(Treize heures cinquante-neuf
minutes)
Le
Président (M. Ciccone) : À l'ordre, s'il vous plaît! Je déclare la séance de la Commission des institutions ouverte. Je
demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques, s'il vous plaît.
La commission
est réunie afin de procéder à l'interpellation
de la députée de Bourassa-Sauvé à la ministre des Relations internationales et de la Francophonie
sur le sujet suivant : L'absence de leadership du gouvernement caquiste
en matière de relations internationales et de francophonie.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
• (14 heures) •
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Fontecilla
(Laurier-Dorion) est remplacé par Mme Dorion (Taschereau) et M. LeBel
(Rimouski) est remplacé par M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine).
Le
Président (M. Ciccone) : Je
comprends qu'il y a une entente à l'effet que le deuxième groupe d'opposition
interviendra lors de la troisième série
d'interventions, alors que le troisième groupe d'opposition interviendra lors
de la cinquième série d'interventions. Mme la députée de Bourassa-Sauvé,
vous avez donc la parole pour 10 minutes.
Exposé du sujet
Mme Paule Robitaille
Mme
Robitaille : Merci. Bonjour à tous. Oui, en fait, on parle de manque
de leadership, mais plus je regarde et plus je me demande si, en fait, on n'est
pas en train d'assister à la mise en tutelle du ministère des Relations
internationales par le ministère de l'Économie et de l'Innovation. Et les
prochains deux heures sont justement pour réfléchir à ça puis avoir les
réponses de la ministre.
On avait
demandé cette interpellation-là pour vendredi, et finalement, le gouvernement
nous a demandé de déplacer l'interpellation
à lundi. On a accepté, parce que, pour moi, c'est très important de pouvoir
entendre la ministre, parce qu'à chaque
fois, en tout cas, souvent en Chambre, j'ai posé des questions à la ministre,
et, malheureusement, c'est soit le premier ministre, le ministre de
l'Immigration et même, dans le cas de la nomination de Mme Loubier à New York,
c'est la vice-première ministre qui s'est
levée. Alors là, je suis très heureuse d'avoir la ministre devant moi, qui va
répondre à nos questions.
Je regarde,
depuis la nomination de la ministre, elle nous dit que le Québec demeurera un
chef de file en matière de
francophonie. Elle parle de la doctrine Gérin-Lajoie. Elle parle de tirer
profit de 50 ans d'affirmation du Québec dans le monde. Elle parle en même temps d'une grande
stratégie internationale, elle nous dit qu'elle ne veut pas que le Québec
perde sa place. Elle nous parle même d'un
institut de la diplomatie et nous dit que nos délégations à l'étranger doivent
être beaucoup plus affirmées, surtout en
matière économique. Mais, en même temps, ce que je vois sur le terrain — et tout
ça, c'est bon, hein, et je trouve ça merveilleux — mais, en même temps, dans les faits, je vois
complètement autre chose.
Dans le
dernier budget, pas un mot sur les relations internationales. On parle
d'Investissement Québec, on parle du ministère de l'Économie, mais pas un mot
sur le ministère des Relations internationales. En fait, quand on regarde
les chiffres, le budget du ministère diminue. On nage dans les surplus, le
budget du ministère baisse.
Moi, je me
pose la question : Est-ce que la ministre prend sa place au sein du
cabinet? Est-ce que le premier ministre considère que le ministère des
Relations internationales est une priorité? Je me pose la question.
Dans la
Francophonie, la ministre nous dit que c'est important que le Québec doit
demeurer chef de file. On a une belle chance, là, avec les Jeux de la
Francophonie à Sherbrooke, soutenir la candidature de Sherbrooke, le
gouvernement libéral l'a soutenue en
2015. Qu'est-ce qu'on voit? On voit une espèce de cafouillage, on ne sait pas
trop, trop où ça s'en va, la ministre
a promis 17 millions, bon, ce n'est pas assez. Ils devaient... il y a à
peu près un mois, elle nous avait dit qu'elle
allait se prononcer là-dessus, qu'elle allait en parler à sa contrepartie
fédérale, on ne sait pas ce qu'il se passe. Moi, je veux avoir
l'occasion aujourd'hui d'en parler à la ministre.
Je m'inquiète
parce que, justement, dans les faits, on ne voit pas un dynamisme, on ne voit
pas un leadership, on ne voit pas un goût de défendre la francophonie au
niveau canadien, au niveau de l'Amérique, au niveau du monde. Il y a eu une nomination récemment à l'OIF, Mme
Cano, une Québécoise, certes, mais une dame qui travaillait à Ottawa. Est-ce que le Québec a laissé Ottawa prendre la
décision et aller de l'avant avec cette nomination-là quand il y avait d'autres
gens du côté du Québec qui auraient pu être poussés à l'avant-scène? Je me pose
la question.
Durant
15 ans de gouvernement libéral, il y a eu beaucoup de succès au niveau des
relations internationales. On a eu un
représentant à l'UNESCO. On a
contribué à l'aboutissement d'une entente de libre-échange avec l'Europe.
On a ouvert une délégation générale à Dakar, la première délégation
générale en Afrique de l'Ouest. On a signé au moins 800 ententes bilatérales, dont 10 % de ces ententes-là sont des ententes au niveau culturel :
il y a des ententes en matière d'éducation, en matière de science. On a ouvert
une représentation à Cuba. Au sein de l'UNESCO, on a pris le leadership puis on a mis sur pied un symposium qui a eu lieu
à Québec en 2017 sur la radicalisation et puis l'Internet — c'est un exemple comme ça qui montre que le Québec rayonne, prend sa place pas
juste au niveau commercial, mais va beaucoup plus loin que ça. Il y a des partenariats en éducation. Comme je l'ai
dit, il y a des partenariats en science. Et donc il y a plein d'acquis durant les 15 dernières années, et
pas juste au niveau commercial, mais aussi au niveau culturel, au niveau de
l'éducation puis au niveau de la science.
On
ne voudrait pas que ça, ça se perde, parce qu'il y a quelque chose qui
s'appelle la diplomatie culturelle, et la diplomatie culturelle, ça révèle l'âme d'une nation. Et, moi, quand
j'entends le premier ministre parler de virage économique, j'entends la ministre au CORIM parler de
virage économique de nos relations internationales, bien, c'est bien beau, c'est important. C'est important que le
Québec prospère à ce niveau-là. Mais il ne faut pas oublier l'autre côté de
tout ça. Le Québec n'est pas seulement... n'est pas une province comme les
autres. L'Ontario, par exemple, ses affaires internationales, c'est de l'économie. Mais nous, on est beaucoup plus
que ça. La Francophonie nous a permis, nous, le Québec, de rayonner à tous les niveaux, et il ne faudrait pas mettre de
côté tout ça au profit de deals et puis être très, très réducteurs dans
notre approche à l'international.
Ma
collègue, en 2017, lançait une nouvelle politique internationale du Québec avec
trois orientations : rendre les Québécoises et les Québécois plus
prospères; contribuer à un monde plus durable, juste et sécuritaire; promouvoir
la créativité, la culture, le savoir et la spécificité du Québec.
En
ce moment, à l'UNESCO, Mme Mourani n'a pas été remplacée, on ne sait pas ce qu'il
arrive avec Mme Mourani. Notre
émissaire aux droits de la personne n'a pas été remplacé non plus. Est-ce que
c'est une priorité du prochain gouvernement?
On ne le sait pas. Jeux du Québec, Jeux de la Francophonie? Jeux de la
Francophonie, silence radio du côté
du gouvernement de la CAQ. Dans le budget, dans le dernier budget, pas un mot
sur les relations internationales.
Alors,
moi, aujourd'hui, durant ces deux prochaines heures, j'aimerais savoir où on
s'en va avec nos relations internationales. Est-ce qu'on va pouvoir
préserver nos acquis? Est-ce qu'on va aller plus loin que simplement la rhétorique? Dans les faits, qu'est-ce qu'il va se
passer? Est-ce que c'est le ministère de l'Économie et de l'Innovation qui va
prendre le relais des relations internationales? Ça serait bien dommage.
Alors, sur ce, je
laisse la ministre nous répondre.
Le Président (M. Ciccone) : Merci, Mme la députée. Maintenant, je cède la
parole à Mme la ministre également pour une période de 10 minutes.
Réponse de la ministre
Mme Nadine Girault
Mme
Girault : Merci, M. le Président. D'abord, je vais remercier la
députée de Bourassa-Sauvé de son intérêt et de nous permettre de nous exprimer aujourd'hui. Je suis très heureuse
d'être ici, en Chambre, pour démontrer, en fait, l'impact et le
leadership de mon gouvernement en matière de relations internationales et de
francophonie.
Le
leadership, M. le Président, c'est une notion un peu abstraite, mais elle se
définit par les actions qu'on pose. Quand on parle d'actions, M. le
Président, je parle de travail à l'international pour et dans le bénéfice de
l'intérêt des Québécois. C'est exactement ce
que fait le gouvernement Legault par l'intermédiaire, entre autres, de mon
ministère. Le réseau international
appartient à tous les Québécois, et, après 50 ans d'affirmation à
l'étranger, le temps, oui, est venu de s'assurer que ce formidable outil, qui
nous distingue de façon évidente du reste du Canada, serve encore davantage
les intérêts des Québécois et des Québécoises.
• (14 h 10) •
Il
y a quelques mois, alors qu'il était encore dans l'opposition, en fait, le
premier ministre Legault était au CORIM pour exprimer sa vision de l'action internationale du Québec. Prendre
notre place dans le monde, c'était le titre de son intervention. Maintenant que les Québécois et
Québécoises ont fait leur choix le 1er octobre dernier, qu'est-ce que ça veut dire?
Comment va-t-on tirer profit de plus de 50 ans d'affirmation à
l'international?
Avant de répondre à
la question, laissez-moi brièvement regarder un peu le chemin parcouru. Il faut
d'abord reconnaître la contribution de nos
pionniers : Hector Fabre, Jean Lesage, puis, bien sûr, Paul Gérin-Lajoie,
père de la doctrine du même nom, qui a donné la première grande
impulsion à l'expression du Québec sur la scène internationale.
Aujourd'hui,
le Québec à l'international, c'est 32 représentations réparties dans
18 pays. Respectée, on rayonne actuellement comme aucune autre
province canadienne ou État. Le gouvernement du Québec entretient des relations
bilatérales avec une trentaine d'États et de
régions fédérés du monde, principalement en Europe de l'Ouest, en Amérique
du Nord, mais également en Afrique, en Asie
et en Amérique du Sud. Depuis 1960, effectivement, c'est 700 ententes, même
plus de 700 ententes qui ont été conclues avec de nombreux pays
partenaires.
En
matière multilatérale, le Québec est membre de plein droit de l'Organisation
internationale de la Francophonie. Il est
représenté à l'UNESCO. Nous sommes impliqués activement dans l'Organisation des
Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, mieux connue sous la
FAO. Nous sommes présents auprès de l'Union européenne. On entretient des relations avec plusieurs organisations
internationales et non gouvernementales. Le gouvernement du Québec possède une expertise
unique et désormais reconnue partout dans le monde.
Puis,
évidemment, il y a aussi les membres de la société civile et les nombreuses
institutions québécoises, les villes, les universités, les chercheurs, les
artistes, les organisations jeunesse, les entreprises, les gens d'affaires, les
syndicats, et j'en oublie certainement, qui se sont doté de moyens
d'action outre-frontières. Elles jouent toutes un rôle autonome et déterminant
dans le rayonnement du Québec à l'étranger.
Ça, c'est le chemin parcouru.
Maintenant, où allons-nous? Pour notre nouveau gouvernement, dans le contexte de l'ouverture des marchés, réaliser le plein
potentiel du Québec dans le monde, c'est prendre, aujourd'hui, oui, un virage
plus économique. Le temps est venu pour nous de tirer davantage profit de notre
engagement et de notre crédibilité à l'étranger.
Qu'est-ce que ça veut dire? La renégociation et l'apparition de nouveaux tarifs
sur l'acier et l'aluminium, cadeau de
notre voisin du sud, nous font réaliser à quel point nous sommes dépendants et
vulnérables face au marché américain; 70 %
de nos échanges commerciaux y sont concentrés. Je ne vous apprends rien,
évidemment. Grâce au nouvel Accord États-Unis-Mexique-Canada,
le Québec continuera d'être une porte d'entrée privilégiée pour les
investisseurs qui continuent de faire
des affaires au sud. En 2017, la valeur de nos échanges de marchandises avec
les États-Unis était plus élevée que celle de tous nos partenaires
commerciaux réunis.
Il
est temps d'ouvrir d'autres horizons, et heureusement il y en a. L'Accord
économique et commercial global entre
le Canada et les États-Unis et l'Union européenne offrent à nos entreprises de
nouvelles perspectives en facilitant l'accès
à plus de 500 millions de nouveaux consommateurs. En visite officielle à
Paris en janvier dernier, le premier ministre a souhaité que la France, notre partenaire direct, privilégié,
stratégique et structurel, soit la porte d'entrée vers le marché
européen. Et puis la signature de l'Accord de partenariat transpacifique global
et progressiste, auquel participent le Canada
et 10 pays riverains, développés, offre aussi près de 500 millions de
nouveaux consommateurs, des nouveaux clients potentiels. Voilà une première bonne raison d'augmenter notre force de
frappe économique sur les marchés étrangers.
Mais
ce n'est pas tout. Et comment on va s'y prendre? Une réforme de nos façons de
faire est en préparation, menée par
le ministère de l'Économie et de l'Innovation, oui, en partenariat avec
Investissement Québec. D'ailleurs, mon collègue Pierre Fitzgibbon va dévoiler sa stratégie au printemps. Mais ça, c'est
la pièce maîtresse d'une vision beaucoup plus large, un mandat que m'a confié le premier ministre à
Paris en janvier dernier et qui se traduit par une stratégie internationale
de conquête des marchés étrangers, qui vous
sera présentée au plus tard à l'hiver 2020. On l'a dit et répété, nos
représentations à l'étranger doivent en faire beaucoup plus, plus aussi
sur le plan économique.
