne parlera pas du rapport Pelletier, on ne parlera
pas... ou peut-être on y fera référence, mais rapidement, sur le rapport Hotte,
mais on va s'attarder sur le rapport
Verreault, rapport Verreault. Et j'étais à l'étude de crédits le
1er mai 2018. À l'époque, c'était Stéphanie Vallée, ministre de
la Justice. Et on avait reçu, le
matin même, je me rappelle, vous étiez là, vous étiez président intérimaire, le matin même, on avait reçu le rapport
Verreault. Alors, on s'était dépêché à lire ça. Moi, j'étais assis de l'autre
côté. Et, honnêtement, honnêtement, moi,
j'étais renversé. Puis c'était un rapport... peut-être, certains disent dévastateur, mais c'était un rapport qui n'est pas anodin
et qui faisait écho de plusieurs défis, on va dire ça comme ça. On va s'entendre,
peut-être pas sur dévastateur, le qualificatif, mais sur les nombreux défis qui
sont listés, identifiés dans le rapport Verreault. Je sais que ça faisait... C'était une
photographie d'une personne qui était consultante, Mme Lise Verreault, une
photographie suite à, quand même, 60 entrevues, mais réalisées en
novembre et décembre 2017. Alors, je comprends le contexte.
Donc,
sans m'attarder sur le rapport Verreault, vous avec eu, Me Tessier, un apport
très tangible. Puis on va prendre le
temps d'y aller point par point, parce
que votre lettre du 28 juin
2018, pour moi, là, ça, c'est ma feuille de route, lettre du 28 juin 2018. Et je vais... il y a 11 chapitres,
on va prendre le temps qu'il faut, mais on va y aller étape par étape, et
j'aurai des questions quand même assez précises. Et, ne vous en faites pas, je ne vais laisser aucune
pierre non retournée, puis, si à la
fin, c'est le cas, bien, vous pourrez m'aider et nous aider en ciblant des
sujets que nous n'aurions pas abordés. Et je vais y aller réellement de
façon très systématique sur les neuf pages de votre lettre.
Première des choses,
l'état des lieux en ce qui a trait à la commission, à la commission, je vais
l'appeler la Commission des droits de la
personne, là, des effectifs à temps complet autorisés aujourd'hui est de 167,
aujourd'hui étant en date de juin 2018, mais le budget de la commission
permet seulement de pourvoir 147 postes.
Comment
pouvez-vous expliquer ça, qu'il y en a 167, mais que le budget de la commission
permet d'en pourvoir 147?
M. Tessier
(Philippe-André) : Bien, c'est qu'il y a une différence entre le
nombre théorique de postes autorisés par
le Conseil du trésor et les budgets alloués à la commission en termes de nombre
d'heures, parce que, maintenant, on fonctionne
en termes de nombre d'heures, puis on l'a traduit en nombre de personnes
physiques, ce nombre d'heures là, mais il y a un écart entre, donc, le
financement théorique et le financement réel de la commission.
M. Tanguay :
Et est-ce que je me trompe en disant que le financement théorique, c'est un peu
comme nos organismes communautaires, là, ce n'est pas à la mission,
c'est aux projets? Est-ce qu'il y a un danger de perdre les gens qui sont financés sur des enveloppes qui ne sont pas
réellement... qui n'ont pas le caractère permanent des autres postes? Est-ce
qu'il y a un danger? Puis j'imagine,
j'aimerais vous entendre là-dessus, que vous nous appelez ou vous appelez le
gouvernement à régulariser cette situation-là.
• (11 h 30) •
M. Tessier
(Philippe-André) : Bien, c'est sûr qu'un des éléments qui découlent du
rapport Verreault, puis vous faites
référence à la lettre que la commission a transmise à Mme la ministre Vallée le
28 juin de l'année dernière, un des éléments qui découlaient du rapport Verreault et qui a été repris par la commission, c'est un besoin en termes de financement additionnel récurrent pour la commission. Ces
éléments-là sont détaillés à la lettre. Ce n'est pas quelque chose qui est
caché, c'était très clairement indiqué au rapport Verreault également.
Donc, tant en volet salarial, en masse salariale, donc en crédits pour engager
des gens et donc pérenniser aussi des postes — vous faites référence, dans
votre question, donc j'y reviens — mais, d'un autre côté aussi, en budget de
fonctionnement, c'est un des éléments importants du rapport Verreault, à l'effet que la commission se devait de mieux
communiquer avec l'ensemble du public québécois certains des éléments présents dans notamment la Charte des droits et
libertés de la personne du Québec,
mais pas seulement cela, et qu'il fallait doter la commission des budgets
conséquents pour ce faire.
M. Tanguay : O.K. Structure interne, structure interne, donc, sous
ce chapitre, si ma compréhension est juste, il y a une présidence, deux vice-présidences, cinq
commissaires charte, cinq commissaires jeunesse, donc cinq, cinq, 10, les 10
sont comblés. Votre poste V.P. charte est vacant. C'est le seul des
13 vacant?
M. Tessier
(Philippe-André) : Non. Présentement, il y a trois postes vacants à la
commission. Donc, vous avez 100 %
à votre examen, il y a effectivement 13 postes de membres de la
commission, trois à temps plein, 10 à temps partiel. Présentement, il y a un poste de membre charte à
temps partiel vacant et il y a deux postes de vice-président vacants. Donc,
effectivement, le poste de vice-président charte que j'occupais jusqu'au
27 février, parce que le 28 février, comme vous y avez fait référence, j'ai eu l'honneur et le grand privilège
d'être nommé président de la commission par les deux tiers de
l'Assemblée nationale, donc c'est sûr et certain, de facto, le poste que
j'occupais devenait vacant, mais le poste de vice-présidence jeunesse est
vacant depuis le 15 mars 2018, depuis le départ de M. Camil
Picard.
M. Tanguay : O.K. Donc,
les deux vice-présidents plus un temps plein... un temps partiel charte...
M. Tessier (Philippe-André) :
Voilà.
M. Tanguay : Ce qui a été ciblé, entre autres là-dedans, puis
on l'a vu, puis ça, c'est applicable puis on le revoit dans d'autres débats que l'on fait... d'autres
débats qu'on a faits, entre autres, sur la SQ, sur l'UPAC mais on ne tombera
pas là-dessus, là. Des organismes qui n'ont
pas, pendant longtemps, de dirigeant réellement en poste, ça a un impact. Quand
il n'a pas de leadership à l'interne, puis,
ça, je pense qu'on l'a... ou que le leadership est affecté et diminué... donc,
vous nous appelez, j'entends aujourd'hui, là, puis moi, de toute façon, je le prends à mon compte ce
commentaire-là, dans les meilleurs délais à combler, ces postes-là. Par contre,
vous avez, et j'ai vu, vous avez suggéré, puis là je fais un peu du...
un saut un peu plus loin, une sorte de mise en place, une sorte de... pas un
comité de sélection, mais de participation de la commission pour combler ces postes-là, des appels de candidatures.
Pouvez-vous nous en parler? Parce que ça semble être une innovation
récente, peut-être, je ne sais pas.
M. Tessier
(Philippe-André) : Oui, tout
à fait. Bien, peut-être pour faire un historique, là, pour le bénéfice
des gens qui nous écoutent et des
parlementaires bien évidemment... Alors donc, lorsque le poste de vice-président
jeunesse est devenu vacant, donc le
15 mars 2018, il y a eu un processus, il y a eu appel de candidatures
l'année dernière. Ce processus de candidatures là a donné lieu à la
constitution d'un comité de sélection. C'était effectivement une première pour
la commission, selon ce qu'on m'en dit, évidemment, je ne suis pas là depuis les débuts de
la commission, mais on me dit que
c'était une première pour la commission, et ce comité de sélection là a complété
ses travaux et a transmis des listes de personnes aptes au gouvernement d'alors. Mais cette nomination n'a pas
eu lieu avant que l'Assemblée nationale cesse ses travaux au mois de
juin de l'année dernière, donc forcément le poste est demeuré vacant. Et là,
bien, comme mon poste à moi de
vice-président charte est devenu vacant, il a été jugé opportun de refaire un
affichage pour les deux postes au même moment,
donc de V.P. jeunesse et de V.P. charte, ce qui fut fait au mois de février
dernier... pardon, au mois de mars dernier, suite à ma nomination comme président. Donc, appel de candidatures,
encore une fois, très large pour les deux postes puis ainsi que pour le
poste de membres à temps partiel, mais, cela, il s'agit d'un appel d'intérêts
et non pas un appel de candidatures. La
nuance étant que, les appels de candidatures, il y a un comité de sélection
qui, donc, déclare une liste apte, alors
qu'un appel d'intérêts, c'est uniquement une liste de personnes qui sont jugées
aptes, il n'y a pas de comité de sélection qui est formé. Tout ce que je vous dis là, c'est extrait du site Web des
emplois supérieurs. S'il y a des gens qui veulent en savoir plus le processus, c'est assez transparent
sur le site Web des emplois supérieurs. Donc là, nous en sommes à l'étape
où les comités de sélection rencontrent les
candidats potentiels, et c'est mon intention ferme d'envoyer des listes, donc
une liste pour le V.P. charte, une liste pour le V.P. jeunesse d'ici la
fin du mois.
M. Tanguay : Et le
comité de sélection, c'est un comité qui découle des emplois supérieurs,
j'imagine?
M. Tessier
(Philippe-André) : C'est fait en collaboration avec les emplois
supérieurs effectivement, parce que les
postes de présidents, et vice-présidents, et membres relèvent, au point de vue
de la nomination, des emplois supérieurs. Ce sont des DMO, là,
excusez-moi l'expression, le jargon, là, des dirigeants et ministères
d'organismes.
M. Tanguay :
Parfait. Alors, on a déjà abordé l'aspect, puis le temps file, l'aspect
gouvernance. Je reviens, donc, au premier aspect, structures internes.
Vous...
M. Tessier
(Philippe-André) : Avec votre permission, je peux peut-être compléter
aussi. C'est qu'évidemment, depuis la
première session de la 42e législature, il y a eu deux nominations, juste
avant Noël, de membres à temps partiel, et il y a évidemment eu ma
nomination à moi. Alors, je veux juste souligner aussi le fait qu'il y a quand
même eu ces trois nominations-là. Donc, au total, ça faisait quand même une cascade
de nominations à faire, là.
M. Tanguay : Tout à fait,
tout à fait. Structure interne, on parle... et je vous cite, votre lettre du 28 juin
2018 : «À l'heure actuelle et au cours des derniers mois, la structure
interne de la commission comporte de facto deux paliers d'encadrement. À un haut palier, on retrouve la présidence et les deux
postes de V.P. Au deuxième palier, on retrouve tous les gestionnaires des six directions, qui se
réunissent à chaque deux semaines en comité de gestion pour optimiser la
cohésion.» On parle un peu
plus tard... puis j'essaie de faire vite, là, normalement ça aurait été deux
points distincts, mais je veux vous entendre, le
travail en équipe et la collaboration interne. Autrement dit, ce qu'il avait
ciblé, et vous y répondez, le rapport Verreault, c'est un peu... je ne sais pas si
elle utilise le mot «silo», mais il y
avait, je pense, une sorte de
pratique où les directions travaillaient en silo.
Donc, là-dessus,
comité de gestion, vous avez resserré les liens et les communications à
l'interne?
M. Tessier
(Philippe-André) : Bien,
c'est sûr et certain que, lorsqu'on prend le rapport Verreault... Puis,
comme vous l'avez bien dit d'entrée
de jeu, hein, c'est une photo à un
certain moment donné de l'histoire de la commission. Et il est évident
que, pour n'importe quelle organisation publique, puis ce n'est pas propre à la commission
des droits et de la jeunesse, c'est
propre à l'ensemble des organisations publiques, qui ont plusieurs
mandats... alors, l'application de la Loi sur l'accès à l'égalité, la surveillance de la loi... en vertu de la Loi sur la protection de
la jeunesse, la Loi sur le système
de justice pénale pour adolescents,
la charte, évidemment, elle-même, donc il y a plusieurs...
on a plusieurs missions, et donc il est essentiel, pour n'importe quel organisme
comme le nôtre, mais d'autres organismes qui ont des semblables multiples mandats, de vraiment s'assurer qu'au niveau du comité de gestion, le
travail et l'échange d'information se fassent sur une base continue. Et donc c'est pour ça qu'à toutes les deux
semaines ce comité-là se réunit élargi avec, évidemment, la présidence
puis, bien, je l'annonce, je n'ai pas de gêne à l'annoncer, les vice-présidents
feront évidemment partie de cet équilibre-là et vont intégrer le comité de
gestion lorsqu'ils seront nommés. Donc, l'idée, c'est vraiment d'avoir une
structure la plus aplanie possible pour assurer vraiment une meilleure cohésion
puis une meilleure communication de l'information à l'interne.
M. Tanguay : Vous parlez... puis ce n'est pas anodin, ce n'est
pas anecdotique, vous parlez... peut-être que... pour améliorer la cohésion interne,
qu'un déménagement serait justifié. Vous êtes, dans votre lettre, vous en
faites état, sur quatre étages. C'est vrai que... Et donc vous le voyez, que ce
n'est pas fonctionnel.
Première
question : Où sont les locaux de la commission
présentement? Et avez-vous un plan de match, est-ce que vous évaluez ça? On voit que la SQI est peut-être dans le coup pour
trouver de nouveaux locaux. C'est quoi, le plan de match, par rapport à
ça?
M. Tessier
(Philippe-André) : Alors,
c'est très simple. Évidemment, bon, le siège social... la commission
a des bureaux sur le territoire du Québec, mais on parle ici du siège
social.
Le
siège social de la commission est situé sur la rue Saint-Jacques, à Montréal.
Il est là depuis très, très longtemps.
Et c'est, donc, des locaux dans une superbe
bâtisse historique, et tout, mais, évidemment, on est sur quatre étages, et donc il y a
là... on avait identifié... C'est une bâtisse historique, mais avec certains
défis au niveau de... puis je veux dire... du contenu puis des
espaces. Et ce qui a été identifié l'année dernière, puis là je ne veux pas
dire de... Donc, ça avait déjà
été préalablement identifié en 2017, donc,
avant mon arrivée, cette idée-là de déménagement. Ça a été mis sur la glace a
ça a été réactivé lorsque moi, je suis arrivé comme vice-président à charte. Et donc ce dossier-là se poursuit. Évidemment, nous ne sommes pas locataires des lieux, on est assujettis à la SQI,
donc la Société québécoise des
infrastructures. Donc, évidemment,
nous avons donné mandat à la SQI de valider des sites potentiels pour héberger
la commission et... vous y avez fait
référence, l'idée étant de diminuer, finalement, le nombre d'étages pour assurer toujours,
encore une fois, une meilleure cohésion puis une meilleure
synergie des équipes, faire en sorte que les gens travaillent ensemble.
Je
dirais que... Vous avec utilisé les mots «ce n'est pas fonctionnel», je vous
dirais que c'est peut-être un peu sévère pour
la commission que je préside. Ce n'est pas que ce n'est pas
fonctionnel, c'est qu'évidemment le but, c'est de s'améliorer, et donc
c'est un peu dans cette optique-là qu'on fait les choses.
M. Tanguay :
Ma collègue a le bon mot, je pense, «optimal». Ce n'est pas optimal.
M. Tessier
(Philippe-André) : Merci, Mme la députée.
M. Tanguay : Mais là elle a... La collègue
de Notre-Dame-de-Grâce a souvent le mot juste, et, en politique,
c'est important. Donc, le plan de
match, vous, votre horizon pour un éventuel déménagement, ce serait quoi? Ou
vous n'avez pas réellement d'échéance?
M. Tessier
(Philippe-André) : Bien, évidemment,
c'est sous contrôle de la SQI, mais cet horizon-là, on l'espère, 2021‑2022,
donc, 2021‑2022. Parce que nous
sommes, comme je vous dis, tributaires de la Société québécoise des
infrastructures là-dessus. Je n'ai pas le contrôle de ce dossier-là à
proprement parler.
• (11 h 40) •
M. Tanguay :
Parfait. Autre point, sous le chapitre Gouvernance, pour ce qui est... et je
vous cite : «Pour ce qui est de
la recommandation que le rôle et les responsabilités spécifiques des membres
soient clarifiés et communiqués à l'interne...» Bon, vous faites état que des travaux ont débuté. À ce jour, vous parlez
de 12 outils d'aide au traitement des dossiers assurant la cohésion de nos actions et l'adoption de quatre
directives permettant un exercice transparent et clair des pouvoirs de la
commission. Fait à part, évidemment, plus on
se parle, plus on se comprend, donc de lac-à-l'épaule, le second temps de la
réflexion.
D'abord,
est-ce que... Donc, question en deux temps. 12 outils de traitement de
dossiers, quatre directives. De un, est-ce
qu'il y aurait, le cas échéant, lieu d'obtenir copie, au secrétariat de la
commission, de ces documents-là, s'ils peuvent être rendus publics? De un. Et,
de deux, comment vont, donc, les travaux de redéfinition, à l'interne, de
précision, à l'interne, du rôle de tout un chacun?
M. Tessier (Philippe-André) :
Bien, je vous dirais que je suis... Moi, je suis très heureux. C'est un des
dossiers sur lesquels moi, quand
j'étais vice-président charte, je suis arrivé puis j'ai identifié rapidement
comme étant une des pistes d'action sur lesquelles j'ai travaillé. Donc,
évidemment, j'ai pu travailler ce dossier-là depuis le tout début avec la collaboration des équipes de gestionnaires à
l'interne. En gros, il y avait deux choses. Première chose, quand on parle des
13 membres de la commission, je vous le
disais, il y en a trois à temps plein puis il y en a 10 à temps partiel. Donc,
c'est sûr et certain que...
Et
puis j'en profite pour saluer mes collègues qui sont membres à temps partiel,
qui font partie de cette démarche-là puis
qui sont des quasi-bénévoles. Puis je ne pourrais pas dire bénévoles parce
qu'ils reçoivent de modestes émoluments, d'une directive de 1984. Ça vous donne une idée de la hauteur des
montants qu'ils reçoivent. Donc, ces superbénévoles-là, c'est des gens qui viennent... qui croient
beaucoup à la mission de la commission et qui mettent du temps puis de
l'énergie pour justement arrimer leur action avec le reste de
l'appareil, de la commission.
Et,
dans un deuxième temps, les trois membres à temps plein... Bon, présentement,
je suis seul, ça fait que ça va quand
même plus vite, je me consulte moi-même. Mais c'est sûr et certain que c'est
nous, au quotidien, qui ont la gestion, et donc les deux mains dans la pâte, qui sont les... D'office, je suis
président, mais je président-directeur général. J'ai la charge de la commission, donc toutes les décisions
au niveau des ressources matérielles, ressources humaines. Et, ultimement, ça peut atterrir sur mon bureau. Évidemment, je
suis accompagné d'une équipe de gestion. Pour ne pas le nommer ici, mon
collègue, M. Trudel, qui est directeur des services administratifs.
Donc,
tout ça, cet arrimage-là, c'était quelque chose qui était fondamental. Et ça a
donné lieu à une action, de la part de
la commission, qui est très simple. À l'interne, nous, ce qu'on a identifié,
puis c'est mentionné également à ma lettre de réponse au rapport Verreault, c'est qu'il y a un travail au niveau du
comité de gouvernance pour identifier c'est quoi... s'il y a des éléments nécessaires de révision législative
aux méthodes de fonctionnement de la commission. Ça, c'est explicité aussi au rapport Verreault. Ça découlait d'une
recommandation de Mme Verreault. Donc, ce travail-là, ce que ça nous
permet d'établir, quand on fait cet
exercice-là... c'est ça, la beauté, c'est que ça nous permet d'établir le carré
de sable de chacun de façon très précise.
Puis, pour ce qui est
des outils d'aide à la décision, donc, c'est sûr que ces outils-là,
présentement, on a, pour... on est en
processus d'adoption d'un plan stratégique transitoire. Vous allez voir dans...
C'est ça, je présume que c'est une des questions que vous allez venir.
C'est ça?
M. Tanguay :
19, oui.
M. Tessier
(Philippe-André) : Donc, dans ce plan stratégique là, un des
objectifs, une des cibles qui va être mise de l'avant, c'est les rendre publics
pour que... encore une fois, dans un objectif de transparence puis d'accès à
l'information, tant à l'interne, parce que ça va être mieux connu à
l'interne, ces outils-là, mais également à l'externe, au niveau des justiciables. C'est des outils qui pourront les
aider aussi, eux, lorsqu'ils font une plainte, de comprendre, un peu, la
mécanique à l'externe.
Le Président (M. Bachand) : Merci beaucoup, M. le président. Avant d'aller
plus loin, j'aurais... On est 45 minutes en retard, il y a eu des
discussions. Est-ce qu'il y aurait consentement d'amputer 45 minutes du
temps du gouvernement afin de finir à l'heure prévue? Est-ce qu'il y aurait
consentement? Et les blocs d'échange seront mis en proportion.
Donc,
je cède maintenant la parole au député d'Hochelaga-Maisonneuve, représentant le
deuxième groupe d'opposition, pour un bloc d'échange de
2 min 30 s. M. le député, s'il vous plaît.
M. Leduc :
Merci, M. le Président. Vous m'avez fait sourire avec vos références à 1984
parce que c'est l'année de ma naissance. Donc, voilà, c'est dit, c'est
dit.
M. Tessier
(Philippe-André) : Je suis né en 1975, trois jours avant l'adoption de
la charte.
M. Leduc :
Bon, voilà, une autre belle référence. J'aimerais revenir sur un échange qui a
eu lieu hier avec Mme la députée de
Joliette et Mme la ministre sur les statistiques sur les arrêts Jordan. Puis,
comme le temps est très court, je vais formuler,
peut-être, deux questions puis je vous lancerai la balle par la suite. Est-ce
qu'il n'y aurait pas lieu de ramener cette idée-là des statistiques? Parce que je trouve ça très dommage qu'on les
laisse partir comme ça. C'est un enjeu préoccupant.
Et, de manière, donc,
plus générale, ma deuxième question : Si, demain matin, vous aviez un
accès illimité aux ressources du Conseil du
trésor et du ministère des Finances, puis que vous aviez le mandat de faire en
sorte d'améliorer le système de
justice pour qu'il n'y ait plus aucun dossier qui disparaisse ou qui soit
laissé tomber en vertu de l'arrêt Jordan, qu'est-ce que vous auriez besoin, de combien d'argent, de combien de
millions vous auriez besoin pour faire en sorte que, demain matin, le système de justice fonctionne à
telle enseigne, qu'on ne perde plus aucun cas à cause de l'arrêt Jordan?
Mme LeBel :
Oui, merci, M. le député. Il m'a été donné rarement l'occasion de commencer à
rêver depuis que je suis entrée en politique, donc merci pour la
question. Mais je vais commencer par...
M. Leduc :
Bien, c'est à ça qu'on sert, Québec solidaire. On suscite le rêve.
Mme LeBel :
Oui, oui. À parler philosophie aussi, qui n'est pas ma spécialité non plus.
Donc,
écoutez, première question, est-ce que... vous me demandez s'il serait idéal ou
il serait peut-être souhaitable d'avoir
de telles statistiques. La réponse est : peut-être. Mais je vais ramener
ma réponse d'hier en vous disant que je préfère de
beaucoup que les effectifs et les ressources qui sont consacrés au DPCP soient
consacrés à travailler pour éviter qu'il y
ait des causes qui soient rejetées pour délai déraisonnable plutôt que de
compter le nombre de requêtes. Donc, si on peut éviter ces requêtes et les éliminer plutôt que de passer nos
ressources et passer notre temps à les compter, pour moi, c'est ça qui est optimal. Et je pense que le DPCP
l'a bien expliqué hier, on est entré dans la zone... je vais dire, la zone
Jordan depuis 2016, et je pense que c'est ça, la statistique qu'il faut
retenir, M. le député.
Pour
ce qui est de rêver, je vais vous dire que je pense que la transformation de la
justice, pour l'instant, c'est la première étape, puis je pourrai voir
ce que j'ai de besoin pour la suite.
M. Leduc :
...
Le Président (M. Bachand) : ...formant
le gouvernement pour un bloc d'échange de 3 min 30 s. Mme la
députée de Bellechasse, s'il vous plaît.
Mme Lachance :
3 min 30 s. Alors, je salue tout le monde très brièvement. Merci
d'être là.
Et
ce dont je souhaite parler avec Mme la ministre aujourd'hui, vous n'en serez
par surpris, il s'agit du Fonds d'aide aux
victimes d'actes criminels. Comme vous le savez, je suis très sensible à la
cause des victimes d'actes criminels, ayant été une victime d'acte criminel moi-même. Ainsi, pour vous permettre de
répondre et ne pas utiliser tout votre temps, ce que j'aimerais savoir...
Au niveau du Fonds d'aide aux victimes d'actes criminels, j'ai vu qu'il y avait
un montant de 1,5 million, auquel s'était additionné un montant de
250 000 $ supplémentaire.
Ma question est la
suivante : Dans ce programme-là, qui est là pour favoriser la recherche
d'information, la sensibilisation, la formation en matière d'aide aux victimes,
combien de projets ont été retenus?
Mme LeBel :
Oui, merci. Et puis je profite de l'occasion peut-être pour faire ma seule
minute réellement politique, c'est-à-dire
de souligner qu'effectivement ce sont nos parcours respectifs qui font de nous,
à la Coalition avenir Québec, des
gens qui sont forts, alors... et qui sont capables de... peut-être, d'avoir des
solutions plus pragmatiques. Fermez la parenthèse.
Maintenant,
pour les programmes de subvention, effectivement, plus précisément peut-être
pour en faire une petite nomenclature...
la moyenne de financement, pour chacun des projets, dans le fond, d'aide aux
victimes d'actes criminels, plus communément appelé le FAVAC, est de
l'ordre d'environ 68 000 $ en moyenne.
Je
suis heureuse de dire que 12 projets ont une portée nationale, qui touche
plusieurs ou l'ensemble des régions du Québec,
parce qu'il faut le faire de façon-là également. Par contre, 16 projets
également proviennent de régions à l'extérieur de Montréal, notamment de l'Abitibi-Témiscamingue, de la Côte-Nord,
l'Estrie, la Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine,
la Mauricie et le Saguenay—Lac-Saint-Jean, pour un total d'environ un petit
peu plus de 900 000 $. J'arrondis les chiffres. 907 541 $, si on veut être exact. 11
projets concernent diverses problématiques liées aux violences sexuelles, pour
environ 740 000 $, dont
quatre de ces projets qui sont dédiés à l'accès aux services pour les personnes
victimes de violences sexuelles. 342 000 $.
À cela s'ajoute naturellement, qui ne provient pas du FAVAC, le
50 millions récurrent sur cinq ans, qui a été attribué dans le... du budget de notre ministre
des Finances pour supporter le travail du comité des agressions sexuelles et
violence conjugale qui vient d'être mis en place, comité transpartisan, dont je
dois répéter... dire que je suis très fière.
Donc,
deux projets concernant directement la problématique de la violence conjugale
également, pour 120 000 $ environ. Trois projets qui concernent des
communautés autochtones ou des autochtones en milieu urbain. On en a parlé, on
travaille pour les autochtones. On peut
optimiser notre façon de travailler, mais on le fait également. Le Fonds d'aide
aux victimes d'actes criminels a déboursé environ 160 000 $, vous
comprendrez que j'arrondis, là, c'est des ordres de grandeur : six projets qui s'adressent directement aux
clientèles jeunesse, pour 500 000 $, et 16 projets qui ont une
valeur de plus de 50 000 $, qui devront d'ailleurs obtenir une
autorisation du Secrétariat du Conseil du trésor.
Donc, grosso modo,
c'est un bref survol des actions du Fonds d'aide aux victimes d'actes
criminels.
Mme Lachance : Écoutez, je vous remercie, M. le Président. 10 secondes,
c'est bien peu. J'aurais eu plusieurs autres questions pour Mme la ministre,
mais je pense que je devrai me reprendre. Merci, Mme la ministre.