Quant
à nos efforts en soutien à l'exportation, ils vont passer également par le
renforcement de notre réseau. Le ministre
du Tourisme et l'Alliance de l'industrie touristique vont aussi faire partie
intégrante de notre réflexion. Le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, le ministre de la
Culture et des Communications, tous ces ministères vont faire partie de
notre stratégie.
Les
représentations du Québec à l'étranger devront se réinventer. Elles doivent
devenir des carrefours en appui aux villes, aux universités, aux
producteurs culturels, aux investisseurs, aux PME et aux entrepreneurs
québécois qui souhaitent conquérir
l'international. Il y a de très belles histoires, puis on peut s'en inspirer.
En Bavière, lors d'une mission, j'ai pu constater combien
l'accompagnement de la Délégation générale du Québec à Munich a été précieux
pour l'implantation de la division de
Rodéo FX en Allemagne, une entreprise innovante d'ici. Nous allons nous
assurer que tous nos bureaux
disposent des connaissances et des ressources requises pour appuyer les
entreprises et les autres partenaires.
M.
le Président, on va aussi faire preuve de leadership dans la Francophonie en
développant une véritable vision pour
l'Afrique, continent qui sera, dans les prochaines décennies, le véritable
centre de gravité de la Francophonie. Pour des raisons historiques et grâce à une longue tradition de solidarité
internationale et notre appartenance à la Francophonie, le gouvernement du Québec est très actif en
Afrique depuis cinq décennies. Nos trois représentations, situées à Dakar,
Abidjan et Rabat, couvrent plus d'une vingtaine de pays africains.
Depuis
longtemps, l'Organisation internationale de la Francophonie est un espace d'influence
privilégié pour le Québec. Nous faisons la promotion non seulement de la langue
française, mais aussi de nos valeurs comme société. Le Québec va
poursuivre sa contribution à la modernisation de cette organisation en mettant
son expertise au service du renforcement de
l'État de droit, de la protection des droits de la personne et de l'égalité
entre les femmes et les hommes. Nous sommes fiers de faire valoir les
talents du Québec dans les pays de l'espace francophone pour contribuer au
renforcement des capacités en matière d'élections, de formation policière et
d'institutions judiciaires.
M. le Président, je
souhaite m'adresser aux Québécois et aux Québécoises et leur dire que votre
ministère des Relations internationales et
de la Francophonie est là pour vous aider, soutenir les PME, oui, dans
l'exportation, attirer des
investisseurs à venir, ici, créer des emplois de qualité, soutenir les
chercheurs, les jeunes qui doivent devenir, dans le monde d'aujourd'hui, des citoyens internationaux, soutenir les
artistes qui veulent exporter leur art et surtout affirmer son
leadership à travers sa vision Afrique.
Je dis à
l'opposition : Je vous invite à vous élever au-dessus de la partisanerie
politique et à venir travailler avec moi à
ces objectifs. Il faut que tous, entreprises, entrepreneurs, étudiants,
professeurs, chercheurs de tous les comtés sachent qu'on est là pour eux, pour les aider. Je dis aux
Québécois : Votre MRIF, ministère des Relations internationales et de la Francophonie, est là pour vous, pour vous
aider à partir à la conquête des marchés étrangers. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Ciccone) : Merci, Mme la ministre. Maintenant, nous allons débuter la
période d'échange. Mme la députée de Bourassa-Sauvé et porte-parole en matière
de relations internationales et de francophonie, vous avez la parole
pour un maximum de cinq minutes.
Argumentation
Mme
Robitaille : La ministre des Relations internationales ne me rassure
pas, là, je l'écoute puis elle parle juste d'économie. C'est beau, l'économie, puis on veut absolument être un
Québec prospère, puis il faut faire des affaires, on s'entend là-dessus. Mais parler juste d'économie, ça me
trouble un peu. Madame parle du rayonnement du Québec comme aucune autre province. Bien, moi, quand je l'écoute, c'est juste
de l'économie. Si ça continue comme ça, bon, mes craintes qu'on
assiste à la mise en tutelle du ministère
des Relations internationales par le ministère de l'Économie et de l'Innovation,
bien, semblent se concrétiser quand je l'écoute. En tout cas, moi, là, ça
m'inquiète.
• (14 h 20) •
Mais il y a
encore plus que ça, c'est... parce
que, même si on veut faire des
affaires et juste des affaires, il va falloir faire attention à l'image du Québec, l'image du Québec qu'on a construite
depuis plusieurs années, on a une réputation fantastique qu'on a construite, justement qui a pris du temps à construire. C'est facile de
détruire une réputation, c'est plus difficile, comment je pourrais dire,
de l'améliorer par après quand on l'a complètement détruite.
Et là, en ce
moment, sur tout ce dossier-là de l'immigration, on voit qu'à l'international
on a mauvaise presse. Et, bon, si on
veut attirer les meilleurs talents chez nous, avec une presse comme ça, je ne
sais vraiment pas où est-ce qu'on va
aller. Je vais vous citer, là, récemment, et on l'a déjà cité en Chambre, mais
moi, je vais le répéter. Dans Le Monde, là, il y a quelques jours :
Cafouillage au Québec sur l'accueil des étrangers. Ensuite : Au Québec,
le rêve brisé de nombreux Québécois, ça c'est dans Le Figaro. L'AFP :
Québec : vives critiques contre un projet
d'annulation de 18 000 dossiers d'immigration. Une
mission délicate et l'apport des communautés nord-africaines. Là, on parle
des 18 000 dossiers que le gouvernement a voulu mettre à la poubelle et qui ont été
sauvés, bien, en partie, en tout cas, par une injonction. On ne sait pas combien de
dossiers vont être traités, mais, quand même, ils ont été sauvés par cette
injonction-là, quelques-uns au moins, mais quand même. Donc, dans cet
article-là, on parle des 18 000 dossiers qu'on voulait jeter à la
poubelle, on parle aussi de la... le
prochain projet de loi sur la laïcité, et là c'est un journal algérien, Le
Matin, qui dit comment, finalement, la réputation...
Le Président (M. Ciccone) : Pardon?
M.
Lévesque (Chapleau) : Point
d'ordre. On est hors sujet actuellement. Là, on parle d'immigration et de
laïcité, alors que nous sommes...
Mme Robitaille : Oui, bien, ça
parle...
M. Lévesque (Chapleau) : ... nous
sommes clairement...
Le Président (M. Ciccone) : Un
instant, un instant.
M. Lévesque (Chapleau) : Point
d'ordre. Nous sommes hors sujet, donc j'invoque l'article.
Le Président (M. Ciccone) : Merci.
Je vous demande votre collaboration, Mme la députée.
Mme Robitaille : On parle de l'image
du Québec à l'étranger qui en train d'être salie, et c'est extrêmement dommage. Et, quand la ministre va à l'étranger
pour recruter les meilleurs talents, bien, je ne sais pas qu'est-ce qu'elle
dit, justement, à ces gens-là qui lui posent
des questions sur l'inquiétude, des gens qui veulent venir ici et qui voient la
façon d'immigrer au Québec
compliquer. J'imagine que ce n'est pas très, très vendeur. Et moi, j'aimerais beaucoup
entendre la ministre là-dessus.
Justement, sur les 18 000 dossiers, il
y a eu une motion qui a été amenée par ma collègue de Sainte-Marie—Sainte-Anne, qui demandait au gouvernement caquiste de mettre de côté cette idée de jeter à la poubelle les
18 000 dossiers. Il y a eu un vote, et, quand je regarde le
transcrit, je vois que la ministre n'apparaît pas dans les noms.
Alors,
j'aimerais, aujourd'hui, considérant l'image du Québec, qui
a été bafouée par toute cette histoire d'immigration,
j'aimerais que la ministre en profite... elle va nous parler de l'image du Québec à
l'étranger, comment elle voit ça, à
la lumière de tout ce qu'il s'est passé durant les dernières semaines. Et j'aimerais
savoir sa position sur ces 18 000 dossiers
là, qu'est-ce qu'elle en pense, parce que, si elle n'a pas voté durant cette
motion-là, j'aimerais qu'elle nous
donne un peu son point de vue sur toute cette idée de mettre à la poubelle les
18 dossiers. Et j'aimerais connaître, un peu, quel est son discours quand
elle aborde ces homologues étrangers pour vendre le Québec
quand quelque chose comme ça se
passe, quand, justement, toute cette idée traditionnelle d'accueil et
d'ouverture est mise à la poubelle quand on ne veut pas traiter
18 000 dossiers qui représentent 50 000 personnes,
50 000 immigrants potentiels. Alors, sur ce, j'aimerais écouter la
ministre. Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Merci, Mme
la députée. Maintenant, je cède la parole à Mme la ministre.
Mme
Girault : Merci, M. le Président. M. le Président, le mandat que m'a confié le premier ministre a
été de donner une impulsion plus
économique au ministère des Relations
internationales et de la Francophonie.
Une impulsion plus économique, ça veut dire bâtir sur les bases déjà
existantes.
Le Québec,
oui, l'économie important, par contre, on continuera à faire ce qu'on fait très
bien : la coopération internationale,
la solidarité, la coopération scientifique, culturelle, la mobilité des
étudiants. Tout ça, M. le Président, sont des éléments excessivement importants qui ont été à la base de ce que le
ministère des Relations internationales a bâti au cours des années et
qui vont continuer.
Quelques exemples : il y a quelques
semaines, mon collègue le député de Beauce-Sud était au Maroc pour participer au 50e anniversaire de la
Conférence des ministres de la Jeunesse et des Sports de la francophonie. M. le
député de Beauce-Sud
est aussi l'adjoint parlementaire du premier
ministre pour la jeunesse. On a signé
une entente au Maroc entre le Québec et le Maroc, où on a ouvert, je le répète, des
bureaux l'an dernier à Rabat, et le bureau à Rabat, et Les Offices jeunesse internationaux du
Québec.
M. le Président, parce que... la nouvelle impulsion économique
que le premier ministre a donnée au MRIF ne doit pas nous faire oublier
les autres aspects importants, aspects très importants de l'action
internationale du Québec, et, je le répète, la coopération
scientifique, culturelle, technologique, la mobilité jeunesse, la solidarité
internationale.
En même temps, il faut aussi s'occuper des arts de la scène. Les arts de la scène et
le théâtre québécois sont très vivants au Japon, au Royaume-Uni, en Belgique. Et pourquoi? Grâce à
leurs qualités exceptionnelles puis aussi grâce au travail de nos
délégations dans ces pays, délégations qui travaillent sur plusieurs fronts en
même temps.
En Bavière,
quand je suis allée dernièrement, en janvier, j'ai eu l'occasion de me rendre à l'Université Ludwig-Maximilians de Munich, où se trouve un des ordinateurs les plus
puissants d'Europe. Ce superordinateur est mis à contribution dans un projet conjoint avec l'organisme québécois Ouranos pour créer des modèles de prévision du
climat en haute résolution. Et là on parle d'environnement, encore un
autre axe sur lequel on travaille beaucoup à l'international. Donc, on ne regarde pas
que l'économie, on regarde un ensemble de facteurs.
En solidarité internationale... Encore une fois,
le Québec a une longue tradition en solidarité internationale, tradition qu'on va continuer. On va poursuivre
notre engagement, notamment en solidarité économique, oui, une approche
plus efficace pour résoudre des problèmes
structurels, comme la gouvernance, les inégalités sociales, économiques.
De plus en plus, des
coopératives, les regroupements, les producteurs, les syndicats, ils font
face... ils nous aident à faire face, en fait, à la précarité alimentaire, puis
on les aide à s'adapter aux impacts déjà catastrophiques du changement climatique. Donc, plusieurs axes sur lesquels on
travaille.
Je l'ai dit tout à l'heure, lors de ma présence
au CORIM, j'ai annoncé qu'on ferait une vision Afrique, vision Afrique qui va encore toucher à plusieurs
sujets, mais qui va s'appuyer sur l'organisation et la solidarité internationale qu'on
donne depuis des années à l'Afrique.
Le Québec
va continuer à faire ce qu'il fait de
bien : aider nos organismes de coopération internationale à intervenir
efficacement partout et principalement dans les pays du Sud. Actuellement, on gère 24 coopérations sur quatre continents, et on
couvre 26 pays et régions. Et ça, M. le Président, on va continuer à le
faire.
Ça fait que,
oui, l'économie, c'est important, mais on continue à bien faire ce qu'on fait,
coopération internationale, solidarité, coopération scientifique,
culturelle, mobilité. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Ciccone) : Merci, Mme
la ministre. Maintenant, je cède la parole au député de Vachon.
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président. Alors, quel est le rôle du Québec au sein de la francophonie? M. le Président,
j'ai été surpris d'ailleurs de l'affirmation de l'opposition au sujet du manque de leadership du Québec dans la francophonie, ayant moi-même travaillé pour des
agences comme l'Organisation
internationale de la Francophonie, l'OIF. D'ailleurs, je veux remercier
l'opposition d'amener ce sujet-là aujourd'hui, donc de démontrer de l'intérêt
pour le sujet.
Et j'ai le
goût d'utiliser une expression très, très célèbre, en disant qu'on peut mâcher
de la gomme et marcher en même temps.
Alors, quand j'entends qu'on parle d'économie et aussi de représentation
internationale, je me dis qu'il est
possible de faire les deux en même temps. Mais je ne vous parlerai pas de
perception. J'ai le goût d'utiliser des exemples concrets et ne pas
rester sur les apparences seulement.
Alors, la ministre vous l'a dit tout à l'heure,
il y a quelques semaines, mon illustre collègue le député de Beauce-Sud était au Maroc pour participer au
50e anniversaire de la Conférence des ministres de la Jeunesse et des
Sports de la francophonie. Le député de Beauce-Sud, qui est l'adjoint
parlementaire du premier ministre pour la jeunesse, a signé une entente avec le Maroc — d'ailleurs, c'est un endroit où il y a un
bureau qui a été ouvert à Rabat l'an dernier — et Les Offices jeunesse
internationaux du Québec.