Le Président (M. Bachand) : Parfait. Merci
beaucoup. Merci. Je me tourne vers l'opposition officielle pour un bloc de
19 min 20 s. M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
• (11 h 50) •
M. Tanguay : ...on peut rappeler — je m'excuse du jeu de chaises — le président de la commission des droits de la personne?
Le Président (M. Bachand) : Oui. S'il
vous plaît, rappelez le président de
la commission. S'il
te plaît... S'il vous plaît. Merci.
Mme LeBel :
Et puis, pendant qu'il s'installe et avant que vous posiez votre première
question, M. le député, si vous me permettez, il y avait quatre
engagements qui avaient été pris lors de vos questions hier.
M. Tanguay :
Oui, oui, oui. Je vous en prie.
Mme LeBel :
Je peux peut-être me permettre de prendre sur votre temps pour y répondre.
M. Tanguay : Oui, le
temps... pendant que M. Tessier s'installe.
Documents déposés
Mme LeBel :
Oui. Donc, il y avait des documents à déposer ce matin. On va déposer la
ventilation du PQI pour les
programmes de transformation sur cinq ans, le fameux 107 millions. Vous
l'aviez demandé, j'ai le document qui donne la ventilation de ça. On va déposer également, ce matin, l'explication
quant au volet Mettre la justice à l'heure des technologies, des programmes de transformation de... il y avait 289 millions
versus le 195 millions. On va déposer le document qui concerne ça
ce matin.
Deux autres
documents. Vous aviez demandé les statistiques des personnes qui se
représentent seules en matière civile.
On est en train d'en faire l'obtention, on va vous le déposer plus tard. Ce
n'est pas disponible pour ce matin, mais ça va être disponible à un
moment donné. Oui? Donc, on va procéder à l'extraction des données puis on va
présenter les statistiques. Ça va vous être
transmis dans les meilleurs délais, au président de la commission, pour que
vous en ayez une copie.
Et vous aviez
parlé également du délai médian en matière pénale, délai médiant en matière
criminelle avec et sans les enquêtes préliminaires, vous vous souviendrez.
Donc, on est également à procéder à l'extraction de ces données et... de
la même procédure, le document vous sera
transmis, sera transmis au président, et vous pourrez avoir accès, et ce, dans
les plus brefs délais.
M. Tanguay :
O.K. Et je comprends que, pour les deux premiers documents, par contre, vous
les auriez déjà en main, donc on pourrait en avoir copie ce matin, pour
ce qui est du 107 millions de PQI et du 195 millions.
Mme LeBel : Ceux qui sont
prêts, oui, oui. On les a.
M. Tanguay : Les deux
premiers?
Mme LeBel : Oui, on les a.
M. Tanguay :
O.K., comme ça, on pourra peut-être en avoir... y jeter un oeil, M. le
Président, avant la fin, avant 13 heures... 13 heures, voilà.
Mme LeBel : ...le président...
Oui, M. Tessier.
M. Tanguay : Oui, s'il
vous plaît.
Mme LeBel : Excusez-moi.
M. Tanguay : Qu'on
rappelle le témoin. On ne fera pas d'analogie, on est bien contents de le voir
puis on le remercie encore une fois, très chaleureusement, Me Tessier, d'être
présent.
Alors,
continuons la discussion point par point puis, je veux dire, il y a des années
aux crédits où ne fera pas ça, où on
n'aura pas 40 minutes, parce que vous aurez remis tout ça, là, sur de bons
rails et je pense que c'est important quand même aujourd'hui, puis je pense que c'est un socle sur lequel vous
pourrez... on pourra tous, collectivement, bâtir puis imaginer l'avenir
avec notre Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du
Québec.
Votre lettre du 28 juin 2018, vous parlez...
et je vous cite : «Les travaux des prochains mois sur la gouvernance
seront notamment consacrés à développer une stratégie judiciaire diversifiée
pour permettre à la commission d'exercer pleinement
ses mandats, tant en vertu de la charte que de la Loi sur la protection de la
jeunesse. Ces travaux mèneront, le cas
échéant, à des recommandations de modifications législatives.» Alors, de quoi
parlons-nous ici? Stratégie judiciaire, qu'est-ce que c'est? Et pouvez-vous ouvrir un peu sur ce que pourraient
être, le cas échéant, des modifications législatives?
M. Tessier
(Philippe-André) : Tout à fait. Merci. J'ai fait référence tout à
l'heure, je vous parlais de l'analyse qui est faite en collaboration avec les
membres de la commission puis l'équipe de gestion. C'est sûr et certain que,
lorsque l'on regarde les rôles et responsabilités, la charte, j'y ai
fait référence tout à l'heure, elle date de 1975. Il y a certains de ces éléments-là, au niveau de la justice
administrative, qui mériteraient d'être revus. Peut-être qu'est-ce que je peux
me permettre de vous répondre à cet
effet-là, c'est que, présentement, l'analyse qui est faite à l'interne, c'est
de voir quelles sont les façons de faire qu'on peut optimiser à
l'interne pour vraiment permettre à la commission de jouer son rôle de
commission administrative, parce qu'il faut
se rappeler que, lors de sa création, la commission, le tribunal n'existait
pas. Le tribunal a été ajouté en
1990, lors d'une grande réforme de la charte à ce moment-là, et le Tribunal des
droits de la personne a été créé, et
c'est venu, si on veut... L'objectif du législateur était de déjudiciariser la
commission, donc de faire en sorte de passer d'un mode contradictoire où, vraiment, on était plus dans un processus d'enquête
administrative, et laisser le contradictoire, finalement, au tribunal, qui est composé, comme vous le savez, de juges
de la Cour du Québec qui sont désignés à cette fin.
Donc c'est
sûr et certain que l'évolution du droit administratif depuis 1990... on parle,
là... on est pré Loi sur la justice
administrative, là, la réforme de 1997, donc il y a eu beaucoup d'avancées
depuis, et c'est sûr et certain que... puis je ne pense pas que je suis la seule commission qui a ce genre de demande là
auprès du ministère de la Justice et des gouvernements successifs... c'est sûr et certain qu'il y a toujours
nécessité de revoir et d'adapter les façons de faire à la réalité.
Pour ce qui est, maintenant, de la stratégie
judiciaire, ça, c'est une autre chose. Il faut comprendre qu'un des objectifs du plan stratégique de la commission 2015‑2019,
mais qui se répercute encore dans la nouvelle, c'est que nous sommes... nous recevons évidemment des plaintes
individuelles, et il y a des plaintes qui sont fréquemment de même nature, visant des fois même le
même genre d'organismes, par exemple des questions interdites en matière
d'embauche en vertu de l'article 18.1
de la charte. Et ce qu'on se rend compte, c'est qu'on peut multiplier à
l'infini les recours individuels, mais ce qu'il faut faire, c'est faire
prendre une prise de connaissance. Donc, des fois, il y a d'autres recours de
nature plus systémique qui peuvent avoir un
impact, et c'est ce qu'on regarde à l'interne et c'est ce vers quoi on se
déploie pour faire en sorte qu'on
n'ait pas seulement les dossiers... qu'on ne traite pas uniquement les dossiers
individuels, mais que, s'il y a lieu,
il y a des dossiers plus de nature systémique d'intervention judiciaire pour...
plus de nature collective, disons ça comme ça.
M. Tanguay :
Question d'embauche qui pourrait être illégale, comme par exemple :
Portez-vous un signe religieux?
M. Tessier
(Philippe-André) : Pardon?
M. Tanguay :
Question d'embauche qui pourrait être illégale, comme : Portez-vous un
signe religieux?
M. Tessier
(Philippe-André) : Bien, le cas classique, c'est : D'où
venez-vous? La question classique qui a fait l'objet, là, de beaucoup de
médiatisation dans la dernière année, là, c'est ce genre de question là.
M. Tanguay :
On risque de changer nos classiques, peut-être, hein? Les classiques, ça
évolue.
M. Tessier
(Philippe-André) : Oui, mais il y a des classiques qui ne se démodent
pas.
M. Tanguay :
Oui. C'est bon. Quand vous pensez recommandations de modifications
législatives, juste pour nous donner une idée, à peu près, selon
l'ampleur des travaux, où vous en êtes rendus?
M. Tessier
(Philippe-André) : Bien, c'est sûr et certain que c'est un dossier sur
lequel on travaille, comme le dit la lettre,
depuis l'été dernier. J'ai affecté une ressource à ce dossier-là, et on a
l'intention, là, évidemment, dans les prochains mois, là, de déposer des éléments de réflexion évidemment au ministère
de la Justice, qui est le principal concerné, parce que la ministre de la Justice est responsable de
l'application de la charte. Donc, c'est sûr et certain que c'est un dossier
qu'on va suivre.
M. Tanguay :
Merci. Gestion participative. «Un comité paritaire syndicat et employeur — ça, honnêtement, quand j'ai lu ça, ça m'a fait particulièrement
plaisir — a été
formé, et une démarche en vue d'établir un climat de travail est amorcée
depuis mai 2018.» Comment vont les travaux du comité paritaire?
M. Tessier
(Philippe-André) : Bien, très bien. On a été accompagnés — d'ailleurs,
je le souligne, là — par
M. Jean-Pierre Brun, le Pr Jean-Pierre Brun, de l'Université Laval, qui
est un spécialiste dans le domaine. Évidemment, l'objectif... Et puis c'est une démarche conjointe du Syndicat des
employés de la CDPDJ et de la commission pour faire en sorte de permettre à l'ensemble des directions
d'avoir des moments de rencontre et, également, je le dis aussi, pour le
comité de gestion, pour, évidemment, passer et puis convenir d'un pacte. Il y a
eu un pacte de comité de gestion qui a été
fait pour s'entendre sur des façons de fonctionner, des méthodes de
fonctionnement pour venir vraiment, encore une fois, clarifier les rôles et responsabilités de chacun, puis aussi à
l'interne, comme je vous le dis, avec la participation de notre syndicat, c'est sûr et certain que l'idée
étant de venir permettre aux employés d'avoir un espace pour exprimer, un
peu, leurs besoins puis leurs attentes par
rapport à la commission, puis ça, ça a été fait, et c'est pratiquement
finalisé, on est dans les toutes
dernières étapes. Donc, je suis très heureux de cette démarche-là. Et, je le
souligne également, il y a eu, à travers
ça aussi, la signature de notre convention collective. Donc, ces éléments-là
sont venus, si on veut, là, régler... bien, régler, c'est peut-être optimiste de ma part, mais c'est venu, en tout
cas, du moins... une bonne progression dans ce dossier-là pour le climat
interne.
M. Tanguay :
Bravo! Ma relecture, tout à l'heure, de votre lettre ne m'a pas permis, puis je
viens de le réaliser, d'y trouver... mais
c'est peut-être dans votre lettre, sinon, j'ai vu ça ailleurs... je pense, une
idée que vous souleviez... peut-être pas
vous, vous me corrigerez... sur peut-être l'à-propos de permettre aux employés
de la fonction publique, et vice versa, de travailler au sein de la commission, et vice versa. Est-ce que c'est
une idée que vous, vous aviez avancée ou j'ai lu ça ailleurs?
M. Tessier
(Philippe-André) : C'est dans le rapport Verreault.
M. Tanguay :
Dans le rapport Verreault. C'est là que je l'ai lu. Je ne sais pas. Vous,
quelle est votre idée?
M. Tessier
(Philippe-André) : Bien, on y a répondu, encore une fois, dans la
lettre. C'est un des éléments que, pour l'instant, évidemment, comme je
vous disais, nous... Moi, je suis arrivé, puis nous étions à finaliser la négo
de la convention collective 2015-2020, parce
que, compte tenu des délais inhérents aux négos centralisées, et tout, on
est... dans les organismes, on est
généralement vers la fin des négos. Donc, ça fait en sorte que, là, on a
finalisé ça. Et, lorsqu'on se prolongera — puis c'est un peu la réponse qu'on a
donnée — dans la prochaine
négociation... Parce qu'évidemment, il y a des éléments ici qui
interpellent notamment le syndicat de la commission.
M. Tanguay : C'est sûr.
M. Tessier
(Philippe-André) : Et il y a aussi un autre élément. La raison pour
laquelle, à l'époque, la commission s'était
vue séparée, si on veut, de la fonction publique... et donc c'était pour une
question d'indépendance de la commission. Alors, c'est sûr et certain que, des
fois, il y a des solutions, comme ça, qui peuvent, en apparence, avoir l'air
de régler un problème, de simplifier des
choses, mais qui ont peut-être d'autres effets. Donc, avant d'avancer... Puis
c'est un peu là-dessus... Si vous
lisez ma lettre sur cet élément-là, vous allez dire : C'est peut-être un
peu plus prudent. C'est voulu, parce que ce genre de chose là, il faut
l'analyser non seulement avec notre partenaire syndical à l'interne, mais aussi
compte tenu des rôles et responsabilités de la commission.
Et je vous dirais aussi qu'un des éléments de la
commission qui est important, puis c'est souligné dans le rapport Verreault et dans notre réponse, c'est
qu'il faut s'assurer que le personnel et les mouvements de personnel, il faut avoir un... C'est un personnel spécialisé que ça
nous prend à la commission. Faire les enquêtes en matière de chartes ou en matière
de droits de la jeunesse, ce ne sont pas des... ça ne court pas les rues.
Alors, il faut être prudent aussi lorsqu'on fait des avancées qui
peuvent, encore une fois, avoir l'air d'une bonne idée en apparence, mais qui
ont peut-être des effets.
Donc, on mesure ça, puis avec mon collègue,
M. Trudel, et qui, comme je vous disais, est directeur du service administratif, c'est ce genre de chose là qu'on
regarde. Il n'y a pas un élément du rapport Verreault qu'on n'a pas regardé.
Et donc on les regarde tous un par un avec
les plus et les moins puis on essaie de dégager une orientation générale,
globale pour la commission, pour aller de l'avant.
• (12 heures) •
M. Tanguay :
Et je me permets le commentaire suivant : effectivement, je serais
davantage de l'école, à ce stade-ci aujourd'hui, de préserver
jalousement votre indépendance, jalousement votre indépendance, et peut-être,
oui, de rendre votre gestion des ressources
humaines un petit peu plus... un petit peu moins facilitée parce que vous
n'auriez pas accès au bassin des
employés de la fonction publique. Donc, il y a un aspect d'avoir accès à plus
de ressources humaines, oui, mais je pense que l'indépendance devrait primer.
Je me permets ce commentaire-là. On traversera ce pont rendu à la rivière,
mais je suis heureux de voir votre angle.
Et votre convention collective est bonne pour
cinq ans, quatre ans?
M. Tessier (Philippe-André) :
Oui, tout à fait. Cinq, six ans.
M. Tanguay : Cinq ans.
O.K.
M. Tessier
(Philippe-André) : Puis je peux juste vous dire — puis, dans la lettre, dans ma réponse, je le mentionne — les prêts de service se produisent à
l'occasion aussi, c'est ce genre de chose de gré à gré entre ministères et
organismes, ça se fait, alors ça permettait
aussi, peut-être, de répondre à cet élément-là pour compléter la réponse, là.
Donc, c'est une des choses qu'on a déjà faites, par le passé, à la
commission et qu'on contemple pour le futur également.
M. Tanguay :
Donc, gestion financière, on en a traité. Plan stratégique également, donc,
2015‑2019, des travaux ont été réalisés. Dans votre lettre de juin
2000 dernier, vous dites : Des travaux ont été réalisés, d'autres
sont en cours de réalisation pour le
plan 2015‑2019. Et là vous êtes en train de rédiger un plan
stratégique 2019‑2023. Les travaux, donc, ont débuté à l'automne 2018. S'il n'y avait pas d'autre commentaire
là-dessus, j'irais au fameux délai, mais je voulais juste vous entendre
là-dessus pour fermer ce volet plan stratégique. Oui, je vous en prie.
M. Tessier (Philippe-André) :
Un très petit commentaire sur le plan stratégique. La lettre a été rédigée en juin 2018. À la lumière des consultations qui
ont eu lieu par la suite, et notamment à l'automne dernier, et en échange avec
également les gens au Conseil du trésor qui sont spécialisés sur... qui
fournissent un appui aux organismes, ministères et organismes pour ce qui est
de l'élaboration de plan stratégique, et compte tenu du fait qu'à ce moment-là
la haute direction de la commission n'était pas stabilisée — il
faut se rappeler, à l'automne dernier, j'étais président par intérim seul — donc on se voyait très mal proposer une
planification stratégique sur cinq ans quand on ne savait même pas c'était
qui le patron la semaine suivante. Alors, ce qu'on a choisi de faire, c'est un
plan stratégique dit transitoire de deux ans, 2019‑2021, pour nous permettre de
s'enligner vers un vrai plan stratégique, 2021‑2026, lorsque la haute direction
sera stabilisée, ce qui va, comme je vous
l'ai annoncé tout à l'heure, je l'espère, avec la collaboration des membres de
l'Assemblée nationale, se faire
rapidement avant la fin de la session parlementaire le 14 juin prochain. Et ce plan stratégique transitoire
là, un de ses avantages, c'est qu'il
nous permet de se coller sur le 2015‑2019 en y ajoutant des cibles, ce qui
était une recommandation explicite du rapport Verreault, donc de venir
donner des cibles chiffrées à atteindre pour la commission, ce qui va nous permettre de transitionner — ça
le dit, un plan stratégique transitoire — vers
notre prochaine vraie planification
stratégique sur cinq ans.
M. Tanguay : Je devrais
avoir l'information, mais quelle est la durée de votre mandat?
M. Tessier (Philippe-André) :
Cinq ans.
M. Tanguay : C'est cinq
ans. Et il est renouvelable?
M. Tessier (Philippe-André) :
Oui. La charte prévoit que c'est 10 ans comme mandat maximal.
M. Tanguay :
Maximum, O.K.
M. Tessier
(Philippe-André) : Et la pratique fait en sorte que c'est cinq ans
renouvelable.
M. Tanguay :
O.K., parfait. Gestion des délais. Donc, tout ça nous amène évidemment aux
services à la population et au rôle
que doit pleinement jouer la commission. Puis tout en amont, là, tout ce qu'on
a abordé, là, aura nécessairement des
impacts positifs quant à la réduction des délais. Qu'en est-il aujourd'hui?
Parce que l'on sait qu'il y avait eu des questionnements sur des dossiers qui excédaient quatre ans. Est-ce qu'il
reste encore des dossiers qui excèdent quatre ans? Et, de façon
générale, comment sont les délais ces temps-ci?
M. Tessier
(Philippe-André) : Alors, la question des délais pour la commission,
ça n'a jamais été une situation facile.
Il y a deux éléments que je peux vous dire. Le premier élément, c'est que, moi,
quand je suis arrivé V.P. charte, j'étais quelqu'un qui avait connu la
commission comme client, donc j'étais bien au fait de la situation et des
façons de faire. Et c'est sûr et certain que
c'était une des premières choses que j'ai faites quand je suis arrivé, c'est de
dire : Qu'en est-il et qu'est-ce qu'on peut faire? Et donc une des choses
qui est indiquée dans la lettre, je l'ai mentionné, j'ai tout de suite identifié que tous les dossiers depuis quatre ans,
il est écrit ici, soient finalisés. Donc, je n'en voulais plus. Et évidemment ça, c'était de faire en sorte qu'on vidait une
banque de dossiers. Ce que je peux vous dire, c'est qu'en date du
17 avril 2019 il reste présentement 16 dossiers dont le dépôt de la
plainte remonte à plus de trois ans, à l'interne, à la commission, en
enquête. Je les connais, il y en a 16, je les suis.
Donc, et puis
je le dis, ce n'est pas parce qu'il faut faire non plus... le deuxième élément,
il faut toujours être aussi prudent avec les délais. Lorsqu'une
commission comme la nôtre fait une enquête de nature systémique sur un sujet
qui implique des parties sophistiquées, que
ce soient des municipalités, des commissions scolaires, des agences
gouvernementales, évidemment, ce sont
toutes des parties bien représentées, bien outillées, bien aguerries, et donc
ce ne sont pas des enquêtes nécessairement toujours simples, hein? Ce ne sont
pas des enquêtes qui peuvent se terminer nécessairement dans un délai
très, très court.
Et notre
déclaration de services aux citoyens le prévoit, qu'on a un objectif de
terminer nos dossiers dans un délai de
15 mois, sauf pour les cas qui dérogent, si on veut, là, un peu au cadre.
Et les 16 dossiers dont je vous parle là, ce sont des dossiers qui ont
certaines complexités inhérentes. Mais je peux vous dire une chose, c'est que
les gens à l'interne le savent très bien, et ça a été très clairement
explicité, et j'ai la collaboration des équipes de travail là-dessus, pour ces
16 dossiers-là, on les suit.
Il y aura
toujours des dossiers qui prendront, malheureusement, un peu plus de temps,
mais il faut s'assurer qu'on réponde à la clientèle dans les meilleurs
délais, aux plaignants... et aux mis en cause aussi, je le dis parce que
l'équité procédurale à laquelle on est
assujettis, elle implique à la fois les plaignants, mais également les mis en
cause de la commission.
M. Tanguay :
Mise en place de mesures permettant de mieux mettre de l'avant la médiation.
Comment ça va, ça, à ce niveau-là? Médiation?
M. Tessier (Philippe-André) :
Bien, médiation... Puis je me permets juste d'ajouter une dernière pour que... peut-être que, encore, les gens qui nous écoutent
et les parlementaires comprennent bien, 16 dossiers, c'est 1 % de nos
dossiers. Ça fait que 99 % de nos dossiers s'en va... Donc, tu
sais, je veux... il faut aussi rétablir les faits puis dire que, tu sais, ce n'est pas vrai que la commission, les délais,
mon Dieu! c'est un grand scandale. Ce n'est pas le cas, ce n'est pas du tout le
cas. Mais c'est sûr et certain que moi, j'en
fais une obsession personnelle, de savoir où sont les dossiers, ceux qui sont
un peu plus longs.
Les mesures...
puis là vous en parlez, une des mesures qu'on met en place, c'est au niveau...
une stratégie au niveau de la
médiation, c'est sûr et certain que ce qu'on a mis de l'avant, c'est qu'on a
une équipe de médiatrices, et présentement ce qu'on a, c'est qu'on identifie en amont les dossiers qui sont
propices à la médiation pour les envoyer sur une «fast track», excusez l'anglicisme, là, sur une voie de
cheminement pour voir si la médiation est possible dans ces dossiers-là.
Évidemment, la médiation est toujours
volontaire. Il n'y a pas de médiation obligatoire en droit de la personne, et
ce n'est pas du tout le style de la maison. Mais, pour les parties qui
le désirent, cette option-là leur est offerte rapidement pour, justement, venir vraiment baisser, finalement, les... encore
une fois, la question des délais. Mais, comme on le sait, pour ceux qui...
vous êtes la Commission des institutions,
donc la commission le sait bien, toutes les mesures alternatives de résolution
de conflits et la justice participative, le nouveau Code de procédure civile,
tous ces éléments-là sont encouragés. Évidemment, la commission est de son temps. Alors donc, pour
nous, la médiation, c'est un élément qui est très important dans la gestion
des plaintes à la commission.
M. Tanguay :
Puis en matière civile, ça fait longtemps... janvier 2016... ça fait longtemps
que je n'ai pas travaillé avec le
Code de procédure civile... il n'y a pas une obligation pour les parties
d'examiner... une obligation, là? Vous allez...
Est-ce qu'on
ne pourrait pas importer, si d'aventure on ouvre un jour la loi, une obligation
pour les parties de tester la médiation? Je sais qu'on est en matière de
droit civil, on n'est pas en matière de bornage, là.
M. Tessier (Philippe-André) :
Je vous dirais que je ne veux pas mettre la charrue devant les boeufs, mais je pourrais vous dire que c'est une des voies
d'avenue qui est explorée par nos travaux à l'interne en termes de modification
de la partie II de la charte.
M. Tanguay :
Vous parliez, dans votre lettre... système de plainte en ligne. Donc, refonte
de votre site Internet. Ce n'est pas anodin, parce que, je veux dire, on
est en 2019, on fonctionne beaucoup avec ça. Quel est l'état des lieux?
M. Tessier (Philippe-André) :
Bien, écoutez, pour ce qui est du système de plainte en ligne, c'est un autre
des éléments que j'avais identifiés à
mon arrivée à la commission. Il n'y avait pas de possibilité de déposer une
plainte en ligne. Alors, c'est sûr et certain que j'ai demandé à ce que
les travaux soient faits pour qu'on puisse avoir ça.
Ce
qu'il se passe, c'est qu'en même temps nous en sommes à déployer un nouveau
site Internet de la commission, il a
été refait de fond en comble. C'est un autre élément qui découlait également du
rapport Verreault. Alors, compte tenu qu'on
mettait en place un nouveau site Web et une nouvelle... plainte en ligne,
évidemment, vous aurez compris qu'il est intégré au site Web, bien,
l'idée, c'était, finalement, de faire en sorte que les deux chantiers arrivent
ensemble en même temps. Et là, pour
l'instant, moi, les... nous en sommes dans la phase de tests de plainte en
ligne parce qu'avant de la mettre accessible
au grand public vous aurez compris qu'on veut s'assurer qu'à l'interne ça
réponde bien. Et l'objectif, c'est de déployer
le tout avec le nouveau site Web de la commission cet été. Donc, on parle de
juin 2019, là, je vous dirais, plus ou moins un mois, mais dans ces
eaux-là. Donc, on est à la toute veille.
M. Tanguay :
Merci.
Le Président (M. Bachand) : ...Mme la
députée de Joliette, représentant le troisième groupe d'opposition, pour
un bloc d'échange de 2 min 30 s. S'il vous plaît, Mme la
députée.
• (12 h 10) •
Mme Hivon :
Merci. Alors, rebonjour à toute l'équipe, à Mme la ministre. Notre échange
d'hier sur le fait qu'il n'y ait plus de donnée qui soit colligée pour
répertorier les requêtes Jordan et donc le nombre d'accusés qui sont libérés,
là, pour cause d'application de l'arrêt et
de délai déraisonnable, a suscité, je vous dirais, beaucoup d'intérêt, de questionnements et d'incompréhension. Et donc je
voulais revenir brièvement là-dessus.
À l'époque, la ministre
de la Justice avait dit, votre prédécesseure, que c'était vraiment important
d'avoir ce portrait-là, et je veux donc voir si vous voulez revenir sur vos
propos. J'ai entendu, à distance, mon collègue, tantôt, d'Hochelaga-Maisonneuve, mais
est-ce que vous pouvez indiquer que vous jugez que ces données-là sont essentielles
et que, comme responsable de la justice au Québec, vous jugez qu'elles
doivent être colligées à nouveau?
Je
dois vous dire que, pour moi, c'est une question de transparence, de
confiance, c'est quelque chose dont on vous entend parler, dont on a parlé
ensemble aussi, souvent. Puis, quand je regarde le plan d'investissement, j'y reviens, là, mais de 175 millions, il y a eu 114 nouveaux effectifs en soutien au
DPCP. Donc, il y a eu des investissements colossaux en plus des nouveaux
procureurs.
Donc,
comment se fait-il qu'on n'est pas capable d'assurer ça, alors que, ce matin
encore, on voit, dans un dossier très important sur un caïd qui aurait
importé 1 800 kilos de cocaïne, qu'il va invoquer Jordan?
Le
Président (M. Bachand) : Mme la ministre,
en une minute, s'il vous plaît.
Mme LeBel : Oui. Je comprends très bien les raisons pour
lesquelles ma prédécesseure, dans la foulée de la décision de la Cour suprême à l'été 2016, l'arrêt
Jordan, trouvait essentiel de faire un état de la situation.
Donc, il était extrêmement important
et pertinent, à l'époque, de savoir quels dossiers étaient à risque, je vais le
dire de cette façon-là, et quels dossiers étaient pertinents.