Lors de sa mission, il a plaidé pour que
l'environnement soit une priorité forte en francophonie au cours des prochaines années, car la jeunesse attend des élus
des gestes concrets pour faire face aux changements climatiques. Je parle de ça, M. le Président, parce que la
nouvelle impulsion économique pour le premier ministre... l'impulsion
économique qu'il a donnée au
ministère des Relations internationales et de la Francophonie ne doit pas nous
faire oublier les autres aspects importants de l'action internationale du
Québec, comme la coopération culturelle, scientifique, technologique, la
mobilité des jeunes et la solidarité internationale.
• (14 h 30) •
L'action
internationale du Québec, c'est aussi le désir de se rapprocher d'autres États
et de régions, de permettre à des
jeunes, des artistes, des chercheurs, des étudiants de partager des expériences
et des expertises auprès d'autres
cultures. Par exemple, je
pense qu'on connaît tous ici l'importance de la coopération culturelle et
scientifique avec la France, notre partenaire
privilégié. De plus, on en a parlé tout à l'heure, mais les arts de la scène,
qui rayonnent beaucoup dans l'international,
on peut parler du théâtre québécois, qui est bien vivant au Japon, au
Royaume-Uni ou en Belgique, grâce à leur qualité exceptionnelle, aussi
grâce au travail de nos délégations dans ces pays-là, parce que c'est le
travail des délégations, justement, de faciliter leur travail. On a un très bon
rayonnement.
Dans certains
cas, la relation du Québec avec ses partenaires est véritablement
multidisciplinaire. Par exemple, on
en a déjà parlé, mais vous allez voir, on va vous en parler beaucoup, parce que
c'est un fait important, par exemple, la Bavière, avec qui nous entretenons des liens depuis plus de 30 ans.
L'accord de coopération liant la Bavière et le Québec s'est élargi aux échanges scientifiques,
culturels, politiques et administratifs, mais aussi dans le domaine de
l'éducation. Ça, c'est un domaine qui
est important pour nous. Ma collègue la ministre des Relations internationales
et de la Francophonie vous l'a déjà
dit, elle s'est rendue en mission en Bavière en janvier dernier, donc c'est
tout récent. Elle a eu l'occasion de visiter
l'Université Ludwig-Maximilians de Munich, où se trouve un ordinateur des plus
puissants d'Europe. Cet ordinateur-là, ce superordinateur-là a été mis à contribution dans un
projet conjoint avec l'organisme québécois Ouranos pour créer des
modèles de prévision du climat en haute résolution.
Et,
M. le Président — je vais
faire un petit aparté à ce sujet-là — en début d'année, je me suis rendu à Edmonton
pour la conférence canadienne des ministres
provinciaux en matière de sécurité civile. Et, dans le cadre de la rencontre, le
fédéral avait émis le souhait de se doter
d'un outil performant pour faire face aux changements climatiques, et le
leadership du Québec a été reconnu
par les gens qui étaient sur place justement parce qu'il avait été développé
avec Ouranos. Alors, je vous le confirme, puis je ne vous parle pas de théorie,
c'est des faits, je l'ai vécu lorsque j'étais à Edmonton encore tout
récemment.
Un
autre exemple de coopération multidisciplinaire, c'est la Chine. Près d'une
dizaine d'ententes sont actuellement en
vigueur, de la formation des juges chinois au Québec au jumelage de villes
chinoises en passant par l'éducation supérieure.
Pour
ce qui est de la solidarité internationale, le Québec a une longue tradition de
solidarité internationale. Les actions
en solidarité contribuent depuis des décennies à donner une image positive et
dynamique du Québec et à promouvoir ses
valeurs. L'engagement du gouvernement dans ce domaine repose sur une approche
unique au Québec, qui est fondée sur
un partenariat, une véritable cogestion avec la société civile en particulier,
avec pas moins de 64 organismes internationaux.
Le
Québec prône une solidarité à visage humain, un esprit de proximité, d'humanité
et d'ouverture. C'est une approche qui a fait ses preuves, et c'est
pourquoi nous allons poursuivre notre engagement en ce sens, notamment en
solidarité économique, une approche efficace pour résoudre des problèmes
structurels comme la gouvernance et les inégalités sociales et économiques.
Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Ciccone) : Merci, M. le député. Maintenant, je cède la parole à la
députée de l'opposition officielle, toujours pour un maximum de cinq minutes.
Mme
Robitaille : Ce que j'entends, là, j'entends de la rhétorique.
J'entends de la rhétorique. Vous me parlez de longue tradition de
solidarité internationale, du dynamisme de nos délégations à l'étranger. Bien,
j'espère que ça va continuer, parce que,
dans le dernier budget, on ne voyait pas une emphase spéciale sur les relations
internationales, en fait, on diminuait le budget des représentations à
l'international.
Mais,
bon, tout ça, de la rhétorique, vous parlez... Mme la ministre parlait de la
vision Afrique, de l'importance de
l'Afrique. Là, on a quelque chose de concret, on aurait vraiment une belle
occasion de montrer concrètement qu'on veut
faire quelque chose, qu'on veut faire une différence, qu'on veut continuer dans
la tradition, justement, du Québec qui est leader dans la francophonie,
qui est une partie... qui est un État à part entière dans la francophonie.
Je
parle des Jeux de la Francophonie, je parle de la candidature de Sherbrooke.
Qu'est-ce qu'on fait là-dedans? Qu'est-ce
que la ministre fait là-dedans, notre gouvernement caquiste fait là-dedans? Pas
du tout intéressés. On a l'impression qu'ils ont abandonné le projet
complètement. Et je ne vois vraiment pas où ça s'en va.
Ça
peut être des retombées fantastiques d'un point de vue économique, là, puisque
vous, là, vous êtes très, très, très économique. Pour la ville de
Sherbrooke, c'est fantastique, c'est des retombées économiques, c'est une façon
de remettre à niveau ses infrastructures
tant sportives... Puis les Jeux de la Francophonie, ce n'est pas seulement du
sport, mais c'est aussi de la
culture, c'est aussi des arts, c'est des milliers de jeunes francophones,
beaucoup là-dedans viennent de
l'Afrique, qui seraient là, qui seraient à Sherbrooke, qui interagiraient avec
la population locale. C'est
l'occasion de tisser des liens,
d'échanger des cartes d'affaires, si on pense économie encore une fois. C'est
une façon de faire rayonner le Québec,
de montrer que le Québec est un leader à part entière et que le Québec
est là, le porte-voix des francophones
du Canada, des francophones de l'Amérique, parce
qu'il ne faut pas oublier qu'on est le vaisseau amiral de la protection de
la langue française en Amérique. Alors là, les Jeux de la Francophonie à
Sherbrooke, c'est une belle occasion.
Et,
là-dessus, la ministre, comme je disais tout à l'heure, silence radio, on ne
sait pas trop, elle a parlé du bout des lèvres de 17 millions, ce n'est pas assez, elle joue, elle négocie
peut-être, on ne sait pas. Est-ce qu'elle a abandonné le projet? Elle devait
nous en parler, elle ne nous en parle pas. Je trouve ça extrêmement dommage,
parce que la ville de Sherbrooke s'est dite intéressée, se dit très
intéressée, Ottawa se dit très intéressée. Et, quand on parle à ces différents partenaires là, on nous dit : Bien, on attend
le Québec. On attend que le Québec se commette. On attend que le Québec nous donne des chiffres réalistes. On n'a rien. Et
j'ai posé la question en Chambre, par voie des réseaux sociaux, je l'ai interpelée, je ne sais pas où elle en est
là-dessus. Je ne sais pas, peut-être que son gouvernement, ce n'est pas une
priorité pour son gouvernement. Dans
le passé, on a eu un gouvernement du Parti québécois, des gouvernements
libéraux, des gouvernements du Parti
québécois qui ont misé sur les échanges internationaux, les échanges
francophones, pas juste au niveau
commercial, mais à d'autres niveaux. Je parlais ici, en Chambre, de la Super
Francofête dans les années 70, et, de là, ça a porté fruit, il y a eu plein de choses. Est-ce que,
justement, ce virage économique fait en sorte que des jeux comme ceux de la Francophonie en 2021, ce n'est pas
important, ce n'est pas une priorité, ça n'intéresse pas? On parlait du théâtre
au Japon. Est-ce que ça aussi, finalement,
c'est de la rhétorique, ce n'est pas une priorité, si on a de l'argent,
peut-être, mais sinon...
Alors, moi,
j'aimerais beaucoup que la ministre nous réponde clairement là-dessus. Elle en
est où avec ce dossier-là? On nage dans les
surplus, là. Qu'est-ce qu'on fait? On aurait une belle occasion de se
démarquer, de montrer, encore une
fois, son leadership dans le sujet, un certain dynamisme. Alors, c'est une
belle occasion. Mme la ministre, j'espère qu'elle nous répondra d'une
façon claire, précise, et on saura où on s'en va avec ça.
Le Président (M. Ciccone) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la
parole à Mme la ministre, pour toujours un maximum de cinq minutes.
Mme
Girault : Merci, M. le Président. M. le Président, je suis très
heureuse d'avoir la question, en fait, autour du budget, parce que, justement, cette semaine... en fait, la semaine
passée, mon collègue ministre des Finances a présenté un budget dont on est très fiers. Premier budget
au gouvernement caquiste, et on est vraiment très heureux de ce budget. D'ailleurs, comme vous avez pu le constater, M. le
Président, le budget des dépenses du ministère des Relations internationales et de la Francophonie présente une
enveloppe stable de 111 millions, 111,5 millions exactement pour le
prochain exercice financier.
Maintenant,
c'est intéressant d'entendre ma collègue indiquer qu'on ne semble pas avoir une
priorité au niveau du ministère des
Relations internationales et de la Francophonie, alors que, quand je regarde
l'évolution du budget sur les 12 dernières années, on note que,
dans les années 2014, 2015, 2016, 2017, le budget du ministère des Relations internationales et de la Francophonie a été coupé
substantiellement pour descendre presque à l'équivalent de 90 millions.
Donc, on parle vraiment de coupures énormes.
C'est à penser que, pour eux, le ministère des Relations internationales
et de la Francophonie n'était pas vraiment une priorité.
Cela étant
dit, M. le Président, le budget qu'on a déposé jeudi dernier, on présente des
nouvelles initiatives pour 2019‑2020, et je vais me permettre de vous
faire un peu le... décortiquer ces initiatives-là.
D'abord, la
création d'un institut de diplomatie québécoise, où on distribue
400 000 $ la première année, pour 1,8 million par année à terme, donc on parle vraiment d'un institut
où va mettre en place une diplomatie pour aider nos diplomates étrangers à être encore plus
performants, être encore plus outillés pour faire un travail exceptionnel dans
nos réseaux.
Ensuite, on
parle de déploiement de conseillers en recherche et en innovation dans le
réseau à l'étranger, 1 million dès
la première année. Les libéraux avaient prévu rappeler ces ressources en 2019‑2020.
Nous, on a décidé de les reconduire et d'étendre, en plus, leur présence
dans d'autres délégations.
• (14 h 40) •
On veut aussi diversifier les marchés en formant une
plateforme de services personnalisés et spécialisés pour les entreprises,
donc, encore une fois, 1 million dès la première année. Et ça, ce n'est
qu'un début, M. le Président.
En fait, ce
qu'on veut faire, c'est de faire encore mieux et de faire encore plus. Et,
quand on regarde le budget total du ministère
des Relations internationales et de la Francophonie, on est à 111,5 millions, qui est
stable, mais on a aussi un 2,4 millions additionnels qu'on ajoute, parce
que, si vous souvenez bien, il y avait
5 millions qui avaient été alloués au budget l'année passée pour le déploiement de
nouvelles ressources. De ces 5 millions
là, il n'y a que 2,5 millions qui ont été utilisés. Donc,
il reste un 2,5 millions non utilisés qu'on va utiliser, nous, pour
absorber le peu de croissance des dépenses
qu'on pense avoir. Donc, si on rajoute ce 2,5 millions aux 111,5 millions, on est rendu à presque 114 millions
de budget, M. le Président, qui est loin, qui est très loin du 90, 92, 95 millions
qui avaient été alloués par l'opposition lorsqu'ils
étaient au gouvernement en 2014, 2015, 2016 et 2017. Donc, c'est pour vous
montrer, M. le Président, que, oui,
c'est important, le ministère des Relations internationales et de la
Francophonie, et non seulement c'est important, c'est : on garde le
même budget, on ajoute et on ajoute aussi des actions et des stratégies différentes.
Puis je veux
juste revenir un peu sur... À l'intérieur de ce budget-là, on a
8,7 millions pour appuyer la coopération internationale pour le développement durable et la lutte contre les
changements climatiques. Non seulement on veut se positionner autour de ce qu'on fait déjà très
bien, mais on veut aussi se positionner au niveau de bonifier les contributions
apportées à la coopération internationale
dans plusieurs autres domaines, par exemple, contribuer aux efforts de
solidarité et de coopération internationale puis consolider le rôle du
Québec en matière de diplomatie climatique.
Parce que ça aussi, c'est un enjeu dont on va
s'occuper, M. le Président, et dont on va s'occuper pas juste au Québec, mais surtout à l'international aussi,
parce qu'on a les compétences. Ici, au Québec, on performe très bien au niveau des GES et on veut amener cette expertise-là à
l'extérieur. On performe très bien aussi de tout ce qui est l'énergie propre,
l'hydroélectricité, et ça aussi, on veut amener ça à l'extérieur.
Donc, on ne parle pas juste de continuer à faire
ce qu'on fait bien, mais aussi d'ouvrir dans des domaines qui deviennent des domaines prioritaires et des
domaines où on a déjà l'expertise, où on peut aider les pays dans lesquels on
a des délégations générales et des délégations des différents bureaux du
ministère des Relations internationales et de la Francophonie. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Ciccone) : Merci,
Mme la ministre. Maintenant, je cède la parole au député de Chapleau.