Maintenant,
la transparence, j'en suis, mais j'en suis sur les objectifs.
Et moi, sur... l'objectif sur lequel il faut s'attarder, c'est d'éviter qu'il y ait de telles requêtes et
de ne pas avoir à les compter, justement, parce qu'elles n'existent plus ou presque
plus. Depuis 2016... la donnée importante
qu'il faut comprendre, c'est que, depuis 2016... les accusations qui sont
portées depuis 2016, on l'a, l'information. Ils sont à l'intérieur des délais prescrits par la Cour suprême, de 18
et de 30 mois, le cas
échéant, et je pense que c'est l'objectif sur lequel il faut se pencher.
J'avais une suite, mais ce n'est pas grave.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la
ministre, excusez, le temps, il est très serré.
Mme LeBel :
Ce n'est pas grave.
Le
Président (M. Bachand) : Je me tourne vers les députés
formant le gouvernement pour une période de 3 min 43 s. M. le
député de Chapleau, s'il vous plaît.
M. Lévesque
(Chapleau) : Merci, M. le Président. J'aimerais peut-être accorder, dans
le fond, à la ministre l'occasion de répondre à la question ou, tout le moins,
terminer sa réponse si elle le désire.
Mme LeBel : Oui, excusez-moi. Oui, oui, oui, terminer ma
réponse. Donc, est-ce que ce serait souhaitable? Ce serait une
donnée intéressante et pertinente. J'en suis, effectivement. Mais ce que je
vous dis, c'est que ce que je trouve important,
c'est que les ressources du DPCP, même si on les augmentait — on
m'a demandé de rêver, tantôt, un de vos collègues — même
si on les augmentait, je pense qu'elles sont plus pertinentes pour s'occuper des
dossiers, s'occuper des victimes, l'accompagnement des victimes, traiter les requêtes, traiter les dossiers, s'assurer
qu'ils soient dans les délais plutôt que de compter des requêtes. Et je
vais fermer la parenthèse là-dessus.
Le
Président (M. Bachand) : Merci
beaucoup. M. le député de Chapleau.
M. Lévesque
(Chapleau) : Parfait. Mais merci beaucoup. Donc, j'aimerais peut-être entretenir la ministre au sujet du Bureau de lutte contre l'homophobie. Donc, le gouvernement, en concertation avec de nombreux partenaires, vise à mener la société
québécoise vers une pleine et entière
reconnaissance des personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles,
trans et queer, car, si le Québec est
doté de mesures législatives reconnaissant l'égalité en droit des
personnes des minorités sexuelles, leur acceptation sociale n'est pas
encore entièrement acquise. Conséquemment, c'est le ministère de la Justice
qui, depuis 2008, est responsable de la
lutte à l'homophobie et, plus récemment, de la lutte à la transphobie. En
menant des actions pour contrer les
violences faites à l'égard des communautés LGBTQ+, pour démystifier les réalités des
diversités sexuelles et pour ultimement étendre l'acceptabilité sociale
entourant les orientations sexuelles, les identités de genre et les expressions de genre plurielles et diverses, le ministère de la Justice, via son Bureau de lutte à l'homophobie,
contribue à faire du Québec une société plus inclusive.
Par ailleurs, le gouvernement n'agit pas seul en
ce sens. C'est pourquoi il reconnaît la contribution de l'action communautaire
en tant qu'outil de développement social important. L'apport des organismes
communautaires LGBTQ dans leur ensemble est important dans plusieurs régions du
Québec. Ces organismes ont développé une expertise dans le domaine de la lutte contre l'homophobie et la transphobie. Ils sont
en mesure de répondre rapidement avec empathie aux besoins des personnes
des minorités sexuelles et de genre.
Donc,
j'aimerais questionner la ministre, à savoir si elle peut vous dire quelles
sont les approches de financement qui
sont, dans le fond, préconisées par le ministère de la Justice pour soutenir
ces organismes communautaires qui oeuvrent en faveur des communautés
LGBTQ+. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme LeBel : Oui. Bien, il y a le programme
de lutte contre l'homophobie et la transphobie qui est en place. Et, je peux vous dire, le dernier appel de projets qui a
été lancé en date du 15 août 2018 a eu quatre priorités d'attribution :
la prévention et la lutte contre les violences sexuelles pouvant être
commises envers les personnes LGBTQ, la formation destinée aux intervenants oeuvrant auprès des personnes LGBTQ victimes
de violence sexuelle. Il y a également soutenir des
activités de sensibilisation à la violence et les relations intimes chez les
personnes lesbiennes, gais, bisexuelles et trans et l'initiative
destinée à répondre aux réalités spécifiques des personnes autochtones, LGBTQ
ou bispirituelles.
Également,
qui ne sont pas du financement, je dois... je veux réitérer, parce que,
des fois, ça n'a peut-être pas assez dit, que le comité d'accompagnement sur les violences sexuelles et sur la violence
conjugale qui a été mis en place a aussi comme mandat de regarder les réalités
LGBTQ dans le cheminement et le parcours d'une victime d'un tel événement. Ce n'est pas du financement,
mais c'est une approche également du ministère de la Justice pour ces communautés-là.
On a aussi...
On veut également revoir, il
y avait des comités
interministériels, il y avait des partenariats avec le Bureau
de lutte a l'homophobie et on est en train de revoir, là, les priorités,
comment on peut travailler mieux, justement, avec
les groupes et les organisations qui sont très bien connectés sur le terrain et pour qui on travaille. On a très
bien, là, compris le message de par et pour la communauté.
Le
Président (M. Bachand) :
Oui. Merci beaucoup, Mme la ministre. Je me tourne vers le député de
LaFontaine, de l'opposition officielle, pour une période de 19 min 48 s.
M. le député, s'il vous plaît.
M. Tanguay : Merci
beaucoup, M. le Président. Suite et fin avec Me Tessier puis, après ça, on pourra le remercier.
Et je pense que c'est important, le travail
qu'on fait là et aussi c'est une façon de voir jusqu'à quel point la commission,
ça a changé du tout au tout en termes
de direction, de cohérence, de vision puis de se donner les moyens de nos
ambitions, encore une fois parce que la commission dépose, dans des débats publics, débats qui
participent de notre démocratie, des études, des rapports qui sont des phares qui ajoutent à la réflexion collective
et c'est en ce sens-là que nous y croyons tous, tout le monde autour de la table, les 125 députés, à
l'importance de l'organisme.
Alors, on
avait touché le point des délais. Vous parliez du site Web, dépôt de plainte en
ligne. Vous êtes dans la phase test et donc quand croyez-vous possible,
si tout va bien, le déploiement, le lancement officiel?
M. Tessier (Philippe-André) :
Oui, comme je l'ai mentionné à la fin de ma réponse, là, donc cet été.
M. Tanguay : O.K., au
courant de l'été.
M. Tessier (Philippe-André) :
Oui.
M. Tanguay : Dans votre
lettre, vous parlez...
M. Tessier (Philippe-André) :
...
M. Tanguay : Oui, oui, tout
à fait.
M. Tessier
(Philippe-André) : ...pour
la mettre, quand on met ça en ligne, évidemment, il faut qu'en arrière les gens soient
prêts et formés à l'interne pour comment la mettre en place et l'appliquer.
Donc, c'est sûr qu'on veut bien faire les choses. Et puis je vous dirais qu'on
est sensibles aussi au fait que... puis ça s'est vu au fédéral, la Commission canadienne des droits de la personne, lorsqu'elle
a mis en place sa plainte en ligne, ça a augmenté. Il y a
eu, évidemment, une augmentation du nombre de plaintes, parce
qu'on était plus accessible, évidemment, pour ce genre de plaintes là. Alors,
il faut prévoir cette possible augmentation de plaintes à la commission. On
veut bien faire les choses.
M. Tanguay : Merci
beaucoup. Dans votre lettre :
«Toutes les modifications de processus entamés et à venir ont cependant les
limites quant à la diminution des délais si la commission ne compte pas assez
d'enquêteurs, de conseillers juridiques ou encore de médiateurs pour traiter
les dossiers qui nous sont soumis. Il n'est pas réaliste de penser qu'un
enquêteur...» Puis ça, c'est un aspect de votre point qui est celui que... dont
je viens de faire référence... auquel j'ai fait référence, un des aspects... il n'est pas réaliste, entre autres, «de
penser qu'un enquêteur ou une
enquêtrice sera aguerri dans un court délai après son entrée en
fonction. Nous devons avoir des attentes réalistes envers eux.»
Donc, il y a
comme le principe. Il faut avoir suffisamment d'enquêteurs, conseillers juridiques et
médiateurs, puis, dans le cas des
enquêteurs, vous donnez l'exemple. Bien, ce n'est pas vrai qu'en embauchant un
enquêteur lundi, que le mardi matin, il est «up and running», là, je
veux dire, ce n'est pas comme ça que ça fonctionne.
Donc,
j'aimerais vous entendre là-dessus quant à vos ressources, enquêteurs,
conseillers juridiques et médiateurs et quant à votre vision pour la
suite des choses au niveau de ces effectifs.
• (12 h 20) •
M. Tessier
(Philippe-André) : Bien, je
vous remercie pour votre question. Puis j'en profite pour souligner aussi que je suis très content, évidemment,
de l'étendue des questions. Ça me permet de présenter aux membres de la Commission des institutions et à l'Assemblée des travaux d'importance, qui touchent
une commission centrale dans notre... au niveau du gouvernement du
Québec, et donc je remercie la commission pour ce temps qui m'est alloué.
Je peux vous
dire une chose, c'est que, pour ce qui est des crédits supplémentaires — vous y faites référence — c'est écrit en toutes lettres, à la lettre, et j'y ai fait référence d'entrée
de jeu. Il est évident que, pour un observateur, et puis c'est ce qu'on documente dans cette lettre-là, les
autres organismes, que sont le Vérificateur général ou, par exemple, la
Protectrice du citoyen, ont connu des
augmentations. Et ce qu'on mettait en lumière, dans cette lettre-là, c'est que
la commission, elle, n'avait pas
connu le même niveau d'augmentation de ses crédits, et donc la demande qui
était faite, à l'époque, était de 1 623 000 $
récurrent. C'était pour, finalement, s'arrimer sur les augmentations consenties
aux autres organismes qui font des rapports annuels à l'Assemblée
nationale.
M. Tanguay :
Parfait. Vous avez effectué une tournée de la majorité des bureaux régionaux.
Pouvez-vous nous dire un peu quel est
le topo? Vous nous avez parlé, à Montréal, du siège social. Il y a combien de
bureaux régionaux? Quel est leur rôle? Est-ce qu'ils offrent tous les services
de la commission ou certains services? Pouvez-vous nous brosser un topo là-dessus? Parce que la consultante, le
rapport Verreault, fait état... je ne sais pas si... démobilisation du
personnel des régions. Chose certaine, elle parlait qu'il est important
de les mobiliser. Alors, quel est le topo?
M. Tessier
(Philippe-André) : Bien, évidemment, première chose, comme vous l'avez
souligné, lorsque je suis arrivé
comme vice-président charte, un des premiers gestes que j'ai posés, ça a été de
faire une tournée des bureaux pour aller
rencontrer les gens sur le terrain, parce qu'il n'y a rien comme rencontrer les
gens qui, au quotidien, travaillent avec les citoyens, les gens qui
viennent nous rencontrer pour avoir un son de cloche d'où en est
l'organisation.
Et puis votre
question est d'actualité. La question du député est d'actualité, M. le Président.
C'est que nous sommes à l'aube, à la
veille d'une consultation sur la présence régionale de la commission et son
déploiement. En gros, ce que j'ai reçu comme rétroaction de la part des
employés, lorsque j'ai fait cette tournée-là, c'est qu'il y avait lieu de
réfléchir à la façon qu'on menait nos activités en région. C'était un des
éléments qui était contenu, d'ailleurs, à la planification stratégique 2015-2019, qui est reconduit sur
notre planification stratégique 2019-2021, d'établir une stratégie de
régionalisation des activités de la commission pour s'assurer de notre
présence sur le territoire.
Maintenant,
il faut regarder comment on va le faire de la meilleure façon, puis ça, bien,
ça peut juste se faire avec l'apport des membres de la commission puis
des employés de la commission, et c'est ce que je suis à la toute veille de faire. C'est prévu pour le mois de mai, juin. Je
fais une tournée à l'interne pour avoir le son de cloche de la part des
employés pour... dans un objectif de la planification stratégique transitoire
sur les deux prochaines années, déployer notre offre de services en
région selon les façons les plus optimales qui vont avoir été dégagées à la
suite de cette consultation.
M. Tanguay : Il y a
combien de bureaux régionaux?
M. Tessier
(Philippe-André) : Il y a Montréal, et Québec, et il y a six bureaux
régionaux. Donc, si vous voulez, il y a huit bureaux de la commission,
dont six en région, un à Québec et un à Montréal.
M. Tanguay :
Parfait. J'en suis à la fin de votre lettre. Et vous l'avez abordé il y a
peut-être trois minutes, là, au niveau des crédits supplémentaires. Quel est
l'état de la situation? J'ai des chiffres ici, mais j'aimerais... Bien, les
chiffres que vous aviez en date du 28 juin 2018, les crédits
supplémentaires demandés. Pour 2018‑2019, c'était, j'arrondis, là, 2 025 000 $. 2019‑2020,
1 623 000 $. Et, 2020‑2021, 1 623 000 $. Quel est
l'état des lieux, là? Sûrement que la réponse est à travers les deux, trois fascicules qu'on a eus, mais pouvez-vous
nous dire... Avez-vous obtenu ces crédits supplémentaires?
M. Tessier (Philippe-André) :
Non, pas pour l'instant. Et la demande a été faite au nouveau gouvernement. Il faut comprendre que la demande de crédits au
précédent gouvernement n'avait plus lieu d'être et a expiré parce qu'il y a un
nouveau gouvernement qui a été formé. Donc,
on a représenté notre demande au nouveau gouvernement, bien, comme tous les
autres organismes ont dû le faire.
M. Tanguay :
Oui. Et est-ce que les chiffres sont toujours valides ou... Quelle est votre
demande, à l'heure actuelle, pour 2019‑2020?