M. Lévesque (Chapleau) : Merci
beaucoup, M. le Président. D'entrée de jeu, bien, moi, je me poserais une question. Pour un ancien gouvernement qui
reconnaissait, par le passé, l'importance de l'économie, je suis un peu surpris
d'entendre, cet après-midi, la
critique très virulente de notre collègue de Bourassa-Sauvé. On ne reconnaît
plus le Parti libéral, mais, peut-être, en fait, il ne se reconnaît plus
lui-même.
Donc, M. le
Président, il va sans dire que le Québec est une nation distincte reconnue à
travers le monde comme étant la porte de la francophonie en Amérique. Cette
réputation remarquable du Québec à l'étranger est le résultat d'un leadership nationaliste dont plusieurs
gouvernements ont su faire preuve au cours des dernières décennies. Nous
souscrivons entièrement à cette
approche. En tant que gouvernement, nous sommes justement reconnus sur la scène
internationale parce que nous avons le leadership d'affirmer l'identité
et la langue du Québec.
C'est
pourquoi il est important d'examiner attentivement l'histoire du Québec pour
constater tout le chemin que le
Québec a parcouru depuis les 50 dernières années. Prenons, par exemple, la
date du 12 avril 1965, date où le vice-premier ministre de l'époque, Paul Gérin-Lajoie, prononçait un discours
historique devant le corps consulaire de Montréal, et je le cite : «Dans tous les domaines qui sont
complètement ou partiellement de sa compétence, le Québec entend désormais jouer
un rôle direct conforme à sa personnalité et à la mesure de ses droits.» Ces
paroles sont le fondement de la doctrine Gérin-Lajoie, que nous reconnaissons comme étant le
prolongement externe des compétences internes du Québec. Tout comme lui, nous croyons à la capacité
juridique du Québec de se représenter par lui-même et d'exercer ses propres
compétences à l'international.
Il
est donc difficile de parler de manque de leadership lorsque le Québec
s'affirme haut et fort sur la scène internationale comme aucune autre
province ou quelconque État dans le monde ne le fait, notamment en matière de protection
des droits de la langue française. À preuve, dans tous les domaines confondus,
le gouvernement du Québec entretient des relations bilatérales avec une
trentaine d'États et de régions fédérés du monde en Europe de l'Ouest, en
Amérique du Nord, mais également en Asie et en Amérique du Sud. Grâce au
leadership dont nous faisons preuve, le commerce,
l'éducation, l'environnement, les sciences et l'innovation ne sont que quelques
exemples parmi les nombreux champs de
compétence que le Québec assume pleinement sur la scène internationale. Le
leadership dont nous faisons preuve actuellement permet au Québec de continuer
d'entretenir de nombreux échanges internationaux sur le partage des connaissances,
des compétences et des enjeux dont nous assumons l'entière responsabilité.
L'échange
des meilleures pratiques et la création de maillages entre acteurs économiques,
diplomatiques, sociaux et culturels
sont, par ailleurs, ce qui fait le succès du Québec à l'international. Depuis
1960, plus de 700 ententes ont été conclues entre le gouvernement
du Québec et des États étrangers dans des domaines aussi variés que l'économie,
la culture, la technologie, la mobilité et
la jeunesse. Il faut également rappeler que le Québec est membre de
l'Organisation internationale de la Francophonie et participe ainsi à une
véritable solidarité entre 88 États et gouvernements. Ces États et
gouvernements représentent plus du tiers des États membres des Nations unies à
travers le monde. Cela nous donne justement la chance de faire, encore une
fois, preuve de leadership, notamment au Sommet de la francophonie, à la Conférence ministérielle de la Francophonie, au
Conseil permanent de la Francophonie et à leurs commissions, ainsi que
tout autre groupe de travail. À ce titre, nous sommes l'un des plus importants
bailleurs de fonds de l'Organisation internationale
de la Francophonie et sommes reconnus comme étant parmi les membres clés les
plus actifs. De plus, le Québec
participe également à la Journée internationale de la Francophonie, où des
centaines d'activités se tiennent partout dans le monde tout au long du mois de mars, pour célébrer, justement, la
francophonie. Nous participons également aux Jeux de la Francophonie, et il s'agit ici d'une opportunité et d'une
belle tribune pour saluer les athlètes. Donc, félicitations à Équipe
Québec!
D'autre
part, la diversité économique est un objectif louable. Il faut regarder la
réalité en face et réaliser que le Québec
doit favoriser la diversification dans ses échanges commerciaux à l'étranger.
La réalité demeure : les États-Unis représentent 70 % des exportations québécoises. Nous sommes donc
dépendants et vulnérables face au marché américain dans un contexte commercial tendu. À titre
d'exemple, l'an dernier, la valeur de nos échanges de marchandises avec les États-Unis était plus élevée que celle de tous nos
autres partenaires réunis. Le Québec doit tirer avantage des liens qu'il a bâtis avec ses autres partenaires dans le monde.
Le reconnaître, en plus de l'affirmer haut et fort, est justement un autre
exemple en matière de leadership.
Dans
ce contexte, il est important de souligner qu'avec l'Accord économique
commercial et global entre le Canada et
l'Union européenne et l'Accord de partenariat transpacifique global et progressiste,
le Québec gagne jusqu'à 1 milliard de nouveaux clients potentiels. Bien sûr, les États-Unis demeurent notre
premier partenaire, mais nous sommes en train de faire preuve de leadership afin d'augmenter nos échanges avec
d'autres partenaires à l'étranger et afin d'exploiter notre plein
potentiel grâce aux tribunes dont nous disposons sur la scène internationale.
Prenons
exemple sur le discours du premier ministre, qui l'a répété à plusieurs
reprises : Le Québec doit augmenter la cadence et la valeur de ses
échanges commerciaux. C'est notamment pour cette raison que notre collègue,
le ministre de l'Économie et de l'Innovation
et député de Terrebonne, travaille actuellement à préparer une réforme
d'Investissement Québec pour mieux
accompagner nos entreprises exportatrices. Cette réforme et cette stratégie
devraient être présentées au printemps. De notre côté, le mandat
économique confié par le premier ministre se traduira par une stratégie internationale de conquête des marchés, qui sera
présentée au plus tard à l'hiver 2020. Nous devons faire de meilleures représentations à l'étranger, faire plus et faire
mieux sur le plan économique afin de faciliter l'implantation de nos entreprises.
Merci.
Le Président (M.
Ciccone) : Merci, M. le député. Maintenant, je cède la parole à la
députée de la deuxième opposition et
porte-parole en matière de relations et de solidarité internationales, et en
matière de francophonie, Mme la députée de Taschereau, pour un
maximum de cinq minutes.
Mme
Dorion : Le libellé de l'interpellation qu'on débat aujourd'hui va
comme suit : L'absence de leadership du gouvernement caquiste en
matière de relations internationales et de francophonie.
C'est
la première fois que je me prête à un exercice du genre, et ce que j'ai
compris, c'est que mon rôle, ça devrait être de renchérir et de blaster le gouvernement, de dire qu'il ne fait
rien, de dire qu'il se fout des relations internationales, etc. C'est ce
qu'on attend d'un porte-parole de l'opposition.
Je
pourrais même commencer en disant que la CAQ a réduit le nombre de bureaux et
d'antennes du Québec à l'international,
qu'elle a sabré dans les budgets du ministère des Relations internationales,
sauf que c'est faux. Ça, ça a été fait par les libéraux. Et, après, là,
c'est les libéraux qui font une interpellation pour parler du manque de
leadership.
Moi,
je regarde ça puis j'ai de la misère à jouer le jeu de blaster le gouvernement
pour blasterblast le gouvernement à
ce stade-ci des choses. Ça fait que je vais prendre mon cinq minutes pour vous
parler de vision et d'un brin d'utopie, comme les... Quand je parle d'utopie, je parle des utopies réalistes,
comme celles de Rutger Bregman ou les utopies utiles de Thomas Piketty,
pour ceux qui les ont lus.
Vous le savez, ma formation politique est très
critique du libre-échange, comme l'ALENA, comme l'Accord Canada-Europe. Pourtant, même si on était au
pouvoir de la province de Québec, on n'y pourrait rien, on ne pourrait rien face à ces traités
néolibéraux qui ne prennent pas en compte les peuples, mais seulement les
intérêts financiers d'une certaine classe
mondiale. On le sait, que le vrai pouvoir sur ces traités est à Ottawa, ce
n'est une surprise pour personne. Alors, je vais quand même vous parler... ça va vous paraître un peu champ
gauche, tout ce que je vais raconter, parce que, comme disait Pierre Falardeau, on va toujours trop loin
pour ceux qui ne vont nulle part, ou pour ceux qui ne vont pas très loin.
• (14 h 50) •
Alors, nous,
dans notre formation politique, évidemment, ce qu'on veut, c'est renégocier ces
accords internationaux et les fonder
sur les principes d'équité. Parce que l'ALENA, aujourd'hui l'Accord
Canada-États-Unis-Mexique, tout comme l'accord
économique et commercial global entre le Canada puis l'Europe, on restreint les pouvoirs de nos gouvernements à intervenir dans l'économie. Ça aussi, tout le monde le sait, c'est
un truc de base. Mais ce que ça veut dire, c'est qu'ils ont aussi restreint le pouvoir démocratique. Parce que, moi, sur les compagnies multinationales, je n'en ai pas, de pouvoir. En tant que citoyenne
dans un État, j'ai un certain pouvoir, mais, si mon État n'a pas de pouvoir
face à la multinationale, on
vient de perdre du point de vue de la démocratie. Et ça se passe à vitesse
grand V, en ce moment, depuis quelques décennies, et ça continue.
Ce qu'il
arrive, c'est que les États, maintenant, avec ces accords-là, ont tout simplement peur de se faire poursuivre par
des multinationales qui, selon ces traités, ont tout à fait le droit de faire ça, qui, souvent, gagnent leurs causes, et nos élites politiques ont intériorisé ça. Il y a
carrément eu un changement psychologique qui s'est effectué chez eux, une espèce
d'impuissance assumée dans notre façon de
conduire notre économie. Si Albert Memmi a fait le portrait du colonisé en
1957, on pourrait, aujourd'hui, faire le portrait du mondialisé.
Et les accords de libre-échange ont échoué sur le plan
politique, parce que les promesses de prospérité qui ont été faites puis tous les modèles économiques dont on
convainquait des milliers de classes d'université : regardez comme c'est
extraordinaire, ces accords-là ont échoué parce que les promesses de prospérité
ne se sont pas matérialisées pour les travailleuses
et les travailleurs. Au contraire, ce qu'on voit depuis les années 80, et
ça, même des organismes, comme le FMI,
l'ont reconnu... ce qu'on voit, depuis les années 80 jusqu'à aujourd'hui,
c'est qu'on s'est retrouvés au milieu d'une crise sociale, dont les
gilets jaunes, en France, ne sont très probablement qu'un tout petit présage.
Donc, la
classe moyenne est en recul depuis les années 80. Le néolibéralisme, les
mauvais traités de libre-échange sont en progression aussi depuis les années 80.
En plus, ces traités-là, ce n'est même pas du vrai libre-échange, c'est des traités de milliers de pages, avec des milliers
d'articles que chacun a pris soin de mettre pour être sûr que ci arrive, que
ça n'arrive pas, que, s'il arrive ça, des milliers
de pages que personnes n'a le droit de voir à part à la fin du processus.
Un vrai traité de libre-échange, techniquement, ça devrait tenir sur une page.
«Laisser faire, laisser passer», comme disait
Vincent de Gournay, au XVIIIe siècle, dans sa formule célèbre. Moi, ce
n'est pas ce que je veux, loin de là, ce n'est pas ce que ma formation politique veut, mais, si la classe financière
qui veut du libre-échange... des conséquences, c'est ça qu'elle ferait.
Donc, pour
Québec solidaire, il n'y a pas d'avenir ni dans le protectionnisme ni dans le
libre-échange, il y en a dans des accords justes, qui servent les
peuples en entier et pas seulement quelques-uns, pas seulement l'oligarchie mondiale. Mais sortir de ces traités de
libre-échange là, il faudra que l'État québécois devienne un instrument de
progrès social, de planification
environnementale, et, pour ça, l'État québécois se devra d'être un véritable
État. Merci beaucoup de votre écoute.
Le Président (M. Ciccone) : Merci,
Mme la députée. Maintenant, je cède la parole à Mme la ministre.
Mme
Girault : Merci, Mme la députée, pour ce bel échange. Je vais prendre
les quelque cinq minutes qui me sont
allouées pour revenir un peu sur la vision du ministère des Relations
internationales et de la Francophonie, puis aussi positionner quelles
sont nos représentations et comment on fonctionne un peu dans nos
représentations.
J'aimerais
rappeler que le réseau, c'est 32 représentations à travers 18 pays.
Ces représentations se divisent en huit
délégations générales, cinq délégations, 12 bureaux à l'étranger, cinq
antennes et deux représentations en affaires multilatérales. Maintenant, c'est important de dire que, dans ces
représentations-là, on a des équipes pour... majoritairement, dans les délégations générales, on a des équipes
qui varient entre 10 et 40 personnes, pour la plus grande, qui est à
Paris.
Comment
fonctionne une délégation? Nos délégations générales, qui sont à Paris, New
York, Londres, Bruxelles, Tokyo, Munich, Dakar... il m'en manque une...
Mexico, sont les délégations les plus importantes, elles sont les plus importants postes à l'étranger. Ils sont dirigés
par le ou la déléguée et ils offrent des services dans plusieurs secteurs.
Donc, oui, on a des secteurs en
économie, mais on a aussi des conseillers qui s'occupent de l'éducation, de la
culture, l'immigration, l'agroalimentaire
et les affaires publiques. Donc, on touche vraiment six secteurs à l'intérieur
de chacune de nos délégations, six
secteurs où est-ce qu'on a des conseillers, des gens qui ont l'expertise dans
ce domaine-là et qui sont responsables d'aider
les entreprises et/ou les individus, les Québécois, qui veulent s'installer à
l'étranger ou faire des affaires à l'étranger.
Donc, notre
vision, au niveau du ministère des Relations internationales et de la
Francophonie, c'est vraiment d'ouvrir
ces délégations pour en faire plus et le faire mieux. Donc, on va poursuivre
nos coopérations bilatérales, multilatérales,
les actions qui nous ont permis de développer, vraiment, ce réseau solide à
l'étranger. On continue à bâtir
sur ce réseau et, en même temps, on va aussi établir un institut de diplomatie. Parce que
ce qu'on s'est rendu compte, c'est que,
quand on rentre, quand on arrive avec les délégations et qu'on envoie un
nouveau ou une nouvelle déléguée, ces gens-là manquent de support, ils manquent d'encadrement, ils manquent de
compétences, donc on va les aider à être mieux outillés au niveau de l'institut de la diplomatie économique. On va aussi faire une réforme totale du
processus de nomination pour s'assurer que ce soient les meilleurs
éléments qui dirigent le corps diplomatique et que celui-ci aussi soit
paritaire. Parce que, là encore, on a
observé que, dans les délégations, on est loin de la parité. Donc, on va
s'assurer d'avoir la parité au niveau des délégations à travers le
réseau.
Ce
qu'on veut faire au niveau de notre leadership, c'est qu'on veut aider les entreprises,
entre autres, à diversifier leur marché d'exportation. On veut
attirer les investisseurs étrangers
ici pour qu'on crée des meilleurs emplois, des emplois plus payants et on veut accompagner les entreprises qui
souhaitent exporter puis explorer leur potentiel d'exportation à
l'extérieur du Québec et, idéalement, diversifier à l'extérieur des États-Unis,
donc.
Pour y
arriver, on va évidemment s'appuyer sur nos partenaires stratégiques : la
France, oui, poursuivre les efforts avec
les États-Unis, mais surtout renforcer les actions en Amérique latine, par
exemple, en Colombie, au Mexique, d'où j'arrive il n'y a pas très
longtemps. Et on a fait de très belles entrées au Mexique. On va aussi miser
sur la Chine, sur l'Asie avec la Chine, qui
est le deuxième partenaire économique du Québec et qui a un très fort
potentiel, donc tous ces accords.
Puis évidemment on va développer la vision Afrique, où on va se positionner en
aidant l'Afrique, en les soutenant et en leur apportant notre expertise
à travers nos accords multilatéraux.
Ça donne une
idée de comment on veut se déployer à travers l'étranger, à travers le
multinational, mais à partir des bases qu'on a déjà construites, et en
solidifiant ces bases, et en mettant... Comme je dis tout le temps, la fondation est très
solide. On solidifie la fondation, on est prêt à mettre des étages supérieurs.
Et tout ça, ça rappelle un peu le discours que j'ai fait au CORIM, il n'y
a pas très longtemps,
devant plus de 550 convives, où j'ai vraiment affirmé mon intention
de créer un institut de la diplomatie
et où j'ai expliqué quelle était la stratégie de conquête des marchés à l'international. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Ciccone) : Merci, Mme la ministre. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Les Plaines.
Mme Lecours (Les Plaines) : Merci
beaucoup, M. le Président. En fait, merci de m'offrir l'opportunité de
m'exprimer sur un sujet qui me passionne en tant que fière Québécoise et en
tant, aussi, que francophone.
En fait, en
faisant la lecture du libellé de l'interpellation de ma collègue de
Bourassa-Sauvé, j'avoue que j'ai dû le relire plusieurs fois dans le but
de bien comprendre ce que la collègue voulait dire : L'absence de
leadership du gouvernement caquiste en
matière de relations internationales et de francophonie. Et vous savez quoi, M.
le Président? Je ne comprends toujours pas le libellé. En effet, j'ai de
la difficulté à comprendre.
Si j'ai de la
difficulté à comprendre, c'est que, depuis qu'elle est ministre des Relations
internationales et de la Francophonie, ma collègue la députée de
Bertrand multiplie les efforts, elle vient de vous en faire l'éloge, et donc
les voyages et les rencontres pour faire
rayonner le Québec à l'étranger. Elle n'est pas la seule, d'ailleurs, à le
faire, parce que d'autres ministres
se déplacent, eux aussi, pour faire valoir les compétences et les intérêts du
Québec à l'extérieur de la province.
Je pense, en l'occurrence, à mon collègue et voisin de circonscription le
ministre de l'Économie et de l'Innovation, on vous l'a dit, qui s'est rendu à Davos pour parler d'économie et de
francophonie, et même, tout récemment, les ministres du Tourisme, de l'Agriculture et de la
Francophonie se parlent justement pour faire valoir les mérites gourmands de
notre province dans les Vieux-Pays et dans les autres pays. Ça aussi, c'est de
l'économie et c'est du leadership également auprès des autres pays.
On vous l'a
dit également, lors de sa mission au Maroc, mon collègue député de Beauce-Sud
en a profité pour parler
d'environnement et faire en sorte que ça soit une priorité en francophonie au
cours des prochaines années. On le sait, tous les jeunes attendent de
nous, les élus, des gestes concrets pour faire face aux changements
climatiques.
Alors, parlons justement d'étudiants et
d'échanges entre pays, M. le Président. C'est un constat que l'apport populationnel d'étudiants internationaux contribue
à soutenir le développement économique du Québec. On estime, en effet, que les élèves et les étudiants
internationaux qui séjournent au Québec contribuent au PIB pour une valeur de
1,6 milliard de dollars et soutiennent plus de
25 000 emplois.
• (15 heures) •
Vous le savez
peut-être, M. le Président, mais l'internationalisation de l'éducation permet
aussi le comblement des besoins de
main-d'oeuvre, sujet de l'heure s'il en est un, et contribue au maintien d'une
offre de formation diversifiée, notamment dans les établissements en
région, un autre sujet d'importance depuis des mois, voire des années.
Pourquoi de
tels résultats? Parce que, justement, les représentations du Québec à
l'étranger contribuent à attirer davantage d'étudiants internationaux
dans nos établissements d'enseignement. Ce n'est pas nouveau, tout cela, mais
ma collègue ministre des Relations internationales et de la Francophonie a
poursuivi sinon accéléré la cadence parce que — et je vous l'ai souligné — elle est consciente des besoins de la
main-d'oeuvre du Québec, qui peuvent être palliés en partie par l'internationalisation de
l'éducation. Et ça, elle le sait très bien puisque, dans la circonscription qui
a décidé de lui faire confiance au
cours des dernières élections, un besoin criant de main-d'oeuvre qualifiée dans
divers domaines que les étudiants étrangers peuvent venir combler se
fait sentir.
Dans
l'atteinte de ses objectifs en matière de mobilité étudiante universitaire, M.
le Président, le Québec dispose d'ententes internationales avec un peu plus de
40 gouvernements étrangers permettant d'offrir 955 exemptions des
droits de scolarité supplémentaires, et cela
ne compte pas les ententes avec la France et la Communauté française de
Belgique, pour lesquelles aucun quota
n'est établi. Avec la France et la Communauté française de Belgique, justement,
le Québec a conclu des ententes
internationales par lesquelles il octroie un nombre illimité d'exemptions. Ce
type d'entente est conclu, on le comprendra aisément, avec des partenaires
historiques qui partagent des liens directs et privilégiés avec le Québec.
Et, grâce à elles, les étudiants québécois
bénéficient de prérogatives leur permettant aussi de poursuivre leur formation à
l'étranger et ainsi de diversifier et d'enrichir leur parcours académique.
Ce qui est plus important encore, c'est que
plusieurs nouvelles ententes internationales dans le domaine de l'enseignement supérieur sont signées avec des
pays en développement appartenant à l'espace francophone. Certains d'entre
eux ont même exprimé la nécessité d'obtenir
davantage d'exemptions, particulièrement au premier cycle, pour répondre
à leurs besoins.
Alors, permettez-moi de
vous redire, M. le Président, que je ne comprends définitivement pas le libellé
de l'interpellation de la députée de Bourassa-Sauvé, parce que, s'il y a un
gouvernement qui comprend l'importance des relations internationales et de la
francophonie, c'est bien le gouvernement caquiste. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Ciccone) :
Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à la députée de l'opposition
officielle.
Mme
Robitaille : Bien, on peut être négationniste toute sa vie puis dire
que tout ce qui a été fait par le passé, ce n'est absolument rien, c'est de la
scrap, mais je pense qu'il faut voir la réalité en face et puis il faut voir
que, durant les derniers 50 ans, on a été souvent au pouvoir, le Parti
québécois aussi, il y a eu des choses qui se sont faites au niveau des relations internationales, il y a eu des choses
importantes qui se sont faites au niveau international, d'un point de vue
culturel, d'un point de vue économique,
d'un point de vue scientifique aussi. Le Québec, à l'international, a réussi à
faire sa place.
Et, en ce moment, moi, ce qui me trouble, c'est
que j'ai vraiment l'impression qu'à court ou moyen terme le ministère des
Relations internationales va être une succursale du ministère de l'Économie et
de l'Innovation, une succursale
d'Investissement Québec. Bon, peut-être que ça ne dérange personne, mais, moi,
en tout cas, ça me dérange, et je pense que c'est profondément dommage.
Ce que
j'entends, de l'autre côté, c'est de la rhétorique, c'est de la rhétorique
parce que, dans les faits, jusqu'à maintenant,
il n'y a pas eu de manifestation concrète d'une volonté de vraiment faire sa
marque, faire sa place comme leader de la francophonie pour dire que ça
les intéressait, pour dire que c'était une priorité, pour dire que c'était plus
justement que d'essayer de signer le plus de contrats possible pour les
compagnies québécoises. C'est sûr que c'est important,
et c'est sûr qu'on doit travailler avec nos compagnies québécoises pour faire
rayonner le Québec, il faut organiser des
voyages et il faut mettre en lien les gens, et c'est pour ça qu'on a des
délégations du Québec partout dans le monde, mais c'est pour d'autres
choses aussi.
Le Québec,
justement, a déployé ses ailes, a pris de plus en plus de place, justement, la
doctrine Gérin-Lajoie, dans plusieurs champs de compétence. Mais là,
moi, ce que je vois, je vois, par exemple, l'émissaire aux droits de la personne
qui... on avait créé ce poste-là, il n'y a personne qui a été nommé depuis que
la dernière émissaire a quitté. À l'UNESCO,
personne n'a été nommé. Mme Mourani a quitté, puis on ne sent pas que ça bouge
de l'autre côté pour essayer de trouver un représentant. On peut être
critique peut-être de l'UNESCO, mais il y a des choses qui se passent
à l'UNESCO, et le fait que le Québec
soit présent et soit capable d'interagir avec les autres peut amener à quelque chose d'autre. Donc, c'est important
qu'on ait notre place, qu'on garde notre place.
Tout à l'heure, on parlait de représentation à l'étranger. Vraiment,
dans le budget, j'ai regardé, il y a une diminution du budget pour tout ce qui est représentation à l'étranger.
Qu'est-ce qu'on va faire? Est-ce que
c'est si important pour eux que ça que d'avoir des représentations à
l'étranger? On a quand même... ma collègue députée de Taschereau disait qu'on a sabré dans les dépenses, bien,
depuis 2017, le budget en Relations internationales augmentait, puis on a créé
des représentations à Cuba, entre autres, à Dakar, et on a été très, très
présents sur la scène internationale.
Et donc
est-ce que ce gouvernement-là va suivre la cadence? Et je me le demande, parce
que, quand je regarde ça, ça ne bouge
pas très, très fort. Au niveau économique, oui, on voit qu'Investissement
Québec va avoir... il y a plus de crédits,
il y a des choses probablement qui vont se passer à ce niveau-là, mais, au
niveau des relations internationales, je ne sais pas. L'institut de la diplomatie dont madame parle, encore une
fois, dans le budget, je ne vois pas ça à court terme. Où est-ce qu'on
s'en va avec ça? Qu'est-ce qu'il va arriver de notre émissaire aux droits de la
personne, est-ce qu'on abolit le poste? Mais
c'est ce que je veux savoir, parce que, depuis le début, là, moi, je pose des
questions précises puis je n'ai pas
de réponse. Puis, encore une fois, je réitère : moi, je pense que, si on
n'est pas vigilant, il peut se passer... les relations internationales peuvent devenir simplement des relations
économiques à l'international, et ça serait profondément dommage.
J'aimerais entendre la ministre là-dessus, M. le Président.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Je cède maintenant la parole de nouveau à Mme la ministre.
Mme
Girault : Merci, M. le Président. M. le Président, j'aimerais revenir
un peu sur l'importance de la Francophonie et de la coopération internationale pour le ministère des Relations
internationales et de la Francophonie, particulièrement... entre autres,
sur quelques points.
Le premier,
c'est : il y a déjà cinq ans, puis ça ne date pas d'hier, là, il y a déjà
cinq ans, le décret... un décret qui avait été passé le 7 mai 2014
commandait la mise en place d'un mécanisme pour arrimer les structures
gouvernementales pour faire en sorte
que, en fait, tout ce qui était impact et tout ce qui était action
gouvernementale à l'international soit coordonné
et qu'il y ait une certaine cohésion, une certaine synergie, une certaine force
de frappe unique. Ce comité ou ce mécanisme
pour arrimer les structures gouvernementales n'a jamais été mis en place. Bien
qu'il soit présent dans la loi, dans
le décret de loi du 7 mai 2014, il n'a jamais été mis en place. De
notre côté, il a déjà été annoncé qu'il serait mis en place, et ça commence d'ailleurs dès les
prochaines étapes, dans les prochaines semaines. Ça, c'est une première action
solide, structurelle et importante du ministère.
D'autre part,
quand on regarde les missions à l'étranger, déjà, en début de mandat, si on
regarde juste les missions du premier
ministre, le premier ministre a fait quatre missions déjà à l'étranger. Ça
démontre aussi l'importance des relations internationales pour ce gouvernement.