M. Tessier (Philippe-André) :
Bien, les chiffres sont valides, mais, évidemment, vous aurez compris que les
dates doivent être...
M. Tanguay :
Les dates changent.
M. Tessier
(Philippe-André) : Plutôt que de lire 2018‑2019... Ça va être
difficile de financer 2018‑2019, l'année est finie. Donc, ça va être
2019‑2020. Il faut juste la mettre à jour en fonction de la date d'aujourd'hui.
M. Tanguay :
O.K. J'aimerais maintenant... Puis je ne veux pas vous mettre en boîte, là,
mais c'est un sujet qui est
pertinent, puis qui est important, puis qui n'est pas anodin. Puis vous avez eu
l'occasion de commenter, le 26 mars 2019... Puis on ne partira pas de chicane ici puis on ne fera pas le débat sur
le projet de loi n° 21 de la laïcité ici. Néanmoins, vous parliez, Me Tessier... Utiliser la clause
dérogatoire est, et on vous cite, «un geste sérieux qui doit être entrepris
avec la plus grande circonspection». Fin de la citation. Et vous dites
plus loin : «Avant de déroger aux droits et libertés contenus dans la charte, il est essentiel que le
législateur évalue l'objectif qu'il poursuit. Pour la commission, bien que ce
pouvoir soit prévu à la charte, ce
sont des circonstances exceptionnelles qui devraient justifier l'utilisation de
la disposition dérogatoire.» Fin de la citation. Vous reconnaissez cette
citation-là? Vous l'avez tenue?
Mme LeBel :
Si vous permettez, M. le Président... Je vais permettre de répondre à cette
question, mais, si vous me permettez,
je pense que mon collègue le député l'a bien dit, à bon droit, il y a une
commission parlementaire, présentement, qui se penche sur le projet de loi n° 21,
on ne fera pas le débat ici. Bien que je respecte très grandement le rôle de la
commission et qu'effectivement un de mes objectifs, en tant que ministre
responsable, est de faire en sorte qu'elle ait tous les outils nécessaires pour justement appliquer son mandat,
dont rendre ce type d'opinion, je pense que ce n'est pas ici, en crédits
Justice, qu'on devra faire le débat sur cette question. C'est important
pour moi de le souligner d'entrée de jeu, M. le Président. Maintenant, si...
Le
Président (M. Bachand) : M. le président, oui.
Mme LeBel :
S'il veut répondre à des questions...
M. Tessier
(Philippe-André) : Oui, ce sont bel et bien les propos de la
commission, effectivement.
M. Tanguay :
Et là je conçois que vous n'êtes pas incité à en faire d'autres maintenant.
Vous n'avez comme pas le goût, là, d'en faire d'autres.
M. Tessier
(Philippe-André) : Bien, je vous dirais... Puis, écoutez, c'est une
chose... Il y a deux choses. Premièrement, le rôle de la commission, évidemment, en vertu de l'article 71 de
la charte, c'est d'émettre des avis, des recommandations au gouvernement et à l'Assemblée nationale
lorsqu'il y a un processus. Nous l'avons fait la journée de ma nomination sur
p.l. n° 9. Le matin, j'étais nommé, l'après-midi,
j'étais en commission parlementaire. Évidemment, puis c'est un peu l'approche
que l'on a généralement, à la commission, par respect, un, pour mes collègues...
Parce qu'il faut se rappeler, on y a fait référence tout à l'heure, il y a 13 membres
de la commission. Et donc les avis et les recommandations sont adoptés en séance plénière des 13 membres.
Alors, il faut toujours, lorsque je me prononce sur un sujet, si c'est quelque
chose qui a déjà été adopté en séance
plénière, c'est sûr et certain que je... une certaine latitude, mais lorsque
l'on parle de p.l. n° 21, je
n'ai pas encore de position adoptée en séance plénière. Et donc, par respect
non seulement pour la commission parlementaire
qui va se saisir de p.l. n° 21, à laquelle on pourrait être convié, et donc
c'est sûr et certain que, par respect pour cette commission
parlementaire, mais par respect pour mes collègues qui vont adopter le mémoire
et la position de la commission sur p.l. n° 21, ce serait peut-être mal avisé pour moi aujourd'hui de commencer à
déployer notre opinion sur p.l. n° 21.
M. Tanguay :
Je comprends.
M. Tessier
(Philippe-André) : Cela dit, les propos que nous avons tenus, la
commission, dans l'article dont vous faites référence, demeurent
applicables. Les citoyens qui veulent aller sur notre site Web, il y a un
onglet Notre opinion sur la neutralité
religieuse de l'État, et toutes nos positions des 25 dernières années sur
le sujet sont disponibles, accessibles. Tous nos mémoires, nos positions, nos avis, nos recommandations aux
plusieurs gouvernements précédents sur le sujet.
M. Tanguay :
Vous avez un mandat, et puis je vous remercie, puis vos propos sont tout à fait
équilibrés, raisonnables, et je les salue,
puis ça nous confirme qu'on a fait le bon choix en vous élisant, là, à la tête
de cet organisme, qui a son
indépendance, sa façon très professionnelle, avec des femmes et des hommes
compétents à l'interne, d'exprimer, d'analyser
et de communiquer. Et, je vous dirais, vous avez un rôle extrêmement important,
pédagogique, de donner des avis,
mandat d'éducation de la population, éducation dans le sens noble du terme, de
donner votre opinion, et ça, vous aurez un apport, je pense, important.
Est-ce
que j'ai raison de croire que, si d'aventure évidemment vous êtes appelé en
commission parlementaire, vous aurez l'occasion, vous allez vous présenter, et
vous aurez un mémoire, et on le lira, mais, si d'aventure vous n'êtes
pas convoqué, est-ce que vous avez l'intention,
est-ce que vous pouvez nous le dire, de nous faire part de votre réflexion, le
cas échéant, avant s'il vous plaît le 14 juin, vendredi, 17 heures?
M. Tessier (Philippe-André) :
Oui, la réponse toute simple, c'est oui. La commission fonctionne de deux
façons lorsqu'elle émet des
recommandations au gouvernement ou à l'Assemblée nationale. Si elle est
convoquée en consultations particulières,
bien, évidemment, ou en consultations générales, mais, généralement, c'est des
particulières, donc, la commission va
déposer son mémoire et va faire les représentations à ce moment-là. Lorsque la
commission n'est pas convoquée, mais qu'elle
juge opportun de faire des avis ou des recommandations, on va quand même
déposer un mémoire, mais, comme vous le
savez, ce qu'on va généralement faire, c'est qu'on va attendre la fin des
consultations particulières. Nous envoyons notre mémoire avant l'étude
détaillée pour permettre aux membres de la commission parlementaire saisie de
connaître la recommandation de la commission
eu égard au projet de loi. C'est ce qu'on a fait encore tout récemment sur
certains projets de loi de... Il y
avait p.l. n° 9, où on est allé en commission parlementaire,
mais là, je ne veux pas dire de... je ne veux pas me tromper de chiffre. Il y a p.l. n° 12... non, pardon, p.l. n° 2, nous avons envoyé nos commentaires sous forme
de lettre à l'ensemble des membres de la commission.
M. Tanguay :
O.K. Et on voit, dans les documents qui nous ont été transmis, ministère de la
Justice, renseignements particuliers
de l'opposition officielle, vous n'avez pas besoin d'y aller, je vais vous...
vous pouvez y aller de mémoire, là... mais juste pour les collègues
autour de la table, p. 351, vous avez analysé, pour 2018‑2019... le nombre
de demandes d'accommodement raisonnable reçues : 97. Et ce qui est assez
parlant là-dessus, le nombre d'accommodements raisonnables
reçus, sur les 97, il y en a 76 en lien avec un handicap et il y en a trois
pour des demandes d'accommodement en
vertu d'une religion. Ça, c'est vos statistiques usuelles? Est-ce que c'était
exceptionnel cette année-là? On parle de moins de 3 %, là.
• (12 h 30) •
M. Tessier
(Philippe-André) : Peut-être faire un recul en arrière. Les demandes
d'accommodement raisonnable, il faut
faire attention, évidemment, le rôle de la commission eu égard à cela, ça
découle de la commission Bouchard-Taylor, dont une des recommandations
était de créer un service-conseil en matière d'accommodement raisonnable.
Ce service-conseil
là, ce mandat-là a été confié à la Commission des droits de la personne et des
droits de la jeunesse, et donc, depuis
10 ans, ce service-conseil-là est... donc, il y a des employés de la commission
qui... Encore une fois, vous avez
parlé de l'importance de la pédagogie puis d'expliquer les choses aux gens.
C'est un service-conseil qui est destiné aux décideurs, donc aux
employeurs, qu'ils soient privés ou publics. Donc, ce n'est pas un service pour
les citoyens, ce n'est pas des plaintes.
C'est vraiment un service-conseil pour venir désamorcer une possible plainte.
Donc, s'il y a un employeur qui... on
lui demande un congé pour... un accommodement pour un congé d'une fête
religieuse quelconque, c'est un cas
assez classique... mais vous avez parlé de handicap... bien évidemment, il y a
aussi une question sur : Est-ce que
je dois adapter le poste de travail à mon employé qui a un problème au niveau
de la colonne vertébrale? Ça va être aussi ce genre de questions là. Et donc on a des agents, nous, d'éducation,
d'information, qui vont venir expliquer puis accompagner l'employeur pour venir permettre de, disons,
souvent dédramatiser le concept, de mieux le vulgariser, de l'expliquer puis de
faire comprendre que souvent, bien, l'accommodement raisonnable, c'est une
source de compromis, c'est une règle de
gros bon sens de vivre-ensemble de trouver une façon puis un équilibre entre
les droits, mais aussi la responsabilité de l'employeur d'avoir un
employé aussi qui travaille, là.
M. Tanguay :
...pour moi, à ce stade-ci, c'était de soulever le fait qu'en matière
d'accommodements pour des critères de religion, religieux, on parle de 3 %
sur l'échantillonnage de 2018‑2019, de un. Et, de deux, ça fera sûrement
partie, le cas échéant, dans un
scénario ou dans l'autre, de votre réflexion que nous lirons, quant à savoir
est-ce qu'il y a péril en la demeure, est-ce qu'il y a perte de contrôle en
matière d'accommodements religieux au Québec, qui ferait en sorte de justifier
une interdiction pure et simple de toute
demande d'accommodement religieux. Ajoutez à ça la clause nonobstant. Mais on
ne fera pas le débat là-dessus ce matin, mais on a très, très, très hâte
de vous lire.
Et,
M. le Président, moi, ça termine mes questions pour Me Tessier, le président.
Je dois vous remercier beaucoup, beaucoup, beaucoup. Ça fait longtemps qu'on
n'avait pas de plan de match, qu'on n'avait pas, je pense, une personne
à la tête de la commission qui sait où est le nord et qui fera en sorte de
redonner, je pense, ses lettres de noblesse à la commission, qui a vécu des mois, peut-être même les deux dernières
années, de façon difficile. Mais merci beaucoup pour votre présence,
puis merci d'avoir modifié votre horaire très chargé pour nous accommoder. Je
vous salue, puis... nous accommoder, mais je pense que c'était raisonnable.
M. Tessier
(Philippe-André) : ...un accommodement raisonnable, oui, en effet.
M. Tanguay :
Et au plaisir, donc, de faire un suivi plus amplement avec vous.
Je
continuerais, M. le Président, peut-être en invitant Me Murphy, la DPCP. Et
j'aurais quelques questions pour Me Murphy et également...
Le
Président (M. Bachand) : Bien sûr, oui. Consentement?
Merci.
M. Tanguay :
...pour Mme la ministre. On a parlé... oui, c'est dans le contexte du projet de
loi n° 1, mais il y a une pertinence ici parce qu'on parle... Le projet de
loi n° 1, on est sortis de l'article par article. Vous êtes au courant, Me
Murphy, comme la ministre et nous, du projet
de loi n° 1, qui vise à modifier le mode de nomination. On est sortis de
l'article par article, cette
commission-là, même, M. le Président, que vous avez présidé avec une joie sans
cesse renouvelée, des débats extrêmement constructifs de 40 heures
et plus.
Nous avons
donc abordé... et il y aura un débat au salon bleu, un mode de nomination qui
viserait... un mode de nomination aux deux tiers à l'Assemblée
nationale. On nous confirmerait... parce que, je veux dire, il y a des fois où la loi n'est pas ouverte
devant nous. Là, comme législateurs, la loi sur la direction des poursuites
criminelles et pénales, elle est ouverte devant nous.
J'aimerais
avoir, donc, de Me Murphy, un peu l'écho qu'elle fait quant au premier aspect,
le mandat de sept ans non
renouvelable. Deux personnes tout à fait compétentes de votre bureau, Patrick
Michel, procureur en chef du bureau du service juridique, et Me Joanne
Marceau, procureure en chef du bureau de la directrice, sont venus témoigner
dans le contexte du p.l. n° 1. On
disait : «À date, personne n'a complété les sept ans.» Et on souhaite que...
Vous allez probablement le compléter.
On dit, et là je... vous allez m'excuser, mais je vais faire écho de ce qu'on a
dit : «Nous l'espérons, elle est la championne à cet égard. Et sept ans, c'est beaucoup pour une
organisation qui n'a qu'un seul DPCP adjoint.» Ça, j'aimerais vous
entendre là-dessus.
J'aimerais
vous entendre également sur l'opportunité... puis, comme législateurs, on est
en train d'y réfléchir, d'avoir une
suite après un premier mandat. Donc, sept ans non renouvelable, oui, mais c'est
difficile. Contexte de 1 200 personnes, juste une personne adjointe à vous. Et également
c'est qu'à la fin il n'y a pas réellement de voie de sortie, de sous-ministre,
certains, même, parlaient d'un poste de juge de façon formelle.
Alors,
quelle est votre réflexion là-dessus, si vous en avez? ...sûrement une à nous
partager, puis je ne veux pas, encore une fois, vous mettre en boîte,
c'est juste que je pense que vous avez un apport pertinent pour nos travaux.