Et ça, c'est sans compter les miennes, celles que moi, j'ai faites et celles que
d'autres ministres collègues ont faites aussi. Donc, ça démontre vraiment
l'importance des relations internationales.
• (15 h 10) •
Quand
on parle de Francophonie, évidemment, depuis mars 1970, le gouvernement du
Québec participe activement à toutes
les instances en Francophonie. On le sait, on a une nouvelle secrétaire
générale de la Francophonie, Mme
Louise Mushikiwabo, qui a été élue lors du sommet d'Erevan et, depuis qu'elle a
été élue, Mme Mushikiwabo a déjà rencontré le premier ministre et m'a
rencontrée, moi aussi. On l'a rencontrée tous les deux. Et le premier ministre,
10 mois... 10 mois! 10 jours à peine
après avoir été nommé, se rendait à Erevan pour vraiment s'assurer que les
stratégies qui étaient positionnées à
Erevan... démontrer l'importance du Québec, et l'importance de la position du
Québec dans l'OIF, l'importance au
niveau de la modernisation de la Francophonie, l'importance au niveau de la
stratégie économique de l'Organisation internationale de la Francophonie et l'importance au niveau de la stratégie égalité
femmes-hommes. Ça, M. le Président, ce ne sont pas thématiques
économiques, ce sont des thématiques de Francophonie.
M. le premier
ministre s'est assis avec la secrétaire de la Francophonie, secrétaire
générale, moi aussi, j'ai eu une rencontre
en privé avec la secrétaire générale de la Francophonie, Mme Mushikiwabo, et,
des deux côtés, on a réitéré, réitéré
l'importance que le Québec ait un, une Québécoise assise à la table
décisionnelle de l'Organisation internationale de la Francophonie. Et là on parle du poste d'administrateur. C'est très
important pour le Québec, et, de concert avec le Canada, Québec et le
Canada, on a positionné, on a proposé des candidatures de deux femmes
extraordinaires pour la secrétaire, pour le poste d'administrateur au niveau de
l'Organisation internationale de la Francophonie.
Ça me déçoit
un peu quand j'entends que, bon, une est du Québec, une est de l'Ontario, ça me
déçoit énormément, parce que je dois
vous dire que moi-même, personnellement, j'ai travaillé en Ontario, M. le
Président, quelques années durant ma
carrière et je ne me considère pas moins québécoise pour autant et je ne me
considère pas moins attachée et ayant plus le Québec à coeur ou moins le
Québec à coeur parce que j'ai travaillé en Ontario.
Alors, je
veux réitérer qu'on a, M. le premier ministre et moi-même, positionné, avec la
secrétaire générale, que c'était important pour le Québec de continuer à
avoir un poste d'importance au niveau décisionnel à l'Organisation
internationale de la Francophonie. Et je pense que Mme Mushikiwabo a très bien
compris ça. Et, ça nous fera plaisir d'accueillir
le ou la nouvelle administrateur de l'Organisation internationale de la
Francophonie lorsque Mme Mushikiwabo aura le plaisir de... prendra le...
aura le plaisir, en fait, de l'annoncer. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Ciccone) :
Merci, Mme la ministre. Je cède maintenant la parole à M. le député de Vachon. Vous
avez toujours un maximum de cinq minutes.
M.
Lafrenière : Merci, M. le Président. Je veux remercier la collègue de
Bourassa-Sauvé, qui nous apposé une étiquette de rigueur de gestion et d'avoir
une volonté économique dans nos relations internationales, parce que c'est ce
qu'on veut.
Vous savez,
M. le Président, on est capable d'aller sur deux fronts, puis je ne parle pas
du tout de ma coupe de cheveux mais
je parle du front économique et diplomatique, et ça, il n'y a pas personne qui
va nous le reprocher, parce que, vous savez, d'avoir une bonne position
économique au sein de la francophonie, il n'y a pas de mal à faire ça, et c'est
ce que les citoyens veulent, c'est ce que les entrepreneurs veulent et c'est ce
qui s'attendent de nous.
Alors, quant
à l'autre argument béton qu'on nous sert qu'en 2017 le budget du MRIF a été
bonifié, je souris un peu parce ce que c'était quand même la dernière année au
pouvoir, alors je ne peux pas prendre ça comme un argument béton pour
dire que le budget du MRIF avait été vraiment bonifié là-dessus.
Et,
cependant, je tiens à dire une chose, on ne remet pas en question ce qui a été
fait dans le passé, il y a de très belles
choses qui ont été faites dans les 15 dernières années et on ne part pas de
zéro. Et, justement, je vais vous donner des exemples, aujourd'hui, de
belles choses qui ont été faites et qu'on continue de faire.
Quand
l'opposition officielle a conclu que le Québec manque de leadership, que notre
gouvernement manque de leadership, en s'appuyant sur le dépôt au nom de la
candidature du Québec pour les Jeux de la Francophonie, vous savez, M. le Président, les citoyens qui nous ont élus
s'attendent à ce que nous gérions les deniers publics avec tout le sérieux nécessaire et qu'on soit rigoureux, bref, que nous
gérions bien l'argent, si durement gagné, alors que le gouvernement prenne le temps, ne réagisse pas de façon émotive
sur un dossier important et coûteux. Je vous dirais bravo, moi, car c'est pour
ça qu'on est élus, ça n'enlève rien à ce qui a été fait, à ce qu'on va
continuer de faire pour maintenir notre leadership et qu'on prenne notre temps
avant de prendre une décision aussi importante et qu'on ne réagisse pas de
façon émotive. Bien, moi, je dis : Bravo!
Je vais vous
donner des exemples concrets en matière de sécurité, par exemple :
maintenant, pendant qu'on se parle,
on a des policiers québécois qui sont déployés en Haïti. C'est d'ailleurs dans
ce pays qu'a eu lieu la première mission du Service de police de la ville de Montréal en 1995. C'était d'abord la
mission du Minustah, qui été fait à l'époque pour aider les policiers
nationaux haïtiens, puis ça a été la Minujusth, mission qui a toujours lieu
aujourd'hui, on parle de policiers, on parle
de militaires mais aussi de gardiens de prison qui sont là-bas pour partager le
savoir-faire, pour garder le
leadership que le Québec a. Depuis 1995, il y a plus de 500 policiers du SPVM
qui sont rendus dans 13 pays pour des missions
de maintien de la paix. Il y a le Rwanda, la Jordanie, le Kosovo, la Bosnie, le
Sierra Leone, le Timor oriental, l'Afghanistan, Haïti, le Guatemala et
la Côte d'Ivoire.
J'ai eu la
chance moi-même de compléter une vingtaine de missions en Afrique, en Haïti et
en Europe de l'Est, puis un point en
commun dans toutes ces missions-là, j'ai peu voir l'influence positive du
Québec à l'étranger. J'ai réalisé
des missions avec l'UNESCO, l'OIF. D'ailleurs,
la collègue de
l'Acadie a joué un rôle avec l'OIF,
alors elle sait très bien de quoi on parle. Elle y a déjà
contribué. Avec article 19 aussi dans des pays comme la Tunisie, le Mali,
le Rwanda, le Sénégal, la Côte
d'Ivoire, la Gambie, la Somalie, Haïti et l'Ukraine. Et, dans tous ces pays-là,
M. le Président, le leadership et le savoir-faire du Québec, il est reconnu puis il est souligné. C'est une
extrême fierté d'être reconnu comme Québécois
là-bas, et, je vous le dis, M. le Président, c'est bien reconnu.
D'ailleurs,
lorsqu'il a été nécessaire de donner une formation dans
tous les pays de la Francophonie en
matière de forces de l'ordre et de sécurité des médias, et de coécrire un livre
sur ce sujet-là, l'UNESCO a choisi un Québécois pour écrire le livre,
pour coécrire le livre, puis le distribuer dans 130 pays et le traduire dans quatre
langues, oui, un Québécois. Nous sommes
reconnus. Nous avons une excellente réputation de formateur, d'organisateur du
maintien de la paix.
D'ailleurs, petit aparté, M. le Président,
lorsque je me suis rendu au Mali pour faire des formations sur place, à l'École de maintien de la paix du Sahel, j'ai
découvert que l'ENAP était impliquée. Ils faisaient partie de l'École du maintien de la paix du Sahel. Alors, on est
vraiment bien reconnus. C'est un autre exemple. Puis là je ne veux pas parler de chiffres, je vous donne des exemples concrets.
Nous sommes présents et nous sommes reconnus partout dans le monde, M. le Président. Toujours au Mali, nous avons des
civils québécois ainsi que des militaires et des policiers qui sont déployés
sur place pour aider ce pays avec la... On doit être très fiers de notre
expertise, qui est reconnue mondialement.
Et là en
terminant, M. le Président, vous me connaissez, je vais avoir de la difficulté
sans laisser un petit sourire à cette
Assemblée. Je vais vous donner un argument béton pour vous dire à quel point
nous sommes des leaders en matière internationale.
C'est ma boîte courriel qui va vous confirmer notre leadership. Depuis quelque
temps, je reçois beaucoup de
courriels de personnes, des richissimes, qui viennent du continent africain,
qui veulent me léguer des millions, milliards de dollars...
Des voix : Ha, ha, ha!
M.
Lafrenière : ...mais qui ont certains petits problèmes avec leurs
boîtes courriel. Alors, ils me demandent, moi, comme personne, ayant un grand leadership francophone, de les aider
là-dedans. Alors, vous voyez, M. le Président, on est vraiment, vraiment
de très bons leaders. Merci beaucoup.
Le
Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup, M. le député. Je cède maintenant la parole au député de la
troisième opposition et porte-parole
en matière de relations internationales et de francophonie, M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M.
Arseneau : Merci, M. le Président. Alors, je voudrais d'abord
remercier ma collègue de Bourassa-Sauvé de nous donner l'opportunité de
discuter de relations internationales ici, aujourd'hui.
Et, puisqu'on
vient de nous prouver que le gouvernement avait beaucoup de leadership en
matière de relations internationales,
moi, je voudrais parler plutôt du manque d'ambition du gouvernement en matière
de relations internationales, parce
que je pense que c'est de ça qu'il s'agit. On assiste, aujourd'hui, à une
discussion entre deux partis fédéralistes qui disent : Comment est-ce
qu'on peut être plus qu'une province tout en acceptant le carcan fédéraliste et
de travailler dans un terrain de jeu
qui est celui où, quelque part, on a très, très peu de prise sur des
organisations internationales, très, très peu de place dans le concert des nations parce qu'on a choisi d'accepter
notre sort. Vous savez que ce n'est pas le point de vue de notre
formation politique.
Alors, le
manque d'ambition se traduit — et je vais aborder un sujet que vous avez
également abordé — dans l'approche par rapport aux Jeux de la Francophonie.
Cette saga-là, malheureusement, est actuellement en train de prouver à quel
point on n'a pas d'ambition, pour le Québec, sur la scène internationale, alors
qu'on pourrait prendre non seulement un leadership, mais qu'on pourrait
prendre nos responsabilités en l'organisation d'un événement que le
Nouveau-Brunswick a décidé de décliner, ce que je regrette d'ailleurs. Parce
qu'on a beaucoup parlé, au cours de l'automne
dernier, des interventions du nouveau gouvernement, donc, de l'Ontario à l'encontre
des droits des francophones, on a
moins parlé de l'approche du Nouveau-Brunswick, qui vient d'élire un
gouvernement qui est très peu intéressé à défendre le bilinguisme dans la province voisine, où nos amis acadiens
se battent depuis des centaines d'années pour faire respecter leurs droits. Et là, pour une fois que
le Nouveau-Brunswick avait obtenu une place de choix pour démontrer son savoir-faire et accueillir la Francophonie du
monde entier, le gouvernement a décidé que c'était trop coûteux pour lui.
On peut deviner qu'il y a non seulement des
questions financières, mais des questions politiques ou de langues qui peuvent
l'avoir incité à décliner.
• (15 h 20) •
Alors, nous,
on avait l'occasion de prendre le flambeau et d'organiser l'événement à Sherbrooke,
alors qu'on avait déposé une candidature il y a quelques années, et ce qu'on a
fait, tout simplement, c'est remettre l'odieux d'un refus de cette opportunité-là sur les épaules du
gouvernement fédéral, en disant : Moi, je vais donner le minimum, sachant
qu'on va dépasser les 50 millions, certains parlent de 80 millions
pour l'organisation de l'événement. On a dit : Nous, on se limite à 17 millions. D'où vient ce
chiffre? Quel est le calcul qu'on a fait? Le calcul financier, je n'en connais
pas les détails. Mais le calcul politique,
il est évident. Nous ne voulons pas
prendre notre place dans la Francophonie, on va laisser le gouvernement fédéral, le père du fédéralisme chez
nous, prendre la décision. Ce n'est pas une approche que nous, on peut
accepter, si on veut effectivement prendre toute notre place dans les relations
internationales avec ambition.
Alors, la
semaine dernière, on célébrait la journée de la Francophonie, on a entendu de
belles paroles à cet égard, de bons sentiments. Mais je pense qu'on a vraiment
raté l'occasion, à moins qu'il ne soit encore temps. Et je pense qu'il est peut-être encore temps, puisque l'appel des
candidatures est maintenant ouvert, il est encore temps d'aller plus loin et de
faire preuve, je dirais, d'un leadership à cet égard et d'allonger la somme
nécessaire pour que le Québec rayonne à l'international à travers les
Jeux de la Francophonie.
Je voudrais
aussi revenir — bien,
pas beaucoup de temps pour en parler, mais quand même — sur les autres volets de la place du Québec à l'international. Quand je
parlais d'ambition, c'est que je n'ai pas entendu encore, de la part de la
Coalition avenir Québec, de sa plateforme pour utiliser le statut qu'on peut
avoir à l'Organisation
internationale de la Francophonie comme un modèle pour développer davantage une
plateforme de revendications envers le gouvernement fédéral pour qu'on ait plus de place dans les
autres forums où ce sont les gens de partout au Canada qui parlent au nom des
Québécois. On célèbre la différence francophone, la différence du Québec,
culturelle, économique, environnementale, et ainsi de suite. Moi, si le
gouvernement veut faire preuve... Et je donne la chance au coureur. Si le
gouvernement de la CAQ veut
véritablement se distinguer du gouvernement précédent, qu'il développe une
plateforme de revendications envers le
fédéral pour avoir une plus grande place dans les échanges internationaux, dans
la négociation de toutes les ententes...
Le Président (M.
Ciccone) : En terminant, s'il vous plaît.
M. Arseneau :
...et de toutes les organisations. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Ciccone) : Merci beaucoup, M. le député. Je cède maintenant la parole
à Mme la ministre.
Mme Girault :
Bien, merci, M. le Président. M. le Président, pour débuter, j'aimerais revenir
sur les mots de Paul Gérin-Lajoie, sur sa doctrine, qui disait : «Dans
tous les domaines qui sont complètement ou partiellement de sa compétence, le Québec entend jouer un rôle direct,
conforme à sa personnalité et à la mesure de ses droits.» Et je pense que,
de ce que j'ai vu à date, dans mes six mois à ce ministère, le Québec
joue son rôle à ce niveau-là, pas seulement à l'international, mais aussi à travers le
reste du Canada.
Et, ne serait-ce que
pour un rappel, si on prend des accords tels que l'accord États-Unis... non,
l'accord avec l'Europe, excusez, l'accord
avec l'Europe, je veux rappeler que cet accord-là, toute l'origine de cet
accord-là et la négociation de cet accord-là émanent du Québec.
Donc, ça, c'en est une, preuve, où est-ce
qu'on a vraiment
positionné un accord international qui a été non seulement initié au Québec,
mais aussi porté par le Québec.
Cela
étant dit, je veux revenir sur les Jeux de la Francophonie. Si on fait un petit
retour en arrière, effectivement,
la ville de Moncton s'est retirée de la mise
en candidature après avoir vu, un peu, l'équivalent du budget
que ça lui coûterait pour avoir ces
jeux. Dès le moment où la ville de Moncton s'est retirée, mon cabinet et
moi-même avons été en contact avec le
maire de Sherbrooke pour voir s'il y avait un intérêt
de la part du maire de Sherbrooke pour reprendre les jeux. À l'intérieur...
Et je cherche la date que je l'ai rencontré, là...
Ce
qu'il se passait, en fait, c'est que, à
l'intérieur des différents scénarios
que la ville de Sherbrooke a mis en place, les scénarios variaient aussi drastiquement que 58 millions jusqu'à au-dessus de 80 millions. À
l'intérieur de trois jours, trois jours, M. le Président, je pense qu'on peut appeler ça du leadership, on a
réussi à débloquer un budget, le 17 millions, pour la tenue des jeux et
pour supporter la tenue des jeux par la ville de Sherbrooke. Non, ça ne couvre
pas tout le budget des jeux,
effectivement, mais il faut mettre aussi en place que la ville de Sherbrooke, à
l'époque où elle a posé sa candidature, avait positionné un budget de
près de 9 millions. Actuellement, ce budget-là que la ville de Sherbrooke veut mettre en place, plus de la moitié... Nous,
on regarde ça d'une façon très objective et surtout en tenant compte que
c'est l'argent des contribuables québécois
et sherbrookois qu'on met dans la balance. 17 millions, c'est un objectif
et c'est un montant qu'on détermine, qu'on peut mettre pour les Jeux de
la Francophonie.
Puis je veux revenir un
petit peu sur c'est quoi, les Jeux de la Francophonie. Oui, il y en a
51 pays qui sont représentés par des
délégations, il y a à peu
près 3 000 athlètes. Les Jeux de la Francophonie, c'est
16 disciplines... parce que j'ai
entendu beaucoup de choses, dans mon comté, entre autres, sur le terrain, c'est
16 disciplines, dont huit disciplines sportives et huit disciplines artistiques. Les disciplines
sportives : athlétisme, basketball, football, handisport, judo, lutte
africaine, tennis de table et tennis. J'ai entendu souvent les gens me
dire : Mais, là-dedans, vous allez construire des piscines, des arénas? Non, il n'y a pas de discipline nautique,
aquatique, il n'y a pas de discipline qui se tienne dans un aréna. Il y a aussi les disciplines
artistiques — donc,
c'est moitié disciplines sportives, moitié artistiques : les arts de la
rue, les arts visuels, la chanson,
les contes et conteurs, les danses de création, la littérature, la photographie
et l'improvisation. Les derniers jeux
qui se sont tenus au Québec... même pas au Québec, au Canada ont eu lieu en
2001 à Ottawa et Hull.
J'ose espérer, M. le
Président, qu'on ne juge pas de la qualité et de l'importance de la
Francophonie pour un gouvernement par la
tenue des jeux, parce que, sinon, on dirait que, depuis 2001, on n'a pas eu de
leadership en Francophonie. Donc,
j'ose espérer que ce n'est pas le seul critère qu'on utilisera pour juger du
leadership au niveau de la Francophonie.
Cela
étant dit, on est encore en négociation avec le gouvernement fédéral et avec la
ville de Sherbrooke et, encore une fois, oui, on est très intéressés à la
Francophonie, mais on va devoir respecter le portefeuille et la capacité de payer
des contribuables québécois et sherbrookois. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Ciccone) : Merci, Mme la ministre. Je passe maintenant la
parole au député de Chapleau, toujours pour un maximum de
cinq minutes.
M.
Lévesque (Chapleau) : Merci beaucoup, M. le Président. Donc, comme
vous le savez, le Québec bénéficie d'une
relation privilégiée avec l'ensemble des autres pays francophones du monde,
mais nous entretenons plus particulièrement
une relation avec nos cousins, nos fameux cousins français. Les liens directs
et privilégiés entre la France et le
Québec, instaurés au début des années 60, sont fondés sur une histoire,
une langue, évidemment, des valeurs communes et répondent toujours à la
même volonté : mieux collaborer pour mieux construire.
Il faut rappeler que
la collaboration entre la France et le Québec s'inscrit dans le cadre de
nombreux enjeux mondiaux tels que la lutte
aux changements climatiques, le développement économique, la mobilité de la
main-d'oeuvre, l'éducation, la
formation, la promotion de la langue française, la diversité culturelle, la
maîtrise de l'environnement numérique, la modernisation de l'État, la
santé ou encore même la jeunesse.
Lors
de son dernier voyage, le premier ministre caractérisait notre relation avec la
France par la volonté de mobiliser nos
gouvernements afin d'agir ensemble. De ce fait, l'immigration est également une
source de diversification économique pour
le Québec, la France figurant parmi les principaux pays comme étant source
d'immigration pour le Québec. Elle est
un bassin par excellence de main-d'oeuvre parlant français et c'est pourquoi le
choix s'imposait de signer avec elle une
première entente en matière de reconnaissance mutuelle des qualifications
professionnelles, soit l'entente Québec-France, signée le
17 octobre 2008.
Il est
important de rappeler que l'entente Québec-France se base sur la reconnaissance
mutuelle des qualifications professionnelles. Cette entente historique, encore
à ce jour, constitue une première entre l'Europe et l'Amérique. Elle s'inscrit comme l'un des chantiers importants du
nouvel espace économique du Québec en matière de diversification de la main-d'oeuvre, en plus de venir en appui de nos
efforts constants en vue d'établir un partenariat économique viable avec
l'Union européenne. Donc, concrètement, l'entente
Québec-France est un modèle à suivre en vue d'accélérer l'acquisition d'un permis pour l'exercice d'une profession ou
d'une fonction réglementée au Québec ou en France et qui demande la
reconnaissance des qualifications professionnelles par un des deux États.
Nous sommes
en mesure de constater, 10 ans plus tard, que les résultats de notre
partenariat sont concluants. En date
du 31 décembre 2017, 3 284 personnes formées en France ont pu
obtenir l'autorisation légale d'exercer au Québec, dont 1 239 infirmières,
679 ingénieurs, 195 médecins, 193 opticiens, 145 avocats et
131 travailleurs sociaux. Plus de 400 personnes formées au Québec
peuvent également exercer en France.
Il est de
notre avis que l'immigration professionnelle répond à plusieurs besoins
socioéconomiques, notamment lorsque l'on tient compte du poids économique et
démographique du Québec. Il en va de même lorsque l'on prend en
considération le vieillissement de la population, qui nous force à anticiper de
nombreux départs à la retraite. Dans ce contexte,
le Québec souhaite accroître la mobilité professionnelle de la main-d'oeuvre
par le biais de nouvelles ententes en matière de reconnaissance des
qualifications professionnelles, notamment avec le Maroc et la Suisse.
• (15 h 30) •
Les enjeux
mondiaux sont sans frontière, et c'est
pourquoi le gouvernement
du Québec confie déjà, en ce moment même, à des émissaires des mandats liés aux priorités gouvernementales et aux orientations que
nous souhaitons mettre de l'avant en
matière de politique internationale. Il est de notre devoir de faire la
promotion, à travers le monde, des valeurs québécoises et de
l'avancement des intérêts du Québec à l'étranger.
Les
changements climatiques et les affaires nordiques sont l'un des trois domaines
de prédilection que le gouvernement
du Québec fait valoir à l'étranger. Nous faisons également valoir les droits et
libertés des personnes en vue de se
positionner internationalement sur la question de diversité sexuelle et
d'égalité pour tous, des valeurs évidemment qui sont non négociables
pour le Québec.
L'autre
domaine de prédilection défendu par nos émissaires touche à la reconnaissance
professionnelle des acquis en plus de
la mobilité internationale. À ce sujet, notre engagement consiste à travailler avec
les ordres professionnels et les
autres autorités compétentes en vue de soutenir plus activement la
reconnaissance mutuelle des acquis issue de l'entente Québec-France. Il en va également de notre
responsabilité de mettre en place des mécanismes interministériels afin de favoriser
la mobilité professionnelle entre le Québec et ses partenaires internationaux.
À ce titre, il faut souligner la nomination
toute récente de Me Patrick Benaroche à titre d'émissaire en matière de
mobilité internationale et de reconnaissance des qualifications
professionnelles.
Cela étant dit, bien que nous fassions
effectivement preuve de leadership, il est important de rappeler que l'entente-cadre préalable à la négociation des
reconnaissances des qualifications ne découle pas directement de l'autorité
du gouvernement, mais plutôt de certains
organismes paragouvernementaux tels que les ordres professionnels et les autres
intervenants évoqués plus tôt. C'est
pourquoi nous ferons évidemment le nécessaire pour arrimer le tout entre les
différents acteurs concernés.
Le texte du
chapitre 11 de l'Accord économique et commercial global entre le Canada et
l'Union européenne fait déjà état de la reconnaissance mutuelle des
qualifications professionnelles. Bien que, théoriquement, cet accord traite de
reconnaissance des qualifications, rien
n'empêche le Québec de signer d'autres ententes bilatérales avec d'autres pays
de l'Union européenne. Cela nous offre donc
une assise et des moyens supplémentaires afin de favoriser l'immigration économique.
D'autre part,
Emploi-Québec évaluait qu'entre 2015 et 2024, 1 372 000 postes
seraient à pourvoir au Québec, dont 21 % seraient comblés par les
candidats issus de l'immigration. Les informations sur le marché du travail,
selon la perspective à moyen et long
terme d'Emploi-Québec, font également état d'un taux de chômage qui
enregistrera une baisse régulière pouvant atteindre 6,5 % en 2019
puis 5,6 % en 2024, soit le taux le plus bas...
Le Président (M. Ciccone) : En
terminant.
M. Lévesque
(Chapleau) : ...depuis 1968. Selon cette perspective, les emplois à
venir seront très favorables pour les jeunes finissants. Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole à la députée de l'opposition
officielle, toujours pour cinq minutes.
Mme
Robitaille : Relativement à la nouvelle administratrice à l'OIF, ce
qu'on dit, c'est que la nouvelle nomination a été dictée par Ottawa, de toute évidence. La dame habite à Ottawa, a
travaillé pour la CPAC, tout ça. C'est une décision qui était, de toute évidence, en tout cas, dictée
par Ottawa. Et, dans ce sens-là, il me semble que le Québec a manqué de
leadership.
Maintenant, évidemment que l'économie,
pour nous, c'est important, mais les relations internationales, c'est
global : la Francophonie,
l'économie, tout ça, et des échanges sur tous les fronts, dans tous nos champs
de compétence. L'image qu'on envoie à l'étranger, en ce moment, avec
tout le dossier de l'immigration, n'est pas fantastique.
Mme
la ministre nous parle de s'ouvrir au marché africain. Moi, j'aimerais savoir
quelle est sa stratégie. Est-ce qu'on
va ouvrir de nouvelles délégations? Est-ce qu'on va avoir des ententes
particulières sur certains sujets particuliers? Est-ce qu'on va investir plus dans nos délégations en Afrique? Comment
on va faire ça? Encore une fois, est-ce que c'est simplement de la rhétorique?
Qu'est-ce qu'il y a au niveau pratico-pratique pour ce qui est d'ouvrir des marchés
en Afrique?
Nous, on aimerait
savoir vers où ça va. Est-ce que la ministre peut nous répondre là-dessus?
Conclusions
Le Président (M.
Ciccone) : Merci beaucoup, Mme la députée. Nous en sommes maintenant
aux dernières interventions. Mme la ministre, vous avez la parole pour
10 minutes.
Mme Nadine Girault
Mme
Girault : Merci, M. le Président. M. le Président, durant les cinq
dernières minutes, mes collègues et moi-même
avons expliqué comment notre gouvernement a démontré son leadership en matière
de relations internationales et de francophonie au cours des six derniers mois, je
le répète, six derniers mois, pas cinq ans, pas quatre ans, pas 15 ans,
six mois.