Le Président (M. Bachand) : Malheureusement, Me Murphy, je m'excuse, le bloc de l'opposition officielle est terminé.
M. Tanguay :
Deux minutes, de consentement, pour lui permettre de répondre...
Le
Président (M. Bachand) : Est-ce qu'il y a consentement?
M. Tanguay :
...qui vont être prises sur notre prochain bloc, oui, oui...
Le
Président (M. Bachand) : Oui.
M. Tanguay :
...pour lui permettre... Merci beaucoup.
Le
Président (M. Bachand) : O.K. On continue.
Me Murphy, s'il vous plaît. Me Murphy.
Mme Murphy (Annick) : Alors, merci, M. le Président. Écoutez,
ma réflexion sur la durée du mandat m'amène à penser que c'est une durée suffisante pour un directeur des poursuites criminelles et pénales, et j'irais jusqu'à dire qu'en termes d'indépendance aussi je pense que le fait que ce mandat-là ne
soit pas renouvelable est un élément qui est important. Donc, pour
moi, je ne verrais pas un changement dans la durée du mandat du directeur.
M. Tanguay : Et dernier point, puis je ne veux pas ambitionner
sur le consentement de mes collègues, mais, sur ce point-là, pour Me Murphy, est-ce que vous y
voyez le fait qu'il n'y ait pas de voie de sortie après un mandat, puis,
après, vous pourrez prétendre à d'autres défis, je pense que votre
mandat termine en 2022. Est-ce qu'en amont le fait qu'il n'y ait pas de voie de
sortie, que ce soit sous-ministre de facto ou juge, je ne dis pas qu'il faut
aller dans ce cas-là, mais qu'il n'y ait pas de voie de sortie, vous sortez d'un poste
de haute direction, il n'y a pas réellement
d'avenue, croyez-vous qu'en amont, puis je ne parle pas de votre cas,
mais, en amont, il pourrait y avoir là un élément qui viendrait un peu
désintéresser de belles candidatures?
Mme Murphy (Annick) : En fait, notre réflexion nous amène à penser qu'effectivement il devrait exister, après la fin du mandat, quelque chose. Maintenant, si vous me demandez aujourd'hui : Qu'est-qui devrait être? Je ne peux pas vous répondre. Je sais que mes collègues vous ont parlé
de la possibilité, bon, d'une nomination de la magistrature. Ce
matin, ma réponse, c'est plutôt
qu'il devrait peut-être y avoir une réflexion sur cette question-là. Je
n'ai pas de réponse précise sur ce que ça devrait être.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup,
Me Murphy.
M. Tanguay :
M. le Président, j'annonce que, quand je recommencerai mon prochain... je
poursuivrai, ce sera maintenant mon tour, suite et fin. Par la suite, je me...
Le Président (M. Bachand) : Merci
beaucoup. Je me tourne vers les
députés formant le gouvernement pour un bloc de quatre minutes. M. le
député de Vachon, s'il vous plaît.
M. Lafrenière :
M. le Président, merci beaucoup. Ma question pour la ministre. Écoutez, on se
rappellera, le 14 janvier dernier, elle
était accompagnée de trois députées, d'ailleurs on a des collègues qui sont ici parmi nous, députée de Marguerite-Bourgeoys, députée de
Joliette, députée de Sherbrooke, c'était pour la création du comité
transpartisan. Et ce qui avait été convenu,
c'était de formaliser des discussions avec des différents acteurs de la
société, incluant des experts, des
représentants des groupes de victimes, ainsi que des acteurs communautaires et
institutionnels, qui étudieront et qui discuteront
des meilleures mesures à mettre en place afin de mieux protéger, mieux
accompagner les victimes, et là on parle, bien entendu, des questions
d'agression sexuelle.
Suite à ça, j'ai sorti des
déclarations très positives de tout le monde qui était présent. Alors, c'est un
discours qui était très positif. Ma
question pour la ministre, c'est de savoir : Est-ce qu'on a les moyens de
nos ambitions? Suite à cette belle annonce là, ce que j'aimerais savoir
de la part de la ministre : Est-ce qu'on a prévu des sommes, des fonds
pour supporter d'éventuelles mesures? Parce
que je pense que c'est un comité qui est extrêmement important, puis je veux
m'assurer qu'on ait les moyens de nos ambitions. Alors, Mme la ministre,
est-ce qu'il y a quelque chose qui a été prévu pour ça?
Le
Président (M. Bachand) : Mme la ministre, s'il
vous plaît.
• (12 h 40) •
Mme LeBel :
Oui. Effectivement, puis je suis contente... chaque fois que j'ai l'occasion de
le réitérer, je suis contente de le faire,
parce que ça a été un travail de collaboration avec ma collègue, la députée Véronique Hivon, avec ma collègue Labrie et
Hélène David. Et on est, toutes les quatre, entrées, je vais dire, dans cette
aventure-là avec les mêmes objectifs et on a
fait... pour nous, toutes les quatre, c'était d'une évidence, qu'il fallait
travailler sur ces enjeux-là pour l'intérêt de la société. Quand on a décidé... j'ai décidé, après des discussions
avec elles, de, justement, former un comité d'experts, parce que, bien qu'on se
soit mis d'accord sur les objectifs, même sur un certain état de la situation,
je pense qu'il fallait qu'on
s'entoure d'experts qui sont habitués d'accompagner les victimes tout au long
de leur parcours pour nous conseiller sur des mesures.
Naturellement,
ces experts respectifs, dans leurs organisations ou leur mandat ou leur rôle
respectif, ont toutes et tous déjà
des mesures en tête qui m'ont été proposées à différents moments, si vous
voulez. L'avantage de les faire travailler autour de la table tous ensemble,
c'est qu'ils mettent justement, en collaboration, leur vision, leur expertise
et chacun le petit bout du parcours,
le petit bout d'accompagnement du parcours de la victime qu'ils font, et de
fédérer tout ça. Donc, il y a beaucoup
de choses qui existent déjà, qui sont justement inconnues, peut-être
pas assez bien publicisées. Il y a beaucoup
de choses où on peut référer la victime vers d'autres endroits.
Naturellement, les mesures qui ont été proposées ou déjà suggérées, ou mises sur la
table pour examen du comité, et je
vais laisser... comme je suis très soucieuse de la souveraineté du comité dans
ce sens du mandat que je lui ai donné, je vais le laisser examiner ces
différentes mesures. Mais ces mesures-là sont chiffrées. J'aurais pu me tourner
vers mon collègue du Conseil du... pas du
Conseil du trésor, mais le ministre des Finances et lui dire : Voici,
M. Girard, j'ai besoin de tant
pour telle mesure, de tant pour telle mesure, de tant pour telle mesure. J'ai
préféré innover, et la façon dont... l'approche qu'on a faite avec lui c'est de lui dire : On aimerait que tu nous
dégages, que vous nous dégagez des fonds pour être capable d'appuyer et
de suivre les travaux du comité, et d'avoir les fonds nécessaires pour
l'appuyer. Donc, c'est pour ça que la mesure
a été dessinée, décidée et conçue de la façon à laquelle elle est conçue dans
le budget, c'est-à-dire, une mesure pour appuyer les conclusions éventuelles et les travaux du comité
consultatif expert pour l'accompagnement des victimes d'agression sexuelle, qu'on nous a accordé un budget
de 50 millions sur cinq ans, qui est de 10 millions la première année. Donc, on dispose de 10 millions pour la
première année des travaux du comité et d'éventuellement 50 millions.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député de
LaFontaine, pour un bloc de 14 minutes, s'il vous plaît.
Mme LeBel :
Je comprends que vous voulez continuer avec le DPCP, M. le député de
LaFontaine?
Le
Président (M. Bachand) : Oui?
Mme LeBel :
Oui?
M. Tanguay :
Oui. On est déjà rendu.
Le
Président (M. Bachand) : Oui, Me Murphy s'il vous plaît. Merci.
M. le député, s'il vous plaît.
M. Tanguay :
...
Le
Président (M. Bachand) : 14 minutes.
M. Tanguay :
14 minutes, c'est le dernier... comme... Oui. On parlait de... j'aimerais
prendre la balle au bond de la bonne question du collègue de Vachon. Il y avait
quand même... Et, oui, on salue tous le travail non partisan des quatre collègues sur le comité de réflexion qui se
sont adjoint déjà, des personnes, des femmes et des hommes, expertes, je
dirais, ou expérimentées dans la matière.
J'ai le rapport annuel de gestion 2017‑2018 de la DPCP. En page 39, on parlait...
puis là c'est un élément très précis, là,
mais qui n'est quand même pas anodin, on parlait d'informer les victimes. Page
39, adoption d'un programme,
rencontres entre la victime et le procureur. «Un projet pilote du programme
de rencontres entre la victime et le
procureur a été adopté, et ce, à l'intention des victimes de violence
sexuelle.» La cible aura été modifiée au 31 mars 2018. Où en
sommes-nous aujourd'hui?
Mme Murphy (Annick) : C'est une mesure qui faisait suite à la stratégie
gouvernementale à laquelle nous avons adhéré, et nous avons déployé les procureurs dans
les différents districts, bureaux, pour assurer que les victimes, si c'était leur
volonté, puissent rencontrer le procureur.
M. Tanguay : Et ça touche combien... combien de procureurs
embarquent dans le processus? Et, jusqu'à maintenant, ça vous a
permis de faire combien de rencontres?
Mme Murphy (Annick) : Écoutez, ça, ce n'est pas une... je n'ai pas
cette information-là sur le nombre de rencontres. Il faut savoir qu'avec le déploiement des
nouvelles directives, depuis novembre 2018, les procureurs doivent
rencontrer les victimes d'agression
sexuelle. Le programme dont vous parlez nous a permis d'ajouter des
procureurs dans des régions où le personnel,
procureur, ne nous permettait pas d'augmenter le nombre de rencontres pour les
victimes. Donc, aujourd'hui, dans
les différents districts ou bureaux, nous sommes maintenant en mesure de le
faire. Le projet pilote touchait sept points de service du directeur et nous avons donc déployé des procureurs à Québec,
Laval, Saint-Jérôme, à la Cour itinérante qui est desservie par les procureurs de Sept-Îles, et les points de service
de Saint-Hyacinthe, de Saguenay, et la clientèle jeunesse de Saint-Jérôme. Donc, dans le travail en amont
que nous avions fait pour décider des bureaux ou de l'endroit où nous allons
déployer les procureurs, nous en avions conclu que ces endroits-là étaient les
plus névralgiques.
M. Tanguay : Merci
beaucoup. Et j'imagine que les
procureurs en question ont une formation spéciale, j'imagine, ils font formés.
Mme Murphy
(Annick) : Nous formons tous
les procureurs de la couronne qui oeuvrent évidemment dans ce genre
de dossiers, nous les formons. À l'École des
poursuivants, nous avons des formations permanentes. Les procureurs qui entrent au DPCP ont une formation obligatoire sur une
période de deux ans dans laquelle on les spécialise, entre guillemets, c'est-à-dire qu'on les forme pour les dossiers de cette nature, et les procureurs
qui font les dossiers d'agressions sexuelles, évidemment, ont des formations
spécialisées de façon récurrente.
Il faut dire
aussi que, depuis 2018, j'ai formé ce qu'on appelle une communauté
de savoir en matière d'agressions sexuelles.
Cette communauté de savoir réunit l'ensemble des procureurs
spécialisés. Ils se rencontrent, évidemment, des moments
réguliers et se parlent avec des moyens technologiques. On n'a pas tant de moyens technologiques, mais on a
celui-là, une plateforme Web où ces gens-là
peuvent échanger. Donc, le transfert d'expertise, évidemment, les meilleures
pratiques, les derniers jugements,
l'organisation judiciaire, la priorisation des dossiers en matière d'agressions
sexuelles, toutes ces questions-là sont discutées dans la communauté de
savoir.
M. Tanguay : Hier, la
ministre, et je l'en remercie, à une question, je ne me rappelle plus, à une
question de... peut-être d'un collègue de la
banquette ministérielle, nous a fait un bilan sur les états d'avancement d'une
stratégie gouvernementale 2016‑2021, Les violences sexuelles, c'est
non. Et moi, je dois vous dire que, M. le Président, je crois beaucoup à ces stratégies gouvernementales, à ces
plans d'action qui appellent beaucoup d'intervenants des ministères et organismes et qui donnent des tâches, qui donnent des
actions et qui demandent une reddition de comptes. Donc, ça, je salue la ministre qui nous a dit, puis elle en a
cité, là, quelques-unes, on aurait pu passer une demi-heure là-dessus
facilement, M. le Président, mais elle l'a fait, et je la salue.
Pour faire
écho de ce qu'a dit Me Murphy, il y a d'autres choses, il y a le Plan d'action
gouvernemental en matière de violence
conjugale 2018‑2023. Vous faisiez référence, un peu plus tôt, à la
recommandation 32. Vous, le DPCP, vous êtes ciblés pour trois recommandations, les recommandations 32, 33
et 34 où, là, vous êtes responsables. La 32, on vient d'en traiter. La 33 et la 34, c'était : «Mettre
en place un mécanisme de coordination afin de favoriser l'uniformisation des
pratiques du DPCP», 33, et 34 : «Favoriser
un traitement judiciaire prioritaire des dossiers de violence conjugale.» Qu'en
est-il par rapport à ces deux actions-là?
Mme Murphy
(Annick) : Alors, nous avons
mis en place, effectivement, un mécanisme de coordination, nous avons désigné
une coordonnatrice provinciale en matière de violence conjugale. Cette
nomination a eu lieu en mars 2018. Nous
avons également mis sur pied, à ce moment-là, une communauté de savoir, donc,
vous comprenez... nous avons plusieurs communautés de savoir, une en agressions
sexuelles, une en violence conjugale, qui regroupe, donc, tous les procureurs expérimentés en matière de violence conjugale.
Nous avons, donc, priorisé les dossiers, c'est-à-dire le traitement des
dossiers en matière de violence
conjugale et ça, c'est l'action 34, donc la mesure 34. Dans la
directive qui s'appelle Vio-1, il y a désormais
le traitement prioritaire des dossiers de violence conjugale, donc les
procureurs doivent, dans l'organisation de leur travail, prioriser ces
dossiers de violence conjugale.
M. Tanguay :
Et, juste une petite question, un petit aparté — puis j'aurai une dernière question, par la suite,
à Me Murphy — à Mme la ministre, on a pu voir qu'il y avait...
et même jusqu'à tout récemment, la ministre de la Justice était à l'époque ministre responsable de la
Condition féminine. Il y a eu un changement il y a quelques mois. Il y a
beaucoup d'actions qui visent le
ministère de la Justice du Québec, quant aux violences sexuelles, c'est non, et,
évidemment, quant au Plan d'action gouvernemental en matière de violence
conjugale 2018‑2023.
Est-ce que ma
compréhension est juste que la personne ultimement responsable au sein du
gouvernement du Québec est notre
actuelle ministre de la Condition féminine? Et est-ce qu'il y a garde partagée
par rapport à ce dossier-là ou c'est réellement elle qui a repris le
flambeau quant au suivi par rapport à cela?
• (12 h 50) •
Mme LeBel : Écoutez,
honnêtement, là, en toute modestie, je ne pourrais pas vous dire qui a la
responsabilité officielle. Naturellement,
moi, je ne me désengage pas de faire le suivi si on parle d'une responsabilité
morale, mais, si vous me parlez
vraiment franchement, là, je peux vous obtenir la réponse. Mais, si on parle de
responsabilité officielle, je serais
portée à penser que c'est elle, parce que ça va être la Condition féminine.
Mais, tout ceci étant dit, on
travaille ensemble et on va s'assurer, là, d'avoir un suivi.
M. Tanguay : Si on peut
vérifier, peut-être, le cas échéant...
Mme LeBel :
Oui, je pourrais vérifier.
M. Tanguay : ...faire communiquer au secrétariat un complément
de réponse le cas échéant. Mais je reçois très bien la réponse de la ministre parce
qu'effectivement c'est presque tout le cabinet qui est touché et beaucoup
d'organismes.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la ministre.
Mme LeBel :
Mais j'ai la réponse.
Le
Président (M. Bachand) : Bon. Allez-y. Oui.
M. Tanguay :
Pardon? Oui?
Mme LeBel :
Alors, mon instinct me disait qu'on allait travailler ensemble, et on a
effectivement une coprésidence, M. le Président.
M. Tanguay :
Une coprésidence. Pour les deux? La stratégie et la politique?
Mme LeBel :
Pour les deux.
M. Tanguay :
Ah!
Mme LeBel :
Alors, vous voyez, j'avais l'instinct.
M. Tanguay :
Vous avez un instinct juste. Me Murphy, plan stratégique, comment ça va,
2014-2019? Vous êtes, j'imagine, en train de travailler sur le
2019-2024, plan stratégique?
Mme Murphy
(Annick) : Oui. En fait, il est terminé, mais il est
actuellement au Conseil du trésor.
M. Tanguay :
Ah! ça bloque au Conseil du trésor.
Mme Murphy
(Annick) : Mais je ne dis pas que ça bloque...
M. Tanguay :
Non, non, je fais une farce.
Mme Murphy
(Annick) : Je dis qu'il y a une étude...
M. Tanguay :
Il n'y a pas de problème.
Mme Murphy
(Annick) : D'accord.
M. Tanguay :
Il n'y a pas de problème. Non, mais content. Ma question, c'était de voir les
niveaux d'avancement parce que c'est
un document important qui, j'imagine, va toucher à tous ces éléments-là. Entre
autres, on parle de violence sexuelle, violence conjugale...
Mme Murphy
(Annick) : Les délais...
M. Tanguay :
Les délais, hein?
Mme Murphy
(Annick) : Les délais également, oui.
M. Tanguay :
Les délais également. Merci beaucoup. J'aimerais, M. le Président, puis je
vérifie le temps qu'il nous reste. Ça passe tout le temps très vite en
agréable compagnie.
Réforme
du droit de la famille. Il y a eu une annonce le 15 mars dernier. La
ministre, dans le communiqué de presse, a souligné que cette consultation
portera spécifiquement sur trois thèmes, soit la parentalité, conjugalité,
relation avec le beau-parent. Les
questions liées à la filiation seront abordées ultérieurement. Et la ministre
nous a annoncé, donc, un premier projet de loi sur la conjugalité et un
deuxième projet de loi sur la filiation.
Quelle
est, de façon un peu plus précise, peut-être son échéance par rapport à ces
deux projets de loi là parce que j'entends
qu'elle a l'intention ferme, dans ce mandat-ci, dans la 42e, de déposer deux
projets de loi. Est-ce que la consultation, donc, se fera en deux temps? Il y aura une autre consultation sur la
filiation et comment... Quelle est la vision de la ministre par rapport
à son échéancier sur quatre ans?
Le
Président (M. Bachand) : Mme la ministre.
Mme LeBel :
Merci, M. le Président. Effectivement, pour la première portion, la
consultation est lancée, hein, vous le
savez, puis elle s'échelonne grosso modo du mois d'avril à la fin juin. Donc, à
partir du moment où on aura commencé à
compiler tout ça, on pourra déposer, travailler sur un projet de loi, tout ça,
naturellement, par des recommandations qui sont faites dans le rapport qui a été déposé par le comité consultatif à
l'époque, présidé par M. Roy, en 2015, je crois. Donc, j'ai bon espoir de pouvoir déposer un projet de
loi assez rapidement. Si ce n'est pas d'ici la fin de l'année, au début de
l'année suivante.
D'ailleurs,
je dois dire, puis je suis heureuse de le dire parce que je veux inciter les
gens à continuer à répondre. Je pense qu'on a, à ce jour, au moins plus de
4 000 personnes, et là c'était 4 000 au moment de remplir mes
notes, mais je suis convaincue que le compteur tourne,
4 000 personnes qui ont répondu au sondage, et cette consultation-là,
elle est essentielle. Elle n'est pas
faite sur des aspects juridiques, elle est faite sur des objectifs et sur la
façon dont les gens... quelle vision ont les gens de la parentalité et
de la conjugalité, parce que c'est ce sur quoi on travaille.
Sur l'autre
aspect qui est la filiation, il va y avoir une consultation, effectivement.
Mais la forme n'est pas encore déterminée.
Est-ce que ce sera une consultation suite à un projet de loi qui lancera la
consultation? Il y a déjà une forme de
consultation qui est faite, hein, je ne veux pas laisser penser qu'on travaille
tout seul en silo puis on s'imagine ce qui est bon pour les gens, là. On consulte les groupes. Déjà, on a rencontré
plusieurs groupes. Avec mon chapeau de condition féminine autant que mon chapeau de justice, avec mon adjoint
parlementaire, M. Lévesque, qui est ici aujourd'hui, on a rencontré
beaucoup de groupes sur cette question. Donc, on a beaucoup d'informations, de
consultations qui sont faites.
Maintenant,
sur la façon dont on va procéder, je vais vous avouer que je suis encore en
réflexion sur la meilleure façon. C'est,
entre autres, la filiation, particulièrement la notion de gestation pour
autrui, est une notion importante. Il y a beaucoup de tenants et aboutissants, de pour et de contre,
beaucoup de groupes se sont prononcés. On le prend très au sérieux. Il y a la foulée aussi du projet de loi fédéral, là, je
vais dire décriminalisation... ce n'est pas le bon terme, mais on se comprend...
au niveau de cette question-là. Donc, je
pense qu'il faut prendre le temps d'y réfléchir. On consultera. Mais le plus
rapidement possible.
M. Tanguay :
30 secondes. En 30 secondes. 30 secondes, je vais en garder 15 pour les
salutations. J'aimerais savoir, le cas échéant, on avait annoncé, en 2017‑2018,
ajouter un agent de liaison en violence sexuelle dans chaque équipe de
CAVAC. Combien sont actuellement entrés en poste, les agents de liaison,
violence sexuelle, dans les CAVAC?
Et dans les
quelques secondes qu'il me reste, M. le Président, je vous remercie, je
remercie les collègues. Merci, la ministre, les membres de son cabinet, tous
les intervenants du ministère de la Justice, je salue Me Tessier de façon
particulière. Merci à vous. Ça n'a pas été
bien méchant. Je pense qu'on a fait un bon bout, puis ça participe de notre
démocratie. Alors, bravo à tout le monde.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup. Je me tourne maintenant vers les députés formant le
gouvernement pour quatre minutes. Député... M. le député de Vachon, s'il
vous plaît.
M. Lafrenière : Oui. Merci, M.
le Président. Alors, comme dernière question, je vais en profiter, une petite question bonus pour moi. En faisant, justement, ce
travail et en passant au travers plusieurs dossiers, je suis tombé sur un
programme de non-judiciarisation du DPCP.
Alors, vous allez comprendre que le policier en moi a réagi quand j'ai vu ça.
Cependant, j'ai bien fait mes devoirs puis
je me suis rendu compte qu'il y avait une très belle raison à tout ça. Le
1er août 2017, il y a... C'est
suite aux conséquences de l'arrêt Jordan que ça a été décidé. Alors, je
comprends. Le policier en moi s'est rassuré
par la suite, s'est calmé un peu. Et j'ai vu aussi qu'il y avait des personnes
qui étaient exclues complètement du programme,
dont les gens qui ne sont pas citoyens canadiens, les gens qui ont des
antécédents judiciaires en semblable matière, ceux qui ont plusieurs
causes pendantes.
Mais je
profiterais de cette question pour demander à Mme la ministre de nous parler
des bienfaits du programme de non-judiciarisation et non pas
déjudiciarisation du DPCP, s'il vous plaît, Mme la ministre.
Mme LeBel :
Oui. Alors, je vais quand même prendre un peu de notre temps pour répondre à
votre question et pour donner la réponse, 16, à mon collègue. Donc, la
réponse est 16.
Maintenant,
effectivement, c'est important d'expliquer que... Et là je vais remettre, un
court instant, un bref instant, mon
ancien chapeau pour dire que je suis très fière, parce que les procureurs de la
couronne ont un rôle qui est assez important dans notre traitement des dossiers criminels, dans notre démocratie, je
dirais, et un des rôles d'un procureur de la couronne n'est pas d'analyser, de façon purement
académique, les éléments essentiels d'une infraction et de regarder si on a la
preuve pour faire la... On a des
éléments, des facteurs d'éléments de preuve pour faire la preuve de tous les
éléments essentiels d'une infraction. C'est son premier rôle, naturellement,
parce que, si on répond non à la première question : Pouvons-nous
nous décharger de notre fardeau?, la réponse... on n'ira pas plus loin.
Mais le procureur de la couronne a également le
rôle d'examiner l'opportunité de poursuivre. Et l'opportunité de poursuivre, c'est très large, et c'est ce qui,
je pense, fait en sorte qu'il y a un équilibre et qu'on est entre bonnes mains.
Et on en a parlé quand on parlait hier du VIH et de la directive 5, et
celle de... la directive Aut-1 du DPCP, qui demande, justement, de se pencher sur cette opportunité de
poursuivre, justement pour peser les pour et les contre et éviter que, même
si on a peut-être, à sa face même, des
éléments essentiels pour poursuivre, qu'on se retrouve devant les tribunaux
avec des causes qui ne devraient pas y être.
Donc, les traitements non judiciaires, et non
pas décriminalisés, c'est bien important, s'adressent donc à des infractions qui ne constituent qu'un écart isolé,
O.K., qui perturbent peu l'ordre social, qui ne compromettent pas les valeurs
fondamentales, et qu'on peut traiter
autrement que par la voie purement judiciaire. Donc, comme vous le mentionnez,
il n'a pas pour
objectif de décriminaliser certains manquements, de banaliser les infractions,
ce n'est pas l'objectif, ni de déresponsabiliser les contrevenants, mais
bien d'apporter un traitement particulier à certaines infractions afin de mieux
utiliser le système judiciaire. Ce n'est pas
le terme approprié, mais c'est une forme de mesure de rechange, si on veut.
Donc, on indique à un contrevenant
que, pour cette fois-ci, à cause de certaines conditions, peut-être que son
dossier ne mérite pas un traitement
judiciaire, mais que, naturellement, on a ça en tête, et, s'il y a une
prochaine fois, on n'aura peut-être pas la même opinion. Mais il y a des
raisons particulières à ça.
Je vais
prendre les dernières secondes qu'il me reste peut-être pour remercier tout le
monde, comme le... à l'instar de mon collègue... député de LaFontaine,
c'est ça? Merci. Aïe! Vraiment, c'est un exploit, pour moi. Donc, pour mon collègue... de remercier tout le monde. Je pense
qu'on a eu sept heures en Justice, trois à l'Accès à l'information... deux,
pardon, qui ont été productives, et je suis
contente parce qu'on a pu débattre de choses, on est allés en profondeur. On
fait un forage qui est plus qu'en
surface, et je pense que ça nous permet, de part et d'autre, de bien expliquer
nos mandats et de bien mettre sur la table nos objectifs. Merci, M. le
Président.
• (13 heures) •
Le Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup, Mme la ministre.
Adoption
des crédits
Le temps
alloué à l'étude du portefeuille Justice étant presque écoulé, nous allons maintenant
procéder à la mise aux voix
des crédits.
Le programme 1, intitulé Administration de
la justice, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Président (M. Bachand) :
Sur division. Le programme 2, intitulé Activité judiciaire, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le
Président (M. Bachand) : Sur
division. Adopté sur division. Le programme 3, Justice administrative, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le
Président (M. Bachand) :
Adopté sur division. Le programme 4, intitulé Indemnisation et
reconnaissance, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le
Président (M. Bachand) :
Adopté sur division. Le programme 6, Poursuites criminelles et pénales,
est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Bachand) :
Adopté sur division.
Documents
déposés
En terminant,
je dépose les réponses aux demandes de renseignements de l'opposition du volet
Commision d'accès à l'information et du volet Justice.
Compte tenu
de l'heure, la commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures, où elle
entreprendra l'étude du volet Conseil exécutif des crédits budgétaires
du portefeuille Conseil exécutif. Merci, tout le monde, infiniment.
(Fin de la séance à 13 h 1)