Forts des 50 années d'expertise que le Québec
à l'international depuis l'avènement de la doctrine Paul-Gérin-Lajoie... nous pouvons maintenant tirer profit et passer à
la vitesse supérieure. J'ai eu l'occasion
récemment d'énoncer ma vision des relations
internationales et des principales mesures que nous allons mettre en place pour
s'assurer que le Québec atteindra les objectifs
fixés par le premier ministre : augmenter nos échanges commerciaux pour créer de
la richesse, attirer les nouveaux
investisseurs étrangers, moderniser notre diplomatie et renforcer notre
influence dans le monde, particulièrement
sur le comté... le comité... désolée, sur le
continent africain. Je l'ai fait devant plus de 550 personnes lors de mon
discours au CORIM, il y a quelques semaines.
Nos
représentations ont un rôle important et primordial à
jouer, mais Montréal, en tant que métropole, et Québec, en tant que capitale nationale, ont
toutes deux une fonction indispensable dans nos relations internationales.
Je
vous rappelle quelques éléments discutés qui font du Québec
un endroit unique. Le Québec, c'est un réseau de mobilité incroyable,
aérien, maritime, routier, ferroviaire. C'est une stabilité exceptionnelle en approvisionnement
énergétique : hydroélectricité, gaz naturel, énergie éolienne. C'est une faible empreinte
carbone avec plus de 97 % de son
électricité d'origine renouvelable. Ce sont des ressources naturelles
abondantes : on a ici 2 % des réserves mondiales de forêt, 3 % des réserves mondiales d'eau,
d'eau douce, en plus de toutes nos ressources minérales importantes. C'est
aussi, sans oublier, une fiscalité
prévisible et stable pour les entreprises. Ce sont nos politiques publiques
progressistes, l'accès à des soins de
santé de qualité, des services de garde reconnus, un bon système d'éducation,
de bons avantages pour les employés. C'est notre potentiel d'attraction,
et il est sans limites.
Montréal,
notre métropole, c'est notre locomotive à l'international. À moins d'une heure
de la frontière américaine, le port
de Montréal nous relie à plus de 100 pays et offre des coûts
d'exploitation parmi les plus compétitifs en Amérique du Nord. 10 grappes
d'excellence de réputation mondiale, notamment l'aérospatial, les sciences de
la vie, l'intelligence artificielle
et un réseau d'institutions d'éducation incroyables pour une main-d'oeuvre
hautement qualifiée... Montréal, c'est
aussi 2 200 filiales de sociétés étrangères qui génèrent
195 000 emplois directs, une des premières villes consulaires en Amérique du Nord, avec 80 consulats
étrangers. Montréal est à l'avant-plan de notre stratégie internationale de
conquête des marchés étrangers.
Quant à notre capitale nationale, Québec, c'est le
berceau du fait français en Amérique du Nord, une ville d'éducation, de
science, de culture, une ville reconnue au patrimoine mondial de l'UNESCO. Nous
reconnaissons le statut de la capitale nationale dans notre vision
globale.
Mon
message ici est très simple : Le Québec, c'est sa métropole, sa capitale
nationale, ses régions et ses villes. Chacune a un rôle à jouer.
Retenons que nous sommes plus forts ensemble.
En prenant compte de
nos forces, nous sommes à même d'orienter notre action à l'international.
J'annonçais, il y a quelques semaines, ma
vision des relations internationales, et elle se traduit par une stratégie
internationale de conquête des
marchés étrangers sur laquelle nous travaillons actuellement. Maintenant, sur
quoi on va s'appuyer? Nous allons mettre à jour, pour le printemps, la politique internationale du Québec, telle
qu'annoncée par le premier ministre à Paris. Je vous avise déjà que nous miserons notamment sur
l'économie dans ses multiples facettes : l'économie verte, l'éducation, la
jeunesse, la transition énergétique. Aussi,
vous l'avez certainement entendu, trop souvent et depuis trop longtemps, notre
réseau diplomatique a servi d'outil de récompense politique. Nous allons mieux
sélectionner et former nos représentants à l'étranger. Une réforme sans précédent est en cours. En s'inspirant des
meilleures pratiques dans le monde, nous allons mettre en place un institut de la diplomatie. Dorénavant, les critères
d'affectation seront la compétence et l'expérience internationale.
Pour
ceux qui s'inquiètent, je tiens toutefois à vous rassurer, nous allons
poursuivre ce que nous faisons de bien, les efforts bilatéraux. Et je prends
soin de souligner l'importance particulière de nos relations, notamment là où
nous avons des délégations générales.
Le Québec gère aussi de nombreux accords de coopération culturelle et
scientifique avec des partenaires, que ce soit en Chine, au Japon, aux
États-Unis et, bien sûr, en Europe.
Quant
aux efforts multilatéraux, ils sont maintenus, et c'est particulièrement vrai
en matière de Francophonie. J'étais
récemment devant l'association québécoise des organisations de coopération
internationale, l'AQOCI. J'ai félicité cette association pour son travail essentiel dans la résolution de
problèmes, comme la gouvernance, la sécurité alimentaire, l'impact des
changements climatiques sur les pays en développement.
La coopération
et la solidarité internationale sont des éléments très importants de l'action
internationale du Québec. Nos actions
en solidarité contribuent à l'image d'un Québec ouvert et attentif à la
situation des populations du sud. Que ce soit en Amérique latine, dans les Antilles ou en Afrique, les organismes
de coopération internationale interviennent auprès des femmes, des
paysans et d'autres groupes vulnérables.
• (15 h 40) •
Je rappelle
également que la relation entre le gouvernement du Québec et les organismes de
coopération internationale est basée sur un modèle unique de partenariat
et de cogestion des enveloppes financières.
Du côté de la Francophonie, elle doit se moderniser.
Le Québec s'y est engagé à Erevan et il maintiendra la
pression. J'ai rencontré, comme je l'ai dit, à Paris, la nouvelle secrétaire
générale de l'OIF, et nous avons abordé les enjeux de modernisation et de
transparence.
Je profite de
cette opportunité pour indiquer à nouveau qu'une vision Afrique est actuellement en développement. Le continent africain est actuellement en décollage économique, et le Québec doit se positionner non seulement en francophonie, mais aussi sur les marchés qui sont
en demande de l'expertise québécoise. L'an dernier, la majorité des pays qui ont connu la croissance économique la
plus importante étaient situés en Afrique. Le continent africain possède
donc un énorme potentiel de croissance et de
développement, et les entreprises québécoises se doivent d'être plus présentes là-bas
dans des domaines tels que le génie-conseil, la construction, les technologies environnementales, la gestion de l'eau, la gestion des matières
résiduelles, et l'Afrique attend notre expertise.
Voilà donc, M. le Président, comment le gouvernement
entend exercer son leadership en matière de relations internationales et de Francophonie : en augmentant, oui, sa force
de frappe économique dans les représentations, en assurant la croissance de nos exportations, oui, en
modernisant notre dispositif diplomatique et le processus de nomination et en
renforçant l'influence du Québec
dans la Francophonie à travers une vision Afrique et la poursuite de notre engagement dans l'OIF. M. le Président, le leadership, c'est la capacité de se guider,
de guider, d'influencer et d'inspirer. M.
le Président, le leadership, c'est l'action de notre gouvernement.
Je souhaite maintenant
m'adresser aux Québécois. Le ministère
des Relations internationales et de la Francophonie, c'est
votre ministère. Il est là pour vous aider, vous soutenir,
soutenir les PME du Québec qui désirent exporter, soutenir les investisseurs
qui veulent venir ici, soutenir les chercheurs, soutenir les jeunes, qui se
doivent d'être des citoyens internationaux aujourd'hui. Je le redis à nouveau à
l'opposition : je vous invite à travailler avec moi, au-delà de la partisanerie politique, sur ces enjeux et sur ces
objectifs afin d'exprimer, dans notre comté, chacun, et partout à travers
le Québec, aux entreprises, aux entrepreneurs,
aux étudiants, aux professeurs, chercheurs, que le gouvernement est là pour
les aider et que leur ministère des
Relations internationales peut les aider, les soutenir et de les convaincre de
partir à la conquête de marchés
étrangers. Voilà, M. le Président, la façon dont nous comptons travailler dans
l'intérêt des Québécois. Et, M. le
Président, je dis aux Québécois : Votre ministère des Relations
internationales et de la Francophonie est désormais, plus que jamais, en
action pour eux.
Alors, merci, M. le Président. Et, en terminant, j'aimerais remercier les
députés de l'opposition, qui ont posé de bonnes questions et qui
ont contribué à ce débat aujourd'hui, et remercier aussi mon équipe, qui a
travaillé très fort à le préparer. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Ciccone) : Merci beaucoup, Mme la ministre. Maintenant, je cède la parole à Mme la députée de Bourassa-Sauvé également
pour une période de 10 minutes.
Mme Paule Robitaille
Mme Robitaille : Merci à tout le
monde d'avoir été ici aujourd'hui suite à cette demande-là d'interpellation.
J'ai écouté
la ministre, les députés. Je suis contente d'entendre le député de
Vachon nous dire que... nous parler de l'influence positive du Québec à l'étranger, le rôle du Québec
partout, les policiers québécois en Haïti, notamment, puis ailleurs
dans le monde, qui font leur travail et puis qui aident.
Le Québec, en effet,
est reconnu partout dans le monde, et puis on a affirmé notre identité
puis notre caractère distinct de toutes
sortes de façons durant les 50 dernières années, et c'est extrêmement important. La Francophonie nous a aidés à nous propulser et d'être vraiment un État... On est
l'État fédéré le plus présent, et Mme la
ministre l'a dit plusieurs fois dans ses discours, le plus
présent de tous les États fédérés sur la planète.
Si on est
ici, aujourd'hui, c'est justement parce
que je suis inquiète. J'espère que ça va
demeurer et puis j'espère que nos priorités ne seront pas confinées simplement
à signer des contrats. Évidemment que c'est extrêmement important, c'est extrêmement important et c'est une composante de nos
relations internationales. Nos relations internationales sont beaucoup
plus ça. Vous parliez... Vous avez parlé plusieurs fois de cette
doctrine Gérin-Lajoie. Bien, évidemment,
oui, il faut être toujours
présent dans le domaine de nos compétences à l'extérieur du Québec,
il faut continuer à faire rayonner le Québec.
Mais, quand
je regarde, encore une fois, le dernier budget, je m'inquiète, et je n'ai pas
eu des réponses très claires. Bon. Je sais qu'au niveau des Jeux de la
Francophonie, ce que je comprends,
c'est qu'on ne va pas, comment je pourrais dire, se garrocher pour absolument
avoir les Jeux de la Francophonie au Québec. Et ça, pour moi, ça montre
finalement que ce n'est pas une priorité, et de là j'en conclus aussi
que, bon, c'était un bel exemple concret du leadership que le Québec pouvait jouer qu'on... je ne sais pas, j'espère qu'on
va le jouer, mais qui ne semble pas être important pour le gouvernement de la
CAQ. Ça dépend ce qu'on en fait, des Jeux de la Francophonie. On peut le jouer
gros ou on peut complètement le tasser du
revers de la main. Mais c'est symbolique, c'est symbolique, ça montre que le
Québec se porte à la défense des
francophones de l'Amérique, des francophones du Canada. On fait ça pas juste
pour nous, mais pour tous les francophones du Canada. Et là j'ai
l'impression qu'on est en train de jeter la serviette.
On n'a pas eu
de réponse claire à savoir si l'émissaire aux droits de la personne va
continuer, va demeurer. Qui va remplacer
Mme Julie Miville-Dechêne? On ne le sait pas. Est-ce que c'est important pour
la CAQ? On ne le sait pas, j'ai posé la question, je n'ai pas eu de réponse.
Est-ce que l'UNESCO, c'est important pour la CAQ? Je n'ai pas eu de réponse. Est-ce qu'on va remplacer la personne qui
a... Mme Mourani? Encore une fois, j'aurais aimé des réponses claires,
je ne sais pas. Pour ce qui est de
l'Afrique, est-ce que c'est de la rhétorique, c'est quoi, le plan de match? Je
ne le sais pas.
Alors, j'ai
des questionnements. Les affaires, vous le savez très bien, la ministre le sait
très bien, elle a été dans ce
milieu-là, les affaires, c'est quand même l'aboutissement d'une diplomatie.
C'est aussi tisser des liens, c'est échanger au niveau culturel, au niveau sportif, scientifique, dans tous les
domaines, et ça, c'est l'aboutissement de... et le succès en affaires,
le succès en économie, quand je pense à l'international, c'est en partie ces
échanges-là, ces liens-là qui se resserrent. Et c'est très important. Et là, en
ce moment, je ne vois pas que c'est nécessairement la priorité.
J'espère que
ce gouvernement-là n'est pas un gouvernement de comptables. J'espère qu'on va plus
loin que ça. Comme je le disais au
début, et puis je n'ai pas été complètement rassurée aujourd'hui, j'ai
l'impression que le ministère de l'Économie et de l'Innovation prend de
plus en plus de place, qu'on se prépare, oui, à un grand changement, à une révolution, mais pas nécessairement pour les
bonnes choses. J'ai vraiment l'impression qu'on assiste tranquillement à la
mise en tutelle de ce ministère des
Relations internationales là par le ministère de l'Économie et je pense que...
je compte sur vous pour être vigilants, parce que c'est important de se
déployer sur d'autres fronts.
Alors, sur
ce, je vais conclure puisqu'on m'a donné la tâche de conclure. Et j'espère que
vous garderez ça en tête, et puis
que, dans les prochains mois, dans les prochaines années, vous ferez en sorte
que, justement, le Québec continue de rayonner, pas juste au niveau
commercial, mais sur tous les fronts. Alors, je vous remercie, tout le monde.
Merci beaucoup d'avoir participé à cette interpellation.
Le
Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup, Mme la députée. En terminant, j'aimerais vous remercier tous ici,
c'était une première, pour moi, en tant que
président, et je vous félicite pour votre très grande discipline. Merci
beaucoup, vous m'avez rendu la vie facile.
Compte tenu
du temps, même si on est d'avance, je lève la séance, et la commission, ayant
accompli son mandat, suspendant ses travaux quelques instants, où elle
poursuivra l'étude d'un autre mandat. Bonne soirée, tout le monde.
(Fin de la séance à 15 h 49)